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ECOSOC: le Secrétaire général fait le point sur la réforme du système des Nations Unies pour le développement et les enjeux à relever d’ici à 2030

Session de 2022,
14e et 15e séances plénières – matin & après-midi
ECOSOC/7084

ECOSOC: le Secrétaire général fait le point sur la réforme du système des Nations Unies pour le développement et les enjeux à relever d’ici à 2030

« Dans un monde en crise, sauver les objectifs de développement durable est plus important que jamais », a martelé ce matin le Secrétaire général de l’ONU, en présentant son rapport sur l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies à l’occasion du débat annuel du Conseil économique et social (ECOSOC) sur cette question.  C’était l’occasion pour M. António Guterres de faire le point sur la réforme lancée en 2018 pour repositionner ce système de manière à le rendre plus efficace.

Plantant le décor, M. Guterres a rappelé que la pandémie a entraîné la perte de 15 millions de vies, plongé 100 millions de personnes dans la pauvreté rien qu’en 2020 et retardé le développement humain d’une génération entière.  Or la réponse unie, basée sur la solidarité entre pays développés et pays en développement, « ne s’est pas produite », a-t-il regretté.  En effet, les pays développés ont investi des milliers de milliards de dollars dans leur propre redressement, tandis que les pays en développement étaient livrés à eux-mêmes, a constaté le Secrétaire général.  Ces pays sont maintenant nombreux à être confrontés à l’impact sanitaire et socioéconomique de la pandémie, à un relèvement inégal, aux effets de la crise climatique et au choc économique sur les marchés alimentaires, pétroliers et financiers causé par la guerre en Ukraine. 

« Nous sommes confrontés à une urgence de développement aux proportions mondiales », a résumé le chef de l’ONU, pour qui il reste néanmoins des raisons d’espérer, le Programme 2030 restant « notre voie la plus claire pour progresser ».  Ce sentiment a été largement partagé par le Président de l’ECOSOC, M. Collen Vixen Kelapile, le Président de l’Assemblée générale, M. Abdulla Shahib, mais aussi par les États Membres.  Comme l’a résumé M. Kelapile, des coordonnateurs résidents habilités et une nouvelle génération d’équipes de pays des Nations Unies sont désormais mieux placés pour fournir un soutien sur mesure, en tirant parti des ressources de l’ensemble du système des Nations Unies et en bénéficiant de cadres de coopération améliorés et d’autres instruments de planification.

En effet, au cours des trois dernières années, ce système s’est transformé et est désormais mieux préparé pour répondre aux besoins et aux priorités des pays.  Comme le note le rapport du Secrétaire général, la nouvelle génération d’équipes de pays est déjà « plus importante que la somme de ses parties », et près de 90% des gouvernements reconnaissent le leadership des coordonnateurs résidents dans la fourniture d’un soutien stratégique aux plans et priorités nationaux.  De surcroît, plus de 92% des gouvernements ont confirmé que l’ONU avait réagi efficacement à la pandémie de COVID-19 et plus de 80% ont déclaré avoir bénéficié de conseils politiques sur l’action climatique.  Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a ainsi aidé 120 pays à formuler et à réviser leurs contributions déterminées au niveau national et leurs plans d’adaptation nationaux avant la COP26 à Glasgow, a signalé le chef de l’ONU.  De même, les efforts de soutien adapté aux petits États insulaires en développement (PEID) ont donné des résultats encourageants, s’est-il félicité, avant de préciser que près de 85% des gouvernements de ces pays considèrent que les équipes de pays des Nations Unies sont alignées sur leurs besoins nationaux.  Le Secrétaire général n’a pas manqué de parler du nouveau cadre de coopération pour le développement pour les 22 États insulaires anglophones des Caraïbes et du Pacifique et des nouveaux bureaux multipays qui y seront mis en place, alors que le Fonds commun visant à faciliter l’application du Programme 2030 a donné la priorité aux PEID. 

En réponse à des remarques faites par les pays du groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande) et du groupe MIKTA (Mexique, Indonésie, République de Corée, Turquie et Australie) au sujet du changement « culturel » qu’implique cette réforme structurelle, le Secrétaire général a assuré que l’ONU, en tant que système, est en train de passer d’une culture de cloisonnement entre entités onusiennes à une culture plus systémique, mais, a-t-il concédé, il reste ça-et-là quelques difficultés à dépasser. 

Alors que les États Membres ont été nombreux à s’inquiéter de la tendance à la baisse des ressources allouées au développement, que M. Guterres a décrite comme un potentiel désastre, ce dernier a estimé qu’il ne sera possible de mobiliser le niveau requis d’investissements que si nous combinons les atouts des Nations Unies pour soutenir les transitions nécessaires dans les systèmes alimentaires, l’énergie et la connectivité numérique.  Il a misé sur les coordonnateurs résidents pour jouer un rôle clef dans la contribution du système des Nations Unies pour le développement à ces transitions.  Mais sauver les ODD signifie aussi sauver les économies en développement du monde entier, a-t-il fait valoir, estimant que les institutions financières internationales et les banques multilatérales de développement devraient accroître l’apport de liquidités immédiates à ces pays et élargir l’espace budgétaire, en allouant davantage de financements sous forme de subventions et de prêts concessionnels.  « À long terme, nous avons besoin d’une refonte complète de notre système financier mondial », a plaidé le chef de l’ONU.  Il a également parlé d’un alignement des financements de tous les partenaires, ce qui signifie la mise en commun des fonds humanitaires et de développement.  Cette idée a été reprise par certaines délégations, le Japon arguant même que leur séparation actuelle est « artificielle ». 

Reste que sans un financement adéquat, prévisible et durable du système des Nations Unies pour le développement, rien ne peut être fait, a averti la Vice-Secrétaire générale, en appelant à concrétiser des engagements en faveur du pacte de financement.  Le Secrétaire général n’a pas manqué de se réjouir de l’engagement à financer entièrement le budget de 281 millions de dollars pour le système des coordonnateurs résidents.

La journée s’est tenue sous la houlette de la Vice-Présidente finlandaise de l’ECOSOC, Mme Miia Rainne, avec une séance l’après-midi qui a entendu la Vice-Secrétaire générale présenter son rapport annuel sur le Bureau de la coordination des activités de développement, avant un dialogue de haut niveau avec les États Membres.  L’ECOSOC reprendra ses travaux demain à 9 heures en séance informelle, puis à 11 h 30 pour une discussion sur le « repositionnement régional » du système.

ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES AU SERVICE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE POUR LE DÉVELOPPEMENT

Suite donnée aux recommandations de politique générale de l’Assemblée générale et du Conseil E/2022/47, E/2022/47/Add.1, E/2022/54

Ouverture du débat

Dans son allocution d’ouverture, le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. COLLEN VIXEN KELAPILE, intervenant par visioconférence du Botswana, s’est réjoui de voir qu’après deux ans de réunions virtuelles, ce segment des travaux peut être tenu en personne cette année dans la salle de l’ECOSOC.  Il n’en demeure pas moins que le monde reste frappé par les inégalités qui continuent de caractériser la manière dont la communauté mondiale se remet de la pandémie de COVID-19, a-t-il noté en rappelant que les vaccins ne sont toujours pas disponibles dans de nombreuses régions du monde et en s’inquiétant de l’impact socioéconomique de la crise sur les pays et les populations les plus vulnérables.  Il a souligné que les vies et les moyens de subsistance continuent d’être perturbés par de nouvelles flambées de virus, que les inégalités, y compris les inégalités entre les sexes, restent importantes et que la pauvreté augmente.  La pandémie, associée à des défis supplémentaires tels que la crise climatique ainsi que des conflits prolongés générant des besoins humanitaires sans précédent, retarde de nombreuses années les progrès vers les objectifs de développement durable (ODD), a-t-il rappelé avant de parler aussi du conflit en cours en Ukraine qui menace de déclencher des crises majeures dans la sécurité alimentaire, l’accès à l’énergie et le système financier avec des effets négatifs dans le monde entier, en particulier pour les pays les plus pauvres.  Cette guerre et les tensions géopolitiques qu’elle a engendrées sont un test supplémentaire au système multilatéral, a-t-il estimé ajoutant que pour surmonter avec succès les types de problèmes transnationaux actuels, il n’y a d’autre choix que de travailler ensemble pour réaliser les aspirations énoncées dans la Charte des Nations Unies et le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  « Il faut aller de l’avant et accélérer l’action pour parvenir à une reprise post-COVID-19 transformatrice ainsi qu’à la réalisation des ODD pour un avenir meilleur pour tous, et pour cela, la solidarité mondiale est la seule voie à suivre. »

Le système des Nations Unies pour le développement démontre sa véritable valeur en unissant ses efforts pour soutenir ceux des pays qui cherchent à se remettre de la pandémie et parvenir à un développement durable, a fait valoir le Président de l’ECOSOC en soulignant aussi son utilité pour favoriser le retour de la paix sur tous les continents.  Comme indiqué dans le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre de l’examen quadriennal complet qui alimente ce segment, le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement fournit un appui plus intégré, efficace et de meilleure qualité aux besoins et aux priorités des pays en matière de développement durable.  Des coordonnateurs résidents habilités et une nouvelle génération d’équipes de pays des Nations Unies sont désormais mieux placés pour fournir un soutien sur mesure, en tirant parti des ressources de l’ensemble du système des Nations Unies, en bénéficiant de cadres de coopération améliorés et d’autres instruments de planification.  Les conclusions du rapport du Secrétaire général sont encourageantes, a estimé le Président, car elles démontrent l’engagement du système des Nations Unies pour le développement à mettre en œuvre les réformes nécessaires pour soutenir la réalisation des ODD.

M. Kelapile a rappelé que ce débat de l’ECOSOC est une plateforme de responsabilisation sur le système des Nations Unies pour le développement et ses résultats, qui permet de réfléchir à la manière dont ce système s’acquitte de son travail conformément aux mandats de l’examen quadriennal complet de 2020 et à la résolution 72/279 de l’Assemblée générale sur le repositionnement du système.  Il a invité à saisir cette occasion pour réfléchir également aux défis à venir identifiés dans le rapport du Secrétaire général et aux moyens de renforcer davantage le système afin qu’il puisse mener une action encore plus vigoureuse en matière d’éradication de la pauvreté, de protection sociale, d’éducation de qualité, de couverture sanitaire universelle, d’action climatique, de transition énergétique et de transformation numérique, sur la base de l’engagement de « ne laisser personne de côté ». 

M. ABDULLA SHAHIB, Président de la soixante-seizième session de l’Assemblée générale, a estimé que le relèvement post-COVID-19 ne doit pas conduire à reconstruire le monde tel qu’il était avant 2020.  Nous devons profiter de la reprise pour adopter les réformes structurelles et les politiques transformatrices qui nous permettront d’atteindre les ODD et nos objectifs climatiques, a-t-il plaidé, reconnaissant que ce ne sera pas chose aisée.  Pour de nombreux pays, cette voie nécessite le soutien du système des Nations Unies pour le développement, a-t-il reconnu, raison pour laquelle l’Assemblée générale a entériné, fin 2020, en pleine pandémie, l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies.  M. Shahib a rappelé que la résolution adoptée à cette occasion contient pour la première fois des appels explicites au système des Nations Unies pour le développement pour qu’il soutienne les efforts en matière de protection sociale, de couverture sanitaire universelle et d’éducation.  L’examen quadriennal complet est donc allé au-delà de la focalisation habituelle sur le fonctionnement du système des Nations Unies pour le développement en fournissant des orientations sur ce que le système devrait faire pour aider les pays à mettre en œuvre le Programme 2030, s’est-il félicité. 

L’Assemblée générale a également appelé à aider les pays à mobiliser des ressources et des partenariats, a fait observer son Président.  Elle a également demandé au système des Nations Unies pour le développement de soutenir la mise en œuvre de l’Accord de Paris et d’assurer la pérennité de ses opérations.  L’examen quadriennal complet de 2020 a, lui, appelé à adapter le soutien aux besoins des pays en situation particulière –les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID)- et des pays à revenu intermédiaire.  De plus, a-t-il ajouté, l’Assemblée générale a affirmé le rôle de l’ECOSOC pour superviser et guider le système.  C’est ainsi que le débat consacré aux activités opérationnelles de l’ECOSOC se voit échoir la difficile tâche d’examiner comment le système des Nations Unies pour le développement met en œuvre les orientations politiques de l’Assemblée générale. 

Ces trois prochains jours, vous examinerez comment ce système soutient les politiques intégrées de protection sociale et adapte ses activités aux besoins des pays en situation particulière, a indiqué le Président de l’Assemblée générale aux délégations.  Vous découvrirez comment le système aide à traiter les causes profondes des conflits et des crises humanitaires.  Vous ferez le point sur le repositionnement régional et l’avancement de la mise en œuvre du pacte de financement.  Selon lui, l’ampleur, la complexité et la nature interdépendante du Programme 2030 nécessitent des approches intégrées qui rassemblent les esprits, les capacités et les ressources de différentes entités du système des Nations Unies pour le développement, ainsi qu’entre les différents piliers de l’Organisation.  Les décisions que vous prenez à l’Assemblée générale et ici à l’ECOSOC ont un impact réel sur la vie des gens et la réalisation des ODD, a conclu M. Shahib.

Mme MIIA RAINNE (Finlande), Vice-Présidente de l’ECOSOC et responsable du débat consacré aux activités opérationnelles de développement, a rappelé qu’il s’agit d’examiner les progrès réalisés par le système des Nations Unies pour le développement dans la réalisation du Programme 2030 et la mise en œuvre de l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies (QCPR selon l’acronyme anglais).  Il s’agit aussi de déterminer dans quelle mesure le système répond à la demande de mieux reconstruire après la COVID-19 et de se placer sur la bonne voie pour atteindre le développement durable.  Au cours des trois prochains jours, les États Membres examineront le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre du QCPR et le rapport annuel de la Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement durable sur le Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD).  Ils examineront non seulement la façon dont les entités individuelles alignent leurs politiques et leurs pratiques sur les mandats du QCPR mais aussi comment le système des Nations Unies pour le développement dans son ensemble adopte une approche globale dans son appui aux pays.  La façon dont le système adapte son soutien aux pays en situation particulière, y compris les pays en transition après des conflits et des crises, sera également examiné.  En dernier lieu, il s’agira d’évaluer les progrès enregistrés par le système en utilisant la prospective stratégique, les données et la transformation numérique pour accélérer la transition vers des économies inclusives et résilientes.  Enfin, ce segment se penchera sur les résultats du repositionnement régional et du pacte de financement.

Alors que de nombreux pays et économies en développement sont toujours confrontés à d’immenses défis pour se remettre d’une pandémie qui a plongé des millions de personnes dans l’extrême pauvreté et la faim et que les systèmes alimentaires et les systèmes financiers sont confrontés à de nouvelles crises, que les personnes et les pays les plus vulnérables sont au bord de l’effondrement et qu’il y a une « alerte rouge » en matière de changements climatiques, le rapport du Secrétaire général indique que le système des Nations Unies pour le développement s’est réuni comme jamais auparavant pour soutenir la réponse des pays à la pandémie et formuler des plans de réponse économique.  Mme Rainne a souligné que la nouvelle génération d’équipes pays des Nations Unies se renforce et se mobilise autour des nouveaux cadres de coopération et qu’au niveau régional, les plateformes collaboratives offrent une base solide pour un meilleur soutien aux pays.  Nous avons besoin de solutions mondiales à des problèmes mondiaux, a-t-elle ensuite déclaré en rappelant que la pandémie a été un signal d’alarme sans précédent qui a souligné l’importance cruciale du multilatéralisme et des biens publics mondiaux, tels qu’ils ressortent du Programme 2030 et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, a poursuivi la Vice-Présidente de l’ECOSOC en plaidant en faveur de mesures audacieuses pour orienter le monde sur une voie plus durable et une reprise qui mène à des économies plus vertes et plus inclusives et à des sociétés plus fortes et plus résilientes.  Le système des Nations Unies pour le développement a un rôle encore plus important à jouer à cet égard, a fait valoir Mme Rainne, et pour cela, il faut aller au-delà des changements progressifs vers des actions véritablement transformationnelles, soutenues par un financement adéquat, pour répondre aux urgences de notre temps.

Première session: Dialogue de haut niveau entre le Secrétaire général et les États Membres des Nations Unies

« Dans un monde en crise, sauver les objectifs de développement durable est plus important que jamais », a souligné M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, en présentant son rapport sur l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies.  Alors que la pandémie a entraîné la perte de 15 millions de vies, plongé 100 millions de personnes dans la pauvreté rien qu’en 2020 et retardé le développement humain d’une génération entière, la réponse unie, basée sur la solidarité entre pays développés et pays en développement, « ne s’est pas produite », a-t-il constaté.  En effet, les pays développés ont investi des milliers de milliards dans leur propre redressement, tandis que les pays en développement étaient livrés à eux-mêmes.  Ainsi, 72% des habitants des pays à revenu élevé ont reçu au moins une dose d’un vaccin contre la COVID-19, tandis que seulement 17% des habitants des pays à faible revenu ont été vaccinés.  Dans ce contexte, de nombreux pays en développement sont désormais confrontés à l’impact sanitaire et socioéconomique de la pandémie, à un relèvement inégal, aux effets de la crise climatique et au choc économique sur les marchés alimentaires, pétroliers et financiers causé par la guerre en Ukraine.  « Nous sommes confrontés à une urgence de développement aux proportions mondiales », a résumé le chef de l’ONU, pour qui il reste néanmoins des raisons d’espérer, le Programme 2030 restant « notre voie la plus claire pour progresser ».

Au cours des trois dernières années, a poursuivi M. Guterres, le système des Nations Unies pour le développement s’est transformé et est mieux préparé pour répondre aux besoins et aux priorités des pays, notamment en les aidant à surmonter ces crises multiples.  Comme le note le rapport, la nouvelle génération d’équipes de pays des Nations Unies est déjà « plus importante que la somme de ses parties », a-t-il relevé, observant que près de 90% des gouvernements reconnaissent le leadership des coordonnateurs résidents dans la fourniture d’un soutien stratégique aux plans et priorités nationaux.  De surcroît, plus de 92% des gouvernements ont confirmé que l’ONU avait réagi efficacement à la pandémie de COVID-19 et plus de 80% des gouvernements ont déclaré avoir bénéficié de conseils politiques sur l’action climatique.  Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a ainsi aidé 120 pays à formuler et à réviser leurs contributions déterminées au niveau national et leurs plans d’adaptation nationaux avant la COP26 à Glasgow.  De même, les efforts de soutien adapté aux PEID ont donné des résultats encourageants, s’est-il félicité, avant de préciser que près de 85% des gouvernements de ces pays considèrent que les équipes de pays des Nations Unies sont alignées sur leurs besoins nationaux.  Par ailleurs, plus de 195 millions de dollars de gains d’efficacité ont été générés en 2021, soit une augmentation de 53% depuis 2020.

Pourtant, malgré ces progrès tangibles, la coopération internationale n’a pas été à la hauteur de ceux qui en ont le plus besoin, a jugé le Secrétaire général, pour qui il n’y a pas d’autre alternative que de repousser nos limites et d’intensifier nos efforts.  À ses yeux, il ne sera possible de mobiliser le niveau requis d’investissements que si nous combinons les atouts des Nations Unies pour soutenir les transitions nécessaires dans les systèmes alimentaires, l’énergie et la connectivité numérique.  Dans ce cadre, les coordonnateurs résidents joueront un rôle clef en permettant au système des Nations Unies pour le développement de contribuer à ces transitions, tout en élargissant l’accès à la protection sociale et à des emplois décents pour tous.  Mais sauver les ODD signifie aussi sauver les économies en développement du monde entier, a-t-il fait valoir, estimant que les institutions financières internationales et les banques multilatérales de développement devraient accroître l’apport de liquidités immédiates à ces pays et élargir l’espace budgétaire, en allouant davantage de financements sous forme de subventions et de prêts concessionnels.  « À long terme, nous avons besoin d’une refonte complète de notre système financier mondial », a plaidé le chef de l’ONU, rappelant que les recommandations de son rapport sur « Notre Programme commun » incluent un « New Deal mondial » pour garantir que le pouvoir, la richesse et les opportunités soient partagés plus largement, afin que les pays puissent investir dans leur population.

Pour M. Guterres, cinq domaines relevant de l’action des équipes de pays de Nations Unies nécessitent une attention urgente.  Il importe tout d’abord de s’assurer qu’elles disposent des compétences, de l’expertise et de la configuration spécifiques pour accompagner les transitions des pays dans les domaines de l’énergie, des systèmes alimentaires, de la connectivité numérique et d’autres domaines stratégiques.  Deuxièmement, nous devons tirer le meilleur parti du rôle de rassembleur du coordonnateur résident en aidant les gouvernements à élargir et à améliorer les partenariats, le savoir-faire, le financement et les solutions de développement.  En troisième lieu, nous devons changer notre approche de la collaboration là où les défis humanitaires, de développement et de sécurité interagissent.  Dans le même temps, il faut continuer à améliorer l’efficacité et l’efficience de nos opérations commerciales, pour que chaque dollar compte, a souligné le chef de l’ONU.  Enfin, il convient selon lui de renforcer la collaboration au niveau régional pour soutenir les coordonnateurs résidents et les équipes de pays.  Rien de tout cela ne peut être réalisé sans un financement adéquat, prévisible et durable du système de développement des Nations Unies, a-t-il averti, appelant à la concrétisation des engagements en faveur du pacte de financement. 

