En cours au Siège de l'ONU

RPDC: le Conseil de sécurité proroge le mandat du Groupe d’experts du Comité des sanctions et entend des condamnations du lancement d’un dernier missile balistique

9004e séance – après-midi
CS/14841

RPDC: le Conseil de sécurité proroge le mandat du Groupe d’experts du Comité des sanctions et entend des condamnations du lancement d’un dernier missile balistique

En adoptant à l’unanimité la résolution 2627 (2022), cet après-midi, le Conseil de sécurité a prorogé jusqu’au 30 avril 2023 le mandat du Groupe d’experts du Comité des sanctions contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Les 15 membres se sont exprimés après l’adoption, beaucoup pour condamner vigoureusement le lancement par ce pays, la veille (24 mars), d’un missile balistique à portée intercontinentale. 

Par cette résolution, le Conseil demande au Groupe d’experts de présenter au Comité, le 3 août 2022 au plus tard, un rapport de mi-mandat sur ses travaux.  Il lui demande également de remettre au Comité, le 3 février 2023 au plus tard, un rapport final contenant ses conclusions et recommandations, qui sera présenté ensuite au Conseil, le 3 mars 2023 au plus tard. 

Le Conseil souligne enfin dans ce texte que le Groupe d’experts doit établir « des évaluations, analyses et recommandations crédibles et étayées par des faits, en toute indépendance et avec objectivité et impartialité, conformément à son mandat ».  Dans leurs déclarations après le vote, plusieurs membres du Conseil se sont en effet inquiétés des fuites dans la presse des rapports du Groupe d’experts, qui « sapent sa crédibilité », comme l’ont relevé la Chine et la Norvège. 

Le Conseil a ensuite entendu une présentation de la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo.  Elle a précisé que le nouveau missile balistique intercontinental, appelé Hwasong 17, aurait été lancé depuis Sunan, une région située au nord de Pyongyang, atteignant une portée de 1 090 kilomètres et un apogée d’environ 6 200 kilomètres, avant de s’abîmer en mer dans la zone économique exclusive du Japon.  La dernière fois que la RPDC a effectué un essai de missile balistique intercontinental remonte au 29 novembre 2017, a-t-elle rappelé. 

La Secrétaire générale adjointe a souligné qu’il s’agit de violations flagrantes du propre moratoire que s’est imposé en 2018 la RPDC et des résolutions du Conseil de sécurité, portant le risque de déclencher une escalade significative des tensions dans la région et au-delà.  Rien qu’en 2022, la RPDC a procédé à 12  lancements recourant à la technologie des missiles balistiques et c’est la cinquième fois qu’il est demandé au Secrétariat d’informer le Conseil à ce sujet, a précisé Mme DiCarlo pour qui la RPDC semble également poursuivre « activement » son programme nucléaire. 

À l’instar du Japon, du Gabon ou bien encore de l’Irlande, les membres du Conseil ont été nombreux à condamner ce nouveau tir.  « C’est une nouvelle provocation », a dit le délégué du Mexique, en rappelant qu’il s’agit d’une violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité.  Il a invité celui-ci à faire respecter ses décisions et à veiller à l’application des sanctions.  Une position pleinement partagée par la délégation des États-Unis qui a rejeté tout aassouplissement des sanctions sans effort diplomatique de la part de la RPDC.  « Cela enverrait de plus un message erroné aux États qui violeraient les régimes de sanctions. »  

Au vu de ces provocations toujours plus dangereuses de la RPDC, la représentante des États-Unis a annoncé un projet de résolution à venir afin de renforcer le régime de sanctions.  « Alléger les sanctions n’a pas de sens », a renchéri le délégué de la France, à l’instar de son homologue du Japon.  Ce dernier a demandé d’empêcher la RPDC de profiter des efforts en cours visant à rétablir la paix en Ukraine pour développer plus avant ses capacités interdites.  

Une note dissonante est venue de la Fédération de Russie qui a rappelé que, dans chacune de ses résolutions, le Conseil a exprimé sa volonté de revoir les sanctions à la lumière de l’évolution de la situation.  « Or, jusqu’à présent, il n’a fait que renforcer les mesures imposées, ignorant les signaux positifs », a-t-elle tranché, en blâmant la « myopie » de certains pays qui ne sont pas prêts à aller au-delà du paradigme des sanctions.   Son homologue de la Chine a, lui aussi, regretté que les parties n’aient pris aucune mesure concrète pour répondre aux préoccupations « justifiées » de la RPDC. 

« Nous appelons les parties à faire preuve de calme et de retenue, et à promouvoir le dialogue, en évitant toute action qui pourrait provoquer des erreurs de calcul », a déclaré la Chine.  Enfin, la République de Corée a rappelé les efforts déployés par son pays pour relancer le dialogue sur la dénucléarisation et une paix durable dans la péninsule coréenne.  « Malheureusement tous ces efforts sincères se sont heurtés à un mur de silence assorti de provocations. »  Le délégué a néanmoins assuré que l’engagement de son gouvernement à améliorer les relations intercoréennes reste inchangé et que la porte du dialogue demeure ouverte. 

NON-PROLIFÉRATION: RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE

Texte du projet de résolution (S/2022/263)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses résolutions antérieures sur la question, notamment les résolutions 825 (1993), 1540 (2004), 1695 (2006), 1718 (2006), 1874 (2009), 1887 (2009), 1928 2010), 1985 (2011), 2050 (2012), 2087 (2013), 2094 (2013), 2141 (2014), 2207 2015), 2270 (2016), 2276 (2016), 2321 (2016), 2345 (2017), 2356 (2017), 2371 (2017), 2375 (2017), 2397 (2017), 2407 (2018), 2464 (2019), 2515 (2020) et 2569 (2021), ainsi que les déclarations de sa présidence en date des 6 octobre 2006 (S/PRST/2006/41), 13 avril 2009 (S/PRST/2009/7), 16 avril 2012 (S/PRST/2012/13) et 29 août 2017 (S/PRST/2017/16),

Rappelant également la création, en application du paragraphe 26 de sa résolution 1874 (2009), d’un groupe d’experts qui suivrait les directives du Comité pour accomplir les tâches définies audit paragraphe,

Rappelant en outre le rapport d’activité en date du 8 septembre 2021 (S/2021/777) établi par le Groupe d’experts nommé par le Secrétaire général en application du paragraphe 26 de la résolution 1874 (2009) et le rapport final du Groupe, en date du 1er mars 2022 (S/2022/132),

Rappelant les normes méthodologiques applicables aux rapports des mécanismes de surveillance de l’application des sanctions, qui figurent dans le rapport du Groupe de travail informel du Conseil de sécurité sur les questions générales relatives aux sanctions (S/2006/997),

Se félicitant des efforts que fait le Secrétariat pour étoffer et améliorer le registre d’experts du Service du secrétariat de ses organes subsidiaires, compte tenu des indications données par son président dans la note publiée sous la cote S/2006/997, en particulier son paragraphe 11,

Soulignant, à cet égard, qu’il importe que le Groupe d’experts établisse en toute indépendance des évaluations, analyses et recommandations crédibles et étayées par des faits, conformément à son mandat, énoncé au paragraphe 26 de la résolution 1874 (2009),

Considérant que la prolifération des armes nucléaires, chimiques et biologiques et de leurs vecteurs continue de menacer la paix et la sécurité internationales,

Agissant en vertu de l’Article 41 du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Décide de proroger jusqu’au 30 avril 2023 le mandat qu’il a confié au Groupe d’experts au paragraphe 26 de sa résolution 1874 (2009) et modifié au paragraphe 29 de sa résolution 2094 (2013), décide que ce mandat s’appliquera aussi aux mesures imposées par les résolutions 2270 (2016), 2321 (2016), 2356 (2017), 2371 (2017), 2375 (2017) et 2397 (2017), entend réexaminer ce mandat et se prononcer sur sa reconduction le 25 mars 2023 au plus tard, et prie le Secrétaire général de prendre les dispositions administratives requises à cette fin;

2.    Demande au Groupe d’experts de présenter au Comité, le 3 août 2022 au plus tard, un rapport de mi-mandat sur ses travaux, comme prévu au paragraphe 43 de sa résolution 2321 (2016), lui demande également de lui remettre ce rapport, après en avoir discuté avec le Comité, le 6 septembre 2022 au plus tard, lui demande en outre de remettre au Comité, le 3 février 2023 au plus tard, un rapport final contenant ses conclusions et recommandations, et lui demande enfin de lui présenter ce rapport, après en avoir discuté avec le Comité, le 3 mars 2023 au plus tard;

3.    Prie le Groupe d’experts de soumettre un programme de travail au Comité trente jours au plus tard après sa reconduction, invite le Comité à réexaminer périodiquement ce programme de travail et à entretenir des contacts réguliers avec le Groupe d’experts sur ses travaux, et demande au Groupe d’experts d’informer le Comité de toute mise à jour dudit programme;

4.    Souligne que le Groupe d’experts doit établir des évaluations, analyses et recommandations crédibles et étayées par des faits, en toute indépendance et avec objectivité et impartialité, conformément à son mandat, énoncé au paragraphe 26 de la résolution 1874 (2009);

5.    Exprime son intention de continuer à suivre les travaux du Groupe d’experts;

6.    Exhorte tous les États, les organismes des Nations Unies compétents et les autres parties intéressées à coopérer pleinement avec le Comité créé par la résolution 1718 (2006) et avec le Groupe d’experts, en particulier en leur communiquant toute information dont ils disposeraient concernant la mise en œuvre des mesures imposées par les résolutions 1718 (2006), 1874 (2009), 2087 (2013), 2094 (2013), 2270 (2016), 2321 (2016), 2356 (2017), 2371 (2017), 2375 (2017) et 2397 (2017);

7.    Décide de rester activement saisi de la question.

Déclarations après l’adoption de la résolution

La représentante des États-Unis a salué le travail du Groupe d’experts et demandé que celui-ci dispose de moyens accrus.  Notre objectif commun doit être que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) rende des comptes, a-t-elle rappelé.  Elle s’est enfin inquiétée des fuites des rapports du Groupe d’expert.  Son homologue de la Chine s’est, lui aussi, inquiété desdites fuites, notant que cela avait entraîné des spéculations dans les médias, et a demandé que le Groupe améliore ses méthodes de travail.  Le Conseil doit soulever la question de la confidentialité des rapports, a dit le délégué, en regrettant que les préoccupations légitimes de la Chine n’aient pas été prises en compte lors des négociations.  Ces problèmes doivent être pris au sérieux, sous peine de saper la crédibilité du Groupe, a-t-il exigé. 

Une position partagée par le représentant de la Fédération de Russie, tandis que le délégué du Mexique a regretté qu’un accord n’ait pas pu être trouvé pour que le Groupe enquête régulièrement sur les tirs de missiles, en plus de ses rapports intermédiaires et finaux.  Enfin, la représentante de la Norvège a salué le fait qu’un consensus ait pu être dégagé s’agissant de cette prorogation technique.  Elle a, elle aussi, insisté sur l’importance de la confidentialité des rapports, les fuites nuisant à la crédibilité du Comité. 

Exposé

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a indiqué que, selon l’agence de presse d’État de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), ce pays a lancé un nouveau type de missile balistique intercontinental (ICBM) à environ 14 h 34, heure locale, le 24 mars.  Appelé Hwasong 17, ce missile aurait été lancé depuis Sunan, une région située au nord de  Pyongyang, atteignant une portée de 1 090 kilomètres et un apogée d’environ 6 200 kilomètres, avant de s’abîmer en mer dans la zone économique exclusive du Japon.  « La dernière fois que la RPDC a effectué un essai de missile balistique intercontinental remonte au 29 novembre 2017 », a rappelé Mme DiCarlo, qui a rappelé qu’il s’agit d’une violation flagrante du propre moratoire que s’est imposé en 2018 la RPDC et d’une violation claire des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, au risque de déclencher une escalade significative des tensions dans la région et au-delà.

La RPDC a procédé à 12 lancements recourant à la technologie des missiles balistiques rien que cette année et c’est la cinquième fois qu’il est demandé en 2022 au Secrétariat d’informer le Conseil à ce sujet, a précisé Mme DiCarlo.  Selon la RPDC, ces lancements ont notamment consisté en un essai d’armes dites hypersoniques, de missiles embarqués, d’un missile balistique de portée intermédiaire et d’essais de systèmes liés au développement de satellites dits de reconnaissance militaire.  La RPDC n’a émis aucune notification de sécurité aérienne ou maritime pour aucun de ces lancements, a relevé la Secrétaire générale adjointe, qui a rappelé que l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) a informé à plusieurs reprises la RPDC que les tirs de missiles non annoncés représentent un risque sérieux pour l’aviation civile internationale. 

La RPDC semble également poursuivre activement son programme nucléaire, a poursuivi la haute fonctionnaire.  Le 7 mars, le Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a déclaré que Pyongyang poursuit activement son programme nucléaire et qu’il y a « des indications continues compatibles avec le fonctionnement du réacteur de 5 mégawatts sur le site de Yongbyon », où des activités de construction ont été observées.   Le même jour, l’analyse d’images satellites a indiqué un regain d’activité sur le site d’essais nucléaires de Punggye-ri, pour la première fois depuis que Pyongyang a annoncé sa fermeture et son démantèlement en 2018, a encore expliqué la Secrétaire générale adjointe.  « En poursuivant sa capacité nucléaire et ses programmes de missiles balistiques, la RPDC défie les demandes répétées du Conseil de cesser ces activités. » 

Par ailleurs, a-t-elle dit, le Secrétaire général réitère l’importance de répondre aux impératifs humanitaires en RPDC.  L’ONU reste engagée et est prête, avec les partenaires humanitaires, à aider les personnes en détresse en RPDC, dont la vulnérabilité s’est probablement accrue depuis l’apparition de la pandémie et la fermeture des frontières en 2020.  « Nous réitérons notre appel à l’entrée du personnel international, y compris le coordonnateur résident des Nations Unies, et à l’acheminement sans entrave des fournitures humanitaires, afin de permettre une réponse rapide et efficace », a déclaré Mme DiCarlo.  Le Secrétaire général, a-t-elle ajouté, réaffirme son engagement à travailler avec toutes les parties pour une paix durable et la dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne.  L’unité du Conseil de sécurité dans cette situation est essentielle pour atténuer les tensions, sortir de l’impasse diplomatique et éviter un cycle négatif « action-réaction », a conclu Mme DiCarlo. 

Déclarations

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a condamné le tir de missile balistique intercontinental du 24 mars par la RPDC, en soulignant que cela appelle à une réaction immédiate du Conseil de sécurité, surtout qu’il s’agit du treizième tir de missile balistique cette année par le pays.  Le système de tir balistique intercontinental menace tous les États Membres des Nations Unies, a affirmé la déléguée, s’inquiétant de voir des informations dans la presse faire état de la reconstruction par la RPDC d’un site d’essais nucléaires pourtant fermé en 2018. Face à cette escalade, elle a invité le Conseil à condamner publiquement, d’une seule voix, ces actes de la RPDC et à appeler le pays à revenir à la table des négociations. 

Mme Thomas-Greenfield a dit avoir entendu des appels à l’assouplissement des sanctions du Conseil ciblant la RPDC.  Pourquoi récompenser la RPDC alors qu’elle a violé le moratoire qu’elle s’était elle-même donné ? a demandé la déléguée.  Selon elle, assouplir les sanctions sans aucun effort diplomatique de la part des Nord-Coréens permettrait à ces derniers de renflouer les caisses du pays.  De plus, cela enverrait un message erroné aux États qui violeraient les régimes de sanctions.  Pour la représentante, c’est plutôt maintenant que ces sanctions doivent être appliquées.  Au vu de ces provocations toujours plus dangereuses de la RPDC, la représentante des États-Unis a annoncé un projet de résolution à venir, en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, afin de renforcer le régime de sanctions.  Elle a demandé aux membres du Conseil d’aborder les négociations sur ce texte de manière constructive, afin de parvenir à l’objectif de la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Le problème n’est pas du tout bilatéral mais plutôt multilatéral, a-t-elle encore expliqué en appelant à l’action immédiate afin de faire savoir à la RPDC que le Conseil ne fléchira pas dans son ambition de protéger le monde des armes de destruction massive. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a déclaré que le Conseil de sécurité ne peut pas continuer de se réunir à huis clos pour parler de la situation en RPDC, le « régime de Pyongyang » devant comprendre qu’il ne peut plus violer le droit international et les résolutions pertinentes du Conseil.  Le représentant l’a donc appelé à la raison, après l’avoir condamné pour négliger les besoins de sa population, alors qu’il ne cesse d’accroître son arsenal.  Les autorités nord-coréennes doivent permettre l’acheminement de l’aide humanitaire dans le pays et cesser d’affamer leur peuple, a insisté le délégué. 

M. MARTIN GALLAGHER (Irlande) a fermement condamné le lancement d’un missile balistique à portée intercontinentale par la RPDC, hier, 24 mars 2022.  Il s’agit d’une violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité, a-t-il martelé.  Ce dernier doit parler d’une seule voix pour signifier que les tirs et essais nucléaires sont inacceptables, a dit le délégué.  Il a demandé l’élimination du programme nucléaire et d’armes balistiques de la RPDC.  Il a aussi demandé des actions concrètes pour remédier au contournement du régime des sanctions par la RPDC. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a condamné avec la plus grande fermeté le tir d’un missile balistique intercontinental effectué par la RPDC le 24 mars, « une nouvelle violation inacceptable des résolutions de ce Conseil ».  Il a jugé essentiel que le Conseil condamne unanimement cette provocation et agisse, arguant qu’on ne peut pas laisser une violation d’une telle ampleur sans réponse.  Il a rappelé que ce pays, depuis l’adoption en 2006 de la résolution 1718, n’avait cessé de moderniser son arsenal balistique et, dans le même temps, avait consolidé son programme nucléaire.  Citant également les six essais nucléaires de la RPDC et sa volonté, annoncée, de développer des armes nucléaires tactiques, le représentant s’est dit aussi très préoccupé par les informations faisant état d’activités de construction sur le site d’essais nucléaires de Punggye-ri.   Face à ces provocations répétées, alléger les sanctions n’aurait pas de sens, a-t-il observé en plaidant pour une mise en œuvre plus ferme du régime de sanctions. Notant que la RPDC contourne ces sanctions et trouve les moyens de financer ses programmes d’armement, il a prôné une mise à jour du régime de sanctions, y compris dans de nouveaux domaines tels que le cyber qui permet à ce pays de capter des informations et des devises, de l’ordre de plusieurs centaines de millions d’euros.  

Mme MONA JUUL (Norvège) a appelé la RPDC à se conformer au régime de non-prolifération et à respecter les dispositions du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Elle a noté que, selon les informations du Groupe d’experts, le pays semble vouloir élaborer des capacités nucléaires, alors que cela ne contribue en rien au bien-être de sa population.  Tant que des mesures concrètes ne sont pas adoptées par la RPDC, les sanctions prises par le Conseil de sécurité doivent rester en vigueur, a conclu la représentante. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a souligné que 13 tirs de missiles ont eu lieu cette année, chacun d’entre eux constituant une violation des résolutions du Conseil de sécurité.  Elle s’est surtout dite préoccupée par le rythme de ces tirs et par ce que cela signifie en matière de capacités.  La représentante a réclamé une réponse unanime et ferme du Conseil de sécurité, comme en 2017.  Elle a espéré que ce dernier fera preuve d’unité et de détermination face aux agissements de la RPDC.  Elle s’est dite prête à discuter des mesures envisagées par les États-Unis et voir ce qui peut être fait pour mettre à jour les sanctions ciblées.  Reprochant au Gouvernement de la RPDC de consacrer d’énormes ressources à ses capacités militaires au détriment de son propre peuple, la représentante a tenu à souligner que les sanctions imposées par le Conseil ne visent pas le peuple de la RDPC.  Nous sommes favorables, a-t-elle dit, à l’acheminement de l’aide humanitaire et appelons le Gouvernement de la RPDC à autoriser l’accès du personnel de l’ONU dans le pays pour y évaluer les besoins.  Elle a aussi invité la RPDC à s’engager dans un dialogue avec les États-Unis notamment, et à renoncer à ces programmes de missiles balistiques. 

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a dit avoir pris note des inquiétudes exprimées par les pays de la région face à cette autre violation des résolutions du Conseil de sécurité. Ces tirs de missiles contreviennent au moratoire annoncé par la RDPC elle-même qui a dûment entériné l’objectif de dénucléarisation de la Péninsule coréenne.  Le représentant a rappelé la demande de son pays visant à ce que le Comité d’experts présente un rapport dans le contexte des résolutions pertinentes du Conseil.  Il faut régler la question de l’accès aux technologies balistiques et nucléaires, a-t-il estimé, avant d’attirer l’attention sur l’aide humanitaire que son pays a envoyée à la RPDC par le biais de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). 

Ces dernières années, nous avions pourtant observé une détente dans la Péninsule coréenne, a souligné M. JUN ZHANG (Chine).  Mais au début de l’année 2021 et surtout le mois dernier, le dialogue entre la RPDC et les États-Unis est entré dans l’impasse et les tensions se sont intensifiées.  Il a regretté que les parties n’aient pris aucune mesure concrète pour répondre aux préoccupations « justifiées » de la RPDC.  Il a appelé les parties à faire preuve de calme et de retenue, et à promouvoir le dialogue, en évitant toute action qui pourrait provoquer des erreurs de calcul. 

Les États-Unis, a-t-il dit, doivent démontrer leur bonne foi car ce qu’il faut de toute urgence c’est essayer de trouver une voie politique pour aller de l’avant.  Les préoccupations « justifiées » de la RDPC qui attend de plusieurs décennies, doivent enfin recevoir une réponse.  Les États-Unis, s’est expliqué le représentant, avaient promis de mettre fin à leurs exercices militaires conjoints avec la République de Corée, et ils ne l’ont pas fait.  La RPDC a donc toutes les raisons de s’inquiéter.  Le représentant a encouragé la reprise des pourparlers car la diplomatie et le dialogue sont les seuls moyens d’éviter une crise de grande envergure.  Il a rappelé que depuis 2018, l’on a vu un tournant positif mais que les mesures prises par la RDPC n’ont pas suscité la réciprocité.  Dans un tel contexte, il n’est pas étonnant que les offres de dialogue soient perçues comme des appels creux, a prévenu le représentant, en appelant à des actions concrètes parce que la Péninsule coréenne ne saurait devenir le pion d’une stratégie profitable qu’à quelques-uns. 

Il a conclu sur la nécessité de mettre pleinement en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité de manière complète et vérifiable pour alléger les sanctions le moment venu.  Il a attribué les problèmes actuels à la non-application de certaines dispositions de ces résolutions, surtout celles qui ne sont pas liées aux sanctions.  L’on ne saurait, a-t-il martelé, privilégier certaines dispositions et en oublier d’autres ni continuer d’ignorer les préoccupations sécuritaires de la RPDC, au risque de saper le régime de non -prolifération.  Nous appelons toutes les parties concernées à jouer un rôle constructif. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a condamné avec fermeté le lancement, hier, d’un missile balistique à portée intercontinentale par la RPDC.  « C’est une nouvelle provocation », a dit le délégué, en rappelant qu’il s’agit d’une violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité.  La RPDC continue de renforcer ses capacités technologiques à des fins militaires, a-t-il constaté.  Le Conseil doit faire respecter ses décisions et veiller à l’application des sanctions, a conclu le délégué, en appelant au dialogue pour la dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne. 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a regretté le tir de missile balistique intercontinental effectué par la RPDC, qui sonne le glas du moratoire que ce pays s’est imposé depuis 2017, et constitue une violation flagrante des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Cette action, et plusieurs autres récemment, a contribué à une aggravation des tensions dans la péninsule coréenne, dans un contexte international marqué par une crise majeure en Ukraine et en Europe orientale, a fait observer le représentant.  Aussi, a-t-il plaidé pour la recherche d’une solution pacifique et négociée.  Il a encouragé les États-Unis à maintenir leur offre de dialogue avec la RPDC, sans conditions préalables.  Le délégué a ensuite demandé à Pyongyang de faciliter les procédures administratives qui entravent actuellement l’acheminement d’une aide humanitaire à la population nord-coréenne. 

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a noté qu’après 13 tirs de missiles depuis le début de l’année, les perspectives d’une reprise d’essais d’armes nucléaires augmentent de jour en jour, tandis que les tirs effectués sans notification aux organismes de réglementation maritime et aéronautique posent de sérieuses menaces en mer.  Craignant une course aux armements dans la région et une déstabilisation, le délégué a prévenu que cela aurait de graves implications pour la paix et la sécurité mondiales.  Avec la situation sécuritaire actuelle qui pose déjà de graves défis socioéconomiques et sécuritaires, en particulier aux pays en développement, la communauté internationale ne peut pas se permettre une autre crise, a-t-il fait remarquer.  Malheureusement, a-t-il poursuivi, cette escalade des armements détourne les ressources de la protection sociale et du développement dont a tant besoin le peuple de la RPDC.  M. Kiboino a appelé la RPDC à suspendre tout nouveau lancement de missile et à revenir au TNP.  À la communauté internationale, il a demandé de contribuer au redémarrage d’efforts diplomatiques pour trouver une solution durable à la menace qui pèse sur la péninsule coréenne, au nom de la sécurité mondiale. 

Mme EDWIGE KOUMBY MISSAMBO (Gabon) a fermement condamné les évènements du 24 mars dernier, de nature à saper la confiance.  Elle a redit l’attachement de son pays au régime de non-prolifération et dit craindre que le contexte actuel laisse augurer d’une course aux armements, en particulier les armes non conventionnelles.  Elle a plaidé pour des sanctions efficaces, en rappelant l’extrême détresse de la population de la RPDC, avant d’estimer que le dialogue est la seule voie possible pour l’instauration de la paix dans la région.

M. ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a commencé par regretter que des commentaires aient été faits aujourd’hui sans le moindre rapport avec cette séance.  Revenant à la Péninsule coréenne et aux pays d’Asie du Nord-Est, elle s’est dite convaincue que les solutions diplomatiques sont le seul moyen possible de résoudre pacifiquement les problèmes.  Elle a constaté avec regret qu’au cours des quatre dernières années, le Conseil n’a pas su trouver la force de réagir au démantèlement par la RPDC de son site d’essais nucléaires et au fait qu’elle a respecté le moratoire sur les essais nucléaires et les missiles balistiques intercontinentaux.  Dans chacune de ses résolutions, le Conseil a pourtant exprimé sa volonté de revoir les sanctions à la lumière de l’évolution de la situation, a rappelé la représentante.  Or, jusqu’à présent, il n’a fait que renforcer les mesures imposées, ignorant les signaux positifs.  La situation actuelle, a-t-elle tranché, est donc en grande partie la conséquence de la « myopie » de certains collègues qui ne sont pas prêts à aller au-delà du paradigme des sanctions. 

Les négociations, a rappelé la représentante, sont « une rue à double sens ». La création de nouveaux blocs militaires dans la région, comme l’alliance de l’Australie, des États-Unis et du Royaume-Uni (AUKUS) ne peut que susciter de sérieux doutes et ne saurait être propice au dialogue.  À plusieurs reprises, a dit la représentant, nous avons parlé de la nécessité de former des espaces sécuritaires communs et indivisibles.  Il est impossible d’obtenir des résultats durables sans tenir pleinement compte des préoccupations sécuritaires légitimes de tous les États de la région. 

Les sanctions secondaires, dites « autonomes », imposées à la RPDC et à d’autres, par Washington et ses alliés, en contournant le Conseil de sécurité, sont encore plus « répugnantes », a fustigé la déléguée, et les tentatives d’obtenir la « bénédiction » du Comité des sanctions, « inacceptables ».  Elle a appelé à la retenue et au dialogue, promettant que la résolution politico-humanitaire sino-russe est toujours sur la table.  L’absence de progrès sur le volet politique, a-t-elle prévenu, menace d’aggraver encore les tensions sur la Péninsule. 

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a condamné fermement le lancement d’un missile balistique intercontinental par la RPDC.  Il a rappelé qu’en janvier, le pays avait battu le record du nombre de tirs de missiles faits en un seul mois.  Maintenant, il a battu un autre record inquiétant, car cela semble être le missile le plus long jamais lancé par Pyongyang, a-t-il relevé.  Il est, à son avis, de la responsabilité du Conseil de sécurité d’éviter tout risque de voir un essai nucléaire réalisé en violation de ses résolutions et des traités internationaux. Cette question devient d’autant plus pressante au moment où différents pays soulignent la pertinence des armes nucléaires dans leurs doctrines de défense et leurs stratégies de dissuasion, a observé le représentant. 

Le représentant a donc appelé le Conseil à travailler sans relâche et de manière transparente afin d’ouvrir la voie à la désescalade des tensions et à une solution à ce problème.  Il a également appelé les principaux acteurs de la région à redoubler d’efforts pour dialoguer avec Pyongyang en vue de ramener la RPDC à la table des négociations.  Le délégué a plaidé pour que soit établie une plateforme de dialogue pour faire avancer la réalisation d’une politique transparente et vérifiable de dénucléarisation irréversible de la péninsule coréenne.  Il a terminé en demandant à la RPDC de revoir son statut nucléaire, de rejoindre le TNP en tant qu’État non doté d’armes nucléaires, et d’adhérer sans délai au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. 

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a fermement condamné le lancement, le 24 mars, d’un missile balistique à portée intercontinentale par la RPDC, en violation des résolutions du Conseil de sécurité.  Ce pays continue de fouler aux pieds le droit international, a-t-elle relevé.  Elle a plaidé pour que le Conseil fasse preuve d’unité face à l’escalade choisie par la RPDC.  Il est crucial d’accorder la priorité au dialogue, a conclu la déléguée, en exhortant la RPDC à retourner à la table des négociations.  Elle a aussi demandé à ce pays de veiller à alléger les souffrances de son peuple et de permettre le retour des travailleurs humanitaires sur son territoire. 

M. CHO HYUN (République de Corée) a condamné dans les termes les plus fermes un acte qui constitue une violation flagrante des multiples résolutions du Conseil de sécurité, qui représente une menace grave pour la Péninsule coréenne, la région et la monde entier et qui compromet considérablement le régime de non-prolifération.  La RPDC, a constaté le représentant, est revenue sur ses engagements d’avril 2018, choisissant la provocation, ces deux derniers mois, et essayant de rétablir son site d’essais et ses activités nucléaires.  Cela doit cesser immédiatement, a martelé le représentant qui a rappelé les efforts que son pays a déployés, ces dernières années, pour relancer le dialogue sur la dénucléarisation et une paix durable dans la Péninsule coréenne. 

Nous avons, a-t-il dit, laissé à la RPDC le choix du moment, du lieu et du format.  Malheureusement tous ces efforts sincères se sont heurtés à un mur de silence assorti de provocations.  Personne, a souligné le représentant, ne nourrit aucune politique hostile vis-à-vis de Pyongyang et personne n’a raison de le faire.   Mon Gouvernement, a-t-il poursuivi, est fermement convaincu que le dialogue et la coopération sont les seuls moyens d’aller de l’avant, quels que soient les obstacles.  Notre engagement à améliorer les relations intercoréennes reste inchangé et la porte du dialogue demeure ouverte.  Le représentant a exhorté la RPDC à choisir la voie de la coopération plutôt que celle de la confrontation et de l’escalade.  Avec la communauté internationale, a-t-il affirmé, nous sommes prêts à travailler de manière constructive pour assurer à tous un meilleur avenir si la RPDC le veut aussi. 

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a expliqué que le missile balistique lancé hier par la RPDC a touché la Zone économique exclusive japonaise, à seulement 150  kilomètres du territoire.  Il a condamné cet acte dangereux et déstabilisateur qui constitue une menace grave et imminente pour la sécurité de son pays.  Face à cette escalade évidente, il nous faut, a dit le représentant, une action immédiate et concrète de la part de ce Conseil.  Rappelant les termes de la résolution 2397, adoptée quand son pays siégeait au Conseil, le représentant a prévenu qu’un lancement de missile par la RDPC ne peut être vu comme un acte isolé.  Bien au contraire, c’est une partie intégrante des programmes revigorés. Les violations répétées des résolutions découlent en partie du silence regrettable du Conseil, a souligné le représentant.  Nous devons empêcher la RPDC de tirer parti des efforts visant à rétablir la paix en Ukraine pour développer plus avant ses capacités interdites.  Les résolutions du Conseil, a rappelé le représentant, ne parlent pas seulement de ce qu’il est attendu de la RDPC mais aussi des obligations des autres États Membres.  Il les a donc appelés à mettre pleinement en œuvre les textes agrées et jugé que ce n’est pas du tout le moment d’alléger les sanctions. 

Reprenant la parole, la représentante des États-Unis a relevé que certaines délégations tentent de faire croire que le débat porte sur la RPDC et les États-Unis.  Ce problème nous concerne tous, a-t-elle clamé.  S’agissant de l’assistance humanitaire en faveur de la RPDC, elle a rappelé que l’obstacle principal reste la fermeture des frontières de la RPDC par les autorités nationales.  Nous attendons toujours de la RPDC une réponse à nos questions sur les aspects humanitaires.  De même, a poursuivi la représentante, les États-Unis travaillent avec l’ONU pour établir un circuit de transferts bancaires fiable que la RPDC pourrait utiliser. Compte tenu de la situation, a-t-elle conclu, le Conseil de sécurité doit rapidement renforcer le régime de sanctions.  La représentante a aussi donné des précisions sur la fourniture de sous-marins à l’Australie, rappelant que la propulsion nucléaire n’est pas interdite par le TNP.  En outre, l’Australie n’a aucunement l’ambition de se doter d’armes nucléaires. 

La représentante du Royaume-Uni a assuré que l’acquisition par l’Australie de sous-marins nucléaires de technologie américaine dans le cadre de l’alliance AUKUS se fera dans le respect du régime de non-prolifération et du droit international.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Ukraine: L’Assemblée générale exige de nouveau la cessation immédiate des hostilités menées par la Fédération de Russie et demande le financement intégral des plans humanitaires de l’ONU

Onzième session extraordinaire d’urgence (reprise),
9e séance plénière – matin
AG/12411

Ukraine: L’Assemblée générale exige de nouveau la cessation immédiate des hostilités menées par la Fédération de Russie et demande le financement intégral des plans humanitaires de l’ONU

À la majorité des deux-tiers applicable au vote sur « les décisions importantes », selon la Charte des Nations Unies, l’Assemblée générale a adopté aujourd’hui par 140 voix pour, 5 voix contre et 38 abstentions, la résolution sur les conséquences humanitaires de l’agression contre l’Ukraine.  Toujours par vote, elle a renoncé à se prononcer sur le texte concurrent de l’Afrique du Sud intitulé plus sobrement « la situation humanitaire découlant du conflit en Ukraine ». 

Avec les voix contre du Bélarus, de l’Érythrée, de la Fédération de Russie, de la République populaire démocratique de Corée et de la Syrie, l’adoption de la résolution présentée par l’Ukraine, au nom de plus d’une centaine de coauteurs, a déclenché des applaudissements nourris dans la salle.  Dans ce texte, l’Assemblée générale exige d’abord la cessation immédiate des hostilités menées par la Fédération de Russie contre l’Ukraine, en particulier de toute attaque contre les civils et les biens de caractère civil.  Elle demande aux États Membres de financer intégralement le Plan d’aide humanitaire des Nations Unies pour 2022, l’appel éclair lancé par les Nations Unies pour l’action humanitaire en Ukraine, ainsi que le plan régional d’aide aux réfugiés pour l’Ukraine et les pays voisins. 

À la reprise de cette session extraordinaire d’urgence hier, au cours de laquelle 66 délégations ont pris la parole, le Vice-Président de l’Assemblée rappelait que depuis le début de l’agression russe, le 24 février dernier, quelque 10 millions de personnes, soit un quart de la population totale, ont fui l’Ukraine et ou sont parties ailleurs dans le pays.  Les services essentiels tels que l’eau, l’électricité, le chauffage, l’assainissement, la santé sont mis à rude épreuve.  Assurer un accès sûr et sans entrave à l’aide humanitaire est « la nécessité du moment et le personnel humanitaire, la priorité du moment », insistait le Vice-Président. 

L’Assemblée générale condamne donc, dans sa résolution, toutes les violations du droit international humanitaire et des droits humains, et demande à toutes les parties au conflit armé de respecter strictement ces droits.  Elle exige la protection du personnel médical et humanitaire, de tous les civils, des biens indispensables à la survie de la population et des infrastructures civiles et des personnes fuyant le conflit armé et la violence, y compris les ressortissants étrangers, notamment les étudiants, et ce, sans discrimination. Elle exige aussi la fin des sièges de villes en Ukraine, en particulier la ville de Marioupol, qui aggravent encore la situation humanitaire pour la population civile et entravent les efforts d’évacuation. 

Sur le front politique, l’Assemblée encourage vivement la poursuite des négociations entre toutes les parties et demande à nouveau instamment le règlement pacifique immédiat du conflit entre la Fédération de Russie et l’Ukraine par voie de dialogue politique, de négociations, de médiation et autres moyens pacifiques, conformément au droit international. 

Au nom de l’Union européenne, la France a salué un texte « équilibré », résultat d’une large consultation avec l’Ukraine et les États Membres de toutes les régions.  La majorité écrasante des États qui ont appuyé la résolution, est un signal très fort envoyé par cette Assemblée générale à l’Ukraine et à son peuple qui en ont besoin.  C’est aussi la raison pour laquelle, a ajouté la France, que l’Union européenne et ses États membres ont soutenu la demande procédurale de l’Ukraine. 

C’est en effet cette dernière qui a présenté une motion pour s’opposer à la mise aux voix du projet de résolution préparé par l’Afrique du Sud, fustigeant un « placebo », une « pilule générique » et un « jumeau » du texte russe rejeté hier par le Conseil de sécurité.  L’Assemblée générale a tranché: par 67 voix contre, 50 pour et 38 abstentions, elle a décidé de ne pas se prononcer sur le projet sud-africain. 

Nous plaidions, s’est expliquée l’Afrique du Sud, pour des efforts constructifs, étant entendu que le but est de répondre exclusivement aux enjeux humanitaires car les enjeux politiques, qui empêchent le ralliement de tous les pays, doivent être traités ailleurs.  Nous aurions voulu, a acquiescé le Brésil, une résolution capable d’influencer le comportement des parties sur le terrain, de promouvoir des arrangements humanitaires efficaces et de créer l’espace nécessaire aux négociations sur la fin des hostilités. 

La résolution adoptée aujourd’hui ne tient pas non plus compte d’une préoccupation urgente découlant de cette crise, à savoir les sanctions économiques aveugles qui affectent tous les pays, en particulier les pays en développement.  Le Brésil a regretté que l’Assemblée générale ait refusé de se prononcer sur un projet qui aurait permis de fédérer le plus grand nombre autour des besoins humanitaires de l’Ukraine. 

Le fait que ce projet ne cite pas une seule fois la Fédération de Russie a fait dire au Canada: une crise humanitaire de cette nature ne vient pas de nulle part.  Elle est le résultat direct d’une décision délibérée d’envahir un pays souverain.  Nous ne pouvons pas, s’est-il essayé, parler de Moby-Dick sans mentionner le mot « cachalot ».  Si nous ne désignons pas l’agresseur et ne rappelons pas ses obligations, nous n’effectuons pas notre travail.  Arguant de sa neutralité, l’Autriche a ajouté: il est difficile d’aboutir à un projet de résolution neutre quand il s’agit de distinguer la victime de l’agresseur. 

Lorsque le 24 mars 1999, les États-Unis et leurs alliés ont lancé leur agression armée contre l’ex-Yougoslavie, ils ont fait pleuvoir plus de 10 000 tonnes d’explosifs, tuant 2000 Serbes, a tenu à rappeler la Fédération de Russie, en parlant de la première guerre en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.  Devant la mise à l’écart du texte sud-africain, elle a accusé les pays occidentaux d’avoir exercé des pressions immenses sur les membres de cette Assemblée parce qu’ils veulent se ménager le monopole du dossier ukrainien. 

En adoptant sa résolution sur les conséquences humanitaires de l’agression contre l’Ukraine, l’Assemblée générale a suspendu cette onzième session extraordinaire d’urgence. 

LETTRE DATÉE DU 28 FÉVRIER 2014, ADRÉSSÉE À LA PRÉSIDENTE DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LE REPRÉSENTANT PERMANENT DE L’UKRAINE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES: PROJETS DE RÉSOLUTION (A/ES-11/L.2, A/ES-11/L.3)

Déclarations

Après avoir indiqué que sa délégation s’est portée coauteur du projet de résolution présenté par l’Ukraine, M. DAMIANO BELEFFI (Saint-Marin) a fermement condamné les attaques indiscriminées et disproportionnées contre les civils ukrainiens perpétrées par la Fédération de Russie, notamment les bombardements aveugles, les frappes aériennes et l’utilisation d’engins explosifs dans les zones densément peuplées.  Le droit international humanitaire est clair: les civils et les biens civils doivent être protégés.  Depuis le début du conflit, Saint-Marin, a précisé le représentant, a accueilli près de 300 réfugiés en provenance d'Ukraine et le Gouvernement, en collaboration avec la société civile, le secteur privé et les fédérations sportives s’efforcent de faciliter leur intégration et leur inclusion.  Le Gouvernement a ainsi créé une subvention à laquelle les familles samaranaises qui accueillent des réfugiés peuvent avoir accès pour couvrir leurs dépenses de base. 

M. SOVANN KE (Cambodge) s’est dit gravement préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire en Ukraine et a exhorté toutes les parties à assurer un accès humanitaire sans entrave.  Il a aussi réclamé le respect du droit international humanitaire et un cessez-le-feu immédiat.  « Ami des deux pays, le Cambodge appelle l’Ukraine et la Russie à régler ce conflit par le biais du dialogue et de la diplomatie. » 

M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) a loué les efforts du Secrétaire général en vue d’un règlement pacifique et durable de la crise en Ukraine.  Il a réaffirmé l’attachement de sa délégation au respect de l’intégrité territoriale, de la souveraineté territoriale et de l’indépendance des États ainsi qu’au règlement pacifique des différends.  Il s’est dit « vivement » préoccupé par l’escalade de la violence qui malheureusement continue d’engendrer une profonde désolation avec un nombre considérable de victimes et de destructions massives des infrastructures essentielles.  Il est donc urgent d’appliquer sans délai la résolution adoptée le 2 mars par l’Assemblée générale.  Le représentant a condamné les violations de droit international humanitaire et des droits de l’homme perpétrées en Ukraine. Appelant au respect de ces droits et des Conventions de Genève de 1949, il a insisté sur un traitement équitable et sans discrimination de toutes les personnes affectées par cette crise, y compris les Africains et les personnes d’ascendance africaine. 

M. JUN ZHANG (Chine) a défendu la souveraineté et l’intégralité territoriale de tous les pays, de même que les principes de la Charte des Nations Unies, tout en soulignant la nécessité de prendre en compte les préoccupations sécuritaires de tous les pays.  Il faut, a-t-il dit, éviter de politiser les questions humanitaires.  Il a donc exprimé des réserves sur le projet de résolution présenté par la France et le Mexique, et porté devant l’Assemblée générale par l’Ukraine.  Ce projet, s’est-il expliqué, comporte des aspects qui vont bien au-delà de la problématique humanitaire.  Le représentant a en revanche jugé « plus équilibré » le texte présenté par l’Afrique du Sud, ajoutant que le recours à la force et les sanctions ne devraient pas devenir des fins en soi et rejetant la politique des « deux poids, deux mesures ». 

