9757e séance – après-midi
CS/15859

Conseil de sécurité: face à l’ampleur de la crise en Haïti, les délégations plaident pour une sécurité renforcée et une accélération de la transition politique

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

« La voie à suivre pour Haïti est semée d’embûches », a reconnu Mme María Isabel Salvador, Représentante spéciale du Secrétaire général et Cheffe du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), venue cet après-midi informer le Conseil de sécurité de la détérioration continue de la situation dans ce pays au cours des trois derniers mois.

Les conditions sécuritaires, déjà fragiles, se sont aggravées, avec de nouveaux pics de violences, notamment le massacre perpétré par la bande « Gran Grif » à Pont-Sondé le 3 octobre, qui a coûté la vie à 115 civils et a fait une dizaine de blessés, a expliqué la haute fonctionnaire.  En cause, l’intensification des activités des gangs criminels qui se déploient désormais bien au-delà de Port-au-Prince, « répandant la terreur et la peur » et submergeant l’appareil de sécurité national, malgré le concours de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS).  Le processus politique, après des progrès initiaux, fait aujourd’hui face à des défis majeurs.  Quant au bilan humanitaire, il ne s’arrange nullement.

Urgence humanitaire

Selon la Cheffe du BINUH, le nombre de personnes déplacées dépasse ainsi désormais les 700 000, ce qui marque une hausse de 22% en seulement trois mois.  Seuls 20% des établissements de santé de Port-au-Prince sont opérationnels, et 40% dans l’ensemble du pays, tandis que 45% de la population n’a pas accès à l’eau potable.  La Directrice générale de l’UNICEF, Mme Catherine Russell, a fait savoir de son côté qu’environ 5,5 millions de personnes (c’est-à-dire à peu près la moitié de la population haïtienne), dont 3 millions d’enfants, sont en situation d’insécurité alimentaire sévère et ont eu besoin d’une aide humanitaire en 2024. 

Elle a ajouté que les conditions de vie dans les camps de fortune surpeuplés sont déplorables, exposant les personnes déplacées à des violations massives de leurs droits humains.  Cela concerne particulièrement les femmes et les enfants, victimes de mutilations et d’abus sexuels, et ce, quel que soit leur âge, a précisé Rosy Auguste Ducéna, avocate et activiste des droits humains en Haïti.  Cette dernière a ajouté que les violences sexuelles étaient utilisées comme armes par les gangs, sans crainte de répercussions judiciaires. Les survivantes, qui doivent vivre avec des traumatismes physiques et psychologiques profonds, ne reçoivent en outre aucune assistance de l’État haïtien, a-t-elle déploré.

Poursuivant son triste panorama, Mme Russell a fait savoir que plus de 300 000 enfants ont été déscolarisés cette année, en raison de fermetures d’écoles ou de leur transformation en refuges temporaires.  Livrés à eux-mêmes, de nombreux mineurs sont recrutés par les groupes armés, représentant entre 30% et 50% de leurs effectifs.  Ils y officient comme informateurs, cuisiniers ou esclaves sexuels, quand ils ne sont pas tout simplement forcés à participer à des violences armées, a précisé la Cheffe du BINUH.

Tentant de faire face à cette situation, les personnels humanitaires ont le plus grand mal à accéder aux zones contrôlées par les gangs, a-t-elle ajouté, soulignant que 1,6 million de femmes et d’enfants y sont largement privés de toute aide.  Malgré ces difficultés, Mme Russell a salué le dévouement des travailleurs humanitaires de l’ONU ainsi que de leurs partenaires qui, en 2024, ont tout de même distribué de la nourriture à plus de 1,2 million de personnes et fourni des services de santé à 600 000.  Toutefois la réponse humanitaire internationale —financée à hauteur de seulement 42%— reste insuffisante, a-t-elle insisté, plaidant pour son renforcement urgent et durable.