Pour y parvenir, nous avons besoin que tous les partenaires alignent leur financement, afin que nous puissions fournir un soutien intégré pour faire progresser les ODD, a expliqué M. Guterres.  Cela comprend la mise en commun des fonds humanitaires et de développement, a-t-il précisé, avant de se dire encouragé par l’engagement à financer entièrement le budget de 281 millions de dollars pour le système des coordonnateurs résidents.  Cependant, à 215 millions de dollars, le financement continue d’être insuffisant, a-t-il nuancé, promettant de surveiller le modèle de financement pour l’année prochaine.  Avant de conclure, il a salué la récente reconfirmation par l’Assemblée générale du débat consacré aux activités opérationnelles de l’ECOSOC en tant que « plateforme de responsabilisation » pour le système des Nations Unies pour le développement, le système des coordonnateurs résidents et la performance à l’échelle du système des Nations Unies.  « Nous sommes désormais beaucoup plus proches de nos objectifs communs de réforme, mais les multiples crises auxquelles le monde est confronté placent la barre encore plus haut », a-t-il conclu. 

Dialogue interactif

Alors que le débat de l’ECOSOC consacré aux activités opérationnelles de développement de cette année se déroule dans un contexte sans précédent, avec pour toile de fond la guerre en Ukraine et ses effets d’entraînement sur la sécurité alimentaire et énergétique et sur les finances, dans un monde toujours aux prises avec les défis des changements climatiques et des inégalités croissantes et aggravées par la pandémie prolongée de COVID-19, l’échange de ce matin a toutefois permis de confirmer que les États Membres, des pays MIKTA (Mexique, Indonésie, République de Corée, Turquie et Australie) aux PMA (pays les moins avancés) en passant par l’Union européenne et les membres du groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), constatent que les réformes progressent et que le nouveau système des Nations Unies pour le développement, avec le système reconfiguré des coordonnateurs résidents en son cœur, fournit un soutien plus intégré, plus efficace et de meilleure qualité en réponse aux besoins et aux priorités des pays en matière de développement durable.  À cet égard, ils se sont félicités, entre autres, des progrès accomplis dans la configuration des pays, l’appui régional, les opérations commerciales et la communication et l’évaluation des résultats à l’échelle du système.  Le Secrétaire général a pris note de ce soutien et leur a promis d’aller encore plus loin et de tenir compte de leurs remarques.

Le Pakistan, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 (G77) et de la Chine, a constaté que le monde n’était déjà pas sur la bonne voie pour atteindre les ODD avant la pandémie de COVID-19, celle-ci ayant depuis exacerbé les inégalités existantes au sein des pays et entre eux.  Plus de deux ans plus tard, les pays en développement font toujours face à des obstacles importants dans leurs efforts de relèvement, étant aux prises avec la triple crise de la reprise après la pandémie, de la réalisation des ODD au cours de la décennie d’action restante et de la lutte contre les changements climatiques.  Le système des Nations Unies pour le développement est maintenant confronté à l’épreuve décisive de savoir s’il peut contribuer de manière significative aux efforts des pays pour réaliser le Programme 2030 au cours de la décennie d’action restante.

Pour le G77 et la Chine, l’éradication de la pauvreté sous toutes ses formes et dimensions doit rester l’objectif primordial du système des Nations Unies pour le développement, une opinion qui a été reprise par d’autres Membres, comme la Chine, au cours de la matinée.  Le développement lui-même doit rester au centre des préoccupations, en gardant à l’esprit les différents niveaux de développement et les réalités sur le terrain dans tous les pays concernés.  L’appropriation nationale et le leadership dans toutes les questions relatives au repositionnement du système des Nations Unies pour le développement sont essentiels pour obtenir des résultats efficaces, a encore argué le Groupe en demandant notamment des rapports en temps et en heure des coordonnateurs résidents et des équipes de pays des Nations Unies pour les gouvernements hôtes. 

Il est crucial que les nouveaux cadres de coopération pour le développement durable des Nations Unies soient élaborés en pleine consultation avec les gouvernements hôtes et reflètent les besoins et les priorités des pays, a insisté le Groupe en se félicitant des réactions positives sur les activités des Nations Unies dans les cadres de coopération: celles-ci semblent répondre efficacement aux priorités nationales.

Rebondissant sur ces remarques, le Secrétaire général a souligné que 96% des cadres de coopération ont aligné l’action des équipes de pays sur les priorités nationales et que 95% des gouvernements consultés sont d’avis que les équipes de pays de Nations Unies ont une bonne collaboration avec eux.

Le G77 et la Chine ont salué l’effort qui consiste à tenir compte en profondeur des situations particulières des pays et de leurs défis spécifiques.  Ce point a été largement repris au cours des échanges de ce matin, en particulier par le représentant des petits États insulaires en développement (PEID).  Le G77 a espéré que les prochains rapports continueront d’être aussi approfondis à ce sujet.

En ce qui concerne le rôle essentiel du financement du développement et du financement des agences de développement des Nations Unies pour soutenir les efforts des pays en développement dans la réalisation du Programme 2030 et des objectifs de l’Accord de Paris, le G77 s’est dit très préoccupé par la tendance à la baisse des ressources de base consacrées au développement.  Outre le déséquilibre généralisé entre les ressources de base et les autres ressources, ces récentes coupes budgétaires menacent la viabilité à long terme du pilier développement de l’ONU, a mis en garde son représentant, soulignant qu’il s’agit aussi du fondement de la paix et de la sécurité mondiales.  Alors que le monde connaît des urgences humanitaires immédiates, nous sommes également au bord d’une crise mondiale du développement: ces coupes dans le financement de base du système des Nations Unies pour le développement pourraient avoir des effets durables non seulement sur les plus vulnérables en bloquant les trajectoires de développement collectif, du bien-être et de la sécurité des personnes dans le monde en développement, mais également sur les institutions conçues pour répondre aux aspirations au développement.

Reconnaissant ce problème du financement du développement, le Secrétaire général a lui aussi souhaité une base de financement régulière et prévisible en appelant à remédier à la dispersion des ressources.  Il a même parlé de potentiel « désastre » si cette tendance à la baisse des ressources financières pour le développement n’est pas inversée.  S’il y a davantage de focus sur les ressources de base pour le développement, il sera possible de transformer l’action d’ici à 2030, a argué M. Guterres.

Pour les pays à revenu intermédiaire, les enjeux se situent ailleurs parce que, comme l’a dit la Colombie, leur porte-parole, les approches de développement actuelles ne tiennent pas compte de leur réalité.  Les fonds et programmes des Nations Unies devraient renforcer leurs mesures d’aide à ces pays et, surtout, aller au-delà de l’indicateur du PIB pour mieux refléter les faiblesses structurelles de chaque pays. 

Le Secrétaire général a concédé que « le passage d’une catégorie à l’autre est devenu une véritable sanction », notant que ces pays sont exclus des possibilités d’allégement de la dette et qu’il faut dépasser l’approche basée sur le PIB pour mieux prendre en compte d’autres aspects du développement.  Ces pays ont besoin d’un meilleur appui, a-t-il dit.  L’Alliance des petits États insulaires en développement est également venue défendre ses intérêts en exigeant une meilleure prise en compte de leurs vulnérabilités spécifiques à travers un indicateur spécial, pour veiller à dégager des financements adéquats et un accès aux financements à des taux avantageux.  Ce système ne peut pas se baser uniquement sur les bureaux multipays, a estimé le représentant d’Antigua-et-Barbuda, qui a espéré que la prochaine feuille de route sur les PEID sera axée sur les résultats. 

À ce sujet, le Secrétaire général a parlé du cadre de développement pour les 22 pays anglophones des Caraïbes et du Pacifique qui a été adopté, et des nouveaux bureaux qui y seront mis en place.  Sur le financement, il a tenu à rappeler que le Fonds commun visant à faciliter l’application du Programme 2030 par des politiques intégrées a donné la priorité aux PEID, y voyant une réorientation solide du travail des Nations Unies en faveur de ces pays.

Les pays les moins avancés (PMA), encouragés par l’augmentation des dépenses des Nations Unies en faveur de leur développement, ont tout de même demandé un seuil de référence pour que toutes les entités onusiennes allouent au moins 50% de leurs ressources aux PMA.  Ils ont insisté sur l’intégration du Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020 dans leurs documents stratégiques en attendant la cinquième Conférence des Nations Unies sur les PMA qui doit se tenir à Doha en mars 2023.

Constatant le nombre croissant de personnes dans le monde ayant besoin d’une assistance humanitaire, la Turquie, qui s’exprimait au nom du groupe MIKTA, a noté que bien souvent l’aide humanitaire se fait au détriment de l’aide au développement.  Elle a donc appelé à plus de synergies fortes entre les interventions humanitaires, les actions de développement et les efforts de consolidation de la paix des entités des Nations Unies.  Le Japon a même jugé artificielle la catégorisation de l’humanitaire et du développement et a demandé s’il y avait des progrès vers l’intégration des données pour les deux catégories.  La transparence et la crédibilité des données sont essentielles pour attirer les bailleurs de fonds, a-t-il argué en espérant que dans un proche avenir, il y aurait une réunion conjointe humanitaire et activités opérationnelles pour le débat consacré aux activités opérationnelles de développement.  Il a suggéré que les experts de la Troisième Commission et de la Deuxième Commission pourraient discuter de ce lien.

Les pays du MIKTA ont également encouragé un changement institutionnel plus profond, en particulier un changement radical pour s’écarter de la culture « mon agence d’abord » ainsi qu’un changement de comportement au sein de la direction et du personnel de l’ONU pour relever les défis complexes et multidimensionnels de manière cohérente et intégrée.  Tout en saluant la reconnaissance accrue par les gouvernements des coordonnateurs résidents comme point d’entrée pour accéder au système des Nations Unies au niveau des pays, les pays du MIKTA ont appelé à redoubler d’efforts pour tirer pleinement parti du rôle de rassembleur des coordonnateurs résidents en vue d’atteindre les ODD d’ici à 2030.  Bien que nous soyons encouragés par les gains d’efficacité accrus, nous attendons avec impatience des progrès accélérés vers l’objectif de réaliser des économies annuelles de 310 millions de dollars d’ici à 2025, a déclaré le représentant turc, rappelant que cela avait été annoncé par le Secrétaire général, le but ultime étant d’augmenter la part des fonds qui sont alloués aux programmes plutôt qu’aux coûts administratifs.

Lui répondant, le Secrétaire général a confirmé que l’ONU, en tant que système, est en train de passer d’une culture de cloisonnement entre entités onusiennes à une culture plus systémique qui accompagne la réforme structurelle, mais, a-t-il concédé, il reste ça-et-là quelques difficultés à dépasser. 

Lui emboîtant le pas, la Nouvelle-Zélande, qui s’exprimait au nom du groupe CANZ, est venue poser quatre questions concrètes au Secrétaire général.  Premièrement, elle a argué que toutes les entités des Nations Unies menant des activités de développement -y compris les institutions spécialisées et autres entités- devraient pleinement mettre en œuvre les mesures de réforme.  Nous continuons de recevoir des commentaires mitigés du terrain sur la mesure dans laquelle les réformes sont modélisées, a indiqué la représentante en estimant que les approches conjointes devraient être la valeur par défaut des efforts de l’ONU dans le pays.  Elle a aussi demandé comment les États Membres pouvaient mieux aider à garantir que ces approches se répercutent au niveau national, ce à quoi le Secrétaire général a répondu qu’ils pouvaient s’impliquer davantage au niveau des conseils d’administration des fonds et programmes des Nations Unies pour exiger que ce souci soit reflété sur le terrain. 

Deuxièmement, les pays du CANZ ont reconnu la nécessité d’approches adaptées aux pays en situation particulière, y compris les PMA et les PEID, pour garantir que leurs vulnérabilités particulières soient prises en compte de manière systématique.  « Comment le Secrétariat de l’ONU soutient-il le développement d’offres spéciales pour les pays en situation particulière et le travail des équipes de pays des Nations Unies dans ce domaine? »  En troisième lieu, le groupe CANZ a insisté sur l’importance d’intégrer les considérations des personnes en situation vulnérable, en particulier les femmes et les filles, les personnes handicapées et les peuples autochtones, dans le travail des équipes de pays des Nations Unies.  Comment les bureaux des coordonnateurs résidents soutiennent-ils ce travail d’intégration, a-t-il voulu savoir.  « Enfin, à la lumière du sous-financement persistant du système des coordonnateurs résidents, comment l’ONU peut-elle mieux démontrer la valeur ajoutée du système des coordonnateurs résidents revigoré? »  Notant le succès de certaines entités des Nations Unies dans la levée de fonds privés, les pays du CANZ ont demandé en quoi leur expérience peut contribuer à guider les efforts du Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD) pour attirer des investissements?

Pour l’Union européenne (UE), une plus grande cohérence au niveau des pays montre les progrès réalisés dans la mise en œuvre du système des Nations Unies pour le développement plus intégré.  L’UE a notamment souligné et salué les rôles clefs de coordination et de représentation des coordonnateurs résidents des Nations Unies, qui doivent être soutenus par toutes les parties prenantes.  Les coordonnateurs résidents incarnent le rôle de rassembleur de l’ONU dans les pays, car les approches multipartites apparaissent dans de nombreux cas comme la seule solution pour obtenir des résultats à grande échelle vers la réalisation des ODD, a argué le représentant.  Il est donc essentiel, selon lui, de consolider davantage les réformes sur le terrain, notamment par le biais d’analyses communes par pays et de cadres de coopération pour le développement durable. 

Quant aux autres défis à relever, l’UE a mentionné le besoin d’une culture de coordination entre les agences, travaillant véritablement comme une seule ONU et de manière plus intégrée.  Elle a aussi plaidé pour la finalisation du nouveau cadre de résultats et la restructuration des actifs régionaux pour assurer un soutien renforcé et efficace aux besoins des pays.  À ce sujet, le Royaume-Uni, notamment, s’est dit alarmé de lire que seuls 28% des membres de l’équipe de pays des Nations Unies ont partagé leurs descriptifs de programme de pays pour examen avec leur coordonnateur résident.  La délégation a appelé toutes les agences à s’assurer que leurs descriptifs de programme de pays soient partagés avec les coordonnateurs résidents pour confirmer l’alignement avec les cadres de coopération.

L’UE est aussi revenue sur les problèmes de financement du système des coordonnateurs résidents.  Ce dernier point reste un facteur de perturbation potentiel de la réforme du système de développement, a craint l’UE, en appelant à y faire très attention.  Pour leur part, les États-Unis ont réitéré leur soutien au fonds d’affectation spéciale qui soutient la mise en place du système des coordonnateurs résidents redynamisé, auquel ils ont versé plus de 65 millions de dollars à ce jour, en signe de leur soutien à la réforme et à la valeur du système.

Sur le leadership des coordonnateurs résidents, les États-Unis et le Royaume-Uni ont réitéré qu’ils s’attendent à ce que ces coordonnateurs fassent preuve du plus haut niveau de leadership et d’engagement envers les valeurs de l’ONU.  Ils souhaitent un cadre de performance des coordonnateurs qui tienne bien compte de cela et qui les responsabilise.  S’ils ont apprécié que le projet de cadre de résultats de performance constitue un outil de responsabilisation indispensable, ils souhaiteraient toutefois une séance d’information sur le Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD) afin de mieux comprendre comment il répond à ce besoin et complète le travail existant au sein du système des Nations Unies.  La Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina Mohammed, leur a assuré que le Bureau est désormais fonctionnel et que des informations leurs seraient fournies.

Revenant pour sa part sur les récents développements au Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS), l’Union européenne a exigé des enquêtes complètes et transparentes.  Elle a vu dans ces développements un appel sans ambiguïté pour que les procédures d’audit soient plus solides et harmonisées dans l’ensemble du système de l’ONU.

Le Secrétaire général a partagé ces points de vue de l’UE.  Selon lui, il faut des audits internes de qualité dans tout le système des Nations Unies.  Même s’il y a eu des progrès, notamment pour ce qui est de forcer les enquêtes à être transférées vers le Siège, le Secrétaire général a dit saluer toute contribution des États Membres en ce sens.

Le Groupe des États d’Afrique, par la voix de la Mauritanie, a souligné que l’Afrique est le plus grand bénéficiaire du système des coordonnateurs résidents, avec 53 coordonnateurs résidents et équipes de pays des Nations Unies.  Voilà pourquoi la consolidation de ce système revigoré et la préservation de ses capacités sont de la plus haute importance pour pouvoir bénéficier d’un soutien véritable, a observé le Groupe, disant apprécier la valeur ajoutée démontrée par le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement qui fournit un appui plus intégré, efficace et de meilleure qualité aux besoins et aux priorités des pays en matière de développement durable.  Il dit également apprécier le renforcement des liens entre les niveaux régional et national par le biais de la plateforme de collaboration régionale pour améliorer la mise en œuvre des cadres de coopération, qui devrait être son objectif ultime. 

Le Secrétaire général a abondé en ce sens en mettant en avant l’alignement du Programme 2030 et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA), et en parlant d’une coopération exemplaire avec l’UA.  M. Guterres n’a pas hésité à dire que « si l’ONU échoue en Afrique, l’ONU échoue, point final ».  Par conséquent, il faut donner les moyens à l’Afrique d’atteindre les ODD.

Faisant fond sur les interventions des groupes régionaux, sont également intervenus ce matin le Pérou, Oman, le Mexique, la Thaïlande, le Nigéria, le Maroc, l’Inde, le Bangladesh, la Chine, la Norvège, la Finlande, l’Égypte, l’Afrique du Sud, les Philippines et la Fédération de Russie.

Deuxième session: Rapport de la Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement durable sur le Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD)

En ouvrant cette session, destinée à faire le point sur les efforts de coordination aux niveaux national, régional et mondial, Mme MIIA RAINNE, Vice-Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a invité les États Membres à faire part de leurs commentaires sur le nouveau cadre de résultats pluriannuel du système des coordonnateurs résidents.  Cette session doit aussi donner un aperçu de la contribution collective du système des Nations Unies pour le développement dans les actions visant à faire progresser les ODD, a-t-elle indiqué, estimant que les engagements pris il y a quatre ans en faveur d’une coordination accrue donnent des résultats tangibles. 

Mme AMINA MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU et Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement durable, a ensuite présenté son rapport sur le BCAD en estimant que, dans le contexte actuel de crise tridimensionnelle exacerbée par la guerre en Ukraine, le système de coordination est un élément essentiel pour sauver les ODD et accélérer l’action pour les atteindre d’ici à 2030.  À cet égard, elle a mis en exergue les réalisations citées dans le rapport.  Tout d’abord, a-t-elle relevé, nous avons maintenant une nouvelle génération de coordonnateurs résidents à la tête d’équipes de pays repositionnées.  Selon le rapport, 90% des gouvernements de programme conviennent que les coordonnateurs résidents ont le bon profil et les bonnes compétences pour soutenir les besoins de développement de leur pays, contre 88% en 2020.  De plus, 53% d’entre eux sont des femmes et 50% sont originaires de pays de programme, contre 41% en 2018.  D’autre part, le système repositionné des coordonnateurs résidents permet un soutien plus personnalisé et plus efficace des équipes de pays, a précisé Mme Mohammed, ajoutant que presque tous les gouvernements des pays de programme notent que le cadre de coopération garantit un alignement des activités de l’ONU sur les priorités nationales.  La Vice-Secrétaire générale s’est aussi enorgueillie de l’amélioration de la transparence et de la responsabilisation du système.  Grâce à ONU-Info, par exemple, nous pouvons désormais suivre et rendre compte en temps réel des progrès réalisés dans les objectifs des cadres de coopération dans un nombre croissant de pays, a-t-elle expliqué, avant d’indiquer que presque toutes les équipes de pays ont produit des rapports annuels sur les résultats enregistrés dans ce cadre. 

Pour la Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement durable, le système des coordonnateurs résidents permet de réunir plus efficacement les partenaires et les parties prenantes, tout en contribuant à une meilleure aide aux pays dans la perspective des ODD.  Les coordonnateurs résidents, appuyés par des économistes dans leurs bureaux, ont ainsi joué un rôle de chef de file dans l’élargissement de l’accès aux financements pour les ODD, a-t-elle souligné, précisant qu’à ce jour, le Fonds commun pour les ODD a financé 151 programmes couvrant 118 pays et territoires, en particulier les PEID.  Avec l’appui du PNUD, les équipes de pays aident également les gouvernements de 80 pays à concevoir des cadres intégrés nationaux de financement pour leurs priorités de développement.  Les résultats collectifs du système des Nations Unies pour le développement, mis en évidence dans le rapport, donnent l’assurance que l’ONU et son système de développement peuvent relever les défis qui nous attendent, d’autant plus que nous franchissons les dernières étapes de la consolidation de ces réformes, a-t-elle estimé.