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) s’est dit gravement préoccupé par la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire en Ukraine et a redit l’importance de respecter les principes de la Charte, dont celui du non-recours à la force.  Il a réclamé la cessation immédiate des hostilités et la création de couloirs humanitaires.  Les deux parties, a-t-il pressé, doivent s’engager dans la voie du dialogue.  Il a salué les efforts consentis par de nombreux pays, dont la Chine et la Turquie, pour parvenir à un règlement négocié.  Il a espéré l’adoption d’un texte favorisant l’acheminement de l’aide humanitaire, dans le respect des principes humanitaires. 

M. KYAW MOE TUN (Myanmar) a appuyé le projet de résolution présenté par l’Ukraine, par solidarité pour le peuple ukrainien.  Le peuple du Myanmar, s’est-il expliqué, est confronté à une tragédie similaire, une crise humanitaire émanant des atrocités commises par les militaires décrites comme des crimes contre l’humanité.  Le représentant a plaidé pour une assistance humanitaire au Myanmar, de façon inclusive et transparente.  Il faut mettre fin aux atrocités commises par l’armée et chasser la dictature militaire le plus rapidement et le plus efficacement possible, a-t-il insisté. 

M. ROBERT KEITH RAE (Canada) a regretté que la Fédération de Russie poursuive son invasion illégale de l’Ukraine, où la situation humanitaire est grave.  Rien ne justifie ces attaques, et l’opération militaire russe en Ukraine n’a rien de « spécial », a affirmé le représentant, avant d’apporter son soutien au projet de résolution présenté par l’Ukraine, qui exige le plein respect du droit humanitaire international et l’accès humanitaire qui fait cruellement défaut.  L’Assemblée générale, dans sa première résolution de cette session extraordinaire d’urgence avait déjà déploré les actions de la Russie comme une violation de la Charte des Nations Unies, de ses objectifs et de ses principes.  Il incombe donc à nouveau à l’Assemblée de défendre l’ordre international fondé sur des règles au sein duquel l’ONU et sa Charte jouent un rôle central, a estimé le délégué, avant d’exhorter tous les États Membres à voter en faveur du projet de texte présenté par l’Ukraine qui tient compte de la situation des pays les moins avancés (PMA), de la lutte contre la discrimination, de la sécurité alimentaire ou encore du financement des plans humanitaires de l’ONU. 

Certains disent, s’est étonné le représentant, qu’un texte humanitaire ne devrait établir les responsabilités.  Mais, s’est-il indigné, nous ne sommes pas devant une catastrophe naturelle.  Une crise humanitaire de cette nature ne sort pas de nulle part.  Elle est le résultat direct d’une décision délibérée de la Fédération de Russie d’envahir un pays souverain.  Nous ne pouvons pas, s’est essayé le représentant, parler de Moby-Dick sans dire que c’est un cachalot.  Si nous ne désignons pas l’agresseur et ne rappelons pas ses obligations, nous n’effectuons pas notre travail.  Un cessez-le-feu est nécessaire, a tranché le représentant, promettant de voter oui pour l’humanité parce qu’il faut entamer la marche vers la paix, la vérité, la justice et la réconciliation.  Citant Leonard Cohen, il a dit « c’est par les fissures que la lumière entre ».  Il nous faut de la solidarité et du courage. 

M. ALEXANDER MARSCHIK (Autriche) a dénoncé l’attaque de la Russie contre l’Ukraine et qualifié de « terrifiante » la situation humanitaire dans le pays.  Il a aussi dénoncé les bombardements d’hôpitaux et d’écoles et l’emploi d’armes à sous-munitions.  Chaque pays doit respecter le droit international humanitaire, a-t-il martelé, avant de dénoncer l’inaction du Conseil et de souligner que c’est à cette Assemblée d’agir.  Il a appelé à voter pour le projet de résolution présenté par l’Ukraine, estimant que celui de l’Afrique du Sud, souffre de graves omissions et qu’il n’a pas été élaboré avec le pays concerné au premier chef.  Répondant aux reproches de politisation de l’aide humanitaire et arguant de la neutralité de l’Autriche, le représentant a déclaré: il est difficile d’aboutir à un libellé neutre quand il s’agit de distinguer la victime de l’agresseur. 

Dénué du droit de vote, M. PAUL BERESFORD-HILL (Ordre souverain de Malte) a tenu à exprimer son soutien au projet de résolution présenté par l’Ukraine.  Il a appelé à la cessation des hostilités et au dialogue pour retrouver le chemin vers la paix.  Il a ensuite énuméré les efforts humanitaires de l’Ordre souverain de Malte, avant de se dire préoccupé par les risques accrus de violence sexuelle et de traite des êtres humains dont font état les polices locales et les médias aux frontières. 

Explications de vote sur les résolutions intitulées « Conséquences humanitaires de l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine » (A/E-11/L.2), présentée par l’Ukraine et « La situation humanitaire découlant du conflit en Ukraine » (A/E-11/L.3), présentée par l’Afrique du Sud

La représentante de l’Afrique du Sud a voulu que l’on ne perde pas de vue ce qui doit être fait immédiatement: œuvrer à une amélioration de la situation en Ukraine.  Dans une guerre, a-t-elle dit, il n’y a pas de vainqueur.  De nombreux pays subissent les conséquences de guerre qu’ils n’ont pas choisies.  L’Afrique elle-même a enduré plusieurs « guerres par procuration ».  Ce qu’il faut aujourd’hui, a martelé la représentante, c’est mettre un terme à la guerre en Ukraine.  Elle a plaidé pour des efforts constructifs et estimé que la résolution présentée par l’Ukraine ne répond pas pleinement à cet objectif.  Certains de ses éléments entravent l’obtention d’un consensus.  Notre texte, a-t-elle souligné, vise exclusivement à répondre aux enjeux humanitaires car les enjeux politiques, qui empêchent le ralliement de tous les pays, doivent être traités ailleurs. Annonçant un vote d’abstention sur le projet de résolution présenté par l’Ukraine, elle a demandé la mise aux voix du sien.  « Ne muselons pas ceux qui ont un autre avis. » 

La résolution sur « Les conséquences humanitaires de l’agression de la Fédération de la Russie contre l’Ukraine » a été adoptée à la majorité des deux-tiers par 140 voix pour, 5 voix contre (Bélarus, Érythrée, Fédération de Russie, République populaire démocratique de Corée et Syrie) et 38 abstentions.  Par une motion présentée par l’Ukraine, l’Assemblée générale a décidé, par 67 voix contre, 50 pour et 38 abstentions, de ne pas se prononcer sur la résolution intitulée « La situation humanitaire découlant du conflit en Ukraine. »

Explications de vote

Ce qu’il faut c’est un cessez-le-feu immédiat, a commenté le représentant de l’Inde qui a dit avoir acheminé en Ukraine et aux pays voisins plus de 90 tonnes d’aide et assuré le retour de 22 000 ressortissants indiens.  Il a insisté sur le respect des principes de l’aide humanitaire, et rejeté catégoriquement toute politisation.  C’est la raison pour laquelle, nous nous sommes abstenus, a-t-il expliqué.

Le représentant de la République populaire démocratique lao a expliqué son « abstention » parce que ce qui est urgent, c’ est de parvenir à des efforts visant à engager les négociations de paix entre les parties concernées.  Il faut s’abstenir de toute action qui pourrait « jeter de l’huile sur le feu » et les tensions qui pourraient entraver les efforts diplomatiques, a conseillé le représentant. 

Son homologue du (Rwanda) a dit avoir voté en faveur de la résolution car il s’agit de faire pression pour obtenir la réalisation de trois objectifs principaux : la protection des civils, le soutien humanitaire et le dialogue.  Mais le représentant a avoué qu’il aurait aimé voir tous les États Membres « unis » autour d’un texte humanitaire, jugeant regrettables les divisions lorsque la vie de civils innocents est en jeu. 

Ayant également voté en faveur de la résolution, le représentant de Malaisie a regretté la manière dont les choses se sont passées aujourd’hui à l’Assemblée générale.  Les deux textes, a-t-il estimé, avaient des similitudes et leurs auteurs auraient dû collaborer pour arriver à un texte unique.  La procédure appliquée au cours de cette session n’envoie pas un message d’unité et de solidarité, a-t-il dit.  Cette absence de débat ouvert et franc entre les États est un événement malheureux de plus, a regretté le représentant. 

Lorsque le 24 mars 1999, les États-Unis et leurs alliés ont lancé leur agression armée contre l’ex-Yougoslavie, plus de 10 000 tonnes d’explosifs se sont abattus dans le pays, tuant 2000 Serbes, a tenu à rappeler le représentant de la Fédération de Russie.  Cette agression, la première en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, a étonnamment été présentée comme une guerre défensive.  Il a donc remercié les pays qui ont eu « le courage » de suivre une ligne indépendante, en dénonçant, une nouvelle fois, une résolution « antirusse » sur une pseudo-aide humanitaire.  Les pays occidentaux ont exercé des pressions immenses sur les membres de cette Assemblée, a accusé le représentant, déplorant l’absence d’un vote sur le texte de l’Afrique du Sud.  Les pays occidentaux veulent décidément conserver leur monopole sur ce dossier, a-t-il taclé. 

Appelant le Conseil de sécurité à assumer sa responsabilité première dans le maintien de la paix et la sécurité internationales, le représentant de l’Algérie a exprimé sa plus vive préoccupation devant la situation en Ukraine.  Il a souligné l’importance des efforts diplomatiques qui doivent être intensifiés pour parvenir à un règlement pacifique du conflit et remédier aux conséquences humanitaires tragiques dans ce pays. 

Le représentant du Brésil a dit avoir voté en faveur de la résolution mais a regretté que l'assemblée générale n’ait pas réussi à s’exprimer aujourd’hui d’une seule et même voix.  Nous aurions préféré, a-t-il avoué, un texte consensuel plutôt que de nous retrouver devant un fait accompli et une résolution humanitaire aux relents politiques.  Nous aurions aimé, a encore dit le représentant, une résolution constructive et capable d’influencer le comportement des parties sur le terrain, de promouvoir des arrangements humanitaires efficaces et de créer l’espace nécessaire aux négociations pour mettre un terme aux hostilités. 

La résolution adoptée aujourd’hui, a poursuivi le représentant, ne tient pas non plus compte d’une préoccupation urgente découlant de cette crise, à savoir les sanctions économiques aveuglent qui affectent tous les pays, en particulier les pays en développement.  Le représentant a dit pleinement souscrire au projet de résolution proposé par l’Afrique du Sud, regrettant sincèrement que l’Assemblée générale ait refusé de se prononcer sur un texte qui aurait permis de fédérer les États autour des besoins humanitaires de l’Ukraine. 

Ayant lui aussi voté pour la résolution, le délégué de l’Égypte a argué de la nécessité de protéger les civils, tout en confessant un certain « malaise » lors des négociations.  Il a rejeté les sanctions en raison de leurs incidences pour la sécurité alimentaire et énergétique mondiale et souligné que la quête d’une solution politique rapide à cette crise est capitale et qu’elle doit être la priorité. 

Le représentant de l’Iraq a déclaré que le peuple de son pays « sait très bien » ce que c’est que d’avoir un besoin urgent d’aide humanitaire en temps de crise et de guerre.  Rappelant que l’ONU a fourni à son pays le soutien humanitaire nécessaire pour surmonter les répercussions des crises qui l’ont accablé, le délégué a déclaré que son pays a voté en faveur de la résolution, par sens de responsabilité envers le peuple ukrainien.  Il a ajouté que l’Iraq aurait également voté en faveur du projet de résolution sud-africain s’il avait été mis aux voix. 

La représentante de Sierra Leone qui a voté en faveur de la résolution, a insisté sur l’égalité de traitement de tous ceux et celles qui recherchent la sécurité.  Elle a mis en garde contre toute discrimination des personnes qui fuient ou qui sont directement touchées par le conflit. 

Son homologue de l’Indonésie, qui a aussi voté pour, a tout de même regretté que l’Assemblée ne se soit pas exprimée d’une seule voix.  Il faut, a-t-il dit, déploré que le monde ait vu aujourd’hui à quel point nous sommes divisés sur un sujet aussi essentiel, et ce, par manque de dialogue.  Nous aurions voté pour le projet de résolution de l’Afrique du Sud, a-t-il confié, s’il n’y avait pas eu cette « entorse » au caractère démocratique de cette Assemblée.  Semons la confiance plutôt que la discorde, a-t-il plaidé. 

Il est regrettable qu’il n’ait pas été possible de réconcilier les deux textes, a commenté le représentant de l’Érythrée , avouant sa préférence pour le projet de résolution sud-africain.  Toutes les parties, a-t-il souligné, doivent assumer leurs responsabilités, en vertu du droit international, veiller au bien-être des civils et permettre le passage sûr et sans entrave de l’aide humanitaire. Exprimant son soutien au règlement pacifique des différends, il a qualifié de dangereuse la tendance à vouloir faire advenir un monde unipolaire.  Nous avons voté contre la résolution, a-t-il dit. 

Ayant voté pour, le représentant de la Thaïlande a insisté sur le respect du droit international humanitaire et mis en garde contre toute politisation de l’aide, avant de s’attarder sur l’assistance apportée par son pays à l’Ukraine. 

Le représentant de la Jordanie a insisté sur les principes de précaution et de distinction, avant de saluer les efforts diplomatiques déployés pour faire émerger une solution pacifique au conflit. 

S’étant abstenu, le représentant de l’Iran a dit tenir au règlement pacifique des différends et a encouragé toutes les parties au dialogue.  Il a jugé que la résolution adoptée contient des dispositions allant bien au-delà du champ d’application de l’action humanitaire et ne prévoit aucun mécanisme réaliste pour faire taire les armes.  Il a donc regretté que les États Membres n’aient pas eu la possibilité de se prononcer sur le projet de résolution présenté par l’Afrique du Sud. 

La déléguée du Liban a dit avoir voté pour, en regrettant l’absence de consensus.  « Que fait-on maintenant que nous avons échoué à combattre le fléau de la guerre?  Elle a réclamé la fin des hostilités et a appelé au dialogue pour mettre un terme à la guerre.  « Devenons tous des héros de la paix. », a-t-elle encouragé. 

À son tour, le représentant du Lesotho a souhaité que le conflit en Ukraine se règle par des moyens pacifiques. 

Déclarations après le vote

Au nom de l’Union européenne, le représentant de la France a salué un texte « équilibré » qui exige de la Fédération de Russie qu’elle mette fin sans délai à son agression.  Ce texte, qui est le résultat d’une large consultation avec l’Ukraine et les États Membres de toutes les régions, a été coparrainé par plus de 80 pays, s’est réjoui le représentant, en se félicitant aussi d’une adoption par « une majorité écrasante ».  C’est un signal très fort envoyé par cette Assemblée générale  et l’Ukraine et son peuple en ont besoin.  C’est aussi la raison pour laquelle l’Union européenne et ses États membres ont soutenu la demande procédurale de l’Ukraine, a dit le représentant, en jugeant qu’il faut plus que jamais être unis derrière les principes universels de la Charte des Nations Unies et du droit international humanitaire. 

Son homologue du Danemark a surtout reproché au texte sud-africain le fait qu’il ne mentionne pas une seule fois la Fédération de Russie, seul pays qui peut régler la situation.  En outre, a-t-il aussi reproché, les auteurs du texte n’ont pas jugé bon de consulter l’’Ukraine.  Il n’est pas difficile de se mettre à la place de cette dernière, a-t-il dit, en insistant sur l’importance qu’il y a à la consulter. 

Ayant voté en faveur de la résolution présentée par l’Ukraine, la représentante d’Israël a rappelé que son pays a déjà fourni plus de 100 tonnes d’aide humanitaire et des systèmes de purification d’eau en Ukraine, tandis qu’hier, il a inauguré un premier dispensaire.  Elle a ensuite déclaré que son gouvernement met tout en œuvre pour parvenir à un règlement de la crise par des moyens pacifiques, compte tenu de ses bonnes relations avec les deux parties au conflit. 

Enfin, l’Observateur du Saint Siège a estimé que la résolution adoptée, décrit avec clarté les conséquences humanitaires désastreuses du conflit, en Ukraine et autour de l’Ukraine.  Saluant en outre le fait que la résolution reconnaisse les nombreuses conséquences du conflit, notamment l’aggravation de l’insécurité alimentaire partout dans le monde, sans oublier les répercussions potentielles du bombardement des infrastructures nucléaires ukrainiennes, l’Observateur a rappelé la parole du pape François qui disait hier que dans les guerres, la victoire est impossible.  Les guerres ne sont qu’une défaite de l’humanité, la défaite de la lumière face à la mort.  Le pape, a souligné l’Observateur, a appelé à un cessez-le-feu immédiat et à la création des couloirs humanitaires.  Le Saint-Père a réclamé des négociations réelles pour parvenir à un règlement immédiat du conflit.  L’Observateur a remercié tous les États et tous les individus qui ont ouvert leur maison et leurs cœurs à ceux et celles qui ont fui le conflit, tous ceux qui ont fourni des habits, des médicaments, de la nourriture et de l’eau. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission de la condition de la femme se penche sur les moyens de tirer parti de la relance post-COVID-19 pour favoriser l’égalité des sexes

Soixante-sixième session,
Séance virtuelle
FEM/2219

La Commission de la condition de la femme se penche sur les moyens de tirer parti de la relance post-COVID-19 pour favoriser l’égalité des sexes

À la veille de la clôture de sa soixante-sixième session, la Commission de la condition de la femme a planché, ce matin, sur les moyens de tirer parti de la relance post-COVID-19 pour faire progresser l’égalité entre les sexes.  La table ronde organisée sur ce thème a permis de souligner l’importance du secteur des soins dans les efforts de relèvement économiques et de tracer les contours d’un « pacte vert féministe » pour relever le défi de l’après-pandémie et des changements climatiques.     

Au cours de cette discussion, les délégations ont notamment entendu la Conseillère au Ministère de l’économie de l’Argentine mettre l’accent sur la revalorisation et le renforcement du système de soins, essentiel à ses yeux pour le fonctionnement de l’économie et du tissu productif.  Mme Mercedes D’Alessandro a expliqué que, dans son pays, les investissements dans les infrastructures de soins ont eu pour effet de multiplier et d’améliorer les emplois liés aux soins, tout en offrant plus de temps aux femmes pour étudier, se former ou travailler.  

Lorsque des mesures sont prises pour faciliter la réintégration des femmes dans la force de travail, l’économie en bénéficie sur les plans qualitatif et quantitatif, a-t-elle souligné, ajoutant qu’en dépit du chemin qu’il reste à parcourir pour assurer leur autonomisation économique, les femmes argentines connaissent un niveau d’activité record à l’heure actuelle.  

Dans le même ordre d’idées, Mme Sherilyn MacGregor, chargée de cours en politique environnementale à l’Université de Manchester, au Royaume-Uni, a dit travailler à l’élaboration d’un « pacte vert féministe », destiné à proposer des solutions aux crises imbriquées des soins et du climat.  À cette aune, elle a plaidé, elle aussi, pour un appui massif au secteur des soins, lequel a un impact environnemental relativement faible et contribue à pousser les économies vers la décarbonation. 

Mme MacGregor a également appelé à plus d’investissements publics dans les infrastructures sociales afin de permettre aux femmes de participer plus largement à la force de travail et d’aider à la reprise économique.  Relevant à cet égard que la pandémie s’est traduite par des pertes d’emploi massives, majoritairement chez les femmes, elle a soutenu que les revenus supplémentaires que ces dernières recevront lors de leur retour au travail généreront les recettes fiscales nécessaires pour financer les dépenses de relance et de transition.   

Le Chef de la section recherches et données d’ONU-Femmes a, pour sa part, indiqué que, selon la base de données COVID-19 Global Gender Response Tracker, seulement 12% de toutes les mesures de protection sociale et d’emploi adoptées dans ce contexte de crise ont ciblé la sécurité économique des femmes et à peine 7% ont appuyé l’augmentation des demandes de soins non rémunérés.  Pourtant, a assuré M. Papa Seck, la reprise offre la possibilité d’agir différemment pour les femmes, notamment en créant une « percée » pour un avenir vert et équitable en matière de genre.  

La Commission achèvera les travaux de sa soixante-sixième session demain, vendredi 25 mars, à partir de 15 heures.

SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXI SIÈCLE »

QUESTIONS NOUVELLES, TENDANCES, DOMAINES D’INTERVENTION ET APPROCHES NOVATRICES DES QUESTIONS AYANT UNE INCIDENCE SUR LA SITUATION DES FEMMES, NOTAMMENT SUR L’ÉGALITÉ ENTRE FEMMES ET HOMMES

Table ronde: « Question émergente: Tirer parti de la relance post-COVID-19 pour l’égalité des sexes et un avenir durable » 

Aux commandes de cette table ronde, Mme HYE RYOUNG SONG (République de Corée), Vice-Présidente de la Commission de la condition de la femme, a rappelé que la pandémie a attiré l’attention sur trois crises imbriquées, celles de l’emploi, des soins et de l’environnement, qui portent systématiquement atteinte à l’égalité des sexes et menacent la survie des personnes et de la planète.  Dans ce contexte, a souligné la Vice-Présidente, la pandémie a laissé des millions d’enfants et d’adultes sans le soutien dont ils ont besoin, imposant de fait des choix difficiles et des coûts énormes aux femmes et aux filles.  Pour ajouter à ces défis, l’accélération de la crise environnementale pèse de manière disproportionnée sur les pays les plus pauvres et les femmes les plus marginalisées, alors qu’ils n’ont que faiblement contribué au problème.  Une transition juste, impliquant des changements dans l’économie et dans les systèmes de protection sociale et de soins, est donc nécessaire pour répondre à la crise planétaire, forger une reprise durable et ainsi faire progresser l’égalité de genre, a-t-elle souligné. 

Première intervenante, Mme JAYATI GHOSH, Professeur d’économie à l’Université du Massachusetts, aux États-Unis, a confirmé que la condition des femmes a été aggravée par une succession de catastrophes, qu’il s’agisse de la pandémie, des changements climatiques et du peu de cas accordé par les gouvernements à la situation des personnes confrontées aux crises socioéconomiques.  Ces derniers ont recherché des solutions à court terme plutôt que d’envisager des perspectives plus ambitieuses, a-t-elle déploré, appelant à une modification d’ampleur des modèles économiques afin, notamment, de tenir compte des besoins des femmes et des filles.  De l’avis de l’économiste, il importe tout d’abord d’investir massivement dans l’alimentation et la nutrition, alors que les prix des vivres augmentent et que la subsistance des ménages s’amenuise.  Il faut ensuite investir dans les systèmes de santé pour veiller à ce que tous, singulièrement les femmes et les filles, aient accès aux soins.  Il convient en outre d’investir dans des emplois verts et de renforcer les secteurs publics.  Une attention particulière doit être offerte à la viabilité des micro, petites et moyennes entreprises, où les femmes sont dominantes, et revoir l’accès au crédit pour celles-ci.  Enfin, a poursuivi l’économiste, l’accent doit être mis sur la protection sociale universelle en allant au-delà des « mesurettes » qui ne changent pas la vie des gens.  Parallèlement, la communauté internationale doit se montrer solidaire et s’impliquer davantage, par exemple en injectant des liquidités par le biais des droits de tirage spéciaux (DTS) et d’investissements mondiaux destinés à répondre aux défis que connaît l’humanité.  

Mme GORDANA GAVRILOVIĆOF, Conseillère du Vice-Premier Ministre et Présidente de l’Organe de coordination pour l’égalité des genres auprès du Gouvernement de la Serbie, a souligné que la crise économique engendrée par la pandémie de COVID-19 a eu des impacts disproportionnés sur les femmes, ces dernières étant surreprésentées dans des emplois moins rémunérés, en particulier les femmes roms, les femmes des zones rurales et les femmes handicapées.  Durant la pandémie, cette situation a poussé de nombreuses femmes à devenir partiellement ou entièrement économiquement dépendantes de leurs partenaires.  La COVID-19 s’est également accompagnée d’une augmentation marquée de la violence sexiste et domestique sans que les femmes aient toujours l’option de quitter leur partenaire.  

La panéliste a ensuite expliqué qu’en termes de politique climatique, une perspective de genre est intégrée au cadre normatif de la Serbie.  Notant que les changements climatiques ne sont pas neutres du point de vue du genre, elle a appelé à entendre la voix des femmes et à leur faire une place dans les organes et procédures de prise de décision.  Avec ONU-Femmes, a-t-elle poursuivi, un guide a été développé pour appuyer l’implication des femmes dans les politiques climatiques.  Un outil de suivi du financement pour le climat et le genre a également été mis en place et des documents stratégiques pour le secteur énergétique sont en cours de préparation et mettent eux-aussi l’accent sur une perspective sexospécifique.  En effet, a souligné la panéliste, les hommes et les femmes ont des besoins différents en termes énergétiques, ne serait-ce que parce que dans 82% des ménages, ce sont les femmes qui préparent les repas et sont en charge du recyclage des ordures ménagères.

Mme MERCEDES D’ALESSANDRO, économiste, chercheuse et Conseillère au Ministère de l’économie de l’Argentine, a indiqué que durant la pandémie, de nombreuses femmes argentines ont été reléguées aux tâches domestiques, communautaires et aux soins.  Étant majoritaires dans les secteurs de la santé et de l’éducation, les femmes ont donc joué un rôle fondamental dans la riposte contre la COVID-19 et l’Argentine a décidé de miser sur les femmes pour assurer la relève économique postpandémie.   

L’économiste a mis l’accent sur la revalorisation et le renforcement du système de soins arguant que l’économie des soins soutient le fonctionnement de l’économie et du tissu productif.  Elle a cité la création de programmes visant à améliorer les conditions d’emploi et à étendre les droits du travail, notamment Registradas, spécifiquement destiné aux employés domestiques, secteur qui a connu la plus forte perte d’emplois en 2020-2021.  En outre, les investissements dans les infrastructures de soins ont été accrus, notamment les espaces pour la petite enfance, les cuisines communautaires, et les refuges pour femmes victimes de violence.  Cela a eu un double impact: multiplier et améliorer les emplois liés aux soins tout en offrant plus de temps aux femmes pour étudier, se former ou travailler.  Les politiques de protection sociale ont elles aussi été renforcées pour soutenir les femmes mères, les plus touchées par la crise.  Ceci, combiné au revenu familial d’urgence en 2020, a permis d’empêcher des millions de ménages de tomber dans la pauvreté et l’indigence, a indiqué Mme D’Alessandro.

Le deuxième axe d’intervention a été de favoriser l’insertion des femmes dans les secteurs stratégiques de l’économie tels que l’industrie, l’énergie, la technologie ou les transports.  À cette fin, des incitations fiscales ont été intégrées dans des lois clefs telles que la loi sur l’économie du savoir, ainsi que dans les programmes d’emploi pour les jeunes, entre autres.  Les politiques visant à combler les écarts d’inégalité représentent 15% du budget national et une perspective genrée est également intégrée dans la collecte fiscale auprès des entreprises.

Tout en estimant que le processus de reprise économique en Argentine doit accompagner encore davantage ces efforts pour promouvoir l’autonomie économique des femmes, Mme d’Alessandro s’est réjouie qu’à l’heure actuelle, l’activité économique des femmes argentines connaît un niveau record.  Cela signifie que lorsque des mesures concrètes seront prises pour faciliter leur réintégration dans la force de travail, l’économie en bénéficiera à la fois sur le plan qualitatif et quantitatif, s’est-elle félicitée.

Mme SHERILYN MACGREGOR, chargée de cours en politique environnementale à l’Université de Manchester (Royaume-Uni), a expliqué avoir revisité les visions existantes pour une reprise postpandémie et une transition loin des économies alimentées par les combustibles fossiles à travers une lentille écoféministe intersectionnelle dans le but de proposer un nouveau pacte vert féministe.  Ce pacte propose un ensemble de solutions aux crises imbriquées des soins et du climat et soutient que les gouvernements des pays à revenu élevé d’Amérique du Nord et d’Europe peuvent renforcer leurs actions sur l’inégalité entre les sexes et la dégradation du climat en relevant ces défis ensemble. 

Elle a plaidé pour une augmentation des salaires et de meilleures conditions de travail pour les travailleurs sociaux et la création de nouveaux emplois liés aux soins et à la santé.  Notant que davantage de travailleurs sociaux sont nécessaires pour se remettre de cette pandémie et se préparer à la prochaine, la panéliste a argué que le travail de soins a un impact environnemental relativement faible, comparé notamment au secteur du bâtiment, et doit donc être considéré comme un travail qui pousse les économies vers la décarbonation.  Cette stratégie se base également sur le fait que chaque dollar investi dans le secteur des soins produit trois fois plus d’emplois que dans le secteur du bâtiment par exemple, ce qui est bon pour la reprise économique et la génération de recettes fiscales.  

Mme MacGregor a également appelé à plus d’investissements publics dans les infrastructures sociales, les services de garde d’enfants et de personnes âgées abordables et accessibles permettant aux femmes de participer pleinement à la force de travail, « ce qui sera bon pour la reprise ».  Rappelant que la pandémie a vu un retrait massif de travailleurs du marché du travail, majoritairement des femmes, elle a argué que les revenus supplémentaires que ces dernières recevront lors de leur retour au travail généreront les recettes fiscales nécessaires pour financer les dépenses de relance et de transition. 

La modification des environnements bâtis est un autre point central du pacte vert féministe, a-t-elle poursuivi, en défendant les avantages sociaux et d’efficacité des ressources de la collectivisation et de la colocalisation.  Au niveau des villes, la réaffectation de bâtiments vides permettrait de fournir des logements avec des services sur place plutôt que de construire des logements neufs dans des espaces verts actuellement non développés.  La colocalisation des lieux de travail, des services essentiels et des commerces de détail au sein d’un même immeuble regroupant, par exemple, bureaux, centres de soins, écoles et blanchisserie, faciliterait le jonglage entre plusieurs tâches pour les personnes ayant des responsabilités familiales, en particulier les femmes avec enfants.  Cela minimiserait également la distance des déplacements, réduisant ainsi l’utilisation de véhicules à carburant fossile et favorisant les méthodes de transport durables.  

Mme LEBOGANG RAMAFOKO, Directrice générale de Tekano Health Equity (Afrique du Sud), a indiqué que 50 ans de patriarcat capitaliste et de suprématie blanche ont fait de l’Afrique du Sud l’un des pays les plus inégalitaires du monde où les inégalités structurelles héritées du régime de l’apartheid recoupent invariablement la pauvreté, le désavantage socioéconomique et la race.  Il n’est donc pas surprenant que le confinement, la propagation du virus COVID-19 et la crise sanitaire qui en a résulté ont exacerbé les inégalités socioéconomiques existantes et conduit à des niveaux accrus de violence sexuelle et sexiste contre les femmes et les enfants, a regretté la panéliste.  Qui plus est, la corruption, le déclin économique et un faible taux de croissance ont entravé la capacité du Gouvernement à faire face à la crise.

Malgré une Constitution qui prévoit un État démocratique fondé, entre autres, sur la valeur du « non-sexisme », les divisions structurelles du travail entre les sexes persistent dans de nombreuses pratiques culturelles et sociales en Afrique du Sud, a expliqué la panéliste.  Les femmes sont toujours définies par rapport à la maternité et chargées de s’occuper de la fourniture de services de base tels que l’eau, la subsistance et l’éducation.  Elles sont désavantagées dans l’économie formelle, tandis que celles qui effectuent un « travail de femme » non rémunéré sont rarement reconnues.  La pauvreté reste en outre un facteur qui contribue à l’inégalité entre les sexes, en particulier pour les femmes rurales.

Mme Ramafako a reproché aux dirigeants sud-africains d’avoir ignoré la voix des femmes et, dans certains cas, autorisé des consignes de silence qui mettent en péril la santé reproductive et l’intégrité corporelle des femmes africaines.  Ils ont également permis aux politiques foncières et à la structure de l’économie d’exclure les femmes.  Aujourd’hui, pour reconstruire en mieux, il faut commencer par reconnaître cet échec de leadership et de volonté politique, a insisté la panéliste pour qui la seule voie à suivre est une voie féministe intersectionnelle qui « nous oblige à voir où se trouve le pouvoir et à orienter les ressources vers les groupes marginalisés et les déresponsabilisés ».  Nous ne pouvons pas continuer à soutenir des systèmes économiques et politiques qui ne sont pas sexospécifiques, ou qui permettent de prendre des décisions sur la terre et l’agriculture sans prendre en compte une perspective de genre, a-t-elle affirmé.

M. PAPA SECK, Chef de la section recherches et données d’ONU-Femmes, a indiqué qu’il y a de réelles inquiétudes qu’à moins d’une action décisive, la pandémie entraîne des reculs à long terme en matière d’égalité des sexes et de droits des femmes.  La base de données COVID-19 Global Gender Response Tracker montre que seulement 12% de toutes les mesures de protection sociale et d’emploi adoptées dans le contexte de la pandémie ont ciblé la sécurité économique des femmes et seulement 7% ont appuyé l’augmentation des demandes de soins non rémunérés.

Cependant, la reprise offre une ouverture pour faire les choses différemment pour les femmes, a souligné M. Seck.  Les dirigeants mondiaux peuvent décider de répéter les erreurs du passé ou saisir l’opportunité de faire les choses différemment et créer une « percée » pour un avenir vert et équitable en matière de genre.

Dialogue interactif

Au cours du dialogue interactif avec les délégations, l’Arabie saoudite a rappelé que sa « Vision 2030 » accorde une large place aux femmes, qui représentent 49% de la population du Royaume.  Faisant état de progrès notables en matière de mobilité, de revenus du travail et de retraite, elle a estimé qu’en dépit des difficultés occasionnées par la pandémie, la crise actuelle a permis aux femmes de s’investir dans le télétravail, les services de santé à domicile et la recherche scientifique.  

Consciente du terrain perdu par les femmes au cours de la période pandémique, la Suisse a demandé des informations sur les bonnes pratiques permettant de les intégrer aux processus de décisions pour répondre aux défis contemporains.  

De son côté, la République de Corée a mis en avant les mesures de relèvement destinées aux femmes qu’a pris son gouvernement, en particulier des aides pour accéder à l’emploi, un appui d’urgence pour les soins au sein des familles et un soutien pour les travailleuses qui doivent prendre des vacances non rémunérées.  

Les États-Unis ont noté que 70% des pertes d’emploi liées à la pandémie sur leur territoire ont concerné des femmes, les plus durement touchées étant les femmes noires.  Pour y remédier, le Gouvernement américain s’emploie à favoriser la participation des femmes au marché de l’emploi et à promouvoir le rôle des femmes dans l’économie de soins. 

La Géorgie a fait état de mesures d’atténuation de la crise spécifiquement dirigées vers les femmes, notamment une indemnisation en cas de perte d’emploi, des aides pour les gardes d’enfants et un soutien aux femmes chefs d’entreprise.  Elle a d’autre part évoqué un ensemble de mesures visant à prévenir et réduire les risques de violences sexistes et sexuelles au sein des foyers, indiquant toutefois que les actions de relèvement de son gouvernement ne peuvent concerner les populations des territoires sous occupation russe.     

L’ONG Maat for Peace, Development and Human Rights a déploré des coupes salariales, les licenciements, l’absence d’accès aux soins, la fracture numérique et les violences domestiques dont sont victimes nombre de femmes dans les pays du Sud.  Plaidant pour une augmentation de la coopération internationale pour répondre à ces problèmes urgents, elle a souhaité que la priorité soit donnée à la réintégration des femmes dans la vie active et aux soins pour les femmes ayant des enfants en bas âge, un appel repris par l’Association internationale des jeunes femmes chrétiennes.   

Nous faisons face à un vaste « retour en arrière » pour les femmes et les filles, qu’il s’agisse du manque d’accès à la santé sexuelle et reproductive, des mariages précoces, des grossesses d’adolescentes, du travail non rémunéré et du peu de représentation dans la science et la technologie, s’est inquiété le Royaume-Uni.  Pour la délégation, l’inclusion égalitaire doit devenir la norme et les femmes doivent pouvoir apporter leur expertise aux processus de développement durable.  Mais pour cela, elles doivent aussi se montrer solidaires entre elles, car « les femmes qui ne se soutiennent pas mutuellement ont leur place réservée en enfer », a-t-elle averti en citant l’ancienne Secrétaire d’État américaine Madeleine Albright, décédée hier.  

Tout en reconnaissant que les inégalités de genre, exacerbées par la pandémie, continuent d’être importantes sur son sol, le Japon a assuré que son plan de riposte a des effets positifs pour les femmes, notamment la généralisation du télétravail.  L’autonomisation des femmes et leur formation aux STIM sont au cœur de nos politiques socioéconomiques, ont assuré les Émirats arabes unis, qui ont expliqué avoir mis en place une stratégie interinstitutions pour aider les femmes à s’impliquer dans la société.  L’Union européenne a indiqué avoir mis en place des facilités de résilience dans tous ses États membres, renforcé les infrastructures de soins et introduit de nouveaux droits individuels, comme les droits parentaux non transférables, qui visent à garantir l’égalité femmes-hommes à tous les niveaux.   

De son côté, la Fondation de la banque BBVA pour la microfinance a relevé qu’en Amérique latine, 60% des femmes rurales sont confrontées à des difficultés de subsistance mais que seulement 10% ont accès à des financements.  Pour leur venir en aide et réduire leur vulnérabilité face aux crises, la Fondation propose des produits et services permettant de mettre en place des mesures d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques, d’accès à l’eau et de protection des cultures.  

Le Soudan a quant à lui expliqué que ses mesures de réponse à la pandémie se sont heurtées aux difficultés structurelles d’accès aux services de santé, mais aussi à des problèmes de stabilité et à l’afflux de migrants.  Ces menaces ont des incidences sur le développement du secteur de la santé et occasionnent des retards dans la réalisation des ODD, notamment pour les femmes et les filles, et plus encore dans les zones de conflit, s’est inquiétée la délégation qui a fait appel à la solidarité internationale pour relancer les secteurs nationaux les plus affectés par la crise et favoriser l’égalité entre les genres.   

En réponse aux remarques des délégations, l’économiste de l’Argentine a plaidé pour la mise en œuvre de politiques prenant en compte la situation des personnes les plus vulnérables, et notamment aux impacts qu’ont sur elles les changements climatiques.  Pour y arriver, le recours à un indice basé sur le PIB ne peut suffire, il faut mesurer le niveau de vie des populations, a-t-elle avancé, citant l’exemple de son pays où, bien que le chômage reste relativement faible, on assiste à une chute des salaires et à une augmentation de la pauvreté.  On ne peut pas laisser le niveau de vie reculer à ce point, nous devons prévoir des transformations prenant en compte le moyen et le long terme, a-t-elle préconisé.    

Si beaucoup d’échecs ont été enregistrés par les pays, des synergies se mettent en place et c’est encourageant, a commenté la panéliste de l’Université de Manchester, regrettant toutefois que l’accent ne soit pas suffisamment mis sur le lien entre les soins, l’emploi et le climat, qui sont des domaines interdépendants.  Appelant à une « nouvelle donne féministe », elle a souhaité que les politiques sortent du « modèle unique » et tiennent compte de la diversité des femmes à toutes les étapes du relèvement et de l’action climatique.  

La Directrice générale de Tekano Health Equity a insisté sur l’importance des nouvelles mesures prises tant au niveau local que mondial.  Pour mettre en œuvre ces mesures dans chaque pays et région, elle a recommandé d’établir un tableau afin d’en assurer le suivi.  Le monde ne pourra progresser que s’il accorde plus d’attention aux femmes et aux travaux de soins dans l’économie, a-t-elle insisté.   

Concluant cette discussion, le Chef de la section recherches et données d’ONU-Femmes a jugé essentiel de s’attaquer aux obstacles structurels que rencontrent les femmes de longue date, à commencer par leur sous-représentation dans les postes et fonctions à responsabilités.  Il faut rompre le cercle vicieux de l’exclusion des femmes, a-t-il dit, estimant qu’avec de la volonté politique, cette crise peut être porteuse de transformations positives.  Surtout, a-t-il ajouté, il faut plus de ressources financières pour assurer l’égalité des genres, qui est un facteur de revitalisation pour les démocraties et la justice pour tous. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Les membres du Conseil de sécurité se préoccupent des conséquences de la guerre en Ukraine sur la situation humanitaire en Syrie

9003e séance - matin
CS/14839

Les membres du Conseil de sécurité se préoccupent des conséquences de la guerre en Ukraine sur la situation humanitaire en Syrie

Alors que le conflit syrien vient d’entrer dans sa douzième année, le Conseil de sécurité, qui examinait ce matin la situation dans le pays sous le double aspect politique et humanitaire, s’est inquiété des conséquences que pourrait avoir pour la Syrie la guerre en Ukraine.  Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, M. Martin Griffiths, a ainsi appelé le Conseil à agir pour « montrer au peuple syrien qu’il n’est pas oublié » et à lui fournir l’aide dont il a d’autant plus besoin que le prix des denrées de base augmente.  Si la nouvelle réunion de la Commission constitutionnelle décrite par l’Envoyé spécial Geir Pedersen a été évoquée, beaucoup de membres du Conseil se sont aussi préoccupés de la reconduction de l’autorisation des convois transfrontaliers d’aide humanitaire, considérée comme un test pour l’esprit de consensus au sein du Conseil, malmené par le conflit ukrainien. 

« Nous ne pouvons pas laisser tomber le peuple syrien; pourtant, nous risquons fort d’en arriver là si nous ne prenons pas des mesures urgentes », a averti M. Griffiths.  S’il s’est dit « parfaitement conscient » de l’augmentation rapide des besoins humanitaires dans le monde et des difficultés de « l’environnement financier », le Coordonnateur des secours d’urgence n’en a pas moins appelé à financer suffisamment le plan de réponse humanitaire 2022 pour la Syrie, « sur le point d’être finalisé » et d’un montant environ 1,1 milliard de dollars, dont un quart irait à des projets de relèvement rapide et de renforcement de la résilience.  Il a en particulier rappelé qu’on estime à 12 millions les Syriens souffrant d’insécurité alimentaire et que ce nombre risque d’augmenter du fait de la hausse mondiale du prix des denrées alimentaires provoquée par la guerre en Ukraine. 

Le Secrétaire général adjoint de la Ligue des États arabes, M. Hossam Zaki, a lui aussi prédit que le conflit ukrainien aurait des conséquences sur la crise syrienne et a dit craindre qu’il détourne le regard du Conseil de la situation qui règne en Syrie.  Il a ensuite élargi la question à toute la région, en particulier aux pays voisins comme la Jordanie et le Liban, qui accueillent depuis des années des millions de réfugiés syriens au prix d’énormes charges et d’une forte pression sur leurs infrastructures, notamment éducatives et de santé. 

La gravité de la situation humanitaire a amené M. Griffiths et, à sa suite, plusieurs membres du Conseil à rappeler l’importance de l’acheminement de l’aide humanitaire à l’ensemble des populations dans le besoin, alors que se profile l’échéance, début juillet, du renouvèlement de l’autorisation des convois transfrontaliers.  En juillet 2021, pour la première fois, le Conseil avait reconduit à l’unanimité cette autorisation, à laquelle s’ajoutait la reconnaissance d’une nécessité « d’améliorer l’approvisionnement à travers les lignes de front ».  M. Griffiths a souhaité que soit préservé « l’esprit de coopération » qui avait alors prévalu.  Ce matin, certains membres -en particulier occidentaux- ont mis l’accent sur le renouvèlement de l’autorisation transfrontalière; d’autres, comme l’Inde ou les A3 (Gabon, Ghana et Kenya), sur l’amélioration des opérations à travers les lignes de front pour lesquelles la Fédération de Russie s’est plainte du manque de respect des dispositions de la résolution 2585 (2021).  Pour d’autres enfin, comme le Mexique, les deux mécanismes sont nécessaires et complémentaires.  La Ligue des États arabes a plaidé pour que la question soit traitée sans politisation.

