En cours au Siège de l'ONU

Liban: à la réunion d’urgence du Conseil de sécurité, la France et les États-Unis évoquent une proposition de cessez-le-feu de 21 jours

9733e séance – soir
CS/15834

Liban: à la réunion d’urgence du Conseil de sécurité, la France et les États-Unis évoquent une proposition de cessez-le-feu de 21 jours

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Cinq jours après une première séance consacrée au Liban, le Conseil de sécurité s’est réuni en urgence ce soir à l’initiative de la France, pour examiner à nouveau une situation décrite comme approchant un « point de non-retour ».  « C’est l’enfer sur Terre au Liban », s’est emporté le Secrétaire général, qui n’a pu que constater que les précédents appels à la désescalade entre Israël et le Hezbollah étaient restés lettre morte, avant de dresser un bilan alarmant de la situation sur le terrain. 

Le Secrétaire général a cité les chiffres du Ministère libanais de la santé publique: 569 personnes tuées lundi et mardi, dont 50 enfants et 94 femmes; plus de 1 800 personnes blessées. En un an, ce sont 1 247 personnes qui ont perdu la vie au Liban, a-t-il ajouté, déplorant la mort hier de deux collègues du Haut-Commissariat pour les réfugiés. Poursuivant sa description, M. Guterres a noté que les routes sont bloquées alors 90 000 Libanais ont fui le sud et l’est du pays, notamment en direction de Beyrouth, dont l’aéroport n’est pas épargné par le chaos.  Il faudrait, a-t-il évalué, au moins 170 millions de dollars pour répondre au nombre croissant de personnes déplacées et aux besoins humanitaires urgents. 

M. Guterres n’a pas non plus manqué d’évoquer les milliers de roquettes, missiles et drones qui se sont abattus sur le nord d’Israël et ont fait 49 morts, des centaines de blessés et 60 000 déplacés depuis octobre 2023.  Ces attaques de part et d’autre, en violation de la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité, doivent cesser, a-t-il imploré. 

Abordant la situation de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), le Chef de l’ONU a réitéré sa gratitude pour le travail des soldats de la paix, dans des conditions dangereuses, les Casques bleus étant restés déployés le long de la « Ligne bleue » tandis que les personnels civils ont été redéployés au nord du fleuve Litani.  « Une guerre totale doit être évitée à tout prix, car ce serait assurément une catastrophe totale », a-t-il prévenu, ajoutant que le Liban ne devait pas devenir un nouveau Gaza. 

« Nous sommes au-delà de l’escalade », a affirmé la France, préoccupée par une situation qui menace d’atteindre « un point de non-retour » — une expression employée par plusieurs délégations, dont la présidence slovène.  « Déjà considérablement affaibli, le Liban ne se relèverait pas d’une telle guerre », a prédit le Ministre des affaires étrangères français.  Précisant qu’il se rendrait à Beyrouth dès la fin de la semaine prochaine, il a évoqué une « plateforme de cessez-le-feu temporaire de 21 jours », à laquelle il travaille avec ses partenaires américains et dont il a promis qu’elle serait rendue publique très rapidement.  « La guerre n’est pas inéluctable et une solution diplomatique est possible », a-t-il martelé.

Se donnant pour objectif d’éviter une guerre plus vaste qui ne serait ni dans l’intérêt du Liban, ni dans celui d’Israël, les États-Unis ont eux aussi évoqué une « proposition avec d’autres pays » afin de « restaurer le calme », sans donner plus de précisions.  Ils ont toutefois indiqué « très clairement » qu’Israël avait le droit de se défendre contre les attaques du Hezbollah, citant l’attaque menée avec un missile balistique qui a ciblé Tel-Aviv quelques heures auparavant. « Personne ici au Conseil ne souhaiterait qu’un groupe terroriste n’envoie des missiles balistiques contre son territoire », a justifié le délégué américain.

L’Union européenne s’est associée aux efforts diplomatiques déployés par la France et les États-Unis. La solution à ce conflit est connue depuis presque 20 ans, a affirmé le Haut Représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité: il s’agit de la mise en œuvre complète et symétrique de la résolution 1701 (2006), ce qui signifie le retrait du Hezbollah au nord du fleuve Litani, le déploiement des Forces armées libanaises dans le sud du pays avec le soutien de la FINUL et le respect par Israël de la souveraineté du Liban.  Convaincue que les exemples « d’escalade pour la désescalade » ont, dans une perspective historique, rarement abouti à la paix, la République de Corée a, pour sa part, condamné toute rhétorique incendiaire prônant la destruction massive, la réoccupation ou la colonisation du Liban.

Le Liban a déploré que la communauté internationale « reste les bras croisés », alors qu’il est le théâtre d’une violation flagrante de sa souveraineté et qu’il est actuellement victime d’attaques cybernétiques et maritimes, préludes éventuels à une incursion au sol.  « Je ne suis pas venu là pour me plaindre », a ajouté le représentant libanais, « mais dans l’espoir que soient trouvées des solutions sérieuses visant à arrêter cette guerre et à faire pression sur Israël ».

Israël a entièrement rejeté la faute de la situation actuelle sur le Hezbollah et son parrain, l’Iran. Rappelant que le parti chiite libanais n’avait cessé, dès le lendemain des attentats du 7 octobre, de lancer des roquettes sur le sol israélien, son représentant a plaidé la légitime défense: « aucun pays ne resterait les bras croisés lorsque ses citoyens sont attaqués ».  Défendant la précision des frappes de l’armée israélienne contre les centres de commandement et les stocks d’armes du Hezbollah, qu’il a dit être souvent cachés dans des bâtiments civils et des maisons, il a accusé l’ONU de partialité, affirmant que les fonctionnaires de l’Organisation « parviennent à peine à mentionner le Hezbollah », qui ne cesse pourtant de « prendre en otage » le peuple libanais.  Dénonçant le rôle de l’Iran et de « ses nombreux supplétifs » dans toute la région —au Liban, mais aussi en Iraq, au Yémen, en Syrie et à Gaza— il a accusé ce pays d’être une « véritable araignée au cœur d’une toile de violence ».  Le représentant israélien s’est dit favorable à la mise en œuvre pleine et entière de la résolution 1701, mais a prévenu: « il n’y aura pas de paix dans la région tant que nous ne détruirons pas cette toile d’araignée ».

En réponse, l’Iran a accusé Israël de mener au Liban une « tactique délibérée » pour terroriser une population entière et la forcer à quitter sa patrie.  « Le monde nous regarde et l’histoire jugera ce Conseil en fonction des mesures qu’il prendra ou ne prendra pas aujourd’hui », a prévenu l’Iran.  L’Algérie, de même que l’Égypte ou encore la Syrie, a lié la détérioration de la situation au Liban à l’échec du Conseil de sécurité à mettre un terme à la guerre de Gaza et à « l’impunité » d’Israël, qui reste, accuse l’Algérie, « convaincu que sa sécurité à lui dépend de l’insécurité des autres pays de la région ».  « Élargir le cercle de feu en agressant un pays arabe souverain et en plongeant sa population dans la terreur n’est pas la solution », a martelé de son côté le représentant de la Ligue des États arabes, regrettant lui aussi l’impuissance du Conseil de sécurité.

Par la voix de son Vice-Ministre des affaires étrangères, la Fédération de Russie a jugé que, pour « stopper l’ombre grandissante de la guerre au Moyen-Orient, il fallait d’abord arrêter le bain de sang à Gaza ».  Mais pour cela, il faudrait parvenir à contrer l’inaction « injustifiable » du Conseil de sécurité, a poursuivi le dignitaire russe, qui a imputé cette inaction au compte d’un seul de ses membres permanents, accusé de tout bloquer au profit de ses intérêts géopolitiques et de tenir toute la région en otage.  « Cela est d’autant plus inacceptable que le Conseil dispose des moyens d’imposer la paix », s’est-il lamenté. 

Le Guyana a pour sa part fait observer que le peuple libanais, tout comme le peuple palestinien, est devenu « le spectateur innocent des jeux d’une poignée d’idéologues acharnés, essayant coûte que coûte de réaliser leurs objectifs politiques ».

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclaration

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a décrit une « situation d’enfer sur Terre » qui se déchaîne au Liban, se disant alarmé par cette escalade.  « Le Liban est au bord du gouffre! »  Le Hezbollah et d’autres groupes armés non étatiques au Liban et les Forces de défense israéliennes ont échangé des tirs presque quotidiennement, a-t-il constaté, notant que le Hezbollah a indiqué qu’il exigerait un cessez-le-feu à Gaza pour mettre fin aux hostilités.  Les échanges de tirs constituent une violation répétée de la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité, a martelé M. Guterres.

Le Chef de l’ONU a insisté sur la nécessité de respecter la souveraineté libanaise.  Il a ajouté que l’État libanais doit avoir le contrôle total des armes sur tout le territoire libanais, indiquant soutenir tous les efforts visant à renforcer l’Armée libanaise.

Depuis octobre, près de 200 000 personnes au Liban et plus de 60 000 personnes dans le nord d’Israël ont fui leurs foyers, a-t-il documenté déplorant les nombreuses vies perdues.  Tout cela doit cesser, a-t-il décrété, souhaitant que les communautés du nord d’Israël et du sud du Liban puissent regagner leurs foyers et vivre en toute sécurité, sans crainte.

Depuis la séance d’urgence du Conseil sur le Liban, le 20 septembre, à la suite de l’explosion à distance de bipeurs et de radios portatives utilisées par le Hezbollah dans tout le Liban, les hostilités se sont considérablement intensifiées, s’est-il inquiété.  Le Secrétaire général a cité les chiffres du Ministère libanais de la santé publique: 569 personnes tuées lundi et mardi, dont 50 enfants et 94 femmes; plus de 1 800 personnes blessées.  Les autorités libanaises font état d’un total de 1 247 décès depuis octobre, a-t-il ajouté, déplorant la mort hier de deux collègues du Haut-Commissariat pour les réfugiés.

Poursuivant sa description, M. Guterres a noté que les routes sont bloquées alors que les familles recherchent désespérément la sécurité, et que beaucoup sont bloqués à l’aéroport de Beyrouth.  Citant le Ministère libanais de l’intérieur, il a indiqué que plus de 90 000 personnes ont fui le sud et l’est du Liban vers Beyrouth et vers le nord-ouest du pays, dont 30 000 personnes se sont retrouvées dans des abris.  Au moins 170 millions de dollars sont nécessaires pour répondre au nombre croissant de personnes déplacées et aux besoins humanitaires en augmentation, a évalué M. Guterres.

Le Secrétaire général a également parlé du peuple d’Israël, qui a subi des attaques répétées de la part du Hezbollah et d’autres, faisant 49 morts israéliens et des centaines de blessés.  Il a dit que les efforts diplomatiques se sont intensifiés pour parvenir à un cessez-le-feu temporaire et ouvrir la voie à la reprise d’une paix plus durable, assurant que l’ONU soutient pleinement ces efforts.  Il a indiqué, à cet égard, que plus tôt cette semaine, la Coordonnatrice spéciale pour le Liban, Mme Jeanine Hennis-Plasschaert, s’est rendue en Israël pour des consultations et pour prévenir que l’escalade militaire n’est dans l’intérêt de personne.  De même, le Chef de mission et commandant de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), le général Aroldo Lázaro Sáenz, a poursuivi son engagement étroit avec les parties, en facilitant autant que possible l’accès humanitaire et en continuant d’appeler à une désescalade immédiate.

« Malgré les conditions dangereuses, nos Casques bleus restent en position », a précisé le Secrétaire général, réitérant sa sincère gratitude au personnel de maintien de la paix –civils et militaires.

Le Chef de l’ONU a conclu en implorant le Conseil de travailler en étroite collaboration pour aider à « éteindre cet incendie ». « Arrêtez les massacres et les destructions.  Atténuez la rhétorique et les menaces et éloignez-vous du gouffre », a-t-il lancé, suppliant d’« éviter à tout prix une guerre totale qui serait une catastrophe totale ».  On ne peut permettre que le Liban devienne un autre Gaza, a-t-il conclu.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale réfléchit aux moyens de protéger les 900 millions de personnes menacées par l’élévation du niveau de la mer

Réunion de haut niveau
matin & après-midi
MER/2199

L’Assemblée générale réfléchit aux moyens de protéger les 900 millions de personnes menacées par l’élévation du niveau de la mer

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Les 900 millions de personnes menacées par l’élévation du niveau de la mer ont été au cœur de la première réunion plénière de haut niveau de l’Assemblée générale sur les menaces existentielles liées à ce phénomène, conséquence directe du réchauffement climatique.  Les intervenants, dont le Secrétaire général, ont réfléchi aux moyens juridiques et financiers de sauver ces personnes « d’une marée de malheurs » et d’empêcher que des pays ne soient « rayés de la carte ». 

Cette réunion a été décidée par l’Assemblée dans sa décision 78/544 du 16 janvier 2024.  Ses modalités ont été précisées par une résolution adoptée par l’Assemblée générale le 1er août 2024. Elle s’est composée d’une séance d’ouverture, d’une séance plénière et de quatre tables rondes thématiques multipartites.  Lors de la séance d’ouverture, les orateurs ont souligné la gravité existentielle de la montée des eaux. 

L’élévation du niveau de la mer devrait être de 20 centimètres entre 2020 et 2050, s’est ainsi alarmé le Président de la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée, M. Philémon Yang (Cameroun), qui a ajouté que cette élévation actuelle est la plus rapide de l’histoire récente.  Le Président a fait un lien direct avec les changements climatiques, estimant que cette élévation est l’échec de la lutte contre le réchauffement climatique. 

Le Secrétaire général de l’ONU n’a pas dit autre chose en estimant que « l’humanité navigue en eaux dangereuses. »  Les scientifiques nous disent que le niveau des mers monte aujourd’hui plus rapidement que jamais au cours des 3 000 dernières années, et que cette hausse s’accélère –avec un taux d’augmentation qui a plus que doublé depuis les années 1990, a-t-il poursuivi. 

M. António Guterres a déclaré que les gaz à effet de serre –issus en grande partie de la combustion des énergies fossiles– réchauffent la planète, dilatent l’eau de mer et font fondre la glace.  Les scientifiques ne peuvent pas nous dire où cela s’arrêtera, car cela dépendra des dirigeants du monde actuels, a-t-il averti.  « Leurs choix détermineront l’ampleur, le rythme et l’impact des futures élévations du niveau des mers. »  

Il a indiqué que pour les 900 millions de personnes qui habitent dans les zones côtières de basse altitude, la montée des eaux est « synonyme d’une marée de malheurs ».  « Des ondes de tempête plus intenses, une érosion des côtes et des inondations côtières, des communautés submergées, de l’eau douce contaminée, des récoltes ruinées, des infrastructures endommagées, une biodiversité détruite et des économies décimées. »  Les plus pauvres et les plus vulnérables sont les plus durement touchés, a affirmé le Secrétaire général. 

« Voilà à quoi ressemble l’injustice climatique, c’est le visage de l’iniquité », a-t-il dit, tout en ajoutant que les riches ne sont pas à l’abri.  Les économies avancées dépensent des milliards –en dommages et en adaptation.  « Si nous n’agissons pas rapidement, la situation sera bien pire. »  Après ce constat sans appel, le Secrétaire général, à l’instar du Président de l’Assemblée, a estimé que seules des mesures radicales de réduction des émissions peuvent limiter l’élévation du niveau de la mer. 

« Seules des mesures drastiques d’adaptation peuvent mettre les populations à l’abri de la montée des eaux. »  M. Guterres a surtout invité le G20, responsable d’environ 80% des émissions mondiales, à montrer la voie.  Comme les nombreux dirigeants qui ont pris la parole, il a jugé que le financement est indispensable.  « Nous avons besoin de résultats ambitieux en matière de finances à la COP29 de cette année –y compris en termes de sources de capital nouvelles et innovantes -et de contributions significatives au nouveau fonds pour les pertes et les préjudices. » 

Exhortés à présenter de nouveaux plans d’action nationaux sur le climat avant la COP30 de l’année prochaine, les pays ont appuyé l’idée que tout le monde soit protégé par un système d’alerte d’ici à 2027. 

Les enjeux juridiques ont été très présents lors de cette journée, des délégations appelant à combler les lacunes du cadre juridique international en la matière. M. Dennis Francis (Trinité-et-Tobago), Président de la soixante-dix-huitième session, a appelé au respect de la souveraineté des États et des frontières maritimes existantes.  Le statut d’État doit être préservé, a-t-il déclaré, appuyé par la grande majorité des intervenants. 

Cette question est au cœur des travaux en cours du Groupe d’étude à composition non limitée de la Commission du droit international (CDI).  Le Forum des îles du Pacifique a adopté en août 2021 une déclaration sur la préservation des zones maritimes face à l’élévation du niveau de la mer liée aux changements climatiques.  Surtout, les orateurs, à l’instar de M. Francis, se sont projetés sur 2026 qui devrait voir l’adoption par l’Assemblée d’une déclaration sur le sujet.  « Cette déclaration devra être axée sur l’action », a demandé M. Francis. 

De son côté, le Premier Ministre des Tuvalu a souhaité qu’une telle déclaration garantisse la continuité du statut d’État et l’intangibilité des zones maritimes, quels que soient les changements physiques découlant de l’élévation du niveau de la mer.  Cette déclaration devra par ailleurs contribuer à forger les cadres internationaux protégeant les populations des zones côtières et les déplacés et à renforcer la collecte de données scientifiques, a-t-il ajouté. 

Toujours sur le plan juridique, le Président de Maurice a espéré que l’avis consultatif que la Cour internationale de Justice (CIJ) doit bientôt rendre sur les obligations des États en matière de changements climatiques viendra renforcer celles-ci.  Le Président de la Lettonie s’est lui, félicité, d’un récent avis consultatif du Tribunal international du droit de la mer, selon lequel les émissions de gaz à effet de serre issues des activités humaines sont responsables de la pollution marine, les États devant en conséquence agir pour préserver ce milieu. 

Les enjeux financiers ont également dominé les déclarations lors de la séance plénière.  Le Président des Seychelles a ainsi estimé à 670 millions de dollars la somme nécessaire à son pays pour remédier aux conséquences de l’élévation du niveau de la mer et à 1,25 milliard le montant annuel pour s’adapter aux conséquences des changements climatiques.  « Cette somme excède nos capacités budgétaires. »

Les Présidents de Cabo Verde et des Maldives ont à leur tour demandé un financement accru des mesures d’adaptation.  Quant au Ministre des affaires étrangères de Saint-Kitts-et-Nevis, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), il a demandé une pleine opérationnalisation du fonds pour les pertes et les préjudices et un mécanisme financier permettant de remédier aux conséquences des changements climatiques au-delà de l’adaptation.  « La mesure essentielle demeure le financement climatique des mesures d’adaptation et d’atténuation. » 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

À l’Assemblée générale, des appels à un multilatéralisme plus efficace pour remettre l’humain au centre d’un monde plus juste

Soixante-dix-neuvième session
9e et 10e séances, matin & après-midi
AG/12634

À l’Assemblée générale, des appels à un multilatéralisme plus efficace pour remettre l’humain au centre d’un monde plus juste

Revoir l’architecture de la gouvernance mondiale, réformer le multilatéralisme et revenir aux objectifs d’origine des Nations Unies: les chefs d’État et de gouvernement n’ont pas manqué d’ambition aujourd’hui à la tribune de l’Assemblée générale, au deuxième jour du débat général.  Il est indispensable de redonner la priorité au dialogue diplomatique plutôt qu’à la confrontation, a précisé le Président de la Mongolie, tandis que son homologue des Seychelles a dénoncé une atmosphère d’« instabilité effrayante, exacerbée par l’inquiétude d’une extension des guerres ». 

Pour la première fois depuis deux décennies, le nombre de conflits est en hausse, de même que le nombre de victimes, de blessés et de personnes déplacées, a relevé le Premier Ministre de l’Espagne, pour qui « travailler pour la paix est aujourd’hui beaucoup plus qu’une exigence morale, c’est un besoin existentiel».  Selon certaines études, l’impact économique de la violence correspondrait à 13% du PIB mondial, soit l’équivalent de toute la richesse créée en un an par 180 pays, a-t-il signalé. 

Le fait que les Nations Unies ne soient pas capables de prévenir toutes les guerres et tous les conflits ne tient pas à un prétendu dysfonctionnement mais bien à une absence de volonté politique commune au Conseil de sécurité, a fait observer le Président slovaque.  La nécessaire réforme du Conseil, dont la structure reflète un monde qui n’existe plus, a en effet été évoquée à maintes reprises, notamment pour critiquer sa paralysie par l’usage du droit de veto.  Dans la même veine, le Président du Sénégal a constaté une remise en cause inquiétante du multilatéralisme au moment où le monde en a le plus besoin. 

Les conflits en cours dans le monde ont également été évoqués, à commencer par l’Ukraine et le Moyen-Orient.  Le Président ukrainien a mis en garde contre la menace nucléaire pesant sur son pays et sur l’ensemble du monde en raison de l’agression de la Russie. En effet, a-t-il dit, un rapport alarmant des services de renseignement indique que « Putin semble être en train de planifier des attaques contre les centrales nucléaires ukrainiennes » pour les déconnecter du réseau électrique.  Aussi a-t-il appelé les États Membres à mettre la pression sur l’agresseur, rappelant que les radiations ne respectent pas les frontières des États. 

De nombreuses délégations se sont également alarmées d’une escalade régionale du conflit palestinien au Liban.  « Il ne peut pas et il ne doit pas y avoir de guerre au Liban », a martelé le Président français, exigeant le respect par chacun de ses obligations le long de la Ligne bleue.  Estimant en outre que le déploiement d’une mission internationale doit ouvrir la voie à la mise en œuvre de la solution des deux États, le Chef d’État français a souligné qu’il revient au Conseil de sécurité de se prononcer à cet égard.

De son côté, le Président du Sénégal a dénoncé l’inaction du Conseil de sécurité face aux meurtres et aux pillages des terroristes dans la région du Sahel, s’inscrivant en faux contre les tentatives d’ingérence: « Nous ne pouvons accepter que le Sahel devienne le théâtre de rivalités étrangères » a-t-il affirmé.

À l’instar du Honduras, plusieurs pays d’Amérique latine ont attiré l’attention sur la situation en Haïti, appelant la communauté internationale à soutenir ce pays financièrement et techniquement.  Pour la République dominicaine, il est inacceptable que les pays impliqués dans la résolution de la crise haïtienne ne tiennent pas leurs promesses, et que la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) en Haïti ne dispose ni des ressources financières, ni des ressources humaines nécessaires pour parvenir à la pacification et à la tenue d’élections libres, justes et transparentes.

Toutefois, les conflits ne sont pas des incidents isolés mais les symptômes de problèmes systémiques plus profonds comme la hausse des inégalités, la dégradation de l’environnement et la rupture de la confiance mondiale, a observé le Président du Suriname.  La paix n’est pas seulement l’absence de guerre mais aussi la possibilité pour chaque personne de vivre dans la dignité et sans avoir faim, a martelé son homologue du Sénégal, défendant un système plus juste et équilibré, qui protège la planète sans sacrifier les besoins des pays les plus vulnérables en matière de développement. 

En ce sens, les changements climatiques menaçant la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ont suscité beaucoup d’inquiétude.  Si cela continue, l’humanité n’aura plus le choix entre le développement et la stagnation, mais entre l’existence et la non-existence, a prévenu le Chef d’État de la Mongolie, qui a l’intention d’organiser la prochaine conférence sur la lutte contre la désertification à Oulan-Bator en 2026. 

Les bassins forestiers de l’Amazonie, du Congo et du Mékong abritent plus de 80% des forêts tropicales au monde et jouent un rôle crucial dans la lutte contre les changements climatiques, tout en fournissant des services écosystémiques vitaux, a fait observer le Président de la République démocratique du Congo.  Il est donc impératif que l’amélioration des conditions socioéconomiques des communautés locales soit placée au centre des priorités de la gouvernance mondiale.  Par ailleurs, l’Afrique est l’une des régions les plus vulnérables aux changements climatiques alors qu’elle y contribue le moins, a déploré le Chef d’État du Togo, rappelant que cela menace la sécurité alimentaire sur le continent et pourrait entraîner des vagues migratoires. Ce défi ne peut plus être le fardeau des seuls Africains, a-t-il souligné.

Les petits États insulaires en développement (PEID) ont également fait entendre leur voix à ce sujet.  Les Seychelles ont ainsi qualifié d’inacceptable « le choix conscient et délibéré » de certains de préserver le statu quo, pour protéger leurs gains à court terme, et d’injuste le fait que les PEID aient à en subir les conséquences.  L’adoption récente de l’ndice de vulnérabilité multidimensionnelle concernant les PEID, qui permettra de mieux évaluer les besoins et les défis de ces pays en matière de développement, a été saluée comme un pas dans la bonne direction. Le Botswana, entre autres, a placé son espoir dans la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral, qui se tiendra à Gaborone en décembre. 

Les regards se sont aussi tournés vers la COP29, qui aura lieu en novembre en Azerbaïdjan.  Le Président du Suriname, l’un des trois pays au bilan carbone négatif au monde, a espéré qu’elle ne se limitera pas à de vaines promesses mais adoptera au contraire des mesures décisives pour sauver la planète de l’extinction.  Son homologue de Cabo Verde attend qu’elle débouche sur des engagements audacieux, notamment de la part des pays à fortes émissions, et sur une mise en œuvre rapide de mécanismes de financement équitables et efficaces. 

L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, jeudi 26 septembre, à partir de 9 heures.

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL

Déclarations

M. KHURELSUKH UKHNAA, Président de la Mongolie, s’est dit conscient que les efforts déployés et les progrès réalisés sont insuffisants, par exemple pour ce qui concerne la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  La Mongolie a pris une part active au processus de négociation du Pacte pour l’avenir adopté le 22 septembre.  Le Président a évoqué la multiplication des tensions et des conflits armés, de même que des idéologies extrêmes, et a considéré que le renforcement de la coopération multilatérale est essentiel pour garantir la paix et la sécurité internationales.  Selon lui, « le dialogue, la confiance et la compréhension mutuelle sont le socle de la cohabitation durable et pacifique ».

Évoquant les principes de la Charte des Nations Unies, en particulier le non-recours à la force en cas de désaccord et de conflit, le Président a demandé aux pays et aux nations du monde de donner la priorité au dialogue diplomatique plutôt qu’à la confrontation, de promouvoir l’unité plutôt que l’hostilité et de tendre vers des objectifs collectifs.  Les efforts pour le désarmement et la non-prolifération nucléaires ne doivent pas être négligés non plus, a-t-il ajouté, précisant que la Mongolie a fourni d’importantes contributions pour l’élimination de la menace nucléaire.  Le pays est d’ailleurs exempt de ce type d’armes.  Il a proposé de convoquer une réunion spéciale sur ce point dans le cadre des Nations Unies.

Quant à l’évolution rapide des technologies de l’information et des communications (TIC) ces dernières années, elle a eu une influence considérable sur la vie des populations au quotidien, ce qui pourrait refaçonner l’évolution de la civilisation, a relevé le Chef d’État, précisant que son pays participe à toutes les discussions sur ces questions aux Nations Unies. 

Le Président s’est inquiété du réchauffement de la planète et des changements climatiques: si la situation continue, l’humanité n’aura plus le choix entre le développement et la stagnation, mais entre l’existence et la non-existence.  Il a fait savoir que la Mongolie a l’intention d’organiser la prochaine conférence sur la lutte contre la désertification à Oulan-Bator en 2026. Elle a aussi coprésidé avec l’Autriche le Comité préparatoire à la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral (PDSL) pour 2023-2024 et le programme d’action qui en est issu devrait être adopté au Botswana en décembre.  Le Président a invité tous les PDSL, les pays de transit et l’ensemble des États Membres et partenaires de développement à s’engager au plus haut niveau dans cette conférence.

M. Ukhnaa a voulu s’exprimer également sur l’égalité entre les genres, rappelant que les femmes ont toujours joué un rôle central dans la gouvernance et les affaires sociales en Mongolie.  Grâce à sa première Constitution, la Mongolie est devenue le premier pays en Asie à garantir des droits égaux pour les femmes, notamment le droit de vote et le droit d’être élue.  Au mois d’août 2024, elle a accueilli le Forum mondial des femmes en collaboration avec les Nations Unies, qui a proposé de nombreuses initiatives créatives pour élargir le rôle des femmes et leurs contributions à la réalisation des ODD, et s’est conclu par l’adoption de la Déclaration d’Oulan-Bator.

M. WAVEL RAMKALAWAN, Président des Seychelles, a appelé les membres de l’Assemblée à être honnêtes quant à leur évaluation de leur action pour les intérêts des peuples qu’ils représentent.  Les flammes attisées par la compétition et la méfiance menacent d’engloutir des victimes innocentes, a-t-il averti, dénonçant une atmosphère d’« instabilité effrayante, exacerbée par l'inquiétude d’une extension des guerres ».  S’inquiétant d’un recul de valeurs communes qui « transcendent les frontières et les cultures, qui sont comprises dans toutes les langues et présentes dans toutes les idéologies », il a appelé à revenir aux principes fondamentaux du dialogue et de la coopération.

Le Président a constaté que, dans un monde aussi interconnecté que le nôtre, les conflits entraînent d’importantes pressions inflationnistes, que les États plus petits, comme les Seychelles, ont du mal à affronter.  Affirmant que ces États « ne veulent pas être pris entre deux feux », il a rappelé les puissances mondiales à leurs devoirs et à s’assurer que les intérêts géopolitiques ne viennent pas écraser les droits humains et le droit international. Appelant à une réforme du Conseil de sécurité, il a plaidé pour que soit accordé un siège de membre permanant à l’Afrique, et salué la proposition des États-Unis d’accorder un siège tournant pour les petits États insulaires en développement (PEID). 

« Les changements climatiques restent le principal défi auquel l’humanité est confrontée, et l’incapacité à faire face à ses effets dévastera les générations actuelles et futures », a-t-il constaté en soulignant qu’en tant que petit État insulaire, son pays se situe sur la ligne front de la crise climatique, qui menace sa population, son économie et son mode de vie.  Il a qualifié d’inacceptable « le choix conscient et délibéré » de certains de préserver le statu quo, pour protéger leurs gains à court terme, et d’injuste le fait que les PEID aient à en subir les conséquences, alors qu’ils n’ont pas les moyens de les affronter.  Reprenant les mots du Secrétaire général en ouverture de cette session, il a martelé que « ceux qui portent le blâme doivent payer la facture ».  Complétant sa réflexion, il a comparé les dépenses militaires mondiales qui atteignaient 2 500 milliards de dollars en 2023, en augmentation pour la dixième année consécutive, aux 100 milliards de dollars requis pour le fonds pour les pertes et dommages.

Le Président a également relevé que le ratio moyen de la dette sur le PIB dépasse 70% dans les PEID, voyant cette dette comme une entrave au développement qui détourne des ressources majeures d’investissements cruciaux dans les infrastructures, l’éducation et la santé. Il a appelé à réformer le système financier international afin de remédier au fait que certains pays vulnérables, quel que soit leur niveau de revenu, sont privés de la possibilité de satisfaire leurs besoins en matière de développement.  Il a également dénoncé l’emploi des mesures coercitives unilatérales qui visent à paralyser des économies et qui rendent les gouvernements incapables de faire progresser la dignité de leur propre population. 

Il a rappelé que cette année, les Seychelles avaient été le quatrième État du monde, et le premier en Afrique, à ratifier l’Accord sur la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale (BBNJ).  Il a appelé la communauté internationale à s’engager dans la mise en œuvre du Programme d’Antigua-et-Barbuda pour les PEID. 

M. PETR PAVEL, Président de la République tchèque, a appelé à la réforme du Conseil de sécurité afin que soit entendue la voix des régions sous-représentées.  Le fait d’être membre permanent du Conseil de sécurité ne donne pas des pouvoirs particuliers, a-t-il fait valoir en appelant la Russie à mettre fin à sa guerre contre l’Ukraine.  Il a relevé que le cynisme de la politique russe a un gros impact sur la communauté internationale, évoquant l’insécurité alimentaire et énergétique qui découle de cette guerre.  C’est pourquoi la Tchéquie demande à ceux qui ne l’ont pas encore fait d’appuyer les conclusions du Sommet de la paix sur l’Ukraine qui a eu lieu en Suisse, a-t-il lancé.  Selon le Président, « notre silence enhardi l’agresseur », et même si le conflit est localisé à une région particulière, son impact se fait sentir partout ailleurs par le fait de la mondialisation.

Le Président tchèque a ensuite évoqué la cybercriminalité qui tente de saper les structures des sociétés.  Il a appelé de ses vœux un monde en ligne plus sûr, notant que cela dépend de la volonté des États.  Pour sa part la Tchéquie prend très au sérieux la question et apporte son appui à des États d’Afrique et d’Amérique latine, par exemple.  Le Président s’est soucié en particulier de la protection des droits humains, qui reste une préoccupation essentielle avec l’émergence des technologies numériques.  « La qualité de notre gouvernance sera jugée en fonction de nos actions et du monde que nous laisserons à nos descendants », a-t-il conclu.

M. VOLODYMYR ZELENSKYY, Président de l’Ukraine, a articulé son propos autour de deux jours: celui qui est arrivé et celui que ne doit pas arriver.  Le 4 mars 2022, la Russie a attaqué la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporizhzhia, la plus grande d’Europe avec six réacteurs nucléaires, « sans réfléchir aux conséquences ».  « Cela a été l’un des moments les plus horribles de la guerre », a-t-il témoigné.  La centrale est toujours occupée par les forces russes, ce qui représente une menace nucléaire car il s’agit de la principale source de danger radiologique en Europe, peut-être dans le monde.  C’est pourquoi, a-t-il précisé, dans ma formule pour la paix, le premier point concerne la sécurité nucléaire.

M. Zelenskyy a ensuite parlé du jour qui ne doit jamais arriver.  Selon lui, puisque la Russie ne parvient pas à vaincre la résistance des Ukrainiens sur le champ de bataille, Putin cherche d’autres moyens de les briser.  L’une des méthodes est de s’attaquer aux infrastructures énergétiques.  À ce jour, a précisé le Président ukrainien, la Russie a détruit toutes les centrales thermiques du pays et une grande partie de sa capacité hydroélectrique. C’est comme ça que Putin prépare l’hiver: il veut laisser des familles ordinaires dans le noir et le froid, pour faire souffrir l’Ukraine et l’obliger à se rendre.  À l’appui de son propos, M. Zelenskyy a indiqué avoir reçu récemment un rapport alarmant des services de renseignement: Putin semble être en train de planifier des attaques contre les centrales nucléaires ukrainiennes, pour les déconnecter du réseau électrique.  Tout missile et frappe de drone, tout incident critique dans le système d’énergie peut conduire à une catastrophe nucléaire, a averti le Président. « Un jour comme celui-ci ne doit jamais arriver » et Moscou doit le comprendre.  « Cela dépend de votre détermination à mettre la pression sur l’agresseur », a-t-il lancé aux États Membres, rappelant que les radiations ne respectent pas les frontières des États.

Le Président de l’Ukraine a remercié tous les pays qui soutiennent le sien, qui voient comment la Russie veut encore plus de territoire, qu’elle grignote jour après jour, et qu’elle veut détruire son voisin.  Pour ce faire, la Russie s’est trouvé des « potes très spéciaux: la Corée du Nord et l’Iran ».  Il a remercié les près de 100 nations et organisations internationales qui ont soutenu sa formule pour la paix, et s’est dit heureux que chacun ait pu participer sur un pied d’égalité au premier sommet pour la paix.  Malheureusement, les questions de paix et de sécurité dépendent du Conseil de sécurité, et lorsque l’agresseur exerce un droit de veto, les Nations Unies sont incapables de mettre fin à la guerre, a-t-il déploré.

Le monde a déjà connu des guerres coloniales et des conspirations de grandes puissances au détriment de ceux qui sont plus petits, a-t-il conclu.  Et les Ukrainiens n’accepteront jamais qu’un tel passé colonial brutal, qui ne convient à personne aujourd’hui, leur soit imposé. 

M. NANA ADDO DANKWA AKUFO-ADDO, Président du Ghana, a affirmé que l’Afrique savait ce qu’il en coûtait d’être laissé pour compte.  Nous avons été considérés comme de simples bénéficiaires passifs de l’aide, plutôt que comme des partenaires égaux dans le progrès mondial, a-t-il regretté, ajoutant que l’aide offerte était souvent assortie de conditions, ce qui limitait la capacité des pays africains à façonner leur avenir. « Les Africains ne demandent pas l’aumône, ils réclament des opportunités dans une nouvelle architecture mondiale afin d’avoir accès à l’éducation, la santé et l’emploi », a-t-il affirmé.

Évoquant la situation dans son pays, il a indiqué que la politique de gratuité de l’enseignement secondaire avait bénéficié à 5,7 millions de jeunes, permettant à la prochaine génération de Ghanéens de prendre toute sa place dans l’économie mondiale.  Il a également évoqué le lancement du plus grand programme d’infrastructure de santé de l’histoire du Ghana, qui prévoit la construction de 111 hôpitaux dans tout le pays, ainsi qu’un vaste programme de plantation pour l’alimentation et l’emploi.  Évoquant son objectif stratégique de transformation de l’économie nationale, il a évoqué la politique « un district, une usine » ainsi qu’un programme de numérisation, notamment concernant la prestation des services publics. Grâce aux réformes du système judiciaire, au renforcement de nos institutions démocratiques et à la promotion de la transparence, le Ghana continue d'être un modèle de bonne gouvernance en Afrique, a-t-il ajouté.

Constatant que la structure du Conseil de sécurité reflétait un monde qui n’existait plus, le Président a estimé que son incapacité à agir en temps de crise soulevait la question épineuse de son utilité.  Malgré leur influence significative sur les affaires mondiales l’Afrique, l’Amérique latine et l’Asie du Sud restent sous-représentées, a-t-il regretté, ajoutant que l’utilisation du droit de veto paralysait trop souvent le Conseil.  Il a demandé que, conformément au consensus d’Ezulwini, l’Afrique dispose d’un siège permanent, estimant incompréhensible qu’un continent de 1,4 milliard d’habitants n’ait pas de voix permanente concernant les affaires de paix et de sécurité mondiales.  Il a estimé encourageant que la demande de réforme ait été acceptée par les dirigeants de deux des cinq membres permanents: les États-Unis et la France, espérant que les autres suivront bientôt.

« La paix ne peut être imposée de l’extérieur, mais doit être construite de l’intérieur », a-t-il affirmé, estimant que l’Union africaine devait se renforcer pour pouvoir répondre rapidement aux menaces.  Il s’est inquiété de la série de coups d’État militaires ayant touché le Mali, la Guinée, le Burkina Faso et le Niger, menaçant les progrès démocratiques enregistrés au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).  Il a tenu à assurer à l’Assemblée que les élections prévues cette année dans son pays seraient libres, équitables et transparentes. « Le Ghana est depuis longtemps un phare de la démocratie en Afrique et nous avons l’intention de le rester », a-t-il affirmé.

M. RUMEN RADEV, Président de la Bulgarie, a appelé à promouvoir des solutions « multilatérales et réalisables » obtenues par le biais de négociations et basées sur la Charte des Nations Unies.  « Nous devons suivre cette voie pour la survie de l’humanité et des générations futures », a-t-il plaidé, voyant le Pacte pour l’avenir comme une avancée vers une transformation vitale.  La détérioration flagrante de l’environnement de paix et de sécurité internationales au cours des dernières années menace la réalisation du programme de développement durable, sapant l’ordre international fondé sur des règles, a-t-il constaté. Selon le Président, le rétablissement et la préservation de la paix ne doivent pas être considérés comme l’objectif ultime de la communauté internationale mais ils constituent une condition préalable fondamentale à la réalisation des ODD.

Le Président a rappelé que cela fait deux ans et demi que la Fédération de Russie a déclenché une invasion à grande échelle de l’Ukraine.  Une guerre condamnée par la Bulgarie qui appelle à soutenir tous les efforts diplomatiques visant à instaurer une paix globale, juste et durable en Ukraine, conformément à la Charte des Nations Unies et au droit international.  Au sujet de la situation au Moyen-Orient, il a estimé que le seul moyen de parvenir à une paix durable dans cette région au paysage sécuritaire très fragile est la solution des deux États. Et au milieu de la déstabilisation en cours dans différentes régions, l’objectif collectif d’un monde sans menace nucléaire reste plus crucial que jamais, a-t-il aussi souligné. 

La Bulgarie est un fervent partisan de la voie européenne pour les pays des Balkans occidentaux, a poursuivi le Président bulgare.  Il a prôné la lutte contre la rhétorique nationaliste agressive dans toute la région et la concentration sur un programme positif de renforcement des sociétés multiethniques et des droits des communautés constituantes.  Cela permettra d’éviter l’évocation des réminiscences du passé troublé de la région, a-t-il argué.  La Bulgarie défend une approche du développement durable fondée sur les droits de l’homme et espère que toutes les parties prenantes seront incluses lors du prochain Sommet social mondial, a—t-il dit. 

Le Président Radev a également constaté que les changements climatiques représentent un multiplicateur de menaces pour la mise en œuvre de tous les ODD.  Un autre défi, qui apporte également de nombreuses opportunités, a-t-il observé, est la nécessité d’une gouvernance numérique efficace, basée sur une approche multipartite et inclusive, visant une transformation numérique centrée sur l’humain et un avenir numérique sûr et ouvert.  Enfin, appelant à la réforme du Conseil de sécurité, le Président a demandé un siège non permanent supplémentaire pour le Groupe des États d’Europe de l’Est au sein d’un Conseil réformé.

M. CHANDRIPERSAD SANTOKHI, Président du Suriname, a observé que les conflits ne sont pas des incidents isolés mais les symptômes de problèmes systémiques plus profonds: la hausse des inégalités, la dégradation de l’environnement et la rupture de la confiance mondiale.  Il est donc temps de prendre des décisions audacieuses, de revoir l’architecture de la gouvernance mondiale et de revenir aux objectifs d’origine des Nations Unies. En ce sens, le Président a insisté sur le besoin urgent d’accélérer les réformes et la coordination au sein de l’architecture financière internationale, en particulier pour ce qui concerne les institutions financières.  M. Santokhi a demandé d’y intégrer l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle, qui offre un cadre global et inclusif qui va au-delà des critères de mesure traditionnels pour tenir compte de la véritable complexité des vulnérabilités des petits États insulaires en développement et des États côtiers de faible élévation.

Se fiant aux statistiques 2024, M. Santokhi a relevé que les progrès dans le domaine de l’action climatique sont insuffisants.  Il a espéré que la prochaine COP29 en Azerbaïdjan ne se limitera pas à de vaines promesses mais adoptera au contraire des mesures décisives pour sauver la planète de l’extinction.  Pour sa part, le Suriname vise à rester un pays au bilan carbone négatif, et à préserver sa riche biodiversité et son couvert forestier.  En faisant ce choix, le pays limite la déforestation et sacrifie une partie de son développement économique, mais sans recevoir de compensation, alors que tout le monde profite de cette décision.  Les pays neutres ou négatifs en carbone doivent être soutenus, a-t-il préconisé. 

Il a rappelé que le Suriname est l’un des trois pays au bilan carbone négatif au monde et l’un des sept pays les plus vulnérables aux effets de l’élévation du niveau de la mer.  Or il a constaté que non seulement les promesses internationales de financement climatique ne se sont pas concrétisées, mais que les fonds disponibles sont orientés en grande partie vers des études onéreuses et des services de conseil alors que la situation sur le terrain se dégrade. Même l’assistance sollicitée arrive souvent trop tard, a-t-il ajouté.

Pour veiller à ce que personne ne soit laissé de côté, nous devons mettre en pratique ce que nous préconisons, a-t-il lancé. Il a noté avec satisfaction que, sous la direction de la Communauté des Caraïbes, une feuille de route pour des élections libres et justes en Haïti a été lancée et qu’un gouvernement de transition a été mis en place.  « Nous ne pouvons pas laisser Haïti seul », a insisté M. Santokhi, avant d’appeler la communauté internationale à soutenir Haïti financièrement et techniquement, selon une approche plus efficace, coordonnée et cohérente.  Ne laisser personne de côté signifie également lever l’embargo économique de longue date contre Cuba et sa population, a ajouté le Président du Suriname. « Un pour tous et tous pour un », a-t-il conclu.

M. NIKOS CHRISTODOULIDIS, Président de Chypre, a indiqué qu’au lendemain des attaques du Hamas du 7 octobre, alors que la situation humanitaire à Gaza se détériorait, Chypre a aidé les civils innocents de Gaza souffrant de conditions de vie abominables, qu’aucun être humain ne devrait jamais endurer.  Qualifiant son pays « d’ancre de stabilité dans une mer agitée » et de « phare de l’Union européenne en Méditerranée orientale », il a rappelé qu’il avait ouvert le corridor maritime d’Amalthea à la communauté internationale.  Affirmant que les enfants palestiniens, forcés de vivre dans la privation de sécurité, de nourriture, d’abri et éducation « sont aussi nos enfants », il a appelé à la cessation immédiate des hostilités et à la libération des otages.  Se disant « profondément alarmé » par l’évolution récente de la situation au Liban, il a aussi appelé à prévenir toute nouvelle escalade régionale, et insisté sur la nécessité de faire preuve de retenue.

Le Président s’est toutefois dit convaincu que la Méditerranée orientale et le Moyen-Orient au sens large pouvaient dépasser l’image d’une région en proie à la tourmente et devenir un pôle de stabilité, de paix et de coopération. Il a affirmé qu’il était urgent de relancer le processus de paix au Moyen-Orient et de parvenir à un règlement politique, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. « Il n’y a pas de conflits gelés », a-t-il ajouté, « le vide créé par l’absence d’une paix devient un terrain propice aux crises et aux conflits. »  L’invasion russe de l’Ukraine est venue rappeler une fois de plus ce qui est en jeu si nous ne défendons pas les principes inscrits dans la Charte des Nations Unies, a-t-il rappelé, ajoutant que Chypre, elle-même victime d’une invasion et d’une occupation continue, a toujours soutenu l’unité, l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Ukraine.

Il a rappelé que le 20 juillet dernier, marquait les 50 ans de l’invasion turque de Chypre, suivie d’un demi-siècle d’occupation par la Türkiye d’environ 37% du territoire de Chypre, qu’il a qualifiée de « violation continue de la Charte des Nations Unies et du droit international ». Paraphrasant Jean Monnet, un des pères fondateurs de l’Union européenne, il a affirmé: « L’heure n’est pas à l’optimisme aveugle ni au pessimisme paralysant.  L’heure est à la détermination ».  Il s’est dit déterminé à offrir à tous les Chypriotes tous les droits et toutes les libertés fondamentales dont jouissent les autres Européens, et à reprendre les négociations dès maintenant pour parvenir à la paix dans le respect des résolutions pertinentes des Nations Unies. L’agresseur, celui qui viole le droit international, ne peut pas se faire le défenseur de la légalité, a-t-il asséné.  Hier, à cette tribune, nous avons entendu M. Erdoğan appeler au non-respect de la Charte des Nations Unies, à la violation des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et du droit international, notamment de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, a-t-il accusé.  « Aucun pays croyant à la supériorité morale de sa position refuse de s’asseoir à la table des négociations », a-t-il martelé, se disant persuadé qu’il était possible d’adopter un nouveau cap, vers la paix et a coopération.  Il a également affirmé que s’il était impossible de changer la géographie, il était possible de changer de récit. 

M. PETER PELLEGRINI, Président de la Slovaquie, a rappelé que, malgré leurs échecs et leurs faiblesses, les Nations Unies restent le seul véritable forum mondial.  Elles sont l’épine dorsale de l’ordre mondial fondé sur des règles et sur le droit international, et d’un écosystème essentiel pour la plupart des pays du monde, dont la Slovaquie.  Les Nations Unies, a poursuivi le Président, reposent sur notre volonté commune de faire des compromis, dans le respect de notre diversité, des valeurs universelles, des règles et des obligations.  La confiance dans le système actuel des relations internationales est ce qui nous éloigne du chaos et de l’arbitraire, de la guerre et de la violence, a souligné M. Pellegrini.

Il a déploré que certains pays se contenteraient de l’absence de règles, convaincus que la force est au-dessus du droit. Dans le voisinage immédiat de la Slovaquie, une guerre déchire l’Ukraine depuis près de 1 000 jours, en raison de l’agression de la Russie, qui a violé des principes fondamentaux du droit international comme le respect de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale.  Le Président slovaque a voulu rappeler à cet égard que l’Ukraine défend légitimement son territoire et son peuple, conformément au droit international.

Le fait que les Nations Unies ne soient pas capables de prévenir toutes les guerres et tous les conflits ne tient pas à un prétendu dysfonctionnement mais bien à une absence de volonté politique commune au Conseil de sécurité, a fait observer le Président.  Le rôle des Nations Unies reste central mais les partenariats avec des organisations régionales s’imposent.  Il est inutile de chercher à diviser le monde entre « Sud global » et « Nord global » ou entre Est et Ouest. Non, la division est entre ceux qui respectent les règles communes et ceux qui ne les respectent pas, en se jouant des mots.  Un mensonge est un mensonge et certainement pas une réalité alternative.  Une agression ne peut être considéré comme de la légitime défense et une guerre reste une guerre, quel que soit l’euphémisme utilisé.  Les mots peuvent renforcer ou perturber l’unité et la confiance.  Ils peuvent à la fois prôner la tolérance et prêcher la haine.

Aujourd’hui par exemple, ceux qui réfutent la thèse des changements climatiques, malgré les preuves scientifiques, refusent d’agir résolument contre les émissions de gaz à effets de serre, d’atténuer les conséquences des ouragans et des inondations, et d’éteindre les incendies, au propre et au figuré.  Les Nations Unies, a par ailleurs préconisé le Président, doivent accorder davantage d’attention aux secteurs technologique et numérique.  Il ne s’agit pas d’établir de nouvelles règles, mais de veiller à ce que les progrès technologiques deviennent un des moteurs du progrès social, un moyen d’aplanir les différences et de favoriser l’égalité entre les genres.

La migration est un autre sujet de préoccupation dans de nombreux pays et pour la communauté internationale dans son ensemble. Ce phénomène divise plus qu’il ne rassemble, et fait même gagner ou perdre des élections.  Il n’existe pas de formule magique contre les migrations clandestines mais il faut des règles claires dans les pays d’origine, de transit et de destination.  Le Président a préconisé avant tout un dialogue pragmatique et réaliste afin que toutes les parties concernées puissent coopérer, non seulement sur les conséquences des migrations clandestines mais aussi sur leurs causes.

M. NANGOLO MBUMBA, Président de la Namibie, a qualifié d’« encourageante» l’adoption du Pacte pour l’avenir et de ses annexes, le 23 septembre 2024, précisant que son pays était fier d’avoir été le Cofacilitateur du Sommet de l’avenir avec l’Allemagne.  Il a affirmé que les institutions multilatérales, y compris le Conseil de sécurité, ne représentaient pas les aspirations de l’Afrique, notamment la demande légitime des pays africains d’être reconnus comme des partenaires dignes de confiance.  Expliquant que son pays était durement touché par les changements climatiques, il s’est dit particulièrement préoccupé par l’évolution de la température des océans qui affecte les stocks de poisson, les écosystèmes et le tourisme.  Il a rappelé que la Namibie et le reste de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) subissent le phénomène El Niño, qui avait un impact négatif sur sa sécurité alimentaire, exigeant de déclarer l’état d’urgence pour faire face aux effets de la sécheresse.

Le Président s’est félicité qu’à l’approche du trentième anniversaire de la Déclaration de Beijing, son pays figure parmi les neuf premiers au monde à avoir comblé au moins 80% du fossé entre les hommes et les femmes, ajoutant que l’Assemblée nationale était désormais parfaitement paritaire.  Il a dit espérer que les Nations Unies éliraient prochainement une femme à leur tête.  Expliquant que son pays investissait dans un mix énergétique durable pour permettre une industrialisation décarbonée, il a demandé instamment aux nations développées d’accroître leur soutien aux pays en développement afin de faciliter des transitions progressives.

Il a estimé urgent que l’Assemblée générale applique l’avis consultatif rendu par la Cour internationale de Justice concernant le conflit en cours à Gaza.  « En tant que pays qui a subi un génocide, la Namibie estime qu’Israël, par ses intentions et ses actions, commet un génocide », a-t-il affirmé, avant d’appeler à un cessez-le-feu et à l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire à Gaza.  Il a aussi appelé à la fin du blocus des États-Unis visant Cuba et à sa radiation de la liste des États parrainant le terrorisme, la levée immédiate des « sanctions illégales » contre le Zimbabwe et la prise en considération du droit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental.

M. MOHAMED YOUNIS A MENFI, Président du Conseil présidentiel de la Libye, a dénoncé le fait que depuis plus d’une décennie, la Libye connaît des phases de transition successives, entachées de nombreux conflits et guerres injustifiées entre frères, alimentées par des interventions extérieures visant à affaiblir l’État pour le contrôle de ses ressources naturelles.  Il a évoqué la division institutionnelle résultant de l’obstruction systématique de certains partis politiques et les conflits de pouvoir qui en découlent.  Il a estimé que la réconciliation nationale est le seul moyen d’unifier les institutions et de garantir une stabilité menant aux élections et au renouvellement de la classe dirigeante. Il a rappelé que c’est le peuple libyen qui est maître de son destin et du choix de ses dirigeants.  Et la tenue d’élections globales est la meilleure solution pour mettre fin au blocage politique.  Il a affirmé que le projet de réconciliation nationale, parrainé par le Conseil présidentiel, est en cours de mise en œuvre, certes à un rythme lent en raison des récents développements observés dans le pays et à cause des tentatives de certains partis politiques pour y faire obstacle par tous les moyens.

En outre, le Président du Conseil présidentiel a dénoncé les crimes de génocide et de nettoyage ethnique commis par l’occupation israélienne contre les peuples palestinien et libanais.  Il a rappelé que la Libye s’est jointe à l’Afrique du Sud dans l’affaire portée devant la Cour internationale de Justice concernant l’entité israélienne et ses violations flagrantes des résolutions onusiennes et des conventions internationales.  Il a réaffirmé le droit du peuple palestinien à l’autodétermination et à la création de leur État indépendant.

M. Menfi a ensuite rappelé la nécessité d’efforts concertés pour lutter contre l’immigration clandestine et le terrorisme. La Libye, en tant que pays de transit, porte un lourd fardeau dans ce domaine, a-t-il rappelé.  En ce qui concerne le terrorisme, la Libye en a beaucoup souffert et a réussi à éliminer Daech grâce aux sacrifices de son peuple et au soutien de la communauté internationale.  Il a indiqué que les Libyens n’oublient pas ceux qui les ont soutenus en temps de détresse, et le peuple restera fidèle à son engagement de construire un avenir radieux. 

M. LUIS RODOLFO ABINADER CORONA, Président de la République dominicaine, a d’emblée salué le succès du Sommet de l’avenir, qui a souligné la nécessité d’augmenter les financements internationaux pour réaliser les objectifs de développement durable (ODD), et montré la volonté de travailler à un monde de paix, de bien-être social, de respect des droits humains et des valeurs démocratiques.  Le Président a longuement expliqué les progrès enregistrés par son pays dans la réalisation des ODD, s’agissant en particulier de la réduction de la pauvreté, de la sécurité alimentaire, de la durabilité énergétique, de la sécurité publique et de l’action climatique.

Pour la République dominicaine, un multilatéralisme efficace et rénové est une priorité, car sans action concertée et fondée sur des principes, les fondations de la communauté internationale continueront à vaciller.  Les Dominicains sont convaincus que la promotion de la démocratie est essentielle à la construction d’une paix durable.  M. Abinader Corona s’est en effet inquiété de la détérioration des systèmes démocratiques en Amérique latine et dans les Caraïbes, au profit de l’autoritarisme.  Ce qui explique vraiment ce phénomène, a estimé le Président, c’est le fait que les citoyens ne perçoivent pas concrètement les dividendes de la démocratie, à coups de réélections sans limite.  Il a cité l’exemple du Venezuela, qui combine concentration des pouvoirs, persécution de l’opposition et censure des médias.  La démocratie n’est pas seulement l’affaire des gagnants, a insisté M. Abinader Corona.

S’attardant sur la situation en Haïti, il a demandé à la communauté internationale de s’impliquer davantage car c’est une nécessité stratégique pour la sécurité de la République dominicaine voisine mais aussi de toute la région.  Il est inacceptable que les pays impliqués dans le règlement de la crise haïtienne n’aient pas tenu leurs promesses, et que la Mission multinationale d’appui à la sécurité n’ait ni les ressources financières ni les ressources humaines qu’il faut pour pacifier le pays et contribuer à l’organisation d’élections libres, justes et transparentes.

M. KLAUS IOHANNIS, Président de la Roumanie, a souligné la nécessité de promouvoir la diplomatie, au moment même où elle semble si difficile à faire prévaloir.  Il a promis que son pays apportera aussi longtemps que nécessaire son soutien à l’Ukraine, se félicitant par ailleurs de l’aide apportée à la République moldave, deuxième pays le plus affecté par cette guerre. Il a rappelé le rôle crucial que joue la Roumanie pour faciliter les exportations de céréales, dans le cadre de l’initiative de la mer Noire.  Il a aussi affirmé que l’initiative de paix du Président Volodymyr Zelensky est la seule voie viable et respectueuse de la Charte des Nations Unies.  Affirmant qu’il n’y a pas d’alternative viable aux Nations Unies et à leurs principes, il a appelé à la poursuite des réformes pour les rendre plus efficaces et plus représentatives, ajoutant qu’il convient d’élargir la composition du Conseil de sécurité au sein duquel la transparence et la redevabilité doivent être la norme et pas l’exception.

M. FÉLIX-ANTOINE TSHISEKEDI TSHILOMBO, Président de la République démocratique du Congo (RDC), a déclaré qu’en cette période critique, le multilatéralisme revêt une importance cruciale.  Il a indiqué que pour relever le défi de la révolution du numérique, des réformes globales sont nécessaires, impliquant une réévaluation de l’architecture financière internationale et un financement adéquat.  C’est pourquoi la RDC aspire à attirer des investissements pour développer la connectivité en Afrique, et appelle à la coopération des partenaires multilatéraux et des opérateurs de télécommunications, avec à la clef un transfert des connaissances.  « Cela comprend la formation de partenariats viables autour du projet hydroélectrique Grand Inga qui vise à répondre à la demande énergétique croissante de notre continent, exacerbée par la prolifération des objets connectés », a-t-il expliqué.  De plus, il est essentiel de renforcer la traçabilité des minerais stratégiques, indispensables aux équipements technologiques, afin d’assurer une exploitation responsable et durable de nos ressources.  La pleine participation et l’engagement des jeunes, tant des filles que des garçons, sont également primordiaux pour bâtir une société durable et inclusive.

M. Tshisekedi a ensuite jugé que la situation dans l’est de la RDC est particulièrement préoccupante, notamment avec la résurgence du groupe terroriste M23, soutenu par le Rwanda, qui a provoqué une crise humanitaire sans précédent, avec près de sept millions de déplacés internes.  Cette agression constitue une violation majeure de notre souveraineté nationale, a-t-il dénoncé, appelant la communauté internationale à condamner fermement ces actes et à imposer des sanctions ciblées contre le Rwanda pour son rôle déstabilisateur.

Il a également exigé le retrait immédiat et inconditionnel des troupes rwandaises du territoire de la RDC.

Bien que les récentes initiatives diplomatiques, telles que les pourparlers de Luanda, soient encourageantes, elles ne doivent aucunement occulter l’urgence de cette action essentielle, a-t-il avancé.  Il a assuré que son pays ne ferme pas la porte à toute opportunité qui l’amènera à cette paix tout en n’aliénant pas sa souveraineté, encore moins son intégrité territoriale.  En assurant une transition post-MONUSCO, nous priorisons également le rapatriement des combattants étrangers, a poursuivi le Président de la RDC. Au-delà de l’aide humanitaire immédiate, une approche à long terme centrée sur la justice, la réconciliation et le développement durable est essentielle pour permettre aux victimes de se reconstruire et de retrouver une vie digne, a-t-il indiqué.  C’est pourquoi le Gouvernement de la RDC a décidé d’institutionnaliser la journée du 2 août qui est dédiée aux victimes des crimes odieux perpétrés par des rebelles soutenus par des multinationales et des États de la région. 

Sur le plan de la mise en œuvre des ODD, le Chef d’État a souligné qu’une feuille de route a été élaborée afin d’accélérer les progrès et de répondre aux enjeux du Programme 2030.  Pour cela, le pays a besoin d’investissements annuels d’environ 32 milliards de dollars.  Il a relevé que les bassins forestiers amazonien, congolais et de Bornéo-Mékong abritent plus de 80% des forêts tropicales et jouent un rôle crucial dans la lutte contre les changements climatiques, tout en fournissant des services écosystémiques vitaux.  Il est donc impératif que l’amélioration des conditions socioéconomiques des communautés locales, qui jouent un rôle clef dans la préservation de ces forêts, soit placée au centre des priorités de la gouvernance mondiale.  Pour sa part, la RDC met en place des instruments juridiques et des dispositifs institutionnels visant à renforcer sa position sur le marché mondial du carbone, tout en restant ouverte à des partenariats en conformité avec l’Accord de Paris et ses lois internes.

Évoquant également la question de l’égalité des sexes, le Président a indiqué que le Gouvernement a mis en place une stratégie de lutte contre les violences basées sur le genre, axée sur la prévention, la protection et la réparation des victimes.  En outre, il a appelé à la création de deux sièges permanents au Conseil de sécurité des Nations Unies pour les pays africains.  En tant que principal décideur au sein de l’ONU, cet organe doit intégrer des représentants africains parmi ses membres permanents avec toutes les prérogatives reconnues, notamment le droit de veto pour garantir une juste représentation géographique, a-t-il expliqué.  « Nous, Africains, tenons cette exigence avec la plus grande détermination », a-t-il lancé.  Il a aussi annoncé la candidature de la RDC au Conseil de sécurité pour la période 2026-2027.

Mme XIOMARA CASTRO, Présidente du Honduras, a dit s’exprimer devant l’Assemblée générale alors qu’elle est menacée aujourd’hui par les mêmes forces du capital, qui, il y a 15 ans, avaient fomenté un coup d’État contre le Président Manuel Zelaya.  Cette nouvelle conspiration, a dit la Présidente, je l’ai dénoncée dans la rue et devant le peuple, les 14 et 15 septembre, lors de la Fête nationale. Ces menaces sont consécutives aux changements structurels adoptés contre un modèle économique et un régime fiscal injustes qui ont perpétué les inégalités et n’ont profité qu’aux puissants. La Présidente a critiqué les pratiques coloniales, l’ingérence et la domination économique, médiatique et politique qui continuent de s’imposer.  Elle a décrit les pouvoirs supranationaux et certaines multinationales comme le produit des élites corrompues, publiques et privées, qui n’ont qu’un objectif: faire grossir leurs comptes en banque.

La mondialisation a échoué dans sa mission d’apporter la prospérité pour tous, a tranché la Présidente.  Elle a accusé les institutions financières internationales d’aggraver la pauvreté et la dépendance des pays en développement.  Les politiques néolibérales de privatisation n’ont fait que limiter l’accès des peuples aux services de base.  L’imposition des traités de libre-échange a fragilisé la souveraineté nationale et empêché les producteurs des pays du Sud d’être compétitifs sur les marchés mondiaux, ce qui a entraîné jour après jour une augmentation du coût de la vie. Comme la paix, la justice, la liberté et la démocratie restent des valeurs fondamentales, nous rejetons, a dit la Présidente, la « captation de ces valeurs par les 10 familles les plus puissantes » du Honduras, toujours réfractaires aux changements.

En effet le projet international des Villes Modèles ZEDE, qui faisait du pays un butin pour les multinationales, a été dûment approuvé par les « apatrides du régime précédent des narcotrafiquants ». Nous l’avons annulé, s’est enorgueillie la Présidente, avec le soutien de la Cour suprême et du Congrès. 

Dans le même ordre d’idées, elle a dénoncé le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI) qu’elle a qualifié de mécanisme d’arbitrage injuste, prompt à favoriser les intérêts privés au détriment des États.

Sur le plan international, la Présidente a mis en garde contre une autre détérioration de la situation au Moyen-Orient, estimant que le Liban pourrait devenir une autre bande de Gaza.  Sur le plan régional, elle s’est élevée contre l’embargo infâme imposé au peuple cubain, exhortant le retrait de Cuba de la liste des pays qui soutiennent le terrorisme.  Elle a aussi plaidé pour la levée du blocus contre « les peuples frères » du Nicaragua et du Venezuela.

M. ÚMARO SISSOCO EMBALÓ, Président de la Guinée-Bissau, a déclaré que chaque État Membre porte le fardeau de suivre les principes et remplir les promesses de la Charte, même dans un monde où les défis sont de taille.  Alors que nous sommes témoins de conflits dévastateurs, l’intensification des tensions régionales et l’extrême pauvreté de centaines de millions d’individus, il est urgent que nous réformions le système de gouvernance économique et l’architecture financière à l’échelon international, a-t-il asséné.  Selon lui, ces réformes concrètes doivent inclure le financement de programmes de développement, la réduction des inégalités, la protection de l’environnement et l’atténuation des effets des changements climatiques.

Les Nations Unies doivent, à présent, mieux refléter les intérêts de l’Afrique, a poursuivi le Président, appelant à réformer le Conseil de sécurité et l’architecture financière internationale. Il a salué la tenue du Sommet de l’avenir et a espéré que le Pacte pour l’avenir permettra de réaliser les ODD et l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  Malgré les défis mondiaux économiques et financiers, mon pays continue à se développer grâce à de solides politiques publiques et une plus grande transparence dans la gestion étatique des ressources économiques et financières, a-t-il assuré.  Les mesures adoptées, bien qu’austères, permettront de créer une économie plus inclusive, a-t-il développé, précisant que des efforts ont été faits pour promouvoir la participation des femmes et des jeunes entrepreneurs, améliorer les infrastructures de base, et contrer la corruption et le crime organisé. 

La Guinée-Bissau souhaite approfondir la coopération avec le reste du monde et reste résolue à résoudre pacifiquement les conflits en Afrique de l’Ouest et dans le monde.  C’est pourquoi j’ai récemment effectué des visites amicales en Afrique, Ukraine, Israël et Palestine, a-t-il justifié, appelant par la même occasion à lever l’embargo sur Cuba.

Bien que mon pays ait réalisé des progrès significatifs, notamment dans le combat contre le paludisme et le transfert de technologies vers des entreprises africaines, des défis persistent, a-t-il encore regretté.  Les changements climatiques induisent une expansion de la portée géographique des moustiques, exposant plus de 170 millions d’individus à la menace du paludisme, a-t-il mis en garde, concluant sur la ferme détermination de son gouvernement de promouvoir la coopération multilatérale pour progresser vers un monde plus pacifique.

M. JOSE MARIA PEREIRA NEVES, Président de Cabo Verde, a assuré que son pays reste déterminé à atteindre les objectifs de développement durable du Programme 2030 de l’ONU et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  L’accent sur le plan national est mis sur l’accès universel à une éducation et à des soins de santé de qualité, a-t-il indiqué, se disant fier de la certification de pays exempt de paludisme attribuée cette année à Cabo Verde par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).  Pour poursuivre dans l’éradication des maladies évitables et traitables, il a souhaité que le prochain cycle de reconstitution des ressources de l’Association internationale de développement, l’IDA-21, organisée à Paris le mois prochain, donne la priorité au financement via une ligne budgétaire dédiée à cet objectif.

Abordant ensuite la question climatique, centrale pour les petits États insulaires en développement (PEID), le Chef d’État a déclaré attendre de la prochaine COP29 qu’elle débouche sur des engagements audacieux, notamment de la part des pays à fortes émissions, et sur une mise en œuvre rapide de mécanismes de financement équitables et efficaces.  L’élévation du niveau de la mer provoquée par les changements climatiques nécessite également une attention immédiate, a-t-il souligné, avant de saluer la tenue, aujourd’hui, de la réunion de haut niveau consacrée à cette « menace existentielle ».  Rappelant que Cabo Verde a signé l’an dernier l’Accord se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale (dit Accord BBNJ), « instrument essentiel pour la conservation de la vie dans nos océans », il a fait état de sa prochaine ratification et a appelé toutes les nations à faire de même.  Il a ajouté qu’en tant que parrain de l’Alliance des Nations Unies pour la Décennie internationale des sciences océaniques pour le développement durable (2021-2030), son pays s’emploie à favoriser les partenariats entre les gouvernements, le secteur privé, les scientifiques et la société civile.

Selon son Président, Cabo Verde entend jouer un rôle actif au sein de la communauté des PEID.  En atteste sa candidature pour l’accueil de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les PEID en 2034.  Plaidant pour une intensification rapide de l’assistance technique et financière aux pays du Sud, le dirigeant a averti que, même s’il consacrait l’intégralité de son budget au développement durable et à l’action climatique, son pays resterait en deçà des objectifs de financement nécessaires.  Il s’est cependant réjoui de l’approbation récente de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle concernant les petits États insulaires en développement, y voyant un moyen de mieux évaluer les besoins et défis des PEID en matière de développement.

Parmi les autres priorités de Cabo Verde figurent la protection et la gestion durable du patrimoine naturel et culturel de l’Afrique, « très vulnérable aux changements climatiques », et la promotion des langues et traditions africaines.  À cet égard, le dirigeant a annoncé que son pays organisera en 2025 une réunion de haut niveau axée sur la « créolité atlantique », qui vise à valoriser des initiatives telles que la route de l’esclave et la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine.  Notre intention, a-t-il expliqué, est de débattre de la réalité complexe de la créolité, résultat des relations tissées entre les peuples des différents continents périatlantiques au cours des navigations océaniques qui débutèrent au XVsiècle.

M. JOSEPH NYUMA BOAKAI, Président du Libéria, a rappelé que son pays figurait parmi les premiers signataires de la Charte des Nations Unies, en 1945.  Il a demandé si, 80 ans plus tard, nous avons vraiment réaffirmé notre foi dans la dignité et la valeur de la personne humaine, selon les termes du préambule de la Charte.  Lançant un appel à la reconnaissance des valeurs communes qui découlent de notre unité dans la diversité, il a réitéré l’engagement de son pays envers les objectifs de développement durable (ODD).

Poursuivant, il a évoqué deux plans déployés à l’échelle nationale qui s’alignent sur les ODD.  Il a ainsi rappelé le lancement, il y a 12 ans, du programme Liberia Rising, lequel a servi de moteur aux efforts de planification du Gouvernement. Il a ensuite explicité l’agenda ARREST pour un développement inclusif, qui veut répondre aux besoins économiques et sociaux d’une population composée à 60% de jeunes.  Pour ce faire, l’accent est placé sur l’agriculture, les infrastructures, la justice, l’éducation, l’assainissement, la santé et le tourisme, a-t-il expliqué, précisant qu’il est conçu pour accompagner la réalisation des ODD au Libéria à l’horizon 2030.

Il a détaillé les engagements de son pays en vue d’améliorer la situation des femmes et des filles.  Qualifiant d’urgent le problème de la mortalité maternelle et néonatale dans son pays, il a déclaré vouloir mettre en place une évaluation des services de santé.  Il a également salué l’Assemblée générale pour avoir proclamé, cette année, le 25 juillet comme Journée internationale des femmes et des filles d’ascendance africaine.  Il s’agit d’une reconnaissance des défis uniques auxquels font face les femmes africaines, a-t-il affirmé.  Il a enfin rappelé que c’est de son pays qu’est issue la première femme africaine présidente de l’Assemblée générale, Angie Brooks Randolph, mais aussi la première femme élue présidente d’une nation africaine, Ellen Johnson Sirleaf.

Évoquant les 14 années de guerre civile qui ont touché le Libéria, il a rappelé que son pays jouit de la paix depuis près de deux décennies.  Dans cet intervalle se sont déroulées quatre élections démocratiques.  En janvier 2024, le pays a franchi une étape historique en passant pacifiquement d’un gouvernement démocratique à un autre, s’est-il félicité.  Détaillant les progrès institutionnels accomplis par le Libéria, il a mentionné l’engagement de son gouvernement pour la transparence avec des procédures d’audits, et la mise en place d’un bureau chargé de créer des tribunaux pour les crimes commis pendant la guerre civile, en vue de promouvoir la réconciliation nationale.

Il a ensuite partagé sa préoccupation face à la situation sécuritaire en Afrique de l’Ouest.  Réaffirmant l’engagement de son pays à maintenir intacte la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), il a fustigé les efforts visant à la désintégrer.  « Nous n’accepterons pas que la région soit utilisée pour des conflits par procuration », a-t-il déclaré.  Sur le plan mondial, il a relayé l’appel au cessez-le-feu au Moyen-Orient et l’attachement de son pays à une solution à deux États entre Israël et la Palestine. Qualifiant la guerre en Ukraine de menace pour la paix et la sécurité mondiales, il a appelé de ses vœux une solution pacifique qui respecte l’intégrité territoriale du pays.  Enfin, il a rappelé la candidature de son pays au siège non permanent africain du Conseil de sécurité de l’ONU en 2026 et prié les États Membres de lui apporter leur soutien.

M. MOKGWEETSI E.K. MASISI, Président du Botswana, a, après avoir parlé de la situation à Gaza et en Ukraine, fait observer que si l’Afrique est toujours en proie aux conflits armés et au terrorisme, il faut néanmoins féliciter l’Union africaine et ses opérations pour la paix.  Toutefois, a-t-il estimé, les organisations régionales et multilatérales ne peuvent assurer la paix si les gouvernements nationaux ne travaillent pas à la bonne gouvernance, à la protection des droits humains et au respect des valeurs démocratiques.  Les objectifs de développement durable ne sont pas sur la bonne voie, a poursuivi le Président, jugeant que l’élimination de la pauvreté reste la condition sine qua non du succès.  Il faut se concentrer sur les politiques sociales, la relance économique et une croissance durable, associées à un accès adéquat aux financements.  Le Président n’a pas oublié d’insister sur la lutte contre les inégalités entre les sexes et l’autonomisation des femmes et des filles.

Il s’est ensuite attardé sur la gravité de la crise climatique et mentionné les inondations et les sècheresses dues au phénomène El Niño.  Pour remédier à ces conséquences, le Président a réclamé l’accroissement des ressources grâce à des partenaires, sur les plans national et international.  Il a rappelé l’urgence d’une action plus ambitieuse pour financer la lutte contre la crise climatique.  Les pays en développement, comme le Botswana, a-t-il dit, sont préoccupés par de tels défis alors qu’ils s’efforcent de réaliser les ODD. Nous sommes, a-t-il précisé, coupés des marchés mondiaux à cause de la faiblesse de nos infrastructures logistiques. La troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral, que le pays accueillera en décembre, doit être l’occasion d’adopter un programme ambitieux.  C’est en agissant ensemble que nous pourrons assurer l’avenir.  Le système multilatéral doit rester efficace et les processus intergouvernementaux doivent faciliter et pas étouffer, l’action multilatérale.

M. EMMANUEL MACRON, Président de la France, a déclaré parler au nom d’un pays qui « n’oubliera jamais ce dont les nations sont capables lorsqu’elles sont unies ».  Rappelant que la France a accueilli cet été les Jeux olympiques et paralympiques « dans l’enthousiasme et la concorde des peuples », il a regretté que, malgré cette liesse, la Trêve olympique soit restée lettre morte.  Chaque jour, a-t-il observé, l’humanité semble se fragmenter davantage alors que les circonstances exigeraient de trouver des réponses communes.  Pour redonner aux mots « Nations Unies » leur puissance d’espérance, il a appelé à restaurer la confiance et à conserver l’impératif de protection des civils comme boussole.  « Ne laissons pas s’installer l’idée un seul instant que les morts de l’Ukraine sont ceux du Nord, que les morts de Gaza sont ceux du Sud », a-t-il lancé, évoquant aussi les victimes des conflits au Soudan, dans la région des Grands Lacs et « en Birmanie ».

Ces conflits interrogent selon lui la capacité à faire respecter la Charte des Nations Unies.  « Quand je vois certains vouloir proposer la paix en demandant la capitulation, je m’étonne qu’on puisse même soutenir une telle idée ».  Pour le Président français, la Russie mène en Ukraine une guerre de conquête territoriale au mépris des principes les plus fondamentaux.  « Elle est coupable de graves manquements au droit, à l’éthique et à l’honneur », a-t-il asséné.  Selon lui, le sort de l’Ukraine engage la paix et la sécurité en Europe et dans le monde « car qui pourrait encore se croire protégé de ses voisins les plus forts, les plus violents et les plus avides si nous laissions la Russie l’emporter comme si de rien n’était? ».  Soucieuse d’aider l’Ukraine à bâtir une paix juste et durable, la France continuera de lui fournir des équipements indispensables à sa défense et soutiendra sa remarquable résistance, a souligné M. Macron.

Abordant ensuite le conflit au Moyen-Orient, il a reconnu qu’Israël a le droit légitime de protéger les siens et d’enlever au Hamas les moyens de l’attaquer à nouveau.  Mais sa guerre à Gaza « n’a que trop duré », a-t-il tranché, constatant que « trop d’innocents sont morts ».  Il faut donc qu’un cessez-le-feu intervienne au plus vite, que les otages retrouvent la liberté et que l’aide humanitaire arrive massivement à Gaza, a plaidé le dirigeant, pour qui « c’est une question de volonté politique ».  Estimant que le déploiement d’une mission internationale doit ouvrir la voie à la mise en œuvre de la solution des deux États, il a souligné qu’il revient au Conseil de sécurité de se prononcer à cet égard, affirmant dans la foulée que la France fera tout pour faire advenir un État palestinien et donner toutes les garanties de sécurité nécessaires à Israël.

Dans l’immédiat, le risque principal est celui de l’escalade, a ajouté M. Macron.  Jugeant que le Hezbollah prend depuis trop longtemps le risque d’entraîner le Liban dans la guerre et qu’Israël ne peut sans conséquence y étendre ses opérations, il a exigé le respect par chacun de ses obligations le long de la Ligne bleue.  « Il ne doit pas, il ne peut pas y avoir de guerre au Liban », a-t-il martelé, indiquant qu’à la demande de la France, le Conseil de sécurité se réunira aujourd’hui à cette fin.

Au-delà des conflits, le Président français a dit s’employer à établir une « nouvelle relation » avec l’Afrique.  Il a rappelé que la France a beaucoup fait pour le continent ces dernières années, notamment au Sahel où son armée a combattu avec le succès le terrorisme.  « Les coups d’État militaires dans la région nous ont conduit à en tirer les conclusions légitimes », a-t-il toutefois admis, se prononçant pour un partenariat large entre l’Europe et l’Afrique.  Dans le même esprit, il a fait état d’un rapprochement entre la France et l’Indo-Pacifique, destiné à redonner aux États de la région la possibilité de choisir leurs partenaires projet par projet. 

De l’avis de M. Macron, le multilatéralisme efficace n’a jamais été aussi nécessaire qu’aujourd’hui et doit conduire à des résultats en matière de développement, d’éducation, de santé, de climat et biodiversité.  « Sur chacun de ces piliers, nous avons besoin d’unité et d’éviter la fracture entre le Nord et le Sud », a-t-il soutenu.  Il a également appelé à réformer en profondeur la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) pour renouveler la structure de leur capital et lever les blocages au financement des projets des pays du Sud.  Sur le plan climatique, il a indiqué que la France jouera tout son rôle à la COP29 et accueillera en juin 2025, avec le Costa Rica, la Conférence des Nations Unies sur les océans, l’occasion de ratifier le traité sur la protection de la haute mer. 

