En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dix-neuvième session
11e séance plénière - après-midi
CPSD/811

Quatrième Commission: en raison de la crise de liquidités à l’ONU, l’UNSCEAR n’est pas en mesure d’arrêter un calendrier de travail pour 2025-2029

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

La Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, a, cet après-midi, écouté la Présidente du Comité scientifique des Nations Unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR) lui présenter les travaux de cet organe au cours de l’année écoulée.  Considéré comme fondamental pour la sûreté radiologique internationale et pour informer les décisions des gouvernements et des organismes nationaux et internationaux à cet égard, le Comité se heurte néanmoins à des difficultés pour planifier ses activités, en raison des contraintes budgétaires qui affectent l’ONU.

La Commission a également adopté sans vote un projet de résolution sur les « effets des rayonnements ionisants », par lequel elle réaffirme notamment la décision de maintenir l’UNSCEAR dans les fonctions et le rôle indépendant qui sont actuellement les siens.

« Le Comité a gagné le respect de la communauté internationale grâce à son objectivité, son indépendance, sa compétence et la qualité de son travail », a fait valoir Mme Sarah Baatout, qui le préside actuellement, « et il est important de conserver et de préserver ces caractéristiques afin de garantir une base scientifique solide pour la protection des générations actuelles et futures. »

La Présidente a indiqué que plus de 180 scientifiques en provenance de 30 États qui sont membres du Comité et de 11 organisations internationales observatrices ont participé à la soixante-et-onzième session du Comité, qui s’est tenue du 20 au 24 mai 2024, à Vienne.  À cette occasion, deux rapports scientifiques importants ont été approuvés, l’un sur l’évaluation du second cancer primaire après radiothérapie, l’autre sur l’évaluation de l’exposition du public aux rayonnements ionisants.  Ces documents sont essentiels pour approfondir notre compréhension des effets de l’exposition aux radiations et orienter les politiques de protection radiologique à l’échelle mondiale, a souligné Mme Baatout, avant de mentionner aussi le sondage mondial sur l’exposition publique lancé en mars 2021, et pour lequel des mises à jour supplémentaires de la méthodologie et de l’approche ont été approuvées.

Quant au programme de travail de l’année à venir, la Présidente du Comité a regretté qu’en raison de retards considérables dus à la disponibilité limitée de ressources au sein du Secrétariat, trois évaluations scientifiques qui devaient débuter au cours de la période 2020-2024 n’aient pas encore démarré.  Il s’agit des évaluations des effets des rayonnements ionisants sur l’œil, sur la faune et les écosystèmes, et sur le système immunitaire, qui devraient donc être menées à bien pendant l’exercice 2025-2029.  Comme demandé par le Groupe de travail ad hoc sur les sources et l’exposition à ces rayons, le lancement d’une nouvelle évaluation de l’exposition médicale aux rayonnements ionisants est prévu pour cette même période quinquennale.  En outre, le Comité envisage trois sujets pour d’éventuels documents de réflexion, à savoir les biomarqueurs et signatures des maladies radiogènes; les relations dose-effet; et l’étude des modèles biophysiques de l’action des rayonnements actuellement utilisés et leur pertinence biologique.

Cependant, a regretté sa Présidente, étant donné la crise de liquidités en cours à l’ONU, il n’a pas été possible d’établir un calendrier détaillé du programme à venir.  Elle a néanmoins salué les progrès significatifs réalisés par l’UNSCEAR dans le renforcement de son réseau mondial grâce à la coopération et aux accords avec des organisations internationales clefs, dont la Commission européenne (CE), la Commission internationale de protection radiologique (CIPR) et l’OIT.  La prochaine session du Comité est actuellement prévue du 16 au 20 juin 2025 à Vienne.

