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Conseil de sécurité: l’Envoyé spécial souligne les risques considérables de l’absence de processus politique en Syrie

9640e séance – matin 
CS/15712

Conseil de sécurité: l’Envoyé spécial souligne les risques considérables de l’absence de processus politique en Syrie

« L’approche parcellaire qui est actuellement de mise en Syrie ne suffira pas à contenir la marée », a déclaré aujourd’hui devant le Conseil de sécurité, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, M. Geir Pedersen, en déplorant la stratégie de cantonnement du conflit et l’absence de processus politique dans le pays.  Lors de cette réunion consacrée à la situation politique et humanitaire en Syrie, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. Martin Griffiths, dont c’était la dernière intervention devant le Conseil, a également dressé un tableau bien sombre, 16,7 millions de personnes en Syrie ayant besoin d’une aide humanitaire.

D’emblée, l’Envoyé spécial a noté la crise profonde, de plus en plus enracinée, que connaît la Syrie.  En l’absence d’un véritable processus politique, toutes sortes de tendances négatives sont en train de s’envenimer, porteuses de « terribles risques » pour les Syriens et la communauté internationale, a averti M. Pedersen. Il a ainsi noté « l’affolante myriade » d’acteurs locaux et internationaux engagés dans le conflit, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Syrie, dans de multiples théâtres. 

L’Envoyé spécial a ainsi mentionné les frappes israéliennes contre la Syrie, les affrontements entre les forces progouvernementales, le groupe terroriste Hay’at Tahrir el-Cham et les forces d’opposition dans le nord du pays, ainsi que la menace posée par Daech dans le nord-est.  Si ces dynamiques se poursuivent, il est inévitable que les souffrances des civils syriens s’accroissent, a déclaré M. Pedersen, en mettant également en garde contre une plus grande instabilité régionale. 

« En l’absence d’un processus politique, nous courons le risque de voir les Syriens s’éloigner davantage et la souveraineté de la Syrie s’éroder encore plus. »  La reprise des réunions de la Commission constitutionnelle permettrait de réunir les parties syriennes afin de formuler une réponse aux causes profondes du conflit, a estimé M. Pedersen.  « Malgré mes plus grands efforts, les réunions n’ont pas repris », a-t-il déploré, tout en se disant ouvert à un autre lieu de discussion que Genève.

M. Pedersen a estimé que la stratégie de cantonnement du conflit et d’atténuation de ses conséquences ne suffira pas à stabiliser la situation en Syrie, qui reste « dangereuse et imprévisible ».  Les conflits ne peuvent pas faire l’objet d’une gestion et d’un cantonnement éternels, a estimé l’Envoyé spécial, en soulignant la nécessité d’un horizon politique, conformément à la résolution 2254 (2015). Il a donc plaidé pour une désescalade de la situation sur le terrain, des mesures graduelles de confiance entre les parties et la reprise des réunions de la Commission. 

Les délégations se sont divisées sur les raisons de l’impasse politique en Syrie. La France a ainsi jugé regrettable que le « régime de Damas » persiste à bloquer toute avancée du processus politique mené dans le cadre de la résolution précitée.  C’est dans le cadre d’un tel processus que la communauté internationale se tient prête à explorer avec le régime syrien toutes les perspectives susceptibles de ramener la stabilité en Syrie, a déclaré son représentant. 

Même son de cloche du côté des États-Unis, qui ont demandé aux membres du Conseil d’exercer des pressions sur le « régime d’Assad ».  Ce régime doit cesser de se monter intransigeant et négocier avec l’opposition, a déclaré la délégation, en appelant, à l’instar de l’Algérie, à la reprise des réunions de la Commission.  Pour sa part, le Royaume-Uni a noté que la réadmission de la Syrie au sein de la Ligue des États arabes n’a pas abouti à un changement de position du régime syrien.  Le régime syrien doit changer d’attitude pour relancer le processus de réconciliation, a appuyé la Türkiye. 

De son côté, la Fédération de Russie a souligné la volonté de Damas de déplacer les réunions de la Commission constitutionnelle à Bagdad et espéré que l’Envoyé spécial pourra faire accepter cette option à l’autre partie syrienne.  Selon le délégué russe, l’un des principaux facteurs déstabilisateurs en Syrie est la présence militaire illégale des forces armées américaines, d’autant plus que Washington tente, a-t-il accusé, de « blanchir » le groupe Hay’at Tahrir el-Cham, pourtant répertorié comme terroriste par l’ONU. 

À l’instar de son homologue syrien, il a également appelé Israël à cesser ses actions militaires sur le territoire de la Syrie et de ses voisins, lesquelles sont lourdes de conséquences dans une région déjà déstabilisée.  Malgré les appels répétés de la Syrie, ce Conseil n’a pris aucune mesure pour répondre aux actions illicites d’Israël en Syrie, a appuyé le délégué de la République islamique d’Iran.  « Il ne les a même pas condamnées. »  Mentionnant le récent massacre de civils à Gaza, le représentant iranien a invité le Conseil à cesser sa politique d’apaisement à l’égard d’Israël.

Sur le plan humanitaire, M. Martin Griffiths, qui prendra prochainement sa retraite, a déploré que les souffrances du peuple syrien perdurent, avec un nombre record de personnes -16,7 millions selon les dernières évaluations- ayant besoin d’une aide humanitaire, plus de 7 millions de personnes déplacées et des millions d’autres réfugiées dans les pays voisins et au-delà.

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence a néanmoins salué la récente décision de Damas de prolonger de trois mois supplémentaires, jusqu’au 13 août 2024, son autorisation pour l’utilisation des postes frontières de Bab el-Salam et de Raaï.  Il a souhaité que le passage de Bab el-Haoua soit également prolongé au-delà du 13 juillet et que l’autorisation d’utiliser tous les passages soit accordée aussi longtemps que les besoins humanitaires persisteront.

M. Griffiths a répété que les convois d’aide à travers les lignes de front sont également un outil essentiel pour atteindre les personnes dans le besoin dans toute la Syrie, avant de regretter qu’aucune livraison n’ait pu se faire vers le nord-ouest du pays depuis près d’un an.  Il a toutefois fait état de signes indiquant qu’une telle opération pourrait avoir lieu dans les prochains jours et espéré une reprise plus régulière des acheminements par ce biais.

Pour M. Griffiths, le sous-financement de la réponse humanitaire constitue l’une des plus grandes préoccupations pour les mois et les années à venir.  Alors que les besoins continuent d’augmenter, il importe aussi de poursuivre les efforts de relèvement rapide, mais il faut pour cela un financement adéquat.  Or, le financement du plan de réponse humanitaire est passé de 55% en 2021 à seulement 39% l’an dernier, a-t-il alerté, appelant à un décaissement rapide de toutes les promesses de dons faites il y a quelques jours lors de la huitième Conférence de Bruxelles. 

Une position pleinement partagée par l’Algérie qui au nom, des A3+ (Algérie, Mozambique, Sierra Leone et Guyana), a demandé que les bailleurs de fonds s’acquittent de leurs engagements.  Lors de ladite Conférence, la France a annoncé une nouvelle contribution de 300 millions d’euros d’aide, dont 150 millions de dons, pour 2024, tandis que la Suisse s’est engagée à verser plus de 65 millions de dollars pour l’année en cours.  Tout en notant la « fatigue de l’aide » en raison de l’absence de processus politique, le Japon a, lui, décidé d’apporter une aide supplémentaire cette année pour un montant de 25 millions de dollars.

« Beaucoup de promesses ont été faites lors de cette conférence et comme c’est souvent le cas elles ne seront pas tenues », a réagi le délégué de la République arabe syrienne, en dénonçant des annonces faites pour les « médias ».  Il a également demandé que l’aide humanitaire ne tombe pas entre les mains des terroristes. L’amélioration de la situation humanitaire passe par le retrait des forces étrangères présentes de manière illicite et la levée des sanctions, a tranché le délégué syrien.  La Russie a également dénoncé la « pseudo-conférence humanitaire » de Bruxelles.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Soudan du Sud: le Conseil de sécurité proroge d’un an le régime de sanctions et entend les réserves du pays hôte et de six membres de l’organe s’étant abstenus

9639e séance – matin   
CS/15711

Soudan du Sud: le Conseil de sécurité proroge d’un an le régime de sanctions et entend les réserves du pays hôte et de six membres de l’organe s’étant abstenus

En vertu de la résolution 2731 (2024), adoptée par 9 voix pour et 6 abstentions (Algérie, Chine, Fédération de Russie, Guyana, Mozambique et Sierra Leone), le Conseil de sécurité a décidé, ce matin, de reconduire le régime de sanctions concernant le Soudan du Sud, à savoir un embargo sur les armes et des sanctions ciblées (gel des avoirs et interdiction de voyages).  Six membres du Conseil ont préféré s’abstenir, dénonçant notamment le caractère inadapté d’un embargo empêchant le Soudan du Sud d’équiper ses forces de sécurité.  Ils ont également pointé le manque de coopération des États-Unis (délégation porte-plume) durant les négociations et regretté que la décision prise ne prenne pas en compte les progrès réalisés par le Soudan du Sud.

En reconduisant jusqu’au 31 mai 2025 les mesures imposées par le régime de sanctions, le Conseil se déclare à nouveau prêt à réexaminer les mesures d’embargo sur les armes, notamment à apprécier s’il convient de les modifier, de les suspendre ou de les lever progressivement.  Le Conseil prie le Secrétaire général, à cet égard, en étroite consultation avec la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) et le Groupe d’experts, de procéder, au plus tard le 15 avril 2025, à une évaluation des progrès accomplis concernant les principaux critères de référence établis au paragraphe 2 de la résolution 2577 (2021). 

Au sujet des sanctions ciblées, le Conseil décide de reconduire jusqu’au 31 mai 2025 les mesures concernant les voyages et les mesures financières imposées par les paragraphes 9 et 12 de la résolution 2206 (2015) et réaffirme les dispositions des paragraphes 10, 11, 13, 14 et 15 de ladite résolution et des paragraphes 13, 14, 15 et 16 de la résolution 2428 (2018).

Il décide en outre de proroger jusqu’au 1er juillet 2025 le mandat qu’il a confié au Groupe d’experts en prévoyant que ce dernier devra lui présenter, après concertation avec le Comité, un rapport d’activité le 1er décembre 2024 au plus tard et un rapport final le 1er mai 2025 au plus tard, ainsi qu’un point de la situation tous les mois, sauf ceux où ces rapports doivent lui être remis.

Réagissant après l’adoption, les États-Unis ont salué la prorogation du régime de sanctions, arguant que le texte va permettre d’empêcher l’afflux d’armes dans une région qui en est déjà inondée.  La délégation a assuré qu’elle entendait maintenir son soutien au peuple sud-soudanais et à la région.  Le représentant de l’Algérie, s’exprimant au nom des A3+ (Guyana, Mozambique, Sierra Leone et Algérie) a exprimé une position critique du régime de sanctions actuel: il ne permettrait plus selon lui d’atteindre les objectifs pour lequel il avait été mis en place.  Si les quatre délégations se sont abstenues pour cette nouvelle reconduction des sanctions, c’est parce qu’elles estiment que ce régime limite les capacités du Gouvernement provisoire à mener à bien la transition.  Les A3+ ont d’ailleurs regretté que ce texte ne reflète pas les avis partagés au cours des négociations.  Ces quatre membres du Conseil ont, de plus, rejeté toute tentative visant à utiliser les sanctions pour exercer une pression politique sur les États africains. 

Pour la Fédération de Russie, qui s’est également abstenue, le fait que la délégation américaine porte-plume continue de mettre l’accent sur le régime de sanctions, malgré les changements sur le terrain, laisse croire que Washington utilise le Conseil de sécurité pour réaliser ses propres objectifs.  La délégation russe a dénoncé le fait que le rédacteur du texte ait ignoré l’appel collectif des membres africains du Conseil et la demande des autorités du pays qui ont plaidé pour un allègement de l’embargo sur les armes afin de mieux assurer la sécurité du pays avant les élections.  « Les membres occidentaux du Conseil de sécurité qui se sont arrogés le titre de porte-plume ne doivent pas imposer leur vision politique aux pays africains », a demandé la déléguée russe, estimant que cela nuit gravement à la réputation du Conseil.

Le porte-plume doit assumer sa mission en prenant en compte les avis de tous les membres du Conseil de sécurité et des pays de la région, a renchéri la Chine qui a aussi exprimé ses réserves par son abstention.  Pour la délégation, non seulement l’embargo sur les armes empêche le Gouvernement sud-soudanais d’assurer la protection du pays mais le régime de sanctions est aussi maintenu en dépit des réserves du pays concerné.  Justement, le Soudan du Sud a déploré l’impact négatif du régime de sanctions sur la sécurité dans le pays.  Il a fait comprendre que le maintien de l’embargo sur les armes sape les efforts nationaux visant à mettre sur pied des mesures de sécurité plus fortes. 

Le délégué sud-soudanais a également déploré le fait que le texte adopté ce matin ne tienne pas compte des progrès réalisés par le pays.  Et selon lui, la levée de l’embargo sur les armes aurait permis de renforcer la mise en œuvre de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud, qui date de 2018.

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Texte du projet de résolution (S/2024/415)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses précédentes résolutions, les déclarations de sa présidence et les déclarations à la presse concernant la situation au Soudan du Sud,

Affirmant son soutien à l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud (« l’Accord revitalisé ») de 2018, soulignant que la viabilité du processus de paix ne pourra être assurée sans l’adhésion totale de toutes les parties, demandant instamment la pleine application, sans plus tarder, de l’Accord revitalisé et de l’Accord relatif à la feuille de route pour une fin pacifique et démocratique de la période de transition, qui en est issu, et notant avec préoccupation le retard accusé dans l’application de l’Accord revitalisé, qui a nécessité une nouvelle prorogation de deux ans des arrangements politiques transitoires,

Se félicitant que le Gouvernement provisoire d’union nationale revitalisé ait présenté son premier rapport sur les progrès accomplis concernant les critères de référence (S/AC.57/2024/COMM.18) et que des avancées encourageantes aient été enregistrées dans l’application des dispositions de l’Accord revitalisé, comme en témoignent notamment la détermination renouvelée du Gouvernement provisoire revitalisé à poursuivre le déploiement des Forces unifiées nécessaires, l’adoption des modifications de la loi sur les élections nationales, l’avancement des travaux relatifs à l’examen stratégique de la défense et de la sécurité et le prolongement du Plan d’action commun des forces armées sur la lutte contre la violence sexuelle liée aux conflits, et demandant au Gouvernement provisoire revitalisé de reconduire d’urgence le mandat du Comité mixte d’application,

Constatant avec satisfaction que la dynamique impulsée par l’Autorité intergouvernementale pour le développement contribue à faire progresser le processus de paix au Soudan du Sud, se félicitant du rôle joué par le Gouvernement kényan pour ce qui est de faciliter le dialogue en cours entre les parties prenantes de l’Accord revitalisé, avec l’appui technique de la Communauté de Sant’Egidio, et avec la participation pleine, égale, sûre et véritable des femmes à ce dialogue, et demandant aux parties sud-soudanaises de faire preuve de la volonté politique nécessaire pour régler par des moyens pacifiques les divergences persistantes qui alimentent les violences constantes,

Notant avec inquiétude l’intensification persistante de la violence, notamment de la violence intercommunautaire, qui prolonge la crise sur les plans politique, économique, humanitaire et de la sécurité dans la majeure partie du pays, condamnant la mobilisation de groupes armés et l’encouragement de défections, notamment de membres des forces gouvernementales et des groupes d’opposition armés, constatant que les violences intercommunautaires au Soudan du Sud sont liées sur les plans politique et économique à la corruption et aux violences commises à l’échelle nationale et qu’il est essentiel de préparer correctement les élections pour éviter une aggravation de la violence et de l’instabilité, et demandant à toutes les parties, y compris au Gouvernement provisoire revitalisé, de s’engager à assurer une campagne électorale pacifique et de s’abstenir de toutes formes d’activités déstabilisantes et d’incitation à la haine et à la violence,

Soulignant la nécessité pour les parties d’éviter un retour à un conflit généralisé et de respecter l’accord sur la structure de commandement, et insistant sur le fait qu’il importe de faire avancer rapidement les dispositions de sécurité énoncées au chapitre II de l’Accord revitalisé, notamment en veillant au versement régulier et suffisant des salaires de tous les membres des Forces unifiées nécessaires, en phase avec les crédits budgétaires alloués au Service national de sécurité et à la garde présidentielle sud-soudanaise, et en assignant des missions claires à ces forces, conformément au processus d’examen stratégique de la défense et de la sécurité prévu dans l’Accord revitalisé,

Se déclarant vivement préoccupé par la poursuite des combats au Soudan du Sud, condamnant les violations répétées de l’Accord revitalisé et de l’Accord sur la cessation des hostilités, la protection des civils et l’accès humanitaire, condamnant fermement tous les combats, notamment la violence dans les États du Haut-Nil, de Jongleï, de l’Unité, de l’Équatoria-Central et de l’Équatoria-Occidental, et exigeant que les parties qui violent l’Accord sur la cessation des hostilités soient tenues de rendre des comptes, conformément aux obligations que leur imposent l’Accord sur la cessation des hostilités et l’Accord revitalisé,

Condamnant énergiquement toutes les violations des droits humains, atteintes à ces droits et violations du droit international humanitaire qui ont été et continuent d’être commises par toutes les parties, y compris les groupes armés et les forces de sécurité nationale, ainsi que l’incitation à commettre de telles atteintes et violations et l’augmentation alarmante des violences sexuelles liées aux conflits, qui constituent un motif de désignation aux termes des dispositions de l’alinéa e) du paragraphe 15 de la résolution 2521 (2020), condamnant également le fait que des membres de la société civile, dont des journalistes, des défenseurs des droits humains, des humanitaires et des correspondants des médias sont harcelés, pris pour cible et soumis à la censure et à des arrestations arbitraires, soulignant que les personnes responsables de violations du droit international humanitaire, de violations des droits humains et d’atteintes à ces droits doivent répondre de leurs actes et qu’il incombe au premier chef au Gouvernement provisoire revitalisé de protéger sa population contre le génocide, les crimes de guerre, le nettoyage ethnique et les crimes contre l’humanité, et notant avec préoccupation que, malgré la signature de l’Accord revitalisé, des violations et des atteintes, notamment des violences fondées sur le genre, continuent de se produire et pourraient être constitutives de crimes internationaux, y compris de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité,

Se déclarant alarmé et vivement préoccupé par la poursuite de la violence armée contre le personnel médical et le personnel, les installations et les convois humanitaires, condamnant fermement tous les cas de violence perpétrée contre des agents humanitaires, se déclarant vivement préoccupé par l’imposition de taxes et de frais illégaux qui entravent l’acheminement de l’aide humanitaire sur l’ensemble du territoire, soulignant les conséquences néfastes de l’insécurité persistante sur les opérations humanitaires dans tout le pays, encourageant toutes les parties à permettre l’accès rapide, en toute sécurité et sans entrave des organismes humanitaires à toutes les personnes dans le besoin, et demandant à toutes les parties, y compris au Gouvernement provisoire revitalisé, de protéger le personnel humanitaire et de créer un environnement sûr et propice à l’aide humanitaire, conformément au droit international humanitaire, au droit international des droits de l’homme et aux obligations qui lui incombent au titre de l’Accord revitalisé et dans le respect des dispositions de la résolution 2730 (2024),

Exprimant sa profonde inquiétude face à l’augmentation des violences entre groupes armés dans certaines régions du Soudan du Sud, qui ont fait des milliers de morts et de déplacés, et condamnant l’utilisation de ces groupes par des parties au conflit,

Constatant avec une vive inquiétude les retards pris dans l’application de l’Accord revitalisé, et quoique saluant la création d’un compte unique du Trésor, demandant l’utilisation de ce compte et des audits, examens et outils supplémentaires requis pour un système de commercialisation du pétrole qui soit ouvert, transparent et concurrentiel comme précisé au chapitre IV de l’Accord revitalisé, invitant les parties à appliquer pleinement l’Accord revitalisé, notamment en allouant les ressources financières nécessaires, en mettant en place sans délai les institutions prévues par celui-ci et en assurant la participation pleine, égale, véritable et sûre des femmes et la participation des jeunes, des groupes d’inspiration religieuse et de la société civile à tous les efforts de règlement du conflit et de consolidation de la paix, et à faire avancer les réformes transitoires, notamment en ce qui concerne la création d’un espace civique libre et ouvert, la mise en place d’un processus inclusif d’élaboration de la constitution ainsi que la transparence économique et la réforme de la gestion des finances publiques, se déclarant profondément préoccupé que la corruption et le détournement de fonds publics nuisent à la capacité du Gouvernement provisoire revitalisé de fournir des services à la population, et soulignant qu’il faut améliorer la gouvernance économique de façon à garantir l’efficacité des structures nationales de perception des recettes et de lutte contre la corruption en vue de financer la mise en œuvre du cadre réglementaire essentiel à une transition politique, ainsi que les besoins humanitaires de la population,

Se félicitant que les États Membres continuent d’exprimer clairement leur intention de fournir une assistance technique et une aide au renforcement des capacités aux autorités sud-soudanaises compétentes, conformément aux dispositions de la résolution 2428 (2018), à l’appui de l’application de l’Accord revitalisé, et encourageant les États Membres à aider le Gouvernement provisoire revitalisé pour ce qui est du stockage des munitions et du contrôle des armureries, en vue de renforcer les capacités du Soudan du Sud compte tenu des critères de référence énoncés au paragraphe 2 de la résolution 2577 (2021),

Rappelant aux États Membres qu’ils doivent veiller à ce que toutes les mesures prises pour appliquer la présente résolution soient conformes aux obligations que leur impose le droit international, y compris le droit international humanitaire, le droit international des droits de l’homme et le droit international des réfugiés, selon qu’il convient,

Sachant qu’il faut préserver les garanties d’une procédure régulière et garantir des procédures claires et équitables pour radier des listes relatives aux sanctions des personnes et des entités qui y sont inscrites, conformément à la résolution 2206 (2015) telle qu’amendée,

Soulignant que les mesures imposées par la présente résolution n’ont pas pour objet d’avoir des conséquences humanitaires négatives pour la population civile sud-soudanaise et rappelant le paragraphe 1 de la résolution 2664 (2022), qui dispose que la fourniture, le traitement ou le versement de fonds ou d’autres avoirs financiers ou ressources économiques, ou la fourniture de biens et de services, par certaines entités ou organisations, nécessaires à l’acheminement en temps voulu de l’aide humanitaire ou à l’appui d’autres activités visant à répondre aux besoins essentiels sont autorisés et ne constituent pas une violation des mesures de gel des avoirs,

Se déclarant vivement préoccupé par les résultats et conclusions figurant dans le rapport final soumis en 2024 par le Groupe d’experts sur le Soudan du Sud (S/2024/343) et soulignant que la violence armée, l’impunité et la mauvaise allocation des recettes peuvent avoir un effet dévastateur sur la société et les personnes, affaiblir les institutions démocratiques, nuire à l’état de droit, perpétuer des conflits violents, faciliter des activités illégales, détourner l’aide humanitaire ou en compliquer l’acheminement et fragiliser les marchés économiques,

Se déclarant également vivement préoccupé par la menace que le transfert illicite, l’accumulation déstabilisante et le détournement d’armes légères et de petit calibre font peser sur la paix et la sécurité au Soudan du Sud, et constatant avec inquiétude que le trafic et le détournement d’armes et de matériels connexes de tous types portent atteinte à l’état de droit, qu’ils peuvent compromettre le respect du droit international humanitaire et entraver l’acheminement de l’aide humanitaire et qu’ils ont de nombreuses répercussions sur les plans humanitaire et socioéconomique,

Donnant acte de la coopération des autorités sud-soudanaises avec le Groupe d’experts et encourageant fortement les autorités sud-soudanaises à poursuivre leur coopération avec le Groupe d’experts et à prévenir toute entrave à l’exécution de son mandat,

Prenant note du rapport du Secrétaire général sur les critères d’évaluation de l’embargo sur les armes imposé au Soudan du Sud (S/2021/321),

Prenant acte du rapport du Secrétaire général en date du 15 avril 2024 (S/2024/309), soumis en application des dispositions du paragraphe 5 de sa résolution 2633 (2022) et consacré à l’évaluation des progrès accomplis concernant les principaux critères de référence,

Constatant que la situation au Soudan du Sud continue de menacer la paix et la sécurité internationales dans la région,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

Embargo sur les armes et inspections

1.    Décide de reconduire jusqu’au 31 mai 2025 les mesures imposées par le paragraphe 4 de la résolution 2428 (2018) et réaffirme les dispositions du paragraphe 5 de la résolution 2428 (2018) ainsi que celles du paragraphe 2 de la résolution 2683 (2023), par lequel il a supprimé l’obligation de notification applicable à la fourniture, à la vente ou au transfert de matériel militaire non létal qui ne devaient servir qu’à appuyer la mise en œuvre des dispositions de l’accord de paix, et à l’assistance technique ou la formation au matériel militaire non létal connexes;

2.    Se déclare à nouveau prêt à réexaminer les mesures d’embargo sur les armes, notamment à apprécier s’il convient de les modifier, de les suspendre ou de les lever progressivement, à la lumière des progrès accomplis par rapport aux principaux critères énoncés au paragraphe 2 de la résolution 2577 (2021), et encourage les autorités sud-soudanaises à accomplir de nouveaux progrès à cet égard;

3.    Prie de nouveau le Gouvernement provisoire revitalisé de faire avancer la mise en place des réformes de la gestion des finances publiques prévues dans l’Accord revitalisé, notamment en mettant à la disposition du public des informations concernant l’ensemble des recettes, dépenses, déficits et dettes du Gouvernement provisoire revitalisé, et demande de nouveau au Gouvernement provisoire revitalisé d’établir le Tribunal mixte pour le Soudan du Sud ainsi que la Commission vérité, réconciliation et apaisement et l’Autorité d’indemnisation et de réparation;

4.    Prie le Secrétaire général, à cet égard, en étroite consultation avec la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) et le Groupe d’experts, de procéder, au plus tard le 15 avril 2025, à une évaluation des progrès accomplis concernant les principaux critères de référence établis au paragraphe 2 de la résolution 2577 (2021);

5.    Prie les autorités sud-soudanaises de rendre compte au Comité créé par la résolution 2206 (2015) concernant le Soudan du Sud (« le Comité »), au plus tard le 15 avril 2025, des progrès accomplis concernant les principaux critères énoncés au paragraphe 2 de la résolution 2577 (2021) et invite les autorités sud-soudanaises à rendre compte des progrès accomplis concernant la mise en place des réformes énoncées au paragraphe 4;

6.    Souligne qu’il importe que les notifications ou demandes de dérogation présentées en application du paragraphe 5 de la résolution 2428 (2018) soient accompagnées de toutes les informations nécessaires, y compris l’utilisation à laquelle le matériel est destiné et l’utilisateur final, les caractéristiques techniques et le nombre d’articles à expédier ainsi que, le cas échéant, le fournisseur, la date envisagée de livraison, le mode de transport et l’itinéraire de transport;

7.    Souligne que les livraisons d’armes effectuées en violation de la présente résolution risquent d’alimenter le conflit et d’accroître davantage l’instabilité, et engage vivement tous les États Membres à prendre des mesures d’urgence pour les détecter et les empêcher sur leur territoire;

8.    Demande de nouveau à tous les États Membres, en particulier aux États voisins du Soudan du Sud, agissant conformément à leur jurisprudence et leur législation internes et au droit international, en particulier le droit de la mer et les accords pertinents sur l’aviation civile internationale, de faire inspecter sur leur territoire, y compris dans les ports maritimes et aéroports, tous les chargements à destination du Soudan du Sud, si les États concernés disposent d’informations leur donnant des motifs raisonnables de penser que ces chargements contiennent des articles dont la fourniture, la vente ou le transfert sont interdits par le paragraphe 4 de la résolution 2428 (2018), afin de garantir une stricte application de ces dispositions;

9.    Décide que tous les États Membres ont l’autorisation et l’obligation, lorsqu’ils découvrent des articles dont la fourniture, la vente ou le transfert sont interdits par le paragraphe 4 de la résolution 2428 (2018), de les saisir et de les éliminer (en les détruisant, en les mettant hors d’usage, en les entreposant ou en les transférant à un État autre que le pays d’origine ou de destination aux fins de leur élimination), et décide également que tous les États Membres sont tenus de coopérer à cet effort;

10.   Enjoint à tout État Membre effectuant une inspection en application du paragraphe 8 de la présente résolution de présenter au Comité, par écrit et sans délai, un rapport initial exposant en particulier les motifs de l’inspection et les résultats de celle-ci et faisant savoir s’il y a eu coopération ou non, et, si des articles dont la fourniture, la vente et le transfert sont interdits ont été découverts, enjoint également audit État Membre de présenter par écrit au Comité, dans les 30 jours, un autre rapport donnant des précisions sur l’inspection, la saisie et l’élimination, ainsi que des précisions sur le transfert, notamment une description des articles en question, leur origine et leur destination prévue, si ces informations ne figurent pas dans le rapport initial;

Sanctions ciblées

11.   Décide de reconduire jusqu’au 31 mai 2025 les mesures concernant les voyages et les mesures financières imposées par les paragraphes 9 et 12 de la résolution 2206 (2015), et réaffirme les dispositions des paragraphes 10, 11, 13, 14 et 15 de ladite résolution et des paragraphes 13, 14, 15 et 16 de la résolution 2428 (2018);

12.   Décide de garder constamment à l’étude les mesures reconduites au paragraphe 12 ci-dessus compte tenu des progrès qui auront été accomplis dans l’application de toutes les dispositions de l’Accord revitalisé et en fonction de l’évolution de la situation concernant les violations des droits humains et les atteintes à ces droits, y compris les violences sexuelles liées aux conflits, et se déclare prêt à envisager de les adapter, notamment en les modifiant, en les suspendant, en les levant ou en les renforçant, de manière à répondre à la situation;