Enfin, M. Macron s’est dit favorable à un élargissement de la composition du Conseil de sécurité.  Selon lui, l’Allemagne, le Japon, l’Inde et le Brésil devraient en être des membres permanents, de même que deux pays que l’Afrique désignerait pour la représenter.  De nouveaux membres élus devraient aussi être admis.  Mais cette réforme seule ne suffirait pas à rendre son efficacité au Conseil, a-t-il prévenu, plaidant pour un changement des méthodes de travail, une limitation du droit de veto en cas de crimes de masse et davantage d’attention pour les décisions opérationnelles que nécessite le maintien de la paix.  « Le moment est venu de retrouver de l’efficacité pour mieux agir sur le terrain », a-t-il conclu. 

M. DENIS BEĆIROVIĆ, Président de la Présidence de la Bosnie-Herzégovine, a rappelé que son pays est l’un des plus anciens d’Europe, mentionné pour la première fois dans des sources historiques vieilles de 1 075 ans.  La Bosnie-Herzégovine n’est pas née en 1995 à la suite des accords de Dayton qui n’ont fait qu’en confirmer la continuité.  Depuis, mon pays a accompli des progrès dans les domaines judiciaires, fiscaux et de la défense, s’est-il félicité, réitérant la volonté de son gouvernement d’intégrer l’OTAN et l’Union européenne.

Les deux dernières années ont vu émerger des défis difficiles en termes de sécurité, a-t-il déploré, mentionnant le renforcement des populismes autoritaires, l’agression contre l’Ukraine et les souffrances de Gaza.  Le monde est menacé par la pauvreté, la maladie, les catastrophes naturelles, les guerres et l’injustice, s’est-il alarmé, rappelant qu’une personne meurt de faim toutes les quatre secondes.  Partant, il a demandé comment il est possible d’accepter que l’on investisse plus dans les armements que pour éradiquer la pauvreté.

Estimant que, si l’on ne peut arrêter le cours de l’Histoire, on peut en orienter la direction.  Il a émis une série de recommandations visant à promouvoir une coopération mondiale créative.  Le rôle de l’ONU doit être préservé et le système multilatéral renforcé, a-t-il affirmé, préconisant pour cela d’accélérer la réforme de l’Organisation et lançant un appel à la coopération pour accroître sa crédibilité.  Il a également préconisé une diplomatie préventive face à la fragmentation géopolitique du monde.

Estimant inadéquate la réponse de l’ONU face à la situation à Gaza, comme elle l’avait été lors de l’agression de la Bosnie­ Herzégovine de 1992 à 1998, il a estimé que cette crise représente « une défaite totale de l’humanité collective au XXIe siècle ».  Les peuples civilisés doivent lutter pour les droits humains de tous, quelle que soit leur appartenance raciale, religieuse, ethnique ou autre, a-t-il insisté.

La Bosnie­-Herzégovine est le seul pays européen où un génocide a été commis après la Seconde Guerre mondiale, a-t-il rappelé, se référant pour cela aux plus hautes instances judiciaires de l’ONU.  Ces jugements ont une portée juridique, historique, civilisationnelle et morale, a-t-il poursuivi, saluant l’adoption par l’Assemblée générale d’une résolution instituant le 11 juillet comme Journée internationale de réflexion et de commémoration du génocide commis à Srebrenica en 1995, et lançant un appel pour que soit sauvegardée la vérité sur le génocide en Bosnie, mais aussi au Rwanda.

Partant, il a lancé un avertissement sur les ambitions de la Serbie, estimant qu’elles menacent à nouveau la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine.  Accusant la Serbie d’aspirer à un État plus vaste que les territoires des pays voisins, il a dénoncé la déclaration de l’« Assemblée de tous les Serbes » du 8 juin dernier, estimant qu’elle menace l’Accord de paix de Dayton, contrevient au droit international, aux principes des Nations Unies et de l’Union européenne et menace la sécurité régionale.

M. ALEXANDER STUBB, Président de la Finlande, a relevé que le paradoxe aujourd’hui, c’est que nombre de pays rejettent le multilatéralisme au moment où nous en avons le plus besoin.  Voulant d’abord aborder « ce qui nous rassemble, plutôt que ce qui nous divise », le Président a misé sur le Pacte pour l’avenir qui montre que l’ONU fonctionne.  Le pouvoir doit être contenu par des institutions internationales, y compris l’ONU, a-t-il souligné.  « Nous devons trouver les réponses communes aux défis mondiaux et travailler ensemble », notamment pour protéger la biodiversité, a-t-il recommandé. Pour répondre aux besoins concrets des petits États insulaires en développement (PEID), il a plaidé pour que soit résolu le problème des changements climatiques.  Relevant également que les technologies vont vers le bien ou vers le mal, M. Stubb a ensuite demandé de veiller à ce que tout le monde jouisse des droits fondamentaux.  Les minorités de genre et sexuelles doivent être protégées, a-t-il insisté en répétant qu’il faut se focaliser sur ce qui rassemble et non sur ce qui divise.

Se désolant par ailleurs que des centaines de milliers de personnes aient été tuées l’an dernier dans les conflits, sans compter les morts de la malnutrition et des maladies qui sont en hausse, il a appuyé la recherche d’une paix juste en Ukraine, une paix fondée sur le plan de paix en 10 points du Président Zelenskyy.  Il a accusé les responsables russes de ne pas avoir la volonté de mettre un terme à la guerre.  Ni la Russie, ni les autres pays n’ont de droit historique sur d’autres régions, sur d’autres peuples, a-t-il affirmé en demandant de respecter la Charte des Nations Unies et le principe de l’intégrité territoriale des États.  Il a condamné l’agression russe en Ukraine et la manipulation des informations, appelant le Président Putin à mettre un terme à la guerre, « maintenant ».

Passant à la Palestine, M. Stubb a plaidé pour un cessez-le-feu et la solution des deux États, en demandant que la guerre cesse, « tout de suite ».  La sécurité des Palestiniens et des Israéliens en dépend selon le Président. S’agissant du Soudan, il a déploré que les civils soient les victimes de la guerre, rappelant que « nous avons échoué à appliquer le principe des solutions africaines aux problèmes africains ».  Le Président a relevé en effet que le Soudan est le théâtre de rivalités internationales, avant d’appeler les Nations Unies à jouer un rôle de chef de file en matière de règlement et de prévention des conflits. 

Le troisième point du discours du Président Stubb a été centré sur le manque d’adéquation des institutions mondiales aux réalités actuelles.  Ces institutions perdent de leur légitimité, a-t-il relevé en notant que des alliances d’intérêt se forment en dehors de ces institutions, ce qui crée un « désordre transactionnel » bénéficiant à la minorité plutôt qu’à la majorité.

Le Président de la Finlande a donc proposé que tous les grands continents soient représentés au Conseil de sécurité, prônant ainsi une augmentation de cinq membres permanents (deux pour l’Asie, deux pour l’Afrique et un pour l’Amérique latine).  Aucune État n’aurait de droit de veto, a-t-il ajouté, arguant que ce droit entrave la prise de décisions.  Enfin, si un membre du Conseil de sécurité viole la Charte, ses droits de vote seraient suspendus, par l’Assemblée générale, selon sa proposition.  Il ne doit pas y avoir de place pour la politique de deux poids, deux mesures, a-t-il insisté.  « Soit nous continuons à nous diriger vers un monde multipolaire marqué par le désordre, soit nous commençons à résoudre nos problèmes communs par le multilatéralisme et les Nations Unies réformées. »

M. MOHAMED IRFAA ALI, Président du Guyana, a appelé à l’action pour réformer le Conseil de sécurité, ajuster le système financier international et protéger le climat.  « Chaque année, nous allons à la COP remplis d’espoir et nous réjouissons des nouvelles promesses, qui vont pourtant rester lettre morte », a-t-il lancé, souhaitant que les États honorent à présent leurs promesses. 

Le Président a ensuite attiré l’attention sur la gestion des forêts en Guyana, le second pays avec la plus grande couverture forestière et le taux de déforestation le plus bas au monde.  Même avec la récente découverte de pétrole et de gaz, nous avons besoin de moins de 20% de carbone capturé pour compenser nos émissions maximales, a-t-il expliqué.  Il a également mentionné l’intention du Guyana de doubler ses zones protégées d’ici à 2025 pour atteindre l’objectif mondial de 30% de biodiversité protégée d’ici à 2030.  « Nous donnons l’exemple, sans donner de leçons », s’est targué le Président.  Enchaînant sur l’insécurité alimentaire dont souffrent 28,3% de la population mondiale, il a insisté sur la nécessité d’adopter des mesures contre ses causes profondes que sont, notamment, les conflits et les changements climatiques. 

Le Chef d’État est ensuite revenu sur les conflits dans le monde.  « La dignité de millions de personnes est foulée au pied en toute impunité », s’est-il indigné.  La souveraineté de l’Ukraine est violée et la justice demande que nous défendions l’intégrité territoriale de tous les États, a—t-il insisté.  Il s’est également dit inquiet du conflit au Soudan, de la famine et des déplacements de masse, appelant à davantage d’efforts.  De même, l’Assemblée doit condamner l’oppression des femmes par les Taliban en Afghanistan.  Il a réitéré le soutien de son pays à la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) en Haïti, appelant à augmenter son financement et à sécuriser son renouvellement.  Le Président a aussi déploré les massacres indiscriminés de femmes et d’enfants à Gaza.  « La punition collective de toute une population a basculé depuis longtemps au-delà du champ de l’autodéfense », a-t-il déclaré, estimant qu’« aucun État ne devrait se sentir en sécurité lorsque de telles atrocités sont perpétrées ».  Enfin, il a demandé la levée de l’embargo sur Cuba. 

Rappelant que le Guyana doit faire face à l’agression du Venezuela depuis 58 ans, le Président a exhorté de faire respecter le droit international.  La frontière a été déterminée depuis 1899 devant un tribunal international, a-t-il rappelé.  Mais cette question a été rouverte à la veille de l’indépendance du Guyana, le Venezuela tentant de lui saisir deux tiers de son territoire.  Il a espéré que le Venezuela acceptera le jugement de la Cour internationale de Justice (CIJ) dans cette affaire.

M. JOSÉ RAÚL MULINO QUINTERO, Président du Panama, a rappelé que sa position géographique privilégiée a fait du Panama le point de passage et de rencontre des Amériques. Actuellement, le canal de Panama dessert un total de 180 routes maritimes qui connectent 1 920 ports dans 170 pays, s’est-il enorgueilli.  Cependant, du fait de cette situation géographique, le Panama est aujourd’hui confronté à l’immigration illégale à travers la jungle du Darién qui est utilisée comme un passage par des centaines de milliers de migrants à la quête du rêve américain, a-t-il déploré.  Ces mouvements de personnes sont dirigés par des organisations criminelles basées dans des pays voisins et qui reçoivent de l’argent « maudit » pour profiter du besoin d’espoir de milliers d’êtres humains, a-t-il dénoncé. Les causes sont connues, mais nous ne pouvons y remédier seuls, a-t-il lancé, évoquant les coûts économique, sociaux, humains et environnementaux que cela implique pour le pays.  Il a insisté sur les ravages environnementaux, rappelant que le Darién est l’une des plus grandes forêts tropicales humides du monde. Quand un demi-million de personnes y passent et laissent des tonnes de déchets au fil des années, cela a de graves conséquences écologiques, a-t-il noté, évoquant également la présence de corps en décomposition.

Le Président Mulino Quintero a ensuite expliqué que ces migrations sont dues en partie à l’instabilité politique au Venezuela qui a vu près de huit millions de membres de sa population quitter le pays. Et les derniers événements au Venezuela ont encore fragilisé la situation.  « Revendiquer une victoire sans montrer les procès-verbaux, c’est comme essayer de gagner un procès sans présenter de preuves », a-t-il argué.  Il a appelé les organisations pertinentes à agir vigoureusement contre les attitudes et les comportements manifestement antidémocratiques.

Il a ensuite évoqué la situation du Panama qui figure sur les listes « peu glorieuses » de pays à la fiscalité floue.  Nous avons mis en œuvre d’importantes réformes dans notre système financier et juridique ces dernières années pour nous conformer aux normes internationales de transparence et prévenir le blanchiment d’argent et d’autres infractions pénales, a-t-il indiqué.  « Le Panama n’est pas un paradis fiscal », a-t-il lancé.  Il a jugé paradoxal de voir que les nations qui approuvent l’inclusion du Panama dans ces listes profitent, dans le même temps, des bienfaits de contrats d’affaires au Panama.  Il a annoncé sa volonté d’exclure désormais ces pays des appels d’offres à portée internationale lancés par le Panama.  De même, ces pays n’auront plus le soutien du Panama dans les procédures de vote dans les organisations internationales, a—t-il averti.

M. BASSÍROU DIOMAYE DIAKHAR FAYE, Président du Sénégal, s’est dit habité de la conviction profonde que l’unité dans la diversité représente la clef du développement durable et de la dignité humaine. À ce titre, il a lancé un appel pour repenser nos responsabilités collectives et assurer que les principes fondamentaux des Nations Unies continuent de porter la promesse d’un monde plus juste et plus équitable.

Déplorant la multiplication des conflits, le creusement des inégalités et les changements climatiques, il a appelé le monde à se regarder en face. Partout, les valeurs que nous défendons sont piétinées, a-t-il déploré, rappelant que les êtres humains sont tous porteurs d’une même dignité, que ce soit à Tel-Aviv, à Gaza ou à Dakar.  Qualifiant le conflit en Palestine de « plaie ouverte sur la conscience internationale », il s’est ému du sort de générations entières qui ont grandi sous l’oppression.  Il a lancé un appel au cessez-le-feu et affirmé le soutien de son pays à une solution à deux États avec Jérusalem-Est comme capitale de la Palestine.

Enchaînant sur la situation du Sahel, il s’est refusé à fermer les yeux sur la tragédie qui s’y déroule.  Il a dénoncé l’inaction du Conseil de sécurité face aux meurtres et aux pillages des terroristes dans la région.  De même, il s’est inscrit en faux contre les tentatives d’ingérence: « Nous ne pouvons accepter que le Sahel devienne le théâtre de rivalités étrangères. »

La paix n’est pas seulement l’absence de guerre, a-t-il déclaré, considérant qu’elle incluait également la possibilité de vivre dans la dignité, de pouvoir se nourrir, de s’éduquer et de recevoir des soins.  C’est pourquoi il a jugé inacceptable que les mécanismes de gouvernance mondiale accentuent les inégalités, préconisant la mise en place d’un nouveau contrat qui s’attaque aux problèmes économiques et environnementaux. 

À ce titre, il a exigé que soit renforcé le multilatéralisme comme seul moyen de promouvoir la paix, à travers une réforme du Conseil de sécurité, du FMI et de la Banque mondiale.  Ces institutions doivent refléter le monde actuel, et l’Afrique doit avoir plus de place dans leurs processus de décision.  Il a également appelé à lutter contre le commerce illégal, les flux financiers illicites et l’évasion fiscale qui ruinent l’Afrique; avant de demander aux pays industrialisés d’intensifier leurs efforts pour financer une transition énergétique équitable, qui ne sacrifice pas le développement des pays les plus pauvres.  Le Chef d’État a ensuite prôné la rupture avec toute tentative d’imposer unilatéralement des normes civilisationnelles, estimant qu’aucune nation ne peut imposer ses pratiques et valeurs comme normes universelles. « Le respect des différences est un fondement de la paix dans le monde », a-t-il conclu.

M. FAURE ESSOZIMNA GNASSINGBÉ, Président du Togo, a estimé que, face à des institutions vieillissantes, l’Afrique, « prochain moteur de la croissance mondiale », doit pleinement endosser son rôle de partenaire stratégique dans l’élaboration de nouvelles règles planétaires.  C’est en Afrique que se trouve la jeunesse.  C’est en Afrique que le potentiel est le plus fort pour les marchés émergents liés à l’innovation technologique et à l’entreprenariat.  C’est en Afrique que « l’économie verte et bleue » offre des opportunités considérables pour le développement durable, a énuméré le Président.

Mais, l’Afrique, a-t-il reconnu, c’est aussi le continent le plus vulnérable aux changements climatiques, bien qu’elle n’y ait que très peu contribué.  Si nous n’y veillons pas, la question environnementale sera à l’origine de grandes vagues de migrations vers le Nord, a-t-il prévenu.  Ce sujet, comme celui du développement et de la lutte contre le terrorisme, doit être traité de façon multilatérale.

Or, pour cela, la coopération internationale doit se réinventer.  Il faut davantage de « respect » et de « dignité » pour les États africains sur la scène internationale.  Il est temps de reconnaître que nous sommes des acteurs stratégiques à part entière, capables de contribuer de manière significative aux efforts mondiaux pour la paix, a martelé M. Gnassingbé.  Ce respect et cette dignité doivent être reconnus à travers la représentation et l’importance donnée à la voix de l’Afrique dans les forums internationaux.

Le Chef d’État a enfin plaidé pour une coopération fondée plus largement sur la « localisation », c’est-à-dire une aide davantage corrélée aux besoins et aux capacités d’agir des populations qui la reçoivent.  Il a aussi réclamé une plus grande autonomie des pays bénéficiaires de l’aide dans la définition des priorités et la mise en œuvre des programmes.

Mme SYLVANIE BURTON, Présidente de la Dominique, a remarqué que les progrès réalisés sont toujours inégaux.  Il nous faut veiller à ce que les plus vulnérables aient accès aux opportunités, a-t-elle déclaré, appelant au renforcement du multilatéralisme pour réaliser les objectifs de développement durable (ODD) et espérant que la diplomatie sera privilégiée pour relever les défis d’aujourd’hui et de demain.

Elle est ensuite revenue sur les maladies non transmissibles, responsables de 75% des décès dans le monde.  La lutte contre ces maladies qui hypothèquent nos économies et notre développement ne peut être menée seul.  La Dominique s’engage donc à coopérer avec les partenaires internationaux et à partager ses connaissances et ses ressources.

Les changements climatiques, a poursuivi la Présidente, sont une menace existentielle qui expose nos communautés aux inondations, aux ouragans et aux sècheresses, des phénomènes tragiques qui nous appellent à des actes concrets.  Le réchauffement de la planète doit se limiter à 1,5 degré Celsius, ce qui exige la réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’augmentation des financements et la construction d’infrastructures résilientes.  La Dominique et les Caraïbes ont donné la priorité aux stratégies d’adaptation climatique et investi dans les énergies renouvelables car il s’agit d’un « impératif moral ».  Toutefois, a rappelé la Présidente, ces efforts resteront vains tant que les pays industrialisés n’honoreront pas leurs engagements de renforcer la résilience des petits pollueurs.

Notre monde est à un carrefour et le leadership sera déterminant, a-t-elle ensuite estimé, en décriant « l’hypocrisie qui règne dans cette enceinte ».  Alors que tous les États Membres sont censés respecter les principes de la Charte, « la loi du plus fort » prévaut toujours.  Il faut l’abroger pour parvenir à la réconciliation dans les régions en conflit où les acquis du développement humain sont réduits à néant. 

S’agissant de la situation en Haïti, la Présidente a appelé au respect du droit de la population haïtienne à sa souveraineté nationale et à une paix juste et durable.  Les difficultés de cette « nation-sœur » sont attristantes alors qu’elle a fait une contribution remarquable à sa région et au monde.  Réclamant un processus de transition par et pour les Haïtiens, la Présidente a salué la mise en place du Gouvernement provisoire.  Elle a dûment remercié les volontaires kenyans et tous ceux qui travaillent contre la crise humanitaire et alimentaire en Haïti.  La Présidente n’a pas manqué de dénoncer l’embargo « injustifié et anachronique » imposé à Cuba tout comme les sanctions imposées au Venezuela qui devrait pouvoir résoudre ses problèmes internes sans ingérence étrangère. 

Mme HILDA HEINE, Présidente des îles Marshall, a rappelé que son pays est à la fois victime des essais nucléaires et des changements climatiques. C’est cet héritage unique qui a poussé mon pays à présenter sa candidature à un siège non permanent du Conseil des droits de l’homme pour la période 2025-2027, a-t-elle expliqué.  Elle a exhorté la communauté internationale à protéger la santé et la biodiversité des océans.  Les générations futures des insulaires seront des laissés pour compte, si l’on ne parvient pas à préserver les écosystèmes océaniques.  S’alarmant des conséquences de la pêche illicite sur l’avenir économique de son pays et la sécurité alimentaire mondiale, elle a aussi lancé un appel à la préservation des fonds marins.  Nous nous joignons au nombre croissant des pays qui préconisent le principe de précaution dans l’exploitation minière en haute mer.

Face à l’élévation du niveau de la mer, la Présidente a prévenu qu’il est trop tard pour prévenir l’érosion côtière.  Mais nous n’irons pas en silence vers « nos tombes aquatiques», a-t-elle prévenu.  Il faut des actes concrets pour empêcher la fonte de la cryosphère et de l’ambition pour tripler la part des énergies renouvelables.  Rappelant que son pays a été le théâtre de 67 essais nucléaires, entre 1946 et 1958, elle a évoqué les décès, les maladies et les contaminations comme des conséquences qui se transmettent de génération en génération.

Nous n’avons pas fait le choix de ce destin nucléaire, il a été choisi pour nous, a-t-elle accusé, rappelant que deux résolutions de l’ONU, adoptées respectivement en 1954 et 1956, ont autorisé les États-Unis à procéder aux essais en tant que Puissance administrante, malgré l’opposition des dirigeants locaux.  L’Assemblée générale, a-t-elle réclamé, doit adopter une résolution sur les excuses officielles qui nous sont dues, pour que l’on puisse démarrer un processus de guérison et rétablir la confiance vis-à-vis de l’Organisation.  Annonçant son intention de travailler avec d’autres peuples touchés, à Kiribati, en Polynésie française, en Australie, en Algérie, au Kazakhstan, en Corée du Nord, en Chine continentale et aux États-Unis, elle a estimé qu’il faut reconnaître la responsabilité des États de remédier aux dégâts causés par le nucléaire.

La Présidente a salué la reconnaisse, à l’ONU, du lien entre climat et sécurité, en encourageant les nations insulaires à faire entendre leur voix et en soulignant qu’elles ne pourront relever les défis des changements climatiques tant que leurs institutions seront pressées de se plier aux pressions extérieures.  Enfin, elle a lancé un appel à l’ONU pour qu’elle ne rejette pas les partenariats de Taiwan pour la réalisation des objectifs de développement durable.  La résolution 2758 ne doit pas servir de prétexte pour exclure les citoyens et les journalistes et les priver d’un accès à la Maison de Verre. Le Secrétariat de l’ONU ne saurait ériger des obstacles à la liberté des médias, a conclu la Présidente.

M. IRAKLI KOBAKHIDZE, Premier Ministre de la Géorgie, a déclaré que les dernières années ont été difficile pour son pays et sa région, la guerre en Ukraine ayant provoqué un niveau d’incertitude sans précédent. Tout en réaffirmant le soutien de la Géorgie à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, il a assuré que son gouvernement s’emploie à faire du Caucase du Sud une région de paix et d’opportunités plutôt que de conflits. Dans cet esprit, il a salué le processus de règlement pacifique entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, avant de plaider pour une coopération régionale qui permette l’instauration de la confiance entre les pays. Présentant la Géorgie comme le « pont naturel entre l’Europe et l’Asie », le Premier Ministre s’est félicité du fait que son pays soit devenu une plaque tournante non seulement pour l’échange de marchandises, mais aussi pour le transit d’énergie. Face aux chocs extérieurs, la Géorgie a su faire preuve de résilience, a-t-il souligné, faisant état d’une croissance économique annuelle moyenne de 9,7% depuis 2021 et de l’un des taux d’inflation les plus bas de la région. 

Le dirigeant s’est également enorgueilli d’une réduction de moitié du taux de pauvreté au cours des 10 dernières années et d’un recul important du taux de chômage, qui a coïncidé avec une hausse du taux d’activité. Vantant les résultats enregistrés par la Géorgie en matière de compétitivité, d’investissements, de transparence budgétaire, de lutte contre la corruption et d’attraction touristique, il a constaté que son pays continue de prospérer, bien que 20% de ses territoires soient sous occupation illégale. À cet égard, il a voulu s’adresser à ses compatriotes vivant dans les régions occupées d’Abkhazie et de Tskhinvali. « De ce côté de la ligne d’occupation, nous vous rencontrerons toujours à cœur ouvert », leur a-t-il lancé, avant d’appeler à « reconstruire tous les ponts brisés dans notre pays ». 

En dépit d’un contexte difficile, le Premier Ministre s’est dit optimiste quant à la possibilité qu’a son pays de devenir membre à part entière de l’Union européenne d’ici à 2030. « Alors que nous regardons vers l’avenir, déterminés à façonner une communauté prospère avec nos alliés et partenaires, nous continuerons d’œuvrer unis pour la consolidation de la paix et le développement durable », a-t-il assuré, promettant également de faire progresser la dignité humaine « pour les citoyens géorgiens d’aujourd’hui et le bien-être des générations futures ». 

M. PEDRO SÁNCHEZ PÉREZ-CASTEJÓN, Premier Ministre de l’Espagne, a affirmé que la cohérence exige d’utiliser les mêmes boussoles en Ukraine, à Gaza et ailleurs, celles de la préservation de la paix, des droits humains et d’un ordre international fondé sur des règles.  Affirmant que la paix, la démocratie et le développement ne peuvent exister séparément, il s’est expliqué en ces termes: « La paix sans démocratie est la paix des prisons, et la démocratie sans développement est le prélude à l’autocratie ».  Pour la première fois depuis deux décennies, le nombre de conflits augmente, a-t-il rappelé, ajoutant que le nombre de pays impliqués dans des guerres à l’extérieur de leurs frontières augmente également, atteignant des niveaux sans précédent depuis 1945.  Évoquant un coût humain en hausse, il a ajouté que le coût économique atteint 13% du PIB mondial, selon certaines études, soit l’équivalent de toute la richesse créée en un an par les 180 pays les plus pauvres réunis.

Déplorant une « maladie mondiale qui ronge les fondements du système multilatéral », le Premier Ministre a dénoncé une agression russe qui « ne devrait pas se prolonger un jour de plus ».  Après avoir salué la conférence pour l’Ukraine organisée en Suisse comme un premier pas vers une paix juste et durable, il a annoncé que l’Espagne augmenterait le financement de l’aide humanitaire et au déminage à hauteur de 14 millions d’euros et, en 2025, intégrerait une ligne de crédit dédiée à la reconstruction.

Évoquant la Palestine, il a dénoncé une « insoutenable spirale de mort et de dévastation » qui s’est déjà étendue au Liban dans « une escalade d’une extrême gravité ».  Il a condamné fermement le meurtre de civils innocents et lancé un appel à un cessez-le-feu, à la libération de tous les otages et à un accès humanitaire sans entraves. Ce n’est qu’en mettant fin à la guerre à Gaza et en s’attaquant aux causes profondes du conflit israélo-palestinien que nous pourrons résoudre avec succès les autres sources d’instabilité régionale, a-t-il estimé.  Il a jugé impératif de mettre en œuvre la solution des deux États et a rappelé l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ), demandé par l’Assemblée générale, qui a établi l’illégalité de l’occupation des territoires palestiniens.  L’Espagne ayant reconnu la Palestine le 28 mai dernier, il a annoncé que les deux États teindraient leur première réunion intergouvernementale afin d’approfondir leurs relations bilatérales avant la fin de l’année.  Il est urgent d’organiser une conférence de paix avec les parties et la communauté internationale, tel que le souhaitent plus de 90 pays, a-t-il martelé. 

Réaffirmant l’engagement de l’Espagne dans les opérations de paix, il a rappelé que 670 soldats espagnols sont actuellement déployés au sein de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), commandée par un général espagnol.  Son pays est prêt à contribuer au maintien de la stabilité dans l’Indo-Pacifique, a-t-il ajouté, soulignant l’importance du respect des principes fondamentaux du droit international, tels que la liberté de navigation. 

Le Premier Ministre s’est inquiété de la progression des discours réactionnaires prospérant dans la défiance à l’égard des institutions, la polarisation et la revendication d’un passé mythifié.  « La démocratie mène une bataille pour sa survie et, soyons clairs, elle continue de céder du terrain », a-t-il averti, ajoutant qu’il ne suffisait plus de proclamer la supériorité morale mais qu’il fallait travailler à sa régénération, notamment en renforçant la transparence et la redevabilité.  Qualifiant la crise post-électorale au Venezuela d’extrêmement préoccupante, il a réaffirmé l’engagement indéfectible de l’Espagne en faveur de la démocratie et de la défense des droits humains dans ce pays, pour lequel il a appelé à un recomptage des résultats dans des conditions de transparence totale. 

Enfin, le Premier Ministre a appelé à confier le Secrétariat général de l’ONU et la Présidence de l’Assemblée générale à des femmes.  Il a également appelé à instaurer un impôt minimum mondial sur les grandes fortunes et à mettre en œuvre les plans de l’OCDE et du G20 sur la fiscalité multinationale.

M. ALLAH MAYE HALINA, Premier Ministre du Tchad, a averti que le défaut de réelle volonté de la communauté internationale à relever le désastre terroriste au Sahel risque de faire passer l’Afrique sous le giron des groupes terroristes. Il faut gagner cette lutte pour promouvoir la stabilité du continent et de l’humanité, a-t-il lancé. S’agissant du développement durable, en particulier dans le domaine de la santé, le Premier Ministre a plaidé pour un accès équitable aux vaccins et aux technologies médicales de pointe. Concernant la jeunesse, qui représente plus de 65% des Tchadiens, il a appelé l’ONU à soutenir un marché du travail ouvert et à garantir un environnement propice à leur épanouissement. Devant l’ampleur des changements climatiques, il a appelé à une solidarité renforcée de la communauté internationale pour soutenir les réfugiés ainsi que les populations hôtes. 

Sur le plan régional, au Soudan notamment, le Premier Ministre a lancé un appel aux parties au conflit pour qu’elles cessent les hostilités et permettent un accès humanitaire sans entrave. La solution est la voie pacifique et le dialogue intersoudanais en vue d’une paix durable, a-t-il déclaré. S’agissant de la Libye, il a exhorté les parties à faire preuve de « dépassement » en vue de sortir de l’impasse politique. Concernant le conflit israélo-palestinien, il a dit être en faveur de la solution des deux États. Par ailleurs, il a plaidé pour la levée de l’embargo contre Cuba en demandant un dialogue constructif entre les deux pays concernés. Enfin, sur le sujet de la réforme du Conseil de sécurité, le Chef du Gouvernement a réaffirmé son attachement au consensus d’Ezulwini et à la déclaration de Syrte.  

M. PÉTER SZIJJÁRTÓ, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Hongrie, a qualifié l’époque actuelle d’« ère des dangers » car jamais les Hongrois n’auraient pensé, 30 ans après s’être libérés du joug communiste, que la Guerre froide reviendrait et pire, qu’une guerre serait menée en Europe.  Pays voisin de l’Ukraine, a rappelé le Ministre, la Hongrie vit depuis deux ans et demi dans l’ombre d’une guerre qui a jeté des millions de réfugiés sur les routes hongroises.  La Hongrie paie le prix d’une guerre qui n’est pas la sienne et qu’elle n’a pas déclenchée. Comment rétablir la paix et plus précisément, quelle est la manière la plus rapide de la rétablir?  Plus nous tarderons, a prévenu le Ministre, plus il y aura de destructions, de morts et de familles déchirées.  Les quelque 150 000 Hongrois qui vivaient en Ukraine ont été enrôlés dans l’armée ukrainienne et beaucoup d’entre eux ont perdu la vie. 

Il faut faire le point, a pressé M. Szijjártó, sur ce qui a fonctionné ou n’a pas fonctionné car rien de ce qu’a entrepris l’Union européenne n’a porté de fruits.  Les armes qu’elle a envoyées n’ont fait qu’augmenter le nombre des pertes en vies humaines et des dégâts.  Il est temps que l’Union européenne réfléchisse aux conséquences de ses actes.  Il nous faut une désescalade, une réflexion et une précaution avec les mots que l’on emploie, maintenant que nous sommes confrontés à une menace nucléaire « honteuse ». 

La solution, a estimé le Ministre, se trouve à la table des négociations sur un cessez-le-feu immédiat.  La paix n’est pas « un gros mot » et la diplomatie n’est pas de parler qu’aux gens avec qui on est d’accord.  Le mutisme « déplorable » des grandes puissances est un risque existentiel et « un cauchemar » que la Hongrie a vécu pendant 40 ans.  Nous ne voulons pas de la réémergence d’un monde séparé en deux blocs, ce qui serait une défaite pour nous et pour le monde entier. Ce que nous voulons, a précisé le Ministre, c’est une coopération « civilisée » entre l’Ouest et l’Est.  Malgré sa taille relativement modeste, a conclu le Ministre, la Hongrie, dont le Gouvernement a adopté une ligne patriotique fondée sur le bon sens, veut être un exemple de cette coopération.  Elle est déjà devenue le lieu de rencontre privilégié entre l’Ouest et l’Est, comme en atteste l’implantation d’usines automobiles allemandes et l’organisation de plusieurs colloques. 

Le Ministre n’a pas oublié de dénoncer l’hypocrisie des sanctions occidentales, inutiles et absurdes contre la Fédération de Russie dont l’uranium alimente toujours les centrales nucléaires américaines, dont le pétrole et le gaz est toujours achetés par l’Europe qui évidemment cache cette réalité.  Il a enfin déploré que la « politique étrangère pragmatique » de la Hongrie lui ait coûté des dizaines de millions d’euros retenus par l’Union européenne.  Nous n’avons fait que défendre ses frontières et notre gouvernement choisira toujours de répondre aux attentes de son peuple qui l’élit élection après élection, plutôt que de satisfaire des ONG ou des acteurs extérieurs. 

M. BAKHTIYOR SAIDOV, Ministre des affaires étrangères de l’Ouzbékistan, a dit que l'ONU devait rester au cœur de la résolution des défis du XXIe siècle. Dans la lignée des ODD, il a fait valoir que son gouvernement prend des mesures concrètes pour créer des emplois et améliorer la qualité du capital humain dans le but de réduire le taux de chômage de 11% à 7%. Mais ces efforts dépendent aussi de la modernisation nécessaire du système financier international, et d’un accès à la technologie pour chaque personne et chaque État, y compris l’intelligence artificielle sûre.  Concernant les changements climatiques, le Ministre a appelé la communauté internationale à étendre les projets dans la région de la mer d’Aral afin d’atténuer les conséquences dévastatrices de cette catastrophe.  Il a proposé d'adopter une résolution pour proclamer une année internationale de la restauration des terres et de l'augmentation de la résistance à la sécheresse.

Par ailleurs, le Gouvernement ouzbèque s’est engagé à renforcer la protection sociale pour l’aligner sur les normes internationales, a poursuivi le Ministre. Face à la radicalisation et à l'augmentation de la violence chez les jeunes, il a suggéré la promotion d’une éducation spirituelle et morale afin de prévenir leur implication dans des mouvements radicaux. Dans la lutte contre le terrorisme, les États d’Asie centrale coopèrent étroitement pour assurer la sécurité régionale en collaboration avec le Bureau de lutte contre le terrorisme des Nations Unies, a rappelé le Ministre avant de déclarer que la clef pour assurer la stabilité et le développement durable de la région réside dans le règlement du problème afghan.

À cet égard, il a assuré que l’Ouzbékistan mène une politique pragmatique à l'égard de ce pays: il contribue à la reconstruction économique de l’Afghanistan et au développement de ses infrastructures de transport et d’énergie. Le Ministre a également signalé que son gouvernement s’apprête à agrandir le centre d'éducation destiné aux citoyens afghans dans la ville ouzbèke de Termez. Pour parvenir à la stabilité, il est crucial de maintenir le rôle central de l’ONU dans la résolution de la question afghane et l’élaboration de stratégies coordonnées pour assurer son développement durable, a conclu le Ministre.  

M. YVAN GIL PINTO, Ministre des affaires étrangères du Venezuela, a déclaré avoir entendu deux types d’interventions lors de ce débat général: celles d’« oligarques » conduits par les États-Unis, qui attaquent la Charte pour détruire l’ONU de l’intérieur comme de l’extérieur, et celles de peuples dignes, qui luttent pour leur souveraineté et leur indépendance.  Accusant les États-Unis et l’Union européenne de se rendre complices du « plus grand crime d’extermination et de génocide depuis celui commis par Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale », il a constaté qu’Israël assassine des innocents non seulement à Gaza mais aussi au Liban et en Syrie, tout en tentant de déstabiliser l’Iran.  Il s’agit d’une menace réelle pour l’humanité et pour la paix mondiale, a-t-il affirmé, reprochant également aux « plus puissants » de vouloir étendre la guerre dans d’autres parties du monde.  « Après la défaite de l’Ukraine dans son aventure nazie, ils entendent désormais introduire la guerre et le terrorisme dans la Grande Russie, qui, comme l’histoire nous l’a appris, sera toujours victorieuse ». 

Selon le Ministre, l’expansion de l’OTAN menace également la paix en Amérique du Sud puisque cette organisation y installe des bases militaires, avec la complicité des « Gouvernements laquais » de l’Argentine et de l’Équateur. De plus, a-t-il ajouté, des attaques, des tentatives d’assassinat et des opérations de déstabilisation contre des pays souverains comme le Venezuela sont continuellement planifiées via des réseaux sociaux contrôlés par les « hommes de paille de l’Empire ». Comment progresser sur les questions de paix et de sécurité alors que les États-Unis détournent l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité? s’est interrogé l’intervenant. 

Réitérant la solidarité du Venezuela avec le peuple palestinien, il s’est félicité du fait que, pour la première fois dans l’histoire de cette Assemblée, la délégation de la Palestine y siège en tant qu’État.  « Aujourd’hui plus que jamais, il est urgent de garantir sa pleine adhésion à cette Organisation », a-t-il plaidé, avant d’exprimer le même soutien à tous les peuples qui luttent pour leurs droits inaliénables à l’autodétermination et à l’indépendance.  Il est temps que l’aspiration à la liberté du Sahara occidental, de Porto Rico, de la Nouvelle-Calédonie, de la Polynésie française et d’autres territoires colonisés se réalisent.  De même, a-t-il poursuivi, le Venezuela continuera d’exiger la restitution de l’archipel des Chagos et des îles Malvinas à leurs propriétaires légitimes, Maurice et l’Argentine.  Le Ministre a d’autre part rappelé qu’en décembre 2023, un référendum consultatif a donné mandat à l’État vénézuélien pour récupérer la Guayana Esequiba, invitant le Guyana à revenir sur son refus d’appliquer cette décision. 

Après avoir dénoncé les mesures coercitives unilatérales décidées par les États-Unis et l’Union européenne, le Ministre a appelé à la levée de tous les régimes de sanctions qui sont aujourd’hui imposés à plus d’un tiers de l’humanité.  Il a ajouté que son pays fait face à une nouvelle forme de colonialisme, les États-Unis cherchant à détruire par tous les moyens possibles son système démocratique, ses institutions et sa souveraineté.  Rappelant que, le 28 juillet dernier, le Président Nicolás Maduro Moros a été réélu à la tête du Venezuela, il a accusé les États-Unis et ses satellites d’avoir orchestré les violences postélectorales et mené une « campagne fasciste de désinformation ».  Dans le même ordre d’idées, il a exigé que Cuba soir rayée de la liste américaine des parrains du terrorisme. 

De l’avis du Chef de la diplomatie vénézuélienne, il est temps pour les pays du Sud de se libérer du colonialisme et d’instaurer un nouvel ordre mondial multipolaire et multicentrique de paix et de prospérité économique, débarrassé de toute hégémonie.  Il a assuré que son pays œuvre pour le bien de l’humanité, comme en atteste son action à la tête du Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, et a promis que le Venezuela continuera de résister à l’impérialisme américain. 

M. FREDERICK MAKAMURE SHAVA, Ministre des affaires étrangères du Zimbabwe, a déclaré que dans un monde polarisé et peu sûr, le dialogue et la diplomatie sont indispensables.  Il faut donner la priorité aux populations les plus vulnérables et marginalisées, accroître les financements et favoriser des solutions innovantes.  L’impact des changements climatiques nécessite une action collective pour l’adaptation et l’atténuation.  Dans la région de l’Afrique australe touchée par la sécheresse, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) a lancé un appel humanitaire international de 5,8 milliards de dollars à la fin du mois de mai 2024 pour répondre aux besoins immédiats et renforcer la résilience aux chocs futurs, notamment par la mise en place de systèmes d’alerte précoce.  Le Ministre a mis en évidence l’engagement de son gouvernement à propulser le Zimbabwe au statut de pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure d’ici à 2030.  Toutefois, a-t-il déploré, le Zimbabwe est confronté aux mesures punitives et aux sanctions unilatérales illégales qui sont des obstacles au développement. 

Le Ministre a demandé la levée immédiate et sans condition de ces mesures injustifiées.  De même, il a appelé à lever le blocus contre le peuple cubain, et à soutenir le droit à l’autodétermination de l’État de Palestine et du Sahara occidental.  Le Conseil de sécurité doit mettre en œuvre des mesures énergiques qui assurent la protection des civils, le respect du droit international et la facilitation d’un processus de paix durable, a-t-il insisté. Sur le plan financier, le Ministre a demandé la réforme de l’architecture financière internationale pour qu’elle soit plus inclusive, équitable et reflète les diverses réalités auxquelles sont confrontés les pays du Sud.  S’agissant de la réforme du Conseil de sécurité, il a rappelé son soutien au consensus d’Ezulwini et à la Déclaration de Syrte plaidant pour au moins deux sièges permanents avec droit de veto pour les pays africains et des sièges non permanents supplémentaires.  Concernant les technologies de l’information et de la communication, le Ministre a proposé un cadre de gouvernance numérique pour se prémunir contre les conséquences de l’intelligence artificielle.

M. RAMADHAN ABDALLA MOHAMMED GOC, Ministre des affaires étrangères et de la Coopération internationale du Gouvernement d’unité nationale de transition revitalisée du Soudan du Sud, a annoncé que son pays avait réalisé des progrès tangibles dans sa quête d’une paix durable et d’une stabilité politique.  Tous les signataires de l’accord de paix restent déterminés à consolider les acquis obtenus jusqu’à présent, pour ouvrir la voie à l’organisation d’élections générales en décembre 2026, a-t-il assuré.  Le Ministre a appelé la communauté internationale à se joindre à son gouvernement pour veiller à ce que la transition pacifique au Soudan du Sud soit respectée, en fournissant les soutiens financier et technique requis. 

Au cours de l’année écoulée, le conflit au Soudan voisin a créé l’une des pires crises humanitaires au monde, selon les Nations Unies, a-t-il poursuivi.  Environ 800 000 réfugiés et rapatriés fuyant la guerre se sont installés au Soudan du Sud.  Bien qu’appréciant les efforts de l’ONU et des agences humanitaires pour atténuer les souffrances des victimes du conflit, il a estimé que cela restait insuffisant, d’autant qu’il n’est pas pris suffisamment compte de l’impact sur les communautés d’accueil, également aux prises avec de graves problèmes humanitaires. Il a donc appelé la communauté internationale à accroître son soutien et à collaborer étroitement avec le Gouvernement du Soudan du Sud pour atténuer les impacts négatifs de la guerre au Soudan. D’autant que ce conflit a eu un impact économique direct, la production pétrolière ayant considérablement diminué depuis avril.  Étant donné que l’économie de son pays dépend entièrement des revenus tirés de la vente de pétrole brut, il a exhorté la communauté internationale à redoubler d’efforts pour résoudre le conflit ainsi qu’à une plus grande solidarité avec le Soudan du Sud, qui lutte pour surmonter les terribles conséquences économiques créées par la guerre.

S’agissant des changements climatiques, il a rappelé que des millions de personnes au Soudan du Sud et en Afrique sont victimes des inondations et de la sécheresse.  Il a donc jugé nécessaire d’intensifier les mesures d’adaptation et de soutien, pour apporter une réponse adéquate.  Celle-ci passe entre autres par une augmentation de la contribution financière des pays développés.

Soutien sans équivoque du consensus d’Ezulwini, le Ministre du Soudan du Sud a enfin critiqué la proposition de réforme du Conseil de sécurité annoncée récemment, qui accorderait à l’Afrique deux sièges permanents mais sans droit de veto.  Cette vision, « contreproductive », ne correspond pas à l’esprit de gouvernance mondiale inclusive et équitable qu’il appelle de ses vœux.

Mme CELINDA SOSA LUNDA, Ministre des affaires étrangères de Bolivie, a déclaré que face aux crises multiples qui aggravent les vulnérabilités, il faut des réponses urgentes et coordonnées.  Elle a énuméré les grands défis du moment du point de vue des peuples autochtones en s’attardant sur les nouvelles technologies telles que l’intelligence artificielle.  Il faut une gouvernance mondiale adaptée à ces technologies afin de veiller à ce qu’elles soient utilisées de manière équitable, éthique et au service du bien-être de l’humanité.  Plus généralement, la Ministre a plaidé pour un autre modèle de développement, la protection de la planète pour les générations à venir, la justice, l’équité, la solidarité et le respect du droit international et de la Charte des Nations Unies.  Elle a lancé un appel pour un nouvel ordre mondial fondé sur la coopération multilatérale, le respect de la souveraineté de tous les pays et l’équité dans les processus décisionnels au niveau mondial. 

Selon la Ministre, le Conseil de sécurité devrait progresser vers un système dans lequel les décisions sont prises de manière inclusive en prenant en considération la diversité des points de vue et les différents besoins des pays en développement.  Il est également nécessaire de procéder à une restructuration en profondeur de l’architecture financière internationale axée sur la justice économique et la durabilité.  Il faut augmenter la participation des pays en développement aux institutions financières, et promouvoir des flux financiers qui contribueront au développement durable et à la lutte contre les changements climatiques.  Il est également essentiel de revoir les mécanismes de coopération fiscale au niveau international pour que les économies les plus vulnérables disposent des ressources qui leur permettraient de faire face aux crises multiples. 

La Ministre a demandé la levée des sanctions contre Cuba, le Venezuela, le Nicaragua et les autres pays qui sont sous le joug de ces mesures.  Elle a en outre fait part de ses préoccupations s’agissant de la feuille de coca « connotée de manière négative » alors qu’elle fait partie intégrante de la culture autochtone de Bolivie. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Entre appels à l’unité et divisions géopolitiques, un Conseil de sécurité en quête d’un leadership renouvelé se dit résolu à s’acquitter de ses responsabilités

9732e séance – matin & après-midi
CS/15832

Entre appels à l’unité et divisions géopolitiques, un Conseil de sécurité en quête d’un leadership renouvelé se dit résolu à s’acquitter de ses responsabilités

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

En quête d’un « leadership renouvelé pour la paix », le Conseil de sécurité s’est réuni aujourd’hui à l’initiative de la Slovénie, qui préside ses travaux en septembre, pour un débat ouvert à l’ensemble des États Membres de l’ONU dont le thème était « Leadership pour la paix: unis dans le respect de la Charte des Nations Unies et la recherche d’un avenir sûr ». Un appel fédérateur éclipsé par les clivages persistants entre ses membres, qui affaiblissent de l’aveu de chacun l’action de l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales. 

En début de séance, la présidence de séance a donné lecture d’une déclaration sur laquelle les « Quinze » s’étaient accordés pour affirmer la résolution du Conseil à « s’acquitter de ses responsabilités de la manière la plus efficace possible ». 

C’est le Secrétaire général lui-même qui a lancé la longue série de critiques entendues durant la séance, en rappelant une « vérité fondamentale »: la paix n’est jamais automatique, comme en témoignent les divisions géopolitiques et le sentiment de méfiance, « qui ne font qu’empirer », avec des violations répétées du droit international et de la Charte des Nations Unies.  « De Gaza à l’Ukraine en passant par le Soudan, les guerres s’éternisent, les souffrances s’amplifient, et la légitimité et l’efficacité de l’ONU et de ce Conseil sont remises en cause », a résumé M. António Guterres, pour qui il n’y aura pas de « leadership pour la paix » sans volonté politique véritable: « Un Conseil uni peut jouer un rôle déterminant en faveur de la paix.  Un Conseil divisé ne le peut pas », a-t-il tranché.

Mme Ellen Johnson Sirleaf, ancienne Présidente du Libéria, a annoncé que les Sages, dont elle est membre, préconisent la mise en place d’une coalition chargée de lancer un processus de réforme et de mener des négociations en vue d’un Conseil de sécurité plus représentatif et efficace, avec l’apport central de l’Assemblée générale.  « Combien de temps pouvons-nous continuer à travailler dans un système qui est clairement en échec? » s’est demandé Mme Johnson Sirleaf, pour qui « le temps des excuses est révolu ». 

La condamnation des violations de la Charte et du droit international humanitaire ne devrait pas dépendre de notre proximité politique ou géographique avec les pays concernés, a estimé le Premier Ministre de la Slovénie, M. Robert Golob, qui présidait cette séance.  Selon lui, la perception du deux poids, deux mesures entame la crédibilité du Conseil, contribuant à l’érosion de sa capacité à faire appliquer ses décisions. Une inertie qui aboutit à l’acceptation de cette réalité abjecte visant à nier que toutes les vies humaines ont la même valeur, a renchéri la Présidente du Comité international de la Croix-Rouge, Mme Mirjana Spoljaric Egger.

Si tous les membres du Conseil ont regretté la « logique de polarisation » et les « fissures » du « régime de sécurité collective », selon les mots de l’Algérie, des divergences sont apparues sur les diagnostics.  Battant le rappel des principes de la Charte des Nations Unies, qui sous-tendent chaque décision du Conseil de sécurité, le Premier Ministre britannique, M. Keir Starmer, s’est demandé comment la Russie, « agresseur sans pitié » de l’Ukraine et responsable direct du « supplice » des plus de 600 000 soldats russes morts ou blessés dans cette « aventure absurde », avait encore l’audace de siéger au Conseil.  « La Russie a commencé cette guerre illégale, elle doit y mettre un terme et quitter l’Ukraine! » a exigé le Chef du Gouvernement britannique, qui a par ailleurs considéré comme prioritaire « la cessation immédiate des hostilités » à Gaza.

La Représentante permanente des États-Unis a prolongé les propos de M. Starmer sur Gaza et l’Ukraine, estimant que cette dernière était victime d’une agression qui est aussi « une attaque contre la Charte ».  Elle a assuré au Conseil de sécurité que le Président Biden continue de croire chaque jour qu’un règlement diplomatique de la guerre à Gaza est possible, et répété que la communauté internationale ne peut laisser le Président russe, Vladimir Putin, redessiner les frontières de son pays par la force.  Elle a également réitéré la proposition de l’Administration « Biden-Harris » de réformer l’ONU en soutenant l’attribution au Conseil de sécurité de deux sièges de membre permanent pour l’Afrique et d’un siège de membre non permanent pour les petits États insulaires en développement.  « Les solutions de paix les plus viables sont celles ouvertes à toutes les voix, celles des femmes et de toutes les minorités, et seul un Conseil de sécurité uni et réformé nous permettra de régler les conflits qui nous empêchent de dormir », a assuré la représentante américaine.

S’il s’est lui aussi livré à un réquisitoire contre la Russie et à un plaidoyer en faveur d’une cessez-le-feu permanent à Gaza, le Ministre des affaires étrangères de la France, M. Jean-Noël Barrot, a évoqué un autre conflit « tragique », celui qui sévit au Soudan, où plus de la moitié de la population souffre d’insécurité alimentaire aiguë.  Raison pour laquelle Paris a organisé en avril dernier une conférence qui a permis de lever plus de 2 milliards d’euros, dont 900 millions par l’Union européenne et ses États membres, pour soutenir les populations civiles soudanaises et les réfugiés dans les pays voisins.  Et la France, a annoncé le chef du Quai d’Orsay, a l’intention de contribuer à la livraison par voie aérienne de cargaisons humanitaires du Programme alimentaire mondial (PAM) près du camp de Zamzam, au Darfour septentrional, où sévit la famine.

« Les épées doivent être transformées en socs de charrue », a quant à lui affirmé le Ministre chinois des affaires étrangères, M. Wang Yi.  Et parce que la paix est une question de justice, justice à laquelle aspire l’humanité entière, il a exhorté les membres permanents à renoncer à l’imposition de sanctions unilatérales contre d’autres États Membres, ce qui sape durablement les capacités de ces derniers à sortir des conflits ainsi que l’autorité du Conseil de sécurité. 

Le Ministre des affaires étrangères de la Sierra Leone, M. Alhaji Musa Timothy Kabba, a salué le leadership de ces dirigeants africains qui, à l’instar des présidents angolais et kényan, s’engagent en faveur de la paix dans des situations de conflit en Afrique mais aussi en Haïti.  Il n’a pas manqué d’attirer l’attention sur le rôle pacificateur que tient son pays auprès du Burkina Faso pour l’aider à mieux lutter contre le fléau du terrorisme.  Saluant la portée de la déclaration présidentielle adoptée aujourd’hui, il a appuyé l’idée qui s’y trouve formulée que toute initiative forte pour la paix ne peut que faire avancer la communauté internationale et le Conseil de sécurité dans la recherche commune de solutions holistiques aux défis auxquels ils font face. 

Son homologue coréen, M Cho Tae-yul, a quant à lui invité le Conseil à mettre l’accent sur la diplomatie préventive en mobilisant les outils importants dont il dispose pour s’attaquer plus efficacement aux causes profondes des conflits.  Le Premier Ministre de Malte, M. Robert Abela, dont le pays quittera, fin décembre, le Conseil après y avoir siégé ces deux dernières années, s’est dit convaincu que la diversité des points de vue et des expériences peut aider cet organe clef de l’ONU à surmonter les obstacles à la paix et à la sécurité internationales. 

« Jamais probablement depuis la crise des missiles de Cuba en 1962, notre planète n’a été aussi proche d’un conflit mondial qu’elle ne l’est aujourd’hui », a lancé la Fédération de Russie, représentée par son ambassadeur à l’ONU, lequel a rejeté les accusations de ses collègues occidentaux. Dans leurs visées hégémoniques mondiales, les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN et de l’Union européenne (UE) se sont aventurés toujours plus loin dans une guerre avec Moscou destinée à maintenir à flot leur projet antirusse en Ukraine, a accusé le représentant.

Pour la Fédération de Russie, les « élites occidentales », qui vivent encore dans le système de relations internationales Yalta-Potsdam hérité de la Seconde Guerre mondiale, se sont éloignées des principes de la Realpolitik fondée sur les intérêts nationaux et la sécurité indivisible, à savoir que le renforcement de la sécurité d’un État ne doit pas porter atteinte à celle d’un autre.  Le rejet de cette entente, dont l’une des manifestations est l’expansion effrénée de l’OTAN, crée une menace réelle de voir la situation sombrer dans une escalade incontrôlée, a estimé le représentant, pour qui on assiste à un déclin de la diplomatie professionnelle et de la culture du dialogue au profit d’une « diplomatie du mégaphone », qui domine le Conseil de sécurité et l’ONU.

Mettre un terme à cette dégradation rapide de la situation internationale est difficile, mais possible, a estimé le représentant russe.  Il a appelé à privilégier un consensus basé sur le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures, le respect de l’égalité souveraine des États et de leurs intérêts sécuritaires, avec pour boussole la Charte des Nations Unies en lieu et place du prétendu « ordre fondé sur des règles », qui repose uniquement sur les intérêts et les « caprices » de Washington et de ses satellites.

Le Conseil de sécurité poursuivra son débat public demain, jeudi 26 septembre, à 18 heures.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Leadership pour la paix: unis dans le respect de la Charte des Nations Unies et la recherche d’un avenir sûr (S/2024/662)

Texte de la déclaration du Président du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité rappelle que l’Organisation des Nations Unies a été créée pour préserver les générations futures du fléau de la guerre.  Il réaffirme les principes énoncés dans la Charte des Nations Unies et déclare qu’il est plus important que jamais de demeurer résolu à maintenir la paix et la sécurité internationales, conformément à la Charte.

Le Conseil de sécurité réaffirme qu’il a la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il réitère son attachement au droit international, y compris la Charte, notamment les buts et principes qui y sont énoncés, dans leur intégralité, car ils sont les fondements universels, indispensables et irremplaçables d’un monde plus sûr, plus pacifique, plus juste, plus égal, plus inclusif, plus durable et plus prospère.

Le Conseil de sécurité considère que les obligations découlant du droit international doivent être universellement observées et instituées, y compris celles découlant de ses résolutions en la matière, souligne qu’il attache une importance capitale à la promotion de la justice et de l’état de droit, qui sont des éléments indispensables à la coexistence pacifique et à la prévention des conflits armés, et réaffirme qu’il faut promouvoir la participation pleine et réelle des femmes et leur exercice des responsabilités à tous les niveaux de la prise de décision dans de bonnes conditions de sécurité et sur un pied d’égalité, conformément à la résolution 1325 (2000) et aux résolutions connexes. 

Le Conseil de sécurité constate la complexité des défis et des menaces qui pèsent sur la paix et la sécurité internationales, et souligne l’importance d’adopter une démarche d’ensemble pour pérenniser la paix.  Il réaffirme son soutien indéfectible à la protection des civils en période de conflit armé et rappelle les obligations découlant du droit international humanitaire concernant la protection des civils en période de conflit armé.  Il demande à toutes les parties à un conflit armé de s’acquitter pleinement des obligations que leur fait le droit international humanitaire, de façon à respecter et à protéger les civils, y compris le personnel humanitaire, et réaffirme qu’il est résolu à faire en sorte que les auteurs de violations du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme aient à répondre de leurs actes. 

Le Conseil de sécurité souligne l’importance de promouvoir le multilatéralisme et le rôle central de l’Organisation des Nations Unies dans le système multilatéral, ainsi que le soutien qu’elle apporte au renforcement de la coordination du système des Nations Unies, instrument de changement pour les plus vulnérables, notamment par la réalisation des objectifs de développement durable, la prévention des conflits et la réduction de leur nombre, et salue l’action que mène le personnel humanitaire pour soulager les souffrances des populations civiles et protéger la dignité humaine, ainsi que celle que mènent l’Organisation et ses organismes pour appuyer le maintien de la paix et de la sécurité.  Il réaffirme que le développement, la paix et la sécurité, et les droits humains sont interdépendants et se renforcent mutuellement.

Le Conseil de sécurité est pleinement conscient des responsabilités que lui confère la Charte et des aspirations collectives des peuples du monde, qui le poussent à prendre des mesures efficaces pour maintenir la paix et la sécurité internationales.  Il se déclare résolu à s’acquitter de ses responsabilités de la manière la plus efficace possible.  Il considère que l’esprit qui a présidé à la création de l’Organisation des Nations Unies devrait prévaloir et inspirer l’humanité à persévérer sur la voie de la paix.

Exposés

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a commencé par rappeler « une vérité fondamentale »: la paix n’est jamais automatique, comme en témoignent les divisions géopolitiques et la méfiance, qui ne font qu’empirer.  L’impunité gagne du terrain, et l’on assiste à des violations répétées du droit international et de la Charte des Nations Unies. 

« De Gaza à l’Ukraine en passant par le Soudan –mais pas seulement– les guerres s’éternisent, la souffrance s’amplifie, la faim s’aggrave, des vies sont bouleversées et la légitimité et l’efficacité de l’ONU et de ce Conseil sont remises en cause », a résumé le Chef de l’Organisation, pour qui le leadership pour la paix exige d’agir dans au moins deux grands domaines. 

Tout d’abord, ce leadership suppose que tous les États Membres respectent les engagements qu’ils ont pris en vertu de la Charte des Nations Unies, du droit international et des accords récents, tels que le Pacte pour l’avenir, ce qui exige une volonté politique de mise en œuvre de leur part, a fait valoir le Secrétaire général.  Ce leadership pour la paix suppose aussi de donner au Conseil de sécurité les moyens d’agir véritablement pour atténuer les tensions mondiales et contribuer à régler les conflits à l’origine de tant de souffrances dans le monde: « Un Conseil uni peut jouer un rôle déterminant en faveur de la paix.  Un Conseil divisé ne le peut pas », a-t-il résumé.

Il est donc impératif que ses membres redoublent d’efforts pour trouver un terrain d’entente, a poursuivi M. Guterres.  À ses yeux, le Conseil a prouvé sa capacité à parler d’une seule voix dans certains domaines importants, dont il a cité quelques exemples, qui démontrent selon lui qu’on peut instaurer la paix.  Le Conseil supervise actuellement 11 opérations de maintien de la paix déployées sur trois continents, ce qui représente près de 70 000 Casques bleus.  Il adopte des résolutions qui contribuent à l’acheminement ininterrompu d’une aide humanitaire vitale vers certains foyers de crise.  Et la résolution 2719 (2023), qu’il a qualifiée d’« historique », permet aux opérations d’appui à la paix dirigées par l’Union africaine et autorisées par le Conseil d’être financées par les contributions des États Membres de l’ONU. 

Au vu des conflits plus complexes et insolubles dont ce Conseil est saisi, on peut penser que la paix est un rêve irréalisable, « mais je crois fermement que la paix est possible si nous nous en tenons aux principes », a affirmé le Secrétaire général.  Pour lui, la paix en Ukraine est possible, en suivant la Charte des Nations Unies et en respectant le droit international.  La paix dans la bande de Gaza est également possible, en travaillant d’arrache-pied pour obtenir un cessez-le-feu immédiat, la libération immédiate de tous les otages israéliens et la mise en chantier de la solution des deux États.  Et la paix au Soudan est également possible, en adressant un message clair aux parties belligérantes, à savoir que tous les membres de ce Conseil –dont les cinq permanents– ne toléreront pas la terrible violence et la crise humanitaire effroyable que subissent des civils innocents. 

M. Guterres a donc lancé un appel à l’unité de tous les membres du Conseil pour qu’ils se montrent à la hauteur de cette responsabilité, « à la hauteur de la promesse de la Charte des Nations Unies ».  « Contribuez au succès de ce Conseil – et non à son affaiblissement.  Faisons en sorte que le Conseil soit un forum efficace et représentatif pour la paix – aujourd’hui comme dans les années à venir », a conclu M. Guterres.

Mme MIRJANA SPOLJARIC EGGER, Présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a constaté avec amertume que le Comité fait face chaque jour aux conséquences d’un irrespect flagrant de la part des parties belligérantes, lesquelles, de surcroît, hésitent de moins en moins souvent à recourir à des interprétations permissives du droit international humanitaire pour justifier violations, destructions et entraves à l’action humanitaire.  « L’inertie » de la communauté internationale aboutit à l’acceptation de cette réalité abjecte visant à nier le fait que toutes les vies humaines ont la même valeur, a-t-elle déploré.  Aussi a-t-elle appelé à ce que ces violations soient condamnées ouvertement et que des mesures soient prises pour les faire cesser. 

Après avoir rappelé que le droit international humanitaire a été créé pour surmonter les divisions qui entravent la réalisation de la paix durable, Mme Spoljaric a fait valoir que les traités créés et ratifiés par les États imposent la retenue.  En vertu des Conventions de Genève, « même votre ennemi doit être traité avec humanité ».  En résumé, le droit international humanitaire n’est pas affaire de transaction, a-t-elle martelé.  Si elle a salué le fait que tous les membres du Conseil de sécurité rappellent systématiquement aux parties aux conflits leurs obligations en la matière, elle les a toutefois exhortés à aller plus loin pour garantir l’application concrète du droit.  Cela signifie prendre toutes les précautions possibles pour minimiser les dommages civils, respecter les lois de la guerre « même si votre ennemi ne le fait pas », et accepter que des acteurs humanitaires neutres apportent une aide humanitaire dans les zones contrôlées par ce dernier.  Il s’agit également de veiller à ce que les hôpitaux soient épargnés par les bombes, que les civils puissent fuir en lieu sûr et que l’approvisionnement en nourriture ne soit pas interrompu, a énuméré la Présidente du CICR.  En d’autres termes, « il faut que le soutien du Conseil au droit international humanitaire se traduise par des actes », faute de quoi, a-t-elle averti, les Conventions de Genève cesseront d’être un instrument de paix qui sauve des vies.  « Le droit international humanitaire ouvre la voie à la paix, faites-en une priorité politique », a-t-elle demandé. 

Mme ELLEN JOHNSON SIRLEAF, ancienne Présidente du Libéria et membre des Sages (The Elders), a rappelé que la préservation de la paix doit être la responsabilité première de tout dirigeant avant de déplorer que le leadership pour la paix dont le monde a désespérément besoin fasse cruellement défaut.  C’est pourquoi les Sages appellent à l’action concernant trois questions prioritaires, à commencer par le respect du droit international, qui doit être appliqué de manière cohérente.  « De l’Ukraine à Gaza et au-delà, nous constatons de plus en plus de violations systématiques du droit international dans les situations de conflit, et l’impunité pour ceux qui commettent des atrocités », a dénoncé Mme Johnson Sirleaf. 

Les États puissants, dont certains membres permanents du Conseil, ignorent délibérément les normes internationales, a accusé l’ancienne Présidente du Libéria. Malgré la guerre d’agression lancée contre l’Ukraine, en violation flagrante de la Charte des Nations Unies, le Conseil de sécurité demeure « paralysé ».  De plus, certains membres du Conseil sapent les décisions de la Cour internationale de Justice et profèrent des menaces contre la Cour pénale internationale et ses fonctionnaires. 

« Il est essentiel que nos institutions judiciaires internationales soient soutenues et que leurs décisions soient respectées », a martelé Mme Johnson Sirleaf, avant de dénoncer les États « influents » qui s’immiscent dans des conflits afin « d’attiser l’agression ». Elle a également condamné les transferts d’armes vers les parties au conflit qui commettent des violations claires du droit international.

Alors que l’an prochain marquera les 25 ans de l’adoption de la résolution 1325 (2000), par laquelle le Conseil a reconnu le rôle crucial des femmes dans la paix et la sécurité, Mme Johnson Sirleaf a fait valoir que la résolution des conflits et la consolidation de la paix doivent être véritablement inclusives.  Or, les décisions qui affectent le plus la paix et la sécurité sont toujours prises principalement, voire exclusivement, par des hommes, souvent les mêmes qui ont déclenché le conflit.  « Si nous voulons vraiment encourager le leadership en faveur de la paix, les femmes doivent être représentées dans les organismes internationaux », a-t-elle ajouté. 

Constatant que les opérations de maintien de la paix sont trop souvent interrompues au moment où elles sont le plus nécessaires, sans que le conflit sous-jacent ne soit résolu, Mme Johnson Sirleaf a plaidé pour un « leadership en faveur de la paix » destiné à restaurer la crédibilité de l’architecture internationale de paix et de sécurité.  Un tel leadership est également nécessaire pour faire face aux menaces existentielles auxquelles est confrontée l’humanité entière, comme la crise climatique, la prolifération nucléaire ou encore les pandémies. 

Aujourd’hui, cependant, lorsque le monde se tourne vers l’ONU pour faire preuve de leadership face à ces menaces, il se heurte à un Conseil de sécurité « largement considéré comme inefficace », a fait observer Mme Johnson Sirleaf.  À ses yeux, la réforme tant attendue de cet organe est désormais urgente afin de l’adapter au monde d’aujourd’hui, plutôt que de le laisser être une « relique de 1945 ».  Afin de profiter de l’élan du Pacte pour l’avenir, les Sages appellent à la mise en place d’une coalition chargée de lancer un processus de réforme et de mener des négociations en vue d’un Conseil de sécurité plus représentatif et plus efficace, avec l’apport central de l’Assemblée générale.  « Combien de temps pouvons-nous continuer à travailler dans un système qui est clairement en échec? » s’est toutefois demandé Mme Johnson Sirleaf, pour qui « le temps des excuses est révolu ». 

Déclarations des délégations non membres

Érosion du droit international et de la Charte des Nations Unies, panne de leadership, déficit de responsabilité et de crédibilité: les délégations qui se sont exprimées cet après-midi à la suite des membres du Conseil de sécurité ont plaidé tour à tour en faveur de la réforme de cet organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales, afin de le rendre plus inclusif, cohérent et efficace, mieux adapté aux défis du XXIe siècle. 

« Nous assistons à un profond changement dans les relations internationales. Hélas, pas pour le mieux », a diagnostiqué le Président de la Pologne.  L’agression russe de l’Ukraine menace la sécurité mondiale et aggrave les problèmes mondiaux les plus urgents, a-t-il déploré, accusant Moscou d’abuser de son droit de veto pour empêcher le Conseil de condamner cette violation flagrante du droit international.  « Il est choquant qu’un membre permanent du Conseil de sécurité, qui devrait s’occuper du droit international et de la sécurité, le ruine tout simplement. »

Témoin de la multiplication des violations du droit international en toute impunité, sur la base d’une « politique de puissance » plutôt que de recherche de la paix, le Président de la Slovaquie a noté que les États Membres de l’ONU trouvent de plus en plus difficile de faire confiance à la capacité du Conseil de résoudre les crises.  « Voyez où cela nous mène », a-t-il tancé, en montrant l’exemple de son voisin immédiat, l’Ukraine, aujourd’hui déchiré par la guerre en dépit des dénonciations répétées de l’agression russe par une majorité « écrasante » des Membres de l’ONU. 

L’autorité du Conseil « s’effondre », a renchéri le Premier Ministre espagnol: ses résolutions ne sont pas appliquées, le recours au veto entraîne une paralysie constante et l’un de ses membres permanents viole la Charte de manière flagrante en envahissant un autre pays de manière illégale.  Comme des dizaines de chefs d’État et de gouvernement intervenus lors de ce débat public, il a souligné l’importance d’une mise en œuvre cohérente des dispositions de la Charte, l’application du droit international ne pouvant être ni sélective ni subordonnée aux intérêts politiques ou stratégiques des grandes puissances.  De même, le droit international humanitaire, ce « minimum d’humanité », ne doit jamais être remis en question. 

Pour offrir à nos citoyens la sécurité et le développement qu’ils recherchent, le monde a besoin de deux choses: des institutions multilatérales « opérationnelles » et des membres qui assument leurs responsabilités, a affirmé le Président de la Tchéquie.  Or, a-t-il ajouté, « la Russie fait tout le contraire », ébranlant au passage les fondements mêmes de notre sécurité collective.  Une responsabilité qui incombe également à la Chine, laquelle continue, selon le dirigeant tchèque, d’alimenter le conflit en Ukraine en fournissant à Moscou les outils dont elle a besoin pour renforcer ses capacités militaires.  La Chine doit remplir le rôle qu’elle aspire à jouer en tant qu’acteur mondial, a-t-il résumé, avec les avantages, mais aussi les responsabilités énormes et indissociables qui l’accompagnent. 

« La valeur d’une nation, la valeur d’une communauté, ne se mesure pas à ses capacités de violence, pas plus qu’à la valeur de ses armées », a martelé le Président du Conseil européen.  Évoquant un « pacte fondateur » entre les nations les plus puissantes et le reste du monde, par lequel celui-ci a accepté de leur conférer un droit de veto en échange de la « garantie de la paix mondiale », il n’a pu que constater que ce pacte est aujourd’hui remis en question à mesure que les bombes pleuvent sur Kyïv, sur Gaza ou encore sur le Soudan.  « Lorsque les crimes restent impunis, les victimes perdent la foi.  Nous perdons tous la foi. »  Un monde nouveau, plus brutal, est né, a insisté le Président du Conseil, pour qui le Conseil de sécurité doit être réformé. 

Les violences « extrêmes » -comme celles infligées au peuple palestinien à Gaza qui ont forcé la majorité de la population à quitter ses foyers « une fois, deux fois, cinq fois » depuis le début du conflit, il y a un an- n’ont pas permis de résoudre la crise ni d’établir la paix, a relevé le Secrétaire général de la Ligue des États arabes, pour qui il suffit d’appliquer le droit à l’autodétermination.  Considérant, comme l’a souligné l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ), que ce conflit « n’a pas commencé le 7 octobre », il a estimé que le Moyen-Orient pourrait être « à feu et à sang » pendant des années si Israël n’est pas tenu de rendre des comptes.  « La crédibilité du Conseil et de l’ONU est en jeu, et elle est en péril », a-t-il insisté. 

« Le Leadership pour la paix commence dans cette salle », a rappelé le Président du Conseil de direction présidentiel du Yémen.  Il a dénoncé le manque de volonté politique du Conseil pour agir, ce qui mène selon lui à l’aggravation des conflits, comme celui qui perdure dans son pays et a perdu des « centaines de milliers d’âmes innocentes » aux mains des houthistes. Ainsi, les attaques de ceux-ci contre le commerce international en mer Rouge procèdent selon lui de la « faillite » du Conseil qui n’a pas traité cette situation avec sérieux. 

Pour le Ministre des affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger du Maroc, le respect de la Charte ne saurait être « à géométrie variable ». La situation « indescriptible » et les milliers de morts à Gaza interpellent tous les États Membres sur la pertinence de nos mécanismes, a-t-il relevé, jugeant « déplorable » l’incapacité du Conseil à accomplir sa mission lors de violations graves de la Charte. 

Or, si les menaces auxquelles nous faisons face évoluent rapidement, il est essentiel que nos outils et mécanismes évoluent avec la même célérité afin de répondre aux défis contemporains, a déclaré le Président du Panama, pays qui fera son entrée au Conseil de sécurité en 2025 à titre de membre non permanent.  Loin d’être anodines, les conséquences de l’inaction du Conseil produisent davantage de victimes, de déplacements forcés et de migrations irrégulières, ébranlant la stabilité et la sécurité d’États stables, soudainement forcés de composer avec des flux migratoires sans précédent.  Située « depuis 1 000 jours » aux abords d’une zone de guerre, la Hongrie a vu « en face » ses répercussions, a attesté son Ministre des affaires étrangères et du commerce, à commencer par l’afflux de 1,3 million de réfugiés ukrainiens. 

Si la responsabilité première d’assurer la paix et la sécurité internationales incombe au Conseil, cet organe « ne fait pas toujours ce que nous attendons de lui », a regretté le Président de la Finlande, au nom des pays nordiques. L’une des causes de cette lacune réside dans l’usage sans retenue du veto par certains membres permanents, ainsi que sa composition, qui doit être revue afin de mieux refléter les réalités mondiales du XXIe siècle. 

Le déclin de la confiance dans le Conseil de sécurité est encore dû, selon le Président des Maldives, à l’absence de représentation égale, de responsabilité et de transparence.  Il est en outre alimenté par l’intervention « sélective » du Conseil, qui maintient la sécurité « pour certains mais pas pour d’autres ».  Il a dénoncé sa composition « archaïque », qui ne correspond pas aux réalités de la composition actuelle de l’ONU, où les petits États insulaires en développement (PEID), par exemple, comptent pour un cinquième des États Membres.  « Nous méritons une place à la table des discussions », a-t-il tonné.

Le projet d’élargissement du Conseil a reçu l’aval de nombreuses délégations, afin que des régions telles que l’Afrique et l’Amérique du Sud puissent faire entendre leur voix dans la prise de décisions concernant la paix et la sécurité internationales.  Membre du Groupe « Unis pour le consensus », l’Espagne a défendu les idées d’un Conseil de sécurité élargi, avec de nouveaux membres non permanents, ainsi que de l’abolition du veto et, dans l’intervalle, de toute initiative susceptible d’en limiter l’usage.  Rendre le Conseil de sécurité plus responsable implique également d’examiner les motifs qui sous-tendent le recours au veto lorsqu’il fait obstacle à toute action significative en faveur de la paix, a indiqué le Ministre des affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande. 

Afin de soutenir les efforts de prévention et de consolidation de la paix, la Ministre des affaires étrangères du Népal a proposé de renforcer les partenariats avec les organisations régionales et les institutions financières internationales. 

Soulignant l’importance fondamentale du leadership national, le Président finlandais a également fait remarquer que la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité est, en définitive, tributaire de la volonté des États Membres et qu’il leur appartient de prendre des décisions éclairées par le droit international et la Charte des Nations Unies. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale ouvre son débat annuel sur un constat d’échec face à l’impunité, l’inégalité et l’incertitude qui rendent le monde insoutenable

Soixante-dix-neuvième session
7e et 8e séances, matin & après-midi
AG/12633

L’Assemblée générale ouvre son débat annuel sur un constat d’échec face à l’impunité, l’inégalité et l’incertitude qui rendent le monde insoutenable

Après un sommet tourné vers l’avenir, concrétisé dans un Pacte pour l’avenir adopté le 22 septembre, les chefs d’État et de gouvernement ont défilé aujourd’hui à la tribune de l’Assemblée générale en prenant acte de « l’impasse » dans laquelle se trouve pour l’instant le monde, confronté aux divisions géopolitiques, au réchauffement planétaire, aux guerres sans fin et aux menaces nucléaires.  Les femmes (seulement deux aujourd’hui) et hommes d’État ont oscillé entre une dénonciation de l’escalade des tensions, principalement en Ukraine et au Moyen-Orient, un appel urgent à l’action climatique et un plaidoyer en faveur de réformes du système multilatéral. 

En ouverture de ce débat général annuel de l’ONU, le Secrétaire général a décrit la situation comme un « tourbillon », en priant les dirigeants mondiaux de s’attaquer à ce qui rend notre monde « insoutenable », à savoir l’impunité, l’inégalité et l’incertitude.  Il a pointé le fait qu’un nombre croissant de gouvernements et d’autres acteurs se sentent autorisés à fouler aux pieds le droit international, à violer la Charte des Nations Unies et à ignorer les conventions relatives aux droits humains ou les décisions des tribunaux internationaux, tout cela « sans que rien ne se passe ». Évoquant la guerre en Ukraine, M. António Guterres a surtout insisté sur le « cauchemar permanent » qui se déroule à Gaza et qui menace d’entraîner la région dans le chaos. 

Après avoir appelé à un cessez-le-feu immédiat, à la libération inconditionnelle de tous les otages et au lancement d’un processus irréversible « pour que la solution des deux États voie le jour », le Chef de l’ONU a demandé à « ceux qui continuent de saper cet objectif en multipliant les implantations, les expulsions, les provocations », quelle pourrait être « l’alternative ».  Il a été rejoint dans cette prise de position par le Président de la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale, M. Philémon Yang (ancien Premier Ministre du Cameroun), pour qui la solution des deux États est la seule à garantir la paix, la sécurité et la dignité « tant aux Palestiniens qu’aux Israéliens ». 

Dans ce conflit, le droit de se défendre est devenu un « droit de se venger », empêchant ainsi tout accord, s’est alarmé le Président du Brésil, tandis que le Roi de Jordanie jugeait « intenable » le statu quo dans les territoires palestiniens, rappelant que, dans un récent avis consultatif, la Cour internationale de Justice (CIJ) a conclu à l’illicéité de l’occupation israélienne.  « Nous ne regarderons pas en silence l’apartheid se perpétrer contre d’autres », a renchéri le Président de l’Afrique du Sud, dont le pays est à l’origine de la saisine de la CIJ.  Utilisant le même terme d’« apartheid », l’Émir du Qatar s’est ému que certains en Israël veuillent « éliminer un peuple ». 

Plus virulent encore, le Président de la Türkiye a regretté que l’ONU peine à remplir sa mission fondatrice et se transforme peu à peu en une « structure dysfonctionnelle, lourde et inerte ».  Qu’attend le Conseil de sécurité pour faire cesser ce « génocide »? s’est-il interrogé, avant de réclamer que des « mesures coercitives contre Israël » soient inscrites à l’ordre du jour de cet organe.  À ceux qui soutiennent inconditionnellement Israël, il a demandé jusqu’à quand ils continueront à supporter « la honte d’être complices de ce massacre ». 