Le Canada, qui s’exprimait au nom du groupe CANZ, a vanté le soutien consensuel dont bénéficie l’UNSCEAR, cela s’expliquant par son approche strictement technique et scientifique pour s’acquitter de son mandat principal, qui consiste à recueillir des données scientifiques sur les niveaux de rayonnements ionisants et de radioactivité, ainsi que sur leurs effets, et à produire un certain nombre de rapports détaillés afin d’aider les États Membres à trouver des solutions à ces problèmes.  « Un rôle vital et indépendant », selon le Japon, qui s’est dit très attaché à la sécurité des technologies nucléaires. Les rapports du Comité ont couvert un large éventail de sujets au cours de ses 69 années d’existence, a rappelé le Canada, en mentionnant entre autres l’étude sur les retombées des essais nucléaires non classifiés, l’analyse des différentes formes d’exposition, de la médecine au travail en passant par le grand public, ainsi que d’autres sur l’impact des accidents nucléaires passés, notamment à Fukushima et Tchernobyl.

La délégation européenne a noté la vaste expertise du Comité dans l’évaluation de l’exposition à la suite de rejets accidentels de radionucléides et dans le développement des fondements scientifiques permettant d’améliorer la préparation et la reprise après sinistre en cas d’urgence nucléaire et radiologique.  Après avoir salué les travaux du Comité, l’Union européenne a mis en exergue les rapports de l’UNSCEAR sur l’exposition médicale aux rayonnements ionisants, qui constituent l’une de ses priorités en matière de radioprotection, et qui s’inscrivent dans le droit fil du Programme stratégique pour les applications médicales des rayonnements ionisants, également appelé Plan d’action SAMIRA.  S’agissant de radioprotection, d’amélioration de l’utilisation des rayonnements ionisants dans les applications médicales et de préparation aux situations d’urgence, le partenariat PIANOFORTE, cofinancé par le programme de recherche et de formation Euratom, sert de principal moteur de recherche pour les années 2021-2025, a encore précisé la délégation européenne.

Compte tenu du recours accru à la technologie nucléaire, le Saint-Siège a soutenu l’accent mis par le Comité sur la protection de la santé humaine et de l’environnement.  Dans cette optique, il a salué l’étude sur l’exposition du public aux rayonnements ionisants, tout en encourageant le Comité à poursuivre ses recherches sur l’exposition locale et régionale dans les zones contaminées par des activités nucléaires.

S’agissant de l’étude sur l’exposition du public, l’Argentine a reproché au Comité de n’avoir pas inclus certaines de ses conclusions très importantes dans son rapport, qui indiquent que l’impact radiologique le plus significatif de la production d’électricité ne provient pas de l’énergie nucléaire, mais des énergies alternatives.  La délégation argentine a donc demandé à la Présidente du Comité de prendre les mesures nécessaires pour corriger cette « importante omission ».  L’Inde a renchéri en ce sens en relevant que ce rapport conclut en outre que les doses des centrales nucléaires et de leur production sont faibles.  L’Argentine s’est en outre opposée au financement des activités de l’UNSCEAR par le biais du Fonds d’affectation spéciale créé par le PNUE et alimenté par des contributions volontaires, appelant à la prudence à l’égard de ce mécanisme de financement qui pourrait être perçu comme une atteinte à l’indépendance du Comité scientifique.

S’agissant du point à l’ordre du jour de la Commission concernant la planification des programmes, le Comité du programme et de la coordination (CPC) n’ayant pas été en mesure de fournir des recommandations à l’Assemblée générale à propos du descriptif de 16 programmes du projet de budget-programme de l’Organisation pour 2025, dont le programme 4, sur les opérations de maintien de la paix, et le programme 24, sur les communications mondiales, la Quatrième Commission a été chargée de les examiner.