13.   Souligne qu’il est prêt à imposer des sanctions ciblées afin d’appuyer la recherche d’une paix durable et inclusive au Soudan du Sud et note que le Comité peut examiner des demandes de radiation de personnes ou d’entités inscrites sur la liste;

14.   Réaffirme que les mesures édictées au paragraphe 9 de la résolution 2206 (2015) s’appliquent à toutes les personnes, et celles édictées au paragraphe 12 à toutes les personnes et entités que le Comité aura désignées comme étant, directement ou indirectement, responsables ou complices d’activités ou de politiques faisant peser une menace sur la paix, la sécurité ou la stabilité au Soudan du Sud, et réaffirme également que les mesures édictées aux paragraphes 9 et 12 de la résolution 2206 (2015) s’appliquent aux personnes désignées par le Comité qui sont à la tête ou membres de toute entité, y compris une administration sud-soudanaise, un parti d’opposition, une milice ou tout autre groupe, s’étant livrée ou dont les membres se sont livrés à toute activité visée au présent paragraphe et au paragraphe 16;

15.   Réaffirme que les activités ou les politiques décrites au paragraphe 15 peuvent comprendre, sans s’y limiter, les critères décrits au paragraphe 15 de la résolution 2521 (2020), et souligne que les activités ou les politiques visant à entraver la conduite ou la légitimité d’élections libres et régulières au Soudan du Sud, notamment en entravant ou en altérant les activités préélectorales préparatoires, constituent également un motif de désignation;

16.   Se déclare préoccupé par les informations faisant état de malversations et de détournements de fonds publics, qui compromettent la paix, la sécurité et la stabilité du Soudan du Sud, s’inquiète vivement des informations faisant état de malversations financières et d’un manque de transparence, de contrôles et de gouvernance financière, lesquels font peser une menace sur la paix, la stabilité et la sécurité dans le pays et contreviennent au chapitre IV de l’Accord revitalisé, et, dans ce contexte, souligne que les personnes menant des activités ou des politiques qui ont pour objet ou pour effet d’étendre ou de prolonger le conflit au Soudan du Sud pourraient se voir frappées d’une interdiction de voyager et de sanctions financières;

Comité des sanctions et Groupe d’experts

17.   Souligne qu’il importe de tenir des consultations régulières avec les États Membres concernés, les organisations internationales, régionales et sous-régionales, ainsi que la MINUSS, selon que de besoin, et en particulier avec les États voisins et les États de la région, afin de garantir l’application de toutes les mesures visées dans la présente résolution et, à cet égard, encourage le Comité à envisager que son président ou ses membres se rendent dans certains pays, selon qu’il conviendra;

18.   Décide de proroger jusqu’au 1er juillet 2025 le mandat qu’il a confié au Groupe d’experts, énoncé au paragraphe 19 de la résolution 2428 (2018), et décide que ce dernier devra lui présenter, après concertation avec le Comité, un rapport d’activité le 1er décembre 2024 au plus tard et un rapport final le 1er mai 2025 au plus tard, ainsi qu’un point de la situation tous les mois, sauf ceux où ces rapports doivent lui être remis, et rappelle le paragraphe 6 de la résolution 2664 (2022), dans lequel il charge le Comité de surveiller, avec l’aide du Groupe d’experts, l’application des dispositions du paragraphe 1 de la résolution 2664 (2022), y compris tout risque de détournement;

19.   Prie le Secrétariat de doter le Groupe d’experts des compétences requises concernant les questions de genre, conformément au paragraphe 6 de la résolution 2242 (2015), et l’encourage à tenir systématiquement compte des questions de genre dans ses enquêtes et rapports;

20.   Demande à toutes les parties et à tous les États Membres, ainsi qu’aux organisations internationales, régionales et sous-régionales, de coopérer avec le Groupe d’experts, notamment en fournissant toute information sur les transferts illicites de biens sud-soudanais à des réseaux financiers, patrimoniaux ou commerciaux, et prie instamment tous les États Membres concernés de garantir la sécurité des membres du Groupe d’experts et de leur donner libre accès, en particulier, aux personnes, documents et sites pour permettre à celui-ci de s’acquitter de son mandat;

21.   Prie la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la question des enfants et des conflits armés et la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit de communiquer au Comité toute information utile sur ces questions, conformément au paragraphe 7 de la résolution 1960 (2010) et au paragraphe 9 de la résolution 1998 (2011), et invite le Haut-Commissaire aux droits de l’homme à communiquer toute information utile au Comité, selon que de besoin;

22.   Encourage l’échange rapide d’informations entre la MINUSS et le Groupe d’experts, et prie la MINUSS de prêter assistance au Comité et au Groupe d’experts, dans les limites de son mandat et de ses capacités;

23.   Invite la Commission mixte de suivi et d’évaluation reconstituée à lui communiquer, selon que de besoin, des informations pertinentes sur son évaluation de l’application par les parties de l’Accord revitalisé, sur le respect de l’Accord sur la cessation des hostilités, la protection des civils et l’accès humanitaire et sur la facilitation de l’accès humanitaire sans entrave et en toute sécurité;

24.   Décide de rester saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: hommage à la mémoire du Président iranien et silence assourdissant du Groupe des États d’Europe occidentale et des États-Unis

Soixante-dix-huitième session,
83e séance – matin
AG/12602

Assemblée générale: hommage à la mémoire du Président iranien et silence assourdissant du Groupe des États d’Europe occidentale et des États-Unis

C’est par la minute de silence traditionnelle que l’Assemblée générale a ouvert aujourd’hui sa cérémonie d’hommage à la mémoire du Président de la République islamique d’Iran, Seyyed Ebrahim Raisi, décédé dans un accident d’hélicoptère, le 19 mai dernier, avec son Ministre des affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, et sept autres personnes.  Le silence assourdissant du Groupe des États d’Europe occidentale et du pays hôte, les États-Unis, n’a échappé ni au Président de l’Assemblée générale ni au Secrétaire général. 

La République islamique d’Iran vient de perdre un homme qui a dédié sa vie à un pays qu’il a servi avec zèle et dévouement, s’est incliné, Haïti, au nom du Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes.  Le Président Raisi, a déclaré le Secrétaire général, a tenu les rênes du pouvoir dans une période difficile pour son pays, la région et le monde. Quelques heures à peine avant sa mort, il inaugurait, avec son homologue de l’Azerbaïdjan, le barrage de Qiz Qalasi, leur projet hydraulique le plus vaste. 

En ces temps difficiles, la coopération régionale et internationale est plus que jamais nécessaire.  Une telle coopération est essentielle pour rétablir la confiance, prévenir les conflits et régler les différends.  Les Nations Unies sont solidaires du peuple iranien et de sa quête de paix, de développement et de libertés fondamentales, a souligné M. António Guterres.

Et d’ailleurs, dans une lettre datée du 20 mai, la Mission permanente de l’Iran demande précisément l’appui de la communauté internationale pour surmonter cette tragédie et poursuivre sur la voie de la paix et du développement, a indiqué le Président de l’Assemblée générale.  En tant qu’État souverain et Membre fondateur de l’ONU, il ne fait aucun doute, a affirmé M. Dennis Francis, que l’Iran saura surmonter sa peine et rester activement impliquée dans la modernisation des relations internationales. 

Des relations fondées sur les principes d’équité, de fraternité, de solidarité et de multilatéralisme, comme le voulait le Président Raisi, a affirmé, le Burundi, au nom du Groupe des États d’Afrique, qui a salué « un visionnaire » farouchement attaché au renforcement de la coopération de son pays avec le continent africain, comme en attestent ses visites au Kenya ou encore au Zimbabwe. 

Il s’est aussi efforcé de renforcer la collaboration parmi les membres du Mouvement des pays non alignés, a ajouté l’Ouganda, au nom de ce regroupement. Sous son leadership, la République islamique d’Iran a en effet joué un rôle crucial pour renforcer les liens entre les pays en développement, a encore dit l’Ouganda.  Le Pakistan a également rappelé les contributions historiques du Président Raisi à la mission et à la vision de l’Organisation de la coopération islamique, en particulier la défense des droits inaliénables du peuple palestinien et du caractère sacré d’Al-Qods al-Charif.  Au nom du Conseil de coopération du Golfe, le Qatar a salué la mémoire d’un homme qui laisse une marque indélébile.

Le leadership et la vision du défunt, a embrayé, Vanuatu, au nom du Groupe des États d’Asie et du Pacifique, ont inspiré une nouvelle génération d’Iraniens et son héritage est vivement ressenti dans les nombreuses vies qu’il a touchées et le nombre incalculable d’initiatives qu’il a défendues.  Sa mémoire sera chérie comme un symbole de paix, de progrès et d’unité. 

Le Président Raisi et son Ministre des affaires étrangères étaient des visionnaires dont les mandats étaient tout entier dédiés à la promotion de la stabilité et de la sécurité durables dans la région et au-delà, a confirmé la République islamique d’Iran.  Les principes de bon voisinage, du respect mutuel et de l’engagement en faveur de la Charte et du multilatéralisme étaient les pierres angulaires de leur politique étrangère. 

Le Président Raisi était un véritable architecte de la paix et de la coopération.  Il a démontré un engagement farouche en faveur du droit de tous les Palestiniens à l’autodétermination et sous son leadership, le Gouvernement iranien n’a cessé de participer et d’appuyer les efforts visant au maintien de la paix et de la sécurité dans le golfe Persique, tout en plaçant un accent particulier sur le développement des liens avec d’autres parties du monde, dont l’Afrique et l’Amérique latine.  Ses nombreuses visites à l’étranger, y compris à New York pour la semaine de haut niveau, ont prouvé à suffisance la nature proactive de son programme de politique étrangère.

Le riche héritage d’engagements et d’idéaux des « martyrs » Raisi et Amir-Abdollahian nous poussera toujours à travailler à une région et à un monde plus pacifiques et plus sûrs, a déclaré la République islamique d’Iran. Ces deux hommes n’étaient pas seulement des figures d’autorité.  Ils étaient les symboles de l’espoir, de la résilience et du pouvoir de la bonne gouvernance et de la diplomatie.  Nous poursuivrons notre chemin, sous la prochaine présidence, après les élections du 28 juin, a conclu la République islamique d’Iran.

L’Assemblée générale tiendra une autre réunion publique lundi 3 juin à partir de 15 heures pour entendre une déclaration du Président du Guatemala, M. César Bernardo Arévalo de León.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité chargé des organisations non gouvernementales: examen des demandes d’admission au statut consultatif

Session de 2024
21e & 22e séances plénières – matin & après-midi
ONG/975

Comité chargé des organisations non gouvernementales: examen des demandes d’admission au statut consultatif

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse n’a pas pu couvrir ces séances.)

Pour sa troisième journée de reprise de session, le Comité chargé des organisations non gouvernementales examine les demandes d’admission au statut consultatif ou de reclassement dont le Comité a décidé de reporter l’examen lors des sessions antérieures. 

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité chargé des organisations non gouvernementales examine les nouvelles demandes de statut consultatif

Reprise de la session de 2024
19e & 20e séances plénières – matin & après-midi
ONG/974

Le Comité chargé des organisations non gouvernementales examine les nouvelles demandes de statut consultatif

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse n’a pas pu couvrir ces séances.)

C’est par l’examen des nouvelles demandes d’admission au statut consultatif et des nouvelles demandes de reclassement que le Comité chargé des organisations non gouvernementales poursuit aujourd’hui sa reprise de session. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: « après les horreurs des sept derniers mois, Palestiniens et Israéliens ont besoin d’un horizon politique », estime le Coordonnateur spécial

9638e séance – matin
CS/15710

Conseil de sécurité: « après les horreurs des sept derniers mois, Palestiniens et Israéliens ont besoin d’un horizon politique », estime le Coordonnateur spécial

« Il est clair que toutes les parties doivent, de toute urgence, changer de cap », a plaidé ce matin, devant le Conseil de sécurité, le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Tor Wennesland, en soulignant le besoin d’horizon politique pour les Palestiniens et les Israéliens après les horreurs de ces sept derniers mois.  « Sans cela, il n’y a pas de voie durable pour sortir de la souffrance et de la misère à laquelle nous assistons actuellement. » Cet appel a été amplifié par les membres du Conseil dont les interventions étaient souvent teintées d’exaspération face à l’offensive d’Israël à Rafah et à ses conséquences particulièrement nuisibles pour les civils.

Le Coordonnateur spécial a observé qu’alors qu’Israël déploie une opération terrestre importante dans et autour de Rafah, la dévastation ne fait que s’intensifier.  Or tout accord visant à parvenir à un cessez-le-feu et à garantir la libération des otages est bloqué, a-t-il ajouté.  Il a rappelé l’obligation des parties de protéger les civils, se désolant de l’incident de dimanche dernier au cours duquel 45 Palestiniens auraient été tués et 200 blessés quand les tentes dans lesquelles ils s’abritaient ont brûlé.

Dans le même temps, a-t-il poursuivi, la Cisjordanie occupée reste une cocotte-minute avec des tendances négatives.  Le risque d’une conflagration régionale est constant et augmente chaque jour que cette guerre continue, a-t-il averti.  Il a évoqué la poursuite des échanges de tirs à travers la Ligne bleue entre Israël, le Hezbollah et d’autres forces armées non étatiques au Liban.  Sur le Golan, les tirs depuis la Syrie vers le Golan occupé par Israël et les frappes israéliennes contre des cibles en Syrie se sont également poursuivis.  Tout cela s’ajoute à l’escalade profondément inquiétante entre Israël et l’Iran. 

M. Wennesland a de nouveau appelé à la libération immédiate de tous les otages détenus à Gaza et à un cessez-le-feu humanitaire.  Il s’est vivement inquiété de la situation des Palestiniens de Gaza, confrontés à une nouvelle série de déplacements massifs avec un million de personnes fuyant Rafah, alors que « la réponse humanitaire est malheureusement insuffisante », préoccupé aussi par la centaine de milliers d’Israéliens du nord et du sud devant fuir leurs foyers. 

« Il n’y a quasiment plus rien à Gaza, Israël a tout détruit », a expliqué l’observateur de la Palestine. « S’il devait y avoir des funérailles chaque jour pour chaque Palestinien tué au cours des huit derniers mois, il nous faudrait presque 100 ans pour honorer leur mémoire.»  Comme la plupart des membres du Conseil, la République de Corée a enjoint Israël de suspendre immédiatement son offensive à Rafah, estimant que la frappe qui a tué plusieurs dizaines de civils le week-end dernier ne peut être considérée comme une « erreur tragique ».  Ces attaques aveugles violent le droit international humanitaire, a dit la Suisse.

Le représentant d’Israël a réagi en expliquant qu’il y a encore plusieurs bataillons du Hamas à Rafah où Israël n’a d’autres choix que de déraciner les dirigeants du groupe.  C’est d’ailleurs la raison d’être de la frappe de dimanche dernier qui a eu lieu loin des sites civils, a-t-il précisé avant d’assurer que les pertes de civils font l’objet d’enquête.  La communauté internationale doit demander des comptes au Hamas, a-t-il réclamé.  Le délégué israélien a accusé le Conseil de tout faire pour mettre fin à la guerre sans tenir compte de la sécurité d’Israël.  Il a affirmé que la guerre pourrait s’arrêter immédiatement si le Hamas déposait les armes et libérait les otages.  « Le fait que les combattants du Hamas se cachent parmi les civils n’exonère pas Israël de se conformer à ses obligations au titre du droit international humanitaire », ont avancé les États-Unis qui ont aussi exprimé leur effarement après la frappe de Rafah du 26 mai.  La délégation américaine a invité Israël à établir un lien entre ses opérations militaires et une stratégie politique visant à offrir un avenir aux Palestiniens. 

M. Wennesland a rappelé l’ordonnance rendue le 24 mai par la Cour internationale de Justice (CIJ), qui réaffirme les mesures conservatoires de ses ordonnances précédents (26 janvier et 28 mars 2024) et en ajoute de nouvelles.  Cette ordonnance a été rendue à la demande de l’Afrique du Sud qui, à l’instar de plusieurs membres du Conseil comme le Japon, la Suisse et la Slovénie, ont rappelé que les décisions de la CIJ sont « juridiquement contraignantes ».  L’Afrique du Sud a noté que, selon la CIJ, il existe un « risque sérieux de génocide » à Gaza, contrairement à l’interprétation qu’en fait Israël.  Sur la base d’un ensemble de preuves transmises aux membres du Conseil de sécurité, la délégation sudafricaine a demandé à celui-ci de « donner effet » aux décisions de la CIJ dans cette affaire. 

Pour sa part, l’Algérie a annoncé présenter un projet de résolution avec le soutien du Groupe des États arabes, en appelant tout le monde à prendre ses responsabilités, notamment le Conseil qui doit assumer ses responsabilités juridiques.  Le Conseil doit adopter ce texte, ont plaidé les Émirats arabes unis selon qui « l’oppression des Palestiniens ne connaît aucune limite et risque de faire imploser la région à tout moment ».  La Palestine a estimé qu’« Israël est en train de franchir la ligne rouge que le monde entier a fixée à Rafah » et que l’adoption du texte de l’Algérie serait un pas important pour le Conseil.  Il faut que le Conseil envoie un message uni, a renchéri la Fédération de Russie qui a accusé les États-Unis de bloquer les efforts visant à résoudre ce conflit.

La délégation américaine s’en est défendue et a même appelé à « revitaliser » l’Autorité palestinienne afin qu’elle puisse faire avancer les aspirations des Palestiniens.  Les États-Unis ont aussi appelé de leurs vœux l’établissement d’un cadre permettant à Israël de normaliser ses relations avec les États arabes, notamment l’Arabie saoudite, ce qui représenterait un pas vers une stabilité régionale plus importante.  La France a aussi souhaité que le Conseil s’exprime clairement sur la situation à Rafah et demande l’arrêt de cette offensive.  Le pays est également porteur d’un texte qui aborde les dimensions politiques d’une résolution du conflit, a expliqué la délégation.

Le Coordonnateur spécial a par ailleurs condamné le pillage du bureau de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) à Rafah il y a quelques heures.  Il a réitéré les appels du Secrétaire général à la réouverture immédiate du terminal de Rafah et à un accès humanitaire sans entrave dans tout Gaza. En plus de plaider pour la libération des otages, il a appelé à la mise en place du cadre nécessaire au redressement de « Gaza qui est et doit rester partie intégrante d’un futur État palestinien, sans aucune réduction de son territoire ». 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. TOR WENNESLAND, Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, a relevé que la campagne militaire et les hostilités incessantes à Gaza ont provoqué de vastes souffrances à toutes les échelles imaginables.  Il y aurait plus de 36 000 Palestiniens et plus de 1 500 Israéliens et étrangers tués, 125 otages sont toujours détenus à Gaza et des dizaines de milliers de personnes blessées, en grande majorité palestiniennes.  De plus, près de 2 millions de Palestiniens ont été déplacés de leurs foyers à Gaza, et quelque 100 000 Israéliens ont été déplacés des communautés du nord et du sud d’Israël.  Il a constaté qu’un accord visant à parvenir à un cessez-le-feu et à garantir la libération des otages est bloqué, notant qu’alors qu’Israël déploie une opération terrestre importante dans et autour de Rafah, la dévastation ne fait que s’intensifier.  Il a rappelé l’obligation des parties de protéger les civils, se désolant de l’incident de dimanche au cours duquel 45 Palestiniens auraient été tués et 200 blessés quand les tentes dans lesquelles ils s’abritaient ont brûlé.

Dans le même temps, a poursuivi le Coordonnateur spécial, la Cisjordanie occupée reste une cocotte-minute avec des tendances négatives.  Le risque d’une conflagration régionale est constant et augmente chaque jour que cette guerre continue, a-t-il averti.  Il a appelé à la libération immédiate de tous les otages détenus à Gaza et à un cessez-le-feu humanitaire immédiat.  Il a évoqué la situation des Palestiniens de Gaza, confrontés à une nouvelle série de déplacements massifs, avec un million de personnes fuyant Rafah, beaucoup ayant été déplacées à plusieurs reprises, alors que la réponse humanitaire est malheureusement insuffisante.

M. Wennesland a rappelé que le 24 mai, la Cour internationale de Justice (CIJ) a rendu son ordonnance à la demande de l’Afrique du Sud pour la modification de l’ordonnance du 28 mars dans l’affaire concernant l’application de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide dans la bande de Gaza.  Une ordonnance qui a réaffirmé ses mesures provisoires antérieures et indiqué de nouvelles mesures.  Le Coordonnateur spécial a aussi condamné le pillage du bureau de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) à Rafah il y a quelques heures.  Il a réitéré les appels du Secrétaire général à la réouverture immédiate du terminal de Rafah et à un accès humanitaire sans entrave dans tout Gaza.

Au sujet de la Cisjordanie occupée, il a constaté que les opérations israéliennes à grande échelle s’y poursuivent, ce qui conduit à une recrudescence des violences (violence des colons et attaques des Palestiniens contre les Israéliens).  Le Coordonnateur spécial a averti que dans toute la région, la menace d’une grave escalade s’est intensifiée.  Il a évoqué la poursuite des échanges de tirs à travers la Ligne bleue entre Israël, le Hezbollah et d’autres forces armées non étatiques au Liban.  Sur le Golan, les tirs depuis la Syrie vers le Golan occupé par Israël et les frappes israéliennes contre des cibles en Syrie se sont également poursuivis, a-t-il encore informé en faisant remarquer que tout cela s’ajoute à l’escalade profondément inquiétante entre Israël et l’Iran.  « Il est clair que toutes les parties doivent de toute urgence changer de cap. » Selon le Coordonnateur spécial, aucune tentative visant à relever les défis humanitaires et sécuritaires ne sera durable à moins que cela ne fasse partie d’une approche plus large qui aborde l’avenir politique de Gaza. 

En plus de rechercher la libération des otages, il a appelé à mettre en place le cadre nécessaire au redressement de « Gaza qui est et doit rester partie intégrante d’un futur État palestinien », sans aucune réduction de son territoire. Gaza et la Cisjordanie doivent être unifiées politiquement, économiquement, et administrativement, a-t-il décrété en précisant qu’elles doivent être gouvernées par un gouvernement palestinien reconnu et soutenu par le peuple palestinien et la communauté internationale.  Le nouveau Gouvernement technocratique palestinien, dirigé par le Premier Ministre Mohammad Mustafa, avec huit ministres de Gaza, représente « une opportunité importante pour nous tous de soutenir des mesures concrètes allant dans la bonne direction », a-t-il argué. 

Enfin, le Coordonnateur spécial a estimé le coût des dommages sur les infrastructures de Gaza à quelque 18,5 milliards de dollars, même si le montant final sera probablement supérieur.  « Soyons clairs: le cadre politique et les structures que nous établissons maintenant joueront un rôle important dans le succès ou l’échec de ce qui suit. »  M. Wennesland a prévenu que si nous négligeons de poser les fondements d’une résolution durable au conflit israélo-palestinien et de mettre fin à la l’occupation, le prix de l’échec se répercutera sur des générations.  Pour lui, après les horreurs de ces sept derniers mois, Palestiniens et Israéliens ont besoin d’un horizon politique.  Sans cela, il n’y a pas de voie durable pour sortir de la souffrance et de la misère à laquelle nous assistons actuellement.

Le représentant des États-Unis a exprimé l’effarement de son pays après la frappe qui a provoqué des pertes tragiques parmi des civils palestiniens à Rafah le 26 mai, malgré l’ordre d’évacuation de la zone lancé par Israël. Notant qu’Israël a fait état d’une « erreur provoquée par une explosion non souhaitée », il a exhorté cet État à faire davantage pour assurer la protection des civils et pour engager des enquêtes exhaustives et transparentes.  Pour le délégué, Israël a le droit d’exercer sa légitime défense face au Hamas, mais il a aussi l’obligation de protéger la population civile. « Le fait que les combattants du Hamas se cachent parmi les civils n’exonère pas Israël de se conformer à ses obligations au titre du droit international humanitaire », a-t-il insisté, avant d’inviter Israël à établir un lien entre ses opérations militaires et une stratégie politique visant à offrir un avenir aux Palestiniens. 

S’agissant de la dernière ordonnance de la CIJ, le représentant a affirmé qu’elle reflète la position des États-Unis, « à savoir qu’Israël doit s’abstenir de mener une opération d’envergure à Rafah qui mettrait en danger la population civile ».  À ses yeux, il existe une alternative qui permettrait de mieux faire avancer les objectifs d’Israël que sont la défaite du Hamas et la libération des otages.  Le délégué s’est également dit préoccupé par l’insuffisance de l’aide entrant dans la bande de Gaza, avant de saluer la décision de l’Égypte d’ouvrir le point de passage de Kerem Shalom.  Mais il faut en faire plus pour que l’aide transite par tous les points de passage, a-t-il dit, jugeant également important d’augmenter la quantité des aliments, des médicaments et du carburant, et d’assurer la protection des convois contre tout pillage ou détournement. 

Le représentant a ensuite appelé à la reconstruction de Gaza, affirmant qu’« il ne peut y avoir aucune occupation ni réduction de territoire après le conflit ».  De même, a-t-il ajouté, il ne peut y avoir de déplacements forcés ni de tentative de blocus contre la bande de Gaza, laquelle ne doit pas non plus servir de plateforme pour des actions terroristes.  Pour le délégué, « les voix palestiniennes, leur droit à l’autodétermination et leurs aspirations doivent être au cœur de la gouvernance postconflit ».  À cette fin, Gaza doit être unifiée avec la Cisjordanie dans le cadre d’une Autorité palestinienne réformée, a-t-il précisé.  Il a ensuite dit son inquiétude face à la situation en Cisjordanie et au blocage du transfert de recettes fiscales à l’Autorité palestinienne, estimant que cela porte préjudice à des innocents et ne va pas dans l’intérêt d’Israël. Insistant sur la nécessité de « revitaliser » l’Autorité palestinienne afin qu’elle puisse faire avancer les aspirations des Palestiniens, il a aussi souligné la volonté des États-Unis de mettre sur pied un cadre permettant à Israël de normaliser ses relations avec les États arabes, notamment l’Arabie saoudite, ce qui représenterait un pas vers une dissuasion et une stabilité plus importantes au niveau régional.  Ces efforts, a-t-il affirmé, sont « cohérents » avec la position de l’Administration Biden, selon laquelle la solution des deux États est la seule façon de garantir la sécurité et la prospérité pour les Israéliens comme pour les Palestiniens. 

Le représentant de la Sierra Leone a salué la reconnaissance de l’État de Palestine par certains pays de l’Union européenne.  Il s’est dit très préoccupé par la situation à Rafah et a appelé à la protection des civils en toutes circonstances, comme l’exige le DIH. Préoccupé par les actions entreprises contre l’UNRWA, il a réitéré son soutien à cette agence tant elle joue un rôle vital pour les Palestiniens.  Il a exhorté le Conseil à rester uni dans son appel à cessez-le-feu et à un règlement pacifique du conflit.  Toutes les parties doivent respecter l’ordonnance de la CIJ du 24 mai dernier, a aussi réclamé le délégué.  Enfin, il a demandé la libération de tous les otages détenus par le Hamas.

La représentante de la Suisse a rappelé que « les attaques indiscriminées constituent des violations du droit international humanitaire ». Elle a condamné fermement la frappe israélienne sur un camp de déplacés à Rafah dimanche soir, qui a fait, selon l’ONU, des dizaines de victimes civiles, dont de nombreux enfants.  Elle a réitéré son opposition à l’opération militaire en cours à Rafah ainsi que son appel à un cessez-le-feu immédiat.  Les nouvelles mesures conservatoires décidées par la CIJ le 24 mai exigent notamment qu’Israël arrête son offensive militaire à Rafah, a-t-elle fait valoir en soulignant que les ordonnances de la Cour sont contraignantes pour toutes les parties.  Elle a dit attendre qu’Israël s’y conforme et prenne les mesures nécessaires. 

La représentante a plaidé pour que l’aide humanitaire arrive par tous les points de passage et atteigne l’ensemble de la bande de Gaza, comme requis aussi par la CIJ.  Le respect du droit international signifie également la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages, a-t-elle avancé.  Dans un contexte déjà très tendu, des actions telles que la visite du Ministre de la sécurité nationale d’Israël le 22 mai dernier sur le mont du Temple sont susceptibles de provoquer une escalade encore plus grave, voire une régionalisation du conflit, a-t-elle aussi averti.  Elle a également condamné la violence perpétrée par les colons israéliens, y compris contre les locaux de l’UNRWA à Jérusalem-Est et contre des convois d’aide humanitaire en Cisjordanie.  Elle a enfin réitéré son soutien ferme à la solution négociée des deux États.

La représentante de Malte s’est déclarée gravement préoccupée par la crise qui continue de se développer dans la bande de Gaza, et singulièrement à Rafah, qui a fait des morts et des blessés parmi les civils dimanche à la suite d’une frappe aérienne israélienne sur un camp de déplacés.  Elle s’est également alarmée des informations selon lesquelles environ 17 000 enfants sont actuellement non accompagnés ou séparés de leur famille dans l’enclave.  S’agissant de l’aide, elle a rappelé qu’Israël est tenu de faciliter son acheminement sans entrave vers et à travers la bande de Gaza.  Elle a appelé à la réouverture du terminal de Rafah et à une augmentation massive des livraisons aux civils.  À cet égard, la déléguée a réaffirmé le rôle vital et indispensable de l’UNRWA à Gaza et dans la région au sens large. 

Pour sortir de l’impasse actuelle, elle a appelé au plein respect des résolutions pertinentes du Conseil et de la mise en œuvre complète, immédiate et efficace des ordonnances de la CIJ, y compris celle rendue le 24 mai, qui exige l’arrêt immédiat de l’offensive israélienne contre Rafah.  Au-delà des priorités du moment, à savoir un cessez-le-feu, la libération des otages, un afflux d’aide humanitaire et un arrêt des tirs de roquettes sur les villes israéliennes, il faudra aussi aborder les priorités à long terme, a poursuivi la déléguée, pour qui cela doit inclure la revitalisation de l’Autorité palestinienne pour qu’elle ait la capacité de gouverner à la fois la Cisjordanie et Gaza. 