Implicitement visé, le Président des États-Unis a réitéré son appel au cessez-le-feu, estimant que seul un arrêt des hostilités permettrait d’assurer le retour des otages, de préserver la sécurité d’Israël et de libérer Gaza de l’étau du Hamas.  Il a également demandé que soit mis un terme aux violences « inacceptables » contre les Palestiniens de Cisjordanie, avant d’avertir qu’au Liban, une guerre à large échelle n’est dans l’intérêt de personne.  La paix permettrait au contraire de mieux faire face à la menace de l’Iran et de son programme nucléaire, a-t-il argué. 

Le Président iranien a, lui, fustigé le retrait en 2018 du Plan d’action global commun (PAGC) par l’ancien Président américain Donald Trump, assurant que l’Iran s’acquittait alors de ses obligations.  Il a réitéré la volonté de son pays de collaborer avec les participants au Plan. En ce qui concerne la question palestinienne, il a proposé de garantir le droit des Palestiniens à l’autodétermination en leur soumettant un référendum.

Sur la guerre en Ukraine, le Chef de la Maison Blanche y a vu un « échec » du Président Putin, dans la mesure où l’agressé tient tête à l’agresseur et où l’OTAN est plus forte que jamais.  Un avis nuancé par le Président de la Lituanie, pour qui l’impuissance de la communauté internationale face à l’invasion russe est « un coup terrible porté à la crédibilité même du système des Nations Unies ».  La logique de conquête et le mépris du droit international doivent cesser, a tranché son homologue de la Pologne, inquiet que tout pays puisse désormais être victime d’une agression. 

À l’instar du Secrétaire général, qui a qualifié d’injustice mondiale le fait que l’Afrique ne dispose toujours pas d’un siège permanent au Conseil de sécurité, de nombreux intervenants ont plaidé pour une réforme de l’ONU et de ce Conseil.  Il est inacceptable que certaines décisions en faveur de la paix ne puissent être adoptées en raison d’un usage abusif du droit de veto, a fait valoir le Président du Guatemala.  Son homologue du Brésil a quant à lui revendiqué un siège permanent pour l’Amérique latine, tandis que le Président de la Sierra Leone s’est fait l’écho de la requête formulée par l’Union africaine pour l’octroi au continent de deux sièges permanents et de deux autres non permanents. 

Également partisan d’une réforme de l’architecture financière internationale afin d’offrir aux pays en développement le soutien dont ils ont besoin, M. Guterres a une nouvelle fois mis l’accent sur la crise climatique.  Il a tenu à rappeler le niveau d’ambition requis pour éviter une catastrophe planétaire.  À l’approche de la COP29, il a souhaité que les pays développés tiennent leurs promesses en matière de financement de l’adaptation. 

Son appel a notamment été repris par le Président des Maldives, qui a « imploré » les pays riches et émergents de respecter les engagements pris. Le but est de « ne laisser personne de côté », comme le veut le Programme 2030 et le thème du débat général.  Mais pour certains, comme le Président de l’Argentine, le Programme 2030 a échoué.  Une des raisons pour lesquelles son pays se dissocie du Pacte pour l’avenir fraîchement adopté, cet accord n’étant selon le Chef d’État qu’une « aggravation du cap tragique emprunté par l’ONU ».  Le Président du Viet Nam s’est alarmé pour sa part de la concurrence stratégique de plus en plus « féroce et conflictuelle » entre les grandes puissances, à une époque où 780 millions de personnes connaissent la famine.

Le débat général se poursuivra demain, mardi 25 septembre, à partir de 9 heures.

PRÉSENTATION DU RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION (A/79/1)

OUVERTURE DU DÉBAT GÉNÉRAL

Déclarations liminaires

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a constaté que « notre monde est pris dans un tourbillon », entre divisions géopolitiques, réchauffement planétaire, guerres sans fin et gesticulations nucléaires. Et si la moitié de l’humanité doit se rendre aux urnes cette année, « c’est sur l’humanité tout entière que pèsera l’issue de ces scrutins », a-t-il contemplé.  Face à ce tourbillon, M. Guterres s’est dit convaincu qu’on ne peut continuer ainsi mais qu’il est possible de relever les défis auxquels nous sommes confrontés.  Cela exige de s’assurer que les mécanismes de règlement des problèmes internationaux « permettent bel et bien de régler les problèmes », a-t-il avancé, voyant dans le Sommet de l’avenir « un premier pas ». Pour y parvenir, il faut selon lui s’attaquer à trois grands facteurs de l’insoutenabilité que sont l’impunité, l’inégalité et l’incertitude. 

Qualifiant le degré d’impunité dans le monde d’« indéfendable sur le plan politique et moralement intolérable », le Secrétaire général a pointé le fait qu’un nombre croissant de gouvernements et d’autres acteurs se sentent autorisés à fouler aux pieds le droit international, à violer la Charte des Nations Unies et à ignorer les conventions relatives aux droits humains ou les décisions des tribunaux internationaux.  Ils peuvent bafouer le droit international humanitaire, envahir un autre pays, dévaster des sociétés entières ou mépriser le bien-être de leur propre peuple « sans que rien ne se passe ».  C’est le cas en Ukraine, où la population civile paie le prix d’une guerre qui s’étend.  C’est le cas aussi à Gaza, où le « cauchemar permanent » du conflit menace d’entraîner toute la région dans le chaos, à commencer par le Liban.

Rien ne peut justifier les actes de terreur commis par le Hamas le 7 octobre, ni les prises d’otages, ni le châtiment collectif infligé au peuple palestinien, a réaffirmé le Secrétaire général, tout en reconnaissant que la rapidité et l’ampleur du massacre et des destructions à Gaza ne ressemblent à rien de ce qu’il a connu depuis qu’il dirige l’ONU.  Rappelant que plus de 200 membres du personnel des Nations Unies ont déjà été tués, il a rendu hommage à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et à tous les acteurs humanitaires présents à Gaza, avant d’appeler à un cessez-le-feu immédiat, à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages et au lancement d’un processus irréversible pour que la solution des deux États voie le jour.  Quelle est l’alternative? a-t-il demandé à « ceux qui continuent de saper cet objectif en multipliant les implantations, les expulsions, les provocations ». 

Du Soudan au Sahel, du Myanmar à la République démocratique du Congo, en passant par Haïti et le Yémen, les populations restent exposées à des souffrances effroyables, « sur fond d’incapacité chronique à trouver des solutions ».  Dans ce monde où de plus en plus de pays « occupent les espaces laissés vides par les divisions géopolitiques et font ce qu’ils veulent sans avoir à rendre de comptes », il est plus important que jamais de réaffirmer la Charte, d’appuyer le droit international et de renforcer les droits humains, a soutenu le Secrétaire général. 

Abordant l’augmentation des inégalités, M. Guterres a noté qu’un tiers des 75 pays les plus pauvres du monde se trouve aujourd’hui dans une situation pire qu’il y a cinq ans.  « Au cours de la même période, les cinq hommes les plus riches de la planète ont plus que doublé leur fortune », a-t-il relevé, ajoutant que 1% des habitants de la planète détient 43% de l’ensemble des avoirs financiers mondiaux. Et alors que certains gouvernements décuplent les inégalités en accordant des cadeaux fiscaux massifs aux entreprises et aux ultrariches, personne n’est plus lésé que les femmes et les filles du monde entier, a déploré le Secrétaire général.  Tout en condamnant les cas de féminicides, de violences fondées sur le genre et de viols collectifs, les lois utilisées pour menacer les droits reproductifs, et, en Afghanistan, l’oppression systématique des femmes et des filles, il s’est dit « désolé » de constater que moins de 10% des intervenants au débat général de cette semaine sont des femmes. 

Les inégalités mondiales se reflètent jusque dans nos propres organisations internationales, a poursuivi le Chef de l’ONU, pour qui « un changement s’impose » alors que l’Afrique ne dispose toujours pas d’un siège permanent au Conseil de sécurité.  De même, la lutte contre les inégalités exige une accélération de la réforme de l’architecture financière internationale, a-t-il plaidé, jugeant que les institutions de Bretton Woods ne sont plus en mesure de fournir un filet de sécurité mondial, ni d’offrir aux pays en développement le niveau de soutien dont ils ont besoin.  Pour redresser le cap, il faut selon lui que les pays du G20 financent le Plan de relance des objectifs de développement durable, que des réformes renforcent la capacité de prêt des banques multilatérales de développement et que soit encouragée une restructuration de la dette à long terme. 

Quant à l’incertitude, troisième facteur de l’insoutenabilité de notre monde, elle est alimentée par la menace existentielle que constitue la crise climatique.  Toutefois, si le problème s’aggrave, les solutions apportées deviennent plus efficaces, a nuancé M. Guterres, prenant l’exemple des énergies renouvelables, désormais accessibles et d’un coût abordable.  Signalant que, d’ici à l’an prochain, tous les pays devront élaborer de nouveaux plans d’action ambitieux ou déterminer leurs contributions au niveau national, le Secrétaire général a précisé que, selon l’Agence internationale de l’énergie, le niveau d’ambition à atteindre d’ici à 2035 est une diminution de 80% des émissions en moyenne dans les économies avancées et de 65% dans les marchés émergents.  À l’approche de la COP29, il a souhaité que le fonds pour les pertes et les préjudices soit à la hauteur de l’enjeu et que les pays développés tiennent leurs promesses en matière de financement de l’adaptation.  Il a également demandé aux pays du G20 de mettre fin aux subventions et aux investissements liés aux combustibles fossiles, de financer à la place une transition énergétique juste et de « faire payer les pollueurs » via une redevance internationale de solidarité sur l’extraction. 

Autre menace existentielle aux conséquences imprévisibles, l’essor des nouvelles technologies, et notamment de l’intelligence artificielle, interroge, a encore observé le Secrétaire général.  Faute de mesures mondiales pour en gérer le déploiement, l’intelligence artificielle risque d’engendrer des divisions artificielles dans tous les domaines, a-t-il alerté, estimant toutefois que l’adoption du Pacte numérique mondial et les recommandations de l’Organe consultatif de haut niveau sur l’intelligence artificielle peuvent asseoir les bases d’une gouvernance inclusive en la matière.  « Ensemble, faisons de l’intelligence artificielle une force au service du bien », a-t-il lancé. 

Plus largement, a conclu le Chef de l’ONU, le Sommet de l’avenir a montré que nous pouvons unir nos forces dans un esprit de dialogue et de compromis pour engager le monde sur une voie plus durable.  « Ce n’est que le début, une boussole dans la tempête; il faut continuer sur cette lancée. »

M. PHILEMON YANG, Président de la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale, a accueilli les délégations en rappelant que le débat général reste « l’une des plateformes de réflexion mondiale et d’action collective les plus inclusives, représentatives et faisant autorité au monde ».  Cette année, a-t-il dit, l’accent sera mis sur la poursuite des objectifs de développement durable, dont seulement 18% ont été atteints, mais aussi sur la crise climatique, qui ravage les écosystèmes et démantèle les moyens de subsistance de communautés entières, et sur les conflits qui continuent de faire rage, du Moyen-Orient à l’Ukraine, d’Haïti au Soudan du Sud.  Il a profité de cette occasion pour appeler à un cessez-le-feu immédiat dans la guerre Hamas-Israël, ainsi qu’à la libération inconditionnelle de tous les otages et au respect par toutes les parties du droit international. Seule une solution à deux États peut mettre fin au cycle de violence et d’instabilité, garantissant la paix, la sécurité et la dignité tant aux Palestiniens qu’aux Israéliens, a-t-il affirmé.

Jugeant essentiel de ne pas détourner des ressources essentielles vers des stocks militaires, M. Yang a déploré que les armes nucléaires continuent de constituer une menace pour l’humanité et notre planète.  Il a appelé à des mesures urgentes pour l’abolition de ces « outils d’anéantissement de la race humaine et de notre environnement », avant d’encourager les États Membres à investir davantage dans l’instauration de la confiance et la pratique du dialogue, condition préalable à une paix et une sécurité durables. 

Alors que l’égalité des sexes reste un objectif lointain, que des millions de personnes restent piégées dans la pauvreté et que l’esclavage moderne persiste, le Président de l’Assemblée générale a condamné ces insultes à la dignité humaine et exigé de les combattre à tout moment dans chaque société.  Il est également urgent de réformer le système financier international, alors que trop de pays restent accablés par une dette écrasante, a-t-il ajouté, dénonçant par ailleurs une fracture numérique qui prive des populations entières des outils nécessaires pour réussir au XXIe siècle. 

Face à ces crises, a souligné M. Yang, nous disposons de l’un des outils les plus puissants pour un changement positif: « une coopération internationale fondée sur la vérité indéniable selon laquelle même les nations les plus puissantes ne peuvent pas résoudre seules ces défis complexes ». Cette vérité a été réaffirmée lors du Sommet de l’avenir, s’est-il félicité, saluant l’adoption par consensus du Pacte pour l’avenir, qui redynamise les institutions multilatérales pour répondre aux exigences d’un monde en évolution rapide. 

Pour le Président de l’Assemblée générale, un monde meilleur commence par la libération du potentiel de tous les peuples, sans négliger les défis auxquels font face les petits États insulaires en développement, les États en développement sans littoral, les pays les moins avancés et les petits États.  Il incombe à l’ONU de faire plus que simplement exprimer sa solidarité, a ajouté le Président de l’Assemblée générale, promettant de faire de cette question l’une de ses priorités. 

Également prioritaire, l’Afrique doit être soutenue, a poursuivi M. Yang, pour qui il importe de véritablement libérer le potentiel de ce continent et de cultiver des partenariats mondiaux qui correspondent à ses aspirations.  Il s’est dit impatient de travailler avec tous les États Membres pour maintenir l’Afrique au cœur de l’ordre du jour. 

Le Président de l’Assemblée générale entend par ailleurs donner la priorité au multilinguisme en tant que reconnaissance de la richesse culturelle et linguistique de notre monde.  À ses yeux, « la multitude de langues, de cultures et de perspectives ne doit pas être considérée comme une source de division mais comme une source de force ». 

Misant sur une semaine de haut niveau « très réussie », M. Yang a précisé qu’outre le Sommet de l’avenir récemment conclu et ce débat général en cours, auront lieu l’événement de haut niveau sur la résistance aux antimicrobiens, la réunion de haut niveau sur la réponse aux menaces existentielles posées par l’élévation du niveau de la mer et la réunion plénière de haut niveau pour promouvoir la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires.  Tout au long de cette session, nous aborderons les questions urgentes de notre temps, a-t-il promis, se disant convaincu qu’au-delà des différences de point de vue, les États Membres partagent le même objectif fondamental: « construire un monde meilleur, pour tous, partout ». 

Déclarations

M. LUIZ INÁCIO LULA DA SILVA, Président du Brésil, a souligné l’alarmante escalade des tensions géopolitiques et des rivalités stratégiques.  « Le recours à la force, en contradiction avec le droit international, est devenu la norme. »  Nous sommes les témoins de deux conflits concomitants qui pourraient se transformer en déflagration généralisée, s’est-il inquiété.  Il a condamné l’invasion du territoire ukrainien, en ajoutant qu’aucune des parties à ce conflit ne pourra atteindre tous ses objectifs par des moyens militaires.  Il a jugé crucial de créer les conditions pour une reprise d’un dialogue direct entre les deux parties.  « C’est le message des six points de convergence que le Brésil et la Chine ont proposé pour un retour au dialogue et une cessation des hostilités. »

Le Président a ensuite évoqué la grave crise à Gaza et en Cisjordanie qui est en train de s’étendre au Liban.  « Ce qui a commencé comme une action terroriste perpétrée par des fanatiques contre des civils israéliens innocents est devenu un châtiment collectif pour l’ensemble du peuple palestinien. »  Le droit de se défendre est devenu un droit de se venger, empêchant ainsi un accord pour la libération des otages et différant tout cessez-le-feu, a tranché le Président. 

Il a ensuite abordé la crise climatique et le réchauffement climatique, « qu’il est impossible de nier ».  L’année 2024 devrait être l’année la plus chaude de l’histoire moderne, a-t-il dit, en signalant que le sud du Brésil a connu ses pires inondations depuis 1941.  Il a précisé que son pays a, l’année dernière, diminué de 50% la déforestation de l’Amazonie, dans l’objectif de l’éradiquer d’ici à 2030.  Il a aussi rappelé que le Brésil accueillera en 2025 la COP30, se disant convaincu que seul le multilatéralisme permettra de surmonter l’urgence climatique.  Le Président a estimé qu’il est temps de discuter de la lenteur avec laquelle la planète se décarbonise et d’œuvrer à une économie qui soit moins dépendante des énergies fossiles. 

Le Président Lula da Silva a détaillé les efforts de défense de la démocratie dans son pays face aux attaques extrémistes, messianiques et totalitaires qui nourrissent la haine, le ressentiment et l’intolérance.  « C’est au nom de la démocratie que les Brésiliens ont vaincu les dictateurs et les tyrans qui ont essayé de saper les institutions et de les mettre au service de leurs intérêts réactionnaires. »  Dans un monde globalisé, cela n’a pas de sens de miser sur des « patriotes et isolationnistes défroqués », a tranché le Président brésilien.

Poursuivant son discours, le Président brésilien a fait remarquer que l’accès aux ressources financières demeure prohibitif pour de nombreux pays.  Le coût de l’emprunt des pays africains est près de huit fois supérieur à celui de l’Allemagne et quatre fois supérieur à celui des États-Unis, a-t-il déploré.  « C’est un Plan Marshall à l’envers, les plus pauvres finançant les plus riches. »  Il a appelé à une plus grande participation des pays en développement au Fonds monétaire international (FMI) et à la Banque mondiale.  La fortune des cinq premiers milliardaires dans le monde a plus que doublé depuis le début de la décennie, tandis que 60% de l’humanité est devenue plus pauvre, a-t-il alerté.  « Les super-riches paient proportionnellement moins d’impôts que la classe ouvrière. »  Afin de remédier à une telle anomalie, le Président a défendu une coopération internationale afin de mettre en place une imposition internationale minimale.

Enfin, il a proposé plusieurs pistes de réforme de l’ONU, en demandant que le Conseil économique et social (ECOSOC) devienne le principal forum de discussion de développement durable et de la lutte contre les changements climatiques, avec une réelle capacité à influer sur les institutions financières. L’Assemblée générale devrait être revitalisée et la Commission de consolidation de la paix renforcée, a-t-il aussi recommandé.  Le fait qu’il n’y ait pas de pays d’Afrique et d’Amérique latine siégeant de manière permanente au Conseil est inacceptable, a encore jugé le Président. « Je ne me fais pas d’illusions sur la complexité d’une réforme comme celle du Conseil, avec des intérêts en faveur du statu quo bien établis. »  Cela va exiger un effort de négociation considérable, mais c’est notre devoir, a-t-il conclu. 

M. JOSEPH R. BIDEN, Président des États-Unis d’Amérique, a rappelé qu’il avait entamé sa carrière politique dans un monde divisé par la guerre froide et dans un pays en plein conflit avec le Viet Nam. Aujourd’hui, les États-Unis et le Viet Nam ont forgé une paix historique et un important partenariat, s’est-il félicité, voyant dans cette évolution la preuve de la capacité humaine de réconciliation. 

L’avenir est fait de menaces, mais aussi d’occasions à saisir, a estimé M. Biden, qui a rappelé son travail pour mettre fin aux conflits déclenchés dans le sillage des attaques du 11 septembre 2001, notamment en Afghanistan, et les nombreux partenariats que son pays a relancés ou créés sous sa présidence. Les partenariats sont la clef pour que les forces qui nous unissent soient plus puissantes que celles, centrifuges, qui veulent nous diviser, a-t-il insisté.

Concernant l’Ukraine, le Président a rappelé l’aide massive octroyée par son pays, suivi par l’OTAN et une cinquantaine d’autres États.  « La guerre de Putin est un échec », a-t-il affirmé.  La Russie a voulu défaire l’Ukraine, mais elle est toujours debout; elle a voulu défaire l’OTAN, mais elle est plus forte que jamais, avec la Suède et la Finlande qui ont rejoint ses rangs, a-t-il ajouté, avant de lancer un appel à résister à la lassitude et à persister dans les actions de soutien à l’Ukraine. 

M. Biden a souhaité que son pays poursuive une gestion responsable de la concurrence avec la Chine, pour éviter de possibles conflits.  Il a toutefois assuré de la détermination de son pays à résister à la coercition en mer de Chine méridionale, à maintenir la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan, ainsi qu’à protéger ses technologies de pointe.

Rappelant les horreurs du 7 octobre, M. Biden a évoqué l’enfer que vivent les familles des otages, mais aussi les civils à Gaza, déplorant la mort de milliers d’entre eux, dont des travailleurs humanitaires.  Ils ne sont pas responsables de la guerre initiée par le Hamas, a-t-il insisté.  Il a relancé un appel au cessez-le-feu et à la libération des otages, estimant qu’ainsi seulement l’on pourra assurer le retour des otages, la sécurité d’Israël et libérer Gaza de l’étau du Hamas.  Il a également demandé que soit mis un terme aux violences contre les Palestiniens de Cisjordanie, « inacceptables », préconisé une solution à deux États, avant d’avertir qu’au Liban, « une guerre à large échelle n’est dans l’intérêt de personne ».  À ses yeux, la paix permettrait au contraire de mieux faire face à la menace de l’Iran, et il a appelé à veiller à ce que ce pays ne mette jamais la main sur l’arme nucléaire.  Il a également cité le conflit au Soudan, exhortant le monde à cesser d’armer les généraux soudanais.

Les citoyens ont cependant besoin de davantage que l’absence de guerre, a poursuivi le chef d’État, demandant que chacun puisse vivre dans la dignité, à l’abri de la faim, de la maladie et des crises climatiques.  Il a rappelé que les États-Unis avaient contribué pour 150 milliards de dollars à la réalisation des objectifs de développement durable, dont 30 milliards pour la sécurité alimentaire, avant d’assurer que son pays était sur le point de quadrupler financement de l’action climatique pour les pays en développement.  Il a également dit vouloir lancer une initiative à même de mobiliser les financements pour les pays en développement et les aider à construire des infrastructures pour une énergie propre et à négocier la révolution du numérique. 

M. Biden a jugé nécessaire un élargissement du Conseil de sécurité, afin qu’il reflète le monde actuel.  Il a souhaité que les Nations Unies redeviennent le négociateur à même de conclure la paix et de mettre fin à la dissémination des armes les plus dangereuses, mais aussi qu’elles préparent les citoyens à l’avenir avec l’évolution fulgurante des nouvelles technologies.  À ce titre, il s’est félicité de la résolution sur l’intelligence artificielle adoptée par l’Assemblée générale. 

Ces nouvelles règles ne représentent toutefois qu’une modeste part du travail à accomplir, a averti M. Biden, qui a insisté sur la nature imprévisible des futurs développements et déploiements de l’intelligence artificielle. Le plus grand défi sera peut-être de faire en sorte qu’elle ne constitue pas un instrument de répression plus puissant encore entre les mains des dictateurs, a-t-il averti.

Revenant sur sa décision de ne pas briguer un nouveau mandat, malgré son envie d’en faire plus, le Président des États-Unis a déclaré à ses homologues présents qu’il existe des choses plus importantes que de rester au pouvoir. Nous sommes au service de nos peuples, et non l’inverse, a-t-il insisté.  Enfin, il s’est félicité de ce que l’art de la démocratie transcende les frontières, que ce soit dans la lutte contre l’apartheid, avec les récentes manifestations au Venezuela ou chez les militants LGBT en Ouganda.  Aux quatre coins du monde, nous voyons des citoyens tenter de prendre les rênes de leur avenir, s’est-il félicité, y trouvant une source d’optimisme.

M. RECEP TAYYİP ERDOĞAN, Président de la Türkiye, s’est adressé à l’Assemblée en tant que dirigeant d’un pays qui n’est pas loin des tensions.  À ce titre, il a regretté que l’ONU peine à remplir sa mission fondatrice et se transforme peu à peu en une « structure dysfonctionnelle, lourde et inerte ».  La paix et la sécurité internationales sont trop importantes pour être « laissées à l’arbitraire des cinq privilégiés », s’est-il indigné, jugeant que l’exemple le plus dramatique de cette situation est le massacre qui se déroule à Gaza depuis 353 jours.  Suite aux attaques israéliennes, l’enclave est devenue le plus grand cimetière d’enfants et de femmes au monde, a dénoncé le chef d’État, pour qui, avec les enfants palestiniens, ce sont les espoirs de l’humanité qui meurent aussi. « Qu’attend le Conseil de sécurité pour empêcher le génocide à Gaza et dire stop à cette cruauté? » Quant à ceux qui soutiennent inconditionnellement Israël, il leur a demandé jusqu’à quand ils continueront à supporter « la honte d’être complices de ce massacre ». 

Accusant le Gouvernement israélien de conduire « un nettoyage ethnique » et une occupation « étape par étape », M. Erdoğan a estimé que les Palestiniens exercent à juste titre leur « droit légitime de résistance ».  Dans ce contexte, il a condamné l’attitude de ceux qui sont censés œuvrer pour un cessez-le-feu sous les projecteurs et qui continuent d’envoyer en coulisses des armes et des munitions à Israël.  À ses yeux, c’est d’autant plus incohérent que le Hamas a déclaré à plusieurs reprises son acceptation de la proposition de cessez-le-feu.  Face au refus de la paix exprimé par le Gouvernement israélien, il a réclamé que des « mesures coercitives contre Israël » soient inscrites à l’ordre du jour du Conseil.  « Tout comme Hitler a été arrêté par l’alliance de l’humanité il y a 70 ans, il doit en être de même pour Netanyahu et son réseau meurtrier », a-t-il martelé, estimant que le pouvoir de l’Assemblée générale de formuler des recommandations sur le recours à la force doit être pris en compte dans ce processus.  La Türkiye a démontré sa sensibilité sur cette question en devenant le pays qui envoie le plus d’aide à Gaza et en arrêtant ses transactions commerciales avec Israël, a signalé son Président, soutien ardent de l’action intentée par l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de Justice (CIJ) pour garantir que les crimes commis par Israël ne restent pas impunis. 

Abordant la situation des pays voisins du sien, M. Erdoğan a déploré que la Syrie reste aux prises avec des organisations terroristes et séparatistes. Il a souhaité que le processus politique progresse et que la réconciliation nationale se réalise.  Il a d’autre part salué les mesures prises par l’Iraq en faveur de sa réintégration dans la région.  Le succès de ces efforts dépend de l’élimination de la menace terroriste, notamment celle du PKK, a-t-il souligné, avant de plaider pour une relance du Plan d’action global commun avec l’Iran.  Après avoir promis d’augmenter l’appui de la Türkiye aux efforts visant à mettre fin à la guerre en Ukraine « par la diplomatie et le dialogue », il a dit soutenir le processus de paix entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, et a appelé la communauté internationale à reconnaître la République turque de Chypre du Nord. 

Avant de conclure, M. Erdoğan a fait observer que son pays est de ceux qui fournissent l’aide la plus élevée proportionnellement à leur revenu national et qui, ainsi, contribuent à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  Jugeant que toutes les nations devraient bénéficier de manière égale du pouvoir transformateur des technologies émergentes, notamment de l’intelligence artificielle, il a estimé que la Banque de technologies des Nations Unies pour les pays les moins avancés (PMA), que la Türkiye abrite, est une manifestation concrète de ces efforts.  Il a enfin souhaité que la COP29 organisée à Bakou fasse progresser l’action climatique et s’est élevé contre le danger grandissant de l’islamophobie et les attaques visant l’institution familiale, « pilier fondamental de la société ». 

« Je ne peux me rappeler des temps plus périlleux que ceux que nous vivons », a d’emblée déclaré ABDULLAH II IBN AL HUSSEIN, Roi de Jordanie. « L’ONU est attaquée, littéralement et figurativement. »  Il a fait remarquer que pendant près d’un an le drapeau bleu ciel de l’ONU flottant au-dessus des écoles et abris à Gaza n’a pas été en mesure de les protéger des bombardements militaires israéliens.  « Il n’est pas surprenant que la confiance dans les idéaux onusiens s’effrite. »  Pour beaucoup, la dure réalité est que certains pays sont au-dessus du droit, que la justice plie devant le pouvoir et que les droits humains sont un privilège accordé à certains et refusé à d’autres, a-t-il relevé. 

Le Roi a rappelé que les attaques du 7 octobre contre des civils israéliens ont été condamnées par de nombreux pays dans le monde, y compris la Jordanie, avant d’ajouter que la terreur sans précédent déclenchée depuis à Gaza échappe à toute justification.  « Le Gouvernement israélien a tué plus d’enfants, de journalistes, de travailleurs humanitaires et de soignants que dans toute guerre récente. »  Il a également dénoncé les violations flagrantes du statu quo autour des lieux saints chrétiens et musulmans à Jérusalem. Ces horreurs répétées qui se normalisent pourraient faire advenir un monde où tout est permis, a averti le Roi. « Est-ce cela que nous voulons? »

Le Roi a jugé qu’il est temps d’apporter une protection au peuple palestinien, y voyant un devoir moral de la communauté internationale.  Un mécanisme de protection devrait être établi dans tous les territoires occupés face aux extrémistes qui poussent la région au bord du gouffre, a-t-il dit, en précisant que cela inclut tous ceux qui propagent l’idée selon laquelle la Jordanie pourrait être une patrie alternative. « Pour cette raison, je veux très clair, cela n’arrivera jamais. »  Le Roi a ajouté: « Nous n’accepterons jamais le déplacement forcé des Palestiniens qui constitue un crime de guerre. »

Il a observé que pendant des décennies, Israël s’est présenté sous les traits d’une démocratie à l’occidentale florissante au Moyen-Orient. Mais la brutalité de la guerre à Gaza amène le monde à y regarder de plus près, a-t-il dit. « Maintenant, beaucoup voient Israël à travers les yeux de ses victimes. »  Le Roi a affirmé que pendant des années le monde a accepté le statu quo d’une occupation militaire des Palestiniens tout en appelant, pour la forme, à la solution des deux États, mais il est de plus en plus évident, a-t-il ajouté, que le statu quo n’est plus tenable.  Il a rappelé que la Cour internationale de Justice (CIJ), dans un récent avis consultatif, a conclu à l’illicéité de l’occupation israélienne. « Cet avis est un impératif moral pour chacun d’entre nous. »

La guerre à Gaza doit cesser, a prié le Roi en appelant à la libération de tous les otages.  Enfin, le souverain a appelé tous les pays à se joindre au sien afin d’établir un pont humanitaire international pour Gaza, dans un effort de masse pour venir en aide aux plus démunis.  « Parce que l’aide humanitaire ne doit jamais être un instrument de guerre. » Il a conclu en exhortant tous les pays à rejoindre en conscience la Jordanie dans les semaines cruciales à venir pour s’acquitter de cette mission.

M. CÉSAR BERNARDO ARÉVALO DE LEÓN, Président du Guatemala, a salué l’Assemblée dans la langue du peuple quiché, pour souligner que la démocratie dans son pays ne pourrait exister sans la détermination des peuples mayas, métis, garinagu et xinca.  Il a remercié tous ceux qui l’ont soutenu depuis son élection à la présidence en 2023 dans sa volonté de rétablir les institutions démocratiques du pays, par le biais du dialogue et d’un grand consensus national contre la corruption enracinée dans un passé autoritaire, marqué par la répression, la violence politique et l’exclusion sociale.  M. Arévalo de León s’est dit convaincu que l’Assemblée générale peut être d’accord avec ce consensus: « nous ne pouvons pas continuer à tolérer la corruption ».  Il a comparé les abus de quelques-uns à une ancre qui nous fige dans le passé, qui nous empêche de construire une société fondée sur le bien commun, se disant heureux que le Guatemala soit en train de se « libérer de ces chaînes ».

De la même manière, « cette enceinte si importante » doit retrouver ses valeurs fondamentales et s’en servir pour s’orienter dans la réalité complexe d’aujourd’hui, a-t-il recommandé.  Il est temps de sauver le multilatéralisme, de revitaliser le dialogue pour la paix et d’agir concrètement pour trouver des solutions aux problèmes urgents, à commencer par la guerre, a lancé le Président guatémaltèque. « Nous ne devons pas abandonner l’espoir d’un monde sans guerre, d’un avenir dans la paix. »  Il a réitéré la solidarité du Guatemala avec les nations qui souffrent de conflits armés et de guerres injustifiées et a lancé un appel à redoubler d’efforts, aux niveaux régional et international, pour trouver des solutions pacifiques.  « Nous ne pouvons accepter aucune violation de la Charte des Nations Unies, ni des résolutions du Conseil de sécurité, de la part d’aucun État Membre de cette Organisation: ni en Ukraine, ni à Gaza, ni au Soudan, ni dans aucune autre partie du monde. »

Le Président du Guatemala a apporté son soutien à la réforme du Conseil de sécurité, jugeant inacceptable que certaines décisions en faveur de la paix ne puissent être adoptées en raison du droit de veto.  Pour sa part, fier de contribuer à sept missions de maintien de la paix, le Guatemala va prochainement déployer un contingent de police militaire à la Mission multinationale d’appui à la sécurité en Haïti, en vertu de la résolution 2699 (2023) du Conseil.

Par ailleurs, M. Arévalo de León a rappelé que l’Organisation a l’obligation de maintenir et d’accroître sa coopération afin d’assurer la protection des migrants et des personnes déplacées.  Dans le futur que le Guatemala est en train de construire, la migration sera un droit, pas une sentence due à un manque d’opportunités, à la violence ou à la faim, a espéré le Président.  Il a souligné que tous les migrants méritent d’avoir une vie digne et de voir leurs droits fondamentaux respectés, quelles que soient les raisons qui les ont poussés à migrer.  Les conflits et les migrations en Amérique centrale sont alimentés par l’un des plus grands défis au monde, la crise climatique, a souligné M. Arévalo de León avant d’exhorter les grandes puissances à assumer leurs responsabilités à cet égard.  Il a rappelé qu’il est primordial que la prochaine COP29, qui aura lieu en Azerbaïdjan, soit une réussite.  Dans l’esprit du livre sacré du peuple maya, le Popol Vuh, il a conclu ainsi: « Que tous se lèvent, que personne ne reste en arrière. »

Mme VIOLA AMHERD, Présidente de la Confédération helvétique, a rappelé que, si le monde a changé, les principes restent identiques.  À quelques jours de la présidence suisse du Conseil de sécurité, mon pays s’inquiète de l’aggravation des tensions à travers le monde et de l’émergence de nouveaux conflits, a-t-elle déclaré.  Regrettant les violations des droits de l’homme et le mépris pour les frontières internationalement reconnues, elle a averti que la force risquait de prendre le pas sur le droit.  De grands défis se dressent devant nous, a poursuivi Mme Amherd, qui a mis en avant le rôle de l’ONU en tant que seule organisation universelle pour traiter de ces questions.  Il faut travailler ensemble et négocier avec toutes les grandes régions du monde, dans l’intérêt de tous et indépendamment des facteurs politiques, économiques ou culturels, a-t-elle insisté. 

« La recherche de la paix prime sur tout, et la Suisse s’y engage », a ensuite affirmé Mme Ahmerd, qui a rappelé la conférence de haut niveau pour la paix en Ukraine organisée par son pays, lors de laquelle une centaine d’États et d’organisations internationales ont pu réaffirmer leur engagement envers les principes de la Charte.  Rappelant l’importance du droit international et des Conventions de Genève, la Présidente a déploré les attaques envers les populations et les infrastructures civiles que ce soit à Gaza, au Soudan ou en Ukraine.  Il est urgent que les résolutions du Conseil de sécurité soient mises en œuvre et que le droit international humanitaire soit considéré comme une priorité absolue, a-t-elle insisté.  Mme Ahmerd a ensuite mis en avant le rôle des missions de paix.  Si elles n’atteignent pas toujours tous les objectifs qui leur sont fixés, elles contribuent jour après jour à la sécurité des personnes, a-t-elle rappelé, avant d’exhorter la communauté internationale à surmonter les désaccords et les intérêts particuliers. 

Mme Ahmerd a ensuite abordé d’autres défis que les conflits armés qui doivent eux aussi être relevés de toute urgence, comme les catastrophes naturelles et les conséquences des changements climatiques.  Appelant à renforcer l’engagement dans ces domaines, elle a déploré que de nombreux accords internationaux ne soient encore que trop peu appliqués, conduisant à une destruction massive de l’environnement.

Réitérant l’engagement de son pays en faveur de la liberté d’expression, la Présidente a regretté l’augmentation de la désinformation et appelé à démasquer les influences illégitimes en favorisant des débats ouverts, équitables et transparents. 

En conclusion, Mme Ahmerd a réaffirmé l’engagement de la Suisse envers le multilatéralisme et s’est félicitée de l’adoption du Pacte pour l’avenir.  Selon la Présidente, une de ses dimensions clefs est le Programme 2030 pour le développement durable.  « Nous avons besoin d’un cadre dans lequel nous pouvons travailler ensemble pour trouver des solutions », a-t-elle affirmé, estimant que le Pacte et les Nations Unies offrent ce cadre.

M. GUSTAVO PETRO URREGO, Président de la Colombie, a exhorté tous les pays à agir en toute conscience pour que cesse « l’assassinat de la Terre nourricière ».  Son allocution a été axée tout entière sur la nécessité que, face ce qu’il a qualifié à plusieurs reprises d’« oligarchie mondiale dirigée par des puissances de mort », se dresse la démocratie du peuple pour sauver l’existence de l’humanité et de la planète.  M. Urrego a répété que depuis sa venue à la tribune de l’Assemblée générale l’an dernier, le pire était plus sûr que jamais, ses manifestations les plus effroyables se déroulant sous nos yeux.  Ainsi a-t-il déploré qu’alors que les scientifiques avaient prévenu que si l’Amazone brûlait le point de non-retour climatique serait atteint, la forêt amazonienne brûle sans relâche, sonnant le glas pour la planète. 

Sur Gaza, le Président colombien a rappelé qu’il avait préconisé, avant même les premiers bombardements, la convocation d’une conférence internationale de paix pour la Palestine.  Il s’est ému de ce que désormais « les présidents de la mort et les médias qui sont à leur solde » rient de l’assassinat de 20 000 enfants sous les bombes.  Les puissances de mort, a-t-il accusé, veulent arranger le monde à leur guise, et pour ce faire ils s’affairent à contrôler l’humanité par la barbarie.  Quand Gaza mourra, c’est l’humanité tout entière qui périra, a-t-il prédit.  Selon lui, les enfants de Gaza étaient l’humanité, et les responsables de l’Armageddon du monde contemporain en cours sont les tenants de logiques infernales et mortifères.  Il a cité à cet égard la logique économique du libéralisme qui se traduit par une inégalité sociale inouïe, laquelle s’accommode du fait que 1% de l’humanité détient plus de richesse que les 95% restants.

Cette logique de destruction massive est la cause de la crise climatique et des bombes, c’est la volonté mercantile qui conduit à la destruction de l’atmosphère et de la vie et au triomphe d’un libre-échange qui maximise la mort et non la liberté, a déclaré M. Urrego pour qui ce n’est que dans un tel monde que « Netanyahou » peut agir comme il le fait, et que la mort peut être semée à l’envi au Soudan et ailleurs.  L’oligarchie mondiale conduisant l’humanité à sa propre extinction, le Président colombien a appelé les peuples, qui ne peuvent plus tolérer cela, à se mobiliser et à affirmer leur choix de la vie contre l’avidité et le choix de l’humanité contre le capital.  L’heure des peuples a sonné, a-t-il dit, exhortant les peuples à brandir « le drapeau multicolore de la vie », à agir localement dans le cadre d’une action mondiale et d’un socialisme nouveau.  Pour que le « réseau neuronal de l’humanité et la vie l’emportent », M. Urrego a appelé à prendre ce qu’il y a de meilleur dans chaque civilisation et à s’armer culturellement afin de livrer bataille en faveur de la vie humaine.  Une nouvelle histoire est sur le point de commencer, a-t-il conclu. 

M. TAMIM BIN HAMAD AL THANI, Émir du Qatar, s’est indigné de « l’agression flagrante » dans la bande de Gaza, selon lui la plus barbare, la plus horrible et la plus contraire aux normes internationales.  Il l’a d’ailleurs définie moins comme une guerre au sens classique que comme « un génocide », perpétré avec les armes les plus modernes, contre un peuple assiégé dans un « camp de concentration ».  De son point de vue, il n’est désormais plus possible de parler du droit d’Israël à l’autodéfense sans s’impliquer dans la justification du crime, et le fait de ne pas intervenir pour mettre fin à l’agression constitue un « scandale majeur ». 

Évoquant un « régime d’apartheid » dans l’État de Palestine, ainsi que la volonté parmi certains en Israël d’« éliminer un peuple », l’Émir s’est dit incrédule de découvrir que certains tentaient encore de rechercher des mesures innovantes pour gérer Gaza après la guerre en partant uniquement du « principe de sécurité » -comprendre, bien entendu, la sécurité de l’occupant, a-t-il ironisé.  M. Al Thani a aussi jugé regrettable que le Conseil de sécurité n’ait pas réussi à mettre en œuvre sa résolution pour un cessez-le-feu et qu’il se soit abstenu d’accorder à l’État de Palestine une adhésion à part entière à l’ONU, malgré l’adoption d’une résolution à cet effet par l’Assemblée générale en mai dernier.  Certes, que l’État de Palestine devienne membre de plein droit de l’ONU ne lui apporterait ni la souveraineté, ni la fin de l’occupation; mais cela enverrait au moins un message au « Gouvernement d’extrême-droite » faisant fi du droit international, à savoir que « la force n’annule pas le droit ».  Dire à quel point l’adhésion de l’État de Palestine nuirait au processus de paix, c’est chercher à brouiller les pistes, a poursuivi l’Émir; car enfin, il n’y a pas de partenaire israélien pour la paix sous le Gouvernement actuel, ni de processus de paix en cours, « mais plutôt un génocide », a-t-il répété. 

Dans ce contexte, Le Qatar a choisi d’entreprendre des efforts de médiation pour mettre fin à l’agression et pour libérer des prisonniers et des détenus.  L’Émir a insisté sur la complexité de la tâche, alors qu’« aucun parti n’hésite à assassiner les dirigeants politiques avec qui il négocie ».  Ces efforts, déployés en partenariat avec l’Égypte et les États-Unis, ont abouti à un accord sur une trêve humanitaire en novembre dernier, conduisant à un cessez-le-feu temporaire dans la bande de Gaza, à la libération de 240 prisonniers palestiniens et de 109 détenus à Gaza, ainsi qu’à une augmentation du flux des secours.  Le Qatar a aussi fourni une aide humanitaire aux habitants de Gaza et accru son soutien financier à l’UNWRA, une agence « calomniée pour des raisons politiques », liées à la volonté du Gouvernement israélien de liquider la question des réfugiés sans résoudre la question palestinienne.  La création d’un État palestinien indépendant dans le cadre d’une solution juste et durable est dans l’intérêt des deux peuples, israélien et palestinien.  « Nous n’atteindrons cet objectif qu’avec un partenaire sérieux. » 

S’agissant des derniers événements au Liban, l’Émir du Qatar a condamné une guerre dévastatrice qui est, selon lui, « le choix d’Israël », ses dirigeants sachant très bien qu’elle n’apportera pas la sécurité ni la paix au nord d’Israël ou au Liban, et que la clef de la sécurité était une paix juste.  « Arrêtez l’agression contre Gaza!  Arrêtez la guerre contre le Liban! » a-t-il lancé. 

M. CYRIL MATAMELA RAMAPHOSA, Président de l’Afrique du Sud, a estimé que la culture politique de son pays avait évolué et mûri, assurant que l’Afrique du Sud était entrée dans une nouvelle ère, pleine de promesses, que certains appelle « notre deuxième miracle » et qui voit les Sud-Africains de toutes les races se rallier au Gouvernement d’unité nationale. L’histoire de l’Afrique du Sud témoigne du rôle durable des Nations Unies dans les affaires mondiales, a-t-il estimé, expliquant qu’en « soutenant notre lutte, l’ONU a affirmé les principes de la Charte des Nations Unies – les droits fondamentaux de l’homme, la dignité et la valeur de chaque personne et l’égalité des droits des nations, grandes et petites ».

M. Ramaphosa a rappelé que son pays avait condamné l’attaque du Hamas à Gaza, voici 11 mois, mais a décrit la réaction d’Israël comme une punition collective.  La violence à laquelle le peuple palestinien est soumis est la sombre continuation de plus d’un demi-siècle d’apartheid, a estimé le Président sud-africain, qui a rappelé que « nous, les Sud-Africains, savons à quoi ressemble l’apartheid ».  « Nous ne resterons pas silencieux et ne regarderons pas l’apartheid se perpétrer contre d’autres », a-t-il lancé. 

Le droit international ne peut être appliqué de manière sélective et aucun État n’est plus égal qu’un autre, a déclaré M. Ramaphosa, qui a ainsi motivé la saisine par son pays, en décembre dernier, de la Cour internationale de Justice pour lui demander une ordonnance empêchant Israël de commettre un génocide contre le peuple de Gaza.  « Nous l’avons fait dans le cadre de nos obligations en tant qu’État partie à la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide », a-t-il expliqué, estimant que la seule solution durable au conflit est la création d’un État palestinien, existant côte à côte avec Israël et avec Jérusalem-Est comme capitale. 

Au nom de la « conscience morale », le Président sud-africain a ensuite exigé que tous les efforts soient déployés pour apporter la paix à la République démocratique du Congo, au Soudan, au Yémen, à l’Ukraine et à la région troublée du Sahel.  Il a demandé que soient concrétisées les aspirations du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination.  Il a réclamé de toute urgence une réforme du Conseil de sécurité pour le rendre représentatif et inclusif, se désolant de constater que l’Afrique et son 1,4 milliard d’habitants restent exclus d’une des principales structures de prise de décisions. 

Évoquant la crise climatique, devenue urgence climatique, M. Ramaphosa a rappelé que, bien qu’ils soient les moins responsables des changements climatiques, les pays en développement et particulièrement les pays africains sont en première ligne.  Il a jugé essentiel que les actions climatiques n’aggravent pas les inégalités mondiales ou n’étouffent pas les aspirations de développement des pays du Sud. Il a plaidé pour la mise en œuvre des instruments convenus de financement et de renforcement des capacités de lutte contre les changements climatiques, afin de faire progresser l’atténuation et l’adaptation.

Rappelant que le service de la dette prive les pays de fonds indispensables pour le développement social, le chef de l’État a soutenu l’appel du Secrétaire général en faveur d’une réforme de l’architecture financière mondiale et s’est prononcé en faveur de systèmes de financement du développement plus accessibles, plus agiles et plus équitables.  L’Afrique du Sud, qui assumera la présidence du G20 en 2025, entend utiliser cette occasion pour « défendre les peuples d’Afrique et de l’ensemble du Sud ».  En conclusion, il a souhaité que le Pacte pour l’avenir revigore la solidarité internationale, dans laquelle il a vu l’élément vital du progrès.

M. MOHAMED MUIZZU, Président des Maldives, a constaté que nous sommes réunis ici aujourd’hui à un moment délicat de l’histoire du monde.  L’humanité doit faire face à une série de crises qui ne cesse de s’allonger, a-t-il affirmé, évoquant les conflits, la pauvreté, la faim, les changements climatiques, les inégalités, l’inflation, les migrations, les occupations et la dépendance aux opioïdes.  Exhibant une carte mondiale des pays en crise, totalement rouge, il a rappelé que personne n’était épargné.  « Nous détournons le regard et continuons à faire comme si de rien n’était », a-t-il martelé, « alors que les alarmes retentissent, l’orchestre continue de jouer les mêmes vieux airs, tandis que le navire tout entier s’enfonce dans des eaux inconnues ».  Dans la même veine, il a exhorté l’Assemblée: « Nous avons besoin de Nations Unies dans l’harmonie et non de Nations Unies dans la misère. » 

Rappelant que les Maldives fêteraient le soixante-quinzième anniversaire de leur indépendance en 2040, le Président a souhaité que son pays devienne une nation développée à part entière d’ici là.  Il a également rappelé qu’en 1965, au moment de son indépendance, son pays était l’un des plus pauvres du monde, mais qu’il avait depuis atteint le statut de pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure.  Détaillant son plan de développement fondé sur une productivité accrue, la numérisation d’une économie propulsée par l’intelligence artificielle et la valorisation de la beauté et des ressources marines d’un archipel aux 1 100 îles, il a affirmé que l’économie numérique devrait atteindre 15% du PIB d’ici à 2030.   

Dénonçant le retard pris pour la réalisation des ODD, M. Muizzu a rappelé que moins d’un cinquième des cibles fixées en 2015 étaient en passe d’être atteintes d’ici à 2030.  Il s’est inquiété de voir le Pacte pour l’avenir suivre la même voie.  « Nous ne pouvons pas continuer à nous réunir, à parler, à nous engager, mais sans agir », a-t-il lancé, exhortant à « ne pas laisser ces jours où nous avions une chance, mais pas de volonté, revenir nous hanter ».   

Le Président a condamné le « génocide perpétré par Israël à Gaza » et les raids israéliens au Liban qui coûtent la vie à des centaines de civils.  Il a dénoncé le ciblage des journalistes palestiniens et libanais par Israël comme une « tentative brutale d’empêcher le monde de connaître les crimes qu’il commet ».  Qualifiant ces crimes « d’actes de terrorisme », il a appelé à traduire les responsables en justice.  Il a également appelé à la reconnaissance d’un État palestinien dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.  

Face aux changements climatiques, « la plus grave menace pesant sur notre monde », il a expliqué que son pays s’était fixé comme objectif de couvrir un tiers de sa demande électrique grâce à des énergies renouvelables d’ici à 2028.  « Au nom du peuple maldivien, je vous implore: faites votre part, agissez dès maintenant! » a-t-il insisté, appelant les pays riches et les pays émergents à respecter les engagements financiers déjà pris, en particulier en matière d’adaptation.  Indiquant qu’il avait ratifié l’Accord se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale (Accord BBNJ) le matin même, il a appelé les autres États Membres à faire de même.

M. EMOMALI RAHMON, Président du Tadjikistan, a jugé plus important que jamais d’unir les forces de la communauté internationale pour protéger la sécurité, maintenir la stabilité et parvenir au développement durable.  L’heure a sonné de prendre des mesures concrètes et audacieuses, et de renforcer le rôle clef joué par les Nations Unies dans le rétablissement de la paix dans le monde, a-t-il déclaré.  Il a proposé l’adoption d’une résolution de l’Assemblée générale déclarant une décennie de promotion de la paix pour les générations présentes et futures. 

Parallèlement, M. Rahmon a tenu à insister sur le fait que son pays apporte un soutien indéfectible à la réalisation des ODD.  Cependant, de grandes difficultés entravent le financement du développement durable, parmi lesquelles des troubles sécuritaires, les crises économiques et financières, le réchauffement sans précédent de la planète ainsi que des pandémies.  Il a appelé à donner la priorité au financement du développement, notamment lors de la quatrième Conférence sur le financement du développement qui se tiendra en Espagne en 2025.

Après avoir évoqué la transition graduelle de son pays vers un système numérisé, M. Rahmon a proposé à l’Assemblée générale d’adopter une résolution spéciale sur le rôle joué par l’intelligence artificielle dans la création de nouvelles possibilités de développement socioéconomique et dans l’accélération de la réalisation des ODD dans la région d’Asie centrale.  Revenant sur le Pacte pour l’avenir adopté lors du Sommet qui vient de se tenir, il a considéré qu’il joue un rôle décisif dans la garantie de la paix et de la sécurité et du développement durable.  Selon lui, la communauté internationale se doit de prendre des mesures conjointes et efficaces pour contrer la menace du terrorisme, de l’extrémisme, du radicalisme, de la cybercriminalité, du trafic de drogue, du trafic d’armes et autres manifestations de la criminalité transnationale organisée. 

Par ailleurs, M. Rahmon s’est dit vivement préoccupé par la montée de l’islamophobie et la tendance de la politique de deux poids, deux mesures dans les relations internationales au cours des dernières années.  C’est pourquoi, au mois de novembre, le Tadjikistan organisera avec le Koweït, en coopération avec le Bureau des Nations Unies contre le terrorisme, la prochaine réunion de haut niveau dans le cadre du processus de Douchanbé sur la lutte antiterroriste. 

Sur les questions de sécurité, le Président a tenu à rappeler que la crise palestinienne reste une source de vive préoccupation.  Le Tadjikistan est d’avis qu’un règlement concret et définitif du conflit n’est possible qu’en mettant en œuvre les résolutions des Nations Unies portant sur la reconnaissance d’un État indépendant de Palestine dans les frontières de 1967.  En outre, M. Rahmmon a soutenu la pérennisation de la paix en Afghanistan et a fait savoir que le Tadjikistan est prêt à fournir son aide au développement et au redressement.  Il a exhorté la communauté internationale à ne pas ménager ses efforts pour soutenir le peuple afghan qui souffre de longue date, et ce, afin d’éviter une crise humanitaire dans le pays.

Inquiet des effets des changements climatiques, en particulier la fonte des glaciers dans son pays, M. Rahmon a indiqué que la première conférence internationale de haut niveau sur les glaciers aura lieu à Douchanbé, au Tadjikistan, l’année prochaine, en coopération avec l’UNESCO et l’Organisation météorologique mondiale.  Elle jouera un rôle décisif pour évaluer l’ampleur du problème et pour étudier des stratégies spécifiques et des solutions.  Le Tadjikistan a aussi lancé une autre initiative, avec la France, pour que 2025-2034 soit déclarée décennie d’action pour les sciences cryosphériques.

M. GITANAS NAUSĖDA, Président de la Lituanie, s’est félicité de la récente adoption du Pacte pour l’avenir, par lequel les dirigeants mondiaux ont réaffirmé leur engagement en faveur du multilatéralisme.  Si l’ordre mondial fondé sur des règles mis en place au cours des dernières décennies n’a jamais été parfait, il nous a néanmoins aidés à trouver des solutions communes aux défis mondiaux tels que les changements climatiques ou le terrorisme.  Or, depuis plus de 10 ans, quelque chose de complètement différent s’est produit lorsqu’un membre permanent du Conseil de sécurité a lancé une « agression militaire contre un État Membre pacifique », s’est insurgé le Président.  

Aujourd’hui, malgré une nouvelle crise au Moyen-Orient et des tensions croissantes dans la région indopacifique, la guerre d’agression menée par la Fédération de Russie contre l’Ukraine constitue, selon lui, « la menace la plus dangereuse » à l’ordre international.  « Chaque membre de l’ONU, chaque nation souveraine a beaucoup à y perdre », a-t-il prévenu.  Pour bien comprendre ce qui est en jeu, M. Nausėda a invité à prêter attention aux paroles des dirigeants russes et de leurs représentants au Conseil de sécurité, lorsqu’ils ont ouvertement admis leur intention « d’effacer l’Ukraine de la surface de la Terre ».  « Si une nation souveraine est menacée de destruction complète, aucun pays n’est vraiment en sécurité », a-t-il ajouté, tout comme « si les massacres, les déportations et les attaques délibérées contre la population civile deviennent la nouvelle norme, aucun pays n’est vraiment en sécurité ».

« La Russie offre au monde un retour à l’ère de la conquête impériale, de la domination coloniale et du génocide », a encore mis en garde le Président lituanien.  Or, a-t-il lancé, « l’Ukraine se bat pour nous tous! », afin d’éviter que de « puissants voisins » se convainquent que « désormais, tout différend doit être réglé par la force ».  Pourtant, jusqu’à présent, notre réponse collective a été insuffisante.  À ses yeux, la raison de cette impuissance réside dans le fait que « l’agresseur se cache sous le couvert du statut de membre permanent du Conseil de sécurité ».  Ainsi dissimulée « à la vue de tous », la Fédération de Russie « se moque de chacun d’entre nous avec son droit de veto illimité », a fustigé M. Nausėda, « un coup terrible porté à la crédibilité même du système des Nations Unies ».  Dénonçant les appels à la reddition de l’Ukraine, il s’est demandé pour quelle raison l’agresseur devrait être « récompensé ».  Pourquoi la politique d’apaisement devrait-elle fonctionner cette fois-ci, alors qu’elle a échoué de manière spectaculaire il y a près de 90 ans?  Pourquoi la victime devrait-elle accepter les exigences du « terroriste en chef, assis en sécurité au Kremlin, après tant de sang versé et de pertes de vies innocentes? » 

Le fait est l’Ukraine est « toujours forte », a poursuivi le Chef d’État, et qu’elle seule a le droit de déterminer les conditions de la paix.  Dans l’intervalle, il a jugé du devoir de chacun de la soutenir.  Après les attaques « délibérées et constantes » menées par la Russie contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes, M. Nausėda a appelé à concentrer l’aide sur l’énergie afin d’éviter une catastrophe humanitaire.  Il a également incité les « autres parties », notamment le Bélarus, l’Iran, la République populaire démocratique de Corée et la Chine, à cesser de fournir un soutien militaire à Moscou, y compris le transfert de matériel « à double usage ».  La Fédération de Russie devra, selon lui, « expier ses nombreux crimes » et payer des dommages.  Quant aux principaux responsables, à commencer par le Président Putin, ils devront, selon lui, comparaître devant la Cour pénale internationale (CPI).  « La Russie n’a tout simplement pas sa place au Conseil de sécurité », qui doit être réformé, a-t-il conclu. 

M. JULIUS MAADA BIO, Président de la Sierra Leone, a rappelé la guerre civile qui a frappé son pays il y a plus de 30 ans.  La Sierra Leone a surmonté cette période de son histoire grâce à une vision commune, un dialogue authentique et une gouvernance engagée, s’est-il félicité, notant toutefois que la paix durement gagnée n’en demeure pas moins fragile.  Cette histoire façonne l’implication de la Sierra Leone au sein du Conseil de sécurité, où elle s’efforce d’être une voix de raison et de défendre le respect du droit international et de la Charte des Nations Unies, a-t-il assuré.

Cet engagement est plus nécessaire aujourd’hui encore avec les conflits qui frappent le Moyen-Orient, l’Afrique, l’Asie et l’Europe de l'Est, a-t-il souligné, lançant un appel au cessez-le-feu à Gaza, mais aussi dans la région dans son ensemble, ainsi qu’au Soudan, dans l’est de République démocratique du Congo et en Ukraine.  S’exprimant en tant que Président d’un pays qui a connu la dévastation des conflits armés, il a considéré que la paix ne peut être conclue de manière isolée, mais à travers le déploiement de processus politiques.

Évoquant le travail accompli au Sahel et en Afrique de l’Ouest pour endiguer la propagation du terrorisme, il a exhorté la communauté internationale à renforcer son soutien à ces efforts.  Il a notamment insisté sur la nécessité d’assister les pays en première ligne, à savoir le Burkina Faso, le Mali et le Niger. 

Dénonçant la composition du Conseil de sécurité, jugée injuste et déséquilibrée, il s’est prononcé en faveur d’une réforme à même de sauvegarder son efficacité et sa légitimité.  Dans le cadre de sa présidence du Conseil, a-t-il rappelé, la Sierra Leone a lancé un débat pour souligner l’importance d’accorder la priorité à l’Afrique dans cette réforme.  À ce titre, il a réitéré le soutien de son pays à la requête de l’Union africaine (UA), telle que formulée dans le consensus d’Ezulwini, à savoir octroyer au continent deux sièges permanents et deux autres non permanents.

Détaillant des initiatives déployées à l’échelle nationale, il a mentionné un plan national de développement pour la période 2024-2030, aligné sur les ODD et l’Agenda 2063 de l’UA, pour accélérer la transformation de l’agriculture, des questions alimentaires, de la sécurité et du capital humain. Il a également cité la mise en place d’une éducation gratuite, une nouvelle loi pour interdire le mariage des enfants, ainsi que d’un texte instituant l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes.  Il a déclaré, à cet égard, son soutien au programme pour les femmes et la paix et la sécurité du Conseil de sécurité et à l’adoption par l’Assemblée générale d’une résolution condamnant toute forme de violence sexuelle ou basée sur le genre.  Il a annoncé que son pays compte lancer des travaux visant à organiser une conférence en vue d’introduire un instrument international juridiquement contraignant sur l’accès à la justice des victimes de violences sexuelles.

Enfin, le Président a relevé que les pays en développement sont de moins en moins susceptibles de concrétiser les ODD, en raison d’une crise de la dette ingérable, de flux de capitaux insuffisants, des effets dévastateurs des changements climatiques et des instabilités politiques.  Dans ce cadre, il a souligné l’importance des institutions qui financent le développement.  Partant, il a réitéré le soutien de son pays au communiqué de Nairobi de l’Association internationale de développement, en vue d’octroyer des financements abordables pour que les pays africains puissent développer leurs systèmes d’éducation et de santé, faire face aux effets des changements climatiques et élargir l’accès à l’électricité et au numérique.  Citant un proverbe africain –« nos deux mains ne se lavent pas elles-mêmes mais l’une l’autre »– il a conclu sur un appel à la sauvegarde du multilatéralisme et à l’unité dans la diversité.

M. ALEKSANDAR VUČIĆ, Président de la Serbie, a déploré que, cette année encore, des conflits tragiques et des destructions entraînant des souffrances atroces et d’immenses pertes humaines sont au cœur du débat général.  Citant les événements tragiques en cours au Moyen-Orient et en Ukraine, il a estimé qu’il est impardonnable qu’aujourd’hui, au XXIe siècle, les États Membres égrènent à la tribune de l’Assemblée les chiffres horribles d’enfants morts dans des conflits. 

Le Président serbe s’est également dit incrédule face à cette réalité que le monde est en outre au bord d’un holocauste nucléaire.  Dans notre désir de vaincre et de détruire l’autre, nous nous sommes rapprochés petit à petit du précipice et nous y sommes finalement arrivés, a-t-il constaté, ajoutant amèrement que le monde actuel est inapte à l’écoute des aspirations de paix des peuples.  Aussi a-t-il appelé à restauration de la crédibilité et de l’autorité érodées de l’ONU, en mettant un terme à la pratique d’une politique de deux poids, deux mesures et en insufflant de nouveau la foi dans le droit international et les principes essentiels sur lesquels les pays se sont mis d’accord il y a longtemps, en adoptant la Charte des Nations Unies.  Nous devons restaurer la foi dans la paix, nous le devons à toutes les victimes innocentes, où qu’elles soient dans le monde, à toutes les générations actuelles et futures, a-t-il déclaré. 

Le Président serbe est ensuite revenu longuement sur les heures sombres de l’histoire européenne, pointant d’abord du doigt les États Membres qui parlent, ici et aujourd’hui, avec force et ardeur de la nécessité que l’Ukraine recouvre sa liberté et du respect de la Charte des Nations Unies et de ses résolutions. Or, en 1999, ici, à l’ONU, a été prise la décision d’attaquer et d’agresser, de bombarder la Serbie, a-t-il souligné, accusant les États Membres de ne s’être alors pas souciés le moins du monde de la Charte des Nations Unies, de ses résolutions et du droit international. 

M. Vučić a ensuite accusé ceux qui ont alors commis l’agression contre la Serbie d’essayer de la séparer, aujourd’hui encore, d’une partie de son territoire, le « Kosovo-Metohija ».  Ils fournissent quotidiennement des armes aux prétendues forces de sécurité du Kosovo, lesquelles pourraient devenir demain les forces armées des Albanais sur le territoire de la Serbie, s’est inquiété le Président serbe. 

« Nous ne sommes les serviteurs ni de la Russie ni des États-Unis; nous avons notre propre politique et notre propres intérêts », a insisté le Chef d’État, qui a invité ses homologues à bien assimiler les mécanismes du mensonge dans les relations internationales.  C’est ainsi, a-t-il expliqué, qu’on pourra tenter de les changer au sein de l’ONU, seul moyen de préserver la paix dans un monde au bord de la catastrophe, dans lequel chacun refuse de reconnaître des erreurs et prétend défendre des principes, « alors qu’il est clair qu’en fait personne n’en a », sinon les « petits ».  M. Vučić a opposé ces « petits » États aux « grands », estimant que ces derniers se souvenaient de l’existence de principes seulement lorsque, ayant écrasé tous les petits, ils en étaient réduits à s’entre-dévorer.  La chose étant alors plus difficile et plus douloureuse, ils s’accusent mutuellement de violer ces mêmes principes qu’ils ignoraient jusqu’alors, a-t-il argué. 

Affirmant que la Serbie restera engagée dans le dialogue constructif et ouvert avec Pristina sous les auspices de l’Union européenne, M. Vučić a conclu en affirmant que son pays lutterait pour préserver la paix mais en ne renonçant jamais à sa liberté et son indépendance. 

M. JOÃO MANUEL GONÇALVES LOURENÇO, Président de la République d’Angola, a mis l’accent sur l’adaptation du Conseil de sécurité aux réalités du monde contemporain.  Une réforme du Conseil et des institutions financières internationales est urgente et nécessaire pour donner une voix aux pays du « Sud global », a-t-il argumenté. 

Profondément engagé dans le processus de recherche de solutions aux conflits en Afrique, le Président angolais a rappelé que, dans le cadre de la feuille de route de Luanda, un cessez-le-feu avait été conclu dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) et était entré en vigueur le 4 août.  Pour consolider les acquis obtenus, une proposition d’accord de paix a été mise sur la table par l’Angola, impliquant la RDC et le Rwanda; ses termes sont en cours de discussion, a-t-il précisait, ajoutant que l’objectif est de parvenir à un accord pour sceller la signature de l’accord de paix définitif et le rétablissement des relations entre les deux pays.  Très préoccupé par la situation au Soudan où fait rage, « dans une certaine apathie de la communauté internationale », une guerre violente avec des conséquences humanitaires dramatiques, l’Angola souhaite là aussi apporter son expérience acquise dans la résolution, par le dialogue, de son propre conflit interne. 

M. Lourenço a relevé que les pays africains cherchaient à contribuer de plus en plus efficacement aux missions de stabilisation des Nations Unies. Hélas, a-t-il tempéré, ces opérations de paix ne sont pas menées aussi souvent et aussi efficacement qu’elles devraient l’être, « en raison des contraintes financières des pays désireux d’y participer ».  Il s’est toutefois réjoui que cette contrainte ait apparemment été enfin surmontée au niveau du Conseil de sécurité.  Il y a vu une étape décisive dans le renforcement des missions dirigées par l’Union africaine, qui dispose désormais d’un mécanisme de financement plus approprié. 

Concernant les flux illicites de capitaux et la récupération d’avoirs, le Président angolais a déploré que les efforts étaient souvent « entravés de manière incompréhensible par les pays détenant les fonds ».  Récupérer ces ressources a pourtant un effet direct sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable et donc sur l’amélioration des conditions de vie générales de la population, a-t-il fait valoir. L’Angola, a-t-il affirmé, a fait des progrès importants dans la lutte contre la corruption, avec des cas concrets de citoyens jugés et condamnés ayant vu leurs avoirs recouvrés en faveur de l’État. Concernant la récupération d’avoirs, il a cité deux exemples de succès.  Les autorités britanniques ont ainsi restitué à l’Angola 2,5 milliards de dollars américains se trouvant dans une banque à Londres, « et il est juste de le reconnaître publiquement sur cette scène mondiale ».  Malheureusement, des pays ayant accepté de recevoir ces avoirs corrompus sans poser de questions à l’époque ne respectent pas les peines obligatoires prononcées aujourd’hui par les tribunaux angolais.  « Certains pays s’arrogent même le droit de remettre en question la crédibilité de nos tribunaux », a protesté le Président Lourenço, comme s’il s’agissait d’organes d’appel extraterritoriaux.  Or ces avoirs sont « la propriété de nos États, déjà appauvris pendant la période coloniale », a-t-il argumenté. 

M. MOHAMED OULD CHEIKH EL GHAZOUANI, Président de la Mauritanie, a déploré que les crises sans précédent que connaît le monde aujourd’hui affaiblissent la capacité à s’acquitter des engagements collectifs pris dans le cadre du Programme 2030.  La situation internationale actuelle a un impact des plus négatifs sur les efforts de développement durable, a-t-il noté, en particulier pour l’Afrique, qui souffre déjà de déséquilibres structurels entravant ses progrès.  Le continent continue en effet d’être confronté à la pauvreté ainsi qu’à de systèmes sanitaires et éducatifs précaires, a constaté le Président, sans parler du terrorisme, des conflits et des effets destructeurs des changements climatiques.  Autant de facteurs qui mettent en lumière la nécessité urgente d’alléger le fardeau de la dette des pays africains, de corriger les déséquilibres « évidents » dans le système d’aide au développement ainsi que dans la gouvernance politique et financière internationale. 

Pour sa part, la Mauritanie a fait de la réalisation des ODD un objectif central, vers lequel convergent l’ensemble de ses politiques publiques, a-t-il fait valoir.  Comme l’indique le Rapport mondial sur le développement durable 2024, et grâce à ses efforts « intensifs » visant à raffermir l’état de droit et les institutions nationales, le pays a su améliorer les indicateurs de nombreux ODD, s’est félicité M. El Ghazouani.  Il a notamment évoqué les mesures prises pour consolider la démocratie et les libertés individuelles, l’adoption du dialogue et de la consultation en tant que méthode de gestion des affaires publiques, la lutte contre la corruption, ainsi que la promotion des droits humains, dont ceux des femmes et des enfants, ainsi que la lutte contre la migration irrégulière et la criminalité transnationale organisée.  La stratégie nationale de sécurité intégrée a en outre permis à la Mauritanie d’assurer sécurité et stabilité dans une région minée par la propagation du terrorisme et les crises politiques.  « Tout ce qui précède a joué un rôle positif dans la consolidation de notre unité nationale et de notre cohésion sociale. »  

S’agissant des changements climatiques, dont les effets dévastateurs affectent particulièrement le Sahel, le Président a indiqué que son pays s’est efforcé de réduire les émissions de carbone de 11%, ce qui lui permettra d’augmenter la part des énergies renouvelables dans sa consommation totale d’énergie à 50% d’ici à 2030, du fait notamment d’un vaste programme de développement de l’hydrogène vert.  Dans cette veine, Nouakchott poursuit sa lutte contre la désertification, dans le cadre de l’initiative Grande Muraille verte pour le Sahara et le Sahel et du Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS). 

M. El Ghazouani a condamné fermement la guerre « génocidaire » menée par Israël contre le peuple palestinien sans défense, en violation flagrante du droit international et du droit international humanitaire, et exigé la cessation immédiate de « l’agression israélienne » contre le Liban.  Il a en outre exprimé sa détermination à renforcer les efforts africains et internationaux visant à trouver une solution susceptible de préserver l’unité et la souveraineté de « l’État frère » de Libye.  Le Président a réitéré la position constante de son pays sur le conflit au Sahara occidental, ainsi que son appui aux efforts de l’ONU et aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité visant à trouver une solution durable et mutuellement acceptable. 

« Le Sommet de l’avenir, qui s’est achevé hier, a démontré notre conscience de notre responsabilité collective à l’égard de notre avenir commun », a-t-il affirmé, tout en souhaitant que les engagements qu’il contient permettent de renforcer la confiance entre les nations et la coopération multilatérale. 

M. SADYR ZHAPAROV, Président du Kirghizistan, a demandé à une ONU réformée et revitalisée de veiller à ce que l’argent consacré aux guerres, à la destruction et à la mort puisse être utilisé pour aider les pays dans leur lutte contre les changements climatiques, les déplacements massifs et les migrations internationales.  Il a conseillé aux pays développés de ne plus se contenter d’accroître leur aide financière aux pays les moins avancés mais de la cibler et de privilégier les projets pérennes de développement social et d’infrastructures vitales.  Sur ce point, il a noté que le transfert de technologies des pays riches vers les pays pauvres est crucial pour permettre à ces derniers de développer leur économie de manière autonome et de réduire leur dépendance à l’aide extérieure. 

M. Zhaparov l’a répété: la sécurité ne se résume pas à des armées puissantes et à la possession de stocks toujours plus grands d’armes de destruction massive.  La véritable sécurité ne sera obtenue que par la confiance, l’égalité et la prospérité pour tous les peuples, en investissant dans l’avenir des pays les moins avancés, en les aidant à éradiquer la pauvreté et en leur offrant de réelles opportunités de croissance durable, a-t-il estimé.  Concernant les changements climatiques, le dirigeant kirghize a renouvelé sa proposition de mettre en place un mécanisme d’échange de la dette extérieure contre des projets liés au climat et au développement durable, ajoutant que son gouvernement travaille à la création d’un fonds fiduciaire pour financer des projets environnementaux dans les régions montagneuses d’Asie centrale.  Le Président a rappelé la candidature de son pays à un siège non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2027-2028.  S’il est élu, a-t-il promis, le Kirghizistan continuera de plaider en faveur de l’efficacité et de la transparence des travaux du Conseil, ainsi que de l’augmentation du nombre de ses membres. 

M. JAVIER GERARDO MILEI, Président de l’Argentine, qui intervenait pour la première fois devant l’Assemblée générale, a tenu à préciser d’emblée qu’il n’est pas un politique.  « Je suis un économiste libéral libertarien à qui on a fait l’honneur de confier la charge de la présidence de l’Argentine face à l’échec retentissant des politiques collectives qui, depuis un siècle, détruisaient notre pays ». Dans la foulée, il a reproché à l’ONU d’être devenue un « Léviathan » qui prétend dicter la marche à suivre, grâce à un modèle de gouvernance supranationale « d’inspiration socialiste », en violation de la souveraineté nationale, du droit à la vie et à la propriété privée.  M. Milei n’a pas épargné le Programme 2030 et le nouveau contrat social que souhaite le Secrétaire général de l’ONU. 

M. Milei a également critiqué le fait que l’ONU ait permis l’entrée au Conseil des droits de l’homme de dictatures sanglantes comme celles de Cuba et du Venezuela, ou encore qu’elle vote systématiquement contre Israël, le seul pays qui défend la démocratie libérale au Moyen-Orient.  Mais l’ONU, a poursuivi le Président, est totalement incapable de riposter au terrorisme et sur le plan économique, s’entête à promouvoir des politiques collectivistes et à exiger des pays à la traîne qu’ils engagent des ressources qu’ils n’ont pas dans des programmes dont ils n’ont pas besoin, les transformant en débiteurs perpétuels. 

L’Organisation n’a pas non plus réussi à défendre la souveraineté de ses États Membres, a renchéri M. Milei, en citant notamment le cas des îles Malvinas.  Il s’est également élevé contre les politiques liées aux droits sexuels et reproductifs alors que les taux de natalité dans les pays occidentaux sont en chute libre.  Au Conseil de sécurité, a-t-il poursuivi, le droit de veto défend aujourd’hui les intérêts de certaines nations, comme on le voit avec l’Ukraine.  Alors que ces aberrations ont entraîné une perte de crédibilité des Nations Unies, l’on prétend maintenant nous imposer le Pacte pour l’avenir, fidèle à la posture morale des programmes « woke » qui se heurtent à la réalité.  Le Président a mis en garde contre la fin d’un cycle: si le Programme 2030 a échoué, il faut changer de cap.  « On ne saurait s’entêter dans l’erreur », a-t-il martelé. 

Pour éviter toute erreur d’interprétation, il a tenu à expliquer que l’Argentine traverse aujourd’hui un processus de changements en profondeur et a décidé d’épouser la thèse selon laquelle tous les citoyens naissent libres et égaux devant la loi et ont le droit à la vie, à la liberté et à la propriété.  Ces mêmes principes vont guider la conduite de l’Argentine sur la scène internationale.  Nous croyons aux libertés de culte, d’expression et de commerce ainsi qu’au droit à la propriété et à une action limitée des gouvernements.  L’Argentine se dissocie du Pacte pour l’avenir et entend renoncer à sa politique historique de neutralité.  Elle sera à l’avant-garde de la lutte pour la liberté, a insisté le Président avant de conclure par un « Vive la liberté, bordel »!

M. NAYIB BUKELE, Président d’El Salvador, a indiqué que son pays a désormais voix au chapitre, loin de la réputation négative qui était la sienne, il y a encore cinq ans.  Mon pays a connu une guerre importée et une fausse paix, croyant naïvement que d’autres pays pourraient se porter à son secours.  Nous avons eu le courage de briser nos chaînes, s’est enorgueilli le Président.  Ces cinq dernières années, El Salvador a retrouvé sa sécurité et accompli une transformation « incomparable ».  

Comment une nation a-t-elle pu se relever en si peu de temps?  C’est peut-être la question que le monde se pose mais la véritable question à se poser est comment le monde est tombé aussi bas? a estimé le Président, car El Salvador est devenu plus sûr et plus heureux alors que le monde est plus dangereux et plus sombre.  Aujourd’hui le monde dit libre ne l’est plus.  Dans certains pays, les rues sont entre les mains de groupes criminels.  Un pays ne peut se dire libre si sa population vit dans la peur, a martelé le Président.  

Il a également déploré l’érosion de la liberté d’expression.  L’Occident, qui était le bastion de cette liberté d’expression, ne l’est plus aujourd’hui.  Cela ne relève pas de la théorie du complot.  Les faits sont avérés, a déclaré le Président.  On ne peut pas gagner le respect du peuple si on ne respecte pas le peuple, s’est-il expliqué, en craignant que le monde s’approche d’un dangereux point d’inflexion et d’une possible ère d’obscurantisme.  Nous connaissons bien la décadence car nous l’avons vécue à El Salvador. 

Le Président a ajouté que son pays a mené une guerre existentielle pour devenir un refuge où prévalent le respect de la liberté d’expression et du droit de propriété.  Aucun individu n’est censuré, aucun opposant n’est en prison et des milliers de personnes ont été libérées.  Les bonnes personnes sont aujourd’hui en liberté.  En quelques années, El Salvador a réussi à renaître de ses cendres, avec la conviction que « la liberté se prend, elle ne s’offre pas, elle doit être nourrie comme toute forme de vie ». 

M. MASOUD PEZESHKIAN, Président de la République islamique d’Iran, a indiqué avoir basé sa campagne présidentielle sur le principe d’empathie nationale, un principe qui définit les intentions de réformes de son gouvernement. Il a déclaré vouloir jeter les bases d’une nouvelle ère pour son pays, notamment en restructurant ses relations extérieures.  Puis le Président s’est lancé dans une critique sévère d’Israël, estimant que depuis 11 mois, le monde entier a été témoin de ses atrocités commises à Gaza. Qualifiant la politique israélienne de « terrorisme d’État » et balayant les justifications reposant sur la légitime défense, il s’est inscrit en faux contre ceux qui taxent d’antisémitisme toute personne qui condamne ce qu’il a qualifié de génocide. Il a lancé un appel à la communauté internationale pour parvenir à un cessez-le-feu à Gaza et mettre un terme aux actions d’Israël au Liban, avant que la région ne s’embrase.  Dans ce cadre, il a proposé de garantir le droit des Palestiniens à l’autodétermination en leur soumettant un référendum, seul moyen d’après lui pour que musulmans, juifs et chrétiens puissent vivre ensemble, dans la paix et à l’abri du racisme et des politiques d’apartheid.

Concernant la situation préoccupante de la région, il a souligné la nécessité de bâtir son unité sur la base de trois principes.  Premièrement, il a demandé de reconnaître la nature temporaire de la présence de puissances étrangères et sa propension à entraîner l’instabilité.  « Sous-traiter sa sécurité à des puissances étrangères ne bénéficiera jamais à aucun pays de la région. »  Deuxièmement, il a prôné la création d’un « ordre régional inclusif ».  Enfin, il a exhorté ses voisins à ne pas gaspiller leurs ressources dans des guerres d’usure ou une course à l’armement, alors que la région fait face à la malnutrition, au terrorisme, à la guerre, à l’extrémisme, à la dégradation environnementale ou au trafic de stupéfiants. 