Le Directeur de la Division des politiques, de l’évaluation et de la formation du Département des opérations de maintien de la paix, M. David Haeri, a d’abord noté que les opérations de maintien de la paix sont, fondamentalement, une « entreprise de partenariat ».  Leur efficacité ne repose pas seulement sur des Casques bleus bien équipés et formés, mais aussi sur la volonté politique et la collaboration des parties au conflit, le consentement des gouvernements hôtes et le soutien politique de la communauté internationale.  Pour ces raisons, et en dépit d’un contexte opérationnel de plus en plus difficile, les opérations de paix ont continué à exécuter leurs mandats, tout en s’adaptant et en réalisant leurs objectifs programmatiques.  Tel qu’indiqué dans son plan-programme, la stratégie du Département demeure guidée par les mandats de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, ainsi que l’objectif de faire avancer les réformes visant à accroître l’efficacité des opérations, conformément à l’initiative Action pour le maintien de la paix du Secrétaire général, à son plan de mise en œuvre, A4P+, ainsi qu’au Nouvel Agenda pour la paix.

M. Ian Phillips, Directeur de la Division des nouvelles et des médias du Département de la communication globale (DCG), a rappelé que le Plan proposé pour 2025 de la communication globale a été présenté en mai de cette année au CPC.  Le DCG s’efforce d’informer le public mondial sur l’état du monde et de renforcer le soutien au travail de l’Organisation, au moyen de contenus, de campagnes et d’efforts de sensibilisation stratégiques, coordonnés et multilingues.  Son action s’articule autour de trois objectifs de communication qu’il entend poursuivre en 2025, le premier étant la fourniture d’informations sur les grandes questions internationales, par le biais de ses services d’information, de ses plateformes numériques et des médias sociaux.  Par ses campagnes ciblées et ses actions de sensibilisation, le Département cherche en outre à susciter un engagement mondial sur des questions cruciales, de l’urgence climatique à la paix et à la sécurité. Enfin, a ajouté M. Phillips, le Département s’efforce de mobiliser l’action en présentant des solutions aux défis mondiaux et en insufflant de l’espoir.

Or, a-t-il poursuivi, la mission du Département devient sans cesse plus difficile du fait de la désinformation, de la mésinformation et des discours de haine qui se propagent à un rythme sans précédent. Néanmoins, il a décelé dans ce phénomène un moment charnière pour l’intégrité de l’information, du fait de la prise de conscience de l’ampleur et de la gravité du problème.  L’ONU se concentre donc sur l’étude de l’impact de l’environnement informationnel actuel sur les efforts visant à créer un monde meilleur, une action qu’elle continuera de mener en 2025, a-t-il assuré.

L’Union européenne a rappelé que la planification des programmes relève du CPC, et mis en garde contre les doublons.  Il a regretté qu’un consensus n’ait pu être dégagé quant à des plans-programmes qui intéressent la Quatrième Commission, en espérant que cette situation ne se reproduira pas.  La Cinquième Commission, chargée de superviser l’application des mandats, a la responsabilité définitive de l’adoption du plan-programme et du projet de budget, a-t-elle rappelé.

Après avoir demandé que la Quatrième Commission recommande à l’Assemblée générale l’adoption de ces deux programmes, le Mexique a demandé au CPC de s’acquitter de son mandat.  El Salvador a exprimé pour sa part sa préoccupation que le rapport du CPC ait recommandé que les grandes commissions examinent 16 programmes, une situation qui devrait selon lui être « inhabituelle ».

S’agissant de la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale, la représentante salvadorienne a recommandé l’élaboration d’une compilation de la pratique et des méthodes de la Commission, lesquelles devraient faire l’objet d’un consensus.

L’Argentine a appelé la Commission à changer son approche afin de voir les méthodes de travail non pas comme une fin en soi, mais plutôt comme un outil permettant de résoudre les questions à son ordre du jour.  Enfin, le Sénégal a déploré que l’anglais soit la seule langue utilisée lors des négociations concernant les projets de résolution, ce qui crée une forme « d’iniquité » entre les États. 

Lors de sa prochaine séance, qui se tiendra le mercredi 23 octobre 2023, à partir de 15 heures, la Commission abordera la question de l’Université pour la paix et se prononcera sur les projets de textes y afférent.

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