Si les résultats sont encourageants, beaucoup reste à faire, notamment pour accompagner les transitions clefs de l’énergie, du système alimentaire et du numérique, tout en renforçant les investissements dans le capital humain, a fait observer Mme Mohammed, avant de plaider également pour une refonte complète du système financier mondial pour aider les pays à accéder aux financements pour les ODD.  À ses yeux, le système des coordonnateurs résidents a un rôle important à jouer pour permettre ces changements transformateurs.  Annexé au rapport, le projet de cadre de résultats pour le système des coordonnateurs résidents vise à fournir aux États Membres un outil supplémentaire pour contrôler les progrès à cet égard, a expliqué la Vice-Secrétaire générale.  Enfin, après avoir évoqué les retours sur investissement que peut entraîner une bonne coordination du développement, elle a averti que le déficit de financement du système des coordonnateurs résidents représente un risque réel pour l’ambition des réformes et pour l’avancement du Programme 2030.  Selon elle, inverser cette tendance doit rester une priorité absolue. 

De son côté, M. ROBERT PIPER, Sous-Secrétaire général et Directeur du Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD), s’est dit fier des réalisations du BCAD ces quatre dernières années.  S’il reste beaucoup à accomplir, le Bureau s’est multiplié pour soutenir les coordonnateurs résidents et concrétiser le pacte de financement, cela en dépit des restrictions imposées depuis 2020 par la pandémie de COVID-19.  Ensemble, nous avons essayé d’apporter aux pays de programme une perspective de développement, a-t-il résumé. 

À la suite de ces présentations, la parole a été donnée aux délégations.  Au nom du Groupe des 77 et la Chine, le Pakistan s’est concentré sur l’annexe II du rapport, consacrée au cadre de résultats du système des coordonnateurs résidents, souhaitant que ledit cadre soit davantage guidé par les mandats confiés au système qui sont énumérés dans l’examen quadriennal complet (QCPR).  Le cadre devrait aussi rendre compte du budget estimé à 281 millions de dollars en présentant les résultats de tous les acteurs financés par ce biais, a-t-il dit, avant d’appeler à une meilleure différenciation des résultats des coordonnateurs résidents, des équipes de pays et du BCAD.  Il a d’autre part réaffirmé la nécessité d’inclure des indicateurs de performance dans le cadre, afin de refléter la contribution du système des coordonnateurs résidents pour aider les pays de programme à mettre en œuvre le Programme 2030.  À cet égard, les ODD et leurs cibles pourraient servir de référence pour ces indicateurs, a-t-il suggéré. 

Compte tenu des difficultés que connaissent les pays en développement pour faire face à la pandémie et relever leurs économies mais aussi du déficit de financement que continue de subir le système des Nations Unies pour le développement, comment les opérations sur le terrain pourraient-elles être menées plus efficacement? s’est interrogée Cuba.  Pour sa part, le Mexique a estimé que des progrès restent à accomplir pour que le système des coordonnateurs résidents se conforme pleinement aux principes de transparence et de responsabilisation.  Par exemple, nous avons besoin de plus de données désagrégées sur la représentation géographique des postes de direction, a-t-il fait valoir. 

S’exprimant au nom de l’Alliance des petits États insulaires, Antigua-et-Barbuda a plaidé pour que le système des Nations Unies pour le développement, et les coordonnateurs résidents en particulier, aident davantage les PEID à suivre les résultats enregistrés dans la mise en œuvre des orientations, comme celles des Samoa.  L’Arménie a, elle, jugé qu’un système de coordonnateurs résidents fonctionnels nécessite une coopération renforcée entre eux et les différentes entités onusiennes, a fortiori dans les situations de conflit.  Elle a également mis l’accent sur la désignation des candidats, considérant que le processus devrait gagner en rapidité pour garantir une continuité à la tête des équipes de pays. 

Après s’être prononcée pour une augmentation des contributions aux portefeuilles collectifs des équipes de pays, la Norvège a estimé que deux indicateurs clefs manquent dans le projet de cadre de résultats pluriannuel du système des coordonnateurs résidents: le nombre de programmes conjoints et leur proportion dans le total, d’une part, et les ressources communes au niveau des pays, d’autre part.  Sur ce même point, l’Allemagne a regretté que plusieurs indicateurs retenus ne permettent pas de mettre en lumière les performances réelles des bureaux de coordonnateurs résidents, notamment sur le plan programmatique. 

Le Bhoutan a salué l’aide fournie par l’équipe de pays des Nations Unies, en particulier son soutien pour passer de l’état de PMA à un autre statut.  Selon lui, les PMA ont besoin d’un système de coordonnateurs résidents renforcé pour espérer atteindre les ODD et cela implique que les entités onusiennes agissent en synergie pour répondre aux priorités des pays.  Plus axée sur le financement, l’Espagne a estimé possible de réinvestir en partie les gains d’efficience dans le système des coordonnateurs résidents.  Un avis partagé par le Japon qui a souhaité que le cadre de résultats soit doté de cibles en matière de financement, le Maroc appelant quant à lui à un financement prévisible et durable.  Pour l’Inde, en revanche, le système actuel de financement devrait être maintenu, tout en étant plus fonctionnel et plus transparent. 

De l’avis des États-Unis, le cadre de résultats du système des coordonnateurs résidents devrait être épaulé par un bureau d’évaluation à l’échelle du système de l’ONU afin de mieux refléter les performances.  La Fédération de Russie a, quant à elle, souhaité que le cadre de résultats envisagé présente les différentes fonctions des coordonnateurs résidents afin de garantir un meilleur contrôle.  Elle s’est par ailleurs étonnée du faible niveau d’efficacité des bureaux des coordonnateurs résidents, avant de demander comment la situation pourrait être améliorée. 

Pour sa part, le Canada s’est enquis des moyens de soutenir les efforts en vue d’améliorer l’efficience, y voyant un élément moteur pour mieux utiliser les ressources et maximiser les économies d’échelle.  Il a également encouragé les États Membres à combler le déficit chronique du système des coordonnateurs résidents, non sans inviter ce dernier à trouver d’autres modes de financement. 

En réponse à ces remarques et questions, la Vice-Secrétaire générale s’est tout d’abord engagée à fournir les documents plus tôt que lors de cette session.  Elle a ensuite évoqué le budget de 281 millions de dollars du système des coordonnateurs résidents en rappelant que cette somme vise à financer les infrastructures essentielles des bureaux, pas les activités programmatiques.  Il s’agit du minimum requis pour que le système fonctionne, a-t-elle expliqué, avant de reconnaître que le système ne peut répondre à toutes les demandes.  C’est pourquoi il faut non seulement utiliser les compétences des équipes de pays mais aussi faire appel à des experts extérieurs.  Or, les renforts demandés au niveau régional n’existent pas actuellement, a indiqué Mme Mohammed.  S’agissant des actions sur le terrain dans les pays en développement, la priorité absolue est de distribuer des vaccins à toute la population, ce qui est loin d’être une formalité.  En effet, a-t-elle précisé, le déploiement et la distribution se heurtent à de nombreux obstacles, parfois même à la réaction négative des communautés.  Mais nous continuons de dialoguer avec les gouvernements et nous renforçons nos moyens d’action, notamment en ligne, a ajouté la Vice-Secrétaire générale.  Malgré les difficultés budgétaires que rencontrent de nombreux pays, nous maintenons nos engagements pour les aider à progresser vers les ODD de manière spécifique, sans modèle unique.  Quant au projet de cadre de résultats, elle a assuré qu’il s’appuierait sur des indicateurs fondés sur des données factuelles. 

Lui emboîtant le pas, le Sous-Secrétaire général et Directeur du BCAD a insisté sur le fait que le cadre en est encore au stade de projet.  Il fera l’objet d’autres consultations et sera aligné sur les documents présentés en Cinquième Commission sur le système budgétaire.  Ce cadre sera utilisé à des fins multiples pour ne pas gaspiller les ressources, a-t-il encore précisé.  Pour M. Piper, il est important de ne pas attribuer les résultats des différents organismes onusiens au système des coordonnateurs résidents.  De même, il est préférable selon lui que le cadre reste léger en termes d’indicateurs.  Il en faut quelques-uns pour chaque catégorie pour mesurer les progrès, a-t-il avancé.  S’agissant de l’efficacité des bureaux, il s’est étonné de la remarque de la délégation russe, rappelant que 90% des membres des équipes de pays considèrent leur fonctionnement satisfaisant.  Selon lui, les gouvernements ne voient pas toujours le rôle que jouent les bureaux car ils ont surtout affaire aux équipes de pays.  Les bureaux accueillent des conseillers du HCDH, du PNUD, d’ONU-Femmes ou encore de l’OCHA, mais cela se fait toujours à la demande des organismes.  Nous n’avons pas de conseiller qui ne soit pas parrainé par un organisme ou une entité, a expliqué le Sous-Secrétaire général.  Évoquant ensuite les effets de la pandémie, il a reconnu que cette crise a coûté des années au système des coordonnateurs résidents.  Cela a notamment influé sur les réflexions relatives aux chaînes d’approvisionnement, au travail à distance et au déplacement des transactions pour faire des économies d’échelle.  En matière de gains d’efficience, 195 millions de dollars d’économie ont été réalisés l’an dernier, a-t-il rappelé, formant le vœu de parvenir à l’objectif de 310 millions de dollars pour renforcer les aides à la nutrition et aux systèmes scolaires, entre autres.  Si les prélèvements viennent exclusivement du système des Nations Unies, à l’exception de l’Union européenne, de la Suède et de l’Islande, il ne faut pas alourdir le fardeau des organismes, a plaidé M. Piper, selon lequel des économies sont possibles sur le plan administratif. 

Après ces premières réponses, le Royaume-Uni a souhaité savoir comment le système des coordonnateurs résidents pourrait attirer des candidats ayant une expérience dans la prévention des conflits.  Il a d’autre part souhaité que le cadre de résultats comprenne des indicateurs pour réduire les doublons sur le terrain et pour renforcer la coordination avec les institutions financières internationales.  Les Pays-Bas ont appelé de leurs vœux un alignement des indicateurs du cadre, tandis que la Suisse souhaitait que l’innovation soit reflétée plus spécifiquement. 

Reprenant la parole, le Sous-Secrétaire général et Directeur du BCAD a mis l’accent sur la richesse du vivier du système des coordonnateurs résidents, qui recèle des profils très variés, certains avec une expérience dans le domaine des conflits.  Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) gère ce vivier de façon coordonnée, a-t-il indiqué, ajoutant que le recrutement et l’évaluation se font conjointement avec le BCAD.  Tous les coordonnateurs résidents étant aussi des coordonnateurs humanitaires, la coordination permet de faciliter leur tâche.  Pour M. Piper, l’idée d’un indicateur portant sur les doublons est excellente mais sa mise en place dépendra, selon lui, des gouvernements et des bailleurs de fonds.  Il s’est par ailleurs déclaré d’accord sur l’entrée des institutions financières internationales dans les programmes, à condition qu’il n’y ait pas de questions juridiques trop épineuses.  Même si toutes les institutions certifient qu’elles entrent dans le cadre de coopération, il faut s’assurer que leur contribution est en concordance avec le système, a-t-il encore précisé. 

Avant de clôturer cette session, la Vice-Secrétaire générale a assuré que le système des Nations Unies est entièrement tendu vers la coordination.  Cela ne fonctionne pas toujours, d’où le besoin d’améliorer les résultats, a-t-elle relevé, soulignant à cet égard la nécessité d’avoir des cadres de coopération en parfaite concordance.  Pour Mme Mohammed, beaucoup peut être fait au niveau mondial mais il faut ensuite l’appliquer à l’échelle nationale ou locale.  Pour ce qui est des gains d’efficience, elle a réaffirmé que les agences de l’ONU ne peuvent pas financer à elles seules le système des coordonnateurs résidents.  Il faut donc réinvestir les fonds dégagés, a-t-elle plaidé.  Elle a, enfin, jugé que nous sommes encore « loin du compte » s’agissant du pacte de financement.  « Nous savons ce que nous devons faire si vous faites ce que vous devez faire », a-t-elle lancé aux délégations, ajoutant que ce n’est qu’ensemble que nous pourrons avancer et sauver les ODD. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité des ONG recommande le statut consultatif spécial à 92 organisations, alors que des États rappellent que la société civile est un pilier du travail de l’ONU

Session ordinaire de 2022,
1re et 2e séances plénières – matin & après-midi
ONG/930

Le Comité des ONG recommande le statut consultatif spécial à 92 organisations, alors que des États rappellent que la société civile est un pilier du travail de l’ONU

Le Comité chargé des organisations non gouvernementales (ONG) a ouvert sa session 2022 aujourd’hui en recommandant au Conseil économique et social (ECOSOC) d’octroyer le statut consultatif spécial à 92 ONG.  Il a reporté sa décision sur 32 autres demandes, dans l’attente de réponses aux questions supplémentaires de ses 19 membres. 

Le Comité peut recommander trois différents statuts consultatifs auprès de l’ECOSOC: le statut consultatif général, le statut consultatif spécial et l’inscription sur la Liste.  Le premier statut est réservé aux grandes ONG internationales dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Ces ONG sont habilitées à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions, et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour. 

Le statut consultatif spécial est octroyé aux ONG travaillant dans un domaine spécifique et les autorise à soumettre des communications écrites et des pétitions à l’ECOSOC.  Enfin, la Liste va aux ONG qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.  Elles ne peuvent soumettre au Conseil que des communications écrites. 

Après deux ans de hiatus du fait de la pandémie de COVID-19, les ONG pourront enfin revenir en salle de réunion pour la session d’échanges avec le Comité, s’est réjouie la nouvelle Vice-Présidente, Mme Mine Ozgul Bilman (Turquie).  Élue à l’ouverture des travaux, elle a annoncé que cette année, le Comité entend examiner 266 nouvelles demandes au statut consultatif, venant de 71 pays, tout comme les 320 demandes reportées, soit 586 demandes au total.  En plus, 610 nouveaux rapports quadriennaux seront sur la table, dont 80 rapports dont l’examen avait été reporté. 

De son côté, la Directrice du Bureau de l’appui aux mécanismes intergouvernementaux et de la coordination au service du développement durable au Département des affaires économiques et sociales (DESA), Mme Marion Barthelemy, a attiré l’attention sur cette charge de travail de plus en plus lourde qui échoit au Bureau.  Ainsi, en 2021, il a présenté 816 demandes de statut consultatif et 935 rapports quadriennaux au Comité pour examen.  Notant que 6 110 organisations dotées du statut consultatif dépendent du Service des ONG pour faciliter leur participation aux Nations Unies, elle a plaidé pour des ressources adéquates, évoquant une situation ingérable avec un très grand nombre de demandes que le Bureau n’est pas en mesure de traiter. 

La question de la participation des ONG aux travaux du Comité a également suscité des réactions.  Certains orateurs ont demandé que celles qui ne peuvent pas se rendre à New York pour des motifs financiers ou d’autres raisons puissent tout de même avoir la possibilité de prendre part aux délibérations du Comité des ONG.  Les États-Unis ont notamment fait observer que les visioconférences étant désormais usuels à l’ère de la pandémie, il serait de bon aloi de s’en servir pour échanger avec la société civile.  De son côté, l’Union européenne (UE) a jugé préférable d’avoir un Comité des ONG qui compte plus de membres ouverts à la participation des ONG que de pays qui s’y opposent, s’offusquant du très grand nombre de report de demandes soumises par les ONG de l’UE. 

La session ordinaire de 2022 du Comité des ONG se tiendra jusqu’au 26 mai, avant que le Comité n’adopte son rapport de session le 7 juin prochain.  Les recommandations de la session seront transmises au Conseil économique et social pour approbation lors du segment de gestion qui se tiendra les 21 et 22 juillet. 

Le Comité des ONG poursuivra ses travaux demain, mercredi 18 mai, à partir de 10 heures. 

RENFORCEMENT DU SERVICE DES ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES DU DÉPARTEMENT DES AFFAIRES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES (DESA)   EXAMEN DES MÉTHODES DE TRAVAIL DU COMITÉ: APPLICATION DE LA RÉSOLUTION 1996/31 DU CONSEIL S’AGISSANT, NOTAMMENT, DU PROCESSUS D’ACCRÉDITATION DES REPRÉSENTANTS DES ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES, ET DE LA DÉCISION 1995/304 DU CONSEIL  

Mme MARION BARTHELEMY, Directrice du Bureau de l’appui aux mécanismes intergouvernementaux et de la coordination au service du développement durable, au Département des affaires économiques et sociales (DESA), a indiqué que les Nations Unies prennent en ce moment des dispositions pour reprendre la délivrance des laissez-passer aux organisations non gouvernementales (ONG) dotées du statut consultatif, comme cela se faisait avant la pandémie.  « Le rôle des organisations non gouvernementales devra être promu, élargi et renforcé à tous les niveaux », a-t-elle déclaré, saluant les discussions du Comité des 27 et 28 avril au cours desquelles les délégués ont décidé de tenir des consultations avec les ONG dotées du statut consultatif plus tard cette année.  Son Bureau s’efforcera d’inclure des ONG du monde entier dans ces discussions, a-t-elle promis. 

Malgré les limites posées par les plateformes technologiques actuelles, le Bureau a fourni un soutien aux ONG tout au long du processus de demande de statut consultatif.  En 2021, il a présenté 816 demandes de statut consultatif et 935 rapports quadriennaux au Comité pour examen.  Mme Barthelemy a expliqué que le développement d’un système amélioré basé sur les technologies de l’information et des communications (TIC), afin de remplacer les trois plateformes gérées par le Service des ONG, a été retardé en raison de la complexité de l’intégration du système, sans oublier les graves contraintes de ressources auxquelles le Bureau fait face.  Il y a 6 110 organisations dotées du statut consultatif qui dépendent du Service des ONG pour faciliter leur participation aux Nations Unies, a-t-elle rappelé en plaidant pour des ressources adéquates.  Elle a prévenu que la situation est devenue ingérable avec un très grand nombre de demandes que le Bureau n’est pas en mesure de traiter, d’autant plus que son personnel travaille déjà sous une pression extrême. 

Le Mexique a ensuite relevé que les ONG qui ne peuvent pas se rendre à New York pour des raisons financières et autres devraient avoir la possibilité de prendre part aux délibérations du Comité des ONG, soulignant que la société civile a toujours été un pilier pour le bon fonctionnement des Nations Unies. 

Si les Nations Unies permettent les visites du Siège, alors il n’est pas normal de ne pas permettre que les ONG reviennent prendre part aux réunions du Comité, ont estimé les États-Unis qui ont recommandé d’utiliser les visioconférences pour échanger avec la société civile, tout en rejetant les efforts de les maintenir dans le silence.  Étant donné que les Nations Unies reviennent à un fonctionnement normal, il est temps que le Comité des ONG fasse pareil, a renchérie la Turquie

L’Estonie a rappelé que les interactions avec les ONG sont essentielles, et il faut donc faciliter la participation aux travaux du Comité de la société civile de toutes les régions du monde, en utilisant tous les moyens disponibles.  La Grèce a de son côté invité l’ECOSOC à trouver des solutions aux problèmes que rencontre le Comité des ONG, alors que l’Arménie a plaidé pour l’impartialité dans l’examen des demandes des ONG. 

L’Union européenne (UE) a appelé à un Comité des ONG qui compterait plus de membres ouverts à la participation des ONG que de pays qui s’y opposent.  Le fait que la charge de travail du Comité ne cesse d’augmenter est dû à une accumulation des reports de demandes en raison de la multiplication des questions de certains États, a justifié la délégation.  Elle a donc appelé l’ECOSOC à prendre des mesures pour rectifier le tir quand les blocages surviennent au sein du Comité, s’offusquant du très grand nombre de reports de demandes soumises par les ONG de l’UE.  Le Comité existe parce que les États reconnaissent que les ONG sont importantes pour le travail des Nations Unies, a souligné le Royaume-Uni qui a déploré les mesures de représailles prises par certains États qui craignent le travail des ONG. 

Examen des rapports spéciaux

Le Pakistan a rappelé que par un courrier envoyé le 13 mai au Comité, il a demandé le report de l’examen de la demande d’une ONG. 