Le représentant de la France a appelé à un cessez-le-feu immédiat et réitéré son opposition à l’opération militaire israélienne à Rafah.  « Conformément à l’ordonnance de la CIJ, Israël doit arrêter immédiatement son offensive militaire et toute autre action menée dans le gouvernorat de Rafah. »  Il a exigé la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages encore retenus par le Hamas et d’autres groupes terroristes dans la bande de Gaza et déploré le décès de l’un des trois otages français.  Jugeant essentiel qu’une aide humanitaire massive parvienne à la population civile de Gaza, il a demandé que tous les points de passage nécessaires soient ouverts, sans délais.  La France est également très préoccupée par la situation en Cisjordanie et, plus largement, dans la région, a dit le délégué. 

Enfin, il a souhaité que le Conseil s’exprime clairement sur la situation à Rafah et demande l’arrêt de cette offensive.  « Ce Conseil doit aussi, dès aujourd’hui, œuvrer à la concrétisation d’une solution politique, celle des deux États, qui est la seule à même de donner un horizon de paix juste et durable aux Israéliens comme aux Palestiniens. »  Le projet de résolution que nous proposons aborde ces dimensions politiques et j’appelle l’ensemble des membres du Conseil de sécurité à le soutenir, a conclu le délégué français.

La représentante de la Fédération de Russie a déploré que la majorité des Palestiniens tués ces derniers jours soient des femmes et des enfants qui cherchaient une aide vitale.  Elle a dénoncé les bombardements aveugles sur le centre et le sud de Gaza, dont la ville de Rafah.  La déléguée a dénoncé également les tirs qui ont touché une voiture de l’ONU, le 13 mai, et qui ont fait des victimes parmi les membres de son personnel.  Elle a rappelé qu’il y a pourtant une nouvelle ordonnance de la CIJ prévoyant des mesures conservatoires et que la majorité de la communauté internationale a condamné l’offensive israélienne sur Gaza. La représentante a aussi noté qu’une enquête approfondie a été demandée.  La déléguée a condamné les frappes aériennes sur Gaza et appelé Israël à y mettre fin, lui demandant aussi de respecter les dispositions du DIH ainsi que les travailleurs humanitaires.  Elle a appuyé l’appel du Secrétaire général pour un cessez-le-feu immédiat et la libération des otages.  On ne peut pas s’attendre à l’arrêt prochain de l’opération israélienne, a observé la déléguée, tout en constatant que la situation humanitaire reste pratiquement bloquée.  Face à cette situation, la Russie a fait livrer 500 tonnes d’aide humanitaire par l’Égypte, a-t-elle indiqué. 

La représentante a constaté qu’avec l’escalade actuelle, le retour à un processus de règlement de la question palestinienne et l’instauration d’un cessez-le-feu sont « illusoires ».  Elle a demandé au Conseil de sécurité de faire pression sur Israël et ses alliés, dont Washington, relevant que le financement de l’aide américaine à Israël suscite un mécontentent croissant aux États-Unis, notamment dans les universités.  L’aggravation de la situation montre selon elle les conséquences tragiques auxquelles conduit la monopolisation du rôle de médiateur par Washington.  La déléguée a accusé les États-Unis de bloquer les efforts visant à résoudre ce conflit et à rectifier l’injustice faite aux Palestiniens. Elle a salué les efforts de l’Algérie visant à faire adopter une résolution par le Conseil de sécurité, jugeant nécessaire d’envoyer un message uni du Conseil en vue d’un cessez-le-feu immédiat.  La déléguée a souhaité, en conclusion, qu’aboutisse le processus visant à réaliser la formule de la solution des deux États. 

Le représentant du Japon a de nouveau condamné les actions du Hamas, tout en appelant au retour immédiat de tous les otages.  Il a appelé dans le même temps à reconnaître les horreurs à Gaza, soulignant que « nous sommes témoins de souffrances inimaginables » et que le nombre de victimes civiles et la famine et les maladies augmentent.  Il n’y a aucun endroit sûr dans la bande de Gaza, pas même pour les travailleurs humanitaires, journalistes, femmes ou enfants, a relevé le délégué qui a constaté que malgré les appels de la communauté internationale à la retenue, Israël a lancé des opérations militaires à Rafah.  Et comme l’avaient prévenu les agences humanitaires, l’impact a déjà été dévastateur, a-t-il ajouté, notant que la CIJ a émis la semaine dernière d’autres mesures provisoires ordonnant à Israël d’arrêter immédiatement son offensive militaire à Rafah.  Il a rappelé que ces ordonnances de la CIJ sont juridiquement contraignantes.  Le représentant a appelé à un cessez-le-feu immédiat afin d’établir un environnement propice à des activités humanitaires sans entrave et à la libération des otages.  Au-delà de Gaza, il a déploré la violence en Cisjordanie et à Jérusalem-Est où plus de 480 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre. Enfin, il a condamné l’incendie criminel des bureaux de l’UNRWA.

La représentante de la Slovénie a rappelé que, ces dernières semaines, le Conseil a été clair dans son rejet de l’opération israélienne à Rafah, après avoir exigé dans sa résolution 2728 (2024) un cessez-le-feu immédiat à Gaza, ainsi que la libération de tous les otages et un accès humanitaire sûr, rapide et sans entrave.  Pourtant, malgré la nouvelle ordonnance de la CIJ qui somme Israël de mettre immédiatement fin à son offensive, celle-ci se poursuit avec plus d’intensité, s’est indignée la déléguée, condamnant la récente frappe israélienne contre des personnes déplacées à Rafah, dans ce qui était censé être une zone sûre.  Cela prouve une fois de plus qu’aucun endroit n’est sûr pour les civils à Gaza, a-t-elle constaté, avant d’insister sur l’engagement des États Membres envers le droit international qui doit se traduire par son plein respect, notamment le droit international humanitaire et les décisions des tribunaux internationaux.  Elle a rappelé que les décisions de la CIJ sont juridiquement contraignantes. 

Revenant à la frappe contre le camp de déplacés de Rafah, la déléguée a observé qu’il ne s’agit pas d’un incident isolé et que des enquêtes ont été annoncées. Toutefois, a-t-elle relevé, le Conseil n’a reçu aucune information à ce sujet.  Elle a souhaité que les membres de l’organe en charge de la paix et de sécurité sachent ce qui se passe sur place.  « En nous contentant de constater de graves violations, nous laissons le système international que nous connaissons, celui fondé sur le respect du droit international, s’effondrer sous nos yeux. »  La représentante a conclu en invitant le Conseil à être « du bon côté de l’histoire », c’est-à-dire du côté de la protection des civils.

Le représentant de l’Équateur a de nouveau condamné les attaques du Hamas du 7 octobre, avant de dénoncer les bombardements contre les populations civiles à Rafah.  « Il est temps de mettre un terme à ce cycle de violence », a-t-il réclamé. Le délégué a appelé les parties à respecter le DIH et à reprendre les négociations.  Celles-ci doivent se dérouler de bonne foi, a ajouté le délégué, en saluant les efforts de médiation du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis. « Ce Conseil doit faire entendre sa voix devant une situation qui ne connaît plus aucune limite. »  Enfin, le délégué a redit l’appui de son pays à la solution des deux États.

La représentante du Guyana a estimé que « nous ne pouvons plus nous permettre de garder le silence » face au nombre tragique de morts.  Elle a exprimé sa solidarité avec le peuple palestinien, soulignant la richesse de sa culture, de son histoire et de sa terre.  Elle a relevé que 76 ans se sont écoulés depuis que le peuple palestinien a été privé de sa terre, se désolant de l’« existence de misère » des Palestiniens due à la main de fer qui s’impose à eux.  La déléguée a dénombré les morts et blessés à Gaza depuis le 7 octobre, s’inquiétant que les services de base soient tant limités et se désolant de l’impact de la guerre sur les enfants, notamment sur le plan psychosocial. 

Il semblait que la crise de Gaza ne pouvait empirer, jusqu’au dernier épisode à Tel al-Sultan, a-t-elle dit en appelant à une enquête indépendante rapide autour de cet incident.  La déléguée a insisté sur le respect du droit international, en particulier le DIH. Elle a demandé au Conseil d’examiner sérieusement le mépris flagrant de l’état de droit.  Elle a conclu en appelant à un cessez-le-feu immédiat, à l’ouverture des voies terrestres pour l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza (avec le point de passage de Rafah rouvert) ainsi qu’à des efforts sérieux pour réaliser la solution des deux États et parvenir à la paix.

Le représentant de la Chine a constaté que les hostilités se poursuivent dans la bande de Gaza dans un contexte de crise humanitaire, de désespoir et de précarité.  Cette situation plonge en outre l’ensemble de la région dans l’instabilité, a-t-il déploré, avant de rappeler que le Conseil de sécurité a envoyé des signaux clairs en faveur d’un arrêt immédiat de l’opération militaire israélienne à Rafah, ce qu’a depuis appuyé la dernière ordonnance de la CIJ.  Pourtant, malgré l’opposition claire de la communauté internationale et de ses institutions, Israël a bombardé plus d’une dizaine de camps de déplacés à Rafah, a dénoncé le délégué.  Dans ces circonstances, il a indiqué appuyer le projet de résolution présenté hier par l’Algérie, qui répond aux demandes de la communauté internationale et représente « le minimum des actions que le Conseil doit engager ». Il a formé le souhait que les membres de l’organe mettront de côté leurs « calculs politiques » pour soutenir ce texte et « sauver des vies ». 

Parmi les actions concrètes qu’il considère nécessaires pour alléger les souffrances de la population gazaouite, le représentant a cité en premier lieu l’ouverture du point de passage de Rafah, devant lequel attendent des centaines de camions chargés d’aide.  Réaffirmant l’opposition de la Chine à la politisation de l’action humanitaire, ainsi qu’au recours à la famine comme arme de guerre, il a estimé qu’Israël doit s’acquitter de ses obligations de Puissance occupante en ouvrant tous les points de passage, en garantissant l’accès de toute l’assistance et en assurant la sécurité des travailleurs humanitaires.  À cet égard, il a condamné les attaques répétées contre des installations de l’UNRWA en demandant l’ouverture d’enquêtes sur ces faits. Après avoir à nouveau appelé à la création d’un État palestinien indépendant, le représentant a indiqué que son pays propose d’organiser une conférence de paix internationale, avec un calendrier fixe et une feuille de route pour la mise en œuvre de la solution des deux États.  Enfin, rappelant que la dixième conférence sur la coopération entre la Chine et les États arabes se tient actuellement à Beijing, il a souhaité que les pays participants s’expriment d’une même voix sur la question palestinienne. 

Le représentant de la République de Corée a enjoint à Israël de suspendre immédiatement son offensive à Rafah, estimant que la frappe qui a tué plusieurs dizaines de civils le week-end dernier dans des tentes situées dans une soi-disant zone de sécurité ne peut être considérée comme une « erreur tragique ».  Pour le délégué, la situation dans la bande de Gaza est encore plus alarmante qu’auparavant, dans la mesure où l’acheminement de l’aide humanitaire est gravement entravé, voire presque bloqué.  Saluant les efforts déployés par les États-Unis et Chypre pour faire entrer l’aide par la mer, il a cependant répété que le corridor maritime ne peut remplacer les passages terrestres.  Il a donc exhorté Israël à ouvrir immédiatement tous les points de passage disponibles en coopération avec les parties concernées et à prendre toutes les mesures appropriées contre le pillage de l’aide. 

Après avoir exprimé sa grande préoccupation face à la situation en Cisjordanie, où plus de 500 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre dernier, le représentant a dénoncé la rhétorique provocatrice de hauts responsables israéliens qui appellent à des « mesures punitives sévères » contre l’Autorité palestinienne.  Il a appelé Israël à cesser immédiatement toutes ses activités de colonisation illégales et à mettre fin aux mouvements incendiaires dans les Lieux saints de Jérusalem.  Prenant note de l’ordonnance rendue par la CIJ le 24 mai concernant la demande de mesures provisoires supplémentaires formulée par l’Afrique du Sud à la lumière de la situation à Rafah, il a émis l’espoir que ces efforts contribueront à la protection des Palestiniens et à l’atténuation de la crise humanitaire sur le terrain, ainsi qu’à l’exécution de toutes les enquêtes nécessaires.  Il a enfin souhaité que les efforts diplomatiques des États-Unis, du Qatar et de l’Égypte aboutiront à des résultats fructueux, à savoir un cessez-le-feu immédiat, la libération de tous les otages restants et une expansion de l’aide humanitaire dans toute la bande de Gaza. 

Le représentant du Royaume-Uni s’est dit consterné par la situation à Rafah après les dernières frappes israéliennes.  « Notre position est claire, nous sommes contre une opération militaire d’envergure à Rafah sans un plan acceptable de protection des milliers de civils qui y vivent. »  Il a condamné l’utilisation par le Hamas de civils comme boucliers humains.  Jugeant essentiel qu’une aide humanitaire parvienne à la population civile de Gaza, il a demandé que tous les points de passage soient ouverts, y compris Rafah.  Tout cela pourrait s’arrêter si le Hamas venait à déposer les armes, a conclu le délégué, en estimant qu’il est à l’origine des souffrances des Palestiniens.

Le représentant de l’Algérie a dit que faire face aux symptômes sans regarder la cause profonde, soit l’occupation des terres palestiniennes, ne peut conduire à une paix durable.  La souffrance des populations palestiniennes a commencé avec l’occupation et ne prendra fin qu’avec celle-ci, a-t-il indiqué.  Le délégué a relevé que la colonisation israélienne se poursuit, estimant que les autorités persistent dans leur volonté de judaïser Jérusalem et ses Lieux saints.  Il a annoncé que l’Algérie, avec le soutien du Groupe des États arabes, entend présenter un projet de résolution au Conseil de sécurité appelant tout le monde à prendre leurs responsabilités, notamment le Conseil lui-même qui doit assumer ses responsabilités juridiques.

Le représentant du Mozambique s’est fait l’écho des appels lancés dans le monde entier pour que cesse l’opération militaire israélienne à Rafah, qui cause des souffrances humaines indicibles à la population palestinienne. Dénonçant la récente frappe israélienne contre des personnes déplacées, il a jugé que ces « actes horribles » sont perpétrés « en violation flagrante de toutes les normes humanitaires, de toutes les lois de la guerre et de toutes les normes morales ». Selon le délégué, le Conseil de sécurité a la responsabilité de prendre des mesures efficaces pour mettre un terme à l’opération à Rafah et au massacre de la population civile innocente à Gaza. Les résolutions du Conseil, combinées aux ordonnances de la CIJ, constituent « la base solide de notre action collective », a-t-il insisté, avant d’appeler à la mise en œuvre immédiate de la résolution 2730 (2024) concernant la protection du personnel humanitaire et de l’ONU, y compris celui de l’UNRWA.  Avant de conclure, le représentant a évoqué la découverte de fosses communes près des hôpitaux Nasser et Chifa de Gaza, réaffirmant la nécessité urgente d’une enquête crédible, indépendante et impartiale pour lever le voile sur ces « crimes monstrueux ». 

« S’il devait y avoir des funérailles chaque jour pour chaque Palestinien tué au cours des huit derniers mois, il nous faudrait presque 100 ans pour honorer leur mémoire », a déclaré le représentant de l’État de Palestine.  « Il n’y a quasiment plus rien à Gaza, Israël a tout détruit. »  Il a dénoncé la stratégie d’affamement suivie par Israël en dépit des mesures conservatoires de la CIJ.  Au lieu de se conformer à la dernière ordonnance de la Cour et de mettre un terme à son offensive à Rafah, Israël bombarde les populations qu’il a déplacées, a tranché le délégué.  « Le monde voit qu’il n’y a aucun endroit sûr à Gaza. »  Selon le représentant, il n’y a aucune « ligne rouge » imposée par le droit, la raison et l’humanité qu’Israël n’a pas franchie.  « Israël est en train de franchir la ligne rouge que le monde entier a fixée à Rafah et il est du devoir de ce Conseil de faire respecter cette ligne rouge et de prendre les mesures nécessaires pour qu’Israël cesse son offensive militaire », a-t-il déclaré.  Il a estimé que l’adoption du projet de résolution déposé hier par l’Algérie serait un pas important dans cette direction.

Le délégué a indiqué ne pas être étonné que le Gouvernement israélien interprète la reconnaissance de l’État de Palestine par la Norvège, l’Espagne et l’Irlande comme une attaque contre Israël.  « Peu importe que ces pays aient reconnu Israël il y a des décennies sans avoir à demander l’approbation de qui que ce soit, peu importe que ces pays soient en faveur de la solution des deux États. »  Enfin, il a estimé que chaque État peut contribuer à mettre un terme à l’occupation israélienne.  « La liberté et la paix de demain seront possibles grâce aux décisions que vous prendrez aujourd’hui », a-t-il conclu.

Le représentant d’Israël a accusé le Conseil de sécurité de tout faire pour mettre fin à la guerre sans tenir compte de la sécurité d’Israël.  Il a affirmé que la guerre pourrait s’arrêter immédiatement si le Hamas déposait les armes et libérait les otages. Affirmant qu’il y a encore plusieurs bataillons du Hamas à Rafah, il a expliqué qu’Israël n’a pas d’autre choix que de déraciner les dirigeants du Hamas.  C’est d’ailleurs la raison d’être de la frappe de dimanche dernier qui a eu lieu loin des sites civils, a-t-il précisé en assurant que les pertes de civils font l’objet d’enquête.  Si l’incident est une tragédie, la communauté internationale doit demander des comptes au Hamas, a-t-il suggéré. 

Le délégué a déclaré que l’Afrique du Sud a échoué de nouveau devant la CIJ, assurant que les actions d’Israël sont conformes au droit international. Israël ne pose pas d’acte délibéré ciblant les civils et ne livre pas de guerre contre les civils, mais contre le Hamas, a martelé le représentant.  C’est d’ailleurs pourquoi le pays permet l’acheminement de l’aide humanitaire, a-t-il ajouté.  Le représentant a appelé le Conseil de sécurité à cesser de croire aux mensonges et à cesser de choisir aveuglément un camp qui ne peut conduire à une solution. De même, il s’est dit convaincu que la reconnaissance de la Palestine par des États ne fait que conforter les terroristes dans leur position.

La représentante de l’Afrique du Sud a réitéré l’appel de son pays en faveur d’un cessez-le-feu à Gaza, « comme le réclament depuis des mois la majorité des membres de l’ONU et des milliers de personnes à travers le monde ».  Face à cette demande, le Conseil de sécurité « n’a pas agi en conséquence », a-t-elle déploré, constatant en outre que la résolution, pourtant « juridiquement contraignante », qui appelle à un cessez-le-feu de courte durée pendant le ramadan a été « ignorée ».  Dans ce contexte, elle a rappelé qu’en décembre dernier, l’Afrique du Sud a saisi la CIJ pour obtenir une ordonnance visant à empêcher Israël de commettre un génocide contre le peuple palestinien.  Alors qu’Israël continuait de « défier » les ordonnances de la CIJ, notamment lors de sa dernière offensive à Rafah, l’Afrique du Sud est revenue devant la Cour pour demander des mesures conservatoires supplémentaires « afin de prévenir les actes persistants de génocide commis contre le peuple palestinien à Gaza », a-t-elle indiqué. 

Pour la déléguée, les ordonnances de la CIJ indiquent clairement qu’il existe un « risque sérieux de génocide » à Gaza.  Pour éviter d’aider à la commission de ce crime, les États tiers doivent cesser de financer et de faciliter les actions militaires d’Israël, lesquelles sont « vraisemblablement génocidaires », a poursuivi la représentante.  Elle a regretté qu’en dépit des mesures conservatoires prononcées par la Cour, y compris dans sa dernière décision du 10 mai dernier, les Palestiniens continuent de souffrir « incommensurablement » du fait des opérations militaires intensifiées de la Puissance occupante. Sur la base d’un ensemble de preuves transmises aux membres du Conseil, elle a demandé à celui-ci de « donner effet » aux décisions de la Cour dans cette affaire.  À ses yeux, « la communauté internationale ne peut pas proclamer l’importance du droit international et de la Charte des Nations Unies dans certaines situations et pas dans d’autres, comme si l’état de droit ne s’appliquait qu’à quelques-uns ».  De fait, a-t-elle ajouté, « pour que le droit international soit crédible, il doit être appliqué de manière uniforme et non sélective ». 

Le représentant des Émirats arabes unis, au nom du Groupe des États arabes, a estimé qu’il n’y a pas de mots pour décrire les « horreurs » commises par Israël à Rafah deux jours après les mesures conservatoires ordonnées par la CIJ.  « Israël a délibérément et constamment franchi toutes les lignes rouges et défie de manière flagrante le droit et les résolutions de ce Conseil. »  Les yeux du monde sont braqués sur Rafah et sur ce Conseil, a observé le délégué, en exigeant une réponse ferme et claire de ce dernier.  Le représentant a invité ce Conseil à s’engager de manière constructive et positive dans des négociations autour du projet de résolution déposé par l’Algérie qui vise à faire cesser l’attaque israélienne à Rafah et demande un cessez-le-feu immédiat.  Le Conseil doit adopter ce texte, a conclu le délégué.  Il a averti que l’oppression des Palestiniens ne connaît aucune limite et qu’elle peut faire imploser la région à tout moment.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conférence sur les PEID: les appels se multiplient pour une « percée » dans le financement du développement

Quatrième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement
5e & 6e séances plénières - Matin & après-midi
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Conférence sur les PEID: les appels se multiplient pour une « percée » dans le financement du développement

SAINT JOHN’S, ANTIGUA-ET-BARBUDA, 29 mai -- L’avant-dernier jour de la quatrième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement (PEID) a vu aujourd’hui défiler à la tribune États Membres, organisations de la société civile et organismes onusiens qui ont été majoritaires à réclamer une percée dans le financement du développement afin de placer ces pays sur la voie d’une « résilience partagée ». 

Les délégations ont également insisté sur l’importance des partenariats, notamment avec le secteur privé, à l’instar de l’engagement du Bezos Earth Fund à collecter 500 millions de dollars d’ici au mois d’août pour appuyer le financement du projet Unlocking Blue Pacific Prosperity, une initiative saluée ce matin par le Président des Palaos.

« Comme la pluie, ce n’est pas une seule goutte qui calme l’océan.  Ce sont de nombreuses gouttelettes, avec un effort soutenu, qui finissent par calmer les vagues », a-t-il déclaré, en lançant un appel au « Nord mondial » pour qu’il s’engage aux côtés des PEID en vue de parvenir à une prospérité partagée. 

Appuyées par le Nigéria, le Venezuela ou encore le Forum des îles du Pacifique, les Comores ont appelé à la restructuration de la dette des PEID et réclamé la création d’un siège permanent pour les PEID au sein de l’architecture financière internationale.  Tous soutiennent en outre l’adoption de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle, rejoignant ainsi les nombreux appels lancés en faveur de sa mise en œuvre depuis l’ouverture de la Conférence. 

« Sans percée dans le domaine du financement du développement, la vision d’économies résilientes, de transformations numériques, d’adaptation au climat et de réduction des risques de catastrophe est affaiblie », a martelé le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), évoquant un « test de résistance majeur » pour l’architecture financière internationale au cours des prochains mois. 

Tant que seulement 10% des financements pour la riposte climatique parviendront au niveau local, il sera difficile d’avoir un impact tangible à ce niveau, a prévenu pour sa part la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

De son côté, l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) a attiré l’attention sur l’importance du tourisme pour l’économie des PEID, qui ont accueilli 26 millions de touristes internationaux l’année dernière.  Ce chiffre montre qu’il faut transformer le relèvement rapide après la pandémie de COVID-19 en un modèle touristique durable et résilient qui place les populations en son centre, a estimé la délégation qui a précisé que le tourisme représente 30% à 85% des recettes fiscales des PEID et 11% de leur PIB.

Sur le plan de la sécurité humaine, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a appelé à réduire d’urgence la charge disproportionnée des maladies non transmissibles (MNT) et des problèmes de santé mentale qui frappent les PEID, évoquant un taux d’hypertension supérieur à 30% dans presque tous ces pays.  En outre, on estime que jusqu’à 15% de la population des Caraïbes et 11% de celle du Pacifique vivent avec un problème de santé mentale.  Comme solutions, l’OMS a indiqué que la fiscalité et la réglementation permettent de limiter l’impact des produits nocifs pour la santé, notamment les aliments hautement transformés qui ont entraîné des taux d’obésité très élevés chez les femmes et les hommes. 

Les délégations se retrouveront demain, jeudi 30 mai, à partir de 14 h 30, pour décider de l’adoption du programme d’Antigua-et-Barbuda, le document final de la quatrième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement. 

QUATRIÈME CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LES PETITS ÉTATS INSULAIRES EN DÉVELOPPEMENT

Suite et fin du débat général

M. SURANGEL S. WHIPPS JR., Président des Palaos, a appuyé le programme d’Antigua-et-Aruba avant de s’enorgueillir d’avoir été le premier pays à ratifier l’Accord se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale (traité « BBNJ »).  Après 20 ans d’efforts, nous disposons désormais d’un instrument permettant à la communauté mondiale de protéger la biodiversité en haute mer, s’est-il félicité, exhortant tous les pays à le ratifier afin d’atteindre le seuil des 60 pays pour assurer son entrée en vigueur.  Il a également plaidé pour un moratoire sur l’exploitation minière en eaux profondes jusqu’à ce qu’un cadre réglementaire soit établi sur la base de preuves scientifiques. 

Au niveau régional, les Palaos, avec leurs voisins des îles du Pacifique, ont également lancé le projet Unlocking Blue Pacific Prosperity lors de la COP 28.  Les 16 nations insulaires du Pacifique se sont mises d’accord pour conserver au moins 30% de leurs terres et de leurs mers, conformément au Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, a-t-il expliqué.  Insistant sur l’importance des partenariats, il a remercié le Bezos Earth Fund pour son engagement rapide à faire de cette initiative une réalité.  Il a appelé à aider les nations insulaires du Pacifique à mettre en œuvre ce plan, dont l’objectif est de collecter 500 millions de dollars d’ici au mois d’août, date de la tenue du Forum des îles du Pacifique aux Tonga.  « L’inaction a un coût », a averti le Chef d’État en lançant un appel au Nord mondial pour qu’il s’engage aux côtés des PEID en vue de parvenir à une prospérité partagée.  « Comme la pluie, ce n’est pas une seule goutte qui calme l’océan.  Ce sont de nombreuses gouttelettes, avec un effort soutenu, qui finissent par calmer les vagues », a-t-il déclaré.

Le représentant de la Suède a souligné la nécessité de réduire drastiquement les émissions et de lutter contre les impacts dévastateurs des changements climatiques sur les moyens de subsistance et la sécurité des populations.  Aussi devons-nous accélérer la mise en œuvre des engagements communs passés et relever nos ambitions pour garantir une transition verte, permettre des efforts d’adaptation accrus et renforcer la résilience. Pour sa part, la Suède vise à devenir neutre sur le plan climatique d’ici à 2045 au plus tard, avec des émissions négatives au-delà, a annoncé le délégué.  Stockholm, a-t-il fait savoir, est l’un des principaux bailleurs de fonds climatiques et s’est engagé à accroître encore davantage son APD dans ce domaine, en renforçant les synergies avec l’innovation et le commerce. Cependant, pour atteindre l’ampleur du financement nécessaire à la transition verte, nous savons que notre coopération au développement doit être véritablement catalytique et mobiliser davantage de capitaux privés, a fait observer le Secrétaire d’État.

La représentante des Îles Salomon a dit être encouragée par les perspectives offertes par le programme d’action d’Antigua-et-Barbuda pour réaliser des changements transformateurs dans les PEID.  Elle a mis en avant la détermination des PEID à surmonter les défis, insistant en outre sur l’importance d’établir des partenariats durables et d’avoir des investissements ciblés et axés sur les résultats.  La Stratégie nationale de développement 2016-2035 des Îles Salomon, a-t-elle fait savoir, donne la priorité aux infrastructures, à la connectivité numérique, au transfert de technologies, à l’investissement, au commerce et aux réformes énergétiques. 

Poursuivant, la représentante a indiqué que les PEID sont les gardiens des ressources des 16% des zones économiques exclusives du monde.  Aussi, les Îles Salomon organiseront en 2025 à Honiara un sommet sur l’ODD no 14.4 qui mettra l’accent sur la gestion durable des ressources halieutiques.  Elle a ensuite appelé à la restructuration de la dette des PEID et appuyé la création d’un siège permanent pour les PEID au sein de l’architecture financière internationale.  De même, elle a soutenu l’adoption et la mise en œuvre effective de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle.  Le Fonds pour les pertes et les préjudices doit être doté de ressources et être moins restrictif quant aux conditions d’accès à ses financements, a-t-elle estimé.

Le représentant de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a mis en exergue le rôle de la Croix-Rouge dans les PEID, notamment à Vanuatu, au lendemain d’ouragans et de cyclones qui les frappent trop souvent. Face à la menace climatique et compte tenu de l’isolement et des vulnérabilités de PEID, il a estimé que le programme d’Antigua-et-Barbuda est un bon point de départ pour canaliser les financements et d’autres soutiens à ces nations.  Pour sa part, la Fédération internationale n’a pas attendu ce programme pour le faire, notamment à travers son fonds de réponse aux situations d’urgence qui permet des interventions rapides mais également préventives dans les domaines de l’alerte rapide aux catastrophes et de riposte climatique, a-t-il expliqué.  Aux Maldives et aux Comores, des ateliers de formation visant à augmenter la résilience de logements portent déjà leurs fruits, s’est-il félicité.  Mais tant que seulement 10% des financements pour la riposte climatique parviendront au niveau local il sera difficile d’avoir un impact tangible à ce niveau.

