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Conseil de sécurité: débat autour de la migration illégale en Méditerranée alors qu’expire l’autorisation d’inspecter les bateaux au large de la Libye

9737e séance – après-midi
CS/15840

Conseil de sécurité: débat autour de la migration illégale en Méditerranée alors qu’expire l’autorisation d’inspecter les bateaux au large de la Libye

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Sur demande de la Fédération de Russie, le Conseil de sécurité a examiné cet après-midi l’autorisation conférée par la résolution 2240 (2015), qui est arrivée à échéance hier sans être renouvelée.  Ce texte, revu il y a un an par la résolution 2698 (2023), permettait notamment aux États Membres d’inspecter des bateaux naviguant au large des côtes libyennes s’ils avaient « des motifs raisonnables de soupçonner qu’ils sont utilisés pour le trafic de migrants ». 

Les délégations porte-plumes (France et Malte) avaient signifié par avance qu’elles ne comptaient pas demander une prolongation de l’autorisation, entraînant de fait l’extinction de l’autorisation.  Toutefois, la Russie a souhaité débattre plus particulièrement des questions relatives aux droits humains dans la mise en œuvre de la résolution et, plus généralement, dans la gestion par les pays européens des flux migratoires qui transitent par l’Afrique du Nord et la Méditerranée.

Le Conseil a tout d’abord entendu les exposés de deux spécialistes pour un éclairage sur ces « tragédies en mer », que le premier, M. Sivanka Dhanapala, Directeur du Bureau de New York du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), a déplorées en prédisant que, malgré les risques immenses, les migrants continueront de chercher un futur en Europe. La Libye reste d’ailleurs un point de transit critique, a-t-il dit.

S’il a noté une diminution du nombre de personnes ayant traversé la Méditerranée depuis l’Afrique du Nord en 2024, M. Dhanapala a toutefois relevé une insécurité persistante des routes migratoires.  Citant un rapport conjoint du HCR, de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et du Centre des migrations mixtes, il a souligné les risques élevés de décès, de violences sexistes, d’enlèvements, de trafic, de vols et d’autres violences physiques.  Il a fait remarquer que les arrivées en Italie ont décliné cette année, et avec elles le nombre de personnes décédées ou portées disparues en Méditerranée entre le début 2024 et le 17 septembre.  Ces dernières sont moins nombreuses, avec une baisse de 44% par rapport à la même période en 2023, a-t-il relevé.

M. Pär Liljert, Directeur du Bureau de l’OIM auprès des Nations Unies, a détaillé pour sa part les abus dont plus de la moitié des migrants arrivés en Europe se disent victimes.  Il a décrit une situation particulièrement sombre sur la route de la Méditerranée centrale.  L’augmentation de la proportion de femmes et d’enfants au point d’entrée entre le Soudan et la Libye entraîne de nouvelles formes de violence, comme le travail forcé des enfants et l’exploitation sexuelle, a-t-il précisé. 

Il y a un véritable « cimetière » le long de la route de la Méditerranée centrale, a commenté le représentant de la Fédération de Russie en dénonçant l’Union européenne, qui tenterait selon lui de remédier à la hâte au problème en concluant des partenariats avec des pays africains.  Jugeant ces initiatives tardives, il a estimé que la succession des tragédies ne peut prendre fin que si les réfugiés en mer sont secourus, rappelant que cela relève du droit humanitaire élémentaire.  Considérant que le sauvetage des migrants n’est pas la priorité de l’Europe, il a accusé l’Union européenne d’interdire aux autres navires d’apporter leur assistance, ce qui sape les efforts des ONG humanitaires.  Les institutions européennes ont utilisé le mandat de la résolution 2240 (2015) comme une carte blanche pour endiguer brutalement les flux de migrants et se cacher derrière de beaux discours, s’est-il insurgé.  Une manœuvre devenue si évidente que Bruxelles a fini par renoncer à prolonger l’autorisation, selon lui.

La représentante de la France a rétorqué que le non-renouvellement des autorisations est simplement dû au fait qu’aucun acteur n’y a eu recourt depuis un an. Le rôle du Conseil de sécurité n’est pas d’instrumentaliser les discussions sur nos mécanismes, a-t-elle poursuivi, notant qu’avec la guerre en Ukraine, la Russie est elle-même à l’origine de l’une des plus grandes crises migratoires depuis la Seconde Guerre mondiale, avec plus de 11 millions de personnes déplacées.  Elle a en outre rappelé que l’Union européenne contribue au budget du HCR à hauteur de plus de 1,5 milliard d’euros et qu’elle a investi plus de 46 millions d’euros dans des projets de lutte contre la traite d’êtres humains.

Plusieurs intervenants ont mentionné le problème des réseaux de passeurs.  Le représentant de la Sierra Leone s’est alarmé de leur prolifération, évoquant une véritable traite d’êtres humains, tandis que la Chine a préconisé un renforcement de la coopération régionale pour lutter contre les passeurs et les migrations irrégulières.  Sur une note positive, Malte a salué les effets très concrets de l’opération IRINI, lancée par l’Union européenne pour faire respecter l’embargo sur les armes imposé à la Libye par les Nations Unies, estimant qu’elle appuie efficacement la détection et la surveillance des réseaux de passeurs.

Enfin, nombre de pays –dont la Sierra Leone, la Suisse, les États-Unis, le Japon et la République de Corée– ont souhaité que l’on s’attaque aux causes profondes des migrations, comme les conflits, l’instabilité politique, la pauvreté et les changements climatiques.  Un appel relayé par M. Liljert, qui a préconisé la recherche de solutions régionales. Seuls les gouvernements et communautés locales sont à même de favoriser de meilleurs environnements, seule alternative à la migration irrégulière, a-t-il fait valoir.  À cette même fin, il a également lancé un appel en faveur de la résilience climatique, notamment dans l’agriculture, la gestion de l’eau et les politiques environnementales. 

Enfin, en reprenant la parole, la Fédération de Russie a noté qu’avec l’échéance de l’autorisation découlant de la résolution 2240 (2015), les opérations menées contre les migrants devront respecter le droit de la mer et autre normes applicables.  Il n’y a pas d’autre mandat qui permette d’arrêter des navires en haute mer, a relevé sa représentante en demandant que ce point important soit consigné au procès-verbal de la séance.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Exposés

M. SIVANKA DHANAPALA, Directeur du Bureau de New York du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), a déploré la poursuite des tragédies en mer, malgré les activités de son agence et les efforts qu’elle déploie auprès des États.  Notant que le nombre de personnes traversant la Méditerranée depuis l’Afrique du Nord a considérablement diminué, il a toutefois noté que la sécurité ne s’est pas améliorée le long des principales routes migratoires.  Il a rappelé la publication, cette année, d’un rapport conjoint du HCR, de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et du Centre des migrations mixtes, lequel souligne les risques élevés de décès, de violences sexistes, d’enlèvements, de trafic, de vols et d’autres violences physiques auxquels sont confrontées les personnes en déplacement. 

Détaillant les dernières données sur les migrations dans la région, il a relevé qu’on estime à plus de 134 000 le nombre de migrants ayant quitté l’Afrique du Nord et de l’Ouest par la mer entre janvier et août 2024.  Si les arrivées en Italie ont diminué, il a fait remarquer une augmentation en Afrique du Nord avec 33 000 personnes arrivées en Tunisie et 14 000 en Libye.  Enfin, quelques 1 550 personnes sont décédées ou portées disparues en Méditerranée entre le début de l’année et le 17 septembre, soit une diminution de 44% par rapport à la même période en 2023, a-t-il fait remarquer.

Parmi les problèmes majeurs rencontrés par son agence, il a déploré notamment la complexité de l’accès aux centres de détention, la difficulté d’obtenir la libération des personnes ayant besoin d’une protection internationale, le manque d’accès aux points de débarquement et les restrictions affectant l’enregistrement des nationalités par le HCR.  À ce titre, il a préconisé de mesures provisoires afin de garantir une identification et une assistance rapides.

Pour relever ces défis, il a lancé un appel pour que l’on reconnaisse le droit de demander l’asile aux frontières sans être refoulé ou violemment repoussé. Les personnes ne doivent pas être empêchées de demander la protection qui leur est due au titre du droit international, des droits humains et du droit international des réfugiés, a-t-il insisté.  Il a également préconisé l’établissement de voies de migration appropriées et légales ainsi que la mise sur place de points d’entrée.

Au nom du HCR, il a formulé plusieurs recommandations.  Si elles ne sont pas nouvelles, leur mise en œuvre limitée appelle un renouvellement, a-t-il estimé.  Ainsi, il a demandé que soient garantis les droits humains dans le cadre des coopérations entre États à des fin de gestion des frontières.  Il a également recommandé un meilleur accès à la protection étatique, se disant prêt à assister les pays d’Afrique du Nord qui ont exprimé leur intention d’élaborer leurs propres législations et systèmes nationaux d’asile.  En outre, il a lancé un appel au renforcement des capacités de recherche et de sauvetage en mer, exigeant que les passeurs et trafiquants fassent l’objet de poursuites. Il a aussi exhorté les États à augmenter leurs investissements dans le développement et l’inclusion dans les pays d’asile.  Enfin, il a demandé que l’on s’attaque aux causes profondes des migrations, à savoir les conflits, l’instabilité politique, la pauvreté et les changements climatiques. 

M. PÄR LILJERT, Directeur du Bureau de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) auprès des Nations Unies, a rappelé que la mer Méditerranée est tristement célèbre pour les grands déplacements et les décès de migrants et de réfugiés le long de la route de la Méditerranée centrale, l’une des plus meurtrières.  Différents facteurs ont renforcé la migration depuis l’Afrique, a-t-il expliqué, citant notamment la flambée des prix des denrées alimentaires, les conflits et la violence ciblée.  Les dégâts causés par les catastrophes environnementales, exacerbées par les changements climatiques ne font que s’ajouter à ces problèmes, a-t-il précisé. Malgré les risques immenses, il a averti que les migrants continueront de chercher un futur en Europe, rappelant que la Libye reste, à l’heure actuelle, un point de transit critique. Toutefois, il a noté que les arrivées en Europe, principalement via la route de la Méditerranée centrale, sont en légère diminution cette année entre janvier et septembre. 

Plus de la moitié des migrants arrivés en Europe ont dit avoir subi des abus, a-t-il ensuite déploré.  Il a expliqué que c’est encore plus vrai pour ceux qui ont emprunté la route de la Méditerranée centrale, avec 45% des migrants qui disent avoir subi de la violence physique et 30% des conditions similaires à de la détention. Les adolescents voyageant seuls sont encore plus vulnérables à la violence et aux abus, a précisé M. Liljert, alors qu’on constate une augmentation de la proportion de femmes et d’enfants à Koufra, le point d’entrée entre le Soudan et la Libye.  Ce phénomène mène à son tour à de nouvelles formes de violence, comme le travail forcé des enfants et l’exploitation sexuelle. 

En 2023, l’OIM a enregistré 8 542 décès de migrants, dont 37% en mer Méditerranée, le plus grand nombre enregistré depuis 2014. À défaut de retrouver leurs dépouilles, nombre de migrants restent également portés disparus, a-t-il rappelé, précisant que les données sont encore plus difficiles à récupérer sur terre qu’en mer.  Cette année, au moins 152 personnes ont péri dans la traversée du Sahara pour rejoindre la Libye à la suite d’accidents de voiture, de déshydratation et de violence, a-t-il encore précisé. 

M. Liljert a ensuite appelé les Gouvernements à prendre des mesures urgentes pour diminuer la migration irrégulière.  Premièrement, il s’agit de s’assurer que les opérations de recherche et de sauvetage soient activées rapidement dans toutes les situations de détresse sur terre comme en mer, et y compris le secours rapide aux personnes sur des embarcations de fortune qui ne semblent pas être en danger de naufrage imminent.  De surcroît, a-t-il poursuivi, la Libye n’est pas considérée sûre pour le débarquement de migrants où ceux-ci subissent des violations de leurs droits, la torture et la détention. 

Ensuite, a-t-il développé, il faut adopter une approche holistique afin de s’occuper des causes profondes de ces flux migratoires et de trouver des solutions régionales.  À cette fin, il a appelé à aller au-delà des mesures réactives et à promouvoir les opportunités économiques, l’éducation et la stabilité dans les pays d’origine. Seuls les Gouvernements et les communautés locales peuvent créer des environnements meilleurs fournissant une alternative à la migration irrégulière, a-t-il assuré.  Les changements climatiques étant également en cause, il a appelé à intégrer la réduction des risques et la résilience climatique dans les stratégies de réponse, notamment dans l’agriculture, la gestion de l’eau et les politiques environnementales. 

Enfin, il a encouragé les solutions humanitaires juridiques, telles que les permis de travail temporaire, les visas humanitaires et la réunification familiale. Ces solutions permettent des processus migratoires plus structurés et réduisent le risque de migration irrégulière, a-t-il développé.  Appelant la communauté internationale à coordonner ses efforts afin de prendre des mesures urgentes, il a réitéré le soutien de l’OIM aux initiatives visant à réduire les souffrances humaines liées à la migration irrégulière et à mettre en place des solutions durables. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: la Représentante spéciale fait état d’une exacerbation des dynamiques du conflit dans l’est de la République démocratique du Congo

9736e séance – matin
CS/15839

Conseil de sécurité: la Représentante spéciale fait état d’une exacerbation des dynamiques du conflit dans l’est de la République démocratique du Congo

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

La Représentante spéciale du Secrétaire général pour la République démocratique du Congo (RDC) a indiqué ce matin, devant le Conseil de sécurité, que malgré certains progrès, des défis considérables demeurent à être surmontés dans ce pays, précisant notamment que ces derniers mois, la compétition autour de l’exploitation et du commerce des ressources naturelles a exacerbé les dynamiques du conflit dans l’est de la RDC. 

Venue faire le point sur la situation sécuritaire et humanitaire dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, Mme Bintou Keita n’a pas manqué de se féliciter de l’accord de cessez-le-feu conclu par la RDC et le Rwanda à l’initiative de l’Angola.  Il existe aujourd’hui un « cadre actif de dialogue » entre la RDC et le Rwanda, a-t-elle affirmé, tout en soulignant que « la paix n’est pas gagnée ».  L’Angola, dont le rôle central de médiateur de paix entre la RDC et le Rwanda a été unanimement salué par les intervenants, a signalé que depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu le 4 août, des rencontres ministérielles à Luanda ont lieu, visant à sceller « un accord de paix définitif ».  L’Angola a aussi déclaré œuvrer à la tenue d’un sommet des chefs d’État pour normaliser durablement les relations diplomatiques entre la RDC et le Rwanda. 

Dans son intervention, la Cheffe de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) a souligné que la situation sécuritaire dans l’est de la RDC s’est encore dégradée au cours des derniers mois, l’intensification des violences des groupes armés étant due principalement à leurs coups de force pour s’emparer des zones d’exploitation minière.  « Ces groupes armés sont devenus plus forts d’un point de vue militaire et financier depuis ma dernière intervention devant ce Conseil », a-t-elle admis, avant d’ajouter que l’élimination de la menace posée par les Forces démocratiques alliées (ADF), qui profitent du vide sécuritaire laissé par le déploiement des forces congolaises qui luttent contre le M23 pour intensifier leurs attaques contre les civils, restait une priorité de sa mission. 

Elle a également a fait le point sur la crise sanitaire en RDC, épicentre de l’épidémie de variole simienne (mpox), expliquant que les personnes déplacées en raison du conflit trouvent refuge dans des camps surpeuplés, ce qui les rend d’autant plus vulnérables à la transmission du virus.  Aussi a-t-elle appelé les pays à fournir davantage de vaccins et de seringues aux services de l’État congolais, à l’image de ce que font le Japon et le Royaume-Uni.  La Sierra Leone, qui s’est exprimée au nom des A3+ (Algérie, Mozambique, Sierra Leone et Guyana), a réagi à ces propos en notant que seulement 200 000 doses sont disponibles alors que 10 millions sont nécessaires.  La France, qui a appelé à ne pas « oublier » cette crise dans l’est de la RDC, a indiqué qu’elle participait à la réponse humanitaire à hauteur de plus de 22 millions d’euros cette année. 

En écho à ces déclarations, le Japon a confirmé l’envoi, pas plus tard que le 18 septembre, de vaccins et d’aiguilles d’inoculation, tandis que le Royaume-Uni, qui a précisé que les enfants représentent 60% des cas de variole simienne « et 80% des décès », a expliqué qu’il finalise en ce moment un nouveau programme de vaccination en RDC.  « Les femmes et les filles congolaises, qui sont les premières victimes de violences sexuelles dans le monde, sont particulièrement vulnérables dans le contexte de cette épidémie dont le virus se transmet sexuellement », a souligné le délégué britannique. 

À ce propos, la représentante de la société civile a dressé un bilan particulièrement sombre de la situation, alertant que les violences sexuelles et sexistes ont pris une ampleur inquiétante avec plus de 90 000 cas de violences sexuelles recensés en une année.  La représentante du Fonds pour les Femmes Congolaises a de plus mentionné le cas de 268 femmes et filles violées collectivement à la prison de Makala, à Kinshasa, lors de la tentative d’évasion massive du 2 septembre.  « La communauté internationale a intérêt à écouter les cris de détresse de la population vivant dans la partie est de la RDC en état de désespoir indescriptible », a dit Mme Thérèse Nzale-Kove, qui a insisté sur la nécessité d’une protection accrue des civils pendant et après le retrait de la MONUSCO. 

Sur ce dernier point, les États-Unis, qui ont annoncé la disparition du Congolais-Américain Dikembe Mutomboancienne star de la NBA qui était impliquée dans l’action humanitaire dans son pays d’origine depuis sa retraite sportive, a jugé vital que soient comblées les lacunes que la Mission a laissées dernière elle depuis son départ du Sud-Kivu, notamment en matière de protection des enfants.  Ces tâches humanitaires doivent être transférées et assumées par les services de l’État, a insisté la représentante.  La Fédération de Russie a relevé l’importance d’un retrait progressif de la MONUSCO, en évitant tout « vide sécuritaire »; la Chine, de son côté, encourageant d’ores et déjà l’ONU à aider la RDC à accroître ses capacités de développement autonome pour sortir du cercle vicieux de la violence et des conflits. 

Le représentant de la RDC, après avoir assuré le Conseil de sécurité de la détermination sans faille du Gouvernement de son pays d’œuvrer à l’établissement d’une paix durable dans l’est et à promouvoir le développement socioéconomique et le bien-être des communautés meurtries par le conflit, s’en est pris violemment à son homologue du Rwanda en fin de séance.  Il a accusé ce pays de justifier son « invasion » de la RDC par la présence des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Or, « ces plus de 4 000 troupes rwandaises bombardent des camps et commettent des violations flagrantes des droits de l’homme ».  « Des femmes congolaises sont violées, des enfants congolais sont tués en raison de l’agression armée rwandaise en RDC », a-t-il lancé, ajoutant que la question des FDLR n’est qu’un leurre que brandit le Rwanda a chaque fois qu’il s’exprime au Conseil de sécurité: le problème, c’est le pillage de nos ressources, comme l’indique le contrôle, par les M23 appuyés par le Rwanda, de vastes zones d’exploitation minière, a-t-il dit. 

Pour sa part, le Rwanda a dénoncé le soutien apporté par la RDC aux « forces responsables du génocide des Tutsis », qualifiant cette situation de « menace régionale directe ».  Le représentant rwandais a regretté l’absence de réaction de la communauté internationale, de la MONUSCO et du Conseil de sécurité à cet égard. 

Par ailleurs, le représentant de la Sierra Leone, intervenant en sa capacité de Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1533 (2004) concernant la RDC a présenté le bilan formel d’activités des 12 derniers mois de cet organe chargé de surveiller l’application des mesures de sanction imposées par le Conseil de sécurité. 

LA SITUATION CONCERNANT LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO (S/2024/689)

Exposés

Mme BINTOU KEITA, Représentante spéciale du Secrétaire général et Cheffe de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), présentant le rapport S/2024/689 du Secrétaire général, a salué l’instauration conjointe, le 30 juillet dernier, d’un cessez-le-feu par le Rwanda et la RDC, cela à l’initiative de l’Angola.  Elle s’est félicitée de ce que, outre la poursuite des discussions au titre du processus de Luanda, l’existence de ce cadre actif de dialogue, d’une médiation tout à fait proactive et investie, d’un instrument opérationnel donnent enfin une perspective réelle de paix en RDC. 

Après avoir salué l’adoption de la résolution 2746 (2024) autorisant la MONUSCO à soutenir l’action sécuritaire de la Mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe en RDC, Mme Keita a noté qu’à ce stade, les bailleurs de fonds ont versé 1 milliard de dollars d’aide humanitaire pour l’est du pays, ce qui, a-t-elle dit, « permet de sauver des millions de vie ».  Néanmoins, le niveau record de financement anticipé pour cette année sera insuffisant, puisque ce sont près de 2,6 milliards de dollars qui demeurent nécessaires pour venir en aide à près de 9 millions de personnes dans le besoin. 

La Représentante spéciale a ensuite mis l’accent sur l’état de la situation sécuritaire en Ituri, où l’intensification des violences des groupes armés est due pour l’essentiel à leurs opérations visant la prise de contrôle des zones d’exploitation minière.  Ces groupes armés sont devenus plus forts d’un point de vue militaire et financier depuis sa dernière intervention devant ce Conseil, a concédé Mme Keita.  Elle a souligné que l’élimination de la menace posée par les ADF en Ituri reste une priorité de la MONUSCO, ce groupe armé ayant intensifié ses attaques contre les civils au cours des derniers mois, exploitant le vide sécuritaire laissé par le déploiement des forces congolaises qui luttent contre le M23. 

La Cheffe de la MONUSCO a également évoqué la situation sanitaire en RDC, épicentre mondial de l’épidémie de variole simienne.  Les personnes déplacées trouvent abri dans des camps surpeuplés, propices à la transmission du virus, a-t-elle dit, appelant les pays à fournir en vaccins et seringues le Gouvernement, à l’image de ce que font le Japon et le Royaume-Uni. 

Après avoir évoqué les préoccupations au sujet du rétrécissement de l’espace démocratique dans le pays, Mme Keita est revenue sur un autre « fléau », celui des détenus parqués dans des prisons surpeuplées. Elle a ainsi rappelé que le 2 septembre, des milliers de prisonniers ont tenté de s’évader de la prison centrale de Kinshasa, cette tentative de masse s’étant soldée par la mort de 250 prisonniers et de nombreuses agressions de femmes incarcérées. Elle a appelé le Gouvernement et ses partenaires à créer un environnement propice à la restauration urgente de la cohésion nationale, un antidote selon elle à l’instabilité, laquelle profite à ceux qui appellent à la rébellion armée.  Sur cet autre fléau que sont les violences sexuelles, Mme Keita a rappelé, qu’en 2024, 61 000 victimes ont été traitées par des partenaires humanitaires de la Mission, et que les violences sexuelles et de genre font 1 victime toutes les 4 minutes, « soit plus de 20 d’ici à la fin de cette séance ».  Aussi a-t-elle demandé au Conseil de sécurité et à la communauté internationale de tout faire pour mettre fin au drame des violences sexuelles en RDC, dans le but d’atténuer les inévitables traumatismes qui risquent de grever l’ensemble du tissu social du pays pendant des décennies. 

Enfin, Mme Keita a indiqué que la Mission et le Gouvernement de la RDC sont à l’œuvre pour définir les modalités de mise en œuvre des prochaines étapes du désengagement de la Mission.  Ce travail, qui s’intensifiera dans les semaines à venir, visera à assurer que les principales leçons apprises du désengagement du Sud-Kivu ont été retenues, a-t-elle conclu. 

Mme THÉRÈZE NZALE-KOVE, chargée de programme au Fonds pour les Femmes Congolaises (FFC), qui apporte un appui financier et technique aux organisations locales de promotion des droits de la femme, a exposé la situation « désastreuse » des femmes et des filles en République démocratique du Congo (RDC) et particulièrement dans sa partie est.  Il y a, a-t-elle d’abord indiqué, plus de 7,3 millions de déplacés internes en RDC, dont 94% sont concentrés dans les provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et du Tanganyika.  Or, le plan de réponse humanitaire n’est financé qu’à 37%, ce qui limite gravement les possibilités d’actions.

Les violences sexuelles et sexistes ont pris une ampleur inquiétante, a fait observer Mme Nzale-Kove.  Plus de 90 000 cas de violences sexuelles ont été recensés en une année, violences incluant le viol, la torture, le mariage forcé et l’esclavage sexuel, a détaillé la militante, citant comme exemple le cas de 268 femmes et filles violées collectivement à la prison de Makala, à Kinshasa. 

Cette violence est aggravée par le fait que les survivantes ont le plus grand mal à accéder aux services essentiels, en raison de la stigmatisation et du manque de ressources du système de santé.  En outre, des milliers d’enfants déplacés n’ont pas accès à l’éducation, et plus de 3 700 violations graves à leur encontre, telles que des meurtres et des recrutements dans des groupes armés, ont été signalées.

Concernant la participation des femmes aux processus de paix, l’intervenante a noté que leur impact est visible, malgré une reconnaissance insuffisante.  Elle a cité comme exemple d’action concrète le groupe de réflexion « Synergie des femmes pour la paix et la sécurité », constitué sur l’initiative du FFC.  Cependant, leur rôle reste marginal dans les négociations de paix, malgré la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité.

« La communauté internationale a intérêt à écouter les cris de détresse de la population vivant dans la partie est de la RDC en état de désespoir indescriptible », a poursuivi Mme Nzale-Kove en insistant sur la nécessité d’une protection accrue des civils pendant et après le retrait de la MONUSCO.  Elle a souligné l’importance d’évaluer les systèmes de protection des droits humains ainsi que les inégalités sociales, particulièrement dans les provinces quittées par la mission onusienne.  Elle a plaidé pour l’implication des organisations féminines dans ce processus afin de garantir la continuité des efforts de protection des civils.

Pour conclure, elle a appelé à des mesures contraignantes à l’égard de toutes les parties au conflit armé en RDC et à l’accélération de la mise en œuvre intégrale de la feuille de route de Luanda.  Elle a demandé que soient prises des actions concrètes avec le Gouvernement congolais pour contrer le fléau des violences sexuelles et sexistes.  Enfin, elle a exhorté la MONUSCO et le Gouvernement de la RDC à consulter régulièrement et de manière significative les organisations féminines de la société civile, à tous les stades de la transition.  « La protection des femmes et des enfants n’est pas négociable », a-t-elle finalement lancé.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Haïti: le Conseil de sécurité proroge d’un an le mandat de la Mission multinationale d’appui à la sécurité mais se divise sur sa transformation en une mission de la paix

9735e séance – matin
CS/15838

Haïti: le Conseil de sécurité proroge d’un an le mandat de la Mission multinationale d’appui à la sécurité mais se divise sur sa transformation en une mission de la paix

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, 
la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Le Conseil de sécurité a décidé, ce matin, de proroger jusqu’au 2 octobre 2025 le mandat confié à la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) en Haïti, suite à l’adoption à l’unanimité de la résolution 2751 (2024).  Mandatée par la résolution 2699 (2023), la MMAS a pour objectif de créer les conditions de sécurité propices à la tenue d’élections présidentielle et législatives libres et régulières, dans le cadre d’un processus politique dirigé et contrôlé par les Haïtiens.

Après le vote, les États-Unis et l’Équateur, coauteurs du texte, ont remercié le Kenya et la Communauté des Caraïbes (CARICOM) de leur engagement envers le texte ainsi que les membres du Conseil pour leur soutien à la prorogation du mandat de la MMAS.  « Grâce au déploiement de cette mission, qui constitue un jalon pour la reconstruction de la paix en Haïti, nous avons, en quelques mois à peine, bon espoir de voir les forces de police haïtiennes reprendre le contrôle sur les bandes organisées », a déclaré l’Équateur. 

Si l’adoption de cette résolution réaffirme la volonté de trouver des solutions durables pour traiter des causes profondes de la crise, elle ne constitue pas une solution en soi et il reste énormément de travail pour rétablir la sécurité, a néanmoins souligné le délégué équatorien.  À ce titre, il a appelé à définir une stratégie à long terme, à l’instar des représentants de la République de Corée, du Japon et du Royaume-Uni qui se sont dits prêts à réfléchir aux différentes options quant à l’avenir de la Mission. 

Reconnaissant elle aussi qu’il restait énormément à accomplir en dépit des récentes réalisations, la représentante des États-Unis a estimé que la transformation de la Mission en une mission de la paix permettrait de la renforcer sur les plans financier et logistique.  Il s’agit d’une opportunité de rétablir l’image des missions de la paix et, selon les propos de son homologue maltaise, de faire de la MMAS « un exemple robuste de solidarité internationale ».  Rappelant qu’il s’agit d’une demande initialement exprimée par Haïti, la France a également appelé à mener une réflexion sur cette possible transformation. 

Bien qu’elles soutiennent l’augmentation des capacités de la Mission, la Chine et la Fédération de Russie n’ont pas manqué d’exprimer leurs réserves sur sa potentielle transformation en une mission de la paix.  Si le représentant de la Chine a rappelé les « enseignements lourds de conséquences » d’une présence internationale et de la mise en place de missions externes dans certains pays, le délégué russe a estimé « prématuré » de discuter de ce sujet tant que la criminalité et la « contrebande d’armes américaines » se poursuivent.  Appelant à mieux contrôler les flux d’armes, les deux délégations ont émis le souhait que les futures élections se déroulent dans les meilleures conditions possibles, le représentant de la Russie sommant, au passage, le Conseil de se concentrer sur cet objectif. 

Pour Haïti en revanche, la transformation de la MMAS en une mission de la paix est « non seulement nécessaire mais surtout urgente ».  Une telle transformation permettrait de mobiliser plus de ressources financières et d’apports matériels essentiels pour répondre à l’ampleur de la crise, a argumenté le représentant haïtien, insistant sur l’insécurité toujours omniprésente et les multiples défis économiques posés par les groupes armés qui continuent de se procurer des armes au travers de voies illicites. 

« Rien que durant le premier semestre de cette année, l’ONU a enregistré 3 600 homicides, une augmentation de 74% par rapport à l’année dernière », a signalé le délégué haïtien qui s’est dit convaincu de la capacité du peuple haïtien à sortir de cette crise à condition que la communité internationale continue à le soutenir avec la même détermination et les ressources adéquates: « Ensemble, nous pouvons construire un pays plus sûr et plus prospère ».  Un optimisme partagé par le Kenya qui a souligné les progrès notables réalisés par la MMAS en matière de sécurisation des infrastructures stratégiques tout en rappelant la nécessité d’augmenter les ressources logistiques de la Mission via les contributions volontaires des États Membres. 

En dépit des divergences sur le statut futur de la Mission, plusieurs délégations, dont celles de la Slovénie et du Guyana, qui s’exprimait au nom des A3+ (Algérie, Mozambique, Sierra Leone et Guyana), ont, elles aussi, insisté sur la nécessité d’engranger davantage de financements.  Il faut encourager les États Membres à soutenir la Mission financièrement et le Conseil à utiliser tous les outils à sa disposition afin d’aider la MMAS à préparer le terrain pour la tenue d’élections et la Police nationale d’Haïti à reprendre le contrôle sur les quartiers tombés entre les mains des gangs armés, a insisté le représentant slovène, qui a appelé à « ne pas répéter les erreurs du passé ».  « Le peuple haïtien a le droit à la sécurité et la prospérité », a appuyé la Suisse.

LA QUESTION CONCERNANT HAÏTI

Texte du projet de résolution (S/2024/695)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant toutes ses résolutions antérieures concernant Haïti, notamment les résolutions 2645 (2022), 2653 (2022), 2692 (2023) et 2743 (2024), et réaffirmant la résolution 2699 (2023),

Remerciant les responsables kényans de la Mission multinationale d’appui à la sécurité, se félicitant du déploiement de la Mission en Haïti, en réponse à l’appel lancé par le Secrétaire général et le Gouvernement haïtien, après consultations avec Haïti et compte tenu du fait que, dans sa résolution 2699 (2023), le Conseil a autorisé qu’un appui soit apporté à Haïti sur le plan de la sécurité, et se félicitant également que plusieurs États Membres aient proposé de participer à la Mission et que des contributions financières aient été versées à l’appui des opérations de la Mission, 

Se déclarant profondément préoccupé par la situation en Haïti, s’agissant notamment de la violence, des activités criminelles et des déplacements massifs d’Haïtiens,

Se félicitant du partenariat établi entre les autorités haïtiennes et les responsables de la Mission pour rétablir la sécurité publique dans l’intérêt du peuple haïtien,

Réaffirmant la nécessité de continuer de mener un processus politique dirigé et contrôlé par les Haïtiens qui permette la tenue d’élections présidentielle et législatives libres et régulières, et rappelant le mandat de la Mission, qui consiste à créer les conditions de sécurité propices à leur tenue,

Déclarant que le Secrétaire général peut fournir à la Mission des moyens d’appui logistique, lorsque la Mission et ses donateurs en font la demande, dans le plein respect de la politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme en cas d’appui de l’ONU à des forces de sécurité non onusiennes, à condition que ces moyens soient remboursés en intégralité à l’Organisation des Nations Unies à l’aide des contributions volontaires disponibles,

Considérant que la situation en Haïti continue de menacer la paix et la sécurité internationales et la stabilité dans la région,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Décide de proroger jusqu’au 2 octobre 2025 le mandat confié à la Mission multinationale d’appui à la sécurité par la résolution 2699 (2023), et demande de nouveau à Haïti et aux responsables de la Mission de l’informer régulièrement, ainsi que le Secrétaire général, des progrès accomplis concernant le déploiement;

2.    Rappelle et réaffirme les autres paragraphes de la résolution 2699 (2023), en notant que les mesures d’embargo sur les armes prévues au paragraphe 14 de ladite résolution ont été réaffirmées et reconduites dans la résolution 2700 (2023);

3.    Encourage la Mission à accélérer son déploiement et souhaite voir s’accroître les contributions volontaires et l’appui à la Mission;

4.    Décide de rester activement saisi de la question.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: au cinquième jour du débat général, l’Ukraine, le Moyen-Orient et la réforme du système international continuent d’irriguer les discours

Soixante-dix-neuvième session    
15e et 16e séances, matin & après-midi  
AG/12639

Assemblée générale: au cinquième jour du débat général, l’Ukraine, le Moyen-Orient et la réforme du système international continuent d’irriguer les discours

Au cinquième jour du débat général de l’Assemblée générale des Nations Unies, une trentaine d’orateurs, essentiellement des ministres des affaires étrangères, ont pris la parole pour s’exprimer sur des thèmes déjà largement explorés les jours précédents par les Chefs d’État ou de gouvernement d’autres États Membres, qu’il s’agisse de la sécurité internationale, du développement, des changements climatiques ou encore de la réforme du système de Nations Unies et des institutions financières internationales. 

Pour nombre d’intervenants, la recherche de la paix souffrirait du manque d’un « réel engagement », comme en témoignent l’augmentation continue des dépenses militaires partout dans le monde et la persistance du recours à une rhétorique accusatrice.  Ces dépenses détournent des ressources qui pourraient permettre de faire face à la multiplication des menaces non traditionnelles, a ainsi déploré le Vice-Premier Ministre du Cambodge, pour qui tout faux pas dans les différents points chauds peut déclencher une guerre régionale, voire mondiale, pouvant impliquer des armes nucléaires.  Le Secrétaire d’État du Saint-Siège a dénoncé une « troisième guerre mondiale fragmentaire », déplorant que l’engagement militaire reste la voie privilégiée, en lieu et place des gestes de bonne volonté et des espaces de dialogue direct. 

La situation au Moyen-Orient est restée au centre des inquiétudes et des indignations.  Le Ministre des affaires étrangères de la Chine a dénoncé dans la question de la Palestine « le plus grand affront à la conscience internationale », tandis que son homologue égyptien voyait dans « l’agression israélienne brutale » de Gaza et de la Cisjordanie une « tache sur la conscience de la communauté internationale et de ses institutions ».  Le Conseil de sécurité prendra-t-il des mesures uniquement pour mettre fin aux atrocités d’Israël quand tous les Palestiniens seront déplacés, quand 100 000 Palestiniens seront tués, ou quand un conflit armé régional éclatera, s’est demandé le Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie. 

« Nous sommes en train de provoquer des générations de haine pour les 20 ou 30 prochaines années, de détruire l’espérance et de créer une future génération de membres du Hamas, du Hezbollah », s’est aussi emporté le Ministre des affaires étrangère du Luxembourg face à ceux qui demandent de choisir entre Israël et la Palestine: « On peut être pour la paix, pour les populations civiles, sans devoir choisir si on est pour une partie ou pour l’autre ».  Rien ne justifie en effet l’immense souffrance et la punition collective imposée à la population de Gaza, tout comme est « dangereuse » la vision selon laquelle tout est noir ou tout est blanc, a abondé le Ministre des affaires étrangères de la Norvège, pays garant du processus d’Oslo sur le conflit israélo-palestinien.  

La guerre en Ukraine a permis à plusieurs orateurs d’accuser la Fédération de Russie d’agression et de violation de la Charte, mais aussi à d’autres de s’afficher plus constructifs.  La Chine a ainsi exposé son action « constructive », qui vise à éviter toute extension et toute escalade des combats, refuser la provocation des tensions et œuvrer à un apaisement rapide sans jeter de l’huile sur le feu, ni tirer profit du conflit.  La Norvège, qui a, elle, rappelé qu’elle apportait aux Ukrainiens une aide conséquente, militaire et civile, prône également une « paix juste » pour l’Ukraine. 

Le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, qui a jugé « insensées » les « incantations » des maîtres occidentaux de Kiev sur l’absence d’alternative aux négociations basées sur la « formule de paix » du Président ukrainien, assimilée à un « ultimatum voué à l’échec », a rappelé que la Charte des Nations Unies ne pose pas seulement comme principe l’intégrité territoriale mais aussi l’obligation de respecter le principe de l'égalité souveraine de tous les États et le Droit des peuples à l’autodétermination. 

Mais pour la Russie, la « minorité occidentale » est incapable de renoncer à ses pratiques néocoloniales consistant à siphonner les richesses naturelles et culturelles des pays du Sud.  « Vivre selon le droit international équivaut pour un certain nombre de pays à une lente extinction », a abondé le Ministre des affaires étrangères du Bélarus. Le Ministre chinois a rappelé sa participation, avec le Brésil et d’autres États du Sud global, au Groupe des amis pour la paix, créé en marge des travaux de cette session afin de poursuivre les buts et principes de la Charte et fédérer les esprits en ce sens. 

La nécessaire transformation de l’ordre international, du fait de l’échec du système actuel, a été de nouveau réclamée par de nombreux intervenants.  Pour la Ministre des affaires étrangères du Mexique, « l’hégémonie néolibérale fait face à l’échec patent de son modèle de développement extractiviste, qui socialise les pertes, privatise les profits, appauvrit les peuples et dévaste la planète ».  Son homologue de l’Inde a dénoncé « l’évasion des responsabilités » des pays développés en matière d’action climatique, qui compromet les perspectives de croissance des pays en développement, puisque la pénurie de ressources a pour effet de limiter la poursuite des objectifs de développement durable. 

Plusieurs pays, comme Singapour, Cuba, l’Indonésie ou le Kazakhstan, ont appelé à d’amples consultations afin de réaliser la démocratisation des relations internationales et faire évoluer la gouvernance mondiale dans un sens juste et équitable.  Si cette position était surtout celles de pays du « Sud global », un pays occidental tel que Saint-Marin souhaite lui aussi qu’on atteigne un « leadership sans hégémonie » par un dialogue continu entre les États et « la conscience que le dépassement des positions initiales respectives est essentiel pour négocier l’accord le plus vaste possible ». 

Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est un monde sans blocus, ni sanctions unilatérales, basé sur le multilatéralisme, dans le plein respect de la Charte des Nations Unies et du droit international, a affirmé le Ministre des affaires étrangères de Cuba, soumis depuis 60 ans à des sanctions unilatérales de la part des États-Unis, dont plusieurs États, notamment la Grenade, ont une fois encore réclamé la levée. 

Ce qui est acquis, c’est qu’avec l’émergence des pays du Sud global, l’époque où une puissance ou deux dictaient la loi est « à jamais révolue », a résumé la Chine.  

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL

Déclarations

M. DICKON MITCHELL, Premier Ministre, Ministre des infrastructures et du développement physique, des services publics, de l’aviation civile et des transports et Ministre de la sécurité nationale, des affaires intérieures, de l’administration publique, de l’information et de la gestion des catastrophes de la Grenade, a attiré l’attention de l’Assemble générale sur deux « problèmes hémisphériques »: Cuba et Haïti. 

Si la Grenade et la Communauté des Caraïbes (CARICOM) saluent la décision des États-Unis de retirer Cuba de leur liste des États qui « ne coopèrent pas pleinement » dans la lutte contre le terrorisme, elle reste sur la liste américaine des États qui parrainent le terrorisme et le blocus américain est maintenu.  Pour le Premier Ministre, ce fait est troublant et le peuple cubain est contraint de subir cette imposition qui dure depuis 60 ans et qui n’a aucun objectif positif.  Il a donc appelé à la levée du blocus qui pèse sur l’île. 

S’agissant d’Haïti, M. Mitchell a souligné la crise humanitaire urgente, l’insécurité alimentaire aiguë et une situation sécuritaire difficile.  Il a dit sa reconnaissance au Belize et à la Jamaïque d’avoir envoyé du personnel de sécurité pour soutenir les troupes kényanes, mais a rappelé que la question du financement de la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MMAS) reste essentielle.  Il s’est dit en ce sens profondément intéressé par la proposition des États-Unis de transformer cette mission en une opération officielle de maintien de la paix des Nations Unies.  Quelle que soit l’approche, la Grenade appelle la communauté internationale à faire sa part pour soutenir la Mission et pour atténuer la crise humanitaire. 

Désireux d’adresser à l’Assemblée générale un message simple que résume la « résilience », le Premier Ministre a convenu qu’il s’agit d’un « terme à la mode, j’en suis conscient », pour ajouter aussitôt que « pour 16 millions de personnes dans la Communauté des Caraïbes, la résilience est la définition de la vie quotidienne ».

La résilience est aussi un itinéraire personnel, a affirmé M. Mitchell, qui a décrit le sien, celui d’un enfant né en 1977 dans un village sans eau ni électricité et devenu aujourd’hui Premier Ministre de son pays. Il a ainsi expliqué que, parmi ses principales priorités en tant que Chef de gouvernement, figure celle de veiller à ce que les enfants de la Grenade aient la possibilité d’apprendre, d’étudier et de réaliser leur plein potentiel.

M. Mitchell a également relaté la résilience dont son pays a fait preuve, lorsque notamment en 2004, l’ouragan Ivan a dévasté l’île, et que, moins d’un an plus tard, elle a été frappée par l’ouragan Emily.  Il y a trois mois, ce sont les îles de Carriacou et Petite Martinique qui ont été frappées par l’ouragan Beryl, provoquant des destructions inimaginables, a-t-il rappelé. 

La leçon apprise alors dans la CARICOM est que nous ne pouvons pas continuer à reconstruire après chaque tempête sans rechercher des solutions durables et que nous ne pouvons pas le faire seuls, que nous ne pouvons pas financer ces projets seuls, a insisté M. Mitchell.  Pour lui, des pays comme la Grenade font leur part, mais ont besoin que la communauté internationale se mobilise et soutienne leurs efforts.  Nous demandons plus qu’une simple aide financière; nous recherchons des partenariats avec lesquels nous pouvons travailler ensemble sur l’adaptation aux changements climatiques, a-t-il expliqué.  Parce que nous pensons que la résilience que nous construisons aujourd’hui, grâce à la technologie, à l’innovation et aux partenariats, peut servir de modèle à d’autres, a-t-il conclu.

M. AMADOU OURY BAH, Premier Ministre de la Guinée, a évoqué trois « 28 septembre » ayant marqué l’histoire de son pays, « trois événements, trois moments qui incarnent l’esprit de résilience et de liberté de notre peuple ».  Il a cité le 28 septembre 1958, voilà exactement 66 ans, lorsque le peuple de Guinée a choisi de voter massivement pour le « Non » au référendum proposé par le Général De Gaule, optant ainsi pour l’indépendance immédiate. Puis le 28 septembre 2009, quand ce même peuple a réclamé au prix d’un très lourd tribut sa pleine jouissance de la liberté, de la démocratie et de la dignité.  Et enfin ce jour, 28 septembre 2024, lors duquel « nous renouvelons notre engagement en toute liberté envers ces dynamiques et forger un avenir fondé sur la paix, la justice et la dignité pour tous ». 

M. Oury Bah a jugé impératif qu’en cette heure de grande turbulence mondiale, marquée par des conflits, des inégalités grandissantes et une crise climatique qui menace notre existence même, les États soient audacieux dans leurs actions et unis autour d’une vision commune.  Estimant que l’esprit de solidarité et de coopération qui a guidé l’ONU depuis sa création est plus nécessaire que jamais, il a appelé les pays à la soutenir en s’inspirant notamment du relèvement de la Guinée amorcé en 2009 de manière responsable et transparente. 

Le Premier Ministre a ensuite présenté le programme « Simandou 2040 », qualifié de projet emblématique qui incarne une véritable vision de l’avenir et placé au cœur de la transformation nationale de son pays. Ce programme, a-t-il expliqué, incarne bien plus qu’un simple projet minier, puisqu’il ambitionne de bâtir « un véritable programme sociétal et environnemental, où l’homme et son environnement coexistent en harmonie ».  En allouant 20% des revenus générés au développement du capital humain, nous affirmons notre volonté de garantir que les retombées économiques de Simandou profitent directement à nos populations, a-t-il expliqué.  M. Oury Bah a précisé que le projet repose sur une coopération internationale inédite, où les intérêts de grandes puissances comme la Chine et les États-Unis, habituellement rivales ailleurs, se combinent en Guinée dans un climat constructif. 

Après avoir souligné que les valeurs de justice, de paix et de solidarité sont réaffirmées dans la nouvelle Constitution de la République de Guinée en préparation, le Premier Ministre a reconnu que le chemin vers la refondation ne peut être parcouru seul.  La Guinée en appelle donc à un soutien international sincère et renforcé, fondé sur le respect mutuel, l’écoute, et l’accompagnement dans la poursuite de nos objectifs communs.  La Guinée, a insisté M. Oury Bah, ne sollicite pas la compassion, elle propose un partenariat, une alliance active et dynamique, pour construire ensemble un monde où la paix, la justice, et la dignité sont des droits universels. 

Par ailleurs, le Premier Ministre guinéen a déclaré que la lutte contre le terrorisme et les conflits armés ne peut être gagnée qu’en adoptant une approche elle aussi holistique, qui place la justice sociale, le développement équitable, et la solidarité régionale au cœur des efforts engagés.  À cette aune, il estime qu’il est temps que le Conseil de sécurité des Nations Unies reflète véritablement la diversité et les aspirations du monde d’aujourd’hui, y compris celles de l’Afrique.

Concernant les changements climatiques, M. Oury Bah a indiqué qu’en réaffirmant l’engagement de son gouvernement à faire inscrire le massif du Fouta Djallon, « véritable château d’eau de l’Afrique de l’Ouest », sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, la Guinée envoie un signal fort en faveur de la préservation des écosystèmes, tout en prévenant d’éventuels conflits liés à la gestion des ressources en eau.  Parce que garantir l’équilibre écologique de la région, c’est aussi garantir la paix pour les générations futures, il a demandé à la communauté internationale de renforcer ses engagements pour les objectifs de développement durable, en particulier pour les pays les moins avancés.  « Il est urgent de garantir un financement climatique juste et d’adopter des politiques de transition énergétique qui ne laissent personne de côté », a-t-il insisté. 

M.PETRO PAROLIN, Secrétaire d’État du Saint-Siège, s’est inquiété de l’augmentation du nombre et de l’intensité des conflits, insistant sur la nécessité de respecter un droit international humanitaire de plus en plus mis à mal par le ciblage des lieux de culte, des écoles et des hôpitaux.  Il a le pointé le rôle déstabilisateur joué par des acteurs non étatiques violents dans de nombreuses crises à travers le monde, les appelant à renoncer à la violence et aux actes de terrorisme.  Regrettant l’absence de « réel engagement » en faveur de la paix, il a jugé impératif de se départir de la tendance à utiliser une rhétorique accusatrice.  Dans cette optique, il ne suffit pas d’éliminer les instruments de la guerre, il faut aussi en éradiquer les causes profondes, la première d’entre-elle étant la faim.  Face à l’augmentation continue des dépenses militaires, il a souligné que le pape appelait les pays riches à « reconnaître la gravité de leurs choix passés et à se décider à annuler les dettes des pays qui ne pourront jamais les rembourser ». 

Citant à nouveau le Saint-Père, M. Parolin a réaffirmé que « le chemin de la paix passe par le respect de la vie, de toute vie humaine, à commencer par la vie de l’enfant à naître dans le sein de sa mère, qui ne peut être ni supprimée ni transformée en objet de trafic ». Il a également dénoncé la gestation pour autrui comme une « grave violation de la dignité de la femme et de l’enfant, fondée sur l’exploitation de la situation matérielle des mères porteuses ».  Il a appelé la communauté internationale à interdire cette pratique de manière universelle. Défendant ensuite la dignité des migrants, il a déclaré que les personnes en quête de refuge ne devaient pas être rejetées, mais accueillies avec respect et humanité.  « Aucune machine ne devrait jamais pouvoir choisir de prendre la vie d’un être humain », a-t-il par ailleurs déclaré. Il est donc urgent de reconsidérer le développement des systèmes d’armes létales autonomes et, à terme, d’en interdire l’usage.  Il a appelé à définir un cadre réglementaire éthique juridiquement contraignant, dans le domaine militaire que civil. 