L’examen de l’angle politique a été marqué par l’exposé de M. Pedersen sur la septième session de l’organe restreint de la Commission constitutionnelle syrienne, qui se tient cette semaine à Genève.  L’Envoyé spécial a répété une nouvelle fois qu’une solution militaire est « une illusion ».  Plusieurs membres du Conseil –la Fédération de Russie, mais aussi l’Inde et les Émirats arabes unis- ont saisi l’occasion pour rappeler leur opposition à toute « ingérence étrangère » en Syrie. 

Ces pays ont également salué la normalisation progressive des relations de la Syrie avec ses voisins arabes.  La France a en revanche estimé que la réintégration de la Syrie dans la Ligue des États arabes ne permettrait pas de contrecarrer les ingérences extérieures dans le pays et l’instabilité régionale.  Elle s’est en outre opposée aux efforts de réhabilitation de la Syrie dans le giron international, ajoutant qu’ignorer les crimes de guerre commis par Bashar Al-Assad revenait à « remettre en question la possibilité d’une paix durable ».  De même, pour les États-Unis, il n’est pas question de normaliser leurs relations avec le « régime syrien », tandis que le Royaume-Uni a clairement dit refuser de travailler avec le « régime Assad ». 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Intervenant en visioconférence depuis Genève, M. GEIR PEDERSEN, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, a informé que l’organe restreint de la Commission constitutionnelle syrienne y tient sa septième session cette semaine.  La Syrie restant l’une des plus graves crises au monde, a-t-il rappelé, en appelant à progresser vers une solution politique conformément à la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité. 

Alors que ce mois de mars marque « le triste anniversaire de ce conflit » (11 ans) et que les besoins du peuple syrien augmentent, il a appelé les membres de la Commission à travailler avec le sens du sérieux et l’esprit de compromis que la situation exige.  Cette semaine, a-t-il rapporté, ils ont débattu de projets de textes constitutionnels portant sur les fondements de la gouvernance, l’identité de l’État, les symboles de l’État et la réglementation et les fonctions des pouvoirs publics.  « Les délibérations n’ont pas été faciles. »  Les délégations doivent maintenant soumettre des révisions pour refléter le contenu des discussions, et celles-ci doivent ensuite être discutées par les membres de la Commission.  « Nous verrons donc si les prochaines 24 heures nous aident à avancer. »  Malgré les divergences, M. Pedersen a estimé qu’il est possible de trouver et de développer des points communs, « si la volonté existe pour le faire ».  Un effort d’élaboration de la constitution qui commence réellement à explorer des compromis pourrait aider à renforcer la confiance dans ce processus, quelque chose qui manque cruellement parmi les Syriens à l’heure actuelle, a-t-il déploré.

En ce qui concerne la situation sur le terrain, et au-delà de la sphère humanitaire, il y a beaucoup d’autres choses qui pourraient être faites pour renforcer la confiance, a affirmé l’Envoyé spécial.  « Après tout, il est clair qu’aucun acteur ou groupe d’acteurs existant en Syrie ne peut déterminer l’issue de ce conflit.  Une solution militaire est une illusion. »  Notant qu’il n’y a pas eu de changement dans les lignes de front depuis deux ans, il a pourtant relevé que, ce mois-ci, les violences se sont poursuivies entre les différents acteurs syriens, deux groupes terroristes répertoriés qui impliquent également cinq armées étrangères.  M. Pedersen a toutefois vu comme possible, avec les lignes de front gelées, d’essayer de désamorcer militairement et de construire un véritable cessez-le-feu national. 

L’Envoyé spécial a souligné que les Syriens de tous bords continuent d’être touchés par le sort des personnes détenues, enlevées et portées disparues.  « Toute tentative crédible d’instaurer la confiance doit inclure des avancées sérieuses sur cette question. »  Selon lui, il y a aussi beaucoup qui pourrait être fait par le Gouvernement syrien, d’une part, et par des acteurs extérieurs, d’autre part, pour répondre aux préoccupations exprimées par les réfugiés syriens et les déplacés, qui empêchent la plupart de rentrer: la sûreté et la sécurité; le manque de moyens de subsistance et d’opportunités de travail; le manque de logements adéquats ainsi que les préoccupations concernant la terre et les droits de propriété; les exigences du service militaire; et des services de base inadéquats.

Pour M. Pedersen, il devrait être possible d’identifier des mesures concrètes, réciproques et vérifiables qui pourraient être prises en parallèle et qui pourraient commencer à modifier la dynamique du conflit.  Il a indiqué réfléchir à la façon dont un processus politique plus large pourrait être construit pour s’attaquer à tous les problèmes de la résolution 2254 (2015).  « La diplomatie internationale constructive nécessaire pour soutenir cet effort n’a pas été facilitée par les récentes tensions internationales accrues », a-t-il toutefois regretté.  

Rappelant ensuite l’impact du conflit syrien sur la région, l’Envoyé spécial a salué la participation de la Ligue des États arabes à la réunion d’aujourd’hui.  La contribution et le soutien régionaux à l’effort mené par l’ONU pour faciliter un règlement politique seront essentiels, tout comme les contributions de nombreuses autres parties prenantes internationales.  C’est pourquoi, a-t-il précisé, il continue à consulter largement, à Genève, Washington ou Antalya, et avec tous les Syriens.  Le Conseil consultatif des femmes s’est réuni cette semaine en dehors de Genève et continue de lui faire part de son point de vue et de ses idées sur le processus politique.  Plus tôt ce mois-ci, le groupe de travail thématique sur l’appui à la société civile a aussi été convoqué à Genève pour évoquer notamment l’économie, la reprise et les perspectives de développement.  M. Pedersen a conclu en disant compter sur tous les membres du Conseil pour soutenir ses efforts.

M. MARTIN GRIFFITHS, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a rappelé qu’en ce mois de mars, cela fait désormais 11 ans que le peuple syrien souffre de la guerre, de la destruction et d’une crise humanitaire qui ont peu de parallèles dans l’histoire récente.  Il a rappelé que plus de 350 000 personnes ont été tuées et près de 14 millions déplacées, que les services de base ont été détruits et que 5 millions d’enfants nés depuis le début du conflit n’ont connu que la misère.

M. Griffiths a ensuite détaillé les plus récents développements, faisant état de civils tués ou blessés le long des lignes de front du nord-ouest et du nord-est du pays, et s’est dit préoccupé notamment par la détérioration de la situation sécuritaire dans le camp de Hol.  Afin de maintenir le caractère civil du camp, il a demandé le rapatriement complet des ressortissants de pays tiers des camps du nord-est de la Syrie. 

Le Coordonnateur des secours d’urgence a rappelé que la situation des Syriens devient chaque mois plus sombre, rappelant aussi que 14,6 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire et que 12 millions sont considérées comme en situation d’insécurité alimentaire.  Ce nombre, a ajouté M. Griffiths, risque d’augmenter encore avec la dépréciation historique de la livre syrienne et les conséquences de la guerre en Ukraine.  La flambée des prix des denrées alimentaires et de l’énergie au niveau mondial que celle-ci provoque devrait avoir un impact négatif sur la région, y compris en Syrie, a précisé le Secrétaire général adjoint, qui a prévu une nouvelle hausse des prix des produits de base.  Des produits qui vont donc être à la fois moins abordables et moins disponibles, s’est-il inquiété en craignant que cela exacerbe la situation humanitaire déjà inacceptable.  Les problèmes de protection sont eux aussi aggravés, a poursuivi M. Griffiths, et comme toujours ce sont les plus vulnérables qui souffrent le plus.  Il a cité ainsi des cas de mariage d’enfants et de recours au travail des enfants.  

M. Griffiths a appelé à une intensification des efforts de relèvement précoce, ajoutant qu’il avait constaté « un travail positif » dans divers secteurs, comme la santé, l’éducation ou encore l’eau et l’assainissement.  Il a précisé que, dans le plan de réponse humanitaire 2022 qui est « sur le point d’être finalisé, environ 1,1 milliard de dollars, soit 26% du total demandé, iraient au relèvement rapide et à la résilience.  Il a notamment mis l’accent sur le déminage, qui doit être étendu, les mines et engins explosifs ayant en 2021 tué 805 personnes et blessé près de 3 000 autres.  Il a également affirmé que l’ONU reste engagée avec toutes les parties pour garantir que la situation des Syriens ordinaires ne soit pas aggravée davantage par l’effet involontaire des sanctions. 

« Nous ne pouvons pas laisser tomber le peuple syrien; pourtant, nous risquons fort d’en arriver là si nous ne prenons pas des mesures urgentes », a averti M. Griffiths, qui a mis l’accent sur deux aspects.  Le premier est le financement, notamment pour les programmes de relèvement rapide.  Le Coordonnateur des secours d’urgence a rappelé qu’en 2021, le plan de réponse humanitaire n’avait été financé qu’à hauteur de 46%.  Tout en se disant « parfaitement conscient » de l’augmentation rapide des besoins humanitaires dans le monde et des difficultés de « l’environnement financier », il a jugé inacceptable que l’insuffisance des dons soit la cause de nouvelles difficultés pour les Syriens, en particulier les enfants.

Le Secrétaire général adjoint a ensuite rappelé la nécessité de garantir un accès humanitaire total aux personnes dans le besoin, où qu’elles se trouvent.  À cet égard, il s’est fait l’écho de l’appel du Secrétaire général à maintenir le consensus sur le renouvellement de la résolution autorisant l’accès transfrontalier des Nations Unies et de leurs partenaires.  Rappelant que le Conseil avait « agi à l’unisson sur cette question depuis juillet dernier », il a souhaité que cet esprit de coopération demeure.  Il a mis en avant son travail avec toutes les parties concernées pour redynamiser l’accès transfrontalier au nord-ouest et a dit son espoir qu’« avant la fin du mois, nous verrons un autre convoi inter-agences livrer de l’aide aux personnes dans le besoin ».  Quant au nord-est, il a estimé que les Nations Unies devaient être « en mesure de coordonner la réponse humanitaire depuis l’intérieur du pays ».  M. Griffiths a conclu en appelant à agir pour « montrer au peuple syrien qu’il n’est pas oublié » et fournir l’aide nécessaire.

M. HOSSAM ZAKI, Secrétaire général adjoint de la Ligue des États arabes, a prédit que la crise syrienne ne sera pas épargnée par le conflit en Ukraine.  Il a rappelé que 90% de la population syrienne vit actuellement sous le seuil de pauvreté, qu’environ 5,12 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire et que, après des années de conflit, plus de 12 millions de personnes sont déplacées, soit environ la moitié de la population.  Il a également mentionné les dizaines de milliers de détenus, de kidnappés et de disparus.  Il a relevé que cette crise a des répercussions sur les pays de la région, notamment la Jordanie et le Liban qui accueillent des réfugiés syriens et en subissent d’énormes charges ainsi qu’une forte pression sur leurs infrastructures et les secteurs vitaux comme l’éducation et la santé.  M. Zaki a indiqué que son organisation prendra part à la sixième conférence de Bruxelles en soutien à la Syrie, qui est prévue le 10 mai.  Il a insisté sur la responsabilité qui incombe à la communauté internationale et aux pays hôtes pour soutenir les déplacés et les réfugiés sans discrimination sur la base de la couleur, de la race ou de la religion, « comme nous l’avons entendu ces derniers temps avec regret ».  « Les réfugiés et déplacés issus d’un conflit sont avant tout des êtres humains, avant toute considération. »

M. Zaki a rappelé que le Conseil des ministres des affaires étrangères de la Ligue des États arabes a adopté une résolution sur la crise syrienne, le 9 mars, qui, entre autres, fait part de son inquiétude devant l’insécurité, les assassinats et le trafic de drogue dans le sud de la Syrie.  Le Conseil a appelé au retour volontaire des réfugiés dans leur patrie et il a marqué son inquiétude quant à la détérioration des conditions humanitaires dans les camps de Hol et de Roukban.  La Ligue a en outre demandé à la Syrie d’assumer ses responsabilités et de laisser les convois humanitaires entrer en Syrie.  Il est également important, aux termes de ladite résolution, de démanteler et évacuer complètement le camp de Roukban.  Les tentatives d’imposer des changements démographiques pourraient installer une nouvelle réalité sur le terrain en Syrie, a mis en garde le texte qui s’est inquiété de la poursuite de la pollution de l’air en Syrie du fait d’Israël. 

La résolution du Conseil de la Ligue des États arabes s’est félicitée de l’adoption de la résolution 2021 (2585) du Conseil de sécurité concernant le renouvellement du Mécanisme d’acheminement de l’aide transfrontalière, avant de demander aux pays donateurs de remplir rapidement leurs promesses faites lors de conférences de donateurs pour soutenir la situation humanitaire en Syrie.  De même, le Conseil de la Ligue a appelé au renouvellement de l’aide humanitaire transfrontalière à la Syrie en juillet, souhaitant que cette question soit traitée sans politisation.  M. Zaki a dit espérer que la crise en Ukraine ne va pas détourner le regard du Conseil de la situation qui prévaut en Syrie.  Il a rappelé que la crise humanitaire syrienne ne trouvera pas de solution sans un règlement politique global fondé sur la mise en œuvre intégrale de la résolution 2254 (2015) et la réalisation des aspirations légitimes du peuple syrien qui doit librement déterminer son avenir.

Mme MONA JUUL (Norvège), s’exprimant également au nom de l’Irlande, en tant que pays porte-plumes sur le dossier humanitaire syrien, s’est désolée que la situation humanitaire continuer à se détériorer, après « 11 années de conflit, de mort et de désespoir en Syrie ».  La COVID-19, les crises économiques et la sécheresse alimentent la misère, a-t-elle souligné en citant les 12 millions de Syriens en insécurité alimentaire, ainsi que le nombre « scandaleusement élevé » de réfugiés, de personnes déplacées et de personnes ayant besoin d’une aide vitale.  Plaidant pour que l’impératif humanitaire soit au cœur de la réponse, elle a rappelé avoir soutenu le plan de six mois de l’ONU visant à acheminer l’aide humanitaire à travers la ligne de conflit vers le nord-ouest.  « La Norvège et l’Irlande exhortent toutes les parties à faciliter un accès humanitaire sûr, rapide et sans entrave à ceux qui en ont besoin. »  Face à la violence qui continue, elle a exhorté à protéger les civils et les infrastructures civiles, conformément au droit international humanitaire.  Elle a déploré les 751 attaques contre des établissements et du personnel éducatifs qui auraient eu lieu depuis le début du conflit, des attaques « clairement contraires » à la résolution 2601 (2021) sur la protection de l’éducation dans les conflits armés.

Poursuivant son intervention à titre national sur la situation politique en Syrie, Mme Juul a assuré que la Norvège continuera de soutenir le processus politique dirigé et contrôlé par les Syriens.  Encouragée par le fait que la Commission constitutionnelle se réunit cette semaine pour son septième cycle de négociations, elle a appelé tous les participants à y contribuer de manière constructive, de bonne foi et avec flexibilité.  La déléguée a salué également les consultations de l’Envoyé spécial avec le Conseil consultatif des femmes et le soutien à la société civile.  Elle a appuyé son approche progressive, « comme moyen d’engager toutes les parties dans l’identification et la mise en œuvre de mesures réciproques vers une solution politique ».  Enfin, elle a mis l’accent sur la question des personnes portées disparues ou illégalement privées de liberté.  Elle a appelé toutes les parties à autoriser les acteurs humanitaires, tels que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), à visiter les centres de détention et à mener à bien leur important travail d’information des familles des victimes.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) s’est félicité du début des travaux de la septième session de l’organe restreint de la Commission constitutionnelle à Genève, souhaitant que ses travaux soient menés sans ingérence extérieure et sans imposition de délais artificiels, dans le respect de la résolution 2254 (2015).  Sur le terrain en Syrie, le représentant a estimé que la situation reste explosive, état qu’il a imputé à la présence de terroristes, en particulier à Edleb.  Il a appelé à lutter contre les groupes terroristes reconnus comme tels par la communauté internationale et à mettre fin à la « présence étrangère illégale » qui viole l’intégrité et la souveraineté territoriale de la République arabe syrienne, « sans oublier les frappes aériennes d’Israël ».  Il a notamment accusé les pays occidentaux de laisser libre cours aux activités terroristes, arguant que cela leur permet de mettre en œuvre leur propre agenda.  Le représentant a en outre accusé les États-Unis et leurs alliés d’avoir, sous des prétextes divers, notamment celui de l’utilisation d’armes chimiques, lancé dans le passé des frappes de masse contre des infrastructures syriennes. 

Le représentant russe a ensuite estimé que le Secrétaire général de l’ONU avait renoncé à son vocabulaire de neutralité à propos de l’Ukraine et qu’il devait désormais « faire preuve de cohérence » et parler de violations de la Charte et d’occupation étrangère à Hol, sans quoi on assisterait à une forme de « deux poids, deux mesures ».  Nous n’avons pas eu l’avis du Secrétaire général sur les bombardements occidentaux, par exemple à Raqqa, a-t-il ainsi fait valoir. 

Venant au dossier humanitaire, le délégué a affirmé qu’un convoi humanitaire au travers des lignes de front et à destination d’Alep avait été bloqué par les combattants du Front el-Nosra.  Il a reproché aux occidentaux de conditionner l’aide humanitaire à des conditions politiques préalables et d’avoir « asphyxié » la Syrie avec des sanctions unilatérales qui ont des effets très négatifs sur la situation humanitaire syrienne.  Il s’est montré soucieux de la situation dans les pays accueillant des réfugiés syriens, qui sont « mis à rude épreuve », et a appelé à respecter les droits des réfugiés et des déplacés à rentrer chez eux dans le strict respect de la coordination avec Damas.  Rappelant enfin l’échéance de juillet concernant l’autorisation des convois transfrontières, il a estimé que les autres dispositions de la résolution 2585 (2521), portant sur les convois à travers les lignes de front, n’étaient pas respectées.  Or, Damas a prouvé à Edleb que les convois à travers les lignes de front sont possibles, a fait observer le représentant.  

M. RICHARD MILLS (États-Unis) a fait observer que 11 ans après le début du conflit en Syrie, certains estiment qu’il faut passer à autre chose et que la question occupe inutilement le temps du Conseil de sécurité.  Cependant, avec le conflit syrien qui se poursuit, il n’est pas question pour les États-Unis, contrairement à d’autres pays, de normaliser leurs relations avec le « régime syrien », a déclaré le délégué.  Il a souhaité que la réunion cette semaine de la Commission constitutionnelle aboutisse à des résultats positifs demain, avec notamment un texte révisé.  Il a salué le travail de l’Envoyé spécial qui s’efforce de promouvoir une solution politique en Syrie, une solution qui doit être trouvée avec la participation de la société civile et qui doit tenir compte du besoin de protection des femmes syriennes.

M. Mills a appelé à un cessez-le-feu général en Syrie et a déploré les nombreuses victimes civiles du conflit, faisant même un parallèle avec la situation en Ukraine où les auteurs des crimes accusent les autres.  Il s’est dit inquiet de l’information faisant état du recrutement de combattants syriens pour l’Ukraine.  Sur la question humanitaire, il a plaidé pour que l’aide parvienne à tous ceux dans le besoin, notamment dans le nord-est du pays.  Il a rappelé que l’ONU fournit une aide par le biais du Mécanisme transfrontalier qui doit être renouvelé en juillet prochain en soulignant que, d’un autre côté, l’acheminement de l’aide par les lignes de front est très risqué.  Il a invité ceux qui doutent de l’efficacité de l’aide transfrontalière à se rendre à Bal el-Haoua pour constater son bon fonctionnement.

Avant de conclure, M. Mills a réagi aux propos de son homologue russe, qu’il a jugés « hypocrites » au vu des attaques perpétrées contre les civils par la Fédération de Russie en Syrie et en Ukraine.  Selon lui, la Russie essaye de détourner l’attention de la communauté internationale sur les crimes qu’elle commet elle-même en Syrie et ailleurs. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a salué la tenue, hier, d’un évènement sur la justice organisé par le mouvement des femmes syriennes en marge de la session en cours de la Commission de la condition de la femme.  Il a souligné les témoignages de victimes de violences sexuelles en Syrie qui ont été ainsi mis au jour, complétant les études conduites par l’ONU et qui concluent à une pratique systémique du « régime » dans ce domaine.  « Nous le savons, Bashar Al-Assad s’est rendu coupable de crimes de guerre. »  Ignorer ces crimes c’est remettre en question la possibilité d’une paix durable, a fait valoir le représentant en expliquant ainsi pourquoi la France s’oppose aux efforts de réhabilitation dans le giron international.  Il a estimé en particulier que la réintégration de la Syrie dans la Ligue des États arabes ne permettrait pas de contrecarrer les ingérences extérieures dans le pays et l’instabilité régionale.  La France, a insisté M. de Rivière, continuera son combat sans relâche contre l’impunité en Syrie. 

La population syrienne continue à payer le prix fort de ce conflit, a déploré le délégué en notant que la situation humanitaire continue à se détériorer: 14,6 millions de personnes ont désormais besoin d’aide humanitaire.  Les Européens, a-t-il relevé, ont toujours répondu présent, en étant, de loin, les premiers pourvoyeurs d’aide en Syrie depuis 2011.  L’insécurité alimentaire s’accroît et la perte des approvisionnements en provenance de l’Ukraine contribuera à aggraver cette situation, a-t-il averti.  « Le droit international humanitaire n’est pas une option: c’est une obligation qui s’impose à tous. »  Dans cet esprit, M. de Rivière a rappelé que le mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière continue à sauver des vies.  Enfin, il a souligné que la résolution 2254 (2015) demeure la seule voie commune de ce Conseil pour aboutir ensemble à une solution politique au conflit.  « Aucun acteur n’a, seul, la clef de la fin de ce conflit, » 

M. DAI BING (Chine) a dit attendre avec impatience des résultats positifs de la Commission constitutionnelle syrienne qui est réunie à Genève.  Il a déploré les sanctions unilatérales qui frappent la Syrie, avant de saluer les efforts de réconciliation du Gouvernement et les actions menées en vue de la reconstruction.  Pour la Chine, les efforts humanitaires doivent se focaliser sur le relèvement précoce et la reconstruction.  Poser des conditions politiques à la reconstruction et à l’aide ne fera que saper les efforts des acteurs humanitaires, a-t-il mis en garde.  Le délégué chinois a rappelé que les ressources pétrolières de la Syrie appartiennent aux Syriens, exhortant les militaires étrangers se trouvant illégalement en Syrie à arrêter de voler ces ressources.  De l’avis du représentant, la Syrie est un important membre de la Ligue des États arabes et son retour dans l’organisation est crucial pour trouver une solution durable à la crise que connaît le pays.  Le représentant a d’ailleurs salué les pays arabes ayant déjà repris des relations diplomatiques avec la Syrie. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a rappelé que le douzième anniversaire de la guerre en Syrie coïncide avec « l’agression » de la Russie contre l’Ukraine.  Il a dénoncé le « comportement inhumain » de la Russie dans les deux cas.  Il a exhorté les membres du Conseil de sécurité à appeler à un cessez-le-feu national en Syrie et à un accès sans entrave de l’aide humanitaire.  La situation humanitaire reste très sombre, a constaté le représentant, qui a souhaité que les réfugiés et déplacés puissent « à terme » rentrer chez eux.  Mais les conditions ne sont toujours pas réunies, a-t-il regretté.  Il a plaidé pour qu’un tel retour se fasse de manière « volontaire, sûre et digne ».  L’aide humanitaire reste vitale, a aussi rappelé le délégué, qui a estimé que le Conseil de sécurité devait se tenir prêt à soutenir la reconduction, en juillet, de l’autorisation des convois transfrontaliers accordée par la résolution 2585 (2021). 

Sur le dossier politique, le représentant a déclaré que le Royaume-Uni refuse de travailler avec le « régime Assad », qui à son avis n’est pas fiable et refuse de se réformer.  Il a pris note de la tenue actuelle de la septième session de l’organe restreint de la Commission constitutionnelle.  Des progrès urgents sont nécessaires, a-t-il lancé.  

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a estimé qu’il n’y a plus de place, aujourd’hui, pour l’aspiration ou l’espoir en Syrie, car « le régime d’Assad a défiguré la Syrie ».  En outre, l’invasion russe de l’Ukraine aggrave les souffrances et la misère de millions de Syriens en menaçant directement leur sécurité alimentaire, a-t-elle fait remarquer.  Chiffres à l’appui et soulignant notamment que plus de 14 millions de Syriens, dont 6,5 millions d’enfants, ont besoin d’aide, la déléguée a évoqué un « enfer sur terre ».  « Combien de personnes encore sans défense devront mourir avant que le Conseil ne prenne des mesures décisives? »  C’est inacceptable et cela doit cesser, a martelé M. Dautllari.  Elle a appuyé l’accès sans entrave à l’aide humanitaire vitale par toutes les modalités, y compris par le renouvellement de l’autorisation de l’acheminement de l’aide humanitaire transfrontalière, à laquelle il n’y a pas d’alternative, ainsi que les projets d’aide et de relèvement rapide transversaux conformes à la résolution 2585 (2021).

Sur le plan politique, Mme Dautllari a vu dans la mise en œuvre intégrale de la résolution 2254 (2015) une priorité absolue pour le Conseil.  Selon elle, la Commission constitutionnelle est la seule plateforme existante pour envisager et poursuivre la transition politique.  Elle a toutefois dénoncé « le manque d’implication véritable de la part du régime syrien ».  En l’absence de pression constante du Conseil, et en l’absence d’un calendrier et d’échéances, la Commission constitutionnelle risque de devenir « un écran de fumée pour l’inaction », a-t-elle encore mis en garde. 

M. MARTIN KIMANI (Kenya), s’exprimant au nom des A3 (Gabon, Ghana et Kenya), s’est félicité de la tenue de la septième session de l’organe restreint de la Commission constitutionnelle, en y voyant un engagement constructif.  Il a espéré que les parties pourront s’engager à tenir des réunions plus régulières afin de créer une dynamique dans la recherche d’une solution durable.  Les A3, a-t-il dit, soutiennent aussi d’autres efforts novateurs visant à faire avancer le processus politique comme le traitement de la situation des détenus et la clarification du statut des personnes disparues; ils prennent note de l’approche étape par étape de l’Envoyé spécial. 

M. Kimani a condamné la poursuite des violences dans le nord-ouest de la Syrie.  Il a souligné la nécessité d’actions collectives décisives pour combattre les groupes figurant comme terroristes sur la liste du Conseil de sécurité.  Il a réitéré qu’il n’existe pas d’option militaire à la crise syrienne et renouvelé l’appel des A3 à un cessez-le-feu national, avant de rappeler l’impératif de protection des civils, des travailleurs humanitaires et des infrastructures civiles. 

Concernant la situation humanitaire, les A3 estiment que le mécanisme d’aide transfrontalière, « complété par des livraisons à travers les lignes de front », doit être maintenu, a dit M. Kimani qui a notamment plaidé pour une plus grande fréquence et une plus grande prévisibilité des opérations à travers les lignes de front.  Il a aussi demandé une « attention urgente et particulière » en faveur des personnes résidant à Roukban, dans le sud-ouest du pays.  Enfin, « pour alléger le fardeau humanitaire colossal » dans les camps, il a appelé les États Membres à rapatrier leurs ressortissants présents dans les camps, en particulier les femmes et les enfants, dans des conditions sûres et dignes.  

M. Kimani a en outre jugé essentiel de prendre des mesures pour atténuer l’impact humanitaire de la situation en Ukraine, notamment en s’assurant que la réponse humanitaire de la communauté internationale en Syrie reste financée de manière adéquate.  Il a également demandé de soutenir les mesures de relance économique, y voyant une composante essentielle de la paix à plus long terme, ainsi que les activités de relèvement précoce. 

En conclusion, les A3 considèrent que le consensus sur les volets politique et humanitaire est plus crucial que jamais et espèrent que l’on peut encore compter sur le système multilatéral en tant que médiateur efficace de la paix et de la sécurité mondiales.  Ils rappellent que la paix à laquelle aspire le peuple syrien ne pourra être obtenue que par un processus politique mené par les Syriens, avec le soutien de la communauté internationale.

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a estimé que chaque jour qui passe, la communauté internationale est redevable au peuple syrien de ne pas avoir mis fin à la souffrance de millions de personnes.  Pour la déléguée, il n’y a pas de solution militaire au conflit en Syrie, et la seule voie est le dialogue politique avec l’engagement de toutes les parties.  C’est pourquoi elle a salué la tenue de la septième réunion de l’organe restreint de la Commission constitutionnelle qui se déroule actuellement à Genève.

Dans le domaine humanitaire, elle s’est alarmée de voir que les besoins de la population soient au plus haut niveau depuis le début du conflit.  Elle a fait observer que d’autres facteurs pourraient avoir des répercussions négatives sur la situation alimentaire en Syrie, notamment l’augmentation des prix du carburant et les effets que le conflit en Ukraine pourrait avoir sur l’approvisionnement en céréales de base.  Compte tenu de cette réalité, le poste frontière de Bab el-Haoua continue d’être vital pour la survie de millions de personnes dans le nord-ouest, a-t-elle noté.  Elle a également souligné l’importance des opérations à travers les lignes de front.  C’est pourquoi le Mexique convient avec le Secrétaire général que les deux mécanismes sont nécessaires et complémentaires, a-t-elle rappelé en espérant à cet égard que l’on puisse préserver le consensus atteint l’année dernière avec la résolution 2585. 

M. MARTIN GALLAGHER (Irlande) a dit être alarmé par la trajectoire actuelle en Syrie et a jugé essentiel que les parties adhèrent à un cessez-le-feu national permanent, conformément à la résolution 2254 (2015).  Saluant les efforts de l’Envoyé spécial sur le plan politique, il s’est félicité des pourparlers en cours à Genève.  « Cependant, à moins qu’il n’y ait de véritables tentatives pour réduire les divergences, en particulier de la part des autorités syriennes, aucun progrès ne sera possible. » 

M. Gallagher a réitéré l’appel lancé par l’Irlande à toutes les parties, en particulier aux autorités syriennes, pour qu’elles cessent les attaques aveugles et les attaques directes contre les civils et les infrastructures civiles.  En outre, il a réitéré ses appels à la libération des personnes détenues arbitrairement et a demandé à ce que le sort de toutes les personnes ayant fait l’objet de disparitions forcées soit révélé.  Il faut également que des observateurs indépendants aient accès à tous les lieux de détention, a-t-il réclamé.  Enfin, il a souligné l’engagement inébranlable de l’Irlande à lutter contre l’impunité et à veiller à ce que les responsables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité en Syrie rendent des comptes.  La vérité, la justice et la responsabilité sont le droit du peuple syrien, a-t-il dit, en soulignant aussi leur caractère essentiel pour rendre durable une future solution politique, pour instaurer la confiance et pour garantir que de telles violations ne se reproduisent plus jamais.

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) s’est dit impatient de connaître les résultats des discussions de la septième session de l’organe restreint de la Commission constitutionnelle, qui se tient cette semaine à Genève, en espérant y voir « un esprit de coopération et de volonté de progrès ».  Pour le Brésil, seul un processus politique appartenant aux Syriens et dirigé par eux, facilité par l’ONU dans le respect de la préservation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Syrie, permettra d’instaurer une paix durable et d’alléger les souffrances de la population.  Le représentant a ensuite remercié l’Envoyé spécial pour ses efforts visant à impliquer les principaux acteurs internationaux et à favoriser la confiance entre les parties.  « Avec l’aggravation de la situation sur le terrain, il est grand temps que le dialogue politique donne des résultats concrets pour soulager les souffrances du peuple syrien. » 

Très préoccupé par la protection des civils, le représentant a aussi rappelé que l’insécurité alimentaire n’a jamais été aussi élevée et que les menaces pesant sur l’approvisionnement en électricité affectent les services de base.  Il a appelé à un cessez-le-feu immédiat à l’échelle nationale et à des initiatives de relèvement rapide pour reconstruire les infrastructures civiles essentielles.  Il a dit soutenir également les évaluations de l’impact des sanctions sur la vie quotidienne de la population, rappelant que les exemptions humanitaires doivent être strictement respectées.  Il a par ailleurs appelé à continuer à donner la priorité à la lutte contre les activités terroristes en Syrie, soulignant que la pauvreté et l’instabilité politique constituent un terrain fertile pour les forces extrémistes.  L’aide humanitaire internationale reste primordiale, a poursuivi M. de Almeida Filho, « que ce soit dans le cadre de modalités transfrontalières ou non ».  Il a rappelé l’importance d’une surveillance étroite des opérations humanitaires transfrontalières et d’une collaboration entre toutes les parties pour l’expansion des opérations à travers les lignes de front, qui doivent pouvoir être menées de manière sûre, régulière et prévisible.  En conclusion, il a rappelé le caractère illusoire de toute solution militaire, en voyant la preuve dans le gel des lignes de front et l’impasse persistante sur le terrain. 

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a rappelé que l’Inde a adopté une position constante depuis le début de la crise syrienne: l’imposition de solutions externes ne peut pas aider au règlement du conflit.  C’est aux Syriens de déterminer et de décider ce qui est le mieux pour la Syrie et leur propre avenir, a-t-il dit en saluant à cet égard la réunion cette semaine de la Commission constitutionnelle.  L’Inde n’a cessé d’appeler à soutenir les efforts régionaux pour trouver une solution à long terme au conflit, a rappelé le délégué.  Il a jugé encourageant la normalisation progressive des relations de la Syrie avec ses voisins arabes ces derniers mois. 

Le représentant s’est dit préoccupé par la situation sécuritaire qui prévaut en Syrie.  Il a noté qu’alors que les lignes de front restent inchangées, la violence se poursuit dans plusieurs endroits, notamment dans le nord-ouest et le nord-est du pays.  Il y a un besoin urgent d’établir un cessez-le-feu global sérieux en Syrie, a-t-il observé, ajoutant que le retrait des forces étrangères est essentiel pour réaliser cet objectif.  Pour le délégué, la lutte contre le terrorisme ne peut et ne doit pas être compromise pour des gains politiques étroits.  Alors que l’accent de la communauté internationale se tourne vers la crise humanitaire résultant du conflit en Ukraine, il est important de ne pas perdre de vue la Syrie et la souffrance du peuple syrien, a-t-il déclaré.  Dans le cadre de l’assistance humanitaire, le délégué a appelé les Nations Unies à déployer des efforts pour améliorer les opérations à travers les lignes de front.  Il a enfin souligné que le soutien de la communauté internationale pour relever les défis économiques et humanitaires fait partie intégrante du succès du processus politique.

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a dit rechercher des solutions diplomatiques aux crises et a prôné « un rôle arabe efficace pour discuter des moyens de résoudre la crise syrienne au lieu de simplement la gérer ».  La récente visite du Président syrien aux Émirats arabes unis est le résultat de cette approche, a-t-elle ajouté.  Elle a également appuyé les efforts de l’ONU pour parvenir à une solution politique conformément à la résolution 2254 (2015), y compris les efforts de M. Pedersen pour faire converger les vues politiques régionales et internationales sur la manière de faire face aux effets de la crise syrienne.  Alors que nous appelons au renforcement du rôle arabe en Syrie dans le cadre de l’effort de sortie de crise, nous renouvelons également notre rejet de l’ingérence étrangère en Syrie, dont la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale doivent être respectées, a insisté la déléguée.

S’agissant de la situation humanitaire, Mme Nusseibeh a jugé inacceptable de laisser le peuple syrien, dont les personnes déplacées, vivre dans des conditions épouvantables (sans électricité, sans nourriture et sans eau potable).  Les enfants syriens ont été particulièrement touchés par ces conditions, a-t-elle déploré.  Elle s’est aussi inquiétée de l’aggravation de la situation économique qui affecte chaque citoyen syrien, avec des prix de denrées alimentaires à des niveaux sans précédent, entraînant une nouvelle détérioration de la situation humanitaire.  Concernant la propagation de la pandémie de COVID-19, elle a assuré que l’approvisionnement de fournitures médicales au peuple syrien reste une priorité pour son pays.

Pour M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne), ce qu’il faut commémorer, c’est le onzième anniversaire de l’agression des États-Unis contre la Syrie.  La Syrie incarne la civilisation, la résistance, la tolérance, le progrès et le développement, a-t-il déclaré en déplorant qu’elle soit la cible des forces du mal, de la haine, de l’ignorance, de l’obscurantisme et de la trahison visant à entraver la renaissance syrienne.  Il a affirmé que la révolution syrienne n’avait pas 11 ans, comme l’ont dit certains orateurs, mais 100 ans, en référence au soulèvement du pays en vue de son indépendance.

Pour le représentant, on exprime souvent des « inquiétudes » au Conseil de sécurité, mais ce qui devrait l’inquiéter, ce sont les pratiques des forces d’occupation, notamment américaines, qui appuient les milices sécessionnistes dans le nord de la Syrie et contribuent au pillage des ressources syriennes, de même que les forces d’occupation turques qui s’ingèrent dans les affaires intérieures de la Syrie, ou encore les attaques hostiles et répétées d’Israël contre la souveraineté syrienne.  Or, a-t-il fait observer, on n’a pas entendu s’exprimer « d’inquiétudes » à propos de ces violations.

Pour le représentant, les parties qui invitent à mettre fin à la violence l’alimentent en fait tous les jours.  Il a notamment accusé ces pays de soutenir le terrorisme et de refuser de rapatrier les ressortissants qui le pratiquent.  C’est lorsque ces pays ont commencé à saper la paix et la stabilité dont jouissait le peuple syrien que les souffrances de celui-ci ont commencé, a poursuivi M. Sabbagh, qui a également dénoncé les sanctions unilatérales et les « politiques d’agression » qui ont provoqué les vagues migratoires. 

Il faut créer les conditions propices au retour des réfugiés, a poursuivi le représentant, qui a en particulier accusé la Turquie de saper les efforts du Gouvernement syrien en ce sens ainsi que la mise en place de projets de relèvement rapide.  Il a dénoncé « l’hypocrisie flagrante » des pays qui ne font que promouvoir leur propre solution politique, qui ne correspond pas, a-t-il affirmé, aux souhaits de la population syrienne.  Ces crimes, a-t-il affirmé, ne resteront pas impunis. 

La Syrie reste déterminée à tout faire pour que la situation humanitaire du peuple syrien s’améliore, notamment pour faire entrer l’aide humanitaire sur le territoire syrien, pour faciliter la mise en place des projets de relèvement rapide et pour permettre le retour des personnes déplacées.  La Syrie consent des efforts louables pour parvenir à la paix, y compris par des accords de réconciliation locaux ou encore un décret d’amnistie.  Le représentant a salué l’engagement positif et constructif de la délégation syrienne au sein de la Commission constitutionnelle mais a rejeté tout ingérence extérieure, l’imposition de résultats ou la création de délais artificiels.  La paix ne sera possible que si les pays occidentaux renoncent à leurs hostilités, rapatrient leurs terroristes, lèvent le blocus économique et commencent à privilégier la reconstruction et le développement du pays, a-t-il conclu. 

M. ÖNCÜ KEÇELI (Turquie) a estimé que la Commission constitutionnelle est le seul mécanisme censé parvenir à un processus politique, mais regretté que « le régime use de stratagèmes pour bloquer son travail ».  Il n’y a pas de place pour des formations terroristes dans ce processus, a-t-il relevé en rappelant que la recherche d’une solution militaire serait tragique.  La Turquie continuera de lutter contre le terrorisme et le séparatisme en Syrie, a affirmé le représentant en notant que Daech délègue son action à travers le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et les soi-disant Forces démocratiques syriennes (FDS).  Il a rappelé que la Turquie attend toujours une suite à sa demande d’enquête des Nations Unies pour faire la lumière sur les agissements du PKK et des FDS.  M. Keçeli a dit que la situation en Syrie ne doit pas être reléguée au second plan, car des millions de personnes vivent dans des conditions difficiles, notamment à Edleb.  La Turquie fait de son mieux pour apporter son aide à plus de 4 millions de Syriens qui vivent sur son territoire.  Compte tenu de la situation sécuritaire qui se détériore de plus en plus, l’aide transfrontalière reste le meilleur moyen d’aider les populations, a-t-il conclu.

M. MAJID TAKHT RAVANCHI (République islamique d’Iran) a regretté une situation humanitaire difficile en Syrie avec la destruction des infrastructures civiles et l’imposition de mesures unilatérales coercitives.  Prétendre s’occuper de la situation humanitaire tout en maintenant des sanctions illégales est tout simplement « hypocrite », a-t-il lancé.  Le délégué a insisté sur l’importance de mener à bien des projets de relèvement rapide.  Il a en outre dénoncé le pillage des ressources naturelles syriennes dans des zones occupées par des forces étrangères.  D’après lui, la crise ne pourra être réglée si on ne met pas fin à l’occupation et si l’on ne parvient pas à éliminer la menace terroriste.  Il a condamné en particulier les actes d’agression commis en Syrie « par le régime israélien ».  Enfin, le délégué a appuyé la poursuite des négociations intra-syriennes à Genève et les efforts déployés en ce sens par M. Pedersen.  Il n’y a pas d’autre solution qu’un règlement dirigé et contrôlé par les Syriens, « sans pression ni délai artificiel », a-t-il conclu. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Situation ukrainienne: l’Assemblée générale examine deux projets de résolution concurrents sur l’aide humanitaire, l’un présenté par l’Ukraine et l’autre par l’Afrique du Sud

Onzième session extraordinaire d’urgence (reprise),
7e & 8e séances, matin & après-midi
AG/12410

Situation ukrainienne: l’Assemblée générale examine deux projets de résolution concurrents sur l’aide humanitaire, l’un présenté par l’Ukraine et l’autre par l’Afrique du Sud

Après sa résolution du 2 mars exigeant le retrait immédiat des forces russes du territoire ukrainien, l’Assemblée générale a repris aujourd’hui sa session extraordinaire d’urgence, ouverte le 28 février, pour examiner un projet de résolution sur « les conséquences humanitaires de l’agression contre l’Ukraine », présenté par ce pays et un autre intitulé plus sobrement « la situation humanitaire découlant du conflit en Ukraine », soumis par l’Afrique du Sud.  La seule responsable de la catastrophe humanitaire actuelle, c’est l’invasion russe, a martelé la très grande majorité des 66 délégations qui ont pris la parole. 

Depuis le début de l’« opération militaire spéciale » lancée par la Fédération de Russie, le 24 février dernier, quelque 10 millions de personnes, soit un quart de la population totale, ont fui l’Ukraine et ou sont parties ailleurs dans le pays.  Les services essentiels tels que l’eau, l’électricité, le chauffage, l’assainissement, la santé sont mis à rude épreuve, a indiqué le Vice-Président de l’Assemblée générale, citant les chiffres de l’ONU.  Assurer un accès sûr et sans entrave à l’aide humanitaire est « la nécessité du moment et le personnel humanitaire, la priorité du moment », a-t-il insisté. 

Que tous ceux qui sont contre la guerre votent pour et envoient un message très clair pour renforcer l’action humanitaire et contraindre l’agresseur à cesser sa guerre non provoquée, a encouragé l’Ukraine, en présentant un projet de résolution, soutenu par 88 coauteurs, dans lequel l’Assemblée générale exige une nouvelle fois la cessation immédiate des hostilités menées par la Fédération de Russie contre l’Ukraine.  Notre texte, a expliqué l’Afrique du Sud, porte exclusivement sur la question humanitaire car les questions politiques et stratégiques ne sauraient y être mêlées.  Le projet de résolution sud-africain ne mentionne pas une seule fois la Fédération de Russie, « seule responsable », d’après les tenants du texte ukrainien, de la catastrophe humanitaire en Ukraine. 