Le Président iranien a par ailleurs appelé de ses vœux l’instauration d’une paix pérenne entre la Russie et l’Ukraine.  Considérant le dialogue comme la seule issue à la crise, il a insisté sur l’urgence de mettre fin aux hostilités en Ukraine.

Rappelant le Plan d’action global commun (PAGC) signé par l’Iran et les puissances internationales en 2015, il a fustigé l’ancien Président américain Donald Trump pour son retrait unilatéral, alors même que l’Iran s’acquittait de ses obligations.  Il a estimé que cette mesure avait ouvert la voie à une approche fondée sur la menace et la coercition, et réitéré la volonté de son pays de collaborer avec les participants au Plan.

Enfin, il a conclu par une adresse directe au peuple américain.  Ce n’est pas l’Iran qui déploie des bases militaires le long de vos frontières, qui vous prive d’accès aux médicaments et au système bancaire international ou qui entrave vos relations commerciales, a-t-il déclaré.  Qualifiant ces mesures de contre-productives, il a souhaité voir s’ouvrir un nouveau chapitre qui reconnaîtrait la légitimité des préoccupations sécuritaires de l’Iran. « Les sanctions sont inhumaines. »  Il s’est insurgé contre la privation d’accès aux traitements médicaux comme l’un des pires aspects de cette politique.  Se disant prêt à conclure des partenariats économiques, sociaux et sécuritaires avec les puissances internationales et les pays voisins, il a lancé un appel à la levée des sanctions, pour le bien du peuple iranien.

M. ALAR KARIS, Président de l’Estonie, a déclaré haut et fort: « Je veux vivre dans un monde en paix.  Dans un monde qui ne se détruit pas lui-même.  Où des nations fières et souveraines, grandes ou petites, vieilles ou jeunes, modernes ou traditionnelles, ne sont pas conquises et colonisées.  Je veux vivre dans un monde propice à la liberté, parce que la liberté ouvre la voie à des solutions durables et à la prospérité.  Parce que la liberté est au cœur de l’humanité. »  Ne voulons-nous pas tous la même chose? a-t-il lancé à la salle en constatant que, malheureusement, aujourd’hui la paix et la liberté sont mises à rude épreuve. 

Plus les mécanismes de protection du droit international sont faibles, plus la menace de saper le mode de vie de la plupart d’entre nous est grande, a mis en garde le Chef d’État.  Pour lui, « nous pouvons continuer à condamner les actes de violence brutaux. On peut même condamner fermement les atrocités, mais sans mesures efficaces contre la violence, l’histoire nous condamnera.  Et elle nous condamnera fermement ».  Le Président a insisté sur l’impératif du respect du droit international et de la Charte des Nations Unies par tous et partout, en rappelant à ses pairs que le bonheur d’un enfant, où qu’il soit, n’a pas de prix et devrait servir de boussole morale à tous. 

M. Karis a donc dit ne pas voir d’alternative à l’action commune pour adapter le système des Nations Unies aux exigences du XXIe siècle. Cela signifie qu’il faut renforcer la Charte, restaurer de la crédibilité de l’ONU en la réformant pour permettre une application plus efficace de sa Charte afin que la paix et la sécurité soient maintenues dans l’intérêt de tous et partout dans le monde. 

Pour le Président estonien, le Pacte pour l’avenir est un bon début en ce sens, à condition de s’y tenir et de l’appliquer maintenant.  Dénonçant le droit de veto au Conseil de sécurité, il a rappelé à ses cinq détenteurs qu’aujourd’hui, les blocages au sein du Conseil se mesurent directement en vies humaines perdues et mutilées: « Ce n’est pas juste et c’est inacceptable. » 

Tous les États, collectivement, devraient avoir plus de poids dans le maintien de la paix et de la sécurité qu’un seul membre du Conseil de sécurité, a affirmé M. Karis, pour qui il est impossible de restaurer la crédibilité du système multilatéral et des Nations Unies lorsqu’un seul membre permanent du Conseil de sécurité agit à l’encontre des principes de la Charte.  Par conséquent, il a appelé à utiliser avec sagesse les pouvoirs de l’Assemblée générale pour venir à bout du droit de veto.

Regrettant que, depuis les horribles attaques terroristes du Hamas contre Israël il y a près d’un an, il y ait eu trop de souffrances à Gaza et dans la région, M. Karis a estimé que les destructions, les pertes humaines et les traumatismes inimaginables ne font qu’engendrer un cercle vicieux de violence et de haine. Il a donc jugé qu’il était grand temps de parvenir à un accord de cessez-le-feu permettant la libération des otages.  Sans être naïve ou aveugle face à la complexité régionale, l’Estonie est profondément convaincue que la solution des deux États est le seul moyen de parvenir à une paix juste et durable, a-t-il réitéré. 

Dans la guerre qui oppose la Russie contre l’Ukraine, le Président estonien a déclaré qu’il est clair comme de l’eau de roche que c’est la Russie l’agresseur et l’Ukraine la victime.  Écartant les suggestions de pourparlers de paix directs -qui ne font que soutenir la cause russe- il a soutenu et appelé à accepter la formule de paix en 10 points du Président Zelenskyy, ajoutant qu’elle bénéficie d’un large soutien international.

M. GABRIEL BORIC FONT, Président du Chili, a proposé que l’ONU célèbre son quatre-vingtième anniversaire en incorporant de façon permanente au Conseil de sécurité le Brésil pour l’Amérique latine, l’Inde et au moins un pays d’Afrique. « Rien ne l’empêche, sauf le manque de volonté », a-t-il estimé.  En matière de gouvernance financière, il a dit apprécier les efforts de modernisation déployés par les institutions financières mondiales.  Mais surtout, le Chili soutient la proposition africaine, menée par le Nigeria, visant à lutter contre l’évasion fiscale, les flux financiers illicites et les inégalités dans la collecte de l’impôt à travers la création d’une convention sur la coopération fiscale internationale. Il s’agit, a-t-il dit, de parvenir à un système plus transparent et inclusif, avec un système fiscal mondial soutenant le financement de la lutte contre la crise climatique.  Le Président a dit n’avoir aucun doute que « seule une femme d’Amérique latine » pourra se charger de ce processus, en suivant la voie réformiste du Secrétaire général António Guterres. 

M. Boric Font s’est ensuite indigné de la politique de deux poids, deux mesures entravant l’action du Conseil, quand « on condamne un adversaire mais qu’on regarde ailleurs quand un soi-disant ami viole la Charte ». C’est pourquoi le Président chilien « refuse de choisir entre deux barbaries », « le terrorisme du Hamas ou le génocide perpétré par l’Israël de Netanyahu ».  Appelant à la fois à un cessez-le-feu immédiat à Gaza et à la libération immédiate des otages détenus par le Hamas, le Président Boric Font a intimé à Israël de respecter le droit international, de cesser l’établissement et l’expansion de colonies illégales dans le Territoire palestinien occupé et de mettre fin à l’occupation de Gaza et aux « attaques aveugles » contre les civils.  Il a plaidé une fois de plus pour une solution durable à deux États. 

Réaffirmant son profond attachement à la démocratie, M. Boric Font s’est inquiété de l’émergence de dirigeants autoritaires.  Particulièrement attentif à la « situation critique » au Venezuela, face à une « dictature » qui entend voler les élections, persécute ses opposants et se montre indifférente à l’exil de millions de ses citoyens, il a appelé à une solution politique à la crise.  Celle-ci passerait par la reconnaissance de la victoire de l’opposition aux dernières élections et par une transition pacifique vers une démocratie pleinement opérationnelle.  Cela n’a pas empêché le Président chilien de se montrer critique envers les sanctions unilatérales imposées par les États-Unis contre le Venezuela.  « Elles ne contribuent pas à résoudre le conflit, au contraire elles l’aggravent », a-t-il estimé, car elles frappent le peuple vénézuélien, « les humbles, les travailleurs ».  La crise politique combinée à la crise économique a poussé plus de 7 millions de Vénézuéliens à l’exil, dont 800 000 au Chili. « Je veux être clair sur ce point: le Chili n’est pas en mesure d’accueillir davantage de migrants vénézuéliens », a prévenu le Président.

Pour M. EDGARS RINKĒVIČS, Président de la Lettonie, l’avenir du système multilatéral et de l’ordre fondé sur des règles est entre les mains de tous et il ne faut accepter ni une application sélective, ni un mépris des normes mondiales « parce que l’alternative est un monde terrifiant où la force prévaut et où le droit disparaît ». 

Le Président a constaté que, trois ans après le début de la guerre d’agression à grande échelle non provoquée de la Russie contre l’Ukraine, la Russie continue de tester la résistance et l’engagement de la communauté mondiale à l’égard de l’ordre fondé sur des règles.  Cette guerre affecte gravement la stabilité de la région et met à mal les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale et le droit international, a-t-il mis en garde en réaffirmant le soutien de son pays à l’Ukraine.  La Russie cherche à démolir ce qui a été construit par la communauté internationale et à réorganiser le système international en un système qui ne profite qu’aux agresseurs, lui a-t-il reproché en exigeant une nouvelle fois le retrait immédiat et inconditionnel de toutes les troupes et de tous les équipements militaires russes de l’ensemble du territoire de l’Ukraine.  La souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine ne peuvent faire l’objet d’aucun compromis, a tranché M. Rinkēvičs avant d’appeler tous les membres des Nations Unies à adhérer au communiqué adopté lors du sommet de la paix tenu récemment en Suisse, afin de commencer à construire un processus de paix basé sur les principes de la Charte des Nations Unies. 

Concernant le Moyen-Orient, le Président letton a plaidé pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza, la libération inconditionnelle de tous les otages et la mise en place d’un accès humanitaire à grande échelle, insistant sur l’impératif de protection des civils et d’un règlement durable de ce conflit.  Il a également appelé à tout faire pour éviter un embrasement régional. 

Plus que jamais, il faut agir de manière solidaire pour un développement durable et inclusif, a poursuivi M. Rinkēvičs, qui a salué les résultats du Sommet de l’avenir, estimant qu’il avait démontré l’engagement renouvelé de la communauté internationale en faveur des objectifs de développement durable.  Alors que la Lettonie a déjà atteint 63% des objectifs fixés, elle vient également en aide à ceux qui en ont le plus besoin à travers sa politique de coopération au développement qui augmente d’année en année, a-t-il fait valoir. 

En ce qui concerne la revitalisation de l’ONU, M. Rinkēvičs s’est dit favorable à la réforme du Conseil de sécurité.  Il est favorable à une augmentation du nombre de membres permanents afin de rendre le Conseil plus efficace, plus inclusif et plus responsable et de faire entendre les voix des régions sous-représentées, en particulier l’Afrique.  Il soutient en outre un siège non permanent pour les petits États insulaires en développement.  De plus, la Lettonie encourage une réforme du processus de prise de décisions au sein du Conseil, en révoquant le droit de veto.  Le Président a rappelé que les Nations Unies étaient autrefois une lueur d’espoir pour les peuples.  « Ce n’est plus le cas aujourd’hui.  Nous devons changer cela.  Nous devons rétablir la confiance et les valeurs communes », a-t-il conclu en appelant à inverser la tendance actuelle en travaillant ensemble. 

M. SANTIAGO PEÑA PALACIOS, Président du Paraguay, a estimé que « nous ne serons dignes d’occuper les hautes fonctions qui sont les nôtres que si, au lieu de cacher les problèmes sous le tapis, nous y faisons face avec clarté, avec fermeté et avec courage ».  Se voulant optimiste, il a dit ne pas craindre l’avenir, convaincu de la capacité de l’être humain à relever les défis.  Mais, a-t-il nuancé, il est impératif de faire des changements, notamment d’éliminer le droit de veto au Conseil de sécurité et de redéfinir les mécanismes de coopération internationale.  

Rappelant que le maintien de la paix devrait être le pilier fondamental du multilatéralisme, il s’est alarmé que les institutions créées pour préserver la paix n’aient pas rempli leur mission, avec environ 20 conflits armés internationaux et plus de 110 conflits internes en cours dans le monde.  M. Peña Palacios a réitéré le soutien sans faille du Paraguay à l’Ukraine, à sa souveraineté et à son intégrité territoriale.  Il a reconnu le « droit légitime » d’Israël à se défendre, et a rejeté toute tentative de mettre sur un pied d’égalité, de manière biaisée, la responsabilité des autorités israéliennes démocratiquement élues et celle des dirigeants du groupe terroriste Hamas.  Dans le même temps, il a lancé un appel pressant à la mise en œuvre d’une solution visant à soulager la crise humanitaire, à mettre un terme à la violence et à garantir la libération immédiate des otages.  Par ailleurs, le Président paraguayen s’est dit très préoccupé par la situation en Afrique, où 25 conflits actifs ont des conséquences dévastatrices sur la population.  

M. Peña Palacios s’est ensuite arrêté sur la situation humanitaire dramatique en Haïti, « exemple clair des défaillances du multilatéralisme » après de nombreux efforts et interventions internationales.  Aujourd’hui, les gangs contrôlent une grande partie de Port-au-Prince, plongeant le pays dans une spirale de violence que les mécanismes multilatéraux n’ont pas été en mesure de désamorcer.  Malgré de multiples promesses d’aide, plus de 5 millions d’Haïtiens souffrent d’insécurité alimentaire, a déploré M. Peña Palacios.  Il a aussi condamné haut et fort la situation au Venezuela, où « la détérioration de la démocratie est patente », tout comme les violations systématiques des droits humains et des libertés fondamentales. 

Dans le cadre de son engagement pour un multilatéralisme plus inclusif, le Président du Paraguay a par ailleurs souligné son soutien à Taïwan et à son intégration totale dans le système des Nations Unies, voyant son exclusion comme une injustice. 

M. TO LAM, Président du Viet Nam, a évoqué un monde porté par des « changements transformateurs d’une importance historique », dans lequel la paix, la coopération et le développement, bien que toujours des tendances dominantes, sont confrontés à de défis nouveaux et plus graves, du fait notamment de la concurrence stratégique « plus féroce et plus conflictuelle » entre les grandes puissances.  Cette montée de la « politique de puissance » et du nationalisme étroit remet en cause le droit international, érode les institutions multilatérales et diminue la confiance dans la coopération mondiale.  Au cercle vicieux des conflits et de la violence qui ne cesse de s’intensifier dans diverses régions, s’ajoutent aujourd’hui des défis sécuritaires non traditionnels, a relevé le Président, tels que les changements climatiques, les épidémies et l’épuisement des ressources, lesquels entravent nos efforts de développement.  Le typhon Yagi, qui a récemment dévasté le Viet Nam et d’autres pays de la région, constitue selon lui un avertissement sévère.  Ainsi, bien que la production alimentaire mondiale soit suffisante pour nourrir une fois et demie la population mondiale, la famine touche plus de 780 millions de personnes, alors que les dépenses militaires atteignent un niveau record, a illustré M. To. 

Ces défis sans précédent pour la paix, la coopération, le développement durable et la dignité humaine nous obligent à nous unir, a plaidé le Chef d’État, en soutenant les institutions internationales, en particulier l’ONU, ainsi que les organisations régionales, dont l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  Pour y parvenir, il a appelé au respect du droit international et de la Charte des Nations Unies par tous les États, en particulier les grandes puissances.  « Les États doivent contribuer à l’œuvre commune de la communauté internationale en fonction de leurs capacités », a-t-il ajouté, tout en éliminant la confrontation de même que les sanctions unilatérales incompatibles avec le droit international.  Nous devons en outre prioriser les ressources là où elles sont le plus nécessaires pour la mise en œuvre des ODD, en accordant une attention particulière à l’aide aux pays en développement et aux PMA, par le biais de prêts préférentiels, de transferts technologiques et d’allégement de la dette, a-t-il prié. 

Après avoir souligné l’urgence de mettre en place des cadres de gouvernance fondés sur une vision à long terme de la science et de la technologie, y compris l’intelligence artificielle, le Président a salué l’adoption du Pacte numérique mondial, dans le cadre du Sommet de l’avenir.  Pour M. To, la transition verte et la transformation numérique sont des outils essentiels pour permettre aux pays en développement de renforcer leur résilience et leur autonomie, notamment lors de chocs ou de catastrophes.  Autre tâche prioritaire: la réforme des mécanismes multilatéraux, en particulier les institutions financières internationales, afin d’assurer une meilleure équité et une meilleure transparence. 

Le Président vietnamien a par ailleurs salué la décision de l’Assemblée générale d’accorder des droits et privilèges supplémentaires à l’État de Palestine, et a appelé les États-Unis à lever leur embargo contre Cuba.  « Dans le monde en mutation rapide d’aujourd’hui, chaque État joue un rôle essentiel dans la grande orchestration de notre époque », a-t-il conclu. 

M. ANDRZEJ DUDA, Président de la Pologne, a déclaré que le monde fait face à une menace « extrêmement sérieuse » à sa sécurité, dénonçant l'agression « brutale » de la Russie contre l’Ukraine voisine, en violation flagrante des normes fondamentales du droit international, telles que l’interdiction du recours à la force dans les relations internationales.  Cette agression non provoquée déstabilise la région et constitue une menace directe pour l’ordre et la sécurité mondiaux, a-t-il mis en garde, en appelant à ne pas permettre que cette guerre se transforme en un autre conflit gelé.  La logique de conquête et le mépris du droit international doivent cesser, à moins que l’on accepte de vivre dans un monde où tout pays peut être victime d’une agression, quelles que soient sa taille et sa situation géographique. 

Également préoccupé par la situation au Moyen-Orient, le Président polonais a souligné qu’Israël, comme tout autre État, a le droit de se défendre, mais que ses actions doivent respecter le droit humanitaire international.  Il a rappelé le soutien de la Pologne a la solution des deux États, affirmant que l’émergence d’une Palestine indépendante ne va pas à l’encontre des intérêts d’Israël.  Le droit d’Israël d’exister ne saurait être remis en cause, a-t-il ajouté.

Il a également évoqué les situations de conflit au Yémen et sur le continent africain, en exhortant le monde à se tenir aux côtés de tous ceux qui sont touchés par l’insécurité et à les aider à rétablir la paix par la réconciliation et la cohésion sociale.  Mais la paix dans le monde ne peut se réaliser sans le respect de l’état de droit, a souligné M. Duda qui croit fermement au principe de « la paix par le droit ».

Après avoir annoncé la candidature de son pays à un siège au Conseil des droits de l’homme pour la période 2029-2031, le Chef d’État a assuré que la Pologne reste attachée à soutenir les nations africaines.  Tout en étant convaincu que l’Afrique a le potentiel pour développer ses propres solutions à ses défis, il a reconnu que le développement dans de nombreuses régions du monde se heurte actuellement à de sérieux obstacles.  Notant avec inquiétude qu’à mi-parcours de l’échéance fixée par le Programme 2030, les progrès accomplis dans la réalisation des ODD sont encore insuffisants, M. Duda a annoncé qu’à compter du 1er janvier 2025, la présidence polonaise du Conseil de l’Union européenne cherchera à insuffler un nouvel élan aux relations avec les partenaires de développement.

La Pologne est également prête à discuter des réformes du Conseil de sécurité, d’autres organes clefs des Nations Unies et des institutions financières internationales, a-t-il confirmé, en martelant qu’alors que le monde change, notre système multilatéral doit changer aussi, afin de mieux servir la communauté mondiale.

Évoquant sa participation au Sommet de l’avenir, M. ALBERT II, Prince de Monaco, a souligné « l’immensité du travail restant à accomplir pour assurer un futur harmonieux et paisible à nos enfants ».  Il a exprimé son inquiétude face à la multiplication des conflits et à la partition du monde, avançant que l’heure devrait plutôt être à la construction de coalitions d’actions concrètes, à l’intensification de la coopération, à la solidarité, à l’entraide et au dialogue, dans le cadre multilatéral promu par la Charte.  Il a ainsi souligné l’importance du nouvel « Agenda pour la paix », qui trace la voie pour restaurer la solidarité et la confiance entre les nations.  Il a également insisté sur la quatrième Conférence des Nations Unies sur le financement du développement, prévue l’année prochaine, qui invite à repenser l’architecture financière mondiale afin de soutenir un développement inclusif et durable.  

Il a ajouté que la conférence mondiale sur la justice sociale devra impulser des actions concrètes pour lutter contre la pauvreté, le premier des objectifs de développement durable.  Le Prince a ensuite souligné l’importance cruciale de l’égalité des genres, rappelant les anniversaires à venir de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur le programme pour les femmes et la paix et la sécurité, ainsi que de la Déclaration de Beijing.  Selon lui, cette égalité est nécessaire pour assurer justice et inclusion dans tous les ODD, et les efforts pour promouvoir les droits des femmes doivent se poursuivre, « pas à pas et coûte que coûte ».  

La crise environnementale a ensuite été abordée comme le défi le plus menaçant pour l’humanité à long terme.  Soulignant l’urgence des actions coordonnées contre les changements climatiques, la perte de biodiversité et les pollutions, le Prince a appelé à une mobilisation internationale renforcée pour la COP 16 sur la biodiversité et la COP 29 sur les changements climatiques, afin de définir des objectifs de financement adaptés aux besoins des pays en développement, en particulier des petits États insulaires, les plus vulnérables. 

Exprimant son soutien à la création d’un groupe international d’experts pour la durabilité de l’Océan (IPOS), il a exhorté à accélérer la ratification de l’Accord BBNJ sur la préservation des océans, pour une entrée en vigueur dès 2025.  Il a aussi insisté sur la nécessité d’une régulation stricte de l’exploitation minière des grands fonds marins, basée sur des données scientifiques fiables.  « L’économie bleue a un rôle à jouer », a-t-il insisté, confirmant l’accueil dans sa principauté de Monaco, les 7 et 8 juin 2025, du forum sur l’économie et la finance bleues (Blue Economy and Finance Forum). 

Concernant l’intelligence artificielle, le Prince a rappelé les opportunités et les risques que présente cette technologie et a appelé la communauté internationale à établir des normes éthiques pour garantir que son usage respecte les droits humains et ne soit pas détourné à des fins militaires ou terroristes.  La lutte contre la désinformation, décrite comme l’un des plus grands dangers pour les sociétés modernes, a également été prônée.  

Enfin, il a encouragé la communauté internationale à saisir l’opportunité offerte par le Pacte pour l’avenir et les 80 ans de l’ONU pour avancer sur la réforme du Conseil de sécurité, afin de rendre l’Organisation plus inclusive et représentative des réalités contemporaines.  Il a conclu en mentionnant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris où « les athlètes nous ont montré que les efforts et la persévérance, y compris dans l’adversité, mènent à la victoire ». 

M. DAVID RANIBOK ADEANG, Président de Nauru, a indiqué qu’étant entourée par l’océan, il est dans l’intérêt de son pays que les ressources marines soient gérées de manière responsable.  Fustigeant l’inaction, il a averti du risque de rater la transition vers les énergies renouvelables et de décarboner notre planète.  Nous ne pouvons pas nous laisser freiner par la peur et la désinformation, a-t-il lancé, appelant à une utilisation judicieuse des connaissances pour veiller à ce que la récupération des minéraux des grands fonds ne compromette pas l’intégrité de notre environnement marin.  Il ne s’agit pas seulement d’une opportunité économique, mais d’un impératif environnemental, a-t-il dit. 

Le Président a appelé la communauté internationale à ne pas ignorer la science et les progrès accomplis et exhorté le Conseil de l’Autorité internationale des fonds marins à travailler avec Nauru pour établir et adopter des réglementations solides nécessaires à la conservation et à l’utilisation durable des ressources marines.  De plus, les initiatives d’adaptation exigent une expertise technique et des ressources financières substantielles.  Pour des pays comme Nauru, l’accès aux services bancaires est une véritable bouée de sauvetage.  Le Président, qui a dit être encouragé par l’adoption récente de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle concernant les petits États insulaires en développement, a également appelé la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) et les autres institutions financières à intégrer ce nouvel indice dans leurs travaux. 

Le Chef d’État a ensuite appelé à la fin du blocus imposé à Cuba avant d’exiger la réforme du Conseil de sécurité.  Il a demandé au Secrétaire général de nommer un représentant spécial pour le climat et la sécurité et appuyé l’appel en faveur d’un traité sur la non-prolifération des combustibles fossiles.  Il a dit attendre avec impatience l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice sur les changements climatiques et suivre de près la mise en œuvre des orientations de la Cour dans la poursuite de la justice climatique.  En revanche, Nauru est déçue par la suppression de la Mesure 21 dans le Pacte pour l’avenir qui aurait pu soutenir les efforts pour faire face aux menaces à la sécurité posées par les crises climatiques. Le Président a appelé les pays développés à fournir le financement climatique et le transfert de technologie promis. 

M. KASHIM SHETTIMA, Vice-Président de la République fédérale du Nigéria, s’est félicité du vent de démocratisation soutenu qui a soufflé sur l’Afrique, au cours des deux dernières décennies.  Dans le même temps, il a déploré la récurrence des changements anticonstitutionnels et des coups d’État militaires dans certains pays du Sahel qui souligne, à son avis, la fragilité de la démocratie lorsqu’elle n’est pas soutenue par le développement économique et une paix et une sécurité durables.  C’est cette fragilité qui devrait, selon lui, être examinée le plus lors des délibérations de l’actuelle session de l’Assemblée générale. 

Nos concitoyens ont besoin d’emplois.  Ils ont besoin de moyens de subsistance décents.  Ils souhaitent une éducation et des soins de santé de qualité et abordables pour leurs enfants et leurs familles, et ont besoin de vivre dans un environnement sain et sûr.  Lorsque les gouvernements ne parviennent pas à les satisfaire, les citoyens se trouvent dans l’obligation de remettre en question l’utilité de la démocratie et d’autres idéaux, comme l’État de droit, a-t-il averti.

Pointant le fardeau de la dette mondiale qui compromet la capacité des pays et des gouvernements à répondre aux besoins de leurs citoyens, il a estimé du devoir de la communauté internationale de rétablir la confiance dans le système démocratique et l’ordre constitutionnel.  « Nous avons besoin de la substance de la démocratie, pas seulement de la forme », a martelé le Vice-Président.

L’intervenant a, ensuite, évoqué les fléaux du terrorisme et de l’extrémisme violent qui demeurent une menace existentielle pour la paix, la sécurité et le développement, parlant des efforts concertés de son pays pour contenir et faire reculer cette menace.  La réunion africaine de haut niveau sur la lutte contre le terrorisme, organisée par le Nigéria en avril 2024, et sa « Déclaration d’Abuja » promettent d’apporter des solutions aux défis posés par les terroristes.  Les changements climatiques sont un autre facteur d’insécurité, a-t-il dit, rappelant les inondations qui ont frappé son pays, occasionnant des pertes en vies humaines et en biens.

Il s’est inquiété de la situation désastreuse au Soudan et dans d’autres parties du monde où des acteurs étrangers exacerbent les tensions pour prolonger le conflit et aggraver les souffrances de populations innocentes.  Il a cité, à cet égard, la situation déchirante à Gaza et dans d’autres territoires palestiniens.  Nous ne pouvons pas discuter aujourd’hui de guerre et de paix, de conflits et de réconciliation ou d’impératifs humanitaires sans réfléchir au conflit israélo-palestinien qui fait rage depuis le 7 octobre de l’année dernière.  Ici encore, a-t-il déploré, la communauté internationale n’a pas été à la hauteur de l’esprit et des aspirations des Nations Unies.

Enfin, le Nigéria a réaffirmé son engagement à soutenir les opérations de maintien de la paix de l’ONU, et réitéré son appel à un soutien international pour rendre opérationnelle la Force africaine prépositionnée.

M. SALMAN BIN HAMAD AL KHALIFA, Premier Ministre de Bahreïn, estimant que le monde est à un tournant, a soutenu les appels à une réforme holistique des Nations Unies, à commencer par le Conseil de sécurité, afin de refléter les dynamiques géopolitiques actuelles et de permettre à l’Organisation de remplir efficacement son mandat pour les décennies à venir.  Il a rappelé à quel point les conflits dans le monde, notamment en Ukraine, à Gaza et dans la mer de Chine méridionale, fragilisent le système international.  Dénonçant la crise humanitaire à Gaza, il a appelé à un cessez-le-feu immédiat, à la libération de tous les otages et à la création d’un État palestinien viable, condition indispensable pour une paix durable.  Il a également fustigé la montée du radicalisme et du recours à la force illégale, tout en s’inquiétant de l’impact des conflits sur l’économie mondiale et sur l’avenir des jeunes générations. 

Le Premier Ministre a ensuite vanté l’engagement de son pays en faveur du pluralisme et de la coexistence pacifique.  Il a mis en avant le « Prix Roi Hamad pour la coexistence pacifique », lancé en août, et a appelé la communauté internationale à soutenir l’initiative de Bahreïn de convoquer une conférence internationale sur la paix au Moyen-Orient. Sur le plan national, il a souligné les efforts de Bahreïn pour placer ses citoyens au cœur des programmes de développement.  Son gouvernement a ainsi concentré ses efforts sur l’accès au logement, la santé et l’éducation, en collaboration avec le secteur privé et la société civile. 

En ce qui concerne les défis du monde, le Premier Ministre a évoqué les conséquences catastrophiques du développement non durable et des conflits croissants, provoquant notamment une aggravation de la faim dans le monde.  Ces crises, a-t-il souligné, sont interconnectées et nécessitent une réponse coordonnée et systémique.  Il a également insisté sur l’importance de réformer les institutions multilatérales, telles que la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) afin de répondre aux défis contemporains et de mettre en œuvre les objectifs de développement durable (ODD) ainsi que le Pacte pour l’avenir récemment adopté.  L’ordre international ne repose pas sur des espoirs ou des rêves, il est le produit d’institutions solides et de concepts sécuritaires adaptés, a-t-il affirmé. 

Le Premier Ministre a ensuite mis l’accent sur le potentiel de l’intelligence artificielle (IA) pour le développement mais il a averti que son déploiement doit se faire dans le cadre d’une collaboration internationale, avec des normes éthiques garantissant que l’IA soit utilisée à des fins pacifiques et ne contribue pas à exacerber les conflits.  Il a ainsi appelé à la création d’un traité international pour réguler son usage et en maximiser les bénéfices.  Il a enfin réaffirmé l’engagement de Bahreïn en faveur du multilatéralisme, évoquant l’accord historique signé avec les États-Unis, qui vise à promouvoir une prospérité partagée et une sécurité collective.  En conclusion, il a rappelé que les défis auxquels le monde est confronté ne sont pas insurmontables, à condition que la communauté internationale ait collectivement la volonté de revitaliser l’architecture internationale et de s’engager à protéger la dignité humaine. 

Mme GIORGIA MELONI, Présidente du Conseil des ministres d’Italie, a d’abord rappelé les différents problèmes mondiaux, dont l’émergence de l’intelligence artificielle, que son gouvernement a choisi d’inscrire à l’ordre du jour de la présidence italienne du G20.  Ce que nous voulons, s’est-elle expliquée, c’est une bonne gouvernance de l’intelligence artificielle pour concilier innovation, droit, emploi, propriété intellectuelle, liberté d’expression et démocratie. 

Comme les problèmes de l’hémisphère Nord sont aussi ceux du Sud, a-t-elle poursuivi, il faut changer la donne dans les relations entre pays et le fonctionnement des institutions multilatérales.  L’objectif est de créer un modèle de coopération fondé sur le respect mutuel et orienté vers des résultats concrets.  Il faut instaurer l’égalité pour pouvoir s’écouter les uns les autres.  La Présidente a donc proposé un format rassemblant tous les continents, le G20, l’Union africaine, les institutions économiques et financières et les banques de développement multilatérales.  Le G7 ne saurait être une forteresse fermée aux autres. 

Sur le plan bilatéral, le Gouvernement italien a lancé des projets pilotes dans neuf pays africains dans les domaines du financement, de la sécurité alimentaire et de l’énergie.  Il est important de concevoir de tels projets pour que des dizaines de milliers de personnes n’aient plus le désir d’entrer en Europe de manière illégale.  C’est la première garantie de leur droit à ne pas émigrer et couper leurs liens avec leur patrie.  Au lieu de cela aujourd’hui, des criminels exploitent le désespoir des gens. 

Je demande votre aide à partir de cette tribune pour déclarer une guerre mondiale contre les trafiquants d’êtres humains, a dit la Présidente, en estimant que l’ONU doit faire davantage contre ces organisations criminelles car nous pouvons vaincre cet esclavage du XXIe siècle si nous unissons nos forces et prenons des initiatives communes impliquant nos forces de police, nos services de renseignement et nos autorités judiciaires. 

Sur le plan politique, la Présidente a affiché sa solidarité avec le peuple du Venezuela, reconnu le droit de l’Ukraine à défendre ses frontières avec l’aide des pays occidentaux et souligné le droit des Palestiniens à leur propre État.  Mais, a-t-elle souligné, les Palestiniens doivent avoir des dirigeants prêts au dialogue. Elle n’a pas manqué de demander la libération immédiate des otages israéliens et de déplorer les centaines de pertes en vies humaines au Liban. 

M. AZIZ AKHANNOUCH, Chef du Gouvernement du Maroc, a réitéré l’attachement de son pays pour le multilatéralisme, tout en en questionnant les limites actuelles et en souhaitant que celui-ci prenne un nouvel élan.  Abordant les défis climatiques, il a souligné la nécessité de soutenir les pays africains, qui subissent le plus fortement les conséquences des changements climatiques alors qu’ils sont les plus faibles émetteurs de gaz à effet de serre.  Il a plaidé pour des mécanismes de financement innovants afin d’aider ces pays à s’adapter, et a insisté sur la nécessité de garantir une meilleure représentation des pays en développement au sein des conseils d’administration des institutions financières multilatérales.

Le Chef du Gouvernement du Maroc a ensuite mis en avant l’engagement de son pays vis-à-vis de l’Afrique, notamment à travers l’Initiative atlantique pour le Sahel, qui vise à transformer la région en un espace de stabilité et de développement, en collaboration avec 13 États.  Il a notamment évoqué la coopération économique renforcée entre le Maroc et le Nigéria, comprenant la construction d’un pipeline qui favorisera l’intégration régionale et permettra le développement de la façade atlantique du continent.  Il a souligné que cette initiative, tout comme l’intégration des États sahéliens à l’économie mondiale, repose sur le principe de solidarité. 

Pour ce qui est de la question du Sahara marocain, le Chef du Gouvernement a mis en avant l’initiative d’autonomie, « essentielle pour le développement de la région ».  Il a rappelé que cette initiative a reçu le soutien de nombreux pays, constituant un message clair pour la communauté internationale et les Nations Unies.  Il a encouragé la relance des discussions politiques dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité, avec la participation de toutes les parties concernées, y compris l’Algérie.  Enfin, il a insisté sur le fait que les habitants du Sahara marocain participent à la vie politique, économique et sociale marocaine dans le cadre des conseils locaux, et ce, « à tous les stades de la prise de décisions », démontrant « l’intégrité territoriale et la marocanité du Sahara ». 

Concernant la Palestine, le Chef du Gouvernement a réitéré la solidarité du Maroc avec le peuple palestinien.  Il a dénoncé la violence à Gaza et souligné l’urgence de trouver une solution politique durable basée sur la création de deux États, avec Jérusalem-Est comme capitale de la Palestine.  Il a averti que l’absence d’un horizon politique dans le conflit israélo-palestinien contribue à l’instabilité de la région, menaçant la paix internationale. 

M. ALEXANDER DE CROO, Premier Ministre de la Belgique, a exhorté les dirigeants du monde présents cette semaine à l’ONU à n’avoir qu’une seule ambition: trouver une issue aux conflits au Soudan, au Moyen-Orient, en Ukraine et dans bien d’autres endroits.  Au Moyen-Orient, des décennies de déshumanisation de l’ennemi ont conduit à un cercle vicieux de violence, qui a entraîné la mort de plus de 40 000 personnes en moins d’un an, s’est désolé le Chef de gouvernement en notant que « ce conflit créé par l’homme » s’est avéré l’un des plus meurtriers depuis des décennies.  Ce conflit n’a pas commencé avec l’horrible attaque terroriste contre Israël, qui a tué plus de 1 400 citoyens israéliens, il y a près d’un an, a-t-il dit. 

Le Premier Ministre a rappelé que le 7 octobre 2023, la Belgique a immédiatement reconnu le droit d’Israël à se défendre et a appelé à la libération inconditionnelle de tous les otages.  Au début de la guerre de Gaza, son gouvernement a mis en garde contre le manque de respect du droit international humanitaire des deux côtés et les attaques disproportionnées au mépris flagrant de la vie civile palestinienne.  Près d’un an plus tard, « nous devons malheureusement reconnaître » que les extrêmes des deux côtés donnent toujours le ton de ce conflit, s’est-il indigné.  « Les fanatiques croient que la puissance militaire peut mettre fin à ce conflit.  C’est une illusion! »  Le chemin vers la paix, nécessite une feuille de route appropriée, du courage politique, et non de simples tactiques pour rester au pouvoir un jour de plus, a-t-il décrété. 

Plus proche de son pays, il a rappelé que M. Vladimir Putin fait la guerre en Europe depuis près de deux ans, pointant la « folie » du Chef d’État qui continue d’avoir des conséquences dévastatrices pour le peuple ukrainien. 

« Aucun d’entre nous ne peut et ne doit détourner le regard. »  C’est dans cet esprit, a-t-il expliqué, que son pays a fourni, au cours de l’année écoulée, 1,7 milliard d’euros en équipements militaires, en aide humanitaire et en reconstruction des régions les plus durement touchées de l’Ukraine.  L’Agence belge de développement aide l’Ukraine à se relever et à se préparer à rejoindre l’Union européenne, a-t-il ajouté. 

En attendant, il a promis que la Belgique continuerait de contribuer à la protection du peuple ukrainien.  « L’agresseur ne gagnera pas », a-t-il martelé en promettant son soutien ferme à l’Ukraine.  S’adressant à tous ceux qui aspirent à la paix, il les a assurés que celle-ci ne se réalisera que lorsque « nous forcerons » le Président Putin à mettre un terme à son agression contre l’Ukraine. 

Reconnaissant la polarisation et les profondes divisions du monde, il a toutefois estimé que le multilatéralisme n’a pas échoué à tous les niveaux.  Il en a voulu pour preuve l’adoption, il y a un an, du traité qui protège la biodiversité en haute mer (surnommé « Accord BBNJ »). Une initiative collective qui prouve, selon lui, qu’il est encore possible d’être unis face à l’urgence climatique et environnementale.  La réponse mondiale à la variole simienne (mpox) et la réaction des Centres africains de prévention et de contrôle des maladies (CDC-Afrique) à l’épidémie sont un autre exemple de progrès, a-t-il cité, avant de faire valoir que l’UE et la Belgique ont investi de manière significative dans la production et l’accès aux vaccins en Afrique. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le Président Zelenskyy exalte les principes de la Charte et veut contraindre la Russie à faire la paix avec l’Ukraine

9731e séance – après-midi
CS/15831

Conseil de sécurité: le Président Zelenskyy exalte les principes de la Charte et veut contraindre la Russie à faire la paix avec l’Ukraine

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

À l’initiative des États-Unis, de la France, du Japon, de Malte, de la République de Corée et du Royaume-Uni, le Conseil de sécurité s’est réuni cet après-midi au niveau ministériel pour examiner la situation en Ukraine.  Le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres et le Président ukrainien, M. Volodymyr Zelenskyy, ont été les premiers à prendre la parole pour demander le respect de la Charte des Nations Unies et le retour à la paix. 

Deux ans et demi après l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Fédération de Russie, plus de 11 000 civils ont été tués, a déclaré M. Guterres. Plus cette guerre tragique se prolonge, plus le risque d’escalade et de débordement est grand, a-t-il mis en garde, précisant que cela n’affecterait pas seulement la région, mais que cela aggraverait les tensions et les divisions mondiales à un moment où notre monde a désespérément besoin de davantage de coopération et d’action collective.  « Nous devons mettre fin aux souffrances et briser le cycle de la violence, dans l’intérêt du peuple ukrainien, du peuple russe, et du monde entier », a exhorté le Secrétaire général. 

M. Guterres s’est dit profondément préoccupé par la sécurité, y compris nucléaire, les besoins humanitaires et les droits humains des personnes qui résident dans les régions d’Ukraine occupées par la Russie.  Malgré d’immenses défis, l’ONU reste pleinement engagée, représentant la plus grande présence internationale en Ukraine, a-t-il assuré.  Évoquant l’Initiative de la mer Noire et les échanges de prisonniers de guerre, le Secrétaire général a toutefois tenu à rappeler que « lorsqu’il y a une volonté politique, la diplomatie peut réussir, même dans les heures les plus sombres ».  Bien que la paix puisse aujourd’hui paraître hors de portée, les nombreux appels au dialogue représentent une lueur d’espoir. 

« Un jour, on dira que la guerre en Ukraine a réellement pris fin, non pas grâce aux décisions de Putin, mais bien aux principes de la Charte qui finiront par l’emporter », a voulu croire à son tour le Président Zelenskyy. « Putin a violé tellement de normes internationales qu’il ne s’arrêtera pas tout seul », a-t-il averti. 

La Russie est bien incapable d’expliquer ce qu’elle fait à l’Ukraine, a fustigé M. Zelenskyy.  À l’approche de l’hiver, la Russie s’attèle, pour la troisième fois, à détruire notre système énergétique, a-t-il déploré.  « En quoi du pain est-il une menace? » s’est-il demandé, pointant du doigt les frappes de missiles russes sur des commerces et autres infrastructures civiles. 

« Dans son monde retors, Putin choisit d’investir dans la haine » et non dans la paix.  C’est pourquoi il faut le contraindre à faire la paix, sinon le « cynisme russe continuera à frapper ».  M. Zelenskyy a dit préparer avec toutes les régions du monde le second sommet pour la paix en Ukraine.  Chaque point du plan de paix est ancré dans la Charte des Nations Unies, a-t-il insisté. « Il n’existe qu’une Charte et celle-ci doit unir tout le monde. »  

De nombreuses délégations ont abondé en ce sens.  « Comment ne pas s’indigner face à la guerre d’agression brutale, illégale, injustifiable que mène la Russie contre l’Ukraine, devant cette violation massive et continue des principes les plus fondamentaux de la Charte des Nations Unies? » s’est exclamé le Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France.  « La Russie veut détricoter la Charte », s’est agacé le Secrétaire d’État pour les affaires étrangères, du Commonwealth et du développement du Royaume-Uni.  « Lorsque vous tirez des missiles sur les hôpitaux ukrainiens, nous savons qui vous êtes », a-t-il pointé du doigt.  « De même lorsque vous envoyez des mercenaires dans les pays africains », a-t-il ajouté, accusant la Russie d’impérialisme.  Il est inacceptable qu’un membre permanent du Conseil continue de fouler au pied le droit international et de violer des résolutions qu’il a approuvées, a renchéri le Ministre adjoint des affaires étrangères du Japon. 

Après avoir rappelé que son pays a organisé le premier sommet sur la paix en Ukraine en juin dernier, le Conseiller fédéral suisse a reproché au Conseil de sécurité de n’avoir pas pleinement assumé ses responsabilités.  « Avons-nous perdu la grammaire commune de la paix? »

Le Secrétaire d’État américain a pour sa part accusé l’Iran et la Corée du Nord d’aider la Russie, de même que la Chine qui est le principal fournisseur d’électronique et d’outils utilisés par ce pays pour renforcer sa machine de guerre. Certains, a-t-il dit, se poseront la question suivante: comment les États-Unis, qui aident l’Ukraine à se défendre, peuvent-ils critiquer les pays qui aident la Russie?  Il y a une différence de taille, a-t-il justifié: « la Russie est l’agresseur, l’Ukraine, la victime.  Si ces pays arrêtent d’appuyer la Russie, la Russie arrêtera cette guerre. Si l’on arrête d’aider l’Ukraine, l’Ukraine cessera d’exister. »  Arrêter de soutenir l’Ukraine signifierait la destruction totale de l’Ukraine, a acquiescé son homologue allemande. 

Le Ministre chinois des affaires étrangères a rétorqué que son pays ne prend pas parti dans la guerre en Ukraine, ajoutant que la diplomatie était le seul moyen de résoudre la crise.  Tout comme l’Équateur, la Chine a par ailleurs souligné les conséquences économiques et énergétiques du conflit qui compromettent les efforts mondiaux pour le développement durable. 

Plusieurs délégations ont tour à tour exhorté la Russie à respecter ses obligations en matière de droit international humanitaire, condamnant les attaques indifférenciées sur les infrastructures critiques et les civils. La destruction délibérée d’infrastructures énergétiques, scolaires et hospitalières ont des conséquences graves à court et long termes sur les populations, ont-elles regretté.  Il en va de même pour les enlèvements d’enfants ukrainiens soumis à un « lavage de cerveau » en Russie, a condamné la Pologne. 

Les Ministres des affaires étrangères de la Sierra Leone et de Malte se sont inquiétés d’une escalade nucléaire potentielle du conflit, tandis que leur homologue de la République de Corée a dénoncé le recours par la Russie aux missiles balistiques nord-coréens, en violation flagrante de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité. 

C’est non sans ironie que le représentant de la Fédération de Russie s’est défendu des multiples accusions portées contre son pays en présentant sa vision du déroulement des événements de la dernière décennie.  La Russie ne lance pas de frappes contre des cibles civiles ukrainiennes, a-t-il affirmé, et l’armée ukrainienne est « au bord de la déroute ».  Il a regretté « le petit numéro de relations publiques du Président ukrainien » qui « joue le rôle du mec cool et de l’allié de l’Occident, nourri dès le berceau aux idées de suppôts d’Hitler ». 

Selon lui, le fond du problème n’est pas le non-respect de la Charte mais bien le non-respect des droits de la population russophone en Ukraine.  La Russie ne fait que défendre son droit à l’autodétermination, a-t-il martelé.  C’est à la suite de la guerre civile lancée contre les populations russophones par le régime de Kiev que la Russie a mené son opération dans la région du Donbass pour les défendre.  « En quoi est-ce en contradiction avec la Charte? »  

Si Zelenskyy n’a plus rien à perdre, ce n’est pas le cas des États-Unis et de ses alliés, a épilogué le délégué russe.  « L’Ukraine est devenue la dictature d’un seul homme, sacrifiant des jeunes qui ne veulent pas se battre ».  Tant que les considérations occidentales l’emporteront, la Russie continuera à avancer ses objectifs, sans autre voie pour parvenir à la paix, a-t-il d’ores et déjà prévenu. 

Outre les 15 membres du Conseil, 10 délégations ont participé à ce débat.  En début de séance, et à titre procédural, la Russie a cru bon de reprocher à la Slovénie, Présidente pour le mois de septembre, de leur avoir permis de venir « grossir les rangs d’un exercice antirusse sans ajouter aucune valeur aux discussions ». 

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ DE L’UKRAINE

Déclaration

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé que la Charte des Nations Unies est sans équivoque: tous les États doivent s’abstenir de recourir à la menace ou à l’emploi de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout autre État.  Et les différends internationaux doivent être réglés par des moyens pacifiques.  Selon lui, l’invasion massive de l’Ukraine par la Russie en février 2022, après l’annexion illégale de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol il y a 10 ans, constitue une violation manifeste de ces principes. Près de 10 millions de personnes ont fui leurs foyers.  Les attaques systématiques contre les hôpitaux, les écoles, les supermarchés ne font qu’amplifier la douleur et la détresse, a-t-il relevé.  De même, les coupures de courant et les dommages causés aux infrastructures ont plongé des millions de personnes dans l’obscurité. Il a condamné fermement toutes les attaques contre les civils et les installations civiles, où qu’elles se produisent.  Elles doivent cesser immédiatement, a-t-il assené. 

M. Guterres s’est dit profondément préoccupé par la sécurité, les besoins humanitaires et les droits humains des personnes qui résidant dans les régions d’Ukraine occupées par la Russie.  Malgré d’immenses défis, l’ONU reste pleinement engagée, représentant la plus grande présence internationale en Ukraine, a-t-il dit.  Rien que cette année, en coopération avec nos partenaires, nous avons apporté une aide vitale à plus de 6,2 millions de personnes, a-t-il rappelé, ajoutant que l’ONU a besoin du soutien de la communauté internationale.  En effet, 15 millions de personnes en Ukraine ont besoin d’une aide humanitaire, dont plus de la moitié sont des femmes et des jeunes filles.  À l’approche de l’hiver, moins de la moitié du Plan d’intervention humanitaire pour 2024 est financé.  « J’exhorte les donateurs à nous aider à poursuivre notre travail vital sur le terrain », a plaidé M. Guterres. 

Le Secrétaire général a déploré, ces dernières semaines, la recrudescence d’une « rhétorique incendiaire » et d’incidents autour des sites nucléaires, en particulier à la centrale nucléaire de Zaporizhzhia et, de façon inquiétante, à la centrale nucléaire de Koursk en Fédération de Russie.  Il a félicité l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), notamment pour sa présence essentielle sur les sites nucléaires ukrainiens et sa contribution à garantir la sûreté et la sécurité nucléaires. Il a appelé toutes les parties à agir de manière responsable et à éviter toute déclaration ou action susceptible de déstabiliser davantage une situation déjà incendiaire. 

Deux ans et demi après l’invasion à grande échelle de l’Ukraine, plus de 11 000 civils ont été tués, a poursuivi M. Guterres.  Plus cette guerre tragique se prolonge, plus le risque d’escalade et de débordement est grand, a-t-il mis en garde, précisant que cela n’affecterait pas seulement la région, mais que cela aggraverait les tensions et les divisions mondiales à un moment où notre monde a désespérément besoin de davantage de coopération et d’action collective.  « Nous devons mettre fin aux souffrances et briser le cycle de la violence, dans l’intérêt du peuple ukrainien, du peuple russe, et du monde entier », a exhorté le Secrétaire général. 

L’Initiative de la mer Noire et les échanges de prisonniers de guerre nous le rappellent: « lorsqu’il y a une volonté politique, la diplomatie peut réussir, même dans les heures les plus sombres », a-t-il déclaré.  Bien que la paix puisse aujourd’hui paraître hors de portée, les nombreux appels au dialogue représentent une lueur d’espoir. Intensifions donc nos efforts pour aboutir à la paix en Ukraine – une paix juste, totale et durable; une paix conforme à la Charte des Nations Unies, au droit international et aux résolutions de l’Assemblée générale, a-t-il demandé.  L’ONU soutiendra tout effort en faveur de la paix en Ukraine, a-t-il conclu. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Au deuxième jour du Sommet de l’avenir, les petits États insulaires réclament des financements pour survivre à la menace climatique

Soixante-dix-neuvième session, Sommet de l'avenir
5e & 6e séances, matin & après-midi
AG/12630

Au deuxième jour du Sommet de l’avenir, les petits États insulaires réclament des financements pour survivre à la menace climatique

Après l’adoption par acclamation, hier, du Pacte pour l’avenir, chefs d’État, de gouvernement et ministres se sont de nouveau succédé à la tribune de l’Assemblée générale, au deuxième jour du segment plénier du Sommet de l’avenir, pour réclamer les réformes les plus pressantes à leurs yeux pour redonner du souffle à l’Organisation et l’adapter aux nouveaux défis menaçant l’humanité. 

Parmi celles-ci, financer l’adaptation aux changements climatiques est, sans conteste, arrivé en tête de liste, notamment de la part des petits États insulaires en développement (PEID).  Pour eux, a rappelé la Présidente des Îles Marshall, « la menace climatique est partout ». 

Frustrés comme elle par le gouffre entre les annonces ambitieuses et la maigreur des financements disponibles, certains dirigeants de PEID sont demeurés circonspects sur la portée du Pacte face à une menace planant sur eux comme une épée de Damoclès.  Le Président des États fédérés de Micronésie a souhaité que les Nations Unies veillent à ce que la mise en œuvre du Pacte comprenne des engagements solides et durables pour abandonner le charbon, le pétrole et le gaz, en s’alignant sur la limite de 1,5 degré Celsius de l’Accord de Paris.  Lui emboîtant le pas, le Chef d’État des Palaos a demandé aux délégations de résister à la tentation de se lancer dans l’exploitation minière des fonds marins. 

« Nous qui avons le moins contribué à la crise climatique, nous en subissons les pires conséquences », a protesté le Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, estimant insultant que « les grands pollueurs » s’octroient des centaines de milliards de dollars en crédits carbone pour prolonger l’utilisation excessive des combustibles fossiles, aux dépens de l’avenir de son pays.  « Vous avez une dette envers le monde », a-t-il lancé à l’adresse des pays développés, illustrant à sa façon le principe de « responsabilité commune mais différenciée » dans la crise climatique actuelle et à venir.  Le Premier Ministre de la Norvège est d’accord pour que soient augmentés le financement et les investissements pour le climat, avec en ligne de mire la prochaine Conférence internationale sur le financement du développement qui se tiendra en 2025 en Espagne. 

Saluant l’orientation générale du Pacte, les PEID ont aussi regretté que des « exigences trop lourdes » conditionnent le financement international de la résilience climatique et ont appelé à ce qu’il soit adapté à leurs conditions particulières.  Le Président de Nauru a appelé les banques et institutions financières internationales à participer aux efforts, appelant à « des indicateurs solides ». Enfin, les PEID ont relié les enjeux des changements climatiques aux questions de sécurité car « ils accroissent les tensions sociales et exercent une pression humanitaire ». 

Les appels pour que l’Afrique pèse davantage dans les institutions internationales, dont le Conseil de sécurité, ont encore été nombreux.  Le continent est toujours sous-représenté au sein de nombreuses organisations financières internationales, alors qu’il est la destinataire du plus grand nombre de programmes du Fonds monétaire international (FMI), où pourtant il ne détient que 6,5% des voix.  À la Banque mondiale, l’Afrique n’a que 11% des actions, a aussi observé le Ministre des affaires étrangères de Djibouti.  Relayant les nombreux appels à alléger la dette des pays en développement, le Président par intérim du Gabon a opportunément rappelé qu’il existait des outils destinés à articuler ce défi avec la lutte contre les changements climatiques, par le biais d’opportunités de financement concessionnel telles que « la rétribution pour la conservation des forêts » ou encore « la conversion dette-nature ». 

En écho à l’adoption du Pacte numérique mondial en annexe du Pacte pour l’avenir, les délégations se sont aussi emparées des questions relatives aux nouvelles technologies, que ce soit pour encourager leur développement ou leur partage.  La fracture numérique, entrave majeure au développement de plusieurs régions -dont la région Pacifique, l’une plus isolées de la planète-, doit être réduite, a martelé la Cheffe d’État des Îles Marshall.  Des appels entendus par l’Australie, engagée à « créer de la connectivité Sud-Sud » grâce à des câbles sous-marins dans l’océan Pacifique.

Au sujet de l’intelligence artificielle (IA), dont les potentialités excitent autant qu’elles effraient, le Chef du Gouvernement espagnol a préconisé la création de normes internationales pour une utilisation éthique, une garantie de transparence et la garantie d’un accès juste.  Forte d’avoir créé « la première agence de supervision de l’intelligence artificielle au monde », l’Espagne a défendu un rôle clef de gouvernance mondiale pour les Nations Unies en la matière. Pour la Chine également, l’ONU doit être au cœur de la gouvernance de l’intelligence artificielle.  Optimiste, le Président de la Slovaquie a observé que la collecte massive de données associée à l’essor de la technologie de l’IA permettait de voir et d’agir sur des bases factuelles et scientifiques. Il craint davantage un corollaire de la numérisation tous azimuts: la diffusion virale et instantanée de la « désinformation » et des « mensonges ». 

Dans un discours remarqué, le Président de l’Ukraine a dénoncé un « groupe de sept complices, mené par la Russie », qui a tenté de faire échouer hier l’adoption du Pacte.  « Putin nous a déjà volé beaucoup mais il ne peut nous voler l’avenir », a-t-il lancé, se positionnant en fervent défenseur de la Charte.

Soulignant que la Russie n’a pas bloqué l’adoption du Pacte pour l’avenir, le Vice-Ministre des affaires étrangères russe a déploré que le document ne mentionne pas explicitement le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des États souverains.  De même, il a indiqué que Moscou ne peut soutenir le renforcement du rôle du Haut-Commissaire aux droits de l’homme, « notoirement connu pour sa partialité et sa complaisance à l’égard des intérêts occidentaux ». Le Pacte numérique mondial présente également de graves lacunes, a-t-il ajouté, car il tente de mettre sur un pied d’égalité les acteurs non gouvernementaux et les États dans la prise de décisions relatives à l’agenda technologique international et de créer des mécanismes d’examen supplémentaires dont le mandat n’est pas clair. 

Le débat général de l’Assemblée générale débutera demain, mardi 24 septembre, à 9 heures.  

RENFORCEMENT DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES - SOMMET DE L’AVENIR 

Suite du débat général

M. JOÃO MANUEL GONÇALVES LOURENÇO, Président de l’Angola, a dit espérer que, grâce à ce Sommet de l’avenir, la communauté internationale sera en meilleure position pour trouver des solutions pour un avenir meilleur. Le Pacte pour l’avenir est un point d’inflexion, a poursuivi M. Lourenço, et nos engagements politiques doivent nous permettre de réunir les ressources pour financer le développement durable et ne laisser personne de côté.  Il a demandé de ne pas oublier les jeunes et les femmes, qui sont des moteurs essentiels de la transformation de l’humanité.  Selon lui, la communauté internationale doit s’engager à lutter de manière plus intense contre la pauvreté, condition sine qua non du développement durable.  Les plus pauvres et les plus vulnérables doivent être placés au cœur de notre action, a insisté le Président de l’Angola, ajoutant qu’il est impossible de construire un monde sûr, équilibré et durable s’il ne concerne que certaines personnes.  En ce sens, un système financier plus juste doit servir les pays en développement. 

M. PETR PAVEL, Président de la République tchèque, a estimé que le Pacte pour l’avenir créait une base solide pour un système multilatéral meilleur et plus efficace, et a affirmé que son pays était prêt à s’engager avec d’autres pour assurer un suivi fructueux du Sommet.  Il a dénoncé l’agression russe contre l’Ukraine, qu’il a qualifiée de « défi singulier qui ébranle le cœur même du système international et les principes fondamentaux des Nations Unies ».  Saluant l’adoption du Pacte numérique mondial, il a insisté sur les opportunités offertes par les technologies émergentes, comme l’intelligence artificielle ou la biotechnologie, tout en les mettant en regard avec les risques générés par la plus grande dépendance à ces technologies, qui crée de plus grandes vulnérabilités.  Dans cette optique, il a indiqué qu’il avait coparrainé le lancement du Sommet GeoTech à Prague, qui se tiendra chaque année dans le cadre du Forum Globsec.  Il a précisé qu’il visait à favoriser le dialogue entre les entreprises et les gouvernements, notamment en vue de lutter contre l’utilisation de la technologie de manière abusive par des acteurs malveillants, États ou individus.

Rappelant que les changements climatiques avaient récemment affecté son pays, le Président a affirmé qu’ils agissaient comme un multiplicateur de menaces susceptibles d’aggraver certains des plus grands défis de l’humanité, tels que la pauvreté, la faim ou la santé.  Il a par ailleurs invité instamment les États Membres à payer leur contribution financière aux Nations Unies en intégralité et dans les délais impartis, comme le faisait son pays. 

M. BRICE CLOTAIRE OLIGUI NGUEMA, Président par intérim du Gabon et Président du Comité pour la transition, a mis en avant les réformes de son gouvernement pour améliorer la vie de ses citoyens, une promesse d’espoir qui passe par une gouvernance transparente, dans un esprit de réconciliation nationale et d’attachement au multilatéralisme. 

En matière de paix et de sécurité, le dignitaire a jugé évident que le Conseil de sécurité doit se réformer.  L’Afrique, théâtre d’une « conflictualité déplorable », doit prendre une part plus grande aux efforts pour parvenir à la paix.  Il semble aussi indispensable de réformer l’architecture financière mondiale en investissant massivement dans la réalisation des ODD.  Dans le souci de ne laisser aucun pays en marge, tous doivent avoir un accès aux ressources financières nécessaires, ce qui nécessite un allégement de la dette, ainsi que des opportunités de financement concessionnel, telles que « la rétribution pour la conservation des forêts », ou encore « la conversion dette-nature ».  La solidarité internationale appelle aussi à une coopération scientifique et un transfert des nouvelles technologies, a insisté le Président par intérim. 

Plus de la moitié des Gabonais ont moins de 20 ans, et le Gabon s’engage donc naturellement de plain-pied dans le Pacte pour l’avenir, pour donner davantage aux jeunes voix au chapitre, a conclu M. Oligui Nguema. 

M. ANDRZEJ DUDA, Président de la Pologne, s’est dit convaincu que le Sommet offre une occasion unique de réfléchir à l’efficacité des structures actuelles pour relever les principaux défis mondiaux.  L’ordre fondé sur le droit international et la solidarité inscrit dans la Charte des Nations Unies est gravement menacé et le système multilatéral est devenu dysfonctionnel et doit être réformé.  « Nous ne pouvons pas accepter que ceux qui remettent cet ordre en question gagnent en puissance », a lancé le Président de la Pologne, citant l’agression de la Russie contre l’Ukraine comme exemple édifiant.

M. Duda a plaidé pour une amélioration de l’efficacité du système des Nations Unies, suggérant de renforcer le droit international pour restaurer la confiance dans le multilatéralisme et maintenir la paix et la sécurité.  Il a salué le Pacte pour l’avenir, qui vise à renforcer les trois piliers de l’activité onusienne: la paix et la sécurité; le développement et les droits humains; et le respect de la Charte des Nations Unies et du droit international.

M. DANIEL NOBOA AZIN, Président de l’Équateur, s’est présenté comme un jeune président et a affirmé son désir de voir le Pacte pour l’avenir tenir ses promesses pour un avenir résilient, durable et inclusif.  Il a appelé à s’attaquer à l’augmentation du chômage des jeunes au moyen d’investissements publics et privés, notamment dans l’éducation, pour les soustraire à la délinquance, à la drogue et à la criminalité transnationale organisée. 

Évoquant l’examen national volontaire de son pays concernant l’état d’avancement des objectifs de développement durable, présenté devant l’Assemblée générale il y a deux mois, le Président équatorien a rappelé que six des cibles de l’objectif no 16 (« Paix, justice et institutions fortes ») génèrent des synergies avec 125 autres cibles des ODD.  Il a affirmé que cette corrélation confirmait le lien entre les progrès en matière de paix et de développement durable. Ajoutant que son pays s’était engagé à accélérer la mise en œuvre du Programme 2030, il a indiqué que l’Équateur avait aligné son plan national de développement sur les ODD et a réalisé des progrès significatifs dans la réduction de la pauvreté, la lutte contre la malnutrition infantile et la défense de l’environnement.  En Équateur, 40% de la population est âgée de 14 à 35 ans, a rappelé M. Noboa Azin, ajoutant que « si nous ne réglons pas les problèmes des jeunes, il sera impossible de concrétiser les ODD ». 

M. PETER PELLEGRINI, Président de la Slovaquie, a observé que l’une des caractéristiques les plus positives de notre époque est la collecte massive de données.  Associée à l’essor de la technologie de l’intelligence artificielle (IA), elle nous donne le pouvoir de voir et d’agir sur des bases factuelles et scientifiques. Cette médaille a toutefois son revers: la diffusion de la désinformation et des mensonges, a poursuivi le Président. C’est pourquoi les politiques doivent refléter le fait que nos vies sont de plus en plus transférées dans l’espace numérique.  « Nos identités en ligne deviennent tout aussi importantes que nos identités physiques », a observé M. Pellegrini, pour qui l’ONU doit créer les conditions d’un « humanisme numérique » - c’est-à-dire définir les droits et les obligations du monde virtuel, ainsi que les outils pour leur application.  Et comme les menaces et les dangers en ligne ne sont pas moins réels que leurs versions hors ligne, « nous devons nous assurer que les règles du monde en ligne reflètent les règles de notre monde physique ».  Les mots et les actes dans le monde virtuel peuvent même être encore plus destructeurs du fait de leur viralité, a verti le chef d’État. 

Pour la Slovaquie, l’expression d’opinions dans l’espace numérique ne doit pas être restreinte.  Elle devrait néanmoins être guidée par des principes similaires à ceux appliqués hors ligne: en pleine responsabilité, avec l’identité du locuteur « clairement identifiée ».  « Ne confondons pas ces règles avec une atteinte à la liberté d’expression; toute liberté exige une responsabilité », a argumenté M. Pellegrini. 

Rappelant que nul ne connaît l’avenir, mais que le rythme du changement ne ralentira pas, le Président slovaque a jugé évident que l’éducation, l’inclusion, l’investissement dans la jeunesse et la réduction de la fracture numérique joueront un rôle essentiel dans la préparation de l’avenir numérique. « Tout le monde mérite de partir sur la même ligne de départ avec les technologies numériques », qui ouvrent la voie vers une vie meilleure, a-t-il ajouté.  L’accès aux outils numériques ne doit pas être déterminé uniquement par l’argent, mais par les compétences et les talents individuels. 

Vivre dans un monde numérique signifie également un apprentissage tout au long de la vie.  « J’ai la cinquantaine et j’adore la technologie, mais je dois être prêt à acquérir constamment de nouvelles compétences pour suivre le rythme », a concédé M. Pellegrini, pour qui « le changement et l’adaptabilité resteront les seules constantes » à l’avenir.  Un choix d’infrastructures judicieux, la collecte et l’analyse de données doivent façonner les politiques en priorité — et non l’intuition, les préjugés ou les partis pris, a conclu l’orateur.

M. ALEXANDER STUBB, Président de la Finlande, a jugé que le Pacte pour l’avenir est excellent car il montre la différence entre le multilatéralisme et la coopération, d’un côté, et le désordre, de l’autre.  Le Pacte démontre que l’ONU fonctionne, a ajouté M. Stubb, avant de souligner le paradoxe de notre époque qui est de se tourner vers un désordre multipolaire, dont le résultat est de ne pas réaliser les ODD et d’être confronté à des conflits.  En venant aux critiques contre les Nations Unies, le Président de la Finlande a rappelé que l’Organisation fonctionnait sur bien des questions mais que le Conseil de sécurité avait échoué, en ne parvenant pas à maintenir la paix et en étant peu représentatif.  Le Conseil doit être élargi, le droit de veto doit être supprimé et le droit de vote d’un membre du Conseil qui viole de manière flagrante la Charte des Nations Unies doit être suspendu, a tranché le Président. S’agit-il d’une proposition réaliste? a-t-il demandé, recevant pour réponse de nombreux applaudissements de la salle.

M. EDGARS RINKĒVIČS, Président de la Lettonie, a déclaré qu’un multilatéralisme efficace est essentiel dans un monde de plus en plus interdépendant, notant que les Nations Unies jouent un rôle primordial pour faire face aux défis mondiaux tels que les changements climatiques et les pandémies.

Les Nations Unies sont la seule organisation véritablement mondiale, dont le rôle est essentiel pour maintenir la paix et la sécurité internationales, mais dont les cadres nécessitent une révision urgente, a poursuivi le Président de la Lettonie.  Par exemple, les institutions internationales doivent devenir plus représentatives, et refléter les réalités politiques et économiques d’aujourd’hui.  S’agissant du Conseil de sécurité, il a dit soutenir fermement une amélioration de ses méthodes de travail et a souligné que les membres permanents doivent respecter leur responsabilité de protéger la paix et la sécurité, en particulier la Russie, qui continue de « mener une guerre d’agression brutale contre l’Ukraine ».

M. EMOMALI RAHMON, Président du Tadjikistan, a espéré que le Sommet permettrait de faire des progrès dans le domaine de la réforme de la structure financière internationale.  S’agissant des changements climatiques, il s’est plaint des mesures insuffisantes pour garantir à tous un accès à l’eau et à l’assainissement, avant d’appeler à des mesures constructives pour gérer les ressources hydriques de la planète.  La Décennie d’action sur l’eau (2018-2028) est, selon le Président, un bon exemple montrant comment régler ces problèmes. Il est possible, a-t-il insisté, de réunir les conditions garantissant la sécurité hydrique de millions de personnes dans le monde. 

Renforcer la coopération pour réussir le développement durable est tout aussi essentiel à ses yeux pour lutter contre le terrorisme.  Dans ce contexte, le Président a préconisé l’échange d’informations ainsi que le renforcement des capacités pour lutter contre la menace mondiale du terrorisme.

Jugeant nécessaire d’agir ensemble pour un monde sans laissés-pour-compte, M. Rahmon a enfin proposé de mettre sur pied une « décennie du renforcement de la paix pour les générations à venir » pour renforcer le rôle des Nations Unies afin de parvenir à la paix et à la stabilité sur la planète.

M. ALESSANDRO ROSSI et Mme MILENA GASPERONI, Capitaines-régents de la République de Saint-Marin, ont rappelé le rôle historique de leur pays dans l’accueil des réfugiés, citant l’accueil de plus de 400 réfugiés ukrainiens, « plus de 1% de la population totale de Saint-Marin ».  Ils ont également mis en avant son rôle de promoteur de la résolution qui a établi en 2000 le 29 septembre comme Journée internationale de sensibilisation aux pertes et gaspillages de nourriture, moyen de contribuer à la sécurité alimentaire.  Se disant convaincus que le présent Sommet et le Pacte pour l’avenir donneront une nouvelle impulsion à l’ensemble du système multilatéral et plus généralement à la coopération internationale, ils ont rappelé que, pour les petits État, le droit international représente la seule sauvegarde en cas de menace contre leur existence.  Les forums multilatéraux représentent pour eux un précieux mégaphone pour faire entendre leur voix, sinon inaudible.  Au sein de telles enceintes, Saint-Marin a toujours contribué à mettre en valeur le rôle que les petits États peuvent jouer en tant que facilitateurs du dialogue et que promoteurs de la paix, ont ajouté les deux capitaines-régents, qui ont assuré que Saint-Marin continuera de contribuer activement à la recherche de solutions collectives en vue d’un avenir de paix et de dialogue, un meilleur avenir, plus durable, pour nous-mêmes et pour les générations futures, conformément au droit international, y compris la Charte des Nations Unies.

M. NIKOS CHRISTODOULIDES, Président de Chypre, a constaté que les négociations intergouvernementales sur le Pacte pour l’avenir, le Pacte numérique mondial et la Déclaration sur les générations futures avaient révélé l’existence de différents points de vue, estimant cependant que les efforts pour surmonter cette diversité faisaient la force du multilatéralisme.  Il a affirmé qu’en tant que membre de l’Union européenne et du Groupe Asie-Pacifique, et grâce à ses liens étroits avec les petits États insulaires en développement, Chypre « occupe une position unique et fait office de pont entre les régions et les perspectives ».  Le Président a expliqué que, pour son pays, « les changements climatiques ne sont pas une menace lointaine, mais une réalité vécue », notamment en raison des sécheresses, de l’élévation du niveau de la mer et les phénomènes météorologiques extrêmes.  Il a rappelé que Chypre avait présenté sa candidature au Conseil des droits de l’homme pour la période 2025-2027. 

ALBERT II, Prince souverain de Monaco, a souligné que les tensions sont exacerbées par les changements climatiques.  Réconcilier l’homme et la nature est un prérequis indispensable pour édifier des sociétés durables et inclusives, a-t-il demandé.  Il a insisté sur l’importance de l’inclusion de toutes les femmes, levier essentiel du progrès.  Il a ensuite loué le pouvoir d’unification du sport, qui est souvent sous-estimé, alors qu’il efface notamment les barrières sociales.  Mon pays va œuvrer pour que la contribution du sport soit pleinement reconnue, a affirmé Albert II.  S’inquiétant des abus dans l’usage des technologies numériques, le souverain a salué l’adoption du Pacte numérique mondial.  Accélérons nos efforts pour réformer nos institutions afin de les rendre plus inclusives et durables, a-t-il conclu.

M. WESLEY W. IMINA, Président des États fédérés de Micronésie, a rappelé que ces pays avaient toujours exprimé leurs préoccupations, notamment en plaidant pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre conformément à la trajectoire de 1,5 degré Celsius.  Ils ont en outre toujours soutenu les initiatives visant à éliminer les subventions aux combustibles fossiles et l’utilisation de ces combustibles, qui contribuent de manière significative au réchauffement climatique à court terme.  Dès lors, et bien qu’ayant adhéré au Pacte pour l’avenir, ils conservent quelques inquiétudes concernant le texte adopté.  Nous aimerions suggérer que les Nations Unies veillent à ce que la mise en œuvre du Pacte comprenne des engagements solides et durables pour abandonner le charbon, le pétrole et le gaz dans tous les secteurs de la société, en s’alignant sur la limite de 1,5 degré Celsius de l’Accord de Paris, a-t-il dit. 

Le chef d’État a aussi appelé à l’action immédiate.  Nous possédons les outils, les connaissances et l’esprit d’innovation nécessaires pour lutter contre les changements climatiques et protéger nos écosystèmes, a-t-il rappelé.  Le Pacte pour l’avenir est un appel à l’action, nous exhortant à nous engager à atteindre des objectifs climatiques ambitieux et à investir dans les énergies renouvelables.  Ensemble, nous devons nous efforcer de créer une économie verte qui donne la priorité à la fois à notre planète et à notre population, a-t-il conclu. 

Pour M. DAVID RANIBOK ADEANG, Président et Chef d’État de la République de Nauru, le Sommet de l’avenir est un appel à l’action, pour reconstruire la confiance et assurer un avenir vivable.  Toutefois, il s’est demandé si les besoins des plus vulnérables sont vraiment pris en compte, sous forme d’engagements concrets, avec des indicateurs solides afin d’en assurer le suivi.  Nous ne pouvons pas nous contenter de paroles vaines, a lancé le Président, qui a appelé les banques multilatérales et les institutions financières internationales à participer à ces efforts. 

M. JOSÉ RAÚL MULINO QUINTERO, Président du Panama, a indiqué que dans son pays, 64,8% de la population était en âge de travailler, dont une proportion importante de jeunes.  Il a constaté que les défis auxquels les États Membres étaient confrontés évoluaient beaucoup plus vite que leur capacité à les résoudre et qu’il était impossible de les affronter en ordre dispersé.  « Le Sommet pour l’avenir est donc une étape cruciale dans la construction d’un multilatéralisme plus robuste et efficace », a-t-il martelé, ajoutant qu’il convenait de « mettre à jour » les institutions internationales, notamment le Conseil de sécurité et l’architecture financière mondiale.

S’inquiétant du retard pris en vue de mettre en œuvre le Programme 2030, il a dénoncé l’augmentation continue des inégalités, de l’insécurité et de la violence, et évoqué la crainte croissante de l’utilisation d’armes nucléaires découlant de conflits ouverts.  Il a salué la nomination d’un envoyé spécial des Nations Unies chargé de veiller à ce que les décisions de l’Organisation tiennent compte des implications pour les générations futures, ainsi que la création d’un « laboratoire des futurs ». 

Mme HILDA HEINE, Présidente des Îles Marshall, a axé son discours sur l’interconnexion du développement et de la sécurité dans la région Pacifique. Dans son pays, de faible élévation, la menace climatique est partout.  « En mettant l’accent sur la construction de la paix, nous pouvons réduire l’élévation du niveau de la mer et les tensions », a-t-elle formulé. 

La fracture numérique mondiale est une entrave majeure au développement de la région Pacifique, l’une des régions les plus isolées de la planète.  La Présidente s’est donc félicitée de l’adoption du Pacte numérique mondial et des perspectives de développement du numérique avec le système des Nations Unies.  Néanmoins, le document ne fait qu’acter la fragmentation multilatérale, a-t-elle regretté, frustrée par les « limites politiques », le gouffre entre les mesures ambitieuses et la maigreur des financements disponibles, ainsi que par les belles paroles prononcées lors des sommets internationaux et aussitôt oubliées. 

Le système international ne parvient pas à identifier ni à régler les problèmes, a déploré Mme Heine, pour qui de nombreux ODD n’avancent plus en dépit de la volonté politique.  Il faut en conclure que les financements manquent, ou « n’atteignent jamais nos pays, nos communautés », a-t-elle poursuivi.  Mme Heine a aussi appelé à établir un lien concret entre le Pacte pour l’avenir et le Programme d’Antigua-et-Barbuda pour les petits États insulaires en développement (PEID), les PEID nécessitant une attention particulière.  Enfin, saluant « un partenaire clef pour les Îles Marshall », elle a conclu en demandant que Taiwan soit reconnue par l’Organisation pour prendre part aux travaux des Nations Unies.

M. SURANGEL S. WHIPPS, Président des Palaos, a expliqué que la tradition de son pays nommée « bul », une pratique de gestion des ressources ancrée dans la préservation de l’ordre social, avait guidé son pays sur les chemins de la durabilité pendant des siècles, protégeant l’écosystème pour les générations futures.  « Tout en étant parmi ceux qui contribuent le moins aux changements climatiques, nous sommes confrontés à leurs effets les plus graves », a-t-il constaté, évoquant l’élévation du niveau de la mer et les événements climatiques extrêmes qui menacent les hôpitaux, les écoles et la sécurité alimentaire de ses concitoyens.  Affirmant que la dépendance aux combustibles fossiles avait aggravé les inégalités et la pauvreté, il a indiqué qu’en renouant avec la tradition du bul, couplée à des approches scientifiques et technologiques, son pays pouvait combattre la pauvreté, rétablir l’équilibre des écosystèmes et lutter efficacement contre les changements climatiques.

Saluant le financement international de la résilience climatique, le Président a toutefois regretté que des « exigences trop lourdes » le rendent inaccessible, et appelé à ce qu’il soit adapté aux conditions particulières des PEID.  Les progrès réalisés en vue de réaliser les ODD sont insuffisants, a-t-il déploré, précisant que 37% des objectifs étaient en régression contre seulement 15% sur la bonne voie.  Il a évoqué les progrès réalisés par son pays en matière d’éducation et de réduction de la dépendance alimentaire nationale, notamment grâce à la construction d’un port de pêche, et à la création d’un sanctuaire marin.  Se félicitant du projet international pour développer la prospérité du « Pacifique bleu » (Unlocking Blue Pacific Prosperity), lancé lors de la COP 28, il a appelé à un meilleur financement international.  Il a également appelé à résister à la tentation destructrice de l’exploitation minière des fonds marins, pour que le plus grand puits de carbone du monde, l’océan, ne soit « abîmé par une cupidité à courte vue ». 

M. FAURE ESSOZIMNA GNASSINGBÉ, Président du Togo, a appelé à repenser le modèle de développement international, prédisant un avenir sombre si cela n’était pas le cas.  « Changeons de cap », a-t-il plaidé.  L’action collective doit se mener dans des cadres politiques rénovés, a dit le Président.  Il a également appelé à repenser le multilatéralisme tant la gouvernance actuelle est obsolète, avant de plaider pour un nouveau modèle.  « Pour regarder vers l’avenir, il faut regarder vers l’Afrique », a poursuivi le Président, en insistant sur la jeunesse et le potentiel du continent.  Il a estimé que l’État, en Afrique comme ailleurs, doit jouer un rôle central de coordination car il est le seul garant des intérêts de la population et des générations futures.  Au Togo, nous nous efforçons de bâtir un État fort, a affirmé le Président, avant de déplorer l’insuffisance et la déconnection de l’aide internationale. Enfin, il a insisté sur la nécessité que l’Afrique soit mieux représentée sur la scène internationale

M. TIEMOKO MEYLIET KONÉ, Vice-Président de la Côte d’Ivoire, a estimé que la tenue de ce sommet marque un tournant historique dans les efforts visant à refonder notre planète, et s’est réjoui de l’élan de solidarité qui a permis l’adoption du Pacte pour l’avenir et ses annexes.  Notre grande attente est que ce pacte favorise l’avènement d’un monde juste et durable, à travers des actions concrètes et déterminées.  Nous devons, par conséquent, tout mettre en œuvre pour rétablir la paix partout où les conflits sévissent, a-t-il dit. 