NOUVELLES DEMANDES D’ADMISSION AU STATUT CONSULTATIF ET NOUVELLES DEMANDES DE RECLASSEMENT

Octroi du statut consultatif spécial

  1. « İnformasiya Təşəbbüslərinə Dəstək » ictimai birliyi (Azerbaïdjan)
  2. African Confederation of Co-operative Savings and Credit Association (Kenya)
  3. Aleradah Organization for Talented People with Disability (Arabie saoudite)
  4. All Africa Community Development and Environmental Protection Agency (Nigéria)
  5. Ashoka Trust for Research in Ecology and the Environment (ATREE) (Inde)
  6. Association du Centre des Études et des Recherches en Sciences Sociales (Maroc)
  7. Association for the Rights of Children in Southeast Asia (ARCSEA) Inc.  (Philippines)
  8. Association on Development of Civil Society of The Republic Of Kazakhstan « ARGO » (Kazakhstan)
  9. CEDAW Committee of Trinidad and Tobago (Trinité-et-Tobago)
  10. Center For Gender Economics Initiative (Nigéria)
  11. Centre de formation professionnelle femmes et jeunes (République démocratique du Congo-RDC)
  12. Charitable Organization « Charitable Fund League of Tolerance » (Ukraine)
  13. Citizens Intervention & Accountability Network (Nigéria)
  14. Co-operation Arena for Sustainable Development in Africa -Kenya (CASDA) (Kenya)
  15. Coordenação das Organizações Indígenas da Amazônia Bras (Brésil)
  16. Dignity Initiative (Népal)
  17. Direction for Children and Youth (Colombie)
  18. Dynamique des femmes juristes (République démocratique du Congo -RDC)
  19. Empowering Women for Excellence Initiative (Nigéria)
  20. Engineers Without Borders (Sierra Leone)
  21. Equipo Latinoamericano De Justicia Y Género Asociación Civil –ELA- (Argentine)
  22. Evangelização Geral de Ajuda aos Necessitados (Mozambique)
  23. Eye Care Foundation (Chine)
  24. Food and Livestock Initiative « FLI asbl » (République démocratique du Congo -RDC)
  25. Fundación Retorno A La Libertad (Colombie)
  26. Global Care Rescue Mission (Nigéria)
  27. Global Initiative on Substance Abuse (Nigéria)
  28. Independent Living Center for Persons with Disabilities, Kathmandu (Népal)
  29. Institute for Financial Management and Research (Inde)
  30. Instituto Brasileiro de Qualidade de Vida –IBQV (Brésil)
  31. Instituto Caminho do Meio (Brésil)
  32. Int’l Centre for Peace Charities and Human Dev (Nigéria)
  33. Ivy League Consult Limited (Ghana)
  34. Jeunes en action pour le développement durable (Cameroun)
  35. Jordan Youth Innovation Forum (Jordanie)
  36. KTDA Foundation Limited (Kenya)
  37. La Protección de la Infancia, Inc. (Philippines)
  38. La grande puissance de Dieu (Bénin)
  39. Leadership Development Association Albania (Albanie)
  40. Lift Saxum Ltd/Gte (Nigéria)
  41. Ligue Camerounaise des droits de l’homme (Cameroun)
  42. Maasai Indigeneous Projects (Kenya)
  43. Mathare Environmental Conservation Youth Group (Kenya)
  44. Nanjing World Youth Development Service Center (Chine)
  45. National Union of Somali Journalists (NUSOJ) (Somalie)
  46. New Nigeria Foundation (Nigéria)
  47. Ngece Rinjeu Foundation (Kenya)
  48. One Voice Initiative For Women And Children Emancipation (Nigéria)
  49. Pallium India (Inde)
  50. Pan African Climate Justice Alliance (Kenya)
  51. People’s Action for Learning Network (PAL) (Kenya)
  52. Public Health Foundation of India (Inde)
  53. Réseau Camerounais Des Organisations Des Droits De L’homme (Cameroun)
  54. Rozaria Memorial Trust (Zimbabwe)
  55. Réseau Accès aux Médicaments Essentiels (Burkina Faso)
  56. SEWA Bharat (Inde)
  57. Shikshit Yuva Sewa Samiti (Inde)
  58. Sonmaz Mashall Cultural Relations Public Union (Azerbaïdjan)
  59. South Asian Association of Pediatric Dentistry (Inde)
  60. Sristi Foundation (Inde)
  61. Strategic Initiative for Women in the Horn of Africa (SIHA) (Ouganda)
  62. Sustainable Development Policy Institute (Pakistan)
  63. Takween Organization for Social & Economic Development (Libye)
  64. Thai Green Crescent (Thaïlande) 
  65. The Eagle Eye Behavioural Reorientation Initiative (Nigéria)
  66. The Great Rift Centre for Research & Development (Kenya)
  67. The Healthy Real Initiative for Valued Entrepreneurship, Warri Delta State (Nigéria)
  68. The Red Crescent National Society of the Kyrgyz Republic Public Association (Kirghizistan)
  69. The Senema Love Foundation (Nigéria)
  70. The Women’s Crisis Centre (Bahamas)
  71. Vie Médicale (Cameroun)
  72. Visible Impact (Népal)
  73. Yerwa Aid and Relief Foundation (Nigéria)
  74. Ženska mreža Hrvatske (Croatie)
  75. ASeS -Agricoltori Solidarietà e Sviluppo (Italie)
  76. Adelphi Research gemeinnützige GmbH (Allemagne)
  77. Agence européenne pour l’information et le conseil des jeunes (ERYICA) (Luxembourg)
  78. Aham Education Inc (États-Unis)
  79. American Zionist Movement, Inc. (États-Unis)
  80. Arengukoostöö Ümarlaud (Estonie)
  81. Atlantic Council for International Cooperation –Conseil atlantique pour la coopération internationale (Canada)
  82. Australian Graduate Women Inc (Australie)
  83. Canadian Autism Spectrum Disorder Alliance (Canada)
  84. Centre International de Conseil, de Recherche et d’Expertise en Droits de l’Homme (CICREDHO) (Suisse)
  85. Centre for health sciences training research and development [Chestrad] International (Royaume-Uni)
  86. Centrs Marta (Lettonie)
  87. Chernobyl - Hibakusha Support, Kansai (Japon)
  88. Children and Young People with Disability Australia (Australie)
  89. IFMA Foundation (États-Unis)
  90. Omega Psi Phi Fraternity Inc. (États-Unis)
  91. Collaborative For Children (États-Unis)
  92. Darwin Animal Doctors Inc. (États-Unis)

Examen des demandes de statut consultatif 

Comment est-ce que Abuelas de Plaza de Mayo (Argentine) contribue-t-elle à la création d’une banque de données génétiques? a demandé la Turquie qui a également voulu savoir comment Afghanistan Green Crescent Organization (Afghanistan) contribue à la promotion de l’agriculture dans certains pays comme elle le prétend. 

Association Green Crescent (Croissant Vert-Mali) de Sikasso (Mali) a été priée par la Grèce de présenter les activités menées avec le Gouvernement. 

Le Pakistan a demandé de préciser dans quels pays travaille l’Association for Promoting Sustainability in Campuses and Communities (Inde), ainsi que des détails sur ses projets dans la gestion des eaux.  La Chine a demandé à BOOSTGREEN Association (Cameroun) de préciser ses liens avec les ONG partenaires. 

L’Inde a demandé à Centre for Participatory Democracy (Inde) des détails sur les activités menées au cours des deux dernières années, ainsi que sur ses sources de financement, avant que la Chine n’enjoigne Global Forum for the Defence of the Less Privileged (GFDLP) (Cameroun) à préciser à quelle conférence elle aurait pris part au Cameroun. 

L’Inde a également souhaité avoir des clarifications sur la véritable adresse physique de l’ONG Housing and Land Rights Network (Inde), tandis que le Pakistan a demandé à India Youth For Society (Inde) de fournir des détails sur ses états financiers. 

À International Rice Research Institute (Philippines), Cuba a demandé comment elle assurait son indépendance vis-à-vis de ses bailleurs qui lui fournissent 90% de son budget.  Quels sont les quatre pays dans lesquels Jan Lok Kalyan Parishad (Inde) se déploie? s’est enquis le Pakistan, avant de demander le bilan financier audité de Nagrik Foundation (Inde).  OXFAM South Africa (Afrique du Sud) a été priée également par Cuba de préciser les groupes auxquels elle est affiliée, ainsi que les pays dans lesquels l’association mène ses activités.  La Turquie a pour sa part voulu savoir si OxYGen Foundation for Protection of Women and Youth Rights (Arménie) a déjà reçu des fonds gouvernementaux. 

Le Pakistan a demandé des précisions sur les sources de financement de Pro Rural (Inde) tandis que le Bahreïn a demandé la liste des ONG internationales finançant la Sustainable Development Foundation (Yémen). 

Dans quels domaines l’organisation Tamdeen Youth Foundation (Yémen) entretient-elle des partenariats stratégiques, a demandé l’Inde, avant de demander des garanties sur l’indépendance de l’ONG The Asia Justice and Rights Foundation (Indonésie) qui reçoit une bonne partie de ses fonds de donateurs, y compris d’autres ONG. 

Comment vous avez recruté vos 1 900 volontaires, a demandé la Turquie à Time to Help Foundation (République-Unie de Tanzanie), alors que le Pakistan a souhaité que Uttarakhand Jan Jagriti Samiti (Inde) et Y S Makhdoomi Memorial Educational Trust (Inde) transmettent leurs états financiers des années 2020 et 2021, certifiés par un audit.  Le Pakistan a également souhaité obtenir des détails sur les fonds utilisés par la Zam Zam Foundation (Sri Lanka).

La Chine a demandé à la Youth Development Center (Cameroun) de clarifier ses états financiers pour les dernières années.  Pour l’Estonie, la préoccupation majeure fut d’obtenir des précisions sur les activités des trois dernières années de « Garmoniya » Samara Center for Youth Employment, Socialization and Cultural Development Autonomous Non-profit Organization (Fédération de Russie).  La délégation estonienne a aussi voulu savoir quelles sont les minorités qui figurent au centre des activités de recherche d’Autonomous Non-Profit Organization « Research Center Minority Report » (Fédération de Russie).  À son tour, la Turquie a demandé des précisions sur les allocations budgétaires de Alma Mater Studiorum -Università di Bologna (Italie). 

En outre, l’Estonie a demandé la liste des parrains et bailleurs de fonds de Cilvēktiesību Līgu Starptautiskās Federācijas Latvijas Cilvēktiesību komiteja (Lettonie), tandis que la Turquie entend comprendre comment Copernicus Berlin e.V. (Allemagne) compte contribuer aux travaux de l’ECOSOC.  La Chine a invité DXC Technology Company (États-Unis) à utiliser la terminologie onusienne appropriée pour désigner Taiwan, Hong Kong et Macao. 

Dialogue avec les ONG

Le Comité des ONG a décidé de recommander l’octroi du statut consultatif spécial à deux ONG qui ont participé au dialogue: IFMA Foundation (États-Unis) et Omega Psi Phi Fraternity Inc. (États-Unis).  Quatre autres ONG devront apporter des précisions sur leurs activités.  Outre la Zam Zam Foundation (Sri Lanka) à laquelle une question a été posée avant le dialogue, il s’agit de Life Bliss Foundation (Singapore), Nithyananda Dhyanapeetam TCD Trust (Inde), et Merciful Souls (Al-Qolub Al-Rahima) (R/A) (Israël). 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: le Contrôleur de l’ONU appelle les États « à changer de comportement » et à verser leurs contributions au budget ordinaire à temps

Deuxième partie de la reprise de la soixante-seizième session
19e séance plénière – matin
AG/AB/4387

Cinquième Commission: le Contrôleur de l’ONU appelle les États « à changer de comportement » et à verser leurs contributions au budget ordinaire à temps

Aujourd’hui à la Cinquième Commission, le Contrôleur des Nations Unies s’est voulu clair: Les États doivent « changer de comportement » et payer leurs contributions au budget ordinaire à temps ou tout au moins plus tôt dans l’année. La Commission chargée des questions administratives et budgétaires a en revanche contemplé un tableau bien différent du budget des opérations de maintien de la paix.  Le Sous-Secrétaire général pour la gestion de la chaîne logistique lui a peint un paysage apaisant du taux de remboursement des pays contributeurs de troupes et de personnel de police. 

M. Chandru Ramanathan, Contrôleur des Nations Unies, a dit craindre une autre crise de trésorerie du côté du budget ordinaire, étant donné que les contributions versées trop tard dans l’année seront considérées comme des soldes inutilisés à porter au crédit des États Membres.  Il a fait observer que toutes les propositions des États Membres pour régler cette situation récurrente passent, à des degrés divers, par une ponction des comptes des opérations de paix clôturées.  Or, a-t-il suggéré, ces comptes pourraient être épargnés si l’on augmentait de 200 millions de dollars le Fonds de roulement pour le porter à 350 millions comme l’a proposé le Secrétaire général. 

Geler ou limiter les recrutements est peut-être le moyen le plus efficace de réduire les dépenses mais ce n’est pas très efficace pour s’adapter rapidement à la fluctuation des liquidités, a prévenu le Contrôleur.  Les États, a-t-il plaidé, doivent changer de comportement et verser leurs contributions plus tôt dans l’année.   Sous un ciel plus clément, M. Christian Sanders, Sous-Secrétaire général pour la gestion de la chaîne logistique au Département de l’appui opérationnel, a expliqué qu’entre le 1er janvier 2019 et le 30 avril 2022, l’ONU a remboursé un total de 6,9 milliards de dollars aux pays contributeurs de troupes et de personnel de police aux opérations de maintien de la paix.  À ce jour, l’ONU ne leur doit plus que la somme de 36,5 millions de dollars au titre de l’Opération au Darfour (MINUAD). 

Toujours aujourd’hui, la Cinquième Commission a examiné la proposition du Secrétaire général de l’ONU, rejetée par le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), de créer un bureau de la diversité, de l’équité et de l’inclusion.  Jugeant qu’il faut davantage peaufiner le concept et son champ d’application, le CCQAB a recommandé l’approbation d’un crédit supplémentaire de 1,1 million de dollars au budget 2022 pour financer huit nouveaux emplois temporaires pendant 18 mois. 

Le Comité consultatif a par ailleurs obtenu de la Cinquième Commission qu’elle approuve une enveloppe d’1 million de dollars pour la convocation au mois d’août de cette année de la cinquième session de la Conférence chargée d’élaborer un instrument juridiquement contraignant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale.  Sur ce montant, 58 000 dollars sont réservés à la Section des communiqués de presse du Département de la communication globale (DCG). 

La Cinquième Commission, qui devrait achever, vendredi 27 mai, cette deuxième reprise de session consacrée au financement des opérations de maintien de la paix, ne s’est pas encore prononcée sur l’opportunité de convoquer d’ici là une autre séance publique. 

*A/C.5/76/L.30 

REMBOURSEMENTS AUX PAYS FOURNISSEURS DE CONTINGENTS ET DE PERSONNEL DE POLICE ET GESTION DE LA SITUATION DE TRÉSORERIE DE L’ONU

Parlant du remboursement des pays contributeurs de troupes et de personnel de police, M. CHRISTIAN SAUNDERS, Sous-Secrétaire général pour la gestion de la chaîne logistique au Département de l’appui opérationnel, a expliqué qu’entre octobre et décembre 2021, les demandes de remboursement s’élevaient à 489 822 015 dollars pour 11 opérations de paix.  Après traitement, la somme convenue a été ramenée à 484 563 577 dollars.  Entre le 1er janvier 2019 et le 30 avril 2022, l’ONU a ainsi remboursé un total de 6 994 920 234 et elle doit encore 36 521 884 dollars au titre de l’Opération au Darfour (MINUAD).  Les sommes à rembourser pour les équipements et le personnel sont estimées 1 948 208 854 de dollars pour la période allant de juillet 2021 à juin 2022.  Pour assurer les remboursements entre janvier 2022 et juin 2022, le montant requis est de 1 004 295 802 dollars. 

Tout en parlant des bonnes nouvelles concernant le solde trimestriel des opérations de maintien de la paix, en nette amélioration en 2021 grâce à des versements à l’avance, le Contrôleur des Nations Unies, M. CHANDRU RAMANATHAN s’est tout de même inquiété de l’impact des retards dans le paiement des contributions sur le budget ordinaire.  Si l’augmentation exponentielle des arrières en 2019 et en 2020 a pu être contrebalancée par un taux de recouvrement « historique » au deuxième trimestre de 2021, M. Ramanathan a néanmoins prévenu que cette évolution « ponctuelle » n’éloigne pas la menace d’une crise de trésorerie, car les contributions versées trop tard dans l’année seront considérées comme des soldes inutilisés à porter au crédit des États Membres.

Illustrant son propos, le Contrôleur a expliqué qu’un montant de près de 300 millions de dollars a été versé, les 10 derniers jours de l’année de 2020, posant un problème d’exécution des mandats.  Nous voyons, a-t-il dit, le risque d’une nouvelle crise de liquidités parce qu’au 30 avril dernier, les contributions versées ont été moindres que celles de l’année dernière à la même date.  La certitude d’un recouvrement est aussi importante que la date pour une bonne gestion et une bonne anticipation de la situation financière. 

S’appuyant sur les prévisions, le Contrôleur a annoncé que des arriérés de 489 millions en 2023 pourraient être couverts par les fonds disponibles dans les comptes des opérations de maintien de la paix clôturées.  Mais pour les arriérés prévus de plus de 600 millions de dollars en 2024 et 2025, il faudra emprunter parce que les comptes des opérations clôturées ne suffiront pas.  Le Contrôleur a appelé les États Membres à changer de comportement et à verser leurs contributions plus tôt dans l’année. 

Ne rien faire pour régler la situation de trésorerie, s’agissant du budget ordinaire, ne peut que causer rapidement une crise de liquidités, s’est résumé le Contrôleur.  Toutes les propositions des États Membres, a-t-il fait observer, passent, à des degrés divers, par une ponction des comptes des opérations de paix clôturées.  Or, a-t-il suggéré, ces comptes pourraient être épargnés si l’on augmentait de 200 millions de dollars le Fonds de roulement pour le porter à 350 millions comme l’a proposé le Secrétaire général. 

Geler ou limiter les recrutements est peut-être le moyen le plus efficace de réduire les dépenses mais ce n’est pas très efficace pour s’adapter rapidement à la fluctuation des liquidités.  Réduire les dépenses, a aussi prévenu le Contrôleur, c’est compromettre l’exécution des mandats et risquer d’autres crises de liquidités, compte tenu de l’obligation de porter au crédit des États Membres les soldes non inutilisés. 

PROJET DE BUDGET-PROGRAMME POUR 2022

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur l’éradication du racisme et promotion de la dignité de toutes et tous au Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies l’ONU (A/76/7/Add.39)

Pour l’établissement de ce rapport, le CCQAB a examiné celui du Secrétaire général (A/76/771).  Muni du plan d’action stratégique à plus long terme pour le Secrétariat, M. António Guterres estime que sa mise en œuvre nécessitera des crédits pour le financement de postes et d’objets de dépense autres que les postes, en particulier pour la création d’un bureau de la diversité, de l’équité et de l’inclusion au Bureau de la Secrétaire générale adjointe chargée du Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité.  Le Comité consultatif recommande d’abord une révision du plan, en prenant en compte des sources de données plus larges et une analyse plus approfondie, en coopération avec les entités du système des Nations Unies.   

Il juge qu’à ce stade, la création d’un bureau de la diversité n’est pas pleinement justifiée, d’autant plus que son champ d’application dépasse le contexte du racisme et de la discrimination raciale et que la proposition ne tient pas compte des ressources existantes au Secrétariat consacrées à des tâches apparentées.  Par conséquent, le CCQAB recommande de ne pas approuver des ressources supplémentaires de 2 300 000 dollars pour 2022, jugeant déjà que le modèle de financement devrait être réévalué, de sorte à déterminer si le budget-programme ou d’autres sources de financement seraient plus appropriés. 

Outre la création d’un bureau de la diversité, le Secrétaire général indique qu’il nommera un(e) conseiller(ère) spécial(e) pour l’éradication du racisme et la promotion de la dignité de toutes et tous à l’ONU, engagé(e) sur la base des services effectifs et dont le contrat-cadre sera financé par des contributions volontaires.  Ce rôle est de nature temporaire et vise à établir une base solide pour lutter contre la discrimination dans l’Organisation à long terme et à soutenir l’exécution du plan d’action stratégique. 

Pour peaufiner toutes ces idées, le Comité consultatif recommande que soient approuvés huit emplois de temporaires (autres que pour les réunions), pour 18 mois, à compter du 1er juillet 2022 au Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité et un autre à celui de l’appui opérationnel.  Il recommande une réduction globale de 40% des 512 800 dollars demandés pour les services contractuels et une autre de 30% des 417 000 dollars demandés pour les consultants.  Pour 2022, l’Assemblée devrait donc approuver l’ouverture d’un crédit supplémentaire de 1 194 200 dollars, dont 861 400 dollars pour le Département des stratégies et politiques et de 332  800 dollars pour le Département de l’appui opérationnel. 

Présentation et discussion générale A/76/771, A/76/7/Add.39

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M.  AHMED MOHAMED ISMAIL ELMAHS (Égypte) a accueilli favorablement les propositions du Secrétaire général, après le constat que les Afrodescendants afro-descendants se sentent les plus affectés par la politique des ressources humaines de l’ONU.  Insistant sur le principe de la répartition géographique équitable, le délégué a demandé, pour la suite, une bonne coordination avec le Groupe de travail intergouvernemental sur l’application effective de la Déclaration et du Programme d’’action de Durban.  Fervent partisan du multilinguisme, il a fait observer qu’’il a prononcé son discours dans trois langues. 