Dans les deux textes, l’Assemblée générale demande aux États Membres de financer l’appel éclair lancé par les Nations Unies pour l’action humanitaire en Ukraine et le plan régional d’aide aux réfugiés pour l’Ukraine et les pays voisins.  Plusieurs intervenants ont attiré l’attention sur les sommes déjà déboursées.  L’Union européenne a rappelé sa dernière enveloppe de 500 millions d’euros, portant à 2,4 milliards d’euros les sommes consenties en faveur de l’Ukraine depuis 2014. 

Le Royaume-Uni a dit avoir débloqué plus de 400 millions de livres sterling, avant que l’Australie n’annonce son intention de verser, par divers canaux, un montant de 65 millions de dollars australiens.  Nous allons faire plus, a promis la Nouvelle-Zélande, en rappelant une première contribution de six millions de dollars néo-zélandais, alors que la Suisse annonçait un nouveau versement de 80 millions de francs.  La Nouvelle-Zélande a d’ailleurs dit craindre que les agissements de la Fédération de Russie ne poussent le système humanitaire international dans ses limites. 

La Pologne, qui abrite des millions de réfugiés, a dit tenir à sa politique d’accueil, « quelle que soit la nationalité » des arrivants et la Turquie a saisi l’occasion pour insister sur ses efforts diplomatiques.  Si, a alors prévenu l’Albanie, la Fédération de Russie remporte une victoire militaire, ses ambitions ne s’arrêteront pas à l’Ukraine.  La Géorgie n’a pas dit autre chose, elle qui a dit avoir subi une agression militaire de grande envergure.  La Fédération de Russie, a-t-elle prévenu à son tour, applique les mêmes schémas et les mêmes scenarii à tous ses voisins. 

Pendant trois semaines, a expliqué la France, nous avons avec le Mexique mené des discussions « de bonne foi » sur un projet de résolution au Conseil de sécurité pour appeler à une cessation des hostilités et au respect du droit international humanitaire.  Comme de nombreux États ont fait part de leur volonté de participer à ces efforts, nous avons transféré à l’Assemblée générale notre initiative, fruit d’un processus inclusif qui reflète un équilibre tenant compte des propositions des pays de toutes les régions. 

Soutenir le projet de résolution présenté aujourd’hui par l’Ukraine, c’est soutenir la protection des plus faibles, la solidarité entre les peuples et la voie de la paix, a dit la France.  Un vote d’abstention face aux atrocités russes serait tout simplement « inacceptable », ont jugé les États-Unis.  Vous devez avoir le courage de dire la vérité face à une catastrophe humanitaire créée de la main de l’homme.  Faire moins, c’est permettre à l’agresseur de se cacher derrière un libellé vague et de prétendre qu’il essaye de régler la situation.  C’est la Russie qui est à blâmer pour avoir commencé la guerre et le monde la tiendra pour responsable de ce qu’elle fait aux Ukrainiens, ont assuré les États-Unis. 

Soutenir ce projet de résolution, a rétorqué la Fédération de Russie, c’est entêter les négociateurs ukrainiens, sans changer les raisons de l’« opération militaire spéciale », à savoir la protection des populations du Donbass, le refus de l’Ukraine de mettre en œuvre les accords de Minsk et son ambition déclarée d’adhérer à l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et de se doter d’un arsenal d’armes nucléaires.  La Fédération de Russie a fustigé un nouveau texte antirusse, après celui du 2 mars, qui brosse un tableau irréaliste et unidimensionnel des évènements et qui reste muet sur le fait que l’Occident a fait de l’Ukraine et de son peuple « des pions » de son jeu géopolitique. 

Elle a en revanche salué le projet de résolution présenté par l’Afrique du Sud « très proche » de celui qu’elle a elle-même soumis au Conseil de sécurité et qui pourrait être adoptée aujourd’hui-même, a-t-elle affirmé.  Notre texte, a-t-elle insisté, reprend la plupart des éléments du projet de résolution franco-mexicain, sans le libellé politique dénué de tout rapport avec la situation humanitaire que les États-Unis et le Royaume-Uni voulaient introduire.  

Nous devons, s’est défendu le Royaume-Uni, envoyer un seul et même message, celui de l’aide au peuple ukrainien, de la condamnation de l’invasion russe et du renforcement des principes fondateurs des Nations Unies.  L’action humanitaire, a fait valoir le Gabon, ne doit faire l’objet d’aucune appropriation politique, stratégique ou tactique.  Elle ne saurait s’aligner sur des desseins inavoués. L’instrumentaliser, c’est infliger une double peine aux meurtris et aux martyrs de la guerre.  Le respect du droit international humanitaire, a plaidé le Brésil, doit nous rassembler et non nous diviser. 

La session extraordinaire d’urgence, au cours de laquelle plusieurs intervenants ont rendu hommage à la mémoire de Madeleine Albright, ancienne Secrétaire d’État américaine et ancienne Représentante permanente des États-Unis auprès des Nations Unies, décédée aujourd’hui, reprendra demain jeudi 24 mars, à partir de 10 heures. 

LETTRE DATÉE DU 28 FÉVRIER 2014, ADRÉSSÉE À LA PRÉSIDENTE DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LE REPRÉSENTANT PERMANENT DE L’UKRAINE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES: PROJETS DE RÉSOLUTION (A/ES-11/L.2, A/ES-11/L.3)

Déclarations

M.  ENRIQUE AUSTRIA MANALO, Vice-Président de lAssemblée générale, a déclaré que la situation sécuritaire en Ukraine s’est rapidement détériorée après le lancement de l’offensive militaire russe le 24  février 2022.  Selon les données de l’ONU, environ 3,56  millions de personnes ont fui l’Ukraine et 6,5  millions ont fui ailleurs dans le pays depuis le début du conflit, soit un quart des 44  millions d’habitants de l’Ukraine.  Les services essentiels tels que l’eau, l’électricité, le chauffage et l’assainissement sont mis à rude épreuve, et l’accès à la santé est toujours limité par l’insécurité croissante et le rétrécissement de l’espace humanitaire.  Assurer un accès sûr et sans entrave à l’aide humanitaire est « la nécessité du moment et le personnel humanitaire, la priorité du moment », a souligné le Vice-Président, en appelant toutes les parties à respecter le droit international et le droit international humanitaire. 

Présentant la résolution intitulée « conséquences humanitaires de l’agression contre l’Ukraine », M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a indiqué que face à l’évolution de la situation dans son pays, au cours de ce dernier mois, un groupe d’une vingtaine d’États Membres a travaillé ensemble à l’élaboration d’un texte qui énonce clairement les causes fondamentales de la catastrophe humanitaire.  La résolution, a-t-il dit, est axée sur l’action, met l’accent sur les besoins humanitaires urgents, appelle à la cessation immédiate des hostilités et insiste sur la protection des civils, dont le personnel humanitaire et médical, les journalistes, les personnes vulnérables et les ressortissants étrangers, en particulier les étudiants.  Le texte appelle aussi à mettre un terme au siège des villes, en particulier Marioupol, et à respecter le droit international humanitaire, les droits de l’homme et le droit des réfugiés.  La résolution, a poursuivi le représentant, juge essentiel d’éviter que le conflit ne fasse tache d’huile dans les autres parties du monde et met en évidence l’impact du conflit sur la sécurité alimentaire et énergétique mondiale.  Que tous ceux qui sont contre la guerre votent pour et envoient un message très clair pour renforcer l’action humanitaire et contraindre l’agresseur à cesser sa guerre non provoquée, a conclu le représentant. 

M. BJÖRN OLOF SKOOG, Union européenne (UE), a affirmé que la Fédération de Russie bloque l’aide humanitaire en direction de Marioupol et empêche les populations de quitter la ville.  Chaque jour, ce pays bombarde les villes ukrainiennes, utilisant même des bombes à sous-munition.  Les attaques contre les civils sont honteuses et contraires au droit international humanitaire, a martelé le représentant, exigeant le retrait immédiat des forces russes du territoire ukrainien.  Rien n’a été fait depuis la résolution du 2 mars, s’est-il impatienté. Le nombre des déplacés en quatre semaines dépasse celui du conflit syrien qui dure pourtant depuis 10 ans.  La sécurité alimentaire mondiale étant affectée par ce conflit, il a demandé à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) de s’occuper de toute urgence de cette question. 

L’UE, a souligné le représentant, a consacré 500 millions d’euros à l’aide d’urgence, ce qui porte à 2,4 milliards d’euros les sommes déboursés en faveur de l’Ukraine depuis 2014.  L’UE entend poursuivre son assistance à d’autres zones de crise comme le Yémen et le Sahel, a-t-il ajouté, avant d’appeler l’Assemblée générale à exprimer sa solidarité avec le peuple ukrainien et à soutenir la résolution présentée par l’Ukraine et parrainée par des pays de tous les groupes régionaux.  Ce texte appelle à l’assistance humanitaire en Ukraine, y compris aux civils fuyant les hostilités, sans discrimination aucune. 

Au nom du Bénélux, Mme YOKA BRANDT (Pays-Bas) a exprimé son indignation devant les images de femmes et d’enfants ukrainiens en fuite, dénonçant le fait que plus de 100 000 personnes sont piégées à Marioupol.  Les accords sur les couloirs humanitaires ne cessent d’être violés et les auteurs de ces crimes doivent être conscients qu’ils sont surveillés et que les preuves de leurs agissements seront recueillies, a mis en garde la représentante.  Elle a appelé tous les États Membres à soutenir la résolution. 

Au nom des pays baltes et nordiques, M. RYTIS PAULAUSKAS (Lituanie) a regretté que la Fédération de Russie ait choisi de poursuivre sa guerre contre l’Ukraine, avec la complicité du Bélarus.  Il a rappelé la Fédération de Russie à son obligation d’assurer un accès rapide et sans entraves aux acteurs humanitaires.  Il est aussi revenu sur le fait que la Cour internationale de Justice (CIJ) a dûment ordonné à cette dernière de mettre fin à sa prétendue « opération militaire spéciale » et sur la décision du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) de lancer des enquêtes sur les violations du droit international.  Le représentant a encouragé tous les États Membres à voter en faveur de la résolution présentée par l’Ukraine pour obtenir de la Fédération de Russie le respect du droit international, y compris du droit international humanitaire.  Nous exigeons, a-t-il tonné, que cette dernière cesse la guerre maintenant.  Avec son complice, le Bélarus, elle est la seule responsable du conflit et de la crise humanitaire. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a dit avoir appris, il y a quelques jours à peine, que les partenaires occidentaux voulaient reprendre la session extraordinaire d’urgence pour, « et ce n’est un secret pour personne », mettre aux voix la soi-disant résolution humanitaire qui n’a pu passer au Conseil de sécurité.  En agissant ainsi, les « collègues occidentaux » se trompent parce que le Conseil de sécurité peut tout à fait adopter un tel texte, et ce, aujourd’hui même.  Le texte dont est saisi le Conseil, a affirmé le représentant, est quasiment le même que celui proposé précédemment par la France et le Mexique.  Si nous ne l’avons pas accepté, c’est tout simplement parce que Les États-Unis et le Royaume-Uni insistaient pour y introduire des éléments de langage politique sans rapport avec la situation humanitaire, a-t-il expliqué. 

Le représentant a jugé qu’adopter le texte présenté aujourd’hui par l’Ukraine, c’est entêter les négociateurs ukrainiens, sans changer les raisons de l’« opération militaire spéciale ».  Nous l’avons lancé, a-t-il dit, après avoir attendu en vain depuis 2014 la protection des populations du Donbass.  Nous avons lancé l’opération, a-t-il poursuivi, après que l’Ukraine a clairement refusé de mettre en œuvre les accords de Minsk, avec le soutien des Occidentaux, sans compter son ambition déclarée d’adhérer à l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et de maintenir un arsenal d’armes nucléaires. 

M. Nebenzia a, en revanche, salué la résolution présentée par l’Afrique du Sud, « très proche » de celui qu’il a soumis au Conseil de sécurité lequel reprend, a-t-il insisté, la plupart des éléments du projet de résolution franco-mexicain.  Après sa résolution du 2 mars dernier, a-t-il dit craindre, l’Assemblée est sur le point d’adopter un nouveau texte antirusse qui brosse un tableau faux et unidimensionnel des évènements, ignorant les causes de la crise en Ukraine et restant muet sur le rôle de l’Occident qui a fait de l’Ukraine et de son peuple « des pions » dans son jeu géopolitique contre la Fédération de Russie.  M. Nebenzia a appelé tous les États, qui ne sont pas paralysés par la discipline des blocs, à rejeter le texte porté par les Occidentaux et à soutenir le projet sud-africain, ce qui consisterait non seulement à envoyer un signal de paix aux Ukrainiens mais aussi à dire non aux pressions politiques des Occidentaux. 

M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a déclaré que la guerre en Ukraine « n’aura pas de vainqueurs et n’aurait jamais dû commencer ».  Il a évoqué la situation humanitaire dramatique à Marioupol et apporté son soutien aux opérations d’aide menées par l’ONU depuis la Turquie.  Le délégué a ensuite parlé des 10 millions d’Ukrainiens qui ont fui les horreurs de la guerre, estimant que la communauté internationale doit tout faire pour les aider.  Il a appelé au respect de la souveraineté et de l’indépendance de l’Ukraine, avant d’insister sur les efforts diplomatiques de son pays.  En conclusion, il a appelé à voter pour le projet de résolution, en indiquant que ce qui se passe en Ukraine est un « enjeu de vie et de mort ». 

M. KIMIHIRO ISHIKANE (Japon) a indiqué que le Président Zelenskyy était intervenu devant la Diète japonaise il y a quelques heures par visioconférence et décrit la grave situation humanitaire en Ukraine.  Il a estimé que le projet de résolution L.3 est d’une importance critique, alertant que la crise humanitaire persistera à moins de répondre à ses causes et conséquences.  Nous sommes à une conjoncture critique pour faire respecter l’état de droit et la Charte des Nations Unies et devons agir en appuyant ce texte, a-t-il dit. 

M. KAHA IMNADZE (Géorgie) a fermement condamné l’agression non provoquée, injustifiée et préméditée de la Russie contre l’Ukraine, lui demandant de se conformer aux mesures provisoires de la CIJ qui l’obligent à suspendre immédiatement ses opérations militaires.  Cette agression a été un signal d’alarme majeur pour la communauté internationale, a-t-il souligné, prévenant que la Fédération de Russie applique les mêmes schémas et les mêmes scenarii à tous ses voisins.  Nous avons nous-mêmes subi une agression militaire de grande envergure, a rappelé le délégué qui a accusé la Fédération de Russie de vouloir organiser un « faux » référendum sur la création d’une soi-disant « république populaire de Kherson », faisant écho à l’amer  huitième anniversaire du référendum « fictif » organisé dans la péninsule de Crimée, avant son annexion illégale.  Nous demandons instamment à la Russie de cesser son agression, de retirer toutes ses forces et armements de l’ensemble du territoire de l’Ukraine et de permettre un accès immédiat, sûr et sans entrave à tous les mécanismes internationaux humanitaires et des droits de l’homme.  Le représentant a exhorté la Russie à faire de même dans les régions géorgiennes occupées et à honorer ses obligations en vertu de l’accord de cessez-le-feu du 12 août 2008. 

Mme LACHEZARA STOEVA (Bulgarie) a accusé la Fédération de Russie de violer systématiquement le droit international humanitaire.  Mes mots, a-t-il dit, ne rendent pas justice à la réalité une situation humanitaire devant laquelle personne ne peut rester indifférent.  Le représentant a plaidé pour la défense de la Charte des Nations Unies et exigé que la Fédération de Russie cesse immédiatement ses opérations militaires et respecte pleinement l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance de l’Ukraine.  Les conflits doivent être réglés exclusivement par le dialogue et la diplomatie, a-t-il martelé, en dénonçant une nouvelle fois cette guerre « absurde », avant de manifester son soutien à la résolution présentée par l’Ukraine. 

M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a déploré une situation humanitaire dramatique d’une ampleur qui n’avait plus été vue en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.  Il a estimé que face à l’incapacité du Conseil de sécurité d’agir sur une question aussi fondamentale, l’Assemblée générale a le devoir de le faire.  C’est pourquoi un groupe interrégional d’États Membres, dont l’Italie, a convoqué cette session spéciale pour soumettre le projet de texte, a-t-il expliqué.  Le représentant s’est par ailleurs inquiété de l’impact de cette « guerre d’agression » sur la sécurité alimentaire à travers le monde. 

M. RICARDO DE SOUZA MONTEIRO (Brésil) s’est dit gravement préoccupé par les pertes civiles qui ne cessent d’augmenter en Ukraine, avant de détailler les efforts de son pays pour faire face à l’afflux de réfugiés.  Le Brésil a ainsi octroyé des visas d’urgence à des réfugiés ukrainiens via notamment son ambassade en Pologne.  La communauté internationale, a plaidé le représentant, doit venir en aide à tous ceux qui sont dans le besoin.  Il a appelé à la cessation des hostilités et mis en garde contre les conséquences dévastatrices de la situation en Ukraine pour la sécurité alimentaire.  Il a aussi rappelé que des sanctions indiscriminées et massives ont des conséquences pour tous les pays et pour les plus vulnérables.  Enfin, le délégué a appelé au dialogue entre la Russie et l’Ukraine et estimé que la question du respect du droit international humanitaire ne doit pas nous diviser mais nous rassembler.

M. ARRMANATHA CHRISTIAWAN NASIR (Indonésie) s’est inquiété de la destruction « à une vitesse alarmante » des infrastructures clefs en Ukraine.  Il a appelé les parties à prendre des mesures pour assurer une désescalade immédiate et instaurer le cessez-le-feu, insistant sur l’impératif de respecter le droit international.  De même, l’aide humanitaire doit parvenir à toutes les personnes dans le besoin et ceux qui souhaitent quitter l’Ukraine doivent pouvoir le faire.  Après avoir encouragé les parties au dialogue pacifique, le représentant a appelé l’Assemblée générale à maintenir son unité et à agir de concert face à la crise humanitaire, exhortant les délégations à surmonter leurs différences politiques pour mettre un terme à la souffrance en Ukraine. 

M. SUPARK PRONGTHURA (Thaïlande) a appelé au respect et à la protection de la vie et des infrastructures civiles et à la facilitation de l’accès de l’aide humanitaire aux personnes touchées, à l’intérieur et autour de l’Ukraine, « sans discrimination sur quelque base que ce soit et en l’absence de toute politisation ».  À cet égard, la Thaïlande appelle toutes les parties à se conformer pleinement à leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme, et souligne la nécessité pour tous les acteurs engagés dans la fourniture de l’aide humanitaire de promouvoir et de respecter pleinement les principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance.  Pour sa part, la Thaïlande, a indiqué le représentant, a fourni une aide humanitaire par le biais de la Société de la Croix-Rouge ukrainienne.  En outre, son pays salue et encourage les efforts continus des pourparlers bilatéraux entre les parties concernées, attend avec impatience leurs résultats fructueux, en particulier pour aider à améliorer la situation humanitaire urgente, et espère un règlement pacifique de la situation. 

M. JOSE ALFONSO BLANCO CONDE (République dominicaine) a fustigé l’incapacité de la communauté internationale à mettre fin aux souffrances humaines et s’est dit être interpellé par le fait que l’Assemblée générale soit saisie de deux résolutions concurrentes.  Nous devons, a-t-il dit, prendre une décision fondée sur nos principes avec à l’esprit les millions de civils qui ont besoin de protection.  Mon message, a dit le représentant, est qu’il faut respecter sans délai ni condition toutes les règles relatives à la conduite des hostilités prévues par le droit international humanitaire.  Il faut aussi s’atteler à la recherche d’une sortie négociée du conflit.  Les attaques contre les infrastructures civiles comme les hôpitaux, les écoles et les systèmes d’adduction d’eau doivent s’arrêter et toutes les personne prises au piège du conflit ont besoin de toute notre attention et d’une bonne collaboration entre tous les acteurs sur le terrain. 

Marioupol est devenue la nouvelle Alep, s’est alarmé, M. FERIT HOXHA (Albanie), se montrant préoccupé par une crise des réfugiés et des conséquences de la guerre qui affectent le monde entier, en particulier les pays en développement.  Il a dit ne pas se faire d’illusion et prédit que la Fédération de Russie ne mettra pas en œuvre la résolution présentée par l’Ukraine.  Si ce pays remporte la victoire, ses ambitions ne s’arrêteront pas à l’Ukraine, a-t-il prévenu. 

Mme JOANNA SYLWIA SKOCZEK (Pologne) a soutenu le projet de résolution présenté par l’Ukraine, avant de se dire alarmée par la détérioration de la situation.  La seule responsable, c’est la Russie, a-t-elle martelé, avant de condamner le bombardement d’un théâtre de Marioupol où des civils avaient trouvé refuge, et les attaques indiscriminées contre les personnes et les infrastructures civiles, contraires au droit international et constitutives de crime de guerre. Elle a demandé une cessation immédiate des hostilités et l’instauration de couloirs humanitaires.  Rappelant que des millions de réfugiés traumatisés sont arrivés en Pologne, elle a promis que son pays poursuivra sa politique d’accueil, quelle que soit la nationalité des arrivants.  Nous avons l’obligation d’agir, a-t-elle conclu, en parlant de la résolution présentée par l’Ukraine. 

M. RENE ALFONSO RUIDÍAZ PÉREZ (Chili) a relevé que depuis le début de la session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale, la situation sur le terrain s’est considérablement aggravée, marquée notamment par l’utilisation de nouveaux missiles dotés d’une capacité de destruction étonnante et la multiplication de bombardements d’hôpitaux, d’écoles et de quartiers résidentiels.  Il a fait part de son appui au projet de résolution « Conséquences humanitaires de l’agression contre l’Ukraine » qui appelle notamment à la cessation de toute attaque contre la population civile.  Aujourd’hui, en tant que communauté internationale, en tant qu’êtres humains, nous avons la responsabilité de protéger la population civile touchée par ce conflit à la suite d’un acte d’agression, a souligné le représentant qui a ensuite demandé le règlement pacifique immédiat du conflit entre la Fédération de Russie et l’Ukraine par le dialogue politique, les négociations et la médiation. 

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a dénoncé les agissements de la Fédération de Russie en Ukraine, qui témoignent d’un mépris total du multilatéralisme et de l’ordonnance de la CIJ.  En Ukraine, a-t-il affirmé, nous voyons la preuve la plus éclatante possible de l’axiome selon lequel « quand la guerre commence, les crimes de guerre suivent ».  Cette agression doit donc rester au premier plan de nos discussions maintenant que nous en examinons les conséquences et la responsabilité pénale individuelle des responsables.  La réponse à l’agression contre l’Ukraine a été sans précédent, s’est félicité le représentant, parlant du « front uni » formé par les gouvernements et le secteur privé pour défendre les fondements de l’ordre de l’après-guerre.  La résolution du 2 mars a contribué à cet élan, résonnant de manière puissante dans le monde entier.  L’Assemblée générale a en effet prouvé sa capacité d’agir de manière décisive lorsque la Charte des Nations Unies est menacée.  Pour le délégué, la crise actuelle peut être un moment décisif pour l’Assemblée et sa capacité de faire preuve du leadership nécessaire dans d’autres situations de conflit.  Nous devons montrer la même détermination et le même investissement politique face aux autres situations d’urgence.  Nous devons faire mieux que ce que nous avions fait par le passé, a ajouté M. Wenaweser, en apportant son soutien à la résolution présentée par l’Ukraine. 

M. BOŠTJAN MALOVRH (Slovénie) a exhorté la communauté internationale à faire preuve d’unité et à mobiliser tous les efforts pour stopper l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine qui a créé une crise humanitaire sans précédent.  La crise des réfugiés qui va croissante exige notre solidarité immédiate, un véritable couloir de transit libre permettant des évacuations sûres et garanties vers les pays voisins, a estimé le représentant pour qui les frontières doivent être ouvertes pour tous ceux qui fuient la guerre.  Des millions de personnes dans le monde risquent en outre de se trouver dans l’insécurité humanitaire, s’est encore inquiété le représentant qui a appelé à voter en faveur du projet de résolution qui, a-t-il ajouté, reflète de manière adéquate la situation sur le terrain. 

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur) a évoqué le cas de Diego, jeune équatorien de 20 ans revenu hier sans son pays, comme près de 700 autres Équatoriens que le Gouvernement a réussi à évacuer par trois vols humanitaires. C’est au nom de tous les étudiants étrangers évacués ou pas, du peuple d’Ukraine et de la nécessité de doter la communauté internationale d’un outil de plus, que l’Équateur, a expliqué le représentant, rejoint les partisans de la résolution présentée par l’Ukraine.  Tout n’est pas perdu.  Nous pouvons et nous devons obtenir la cessation immédiate des hostilités, a-t-il conclu. 

Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a indiqué que « pendant que nous parlons, les villes ukrainiennes sont transformées en champs de bataille ».  Nous sommes l’espoir des Ukrainiens et devons réitérer nos appels à la cessation des hostilités, a déclaré la déléguée, en dénonçant l’agression de la Russie.  Elle s’est dite favorable à tous les mécanismes de protection des civils et des biens civils, avant de dénoncer l’emploi d’armes à sous-minutions en Ukraine.  Enfin, elle a insisté sur les risques d’aggravation de la sécurité alimentaire mondiale en raison de la situation en Ukraine. 

M. IVAN ŠIMONOVIĆ (Croatie) a indiqué qu’il y a 30 ans, la ville croate de Vukovar ressemblait à Marioupol aujourd’hui.  Ses « cicatrices » nous rappellent l’importance d’empêcher que les tragédies se reproduisent.  Il s’est alarmé du sort des civils en Ukraine, pris pour cible dans les maternités et les maisons de retraite, et qui n’ont nulle part où se cacher.  Il a salué l’accent que place le projet de résolution sur l’action, insistant sur la responsabilité collective de protéger la population ukrainienne.  Prendre délibérément pour cible des civils est un crime de guerre, a rappelé le représentant qui a appelé à appuyer les efforts de reddition de compte pour les crimes commis en Ukraine.  De même, il a salué l’ordre donné par la Cour internationale de Justice à la Fédération de Russie de suspendre immédiatement son opération militaire et l’a exhorté à s'y conformer. 

M. MITCHELL FIFIELD (Australie) a déclaré que la seule raison pour laquelle l’Ukraine est affligée d’une catastrophe humanitaire, « c’est la Russie », dont il a dénoncé l’agression, avant de demander le retrait de ses troupes.  Le représentant a aussi demandé à l’Assemblée générale d’adopter le projet de résolution à une majorité écrasante, avant d’annoncer que son gouvernement a l’intention de verser, par divers canaux, une aide humanitaire d’un montant de 65 millions de dollars en faveur de l’Ukraine. 

Mme CAROLYN SCHWALGER (Nouvelle-Zélande) a estimé que l’ampleur de la crise exige une réponse forte et efficace de l’Assemblée générale.  En tant que complice de la Fédération de Russie, le Bélarus partage la responsabilité de la crise humanitaire, a-t-elle martelé, avant de rappeler la première contribution de 6 millions de dollars néo-zélandais que son pays a faite à la réponse humanitaire en Ukraine.  Nous entendons faire plus, a-t-elle promis, craignant que les agissements de la Fédération de Russie ne poussent le système humanitaire international dans ses limites.  Elle a aussi prévenu que la hausse des prix des denrées alimentaires, du carburant et des engrais ne peut qu’aggraver des situations déjà vulnérables. 

« Les mots me manquent pour décrire la situation en Ukraine », a dit M. JAKUB KULHÁNEK (Tchéquie), en dénonçant la guerre brutale menée par la Russie qui veut terroriser les civils en Ukraine.  Il a évoqué les souffrances sans nom endurées par la population à Marioupol, qui est prise au piège.  Il a souligné que la Russie est tenue par le droit international de protéger les personnes et biens civils mais aussi les travailleurs humanitaires.  Insistant sur l’ouverture des couloirs humanitaires, il a réclamé une réponse plus robuste à la situation humanitaire en Ukraine et à l’afflux des réfugiés dans les pays voisins.  Mon pays est fier d’avoir accueilli des réfugiés et se tient aux côtés de l’Ukraine, a-t-il conclu, en appelant la Russie à se retirer du territoire ukrainien. 

M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a décrié l’exploitation et la politisation des droits humains, pointant les États qui, a-t-il affirmé, mélangent la crise humanitaire en Ukraine et leur position politique hostile à la Russie.  Il a estimé que le projet franco-mexicain cherche à promouvoir une vision unidimensionnelle du conflit, pour ensuite saluer le texte de l’Afrique du Sud qui met uniquement l’accent sur la situation humanitaire, appelant les délégations à y apporter leur soutien.  Il a rejeté la politisation des questions humanitaires, insistant sur l’importance de la neutralité et de la non-discrimination.  Lors de son opération militaire spéciale, la Russie a fourni une aide à tous les civils utilisés comme boucliers humains et leur a garanti un passage sûr, sans discrimination aucune, a affirmé le représentant syrien.  Il a par ailleurs appelé à traiter sur un pied d’égalité toutes les personnes qui fuient l’Ukraine et assurer le retour des ressortissants étrangers vers leur pays d’origine. 

M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a souligné la validité de la résolution du 2 mars qui a, a-t-il estimé, même gagné en pertinence, compte tenu de l’évolution de la situation humanitaire extrêmement préoccupante en Ukraine.  Il s’est dit attristé par le nombre croissant de victimes et de personnes déplacées, souhaitant que le projet de texte qui sera mis aux voix au cours de cette séance soit adopté par une large majorité. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a cité le Secrétaire général de l’ONU qui disait hier que beaucoup d’autres pays paient le lourd tribut d’un conflit qui a provoqué une crise alimentaire, énergétique et économique mondiale, s’ajoutant aux impacts de la pandémie de COVID-19.  La guerre du Président Vladimir Putin contre le peuple ukrainien est la seule cause de cette catastrophe.  Pour soutenir le Gouvernement et le peuple de l’Ukraine ainsi que des pays voisins, le Royaume-Uni, a indiqué le représentant, a versé plus de 400 millions de livres sterling.  Il a souligné que le peuple ukrainien attend beaucoup des Nations Unies dont l’aide humanitaire, la fin de la guerre et la défense des principes de la Chartre des Nations Unies.  Nous devons, a-t-il estimé, envoyer un seul et même message: nous pouvons aider le peuple de l’Ukraine, nous pouvons condamner l’invasion et nous pouvons renforcer les principes fondateurs des Nations Unies.  Nous devons soutenir, a conclu la représentante, une résolution soutenue par 86 coauteurs et paraphrasant une nouvelle fois le Secrétaire général, elle s’est demandée combien d’autres Marioupol il faudra détruire.  Poursuivre la guerre en Ukraine est moralement inacceptable, politiquement indéfendable et militairement insensé.  Il est temps de mettre un terme à cette guerre absurde. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a appelé la Fédération de Russie à mettre un terme à l’agression de l’Ukraine qui tue depuis un mois des civils, dont des enfants, des personnels médicaux et des journalistes.  Les villes de Kiev, Marioupol et de Mikolayiv, comme tant d’autres, sont assiégées, bombardées sans relâche par l’armée russe.  C’est un massacre et le pire est encore devant nous, a-t-il mis en garde.  Dix millions d’Ukrainiens ont été contraints de fuir, dont plus de 3,5 millions sont désormais réfugiés dans des pays voisins, a rappelé la déléguée qui a salué la solidarité dont l’Union européenne et les États européens font preuve pour acheminer des biens de première nécessité et accueillir les réfugiés.  Le représentant a indiqué que le monde entier est affecté par cette guerre qui contribue à accroître le risque d’insécurité alimentaire et de famine dans le monde, lequel touchera d’abord les pays en voie de développement.  C’est pourquoi, a-t-il dit, la France propose de renforcer la coordination internationale pour assurer les approvisionnements et bâtir la résilience. 

M. de Rivière a rappelé que pendant trois semaines, son pays et le Mexique ont mené des discussions « de bonne foi » sur un projet de résolution au Conseil de sécurité pour appeler à une cessation des hostilités et au respect du droit international humanitaire.  La situation humanitaire n’a fait qu’empirer depuis lors et de nombreux États nous ont fait part de leur volonté de participer à ces efforts.  C’est pourquoi, nous avons transféré notre initiative à l’Assemblée générale, a-t-il expliqué, avançant que le projet de résolution introduit par l’Ukraine est le fruit d’un processus inclusif qui reflète un équilibre tenant compte des propositions des pays de toutes les régions.  Soutenir le projet de la France, du Mexique et de tant d’autres pays, c’est soutenir la protection des plus faibles, la solidarité entre les peuples, la voie de la paix, a-t-il conclu. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a rendu hommage à « son amie », l’ancienne Secrétaire d’État Madeleine Albright, qui vient de décéder.  Elle a ensuite dénoncé les attaques et les violences insensées que le monde voit depuis un mois en Ukraine.  Marioupol et Kharkov, dévastées, resteront les symboles de la brutalité russe, aux côtés de Grozny et d’Alep, a tranché la représentante, avant de réitérer ses soupçons sur l’intention de la Russie d’utiliser des armes chimiques et biologiques.  Elle a déploré les vies russes sacrifiées «  sur l’autel de l’ego du Président Putin » et a appelé le monde à se lever contre cette violence.  La représentante a fermement appuyé la résolution présentée par l’Ukraine.  Ce jour est un jour important pour se lever contre la violence inimaginable qui a provoqué une grave crise humanitaire.  Nous avons une résolution qui est une réponse à cette catastrophe humanitaire, un texte négocié par un groupe interrégional d’États et qui est déjà coparrainé par près de 90 coauteurs. 

Un vote d’abstention face aux atrocités russes serait tout simplement « inacceptable », a prévenu la représentante.  La Russie doit être comptable de ses actes, dont la crise humanitaire qu’elle a créée.  Voter pour, c’est voter pour la fin de la guerre, le respect et la protection du personnel humanitaire et médical et un accès humanitaire sans entrave.  C’est voter pour un départ sécurisé de ceux qui fuient la violence dont ceux qui travaillent, vivent ou étudient en Ukraine. 

Voter pour, c’est envoyer un message sur l’appui au travail héroïque du personnel humanitaire et à l’Appel éclair des Nations Unies.  Voter pour, c’est montrer que l’impact du conflit se répercute dans le monde entier et c’est choisir d’appuyer le droit international humanitaire, les droits de l’homme et les principes de souveraineté, d’intégrité territoriale et de non-recours à la force, consacrés par la Charte.  Vous devez, a conclu la représentante, avoir le courage de dire la vérité face à une catastrophe humanitaire créée de la main de l’homme.  Tous les pays qui veulent faire un effort sérieux pour traiter de l’urgence humanitaire en Ukraine doivent être clairs sur l’origine de l’urgence.  Faire moins, c’est permettre à l’agresseur de se cacher derrière un libellé vague et de prétendre qu’il essaye de régler la situation.  C’est la Russie qui est à blâmer pour avoir commencé la guerre et le monde la tiendra pour responsable de ce qu’elle fait aux Ukrainiens, a prévenu la représentante. 

M. HYUN CHO (République de Corée) s’est dit gravement préoccupé par la situation humanitaire en Ukraine et dans les pays voisins, causée par l’agression de la Russie contre l’Ukraine.  Au plus fort du conflit, le besoin d’un accès humanitaire sans entrave est particulièrement crucial, a souligné le représentant qui a indiqué que la République de Corée a contribué à hauteur de 10 millions de dollars à l’aide humanitaire, répondant à l’appel lancé par l’ONU.  La souffrance des enfants ukrainiens aujourd’hui est similaire à celle des enfants coréens pendant la guerre de Corée au début des années 1950, a ensuite observé le délégué.  Il est donc de la responsabilité la plus urgente et la plus collective de cette Organisation de mettre fin à cette réplique obsédante des agonies des enfants du XXe siècle.  C’est pourquoi nous nous sommes portés coauteurs de ce projet de résolution sur les conséquences humanitaires de l’agression contre l’Ukraine, a indiqué le délégué. 

« Un cauchemar éveillé », s’est exclamée Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse), en paraphrasant le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) sur la situation humanitaire en Ukraine.  Aujourd’hui, a-t-elle dit, cette Assemblée fait face à un choix clair: celui de l’unité face à des violations graves du droit international.  Nous sommes un pays neutre mais notre neutralité ne nous oblige pas de rester silencieux face à ces violations.  Il nous appartient de nous engager en faveur du respect de la Charte, a martelé la représentante, avant de condamner avec la plus grande fermeté l’agression militaire de la Russie et d’appeler à la cessation immédiate de toutes les hostilités et au retrait des troupes russes. 

Nous avons, a poursuivi la représentante, accueilli un grand nombre de réfugiés et dépêché plus de 500 tonnes d’aide en Ukraine.  Nous venons de débloquer 80 millions de francs additionnels pour notre programme humanitaire en Ukraine et dans la région.  La représentante a voulu que les pauses et les couloirs humanitaires soient bien planifiés, sécurisés de manière coordonnée et soumis à un accord entre les parties et à un plan d’application détaillés.  Elle a prévenu que l’emploi d’armes nucléaires, chimiques et biologiques aurait de graves conséquences humanitaires et constituerait un crime de guerre.  Elle a conclu en exprimant son soutien à la résolution présentée par l’Ukraine, insistant sur l’urgence d’une solution. 

M. YASHAR T. ALIYEV (Azerbaïdjan) a d’emblée rendu hommage à l’ancienne Secrétaire d’État Madeleine Albright, avant d’insister sur le respect du droit international humanitaire en Ukraine.  Tous ceux qui ont besoin d’aide doivent en bénéficier, sans discrimination aucune, a insisté le représentant, soulignant que son pays a déjà débloqué environ 9 millions de dollars.  Il a conclu en plaidant pour un règlement pacifique du conflit par le dialogue. 

M. OMAR CASTAÑEDA SOLARES (Guatemala) a déclaré que sa délégation n’avait pas hésité à se porter coauteur du projet de résolution A/ES-11/L.2 coparrainé par plus de 70 États Membres sur les conséquences humanitaires de l’agression contre l’Ukraine.  « Il est temps de mettre fin à ce conflit insensé », a-t-il indiqué.  Le représentant a demandé que la diplomatie soit privilégiée afin d’éviter une escalade du conflit qui, a-t-il mis en garde, pourrait avoir des conséquences encore plus graves au niveau international.  Il a réitéré l’importance de rechercher une solution pacifique à cette crise, dans le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale, du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme. 

Après avoir rendu hommage à la mémoire de Madeleine Albright, M. JULIO CESAR ARRIOLA RAMIREZ (Paraguay) s’est alarmé de l’aggravation de la situation humanitaire en Ukraine. Malgré les efforts multiples et intenses, et les appels récurrents à la cessation des hostilités, nous continuons d’assister à la souffrance de millions de personnes, s’est-il inquiété.  Il a appelé l’Assemblée générale à assurer un accès sûr et sans entrave du personnel humanitaire et du personnel de santé, exigeant en outre la protection des installations médicales et sanitaires et des infrastructures civiles.  Il a également réitéré son adhésion à l’appel sans équivoque à une cessation immédiate des hostilités, et plaidé pour une intensification des efforts diplomatiques et du dialogue de bonne foi entre les parties.  Il a ensuite fait part de son appui au projet de résolution L.2. 

M. MICHAL MLYNAR (Slovaquie) a dit craindre que le bilan humain de la guerre en Ukraine s’avère plus élevé que les chiffres connus, se disant indigné par le fait que 2,9 millions d’enfants aient besoin d’une aide humanitaire.  Il a dénoncé les attaques perpétrées par les forces russes contre les infrastructures civiles, en violation flagrante du droit international humanitaire.  Le responsable de cette situation est bien connu, c’est la Fédération de Russie, a insisté le représentant, qui a plaidé pour un règlement pacifique du conflit.  Il a annoncé en conclusion son vote en faveur de la résolution présentée par l’Ukraine. 

Mme MARIA THEOFILI (Grèce) a rappelé que la communauté hellénique contribue depuis longtemps à l’épanouissement des villes d’Ukraine dont Odessa.  Malheureusement, les membres de cette communauté comme toutes les autres subissent les atrocités de la guerre.  La représentante a salué le courage des Consuls grecs à Odessa et à Marioupol qui ont aidé à l’évacuation des citoyens et de la diaspora grecs.  La Grèce, a-t-elle dit, a fourni une première aide humanitaire et appuyé toute l’aide qu’ont reçue les pays voisins de l’Ukraine.  Pour la représentante, la première mesure du retour à la normale sera de reconstruire la maternité et l’hôpital de Marioupol car la normalisation est la condition du retour de la diaspora grecque dans une région où elle est installée depuis des siècles.  Elle a appelé l’Assemblée générale à l’unité dans ses efforts pour renforcer les opération humanitaires. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a dit soutenir les efforts humanitaires en Ukraine, sans discrimination aucune, y compris vis-à-vis des étudiants africains qui essaient de fuir la guerre.  L’action humanitaire, a-t-il martelé, ne doit faire l’objet d’aucune appropriation à des fins politiques, stratégiques ou tactiques.  Elle ne doit pas s’aligner sur des desseins inavoués et faire l’objet d’une récupération politique.  Elle ne doit, a insisté le représentant, être ni cynique ni trompeuse, ni hypocrite ni aliénée.  Instrumentaliser l’action humanitaire, c’est infliger une double peine aux meurtris et aux martyrs de la guerre.  Le représentant a souligné que son pays s’abstient de tout alignement intéressé et préfère « rester à quai tant que les eaux paraîtront troubles ».  Il a rendu hommage aux vaillants hommes et femmes qui, au péril de leur vie, s’activent sans relâche à Marioupol, comme dans différentes autres lignes de fronts et villes dévastées, pour donner une lueur d’espoir aux populations. 

Au nom du Conseil de coopération des États arabes du Golfe, M. MOHAMMED ABDULAZIZ H. ALATEEK (Arabie saoudite)a déploré la détérioration de la situation en Ukraine et souligné le caractère « sacré » de l’intégrité territoriale des États.  Il a appelé au dialogue pour trouver un règlement à la crise et exhorté les parties à revenir à la table des négociations.  Nous avons, a-t-il souligné, de bonnes relations avec toutes les parties.  Il a rendu hommage aux pays qui ont accueilli des réfugiés et insisté sur la nécessité d’épargner les personnes et les infrastructures civiles, avant de réitérer son appel au dialogue

Mme AMATLAIN ELIZABETH KABUA (Îles Marshall) a rendu hommage à l’ancienne Secrétaire d’État américaine Madeleine Albright, qui vient de décéder.  Elle a déploré la détérioration de la situation en Ukraine et exhorté l’Assemblée à ne pas faire montre de faiblesse.  Nous devons parler d’une seule voix, a-t-elle dit, en dénonçant le fait que la récente décision de la CIJ soit restée lettre morte.  Elle a exhorté la Russie à cesser ses attaques contre les civils et les infrastructures civiles et exhorté les États Membres à voter pour la résolution présentée par l’Ukraine. 

Mme ZSUZSANNA HORVÁTH (Hongrie) s’est inquiétée de la détérioration rapide de la situation en Ukraine et a appelé à accorder un soutien massif aux efforts visant à mettre un terme au conflit.  Elle a dénoncé les attaques contre les civils et les infrastructures civiles, s’alarmant en outre du nombre important de déplacés et de réfugiés.  Chaque minute, 55 enfants ukrainiens deviennent réfugiés, a-t-elle relevé. 