Le dignitaire a également plaidé pour une gouvernance mondiale plus juste, plus représentative et plus inclusive.  À cet effet, le multilatéralisme doit être revitalisé pour encourager une coopération internationale plus étroite et plus efficace. L’heure est donc venue d’adapter les institutions financières internationales et la gouvernance mondiale aux réalités actuelles, tout en veillant à accorder une attention particulière à la modernisation des Nations Unies, notamment à la réforme du Conseil de sécurité, a-t-il dit, disant fonder un réel espoir dans la mise en œuvre effective des recommandations de ce sommet. 

M. TEODORO NGUEMA OBIANG MANGUE, Vice-Président en charge de la défense et de la sécurité de l’État de la Guinée équatoriale, a évoqué un moment crucial de l’histoire pour décider de l’avenir de nos nations et de la communauté internationale.  Mais cela ne sera pas possible sans prendre en compte la place unique de l’Afrique, qui est à la fois un défi et une opportunité.  Il a souligné que la coopération internationale est indispensable pour bâtir des infrastructures résilientes et durables pour l’ensemble des générations. Le Pacte pour l’avenir sera essentiel pour l’avenir des jeunes, raison pour laquelle il faut investir dans leur éducation et leur bien-être, a-t-il ajouté.  Il a ensuite lancé un appel à tous les pays, du Nord comme du Sud, pour qu’ils unissent leurs forces et bâtissent un avenir dans lequel chaque personne puisse vivre de manière digne et dans l’espoir.

Au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, M. CHARLOT SALWAI TABIMASMAS, Premier Ministre de Vanuatu, a rappelé que les petits États insulaires en développement du Pacifique étaient en première ligne dans la lutte contre les changements climatiques. Ils sont confrontés à leurs effets au quotidien: élévation du niveau de la mer, catastrophes naturelles, érosion, entre autres. 

Appelant à agir dès maintenant pour ne pas compromettre l’existence des générations futures, en revoyant à la hausse les efforts pour la transition vers un avenir durable, le dignitaire a réaffirmé la nécessité d’accélérer l’action climatique au cours de cette « décennie décisive ».  Compte tenu du principe de « responsabilité commune mais différenciée », ainsi que des capacités différentes d’un pays à un autre, il a appelé à se concentrer sur les besoins des pays en développement touchés de manière disproportionnée par les changements climatiques, en leur octroyant davantage de financement climatique.  Il a appelé la communauté internationale à combler le déficit financier en faveur des PIED en revoyant les ambitions à la hausse dans le cadre des contributions définies au niveau national, et en accélérant le transfert de technologies.  Les changements climatiques sont aussi une question de sécurité car « ils accroissent les tensions sociales et exercent une pression humanitaire », a-t-il ajouté. 

M. IRAKLI KOBAKHIDZE, Premier Ministre de la Géorgie, a rappelé que seuls 17% des objectifs de développement durable sont en passe d’être atteints, tout en estimant que les résultats du Sommet de l’avenir feraient progresser de manière significative le Programme 2030.  Dans un monde marqué par les conflits, les agressions et les déplacements forcés, le Pacte pour l’avenir est un moyen essentiel pour aller de l’avant, a-t-il estimé, tout en reconnaissant que le véritable défi consisterait à traduire les engagements pris en actions concrètes. 

Mme GIORGIA MELONI, Présidente du Conseil des ministres de l’Italie, a salué l’adoption du Pacte pour l’avenir, fruit de négociations complexes. Évoquant la phase de mise en œuvre, elle a rappelé que les défis sont multiples, des effets des changements climatiques aux inégalités économiques et aux crises humanitaires et sanitaires, en passant par la criminalité transnationale et les conflits armés, en particulier « la guerre inacceptable que mène la Russie contre l’Ukraine ».  Face à un tel scénario, « nous n’avons d’autre choix que d’agir », a-t-elle affirmé. 

Pour Mme Meloni, les crises peuvent toutefois être des « sources d’occasion », propices à l’action.  Aucun État ne peut faire cavalier seul pour répondre à ces défis, a-t-elle souligné, justifiant ainsi le soutien de son pays au multilatéralisme et à l’ONU, organisation où toutes les voix sont entendues.  Toute organisation n’est efficace que si ses règles sont justes et fondées sur un accord mutuel, a poursuivi la dirigeante, pour qui la réforme de la gouvernance de l’ONU, et notamment de son Conseil de sécurité, ne peut faire fi des principes d’égalité, de démocratie et de représentativité. « Cette réforme ne fonctionnera que si elle est mise au service de tous et non de quelques-uns », a-t-elle averti.  Il convient donc de repenser la manière de coopérer entre les nations, a-t-elle soutenu, assurant que l’Italie adopte cette approche avec l’Afrique, continent « trop souvent sous-estimé ». 

S’agissant des technologies de pointe, question qui est au cœur du Pacte numérique mondial et de la présidence italienne du G20, la Cheffe du Gouvernement italien a dit considérer l’intelligence artificielle comme un « facteur de multiplication ».  Si ce progrès peut permettre de guérir des maladies, cela contribuera à l’intérêt collectif.  Mais s’il remet en question les équilibres mondiaux, ce sera catastrophique, a-t-elle averti, jugeant crucial que l’intelligence artificielle reste exploitée par les humains. 

M. ANDREJ PLENKOVIĆ, Premier Ministre de la Croatie, a déploré que l’agression russe contre l’Ukraine comme le conflit à Gaza mettent aujourd’hui à rude épreuve l’esprit de coopération incarné par l’ONU.  Dans cette période trouble, il est nécessaire de rétablir la confiance et la solidarité entre les nations, a-t-il insisté. La Croatie le comprend très bien, a-t-il poursuivi, rappelant la guerre qui l’a frappée il y a 30 ans et les progrès accomplis depuis par le pays, devenu membre de l’Union européenne et de l’OTAN.  Selon lui, cette histoire douloureuse a conféré à la Croatie une compréhension unique des défis associés aux conflits et rappelle l’importance d’agir très tôt pour les prévenir.

M. Plenković a lancé un appel pour faire une priorité du développement durable, considérant qu’il s’agit d’un socle pour la paix, la stabilité et la sécurité mondiales.  Pour ce faire, il a préconisé une réforme des institutions financières internationales. Il a également réitéré sa confiance dans le multilatéralisme, qui permettra prospérité, sécurité et respect des droits humains, pour autant qu’il soit ancré dans le droit international et la Charte des Nations Unies.

Détaillant les actions de son pays pour mettre en œuvre le Programme 2030, le Président croate a mentionné ses trois processus prioritaires, à savoir la transformation numérique, la décarbonation et le renouveau démographique. Une vision tournée vers l’avenir, en équilibre entre progrès économique et responsabilité sociale, s’est-il félicité. Il a conclu en exhortant les pays membres à lancer une action climatique et à lutter pour la biodiversité et contre la dégradation environnementale, et en appelant de ses vœux une gouvernance plus inclusive et représentative de la diversité mondiale. 

M. JONAS GAHR STØRE, Premier Ministre de la Norvège, a plaidé pour une transformation de la gouvernance mondiale, avec un système multilatéral plus efficace, transparent et représentatif.  Le Pacte pour l’avenir propose une vision à cet égard, couvrant les trois principaux piliers de l’ONU, a-t-il estimé.  Le Premier Ministre a appelé à combler le déficit de financement considérable actuel pour atteindre les ODD, sans laisser personne de côté, ce qui implique d’augmenter le financement et les investissements pour le climat.  Avec le Mexique, le Népal et la Zambie, la Norvège servira de cofacilitateur pour la prochaine Conférence sur le financement du développement, a-t-il annoncé, ajoutant que son pays s’engage à œuvrer avec tous les États Membres à un résultat ambitieux à Séville l’année prochaine. 

Le Pacte, a noté M. Støre, répond à juste titre à la nécessité d’accorder un allégement de la dette suffisant et opportun aux pays en difficulté, de réformer les banques multilatérales de développement et de promouvoir une coopération fiscale plus inclusive et efficace.  Le Gouvernement norvégien continuera de s’engager de manière active et constructive pour élaborer une convention-cadre des Nations Unies sur la coopération fiscale internationale. 

Enfin, le Premier Ministre a estimé qu’il fallait un Conseil de sécurité plus transparent, inclusif et efficace, avec des restrictions plus importantes sur l’utilisation du droit de veto.  Il faut aussi remédier à l’injustice historique faite à l’Afrique et améliorer la représentation des régions sous-représentées.

M. JOHN BRICEÑO, Premier Ministre du Belize, s’est inquiété des lenteurs dans la réalisation des objectifs de développement durable.  « Nos objectifs climatiques et de développement sont en train de nous échapper. »  Afin d’y remédier, il a souhaité que les voix des marges se trouvent au centre: « les voix des jeunes, des femmes, des peuples autochtones et des pays comme le mien, les petits États insulaires en développement. »  Le Premier Ministre a loué les progrès accomplis par son pays sur la voie du développement durable, avant de mentionner les domaines d’action à améliorer, tels que l’entrée de davantage de femmes dans le marché du travail ou la réduction du déficit commercial.  « Nous pourrons aller plus loin, plus vite avec un soutien international », a-t-il déclaré, en soulignant la nécessité que cette aide soit adaptée aux spécificités des pays comme le sien.  Enfin, il a estimé que les fondations de l’architecture financière internationale actuelle appartiennent à une époque révolue.  « Plus qu’une opportunité, le Sommet de l’avenir est un défi, montrons-nous à la hauteur. »

M. NIKOL PASHINYAN, Premier Ministre de l’Arménie, a déclaré que la chose la plus importante pour construire l’avenir était de « créer des récits positifs ».  Il a expliqué qu’une des causes des crises actuelles venaient du fait que les enceintes internationales étaient depuis longtemps devenues le théâtre d’accusations mutuelles et de menaces, où l’on entend seulement parler de crises et d’impasses.  Le Premier Ministre a toutefois reconnu qu’il n’y avait pas beaucoup de matière à satisfaction, estimant que cela s’expliquait peut-être par une absence de discours positifs dans le passé.  Constatant que les faits négatifs étaient omniprésents, il a exhorté à s’efforcer de voir les conditions préalables d’un avenir meilleur. 

Mon parti a adopté le slogan « Il y a un avenir » alors qu’il semblait ne plus y avoir de raisons d’être optimiste dans notre région, a—t-il confié, estimant que la même situation se présentait aujourd’hui à l’échelle mondiale.  Le Premier Ministre a également indiqué que contrairement à ses trois précédentes interventions à cette tribune lors des dernières assemblées générales, il souhaitait, cette année, se concentrer sur les opportunités plutôt que d’accuser les pays voisins dans ses discours.  « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès Dieu, et le Verbe était Dieu », a-t-il lancé, citant l’évangile selon Jean, en concluant qu’il fallait « commencer par les bonnes paroles ».  Il a enfin proposé de considérer le slogan « Il y a un avenir » comme un théorème et de travailler à le prouver. 

M. LUC FRIEDEN, Premier Ministre du Luxembourg, a déclaré que face à la réalité des conflits dans le monde et des ODD non atteints, il n’y a pas de remède miracle, pas de solution unique.  Il n’y a que l’engagement qui compte, l’engagement concret.  Selon lui, il est évident qu’il faut passer des mots à l’action sur la réforme des Nations Unies.  Le Conseil de sécurité doit devenir plus représentatif, plus efficace et plus redevable à l’égard de l’ensemble des États Membres.  Cela est d’autant plus urgent que l’expérience montre que les États élus au Conseil peuvent faire la différence en apportant d’autres perspectives, en particulier quand les membres permanents sont divisés. Le Luxembourg l’a prouvé en 2013-2014, et espère pouvoir de nouveau le prouver s’il est élu pour le mandat 2031-2032, a promis son Premier Ministre. 

Il a également assuré que de la même manière, le Luxembourg, en tant que membre du Conseil des droits de l’homme, s’engage pour promouvoir les droits humains et le droit international.  Il continue aussi de tenir son engagement en matière d’aide publique au développement en y consacrant chaque année 1% de son revenu national brut.  Il continue en outre de tenir son engagement en matière de financement climatique, qui s’ajoute à sa contribution à l’aide publique au développement. 

M. NARENDRA MODI, Premier Ministre de l’Inde, a voulu faire entendre la voix d’un sixième de l’humanité: nous devons veiller au bien-être humain, à la sécurité alimentaire, à la santé.  L’Inde, a-t-il dit, a réussi à faire sortir 250 millions de personnes de la pauvreté et a démontré que le développement durable peut être un succès. Nous sommes prêts à partager cette expérience avec l’ensemble du Sud car l’avenir de l’humanité dépend des forces collectives, et pas des champs de bataille.  À cet égard, M. Modi a plaidé pour la réforme des institutions internationales.  Nous avons besoin, a-t-il poursuivi, de règles équilibrées pour garantir une utilisation sûre et responsable des technologies numériques.  Les infrastructures numériques publiques devraient être des ponts, pas des obstacles.  À ce sujet, l’Inde est également disposée à partager son expérience et elle continuera à travailler, à réfléchir et à agir pour protéger les droits de toute l’humanité et assurer la prospérité de tous.

M. RUSSEL MMISO DLAMINI, Premier Ministre d’Eswatini, a évoqué les défis sans précédent auxquels fait face l’humanité, citant la pauvreté, les inégalités face aux changements climatiques et la transformation technologique. Estimant qu’aucune nation ne peut les relever seule, il s’est félicité que le Pacte pour l’avenir préconise un renouvellement du système multilatéral qui doit être plus inclusif, équitable et réactif.  Il a rappelé que son pays et d’autres nations africaines réclament depuis longtemps la réformes des Nations Unies.  La structure du Conseil de sécurité, s’est-il expliqué, ne reflète pas les réalités géopolitiques.  L’Afrique mérite d’y siéger de manière permanente.  Cette réforme, a-t-il insisté, est essentielle pour maintenir la légitimité du système international et pour relever les défis liés à la sécurité internationale.

Arguant du rôle de Taiwan dans les domaines de la santé publique mondiale, du développement économique et de l’innovation technologique, le Premier Ministre a estimé que ce pays mérite une place dans le système international, d’autant plus que son exclusion est un obstacle à la coopération entre États. Le Premier Ministre a poursuivi sur la question de la dette et de la réforme de l’architecture financière internationale.  Le fardeau de la dette, a-t-il souligné, empêche les pays concernés à investir comme il faut dans les secteurs de la santé, de l’éducation et des infrastructures. Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale doivent évoluer de manière à répondre au mieux aux besoins des pays en développement.  Enfin, il a exhorté les pays développés à assurer le financement climatique et à soutenir le transfert des technologies, comme l’intelligence artificielle, pour qu’elles deviennent des outils d’inclusion plutôt que d’exclusion.

Les générations futures sont sur le point d’hériter des plus grandes avancées technologiques mais que si les changements climatiques ne s’atténuent pas, elles n’auront peut-être plus de terre où vivre, a prévenu M. GASTON ALPHONSO BROWNE, Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda.  Notre planète est limitée, mais l’appétit humain pour le profit est sans limite tout comme le désir d’expansion territoriale.  Qui compensera les générations futures pour notre égoïsme?  Qu’en est-il du principe du pollueur payeur censé guider l’action climatique? 

« Nous qui avons le moins contribué à la crise climatique, nous en subissons les pires conséquences », a protesté M. Browne, qui a estimé insultant que « les grands pollueurs » s’octroient des centaines de milliards de dollars en crédits carbone, afin de prolonger l’utilisation excessive des combustibles fossiles, aux dépens de l’avenir des petits États insulaires en développement (PEID).  Les pays riches responsables de la crise climatique, doivent faire face à cette vérité indiscutable: « vous avez une dette envers le monde ».  Le temps des excuses est révolu, payez pour « vos actes écocides » et prenez immédiatement des mesures pour réduire drastiquement vos émissions et financez la transition vers des alternatives énergétiques plus propres et plus vertes. Vous mettre devant vos responsabilités est un impératif éthique nécessaire à notre survie, a martelé le Premier Ministre. 

Au « lobby du pétrole », M. Browne a lancé: « les jours d’exploitation des ressources naturelles du Sud mondial sont comptés ». Aux « milliardaires du carbone, il a dit: « vos profits doivent alimenter un avenir durable, pas vos modes de vie dépensier ».  Le Premier Ministre a réclamé des instruments financiers innovants et des technologies avancées.  Le Programme d’Antigua-et-Barbuda pour les PEID montre la marche à suivre pour changer d’orientation, préserver nos écosystèmes endommagés, assurer l’équité et la justice, en offrant à tous une justice climatique et financière. 

Mgr PIETRO PAROLIN, Secrétaire d’État du Saint-Siègea estimé que l’avenir doit être construit sur des principes, tels que la dignité inhérente et donnée par Dieu à chaque individu, la promotion du développement humain intégral, l’égalité et la dignité souveraine de toutes les nations et l’établissement d’une confiance entre elles. À cette aune, il a jugé nécessaire de repenser les actions dans un certain nombre de domaines, à commencer par l’éradication de la pauvreté, laquelle nécessite la volonté politique de parvenir au développement durable, notamment par la réforme des institutions financières internationales, la restructuration de la dette et l’annulation de la dette.  S’agissant de la poursuite de la paix, le Secrétaire d’État du Saint-Siège a plaidé pour la mise en œuvre d’un désarmement général, avec pour objectif l’élimination totale des armes nucléaires.  À ses yeux, les considérations géopolitiques étroites doivent être mises de côté et il faut résister aux puissants lobbys économiques afin de défendre la dignité humaine et de promouvoir le développement intégral. 

Le Saint-Siège se prononce par ailleurs pour l’établissement d’un cadre réglementaire pour l’éthique de l’intelligence artificielle, qui englobe le cycle de vie de cette technologie, son impact sur l’emploi, la protection des données, la responsabilité et les préjugés.  « Penser l’avenir doit prendre en compte les besoins et les intérêts des générations futures, garantir un avenir digne à tous et assurer les conditions requises –y compris un environnement familial stimulant– pour faciliter l’épanouissement », a conclu Mgr Parolin, non sans exprimer des réserves sur certaines des notions utilisées dans le Pacte pour l’avenir et ses annexes. 

M. CHENDA SOPHEA SOK, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Cambodge, a déploré l’intensification des tensions géopolitiques.  À l’aune de l’histoire de son pays, il a rappelé que la paix est un préalable au développement et au progrès.  Grâce à la paix et à la stabilité, le Cambodge figure en tête des pays s’agissant de la réalisation des objectifs de développement durable, s’est-il félicité.  Il a souligné la nécessité d’un financement suffisant du développement durable, avant d’appeler à la réforme de l’architecture financière internationale.  Il est de notre responsabilité partagée de sauvegarder les intérêts des générations futures, a-t-il insisté.  Enfin, il a jugé capital de réformer la gouvernance mondiale afin d’instaurer la paix et la stabilité et de réaliser lesdits objectifs. Mon pays est confiant que le Pacte va générer les réformes nécessaires pour renforcer le multilatéralisme, a-t-il conclu. 

M. MURAT NURTLEU, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a affirmé l’engagement de son pays à respecter les trois documents historiques du Sommet de l’avenir.  Dans cet esprit, il a estimé que le Sommet est un appel opportun à une réforme globale du système des Nations Unies, et en particulier du Conseil de sécurité.  Il a aussi rappelé que les changements climatiques sont un problème mondial qui ne peut être résolu sans un engagement multilatéral. 

L’Asie centrale est en première ligne du réchauffement climatique et sera confrontée à une augmentation des températures supérieure à la moyenne de 2,5 degrés d’ici à 2050, a fait observer M. Nurtleu.  En guise de contribution à la lutte contre ce défi, le Kazakhstan accueillera le premier Sommet régional sur le climat sous les auspices de l’ONU en 2026.  Il propose en outre d’ouvrir le Centre régional des Nations Unies pour le développement durable pour l’Asie centrale et l’Afghanistan afin de renforcer la coordination sur les résultats des ODD. 

En tant que puissance régionale des technologies de l’information, le Kazakhstan a initié la création du Centre de solutions numériques de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique-ONU, afin de réduire la fracture numérique dans la région Asie-Pacifique.  Il encourage par ailleurs, dans le domaine des armes nucléaires, tous les États à mettre de côté leurs divergences politiques et à se concentrer sur un nouvel ordre mondial fondé sur la confiance et le respect. 

M. WANG YI, Représentant spécial du Président chinois Xi Jinping, membre du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois et Ministre des affaires étrangères de la Chine, a appelé à redoubler d’efforts pour préserver la planète et pour la gouvernance mondiale.  Il a également appelé à renforcer la solidarité et la coopération, estimant que « ce n’est pas un choix, c’est un impératif ». Selon lui, les grands pays doivent montrer l’exemple et renoncer aux confrontations de blocs et fédérer la paix internationale.  Nous devons garantir une mondialisation inclusive garantissant la prospérité pour tous, a poursuivi M. Yi.  L’approche du premier arrivé-premier servi ne sert personne et nous divise, a-t-il ajouté, insistant sur un avenir fait d’équité et de justice. 

Évoquant les transformations technologiques en cours, M. Yi a salué les opportunités qui se profilent et rappelé que l’ONU doit être au cœur de la gouvernance de l’intelligence artificielle. 

S’exprimant au nom des Pays-Bas, M. LUC MERCELINA, Premier Ministre de Sint Maarten, a rappelé que la Jamaïque et son pays avaient présenté la Déclaration sur les générations futures.  Il a appelé les États Membres à se réengager pour le multilatéralisme afin de résoudre les problèmes les plus urgents, tels que les changements climatiques, l’inégalité des sexes et la pauvreté.  Il a affirmé que le Pacte pour l’avenir répondait clairement à des questions essentielles pour les pays particulièrement vulnérables, dans des domaines comme la gestion de l’eau et la sécurité alimentaire. 

Mme RETNO LESTARI PRIANSARI MARSUDI, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, a affirmé que les crises multiples auxquelles le monde fait face ne peuvent être réglées qu’en collaborant.  Hélas, force est de constater que nous faisons l’inverse, a-t-elle déploré, exprimant ses craintes pour le multilatéralisme dans son ensemble. « Le Sommet de l’avenir est l’occasion de rectifier le tir », a soutenu la Ministre, selon laquelle il importe de poursuivre trois objectifs stratégiques, le premier d’entre eux étant de garantir la pérennisation de la paix.  La paix, a-t-elle rappelé, n’est pas seulement l’absence de guerre, mais la présence de la justice, de la stabilité et du développement.  « La paix ne peut prospérer que si l’ont fait valoir le droit international, sans deux poids, deux mesures ».  Dans ce contexte, elle a souhaité que le « génocide » perpétré par Israël cesse immédiatement et que le droit des Palestiniens à ériger un État indépendant se concrétise enfin, sur la base de la solution des deux États.  Le deuxième objectif est selon elle la préservation du droit au développement, qui suppose une accélération des efforts collectifs pour atteindre les ODD. Les pays du Sud doivent pouvoir se développer à l’abri de tarifs discriminatoires, a souligné l’intervenante. Enfin, le troisième objectif est de promouvoir un système de gouvernance mondial inclusif en réformant le Conseil de sécurité et les institutions financières internationales, a-t-elle indiqué, appelant à tenir compte du point de vue des pays en développement et à répondre à leurs préoccupations. 

Mme OHOOD BINT KHALFAN AL ROUMI, Ministre d’État pour le futur et le développement des Émirats arabes unis, s’est inquiétée de la multiplication des crises et conflits qui entrave la paix et la sécurité mondiales, mais aussi la réalisation des objectifs de développement durable (ODD). Elle a préconisé de se concentrer sur les opportunités qu’offre la coopération internationale, estimant nécessaire de renforcer la Charte des Nations Unies et les principes de l’action multilatérale internationale. 

Elle a rappelé l’occasion unique que représente le Sommet de l’avenir, où les États Membres peuvent confirmer leur engagement en faveur de la coopération internationale.  À ce titre, elle s’est félicitée de l’adoption par 198 pays de l’agenda de la COP28, organisée par son pays, qui démontre la possibilité de la collaboration internationale.  La Ministre a ensuite estimé nécessaire de se préparer pour l’avenir avec l’aide des technologies modernes, comme l’IA, considérant que leur utilisation judicieuse peut contribuer à la réalisation des ODD.  Selon elle, ces technologies peuvent renforcer la cohésion et contrer les discours de haine.  Rappelant le Pacte numérique mondial, elle a jugé essentiel que personne ne soit laissé de côté par ces développements.  Enfin, elle a souhaité que toutes les mesures soient prises pour préserver l’environnement, la paix et la sécurité, notamment en consultant les femmes, la jeunesse et tous les composants de la société. 

M. FAISAL BIN FARHAN AL-SAUD, Ministre des affaires étrangères de l’Arabie saoudite, a souhaité que le Pacte pour l’avenir ramène la communauté internationale à ses principes fondamentaux, à ses lois et normes universelles, loin des guerres et des tensions géopolitiques qui ont creusé les écarts de développement entre nations, affaibli les liens entre les peuples et porté atteinte à la crédibilité des institutions internationales. 

Pour réaliser notre ambition d’un avenir meilleur, la réforme du système des Nations Unies est devenue une nécessité urgente, afin qu’il puisse remplir son rôle face aux menaces qui perturbent la paix et la sécurité internationales et entravent les voies du développement, a affirmé le Ministre. Pour lui, le besoin urgent de réformes radicales des institutions internationales est clairement démontré par leur incapacité à mettre fin à la catastrophe humanitaire en Palestine et à demander des comptes aux autorités d’occupation israéliennes pour leurs massacres. Les échecs internationaux persistants dans l’instauration de la paix dans le monde, en particulier dans la résolution du conflit au Moyen-Orient, mettront à l’épreuve ce Pacte pour l’avenir, alors que la sécurité et la stabilité sont la base solide de toute coopération visant à réaliser le développement, a mis en garde le chef de la diplomatie saoudienne.

Mme LUMINITA-TEODORA ODOBESCU, Ministre des affaires étrangères de la Roumanie, a déclaré que la vision de son pays est claire: les piliers paix, droits de l’homme et développement durable sont plus que nécessaires. L’ordre international fondé sur des règles, qui est attaqué, doit être au cœur des actions.  Il incombe donc à tous les États Membres de respecter les principes et les objectifs sur lesquels l’ONU a été construite.  C’est une question de crédibilité, a poursuivi la Ministre, en évoquant le crime d’agression contre l’Ukraine qui ne doit pas rester impuni.  Pour elle, le Sommet de l’avenir et ses résultats sont un « grand pas en avant » pour améliorer le travail de la communauté internationale.  À cet égard, une action urgente est nécessaire pour relever les défis critiques découlant des changements climatiques ou pour faire en sorte que les nouvelles technologies appuient l’innovation et ne soient pas utilisées à mauvais escient pour fomenter des discours de haine et de désinformation.  Il nous appartient de faire du Pacte pour l’avenir un modèle pour des sociétés pacifiques, justes et prospères, où personne n’est laissé pour compte, a-t-elle conclu. 

M. VALDRACK JAENTSCHKE, Ministre des affaires étrangères du Nicaragua, a jugé préoccupant que les pays en développement soient toujours confrontés aux impacts des crises provoquées avant tout par le « modèle économique égoïste et inhumain », qui empêche le développement et augmente encore la pauvreté extrême, la faim et les inégalités sur toute la planète.  Commencer à reconnaître ces responsabilités et dessiner une voie claire pour de justes réparations permettra aux pays en développement de lutter contre la pauvreté extrême, les inégalités, les tensions politiques et en faveur de la réalisation des objectifs de développement durable. 

Le Ministre a cité au rang des obstacles pour atteindre un meilleur avenir les mesures coercitives unilatérales illégales imposées à plus de 30 pays.  Il a plaidé pour un pacte politique mondial pour bâtir cet avenir commun, en consolidant le monde multipolaire en construction, fondé sur la coopération et non sur des agressions, dans le respect sans restriction du droit international, de la souveraineté et l’autodétermination des peuples.

M. VINCE HENDERSON, Ministre des affaires étrangères de la Dominique, a appelé à agir de façon audacieuse pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, notamment en résorbant le fossé entre les pays nantis et les autres.  À cet égard, le Pacte numérique mondial tombe à point nommé, dans la mesure où il promet l’équité dans la distribution des nouvelles technologies.  La lutte contre les inégalités ne peut jamais être considérée comme acquise, c’est une ambition de l’humanité qui doit faire l’objet d’un suivi.  La Dominique est devenue indépendante en 1978, a rappelé le Ministre.  Cette liberté a été le fruit d’une « lutte titanesque » contre l’esclavage, le colonialisme et les plaies atroces infligées à son pays.  S’il a mis en avant son bilan en matière de lutte contre la pauvreté, notamment en direction des jeunes et des personnes âgées, il a toutefois souligné l’impact des catastrophes naturelles, comme les ouragans qui frappent l’île quasiment chaque année.  « Nous sommes des survivants », a conclu le Ministre en citant l’artiste jamaïcain Bob Marley.  « Tant que nous sommes sur Terre, nous nous battrons pour un monde plus pacifique. »

Au nom du Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, M. YVAN GIL PINTO, Ministre des affaires étrangères du Venezuela, a regretté que, malgré de nobles idéaux, les négociations sur le Pacte se soient déroulées dans un contexte marqué par le « génocide » en cours en Palestine, par des tentatives de déclencher un conflit à l’échelle régionale au Moyen-Orient, par l’instrumentalisation croissante des droits humains, et par l’ingérence dans les affaires intérieures des États.  Il a relevé le paradoxe selon lequel, à une époque interconnectée exigeant un plus grand pluralisme, le monde assiste à un recours croissant à l’unilatéralisme. 

Cette tendance, marquée par des « actions isolationnistes et arbitraires », y compris l’imposition de mesures coercitives unilatérales ou le retrait de certains accords, « sape les efforts visant à relever les défis communs ».  L’application sans deux poids, deux mesures, des principes de la Charte se trouve au cœur des relations internationales.  Elle est nécessaire à la coexistence pacifique entre les nations.  La tragédie humaine qui se déroule sous nos yeux dans la bande de Gaza rappelle brutalement l’importance vitale de ce principe intemporel, qui a pour fondement des décennies de colonialisme et leurs conséquences.  Dans ce contexte, le Ministre a une fois de plus appelé le Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités, notamment en réexaminant favorablement la demande d’adhésion de la Palestine à l’ONU. 

M. EDUARDO ENRIQUE REINA GARCIA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Honduras, a rappelé que la Présidente de son pays, Mme Iris Xiomara Castro Sarmiento, avait mis en garde contre le risque que représente la dette extérieure pour les États, jugeant essentiel de rebâtir une architecture financière internationale qui tienne compte des besoins d’un développement inclusif.  Il a appelé le Secrétaire général à convoquer un sommet pour rétablir la paix et la sécurité internationales, en raison des nombreux drames qui se déroulent aujourd’hui, notamment celui du peuple palestinien.  Il a également appelé à réformer le système des Nations Unies, en particulier le Conseil de sécurité, pour assurer le respect du droit international et pour esquisser un nouvel ordre politique et économique mondial qui préserve les droits à la souveraineté et à l’autodétermination des États du Sud. « Il faut rétablir la confiance des peuples dans notre organisation », a-t-il affirmé, citant la lutte contre la corruption, les changements climatiques, la pauvreté et l’unilatéralisme. 

M. ALVA ROMANUS BAPTISTE, Ministre des affaires extérieures, du commerce international, de l’aviation civile et des affaires de la diaspora de Sainte-Lucie, citant Victor Hugo, a estimé que rien au monde n’est plus puissant qu’une idée dont le temps est venu.  Or, a-t-il poursuivi, le temps est venu pour l’idée d’un nouveau consensus international. Cette idée est le principe qui sous-tend le Sommet de l’avenir.  Toutefois, la puissance du Pacte pour l’avenir ne réside pas dans l’adoption du texte, mais dans la mise en œuvre de ses engagements, a-t-il averti, ajoutant que nous avons le pouvoir de transformer la gouvernance mondiale pour répondre à l’évolution rapide de l’environnement mondial.

Détaillant les fondements sur lesquels s’appuient les actions de son gouvernement, le Ministre a mentionné la création d’un ministère de l’économie de la jeunesse.  Toutefois, les efforts déployés à l’échelle nationale sont freinés par les menaces économiques, sociales, environnementales et géopolitiques, a-t-il déploré. Sainte-Lucie souffre notamment d’une vulnérabilité aux chocs économiques externes et ses écosystèmes terrestres et marins sont fragiles, a-t-il poursuivi.  Il a estimé que le Programme d’Antigua-et-Barbuda, plan d’action des petits États insulaires en développement, représente une réponse à ces problèmes.

M. MAHAMOUD ALI YOUSSOUF, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de Djibouti, a jugé urgent de parvenir à un consensus pour réaliser les objectifs de développement durable (ODD) dans les délais impartis.  Il a blâmé les régimes commerciaux et les conditionnalités injustes qui ont pour résultat des disparités économiques énormes entre nations. Les institutions financières internationales doivent mobiliser des financements adéquats pour atteindre les ODD, protéger les pays des chocs systémiques et rendre le système financier plus stable, a plaidé M. Youssouf.  Pour rétablir la confiance, nous devons repenser la gouvernance mondiale pour un système international plus juste, plus équitable et plus efficace. L’Afrique, a observé le Ministre, est toujours sous-représentée au sein de nombreuses organisations financières internationales, alors qu’elle est la destinataire du plus grand nombre de programmes du Fonds monétaire international (FMI), où pourtant elle n’a que 6,5% des voix.  À la Banque mondiale, l’Afrique n’a que 11% des actions.

Mme ZEINA TOUKAN, Ministre du plan et de la coopération internationale de la Jordanie, a insisté sur l’importance de prendre des mesures concrètes afin de restaurer la confiance des peuples et des pays dans le système multilatéral.  L’architecture financière internationale doit être un outil pour remédier aux inégalités dans la répartition du fardeau, non pas aggraver les disparités, a-t-elle ajouté, plaidant pour sa réforme afin de la rendre plus responsable et équitable, la voix des pays en développement devant mieux se faire entendre. 

La Ministre a évoqué la catastrophe humanitaire inimaginable à Gaza en raison de la guerre barbare menée par Israël.  « Une paix juste et durable est la seule voie à suivre pour mettre fin une bonne fois pour toute à ce conflit », a-t-elle affirmé, en appelant à l’édification d’un État palestinien viable et indépendant dans ses frontières de 1967.  Enfin, elle a appelé à revitaliser le travail de l’Assemblée et à réformer le Conseil afin de le rendre plus représentatif et efficace, estimant que « le Sommet de l’avenir est l’occasion de revenir sur le bon chemin ».

M. MARIS SANGIAMPONGSA, Ministre des affaires étrangères de Thaïlande, a souhaité que le Pacte représente un changement fondamental dans la manière dont le monde conçoit la croissance.  La philosophie de suffisance économique de la Thaïlande met la priorité sur l’usage durable des ressources de la planète et sur une cohabitation harmonieuse avec la nature, a expliqué le Ministre.  Il a réclamé une réforme du Conseil de sécurité afin de le rendre plus représentatif et efficace.  Il a souligné la nécessité de la volonté politique pour un avenir d’espoir, y compris pour les générations futures, affirmant:  « Nous avons besoin d’unité et d’engagement. »  La Thaïlande pays appuie le Pacte et son objectif de revitalisation du multilatéralisme et des institutions internationales, a dit le Ministre, pour qui « la coopération multilatérale n’est pas un luxe, mais une nécessité ».

M. SERGEI KHOMENKO, Vice-Président du Conseil de la République de l’Assemblée nationale du Bélarus, a mis en avant les contradictions croissantes dans les relations internationales.  Selon lui, le monde est prisonnier de « l’égoïsme de l’Occident » qui ne pense qu’à garantir ses propres intérêts au détriment de ceux des autres.  Il faut mettre un terme à cette dynamique dangereuse et s’éloigner du précipice, a-t-il plaidé, en appelant à un dialogue international sur la sécurité, dans l’esprit de celui de San Francisco.  L’objectif serait d’élaborer une base constructive afin de bâtir un monde plus juste. Et le Sommet en cours dispose de ce potentiel, même dans ce contexte difficile, a argué le Ministre.  Après avoir présenté les réalisations de son pays en matière d’ODD, il a dénoncé les sanctions internationales qui lui sont infligées.  Or, non seulement les sanctions sont un obstacle majeur dans la réalisation des droits à travers le monde, mais elles sont contraires à la Charte.  Elles sont une impasse et vont à l’encontre du bon sens, a-t-il insisté, expliquant que dans un monde aussi interconnecté les sanctions ont également des effets néfastes sur leurs auteurs. 

Aucune nation ne peut se lever seule face aux défis communs, a déclaré M. OSMAN SALEH MOHAMMED, Ministre des affaires étrangères de l’Érythrée. La communauté internationale, a-t-il dit, doit travailler ensemble, guidée par les principes de respect mutuel, d’équité et de coopération. La souveraineté nationale et l’autodétermination doivent être le fondement de l’ordre international et toutes les nations doivent pouvoir choisir librement leur propre voie du développement, sans ingérence étrangère ni mesures coercitives unilatérales. Réaffirmant l’appui de son pays au multilatéralisme, le Ministre a noté que la paix et la sécurité sont les conditions préalables du développement durable. Toutefois, l’impact dévastateur des conflits limite les progrès et il est temps que la diplomatie soit promue au détriment de la force. Dans ce contexte, a dit le Ministre, mon pays appuie la réforme du Conseil de sécurité et la démocratisation des institutions financières internationales. Il s’est donc dit déçu que le libellé proposé par les pays du Sud ne figure pas dans les accords sur la réforme de ces institutions. Quant aux progrès technologiques, il a mis en garde contre les abus et la cybercriminalité, tout en plaidant pour un accès équitable aux technologies.

Mme PENNY WONG, Ministre des affaires étrangères du Commonwealth de l’Australie, a regretté que les idéaux posés voici 79 ans soient restés lettre morte et que l’ONU n’ait pas évolué au rythme des enjeux.  Le Pacte pour l’avenir témoigne de notre capacité d’action, a souligné Mme Wong, constatant toutefois que des obstacles se dressent toutefois pour relever les défis d’aujourd’hui. Elle a appelé à réformer les Nations Unies, à condition que la réforme ne profite pas aux fauteurs de trouble. De même, il faut garantir la représentation de l’Afrique, de l’Amérique latine et de l’Asie-Pacifique au sein du Conseil de sécurité, et s’assurer que les petits États voient leurs intérêts respectés.  Quant à la sécurité et à la paix, l’année 2024 risque d’être la plus meurtrière et le personnel humanitaire doit être impérativement protégé. 

La Ministre a ensuite expliqué plusieurs des actions menées par l’Australie dans la région, comme l’association avec les Tuvalu dans un cadre juridiquement contraignant reconnaissant l’importance de leur souveraineté par rapport à l’élévation du niveau de la mer.  L’Australie s’est aussi associée avec le Japon pour apporter de l’aide aux pays les plus vulnérables de la région et a écouté les appels à réduire la fracture numérique en créant de la connectivité Sud-Sud grâce à des câbles sous-marins dans le Pacifique.  « Les Nations Unies ne peuvent se réformer, c’est à nous de le faire en tant qu’États Membres », a conclu Mme Wong.

Pour M. AHMED ATTAF, Ministre des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger de l’Algérie, la communauté internationale doit se relever pour surmonter les dangers qui l’accablent comme les guerres, les fossés en matière de développement qui empirent ou les changements climatiques. À cet égard, l’Algérie salue les conclusions qualitatives du Sommet, et s’engage à contribuer pour les mettre en œuvre. Le Ministre a aussi appelé à rééquilibrer les relations internationales dans toutes leurs dimensions: politique, économique et sociale. 

Il a aussi insisté sur les effets négatifs de la marginalisation des pays en développement africains au sein du Conseil de sécurité ainsi qu’au sein des institutions financières internationales en général.  De son point de vue, si l’ONU est indispensable et irremplaçable, elle a besoin d’une véritable réforme qui garantirait ses capacités d’adaptation à l’époque et lui redonnerait son rôle de cœur battant de la diplomatie internationale. 

M. BAKHTIYOR SAIDOV, Ministre des affaires étrangères de l’Ouzbékistan, a estimé que, dans une époque marquée par l’instabilité mondiale et l’incertitude, ce sommet est l’occasion de réfléchir au leg que nous allons transmettre aux générations futures.  Pour espérer résoudre les défis actuels et futurs, il importe selon lui de réformer les systèmes de gouvernance mondiaux et de renforcer les institutions multilatérales.  Dans ce cadre, l’ONU doit continuer d’être l’organisation centrale, a-t-il affirmé, avant d’assurer que son pays mettra en œuvre, aux côtés de ses partenaires, les principes du Pacte pour l’avenir.  Il a ajouté que l’Ouzbékistan ne ménage aucun effort pour réaliser les ODD.  Le pays, a-t-il précisé, a ainsi progressé dans la lutte contre pauvreté, promu l’égalité femmes-hommes et renforcé la résilience climatique de sa population.  Il est déterminé à doubler son produit intérieur brut (PIB) à l’horizon 2030 et à devenir un pays à revenu intermédiaire de la case supérieure. 

Le Ministre s’est par ailleurs déclaré favorable au Pacte numérique mondial et a apporté son soutien à l’initiative du Secrétaire général visant à créer un forum de coopération numérique et un conseil consultatif de haut niveau sur l’intelligence artificielle.  Concernant les changements climatiques, il a rappelé que l’Asie centrale est confrontée de longue date au stress hydrique, à la dégradation environnementale et à la perte de diversité.  Selon lui, la catastrophe en cours en mer d’Aral a un impact sur les écosystèmes de tous les pays de la région.  Convaincu de l’importance de la durabilité environnementale, l’Ouzbékistan organisera en 2025 à Samarcande un forum sur le climat, a-t-il annoncé.  Enfin, après avoir vanté la politique de la jeunesse de son pays, il a mis en avant les efforts nationaux destinés à créer des couloirs de transport dans la région, notamment le chemin de fer transafghan qui garantira un accès aux ports internationaux. 

M. PÉTER SZIJJÁRTÓ, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Hongrie, a déploré la détérioration de la sécurité mondiale, citant comme cause la menace terroriste et les flux migratoires illégaux. Préconisant un retour aux fondamentaux de la politique internationale, à savoir le respect mutuel et le dialogue, il a regretté que ceux dont la position ne représente pas le statu quo fassent l’objet d’attaques politiques, voire physiques.  Les partisans du courant libéral prônent des solutions pacifiques quand les conflits sont éloignés de l’Europe, a-t-il poursuivi, dénonçant les stigmatisations contre ceux qui prescrivent la paix quand la guerre se déroule sur le sol européen, comme aujourd’hui.  « Si la situation actuelle se poursuit, les deux seuls scénarios sont une troisième guerre mondiale ou le retour à un monde divisé en blocs », a-t-il prédit.  La Hongrie a subi les conséquences d’une telle division, a rappelé le Ministre, assurant vouloir jouir à ce titre d’une authentique collaboration internationale. Quand les liens n’étaient pas rompus, il existait une coopération positive entre l’Europe et l’Asie, de Lisbonne à Vladivostok, a-t-il dit, lançant un appel pour que l’on s’engage à nouveau sur cette voie.

L’ONU n’a pas été fondée pour un groupe de pays partageant les mêmes points de vue.  « Où parler de paix sinon ici? »  La Hongrie n’accepte pas qu’on lui dicte avec qui elle peut ou ne peut pas discuter, a-t-il conclu.

Mme RAFARAVAVITAFIKA RASATA, Ministre des affaires étrangères de Madagascar, a déclaré que son gouvernement s’était lancé dans une vaste campagne dans toutes les régions du pays pour faire entendre la voix de la jeunesse malgache et veiller à ce qu’elle soit prise en compte dans les politiques publiques. Elle a toutefois regretté de constater qu’à six ans de l’échéance de 2030, seulement 10% des objectifs de développement durable avaient été atteints.  Le Sommet de l’avenir est donc pour la Ministre l’occasion de réinventer notre approche collective et de repenser le multilatéralisme: celui-ci doit être plus inclusif, équitable et dynamique pour que les besoins des pays vulnérables soient pris en compte.  Madagascar plaide en faveur d’une coopération internationale axée sur des actions qui tiennent compte des intérêts des générations futures, a-t-elle ajouté. 

M. JUSTIN TKATCHENKO, Ministre des affaires étrangères de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a salué l’adoption du Pacte pour l’avenir, qui souligne combien le multilatéralisme est important pour l’ensemble de l’humanité.  Une véritable action est maintenant nécessaire pour traduire le Pacte et les documents qui l’accompagnent en actes bénéficiant à tous de manière juste et inclusive.  À cet égard, il a cité l’importance de l’investissement dans le bien-être des femmes et des filles et de l’autonomisation des jeunes par le biais d’une éducation de qualité, de l’apprentissage tout au long de la vie et d’opportunités économiques.

Dans un monde écrasé par le poids de la dette qui empêche les pays de satisfaire aux besoins de leur population, la réforme d’un système financier international dépassé ne saurait attendre davantage, a plaidé le Ministre.  Le monde a besoin d’une architecture financière mondiale qui place la vie et les moyens de subsistance des populations en son centre, plutôt que les profits de quelques-uns.  Par ailleurs, l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle est un outil de transformation qui doit être mis en place rapidement pour soutenir les pays en développement, comme la Papouasie-Nouvelle-Guinée.  Il en va de même pour le financement climatique, a-t-il encore souligné.

M. FREDERICK MAKAMURE SHAVA, Ministre des affaires étrangères et du commerce international du Zimbabwe, a jugé fondamental de réformer les institutions financières mondiales et le Conseil de sécurité, estimant que seules des institutions adaptées aux défis contemporains sauront aider à atteindre des objectifs communs.  Il a lancé un appel aux pays développés pour qu’ils octroient des ressources financières et opèrent des transferts de technologie pour aider les pays en développement à passer à des économies vertes.  Réitérant le soutien de son pays au Nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général, il a estimé crucial de renforcer la capacité de l’ONU en matière de prévention des conflits et préconisé l’inclusion des femmes et des jeunes dans le programme de paix et de sécurité.  Évoquant les pays africains les plus vulnérables, les pays en développement sans littoral comme le Zimbabwe et les petits États insulaires en développement, il a demandé qu’il leur soit accordé une attention particulière dans la mise en œuvre des résultats du Sommet. 

Son pays est une nation relativement jeune, a-t-il poursuivi, rappelant que plus de 65% de sa population est âgée de moins de 35 ans.  Cette caractéristique offre des perspectives de croissance économique, s’est-il réjoui, mentionnant des initiatives nationales comme la création de pôles d’innovation et de parcs industriels ou scientifiques, la mise en place d’une banque destinée à la jeunesse et le succès des nouvelles approches de son gouvernement en matière d’enseignement. Toutefois, les efforts de son gouvernement sont entravés par les sanctions déployées contre son pays, a-t-il déploré, demandant la révocation inconditionnelle de ces mesures punitives, jugées contraires au droit international et à la Charte. 

M. TOUHID HOSSAIN, Conseiller du Ministère des affaires étrangères du Gouvernement intérimaire de la République populaire du Bangladesh, a déclaré que les décisions que doit prendre la communauté internationale sont complexes, notamment dans la mise en œuvre des ODD.  Mais à l’heure où l’on souhaite aller de l’avant, où les pays en développement sont disposés à agir, les ressources ne sont pas disponibles, a-t-il déploré.  Il faut dès lors essayer de trouver des équilibres entre le bien-être des personnes et l’écologie, l’harmonie et les conflits.  Pour faire avancer les populations, a plaidé le Conseiller, il faut également démocratiser l’accès à l’éducation et aux technologies pour ne laisser personne de côté.  Il faut œuvrer ensemble, en dépit des différences de vues sur notre avenir commun. 

M. FREDERICK MITCHELL, Ministre des affaires étrangères et des services publics des Bahamas, a constaté que de nombreux conflits font rage, alors même que sont bien connus les principes d’intégrité territoriale consacrés par la Charte des Nations Unies.  La population de l’Ukraine, de Gaza et du Soudan fait les frais des infractions à ces principes, a-t-il déploré.  Aujourd’hui, des nations en envahissent d’autres, a-t-il poursuivi, rappelant le déplacement de milliers d’esclaves africains sur de nombreuses îles, dont les Bahamas.  Notant par ailleurs que plusieurs pays se tournent vers l’espace pour en exploiter les ressources, il a dénoncé la logique du « premier arrivé, premier servi » qui laisse de côté les petits pays dépourvus des ressources et du pouvoir nécessaires.  De même, il a fustigé certains pays qui sabordent les tentatives des pays des Caraïbes de profiter des marchés, sous prétexte de lutte contre l’évasion fiscale ou le blanchiment.  Estimant que les pays les plus riches ne sont pas à la hauteur de la tâche face aux changements climatiques et déplorant que les engagements restent souvent lettre morte, le Ministre a toutefois réitéré l’engagement de son pays en faveur de la gouvernance internationale.  Entouré par la mer, plus petit qu’un petit village indien, son pays continue sa lutte pour habiter son territoire et développer une économie viable, a-t-il conclu. 

M. HAKAN FIDAN, Ministre des affaires étrangères de la Türkiye, a constaté que notre capacité à trouver des solutions aux crises s’érode alors que les inégalités continuent de progresser, encourageant le radicalisme et l’islamophobie.  Dans ce contexte, les déséquilibres se renforcent et l’ONU ne fait pas montre du leadership requis pour y répondre, a-t-il déploré, estimant que le monde doit pouvoir compter sur un modèle multilatéral plus efficace.  Dans cet esprit, le Ministre a plaidé pour une réforme en profondeur de l’ONU et de son Conseil de sécurité.  Face à la polarisation actuelle, il faut démocratiser les processus de prise de décisions au sein de l’Organisation et développer de nouveaux outils de dialogue, a-t-il préconisé, avant d’affirmer que « la paix et la sécurité ne sauraient dépendre d’une poignée de privilégiés ». 

Pour le Ministre, la réforme des institutions financières internationales est elle aussi indispensable si l’on veut atteindre les ODD.  Il importe également de trouver des moyens d’intégrer les nouvelles technologies, y compris l’intelligence artificielle. Saluant l’adoption du Pacte numérique mondial, composante du Pacte pour l’avenir, il a souhaité que la communauté internationale renforce son appui à la Banque de technologies abritée par son pays afin de combler la fracture numérique entre les pays développés et les pays les moins avancés.  Ce sommet, a-t-il conclu, va déterminer notre capacité à rétablir la confiance dans le système multilatéral. 

M. NICOLAS ALBERTONI, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Uruguay, s’est félicité de l’adoption du Pacte pour l’avenir, qui, selon lui, incarne une aspiration collective et constitue une véritable boussole pour garder à l’esprit ce qui est le plus important.  Ce pacte doit permettre d’imaginer un multilatéralisme renforcé et une coopération internationale renouvelée, a-t-il plaidé, se réjouissant que les États Membres soient parvenus à se mettre d’accord.  L’Uruguay n’a pas attendu ce pacte pour agir, a affirmé le Vice-Ministre, avant de faire état de la création de commissions parlementaires chargées de l’avenir et de l’organisation de « dialogues sur l’avenir », centrés en particulier sur les effets des changements climatiques. Pour améliorer les perspectives des générations futures, il importe selon lui de redoubler d’efforts sur le plan climatique.  Bien que ses émissions de dioxyde de carbone soient minimes sur le plan international, l’Uruguay a d’ores et déjà opéré une transition énergétique, s’est-il enorgueilli, et le bouquet énergétique national est constitué à 98% de sources renouvelables.  L’Uruguay, à l’instar de nombreux pays en développement, demande que les engagements climatiques soient honorés, selon le principe des responsabilités communes mais différenciées.  Il faut aussi faire preuve d’innovation en matière de financements et tenir compte des indicateurs environnementaux, a-t-il ajouté, saluant le fait que le Pacte pour l’avenir établisse une mesure du développement qui dépasse le simple PIB national. 

M. SERGEY VERSHININ, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a déploré que les versions finales du Pacte et de ses annexes contiennent encore des éléments non consensuels et inacceptables, lourds de conséquences négatives pour les fondements mêmes du travail des Nations Unies. La Russie n’a pas pour autant bloqué l’adoption du Pacte, mais s’est clairement distanciée du consensus sur le Pacte et le Pacte numérique mondial.  Il a dit ne pas pouvoir soutenir un libellé qui cherche à saper la nature intergouvernementale de l’Organisation.  La citation sélective de principes de droit international universellement reconnus est également inacceptable, a-t-il argué, pointant le fait que le document ne mentionne pas explicitement le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des États souverains, ni le principe de coopération.  De même, nous ne pouvons soutenir le renforcement du rôle du Haut-Commissaire aux droits de l’homme, notoirement connu pour sa partialité et sa complaisance à l’égard des intérêts occidentaux.  En outre, la Russie s’oppose au forçage du processus de désarmement nucléaire.  En ignorant le principe de sécurité égale et indivisible, de telles idées sont franchement irréalistes, voire destructrices, a argué le Vice-Ministre.  Le Pacte numérique mondial présente également de graves lacunes, selon lui, car il tente de mettre sur un pied d’égalité les acteurs non gouvernementaux et les États dans la prise de décisions relatives à l’agenda technologique international et de créer des mécanismes d’examen supplémentaires dont le mandat n’est pas clair. 

Mme BAHIA EL HARIRI, parlementaire du Liban, s’est excusée de l’absence de son Premier Ministre, obligé de rester au pays pour répondre aux conséquences de « l'agression humanitaire, diplomatique, sanitaire, de subsistance et de sécurité et à faire face au déplacement et au ciblage des zones résidentielles suite au massacre qui a coûté la vie à plus de 3 000 citoyens libanais à Beyrouth, dans le Sud du Liban et dans la Bekaa ».  Le peuple libanais est en danger, a alerté l’oratrice.  Le Sommet de l’avenir se tient à un moment sensible.  L’humanité a besoin de dialogue, de remise en question et de prise de conscience quant aux menaces à la paix et à la sécurité internationales.  Les nouvelles générations sont témoins de la violence et des destructions, de l’exode, de l’asile et de la faim.  Cela aura des conséquences sur leur esprit, a-t-elle mis en garde, affirmant que les causes des guerres futures se forment dans l’esprit des jeunes d’aujourd’hui.  L’intelligence artificielle expose les jeunes à tous les détails de catastrophes en cours.  Il faut réexaminer les documents fondateurs avec chaque génération de manière directe, les générations actuelles mûrissant rapidement en raison des avancées technologiques. 

M. KARAMOKO JEAN MARIE TRAOREMinistre des affaires étrangères, de la coopération régionale et des Burkinabè de l’extérieur, a jugé primordial de veiller au respect strict des principes de la Charte des Nations Unies afin que cessent pour toujours le recours à la menace ou à l’emploi de la force, à l’agression, aux pressions politiques et économiques, à l’ingérence dans les affaires intérieures des autres États. Dans le domaine de la sécurité, a-t-il poursuivi, il est crucial de renforcer l’efficacité et l’efficience des opérations de maintien de la paix ainsi que la crédibilité de l’ONU dans la gestion des crises et conflits. 

Le Chef de la diplomatie burkinabè a également considéré comme essentiel que les questions du développement et de la santé demeurent au centre de nos préoccupations, notamment en ce qui concerne les moyens de mise en œuvre, y compris le renforcement des capacités, le transfert de technologies et des ressources financières adéquates, suffisantes, prévisibles et additionnelles.  Face aux progrès dans le domaine du numérique, il est urgent d’œuvrer à l’avènement d’une coopération qui définirait des principes, des objectifs et des actions respectueux des droits humains, a déclaré M. Traore.  Il a salué en ce sens l’initiative d’un dialogue mondial annuel sur la gouvernance de l’intelligence artificielle sous les auspices de l’ONU, et d’un processus inclusif vers des arrangements internationaux de gouvernance des données. 

Enfin, le Ministre s’est dit interpellé par la problématique particulière et très préoccupante du terrorisme, qui menace les fondements de nos sociétés.  « Nous devons lutter de manière solidaire contre ce fléau, et prendre les dispositions contre certains États qui soutiennent et financent les terroristes, comme c’est le cas dans le Sahel », a-t-il conclu.

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a dit comprendre que toutes les aspirations ne pourront pas être satisfaites par ce pacte.  Néanmoins, il a loué son potentiel considérable, malgré ses lacunes, avant de se dire préoccupé par le manque de financement des objectifs de développement durable.  Il a demandé une réforme de l’architecture financière internationale afin de la rendre plus efficiente et équitable, sachant que les défis des pays en développement doivent être mieux pris en compte.  Le représentant a rappelé que les droits humains sont universels, indivisibles et interdépendants, estimant que « nous ne pouvons pas fermer les yeux devant les graves violations des droits humains dans une partie du monde tout en demandant un établissement des responsabilités dans une autre. » Le multilatéralisme ne peut se satisfaire du deux poids, deux mesures, a-t-il conclu.

M. KIM SONG (République populaire démocratique de Corée (RPDC)) a indiqué que son pays fait face à une situation défavorable en raison de facteurs externes, tout en avançant sur la bonne voie. « Mais nous avons besoin de conditions pacifiques pour nous développer », a-t-il insisté, pointant du doigt les tentatives impérialistes contre les États souverains, notamment les exercices militaires menés conjointement par les États-Unis et leurs alliés.  Ces exercices sapent la sécurité régionale et mondiale, tout comme les sanctions unilatérales imposées par certains pays sapent la confiance entre les États, a-t-il regretté.  Le représentant a prôné le droit au développement, estimant qu’il constitue une garantie pour le Programme 2030.  Déplorant que le Conseil de sécurité « reste silencieux face au drame qui se déroule à Gaza depuis un an », il a estimé que les principes qui gouvernent la communauté internationale sont foulés au pied, réclamant une réforme du Conseil afin de garantir un monde plus juste. 

Mme CAROLINE SCHWALGER (Nouvelle-Zélande) s’est dite satisfaite du texte de compromis que constitue le Pacte pour l’avenir, mais a estimé que les éléments de langage relatifs au désarmement nucléaire étaient loin de répondre à l’objectif commun d’un monde exempt d’armes nucléaires et à la manière dont nous prenons des mesures concrètes pour y parvenir.  La Nouvelle-Zélande aurait également souhaité voir un discours plus ferme sur la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU.  La Nouvelle-Zélande accueille toutefois favorablement l’idée selon laquelle les générations présentes agissent de manière responsable pour sauvegarder les besoins et les intérêts des générations futures.  À mesure que le paysage géopolitique continue d’évoluer, les États Membres doivent agir avec détermination pour protéger la Charte des Nations Unies et le droit international, ainsi que pour mettre en œuvre le Pacte pour l’avenir, a conclu la représentante. 

M. PEDRO SÁNCHEZ PÉREZ-CASTEJÓN, Président du Gouvernement de l’Espagne, a fait observer que la peur est notre pire ennemi en période d’incertitude et qu’un avenir de paix, de justice et de prospérité ne peut se fonder que sur l’espoir. Pour ce faire, il nous faut une gouvernance multilatérale plus efficace, inclusive et juste, dont le Sommet de l’avenir est une étape clef.  L’Espagne travaille à la nécessaire réforme des Nations Unies et de ses institutions afin qu’elles soient plus représentatives, efficaces et transparentes et que leur fonctionnement soit plus démocratique.  Elle défend ces principes avec détermination et cohérence, quel que soit le contexte, qu’il s’agisse de Gaza, de l’Ukraine ou de toute autre partie du monde, a assuré M. Sánchez Pérez-Castejón.

En outre, l’Espagne souhaite un avenir avec une meilleure coopération internationale, qui permette d’atteindre les objectifs de développement durable. Hôte de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, qui se tiendra à Séville en 2025, elle attend un consensus sur des mesures concrètes permettant de mobiliser toutes les ressources et politiques nécessaires en faveur du développement durable.  Il s’agit notamment de renforcer les banques multilatérales de développement et d’optimiser le recours aux droits de tirage spéciaux (DTS).  Le Président du Gouvernement a également défendu des mesures telles qu’un impôt minimum international sur les grandes fortunes et la pleine opérationnalisation des deux piliers de l’OCDE et du G20 sur la fiscalité des entreprises multinationales, comme bases d’une future convention-cadre de coopération fiscale.

M. Sánchez Pérez-Castejón a par ailleurs préconisé la création de normes internationales pour une utilisation éthique des technologies, la transparence et la garantie d’un accès juste.  C’est la raison pour laquelle l’Espagne a créé la première agence de supervision de l’intelligence artificielle au monde.  À partir de cette expérience, elle défend le rôle clef que les Nations Unies doivent jouer dans la définition d’un système de gouvernance mondiale en la matière. 

M. TEBURORO TITO (Kiribati) a relevé que l’accent mis par le Sommet de l’avenir sur le multilatéralisme était essentiel pour la résilience et le bien-être des petits États insulaires comme le sien.  Kiribati soutient donc fermement l’objectif du Sommet visant à revigorer le multilatéralisme au profit d’un système multilatéral solide, inclusif et efficace, dans lequel chaque nation, quelle que soit sa taille ou sa richesse, a une voix et où les décisions sont prises en gardant à l’esprit le bien-être de la communauté mondiale.  Ceci, a ajouté le représentant, nécessite de réformer les institutions internationales pour les rendre plus réactives, responsables et transparentes. 

Kiribati témoigne à la fois de la vulnérabilité et de la résilience de notre planète, a affirmé le représentant.  Nation atoll, elle est en première ligne de la crise climatique face aux menaces de la montée des eaux, les événements météorologiques extrêmes et l’acidification des océans.  « Pour nous, l’avenir n’est pas un concept abstrait: il s’agit de naviguer et de s’adapter aux extrêmes et à la variabilité climatiques », a ajouté le représentant.  Par ailleurs, la rapidité des évolutions technologiques présente à la fois des défis et des opportunités et il faut les exploiter pour le bien de tous.  À cette fin, toutes les nations, y compris les petits États insulaires, doivent pouvoir disposer des outils et ressources pour participer pleinement à l’économie numérique mondiale.

Le représentant a jugé tout aussi important l’appel en faveur d’une économie mondiale plus juste et inclusive, ce qui suppose une réforme de l’architecture financière internationale actuelle, qui entrave la capacité des petits États insulaires en développement (PEID) comme Kiribati à atteindre une croissance économique durable.  Pour Kiribati, qui dispose de sa version locale du Programme 2030, le développement durable n’est pas un choix mais une nécessité, notamment dans les secteurs clefs de la pêche, de l’agriculture et des énergies renouvelables.  Enfin, le représentant a appelé au respect et à la responsabilité dans les engagements mondiaux, deux concepts qui, pour Kiribati, constituent l’épine dorsale de l’ordre social, de la paix et de l’harmonie, éléments cruciaux pour favoriser un avenir juste et durable. 

M. KOUSSAY ALDAHHAK (République arabe syrienne) a dénoncé la persistance de l’occupation de territoires arabes par Israël. La Puissance occupante continue de violer la Charte des Nations Unies et le droit international et cette occupation est un obstacle majeur à l’avenir que nous voulons, a-t-il lancé, ajoutant qu’il fallait contrer cette agression et mettre fin à l’occupation sans attendre. L’avenir doit être porteur de changement radical pour les États Membres et les peuples, a poursuivi le représentant. Cet avenir nécessite notamment que les pays occidentaux respectent les choix des autres États, a-t-il ajouté, déplorant la politique occidentale visant à empêcher les Syriens de façonner leur propre avenir. Le peuple syrien est décidé à bâtir son avenir sans aucun diktat de l’extérieur ni ingérence étrangère. 

Nous voulons le dialogue, a assuré le représentant, pour qui l’avenir doit être libre d’occupation, de sanctions, d’hégémonie ou de châtiment collectif. Il a réclamé des mécanismes multilatéraux efficaces pour tourner la page des politiques d’exclusion des pays occidentaux.  Il a appelé à prendre à bras le corps les problèmes auxquels sont confrontés les pays en développement, en particulier la dette et les moyens de réaliser les objectifs de développement durable.  Ces pays doivent avoir accès aux nouvelles technologues pour réaliser les objectifs de développement durable, a-t-il ajouté. 

M. AKIHIKO NISHIO, de la Banque mondiale, a déclaré qu’avec les outils dont dispose la communauté internationale et les défis qui se posent à elle, la question est de savoir comment utiliser ces outils pour répondre aux défis.  Pour le Groupe de la Banque mondiale, il s’agit de bâtir des systèmes résilients et l’Association internationale de développement (IDA) est au cœur de ce projet. Avec cet outil, 31 milliards de dollars ont été mis à disposition des pays qui en ont le plus besoin.  Avec Mission 300, l’objectif est d’apporter de l’électricité à 300 millions de personnes en Afrique d’ici à 2030.  Mais ces objectifs ne pourront être atteints sans coopération internationale.  C’est aussi grâce à elle que des emplois pour la jeunesse pourront être créés.  Et le Groupe de la Banque mondiale est disposé à travailler avec les États Membres pour atteindre ces objectifs, a assuré son représentant. 

M. GABRIEL BORIC FONT, Président du Chili, s’est dit perplexe face à la difficulté de discuter de l’avenir alors qu’il est parfois difficile de gouverner au présent: « l’optimisme ne règne pas, c’est le moins qu’on puisse dire ».  Cela étant dit, M. Boric Font a relevé un consensus au niveau mondial selon lequel il ne devrait plus y avoir de privilégiés et que les richesses devraient être réparties de manière plus équitable, tant entre les États qu’au sein des États. 

Animé d’un sentiment de frustration mais aussi d’espoir, le Président du Chili a voulu dire qu’il est encore temps de bâtir un monde meilleur, à condition de changer nos institutions, et une enceinte qui n’est plus en 2024 ce qu’elle était en 1945.  Il a en particulier estimé qu’il ne devrait plus y avoir de droit de veto au Conseil de sécurité et que « les règles du jeu doivent correspondre une bonne fois pour toutes au monde dans lequel nous vivons ».  Les défis à relever sont colossaux et il faut donner un nouveau souffle à cette Organisation, a conclu le Président.

M. MOHAMED IRFAAN ALI, Président du Guyana, a indiqué que la réalisation des engagements climatiques ne peut plus attendre.  Il s’est alarmé de la détérioration de la sécurité alimentaire mondiale, avant d’estimer à 90 milliards de dollars la somme annuelle nécessaire pour offrir une protection sociale élémentaire d’ici à 2030.  Il a appelé à une réforme de l’architecture financière internationale afin de la rendre plus inclusive et responsable.  Le Conseil de sécurité doit être réformé pour être plus représentatif, responsable et inclusif.  Cet organe risque de perdre sa crédibilité et sa pertinence.  Il a rappelé que plus de 340 millions de femmes et de filles devraient connaître la pauvreté en 2030 si rien n’est fait.  Nous devons désormais définir un plan de mise en œuvre du Pacte pour l’avenir afin d’assurer une vie de dignité pour toutes et tous, a dit le Président.  « Mettons de côté nos différences et concentrons-nous sur ce qui nous unit. »

M. MASOUD PEZESHKIAN, Président de la République islamique d’Iran, a proposé, à propos du Pacte pour l’avenir, que le Secrétaire général de l’ONU, en collaboration avec les pays touchés par les sanctions internationales illégales, présente un rapport d’ensemble sur le sujet à l’Assemblée générale.  Le Président a aussi demandé la réforme de l’architecture internationale pour garantir la participation de tous au développement, à la prise de décisions et à l’établissement de normes justes pour traiter des besoins financiers des pays en développement.  Le Pacte numérique mondial doit également contribuer à réduire la fracture numérique entre le Nord et le Sud, via le transfert de nouvelles technologies et le renforcement des capacités, et la levée des obstacles à une participation égale des pays du Sud à la gouvernance d’Internet et de l’intelligence artificielle. 

De plus, M. Pezeshkian a demandé un monde débarrassé des armes nucléaires et de toute arme de destruction massive, sans conditions préalables.  Victime du terrorisme, l’Iran a toujours été à l’avant-garde de la lutte contre ce phénomène.  L’Iran, a assuré le Président, est prête à coopérer avec tout pays qui veut lutter contre le terrorisme.  L’Iran veut une région sûre et stable où les ressources des pays peuvent être utilisées dans l’intérêt mutuel pour promouvoir le progrès socioéconomique et gérer les défis communs.  Le Président a dénoncé le massacre des civils à Gaza et le « terrorisme d’État ». La fin de l’occupation, la cessation de l’apartheid en Palestine, le cessez-le-feu immédiat à Gaza sont nécessaires au développement et à la paix, a-t-il dit. 

« L’avenir est le fils du présent », a déclaré d’emblée M. SANTIAGO PEÑA PALACIOS, Président du Paraguay, qui s’est dit conscient du fait que le consensus dont la communauté internationale a accouché n’implique pas que les nations soient d’accord sur tous les points, mais que cela traduit le désir d’un ordre international basé sur des principes. Parmi ces principes, le Paraguay est particulièrement attaché à celui de l’égalité souveraine entre les nations. Le Président a également voulu que l’on n’abandonne la loi du plus fort au profit d’un avenir démocratique et ancré dans les droits humains.  Il a encouragé un multilatéralisme plus fort, en regrettant la crise dont il souffre de nos jours.  Il nous faut collectivement lutter contre les changements climatiques et aider les pays en développement.  Le Paraguay, s’est enorgueilli le Président, utilise 100% d’énergie verte.  Avant de conclure, il a passé en revue les points de désaccord avec certains aspects du Pacte pour l’avenir lequel, a-t-il souligné, n’est pas contraignant.  Par conséquent, le Paraguay l’appliquera à la lumière de sa propre législation. 

M. VOLODYMYR ZELENSKYY, Président de l’Ukraine, s’est félicité que le monde travaille en faveur d’une vision commune. Il a appelé de ses vœux une ONU forte et unie, composée d’États Membres adhérant aux principes de la Charte des Nations Unies. À cet égard, « vous pouvez voir qui est contre et qui sape l’unité mondiale en cette période de guerre », a-t-il lancé à l’Assemblée, dénonçant le « groupe de sept complices, mené par la Russie », qui a tenté de faire échouer le Pacte pour l’avenir.  Ces pays, qui s’opposent à toute initiative collective, entendent nuire à l’efficacité de la Charte, a-t-il accusé, avant de constater que ce groupe se comporte toujours de la sorte quand l’ONU agit dans l’intérêt de tous.  Après avoir remercié les cofacilitateurs du Pacte pour l’avenir, du Pacte numérique mondial et de la Déclaration sur les générations futures pour leurs efforts, le Chef d’État a rendu hommage à tous les pays qui ont offert leurs idées pour l’avenir.  « Le monde a besoin d’un avenir paisible et de développement durable », a-t-il dit « en tant que Président d’un pays qui résiste à la guerre brutale d’agression coloniale de la Russie ». 

Soulignant l’importance de l’unité mondiale, « ici à l’ONU comme dans les sommets de la paix pour l’Ukraine », il a indiqué que son pays prépare une deuxième réunion de ce type avec ses partenaires, « cheminant pas à pas conformément à la formule de paix ».  Parmi les priorités de ce sommet figurent la sécurité alimentaire et énergétique de l’Ukraine et les efforts visant à tenir la Russie pour « responsable de sa terreur ».  Nous aborderons tous les autres points de la formule, notamment la libération des prisonniers et le rétablissement de notre intégrité territoriale, a promis le Président ukrainien, avant d’inviter les États Membres à continuer de soutenir les efforts de son pays pour un avenir juste. « Putin nous a déjà volé beaucoup mais il ne peut nous voler l’avenir », a-t-il conclu en scandant « Slava Ukraini » (gloire à l’Ukraine) sous les applaudissements de la salle. 

Nous devons rechercher ce qui nous unit afin de dégager des solutions communes aux problèmes communs, a déclaré M. LUIS RODOLFO ABINADER CORONA, Président de la République dominicaine.  « La décolonisation des économies » doit être prise au sérieux pour faire face à la crise climatique, a-t-il poursuivi.  En effet, les petits pays ne peuvent avoir qu’un effet limité si les gros pollueurs n’agissent pas, a-t-il mis en garde.  Concernant l’intelligence artificielle, il a estimé qu’elle doit être intégrée à un cadre de souveraineté numérique et éthique pour éviter qu’elle ne devienne un outil d’exploitation et d’exclusion.  Il faut également redessiner les normes sur lesquelles reposent les institutions internationales.  La communauté internationale doit réformer son architecture financière pour que le respect du droit international ne reste pas illusoire.  L’avenir est déjà ici, c’est en l’envisageant que nous construisons le présent », a-t-il conclu. 

M. MOKGWEETSI ERIC KEABETSWE MASISI, Président du Botswana, a souligné que le développement et le financement durables restent la priorité des pays en développement.  Nous devons prêter attention à leurs besoins les plus urgents et, à ce titre, nous engager pleinement à réformer l’architecture financière internationale, à combler la fracture numérique entre pays développés et pays en développement, à traiter des problèmes des jeunes et à garantir l’équité générationnelle.  Il faut aussi réformer le Conseil de sécurité et redynamiser l’Assemblée générale, garantir un accès sans entrave à l’aide humanitaire et enfin, à promouvoir la coopération.  L’Administration botswanaise, a assuré le Président, continuera de veiller à ce que l’autonomisation des femmes et des filles reste un pilier central de ses politiques.  Le Président a lancé une invitation à tous les États Membres pour qu’ils se rendent à Gaborone pour la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral, qui se tiendra du 10 au 13 décembre 2024.

M. MOHAMED OULD CHEIKH EL GHAZOUANI, Président de la Mauritanie, s’est inquiété des lenteurs dans la réalisation des objectifs de développement durable.  Il a détaillé la lutte de son pays contre le terrorisme, la violence et la pauvreté, tout en reconnaissant que les résultats ne sont pas encore à la hauteur.  La communauté internationale doit trouver les solutions pour accélérer la réalisation desdits objectifs et réformer l’architecture financière internationale.  Le Président de la Mauritanie a également demandé une réforme du Conseil de sécurité, avant d’appeler les États Membres à œuvrer de conserve pour éviter un « effondrement de la planète ».

M. MOHAMED YOUNIS A MENFI, Président du Conseil présidentiel de l’État de Libye, a vu dans ce sommet une occasion exceptionnelle de relever ensemble les défis et de construire un avenir meilleur.  Il a encouragé la communauté internationale à miser sur les progrès numériques, tout en appelant à reconnaître qu’il n’est pas seulement question d’intelligence artificielle, mais bien de stratégies de développement qui s’appuient sur ces nouveaux outils.  À ce sujet, le haut responsable a appelé à garantir des chances égales pour tous les pays.  La Libye soutient les mêmes objectifs que ceux du Sommet, a-t-il assuré, et elle est attachée à travailler avec ses partenaires internationaux pour trouver des solutions novatrices en s’appuyant sur les nouvelles technologies.  Rappelant que la Libye est un pays de transit, il a mis en avant l’importance de la coopération internationale pour traiter des causes profondes des migrations illégales et pour assurer le développement dans les pays d’origine.  En outre, il a encouragé la communauté internationale à ne plus utiliser les ressources naturelles de manière irresponsable.

M. GUSTAVO PETRO URREGO, Président de Colombiea reconnu que l’intelligence artificielle peut semer la confusion dans l’esprit humain.  Elle peut à la fois augmenter la productivité horaire et l’exclusion sociale.  L’intelligence artificielle consomme beaucoup d’énergie et risque de produire une crise climatique et de mener, in fine, à « la fin de l’humanité, à la fin de la démocratie et à la barbarie », a-t-il alerté.  L’alternative est donc de réussir la transition énergétique, de parvenir à une énergie verte et propre.  Selon le Président, il faut promouvoir une démocratie globale, réduire la consommation d’énergie et donner à chaque être humain suffisamment de temps libre pour « vivre heureux ».   

M. BASSÍROU DIOMAYE DIAKHAR FAYE, Président du Sénégal, évoquant les nombreux défis auxquels nous faisons face, a préconisé la recherche de solutions communes dans un cadre multilatéral, à même d’inspirer la confiance et l’adhésion.  À ce propos, il a souhaité partager quelques observations.  En premier lieu, a-t-il dit, il est clair que le futur ne saurait être construit sur le système actuel, dominé par les injustices, l’extrême pauvreté, les tensions géopolitiques et le réchauffement de la planète.  Citant les rapports du Secrétaire général, il a rappelé que 575 millions de personnes devraient encore vivre dans la pauvreté extrême en 2030 si les tendances actuelles se maintiennent.  Une situation qui, a-t-il précisé, annihile tout espoir de développement durable.  À ce titre, il a jugé indispensable de s’attaquer au cycle « infernal » de la dette qui asphyxie de nombreux pays du Sud, dénonçant les taux d’emprunt qui leur sont accordés, de 2à 12 fois supérieurs à ceux appliqués aux pays développés, selon un récent rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).

Le Président a ensuite lancé un appel à la réforme de la gouvernance politique, économique et financière mondiale.  Saluant certains progrès, dont l’octroi d’un siège permanent à l’Afrique au sein du G20 ainsi qu’un troisième siège au conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI), il a toutefois considéré qu’il restait encore beaucoup à faire dans ce domaine.  Enfin, il a préconisé un renforcement des actions en faveur de l’éducation et de la formation professionnelle, de même que des investissements plus importants dans les infrastructures numériques, l’innovation et le soutien à l’industrie créative des jeunes.

M. PRITHVIRAJSING ROOPUN, Président de Maurice, a fait remarquer que l’ingéniosité humaine offre de nombreuses promesses, mais que les conflits, les catastrophes climatiques et les épidémies menacent d’effilocher le tissu de nos sociétés. Le Pacte pour l’avenir est un pacte pour la postérité, une promesse solennelle pour les générations qui ne sont pas encore nées, a-t-il insisté.  Ce doit être la pierre angulaire sur laquelle nous bâtissons un monde plus résistant.  Le délégué a expliqué que Maurice s’est engagée à donner une chance et un accès égaux aux ressources économiques à tous ses citoyens.  Il a ensuite rappelé que les petits États insulaires en développement (PEID) sont les sentinelles des changements climatiques puisque leurs défis forment un microcosme des défis mondiaux.  Il a donc appelé à soutenir le développement économique et technologique de ces États en prenant en compte leurs spécificités.  L’intelligence artificielle doit être guidée par des principes moraux, a-t-il encore mentionné.  Ensemble, nous pouvons et nous devons forger un avenir qui montrera le potentiel de chaque nation, a-t-il conclu, en pensant aux générations futures. « Face aux défis nous avons réagi avec une solidarité sans précédent. » 

M. RATU WILIAME MAIVALILI KATONIVERE, Président des Fidji, a déclaré que le Sommet est une occasion à saisir pour préserver l’avenir de l’humanité, affirmant que le multilatéralisme n’a jamais été si important et si urgent.  Le Pacte pour l’avenir représente notre engagement collectif à « faire mieux, ensemble, en veillant à ne laisser personne de côté ».  Il ne reste que six années pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a rappelé le président des Fidji, pour qui il faut de toute urgence recalibrer la coopération internationale et réformer le système multilatéral.  Le monde que nous léguerons aux générations de demain sera le fruit des décisions prises aujourd’hui, a-t-il conclu.