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, Mme  ALEENA MAJEED (Pakistan) s’est dite préoccupée des résultats de l’enquête sur le racisme au sein du système des Nations Unies.  Il est regrettable, a-t-elle dit, de constater que le statut et le règlement du personnel peuvent être appliqués de manière injuste en fonction de la race, de la nationalité ou de l’origine ethnique.  Pour parvenir à une répartition géographique véritablement équitable, principe inscrit dans la Charte des Nations Unies, il faut éradiquer, a martelé la représentante, la discrimination raciale « systémique » au sein du système des Nations Unies.  Elle a appuyé les propositions du Secrétaire général et dit craindre que tout retard dans leur application équivaudrait à maintenir la discrimination dans les processus de recrutement et de promotion. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité spécial de la décolonisation: Le Séminaire régional pour le Pacifique bénéficie d’une participation « historique » des territoires non autonomes

Séminaire régional pour le Pacifique,
Matin
AG/COL/3357

Comité spécial de la décolonisation: Le Séminaire régional pour le Pacifique bénéficie d’une participation « historique » des territoires non autonomes

CASTRIES, Sainte-Lucie, 13 mai — Organisé sur le thème « La promotion des territoires non autonomes pendant la pandémie de COVID‑19 et au-delà »*, le Séminaire régional pour le Pacifique du Comité spécial de la décolonisation s’est tenu les 11, 12 et 13 mai, à Castries, à Sainte-Lucie, avec une représentation « historique » de 11 des 17 territoires non autonomes inscrits à la liste des Nations Unies.

Présidente du Comité spécial de la décolonisation, Mme Keisha Aniya McGuire, de la Grenade, s’est réjouie de ce que le taux de participation ait doublé par rapport aux années précédentes, illustrant clairement que le programme de décolonisation demeure une question primordiale pour les Nations Unies.  Ces propos n’ont pas empêché le Premier Ministre de Sainte-Lucie, M. Philip Joseph Pierre, de fustiger « la stagnation » du processus, citant la crise dans les Îles Vierges britanniques auxquelles le Royaume-Uni veut imposer son autorité directe.  Il y a donc, a-t-il prévenu, beaucoup de travail à faire, un travail pour le moins complexe dont dépend le succès de la décolonisation des territoires autonomes restants.

« Ressortissant d’une ancienne puissance coloniale », le Secrétaire général de l’ONU a, dans son message vidéo, brossé un tableau alarmant de ces territoires: systèmes sanitaires submergés, difficultés économiques et changements climatiques dévastateurs.  La communauté internationale, a plaidé M. António Guterres, doit aider ces territoires à investir dans une relance post-COVID-19 durable et soutenir leur transition vers l’économie verte.

Les 17 territoires non autonomes sont: Anguilla, les Bermudes, Gibraltar, Guam, les Îles Caïman, les Îles Turques et Caïques, les Îles Vierges américaines, les Îles Vierges britanniques, les Îles Falkland (Malvinas), Montserrat, la Nouvelle-Calédonie, Pitcairn, la Polynésie française, le Sahara occidental, les Samoa américaines, Sainte-Hélène et les Tokélaou. 

Le Séminaire a eu des discussions sur le rôle du Comité spécial de la décolonisation dans l’identification des défis et des opportunités de la quatrième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme (2021-2030) et dans la promotion d’actions favorables au développement durable des territoires non autonomes.

Les perspectives des puissances administrantes -États-Unis, France, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni-, des territoires non autonomes et d’autres parties prenantes ont été analysées au cours des discussions sur le thème « Développements politiques dans les territoires non autonomes de la région du Pacifique ».  Spécialiste de la décolonisation, M. Michael Lujan Bevacqua a estimé que le plus grand défi de la décolonisation, c’est l’« apathie » des puissances administrantes, avant que la France n’invite le Comité spécial à effectuer une mission de visite en Nouvelle-Calédonie

Le Séminaire s’est ensuite penché sur le thème « Développements politiques des territoires non autonomes dans la région des Caraïbes ».  Le Royaume-Uni a ainsi pu se féliciter des discussions « franches, ouvertes et constructives » qu’il a eues aux Îles Vierges britanniques, les 2 et 3 mai derniers.  Il a affirmé qu’aucune décision n’a encore été prise sur l’imposition de son autorité directe.  Dubitatif, le Vice-Président des Îles Turques et Caïques, M. John J. Malcolm, a dit craindre que les Îles Vierges britanniques ne soient sur la voie d’une suspension « inévitable » d’une partie de leur constitution, invoquant ce qui est arrivé à son territoire en 1986 et en 2009.  L’imposition de l’autorité directe, a commenté Antigua-et-Barbuda, n’a jamais eu pour objectif la gouvernance démocratique ou le développement socioéconomique.

Les questions du Sahara occidental, des Îles Falkland (Malvinas) et de Gibraltar ont aussi occupé le devant de la scène.  M. Mohamed Omar, du Front POLISARIO, a noté que le point relatif à son territoire figure à l’ordre du jour du Comité spécial de la décolonisation depuis 1963.  La seule option, a-t-il martelé, c’est l’expression « démocratique, véritable et libre » du souhait du people sahraoui d’exercer son droit inaliénable et « non négociable » à l’autodétermination et à l’indépendance.  Le Front POLISARIO est en effet le seul représentant de ce peuple, a affirmé l’Algérie, « non partie au conflit mais observatrice ».  « Première nouvelle », s’est étonné le Maroc, en se demandant pourquoi l’Algérie négocie au nom du Front POLISARIO pour lequel il fait campagne.  Il a plutôt conseillé à cette dernière de laisser le peuple de Kabylie choisir son propre avenir.

Avant que l’Argentine n’exprime sa volonté de reprendre les négociations sur la question des Îles Malvinas avec le Royaume-Uni, l’ancien Ministre principal de Gibraltar, M. Joseph Bossano, a fait observer que 2022 marque le trentième anniversaire de sa première intervention aux Nations Unies, sur le droit à l’autodétermination de son territoire.  « Je ne savais pas que cela prendrait autant de temps », a-t-il avoué, en prévenant que personne chez lui n’appuie la reprise des négociations de Bruxelles entre l’Espagne et le Royaume-Uni, en l’absence des Gibraltariens.  Pourtant, a affirmé l’Espagne, la seule option, ce sont précisément ces négociations bilatérales.

Les conclusions et recommandations du Séminaire, telles qu’oralement amendées, seront adoptées au mois de juin par le Comité spécial de la décolonisation.  Avant le prochain rendez-vous en Indonésie, Mme Thilmeeza Hussain, des Maldives a, au nom du Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, émis l’espoir que la quatrième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme finira par donner corps au droit de tous les peuples à l’autodétermination, conformément à la résolution 1514 (XV).  Le travail qui reste à faire doit donner lieu à des actions concrètes, a renchéri Mme Keisha Aniya McGuire, de la Grenade, Présidente du Comité spécial de la décolonisation.

* PRS/2022/CRP.1

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: l’ONU affirme une fois de plus n’avoir connaissance d’aucun programme d’armes biologiques en Ukraine

9033e séance – matin         
CS/14890

Conseil de sécurité: l’ONU affirme une fois de plus n’avoir connaissance d’aucun programme d’armes biologiques en Ukraine

Convoquée par la Fédération de Russie, la réunion du Conseil de sécurité était, ce matin, l’occasion pour le Haut-Représentant adjoint aux affaires de désarmement d’affirmer que l’ONU n’a connaissance d’aucun programme d’armes biologiques en Ukraine, tandis que de nombreuses délégations occidentales ont déploré l’utilisation du Conseil comme plateforme de propagande russe.

Citant les déclarations de la Secrétaire générale adjointe aux affaires de désarmement déjà faites au Conseil de sécurité, les 11 et 18 mars derniers, M. Thomas Markram a réitéré que l’ONU n’a connaissance d’aucun programme d’armes biologiques en Ukraine, tout en précisant que l’Organisation n’a actuellement ni le mandat ni la capacité technique ou opérationnelle d’enquêter sur ces informations. 

Rappelant que la Fédération de Russie, les États-Unis et l’Ukraine sont tous les trois parties à la Convention sur les armes biologiques, il a encouragé ces pays à utiliser les procédures prévues par la Convention en cas de préoccupations ou de soupçons concernant les activités de leurs pairs.  Il a notamment cité l’article V qui dispose que les États parties s’engagent à se consulter et à coopérer pour résoudre tout problème qui pourrait se poser en rapport avec l’objectif de la Convention ou dans l’application de ses dispositions. 

La Russie a toutefois affirmé avoir reçu de nouveaux éléments de preuve selon lesquels les États-Unis conduiraient des programmes d’armes biologiques en Ukraine et en Europe orientale.  La délégation a notamment soutenu que des entreprises américaines participeraient à un projet visant à répandre des maladies contagieuses par l’eau, et que les cas de tuberculose seraient en nette hausse dans les territoires de Lougansk et de Donetsk où des billets contaminés par un agent très contagieux de la maladie auraient été distribués à des enfants.  Des choses graves se déroulent et nous attendons des explications, a-t-il a insisté.

Cette réunion est une farce, ont décrié les États-Unis qui ont exhorté à ne pas donner le moindre crédit aux allégations « rocambolesques » de la Russie, « dignes d’un mauvais roman d’espionnage ».  Ce qui n’est en revanche pas de la fiction, c’est l’emploi par la Russie d’armes chimiques que ce soit en Syrie ou contre M. Alexeï Navalny, a ajouté la délégation, prévenant qu’elle continuera de demander des comptes.

La diffusion répétée par la Russie de fausses informations sur les armes biologiques ne transformera pas ces allégations en réalités, a renchéri la France qui a par ailleurs accusé Moscou de mener depuis des années une campagne de dénigrement contre l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) afin notamment de dissimuler ses propres attaques chimiques sur le sol européen.  À l’instar du Royaume-Uni, de nombreuses délégations ont fustigé une campagne de désinformation menée dans le seul but de détourner l’attention du Conseil de sécurité de la responsabilité de la Russie dans la guerre en cours en Ukraine.

La déclaration de la Russie devrait nous inquiéter, a cependant estimé la Chine qui a demandé des éclaircissements afin de dissiper les doutes de la communauté internationale.  Le Brésil a lui aussi appelé à prendre au sérieux toutes allégations d’existence d’armes biologiques, tout en soulignant que celles-ci doivent être étayées par des preuves scientifiques et examinées par une autorité compétente conformément à l’article VI de la Convention sur les armes biologiques.

Le Gabon s’est pour sa part préoccupé du fait qu’au fil des réunions sur la guerre en Ukraine, on constate un raidissement des positions, une radicalisation du discours et une montée de l’escalade verbale. 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclarations

M. THOMAS MARKRAM, Haut-Représentant adjoint pour les affaires de désarmement, a indiqué que la Fédération de Russie a fourni de nouvelles informations concernant des allégations de programmes d’armes biologiques en Ukraine.  Il a rappelé que les 11 et 18 mars, la Secrétaire générale adjointe, Mme Izumi Nakamitsu, avait souligné que l’ONU n’a connaissance d’aucun programme d’armes biologiques en Ukraine.  C’est toujours le cas aujourd’hui, a-t-il ajouté, précisant que l’ONU n’a actuellement ni le mandat ni la capacité technique ou opérationnelle d’enquêter sur ces informations.  Il a également rappelé que la Fédération de Russie, les États-Unis et l’Ukraine sont tous parties à la Convention sur les armes biologiques. 

Le Haut-Représentant adjoint a expliqué que ladite convention contient plusieurs mesures auxquelles les États parties concernés peuvent avoir recours en cas de préoccupations ou de soupçons concernant les activités de leurs pairs notamment l’article V qui dispose que ses États parties s’engagent à se consulter et à coopérer pour résoudre tout problème qui pourrait se poser en rapport avec l’objectif de la Convention ou dans l’application de ses dispositions.  Ces consultations et cette coopération peuvent se dérouler sur une base bilatérale entre les États parties concernés, notamment la convocation d’une réunion consultative.  D’autres possibilités pour répondre à ces préoccupations se trouvent aussi dans l’article VI.  M. Markram a encouragé les États parties ayant des préoccupations en matière de respect des dispositions à utiliser les procédures prévues par la Convention.  Le Bureau des affaires de désarmement est prêt à appuyer toute procédure prévue par la Convention sur les armes biologiques que les États parties pourraient décider d’utiliser, a-t-il assuré.

M.VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a expliqué avoir demandé la convocation de cette réunion parce que son pays a reçu de nouveaux éléments de preuve selon lesquels les États-Unis conduisent des programmes d’armes biologiques en Ukraine et en Europe orientale.  Il a mentionné le projet 3007 visant à répandre des maladies contagieuses par l’eau, tels que le choléra ou encore l’hépatite A et E.  « Pourquoi les États-Unis collectent-ils des éléments pathogènes se propageant par voie d’eau dans cette région? »  Il a affirmé que le régime de Kiev a obtenu 50 drones Bayraktar qui permettent de disperser des agents pathogènes sur 300 kilomètres, et que des entreprises des États-Unis participent à de tels projets.  Un réseau de laboratoires a été mis en place, notamment à Marioupol, a déclaré le délégué.  Il a indiqué que des gènes prélevés à Marioupol ont été envoyés aux États-Unis et que les éléments de preuve ont été détruits, précisant que ce programme de collecte de gènes a commencé en 2014.  Il a noté la nette hausse de cas de tuberculose dans les territoires de Lougansk et de Donetsk.  « Ce n’est pas un hasard. »  Il a aussi affirmé que des billets contaminés par un agent très contagieux de tuberculose ont été distribués à des enfants dans ces régions, décriant une tendance alarmante.

Le représentant a aussi accusé « le régime de Kiev, avec l’aide de ses protecteurs occidentaux », de mener des expériences inhumaines sur des patients dans des hôpitaux psychiatriques.  Des militaires allemands ont aussi collecté des gènes biologiques en Ukraine, et la Pologne s’est adonnée à d’agissements similaires.  M. Nebenzia a ensuite accusé les États-Unis de ne pas avoir répondu à ces informations et de bloquer toutes les tentatives visant à renforcer la Convention sur les armes biologiques.  Si vos programmes biologiques en Ukraine sont pacifiques, alors pourquoi rejetez-vous tout contrôle international, a lancé le délégué, à son homologue américain.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a déclaré que les Nations Unies ne peuvent étayer ni corroborer aucunes des allégations de la Fédération de Russie sur un prétendu programme d’armes chimiques ou biologiques en Ukraine.  Il a regretté que la Russie présente pour la quatrième fois des allégations non corroborées et non factuelles sur cette question, et a souhaité que les délégations cessent de perdre du temps à débattre d’une question qui n’en est pas une.  Il a fustigé cette nouvelle tentative de propagande russe qui ne vise, selon lui, qu’à détourner l’attention de la communauté internationale des terribles crimes commis en Ukraine.  Il a ajouté que la Russie, en tant qu’État partie à la Convention sur les armes chimiques, avait l’opportunité de soulever cette question auprès de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) pour permettre aux experts internationaux de mener une enquête.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a rappelé que la réunion du Conseil du 11 mars sur les risques d’utilisation d’armes biologiques dans la guerre en Ukraine avait très vite tournée en un échange entre plusieurs délégations proférant réciproquement de graves accusations sur des allégations qui inspirent la plus grande peur pour l’humanité.  « C’est absolument terrible de pouvoir ajouter le spectre de l’utilisation d’armes biologiques au décor terrifiant de la guerre, comme si les bombardements, les morts sans nombre qui s’ensuivent, la détresse des civils et la destruction des infrastructures essentielles n’étaient pas suffisants. »  L’humanité n’a certainement pas besoin d’avoir plus peur qu’elle n’est meurtrie par notre incapacité, a sermonné le représentant dénonçant l’incapacité du Conseil à arrêter la guerre et endiguer toutes les guerres auxquelles le monde est en proie.  Le délégué a déploré que l’examen des questions de fond relatives à la sécurité et à la dignité des peuples du monde par ce Conseil s’enlise très souvent dans des cycles sans fin d’intimidations et parfois de propagande où l’information est difficilement différenciable de la désinformation. 

Le Conseil ne peut pas être l’épicentre de la peur pour le monde, encore moins un lieu d’invectives entre puissances, s’est impatienté le délégué en souhaitant qu’il soit plutôt « le haut lieu où la paix se sédimente, où le spectre de la guerre est exorcisé et où les sillons de la sécurité et de la dignité des peuples de la planète sont ensemencés ».  Le Gabon est préoccupé qu’au fil des réunions sur la guerre en Ukraine, on constate un raidissement des positions, une radicalisation du discours et une montée de l’escalade verbale.  En tant qu’État partie à la Convention des Nations Unies sur les armes biologiques, le Gabon s’oppose à l’utilisation de toutes formes d’armes bactériologiques, a rappelé le délégué.  Il a appelé les belligérants à s’abstenir de recourir à de telles armes et à se conformer strictement aux dispositions pertinentes de la Convention sur les armes biologiques.  Il a souhaité que soit activé, le cas échéant, le mécanisme mis en place par la résolution A/42/37 (1987) de l’Assemblée générale, renforcé par la résolution 620 (1988) du Conseil de sécurité, qui reconnaît au Secrétaire général l’initiative de faire procéder à des enquêtes d’urgence sur les risques d’utilisation d’armes bactériologiques qui peuvent constituer des violations du Protocole de Genève. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a déploré le fait que « la Russie utilise une fois de plus le Conseil de sécurité comme une plateforme de propagande ».  Afin de justifier la guerre injustifiable qu’elle mène contre l’Ukraine, la Russie multiplie les accusations infondées, a-t-il relevé.  Selon lui, la diffusion répétée de fausses informations sur les armes biologiques ne transformera pas ces allégations en réalités.  Il a rappelé que la Russie avait déjà, dès 2011, accusé la Géorgie de développer un programme d’armes biologiques, sans aucune preuve.  Depuis des années, elle mène une campagne de dénigrement contre l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), a poursuivi le délégué en soulignant qu’elle l’a fait pour protéger son allié syrien et dissimuler ses propres attaques chimiques sur le sol européen.  Nous sommes très préoccupés par la possibilité que cette campagne de désinformation soit le prélude à l’utilisation d’une arme chimique ou biologique en Ukraine, s’est-il inquiété.  Nous devons concentrer tous nos efforts sur la sauvegarde et la mise en œuvre de la Convention sur les armes biologiques afin que « ces armes choquantes » ne soient jamais utilisées à l’avenir, a-t-il conclu. 

Mme CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana) a appelé les parties à faire preuve de retenue et à éviter toute libération délibérée ou accidentelle d’agents chimiques et biologiques, étant donné les risques incommensurables que de telles armes font peser sur la vie des civils et l’environnement.  Remédier aux risques de guerre nucléaire en Ukraine et au-delà est dans l’intérêt non seulement des parties mais aussi de la communauté internationale, a dit la déléguée, en exhortant les parties à s’acquitter de leurs obligations en vertu du droit international humanitaire.  Elle a déclaré qu’une cessation des hostilités bénéficierait aux deux parties et constituerait un répit bienvenu pour l’économie mondiale, en particulier les pays en développement qui souffrent de manière disproportionnée des répercussions de la guerre, en sus des effets de la pandémie.

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a estimé que la Fédération de Russie utilise le Conseil de sécurité comme plateforme pour la désinformation flagrante et pour détourner l’attention loin de sa guerre injustifiée en Ukraine.  Elle a relevé que la Fédération de Russie n’a apporté aucune preuve crédible de ses accusations, fournissant plutôt des allégations non fondées et de simples insinuations.

Si la Russie prend au sérieux ces accusations, elle devrait utiliser la procédure appropriée en vertu de la Convention sur les armes biologiques et fournir des preuves factuelles, a-t-elle fait valoir.  « En attendant, nous exhortons la Russie à cesser de gaspiller le temps et les ressources du Conseil de sécurité sur ces questions insignifiantes », a renchéri la déléguée.  Elle a aussi exigé que la Russie mette fin immédiatement à son agression, retire ses troupes et cesse de provoquer la mort, la souffrance et la destruction.

Mme JAYNE JEPKORIR TOROITICH (Kenya) a dit que la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines et sur leur destruction reste la norme mondiale contre les armes biologiques et un pilier fondamental des efforts de la communauté internationale pour empêcher l’utilisation de ces armes.  En tant qu’État partie à cette convention, le Kenya invite tous les États parties à faire les efforts nécessaires pour renforcer le régime des armes biologiques et les normes qui protègent l’humanité du recours à « ces armes répulsives », a dit la représentante.  Elle a aussi réitéré son appel à tous ces États parties pour qu’ils utilisent les mécanismes établis pour s’assurer qu’il n’y a pas d’ambiguïté sur la présence de ces armes extrêmement dangereuses.

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a pris note du fait que l’ONU n’a pas connaissance de programmes d’armes biologiques en Ukraine.  Le Mexique est opposé aux activités relatives aux armes biologiques, a déclaré la représentante en insistant sur l’article V de la Convention qui prévoit que les États parties s’engagent à se consulter et à coopérer entre eux pour résoudre tous problèmes qui pourraient éventuellement surgir quant à l’objectif de la Convention, ou quant à l’application de ses dispositions.  Des consultations et une coopération pourront également être entreprises au moyen de procédures internationales appropriées dans le cadre de l’ONU, a-t-elle rappelé en encourageant à utiliser ces instruments internationaux.  La déléguée a en revanche regretté que la Convention ne dispose pas de mécanisme de vérification.  Cette lacune devrait être comblée à la prochaine conférence d’examen de cette année, a-t-elle souhaité.  Pour la représentante, la priorité aujourd’hui est de mettre un terme à la guerre en Ukraine.