Elle a ensuite indiqué que les frontières de la Hongrie sont ouvertes et que le pays a d’ores et déjà accueilli 630 000 réfugiés, sans aucune discrimination. En outre, 12,5 millions de dollars ont été alloués aux organisations caritatives en Hongrie, des centaines de milliers de litre de carburant ont été mobilisés, sans compter les produits alimentaires, les articles d’hygiènes et les fournitures médicales.  Des capacités logistiques ont également été mises sur pied à proximité de la frontière entre la Hongrie et l’Ukraine. 

M. MULALAP (États fédérés de Micronésie) a jugé que le désespoir causé par l’invasion du territoire souverain de l’Ukraine par la Russie est « illégal ».  La nature indiscriminée de ses attaques militaires contre les civils et les infrastructures civiles nous a tous choqués, a-t-il dénoncé, plus de 10 millions de personnes ayant été déplacées et plus de trois millions ayant fui le pays pour se mettre en sécurité.  Il a souligné que les corridors humanitaires sont essentiels pour permettre à l’aide d’atteindre ceux qui en ont le plus besoin, pour ensuite exhorter la communauté internationale à se rallier au projet de résolution de la France et du Mexique sur les « Conséquences humanitaires de l’agression contre l’Ukraine ». 

« Le monde doit agir », a martelé M. CARLOS AMORÍN (Uruguay), en dénonçant l’agression russe.  Les parties doivent respecter le droit international humanitaire, notamment les principes de distinction et de proportionnalité.  Il a souligné la nécessité de préserver les infrastructures civiles et de protéger les travailleurs humanitaires.  Il a indiqué qu’une solution durable passe par une cessation de l’agression armée russe, avant d’espérer que les parties retourneront à la table des négociations. 

Après avoir adressé ses condoléances à la délégation américaine suite au décès de Madeleine Albright, M. GUILLERMO ROQUE FERNANDEZ DE SOTO VALDERRAMA (Colombie) a dénoncé l’inhumanité de l’agresseur russe en Ukraine, notamment à Marioupol où un théâtre où de nombreux enfants avaient trouvé refuge a été pris pour cible.  Même les affrontements les plus cruels doivent préserver un minimum d’humanité, a-t-il souligné.  Il a exhorté la Russie à mettre un terme dans les plus brefs délais à son agression et à assurer l’accès sans entrave à l’aide humanitaire.  Il s’est ensuite dit convaincu que le projet de résolution L.2 jouira de la plus grande majorité des États Membres.  Évoquant le conflit récent en Colombie qui a par ailleurs accueilli de nombreux réfugiés vénézuéliens, il a appelé à une désescalade du conflit et à préserver la population des souffrances.  On ne peut pas confondre combattant et civil, a-t-il souligné. 

M.  KARLITO NUNES (Timor-Leste) s’est dit profondément préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire en Ukraine et dans les environs.  Il a appelé les parties au conflit à régler leur différend par des moyens pacifiques et à mettre fin à ce conflit, avant d’annoncer que son pays votera en faveur du projet de résolution qui sera mis aux voix.  Le représentant a par ailleurs indiqué que le Timor-Leste avait contribué à hauteur de 1,5  million de dollars au Programme alimentaire mondial (PAM) pour venir en aide au peuple ukrainien. 

M.  JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a déclaré que la situation humanitaire dramatique en Ukraine, conséquence de l’invasion par la Fédération de Russie, continuera malheureusement de se détériorer de manière exponentielle tant qu’il n’y aura pas de cessation des hostilités.  Cette question, a-t-il dit, doit être prioritaire dans toute résolution humanitaire et c’est la raison pour laquelle, la France et le Mexique ont décidé de présenter un projet de résolution « purement humanitaire » au Conseil de sécurité.  Après deux semaines de consultations ouvertes, il est apparu très clairement que les conditions n’étaient pas réunies pour parvenir à un accord et le texte a été envoyé à l’Assemblée générale où les États Membres ont répondu à l’appel, comme en témoignent les 88 coauteurs de la résolution présentée par l’Ukraine. 

Les répercussions de cette guerre, a prévenu le représentant, seront mondiales et se feront ressentir plus clairement jour après jour mais aussi à plus long terme.  Notre réponse, a-t-il encouragé, doit être à la hauteur.  L’assistance humanitaire ne peut être l’otage des considérations politiques.  La résolution présentée par l’Ukraine est le fruit d’efforts collectifs et reprend les points de vue de pays appartenant aux cinq groupes régionaux des Nations Unies.  Cette initiative est le minimum de ce que mérite le peuple ukrainien. 

M.  DONAL KENNEALLY (Irlande) a constaté que la Fédération de Russie n’a pas respecté la volonté de l’Assemblée générale telle que traduite dans la résolution du 2  mars dernier.  L’invasion de l’Ukraine perdure, déclenchant une crise humanitaire massive.  Pendant ce temps-là, le Conseil de sécurité paralysé par un droit de veto anachronique, dont l’agresseur est doté, reste bloqué et incapable d’agir.  Le représentant a demandé à la communauté internationale de faire tout son possible pour répondre à la crise humanitaire mondiale que cette guerre provoque.  Il a appelé la Fédération de Russie à cesser d’attaquer les civils et les infrastructures civiles en Ukraine et de permettre aux civils de partir en toute sécurité.  Le bien-être de tous les civils qui décident de rester et celui des travailleurs humanitaires et médicaux, doivent également être assurés.  Le représentant a appelé l’Assemblée générale à l’unité.  Elle doit parler d’une seule voix, en votant en faveur de la résolution présentée par l’Ukraine. 

Mme  ANTJE LEENDERTSE (Allemagne) a rendu hommage à l’ancienne Secrétaire d’État des États-Unis, Madeleine Albright, qui vient de décéder.  Elle a évoqué la catastrophe qui se déroule en Ukraine et qui va marquer à vie des générations entières.  Elle a regretté que la Russie poursuive ses attaques, sans égard pour la population ukrainienne, et en violation du droit international.  La déléguée a détaillé les grandes lignes de la résolution présentée par l’Ukraine et indiqué que son pays continuera d’accueillir ceux qui fuient cette guerre.  L’Allemagne continuera d’œuvrer à un accès humanitaire, convaincue qu’il faut s’unir et obtenir de la Russie la cessation des hostilités, a conclu la déléguée. 

M. FRANCISCO DUARTE LOPES (Portugal) a déclaré que la détérioration de la situation humanitaire dans et aux alentours de l’Ukraine est alarmante, évoquant notamment l’augmentation du nombre de déplacés et de réfugiés et appelant à la solidarité internationale pour apporter une aide à tous ceux qui sont touchés.  Le Portugal, a-t-il ajouté, a déjà accueilli plus de 20 000 réfugiés d’Ukraine qui bénéficient d’un accès automatique aux soins de santé et à la sécurité sociale dans le cadre d’un système de protection temporaire.  Le représentant a estimé que la présentation du texte sur les « Conséquences humanitaires de l’agression contre l’Ukraine » est entièrement justifiée au vu la situation de plus en plus désastreuse sur le terrain.  Il a ensuite appelé à la cessation immédiate des hostilités et à la résolution pacifique du conflit. 

Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a relevé que des ressortissants de nombreux pays sont affectés par le conflit en Ukraine.  Nous demandons aujourd’hui, a-t-elle dit, un traitement équitable pour tous ceux qui veulent quitter les zones de conflit.  Elle a rappelé que sa délégation a présenté une résolution sur la situation humanitaire en Ukraine, forte de la conviction que l’Assemblée générale doit adopter un texte « spécifiquement » consacré aux souffrances des civils et sur la protection des infrastructures indispensables à leur survie.  Notre texte, a-t-elle expliqué, porte exclusivement sur la question humanitaire pour préserver le consensus car les questions politiques et stratégiques ne sauraient y être mêlées, a martelé la représentante, en remerciant les pays qui ont accepté de le parrainer. 

M. HOANG GIANG DANG (Viet Nam) qui a appelé à la retenue, a réclamé la fin de la violence et des opérations militaires.  Il a annoncé que son pays contribuera aux efforts humanitaires dans les limites de ses capacités, arguant que le chemin vers la paix doit passer par un dialogue entre les parties, conformément au droit international et à la Charte des Nations Unies et en tenant compte des préoccupations « légitimes » de toutes les parties.  Il les a exhortées à respecter leurs obligations humanitaires, y compris à l’égard des ressortissants étrangers. 

M. GHEORGHE LEUCA (Moldova) a déclaré que les hostilités en Ukraine menacent l’architecture internationale des règles et des normes que nous avons construites et consolidées depuis plus de 75 ans et causent de nouveaux dégâts collatéraux à la communauté internationale dans son ensemble.  Le représentant a reconnu que son pays n’a jamais connu une telle crise et a indiqué que toutes les autorités nationales concernées travaillent avec acharnement pour faire face à cette situation d’urgence sans précédent.  Dans le même temps, le Gouvernement, le secteur privé et le citoyen ordinaire ont uni leurs efforts d’une manière exceptionnelle pour aider les réfugiés.  Nous voterons pour le texte présenté par l’Ukraine, a annoncé le représentant. 

Après avoir rendu hommage à l’ancienne Secrétaire d’État des États-Unis, Madeleine Albright, qui vient de décéder, Mme MARIA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a évoqué « la douleur lancinante que des générations entières porteront dans leurs âmes » en raison de la guerre en Ukraine.  Elle a prôné la désescalade et exhorté les parties à revenir à la table des négociations.  Un cessez-le-feu immédiat est nécessaire, a-t-elle insisté.  Elle a condamné l’invasion de l’Ukraine par la Russie et réclamé la fin des opérations militaires russes.  En Ukraine, c’est notre prochain qui nous demande de l’aide, a déclaré la déléguée, en demandant le respect du droit international humanitaire.  Enfin, elle a précisé que son pays a ouvert ses frontières à tous les Ukrainiens, en leur octroyant, sans conditions, des visas d’urgence.  « La vie doit l’emporter. » 

M. JOSÉ MANUEL RODRIGUEZ CUADROS (Pérou) a constaté que l’intervention armée en Ukraine empire et que la population civile continue de subir les ravages de la violence.  Il a appelé les parties au conflit à s’accorder sur un cessez-le-feu et à participer aux négociations diplomatiques pour mettre un terme au conflit.  Le représentant s’est également opposé à toute politisation de la protection de la population. Il a souligné que les attaques perpétrées avec de nouvelles technologies et des moyens cybernétiques doivent respecter le droit international humanitaire, exhortant en outre à s’abstenir de commettre des attaques contre la population civile et les infrastructures civiles.  Une solution négociée, qui tient compte des intérêts de toutes les parties, conformément aux normes du droit international et à la Charte des Nations Unies, est le seul moyen de rétablir la paix et de mettre fin aux souffrances des populations, a-t-il souligné. 

M.  TEBURORO TITO (Kiribati) a estimé que la meilleure façon de résoudre la crise humanitaire grandissante en Ukraine est de voter en faveur du projet de résolution, avant de demander à tous les États Membres de jouer leur rôle, de quelque manière que ce soit, « matériellement et spirituellement », pour rétablir la paix en Ukraine, en Russie et dans le reste du monde. 

M. ION JINGA (Roumanie) a d’emblée condamné l’agression russe contre l’Ukraine, y compris l’implication du Bélarus.  Il a demandé à la Russie de cesser immédiatement le recours à la force et de retirer ses forces militaires de l’Ukraine.  La Fédération de Russie et le Bélarus, a-t-il dit, doivent être tenus responsables de leurs actes contre un État souverain.  Plaidant pour l’intensification de l’aide humanitaire, il a jugé urgente l’adoption de la résolution présentée par l’Ukraine.  Toute tentative d’introduire un libellé justifiant l’agression et l’invasion est tout simplement inacceptable, a averti le représentant qui a aussi prévenu que la menace de recourir à l’arme nucléaire est inadmissible.  Il n’a pas manqué de rappeler, en conclusion, que son pays a accueilli des réfugiés ukrainiens. 

M. PAHALA RALLAGE SANATHANA SUGEESHWARA GUNARATNA (Sri Lanka) a exhorté les parties au conflit à cesser toutes les hostilités et revenir à la table des négociations.  Il faut que le monde puisse vivre en paix, c’est notre droit en tant que membres de la famille humaine, a dit le délégué, ajoutant que nos nations ne sauraient être utilisées comme échiquier de la politique internationale.  Il a affirmé que les événements qui se déroulent en Ukraine auraient pu être évités quand leurs causes sous-jacentes ont commencé à apparaître.  Il a invité la communauté internationale à avouer cette omission et à faire son mea culpa, son mea maxima culpa.  Le Gouvernement sri-lankais, a-t-il indiqué, a pris des mesures immédiates pour assurer le bien-être des visiteurs ukrainiens et russes actuellement bloqués sur son sol.  À cet égard, le Conseil des Ministres a, le 28 dernier, accordé à 3 993 Ukrainiens et à 11 463 touristes russes l’autorisation de prolonger leur visa de deux mois, sans aucun frais. 

M. ANDREAS HADJICHRYSANTHOU (Chypre) a appelé à la cessation immédiate des hostilités et à assurer un accès sans entraves à l’aide humanitaire ainsi que le passage sûr des civils.  Il a condamné les attaques indiscriminées contre les civils et les infrastructures civiles ainsi que l’usage d’engins explosifs dans des zones peuplées.  Les images apocalyptiques de Marioupol sont tout simplement accablantes, a-t-il dit.  Le représentant a ensuite indiqué que Chypre avait envoyé sa plus importante cargaison d’aide humanitaire à l’Ukraine et accueilli plus de 6 000 réfugiés ukrainiens.  Dénonçant une guerre insensée et ses terribles conséquences humanitaires, il a appelé les États Membres à appuyer le projet de résolution intitulé « Conséquences humanitaires de l’agression contre l’Ukraine ». 

Mme ELISENDA VIVES BALMAÑA (Andorre) s’est dit préoccupée par la détérioration de la situation humanitaire en Ukraine, la plus grave crise en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.  Elle a appelé au respect du droit international humanitaire et rappelé l’interdiction de prendre les hôpitaux et écoles pour cible.  La déléguée a annoncé qu’elle votera en faveur de la résolution présentée par l’Ukraine et a réclamé la mise en œuvre de la récente décision de la CIJ.  Nous voulons un cessez-le-feu immédiat, a-t-elle martelé. 

M. BRIAN CHRISTOPHER MANLEY WALLACE (Jamaïque) a dit que son pays parraine le texte présenté par l’Ukraine, estimant que les conséquences humanitaires de l’invasion russe ne cesseront qu’avec la cessation des hostilités.  Il a relevé que l’ordre mondial fondé sur le droit est désormais sapé et que la communauté internationale doit se lever pour le retour de la diplomatie.  Le représentant a exhorté la communauté internationale à obtenir des parties la reprise des pourparlers. 

M. DARREN CAMILLERI (Malte) a dénoncé l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, qui a provoqué une catastrophe humanitaire dans tout le pays, notamment à Marioupol, où les infrastructures civiles ont été prises pour cible.  Il a réitéré la nécessité de mettre en place des couloirs humanitaires, avant d’exhorter tous les États Membres à voter en faveur de la résolution présentée par l’Ukraine. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité réaffirme le rôle important de la Ligue des États arabes et des jeunes dans la prévention et le règlement des conflits de la région

9001e séance, matin
CS/14837

Le Conseil de sécurité réaffirme le rôle important de la Ligue des États arabes et des jeunes dans la prévention et le règlement des conflits de la région

Le Conseil de sécurité, dans une déclaration présidentielle adoptée ce matin à l’initiative des Émirats arabes unis, pays qui préside l’organe ce mois-ci, a souligné qu’il « importe de concevoir des politiques pour la jeunesse qui viennent renforcer les activités de consolidation de la paix dans la région arabe ».  Le Conseil a en effet réaffirmé le rôle important des jeunes dans la prévention et le règlement des conflits dans cette région, à l’issue d’une séance consacrée à la coopération entre l’ONU et la Ligue des États arabes. 

Lors de cette réunion présidée par le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale des Émirats arabes unis, M. Khalifa Shaheen, en présence notamment du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, et du Secrétaire général de la Ligue des États arabes, M. Ahmed Aboul Gheit, le Conseil a recommandé notamment d’appuyer les projets de développement de l’économie locale et d’offrir aux jeunes des perspectives d’emploi et de formation technique, en stimulant l’éducation, l’esprit d’entreprise et l’engagement politique constructif de la jeunesse. 

Tout en se félicitant de la solide coopération qui existe entre les Nations Unies et la Ligue des États arabes, le Conseil se déclare à nouveau disposé à envisager de nouvelles mesures pour une coopération et une coordination stratégique plus étroites entre les deux organisations.  Il indique attendre avec intérêt la quinzième réunion générale de coopération entre les deux organisations, qui se tiendra en juillet 2022 à Genève, avec pour objectif la mise au point d’un cadre biennal englobant des activités dans divers domaines, dont la paix et la sécurité.  Le Conseil réaffirme aussi que les femmes doivent participer pleinement et effectivement, sur un pied d’égalité, à la prévention et au règlement des conflits, soucieux de promouvoir l’émancipation économique des femmes et l’élimination de la pauvreté dans la région arabe. 

Une invitée à la séance, femme et jeune à la fois, qui s’exprimait « au nom des 100 millions de jeunes du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord », Mme Razan Farhan Alaqil, représentante de la société civile, a, elle aussi, exhorté les États Membres de l’ONU à promouvoir le rôle des jeunes dans les actions préventives, car « mes frères et sœurs ont aussi leur mot à dire en matière de développement durable, dont ils sont des acteurs de terrain ».

Au niveau des institutions, le Conseil a également souligné, dans la déclaration présidentielle, qu’il importe de renforcer la coordination et la coopération trilatérales entre les deux organisations et l’Union africaine concernant les questions de paix et de sécurité interrégionales, ce que M. Shaheen et l’Albanie, notamment, ont appelé de leurs vœux.  Près de la moitié de la population arabe vit en Afrique et cette réalité sociologique scelle la communauté de destin qui existe entre la Ligue et l’Union africaine, a rappelé le Gabon. 

Dans son intervention, M. Guterres a rappelé que le renforcement de la coopération de l’ONU avec les organisations régionales est une condition sine qua non du renforcement du multilatéralisme au niveau mondial.  Appelant à rester unis dans la réponse aux crises auxquelles sont confrontés les pays de la région arabe et le monde entier, le Secrétaire général a souligné l’urgence au moment où nous sommes confrontés aux conséquences profondes et mondiales de la guerre en Ukraine.  Le monde arabe, a-t-il fait remarquer, compte en grande partie sur les importations de blé de l’Ukraine et de la Russie.  Une inquiétude partagée par le Secrétaire général de la Ligue des États arabes, qui a dit craindre des conséquences économiques désastreuses sur les pays arabes qui risquent en outre de voir leurs propres crises passer au second plan.

Or, ces crises arabes, notamment les conflits en Syrie et au Yémen, « ne vont pas se résoudre d’elles-mêmes », a-t-il mis en garde.  Concernant la Palestine, il a déploré que la Puissance occupante continue de « manipuler les choses » et de « faire obstacle » aux négociations directes.  L’ordre international ne peut reposer sur un deux poids, deux mesures, selon M. Aboul Gheit, qui a demandé aux membres du Conseil d’appliquer les mêmes critères à tous.  Il est nécessaire de renouveler les efforts entre le Conseil de sécurité et la Ligue des États arabes pour soutenir la relance du processus de paix au Moyen-Orient en vue de parvenir à la solution des deux États, a suggéré M. Harsh Vardhan Shringla, Secrétaire d’État aux affaires étrangères de l’Inde.

Pour le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale des Émirats arabes unis, la séance d’aujourd’hui est d’autant plus importante qu’un grand nombre des questions inscrites à l’ordre du jour du Conseil de sécurité sont « des questions arabes ».  Estimant que la communauté internationale se contente de gérer ces crises plutôt que de les résoudre, il a constaté que cela conduit à maintenir plusieurs de ces questions à l’ordre du jour du Conseil depuis des décennies. 

Cette réunion a été l’occasion de partager des évaluations et des solutions efficaces aux conflits et aux crises auxquelles est confrontée la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.  Les membres du Conseil ont ainsi évoqué les situations en Syrie, au Yémen, en Libye, en Iraq, au Liban, au Soudan et en Somalie.  Plusieurs se sont en outre inquiétés des répercussions de la guerre en Ukraine, à l’instar des États-Unis qui se sont félicités du fait qu’une majorité des membres de la Ligue des États arabes aient voté en faveur de la résolution adoptée par l’Assemblée générale le 2 mars dernier.  La France, pour sa part, s’est inquiétée des menaces majeures qui traversent la région, citant le terrorisme du fait notamment de la résurgence de Daech.  La Fédération de Russie, a, quant à elle, tenu à rappeler le concept russe de « sécurité collective » dans la région du golfe Persique, une invitation au dialogue, dans lequel la Ligue peut jouer un rôle important.

COOPÉRATION ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET LES ORGANISATIONS RÉGIONALES ET SOUS-RÉGIONALES AUX FINS DU MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Ligue des États arabes (S/2022/240)

Déclaration de la Présidente du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité réaffirme qu’il a la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Le Conseil rappelle toutes ses résolutions antérieures et les déclarations de sa présidence sur la question.

Le Conseil se félicite des exposés présentés le 23 mars 2022 par le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, António Guterres, et le Secrétaire général de la Ligue des États arabes, Ahmed Aboul Gheit, et réaffirme que la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité, telle qu’elle est prévue au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, peut améliorer considérablement la sécurité collective.

Le Conseil considère que les organisations régionales sont bien placées pour appréhender les causes profondes des conflits armés du fait de leur connaissance de la région, qui peut être utile à la prévention ou au règlement de ces conflits.  Il souligne et encourage les mesures prises par la Ligue des États arabes et ses États membres pour contribuer aux efforts collectifs visant à régler pacifiquement les conflits dans la région arabe, tout en réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale des pays et aux buts et principes énoncés dans la Charte.  Il note que l’Organisation des Nations Unies et la Ligue des États arabes ont pour objectif commun de promouvoir et de faciliter le règlement des conflits dans la région arabe, conformément à la Charte et aux résolutions qu’il a adoptées sur la question, et exprime son soutien aux initiatives internationales et régionales menées dans ce but.

Le Conseil salue les efforts résolus qui sont déployés pour renforcer la coopération et la coordination stratégiques entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales qui peuvent jouer un rôle majeur dans la prévention des conflits et, à cet égard, encourage une prise en compte du fait qu’il faut continuer de renforcer les capacités de la Ligue des États arabes dans les domaines de la prévention des conflits, de la gestion des crises, de la stabilisation après les conflits et de la pérennisation de la paix, notamment grâce à un apport en personnel et à l’octroi d’une aide technique et financière, selon qu’il conviendra.

Le Conseil réaffirme que les jeunes apportent une contribution importante et constructive au maintien et à la promotion de la paix et de la sécurité et qu’ils jouent un rôle important dans la prévention et le règlement des conflits dans la région arabe.  Il souligne de plus qu’il importe de concevoir des politiques pour la jeunesse qui viennent renforcer les activités de consolidation de la paix dans la région arabe et notamment favoriser le développement économique et social, appuyer les projets de développement de l’économie locale et offrir aux jeunes des perspectives d’emploi et de formation technique, en stimulant l’éducation, l’esprit d’entreprise et l’engagement politique constructif de la jeunesse.

Le Conseil se félicite de la solide coopération entre l’Organisation des Nations Unies et la Ligue des États arabes et se déclare à nouveau disposé à envisager de nouvelles mesures pour promouvoir une coopération et une coordination stratégique plus étroites entre les deux organisations dans les domaines de l’alerte rapide en cas de conflit, de la prévention, du maintien de la paix, de la consolidation et de la pérennisation de la paix, de la promotion du respect du droit international et de la Charte, de la lutte contre les causes profondes des conflits, de l’accroissement de la sûreté et de la sécurité en mer et de la lutte contre les menaces à cet égard, notamment par le renforcement des capacités dans la région arabe, de la prévention et de la répression du terrorisme et de l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme, et du renforcement – par la promotion de la tolérance, de l’inclusion, du respect et du dialogue – de la capacité de résilience des populations locales face aux tentatives d’incitation.

Le Conseil mesure également l’importance de la coopération dans d’autres domaines tels que l’aide au développement durable, les évaluations globales des risques et les stratégies de gestion des risques, notamment l’élimination de la pauvreté, la sécurité alimentaire et la gestion de l’eau, la réduction des risques de catastrophe et la gestion de la désertification et de la sécheresse dans la région arabe.

Il rappelle que la toute première réunion consultative conjointe qu’il a tenue avec le Conseil de la Ligue des États arabes a eu lieu au Caire en 2016 et se déclare disposé à en envisager de nouvelles.

Le Conseil prend note des résultats des réunions générales sur la coopération tenues entre le Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies et celui de la Ligue des États arabes, et leurs institutions spécialisées.  Il attend avec intérêt la quinzième réunion générale de coopération entre l’Organisation des Nations Unies et la Ligue, qui se tiendra en juillet 2022 à Genève, avec pour objectif la mise au point d’un cadre biennal englobant des activités dans divers domaines, dont la paix et la sécurité.

Le Conseil a conscience des efforts consentis par les deux organisations, de l’engagement de leurs secrétaires généraux respectifs face aux répercussions de la pandémie de COVID-19, en particulier dans les contextes de conflit, et des initiatives qu’elles ont prises à cet égard, et exige de nouveau, conformément à ses résolutions 2532 (2020) et 2565 (2021), la cessation générale et immédiate des hostilités ainsi qu’une pause humanitaire durable dans toutes les situations de conflit inscrites à son ordre du jour, y compris dans la région arabe.

Le Conseil souligne en outre qu’il est urgent d’intensifier et d’accélérer les efforts internationaux et régionaux visant à prévenir l’escalade des tensions, à encourager le dialogue multilatéral, à faire progresser le règlement politique des différends, à améliorer la sécurité collective et à promouvoir une paix juste et durable dans toutes les situations de conflit dans la région.

Conscient des conséquences humanitaires désastreuses des conflits, le Conseil insiste sur la nécessité urgente de financer l’action humanitaire dans la région arabe.

Le Conseil se félicite des mesures prises par la Ligue des États arabes pour appliquer la résolution 1325 (2000) et les résolutions ultérieures pertinentes, notamment l’élaboration d’un plan d’action régional pour les femmes et la paix et la sécurité, et encourage l’Organisation des Nations Unies et la Ligue des États arabes à promouvoir davantage la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité et du programme relatif aux jeunes et à la paix et à la sécurité, en application de la résolution 2250 (2015) et des résolutions ultérieures sur la question.

Le Conseil réaffirme qu’il importe que les femmes participent pleinement et effectivement, sur un pied d’égalité, à la prévention et au règlement des conflits ainsi qu’à la consolidation de la paix, ainsi qu’il l’a reconnu dans sa résolution 1325 (2000) et d’autres résolutions sur la question; il souligne que la participation, l’autonomisation, le rôle mobilisateur et l’inclusion des femmes sont essentiels pour la consolidation et la pérennisation de la paix et invite à redoubler d’efforts pour promouvoir l’émancipation économique des femmes et l’élimination de la pauvreté dans la région arabe.

Le Conseil se dit favorable à ce que le Secrétaire général de la Ligue des États arabes lui fasse un exposé annuel, afin de faire progresser plus avant sa coopération avec la Ligue sur les questions relatives au maintien de la paix et de la sécurité, en particulier au niveau régional, et d’examiner les moyens d’améliorer la sécurité collective et d’appuyer les initiatives et cadres mis en place à cet égard.

Dans le même esprit, le Conseil se dit favorable à la tenue d’une réunion informelle annuelle entre ses membres et ceux du Conseil de la Ligue des États arabes, et, chaque fois que possible, d’une réunion informelle entre ses membres et les représentants de la troïka du Sommet arabe et le Secrétaire général de la Ligue des États arabes, en marge du débat de haut niveau de l’Assemblée générale.

Le Conseil souligne qu’il importe de renforcer la coordination et les consultations entre la Ligue des États arabes et les Envoyés et Représentants spéciaux des Nations Unies, notamment par l’organisation de réunions périodiques, en vue de mieux appréhender les différentes situations de crise dans la région et de trouver des solutions efficaces dans le cadre d’une action conjointe, selon qu’il conviendra.

Le Conseil souligne également qu’il importe de renforcer la coordination et de la coopération trilatérales entre l’Organisation des Nations Unies, l’Union africaine et la Ligue des États arabes concernant les questions de paix et de sécurité interrégionales, et avec d’autres organisations régionales compétentes concernant des situations d’intérêt commun, et encourage la tenue de consultations entre l’Organisation des Nations Unies, l’Union africaine et la Ligue des États arabes.

Le Conseil se félicite de l’ouverture, en juin 2019 au Caire, du Bureau de liaison de l’Organisation des Nations Unies auprès de la Ligue des États arabes, et engage le Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies et le Secrétariat général de la Ligue des États arabes à promouvoir son rôle dans le renforcement de la coopération entre les deux organisations.  Il se félicite qu’une personne ait été nommée à la direction du Bureau et estime qu’il faudra faire en sorte que le Bureau renforce effectivement le partenariat stratégique et opérationnel entre l’Organisation des Nations Unies et la Ligue des États arabes.

Le Conseil de sécurité prie le Secrétaire général de lui communiquer, au moins 30 jours avant qu’il ne tienne sa prochaine séance sur la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et la Ligue des États arabes, un bref rapport sur l’application de la présente déclaration et sur de nouveaux moyens de renforcer les relations institutionnelles et la coopération entre les deux organisations.

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a souligné le rôle clef de la Ligue des États arabes, insistant sur le renforcement de la coopération de l’ONU avec les organisations régionales, une condition sine qua non du renforcement du multilatéralisme au niveau mondial.  Il a rappelé que lorsque la pandémie de COVID-19 a bouleversé les sociétés et les économies, créant de nouvelles sources d’instabilité, le Secrétaire général de la Ligue des États arabes, M. Ahmed Aboul Gheit, et lui-même ont appelé ce Conseil à ouvrir un espace pour les efforts multilatéraux, l’action humanitaire et les solutions diplomatiques.  « Nous devons rester unis dans nos quêtes de réponses multilatérales à la foule de défis auxquels sont confrontés les pays de la région arabe et le monde entier. »  M. Guterres a vu cela comme une urgence au moment où nous sommes confrontés aux conséquences profondes et mondiales de la guerre en Ukraine.  Il a relevé à ce propos que de nombreux pays importent parfois jusqu’à la moitié de leur blé de l’Ukraine et de la Russie, citant en exemple l’Égypte, la Libye, le Liban, la Somalie, le Soudan et le Yémen.  Les cours des denrées alimentaires, des carburants, des engrais flambent, s’est-il alarmé en constatant aussi que les chaînes d’approvisionnement sont mises à mal et que les importations enregistrent des retards considérables.  Tout cela touche le plus durement les plus pauvres, semant les graines d’instabilité de par le monde, a-t-il averti.  À cet égard, il a fait part de sa déception que l’appel, la semaine dernière pour le Yémen, ait été financé de moins de la moitié. 

Le Secrétaire général s’est appesanti sur le sort des 20 millions de Yéménites qui ont besoin d’aide humanitaire et de protection vitale, et a fait appel à la générosité des membres de la Ligue des États arabes et à tous les pays pour qu’ils trouvent des moyens créatifs de financer les besoins accrus d’aide humanitaire et de redressement du développement dans le monde entier, qu’ils fassent preuve de générosité et qu’ils débloquent immédiatement les fonds promis.  Il a, de même, dit compter sur la Ligue des États arabes pour soutenir les efforts déployés sous l’égide des Nations Unies afin de parvenir à un cessez-le-feu durable, désamorcer les tensions, faire progresser un processus politique inclusif et fournir une aide humanitaire et économique au peuple yéménite.

Poursuivant, il a salué l’engagement constructif de la Ligue en Libye pour aider à préserver l’unité et la stabilité durement gagnée depuis la signature de l’accord de cessez-le-feu en octobre 2020 et appelé à continuer à donner la priorité à un accord sur un processus politique global et à faire avancer la mise en œuvre complète de la résolution 2570 (2021) du Conseil de sécurité.  Au Soudan, le Secrétaire général a salué l’étroite collaboration entre la Ligue des États arabes et l’ONU, tant au niveau bilatéral que dans le cadre du Groupe des Amis du Soudan, pour encourager un dialogue constructif en vue d’une transition inclusive et pacifique.  En Syrie, la seule façon, pour lui, de sortir de l’impasse et d’alléger les souffrances du peuple syrien est de mettre en place un processus politique crédible qui prévoit la pleine application de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité. 

M. Guterres a ensuite parlé du Liban.  Il a exprimé sa reconnaissance à la Ligue des États arabes et à ses membres pour avoir exhorté le Gouvernement libanais à gérer la crise du pays par des réformes significatives, des élections en temps opportun, un engagement constructif avec le Fonds monétaire international (FMI) et la mise en œuvre intégrale des résolutions 1559 (2004) et 1701 (2006) du Conseil de sécurité.  Venant à la situation en Iraq, le Secrétaire général s’est félicité du renforcement de la coopération stratégique entre le Gouvernement et les membres de la Ligue, qui a notamment donné lieu à une mission d’observation des élections parlementaires iraquiennes en octobre dernier. 

Le Secrétaire général a enchaîné avec Israël et la Palestine, assurant que la Ligue et les Nations Unies restent déterminées à trouver une voie permettant au processus de paix de progresser et à l’occupation de prendre fin.  Il a rappelé que « notre objectif commun reste deux États, Israël et un État palestinien indépendant, démocratique, contigu, viable et souverain, vivant côte à côte en paix, à l’intérieur de frontières sûres et reconnues, sur la base des lignes d’avant 1967, avec Jérusalem comme capitale commune des deux États ».  Il a souligné la détérioration des conditions politiques, économiques et de sécurité dans l’ensemble du territoire palestinien occupé et la crise financière existentielle de l’UNRWA qui affecte les droits et le bien-être des réfugiés palestiniens dans toute la région, réitérant son appel aux États Membres pour un soutien financier accru.

Pour finir, M. Guterres s’est réjoui de renforcer encore les liens entre les deux organisations, notamment par le biais du Bureau de liaison des Nations Unies auprès de la Ligue des États arabes.  Pour ce qui est de l’avenir, il a rappelé la tenue de la quinzième réunion de coopération générale entre les deux organisations prévue en juillet afin de faire progresser « notre cadre biennal ».  Nous travaillerons ensemble à une réunion sectorielle sur les changements climatiques, a-t-il précisé.  Notre relation avec la Ligue des États arabes et le soutien solide de ses membres n’ont jamais été aussi essentiels, ni aussi appréciés, a conclu le Secrétaire général de l’ONU.

M. AHMED ABOUL GHEIT, Secrétaire général de la Ligue des États arabes, a dit craindre que la guerre en Ukraine ait des conséquences économiques désastreuses sur les pays arabes et que leurs propres crises passent au second plan.  Or, ces crises arabes, notamment les conflits en Syrie et au Yémen, « ne vont pas se résoudre d’elles-mêmes », a-t-il mis en garde.  Concernant la Palestine, malgré l’adoption par le Conseil du « principe de terre contre paix » et de l’objectif d’une solution à deux États pour mettre un terme à l’occupation israélienne, il a déploré que la Puissance occupante continue de « manipuler les choses » et de « faire obstacle » aux négociations directes.  L’ordre international ne peut reposer sur un deux poids, deux mesures, selon M. Aboul Gheit, qui a demandé aux membres du Conseil d’appliquer les mêmes critères à tous.  Il a aussi parlé de l’impasse politique et des conditions économiques en détérioration en Syrie, que ce soit dans les régions contrôlées par « le régime » ou par d’autres forces, et craint que la guerre en Ukraine ait des conséquences néfastes sur le conflit. 

En Libye, des forces étrangères, « mercenaires », sont toujours présentes alors qu’il était convenu, lors des deux conférences de Berlin, qu’ils quittent les lieux, a-t-il déploré, en ajoutant que la Ligue est disposée à y superviser des élections libres dans les plus brefs délais.  Concernant le Yémen, où les forces houthistes menacent les pays voisins avec des missiles balistiques et des drones, la Ligue se félicite de l’adoption de la résolution 2624 (2022).  M. Aboul Gheit a critiqué l’interventionnisme iranien dans les affaires internes des États en demandant de déployer tous les efforts possibles pour faire pression sur l’Iran, y compris dans les négociations concernant son programme nucléaire.  Enfin, concernant la coopération entre la Ligue et l’ONU, M. Aboul Gheit a loué les efforts du Secrétaire général visant à renforcer la voix des jeunes dans le monde arabe, ainsi que l’élan positif incarné par le nouveau Bureau des Nations Unies pour la jeunesse qui, a-t-il espéré, renforcera l’engagement avec les jeunesses arabes.  Il s’est aussi félicité de la création d’un conseil consultatif de haut niveau chargé du multiculturalisme.

Mme RAZAN FARHAN ALAQIL, représentante de la société civile, a déclaré s’exprimer au nom des 100 millions de jeunes du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.  Cette jeunesse, qui représente plus de 60% de la nation arabe, est porteuse d’un message de paix, a-t-elle affirmé, avant de plaider pour leur participation effective aux décisions qui les concernent.  À cet égard, elle a rappelé qu’en 2015, le Conseil de sécurité a adopté la résolution 2250, qui est un texte fondateur sur les jeunes et la paix et sécurité.  Soulignant la nécessité d’inclure les jeunes dans les efforts destinés à instaurer une paix durable et à favoriser la réconciliation, elle a exhorté les États Membres de l’ONU à promouvoir leur rôle dans les actions préventives, les alertes précoces et le règlement des conflits, ainsi que dans le maintien et la consolidation de la paix. 

« Mes frères et sœurs ont aussi leur mot à dire en matière de développement durable, dont ils sont des acteurs de terrain. »  La représentante a fait valoir que la jeunesse entend être perçue en fonction de son expérience et de ses compétences et non de son seul âge.  « Nous vous appelons à croire et à reconnaître nos capacités », a-t-elle souligné, assurant que les jeunes sont à même de traiter des défis à l’ordre du jour du Conseil de sécurité et de contribuer à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  À cette aune, la coopération entre l’ONU et la Ligue des États arabes est essentielle mais elle doit inclure les jeunes, a insisté Mme Alaqil.  Après avoir applaudi les initiatives prises à cette fin par plusieurs États arabes, notamment la Jordanie, Bahreïn et les Émirats arabes unis, elle a jugé que les jeunes sont un moteur crucial pour la mise en œuvre des trois piliers des Nations Unies, à savoir la paix et la sécurité, le développement socioéconomique et les libertés fondamentales.  « Nous sommes vos fils et vos filles, aidez-nous à diriger le monde à l’avenir », a-t-elle conclu. 

Pour M. KHALIFA SHAHEEN, Ministre d’État, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale des Émirats arabes unis, la séance d’aujourd’hui est d’autant plus importante qu’un grand nombre des questions inscrites à l’ordre du jour du Conseil de sécurité sont « des questions arabes ».  Estimant que la communauté internationale se contente de gérer ces crises plutôt que de les résoudre, il a constaté que cela conduit à maintenir plusieurs de ces questions à l’ordre du jour du Conseil depuis des décennies.  Le conflit israélo-palestinien et d’autres crises (Syrie, Yémen, Libye, Iraq, Liban, Soudan et Somalie) ont imposé un coût politique, économique et humanitaire élevé à la région, a souligné le Ministre ajoutant que cela ne fait qu’accroître le risque d’une escalade drastique de la situation dans la région et dans le monde.  Par ailleurs, les défis et crises actuels, avec leurs aspects complexes et intrinsèquement transfrontaliers, exigent de toutes les parties des efforts collectifs tant au niveau régional qu’international, a-t-il relevé.  « Cette nécessité d’une collaboration étroite souligne l’importance de la réunion d’aujourd’hui. »

M. Shaheen a espéré que ce débat pourra contribuer à renforcer la coopération entre le Conseil de sécurité et la Ligue des États arabes.  Il a argué que la Ligue a une connaissance approfondie des défis régionaux ainsi que des préoccupations de ses États membres, ce qui lui permet de jouer un rôle de premier plan dans le soutien à la mise en œuvre du mandat principal du Conseil de sécurité de maintenir la paix et la sécurité internationales.  Pour accroître la coordination et la concertation entre les deux organisations et institutionnaliser cette relation, il a prôné la mise en place de mécanismes d’échange d’informations et de points de vue sur la manière réaliste et pratique de relever les divers défis régionaux.  À cette fin, le Bureau de liaison des Nations Unies auprès de la Ligue des États arabes devra être renforcé et doté des ressources et moyens nécessaires pour atteindre ses objectifs, a souhaité le Ministre qui a aussi demandé le renforcement de la coopération et de la complémentarité dans les activités de médiation entre les envoyés des Nations Unies et de la Ligue des États arabes, et le renforcement de la coopération trilatérale entre la Ligue des États arabes, l’ONU et l’Union africaine.

Le Ministre a fait ensuite une série de recommandations pour résoudre les problèmes de la région.  Il a demandé plus d’initiatives et de programmes visant à renforcer le rôle des femmes arabes dans les questions de paix et de sécurité, saluant au passage la nomination de Mme Sima Sami Bahous au poste de première Directrice exécutive d’ONU-Femmes de la région.  Il a également jugé nécessaire de se concentrer sur l’autonomisation des jeunes pour qu’ils jouent un rôle de premier plan dans le règlement des problèmes existants dans la région et participent aux efforts de consolidation de la paix, d’autant plus qu’environ 60% de la population de la région a moins de 25 ans.  Le Ministre a ensuite souligné la nécessité pour les deux organisations de renforcer leurs efforts conjoints pour lutter contre l’extrémisme et le terrorisme, en soutenant les initiatives qui encouragent la coexistence pacifique et le dialogue entre les religions et les cultures dans la région.  Enfin, il a rappelé que la région arabe a besoin d’opportunités économiques élargies et de projets porteurs de développement et de prospérité.

M. HARSH VARDHAN SHRINGLA, Secrétaire d’État aux affaires étrangères de l’Inde, a dit que l’Inde et le monde arabe ont en commun une civilisation et une longue tradition d’échanges qui expliquent que la roupie indienne était encore utilisée dans certains pays arabes il y a peu de temps.  Il a aussi précisé que les pays arabes accueillent actuellement neuf millions d’Indiens qui travaillent dans différents secteurs.  Il s’est félicité du rôle positif joué par la Ligue des États arabes pour la stabilité de la région avant de saluer la contribution importante des États arabes aux forces des missions de maintien de la paix.  Pour améliorer les partenariats entre les Nations Unies et la Ligue des États arabes, le représentant a suggéré plus de synergies politiques entre les deux organisations par le biais de consultations périodiques.  Il a aussi appelé à une coopération intégrée au niveau du terrain par le biais d’une collaboration entre les représentants spéciaux des deux organisations.  Enfin, il a jugé nécessaires des efforts renouvelés entre le Conseil de sécurité et la Ligue des États arabes pour soutenir la relance du processus de paix au Moyen-Orient en vue de parvenir à la solution des deux États. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume Uni) a déploré la poursuite des guerres et conflits qui continuent de peser sur la région, citant la situation en Syrie où, a-t-il rappelé, 14 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire, avant d’imputer au « régime Assad » la responsabilité de cette tragédie.  À cet égard, il s’est félicité de la suspension de la Syrie en tant que membre de la Ligue des États arabes. 

Au Yémen, sept millions de personnes sont au bord de la famine, a poursuivi le représentant appelant à un financement généreux et humanitaire.  Passant en revue la situation dans la région du Golfe, il a condamné, les attaques terroristes perpétrées la semaine dernière par les houthistes contre l’Arabie saoudite.  S’agissant du conflit israélo-palestinien, il a appelé à poursuivre avec constance l’engagement en faveur de la solution des deux États fondée sur les frontières de 1967.  À propos de la Libye, il a mis en garde contre un risque d’escalade. 