Le Secrétaire d’État a fait un vaste tour d’horizon mondial des crises, rappelant là encore la parole du pape qui évoque « une troisième guerre mondiale fragmentaire ».  S’il est évident que l’engagement militaire reste la voie privilégiée dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine, il est toutefois essentiel d’encourager « les gestes de bonne volonté et les espaces de dialogue direct entre les parties concernées ».  Il s’est dit préoccupé par l’instabilité qui déchire le Moyen-Orient, en particulier après l’attaque terroriste du 7 octobre 2023 menée par le Hamas et d’autres groupes armés palestiniens.  Cependant, la réponse militaire d’Israël, compte tenu du nombre élevé de victimes civiles, soulève de nombreuses questions quant à sa proportionnalité, a-t-il considéré, avant d’appeler à un cessez-le-feu immédiat à Gaza et en Cisjordanie, ainsi qu’à la libération de tous les otages israéliens, et à un accès à l’aide humanitaire pour la population palestinienne.  Il a réaffirmé le soutien du Saint-Siège à la solution des deux États, avec un statut spécial pour Jérusalem, exprimant sa vive préoccupation quant à la situation dans la Ville sainte, où le harcèlement et la discrimination ruinent la coexistence pacifique des chrétiens, des juifs et des musulmans.  Il a condamné les actes antichrétiens perpétrés il y a plusieurs mois par une minorité de personnes juives et appelé les autorités à continuer à s’opposer fermement à cette dérive idéologique.  L’intensification continue du conflit entre le Hezbollah et l’armée israélienne met en danger l’ensemble de la région, a-t-il averti, exigeant que toutes les parties respectent les principes du droit international humanitaire et concluent un cessez-le-feu sans délai. 

M. WANG YI, Représentant spécial du Président Xi Jinping, membre du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois et Ministre des affaires étrangères de la Chine, a décrit l’humanité comme étant à un « carrefour historique » et le monde comme étant soumis à des turbulences, mais aussi à des transformations.  L’aspiration des pays du Sud global à la modernisation n’a jamais été aussi forte, et leur démarche en ce sens jamais été aussi ferme. Réaliser la modernité est un droit inaliénable de tous et non un privilège de certains.  Aucune civilisation n’est supérieure aux autres; elles sont différentes.  Il faut dès lors renoncer à la diplomatie des valeurs et refuser la confrontation idéologique, car dans le monde d’aujourd’hui, tous les pays sont égaux et souverains. 

Avec l’émergence des pays du Sud mondial, l’époque où une puissance ou deux dictaient la loi est « à jamais révolue », a assené le Ministre chinois. Ce qu’il faut maintenant, c’est promouvoir un monde multipolaire, réaliser un véritable multilatéralisme, poursuivre le principe d’amples consultations, réaliser la démocratisation des relations internationales et faire évoluer la gouvernance mondiale dans un sens juste et équitable. 

M. Wang a ensuite plaidé pour la paix, notamment en Ukraine. L’urgence, a-t-il dit, est de veiller à la non-extension et non-escalade des combats, la non-provocation des tensions et œuvrer à un apaisement rapide de la situation.  La Chine poursuit son rôle constructif et ses navettes diplomatiques pour favoriser des pourparlers de paix.  Elle ne souhaite pas jeter de l’huile sur le feu, ni tirer profit du conflit. En marge de cette session de l’Assemble générale, la Chine, avec le Brésil et d’autres pays du Sud mondial, a créé le Groupe des Amis pour la paix, dont le but est de poursuivre les buts et principes de la Charte relatifs à la paix et de fédérer les esprits en ce sens, a-t-il indiqué.

Pour M. Wang, la question de la Palestine est « le plus grand affront à la conscience internationale ».  Le conflit persiste à Gaza, avec son lot quotidien de victimes innocentes.  Au Liban, la force pourrait remplacer la justice.  Un cessez-le-feu complet est la priorité absolue, de même que la solution des deux États est la voie fondamentale à suivre, a martelé le Ministre, insistant sur les efforts de son pays pour favoriser la réconciliation interpalestinienne et l’admission comme membre de plein exercice de l’État de Palestine à l’ONU.  Il a également cité le cas de l’Afghanistan, disant qu’il faut aider ses autorités à adopter des politiques modérées, lutter contre le terrorisme et relancer l’économie. 

Quant à la péninsule de Corée, elle ne doit plus retomber dans les conflits. Il faut inlassablement régler les différends par le dialogue et passer des mécanismes de cessation des hostilités à des mécanismes de paix.  De la même manière, la Chine « s’oppose fermement à l’immixtion en Asie, de pays extérieurs à la région et aux agissements de forces visant à semer le trouble et à inciter à la confrontation dans la région », a-t-il averti. M. Wang a également abordé la question des mesures coercitives unilatérales prises.  La répression et l’encerclement d’autrui ne résout pas les problèmes à domicile, a-t-il déclaré, appelant les États-Unis à lever l’embargo imposé à Cuba et à le retirer de la liste des pays soutenant le terrorisme. 

M. MURAT NURTLEU, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a souligné combien le processus décisionnel du Conseil de sécurité de l’ONU est paralysé, le Secrétaire général lui-même considérant que cet état de fait porte atteinte à la crédibilité, à la légitimité et à l’efficacité de l’Organisation dans son ensemble.  Pour M. Nurtleu, il est temps de mettre en œuvre le changement dont le monde a besoin.  Il a à cet égard rappelé que l’année dernière, depuis la tribune de l’Assemblée générale, le Président kazakh avait présenté une initiative intitulée « Unité mondiale pour une paix juste et pour l’harmonie », ce cadre « visionnaire » visant à instaurer une culture de la paix, de la stabilité et de la sécurité grâce à une participation équitable du Sud et du Nord aux processus globaux de décision.  Les voix des puissances moyennes et des pays en développement sont essentielles pour surmonter les divisions et favoriser une architecture de sécurité internationale plus efficace, a-t-il renchéri.  C’est dans cet esprit qu’il a invité toutes les nations à adhérer à l’initiative de son pays, avançant que ce n’est qu’ensemble que les États peuvent ouvrir la voie à un monde plus harmonieux et plus uni. 

Sur les questions proprement dites de sécurité internationale, le Ministre a affirmé que le risque accru d’une nouvelle course aux armements nucléaires exacerbe la polarisation géopolitique, rappelant que, pendant plus de quatre décennies, le peuple et le territoire du Kazakhstan ont subi les effets dévastateurs de 456 essais nucléaires.  Le désarmement et la non-prolifération nucléaires sont des piliers essentiels de la politique étrangère de mon pays, a-t-il martelé.  Après avoir appelé tous les États dotés d’armes nucléaires à adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), il a exhorté les pays qui ne l’ont pas encore fait à adhérer au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) dès que possible, « pour la sécurité, la stabilité et la survie de notre monde ».  Il a annoncé à l’Assemblée générale qu’en tant que Président de la prochaine réunion des Parties au TIAN, son pays proposera la création d’un fonds international d’aide aux victimes des essais nucléaires.  Par ailleurs, a-t-il fait savoir, le Kazakhstan accueillera un sommet régional sur le climat en 2026 et mettra l’accent sur la nécessité de renforcer la coopération entre les membres de l’ONU en matière de résilience climatique et de transition verte.  De plus, c’est comme Président actuel du Fonds international pour le sauvetage de la mer d’Aral que le Kazakhstan travaille avec des partenaires régionaux sur un mécanisme de coopération durable et à long terme pour l’utilisation efficace des ressources en eau et en énergie en Asie centrale, a-t-il dit. Enfin, M. Nurtleu a annoncé que son pays, expert dans le secteur de l’action humanitaire au Moyen-Orient, organisera en 2025, à Astana, une conférence internationale sur les meilleures pratiques en matière de rapatriement et de réintégration des femmes et des enfants après les conflits.

M. CHENDA SOPHEA SOK, Vice-Premier Ministre du Cambodge, a constaté que « le tableau du monde actuel est bien sombre ».  Il a regretté que les conflits violents en Ukraine, à Gaza, au Soudan, au Myanmar et dans de nombreuses autres régions du monde fassent rage malgré les efforts de désescalade.  « Tout faux pas dans les différents points chauds peut déclencher une guerre régionale, voire mondiale, pouvant impliquer des armes nucléaires », a-t-il averti.  Constatant l’augmentation des dépenses militaires dans le monde entier, il a affirmé qu’elles détournent des ressources qui pourraient permettre de faire face à la multiplication des menaces non traditionnelles, qu’aucun pays ne peut affronter seul. 

Espérant une fin rapide de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, par la diplomatie et le dialogue, le Vice-Premier Ministre a salué tous les efforts de désescalade et toutes les initiatives politiques qui engagent en faveur d’une paix durable.  Évoquant le conflit israélo-palestinien, il a réaffirmé le soutien de longue date de son pays à la solution des deux États, rappelant qu’il appuyait à la fois la création de l’État de Palestine et sa candidature à un statut de membre à part entière des Nations Unies.  Le Cambodge, qui condamne tous les actes de terrorisme, appelle à mettre fin à la guerre en cours à Gaza.  Se disant en outre « vivement préoccupé par la perspective d’une guerre totale au Moyen-Orient » liée à l’intensification des combats au Liban, M. Sok a affirmé que l’escalade dans la région devait cesser et appelé la communauté internationale à se mobiliser à cette fin. 

En tant que membre de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), le Cambodge réaffirme son attachement au plan en cinq points de l’organisation comme base d’une solution pacifique et inclusive à la crise au Myanmar.  Il juge nécessaire de mettre en place un processus politique contrôlé par le Myanmar en vue d’une paix durable, ainsi qu’apporter une assistance humanitaire.  Le Vice-Premier Ministre a salué la nomination de l’Envoyée spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour le Myanmar et dit espérer qu’elle travaillera en étroite collaboration avec l’Envoyé spécial de la présidence de l’ASEAN pour le Myanmar.

Compte tenu du passé sombre du Cambodge, nous pensons que la paix est une condition sine qua non du développement, a expliqué le Vice-Premier Ministre, ajoutant que l’actuelle stratégie de développement à long terme du Cambodge, appelée Stratégie pentagonale, visait à en faire une société dynamique et juste, politiquement stable, bien gouvernée et respectueuse de l’état de droit.  Il a indiqué qu’avec une croissance économique qui devrait atteindre 6% en 2024, le Cambodge était en passe de réduire le taux de pauvreté à moins de 10% d’ici à 2028, d’obtenir le statut de pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure d’ici à 2030, et le statut de pays à revenu élevé d’ici à 2050.  Pour ce faire, le Cambodge accordera une priorité absolue au développement de son capital humain, en vue de répondre aux exigences de l’ère numérique, a-t-il indiqué. Expliquant que le deuxième pilier du développement s’appuyait sur des secteurs clefs tels que les transports et l’énergie, il a salué comme un tournant majeur la construction du canal Funan Techo, qui relie Phnom Penh au golfe de Thaïlande.  Il s’est aussi félicité du développement de l’accès aux services publics en ligne, ainsi que de l’introduction d’un système de paiement numérique par la Banque centrale utilisant la technologie de la chaîne de blocs.

« Il est temps que les États Membres réaffirment leur attachement envers le système mondial et rétablissent la confiance en celui-ci », a affirmé le Vice-Premier Ministre, pour qui le Conseil de sécurité devrait être plus représentatif et mieux adapté aux besoins du XXIsiècle. Rappelant que son pays avait envoyé plus de 9 000 Cambodgiens servir dans 11 missions de paix des Nations Unies, il a demandé le soutien des États Membres à sa candidature au Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix pour la période 2025-2026.  Enfin, il a rappelé que son pays accueillerait en novembre la cinquième Conférence d’examen de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, dite Convention d’Ottawa. 

M. XAVIER BETTEL, Vice-Premier Ministre, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur, Ministre de la coopération et de l’action humanitaire du Luxembourg, a évoqué la multitude de conflits autour du globe et a voulu s’attarder sur l’Ukraine.  « Pourquoi cette guerre? » a-t-il demandé, en remarquant la présence de représentants de la Fédération de Russie dans la salle.  Critiquant quelques arguments avancés pour justifier cette agression, il a ajouté: « Commencer la guerre est facile, la terminer est ce qui demande de la grandeur. »  Pour trouver une solution pérenne, tous les partenaires doivent pouvoir être réunis autour de la table, a martelé M. Bettel. 

S’agissant du conflit entre le Hamas et Israël, il faut être conscient qu’il n’y aura pas de vainqueur dans cette guerre.  Comment expliquer à un jeune Israélien que la Palestine est un pays ami alors que son frère ou sa sœur sont peut-être encore otages du Hamas?  Comment expliquer à un jeune Palestinien qu’Israël est un pays voisin ami alors qu’il a enterré ses parents la veille? s’est encore demandé M. Bettel. Selon lui, « nous sommes en train de provoquer des générations de haine pour les 20 ou 30 prochaines années ».  Évoquant la mort du chef du Hezbollah, il a dit que les organisations terroristes sont comme des pieuvres: lorsqu’on leur coupe un bras, il y en a un autre qui repousse. « Le meilleur rempart contre le fanatisme est d’avoir une espérance en tant que jeune, et nous sommes en train de détruire l’espérance et de créer une future génération de membres du Hamas, du Hezbollah », a mis en garde le Vice-Premier Ministre. 

Il a également rendu hommage au personnel de l’UNRWA qui continue de travailler dans des conditions extrêmement difficiles.  « Il n’y a pas d’alternative à l’UNRWA » sur le terrain, a-t-il lancé à Israël qui veut l’inscrire sur une liste d’organisations terroristes.  Il a dit comprendre qu’Israël a le droit de se défendre, « mais il y a des limites ».  Par ailleurs, M. Bettel s’est énervé contre ceux qui demandent de choisir entre Israël et la Palestine: « on peut être pour la paix, pour les populations civiles, sans devoir choisir si on est pour une partie ou pour l’autre ». Estimant qu’une paix durable ne peut être établie qu’en respectant les droits fondamentaux de tous, le Luxembourg a réitéré son soutien à la solution des deux États. 

M. Bettel s’est ensuite inquiété de la situation au Sahel, région affectée par des coups d’État et par l’instabilité.  En tant que Ministre de la coopération du Luxembourg, M. Bettel a indiqué avoir imposé de nouveaux critères pour les partenariats en demandant que les droits des uns et des autres soient respectés et de ne pas revenir en arrière, notamment en ce qui concerne les droits des femmes, des minorités, des personnes LGBT, et le droit de pratiquer une religion, quelle qu’elle soit. La diversité fait la richesse d’un pays, a-t-il assené.  « Sans vouloir donner de leçons à qui que ce soit », il a insisté sur le maintien de l’état de droit.

Au sujet de l’environnement, il a regretté que le sujet soit un peu passé « à la trappe », demandant de ne pas oublier que certains pays risquent de disparaître, en particulier des petites îles.  Selon lui, la COP 29 qui aura lieu à Bakou prochainement sera un moment très important.  Il a appelé l’Azerbaïdjan et l’Arménie à faire la paix.  Enfin, M. Bettel a plaidé pour une réforme du Conseil de sécurité. Il a dit ne pas s’opposer à ce que l’Afrique soit représentée parmi les membres permanents mais a souligné que « ce n’est pas en élargissant le cercle des privilégiés qu’on sera plus efficace ».  En revanche, il s’est opposé à ce qu’un membre permanent puisse bloquer un processus. Il a proposé d’établir de nouvelles règles afin de rendre le veto ineffectif dans certains cas. « Être un membre permanent de cette Organisation n’est pas un privilège mais une responsabilité. »

M. ABDOULAYE MAIGA, Vice-Premier Ministre, Ministre d’État et Ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation du Mali, a décrit son pays comme un pays ayant connu, depuis 2012, une crise multidimensionnelle complexe qui a entraîné la perte de plus de la moitié de son territoire et de nombreuses victimes innocentes.  Il en a attribué la cause à l’association « à la fois incestueuse et opportuniste » de groupes terroristes et de groupes armés, mais aussi à l’intervention militaire « hasardeuse » de l’OTAN en Libye, qui a aggravé l’insécurité dans les pays du Sahel.  M. Maiga a cité comme conséquences le terrorisme, les trafics en tout genre, le blanchiment de capitaux et des conflits communautaires manipulés par « les terroristes et leurs sponsors étatiques étrangers ».

Constatant « l’échec des forces internationales présentes au Mali depuis 2013 », le Mali a décidé de « reprendre son destin en main » en réorganisant de fond en comble ses Forces de défense et de sécurité, a expliqué le Ministre.  « Violenté, humilié, pillé et torpillé, abandonné en plein vol, poignardé dans le dos », le Mali s’est vu contraint d’élaborer une vision réaliste de la géopolitique en suivant un adage populaire bambara: « la succulence de la sauce des uns dépend du pillage des bovins des autres ».  Ne souhaitant ni devenir des prédateurs –« barbares sans foi ni loi à la recherche des bovins d’autrui »– ni demeurer d’éternelles victimes, les Maliens ont choisi une voie médiane, veillant au respect de leur souveraineté tout en respectant celle des autres, a exposé le Ministre.  Des principes et valeurs caractérisant, mutatis mutandis, les peuples frères burkinabé et nigérien, a-t-il ajouté.

Le peuple malien a choisi de mener des réformes politiques avant d’organiser les élections, en vue d’ancrer profondément une gouvernance vertueuse, a poursuivi M. Maiga: mise en place d’une autorité indépendante de gestion des élections; adoption d’une nouvelle Constitution le 22 juillet 2023, par suite d’un référendum bien organisé; réorganisation territoriale et administrative; renforcement de la lutte contre la corruption; refonte du code minier, favorisant le « contenu local ».  Un dialogue intermalien a aussi permis aux Maliens « de laver leur linge sale en famille » sans interférence extérieure, contrairement à l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger qui, a-t-il rappelé, « a pris fin » le 25 janvier 2024. 

Toutes les régions ont été reprises aux groupes terroristes, a assuré le Ministre. Aujourd’hui « sérieusement affaiblis », ceux-ci gardent toute de même une certaine capacité de nuisance, a-t-il concédé, avant d’en trouver la raison dans le « soutien de sponsors étatiques étrangers », notamment de nationalité « ukrainienne », que le Ministre a condamnés dans les termes les plus fermes pour avoir participé à une « lâche attaque terroriste » ayant visé une patrouille malienne, du 24 au 26 juillet 2024, à Tinzawatène, dans la région de Kidal.

L’Alliance des États du Sahel formée en septembre 2023 avec la signature de la Charte du Liptako-Gourma par le Mali, le Niger et le Burkina Faso a été transformée en confédération et deviendra à terme une « fédération », a en outre affirmé M. Maiga.  Selon lui, l’entité a déjà obtenu des résultats rapides et édifiants dans la lutte contre le terrorisme.  Dans ce cadre, la Confédération a d’ailleurs demandé en août dernier au Conseil de sécurité de prendre des mesures appropriées contre les autorités ukrainiennes. S’étonnant de « l’hostilité farouche » envers la Confédération, notamment de la part de certains responsables de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest « aux ordres d’entités impérialistes et néocoloniales », le Ministre a annoncé que la Confédération était ouverte à tous les investisseurs, à condition que le partenariat profite aux populations sahéliennes et respecte la souveraineté des États.

Mme RETNO LESTARI PRIANSARI MARSUDI, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, a déclaré que son pays ne peut rester les bras croisés et se détendre en voyant l’injustice qui continue d’être commise contre le peuple palestinien.  Au moment où je parle, plus de 41 000 personnes ont été tuées à Gaza et la situation en Cisjordanie et au Liban se détériore, s’est-elle désolée.  « Le Conseil de sécurité prendra-t-il des mesures pour mettre fin aux atrocités d’Israël seulement quand tous les Palestiniens seront déplacés, quand 100 000 Palestiniens seront tués ou quand un conflit armé régional éclatera? »  Si c’est le cas, il sera trop tard, a-t-elle prévenu.  Elle a ensuite rappelé que pendant que le Premier Ministre Netanyahou déclarait hier à cette tribune qu’Israël cherche et aspire à la paix, il ordonnait des attaques aériennes massives sans précédent sur Beyrouth. M. Netanyahou veut que la guerre continue, a-t-elle accusé, demandant de faire pression sur Israël pour qu’il revienne à une solution politique. 

La Ministre a aussi rappelé que l’écrasante majorité des membres de l’ONU soutiennent fermement la solution des deux États.  « C’est le bon moment pour joindre le geste à la parole. » Reconnaître l’État de Palestine est le moins que nous puissions faire maintenant, pour donner à la Palestine un pied d’égalité sur la scène internationale et pour exercer une pression sur Israël afin qu’il cesse ses atrocités, a-t-elle fait valoir. « Par conséquent, j’exhorte les pays qui n’ont pas encore reconnu l’État de Palestine à le faire maintenant. »  La Ministre a vu la reconnaissance de la Palestine, aujourd’hui, comme « un investissement » qui permettrait d’avoir un monde plus pacifique, plus juste et plus humain.  Pour sa part, le rôle du Conseil de sécurité est de maintenir la paix, de créer la paix, et non de maintenir et de prolonger les guerres, ou pire encore de soutenir les auteurs d’atrocités, a déclaré la Ministre en prévenant que « l’inaction est synonyme de complicité ».

La Ministre a aussi déclaré que son pays porte la voix du Sud mondial et ce, depuis 1955 lorsque l’Indonésie a accueilli la Conférence Asie-Afrique à Bandung. L’esprit d’égalité, de coopération et de solidarité de Bandung sera toujours vivant pour inspirer le Sud mondial à obtenir ses droits, y compris son droit au développement, a-t-elle assuré. Elle a recommandé de faire preuve de ce même esprit pour avoir un leadership mondial où les vertus morales sont la boussole des toutes les activités.  « N’enterrons pas les principes de la Charte des Nations Unies et du droit international » sous les décombres du « deux poids, deux mesures », du déficit de confiance et du jeu à somme nulle, a-t-elle prié.  La Ministre a mis en garde que le leadership mondial ne sera jamais atteint par la domination de la force et la peur.  Ce leadership doit plutôt guider les actions collectives en écoutant, en favorisant la collaboration et en insufflant l’espoir.  C’est un « leadership sans hégémonie » qu’il nous faut, a plaidé la Ministre. 

Elle a donc prôné un leadership inclusif, notamment par la réforme du système multilatéral et en particulier du Conseil de sécurité.  Il faut ensuite assurer un avenir résilient pour une prospérité partagée, a-t-elle ajouté en misant sur le potentiel du Pacte pour l’avenir pour arriver à réaliser les ODD.  Elle a encore recommandé de favoriser la collaboration mondiale, arguant que la mentalité du « gagnant rafle tout », « à prendre ou à laisser », ne devrait plus exister. 

M. SERGEY LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, s’en est d’emblée pris aux États-Unis et à leurs alliés par divers exemples historiques.  Rappelant que ce pays s’était engagé, lors du « Sommet mondial » des Nations Unies de 2005, à « établir un monde juste conformément aux principes et aux objectifs de la Charte des Nations Unies », il a affirmé que cela n’avait pas empêché les États-Unis de pousser le dirigeant géorgien de l’époque, M. Saakachvili, à déclencher une agression armée contre le peuple d’Ossétie du Sud et les soldats de maintien de la paix russes, en 2008.  De même, « trois ans plus tard, l’OTAN a organisé l’intervention militaire en Libye, détruisant son État et déstabilisant les pays voisins », a-t-il poursuivi.

M. Lavrov a également reproché au camp occidental d’être incapable de renoncer à des pratiques néocoloniales consistant à siphonner les richesses naturelles et culturelles des pays du Sud, malgré les promesses faites lors du Sommet de 2015 sur le développement durable.  Qualifiant ces dernières de « déclarations creuses », il a invité l’assistance à regarder « les statistiques sur la réalisation des promesses pour financer le développement des pays du Sud et y transférer des technologies respectueuses de l’environnement ».  Il a également accusé les États-Unis et leurs alliés de poursuivre, contre l’écrasante majorité des États Membres, des velléités d’hégémonie mondiale tous azimuts, en voyant une preuve dans le maintien de l’embargo commercial contre Cuba depuis plus de 60 ans et les bâtons que Washington n’a de cesse de mettre dans les roues de l’Organisation mondiale du commerce. 

M. Lavrov a encore vu la main de la « minorité occidentale » dans le fait que les changements attendus dans la réforme de l’ONU sont notamment freinés par l’octroi de l’essentiel des postes occupés au Secrétariat à des représentants de cette « minorité ». 

Pour la Russie, réanimer l’ONU nécessite d’en finir avec les sommets et les déclarations déconnectés de la réalité: ce qu’il faut, a affirmé le Ministre, c’est restaurer une confiance fondée sur le principe constitutionnel de l’égalité souveraine de tous les États Membres.  Ainsi faut-il faire le contraire de ce qui a conduit à l’adoption du Pacte pour l’avenir, un document « adopté sans qu’il y ait eu la moindre séance plénière » et rédigé pendant 18 mois sous le contrôle des « manipulateurs occidentaux ».  « Résultat: le Pacte, avant même d’exister réellement, a déjà rejoint le panthéon des déclarations d’intention écrites dans un anglais magnifiquement formulé mais qui ne fonctionnent pas », a affirmé M. Lavrov. 

Il a également vivement critiqué le fonctionnent du Conseil de sécurité, dénonçant le sabotage par les Occidentaux des processus relatifs au Kosovo, à la Bosnie-Herzégovine et à la création d’un État palestinien indépendant vivant dans la paix et la sécurité aux côtés d’Israël.  Jugeant sévèrement tous ceux qui exigent que le reste du monde suive leurs « règles », le Ministre a soutenu que c’est la présence d’une « célèbre coalition » qui, en envahissant l’Afghanistan, a provoqué la formation d’Al-Qaida, que l’invasion de l’Iraq eut pour conséquence directe la création de l’État islamique, que le déclenchement de la guerre en Syrie a donné naissance au Front el-Nosra et que la destruction de la Libye a ouvert les vannes de la pénétration du terrorisme dans la région saharo-sahélienne et de l’afflux de millions de migrants illégaux vers l’Europe.

À ceux qu’il a appelés les « stratèges anglo-saxons », le Ministre a souligné que leurs projets n’échappaient à personne: « vaincre la Russie avec les mains du régime néonazi illégitime de Kiev ».  Il a jugé insensé de vouloir préparer l’Europe à se lancer dans une aventure suicidaire, à savoir lutter jusqu’à la victoire avec une puissance nucléaire comme la Russie.

Non moins insensées sont les incantations des maîtres occidentaux de Kiev sur l’absence d’alternative aux négociations basées sur la fameuse « formule de paix », a ajouté M. Lavrov, qui a comparé cette formule à une ultimatum voué à l’échec.  Il a rappelé que la Charte des Nations Unies ne pose pas seulement comme principe l’intégrité territoriale, ainsi que son Article premier proclame aussi l’obligation de respecter les principes d’égalité et d’autodétermination des peuples, base juridique internationale au processus de décolonisation. 

Pour M. Lavrov, il n’est pas nécessaire de prouver que les « néonazis ukrainiens », qui ont pris le pouvoir à Kiev à la suite d’un « coup d’État sanglant soutenu par les États-Unis et leurs alliés » en février 2014, « ne représentaient pas et ne représentent pas la population russe de Crimée et du Donbass ».  Le Ministre a, une fois encore, justifié « l’opération militaire spéciale que mène la Russie » par l’unique souci de protéger les populations russes vivant sous le joug de Kiev, restaurer les droits que leur confère la Charte et assurer leur avenir sur leur terre ancestrale.  Ce sont les violations flagrantes des droits des « Russes » et les menaces contre la sécurité de la Russie, et de toute l’Europe, du régime de Kiev et de l’OTAN qui sont les causes profondes de la crise ukrainienne actuelle, a-t-il martelé. 

Le Chef de la diplomatie russe, qui a rappelé que mai prochain marquera le quatre-vingtième anniversaire de la victoire contre le Troisième Reich, a appelé à ne trouver aucune justification morale à ceux qui tentent de blanchir les bourreaux nazis, leurs collaborateurs et leurs partisans actuels, y compris ceux sévissant à Kiev.  Il a assuré que la Russie sera toujours du côté de la vérité et du droit, de la paix et de la coopération, qualifiant de pleinement pertinents à cet égard les travaux du Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, créé à l’initiative du Venezuela. 

C’est en trouvant le juste équilibre entre les intérêts nationaux légitimes de tous les pays qu’il sera possible de réaliser l’objectif de l’ONU, inscrit dans l’Article premier de la Charte: être un centre où s’harmonisent les efforts des nations vers des fins communes, a conclu M. Lavrov. 

« Nous sommes face à un changement d’époque », a estimé Mme ALICIA BÁRCENA IBARRA, Ministre des affaires étrangères du Mexique, « l’hégémonie néolibérale fait face à l’échec patent de son modèle de développement extractiviste, qui socialise les pertes, privatise les profits, appauvrit les peuples et dévaste la planète ».  Elle a dressé un sombre bilan de la situation internationale: les guerres sont redevenues le cœur de la géopolitique mondiale, la destruction de l’environnement s’accélère, la frustration et le mécontentement se manifestent par un extrémisme niant les valeurs démocratiques, et les institutions régissant le système international perdent leur légitimité.  Citant le Secrétaire général, elle a évoqué des phénomènes traduisant l’avènement d’un « purgatoire de polarités et d’instabilités », symptômes de crises civilisationnelles au cours desquelles « l’ancien n’en finit pas de mourir et le nouveau n’en finit pas de naître ». 

Les similitudes entre notre époque et l’entre-deux-guerres du siècle dernier, sont de plus en plus évidentes, a-t-elle estimé, ajoutant que, a contrario, cette période avait marqué un d’âge d’or de la politique étrangère du Mexique. Le pays, a-t-elle expliqué, s’était efforcé de défendre les valeurs de la Société des Nations: la justice, l’autodétermination, l’intégrité territoriale, l’indépendance et l’égalité de ses membres.

« Hier comme aujourd’hui le Mexique s’emploie à construire des alternatives émancipatrices », a affirmé la Ministre, ajoutant que son pays s’emploie à construire une société juste, égalitaire et fraternelle, s’appuyant sur une « économie morale » garantissant une distribution équitable des revenus et le respect de l’environnement.  Se félicitant de l’augmentation de 135% du salaire minimum, sans induire de spirale inflationniste prédite par « les tenants du statu quo », elle a présenté les résultats obtenus: 9,5 millions de Mexicains sont sortis de la pauvreté en cinq ans et le pays a maintenant un coefficient de Gini d’un niveau historiquement bas. 

La Ministre a ensuite détaillé le modèle de politique migratoire du Mexique, encourageant notamment les États-Unis à la régularisation des sans-papiers.  « Nous le disons haut et fort: la migration n’est pas un problème, c’est un phénomène.  Ce n’est pas un crime et les migrants ne sont pas des criminels. »  Pour elle, le problème réside dans les facteurs qui poussent ces personnes à quitter leurs foyers pour un périlleux voyage, dans les dangers auxquels elles s’exposent du fait de l’absence de voies légales et dans les pratiques qui les placent sous le droit pénal.  La Ministre a indiqué que son pays avait réuni à Palenque les dirigeants des pays d’origine et conclu des accords stratégiques qui ont permis de réduire de 66% les rencontres à la frontière entre les États-Unis et le Mexique.

S’inquiétant des risques croissants de guerre nucléaire, « pire, des menaces pour l’humanité », elle a soutenu l’intégrité territoriale des nations, en Palestine comme en Ukraine.  Elle a salué l’initiative du Brésil et de la Chine pour la création d’un groupe de paix entre la Russie et l’Ukraine à New York.  Dénonçant l’inaction de la communauté internationale, elle a rappelé que plus de 70% des victimes de la guerre à Gaza sont des femmes et des enfants, et que plus de 85% des civils ont dû fuir leur foyer.  Une situation qui a poussé son pays à intervenir dans l’affaire portée par l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de Justice (CIJ) sur l’application de la Convention de Ljubljana-La Haye contre le génocide.  Elle a également indiqué que son pays et le Chili avaient saisi la Cour pénale internationale (CPI) sur la situation en Palestine et présenté un mémoire appuyant la juridiction de la Cour. 

« Nous rejetons le faux dilemme entre la violence stérile du terrorisme et le châtiment disproportionné de gouvernements pratiquant le deux poids, deux mesures », a-t-elle martelé.  Afin de réaliser la solution des deux États, elle a appelé à respecter les résolutions des Nations Unies et l’avis de la CIJ relatif aux pratiques d’Israël dans les territoires palestiniens occupés. 

Enfin, Mme Bárcena Ibarra a « fermement condamné » les violations flagrantes du droit international commises par le Gouvernement actuel de l’Équateur, suite à l’assaut illégal contre l’ambassade du Mexique et ses diplomates à Quito le 5 avril 2024.  Concernant la réforme du Conseil de sécurité, elle a proposé l’élimination du droit de veto ou, à défaut, la limitation de son usage en cas de génocide, de crimes contre l’humanité ou de crimes de guerre.

M. ESPEN BARTH EIDE, Ministre des affaires étrangères de la Norvège, a rappelé les principes du droit international et de la Charte, tel que l’interdiction de l’usage de la force si ce n’est dans un but d’autodéfense. Néanmoins, a-t-il noté, le Secrétaire général a raison quand il dit que les fondements même de la Charte sont menacés en raison de l’impunité qui règne actuellement.  Le Ministre a dénoncé la Russie en ce qu’elle viole éhontément les principes de souveraineté, d’inaliénabilité des frontières et d’intégrité territoriale d’un autre État Membre, rappelant que ces principes sont cruciaux pour la sécurité des États.  « Mon pays, qui fournit une aide militaire et civile conséquente aux Ukrainiens, prône une paix juste pour l’Ukraine. »

Le droit international humanitaire s’applique également aux parties belligérantes, a poursuivi le Ministre, appelant à rester cohérent dans son application, sans distinction entre les États Membres. C’est ainsi que nous pourrons démontrer que ces règles sont universelles, a-t-il insisté. M. Eide a rappelé à ce propos que, si Israël a bel et bien le droit de se défendre à la suite des attaques terroristes du 7 octobre 2023, il se doit aussi de respecter le droit international humanitaire.  « Rien ne justifie l’immense souffrance et la punition collective imposée à la population de Gaza », a-t-il déploré, condamnant les limitations à l’accès humanitaire et réaffirmant le soutien de son pays à un cessez-le-feu et à l’UNRWA.  Il a également attiré l’attention sur les récentes attaques au Liban et sur les colonies illégales en Cisjordanie, alertant sur le risque imminent d’une potentielle guerre régionale.

Se remémorant les attaques terroristes du 11 septembre, M. Eide a estimé dangereuse la vision selon laquelle tout est noir ou tout est blanc, sans nuance complexe ou impartialité et avec une confiance excessive en la force militaire.  « Il faut apprendre des erreurs du passé », a-t-il affirmé. Selon lui, il n’y a pas d’autre solution crédible que celle des deux États.  Néanmoins, a-t-il ajouté, il ne faut pas confondre la fin des hostilités avec la mise en place de solutions durables, attirant l’attention sur l’Alliance globale lancée, il y a deux jours, par l’Arabie saoudite, l’Union européenne et la Norvège afin de mettre en place la solution des deux États.  Il a appelé la communauté internationale à aider à l’édification des institutions palestiniennes et à reconnaître la Palestine comme État Membre de l’ONU. 

Concédant que les institutions établies en 1945 comportent des points faibles, il a salué l’adoption du Pacte pour l’avenir et a prôné un Conseil de sécurité réformé et plus représentatif afin de remédier aux inégalités historiques.  Lors de la rédaction de la Charte, la Norvège avait soutenu le principe entériné à l’Article 27, paragraphe 3, qu’une « partie à un différend s’abstient de voter », a-t-il rappelé, déplorant que ce principe obligatoire soit pourtant continuellement ignoré par le Conseil de sécurité. 

M. Eide a ensuite estimé nécessaire de réformer l’architecture financière internationale et a réitéré son engagement envers la coopération fiscale internationale.  Il a par ailleurs plaidé pour que soient promus l’égalité des genres et le droit des femmes, afin de parvenir à des sociétés équitables. « Nous devons adapter nos économies pour les rendre renouvelables et circulaires », a-t-il également relevé, estimant que le multilatéralisme permet de parvenir à des résultats, comme on l’a vu récemment avec les différents accords pour la transition énergétique, la fin de la pollution plastique ou encore la protection des océans.  « Nous devons agir maintenant », a-t-il conclu, assurant du soutien de la Norvège dans les processus de réforme. 

M. SUBRAHMANYAM JAISHANKAR, Ministre des affaires étrangères de l’Inde, s’est inquiété des pratiques commerciales déloyales et des projets non viables qui menacent l’emploi et augmentent les niveaux d’endettement, faisant dérailler les efforts de développement.  La fréquence et l’intensité des événements climatiques affectent la sécurité alimentaire et sanitaire.  À ces maux s’ajoute la polarisation du monde, s’agissant notamment des conflits en cours en Ukraine et à Gaza, lesquels acquièrent aujourd’hui des « ramifications plus vastes ».  « Le monde est divisé, polarisé et frustré », a constaté le Ministre, qui a critiqué les pays qui ont « tiré davantage du système international qu’ils n’y ont versé », à tel point que la réforme du multilatéralisme est devenue à ses yeux « impérative ». 

Paralysée face aux divisions, aux conflits et au terrorisme, l’ONU ne saurait, pour le Ministre, être à la hauteur de cette tâche.  « L’évasion des responsabilités » des pays développés en matière d’action climatique compromet en outre les perspectives de croissance des pays en développement, a-t-il accusé, la pénurie de ressources ayant pour effet de limiter la poursuite des objectifs de développement durable.  « Ce ne sont pas seulement les économies qui sont en danger, mais la dignité humaine elle-même », a-t-il averti. 

Devant un tel constat, l’Inde concentre son action sur les défis particuliers des personnes vulnérables telles que les femmes, les agriculteurs et les jeunes, au moyen d’initiatives ciblées, a assuré M. Jaishankar. « L’accès assuré à l’eau courante, à l’électricité, au gaz de cuisine et à de nouveaux logements change des millions de vies », à tel point que l’écart entre les sexes a commencé à se réduire.  En assurant une infrastructure numérique publique, l’Inde propose une vision alternative dans laquelle « la technologie est utilisée pour donner du pouvoir, et non pour dominer », a estimé le Ministre.  Une démarche qui, a-t-il fait observer, s’étend aux autres pays du Sud, qui se sont rassemblés à l’occasion de trois sommets afin de partager leurs préoccupations communes. 

Pour le Ministre, l’une des principales causes du retard de plusieurs pays réside dans l’injustice du modèle de mondialisation actuel, axé sur la « surconcentration de la production ».  Il a opposé à ce modèle celui d’une démocratisation de la production mondiale, de la mise en place de chaînes d’approvisionnement résilientes et des services numériques fiables, qui favorise une prospérité généralisée. 

Si de nombreux pays sont laissés pour compte du fait de circonstances indépendantes de leur volonté, d’autres, comme le Pakistan, font hélas « des choix conscients aux conséquences désastreuses », a poursuivi M. Jaishankar.  Le Ministre a dénoncé les « méfaits » de son voisin dont le « PIB ne peut être mesuré qu’en termes de radicalisation et ses exportations sous la forme du terrorisme ».  Alors que « les maux qu’il a cherché à infliger aux autres consument aujourd’hui sa propre société », le Ministre y a vu les effets du karma: « une nation dysfonctionnelle qui convoite les terres des autres doit être dénoncée et combattue ». 

Pour l’Inde, l’ONU ne peut demeurer la plateforme centrale pour trouver un terrain d’entente en restant aussi anachronique.  Une Organisation efficace, plus représentative et mieux adaptée à son rôle dans l’ère contemporaine lui paraît donc essentielle.

M. VIVIAN BALAKRISHNAN, Ministre des affaires étrangères de Singapour, a jugé nécessaire de renforcer le rôle fondamental de l’ONU dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Nous ne pouvons laisser les violations récentes du droit international, comme la guerre en cours en Ukraine, devenir la norme, a-t-il exhorté, en rejetant l’argument des « griefs historiques », sous peine de voir le monde devenir très dangereux pour les petits États comme le sien. Le Ministre a annoncé que, la semaine dernière, Singapour, en collaboration avec l’Institut international pour la paix, avait rendu public un rapport sur les petits États et la transformation de la gouvernance mondiale.  Ce document, préparé par l’Institut et la Rajaratnam School of International Studies de Singapour, met en lumière leurs priorités et perspectives.  Nous espérons que ce rapport catalysera de nouvelles discussions sur le renforcement et la transformation de l’ONU et du système multilatéral, a-t-il déclaré. 

Il a ensuite souligné la nécessité de redoubler d’efforts pour mettre en œuvre les ODD, à moins de 10 ans de l’échéance, et pour lutter contre les changements climatiques.  Comme tous les petits États insulaires, Singapour est particulièrement vulnérable aux effets du réchauffement planétaire, en particulier à l’élévation du niveau de la mer.  Bien que sa part des émissions mondiales soit très faible, son gouvernement reste déterminé à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, a assuré M. Balakrishnan.  Et lors de la quatrième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement (PEID), qui s’est tenue en mai dernier, sa délégation a lancé un nouveau programme d’assistance technique, « SIDS of Change », qui couvre leurs domaines prioritaires, notamment le carbone bleu. Singapour a également l’intention de renouveler son programme de renforcement des capacités pour le Forum des petits États, qui proposera des programmes axés sur le numérique, notamment sur le leadership et la gouvernance à l’ère des technologies numériques et de l’intelligence artificielle. 

Pour le Ministre, il est urgent de donner à l’ONU les moyens de répondre aux nouveaux défis mondiaux.  Pour y parvenir, nous devons offrir davantage d’opportunités aux jeunes de s’engager dans les travaux de l’Organisation et de servir d’agents du changement pour revitaliser la coopération internationale.  Raison pour laquelle il a salué l’adoption de la Déclaration sur les générations futures.  M. Balakrishnan a ensuite plaidé pour que soit pleinement exploité le pouvoir des technologies numériques, l’adoption du Pacte numérique mondial représentant une avancée significative à cet égard. 

Enfin, a noté le Ministre, nous devons transformer les institutions de gouvernance mondiale en les rendant plus représentatives et réactives, en particulier aux besoins des petits États et des pays en développement.  Nous avons besoin d’un système multilatéral plus agile, dans lequel l’architecture financière internationale et l’ONU travaillent en synergie. 

M. BRUNO EDUARDO RODRÍGUEZ PARRILLA, Ministre des affaires étrangères de Cuba, a dénoncé un monde militarisé et inégalitaire, reprochant notamment aux pays développés une aide publique au développement très insuffisante: « le chiffre égoïste, promis avec vantardise en 2023 et vite oublié, représente moins de 0,37% des revenus nationaux ».  Selon lui, l’humanité en danger ne peut être sauvée définitivement qu’en surmontant l’impérialisme et le capitalisme.  Il a ainsi prôné un nouvel équilibre mondial, juste et démocratique, qui garantirait la paix ainsi que l’exercice du droit au développement par tous les États, sur la base de l’égalité souveraine, sans aucune ingérence ni imposition étrangère.  « Un monde sans blocus, ni sanctions unilatérales, basé sur le multilatéralisme, dans le plein respect de la Charte des Nations Unies et du droit international. » 

Le Gouvernement des États-Unis persiste à tenter de contrôler le destin de Cuba, a poursuivi le Ministre.  Cette ambition ancienne, ancrée dans la « doctrine Monroe », définit le caractère impérialiste et hégémonique de leur politique envers son pays et toute sa région.  Le blocus économique, commercial et financier que Cuba subit est aussi un blocus politique et technologique, « conçu pour détruire l’économie cubaine », s’est-il plaint.  Ce blocus a un impact sur la vie de tous les Cubains.  Il s’accompagne de « la plus féroce campagne de désinformation et de diffamation » et de la tolérance complice de groupes qui, depuis les États-Unis, commettent des actes violents et terroristes contre Cuba. Toutes ces actions violent le droit international, a dénoncé M. Rodríguez Parrilla.  De même, l’inclusion de Cuba dans la liste du Département d’État des États-Unis des pays soutenant le terrorisme est « frauduleuse ».  Quels que soient les résultats des élections présidentielles américaines, les politiciens anti-Cubains -« qui ont transformé leurs attaques en un commerce lucratif »-continueront à causer, et Cuba continuera à défendre son droit souverain à construire le socialisme comme elle l’entend, a-t-il assuré. 

Réitérant son ferme soutien au Gouvernement du Venezuela, M. Rodríguez Parrilla a jugé les appels à ne pas reconnaître les résultats des élections dans ce pays « irresponsables » et « irrespectueux » envers la volonté du peuple et des institutions.  De même, les actions déstabilisatrices contre le Gouvernement de réconciliation et d'unité nationale du Nicaragua doivent cesser, et Porto Rico a droit à son autodétermination et à son indépendance, a-t-il fait valoir.  D’une manière générale, les pays des Caraïbes méritent un traitement « juste, spécial et différencié ».  Cuba soutient également la juste demande d’Haïti pour des réparations relatives aux dommages et à la cruauté du colonialisme et de l’esclavage dont elle a été victime.  « La communauté internationale a une dette historique » envers elle, a-t-il rappelé. 

M. ENRIQUE AUSTRIA MANALO, Secrétaire aux affaires étrangères des Philippines, a observé que le monde change plus rapidement qu’à n’importe quelle période de l’histoire récente.  Dans ce contexte, l’ONU doit s’attacher à renforcer l’égalité, la justice, la paix et la sécurité internationales, ainsi que le développement, et adopter des processus inclusifs, transparents, réactifs et efficaces.  L’un des moyens d’y parvenir consiste à réformer le Conseil de sécurité, via son élargissement et une amélioration de ses méthodes de travail, afin de renforcer sa transparence et sa responsabilité vis-à-vis des États Membres de l’Assemblée générale.  Il a également prôné la revitalisation de l’Assemblée et la transformation de l’architecture financière internationale. 

S’agissant du système des Nations Unies pour le développement, il nécessite davantage de cohérence et d’efficacité, dans le plein respect des priorités des États.  Quant au système d'action humanitaire, le Ministre l’a qualifié de « sentinelle silencieuse d’espoir et d’humanité » pour les populations souffrant de la guerre, de la famine, de maladies et du déplacement.  Il a appelé la communauté internationale à le soutenir davantage pour répondre aux souffrances des populations à Gaza, en Ukraine, au Yémen, au Soudan, au Myanmar et en République démocratique du Congo. Face au nombre croissant de personnes déplacées de force, il a appelé au sens de la responsabilité collective. 

En venant au sujet des changements climatiques, le Secrétaire aux affaires étrangère a rappelé que les Philippines sont très vulnérables, et l’un des plus ardents défenseurs du renforcement de la résilience face aux risques de catastrophe. À cet égard, le pays est honoré d’accueillir le conseil d’administration du Fonds pour les pertes et les préjudices, qui fournira une assistance essentielle aux nations concernées.  Le mois prochain, les Philippines accueilleront une conférence ministérielle Asie-Pacifique consacrée à la réduction des risques de catastrophe afin de mettre en avant les meilleures pratiques et les solutions pour la région la plus exposée aux catastrophes.  Une fois de plus, il a appelé les pays développés à respecter leurs engagements pris en vertu de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et de l’Accord de Paris. 

Au sujet du Programme de développement durable à l’horizon 2030, les Philippines visent à faire baisser le taux de pauvreté à un seul chiffre d’ici à 2028.  Grâce à des programmes de protection sociale novateurs, le Gouvernement a réussi à faire baisser la pauvreté de 2% entre 2021 et 2023, a fait savoir le Ministre.  Bientôt dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire supérieur, les Philippines pensent que les Nations Unies et les institutions financières internationales doivent revoir leurs cadres afin de soutenir les pays à revenu intermédiaire qui représentent 75% de la population mondiale.  Le pays accueillera d’ailleurs une conférence en début d’année prochaine pour faire avancer les discussions à ce sujet. 

Le Groupe des 77 continue de plaider pour un ordre économique mondial plus juste et plus inclusif.  Les Philippines espèrent donc que le Deuxième Sommet mondial pour le développement social et la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement déboucheront sur une stratégie visant à réduire les inégalités dans le monde.  La solidarité internationale et intergénérationnelle rend nos sociétés plus humaines, a dit M. Manalo.  Enfin, s’il a mentionné des actions « irresponsables et dangereuses » contre les activités légitimes des Philippines dans leurs eaux territoriales et leur zone économique exclusive, il a affirmé que le pays reste attaché à la diplomatie.  Il se conformera à la Charte des Nations Unies et à la Déclaration de Manille sur le règlement pacifique des différends internationaux pour faire valoir sa souveraineté, ses droits souverains et sa juridiction en mer de Chine méridionale. 

M. LUCA BECCARI, Ministre des affaires étrangères, des affaires politiques, de la coopération économique internationale et de la transition numérique de Saint-Marin, a réaffirmé la centralité du Programme 2030, de l’égalité entre les sexes, ainsi que des actions urgentes à entreprendre contre les changements climatiques.  Il a également souligné le rôle primordial joué par les technologies numériques dans la réalisation des 17 ODD et la nécessité de s’entendre sur un cyberespace qui reflète les normes mondiales en matière de paix et de sécurité, de droits humains et de développement durable.  Le Chef de la diplomatie s’est ensuite livré à un réquisitoire contre la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine, réitérant son soutien à l’indépendance politique, la souveraineté et l’intégrité territoriale de ce pays, dans ses frontières internationalement reconnues.