Le Guyana, au nom des A3+ (Algérie, Mozambique, Sierra Leone et Guyana), a partagé ces préoccupations, appelant à une solidarité accrue des États Membres pour combler les lacunes de financement.  La République dominicaine a rappelé pour sa part qu’elle avait dû renforcer ses opérations de contrôle migratoire face à un afflux massif de migrants haïtiens fuyant la violence, tout en apportant une aide médicale à certains membres de la MMAS. Elle a toutefois fermement rejeté l’appel à suspendre les rapatriements de migrants haïtiens, considérant qu’une telle mesure équivaudrait à « ouvrir la frontière » et à encourager une migration encore plus importante.

Défis sécuritaires

En ce qui concerne la situation sécuritaire, la Cheffe du BINUH a souligné que la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), bien que déployée depuis juin, n’a pas encore pu stabiliser le pays.  Malgré l’arrivée de contingents en provenance du Kenya (pays qui dirige la force), des Bahamas, de la Jamaïque et du Belize, portant à environ 430 le nombre de personnels déployés, les personnels en tenue restent insuffisants.

Si le Kenya a salué le renouvellement récent du mandat de la MMAS par le Conseil de sécurité, se réjouissant que ses troupes, associées à celles de la Police nationale d’Haïti, aient permis la sécurisation de certaines infrastructures clefs —telles que l’aéroport international et le principal port de Port-au-Prince, le Palais national ou encore l’Académie de police—, il a reconnu que les résultats attendus tardaient à se concrétiser.  Le pays a promis de déployer 1 000 agents de police supplémentaires, dont 600 dès la mi-novembre 2024, tout en demandant un soutien accru de la communauté internationale afin de renforcer les moyens logistiques et financiers de la Mission.

Le Japon a dit avoir déjà fourni une aide d’environ 14 millions de dollars pour contribuer à la Mission, tandis que le Royaume-Uni a versé près de 6 millions pour son déploiement.  La France a annoncé pour sa part une nouvelle contribution d’un montant de 2 millions d’euros au fonds fiduciaire des Nations Unies, tout en travaillant avec ses partenaires européens pour accroître leur soutien financier.  Haïti a plaidé pour une transformation de la MMAS en une mission de maintien de la paix des Nations Unies, demandant aux membres du Conseil de sécurité de soutenir cette initiative.  Ce qu’ont fait notamment la France et les États-Unis, estimant qu’une telle transition permettrait de garantir un financement plus durable et d’accroître les capacités de la Mission.

Par ailleurs, la France a encouragé à ajouter de nouveaux individus à la liste des sanctions en vigueur, notamment ceux qui soutiennent et financent les gangs, là où la Fédération de Russie a critiqué des mesures unilatérales, y voyant d’inopportunes « manipulations extérieures ».  Elle en a profité pour rappeler le caractère historiquement destructif du colonialisme, soutenant l’initiative d’Haïti visant à demander des réparations historiques à la France.  Elle a en outre critiqué le rôle des États-Unis dans le trafic d’armes en Haïti, soulignant que la majorité des armes proviennent de la Floride et condamnant l’exploitation des migrants haïtiens dans les débats politiques actuels du pays.

Transition politique et élections

Le processus politique en Haïti a également été au cœur des discussions d’aujourd’hui. La Représentante spéciale a noté que, malgré quelques progrès, les divergences croissantes au sein de l’exécutif bicéphale en Haïti compromettent la mise en œuvre de la gouvernance transitoire. La nomination, le 7 octobre, de Leslie Voltaire à la présidence du Conseil présidentiel de transition, en remplacement d’Edgard Leblanc, intervient dans un contexte de tensions et d’allégations de corruption visant certains membres de cet organe, a-t-elle observé.  Mme Salvador a exhorté à rétablir l’unité au sein de l’exécutif afin de s’attaquer aux problèmes d’insécurité, de réformes de la gouvernance et de préparation des élections.