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a dit son attachement à la Convention sur les armes biologiques, que l’Inde considère comme un « texte clef ».  Il a demandé la pleine application de la Convention, « dans sa lettre et son esprit ».  Le délégué de l’Inde a aussi demandé la négociation d’un protocole afin d’assurer un suivi dans l’application des dispositions de ce texte.  Enfin, le représentant a appelé à respecter le droit international et la souveraineté des États.

M. FERGUS JOHN ECKERSLEY (Royaume-Uni) a déclaré qu’il n’existait aucune preuve justifiant la théorie du complot présentée par la Fédération de Russie.  Il a accusé la Russie de mener une campagne de désinformation dans le seul but de détourner l’attention de sa responsabilité dans la terrible guerre en cours en Ukraine qui a coûté la vie à des milliers de civils, dont de nombreuses femmes et des centaines d’enfants. 

Mme CAÍT MORAN (Irlande) a dit être préoccupée que la Russie continue d’utiliser cette question pour tenter de justifier son agression non provoquée contre l’Ukraine.  Malgré la grande quantité de documents que la Russie a partagés, aucune preuve substantielle ou crédible n’a été présentée, a-t-elle jugé, estimant que les revendications de la Russie contre l’Ukraine et les États-Unis sont sans fondement.  La Russie doit cesser de chercher à utiliser le Conseil de sécurité comme plateforme pour disséminer sa désinformation.  Elle a alerté que les actions de la Russie risquent de saper les instruments multilatéraux essentiels de désarmement et de non-prolifération et regretté les tentatives de déformer ou de saper la recherche légitime en matière de biosécurité en Ukraine. 

M. DAI BING (Chine) a dit son opposition au développement et à l’emploi d’armes biologiques et enjoint les pays qui ne l’ont pas encore fait à détruire leurs stocks d’armes biologiques.  Le délégué a aussi demandé la négociation d’un protocole de vérification afin d’assurer un suivi dans l’application de la Convention sur les armes biologiques.  La déclaration de la Russie devrait nous inquiéter, a dit le délégué, en demandant des éclaircissements afin de dissiper les doutes de la communauté internationale.  Il a souhaité que les éléments avancés par la Russie soient examinés.

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a appelé à prendre au sérieux toutes allégations d’existence d’armes biologiques, tout en soulignant que de telles allégations doivent être étayées par des preuves scientifiques et examinées par une autorité compétente conformément à l’article VI de la Convention sur les armes biologiques.  Il a rappelé l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage de ces armes.  Il a regretté que 50 ans après son adoption, la Convention sur les armes biologiques ne soit toujours pas complétée par un mécanisme multilatéral de vérification de sa mise en œuvre.  L’absence d’un tel mécanisme est un obstacle à la transparence et à la coopération dans le domaine de la recherche, a-t-il estimé. 

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a dit son attachement à la Convention sur les armes biologiques, notant que ces armes ne doivent jamais être mises au point, produites, stockées, acquises, conservées ou transférées.  Dans le même temps, le représentant a reconnu l’importance de soutenir et de faciliter la recherche d’agents biologiques et de toxines à des fins pacifiques, notamment pour la prévention des maladies, conformément à la Convention.  Dans ce contexte, le représentant a exhorté les États à coopérer et à procéder à des consultations constructives. 

M. RICHARD M. MILLS (États-Unis) a déploré que M. Markram ait dû participer à cette « farce » qu’est la réunion de ce jour.  Une fois de plus, la Russie use de ce Conseil pour diffuser sa propagande tout en menant une guerre inhumaine en Ukraine, a déclaré le délégué.  La Russie continue de jeter le discrédit sur ce Conseil en avançant des éléments dénués de tout fondement.  Il a exhorté à ne pas donner le moindre crédit aux allégations rocambolesques de la Russie, dignes d’un mauvais roman d’espionnage.  Ce qui n’est en revanche pas de la fiction, c’est l’emploi par la Russie d’armes chimiques que ce soit en Syrie ou contre M. Alexeï Navalny.  Selon le représentant, la Russie n’a pas un comportement responsable et cherche seulement à détourner l’attention du Conseil de ses agissements en Ukraine.  Mais nous ne nous laisserons pas duper et nous continuerons de demander des comptes, a-t-il assuré

M. ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a ensuite repris la parole pour remercier les délégations pour leurs mots à la suite du décès du Président de son pays et indiqué qu’une minute de silence devrait être observée la semaine prochaine

À son tour, M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a regretté la tentative de certaines délégations de détourner l’attention de la question soulevée en mélangeant insidieusement les questions d’armes biologiques et chimiques alors qu’il s’agit de deux questions distinctes.  Il a indiqué que sa délégation a soumis des centaines de documents illustrant les activités illégales menées par les États-Unis en Ukraine.  Des choses graves se déroulent et nous attendons des explications, a-t-il a insisté.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité de l’information adopte ses deux projets de résolution annuels, axes directeurs du travail du Département de l’ONU pour la communication globale

Quarante-quatrième session,
5e séance – matin
PI/2301

Le Comité de l’information adopte ses deux projets de résolution annuels, axes directeurs du travail du Département de l’ONU pour la communication globale

Le Comité de l’information, qui a achevé aujourd’hui sa session annuelle, entamée le 3 mai, Journée mondiale de la liberté de la presse, a adopté à l’unanimité ses deux projets de résolution traditionnels relatifs à « l’information au service de l’humanité » et aux « politiques et activités de l’ONU en matière de communication globale »*.  Ces textes, a souligné le Président du Comité, M. Christian Espinosa, de l’Équateur, donnent au Département de la communication globale (DCG) des orientations claires pour améliorer ses activités « en temps de crise ».  Cette dernière séance a également été marquée par l’émoi suscité par la mort de la journaliste d’Al-Jazeera, Shireen Abu Akleh, tuée d’une balle dans la tête, le 11 mai dernier, à Jénine, en Cisjordanie. 

Vos conseils et vos priorités sont à la base du travail que le DCG effectue pour mobiliser le soutien du grand public à la paix, à la justice, aux droits de l’homme, à l’égalité, au développement durable, à l’action climatique et à un environnement sain, a dit aux délégations le Directeur de la Division de la sensibilisation du public, au nom de la Secrétaire générale adjointe à la communication globale, Mme Melissa Fleming.  Lorsque ces conseils et ces priorités font l’objet d’un consensus, elles représentent l’esprit même du multilatéralisme, s’est félicité M. Maher Nasser.

Cuba est tout de même revenue sur les « éléments controversés » des projets de résolution qui relèvent d’autres organes des Nations Unies.  Le Mexique a critiqué le degré considérable « d’inertie » dans les travaux du Comité induit par la longueur desdits projets.  Il a lancé un appel au Groupe des 77 et de la Chine pour qu’il envisage de les raccourcir « non pas pour en minimiser la portée mais au contraire pour mieux le mettre en exergue ».

En diffusant des informations aussi actualisées que précises, a poursuivi le Directeur de la Division de la sensibilisation du public, le DCG veut être la « voix de l’ONU », tout en maintenant des liens étroits avec un large éventail d’acteurs et de partenaires.  Soyez confiants, a-t-il rassuré, les informations produites et diffusées par le Département sont fondées sur des faits « exacts, fiables et objectifs ».  La lutte contre la désinformation, la mésinformation et les discours de haine est une priorité de l’ONU, a-t-il affirmé, répondant aux appels des membres du Comité.

M. Nasser s’est donc réjoui de leur soutien à l’initiative Verified et ses campagnes « Marquons une pause » et « Ensemble seulement ».  Par le biais de Verified, a-t-il promis, le DCG continuera à diffuser des informations scientifiquement prouvées sur la pandémie de COVID-19.  Verified pourrait aussi s’élargir à d’autres domaines tels que la crise climatique et les discours de haine, a annoncé le Directeur.  Il a pris note de l’intérêt considérable des membres du Comité pour le « code de conduite sur l’intégrité de l’information publique », en cours d’élaboration.

Quant au renforcement du multilinguisme sur lequel insiste le Comité, M. Nasser a assuré que le DCG est plus que jamais investi mais « dans la limite des ressources disponibles ».  Chaque jour, par le biais de ses sites Web un.org et ONU Info, le Département communique, dans les six langues officielles de l’ONU, sur les priorités et l’actualité de l’Organisation, a rappelé le haut fonctionnaire, et un effort supplémentaire est fait pour aller au-delà de ces six langues et toucher la plus large audience possible.  À cet égard, a-t-il relevé, les centres d’information des Nations Unies (CINU) jouent un rôle essentiel dans l’amplification des campagnes et des messages de l’ONU dans les langues et les contextes nationaux. 

À l’heure de la « nouvelle normalité », après les mesures de distanciation sociale imposées par la pandémie de COVID-19, M. Nasser s’est dit heureux d’annoncer que, rien qu’au cours du mois dernier, plus de 8 200 Américains et étrangers sont revenus pour les visites guidées du Siège de l’ONU, partie intégrante des efforts de sensibilisation du DCG au rôle et au mandat de l’Organisation. 

En début de séance, le Comité de l’information a observé une minute de silence en hommage à la journaliste américano-palestinienne d’Al-Jazeera, Shireen Abu Akleh, tuée d’une balle dans la tête, le 11 mai dernier, alors qu’elle couvrait une opération des Forces de sécurité israéliennes à Jénine, en Cisjordanie.  Les 18 délégations, qui ont pris la parole, ont vivement condamné ce « meurtre ».  « Aucune balle ne peut tuer une cause ou écraser l’esprit d’un peuple », a prévenu la Jordanie.  L’observateur de l’État de Palestine a dénoncé avec force l’occupation israélienne qui a tracé « la voie de la mort » d’une grande professionnelle des médias, dont la fin est « à l’image » du sort du peuple palestinien.

Le rôle crucial des journalistes dans les zones de conflit et les sacrifices auxquels ils consentent ne devraient pas être rémunérés par la violence, le harcèlement ou encore l’intimidation, s’est indigné le Sénégal.  Il a appelé à une enquête immédiate, indépendante et approfondie, au même titre que les États-Unis, la Jordanie, l’Indonésie, la République islamique d’Iran, la Malaisie, l’Union européenne et le Pakistan, au nom du Groupe des 77 et de la Chine.  L’Algérie, Cuba, le Bangladesh, l’Égypte, le Liban, le Mexique, l’Iraq et le Koweït, qui s’est exprimé au nom du Groupe arabe, ont fustigé cet « assassinat », qui s’inscrit, selon l’Afrique du Sud, dans une lourde tendance à réduire les journalistes au silence.

Attristé par la mort de la journaliste lors d’une « opération antiterroriste » à Jénine, Israël a regretté que son offre d’enquête conjointe ait été rejetée par la partie palestinienne.  Il a dénoncé l’« exploitation politique » de cet incident et le recours par « certains » à une « rhétorique incendiaire ».  Israël a accusé une « délégation » de se livrer à la désinformation et à la mésinformation, des fléaux contre lesquels luttent précisément le Comité de l’information et le DCG.

* À paraître

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Forum sur les forêts se dote d’une feuille de route de deux ans et exhorte ses membres à mettre en œuvre les objectifs forestiers mondiaux 

Dix-septième session,
2e séance plénière – matin
ENV/DEV/2045

Le Forum sur les forêts se dote d’une feuille de route de deux ans et exhorte ses membres à mettre en œuvre les objectifs forestiers mondiaux 

Le Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF) a conclu, ce matin, les travaux de sa dix-septième session en adoptant sans vote une résolution omnibus qui détaille les activités qu’il mènera à l’appui du plan stratégique des Nations Unies sur les forêts pour la période 2017-2030.  Le texte invite également le Partenariat de collaboration sur les forêts à renforcer son soutien au Forum pour la mise en œuvre de son programme de travail quadriennal 2021-2024. 

« Nous avons une feuille de route claire et nous savons ce que nous avons à faire dans les deux années à venir », s’est félicitée Mme Juliette Biao, Directrice du secrétariat du FNUF, en clôturant cette « fructueuse » semaine de travaux, marquée notamment par une table ronde de haut niveau sur la réponse, le rôle et les attentes du Forum relatifs aux évolutions concernant les forêts au niveau multilatéral. 

Dans la résolution omnibus* -transmise dans une version préliminaire en anglais- que le FNUF recommande pour adoption au Conseil économique et social (ECOSOC), les membres du Forum sont encouragés à mettre en œuvre les objectifs forestiers mondiaux, en particulier l’objectif 1 et ses cibles sur l’expansion du couvert forestier, la lutte contre la déforestation et la dégradation des forêts, tout en contribuant à la Déclaration de Glasgow sur les forêts et l’utilisation des terres, qui place ces questions au cœur de la lutte mondiale contre les changements climatiques et la perte de biodiversité. 

Le texte exhorte d’autre part les membres du Forum à renforcer les coopérations Nord-Sud, Sud-Sud et triangulaires dans les domaines technique, financier, scientifique, technologique et d’innovation pour soutenir la gestion durable des forêts, en tenant compte des défis spécifiques auxquels sont confrontés les pays en développement, notamment en ce qui concerne les impacts de la pandémie mondiale de COVID-19. 

Saluée par des applaudissements, l’adoption de cette résolution a été qualifiée de « réussite notable de la coopération internationale » par l’Union européenne, qui s’est réjouie que les membres du FNUF aient pu s’entendre sur le message à envoyer à propos du monde forestier. 

Vitales pour les humains et pour la planète, les forêts jouent un rôle majeur pour l’atténuation des changements climatiques et pour l’aide socioéconomique aux populations, en plus d’être un patrimoine naturel important pour les peuples autochtones, a souligné la délégation, qui a cependant regretté que le Forum n’ait pu s’accorder sur un libellé « plus robuste ».  L’Union européenne a aussi souligné l’importance cruciale d’une protection de l’environnement « en tout temps, en particulier lors des conflits armés ». 

Les États-Unis ont, pour leur part, émis des réserves au sujet du paragraphe 14 du dispositif, qui invite les membres du Forum à verser des contributions volontaires au Fonds d’affectation du FNUF afin, notamment, d’intensifier les activités du Réseau mondial de facilitation du financement forestier.  Les libellés sur le commerce adoptés par l’Assemblée générale et l’ECOSOC n’ont rien à voir avec la politique commerciale des États-Unis, ont-ils fait valoir, affirmant ne pas soutenir les règles qui s’opposent aux « évolutions positives du commerce ». 

Le Forum a également décidé que sa dix-huitième session se tiendra au Siège de l’ONU à New York du 8 au 12 mai 2023, avant d’adopter l’ordre du jour de cette future session, en prenant note d’une proposition de l’Inde, laquelle a souhaité que soient ajoutés deux points relatifs aux programmes techniques et de certification pour les forêts et à la gestion des ressources hydriques.  Le FNUF a ensuite entériné le rapport de sa dix-septième session, présenté par le Rapporteur, M. Javad Momeni (République islamique d’Iran). 

À l’issue de cette séance, la Présidente de la dix-septième session du FNUF, Mme Miriam Mac Intosh (Suriname), a brièvement ouvert la nouvelle session, l’occasion pour le Forum d’élire par acclamation M. Zéphyrin Maniratanga, Représentant permanent du Burundi, qui présidera les dix-huitième et dix-neuvième sessions, en 2023 et 2024.  M. Javad Momeni (République islamique d’Iran) et M. Ismail Belen (Turquie) ont, eux, été élus aux postes de vice-président. 

* Ce projet sera publié ultérieurement sous la cote E/CN.18/2022/L.4.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Cinquième Commission débat de la situation financière de l’ONU et de l’enveloppe de 6,5 milliards de dollars demandée pour les opérations de paix en 2022-2023

Soixante-seizième session,
18e séance plénière – après-midi
AG/AB/4386

La Cinquième Commission débat de la situation financière de l’ONU et de l’enveloppe de 6,5 milliards de dollars demandée pour les opérations de paix en 2022-2023

La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires a reçu aujourd’hui la confirmation que la situation financière de l’ONU reste préoccupante.  Dans ce cadre, elle a examiné l’enveloppe de 6,5 milliards de dollars demandée pour les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, pour la période 2022-2023, et l’idée du Secrétaire général d’affecter au Fonds pour la consolidation de la paix des contributions statutaires de 100 millions de dollars par an pour compléter les contributions volontaires. 

Malgré l’embellie du début de l’année, due à un excédent de 307 millions de dollars à la fin de 2021, l’ONU craint de nouveau une crise du côté du budget ordinaire car le montant des contributions reçues a été inférieur aux prévisions jusqu’à la fin avril, soit 200 millions de dollars de moins.  Au-dessus des opérations de maintien de la paix, les nuages s’estompent, grâce à la décision de l’Assemblée générale d’autoriser les prélèvements d’avances entre les missions en cours, et à la mise en recouvrement et à la réception de contributions pour les périodes hors mandat.  Même le remboursement des pays contributeurs de troupes, d’effectifs de police et de matériel est à jour, à l’exception des 37 millions de dollars pour l’opération au Darfour. 

Le seul moyen de briser le cycle des problèmes de liquidités, a martelé l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), soutenue par le Groupe des 77 et la Chine, c’est d’obtenir de tous les États Membres qu’ils versent leurs contributions intégralement, dans les délais prescrits et sans conditions.  Il s’agit là, a-t-elle rappelé, d’une obligation inscrite dans la Charte des Nations Unies mais aussi d’une obligation morale: les États Membres doivent veiller à ce que des ressources adéquates soient fournies pour une bonne exécution des mandats confiés au Secrétaire général. 

Nous avons adapté notre cycle budgétaire à celui de l’ONU, a rassuré le Royaume-Uni, avant que les États-Unis n’annoncent, à leur tour, le versement, dans les quelques mois à venir, d’une somme additionnelle de 100 millions de dollars au budget ordinaire, pour réduire leurs arriérés, après les 700 millions versés « à l’avance » au budget des opérations de maintien de la paix.  Un des moyens de placer l’ONU sur une base financière plus solide, ont-ils professé, c’est d’ajouter des liquidités au budget ordinaire, en augmentant le Fonds de roulement par le report de la restitution des crédits non utilisés aux États Membres. 

Pour faire face aux problèmes financiers du Fonds pour la consolidation de la paix, les délégations se sont attardées sur la proposition du Secrétaire général de le doter de 100 millions de dollars de contributions statutaires par an, en plus des contributions volontaires qui ne doivent pas et ne peuvent pas, ont dit la Suisse et le Liechtenstein, couvrir tous les besoins existants.  Avec de nombreuses délégations, ils ont appuyé l’idée du Secrétaire général.  En revanche, le Mexique a mis en garde contre des décisions qui se traduiraient par une augmentation du niveau de contribution des États, surtout qu’ils font encore face aux effets économiques néfastes de la pandémie de COVID-19. 

Il a rappelé la nécessité de lutter contre les doublons et les dépenses redondantes car, comme l’a expliqué la Chine, les missions politiques spéciales et les opérations de maintien de la paix ont dans leur mandat une dimension de consolidation de la paix financée soit par le budget ordinaire ou les budgets des opérations.  Le Mexique a exigé au préalable une étude sur l’utilisation des fonds existants et une coopération renforcée avec les institutions financières internationales, afin d’augmenter les investissements de qualité. 

Il a aussi prôné des partenariats avec le secteur privé, sans oublier de souligner que la Commission de consolidation de la paix est la plateforme idéale pour promouvoir les coopérations Sud-Sud et triangulaire.  De telles coopérations peuvent en effet permettre aux États d’apporter leurs connaissances, leurs ressources techniques et leur expérience s’agissant du renforcement des capacités humaines et institutionnelles nationales.

En début de séance, la Cinquième Commission a dû recourir à un vote pour départager deux candidats au Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB).  M. Evgeny Kalugin, de la Fédération de Russie, a battu par 105 voix, M. Ihor Humennyi de l’Ukraine qui n’en a obtenu que 68.  Après la démission de son compatriote, M. Kalugin siégera au CCQAB jusqu’au 31 décembre 2023. 

La Commission a prévu une autre séance publique mardi 17 mai, à partir de 10 heures, pour discuter du remboursement des pays contributeurs de troupes et d’effectifs de police et de la gestion de la trésorerie de l’ONU.

AMÉLIORATION DE LA SITUATION FINANCIÈRE DE L’ONU

Rapport du Secrétaire général sur la situation financière de l’ONU (A/76/435/Add.1

Dans ce rapport, le Secrétaire général actualise les informations du document (A/76/435) relatives au bilan de la situation financière de l’ONU aux 31 décembre 2020 et 2021 et aux 30 avril 2021 et 2022, à la lumière des quatre grands indicateurs, à savoir le montant des contributions mises en recouvrement, celui des contributions non acquittées, la situation de trésorerie et le total des montants dus aux États Membres. 

En ce qui concerne le budget ordinaire, la situation de trésorerie demeure très préoccupante, indique le Secrétaire général.  Au début de 2021, le montant des contributions non acquittées s’élevait à 808 millions de dollars et celui des contributions acquittées au premier trimestre était inférieur de 199 millions de dollars aux prévisions.  Plusieurs activités et produits ont dû être reportés ou annulés, ce qui transparaîtra dans les rapports d’exécution.  Les outils de gestion ont été améliorés afin de pouvoir faire face aux crises de liquidités, mais ils ne pourront pas, prévient le Secrétaire général, éviter ou régler celle qui s’annonce pour 2023.  La restitution des crédits non inutilisés en 2023 devrait encore aggraver la situation en 2024, à moins que les États Membres n’approuvent les mesures d’atténuation proposées dans le rapport (A/76/429). 