Saint-Marin, a poursuivi le Ministre, est favorable à des initiatives telles que le Code de conduite du Groupe ACT concernant l’action du Conseil de sécurité contre le génocide, les crimes de guerre ou les crimes contre l’humanité et la proposition franco-mexicaine sur la limitation volontaire du recours au droit de veto par les membres permanents du Conseil de sécurité.  Pour son Gouvernement, la protection des civils contre les effets dévastateurs des guerres doit être une priorité.  II a appelé tous les États Membres qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant concernant l’implication de mineurs dans les conflits armés et à soutenir d’autres outils juridiques importants, tels que les Principes et engagements de Paris et les Principes de Vancouver.

L’ONU est le seul organisme intergouvernemental universel fondé sur l’égalité souveraine de tous ses membres, a relevé M. Beccari.  C’est pourquoi, après avoir plaidé pour une architecture financière internationale plus inclusive, il a apporté son soutien à une réforme du Conseil de sécurité pour le rendre plus démocratique, transparent, efficace et responsable.  Un objectif, a-t-il prévenu, qui ne pourra être atteint que par un dialogue continu entre les États et « la conscience que le dépassement des positions initiales respectives est essentiel pour négocier l’accord le plus vaste possible ».

M. MOHAMAD HASAN, Ministre des affaires étrangères de la Malaisie, a déclaré que ce monde, que l’on a voulu plus sûr après la Seconde Guerre mondiale, est en réalité plus meurtrier pour bien des États.  Un monde dans lequel la guerre peut être faite à distance et en toute impunité, a-t-il remarqué, rappelant que des lois existent contre ces pratiques mais qu’elles sont constamment ignorées.  « Nous sommes à la croisée des chemins alors que la gouvernance mondiale échoue encore une fois et que le génocide des Palestiniens se poursuit. »  Estimant qu’il n’y a pas d’excuses pour éviter un cessez-le-feu, M. Hasan a rappelé que de nombreux États ont essayé de rendre justice au peuple de Gaza, en dépit des mécanismes du Conseil de sécurité qui font l’objet « de véritables abus pour autoriser des atrocités de masse ».  Le veto ne devrait pas être exercé impunément, et la paralysie du Conseil est « humiliante ».  La réforme du Conseil est « une question de vie ou de mort pour de nombreux individus », a-t-il affirmé, appelant à reconnaître la Palestine comme État Membre de l’ONU.  Rappelant que le délégué israélien a déchiré la Charte devant l’Assemblée il y a quelques semaines, il a été d’avis que le respect du droit international et le dialogue sont compromis par Israël qui fait fi de l’ONU. « Ce que fait Israël s’apparente à un système de discrimination institutionnalisé, un génocide, un apartheid devant lequel l’ONU ne peut rester de marbre », a-t-il martelé. 

Poursuivant sur les petits pays en développement, le Ministre a espéré davantage de moyens afin de répondre aux inégalités en matière de développement et à la crise climatique.  En Asie, nous franchissons tous les obstacles grâce à l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) depuis des décennies, a-t-il affirmé, estimant néanmoins que ses normes et ses mécanismes doivent prévaloir afin d’assurer sa résilience. Au cours de notre présidence à venir de l’ASEAN, nous insisterons sur les politiques inclusives, le renforcement de son rôle central dans la région et le règlement des problèmes en mer de Chine méridionale, a informé M. Hasan.  La mer de Chine méridionale est au cœur de tensions géopolitiques croissantes, a-t-il précisé, mettant en garde contre une escalade des conflits qui ne ferait que saper le commerce mondial.  Il a prôné la diplomatie et le dialogue et appelé les pays de la région à se conformer à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  « La diversité de notre région n’est pas un obstacle mais notre force. » 

Les mécanismes internationaux n’ont pas pu répondre aux besoins des pays en développement, les culpabilisant et méprisant leurs besoins, a-t-il encore regretté.  Mon pays a une vision plus large du développement qui inclut le Sud global, a expliqué le Ministre, car le progrès doit être accessible à tous.  Par ailleurs, il a déploré l’augmentation des discours de haine et des actes d’intolérance envers les minorités, spécifiquement envers les musulmans.  C’est à nous de faire en sorte que la paix triomphe et de nourrir le dialogue entre les communautés, a-t-il insisté, réaffirmant l’appui de son pays aux efforts de l’ONU.  « En 80 ans, l’histoire de l’ONU est une histoire de succès et de réussites », a-t-il conclu, citant l’éradication de maladies et les mesures contre l’apartheid.  « Faisons en sorte que notre engagement envers la justice n’échoue jamais. » 

M. BADR AHMED MOHAMED ABDELATTY, Ministre des affaires étrangères, de l’émigration et des Égyptiens de l’étranger de l’Égypte, s’est inquiété de l’érosion du système international du fait de son manque d’efficacité, des inégalités et de politiques de deux poids, deux mesures. La revitalisation du système onusien doit se fonder sur la reconnaissance qu’il n’existe aucune alternative au système multilatéral des Nations Unies, et que les défis interdépendants et transfrontaliers de notre monde dépassent les capacités de tout État ou un groupe d’États de les surmonter, a-t-il plaidé. 

« L’agression » israélienne brutale de Gaza et de la Cisjordanie, qui perdure depuis près d’un an, constitue une tache sur la conscience de la communauté internationale et ses institutions, lesquelles sont incapables de déployer un minimum d’efforts pour y mettre fin et l’empêcher d’entraîner toute la région dans l’abîme, affirmé M. Abdelatty. 

Le Ministre a en outre condamné fermement l’agression lancée par Israël contre le Liban qui pousse ce pays au bord du gouffre, en violation flagrante de sa souveraineté.  Il s’est opposé à toute tentative de « liquider » la question palestinienne par des déplacements forcés ou des politiques de remplacement de la population.  Pour sa part, l’Égypte a déployé des efforts de médiation en coopération avec le Qatar et les États-Unis, efforts qu’Israël a fait échouer, a dénoncé le Ministre.  Il a néanmoins salué les positions courageuses du Secrétaire général et d’autres entités de l’Organisation, en particulier l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), rappelant que plusieurs membres de son personnel étaient tombés sous les balles de l’occupant israélien. 

Afin de réparer une « injustice historique » envers le continent africain et assurer une juste représentation de l’Afrique au Conseil de sécurité, M. Abdelatty a réaffirmé l’attachement de son pays au consensus d’Ezulwini.  Mais, a-t-il ajouté, il sera impossible de parler de participation réelle du continent au système de Nations Unies sans une réforme « radicale » de l’architecture financière mondiale et des institutions financières internationales, y compris les banques multilatérales de développement. 

Face aux défis communs des de la gouvernance et des changements climatiques, le Ministre a prôné le principe de responsabilité commune mais différenciée. Il a rejeté toute approche unilatérale sur les questions relatives à la gestion des ressources mondiales et au règlement des différends qui en découlent, en particulier dans le cas de la gestion des cours d’eau transfrontaliers internationaux.  Le principe de coopération avec les pays frères du bassin du Nil constitue le pilier de l’approche égyptienne sur cette question, a-t-il affirmé.  Il a néanmoins ajouté qu’en dépit de tels efforts, l’Éthiopie poursuit sa politique « d’atermoiements et d’intransigeance » en s’efforçant d’imposer un fait accompli concernant l’exploitation du Grand barrage de la Renaissance éthiopienne, en violation du droit international et sans égard à son impact sur la vie de millions de personnes. 

« Aucune région du monde n’est plus touchée par le déséquilibre croissant du système de sécurité collective que l’Afrique et le Moyen-Orient », a encore dit le Ministre.  Il a regretté la multiplication des opérations de maintien de la paix par le Conseil de sécurité alors que cet organe est incapable d’arrêter la « maladie des conflits » et se contente d’en « traiter les symptômes ».  Il a estimé que toute solution doit d’abord s’appuyer sur un processus politique global, que ce soit au Soudan ou en Libye.  Dans ce dernier pays, il a souligné l’importance de surmonter la période de transition en organisant simultanément des élections présidentielle et législatives dans les meilleurs délais. 

M. FAISAL BIN FARHAN AL-SAUD, Ministre des affaires étrangères de l’Arabie saoudite, a reproché un usage trop sélectif du droit international, où certaines causes sont privilégiées, et d’autres laissées de côté. À cet égard, les crimes perpétrés par Israël contre le peuple palestinien sont « barbares » et ont engendré une catastrophe humanitaire: il est nécessaire d’y mettre un terme.  Pour ce faire, le royaume saoudien a tenu un sommet arabo-islamique conjoint extraordinaire le 11 novembre 2023. Des résolutions et décisions reflétant la volonté des peuples arabo-musulmans y ont été adoptées, dont l’acheminement d’une aide humanitaire sans entrave et la réalisation d’un État de Palestine indépendant.  Le Ministre s’est félicité de la récente résolution adoptée par l’Assemblée générale prévoyant que la Palestine remplit toutes les conditions pour devenir un Membre à part entière des Nations Unies.  Depuis le début de la crise, le Royaume a fourni plus de 5 milliards de dollars au peuple palestinien et conclu des accords avec des agences internationales onusiennes, dont l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  M. Al-Saud s’est aussi réjoui de la récente décision de la Cour internationale de Justice (CIJ) relative aux politiques et pratiques israéliennes dans les territoires palestiniens occupés.  La solution des deux États basée sur l’instauration d’un État de Palestine indépendant, selon le tracé des frontières d’avant 1967 et avec Jérusalem-Est pour capitale, demeure une pierre angulaire de la diplomatie saoudienne.  De même, le Ministre a demandé à Israël de respecter la souveraineté du Liban et de stopper son escalade mortifère. 

Le Royaume a aussi pris des mesures d’apaisement à l’échelon régional, dont une reprise des relations diplomatiques avec la République islamique d’Iran ainsi qu’avec la République arabe syrienne.  Au Yémen, le royaume saoudien soutient les efforts pour mettre fin à la crise et aux souffrances du peuple yéménite.  Au Soudan, la position saoudienne est de soutenir fermement les autorités pour éviter l’effondrement du pays et d’encourager des pourparlers de paix entre parties, comme cela est régulièrement fait à Djedda.  Le Ministre a aussi appelé à la fin de l’isolement de l’Afghanistan, qui avantage les groupes et milices terroristes dans la poursuite de leurs activités. 

Abordant la question de l’approvisionnement énergétique, le Ministre a indiqué que son pays veille à garantir un accès à une énergie à un bon prix, pour garantir une économie internationale prospère, tout en luttant contre les changements climatiques et en se préparant à la transition énergétique dans le respect de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et de l’Accord de Paris, grâce à des techniques innovantes et prometteuses, telles que « la séquestration de carbone », et à des programmes encourageant à la sobriété en carbone. 

M. MULAMBO HAMAKUNI HAIMBE, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Zambie, s’est inquiété des tensions géopolitiques croissantes et persistantes à travers le monde.  L’impact d’un certain nombre de conflits se fait ressentir dans toute l’Afrique, avec notamment la flambée des prix des matières premières.  La Zambie, comme de nombreux autres pays en développement qui dépendent principalement des importations, n’a pas été épargnée, a fait observer le Ministre, pour qui, il est crucial de s’attaquer aux causes profondes et aux facteurs structurels des conflits.  Au niveau régional, son pays a assuré la présidence de l’Organe de coopération en matière de politique, défense et sécurité de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) pour la période d’août 2023 à août 2024, jouant donc un rôle crucial dans la région à ce titre.  Si dans l’ensemble, la situation sécuritaire et politique de la région reste stable, il existe encore des zones à problèmes dans certains de nos États membres, a poursuivi le Chef de la diplomatie, comme c’est le cas dans les provinces orientales de la République démocratique du Congo (RDC) et dans celle de Cabo Delgado au Mozambique, situations dont la SADC reste saisie.  Aussi a-t-il exhorté la communauté internationale à soutenir les divers efforts de consolidation de la paix en RDC et le Gouvernement du Mozambique afin de garantir que le retrait de la Mission de la SADC dans ce pays n’entraîne pas un recul des acquis obtenus jusqu’à présent. 

Le Ministre a par ailleurs souligné la nécessité de pleinement concrétiser le fonds pour les pertes et les préjudices afin d’aider les pays en développement à faire face aux catastrophes climatiques et aux phénomènes météorologiques extrêmes.  Il s’est également joint aux appels en faveur d’investissements massifs et d’actions renforcées afin de combler le déficit de financement des ODD, actuellement estimé à environ 4 000 milliards de dollars.  Il est en outre nécessaire de mettre en place un mécanisme efficace de restructuration de la dette et de conclure les négociations sur le projet de convention-cadre des Nations Unies sur la cooperation internationale en matière fiscale.  La Zambie, a encore relevé M. Haimbe, continue de progresser dans la campagne visant à mettre fin au mariage des enfants d’ici à 2030 et à protéger les droits des filles en promulguant une législation pertinente pour lutter contre cette pratique néfaste.  En conclusion, il a apporté son soutien à une réforme du Conseil de sécurité sur la base de du consensus d’Ezulwini et de la Déclaration de Syrte.  À cet égard, le Ministre s’est félicité que le Comité des dix de l’Union africaine et les cinq pays membres permanents du Conseil se soient réunis au cours de cette session de l’Assemblée générale. 

M. MAXIM RYZHENKOV, Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a dénoncé les pays qui selon lui ne respectent pas -et n’ont « pas l’intention » de respecter- les principes de la Charte des Nations Unies, même s’ils les invoquent à cette tribune « lorsqu’il s’agit de maintenir leur domination sur la planète et d’assurer le bien-être de leurs élites ».  De fait, tous les principes de l’ONU sont relégués au second plan lorsqu’il s’agit des prétendus « intérêts vitaux » des États-Unis et de leurs satellites les plus proches, a-t-il argué.  Mais si un État ose poursuivre une politique dans l’intérêt de son peuple ou tente de se rebeller contre le joug de l’exploitation de ses ressources, l’Occident se souvient de toutes les conventions, paragraphes et notes de bas de page les plus insignifiantes, a-t-il déploré.  « Aussitôt toute la gamme de sanctions et de pressions illégales s’abattent sur le pays jugé apostat. »  

Aujourd’hui, environ 40 pays, avec une population de 2,5 milliards d’habitants, sont soumis à des sanctions unilatérales illégales de la part des États-Unis et de l’Union européenne, a fait observer le Ministre.  De telles sanctions affectent négativement le développement durable, compromettent la sécurité alimentaire et énergétique, limitent l’accès aux marchés mondiaux et violent le droit à la liberté de circulation, a-t-il dit.  De plus, elles ont un effet boomerang sur les citoyens ordinaires des pays initiateurs, avec la hausse constante des prix de l’énergie et des denrées alimentaires.  « L’Occident collectif a-t-il réussi pour autant à forcer la communauté mondiale à vivre selon ses modèles? » a-t-il demandé. Rien n’est moins sûr au vu du rejet, par les pays libres du Sud de l’ingérence dans leurs affaires intérieures et de la « démocratisation » imposée.  Ces pays veulent se développer sur la base de leurs traditions historiques et de leur compréhension du monde.  Illustrant son propos, le Ministre a évoqué différences initiatives -« exclusivement pacifiques »- lancées dans l’intérêt de la communauté internationale tout entière, notamment l’initiative « Une ceinture et une Route » de la Chine ou l’idée d’une charte sur la multipolarité et la diversité au XXIe siècle promue par le Bélarus. 

Au paquet de sanctions illégales qui lui ont été imposées, le Bélarus a répondu par la levée du régime des visas pour les citoyens des pays de l’Union européenne, a poursuivi le Ministre.  « Si tout le monde, comme son pays, avait compris et voulait vraiment mettre fin à la confrontation sanglante entre deux peuples frères, alors l’Ukraine aurait été depuis longtemps avec la Russie non pas sur le champ de bataille, mais à la table des négociations. »  S’il a salué l’approche sino-brésilienne à cet égard, il a prévenu en revanche que toute initiative sans la participation de la Russie ne pourra déboucher sur un succès. Pour finir, il a plaidé pour que l’ONU se libère du diktat de quelque États, rappelant que l’année dernière, les pays occidentaux ont mené une « sale campagne » pour empêcher son pays d’être élu au Conseil de sécurité.  Or la voix du Bélarus ne sera pas muselée, « nous nous exprimerons », a-t-il promis. 

Mme THÓRDÍS KOLBRÚN REYKFJÖRD GYLFADÓTTIR, Ministre des affaires étrangères de l’Islande, a rappelé que l’ONU est issue d’un désastre, mais porteuse d’un avenir meilleur où les différends se règlent pacifiquement.  Pour son pays, devenu une république indépendante pendant la même période, il est primordial de préserver ce système multilatéral, a-t-elle déclaré.  Cependant, citant le Secrétaire général, elle a ajouté que l’on ne peut construire l’avenir de nos petits-enfants avec des systèmes conçus pour nos grands-parents. Nous vivons une ère de changements profonds, a-t-elle poursuivi, notant que les technologies changent la manière dont les gens vivent la réalité.  À travers elles se livre une bataille pour l’attention, les convictions et les croyances des personnes. Cette bataille, a-t-elle averti, ne sera pas nécessairement gagnée par ceux qui partagent la croyance en la paix et la prospérité, ou qui ont foi dans les droits humains et dans l’égalité des nations.  S’alarmant de la perte de confiance dont souffrent les institutions démocratiques du monde entier, la Ministre a dénoncé « les acteurs malveillants qui sapent l’ordre social à travers le monde, en répandant la suspicion, la peur et la colère ».  Selon elle, le danger ne vient pas d’individus isolés, mais de vastes réseaux d’agents, rémunérés ou non. 

Dénonçant l’agression russe à grande échelle contre l’Ukraine, Mme Gylfadóttir, a considéré que la Russie a dérogé à ses obligations en tant que membre permanent du Conseil de sécurité.  Elle a qualifié d’imprudent et dangereux son usage répété de la menace nucléaire.  Rappelant ensuite que l’Islande a condamné les attaques du 7 octobre contre Israël et continue de demander la libération inconditionnelle de tous les otages, elle a rappelé que « le droit du peuple palestinien à l’autodétermination est lui aussi au-dessus de tout débat ». Condamnant toutes les violations du droit international, elle a lancé un appel à un cessez-le-feu immédiat et à l’arrêt de toutes les activités de colonisation.  Les craintes d’escalade ont été confirmées, s’est-elle alarmée, mentionnant les récents développements au Liban.

La Ministre a rappelé que son pays est candidat aux prochaines élections au Conseil des droits de l’homme pour la période 2025-2027.  Si elle est élue, l’Islande inclura les droits LGBTI+ dans sa liste de priorités, a-t-elle informé.  Déplorant que seules 19 femmes s’expriment à l’Assemblée générale cette semaine, soit moins de 10% des intervenants, elle a jugé incompréhensible qu’il existe aujourd’hui encore des sociétés où les femmes et les petites filles n’ont pas le droit d’aller à l’école, de rire en public ou de prendre part à des conversations en dehors du foyer.  Citant la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, elle a demandé que les Taliban soient obligés de rendre des comptes. 

Préoccupée par les conséquences des changements climatiques, elle a souligné leur rôle sur la santé des océans, dont son pays dépend tout particulièrement. Toutefois, a-t-elle voulu croire, l’action climatique est à même d’atténuer l’élévation du niveau de la mer.  Saluant en outre l’action de l’ONU dans le domaine de la protection de la mer, notamment avec la Convention du Droit de la mer, elle a partagé sa préoccupation face à la remise en cause de ces principes en mer de Chine méridionale.

M. SAYYID BADR BIN HAMAD BIN HAMOOD ALBUSALDI, Ministre des affaires étrangères du Sultanat d’Oman, a d’abord appelé à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, au Liban et dans la mer Rouge, insistant sur la nécessité de mettre fin à l’occupation israélienne des territoires palestiniens occupés et de garantir la justice pour le peuple palestinien.  Il a souligné l’importance d’accorder à la Palestine le statut de membre à part entière de l’ONU et de mettre fin aux politiques qualifiées de « génocidaires » menées contre les Palestiniens par les forces israéliennes.  De façon générale, il a exhorté la communauté internationale à intensifier ses efforts pour désamorcer les tensions et résoudre les conflits par le dialogue et le respect du droit international.

Le Ministre a présenté les avancées du Sultanat en matière de développement social, mentionnant les programmes qui visent à soutenir les femmes, les enfants, les personnes âgées et les personnes en situation de handicap.  Il a aussi mis en avant les initiatives de son pays pour la sécurité sociale, l’emploi, l’accès universel à l’éducation et à la santé, reflétant les progrès d’Oman dans le développement durable.  Qualifiant les jeunes de « pierre angulaire du futur », il s’est dit déterminé à créer des opportunités pour leur permettre d’appliquer leurs compétences et de contribuer à un avenir prospère.

Le Ministre a ensuite abordé l’importance de la coexistence pacifique et du respect mutuel entre les peuples, dénonçant toutes formes de discrimination, de racisme et de violence.  Concernant les changements climatiques, il a vanté l’engagement de son pays dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre et son ambition d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050.  Cette stratégie repose sur des projets d’énergie renouvelable, en particulier l’hydrogène vert, et des solutions fondées sur la nature, illustrant l’engagement du pays à préserver l’environnement pour les générations futures.  Dans le cadre du plan « Oman Vision 2040 », a précisé le Ministre, le Sultanat poursuit une trajectoire de développement économique et social alignée avec les objectifs globaux de développement durable. 

M. LARS LØKKE RASMUSSEN, Ministre des affaires étrangères du Danemark, a jugé totalement inacceptable qu’un membre permanent du Conseil de sécurité continue de violer l’un des principes les plus fondamentaux de la Charte des Nations Unies.  Les guerres d’agression et les tentatives visant à modifier les frontières doivent appartenir au passé, a-t-il tranché.  « Le Danemark n’aura de cesse de soutenir l’Ukraine. »  S’il a exhorté à faire avancer la cause de la paix, il a prévenu cependant qu’il ne fallait pas récompenser l’agresseur au risque d’établir un « très mauvais précédent » et de saper les principes mêmes de l’ONU.

Passant à la situation au Moyen-Orient, près d’un an après les attaques « barbares » du Hamas contre Israël, le Ministre a évoqué le choc et le traumatisme que cette journée a provoqués en Israël et qui symboliseront à jamais le chapitre le plus sombre de l’histoire de ce pays.  De fait, a-t-il poursuivi, le terrorisme du Hamas a déclenché une spirale de souffrances humaines insupportables.  La situation humanitaire à Gaza est catastrophique et le risque d’une guerre régionale totale est bien réel.  « Elle nous affecterait tous.  Il faut que cela cesse maintenant », a-t-il martelé.  Un cessez-le-feu est nécessaire de toute urgence.  Ensuite, nous devons commencer à penser à l’avenir, a-t-il dit, « pas demain ou la semaine prochaine, mais dès maintenant ». Et il faut travailler ensemble pour créer les conditions de la matérialisation de la solution des deux États.

Souvent, les débats au sein de l’Organisation évoquent l’Ukraine et Gaza, mais malheureusement des personnes meurent et souffrent ailleurs à cause des conflits, a-t-il déploré, citant le Soudan, où plus de 10 millions de personnes ont été déplacées, le Yémen, Haïti, la Syrie, l’Afghanistan, le Myanmar ou encore la République démocratique du Congo.  La liste est tragiquement longue, s’est-il inquiété, et notre « incapacité collective » à mettre fin aux guerres met à mal le respect du droit international.

En tant que petit pays, le Danemark est conscient que sa sécurité et sa sûreté dépendent de l’état de droit.  Sans respect du droit international, le monde s’achemine vers un monde dangereux où règne « la loi du plus fort », a-t-il averti. 

En matière de développement, le Ministre a reconnu que le système actuel a permis aux nations de sortir des millions de personnes de la pauvreté, d’éradiquer les maladies et de faire progresser l’éducation.  Ce sont de grandes réalisations, a-t-il concédé, mais après presque huit décennies, l’heure est à la modernisation et à la mise en place d’une architecture plus représentative et efficace.  Il a défendu une représentation accrue des pays africains au sein des institutions de Bretton Woods et plaidé pour des solutions durables à la dette.  Poursuivant, il a salué l’initiative de la Barbade qui propose des mesures concrètes pour « verdir » le financement international.  Le Danemark est membre d’un club « bien trop exclusif », celui qui consiste à consacrer 0,7% de son revenu national brut à l’aide publique au développement, a-t-il reconnu, appelant davantage de pays nantis à rejoindre ce cercle.  M. Rasmussen a promis d’augmenter sa contribution à l’Association internationale de développement (IDA) de la Banque mondiale à hauteur de 479 millions de dollars. Pour finir, il a remercié les États Membres qui ont soutenu la candidature de son pays pour siéger au sein du Conseil de sécurité pour la période 2025-2026. 

M. MARIS SANGIAMPONGSA, Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande, a rappelé qu’à la création de l’ONU, personne n’avait imaginé les problèmes que posent aujourd’hui la technologie, les pandémies ou la crise climatique.  Ce sont autant de facteurs qui doivent inciter l’Organisation à évoluer pour rester pertinente, a-t-il estimé, lançant un appel à l’agilité et à la capacité d’adaptation face aux menaces émergentes. À ce titre, il a plaidé en faveur d’une réforme globale de l’ONU, notamment du Conseil de sécurité, afin qu’elle défende « les aspirations et les intérêts de toutes les nations, et pas seulement des plus puissantes ».  En vue de renforcer la paix et la sécurité internationales, il a exhorté les États Membres à respecter leurs obligations en matière de désarmement et de non­prolifération.  Il a estimé que la crédibilité des Nations Unies est mise à mal par plusieurs conflits dans le monde, dont l’Ukraine et Gaza. 

Son pays, a poursuivi le Ministre, doit faire face aux événements qui frappent le Myanmar, avec qui il partage sa plus longue frontière terrestre.  Il a réitéré l’engagement de la Thaïlande à travailler avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et la communauté internationale pour faciliter le dialogue entre les différentes parties au Myanmar.  Estimant que la paix, la sécurité et le développement durable sont étroitement liés, il a rappelé l’approche de son pays afin de faire progresser les objectifs de développement durable (ODD), intitulée Philosophie d’économie de suffisance et axée sur les populations locales.  Préoccupé par la lenteur de la réalisation des ODD, il a recommandé de s’assurer que tous les pays disposent des moyens et ressources requises.  Dans ce cadre, il s’est félicité de la tenue prochaine de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement qui représente une occasion cruciale de combler le déficit de fonds dont souffrent les ODD.  À cette fin, il a également préconisé de renforcer la coopération Sud­Sud et Nord-Sud, mentionnant à ce titre l’intention de son pays de rejoindre le groupe BRICS et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). 

La Thaïlande fait partie des 10 pays les plus affectés par les changements climatiques, a indiqué le Ministre, évoquant les inondations destructrices qui ont récemment touché sa région, dans le sillage du typhon Yagi.  Lançant un appel à l’accroissement des financements climatiques, il s’est réjoui de la tenue prochaine de la COP29 à Bakou, et notamment de l’adoption du nouvel objectif chiffré collectif, fondé sur un principe de responsabilités communes mais différenciées.  Enfin, il a considéré que la promotion des droits humains ne se limite pas à garantir une dignité humaine fondamentale, mais aussi des opportunités pour tous.  À ce titre, il s’est félicité que son pays ait assuré l’égalité des droits à tous ses résidents, indépendamment de leur origine, de leurs croyances, de leur sexe ou de leur genre.  Enfin, il a rappelé que la Thaïlande présente sa candidature au Conseil des droits de l’homme pour la période 2025-2027, où il a estimé qu’elle pourrait jouer le rôle de passerelle entre les diverses parties prenantes. 

M. JEYHUN AZIZ OGLU BAYRAMOV, Ministre des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan, a insisté sur la nécessité d’une réforme du Conseil de sécurité pour renforcer sa légitimité et son efficacité.  À cette fin, il s’est réjoui de l’adoption du Pacte pour l’avenir, lors du récent Sommet de l’avenir.  En ce qui concerne les changements climatiques, il a regretté l’insuffisance des efforts mondiaux pour limiter le réchauffement à 1,5 °C et a mis en avant le rôle central de l’Azerbaïdjan en tant que pays hôte de la vingt-neuvième Conférence des Parties (COP29) en novembre 2024.  Il a souligné que la présidence de la COP29 attend avant tout de parvenir à un accord sur un nouvel objectif chiffré collectif, « juste et ambitieux », en matière de financement climatique.  L’adoption de cet objectif, adapté à l’urgence et à l’ampleur du problème et prenant en compte les besoins et les priorités des pays en développement, constitue le test ultime de l’engagement des parties envers l’Accord de Paris et l’action climatique dans les années à venir.  Il s’agira, a-t-il dit, du premier objectif majeur en matière de financement climatique après l’adoption de l’Accord de Paris. 

Le Ministre a aussi évoqué les efforts visant à établir des marchés du carbone pleinement fonctionnels, à même de favoriser une réduction des émissions de manière rentable.  Il a en outre mentionné la création d’un fonds d’action pour le financement climatique, soutenu volontairement par les pays producteurs de combustibles fossiles.  Il a ensuite détaillé plusieurs des 14 initiatives à venir dans le cadre de la COP29, incluant: les zones et corridors d’énergie verte, le stockage de l’énergie, l’harmonie pour la résilience climatique, l’agriculture, l’hydrogène propre et l’action numérique verte.  Enfin, il a mis en avant l’initiative de la « Trêve COP29 », appelant à une pause dans les conflits pendant la Conférence. 

Sur le plan économique, le Ministre s’est félicité qu’en moins de deux décennies, le PIB de l’Azerbaïdjan a quadruplé, tandis que la pauvreté est passée de 49% à 5%.  Quant à la dette publique extérieure, elle devrait représenter environ 7% du PIB en 2024, l’un des taux les plus bas au monde.  Le développement durable et la croissance verte sont des priorités nationales, a-t-il ajouté, et d’ici à 2030, les énergies renouvelables représenteront 30% de la capacité électrique installée, permettant au pays d’exporter de l’électricité verte vers l’Europe via le projet du câble sous-marin transrégional de la mer Noire. 

Concernant la situation dans le Caucase du Sud, le Ministre a affirmé que la fin du conflit armé avec l’Arménie et la restauration de l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan ont créé une nouvelle stabilité dans la région.  Bien que des progrès significatifs aient été réalisés dans le processus de normalisation entre les deux pays, il a cependant noté qu’il reste des obstacles à surmonter, notamment l’abandon par l’Arménie de toute revendication territoriale sur l’Azerbaïdjan.  Le Ministre a insisté sur l’importance de la justice pour les crimes de guerre, notamment en ce qui concerne le sort de quelque 4 000 Azerbaïdjanais portés disparus à cause du conflit.  Il a en outre dénoncé le refus par l’Arménie de permettre le retour des 300 000 Azerbaïdjanais expulsés de force de leurs terres ancestrales. 

Il a mis en avant les efforts considérables de reconstruction menés par son pays pour réhabiliter les territoires ravagés par l’occupation, s’inquiétant néanmoins de la contamination de certaines terres par des mines.  Depuis la fin du conflit en 2020, ce sont ainsi 377 personnes qui en ont été victimes, a-t-il déploré, appelant à un soutien international accru pour renforcer la capacité de déminage de son pays. 

M. AMERY BROWNE, Ministre des affaires étrangères et des affaires de la Communauté des Caraïbes de Trinité-et-Tobago, a passé en revue les différents conflits qui frappent le monde, citant notamment la guerre en Ukraine et le conflit en cours à Gaza.  « Seul quelqu’un d’absolument dénué d’humanité pourrait penser qu’il est légal et juste, et même divin, de répondre aux atrocités commises lors d’une journée de terreur atroce, en commettant à son tour atrocités sur atrocités », a-t-il dénoncé.  Le monde entier regarde, et les pays du Sud en particulier sont consternés, a-t-il dit.

Le deux poids, deux mesures envoie un message effrayant au Sud mondial, et ce message est le suivant: il y a des gens puissants dans ce monde qui pensent qu’un enfant palestinien mérite moins de défense, de protection, de nourriture, d’eau et de vie qu’un autre enfant.  Il s’est dit convaincu que les gens honnêtes du monde entier, y compris en Israël, ne partagent pas cet avis.

À cet égard, il a appelé à un cessez-le-feu immédiat, total et complet, et à la libération inconditionnelle de tous les otages.

Il a rappelé la décision de son pays de reconnaître l’État de Palestine, en guise de contribution à la solution des deux États et annoncé, qu’il y a six jours à peine, les deux parties ont officiellement établi des relations diplomatiques.

Le Ministre a ensuite abordé le problème du trafic illicite d’armes légères et de petit calibre qui constitue une menace intolérable pour la région, de même que la sécurité nationale et la vie des citoyens.  En plus des efforts menés au niveau national, le pays continue de travailler avec des partenaires régionaux et internationaux pour libérer les citoyens du coût humain colossal lié à l’accès facile à ces armes.  Le Ministre a évoqué les stratégies innovantes lancées récemment au Guyana par les dirigeants de la CARICOM sur cette problématique.  Il a également salué les efforts renouvelés des partenaires, notamment les États-Unis, pour aider à régler ce problème qui ne connaît pas de frontière.

Préoccupé par la situation en Haïti, il a salué le soutien de la CARICOM à cet égard et félicité le Kenya pour le déploiement de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS).

Évoquant le passé colonial dont les stigmates « nous affectent encore aujourd’hui », M. Brown a rappelé la campagne régionale au sein de la CARICOM exigeant l’octroi de réparations. 

Enfin, il a fait part de sa fierté du succès de la quatrième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement tenue à Antigua-et-Barbuda cette année.  Il a espéré que la mise en œuvre rigoureuse du Programme d’Antigua-et-Barbuda pour les PEID « nous rapprochera du développement durable, avec les moyens de soutien nécessaires de la part de la communauté internationale ». 

M. FRANCIS FONSECA, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur du Bélize, a commencé son allocution en rappelant le caractère sacrosaint du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.  C’est grâce à lui que chaque nation a le privilège de siéger dans cette salle, a-t-il déclaré.  Évoquant la situation du peuple du Bélize, il s’est demandé dans quelle mesure ce droit est vraiment garanti.  Parmi les 39 pays les plus affectés par les changements climatiques, le Bélize subit de plein fouet une crise provoquée par les nations industrialisées, alors qu’il dépend de secteurs comme l’agriculture, la pêche et le tourisme, qui sont exposés aux changements climatiques.  Estimant que son pays a fait plus que sa part pour protéger l’environnement, il a déploré que son peuple soit parfois contraint à quitter ses terres.  Toutefois, a-t-il poursuivi, quels que soient les bouleversements que la crise climatique induit sur le territoire du Bélize, « notre souveraineté et notre droit à l’autodétermination demeurent intacts ». 

Évoquant la crise en Haïti, il a lancé un appel à une réponse durable de la communauté internationale pour rétablir la paix et la sécurité.  Il s’est dit préoccupé que la communauté internationale n’ait pas pleinement tenu ses engagements au titre de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), pas plus qu’au titre du Plan de réponse humanitaire pour Haïti. 

Il a aussi demandé que les États-Unis retirent Cuba de la liste des États soutiens au terrorisme et cessent de lui imposer un embargo « illégal et injuste ».  Cette mesure, a-t-il considéré, représente un obstacle inutile à la coopération mondiale et à la promotion de la paix et de la stabilité dans la région.  De même, il a rejeté le « déni continu de l’autodétermination » infligé aux Palestiniens, appelant à l’éradication d’un « système de domination coloniale et d’apartheid ». 

Enfin, il a souligné que la déclaration sur l’élévation du niveau de la mer et la souveraineté de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) statue que la souveraineté des PEID ne saurait être remise en cause en raison de la montée des eaux.  Il a invité tous les États Membres de l’ONU à en soutenir la mise en œuvre et à s’en servir comme base de coopération internationale.  Il a de même demandé que le nouvel objectif chiffré collectif pour le financement de l’action climatique qui devrait être formalisé lors de la COP29 à Bakou, recommande des allocations de financement minimales aux PEID pour l’adaptation et les pertes et les préjudices.  Il a également exhorté l’ONU à mettre en œuvre le Programme d’Antigua-et-Barbuda pour les PEID exigeant que ces derniers soient présents à la table des négociations au sein des institutions financières internationales. 

M. OLUSHEGUN ADJADI BAKARI, Ministre des affaires étrangères du Bénin, a rappelé que, bien qu’elle soit souvent éloignée de l’origine des crises mondiales, l’Afrique en subit profondément les conséquences.  Il a cité l’exemple du Sahel, « théâtre de tensions grandissantes, exacerbées par des décisions prises sans le consentement des Africains », et qui « compromet gravement » le développement durable de la région.  Condamnant fermement toute tentative d’utiliser la région comme un « nouvel épicentre de luttes géopolitiques », ce qui ne fait que nourrir « le terreau du terrorisme », il a réaffirmé l’engagement du Bénin envers l’unité africaine.  En particulier en Afrique de l’Ouest, où il a appelé à une action commune contre le terrorisme.

Le Ministre a rappelé que son pays avait condamné la guerre en Ukraine et les attaques terroristes du 7 octobre 2023 au Moyen-Orient, ainsi que toutes les violences qui endeuillent chaque jour les peuples du Sahel.  Il a réaffirmé son soutien à la solution des deux États pour résoudre le conflit israélo-palestinien, avant d’évoquer les crises au Soudan, en Libye et en Haïti, soulignant que la communauté internationale doit redoubler d’efforts pour y ramener la stabilité.

Il a ensuite mis l’accent sur la lutte contre la pauvreté sous toutes ses formes, défi majeur qui menace l’avenir.  À cinq ans de l’échéance de 2030, il a regretté que les objectifs de développement durable (ODD) ne soient pas atteints, mais a insisté sur la nécessité de poursuivre la lutte.  « Sans ce combat, il n’y aura ni paix véritable, ni stabilité durable », a-t-il averti.  Le Ministre a fait observer l’importance stratégique de l’Afrique, soulignant que le continent sera, dans quelques décennies, le foyer d’un quart de l’humanité, et mettant l’accent sur l’importance des jeunes, « porteurs d’une créativité immense », et sur les ressources naturelles.  Il a enfin rappelé les réformes initiées par le Bénin depuis 2016 sous la présidence de Patrice Talon, qui ont placé le pays sur « la voie du progrès », notamment dans les domaines de l’éducation, de la santé et des infrastructures.

Poursuivant, le Ministre a mis en avant la nécessité pour l’Afrique de « se réconcilier avec son histoire et son identité profonde ».  Il a évoqué l’initiative du Bénin pour corriger les perceptions négatives sur la culture vaudou et mettre en lumière la richesse de la civilisation africaine.  Faisant l’éloge d’un panafricanisme moderne, il a défendu des actions concrètes telles que la suppression par le Bénin des visas pour tous les ressortissants africains, afin qu’ils puissent « se sentir chez [eux], partout sur le continent ».  Il a également souligné l’importance de reconnaître la diaspora africaine et de guérir les blessures de la traite transatlantique, affirmant que les Afrodescendants, bien que physiquement éloignés, font toujours partie intégrante de la communauté africaine.  En adoptant une loi permettant à tous les Afrodescendants qui le souhaitent d’obtenir la nationalité béninoise, le Bénin a ainsi lancé un appel vibrant à l’unité et à la solidarité entre Africains du continent et de la diaspora. 

M. YAMAZAKI KAZUYUKI (Japon) a placé son intervention sous le sceau d’une « gouvernance inclusive » et d’une « responsabilité partagée », visant à promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité, en particulier face aux menaces pour l’ordre international que représentent l’agression russe contre l’Ukraine ou les tensions en Corée du Nord, à Gaza et en Afrique.  Il a plaidé pour une réforme du Conseil de sécurité afin de le rendre plus représentatif et efficace.  Il a également souhaité une coopération internationale centrée sur l’être humain, en particulier pour accélérer la réalisation des objectifs de développement durable à travers une approche intégrée humanitaire-développement-paix.  Au niveau régional, il a évoqué l’initiative japonaise pour une zone indopacifique libre et ouverte.

Le représentant a ensuite détaillé les efforts du Japon pour intégrer les perspectives des femmes, des jeunes et des zones rurales dans ses initiatives de gouvernance.  Il a notamment souligné l’importance du programme pour les femmes et la paix et la sécurité. Le Japon prévoit en outre de lancer un programme pour former la prochaine génération de leaders dans le domaine du genre.  En parallèle, il s’engage à promouvoir les jeunes talents, à soutenir la recherche et à organiser des forums pour les jeunes chercheurs.

Sur la question du désarmement nucléaire, un sujet central pour le Japon dans un contexte de risque de prolifération croissant, le délégué a mis en avant les efforts continus de son pays.  Il a ainsi évoqué le plan d’action d’Hiroshima, une initiative visant à renforcer des actions concrètes et réalistes pour un monde sans armes nucléaires. Il a aussi souligné l’importance de la dénucléarisation de la Corée du Nord, appelant à une mise en œuvre complète des résolutions du Conseil de sécurité et à la normalisation des relations entre les deux pays.  Il a ensuite mis en garde contre les nouveaux défis posés par les technologies émergentes, notamment les systèmes d’armes autonomes.  Le Japon participera activement à l’élaboration de règles internationales afin de concilier les perspectives humanitaires et sécuritaires. Il a également souligné l’importance croissante de la coopération numérique internationale, en particulier sur l’intelligence artificielle (IA).  L’initiative japonaise Hiroshima AI Processvise ainsi à établir une IA sûre et digne de confiance.

Le délégué a insisté sur la nécessité d’une gouvernance internationale renforcée face aux enjeux climatiques.  Le Japon s’est engagé à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050 et a souligné l’importance de l’initiative asiatique pour la décarbonation, Asia Zero Emission Community, qui vise à concilier croissance économique et sécurité énergétique dans la région.  Selon lui, le Japon met ainsi en œuvre une « nouvelle forme de capitalisme » pour répondre à la crise climatique.  Enfin, il a évoqué les efforts de son pays pour appuyer les systèmes de gouvernance inclusifs dans les pays en développement, en particulier en Afrique, afin de favoriser la stabilité et le développement durable.  Le Japon continuera de soutenir les infrastructures économiques et sociales de ces pays, notamment par des projets de gestion fiscale, de facilitation du commerce et de renforcement des capacités administratives et judiciaires. Le délégué a conclu en évoquant la neuvième édition de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique, qui se tiendra à Yokohama en 2025.

Le droit de réponse a été exercé par l’Équateur, la Chine, le Pakistan, l’Éthiopie, l’Arménie, les Philippines et l’Azerbaïdjan; les délégations chinoise et philippine en ayant fait usage à deux reprises.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: plaidoyer des nations insulaires et vulnérables aux changements climatiques, alors qu’Israël défend sa guerre contre les « forces de la terreur »

Soixante-dix-neuvième session    
13e & 14e séances, matin & après-midi  
AG/12638

Assemblée générale: plaidoyer des nations insulaires et vulnérables aux changements climatiques, alors qu’Israël défend sa guerre contre les « forces de la terreur »

Peu avant une frappe israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth, le Premier Ministre israélien est venu dénoncer ce matin à l’Assemblée générale « les calomnies » proférées contre son pays au cours des derniers jours à la même tribune.  Face aux appels entendus cette semaine à éviter un conflit régional au Moyen-Orient, M. Benjamin Netanyahu a expliqué qu’Israël a fait le choix de la paix tout en luttant contre les « forces de la terreur », avec un avertissement tranchant lancé à l’Iran.  Les dirigeants participant au débat général ont également soulevé des questions « existentielles » qui appellent des réponses décisives et urgentes, à savoir les changements climatiques qui menacent tout particulièrement les petites nations insulaires. 

Près d’un an après le début de la guerre à Gaza, le dirigeant israélien a été clair: son pays se battra jusqu’à « la victoire totale ».  De plus, il ne tolèrera pas « qu’une armée terroriste » à sa frontière mène une nouvelle attaque du type de celle du 7 octobre, a-t-il dit en référence au Hezbollah.  Le Premier Ministre a rappelé la « malédiction du 7 octobre » pour expliquer qu’Israël n’avait d’autre choix que de se défendre, sur tous les fronts « organisés » par l’Iran.  « Si vous nous frappez, nous vous frapperons », a-t-il lancé à l’adresse des « tyrans de Téhéran », précisant pouvoir atteindre l’Iran comme tout le Moyen-Orient avec ses missiles à longue portée.

Dans le même temps, le Premier Ministre israélien a affirmé que la guerre à Gaza peut se terminer.  « Tout ce que le Hamas a à faire, c’est de se rendre, de déposer les armes et de libérer tous les otages. »  Quant à l’après-guerre, il a estimé que le « Hamas doit disparaître » et exigé la démilitarisation de l’enclave en se disant prêt à appuyer une « administration civile locale à Gaza engagée en faveur d’une cohabitation pacifique ».   

S’il a dénoncé, cartes à la main, les pays de la région qui constituent « la malédiction », il y a opposé ceux qui sont « une bénédiction ».  À cet égard, M. Netanyahu s’est dit déterminé à poursuivre sur le chemin des Accords d’Abraham pour parvenir à un accord de paix entre Israël et l’Arabie saoudite, y voyant l’occasion d’une « réconciliation entre le monde arabe et Israël, entre l’islam et le judaïsme ».   

En ce quatrième jour de débat, l’Arabie saoudite faisait partie des nombreuses délégations à avoir quitté la salle de l’Assemblée générale au moment de la prise de parole d’Israël.  Mais cette réunion annuelle de chefs d’État et de gouvernement a été également l’occasion de célébrer l’esprit du Pacte pour l’avenir adopté ce dimanche, 22 septembre, et de la déclaration présidentielle du Conseil de sécurité sur le leadership pour la paix du 25 septembre.  Comme l’a relevé le Premier Ministre de la Slovénie, qui préside ce mois-ci le Conseil, « dans un monde polarisé, marqué par les guerres, les catastrophes naturelles et les inégalités croissantes, c’est un bon début pour redynamiser notre travail collectif en faveur d’un monde meilleur, plus pacifique et plus humain ».    

Abondant en ce sens, la Première Ministre de la Barbade, Mme Mia Amor Mottley, a appelé, en raison de toutes les discriminations actuelles, à marquer une pause et à « réinitialiser ».  Elle a donc prôné un ordre international « plus inclusif et réceptif », en commençant par donner des sièges aux pays en développement aux tables de décision des institutions mondiales.  C’est bien une réforme institutionnelle -de l’ONU et de l’architecture financière mondiale, avant tout- qui a été réclamée par la majorité des orateurs de la journée, avec, comme les jours précédents, en première ligne, les représentants de petits États insulaires en développement (PEID).   

Ce qu’il nous faut, c’est « un nouveau programme commun », a recommandé Mme Mottley, un programme qui se fonde sur le principe africain d’Ubuntu: « Je suis parce que vous êtes; je suis parce que nous sommes ».  En attendant, la Première Ministre et d’autres dirigeants à sa suite ont appelé à travailler ensemble pour garantir que la promesse faite à Bridgetown en 1994 se concrétise par la mise en œuvre du Programme d’Antigua-et-Barbuda pour les PEID adopté en mai 2024.   

Les nombreux pays insulaires représentés aujourd’hui ont, sans surprise, attiré l’attention sur la menace existentielle que posent les changements climatiques pour leurs nations, tel Vanuatu.  « Pendant que les nations industrialisées continuent de faire prospérer leur économie, les PEID subissent de plein fouet les effets de la crise climatique », s’est impatienté le Premier Ministre vanuatuan en prévenant que si la tendance actuelle des émissions de carbone se poursuit, Vanuatu et d’autres archipels n’auront aucune chance de maintenir leurs acquis en termes de développement. 

Fustigeant la cupidité qui a poussé l’homme à piller les ressources de la Terre au-delà du seuil de durabilité, le Premier Ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a tiré la sonnette d’alarme sur l’élévation du niveau de la mer et plaidé pour un meilleur accès au financement climatique.  Il a expliqué avoir sollicité un avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) pour obtenir des éclaircissements sur les obligations juridiques des États en matière de changements climatiques.  Autre initiative présentée par son homologue des Tuvalu, la création d’un « traité de non-prolifération des combustibles fossiles », qui serait un instrument juridique contraignant.

Les PEID n’ont pas été les seuls à s’inquiéter des effets gravissimes de la crise du climat.  Le Premier Ministre du Pakistan a donné un exemple concret alors que son pays a subi des inondations il y a deux ans, les dégâts ayant coûté 30 milliards de dollars.  Des enjeux qui ont poussé le dirigeant du Bangladesh, le lauréat du « prix Nobel de la paix », M. Muhammad Yunus, à prier la communauté internationale de canaliser des ressources solides en faveur des mesures d’adaptation dans les pays vulnérables au climat comme le sien.  Il a appelé à opérationnaliser sans tarder le fonds pour les pertes et les préjudices tout en facilitant un accès équitable aux technologies.

La philosophie du « bonheur national brut » du Bhoutan est venue éclaircir cette journée, le Roi ayant annoncé la création de la « Ville de la pleine conscience de Gelephu », une vaste étendue de forêts vierges et de terres agricoles fertiles qui permettra à l’innovation humaine et aux écosystèmes naturels de prospérer ensemble.

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL

Déclarations

Pour M. ROBERT GOLOB, Premier Ministre de la Slovénie, l’adoption du Pacte pour l’avenir et l’adoption, par le Conseil de sécurité, sous la houlette de la présidence slovène, d’une déclaration présidentielle sur le leadership pour la paix ont été une lueur d’unité et d’espoir cette semaine dans un monde polarisé, marqué par les guerres, les catastrophes naturelles et les inégalités croissantes.  Il y a vu « un bon début pour redynamiser notre travail collectif en faveur d’un monde meilleur, plus pacifique et plus humain ».