Enfin, le représentant a évoqué l’invasion de l’Ukraine par la Russie, affirmant qu’elle avait contribué à un « sinistre tableau humanitaire » du fait de ses répercussions mondiales, avant de former le vœu que « nos efforts » seront soutenus, notamment à l’Assemblée générale, pour mettre un terme à cette guerre.

Selon M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie), la Russie a toujours préconisé le renforcement de la coopération de l’ONU avec la Ligue des États arabes, notamment par le canal du bureau des Nations Unies ouvert en 2019 au Caire auprès de la Ligue.  Le représentant a aussi jugé important de renforcer la coordination entre la Ligue et les envoyés spéciaux des Nations Unies pour surmonter les crises dans le monde arabe, afin de rechercher des mesures conjointes pour les résoudre.  Il a rappelé le souhait de la Fédération de Russie de voir la Syrie réadmise au sein de la Ligue: « une telle mesure répondrait aux intérêts tant de Damas que de l’organisation elle-même », a-t-il jugé. 

Compte tenu du potentiel de la Ligue pour la diffusion d’une culture de paix interreligieuse et la lutte contre les idéologies radicales, M. Nebenzia a estimé important qu’un dialogue soit mis en place entre la Ligue et l’ONU concernant le sort des minorités religieuses, notamment chrétiennes, dans les conflits frappant les pays arabes.

Il a aussi jugé dans l’intérêt de tous les États de la région arabe et au-delà de mettre de côté les suspicions mutuelles ainsi que le recours aux sanctions unilatérales, aux pressions et aux provocations.  Dans la région du golfe Persique en l’occurrence, il a salué l’intention déclarée des acteurs régionaux de rechercher des solutions diplomatiques aux tensions existantes.  Il a aussi rappelé le concept russe de « sécurité collective » dans la région du golfe Persique, qui vise à éviter les approches conflictuelles et à promouvoir un programme constructif et fédérateur.  Cette initiative russe est une invitation au dialogue, dans lequel la Ligue peut jouer un rôle important, a estimé le représentant. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a jugé particulièrement important de travailler avec la Ligue des États arabes de manière coordonnée pour résoudre les conflits qui attendent un règlement de longue date, comme c’est le cas au Yémen, en Syrie et en Palestine.  De même, il importe de veiller à ce que des élections aient lieu au Liban le 15 mai, a-t-il ajouté en saluant la participation d’une mission d’observation électorale de la Ligue.  Il a aussi jugé crucial le soutien de celle-ci au renforcement des institutions en Iraq ainsi que l’appui qu’apporte la Ligue aux bons offices et à la médiation menée par l’ONU sur le dossier libyen afin de favoriser une transition politique par le dialogue. 

Réitérant l’importance du suivi de la résolution 2532 (2020) relative à l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial au moment de la pandémie de COVID-19, le délégué a exhorté la Ligue à redoubler d’efforts pour lutter contre le terrorisme et les flux d’armes illicites et permettre l’application effective des embargos sur les armes du Conseil.  Il l’a également invitée à mettre en œuvre les programmes sur les femmes et la paix et la sécurité et relatif aux jeunes et à la paix et à la sécurité, à prendre en compte les effets des changements climatiques en tant que facteur exacerbant les conflits et à utiliser les mécanismes d’alerte précoce et de prévention des conflits.  Selon lui, la coopération avec les organisations régionales doit privilégier la diplomatie préventive et la médiation comme alternatives viable dans la recherche de solutions pacifiques durables.

M. MARTIN GALLAGHER (Irlande) a déclaré que l’Irlande attache la plus haute importance au rôle de la Ligue des États arabes et se félicite de la récente nomination de Mme Tamara al-Zayyat à la tête du Bureau de liaison des Nations Unies auprès de la Ligue.  Prenant note de « son travail précieux » pour créer des synergies entre les deux secrétariats sur une série de questions importantes, il a estimé que l’une de ces questions est la relation entre changements climatiques et insécurité, tant au niveau de la région qu’au-delà, un domaine qui appelle plus de coopération.  Soulignant l’impératif d’apporter des solutions politiques durables aux différends et conflits de la région, M. Gallagher a fait écho à l’appel des Émirats arabes unis à des approches innovantes pour renforcer la prévention et la médiation. 

En Libye, la détérioration de la situation sur le terrain depuis le report des élections de décembre dernier est très préoccupante, a regretté le représentant.  Tous les acteurs ont la responsabilité de sauvegarder les progrès pour lesquels le peuple libyen, soutenu par la communauté internationale, a travaillé si dur.  Au Yémen, a-t-il poursuivi, des civils innocents souffrent depuis bien trop longtemps et seule une solution politique négociée apportera la paix, et pour cela, la désescalade de la violence est une condition incontournable.  Toutes les parties à ce conflit sont liées par leurs obligations en vertu du droit international humanitaire, a rappelé M. Gallagher, avant de condamner dans les termes les plus fermes les attaques transfrontières menées contre l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. 

Passant à la Syrie, le représentant a estimé qu’aujourd’hui plus que jamais, les parties devaient adhérer à un cessez-le-feu national permanent, conformément à la résolution 2254 (2015), en vue de pouvoir parvenir à une solution politique durable.  Par ailleurs, en tant que principal contributeur de troupes à la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) depuis 1978, l’Irlande reste résolument attachée à la stabilité du Liban, alors que les Libanais sont aux prises avec des défis politiques et économiques complexes, a également souligné le représentant.  Il a mis en garde contre le fait que tous ces pays et d’autres de la région risquent d’être confrontés à une crise de sécurité humanitaire et alimentaire, sachant que l’Ukraine à elle seule fournit plus de la moitié du blé du Programme alimentaire mondial.  L’invasion illégale de ce pays par la Russie a fait grimper les prix de la nourriture et des matières premières, ce qui aggrave la misère humanitaire pour des millions de personnes, a-t-il conclu.

Mme MONA JUUL (Norvège) a appuyé le renforcement de la coopération et du dialogue entre le Conseil de sécurité et la Ligue des États arabes, souhaitant que la Ligue joue un rôle plus important pour promouvoir la stabilité, la paix et la réconciliation dans la région, en coopération avec d’autres partenaires régionaux et internationaux.  Mme Juul a salué l’accent mis aujourd’hui sur le rôle de la jeunesse en tant qu’agent de changement positif essentiel à une paix inclusive et durable.  Comme moyens de renforcer les partenariats entre le Conseil et la Ligue, elle a d’abord suggéré le renforcement de la mise en œuvre de la résolution 2250 (2015) et le partage des leçons apprises pour soutenir la participation des jeunes aux efforts régionaux de paix et de sécurité.  Elle a aussi souhaité que la collaboration des deux organisations soit renforcée sur les enfants et les conflits armés, avant de demander une meilleure coordination sur les questions liées au climat et à la sécurité s’appuyant sur la valeur ajoutée de la société civile.  Enfin, la représentante a souligné le rôle important des femmes des États arabes dans la construction de la paix et de la sécurité régionales, souhaitant des efforts conjoints entre la Ligue des États arabes et ONU-Femmes pour faire avancer la mise en œuvre des résolutions sur les femmes et la paix et la sécurité. 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) s’est dit convaincu que les arrangements ou mécanismes régionaux, grâce à leur connaissance unique et inestimable des régions qu’ils représentent, apportent une contribution essentielle à la garantie de notre sécurité collective.

À cet égard, le représentant a estimé qu’en ces temps de tensions mondiales accrues, l’engagement continu et le leadership de la Ligue des États arabes seront essentiels pour contenir toute nouvelle situation de conflit et toute flambée dans la région arabe, ainsi que pour relever les défis actuels en matière de sécurité.  Il a, de même, salué le cadre de coopération trilatérale sous les auspices de l’ONU, de l’Union africaine et de la Ligue des États arabes, en vue de résoudre certains des conflits insolubles auxquels nous continuons d’être confrontés. 

Pour finir, M. Agyeman a estimé qu’en utilisant les voies de consultations régulières avec la Ligue et d’autres arrangements régionaux, ce Conseil pouvait être plus efficace dans l’accomplissement de son mandat, en particulier dans les situations où les arguments en faveur de la subsidiarité sont plus forts et plus clairs. 

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a recommandé de discuter de moyens concrets pour renforcer et institutionnaliser la coopération entre le Conseil et la Ligue dans les domaines de la prévention des conflits, de la diplomatie préventive, du maintien et de la consolidation de la paix, de la lutte contre le terrorisme, ainsi que de la promotion du rôle des femmes et des jeunes dans le maintien de la paix et de la sécurité régionales et internationales.  L’Albanie accueillerait favorablement une réunion annuelle informelle entre le Conseil et les membres du Conseil de la Ligue et, dans la mesure du possible, des réunions informelles du Conseil de sécurité, du Secrétaire général de la Ligue et des représentants de la Troïka du Sommet arabe de Tunis. 

Encourageant vivement la Ligue à promouvoir davantage l’autonomisation des femmes et leur participation aux processus décisionnels, ainsi qu’à s’engager avec la société civile et les organisations de défense des droits humains de manière constructive et transformatrice, Mme Dautllari a constaté également la nécessité de renforcer la coordination trilatérale entre l’ONU, l’Union africaine et la Ligue sur les questions de paix et de sécurité transrégionales.

L’invasion russe de l’Ukraine ne faisant qu’aggraver les souffrances et la misère de millions d’Arabes, la représentante a jugé encourageant que des États arabes aient voté pour la résolution de l’Assemblée générale du 2 mars condamnant l’invasion illégale de l’Ukraine par la Russie, et a invité le Secrétariat de la Ligue à donner suite à cette volonté claire du monde arabe.

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a rappelé que la Ligue des États arabes est un partenaire traditionnel de son pays, qui, depuis l’inauguration de son ambassade à Manama en novembre dernier, compte désormais des représentations dans les capitales de 17 de ses 22 États membres.  Il a ensuite salué le fait que le Conseil de sécurité reconnaisse l’influence positive de la Ligue dans la prévention et la médiation des conflits régionaux, saluant le renforcement de la coopération et de la coordination stratégique entre l’ONU et cette organisation régionale dans les domaines du maintien et de la consolidation de la paix. 

Le représentant a relevé à cet égard que de nombreux conflits dans le monde arabe ont été provoqués ou exacerbés par des forces extérieures à la région, souvent sans que les intérêts et le bien-être des peuples arabes n’entrent en ligne de compte.  Se félicitant que la Ligue se soit prononcée en faveur de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États Membres et qu’elle prône la modération et le règlement pacifique des différends, il a jugé essentiel que le Conseil s’appuie sur l’expérience et la sagesse de cette organisation pour trouver des solutions équilibrées aux problèmes.  Enfin, après avoir souligné les efforts de médiation des conflits déployés par la Ligue dans la région, M. Costa Filho a félicité la présidence émirienne du Conseil pour sa déclaration présidentielle qui, selon lui, reflète la pertinence de l’Organisation pour la préservation de la paix et de la sécurité dans sa zone d’activité et le large champ de sa coopération avec l’ONU. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a exprimé son soutien à la coopération entre la Ligue des États arabes et le Conseil de sécurité alors que ce dernier s’acquitte de sa responsabilité essentielle de répondre au fléau de la guerre et des menaces et à la paix et à la sécurité internationales.  Se félicitant des activités de la Ligue -y compris ses efforts continus pour repousser les activités déstabilisatrices de l’Iran, son travail au sein de la coalition pour vaincre l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL/Daech) et sa lutte contre la pandémie de COVID-19- elle a déclaré que les États-Unis sont les premiers au monde à soutenir l’installation COVAX, ayant fait don de plus de 38,5 millions de doses aux seuls États membres de la Ligue des États arabes.  Notant que la COVID-19 reste une priorité immédiate pour les deux organisations, elle a déclaré que celles-ci devaient également rester concentrées sur la grave menace posée par la crise climatique.

La représentante a ensuite exprimé son soutien aux progrès de la région dans l’élaboration et la mise en œuvre de plans d’action nationaux sur les femmes, la paix et la sécurité et l’approfondissement de son engagement avec les jeunes, tout en regrettant que la réunion d’aujourd’hui intervienne alors que la capacité du Conseil à faire face aux menaces à la paix et à la sécurité internationales est minée « par un membre du Conseil ».  Dans cet esprit, elle a condamné dans les termes les plus fermes la guerre illégale menée par la Fédération de Russie en Ukraine et s’est félicitée du fait qu’une majorité des membres de la Ligue des États arabes aient voté en faveur de la résolution adoptée par l’Assemblée générale le 2 mars.  Elle a également remercié le Secrétaire général de la Ligue pour son rappel aujourd’hui que « nous ne pouvons pas nous concentrer sur un défi et oublier les autres auxquels nous devons faire face ».

M. MARTIN KIMANI (Kenya) a déclaré que la persistance de problèmes transfrontaliers et de menaces de sécurité complexes dans le monde arabe appelle une intensification des partenariats à tous les niveaux entre le Conseil de sécurité et la Ligue des États arabes.  Précisant que les pays africains constituent près de la moitié des États membres de la Ligue, M. Kimani a souligné la qualité de la coopération entre cette dernière et l’Union africaine (UA) qui se traduit par des sommets réguliers, des plans et programmes conjoints axés sur des stratégies et objectifs communs pour la paix, la sécurité, le développement et le commerce interrégional.  Le représentant a exhorté à renforcer la coopération trilatérale entre l’ONU, l’UA et la Ligue des États arabes sur les questions de paix et de sécurité interrégionales.  Alors que s’annonce le cinquième Sommet arabo-africain à Riyad et la dixième Réunion générale de coopération entre le Secrétariat général de la Ligue et de la Commission de l’UA à Addis-Abeba, le délégué a espéré des avancées sur les domaines suivants: appui à la paix en Libye et à une transition politique qui reflète le contexte national et les besoins de sécurité spécifiques du peuple libyen et des États de la région; appui à la mise en œuvre d’un accord politique au Soudan puis d’un soutien coordonné au Gouvernement fédéral de Somalie, dont des mesures pour vaincre les Chabab; renforcement des initiatives de lutte contre le terrorisme dans la Corne de l’Afrique, le bassin du lac Tchad et le Sahel; et mesures collectives et coordonnées pour sécuriser le domaine maritime, notamment la mer Rouge, le golfe d’Aden et l’océan Indien.

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) s’est inquiétée des menaces majeures qui traversent la région, citant le terrorisme du fait notamment de la résurgence de Daech et invitant à « adapter notre action, sur le terrain » dans le cadre de la coalition internationale contre Daech, dans la lutte contre le financement du terrorisme et contre l’utilisation d’Internet à des fins de terrorisme, ainsi que dans le respect des droits humains et du droit international humanitaire.  Il faut aussi prévenir les conflits en répondant aux aspirations sociales, économiques, politiques des peuples qui sont légitimes, a poursuivi la diplomate évoquant également les changements climatiques qui exacerbent les vulnérabilités.  Elle a parlé à cet égard de l’avancée de la désertification, de l’augmentation des sécheresses et de l’accroissement de l’insécurité hydrique dans le monde arabe, en recommandant de les atténuer et de s’y adapter pour contribuer à la lutte en faveur de la paix et de la sécurité internationales.  Elle a souligné que l’insécurité alimentaire revient dramatiquement au premier plan avec l’agression de l’Ukraine par la Russie qui fait craindre des pénuries alimentaires au Moyen-Orient.  La déléguée s’est élevée contre la Russie qui mène une guerre tout autant contre l’Ukraine que contre les populations qui en dépendent pour leur approvisionnement. 

Passant ensuite en revue la situation dans la région arabe, notamment en Iraq, au Liban, en Libye, au Soudan, au Yémen et le conflit israélo-palestinien, la représentante a estimé plus que jamais nécessaire de trouver des solutions politiques et inclusives pour mettre fin aux conflits et œuvrer à la stabilité de la région.  Elle a salué à ce titre les initiatives de la Ligue des États arabes pour renforcer l’état de droit et garantir des processus politiques inclusifs, permettant en particulier la participation des femmes et des jeunes.  S’agissant de la Syrie, Mme Broadhurst Estival s’est dite opposée à toute réhabilitation du « régime syrien » et salué le maintien par la Ligue d’une position de principe exigeante sur la réintégration de la Syrie en son sein.  La France restera mobilisée en faveur de la sécurisation, de la stabilisation et de la désescalade des tensions dans la région, y compris dans le Golfe où nous continuerons d’œuvrer à la préservation de la liberté de navigation, a dit la représentante avant de conclure en réclamant le soutien actif et unifié de la communauté internationale, et particulièrement des membres de la Ligue arabe, aux initiatives des Nations Unies.

M. ZHANG JUN (Chine) a appelé à créer les conditions pour renforcer la coopération entre la Ligue et l’ONU.  L’objectif des peuples arabes est le développement économique, la prospérité et la stabilité.  La communauté internationale doit les soutenir. 

Qualifiant « d’avantage unique » la connaissance profonde qu’a la Ligue des pays de la région, le représentant a estimé que l’ONU devait s’appuyer sur celle-ci afin de renforcer le rôle des agences régionales.  Il a aussi loué les bons résultats obtenus par la Troïka du Sommet arabe, qu’il a appelée à poursuivre en diversifiant les formats.  De même, les envoyés spéciaux devraient renforcer la coopération avec la Ligue pour développer des synergies.

Concernant la Syrie, M. Zhang a dit espérer que la réunion qui se tient actuellement à Genève engendrera des progrès tangibles.  Il s’est dit heureux de voir que beaucoup de pays arabes soutenaient le retour de la Syrie au sein de la Ligue, et confiant que ce retour contribuerait à résoudre le conflit syrien.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a estimé que l’effervescence de la région couverte par la Ligue des États arabes et l’ampleur des enjeux en présence appellent une coopération plus étroite entre cette organisation régionale et l’ONU, notamment dans la recherche de solutions aux crises cycliques en Syrie, au Yémen, en Libye, au Soudan, en Somalie et au Liban, ainsi que dans le processus de paix au Moyen-Orient.  Pour le représentant, il faut aller plus loin que les clauses de rendez-vous prévues dans les déclarations présidentielles adoptées par le Conseil de sécurité en juin 2019 et janvier 2021.  Il importe, selon lui, de parvenir à une réelle interaction trilatérale entre l’ONU, la Ligue et l’Union africaine sur les préoccupations transversales en matière de paix et de sécurité.  En effet, a-t-il fait valoir, près de la moitié de la population arabe vit en Afrique et cette réalité sociologique scelle la communauté de destin qui existe entre la Ligue et l’Union africaine. 

Jugeant que cette dynamique de coopération est d’autant plus nécessaire que le contexte sécuritaire est marqué par des crises multiformes de nature de plus en plus régionale, le représentant a souhaité que ce partenariat s’appuie sur la complémentarité et les avantages comparatifs.  Il a ainsi relevé que les organisations régionales et sous-régionales ont non seulement une connaissance approfondie de leur région mais peuvent aussi se mobiliser et se déployer rapidement sur le terrain, moyennant un accompagnement financier, logistique et technique stable et prévisible ainsi qu’un renforcement des capacités.  Il a d’autre part plaidé pour des échanges réguliers et rapides d’informations pour répondre au terrorisme, à la criminalité transnationale, aux crises humanitaires et aux catastrophes naturelles.  Enfin, il a appelé de ses vœux l’établissement de mécanismes cohérents de gestion ou de règlement des crises, permettant de renforcer l’efficacité des mesures convenues entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales. 

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen), qui s’exprimait au nom du Groupe arabe, a pris note de la complexité croissante dans le monde et des répercussions dans le monde arabe de crises qui menacent la paix et la sécurité régionales et mondiales et accaparent beaucoup du temps du Conseil de sécurité.  La Ligue des États arabes a toujours joué un rôle constructif pour résoudre ces crises, a-t-il relevé, et elle continuera à le faire.  Il a souligné dans la foulée l’importance de la coopération entre le Conseil de sécurité et la Ligue.  Pour le Groupe arabe, cette coopération gagnerait à être renforcée pour pouvoir faire face aux défis toujours plus nombreux de la région arabe.  Il a plaidé pour une intensification des consultations et des réunions officielles et officieuses entre la Ligue et le Conseil de sécurité.  Il a également souligné la nécessité de trouver un mécanisme pour faciliter la coopération bilatérale entre le Secrétaire général et le Groupe arabe auprès de l’ONU, notamment au travers de réunions périodiques.  Le Groupe arabe se réjouit de la visite prochaine du Conseil de sécurité au Siège de la Ligue dans le cadre de ses visites bilatérales, a poursuivi le représentant en insistant sur le fait que les pays arabes doivent participer à la recherche de solutions adéquates aux crises de leur région.  Le Groupe arabe appelle à un renforcement de la coopération entre les envoyés spéciaux du Secrétaire général et ceux de la Ligue.  En outre, son représentant a exhorté les membres du Conseil de sécurité à parler d’une même voix sur les questions à son ordre du jour et à limiter le recours au veto.

M. Al-Saadi a exigé la fin des ingérences extérieures dans les affaires arabes et la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Il a également mis l’accent sur l’impératif du renforcement des capacités de la région en termes de prévention des conflits et des différends et a souhaité un renforcement du Bureau de liaison des Nations Unies auprès de la Ligue.  Avant de conclure, il a fait valoir que ces efforts ne sauraient être couronnés de succès sans la contribution des jeunes de la région à la consolidation et l’édification de la paix, rappelant que les moins de 25 ans représentent plus de la moitié de la population des pays arabes.  Le représentant a appuyé les recommandations faites en ce sens par le Secrétaire général de l’ONU dans son rapport Notre Programme commun.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Ukraine: Pour manque de neutralité, le Conseil de sécurité rejette un projet de résolution de la Fédération de Russie sur l’aide humanitaire

9002e séance, après-midi
CS/14838

Ukraine: Pour manque de neutralité, le Conseil de sécurité rejette un projet de résolution de la Fédération de Russie sur l’aide humanitaire

L’un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, la Fédération de Russie, a présenté cet après-midi au Conseil de sécurité un projet de résolution humanitaire relatif à l’Ukraine qui n’a pas été adopté, 13 membres s’étant abstenus.  Le texte a en effet suscité des réserves, parce qu’il ne faisait pas mention de la cessation des hostilités, et des critiques indignées de membres accusant la Russie d’avoir enclenché le conflit même dont son projet fait l’objet, rendant cette initiative « hypocrite » et « honteuse ».  La Chine, avec la Russie, ont été les seuls membres à voter en faveur du texte.

Le projet appelait entre autres à un « cessez-le-feu négocié » pour permettre l’évacuation sûre, rapide, volontaire et sans entrave de tous les civils.  Il demandait à faire en sorte que le personnel et le matériel humanitaires puissent circuler sans entrave et en toute sécurité, et à permettre aux populations civiles de sortir du pays sans encombre.

Parmi les réactions les plus vives, l’Irlande a qualifié le texte de « détournement cynique du système multilatéral par l’agresseur dans cette guerre ».  Pour la France, il constitue une manœuvre russe pour légitimer son agression: la Russie chercherait à imposer des « réalités alternatives », à « instrumentaliser » le Conseil et à obtenir un blanc-seing pour poursuivre sa guerre.  Même ton de l’Albanie pour qui, « si la Russie est soucieuse de sa responsabilité de protéger, elle doit cesser cette agression et rentrer chez elle ».  

Un des arguments les plus saillants avancés par les membres du Conseil est l’absence de neutralité de la Russie, qui est à la fois « agresseur » et auteur du projet.  Comme l’a résumé la Norvège, une partie à un conflit ne peut s’attendre ni à être perçue comme neutre devant le Conseil, ni être l’auteur de projets de textes, ni participer à un vote relatif à un conflit auquel elle est partie.  Or « personne ne peut douter du statut de la Russie en tant que partie » au conflit pour la délégation norvégienne, qui a remarqué que, réunion après réunion, la Russie attend « que nous acceptions ses récits, rapports et opinions comme s’ils venaient d’une partie neutre ».   

La Fédération de Russie a répondu pied à pied, retournant les reproches émis, qu’il s’agisse d’instrumentalisation du Conseil ou de diffusion de fausses nouvelles.  Prenant à parti les membres occidentaux du Conseil, elle les a accusés « d’instrumentaliser » le droit humanitaire, tout en énumérant les bienfaits qu’aurait amené son projet avorté: « cessez-le-feu », « mise en place d’un couloir humanitaire », « traitement humain des prisonniers de guerre », entre autres.  Son projet, qu’elle affirme de bonne foi, aurait aidé à soulager les souffrances du peuple ukrainien, peuple utilisé comme « bouclier humain » par les dirigeants de Kiev, qui abriteraient, toujours selon la Russie, des armes lourdes dans des hôpitaux et des crèches.    

Le Brésil s’est abstenu car le texte ne fait pas mention de cessation des hostilités.  Une condition nécessaire pour qu’une action humanitaire impartiale puisse avoir lieu, a précisé le Ghana, sur la même ligne.  Les Émirats arabes unis se sont tout de même félicités d’un « dialogue » entre les Nations Unies, l’Ukraine et la Russie « qui a permis au premier convoi humanitaire d’arriver dans l’est du pays ».  Pour les Émirats, le Conseil a un rôle crucial à jouer dans le droit fil de sa responsabilité de maintien de la paix et la sécurité internationales et « doit apporter une réponse à la crise ».

La Chine, qui a voté pour, a jugé regrettable que le Conseil ne soit parvenu à un consensus, alors qu’il devrait répondre à la crise de manière « pragmatique ».

Un autre projet de résolution humanitaire avait déjà été élaboré, ont rappelé la France et le Mexique, ses coauteurs, en précisant que les membres du Conseil avaient négocié pendant plusieurs semaines, de bonne foi et en toute transparence, avec l’objectif d’obtenir une cessation immédiate des hostilités et d’apporter des réponses concrètes à la catastrophe humanitaire qui se déroule en Ukraine.  La France a regretté qu’en raison de « l’obstruction russe », cette initiative ait été portée à l’Assemblée générale qui devra, elle, jouer son rôle et demander une cessation immédiate des hostilités.  « Étonnamment, c’est à partir du 14 mars », date à laquelle la France et le Mexique ont annoncé vouloir soumettre ce projet de texte à l’Assemblée générale, que la Fédération de Russie a dit vouloir soumettre son propre texte au Conseil de sécurité, a noté le représentant mexicain.

Une minute de silence a été observée en début de séance en la mémoire de Madeleine Albright, qui avait notamment été Ambassadrice américaine auprès des Nations Unies, dont on a appris le décès aujourd’hui.  La délégation des États-Unis a rappelé à cette occasion que l’ancienne Secrétaire d’État, qui avait fui le rideau de fer, avait prévenu qu’elle savait ce qui pouvait se passer quand on donne le feu vert aux Russes.

LETTRE DATÉE DU 13 AVRIL 2014, ADRESSÉE À LA PRÉSIDENTE DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LE REPRÉSENTANT PERMANENT DE LA FÉDÉRATION DE RUSSIE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2014/264)

Déclarations avant le vote

M. VASILY NEBENZIA (Fédération de Russie) a tout d’abord affirmé que sa délégation avait jugé encourageante l’initiative prise par le Mexique et la France, qui ont déposé début mars un projet de résolution sur la situation humanitaire en Ukraine.  Cependant, a-t-il expliqué, cette dynamique a été presque immédiatement « écrasée » par les délégations des États-Unis et du Royaume-Uni, lesquelles ont assuré qu’elles n’avaient pas besoin d’un projet de texte qui ne condamnerait pas la Russie.  De fait, les autres membres du « camp occidental » ont été forcés d’obtempérer, a constaté le représentant, regrettant qu’en conséquence, le Conseil se soit engagé dans la politique et les accusations réciproques plutôt que de résoudre les aspects humanitaires de cette crise.  Déplorant à cet égard que les pays occidentaux aient déclaré de façon infondée que les membres du Conseil de sécurité ne pouvaient s’entendre sur un projet de résolution humanitaire présenté par la Fédération de Russie, il a dit mettre au vote un texte reposant sur la proposition franco-mexicaine mais « dénué de toute politisation », comme c’est le cas d’ordinaire pour les résolutions humanitaires du Conseil.  Il a invité ceux qui continuent d’émettre des « spéculations cyniques » sur la situation humanitaire en Ukraine à voter pour ce projet de résolution qui, selon lui, pourrait aider grandement les acteurs humanitaires sur le terrain. 

« Une fois de plus, la Russie tente d’utiliser ce Conseil pour couvrir ses actions brutales », a déploré Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis), estimant « inadmissible » que ce pays ait « l’audace » de présenter une résolution demandant à la communauté internationale de résoudre une crise humanitaire que la Russie a elle-même créée.  Les États-Unis ont l’intention de s’abstenir sur ce texte, a-t-elle annoncé, parce que la Russie ne se soucie pas de la détérioration des conditions humanitaires, ni des millions de vies et de rêves que la guerre a brisés.  « Si elle s’en souciait, elle cesserait de se battre. »  La Russie est l’agresseur, l’attaquant, l’envahisseur -la seule partie en Ukraine engagée dans une campagne de brutalité contre le peuple ukrainien- et elle veut que « nous adoptions » une résolution qui ne reconnaît pas sa culpabilité, s’est-elle emportée.

« Nous avons tous vu les vidéos omniprésentes de millions de femmes et d’enfants ukrainiens fuyant pour sauver leur vie.  Nous avons vu les images de femmes enceintes ensanglantées portées hors des décombres, y compris une mère et son bébé qui sont morts tragiquement il y a deux semaines », a détaillé la représentante, énumérant en outre le bombardement de jardins d’enfants, d’orphelinats et de couloirs humanitaires; des attaques visant des immeubles d’habitation, des gazoducs et des conduites d’eau, ainsi qu’une centrale nucléaire en plus de tirs sur des personnes faisant la queue pour manger.  « Nous avons vu des villes assiégées, des cadavres dans les rues et des journalistes tués dans des tirs croisés.  Nous avons vu les bombardements des forces de Putin tuer un survivant de l’Holocauste âgé de 96 ans à Kharkiv, en Ukraine. »  Et si nous devons croire la désinformation de la Russie, ce sont tous des décors de films avec des acteurs, a-t-elle ironisé.

Mme Thomas-Greenfield a estimé que la Russie tente de rendre ce Conseil complice de « ses fabrications peu convaincantes » et continue de l’empêcher de remplir son mandat.  Les États-Unis sont aux côtés du peuple ukrainien, comme l’écrasante majorité des États Membres de l’ONU est aux côtés de l’Ukraine, a-t-elle noté.  Elle a prédit que, « comme le vote d’aujourd’hui le montrera », les efforts « fallacieux » de la Russie pour nier la vérité de ses actions continueront à échouer.  Remerciant la Présidente du Conseil d’avoir offert un moment de silence pour « l’incroyable Madeleine Albright », la diplomate a voulu terminer par une citation de l’ancienne Secrétaire d’État qui un jour a prévenu: « Croyez-en l’expérience de quelqu’un qui a fui le rideau de fer, je sais ce qui se passe quand on donne le feu vert aux Russes ».  Et c’est ce que nous ferions aujourd’hui, si nous adoptions cette résolution! a-t-elle averti.

Déclarations après le vote

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a expliqué n’avoir pas voté en faveur du projet de résolution de la Fédération de Russie, parce que ce texte constitue une manœuvre de Moscou pour légitimer son agression contre l’Ukraine.  Il a accusé la Russie de chercher à imposer des réalités alternatives et à instrumentaliser ce Conseil.  Si la Russie se préoccupe tant du sort des populations civiles, elle n’a qu’une seule chose à faire: arrêter son offensive et retirer ses troupes d’Ukraine, a affirmé M. de Rivière avant de reprocher à la Russie de chercher à obtenir du Conseil de sécurité un blanc-seing pour lui permettre de poursuivre sa guerre. 

Selon le représentant, le résultat du vote indique très clairement que les membres du Conseil n’entendent pas laisser la Russie instrumentaliser les Nations Unies et le droit international humanitaire.  Il a aussi indiqué que la France et le Mexique ont négocié de bonne foi un projet de résolution au Conseil de sécurité, avec l’objectif d’obtenir une cessation immédiate des hostilités et d’apporter des réponses concrètes à la catastrophe humanitaire qui se déroule en Ukraine.  Il a regretté qu’en raison de « l’obstruction russe », cette initiative a été portée à l’Assemblée générale qui « doit jouer son rôle et demander une cessation immédiate des hostilités ».

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a souligné que, depuis que la Russie a envahi l’Ukraine, il y a 27 jours, 3,5 millions de réfugiés et 6,5 millions de personnes ont dû quitter leurs foyers, tandis que 12 millions d’Ukrainiens ont besoin d’aide humanitaire.  Dans la ville de Marioupol, la Russie a pilonné une maternité et un théâtre où des enfants s’étaient réfugiés face aux attaques, et plus de 200 000 personnes sont sous un siège médiéval, a-t-elle déploré.  « Le Royaume-Uni ne nourrit aucun doute quant au fait qu’une crise humanitaire se trame en Ukraine. »  Rappelant que son pays a fourni une aide humanitaire d’urgence à hauteur de 400 millions de livres pour subvenir aux besoins immédiats, la représentante a invité à se souvenir que « notre première allégeance, c’est à l’égard des êtres humains ».  Dès lors, le Royaume-Uni ne votera jamais pour une résolution, que ce soit ici ou ailleurs, qui ne reconnaîtrait pas que la Russie est la seule origine de cette catastrophe humanitaire, s’est impatientée la déléguée britannique.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a déclaré que la source de la crise humanitaire en cours en Ukraine est l’agression injustifiée de ce pays par la Fédération de Russie.  « Nous ne sommes pas tombés dans le piège et n’avons pas succombé à ce subterfuge », a ajouté le représentant avant de préciser que la Russie pouvait protéger les civils en respectant les conventions de Genève.  « Si la Fédération de Russie est soucieuse de sa responsabilité de protéger, elle doit cesser cette agression et rentrer chez elle », a-t-il affirmé.  Parce que la Russie est la seule responsable de cette crise humanitaire qu’elle a créée, elle ne peut prétendre partager cette responsabilité avec l’Ukraine.  Il a ensuite indiqué n’avoir pas pu voter en faveur de ce texte qui est « une hypocrisie ». 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a indiqué s’être abstenu parce qu’il ne pense pas que le projet de résolution soumis au vote du Conseil est le reflet de la communauté internationale face à la calamité humanitaire en Ukraine.  Il a notamment regretté que le texte ne fasse pas mention d’un appel à un cessez-le-feu immédiat, condition nécessaire pour qu’une action humanitaire impartiale puisse avoir lieu.  Constatant que le consensus n’a pas été possible sur ce projet de résolution, il a toutefois rappelé que le Conseil de sécurité n’est pas le seul organe qui peut agir.  Après avoir salué le travail des entités onusiennes qui aident à l’acheminement de l’aide à ceux qui en ont besoin, il a engagé les parties à reprendre la voie de la diplomatie et du dialogue pour mettre fin à ce conflit. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a expliqué son abstention en parlant d’abord du processus.  Il a rappelé que pendant plusieurs semaines, la France et le Mexique ont mené des consultations transparentes sur un projet de texte à vocation purement humanitaire.  Ce processus a permis un échange franc dans le but de parvenir à un texte équilibré, a argué le représentant tout en signalant que, après lesdites consultations, les conditions n’étaient pas réunies pour parvenir à l’accord souhaité.  « Étonnamment, c’est à partir du 14 mars », date à laquelle la France et le Mexique ont annoncé vouloir soumettre ce projet de texte à l’Assemblée générale, que la Fédération de Russie a dit vouloir soumettre son propre texte au Conseil de sécurité, a noté le représentant.  Il a reproché à la Fédération de Russie que son projet, mis en bleu le 16 mars, ne tenait nullement compte des recommandations et positions contenues dans le projet initialement mis au point par la France et le Mexique.  Le projet modifié ne fait pas mention de l’Article 2.4 de la Charte des Nations Unies, ni d’une cessation sans équivoque des hostilités, a souligné le délégué du Mexique en faisant observer qu’il s’agit de deux conditions essentielles pour assurer un acheminement humanitaire sûr.  Il a assuré que le Mexique reste ouvert à un dialogue franc et constructif pour « garantir les conditions favorables à un acheminement humanitaire sans entrave sur le terrain ».  La priorité est l’action humanitaire, la protection des civils et le respect du droit international humanitaire, a-t-il conclu.

M. MARTIN GALLAGHER (Irlande) a estimé que le projet de résolution déposé par la Fédération de Russie ne contribuait pas à atténuer la souffrance du peuple ukrainien.  C’est la raison pour laquelle son pays s’est abstenu, a-t-il expliqué en relevant aussi que cette résolution n’appelait pas à une cessation immédiate des hostilités.  Il s’agit, pour le représentant, d’un détournement cynique du système multilatéral par « l’agresseur ».  Si la Fédération de Russie souhaite agir pour atténuer les souffrances humanitaires des Ukrainiens, alors elle doit mettre fin à la guerre maintenant, s’est exclamé le délégué.

Mme MONA JUUL (Norvège) a déclaré qu’une partie à un conflit ne pouvait s’attendre à être perçue comme neutre au Conseil de sécurité et ne devrait pas, dans l’esprit de la Charte des Nations Unies, être l’auteur de projets de textes du Conseil, ni participer à un vote relatif à un conflit auquel elle est partie.  « Et personne ne peut douter du statut de la Fédération de Russie en tant que partie », a insisté la représentante, avant de s’étonner que, réunion après réunion, la Russie « attende que nous acceptions ses récits, rapports et opinions comme s’ils venaient d’une partie neutre ». 

Alors que la Russie poursuit son invasion répréhensible de l’Ukraine depuis un mois, que des civils sont attaqués, blessés et tués, et que des maisons, écoles et hôpitaux sont bombardés par la Russie, « ce que nous avons devant nous n’est pas un projet de résolution humanitaire neutre et équilibré, c’est une diversion », a dénoncé la représentante.  Mme Juul a ajouté que la guerre menée par la Russie contre un État Membre de l’ONU est une violation manifeste de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, du droit international et des principes de la Charte des Nations Unies.  « Si la Fédération de Russie se soucie de la protection des civils en Ukraine, elle peut arrêter sa guerre insensée; c’est le moyen de mettre fin à une catastrophe humanitaire en Ukraine; la Russie peut mettre fin à cette guerre, elle doit le faire maintenant », a conclu la représentante.

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a estimé qu’en tant qu’organe principal chargé de la paix et de la sécurité internationales, le Conseil de sécurité devrait pouvoir traiter de la crise en Ukraine malgré les points de vue divergents de ses membres.  Selon lui, une résolution humanitaire ne devrait pas refléter une vue partiale du conflit mais plutôt créer les conditions d’une évacuation des civils et d’un accès sûr et sans entrave de l’aide humanitaire, entre autres éléments.  Un appel à l’arrêt immédiat des hostilités devrait également faire partie intégrante d’un tel texte humanitaire, élaboré à l’issue d’un processus constructif tenant compte de l’avis de tous les membres du Conseil.  Or, bien qu’il présente beaucoup d’éléments importants pour la protection des civils, le projet de résolution déposé par la Fédération de Russie ne fait pas allusion à la cessation des hostilités.  C’est pourquoi le Brésil s’est abstenu, a indiqué le représentant, regrettant également que le texte ne mentionne pas non plus l’obligation de proportionnalité et d’humanité. 

M. ZHANG JUN (Chine), qui a soutenu le projet de résolution, a constaté à regret la détérioration de la situation humanitaire en Ukraine et les effets dans les pays voisins, ce qui inquiète la communauté internationale.  « Il est déchirant de voir les informations quotidiennes », a-t-il dit avant d’appeler à tout faire pour éviter des victimes civiles.  Pour la Chine, c’est aussi au Conseil de sécurité de jouer son rôle dans le dossier humanitaire en Ukraine.  Le représentant a dit que la Chine, qui a présenté un projet humanitaire en six points, accueille toute initiative constructive en ce sens.  Il a également assuré que son pays a été activement impliqué dans les consultations sur le projet de texte humanitaire et qu’il regrette que le Conseil de sécurité n’ait pas été en mesure de parvenir à un accord le plus large possible. 

À l’instar de la communauté internationale, la Chine a appelé à un cessez-le-feu, a-t-il rappelé.  Le délégué a réitéré son appel à la communauté internationale pour qu’elle accorde toute son attention à la situation humanitaire en Ukraine, en mettant l’accent notamment sur les couloirs d’évacuation des réfugiés.  Il a appelé le Bureau pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) à mobiliser la communauté internationale pour lever les moyens nécessaires à l’aide humanitaire.  La Chine est favorable à une action humanitaire responsable, a souligné le représentant.  Il a par ailleurs rappelé que la Chine a toujours insisté sur le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  La crise ukrainienne est un défi de taille pour le monde, a constaté le représentant, et les parties concernées doivent faire preuve de la volonté politique requise et de retenue pour parvenir à une solution négociée.  À long terme, il va falloir dépasser la mentalité de guerre froide et de bloc, a-t-il ajouté en invitant à repenser l’architecture sécuritaire de l’Europe.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a dit croire aux valeurs de base du droit humanitaire, soulignant que celles-ci ne doivent pas être combinée avec des postures politiques.  Il a indiqué que sa délégation s’abstiendra chaque fois que le droit humanitaire est « instrumentalisé à des fins inavouées », alors qu’il doit, au contraire, « être l’objet du consensus permanent de l’espèce humaine ».

M. VASILY NEBENZIA (Fédération de Russie) a déclaré que le vote a braqué les projecteurs sur tous ceux qui privilégient la politisation du dossier humanitaire au détriment de l’acheminement de l’aide.  Il s’est interrogé sur les motifs réels de l’abstention des États-Unis: « est-ce pour ne pas employer votre droit de veto? ».  Il s’est également étonné que le Mexique ait laissé entendre que la mise aux voix demandée par la Russie était inattendue.  Il a aussi ironisé sur le projet de résolution franco-mexicain, et proposé de se pencher sur les tactiques employées par les Occidentaux pour empêcher le Conseil de s’engager.  

Le représentant a ensuite fait observer que le projet russe appelait à un régime de cessez-le-feu, à la mise en place d’un couloir humanitaire, et à une garantie de passage sans entrave hors de l’Ukraine de tous ceux qui le souhaitent, sans discrimination.  Il appelait également à ne pas attaquer les infrastructures critiques, à ne pas placer d’artillerie lourde dans les zones densément peuplées, à la garantie de la protection des travailleurs humanitaires, au traitement humain des détenus, et à la protection des populations civiles, entre autres.  Et pourtant, vous avez refusé d’appuyer ce texte pour des raisons politiques, a-t-il déploré.

Au lieu de cela, on entend dire que la Russie se prépare à utiliser des armes chimiques et biologiques en Ukraine, a poursuivi le représentant, dénonçant des accusations « inimaginables » et « indignes ».  « Nous n’avons pas besoin d’armes chimiques et biologiques pour mener le combat », a-t-il déclaré, assurant que de telles armes ont été détruites il y a fort longtemps.

Selon le délégué russe, l’absence de résolution ne contribue qu’à compliquer la situation des humanitaires sur le terrain et permet à Kiev d’ignorer les appels à un cessez-le-feu.  Il a ensuite accusé Kiev d’utiliser sa population comme bouclier humain et d’abriter des armes lourdes dans des hôpitaux et des crèches.  Pour sa part, a-t-il assuré, la Russie s’efforcera de résoudre la situation humanitaire, comme elle l’a fait dans le Donbass « dont vous préférez oublier la souffrance ». 