La représentante de l’Organisation internationale de police criminelle (INTERPOL) a déclaré que son agence a une vision ambitieuse pour les PEID, qui doivent disposer de solides capacités de maintien de l’ordre capables de contrer les menaces à la paix et à la sécurité et de bâtir des sociétés plus sûres, plus fortes, plus inclusives et plus résilientes.  Pour concrétiser cette vision et mener des actions concrètes en ce sens, INTERPOL a lancé le programme Lighthouse des petites îles, centré sur les PEID pour les aider à renforcer leur architecture sécuritaire.  Pour mettre en lumière les lacunes existantes et remédier aux principales vulnérabilités, les trois piliers de Lighthouse offriront une combinaison d’assistance technique, de renforcement des capacités et de soutien opérationnel, a précisé l’intervenante.

Le représentant de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) a indiqué que son agence entend aider les PEID à installer 10 gigawatts d’ici à 2030, précisant que 8 gigawatts pourront l’être dès 2025.  Il a appelé à davantage de soutien pour les PEID en matière d’énergie renouvelable.  À cet égard, il faut mobiliser le Fonds pour les pertes et les préjudices et le Fonds vert pour le climat ainsi que les autres engagements financiers.  L’IRENA continue d’accompagner les projets d’énergie renouvelable dans les PEID, a promis le représentant soulignant l’importance de la participation du secteur privé dans cette approche. 

Le représentant du Forum des îles du Pacifique a expliqué que par le biais de sa stratégie du Pacifique Bleu à l’horizon 2050, les membres du Forum se sont engagés à relier les PEID du Pacifique aux marchés mondiaux et à garantir leur développement résilient.  Il a appelé leurs partenaires à les soutenir sur cette voie grâce à l’allégement de la dette et l’amélioration des modalités de financement du développement.  Il a insisté sur le respect des engagements pris pour faire face à la menace climatique, citant notamment le fonds fiduciaire pour la résilience pacifique et le Fonds pour les pertes et les préjudices. Il a également exhorté tous les pays à ratifier sans tarder le traité « BBNJ » et à redoubler d’efforts dans la lutte contre la pollution plastique des mers.  En outre, les PEID ont besoin d’un appui technique pour la gestion des risques liés aux catastrophes naturelles, y compris des systèmes d’alerte rapide.  Le Pacifique, a-t-il ajouté, compte sur ses partenaires -publics et privés– pour l’accompagner et réaliser la stratégie 2050 du Pacifique Bleu.

La représentante du Commonwealth a déclaré que la confluence de crises que traversent les PEID est au cœur de sa motivation pour trouver de nouvelles façons de les soutenir.  Grâce à son Climate Finance Access Hub, qui a débloqué plus de 350 millions de dollars en ressources pour les plus vulnérables, et un demi-milliard supplémentaire prochainement, le Commonwealth s’est mobilisé en leur faveur.  Et s’agissant de la dette, le système de gestion Meridian est utilisé par 50 pays pour gérer un portefeuille combiné de 2 500 milliards de dollars de dette publique, s’est félicitée la représentante. Enfin, elle a plaidé pour une réforme radicale de l’architecture financière mondiale, axée sur l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle. 

Le représentant de l’Union internationale des télécommunications (UIT) a indiqué que depuis les Orientations de Samoa, le nombre des usagers d’Internet dans les PEID est passé de 33% à 67%.  Dans le domaine de la réduction de l’écart numérique entre les genres, les PEID se sont imposés comme des leaders mondiaux et ont presque atteint la parité numérique entre les genres, s’est-il félicité.  Il reste néanmoins que seulement 44% des ruraux sont connectés tandis que 63% des citoyens sont abonnés à la large bande mobile et 10% à la large bande fixe.  Cette situation est inquiétante dans la mesure où une augmentation de 10% de la pénétration du haut débit fixe permet de faire augmenter la croissance économique de 1,47%.

Face aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles, l’UIT s’efforce de déployer des systèmes d’alerte précoce et d’intégrer le numérique dans la gestion des catastrophes, en utilisant la technologie satellitaire pour l’atténuation et l’adaptation.  Les partenariats fonctionnent, a assuré le représentant rappelant qu’en 2022, le lancement de la coalition numérique Partner2Connect a attiré des engagements d’une valeur de plus de 46 milliards de dollars dont 25 milliards de dollars à l’intention des PEID. 

Le représentant des Comores a appelé à prendre en compte tous les paramètres de développement des PEID, afin d’ouvrir en leur sein les portes d’un présent et d’un avenir possibles, réels et tangibles.  Il faut leur donner les moyens de tracer cette voie vers une prospérité résiliente, en investissant dans de nouveaux partenariats et en veillant à ce que les engagements soient irréversibles.  Il a plaidé pour une prise en compte de leur fragilité et de la dépendance de leurs économies, en définissant les moyens leur permettant de construire des économies durables, et de mieux faire face aux défis, tels que les changements climatiques ou les conflits géopolitiques.  Le rôle des Nations Unies et des partenariats public-privé est essentiel pour réaliser et renforcer cette résilience économique, a-t-il fait valoir, insistant sur le renforcement des capacités, la résilience climatique, l’énergie durable et l’économie bleue. 

De même, il a appelé à accorder une attention particulière à la protection et à la valorisation des écosystèmes naturels, tels que les récifs coraliens et les mangroves, qui sont essentiels pour préserver la biodiversité et protéger contre les catastrophes naturelles.  Le développement d’une infrastructure résiliente au climat, en particulier pour les transports maritimes et aériens, est primordial, a-t-il dit.  Ces efforts doivent être accompagnés de partenariats internationaux solides et de stratégies adaptées aux réalités spécifiques de chaque PEID.

Le représentant de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a appelé à réduire d’urgence la charge disproportionnée des maladies non transmissibles (MNT) et des problèmes de santé mentale qui frappent les PEID, et à les intégrer dans les soins de santé primaires, par lesquels jusqu’à 90% des services de santé pourraient être fournis.  Cela est d’autant plus important que le taux d’hypertension est supérieur à 30% dans presque tous les PEID, et que l’on estime que jusqu’à 15% de la population des Caraïbes et 11% de celle du Pacifique vivent avec un problème de santé mentale. 

Il a indiqué que la fiscalité et la réglementation permettent de limiter l’impact des produits nocifs pour la santé, notamment les aliments hautement transformés, qui sont denses en énergie, riches en graisses saturées, en sucres libres ou en sel.  La dépendance à l’égard de ces aliments a entraîné des taux d’obésité très élevés chez les femmes et les hommes.  Dans certains PEID, jusqu’à 90% des denrées alimentaires sont importées, a-t-il noté avant d’appeler à investir dans de meilleures pratiques et des changements de marché pour accroître la consommation d’aliments, de légumes et de volaille. 

Il faut également se pencher sur les effets des changements climatiques sur la santé, a-t-il souhaité estimant qu’il est impératif d’améliorer la préparation aux urgences sanitaires et de renforcer la résilience du secteur de la santé dans les PEID afin de mieux faire face aux épidémies, aux pandémies et aux urgences d’origine climatique.  De même, il faut relever les défis urgents liés à la fidélisation des travailleurs de la santé, a-t-il ajouté notant que jusqu’à 15% du personnel de santé des PEID partent à la recherche d’opportunités dans les pays développés.

Le représentant de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a indiqué que l’AIEA a fourni un appui à 26 PEID en exploitant les applications pacifiques de la science et de la technologie nucléaires pour les aider à atteindre les ODD. L’AIEA s’engage aussi à verser 13,7 millions d’euros sur la période 2024-2025 pour des projets de coopération technique visant à renforcer les services de télémédecine, la lutte contre l’obésité infantile, de même que la surveillance et l’atténuation de l’impact des changements climatiques sur les écosystèmes marins, l’agriculture, l’eau et la gestion des sols dans les PEID.  Ces projets, a-t-il précisé, seront mis en œuvre dans le cadre d’initiatives pour relever le défi mondial de la pollution plastique, et soutenir les capacités et la préparation aux épidémies et aux pandémies.  Ils visent aussi à développer les capacités de soins contre le cancer et le renforcement de la sécurité sanitaire des aliments.

Le représentant de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) a indiqué que celle-ci a aidé les PEID à renforcer leurs « écosystèmes d’innovation et de créativité » axés sur la propriété intellectuelle.  Par exemple, un projet récent en Jamaïque a permis de former 30 entrepreneuses à tirer parti de la propriété intellectuelle dans le cadre de leurs projets respectifs dans des secteurs comme l’agroalimentaire et les cosmétiques, entre autres.  Forts du succès de ce projet pilote, nous étendons désormais ce projet à Sainte-Lucie, et Saint-Vincent-et-les Grenadines, a précisé l’intervenant.  En outre, l’OMPI lancera bientôt un programme visant à autonomiser les cheffes d’entreprise des communautés autochtones et locales des pays insulaires du Pacifique, en leur fournissant une fois de plus une formation et un encadrement afin qu’elles puissent utiliser la propriété intellectuelle dans leurs activités.  Le représentant a également cité en exemple l’expertise accordée à la République dominicaine pour l’aider à identifier les possibilités d’utilisation de la propriété intellectuelle pour promouvoir ses traditions culinaires et, partant, le tourisme gastronomique. 

Le représentant du Secrétariat des Conventions de Bâle, de Rotterdam et de Stockholm a informé que 4,2 millions de décès surviennent chaque année en raison de l’exposition à la pollution atmosphérique ambiante, aux métaux lourds et aux déchets plastiques.  Les mesures visant à lutter contre la pollution, telles que la gestion appropriée des produits chimiques dangereux et des déchets, peuvent contribuer de manière significative aux efforts pour lutter contre les changements climatiques, a-t-il signalé, notant que les PEID sont particulièrement vulnérables à ces impacts. De plus, il ne faut pas négliger l’impact moins visible mais dévastateur de la pollution sur la résilience de ces pays. 

Il a ensuite rappelé que les Conventions de Bâle, Rotterdam et Stockholm sont trois accords multilatéraux qui partagent l’objectif commun de protéger l’environnement et la santé humaine des effets néfastes des produits chimiques dangereux et des déchets.  Leur mise en œuvre contribue à lutter contre la pollution, les changements climatiques, la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique ainsi qu’à soutenir la mise en œuvre du Programme 2030. 

Le représentant de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a déclaré que le patrimoine historique et culturel des PEID illustre la résilience de ces nations.  Il a expliqué que les PEID représentent un groupe prioritaire pour l’UNESCO depuis 2008, et qu’une stratégie consacrée à ce groupe de pays a été lancée l’an dernier pour appuyer l’éducation, y compris l’éducation environnementale.  Il a cité l’exemple des Maldives, où différentes initiatives ont vu le jour dans ce cadre.  L’UNESCO appuie aussi les efforts des PEID dans la lutte contre les catastrophes naturelles, notamment à travers son programme sur les tsunamis qui a été mis en place dans 12 États insulaires à ce jour.  La résilience climatique des PEID doit être partagée avec le monde, et l’UNESCO donne de la visibilité à ces pratiques et savoirs, a précisé le représentant qui a appelé à travailler pour et avec ces pays.

Le représentant de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques a déclaré qu’il faut « suspendre, restructurer voire annuler » la dette des PEID et faciliter les flux de financement notamment sous la forme de dons.  Il a également appelé à mieux les répartir par le biais du Fonds vert pour le climat, ce qui nécessite de trouver des sources de financement plus innovantes. Un financement plus juste de l’action climatique est la seule voie pour permettre à cette catégorie de pays de se développer dans la résilience et la prospérité, a assuré le représentant. 

La représentante de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) a appelé la communauté internationale à aider Haïti et le peuple haïtien.  Elle a ensuite attiré l’attention sur les répercussions négatives des catastrophes naturelles sur les membres de la CARICOM, précisant que le passage des deux derniers cyclones dans la région avait provoqué des pertes équivalant à 200% du PIB des pays membres.  Elle a avoué être « surprise » par le refus de certains pays de respecter l’engagement de maintenir à 1,5 °C le réchauffement climatique auquel les pays de la CARICOM n’ont pas contribué.  Elle s’est ensuite réjouie de l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) établissant une obligation juridique de protéger l’environnement marin.  Elle a appuyé l’Initiative de Bridgetown, exhortant à la réforme de l’infrastructure financière internationale pour assurer un meilleur accès des PEID aux financements.  La CARICOM reste mobilisée pour la mise en œuvre du programme d’Antigua-et-Barbuda pour lequel le soutien international est crucial.  On ne peut plus attendre.  Il faut régler dans les 10 ans à venir le problème d’accès aux ressources, a plaidé la représentante. 

La représentante du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) a fait valoir que le portefeuille d’adaptation aux changements climatiques du PNUE investit plus de 150 millions de dollars, notamment dans 14 PEID.  Ses actions se concentrent sur des solutions respectueuses de la nature pour s’adapter aux températures élevées, à l’élévation du niveau de la mer et aux inondations côtières, a-t-elle précisé.  En outre, les systèmes d’alerte précoce sont essentiels, a relevé l’intervenant, raison pour laquelle le PNUE travaille avec des partenaires du Mécanisme de financement des observations systématiques (SOFF) pour combler les lacunes en matière de données.  Son portfolio couvre cinq PEID du Pacifique, a-t-elle précisé, en soulignant également que les conventions et plans d’action pour les mers régionales administrés par le PNUE, qui couvrent 22 PEID, soutiennent les mesures d’adaptation et l’accès au financement pour ce type de mesures. 

Le représentant de l’Organisation internationale du Travail (OIT) a détaillé les efforts de son organisation pour aider les PEID à surmonter leurs défis, insistant notamment sur l’importance de tirer parti du financement privé.  L’OIT coopère avec les gouvernements, le secteur privé et les partenaires sociaux pour permettre une transition juste en créant des emplois et du travail décent.  Une répartition plus équitable des revenus est essentielle, a-t-il déclaré.  Il a souligné l’importance de la justice sociale, notamment un accès à l’alimentation, l’éducation et la santé.  La Coalition mondiale pour la justice sociale qui favorise la coopération multilatérale peut contribuer de manière significative à accélérer les progrès vers les ODD dans les PEID, a-t-il estimé.

Le représentant du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) a indiqué que plus de 50% de la population de nombreux PEID est âgée de moins de 25 ans, et que des progrès louables ont été accomplis en ce qui concerne la parité hommes-femmes, l’éducation et la participation accrue des femmes à la prise de décisions.  Toutefois, la fuite des cerveaux, le vieillissement de la population, les changements climatiques, les taux élevés de grossesse chez les adolescentes, les décès maternels, le chômage des jeunes, la criminalité et la violence sexiste demeurent des obstacles au développement durable dans les PEID.

Pour faire face au vieillissement des populations dans les PEID, il a appelé à une approche globale du cycle de vie, ce qui implique, a-t-il expliqué, d’investir dans l’apprentissage tout au long de la vie et le développement des compétences. Il est également primordial d’améliorer et d’intégrer les systèmes de santé, afin de garantir l’accès aux services de santé essentiels à tous les stades de la vie.  En alignant les données démographiques sur la formulation des politiques, il sera possible d’aborder de manière proactive les changements démographiques, tels que le vieillissement de la population ou l’émigration, qui posent des défis importants en matière de développement. Le représentant a par ailleurs souligné que l’analyse des données démographiques géoréférencées est un outil efficace pour informer les efforts de préparation et de réponse aux catastrophes naturelles. 

Le représentant du Groupe de la Banque mondiale a indiqué que celui-ci a débloqué 38 milliards de dollars en financement climatique au cours de la dernière année fiscale, en faisant le plus important fournisseur pour les pays en développement. Il a précisé que les financements du Groupe sont alignés sur les objectifs de l’Accord de Paris et que l’Association internationale de développement permet aux PEID d’accéder aux fonds les plus abordables.  Il a estimé que les institutions financières internationales peuvent en faire davantage, mettant en avant la boîte à outil du Groupe qui offre aux PEID un meilleur accès au « financement catastrophe ».

La représentante de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) a souligné l’importance du tourisme pour l’économie des PEID qui ont accueilli 26 millions de touristes internationaux l’année dernière.  Ce chiffre montre qu’il faut transformer le relèvement rapide après la pandémie en un modèle touristique durable et résilient plaçant les populations en son centre.  Le tourisme représente 30% à 85% des recettes fiscales de ces pays et 11% de leur PIB, a-t-elle ajouté.  Elle a appelé les PEID à augmenter la valeur ajoutée du tourisme, renforcer la rétention des recettes et favoriser la diversification.  Ils doivent être capables d’absorber les chocs et faire en sorte que la croissance du secteur aille au-delà de la circularité. L’économie touristique doit aussi adopter une bonne gestion des déchets, limiter les gaspillages alimentaires et les plastiques.  Le secteur doit « décarboniser » et participer à l’économie bleue.  Cette transformation doit se faire rapidement, a encore exhorté l’oratrice.

Le représentant de l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR) a expliqué que des programmes spécifiques seront développés par l’UNITAR pour donner aux communautés des États insulaires les connaissances requises, notamment pour la mise en place de systèmes d’alerte rapide, mais aussi en matière d’assainissement, de bonne gestion de l’eau et de réponse aux catastrophes.  Plus de 500 femmes des îles du Pacifique ont d’ores et déjà participé à des formations de l’UNITAR pour apprendre à se protéger des catastrophes naturelles, a-t-il indiqué.  En outre, l’Institut a un programme de formation sur les changements climatiques qui fait autorité, et prévoit de lancer un programme annuel sur la prévention des conflits pour les PEID.  Des programmes de l’UNITAR portant sur le financement du développement ont été offerts dans certaines nations insulaires comme les Fidji et les Îles Salomon qui, grâce à ces formations, ont réussi à débloquer de nouveaux financements.  Il a indiqué que l’UNITAR travaillera avec le Centre d’excellence sur les PEID d’Antigua-et-Barbuda dans le domaine du partage des applications et données géospatiales.  L’UNITAR est également disposé à apporter plus d’aide aux PEID qui en ont besoin pour développer leurs propres capacités statistiques. 

La Directrice du Bureau des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud, a expliqué que ce bureau fournit une orientation politique aux entités onusiennes afin de garantir une approche cohérente des politiques et des programmes Sud-Sud. Dans ce cadre, il a été un soutien essentiel aux PEID, à travers des initiatives alignées sur les ODD.  Ce sont notamment les PEID qui ont le plus bénéficié du Fonds Inde, Brésil et Afrique du Sud et du Fonds de partenariat pour le développement Inde-ONU, gérés par le Bureau, s’est enorgueillie la haute fonctionnaire.  Ces initiatives ont canalisé plus de 55,5 millions de dollars vers 63 projets dans plus de 30 PEID, soutenant le développement durable à différents niveaux. En outre, les plateformes numériques et les capacités analytiques hébergées au sein du Bureau permettent de fournir aux pays du Sud plus de 950 solutions, dont plus de 220 rien que pour les PEID.

Pour le représentant du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), la mise en œuvre du programme d’Antigua-et-Barbuda pour les PEID est un défi pour le système multilatéral, qui doit apporter des solutions urgentes à des problèmes qui perdurent depuis trop longtemps.  Si nous ne sommes pas en mesure d’apporter des réponses en matière de diversification économique, de climat, de numérique et de finances dans les PEID, nous ne pourrons les apporter nulle part ailleurs, a-t-il argué.  Il a indiqué que les PEID subissent une perte de 2,1% de leur PIB en raison des risques naturels -un chiffre quatre fois supérieur aux pertes subies par les grandes nations– et qu’ils reçoivent sept fois moins de financements que les pays les moins avancés.  « Cette équation n’est pas équilibrée ». 

Précisant que la proposition renouvelée du PNUD pour les PEID, « SIDS Rising 2.0 », reflète le programme d’Antigua-et-Barbuda, il a indiqué que le PNUD déploie un soutien pour faire avancer les économies bleues et vertes, axé sur des solutions basées sur la nature dans le tourisme, le secteur alimentaire et le développement urbain, en collaboration avec des partenaires clefs. Le PNUD étendra son engagement dans le renforcement des capacités numériques à l’ensemble des PEID.  Sans percées dans le domaine du financement du développement, la vision d’économies résilientes, de transformations numériques, d’adaptation au climat et de réduction des risques de catastrophe est affaiblie, a-t-il martelé, disant qu’il s’agira d’un « test de résistance » majeur pour l’architecture financière internationale au cours des prochains mois.

Le représentant du Centre du commerce international (ITC) a déclaré que pour survivre, les PEID doivent s’inventer, s’adapter et devenir résilients. Cela commence par une aide aux petites entreprises car leur réussite sera celle des familles et des communautés. Pour ce faire, le délégué a suggéré une stratégie de développement qui donne la priorité aux petites entreprises. Il a appelé à promouvoir des marchés régionaux forts pour les petites entreprises et la collecte de données qui sont nécessaires pour accroître leur compétitivité.  Il a par ailleurs plaidé pour la transformation des systèmes alimentaires dans les PEID en promouvant une agriculture et une pêche durables. On ne prédit pas l’avenir mais on le prépare, a-t-il souligné. 

La représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a déclaré que celle-ci continue d’appuyer et de promouvoir l’échange de connaissances et l’apprentissage au travers de ses plateformes en mettant l’accent sur les PEID et en essayant de faciliter leur accès au financement climatique.  La FAO, a-t-elle ajouté, appuie 12 d’entre eux pour accélérer la transformation de leurs systèmes agroalimentaires grâce à la modélisation géospatiale, l’élaboration de plans d’investissement robustes et le recensement de partenaires stratégiques, comme c’est par exemple le cas pour plusieurs nations des Caraïbes.

Le représentant du Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques des catastrophes, a rappelé que les PEID sont deux fois plus exposés aux risques de catastrophe, en appelant à intégrer la gestion de ces risques et les mesures de prévention dans les politiques nationales.  L’appel à l’action figurant dans le Cadre de Sendai est essentiel à cet égard, a-t-il souligné, se félicitant que le programme d’Antigua-et-Barbuda établit clairement que la réduction des risques de catastrophe est essentielle pour le développement résilient des îles.  Il a indiqué que son Bureau a d’ores et déjà préparé une offre d’appui aux PEID notamment pour tester la résilience de leurs infrastructures. Évoquant l’expérience mitigée du Cadre de Sendai, il a regretté que trop souvent on met l’accent sur la réponse après une catastrophe plutôt que sur la prévention, en demandant la création d’un mécanisme de surveillance robuste du programme d’Antigua-et-Barbuda.

M. BALARABE ABBAS LAWAL, Ministre de l’environnement du Nigéria, a indiqué que son Gouvernement coopère avec les PEID en procédant à des investissements dans des infrastructures résilientes face au climat et dans des systèmes d’alerte précoce.  Il a souligné la nécessité de mettre en place des mécanismes financiers adaptés qui tiennent compte des circonstances uniques des PEID et leur fournissent les marges de manœuvre budgétaires nécessaires pour investir dans leur développement durable. Dans ce contexte, le renforcement de la coopération régionale entre PEID et la création de partenariats avec des économies plus vastes peuvent permettre d’aboutir à des solutions innovantes de partage des pratiques optimales, a suggéré le Ministre.

M. RAUL LI CAUSI, Vice-Ministre pour les Caraïbes du Venezuela, a appelé à renforcer la coopération internationale dans les pays des Caraïbes pour qu’ils puissent faire face aux sécheresses, aux inondations, aux changements climatiques, aux variations des températures et à la destruction des espèces marines.  Les pays développés doivent respecter leurs engagements en matière de financement du Fonds pour les pertes et les préjudices. Le délégué a appelé à la levée immédiate et sans conditions des sanctions qui visent Cuba et le Venezuela. De même, il a appelé à renforcer la coopération entre les États des Caraïbes et le reste du monde en faveur du développement ainsi que pour sauvegarder l’intégrité de leurs ressources et garantir l’avenir de leurs populations. 

La représentante du Brésil a appelé la communauté internationale à intensifier ses efforts pour aider les PEID à atteindre les ODD en tandem avec d’autres pays en développement.  Elle a indiqué que les priorités définies par la présidence brésilienne du G20 sont la transition énergétique juste, l’éradication de la pauvreté et de la faim et la réforme de la gouvernance mondiale, et que celles-ci sont pleinement conformes au programme d’Antigua-et-Barbuda.  Elle a donc espéré que les PEID s’engageront sans réserve dans les initiatives qui seront lancées par le Brésil dans le cadre du G20, en particulier l’Alliance mondiale contre la faim et la pauvreté et l’Appel à l’action sur la réforme de la gouvernance mondiale. 

La représentante a mentionné les discussions en cours sur l’exploitation minière en eaux profondes, un autre domaine clef dans lequel les PEID et le Brésil devraient, selon elle, renforcer le dialogue et la coopération.  En outre, dans le cadre de l’accord de coopération technique entre le Brésil et la Communauté des Caraïbes, signé en 2010, des négociations sur d’éventuelles initiatives dans les domaines de la gestion des ressources en eau, de la santé, de l’alimentation scolaire et du travail, ainsi que des formations à la gestion des risques de catastrophe sont en cours.  Ces propositions devraient permettre de relever les défis communs auxquels sont confrontés les États des Caraïbes, notamment en ce qui concerne l’insécurité alimentaire et les changements climatiques.

La représentante de la Suisse a affirmé que son pays est déterminé à renforcer la résilience des PEID, notamment par le biais d’une initiative destinée à développer leurs capacités humaines pour identifier les risques climatiques et météorologiques.  La représentante a invité les PEID à participer activement, lors de la huitième session de la Plateforme mondiale pour la réduction des risques de catastrophe, qui se tiendra à Genève en juin, aux discussions en vue d’accélérer la mise en œuvre du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015-2030. Cette manifestation sera également l’occasion de partager les pratiques optimales pour mettre en œuvre des appels à l’action, a précisé la déléguée. 

La représentante de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a indiqué que face aux défis, les PEID doivent intégrer l’action climatique, la conservation de la biodiversité et la restauration des écosystèmes insulaires dans leur panoplie de solutions.  Toujours est-il que le développement social accéléré et durable et la croissance économique inclusive doivent rester notre objectif principal. Pour l’atteindre, il faut une réforme des infrastructures financières mondiales et des partenariats durables qui s’alignent sur les priorités des PEID en respectant leur autonomie, et qui impliquent les gouvernements locaux, le secteur privé, la société civile ainsi que les « gardiens du savoir traditionnel ».  Ces pays détiennent les clefs de l’innovation, de la créativité et des pratiques qui fournissent des solutions locales aux problèmes mondiaux. Elle a par ailleurs indiqué que l’UICN vise à restaurer les écosystèmes insulaires au cours des 10 prochaines années. 

Le représentant de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) a souligné la responsabilité collective de construire des économies prospères et résilientes dans les PEID, grâce à des investissements se chiffrant en milliards de dollars dans les énergies renouvelables et les économies vertes et bleues.  Pour cela, les pays développés et industrialisés doivent respecter les engagements pris en termes de financement du développement et de l’action climatique, a-t-il martelé, déplorant que seul 1,5% de l’APD mondiale est consacré aux PEID. Il a appuyé le Centre d’excellence pour les PEID d’Antigua-et-Barbuda, et mis en exergue le fait que les solutions et les technologies existent pour réaliser les objectifs du programme d’Antigua-et-Barbuda.  Concrètement, la solidarité mondiale avec ces pays doit passer par une volonté politique forte de les soutenir et l’allégement de la dette, a-t-il souligné. 

Le représentant du Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS) a jugé nécessaire de redoubler d’efforts pour aider les PEID à bâtir un avenir plus résilient et durable, avec des financements prévisibles pour leur développement climatique.  Il a également appelé à soutenir les activités de renforcement des capacités dans ces pays dans le cadre de partenariats, avec des systèmes de collecte de données robustes.

Le représentant du Programme alimentaire mondial (PAM) a estimé que les PEID sont exposés à des risques climatiques qui justifient de les aider à faire face à la saison des ouragans, qui sera vraisemblablement la pire jamais enregistrée en 2024.  Le PAM, a-t-il expliqué, a ouvert un centre logistique à la Barbade pour répondre plus rapidement aux besoins suscités par les catastrophes naturelles dans la sous-région.  Des Caraïbes à l’océan Pacifique, nous fournissons une assistance technique aux gouvernements dans le domaine de la protection sociale, de la gestion des risques de catastrophe et du financement innovant, a précisé le délégué.

Le représentant de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a axé son intervention sur l’intégration des PEID dans l’économie et le commerce mondiaux, évoquant les défis liés à la vulnérabilité des petites économies.  Il a indiqué qu’en dépit des mesures pour aider les PEID à sortir de la catégorie des PMA, les États insulaires font face à des contraintes, comme l’éloignement géographique, qui entravent leur participation au commerce mondial.  Il a encouragé à la diversification de leurs économies, les engageant en outre à préciser leurs besoins aux pays partenaires.  Notant que l’économie numérique offre de nombreux avantages, il a expliqué que des discussions sur le commerce électronique sont en cours au sein de l’OMC qui, a-t-il ajouté, peut contribuer à mobiliser le financement en faveur du programme d’Antigua-et-Barbuda.  Il a précisé que son organisation encourage également le tourisme durable et une économie des océans durables.

La représentante du Fonds d’équipement des Nations Unies a indiqué que cet organe propose des prêts adaptés aux priorités des pays les plus vulnérables, l’objectif étant de mettre en commun les différentes sources de financement pour la réalisation des ODD.  À cette fin, les gouvernements des PEID et les pays partenaires doivent continuer d’élaborer et mettre en œuvre des solutions innovantes de financement, à la fois public et privé, pour réaliser leur prospérité, a-t-elle ajouté.

Le représentant du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a indiqué que les enfants et les jeunes sont les plus touchés par les défis que connaissent les PEID que ce soit l’impact des changements climatiques, le manque d’accès à l’éducation et la santé, ou encore la violence.  Il a néanmoins mis en avant la résilience des jeunes de nombreux PEID en précisant que la vision sur 10 ans de l’UNICEF fait écho au programme d’Antigua-et-Barbuda.  Il a encouragé l’inclusion des jeunes dans les travaux du nouveau Centre d’excellence d’Antigua-et-Barbuda.  De manière générale, il faut les impliquer à tous les niveaux dans les politiques, dialogues, et stratégies et leur assurer les services essentiels, même à la suite de catastrophes, a-t-il dit.  Le capital humain est le moteur du développement durable et cela commence avec les enfants et les jeunes, a-t-il conclu.