Depuis son entrée au Conseil en janvier, la Slovénie a constaté une érosion progressive mais constante du pouvoir des règles.  Le Conseil est de moins en moins capable de réagir efficacement aux conflits majeurs, tels que ceux de Gaza, de l’Ukraine et du Soudan, a regretté M. Golob, qui a aussi jugé le Conseil « guère plus performant » dans la gestion de nombre d’autres crises. 

Pourquoi le Conseil de sécurité a-t-il manqué à son devoir envers l’humanité? s’est interrogé le Premier Ministre en pointant sans ambages les cinq membres permanents du Conseil, qui en portent à ses yeux la plus grande responsabilité.  En abusant de leur droit de veto et en privilégiant leurs intérêts nationaux, ils ont effectivement bloqué le fonctionnement du Conseil de sécurité, leur a-t-il reproché.  Pourtant, les préoccupations et la douleur que nous ressentons pour les civils, la condamnation des violations de la Charte et du droit humanitaire international ne devraient pas dépendre de notre proximité géographique ou politique avec le conflit, a martelé M. Golob pour lequel il est impératif pour tous de donner la priorité à nos intérêts communs: « Le monde s’en porterait mieux. »

L’expérience de la Slovénie au sein du Conseil de sécurité lui a également permis de mieux prendre la mesure de la nécessité de le réformer, a poursuivi le Premier Ministre, qui a plaidé pour un Conseil véritablement représentatif de la communauté internationale et adapté au monde d’aujourd’hui.  M. Golob a appelé à veiller à ce que la répartition des sièges soit équitable, arguant que le Conseil a besoin de voix plus fortes de la part des régions sous-représentées, comme le continent africain.  Pour la Slovénie, la réforme de la composition du Conseil doit s’accompagner d’une réforme du droit de veto qui, à défaut de pouvoir le supprimer, devra voir son utilisation être définie et encadrée avec plus de précision. 

Mais ne perdons pas de vue que l’ONU est tellement plus que le Conseil de sécurité, a insisté le ministre, en citant notamment le travail des acteurs humanitaires, et en s’indignant de l’impunité pour les crimes qui mettent les organisations humanitaires à rude épreuve, à Gaza et ailleurs.  Le Premier Ministre slovène a par ailleurs rappelé que son pays s’était joint aux partisans de l’initiative Rotation pour l’égalité, qui réclame une rotation entre hommes et femmes au poste de président de l’Assemblée générale, et a relevé qu’il n’y avait encore jamais eu de femme secrétaire générale de l’ONU. 

Quant à la crise climatique, M. Golob a exigé une réponse globale et collaborative à ce défi mondial.  Des solutions existent, a-t-il souligné, mais elles ne sont pas accessibles à tous de la même manière.  En Slovénie, à la suite des inondations catastrophiques de l’année dernière, une solution numérique a été élaborée qui associe l’observation de la Terre à des supercalculateurs et à l’intelligence artificielle.  Saluant l’initiative « Alertes précoces pour tous » du Secrétaire général, M. Golob a appelé à une alliance mondiale pour préserver l’eau des conflits armés.

Mettant enfin en exergue le sort des enfants dans les conflits, le Premier Ministre a cité Gaza comme « un exemple de souffrance extrême des enfants », il a dit remplir une promesse en racontant à la tribune de l’Assemblée générale l’histoire de deux jeunes palestiniennes avant de conclure en adressant un « message clair » au Premier Ministre israélien: « Arrêtez l’effusion de sang, arrêtez la guerre, arrêtez les souffrances, mettez fin à l’occupation de la Palestine! »

M. MUHAMMAD SHEHBAZ SHARIF, Premier Ministre du Pakistan, a exprimé la douleur et l’angoisse fulgurantes du peuple pakistanais face au sort du peuple de Gaza.  « Nos cœurs saignent alors que nous sommes témoins de la tragédie qui se déroule en Terre sainte, une tragédie qui ébranle la conscience même de l’humanité », a-t-il dénoncé.  Il a appelé à agir maintenant et exigé la fin immédiate de ce bain de sang, avant de plaider pour une paix durable à travers la solution des deux États, qui verra un État de Palestine viable, sûr, contigu et souverain, basé sur les frontières d’avant 1967 et avec Jérusalem-Est (El-Qods el-Charif) comme capitale éternelle. 

En l’espace de quelques jours, les bombardements incessants d’Israël sur le Liban ont tué plus de 500 personnes, dont des femmes et même des jeunes enfants, a dénoncé le Premier Ministre.  Selon lui, l’échec de la mise en œuvre des résolutions de l’ONU a enhardi Israël, lequel menace d’entraîner tout le Moyen-Orient dans une guerre dont les conséquences pourraient être graves et inimaginables.

Comme c’est le cas du peuple de Palestine, le peuple du Jammu-et-Cachemire lutte depuis un siècle pour sa liberté et son droit à l’autodétermination, a ensuite fait valoir le Premier Ministre.  Il a longuement accusé l’Inde d’avoir délaissé la voie de la paix et renié ses engagements à mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité sur le Jammu-et-Cachemire.  Des résolutions qui, a-t-il rappelé, ordonnent un plébiscite pour permettre au peuple du Jammu-et-Cachemire d’exercer son droit fondamental à l’autodétermination.  Depuis le 5 août 2019, a-t-il expliqué, l’Inde a pris des mesures unilatérales et illégales en imposant ce que ses dirigeants appellent de manière inquiétante une « solution finale » pour le Jammu-et-Cachemire.  Dans le cadre d’un projet colonial classique, l’Inde saisit les terres et les propriétés du Cachemire et installe des étrangers dans le Jammu-et-Cachemire occupé, a-t-il argué, en suggérant que le but était de transformer la majorité musulmane en minorité.  Le peuple cachemiri est résolu à rejeter la fausse identité indienne que New Delhi cherche à lui imposer, a-t-il assuré.

M. Sharif a ensuite dénoncé comme inquiétante une expansion massive des capacités militaires de l’Inde, essentiellement déployées contre le Pakistan.  L’Inde a rejeté sans réfléchir les propositions du Pakistan pour un « régime de retenue stratégique » mutuel, a-t-il déclaré, tout en notant que ses dirigeants ont souvent menacé de traverser la ligne de contrôle et de « prendre le contrôle » de l’Azad Cachemire. 

« Je tiens à dire sans équivoque que le Pakistan répondra de la manière la plus décisive à toute agression indienne », a averti le Premier Ministre pakistanais.  Pour garantir une paix durable, il a demandé que l’Inde annule les mesures unilatérales et illégales prises depuis le 5 août 2019 et engage un dialogue pour une résolution pacifique du conflit du Jammu-et-Cachemire, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité et aux souhaites du peuple cachemiri.

Par ailleurs, M. Sharif a rappelé que les inondations qui ont dévasté le Pakistan il y a deux ans ont causé 30 milliards de dollars de dégâts.  Le Pakistan espère que les engagements pris par ses partenaires de développement pour soutenir la réalisation des objectifs de développement durable seront tenus, y compris dans le domaine de l’action climatique.  De même, il a souligné que l’économie pakistanaise a subi une perte de 150 milliards de dollars du fait du terrorisme. 

Après avoir évoqué une nouvelle vague de terrorisme contre son pays, financé et parrainé de l’extérieur, en particulier par le TTP/Fitna al-Khawarij et ses associés, le Premier Ministre a souhaité que la situation en Afghanistan soit normalisée le plus tôt possible. 

Enfin, le Premier Ministre a estimé que la manifestation la plus alarmante de l’islamophobie était le programme de suprématie hindoue en Inde, accusant son voisin de chercher agressivement à soumettre 200 millions de musulmans et à anéantir l’héritage islamique de l’Inde.

Prenant la parole sous la clameur de ses partisans tandis que de nombreuses délégations quittaient la salle de l’Assemblée générale, M. BENJAMIN NETANYAHU, Premier Ministre d’Israël, a dit être venu au débat dénéral pour corriger les « mensonges » proférés au cours des derniers jours à l’encontre de son pays. « Voilà la vérité, a-t-il lancé: “Israël veut la paix”, bien qu’il soit confronté à des “ennemis sauvages” qui ne souhaitent que le détruire. »

Pour le Premier Ministre, ces « assassins sauvages » cherchent non seulement « à nous détruire, mais aussi à détruire notre civilisation commune, à nous renvoyer à l’âge sombre de la tyrannie de la terreur. »  « Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, nous sommes confrontés à ce choix: réconciliation historique entre juifs et arabes; ou bien le sort que nous réserve l’Iran. » Il a assuré qu’Israël et l’Arabie saoudite étaient très proches d’un accord de normalisation lorsqu’est advenu le 7 octobre, quand des milliers de terroriste soutenus par le Hamas sont entrés sur le territoire israélien pour commettre des atrocités inimaginables, tuant, mutilant et violant 1 200 personnes, dans des « scènes dignes de l’Holocauste nazi ».  Rappelant que le Hamas avait également kidnappé 251 personnes, dont 117 sont rentrées en vie, il a assuré, devant des membres de la famille des otages présents dans la salle: « Nous ne baisserons pas les bras ».

Face à cette « malédiction du 7 octobre », Israël n’a eu d’autre choix que de se défendre sur davantage de fronts « organisés » par l’Iran, a indiqué M. Netanyahu, qui a cité les attaques du Hezbollah et des houtistes, la dernière pas plus tard qu’hier à Tel Aviv. En « Judée et Samarie », des terroristes palestiniens ont perpétré des dizaines d’attaques, a-t-il ajouté, une situation qui a culminé par une attaque directe de l’Iran sur Israël en avril.  Le Premier Ministre a alors averti les « tyrans de Téhéran »: « Vous nous frappez, nous vous frapperons ».  Avant d’ajouter qu’en Iran comme partout au Moyen-Orient, il n’existe aucun endroit que l’État hébreu ne peut atteindre grâce à ses missiles de longue portée.

Exhibant une carte montrant la « bénédiction » que représente Israël et ses partenaires arabes faisant le pont entre l’Orient et l’Occident, le Premier Ministre a décrit les progrès que pourrait apporter la paix.  Une seconde carte, décrite comme celle de la « malédiction », soit « l’arc de la terreur créée par l’Iran », coupe au contraire les voies maritimes et routières, « détruisant les nations de l’intérieur ».

Pour M. Netanyahu face à l’agression iranienne qui menace chaque pays du Moyen-Orient et au-delà, le monde ferme les yeux depuis bien trop longtemps, pratiquant une politique « d’apaisement » qui doit cesser immédiatement.  Le Premier Ministre a appelé la communauté internationale à soutenir le peuple iranien, qui cherche à se libérer de ce « régime du mal », et à soutenir Israël dans sa lutte contre l’agression de l’Iran.  Il a notamment demandé que le Conseil de sécurité renforce les sanctions contre Téhéran afin qu’il n’obtienne jamais d’arme nucléaire, le programme nucléaire iranien ayant été « retardé » mais pas détruit.

Réaffirmant qu’Israël a fait le choix de la paix tout en luttant contre les « forces de la terreur », le Premier Ministre s’est félicité que, depuis le 7 octobre, les Forces de défense israéliennes aient tué ou capturé plus de la moitié des terroristes du Hamas, détruit plus de 90% de son arsenal de roquettes ainsi que ses tunnels et éliminé 23 de ses 24 « bataillons de la terreur ». Après avoir accusé le Hamas de voler la nourriture que les autorités israéliennes ont « permis » d’acheminer à Gaza pour « la revendre à des prix exorbitants », M. Netanyahu a déclaré que le « Hamas doit disparaître », jugeant « inconcevable » toute possibilité de retour de cette organisation à Gaza après la guerre.  Il a donc appelé à la démilitarisation de l’enclave afin que « ces combats soient les derniers ».  Pour ce faire, le Premier Ministre israélien s’est dit prêt à appuyer une « administration civile locale à Gaza engagée en faveur d’une cohabitation pacifique ». Pour que la guerre prenne fin dès maintenant, le Hamas doit déposer les armes et libérer tous les otages, a-t-il répéter.

Qualifiant ensuite le Hezbollah de « groupe terroriste par excellence dans le monde », M. Netanyahu a noté que cette organisation a tué davantage de Français et d’Américains que toute autre, hormis Al-Qaida.  Rappelant que, depuis un an, ses attaques ont contraint plus de 60 000 Israéliens à quitter leur foyer, M. Netanyahu a assuré avoir longtemps « toléré l’intolérable », avant de réaffirmer son intention d’agir jusqu’à ce les civils puissent rentrer chez eux.  « Nous n’accepterons pas qu’une armée terroriste à notre frontière puisse mener une nouvelle attaque du type du 7 octobre. »

M. Netanyahu s’est dit déterminé à parvenir à un accord de paix historique avec l’Arabie saoudite, sur le modèle des Accords d’Abraham, y voyant la promesse d’une « réconciliation entre le monde arabe et Israël, entre l’islam et le judaïsme » au bénéfice de tout le Moyen-Orient.

Évoquant une « bataille entre le Bien et le Mal », M. Netanyahu a estimé qu’Israël défend aussi le monde contre un ennemi commun, qualifiant « d’absurdes » les accusations de génocide et de ciblage volontaire des civils palestiniens et affirmant qu’Israël mettait « tout en œuvre » pour réduire au minimum les victimes civils.  Il a fustigé le Président de l’État de Palestine qui refuse de condamner le massacre du 7 octobre, l’accusant de « payer des terroristes pour tuer » et de mener une guerre diplomatique contre le droit d’Israël d’exister.

Le Premier Ministre s’en est enfin pris violemment à l’ONU, devenue une « organisation méprisable », une « maison des ténèbres », qui « dans un déferlement d’antisémitisme » cherche selon lui à « diaboliser » l’État juif. Depuis 2014, l’ONU a condamné Israël 174 fois, contre 73 fois pour tout le reste du monde, a-t-il dénoncé, ajoutant que, tant que le « seul État juif » ne sera traité comme les autres nations, « l’ONU sera considérée par les juifs partout comme ni plus ni moins qu’une farce ».  Après des générations durant lesquelles nous avons été massacrés sans que personne ne lève le petit doigt, nous avons un État, une armée et nous nous défendons, a encore assuré le Premier Ministre, qui a conclu en affirmant: « Israël ne disparaîtra pas dans les ténèbres, le peuple d’Israël vit aujourd’hui et demain et vivra à jamais ».

« Nous devons marquer une pause et réinitialiser », a lancé Mme MIA AMOR MOTTLEY, Première Ministre de la Barbade, en s’adressant à ses pairs, leur demandant d’offrir de nouvelles opportunités et solutions aux crises qui freinent la croissance économique et limitent les ambitions.  La réinitialisation nécessaire doit mettre fin à toutes les formes de discrimination, a-t-elle expliqué, car il y a aujourd’hui des règles et des institutions qui créent des citoyens de première et de deuxième classe en fonction de leur nation d’origine.  « L’ordre international doit devenir inclusif et réceptif. »

Mme Mottley a demandé une réforme des structures néocolonialistes, appelant à veiller à ce que les institutions mondiales accordent aux pays en développement, en particulier aux petits pays vulnérables comme le sien, des sièges aux tables de décision pour qu’ils soient vus et entendus et pour qu’ils deviennent des agents actifs de leur propre cause.  Ils doivent pouvoir diriger leurs propres paradigmes de développement.

Cette réinitialisation doit se caractériser par une réforme institutionnelle à commencer par les Nations Unies, a poursuivi Mme Mottley.  Idem pour l’architecture financière mondiale, pour laquelle elle a dénoncé l’accès restreint aux capitaux, leur coût disproportionné, leur échelle inadéquate et le fardeau écrasant de la dette.  Elle a déploré que ces facteurs combinés obligent les gouvernements des pays les plus pauvres et aussi les pays vulnérables à revenu intermédiaire à consacrer plus de ressources au service de la dette qu’à la santé, à l’éducation et à l’infrastructure réunies.  Elle a demandé un nouveau programme commun, devant se fonder sur le principe africain d’Ubuntu: « Je suis parce que vous êtes; je suis parce que nous sommes ».

Appelant à « faire preuve de clarté et de volonté politique » pour venir à bout des pratiques discriminatoires du système financier international, elle a salué le lancement de la troisième itération de l’initiative de Bridgetown qui identifie trois principes clefs: modifier les règles du système financier international et réformer sa gouvernance et ses instruments ; mettre les économies vulnérables à l’abri des chocs en traitant la question de la dette et des liquidités d’une manière globale et axée sur le développement; et augmenter le financement en renforçant la capacité des pays à investir dans la résilience par plusieurs moyens, y compris la réorientation des droits de tirage spéciaux (DTS) par l’intermédiaire des partenaires de développement multilatéraux.

Passant au cas des petits États insulaires en développement (PEID), dont les vulnérabilités sont devenues plus prononcées, la Première Ministre a encouragé la communauté internationale et le système multilatéral à « nous laisser travailler ensemble » pour garantir que la promesse faite à Bridgetown en 1994 se concrétise par la mise en œuvre du Programme d’Antigua-et-Barbuda pour les PEID adopté en mai 2024.

Sur le sujet de la paix et de la sécurité, elle a estimé que les conflits qui embrasent le Soudan, l’Ukraine, le Myanmar, Israël, Gaza et maintenant le Liban ne sont que la partie émergée d’un « iceberg de mort, de violence et d’instabilité ».  « Même si toutes les guerres de l’histoire ont pris fin, la véritable question aujourd’hui est à quel prix », a-t-elle observé en réitérant son appel à un engagement collectif pour la paix.

En ce qui concerne sa région, Mme Mottley a fait remarquer l’escalade sans précédent du nombre d’armes d’assaut, des armes fabriquées aux États-Unis qui font des ravages dans les systèmes juridiques et les sociétés, demandant là aussi une réinitialisation fondamentale.  Elle a aussi souligné les problèmes de sécurité et de paix d’Haïti et demandé la levée de l’embargo contre Cuba.

Alors que le monde traverse « une saison de superlatifs », avec ses inondations et ses sécheresses, ses ouragans et ses incendies, qui vont coûter la vie et des moyens de subsistance à tant de personnes, Mme Mottley a asséné aux négationnistes des changements climatiques qu’eux aussi ont besoin d’une réinitialisation pour admettre l’absolue nécessité d’une action collective pour sauver notre mode de vie et notre planète.  En conclusion, elle a misé sur le Pacte pour l’avenir et salué les termes dans lesquels ses collègues se sont exprimés ici cette semaine, y voyant une lueur d’espoir, une preuve que les dirigeants du monde comprennent et adhèrent à son concept de réinitialisation, même s’ils ne l’ont pas appelé ainsi.

Le Premier Ministre du Bhoutan, M. TSHERING TOBGAY, a dit être heureux d’annoncer que, « grâce à nos progrès globaux », en décembre dernier, 52 ans après avoir rejoint les Nations Unies, le Bhoutan est sorti de la catégorie des pays les moins avancés (PMA).  Il a souligné que c’est le résultat d’un travail acharné, de la persévérance et de sacrifices, et surtout « que nous l’ayons fait à nos propres conditions ».  Il a aussi expliqué que le Bhoutan a suivi une voie de développement fondée sur la philosophie du bonheur national brut, une approche qui place le bonheur et le bien-être du peuple au centre du programme de développement.  Ainsi, dans le pays, les soins de santé et l’éducation sont gratuits pour tous.

Alors que le pays a quitté la catégorie des PMA, le Premier Ministre a reconnu qu’il est désormais de sa responsabilité de veiller à ce qu’il maintienne ses progrès durement gagnés. C’est dans cette perspective que le Roi du Bhoutan a annoncé la création de la Cité de la pleine conscience de Gelephu. S’étendant sur 2 600 kilomètres carrés de forêts vierges et de terres agricoles fertiles, elle permettra à l’innovation humaine et aux écosystèmes naturels de prospérer ensemble, tout en favorisant le bien-être humain, la durabilité environnementale et « une vie consciente ».  Le Premier Ministre a invité les leaders d’opinion, les innovateurs et les investisseurs à rejoindre le Bhoutan pour construire cette ville révolutionnaire, contribuant à un modèle de paix, d’harmonie et de progrès que d’autres pourront suivre.

Après le succès du Sommet de l’avenir, M. Tobgay a estimé que transformer l’avenir exige que nous changions également les institutions qui la façonnent.  De ce fait, l’ONU doit évoluer pour répondre aux réalités du monde d’aujourd’hui.  Le Conseil de sécurité, tel qu’il est, est une relique du passé, a-t-il assené, appelant à ce qu’il reflète le paysage géopolitique et économique actuel.  Pour cela, l’Inde, avec sa croissance économique importante et son leadership dans le Sud global, mérite à son avis un siège permanent au Conseil de sécurité, de même que le Japon, un donateur et un bâtisseur de paix de premier plan.  Le Premier Ministre a enfin appelé à soutenir les autres PMA, en veillant à ce qu’ils puissent, eux aussi, arriver au reclassement.  À cet égard, le rôle des Nations Unies est plus crucial que jamais, renforçant l’impératif du multilatéralisme pour relever les défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés, a conclu le Premier Ministre.

M. XAVIER ESPOT ZAMORA, Chef du Gouvernement d’Andorre, s’est d’abord félicité du renforcement du système multilatéral grâce à l’adoption du Pacte pour l’avenir, insistant sur l’importance des « mesures concrètes ».  Puis il a mis en garde contre la montée des extrémismes politiques, reflétant le « sentiment d’avoir perdu un passé peu lointain et bien meilleur », sentiment exacerbé par des phénomènes tels que les changements climatiques, la mondialisation, et l’incertitude quant à l’avenir des jeunes générations.  Dans ce contexte, il a exhorté à une action urgente pour réaffirmer les valeurs fondamentales de la démocratie, telles que la dignité, l’égalité, la tolérance et la liberté.

Le Chef du Gouvernement a ensuite souligné les efforts continus de son pays pour promouvoir la paix et la sécurité internationales, notamment en Ukraine, à Gaza ou au Soudan.  Il a particulièrement insisté sur la protection des civils dans les zones de guerre, affirmant que rien ne justifie les attaques contre les hôpitaux et les écoles ou l’utilisation de la famine comme arme. Il a également rappelé l’engagement de l’Andorre à soutenir les initiatives visant à protéger les enfants en danger, telles que le Bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la question des enfants et des conflits armés, ou encore l’étude sur l’impact des changements climatiques sur les enfants et les conflits armés.

Concernant la coopération régionale, le Chef du Gouvernement a mentionné les négociations en cours pour un accord d’association avec l’Union européenne, visant à diversifier l’économie andorrane et à intégrer le pays plus étroitement dans le marché européen.  L’Andorre a fait de la lutte contre les changements climatiques une priorité nationale et internationale, a-t-il rappelé, et depuis sa ratification de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques en 2011, le pays a respecté ses obligations.  Il vise ainsi la neutralité carbone d’ici à 2050 et a déjà présenté un rapport biannuel sur la transparence, une première mondiale.

Sur le plan énergétique, le Chef du Gouvernement a détaillé les efforts du pays pour promouvoir les énergies renouvelables et réduire les émissions de gaz à effet de serre, avec une législation ambitieuse et des incitations financières.  Cependant, il a averti que ces efforts ne seraient efficaces que si les autres pays suivaient la même voie.  Il a également évoqué l’importance des objectifs de développement durable (ODD), soulignant que malgré des résultats décevants, des changements sont possibles si l’on fait preuve de persévérance et d’innovation.  L’égalité des genres, la protection de l’enfance, et la durabilité doivent, selon lui, devenir des « principes inviolables ».  Il a particulièrement mis en avant la parité respectée aux postes de décision dans les institutions andorranes.

Enfin, le Chef du Gouvernement a mis en avant les avancées technologiques de l’Andorre, notamment la connectivité Internet qui atteint 96% des foyers, et le cadre juridique mis en place pour protéger les droits numériques.  Il a souligné que l’accès à l’information et au numérique était essentiel pour réduire les inégalités et garantir un avenir inclusif.

Pour M. MUHAMMAD YUNUS, Conseiller principal du Gouvernement du Bangladesh, le Pacte pour l’avenir doit servir de feuille de route pour repenser la coopération et servir « nos aspirations communes pour la postérité ».  Évoquant la transformation historique que le Bangladesh a connue en juillet et en août, le dirigeant s’est engagé à promouvoir et à protéger les droits fondamentaux: celui de chacun de s’exprimer librement, de se réunir sans crainte ni inhibition, de voter pour qui il veut, de défendre l’indépendance du pouvoir judiciaire et la liberté de la presse, y compris dans le cyberespace.

« Notre peuple, et en particulier la jeunesse, nous a permis d’obtenir notre indépendance face à un régime autocratique et antidémocratique grâce à leur détermination et à leurs capacités exceptionnelles. »  Rendant hommage à cette détermination collective des jeunes de son pays, il a estimé que cela devrait lui valoir le statut de nation responsable dans le concert des nations.  La génération Z réimagine les valeurs qu’incarne le peuple du Bangladesh depuis 1971, a-t-il constaté, en appelant la communauté internationale à travailler main dans la main avec « le nouveau Bangladesh » pour réaliser la démocratie partout.

À la suite de cette « révolution des moussons », a relaté M. Yunus, le Conseil du Gouvernement a été chargé de la reconstruction d’un appareil d’État en décomposition, marqué par une corruption endémique.  Il a fait savoir que les caisses de l’État étaient réduites à néant alors que quelques personnes avaient amassé des fortunes colossales.  Dans ce contexte, M. Yunus s’est dit fier de contribuer à créer une société juste dans laquelle tous les partis politiques peuvent s’exprimer et où les droits fondamentaux sont défendus, y compris la liberté d’expression et de vote.  Il a annoncé notamment des investissements massifs dans l’enseignement et la santé et a souligné la volonté d’une gouvernance responsable dans tous les secteurs.

Sur le plan international, le Bangladesh sera un fervent défenseur du multilatéralisme, a-t-il poursuivi.  En l’espace de sept semaines seulement, s’est-il enorgueilli, le Gouvernement a pris plusieurs mesures dont une demande au Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme de dépêcher une mission d’enquête sur les violations flagrantes des droits humains commises lors du mouvement populaire, mission qui a déjà commencé à travailler sur le terrain.  Il a aussi mentionné les réformes lancées dans certains secteurs prioritaires dans le but de restaurer la confiance de la population, notamment la création de commissions indépendantes chargées de réformer le système électoral, la Constitution, le système judiciaire, l’administration civile et l’ordre public.  D’autres commissions sont prévues pour réformer notamment la presse et les médias.  Et pour créer un environnement propice aux affaires, de vastes réformes sont en cours dans les secteurs bancaire et financier.

M. Yunus a également mis en exergue la menace climatique en exhortant la communauté internationale à canaliser des ressources solides pour l’adaptation dans les pays vulnérables au climat comme le Bangladesh.  Il a appelé à opérationnaliser sans tarder le fonds pour les pertes et les préjudices et à faciliter un accès équitable aux technologies.  Pour celui qui est du « prix Nobel de la paix », la lutte climatique doit aller de pair avec la remise en ordre de l’économie mondiale. Notant que le monde se concentre de plus en plus sur la décarbonisation, il a estimé que la vision transformatrice d’un monde netZero doit également s’appliquer à des pays comme le Bangladesh.  À défaut, « nous risquons de ne pas tenir notre promesse de “prospérité partagée” grâce à une responsabilité partagée », a-t-il mis en garde.

Il a donc appelé le monde à s’engager ensemble sur la voie des « trois zéros », en visant zéro pauvreté, zéro chômage et zéro émission nette de carbone.  La paix et la sécurité ne peuvent être assurées sans la liberté politique et l’émancipation socioéconomique des peuples, a conclu M. Yunus, non sans oublier de plaider pour les personnes déplacées de force, en particulier les 1,2 million de Rohingya auquel son pays vient en aide. La communauté internationale doit appuyer ces efforts et permettre à ces déplacés de rentrer dans l’État rakhine et y jouir pleinement de leurs droits, a-t-il prié.

M. DORIN RECEAN, Premier Ministre de la République de Moldova, a affirmé que la paix, la sécurité, la prospérité et le libre choix sont les priorités de son pays.  Des générations d’intellectuels, d’écrivains et d’activistes ont lutté pour l’indépendance et pour la liberté de poursuivre « notre identité et nos valeurs », a-t-il rappelé en se réjouissant qu’ils aient réussi à rendre la République de Moldova libre.  Cependant, il s’est indigné que, tout près de son pays, la guerre d’agression injuste et non provoquée de la Russie contre l’Ukraine menace le tissu de l’ordre international, ce qui rappelle l’époque de la politique des grandes puissances, lorsqu’un grand État poursuit des desseins géopolitiques cyniques et annexe des voisins plus petits.

« Pour la République de Moldova, il ne s’agit pas d’un simple souvenir lointain, mais d’une menace imminente. »  La République de Moldova n’en connaît que trop bien les conséquences, a dit le Premier Ministre en assurant de sa détermination à ne jamais revenir à cette époque.  « N’oubliez pas: le Kremlin ne veut pas de nous à la table des négociations.  Le Kremlin veut que nous soyons sur la table ».  Le Premier Ministre a dit que la République de Moldova avait réaffirmé sa solidarité avec l’Ukraine dans sa défense contre l’agression du Kremlin.  Il a ainsi évoqué le soutien de son pays aux efforts humanitaires, avec l’accueil de plus d’un million de réfugiés ukrainiens, en toute sécurité.

La République de Moldova est également attachée à un règlement juste et pacifique du conflit en Transnistrie, a-t-il poursuivi, réclamant que la présence militaire illégale de la Russie cesse.  Le destin de la République de Moldova appartient aux Moldoves, et non à des puissances extérieures, a-t-il martelé.

Le Premier Ministre s’est dit fier d’annoncer que son peuple est plus proche que jamais de réaliser ses aspirations.  « Nous sommes pleins d’espoir et de détermination », a-t-il dit, en allusion à l’espoir d’un avenir démocratique et prospère au sein de la famille européenne des nations, « à laquelle son pays appartient légitimement ».  En attendant, « nous sommes déterminés à travailler dur et sans relâche pour devenir un membre fier de la famille pacifique et prospère de l’UE », a-t-il promis.  De fait, a fait valoir le Premier Ministre, la République de Moldova n’est plus une « zone grise », une entreprise de blanchiment d’argent rentable pour des oligarques sans scrupules et des puissances étrangères, qui ont pillé l’État et le peuple et manipulé les institutions à leur profit.  Son gouvernement s’efforce de restituer l’argent volé, a-t-il assuré

En matière de développement, M. Recean s’est enorgueilli qu’au cours des dernières années, les investissements dans les infrastructures aient été plus importants qu’au cours des 10 années précédentes.  « Notre indépendance énergétique est désormais une réalité.  Le Premier Ministre a également vanté l’ouverture au monde de la République de Moldova.  En reconnaissance des progrès réalisés par le pays, les dirigeants de l’UE ont décidé à l’unanimité, en décembre 2023, d’ouvrir des négociations d’adhésion avec la République de Moldova, a-t-il rappelé.

Il s’agit de « notre réalisation la plus importante depuis l’indépendance, et nous nous engageons à être prêts à rejoindre l’UE d’ici à 2030 », a promis le Premier Ministre.

M. CHARLOT SALWAI TABIMASMAS, Premier Ministre de Vanuatu, a déploré les « manquements collectifs » dans la lutte contre les changements climatiques, le financement du développement et le maintien de la paix.  Pendant que les nations industrialisées continuent de faire prospérer leur économie, les petits États insulaires en développement (PEID) subissent de plein fouet les effets de la crise climatique.  Si la tendance actuelle des émissions de carbone se poursuit, Vanuatu n’a aucune chance de se maintenir à son statut récemment acquis de pays en développement.  L’intensité et la fréquence des catastrophes climatiques menacent les moyens de subsistance de la population de l’archipel, lui faisant courir le risque d’effacer des années de progrès.  Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) prédit d’ailleurs un avenir « désastreux », s’est alarmé le Premier Ministre, pour qui la « fenêtre d’opportunités » pour restaurer la santé de la planète se referme rapidement.

C’est pourquoi Vanuatu a sollicité un avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) afin d’obtenir des éclaircissements sur les obligations juridiques des États en matière de changements climatiques.  Les 91 soumissions écrites reçues par la Cour démontrent l’importance d’une clarté juridique sur cette question.  M. Tabimasmas a lancé un appel aux États Membres, en particulier les nations vulnérables, pour qu’ils prennent part aux audiences « historiques » qui commenceront le 2 décembre prochain.

Si Vanuatu se portait bien lorsqu’il avait le statut de pays les moins avancés (PMA), ses défis structurels sont restés et ses coûts n’ont cessé d’augmenter.  Les conditions financières plus strictes, combinées à la hausse du taux de crédit augmentent le risque du surendettement.  Le Premier Ministre a appelé à une réforme profonde des institutions de Bretton Woods afin de restructurer le système monétaire et financier international, y compris la mise en place d’un mécanisme international de restructuration de la dette souveraine.  Frappé par cinq cyclones violents au cours des trois dernières années, le Premier Ministre a noté que l’archipel perd chaque fois plus de la moitié de son PIB.

Dans cette optique, Vanuatu a décidé, avec l’appui des Fidji et de Samoa, de proposer à la Cour pénale internationale (CPI) de faire de l’écocide un crime relevant de sa compétence.  En attendant, le Premier Ministre s’est dit impatient de voir l’application de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle qui devrait élargir l’accès aux financements concessionnelles.  M. Tabimasmas a formé le vœu que ces questions fassent l’objet d’un soutien collectif lors de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, en 2025.

M. ANDREJ PLENKOVIĆ, Premier Ministre de la Croatie, a souligné que tous les États Membres des Nations Unies ont le droit d’être indépendants et libres, et de choisir leur propre voie. Ils n’ont pas à attendre la permission de leur voisin ni à se sentir seuls face à une agression militaire.  Nous ne cesserons de soutenir la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine et nous appelons le reste du monde à faire de même, a martelé le Premier Ministre.  Les guerres en Ukraine et à Gaza, a-t-il reconnu, éclipsent l’immense catastrophe humanitaire et civile au Soudan.

Nous ne saurions laisser l’Afrique de côté, car c’est le continent où la moitié de la population a moins de 19 ans, qui devrait et doit être considéré comme une source d’espoir pour l’humanité tout entière et non comme une vague pensée.  Le Premier Ministre a dit espérer que la révision de l’architecture de consolidation de la paix en 2025 sera l’occasion de renforcer la Commission de consolidation de la paix (CCP) et d’élargir son mandat pour lui donner un pouvoir décisionnel.  En 2026, la Croatie sera de nouveau candidate à un siège à la CCP.

Les changements climatiques, a poursuivi le Premier Ministre, sont l’un des plus grands défis de l’humanité.  La transition verte est essentielle et les solutions basées sur la nature sont l’un des principaux outils nationaux pour l’adaptation et l’atténuation.  Nous devons redoubler d’efforts pour traiter le climat comme un multiplicateur de risques qui met en danger la sécurité et la stabilité de nombreuses régions du monde, en particulier en Afrique.  Nous sommes fiers que nos réformes et nos investissements aient valu à la Croatie la huitième place, dans l’édition 2024 du Rapport sur le développement durable, s’est enorgueilli le Premier Ministre.

Il a par ailleurs souligné que la stabilité de la Bosnie-Herzégovine voisine, avec laquelle son pays partage une frontière de plus de 1 000 kilomètres est d’une importance capitale. Pour assurer la sécurité et la stabilité, il a prôné une pleine égalité constitutionnelle des trois peuples constitutifs et le respect des accords de Dayton-Paris et des traités qui ont mis fin à la guerre et consacré une Bosnie-Herzégovine multinationale, multiconfessionnelle et multiculturelle.

M. JAMES MARAPE, Premier Ministre et Ministre des finances de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a exprimé sa préoccupation face aux trois principales menaces auxquelles est confrontée l’humanité, à savoir l’intolérance religieuse, la pauvreté causée par les changements climatiques et les conflits de souveraineté.  « Nation aux 1 000 tribus », la plus diversifiée culturellement et linguistiquement au monde, la Papouasie-Nouvelle-Guinée compte plus de 830 langues et une myriade de groupes ethniques et de cultures qui sont toujours « authentiquement autochtones ».  Elle abrite en outre jusqu’à 7% de la biodiversité mondiale, ainsi qu’un vaste écosystème marin.  À sa « petite échelle », la Papouasie-Nouvelle-Guinée enseigne au monde à vivre en équilibre avec la nature, à tolérer la différence culturelle et à pratiquer la gestion environnementale, a affirmé le Premier Ministre.  Or, malgré son expérience et sa contribution au débat mondial sur ces questions, le pays n’a vu que peu de résultats.

Au cours de ses 49 années d’histoire en tant que pays indépendant, l’État insulaire est passé du statut de pays le moins avancé à celui de pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, avec l’objectif de devenir un pays à revenu élevé d’ici à 2045, en passant d’une économie primaire à une économie manufacturière.   Port Moresby compte présenter à l’ONU un rapport complet sur ces questions au forum politique de haut niveau pour le développement durable.

M. Marape s’est attardé sur les changements climatiques découlant d’une cupidité qui a poussé l’homme à piller les ressources de la Terre au-delà du seuil de durabilité.  Pour les nations océaniques comme la Papouasie-Nouvelle-Guinée, l’élévation du niveau de la mer qui en résulte constitue désormais une menace existentielle.  Or, l’accès au financement climatique continue d’être un défi.  À cet égard, le Premier Ministre s’est félicité de l’aide qu’a apportée la France pour mobiliser les fonds de l’Union européenne afin d’assurer la préservation de la zone de conservation forestière Managalas. Pendant ce temps, les conflits et les tensions géopolitiques croissantes continuent d’alimenter la fragmentation et le protectionnisme dans le monde, a déploré M. Marape.  « Tous les conflits peuvent être résolus si nous laissons le règlement unique de l’ONU prendre le pas sur nos propres intérêts particuliers. »

M. ROBERT ABELA, Premier Ministre de Malte, a rappelé le statut politique et la localisation géographique uniques de son pays, qui est une passerelle entre l’Europe et l’Afrique du Nord, et l’Europe et le Moyen-Orient.  Membre à part entière de l’Union européenne (UE), l’île se distingue aussi par une neutralité inscrite dans sa Constitution.  « Un intermédiaire honnête », voici ce que Malte peut être, a déclaré le Premier Ministre, en parlant d’accueillir des pourparlers de paix ou de servir de médiateur dans des dialogues difficiles.  C’est exactement l’approche que nous avons privilégiée au Conseil de sécurité au cours de ces deux dernières années, une approche similaire qui prévaut avec la présidence maltaise de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), depuis le mois de janvier.

M. Abela a souligné deux priorités chères à son gouvernement, à savoir le désarmement et l’aide humanitaire.  Il a annoncé son intention de continuer de faire pression pour que toutes les nations respectent le Traité sur le commerce des armes et il s’est félicité de l’adoption de la résolution 2712 par le Conseil de sécurité, un texte qui exigeait des pauses humanitaires urgentes et prolongées et la mise en place de couloirs dans la bande de Gaza pour y acheminer des biens de première nécessité.  Le Premier Ministre s’est dit fier que ce texte, qu’il a négocié avec d’autres, ait conduit à la libération de 105 otages.  Quant à la résolution 2728, qui exigeait un cessez-le-feu immédiat à Gaza pendant le mois de ramadan, il a fait observer qu’il s’agissait de la première motion conjointe des membres non permanents, dans toute l’histoire du Conseil de sécurité. 

S’attardant sur la Libye, M. Abela a souligné que ce n’est qu’avec un gouvernement unifié et fonctionnel, soutenu par les citoyens de tout le pays, que cette voisine méditerranéenne pourra jouer pleinement son rôle pour juguler la crise des migrants qui met tant de vies en danger.  Le Premier Ministre a appelé au retrait immédiat de tous les combattants et mercenaires étrangers du sol libyen.  Malte, a-t-il ajouté, réaffirme la nécessité d’une mise en œuvre complète de l’embargo sur les armes en Libye, conformément à toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  À cet égard, il a appelé à un régime de sanctions efficace avec une liste des violateurs juste et transparente.  Malte est fière d’avoir été, aux côtés des États-Unis, porte-plume de la résolution 2744, qui appelle, pour la première fois depuis près de deux décennies, à la révision du processus de radiation des listes.

M. PHILIP EDWARD DAVIS, Premier Ministre et Ministre des finances des Bahamas, a regretté que le monde soit obligé de vivre avec la réalité d’une crise climatique qui a poussé la planète au-delà du seuil critique de 1,5°Celsius pendant une année entière.  Les États sont capables de mobiliser rapidement des sommes astronomiques pour des balles et des bombes, mais ils ont du mal à mettre la main à la poche quand il s’agit de financer l’adaptation aux changements climatiques.  Cette passivité est due à des choix et priorités à court terme et malavisés.

Alors que les dépenses militaires mondiales ont grimpé à un montant sans précédent de 2 400 milliards de dollars l’année dernière, le fonds pour les pertes et les préjudices, minutieusement établi à la COP28, n’a obtenu que 800 millions de dollars de promesses de dons.  C’est une goutte d’eau dans l’océan, par rapport aux milliers de milliards nécessaires pour faire face aux coûts croissants de l’impact de la crise climatiques.  Ce n’est pas seulement une question de financement, c’est fondamentalement une question de durabilité et de survie sans lesquelles la paix et la sécurité ne veulent rien dire.

Alors que les Bahamas célèbrent le cinquante-et-unième anniversaire de leur entrée aux Nations Unies, le Premier Ministre a annoncé la candidature de son pays à un siège non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2032-2033.  Nous le faisons parce que la crise actuelle, celle qui se profile à l’horizon, exige un certain degré d’ingéniosité, d’effort, de coopération multilatérale et de sacrifice encore plus grand que celui dont le monde avait besoin au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.  Le Conseil de sécurité du futur ne pourra répondre à la plus grande crise de notre époque sans des voix comme la nôtre.

Le lien entre changements climatiques et sécurité internationale est indéniable, s’est expliqué le Premier Ministre.  Par conséquent, les Bahamas sont prêtes à soutenir toutes les réformes nécessaires pour maximiser l’efficacité du Conseil de sécurité.  Nous n’attendons pas les solutions, nous les trouvons, a souligné M. Davis, en évoquant la création, chez lui, d’une Garde nationale de la jeunesse qui permet aux jeunes de devenir des champions de l’environnement, dans un pays où plus de 40% de la dette publique résulte directement de l’impact des changements climatiques.

M. KASSIM MAJALIWA MAJALIWA, Premier Ministre de la République-Unie de Tanzanie, a appelé à des actions urgentes et à une solidarité mondiale accrue afin de surmonter les obstacles tels que les déséquilibres économiques, les changements climatiques, les conflits et l’inégalité des sexes, qui continuent d’entraver la réalisation des ODD dans plusieurs pays.  Afin d’améliorer la sécurité alimentaire et de réduire la pauvreté, la République-Unie de Tanzanie mise sur des investissements stratégiques dans l’agriculture, l’aquaculture, le développement des infrastructures, l’énergie et la technologie numérique.  Elle a également mis en œuvre des politiques destinées à assurer l’accès de tous aux soins de santé et à l’éducation.   

Or, malgré leur libération du colonialisme, de nombreux pays demeurent confrontés à des sanctions économiques punitives ainsi qu’à des conditions inhumaines, a relevé le Premier Ministre.  Les crises humanitaires dues aux conflits et aux catastrophes naturelles nécessitent par ailleurs un accès sans restriction à l’aide humanitaire et la responsabilisation des responsables d’atrocités.  « L’ONU ne doit pas rester indifférentes à ces situations, a-t-il prévenu, sous peine de porter atteinte à sa légitimité. » 

Poursuivant, M. Majaliwa s’est félicité de l’adoption de la résolution 78/312 de l’Assemblée générale, qui proclame le 7 juillet Journée mondiale de la langue kiswahili, langue parlée par plus de 200 millions de personnes et facteur de progrès de la diversité culturelle.  Il a demandé à l’ONU de faire du kiswahili la septième langue officielle de l’Organisation.   

Vulnérable aux sécheresses, aux inondations, à la désertification et à l’élévation du niveau de la mer, la République-Unie Tanzanie a adopté des mesures d’adaptation et d’atténuation, telles que la plantation de mangroves ou l’amélioration des infrastructures côtières, a ensuite expliqué le Premier Ministre.  Il est toutefois impératif d’investir davantage dans le financement de la lutte contre les changements climatiques.  M. Majaliwa s’est également prononcé en faveur d’un accès universel de la population africaine à une cuisine sans combustibles polluants d’ici à 2030.  À cet effet, son pays accueillera le sommet africain de l’énergie en 2025, organisé conjointement avec la Banque mondiale et la Banque africaine de développement, dans l’objectif d’accélérer la mise en œuvre de l’engagement à fournir un accès à l’électricité à 300 millions de personnes en Afrique d’ici à 2030.   

Alors que la République-Unie de Tanzanie s’apprête à tenir des élections cette année, M. Majaliwa a fait sienne la vision de la démocratie des « 4R » mise de l’avant par la Présidente du pays, à savoir la réconciliation, la résilience, les réformes et la reconstruction.  Dans cette veine, le Gouvernement tanzanien a entrepris plusieurs réformes « monumentales », notamment dans le domaine de la justice pénale et des droits humains.  Enfin, le Premier Ministre a exhorté les dirigeants du monde à s’unir contre les menaces internationales qui sapent l’unité, la paix et la dignité humaine, en s’appuyant sur l’innovation, la coopération internationale et les partenariats qui transcendent les frontières.

M. RALPH E. GONSALVES, Premier Ministre et Ministre de la sécurité nationale, des affaires juridiques et de l’information de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a déploré que les difficultés des PEID perdurent dans l’indifférence d’une communauté mondiale motivée par les « instincts les plus bas » du pouvoir sans entraves, de l’argent, de l’idéologie, des armes et de la domination.  En fait, « beaucoup de puissants souhaiteraient que les PEID n’existent pas », a-t-il lancé.  Il revient pourtant de plein droit aux PEID un soutien particulier de la part de la communauté internationale, pour répondre efficacement à leurs vulnérabilités sociale, économique et environnementale uniques.  Il en va de l’intérêt des quelque 70 millions d’habitants des PEID, mais aussi de celui des 8 milliards de Terriens, a-t-il ajouté.  Du point de vue du Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines, l’exceptionnalisme des PEID devrait être une catégorie formellement inscrite dans le droit international, et bénéficier du traitement le plus favorable.  À l’ère de l’Anthropocène, « pourquoi la Banque mondiale persiste-t-elle avec le seul instrument de mesure anachronique et mal conçu du revenu moyen par habitant pour les PEID vulnérables, au lieu de celle, plus complète et plus raisonnable, d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle? » a-t-il demandé. 

Les pays développés, principaux émetteurs historiques et contemporains de gaz à effet de serre, ont refusé de tenir leurs engagements solennels de limiter la température mondiale à moins de 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels.  À moins de changements drastiques dans les modes de consommation, de production, de vie et d’habitat dans les économies développées et émergentes, « notre planète se destine à un enfer », a prévenu M. Gonsalves, qui a reproché un « cynisme » et un « double langage à couper le souffle » de plusieurs grands pays développés.  Pour agir, il a renvoyé vers le Programme d’Antigua-et-Barbuda pour les PEID, adopté plus tôt cette année, qui comprend un cadre d’action, ainsi qu’au Pacte pour l’avenir, à l’appui plus large et prometteur. 

Le 1er juillet 2024, l’ouragan Beryl, de catégorie 4, a frappé Saint-Vincent-et-les Grenadines, causant des dommages économiques s’élevant à un tiers du produit intérieur brut (PIB) du pays.  C’est la douzième catastrophe naturelle importante à frapper mon pays, sans compter les éruptions volcaniques de 2021, a commenté le Premier Ministre. S’il a remercié l’ONU et d’autres acteurs pour leur aide rapide, il a décrit la difficulté des processus de relèvement et de reconstruction.  « Nous sommes essentiellement livrés à nous-mêmes », a-t-il déploré, lançant un appel à l’aide à la communauté internationale.  Non pas en accordant de nouveaux prêts onéreux, mais de véritables subventions.  « Devons-nous choisir entre la mort et la dette? » s’est-il emporté. 

Le Premier Ministre a enfin évoqué le défi croissant de la criminalité violente dans les Caraïbes, « un mélange combustible d’armes et de balles importées, de marijuana exportée illégalement et de trafic de cocaïne en provenance d’Amérique du Sud ».  Il a jugé évident que ce défi exigeait une coopération opérationnelle beaucoup plus étroite entre tous les pays concernés des Caraïbes, d’Amérique du Nord, d’Amérique du Sud et d’Europe. 

M. RUSSELL MMISO DLAMINI, Premier Ministre de l’Eswatini, a exprimé son plein soutien au Sommet de l’avenir dont les résultats, correspondent à l’esprit d’un monde plus juste et plus inclusif.  De fait, il a estimé nécessaire de reconsidérer le fonctionnement des institutions multilatérales telles que le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, et en particulier le Conseil de sécurité.

Il a rappelé que son pays avait accueilli, en 2005, la réunion de l’Union africaine qui a débouché sur le consensus d’Ezulwini, lequel appelle à une plus grande représentation africaine au sein du Conseil de sécurité.  Il a ensuite exhorté la communauté mondiale à mettre en œuvre ces engagements de longue date et à veiller à ce que toutes les régions et tous les peuples aient leur mot à dire dans l’élaboration de notre avenir collectif.

En matière de développement, a poursuivi le Premier Ministre, l’Eswatini a adopté l’esprit « Nkwe », qui signifie « courir ».  En somme, le cri de ralliement pour courir plus vite, travailler plus dur et ne laisser personne de côté, a-t-il expliqué.

