Cinquième Commission: en avril, les contributions au budget ordinaire de l’ONU étaient plus élevées que prévu mais la situation financière en 2024 menace d’être pire qu’en 2023
C’est donc avec un espoir déçu que la Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, a pris note de la situation financière de l’ONU qu’a décrite aujourd’hui la Secrétaire générale adjointe chargée du Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité. Mme Catherine Pollard s’est voulue claire: les contributions au budget ordinaire étaient, au 30 avril, plus élevées que les prévisions grâce au paiement des arriérés, qui ne présage en rien d’une amélioration. L’année 2024 pourrait même être pire que 2023, si les États Membres ne paient pas le montant restant à temps. Sur un budget de 3,2 milliards de dollars pour 2024, il manque encore 1,7 milliard, sachant qu’à eux deux, les États-Unis et la Chine doivent verser, y compris les arriérés, 1,4 milliard de dollars.
Compte tenu de la crise de trésorerie, il ne restait, à la fin de l’année dernière, plus rien des 250 millions de dollars du Fonds de roulement alors que le Compte spécial était presque épuisé. Le manque de réserves au début de cette année a conduit à l’imposition de mesures d’austérité précoces et encore plus strictes, s’agissant, entre autres, des recrutements et des dépenses autres que les postes.
Cette année encore, les contributions au budget ordinaire continuent de fluctuer, compliquant l’affectation des ressources en temps voulu pour une exécution efficace du budget. Au 30 avril, les sommes reçues avaient certes dépassé les prévisions de 244 millions de dollars, mais nous ne baissons pas la garde, a indiqué Mme Pollard, car la perception des arriérés ne veut rien dire. L’année 2024 ne pourrait être sauvée que si le montant des contributions dues dépasse largement la moyenne de ces cinq dernières années.
Une somme de 1,7 milliard de dollars est encore attendue: les États-Unis doivent 994 millions de dollars; la Chine, 381 millions; l’Argentine, 59 millions; le Brésil, 43 millions; et un autre groupe d’États, 170 millions. Au 30 avril, 105 États Membres avaient payé leur dû, ce qui est un record et depuis lors, le Botswana, le Cambodge et le Rwanda ont fait de même. À ce propos, la banque de l’ONU a confirmé avoir reçu, le 5 avril, les 59 millions de dollars de la Fédération de Russie mais ces fonds n’ont pas été crédités sur le compte et il semblerait même qu’ils aient été restitués au débiteur.
S’agissant du budget des opérations de paix, dont l’exercice va du 1er juillet 2023 au 30 juin 2024, sur le budget de 6 milliards de dollars, 5,6 milliards avaient été reçus à la fin du mois. Mais il reste un montant de 2,6 milliards; les États-Unis et la Chine devant, arriérés inclus, 1,6 milliard de dollars et 401 millions de dollars. À deux mois de la fin de l’exercice fiscal, les impayés représentent 36% du budget total, a prévenu Mme Pollard. Les tribunaux internationaux ont quant à eux un solde positif, avec les 73 millions de dollars reçus à la fin du mois d’avril.
À ce jour, seuls 47 États Membres ont payé la totalité de leurs contributions au budget ordinaire et à ceux des opérations de paix et des tribunaux. L’Organisation, a martelé Mme Pollard, ne peut s’extraire de la crise de trésorerie sans l’aide des États Membres auxquels il revient d’honorer leurs obligations financières intégralement et avec prévisibilité. Examinez une nouvelle fois, a-t-elle conseillé, les propositions précédentes du Secrétaire général et envisagez les problèmes de liquidités, de manière holistique. Les décisions que vous avez prises ont accru les fonds du budget ordinaire et de celui des opérations de paix mais il faut faire plus pour prévenir les crises cycliques, s’agissant, en particulier, du budget ordinaire.
La Cinquième Commission reviendra sur la situation financière de l’ONU à la séance qu’elle a prévue lundi 20 mai à partir de 10 heures.