La représentante du Conseil international pour la science a expliqué que les PEID doivent exploiter les données et les technologies numériques pour renforcer leur résilience, surmonter les barrières géographiques, améliorer l’accès aux informations critiques et faciliter la collaboration.  En exploitant les opportunités numériques, les PEID peuvent mieux gérer et analyser les données liées aux impacts des changements climatiques, tels que l’élévation du niveau de la mer, les événements météorologiques extrêmes et l’érosion côtière, a-t-elle expliqué.  Il apparaît donc nécessaire de renforcer les institutions scientifiques des PEID afin de fournir l’infrastructure et l’expertise nécessaires pour collecter, analyser et diffuser ces mêmes données.  La création d’institutions scientifiques nationales et régionales solides, telles que l’Académie des sciences des Caraïbes et la future Académie des sciences du Pacifique, toutes deux soutenues par le Conseil international pour la science, garantit que les PEID peuvent coordonner et prioriser la recherche et le développement scientifiques, obtenir des financements et partager leurs résultats à l’échelle mondiale, a précisé la représentante.

Le représentant du Pacific Disability Forum a déclaré que, selon l’OMS, environ 1,3 milliard de personnes, soit 16% de la population mondiale, souffrent d’un handicap.  Les 10 prochaines années seront cruciales pour les PEID, a-t-il indiqué, soulignant qu’il n’existe pas d’approche unique.  Notant que les personnes handicapées font partie des groupes les plus marginalisés, il a appelé à un financement accru et à des données ventilées pour ce groupe.  « Nous ne pouvons plus travailler en vase clos », a-t-il déclaré.

Le représentant de l’Institut Caraïbe des ressources naturelles (CANARI) a souligné la nécessité d’optimiser la contribution de la société civile pour parvenir au développement durable.  Il a également plaidé pour un soutien accru aux entreprises locales qui contribuent à la réduction de la pauvreté et à la protection de l’environnement, ce qui suppose, a-t-il ajouté, de concevoir des législations et réglementations qui soutiennent ces entreprises. 

La représentante de l’Association des organisations non gouvernementales des îles du Pacifique a demandé que la mise en œuvre du programme d’Antigua-et-Barbuda s’appuie sur une implication réelle de la société civile des PEID qui sont des partenaires essentiels.  Pour cela il faut créer des espaces inclusifs pour la société civile afin qu’elle puisse participer aux décisions politiques et économiques.  De même, il faut étendre les partenariats entre la société civile, le monde universitaire et les gouvernements dans les PEID, a-t-elle souhaité en faisant valoir le potentiel non exploité de la société civile dans ces pays et dans leur développement.

La représentante du International Programme on the State of the Ocean a souligné que le Traité de la haute mer offre aux gouvernements des PEID une opportunité « historique » de forger des partenariats encore plus significatifs et productifs avec des organisations non gouvernementales, des organisations communautaires, des entreprises privées, les peuples autochtones, les communautés locales et d’autres éléments importants de la société civile pour contribuer à promouvoir le développement durable de l’économie bleue, à améliorer la protection de la biodiversité marine et à contribuer à l’action climatique.

La représentante du Stockholm Environment Institute (SEI) a appelé à reconnaître le besoin urgent de changer la donne par rapport aux infrastructures critiques. Elle-même chercheuse, l’intervenante a expliqué que le travail du SEI est mondial.  Prenant l’exemple de l’impact de l’ouragan Irma sur les infrastructures critiques, elle a insisté sur l’impératif de les rendre plus résilientes au climat et plus adaptées aux spécificités et besoins des PEID.  Pour cela, elle a défendu les mérites et le potentiel d’infrastructures multifonctionnelles qui, a-t-elle ajouté, sont une nécessité pour les PEID, notamment pour la gestion des industries marines et l’optimisation de la gestion côtière.

Le représentant de l’Institut international pour l’environnement et le développement s’est dit heureux que l’organisation au nom de laquelle il s’est exprimé ait dirigé la conception du service mondial de soutien à la viabilité de la dette des PEID, qui fait partie du programme d’Antigua-et-Barbuda.  Ce service repose sur quatre piliers interconnectés qui, ensemble, favorisent un nouveau pacte financier pour les PEID, essentiel pour échapper à la spirale « infernale » de l’endettement et accroître leur latitude budgétaire.  Il inclut des mécanismes globaux innovants pour explorer les mécanismes mondiaux de rachat de dette, de dotation ou de restructuration, a précisé l’intervenant.

La représentante de Overseas Development Institute a espéré que cette conférence marquera un début et non pas une fin, en martelant qu’il n’y a pas une minute à perdre pour mettre en œuvre le programme d’Antigua-et-Barbuda pour les PEID. Pour cela, elle a appelé à une institutionnalisation du Forum pour le développement des PEID tous les deux ans, ainsi qu’à la création d’un réseau de recherche et de collecte de données pour accompagner un processus de bilan mondial sur l’état des PEID. 

La représentante de Integrated Health Outreach a souligné que la société civile a toujours été et reste prête à être partenaire de la mise en œuvre du programme d’Antigua-et-Barbuda.  Elle a donc appelé les gouvernements des PEID, la société civile locale et les autres parties prenantes à collaborer autour d’initiatives qui soient également accessibles et bénéfiques pour les filles, les jeunes, les personnes handicapées et la communauté LGBTQIA.

Le représentant de Foundation for Development Planning, Inc. a souligné le potentiel non utilisé de la société civile des Caraïbes pour réaliser une prospérité résiliente, en regrettant que cela ne figure pas dans le programme d’Antigua-et-Barbuda.  Plaidant pour un cadre économique et social solidaire qui repose sur la mise en commun des ressources pour les PEID, il a fait valoir que dans le cadre de ce processus, la société civile doit être un partenaire de choix.

La représentante du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a préconisé de débloquer des fonds pour financer la préparation des PEID aux catastrophes naturelles, afin de permettre de préserver les acquis du développement dans ces pays.  Elle a cité en exemple un projet d’un montant de 120 millions de dollars dans une dizaine de pays du Pacifique pour répondre aux tempêtes et aux inondations et un autre cadre en Haïti que l’OCHA est en train de finaliser. 

La Directrice exécutive du Fonds vert pour le climat a appelé à construire une architecture du financement climatique adaptée aux besoins des PEID.  Elle a précisé que la moitié des ressources du Fonds sont allouées à l’adaptation climatique -avec une priorité pour les PEID et l’Afrique- et l’autre moitié à l’atténuation.  Le programme « Readiness » du Fonds s’adresse notamment aux PEID pour qu’ils puissent avoir accès au financement climatique.  D’ailleurs, la performance des investissements dans ces pays est bien meilleure qu’ailleurs, a expliqué la représentante qui a précisé que le Fonds travaille avec les institutions nationales et contribue à la création de nouvelles institutions comme la Banque bleu-vert de la Barbade. Il faut cependant aller plus loin et répondre aux demandes de simplification d’accès aux ressources, a concédé la Directrice exécutive du Fonds qui envisage des partenariats ambitieux plutôt que de travailler projet par projet à l’avenir.  Le système financier mondial doit répondre à l’urgence de la crise climatique et il faut envisager une réforme des banques régionales de développement, a-t-elle insisté en appelant à faire preuve de plus d’ambition collective.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’épineuse question du financement du développement mobilise l’attention de la Conférence sur les PEID

Quatrième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement
3e & 4e séances plénières - Matin & après-midi
DEV/3461

L’épineuse question du financement du développement mobilise l’attention de la Conférence sur les PEID

SAINT JOHN’S, ANTIGUA-ET-BARBUDA, 28 mai -- Le deuxième jour de travaux de la quatrième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement a été marquée par l’intervention de la Première Ministre de la Barbade, figure de proue du financement climatique et de la justice économique des PEID. 

C’est en effet Mme Mia Mottley qui, en 2023, avait annoncé l’Initiative de Bridgetown, un programme politique de réforme de l’architecture financière mondiale et du financement du développement dans le contexte de l’interconnexion des crises de la dette, du climat et de l’inflation, des thématiques qui n’ont cessé d’être évoquées par plus d’une cinquantaine de délégations depuis Antigua-et-Barbuda qui accueille la Conférence.

Comme l’ont souligné la plupart des intervenants, les PEID ont besoin d’un financement adéquat pour l’action climatique, mais également pour d’autres domaines connexes. Mais le financement, aussi important soit-il, n’est pas une fin en soi, simplement un mécanisme pour initier des projets qui nous permettent de renforcer notre résilience et au bout du compte d’être prospères, a expliqué la Cheffe du Gouvernement de la Barbade qui a aussi proposé une assemblée annuelle des PEID et la création d’une structure pour suivre la mise en œuvre du programme d’Antigua-et-Barbuda au lieu de « se rencontrer tous les 5 à 10 ans ». 

Saint-Vincent-et-les Grenadines a dénoncé pour sa part la lourdeur et la complexité de l’accès aux financements internationaux pour le développement, plaidant à son tour pour une réforme de l’architecture financière internationale, a insisté son ministre.  Les PEID ne doivent pas être laissés pour compte, notamment en cas de reclassement économique, ce qui pourrait exposer indûment certains d’entre eux à des vulnérabilités et à des chocs critiques, a prévenu Kiribati, évoquant les défis sans précédent auxquels ils sont confrontés. 

Ce deuxième jour du débat général a également été l’occasion d’entendre les voix des partenaires de développement des PEID, à l’instar de l’Allemagne qui a concédé que la communauté internationale n’a pas tenu ses engagements pour faire face à la menace que représentent les changements climatiques, exhortant les pays du G7 et du G20 à intensifier leurs actions et réduire leurs émissions. 

Appuyée par la Lettonie, le Danemark, la Chine ou encore l’Arménie, la Nouvelle-Zélande a réclamé l’application de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle afin de permettre aux PEID de construire des économies plus résilientes pour soutenir l’amélioration du bien-être de leurs populations. 

L’accès aux financements concessionnels doit être facilité afin de permettre un allégement des contraintes budgétaires et une réduction de l’endettement afin de s’assurer que les gains de développement acquis depuis 2015 ne soient pas perdus, a renchéri le Luxembourg.

Le Saint-Siège a estimé pour sa part que l’allégement ou, « mieux encore », l’annulation de la dette, permettra de donner aux PEID l’espace fiscal dont ils ont besoin pour investir dans des programmes capables de répondre aux besoins de leur peuple.  « L’annulation de la dette n’est pas seulement une question de politique économique ou de développement, mais un impératif moral ancré dans les principes de justice et de solidarité », a-t-il souligné, exhortant à considérer l’annulation de la dette comme un catalyseur d’une prospérité résiliente. 

En tant que bailleurs de fonds, l’Autriche et la Finlande ont également mentionné des projets bilatéraux que ce soit pour accélérer la transition énergétique, soutenir la lutte contre la pollution marine et les déchets plastiques ou mettre en place des systèmes d’alerte rapide pour les catastrophes naturelles. La France, qui a annoncé son intention de réintégrer la Banque de développement des Caraïbes, a fait savoir que les priorités des PEID seront placées au cœur de la Conférence des Nations Unies sur les océans, qui se tiendra en juin 2025 à Nice car « nous n’avons pas le luxe d’attendre la montée des eaux ».

La quatrième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement poursuivra ses travaux demain, mercredi 29 mai, à partir de 9 heures.

QUATRIÈME CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LES PETITS ÉTATS INSULAIRES EN DÉVELOPPEMENT

Suite du débat général

S’exprimant au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), Mme SEWA LAMSAL, Secrétaire aux affaires étrangères du Népal, a déclaré que ces États soutiennent sans réserve la cause des PEID, soulignant le lien organique entre l’élévation du niveau de la mer et la fonte des glaciers.  Alors que nous préparons le Sommet de l’avenir et la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, il est impératif que les besoins et les priorités des PEID soient pris en compte de manière appropriée.  Le programme d’Antigua-et-Barbuda constitue une nouvelle opportunité non seulement pour cette catégorie de pays, mais aussi pour l’ensemble de la communauté internationale, de répondre aux vulnérabilités multidimensionnelles et aux défis auxquels ils sont confrontés.  La ministre népalaise a assuré que les PMA avancent main dans la main avec les PEID dans un partenariat pour concrétiser ce nouveau programme d’action. 

M. KUIKE NUMOI, Secrétaire d’État adjoint aux affaires étrangères de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a tout d’abord remercié les nombreuses délégations qui ont exprimé leurs condoléances et leur solidarité avec son pays à la suite du glissement de terrain dévastateur de vendredi dernier, provoqué par un tremblement de terre.  Cette tragique catastrophe naturelle est un rappel des vulnérabilités et des défis auxquels sont confrontés les PEID, a-t-il regretté, et elle souligne l’importance d’investir davantage dans des mesures de renforcement des capacités nationales de résilience face à des calamités de plus en plus nombreuses et de plus en plus graves.  Dans cet esprit, il a applaudi le programme d’Antigua-et-Barbuda qui donne à juste titre la priorité à l’intégration de la réduction des risques de catastrophe et souligne l’importance cruciale du renforcement de la préparation aux catastrophes, y compris des systèmes d’alerte précoce multirisques.  Mais, a-t-il souligné, il faut veiller à sa mise en œuvre effective. 

Le Secrétaire d’État a insisté sur le besoin pressant et urgent pour ces pays d’accéder à un financement adéquat, prévisible et durable, et à des taux abordables, pour répondre à leurs besoins de développement.  Il a réclamé une réforme urgente du système financier international. Il a ensuite brossé un tableau des initiatives, stratégies et mesures prises au niveau national, notamment pour faire passer l’économie de 28 milliards de dollars par an actuellement à environ 57 milliards d’ici à 2030, et de créer un million d’emplois supplémentaires dans tout le pays.  Cela passe, entre autres, par des réformes fiscales et l’amélioration de la collecte des recettes internes; la révision des lois et politiques nationales pour que l’exploitation des ressources naturelles dans l’industrie extractive se fasse dans des conditions justes, équitables et loyales; des incitations aux partenariats public-privé; la lutte contre les flux financiers illicites; et le traitement des problèmes systémiques liés aux devises étrangères, a expliqué le haut responsable. 

M. VIRIATO LUÍS SOARES CASSAMÁ, Ministre de l’environnement, de la biodiversité et de l’action climatique de la Guinée-Bissau, a déclaré que son gouvernement s’efforce de garantir une croissance économique inclusive et durable, en alignant ses actions avec les Orientations de Samoa pour renforcer la résilience des communautés. La vision d’une Afrique prospère et intégrée guide nos initiatives en investissant dans des infrastructures résilientes et le développement communautaire, en promouvant l’amélioration des conditions de vie et un développement économique durable. 

Des projets axés sur le renforcement des capacités des communautés côtières et insulaires et la gestion des déchets plastiques sont en cours, visant à accroître la résilience face aux défis climatiques et à protéger les écosystèmes.  Bien que notre contribution aux émissions mondiales de gaz à effet de serre soit minime, la Guinée-Bissau est disproportionnellement affectée par les impacts des changements climatiques, a déploré le Ministre, qui a appelé à une plus grande solidarité et à un soutien international. Il a ensuite annoncé la candidature de l’archipel des Bijagós à la Liste du patrimoine naturel mondial de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). Cette initiative protégera la biodiversité menacée, a-t-il précisé.  Le Ministre a par ailleurs réitéré l’urgence d’un mécanisme de financement efficace pour les pertes et préjudices dans le cadre des négociations de la Convention-cadre sur les changements climatiques (CCNUCC). 

M. ANDERS ADLERCREUTZ, Ministre des affaires européennes et de la participation de l’État dans les entreprises de la Finlande, a déclaré que, plus que jamais, le multilatéralisme est nécessaire pour aider les PEID à faire face aux défis considérables qui se posent face à l’accélération des effets des changements climatiques.  Pour sa part, le Gouvernement finlandais est prêt à appuyer les PEID pour faire face aux défis climatiques auxquels ils sont confrontés, en particulier en matière de systèmes d’alerte rapide.  En outre, en tant que bailleur de fonds, l’Union européenne et ses États membres établissent des partenariats avec les PEID par le biais d’investissements dans les secteurs du numérique, de l’environnement, de l’énergie, des transports, de la santé, de l’éducation ou encore de la recherche, a encore fait valoir le Ministre.

M.LASHA DARSALIA, Ministre adjoint des affaires étrangères de la Géorgie, a estimé que le programme d’Antigua-et-Barbuda devrait guider les efforts de la communauté internationale tout en traçant la voie d’un changement substantiel dans les PEID et au-delà.  La Géorgie est prête à s’unir à la communauté internationale pour remédier aux vulnérabilités inhérentes aux PEID, et à partager ses expériences et ses réformes novatrices avec les pays intéressés, a annoncé le haut responsable, évoquant notamment la réforme de l’administration publique, la lutte contre la corruption, la prestation de services publics, la réforme de la police, les élections, la création d’un environnement favorable aux entreprises et à l’innovation, les impôts et les douanes.  La Géorgie poursuit également son engagement à faciliter les possibilités d’éducation pour les PEID par le biais de ses programmes de bourses.  Il a fait savoir que la Géorgie est devenue le premier pays d’Europe orientale à contribuer financièrement au soutien de la participation significative des PMA et des PEID aux travaux cruciaux du Conseil des droits de l’homme.  Avant de conclure, il a pointé la menace posée par les changements climatiques, tant pour les PEID que pour la Géorgie en détaillant les mesures prises au niveau national dans le cadre de l’Accord de Paris.

M. MOHAMMAD HASAN MAHMUD, Ministre des affaires étrangères de Bangladesh, a dit que son gouvernement vient en aide aux PEID dans sa région en leur proposant des solutions pour faire face aux défis climatiques, son pays étant également touché par les répercussions négatives des changements climatiques. Le Bangladesh a notamment développé des politiques d’inclusion, de limitation des émissions, de renforcement des capacités et de financement de l’action climatique.  Le Ministre a demandé l’accessibilité du Fonds pour les pertes et les préjudices.  Il a également appelé à résoudre les problèmes provoqués par la montée du niveau de la mer, expliquant qu’en raison de la salinisation des eaux, le Bangladesh fait face à des migrations venant des îles.  Il a souligné l’importance des données et de l’innovation en vue de créer et de renforcer l’économie bleue.  Le Gouvernement a lancé des bourses pour les ressortissants des PEID dans ce domaine.  Il a par ailleurs estimé que les PMA et les PEID doivent bénéficier de traitement favorisé dans le secteur de la pêche maritime. 

M. LOVEMORE MATUKE, Ministre des affaires présidentielles du Zimbabwe, a exhorté les institutions financières internationales et tous les autres partenaires de développement à allouer des ressources adéquates afin de prendre en compte les besoins spécifiques des PEID et de renforcer leur résilience dans le cadre du développement durable.  L’architecture financière internationale, a-t-il préconisé, doit donc être réformée, et cette catégorie de pays avoir accès à des aides pour des projet de développement durable, de développement des infrastructures, d’adaptation aux changements climatiques et d’initiatives de préparation aux catastrophes.

M. NIKOLAUS MARSCHIK, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Autriche, a constaté que la multiplication des crises ainsi que la pandémie de COVID-19 et ses répercussions sur les chaînes d’approvisionnement et l’inflation frappent de manière disproportionnée les économies vulnérables comme celles des PEID. Il a souligné l’impératif pour ces pays de divertir leurs économies et d’investir dans leur résilience.  Le Vice-Ministre a également plaidé pour un engagement collectif afin de veiller au respect du droit international pour tous et de ne pas céder à la loi du plus fort.  En ces temps tumultueux, il faut plus de multilatéralisme et de dialogue, a-t-il plaidé, en rappelant la candidature de l’Autriche à un siège au Conseil de sécurité pour 2028.  Passant aux effets ravageurs des catastrophes naturelles et des changements climatiques, il a fait état des partenariats de l’Autriche, notamment un réseau mondial afin d’accélérer la transition énergétique et la création de projets de lutte contre la pollution maritime et les déchets plastiques. 

Mme MINNA-LIINA LIND, Vice-Secrétaire aux affaires internationales de l’Estonie, a dit que son pays qui est aussi composé de plus d’un millier d’îles, est prêt à aider les PEID à faire face à leurs défis et à atteindre les ODD.  Elle a plaidé pour l’adoption d’un instrument international juridiquement contraignant afin de limiter l’utilisation des gaz à effet de serre, avant de faire savoir que l’Estonie participe au Fonds vert pour le climat et au Fonds pour les pertes et les préjudices.  La responsable a insisté sur l’importance de la numérisation pour appuyer le développement, améliorer la performance du secteur privé de même que l’administration publique.  Au prochain Sommet de l’avenir, il faudra réitérer les engagements existants notamment en matière de financement, a-t-elle ajouté. Elle a terminé en appelant au respect de la Charte des Nations Unies pour tous les États, grands et petits en particulier en ce qui concerne le principe de souveraineté et d’intégrité du territoire. 

Mme JENNIFER LEE MORGAN, Secrétaire d’État et Envoyée spéciale pour l’action internationale en faveur du climat de l’Allemagne, a déclaré que la communauté internationale n’a pas tenu ses engagements pour faire face à la menace que représentent les changements climatiques pour les PEID, exhortant les pays du G7 et du G20 à intensifier leurs actions et réduire leurs émissions. Pour sa part, l’Allemagne est en passe de réduire ses émissions de 65%, d’atteindre 80% en matière d’énergie durable et d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2045.  Elle a ensuite annoncé de nouveaux projets bilatéraux, notamment un programme d’appui pour l’économie bleue du Pacifique doté de 5 millions d’euros, la création du premier recueil en ligne du patrimoine culturel et une contribution au Centre d’excellence des PEID.  Les 10 prochaines années seront les plus importantes que nous ayons jamais connues pour inverser la tendance, a-t-elle déclaré, notant que les décisions prises aujourd’hui et demain auront un impact sur des milliers d’années.

M. ANDREAS MOTZFELDT KRAVIK, Secrétaire d’État aux affaires étrangère de la Norvège, a déclaré que son pays, lié aux PEID par la problématique des océans, salue le langage ambitieux du document final sur la perte de biodiversité, la pollution marine et la pêche illégale, non déclarée et non réglementée. Par ailleurs, il est impératif que les membres de l’OMC conviennent de mesures efficaces pour lutter contre les subventions qui contribuent à la surcapacité et à la surpêche.  Il a indiqué que son gouvernement a lancé il y a cinq ans l’initiative Justice bleue, mettant à disposition une infrastructure numérique pour aider les États océaniques à améliorer leurs capacités de surveillance des eaux.  Il a appelé à poursuivre les efforts en cours lors de la réunion de haut niveau sur l’élévation du niveau de la mer qui se tiendra pendant la prochaine Assemblée générale de l’ONU, ainsi que lors de la troisième Conférence des Nations Unies sur les océans, à Nice en juin prochain.  « Un domaine crucial d’amélioration est le renforcement de la coopération scientifique, ainsi qu’un meilleur accès et un meilleur partage des données océaniques, ce dont les PEID en particulier peuvent bénéficier », a-t-il estimé. 

Mme DACE MELBARDE, Secrétaire parlementaire du Ministère des affaires étrangères de la Lettonie et Coprésidente de la Conférence, a souligné l’impact disproportionné de la crise environnementale sur les PEID, avant de mettre en exergue leur rôle de chef de file dans la lutte climatique.  Elle a appuyé l’initiative de Vanuatu qui a débouché sur la résolution de la CIJ sur les obligations des États en termes de pollution maritime plastique.  Saluant les travaux du Groupe de haut niveau sur l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle, elle a appelé les institutions internationales à faire fond sur cet instrument.  Pour sa part, la Lettonie envisage une contribution volontaire au Fonds pour les pertes et les préjudices « qui doit être renforcé avant la COP 29 ». Elle a également soutenu une action climatique s’appuyant sur des technologies numériques y voyant « la clef de la résilience à l’avenir ».  Appelant à combler le fossé numérique sans tarder, la haute responsable a salué le Centre d’excellence pour les meilleures pratiques qui a été mis en place à Antigua-et-Barbuda et qui comprendra un centre de données.  Elle a donné rendez-vous au Sommet de l’avenir en septembre pour faire avancer la voie tracée pour les PEID vers un développement durable résilient.

M. CARLOS JAMES, Ministre du tourisme, de l’aviation civile, du développement durable et de la culture de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a regretté l’absence de solutions concrètes aux problèmes climatiques qui assaillent les PEID 10 ans après les Orientations de Samoa.  Cette conférence d’Antigua-et-Barbuda doit être un appel à l’action et la communauté internationale doit s’engager totalement pour tenir compte de la situation de ces pays.  Le Ministre a dit être préoccupé par l’intention de l’Association internationale de développement (IDA) de réduire ses interventions alors que son gouvernement comptait sur cette aide pour certains de ses projets de développement. Cette année, a-t-il ajouté, le Gouvernement investit 92 millions de dollars dans l’environnement.  Le Ministre a dénoncé la lourdeur et la complexité de l’accès aux financements internationaux avant d’appeler à améliorer le financement du développement.  Celui-ci doit tenir compte de l’indice multidimensionnel de développement et de l’Initiative de Bridgetown sur la réforme de l’architecture financière internationale.  De même, il a souligné l’importance des données dans la mise en œuvre du programme d’Antigua-et-Barbuda, des projets à résultats rapides, de la science et des technologies pour les PEID.  « Il faut accélérer maintenant l’action pour sauver la planète et les populations. » 

M. TRAIAN-LAURENTIUS HRISTEA, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Roumanie, a reconnu le caractère obsolète de la plupart des cadres multilatéraux en vigueur « si nous souhaitons bâtir un avenir commun marqué par la prospérité et la résilience ».  Il faut tenir compte des circonstances particulières de chaque pays et forger des partenariats en tirant les enseignements du passé dans le cadre de la mise en œuvre du programme d’Antigua-et-Barbuda, a-t-il dit.  Les institutions financières internationales et tous les autres partenaires de développement doivent donc adapter leurs interventions et allouer les ressources adéquates pour permettre aux PEID, mais aussi aux pays sans littoral, de financer des initiatives de préparation aux catastrophes, a indiqué le Vice-Ministre.

M. PAVAN KAPOOR, Secrétaire au Ministère des affaires étrangères de l’Inde, a salué le haut niveau d’ambition dont la communauté internationale a fait preuve pour appuyer le développement durable des PEID.  Il a fait savoir que l’Inde soutiendra la mise en œuvre du programme d’Antigua-et-Barbuda grâce à ses partenariats bilatéraux en matière de développement, qui comprennent des financements à des conditions préférentielles, des aides non remboursables et des programmes de renforcement des capacités et de formation.  Dans le cadre du programme de coopération économique et technique indien, au cours des 10 dernières années, près de 6 000 personnes originaires de PEID ont suivi des cours de formation en Inde, et l’objectif est de doubler ce chiffre dans les années à venir.  Depuis 2017, le Fonds de partenariat pour le développement Inde-ONU, soutient 82 projets dans 57 pays, dont la moitié sont des PEID.  Le représentant a également mentionné le soutien de son pays aux efforts de résilience aux catastrophes dans les PEID par le biais de la Coalition pour une infrastructure résiliente face aux catastrophes que l’Inde a contribué à lancer en 2019.  Il a annoncé qu’un deuxième appel à propositions de la Coalition a été lancé hier (27 mai) en marge de cette conférence. 

« Nous n’avons pas le luxe d’attendre la montée des eaux, a déclaré Mme CHRYSOULA ZACHAROPOULOU, Secrétaire d’État chargée du développement et des partenariats internationaux de la France, qui a indiqué que depuis 2018, son pays a investi plus d’un milliard d’euros d’aide publique au développement auprès des petits États insulaires.  J’ai également plaisir à vous annoncer que la France réintègre la Banque de développement des Caraïbes, a-t-elle ajouté.  Elle a aussi évoqué le lancement d’initiatives régionales pour répondre aux besoins spécifiques des îles, telles que le programme « Kiwa » qui allie protection de la nature et adaptation aux changements climatiques dans le Pacifique. 

L’intervenante a ensuite souligné que la question du système financier international doit être au cœur du partenariat entre les petites îles et l’Europe pour la décennie à venir.  Au côté de l’Agenda de Bridgetown, la France a donc proposé de bâtir le Pacte de Paris pour la planète et les peuples.  Soutenu par près de 60 États, ce pacte vise à refonder un système financier international adapté au défi du XXIsiècle, a-t-elle détaillé, appelant les États Membres à le rejoindre.  De même, elle a fait savoir que la France et le Costa Rica souhaitent mettre les priorités des PEID au cœur de la Conférence des Nations Unies sur les océans, qui se tiendra en juin 2025 à Nice.  L’élévation du niveau de la mer fera l’objet d’un sommet dédié en marge de la Conférence. 

M. IGOR ZHOVKVA, Envoyé spécial du Président de l’Ukraine et Directeur adjoint du Cabinet du Président de l’Ukraine, a déclaré qu’étant promoteur d’actions concertées pour faire face aux changements climatiques, l’Ukraine est un contributeur majeur à la sécurité alimentaire dans le monde. Malgré l’agression militaire russe, l’Ukraine a réussi à récolter 81 millions de tonnes de graines et d’oléagineux en 2023, dont 50 millions de tonnes ont été écoulées sur les marchés extérieurs.  Après le retrait de la Russie de l’Initiative de la mer Noire en juillet 2023, l’Ukraine et ses partenaires internationaux ont établi des itinéraires alternatifs pour les navires à destination et en provenance des ports ukrainiens de la mer Noire.  Selon lui, la fin de l’occupation russe et de la terreur des missiles sur les ports et les infrastructures ukrainiennes augmenterait encore l’approvisionnement en nourriture ukrainienne sur le marché mondial, contribuant ainsi à la sécurité alimentaire mondiale.  Il a ensuite invité les « nations éprises de paix » à participer au premier Sommet sur la paix en Ukraine, qui se tiendra les 15 et 16 juin 2024 en Suisse. 