Il a mis en avant le potentiel des jeunes en Afrique, soulignant l’engagement de son pays à exploiter ce dividende démographique.  « Nous devons agir maintenant pour que nos jeunes puissent participer pleinement à la construction de l’Afrique que nous voulons, une Afrique de paix, de prospérité et de dignité », a-t-il exhorté.

L’Eswatini est également déterminé à éradiquer la pauvreté grâce à une croissance inclusive et à des programmes de protection sociale solides, en donnant la priorité aux politiques qui fournissent des filets de sécurité aux plus vulnérable de la société, notamment les femmes, les enfants et les personnes handicapées.  Plus généralement, la stratégie nationale de développement durable se concentre sur la diversification économique, la réduction de la pauvreté et le développement du capital humain.

Cependant, a-t-il nuancé, en tant que petit pays à revenu intermédiaire, l’Eswatini est confronté à des défis uniques, notamment un accès limité au financement international, et une vulnérabilité aux changements climatiques et aux chocs économiques. C’est pourquoi, M. Dlamini a appelé la communauté internationale à veiller à ce que le chemin vers le développement durable ne soit pas entravé par les inégalités structurelles du système mondial.

En réponse à ces défis, l’Eswatini a présenté un plan complet de relance et d’accélération des ODD, évalué à environ 1,6 milliard de dollars, couvrant notamment la transformation numérique, les énergies renouvelables, l’agriculture, l’expansion industrielle, la protection sociale, et la création d’emplois.  Notant que la mise en œuvre des ODD nécessite des ressources financières considérables, qui font défaut à de nombreux pays en développement, y compris ceux d’Afrique, le Premier Ministre a appelé à la mise en œuvre du Plan d’action d’Addis-Abeba, et à une réforme des mécanismes financiers mondiaux.

Mme ROBINAH NABBANJA, Première Ministre et Cheffe des affaires gouvernementales au Parlement de l’Ouganda, a déclaré qu’il est temps de s’interroger sur l’échec à renforcer la coopération internationale en réponse aux défis mondiaux collectifs.  Elle a estimé que les avantages de ce monde doivent être partagés entre tous et que toutes les formes d’exclusion par les quelques nations riches sont détestables.  Elle a appelé à une réforme urgente et globale du Conseil de sécurité, pour que l’Afrique obtienne deux sièges de membres permanents, avec droit de veto, ainsi que deux sièges supplémentaires dans la catégorie des non-permanents. 

De même, elle a appelé à la mise en œuvre du droit au développement, ainsi qu’à un accès équitable aux moyens de production, à la technologie et au capital pour assurer la transformation économique et sociale des économies des pays en développement.  L’Ouganda, en tant que Président du Mouvement des non-alignés, travaillera sur les processus intergouvernementaux qui conduiront à l’adoption du pacte des Nations Unies sur le droit au développement, a indiqué l’oratrice.

Toujours sur les questions de développement, la Première Ministre a noté que le financement reste l’un des plus grands défis qui sapent les efforts des pays en développement pour mettre pleinement en œuvre le Programme 2030.  Dans ce contexte, elle a exigé que les prêts aux pays en développement à faible revenu soient concessionnels et à taux d’intérêt nul. 

Alors que l’Ouganda, comme d’autres pays en développement, est confronté à des contraintes de mobilisation des ressources nationales en raison d’une assiette fiscale limitée, il faut renforcer la coopération internationale en matière fiscale, afin de garantir son efficacité et inclusivité, notamment en obligeant les entreprises multinationales à payer des impôts dans les pays où elles opèrent, y compris sur les recettes générées par le commerce électronique dans les transactions transfrontalières, a plaidé la Première Ministre. 

Elle a par ailleurs appelé à mettre fin au blocus économique, commercial et financier imposé aux « pays frères » sous sanctions, qui constitue, selon elle, un obstacle majeur à leur développement durable.  Elle a dit son ferme rejet de l’imposition de lois et de réglementations à impact extraterritorial et de toutes autres formes de mesures coercitives, y compris les sanctions unilatérales, contre les pays en développement et réitéré la nécessité urgente de les éliminer immédiatement. 

M. GASTON ALPHONSO BROWNE, Premier Ministre et Ministre des finances, de la gouvernance d’entreprise et des partenariats public-privé d’Antigua-et-Barbuda, a déclaré que, face aux guerres, à la pauvreté, aux changements climatiques, à l’endettement, l’inertie n’est pas envisageable.  L’heure est venue d’agir concrètement en soutenant le Programme d’Antigua-et-Barbuda pour les petits États insulaires en développement (PEID) ainsi que le Centre d’excellence pour le développement durable des PEID et sa base de données de référence pour les PEID, son mécanisme pour la technologie et l’innovation et le forum d’investissement insulaire.  Ce Centre d’excellence peut transformer la manière dont nous faisons face à nos vulnérabilités et tracer la voie vers une prospérité résiliente, a-t-il assuré.   

Sans cette coopération mondiale, notre avenir sera anéanti sous le poids de l’inaction, a prévenu le Chef de gouvernement, qui a dénoncé les subventions accordées aux industries pétrolières, « architectes de notre extinction ».  Il a demandé l’élaboration d’un traité de non-prolifération des combustibles fossiles parce qu’il faut faire cesser la destruction irresponsable de notre environnement, mettre un terme aux subventions des combustibles fossiles et tracer la voie vers un avenir durable.  Nous n’avons pas le luxe d’attendre, a ajouté le Premier Ministre.  Ces entreprises doivent payer une taxe pour financer les efforts d’atténuation et compenser les dégâts qu’elles continuent d’infliger.  Il s’agit de justice climatique, d’une responsabilité morale et juridique.  Le pollueur doit payer.   

Le Premier Ministre a également encouragé une action urgente contre la pollution plastique qui asphyxie les océans et anéantit la biodiversité.  Il a proposé à cet égard un traité contraignant afin de mettre un terme à la pollution plastique et de préserver les écosystèmes fragiles de la planète.  Par ailleurs, le Chef de gouvernement a regretté le fait que le monde ne soit pas à la hauteur de l’ambition de limiter à 1,5 °C le réchauffement planétaire.  Le monde s’achemine plutôt vers une hausse de 2,8 °C, ce qui est catastrophique, a-t-il alerté, ajoutant qu’il s’agissait là d’une condamnation à mort des PEID et présageait d’un avenir bien sombre pour le reste de la planète.  Les grands pollueurs doivent honorer leurs obligations et verser des compensations pour les pertes et préjudices, a-t-il insisté.   

En matière de justice financière, de justice réparatrice et d’autres injustices, le Premier Ministre a jugé qu’il est temps de créer un mécanisme capable de fournir des solutions sur mesure en utilisant notamment des conversions de dette, des mesures d’allégement de la dette, une réforme des droits de tirage spéciaux ou encore la tarification du carbone.  Ceci permettrait de sortir du cycle infernal de la dette.  Il faut également une architecture financière internationale qui donne accès à des fonds à faible taux d’intérêt.   

Après avoir demandé la levée du blocus économique contre Cuba, le Premier Ministre a appelé les États-Unis et d’autres pays fabricant des armes légères et de petit calibre à freiner leur exportation.  Il a aussi demandé d’organiser une réunion de haut niveau lors de la quatre-vingtième session de l’Assemblée générale afin de débattre des menaces que font planer ces armes sur la paix et la sécurité et de trouver des solutions.  Antigua-et-Barbuda ne restera pas muette alors que des vies innocentes sont détruites et des générations entières sont condamnées, a-t-il affirmé.   

En conclusion, le Premier Ministre a lancé un appel à organiser partout dans le monde des concerts internationaux de musique en faveur de la paix et pour lever des fonds pour aider les personnes déplacées.

M. EDI RAMA, Premier Ministre de l’Albanie, a rappelé l’esprit de tolérance dont ses ancêtres albanais musulmans et chrétiens avaient fait preuve durant la Seconde Guerre mondiale en recueillant des juifs au péril de leur vie.  Avec cette confiance en l’humanité, les Albanais ont recueilli des réfugiés fuyant Kaboul désormais aux mains des Taliban.  L’Albanie a aussi hébergé plusieurs milliers de réfugiés iraniens, dont la vie était quotidiennement en danger dans le camp Liberty en Iraq, où ils étaient attaqués et tués « par des assassins de Téhéran ».  L’Albanie l’a payé cher, a poursuivi M. Rama, puisque Téhéran a lancé une cyberattaque à grande échelle contre le pays, qui a d’ailleurs échoué.  Pourtant l’hospitalité albanaise n’était pas liée à une quelconque position politique contre l’Iran, mais uniquement à une conviction humanitaire, a ajouté le Premier Ministre. 

M. Rama a ensuite insisté sur le caractère irréversible de l’existence de la « République fraternelle » du Kosovo parmi les six pays des Balkans occidentaux.  Il l’a décrite comme un État avec une « perspective européenne claire » appartenant à la grande communauté démocratique des nations.  Tout parallèle artificiel établi entre le Kosovo et des zones occupées de l’Ukraine, a prévenu M. Rama, vise à distraire et à embrouiller l’opinion publique internationale.  Les auteurs de ces mensonges ne pourront jamais parvenir à diluer la vérité, à savoir que le Kosovo appartient à la communauté des nations.  Ce pays ne doit pas être pris en otage par quiconque –à commencer par le groupe des États membres de l’UE qui ne reconnaissent toujours pas la place légitime du Kosovo dans toutes les organisations internationales. 

En cette troisième année de guerre d’agression non provoquée et injustifiée de la Russie contre l’Ukraine, le Premier Ministre a de nouveau appelé la Russie à mette fin à cette guerre et à se retirer des territoires ukrainiens qu’elle occupe.  Récompenser un agresseur qui annexe les territoires d’un pays souverain en désarmant la victime de l’agression n’apporte pas la paix, mais ouvre la voie à davantage de guerres, a prévenu M. Rama.  L’Albanie, quant à elle, « recherche la paix, mais une paix ne portant pas atteinte à l’Ukraine et à ses droits ». 

Devant la multiplication des catastrophes naturelles partout dans le monde, Mme FIAMĒ NAOMI MATA’AFA, Première Ministre de Samoa, a rappelé que les changements climatiques sont l’une des préoccupations les plus graves qui soient, en particulier pour les petits États insulaires en développement (PEID).  Aussi a-t-elle plaidé vigoureusement pour des investissements substantiels en faveur des mesures d’atténuation et d’adaptation, plaçant ses espoirs dans la COP29 qui se tiendra en Azerbaïdjan cet automne pour tenter de trouver un accord sur un nouvel objectif collectif quantifié en matière de financement climatique. 

En cette ère d’élévation inexorable et sans précédent du niveau de la mer, a poursuivi la Cheffe de gouvernement, le droit international doit évoluer pour faire face à la crise climatique et à ses effets disproportionnés sur les PEID.  Elle a rappelé que, cette semaine, les chefs d’État et de gouvernement de l’Alliance des petits États insulaires ont adopté une déclaration sur l’élévation du niveau de la mer, qui affirme que le droit international repose sur le principe fondamental de la continuité des États et que notre souveraineté ne peut être remise en cause.  « Quels que soient les changements physiques provoqués par la crise climatique, nous resterons des États souverains à moins que nous n’en décidions autrement », a insisté Mme Mata’afa. 

Elle a également annoncé avoir lancé la Samoa Ocean Strategy (SOS) en 2020, un cadre politique national qui vise à gérer de manière durable les vastes ressources océaniques et marines du Samoa.  La stratégie propose des solutions audacieuses et exhaustives de gestion intégrée des océans, s’est-elle enorgueillie.  Parallèlement, le Samoa continue de participer aux travaux du comité intergouvernemental de négociation chargé d’élaborer un instrument international juridiquement contraignant sur la pollution plastique, notamment dans le milieu marin, a indiqué la Première Ministre. 

Abordant le sujet des maladies non transmissibles, une préoccupation prioritaire pour son pays, elle a fait remarquer que ces maladies chroniques dépassent les maladies transmissibles en tant que problème de santé dominant.  Elle a ajouté que ces maladies sont les principales causes de mortalité, de morbidité et d’invalidité dans son pays: elles sont responsables de près de la moitié des décès et des décès prématurés, raison pour laquelle son pays continue à insister pour que son peuple devienne plus actif physiquement.  Si le Samoa promeut des modes de vie et une alimentation plus sains, ces efforts doivent être complétés par l’accessibilité des sources alimentaires nutritionnelles et locales, a observé la Première Ministre. 

Or, notre capacité à cultiver nos propres aliments est affectée par les changements climatiques, car chaque événement météorologique extrême tel que les cyclones ou la sécheresse cause des dommages catastrophiques aux cultures et au bétail, a-t-elle mis en garde.  Raison pour laquelle la Première Ministre a dit attendre avec impatience la mise en œuvre rapide et efficace de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle par les institutions financières internationales. 

M. SONEXAY SIPHANDONE, Premier Ministre de la République démocratique populaire lao, a demandé pour le Moyen-Orient un cessez-le-feu permanent, une cessation des violences à Gaza et un accès humanitaire sûr et sans entrave pour la population ainsi qu’une négociation rapide d’un accord de paix.  Appuyant la solution des deux États, il a appelé au respect des droits inaliénables et légitimes du peuple palestinien. 

Le Premier Ministre a ensuite appelé à concrétiser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, ainsi que le Pacte pour l’avenir, afin de répondre aux besoins de toute la communauté internationale.  Opposé aux mesures coercitives unilatérales, le Premier Ministre a appelé à la levée du blocus économique contre Cuba et à son retrait de la liste des États soutenant le terrorisme.  

Alors que son pays assume cette année la présidence de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. Siphandone a annoncé que la région voulait s’interconnecter davantage, devenir plus intégrée et résiliente, afin d’être capable de répondre efficacement aux défis émergents.  Timor-Leste rejoindra l’ASEAN dans un avenir proche, a-t-il ajouté.  Concernant la situation au Myanmar, l’Association aide le pays à trouver une solution pacifique et durable grâce à la mise en œuvre du consensus en cinq points mené et dirigé par le Myanmar.  La République démocratique populaire lao continuera de collaborer avec les parties prenantes concernées, y compris en ce qui concerne le dialogue national inclusif et l’aide humanitaire. 

Selon le Chef de gouvernement, l’un des principaux obstacles à la mise en œuvre des objectifs de développement durable est le manque de financement.  À ce titre, il est donc urgent de réformer l’architecture financière internationale, afin de promouvoir la participation des pays en développement à la prise de décisions économiques internationales, à l’établissement de normes et à la gouvernance économique mondiale.  

M. Siphandone a lancé un appel pour renforcer le rôle du système des Nations Unies pour le développement, en particulier avec les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, afin de les aider à répondre à leurs besoins et à relever leurs défis particuliers.  Il a jugé essentiel d’accélérer le rôle de l’intelligence artificielle dans la promotion de la croissance verte et de la numérisation respectueuse de l’environnement.  Le Premier Ministre a ainsi appelé à faciliter l’accès et le transfert de technologies et d’innovations.  Enfin, il a estimé que son pays devrait quitter la catégorie des PMA en 2026.

M. FELETI PENITALA TEO, Premier Ministre des Tuvalu, s’est réjoui que le Pacte pour l’avenir fasse référence à la prochaine COP en Azerbaïdjan.  Malgré leur contribution insignifiante aux changements climatiques, les PEID comme Tuvalu sont confrontés à leurs conséquences les plus graves, a-t-il fait remarquer.  Le Chef du Gouvernement tuvaluan a donc exhorté tous les États Membres à honorer leurs engagements d’accroître le soutien au financement climatique et aux transferts de technologie pour aider des pays comme les Tuvalu à développer leur résilience. 

Concernant les effets de la combustion d’énergies fossiles, les données scientifiques sont claires, a-t-il relevé: leur élimination progressive est essentielle pour réduire les émissions de carbone.  C’est pourquoi les Tuvalu et plusieurs autres pays partageant les mêmes idées promeuvent une initiative pour un traité de non-prolifération des combustibles fossiles.  Le but est d’obtenir un soutien international en faveur d’un accord de traité contraignant qui réglementerait et limiterait l’utilisation des combustibles fossiles avec, pour objectif ultime, leur élimination totale.  

L’océan Pacifique, « qui nous définissait autrefois, engloutira les Tuvalu » si l’élévation du niveau de la mer n’est pas stoppée et si les côtes des Tuvalu ne sont pas convenablement fortifiées et renforcées, a encore prévenu le Chef de gouvernement.  Il a alerté sur les prévisions pour 2050 -plus de la moitié du territoire terrestre des Tuvalu sera régulièrement inondé- et 2100 -ce sera alors plus de 90%.  Le Premier Ministre a donc encouragé les États Membres à renforcer la coopération et les partenariats internationaux pour agir.  

Les dirigeants du Pacifique, lors de leur réunion annuelle aux Îles Tonga le mois dernier, ont demandé que l’élévation du niveau de la mer devienne un point à part entière de l’ordre du jour de l’Assemblée générale et d’autres processus connexes de l’ONU, comme la COP, a relayé le Premier Ministre.  Il a ajouté que ces pays ont aussi réussi à obtenir, en mai, un avis consultatif du Tribunal international du droit de la mer, qui dit que les émissions de gaz à effet de serre polluent le milieu marin et que les États ont la responsabilité juridique de prendre toutes les mesures nécessaires pour les prévenir, les réduire et les contrôler.  « Cet avis consultatif constitue une avancée significative, car il déplace le débat des engagements politiques vers des obligations juridiques contraignantes », a souligné le Premier Ministre tuvaluan.

M. TERRANCE MICHEAL DREW, Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis, a exprimé sa préoccupation devant une saison des ouragans supérieure à la moyenne dans les Caraïbes et dans le Pacifique.  « Au moment où je parle, la partie sud-est des États-Unis est frappée par l’ouragan Helene. »  Alors que de nombreux pays des Caraïbes dépendent fortement des combustibles fossiles importés, Saint-Kitts-et-Nevis développe activement un projet d’exploitation de son potentiel géothermique en plus d’explorer les opportunités dans les domaines de l’énergie solaire et éolienne, a fait valoir le Chef de gouvernement.  Il a dit étudier la possibilité d’étendre ce projet à d’autres îles des Caraïbes en engageant des discussions approfondies avec les parties prenantes régionales et internationales. 

Sur la question du financement du développement, le Premier Ministre a dit que Saint-Kitts-et-Nevis s’aligne sur la position de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) au regard de la mise en œuvre de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle par les institutions financières internationales et les banques multilatérales de développement.   

Il a abordé le sujet de la réforme du Conseil de sécurité en souhaitant qu’il reflète les réalités géopolitiques d’un monde en pleine mutation, plaidant pour que l’Amérique latine et les Caraïbes y soient représentées, de même que l’Afrique, le continent le plus peuplé du monde.  Mais nulle part le changement n’est plus nécessaire qu’au sein de l’architecture financière internationale, a-t-il ajouté.  C’est pourquoi Saint-Kitts-et-Nevis se joint également au Gouvernement de la Barbade dans sa lutte pour la justice financière et climatique et s’engage à soutenir pleinement l’Initiative de Bridgetown, a informé M. Drew. 

Saint-Kitts-et-Nevis se tient devant vous aujourd’hui, « non pas en quête de pitié, mais de partenariats. »  Le Premier Ministre a expliqué que le parcours transformateur pour que le pays devienne un État insulaire durable est guidé par sept piliers: la sécurité de l’eau, la transition énergétique, la sécurité alimentaire, l’industrie viable, les établissements durables, l’économie circulaire et la protection sociale.  Le pays prend des mesures audacieuses et concrètes, qu’il s’agisse de construire des usines de dessalement à énergie renouvelable pour un approvisionnement constant en eau portable ou de promouvoir activement l’énergie géothermique « sur notre île sœur de Nevis », dans le but de mettre en place un réseau énergétique unifié et durable pour les deux îles.   

Le Premier Ministre a également cité en exemple la construction d’un premier hôpital moderne « respectueux du climat » et de logements abordables pour garantir à la population un endroit sûr où vivre durablement.  « Nous n’attendons pas que le monde nous sauve; nous nous sauvons nous-mêmes activement. »  Toutefois, il a reconnu que les efforts de son pays ne peuvent aboutir sans soutien.  Enfin, il a annoncé l’organisation par son pays en mai 2025, en partenariat avec Island Innovation, du Sommet mondial sur les îles durables, un événement auquel il a invité tous les dirigeants des nations insulaires réunis ici à se rendre. 

M. KAY RALA XANANA GUSMÃO, Premier Ministre de Timor-Leste, a rappelé qu’il y a un quart de siècle, le peuple du Timor-Leste, sous l’égide de l’ONU, avait voté pour son indépendance, et qu’en 2002, le pays était devenu le cent quatre-vingt-onzième membre de l’ONU, avec une histoire d’espoir et de résilience.  Alors que le pays s’attèle aujourd’hui à la réalisation des ODD, il a déploré le retard et le manque de financement.  Confronté aux conséquences des changements climatiques, Timor-Leste a ratifié le Traité sur la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale, appelé « BBNJ », a-t-il aussi informé.  Par ailleurs, le fonds pour les pertes et préjudices approuvé lors de la Conférence des parties (COP28) de Dubaï doit recevoir les contributions promises par les pays riches et développés, a-t-il demandé.  

Dans un monde qui est menacé par des guerres, le Premier Ministre a invité à s’appuyer sur les instruments du droit international, de la diplomatie et de la coopération multilatérale pour résoudre les différends de manière pacifique.  Le Chef de gouvernement a cependant regretté que ces instruments ne soient pas appliqués de manière cohérente et trop souvent ignorés.  

Au Sahara occidental, il a demandé la mise en œuvre des dizaines de résolutions du Conseil de sécurité qui devraient aboutir à un référendum d’autodétermination pour le peuple sahraoui.  Il a souhaité qu’une délégation sahraouie soit présente l’année prochaine à l’Assemblée générale comme celle de la Palestine aujourd’hui.  Il a appelé à un cessez-le-feu immédiat entre le Front POLISARIO et le Maroc, afin d’ouvrir la voie au dialogue.  Le Secrétaire général de l’ONU doit soutenir la juste cause de ce peuple, comme l’ancien, Kofi Annan, l'avait fait pour la cause timoraise, a-t-il plaidé.  

Préoccupé par le conflit entre Israël et la Palestine ainsi que par la guerre en Ukraine, M. Gusmão a encouragé à appliquer les principes de la Charte des Nations Unies, avec courage et leadership.  Il faut davantage penser aux peuples et aux victimes et moins au statu quo, a-t-il recommandé.  Il a jugé « inacceptable » le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba depuis des décennies.  

En conclusion, le Premier Ministre a souligné la nécessité de réformer le Conseil de sécurité qui doit devenir plus représentatif et refléter la volonté de la communauté internationale.  « Les voix des petites nations ne doivent pas être éclipsées par les intérêts des États les plus puissants. »  L'Assemblée générale elle-même devrait avoir plus de pouvoir en matière de sécurité afin d’éviter la paralysie dans des situations de crise, a-t-il souhaité.   

M. SIAOSI ’OFAKIVAHAFOLAU SOVALENI, Premier Ministre des Tonga, a dit que le mois dernier, son pays assumait la présidence de la cinquante-troisième réunion des dirigeants du Forum des îles du Pacifique sur le thème de la résilience et de la reconstruction en mieux.  Cette réunion tombait à point car au premier jour, des pluies torrentielles, des inondations soudaines et un tremblement de terre de magnitude 6,5 sur l’échelle de Richter ont frappé la capitale, dans ce qui était un autre rappel brutal, s’il en fallait un, de la vulnérabilité des Tonga aux catastrophes naturelles.

Le Premier Ministre a, une fois de plus, exhorté la communauté internationale à agir rapidement et drastiquement pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C et les pays industrialisés, à respecter leur engagement de réduire leurs émissions ».  Il faut aussi que les pays insulaires du Pacifique aient rapidement et facilement accès au financement climatique.

Citant un rapport sur l’état du climat dans le Pacifique du Sud-Ouest de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), le Premier Ministre a confirmé que 2023 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée. Le consensus de la communauté scientifique est « irréfutable »: notre climat change à un rythme sans précédent, avec des conséquences dévastatrices.  Les phénomènes météorologiques extrêmes deviennent plus fréquents et plus intenses.  Les cyclones et les typhons font des ravages, laissant derrière eux des destructions qui prennent des années à réparer.  Le coût économique est immense mais le coût humain est bien plus élevé: des vies perdues, des communautés brisées, des espoirs anéantis et un avenir incertain.

Le rapport de l’OMM confirme que l’élévation du niveau de la mer dans le Pacifique représente le double de la moyenne mondiale.  Sans une action mondiale audacieuse et coordonnée, les Tonga et d’autres pays du Pacifique peuvent s’attendre à ce que le niveau de la mer double d’ici le milieu du siècle.  Les petits États insulaires en développement (PEID) ont besoin de toute urgence d’un accès rapide, prévisible et à grande échelle au financement climatique. La réforme de l’architecture financière internationale sera essentielle pour des pays qui entendent, comme le Programme d’action d’Antigua-et-Barbuda le dit, redéfinir les critères d’éligibilité aux ressources, améliorer l’accès au financement climatique et créer une dette soutenable à long terme.

M. HAMZA ABDI BARRE, Premier Ministre de Somalie, a dit que c’est dans un esprit d’unité et de responsabilité partagée qu’il faut faire face aux conflits qui continuent de causer d’immenses souffrances humaines et
 déstabilisent des régions entières.  Il a parlé, en particulier, du Soudan, de Gaza, de l’Ukraine, avant d’en venir à sa région.  La Somalie, a-t-il dit, est actuellement confrontée à une grave menace de l’Éthiopie, pointant les tentatives d’annexion de certaines parties de son territoire sous prétexte fallacieux de sécuriser l’accès à la mer.  Les ports somaliens ont toujours été accessibles aux Éthiopiens, a souligné le Premier Ministre.  Les manœuvres agressives de l’Éthiopie, y compris son protocole d’accord illégal avec un groupe séparatiste du nord, sapent la souveraineté nationale, encouragent les mouvements sécessionnistes et menacent l’unité nationale. 

M. Barre a appelé l’Éthiopie à cesser ses provocations et à respecter le droit international.  Il a exhorté la communauté internationale à se tenir aux côtés de la Somalie.  La stabilité régionale dépend du respect mutuel et l’Éthiopie doit être tenue responsable des actes qui menacent de déstabiliser la Corne de l’Afrique.  Représentant un pays confronté aux conséquences des changements climatiques, le Premier Ministre a voulu que l’on simplifie l’accès aux financements pour renforcer la résilience.  Il est également temps de réformer le Conseil de sécurité et les institutions financières internationales pour la mise en place d’une économie mondiale plus juste qui favorise une croissance inclusive et le développement.  Le Premier Ministre a salué l’adhésion de son pays à la Communauté de l’Afrique de l’Est ainsi que la levée de l’embargo sur les armes qui permettra à son pays de protéger sa souveraineté et sa sécurité. 

M. CHRISTIAN NTSAY, Premier Ministre de Madagascar, a indiqué que conscient des enjeux planétaires et de l’urgence d’y apporter des solutions concertées et pérennes, Madagascar s’engage avec détermination aux côtés de l’ONU pour construire un monde plus juste, solidaire et durable.  Le « Fihavanana », art de vivre ensemble profondément ancré dans la culture malgache, oriente notre action, a indiqué le Chef de gouvernement, en rappelant que cet idéal traduit une aspiration profonde à vivre en harmonie, dans le respect mutuel et la solidarité, et à ne jamais oublier les plus vulnérables en œuvrant ainsi pour une société plus juste. 

La politique générale de l’État de Madagascar fait ainsi du capital humain le premier pilier du développement.  Le Premier Ministre s’est enorgueilli de l’édition 2024 du classement de Global Peace Index, qui place Madagascar en seconde position des pays les plus « paisibles » en Afrique subsaharienne.  Aujourd’hui, Madagascar est le troisième pays producteur de riz en Afrique et il ambitionne de devenir le premier, avec la nouvelle orientation politique de développement rural du Gouvernement.  Nous comptons également, a-t-il dit, améliorer le réseau routier de l’île en bâtissant en particulier la Route du Soleil, qui relie toutes les régions de la face orientale de la « Grande Île ».  L’objectif est de doper la croissance des investissements publics et privés, de fluidifier les flux commerciaux, de promouvoir le tourisme régional, d’accélérer la transformation des économies régionales, entre autres. 

L’énergie renouvelable figure ainsi parmi les priorités.  À cet effet, a dit le Premier Ministre, nous accélérons la mise en œuvre du Parc solaire dans 47 districts à travers le pays, et la construction de plusieurs centrales hydroélectriques et centrales solaires avec des investisseurs privés et des partenaires au développement, pouvant ainsi faire atteindre une production supplémentaire de près de 500 mégawatts sur un horizon de 4 à 5 ans à venir.  L’objectif recherché est de parvenir à doubler à la fois les parts des secteurs agricole et industriel dans le PIB national afin de créer des emplois et des revenus durables pour les jeunes et les populations rurales.

De l’avis de M. FILIP IVANOVIĆ, Vice-Premier Ministre des affaires étrangères et européennes du Monténégro, bâtir un avenir pacifique et durable exige de la communauté internationale une vigilance et une prise de conscience face aux actes unilatéraux, arbitraires et autoritaires d’une minorité d’acteurs qui mettent en péril la paix et le bien-être de la majorité.  Si l’évolution géopolitique démontre clairement que les efforts de la communauté internationale sont insuffisants et qu’il faut faire plus et mieux, la solution et l’alternative sont là: le multilatéralisme, sous l’égide d’une Organisation des Nations Unies plus puissante. 

L’environnement international est toujours dominé par des approches étroites qui se focalisant sur les intérêts nationaux, a déploré le Vice-Premier Ministre, y voyant un recul au profit de l’autoritarisme et de l’unilatéralisme. 

La mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 n’est pas sur la bonne voie alors que c’est la meilleure manière possible de parvenir à une paix et à une prospérité durables.  Il faut donc soutenir la réforme de l’architecture financière mondiale pour la rendre plus inclusive et représentative.  Le Vice-Premier Ministre s’est dit préoccupé par l’escalade de la violence et de la situation humanitaire à Gaza.  Il a, une nouvelle fois, condamné les attaques terroristes du Hamas contre Israël et les actes de violence contre la population palestinienne.  Toute riposte à une attaque terroriste doit respecter le droit international humanitaire, a-t-il insisté.  Il a appelé à un cessez-le-feu humanitaire à Gaza, durant lequel des négociations doivent être menées sur la solution des deux États.  

Après avoir réclamé la libération de tous les otages, le Vice-Premier Ministre a condamné l’agression russe de l’Ukraine.  Le Monténégro continuera de soutenir cette dernière et de lui fournir une aide financière, humanitaire, militaire et diplomatique.  Plus que jamais auparavant, a souligné le Vice-Premier Ministre, le monde doit s’unir pour défendre la démocratie, les droits humains, la liberté de choix, l’état de droit, la paix et la prospérité.  

M. RASHID MEREDOV, Vice-Président du Cabinet des ministres et Ministre des affaires étrangères du Turkménistan, a rappelé que sera célébré, en 2025, le trentième anniversaire de la résolution de l’Assemblée générale portant reconnaissance internationale du statut de neutralité du Turkménistan.  Il est temps, a-t-il estimé, de réfléchir à l’importance de la neutralité dans la politique internationale.  Le Turkménistan propose d’accorder aux pays neutres le statut de partenaire prioritaire des Nations Unies dans le cadre du maintien de la paix. M. Meredov s’est dit convaincu que cette initiative incitera la communauté internationale à utiliser plus activement les outils de la neutralité et de la diplomatie préventive. 

Les Nations Unies doivent aussi mettre en œuvre concrètement la résolution de l’Assemblée générale proclamant 2025 « Année internationale de la paix et de la confiance » qui avait été proposée par le Turkménistan.  Le Vice-Président a espéré qu’elle se traduira par une manifestation de bonne volonté, un désir de paix et d’harmonie, le règlement des différends et des conflits et le rejet des lignes de division. 

En matière de sécurité régionale, le Turkménistan plaide pour une coopération avec l’Afghanistan.  À cet égard, il a lancé des projets d’infrastructures, comme la construction du gazoduc stratégique Turkménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde, ou celle d’une ligne de chemin de fer vers l’Afghanistan.  En outre, le Turkménistan continuera de fournir une aide humanitaire au peuple afghan, y compris en accueillant des étudiants afghans. 

Le Vice-Président a ensuite appelé les Nations Unies à s’impliquer plus activement dans le sauvetage de la mer d’Aral.  L’Asie centrale, a-t-il expliqué, est confrontée à la désertification et à la diminution des ressources hydriques, ce qui exige une coopération plus active avec les Nations Unies et la présence permanente de leurs coordonnateurs résidents.  Le Turkménistan propose également de mettre en place une structure spécialisée, à savoir un centre régional pour les technologies liées au climat. 

Quant aux questions liées à la mer Caspienne, le Vice-Président a estimé qu’elles vont bien au-delà des frontières régionales.  Les Nations Unies, les agences concernées, le Fonds vert pour le climat et d’autres structures doivent s’engager dans une coopération systématique avec les États de la mer Caspienne pour stopper son assèchement, la destruction de son équilibre écologique et la perte de sa biodiversité.

M. TAE-YUL CHO, Ministre des affaires étrangères de la Corée, a déclaré qu’alors que la guerre d’agression contre l’Ukraine dure depuis trois ans et que des défis apparemment insurmontables s’accumulent sans qu’on en voie la fin, le cynisme et l’impuissance se renforcent dans certains milieux où l’on croit de plus en plus que le multilatéralisme est inefficace et que les Nations Unies ne sont plus pertinentes.  Or, a-t-il affirmé, la République de Corée est la preuve que l’ONU fonctionne.  Son existence même, en tant nation libre, démocratique et prospère en est la preuve. La République de Corée a bénéficié de la toute première coalition dirigée par l’ONU pour défendre la liberté et la démocratie, après la guerre des années 50.  C’est la preuve de ce que le monde peut accomplir lorsque des hommes et des femmes de bien choisissent d’agir ensemble.

Le Ministre a voulu davantage d’efforts sur le multilatéralisme et salué l’initiative opportune et proactive de convoquer le Sommet de l’avenir cette année.  Il incombe désormais à chacun des États Membres de l’ONU de remplir les engagements pris et pour garantir la paix, il faut aller au-delà des initiatives individuelles, car il est de plus en plus difficile de justifier la structure actuelle qui laisse un membre permanent du Conseil de sécurité poursuivre sa guerre d’agression contre son voisin, en violation des principes fondamentaux de la Charte qu’il est pourtant chargé de faire respecter.

Le Ministre s’est ensuite attaché à lister les actions humanitaires et de coopération internationale que finance son pays.  Il a notamment signalé qu’au Sommet Corée-Afrique de juin dernier, son pays s’est engagé à augmenter son aide publique au développement (APD) à 10 milliards de dollars d’ici à 2030 et à relever les défis mondiaux tels que les changements climatiques, l’insécurité alimentaire et les perturbations de la chaîne d’approvisionnement.  L’année prochaine, se tiendra le premier Sommet Corée-Asie centrale où le développement durable occupera le devant de la scène.

La Déclaration de Séoul pour une intelligence artificielle (IA) sûre, innovante et inclusive, adoptée lors du Sommet de Séoul, au mois de mai dernier, a marqué une étape importante dans l’élaboration des normes pour l’IA civile, s’est enorgueilli le Ministre qui a dit qu’à l’approche du quatre-vingtième anniversaire des Nations Unies, l’année prochaine, il faut s’engager en faveur du respect des principes qui ont réuni la communauté internationale. Le multilatéralisme n’est pas un concept dépassé.  C’est la seule voie à suivre.  Rester les bras croisés face aux défis actuels reviendrait à abandonner à la fois les vulnérables d’aujourd’hui et les générations de demain.

Mme PENNY WONG, Ministre des affaires étrangères de l’Australie, a déploré que le monde compte aujourd’hui plus de conflits que jamais depuis la Seconde Guerre mondiale.  Appelant les États Membres à se rappeler pourquoi l’ONU a été créée, elle a soutenu que les règles communes sur lesquelles est fondée l’Organisation nous aident à sortir des ténèbres et à revenir vers la lumière.  Évoquant le conflit au Moyen-Orient, elle a estimé que les civils palestiniens ne peuvent payer le prix de la défaite du Hamas.

Israël doit se conformer aux ordonnances de la Cour internationale de Justice (CIJ), notamment pour permettre la fourniture d’une aide humanitaire à grande échelle, a-t-elle souligné, avant de regretter que, 77 ans après l’adoption de la résolution 181 de l’Assemblée générale, un État palestinien n’existe toujours pas. Une solution à deux États est le seul espoir de briser le cycle sans fin de violence et de voir un avenir sûr et prospère pour les deux peuples », a assuré la Ministre, plaidant aussi pour la libération des otages et la réforme de l’Autorité palestinienne. Dans le même esprit, elle a réitéré l’appel de son pays à un cessez-le-feu au Liban.

Après avoir dénoncé l’invasion de l’Ukraine par la Russie, elle s’est alarmée des transferts illégaux d’armes de la RPDC vers ce pays agresseur, ainsi que du partage de technologies nucléaires entre la Russie et l’Iran.  Face à ces violations des règles qui sous-tendent le droit international, elle a appelé de ses vœux une réforme du système des Nations Unies, à condition toutefois que celle-ci ne permette pas aux « perturbateurs » de démanteler les protections des petits pays.

Rappelant que son pays est candidat à un siège non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2029-2030, elle a souhaité que cet organe offre une plus grande représentation à l’Afrique, à l’Amérique latine et aux Caraïbes, ainsi qu’à l’Asie-Pacifique.  Selon elle, il faut aussi réformer l’architecture de consolidation de la paix et de prévention des conflits, ce qu’appuiera l’Australie lors de son prochain mandat à la Commission de consolidation de la paix, à l’image de son action pour la paix et la sécurité dans sa région.

Alors que plus d’un tiers des objectifs de développement durable sont au point mort ou en régression, la Ministre a appelé à renforcer l’architecture financière internationale afin que « chaque dollar de développement compte ».  Après avoir réaffirmé son soutien à l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle et à l’initiative de Bridgetown, elle a rappelé que les changements climatiques sont le principal frein au développement. Pour les combattre, l’Australie prévoit de réduire ses émissions de 43% d’ici à 2030 pour parvenir à zéro émission nette d’ici à 2050.  Elle a indiqué que les pays de la région proposent d’accueillir la COP31, notamment pour amplifier la voix des petits États insulaires en développement, « gardiens de nos océans ».  La Ministre a ensuite indiqué que l’Australie s’emploie aussi à protéger les connaissances des peuples des Premières Nations, en particulier les aborigènes et les insulaires du détroit de Torres.  Travaillons ensemble pour le bien des peuples du monde entier, a-t-elle conclu.

M. ALVA ROMANUS BAPTISTE, Ministre des affaires extérieures, du commerce international, de l’aviation civile et des affaires de la diaspora de Sainte-Lucie, a critiqué un système financier mondial injuste qui a augmenté les inégalités avec les mesures et les normes qu’il utilise pour évaluer le développement des pays.  Pour autant, a rassuré le Ministre, nous n’avons pas abandonné notre foi dans la force et les avantages du multilatéralisme.  Il a applaudi deux récentes décisions de la communauté internationale qui laissent penser que les vulnérabilités uniques et les situations spéciales de Sainte-Lucie et des PEID recevront l’attention qu’ils méritent.  Il s’agit d’une part du nouveau plan d’action décennal adopté à l’issue de la quatrième Conférence internationale sur les PEID, qui s’est tenue récemment à Antigua-et-Barbuda, et, d’autre part, de l’adoption de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle.   

M. Baptiste a appelé tous les États Membres à utiliser rapidement cet indice, rappelant qu’il avait déjà fallu 32 ans pour le mettre au point.  C’est urgent, a-t-il martelé, car les défis auxquels ces économies petites, ouvertes et vulnérables sont confrontées sont assez complexes.  À cet égard, il a également recommandé d’agir immédiatement pour accélérer les progrès sur la question des changements climatiques et de la justice climatique.  Sainte-Lucie est en particulier très déçue que le fonds pour les pertes et les préjudices, décidé lors de la COP28, ne soit toujours pas opérationnel.   

Le monde doit dédommager les PEID pour l’injustice de la crise climatique dont ils souffrent, a réclamé le Ministre.  De la même manière, il a demandé que les pays qui ont assuré leur développement économique grâce à l’inhumaine traite transatlantique des esclaves payent des réparations pour ce crime contre l’humanité qu’ils ont infligé aux personnes amenées d’Afrique aux Caraïbes et aux Amériques, ainsi qu’aux peuples autochtones de ces régions.   

Par ailleurs, le Ministre s’est longuement attardé sur la situation à Gaza et en Cisjordanie.  Selon lui, la seule manière d’assurer un avenir juste et pacifique au Moyen-Orient et des frontières sûres à Israël est que les Palestiniens puissent vivre sur leur terre internationalement reconnue.  Le droit à l’autodétermination est universel et celui des Palestiniens ne peut plus attendre, s’est-il exclamé.  Et c’est selon ce même droit que le peuple de l’Ukraine doit pouvoir choisir sa propre destinée et que la Russie doit mettre un terme à cette guerre.  C’est le même droit qui donne le choix au peuple de Cuba de déterminer sa propre voie vers le développement et qui implique de lever l’embargo « illégal, injuste et inhumain » qui lui est imposé depuis 64 ans par les États-Unis.  C’est en vertu de ce même droit que Taïwan doit pouvoir être membre des Nations Unies, a encore plaidé le Ministre avant de parler aussi du même droit dont doit jouir le peuple et le Gouvernement de la République bolivarienne du Venezuela pour conduire leurs affaires internes sans être soumis à des sanctions.   

En venant à la situation en Haïti, qu’il a jugée instable et préoccupante, M. Baptiste a exhorté tous les pays qui ont promis leur aide dans le cadre de la Mission multinationale d’appui à la sécurité de respecter leurs engagements de toute urgence.   

Globalement, il semble que la communauté internationale a fini par comprendre qu’elle ne peut plus procrastiner et que les actions pour garantir un meilleur avenir à l’humanité doivent être menées maintenant, a conclu le Ministre.  « Si nous agissons ensemble maintenant pour la paix, le développement durable et la justice, personne ne sera laissé de côté. »

Mme KAMINA JOHNSON SMITH, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la Jamaïque, a présenté son pays comme une petite île située dans la deuxième région la plus vulnérable au climat, sortie d’une histoire brutale d’esclavage et de colonisation, ayant acquis son indépendance, il y a à peine 62 ans, et caractérisée par le passé par des niveaux élevés de pauvreté, d’endettement, de chômage et de criminalité.  La Jamaïque trace aujourd’hui sa voie vers une prospérité durable et est concentrée sur le renforcement de la résilience. 

Au cours des 10 dernières années, malgré la pandémie, la Jamaïque a réduit de plus de la moitié son ratio dette/PIB, considérablement réduit son taux de pauvreté, ramené le chômage à des niveaux historiquement bas et augmenté le salaire minimum de plus de 100%.  Sa prudence dans la gestion de l’économie a créé un espace budgétaire qui lui a permis d’investir davantage dans la protection sociale, la sécurité nationale, la santé et l’éducation.  Grâce à son projet de réseau national à très large bande, la Jamaïque a aussi augmenté le taux de pénétration d’Internet à 77% et celui de ses utilisateurs à 85,1%. 

Dans le même temps, a poursuivi la Ministre, et en tant que petit État insulaire en développement, la Jamaïque est gravement touchée par la hausse de la température terrestre et maritime et une fréquence accrue des catastrophes naturelles.  L’ouragan Beryl, qui a touché les Caraïbes en juillet de cette année, a été le premier ouragan de catégorie 5 enregistré jusqu’ici, qui a provoqué la dislocation des familles et des communautés, ainsi que des dégâts importants. 

Alors qu’aucun pays ne peut lutter seul contre les effets des changements climatiques, la Jamaïque, a dit la dignitaire, réaffirme donc son engagement indéfectible en faveur de la coopération internationale.  Nous exhortons, a-t-elle lancé, les grands pollueurs à honorer leurs engagements au titre de l’Accord de Paris.  Dans ce contexte, elle a salué le Programme d’Antigua-et-Barbuda pour les PEID et salué les appels à l’accélération de l’atténuation et de l’adaptation.  Tous les pays doivent adopter ou réaliser l’objectif du 1,5 °C, a-t-elle dit, réitérant le principe de responsabilités communes mais différenciées.  Elle a, en conclusion, estimé que les trois documents adoptés au Sommet de l’avenir sont un regain d’espoir dans le multilatéralisme. 

M. MOHAMED ALI NAFTI, Ministre des affaires étrangères, de la migration et des Tunisiens à l’étranger de la Tunisie, a jugé urgent d’entreprendre les changements nécessaires pour bâtir un monde plus équitable, comme proposé dans le Pacte pour l’avenir.  Cela doit passer par le règlement de la situation au Moyen-Orient.  La seule façon de garantir un avenir sûr à toutes les populations commence par la conviction que tous les êtres humains sont égaux, sans deux poids, deux mesures, a-t-il fait valoir, avant d’appeler à des actions responsables pour mettre fin au massacre et à la faim à Gaza. 

Le Conseil de sécurité doit tenir la Puissance occupante comptable de ses actes, comme l’a souligné la Cour internationale de Justice (CIJ) dans son avis consultatif. Il est temps que la Palestine devienne un membre de plein droit de l’ONU, a plaidé le Ministre, avant de condamner les attaques israéliennes visant le Liban.  Notant le niveau sans précédent de la pauvreté, le nombre sans cesse croissant de réfugiés et la fracture qui se creuse entre le Nord et le Sud, le Chef de la diplomatie tunisienne a jugé que le système financier international n’est plus en mesure de répondre aux besoins en développement de la plupart des États. 

Il est donc urgent d’entreprendre les réformes qui s’imposent, a-t-il dit, déplorant que les institutions internationales ne tiennent compte que des intérêts d’une minorité d’États au détriment des autres.  Les défis actuels ne peuvent être relevés que sur la base d’une coopération équitable et de l’égalité, a-t-il affirmé, plaidant pour une réforme des organes de l’ONU, et notamment du Conseil de sécurité aujourd’hui dans l’impasse. 

De l’avis du Ministre, une réforme structurelle de l’architecture financière internationale est indispensable pour atténuer le fardeau de la dette des pays en développement et faciliter leur accès aux financements.  Enfin, évoquant la forte aggravation de l’émigration clandestine dans sa région, il y a vu l’illustration du problème de la gouvernance mondiale et du manque de volonté politique de s’attaquer aux crises de développement, des changements climatiques et des conflits.  Cette question exige une réponse collective et un partage des responsabilités entre pays d’origine, d’accueil et de transit, a-t-il dit, précisant que la Tunisie ne ménage aucun effort pour sauver des vies et prendre en charge ceux qui sont dans le besoin, mais rejette tout projet d’établissement des migrants clandestins. 

M. PETER SHANEL AGOVAKA, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur des Îles Salomon, a plaidé pour un ordre mondial multilatéral fondé sur des règles qui soit égalitaire, inclusif et exempt de tensions géopolitiques, ainsi que pour un système international qui respecte le droit international et reconnaisse la situation particulière des petits États insulaires en développement (PEID).  Les milliers de milliards de dollars que les grandes puissances dépensent en armes devraient être investis dans le Programme 2030 et dans la lutte contre le pire ennemi de l’humanité, à savoir les changements climatiques, a lancé le Ministre.  Nous devons assurer l’avenir de nos peuples et planter les graines de la paix, a-t-il ajouté.  En ce sens, il a préconisé une réforme des institutions de Bretton Woods, afin de veiller à ce qu’elles soient justes et démocratiques, et qu’elles représentent le Sud global, notamment les problèmes multidimensionnels et complexes auxquels les PEID sont confrontés.  À ce propos, le Ministre a réitéré l’appel à l’octroi d’un siège permanent pour les PEID dans la prise de décisions relevant de l’architecture financière internationale.   

Les Îles Salomon sont un État exempt d’armes nucléaires en vertu du Traité de Rarotonga de 1985.  Cette semaine, elles ont signé et ratifié le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, a fait savoir M. Agovaka.  Il s’est par ailleurs dit préoccupé par le rejet par le Japon, dans l’océan Pacifique, d’eau contaminée par des substances radioactives et traitée, ainsi que par le manque de connaissances scientifiques sur leur effet à long terme.   

Au sujet du commerce international, le Ministre a indiqué que la Chine est la première grande économie à ne pas imposer de barrières tarifaires aux pays les moins avancés et a invité tous les autres partenaires des Îles Salomon à en faire de même.  En outre, la Chine est devenue le premier partenaire du pays pour ce qui concerne les infrastructures, notamment la transformation numérique en cours avec l’installation de 161 relais de communication.  M. Agovaka a remercié tous les partenaires de développement et a fait savoir que son pays recherche des partenariats authentiques, judicieux, durables et exempts de conditions onéreuses pour l’aider à développer les infrastructures dans un pays géographiquement fragmenté.   

Les Îles Salomon sont en outre très menacées par les changements climatiques, qui y ont des répercussions trois fois supérieures à la moyenne mondiale.  Il a plaidé pour un cadre juridiquement contraignant beaucoup plus solide, estimant que l’approche volontaire en vertu de l’Accord de Paris a lamentablement échoué.  Le G20 est responsable de 80% des émissions mondiales et doit jouer un rôle moteur dans la lutte contre les changements climatiques, a insisté M. Agovaka. 