M. XAVIER ESPOT ZAMORA, Chef du Gouvernement de la Principauté d’Andorre, a estimé que le moment était venu de gouverner avec plus de modernité, d’humanité, d’empathie et d’intégrité. À ce titre, il a assuré que son pays est disposé à participer à une nouvelle étape de l’histoire des Nations Unies. Il a estimé urgent d’envoyer un message aux citoyens du monde entier, afin de leur signifier que le multilatéralisme est le seul instrument à même d’affronter les crises actuelles. L’Histoire a démontré que certains défis ne peuvent être relevés de manière unilatérale ou par quelques groupes d’États, a-t-il poursuivi, évoquant les changements climatiques. 

Relevant le potentiel des nouvelles technologies, il s’est inquiété de leurs effets pernicieux, estimant nécessaire de réguler ce secteur suivant des principes éthiques et inclusifs. Partant, il a considéré que la protection des données et de la vie privée devrait constituer une priorité mondiale. Détaillant des initiatives déployées à l’échelle nationale, il a mentionné le Programme de transformation numérique et le Plan d’action visant à améliorer le bien-être numérique des enfants et des jeunes. En outre, l’Andorre est l’une des premières nations à avoir signé la Convention du Conseil de l'Europe sur l'intelligence artificielle.

Il a appelé à ne pas faire fi de l’empathie face aux souffrances, aux conflits ou au terrorisme, à mettre à jour nos mécanismes de sécurité, à renforcer le multilatéralisme en le rendant plus représentatif et à consolider les capacités de prévention des conflits. Enfin. Il a exhorté les États Membres à suivre la voie tracée par le Programme 2030 pour réduire les inégalités, soulignant dans ce cadre le rôle crucial de l’éducation.

SIAOSI 'OFAKIVAHAFOLAU SOVALENI Premier Ministre et Ministre de l’Éducation et de la formation, Ministre de la de la police, des pompiers et des services et des services d'urgence, et Ministre des forces armées des Tonga, intervenant en sa qualité de Président du Forum des Îles du Pacifique, a affirmé que les 18 membres du Forum des Îles du Pacifique sont déterminés à ne pas laisser leur avenir au hasard. En 2022, le Forum a lancé la stratégie 2050 pour le continent bleu du Pacifique, dans une perspective de paix, d’harmonie, de sécurité, d’inclusion sociale et de prospérité, a-t-il rappelé.  « Il ne s’agit pas seulement d’une vision, mais d’un engagement solennel que nous prenons envers nos peuples et les générations futures pour construire notre résilience, notre durabilité et notre prospérité communes ».  Pour concrétiser cette vision, les membres du Forum s’appuient sur un ordre international stable, ouvert, prospère et fondé sur des règles et sur un système de gouvernance mondiale structuré et capable de relever la multitude de défis et de garantir un avenir commun, a-t-il expliqué.  Au cours des prochains mois, le Forum va finaliser une déclaration sur l’océan de paix qui soulignera davantage son engagement à faire progresser la paix dans sa région, a annoncé le Premier Ministre.  Soulignant que les changements climatiques restent une menace existentielle pour les moyens de subsistance, la sécurité et le bien-être des peuples et des communautés du Pacifique, il a insisté sur l’urgence de l’action climatique.  Il a plaidé pour de meilleures données scientifiques, tenant compte du principe des responsabilités communes, mais différenciées et des capacités respectives, à la lumière des situations nationales et des efforts déployés pour éradiquer la pauvreté dans le contexte du développement durable.

M. AMADOU OURY BAH, Premier Ministre de la Guinée, a plaidé pour une coopération renforcée entre les États, visant à prévenir les conflits et à promouvoir la diplomatie internationale.  Les mécanismes de financement international, a-t-il ajouté, doivent être renforcés pour permettre à toutes les nations, particulièrement les plus vulnérables, de progresser vers une croissance durable, résiliente et inclusive. Dans cette optique, nous ne pouvons ignorer l'importance de préserver notre environnement, en particulier des écosystèmes sensibles comme le massif du Fouta Djallon, a souligné le Chef de gouvernement.  Ce site, véritable « château d’eau » pour toute l’Afrique de l’Ouest, est vital pour l’équilibre écologique des 15 États concernés. Aussi a-t-il réitéré l’engagement de la Guinée pour son inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, afin de garantir sa conservation pour les générations présentes et futures, et d’anticiper pour les prévenir les conflits autour des ressources hydriques. Nous avons aujourd'hui une opportunité rare et précieuse de redéfinir notre destin collectif, a estimé M. Bah. Ce sommet doit être bien plus qu'un lieu de rencontre ; il doit marquer un tournant décisif « où nous choisissons, ensemble, de construire un avenir qui soit concret, inclusif et prospère pour tous ». 

M. LESLEY VOLTAIRE, Conseiller du Président du Conseil présidentiel de transition de Haïti, a souligné l’importance du Pacte pour l’avenir, qui « symbolise non seulement un engagement historique pour un multilatéralisme renouvelé, mais aussi une occasion unique de renforcer les structures internationales pour répondre aux différentes réalités économiques, sociales et environnementales auxquelles nous faisons face ».  Pour le Conseiller, les mécanismes de gouvernance mondiale doivent être adaptés aux nouvelles dynamiques économiques et politiques, et garantir que toutes les nations, grandes et petites, aient une voix dans la résolution des crises mondiales. 

Le Sommet de l’avenir offre aussi l’opportunité de repenser la gouvernance mondiale en abordant des sujets tels que le financement du développement durable, l’égalité des genres et la protection de la biodiversité, a-t-il ajouté, jugeant par ailleurs nécessaire de réformer l’architecture financière internationale pour soutenir la transition de certains pays, en particulier les pays les moins avancés.  Il est essentiel que les bénéfices de la croissance soient équitablement partagés à travers le monde, a insisté le Conseiller, avant de mettre l’accent sur l’intégration des jeunes, qui est une des pierres angulaires du Pacte pour l’avenir. Malgré les graves difficultés que nous rencontrons en Haïti, nous considérons leur participation comme essentielle pour garantir une paix durable et un développement équitable, a-t-il affirmé, assurant que les jeunes sont intégrés dans tous les aspects de la reconstruction nationale.  « Nous veillerons à ce que les générations futures ne portent pas le fardeau des erreurs du passé », a-t-il promis. 

M. MOHAMMAD MUSTAFA, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de l’État de Palestine, a rappelé que le programme du Pacte pour l’avenir est axé sur la prospérité commune et la dignité humaine pour tous. Malheureusement, a-t-il regretté, l’augmentation des crises économiques et militaires risquent de saper notre système multilatéral. Le peuple palestinien est victime d’agressions en Cisjordanie et de catastrophes diverses. Gaza traverse un des chapitres les plus sombres de son histoire et subit « un génocide sans précédent », a-t-il martelé, signalant que la région continue de subir agressions systématiques, déplacements et colons. Toutefois, a-t-il assuré, notre peuple demeure constant face à ces circonstances, tout en restant attaché aux institutions et à la bonne gouvernance. « La résilience extraordinaire de notre peuple renouvelle notre confiance quant au fait que notre population pourra se relever », a poursuivi le Premier Ministre. Les Palestiniens forment une communauté « forte, unie, tenace ». Il s’agit maintenant d’étendre cette résilience sociale à la sphère économique afin d’outiller la Palestine pour qu’elle puisse se transformer, a-t-il conclu.  RAS

M. FILIP IVANOVIĆ, Vice-Premier Ministre du Monténégro, a salué le consensus auquel les États sont parvenus sur les documents finaux de ce sommet et s’est dit convaincu que le Pacte et ses deux annexes auront un impact significatif, ouvrant la voie à un avenir plus radieux pour les générations actuelles et futures.  Il a appelé à travailler ensemble à l’accélération de la mise en œuvre du Programme 2030 et des objectifs de développement durable et à mobiliser des ressources pour les pays les moins avancés. 

Pour sa part, le Monténégro a été l’un des premiers pays à adopter une stratégie nationale pour le développement durable à l’horizon 2030, a indiqué le Vice-Premier Ministre, dont le pays fait également partie des 32 États Membres des Nations Unies à avoir adopté la Déclaration nationale d’engagement pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  En tant que pays candidat à l’Union européenne, le Vice-Premier Ministre a précisé que le Monténégro accorde une grande importance à la complémentarité et à la synergie entre l’agenda de l’UE et les objectifs de développement durable, et reste pleinement engagé à progresser et à réussir dans les deux processus.

M. AZIZ AHKKANOUCH, Chef du Gouvernement du Royaume du Maroc, a considéré que ce Sommet fournit une occasion unique de renouveler notre engagement pour la Charte des Nations Unies et un nouveau dynamisme multilatéral.  Il s’est lancé dans un plaidoyer en faveur d’une réforme des institutions financières internationales qui donne enfin à l’Afrique la place et le pouvoir décisionnaire qu’elle mérite.  Les participants à la réunion du Fonds monétaire international (FMI) à Marrakech en 2023 ont insisté sur la nécessité de réformer ces institutions.  Nous demandons maintenant: l’Afrique n’est-elle pas un bon indicateur pour évaluer nos efforts collectifs en vue de concrétiser les aspirations les plus hautes pour la paix et la sécurité dans le monde entier?  Pour sa part, le Maroc a beaucoup progressé en se fixant de nouveaux objectifs pour des émissions de gaz à effet de serre de moins de 45% d’ici à 2030, s’est félicité le Chef du Gouvernement.  Son pays veut en outre renforcer le niveau des investissements dans les énergies renouvelables, y compris dans les mesures écologiques vertes, pour parvenir à l’objectif de 52% d’énergies non polluantes dans son bouquet énergétique d’ici à 2030.  Des efforts sont également déployés en termes de protection sociale et de renforcement du système de santé, a-t-il ajouté.

M. IAN BORG, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et européennes et du commerce de Malte, a partagé le point de vue selon lequel les défis mondiaux nécessitent des solutions mondiales et que pour créer un avenir meilleur, il faut accélérer l’action.  Il s’est dit d’avis que ce Sommet n’est pas une destination finale, mais un tremplin et qu’enfin, il faut reconnaître l’interdépendance et exploiter les synergies entre les trois piliers des Nations Unies. Il a en outre jugé inacceptable que l’extrême pauvreté et la faim persistent dans le monde.  Cela exige dès lors de transformer les défis climatiques et environnementaux en opportunités pour un monde plus propre et plus vert, en augmentant les énergies renouvelables et en abandonnant les combustibles fossiles pour atteindre la neutralité carbone.  Il a souligné l’importance d’investir dans les jeunes, mais aussi d’agir pour l’égalité des genres, l’autonomisation des femmes et des filles et pour leur participation pleine, égale et significative aux processus décisionnels. 

M. VIVIAN BALAKRISHNAN, Ministre des affaires étrangères de Singapour, a jugé crucial de développer un système multilatéral plus fort, où les règles sont appliquées de manière universelle.  La paix, la sécurité et, partant, la lutte contre les changements climatiques ou les risques technologiques dépendent du respect du droit international et de la Charte des Nations Unies, a-t-il déclaré.

Il s’est inquiété des dangers d’un monde où s’érode le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale.  Il a qualifié le Pacte numérique mundial de projet révolutionnaire, à même de libérer le potentiel de transformation des nouvelles technologies tout en atténuant leurs risques.  Plus des deux tiers des objectifs de développement durable peuvent bénéficier directement des innovations numériques, a-t-il ajouté.  Enfin, il s’est félicité que la Déclaration sur les générations futures mette l’accent sur l’engagement des jeunes, estimant que l’on devrait leur laisser l’espace nécessaire pour qu’ils façonnent les politiques nationales et internationales.  Concluant, il a lancé un appel au compromis et aux mesures audacieuses, avant de plaider en faveur d’un avenir juste, équitable et inclusif.

M. ARNOLDO RICARDO ANDRÉ TINOCO, Ministre des affaires étrangères du Costa Rica, a déclaré que le Pacte pour l’avenir est un appel urgent à l’action collective et à faire primer le dialogue sur les armes.  Il place la prévention au cœur de l’action collective, a-t-il noté, avant d’exprimer sa déception face au manque de progrès en matière de désarmement nucléaire. Le Pacte reconnaît la menace que posent les changements climatiques pour les générations futures, a-t-il continué, en appelant à « mettre les bouchées doubles » pour remplir les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris et pour protéger la biodiversité, les océans et les mers.  C’est la raison pour laquelle le Costa Rica souhaite voir le BBNJ entrer en vigueur le plus rapidement possible.  Pour cela, le Ministre a donné rendez-vous à ses pairs à Nice en juin 2025 pour la deuxième Conférence sur les océans, que son pays coprésidera aux côtés de la France.  L’heure est venue de s’attaquer à l’architecture financière internationale pour qu’elle corresponde mieux aux besoins des nations les plus vulnérables, a-t-il conclu.

M. AMERY BROWNE, Ministre des affaires étrangères et de la Communauté des Caraïbes de Trinité-et-Tobago, a souligné l’importance d’une architecture financière internationale pour l’aide publique au développement guidée par l’indice multidimensionnel de vulnérabilité.  L’escalade sans précédent des conflits, leur envergure et leur nombre contredisent la raison d’être de l’ONU, a dit le Ministre, estimant que pour mettre fin aux conflits et faire régner une paix pérenne pour tous, il faut combattre, prévenir et éradiquer le commerce des armes, y compris les armes légères de petits calibres.  Notant le rôle de la science, de la technologie et de l’innovation pour le développement durable, il a déclaré qu’il ne faut pas fermer les yeux sur l’ampleur des risques associés.  C’est pourquoi il faut renforcer les capacités des petits États en développement en matière de sécurité cybernétique, et veiller à ce que les jeunes aient les outils nécessaires pour exploiter pleinement leur potentiel. 

M. JEYHUN BAYRAMO, Ministre des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan, a détaillé les efforts de son pays en faveur des objectifs de développement durable, en ajoutant que la libération des territoires occupés a ouvert, à ce titre, un nouveau chapitre.  Nous avons restauré notre souveraineté et notre intégrité territoriale et nous entendons désormais faire fond sur les progrès accomplis dans les négociations bilatérales.  Nous voulons aussi jeter des ponts entre pays développés et pays en développement.  À ce propos, il a rappelé que son pays doit accueillir en novembre prochain la vingt-neuvième édition de la Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP29). L’un des objectifs de cette COP sera de rechercher des modes de financement innovants, a estimé le Ministre.

Mme CELINDA SOSA LUNDA, Ministre des affaires étrangères de la Bolivie, a déclaré que l’humanité et la planète sont confrontées aux effets de la crise multidimensionnelle du système capitaliste.  La mise en œuvre du Pacte pour l’avenir requiert une équité dans la gouvernance mondiale, a-t-elle estimé.  En effet, dans un monde moderne où les pays du Sud concentrent les populations les plus denses, les décisions multilatérales devraient être collectives, prises sur un pied d’égalité et dans le respect de la souveraineté dont jouissent tous les États.  Ce qui implique une réforme réelle et profonde du Conseil de sécurité et des organisations financières internationales, en a conclu la Ministre. Les engagements pris dans le Pacte pour l’avenir doivent garantir des responsabilités communes, mais différenciées entre pays développés et pays en développement, a-t-elle dit.  Il n’est pas acceptable que les nations les plus responsables des changements climatiques tentent maintenant de renégocier le contenu de l’Accord de Paris.  « Une fois pour toutes, nous devons construire un modèle de développement basé sur le respect de la Terre nourricière et des droits de tous nos peuples. »  Enfin, la Bolivie considère qu’il faut avancer vers des processus plus profonds, a souligné la Ministre, c’est pourquoi elle propose de promouvoir un processus de décolonisation et de « dépatriarcalisation », pour démanteler les structures de domination et de sujétion du passé.

M. DAVID LAMMY, Secrétaire d’État pour les affaires étrangères du Commonwealth et du développement du Royaume-Uni, a estimé que le Sommet et Pacte pour l’avenir offrent aux États Membres l’occasion de faire preuve d’un leadership mondial responsable pour s’adapter aux changements rapides de notre époque et aller plus loin en répondant aux besoins de chacun, en particulier des plus vulnérables. Reconnaissant qu’on ne pouvait ignorer les « grandes injustices » subies par les pays du Sud dans le passé ni les « frustrations » face à l’injustice du système mondial, il a appelé à agir de trois manières. 

Le Chef de la diplomatie britannique a d’abord rappelé la nécessité de davantage d’efforts collectifs pour prévenir et mettre fin aux conflits, ce qui signifie notamment « défendre la souveraineté de l’Ukraine, exiger un cessez-le-feu immédiat à Gaza et au Liban et soutenir la fin des combats au Soudan », ainsi qu’un Conseil de sécurité « plus représentatif », le soutien à l’état de droit international et son application égale et équitable.  M. Lammy a ensuite appelé à agir d’urgence face à la crise climatique et naturelle, précisant que le nouveau Gouvernement britannique allait renouveler ses ambitions intérieures et se « reconnecter » à l’étranger en construisant une « alliance mondiale pour une énergie propre » et en veillant à débloquer le financement international du climat et de la nature en particulier par le secteur privé. Enfin, il a préconisé une nouvelle approche du développement, faisant appel au partenariat plutôt qu’au paternalisme. Rappelant en conclusion que « dans le monde entier, dans chaque zone de guerre, chaque camp de réfugiés, l’ONU est là », il a estimé que ce Sommet devait « à nouveau diriger les yeux du monde vers ce phare ».

M. ANTHONY J. BLINKEN, Secrétaire d’État des États-Unis, a déclaré que le système actuel a besoin de soutien, de réformes et de revitalisation.  Son gouvernement en convient et c’est pourquoi il a forgé un ensemble de priorités dans ce Pacte pour l’avenir afin de mieux réagir aux chocs et aux changements climatiques, de rétablir la paix et la sécurité sur terre, en mer et dans l’espace, de faire respecter les droits de l’homme et de mieux représenter le monde tel qu’il est aujourd’hui.  Les États-Unis, a dit le Secrétaire d’État, sont en faveur d’une réforme immédiate du Conseil de sécurité.  Il a appelé tous les États Membres à y parvenir, avant d’expliquer que les États-Unis souhaitent que l’Afrique puisse faire entendre sa voix. S’agissant des crises humanitaires, il a souligné que son pays collabore avec les secteurs public et privé et concluant sur la réforme de l’ONU, il a prévenu que le révisionnisme n’a pas sa place ici.  L’Organisation doit préserver son essence qui est de mobiliser des efforts communs autour d’objectifs communs et de garantir un système multilatéral fort. 

Mme METTE FREDERIKSEN, Première Ministre du Danemark, a commencé par rendre hommage au courage du Président et du peuple ukrainiens qui se battent pour la démocratie, l’autodétermination, la souveraineté et la liberté.  Ne pas laisser un pays agresser un autre pour modifier les frontières, parce qu’il est mû par son rêve d’impérialisme est une question fondamentale du droit, a-t-elle asséné. La guerre doit cesser et l’Ukraine doit la gagner, a-t-elle lancé. Elle a ensuite estimé que le système international doit être beaucoup plus égalitaire et favoriser davantage la solidarité et la représentation de tous. Il faut donc réformer l’architecture financière internationale pour pouvoir investir dans le développement durable, l’éducation, la santé, et « surtout » dans des solutions climatiques.  Pour sa part, le Danemark apporte déjà une contribution importante à l’Association internationale de développement et a l’intention de l’augmenter de 40%.

M. JEAN-NOËL BARROT, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, a déclaré que la gouvernance mondiale doit à la fois être plus représentative et collectivement plus efficace.  Chacun doit y contribuer, chacun doit y prendre ses responsabilités, a-t-il affirmé, appelant à accélérer les efforts pour répondre aux enjeux climatiques, à l’insécurité alimentaire, à la pauvreté, aux pandémies et aux crises humanitaires.  De même, il a indiqué que la réforme du Conseil de sécurite est indispensable pour préserver la légitimé et renforcer la représentativité de l’organe.  Il a défendu un élargissement dans les deux catégories de membres et une présence renforcée de l’Afrique, y compris parmi les permanents. 

Poursuivant, le Ministre a appelé à un sursaut décisif de la communauté internationale pour aider les économies vulnérables. Il faut une impulsion financière et la mobilisation de toutes les ressources nécessaires, a-t-il insisté. Aucun pays ne doit avoir à choisir entre son propre développement et la préservation de la planète.  Ce sont les deux facettes d’une même pièce.  Le dignitaire a par ailleurs souligné que la révolution numérique ne doit pas creuser davantage la fracture numérique et doit servir les objectifs de développement durable. 

Le Ministre français s’est par ailleurs inquiété des frappes israéliennes qui viennent de faire des centaines de victimes au Liban, parmi lesquelles des femmes et des enfants.  Ces frappes doivent cesser immédiatement, a-t-il enjoint, appelant les parties à la désescalade et à éviter un embrasement régional qui serait dévastateur pour tous.  Il a fait savoir que la France a demandé la tenue d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité.

M. REXON RAMOFAFIA, Ministre de la planification nationale et de la coordination du développement des Îles Salomon, a regretté que l’architecture financière internationale ne soit pas en harmonie avec la réalité de pays comme le sien.  Les Îles Salomon, a-t-il rappelé, sont une économie à la fois petite et vulnérable. « Notre éloignement géographique augmente le coût de l’acheminement des services et de de notre participation au commerce international. »  Il a cependant salué l’adoption du Pacte pour l’avenir, exprimant l’engagement de son pays à cet égard, comme en atteste la présentation en juillet de son deuxième rapport volontaire national portant sur les ODD et sa stratégie nationale de développement. 

Après avoir loué la coopération et le partenariat, « indispensables pour notre développement », le Ministre a alerté sur les effets délétères des changements climatiques sur les petits États insulaires en développement (PEID) du Pacifique.  Outre les pertes en vies humaines qu’ils provoquent, ces phénomènes sont lourds de conséquences pour nos économies, a-t-il souligné, exprimant sa frustration face aux difficultés de financement que rencontrent ces pays, bien qu’ils soient en première ligne du « front climatique ».  Il a par ailleurs souhaité que le Pacte soit l’occasion de réduire la fracture climatique et de tirer parti des nouvelles technologies, non sans préciser que son pays y accède de façon très limitée, même s’il vient de lancer sa première politique pour une gouvernance du cyberespace.  Enfin, après avoir plaidé pour une réforme du système multilatéral, il a rappelé que l’avenir appartient aux jeunes, lesquels représentent 60% de la population des Îles Salomon. 

M. ELMER SCHIALER SALCEDO, Ministre des affaires étrangères du Pérou, a dit qu’il faut une nouvelle gouvernance mondiale plus inclusive et plus équitable pour réduire les fossés qui persistent dans certaines franges de la société historiquement lésées.  Si le Sommet de l’avenir a abordé des questions qui ont un impact sur les générations à venir notamment la numérisation et l’intelligence artificielle, il reste indispensable d’élaborer un système de gouvernance mondiale qui promeuve les transferts de connaissances et de technologie et qui établisse des directives pour l’utilisation de l’intelligence artificielle.  Pour le Pérou, a expliqué le Ministre, le Pacte pour l’avenir est un outil qui doit respecter la souveraineté des États et qui doit également promouvoir la coopération fondée sur la solidarité, le respect mutuel et l’équité.  Il s’est opposé à l’imposition de programmes qui pourraient saper le cadre juridique interne de son pays.  Il a préconisé une plateforme permettant de travailler ensemble aux côtés d’autres nations pour relever des défis tels que la lutte contre la pauvreté, la protection de l’environnement et la reprise économique mondiale, au bénéfice des pays en développement. 

M. PAULO RANGEL, Ministre des affaires étrangères du Portugal, a souligné la gravité des incendies que connaît son pays et qui sont la conséquence des changements climatiques.  Il a aussi insisté sur l’importance d’une gestion durable des océans, avant de préciser que son pays est candidat à un siège non permanent du Conseil.  Les défis d’aujourd’hui, a-t-il poursuivi, ignorent les frontières.  C’est pourquoi l’adoption du Pacte pour l’avenir était nécessaire, a-t-il déclaré. Enfin, le Ministre du Portugal a voulu que l’on mise sur le dialogue afin de bâtir un avenir durable pour tous et toutes.

M. KHAWAJA MUHAMMAD ASIF, Ministre de la défense du Pakistan, a déclaré qu’il ne peut avoir de développement durable alors que les tragédies comme celles qui se déroule à Gaza sont perpétrées et perpétuées par les pays développés.  Il a ensuite estimé que pour la centaine de pays en développement que compte le monde, le Pacte pour l’avenir aura un impact transformateur, à condition qu’il tienne ses engagements, et que se réalisent ceux pris dans le cadre du financement du développement.  Il faudra réaliser les engagements concernant l’aide publique au développement, la réattribution des bons de tirages spéciaux, la baisse des taux d’intérêt ou encore la mise en place d’un système fiscal international plus équitable ou la réorganisation du système financier international.  Il en sera de même pour le Pacte numérique mondial si l’on veut qu’il porte ses fruits, a-t-il ajouté.  De même, il a jugé essentiel d’assurer un rééquilibrage du fossé existant entre Nord et Sud, dans le domaine du numérique, et de l’accès à la technologie. Il sera également essentiel de travailler aux bienfaits et à la régulation de l’intelligence artificielle.

M. BADJIE, Ministre de la jeunesse et des sports, a lancé un appel au renforcement des principes du multilatéralisme, à savoir le respect des droits humains, le maintien de la paix et la promotion du développement durable. Soulignant l’effet délétère des instabilités régionales sur les pays en développement, il s’est dit préoccupé par l’aggravation de la pauvreté dans le sillage des grandes crises mondiales, dont la pandémie de COVID-19, les vulnérabilités climatiques, l’insécurité alimentaire et les menaces sanitaires émergentes.  La majorité des pauvres sont des femmes, a-t-il relevé, précisant qu’elles font face à des barrières considérables en matière d’éducation, de ressources économiques, de participation au marché du travail et aux processus de prise de décision. 

Ces problèmes freinent les progrès des ODD, a estimé le Président.  Partant, il a appelé de ses vœux des actions audacieuses, des solutions globales et l’octroi de ressources importantes.  Les incertitudes économiques mondiales font tout particulièrement obstacle à l’emploi des jeunes, a-t-il déploré. Détaillant les initiatives déployées par son gouvernement pour soutenir la jeunesse, il a notamment cité une consultation nationale.  Entre autres revendications, les jeunes ont mentionné la nécessité de réformer le système financier international, plaidé pour un accès accru au financement climatique, à des mesures pour combler l’écart entre les sexes ou encore au renforcement des infrastructures Internet. 

Mme ADRIANA MIRA, Vice-Ministre des affaires étrangères du Salvador, a estimé que les instruments négociés au sein du Sommet de l’avenir sont à même de revitaliser le multilatéralisme.  Ce dernier poursuivra toutefois son recul si les dynamiques de pouvoir prévalent sur les règles instaurées au bénéfice de tous, a-t-elle averti.  Elle a réitéré le soutien de son pays à une réforme du Conseil de sécurité, dans la ligne de ses positions émises lors des négociations du Pacte pour l’avenir, afin de permettre la participation des nations sous-représentées.

Rappelant la stratégie de sécurité initiée par son pays sous l’impulsion de son président, Mme Mira a considéré que la résolution de ce problème représentait la seule manière d’assurer un futur au Salvador.  Elle s’est félicitée que son gouvernement puisse désormais se consacrer à l’économie et au commerce international.  Ce dernier thème exige le développement des industries de technologie, l’adaptation aux changements climatiques et la transition vers une énergie verte, a-t-elle estimé.  Dans ce but, son pays a franchi des étapes importantes, a-t-elle poursuivi, citant l’amélioration des accès à Internet et l’inauguration d’un data center de grande envergure en collaboration avec Google.

M. JÜRGEN STOCK, d’INTERPOL, confirmant l’adhésion de son organisation au Pacte pour l’avenir, a mis l’accent sur le rôle crucial joué par les forces de l’ordre pour garantir la sécurité et la prospérité des communautés du monde entier, renforçant ainsi les bases du développement.  Il a rappelé qu’en 2017, INTERPOL avait lancé les Objectifs mondiaux en matière de police, qui proposent un modèle permettant à la communauté chargée de l'application des lois de faire progresser le Programme 2030, en complémentarité avec les objectifs de développement durable des Nations Unies. En outre, l'Assemblée générale des Nations Unies doit adopter durant l’année la quatrième révision de sa résolution sur la coopération entre INTERPOL et l'ONU. Face à la coopération mondiale entre réseaux criminels, l’orateur a appelé à adopter une architecture de sécurité mondiale unique et solide, qui garantisse l’inclusivité de l’information, des réseaux et de l’accès à la technologie.  Il également appelé à restaurer et maintenir la confiance dans les institutions conçues pour protéger la paix, la sécurité et la prospérité, en faisant évoluer les approches pour relever les défis émergents de manière responsable, éthique et avec une intégrité sans faille. RAS

M. KEVIN CASAS-ZAMORA, Secrétaire générale de l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale, a déclaré qu’il voulait vivre dans un monde qui ne tolère plus que 81 personnes soient plus riches que la moitié de l’humanité éprise de démocratie.  Le Pacte pour l’avenir est notre meilleure chance, non pas de créer le paradis sur Terre qui est toujours une idée dangereuse, mais d’édifier un monde qui soit un petit peu plus respectueux de la dignité de chaque être humain. 

M. ERNESTO OTTONE, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a déclaré qu’il n’y a pas de futur viable lorsque 250 millions de jeunes à travers le monde sont privés du droit fondamental à l’éducation.  Il y a donc un travail supplémentaire à faire en ce sens, notamment pour l’éducation des filles.  Il est également essentiel que le Pacte pour l’avenir favorise l’échange de technologie afin de combler le fossé existant en la matière entre les pays.  Il a aussi plaidé pour la préservation des biens culturels et des sites appartenant au patrimoine mondial, dans la droite ligne de l’article 11 du Pacte pour l’avenir.  Son adoption est une avancée majeure, mais il faut aller plus loin en faisant en sorte que la culture soit élevée au rang d’objectif à part entière dans le Programme de développement durable post 2030 qui est encore à construire, a dit l’orateur. 

M. RAFAEL MARIANO GROSSI, Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a jugé bon de rappeler, lorsque les divisions politiques, les changements climatiques, la guerre, la faim et la maladie semblent éclipser nos efforts, que « la meilleure façon de prédire l’avenir est de le construire ».  Il a ajouté que le monde dispose des outils pour relever ces défis, sous forme de connaissances, de technologie, de moyens financiers, de la diplomatie et d’institutions internationales solides.  Parmi ces dernières, l’AIEA met au service de ses 180 États membres « les outils de la science et de la technologie nucléaires qui sauvent et renforcent la vie, contribuant ainsi directement aux objectifs de développement durable », a expliqué M. Grossi, qui a détaillé le travail de son agence, notamment dans les domaines de la santé et de l’agriculture.  Faisant observer que l’énergie nucléaire fournit environ un quart de l’électricité mondiale à faible émission de carbone et qu’il reste beaucoup à faire pour atteindre les objectifs climatiques énoncés dans l’Accord de Paris, il a rappelé que l’AIEA aide les États, en particulier les pays en développement, à élargir leurs programmes nucléaires civils ou à s’y lancer en toute sécurité. 

M. Grossi a ensuite rappelé le rôle de l’AIEA dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales en appliquant les garanties nucléaires prévues par le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), grâce à un système d’inspection permanent, et en facilitant la mise en place de zones exemptes d’armes nucléaires.  Son travail dans différentes régions du monde et notamment en Iran et en Syrie, contribue à la stabilité internationale, a-t-il exposé.  Il a également rappelé le travail de l’AIEA pour éviter tout accident radiologique ou nucléaire dans le cadre du conflit en Ukraine, notamment dans la centrale de Zaporizhzhia, ou encore pour s’assurer de l’innocuité des rejets des eaux de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi au Japon. 

En conclusion, le Directeur général de l’AIEA a mis en avant ses efforts depuis sa nomination pour augmenter la part des femmes dans son agence, passée de 30% à 48%, ainsi que son programme de bourses pour favoriser la diversité.  « L’AIEA est un acteur multilatéral clef pour faire du Pacte pour l’avenir une réalité », a-t-il conclu. 

Mme BYANYIMA, du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), a rappelé qu’une responsabilité commune et une solidarité mondiale doivent nous unir, aucun pays ni aucune entité à eux seuls ne pouvant résoudre des problèmes comme celui de la pandémie de VIH/sida.  Il faut faire en sorte que les bienfaits de l’innovation scientifique soient mis en commun par tous les pays et partager les ressources financières.  Aujourd’hui, a-t-elle expliqué, nous sommes confrontés à un défi: les pays les plus vulnérables face au VIH/sida sont les plus en difficulté, ce qui suppose une restructuration de la dette pour mutualiser les ressources.  La riposte collective au VIH devrait être une source d’inspiration pour réaffirmer notre attachement au multilatéralisme. 

M. PIERRE KRÄHENBÜHL, Directeur général du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a salué le fait que le Pacte pour l’avenir précise qu’il existe une voie pour un avenir plus radieux, sur la base de la coopération internationale.  Rappelant que cette année marque le soixante-quinzième anniversaire des Conventions de Genève de 1949, il a rappelé que tous les États Membres de l’ONU se sont engagés à garantir le respect de ces règles, « dans les propos comme dans les actes ».  Le droit international humanitaire exige que les parties belligérantes ne s’attaquent qu’à des cibles militaires et prennent toutes les précautions pour minimiser les dégâts causés aux civils, a-t-il souligné, avant d’encourager les États à utiliser leur influence pour s’assurer que ce principe soit bien mis en œuvre. Les parties doivent également autoriser et faciliter la circulation de l’aide humanitaire.  Or, « des millions de personnes en zone de guerre, souvent victimes d’attaques aveugles, manquent du soutien humanitaire le plus élémentaire ».  Pour le représentant, la destruction des infrastructures civiles essentielles pourrait être évitée si les attaques étaient limitées et basées sur les principes de proportionnalité et de distinction.  La réalité, a-t-il ajouté, est que les effets de la destruction et de l’abandon entraînent des conséquences terribles pour les jeunes générations. 

« L’avenir est créé aujourd’hui », a déclaré M ABOUL GHEIT, de la Ligue des États arabes, pour qui ce Sommet doit lancer un message fort pour un avenir meilleur.  Il a insisté sur l’importance du multilatéralisme pour venir à bout des enjeux urgents dans le monde, comme le financement climatique, la crise de l’endettement, les défis des nouvelles technologies et la lutte contre la pauvreté. Cependant, l’enjeu principal que doivent relever l’ONU et la communauté internationale restent la paix et la sécurité dans le monde.  Sans cela, les autres objectifs ne pourront être atteints.  Pourtant aujourd’hui, le Conseil de sécurité ne reflète plus le monde et ne sert plus le multilatéralisme de façon efficace, a-t-il constaté, en prenant pour exemple la paralysie du Conseil face au conflit à Gaza.  Et « aujourd’hui c’est le tour du Liban ».  Il a appelé à un sursaut pour éviter un embrasement régional.

Mme CELIK, Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), a indiqué que deux tiers de la population mondiale vivra dans les villes d’ici à 2050, et qu’ONU-Habitat est prêt à soutenir l’engagement pris par les États Membres dans le cadre du Pacte pour l’avenir pour garantir un accès à des logements sûrs et appropriés pour tous.  Nous aiderons également les pays en développement à planifier et à créer des villes résilientes et durables et appuierons l’accès aux services essentiels dans les villes.  Lorsqu’elles sont bien planifiées, les infrastructures urbaines, de même que les logements et les services, peuvent changer les vies des populations des villes en les rendant plus durables et plus résilientes. 

La représentante a encouragé les États Membres à penser le développement urbain durable en coopération avec les autorités locales et régionales et à doter ses dernières de ressources.  Il faut aussi s’appuyer sur la participation des jeunes afin de promouvoir la stabilité et la sécurité sur le long terme, et de pacifier les sociétés en veillant à ce que personne ne soit laissé pour compte.  Les risques de catastrophes peuvent également être mieux gérés, notamment grâce aux technologies numériques. 

M. SALAZAR XIRINACHS, de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a déclaré que le Pacte pour l’avenir est un pas dans la bonne direction pour réformer les structures internationales qui à ce jour ne sont ni représentatives ni équitables.  Le monde et la région d’Amérique latine et des Caraïbes, en particulier, gagneraient à vivre dans un monde multipolaire qui permettrait de faire avancer la réalisation des objectifs de développement durable et de relever le défi des changements climatiques.  À la quarantième session de la CEPALC qui aura prochainement lieu au Pérou, les discussions porteront sur les engagements pris à ce Sommet de l’avenir et de leurs incidences sur la région, a annoncé l’orateur. 

Mme ACKSON, Présidente de l’Union interparlementaire (UIP), s’est félicitée de la voix claire qu’a établie le Pacte pour l’avenir afin de progresser vers les ODD et de réparer le système multilatéral abimé.  Elle a applaudi la reconnaissance de la Mesure 55 qui souligne la nécessité de renforcer les liens entre les 180 parlements nationaux de l’UIP et les Nations Unies.  Nous attendons avec intérêt de travailler avec les États Membres pour mieux intégrer les parlements dans les processus au sein des Nations Unies, s’est réjouie la représentante.  D’année en année, notre objectif final est de rendre l’ONU plus apte et plus fiable afin que cette organisation puisse tenir ses engagements, a-t-elle conclu. 

M. LARIO, Fonds international de développement agricole (FIDA), a déclaré que dans quelques années, les progrès dans la lutte contre la famine seront dans l’impasse, à moins de prendre des mesures urgentes et drastiques.  Près de 600 millions de personnes n’auront pas assez à manger, a-t-il averti.  Il a expliqué que l’humanité dépend des 3,7 milliards de petites productions agricoles pour leur subsistance, et que la moitié de l’alimentation provient de ces petits producteurs.  Pourtant, la faim et la pauvreté sont concentrées dans les zones rurales et les communautés rurales.  Il a appelé à intégrer ces communautés en première ligne de la lutte contre la faim, la pauvreté et les changements climatiques, et à investir davantage dans les zones rurales. Il faut des investissements ciblés et effectifs afin de porter assistance aux populations et aux pays qui en ont le plus besoin. 

Aujourd’hui, a indiqué le représentant, moins d’un tiers du financement pour le développement en matière d’aide alimentaire parvient à ces personnes. Et une part minime de ce financement parvient aux petits producteurs qui sont en première ligne dans la lutte contre les changements climatiques.  Il a appelé à répondre aux besoins individuels des pays, notamment en prévoyant des taux préférentiels pour les pays les plus endettés.  Il faudra également mobiliser les investissements du secteur privé. 

Mme IFIGENEIA KONTOLEONTOS, de l’Organisation internationale de la Francophonie–OIF, a dit avoir apprécié l’inclusivité des processus qui ont mené à l’adoption du Pacte pour l’avenir. Expliquant que la Francophonie « œuvre constamment pour un multilatéralisme revigoré », elle a rappelé le plaidoyer mené par l’OIF pour la bonne prise en compte de la diversité culturelle et linguistique dans le Pacte numérique mondial.  Par ailleurs, l’OIF appelle à une réforme de l’accès au financement concessionnel du développement qui prenne en compte la vulnérabilité dans toutes ses dimensions, économique, sociale et environnementale. Dans le domaine du maintien de la paix, la Francophonie plaide pour la prise en compte du multilinguisme et des compétences interculturelles, « vecteurs d’efficacité dans la mise en œuvre des mandats complexes des opérations de paix ». L’oratrice s’est aussi félicitée du consensus qui s’est dégagé sur la nécessité d’honorer, de préserver et de promouvoir la diversité culturelle et linguistique au bénéfice des générations futures, et de ce que le Pacte pour l’avenir ait prévu des actions destinées à protéger et promouvoir la culture comme composante intégrale du développement durable. Elle a assuré que la communauté francophone veillera à faire fructifier les résultats du Sommet de l’avenir, notamment à l’occasion du prochain Sommet de la Francophonie, qui se tiendra début octobre en France.

M. ALBUDAIWI, Conseil de coopération du Golfe (CCG), a salué l’adoption du Pacte pour l’avenir dont il partage la vision.  Regrettant le ralentissement marqué dans la réalisation des ODD, pourtant l’une des priorités du CCG avec l’action climatique et le financement du développement, il a indiqué que le Conseil joue un rôle important dans plus de 90 pays dans le monde en soutien aux ODD.  Il est attaché au renforcement de la paix à travers le règlement pacifique des différends.  Quant au règlement de la question de la Palestine, le représentant a insisté sur le fait que cela doit se faire sur la base du droit international. 

La Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), Mme NATALIA KANEM, a fait valoir que les changements démographiques -croissance de la population, vieillissement, migration- remodèlent notre monde et notre avenir.  Dans un monde de plus de 8 milliards d’habitants en constante évolution, il faut veiller à ce que la dynamique démographique soit prise en compte dans les plans de développement, en mettant l’accent sur les droits, les choix, la dignité et l’égalité, a insisté la haute responsable.  Cela signifie qu’il faut investir dans le capital humain -dans la santé, l’éducation et l’autonomisation des femmes et des jeunes- a-t-elle souligné, en rappelant que ces investissements sont très rentables et qu’ils ont des effets d’entraînement sur plusieurs générations. 

Mettant l’accent sur le 1,9 milliard de jeunes qui ont le pouvoir de transformer le monde, Mme Kanem a appelé à investir dans leur potentiel et à soutenir leur leadership, affirmant qu’ils « ont le droit fondamental de participer au développement durable, à l’action humanitaire et au maintien de la paix ».  En tirant parti de la science, des données et des statistiques, combinées à la prospective stratégique, il est possible de penser au présent et de préparer l’avenir, a-t-elle souligné, en encourageant les États Membres à adopter et façonner la technologie qui transforme notre monde et notre travail. 

Notant que la fracture numérique entre les hommes et les femmes n’est pas seulement due à un manque de disponibilité et d’accessibilité des technologies, mais aussi à des normes sociales et sexospécifiques néfastes qui limitent l’autonomie des femmes et des jeunes filles, Mme Kanem a demandé qu’en comblant le fossé numérique, on veille aussi à ce que la technologie favorise l’autonomisation et l’égalité des sexes plutôt que de perpétuer la violence.

Mme ALYAHYA, de l’Organisation de coopération numérique, a estimé que le Pacte numérique mondial constitue une feuille de route ambitieuse pour un avenir numérique inclusif, ouvert, durable, juste, sûr et sécurisé pour tous. Le véritable défi consiste selon elle à traduire ces engagements en actions, en particulier alors que nous nous efforçons d’atteindre les ODD.  À cet égard, elle a noté que le fossé en matière d’intelligence artificielle représente un obstacle important, certains pays progressant rapidement en matière d’innovation, tandis que d’autres ont du mal à suivre le rythme.  Dans le même temps, a-t-elle poursuivi, « la fracture numérique entre les sexes continue de limiter l’accès des femmes à la technologie et aux opportunités ».  Si nous ne relevons pas ces défis interconnectés, nous risquons de laisser des communautés entières pour compte, a averti l’intervenante, dont l’organisation s’emploie à accélérer la croissance inclusive et durable de l’économie numérique en Afrique, en Asie, en Europe et au Moyen-Orient, touchant plus de 800 millions de personnes.  Elle a ajouté que, lors de ce Sommet, l’Organisation de coopération numérique a lancé un outil innovant qui fournit des informations détaillées sur les performances de l’économie numérique dans 50 pays, mettant ainsi en pratique certains des principes du Pacte numérique mondial. 

M. BLANCO, de l’Organisation des États ibéro-américains pour l’éducation, la science et la culture, a indiqué qu’en tenant compte des tendances actuelles, la région Amérique latine et Caraïbes n’est en passe d’atteindre que 22% des cibles des ODD, précisant que l’ODD no 2 (Faim « zéro ») et l’ODD no 13 (Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques) affichent les résultats les plus inquiétant avec des reculs dans plus de 50% des indicateurs analysés. 

Le représentant a expliqué que la région est parvenue à une éducation primaire quasi universelle (97%), à des progrès significatifs dans l’éducation secondaire (77%), et à un bon spectaculaire dans l’éducation supérieure. En revanche, les écarts d’accès à l’éducation en fonction du niveau socioéconomique, du sexe, de la zone de résidence et de l’appartenance ethnique persistent, a-t-il tempéré, ajoutant que la qualité de l’apprentissage posait aussi problème: à 15 ans, trois jeunes sur quatre n’ont pas acquis les compétences fondamentales en mathématiques et un sur deux en lecture.  De plus, moins de 50% de la population de la région dispose d’une connectivité fixe à large bande et seulement 10%, de la fibre optique à domicile, a-t-il regretté, s’inquiétant des effets de cette « fracture numérique » sur sa capacité à tirer pleinement parti de la révolution de la numérisation et de l’émergence de l’intelligence artificielle. 

Mme GRETHEL AGUILAR ROJAS, Directrice générale de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), a rappelé l’impact dévastateur de l’humanité sur la nature avant de rappeler que « les humains ne sont pas propriétaires du monde ».  Si nous voulons assurer l’avenir de notre planète, nous devons apporter des changements transformateurs pour la nature et les populations, a-t-elle ajouté.  Elle a vu une « lueur d’espoir » dans quelques récents succès dans les accords multilatéraux sur la nature et l’action climatique, citant le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal et le Traité sur la haute mer, tout en jugeant essentiel d’en assurer désormais la mise en œuvre.

Pour l’UICN, il faut placer la nature au centre des systèmes sociaux et économiques mondiaux et changer la relation entre les hommes et la nature, afin que la nature offre des solutions aux hommes et que les gens gèrent la nature de manière équitable et efficace.  Mme Aguilar a plaidé pour un passage à une économie circulaire mondiale, soutenu par des processus décisionnels inclusifs et participatifs incluant réellement les jeunes, les peuples autochtones et les communautés locales, avec des considérations de genre, et qui soient étayés par la science.  À cet égard, elle a salué le Pacte pour l’avenir en tant qu’engagement renouvelé des États membres en faveur du multilatéralisme, tout en regrettant qu’il « n’ait pas pleinement réalisé le changement transformateur nécessaire pour la nature et le climat ». 

M. PHILIPPE LAZZARINI, Commissaire générale de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), a exprimé que le Pacte pour l’avenir était l’occasion de renouveler les principes qui ont été utiles par le passé et de mener les réformes qui sont nécessaires.  Les équipes qui œuvrent au Moyen-Orient font face à des défis de taille, a-t-il poursuivi, rappelant néanmoins les nombreux efforts menés notamment en matière d’enseignement, de vaccination universelle et de traitements contre les maladies. L’ampleur des souffrances humaines devrait nous alarmer, a-t-il averti, estimant que la capacité à répondre à ces souffrances est mise à mal par les tentatives visant à se débarrasser de l’UNRWA et à la classer en tant qu’organisation terroriste.  Nous devons repousser les violations du droit international et les tentatives d’intimidation, a-t-il exhorté, au risque de créer un dangereux précédent. 

M. SHEN XIAOMENG, Vice-Recteur de l’Université des Nations Unies (UNU) pour l’Europe, a dit que le Sommet et le Pacte pour l’avenir représentent un moment décisif pour les générations actuelles et futures.  Dans plusieurs décennies, a-t-il voulu croire, nos enfants regarderont en arrière et reconnaîtront que ce sommet a été un événement capital; ils seront d’accord pour dire que « nous avons été de bons ancêtres et que nous avons jeté les bases d’un monde plus juste, plus durable et plus pacifique ».  Notre avenir sera défini par les engagements collectifs que nous prenons aujourd’hui, a-t-il affirmé: abandonner les combustibles fossiles, renforcer la gouvernance des nouvelles technologies, construire la paix et réformer l’architecture financière internationale.  La science et la recherche joueront un rôle essentiel dans ce changement en ce qu’elles éclaireront l’élaboration des politiques et des solutions et garantiront qu’elles auront un impact réel.  L’UNU, grâce à ses activités de recherche et d’enseignement collaboratives, est une source de connaissances impartiales, d’éléments probants et de solutions politiques, a fait valoir le responsable, en rappelant qu’elle a participé à l’élaboration du Pacte pour l’avenir et qu’elle s’engage à ce qu’il soit mis en œuvre avec succès. « Nous vous offrons un pont vers la communauté scientifique », a-t-il souligné, dans la mesure où l’UNU offre un espace neutre pour tester des idées et créer de nouvelles coalitions.  RAS

Pour M. ROBERT FLOYD, Secrétaire exécutif de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (OTICE), « l’avenir est vaste!  Où allons-nous y vivre?  Dans les bons quartiers?  Les mauvais quartiers?  C’est à nous de décider.  Mais une chose est sûre: si les essais d’armes nucléaires reprennent, notre avenir commun ne sera pas brillant. »  Rappelant que le monde avait connu 900 essais d’armes nucléaires entre Hiroshima et la signature du Traité  sur la non-prolifération nucléaire en 1968 et que les essais avaient continué ensuite, M. Floyd a insisté sur le caractère vital du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) pour le monde plus sûr envisagé par le Pacte pour l’avenir.  Il a ensuite mis en avant le caractère « intelligent » du TICE, la transparence de son fonctionnement et son efficacité, alors même qu’il n’est toujours pas entré en vigueur.  Dans la période actuelle, « inquiétante, voire dangereuse », il a estimé que, pour éviter un conflit nucléaire et libérer le monde des armes atomiques, mettre fin aux essais une fois pour toutes constituerait « un grand pas ». 

Alors que les changements majeurs souhaités par le Pacte vont requérir des investissements majeurs, M. Floyd a assuré qu’« arrêter les essais nucléaires coûte si peu!  Il suffit de notre volonté collective, puis de l’action de quelques-uns ».  Présentant le TICE comme « l’une de nos plus grandes réalisations communes », il a jugé qu’il était « temps de terminer le travail » en le faisant entrer en vigueur.  « Si ce Sommet amène toutes les nations du monde à faire preuve d’audace, choix de principe, que celui-ci en fasse partie.  Ce sera un succès historique! », a-t-il conclu.

Mme COKE-HAMILTON, du Centre international pour le commerce, a attiré l’attention sur la situation des femmes-entrepreneures qui gèrent des entreprises et qui relèvent des défis liés à la sécurité alimentaire et à la santé.  Ce sont des personnes qui trouvent de nouvelles manières de soutenir leur famille par le biais notamment du numérique tout en échangeant leur expertise dans le monde entier.  La représentante a ajouté que les jeunes nous apprennent aussi comment sauvegarder l’environnement tout en créant de nouveaux emplois.  Ils sont des sources d’inspiration.  Elle a appelé à placer les entreprises et le commerce au cœur des efforts de mise en œuvre du Pacte qui, a-t-elle ajouté, doit permettre aux petites entreprises de participer pleinement à l’économie numérique, et soutenir les jeunes entrepreneurs et innovateurs. 

Mme BAHOUS, Directrice exécutive d’ONU-Femmes, s’est félicitée de ce que l’égalité des genres et les droits des femmes et des filles fassent partie du Pacte pour l’avenir.  Nous avons désormais, a-t-elle dit, des preuves solides du rôle de l’ODD no 5 comme accélérateur de l’ensemble du Programme 2030.  Toutefois, les données les plus récentes nous montrent que nous ne sommes pas sur la voie bonne voie.  Sans un changement, il faudra 137 ans pour éradiquer la pauvreté extrême chez les femmes et les filles, 68 ans pour mettre fin aux mariages précoces et 39 ans pour instaurer la parité dans les parlements.  Elle a parlé de la Conférence de Beijing, qui fête cette année son trentième anniversaire, comme du programme d’action le plus visionnaire.  C’est pourquoi ONU-Femmes attend avec intérêt un pacte Beijing +30, aligné sur le Pacte pour l’avenir.  Nous voulons travailler avec toutes les parties prenantes pour mobiliser les ressources nécessaires et soutenir le rôle crucial de la société civile autour des problématiques liées à l’égalité des genres. 

M. O’BRIEN, du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), a remarqué que le succès du Pacte pour l’avenir dépendra de la manière dont les politiques sont appliquées dans les budgets nationaux.  « Pour les citoyens les plus jeunes, nous avons énormément accompli durant ces dernières décennies, mais des millions d’enfants sont toujours confrontés à des crises multiples, telles que les conflits et la pauvreté », a-t-elle expliqué.  Estimant que les enfants définiront l’avenir, elle appelé la communauté internationale à faire de leur droit à être entendu un élément central des efforts collectifs.  Elle a rappelé la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE), le traité sur les droits humains le plus ratifié de l’histoire, mais a remarqué que nous ne sommes pas en bonne voie pour réaliser les ODD, en particulier ceux qui incluent les droits de l’enfant.  En conclusion, elle a enjoint les gouvernements d’augmenter leurs investissements. 

M. ASAD KHAN, Secrétaire général de l’Organisation de coopération économique (OCE), a salué l’adoption du Pacte pour l’avenir, et le fait que ce sommet ait également donné la priorité à la technologie par le biais du pacte numérique mondial, il a fait valoir que les technologies restent un facteur d’égalité et un multiplicateur de force pour de nombreuses personnes dans les pays en développement.  Il est crucial d’honorer les engagements pris et de les faire fructifier, a-t-il insisté. À une époque où le multilatéralisme n’est souvent pas à la hauteur, où notre capacité à trouver un terrain d’entente pour relever des défis urgents est de plus en plus limitée, où l’optimisme pour des solutions gagnant-gagnant semble s’estomper, le régionalisme coopératif est la voie à suivre en tant qu’élément constitutif d’un multilatéralisme inclusif et plus efficace, a-t-il argué.  Pour sa part, l’OCE a élaboré l’ECO Vision 2025, qui vise à stimuler le commerce, à améliorer la connectivité, à assurer la transition vers l’énergie verte et à promouvoir la croissance économique durable et le bien-être des populations. 

Mme SERVAT, de l’Union postale universelle (UPU) a regretté l’absence de mention des contributions des personnes âgées dans le Pacte pour l’avenir.  « Les jeunes d’aujourd’hui sont pourtant les personnes âgées de demain. » Il faut relever ce défi, a-t-elle dit.  Le Pacte numérique mondial reconnaît certes largement les groupes vulnérables mais ne parle pas spécifiquement des personnes âgées.  Ce manquement est troublant vu que les personnes âgées font également partie des groupes les plus touchés par la fracture numérique.  Les membres du groupe inter-agences des Nations Unies sur le vieillissement sont prêts à soutenir les États Membres et à travailler en partenariat avec toutes les parties prenantes à ce sujet. 

Déclaration de clôture

Dans sa déclaration de clôture, le Président de l’Assemblée générale, a d’abord félicité les États Membres qui ont travaillé avec engagement et solidarité au cours des deux dernières années pour réaliser ce jalon et pour renforcer la coopération internationale, la rendant plus efficace.  Toutefois, a prévenu M. Philémon Yang, notre travail ne fait que commencer. Le Sommet de l’avenir est un grand pas dans nos efforts pour aller plus vite et de façon plus intelligente dans la réalisation des ODD, le plan d’action d’Addis-Abeba et l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  Le Pacte devrait galvaniser notre engagement à travailler ensemble à l’avenir, notamment lors de la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral qui se tiendra au mois de décembre de cette année et de la quatrième Conférence sur le financement du développement au mois de juillet 2025. 

Le Président a souhaité que les vues et les idées échangées à l’occasion du Sommet inspireront de nouvelles initiatives dans les pays et les régions mais également à l’ONU.  Les États Membres doivent faire des actions décisives et réaliser des progrès réels. Il ne faut jamais perdre de vue les vies perdues en raison de la pauvreté et de la famine, ni celles et ceux qui souffrent des affres des conflits, de la violence et du dénuement. Enfin, a dit le Président, il ne faut pas perdre de vue ces générations futures à qui nous devons nos meilleurs efforts pour faire advenir un monde qui permette la prospérité et l’essor de toute l’humanité en ne laissant personne de côté.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Sommet de l’avenir: les participants au troisième dialogue interactif examinent comment réduire les fractures numériques pour bâtir un avenir numérique commun

Soixante-dix-neuvième session,
Sommet de l’avenir, Dialogue 3 - matin
AG/12631

Sommet de l’avenir: les participants au troisième dialogue interactif examinent comment réduire les fractures numériques pour bâtir un avenir numérique commun

« Les ordinateurs nous demandent parfois si nous sommes des robots. Prenons-les aux mots et demandons-nous si nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir d’êtres humains pour rendre véritablement l’espace numérique plus solidaire, juste et inclusif. »

Ce propos de la Ministre de l’information, de la communication et des technologies de l’Eswatini a donné le ton de la troisième discussion thématique du Sommet pour l’avenir.  Les participants à cette table ronde ont réfléchi, ce matin, aux moyens de réduire la fracture numérique, notamment en mettant en œuvre le Pacte numérique mondial, la feuille de route dont s’est dotée l’ONU pour créer un avenir numérique ouvert, libre et sécurisé pour tous autour de principes partagés par l’ensemble des États Membres.  L’Envoyé spécial du Secrétaire général pour les technologies a appelé ces derniers à « rivaliser d’initiatives multilatérales » pour que le Pacte, première approche holistique en la matière, soit couronné de succès et porte ses fruits socioéconomiques au bénéfice de tous les citoyens du monde. 

Le défi africain 

La situation particulière de l’Afrique, où 75% de la population est toujours hors ligne, a été largement évoquée au cours d’une discussion à laquelle les pays, des organisations régionales, des représentants du système onusien et de la société civile ainsi que des acteurs privés du numérique sont intervenus sous la coprésidence du Président des Maldives et celui de l’Estonie. 

Des Ministres de Sao Tomé-et-Principe, du Burkina Faso, du Ghana et de l’Érythrée ont insisté sur les forces et les faiblesses du continent dont, ont-ils souligné, le capital humain sera une force incontournable qui façonnera l’avenir technologique, économique et culturel du monde de demain.  Pour ces pays, l’Afrique est une aire d’innovations qui peut servir de modèle à tous, en matière de gestion des ressources, de prévention des catastrophes naturelles, d’agriculture de précision ou encore d’utilisation des drones de surveillance des terres, l’Afrique possédant près de 80% des terres arables du globe.  Mais la fracture numérique ralentit le développent de tout le continent africain, a-t-il été rappelé, ce qui affecte l’accès des populations à l’emploi, à la santé et à l’éducation. 

Pour rattraper le retard technologique et réduire le fossé numérique entre nantis et démunis, de nombreux appels ont été lancés en faveur d’un accès universel à la connectivité.  Les États et des associations de startups africains ont souligné l’importance que l’ONU, le principal catalyseur de la mise en œuvre du Pacte, et les géants industriels du numérique les accompagnent sur la voie de cette véritable quatrième révolution industrielle qu’est l’industrie du futur. 

Poursuivre l’électrification de l’Afrique, réduire sa dépendance numérique extérieure en réduisant le coût d’accès aux terminaux mobiles et aux centres de donnés, faciliter la participation des acteurs du numérique du Sud dans les grandes manifestations internationales sur les technologies de l’information et des communications (TIC), investir dans les infrastructures des pays en développement par le biais de financements innovants, telles sont les actions urgentes à mener, selon ces délégations, pour sortir les nations d’Afrique de l’exclusion technologique. 

Plusieurs initiatives ont d’ores et déjà été lancées

Les représentants de l’Union internationale des télécommunications (UIT), de Microsoft, de l’Union européenne et du Conseil de l’Europe ont réagi en présentant les initiatives concrètes que leurs organisations ont lancées en partenariat avec des gouvernements africains pour répondre à ces besoins.  Ainsi ont été mentionnés Giga, une initiative conjointe de l’UIT et de l’UNICEF qui vise à connecter toutes les écoles à Internet d’ici à 2030, ou encore un projet commun de l’UIT et de Microsoft visant à dresser la carte exhaustive des communautés africaines encore non connectées afin de déployer le haut débit dans le foyer de 250 millions de personnes à travers le continent à l’horizon 2025.  Le Premier Ministre norvégien a indiqué que la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et l’Union européenne étaient engagées dans l’objectif de fournir l’électricité à 600 millions de personnes en Afrique, également d’ici à la fin de la décennie, les services numériques étant particulièrement énergivores. 

De son côté, le représentant du Conseil de l’Europe a vanté la portée de la nouvelle Convention-cadre sur l’intelligence artificielle récemment adoptée par les 46 États membres du Conseil, la qualifiant de traité international unique en son genre.  Ouvert à la signature à tous les pays du monde, ce document fixe des règles contraignantes pour garantir que les systèmes nationaux et internationaux d’IA respectent les droits humains, la démocratie et l’état de droit au lieu de les affaiblir. 

Ce dernier point, touchant aux questions de sécurité internationale a fait l’objet de nombreux commentaires.  La Finlande, dans une allusion au « comportement irresponsable » de la Fédération de Russie en matière de cybersécurité, a par exemple fait remarquer que depuis le début de la guerre en Ukraine la technologie -qui doit être une force pour le bien et non pas pour amplifier les conflits et semer l’instabilité-, fait désormais partie de la politique étrangère et sécuritaire du Gouvernement finlandais.  Le Burkina Faso a souligné combien le combat contre le terrorisme qui mine son développement doit passer par l’alphabétisation numérique, la lutte contre la désinformation et les inégalités sociales.  Les partenariats régionaux et internationaux qui visent le renforcement des capacités technologiques des pays en développement, pour notamment numériser leurs services publics, doivent respecter les aspirations du peuple et sa souveraineté, a-t-il été dit par ce pays. Le Premier Ministre de l’Albanie a, quant à lui, attiré l’attention sur les cyberattaques de la part de l’Iran contre des infrastructures vitales de son pays, appelant au renforcement international de la cybersécurité afin que la culture numérique demeure une promesse de progrès vers un monde meilleur pour tous. 

Les enjeux éthiques d’une coopération numérique en matière d’information, dans un monde en proie au conflit et aux crises de confiance à l’égard des politiques et du multilatéralisme ont également été abordés. La Secrétaire générale adjointe à la communication globale des Nations Unies a souligné la nécessité de mettre en place un écosystème informationnel sain.  À cette fin, les Principes mondiaux des Nations Unies pour l’intégrité de l’information du Secrétaire général de l’ONU, lancés en juin dernier, forment une feuille de route pertinente, qui soutient la réalisation des objectifs du Pacte, en termes de lutte contre la mésinformation et la désinformation et les discours de haine.  La haute fonctionnaire a précisé que les Principes demandent aux acteurs de l’IA de protéger les droits humains en mettant en œuvre leurs applications de manière responsable, qu’ils appellent les géants du Web à cesser de monétiser les contenus malsains et qu’ils exhortent les réseaux sociaux et les gouvernements à veiller à la protection des usagers contre les préjudices en ligne. 

En ce qui concerne la réduction de la fracture numérique entre les sexes, l’Arabie saoudite a défendu son bilan en matière d’égalité de genres, 35% des salariés saoudiens du secteur des TIC et de l’IA étant des femmes.  La Russie a souligné pour sa part que la majorité des dispositifs numériques et collaboratifs des dizaines de villes « intelligentes » russes étaient dirigés par des femmes. 

Enfin, sur le plan linguistique, le Brésil a présenté les grandes lignes de son plan national de préservation et de valorisation des cultures lusophones et autochtones qui repose intégralement sur les outils numériques de l’IA. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Sommet de l’avenir: « il faut agir aujourd’hui, car demain il sera trop tard » pour renforcer le système mondial, exhortent les participants au quatrième dialogue interactif

Soixante-dix-neuvième session,
Sommet de l’avenir, Dialogue 4 – après-midi
AG/12632

Sommet de l’avenir: « il faut agir aujourd’hui, car demain il sera trop tard » pour renforcer le système mondial, exhortent les participants au quatrième dialogue interactif

L’action climatique, la participation des jeunes et des femmes, ainsi qu’une gouvernance mondiale plus juste font partie des pistes identifiées pour préparer l’avenir dès aujourd’hui, ont relevé États Membres, organismes onusiens et organisations de la société civile qui prenaient part au quatrième et dernier dialogue interactif du Sommet de l’avenir cet après-midi.  Une session qui avait pour thème « L’avenir commence maintenant: renforcer le système mondial pour les générations actuelles et futures ». 

En ouvrant la session, le Premier Ministre de Sint Maarten, s’exprimant au nom des Pays-Bas, a d’ailleurs assuré que son pays prépare déjà l’avenir.  C’est pourquoi l’idée d’agir pour les générations présentes et futures a été institutionalisée, a précisé M. Luc Mercelina.  « Il faut agir ensemble », a renchéri l’autre coprésident de session, le Premier Ministre de la Jamaïque qui s’exprimait également à l’entame de la session.  M. Andrew Holness a aussi appelé à faire que le système multilatéral serve à bâtir le XXIe siècle. 

Parier sur l’action climatique

« Soit nous réussissons ensemble, soit nous échouons ensemble », a lancé la Directrice exécutive du Fonds vert pour le climat qui appelait à la mobilisation de tous les acteurs.  Mme Mafalda Duarte a relevé que les mesures prises par le monde contre les changements climatiques ont permis d’atténuer le niveau d’élévation de la température terrestre, même s’il reste encore beaucoup à faire.  Elle s’est inquiétée du fait que les investissements du secteur énergétique dans les pays en développement ont baissé de 20% depuis l’année 2016.  Pour sa part, le Fonds vert a alloué 30 milliards de dollars à plus de 130 pays en développement.  Elle a plaidé pour un budget conséquent d’ici à 2050, afin de passer à des partenariats climatiques encore plus ambitieux. 

L’Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe (OSCE) a expliqué mettre l’accent sur la coopération régionale dans la lutte contre les changements climatiques.  Les solutions intrarégionales offrent des options pouvant s’étendre au niveau mondial en cas de succès, a relevé l’OSCE.  En Europe justement, l’Espagne entend mobiliser 1,3 milliards d’euros d’ici à l’année 2035 pour l’action climatique, a promis son Premier Ministre. 

Le Conseiller pour les questions climatiques du Président des États-Unis a pour sa part évoqué l’investissement que son pays fait en faveur de l’adaptation aux changements climatiques à travers le monde grâce à un programme ciblant un milliard de personnes.  Il faut que toutes les grandes économies agissent, a-t-il lancé.  De l’action a aussi été demandée par le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale des Comores.  La survie de notre nation dépend de la solidarité internationale, a-t-il plaidé, expliquant que son pays vit désormais au rythme de la montée du niveau des eaux. 

Ébauchant elle aussi des solutions, l’Organisation internationale de droit du développement a estimé que l’état de droit peut permettre de lutter contre les changements climatiques en promouvant le renforcement des capacités des communautés. La Secrétaire nationale à la planification de l’Équateur a également appelé à des solutions climatiques locales, comme les programmes de protection des Galapagos et de massifs forestiers mis en place par son gouvernement. 

Promouvoir la participation des femmes et des jeunes

Pour de nombreux orateurs, préparer l’avenir signifie s’assurer en outre de la participation de tous à la gestion publique, y compris les femmes et les jeunes, comme l’a relevé le Premier Ministre de la Croatie.  Un jeune de la société civile a aussi appelé à donner la parole aux jeunes dès aujourd’hui, alors que l’Espagne a espéré voir une femme Secrétaire générale de l’ONU, et souhaité que le poste de Président de l’Assemblée générale soit occupé en alternance entre les sexes. 

Malgré ses moyens limités, le Burundi a créé une banque d’investissement des jeunes et une banque dédiée exclusivement aux femmes afin de garantir leur inclusion dans le tissu économique, a déclaré le Ministre des affaires étrangères et du développement de la coopération de ce pays.  L’ONG AARP focalisée sur le vieillissement a évoqué les divers obstacles auxquels font face les personnes âgées.  C’est pour cela que l’élaboration d’une convention internationale est nécessaire, a espéré l’organisation qui a rappelé que l’avenir appartient certes aux jeunes, mais également aux personnes âgées.  La Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question de la violence contre les enfants, Mme Najat Maalla M’jid, a fait le plaidoyer d’un monde exempt de violence contre les enfants. 

Une autre haute fonctionnaire, la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a rappelé que quelques 330 millions d’enfants vivent dans l’extrême pauvreté, et 200 millions souffrent de malnutrition sévère.  Mme Catherine F. Russell a déploré le fait que chaque jour, y compris aujourd’hui, 14 000 enfants perdent la vie du fait de maladies évitables. Elle a appelé à agir pour les enfants, en mettant l’accent sur les plus vulnérables: les filles, les enfants handicapés, et ceux vivant dans des zones de conflit.  Le Pacte pour l’avenir a été conclu, mais le travail ne fait que commencer, a-t-elle lancé à l’endroit des dirigeants du monde qu’elle a invités à devenir des ambassadeurs de la cause des enfants. 

Nous sommes prêts à contribuer, a assuré le Sous-Secrétaire général aux affaires de la jeunesse, M. Julio Felipe Paullier Olivera, qui a salué le fait que le Pacte accorde une place de choix aux jeunes et espéré que leur participation deviendrait la norme et non plus l’exception. 

Réformer la gouvernance mondiale et œuvrer pour la justice et la prospérité

Dans l’optique de bâtir un monde prospère et plus juste, les délégations ayant pris part à cette session n’ont pas manqué d’insister sur les changements nécessaires pour un monde plus juste.  Les réformes commencent à la maison, a suggéré le Ministre de l’environnent de Saint-Kitts-et-Nevis.  C’est pourquoi le pays a pris des mesures pour changer les paradigmes relatifs au développement durable.  Il faut que le monde de demain offre de réelles possibilités de développement, a appuyé le Vice-Ministre des affaires multilatérales et de la coopération du Panama. Il a souligné que le monde basé sur les règles héritées de la Deuxième Guerre mondiale a fait long feu. 

Désormais, le multilatéralisme est remis en question et de nombreuses personnes interrogent même le bien-fondé de l’ONU, a constaté le Conseiller du Gouvernement du Bangladesh.  Pour sa part, le Vice-Premier Ministre du Monténégro a appelé à garder foi dans le multilatéralisme et à parier sur les règles et non sur la force afin de préparer un avenir pacifique pour tous.  Les 18 membres du Forum des îles du Pacifique ont appelé à un système multilatéral qui tienne compte de tous et rende compte à tous. 

La Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie a également proposé une gouvernance internationale plus juste, ce qui passe, entre autres, par la réforme du Conseil de sécurité.  Elle a plaidé pour une réelle participation des pays du Sud à la gouvernance mondiale.  Selon un Ministre de Singapour, la communauté internationale doit en outre parier sur la planification stratégique.  C’est ce que le Gouvernement singapourien a fait en créant une cellule spéciale dédiée auprès du Bureau du Premier Ministre. 

Pour l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), notre avenir est aussi basé sur nos systèmes alimentaires qui doivent être plus résilients, tout en tenant compte des changements climatiques.  Un monde meilleur c’est un monde en bonne santé, a rebondi l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).  Elle a appelé à un accord sur les pandémies afin de protéger la santé en temps de crise.  L’organisation International Treatment Preparedness Coalition a de son côté regretté que la santé n’occupe pas une place de choix dans le Pacte. 

« Je vous mets au défi de mettre en avant les droits humains dans vos prises de décision pour l’avenir », a lancé le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.  M. Volker Türk qui s’adressait aux dirigeants a fait observer que c’est un leadership de ce genre qui fera avancer le monde.  Quoiqu’il en soit, il faut agir aujourd’hui, car demain il sera trop tard, a conclu le Chili. 

Cet échange s'est fait en marge de la discussion générale du Sommet de l’avenir.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Sommet de l’avenir: les dirigeants mondiaux adoptent le Pacte pour l’avenir, le coup d’envoi d’un nouveau multilatéralisme, plus « légitime, juste et efficace »

Soixante-dix-neuvième session, Sommet de l'avenir
3e & 4e séances – matin & après-midi
AG/12627

Sommet de l’avenir: les dirigeants mondiaux adoptent le Pacte pour l’avenir, le coup d’envoi d’un nouveau multilatéralisme, plus « légitime, juste et efficace »

Les dirigeants mondiaux réunis à l’occasion du Sommet de l’avenir, qui se tient pendant deux jours sous les auspices de l’Assemblée générale, ont adopté, ce matin, sous des applaudissements nourris, le Pacte pour l'avenir.  Ils ont ainsi promis de donner « un nouveau départ » au multilatéralisme, conscients que ce n’est « plus une option, mais une nécessité ». 

Si le Secrétaire général de l’ONU a convoqué ce Sommet, c’est en effet parce que « notre monde est en train de dérailler » et qu’il nous faut « prendre des décisions difficiles » pour le remettre sur les rails.  « Nous sommes ici pour préserver le multilatéralisme des affres de l’échec », a expliqué M. António Guterres à l’ouverture de ce Sommet qui rassemble près de 180 chefs d’État et de gouvernement ou ministres. 

« Si nous ne changeons pas de cap, nous risquons de basculer dans un avenir fait de crises permanentes et d’effondrements en série », lit-on dans le texte adopté par consensus, après le vote (143 voix pour, 7 contre et 15 abstentions) d’une motion de non-décision présentée par le Groupe des États d’Afrique.  Cette motion a conduit à rejeter un projet d’amendement soumis par la Fédération de Russie qui critiquait un texte « dicté par les pays occidentaux » et faisant fi du « Sud mondial ».

L’adoption d’un tel amendement ne serait pas de nature à répondre à nos attentes et aspirations légitimes, a opposé le groupe africain par la voix de la République du Congo, soutenue par le Mexique pour qui le texte finalisé était « le meilleur résultat possible ».  Tout le monde a dû faire des compromis, « parfois douloureux », a reconnu la Présidente de la Confédération suisse, appelant à ne pas laisser les seuls intérêts nationaux déterminer notre avenir commun. 

Ce Pacte est une « boussole » pour construire un monde plus juste, a estimé le Chancelier allemand.  Le Sommet pour l’avenir peut être un moment historique, l’occasion d’avancer dans la quête, qui nous tient tous à cœur, d’un avenir commun pacifique et radieux, a appuyé le Président de la Namibie, en soulignant qu’il avait fallu 18 mois de négociations aux côtés de l’Allemagne pour parvenir à ce résultat, les deux pays ayant joué le rôle de cofacilitateurs du processus.

Ce Pacte est assorti de 56 mesures couvrant le développement durable et le financement connexe; la paix et la sécurité; la science, la technologie et l’innovation; la jeunesse et les générations futures; et la transformation de la gouvernance.  En annexe de ce document de 67 pages, figurent le Pacte numérique mondial, qui devrait « définir des principes partagés pour un avenir numérique ouvert, libre et sécurisé pour tous », et la Déclaration sur les générations futures. La jeune génération a d’ailleurs largement participé aux « journées d’action » de la société civile, organisées en amont du Sommet, pour montrer aux dirigeants la voie à suivre. 

Aujourd’hui, la voix des jeunes a résonné haut et fort dans la salle de l’Assemblée générale.  L’occasion pour trois d’entre eux de décrire leurs attentes qui ne sont pas toujours prises en compte, à l’instar d’une représentante des jeunes et membre d’une communauté autochtone aux États-Unis, qui a critiqué le Pacte pour l’avenir au motif qu’il ne mentionne nulle part les droits des autochtones et refuse de reconnaître l’existence d’un colonialisme vert.  Un autre intervenant de la cérémonie d’ouverture, du Qatar, prenant la parole en tant que personne handicapée, a insisté sur le fait que « l’inclusion est un droit fondamental, pas un luxe ».  Quant à l’invitée du Soudan du Sud, réfugiée au Kenya, elle a tenu à invectiver ceux parmi les dirigeants du monde qui font ouvertement des commentaires négatifs sur les réfugiés, leur opposant le fait que personne ne choisit d’être réfugié et que n’importe qui peut le devenir.

Des appels entendus par M. Philémon Yang, Président de la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale, pour qui la voie que nous choisissons doit conduire à un avenir où la dignité humaine est respectée et les droits humains défendus.

Dans un « monde en profonde transformation » et « face à des risques de catastrophes et à des menaces existentielles de plus en plus grands », comme le dit le Pacte, la crise de la gouvernance mondiale a été largement évoquée lors de cette longue journée.  Une gouvernance accusée de manquer de légitimité lorsqu’il s’agit du Conseil de sécurité, à chaque fois qu’il applique le « deux poids, deux mesures » ou lorsqu’il reste silencieux face à des atrocités, a relevé le Président du Brésil.  Un point de vue partagé par le Prince héritier du Koweït, pour qui l’incapacité de l’organe exécutif de l’ONU à mettre fin au conflit israélo-palestinien montre bien que cette approche n’a pas sa place à l’avenir.

La réforme de l’architecture financière mondiale actuelle, le « reflet d’une époque révolue », selon M. Guterres, a été largement débattue par les différentes délégations.  La majorité des pays en développement s’est accordée sur la nécessité de faire émerger une nouvelle architecture, qui soit basée sur la réduction du fardeau de leur dette, comme l’a préconisé le Président du Malawi.  Du côté des pays développés, le Président du Conseil européen a suggéré au G7 de suivre l’exemple de l’Union européenne, laquelle est parvenue en peu de temps à recanaliser 100 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux (DTS). 

Quant au Pacte numérique mondial, dont la Russie s’est dissociée, d’aucuns y ont vu un point de départ pour une gouvernance numérique inclusive, afin de combler la fracture qui menace de creuser le fossé entre les nantis et les démunis.  En soutenant ce Pacte, « nous visons un avenir numérique centré sur l’humain et fondé sur les droits, qui exploite l’intelligence artificielle pour faire progresser les objectifs de développement durable (ODD) et qui garantisse l’intégrité de l’information », a proposé le Premier Ministre par intérim de la Bulgarie. 

Ce Sommet, qui se tient à la veille du débat général de la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale, a été précédé d’une prestation de la soprano Renée Fleming qui a interprété deux chansons de son album primé aux Grammys Voice of Nature: the Anthropocene

Parallèlement aux séances plénières du Sommet, se sont déroulés deux dialogues interactifs intitulés « Transformer la gouvernance mondiale et accélérer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 » et « Renforcer le multilatéralisme pour la paix et la sécurité internationales ».

Le Sommet se poursuivra demain, lundi 23 septembre, à partir de 9 heures.

RENFORCEMENT DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES - SOMMET DE L’AVENIR (A/79/L.2 et A/79/L.3

Présentation d’un projet d’amendement

Le représentant de la Fédération de Russie a présenté un projet d’amendement (A/79/L.3) au texte du Pacte pour l’avenir en déclarant que « les pourparlers intergouvernementaux sur le texte du Pacte n’ont pas eu lieu ».  Il a en effet dénoncé des négociations « hypocrites » en précisant qu’il n’y avait pas eu une seule séance pour examiner le texte paragraphe par paragraphe.  « En fait, nous n’avons rien à adopter », a décrété le délégué qui a dénoncé un texte dicté par les pays occidentaux et dont les dispositions font controverse.  « Aucune de nos demandes n’a été débattue ni acceptée », a-t-il expliqué.  Pour lui, on ne peut appeler ça un exercice multilatéral et c’est un échec.  Il a affirmé n’avoir jamais vu « une telle outrance » et s’est inquiété de ne pas pouvoir construire l’avenir sur une telle base.  L’idéal, selon lui, serait de ne pas adopter un texte pas consensus aujourd’hui et de poursuivre les discussions pour aboutir à un texte satisfaisant pour tous.