Mme MIA AMOR MOTTLEY, Première Ministre de la Barbade, a déclaré que les PEID ont besoin d’un financement adéquat pour l’action climatique, mais également pour d’autres domaines connexes qui nécessitent une approche holistique. Mais le financement, aussi important soit-il, n’est pas une fin en soi, simplement un mécanisme pour initier des projets qui nous permettent de renforcer notre résilience et au bout du compte d’être prospères, a-t-elle expliqué.  Pour sa part, la Barbade est sur le point de créer une banque bleue et verte, avec une capitalisation initiale de 77 millions de dollars, pour promouvoir les investissements dans les PEID.  La Cheffe de gouvernement a ensuite proposé une assemblée annuelle des PEID et la création d’une structure pour suivre la mise en œuvre du programme d’Antigua-et-Barbuda au lieu de « se rencontrer tous les 5 à 10 ans ».  La mise à disposition de financements prévisibles et durables est absolument nécessaire pour nos pays qui sont victimes des changements climatiques, a-t-elle réitéré, en assurant que leur survie en dépend.  Mme Mottley a mis en cause le manque de volonté politique, que ce soit au niveau national ou international, pour expliquer la lenteur des progrès, jugeant indispensable à ce stade de donner un « coup d’accélérateur ». 

M. NUNO SAMPAIO, Secrétaire d’État aux affaires étrangères et à la coopération du Portugal, a reconnu la vulnérabilité unique et exacerbée des PEID qui compromet leur capacité à atteindre les ODD.  En tant que partenaires, nous sommes ici pour honorer notre engagement, a-t-il déclaré, et le programme d’Antigua-et-Barbuda pour les PEID est notre feuille de route.  « Les petits États insulaires en développement montreront la voie chez eux, et nous devons les soutenir sur la scène internationale. » L’approche ciblée du programme d’Antigua-et-Barbuda peut, selon lui, renforcer cet effort, notamment grâce à des réalisations clefs telles que l’initiative de soutien à la viabilité de la dette.  Le représentant a assuré que le soutien du Portugal à la mise en œuvre du programme d’Antigua-et-Barbuda est une priorité essentielle de sa stratégie de coopération pour 2030.  Il a également plaidé en faveur de la réforme de l’architecture financière internationale dans l’intérêt des pays en développement.  De l’Initiative de Bridgetown au Pacte de Paris sur le climat en passant par les Nations Unies et au-delà, le Portugal continuera à soutenir le leadership des PEID, a-t-il affirmé.

M. EDUARD HULICIUS, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Tchéquie, a indiqué que son gouvernement se focalise, dans sa coopération avec les PEID, sur l’éducation, la santé, la réduction des risques de catastrophe, l’autonomisation des femmes, la sécurité climatique, le renforcement de la résilience et la mise en place de systèmes d’alerte précoce dans divers pays d’Afrique et du Pacifique.  Il a souligné l’importance de la cyber-résilience numérique et des bases de données pour faire face aux chocs exogènes ainsi que de l’accès au financement et d’une approche inclusive du développement.  Il a plaidé pour un système des Nations Unies efficace.

Le représentant de l’Italie a annoncé l’intention de son gouvernement de contribuer à la mise en œuvre du programme d’Antigua-et-Barbuda, à travers une coopération dans ses domaines prioritaires.  Dans le cadre de sa coopération bilatérale avec les PEID et la CARICOM, elle a concentré ses efforts sur des projets liés à la transition énergétique, à l’adaptation aux changements climatiques, à la protection des océans et des mers, à la pollution plastique marine, à la préparation aux catastrophes et à l’autonomisation des femmes.  Des domaines qui correspondent parfaitement aux questions les plus urgentes mises en évidence par le nouveau programme d’Antigua-et-Barbuda, s’est félicité le délégué.  Depuis 2007, a-t-il fait valoir, l’Italie a financé des projets pour un montant de plus de 37 millions d’euros dans les domaines de l’environnement, de l’adaptation et de l’atténuation des changements climatiques.  Et en 2022, Rome a finalisé un partenariat de prêts concessionnels pour un total de 50 millions d’euros, auxquels s’ajoutent plus de 2,5 millions de subventions dédiées à des projets de développement durable dans les pays de la CARICOM, qui seront mis en œuvre via la Banque de développement des Caraïbes, dans le respect de l’appropriation nationale des pays récipiendaires.

M. KEEYONG CHUNG, Représentant spécial de la République de Corée pour la région Indopacifique, a indiqué que les PEID sont confrontés à une multitude de défis, en raison de leur vulnérabilité aux changements climatiques, leurs ressources naturelles limitées et leur fragilité économique.  Il a appelé à combler le fossé climatique et aider les PEID à faire face aux dommages et aux pertes causés par le climat.  Il a également recommandé une meilleure compréhension des vulnérabilités des PEID dans les domaines économique, social et environnemental. Se félicitant de l’établissement du Centre d’excellence pour les PEID à Antigua-et-Barbuda, le représentant a estimé que le programme d’Antigua-et-Barbuda constitue un modèle pour la construction d’une prospérité résiliente.  Préoccupé par le déficit de financement important pour la réalisation des ODD, il a encouragé la diversification du financement du développement, notamment à travers des partenariats innovants avec le secteur privé pour attirer les investissements et tirer parti de l’expertise et de la technologie.  La réforme de l’architecture financière internationale est également nécessaire, a-t-il soutenu.  En termes d’action climatique, la République de Corée s’efforcera de construire des échelles vertes en soutenant les efforts d’adaptation et d’atténuation.  Le représentant a également annoncé l’augmentation de l’APD verte et des contributions de son pays au Fonds vert pour le climat et à l’Institut mondial pour la croissance verte. 

M. KARMENU VELLA, Envoyé spécial du Ministre des affaires étrangères, européennes et du commerce de Malte, a appelé à renforcer le potentiel des jeunes en tant qu’agents essentiels du changement dans la réalisation d’un avenir durable grâce à une éducation de qualité, des bourses dans les domaines du développement durable, des subventions pour soutenir des projets novateurs dirigés par des jeunes et une meilleure assistance aux jeunes autochtones. À cet effet, Malte poursuivra son programme de bourses pour les PEID au niveau de la maîtrise et du doctorat au cours de la prochaine période de programmation.  Ces bourses sont ouvertes aux citoyens des PEID éligibles à l’aide publique au développement (APD) afin d’accroître leurs capacités en développement et de renforcer leur résilience. 

Tracer la voie vers une prospérité résiliente face aux défis mondiaux nécessite une action collective et une coopération multilatérale pour favoriser des solutions durables, a estimé l’Envoyé spécial qui a annoncé que son gouvernement a travaillé sur un indice de vulnérabilité et de résilience au climat.  En outre, le Centre d’excellence des petits États, basé à Malte, servira de centre de données pour l’indice de vulnérabilité et de résilience aux changements climatiques.  Il a aussi plaidé pour l’amélioration des financements et de l’aide par le dialogue et la coopération afin d’ouvrir la voie à un monde plus inclusif, équitable et durable.  Le programme d’Antigua-et-Barbuda présente un plan crucial sur 10 ans à venir visant à fournir des solutions pratiques et efficaces pour aider les PEID sur la voie d’un futur durable. 

M. RICHARD BENYON, Ministre d’État chargé du climat, de l’environnement et de l’énergie du Royaume-Uni, a rappelé que l’an dernier, le Gouvernement britannique avait annoncé 1,6 milliard de livres supplémentaires en faveur du Fonds vert pour le climat, ce qu’il a qualifié de « plus grand engagement en matière d’aide pour lutter contre les changements climatiques ».  Et plus tôt ce mois-ci, il a annoncé que 25 millions de livres du nouveau fonds de soutien à la résistance aux antimicrobiens seraient destinés à financer des activités dans la région des Caraïbes.  Enfin, la semaine dernière, 200 millions de livres supplémentaires ont été promises pour renforcer le fonds historique pour les infrastructures des Caraïbes, s’est encore enorgueilli le Ministre.  Et nous continuons, a-t-il ajouté, de faire pression sur les institutions financières internationales pour qu’elles optimisent leurs bilans, afin que l’aide des bailleurs de fonds ait un impact réel lorsqu’elle arrive. 

La représentante de l’Indonésie a indiqué que son pays accorde une priorité particulière aux PEID dans le cadre de ses partenariats pour le développement, notamment lors de sa présidence du G20, de l’ASEAN et du Forum des États archipélagiques et insulaires.  Appelant à veiller à ce que le programme de développement durable continue d’appartenir aux PEID et d’être mené par eux, elle a salué le programme d’Antigua-et-Barbuda qui trace une voie claire pour les PEID vers une prospérité résiliente au cours de la prochaine décennie.  À cet égard, l’Indonésie est heureuse de soutenir les programmes de suivi de la Conférence par l’intermédiaire du Fonds d’affectation spéciale du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU, a-t-elle fait savoir.  Elle a appelé à renforcer le partenariat entre les PEID et le Forum des États archipélagiques et insulaires, estimant que les synergies dégagées permettront d’élaborer un partenariat interrégional capable d’appuyer l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques; l’économie bleue; la pollution marine; et la gouvernance maritime. 

La représentante du Danemark a déclaré que le programme d’action d’Antigua-et-Barbuda devrait marquer une étape importante dans l’accélération du développement durable des PEID.  Elle s’est réjouie du fait que c’est la première fois que le lien entre les changements climatiques et la sécurité est reconnu dans un texte adopté à l’ONU. Elle a soutenu l’appel des PEID pour mettre en œuvre les engagements afin de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, avant de saluer la création du Centre d’excellence et le Service d’appui à la viabilité de la dette ainsi que le nouvel accord de partenariat entre l’AOSIS et le Centre de collecte de données (DAC).  Si cet accord ne résout pas tous les problèmes, il montre la voie vers une nouvelle forme de coopération et présente un partenariat nouveau et plus fort entre les membres du DAC et les PEID. 

Elle a appelé à une action immédiate pour atteindre les résultats de la COP 28, y compris l’abandon des combustibles fossiles, le triplement de la capacité d’énergie renouvelable, le doublement de l’efficacité énergétique et l’arrêt de la déforestation.  En ce qui concerne l’atténuation, le Danemark soutient la création du poste de commissaire à l’énergie dans le Pacifique.  S’agissant du Fonds pour les pertes et les préjudices, le Danemark s’engage à verser 25 millions de dollars.  Le pays a également doublé sa contribution au Fonds vert pour le climat à 250 millions de dollars.  La représentante s’est également dite favorable à la proposition d’indice de vulnérabilité multidimensionnelle et a appelé à son adoption. 

M. MA ZHAOXU, Représentant spécial du Gouvernement de la Chine, a exhorté à rester engagé en faveur d’un multilatéralisme qui donne sa pleine place aux pays du Sud, « membres à part égale de la communauté internationale ».  Il a insisté sur l’impératif d’une adaptation à leurs besoins des partenariats mondiaux pour le développement tout en prônant une amélioration de la gouvernance mondiale. Le délégué a par ailleurs appuyé l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle, encourageant les institutions financières internationales à mobiliser davantage de ressources pour les PEID en s’appuyant sur leurs avantages comparatifs. 

Le représentant de l’Espagne a rappelé que son pays est le principal contributeur au fonds pour les ODD de l’ONU dont 20% sont consacrés aux PEID.  Il a également fait savoir que l’enveloppe de l’APD de l’Espagne allouée à ces pays au cours des 10 dernières années s’élève à 240 millions d’euros.  Il a espéré que l’année prochaine, lors de la quatrième Conférence sur le financement du développement qui se tiendra à Madrid, il sera possible d’aller de l’avant et de parvenir à un consensus.  Pour sa part, l’Espagne souhaite consacrer 0.7% de son PIB à l’APD d’ici à 2030.  Le représentant a plaidé pour une redistribution des droits de tirage spéciaux pour les pays en développement, et soutenu la suspension du remboursement de la dette en cas de crise ou de catastrophe naturelle.  Il a encouragé la réforme de l’architecture financière internationale pour ce qui est de la dette souveraine, ainsi que la coopération en matière fiscale.  Ces mesures et d’autres doivent être intégrées dans un programme pour le financement du développement consensuel, a insisté le représentant en donnant rendez-vous en 2025 à Madrid pour cela. 

M. PAISAN RUPANICHKIJ (Thaïlande) a proposé l’aide de son pays aux PEID sous la forme notamment de formations sur les changements climatiques et l’écotourisme. Il a appelé les pays développés à respecter leurs engagements de 100 milliards de dollars découlant de l’Accord de Paris.  Il a indiqué que son gouvernement a écrit à la Cour internationale de Justice (CIJ) demandant son avis sur la nécessité d’une protection juridique du système climatique.  L’avis de la CIJ serait déterminant dans la lutte contre les changements climatiques, a-t-il estimé.  Il a appelé à la réforme des infrastructures financières internationales pour combler le manque de financement des pays en développement.  Il a ensuite souligné le rôle clef de la science, des technologies et de l’information, des transferts de technologies et du renforcement des capacités pour relever les défis du développement et résorber le fossé numérique. 

Le représentant de la Fédération de Russie a déclaré que son gouvernement apporte traditionnellement son soutien aux PEID.  « Rien qu’en 2022, son volume total d’aide a dépassé 360 millions de dollars, ce qui représente un quart de notre aide totale au développement », s’est-il enorgueilli, en soulignant qu’il faut garantir dans ces pays la sécurité alimentaire, le renforcement des soins de santé et de l’éducation, les interventions d’urgence, la numérisation, le règlement de la dette, la protection de l’environnement et la lutte contre les changements climatiques.  Le délégué a cité en exemple le cas de Cuba, « frappée par un embargo économique illégal », l’un des principaux partenaires de la Russie dans le domaine du développement international.  Depuis 2018, l’assistance russe aux Cubains, par le biais du Programme alimentaire mondial (PAM), s’élève à 14 millions de dollars.  En collaboration avec le PNUD, a poursuivi le représentant, Moscou a mis en œuvre à Cuba des projets dans les domaines de l’adaptation aux changements climatiques, du développement du secteur agricole et de l’emploi, pour un budget total de 4 millions de dollars.  Enfin, avec la participation de l’Organisation internationale de protection civile, la Russie coopère avec La Havane dans la formation de spécialistes en incendie et sauvetage. 

M. HOSAKA YASUSHI, Vice-Ministre parlementaire des affaires étrangères du Japon, a indiqué que son pays, qui est un archipel composé de plus de 14 000 îles grandes et petites, a une longue histoire de coopération avec les PEID. Dans le cadre de sa coopération internationale pour le développement, le Gouvernement vise à débourser quelque 250 milliards de dollars d’aide d’ici à 2030, ainsi que 100 milliards de yen au Fonds vert pour le climat.  Le pays promeut une coopération multidimensionnelle pour protéger les océans, renforcer les capacités en gestion des pêches, appuyer le retrait des algues sargasses qui entravent l’industrie maritime et le tourisme dans la région des Caraïbes, et lutter contre la pollution plastique.

Le Vice-Ministre a ensuite informé que les eaux provenant de la centrale nucléaire de Fukushima Daoshi sont traitées avant d’être jetées en mer en respectant les normes internationales en vigueur en collaboration avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Il a insisté sur l’importance de renforcer les partenariats.  À titre d’exemple, il a fait savoir que son gouvernement soutient un programme de recyclage des eaux à petite échelle à Antigua-et-Barbuda en coopération avec une banque.  Le Japon continuera sa coopération internationale de développement en s’inspirant du programme d’action d’Antigua-et-Barbuda, a promis M. Hosaka. 

Le représentant du Maroc a préconisé d’adopter des mesures concrètes collectives afin de soutenir les petits États insulaires dans leur développement tout en les aidant à atténuer les risques de catastrophes naturelles et l’impact des crises internationales.  Des résultats ne pourront être atteints sans une volonté politique réelle, une mobilisation des ressources et des partenariats plus innovants, a observé le délégué, avant de citer son pays en exemple pour sa « politique visionnaire » dans le domaine de la coopération Sud-Sud, « levier stratégique de notre politique extérieure ».  C’est ainsi que le Royaume du Maroc a renforcé sa coopération avec les PEID, notamment en Afrique, et ce, au travers d’une série de projets et d’initiatives pionnières.  Le représentant a ainsi fait valoir la création d’un centre des compétences en changements climatiques, qui permet au Maroc d’échanger ses expériences et de renforcer la coopération avec les États africains qui en font la demande.  Rabat poursuit par ailleurs ses efforts aux plans international, régional et national visant à la neutralité carbone ainsi qu’à la réduction des émissions de gaz à effet de serre en vertu de l’Accord de Paris. 

Le représentant du Pakistan a déclaré qu’une action climatique urgente est nécessaire, conformément au principe des responsabilités communes mais différenciées, exhortant la communauté internationale à répondre aux besoins des PEID en fournissant des ressources financières nouvelles et prévisibles.  À la COP 28, a-t-il rappelé, les pays s’étaient mis d’accord sur un nouvel objectif de financement de la lutte contre les changements climatiques qui reflétait les besoins et les priorités des pays en développement.  Il a appelé à rendre opérationnel le Fonds pour les pertes et les préjudices ainsi qu’à des engagements supplémentaires pour le financer.  Parallèlement, il est important de poursuivre la réforme de l’architecture financière internationale dans les différents processus à venir, afin de la rendre plus équitable, plus juste et plus adaptée aux besoins des pays en développement.  Le programme d’action d’Antigua-et-Barbuda décrit des actions concrètes à cet égard. Il faut les mettre en œuvre, a-t-il insisté. 

Le représentant de l’Arménie a dit soutenir le processus intergouvernemental en cours visant à élaborer un indice de vulnérabilité multidimensionnelle.  Alors que le déficit de financement continue d’être un obstacle majeur à la réalisation des ODD par la majorité des pays, a-t-il observé, nous continuons de plaider en faveur d’une coopération accrue en faveur de la mobilisation des ressources et d’un paysage plus équitable et adéquat du financement du développement durable.  En tant que pays en développement sans littoral, l’Arménie reconnaît pleinement et partage bon nombre des défis auxquels sont confrontés les PEID, notamment dans le contexte des changements climatiques, de la détérioration de l’environnement et des catastrophes naturelles.  Explorer le potentiel inexploité de leurs synergies pourrait ouvrir la voie à la résolution de nombreux défis communs liés aux obstacles au commerce, à la connectivité numérique et au développement durable, a estimé le délégué.  C’est dans le cadre de cette approche que, sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), l’Arménie a co-initié la création du Groupe des Amis des petits États insulaires en développement, en tant que plateforme pour promouvoir l’ordre du jour des PEID au sein de l’UNESCO et le dialogue, les échanges et la coopération. 

Le représentant du Luxembourg a noté que des négociations cruciales pour les PEID sont en cours aux Nations Unies, notamment au sujet de l’élévation du niveau de la mer, l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle et la restructuration de l’architecture financière internationale.  Le Luxembourg s’engage à aider les PEID à renforcer leur résilience pour la prospérité, à soutenir les mesures d’atténuation et d’adaptation par le biais de sa stratégie internationale de financement climatique. Cette stratégie représente une complémentarité à son aide publique au développement, qui constitue elle-même 1% du revenu national brut.  Sur près de 10 ans, de 2014 à 2025, le Luxembourg s’est engagé à fournir un total de 340 millions d’euros en financement de l’action climatique, a-t-il précisé. 

Le représentant a également évoqué des projets avec Cabo Verde, les Fidji, les Palaos et Vanuatu sur la transition énergétique, la gestion de l’eau et les programmes d’action climatique pour atteindre les objectifs d’atténuation et d’adaptation fixés dans l’Accord de Paris.  En outre, un nouveau partenariat stratégique de 5 millions d’euros avec des pays du Pacifique et des Caraïbes a été signé en 2023.  Il a souligné que l’accès aux financements concessionnels doit être facilité pour les PEID afin de permettre un allégement des contraintes budgétaires et une réduction de l’endettement afin de s’assurer que les gains de développement acquis depuis 2015 ne soient pas perdus.

La représentant de Monaco s’est dite persuadée que l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle sera un outil indispensable pour mieux prendre en compte les circonstances spéciales des petits États insulaires en développement et les défis auxquels ils font face.  Pour elle, le soutien de la communauté internationale doit se manifester par le renforcement des capacités, l’accès à la finance internationale ainsi que la coopération scientifique et technique et l’innovation.  Le potentiel de l’économie bleue doit aussi être saisi. Elle a fait savoir qu’en marge de la troisième conférence sur l’objectif de développement durable (ODD) no 14 qui se tiendra à Nice l’an prochain, Monaco organisera un forum sur l’économie bleue et la finance.  Elle s’est félicitée qu’un PEID ait été le premier pays à ratifier l’Accord sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale (BBNJ), précisant que Monaco l’a également ratifié ce mois-ci. 

Le représentant du Qatar a dit que son pays aide à l’allégement des charges des PEID dans leur lutte contre les répercussions négatives des changements climatiques.  Citant diverses initiatives, il a cité un projet visant à bâtir la résilience alimentaire dans les PEID et d’autres pays en développement.  Cette coopération se déploie aussi à travers les agences des Nations Unies.  Le Gouvernement qatari vient ainsi de conclure un cadre de partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour la période 2024-2028. En 2019, a-t-il rappelé, l’Émir du Qatar a annoncé une somme de 100 millions de dollars pour faire face aux impacts des changements climatiques et aux catastrophes naturelles dans les PEID. Le Fonds du Qatar pour le développement apporte également son écot pour supporter les efforts de développement des PEID. 

Le représentant de Kiribati a déclaré que le reclassement de la catégorie des PMA pose la question cruciale de savoir « où nous en serons à l’avenir », compte tenu des défis sans précédent auxquels ils sont confrontés. Les PEID et les PMA méritent une plus grande attention et ne doivent pas être laissés pour compte, notamment en cas de reclassement économique, ce qui pourrait exposer indûment certains d’entre eux à des vulnérabilités et à des chocs critiques, a-t-il prévenu.  Son gouvernement a donc investi de manière significative dans les services de transport aérien et les infrastructures de connectivité numérique à travers tout le pays, en subventionnant la création d’infrastructures mobiles sur tout l’archipel de Kiribati, qui se place sur une voie innovante vers la résilience et la prospérité à long terme.  Par ailleurs, il est engagé en faveur d’une protection marine plus vigoureuse associée à des stratégies de planification de l’espace marin, à des accords de coopération plus vigoureux contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, à une diversification des ressources fiscales et à une expansion de sa base de revenus, conformément à la feuille de route KV20 visant à transformer Kiribati en une nation et un peuple riches, sains, pacifiques et prospères d’ici à 2036.

Le représentant de la Micronésie a mis l’accent sur les menaces que représente pour les PEID l’élévation du niveau des mers causée par la crise climatique.  Nos récifs coralliens, qui constituent des barrières naturelles contre les tempêtes catastrophiques, s’étiolent à cause de l’acidification et sont détruits par le réchauffement des océans, a-t-il souligné en notant que le document final d’Antigua-et-Barbuda y fait référence à juste titre comme étant « la plus grave des menaces » pour la survie et la viabilité des PEID.  Il a appelé les gouvernements et la communauté internationale à renforcer et intégrer, en priorité, les principes des droits humains dans l’adaptation, l’atténuation et la résilience aux changements climatiques, en accordant une attention particulière aux personnes les plus touchées mais les moins capables de s’adapter aux effets du climat. 

Notant que le document final appelle à l’élimination progressive des subventions inefficaces aux combustibles fossiles, il a dit avoir été consterné par le fait que, malgré l’insistance des PEID, certains aient bloqué toute référence au bilan mondial en la matière.  Il a appelé l’élaboration d’un nouvel accord sur le méthane, exhortant les pays à éliminer leurs émissions de méthane, d’hydrofluorocarbones et d’autres polluants climatiques à courte durée, se disant encouragé par le fait que le document final fasse référence aux émissions de méthane. 

La représentante de la Nouvelle-Zélande a déclaré que la promotion des intérêts des PEID est une priorité de la politique étrangère de son pays.  Elle a jugé essentiel d’intensifier l’action climatique au cours de cette décennie et de limiter le réchauffement à 1,5 °C pour réduire la gravité des impacts climatiques sur les PEID.  Pour ce faire, il faudra investir dans des solutions innovantes comme les financements flexibles pour les priorités climatiques. Un programme de renforcement de capacités régionales et nationales dans le Pacifique pour planifier et traiter les pertes et préjudices est également nécessaire.  La Nouvelle-Zélande a d’ailleurs appuyé un programme de 160 millions de dollars mené et dirigé par le Pacifique, pour permettre aux PEID du Pacifique de mieux anticiper et répondre aux phénomènes météorologiques extrêmes. 

Elle a réclamé l’application de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle: il faut permettre aux PEID de construire des économies plus résilientes pour soutenir l’amélioration de la sécurité de leurs populations.  Davantage de connectivité, des systèmes de protection sociale renforcés et des programmes de santé, d’éducation et de sécurité alimentaire renforcés permettront d’améliorer le bien-être des PEID.  Soulignant l’importance des données produites par les PEID, la représentante a salué le Centre d’excellence créé à Antigua-et-Barbuda avant d’appeler à l’élaboration d’une feuille de route pour faire face aux menaces des changements climatiques et assurer un avenir durable et résilient aux PEID.

Le représentant du Canada a plaidé en faveur d’un monde multipolaire, y compris sur le plan économique, les pays du Sud devant être aidés dans la mise en œuvre du Programme 2030.  Il faut mettre l’accent sur l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle, a-t-il exhorté, et les institutions financières internationales doivent mobiliser davantage de ressources pour les PEID.  Le délégué a évoqué une initiative canadienne présidentielle qui a pour objectif d’exhorter la communauté internationale à mettre de nouveau l’accent sur le développement, avant de souligner la nécessité de parvenir à de bons résultats au terme de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 29).

La représentante de Chypre a estimé que les changements climatiques sont le plus grand défi auquel les PEID sont confrontés, les petites îles étant exposées à des phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents et à l’élévation du niveau de la mer.  Cette identité commune favorise la solidarité et la coopération entre Chypre et les PEID, a-t-elle argué, jetant les bases d’une relation de soutien mutuel.  Chypre a démontré cet engagement en défendant leurs intérêts sur la scène internationale, en particulier dans les forums axés sur le développement durable, l’atténuation des changements climatiques et la réduction des risques de catastrophe.  De plus, par le biais de canaux diplomatiques et de partenariats bilatéraux, Chypre cherche à amplifier la voix des PEID et à s’assurer que leurs préoccupations sont entendues et prises en compte dans les processus décisionnels mondiaux.  En outre, Chypre apporte un soutien pratique aux PEID par le biais de programmes de renforcement des capacités, d’une assistance technique et d’initiatives de partage des connaissances, a indiqué la représentante.

Le représentant de la Pologne a appelé à la mise en œuvre du programme d’action d’Antigua-et-Barbuda, précisant que son pays mettra l’accent sur les partenariats dans les domaines de l’accès à une éducation de qualité, la transformation numérique, l’économie bleue et l’action climatique.  Depuis de nombreuses années, la Pologne contribue financièrement à la participation de ces pays aux travaux de la Commission des droits de l’homme. Le renforcement de la résilience et l’investissement dans les ressources humaines et les solutions intelligentes, le développement du tourisme durable et la protection de la vie marine, sont cruciaux pour les PEID, a-t-il ajouté.  L’action pour le climat est en outre une priorité transversale du programme pluriannuel polonais de coopération au développement 2021-2030. Jugeant nécessaire de regarder au-delà des indicateurs de revenu pour évaluer les besoins des PEID, le représentant a estimé que l’utilisation du nouvel indice de vulnérabilité multidimensionnelle permettra d’estimer les besoins des PEID en matière de réduction des risques de catastrophe liés au climat et d’adaptation au climat. 

Le représentant de l’Arabie saoudite a déclaré que son pays attache une grande importance au renforcement des relations avec les PEID dans le cadre de sa politique étrangère, comme en témoigne la mission du Fonds saoudien de promotion du développement durable, qui a permis d’y financer plus de 800 projets d’un montant de plus de 21 milliards de dollars.  Ainsi, des projets d’un montant de 63 millions de dollars ont été financés en appui aux PME qui travaillent dans les secteurs des infrastructures et de l’énergie d’un certain nombre de PEID, notamment aux Caraïbes. Et l’an dernier, a fait valoir le délégué, l’Arabie saoudite a accueilli la réunion sur la coordination entre les pays arabes et les PEID du Pacifique, dont les résultats ont permis d’établir des partenariats dans les domaines des énergies renouvelables, du tourisme, des transports, de la protection de l’environnement, de la préservation des zones marines, de la biodiversité, de la météorologie, de la réponse aux catastrophes naturelles, des sciences et des technologies, et des communications.

La représentante du Bahreïn s’est dite consciente de la situation particulièrement vulnérable des PEID, en appelant la communauté internationale à faire preuve de solidarité. Pour sa part, le Bahreïn s’est engagé à créer un environnement propice au développement durable à travers plusieurs initiatives dans différentes régions, a-t-elle expliqué mais également par la réduction de ses propres émissions de gaz à effet de 50%.  La COP 28 fut l’occasion d’annoncer le modèle du Bahreïn pour parvenir à la neutralité carbone, a-t-elle précisé, en évoquant notamment le Fonds climatique de 700 millions de dollars qui a été mis en place pour financer des projets régionaux internationaux dans ce domaine.  En outre, le Bahreïn souhaite miser sur des partenariats efficaces avec les PEID à l’avenir.

L’observateur du Saint-Siège a appelé à la mise en œuvre de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle afin de renforcer l’action vers un avenir durable pour tous. Il a estimé que l’allégement de la dette ou, mieux encore, l’annulation de la dette, peut donner aux PEID l’espace fiscal dont ils ont besoin pour investir dans des programmes transformateurs qui répondent aux besoins de leur peuple.  En allégeant la charge de la dette, les PEID pourront retrouver la liberté de poursuivre des voies de développement durable qui respectent la dignité de toutes les personnes, a estimé l’intervenant.  L’annulation de la dette n’est pas seulement une question de politique économique ou de développement, mais un impératif moral ancré dans les principes de justice et de solidarité.  Alors que nous entrons dans une nouvelle ère pour le développement des PEID, nous exhortons les États développés à considérer l’annulation de la dette comme un catalyseur d’une prospérité résiliente.