M. LEJEUNE MBELLA MBELLA, Ministre des relations extérieures du Cameroun, a souhaité voir renverser au plus vite la tendance actuelle faite de défis sécuritaires et climatiques.  « Nous devons le faire pour nous affranchir de la guerre et de ses fléaux afin de préserver les générations futures. »  Pour cela, il a prôné le recours au dialogue, à la concertation, au consensus et à la diplomatie préventive, avec l’instauration de mesures de confiance.  Il a aussi demandé de réformer le Conseil de sécurité, pour s’assurer qu’il continue de remplir pleinement son mandat originel d’organe principal de maintien de la paix et de la sécurité internationales.  L’Afrique demeure à ce jour le seul continent ne disposant pas d’un membre permanent au sein dudit Conseil, a-t-il constaté, soulignant ainsi l’impératif et l’urgence de corriger cette « injustice ».   

Le Ministre a rappelé que lorsque le document intitulé le « futur que nous voulons », ainsi que les ODD, ont été adoptés, la communauté internationale a engagé une bataille décisive contre le sous-développement.  Mais il a constaté que les résultats escomptés sont loin d’être atteints, comme l’attestent divers rapports.  Dans ce contexte, il a appelé à faire preuve d’une « volonté politique renouvelée » et à mener une « action plus décisive » pour surmonter cette situation.   

À ce titre, le nouveau Programme d'action de Doha en faveur des pays les moins avancés, celui d’Antigua-et-Barbuda pour les PEID, celui concernant les pays enclavés qui va être adopté à la Conférence de Gaborone en décembre prochain, de même que l’Agenda 2063 de l’Union africaine constituent tous des cadres d’orientation et d’incitation qu’il convient de mettre activement en œuvre, si on ne veut « laisser personne pour compte », a-t-il encouragé.   

Le Ministre a aussi indiqué que son pays se joint à l’appel en faveur d’une réforme de l’architecture économique et financière internationale.  Il a souhaité une mobilisation tous azimuts afin de mettre résolument en œuvre ces dispositions et de faire mentir les sceptiques qui ont perdu tout espoir en l’ONU.  Au moment où l’Organisation s’apprête à célébrer son quatre-vingtième anniversaire, l’an prochain, il a proposé de lui donner les moyens de se moderniser afin qu’elle puisse répondre efficacement aux attentes placées en elle.

M. TAYE ATSKE-SELASSIE AMDE, Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie, a rappelé l’attachement de son pays au multilatéralisme, tout en se disant préoccupé des difficultés rencontrées par l’ONU pour s’acquitter de son rôle en matière de paix et de sécurité internationales.  L’ONU doit relever des défis qui dépassent ses pouvoirs et ses capacités, a-t-il constaté, estimant que la sécurité collective ne peut être réalisée que si les États sont capables d’exercer leur autorité et d’assumer leurs responsabilités pour sauvegarder leur sécurité nationale.  « Nous devons donc préserver la souveraineté et l’indépendance politique des États », a insisté le Ministre, pour qui les lacunes de l’ONU reflètent la réticence de la communauté internationale à promouvoir les buts et principes de la Charte des Nations Unies. 

Sans un rôle substantiel de l’ONU guidée par les principes de la Charte, nous risquons de faire de l’Assemblée générale une plateforme sans effet pour la paix et la sécurité internationales, a-t-il averti, avant de souligner l’urgence d’une réforme du Conseil de sécurité et de ses méthodes de travail.  Il y a vu un moyen de « réparer l’injustice faite à l’Afrique », mais aussi de restaurer la crédibilité du Conseil lui-même.  Jugeant que l’exclusion de l’Afrique se manifeste par l’importance disproportionnée accordée aux affaires intérieures des pays africains, le Chef de la diplomatie éthiopienne a appelé les États Membres à donner la priorité à la représentation du continent dans les deux catégories de membres du Conseil.  

Le Ministre s’est ensuite inquiété du retard pris dans la réalisation des ODD, principalement en raison du manque de financement, particulièrement en Afrique, soulignant que la crise croissante de la dette nécessite une solution urgente.  Il a dit attendre des États Membres ayant un impact sur les institutions financières mondiales qu’ils mettent à disposition les ressources financières nécessaires.  De son côté, l’Éthiopie a fait preuve de cohérence dans ses efforts pour atteindre les ODD, a-t-il assuré soulignant notamment les progrès enregistrés par son pays dans l’éradication de la pauvreté.  Il a invité les acteurs du financement du développement à travailler avec l’Éthiopie dans un esprit de solidarité et de coopération et à l’aider à atteindre une croissance économique durable.  

Après avoir annoncé la prochaine entrée en vigueur de l’Accord-cadre sur la coopération dans le bassin du fleuve du Nil, le Ministre a s’est dit fier que le Barrage de la Renaissance éthiopienne permette de répondre à la demande énergétique de toute l’Afrique de l’Est.  Il a également fait état de l’initiative éthiopienne de plantation de 40 milliards d’arbres en cinq ans, qui augmentera la couverture forestière nationale de 24%, contribuant ainsi de manière significative à l’absorption des émissions de gaz à effet de serre.  Il a ajouté que, grâce à sa politique de basses émissions, l’Éthiopie est sur la voie de la transformation énergétique durable, un effort nécessitant selon lui un financement climatique adéquat. 

S’agissant de la situation en mer Rouge et dans l’océan Indien, le Ministre a exprimé son inquiétude face à la piraterie et aux autres activités illicites.  Il a assuré que l’Éthiopie joue un rôle déterminant dans la lutte contre les causes de l’insécurité et travaille avec ses voisins pour protéger la navigation en haute mer.  Il a néanmoins reconnu que le terrorisme constitue une grave menace à la paix et la sécurité de la Corne de l’Afrique, du fait notamment de la montée en puissance de groupes extrémistes comme les Chabab et ses affiliés.  Face à ce fléau, qui frappe tous les pays de la région, il s’est félicité de l’autorisation donnée par le Conseil de sécurité au financement de l’opérations de soutien à la paix de l’Union africaine en Somalie, tout en dénonçant les récentes manœuvres d’acteurs extérieurs à la Corne de l’Afrique qui sapent ces efforts.  

En fin de séance, ce soir, les délégations de l'Iran, de l'Indonésie, de l'Inde, du Pakistan et du Japon ont exercé leur droit de réponse.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: les délégations mettent en garde contre un embrasement régional au Moyen-Orient et multiplient les appels pour un cessez-le-feu

9734e séance – après-midi
CS/15836

Conseil de sécurité: les délégations mettent en garde contre un embrasement régional au Moyen-Orient et multiplient les appels pour un cessez-le-feu

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, 
la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Le Conseil de sécurité a tenu cet après-midi, une réunion consacrée à la situation dans les territoires palestiniens occupés, l’occasion pour les délégations de tirer la sonnette d’alarme sur un risque d’embrasement de la région du Moyen-Orient, et d’exiger un cessez-le-feu immédiat face au bilan humain désastreux. 

En deux mandats, « je n’ai jamais vu autant de morts et de destruction à une telle échelle et à une telle vitesse à Gaza », s’est alarmé le Secrétaire général dès l’ouverture de ce débat initié à la demande de l’Algérie.

M. António Guterres a dit « appuyer pleinement » la proposition de cessez-le-feu temporaire, afin de permettre l’acheminement de l’aide humanitaire et d’ouvrir la voie à la reprise de négociations sérieuses en vue d’une paix durable.  Il a imploré une nouvelle fois d’éviter à tout prix une guerre régionale, notant que les frappes d’envergure d’aujourd’hui le long de la Ligne bleue « pourraient conduire à une nouvelle escalade impliquant des puissances étrangères ».

Une crainte partagée par la majorité des intervenants, dont les pays de la région qui, à l’instar des Chefs de la diplomatie de la Jordanie et de l’Arabie saoudite, ainsi que de la Chine, ont averti des effets dangereux d’une prolongation de cette crise.  Le Moyen-Orient est à nouveau au bord d’une guerre majeure, a prévenu le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie qui a relevé qu’en un an, la guerre de Gaza a fait plus de morts qu’en 10 ans des deux côtés du conflit autour de l’Ukraine.

« Nous avons une mission: éliminer la terreur.  Où qu’elle se manifeste: à Beyrouth, à Jénine ou à Gaza », a opposé le représentant d’Israël, dont l’intervention a été boycottée par le Premier Ministre de l’État de Palestine.  « Le Ministre est parti, mais je voudrais lui demander: comment pouvez-vous garder le silence face à une telle barbarie? » s’est insurgé le délégué israélien, évoquant le massacre du 7 octobre. 

Le délégué a également douté de la capacité de l’Autorité palestinienne à faire partie d’un avenir coopératif et fonctionnel pour Gaza si « elle ne parvient même pas à garder le contrôle sur les zones qu’elle gouverne actuellement ».  « À Jénine, à Ramallah, vous ne pouvez même pas entrer, de peur de vous confronter aux terroristes radicaux qui contrôlent ces villes.  Comment pouvez-vous vous attendre à gouverner Gaza alors que vous avez laissé prospérer ses bastions terroristes dans votre arrière-cour? » 

« Israël se comporte comme un État voyou qui se croit au-dessus des lois », a dénoncé le Premier Ministre palestinien qui a exhorté le Conseil de sécurité à utiliser les outils à sa disposition pour obliger Israël à respecter ses décisions.  « Malgré la solidarité avec le peuple palestinien qui s’exprime aux Nations Unies, les massacres se poursuivent et le Conseil de sécurité ne prend toujours pas de mesures qui pourraient forcer le Gouvernement israélien à mettre fin à cette guerre », a regretté le Premier Ministre. 

Pour le dirigeant palestinien, le statu quo n’est pas tenable, et il n’est pas possible d’attendre que les parties soient prêtes à négocier pour parvenir à un règlement global.  En effet, a-t-il souligné, « l’une des parties refuse de négocier et elle a le temps pour elle, alors que l’autre partie perd chaque jour tout ce qui lui est le plus cher ».  Il a exhorté à des mesures concrètes pour mettre un terme à l’occupation et faire advenir la solution des deux États , laquelle ne peut rester éternellement une « simple vision politique ». 

« Maintenir le statu quo est un pari très dangereux, c’est faire le pari de l’hégémonie », a renchérit le Ministre des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger de l’Algérie qui a appelé à éviter toute situation de procrastination ou d’atermoiement : « le Conseil doit agir et faire respecter ses résolutions et le droit international ». 

Le Sous-Secrétaire d’État aux affaires étrangères, au Commonwealth et au développement du Royaume-Uni a tout de même plaidé en faveur d’un cessez-le-feu et de la libération des otages à Gaza, un appel relayé par les États-Unis qui ont également appelé à l’instauration d’un cessez-le-feu de 21 jours entre le Hezbollah et Israël. De même, un accord de normalisation entre l’Arabie saoudite et Israël permettrait de marginaliser les terroristes armés, financés et soutenus par l’Iran, a ajouté la délégation américaine.

L’inaction n’est pas une option, a tranché la France qui a appelé à ne pas perdre de vue la Cisjordanie, en proie à une instabilité préoccupante et où l’accélération de la colonisation éloigne la perspective d’y établir un futur État palestinien viable et contigu. 

Même son de cloche du côté du Ministre des affaires étrangères, de l’émigration et des expatriés de l’Égypte qui a appelé à obliger Israël à accepter un cessez-le-feu immédiat, meilleur moyen, selon le dignitaire, d’arrêter l’effusion de sang et les attaques au Liban, et d’assurer l’ouverture des passages pour l’aide humanitaire.  Un cessez-le-feu complet doit être mis en place immédiatement, via des postures constructives, afin d’éviter les dangers de l’escalade du conflit, comme on peut le voir au Liban, a asséné la Chine.

De son côté, le Ministre des affaires étrangères de la Norvège a exhorté les États Membres à collaborer à la reconnaissance universelle de l’État de Palestine et a suggéré de lancer une alliance mondiale à cette fin, estimant qu’il faut profiter de cette crise profonde pour passer à la vitesse supérieure. « Et nous voulons une seule Palestine, pas plusieurs Palestine. »  Si Israël ne veut pas de la solution des deux États, alors quelle autre solution propose-t-il, a lancé à son tour le Haut Représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. 

Par ailleurs, la prise pour cible, aujourd’hui même, par Israël, de zones résidentielles dans la banlieue sud de Beyrouth a été dénoncée par plusieurs délégations, à commencer par le Ministre des affaires étrangères et des expatriés de la Syrie. 

Pas plus tard que ce matin, Israël a utilisé plusieurs bombes de 5 000 livres qui lui avaient été offertes par les États-Unis pour frapper des zones résidentielles à Beyrouth, a indiqué le Ministre des affaires étrangères de l’Iran, selon qui le Premier Ministre israélien Netanyahu s’efforcerait de pousser les États-Unis à entrer en guerre contre l’ensemble de la région afin de se maintenir au pouvoir et d’influencer le résultat des prochaines élections américaines.

Si les caïds du régime israélien doivent répondre des crimes atroces qu’ils commettent en Palestine occupée et au Liban, on ne peut ignorer la complicité des États-Unis dans ces crimes, a-t-il ajouté. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Exposé

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a réitéré sa « condamnation absolue » des horribles actes de terreur perpétrés, le 7 octobre dernier, par le Hamas et d’autres groupes armés palestiniens, ainsi que de la prise d’otages.  « Rien ne peut justifier de tels actes », a-t-il martelé.  Il a aussi déclaré au Conseil qu’il avait tenu, cette semaine, deux autres réunions dans le cadre d’une série de rencontres avec les familles des otages, appelant à nouveau à leur libération immédiate et inconditionnelle. 

Depuis le 7 octobre, les bombardements et les hostilités israéliens incessants ont tué des dizaines de milliers de Palestiniens à Gaza, dont de nombreuses femmes et de nombreux enfants, a poursuivi M. Guterres.  La rapidité et l’ampleur du massacre et de la destruction à Gaza sont sans précédent depuis que je suis Secrétaire général, a-t-il ajouté, affirmant: « rien ne peut justifier le châtiment collectif infligé au peuple palestinien ».

Au cours de l’année écoulée, la quasi-totalité de la population de Gaza a été déplacée –une large part à plusieurs reprises– sans nulle part où aller en toute sécurité, a détaillé le Secrétaire général, qui a dénoncé des conditions de survie « épouvantables ».  Le système humanitaire ne tient qu’à un fil, a-t-il poursuivi, parlant d’un accès « très limité » à la nourriture, à l’eau, à l’assainissement, aux abris et aux soins de santé, avant de rappeler que 225 collègues des Nations Unies ont été tués, souvent avec leurs familles.  Le Secrétaire général a demandé des enquêtes pour que les responsables de ces meurtres rendent des comptes.

Dans le même temps, le Chef de l’ONU a souligné que la violence se poursuit en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est, où quelque 700 Palestiniens et 14 Israéliens ont été tués depuis le 7 octobre, soit le nombre le plus élevé des deux côtés depuis plus de 20 ans.  Il a dénoncé la construction de nouvelles colonies, les expropriations, les démolitions et les violences commises par les colons qui se poursuivent, y opposant l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice, qui a conclu que la présence continue d’Israël dans le territoire palestinien occupé était illégale. 

Le Secrétaire général a également dénoncé les entraves apportées par les autorités israéliennes aux médias internationaux cherchant à rendre compte de la situation dans le territoire palestinien occupé et a insisté pour que les journalistes puissent faire leur travail. 

« Les ondes de choc qui irradient des morts et des destructions sans précédent à Gaza menacent maintenant de précipiter toute la région dans l’abîme », a averti le Secrétaire général, pour qui la guerre au Liban pourrait conduire à une nouvelle escalade impliquant des puissances étrangères.  C’est pourquoi il a dit « appuyer pleinement » la proposition de cessez-le-feu temporaire, afin de permettre l’acheminement de l’aide humanitaire et d’ouvrir la voie à la reprise de négociations sérieuses en vue d’une paix durable. 

« Nous avons besoin de ce cessez-le-feu maintenant.  Nous ne pouvons pas nous permettre des négociations sans fin, comme c’est le cas à Gaza », a plaidé le Secrétaire général, qui a demandé « d’éviter à tout prix une guerre régionale ». 

Gaza est le lieu le plus dangereux sur la planète pour l’acheminement de l’aide humanitaire, a ensuite constaté le Secrétaire général, qui a rappelé que ses collègues humanitaires continuaient toutefois à faire tout leur possible pour remplir leur mission humanitaire.  Il a ensuite déploré que les points de passage vers Gaza restent limités ou inaccessibles, dénonçant une intensification des attaques et des interdictions imposées par les forces d’Israël.  Citant plusieurs incidents sérieux, il a parlé de « harcèlement » à l’encontre du personnel humanitaire.  Appelant à ne pas saper le travail indispensable de l’UNRWA, M. Guterres a demandé instamment aux autorités israéliennes de faire tout leur possible pour mettre fin aux attaques contre le personnel et les biens de l’ONU et de cesser de diffuser des informations erronées sur les fonctionnaires et les entités de l’ONU. 

En conclusion, le Secrétaire général a exhorté le Conseil à s’unir pour soutenir un cessez-le-feu immédiat menant à une solution viable à deux États, y voyant le seul moyen de mettre fin au cycle de la tragédie. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: les États Membres s’engagent à lutter contre la résistance aux antimicrobiens

Soixante-dix-neuvième session,
Réunion de haut niveau sur la résistance aux agents antimicrobiens, Matin & après-midi
AG/12637

Assemblée générale: les États Membres s’engagent à lutter contre la résistance aux antimicrobiens

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Reconnaissant que la résistance aux antimicrobiens (RAM) est l’une des menaces sanitaires mondiales les plus urgentes et l’un des défis de développement les plus importants, les États Membres ont adopté, ce matin, un projet de déclaration politique visant à lutter contre ce phénomène, menace majeure pour la santé humaine et animale, la sécurité alimentaire et l’environnement.

À travers ce texte, les États Membres s’engageraient notamment à financer tous leurs plans d’action nationaux d’ici à 2030, à renforcer leurs couvertures santé et leurs services vétérinaires, à réduire l’utilisation d’antibiotiques dans l’agriculture, à promouvoir un accès équitable aux traitements, vaccins et diagnostics, et à encourager la recherche et l’innovation.  La déclaration sera soumise à l’Assemblée générale pour adoption finale, à une date ultérieure. 

« S’il était encore des nôtres, Alexander Flemming se fendrait d’un "je vous l’avais bien dit" », a lancé le Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), à l’ouverture de la réunion.  M. Tedros Adhanom Ghebreyesus a rappelé que dans son discours de réception du prix Nobel de physiologie ou de médecine en 1945, le microbiologiste britannique notait déjà à quel point les souches bactériennes résistantes apparaissent aisément en laboratoire.  M. Tedros a déploré les quelques 1,3 million de morts annuels dus à des infections par des souches résistantes, dont une importante proportion d’enfants.  Il a aussi pointé du doigt un manque de financement, notant que seuls 11% des pays disposent de budgets pour la mise en œuvre de leur plan de lutte. 

« La RAM pourrait remettre en cause des décennies de progrès médicaux. Des infections ordinaires ou de simples opérations chirurgicales pourraient devenir beaucoup plus dangereuses », a averti le Chef de l’OMS.  Le Président de l’Assemblée générale, M. Philémon Yang, s’est fait l’écho de ces craintes, signalant que la RAM pourrait entraîner 10 millions de décès chaque année à l’horizon 2050.

Le témoignage d’une victime

Mme Gabriella Balasa, atteinte de mucoviscidose, a souhaité « donner un visage humain » au problème de la RAM en tant que survivante.  En raison de sa maladie, elle est particulièrement susceptible aux infections pulmonaires.  Touchée par une souche résistante en 2019, elle doit sa survie in extremis à un traitement expérimental.  « J’ai vécu toute ma vie dans la crainte d’une infection », a-t-elle confié, précisant que la RAM représente la plus grande menace pour son existence et pour celle de nombreuses autres personnes dans sa situation. Mais tout le monde est concerné, tout le monde peut contracter une souche résistante, a-t-elle averti, lançant un appel à l’action, à penser différemment et à mettre au point de nouveaux antimicrobiens, avant que les cas de RAM n’augmentent exponentiellement.

L’importance de rationaliser l’emploi des antimicrobiens

Experts, ministres et représentants étaient nombreux à marteler la nécessité de rationaliser l’emploi des antimicrobiens.  Le Ministre de la santé de la Namibie a ainsi rappelé la mise en place par son pays de directives nationales sur les ordonnances médicales, tandis que la Ministre de la santé et du développement social du Mali a annoncé la publication de modules d’apprentissage sur l’usage rationnel des antibiotiques. De son côté le Ministre de la santé de la Lettonie a mentionné la mise en place d’une plateforme, en collaboration avec la Suède, pour informer les décisions des médecins.  Le Ministre de la santé de l'Italie a souligné pour sa part le rôle crucial de l’éducation et de la sensibilisation pour réduire l’usage des antibiotiques.  « Les gens doivent connaître les conséquences des abus », a-t-il déclaré.

Il ne s’agit toutefois pas seulement de contrôler l’emploi des antimicrobiens dans la santé humaine.  Le Directeur général adjoint de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), M. Thanawat Tiensin, a d’ailleurs rappelé la nécessité absolue d’en limiter l’usage dans l’agriculture et l’élevage, évoquant l’initiative Renofarm lancée dans ce but par son organisation, mais aussi un programme de suivi et de formation agricole dans le cadre de son plan d’action 2021-2025.

La Directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA), a préconisé l’application de bonnes pratiques d’élevage, notamment à travers l’utilisation de vaccins à même de réduire le recours aux antimicrobiens.  Les modalités de mise en œuvre sont claires, a-t-elle ajouté.  Mme Emmanuelle Soubeyran a aussi lancé un appel pour investir dans la santé animale, laquelle concerne, in fine, « la santé de tous ». 

Sur une note positive, elle s’est félicitée que 130 États Membres ont mis en place un registre de l’utilisation des antibiotiques dans l’élevage, estimant ce type de mesure indispensable à la surveillance et à la prise de décisions. De même, elle s’est réjouie que, ces dernières années, les antimicrobiens prioritaires pour la santé humaine ont vu leur utilisation chez les animaux diminuer de 30%. 

Mettre en place des systèmes de surveillance

Plusieurs intervenants ont souligné l’importance des systèmes de surveillance pour informer les autorités sanitaires et accélérer la prise de décisions, à l’instar du Ministre de la santé du Panama qui a mis en place un groupe chargé de surveiller les résistances chez l’humain et l’animal.  Le Ministre letton a mentionné le déploiement d’un système de suivi de la RAM dans les eaux usées, afin de mieux anticiper la situation dans les hôpitaux.  Quant au Ministre de la santé et de l’hygiène publique du Burkina Faso, il a évoqué un réseau national de 22 sites de surveillance et lancé l’alarme face à l’augmentation effrayante des résistances, notamment avec la bactérie Escherichia coli.  Un avertissement relayé par la Ministre du Mali, selon qui les cinq sites de surveillance nationaux auraient comptabilisé 89% de souches de Staphylococcus aureus résistantes à la pénicilline, et 75% d’Escherichia coli résistantes à plusieurs antibiotiques courants.

Il faut franchir une étape supplémentaire en matière de surveillance, en allant au-delà des frontières nationales, a plaidé le Ministre des affaires étrangères et des expatriés du Yémen qui a appelé à créer un système international de veille en collaboration avec l’OMS.

Élément indispensable de tout système de surveillance, le diagnostic a aussi fait l’objet de plusieurs interventions.  Ainsi, la Ministre de la santé de l’Ouganda a plaidé en faveur de moyens de diagnostic rapides et abordables, estimant nécessaire de promouvoir la recherche et le développement dans ce secteur.  Un constat partagé par le Vice-Premier Ministre de la République de Moldova et le Ministre de la santé de l’Italie.

S’exprimant au nom d’une alliance de pays contre la tuberculose, le Ministre de la santé de l’Indonésie a souhaité que la tuberculose résistante soit incluse dans la problématique de la RAM.  « Ce ne sont pas des problèmes distincts », a-t-il insisté, rappelant que dans le monde, la tuberculose représente un tiers des décès suite à l’infection par une souche bactérienne résistante.  Les tuberculoses résistantes sont plus longues et plus difficiles à traiter, a-t-il fait remarquer, notant également des effets secondaires plus graves pour le patient et une pression accrue sur les systèmes de santé. 

Appels en faveur du financement de la recherche

L’importance du financement de la recherche a également été soulignée à plusieurs reprises, notamment par la Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), Mme Inger Andersen, qui a estimé crucial d’aligner recherche, subventions et politiques: « la RAM progresse à travers les déchets, les hôpitaux et l’agriculture intensive ».  Un appel relayé par Mme Mia Amor Mottley, Première Ministre de la Barbade et Présidente du Groupe de direction mondial sur la résistance aux antimicrobiens, pour qui financer la recherche constitue la mesure la plus importante. 

La RAM ne menace pas seulement la santé humaine, mais aussi la sécurité alimentaire et l’environnement, ont noté plusieurs intervenants, se référant à l’approche « Une seule santé », qui intègre et unifie les problématiques de santé publique, animale et environnementale.  Dans un même esprit, Mme Mia Amor Mottley s’est inscrite en faux contre une démarche en silos, « avec la santé, l’agriculture, et l’eau chacun dans son coin ». 

Notant que la RAM touche les pays en développement de manière disproportionnée, la Ministre yéménite a estimé que l’aide aux pays en développement relevait du « devoir moral » des pays développés.  Quant à la Ministre de la santé de l’Ouganda, elle a rappelé que ces résistances microbiennes entravent les progrès de la lutte contre d’autres maladies comme le VIH/sida et l’hépatite dans les pays du Sud.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Dans un environnement sécuritaire fragile, les États Membres redisent leur détermination à œuvrer à un monde sans armes nucléaires

Soixante-dix-neuvième session    
Réunion de haut niveau, matin & après-midi  
AG/12636

Dans un environnement sécuritaire fragile, les États Membres redisent leur détermination à œuvrer à un monde sans armes nucléaires

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

« L’heure de l’élimination totale des armes nucléaires a sonné », a déclaré ce matin le Secrétaire général de l’ONU à l’ouverture de la Réunion de haut niveau consacrée à la célébration et à la promotion de la Journée internationale pour l’élimination totale de ces armes, une manifestation tenue chaque année à l’occasion de cette Journée instaurée en 2013.  À la centaine de délégations présentes, dont une vingtaine était représentée au niveau ministériel, M. António Guterres a rappelé que la réalisation du désarmement nucléaire mondial, objet de la première résolution de l’Assemblée générale en 1946, reste la priorité la plus élevée des Nations Unies en matière de désarmement.

Ces engins de mort n’ont pas leur place sur notre planète, a-t-il affirmé, qualifiant d’aberration l’existence même de ces armes, capables d’anéantir des populations, des communautés et des villes entières en une seule frappe.  Le Secrétaire général l’a aussi dit et répété: tout emploi de l’arme nucléaire déclencherait une catastrophe humanitaire.

La dimension humanitaire de l’armement nucléaire a ainsi fait réagir de nombreuses délégations présentes, qui ont massivement appuyé l’universalisation du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), dont la portée éthique complète selon eux l’application de l’Article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) de 1968.

L’Autriche -un des très rares pays occidentaux à avoir ratifié le TIAN- l’Afrique du Sud, l’Argentine ou encore le Honduras, au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), et le Kazakhstan ont livré un plaidoyer en faveur de ce traité adopté en 2017 et entré en vigueur en janvier 2021.  Constatant que les instruments de maîtrise du contrôle des armements nucléaires s’effondrent ou sont dans l’impasse, l’Autriche a exhorté les États dotés d’armes nucléaires à renoncer, comme leur demande le TIAN, à leurs doctrines de dissuasion, jugeant que la sécurité internationale ne peut pas être fondée sur les suppositions et les jeux de dupes.  « Nous pensions connaître les conséquences catastrophiques qui résultent de tout recours aux armes nucléaires, or la science estime à présent que celui-ci aurait aujourd’hui des répercussions environnementales plus graves encore », a fait valoir le vice-Ministre autrichien des affaires politiques.

C’est encore au nom d’une défense du TIAN que des pays de la région Pacifique ont fait entendre leur voix de victimes passées d’essais nucléaires.  Les Îles Marshall, les Fidji et les Îles Salomon –ces dernières ont, comme l’Indonésie et la Sierra Leone, déposé leur instrument de ratification du TIAN le 24 septembre dernier– sont venues rappeler que pas moins de 300 essais avaient été effectués dans le Pacifique de 1946 à 1996, et que leurs peuples ne connaissent que trop bien les ravages occasionnés sur l’environnement et la santé humaine, sur plusieurs générations, par ces explosions.  Leur soutien au TIAN est aussi motivé par le rôle joué par la société civile, y compris les associations d’aide aux victimes, dans son élaboration.  Le Kazakhstan, pays qui fut lui aussi meurtri par les essais nucléaires effectués sur son territoire par l’Union soviétique pendant quatre décennies, a souligné la mise en place, à son initiative, d’un fonds d’affectation mondiale pour la réparation de l’environnement affecté par les essais nucléaires.

Le TIAN a aussi reçu le soutien du Saint-Siège -un des premiers États à l’avoir ratifié-, du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, qui ont insisté sur le fait que le droit international humanitaire s’applique pleinement à l’utilisation des armes nucléaires.  L’utilisation et la menace d’utilisation des armes nucléaires sont en elles-mêmes « contraires aux principes d’humanité », a souligné le CICR.

Le Secrétaire général de l'ONU et le Président de l’Assemblée générale, M. Philémon Yang, ont demandé à la Fédération de Russie et aux États-Unis de s’engager de nouveau dans une démarche visant à limiter les armes nucléaires.  À cela, les États-Unis, qui intervenaient pour la première fois à cette réunion de haut niveau, ont répondu être prêts à travailler avec la Russie à un contrôle bilatéral des armements nucléaires et, avec la Chine, à la réduction du risque nucléaire.  Le représentant chinois a réagi en déclarant que les deux principaux détenteurs d’armes nucléaires doivent honorer leurs engagements en vertu de l’Article VI du TNP et s’efforcer de réunir les conditions propices à ce que les autres États dotés leur emboitent le pas.  Le représentant a également rappelé que la doctrine de son pays est axée en particulier sur le non-emploi en premier d’armes nucléaires.

La main tendue par les États-Unis n’a pas, du reste, empêché la représentante américaine de dénoncer « l’épée de Damoclès nucléaire que la Russie menace d’utiliser par folie ou à dessein » et le veto cynique que ce membre permanent a exercé pour bloquer l’adoption, en mai dernier, d’un projet de résolution du Conseil de sécurité interdisant aux parties au Traité sur l’espace extra-atmosphérique de 1967 de placer en orbite autour de la Terre tout objet transportant des armes nucléaires ou d’autres armes de destruction massive.

Les États-Unis n’en ont pas moins essuyé le feu des critiques de certains des 121 États membres du Mouvement des pays non alignés (MNA).  Cuba, notamment, a imputé aux États-Unis le fait que sur les quelque 12 000 armes nucléaires existant aujourd’hui, 4 000 sont déployées et 2 100 placées en état d’alerte élevé par ce pays, lequel a soutenu le Ministre cubain des affaires étrangèresimpose cette course aux armements et leur modernisation dans le but « de dominer le monde ».  Le TIAN, qu’ont signé ou ratifié presque tous les membres de la CARICOM, est un instrument de plus qui permettrait de freiner les ambitions hégémoniques américaines, a-t-il dit.  Le Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Iran, autre pilier du MNA, a accusé les États dotés « occidentaux » d’avoir édulcoré les passages du Pacte pour l’avenir relatifs au désarmement, mus par la défense de leurs seuls intérêts.  Il a par ailleurs demandé à la communauté internationale d’exhorter Israël, seul pays de la région à posséder un arsenal nucléaire « clandestin » appuyé par les États-Unis, et qui menace d’autres États d’annihilation, à adhérer au TNP.

MM. Guterres et Yang ont souligné que le Pacte adopté dimanche mentionne que la communauté internationale a réitéré son engagement de revitaliser le régime mondial de désarmement et de faire en sorte que le monde progresse vers la réalisation de l’objectif commun qu’est l’élimination totale des armes nucléaires.  C’est dans cette optique que les États arabes et africains ont plaidé pour la création, dans un contexte sécuritaire particulièrement troublé, d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.

Ces pays, ainsi que les membres du MNA, ont condamné les menaces « effrayantes » brandies par un ministre israélien de larguer une bombe atomique sur Gaza et la rhétorique nucléaire préoccupante de Benjamin Netanyahu envers l’Iran, jugeant urgente, à cette aune, l’instauration urgente d’une telle zone dans la région.  L’Égypte, qui fut en 1995, dans le cadre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), à l’origine de cette proposition, a appelé les États Membres concernés et au-delà à participer à la cinquième session de la Conférence sur la création au Moyen-Orient d’une zone exempte d’armes de destruction massive qui se tiendra, à New York, au mois de novembre.  Le représentant de l’État de Palestine a fait sien cet appel à avancer sur la voie de cette initiative, « même si Israël refuse de s’y rallier ».  Le Brésil, au nom de l’Organisme pour l’interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes (OPANAL), a assuré de leur soutien les parties négociantes à la Conférence.

Les pays en développement, qui continuent de demander la création d’un instrument juridiquement contraignant leur assurant qu’aucun État doté ne pourra avoir recours à des frappes nucléaires contre eux ou à des menaces de frappes, ont rappelé leur droit à l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  Ces pays, à l’instar de l’Azerbaïdjan ou de l’Indonésie, ont dit entretenir un partenariat solide et productif avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), cette collaboration leur permettant, sous le contrôle de l’Agence, de bénéficier de la technologie nucléaire dans des domaines tels que la médecine, l’agriculture et la protection de l’environnement.  Le Ministre de la recherche scientifique de la RDC a fait savoir que l’uranium de son pays avait permis la mise au point des premières armes nucléaires en 1945, entraînant leur utilisation dramatique au Japon.  La RDC a ensuite adhéré au programme onusien « Atomes pour la paix » dans les années 1950, mettant au point dans la fournée le premier réacteur nucléaire fonctionnel africain, lequel a permis la production de radio-isotopes appliqués à la médecine, à l’agriculture et à l’industrie partout en Afrique, a expliqué le Ministre. 

Enfin, parce que l’année prochaine marquera les 80 ans des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki, le Japon a annoncé qu’il renforcerait ses initiatives de communication internationales sur cette tragédie.  « Nous ne devons pas laisser aux générations futures la responsabilité de relever les défis d’aujourd’hui.  La responsabilité de l’élimination totale des armes nucléaires nous incombe déjà », a dit le représentant.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

À l’Assemblée générale, les pays africains plaident pour une réforme du Conseil de sécurité et de l’architecture financière internationale

Soixante-dix-neuvième session    
11e & 12e séances, matin & après-midi  
AG/12635

À l’Assemblée générale, les pays africains plaident pour une réforme du Conseil de sécurité et de l’architecture financière internationale

Se succédant à la tribune de l’Assemblée générale ce matin, les chefs d’État et de gouvernement africains ont redoublé d’appels à réformer en profondeur le système onusien et l’architecture financière internationale. Ce troisième jour du débat général a aussi été marqué par l’intervention du Président de l’État de Palestine et par celle du Président du Conseil présidentiel de transition d’Haïti qui ont plaidé chacun pour la création d’une mission de maintien de la paix de l’ONU.

« Les États choisissent de plus en plus l’unilatéralisme et la militarisation plutôt que le dialogue et la diplomatie », a regretté le Président kényan, constatant, à l’instar de nombre de ses pairs, une érosion de la confiance dans le système multilatéral.  Nous ne pouvons pas continuer avec un Conseil de sécurité qui reflète les structures des pouvoirs de 1945, une période où la plupart des États africains actuels étaient encore sous domination coloniale et n’avaient donc pas voix au chapitre dans les affaires mondiales, a élaboré le Président de Sao Tomé-et-Principe. Jugeant le Conseil « dysfonctionnel, non démocratique, non inclusif, non redevable, autocratique et opaque », son homologue kényan a précisé qu’il excluait 54 pays africains, représentant 1,4 milliard de personnes, tout en permettant à une nation d’opposer son veto aux décisions de tous les autres États Membres. 

La priorité de l’Afrique est la réforme du Conseil de sécurité avec l’attribution de deux sièges de membre permanent pour le continent, a résumé le Président du Malawi.  Il s’est félicité du soutien affiché sur ce sujet par les Présidents des États-Unis et de la Chine.  L’Afrique attend cependant une adhésion plus large des autres membres permanents à cette initiative, a dit le Président de la transition du Gabon, en même temps que l’accès au droit de veto des membres africains, conformément au consensus d’Ezulwini. 

« Il n’y a pas de développement sans paix, et pas de paix sans développement », a souligné le Président de Sao Tomé-et-Principe, un argument souvent repris par les dirigeants africains.  Le Président de la Gambie a indiqué que son pays, comme la plupart des pays les moins avancés, faisait face à des défis qui menacent sa survie même, appelant la communauté internationale à s’acquitter de ses engagements au titre de l’aide publique au développement.  Face au retard pris dans la réalisation des objectifs de développement durable, le Président du Kenya a blâmé, entre autres facteurs, le manque de financement, d’appui technique et de renforcement des capacités.

La crise de la dette en Afrique est un « cancer » qui finira par atteindre vos pays, a averti le Président du Malawi, estimant que les pays du continent étaient lésés dans leur accès aux marchés internationaux. Développant cet argument, le Président kényan a dénoncé les « méthodologies biaisées » des agences de notation qui les désavantagent.  Insistant sur ce point, il a expliqué que de nombreux pays du Sud devaient choisir entre l’achat de médicaments et de manuels scolaires ou le remboursement de la dette.  « On peut se demander ce qui se passe dans la tête de ceux qui donnent la priorité au rendement économique plutôt qu’aux personnes, qu’est-il arrivé à l’humanité? » 

Ces chefs d’État, pour ne citer qu’eux, ont également plaidé pour une réforme des institutions financières mondiales.  De son côté, le Président de la République centrafricaine a exhorté l’ONU à œuvrer davantage en faveur de la mise en œuvre du « nexus climat, paix et développement », en créant une synergie entre adaptation climatique et consolidation de la paix. 

Arrivé à la tribune sous les applaudissements, le Président de l’État de Palestine, a martelé: « Nous ne partirons pas, nous ne partirons pas, la Palestine est notre patrie! » ajoutant que si quelqu’un devait partir, c’était l’occupant.  Il a accusé Israël d’être responsable d’une « guerre génocidaire » à Gaza, qui a fait plus de 40 000 morts, dont 30 000 femmes et enfants, 100 000 blessés et 2 millions de personnes déplacées.  « Faites cesser ce génocide, faites cesser l’envoi d’armes à Israël! » a-t-il imploré, « cette folie ne doit pas continuer, le monde entier est responsable ».

Le Président a déploré que les États-Unis aient opposé par trois fois, seuls, leur veto au Conseil de sécurité à des projets de résolution appelant au cessez-le-feu.  Estimant que la fourniture continue d’armes par les États-Unis à Israël constituait un encouragement, il a ajouté qu’ils étaient aussi le seul pays membre du Conseil de sécurité à avoir voté contre l’octroi à la Palestine du statut d’État Membre à part entière.  Selon lui, c’est Israël, qui refuse d’appliquer les résolutions de l’ONU, et dont le représentant a affirmé ici même que ce bâtiment devrait être rasé, qui « ne mérite pas d’être Membre de l’ONU ». 

« Nous ne permettrons pas à Israël de prendre un centimètre de Gaza », a-t-il lancé après avoir accusé le Premier Ministre israélien de vouloir expulser la population de Gaza et de Cisjordanie vers l’Égypte et la Jordanie. Enfin, il a demandé un retour de la souveraineté et de la juridiction de l’État de Palestine sur Gaza, la tenue dans l’année d’une conférence de paix sous les auspices de l’ONU pour mettre en place la solution des deux États, et la mise en place s’une force de maintien de la paix de l’ONU entre l’État de Palestine et Israël. 

« Quand Israël empruntera-t-il le chemin de la paix jusqu’au bout? » a fait écho le Ministre des affaires étrangères et des émigrants du Liban, avant de réitérer son appel à un cessez-le-feu sur tous les fronts.  Il a exhorté la communauté internationale à agir avant que la situation de crise dans son pays ne dégénère encore davantage et ne s’étende à toute la région.  « Ce que nous vivons aujourd’hui au Liban est le résultat, et non la cause, de l’absence d’une solution durable.  La cause, c’est l’occupation », a-t-il argué. 

Concernant la situation à Gaza, le Président du Conseil européen a condamné les attaques terroristes perpétrées par le Hamas et exigé la libération immédiate des otages.  Il a affirmé qu’Israël avait le droit de se défendre, mais en respectant le droit international et le principe de proportionnalité.  Il a appelé à un cessez-le-feu immédiat, tout en soulignant la nécessité d’une solution à deux États.  Il a insisté sur le fait que la sécurité ne pouvait être assurée sans la paix, et que le déni des droits du peuple palestinien alimentait la polarisation mondiale.  « La politique suivie par Israël est sans issue et dangereuse pour tous.  Elle doit changer. »

De son côté, le Président du Conseil présidentiel de transition d’Haïti, a assuré que son peuple, malgré les épreuves auxquelles il est confronté –une violence dévastatrice, une instabilité politique persistante, une précarité quasi générale et une pauvreté dégradante– « refuse de se laisser submerger par le désespoir ».  Rappelant qu’Haïti avait accueilli plusieurs missions de l’ONU au cours des trois dernières décennies, dont certaines ont laissé un « héritage lourd de conséquences », il a déclaré: « Nous avons aujourd’hui l’opportunité de redorer le blason des missions internationales en Haïti. »  C’est dans cet esprit qu’il a souhaité voir s’amorcer une réflexion sur la transformation de la Mission d’appui à la sécurité actuellement déployée par le Kenya en une mission d’opération de maintien de la paix sous mandat de l’ONU.  Une transformation qui permettrait à la fois de sécuriser un financement plus stable et d’élargir les capacités de la Mission, mais également de renforcer l’engagement des États Membres en faveur de la sécurité en Haïti, face à la montée en puissance des gangs. 

L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, vendredi 27 septembre, à partir de 9 heures.

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL

Déclarations

M. LAZARUS MCCARTHY CHAKWERA, Président du Malawi, a déclaré que les États Membres de l’ONU sont liés par les trois piliers paix, sécurité et développement.  « La question qui se pose est de savoir comment agir dans cette union. »  Pour pleinement coopérer, a-t-il dit, il nous faut prendre conscience de l’urgence qu’il y a à agir, notamment pour le développement, mais aussi pour une réforme des Nations Unies.  La priorité de l’Afrique est la réforme du Conseil de sécurité avec l’attribution de deux sièges de membre permanent pour le continent, a-t-il indiqué, avant de se réjouir du soutien affiché sur ce sujet par les Présidents des États-Unis et de la Chine.

Le Président a expliqué qu’à cause des changements climatiques et des catastrophes qu’ils entraînent, un cinquième de la population de son pays se trouve dans une situation de famine.  Mais heureusement, le Malawi a bénéficié d’une coopération internationale active pour répondre à ce défi: avec les États-Unis, des pays de l’Union européenne, l’Arabie saoudite, le Japon ou encore le Maroc et le Fonds monétaire international (FMI), des routes et des hôpitaux ont été construits ou rénovés, des programmes alimentaires et de protection sociale ont été mis en place, de même que des infrastructures électriques.  « Le Malawi est l’exemple de ce que l’on peut accomplir pour qu’un pays atteigne le développement par le biais de la coopération internationale. »  

Toutefois, la crise de la dette en Afrique constitue un « cancer », qui finira par atteindre vos pays, a-t-il averti, appelant les États qui refusent de voir ce problème à l’examiner en profondeur.  La concurrence économique entre États est aussi un sujet de préoccupation.  Elle doit être saine pour que ceux qui souhaitent avoir accès aux marchés internationaux ne soient pas lésés, en particulier les pays africains.  De la même manière, il faut permettre l’accès à la technologie et à l’éducation, alors que les règles visant aujourd’hui à réglementer l’intelligence artificielle ne profitent qu’à quelques États, a ajouté le Président.  La réponse aux questions qui se posent à la communauté internationale se trouve dans une gouvernance de l’ONU plus juste, robuste et inclusive, « sinon rien ne pourra être fait ».  C’est l’absence d’une telle gouvernance qui est selon lui la cause des échecs en Ukraine, au Moyen Orient, au Soudan et ailleurs. 

M. WILLIAM SAMOEI RUTO, Président du Kenya, a constaté que les conflits et les tensions s’étendaient désormais à toutes les régions, et s’est inquiété de la multiplication des récits polarisants, des guerres et de la course aux armements, notamment nucléaires.  Évoquant les « traces dévastatrices » laissées par les conflits, de Gaza au Darfour, de l’Ukraine au Yémen, de l’est de la République démocratique du Congo au Soudan, de la région du Sahel à Haïti, il a noté que les changements climatiques les alimentaient souvent, en aggravant la pénurie de ressources et la concurrence pour les obtenir.  Il s’est également dit préoccupé par l’usage croissant de la désinformation et la manipulation, facilitées par les médias sociaux, qui menace davantage les démocraties en sapant la confiance du public et l’intégrité des processus démocratiques.

« Les États choisissent de plus en plus l’unilatéralisme et la militarisation plutôt que le dialogue et la diplomatie », a regretté le Président, ajoutant que la mentalité du « eux contre nous » avait généré des coalitions négatives, une escalade des tensions et une érosion de la confiance dans le système multilatéral.  Il a rappelé la participation de son pays à la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie, et s’est dit fier que la Somalie rejoigne bientôt le Conseil de sécurité en tant que membre non permanent.  Il s’est félicité de l’adoption de la résolution 2719 (2023) du Conseil de sécurité, qui établit un cadre pour le financement des opérations d’appui à la paix de l’Union africaine.  Il a rappelé qu’à la demande des dirigeants du Soudan du Sud, il avait lancé au début de l’année l’initiative « Tumaini », réunissant les parties belligérantes afin de s’attaquer aux causes profondes du conflit prolongé dans ce pays.  Évoquant la situation en Haïti, M. Ruto a rappelé que le Kenya dirigeait une mission multinationale d’appui à la sécurité.  Il a annoncé que malgré des lacunes en termes d’équipement et de financement, le Kenya atteindrait l’objectif de 2 500 policiers sur le terrain d’ici à janvier prochain.  Selon le Président, le Conseil de sécurité est « dysfonctionnel, non démocratique, non inclusif, non redevable, autocratique et opaque ».  Il a affirmé qu’il excluait 54 pays africains, représentant 1,4 milliard de personnes, tout en permettant à une nation d’opposer son veto aux décisions des 193 États Membres restants.  Qualifiant cette situation d’inacceptable, il a appelé à une réforme urgente du Conseil.  Il a ajouté que les pays africains travaillaient aussi à réformer l’Union africaine « de fond en comble ». 

Insistant sur le lien entre la paix et le développement, il a rappelé que seuls 17% des ODD étaient en passe d’être atteints, et que près de la moitié affichent des progrès minimes ou modérés, plus d’un tiers étant au point mort ou ayant régressé.  Outre les nombreuses crises ayant affecté la planète ces dernières années, il a blâmé le manque de financements, d’appui technique et de renforcement des capacités. Il a également dénoncé les « méthodologies biaisées » employées par les agences de notation qui désavantagent les pays africains, entravant leur accès à des financements abordables sur les marchés internationaux.  Insistant sur ce point, il a expliqué que de nombreux pays du Sud devaient choisir entre l’achat de médicaments, de manuels scolaires ou le recrutement d’enseignants, et le remboursement de la dette.  « On peut se demander ce qui se passe dans la tête de ceux qui donnent la priorité aux rendements économiques plutôt qu’aux personnes, qu’est-il arrivé à l’humanité? » s’est-il interrogé, avant d’appeler à réformer l’architecture financière internationale.  Le Président a rappelé que Nairobi accueillerait le mois prochain un forum d’investissement pour les énergies renouvelables en Afrique.  Il s’est félicité de la reconstitution de l’Association internationale de développement qui a tenu son sommet à Nairobi au début de l’année, ainsi que du lancement du Club Afrique, une alliance d’institutions financières africaines visant à renforcer la position de l’Afrique dans l’architecture financière mondiale. 

M. RASHAD MOHAMMED AL-ALIMI, Président du Conseil de direction présidentiel du Yémen, a appelé à une approche collective pour soutenir le Gouvernement yéménite et renforcer ses capacités institutionnelles afin de protéger ses eaux territoriales et de sécuriser l’ensemble de son territoire national.  Il a accusé les milices houthistes de faire du « chantage » à la communauté internationale.  Malgré la trêve approuvée par le Gouvernement en avril 2022, les milices poursuivent leurs violations flagrantes des droits de l’homme et des lois nationales et internationales.  Le Gouvernement yéménite a été contraint de transférer le siège de la Banque centrale de Sanaa, qui est sous le contrôle des milices, vers la capitale temporaire, Aden. 

Le Président du Conseil de direction présidentiel a appelé la communauté internationale à adopter des politiques fermes pour pousser les milices vers le choix de la paix.  Il a rappelé que cela fait déjà quatre mois que les houthistes ont kidnappé des dizaines d’employés des Nations Unies, en plus des milliers d’innocents emprisonnés depuis des années.  Il a aussi évoqué les actions des houthistes en mer Rouge et leur utilisation de missiles balistiques et de drones contre les navires marchands civils dont le pétrolier Sounion.  Depuis des années, l’économie yéménite est confrontée à des défis complexes, a-t-il souligné.  Selon lui, les attaques terroristes des houthistes contre des installations pétrolières ont aggravé la crise financière et privé le peuple de revenus.  Ces actions ont du reste empêché le Gouvernement de payer les salaires et de subvenir aux besoins de base des populations.