Elle a fait savoir que le Conseil présidentiel de transition a mandaté une conférence nationale inclusive pour proposer des réformes constitutionnelles et redéfinir les relations entre l’État et la société, y compris dans le domaine judiciaire — la lutte contre l’impunité et la corruption étant essentielle à ses yeux pour restaurer la confiance des citoyens envers leurs dirigeants et les institutions publiques.  Elle a enfin salué l’entrée en fonctions, le 18 octobre, de 7 des 9 membres du Conseil électoral provisoire, tout en soulignant l’urgence de compléter cette structure pour éviter des retards dans le calendrier électoral.

Les États-Unis ont salué le travail du Conseil présidentiel de transition, y voyant la preuve que les acteurs politiques peuvent travailler ensemble.  La France a abondé en ce sens, appelant les autorités haïtiennes à accélérer les réformes nécessaires pour garantir des élections crédibles et transparentes.  La République dominicaine a, pour sa part, exprimé des doutes quant à la faisabilité de la tenue d’élections dans les conditions sécuritaires actuelles, insistant sur la nécessité d’une coopération régionale renforcée pour soutenir le processus électoral.  Quant à la Fédération de Russie, elle a plaidé pour la tenue d’élections générales d’ici à la fin de 2025, malgré les défis actuels.

« Si, en tant que membres du Conseil de sécurité, nous ne sommes pas en mesure de contribuer à surmonter l’état de violence et de cruauté généré par les gangs en Haïti, comment pouvons-nous espérer résoudre des conflits beaucoup plus importants dans le monde? » a conclu l’Équateur.

LA QUESTION CONCERNANT HAÏTI (S/2024/742)

Exposés

Mme MARÍA ISABEL SALVADOR, Représentante spéciale du Secrétaire général pour Haïti et Cheffe du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), a informé le Conseil de sécurité de la détérioration continue de la situation en Haïti depuis juillet.  Le nombre de personnes déplacées a dépassé les 700 000, marquant une hausse de 22% en seulement trois mois.  Le processus politique, malgré des progrès initiaux, fait désormais face à des défis majeurs.  La situation sécuritaire, déjà fragile, est marquée par de nouveaux pics de violence. Les gangs criminels ont intensifié leurs activités, se déployant au-delà de Port-au-Prince et plongeant le pays dans un climat de terreur et de peur.

Le 3 octobre, a fait savoir Mme Salvador, une attaque brutale des gangs à Pont Sondé, dans le département de l’Artibonite, a coûté la vie à 115 civils et en a blessé des dizaines d’autres.  Cet événement a aggravé la crise humanitaire, contraignant des milliers de personnes à fuir leurs foyers.  Les gangs ont également pris pour cible des bateaux transportant des civils et du personnel international, provoquant la suspension des services de fret international vers Haïti.

Mme Salvador a exprimé sa préoccupation quant aux souffrances continues du peuple haïtien, en particulier face à l’usage systématique de la violence sexuelle par les gangs.  Elle a souligné que les femmes et les filles sont particulièrement vulnérables et que les conditions de vie déjà terribles sont exacerbées par l’accès insuffisant aux services essentiels, notamment dans les zones fortement impactées par les déplacements forcés.

Depuis juin, la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) a vu l’arrivée de contingents supplémentaires du Kenya, des Bahamas, de la Jamaïque et du Belize, portant à environ 430 le nombre de personnels déployés. Cependant, la Représentante spéciale a indiqué que ces efforts restent insuffisants pour stabiliser le pays. Tout en saluant l’annonce du Président kényan William Ruto concernant l’envoi de renforts, elle a mis en garde contre l’insuffisance des ressources du Fonds d’affectation spéciale, qui pourrait freiner le déploiement et la mise en œuvre des missions de soutien à la Police nationale d’Haïti.

La haute fonctionnaire s’est réjouie du récent renouvellement du mandat du BINUH par le Conseil de sécurité, offrant un cadre essentiel pour soutenir Haïti durant cette période de transition, notamment dans le cadre du processus politique dirigé par les Haïtiens.  Elle a également remercié le Conseil pour son soutien décisif au renouvellement du régime de sanctions et du mandat de la MMAS.