Le représentant de l’Irlande a rappelé qu’en 2019, son pays avait accueilli des représentants de toutes les régions des PEID pour lancer sa première stratégie nationale de partenariat avec eux.  « Nous avons été l’un des premiers pays au monde à élaborer une stratégie nationale sur mesure pour les PEID, un catalyseur pour la transformation de notre coopération de longue date en un partenariat holistique et inclusif, motivé par notre engagement à réaliser les ODD et notre action internationale en faveur du climat », s’est enorgueilli le délégué.  En outre, en décembre dernier, lors de la COP 28, Dublin a lancé la deuxième Stratégie nationale irlandaise de partenariat avec les PEID.  Elle comprend 57 engagements répartis entre quatre piliers interdépendants –renforcer notre partenariat; climat et océans; capacités; et plaidoyer– qui s’alignent sur les priorités du programme d’Antigua-et-Barbuda, a précisé le représentant.

La représentante de la Türkiye a expliqué que son pays a toujours été un partenaire de développement fiable des PEID et des PMA.  Ce sont les pays les plus vulnérables qui portent le plus lourd fardeau de la crise climatique alors qu’ils y ont le moins contribué, s’est-elle indignée avant d’appeler à une riposte collective coordonnée pour la lutte climatique.  Elle a appelé à une gestion durable des ressources océanique et l’économie bleue durable, soulignant que les problèmes complexes d’aujourd’hui exigent une nouvelle approche et de nouveaux instruments, y compris des capitaux privés pour financer le développement.  Utiliser efficacement la science, la technologie et l’innovation est un autre aspect essentiel pour la promotion du développement durable des PEID, a-t-elle fait valoir en mettant en exergue le rôle que peut jouer la Banque technologique basée en Türkiye à cet égard.

La représentante de la Belgique a appelé à relever les défis uniques auxquels sont confrontés les PEID et à poursuivre le travail permettant aux PEID de jouir de la prospérité, de l’interconnectivité et de la pleine réalisation des ODD à long terme.  Les PEID doivent aussi pouvoir déployer pleinement leur potentiel et jouer le rôle qui leur revient dans la protection des océans, a-t-elle ajouté, déplorant que ces États subissent de plein fouet la pollution plastique, la dégradation de l’environnement et les menaces qui pèsent sur la biodiversité. 

Elle a indiqué que l’année dernière, son pays a contribué à hauteur de 6,68 millions d’euros et, très récemment, à hauteur de 4,2 millions d’euros supplémentaires, au Mécanisme de financement des observations systématiques, conçu pour combler les principales lacunes en matière d’observations météorologiques et climatiques, en mettant l’accent sur les PEID et les pays les moins avancés. La Belgique est également activement engagée dans la lutte contre la pollution des océans par les plastiques et dans la répression de la pêche illégale. 

Le représentant de l’Australie a déclaré que grâce au leadership des PEID, le monde s’efforce de maintenir en vie l’objectif de 1,5 °C, mettre en place un Fonds pour les pertes et les préjudices et entreprend des initiatives juridiques innovantes à travers les avis consultatifs du Tribunal international du droit de la mer et de la CIJ.  Il a indiqué que son pays, qui a rejoint le Fonds vert pour le climat, fera un investissement initial de 100 millions de dollars dans le Fonds de résilience du Pacifique initiée par les Îles Cook et les Tonga. 

Plaidant pour une meilleure compréhension de la vulnérabilité, il a soutenu l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle de même que le programme d’action d’Antigua-et-Barbuda, « notre plan pour transformer les engagements politiques en action pour les PEID et avec les PEID ».  L’action climatique et la résilience, la conservation de la biodiversité, la gouvernance économique durable, les données et les statistiques, et les partenariats mondiaux doivent être intégrés à notre travail et réalisés dans le respect continu des droits humains et de l’égalité des genres.  Combler l’écart entre les sexes ajoutera au moins 12 000 milliards de dollars par an au PIB mondial et générerait trois fois plus d’argent que le montant nécessaire pour atteindre les ODD, a comptabilisé le délégué.

Le représentant de la Mauritanie s’est déclaré favorable à la réforme du système financier international, où les flux de fonds des marchés obligataires et des banques vers les pays en développement restent faibles, coûteux et instables pour les emprunteurs.  À cela s’ajoute le fardeau de la dette et l’incapacité de nombreux pays en développement à la rembourser, a fait observer le délégué.  Le financement, a-t-il rappelé, est une condition préalable aux investissements dans le capital humain (santé et éducation) et dans les infrastructures (énergie, transformation numérique, transports et infrastructures urbaines).  Ce soutien doit être mobilisé et orienté vers les pays insulaires en développement en priorité, car ils sont en première ligne de la menace climatique, a précisé le délégué.

Le représentant de la Malaisie a dit que son gouvernement a appuyé les Orientations de Samoa et qu’il agira de la même manière avec le programme d’action d’Antigua-et-Barbuda durant la prochaine décennie.  La Malaisie, a rappelé le délégué, a consacré 1 million de dollars à des programmes de renforcement de capacités bénéficiant à plus 1 000 participants depuis 1994 dans les domaines prévus par les Orientations de Samoa. Elle poursuivra sur cette voie et doublera sa contribution durant la décennie à venir dans le cadre du programme d’action d’Antigua-et-Barbuda.  L’objectif de la Malaisie est de créer des économies résilientes et des capacités humaines afin de mettre en œuvre des politiques de développement efficaces. Le représentant a aussi appelé à tirer parti des technologies en adaptant les programmes de coopération en conséquence. 

Le représentant de la Grèce a rappelé que son pays se compose de plus de 29 000 îles et îlots.  Nous comprenons donc très bien les défis auxquels sont confrontés les PEID en termes de développement durable, de leur propension aux chocs climatiques et de risques naturels, a-t-il assuré.  Dans la perspective de la candidature de la Grèce à un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité dans les deux années à venir, le lien entre climat et sécurité sera l’une de ses priorités, a-t-il fait savoir, assurant que la Grèce reste engagée dans les efforts collectifs pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.  Il a cité l’exemple de l’initiative  « GR-Eco Islands Initiative » qui vise à promouvoir le développement durable, l’économie verte, l’autonomie énergétique, la décarbonisation et l’innovation numérique dans les îles grecques d’ici à 2030.  Cette approche politique innovante peut être reproduite dans des contextes similaires à travers le monde, et certainement dans les PEID, a-t-il estimé.  Il a ajouté que la Grèce s’est engagée à renforcer son partenariat avec les PEID en s’appuyant sur les accords conclus lors du Sommet 2023 sur les ODD et de la Conférence sur les PEID pour assurer le succès du Sommet de l’avenir en septembre 2024. 

Le représentant des Philippines a indiqué que, en tant que nation archipélagique et maritime, son pays est solidaire des PEID dans leurs efforts pour faire valoir la primauté de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et plaider en faveur d’une action climatique résolue.  Il a indiqué que les Philippines se sont jointes aux demandes formulées par la Commission des petits États insulaires sur le changements climatiques et le droit international et l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) pour obtenir des avis consultatifs du Tribunal international du droit de la mer et du Cour internationale de Justice (CIJ) sur les obligations juridiques des États face aux changements climatiques.  Il a dit soutenir les appels en faveur d’une réforme de l’architecture financière internationale, ainsi que d’un financement concessionnel et d’un allégement de la dette des PEID, y compris ceux à revenu intermédiaire.

La représentante de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a informé que 37 PEID sont membres de l’OIM qui a par ailleurs investi 300 millions de dollars dans 34 initiatives dans les PEID des Caraïbes, l’Atlantique et le Pacifique.  Elle a indiqué que les PEID envoient quelque 10 millions de migrants partout dans le monde et que l’OIM a fait de la recherche de solutions aux déplacements climatiques sa priorité dans ces régions.  Cela nécessite des données pour identifier les populations à risque de déplacés, a-t-elle indiqué, ajoutant que les programmes reposent sur le renforcement de la résilience et la réduction des vulnérabilités.  L’OIM s’appuie aussi sur les connaissances traditionnelles et autochtones et accompagne les accords de migration bilatéraux comme celui entre les Tuvalu et l’Australie.  Elle a préconisé des voies de migration régulières associant les PEID et a plaidé pour des solutions innovantes pour permettre aux membres des diasporas de participer au développement dont celui des pays d’origine. 

Le représentant de l’Organisation internationale de droit du développement (IDLO) a salué la réaffirmation par le programme d’Antigua-et-Barbuda de l’importance de l’état de droit et de l’accès à la justice, ainsi que l’accent placé sur la mise en place d’institutions solides et l’égalité des sexes. Il a souligné que les questions de justice, d’équité et d’impartialité sont inextricablement liées aux causes et aux effets des crises multiples et croisées auxquelles les petits États insulaires sont confrontés.  Il a expliqué que le renforcement de l’état de droit peut créer les bases d’un développement résilient au climat.  Des lois justes et efficaces, ainsi que des institutions responsables et centrées sur les personnes, favorisent la confiance nécessaire pour mobiliser le financement climatique et traiter équitablement les pertes et les dommages, a-t-il argué.  En outre, un meilleur accès à la justice et des communautés responsabilisées favorisent une prise de décisions inclusive sur le climat et aident à construire une société résiliente aux chocs et stress externes.  L’état de droit peut aussi être un puissant catalyseur de l’autonomisation des femmes dans les PEID et favoriser une croissance économique inclusive et durable, a-t-il ajouté.  Le renforcement de la gouvernance, l’amélioration des cadres réglementaires dans les domaines économiques clefs et la promotion de la transparence peuvent aussi attirer les investissements directs étrangers, renforcer l’autonomie économique des groupes historiquement marginalisés et sortir les gens de la pauvreté.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité chargé des organisations non gouvernementales reprend sa session de 2024

Reprise de la session de 2024,
17e & 18e séances plénières – matin & après-midi
ONG/973

Le Comité chargé des organisations non gouvernementales reprend sa session de 2024

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse n’a pas pu couvrir ces séances.)

 

Plusieurs points sont à l’ordre du jour de la première journée de la reprise de session du Comité chargé des organisations non gouvernementales, organe subsidiaire du Conseil économique et social (ECOSOC), dont l’examen de ses méthodes de travail.  

Le Comité doit aujourd’hui élire son Bureau et adopter son ordre du jour.  Il abordera le renforcement du Service des organisations non gouvernementales ainsi que le Fonds général de contributions volontaires à l’appui des activités du Réseau régional informel ONU-ONG. 

Le Comité doit aussi examiner les rapports spéciaux, les demandes d’admission au statut consultatif ou de reclassement dont le Comité a décidé de reporter l’examen lors de sessions antérieures, et de nouvelles demandes d’admission au statut consultatif et nouvelles demandes de reclassement. 

 

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité débat des moyens de renforcer la participation des femmes et des jeunes à la promotion de la paix et de la sécurité mondiales

9637e séance – matin     
CS/15709

Le Conseil de sécurité débat des moyens de renforcer la participation des femmes et des jeunes à la promotion de la paix et de la sécurité mondiales

À l’initiative du Mozambique, qui préside ses travaux ce mois-ci, le Conseil de sécurité a organisé aujourd’hui un débat sur le rôle des femmes et des jeunes dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Cet événement a été l’occasion d’examiner les synergies entre le programme pour les femmes et la paix et la sécurité, d’une part, et le programme relatif aux jeunes et à la paix et à la sécurité, d’autre part, et de réfléchir au rôle du Conseil pour assurer la participation effective des femmes et des jeunes, notamment dans les mandats des missions de l’ONU, à l’approche du Sommet de l’avenir.

La Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix et le Sous-Secrétaire général aux affaires de la jeunesse sont venus partager les principales conclusions du troisième rapport biennal du Secrétaire général sur la jeunesse, la paix et la sécurité, qui couvre la période allant de janvier 2022 à décembre 2023.

Au titre des défis à relever, la « méfiance croissante » des jeunes à l’égard des institutions de gouvernance et des processus électoraux, et les lois et pratiques discriminatoires fondées sur l’âge qui restent répandues dans de nombreux pays et entravent la participation véritable des jeunes.  Selon le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), 82% des jeunes de 65 pays blâment la violence électorale, une statistique jugée « affligeante » par Mme Rosemary DiCarlo et M.  Felipe Paullier qui a aussi regretté un ralentissement de la dynamique du programme pour les jeunes et la paix et la sécurité au Conseil de sécurité en 2022 et 2023.  Il faut à présent traduire les politiques en actions concrètes, en veillant à ce que personne ne soit laissé de côté, a plaidé M. Paullier.

De fait, ont relevé plusieurs intervenants, les femmes sont souvent doublement impactées, d’abord en raison de leur genre et ensuite en tant que jeunes. Cette situation exige des « mesures concrètes » a renchéri la Directrice exécutive d’ONU-Femmes, Mme Sima Bahous, en préconisant l’adoption de quotas.  Une recommandation bienvenue pour Mme Simone Mbode Diouf, qui en tant que jeune ambassadrice pour la paix de l’Union africaine, s’est vue comme la « preuve vivante » que les institutions internationales et régionales peuvent choisir de faire confiance à l’expertise et au leadership des jeunes femmes en les plaçant au-devant de la scène mondiale. 

L’Union africaine a été la première organisation régionale à établir un cadre pour la jeunesse, la paix et la sécurité et à nommer des ambassadeurs de la jeunesse en plus de son Envoyé pour la jeunesse, a rappelé Mme DiCarlo pour qui les jeunes méritent d’avoir la possibilité de façonner leur avenir.

Plusieurs États ont présenté les mesures qu’ils ont mises en place, telles que des plans d’action nationaux, pour promouvoir la participation des jeunes, en particulier des jeunes femmes, au maintien de la paix et de la sécurité. Au Mozambique, un Conseil national de la jeunesse a été créé afin que les jeunes puissent faire part de leurs préoccupations et de leurs solutions, a ainsi informé la Ministre des affaires étrangères et de la coopération de ce pays, Mme Verónica Nataniel Macamo Dlhovo.

L’Union européenne est à l’avant-garde, a assuré son représentant, notamment grâce à son Plan d’action pour la jeunesse.  L’un des États membres de l’UE, la Finlande, a d’ailleurs été le premier pays au monde à adopter un plan d’action national.  Or si plus de 100 pays de toutes les régions ont d’ores et déjà élaboré des plans nationaux pour mettre en œuvre la résolution 1325 (2000) sur les femmes et la paix et la sécurité, beaucoup reste à faire.  Il faut tirer parti des synergies entre les deux programmes sans lesquelles l’objectif ultime de la paix et de la sécurité ne sera pas atteint, ont insisté le Guyana et la République de Corée.

Malheureusement, a regretté la Suisse, « les portes de la consolidation de la paix sont, au mieux, entrouvertes et semblent même se fermer » pour les femmes.  Un constat partagé par la Sierra Leone qui a jugé regrettable que les femmes continuent à se heurter à des obstacles structurels pour participer aux processus de paix et politiques, avant de pointer une augmentation marquée du nombre de femmes et de filles exposées au risque de violence sexiste dans les situations de conflit. 

Pour les États-Unis, les jeunes, et en particulier les jeunes femmes, sont touchés de manière disproportionnée par les conflits.  « Des enfants et des femmes sont pris en otage dans des conditions horribles à Gaza », a reconnu leur représentante, avant d’évoquer, comme d’autres, la situation des femmes en Afghanistan.  Le Japon a insisté sur la nécessité de favoriser les opportunités économiques et des emplois inclusifs en tant que clef de l’autonomisation des jeunes dans les situations postconflit.

Selon la Fédération de Russie, l’ONU ne joue pas de véritable rôle dans le règlement des conflits.  De plus, une participation des femmes et des jeunes ne peut être imposée par les pays bailleurs de fonds, a averti la déléguée, en y voyant une « pratique coloniale ».  Pour sa part la Chine a souhaité que le débat aille « au-delà du politiquement correct et des slogans ».  Le délégué a rappelé le lourd tribut payé par les femmes au Soudan et à Gaza, en exhortant ce Conseil à s’acquitter de sa responsabilité en matière de maintien de la paix.

S’il n’existe « pas de solution miracle aux attitudes patriarcales ou aux structures sociales inégalitaires », a poursuivi Mme DiCarlo, des changements transformateurs reposant sur une action nationale impliquant tous les segments de la société sont porteurs d’espoirs.

À l’approche du dixième anniversaire du programme pour les jeunes et la paix et la sécurité et de la résolution 2250 (2015), M. Paullier a, quant à lui, plaidé pour l’organisation chaque année d’un débat public au Conseil de sécurité sur cette question et souhaité, l’inclusion d’engagements et d’actions spécifiques aux jeunes dans le Pacte du futur, en cours de négociation.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Le rôle des femmes et des jeunes S/2024/328/Rev.1

Déclarations

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a déploré la violence subie par les femmes, sous ses formes les plus cruelles, qui est une caractéristique de pratiquement toutes les guerres.

Présentant le dernier rapport biennal du Secrétaire général de l’ONU couvrant la période allant de janvier 2022 à décembre 2023, Mme DiCarlo a évoqué sa récente visite en Afghanistan, où le sort des femmes est un exemple criant du terrain perdu en matière de droits humains.

« Les femmes et les filles afghanes sont systématiquement privées de leurs droits et de leur dignité dans de nombreux domaines de la vie, y compris l’éducation », s’est-elle emportée. Ces femmes rencontrées à Kaboul lui ont fait part de leurs aspirations et de leurs rêves: la même éducation que les hommes, l’égalité des chances en matière d’emploi et la liberté de choisir leur avenir.  Elles attendent de la communauté internationale qu’elle les aide à faire valoir leurs droits.

Mais l’Afghanistan n’est pas le seul pays où les femmes se heurtent à des obstacles qui les empêchent de participer sur un pied d’égalité avec les hommes, a regretté la haute fonctionnaire, citant de nombreuses régions où les engagements en matière d’égalité entre les hommes et les femmes sont ignorés, voire annulés.

À cet égard, elle a rappelé que dans le Nouvel Agenda pour la paix, le Secrétaire général a appelé au démantèlement des structures de pouvoir patriarcales.  « En fin de compte, il s’agit d’une vision simple, celle de surmonter les obstacles qui empêchent les femmes de contribuer pleinement à la société. »

Saluant le fait que plus de 100 pays de toutes les régions ont élaboré des plans nationaux pour mettre en œuvre la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité, Mme DiCarlo a appelé d’autres pays à se joindre à cet appel.  Les États Membres peuvent faire la différence en s’engageant à prendre des mesures spécifiques et ciblées pour promouvoir le leadership des femmes, y compris en tant que médiatrices, a-t-elle insisté.

Les processus de paix menés par l’ONU encouragent une solide représentation des femmes.  Elle en a voulu pour preuve que les 30% des membres du Comité constitutionnel syrien, par exemple, sont des femmes.  Et les femmes représentent 43% des équipes de médiation de l’ONU.  Dans les processus de paix menés par d’autres et auxquels l’ONU apporte un certain soutien, le pourcentage n’est souvent pas aussi élevé, a-t-elle toutefois déploré.

Les jeunes méritent d’avoir la possibilité de façonner leur avenir, car ils ne sont pas des « adultes en devenir ». Ce sont des êtres humains à part entière qui ont des espoirs, des aspirations, des idées et de l’énergie à revendre, a martelé la Secrétaire générale adjointe.  À cet égard, elle est revenue sur les recommandations contenues dans le troisième rapport du Secrétaire général sur la jeunesse, la paix et la sécurité visant à favoriser les progrès urgents en matière d’inclusion des jeunes qui doivent pouvoir participer en toute sécurité aux processus de paix et aux activités électorales.

Cependant, a nuancé Mme DiCarlo, le rapport pointe la méfiance croissante des jeunes à l’égard des institutions de gouvernance et des processus électoraux.  Selon le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), 82% des jeunes de 65 pays déclarent que la violence électorale entrave leur participation, une « statistique affligeante » et une « occasion manquée », a-t-elle regretté.

C’est pourquoi elle a souligné l’importance d’encourager de manière concrète les jeunes à s’engager dans la politique et le rétablissement de la paix, car à travers cette voie les gouvernements peuvent renforcer la solidarité entre les différentes générations et rétablir la confiance dans les institutions.

Mme DiCarlo a également reconnu qu’institutionnaliser la participation des jeunes nécessite des ressources et des capacités spécifiques.  Son département dans le cadre de sa stratégie pour la jeunesse, la paix et la sécurité, compte allouer cette année des ressources au Fonds pour la consolidation de la paix pour soutenir les plans d’action nationaux lancés par plusieurs pays.

À cet égard, elle s’est dite convaincue que les efforts régionaux ont le potentiel de catalyser les actions nationales, citant l’Union africaine qui a été la première organisation régionale à établir un cadre pour la jeunesse, la paix et la sécurité et à nommer des ambassadeurs de la jeunesse en plus de son Envoyé pour la jeunesse.

Poursuivant, la Secrétaire générale adjointe a également mis en avant le soutien de l’ONU à la stratégie régionale arabe pour la jeunesse, la paix et la sécurité lancée par la Ligue des États arabes.  Avec l’aide de l’intelligence artificielle, de jeunes artisans de la paix de 14 pays arabes ont pu élaborer un plan d’action pour leur région.  Ce fut le cas en Libye où la Mission d’appui des Nations Unies (MANUL) travaille avec des représentants de la jeunesse pour s’assurer qu’ils jouent un rôle dans la recherche d’un consensus sur le cadre juridique des élections nationales.

Mme DiCarlo a mis en exergue le rôle des jeunes femmes et des jeunes hommes en tant que défenseurs de l’environnement, dirigeants communautaires, activistes, mobilisateurs et artisans de la paix qui doivent être reconnus et encouragés.  En conclusion, reconnaissant qu’il n’existe « pas de solution miracle aux attitudes patriarcales ou aux structures sociales inégalitaires », elle a encouragé des changements transformateurs reposant sur une action nationale impliquant tous les segments de la société.

Mme SIMA BAHOUS, Secrétaire générale adjointe et Directrice exécutive chargée de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes), a indiqué que plus de 10 000 femmes ont été tuées à Gaza depuis octobre 2023, avant de dénoncer la frappe meurtrière israélienne hier à Rafah.  « Cette guerre doit cesser. »  Elle a également rappelé le lourd tribut payé par les femmes au Soudan, en Haïti ou encore en Afghanistan.  Les souffrances des femmes en temps de conflit ne sont pas de leur fait, a-t-elle plaidé, avant de mentionner certains progrès.  L’an dernier, des femmes ont participé à 79 processus de réconciliation, tandis que la mobilisation des femmes se poursuit en Afghanistan.  Elle a souligné l’importance du dialogue intergénérationnel dans les pays en proie à un conflit pour surmonter les entraves à la participation politique et sociale des jeunes femmes.  « Il faut briser les structures de pouvoir et les normes qui écartent les femmes. »

La Directrice exécutive a dévoilé trois priorités, la première étant la participation renforcée des jeunes femmes aux processus de décision.  Pour cela, nous avons besoin de mesures concrètes, comme des quotas, a précisé Mme Bahous, en appelant à ne pas se contenter de « vaines paroles ».  La lutte contre la haine et la désinformation est la seconde priorité. Le champ de bataille est Internet, a-t-elle dit, en ajoutant que cette lutte pourrait être perdue sans une action énergique.  Enfin, elle a demandé que les jeunes femmes soient mieux représentées dans les parlements, puisque moins de 1% des parlementaires dans le monde sont des jeunes femmes.  Celles-ci sont en effet les dirigeantes de demain et « notre devoir est de protéger leurs droits. »

M. FELIPE PAULLIER, Sous-Secrétaire général aux affaires de la jeunesse, a présenté au Conseil de sécurité le troisième rapport du Secrétaire général sur la jeunesse, la paix et la sécurité.  Co-écrit par le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), le Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix (DPPA) et le Bureau des Nations Unies pour la jeunesse, ce rapport évalue de manière globale les progrès du programme pour les jeunes et la paix et la sécurité et de ses cinq piliers clefs, a-t-il précisé, reconnaissant que beaucoup reste à faire.  Le haut fonctionnaire a cependant fait état de progrès dans la mobilisation des jeunes pour la paix.  Ils continuent de créer leurs propres mouvements et démontrent leur capacité d’action et leur leadership croissants à travers le monde, s’est-il félicité, avant de citer des initiatives de jeunes en Syrie, au Soudan, en Somalie ou encore dans des camps de réfugiés au Tchad.  Il a également noté des avancées dans l’institutionnalisation de l’engagement significatif des jeunes à l’ONU, avec notamment la création du Bureau des Nations Unies pour la jeunesse.  Il faut à présent traduire les politiques en actions concrètes, en veillant à ce que personne ne soit laissé de côté, a plaidé M. Paullier. 

Dans un contexte de discriminations multiples et de rétrécissement de l’espace civique, le Sous-Secrétaire général a constaté que les jeunes sont la cible privilégiée des menaces numériques, alimentées par les réseaux sociaux.  Ces menaces ont accru la propagation des discours de haine, de la désinformation et du harcèlement sexuel, a-t-il dénoncé, observant que les jeunes femmes et les filles, en particulier celles qui sont handicapées et issues de communautés marginalisées, courent un risque accru de violence.  Pour répondre à ces problèmes de protection, l’ONU et les organisations de la société civile ont pris des mesures spécifiques à chaque pays, a-t-il indiqué, évoquant par exemple le réseau d’alerte communautaire mis en place par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) avec des dirigeants de la jeunesse. 

Sur le plan institutionnel, M. Paullier a regretté que la dynamique du programme pour les jeunes et la paix et la sécurité ait ralenti au Conseil de sécurité en 2022 et 2023.  Selon le rapport du Secrétaire général, seulement 34% des résolutions du Conseil ont mentionné les jeunes durant cette période, a-t-il relevé, s’alarmant également de la baisse du nombre de jeunes informant le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix entre 2022 et 2023, par rapport aux années précédentes.  De plus, seules 6 opérations de maintien de la paix sur 11 et 13 missions politiques spéciales sur 24 font référence à la jeunesse, à la paix et à la sécurité ou à l’engagement des jeunes dans leur mandat, a ajouté le haut fonctionnaire, appelant à un financement dédié, à des capacités accrues et à des partenariats stratégiques pour faire progresser l’intégration des jeunes dans les problématiques de paix.

À l’approche du dixième anniversaire du programme pour les jeunes et la paix et la sécurité et de la résolution 2250 (2015), M. Paullier a formulé plusieurs recommandations, à commencer par l’organisation chaque année d’un débat public au Conseil de sécurité sur cette question.  Il a ensuite demandé d’accroître les possibilités offertes aux jeunes de participer aux délibérations du Conseil et aux visites de pays, ce qui implique de revoir les méthodes de travail de l’organe et de garantir des protocoles de protection pour encadrer la participation des jeunes intervenants.  Il a également souhaité que le Conseil continue de renforcer les éléments du programme pour les jeunes et la paix et la sécurité dans le cadre du renouvellement des mandats des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales.  Enfin, il a exhorté les membres du Conseil à garantir l’inclusion d’engagements et d’actions spécifiques aux jeunes dans le chapitre 2 du Pacte du futur, actuellement en cours de négociation. 

Mme SIMONE MBODE DIOUF, en tant que jeune ambassadrice pour la paix de l’Union Africaine pour la région de l’Afrique de l’Ouest, a confié être la « preuve vivante » que les institutions internationales et régionales peuvent choisir de faire confiance à l’expertise et au leadership des jeunes femmes en les plaçant au-devant de la scène mondiale.  À cet égard, elle a tenu à exprimer sa reconnaissance à l’Union africaine pour son engagement inébranlable à intégrer et à renforcer la participation significative des jeunes dans tous les aspects de la paix et de la sécurité.

Pour mettre en lumière le travail « incroyable » que les jeunes femmes artisanes de paix accomplissent chaque jour sur le continent africain, Mme Diouf a souhaité partager l’histoire inspirante de quatre jeunes Congolaises avec lesquelles elle a eu le privilège de collaborer en République démocratique du Congo (RDC).  Tout d’abord, Nora et Marie Rose ont dirigé le Secrétariat technique national, créé par le Gouvernement de la RDC pour promouvoir la mise en œuvre de la domestication de la résolution 2250 (2015).  Grâce à leur leadership, la RDC a créé son premier plan d’action national sur la jeunesse, la paix et la sécurité en août 2022.  Ensuite, Émilie et Esther, les coordinatrices des réseaux « Jeunes Femmes Leaders pour la Paix » au Nord et au Sud-Kivu, ont malgré un contexte sécuritaire difficile marqué par la guerre, veillé à ce que le plan d’action national prenne en compte les besoins spécifiques des jeunes en matière de genre. Les parcours de ces quatre jeunes femmes sont mis en lumière dans un document thématique préparé par elles-mêmes et publié par le Réseau mondial des femmes bâtisseuses de paix (GNWP) et ONU-Femmes à l’occasion de la publication du troisième rapport du Secrétaire général sur le programme pour les jeunes et la paix et la sécurité.

Nora, Marie Rose, Émilie et Esther ne sont pas seules, a assuré la représentante. Comme elles, de nombreuses jeunes femmes à travers l’Afrique se consacrent à relever les défis qui affectent leur avenir, tels que les changements climatiques, la résurgence des conflits, l’extrémisme violent, la marginalisation politique, la violence sexuelle liée aux conflits et le manque d’opportunités économiques.  Ces jeunes femmes sont essentielles au maintien de la paix et de la sécurité humaine dans leur pays.  Évoquant la résolution 2535 (2020) qui reconnaît les besoins uniques et croisés des différents groupes de jeunes, en particulier des jeunes femmes, dans les conflits, la consolidation de la paix et la réponse humanitaire, Mme Diouf a rappelé que celle-ci enjoint les États Membres et les autres acteurs de la paix à promouvoir les synergies entre les programme pour les jeunes et la paix et la sécurité et pour les femmes et la paix et la sécurité et encourage la fourniture de ressources adéquates pour soutenir ces efforts.