Dans le même temps, la crise humanitaire touche plus de 14 millions de Yéménites.  M. Al-Alimi a appelé la communauté internationale à soutenir d’urgence son pays qui fait face à une situation humanitaire catastrophique.  Il a estimé que le redressement du Yémen n’est pas seulement une question nationale, mais également régionale et mondiale.  Il a expliqué que sa stabilité contribuera à celle de la région au vu de son impact sur les corridors maritimes, y compris le canal de Suez.  Il a salué le rôle de la coalition de soutien à la légitimité de son gouvernement dirigée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.  A contrario, il a dénoncé le rôle de l’Iran et de ses armes déstabilisatrices utilisées au Yémen et dans la région et du monde.  Le Président du Conseil de direction présidentiel a aussi dénoncé la guerre brutale israélienne contre le peuple palestinien, tout en déplorant la surenchère iranienne sur la question palestinienne. Les Palestiniens ont le droit d’établir leur État totalement indépendant et souverain, a-t-il dit.  Il a également appelé à l’unité du Liban, arguant que les Libanais ont le droit de prendre leurs propres décisions.

M. BRICE CLOTAIRE OLIGUI NGUEMA, Président de la transition et Chef de l’État du Gabon, a rappelé que le Gabon vient de célébrer le premier anniversaire du coup de libération.  Il a évoqué la marche vers la construction d’un Gabon nouveau, avec notamment la mise en place des institutions de la transition; la libération des prisonniers d’opinion; l’inclusivité permanente; la tenue d’un dialogue national inclusif; ainsi que la rédaction d’une nouvelle constitution.  La prochaine étape est l’organisation du référendum dans les prochains mois, l’adoption d’un code électoral et la révision du fichier électoral.  « Au lendemain du coup de libération du 30 août 2023, qui s’est réalisé sans effusion de sang, nous avons prôné la préservation de la paix et de l’unité nationale en faisant appel à toutes les forces vives de la nation, quels que soient leurs origines, leurs croyances ou leur statut social, dans les efforts visant à construire un Gabon plus équitable et plus prospère. »

Se tournant vers les nations industrialisées, le Président de la transition les a invitées à véritablement respecter leurs engagements en soutenant les pays qui abritent les plus grands réservoirs de carbone au monde.  Il a en outre dit appuyer les efforts du Secrétaire général de l’ONU visant à parvenir à une solution politique réaliste, pragmatique et durable sur le « Sahara marocain ».  Il s’est réjoui de l’annonce officielle des États-Unis qui ont dit soutenir l’admission de deux États africains comme membre permanent du Conseil de sécurité.  Cependant, l’Afrique attend une adhésion plus large des autres membres permanents du Conseil de sécurité à cette initiative, en même temps que l’accès au droit de veto des membres africains, conformément au consensus d’Ezulwini.  « Ceci ne serait que justice pour notre continent. » 

Le Président de la transition a par ailleurs invité la communauté internationale à ne pas détourner les yeux de Gaza.  Il est plus que jamais temps que s’installe une paix définitive en vue de la coexistence harmonieuse des États palestiniens et israéliens.  Il a également réitéré la position du Gabon en faveur de la levée de l’embargo économique, commercial et financier imposé à Cuba en raison de son impact négatif sur le bien-être de la population.  Sur le plan économique, le Président Oligui Nguema a relevé que le système financier international actuel ne permet pas de diriger les investissements vers le développement et donc d’assurer la dignité des populations à laquelle nous appelle le thème du débat de cette année.  Il a ainsi plaidé pour une réforme des institutions financières mondiales, arguant qu’elle est cruciale pour dégager des financements en faveur des pays en développement.  Il a conclu en lançant un appel: « mutualisons nos efforts pour l’espoir d’un meilleur destin, en agissant autrement pour la préservation de la race humaine ».

M. FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, Président de la République centrafricaine, a commencé par remercier le Conseil de sécurité d’avoir, le 30 juillet dernier, décidé de la levée totale de l’embargo injuste, illégitime et inique sur les armes, imposé aux forces armées centrafricaines et qui a causé au pays, une décennie durant, tant de préjudices irréparables.  Il a exprimé sa gratitude et celle du peuple centrafricain pour cette « sage décision » qui, quoique tardive, permet au pays de poursuivre ses actions en faveur du rétablissement de la paix et de la sécurité nationales et d’agir, avec les autres États du monde, pour la paix, le développement durable et la dignité humaine des générations présentes et futures.

Le chef d’État a ensuite indiqué que son pays se prépare à renforcer son ancrage démocratique par l’organisation prochaine des élections municipales et régionales, les premières depuis quatre décennies.  Dans cette perspective, il a annoncé que des mesures spéciales sont prises pour mettre hors d’état de nuire les groupes armés résiduels qui se livrent à des actes de grand banditisme, à l’exploitation illégale ainsi qu’au trafic frauduleux des ressources naturelles dans le but d’acquérir des matériels et équipements militaires. Des avancées significatives ont également été réalisées grâce à la participation de toutes les parties prenantes au processus global de paix et de sécurité axé sur « l’Accord politique pour la paix et la réconciliation nationale et la feuille de route conjointe de Luanda ».  Mais en dépit de ces avancées, le pays fait face à de nombreux défis, en particulier la construction des casernes militaires au plus proche des menaces, l’acquisition des matériels et équipements militaires au profit des Forces de défense et de sécurité. 

Le chef d’État a également relevé que les promesses de financement en faveur des pays vulnérables tardent à prendre forme, tout comme les mesures d’atténuation décidées à l’occasion des différentes Conférences des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP).  Conscient de la dangerosité du phénomène climatique, le Gouvernement de la République centrafricaine a mis en place des politiques sectorielles dont l’efficacité dépend en partie des financements climatiques encore aléatoires, a expliqué le Président.  Dans ce contexte, il a exhorté l’ONU à œuvrer davantage en faveur de la mise en œuvre du « nexus climat, paix et développement », en créant une synergie entre adaptation climatique et consolidation de la paix, afin d’absorber de manière holistique les vulnérabilités liées aux changements climatiques, ainsi que la fragilité et les risques de conflits.

Concluant, il s’est félicité du pas fait par les États-Unis en ce qui concerne la réforme du Conseil de sécurité.  Mais au regard de l’évolution du monde, l’Afrique, longtemps laissée de côté, ne doit se complaire dans une telle proposition qui ne peut s’analyser autrement que par un déni perpétuel du droit de veto, a-t-il assené. 

M. MAHMOUD ABBAS, Président de l’État de Palestine, arrivé à la tribune sous les applaudissements, a martelé: « Nous ne partirons pas, nous ne partirons pas, la Palestine est notre patrie! » ajoutant que si quelqu’un devait partir, c’était l’occupant.  Il a accusé Israël d’être responsable d’une « guerre génocidaire » à Gaza, qui a fait plus de 40 000 morts, dont 30 000 femmes et enfants, 100 000 blessés et 2 millions de personnes déplacées.  « Faites cesser ce génocide, faites cesser l’envoi d’armes à Israël! » a-t-il imploré, « cette folie ne doit pas continuer, le monde entier est responsable ». 

Le Président a affirmé que la Cisjordanie était victime du terrorisme de groupes de colons, qui, avec le soutien du Gouvernement et de l’armée israélienne, détruisent des centaines de maisons, notamment dans le but de modifier le statut historique de Jérusalem.  « Israël lance aujourd’hui une nouvelle agression génocidaire contre le peuple frère libanais », a-t-il poursuivi, condamnant cette offensive et exigeant qu’elle cesse.  Constatant que la bande de Gaza avait été réoccupée, presque totalement détruite et qu’elle n’offrait plus des conditions de vie acceptables, il a estimé que la communauté internationale devait sanctionner Israël. « Les crimes perpétrés par Israël contre le peuple palestinien depuis sa création 1948 jusqu’à ce jour ne resteront pas impunis, il n’y a pas de prescription pour cela », a-t-il affirmé.

M. Abbas a déploré que les États-Unis aient opposé par trois fois, seuls, leur veto au Conseil de sécurité à des projets de résolution appelant au cessez-le-feu.  Estimant que la fourniture continue d’armes par les États-Unis à Israël constituait un encouragement, il a ajouté qu’ils étaient aussi le seul pays membre du Conseil de sécurité à avoir voté contre l’octroi à la Palestine du statut d’État Membre à part entière.  Selon lui, c’est Israël, qui refuse d’appliquer les résolutions de l’ONU et dont le représentant a affirmé ici même que ce bâtiment devrait être rasé, qui « ne mérite pas d’être Membre de l’ONU ».  Expliquant qu’en 1949, les conditions d’adhésion posées par l’ONU à Israël impliquaient la mise en œuvre des résolutions 181 (1947) et 194 (1948) de l’Assemblée générale, il a annoncé que l’État de Palestine allait saisir l’Assemblée pour dénoncer ce défaut d’application. 

Il a salué les États Membres de l’Assemblée générale –plus des deux tiers- qui ont voté pour une résolution adoptant l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ), du 19 juillet 2024, visant à mettre un terme à l’occupation illégale par Israël de l’État de Palestine sous 12 mois.  « Pour la première fois, il y a un cadre, un calendrier, où l’on exige un cessez-le-feu, la destruction des colonies et l’évacuation des 600 000 colons », s’est-il félicité.  M. Abbas a salué un « grand changement » dans les positions des États Membres en vue d’une évolution du statut de son pays vers le statut de membre de plein droit de l’ONU.  Il a également exprimé sa gratitude à ceux qui se sont élevés contre le génocide à Gaza en manifestant partout dans le monde, notamment aux États-Unis. 

Le Président a appelé à un cessez-le-feu complet et immédiat à Gaza, la fin des attaques terroristes perpétrées par les colons en Cisjordanie, un accès humanitaire sans entrave, le retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza et la fin des déplacements forcés.  À ce sujet, il a accusé le Premier Ministre israélien de vouloirs expulser la population de Gaza et de Cisjordanie vers l’Égypte et la Jordanie, mais a salué le refus opposé par ces États.  « Nous ne permettrons pas à Israël de prendre un centimètre de Gaza », a-t-il lancé.  Il a demandé la protection de la communauté internationale et de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), affirmant que les Palestiniens ne souhaitaient pas combattre Israël, mais en être protégés.  Enfin, il a demandé un retour de la souveraineté et de la juridiction de l’État de Palestine sur Gaza, la tenue dans l’année d’une conférence de paix sous les auspices de l’ONU pour mettre en place la solution des deux États, et la mise en place d’une force de maintien de la paix de l’ONU entre l’État de Palestine et Israël. 

M. ADAMA BARROW, Président de la Gambie, s’est dit convaincu que la voie vers un avenir meilleur passe par le multilatéralisme et une coopération internationale plus étroite.  Il a jugé urgent de mener une réforme substantielle du système onusien, en particulier du Conseil de sécurité et des institutions financières internationales. Il a indiqué que la Gambie, comme nombre de pays parmi les moins avancés, fait face à des défis qui menacent sa survie même.  La communauté internationale doit aider les pays les moins avancés (PMA) afin de remédier au fardeau des inégalités et de permettre l’édification d’économies robustes. « Nous devrions également joindre nos forces pour combler le fossé numérique et appuyer les transferts de technologies en faveur du développement », a-t-il ajouté.

Le Président a souligné l’importance de l’égalité entre les genres et le rôle indispensable des femmes dans le développement socioéconomique.  « En tant que Président, je continuerai de garantir la protection des femmes et des filles. »  Le Président a indiqué que la Gambie est fermement engagée en faveur de la promotion des droits humains et de l’établissement d’une démocratie robuste.  L’établissement d’une commission nationale pour les droits humains, ainsi que la consolidation d’un pouvoir judiciaire indépendant, impartial et libre, apporte un sentiment de sécurité aux citoyens de la Gambie en leur permettant de saisir les tribunaux, a-t-il expliqué.  « Je suis heureux d’annoncer que depuis 2017, il n’y a eu aucun prisonnier politique en Gambie et qu’aucun journaliste ou défenseur des droits humains n’a été emprisonné. »  En août 2024, la Gambie a été reconnue comme l’un des pays leaders en Afrique s’agissant de la liberté d’expression, s’est-il encore félicité.  Le Président a également précisé que son pays est en train de prendre des mesures pour mettre un terme final « à la saga des victimes de la dictature » dans son pays.  Pour aller de l’avant, nous avons besoin de votre soutien, a déclaré le Président.

Le Président a salué les efforts du Maroc ainsi que la viabilité de l’Initiative marocaine d’autonomie.  « Cette initiative, conforme aux principes de la Charte, propose une plateforme à toutes les parties impliquées dans le conflit du Sahara marocain afin de s’engager dans un dialogue emmené par l’ONU en vue d’une solution politique permanente, agréée par tous. »  En ce qui concerne le respect du « principe d’une seule Chine », le Président a dit continuer de soutenir la Chine, en louant le soutien généreux de ce pays à ses voisins du Sud.  Sur le sujet des migrations, il a invité la communauté internationale à les réguler tout en les décriminalisant.  Les êtres humains ne doivent pas perdre leur vie à la recherche d’un avenir meilleur, a tranché M. Barrow.  À cet égard, la Gambie coopère avec les pays concernés pour remédier au sort des migrants, a-t-il assuré.

Enfin, le Président a invité la communauté internationale à remédier aux inégalités avec « compassion » et à s’acquitter de ses engagements au titre de l’aide publique au développement (APD).  « Malgré les immenses défis auxquels nous faisons face, il existe un immense potentiel de changement positif grâce à des actions collectives », a conclu le Président de la Gambie.

M. EDGARD LEBLANC, Président du Conseil présidentiel de transition d’Haïti, a déclaré que son peuple, malgré les épreuves auxquelles il est confronté –une violence dévastatrice, une instabilité politique persistante, une précarité quasi générale et une pauvreté dégradante– refuse de se laisser submerger par le désespoir.  La création du Conseil présidentiel de transition matérialise cette volonté d’aller de l’avant, a-t-il affirmé.  Réunissant des organisations de la société civile et toutes les tendances politiques du pays, cet organe incarne la pluralité de la société haïtienne, avec une feuille de route claire: restaurer la sécurité publique, organiser des élections libres et transparentes à la fin de l’année 2025, et rétablir la confiance dans les institutions de l’État.  S’il est de notre devoir, en tant que nation souveraine, de prendre en main notre destin et de surmonter les divisions, cette responsabilité n’incombe pas seulement à nous, a-t-il cependant observé.  « La communauté internationale, l’ONU, les puissances étrangères qui ont souvent joué un rôle décisif dans l’histoire d’Haïti ont également un rôle essentiel à jouer dans ce processus. » 

Au nom du peuple haïtien, M. Leblanc a tenu à « saluer fraternellement tous les amis d’Haïti qui ont fait preuve de solidarité envers les migrants de notre pays, en particulier ceux résidant à Springfield, dans l’Ohio, aux États-Unis ».  La longue histoire d’amitié et de solidarité réciproque entre nos deux nations, depuis notre participation à la bataille de Savannah en 1779, nous permet de dire avec confiance que le peuple américain rejette toute incitation à la haine contre notre communauté, a-t-il assuré.  La participation active des immigrés haïtiens à différents niveaux de la vie des États-Unis est tangible et significative.

Aujourd’hui, Haïti fait face à une crise sécuritaire d’une gravité sans précédent, avec la montée en puissance des gangs armés, la violence généralisée et l’instabilité politique.  Cinquante pour cent des effectifs des gangs de la région de la capitale sont formés d’enfants et d’adolescents -filles et garçons, s’est alarmé M. Leblanc. Le rétablissement de la sécurité nationale, a-t-il indiqué, est donc une priorité absolue pour les autorités haïtiennes.  Raison pour laquelle il s’est félicité de la décision du Conseil de sécurité d’autoriser le déploiement de la Mission multinationale d’appui à la sécurité. Avec son appui, les forces de sécurité nationales ont déjà montré des résultats tangibles, même s’il reste beaucoup à faire.

Haïti a accueilli plusieurs missions des Nations Unies au cours des trois dernières décennies, notamment la MINUSTAH, a rappelé M. Leblanc. « Si certaines ont contribué à stabiliser temporairement le pays, elles ont également laissé un héritage lourd de conséquences. »  Des allégations de violations graves des droits humains, y compris d’abus sexuels, ont ébranlé la confiance du peuple haïtien et l’absence de poursuites et de réparations pour les victimes a renforcé un sentiment d’impunité, a-t-il reconnu, minant ainsi les efforts de reconstruction.  « Nous avons aujourd’hui l’opportunité de redorer le blason des missions internationales en Haïti. »  C’est dans cet esprit que nous souhaitons voir amorcer une réflexion sur la transformation de la Mission d’appui à la sécurité actuellement déployée en une Mission d’opération de maintien de la paix sous mandat de l’ONU, a-t-il plaidé.  Une transformation qui permettrait à la fois de sécuriser un financement plus stable et d’élargir les capacités de la Mission, mais également de renforcer l’engagement des États Membres en faveur de la sécurité en Haïti. 

En 1825, a rappelé le Président du Conseil de transition, à peine 21 ans après avoir gagné sa liberté au prix d’une lutte héroïque, Haïti a été contrainte de payer une dette colossale à la France, pays colonisateur, en échange de la reconnaissance de son indépendance.  Cette « rançon imposée sous la menace » a siphonné les ressources de la jeune nation, la plongeant dans un cycle infernal d’appauvrissement dont elle peine toujours à sortir.  Aussi M. Leblanc a-t-il demandé la reconnaissance d’une « dette morale et historique » et la mise en œuvre de réparations justes et appropriées pour permettre à son peuple de « se libérer des chaînes invisibles de ce passé injuste ».

M. ABDEL-FATTAH AL-BURHAN ABDELRAHMAN AL-BURHAN, Président du Conseil souverain de transition du Soudan, a évoqué la guerre dans son pays, lancée par la milice des Forces d’appui rapide, « un groupe bénéficiant de soutiens à l’intérieur comme à l’extérieur du Soudan ».  Il a regretté que ce groupe reçoive un soutien d’États de la région qui lui fournissent des fonds et des mercenaires.  Il s’est demandé pourquoi le système international n’a pris aucune mesure à l’encontre de ce groupe, malgré toutes leurs exactions et les crimes contre l’humanité qu’ils ont commis.  Selon le Président, cela vient confirmer le besoin de réformer le Conseil de sécurité.  Il a assuré que le Gouvernement soudanais est disposé à faciliter les convois humanitaires et la protection des civils.  Il a dénoncé les crimes contre les civils perpétrés par les Forces d’appui rapide qui vont jusqu’à vendre des femmes comme esclaves.  Il a remercié les États accueillant les réfugiés soudanais, ainsi que les organisations d’aide qui appuient le pays.  À ceux qui entendent contrôler les richesses du Soudan, le Président a rappelé que « la volonté du peuple soudanais prévaudra ». 

Il a appelé à la fin des combats au Soudan, au retrait des Forces d’appui rapide des zones occupées et au lancement d’un processus politique.  Il a promis que les forces armées soudanaises, « connues pour leur professionnalisme », allaient continuer à combattre les Forces d’appui rapide malgré les soutiens que ces dernières reçoivent.  Ces forces sont une milice armée qui commet des crimes terroristes et elle doit être reconnue comme un groupe terroriste, a-t-il insisté.  Il a par ailleurs indiqué que les Palestiniens doivent établir un État souverain sur les frontières d’avant 1967, qui doit être admis comme État Membre à part entière de l’ONU. 

M. CARLOS MANUEL VILA NOVA, Président de Sao Tomé-et-Principe, a rappelé qu’en tant que petit État insulaire, son pays était en première ligne face aux changements climatiques, première menace pour la survie de sa population.  Bien que nous ne soyons responsables que d’une infime partie des émissions mondiales de gaz à effet de serre, nous sommes parmi ceux qui souffrent le plus de leurs effets, a-t-il regretté, évoquant l’élévation du niveau de la mer, l’augmentation des événements climatiques extrêmes, l’érosion côtière et la perte de biodiversité.  Il a appelé la communauté internationale à écouter la voix des nations les plus touchées, et à la prendre en compte dans des actions concrètes.  Il a également appelé les plus grands émetteurs à remplir leurs obligations historiques et morales en réduisant drastiquement leurs émissions et en versant les financements climatiques promis aux pays en développement, notamment en matière d’adaptation. 

Expliquant que sa vision de l’avenir était fondée sur les objectifs de développement durable (ODD), il a ajouté qu’il s’efforçait de trouver un équilibre entre la croissance économique, la protection de l’environnement et la justice sociale.  Notant que pour de nombreuses nations, le chemin était encore long, il a appelé à explorer de nouveaux modèles de partenariat entre les pays développés et les autres.  « Il n’y a pas de développement sans paix, et pas de paix sans développement », a-t-il résumé. 

« La situation actuelle n’est pas inéluctable », a-t-il poursuivi, ajoutant qu’en agissant comme des nations unies, et en renonçant à la loi du plus fort, il était possible de trouver des solutions aux maux de l’époque. Il a appelé à une réforme du Conseil de sécurité pour le rendre plus représentatif et efficace, insistant sur la nécessité de considérer les pays africains comme des partenaires à part entière. Nous ne pouvons pas continuer avec un Conseil de sécurité qui reflète les structures de pouvoir de 1945, une période où la plupart des États africains actuels étaient encore sous domination coloniale et n’avaient donc pas voix au chapitre dans les affaires mondiales, a-t-il estimé, notant que cette sous-représentation concerne aussi d’autres espaces de gouvernance comme les institutions financières internationales. 

Le Président a appelé à mettre fin à « l’embargo anachronique » imposé à Cuba, contraire aux principes de coexistence pacifique, et à corriger cette injustice.  Réitérant son appui à « souveraineté du Maroc », il a salué son initiative en vue de « trouver une solution pacifique au différend », saluant au passage les projets stratégiques lancés par le Royaume comme le pipeline entre le Nigéria et le Maroc. 

LETSIE III, Roi du Lesotho, a réaffirmé son appui aux principes de paix, de justice et de dignité, dont la préservation constitue selon lui la plus grande responsabilité de l’humanité.  Retraçant l’histoire de son pays, qui commémore cette année le deux-centième anniversaire de la fondation de la nation Basotho, le Roi a évoqué une nation bâtie sur la tolérance, l’inclusion et l’unité.  Si l’amour de la paix et l’horreur de la guerre sont à ses yeux des « idéaux qui peuvent être réalisés », l’avènement d’une paix et d’un développement durables exigeront un changement fondamental de la part des dirigeants du monde. Pour sa part, Letsie III s’est engagé à faire progresser la vision collective de l’ONU de veiller au respect des droits humains et d’aider des milliers de personnes à sortir de la pauvreté. 

Poursuivant, le Roi s’est inquiété des « tendances troublantes » contenues dans le dernier rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), qui indique que 48 pays en développement dépensent davantage en paiements d’intérêts sur les prêts aux nations développées qu’en services essentiels comme l’éducation et la santé.  Ces inégalités, qui sont à l’origine des migrations, conduisent trop souvent à la xénophobie et aux conflits dans les pays d’accueil, s’est alarmé le Roi.  Afin de favoriser la mise en œuvre du Programme 2030, le Lesotho entend présenter en 2025 son troisième examen national volontaire du développement durable, a-t-il annoncé avant de souligner que la réalisation des ODD nécessitera des partenariats plus forts et un soutien financier accru, en particulier pour les pays vulnérables.  Dans l’intervalle, la crise climatique exacerbe la dégradation de l’environnement de son pays, avec des effets délétères sur l’agriculture, les ressources hydriques et l’approvisionnement énergétique, entraînant des pénuries alimentaires qui ont obligé le Gouvernement à déclarer l’état d’urgence en matière de sécurité alimentaire. 

Pourvu en abondance en ressources énergétiques renouvelables « de haute qualité » telles que « le soleil, le vent et un approvisionnement en eau de montagne la plus pure », le Lesotho est idéalement positionné pour mettre en place une économie durable, a noté le souverain.  Sa priorité actuelle consiste à combler le déficit de la demande énergétique intérieure, tout en exportant de l’énergie propre et de l’eau dans la région.  En matière de santé, le chef d’État s’est félicité des progrès réalisés dans la lutte contre le VIH/sida, 95% des personnes vivant avec le VIH connaissent aujourd’hui leur statut et reçoivent un traitement.  Depuis 2010, les nouvelles infections ont été réduites de 74%, ce qui démontre selon lui l’engagement de son pays envers la santé publique et l’équité sociale. 

Pour faire face aux menaces combinées du terrorisme, des flux d’armes illicites et de la criminalité transnationale organisée, Letsie III a prôné la médiation, méthode peu onéreuse qui a également l’avantage de faciliter la réconciliation entre les parties.  Dans cette veine, il a invité le Conseil de sécurité à jouer un rôle proactif dans la médiation des différends internationaux, par le biais d’une approche multilatérale, transparente et impartiale.  Le Nouvel Agenda pour la paix souligne justement la nécessité urgente de reconstruire les mécanismes de gestion des différends et de renforcer la confiance entre les États Membres et les institutions régionales. L’autodétermination et l’indépendance étant selon lui des droits essentiels, il a demandé instamment la mise en application des résolutions de l’ONU visant à mettre fin à toutes les formes de colonialisme et d’occupation, notamment au Sahara occidental.  Le Roi a en outre renouvelé son appel à lever les sanctions imposées au Zimbabwe.  Afin de faire du Conseil de sécurité un organe plus représentatif et légitime, le monarque a plaidé en faveur d’une réforme globale, sur la base de la position africaine commune du consensus d’Ezulweni.

Mme GORDANA SILJANOVSKA-DAVKOVA, Présidente de la République de Macédoine du Nord, a détaillé le processus entamé avec la signature et la ratification de l’Accord de Prespa, par lequel la République de Macédoine est devenue la République de Macédoine du Nord.  « En tant que professeure de droit et ancienne membre de la Commission de Venise, je sais que ce qui est légal n’est pas toujours juste et légitime. »  Elle a évoqué le cas de son pays, où le processus n’a pas été mené dans le respect du droit international et national.  La frontière qui sépare le légal du juste est parfois un simple trait, mais parfois elle est un fossé, voire un abîme, a-t-elle dit.  Elle a indiqué que de tels abîmes touchent d’abord les petits États qui sont les premières victimes de l’affrontement entre la force et la justice.  « Notre nouveau nom est une réalité juridique et formelle et mon pays, en tant que membre responsable de l’ONU et de l’OTAN, remplit ses obligations internationales. »  Pourtant, l’appartenance à l’Union européenne (UE) n’est pas devenue réalité et nous nous heurtons à une nouvelle « condition finale » pour un autre amendement constitutionnel, a déploré la Présidente.

Elle a indiqué que l’appartenance à l’UE ressemble désormais pour son pays à M. Godot parce qu’il l’attend depuis 2006, encouragé par ce refrain entonné dans les enceintes internationales: « juste une condition de plus ».  « Nous sommes devenus un État sui generis avec 36 amendements constitutionnels en 30 ans. »  La Présidente a déclaré que son pays, épris de paix, mise sur une coopération avec ses voisins qui soit exempte de toute menace de veto. « Lorsqu’il y a veto, il n’y a souvent pas de justice. »  La stagnation dans le processus d’intégration européenne, non seulement démotive les citoyens de mon pays et ralentit le rythme des réformes, mais elle déstabilise toute la région du Sud-Est de l’Europe, prêtant le flanc à des puissances impériales aux desseins inquiétants, a averti la Présidente.  À cette aune, elle a demandé un déblocage du processus de négociation afin que son pays devienne membre de l’UE, arguant que la réunification européenne est « une symphonie inachevée sans nous. »  Elle a en effet affirmé que la pleine intégration des Balkans au sein de l’UE permettra de mettre un terme à la lancinante question du tracé des frontières régionales et à la balkanisation qui en découle.  Naturellement, les États des Balkans doivent se conformer aux normes européennes et coopérer à l’échelle régionale, a-t-elle dit, jugeant important le partage d’expériences avec les pays devenus membres de l’UE.  « L’Homo Balkanicus peut devenir Homo Europicus s’il le veut. »

La Présidente a indiqué que le monde traverse de grandes turbulences, l’action de l’homme ayant un impact considérable sur la planète.  « J’ai peur que l’homme ne soit en train de détruire le jardin d’Éden et qu’il finisse par en être éjecté si l’ONU ne vient pas à son secours. » Nous n’avons jamais eu autant besoin de l’ONU, pourtant celle-ci n’a jamais été autant marginalisée, a déploré la Présidente.  Enfin, rejetant toute acquisition de territoire par la force, elle a plaidé pour une paix juste et durable en Ukraine, dans le respect du droit international.

M. LUIS LACALLE POU, Président de l’Uruguay, a abordé le thème de la liberté et de la responsabilité qui s’accompagnent et ne peuvent exister, selon lui, l’un sans l’autre.  C’est du moins ce qui est reflété dans la Constitution de son pays, a-t-il dit, disant aussi sa conviction de voir la mondialisation gagner davantage en importance. Mais cela ne pourra marcher que si l’on est tolérant et curieux des autres et de leurs systèmes de pensées et de valeurs.  Ce sont des concessions qui ne signifient pas que l’on renonce à ses valeurs propres, au contraire.  Cela signifie simplement que l’on collabore à bâtir un droit international crédible et robuste.  Tout texte international que l’on signe et que l’on ne met pas en œuvre érode davantage le droit international, a-t-il mis en garde. 

Abordant la situation au Venezuela, il a dit que tous savent ce qu’il se passe dans ce « gouvernement autoritaire. »  Beaucoup de pays ont détourné le regard, soit par désintérêt, soit par intérêt.  Or, la responsabilité aujourd’hui est de condamner la fraude, la répression de l’opposition et de la société civile.  Le moment est venu d’agir pour le bien du Venezuela et des Vénézuéliens. Si la communauté internationale se satisfait de la situation, il est certain que d’autres pays connaîtront le même sort que le Venezuela, qui prive ses citoyens de la liberté, a-t-il assuré.

Le Président a également abordé le thème de l’environnement et de l’économie. Il a dit avoir vu l’évolution des liens entre ces questions, notamment en matière de financement.  Cependant, il y a des pays qui polluent et d’autres qui font des efforts.  Il faut donc accélérer la mise en œuvre des engagements financier pris sur le plan international sur cette question.  Il a aussi dit relever un retour au protectionnisme dans certaines économies. Or, il faut aller vers un monde plus ouvert, sans pour autant délaisser les économies nationales, et favoriser une libre circulation des biens et services, dans le but de créer plus de prospérité pour tous.  Par cette manière nous irons beaucoup plus vite et beaucoup plus loin, a-t-il conclu. 

M. RATU WILIAME MAIVALILI KATONIVERE, Président de la République des Fidji, a déclaré que les petits États insulaires en développement (PEID), qui sont en première ligne face aux changements climatiques et à l’élévation du niveau de la mer, continuent de faire face aux conséquences dévastatrices des catastrophes naturelles.  Malgré leurs ressources limitées, l’injustice du système de gouvernance mondiale et les inégalités évidentes, les PEID continuent d’avancer, n’ayant pas le « luxe de l’inaction ».  Le renforcement de la résilience économique est une condition du développement durable des PEID, a assuré le chef de l’État, non sans rappeler que le redressement après des chocs climatiques est une affaire coûteuse.  La mobilisation des fonds initiaux nécessaires à l’adaptation reste un défi, les ressources étant concentrées sur le redressement et la reconstruction, a-t-il expliqué.  L’adoption de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle pour les PEID contribuera à alléger leur fardeau économique, au moment où ils en ont le plus besoin, s’est félicité M. Katonivere.

Les Fidji, s’est-il enorgueilli, sont peut-être un petit État, mais grâce à nos rôles de leadership et d’intendance dans la région, nous apportons une profonde contribution au régionalisme et au multilatéralisme.  Le tout premier Livre blanc sur la politique étrangère des Fidji s’appuie sur les thèmes interconnectés de la souveraineté, de la sécurité et de la prospérité.  Et notre Plan national de développement 2025-2029, a encore fait valoir le Président, envisage d’autonomiser le peuple de l’archipel en s’appuyant sur la résilience économique et la bonne gouvernance.  Des réductions rapides et durables des émissions de gaz à effet de serre doivent être vigoureusement poursuivies, a exhorté le Chef d’État.  De même, le financement des mesures d’adaptation et d’atténuation doit être augmenté, raison pour laquelle il a appelé les États à finaliser le nouvel objectif chiffré collectif. 

D’ici à 2050, a prévenu M. Katonivere, environ 240 des communautés côtières des Fidji seront déplacées en raison de l’élévation du niveau de la mer, avec un besoin urgent de relocalisation pour des dizaines d’entre elles.  Compte tenu des limites de l’architecture multilatérale du financement climatique, les Fidji ont créé le premier fonds fiduciaire national de réinstallation au monde pour soutenir les coûts relatifs à cette problématique.  « Nous avons émis des obligations vertes et bleues aux niveaux national et international, piloté des produits d’assurance à faible coût pour les communautés rurales et engagé le secteur privé dans le renforcement de la résilience climatique », a-t-il précisé, en demandant aux partenaires du développement de soutenir ces efforts. Le Pacte pour l’avenir, adopté en début de semaine, ouvre à cet égard la voie à de nouvelles possibilités.

M. TEODORO NGUEMA OBIANG MANGUE, Vice-Président de la Guinée équatoriale, a estimé que le panorama de discriminations, de crises alimentaires et de conflits armés montre l’importance d’accorder une plus grande priorité au multilatéralisme et à la coopération internationale.  Il a déclaré que la position de son pays reste inchangée: il faut donner la priorité, par tous les moyens, à la pacification et à la diplomatie préventive.  Il a également estimé que la prolifération de conflits, dans toutes les régions au monde, est la plus grande preuve de l’obsolescence, de l’incapacité et de l’inefficacité du Conseil de sécurité des Nations Unies. 

Ce que l’on voit aujourd’hui de cet organe de décision, ce sont les luttes d’intérêts géostratégiques qui rendent de plus en plus difficile la prise de décisions pouvant résoudre les situations de conflit et alléger les souffrances des populations.  C’est pourquoi, a tranché le Vice-Président, il y a urgence à réformer le Conseil et à mettre fin à sa configuration obsolète qui remonte à 1945. « L’Afrique, dans le cadre du consensus d’Ezulwini et de la Déclaration de Syrte, le réclame depuis plus de 20 ans. »

Il s’est aussi exprimé sur la situation au Sahel où les pays, à l’instar de certains pays du Sud, subissent des interférences, des pressions et autres blocus dont le seul objectif est de provoquer la déstabilisation et de paralyser leurs efforts pour atteindre la prospérité.  Certains pays veulent être juges et arbitres pour intervenir et donner des leçons aux autres, s’immisçant dans les affaires intérieures d’autres pays, a-t-il critiqué.  Or, tous les pays, en tant qu’États souverains, ont le droit de décider avec qui ils souhaitent entretenir des relations et signer des accords bilatéraux, a-t-il insisté. 

Nous ne comprenons pas, a-t-il poursuivi, pourquoi jusqu’à présent, il n’a pas été possible de lever complètement l’embargo contre Cuba et mettre un terme au blocus économique, commercial et financier imposé à ce pays depuis plusieurs décennies.  Le Vice-Président a appelé à la levée immédiate dudit embargo et à son retrait de la « fameuse liste » des États qui parraineraient le terrorisme, ajoutant que cela devient plus que nécessaire dans le contexte du Pacte pour l’avenir, qui préconise de ne laisser aucun pays de côté.

Il aussi jugé « clair » que les économies africaines peuvent devenir des acteurs importants des chaînes approvisionnement mondial, en faisant profiter de leurs vastes ressources en matières premières nécessaires aux secteurs de haute technologie et à leurs propres marchés de consommation en pleine croissance.  C’est pourquoi l’Afrique mérite une attention prioritaire de la part des initiatives d’appui et de financement du développement, a-t-il plaidé.  Le Vice-Président a conclu son discours en demandant de concrétiser les engagements de financement du développement durable, conformément au Programme 2030 de l’ONU et à l’Agenda 2063 de l’Union africaine. 

Mme UDUCH SENGEBAU SENIOR, Vice-Présidente et Ministre de la justice des Palaos, a déclaré que les efforts que déploie son pays pour protéger son environnement, sa culture et son mode de vie se fondent sur son peuple.  Alors que l’archipel célèbre cette année le trentième anniversaire de son indépendance, la Ministre a considéré la communauté internationale et l’ONU comme le « point d’ancrage » de la coopération mondiale, laquelle aide les Palaos à relever les défis communs.  Pour les Palaos, la « quête d’égalité » commence avec le rôle essentiel que jouent les femmes dans notre société, a-t-elle indiqué, comme l’a démontré la première Réunion des femmes élues au leadership ainsi que diverses initiatives visant à autonomiser les femmes.

La Ministre a également présenté les défis auxquels est confronté son pays en tant que petit État insulaire en développement (PEID), des défis uniques qui menacent le développement économique, l’environnement et la survie des Palaos.  Bien que les PEID contribuent à moins de 1% aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, ils sont les plus touchés par la crise climatique, a-t-elle rappelé, soulignant que cette réalité n’épargne pas l’archipel, qui a été le témoin de tempêtes plus intenses qu’avant, de glissements de terrain et des sécheresses prolongées. En retour, ces phénomènes ont fait grimper en flèche le coût des biens importés, a expliqué Mme Sengebau Senior, inquiète de voir mises en péril la sécurité alimentaire et la stabilité économique du pays.  « La réponse mondiale aux changements climatiques est une question de vie ou de mort. » 

Alors que les Palaos s’apprêtent à assumer la présidence de l’Alliance des petits États insulaires en développement (AOSIS), de 2025 à 2026, la Ministre s’est engagée à faire la promotion du Programme d’Antigua-et-Barbuda pour les PEID, afin de veiller à ce que « nos voix restent au centre des discussions mondiales ».  Parmi ses priorités, la Ministre a évoqué un meilleur accès au financement climatique, le renforcement de la résilience et la promotion d’un avenir durable pour les nations insulaires. 

En tant que premier pays à ratifier l’Accord sur la biodiversité marine au-delà des zones de juridiction nationale (BBNJ), les Palaos restent déterminés à conserver et à utiliser de manière durable la biodiversité marine de ces zones, a-t-elle poursuivi.  Considérant que ce traité symbolise « l’unité mondiale dans la sauvegarde de nos océans », Mme Sengebau Senior a appelé à la solidarité internationale pour le ratifier rapidement afin qu’il entre en vigueur.  Elle a ajouté que les Palaos ont également déclaré un moratoire national sur l’exploitation minière en eaux profondes.  La Ministre s’attend par ailleurs à ce que la Conférence des Nations Unies sur les questions relatives aux océans de 2025, à Nice, soit l’occasion d’accélérer l’action en faveur des océans.   

Pour Mme Sengebau Senior, l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle offre une évaluation « complète » permettant d’analyser les défis propres aux PEID, particulièrement vulnérables à l’érosion côtière et aux inondations.  « Il ne s’agit pas seulement d’une menace actuelle, mais d’une crise existentielle pour les générations futures », a-t-elle observé.  Les Palaos ont d’ailleurs pris des mesures pour relocaliser leurs infrastructures essentielles, notamment l’hôpital national et les écoles, afin de les protéger de la montée des eaux et des catastrophes. « L’adaptation est vitale pour notre survie. » 

L’archipel continue par ailleurs de renforcer sa sécurité nationale grâce à des partenariats avec les États-Unis, l’Australie, le Japon et Taïwan, tout en renforçant son cadre juridique et de coopération maritime.  Enfin, Mme Sengebau Senior a exprimé son appui à la candidature du Japon à un siège permanent au Conseil de sécurité, ainsi qu’à une représentation au Conseil des PEID, qui sont « en première ligne des défis mondiaux ».  Elle a également tenu à reprocher l’exclusion de Taïwan des organisations internationales, qui porte atteinte aux principes d’inclusion et de coopération portés par l’Organisation. 

Le Prince héritier du Koweït, M. SABAH AL KHALED AL SABAH, a appelé tous les États Membres à assumer leurs responsabilités face aux défis du monde et à coopérer.  Il a notamment pointé la réforme du Conseil de sécurité et celle de l’architecture financière mondiale, deux priorités du Pacte pour l’avenir. Malheureusement, a-t-il constaté, la volonté politique nécessaire à la réforme du Conseil est toujours absente, alors même que le Conseil, chargé du maintien de la sécurité et de la paix dans le monde, devrait être inclusif, transparent, démocratique, efficace et redevable pour pouvoir s’acquitter de son mandat dans le monde actuel.  Passant aux nouvelles technologies, comme les réseaux sociaux et l’intelligence artificielle, le Prince a mis en exergue leur rôle dans la propagation de la haine, du terrorisme et de la désinformation en appelant à lutter contre ce fléau à travers la coopération internationale en vue d’assurer la redevabilité dans ce domaine sur le plan international. 

Alors que le Conseil de coopération du Golfe célèbre son quarante-troisième anniversaire, le prince héritier a mis en avant son rôle de pilier de la stabilité dans cette région en proie à des défis.  Pour sa part, le Koweït est attaché aux objectifs internationaux et désireux de coopérer avec les organisations internationales et régionales, a-t-il assuré, ajoutant que son pays est également attaché au principe du bon voisinage. Le Royaume fait notamment son possible pour que l’Iraq puisse retrouver sa place dans le concert des nations, a-t-il dit, mais cela suppose que ce pays règle les questions en suspens, notamment la démarcation de la frontière maritime avec l’Iran, et la question des prisonniers koweïtiens et de leurs biens. 

Alors que le monde est témoin de pratiques inacceptables et d’une escalade dangereuse dans les territoires palestiniens occupés, le prince héritier s’est indigné de la « punition collective » infligée aux Gazaouites où l’occupant persiste à cibler les civils, les infrastructures critiques et les sites des organisations internationales à Gaza.  Il a estimé qu’il ne pouvait y avoir de paix au Moyen-Orient tant qu’il n’y aurait pas un État de Palestine indépendant, conformément au droit international et à l’Initiative de paix arabe.  Le Koweït œuvrera en ce sens, a-t-il assuré, en annonçant aussi avoir formalisé son appui à l’UNRWA. 

Passant au conflit au Soudan, il a appelé à une cessation immédiate des hostilités et au dialogue entre les belligérants pour que le pays retrouve la stabilité et son intégrité territoriale.  Au Yémen, le Koweït tient à un règlement global sur la base des trois termes de référence, dont le respect de l’intégrité territoriale, a aussi plaidé le Prince.  Il a ajouté que le Royaume soutient les efforts du Sultanat d’Oman en ce sens, en insistant sur l’impératif de la sécurité de la navigation en mer Rouge. S’agissant du Liban, il a condamné dans les termes les plus forts les frappes israéliennes qui le visent en ce moment, y voyant une violation flagrante du droit international et de la souveraineté libanaise au risque d’entraîner le Liban dans un conflit régional. Le Prince a également encouragé l’Iran à s’engager dans un dialogue sur la base de la non-ingérence dans les affaires internes d’autres pays.

Enfin, il a annoncé les ambitions du Koweït qui souhaite devenir un centre financier, économique et culturel.  S’appuyant sur une approche proactive, le Koweït reste attaché à la bonne gouvernance mondiale et à la coopération dans le but de réaliser objectifs nobles des Nations Unies et les aspirations de toutes les populations du monde, a-t-il conclu.

M. LUÍS MONTENEGRO, Premier Ministre du Portugal, a réaffirmé la primauté du multilatéralisme et s’est dit favorable à une réforme du Conseil de sécurité axée sur la Position commune Africaine et les aspirations du Brésil et de l’Inde à en devenir membres permanents.  Il a également prôné un bon encadrement de l’exercice du droit de veto. Le Chef de gouvernement a ensuite dénoncé la guerre d’agression menée par la Fédération de Russie contre l’Ukraine, rejetant le précédent consistant à modifier unilatéralement les frontières par la force, en violation de la Charte des Nations Unies.  Il s’est dit en outre profondément préoccupé par l’aggravation de la crise au Moyen-Orient, appelant les parties à faire preuve de la plus grande retenue pour éviter l’escalade. 

Après avoir rappelé la présence constante du Portugal dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies et dans les missions de l’Union européenne, le Chef de gouvernement a fait observer que 97% du territoire de son pays est constitué d’océans.  C’est la raison pour laquelle nous soutenons fermement la gestion et la gouvernance durables des océans et le développement d’une « nouvelle économie bleue durable » conformément au Programme 2030, a-t-il expliqué. Considérant le renforcement des capacités dans les domaines liés aux océans comme une priorité, le Portugal, a-t-il dit, a mis au point un programme de bourses destiné aux pays en développement, en mettant l’accent sur les petits États insulaires en développement (PEID). 

Compte tenu de l’importance centrale du lien entre climat, océan et biodiversité, Lisbonne, a précisé le Premier Ministre, a salué l’avis rendu en mai 2024 par le Tribunal international du droit de la mer qui, avec celui à venir de la Cour internationale de Justice (CIJ), renforcera le cadre juridique sur les changements climatiques.  Par ailleurs, le Portugal a favorisé l’introduction de mécanismes financiers innovants, notamment pour les PEID.  Les accords signés avec Cabo Verde et Sao Tomé-et-Principe pour transformer la dette en investissement climatique, soutenant ainsi la transition énergétique, en sont un exemple.  En conclusion, M. Montenegro a rappelé l’intention de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) de faire reconnaître celle-ci comme langue officielle des Nations Unies, avec ses 260 millions de locuteurs à travers le monde. 

M. WESLEY W. SIMINA, Président et Chef de gouvernement de Micronésie, a fait observer que son pays est aux prises avec les graves conséquences des changements climatiques.  En ce moment même, la Micronésie est en état d’urgence en raison d’une sécheresse prolongée. « Pour nous, chaque degré, chaque centimètre d’élévation du niveau de la mer et chaque retard comptent », a déclaré le Chef d’État, avant d’appeler la communauté mondiale à prendre des mesures plus énergiques sur le plan climatique.  L’objectif de 1,5 degré est « la limite de sécurité pour nos petites îles », a-t-il souligné, ajoutant qu’au-delà se trouve « une zone dangereuse avec une chaleur mortelle qui coûtera des vies, aura un impact sur nos systèmes alimentaires et hydriques et noiera nombre de nos îles basses ».  Et même s’il est essentiel que le monde réduise les émissions, le bénéfice ne s’en fera sentir que plus tard au cours de ce siècle, a relevé le dirigeant, exhortant les plus grands émetteurs à donner la priorité à la réduction des polluants autres que le CO2, en particulier le méthane, les gaz fluorés et le carbone noir. 

Le Président a mis l’accent sur l’élévation du niveau de la mer, qui constitue une menace importante pour les moyens de subsistance, le bien-être et la sécurité des communautés et des écosystèmes.  Il s’est réjoui que, cette semaine, l’Assemblée générale ait accueilli pour la première fois une réunion de haut niveau sur cette question, tout en assurant que la crise climatique ne met pas en péril le statut d’État ou la souveraineté de la Micronésie, ni ne diminue ses droits en vertu du droit international.  Il a rappelé à cet égard que les dirigeants du Forum des îles du Pacifique et de l’Alliance des petits États insulaires ont affirmé que les zones maritimes, telles que reconnues par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, resteront valables malgré les changements physiques dus aux changements climatiques. 

S’agissant du projet de réglementation sur l’exploitation minière, que négocie actuellement l’Autorité internationale des fonds marins, le Président a adopté une approche prudente, soulignant la nécessité d’une connaissance approfondie, de données et d’une compréhension scientifique de l’environnement marin et des impacts avant toute opération.  Selon lui, toutes les parties prenantes, y compris les États côtiers adjacents, les peuples autochtones et les communautés locales du Pacifique, doivent être consultées préalablement.  Il s’est par ailleurs félicité de l’adoption de l’Accord BBNJ, qu’il a été le premier dirigeant à signer il y a un an, et a invité tous les autres États à faire de même et à le ratifier pour le rendre opérationnel.  Quant au traité juridiquement contraignant qui vise à mettre fin à la pollution plastique, y compris dans le milieu marin, il a salué son adoption prochaine, tout en souhaitant qu’il comprenne des mesures pour freiner la production non durable de polymères plastiques primaires.  Sans cela, l’objectif consistant à mettre fin à la pollution plastique d’ici à 2040 et à limiter l’augmentation moyenne de la température à moins de 1,5 °C ne pourra pas être atteint, a-t-il averti. 

Après avoir plaidé pour la création d’un représentant spécial pour le climat, la paix et la sécurité, le Président micronésien a constaté que le Conseil de sécurité peine à s’attaquer efficacement à ces problèmes.  Il s’est donc prononcé pour une réforme globale de l’organe afin qu’il reflète les réalités du monde d’aujourd’hui.  Il est temps, a-t-il dit, que les membres permanents du Conseil incluent le Japon, l’Inde, l’Allemagne, le Brésil et une représentation du continent africain.  En outre, il est crucial selon lui d’amplifier les voix des régions sous-représentées, telles que les petits États insulaires en développement (PEID).  Il a enfin appelé à une architecture financière mondiale plus inclusive et à la mise en œuvre de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle récemment adopté. 

M. PRITHVIRAJSING ROOPUN, Président de Maurice, s’est dit consterné de voir les valeurs et principes de l’ONU s’éroder et la force prendre le dessus alors que l’impunité continue de prévaloir.  Il a jugé urgent de renouveler l’engagement en faveur de la diplomatie et du dialogue constructif.  Passant à la révolution technologique en cours, il a salué l’adoption du Pacte numérique mondial et estimé par ailleurs, que la seule façon de parvenir à un monde plus équitable, plus résilient et plus digne, est que l’Afrique et les PEID trouvent leur place au Conseil de sécurité et dans les institutions financières internationales.