Expliquant l’amendement proposé, il a dit que le but est de respecter le paragraphe 7 de la Charte des Nations Unies, relatif aux organes de l’ONU.  Le projet d’amendement souligne le rôle essentiel des États Membres dans la prise des décisions.  Il ne fait pas fi du Sud mondial, mais au contraire veut le protéger, a-t-il encore précisé.

Si l’amendement n’est pas adopté, la Russie prendra ses distances sur le Pacte pour l’avenir et le Pacte numérique, a prévenu le délégué estimant que le Pacte pour l’avenir ne crée pas des obligations mais constitue simplement une déclaration.

L’amendement au projet de résolution A/79/L.2 était soumis par les pays suivants: Bélarus, Fédération de Russie, République islamique d’Iran, Nicaragua, République arabe syrienne et République populaire démocratique de Corée.

Le texte de l’amendement indiquait que « l’Organisation des Nations Unies et le système des Nations Unies ne doivent pas intervenir dans des affaires qui relèvent essentiellement de la compétence nationale d’un État ».  De plus, il demandait au Secrétaire général d’évaluer le respect de cette obligation par l’ONU, ses fonds et ses programmes, ainsi que les éventuels doubles emplois, notamment ceux qui découleraient de l’adoption du présent Pacte.

Motion d’ordre

Dans une motion d’ordre, le représentant de la République du Congo, parlant au nom du Groupe des États d’Afrique, est revenu sur les efforts inlassables fournis lors des négociations.  Il est de notre responsabilité collective d’assurer un avenir meilleur pour les générations actuelles et futures, a-t-il martelé, au moment même où nous nous trouvons à la croisée des chemins.  Il importe selon lui de démontrer notre unité et notre capacité à apporter des réponses communes et concertées aux défis actuels.  Il s’est dit convaincu que l’adoption d’un tel amendement n’est pas de nature à répondre à nos attentes et aspirations légitimes.  C’est pourquoi, disant appuyer le Pacte pour l’avenir, il a proposé qu’aucune décision ne soit prise concernant le projet d’amendement.  Une position soutenue par le Cameroun et le Mexique.  Ce dernier a estimé que les délégations ont fait preuve de bonne volonté pour arriver à un consensus.  « Nous aurions voulu également présenter des amendements », a-t-il témoigné en expliquant cependant avoir estimé que le texte finalisé était le meilleur résultat possible.

Le représentant du Venezuela, qui s’exprimait également au nom de l’Iran et de la Syrie, a qualifié cette motion d’ordre de manœuvre de procédure prouvant une fois de plus l’attitude arrogante de certains États occidentaux « dont nous avons souffert tout au long des négociations ». Tout comme le Bélarus, la délégation du Venezuela a encouragé à voter en faveur de cet amendement qui contribuerait selon elle à la réalisation de « nos aspirations légitimes nationales ».

La motion d’ordre a été mise aux voix et a été adoptée par 143 votes favorables, 7 contre (Bélarus, Fédération de Russie, Nicaragua, République arabe syrienne, République populaire démocratique de Corée, République islamique d’Iran et Soudan) et 15 abstentions.

Déclarations d’ouverture

M. PHILÉMON YANG, Président de la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, a déclaré qu’aujourd’hui l’ONU réunit ses États Membres pour représenter les peuples du monde, unis par des aspirations communes pour l’avenir.  Notre avenir est entre nos mains, a-t-il souligné, se disant convaincu que les pays ont, ensemble, le pouvoir de faire des choix décisifs pour les futures générations.  M. Yang, pour qui le monde est plus que jamais à la croisée des chemins et au cœur d’une transformation profonde, a lancé un appel à relever les défis globaux par « une action collective urgente ». 

En évoquant les conflits et les changements climatiques, ainsi que la fracture numérique, les inégalités et les menaces qui pèsent sur les droits de l’homme, le Président de l’Assemblée générale a voulu voir dans le Pacte l’espoir que des solutions vraiment collectives peuvent être trouvées pour relever ces défis multiples et complexes.  Il y a de l’espoir, a-t-il assuré, parce que les défis s’accompagnent d’opportunités et de possibilités d’innover et de coopérer au niveau mondial.  Le Pacte pour l’avenir, qui vient d’être adopté, représente selon lui l’engagement des pays non seulement à répondre aux crises immédiates mais aussi à jeter les bases d’un ordre mondial durable, juste et pacifique – « pour tous les peuples et toutes les nations! » 

M. Yang a ensuite rappelé les engagements pris en vertu du Pacte et de ses annexes, qu’il s’agisse de promouvoir la paix et la sécurité internationales, de dynamiser la mise en œuvre des objectifs de développement durable, de favoriser des sociétés justes et inclusives ou encore de veiller à ce que les technologies servent toujours le bien commun de l’humanité.  Pour les concrétiser, il a appelé les pays à « avancer, ensemble, dans un esprit de solidarité et de coopération multilatérale ».Le Sommet de l’avenir est un appel à l’action, et nous devons bâtir notre avenir pour nous protéger et protéger notre planète, a-t-il insisté.  Il a placé cette action commune sous les auspices et principes du droit international et du Programme de développement durable à l’horizon 2030, une action honorant la « promesse de la Charte des Nations Unies de préserver les générations futures du fléau de la guerre ».  La voie que nous choisissons doit conduire à un avenir où la dignité humaine est respectée et les droits de l’homme sont défendus, a déclaré M. Yang, qui a conclu son intervention en affirmant qu’un avenir où la paix transcende la simple absence de conflit doit être fondée sur la justice, l’inclusion et l’équité.

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a d’emblée rappelé que « nous sommes ici pour préserver le multilatéralisme des affres de l’échec ».  C’est dans ce sens qu’il a demandé que le présent Sommet envisage des réformes profondes visant à rendre les institutions mondiales plus légitimes, plus justes et plus efficaces. 

Les défis du XXIe siècle requièrent des solutions du XXIsiècle, a poursuivi M. Guterres, c’est à dire des cadres en réseau et inclusifs, qui s’appuient sur les compétences de l’humanité tout entière.  Le Secrétaire général de l’ONU a dit avoir convoqué ce sommet parce que « notre monde est en train de dérailler et il nous faut prendre des décisions difficiles pour le remettre sur les rails ». 

Le Secrétaire général a ensuite passé en revue les conflits qui font rage et se multiplient, du Moyen-Orient à l’Ukraine en passant par le Soudan, sans qu’une fin soit en vue.  C’est un fait: « notre système de sécurité collective est menacé par les dissensions géopolitiques, les prises de positions face au nucléaire, la mise au point de nouvelles armes et l’apparition de nouveaux théâtres d’hostilités », a-t-il ajouté.  Des ressources qui pourraient se traduire en potentialités et être porteuses d’espoir sont investies dans la mort et la destruction, a-t-il déploré.

Pointant les inégalités colossales qui freinent le développement durable, M. Guterres s’est alarmé que les nouvelles technologies, y compris l’intelligence artificielle, se développent dans un vide éthique et juridique, sans gouvernance ni garde-fou. 

Aujourd’hui, l’Organisation des Nations Unies compte 193 États Membres et les instruments et institutions de paix et de sécurité, tout comme l’architecture financière mondiale, sont donc le reflet d’une époque révolue, a rappelé le chef de l’ONU.  Ainsi, le Conseil de sécurité de l’ONU est dépassé et son autorité s’érode.  L’architecture financière mondiale a été créée à une époque où de nombreux pays en développement se trouvaient sous domination coloniale.  Pendant ce temps-là, la technologie, la géopolitique et la mondialisation ont transformé les rapports de force, a constaté M. Guterres, soulignant que « notre monde traverse une période de turbulences et de transition ». 

Pour autant, le Secrétaire général n’envisage pas d’attendre l’avènement de conditions parfaites, mais engage dès à présent de prendre les premières mesures décisives pour actualiser et réformer la coopération internationale afin de la rendre plus interconnectée, plus équitable et plus inclusive. 

Et aujourd’hui, grâce à vos efforts, c’est chose faite! s’est félicité M. Guterres.  Pour lui, le Pacte pour l’avenir, le Pacte numérique mondial et la Déclaration sur les générations futures sont porteurs de chances et de possibilités nouvelles. 

En ce qui concerne la paix et la sécurité, ces instruments promettent une percée dans les réformes visant à rendre le Conseil de sécurité plus représentatif du monde d’aujourd’hui, s’est félicité le Secrétaire général.  Le Pacte pour l’avenir vise aussi à revitaliser les objectifs de développement durable et l’Accord de Paris et à garantir un avenir pacifique et vivable à tous les habitants de notre planète; il comprend un engagement inédit des gouvernements à écouter les jeunes et à les faire participer à la prise de décisions, aux niveaux national et mondial, a-t-il détaillé. Pour sa part, le Pacte numérique mondial repose sur le principe selon lequel la technologie doit profiter à toutes et tous.  Quant à la Déclaration sur les générations futures, elle appelle pour la première fois les gouvernements à prendre en compte les intérêts de nos descendants dans les décisions prises aujourd’hui. 

Le Secrétaire général a donc salué ces trois accords historiques, y voyant un tournant vers un multilatéralisme plus efficace, plus inclusif et fonctionnant plus en réseaux.  Il a rappelé qu’il s’était battu depuis le tout premier jour de son mandat pour les idées portées par ces accords et s’est dit pleinement engagé dans leur mise en œuvre jusqu’au tout dernier jour. 

« Nous avons ouvert la porte.  Il nous incombe désormais –à toutes et à tous– de la franchir, alors maintenant mettons-nous au travail », a-t-il conclu.

M. GHANIM MOHAMMED AL MUFTAH, du Qatar, représentant de la jeunesse, a tenu à s’adresser aux membres de l’Assemblée générale non comme dirigeants, mais en tant que pères, mères et tuteurs se souciant profondément de l’avenir des générations futures.  Indiquant avoir été élevé dans le respect de valeurs familiales fortes, il a affirmé qu’en tant que personne handicapée, il a appris que le véritable progrès vient de la manière dont la société accueille les différences des uns et des autres.  « L’inclusion est un droit fondamental, pas un luxe », a-t-il affirmé. 

Racontant qu’à sa naissance, les médecins avaient prédit à sa mère que son cas était sans espoir, il a affirmé qu’il était là aujourd’hui pour donner de l’espoir aux autres et une voix à ceux qui n’en n’ont pas. Au nom du milliard de personnes handicapées dans le monde, il a appelé à mettre fin aux handicaps causés par les guerres.  « Vous devez être le changement que vous voulez voir », a-t-il exhorté les membres de l’Assemblée en conclusion. 

Mme NIRIA ALICIA GARCÍA, des États-Unis, représentante des jeunes et membre d’une communauté autochtone, a déploré que « partout dans le monde, nos eaux et nos lieux sacrés sont profanés ».  « La cupidité des entreprises et la guerre poussent la vie au bord de l’extinction », a-t-elle ajouté, accusant les gouvernements et les politiques partout dans le monde d’être dépourvus de spiritualité, de moralité et de respect fondamental de la vie.  « Les cœurs de ma génération se brisent alors que nous survivons aux effets de catastrophes climatiques qui auraient pu être évitées », a-t-elle également affirmé, avant de s’émouvoir que le monde entier en soit réduit à regarder le génocide des Palestiniens en direct sur des téléphones malgré les appels mondiaux à un cessez-le-feu.

La représentante des jeunes a ensuite critiqué le Pacte pour l’avenir au motif qu’il ne mentionne nulle part les droits des autochtones et refuse de reconnaître l’existence d’un colonialisme vert.  Ainsi a-t-elle appelé les pays à se saisir des savoirs autochtones et de leur spiritualité, si nécessaires pour créer de véritables solutions intergénérationnelles.  « Nos cosmologies ont la sagesse et le pouvoir de guider l’humanité vers le bon chemin, mais pour ce faire, les peuples autochtones doivent être représentés à parts égales en tant qu’États Membres dans tous les organes de l’ONU », a considéré Mme García. 

Mme MONICA MALITH, du Soudan du Sud, représentante de la jeunesse, a voulu d’abord savoir quelle était l’intention de chacun, ici, concernant l’avenir.  La vision, l’image, l’action, l’inclusion, la transformation, le goût de l’avenir?  Parmi les questions les plus urgentes, elle a cité la crise des réfugiés résultant de l’absence de paix et de sécurité.  Si ce problème n’est pas résolu, il déstabilisera les sociétés, entravera la croissance et sèmera la discorde, a-t-elle mis en garde. 

En réfléchissant à sa propre expérience de jeune femme ayant grandi au Kenya comme réfugiée du Soudan du Sud, elle a rendu hommage au Kenya, terre de refuge, qui lui a ouvert les portes de l’éducation.  L’Université de Nairobi lui a donné une chance de s’élever, de diriger et de parler au nom de ceux qui n’ont pas de voix.  Cela a été rendu possible grâce à la bourse allemande « Albert Einstein German Scholarship », le soutien du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) et du Kenya, a-t-elle précisé.  Aujourd’hui, diplôme de droit en poche, elle est devenue la voix des jeunes, des réfugiés et de tous ceux qui sont oubliés.  Tout au long de son parcours, elle a appris qu’il ne suffit pas d’obtenir des diplômes pour prospérer, mais aussi de donner l’exemple du leadership. 

La femme leader en a donc appelé à « notre devoir collectif » d’apporter aux réfugiés non seulement une aide immédiate, mais aussi des solutions à long terme, empreintes de compassion, qui respectent leur dignité et leur permettent de contribuer utilement à la société.  C’est dans cet esprit, a-t-elle expliqué, qu’elle s’engage, sous l’égide des Nations Unies, à changer, à construire, à lutter pour l’avenir, pour le Soudan du Sud, le Kenya, l’Afrique et pour le monde.  Elle a, dans cette même ligne, lancé un appel aux nations en développement et aux économies émergentes pour qu’elles investissent dans l’éducation pour assurer une croissance durable, malgré les réductions constantes du financement de l’éducation dans le monde. 

Enfin, Mme Malith s’est élevée contre ceux parmi les dirigeants du monde qui font ouvertement des commentaires négatifs sur les réfugiés.  Personne ne choisit d’être réfugié, a-t-elle rétorqué, sachant que n’importe qui peut le devenir.  C’est pourquoi, a-t-elle conclu, « nos efforts doivent être centrés sur la paix et la sécurité afin que personne ne soit jamais obligé de quitter son domicile ». 

M. OLAF SCHOLZ, Chancelier de la République fédérale d’Allemagne, a estimé que le Pacte pour l’avenir est une boussole pour construire un monde plus juste et traiter les défis futurs non pas séparément mais ensemble.  Les divisions actuelles ne doivent pas constituer la fin de l’histoire des Nations Unies, a-t-il prié.  Il s’est réjoui du fait que l’Allemagne et la Namibie, deux nations issues de continents différents, aient pu travailler ensemble pour parvenir à ce résultat.  Il a salué les efforts des hommes et des femmes ayant travaillé sur le Pacte.  Cela prouve, selon lui, que le multilatéralisme est bien vivant.  « Allons de l’avant, l’avenir commence maintenant », a-t-il conclu. 

M. NANGOLO MBUMBA, Président de la Namibie, a rappelé que le Pacte qui vient d’être adopté est le fruit de 18 mois de négociations « parfois difficiles ».  Citant un proverbe africain selon lequel « demain appartient à ceux qui planifient très tôt », il a estimé que le Sommet de l’avenir peut être un moment historique, l’occasion d’avancer dans la quête qu’il tient à cœur à tous de forger un avenir commun pacifique et radieux.  Nous venons de prendre des engagements importants pour les générations futures, a-t-il dit, jugeant qu’un monde en paix avec lui-même est nécessaire pour être durablement prospère, plus aimant et inclusif. 

M. Mbumba a ensuite déclaré que, pour que le Pacte soit couronné de succès, l’ONU doit avoir le courage de s’engager dans des réformes profondes, notamment pour que se mette en place un « multilatéralisme qui fonctionne véritablement ».  À cette fin, il a plaidé pour des organisations internationales structurées de manière à ce que tous les pays se voient offrir les mêmes chances économiques et les mêmes moyens de mettre en œuvre les objectifs de développement durable (ODD).  Dès aujourd’hui, nous devons nous accorder sur la façon de faire émerger une architecture financière internationale nouvelle, efficace et juste, a-t-il insisté, rappelant que les problèmes mondiaux exigent des solutions mondiales pour parvenir à la paix, à la prospérité et à la sécurité.  Le Président namibien a formé le souhait que les pays repartent de ce sommet animés d’un nouvel espoir, de nouveaux engagements pris autour de plans concrets en faveur d’une économie mondiale qui fonctionne pour tous.  « Nous serons jugés par les générations futures non sur nos mots, mais sur des actes », a-t-il conclu, demandant aux États de s’élever à la hauteur de cette tâche impérieuse. 

Débat général

M. JULIUS MAADA BIO, Président de la Sierra Leone, s’exprimant au nom du Groupe G7 plus, un groupe de pays qui ont fait l’expérience « des horreurs des conflits et des difficultés de la fragilité postconflit » et qui sont attachés à la paix et au développement durable, a placé ses espoirs dans ce Sommet de l’avenir pour un renouvellement de l’engagement de la communauté internationale en faveur d’un avenir de paix, de sécurité, de justice et de développement durable pour tous.  « Pour nous, ces défis ne sont ni éloignés, ni théoriques », a-t-il expliqué, ajoutant qu’ils sont la dure réalité à laquelle les pays du G7 plus sont confrontés tous les jours puisqu’ils ont connu et continuent de connaître la fragilité, les conflits et la violence. 

Ce Sommet de l’avenir a permis d’adopter le Pacte pour l’avenir, s’est félicité le chef d’État, qui y a vu une feuille de route pour un monde plus durable et plus sûr.  Dans ce contexte, il a insisté sur l’appel à l’appropriation nationale des processus de développement nationaux et à une gouvernance plus ouverte.  Il a également mis en avant le fait que le développement durable et le financement du développement sont fondamentaux pour apporter une réponse aux problèmes des pays fragiles et touchés par les conflits; il a donc plaidé pour une intensification de la coopération internationale, la mise en place de mécanismes de financement novateurs et d’approches pour qu’aucun pays ne soit laissé pour compte. Passant à la promotion de la paix et de la sécurité internationales, M. Bio a rappelé que la paix et la stabilité sont le socle du développement.  Pour les pays qui sortent de conflits, atteindre la paix n’est pas un événement ponctuel mais un processus permanent de renforcement des institutions, de promotion de l’état de droit et de traitement des causes profondes, a-t-il fait valoir.

M. RASHAD MOHAMMED AL-ALIMI, Président du Conseil de direction présidentiel du Yémen, a déclaré que, compte tenu des souffrances endurées par son pays au cours de la dernière décennie, ses priorités peuvent sembler différentes de celles de la plupart des autres, en particulier de ceux qui sont en paix.  Le Yémen est aujourd’hui le théâtre de l’une des plus graves crises humanitaires au monde, avec d’inévitables répercussions sur le non-respect de ses obligations relatives aux objectifs du Millénaire et de développement durable.  Malgré cela, a fait observer M. Al-Alimi, le pays reste déterminé à les remplir et à parvenir à un avenir meilleur.  Le Conseil de direction présidentiel œuvre depuis deux ans avec le Gouvernement yéménite à la mise en œuvre du Sommet de l’avenir, avec notamment le lancement d’un programme ambitieux de développement des capacités dans la capitale temporaire, Aden. M. Al-Alimi s’est dit impatient de voir son pays bénéficier pleinement des résultats de ce sommet, y compris de sa proposition de déclaration, qui apporte des solutions concrètes aux défis internationaux et soutient les pays en développement et les pays les moins avancés pour réaliser les objectifs de développement durable d’ici à 2030.

M. LUIZ INÁCIO LULA DA SILVA, Président du Brésil, a estimé que les représentants des États Membres ont deux grandes responsabilités envers ceux qui leur succéderont.  La première consiste à « ne jamais reculer ».  Revenir sur les engagements pris pour faire reculer la faim, promouvoir l’égalité femmes-hommes, lutter contre le racisme et refuser les menaces nucléaires et les nouvelles courses aux armements sur Terre ou dans l’espace, ce serait « remettre en question tout ce que nous avons durement construit », a-t-il affirmé.  Or, il a relevé que les objectifs de développement durable, présentés comme la plus grande entreprise diplomatique de ces dernières années, sont en passe de devenir « notre plus grand échec collectif », puisqu’au rythme actuel, seuls 17% des objectifs du Programme 2030 seront atteints dans les délais.  Président en exercice du G20, le Brésil lancera une alliance mondiale contre la faim et la pauvreté pour accélérer la lutte contre ces fléaux.  De même, dans le cadre de la préparation de la COP 30 sur le climat, le Brésil entend promouvoir un « bilan éthique mondial », réunissant différents secteurs de la société civile pour réfléchir à l’action climatique dans une perspective de justice, d’équité et de solidarité. 

Pour M. Lula da Silva, la seconde responsabilité commune consiste à ouvrir la voie face aux nouveaux risques et opportunités.  À ses yeux, le Pacte pour l’avenir « nous montre la direction à suivre », en abordant de manière inédite des sujets importants, tels que la dette des pays en développement et la fiscalité internationale. Il s’est également réjoui que la création d’un forum de dialogue entre les chefs d’État et de gouvernement et les dirigeants des institutions financières internationales place l’ONU au centre du débat économique mondial.  De même, il a vu dans le Pacte numérique mondial un point de départ pour une gouvernance numérique inclusive, qui réduise les asymétries dans l’accès aux avantages d’une économie basée sur les données et atténue l’impact des nouvelles technologies, telles que l’intelligence artificielle. 

Le Président du Brésil a cependant jugé que la crise de la gouvernance mondiale nécessite des transformations structurelles.  La pandémie, les conflits en Europe et au Moyen-Orient, la course aux armements et la crise climatique ont révélé les limites des enceintes multilatérales, a-t-il relevé, en déplorant que la plupart des organes de l’ONU ne disposent ni de l’autorité ni des moyens de mise en œuvre nécessaires pour faire respecter leurs décisions.  Il a notamment regretté que la légitimité du Conseil de sécurité diminue chaque fois qu’il applique le « deux poids, deux mesures » ou reste silencieux face à des atrocités.  Il a en outre accusé les institutions de Bretton Woods d’ignorer les priorités et les besoins du monde en développement, tandis que le Sud mondial n’est pas représenté d’une manière cohérente avec son poids politique, économique et démographique actuel.  « Nous avons besoin de courage et de volonté politique pour changer », a lancé le Président en conclusion, appelant à « créer aujourd’hui ce que nous voulons pour demain ». 

M. LAZARUS MCCARTHY CHAKWERA, Président du Malawi, a affirmé que le développement durable est intenable sans financement durable.  C’est pourquoi, il a appelé à une refonte urgente du financement du développement par le biais de mécanismes plus robustes, plus inclusifs et plus « humains ».  Il a appelé à un financement qui catalysera le développement mondial dans les pays en développement car, a-t-il martelé, le sous-développement des pays les moins avancés (PMA) pèse sur le potentiel des pays du Sud comme du Nord.  Il a également a insisté sur la nécessité d’impliquer plus avant le secteur privé dans les économies durables.  Nourrir le désir d’entreprendre des jeunes au niveau local exige selon lui une reconfiguration drastique des institutions multilatérales pour créer une nouvelle architecture de la finance mondiale basée sur la réduction du fardeau de la dette des pays en développement. 

Dans ce même ordre d’idées, M. Chakwera a jugé impératif que les pays du monde entier fassent ensemble les efforts requis pour améliorer la capacité des PMA à réduire la fracture numérique.  À cet égard, il a salué la création d’une banque des technologies des Nations Unies pour ces pays et appelé à un financement accru de celle-ci, pour lui permettre de fonctionner à pleine capacité, par le biais, par exemple, de l’implantation de succursales dans les pays concernés.  En renforçant les capacités technologiques des PMA, nous veillerons à ce que personne ne soit laissé pour compte à l’ère numérique, a estimé le Président.  Enfin, il a souligné l’importance que l’Afrique s’appuie sur le « bonus démographique » du continent en intensifiant les efforts de formation des jeunes générations à la « quatrième révolution industrielle en cours ». 

M. SADYR ZHAPAROV, Président du Kirghizistan, a jugé nécessaire en ce moment de « changement global » de repenser les approches établies de la coopération multilatérale.  À cet égard, il a invité à prendre des mesures fondamentales qui permettront non seulement de relever les défis actuels, mais aussi de jeter des bases solides pour le bien-être des générations à venir, car « les problèmes universels appellent des solutions universelles ».

M. Zhaparov a dit voir dans le Sommet de l’avenir une plateforme unique pour jeter les bases d’une nouvelle architecture mondiale qui fonctionne pour tous et non seulement pour une minorité de privilégiés.  C’est pourquoi, il a invité tous les pays donateurs à revenu élevé à participer activement à la contribution à l’Association internationale de développement (IDA) de la Banque mondiale, ainsi qu’à d’autres institutions financières internationales qui jouent un rôle important dans le soutien aux pays en développement, permettant aux pays à faible revenu de lutter contre la pauvreté, de développer des infrastructures et de renforcer leur capacité de résistance face aux défis mondiaux.  Faisant écho au Programme de développement durable à l’horizon 2030, le chef d’État a insisté sur trois mesures clefs: le désendettement, une expansion majeure du financement à long terme et abordable et la création de mécanismes de réponse rapide aux crises.  Ces mesures jouent, à ses yeux, un rôle crucial pour assurer la viabilité financière des pays en développement.  Pour construire des ponts solides entre le présent et l’avenir, il a appelé à renforcer les liens entre les peuples, estimant que la pandémie de coronavirus avait clairement démontré que les mécanismes de coopération existants n’étaient plus adaptés pour relever les défis d’aujourd’hui.

La République kirghize est prête à contribuer à cette grande action, a assuré son Président en réaffirmant son soutien au Pacte pour l’avenir.  Au plan national, le Kirghizistan a déjà réalisé des progrès significatifs dans l’éradication de l’extrême pauvreté, le développement de l’infrastructure et de la numérisation ainsi que dans la transition vers une économie verte.  Pour M. Zhaparov, une telle expérience montre clairement que la réalisation des ODD est possible même pour des petits pays aux ressources limitées, à la condition d’avoir une vision claire et une volonté politique.

M. CYRIL RAMAPHOSA, Président de l’Afrique du Sud, s’est inquiété des conflits, changements climatiques, crises sanitaires et inégalités croissantes qui affectent les perspectives de développement dans bien des pays du monde. Il a vu l’adoption du Pacte comme l’occasion de revoir les institutions onusiennes, notamment le Conseil de sécurité, au sein duquel le pouvoir de maintenir la paix est concentré entre trop peu de mains, alors que le monde entier subit les conséquences de la guerre. Il a estimé, à l’instar du Secrétaire général, que le Sommet de l’avenir est une « occasion unique », ne se produisant qu’une fois par génération, de forger un consensus sur le développement durable, notamment autour de l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Plaidant en faveur d’actions multilatérales, il a appelé à entreprendre des actions concrètes pour offrir un monde meilleur aux générations futures, notamment aux jeunes et aux femmes. 

M. JOSEPH NYUMA BOAKAI, Président du Libéria, a évoqué le programme ambitieux pour le développement durable que son nouveau gouvernement a mis en place depuis les récentes élections il y a huit mois.  Il a salué l’engagement collectif dont témoigne le Pacte pour l’avenir, en assurant de la détermination du Libéria à relever les obstacles au développement qu’il connaît, à l’instar des autres pays les moins avancés qui consacrent toujours 12% de leurs recettes au paiement de la dette, soit quatre fois plus qu’il y a 10 ans.  Cela montre, selon lui, l’urgence d’une réforme du système financier international. Pour accélérer la mise en œuvre du Programme 2030, il est impératif de transformer la gouvernance mondiale, a martelé le Président Boakai en appelant à prendre des mesures drastiques pour lever les obstacles qui entravent toujours le potentiel de développement des pays en développement qui ont tous des difficultés à atteindre les ODD.

M. ALAR KARIS, Président de l’Estonie, a commencé par regretter que le texte de document final ait été considérablement édulcoré en raison des actions perturbatrices de la Fédération de Russie, qu’il a dénoncées comme des « pratiques hostiles ».  Il a ensuite affirmé que le Conseil de sécurité doit être réformé pour dissuader la commission de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre.  Pour le chef d’État, l’une des conséquences de l’inaction au sein de l’ONU est un déclin considérable du multilatéralisme.  « Faisons-le revivre! » a-t-il prié, en plaidant pour davantage d’opportunités de coopération sur des questions fondamentales entre tous les États. 

« Ouvrons les portes à la société civile et à la jeunesse pour qu’elles participent de manière significative à toutes nos discussions et prises de décisions, car ce sont elles qui détiennent les informations clefs sur le terrain », a préconisé M. Karis.  Ce n’est qu’en privilégiant des mesures concrètes dans la mise en œuvre des actions convenues dans le Pacte pour l’avenir que nous prouverons à nos populations que l’ONU continue d’être pertinente: « Faisons en sorte que nos enfants croient aux grandes institutions internationales comme les Nations Unies! »

M. NANA ADDO DANKWA AKUFO-ADDO, Président du Ghana, a dénoncé la résurgence d’un isolationnisme irrationnel et d’un nationalisme aveugle. « Ce chemin mène à l’échec », a-t-il lancé à l’Assemblée, appelant à revenir aux principes fondateurs des Nations Unies: coopération, solidarité et engagement partagé en faveur de la paix, qui sous-tendent le Programme 2030.  Rappelant l’urgence climatique, il a souligné que l’Afrique, tout en contribuant le moins aux émissions mondiales, « porte le fardeau le plus lourd ».  Or, il a constaté que, « malgré les promesses, les plus vulnérables restent abandonnés ».  On nous dit de « nous adapter » et de « faire preuve de résilience », mais comment s’adapter à la famine ou renforcer sa résilience lorsque les agriculteurs ne peuvent pas prédire les saisons, a-t-il interrogé l’Assemblée, avant d’exiger « l’équité, pas la charité ».  À ses yeux, la justice climatique nécessite un système économique qui fonctionne pour tout le monde, et pas seulement pour quelques privilégiés. 

Observant que plus de 700 millions de personnes, soit 8,75% de la population mondiale, vivent toujours dans une pauvreté extrême, privées des droits humains fondamentaux, et que la pandémie a exacerbé ces inégalités, le chef d’État a appelé à construire un nouvel ordre économique mondial, qui promeuve l’inclusion et l’équité pour tous.  Le système multilatéral, en particulier l’ONU, devrait être à l’avant-garde de cet effort, a-t-il plaidé.  Pour la réforme cruciale du Conseil de sécurité, il a rappelé que l’Afrique, continent de 1,4 milliard d’habitants, est largement sous-représentée.  « Nous ne pouvons pas parler de multilatéralisme lorsque les structures de gouvernance mondiale sont ancrées dans un ordre mondial injuste et inégal. »  Il a plaidé en faveur du consensus d’Ezulwini, adopté par les dirigeants africains comme Position africaine commune sur la réforme de l’ONU, pour « donner à l’Afrique la place qui lui revient ».  « Engageons-nous en faveur de solutions multilatérales qui reflètent notre humanité commune », a-t-il conclu. 

M. DENIS BEĆIROVIĆ, Président de la Bosnie-Herzégovine, a souligné la nécessité et l’importance du Pacte pour l’avenir en ces temps de crise de la démocratie et du multilatéralisme.  L’ONU doit être plus efficace dans la prévention des conflits, la consolidation de la paix et la lutte contre le terrorisme, a-t-il dit, ajoutant que l’expérience douloureuse de son pays montre qu’une organisation indécise et hésitante, « même dans des zones de sécurité décrétée par l’ONU », conduit à des conséquences tragiques.  « Le génocide commis contre les Bosniaques à Srebrenica en 1995 en est un exemple.  Tirons les leçons du passé pour un avenir vraiment commun », a-t-il poursuivi.  Pour le Président bosnien, la nature des défis d’aujourd’hui montre clairement la voie à suivre, et, dans ce contexte, « le multilatéralisme est la meilleure réponse ».  Après avoir rappelé le soutien actif de la Bosnie-Herzégovine à l’Accord de Paris et à la réalisation des ODD, le Président a insisté sur le fait que l’avenir appartient aux jeunes générations.  « Je plaide personnellement pour une implication concrète des jeunes dans l’élaboration des politiques aux niveaux national et mondial », a-t-il notamment dit, estimant par ailleurs que les pays doivent de nouveau s’inspirer de la Charte des Nations Unies pour bâtir ensemble un avenir plus sûr.

M. LAM TO, Président du Viet Nam, s’est dit convaincu que les décisions prises aujourd’hui façonneront le paysage de notre avenir.  En cette ère de progrès scientifiques et technologiques rapides, il a recommandé de donner la priorité à la réalisation des objectifs de développement durable, en plaçant les personnes -en particulier les jeunes- au centre des préoccupations. 

Les innovations scientifiques et technologiques doivent être le moteur du progrès social, a-t-il insisté.  Elles doivent être axées sur l’homme, promouvoir l’émancipation et le développement, tout en améliorant continuellement la qualité de vie et en garantissant le bien-être de l’humanité pour les générations à venir. 

Ces progrès ne doivent toutefois jamais être utilisés comme des armes contre d’autres nations ou pour saper les aspirations à la paix, au développement, à l’égalité et à la justice, a averti le chef d’État.  Pour M. To, les fruits de l’intelligence humaine devraient être consacrés au développement économique et social, à la réduction de la pauvreté et à l’amélioration du niveau de vie.  Il est essentiel de ne plus investir dans des armes destructrices, mais d’améliorer les soins de santé, l’éducation et les biens publics au profit de tous, afin d’ouvrir la voie à la paix, à la stabilité, au développement durable et à l’égalité entre les nations. 

En ce moment critique, le Président du Viet Nam a jugé essentiel de renforcer la solidarité, la coopération et le respect mutuel.  Invitant au respect du droit international et de la Charte des Nations Unies dans la résolution des différends par des moyens pacifiques, M. To a appelé les pays voisins à tenir compte des intérêts de chacun lorsqu’ils utilisent des ressources communes.  De même, il a encouragé au partage des avancées scientifiques et technologiques afin de favoriser la croissance collective.  À cet égard, les Nations Unies et les organisations régionales, y compris l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est, doivent jouer un rôle moteur dans la promotion de la coopération et la coordination des efforts visant à relever les défis mondiaux et à tirer parti des avancées technologiques, a-t-il plaidé.  Enfin, il s’est félicité de l’adoption des documents du Pacte pour l’avenir, formant le vœu de les voir mis en œuvre de manière vigoureuse et efficace. 

M. MOHAMED MUIZZU, Président des Maldives, a invité à imaginer « un monde où les Nations Unies ne seraient plus confinées dans une tour d’ivoire distante, lointaine et inaccessible, un monde où le système multilatéral ne serait plus synonyme d’une pile croissante de résolutions prenant la poussière ». Rappelant que le Programme d’Antigua-et-Barbuda pour les petits États insulaires en développement avait été adopté au mois de mai 2024, il a estimé que, pour le système multilatéral, le moment était venu d’arriver à des résultats concrets, ajoutant que le multilatéralisme devait devenir « plus qu’un concept, une réalité vécue ». 

M. Muizzu a plaidé en faveur de l’émancipation des jeunes, de l’investissement dans les technologies numériques et de la lutte contre les changements climatiques.  Qualifiant ces derniers de « principale menace pesant sur les générations actuelles et futures », il a rappelé qu’ils affectaient 62% des jeunes dans le monde, et que les événements climatiques extrêmes avaient coûté 153 milliards de dollars ces 50 dernières années.  « Ignorer la cible de 1,5 degré d’augmentation de la température globale n’est pas une option », a-t-il martelé, ajoutant que le Sommet devait honorer les engagements passés en matière d’adaptation climatique, de pertes et dommages et de protection des océans.  Rappelant l’engagement de son pays à atteindre la neutralité carbone, il a estimé qu’il faisait sa part de l’effort et a demandé aux autres d’en faire autant. 

Enfin, le Président des Maldives a insisté sur le financement comme clef permettant d’atteindre les ODD, en regrettant qu’il soit inférieur de 2 500 à 4 000 milliards de dollars aux besoins chaque année.  Affirmant que les générations futures jugeraient les Membres de l’Assemblée non sur le processus engagé mais sur les actions concrètes entreprises, il a également appelé à avoir le courage de stopper la « guerre génocidaire » à Gaza, de traduire en justice les responsables de violations des droits humains et d’accorder le statut de membre de plein droit des Nations Unies à l’État de Palestine. 

M. CHANDRIKAPERSAD SANTOKHI, Président du Suriname, a dit ne pas pouvoir s’empêcher de constater que bon nombre des engagements et déclarations faits aujourd’hui font écho à ceux qui ont été exprimés maintes et maintes fois.  Par conséquent, notre première action décisive doit être de tenir les promesses et les engagements pris.  « Nous devons agir maintenant, de toute urgence, pour faire de ce monde un endroit meilleur; l’inaction n’est pas une option », a-t-il exigé.

Rappelant que les changements climatiques représentent une menace existentielle pour la région de la Caraïbe, M. Santokhi a fait observer que celle-ci doit également faire face à des distorsions financières et économiques, parmi lesquelles une dette élevée.  Ces nations sont confrontées à d’énormes défis dans leur poursuite du développement durable, a-t-il souligné, en dénonçant un manque de ressources financières pour investir dans des secteurs critiques tels que la santé, l’éducation et l’infrastructure.  Rappelant le poids du service de la dette extérieure des pays à revenu faible et intermédiaire, il a fait valoir que ces fonds auraient pu être consacrés à la construction d’écoles, d’hôpitaux et d’infrastructures résistantes, afin d’atténuer les effets des changements climatiques. 

Estimant que le système financier mondial continue de désavantager ces nations, M. Santokhi a demandé que le mécanisme de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle soit effectivement mis en place dans les opérations des institutions financières internationales.  Les nations petites et vulnérables doivent être aidées dans leurs efforts de développement durable, a-t-il fait valoir, en appelant la communauté internationale à reconnaître que les principaux obstacles à la croissance et au progrès ne sont pas de leur fait.  Le Président du Suriname a conclu son intervention par un appel à l’inclusion des jeunes dans la conception de l’avenir, dans le cadre d’une approche de « l’ensemble de la société », basée sur un partenariat multipartite. 

M. JOSÉ MARIA PEREIRA NEVES, Président de Cabo Verde, a considéré que l’un des principaux obstacles à l’accélération des progrès vers les ODD est le déficit de financement persistant, ce qui démontre la nécessité d’une réforme complète de l’architecture financière internationale.  Il a cité d’autres défis mondiaux, comme l’accès inégal aux bienfaits de la science, de la technologie et de l’innovation –en particulier pour les pays du Sud– ainsi que les risques associés aux menaces de cybersécurité et à la militarisation des technologies, comme l’intelligence artificielle.  Ces défis exigent un cadre de coopération internationale plus efficace, a encore relevé le chef d’État avant de miser sur la réforme « essentielle » du Conseil de sécurité, en particulier l’élargissement de sa composition, la garantie d’une représentation régionale équilibrée et la réduction de l’interférence des vetos dans le processus de prise de décision. 

« Néanmoins, il est important de souligner que notre engagement à réformer la gouvernance multilatérale ne peut et ne doit pas nous distraire de ce que nous devons faire aux niveaux national et régional en ce qui concerne le renforcement de l’état de droit démocratique, le maintien de sociétés inclusives, l’approfondissement des pratiques démocratiques et la promotion de l’intégration et de la complémentarité régionales », a déclaré M. Neves, en rappelant que le développement est une question éminemment culturelle et que sa pleine réalisation dépend avant tout de l’action de chacun de nos pays.  « Puissions-nous quitter ce sommet avec la conscience claire que nous devons faire nos devoirs! » a-t-il lancé en conclusion.

Mme VIOLA AMHERD, Présidente de la Confédération suisse, a jugé que la Charte des Nations Unies, par son engagement en faveur de la coopération des États pour l’avènement d’un monde plus stable, plus juste et plus pacifique, reste « visionnaire ».  Si des réformes sont nécessaires, la constante doit être « le multilatéralisme avec l’ONU au centre », a-t-elle affirmé, avant de plaider pour une volonté politique forte et pour le rétablissement de la confiance.  À ce sujet, elle a noté que les efforts des délégations ont failli être réduits à néant par la « mise en danger » de l’adoption du Pacte pour l’avenir.  Presque tous les États Membres s’étaient pourtant prononcés en faveur de ce texte négocié, pour lequel tout le monde avait dû faire des compromis, « parfois douloureux », a souligné la dirigeante, appelant à coopérer au-delà des différences et à ne pas laisser les seuls intérêts nationaux déterminer notre avenir commun. 

Assurant que la Suisse reste fermement attachée aux valeurs du multilatéralisme et déterminée à poursuivre sur la voie d’un monde plus durable, plus juste et plus pacifique, la Présidente a souhaité que les agences et organisations multilatérales s’engagent spécifiquement sur des priorités et collaborent efficacement. Elle a également appelé de ses vœux un système qui réponde de manière efficiente et efficace aux enjeux d’aujourd’hui. 

M. KHURELSUKH UKHNAA, Président de la Mongolie, s’est dit convaincu que le Sommet de l’avenir jouera un rôle important dans la promotion des objectifs de développement durable (ODD), notamment ceux relatifs à la consolidation de la paix, la lutte contre les changements climatiques, la protection de la santé mondiale, la réduction des inégalités économiques, la garantie de la justice et la promotion de la science, de la technologie, de l’innovation, de la jeunesse et de la réforme de la gouvernance.  M. Ukhnaa a déclaré que son pays respecte le pluralisme, qui découle de l’histoire, de la culture, de la civilisation, des intérêts nationaux et des voies de développement de tous les pays.  Sur la base de ces principes, la Mongolie s’attache à bâtir des relations internationales fondées sur une approche à multiple piliers. « Notre pays estime que le renforcement de la coopération multilatérale ancrée dans le droit international et la Charte des Nations Unies est essentiel pour garantir la paix et la sécurité internationales », a ajouté le Président, pour qui « le renforcement du dialogue, de la compréhension mutuelle et de la confiance sont les fondements de la stabilité et de la coexistence mondiales ». 

M. WAVEL RAMKALAWAN, Président des Seychelles, a estimé que le Pacte pour l’avenir doit aussi incarner les espoirs et les rêves des plus vulnérables d’entre nous.  « Nous ne pouvons pas nous permettre de prendre des engagements pour renforcer la coopération mondiale en matière d’action climatique, de développement durable et d’accès équitable aux ressources, pour ensuite les voir dilués dans leur mise en œuvre. »  Malgré « nos ambitions », a-t-il averti, il y a un risque que ces engagements ne soient pas tenus.  Pour que le Pacte pour l’avenir représente véritablement tous les secteurs de la société, le Président a recommandé de faire participer activement les jeunes au processus de développement, car leur implication est cruciale pour construire un monde plus résilient, inclusif et durable. 

Il est tout aussi crucial, a-t-il poursuivi, de s’attaquer à la fracture numérique qui menace de creuser le fossé entre les nantis et les démunis, d’où la nécessité d’une action ciblée.  Des partenariats solides sont essentiels pour garantir un accès équitable aux technologies et aux infrastructures qui sous-tendent le développement moderne, a-t-il encore dit.  Or ces efforts doivent être soutenus par des institutions multilatérales solides, car aucune nation ne peut relever seule ces immenses défis. 

Pour incarner véritablement les principes de coopération et de responsabilité partagée, M. Ramkalawan a appelé à reconnaître et préserver l’importance stratégique de régions comme l’océan Indien, où la promotion de la paix et de la collaboration est essentielle à la fois pour la stabilité régionale et pour le succès plus large de la communauté mondiale.  Si la stabilité de l’océan Indien est essentielle à notre prospérité collective, la réussite d’initiatives telles que le Programme d’Antigua-et-Barbuda pour les petits États insulaires en développement (PEID), qui exige un engagement sans faille et le soutien actif de la communauté internationale, l’est tout autant.  À cette fin, il est nécessaire de dépasser la rhétorique et passer à l’action.  Pour finir, le Chef de l’État a exhorté les institutions multilatérales à reconnaître l’importance de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle et d’en faire un outil clef de leurs politiques, en veillant à ce que les vulnérabilités uniques des nations les plus à risque se voient accorder la priorité qu’elles méritent dans les stratégies de financement mondiales.

M. HASSANAL BOLKIAH, Sultan du Brunéi Darussalam, s’est inquiété de la fracture numérique qui menace d’aggraver les disparités entre les nations et au sein des sociétés.  Il a estimé que la paix était essentielle pour établir les partenariats qui vont faciliter un progrès technologique équitable et inclusif pour toutes les nations. Affirmant que son pays assumait son rôle mondial en prônant le multilatéralisme et un ordre international fondé sur des règles, il s’est inquiété des conflits persistants et des impasses diplomatiques qui mettent à l’épreuve la résilience de la coopération mondiale.

M. CÉSAR BERNARDO ARÉVALO DE LEÓN, Président du Guatemala, s’est félicité de ce Pacte, qui n’est pas qu’un accord de plus selon lui, puisqu’il renouvelle les engagements pris en faveur du renforcement du système multilatéral. Le Sommet de l’avenir est une manifestation de la volonté de faire face collectivement aux défis que connaît l’humanité, a-t-il affirmé.  Nous devons impérativement réduire les inégalités et renforcer l’état de droit à l’échelon national mais également international, a plaidé le Président, pour qui il faut aussi mettre un terme à l’impunité lorsque les engagements ne sont pas honorés au titre de la Charte des Nations Unies, du droit international et du droit international humanitaire.  La réforme du Conseil de sécurité est en outre essentielle pour réaliser les objectifs du Pacte pour l’avenir, et il faut élargir à cet égard le rôle des pays en développement et des puissances émergentes, ce qui augmenterait la légitimité de cet organe et permettrait une gouvernance plus équitable et plus juste. Pour le Président du Guatemala, nous avons désormais un cap clair devant nous et nous devons joindre le geste à la parole en renforçant la démocratie, en combattant la corruption et en avançant vers des sociétés plus inclusives. 

M. MICHAEL D. HIGGINS, Président de l’Irlande, a plaidé pour que, dans les graves circonstances où nous nous trouvons, l’on parvienne à créer une ONU et des institutions associées qui nous guident à travers les crises politiques, sociales, économiques et, surtout, écologiques, toutes interdépendantes.  Pour M. Higgins, cette urgence exige que l’on passe des mots aux actes pour rétablir et faciliter la confiance.  Pour y parvenir, il a recommandé de s’appuyer sur des moments prometteurs, comme ceux de 2015 qui ont permis de reconnaître et répondre aux conséquences des changements climatiques, libérant « un sentiment d’espoir intergénérationnel parmi les peuples des États-nations ». 

Le chef d’État a cependant reconnu que le respect des engagements pris en matière de développement durable et de changements climatiques a été très limité.  Il a également constaté l’inégalité omniprésente et croissante qui marque notre monde, ainsi que les conséquences d’une mondialisation « venue d’en haut, menée par les puissants, sans transparence, sans considération de justice sociale ou de conséquences écologiques ».  Il a plaidé pour une mondialisation inclusive venue d’en bas, susceptible d’aboutir à une nouvelle ONU revigorée et qui comprenne notamment la suffisance alimentaire et la fourniture de services de base universels, afin de renforcer la démocratie, améliorer la participation et donner à l’ONU le leadership dont elle a besoin. 

Il faut pour cela nous engager à réformer les Nations Unies et les institutions multilatérales qui y sont liées, a poursuivi le Président irlandais, pour qui envisager une « ONU du futur » capable de servir les peuples de la planète suppose d’avoir le courage de regarder non seulement ses faiblesses actuelles, mais aussi les abus de pouvoir qui ont miné l’Organisation depuis sa création en 1945.  « Il faut reconnaître que c’est la poursuite d’intérêts étroits qui a fait échouer une grande partie des intentions normatives auxquelles les nations étaient invitées à souscrire », a-t-il souligné. Appelant à cesser d’ignorer le fardeau de la dette qui limite l’espace budgétaire des pays les plus pauvres et leur capacité à accomplir les tâches qu’on attend d’eux en matière de lutte contre les changements climatiques ou de durabilité, M. Higgins a noté que 3,3 milliards de personnes vivent dans des pays qui dépensent davantage en remboursement des intérêts de la dette qu’en services de base essentiels. 

Nécessaire, le changement est possible mais nécessite de remettre en question les sources d’une inégalité toujours croissante, a estimé le chef d’État qui a appelé à renforcer nos efforts collectifs pour garantir la réalisation des ODD et à retrouver « l’authenticité perdue dans les actions et les paroles dont nous avons besoin pour relancer un système multilatéral mondial inclusif ».

M. CHARLES MICHEL, Président du Conseil européen, a estimé que le Sommet représente un moment unique pour redoubler d’ambition collective.  Il a ajouté que, pour l’Union européenne (UE) le Pacte qui vient d’être adopté peut revitaliser la confiance dans le multilatéralisme et replacer l’ONU au cœur de l’action commune des pays.  M. Michel a mis l’accent sur la nécessité urgente de réformer l’architecture financière internationale, suggérant de suivre l’exemple de l’UE, laquelle est parvenue en peu de temps à réorienter 100 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux.  L’Union européenne et ses États membres encouragent désormais leurs partenaires au sein du G7 à faire de même, a-t-il ajouté, pariant à terme sur une mobilisation de 100 milliards de dollars de plus chaque année. 

M. Michel a également souligné que s’attaquer au problème de la dette pour les pays à faibles revenus et à revenus intermédiaires doit être une priorité internationale.  Ces pays ne peuvent être, faute de moyens pérennes, obligés de choisir entre la résolution d’un mal plutôt qu’un autre, a-t-il affirmé.  D’autre part, il a souhaité que le Cadre commun pour le traitement de la dette au-delà de l’Initiative de suspension du service de la dette du G20 soit plus efficace, transparent et « opportun ».  Il a enfin estimé que, pour que le Pacte pour l’avenir devienne une réalité, les pays en développement devront jouer un rôle positif et proactif dans la réalisation des objectifs qui les concernent directement.  L’adoption de ce Pacte envoie un message puissant de confiance, celui selon lequel nous pouvons travailler de concert, a-t-il dit, assurant l’Assemblée que l’Union européenne sera un partenaire robuste et fiable de l’ONU pour faire du Pacte un succès. 

M. SABAH KHALED AL-HAMAD AL-SABAH AL-SABAH, Prince héritier du Koweïta encouragé à renforcer la coopération et s’attaquer aux difficultés et lacunes qui marquent le système multilatéral.  Pour lui, le Pacte permet à nouveau de nous engager à bâtir un ordre multilatéral qui concorde avec la réalité.  Ayant suivi de près les difficultés auxquels les pays en développement et les pays les moins avancés (PMA) se heurtent, il a dit avoir conclu que nombre de ces défis sont par nature transfrontières et incluent des difficultés liées au développement et aux changements climatiques.  D’où, a-t-il insisté, l’importance d’une application réelle du principe de répartition géographique équitable.  À cet égard, Il a appelé au rejet de toute « discrimination ou politisation ». 

Le dignitaire a plaidé pour une véritable réforme du système multilatéral et de l’architecture financière, et pour un règlement du problème de la dette souveraine.  S’agissant de la paix et la sécurité, il a insisté sur la nécessité de respecter le droit international ainsi que les conventions et traités internationaux.  Il est essentiel de s’abstenir de toute politique de deux poids, deux mesures, a-t-il martelé.  Or, a-t-il ajouté, c’est bien ce qui a cours en Palestine avec le génocide qui a fauché plus de 41 000 vies, en majorité des femmes et des enfants.  Pour lui, l’incapacité du Conseil de sécurité de mettre fin à ce conflit le montre bien: le deux poids, deux mesures n’a pas sa place à l’avenir.  Abordant le volet de la transformation de la gouvernance mondiale, notamment les dispositions relatives au Conseil de sécurité, il a appelé la communauté internationale à accélérer les processus de réforme, pour que cet organe soit le reflet du monde contemporain. 

M. K.P. SHARMA OLI, Premier Ministre du Népal, a attiré l’attention sur le sort des enfants vivant dans les pays les moins avancés (PMA): « quand des millions de nos jeunes languissent dans la malnutrition et l’analphabétisme, où se trouve notre avenir? »  Il a dénoncé l’injustice qui affecte les millions de personnes vivant dans une extrême pauvreté, alors qu’une petite minorité d’autres, concentrée dans certaines parties du monde, accumule des milliards de dollars.  Regrettant que les engagements en matière d’aide publique au développement (APD) et de financement de la lutte contre les changements climatiques ne soient pas respectés, il a dénoncé des régimes financiers et commerciaux mondiaux fondamentalement défavorables aux PMA. 

Bien qu’ils ne rejettent que 3,3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, les PMA sont particulièrement vulnérables aux effets dévastateurs des changements climatiques, a rappelé le Premier Ministre.  Appelant à mettre les PMA au centre des politiques mondiales, il a demandé d’investir dans les infrastructures, le développement rural, l’industrialisation durable et des systèmes de protection sociale durables. 

M. EDI RAMA, Premier Ministre de l’Albanie, a soulevé la question des moyens de rétablir la confiance tant mise à mal dans le multilatéralisme qui, selon lui, reste une réelle force qui permet de répondre aux défis présents et futurs et le seul remède pour éviter que le monde ne s’effondre sous nos yeux, « même si les actes n’ont souvent pas été à la hauteur de ceux que l’ONU prétend servir ces derniers temps ».  Ne prétendant pas avoir toutes les réponses, le Premier Ministre a dit avoir néanmoins une certitude: alors que le monde semble avoir perdu tout bon sens, l’ONU demeure irremplaçable.  « Nous sommes au bord du gouffre; personne n’est à l’abri », s’est-il exclamé, avertissant que, faute de défendre résolument un multilatéralisme revitalisé et un sens du vivre-ensemble, nous échouerons tous et toutes. Pour l’Albanie, le multilatéralisme n’est pas un choix mais bien une nécessité, et, fort de ce constat, M. Rama a insisté sur l’impératif de traduire en actes les engagements pris dans le Pacte qui vient d’être adopté. 

M. MOHAMMED SHIA’ AL SUDANI, Premier Ministre de l’Iraq, a assuré que son pays prend des mesures sérieuses pour parvenir au développement durable et répondre efficacement aux objectifs du Plan national de développement 2004-2028, en adoptant des réformes stratégiques globales.  Il a notamment cité la réforme économique en cours, destinée à assurer une transition vers de nouveaux modes de consommation et de production et à améliorer les conditions de vie des groupes les plus vulnérables, grâce à une stratégie propice aux systèmes sociaux qui font progresser ces groupes en termes de justice sociale et d’efficacité.  Conscient de l’ampleur des défis posés par les changements climatiques, l’Iraq, a dit son chef de gouvernement, est déterminé à établir des concepts de justice climatique, en particulier dans la lutte contre la sécheresse et la désertification et dans la garantie de la viabilité des ressources hydriques et de la sécurité alimentaire.  Bagdad s’efforce également de soutenir les investissements visant à diversifier une économie largement axée sur les exploitations pétrolières, en mettant l’accent sur le rôle du secteur privé dans la création d’opportunités professionnelles.  Les jeunes sont en effet la force motrice du pays, et nous soutenons des activités qui mettent en valeur leur contribution à la construction sociale, a insisté le Premier Ministre.  Il a ensuite appelé à une réforme des institutions internationales afin d’améliorer leur représentativité et leur capacité à relever les défis mondiaux. « Il est admis que le progrès et le développement durable dans tous les domaines ne peuvent être réalisés tant que nous serons sous la menace d’un conflit régional », a-t-il mis en garde, en soulignant la nécessité d’œuvrer à mettre fin à l’agression et à la guerre.

Mme MIA AMOR MOTTLEY, Première Ministre, Ministre de la sécurité nationale et du service public, Ministre des finances, des affaires économiques et de l’investissement de la Barbade, a rappelé que nous partageons la même planète, qui est « notre maison commune ».  Ce caractère interdépendant nous engage à mettre un terme aux horreurs actuelles et à créer de nouvelles opportunités pour les générations à venir, a-t-elle plaidé, avant de saluer l’adoption du Pacte pour l’avenir après des années de négociations.  Selon la dirigeante, nous ne pourrons pas changer la donne si nous ne sommes pas équipés et prêts à modifier les structures de gouvernance mondiale, lesquelles ne sont plus adaptées au monde d’aujourd’hui.  « Nous devons créer un nouvel espace, sans quoi nous ne pourrons sauver l’humanité et la planète. »  De fait, a souligné la Première Ministre, un « changement de paradigme » est nécessaire pour bâtir un avenir commun et naviguer ensemble face à des défis tels que les inondations, les ouragans, les sécheresses et les incendies. 

Constatant que le fait de ne pouvoir partager les ressources mondiales alimente les migrations, la désintégration sociale et le manque d’accès aux technologies numériques, elle a refusé l’idée de « mondes séparés » et appelé à surmonter ces défis en travaillant ensemble.  Toutefois, a-t-elle averti, chacun sait que cela restera lettre morte si nous ne changeons pas fondamentalement ce que nous faisons et la manière de le faire.  Après avoir réaffirmé son appui à l’Initiative de Bridgetown, qui vise à équiper les économies contre les chocs, à réaliser les ODD et à faire face à la crise climatique, elle a souhaité que les structures du système financier international soient enfin adaptées aux besoins de la majorité dans le monde. 

M. NTSOKOANE SAMUEL MATEKANE, Premier Ministre du Lesotho, a déclaré que l’adoption du Pacte pouvait marquer l’histoire de l’humanité.  Cette adoption ouvre d’abord un temps de réflexion sur le renouvellement du rôle des Nations Unies au XXIsiècle, une institution dans laquelle une grande partie de l’humanité place les plus hauts espoirs pour un avenir meilleur, a-t-il dit.  Pour le Président du Lesotho, l’intrication des défis actuels et leur ampleur planétaire soulignent l’urgence de revigorer le multilatéralisme pour le rendre « efficace et solidaire ».  À cet égard, il a considéré que l’ONU doit privilégier des stratégies innovantes à même de contribuer à la concrétisation des aspirations légitimes des citoyens du monde « telles qu’elles sont inscrites dans la Charte ». 

Commentant ensuite le Pacte pour l’avenir, M. Matekane a signalé que son pays met l’accent sur le financement du développement.  De ce point de vue, il a jugé impératif que soit renforcée la coopération numérique, cela par le biais de politiques d’inclusion numérique fortes qui favorisent l’innovation aux fins d’un développement socioéconomique véritablement durable.  Enfin, en ce qui concerne la transformation de la gouvernance mondiale, le chef d’État a appelé à la revitalisation de l’architecture financière internationale.  Dans cette optique, il a jugé essentiel d’élargir les mandats des institutions financières internationales, la voix des pays du Sud devant être entendue et peser lors de la prise de décision sur les questions qui les concernent.

M. MOHAMMED BIN ABDULRAHMAN BIN JASSIM AL-THANI, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Qatar, a souligné l’importance qu’il y a à revitaliser la gouvernance internationale, notamment à réformer l’architecture financière internationale, combler le fossé numérique et alléger le fardeau de la dette.  Pour sa part, le Qatar a lancé la troisième phase de sa stratégie de développement pour diversifier son économie, en investissant davantage dans les connaissances, la science et la technologie, notamment l’intelligence artificielle.  Attaché au multilatéralisme, le Qatar a mobilisé une aide substantielle pour les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement.  Il déploie aussi de nombreux efforts de médiation pour prévenir et régler les conflits de manière pacifique, comme entre Israël et la Palestine.  À ce propos, le Secrétaire d’État a plaidé pour un accord sur le cessez-le-feu et la libération des otages.  Il a aussi annoncé la disposition de son pays à accueillir le deuxième Sommet sur le développement social en 2025 et un des trois sommets recommandés dans Notre Programme commun. 

M. ANDREW HOLNESS, Premier Ministre, Ministre de la défense et Ministre de la croissance économique et de la création d’emplois de la Jamaïque, a exprimé la fierté de son pays d’avoir participé à un processus historique, notamment comme cocoordonnateur pour la Déclaration sur les générations futures. S’inquiétant du retard manifeste de mise en œuvre des ODD, notamment dans les petits États insulaires en développement (PEID), il a dénoncé un déficit de financement qui se creuse d’année en année.  Le Premier ministre a également plaidé pour le respect de l’objectif de limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5 degrés.  Estimant que des défis inédits menacent la paix et la sécurité internationale, notamment en raison de tensions géopolitiques et des réseaux de criminalité transnationaux, il a appelé à réformer le système financier international « de façon radicale » et à rendre le Conseil de sécurité plus inclusif et efficace.  Il a affirmé que pour les PEID, le Pacte devait permettre d’atteindre les ODD, de lutter contre les changements climatiques et favoriser une gouvernance mondiale plus équitable. 

M. KYRIAKOS MITSOTAKIS, Premier Ministre de la Grèce, a jugé essentiel de prendre conscience du fait qu’aujourd’hui le monde a la possibilité d’agir avant qu’il ne soit trop tard, avant que nous n’arrivions à la prochaine crise véritablement mondiale.  « Nous pouvons encore éviter la dévastation que pourraient provoquer les menaces mondiales actuelles auxquelles nous sommes confrontés », a insisté le Premier Ministre pour qui le Pacte pour l’avenir, en tant que point de consensus mondial, n’est qu’un premier pas.  Mais c’est un premier pas nécessaire, a-t-il concédé, en soulignant qu’il s’agit d’une déclaration politique d’action.  Et la volonté politique est un moteur nécessaire à l’action aux niveaux national et mondial.  La Grèce, en tant que nouveau membre du Conseil de sécurité pour les deux prochaines années, a participé activement à cette difficile négociation, a-t-il expliqué en estimant que les États Membres sont parvenus à un résultat relativement satisfaisant.  Il a salué l’inclusion de paragraphes qui préoccupent particulièrement la Grèce, tels que la sécurité maritime et la protection de la culture en tant que composante à part entière du développement durable.  Mais ce qui lui semble le plus important, c’est qu’aujourd’hui marque le renouvellement de la confiance dans le système multilatéral et la réaffirmation de l’engagement collectif à son égard.  À ce stade, il était nécessaire de procéder à cette réaffirmation, de « revenir aux fondamentaux » de la Charte des Nations Unies, a conclu le dirigeant en citant spécifiquement le règlement pacifique des différends et le respect du droit international. 

M. BJARNI BENEDIKTSSON, Premier Ministre d’Islande, a estimé que le Pacte pour l’avenir et ses annexes témoignent de la vitalité du système multilatéral dont l’ONU est le noyau.  Les mesures que nous nous sommes engagés à prendre ne vont pas toujours aussi loin que nous l’aurions souhaité, a-t-il reconnu, mais nous avons de nombreuses raisons de nous réjouir des terrains d’entente que nous avons trouvés, en particulier d’avoir revitalisé nos engagements au titre des objectifs de développement durable. Les mesures convenues pour éradiquer la pauvreté en investissant dans le capital humain, en mettant l’accent sur le fait de ne laisser personne de côté, font partie intégrante de nos efforts pour réaliser le Programme 2030, s’est encore félicité le Premier Ministre.  L’Islande, a-t-il dit, est particulièrement heureuse que nous ayons pu nous mettre d’accord sur une action ambitieuse concernant la santé et la résilience des océans et de leurs écosystèmes.  Mais si nous voulons regagner la confiance perdue entre nous, il ne suffira pas de simplement réitérer nos engagements, par exemple, envers l’Article 2 paragraphe 4 de la Charte des Nations Unies sur le fait de s’abstenir de recourir à la force contre l’intégrité territoriale d’un autre État: « Tous les États Membres doivent s’y conformer.  Et cela vaut pour toutes nos actions et tous nos engagements qui doivent être mis en œuvre –le travail doit commencer immédiatement », a mis en garde M. Benediktsson. 

M. DIMITAR BORISOV GLAVCHEV, Premier Ministre par intérim de la Bulgarie, a rappelé que l’objectif du Sommet de l’avenir et du Pacte qui en découle est de relever les défis de notre temps et de s’unir pour un meilleur avenir pour les générations à venir.  Formant l’espoir que ce sommet débouchera sur un système multilatéral revitalisé, fondé sur un nouveau consensus mondial, il a estimé qu’au cœur de ces efforts se trouve l’état de droit, essentiel pour faire respecter les normes internationales, garantir la justice et favoriser la coopération mondiale.  Partisan d’une société mondiale plus inclusive, il a appelé la communauté internationale à lutter contre les inégalités systémiques et à défendre les droits fondamentaux de tous les individus, ce qui impose de tenir compte de l’impact des nouvelles technologies sur les sociétés.  En soutenant le Pacte numérique mondial, nous visons un avenir numérique centré sur l’humain et fondé sur les droits, qui exploite l’intelligence artificielle pour faire progresser les ODD et qui garantisse l’intégrité de l’information, a-t-il indiqué, non sans inviter à « écouter attentivement les jeunes » à ce sujet. 

Le dirigeant a ajouté que son pays soutient la Déclaration sur les générations futures pour impliquer et donner aux jeunes les moyens de façonner l’avenir en Europe et dans le monde.  Notant toutefois que ces mesures nécessitent une transformation significative de la gouvernance mondiale, il a appelé de ses vœux une « modernisation » de l’ONU pour garantir qu’elle reste pertinente et réactive face aux défis du XXIe siècle.  « Cela implique de réformer le Conseil de sécurité pour mieux refléter le paysage mondial actuel en ajoutant des sièges permanents et non permanents supplémentaires ».  Avant de conclure, il a exhorté chacun à coopérer et à agir de manière décisive pour ne pas décevoir les jeunes et les générations futures. 

M. KISHIDA FUMIO, Premier Ministre du Japon, a appelé à la défense de l’état de droit et des principes de la Charte des Nations Unies qui le sous-tendent. Les tentatives unilatérales de changer le statu quo par la force ne peuvent être tolérées nulle part dans le monde, a-t-il dit, arguant que seul un ordre international libre et ouvert, fondé sur l’état de droit, peut assurer un développement et une prospérité durables. M. Kishida a indiqué qu’en mai dernier, à Hiroshima, il avait partagé ses vues sur ce principe fondamental avec les dirigeants du G7, du Brésil, de l’Inde ou encore de l’Ukraine. 

Le Premier Ministre japonais a également attiré l’attention sur la nécessité que l’ONU, renforcée par le Pacte qu’elle vient d’adopter, s’attaque à la situation de plus en plus désastreuse selon lui en matière de désarmement et de non-prolifération nucléaires.  Aussi difficile que soit le chemin vers un monde sans armes nucléaires, nous ne pouvons pas freiner nos efforts en ce sens, a insisté M. Kishida, dont le pays reste déterminé à promouvoir des efforts réalistes et pratiques, tel que le lancement prochain du groupe des amis du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  Le Japon continuera à contribuer activement à la réalisation et au maintien de la paix et de la sécurité internationales en œuvrant pour un ordre international libre et ouvert fondé sur la primauté du droit, cela notamment dans un Conseil réformé, a-t-il assuré en conclusion. 

M. TSHERING TOBGAY, Premier Ministre du Bhoutan, s’est inquiété du retard pris en vue de réaliser les ODD d’ici à 2030.  Il a appelé à ce qu’aucun pays ne soit laissé pour compte en proposant des financements innovants, une répartition équitable des ressources et des partenariats solides.  Plaidant pour combler la fracture numérique, il a appelé à exploiter le pouvoir de la technologie pour favoriser le développement durable de tous les pays.  Appelant de ses vœux une structure de gouvernance mondiale inclusive, transparente et responsable, il a insisté sur la nécessité de garantir la paix, la sécurité et les droits de l’homme pour les peuples de tous les pays.  Il a ajouté qu’aucune nation ne pouvait relever de manière isolée les défis mondiaux tels que les changements climatiques, les pandémies et les conflits. 

M. KAY RALA XANANA GUSMÃO, Premier Ministre du Timor-Leste, a indiqué que l’indépendance de son pays il y a 25 ans a été la réalisation du peuple timorais mais aussi un triomphe du système international.  « Si mon pays est aujourd’hui une démocratie stable et pacifique, cela est dû au soutien constant de la communauté internationale et aux efforts nationaux de dialogue et de réconciliation. »  Il a rappelé que la paix demeure abstraite pour de nombreuses nations, en citant le Sahara occidental qui attend un referendum depuis 1992; « 32 ans et le droit international ne s’applique pas à la dernière colonie d’Afrique. »  Il a pointé l’insuffisance du financement des objectifs de développement durable, avant de s’alarmer de l’insécurité alimentaire dans le monde.  Il a réclamé une réforme structurelle du Conseil de sécurité qui est aujourd’hui une structure obsolète et inefficace.  Il a également dénoncé ces pays développés qui continuent de prendre des décisions à la place des pays en développement.  « Une poignée décide pour nous, sans nous. »  Enfin, le Premier Ministre a réclamé un financement plus robuste des efforts internationaux de développement. 

M. ROBERT GOLOB, Premier Ministre de la République de Slovénie, a rappelé que la paix et le plein respect de tous les États Membres, « petits ou grands », sont nécessaires, de même que le respect du droit international, à commencer par la Charte des Nations Unies, et la fin du sentiment d’impunité en cas de violations.  « Il faut mettre un terme à la guerre à Gaza et aux souffrances du peuple palestinien. »  « Il faut mettre un terme à l’agression contre l’Ukraine et son peuple », a-t-il asséné. 

Le Premier Ministre a insisté sur l’importance de l’eau, « la plus précieuse des ressources naturelles » et un élément essentiel du bien-être environnemental, social et économique, et de la paix et de la stabilité mondiales.  Il a invité la communauté internationale à s’emparer du potentiel transformateur des technologies, qui pourraient ouvrir une nouvelle ère dans la gestion de l’eau, en permettant d’anticiper, de gérer et d’atténuer les risques liés à l’eau.  L’intelligence artificielle permet par exemple de créer des modèles de prévision du manque d’eau, des risques d’inondations et des impacts des changements climatiques sur les ressources hydriques.  « L’usage le plus éthique de l’intelligence artificielle est de garantir la sécurité alimentaire, hydrique, énergétique et climatique.     » 

Après les inondations dévastatrices qui ont touché la Slovénie l’année dernière, a expliqué M. Golob, les autorités ont utilisé des technologies satellitaires et numériques avancées afin de gérer les ressources naturelles de manière durable et de protéger les infrastructures.  « L’avenir de la planète dépend de notre capacité à gérer judicieusement nos ressources en eau », a-t-il insisté.  Forte de son expertise et de son expérience dans la coopération transfrontière en matière d’eau, la Slovénie est prête à contribuer aux efforts visant à garantir que toute personne a accès à de l’eau propre et durable. 

M. ALEXANDER DE CROO, Premier Ministre du Royaume de Belgique, a rappelé qu’à l’occasion des 75 ans de l’ONU, les États Membres avaient lancé un appel à l’action pour un multilatéralisme revitalisé, convaincus que l’Organisation doit s’adapter à l’évolution du monde.  À ce titre, il a les exhortés à respecter leurs engagements en faveur d’un ordre international fondé sur des règles.  Chaque nation doit donner l’exemple à la fois à l’intérieur de ses frontières et à l’étranger, a-t-il poursuivi, insistant sur l’universalité des droits humains.  Or, le Pacte pour l’avenir réitère précisément l’engagement commun envers les droits humains, a-t-il estimé.

Déplorant le recul des droits humains à l’échelle mondiale, il a fustigé ceux qui tentent d’en réécrire le contenu et dénoncé les attaques contre les droits des femmes et des filles.  Il a lancé un appel pour que les décideurs politiques soient comptables de leurs actes. Il a aussi émis le vœu que l’architecture financière internationale fonctionne pour les plus vulnérables, afin de remédier aux inégalités entre nations.  Les banques multilatérales de développement doivent évoluer vers plus de réactivité, a-t-il estimé.

Enfin, il a considéré qu’il faut tirer parti des technologies numériques pour un avenir plus inclusif, saluant à ce titre le Pacte numérique mondial comme un outil essentiel.  Outre leurs bienfaits potentiels, les nouvelles technologies représentent toutefois un défi, a-t-il averti, prônant la création de garde-fous.  La technologie doit être centrée sur l’humain et respecter les droits humains, a-t-il conclu, citant en exemple la loi européenne sur l’intelligence artificielle.

M. KASSIM MAJALIWA MAJALIWA, Premier Ministre de la République-Unie de Tanzanie, a espéré que le Pacte pour l’avenir permettra dans les faits de renouveler la confiance dans le multilatéralisme.  Il a appelé à soutenir les pays les moins avancés dans la réalisation du Programme 2030, et à financer l’action climatique.  Réaffirmant l’attachement de son pays à la Charte des Nations Unies, le Premier Ministre a estimé que tous les pays doivent avoir voix au chapitre pour refaçonner la nouvelle gouvernance mondiale.  Il a salué en particulier le Pacte numérique mondial.

M. ALLAH MAYE HALINA, Premier Ministre du Tchad, a rappelé que pour son pays, comme de nombreux autres du Sahel, la paix demeure un enjeu crucial. Bien que nous soyons confrontés à des défis, il est essentiel de reconnaitre les efforts déployés par nos États face aux groupes terroristes, qui menacent nos institutions, entravent nos efforts de développement et exacerbent la misère des populations, a-t-il ajouté.  Pour M. Halina, « le manque d’une réelle volonté commune de la communauté internationale pour éradiquer ce désastre fera passer l’Afrique tout entière dans le giron des groupes terroristes ». 

Les changements climatiques représentent un défi mondial majeur, avec des conséquences dévastatrices dans des régions vulnérables comme le Sahel, a poursuivi le Premier Ministre.  Pour lui, les récentes inondations au Tchad, avec plus d’un million et demi de personnes touchées, illustrent cette réalité.  Parallèlement, le Tchad accueille plus de deux millions de réfugiés, représentant plus de 15% de sa population, a poursuivi M. Halina, qui a expliqué ce chiffre par un afflux massif de réfugiés soudanais qui est venu s’ajouter aux centaines de milliers de réfugiés provenant d’autres pays voisins.  Aussi a-t-il appelé à une solidarité renforcée de la communauté internationale pour soutenir les réfugiés et les populations hôtes. 

Le Tchad reste convaincu que la crise actuelle au Soudan ne saurait trouver de solution par les armes, mais seulement par la voie pacifique, à travers un dialogue intersoudanais en vue d’une paix durable, a poursuivi M. Halina.  Le Premier Ministre a réaffirmé le soutien de son pays à toutes les initiatives en cours pour restaurer la paix et la stabilité dans ce pays voisin.  Il a réaffirmé l’attachement de N’Djamena à la position commune africaine sur la réforme du Conseil de sécurité telle qu’exprimée dans le consensus d’Ezulwini et la déclaration de Syrte.  « L’Afrique ne demande pas autre chose que la réparation d’une flagrante injustice causée à tout un continent qui compte plus d’un milliard d’âmes privées injustement de sa place légitime dans le système des Nations Unies », a-t-il tranché. 

Mme EBBA BUSCH, Vice-Première Ministre et Ministre de l’énergie, du commerce et de l’industrie de la Suède, a déclaré que ses deux enfants peuvent être assurés que leurs droits sont placés au cœur du Pacte pour l’avenir.  Alors que le monde fait face à des défis sans précédent, l’époque est marquée par le numérique et les technologies émergentes, qui remodèlent les facettes de la vie, a-t-elle fait observer.  Rappelant que son pays et la Zambie ont été à la manœuvre pour convenir du Pacte numérique mondial, elle a souhaité que cet engagement collectif permette de combler les fossés et de doper la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  L’intelligence artificielle doit être au service de l’humanité et des valeurs communes. 

S’agissant du développement, la Vice-Première Ministre a vanté la générosité de son pays, qui dépasse l’objectif onusien de 0,7% du PIB pour l’aide publique au développement (APD), accroît son efficacité financière et généralise les montages innovants pour financer les ODD et les objectifs liés à l’Accord de Paris sur le climat.  Elle a également plaidé pour une représentation juste pour tous, estimant que le Conseil de sécurité doit être adapté aux réalités d’aujourd’hui, notamment en accordant une place plus large aux pays africains.  Condamnant les souffrances occasionnées par les conflits en Ukraine, au Soudan, en République démocratique du Congo ou encore à Gaza, elle a souligné l’engagement de la Suède en faveur de la paix et invité les États Membres à tirer parti de la « fenêtre d’opportunités » que constitue ce Sommet.

M. ENRIQUE AUSTRIA MANALO, Secrétaire d’État aux affaires étrangères des Philippines, a estimé que le Pacte pour l’avenir lie désormais les États Membres par des paroles et des actes visant la réalisation des aspirations des peuples du monde.  Ancré dans Charte des Nations Unies, c’est un Pacte pour un multilatéralisme transformateur, a ajouté M. Manalo, qui a jugé que ce document est en mesure de guider l’ONU vers des résultats significatifs s’agissant de la paix et de la sécurité, des droits humains, de l’équité et de l’égalité, de la résilience face aux crises et aux catastrophes et de  l’autonomisation des individus comme des communautés.  Le Pacte, a-t-il poursuivi, englobe un programme où le bien-être des générations présentes et futures se conjugue, et où nous sommes invités à traduire en actes des principes et des objectifs partagés par une immense majorité de pays, a-t-il répété. 

Le Secrétaire d’État a plaidé pour un soutien collectif et solidaire à la réforme du système du développement durable, visage de l’ONU aux yeux des peuples du monde entier.  Pour être utiles, les programmes de l’ONU doivent se fonder sur l’appropriation nationale, a estimé M. Manalo, ajoutant que le Pacte établit justement un paradigme pour un multilatéralisme inclusif.  Il a assuré le Secrétaire général de l’ONU et le Président de l’Assemblée générale de l’appui des Philippines à la concrétisation de ce Pacte et de ses annexes. 

M. SAYYID BADR BIN HAMAD BIN HAMOOD ALBUSAIDI, Ministre des affaires étrangères d’Oman, a appelé à des approches novatrices qui s’appuient sur le développement durable.  Il a plaidé en faveur de la diplomatie préventive, l’outil « le plus efficace » selon lui pour prévenir les conflits.  Évoquant les incubateurs d’innovation créés pour la jeunesse dans son pays, il a souligné l’importance de stimuler la créativité des jeunes pour bâtir un avenir meilleur. 

M. TAYE ATSKE-SELASSIE AMDE, Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie, a salué la grande portée de ce pacte et la place considérable dévolue aux engagements à éradiquer la pauvreté et à promouvoir le développement durable.  Ce pacte devrait nous rapprocher de la réalisation des objectifs de développement durable.  Toutefois, notre incapacité à accepter des cibles plus ambitieuses est la preuve que le changement est nécessaire, a-t-il déclaré.  « Nous devons passer de la rivalité à la coopération, renforcer la tolérance à nos différences de politiques et bâtir les ponts pour parvenir à un programme mondial minimal. »  Il a rappelé l’engagement de son pays à éradiquer la pauvreté, avant d’exhorter les pays développés à s’acquitter de leurs responsabilités en ce qui concerne l’aide au développement et le financement climatique.  Enfin, il a tenu à souligner le potentiel considérable de la coopération financière et technique entre pays en développement pour assurer la sécurité alimentaire notamment. 