Appelant à ne pas politiser les questions humanitaires, M. Nebenzia a déploré l’échec à adopter le projet russe qui aurait permis, selon lui, de régler les défis humanitaires en Ukraine.  La Russie et « tous ceux qui le souhaitent vraiment » feront tout leur possible pour soulager les souffrances des populations civiles, a-t-il dit. 

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) s’est félicitée du dialogue entre les Nations Unies, l’Ukraine et la Fédération de Russie qui a permis au premier convoi humanitaire d’arriver dans l’est du pays.  C’est précisément ce type de coordination que nous appelons de nos vœux et souhaitons rapidement formaliser, a-t-elle dit.  Cependant, elle a rappelé que le Conseil de sécurité a un rôle crucial à jouer dans le droit fil de sa responsabilité de maintien de la paix et de la sécurité internationales, devant apporter une réponse à la crise.  La représentante a dit avoir examiné avec soin tous les projets de textes, dont celui de la Fédération de Russie, en expliquant être d’accord avec des dispositions telles que celles sur un accès sans entrave de l’aide humanitaire.  Si les Émirats arabes unis se sont abstenus, a-t-elle expliqué, c’est parce qu’ils auraient aimé, un mois après le début du conflit, voir dans le texte un appel à la cessation des hostilités.  En conclusion, la représentante a demandé que le Conseil se montre à la hauteur en adoptant un texte de compromis comportant des éléments sur lesquels ses membres peuvent tomber d’accord, notamment un appel aux parties pour qu’elles respectent leurs obligations en droit international humanitaire, par exemple au regard des blessés, des malades et des disparus.  Nous devons aider tous ceux qui sont dans le besoin sur le terrain.

La représentante des États-Unis a repris la parole pour répondre à la Fédération de Russie, qui s’était interrogée sur les motifs de l’abstention de la délégation américaine et de son non-recours au veto.  La résolution soumise ne méritait pas de recourir au droit de veto, a-t-elle tranché, observant que l’abstention de 13 des 15 membres du Conseil était suffisante pour que le projet de résolution ne soit pas adopté.  Nous n’avions pas besoin de cette « résolution risible », a-t-elle ajouté, avant de rappeler que son pays a déjà versé 7 millions de dollars d’aide à l’Ukraine et continuera à soutenir ce pays ainsi que ses voisins.

À son tour, le représentant du Mexique a souhaité trouver des solutions constructives grâce à un dialogue franc pour que le Conseil de sécurité puisse contribuer à l’acheminement humanitaire en Ukraine. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission de la condition de la femme: l’action climatique doit se faire avec les femmes ou ne se fera pas, soulignent ONG et société civile

Soixante-sixième session,
10e séance plénière et réunion virtuelle, Matin & après-midi
FEM/2218

Commission de la condition de la femme: l’action climatique doit se faire avec les femmes ou ne se fera pas, soulignent ONG et société civile

Le dernier jour du débat général de la Commission de la condition de la femme a été l’occasion pour les représentants de la société civile et des ONG d’appeler à faire des femmes et des filles, qu’elles soient urbaines, rurales, autochtones ou handicapées, des partenaires et des agentes actifs de la lutte climatique, tout en reconnaissant que la crise climatique n’est pas du tout neutre du point du vue du genre puisque les femmes et les filles sont frappées de plein fouet. 

Le verdict clair de cette journée a été que l’action climatique devra se faire en comptant sur les femmes et les filles, seule façon de parvenir à un avenir durable, vert et résilient, ou ne se fera pas.  

Malheureusement, d’après ces témoignages, les femmes rurales, autochtones, handicapées ne sont toujours pas assez associées à la prise de décision, ni à la planification et mise en œuvre des plans et politiques d’atténuation des effets des changements climatiques et des catastrophes.  Pourtant, comme l’a relevé le Ministère du genre, de l’enfance et de la protection sociale du Ghana, les femmes et des filles sont les gestionnaires primaires des ressources naturelles et donc de « puissantes agentes de changement ». 

Mais, dans la pratique, lui a rappelé Girls Learn International, les changements climatiques exacerbent les inégalités, réduisent les moyens de subsistance des femmes et ferment l’accès à l’éducation des filles, mettant de fait leur santé physique et mentale en péril.  Qui plus est, les femmes et les filles représentent la majorité des déplacés climatiques.  Exprimant un sentiment d’urgence, la Trade Union Confederation a insisté sur le fait qu’au moment où la crise climatique risque d’aggraver les difficultés d’accès à l’eau, à l’énergie et à la santé, il importe de faire progresser les droits des femmes, dans le cadre d’un dialogue social.  

Dans la même veine, Public Services International a fait valoir que les femmes et les filles sont concernées au premier chef par les déplacements, les pertes d’emplois et la pauvreté énergétique.  « Une version plus verte du néolibéralisme » ne suffirait pas pour remédier à ces inégalités, d’après la délégation pour laquelle il faut une véritable transition juste qui tienne compte des effets sur les femmes et les filles de crises telles que celles liées à la pandémie et au climat.  Ces deux crises simultanées n’ont fait qu’entraver davantage la possibilité qu’ont les femmes et les filles d’accéder à l’économie formelle. 

L’accès des femmes et des filles à une éducation de qualité a souvent été avancé comme un outil incontournable pour promouvoir l’autonomisation des femmes et leur donner les moyens de prendre leur place dans les enceintes de prise de décisions climatiques.  Le fait que les financement humanitaires et climatiques ne parviennent souvent pas au niveau des organisations communautaires a également été dénoncé, alors que les représentantes de communautés autochtones n’ont eu de cesse de mettre en avant leurs connaissances ancestrales en termes de protection de l’environnement et de respect de la nature.  Concrètement, les intervenants ont appelé à garantir la parité dans la gouvernance climatique, à assurer l’égalité d’accès aux technologies pour la protection des ressources, et le droit à un environnement durable et en bonne santé.  Les États Membres ont également été appelés à consacrer 25% des financements humanitaires aux organisations de femmes autochtones.

Les débats se sont poursuivis dans l’après-midi dans le cadre d’une table ronde sur le thème « Bâtir un avenir résilient: rapprocher les sciences physiques et les sciences sociales pour faire progresser l’égalité des genres dans les domaines des changements climatiques, de l’environnement et de la réduction des risques de catastrophe ».  À cette occasion la Fondatrice-Présidente de Green Hope Foundation a appelé à utiliser l’écoféminisme et les connaissances scientifiques pour faire avancer les connaissances et l’action, relevant que la conjonction de mesures à la fois scientifiques et féministes reste insuffisante du fait des entraves structurelles que connaît la participation des femmes.

Même le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) préconise des modifications systémiques en faveur des femmes et des filles pour progresser sur le front climatique, a relevé le Rapporteur spécial sur les droits de l’homme et l’environnement, qui a déploré qu’à l’heure actuelle, seuls 15 ministres de l’environnement dans le monde sont des femmes et ces dernières ne possèdent que 15% des terres au niveau planétaire.  « Il faut donner le pouvoir aux femmes », a-t-il insisté.

La Commission de la condition de la femme poursuivra ses travaux jeudi 24 mars, à partir de 10 heures.

SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »

Suite et fin de la discussion générale

M. ALEJANDRO GIAMMATEI, Président du Guatemala, a indiqué que la politique générale 2020-2024 de son gouvernement vise à garantir l’équité entre hommes et femmes et à lutter contre les discriminations de toutes sortes, en particulier envers les peuples autochtones et les femmes.  L’un des piliers de cette politique prend la forme d’une stratégie de prévention des violences sexuelles et d’élimination de toutes les formes de violence contre toutes les femmes et filles, y compris la traite et l’exploitation sexuelle, a-t-il précisé, ajoutant qu’à l’échelle de la région, une quinzaine d’institutions, d’organismes judiciaires et de ministères participent à une initiative de prise en charge intégrale des femmes victimes de violence.  Inauguré cette année, cet accord de coopération offre à ces dernières un accès aux services juridiques, sociaux, de santé, d’éducation et d’autonomisation économique.  Au plan national, une équipe de professionnelles dirigée par le Ministère de l’éducation mène des actions pour éliminer la violence contre les filles et les adolescents, a indiqué le Chef d’État, selon lequel la violence sexuelle est une des principales causes de grossesse des moins de 14 ans dans son pays.  Pour combattre ce crime, le Ministère du développement social a lancé un programme de protection, qui prévoit notamment des transferts en espèces aux parents afin de permettre aux filles et aux adolescentes de fréquenter des services de santé.  Parallèlement, a ajouté M. Giammatei, le Ministère de l’économie promeut l’indépendance économique des femmes en leur donnant accès aux financements et à des services de développement d’entreprises pour accroître leur capacité de production. 

Mme WILLIAMETTA E. SAYDEE-TARR, Ministre du genre, des enfants et de la protection sociale du Libéria, a indiqué qu’alors que 58% de sa population dépend de l’agriculture pour sa subsistance, le Libéria s’emploie à renforcer les capacités des agriculteurs, hommes et femmes, notamment en matière de lutte contre les changements climatiques.  En tant que signataire de l’Accord de Paris, le pays s’engage également, au travers de ses contributions déterminées au niveau national, à inclure une perspective de genre dans la planification et la prise de décisions environnementales.  Dans ce même esprit, a poursuivi la Ministre, le Gouvernement libérien a mis en œuvre une stratégie de réponse aux changements climatiques qui vise, entre autres objectifs, à faire accéder les femmes à la propriété de terres agricoles.  Il s’emploie par ailleurs à améliorer la gestion des catastrophes qui affectent principalement les femmes et les filles.  Enfin, il vient de lancer un indice sur l’égalité des sexes, afin de mieux cerner les différences existant entre hommes et femmes en termes de besoins, de participation aux prises de décisions, d’accès aux ressources et aux droits de propriété, de planification du développement et de contrôle des actifs.  Cet outil nous permettra d’orienter les investissements stratégiques pour davantage responsabiliser notre peuple, a-t-elle expliqué. 

Mme AYA BENJAMIN LIBO WARILLE, Ministre du genre, de l’enfant et du bien-être social du Soudan du Sud, a indiqué que son pays subit de plein fouet les effets des changements climatiques, précisant que 5 des 10 États subissent des inondations et que de nombreuses personnes ont été déplacées.  Elle a fait savoir que son gouvernement met actuellement en œuvre une politique de protection de la biodiversité et des mécanismes de réduction des risques de catastrophe.  Le pays connait par ailleurs un niveau élevé d’insécurité alimentaire, ce qui nécessite d’investir dans les infrastructures, la technologie postrécolte et l’agriculture intelligente.  Après avoir évoqué l’intégration d’un quota de genre de 35% à la Constitution, la Ministre a cité plusieurs initiatives visant notamment à contrer l’abandon scolaire durant le confinement, mettre un terme au mariage d’enfants et prévenir les grossesses précoces.  Un fonds pour les entreprises de femmes a été mis sur pied et le Gouvernement a par ailleurs nommé plusieurs femmes à des postes de prise de décisions, y compris au sein du Ministère de l’environnement.

Mme IRENE MONTERO, Ministre de l’égalité de l’Espagne, a dit que l’égalité des sexes est une condition sine qua non à la réalisation des objectifs de développement durables.  Elle s’est inquiétée des retards observés dans la mise en œuvre de la promotion des droits de la femme en raison des contraintes liées à la pandémie de COVID-19.  Elle a appelé à accélérer la mise en œuvre des engagements en matière d’égalité des genres et de protection de l’environnement.  Elle a aussi appelé à tenir compte des femmes et des filles en situation de vulnérabilité et promouvoir la participation des activités qui promeuvent le droit des personnes.  Le projet féministe ainsi que l’environnementalisme social sont essentiels pour faire face à la crise climatique et offrent une opportunité de créer un monde meilleur et plus juste, a déclaré la Ministre avant d’appeler les gouvernements à agir avec détermination et courage en faveur d’un monde égalitaire et durable.

M. AHMED ADAM BAKHEID DUKHRI, Ministre du développement social du Soudan, a indiqué que son gouvernement a réalisé des progrès significatifs en ce qui concerne le droit des femmes.  Reconnaissant le rôle de pionnier joué par les femmes dans les plans de réponse et de relèvement, il a insisté sur l’importance de la coopération entre les partenaires.  Il a souligné les efforts du Soudan pour mettre en œuvre des objectifs ambitieux en matière d’autonomisation des femmes et de protection de l’environnement conformément aux conventions internationales et régionales ratifiées par le Soudan, y compris les objectifs de développement durable et l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  En outre, des lois criminalisent désormais les mutilations génitales féminines, reconnaissent les droits des femmes réfugiées et les protègent de la violence.  L’égalité dans les politiques climatiques s’étend également au travail réalisé en coopération avec des partenaires d’organisations internationales et non gouvernementales.

Mme FAZILATUN NESSA INDIRA INDIRA, Ministre d’État pour les enfants et les femmes du Bangladesh, a déploré qu’alors que le pays ne contribue qu’à moins de 1% du réchauffement climatique, les femmes et les filles bangladeshies sont particulièrement vulnérables aux risques de catastrophes naturelles, assurant que son gouvernement s’emploie à leur venir en aide, au travers de mesures d’adaptation et d’atténuation.  De plus, le plan national pour l’action climatique, adopté en 2013, comprend un large volet consacré à l’égalité des sexes, tandis que la politique nationale pour l’autonomisation des femmes appuie aussi l’action climatique des femmes, a-t-elle expliqué.  Pour répondre aux risques de catastrophes naturelles, 38 000 femmes volontaires participent aux dispositifs de préparation aux cyclones, a encore indiqué Mme Indira.  Le Gouvernement a par ailleurs adopté un plan destiné à bâtir une économie verte sensible au genre, tout en renforçant la résilience des communautés et l’autonomisation des femmes au travers de mesures techniques et financières, a-t-elle ajouté, avant d’avertir que son pays aura besoin de plus de ressources pour atteindre les objectifs de développement durable liés aux femmes et aux filles. 

Mme SAMRA FILIPOVIC-HADZIABDIC, Directrice de l’Agence pour l’égalité des genres de la Bosnie-Herzégovine, s’est vantée du développement d’un cadre juridique solide pour faire progresser l’égalité entre les genres en Bosnie-Herzégovine.  Elle a aussi cité un plan d’action pour la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité.  Elle a jugé important d’écouter les femmes et d’appuyer leurs efforts pour changer le monde.  L’adaptation aux changements climatiques, la protection de l’environnement et la réduction des risques de catastrophe sont une composante intégrale des politiques et stratégies d’égalité des genres de la Bosnie-Herzégovine dont le Gouvernement finalise par ailleurs une stratégie d’envergure pour la protection de l’environnement qui intègre une forte composante genre.

M. SUPARK PRONGTHURA (Thaïlande) a indiqué que l’Assemblée nationale des femmes et de la famille de son pays vise à davantage faire entendre la voix des femmes dans la rédaction des lois, tandis que le Département de la prévention des risques de catastrophe du Ministère de l’intérieur a organisé une série d’ateliers de formation et de renforcement de capacité à l’intention des femmes comme des hommes.  Une plus grande visibilité est également accordée aux femmes et aux filles dans les activités de réduction des risques de catastrophe.  Un projet de plan d’adaptation aux changements climatiques vise en outre à ce que les services d’urgence et d’adaptation soient disponibles pour toutes les personnes qui en ont besoin, et une perspective sexospécifique a par ailleurs été intégrée au plan d’action climatique, notamment pour ce qui est de l’adaptation.

M. MOUSSA (Djibouti) s’est inquiété des conséquences des changements climatiques sur les droits des femmes et des filles.  Il a ajouté que la réalisation des droits des femmes repose sur la mise à disposition de moyens significatifs en plus des moyens nationaux.  « L’objectif premier du Gouvernement est de n’exclure aucune femme de la protection sociale », a insisté le représentant, précisant que des mesures ont notamment été prises pour élargir l’accès aux soins de santé et promouvoir la protection.  Les femmes jouent en outre un rôle important dans le secteur informel, qui est un élément central du tissu économique de Djibouti et le Gouvernement s’engage à faire respecter leurs droits.

Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a déploré que peu de femmes aient été présentes dans les délégations qui se sont rendues à la COP26.  L’action climatique devra se faire en comptant sur les femmes et les filles, seule façon de parvenir à un avenir durable, vert et résilient, a-t-elle affirmé.  Elle a indiqué qu’au niveau national, le Costa Rica dispose d’un mécanisme de promotion de la femme et d’une feuille de route pour parvenir à l’égalité des sexes.  Il a également mis à jour sa contribution nationale en vertu de l’Accord de Paris.  La représentante a ensuite appelé à des changements au niveau de l’organisation des soins au sein des sociétés.

Elle a également appelé à garantir la parité dans la gouvernance climatique, à assurer l’égalité d’accès aux technologies pour la protection des ressources, et à garantir le droit à un environnement durable et en bonne santé.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a indiqué que l’action du Ministère du genre, de l’enfance et de la protection sociale est guidée par le programme national pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles.  Ce programme, a-t-il précisé, a donné lieu à une politique nationale du genre, qui permet d’intégrer le principe d’égalité hommes-femmes dans tous les secteurs, y compris ceux de l’énergie et de l’environnement.  À cet égard, il a relevé que, face à la menace climatique, la politique nationale de développement à moyen terme 2022-2025 prévoit non seulement de réduire la déforestation et d’augmenter l’utilisation d’une eau et d’énergies propres mais aussi d’assurer l’égalité des sexes.  Dans ses réponses aux changements climatiques, le Ghana reconnaît le rôle important des femmes et des filles en tant que gestionnaires primaires des ressources naturelles et « puissantes agentes du changement », a insisté le représentant, assurant que son pays continuera de veiller à ce qu’elles aient un accès égal aux connaissances, au renforcement des capacités et à la technologie.  Une attention particulière est accordée aux femmes rurales, qui sont durement frappées par les changements climatiques en raison de leur dépendance à l’agriculture et aux ressources, a-t-il indiqué, avant de préciser que son pays s’emploie à inclure les femmes dans l’élaboration et la mise en œuvre de ses politiques de réduction des risques climatiques et de catastrophe. 

Mme PATRICIA SCOTLAND QC, Secrétaire générale du Commonwealth, a relevé que les femmes et les enfants ont été pris au piège avec leurs agresseurs durant la pandémie de COVID-19.  Elle a cité la mise en place d’une plateforme du Commonwealth offrant aux femmes des outils permettant de faire face aux abus de leurs droits, et a ensuite indiqué que les chefs d’État du Commonwealth se réuniront au printemps prochain à Kigali pour discuter de la parité entre les genres et de l’autonomisation des femmes.  

Mme HAIFA ABU GHAZALEH, Secrétaire générale adjointe et Chef des affaires sociales de la Ligue des États arabes, a cité l’adoption d’un communiqué de la Ligue qui a identifié cinq thèmes correspondant aux priorités régionales en matière d’égalité des genres et d’autonomisation des femmes.  Elle a également parlé de l’Initiative verte du Moyen-Orient et de la tenue d’un sommet des États membres de la Ligue des États arabes sur la question en octobre 2021. 

Mme CHACON, d’ACT Alliance - Action by Churches Together, a relevé que la religion et la culture ont une importance prépondérante dans la définition des normes sociales, lesquelles façonnent la réalité face à l’urgence climatique, pour ensuite déplorer la très grande vulnérabilité des femmes et des filles dans ce contexte.  Pour y remédier, elle a recommandé aux États Membres de prendre des mesures climatiques et de réduction des risques de catastrophe tenant compte du genre.  Elle a également souhaité que les mesures de résilience s’appuient sur les connaissances des femmes, qui sont trop souvent ignorées.  Il faut aussi renforcer les financements pour le climat en prenant en compte une perspective de genre et en proposant des dons et non des prêts, a-t-elle ajouté, avant de plaider pour une protection sociale universelle qui comprenne des services de santé sexuelle et reproductive. 

La représentante d’Advocates for Human Rights a souligné le lien entre changements climatiques et égalité des genres dans le contexte des industries extractives, objet d’un rapport par son organisation.  L’industrie minière peut avoir un impact négatif sur la production alimentaire et l’accès à l’eau potable, or ce sont les femmes qui sont le plus souvent en charge de ces deux aspects de la vie, a-t-elle relevé.  Constatant qu’elles sont exclues la plupart du temps des consultations sur le secteur minier, elle a demandé que la société civile et les femmes soient associées à tous les niveaux de la planification. 

M. NADEEM, Advocates for Youth, a noté l’impact des changements climatiques sur les femmes, notamment en termes de santé reproductive.  Il a mis l’accent sur les migrations qui résultent des changements climatiques et des risques accrus courus par les femmes et les filles dans des environnements inconnus, y compris la violence sexiste et les mariages précoces.  Le représentant a plaidé pour un accès aux services de soins reproductifs et sexuels pour les migrants, les femmes et filles qui vivent en milieu rural et les femmes autochtones.  Cependant, a-t-il déploré, ces groupes restent sous-représentés dans les parlements et les enceintes de prise de décisions.  Par conséquent, il a demandé à la Commission de se saisir de cette question et de plaider pour qu’elle soit prise en compte dans les discussions sur la parité et les changements climatiques. 

Mme KACHAMBWA, African Women’s Development and Communication Network – FEMNET, a appelé à la restructuration des mécanismes de financement climatique et environnemental pour répondre aux réalités, besoins et priorités des femmes et filles africaines dans toute leur diversité.  Le financement doit être flexible, accessible et à long terme et soutenir les femmes et les filles africaines qui sont en première ligne de la crise climatique.  Elle a également exigé la représentation équitable des femmes et des filles africaines dans les délégations gouvernementales de la vingt-septième session de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et à assurer l’engagement des organisations de jeunesse. 

Mme KHAFAGY, Alliance for Arab Women, a déclaré que les femmes de la région arabe sont confrontées à des inégalités dans l’accès aux services et aux ressources et qu’elles sont exposées à toutes les formes de violence.  Elle a ajouté que les femmes représentent 75% des pauvres de la région arabe.  En outre, les changements climatiques aggraveront la condition des femmes en raison de leur contrôle très limité des terres et des problèmes d’accès à l’eau.  Pourtant les connaissances traditionnelles des femmes dans les régions agricoles en font des acteurs bien placées pour observer les changements climatiques et y apporter différentes pratiques adaptatives.  Elle a estimé que les femmes devaient avoir accès à la technologie pour prévenir et atténuer les effets néfastes des changements climatiques. 

La représentante d’Amnesty International a constaté que les changements climatiques aggravent les inégalités de genre préexistantes, notant qu’après les catastrophes, les femmes font face à une plus grande insécurité et à des violations de leurs droits, en particulier le droit à la santé sexuelle et reproductive.  Dans ce contexte, les États doivent travailler ensemble dans un esprit de multilatéralisme et de coopération pour éviter une crise humanitaire de très grande ampleur et prévenir l’effondrement du climat, a-t-elle préconisé.  Elle a appelé à prendre des mesures ambitieuses pour limiter l’augmentation de la température planétaire de 1,5 degré Celsius et à protéger les personnes des effets inévitables de cette crise en tenant compte des besoins spécifiques des femmes.  Ce faisant, les États doivent s’appuyer sur le respect des droits humains et reconnaître les droits de tous, notamment de ceux qui les défendent.  Enfin, les États doivent faciliter l’accès de la société civile aux informations et aux évaluations, tout en faisant reculer les discriminations dont souffrent les femmes et les filles. 

Mme CHANDRASEKARAN, Asian-Pacific Resource and Research Centre for Women (ARROW), a indiqué qu’une étude réalisée par le Centre confirme l’impact disproportionné de la crise climatique sur les femmes en Asie-Pacifique, constatant que les inégalités sont aggravées par les changements climatiques et les catastrophes naturelles, d’autant plus que les paramètres de justice sont inégaux et ne favorisent pas les femmes.  De fait, dans tous les pays, les femmes ne jouissent pas de tous leurs droits et les normes patriarcales prévalent souvent, a déploré la représentante, avant d’appeler les États Membres à reconnaître que l’égalité de genre et l’autonomisation des femmes sont essentielles pour la durabilité environnementale et les objectifs de développement durable. 

Mme HURST, Fédération canadienne des femmes diplômées des universités, a mis l’accent sur l’accès à une éducation de qualité pour toutes les femmes et les filles en tant qu’outil incontournable de leur autonomisation.  Elle a dénoncé le fait que ceux qui sont le plus responsables des changements climatiques en sont les moins touchés.  Les législations et réglementations pour réduire les émissions de gaz à effet de serre doivent devenir une obligation pour les États Membres, a-t-elle exigé en les appelant aussi à respecter l’Accord de Paris, à consacrer 25% des financements humanitaires aux organisations de femmes autochtones et rurales, à se détourner des énergies non renouvelables et à réglementer le secteur privé de l’extraction. 

La représentante de CHIRAPAQ - Centro de Culturas Indígenas del Perú a déclaré que les changements climatiques sont le fruit des actions de l’être humain qui ne respecte par la Terre-Mère.  Les autochtones veulent protéger la Terre, a-t-elle dit, et se battent contre ce modèle dont ils sont victimes alors même qu’ils ne sont pas pris en compte dans les enceintes de prise de décisions dans la lutte climatique.  Elle a exhorté à reconnaître les contributions et connaissances des autochtones dans la lutte climatique, et à appuyer les initiatives autochtones.  Il faut également garantir la pleine participation des autochtones aux plans et programmes climatiques de l’échelle locale à l’échelle régionale, de leur planification à leur réalisation.  La représentante a également plaidé pour la protection des défenseuses des droits autochtones.

Intervenant au nom de 12 organisations dotées du statut consultatif auprès de l’ECOSOC, la représentante de Congregations of St. Joseph s’est inquiétée de l’impact des sociétés extractives sur les terres des femmes autochtones.  Des activités d’abatage dans les Îles Salomon ont empêché les femmes et filles d’avoir accès aux ressources naturelles, a-t-elle notamment fait savoir en insistant sur le droit qu’ont les communautés autochtones de donner ou de refuser leur consentement libre, informé et préalable. 

Intervenant au nom de 32 millions de personnels travaillant dans le secteur de l’éducation dont la majorité sont des femmes, Mme HOPGOOD, Education international, a demandé aux États Membres de nouer un dialogue avec les syndicats pour promouvoir la parité entre les genres.  Ella a jugé indispensable d’assurer une éducation de qualité en matière de changements climatiques, souhaitant que cette question figure dans tous les programmes scolaires de manière obligatoire. 

Mme BIANCO, Foundation for Studies and Research on Women, relevant que les changements climatiques exacerbent les inégalités préexistantes, a averti que les titulaires de droits appartenant à des minorités, vivant dans la pauvreté ou travaillant dans le secteur agricole sont les plus durement touchés.  Dans la droite ligne de la Stratégie de Montevideo de 2017, qui a pour but de guider l’action régionale pour l’égalité des sexes, elle a plaidé pour une transition vers un modèle de production et de consommation durables incorporant un système de redistribution des ressources et accordant une plus grande importance aux droits et à la diversité des femmes. 

La représentante de Girls Learn International a constaté à son tour que les changements climatiques exacerbent les inégalités, réduisent les moyens de subsistance et ferment l’accès à l’éducation des filles, mettant de fait leur santé physique et mentale en péril.  Les femmes et les filles, a-t-elle alerté, représentent la majorité des déplacés climatiques.  Elle a exhorté les États à créer des programmes de résilience pour les filles, à investir dans les hôpitaux et les abris et à garantir l’égalité des droits.  La crise climatique, a-t-elle insisté, entrave la possibilité qu’ont les filles d’apprendre et d’accéder à l’économie formelle, ce qui les expose à des risques accrus de violence.  Les femmes et les filles, a-t-elle martelé, doivent pouvoir bénéficier d’une éducation complète et participer sur un pied d’égalité à la prise de décisions, notamment celles ayant trait au climat à et à la résilience des communautés. 

La représentante de Global Initiative for Economic, Social and Cultural Rights a regretté que l’égalité hommes-femmes n’ait pas été prise en compte dans les politiques de transition énergétique qui, a-t-elle souligné, ne doivent pas se limiter à une transformation technique mais être conçues comme un outil de promotion de l’égalité de genre en mettant en place des plans ciblés pour les femmes et en accordant la priorité aux besoins des femmes en termes d’énergie. 

Mme BASU, Green Hope Foundation, a souligné le recul accusé en termes de parité à la suite de la pandémie, citant notamment le manque d’infrastructures et le fossé numérique.  Elle a appelé à travailler de façon plus ciblée en tenant compte des complexités qui se posent au niveau des communautés.  Elle a également jugé nécessaire de revoir les systèmes éducatifs pour passer à une éducation basée sur la vocation et les besoins du monde du travail. 

La représentante de International Disability Alliance qui intervenait depuis les Fidji, a expliqué que le Pacifique est le foyer de 1,7 million de personnes handicapées et une région qui subit de plein fouet les effets des changements climatiques.  Les femmes et les filles handicapées en sont touchées de manière disproportionnée, y compris en termes d’accès aux services d’appui, aux soins et à l’éducation.  Or, ce groupe n’est pas pris en compte dans les politiques nationales climatiques, a déploré la représentante qui a appelé à prendre des mesures concrètes pour permettre aux femmes handicapées de participer à la conception et à la mise en œuvre de politiques dans ce domaine, ainsi qu’au processus de prise de décisions.

La représentante de International Federation of Medical Students’ Associations a déclaré que les changements climatiques mettent en danger la vie de tous avec des incidences particulières sur les groupes vulnérables et marginalisés.  Elle a ajouté que sa fédération, qui rassemble 1,3 million d’étudiants en médecine, appelait la Commission à promouvoir des stratégies d’adaptation qui condamnent les pratiques traditionnelles néfastes, dont les mutilations génitales. 

Mme DE ALWIS, International Planned Parenthood Federation, a appelé à lutter contre les discriminations enracinées qui empêchent les femmes et filles d’avoir accès aux services de santé sexuelle et reproductive en rappelant que ces freins sont responsables d’une augmentation de la mortalité maternelle et infantile.  Elle a souligné que le respect des droits des femmes et des filles est indispensable pour surmonter les défis liés aux changements climatiques. 

Mme VIPOND, International Trade Union Confederation, a précisé que son organisation représente quelque 80 millions de travailleuses dans le monde.  Il est temps, a-t-elle dit, d’agir sur tous les fronts et de considérer en priorité les inégalités entre les sexes, qui ont été exacerbées par pandémie.  Au moment où la crise climatique risque d’aggraver l’accès à l’eau, à l’énergie et à la santé, il importe de faire progresser les droits des femmes, dans le cadre d’un dialogue social.  Elle a appelé les États à créer des millions d’emplois décents, notamment dans le secteur de la santé, à doubler le nombre des emplois dans l’administration publique et à surmonter « la ségrégation professionnelle », en assurant l’accès des femmes à des emplois scientifiques et technologiques.  Elle a également souhaité qu’un effort plus important soit fait pour tenir compte de la féminisation de la pauvreté énergétique et pour assurer l’accès des femmes dans toute leur diversité à des postes à responsabilité. 

La représentante de Lutheran World Federation a indiqué que cette alliance d’églises lutte pour la justice climatique et l’égalité des sexes, convaincue de la primauté des droits humains.  L’urgence climatique est une réalité et il faut y faire face maintenant, a-t-elle plaidé, estimant que la situation des personnes marginalisées et vulnérables doit être considérée en priorité.  À cet égard, elle a rappelé que les femmes et les filles subissent de manière disproportionnée les effets des changements climatiques et que 8 déplacés sur 10 à la suite de catastrophes sont des femmes et des filles.  Comme fait aggravant, elle a fait observer que ces femmes et ces filles n’ont souvent pas accès aux ressources et ne participent pas aux prises de décisions.  En revanche, elles sont victimes de violences accrues et d’un accès limité l’éducation, a-t-elle déploré, avant d’appeler les États à tenir compte des vastes connaissances et de l’expérience des femmes, qui peuvent faire d’elles d’efficaces agentes du changement. 

Le représentant de MenEngage Global Alliance, notant que la crise climatique n’est pas neutre du point de vue du genre, a salué les analyses féministes qui mettent en avant les liens entre injustices sociales et égalité de genre.  L’Alliance est solidaire des activités féministes, autochtones et de jeunes qui défient les différentes formes de patriarcats qui contribuent aux injustices climatiques notamment, a déclaré le représentant.  Il faut exposer et contester ces normes sociétales, et les hommes et les garçons doivent devenir des alliés de la transformation des patriarcats néfastes et de la lutte climatique, y compris sous un angle genré, a-t-il insisté.  Il a conclu en demandant de faire de « l’écocide » un crime international. 

Mme MONET, New Generation In Action, du Nigéria, a attiré l’attention sur l’impact des changements climatiques sur l’accès à l’eau et aux produits alimentaires sains.  Elle a plaidé pour une éducation de qualité pour les femmes du secteur du cacao, notamment pour leur apprendre à cultiver le cacao sans avoir recours aux pesticides.  Il faut que les populations locales aient suffisamment de ressources et de connaissances pour protéger leurs terres, a-t-elle souligné en expliquant que son organisation organise notamment des projections de films éducatifs et forge des partenariats.

Mme PAVANELLI, Public Services International, a constaté que la crise climatique n’est pas du tout neutre du point du vue du genre puisque les femmes et les filles sont frappées de plein fouet.  Elles sont notamment concernées au premier chef par les déplacements, les pertes d’emplois et la pauvreté énergétique, a-t-elle souligné, estimant à cet égard qu’une version plus verte du néolibéralisme ne permettrait pas de remédier à ces inégalités.  Il faut une transition juste qui tienne compte des effets sur les femmes et les filles de crises telles que celles liées à la pandémie et au climat.  La représentante a appelé à un changement dans la division actuelle du travail, à une régularisation du travail informel et à la multiplication de services publics de qualité et transformateurs du point de vue du genre. 

Mme KWATRA, Swedish Federation of Lesbian, Gay, Bisexual and Transgender Rights - RFSL, a exhorté la Commission à mettre l’accent sur la lutte contre les violences sexistes ou basées sur le genre et soutenir des engagements éclairs pour comprendre les attentes et contraintes des femmes lesbiennes, bisexuelles et transgenres en temps de crise.  « Un monde meilleur pour tous n’est possible que si tous les efforts sont inclusifs et basés sur les genres », a insisté la représentante. 

Intervenant au nom de United Cities and Local Governments (UCLG), Mme COSSE, maire de Montevideo, a appelé à adopter une approche inclusive plaçant les personnes au cœur des efforts de lutte contre les changements climatiques.  Elle a constaté que les femmes et filles, les membres de la communauté LGBTQ+ et les enfants sont les premiers à voir leurs droits économiques et sociaux compromis en temps de crises. 

Mme DESAI, Voice of Specially Abled People Inc. (VOSAP), a appelé à faire mieux entendre la voix des femmes et des filles en tant que participantes actives à la planification, la mise en œuvre et au suivi des interventions en cas de catastrophe.  Elle a noté que les situations de risques et les urgences humanitaires menacent tout particulièrement les femmes et des filles handicapées qui voient leurs chances de survie réduite en raison de l’absence de services appropriés.  Elle a insisté sur l’importance d’améliorer l’accessibilité en éliminant les barrières physiques, de même que sur la disponibilité de bases de données.  Il faut aussi permettre aux femmes et aux filles handicapées d’avoir accès à l’éducation et aux outils pédagogiques et poursuivre les efforts de planification et de réduction des risques de catastrophe en tenant compte de leurs voix.

Mme VAN DE VOORT, Women in Europe for a Common Future, a demandé à tous les gouvernements de régler par la voie du dialogue les conflits en cours à travers le monde.  Elle a dénoncé les violences intersectionnelles multiples qui touchent les femmes et perpétuent des conceptions patriarcales dépassées, avant de demander aux États Membres de faire preuve de davantage d’audace dans les mesures d’adaptation et d’atténuation des changements climatiques. 

La représentante de Women’s Centre for Legal Aid and Counseling (WCLAC) a dénoncé les violences dont sont victimes les Palestiniennes dans le territoire occupé et à Gaza, où, a-t-elle ajouté, 80% de l’eau disponible n’est pas potable, alors qu’il est de la responsabilité de la Puissance occupante de veiller au fonctionnement des services d’eau et d’assainissement. 

Mme SANDS, World Association of Girl Guides and Girl Scouts, a rappelé l’absolue nécessité de mettre en œuvre des mesures pour lutter contre les changements climatiques, avant de s’étonner que les femmes, notamment autochtones, soient insuffisamment associées aux consultations lancées par leurs gouvernements. 

Table ronde d’experts interactive sur le thème: « Bâtir un avenir résilient: rapprocher les sciences physiques et les sciences sociales pour faire progresser l’égalité des genres dans les domaines des changements climatiques, de l’environnement et de la réduction des risques de catastrophe »

Mme NOELENE NABULIVOU des Fidji, cofondatrice de l’organisation Diverse Voices and Action for Equality, a noté la persistance de cloisons entre les sciences physiques et sociales, notamment dans le contexte de la lutte climatique, et a appelé à en examiner les incidences sur les communautés, en tenant compte d’une perspective de genre de manière à identifier les impacts différenciés des changements climatiques sur les femmes et les filles, afin de mieux répondre à leurs besoins et d’en faire des partenaires dans la lutte climatique.  Constatant que l’action et l’analyse féministes sont souvent considérées comme un travail complémentaire de l’action climatique, elle a recommandé d’encourager explicitement les dynamiques de recherche intersectorielles sur le genre et climat.  Pour l’intervenante, il s’agit de « décoloniser les pratiques et de faire preuve de solidarité avec les autochtones et les femmes scientifiques de couleur ».   

Notant que certaines recherches ne sont pas menées par les États, notamment sur le travail non rémunéré, et que c’est souvent à la société civile de s’y substituer, Mme Nabulivou a souligné l’importance d’établir des partenariats entre le secteur public et la société civile pour pouvoir disposer d’un ensemble d’études et de recherches plus expérimentales ou sur de nouvelles thématiques.  À ce titre elle a cité les travaux de son organisation sur les femmes pauvres et la justice climatique.  Mme Nabulivou a également mis l’accent sur le lien positif entre recherche et mouvements sociaux.  Il faut avancer rapidement et agir pour réparer les écosystèmes et il faut pour cela s’appuyer à la fois sur les sciences sociales et les sciences physiques et sur les rapports du GIEC, a-t-elle estimé. 

Mme LORENA AGUILAR du Costa Rica, experte indépendante sur le genre et l’environnement, a axé son intervention sur des données relatives aux femmes dans la recherche climatique, en affirmant qu’elles sont « désavantagées et sous-représentées ».  Sur 1 000 spécialistes du climat dans le monde, il n’y a que deux femmes parmi les 50 meilleurs, a-t-elle souligné.  Elle a salué les recommandations récentes du GIEC pour veiller à une meilleure représentation des femmes au sein de ses équipes où la représentation des femmes est passée de 8% à un tiers depuis 1990.  Les femmes ont toutefois 15% moins de chances de pouvoir prendre la parole ou chapeauter des groupes de recherche, a-t-elle déploré.  Quant aux principaux obstacles rencontrés par les femmes expertes ou chercheuses, elle a cité le manque de temps, en grande partie à cause de la prise en charge des enfants, ainsi que des problèmes techniques informatiques.  Le GIEC a créé une autre équipe spéciale en tenant compte de la perspective de genre, a-t-elle noté avant de plaider pour une représentation équitable des femmes lors de l’examen de sujets tels que les changements climatiques qui ont différentes répercussions sur les femmes que sur les hommes.  Mme Aguilar s’est d’ailleurs félicitée que les derniers rapports du GIEC intègrent une perspective de genre pour identifier les expériences et besoins des femmes dans le contexte des changements et de la lutte climatiques. 

M. DAVID R. BOYD, Rapporteur spécial sur les droits de l’homme et l’environnement, a tout d’abord rappelé que, le 8 octobre 2021, le Conseil des droits de l’homme a adopté une résolution pionnière sur le droit de tous à un environnement propre et sain, illustrant ainsi l’évolution des droits fondamentaux au niveau mondial.  À cet égard, il a souhaité rendre hommage aux femmes qui ont rendu possible cette avancée historique, affirmant que sans leurs efforts, cette résolution n’aurait pas été adoptée.  Le Rapporteur spécial a ensuite averti que la crise environnementale sans précédent que nous connaissons aujourd’hui ne pourra être maîtrisée si l’on n’autonomise pas les femmes.  Il a noté que même le GIEC préconise des modifications systémiques en faveur des femmes et des filles pour progresser sur le front climatique.  Appelant pour sa part à l’injection d’une « dose de droit fondamentaux », M. Boyd a fait valoir que tous les grands mouvements sociaux de l’histoire se sont servis des droits comme des « catalyseurs ».  C’est donc le bon moment de reconnaître l’importance d’un environnement non toxique, a-t-il souligné, ajoutant toutefois qu’il convient de veiller à ce que ces droits soient accessibles pour les femmes et les filles.  Si chacun sait désormais que les changements climatiques ont sur elles des répercussions disproportionnées, il existe aussi des preuves démontrant qu’elles sont des agentes de changement, a relevé le Rapporteur spécial, citant en exemple le rôle de pointe des femmes en Afrique du Sud, notamment dans les domaines de l’agriculture, des ressources halieutiques et des énergies renouvelables.  Or à l’heure actuelle, seuls 15 ministres de l’environnement dans le monde sont des femmes et ces dernières ne possèdent que 15% des terres au niveau planétaire.  « Il faut donner le pouvoir aux femmes », a-t-il insisté, jugeant que leur participation aux décisions est l’outil le plus puissant pour faire avancer les droits fondamentaux et s’attaquer à la crise climatique et environnementale.

Dialogue interactif

Pour forger des avenirs résilients aux changements climatiques, plusieurs intervenants ont appelé, à l’issue de l’intervention des experts, à promouvoir des sciences physiques et sociales plus sensibles à l’égalité des sexes pour mesurer, comprendre et renforcer la résilience des femmes, des filles et de leurs organisations en tant que puissantes agentes de changement.  

Citant des preuves scientifiques qui démontrent que les femmes et filles sont de puissantes agentes de changement, le Rapporteur spécial sur les droits de l’homme et l’environnement a dit l’importance de promouvoir les droits des femmes avant de rappeler que les cadres des droits humains prévoient des mécanismes de redevabilité.  Si la Présidente de la Green Hope Foundation a souhaité plus de données scientifiques ventilées par sexe pour parvenir à une véritable justice climatique entre hommes et femmes, la plupart des intervenants ont dit la nécessité d’intégrer les dimensions de genre dans la science et la politique des changements climatiques, notamment les connaissances inestimables des femmes autochtones en matière de lutte contre la dégradation des sols.  

Rappelant que l’autonomisation économique et sociale des femmes est indispensable au renforcement de la résilience aux changements climatiques et aux catastrophes, la délégation des États-Unis a indiqué que son pays a, lors de la COP26, annoncé un investissement de 30 millions de dollars en faveur de l’égalité des genres au profit de l’action climatique, par le biais de l’augmentation de la présence des femmes dans l’industrie verte et la réduction du « stress » des filles face aux changements climatiques.  

Notant que « la majorité des personnes touchées par les changements climatiques sont pauvres et que la majorité des pauvres sont des femmes », le Ministre de l’enseignement supérieur, de la science et l’innovation de l’Afrique du Sud a indiqué que son pays accueillera, du 7 au 9 décembre 2022, la septième édition du Forum mondial de la science, sur le thème « La science au service de la justice sociale ».  De son côté, la représentante de la Suisse a appelé à une transformation scientifique pour passer de l’interdisciplinarité à une transdisciplinarité plus sensible à la diversité des besoins et situations.  