Alors que les changements climatiques représentent une menace existentielle pour les PEID, le Président Roopun a insisté sur la notion de responsabilités communes et différenciées.  Nos actes doivent être guidées par les connaissances scientifiques les plus récentes et s’appuyer sur les résultats de l’inventaire mondial convenu lors de la COP28, y compris la feuille de route visant à maintenir l’objectif de 1,5 °C à portée de main, une bouée de sauvetage pour nous tous, et en particulier pour les PEID.  Il a réclamé un accord sur un nouvel objectif collectif, quantifié, équitable et ambitieux dans le domaine climatique. 

La hausse des températures met en péril les fondements mêmes de la vie des États océaniques.  À ce sujet, le Président a salué le dernier avis consultatif du Tribunal international du droit de la mer sur les changements climatiques.  Il s’agit, à ses yeux, d’un phare juridique qui oblige tous les États à tracer une nouvelle voie, guidée par la science et l’impératif moral de l’équité intergénérationnelle.  Une autre priorité pour Maurice est de veiller à ce que les PEID soient en mesure d’accéder à la chaîne mondiale des valeurs pour les emplois verts. Il a notamment encouragé des approches novatrices et l’utilisation de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle (IVM) pour améliorer l’accès aux financements concessionnels.

M. CHARLES MICHEL, Président du Conseil européen, a constaté que le cadre qui permettrait de remédier aux défis de notre génération -conflits, pauvreté, climat, migrations- à savoir l’ordre multilatéral, est « en train de se fissurer sous nos yeux ».  Il est revenu sur les trois conflits majeurs qui forment aujourd’hui un « cocktail explosif ».  Commençant par l’Ukraine, il a dénoncé l’agression faite par un membre permanent du Conseil de sécurité, et a réitéré le soutien inconditionnel de l’Union européenne à l’Ukraine.  Il s’est engagé à soutenir une paix juste et durable fondée sur la Charte des Nations unies. 

Concernant la situation à Gaza, le Président du Conseil européen a condamné les attaques terroristes perpétrées par le Hamas et exigé la libération immédiate des otages. Il a affirmé qu’Israël avait le droit de se défendre, mais en respectant le droit international et le principe de proportionnalité.  Il a appelé à un cessez-le-feu immédiat, tout en soulignant la nécessité d’une solution à deux États.  Il a insisté sur le fait que la sécurité ne pouvait être assurée sans la paix, et que le déni des droits du peuple palestinien alimentait la polarisation mondiale.  « La politique suivie par Israël est sans issue et dangereuse pour tous.  Elle doit changer », a-t-il martelé.  M. Michel a également mis en lumière le conflit au Soudan, qualifiant la situation de catastrophe humanitaire majeure, avec 20 000 morts et 25 millions de personnes en situation d’urgence, dont 8 millions de déplacés.  Il a alerté sur le risque de famine pour des millions de personnes et sur la situation particulièrement préoccupante des femmes.  L’Union européenne, a-t-il précisé, continue de faire pression sur les parties belligérantes pour qu’elles respectent le droit humanitaire et entament un processus de réconciliation.  « Un crime est un crime.  Quel que soit le lieu, quel que soit l’auteur.  Et notre indignation n’est sincère que si elle est universelle », a-t-il lancé. 

M. Michel a ensuite dénoncé les actions déstabilisatrices de l’Iran, qui soutient des groupes terroristes au Moyen-Orient et fournit un soutien militaire à la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine.  Il a fait le parallèle entre les pratiques de l’Iran et de la Russie, pointant leurs ambitions impérialistes et leur recours à la menace nucléaire.  Puis, abordant la réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies, il a plaidé pour une institution plus représentative et opérationnelle, collaborant davantage avec les organisations régionales.  Il a souligné l’importance d’inclure l’Afrique et l’Amérique latine parmi les membres permanents, afin de rendre plus légitime le Conseil, qu’il a comparé à « un mort-vivant ». 

En ce qui concerne les changements climatiques et les pandémies, il a insisté sur l’urgence d’une solidarité internationale.  Il a rappelé l’initiative de l’Union européenne en faveur d’un traité international sur les pandémies, qui est en phase de négociation avancée, et a appelé à conclure cet accord pour renforcer les capacités de réponse mondiale aux crises sanitaires futures.  Il a également dénoncé les obstacles liés aux lobbies qui empêchent la distribution équitable des vaccins.  Évoquant la révolution technologique en cours, le Président du Conseil européen a mis en garde contre les dérives potentielles de l’intelligence artificielle et de la gestion des données personnelles, qualifiées « d’instruments de pouvoir, voire d’asservissement ».  Il a plaidé pour un dialogue global, notamment avec la Chine, « partenaire indispensable pour relever les grands défis mondiaux », l’implorant de ne pas soutenir la Russie dans sa guerre illégale contre l’Ukraine. 

M. Michel a poursuivi en soulignant la nécessité de réformer le système financier international pour qu’il réduise les inégalités au lieu de les amplifier, notamment en facilitant l’accès au financement pour les pays en développement. Il a appelé à une restructuration des dettes et à une gouvernance améliorée pour lutter contre la corruption et stimuler les ressources locales.  Enfin, estimant que « l’optimisme est un devoir », il a conclu par un appel à la paix, « délicate, difficile à réparer quand elle se brise, mais magnifique, lumineuse.  Comme le vitrail de Marc Chagall » qui accueille les visiteurs de l’ONU. 

M. TIÉMOKO MEYLIET KONÉ, Vice-Président de la Côte d’Ivoire, s’est alarmé de la multiplication des tensions géopolitique et des conflits armés, avant de mettre en garde contre un « embrasement généralisé ».  Constatant que cette situation d’insécurité et de recul de la paix est aggravée par le terrorisme, il a appelé à la mobilisation de la communauté internationale en faveur des populations du Sahel, qui paient un lourd tribut à ce fléau.  Il a ajouté que la Côte d’Ivoire accueille dans les meilleures conditions possibles plusieurs milliers de ressortissants de pays sahéliens voisins qui fuient la violence des groupes armés.  Au-delà du Sahel, c’est toute l’Afrique de l’Ouest qui est confrontée à cette menace, a averti le dirigeant, précisant que son pays s’emploie à aider les pays de la région concernés à renforcer leurs capacités. 

Le Vice-Président ivoirien a ensuite prévenu que les progrès réalisés par les pays de sa région en matière de développement et de sécurité humaine sont fragilisés par les effets des changements climatiques, qui accentuent la pauvreté et entraînent le déplacement forcé de millions de personnes chaque année.  « L’accroissement incessant du nombre de réfugiés climatiques constitue une tragédie de notre époque », s’est-il ému, appelant les Nations Unies et l’ensemble des partenaires à accroître et intensifier leur assistance humanitaire d’urgence destinée à ces populations en détresse. 

Mais il faut, selon lui, aller plus loin et mettre résolument en œuvre des mesures qui permettront d’inverser à court terme la courbe dangereuse du réchauffement planétaire.  Il a donc exhorté les pays développés à honorer leurs engagements en matière de financement climatique et de soutien à la transition énergétique.  En particulier, il importe d’abonder rapidement le fonds pour les pertes et dommages afin de soulager les populations les plus touchées, a-t-il souligné. 

Abordant les questions institutionnelles, le dirigeant a estimé que les Nations Unies « héritées du XXe siècle » doivent être réformées en profondeur pour jouer pleinement leur rôle dans le monde multipolaire d’aujourd’hui.  Le Conseil de sécurité, en particulier, doit s’ouvrir à l’Afrique dans toutes les catégories de membres afin de refléter cette réalité, a-t-il préconisé.  « C’est à cette condition que notre organisation mondiale pourra véritablement contribuer à la résolution durable des conflits, en s’appuyant sur le respect du droit international, qui demeure son fondement ». 

Il en est de même de la lutte contre le réchauffement climatique, qui dépend de la capacité de l’ONU à mobiliser les États Membres autour de cette priorité, a poursuivi le Vice-Président, pour qui la réforme de la gouvernance mondiale doit également s’étendre aux institutions financières multilatérales, afin qu’elles soutiennent davantage les efforts de financement des objectifs de développement durable des pays en développement, tout en adressant la question de la dette. Ces transformations profondes sont inévitables et doivent être accélérées pour que les institutions soient véritablement au service de tous nos pays et de leur combat contre la pauvreté et pour le développement, a-t-il conclu. 

M. HENDRIKUS WILHELMUS MARIA (DICK) SCHOOF, Premier Ministre des Pays-Bas, a appelé à anticiper un « avenir inconnu », en arguant que c’est la responsabilité des dirigeants d’anticiper l’avenir.  L’histoire de l’ONU nous montre tout ce que nous pouvons accomplir lorsque nous joignons nos forces et persévérons, a-t-il dit.  « Sans l’ONU, il n’y aurait pas eu d’accords climatiques, de traités sur le désarmement et de tribunaux internationaux. »  Dans un monde imprévisible, a-t-il ajouté, il faut trouver « notre force dans la stabilité ». 

Il a plaidé pour une réforme du Conseil, avec notamment une représentation africaine permanente en son sein, en vue de préserver la légitimité, la vitalité et l’efficacité de l’ONU.  Il a déclaré que le monde n’est plus ni noir ni blanc, constatant que « ces dernières années, nous sommes confrontés à quelque chose qui ne semble ni l’un ni l’autre ».  En effet, de plus en plus de pays développent des programmes cybernétiques à visée offensive, a expliqué le Premier Ministre, en soulignant la menace grave qu’ils font peser sur les infrastructures essentielles.  « Nous ne pouvons pas aisément prédire l’avenir, mais nous pouvons l’anticiper, et c’est exactement ce que nous faisons ».  Il a estimé que le Pacte pour l’avenir est un grand pas dans la bonne direction.  Il a ensuite dénoncé « l’illusion » de certains pays selon laquelle les changements climatiques ne les concernent pas.  Que ce soit les Pays-Bas ou les petits États insulaires en développement, tous les pays sont directement touchés, a tranché le Premier Ministre. 

Il a ensuite insisté sur l’importance de protéger la démocratie et les droits humains, tant ils sont attaqués dans certains pays.  « Aux Vénézuéliens qui demandent que leurs voix soient entendues, je voudrais leur dire, je vous ai entendus. »  Ce n’est qu’un exemple parmi de nombreux autres pays qui se sentent oubliés, a-t-il déclaré.  Il a ainsi évoqué le Soudan où 25 millions de personnes connaissent la famine.  « Nous ne pouvons pas fermer les yeux, nous devons agir. »  Il a précisé que la contribution de son pays pour remédier à la crise dans ce pays et les pays voisins s’élève à 80 millions d’euros.

Certains d’entre vous peuvent se dire –« pas encore l’Ukraine »- mais nous devons régler cette situation car la guerre de la Russie ne se limite pas à ce pays, a-t-il poursuivi.  Il a estimé que cette guerre est une guerre d’agression contre tout ce que l’ONU représente.  L’Ukraine a besoin de notre soutien à chaque étape d’un processus de paix, a-t-il dit. « Ce qui veut dire élaborer et participer à un nouveau dialogue afin de s’engager sur la voie de la paix. »  Il a également appelé à faire pression sur les pays qui appuient la Russie.  « C’est un processus qui demandera beaucoup d’énergie, mais nous en possédons en abondance, nous avons le temps, la patience et les ressources. »

Enfin, il a évoqué les atrocités commises par le Hamas il y a près d’un an et la guerre qui a éclaté à Gaza.  « Une nouvelle attaque contre Israël et une guerre régionale doivent être évitées à tout prix », a-t-il affirmé, en exhortant toutes les parties à respecter le droit.  « Joignons nos forces et persévérons. »

M. NIKOL PASHINYAN, Premier Ministre de l’Arménie, a estimé que la paix entre son pays et l’Azerbaïdjan est « non seulement possible, mais à portée de main ».  À cet égard, il a mentionné la signature, le 30 août, du Règlement sur l’activité conjointe des commissions de délimitation de la frontière entre les deux pays, premier document juridique bilatéral signé entre les parties.  Mais le plus important à ses yeux est le fait que, par ce texte, l’Arménie et l’Azerbaïdjan ont convenu de faire de la Déclaration d’Alma-Ata de 1991 le principe de base de la délimitation de leurs frontières communes.  « Cela signifie que l’Arménie et l’Azerbaïdjan réaffirment de jure le principe de reconnaissance de l’intégrité territoriale et de l’inviolabilité des frontières de l’autre qui existaient à l’époque de l’Union soviétique », a-t-il expliqué, un facteur « fondamental » pour l’instauration de la paix.  Ainsi, s’est félicité le Premier Ministre, il est désormais réaffirmé en droit que les deux pays n’ont aucune revendication territoriale l’un envers l’autre.  Les deux États doivent maintenant franchir une « nouvelle étape » et signer l’accord sur l’instauration de la paix et des relations interétatiques entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, accord « déjà approuvé à 80% », selon M. Pashinyan.  

Afin de saisir cette occasion « historique » et d’éviter le risque d’une impasse, l’Arménie propose maintenant de signer ce qui a déjà été convenu dans le projet d’accord, et de conclure un accord de paix entre les deux États tout en poursuivant les négociations concernant les questions en suspens.  « Nous sommes prêts à le faire dès maintenant », a-t-il assuré, jugeant « pratiquement impossible » de parvenir à un accord global « qui réglerait et résoudrait tout ».  Bien que de nombreuses questions importantes restent en suspens, le Premier Ministre a expliqué que les articles convenus du projet d’accord de paix contiennent des dispositions concernant la paix, le fait de ne pas avoir de revendications territoriales l’un envers l’autre et de ne pas en formuler à l’avenir, l’établissement de relations diplomatiques et la création d’une commission mixte chargée de superviser la mise en œuvre de l’accord de paix, tout en prohibant toute intervention dans les affaires internes de l’autre ainsi que le recours à la force.  Selon lui, la signature de l’accord de paix avec les articles déjà convenus et l’établissement de relations diplomatiques faciliteront la résolution des questions en suspens.

Bakou, a noté M. Pashinyan, insiste cependant sur le fait que la Constitution arménienne pose un obstacle à l’accord de paix parce qu’elle contiendrait des revendications territoriales sur l’Azerbaïdjan. « Permettez-moi de dire qu’il n’y a rien de tel dans notre Constitution », a-t-il assuré, estimant au contraire que les textes fondamentaux de l’Azerbaïdjan contiennent des revendications sur le territoire arménien.  « Mais attention: nous ne considérons pas la Constitution de l’Azerbaïdjan comme un obstacle à l’accord de paix », a-t-il ajouté, jugeant suffisantes les garanties juridiques qu’il contient.  

Bien que la paix soit si proche « que tout ce que nous devons faire, c'est la saisir », M. Pashinyan a reconnu que ce processus n’est facile ni pour l’Arménie ni pour l’Azerbaïdjan, « car chacun de nous a sa propre vérité, et le débat sur ces vérités a conduit à l’inimitié, aux victimes et aux guerres ».  Se tournant vers l’avenir, le Premier Ministre a évoqué le projet « Carrefour de la paix » du Gouvernement arménien, qui vise à ouvrir des routes et des voies de communication entre l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Türkiye et l’ensemble de la région.  

M. MOHAMMED SHIA’ AL SUDANI, Premier Ministre de l’Iraq, a dénoncé l’impuissance du Conseil de sécurité face aux multiples crises dans le monde, et en particulier face au conflit à Gaza.  Il a salué les prises de position courageuses du Secrétaire général, même si elles n’ont pas été suivies d’effet.  Mettre un terme au conflit en Palestine occupée est pourtant la responsabilité de tout le monde, a-t-il martelé.  Le peuple palestinien se voit refuser son droit à vivre dans la dignité pendant que le droit international et les résolutions du Conseil de sécurité sont restés lettre morte et les frontières palestiniennes sont redessinées.  Tout cela mine les fondements même d’un ordre international fondé sur des règles, a-t-il mis en garde. « L’occupant » utilise désormais la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité pour s’en prendre au Liban, a ajouté le Ministre, en se disant indigné de voir des organisations internationales prises pour cible à Gaza, dont l’UNRWA .  Constatant une aggravation de l’intolérance et des crimes de haine dans le monde, il a appelé à la coopération, au dialogue et à l’entente. 

Le Ministre a ensuite fait le point sur la situation en Iraq, et notamment sur son plan d’ensemble pour la reconstruction et la sécurité qui reprend ses droits.  Parmi les autres priorités du pays figurent la diversification de l’économie, la cohésion nationale et la lutte contre le terrorisme.  Des élections municipales ont eu lieu dans certaines régions, et des élections parlementaires et législatives vont se tenir dans la région du Kurdistan, a-t-il annoncé, en comptant sur le soutien international pour relever les défis environnementaux, dont la désertification et la gestion durable des ressources hydriques.  Sur le plan régional, le Ministre a expliqué que son pays encourage l’intégration économique et la stabilité régionale, avant d’évoquer des nouveaux projets ferroviaires.

M. KYRIAKOS MITSOTAKIS, Premier Ministre de la Grèce, s’est réjoui de s’adresser pour la première fois à cette tribune en tant que membre du Conseil de sécurité, plaçant son mandat sous le signe du dialogue, de la diplomatie et de la démocratie, et laissant entrevoir ses six priorités: le règlement pacifique des différends; le respect du droit international et des règles et principes de la Charte des Nations Unies; les femmes, la paix et la sécurité; le climat, la paix et la sécurité; les enfants dans les conflits armés; et bien sûr, en tant que nation insulaire, la sécurité maritime.

Examinant la situation mondiale, le Premier Ministre a reconnu que le monde est moins sûr aujourd’hui qu’il ne l’était il y a un an.  Cependant, il s’est dit convaincu que les défis peuvent être transformés en opportunités si la communauté internationale renforce le système multilatéral.  Concernant les conflits régionaux, le Premier Ministre a souligné la proximité géographique de la Grèce, « portail de l’Europe », avec des zones de conflit comme Gaza et l’Ukraine.  Sur le plan des relations bilatérales avec la Türkiye, il a exprimé l’intention de la Grèce de poursuivre le dialogue pour résoudre les différends, notamment la délimitation des zones économiques exclusives en mer Égée et en Méditerranée orientale.  La Déclaration d’Athènes, signée en décembre, va dans le bon sens. 

Il a cependant déploré le manque de progrès concernant la question de Chypre, réaffirmant l’engagement de la Grèce à soutenir une solution fondée sur une fédération bizonale et bicommunautaire, plutôt qu’une solution à deux États. Enfin, le Premier Ministre a abordé deux sujets critiques pour l’avenir: l’intelligence artificielle et l’impact des technologies numériques sur les enfants.  Il a averti de la menace que l’IA pourrait poser si elle était mal utilisée. 

Il a particulièrement insisté sur la nécessité de protéger les enfants contre les effets néfastes des médias sociaux, citant des études liant l’utilisation excessive de ces plateformes à la dépression et à l’isolement.  Il a conclu en appelant à une coopération mondiale pour réguler l’IA, tout en félicitant les efforts de l’Union européenne dans ce domaine et en saluant le rapport « Gouverner l’IA pour l’humanité » qui vient d’être publié.

M. KEIR STARMER, Premier Ministre du Royaume-Uni, a dit se rappeler avoir lu, étudiant, la Déclaration universelle des droits de l’homme et le profond effet qu’elle avait laissé sur lui.  « J’ai ensuite consacré ma carrière d’avocat à protéger ces droits et cette Déclaration me guide aujourd’hui en tant que Premier Ministre, parce qu’elle parle de notre dignité, de l’essence même de notre humanité, des droits égaux et inaliénables. »  Il a déploré l’effroyable bilan des conflits actuels, lesquels entravent le progrès, sapent la coopération et sèment la division entre le Nord et le Sud.

Le Premier Ministre a indiqué que son gouvernement a été élu pour changer le Royaume-Uni, ajoutant que le succès ne saurait être séparé de ce qui se passe hors des frontières nationales.  Nous devons travailler de conserve pour traiter des problèmes mondiaux à la racine et remédier à leurs conséquences.  Mon pays s’engage de nouveau en faveur d’un leadership mondial responsable parce « nous pouvons faire mieux ».  Évoquant l’instabilité et la polarisation actuelles, il a confié sa peur que le fatalisme finisse par triompher.  Notre tâche aujourd’hui est de dire non, nous n’accepterons pas une telle dérive. 

Le Premier Ministre a appelé Israël et le Hezbollah à mettre un terme à la violence et à s’éloigner du précipice.  Il a réclamé un cessez-le-feu immédiat afin de mettre en place un règlement diplomatique.  La poursuite des souffrances à Gaza est une honte pour tous.  Le Premier Ministre a aussi plaidé pour la paix au Soudan, ajoutant que parce qu’il faut défendre le droit international, son pays reste déterminé dans son soutien à l’Ukraine. 

Il a détaillé le réengagement du Royaume-Uni en faveur de la lutte contre les changements climatiques, avec la levée de l’interdiction d’exploiter l’énergie éolienne en Angleterre et le refus d’octroyer de nouvelles licences d’exploitation des gisements de gaz et de pétrole.  Nous allons parvenir à la cible de zéro émission et nous aiderons les autres à faire de même.  Le Premier Ministre a également assuré que son pays sera un contributeur clef du financement climatique.  Nous nous sommes également engagés à revenir à la cible de 0,7% du PIB pour l’aide publique au développement.  Il a conclu en souhaitant une représentation permanente de l’Afrique et l’octroi de sièges permanents à l’Allemagne, au Brésil, à l’Inde et au Japon.

M. K.P. SHARMA OLI, Premier Ministre du Népal, a fait observer que le contraste entre riches et pauvres, harmonie et haine, développement économique et destruction de l’environnement, n’a jamais été aussi frappant qu’aujourd’hui.  Pour surmonter cette fracture du monde, il a appelé les États Membres à favoriser la coopération et la collaboration.  « Ce n’est que par une volonté collective et une action unifiée que nous pourrons inverser la tendance et inaugurer une ère de paix durable et de prospérité partagée pour tous », a-t-il professé, saluant l’adoption récente du Pacte pour l’avenir. 

Après avoir plaidé pour une « démocratie globale » qui garantisse l’égalité des droits, la justice sociale, la protection des plus vulnérables et la sécurité de tous, il a assuré qu’en tant que nation sortant d’un conflit, le Népal mesure parfaitement la valeur de la paix et de la stabilité politique.  Rappelant à cet égard que le Parlement népalais a adopté une loi sur la justice transitionnelle, il a affirmé que tout est mis en œuvre pour défendre les droits des victimes et panser les plaies du conflit.  Ainsi, tendu vers son objectif de prospérité, le Népal sortira de son statut de pays moins avancé (PMA) d’ici à 2026, s’est-il félicité.  « Malgré nos difficultés économiques, nous travaillons avec diligence pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) d’ici à 2030 et aspirons à devenir un pays développé d’ici à 2043. » 

Le Chef du Gouvernement népalais a cependant reconnu que son pays est l’un des plus vulnérables aux effets des changements climatiques.  « La vitesse alarmante à laquelle l’Himalaya vierge perd ses vastes réserves de neige est extrêmement préoccupante », a-t-il pointé, signalant que cette perte menace la disponibilité de l’eau pour des milliards de personnes vivant en aval.  Dans ce contexte, il a appelé à la justice climatique et plaidé pour que l’agenda de la montagne reçoive l’attention voulue dans les négociations sur le climat.  Le Népal entend atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici à 2045, soit cinq ans plus tôt que l’objectif mondial, a-t-il fait valoir, avant d’exiger une action mondiale et des efforts de collaboration pour faire face aux impacts généralisés du réchauffement planétaire.  Il a souhaité un financement climatique adéquat, y compris via le fonds pour les pertes et les préjudices, afin de soutenir les mesures d’adaptation dans les pays en développement, notamment dans les PMA.

Exprimant sa consternation face aux conflits qui font rage dans le monde, notamment en Ukraine et au Moyen-Orient, le Premier Ministre a soutenu que « l’hostilité et la haine peuvent être surmontées grâce à l’amour et la compassion ».  Il a également jugé essentiel de respecter les principes d’égalité souveraine et de non-ingérence consacrés dans la Charte des Nations Unies, réaffirmant l’opposition ferme de son pays à toute forme d’intervention ou de sanctions unilatérales. 

Il a ajouté qu’en tant que plus grand fournisseur de troupes et de policiers aux opérations de paix de l’ONU, le Népal est prêt à renforcer encore sa contribution.  Mais il estime légitime de réclamer une représentation proportionnelle aux postes de direction, tant au Siège de l'ONU que sur le terrain.  Dans le même esprit, le dirigeant a plaidé pour une réforme du système des Nations Unies afin de le rendre plus efficace, démocratique, transparent et responsable.  Selon lui, cela vaut aussi pour le système financier mondial, la voix et la représentation des pays en situation particulière, notamment les PMA, les pays en développement sans littoral (PDSL) et les petits États insulaires en développement (PEID), devant être garanties.

M. WINSTON PETERS, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande, a estimé que le monde de 2024 ne ressemble pas du tout à celui de 1945, et que les institutions collectives doivent donc évoluer pour refléter les réalités contemporaines.  Nous avons besoin d’un Conseil de sécurité qui ressemble davantage au monde d’aujourd’hui et d’une réforme du droit de veto, a-t-il avancé, avant de se dire convaincu que tous les États sont égaux entre eux et que les voix des petits comptent autant que celles des puissants.

Jamais un leadership politique n’a paru aussi nécessaire pour répondre aux défis internationaux auxquels nous sommes confrontés, un leadership capable de restaurer la confiance dans nos institutions nationales et internationales, a constaté M. Peters.  À quoi ressemble-t-il?  C’est un leadership qui sait discerner les opportunités futures, en ayant à l’esprit les contraintes historiques.  Un leadership qui s’appuie sur la force de caractère d’un dirigeant, son courage, sa détermination et son engagement à éduquer, et non à dominer ses citoyens. 

Le Vice-Premier Ministre a ensuite déclaré que son pays ne veut pas revivre la catastrophe d’une nouvelle guerre mondiale, ni connaître une autre Conférence de San Francisco pour recoller les morceaux au lendemain d’une nouvelle plongée dans l’anéantissement mondial et les souffrances humaines.  Malgré sa frustration face au manque de volonté politique nécessaire pour adapter cette organisation aux défis d’aujourd’hui, le soutien de la Nouvelle-Zélande à l’ONU reste inébranlable, a assuré M. Peters. Une diplomatie multilatérale efficace signifie assumer sa responsabilité et ses obligations.  Le Vice-Premier Ministre a donc annoncé l’intention de son pays, porte-parole des petits États, de poser sa candidature à un siège non-permanent du Conseil de sécurité pour la période 2039-2040.  C’est une intention soutenue par l’espoir que l’esprit de San Francisco reviendra.

M. MBAE MOHAMED, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale, chargé du monde arabe, de la diaspora, de la Francophonie et de l’intégration africaine des Comores, a d’entrée, imploré les dirigeants russes et ukrainiens d’emprunter le chemin du dialogue et de la négociation.  Cette requête pour un cessez-le-feu, d’abord, et la paix ensuite, est, à son avis, nécessaire pour un « apaisement », économique, social et alimentaire, pour le monde entier et, en particulier, pour l’Afrique qui souffre tant de ce conflit.  Abordant la situation au Moyen-Orient, il a dénoncé le « génocide » perpétré par les forces israéliennes à Gaza, qu’il « nous faut condamner, et auquel il est urgent de mettre un terme ».  En attendant, le Ministre a salué « l’admission de l’État de Palestine en tant que membre de plein droit de l’ONU » et sa participation aux travaux de l’ONU, à compter de la présente session.

Se tournant vers l’Afrique, il a appelé les deux parties au conflit au Soudan à la retenue, pour épargner les populations des affres de cette guerre qui n’a que trop duré.  S’agissant du Sahara occidental, il a estimé que le plan d’autonomie de ce territoire, présenté dès 2007 par les autorités marocaines, constitue le moyen le plus sûr de parvenir à un règlement durable de ce « conflit anachronique ». 

Insistant sur le respect de l’intégrité territoriale des États, le dignitaire a, s’agissant de la question de l’île comorienne de Mayotte, rappelé que l’unité comorienne est une réalité fondée sur des données ethnogéographiques, linguistiques, religieuses et économiques, malgré le caractère insulaire du pays.  Il a donc saisi l’occasion de sa présence à la tribune des Nations Unies pour réaffirmer la constance du Gouvernement comorien dans sa volonté de respecter le droit et son ouverture au dialogue pour ce différend qui oppose les Comores à la France, afin de parvenir à une solution juste et durable, capable de préserver les intérêts partagés entre deux pays amis. 

Au sujet du Sommet de l’avenir, il s’est dit confiant que le Pacte adopté la semaine dernière contribuera à ouvrir des perspectives prometteuses dans la prise en compte des problèmes spécifiques des petits États insulaires en développement (PEID).  Il a de plus salué la quatrième Conférence internationale sur les PEID (SIDS4) qui s’est tenue en mai dernier à Antigua-et-Barbuda, qui a marqué un nouveau progrès dans cette prise de conscience universelle.  Il a aussi dit attendre avec beaucoup d’intérêt la prochaine conférence internationale sur le financement du développement, prévue en Espagne en 2025, y voyant une opportunité pour les États du Sud, de plaider pour les réformes des banques et institutions multilatérales de développement.

Sur le plan national, le dignitaire a mis en avant l’engagement du Chef d’État comorien à poursuivre la « noble mission » d’accélérer l’émergence des Comores d’ici à 2030, à travers la réalisation de projets phares, contenus dans le Plan Comores Emergent, présentés lors de la Conférence des partenaires au développement des Comores, tenue à Paris en décembre 2019. Ce plan, a-t-il confié, dispose également de projets structurants dont le programme de développement de l’économie bleue.  M. Mohamed a, enfin, rappelé la tenue en juin 2023 de la Conférence ministérielle sur l’économie bleue et l’action climatique en Afrique, qui a été couronnée par l’adoption de la Déclaration de Moroni.

Mme DOMINIQUE HASLER, Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein, a dénoncé l’agression russe contre l’Ukraine en violation du droit international qui, a-t-elle souligné, est le garant de la souveraineté des petits États comme le Liechtenstein.  Une paix juste doit garantir la responsabilité pénale individuelle de ceux qui ont déclenché cette guerre d’agression.  Cela seul garantira une perspective de paix durable pour l’Ukraine, mais aussi pour la région, a-t-elle estimé.  Elle a appelé à la réforme du Conseil de sécurité et fait part de son appui à l’initiative sur le veto qui permet à l’Assemblée générale d’agir même si le Conseil de sécurité est paralysé par un veto.  Le Pacte pour l’avenir nous permettra de tracer une nouvelle voie pour la paix et la sécurité. 

Consternée par les souffrances de la population civile de Gaza, elle a réaffirmé son attachement à la solution des deux États.  De même, elle a demandé la libération inconditionnelle de tous les otages. En attendant, la souffrance humaine doit prendre fin aujourd’hui.  Rappelant l’engagement de son pays en faveur du droit international, la Ministre a dit être encouragée de voir les petits États en particulier se mobiliser de plus en plus pour défendre l’état de droit et s’opposer à la loi du plus fort.  Elle s’est également félicitée du fait que les décisions de la Cour internationale de Justice servent de guide pour les prises de décisions, dans des situations allant de la solution des deux États à l’applicabilité de la Convention sur le génocide, aux changements climatiques. 

Poursuivant, la Ministre a dénoncé le déni de justice et des droits humains des femmes en Afghanistan.  L’ONU doit être à la hauteur de son obligation de lutter contre les violations des droits, y compris sexuels.  Il faut aussi s’élever contre l’oppression brutale des femmes en Iran et partout dans le monde.  Elle a émis le vœu que le prochain Secrétaire général de l’ONU soit une femme.  Après des décennies de discussions sur l’égalité des sexes, l’ONU devrait montrer l’exemple, a-t-elle estimé.

Mme MARIA MALMER STENERGARD, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a déploré les conséquences des violations des règles et principes convenus, dont le monde est témoin, y compris dans le voisinage immédiat de son pays, dénonçant l’agression continue de la Fédération de Russie contre l’Ukraine. 

La Ministre a saisi cette occasion pour réaffirmer le soutien indéfectible de la Suède aux efforts déployés par l’Ukraine pour restaurer sa souveraineté et son intégrité territoriale, aussi longtemps qu’il le faudra.  La conséquence directe de cette invasion à grande échelle de la Russie s’est traduite par la décision de la Suède et de la Finlande à rejoindre l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), a-t-elle fait remarquer.  Pour la Suède, cela représente un « changement historique », mettant fin à 200 ans de non-alignement militaire.  « C’est notre décision, car chaque État a le droit de choisir sa propre politique de sécurité. » 

Par ailleurs, la Ministre a rappelé que la Suède avait toujours soutenu les pays luttant pour la liberté, l’indépendance et la démocratie, notamment en Afrique pour laquelle son pays demeure « un partenaire engagé ». Elle a cité le Soudan, pays qui a reçu cette année le plus d’aide humanitaire de la part de son gouvernement. Elle a également parlé du Yémen, où la Suède continue de travailler avec des partenaires pour une réponse humanitaire inclusive et fondée sur des principes. 

Au Moyen-Orient, l’engagement de longue date de son pays en faveur des efforts de paix remonte à 1948, a rappelé la Ministre en précisant que la Suède est l’un des principaux donateurs des agences des Nations Unies et d’autres organisations qui s’efforcent d’atténuer les immenses souffrances de la population civile à Gaza. 

Dans le même temps, la Ministre a réitéré le droit d’Israël à se défendre conformément au droit international et exigé la libération des otages.  Israël est menacé simultanément par l’Iran et ses alliés sur plusieurs fronts, a-t-elle noté.  La Suède soutient pleinement les efforts déployés par les États-Unis, la France et d’autres pour parvenir à une solution diplomatique, a-t-elle dit, en plaidant pour un cessez-le-feu qui fournirait un espace pour parvenir à un règlement diplomatique conforme aux résolutions 1701 (2006) et 2735 (2024).  À plus long terme, la Suède, croit en l’idée d’une solution à deux États dans laquelle Israéliens et Palestiniens pourraient vivre côte à côte dans la paix, la liberté et la démocratie. 

Sur le volet du développement, l’intervenante a appelé à redoubler d’efforts pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’occasion pour elle de rappeler que son pays est « l’un des donateurs d’aide au développement les plus généreux au monde ».  Dans cette optique, elle a exhorté à intensifier la lutte contre la corruption afin que la croissance économique profite à l’ensemble de la société. 

La Ministre a rappelé que l’égalité des sexes demeure une valeur fondamentale de la politique étrangère suédoise, déplorant la sous-représentation des femmes lors de l’actuel débat général.  « Sur cette question, beaucoup reste à faire. » 

La dignitaire a également défendu le droit à chacun de vivre librement et en sécurité, quelles que soient ses croyances religieuses ou ses convictions personnelles.  Sur ce point, son pays a, d’ores et déjà, commencé à travailler sur un plan d’action pour l’égalité des droits et des chances en faveur des personnes LGBTQI, a-t-elle annoncé.  Pour finir, elle a évoqué la transition verte et numérique qui offre de vastes opportunités en termes de nouveaux emplois, d’augmentation de la croissance et d’amélioration des moyens de subsistance.  La Suède, pour sa part, ambitionne de devenir neutre en carbone d’ici à 2045, s’est-elle enorgueillie

M. ALEXANDER SCHALLENBERG, Ministre fédéral pour les affaires européennes et internationales de l’Autriche, a constaté que l’état d’urgence s’est encore aggravé depuis l’année dernière.  « La neutralité de l’Autriche ne rime pas avec indifférence », a-t-il déclaré.  Alors que la Russie continue à envahir l’Ukraine, a-t-il poursuivi, il s’est dit encouragé par ses conversations avec des partenaires qui, peu importe leurs convictions, ont réitéré leur attachement aux principes généraux consacrés dans la Charte des Nations Unies.  La paix doit être négociée et non dictée par Moscou, a-t-il recommandé, prônant l’intégration de l’Ukraine dans les négociations de paix.

Passant au conflit entre le Hamas et Israël, M. Schallenberg a rappelé que le droit international humanitaire est non-négociable. Un cessez-le-feu, la libération des otages et davantage d’aide humanitaire sont nécessaires immédiatement, a-t-il exhorté, appelant à travailler à une solution politique afin d’éviter toute escalade du conflit dans une région déjà sous tension. D’autres crises, tout aussi graves, ne reçoivent pas assez d’attention, a-t-il également souligné, citant la famine au Soudan et l’effondrement des structures étatiques en Haïti.  Dans ce contexte, l’humanité fait face à des questions fondamentales, a-t-il encore remarqué, attirant l’attention sur les changements climatiques et l’intelligence artificielle. 

« Le pendule oscille dorénavant de l’intégration vers la fragmentation », a ensuite lancé le Ministre.  Les idéologies protectionniste et nationaliste se propagent alors que le multilatéralisme et le régionalisme se craquèlent au rythme des tensions politiques, économiques et idéologiques, a-t-il regretté.  Les États se divisent, s’ignorent et s’annulent les uns les autres, « un jeu à somme nulle qui nous rappelle les réseaux sociaux ».

Le peuple autrichien se rendra aux urnes ce dimanche, a-t-il ensuite rappelé, mettant en garde contre les « fausses solutions » qui, bien que tentantes, ne peuvent qu’affaiblir les sociétés ouvertes, pluralistes et favorables à une Europe plus forte.  Pour contrer ces forces, il faut éviter que notre ère d’anxiété ne devienne une ère de peur, a-t-il estimé.  La peur est mauvais guide, nous le savons tous, a-t-il poursuivi, invitant la communauté internationale à adopter une position claire et à défendre l’ordre international par tous les moyens.  Mon pays défend cet ordre basé sur des règles et rien de bon ne peut ressortir de sa démolition, a-t-il mis en garde.

« Certes, nous nous trouvons dans une rivalité systémique ou certains considèrent les sociétés ouvertes et démocratiques comme des menaces », a-t-il expliqué.  Toutefois, il a fait remarquer que les sociétés libres, pluralistes et fondées sur les droits humains se sont montrées plus flexibles et plus résilientes que nous ne le pensions, invitant à « croire en nos capacités et en nos principes ».  Le Ministre a assuré que son pays défendra toujours ses intérêts et ses valeurs tout en cherchant le compromis et en défendant un système multilatéral pragmatique, avant d’appeler à réformer le Conseil de sécurité pour le rendre plus inclusif et efficace.  « Nous devons affronter les défis de notre temps ensemble et en en ayant confiance en nos forces. » 

M. ARNOLDO RICARDO ANDRÉ TINOCO, Ministre des relations extérieures et du culte de Costa Rica, a dénoncé l’absence de démocratie, d’état de droit et de respect des droits humains au Venezuela d’où 8 millions de citoyens ont fui, provoquant une crise migratoire sans précédent.  Le Ministre a condamné la manipulation des résultats de la dernière élection présidentielle dans ce pays: Nicolás Maduro n’ayant pas gagné ce scrutin, il ne faut pas que la répression et la dictature au Venezuela se normalisent une fois de plus.  Au Nicaragua, a-t-il poursuivi, des milliers de personnes traversent quotidiennement notre frontière nord, fuyant la répression d’une dictature qui dure depuis près de trois décennies.  Nul ne peut rester indifférent à la situation en Haïti, a-t-il poursuivi.  Il faut répondre au Plan d’action pour ce pays et aux besoins humanitaires évalués à 674 millions de dollars.  Pour contrer le trafic de drogues, la traite des êtres humains et la contrebande d’armes et de munitions, le Ministre a exhorté la communauté internationale à adopter une approche coordonnée et multilatérale, en favorisant la coopération, le partage d’informations et des mesures juridiques fortes. 

Face aux conflits à Gaza, au Liban, en Ukraine, en mer Rouge, au Soudan, au Sahel, au Yémen, au Myanmar et en Syrie, le Ministre a réitéré son appel à tous les acteurs concernés en faveur d’un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel, d’un accès sûr, ininterrompu et sans restriction à l’aide humanitaire, de la libération des otages et des détenus, du retrait des troupes des zones touchées et de la désescalade des tensions.  Il est également urgent de se conformer aux décisions des tribunaux internationaux et aux résolutions du Conseil de sécurité.  Il a invité tous les États à participer à la prochaine conférence internationale sur les conséquences humanitaires de l’utilisation d’armes explosives dans les zones peuplées, qui se tiendra en juillet 2025 à San José.  Il a aussi appelé à un consensus sur les cadres de gouvernance de l’intelligence artificielle dans les domaines militaire et civil, conformément au Pacte numérique mondial. 

Le Costa Rica, a poursuivi le Ministre, lance un appel en faveur d’un système financier international transparent, inclusif et durable qui réponde aux besoins de financement des pays sans perpétuer les inégalités mondiales. Le Costa Rica, un pays à revenu intermédiaire et avec une économie en transition, a besoin d’un système adapté à ses besoins spécifiques.  Il a espéré que la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement débouchera sur des accords concrets et fera preuve de la volonté politique nécessaire.  Enfin, le Costa Rica mène une « diplomatie bleue » qui reconnaît le rôle crucial que joue l’océan dans la santé de la planète, et juge urgent que le nouveau traité sur la haute mer entre en vigueur. 

Mme ANNALENA BAERBOCK, Ministre fédérale des affaires étrangères de l’Allemagne, a constaté que le monde est devenu un écosystème où les manchettes et les slogans donnent une image en noir et blanc, créant une culture du « nous contre eux ».  C’est cet état d’esprit qu’a été le fondement-même des pires extrémismes que l’humanité n’ait jamais vus, à savoir les guerres mondiales et l’Holocauste.  Mais à leur création, les Nations Unies ont offert un contre-modèle sous la forme de la Charte qui nous appelle à accepter non seulement l’humanité des autres mais qui garantit aussi à tous les pays le droit de déterminer leur propre destin, dans un monde débarrassé de la division nationaliste.  Donner corps à ces principes, a prévenu la Ministre, exige du travail, de l’empathie et de la solidarité mais aussi la recherche d’un terrain d’entente.  Cela veut dire reconnaître le dilemme qui veut que les valeurs de la Charte peuvent parfois sembler contradictoires.

Le conflit entre Israël et Gaza, a dit la Ministre, ne doit pas seulement être vu sous l’angle de notre propre perspective ou de l’histoire commune.  Il doit être vu mais sous celui de notre humanité universelle pour briser le cercle vicieux de la haine.  Les droits des Israéliens et des Palestiniens ne s’annihilent pas les uns les autres et l’Allemagne reste attachée au droit d’Israël à la sécurité et à la légitime défense.  Mais elle travaille aussi sans relâche pour sortir les enfants de l’enfer de Gaza, en sachant que la sécurité des Israéliens et des Palestiniens ne sera durable que s’ils se sentent réellement en sécurité.  Les efforts de l’Allemagne visent donc un accord sur les otages, et comme il est stipulé dans le plan Biden approuvé par le Conseil de sécurité, l’Allemagne se joindra aux autres pour appeler à un cessez-le-feu de 21 jours le long de la Ligne bleue. 

Notre faculté à apprendre des erreurs du passé nous rend plus forts, a poursuivi la Ministre.  L’Allemagne assume son passé colonial, comme en atteste la restitution des œuvres d’art à la Namibie, dans un élan de réconciliation.  Quant à la l’agression russe en Ukraine, la Ministre a appelé les États à obtenir du Président Putin la fin de ses attaques et le retour à la table des négociations non seulement pour notre sécurité mais aussi dans son propre intérêt.  La Ministre a également parlé des efforts de son pays pour accélérer la réforme du Conseil de sécurité et celle de l’architecture financière internationale, jugeant parfaitement injuste que les institutions de Bretton Woods ne soient dirigées que par des Américains et des Européens.  Nous voulons des institutions acceptées par tous et représentantes de tous, a martelé la Ministre, avant d’avouer son souhait de voir une femme au poste de Secrétaire général de l’ONU. 

M. ABDALLAH BOUHABIB, Ministre des affaires étrangères et des émigrants du Liban, a exhorté la communauté internationale à agir avant que la situation de crise dans son pays ne dégénère encore davantage et ne s’étende à la région. « Ce que nous vivons aujourd’hui au Liban est le résultat, et non la cause, de l’absence d’une solution durable. La cause, c’est l’occupation », a-t-il affirmé, soulignant que son pays a tenté à maintes reprises de régler les différends frontaliers avec Israël.  En dépit de la conjoncture difficile et de l’incapacité de l’ONU à nous protéger, le Liban continue de contribuer au droit international et de croire au rôle de l’ONU, a-t-il fait remarquer.  « Nous continuons à considérer que le dialogue est une alternative à la langue des armes », a-t-il assuré, rappelant que son pays a été, à plusieurs occasions, un partenaire fiable pour régler les différends de manière pacifique. 

Comptant sur l’appui des pays amis afin de renforcer le déploiement de l’armée libanaise au sud du fleuve Litani, M. Bouhabib a explicité la volonté de son gouvernement de coopérer pour faire face aux défis militaires dans la région.  Mon gouvernement, malgré la crise économique, a enrôlé 1 500 soldats supplémentaires afin de mettre en œuvre la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité, a-t-il rappelé.  Il a également réitéré son attachement au rôle de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) qui a grandement contribué à la paix et la sécurité régionales.  Il s’est, en outre, dit préoccupé par la situation dans certains villages frontaliers où de nombreux Libanais sont attaqués.  « Israël se radicalise de plus en plus », a-t-il déploré.  Revenant sur les appareils de communication à usage civil qui ont été activés à distance, faisant des milliers de morts et de blessés, le Ministre a rappelé le droit à l’autodéfense.  « Rien ne peut justifier le meurtre de masse de civils. »

« Quand Israël empruntera-t-il le chemin de la paix jusqu’au bout? » s’est encore demandé le Ministre, rappelant que le Liban et les pays arabes ont choisi ce chemin en de nombreuses occasions.  Il a réitéré son appel à un cessez-le-feu sur tous les fronts.  « Il incombe désormais à Israël de choisir la paix et de dépasser ses obsessions et angoisses sécuritaires », a-t-il soutenu, souhaitant un travail collectif qui offre des garanties claires.  « La diplomatie n’est pas toujours aisée mais elle est le seul moyen de sauver les patries et de briser le cycle de la violence », a-t-il conclu, réaffirmant que le Liban suivra ce chemin afin de faire de la diplomatie la grande gagnante. 

M. ELMER SCHIALER SALCEDO, Ministre des affaires étrangères du Pérou, a réaffirmé son attachement au multilatéralisme, « le meilleur outil dont nous disposons pour réaliser, d’un commun accord, les conditions nécessaires au développement durable ».  Pour cela, la première condition est la paix, a souligné le Ministre, condamnant tout recours à la force dans les relations internationales.  À ses yeux, la paralysie du Conseil de sécurité face à certains conflits et l’application d’un « deux poids, deux mesures » dans d’autres imposent de réformer cet organe et de revoir les prérogatives de ses membres permanents, principalement le droit de veto.

Le Ministre a ensuite expliqué que la grande vulnérabilité du Pérou aux changements climatiques l’a incité à en faire une question prioritaire de sa politique étrangère.  Pour cette raison, il a demandé, avec d’autres pays, à la Cour internationale de Justice (CIJ) de se prononcer sur les obligations internationales des États en matière de changements climatiques.  Signalant que le Pérou a été durement touché l’an dernier par le cyclone Yaku et le phénomène El Niño, il s’est félicité de l’adoption par l’ONU d’une approche préventive de la gestion des risques de catastrophe. Malgré les efforts déployés par son gouvernement pour atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, il a reconnu que les actions nationales ne suffisent pas.  Il faut accroître la coopération internationale, en tenant toujours compte du principe de responsabilités partagées, mais différenciées, a-t-il plaidé, avant d’appeler les pays développés à honorer leurs engagements en matière de financement climatique. 

Après s’être alarmé du retard pris dans la réalisation du Programme 2030, le Ministre a fait état d’une hausse de 10% des ressources allouées par son pays aux objectifs de développement durable (ODD), avec pour axes prioritaires la santé, l’éducation et la protection sociale.  Mais là encore, les efforts nationaux ne peuvent suffire, a-t-il soutenu, plaidant pour une réforme de l’architecture financière internationale afin de disposer d’un système plus inclusif et plus équitable. Dans l’immédiat, il a salué l’inclusion dans le Pacte pour l’avenir d’une initiative visant à développer de nouveaux indicateurs de progrès multidimensionnels. 

M. Schialer Salcedo a par ailleurs fait observer que le manque de liberté démocratique, ajouté à la répression et à l’absence d’opportunités, génère des flux migratoires massifs, entraînant des tensions sociales dans les pays d’accueil.  C’est pourquoi il a souhaité qu’un instrument mondial contraignant facilite une migration sûre, ordonnée et régulière, tout en protégeant les migrants de la criminalité transnationale organisée.  Dans le même esprit, il s’est dit préoccupé par la situation postélectorale au Venezuela, estimant que les résultats officiellement proclamés ne reflètent pas légitimement la volonté populaire des citoyens vénézuéliens, ce qui empêche le Pérou de les reconnaître. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité achève son débat sur le leadership pour la paix

9732e séance (reprise) – soir
CS/15835

Le Conseil de sécurité achève son débat sur le leadership pour la paix

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse n’a pas pu couvrir cette séance.)

Le Conseil de sécurité a achevé, dans la soirée, son débat public intitulé « Leadership pour la paix: unis dans le respect de la Charte des Nations Unies et la recherche d’un avenir sûr ».

Entamé hier, celui-ci a notamment été marqué par l’adoption d’une déclaration sur laquelle les « Quinze » se sont accordés pour affirmer la résolution du Conseil à « s’acquitter de ses responsabilités de la manière la plus efficace possible ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.