Les importantes rentrées de fonds au titre du budget ordinaire enregistrées en mai et en novembre 2021 et le contrôle des dépenses exercé en début d’année ont permis d’afficher à la fin de 2021 un excédent de 307 millions de dollars.  Mais en 2022, la situation financière n’est pas meilleure, car le montant des contributions reçues a été inférieur aux prévisions jusqu’à la fin avril, soit 200 millions de dollars de moins.  Le solde de fin d’année de 2022 dépendra de la volonté des États Membres de s’acquitter de leurs obligations financières intégralement et de faire part de leur intention au Secrétariat pour qu’il puisse planifier les dépenses en fonction des versements à venir. 

S’agissant des opérations de maintien de la paix, la décision de l’Assemblée générale d’autoriser les prélèvements d’avances entre les missions en cours, ainsi que la mise en recouvrement et la réception de contributions pour les périodes hors mandat, a permis d’améliorer la situation globale de trésorerie.  Les remboursements au titre des contingents, des unités de police constituées et du matériel appartenant aux contingents sont à jour pour toutes les missions en cours, à l’exception de 37 millions de dollars pour l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD). 

Ici aussi, le solde de fin d’année de 2022, pour l’ensemble des opérations, dépendra du respect par les États Membres de leurs obligations financières. 

Discussion générale 

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. MUHAMMAD JAWAD AJMAL (Pakistan) s’est dit gravement préoccupé par la crise de trésorerie persistante à l’ONU.  Si elle persiste, a-t-il prévenu, la situation actuelle risque d’affecter la faculté même de l’Organisation de fonctionner efficacement.  Les retards dans le versement des contributions sont une tendance problématique, a tranché le représentant, avant d’insister sur le paiement à temps des sommes dues par les États Membres pour que l’ONU puisse résoudre les problèmes financiers auxquels elle est confrontée.  À ce propos, il a estimé que le Secrétariat devrait d’abord faire pression sur les États qui ont les arriérés les plus élevés. 

Au nom de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN), Mme LI SI FELICIA CHUA (Singapour) s’est dite préoccupée par la situation de trésorerie de l’ONU, malgré l’excédent du début de l’année.  Tout en félicitant le Secrétaire général et son équipe pour leur gestion, elle a jugé intenable pour l’Organisation de fonctionner en permanence avec l’obligation de faire des économies.  Elle a dit craindre pour la faculté de l’Organisation de s’acquitter de ses mandats, étant donné que l’année dernière plusieurs activités ont dû être reportées ou annulées.  Le seul moyen de briser le cycle des problèmes de liquidités, a martelé la représentante, c’est d’obtenir de tous les États Membres qu’ils versent leurs contributions intégralement, dans les délais prescrits et sans conditions.  Il s’agit là, a-t-elle rappelé, d’une obligation inscrite dans la Charte des Nations Unies mais aussi d’une obligation morale: les États Membres doivent veiller à ce que des ressources adéquates soient fournies pour une bonne exécution des mandats confiés au Secrétaire général.  La représentante en a profité pour féliciter les États qui, malgré des difficultés indépendantes de leur volonté, ont tout de même honoré leurs obligations financières.  Alors que les contributions statutaires de ses membres ne cessent d’augmenter, l’ASEAN, a-t-elle affirmé, est déterminée à respecter ses engagements à l’égard de l’ONU et, par extension, à l’égard du multilatéralisme. 

M. ANTHONY STANLEY (Royaume-Uni) a indiqué que son pays a aligné sa pratique budgétaire sur le calendrier de l’ONU et a annoncé le paiement ce matin-même de la contribution aux Tribunaux pénaux internationaux.  Le délégué a enfin espéré que cette session sera l’occasion d’œuvrer à une utilisation la plus efficiente des ressources budgétaires.

M. CHRISTOPHER P. LU (États-Unis) a rappelé qu’au mois de novembre dernier, son pays a versé à l’avance plus de 700 millions de dollars pour l’exercice actuel des opérations de maintien de la paix.  Il a annoncé que dans les quelques mois à venir, les États-Unis entendent verser une somme additionnelle de 100 millions au budget ordinaire, pour réduire leurs arriérés.  Un des moyens de placer l’ONU sur une base financière plus solide, a estimé le représentant, serait d’ajouter des liquidités au budget ordinaire, en augmentant le Fonds de roulement par la rétention des crédits et le report de la restitution de ces crédits aux États Membres.  Améliorer les liquidités du budget ordinaire permettrait aussi de rendre l’argent bloqué dans le budget des opérations de paix clôturées.  Cet argent, qui est actuellement utilisé comme une réserve de dernier recours du budget ordinaire, pourrait à la place être donné aux pays contributeurs de troupes qui attendent toujours leur remboursement.  La trésorerie commune des opérations de maintien de la paix, qui a été approuvée il y a trois ans par l’Assemblée générale, a considérablement amélioré les délais à ces pays contributeurs de troupes.  Nous appuyons le maintien de cette pratique, a dit le représentant, et nous estimons que l’on pourrait l’élargir à toutes les quotes-parts.

ASPECTS ADMINISTRATIFS ET BUDGÉTAIRES DU FINANCEMENT DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur les observations et recommandations sur les questions concernant les opérations de maintien de la paix en général (A/76/760

Après avoir lu le rapport exhaustif du Secrétaire général (A/76/717), le CCQAB note que le montant estimatif des ressources demandées au titre des opérations de maintien de la paix pour l’exercice allant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023, y compris pour le Centre de services régional d’Entebbe, la Base de soutien logistique des Nations Unies à Brindisi et le compte d’appui aux opérations de maintien de la paix, s’élève à 6 512 millions de dollars, hors contributions volontaires en nature.  Par rapport au montant des crédits ouverts pour l’exercice 2021/22, à savoir 6 377 millions de dollars, ce chiffre représente une augmentation de 134 410 300 dollars, soit 2,1%. 

Rapport du CCQAB sur la Base de soutien logistique des Nations Unies à Brindisi: exécution du budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021 et projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023 (A/76/760/Add.14

Dans ce rapport le CCQAB revient sur le concept révisé de stocks pour déploiement stratégique qui, selon le Secrétaire général, à améliorer la réactivité, la fiabilité et la résilience de l’approvisionnement en biens, la prestation de services connexes et l’accès au savoir-faire et à l’expertise nécessaires, grâce à des solutions intégrées permettant de répondre aux besoins actuels et futurs de l’ONU.  Le concept révisé repose sur trois piliers, à savoir des stocks centralisés à Brindisi, des centres régionaux où seront positionnés les stocks pour déploiement régional et des stocks gérés par les fournisseurs. 

Le Secrétaire général indique également que l’objectif des solutions stratégiques reste de fournir à l’Organisation la capacité de déployer des missions de maintien de la paix dans des délais serrés.  Le concept révisé est fondé sur le principe selon lequel il convient d’adopter une approche segmentée pour fournir un appui plus efficace aux clients.  Par conséquent, l’offre sera divisée en quatre grandes chaînes d’approvisionnement, à savoir les produits configurables, comme les véhicules; les articles standardisés nécessitant peu d’entretien, comme les fournitures pour la défense des périmètres; les articles spécialisés, comme les produits pharmaceutiques ou les équipements à la pointe du progrès technique; les matériaux achetés sur commande, comme le ciment. 

Le Comité consultatif rappelle que dans son récent rapport, le Comité des commissaires aux comptes a décelé des lacunes en ce qui concerne la gestion des stocks et recommandé qu’un mécanisme central d’analyse et de contrôle de l’exécution soit créé et chargé d’analyser les immobilisations corporelles et les stocks de l’ensemble des missions et centres de services, de sorte que des économies d’échelle puissent être faites.  Compte tenu de l’importance des stocks pour déploiement stratégique, le CCQAB compte que les attributions et les responsabilités seront clairement définies et que le Sous-Secrétaire général chargé de la gestion de la chaîne d’approvisionnement supervisera les pouvoirs qui lui ont été délégués.  Il compte également que les répercussions du concept révisé sur la passation de marchés aux niveaux régional et local seront prises en considération.  Il estime que l’ajout d’indicateurs clefs de performance dans les contrats de mission des hauts fonctionnaires faciliterait l’application du principe de responsabilité. 

Le Comité consultatif juge intéressante la mise en place d’une chaîne d’approvisionnement circulaire plutôt que linéaire qui comprendra des articles restitués si l’Organisation en tire un avantage financier ou opérationnel.  La chaîne sera ainsi plus viable, les coûts récurrents seront évités, l’utilisation des équipements sera mieux suivie et il sera possible de réintégrer des articles coûteux dans les stocks, de les remettre à neuf et de les réutiliser.  Le Comité consultatif demande tout de même des précisions sur le financement, les incidences financières, les gains d’efficacité et le recouvrement des coûts. 

Comme un plan de mise en œuvre détaillé est en cours d’établissement, le Comité conseille de procéder par étapes et de n’examiner le concept révisé dans son ensemble qu’ultérieurement.  Il recommande que le Secrétaire général mène un projet pilote, soulignant que la décision de passer d’une phase à l’autre doit reposer sur des données, des analyses et des retours d’information et sur un bilan de l’expérience acquise. 

Rapport du CCQAB sur le Centre de services régional d’Entebbe (Ouganda): exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021 et projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023 (A/76/760/Add.6

Le Comité consultatif recommande que le montant de 874 700 dollars représentant le solde inutilisé de l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021, ainsi que le montant de 427 400 dollars correspondant aux autres produits soient portés au crédit des États Membres.  Il recommande aussi que les ressources demandées pour l’exercice 2022-2023 soient réduites de 63 400 dollars et ramenées de 43 185 600 dollars à 43 122 200 dollars.

Discussion générale 

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. MUHAMMAD JAWAD AJMAL (Pakistan) a pris note de la proposition de changer le nom de la Base de soutien logistique des Nations Unies à Brindisi et rappelé qu’il y a déjà eu par le passé des tentatives en ce sens qui n’ont pas été approuvées par l’Assemblée générale.  La fonction essentielle de la Base, a-t-il rappelé, c’est d’offrir un soutien logistique et des services informatiques aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  Le représentant a donc rejeté l’idée de le renommer:  « dispositif mondial centralisé de prestation de services des Nations Unies ». 

M. Ajmal a pris note de la présence renforcée du système des Nations Unies à Valence, une question qu’il a promis d’analyser avec attention.  Il a rappelé que l’Assemblée générale a demandé au Secrétaire général d’élaborer un modèle de modulation des coûts pour la Base et une définition claire de cette modulation.  La cohérence dans l’application de ce modèle et la prise en compte de la charge de travail et du gain d’efficacité est l’objectif qui doit être poursuivi, a souligné le représentant.  S’agissant du Centre de services régional d’Entebbe, le représentant a ici aussi souligné que la charge de travail et le volume des transactions ont augmenté considérablement.  Il a donc jugé « impératif » que des ressources à la hauteur de cette charge et de cette responsabilité croissante soient fournies.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. FELIX-FILS EBOA EBONGUE (Cameroun) a souligné l’importance de financer adéquatement le Centre de services régional d’Entebbe, compte tenu du volume de transactions qu’il enregistre.  L’Organisation, a-t-il dit, doit continuer à assurer le financement intégral du Centre.  Tout en se félicitant de l’accent mis par le Secrétaire général sur le renforcement des capacités du Centre, il a jugé que tout devrait être fait pour retenir le personnel, accélérer les procédures de recrutement et pourvoir les postes vacants dans un délai raisonnable.  Il a par ailleurs indiqué que le Groupe des États d’Afrique souhaite que le département achats du Centre soit utilisé pour des projets mis en œuvre dans la région.  Enfin, le représentant a appelé à davantage de synergie entre Entebbe et Brindisi. 

M. PHILIP ODIDA (Ouganda) a noté que dans le cadre de l’exercice en cours, le Centre de services régional d’Entebbe soutiendra 17 des entités clientes, dont 8 des missions de maintien de la paix et 9 missions politiques spéciales, ainsi que d’autres missions dans la région.  Il est donc impératif que des ressources à la hauteur de cette charge de travail et de ces responsabilités croissantes lui soient fournies.  Le représentant a relevé avec préoccupation qu’au 23 mars dernier, le Centre totalisait 48 postes vacants.  Il a appelé le Secrétaire général à veiller à ce que ces postes soient pourvus rapidement.  Constatant également la rotation importante du personnel du Centre, le représentant a demandé que des incitations soient mises en place pour pouvoir retenir le personnel.  Avant de conclure, il a prié le Secrétaire général de veiller à ce que des contrats continus soient accordés au personnel recruté sur le plan national, conformément à la résolution 72/286 de l’Assemblée générale.

EXAMEN DE L’EFFICACITE DU FONCTIONNEMENT ADMINISTRATIF ET FINANCIER DE L’ONU 

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur l’investissement dans la prévention et la consolidation de la paix (A/76/821) 

Pour l’établissement de ce rapport, le CCQAB a examiné celui du Secrétaire général (A/76/732).  Ayant reçu un récapitulatif des dépenses annuelles, par type d’activité et par pays, financées par le Fonds pour la consolidation de la paix, il constate que le montant annuel des dépenses n’a cessé d’augmenter, passant de 49 millions de dollars à 191 millions de dollars depuis la création du Fonds.  Le CCQAB se penche donc avec intérêt sur l’idée du Secrétaire général de compléter le financement du Fonds au moyen de contributions statutaires, ce qui permettrait de remédier aux problèmes de financement liés à la fois à l’imprévisibilité des ressources et au sous-financement. 

Le Secrétaire général propose que des crédits d’un montant de 100 millions de dollars soient mis en recouvrement tous les ans, à compter du 1er juillet de chaque année.  Les contributions statutaires seraient versées sur le compte du Fonds administré par le Bureau des fonds d’affectation spéciale pluripartenaires du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  À la différence des budgets examinés par l’Assemblée générale, le montant des contributions statutaires ne changerait pas en fonction des résultats ou des dépenses des exercices précédents.  Pour le Comité consultatif, le Secrétaire général devrait donner des informations supplémentaires sur le raisonnement qui a été suivi pour parvenir au montant proposé. 

Discussion générale 

M. AXEL von SCHWERIN, de l’Union européenne, a rappelé la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur le financement de la consolidation de la paix, qui avait pour objectif de trouver des solutions au déficit de ce secteur important des activités de l’ONU.  Il ne fait aucun doute, a reconnu le représentant, que de nouvelles façons de financer la consolidation de la paix doivent être explorées car les contributions volontaires se sont révélées insuffisantes face aux besoins croissants.  Pour le représentant, des contributions statutaires constitueraient l’élément crucial d’un financement adéquat et prévisible de la consolidation de la paix.  Nous sommes prêts, a-t-il promis, à discuter de la proposition du Secrétaire général et à examiner toutes les options disponibles, y compris des financements volontaires et innovants. 

Au nom de l’Argentine, du Guatemala, du Mexique, du Paraguay et du Pérou, Mme IRINA FEISTHAUER SILVEIRA (Brésil) a reconnu les problèmes financiers des processus de sortie de crise et de consolidation de la paix.  Elle a mis en garde contre les doublons et rappelé les prérogatives de l’Assemblée générale en la matière pour préserver les meilleures pratiques financières.  Ce sont les mandats, a-t-elle souligné, qui doivent déterminer le niveau des ressources et non pas l’inverse.  Si la proposition qui nous est présentée par le Secrétaire général était adoptée, les États, contrairement à la pratique, financeraient des activités qui n’auraient été ni planifiées ni budgétisées puisqu’elles auraient été décidées sans un examen préalable du CCQAB, de la Cinquième Commission ou de l’Assemblée générale, a prévenu la représentante.

Également au nom du Liechtenstein, Mme DANESE (Suisse) a souligné qu’investir dans la paix est un investissement extrêmement rentable, à la fois d’un point de vue économique, social et environnemental, mais aussi et surtout parce que cet investissement se traduit par des vies sauvées et une meilleure qualité de vie pour des millions de personnes.  En outre, le développement durable est tout simplement impensable sans la paix, a-t-elle souligné.  À cet égard, la représentante a estimé que le Fonds pour la consolidation de la paix s’est révélé un instrument très efficace pour réagir de manière rapide et intégrée quand un conflit violent risque d’éclater ou sévit déjà.  Le Fonds, s’est-elle réjouie, a initié de nombreux projets innovants dans un grand nombre de pays et joué un rôle déterminant dans les réformes de l’ONU, en faveur d’une plus grande cohérence.  Afin de pouvoir déployer ses effets de manière durable, cet investissement, si important, doit être un investissement à long terme. 

La représentante a donc estimé qu’il faut veiller à ce que le Fonds dispose d’un financement suffisant, prévisible et durable et a regretté que les contributions actuelles ne suffisent pas pour atteindre les objectifs.  Les contributions volontaires, a insisté la représentante, ne doivent et ne peuvent pas couvrir les besoins existants.  Toutes les tâches mandatées de l’Organisation devraient, dans la mesure du possible, être financées par des contributions statutaires pour permettre à l’Organisation de mieux planifier ces activités grâce à des moyens financiers stables et prévisibles.  La représentante a donc dit soutenir la proposition du Secrétaire général d’allouer au Fonds pour la consolidation de la paix des contributions statutaires de 100 millions de dollars par an.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. MASOTSHA MONGEZI MNGUNI (Afrique du Sud) a noté qu’il existe un large soutien à l’idée de donner la priorité à la consolidation de la paix en tant qu’investissement éprouvé et rentable.  Pourtant, a-t-il constaté, les financements, qui ne sont que des contributions volontaires, restent inadéquats, imprévisibles et non viables.  Dans le prolongement de la réunion de haut niveau à l’Assemblée générale au cours de laquelle les États ont réitéré leur engagement à envisager toutes les options, le représentant a jugé impératif de viser l’adéquation, la prévisibilité et la viabilité des financements.  Tout le monde est d’accord sur l’importance d’élargir la base des donateurs au Fonds et d’explorer toutes les options, y compris en engageant le secteur privé, mais il ne faut pas perdre de vue que, sans contributions stables, le financement de la consolidation de la paix restera un défi de taille.  Le Groupe des États d’Afrique, a-t-il dit, est favorable à l’attribution d’un certain pourcentage des contributions mises en recouvrement aux efforts de consolidation de la paix et, par conséquent, soutient « sans équivoque » la proposition du Secrétaire général d’allouer au Fonds la somme de 100 millions de dollars par an.  Il a encouragé toutes les délégations à envisager cette proposition positivement. 

M. KIMURA TETSUYA (Japon) a rappelé les contributions de son pays au Fonds pour la consolidation de la paix.  Depuis 2006, a-t-il dit, le Japon y a versé un montant de plus de 60 millions de dollars et continue d’y contribuer régulièrement pour tenir sa promesse des 10 millions de dollars au profit de la stratégie 2020-2024.  En examinant les options de la reconstitution du Fonds, nous devons garder à l’esprit, a estimé le représentant, que la recherche de ressources adéquates, prévisibles et durables ne doit pas éroder la souplesse du Fonds et la nécessité d’y ancrer le principe de responsabilité.  Compte tenu de l’importance et de la diversité des besoins en matière de consolidation de la paix, les questions liées au financement, dont l’idée d’y affecter des contributions statutaires, doivent faire l’objet d’une analyse approfondie.  Il a émis l’espoir qu’après la réunion de haut niveau du mois dernier sur le financement de la consolidation de la paix, la Cinquième Commission contribuera également à enrichir les discussions grâce à ses compétences de rigueur budgétaire.

M. CHENG LIE (Chine) a invité l’ONU à innover en matière de partenariats et à élargir sa base de donateurs pour faire face aux besoins croissants de la consolidation de la paix.  Les modifications apportées aux modalités de financement ne devraient en aucun cas, a martelé le représentant, toucher au caractère volontaire des contributions au Fonds pour la consolidation de la paix ni nier la responsabilité « historique » des pays développés, en tant que principaux contributeurs, ayant « l’obligation morale » d’aider les pays en développement à aller de l’avant.  Il a prévenu que toute modification des modalités de financement du Fonds nécessiterait l’accord du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale. 

Le représentant a jugé prématuré d’examiner la proposition du Secrétaire général, estimant aussi que la question échappe aux prérogatives de la Cinquième Commission.  Il a appelé au respect des règles financières et souligné que les missions politiques spéciales et les opérations de maintien de la paix ont dans leur mandat une dimension de « consolidation de la paix » financée soit par le budget ordinaire ou les budgets des opérations de paix.  Le Fonds devrait éviter les doublons avec les processus existants, a tranché le représentant. 