« Sans égalité des droits, nous gaspillons des ressources », a prévenu la représentante des agriculteurs avant d’appeler à entendre la voix des 1,5 milliard d’agriculteurs aux niveaux mondial et local, dans un souci d’efficacité en matière de résilience face aux changements climatiques.  

Illustrant la contribution de la science pour mesurer l’impact de la pollution sur la marginalisation environnementale des femmes, l’Église épiscopale a cité une cartographie numérique de ses diocèses qui a montré un lien entre augmentation des taux d’ozone et risques de cancer chez les femmes et filles qui vivent dans des quartiers défavorisés près des axes routiers.  En écho à cette déclaration, la représentante des Philippines a demandé des investissements soutenus pour permettre aux femmes et filles défavorisées d’accéder aux services de santé en général et de santé génésique en particulier.  

Notant que les femmes handicapées sont parmi les plus vulnérables aux catastrophes, la représentante du Royaume-Uni, appuyée par l’Organisation des personnes handicapées du Danemark, a jugé indispensable que ces femmes soient représentées dans les processus de prise de décisions relatifs aux mesures d’atténuation des conséquences des catastrophes.  

Si la représentante d’une ONG sud-africaine a appelé à tenir compte des connaissances inestimables des femmes rurales et autochtones pour lutter contre la dégradation environnementale et la sécurité alimentaire, celle d’Oxfam a annoncé que son organisation s’apprête à mener une étude sur les liens entre les activités de subsistance non rémunérées des femmes et l’égalité des genres dans le contexte environnemental.

Mme KEHKASHAN BASU, fondatrice et Présidente de Green Hope Foundation, a indiqué que son organisation travaille dans 26 pays au contact de communautés se trouvant en périphérie du développement et dans lesquelles les croyances et le manque d’éducation rendent plus importants encore les défis que doivent surmonter les femmes et les filles.  Pour répondre à leurs besoins, il importe d’utiliser au mieux l’action climatique féministe et la science, a estimé l’influenceuse canadienne, co-responsable de ces questions au sein du Forum Génération Égalité.  Elle a rappelé à ce sujet qu’elle participe depuis son adolescence à des processus d’atténuation climatique et qu’elle a vu, au fil des ans, l’évolution de l’action contre les changements climatiques.  « Au début, on s’intéressait surtout aux aspects techniques, désormais on parle de justice climatique et on se concentre sur des questions intersectionnelles », s’est-elle félicitée.  Il n’en reste pas moins que la conjonction de mesures à la fois scientifiques et féministes reste insuffisante du fait des entraves structurelles que connaît la participation des femmes, a souligné la militante, selon laquelle il faut à présent utiliser l’écoféminisme et les connaissances scientifiques pour faire avancer les connaissances et l’action.  Mme Basu a précisé que, dans le cadre de son travail sur la résilience climatique, elle s’appuie justement sur des données issues d’analyses intersectionnelles intégrant le rôle et les besoins des femmes et des filles au niveau local.  De même, a-t-elle ajouté, nous utilisons l’énergie verte pour permette aux femmes de devenir plus indépendantes en sauvegardant l’environnement.  Si nous voulons reconstruire en mieux après la pandémie et contribuer efficacement à l’équilibre planétaire, il est essentiel de faire participer tous les individus et d’éliminer le travail en silos au profit d’une action collective, a-t-elle conclu.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Moyen-Orient: peu de progrès dans l’application de la résolution 2334, selon le Coordonnateur spécial, mais une trêve en perspective pour les fêtes religieuses

9000e séance – matin
CS/14836

Moyen-Orient: peu de progrès dans l’application de la résolution 2334, selon le Coordonnateur spécial, mais une trêve en perspective pour les fêtes religieuses

Alors que la résolution 2334, adoptée en 2016, appelait Israël à « cesser immédiatement et complètement toute activité de colonisation dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est », aucune mesure de ce genre n’a été prise, a dit ce matin devant le Conseil de sécurité le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient en faisant le point de la situation entre le 10 décembre 2021 et le 18 mars 2022. 

Constatant peu de progrès dans la mise en œuvre de la résolution 2334, M. Tor Wennesland a rappelé que, dans un peu plus d’une semaine, alors que le Ramadan commence, des milliers de musulmans viendront prier sur les lieux saints musulmans de Jérusalem, suivis peu après par les fidèles juifs et chrétiens pour marquer Pessa’h et Pâques en avril.  Cela devrait être un moment de réflexion pacifique, de prière et de célébration pour toutes les religions, a-t-il espéré alors que les tensions ont marqué ces derniers mois. 

À l’approche des fêtes religieuses, les parties doivent faire montre de la plus grande retenue, ont aussi déclaré les États-Unis avant de réclamer le respect du statu quo s’agissant des lieux saints.  Les Émirats arabes unis ont abondé en soulignant que ces moments sacrés pour les trois religions abrahamiques sont l’occasion de promouvoir les valeurs de coexistence pacifique entre les différentes religions.   D’autres délégations ont mentionné l’importance de préserver le statu quo de Jérusalem, tandis que, pour la plupart, l’objectif ultime et pressant doit rester la solution des deux États.  La situation sécuritaire actuelle en Europe ne doit d’ailleurs pas occulter la question israélo-palestinienne, a mis en garde la Chine.  

Dans son exposé, le Coordonnateur spécial s’est inquiété du risque toujours présent de recours excessif à la force par les forces de sécurité israéliennes.  Il a rappelé que les enfants ne doivent jamais être la cible de violences ou mis en danger, avant d’exhorter les autorités israéliennes à mener des enquêtes approfondies, rapides, efficaces et transparentes sur les meurtres et les blessés occasionnés par les forces israéliennes.  Au total, 24 Palestiniens ont ainsi été tués et 2966 blessés, a-t-il dénombré en y ajoutant les 47 Palestiniens blessés par des colons israéliens ou d’autres civils.  Il a aussi compté les victimes civiles causées par des actions palestiniennes: un civil israélien a été tué et 100 Israéliens blessés. 

L’autre principal sujet de préoccupation exprimé par M. Wennesland est l’avancée continue des colonies israéliennes en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est.  Une situation qui continue d’alimenter la violence dans le Territoire palestinien occupé et de saper le droit du peuple palestinien à un État indépendant.  Il a rappelé que les colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie occupée n’ont aucune valeur juridique et constituent une violation flagrante des résolutions de l’ONU et du droit international.  Elles constituent en outre un sérieux obstacle à la paix.  Il a exhorté le Gouvernement israélien à cesser immédiatement toute activité de peuplement, toute démolition de biens appartenant à des Palestiniens ainsi que leur déplacement forcé ou leur expulsion. 

Un signe d’apaisement est venu à ce sujet de la décision qu’aurait prise Israël de geler la plupart des démolitions à Jérusalem-Est avant et pendant le mois de Ramadan.  Un autre développement en ce sens a été souligné, tant par le Coordonnateur spécial que par des membres du Conseil: la Cour suprême d’Israël a décidé le 1er mars de suspendre l’expulsion de quatre familles palestiniennes résidant dans le quartier de Cheik Jarrah (Jérusalem-Est), jusqu’à ce que l’affaire soit tranchée sur le fond par la justice.  M. Wennesland a exhorté les parties à s’abstenir de toute action susceptible d’aggraver la situation dans le Territoire palestinien occupé et a appelé tous les dirigeants politiques, religieux et communautaires à aider à réduire les tensions, en particulier à Jérusalem. 

Concrètement, la France a plaidé pour la mise en œuvre de mesures de confiance, au bénéfice des populations, par le biais d’une coopération accrue entre Israël et l’Autorité palestinienne.  « Il faut en parallèle œuvrer à recréer un horizon politique pour redonner espoir aux populations et éviter que le choix de la violence ne s’impose à défaut d’alternatives », a estimé la délégation.  À cet égard, la Fédération de Russie a souhaité voir s’intensifier les efforts multilatéraux, y compris ceux du Quatuor, en vue de créer les conditions propices à la reprise rapide des négociations directes.  La délégation russe a espéré voir se tenir une réunion ministérielle ainsi que des consultations dans un format élargi avec la participation des États de la région.    

La période du rapport a aussi été marquée par certains progrès dans les mesures civiles et économiques, avec des exemples d’engagement officiel de haut niveau et une rencontre entre le Président israélien et le Président turc.  

Les autorités israéliennes ont, notamment, autorisé la délivrance de permis à 12 000 marchands et commerçants palestiniens, a relaté M. Wennesland qui a aussi salué le retour du ciment blanc à Gaza.  En outre, le 28 décembre, l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) a annoncé le début d’une allocation d’aide en espèces de 8,2 millions de dollars aux familles dont les maisons ont été endommagées lors de l’escalade de mai 2021.  Mais l’Office sera confronté à des problèmes de trésorerie critiques au cours des trois prochains mois, a prévenu M. Wennesland. 

Il faut permettre à l’économie de prospérer, a souhaité la Norvège pour qui de nombreuses mesures à cette fin peuvent être prises, même en l’absence d’un processus politique.  La déléguée norvégienne a aussi dit appuyer la Commission électorale centrale, dont M. Wennesland a souligné les efforts en faisant le point sur les élections des conseils locaux: le premier tour a eu lieu le 11 décembre pour la Cisjordanie, mais les élections concernant Gaza ont été reportées.  Des appels des membres du Conseil ont été entendus pour que le second tour se tienne au plus vite et, de manière générale, pour que se concrétise la réconciliation intrapalestinienne. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. TOR WENNESLAND, Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, a présenté le vingt et unième rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité, pour la période allant du 10 décembre 2021 au 18 mars 2022.  Il a rappelé que ladite résolution appelle Israël à « cesser immédiatement et complètement toute activité de colonisation dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est » et à « respecter pleinement toutes ses obligations juridiques à cet égard ». 

Aucune mesure de ce genre n’a été prise, a—t-il noté en énumérant les faits tels que des appels d’offres pour 300 logements dans les colonies du quartier de Talpiyot et des projets de construction de 800 et 400 logements dans la colonie de Gilo, à Jérusalem-Est.  Un projet de construction de 1 200 logements près de Ramat Rachel dans le sud de Jérusalem aussi été mentionné par M. Wennesland qui a parlé ensuite des démolitions et saisies de structures appartenant à des Palestiniens dans toute la Cisjordanie occupée.  En outre, 216 structures ont été démolies ou saisies faute de permis de construire alors que ces documents sont presque impossibles à obtenir pour les Palestiniens.  Cela a conduit au déplacement de 299 personnes, a constaté le Coordonnateur spécial, avant de préciser que 37 des structures démolies ou saisies avaient été financées par des donateurs. 

Le Coordonnateur spécial a toutefois annoncé qu’afin de réduire les tensions, les autorités israéliennes ont décidé de geler la plupart des démolitions à Jérusalem-Est, avant et pendant le mois de Ramadan.  Il a aussi indiqué que, après des semaines d’altercations violentes, de manifestations et de dégâts matériels, l’atmosphère s’est quelque peu apaisée dans le quartier de Cheik Jarrah, après la décision du 22 février d’un tribunal de première instance israélien qui a suspendu l’expulsion d’une famille palestinienne, dans l’attente de l’examen d’un appel.  Comme autre développement qui a contribué à réduire les tensions, il a cité la décision de la Cour suprême d’Israël, en date du 1er mars, de ne pas expulser quatre autres familles du quartier en les reconnaissant comme des « locataires protégés » jusqu’à ce qu’une décision soit prise sur leurs revendications de propriété.  Le 3 mars, les familles ont tenu une conférence de presse soulignant l'importance de la décision de la Cour suprême et s’engageant à continuer à faire valoir leurs droits à la propriété. 

M. Wennesland a ensuite fait le décompte des victimes palestiniennes du fait des actions des forces de sécurité israéliennes: 24 morts, dont 4 enfants, et 2966 blessés, dont 5 femmes et 537 enfants.  Il y a ajouté les 487 blessés palestiniens du fait des 144 attaques par des colons israéliens ou d’autres civils.  Il a aussi indiqué qu’un civil israélien a été tué et 100 Israéliens blessés, dont 5 femmes et 1 enfant, par des Palestiniens lors d’affrontements, de jets de pierre et de cocktails Molotov, d’attaques et d’autres incidents.  Au total, les Palestiniens ont perpétré 277 attaques contre des civils israéliens, faisant des blessés et/ou des dégâts. 

Il a ensuite déploré des actes de provocation de certains responsables palestiniens et israéliens.  Ainsi, dans « un geste hautement provocateur » à Cheik Jarrah (Jérusalem-Est), au plus fort des tensions autour d’une éventuelle expulsion, un membre d’extrême droite de la Knesset israélienne a installé un bureau de fortune dans le quartier.  Dans des déclarations séparées, le même membre de la Knesset a exprimé l’espoir que les grévistes de la faim palestiniens mourraient et que tout Palestinien qui jette une pierre « reçoive une balle dans la tête ».  De même, à la suite du meurtre de trois Palestiniens par les forces de sécurité israéliennes à Naplouse, les pages des médias sociaux du Fatah ont encouragé les Palestiniens à accroître la « confrontation » avec Israël.  Le Hamas a également appelé à des affrontements accrus avec les forces israéliennes dans toute la Cisjordanie occupée, tandis que certains responsables de l’Autorité palestinienne ont nié le lien juif avec la région et les lieux saints de Jérusalem. 

La période du rapport a été marquée par certains progrès dans les mesures civiles et économiques, a poursuivi M. Wennesland.  Le 27 décembre, le Qatar a annoncé qu’il avait signé un accord avec l’Autorité palestinienne et la « Gaza Electricity Distribution Corporation » pour faire avancer la construction d’un gazoduc entre Israël et Gaza qui augmenterait la production à la centrale électrique de Gaza.  De plus, à Gaza, les autorités israéliennes ont autorisé la délivrance de permis à 12 000 marchands et commerçants palestiniens, ce qui s’est noté par l’augmentation des mouvements quotidiens des travailleurs, des commerçants et des hommes d’affaires à travers le point de passage d’Erez.  En février, des réunions trilatérales de niveau technique sur le mécanisme de reconstruction de Gaza entre l’Autorité palestinienne, le Gouvernement israélien et l’ONU ont repris, ce qui a permis d’identifier des mesures pour améliorer le mécanisme.  M. Wennesland a également salué le retour du ciment blanc à Gaza, longtemps considéré comme un matériau à double usage.  Il y a eu une augmentation marquée du mouvement de marchandises hors de Gaza ces derniers mois, culminant en janvier avec plus de 900 camions passant par le point de passage de Kerem Shalom vers la Cisjordanie, Israël et d’autres pays, a constaté M. Wennesland qui a dit qu’il s’agit du chiffre mensuel le plus élevé depuis 2007.  De plus, le 28 décembre, l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) a annoncé le début d’une allocation d’aide en espèces de 8,2 millions de dollars aux familles dont les maisons ont été endommagées lors de l’escalade de mai 2021. 

Le Coordonnateur spécial a également parlé des élections des conseils locaux dans plusieurs centaines de petites communautés de Cisjordanie, dont la première phase a enregistré une participation de 66% d’électeurs inscrits et qui devraient se poursuivre le 26 mars.  Il a toutefois signalé que l’élection des conseils locaux à Gaza avait été reportée.  Du 6 au 9 février, le Conseil central palestinien s’est réuni pour la première fois depuis 2018 afin d’élire une nouvelle direction pour le Conseil national palestinien et de nouveaux membres pour les postes vacants au sein du Comité exécutif de l’OLP, a-t-il également indiqué en notant que, dans sa déclaration finale, le Conseil central a appelé à l’arrêt de la coordination de la sécurité et la suspension de la reconnaissance d’Israël jusqu’à ce que ce dernier reconnaisse un État palestinien basé sur les lignes de juin 1967 et arrête les activités de colonisation. Une annonce qui réitère les décisions de la précédente réunion du Conseil central palestinien, a commenté M. Wennesland. 

Revenant sur les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée, le Coordonnateur spécial a regretté que leur avancée continue d’alimenter la violence dans le Territoire palestinien occupé, enracinant davantage l’occupation, sapant le droit du peuple palestinien à l’autodétermination et à un État indépendant, et érodant la possibilité d’établir un État palestinien contigu et viable. Il a dénombré 670 000 Israéliens qui résident actuellement dans plus de 130 colonies illégales et plus de 100 avant-postes en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est, rappelant que ces colonies n’ont aucune valeur juridique et constituent une violation flagrante des résolutions de l’ONU et du droit international de même qu’un « sérieux obstacle à la paix ».  Il a donc exhorté le Gouvernement israélien à cesser immédiatement toute activité de peuplement, à mettre fin à la démolition de biens appartenant à des Palestiniens et au déplacement forcé et à l’expulsion de Palestiniens, conformément à ses obligations en droit international humanitaire et droit international des droits de l’homme. 

Le Coordonnateur spécial a mis en garde contre le recours excessif à la force par les forces de sécurité israéliennes, en particulier l’utilisation de balles réelles, rappelant que les enfants ne doivent jamais être la cible de violences ou mis en danger.  Il a exhorté les autorités israéliennes à mener des enquêtes approfondies, rapides, efficaces et transparentes sur ces meurtres et ces blessés.  Il s’est également dit alarmé par le nombre élevé de Palestiniens arrêtés, dont des enfants, et a exhorté les parties à s’abstenir de toute action susceptible d’aggraver encore la situation dans le Territoire palestinien occupé. Aux dirigeants politiques, religieux et communautaires, il a demandé d’aider à réduire les tensions, en particulier à Jérusalem. 

Pour s’attaquer aux causes profondes de la crise budgétaire récurrente, il a appelé à des réformes internes de l’Autorité palestinienne et à des améliorations de ses relations économiques avec Israël, parallèlement au soutien des donateurs. Il a remercié au passage les donateurs qui continuent de soutenir le travail crucial de l’UNRWA, tout en prévenant que l’Office sera confronté à des problèmes de trésorerie critiques au cours des trois prochains mois. Alors que les musulmans de la région commencent le mois sacré du Ramadan, il a appelé tous les donateurs, autant que possible, à décaisser les montants des promesses confirmées.  Il a également jugé vital de continuer à œuvrer pour faire progresser l’unité intrapalestinienne, qui est essentielle à l’avancement d’une solution à deux États. 

En conclusion, le Coordonnateur spécial a constaté peu de progrès dans la mise en œuvre de la résolution 2334 depuis son adoption en décembre 2016 et, au contraire, l’absence d’un processus de paix significatif qui alimente une détérioration dangereuse déstabilisant la situation dans le Territoire palestinien occupé. Dans un peu plus d’une semaine, alors que le Ramadan commence, des milliers de musulmans viendront prier sur les lieux saints musulmans de Jérusalem, suivis peu après par les fidèles juifs et chrétiens pour marquer Pessa'h et Pâques en avril.  Cela devrait être un moment de réflexion pacifique, de prière et de célébration pour toutes les religions, a espéré M. Wennesland en appelant à éviter les provocations.  « Les dirigeants de tous bords ont un rôle essentiel à jouer pour assurer le calme.  Il a enfin rappelé la vision de la fin de l’occupation et de deux États (Israël et un État palestinien indépendant, démocratique, contigu, viable et souverain) vivant côté-à-côte dans la paix et la sécurité, à l’intérieur de frontières sûres et reconnues, sur la base des lignes d’avant 1967, et avec Jérusalem comme capitale commune des deux États. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a dit son attachement à un élargissement des relations entre Israël et ses voisins.  Elle a salué la récente rencontre entre le Président israélien et le Président turc.  Elle a estimé que la normalisation de ces relations peut renforcer la coopération régionale mais ne peut remplacer un dialogue sérieux entre Israéliens et Palestiniens.  Ce dialogue est de la plus haute importance, a-t-elle dit, en soulignant l’importance d’une amélioration des conditions de vie des Palestiniens.  Elle a indiqué que son pays œuvre à une amélioration sur le long terme de la situation, avant de se dire vivement préoccupée par les tensions à Jérusalem.  Les actes de violence doivent cesser, a-t-elle exigé.  À l’approche des fêtes religieuses, les parties doivent faire montre de la plus grande retenue, a déclaré la déléguée, en réclamant le respect du statu quo s’agissant des lieux saints.  Enfin, elle a appelé les États Membres à apporter une assistance humanitaire aux Palestiniens de Gaza, par le biais notamment de l’UNRWA. 

Mme MONA JUUL (Norvège), préoccupée par les tensions à Jérusalem-Est et dans le reste de la Cisjordanie, a jugé indispensable d’éviter une nouvelle escalade de la violence alors que le Ramadan, la Pâque juive et la fête de Pâques chrétienne coïncident en avril.  L’intégrité des lieux saints et le statu quo historique à Jérusalem doivent être maintenus et pleinement respectés, a-t-elle exhorté, de même que le droit de manifester pacifiquement des Palestiniens.  Déplorant que des enfants soient victimes de violences et de menaces, et même arrêtés, Mme Juul a dénoncé les principaux moteurs du conflit comme la colonisation, les démolitions de maisons et les expulsions.  « Toutes les expulsions à Jérusalem-Est doivent être arrêtées indéfiniment. »  Attirant l’attention sur la situation à Masafer Yatta, où les autorités israéliennes prévoient de démolir plusieurs villages palestiniens pour établir une zone de tir pour l’entraînement militaire, un plan qui déplacerait environ 1 300 personnes, la déléguée a exhorté Israël à s’abstenir de mettre en œuvre ce plan.  Toutes les mesures visant à modifier la composition démographique des zones occupées sont contraires au droit international humanitaire, a-t-elle rappelé en soulignant que l’établissement de colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés y compris à Jérusalem-Est, constitue une violation flagrante du droit international.  

En ce qui concerne Gaza, le but ultime doit être la levée totale du blocus, a poursuivi la représentante qui s’est dite également « impatiente » en vue du second tour des élections locales prévues le 26 mars en Cisjordanie. 

La Norvège continuera d’appuyer la Commission électorale centrale.  Mme Juul a aussi plaidé pour que l’Autorité palestinienne soit renforcée et sa gouvernance étendue à toute la Palestine.  Il faut permettre à l’économie de prospérer, a conseillé la représentante estimant que de nombreuses mesures à cette fin peuvent être prises même en l’absence d’un processus politique, les deux parties devant contribuer à l’avancement de plusieurs de ces mesures.  L’augmentation des recettes fiscales de l’Autorité palestinienne, l’amélioration de l’accès des Palestiniens à la zone C et les réformes de l’Autorité palestinienne produiraient des résultats positifs immédiats pour la population sur le terrain, a encore pronostiqué Mme Juul qui a réitéré l’attachement de sa délégation à un horizon politique et à une solution négociée de deux États. 

M. MARTIN GALLAGHER (Irlande) s’est déclaré préoccupé face aux informations persistantes faisant état d’un usage excessif et parfois létal de la force par les forces de sécurité israéliennes, « qui doivent répondre de leurs actes ».  Il a également exhorté l’Autorité palestinienne à protéger et à faire respecter les droits humains des Palestiniens sous son contrôle et à renforcer ses efforts pour prévenir le terrorisme.  Pour cela, celle-ci a besoin de toute urgence d’un soutien international à cet égard, a-t-il souligné.  Le délégué s’est ensuite félicité de la récente visite du Ministre israélien des affaires étrangères, M. Yaïr Lapid, à Amman.  Il a réitéré l’appel de l’Irlande au maintien du statu quo sur les lieux saints de Jérusalem, en gardant à l’esprit le rôle spécial et historique de la Jordanie en tant que gardienne des lieux saints musulmans et chrétiens de Jérusalem. 

Il a en outre réitéré son appel à Israël pour qu’il mette fin à toute activité de colonisation dans le Territoire palestinien occupé, y compris à Jérusalem-Est et dans la zone C de la Cisjordanie.  De nouveaux plans d’expansion des colonies, tels que ceux de E1, Giv’at Hamatos et Atarot, compromettraient gravement la possibilité d’établir un État palestinien viable et contigu, a mis en garde le représentant.  De son côté, ce Conseil doit redoubler d’efforts pour s’attaquer aux causes profondes du conflit israélo-palestinien et réaffirmer l’impératif d’une solution des deux États, conformément à la résolution 2334 (2016), comme seul moyen de garantir une paix stable et durable entre Israéliens et Palestiniens, a insisté en conclusion le délégué. 

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) s’est inquiété de la montée des tensions avant le début du Ramadan, notamment en Cisjordanie et à Jérusalem. Toutes les parties doivent de toute urgence se concentrer sur la désescalade, a-t-il plaidé en leur rappelant leurs obligations en droit international et en particulier en droit international humanitaire.  Il a rappelé que des civils ne doivent jamais être la cible délibérée d’attaques, et que les enfants, qui sont particulièrement vulnérables dans un conflit, doivent toujours être mis hors de danger. 

Selon le délégué, la réconciliation intrapalestinienne est essentielle pour la paix et la résolution de la crise économique et budgétaire actuelle qui aggrave les perspectives d’unité politique et de stabilité.  M. Almeida Filho a appelé à l’organisation d’élections générales libres, équitables et transparentes, dès que possible, afin de renouveler la légitimité démocratique des institutions palestiniennes.  Il a misé sur le renforcement de la coopération internationale pour améliorer les infrastructures de base et l’autonomisation économique de la population palestinienne, qui peut également faciliter la réconciliation.  Il a expliqué que la pauvreté et la politique de l’instabilité constituent un terreau pour les forces extrémistes.  En attendant, a-t-il plaidé, l’aide humanitaire doit continuer d’affluer de manière prévisible, responsable et régulière afin de couvrir les besoins de base des réfugiés qui continuent de dépendre fortement de l’UNRWA.  Enfin, le délégué a promis que le Brésil soutiendra tout véritable effort pour relancer le processus de paix, avant d’appeler le Conseil de sécurité à réfléchir au rôle qu’il devrait jouer pour redynamiser le processus de paix dans la région, notamment en ouvrant la voie à de nouvelles négociations directes. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) s’est dit très préoccupé par les fortes tensions à l’œuvre dans les territoires palestiniens occupés.  « L’approche des fêtes religieuses fait craindre une détérioration brutale de la situation et une escalade similaire à celle de mai dernier », a-t-il dit, en appelant à la retenue. Il a demandé que les mesures d’apaisement prises par Israël soient considérablement étendues pour enrayer un nouveau cycle de violence.  « Cela passe par un arrêt permanent des démolitions et des évictions, en particulier à Jérusalem-Est, par le strict respect du statu quo des lieux saints et par l’utilisation proportionnée de la force par les forces israéliennes et, enfin, par la fin de l’expansion des colonies. » 

Le délégué a appelé à une coopération accrue entre Israël et l’Autorité palestinienne qui permette la mise en œuvre de mesures de confiance, au bénéfice des populations.  « Il faut en parallèle œuvrer à recréer un horizon politique pour redonner espoir aux populations et éviter que le choix de la violence ne s’impose à défaut d’alternatives. »  La solution des deux États, ayant tous deux Jérusalem pour capitale, est en effet la seule qui permettra une paix juste et durable dans la région, en répondant aux aspirations légitimes des peuples israélien et palestinien, a conclu le délégué. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a dit être préoccupé par la stagnation du processus de règlement au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne, et de voir la violence se poursuivre sans relâche en faisant des victimes des deux côtés.  Il a craint que la situation ne dégénère en escalade militaire à grande échelle.  Selon lui, la situation est exacerbée par les actions unilatérales illégales d’Israël, comme la confiscation des terres palestiniennes et les expulsions forcées, la démolition de biens, la construction illégale de colonies, les tentatives de changer le statu quo historique des lieux saints.  L’expansion de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est et l’intention de doubler le nombre d’Israéliens vivant dans la vallée du Jourdain, ainsi que sur les hauteurs du Golan syrien, d’ici à 2026, peuvent être considérées comme une annexion de facto de la majeure partie du Territoire palestinien occupé, a prévenu le représentant. 

Il a plaidé pour une stabilisation durable de la situation, en demandant de s’abstenir de provocations et de mesures unilatérales et de recréer un nouvel élan politique pour relancer le processus de paix.  Il a encouragé Palestiniens et Israéliens à mener des négociations directes.  En outre, les efforts multilatéraux, y compris le Quatuor pour le Moyen-Orient, doivent être intensifiés afin de créer les conditions propices à la reprise rapide des négociations directes israélo-palestiniennes, a encore recommandé le représentant.  Il a par ailleurs souligné l’importance de fournir une aide humanitaire à ceux qui en ont besoin en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, ainsi qu’aux réfugiés palestiniens dans les pays arabes voisins, appelant à cet égard à aider l’UNRWA.  La Fédération de Russie poursuivra ses efforts afin de consolider le consensus international et coordonner des actions communes en faveur d’une solution à la question palestinienne, a assuré le délégué russe en conclusion, envisageant une réunion ministérielle ainsi que des consultations dans un format élargi avec la participation des États de la région. 

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) s’est dit profondément préoccupé par les attaques violentes et les meurtres de civils, demandant instamment à toutes les parties au conflit de prendre des mesures immédiates pour un arrêt complet de la violence.  Il a noté que les tensions restent élevées dans le quartier de Cheik Jarrah malgré la décision de la Cour suprême israélienne qui s’est prononcée contre une expulsion immédiate.  Il a jugé regrettable que les actions et déclarations provocatrices des dirigeants communautaires et des personnalités publiques se soient poursuivies, alors que ces personnalités devraient plutôt viser à réduire les tensions.  Le représentant a appelé au maintien du calme et à la plus grande retenue. 

« Nous devons de toute urgence nous appuyer sur les récents développements positifs et ne pas reculer.»  Le délégué a recommandé de s’attacher à relever les défis urgents en matière de sécurité et d’économie, notamment en gérant la situation financière précaire de l’Autorité palestinienne, et de tracer une voie concrète pour discuter des questions politiques essentielles.  Un retour rapide sur la voie politique par des négociations directes crédibles sur toutes les questions relatives au statut final est une exigence immédiate, a-t-il dit en prévenant que l’absence de pourparlers directs entre les parties sur ces questions n’est pas propice à l’instauration d’une paix à long terme. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a déploré qu’un peu plus de cinq ans après l’adoption de la résolution 2334 (2016), la construction et l’expansion des colonies se poursuivent.  En décembre 2016, lorsque ladite résolution a été approuvée, a-t-il rappelé, environ 618 000 colons vivaient dans des colonies israéliennes sur le territoire palestinien.  Depuis, la population des colons a augmenté de 12% et, au cours des 18 derniers mois, ils ont construit 25 nouveaux avant-postes et colonies satellites, a-t-il fait remarquer en relevant parallèlement que 1 007 structures ont été démolies en 2021 et 2022, tandis que des incidents violents perpétrés par les colons se sont poursuivis.  Ces colonies israéliennes minent la solution des deux États, entravent les perspectives de paix et affectent les droits humains de la population palestinienne, a déploré le délégué.  Il a donc appelé à la fin de toutes les activités liées à la colonisation, telles que les confiscations, les expulsions et les démolitions des structures palestiniennes.  Il a pris note de l’annonce par les autorités israéliennes de mettre en place une « trêve » dans les démolitions pendant le Ramadan et la suspension des expulsions de familles à Cheik Jarrah. 

M. de la Fuente Ramírez a dit qu’il est de la responsabilité des autorités de sanctionner tous ceux qui commentent des actes de violence, ainsi que de protéger les droits humains de la population.  Il a souligné que tant que le blocus n’est pas définitivement levé, les initiatives économiques en faveur des Palestiniens seront limitées et leur dépendance à l’égard de l’aide humanitaire continuera.  À cet égard, il a déploré la situation financière précaire de l’UNRWA, notamment avec l’émergence de nouvelles demandes humanitaires à la suite de conflits dans d’autres parties du monde.  Il a aussi souligné l’importance pour l’Autorité palestinienne de convoquer des élections dès que possible.  Le représentant a conclu que la réconciliation intrapalestinienne est aujourd’hui plus urgente que jamais. 

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a déploré le manque de progrès sur le plan politique, avant de souligner l’importance de la pleine mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) pour la préservation d’une solution des deux États.  Il a demandé la cessation immédiate de tous les actes de violence contre les civils israéliens et palestiniens, arguant notamment qu’aucune cause ne peut justifier de s’en prendre à des civils.  Le délégué a demandé que les pistes concrètes pour une pleine application de la résolution précitée soient explorées.  Il a ensuite pris note de la décision de la Cour suprême israélienne stoppant les expulsions dans le quartier de Cheik Jarrah à Jérusalem Est.  Il s’agit d’une désescalade bienvenue, a-t-il déclaré, en rappelant combien l’escalade avait été rapide en mai dernier. Enfin, M. Kiboino a exhorté les parties à redoubler d’efforts pour atteindre les objectifs louables de la résolution précitée. 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a dit qu’en dépit des derniers développements, la situation inspire toujours l’inquiétude.  Il a attiré l’attention du Conseil sur la situation humanitaire grave dans les territoires palestiniens occupés, y compris Gaza et Jérusalem-Est, et souligné la nécessité d’une aide humanitaire d’urgence et d’une assistance économique au peuple palestinien.  Il a appelé à l’assouplissement de l’accès humanitaire afin de permettre aux habitants des territoires palestiniens occupés d’avoir accès aux fournitures de base et à une vie digne.  La paix et la stabilité durables au Moyen-Orient passent par la solution des deux États, a martelé M. Adlai Agyeman. 

Le délégué a exhorté les deux parties à résoudre tous les différends par le dialogue et les négociations d’une manière globale et mutuellement acceptable.  Il a appelé à la mise en œuvre des dispositions et des résultats de la Conférence de Madrid de 1991 ainsi que de la Déclaration de principes de 1993, et de toutes les résolutions de l’ONU concernant la question de Palestine.  En conclusion, le représentant a souligné la nécessité d’une coopération et d’une action unifiée au sein de ce Conseil, qui est essentielle pour les peuples israélien et palestinien, mais aussi pour le monde entier. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a dit partager les préoccupations concernant l’escalade des tensions en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est.  Elle s’est cependant félicitée de l’annonce par le Chef de la de police civile israélienne d’une pause dans les démolitions à Jérusalem-Est pendant le Ramadan. Lorsqu’il y a des accusations d’usage excessif de la force, elle a dit préconiser des enquêtes rapides et transparentes.  Reconnaissant qu’Israël a un droit légitime à l’autodéfense, elle a jugé vital que, dans l’exercice de ce droit, toutes les actions soient proportionnées.  La représentante s’est par ailleurs félicitée du démantèlement des avant-postes de Cisjordanie par les autorités israéliennes, notamment ceux de Moaz Esther, Givat Habaladim et Battir, mais a déploré la violence des colons à l’encontre des forces israéliennes pendant ces opérations.  Les avant-postes sont illégaux au regard du droit international et du droit israélien et constituent un obstacle à la paix, a-t-elle rappelé. 

Le Royaume-Uni, a poursuivi la représentante, reste attentif aux activités visant à améliorer la situation économique en Cisjordanie et à Gaza.  Elle a salué le lancement du projet pilote de gestion électronique de la TVA ainsi que des travaux en cours entre les parties en vue d’un système fiscal plus efficace.  Elle a encouragé les deux parties à continuer à progresser sur d’autres questions fiscales prioritaires et à reconvoquer le Comité économique mixte palestino-israélien, bloqué depuis longtemps, afin d’améliorer le dialogue sur les questions économiques. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a relevé que les violences de ces dernières semaines, notamment dans les territoires palestiniens occupés et dans la vieille ville de Jérusalem, font redouter un risque d’escalade meurtrière dans la crise israélo palestinienne.  Ainsi, le climat de tension, exacerbé par les brutalités, l’usage disproportionné de la force contre des civils, l’expansion des colonies est de nature à déconstruire toute perspective de paix et alimenter le cycle de l’instabilité, a-t-il regretté.  Il a encouragé les autorités israéliennes et palestiniennes à faire preuve de retenue et à s’investir dans la coexistence pacifique tout en donnant une plus grande chance à la paix.  À cet égard, la décision de la Cour suprême israélienne de suspendre les évictions de quatre familles palestiniennes dans le quartier sensible de Cheik Jarrah, à Jérusalem-Est, donne le ton de l’apaisement, a-t-il noté. 

Selon le représentant, au-delà de la situation sécuritaire préoccupante, se greffe une situation humanitaire et économique dans les territoires palestiniens qui demeure alarmante en raison de la crise financière sans précédent à laquelle est confrontée l’Autorité palestinienne.  Sans un soutien financier d’envergure, les populations civiles courent le risque de connaître une « extrême vulnérabilité », qui produira un effet de domino sur la détérioration du climat sécuritaire avec, pour corollaire, la perte de l’accès aux services de soins de santé, à l’éducation et à l’alimentation, a-t-il prédit.  Il a prôné le dialogue entre les parties, se félicitant de la récente rencontre entre le Ministre des affaires étrangères israélien et une délégation de hauts responsables de l’Autorité palestinienne, la deuxième réunion publique de ce type en moins de deux mois. Il a plaidé pour la relance rapide des négociations pour une paix réelle et durable, fondée sur le respect des principes convenus par les parties, et sur l’application des règles du droit international.  M. Biang a précisé qu’il est question d’une solution fondée également sur la légitime aspiration du peuple palestinien et sur la prise en compte des préoccupations sécuritaires d’Israël. Il a terminé en appelant à la solution des deux États. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) s’est dit préoccupé par les violations de la résolution 2334 (2016), alors que sa pleine mise en œuvre est fondamentale.  Il a salué la décision de la Cour suprême israélienne stoppant les expulsions dans le quartier de Cheik Jarrah à Jérusalem Est.  Les provocations et actes de violence sont inacceptables, a-t-il martelé.  Le délégué a aussi condamné le lancement de roquettes depuis Gaza, avant de dénoncer l’expansion des colonies de peuplement israéliennes.  Il a estimé que la société civile a un rôle clef à jouer dans le règlement du conflit et déploré le rétrécissement de l’espace civique à Gaza et en Cisjordanie.  À l’approche de fêtes religieuses importantes, le délégué de l’Albanie a, enfin, demandé le strict respect du statu quo des lieux saints. 

M. JUN ZHANG (Chine) a dit être « très attristé » par les blessés et décès causés de part et d'autre notamment parmi les enfants palestiniens.  Ceux qui s’attaquent aux enfants doivent répondre de leurs actes, a exigé le représentant demandant la cessation des violences en vue notamment des fêtes juive et musulmane en avril.  Il faut en outre respecter le statu quo sur la situation des sites sacrés à Jérusalem pour éviter toute escalade, a-t-il demandé. Le représentant a relevé aussi avec inquiétude que les activités de construction et de colonisation israéliennes réduisent l'espace de vie des Palestiniens et la possibilité d'un État palestinien contigu, nuisant également à la solution des deux États.  Il a demandé de cesser ces constructions de colonies et les démolitions des maisons palestiniennes et de créer les conditions favorables au développement de communautés palestiniennes.  Il a aussi demandé à l’Autorité palestinienne de régler la crise budgétaire tout en demandant à Israël de lever le blocus de la bande de Gaza. 

Le délégué de la Chine a dit être également préoccupé par le bien-être de la population à laquelle son pays a fourni 500 000 doses de vaccin pour la population de la bande de Gaza et 200 000 doses pour des réfugiés palestiniens.  Il a insisté sur l’importance de trouver une issue durable sur la base de la solution des deux États et demandé aux Israéliens et Palestiniens de maintenir les contacts de haut niveau pour favoriser la confiance et le dialogue sur un pied d’égalité.  Il a prié la communauté internationale de promouvoir le processus de paix et demandé au Conseil d’assumer sa responsabilité de façon effective et de prendre des mesures pour une règlement juste et durable de la question israélo-palestinienne.  La situation sécuritaire actuelle en Europe ne doit pas occulter la question israélo-palestinienne, a mis en garde le représentant. 

M. LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a rappelé que cette séance se tient à l’approche du mois du Ramadan et d’autres occasions sacrées pour les trois religions abrahamiques, une opportunité de promouvoir les valeurs de coexistence pacifique entre les différentes religions.  Il a dit soutenir l’appel lancé aux parties concernées pour qu’elles s’efforcent de réduire les tensions, en particulier dans la ville de Jérusalem, et qu’elles s’abstiennent de prendre toute mesure susceptible d'accroître les tensions et l'escalade. 

Il a recommandé aux parties de prendre des mesures proactives et coordonnées pour consolider et préserver les bases de la récente trêve.  À cet égard, il a dit apprécier les efforts déployés par la Jordanie sous la direction du Roi Abdullah II pour parvenir à un accord qui garantisse le calme et la paix au cours de la période à venir. 

En ce qui concerne l’application de la résolution 2334, il a noté les informations qui confirment une recrudescence des activités de colonisation et s’est inquiété que celles-ci affectent considérablement la vie de la population palestinienne, en violation du droit international.  « La poursuite de la violence des colons dans le Territoire palestinien occupé est particulièrement préoccupante, de même que la persistance des déplacements forcés de Palestiniens et la démolition et la confiscation de leurs maisons et propriétés. »  Il a dit soutenir l’appel du Coordonnateur spécial à mettre fin à toutes ces pratiques et à préserver la perspective d’une solution à deux États, dans laquelle Israël doit assumer ses responsabilités, conformément au droit international et aux résolutions pertinentes des Nations Unies.  En conclusion, le représentant a réaffirmé l’engagement historique de son pays à soutenir un État de Palestine indépendant et souverain, fondé sur les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, conformément aux termes de référence de Madrid, à l'Initiative de paix arabe et à d'autres références internationales convenues.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité spécial de la décolonisation organisera son Séminaire régional pour le Pacifique du 11 au 13 mai 2022 à Sainte-Lucie

Session de 2022,
2e séance plénière – après-midi
AG/COL/3353

Le Comité spécial de la décolonisation organisera son Séminaire régional pour le Pacifique du 11 au 13 mai 2022 à Sainte-Lucie

Le Comité spécial de la décolonisation (Comité spécial des Vingt-Quatre) a, cet après-midi, décidé d’organiser son Séminaire régional pour le Pacifique à Castries, Sainte-Lucie, avec cette année pour thème « Développement des territoires non autonomes durant la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19) et au-delà », a précisé la Présidente de cet organe subsidiaire de l’Assemblée générale, Mme Keisha McGuire (Grenade). 

L’objectif du séminaire, dont les langues de travail seront l’anglais, l’espagnol et le français, est de recueillir les points de vue de représentants des territoires non autonomes, d’experts, de membres de la société civile, de représentants d’États Membres et d’autres parties prenantes, qui pourraient l’aider à définir les politiques et les modalités pratiques susceptibles d’être retenues dans le processus de décolonisation mené par l’ONU. 

Le séminaire sera l’occasion de procéder à une analyse et à une évaluation réalistes de la situation dans les territoires non autonomes, au cas par cas, ainsi que des moyens par lesquels le système des Nations Unies et la communauté internationale dans son ensemble pourraient renforcer les programmes d’assistance aux territoires.  Les contributions des participants serviront de base à un examen plus approfondi par le Comité spécial, en vue de soumettre à l’Assemblée générale des propositions concernant la réalisation des objectifs de la Quatrième Décennie internationale pour l’élimination du colonialisme. 

Ce sera la deuxième fois que Sainte-Lucie accueillera un séminaire régional, la première fois remontant à 1999, a rappelé le représentant du pays hôte, qui a d’ores et déjà souhaité la bienvenue aux participants.  Son homologue de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a regretté que la région Pacifique n’ait pas été en mesure d’accueillir le séminaire régional cette année encore.  Notre pays organisera les élections générales en avril 2022, a expliqué le représentant, en émettant toutefois le vœu que le pays puisse accueillir cette manifestation l’an prochain. 

Le Comité spécial de la décolonisation tiendra ses travaux de fond du 13 au 24 juin 2022.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.