Le cadre continental de l’Union africaine sur la jeunesse, paix et sécurité encourage les États membres à éviter les stéréotypes sur les rôles et les expériences des jeunes hommes et femmes et les invite à élaborer des stratégies pour répondre aux besoins des jeunes femmes.  Dès lors, a poursuivi la représentante, il est essentiel de mettre en lumière certaines réussites qui devraient servir de références pour poursuivre l’action en leur faveur.  Elle a cité l’initiative Femwise de l’Union africaine qui vise à renforcer le rôle des femmes dans la prévention des conflits et les efforts de médiation et l’initiative de mentorat des jeunes femmes (YWMI) - à laquelle elle a eu la chance de participer, et qui vise à promouvoir le mentorat intergénérationnel et à combler le fossé entre les sexes et les générations qui entrave le leadership des jeunes femmes africaines dans les organisations multilatérales.

Mme Diouf a cité, pour finir, l’histoire de Kristine, du Kenya, qui mène actuellement des consultations locales sur le programme pour les jeunes et la paix et la sécurité dans tous les comtés de son pays dans le cadre du processus d’élaboration du plan d’action national 2250, mais aussi celle de Nanette, la coordinatrice nationale de la coalition des jeunes au Tchad.  Par leurs actions quotidiennes, ces jeunes femmes incarnent l’intersection entre les programmes programme pour les jeunes et la paix et la sécurité et pour les femmes et la paix et la sécurité. 

Mme VERÓNICA NATANIEL MACAMO DLHOVO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Mozambique, a détaillé les efforts de son pays pour assurer l’égalité des genres.  Elle a mentionné l’augmentation progressive du nombre de femmes siégeant dans les corps législatifs et judiciaires et la parité atteinte au sein du Gouvernement.  La Ministre a ensuite abordé la mise en œuvre du plan national pour les femmes et la paix et la sécurité: 728 fonctionnaires et membres de la société civile ont été formés afin d’apporter une aide aux victimes de violences fondées sur le genre, tandis que 17 centres ont été créés pour aider les femmes et les filles à risque.  En outre, 17 471 femmes et filles touchées par les conflits et cyclones, notamment dans la province de Cabo Delgado, ont fait l’objet d’un accompagnement socioéconomique.

La Ministre a détaillé la politique de son pays contre le terrorisme et l’extrémisme violent dans son pays. « Certains jeunes ont en effet été manipulés par des semeurs de guerre, aux ambitions souvent dissimulées. »  Elle a ainsi mentionné l’offre de formation aux jeunes afin de mieux s’insérer dans le marché du travail.  Le Conseil national de la jeunesse a également été créé afin que les jeunes puissent faire part de leurs préoccupations et de leurs solutions.  En conclusion, la Ministre a appelé les États Membres à investir les ressources nécessaires afin de remédier aux conséquences indirectes des conflits.

Le représentant de la Sierra Leone a jugé regrettable que les femmes continuent à se heurter à des obstacles structurels pour participer aux processus de paix et politiques.  Il a également constaté une augmentation marquée du nombre de femmes et de filles exposées au risque de violence sexiste dans les situations de conflit.  Il a par ailleurs noté que les jeunes restent confrontés à d’importantes menaces physiques, socioculturelles, financières, juridiques et numériques, qui sont elles aussi exacerbées dans les situations de conflit.  En Afrique, a-t-il souligné, les jeunes font face à un chômage « effarant » qui entraîne un fort mécontentement à l’égard des structures de gouvernance, des tensions croissantes avec les acteurs politiques et une fuite des cerveaux, notamment de l’Afrique de l’Ouest vers l’Europe.  Dans ce contexte, la Sierra Leone a créé en 2021 une commission indépendante pour la paix et la cohésion nationale, avant d’adopter en 2022 une loi sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes ainsi qu’une loi sur les élections publiques qui garantit une représentation minimale de 30% des femmes dans les organes de décision.  Actuellement, s’est-il enorgueilli, les femmes représentent 30% des élus du Parlement, 34,5% des ministres, 41% des maires et 34% des membres des conseils locaux.  De même, la représentation des femmes est passée à 23% dans la police et 13% au sein des forces armées.  Le délégué a d’autre part relevé que 4 femmes et 4 représentants de la jeunesse font partie de la plateforme tripartite créée pour permettre au Gouvernement et à l’opposition de préparer des réformes électorales nationales. 

La Sierra Leone collabore en outre avec des groupes de la société civile, tels que le Réseau mondial des femmes bâtisseurs de paix (GNWP) et la campagne pour la bonne gouvernance, a poursuivi le représentant, faisant également état de partenariats avec des jeunes bâtisseurs de la paix dans des initiatives de résolution et de prévention des conflits et de consolidation de la paix. En 2009, la Sierra Leone est devenue le quatrième pays d’Afrique de l’Ouest et le septième en Afrique à élaborer un plan d’action national pour la mise en œuvre complète de la résolution 1325 (2000).  Le pays donne aussi la priorité à l’investissement dans le leadership des jeunes dirigeants politiques afin de renforcer leur capacité à diriger des efforts de paix, a-t-il expliqué, avant d’appeler la communauté internationale à réagir de manière plus déterminée pour mettre à profit le potentiel inexploité des jeunes et des femmes. 

La représentante du Guyana a encouragé à tirer parti des synergies entre les programmes pour les jeunes et la paix et la sécurité et pour les femmes et la paix et la sécurité sans lesquels l’objectif ultime de la paix et de la sécurité ne sera pas atteint.  Tout en se félicitant que l’adoption de la résolution 2250 (2015) ait constitué un changement important dans l’appréhension du rôle des jeunes, qui sont passés du statut de victimes ou d’auteurs de violences à celui d’agents positifs du changement, elle a appelé à veiller à ce qu’aucune catégorie de jeunes ne soit laissée de côté.

Pour la représentante, les jeunes femmes doivent faire partie de cette vision positive.  Ainsi, a-t-elle recommandé, des mesures ciblées doivent être mises en œuvre pour garantir la pleine participation des femmes et des jeunes, y compris des jeunes femmes, à tous les aspects de la prévention des conflits, de la reconstruction après un conflit et de la construction de la paix.  Leur participation ne doit pas se limiter à la société civile, mais doit également être intégrée dans les structures gouvernementales, a-t-elle ajouté.  Enfin, le programme de prévention du Conseil doit impérativement s’attaquer aux causes profondes et aux facteurs de risque des conflits, a-t-elle insisté, pointant la pauvreté, le chômage, les déplacements internes, le manque d’opportunités économiques et le désespoir qui ont poussé des millions de jeunes et d’enfants dans les bras de groupes extrémistes. 

La représentante de la Fédération de Russie a loué l’énergie innovante des femmes et des jeunes.  Ces derniers doivent être protégés, a dit la déléguée, en déplorant la situation à Gaza. Elle a accusé l’ONU de ne pas jouer de véritable rôle dans le règlement des conflits.  Les femmes et les jeunes peuvent jouer un rôle accru dans les processus de paix, même si cela ne peut être le seul critère.  Une participation des femmes et des jeunes ne peut être imposée par les pays bailleurs de fonds, a averti la déléguée, en y voyant une « pratique coloniale ».  En outre, les pays bailleurs de fonds ne font pas ce qu’ils prêchent.  Elle a appelé à lutter contre l’instrumentalisation des jeunes pour avancer les intérêts d’autres groupes, avant de louer les valeurs familiales qui sont le pilier de la société et le gage d’un avenir paisible. Enfin, la déléguée a dénoncé les conséquences négatives des sanctions.

La représentante de la Suisse a constaté que, pour les femmes, « les portes de la consolidation de la paix sont, au mieux, entrouvertes et semblent même se fermer ».  En effet, a-t-elle observé, les femmes médiatrices, négociatrices et signataires restent l’exception plutôt que la norme dans les processus de paix, tandis que les engagements financiers en faveur des bâtisseuses de paix sont toujours bien en deçà des ambitions.  Quant aux jeunes dans les processus de paix, le bilan est selon elle mitigé.  Si des initiatives louables existent, par exemple en Colombie, au Yémen ou en République centrafricaine, les jeunes subissent généralement plus de violence, sont rarement impliqués dans les négociations de paix et perdent souvent confiance dans les institutions publiques. 

À l’approche du double anniversaire des résolutions 1325 (2000) et 2250 (2015), la déléguée a estimé qu’une piste prometteuse pour lever ces obstacles est la « mise en réseau ».  Il s’agit de créer des réseaux là où ils n’existent pas, de relier les réseaux de femmes et de jeunes là où ils existent, et de les élargir activement, avec l’aide des technologies numériques, a-t-elle plaidé, invitant les décideurs politiques à établir des partenariats avec ces groupes.  Ces réseaux doivent aussi agir au niveau multilatéral pour faire entendre davantage la voix des femmes et des jeunes, a ajouté la représentante en saluant l’exemple donné dans ce domaine par la Commission de la consolidation de la paix.  Elle a enfin annoncé que, lors de sa présidence du Conseil en octobre, la Suisse accordera une attention particulière à ces questions, en particulier à l’occasion du débat annuel sur les femmes et la paix et la sécurité. 

La représentante des États-Unis s’est dite convaincue de longue date de la complémentarité des deux programmes qui se renforcent mutuellement et contribuent à promouvoir des communautés entières et à créer un monde plus sûr et pacifique pour tous.  Malheureusement, a-t-elle nuancé, à l’heure actuelle, les jeunes, et en particulier les jeunes femmes, sont touchés de manière disproportionnée par les conflits. La violence perturbe leur éducation, réduit leurs perspectives d’emploi et d’avenir, et limite leur accès aux espaces civiques.

Ces jeunes, a témoigné la représentante, elle les a rencontrés et écoutés, comme cette jeune Soudanaise qui a déclaré que les horreurs qu’elle a vécues lui ont fait perdre son ambition.  Ou encore, cette enfant ukrainienne de 10 ans qui voulait simplement retourner à l’école et voir ses amis.  De même, elle a déploré que les enfants de Gaza ne soient pas en mesure de poursuivre leur éducation, « sans que ce soit leur faute ». « Des enfants et des femmes sont pris en otage dans des conditions horribles à Gaza. »  Ailleurs, en Afghanistan, les filles se voient refuser l’accès à une éducation en raison des restrictions imposées par les Taliban, a-t-elle continué.  Face à des vents contraires, la représentante a pourtant vu des jeunes du monde entier se mobiliser pour relever ces défis et devenir les architectes de leur avenir, comme les jeunes femmes de la RDC décrites par la représentante de l’Union africaine.  Intégrer des perspectives diverses, notamment intergénérationnelles, dans les processus de paix et de sécurité n’est pas seulement la bonne chose à faire, c’est la seule façon de garantir que les solutions soient inclusives, efficaces et durables. 

Le représentant de la Chine a souhaité que le débat de ce jour aille « au-delà du politiquement correct et des slogans. »  Il a rappelé le lourd tribut payé par les femmes au Soudan et à Gaza, en exhortant ce Conseil à s’acquitter de sa responsabilité en matière de maintien de la paix.  Il a plaidé pour une participation renforcée des femmes et des jeunes aux processus de paix, ainsi que pour leur autonomisation socioéconomique.  Il a détaillé les efforts de son pays à cette fin, notamment au Mali et aux Fidji.  Enfin, le délégué a appelé à une pleine mise en œuvre des programmes pour les jeunes et les femmes et la paix et la sécurité.  La Chine est déterminée à œuvrer afin que les jeunes et les femmes puissent vivre « dans la lumière de la paix et du développement », a conclu le délégué.

Le représentant de la France a jugé crucial de reconnaître et de promouvoir la contribution des femmes et des jeunes aux objectifs des missions et opérations de l’ONU.  Il a assuré que son pays soutient cet objectif à travers sa diplomatie féministe et son appui constant à la mise en œuvre des programmes pour les jeunes et les femmes et la paix et la sécurité.  La France soutient en particulier le renforcement de la participation des femmes au sein des opérations de maintien de la paix, avec par exemple la formation d’officiers féminins et de conseillers sur les questions de genre. Elle œuvre par ailleurs à la mise en œuvre du programme pour les jeunes et la paix et la sécurité depuis près de 10 ans, entre autres via la création par le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) d’une formation dans les Balkans occidentaux et en Asie centrale.  La France a aussi renouvelé cette année son appui à hauteur de 2 millions d’euros au Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix et son initiative de promotion des jeunes et de l’égalité des genres, a-t-il ajouté. 

Le délégué a cependant noté que, malgré des avancées notables, les femmes et les jeunes restent des cibles de violence et sont souvent marginalisés dans les processus de prise de décisions.  Condamnant avec la plus grande fermeté toute mesure discriminatoire restreignant la participation des femmes dans les processus de paix et dans l’action humanitaire, comme cela est toujours le cas en Afghanistan, il a appelé tous les États à soutenir le projet de recommandation générale du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes sur la participation de celles-ci aux décisions.  Enfin, après avoir dénoncé les violences fondées sur le genre, y compris les violences sexuelles en période de conflit, il a indiqué que la France soutient les initiatives visant à intégrer pleinement les femmes et les filles victimes dans les processus de rétablissement de la paix.

Le représentant du Japon a recommandé l’adoption d’une approche holistique impliquant les jeunes et les femmes en tant qu’agents de paix et garantissant leur participation significative aux processus de paix.  Il s’agit pour lui d’investir dans un capital humain adapté à leurs besoins.  À cet égard, il a rappelé que le Secrétaire général met l’accent dans son rapport sur la nécessité de favoriser les opportunités économiques et des emplois inclusifs en tant que clef de l’autonomisation des jeunes dans les situations postconflit.

Le Japon soutient pleinement ce point de vue et a apporté son aide dans ce domaine, a poursuivi le représentant.  De fait, a-t-il reconnu, les possibilités d’emploi limitées ont souvent poussé les jeunes dans des pays en conflit à devenir des proies faciles, comme en Somalie en 2012 où les jeunes sans emploi se sont livrés à la piraterie ou ont rejoint les rangs des rebelles armés.  Pour finir, il a partagé l’expérience de l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) qui a soutenu les fonctionnaires somaliens jusqu’en 2022, ainsi que les entrepreneurs locaux et les petites et moyennes entreprises, afin d’aider les jeunes à devenir une force motrice pour le changement social.

Le représentant de l’Équateur a rappelé que les jeunes sont les plus exposés aux messages haineux sur Internet.  En outre, les jeunes femmes sont touchées de manière disproportionnée par les conséquences des conflits.  Il a appelé à mettre en place des cadres normatifs permettant à des femmes d’être élues à un poste de parlementaire.  La participation des jeunes femmes à la vie politique doit être renforcée.  Enfin, il a appelé à remédier au fléau de la criminalité transnationale organisée qui touche de nombreux jeunes.

La représentante de Malte a estimé que, pour répondre aux défis auxquels sont confrontés les jeunes dans le cadre du maintien de la paix et de la sécurité internationales, la communauté internationale doit pouvoir s’appuyer sur les meilleures données.  Les rapports des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales devraient ainsi inclure une analyse et des données ventilées selon l’âge, le sexe et le genre, a-t-elle suggéré, avant d’appeler à un accroissement des investissements sensibles au genre dans les efforts de consolidation de la paix centrés sur les jeunes, notamment l’autonomisation des jeunes femmes, leur accès aux ressources et leur capacité d’agir sur leur propre vie.  Selon elle, cela ne peut être réalisé sans impliquer les hommes et les garçons, dont les identités sont également influencées par les normes sociales et les relations de pouvoir. 

La déléguée a d’autre part jugé que la participation pleine et significative des jeunes à la prise de décisions à tous les niveaux, y compris à la consolidation de la paix, est impérative pour rendre les sociétés plus inclusives et plus pacifiques.  Nous devons également protéger les jeunes défenseurs des droits humains et les artisans de la paix contre les menaces et les représailles, a-t-elle ajouté, avant de demander au Conseil de sécurité de permettre aux jeunes de participer en toute sécurité à ses réunions.  Notant que les inégalités fondées sur le genre et l’âge ont tendance à s’aggraver pendant et après les conflits, la représentante a estimé que l’intégration d’une perspective de genre dans les réunions sur la jeunesse, la paix et la sécurité pourrait contribuer à empêcher de reproduire les structures de pouvoir patriarcales qui limitent l’égalité des sexes. 

Le représentant de l’Algérie a estimé que les femmes et les jeunes constituent des remparts contre le déclenchement de conflits et jouent un rôle crucial dans leur règlement.  Dans l’intervalle, a-t-il déploré, les femmes et les jeunes sont confrontés à des menaces transnationales, qu’il s’agisse du terrorisme, de l’extrémisme violent, de la traite des personnes ou encore des trafics d’armes et de drogues.  Les États Membres ne peuvent s’attaquer seuls à ces défis, a-t-il affirmé, appelant au renforcement de la coopération et des partenariats entre pays, avec l’implication de la société civile et des institutions internationales.  Le soutien financier et technique est aussi indispensable pour intégrer les femmes et les jeunes dans les cadres de paix et de sécurité, a ajouté le délégué, avant de souligner l’importance des plateformes régionales comme l’Union africaine dans ce domaine.  À ses yeux, il est essentiel de mettre en œuvre la résolution 1325 (2000) pour permettre le recrutement de femmes dans les secteurs de la sécurité et de l’armée.  À cette fin, l’Algérie a adopté l’an dernier un plan d’action national qui prévoit un renforcement du rôle des femmes pour atteindre la paix. 

Le délégué a également souligné l’importance d’une approche favorisant le développement durable pour protéger les jeunes contre les menaces et canaliser leurs énergies.  Ce n’est que grâce à un développement durable complet que les jeunes pourront contribuer au renforcement de leurs communautés et à l’économie, notamment grâce à leurs compétences numériques, a-t-il souligné.  Avant de conclure, il a évoqué les souffrances des femmes et des jeunes des territoires palestiniens occupés.  « Parler de paix n’a aucun sens en l’absence d’une cessation immédiate de toute forme de persécution, de massacre, de marginalisation et d’injustice à leur égard », a-t-il martelé, jugeant que les Palestiniens doivent pouvoir jouir de leurs droits dans le cadre d’un État indépendant. 

Le représentant du Royaume-Uni a indiqué que son pays a lancé un programme de 900 000 dollars afin d’appuyer des femmes agentes de paix, notamment au Soudan du Sud.  Nous finançons également un groupe de 50 femmes médiatrices appelé « Médiatrices dans le Commonwealth », a-t-il indiqué.  En amplifiant les voix de celles et ceux qui sont les plus touchés par un conflit, nous pouvons mieux remédier aux conséquences des conflits, a avancé le délégué.  Le Royaume-Uni a organisé une table ronde la semaine dernière afin d’entendre les préoccupations de filles venues du Soudan du Sud, de la RDC, de l’Ukraine ou encore de la Cisjordanie.  Enfin, il a estimé que le prochain Sommet de l’avenir sera l’occasion de renforcer les efforts de prévention des conflits.

Le représentant de la République de Corée, dont le pays est membre du Groupe des jeunes champions pour la paix et la sécurité, a dit attacher une grande importance à la pleine mise en œuvre des programmes pour les femmes et la paix et la sécurité et pour les jeunes et la paix et la sécurité, car ces deux catégories d’acteurs sont souvent exclues des processus politiques et de paix.  Ces deux programmes sont complémentaires, a-t-il dit, avant d’encourager le Conseil de sécurité à inclure dans les mandats des opérations de paix et des missions politiques spéciales des mentions spécifiques sur la participation des femmes et des jeunes à tous les niveaux des processus de paix.  En tant que contributeur du Fonds pour la consolidation de la paix, la République de Corée, a ajouté le représentant, salue la priorité accordée à la promotion de ces catégories d’acteurs dans les projets retenus. 

Compte tenu de leur vulnérabilité économique, les femmes deviennent les victimes de toutes les formes d’exploitation alors que les jeunes, sans accès à l’éducation ni à un emploi, peuvent tomber dans les filets des groupes armés et des gangs.  Le représentant a conclu en rappelant que son pays a lancé plusieurs projets avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) au Yémen.

La représentante de la Slovénie a plaidé pour une participation accrue des femmes aux efforts de prévention et de règlement des conflits.  Abordant la question des violences sexuelles, elle a appelé à une approche centrée sur les victimes, avec notamment un accès à une contraception d’urgence et un soutien psychologique.  Elle a également souhaité que l’offre éducative intègre une forte dimension genre afin que les jeunes femmes puissent trouver toute leur place dans les sociétés postconflit.  Enfin, elle a redit la détermination de son pays à veiller à la pleine mise en œuvre des programmes pour les jeunes et les femmes et la paix et la sécurité.

Le représentant de l’Union européenne (UE) a jugé encourageant que l’engagement politique en faveur du programme pour les jeunes et la paix et la sécurité se soit accru ces deux dernières années.  Il a relevé que l’UE est à l’avant-garde à cet égard, notamment grâce à son Plan d’action pour la jeunesse.  L’un des États membres de l’UE, la Finlande, a d’ailleurs été le premier pays au monde à adopter un Plan d’action national.  Au niveau multilatéral, a estimé le représentant, il faut veiller à ce que l’engagement des jeunes soit intégré plus systématiquement dans le travail du système des Nations Unies.  Il s’est félicité de la création du Bureau des Nations Unies pour la jeunesse, auquel l’UE contribue financièrement.  De même, il a souhaité qu’une référence forte au programme pour les jeunes et la paix et la sécurité figure dans le pacte de l’avenir. 

Le programme a poursuivi, le représentant, doit être mieux financé. Investir dans le rôle, la voix et l’action des jeunes est non seulement important pour l’inclusivité, mais aussi pour les gains que la communauté dans son ensemble peut en tirer.  Il est indispensable d’adopter une approche intersectionnelle de la paix et de la sécurité.  Les processus inclusifs de prise de décisions et de consolidation de la paix nécessitent la présence des jeunes femmes que l’on doit écouter et protéger.  Leur expérience et leur vision apportent une perspective unique sur la prévention des conflits, la reconstruction postconflit, la promotion de l’égalité des sexes et l’édification de sociétés plus inclusives et résilientes. 

Le représentant du Brésil, s’exprimant au nom de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), a mis en avant le rôle des femmes qui offrent une perspective unique sur l’ensemble du continuum de la paix - des stratégies de prévention et de la médiation aux processus postconflit et de transition.  Les femmes et les filles sont touchées de manière disproportionnée par les guerres, en particulier par la violence sexuelle.  Malgré cela, a reconnu le délégué, elles sont profondément engagées dans la recherche d’un chemin vers la paix.  Que ce soit en tant que leaders dans leurs communautés, médiatrices, responsables du secteur de la sécurité, membres du Parlement ou du pouvoir judiciaire, et dans bien d’autres rôles, les efforts des femmes pour vaincre la violence doivent être mis à profit pour une paix à long terme. Conscients de ce fait, les États membres de la CPLP ont donné la priorité à la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, à la fois dans le cadre de leur plan d’action pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, et par le biais du plan d’action de la composante défense de la CPLP adopté lors de la vingtième Réunion des ministres de la défense de la CPLP, le 1er juin 2021.

Le représentant du Danemark, au nom des pays nordiques, a plaidé pour une participation accrue des jeunes aux processus de paix.  Il convient de ne pas traiter les femmes et les jeunes comme ayant les mêmes difficultés et la même capacité à les surmonter, a dit le délégué.  Les programmes pour les jeunes et les femmes et la paix et la sécurité, sont différents et complémentaires.  En vue de l’accélération dans la mise en œuvre de ces programmes, il a préconisé un financement flexible des réseaux locaux de maintien de la paix et pour un engagement des jeunes hommes dans les discussions sur ces sujets.  « Il est crucial de remettre en question les clichés sur le genre », a déclaré le délégué.  Enfin, il a souhaité que les jeunes participent davantage aux délibérations du Conseil.

Le représentant du Luxembourg, au nom des pays du Benelux, a appelé à assurer une dynamique continue dans le domaine de la jeunesse, de la paix et de la sécurité, en particulier en ce qui concerne le groupe distinct des jeunes femmes dans la paix et la sécurité.  Au lieu de discuter des programmes sur les femmes et les jeunes et la paix et la sécurité, mieux vaudrait tirer parti des synergies entre les deux, a-t-il estimé, jugeant qu’unir les forces permettrait d’améliorer la participation et le leadership des jeunes femmes dans la consolidation de la paix et le règlement des conflits.  Il a d’autre part estimé qu’à l’approche du Sommet social mondial, il importe de permettre aux jeunes femmes de développer tout leur potentiel. Concrètement, cela implique de garantir leur accès à l’égalité des chances, à l’enseignement et à la formation techniques et professionnels et à des emplois décents, ainsi qu’à des soins de santé universels, y compris la santé sexuelle et reproductive, et d’établir des socles de protection sociale, en particulier pour les mères célibataires. 

Notant que jeunes femmes et les filles sont touchées de manière disproportionnée par les défis de sécurité posés par les changements climatiques, les conflits armés, les menaces numériques et le rétrécissement de l’espace civique, le délégué a souhaité que l’on explore plus avant la manière dont les dynamiques de genre et d’âge se manifestent en matière de paix et de sécurité. Plaidant pour un renforcement des éléments de jeunesse, de paix et de sécurité dans le cadre de la création et du renouvellement des mandats des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales, il a également souhaité que les jeunes, à l’instar des femmes, soient davantage invités à prendre la parole devant le Conseil. Comme ils représentent le groupe démographique le plus peuplé du monde, leur place à la table des négociations doit être garantie, y compris au Conseil de sécurité, a-t-il insisté, voyant dans le dialogue intergénérationnel un moyen essentiel d’instaurer la confiance entre les jeunes et les gouvernements. 

La représentante de la Finlande, qui s’exprimait également au nom de la Jordanie en tant que Coprésidents du Groupe des jeunes champions pour la paix et la sécurité, a souligné l’importance de trouver des moyens constructifs pour la participation des jeunes afin de bâtir des sociétés plus résilientes, stables et prospères.  La représentante a souhaité mettre l’accent sur trois points importants, en appelant d’abord le Conseil à redoubler d’efforts pour écouter la voix des jeunes et tirer le meilleur parti de leurs connaissances.  Elle a donc encouragé à organiser des débats annuels ouverts sur la question comme recommandé par le rapport du Secrétaire général. 

Ensuite, la représentante a jugé important de renforcer le rôle de la Commission de consolidation de la paix dans le soutien du rôle des jeunes et des organisations dirigées par des jeunes.  Il s’agit de favoriser un dialogue sûr et mutuellement respectueux, y compris entre les générations, afin de créer la confiance entre les jeunes et les décideurs.  Enfin, la représentante a incité à investir dans la jeunesse qui représente, selon elle, un énorme potentiel financier.  Une étude menée au Kenya a montré que pour chaque dollar dépensé pour la jeunesse, le retour social global était de 5 à 10 dollars, a-t-elle fait valoir.  En conclusion, elle a souhaité une réflexion plus innovante sur la manière de financer le programme à l’étude.  Les partenariats multipartites et les partenariats public-privé pourraient fournir, selon elle, une base financière durable aux acteurs locaux.

La représentante de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a souligné la nécessité de pleinement intégrer le multilinguisme et la diversité culturelle dans toutes les phases de l’action internationale en faveur de la paix.  « C’est ce que consacre la Déclaration de Bamako, texte de référence de la Francophonie sur les pratiques de la démocratie, des droits et des libertés. »  L’OIF a développé une approche originale pour soutenir la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, a-t-elle dit.  L’OIF et l’Université Senghor d’Alexandrie, opérateur de la Francophonie, ont ainsi lancé, en octobre 2023, une formation en ligne dédiée à l’opérationnalisation des plans nationaux d’action sur ce programme, notamment en Afrique. 

Le représentant de l’Organisation internationale de la jeunesse auprès de l’ONU, a appelé à reconnaître le rôle vital que jouent les jeunes, en particulier les jeunes femmes et les filles, dans la préservation et le renforcement de la paix.  Ce double objectif ne peut selon lui être atteint que grâce à la participation significative des jeunes, qui restent exclus des processus de consolidation de la paix.  Il est donc essentiel de veiller à ce qu’ils ne soient « pas seulement considérés comme des destinataires passifs des décisions ou des bénéficiaires des politiques, mais aussi comme des partenaires dans ces processus de paix ».  Par ailleurs, tout en notant la complémentarité des programmes liés aux résolutions 1325 (2000) et 2250 (2015), il a plaidé pour une approche intersectionnelle qui tienne compte des différents contextes. En effet, le concept de paix peut varier selon les circonstances, ce qui impose d’aborder chaque situation de manière unique.  Pour le représentant, il est également crucial de noter que les jeunes femmes sont confrontées à des vulnérabilités en lien avec leur sexe et leur âge et qu’elles sont touchées par diverses formes de discrimination et de violence, notamment le manque d’accès à l’éducation, à l’emploi et à la participation politique. 

Constatant une certaine lenteur dans la mise en œuvre des plans nationaux pour la réalisation du programme pour les jeunes et la paix et la sécurité, le représentant a appelé à remédier à ce problème de toute urgence.  En renforçant l’institutionnalisation de ce programme, nous veillons à ce que les politiques de jeunesse soient intégrées de manière permanente dans les structures de gouvernance, a-t-il fait valoir, ajoutant que les jeunes ne doivent pas être perçus comme une menace mais comme une opportunité.  Il a ensuite invité les États Membres à s’engager auprès des communautés de jeunes aux niveaux national et local, en promouvant des espaces de dialogue sûrs. Cela renforcera non seulement la confiance entre les jeunes et les décideurs, mais facilitera également un dialogue intergénérationnel efficace, a-t-il affirmé, avant de déplorer l’exclusion des jeunes de la gouvernance.  À ses yeux, cette marginalisation envoie un message négatif et sous-estime leur potentiel à contribuer à la paix et à la sécurité. Il a enfin jugé essentiel d’améliorer la collecte de données sur la jeunesse.

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