Sur le plan politique, Mme Salvador a noté que, malgré quelques progrès, les divergences croissantes au sein de l’exécutif bicéphale en Haïti compromettent la mise en œuvre de la gouvernance transitoire.  La nomination, le 7 octobre, de Leslie Voltaire à la présidence du Conseil présidentiel de transition, en remplacement d’Edgard Leblanc, intervient dans un contexte de tensions et d’allégations de corruption visant certains membres du Conseil, a-t-elle observé.  La Représentante spéciale a exhorté à rétablir l’unité au sein de l’exécutif afin de s’attaquer aux problèmes d’insécurité, de réformes de la gouvernance et de préparation des élections.  Elle a réaffirmé que la lutte contre l’impunité et la corruption est essentielle pour restaurer la confiance des citoyens envers leurs dirigeants et les institutions publiques.

La Représentante spéciale a également informé que le Conseil présidentiel de transition avait mandaté une conférence nationale inclusive pour proposer des réformes constitutionnelles et redéfinir les relations entre l’État et la société, y compris dans le domaine judiciaire.  Elle a salué la prise de fonctions, le 18 octobre, de sept 7 des neuf 9 membres du Conseil électoral provisoire, tout en soulignant l’urgence de compléter cette structure pour éviter des retards dans le calendrier électoral.

Sur le plan humanitaire, Mme Salvador s’est alarmée du fait que près de la moitié de la population est en situation d’insécurité alimentaire.  Les routes principales étant sous le contrôle des gangs, l’approvisionnement en biens essentiels est sévèrement perturbé, provoquant une flambée des prix et des pénuries alimentaires.  Seulement 20% des établissements de santé de Port-au-Prince restent opérationnels, et 40% à l’échelle nationale.  De plus, 1 000 écoles sont fermées en raison de l’insécurité, et 45% de la population n’a pas accès à de l’eau potable.

Mme Salvador a finalement exhorté les acteurs politiques haïtiens à revitaliser le consensus national pour garantir des élections inclusives, crédibles et participatives d’ici à la fin de 2025.  En conclusion, elle a appelé à une mobilisation renforcée des ressources pour soutenir la mission de sécurité et les efforts de rétablissement de la stabilité en Haïti.

Mme CATHERINE RUSSELL, Directrice générale du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), également défenseuse principale de la situation humanitaire en Haïti pour le Comité permanent interorganisations (CPI), a indiqué qu’en six mois, la situation en Haïti a viré à la catastrophe.  Les Haïtiens subissent les pires exactions, des violations de leurs droits et des menaces de mort de la part des groupes armés.  Selon le Haut-Commissariat aux droits de l’homme, plus de 3 600 personnes auraient été tuées en 2024.  La violence sexuelle à l’égard des femmes et des enfants s’intensifie, ces groupes continuant de recruter activement des enfants, qui forment 30% à 50% de leurs effectifs.  Informateurs, cuisiniers et esclaves, ils sont forcés de perpétrer des violences armées, a déploré la haute fonctionnaire.

À travers tout le pays, 5,5 millions de personnes, dont 3 millions d’enfants, ont besoin d’une aide humanitaire depuis le début de l’année.  Près de la moitié de la population est confrontée à une grave insécurité alimentaire et plus de 700 000 personnes, dont plus de 360 000 enfants, sont aujourd’hui déplacées.  Les milliers qui vivent dans des camps surpeuplés sont menacés de violence et d’exploitation, a poursuivi la Directrice générale.  Le week-end dernier, des attaques perpétrées dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince ont provoqué le déracinement plus de 4 000 Haïtiens.  Ce cycle de violences et de déplacements bouleverse la vie des enfants et des familles: depuis le début de l’année, plus de 300 000 enfants sont déscolarisés et sont ainsi exposés à la violence et au recrutement par les groupes armés.