M. MOHAMAD HASAN, Ministre des affaires étrangères de la Malaisie, a réaffirmé le soutien de son pays au Pacte pour l’avenir.  Citant l’incapacité à stopper le génocide à Gaza, les impacts des changements climatiques, et le creusement des écarts de développement entre le Sud global et le Nord, M. Hasan a assuré qu’il est temps d’encourager une gouvernance mondiale holistique.  D’ici à 2050, notre planète comptera une population de 10 milliards de personnes, a-t-il poursuivi, avant de lancer: « Comment allons-nous nourrir le monde si nous ne le pouvons pas aujourd’hui? »

L’éducation est l’outil pour remédier aux inégalités et les connaissances peuvent émanciper les plus défavorisés et les sortir de la pauvreté, a préconisé le Ministre.  Pourtant, dans le Sud global, des millions d’enfants sont privés de ce droit fondamental qu’est le droit à l’éducation, a-t-il déploré, estimant que la communauté internationale doit « démocratiser l’éducation ».  Selon lui, le Pacte pour l’avenir représente l’espoir d’une collaboration plus forte entre le Sud global et le Nord, ainsi que d’un multilatéralisme guidé par la science, la technologie et l’innovation.  M. Hasan s’est dit convaincu que, si elle agit de manière décisive, la communauté internationale peut bâtir un avenir dans lequel aucun enfant ne se couche en ayant faim, dans lequel l’éducation est un droit et non un privilège, et dans lequel notre planète est choyée et protégée.  Il a proposé la création d’un fonds mondial pour la science afin d’encourager des solutions novatrices pour répondre aux difficultés. 

M. BRUNO EDUARDO RODRÍGUEZ PARRILLA, Ministre des affaires étrangères de Cuba, a rappelé le discours prononcé par Fidel Castro en 1960, à l’Assemblée générale, dans lequel il avait déclaré que, quand la philosophie de l’accaparement disparaîtra, la philosophie de la guerre disparaîtra aussi. Aujourd’hui, a expliqué le Ministre, nous sommes toujours face au colonialisme et au néocolonialisme, avec les promesses de la mondialisation néolibérale qui ne sont qu’une chimère car les inégalités se creusent, les guerres se multiplient et la menace nucléaire se précise, tandis qu’un génocide se poursuit en Palestine sans une réponse efficace de la communauté internationale.  La montée du fascisme, de la xénophobie et des discriminations est effarante. 

Le Ministre a lancé un appel contre la politisation et les politiques de deux poids, deux mesures, et pour le dialogue et le respect des droits inaliénables de tous à déterminer leur avenir.  Pour nous, a-t-il souligné, le principal problème est le blocus américain et l’inscription arbitraire de notre pays sur la liste des pays qui soutiennent le terrorisme.  Le Ministre a aussi appelé à la fin du consumérisme effréné et à la réforme de l’architecture financière internationale car on ne peut croire aux promesses de paix et au multilatéralisme quand règnent l’égoïsme et la coercition.  Les principes auxquels nous aspirons ont été fixés il y a des décennies ici même à l’Assemblée générale, a-t-il rappelé, estimant qu’ils ont été honteusement oubliés.  Dans ce cadre, a-t-il conclu, il nous faut de la volonté politique pour faire face aux failles structurelles et morales d’un système international qui empêche des millions d’êtres humains de réaliser leurs aspirations. 

M. ABDOULAYE BIO TCHANÉ, Ministre d’État chargé du développement et de la coordination de l’action gouvernementale du Bénin, a pointé que le multilatéralisme et la coopération internationale s’effritent de jour en jour, ouvrant la porte à un monde clivant, où les problèmes se gèrent de manière cloisonnée.  Le quotidien l’emporte sur l’avenir et l’urgence sur l’important, a-t-il relevé.  C’est dans ce contexte que le Sommet de l’avenir trouve toute sa pertinence aux yeux du Ministre qui a réitéré l’attachement du Bénin à la réalisation des ODD.  Il a passé en revue les progrès réalisés par son pays dans ce contexte, en se targuant notamment d’être la première nation d’Afrique subsaharienne à avoir émis des euro-obligations dédiées au financement des projets à fort impact ODD, en 2021. 

Cet engagement en faveur de la réalisation des ODD a permis au Bénin de réduire la pauvreté de près de quatre points, ces dernières années.  Afin d’asseoir durablement cette dynamique, le Bénin travaille actuellement à se doter d’une vision nationale de développement, à l’horizon 2060, a précisé le Ministre en insistant sur l’impératif du multilatéralisme pour la préservation des biens publics mondiaux, notamment le climat, la sécurité internationale et la stabilité économique.  À cet égard, le Ministre a plaidé pour une réforme du système financier international et du système de gouvernance global qui, conjointement, participent à l’action collective globale.  C’est seulement à ce prix que le multilatéralisme peut contribuer à créer l’avenir que nous souhaitons, a-t-il conclu. 

M. MULAMBO HAMAKUNI HAIMBE, Ministre des affaires étrangères de la Zambie, a déclaré qu’aujourd’hui plus que jamais, il est impératif de coopérer face aux menaces nombreuses qui se posent à la communauté internationale, dont les violations de la Charte des Nations Unies.  Il a assuré que son pays continuera d’appuyer les efforts multilatéraux en faveur du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il a appuyé à cet égard la position africaine commune sur la réforme du Conseil de sécurité.  Le Chef de la diplomatie zambienne a blâmé les menaces convergentes qui s’exacerbent les unes les autres, mais également le caractère « déséquilibré et injuste » de l’architecture financière internationale, avec un déficit estimé à 2 500 milliards de dollars par an.  La Zambie, a indiqué le Ministre, fait d’ailleurs partie des sept pays africains qui consacrent plus de ressources à l’intérêt sur la dette qu’au secteur de l’éducation.  Il s’est ensuite dit heureux de l’adoption historique du Pacte numérique mondial, propice à l’avènement de sociétés plus inclusives. 

M. OLIVIER NDUHUNGIREHE, Ministre des affaires étrangères du Rwanda, a salué l’adoption d’un pacte historique, ajoutant qu’il importe, pour qu’il débouche sur des résultats concrets, que les pays réaffirment leur détermination à respecter les principes et les actions qui sous-tendent chacun de ses chapitres.  Le Rwanda, a-t-il assuré, est résolu à veiller à ce que les générations futures héritent d’un monde qui soit non seulement durable mais aussi équitable et juste.  Le Ministre a jugé important que ce sommet soit la rampe de lancement d’actions communes et transformatrices indispensables à l’amélioration du bien-être des peuples du monde.  Les défis auxquels nous sommes confrontés sont considérables, mais les opportunités qui s’offrent à nous sont immenses, a-t-il déclaré.  Il a prôné un état d’esprit à la fois adaptatif et tourné vers l’avenir, qui oblige à réformer en profondeur les mentalités.  Passer d’une approche réactive à une approche proactive, adopter des solutions innovantes et des stratégies collaboratives qui s’attaquent aux causes profondes plutôt qu’aux symptômes ou encore favoriser la résilience, tels sont, selon lui, les orientations que doivent privilégier les pays pour soutenir le développement durable. 

Mme JOYELLE CLARKE, Ministre du développement durable, de l’environnement, de l’action climatique et de l’autonomisation des communautés de Saint-Kitts-et-Nevis, a appelé à donner la priorité aux besoins des plus vulnérables, tels que les femmes, les jeunes, les personnes âgées, les peuples autochtones et les populations rurales.  « Basons notre prise de décisions sur une évaluation critique des entreprises historiques mondiales d’exploitation et de désaffiliation qui ont constitué le progrès pour une poignée et le sous-développement pour le plus grand nombre. »  Pendant des siècles, nos pays ont alimenté l’économie mondiale, le temps est venu que tous les pays prospèrent indépendamment de leur taille, a-t-elle tranché.  Elle a invité tous les pays insulaires à participer en mai 2025 au sommet mondial des îles durables qui se tiendra dans son pays. « Réunissons-nous pour continuer les actions concrètes et réaliser les engagements en vue de notre survie commune. »  Enfin, elle a rappelé que chaque année la communauté internationale se réunit pour dire « maintenant plus que jamais ».  Mais en réalité c’est maintenant que les pays insulaires ont plus que jamais peur, a conclu la Ministre. 

M. MOHAMED ALI NAFTI, Ministre des affaires étrangères de la Tunisie, a estimé que la situation mondiale continue de se détériorer, alors que les outils de gouvernance internationale mis en place après la Seconde Guerre mondiale sont incapables de gérer les défis ou d’en traiter les causes profondes. Plaidant pour une réforme des mécanismes multilatéraux et d’une nouvelle approche de la coopération internationale, le Ministre a salué l’adoption des documents finaux du Sommet, y voyant une occasion unique de transformer de manière tangible le système multilatéral. 

M. Nafti a appelé les pays développés à tenir leurs engagements en matière de financement du développement durable et de l’action climatique, tout en aidant les pays en développement à atténuer le poids de la dette.  Il a dénoncé les « atroces crimes contre l’humanité » commis contre le peuple palestinien, victime d’une « occupation barbare » au vu et au su d’une « communauté internationale faisant preuve d’une impuissance et d’un silence coupables », avant de rappeler que l’ONU avait une responsabilité morale et historique envers lui. 

Faisant fond sur les avancées de ce Sommet, M. BADR AHMED MOHAMED ABDELATTY, Ministre des affaires étrangères et de l’émigration de l’Égypte, a jugé nécessaire, compte tenu de la polarisation mondiale et des menaces pour la paix, de renouveler l’engagement en faveur de la Charte des Nations Unies, dans le respect de l’égalité souveraine des États.  À cet égard, il a souligné la nécessité de régler la question palestinienne et d’établir un État indépendant dans les frontières du 4 juin 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale.  Constatant que la confiance dans la justice du système international est aujourd’hui mise à rude épreuve, il a déploré l’impuissance de la communauté mondiale à mettre un terme à la tragédie en cours à Gaza, qui menace de s’étendre au « Liban frère ». 

Le Ministre a par ailleurs jugé nécessaire d’accroître le financement du développement et de réformer l’architecture financière mondiale.  Il faut, selon lui, répondre aux aspirations des peuples en augmentant les taux de croissance, ce qui suppose de promouvoir le développement et de s’entendre sur des solutions innovantes en faveur des pays du Sud.  Il convient également d’assurer le transfert des technologies, renforcer la coopération numérique et intensifier les programmes de recherche, notamment en Afrique.  Appelant en outre à soutenir les efforts des pays africains pour contrer les effets négatifs des changements climatiques, il a insisté sur la question de l’accès à l’eau.  Enfin, qualifiant de « priorité absolue » l’élimination totale des armes nucléaires pour garantir aux générations futures un avenir sûr, il a plaidé pour la mise en place d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. 

Pour M. MBAE MOHAMED, Ministre des Affaires étrangères des Comores, le développement durable exige des actions collectives renforcées pour concrétiser les objectifs de développement durable, en particulier dans les pays les moins avancés.  À cet égard, le financement du développement est essentiel et il est urgent de mettre en place un mécanisme de financement novateur et ambitieux, ainsi que de soutenir l’entreprenariat.  L’Union des Comores lance un appel aux pays du Nord afin qu’ils honorent leurs engagements pris en faveur de la réalisation des objectifs de développement durable dans les pays du Sud. 

Il faut tout faire pour restaurer le respect de l’ONU et de sa Charte, a lancé le Ministre.  En outre, le progrès technologique et l’innovation doivent permettre de réduire la fracture numérique et de permettre un accès équitable de chaque pays à ces innovations. L’avenir commence maintenant et sans attendre, a martelé M. Mohamed, qui a conclu en rappelant que l’avenir de notre planète repose sur nos jeunes et qu’il est de notre devoir de leur laisser un monde où règne la paix. 

M. LEJEUNE MBELLA MBELLA, Ministre des relations étrangères du Cameroun, a salué l’adoption par consensus du Pacte pour l’avenir avec ses deux annexes grâce à une réelle volonté politique et un sens de l’intérêt général.  Ce Pacte est un pari pour l’avancement de la paix, du développement durable et de la dignité humaine pour les générations actuelles et à venir, a estimé le Ministre en appelant à miser sur ce Pacte et à agir pour parvenir à la prospérité partagée à laquelle nous aspirons au nom de l’avenir de toute l’humanité et la nécessité de ne laisser personne de côté. En cette ère du numérique, le Ministre a appelé à mettre la science et la technologie au service d’une humanité agissante. 

Selon M. KWEON KI-HWAN, Vice-Ministre adjoint pour les affaires mondiales et multilatérales de la République de Corée, le Pacte pour l’avenir trace le chemin vers un avenir meilleur pour l’humanité et réitère un attachement au multilatéralisme. Ces engagements doivent se traduire en mesures concrètes pour tous, a-t-il préconisé.  Pour mettre en œuvre le Pacte, il a lancé un appel aux États Membres, mais aussi aux organisations internationales, à la société civile et au secteur privé. 

Le Vice-Ministre a souhaité voir la science, la technologie et l’innovation mobilisées à des fins pacifiques et pour promouvoir et protéger les droits humains. Ainsi, la République de Corée veut s’appuyer sur l’intelligence artificielle (IA) pour accélérer les progrès sur la voie des objectifs de développement durable.  Le dignitaire a cité le sommet sur l’IA tenu à Séoul en mai dernier, à la suite duquel son pays a convoqué un forum global pour favoriser des normes relatives à l’IA dans le secteur privé.  En septembre, la République de Corée a en outre accueilli un sommet sur l’IA responsable dans le domaine militaire.  De même, en tant que membre du Conseil de sécurité, la République de Corée accorde une grande importance à la cybersécurité, estimant qu’il s’agit de jeter les bases d’une riposte efficace contre les menaces cybernétiques.  Enfin, le Vice-Ministre a réitéré l’engagement de son pays en vue de mobiliser des ressources au service du développement, rappelant qu’il avait décidé d’augmenter ses contributions au développement en Afrique. 

M. DANNY BEN YOSEF DANON (Israël) a assuré que son pays est déterminé à réaliser ce Pacte alors même qu’il est victime d’attaques d’acteurs non-étatiques qui menacent son existence même.  Déterminé à se défendre contre ces attaques, Israël n’en est pas moins une nation éprise de paix, mais nous persisterons à protéger son peuple, a-t-il expliqué en faisant état des attaques de la nuit dernière du Hezbollah.  Martelant que « nous n’avons pas commencé cette guerre » à Gaza, le représentant a affirmé que, malgré les défis colossaux auxquels Israël est confronté, le pays continuera à jouer un rôle de chef de file en matière d’innovation, de promotion de droits humains et de durabilité.  Nous défendons notre peuple et notre terre, mais nous sommes quand même ici pour défendre notre avenir commun, a-t-il fait valoir. 

Le représentant a expliqué que certaines questions cruciales déterminent la vision de l’avenir d’Israël, et notamment: comment œuvrer à l’élimination de la pauvreté? ou encore: comment les technologies peuvent-elles servir à l’humanité plutôt que d’être utilisées pour propager la haine?  Face à la montée de l’antisémitisme dans le monde, le représentant a demandé une action nette et claire de la communauté internationale pour le combattre. « Il faut plus que des mots et des déclarations », a-t-il affirmé.  La réalisation des ODD ne peut se faire au détriment de nos valeurs démocratiques, a poursuivi le délégué en appelant à agir de manière décisive contre l’extrémisme violent et le terrorisme mais également contre les régimes et organisations terroristes qui les financent au mépris de la sécurité et du bien-être de leur propre peuple. 

M. MARIUS ARISTIDE HOJA NZESSIOUÉ (République centrafricaine) a considéré que le Pacte pour l’avenir, « ambitieux et transformateur », est une étape importante pour ne laisser personne de côté et protéger notre planète.  Il s’est attardé sur le mot « action », qui nous invite à sortir de l’immobilisme ambiant qui ne fait qu’accentuer les déséquilibres dans l’égalité des droits: droit au développement, droit à un monde plus sûr et durable, droit à l’autodétermination et à la souveraineté, et droit d’être des acteurs impliqués dans la gouvernance mondiale.

Après avoir plaidé en faveur d’une réforme du Conseil de sécurité « qui réparerait une injustice historique faite à l’Afrique », le représentant a fait état des retards dans la mise en œuvre des ODD dans son pays, en raison principalement des défis internes liés entre autres à la situation sécuritaire, à son enclavement, ou encore au déficit énergétique.  Aussi son Gouvernement a-t-il défini et validé un Programme national de développement 2024-2028 d’un montant de 12,8 milliards de dollars qui ambitionne de bâtir un pays prospère fondé sur un état de droit plus inclusif axé sur les principes de la bonne gouvernance.  « L’enjeu pour notre pays est de passer d’une logique d’urgence à une logique d’un développement soutenu, durable et porteur d’une transformation structurelle de l’économie dans lequel les jeunes, les femmes et le secteur privé occupent une place de choix », a précisé le délégué.  Dans cette perspective, il a vu dans l’utilisation des nouvelles technologies et de l’innovation un vivier important dans la quête d’une mobilisation accrue des ressources nationales.  En cela, le Pacte numérique mondial sera un atout pour optimiser au maximum la contribution de la technologie, de l’innovation et de la science à la croissance, a ajouté le représentant. 

M. ALEXANDER MARSCHIK (Autriche) a reconnu que l’adoption du Pacte n’a pas été aisée.  « Les dirigeants du monde sont déterminés à promouvoir ensemble un changement positif. »  Il a détaillé le Pacte, dont les mesures concrètes prises en vue d’une réforme du Conseil.  Il a indiqué que son pays va donner la priorité, dans l’application du Pacte, au renforcement de l’état de droit et des droits humains, ainsi qu’au désarmement nucléaire.  S’agissant des opérations de paix, il a salué la nouvelle ère qui s’est ouverte en vue d’opérations plus flexibles et ciblées.  Enfin, il a indiqué que son pays, fervent partisan du multilatéralisme, est candidat à un siège au Conseil.  « Le Pacte nous montre qu’il y a plus de choses qui nous unissent que de choses qui nous séparent. »

M. ALEKSANDAR VUČIĆ, Président de la Serbie, a fait savoir que la Serbie soutient le Pacte pour l’avenir, même si elle a quelques remarques à faire et qu’elle aimerait y trouver davantage d’engagement en faveur des pays en développement.  Mais comment parler de financement du développement, de bonne place des jeunes et de développement durable lorsque des conflits régionaux font rage et que des tensions concernent presque toutes les grandes puissances mondiales, s’est interrogé M. Vučić. 

La Serbie soutient la demande du Groupe des 77 et la Chine, convaincue que le financement des problèmes dus aux changements climatiques devrait constituer une question séparée et non pas faire partie du financement du développement. Elle estime que les États-Unis et l’Union européenne seront plus compréhensifs au sujet des réformes de l’architecture financière.  De plus, M. Vučić a estimé que les remarques de la Russie et du Brésil, selon lesquelles les questions climatiques sont davantage liées à la sécurité qu’au développement, méritent toute l’attention de la communauté internationale. 

Il est important de trouver un équilibre entre le point de vue occidental sur l’état de droit et la demande de nombreux autres pays au sujet des valeurs traditionnelles, et surtout familiales, a par ailleurs estimé M. Vučić.  La Serbie est sur la voie de l’Europe, elle observe les normes du droit international public et elle est un pays moderne, a rappelé le Président, mais elle n’est pas prête à sacrifier ses valeurs traditionnelles et elle résistera à toutes les tentatives venant de l’extérieur, notamment du mouvement « woke » qui cherche à imposer son point de vue, a-t-il mis en garde. 

M. WILLIAM SAMOEI RUTO, Président de la République du Kenya, a déploré l’inadéquation du système multilatéral face aux changements climatiques, aux inégalités et à la dette.  Partant, il a estimé qu’il n’y avait d’autre alternative que de rejeter des dispositifs jugés obsolètes. Selon lui, il s’agit de repenser le cadre de coopération internationale, y compris le système financier international, de renforcer les partenariats sécuritaires, de combler la fracture numérique et d’investir dans les capacités humaines, en particulier l’autonomisation des femmes et des jeunes.  Il a également lancé un appel pour remédier au manque de représentation permanente de l’Afrique au Conseil de sécurité, dénonçant une injustice historique.

Le rapport 2024 du Secrétaire général sur les objectifs de développement durable brosse un tableau désastreux de la situation, s’est alarmé le Président, relevant que seuls 17% des objectifs sont en bonne voie.  Selon lui, une grande part de cet échec est attribuable au non-respect des engagements financiers.  Et l’écart se creuse avec les pays du Sud confrontés à des pénuries de financement, a-t-il averti.  À ce titre, il a réitéré l’engagement de son pays pour une réforme du système financier mondial, et lancé un appel à des solutions imaginatives en matière d’allégement de la dette et de financement du développement.  Détaillant des initiatives déployées à l’échelle nationale, il a salué des programmes d’augmentation de la couverture forestière et d’emplois pour les jeunes, axés sur la restauration écologique et les infrastructures; il a cité la contribution de son pays à la Mission multinationale d’appui  à la sécurité en Haïti; il a mentionné le rôle du Kenya dans l’organisation du premier Sommet africain sur le climat et de l’adoption de la Déclaration de Nairobi, base d’une position africaine commune.  Enfin, il a cité l’engagement de son pays visant à améliorer les octrois de financements aux pays en développement pour les services publics essentiels.

M. GITANAS NAUSĖDA, Président de la Lituanie, a salué l’engagement pris dans la Déclaration sur les générations futures de protéger ceux qui hériteront de ce monde.  Il a appelé à la vision, au courage et à l’unité.  Nous devons, a-t-il plaidé, tout d’abord revenir à l’ordre international fondé sur des règles et cela signifie soutenir l’Ukraine dans sa lutte pour la liberté et la démocratie. Il est d’une importance cruciale que la Russie quitte les territoires ukrainiens occupés. 

Le Chef d’État a également appelé à davantage d’efforts pour atteindre les objectifs de développement durable, estimant qu’à l’heure actuelle, l’un des principaux obstacles à leur réalisation est le manque de ressources financières.  Il faut donc créer une architecture financière internationale plus équitable, plus juste et plus réactive aux crises, s’attaquer à la crise climatique, mettre en œuvre l’Accord de Paris sur le climat et investir davantage dans les énergies renouvelables et les technologies innovantes. Enfin, le Président a salué la vision décrite dans le Pacte pour l’avenir et le Pacte numérique mondial, sans oublier de rappeler que sous la présidence lituanienne, le Conseil de l’Europe a adopté la toute première Convention-cadre sur l’intelligence artificielle et les droits de l’homme, la démocratie et l’État de droit, dite Convention de Vilnius. 

M. FILIPE JACINTO NYUSI, Président du Mozambique, a axé son discours sur la nécessité absolue de maintenir un système multilatéral robuste, ce système étant la clef pour relever tous les défis actuels, tels que les changements climatiques, le terrorisme et la pandémie de COVID-19.  La mise en œuvre du Programme 2030 doit aussi être impérative et M. Nyusi a appelé à davantage de ressources pour réaliser ledit Programme.  Dans un second temps, il a insisté sur la nécessité de mieux représenter les nations en développement dans les enceintes multilatérales telles que le Conseil de sécurité.  Attendant avec ferveur l’avènement d’une nouvelle architecture internationale, M. Nyusi a voulu que l’on rétablisse la confiance des peuples vis-à-vis du multilatéralisme et du droit international.  Avec sa population « jeune et travailleuse », et son « potentiel remarquable », l’Afrique doit dûment être incluse dans les processus internationaux de prise de décisions car il serait catastrophique de la laisser de côté. 

Pour Mme GORDANA SILJANOVSKA-DAVKOVA, Présidente de la République de Macédoine du Nord, la question de l’avenir se doit de correspondre à une évaluation réaliste des changements attendus, basée sur une analyse critique des éléments de preuve.  À ce titre, l’ONU représente l’endroit idéal pour parvenir à un consensus sur l’avenir, a-t-elle estimé.  Citant les guerres, les catastrophes naturelles, la pauvreté extrême ou l’éthique sacrifiée au profit et au pouvoir, la Présidente a souligné que ces problèmes difficiles imposent des objectifs ambitieux et des actions décisives. 

Pour Mme Siljanovska-Davkova, de telles entreprises ne peuvent être menées 

sans une réforme profonde de l’ONU.  Elle a préconisé le renforcement du multilatéralisme, la mise en place d’un mécanisme de contrôle des relations entre le Secrétaire général, le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, des processus de prise de décisions plus transparents et inclusifs, ainsi qu’une capacité renforcée pour faire face aux menaces contre la paix, le développement durable et les droits de l’homme.  Rejetant toute réforme cosmétique, elle a prescrit le renforcement du rôle de l’Assemblée générale et de la Cour internationale de Justice, souhaitant que ses arrêts deviennent contraignants pour tous.  En revanche, elle a fait part de ses doutes quant à la pertinence d’un élargissement du Conseil de sécurité à quelques nouveaux membres permanents, cette mesure ne constituant pas à ses yeux une meilleure garantie de paix et de sécurité.  Elle a également lancé un appel à une participation accrue des petits pays au sein des Nations Unies, pour les protéger contre la menace que constituent les plus grandes nations.  Dans ce cadre, le Conseil de sécurité devrait jouer le rôle d’une sorte de gouvernement de coalition mondiale, a-t-elle poursuivi.

Évoquant des initiatives déployées à l’échelle nationale, la Présidente s’est notamment félicitée de la création d’un Ministère de la transformation numérique, estimant qu’il devra jouer un rôle pour harmoniser la politique de son pays dans le cadre du Pacte numérique mondial.  Rappelant qu’elle est la première femme Présidente de son pays, elle a lancé un appel pour protéger les femmes contre les discriminations et les violences, mais aussi pour qu’elles soient plus nombreuses à accéder aux plus hautes responsabilités.  Elle a par ailleurs exhorté les États Membres à impliquer davantage les jeunes dans les prises de décisions des organes gouvernementaux, annonçant son intention de déployer dans son pays un conseil de la jeunesse, ainsi qu’un conseil de la diaspora.  Enfin, elle a estimé que les défis mondiaux exigent une réponse mondiale fondée sur le sens commun, au sens où l’entendait le philosophe américain Thomas Paine. 

L'intervention de M. CARLOS MANUEL VILA NOVA, Président de Sao Tomé-et-Principe, n’a pas été traduite par les services d'interprétation.

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Mme ROBINAH NABBANJA, Première Ministre de l’Ouganda, a estimé que la situation mondiale avait radicalement changé depuis l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Les progrès sont lents et fragiles, a-t-elle déploré, relevant que l’écart continue de se creuser entre pays développés et en développement, et considérant que ces derniers sont victimes d’un ordre économique mondial injuste, lequel aurait atteint aujourd’hui son expression la plus aiguë. 

Mme Nabbanja a lancé un appel au pragmatisme pour que le Pacte pour l’avenir ne devienne pas un exercice futile de plus, soulignant qu’il résulte de négociations à la fois longues, complexes et constructives.  Selon elle, le sous-titre du Sommet –« Des solutions multilatérales pour un avenir meilleur »– implique un avenir libre de toute oppression et de fractures mondiales en termes de développement, de financement, de technologie et d’innovation.  À cette fin, elle a appelé à mettre en œuvre toutes les actions convenues dans le Pacte pour l’avenir, afin de donner au Sud global l’opportunité de rattraper son retard. 

La Première Ministre a rappelé que les pays en développement se heurtent tout particulièrement aux effets des changements climatiques, de la perte de biodiversité, de la dégradation de l’environnement et de la désertification, tous des problèmes qui font obstacle au développement durable et à l’éradication de la pauvreté.  Ces pays voient se creuser l’écart entre les besoins et l’aide disponible.  C’est pourquoi Mme Nabbanja a regretté que le Pacte ne mentionne pas les mesures nécessaires pour combler ce fossé telles que le renforcement des capacités, le transfert de technologie et les ressources financières.  Elle a en revanche salué les initiatives préconisées par le Pacte pour prévenir la rechute dans la pauvreté en construisant des systèmes de protection sociale efficaces et résilients. 

Décrivant le Pacte numérique mondial et la Déclaration sur les générations futures comme des annexes du Pacte pour l’avenir, Mme Nabbanja s’est notamment félicitée que le premier initie un dialogue sur la gouvernance de l’IA, sous les auspices de l’ONU, ainsi que d’un processus inclusif pour préparer des accords internationaux sur la gouvernance des données.  Enfin, elle s’est réjouie de la vingt et unième reconstitution des ressources de l’Association internationale de développement (IDA). « Tu ne connais pas ma douleur si tu n’as pas porté mes chaussures! » a-t-elle conclu en swahili. 

Mme FIAMĒ NAOMI MATA’AFA, Première Ministre et Ministre des affaires étrangères du Samoa, s’exprimant au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a rappelé que les défis auxquels font face les petits États insulaires en développement (PEID) s’enchevêtrent avec ceux du monde entier. C’est pourquoi le multilatéralisme n’est pas simplement un principe mais une nécessité pratique afin de trouver des solutions qu’aucune nation ne peut trouver à elle seule, a-t-elle expliqué. Nous devons dès lors nous attaquer aux changements climatiques, a-t-elle estimé, insistant notamment sur l’érosion côtière et l’élévation du niveau de la mer.  Il s’agit d’insuffler un nouveau souffle à l’Accord de Paris afin de limiter le réchauffement à 1,5 degré Celsius, a-t-elle argumenté, prônant davantage d’investissements dans l’adaptation climatique, la résilience des infrastructures et le partage de technologies. 

Les dettes, les fluctuations économiques et les chocs externes représentent également un défi de taille pour les PEID, a poursuivi la Première Ministre, notant qu’une réforme de la gouvernance mondiale et de l’architecture financière internationale est nécessaire afin de corriger le déséquilibre et de promouvoir une prospérité résiliente.  L’allégement de la dette et l’accès à des taux préférentiels permettront d’ancrer les économies des PEID dans la stabilité.  Reconnaissant que l’intelligence artificielle et les technologies numériques peuvent changer la donne, elle a néanmoins regretté les écarts qu’elles engendrent entre les nations, les PEID ne pouvant exploiter pleinement le potentiel de ces avancées.  Il s’agit maintenant de partager les bonnes pratiques et d’atténuer les risques posés par les technologies afin de créer de nouvelles opportunités pour la transformation numérique.  « L’avenir que nous envisageons, fondé sur le Pacte numérique mondial et la Déclaration sur les générations futures, doit être un avenir pour tous », a-t-elle conclu, souhaitant que chaque pays, aussi petit soit-il, y trouve sa place. 

M. JUSTIN TRUDEAU, Premier Ministre du Canada, a déclaré que, face à l’instabilité qui sape les fondements mêmes de l’ordre international, au coût de plus en plus lourd des changements climatiques, aux inégalités croissantes qui laissent de côté les plus vulnérables, à l’érosion des droits des femmes, des LGBTQ+ et des populations autochtones, et aux crises humanitaires qui perpétuent des niveaux records de déplacement, « nous avons un choix à faire ».  Ou bien nous faisons « l’autruche », en rejetant le multilatéralisme au profit d’un intérêt personnel à courte vue.  Ou bien nous reconnaissons collectivement que nous avons la responsabilité de mettre nos différences de côté, d’affronter ces graves défis mondiaux et de mettre en œuvre un Pacte pour l’avenir qui construise un monde plus pacifique, mais aussi un monde où chacun -chaque génération- a une chance réelle et équitable de s’en sortir, a plaidé M. Trudeau. 

Le Premier Ministre a expliqué que si les Canadiens sont inquiets de l’état du monde et de l’avenir, ils craignent surtout que la promesse du Canada -la promesse qu’en travaillant dur, on peut faire mieux que la génération qui nous a précédés- ne soit en train de disparaître.  Fort de ce constat, et en tant que Gouvernement, il a assuré prendre les devants en passant en revue certaines mesures prises sur le plan national. Il a également reconnu que les changements climatiques et l’inflation ne s’arrêtent pas aux frontières, que l’inégalité est un problème pour le monde entier et que pour bien servir ses propres citoyens il faut s’attaquer ensemble aux grands défis mondiaux. 

M. FELETI TEO, Premier Ministre des Tuvalu, a estimé que ce Pacte est un ensemble d’engagements et de réengagements qui ont été habilement élaborés et négociés.  Ces engagements, s’ils sont tenus, devraient renforcer la coopération internationale en respectant l’esprit et la lettre de la Charte.  Le Premier Ministre a rappelé que l’élévation du niveau de la mer en raison des changements climatiques est la menace la plus grave pesant sur son pays, raison pour laquelle les Tuvalu soutiennent l’initiative pour un traité de non-prolifération des combustibles fossiles.  Il a ensuite pointé les nombreuses inégalités qui prévalent aujourd’hui et plaidé pour une coopération internationale robuste afin d’y remédier. « Nous avons besoin d’une architecture multilatérale qui soit efficace, adaptable, résiliente et robuste », a-t-il déclaré.  Enfin, il a émis l’espoir que le Pacte revitalise le multilatéralisme et le système onusien.  Mon pays appelle la communauté internationale à s’unir derrière ce Pacte et à bâtir un système plus équitable qui ne laisse aucun pays de côté, notamment les pays confrontés aux conséquences dévastatrices des changements climatiques comme les Tuvalu, a-t-il conclu. 

M. DANIEL RISCH, Premier Ministre du Liechtenstein, s’est demandé s’il y avait autre chose à comprendre à propos de l’ONU que le fait que c’est une organisation de paix – créée pour « préserver les générations futures du fléau de la guerre ».  Il s’est désolé de « l’absurdité » qui veut qu’un membre du Conseil de sécurité disposant du droit de veto –la Fédération de Russie– se soit livré à une agression flagrante de grande envergure contre un autre État, violant les principes fondamentaux de notre Organisation commune.  Au Liechtenstein, on estime que les États de petite et moyenne taille, qui constituent la majorité de cette Organisation, peuvent façonner leur propre destin et défendre leurs intérêts.  « Si le Conseil ne peut assumer sa responsabilité, nous devons trouver des alternatives », a poursuivi le chef de gouvernement, pour qui elles existent. L’Assemblée générale a un rôle important à jouer à cet égard et doit intervenir lorsque le Conseil reste silencieux, a déclaré M. Risch.  En présentant l’initiative sur le veto, le Liechtenstein a fait en sorte qu’un veto au Conseil « ne soit plus le dernier mot ».  Nous pouvons désormais utiliser le pouvoir conféré à l’Assemblée générale en prenant des décisions lorsque le Conseil n’est pas en mesure de le faire, s’est-il félicité, avant d’encourager le Secrétaire général à jouer un rôle davantage proactif et à utiliser l’autorité unique de l’ONU, fondée sur le droit international, pour servir de médiateur, prévenir et régler les conflits.  « La Charte n’est pas un menu à la carte, mais un ensemble de règles de base claires pour la conduite du multilatéralisme », a tranché le Premier Ministre.

M. RALPH E. GONSALVES, Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a qualifié le Sommet de l’avenir d’« opportunité historique » et a estimé que le Pacte adopté « nous prépare à dynamiser nos engagements ». En tant que dirigeant d’un PEID, il a rappelé que les dernières années ont été marquées par une myriade de catastrophes et a souligné la nécessité urgente de réformer en profondeur une architecture financière internationale « obsolète et mal adaptée à nos vulnérabilités et à nos circonstances particulières ».  Il a également appelé à remédier au problème de la dette écrasante contre lequel luttent les pays en développement, pris « dans les sables mouvants des chocs exogènes », réclamant une refonte multilatérale de l’architecture de la dette. En outre, a-t-il ajouté, comme en attestent les efforts de relèvement de son pays après les ravages de l’ouragan Beryl, il importe de renforcer le principe des responsabilités communes mais différenciées, avec des mesures plus ambitieuses pour faire face à la crise climatique. 

Soulignant d’autre part le besoin urgent d’une réforme du pilier paix et sécurité de la structure de gouvernance mondiale, le Premier Ministre a pointé la composition « anachronique » du Conseil de sécurité et souligné que la crédibilité et la légitimité de cet organe dépendent de l’amélioration de la représentativité des régions non représentées et sous-représentées, telles que l’Afrique, l’Amérique latine et les Caraïbes, et l’Asie-Pacifique, dans les deux catégories de membres.  Il a enfin jugé que le renforcement de la coopération numérique offre la possibilité de remédier aux divisions et aux inégalités existantes.  Saluant à cet égard l’engagement visant à exploiter le potentiel de la science, de la technologie et de l’innovation, il a plaidé pour un système « repensé et restructuré », qui, grâce à la coopération mondiale, donne les moyens de faire face aux réalités d’aujourd’hui tout en se préparant aux exigences de demain. 

M. MIHAI POPŞOI, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la République de Moldova, a appelé à inclure les jeunes dans les discussions nationales et multilatérales et à leur donner la possibilité de contribuer à la préservation et la restauration de « ce que nous avons négligé ».  Il a en conséquence appuyé l’adoption de la Déclaration sur les générations futures dans le cadre de ce Sommet.  Mon pays est pleinement engagé en faveur de la paix, a assuré M. Popşoi en mentionnant les 25 femmes de son pays ayant participé à des missions de maintien de la paix dans le cadre du programme femmes et la paix et la sécurité. Condamnant la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine et appuyant la souveraineté de ce pays, il a expliqué les incidences négatives de cette guerre pour son pays, cible de menaces hybrides, de cyberattaques et de campagnes de désinformation, en plus d’efforts visant à troubler l’ordre public et les processus électoraux. « Néanmoins, a-t-il affirmé, nous restons en mesure de préserver la paix dans tout le pays, y compris la région de Transnistrie où des troupes russes sont stationnées en toute illégalité ».  Enfin, M. Popşoi a demandé que le Pacte ne devienne pas un document onusien de plus à être oublié aussitôt adopté.  « Il doit demeurer un document vivant à mettre en œuvre par tous les moyens à notre disposition », a-t-il conclu. 

M. SALEUMXAY KOMMASITH, Premier Ministre adjoint et Ministre des affaires étrangères de la République démocratique populaire lao, a souligné que, dans le contexte actuel de défis multiples auxquels le monde est confronté, la coopération est essentielle pour assurer tant notre survie que le progrès. Il a recommandé de redoubler d’efforts pour restaurer la confiance et revitaliser les cadres de coopération internationale.  Le Ministre s’est dit très préoccupé par le manque de financement croissant pour la réalisation des objectifs de développement durable, demandant de reconnaître l’urgence d’un financement prévisible, durable et suffisant pour les pays en développement, en particulier pour les plus pauvres et les plus vulnérables. Si le Pacte renouvelle les engagements à ce sujet, la véritable mesure de notre réussite repose sur notre capacité à traduire ces financements en résultats tangibles, a fait observer M. Kommasith.  Il a par ailleurs salué l’adoption du Pacte numérique mondial comme élément essentiel du Pacte pour l’avenir, invitant à réduire la fracture numérique et soutenant une utilisation responsable des technologies numériques au service du développement durable. 

Avec 60% de sa population totale âgée de moins de 30 ans, la République démocratique populaire lao continuera à préserver les intérêts des jeunes et des générations futures par le biais d’engagements et de moyens mis en avant dans la Déclaration sur les générations futures.  Plus nous distribuons équitablement les ressources et les opportunités aujourd’hui, plus nous ouvrons la voie à de meilleurs résultats pour les générations futures, a affirmé le Ministre, pour qui il est temps de mener des actions mondiales concertées. 

Selon M. GUYLAIN NYEMBO MBWIZYA NYEMBO MBWIZYA, Vice-Premier Ministre et Ministre du plan et de la coordination de l’aide au développement de la République démocratique du Congo (RDC), rien ne laissait présager la situation actuelle il y a 78 ans, à la création de l’ONU.  Dans notre monde, s’est-il expliqué, la communauté des nations est remise en cause dans son essence, et les principes d’équité, de solidarité et d’universalité sont sacrifiés au profit d’une minorité, tandis qu’à la table des négociations la majorité des pays est affaiblie, voire absente. À ce titre, il a estimé que le Pacte pour l’avenir constitue une formidable occasion d’embrasser un nouveau paradigme plus juste et plus équitable.  La RDC, a-t-il poursuivi, considère que l’avenir doit impliquer davantage d’investissements dans le capital humain à travers l’éducation, l’autonomisation des femmes et des filles, l’inclusion des personnes vulnérables ainsi que la promotion de la recherche et de l’innovation technologique. 

Toutefois, a-t-il averti, le Pacte restera vain tant qu’un continent entier, l’Afrique, ne sera pas rétabli dans son honneur, notamment au sein de l’ONU, par l’octroi de deux sièges permanents au Conseil de sécurité.  De même, le futur ne saurait être envisagé de manière positive sans réelle solidarité dans le financement des objectifs de développement durable.  Il a préconisé une authentique justice climatique, ainsi qu’une plus grande inclusion des pays issus des grands bassins forestiers mondiaux, avant de prévenir qu’il ne peut y avoir d’avenir tant que la communauté des nations persistera dans son incapacité de sanctionner les comportements belliqueux et contraires à la Charte des Nations Unies. 

Mme ALICIA BÀRCENA IBARRA, Secrétaire des affaires étrangères du Mexique, a indiqué que le Sommet est l’occasion de renouveler l’engagement en faveur d’un multilatéralisme qui est aujourd’hui remis en cause de toutes parts.  Elle a appelé à se pencher sur la crise de légitimité que traverse l’ONU, en détaillant le contexte international actuel marqué par la persistance des conflits, les changements climatiques et la défiance envers les institutions.  Il faut avancer vers l’égalité réelle entre hommes et femmes et des institutions internationales représentatives, a-t-elle dit.  Elle a plaidé pour un désarmement généralisé, une réforme de l’architecture financière internationale et la réforme du Conseil de sécurité.  Il faut éliminer le droit de veto une bonne fois pour toutes, a-t-elle tranché.  Enfin, elle a rappelé que le Mexique va bientôt être gouverné par la première femme Présidente de son histoire. 

M. ABDULLATIF BIN RASHID AL ZAYANI, Ministre des affaires étrangères de Bahreïn, a estimé qu’alors que le monde est confronté à de nombreux défis, notamment en termes de paix, de sécurité et de développement, il faut redoubler d’efforts pour comprendre les causes profondes de ces défis et s’y attaquer.  Il faut parallèlement faciliter l’accès à la technologie, aider les jeunes à agir et coopérer pour mettre un terme aux conflits en s’appuyant sur les règles du droit international.  Bahreïn s’est dit disposé à participer à ces efforts.  Pour preuve, le sommet arabe qu’il a accueilli en mai dernier visait à trouver une solution utile au conflit israélo-palestinien et à œuvrer pour la solution des deux États.  À cet égard, une initiative visant à accueillir également un sommet sur le Moyen-Orient a été lancée. 

M. YUSUF MAITAMA TUGGAR, Ministre des affaires étrangères du Nigéria, a déploré le retard du Sud mondial dans la mise en œuvre du Programme 2030, préconisant des mesures pour accompagner certains pays, plus spécifiquement en Afrique, où les économies sont plus vulnérables.  Il a lancé un appel aux pays du Nord, estimant que le Pacte pour l’avenir doit s’appuyer sur une forte volonté politique.  Il s’est également prononcé en faveur d’une prolongation de la date butoir si le Programme 2030 ne devait pas se réaliser à la date prévue. 

Il faut faire plus pour financer adéquatement les objectifs de développement durable, tout particulièrement pour les pays africains, a-t-il estimé.  De même, il a appelé de ses vœux l’octroi à l’Afrique de deux sièges permanents au Conseil de sécurité, des mesures d’allégement de la dette, une action musclée contre l’évasion fiscale et la restitution des flux de capitaux illicites aux pays africains.  Enfin, il a jugé impératif que la communauté internationale prenne des mesures pour accélérer le transfert des technologies, dont l’intelligence artificielle et les cryptomonnaies. 

M. ALBERT SHINGIRO, Ministre des relations étrangères et de la coopération au développement du Burundi, a regretté que les règles collectives soient régulièrement bafouées, cédant la place à la « diplomatie des muscles » et reléguant la diplomatie préventive, l’esprit de compromis et la solidarité internationale au second plan.  Il s’est demandé à quoi s’attendre d’autre que la désintégration du monde en blocs antagonistes tel que nous l’observons en ce moment.  À quoi s’attendre d’autre qu’à l’affaiblissement du multilatéralisme, à la montée de l’exclusion et des inégalités, les riches devenant encore plus riches et les pauvres encore plus pauvres?  Face à la gravité de la situation, le Ministre a appelé à ne pas céder à l’immobilisme et à agir, individuellement et collectivement, pour s’attaquer aux défis mondiaux actuels afin de bâtir un monde pacifique, stable, prospère et solidaire. Car il faut préserver les générations futures des affres de la guerre et éviter les répétitions de l’histoire sombre que l’humanité a connue à la veille de la création de « notre organisation commune ». 

Pour ce faire, nous devons respecter les engagements pris dans les forums régionaux et internationaux, a-t-il insisté, que ce soit en rapport avec la protection de la planète, la promotion de la paix et de la sécurité internationales et des droits humains, la coopération numérique, la lutte contre toutes formes d’exclusion, l’instauration d’un climat de confiance ou encore la réforme profonde et exhaustive de la gouvernance mondiale pour la rendre plus légitime, inclusive, efficace et plus adaptée aux réalités du monde contemporain. C’est dans cet esprit que le Burundi adhère à l’esprit et à la lettre du Pacte pour l’avenir et ses annexes, a indiqué le Ministre.  Mais signer un Pacte est une chose, sa mise en application en est une autre, a-t-il mis en garde en appelant toutes les parties prenantes à faire preuve de la volonté politique nécessaire et à respecter les engagements pris au nom du sauvetage du multilatéralisme.

M. HUSSEIN AWAD ALI, Ministre des affaires étrangères du Soudan, a jugé primordial de respecter scrupuleusement la Charte des Nations Unies et inacceptable de faire preuve de sélectivité et de prioriser certains de ses buts et principes au détriment d’autres.  Il a également critiqué les tentatives d’instrumentaliser à des fins politiques les mécanismes juridiques internationaux.  Selon le Ministre, il faut réformer le système financier international pour répondre aux besoins des pays en développement, des pays sortant d’une situation de conflit ou des pays se trouvant dans une situation particulière: ils doivent pouvoir participer davantage aux processus décisionnels et recevoir des financements plus aisément et de manière durable afin d’encourager l’investissement.  Pour M. Ali, il faut revoir la question des dettes souveraines qui doivent être restructurées et renforcer les mécanismes de transfert de technologies et de renforcement des capacités afin d’en faire bénéficier les générations futures. 

M. CARLOS PINTO PEREIRA, Ministre des affaires étrangères, de la coopération internationale et des Communautés de la Guinée-Bissau, a, d’emblée rappelé la nécessité de parvenir à des solutions collectives.  Le Sommet de l’avenir va nous permettre de réaliser nos objectifs, a-t-il estimé, rappelant que si son pays a traversé bien des difficultés, la coopération internationale permettra de trouver des solutions innovantes.  L’éducation pour tous est essentielle et devrait permettre un développement plus durable, a-t-il poursuivi, rappelant que les jeunes constituent la force motrice puisqu’ils sont les dirigeants de demain.  Ainsi, il est important de leur donner les moyens de contribuer aux processus décisionnels et de les laisser faire entendre leur voix, a-t-il insisté, rappelant que « notre responsabilité est de laisser un monde meilleur pour les générations futures ». 

Le Ministre a également plaidé pour la mise en place de politiques pour la durabilité sociale et économique, la protection de l’environnement, la justice et la paix, ce qui nécessite une réforme des systèmes de gouvernance.  Le Sommet de l’avenir est donc un moment charnière afin de renforcer les institutions dans tous les États Membres, un objectif que son pays est disposé à atteindre, tout comme la promotion de la paix et la mise en place de politiques favorisant le développement durable. Mais nous ne pouvons le faire seul, a-t-il mis en garde, appelant la communauté internationale à apporter son aide. 

M. ABDOULAYE DIOP, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Mali, a expliqué que son pays avait fondé beaucoup d’espoir sur les forces internationales déployées mais qu’après 10 ans de présence, il a dû conclure à l’échec de l’intervention.  Depuis, le Gouvernement malien s’est attelé à renforcer les capacités de ses forces de défense et de sécurité, réalisant des « progrès tangibles » dans la reconquête et la préservation de son intégrité nationale, ainsi que dans la protection des populations.  S’agissant des « lâches attaques terroristes » perpétrées à Bamako le 17 septembre 2024, le Ministre a lancé un appel à tous les États pour qu’ils agissent conformément à leurs obligations internationales, afin que les auteurs de ces crimes et leurs financiers et sponsors, soient traduits en justice. 

Il a réitéré son appel pour que les acteurs concernés cessent d’instrumentaliser les groupes terroristes et de déstabiliser des États souverains et a fermement condamné « le soutien ouvert et assumé » de l’Ukraine au terrorisme international, en particulier au Sahel.  Le Ministre a demandé au Conseil de sécurité d’assumer ses responsabilités face à ce « choix délibéré » de l’Ukraine, afin de prévenir ces actions subversives qui menacent la stabilité du Mali.

M. RAMADHAN ABDALLA MOHAMMED GOC, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale au sein du Gouvernement provisoire d’union nationale revitalisédu Soudan du Sud, a affirmé que sa jeune nation est entièrement tournée vers l’avenir et entend jouer le rôle qui lui revient pour garantir un monde plus sûr aux générations à venir.  Notre cheminement nous a appris que la paix est le socle du progrès, a-t-il expliqué, appelant la communauté internationale à continuer d’appuyer les efforts de règlement pacifique des conflits, de dialogue et de réconciliation.  L’avenir dont nous rêvons doit être un avenir sans guerre, a insisté le Ministre, exprimant sa foi dans le potentiel de la diplomatie et de la coopération pour faire régner une paix pérenne.  

Il a ajouté que les changements climatiques restent une des menaces les plus urgentes pour son pays, confronté aux inondations, à la sécheresse et à d’autres phénomènes extrêmes.  Appelant à la solidarité internationale face à ce dérèglement, il a également exhorté la communauté internationale à investir dans l’agriculture durable, les énergies renouvelables et la défense de l’environnement pour parvenir à un avenir résilient.  Après avoir qualifié les jeunes de « plus grande richesse du Soudan du Sud », le Ministre a assuré que son gouvernement s’emploie à les autonomiser par l’éducation, l’innovation et l’entrepreneuriat.  Il a d’autre part indiqué que son pays travaille à la diversification de son économie afin de réduire sa dépendance au pétrole et qu’il entend nouer des partenariats pour améliorer les conditions de vie de ses citoyens.  

M. MOUSSA FAKI MAHAMAT, Président de la Commission de l’Union africaine, a estimé que le déclin du multilatéralisme, s’éclipsant sous l’effet de l’unilatéralisme, a entraîné corrélativement un retour en force de la politique de puissance.  Le Pacte devrait renouveler et renforcer la confiance des États dans le multilatéralisme. Cette position a été constamment défendue par l’Union africaine, aussi trouve-t-elle son intérêt d’adhérer pleinement aux cinq axes du Pacte.  Le Président a précisé que pour chacun de ces domaines l’Union africaine a élaboré des stratégies traduites par des plans d’action bien que leur mise en œuvre soit fortement handicapée par la rareté des financements et les déficiences de gouvernance, qu’il ne sert à rien de cacher.  L’Union africaine se félicite de la philosophie du Pacte qui cherche à prendre en compte les spécificités des pays en développement, des États insulaires, des États sans façade maritime et des PMA dont la plupart sont situés en Afrique. Enfin, il a appelé les « nantis » à tenir leurs engagements et souhaité que l’Afrique et les autres parties du monde puisent en elles-mêmes les ressources d’intelligence, de motivation, de volonté et de solidarité nécessaires à leur émergence salvatrice. 

Mme DIANA ELENA MONDINO, Ministre des affaires étrangères, du commerce international et du culte de l’Argentine, a expliqué que son pays était prêt à travailler dans un cadre de respect total de la liberté individuelle.  Le développement économique doit être inspiré par les buts et principes de la Charte des Nations Unies: les problèmes arrivent quand l’on s’en éloigne, a-t-elle averti. 

Les principes de la Constitution argentine rédigée en 1953 sont libéraux, et en tant que pays, « nous n’aurions jamais dû nous en éloigner », a-t-elle regretté.  Pour mettre « fin à la faim », l’Argentine défend aujourd’hui le modèle du libéralisme économique, ainsi que le respect de la propriété privée.  Fort d’un diagnostic « réaliste mais difficile », le Gouvernement argentin s’est mis en branle pour réformer l’État en profondeur, s’ouvrir au monde, et assumer fièrement de vouloir être « l’un des pays les plus libres de la communauté internationale ».  Chaque État a le droit d’interpréter ses aspirations comme il le souhaite, en respectant celle des autres, et bon nombre des points du Pacte pour l’avenir ne sont pas en contradiction avec la nouvelle direction qu’a prise l’Argentine.  Cela dit, la Ministre a émis quelques réserves concernant certains aspects du Pacte.  Des réserves qui n’ont pas été écoutées, mais cela n’est pas un obstacle pour son pays, qui souhaite lancer sa croissance « en toute liberté ».  La seule lutte valant d’être combattue est culturelle, a-t-elle aussi affirmé, avant d’appeler à « se remonter les manches » pour « travailler sans cesse ». 

Mme JAN BEAGLE, Directrice générale de l’Organisation internationale de droit du développement (IDLO), a rappelé que les 40 années d’expérience de son Organisation, en partenariat avec une centaine de pays, ont démontré l’importance de l’état de droit afin de tenir les engagements ambitieux du Sommet. 

Tout d’abord, l’état de droit est primordial pour redonner confiance en une justice pour tous et assurer la reddition des comptes, la transparence et l’équité.  L’inclusion des femmes, des jeunes et des groupes historiquement exclus de ce processus est essentielle pour la paix et le développement durables, a assuré Mme Beagle.  Celle-ci a ensuite fait remarquer que l’état de droit (objectif de développement durable no 16) peut accélérer les progrès dans le cadre du Programme 2030.  En effet, les principes d’inclusion, d’équité et de non-discrimination étant incorporés dans tous les ODD, des lois et des institutions efficaces sont essentielles à leur mise en application. 

Enfin, l’état de droit est indispensable pour revigorer et recentrer le multilatéralisme du XXIe siècle, a insisté Mme Beagle.  L’état de droit au niveau international est entériné dans la Charte des Nations Unies, garantissant l’égalité souveraine de ses États Membres.  Un système multilatéral efficace requiert des solutions qui font de l’état de droit leur principe fondateur afin d’aborder les défis transnationaux, tels que les changements climatiques et les nouvelles technologies, de manière juste et équitable. C’est pourquoi l’Organisation internationale de droit du développement est ravie de constater les nombreuses références faites à l’état de droit, la justice, les droits humains et l’égalité de genre dans le Pacte, a conclu sa Directrice générale, qui a souhaité que des actes concrets fassent suite aux paroles, notamment en matière de financement.

M. STEINER, du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a rappelé ce que le PNUD offrait pour financer le développement de 86 pays, et pour canaliser des milliards de dollars dans leur direction. L’aide globale au développement fournie par le PNUD a fait et continue de faire ses preuves pour sortir des crises, en permettant à des millions de gens d’avoir accès à des services essentiels, tels que l’eau et l’assainissement.  Le PNUD fait aussi en sorte que les jeunes aient leur mot à dire en matière de justice climatique.  En outre, son expertise permettra de réaliser le Pacte en ce qui concerne les nouvelles technologies, a-t-il promis. 

M. GHEBREYESUS, Directeur de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a demandé trois types d’engagements.  Premièrement, un engagement à promouvoir la santé dans les rues, les lieux de travail, les marchés, et à travers l’eau potable, les conditions de vie des individus et le climat.  Tout le monde doit pouvoir accéder à la santé immédiatement et sans rencontrer de difficultés financières, a-t-il insisté.  Deuxièmement, un engagement en faveur d’un accord sur les pandémies.  L’épidémie de variole simienne (mpox) en Afrique montre une fois de plus pourquoi nous avons besoin de cet accord sur les pandémies, a-t-il fait remarquer.  Déplorant que certains craignent de devoir céder par cet accord leur souveraineté à l’OMS, qui pourrait ainsi imposer des mandats en matière de vaccination, il a assuré que cette vision était erronée et que l’accord sera mis en œuvre dans les pays conformément à leur législation nationale.  Troisièmement, un engagement en faveur de la paix.  Les conditions des réfugiés soudanais sont indescriptibles, a-t-il déploré, regrettant que la communauté internationale n’accorde pas assez d’attention à cette crise.  Nous travaillons avec nos partenaires pour apporter de l’aide aux réfugiés mais la population soudanaise, tout comme les populations à Gaza et en Ukraine, ont besoin d’un cessez-le-feu.  Car « la paix va de pair avec la santé », a-t-il conclu. 

M. MOREIRA DA SILVA, du Bureau des Nations Unies pour les services d'appui aux projets (UNOPS), a vu dans le Sommet de l’avenir à la fois « un moment de réalisme et un moment d'espoir et de détermination », pour travailler ensemble à surmonter les défis et construire un avenir meilleur pour tous. Apportant le soutien de l'UNOPS aux résultats du Sommet, il a rappelé que cette organisation se concentre sur des solutions pratiques permettant à ses partenaires de mieux répondre aux conflits et aux crises, d’assurer le développement durable et de faire avancer l’action climatique.  Notant que la vision de l’avenir que nous souhaitons existe déjà, il a jugé « terriblement lents » les progrès, citant comme parties du problème les lacunes financières et politiques.  L'UNOPS est prêt à combler le fossé qui existe entre les ambitions et la réalité du terrain, a-t-il assuré, affirmant en outre son engagement envers les jeunes et les générations futures.

M. BREDEL, de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a salué l’adoption du Pacte pour l’avenir, dans lequel les États Membres ont fourni des orientations claires.  Il a particulièrement salué l’appel fort de la mesure 4, visant à combler le déficit de financement des ODD en augmentant les investissements dans l’industrialisation durable.  Il a aussi estimé qu’alors que ce sommet aspire à réformer la gouvernance mondiale, il doit également contribuer à établir des normes pour l’économie mondiale. Des chaînes d’approvisionnement équitables et durables sont indispensables, et selon lui, la mesure 29 est essentielle à cet égard.  L’ONUDI travaille déjà activement sur les mesures du Pacte.  En plus des initiatives phares sur la décarbonisation industrielle profonde et l’hydrogène vert, l’Organisation a lancé l’Alliance mondiale et le Partenariat pour des minéraux responsables et verts.  Elle organisera également cette année des événements importants, notamment le Forum multilatéral sur la politique industrielle qui se tiendra le mois prochain à Riyad, en Arabie saoudite, ainsi que la Conférence pour un monde sans faim, qui se tiendra en novembre à Addis-Abeba, en Éthiopie. 

M. DUNLAP, de l’Ordre souverain militaire hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem de Rhodes et de Malte, a dit partager le sentiment d’espoir et la détermination qui animent le Pacte pour envisager l’avenir de manière positive et avec confiance.  Il a notamment estimé que l’intelligence artificielle pouvait apporter des améliorations et des progrès substantiels pour l’humanité.  Il a en revanche rappelé qu’il ne fallait jamais perdre de vue les groupes les plus vulnérables et les plus défavorisés, raison pour laquelle il a jugé primordial que l’éradication de la pauvreté reste au cœur des efforts internationaux visant à atteindre les ODD.  « Aucun progrès au niveau économique et social ne peut être réalisé sans préserver et renforcer le système de coopération multilatérale centré autour des Nations Unies », a-t-il affirmé.  Rappelant que son organisation est depuis plus de 900 ans au service de personnes dans le besoin, il a appelé au respect du droit international humanitaire et jugé « totalement inacceptable » le ciblage délibéré des civils et des acteurs humanitaires, avant de faire observer que l’Ordre de Malte travaille notamment en Ukraine et à Gaza.  Rappelant enfin le profond attachement de son Ordre à la sauvegarde et la promotion de la liberté religieuse, il a estimé que le dialogue entre religions peut être un puissant véhicule de médiation des conflits, de progrès social et de développement durable. 

M. GRANDI, représentant du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), a fait remarquer que l’avenir appartient à tous les jeunes, y compris à ceux qui ont dû quitter leurs communautés.  Nous avons le devoir d’accueillir et d’inclure tous les jeunes réfugiés alors que nous élaborons des solutions pour les aider, a-t-il insisté, soulignant que les réfugiés ne sont pas un fardeau mais une « source d’opportunités ».  Toutefois, sans paix, cela ne deviendra jamais réalité, a-t-il averti.  

Mme ANDERSEN, du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), a estimé que les changements technologiques et sociaux mettent en péril la santé de notre planète et de nos économies.  Lançant un appel à refaçonner l’avenir pour les générations suivantes, elle a jugé que le Pacte pour l’avenir représente un outil adéquat, soulignant qu’il n’y a pas de futur durable sans environnement sain.  Elle a ainsi rappelé la Mesure 10 du Pacte, qui invite l’humanité à vivre en harmonie avec la nature, sans pollution, sous un climat stable et dans un monde où les ressources sont réparties équitablement. Elle s’est réjouie que plusieurs engagements internationaux et accords multilatéraux tentent de répondre aux trois grandes crises environnementales, à savoir la perte de la biodiversité, les changements climatiques et la pollution et les déchets.  Au nom du PNUE, elle a exhorté les États Membres à parvenir à un accord fort, ajoutant que de leur mise en œuvre dépend le droit humain à un environnement sûr et propre.  Enfin, elle a assuré les États Membres qu’ils peuvent compter sur le PNUE dans le cadre de ce Sommet pour façonner un avenir durable qui bénéficie à tous les habitants de notre planète. 

Mme BOGDAN-MARTIN, Secrétaire générale de l’Union internationale des télécommunications (UIT), a estimé que les États Membres ont lancé aujourd’hui un message fort selon lequel l’avenir de l’humanité est numérique. « L’UIT, en tant qu’agence onusienne des technologies du numérique, sera avec vous tout au long de ce processus. »  Elle a estimé que la mission commune désormais doit être de combler le fossé numérique.  « Un tiers de l’humanité n’est pas connecté et se trouve privé de voix. »  Elle a donc appelé à promouvoir le développement numérique mondial des pays, tant dans les domaines de la cybersécurité que de l’intelligence artificielle.  

M. DONGYU, représentant de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture(FAO), a déclaré qu’avec 770 millions de personnes vivant en situation de famine dans le monde en 2023, la situation alimentaire est terrible.  Nous sommes loin d’avoir atteint les ODD, quels qu’ils soient, et des inégalités persistent.  Or le droit à l’alimentation est un droit à part entière et tout doit être fait pour le réaliser pour tous, a-t-il rappelé.  À cette fin, il faut non seulement redoubler d’efforts pour atteindre les ODD, mais également pour renforcer la coopération entre différents acteurs avec tous leurs avantages comparatifs.  Chacun doit faire sa part, a-t-il plaidé. 

M. BERSET, Secrétaire général du Conseil de l’Europe, a rappelé que son institution a pour mission de protéger et de promouvoir des normes juridiques communes en matière de droits humains, de démocratie et d’État de droit sur le continent européen, mais aussi au-delà.  Ratifiée par l’ensemble des 46 États membres, la Convention européenne des droits de l’homme découle de la Déclaration universelle des droits de l’homme, a-t-il rappelé.  À ce titre, le Conseil de l’Europe partage avec les Nations Unies le même engagement – promouvoir la paix par le biais du multilatéralisme.

Le Conseil poursuit toutefois ses objectifs propres, a poursuivi M. Berset, qui a mentionné notamment sa priorité actuelle, à savoir l’aide à l’Ukraine, elle-même membre du Conseil.  Dans ce cadre, il a cité la mise en œuvre d’un registre des dommages causés par la guerre d’agression menée par la Russie.  Cette mesure, a-t-il estimé, représente un premier pas nécessaire vers un mécanisme international d’indemnisation.

Créée par le Conseil de l’Europe, la Cour européenne des droits de l’homme est la seule juridiction internationale qui se prononce sur les violations des droits humains dans le contexte de la guerre, a en outre rappelé M. Berset. Entre autres outils multilatéraux du Conseil, le Secrétaire général de l’organisation a également cité la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, ou sa récente convention-cadre sur l’intelligence artificielle et les droits de l’homme, la démocratie et l’État de droit. 

M. TANG, Directeur général de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), a rappelé que les crises entraînent bien souvent les plus grands progrès, encourageant à capitaliser sur l’innovation et la créativité afin de construire un futur prospère et durable.  Les défis actuels demandent une transformation de la définition actuelle de la propriété intellectuelle, a-t-il poursuivi, soulignant qu’environ 70% des dépôts de demande de propriété intellectuelle proviennent aujourd’hui d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine.  Parallèlement, de plus en plus de pays utilisent le numérique, l’entrepreneuriat, la recherche et la technologie pour faciliter leur croissance, ce qui transforme la propriété intellectuelle en un élément clef de la politique économique et commerciale pour le développement. 

Pour répondre à ces transformations, l’OMPI se focalise actuellement sur trois zones de travail, a poursuivi M. Tang.  Premièrement, nous travaillons à rendre le régime mondial de la propriété intellectuelle plus inclusif et adapté aux technologies de pointe.  Le nouveau traité sur la propriété intellectuelle adopté par consensus en mai est une victoire pour le multilatéralisme, a-t-il estimé.  Deuxièmement, nous rendons la propriété intellectuelle plus accessible au travers de différents projets mettant l’accent sur les petites entreprises et les jeunes, notamment.  Troisièmement, nous connectons le monde via des registres internationaux qui favorisent la circulation de centaines de milliers de technologies chaque année et via la plateforme Inventaire vert de l’OMPI (WIPO Green) qui cherche à accélérer la mise en relation de technologies en matière de changements climatiques.  « La propriété intellectuelle n’est pas simplement une question de lois techniques mais bien un catalyseur pour le progrès. »  

Mme DANIELS, Organisation internationale pour les migrations (OIM), a déclaré qu’à chaque génération, les gens partent de chez eux pour trouver une vie meilleure ailleurs.  Il est nécessaire que l’on reconnaisse le rôle positif des migrations, a-t-elle poursuivi, estimant qu’elles encouragent le développement durable et permettent d’accélérer la croissance, de combler les fractures démographiques et de répondre aux besoins en matière de main-d’œuvre.  Elle a considéré que le Programme 2030, le Pacte mondial pour les migrations et le Programme d’action du Secrétaire général sur les déplacements internes constituent des cadres clairs pour orienter l’action.  Elle a rappelé la responsabilité de tous de respecter les droits humains des migrants, ainsi que l’engagement de l’OIM en faveur de toutes les personnes qui quittent leur pays.

M. ENAAM, de l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée (APM), a expliqué que depuis sa création en 2005, l’APM s’était engagée à mettre en œuvre la Charte des Nations Unies à travers des mécanismes innovants. Il a renouvelé cet engagement concernant le Pacte numérique mondial et la Déclaration sur les générations futures, entre autres.  L’APM promeut un avenir numérique ouvert, dans le respect des droits humains, ainsi qu’une utilisation raisonnée de l’intelligence artificielle, avec le souci constant d’éviter que des organisations terroristes puissent s’emparer de ce genre de technologie. Il a enfin lancé un appel à la raison et à la négociation concernant le conflit entre Israël et l’État de Palestine. 

Mme ALISJAHBANA, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a assuré que dans cette région qui représente près de la moitié des activités économiques mondiales, des millions de personnes sont sorties de la pauvreté.  Sur les 53 membres, un seul est toujours à faible revenu.  Sur les 14 pays les moins avancés, seuls 5 resteront dans cette catégorie à la fin de la décennie.  Malgré les divisions et les progrès inégaux vers le développement durable, la trajectoire de la région a indéniablement été un succès.  Pour autant, un changement transformateur de ce modèle de développement est nécessaire.  Compte tenu de sa taille économique importante, la région doit réduire ses émissions de gaz à effet de serre par tous les moyens possibles.  De plus, sans une nouvelle expansion de la population active, il faut, dès maintenant exploiter pleinement les ressources disponibles, notamment les femmes, les personnes âgées souhaitant rester sur le marché du travail et les personnes handicapées.  Il sera en outre essentiel de combler les déficits de financement, réduire le service de la dette et assurer les investissements du secteur privé. 

Mme MOLCEAN, de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe, a recommandé d’investir dans l’éducation en faveur du développement durable, sachant que les jeunes d’aujourd’hui prendront les décisions de demain.  Le Sommet de l’avenir des villes se réunira dans deux semaines à Genève, où les maires discuteront de la manière de mettre en œuvre le Pacte pour l’avenir, par exemple sur des questions d’inclusion sociale, de mobilité, a rappelé la représentante, se disant convaincue que la feuille de route qui en sera issue aura toute son utilité. 

Mme VANNI, du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, a salué le Pacte pour l’avenir qui permettra de garantir une meilleure santé pour tous.  Seuls le multilatéralisme et l’autonomisation de la société civile contribueront à la poursuite de nos objectifs, a-t-elle affirmé.  Relevant que plus de la moitié de la population mondiale n’est pas couverte par les soins de santé, elle s’en est désolée en soulignant que la santé est pourtant nécessaire au développement économique et social.  « C’est pourquoi nous devons progresser vers la couverture sanitaire universelle et placer la santé au centre de l’agenda mondial. »  

La déléguée a salué l’accent mis, dans le Pacte pour l’avenir, sur les changements climatiques qui représentent le plus grand défi sanitaire de notre époque puisqu’ils aggravent la diffusion des maladies infectieuses.  Appelant à combler le déficit financier pour les ODD, elle a assuré que le Fonds est prêt à se battre pour atteindre les objectifs fixés. Prônant un partenariat qui se fonde sur l’équité, elle a appelé la communauté internationale à approfondir le multilatéralisme dans ce secteur. 

M. DÍAZ-GRANADOS, de la Banque de développement de l’Amérique latine des Caraïbes, organisme observateur aux Nations Unies, a salué l’adoption du Pacte pour l’avenir et du Pacte numérique mondial, y voyant un moyen d’ajuster l’architecture financière internationale.  Convaincu que les espoirs des nouvelles générations exigent des décisions rapides de la part d’institutions comme la sienne, il a souhaité que les banques de développement soient consolidées à tous les niveaux afin de répondre aux défis actuels.  Selon lui, il importe que l’architecture financière internationale donne davantage d’espace à l’ensemble des acteurs pour qu’ils puissent déployer des ressources. Le Sud a ainsi besoin de réponses différenciées et innovantes pour accompagner la triple transition verte, numérique et sociale, a-t-il soutenu, rappelant que lorsque l’ONU a décidé des objectifs de développement durable, elle n’envisageait pas des défis aussi vastes que le niveau d’endettement des pays ou encore les problèmes liés à une pandémie.  Si les banques de développement disposaient de plus de capitaux, elles auraient la possibilité de trouver des solutions en termes d’atténuation des risques, d’affectation des ressources, d’optimisation de la structure fiscale et de gestion de la dette, a expliqué le représentant. 

M. HOUNGBO, de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a insisté sur l’importance de la coopération multilatérale non seulement pour relever les défis mondiaux mais aussi pour promouvoir les intérêts nationaux de chaque pays: « c’est essentiel pour le monde du travail ». Le monde a selon lui besoin d’une répartition plus équitable des dividendes économiques et, pour cela, il faut appliquer davantage de justice sociale, sans quoi la paix ne pourra être atteinte.  Toutes les organisations de travailleurs doivent adhérer au Pacte pour l’avenir, qui comprend la réforme nécessaire de la gouvernance mondiale, a-t-il demandé. Enfin, il a rappelé qu’en 2023, 20% des jeunes dans le monde n’avaient ni emploi, ni éducation, tandis que plus de 2 milliards de personnes ne bénéficient toujours pas de protection sociale. 

M. SARWAR, de l’Association sud-asiatique de coopération régionale (ASACR), a rappelé que la réalisation des objectifs de développement durable exige une approche holistique et ambitieuse avec des moyens concrets de mise en œuvre.  Pour ce faire, nous devons revitaliser les partenariats mondiaux, mobiliser des ressources et combler les déficits.  Selon lui, seule la coopération régionale peut permettre le partage des bonnes pratiques et répondre aux besoins spécifiques des communautés dans le respect des différents contextes économiques et culturels.  Les partenariats régionaux donnent en effet lieu à des synergies et des progrès réels pour la réalisation des objectifs de développement durable.  Les partenaires dans le domaine du développement doivent néanmoins tenir leurs engagements et il est nécessaire de relever les défis auxquels sont confrontés les pays à revenu intermédiaire et faible qui ont besoin de plus de soutien, lequel doit être fourni par la mobilisation des ressources, l’allégement de la dette et le transfert de technologies.  En conclusion, l’orateur a rappelé qu’un quart de l’humanité vit en Asie du Sud où la population active est la plus jeune au monde, ce qui en fait une région au potentiel économique important. 

M. SARYBAY, Secrétaire général de la Conférence pour l’interaction et les mesures de confiance en Asie (CICA), a indiqué que son institution, fondée sur les principes fondamentaux du multilatéralisme, du dialogue et de la confiance, réunit 28 États, couvrant 90% de l’Asie, ainsi que 10 États observateurs et 11 organisations observatrices et partenaires.  La Conférence favorise le dialogue entre les nations d’origines diverses, en créant un environnement où les désaccords peuvent être gérés dans la confiance, le respect mutuel et, surtout, l’égalité entre tous.  La CICA a des instances permanentes telles que le Conseil de la jeunesse, le Conseil des entreprises et le Forum de réflexion pour discuter des problèmes communs, des défis et des moyens de les résoudre.  En 2022, le Fonds de la CICA a été créé afin de mobiliser des ressources pour mettre en œuvre des projets dans un large éventail de domaines.  Des organisations comme la CICA sont essentielles pour relever les défis au niveau régional et peuvent servir de plateformes de sensibilisation pour l’ONU.  Ensemble, nous pouvons construire un avenir résilient, équitable et durable, a-t-il conclu. 

M. NIYAZALIEV, de l’Organisation de Shanghai pour la coopération, a expliqué que son organisation, créée il y a 20 ans, représente un quart des terres du monde et la moitié de sa population.  Respectueuse de la légalité et du respect des cultures, elle s’oppose à la confrontation et à « l’esprit des blocs » pour régler les grands problèmes mondiaux.  Il a voulu que l’on unisse les efforts pour assurer un ordre mondial multipolaire et démocratique avec l’ONU en son centre. 

M. GATETE, de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), a rappelé que l’Afrique est la plus touchée par les défis du financement et de la dette, précisant que cette dernière représente plus de 60% du PIB.  Il a fait remarquer que l’Afrique n’arrive pas à attirer les investissements car les conditions sont moins favorables chez eux que dans les pays avancés, notamment en ce qui concerne les emprunts.  Selon lui, il faut dès à présent réformer l’architecture financière, sans quoi il n’y a pas de promesse de prospérité possible.  La structure de la gouvernance multilatérale doit donc changer, a-t-il insisté, rappelant le besoin d’une représentation accrue pour les pays africains, une meilleure transparence et une réforme de la coopération fiscale.  L’Afrique peut être un moteur mondial, a estimé le délégué, mais seulement si nous comblons les lacunes existantes.  Un jeune sur trois dans le monde sera africain d’ici à 2030, a-t-il enfin fait remarquer, appelant les pays à moderniser les systèmes éducatifs, notamment dans les sciences, technologie, ingénierie et mathématiques.  « Le Pacte pour l’avenir peut permettre des règles plus équitables », a-t-il estimé en conclusion. 

M. BACH, Président du Comité international olympique (CIO), a estimé que les récents Jeux de Paris ont montré comment le CIO peut contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable par le sport.  « Nous sommes heureux et fiers de réunir, malgré les tensions géopolitiques, les athlètes de tous les 206 comités olympiques nationaux et de l’équipe olympique des réfugiés. »  Il a précisé que ces derniers Jeux ont été les premiers à parvenir à une égalité totale entre les genres.  Par ailleurs, Paris 2024 a pu réduire de 50% ses émissions par rapport aux précédentes olympiades, a fait valoir le Président.

M. GOLDFAJN, de la Banque interaméricaine de développement (BID), a paraphrasé l'écrivain Gabriel Garcia Marquez, en expliquant que les gens n'arrêtent pas de poursuivre leurs rêves parce qu'ils vieillissent, mais qu'au contraire, ils vieillissent parce qu’ils cessent de poursuivre leurs rêves. Il en a appelé à faire sienne l'énergie de la jeunesse pour réaliser le rêve des ODD, notamment en Amérique latine et dans les Caraïbes, où de nombreux jeunes souffrent de la pauvreté ainsi que du manque d'éducation et d'opportunités.

M. DASHTI, de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), a estimé qu’il n’y a rien de nouveau dans le Pacte pour l’avenir que nous ne nous soyons engagés à faire auparavant.  Il a toutefois souligné qu’il faut une volonté politique pour joindre la parole aux actes et que la réalisation dudit Pacte dépendra de sa mise en œuvre dans les différents domaines.  Il faudra des actions concrètes pour appuyer l’idée de l’intégration plutôt que de la désintégration, a-t-il averti.  Enfin, il a rappelé qu’il ne faudra pas oublier l’Afrique qui pourrait devenir une zone de conflit par procuration, « au risque de se rappeler du Sommet de l’avenir comme un sommet du passé ». 

M. TOURAY, de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a souligné qu’il n’y avait guère d’élément dans le Pacte auquel nous ne nous soyons pas déjà engagés par le passé dans le cadre de l’ONU et d’autres cadres.  Pour la CEDEAO, la différence entre le Pacte pour l’avenir et les accords mondiaux antérieurs se fera dans le respect des engagements en matière de paix et de sécurité, de développement socioéconomique durable, de changements climatiques et de justice climatique, ainsi que d’autonomisation des jeunes.  « Cela signifiera également des actions concrètes pour promouvoir et soutenir notre unité régionale, au lieu de notre désunion, notre intégration, au lieu de notre désintégration, et un engagement à ne pas transformer l’Afrique, en particulier l’Afrique de l’Ouest, en une zone de conflits par procuration. »  Un autre échec serait que « l’histoire se souvienne de ce sommet non pas comme le Sommet de l’avenir, mais comme un sommet du passé », a-t-il mis en garde. 

M. BELAL, du Fonds commun pour les produits de base (CFC), a fait remarquer que la dépendance aux produits de base reste un défi majeur pour nombre de pays en développement.  Sur les 151 membres de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), 101 dépendent à plus de 60% de ces produits de base, et jusqu’à 90% dans de nombreux pays d’Afrique.  Il est donc du devoir moral de la communauté internationale de veiller à ce que les principes d’éthique et de justice accompagnent ces produits dans toutes les étapes de la chaîne de valeur, afin qu’ils soient sources de progrès, de revenus et de développement, a plaidé le représentant. 

M. ADESINA, du Groupe de la Banque africaine de développement, a appelé non seulement à réformer l’architecture financière internationale mais aussi à adopter un système plus résilient pour l’Afrique, où le financement du capital coûte trop cher. L’Union africaine, a-t-il relevé, œuvre pour changer le fait que l’Afrique est encore la seule région du monde sans filet de sécurité financier.  Afin d’y remédier, il faut utiliser des instruments de garantie à grande échelle pour attirer les investissements.  Par ailleurs, contre le fléau de l’insécurité en Afrique, la Banque africaine de développement travaille avec l’Union africaine pour créer un indicateur de sécurité ainsi que des « bons d’indice de sécurité » pour rassurer les investisseurs.

M. KURUKULASRUIYA, du Fonds d’équipement des Nations Unies (UNCDF), a souligné que le financement public est insuffisant pour répondre aux crises climatiques et aux besoins de financement pour les objectifs de développement durable. Il faut dorénavant attirer des investissements privés et le Fonds est actuellement le seul capable de trouver des financements mixtes rapidement et partout dans le monde.  Nous devons trouver des solutions à mettre en pratique plus largement et veiller à ce que les bailleurs de fonds appuient les partenariats publics-privés.  Voilà le rôle que nous pouvons jouer pour le système 2.0 des Nations Unies. 

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