En outre, la violence et l’insécurité affaiblissent la capacité des acteurs humanitaires à atteindre les nécessiteux, alors qu’environ 1,6 million de femmes et d’enfants vivent dans des communautés assiégées.  Mais en dépit de la violence et de l’accès limité, l’ONU et ses partenaires ont apporté une aide à plus de 1,2 million de personnes, fournissant de l’eau et des kits d’assainissement et d’hygiène à 500 000 personnes.  L’ONU a également fourni des services de santé à près de 600 000 personnes, une aide qui reste cependant largement insuffisante, dans la mesure où elle ne parvient pas aux populations se trouvant dans les zones contrôlées par des gangs armés.

Mme Russell a insisté sur l’importance du soutien du Conseil de sécurité, dont les membres doivent exercer leur influence auprès des acteurs étatiques et des groupes armés concernés afin de protéger les droits humains et faire cesser les attaques contre les infrastructures civiles.  Il faut aussi selon elle augmenter considérablement le financement de l’aide humanitaire, le Plan d’intervention pour Haïti n’étant financé qu’à hauteur de 42% pour 2024.  Il faut également investir dans les secteurs sociaux de base et l’aide au développement pour soutenir la reprise et le renforcement de la résilience, a encore relevé la Directrice générale.

Mme ROSY AUGUSTE DUCÉNA, responsable de programmes au Réseau National de Défense des Droits Humains, a d’emblée lié le drame social, politique et économique qui se joue en Haïti à l’impunité dont jouissent les criminels financiers et de droit commun.  Elle a dénoncé la corruption qui gangrène le pays, une administration publique victime d’une vaste opération de pillage des ressources de l’État, la vente illégale sur le territoire national d’armes, de munitions ainsi que de produits psychotropes. L’argent sale généré par ces activités illégales est facilement absorbé par un système financier très peu contrôlé, a-t-elle expliqué.  C’est en raison de cette impunité que des armes illégales circulent dans le pays, alimentant l’insécurité érigée en système, et que les agressions sexuelles continuent d’être perpétrées dans un pays où femmes et filles sont constamment en danger, à la merci de viols collectifs, a déploré Mme Ducéna. L’âge « ne nous protège pas »: des fillettes âgées de 3 ans ainsi que des femmes du troisième âge sont violées impunément, s’est-elle indignée.  « Notre lieu de résidence ne nous protège pas: nous sommes pourchassées dans les camps de fortune ou jusque chez nous, pour y être violées collectivement », s’est-elle indignée.  Et les survivantes, totalement détruites physiquement et psychologiquement, ne bénéficient d’aucune assistance de la part des autorités de l’État, s’est-elle lamentée. 

L’activiste a de même dénoncé l’appareil judiciaire haïtien, qu’elle a décrit comme aussi dysfonctionnel que corrompu.  Si le régime des sanctions instauré par le Conseil de sécurité constitue un outil de lutte contre l’impunité pour les crimes financiers et les violations des droits humains, elle a cependant suggéré de sanctionner, outre les chefs et membres de gangs armés, leurs soutiens de toujours. Aujourd’hui, la communauté internationale ne doit pas commettre à nouveau l’erreur de croire que l’organisation d’élections, dans n’importe quelles conditions, aidera à sortir le pays du marasme, a-t-elle mis en garde.  De même, Mme Ducéna s’est dite convaincue que la situation sécuritaire ne se résoudra pas avec des forces multinationales ou même onusiennes, qui ne tiennent pas compte de l’ampleur de la catastrophe: les bandits sont des assassins lourdement armés et très bien organisés. 

C’est pourquoi elle a proposé de rester à l’écoute de la population haïtienne, d’appliquer les sanctions dans toute leur rigueur, notamment l’embargo sur les armes et le gel des avoirs des individus sanctionnés, et d’exiger des États Membres le respect scrupuleux et intégral de ces sanctions, et de la force multinationale, qu’elle travaille aux côtés des forces de l’ordre haïtiennes pour démanteler les gangs.  Pour finir, l’intervenante a demandé un assainissement de la justice et un contrôle renforcé de l’institution policière, en vue d’éviter que quelques années après le départ de la mission actuellement déployée, « vous, au Conseil de sécurité des Nations Unies, ne soyez obligés de voter pour l’envoi d’une énième force en Haïti ».

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