M. JESÚS VELÁZQUEZ CASTILLO (Mexique) a jugé important de promouvoir non seulement des solutions créatives, mais aussi réalistes.  Il a réclamé un dialogue franc sur la proposition du Secrétaire général, avant de prendre des décisions qui auraient des implications financières pour les États Membres et qui se traduiraient par une augmentation de leur niveau de contribution, surtout qu’ils font encore face aux effets économiques néfastes de la pandémie de COVID-19.  Il faut, a poursuivi le représentant, lutter contre les doublons et les dépenses redondantes.  Il a donc exigé au préalable une étude sur l’utilisation des fonds existants et une coopération renforcée avec les institutions financières internationales, afin d’augmenter les investissements de qualité dans la consolidation de la paix.  Il a aussi prôné des partenariats avec le secteur privé, sans oublier de souligner que la Commission de consolidation de la paix est la plateforme idéale pour promouvoir les coopérations Sud-Sud et triangulaire.  De telles coopérations peuvent en effet permettre aux États d’apporter leurs connaissances, leurs ressources techniques et leur expérience s’agissant du renforcement des capacités humaines et institutionnelles nationales.  Ce qu’il faut, à ce stade, a conclu le représentant, c’est préserver la souplesse du Fonds de consolidation de la paix, en améliorer la transparence et y ancrer le principe de responsabilité. 

M. BOUTAQA (Maroc) a noté l’augmentation des besoins financiers de la consolidation de la paix et a demandé la « cartographie » des ressources financières nécessaires.  Il a insisté sur l’importance du principe d’appropriation nationale lequel est au cœur du mandat de la Commission de consolidation de la paix.  Le représentant a dûment appuyé la proposition du Secrétaire général d’alimenter le Fonds pour la consolidation de la paix avec des contributions statutaires de 100 millions de dollars par an.

Mme CLELIA LUCY UHART (Royaume-Uni) a rappelé que son pays, qui copréside le Groupe des Amis du Fonds pour la consolidation de la paix, a toujours soutenu politiquement et financièrement l’assistance apportée en la matière par l’ONU.  Depuis la création du Fonds, les contributions du Royaume-Uni se chiffrent à 230 millions de dollars.  Mais, a reconnu la représentante, le Fonds n’est pas la « solution miracle ».  Les gouvernements nationaux et les acteurs internationaux du développement doivent aussi jouer leur rôle, y compris le système des Nations Unies.  Le Royaume-Uni, a-t-elle affirmé, travaille sur différents axes pour promouvoir des modalités innovantes de financement et approfondir les partenariats stratégiques.  Nous sommes prêts à examiner la proposition du Secrétaire général mais aussi les moyens d’améliorer le fonctionnement du Fonds, a indiqué la représentante. 

Mme MELANIE HIDALGO (République dominicaine) a regretté que le Fonds pour la consolidation de la paix n’ait toujours pas un mécanisme de financement solide et prévisible, au risque d’entraîner la perte des progrès réalisés dans les pays où l’ONU a retiré ses opérations de paix ou travaillé à la prévention des conflits.  Nous encourageons, a dit la  représentante, l’Assemblée générale à examiner toutes les options disponibles, y compris les contributions volontaires, les quotes-parts et les financements innovants.  La déléguée a espéré que l’examen de cette question par la Cinquième Commission permettra de répondre à toutes les questions des États Membres. 

PROJET DE BUDGET-PROGRAMME POUR 2022 

État présenté par le Secrétaire général sur les incidences budgétaires de la Conférence intergouvernementale chargée d’élaborer un instrument international juridiquement contraignant se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale (A/C.5/76/24) 

Étant donné que la Conférence a reçu de l’Assemblée générale l’autorisation de tenir une cinquième session de 10 jours en août 2022, le Secrétaire général chiffre les incidences budgétaires à 1 121 300 900 dollars, dont 66 200 dollars pour le recrutement de contractuels au Service de diffusions des réunions sur le Web et à la Section des communiqués de presse du Département de la communication globale (DCG).  Le Secrétaire général prévient qu’aucune ressource n’est prévue dans le budget-programme de 2022 pour financer les incidences budgétaires.  Il n’est pas possible, à l’heure actuelle, prévient-il aussi, de trouver des activités qui pourraient être supprimées, reportées, réduites ou modifiées durant cet exercice.  Il faut donc ouvrir des crédits supplémentaires. 

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. MUHAMMAD JAWAD AJMAL (Pakistan) a dit attendre avec intérêt la convocation de la cinquième session de la Conférence intergouvernementale, insistant sur la nécessité pour l’ONU de disposer des ressources suffisantes pour permettre la participation des membres de son groupe aux négociations.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Ukraine: le sort des enfants inquiète le Conseil de sécurité, mais l’ONU, notamment l’UNICEF, assure de sa détermination à sauver des vies

9032e séance – matin
CS/14889

Ukraine: le sort des enfants inquiète le Conseil de sécurité, mais l’ONU, notamment l’UNICEF, assure de sa détermination à sauver des vies

« C’est au vu de l’impact terrible du conflit en Ukraine sur la vie des filles et des garçons que ma délégation s’est jointe à la France pour appeler à cette réunion », a déclaré ce matin le Mexique devant un Conseil de sécurité dont les membres ont tous marqué leur inquiétude face à la détérioration du sort de ces enfants.  C’est d’ailleurs pourquoi plusieurs délégations ont demandé au Secrétaire général et à la Représentante spéciale pour le sort des enfants en temps de conflit armé d’inclure l’Ukraine dans le prochain rapport sur le sujet, en vue d’établir un mécanisme de surveillance et de communication d’informations. 

La Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, Mme Joyce Msuya, a assuré que l’ONU reste déterminée à ne ménager aucun effort pour sauver des vies et qu’elle entend exploiter à cet égard toutes les possibilités, y compris les pauses humanitaires locales ou des cessez-le-feu plus larges.  Elle a fait part des efforts de l’ONU pour négocier davantage de pauses humanitaires et permettre un passage sûr des civils pris au piège.  Plus de 600 civils ont ainsi été évacués de l’usine d’Azovstal de Marioupol et des villes voisines, a-t-elle signalé, « un exploit monumental ».  Au total, près de 14 millions d’Ukrainiens ont été contraints de fuir leur foyer, dont 8 millions sont déplacés.

Le mois dernier, l’UNICEF a pu authentifier le décès de près de 100 enfants en Ukraine, a témoigné le Directeur exécutif adjoint du Fonds tout en reconnaissant que les chiffres sont vraisemblablement bien plus élevés.  M. Omar Abdi a aussi dénoncé les graves violations des droits des enfants et les attaques contre les écoles.  Dans ce contexte, la France a appelé le Secrétaire général à se saisir des outils du Conseil de sécurité pour vérifier les faits et établir les responsabilités, tandis que certains pays ont rappelé les directives claires de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.

M. Abdi a indiqué qu’à la mi-mars, plus de 15 000 écoles ont repris leurs cours en Ukraine, principalement en distanciel ou en hybride, avec l’appui de l’UNICEF.  Il y aurait 3,7 millions d’enfants en Ukraine et à l’étranger qui ont recours à des enseignements à distance.  Il a aussi souligné les conséquences dévastatrices de la guerre en Ukraine ailleurs dans le monde pour d’autres enfants qui subissent les conséquences de l’envolée des prix des denrées alimentaires et du carburant, ceux déjà touchés par les conflits et la crise climatique, de l’Afghanistan au Yémen en passant par la Corne de l’Afrique.

Revenant à l'Ukraine, la Sous-Secrétaire générale a souligné que les femmes et les enfants paient le prix le plus lourd, évoquant notamment le bombardement d’une école à Bilohorivka (Louhansk).  Elle a déploré l’utilisation d’armes explosives à large portée dans des zones peuplées, ainsi que la présence de mines antipersonnel et de munitions non explosées qui affecte l’accès humanitaires.  Même avant cette guerre, l’est de l’Ukraine était l’une des régions les plus minées au monde, a-t-elle rappelé en appelant à l’action contre les mines, une condition préalable pour ouvrir l’espace humanitaire.  Elle a appelé les parties à respecter les civils et les sites civils comme les écoles, les hôpitaux et d’autres infrastructures.  Elle a déclaré que l’ONU étudie les moyens de réunir les parties pour discuter des questions humanitaires, comme celles de la sécurité du passage des civils et de la circulation des convois humanitaires dans l’est.  C’est dans cette optique que le Coordonnateur des secours d’urgence, M. Martin Griffiths, a été reçu en début de semaine par le Ministre des affaires étrangères turc afin de discuter du soutien de la Turquie. 

Les États-Unis ont marqué leur préoccupation à propos de la mise en place d’un gouvernement par les forces russes dans une ville qu’elles occupent en obligeant les écoles à suivre le programme scolaire russe « afin d’éliminer toute trace d’identité et de culture ukrainiennes ».  L’Ukraine a aussi dénoncé la pratique des camps de filtrage russes où les enfants sont séparés de leur mère, ainsi que l’adoption illégale par des citoyens russes d’enfants ukrainiens, notant qu’un million d’Ukrainiens, dont 200 000 enfants et 2 000 orphelins, auraient été transférés vers la Russie. 

Le délégué russe a reconnu que 190 000 enfants sont pris en charge par son pays selon des chiffres de début mai, dont environ 1 200 venus des internats de la République populaire de Donetsk et de la République populaire de Louhansk.  Il a assuré que la Russie travaille avec les autorités de ces deux républiques en matière d’adoption d’orphelins.  Réagissant aux accusations de certains de ses collègues au sujet de violations des droits de l’enfant par les Russes, il a souligné que lors d’une interview à Belsat TV, la Commissaire du Président de l’Ukraine pour les droits de l’enfant a déclaré que « le Bureau du Procureur général d’Ukraine n’a pas confirmé un tel fait ».  Il a également rétorqué que le régiment « Azov » recrute depuis de nombreuses années des enfants dans les forces armées ukrainiennes en leur apprenant à haïr tout ce qui est russe.  Il a aussi évoqué les contenus de l’enseignement dispensé dans les écoles ukrainiennes, brandissant un manuel scolaire qui révise, selon lui, l’histoire et magnifie l’usage des armes à feu contre les « séparatistes » et les « occupants ». 

Le Royaume-Uni n’en a pas moins trouvé que la Russie commet quatre des six violations graves contre les enfants en temps de conflit armé, telles qu’énoncées par la résolution 1261 (1999) du Conseil.  Il a toutefois reconnu qu’il faudra du temps pour que le mécanisme de surveillance de l’ONU établisse la véritable ampleur de l’impact sur les enfants de l’invasion en Ukraine.  L’Ukraine a appuyé cette enquête spéciale, rappelant que les occupants russes ont déjà fait 20 000 victimes à Marioupol, soit le double du nombre de victimes dues à l’invasion nazie durant la Seconde Guerre mondiale. 

Les pays de la région ont rappelé leur soutien aux Ukrainiens, comme l’Estonie qui a souligné l’aide apportée par les pays baltes (46 millions d’euros) et leur accueil pour ceux qui fuyaient la guerre en leur offrant une éducation et des services de santé.  De même, la Slovaquie a accueilli 136 000 enfants et accordé une protection temporaire à plus de 30 000.  De son côté, le Kenya a alerté sur l’impact de la guerre sur les économies et personnes vulnérables, appelant à renforcer le soutien pour d’autres situations humanitaires, en particulier dans les pays du Sud.  D’où l’importance de poursuivre les discussions en vue d’une résolution politique de la situation, a conclu le Gabon.  « C’est la plus grande action qui puisse être faite en faveur des enfants. »

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ DE L’UKRAINE

Déclarations

La Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, Mme JOYCE MSUYA, a informé le Conseil de sécurité sur les dernières nouvelles concernant les efforts conjoints des Nations Unies pour négocier davantage de pauses humanitaires et permettre un passage sûr des civils piégés par les combats.  Elle a affirmé que lundi dernier, l’ONU, en collaboration avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a pu évacuer 174 autres civils de l’usine d’Azovstal et d’autres parties de la ville de Marioupol.  Il s’agissait de la troisième opération de la semaine dernière à partir de Marioupol, a-t-elle rappelé en précisant que plus de 600 civils ont ainsi été évacués de cette usine et des villes voisines.  Selon elle, il s’agit d’un exploit monumental au milieu des bombardements et des destructions en cours dans l’est de l’Ukraine. 

La Sous-Secrétaire générale a souligné que les combats intenses causent d’immenses souffrances humaines, notamment chez les femmes et les enfants qui paient le prix le plus lourd.  Elle a fait état de rapports récents sur le bombardement d’une école à Bilohorivka à Louhansk, alors que des femmes et des enfants s’y trouvaient, ce qui a causé un lourd bilan humain.  L’utilisation d’armes explosives à large portée dans des zones peuplées s’accompagne d’un risque très élevé d’effets indiscriminés et doit être évitée, a—t-elle plaidé.  Elle a ajouté que la présence de mines antipersonnel et de munitions non explosées a également un impact sur la réponse et l’accès humanitaires.  Même avant cette guerre, l’est de l’Ukraine était l’une des régions les plus minées au monde, a-t-elle dit en appelant à l’action contre les mines, puisque le déminage est une priorité pour ouvrir l’espace humanitaire.

Mme Msuya a rappelé qu’en vertu du droit international humanitaire, les parties doivent respecter les civils et les sites civils comme les écoles, les hôpitaux et d’autres infrastructures.  Les parties doivent donc permettre aux civils de quitter volontairement les zones d’hostilités en toute sécurité.  Cela implique d’accorder une attention particulière aux besoins des personnes exposées à des risques spécifiques, telles que les femmes, les enfants, les personnes âgées et les personnes handicapées.  Mme Msuya a également exhorté les parties au conflit à éliminer tout obstacle aux déplacements du personnel humanitaire pour que ne soit pas interrompue la fourniture de secours vitaux dans toute l’Ukraine.  La Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence a indiqué que près de 14 millions d’Ukrainiens ont été contraints de fuir leur foyer, dont 8 millions sont des déplacés.  Elle a cité les 227 partenaires présents dans le pays, majoritairement des ONG nationales, qui ont fourni de l’aide humanitaire à plus de 5,4 millions de personnes, dont beaucoup dans l’est. 

Après les évacuations de l’usine d’Azovstal et de la ville de Marioupol, elle a appelé les deux parties à poursuivre leurs efforts de facilitation afin que l’ONU puisse atteindre beaucoup plus de civils.  Nous devons de toute urgence porter nos efforts à plus grande échelle, a-t-elle recommandé.  Elle a déclaré que l’ONU étudie les moyens de réunir les parties pour discuter des questions humanitaires, comme celles de la sécurité du passage des civils et de la circulation des convois humanitaires dans l’est.  C’est dans cette optique que le Coordonnateur des secours d’urgence, M. Martin Griffiths, a été reçu en début de semaine à Ankara par le Ministre des affaires étrangères turc afin de discuter du soutien de la Turquie aux efforts de l’ONU pour faire progresser les mesures humanitaires urgentes en Ukraine.  En conclusion, Mme Msuya a assuré que l’ONU reste déterminée à ne ménager aucun effort et qu’elle entend exploiter toutes les possibilités, y compris les pauses humanitaires locales ou des cessez-le-feu plus larges, afin de sauver des vies.

M. OMAR ABDI, Directeur exécutif adjoint du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a déclaré que le mois dernier, l’UNICEF a pu authentifier le décès de près de 100 enfants en Ukraine.  « Nous pensons que les véritables chiffres sont bien plus élevés », a-t-il précisé.  Il a constaté que les enfants font l’objet de graves violations de leurs droits et que les écoles continuent d’être attaquées.  « La guerre en Ukraine, comme toutes les guerres, est une crise de la protection et des droits de l’enfant. »  Il a mentionné l’odieuse attaque perpétrée contre une école à Louhansk qui témoigne du plus grand mépris pour les vies civiles.  Au moins 15 écoles sur les 89 appuyées par l’UNICEF, soit 1 sur 6, ont été endommagées ou détruites depuis le début de la guerre, a déploré M. Abdi qui a appelé à la cessation des attaques contre les écoles et exhorté les parties à protéger les civils et les infrastructures civiles.  Il a rappelé les directives contenues dans la Déclaration sur la sécurité dans les écoles pour préserver le droit à l’éducation.  « Ce dont nous avons besoin désormais, c’est de courage, de discipline et de volonté politique pour traduire ces mots dans les faits. »

M. Abdi a indiqué qu’à la mi-mars, plus de 15 000 écoles ont repris leurs cours en Ukraine, principalement par le biais d’enseignements en distanciel ou combinant distanciel et présentiel, avec notamment un appui de l’UNICEF.  Mais la pandémie nous a montré l’importance des enseignements en présentiel, a-t-il dit, avant de se féliciter de la scolarisation des enfants ukrainiens dans les pays voisins.  Il a estimé à 3,7 millions le nombre d’enfants en Ukraine et à l’étranger qui ont recours à des enseignements à distance.  M. Abdi a ensuite souligné les conséquences dévastatrices de la guerre en Ukraine pour les enfants les plus vulnérables dans le monde avec l’envolée des prix des denrées alimentaires et du carburant.  « Les enfants déjà touchés par les conflits et la crise climatique dans le monde, de l’Afghanistan au Yémen en passant par la Corne de l’Afrique, payent maintenant le prix meurtrier d’une guerre loin de chez eux. »  Les enfants sont résilients mais ils ne devraient pas avoir à l’être, a conclu le Directeur exécutif adjoint, en évoquant le tribut très lourd qu’ils ont d’ores et déjà payé pendant cette guerre.  « Nous devons faire tout notre possible pour faire en sorte que cette guerre ne ruine pas leur avenir. »

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a indiqué que son pays a demandé avec la France la convocation de cette séance au vu de l’impact terrible du conflit en Ukraine sur la vie des filles et des garçons.  Tant qu’une cessation des hostilités n’est pas obtenue, les priorités de la communauté internationale doivent être l’aide humanitaire, la protection de la population civile, en particulier les groupes les plus vulnérables, et la préservation des infrastructures de base, essentielles pour leur survie, a-t-elle dit, avant d’évoquer l’attaque « inacceptable » qui a visé une école dans la région de Louhansk.  La représentante a dénoncé une violation flagrante du droit international humanitaire et s’est dite attentive au travail du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI).  Elle a constaté que cette attaque n’est malheureusement pas un cas isolé et a condamné l’utilisation d’armes explosives à proximité des écoles et des établissements d’enseignement supérieur.  Alors que, selon l’UNICEF, les deux tiers des enfants ukrainiens ont été déplacés par le conflit, il se révèle que cette guerre affecte la santé mentale et le bien-être psychosocial de toute une génération, a-t-elle souligné.  Les traumatismes provoqués par les bombardements incessants et les alertes d’attaques imminentes auront des répercussions profondes et à long terme, a-t-elle prévenu, souhaitant que des stratégies globales soient définies pour faire face à cette crise de la santé mentale. 

La déléguée s’est ensuite déclarée préoccupée par l’augmentation des signalements de cas de violence sexuelle contre les filles et les garçons, pour lesquels les services de soutien sont très limités.  Elle a également fait état d’une détérioration des services de santé sexuelle et reproductive et des soins pour les nouveau-nés.  De plus, a-t-elle relevé, la vague massive de déplacements a transformé les enfants et les adolescents en cibles pour les réseaux de traite des êtres humains.  Les plus vulnérables sont les mineurs non accompagnés ou ceux qui sont séparés de leur famille, a-t-elle alerté, appelant les pays hôtes et les institutions telles que l’ONUDC et Interpol à enregistrer et identifier les réfugiés mineurs.  Observant que la vulnérabilité des filles et des garçons handicapés est encore plus aiguë, elle a plaidé pour que tous les enfants d’Ukraine ou de tout autre pays reçoivent le même traitement sans discrimination.  Enfin, elle a demandé au Secrétaire général et à la Représentante spéciale pour le sort des enfants en temps de conflit armé d’inclure l’Ukraine dans le prochain rapport sur le sujet en vue d’établir un mécanisme de surveillance et de communication d’informations. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a déclaré que le nombre de civils tués en Ukraine est largement supérieur aux chiffres communiqués.  La Cheffe de la mission de surveillance des droits de l’homme en Ukraine a récemment évoqué des milliers de morts supplémentaires, y compris à Marioupol, ce « trou noir » auquel il est si difficile d’accéder, a-t-il indiqué.  Il a également relevé que le coût de la guerre pour les enfants est terrible, deux tiers des enfants ukrainiens ayant été déplacés et la majorité déscolarisés.  Il a condamné toutes les attaques contre des écoles, notamment celle perpétrée à Bilohorivka, relevant en outre que plus de 200 infrastructures médicales ont été attaquées ou détruites.  Dans ce contexte, le représentant a appelé le Secrétaire général à se saisir des outils du Conseil de sécurité pour vérifier les faits et établir les responsabilités, citant en particulier le rapport annuel du Secrétaire général et sa « liste d’infamie », sur laquelle ceux qui tuent les enfants et attaquent les écoles ont toute leur place. 

Le délégué ensuite appelé la Russie à respecter l’ordonnance rendue par la Cour internationale de Justice, à mettre un terme à cette guerre injustifiable et dévastatrice et à retirer ses troupes du territoire ukrainien.  La protection des civils et des infrastructures civiles est une priorité absolue, a-t-il insisté.  Il a également appelé la Russie à lever le blocus des ports ukrainiens en mer Noire afin de permettre l’exportation des denrées alimentaires.  Il a ajouté que la France continuera à prendre toute sa part au soutien à l’Ukraine, avec une aide qui s’élève à hauteur de 2 milliards de dollars, comme annoncé par le Président de la République à l’occasion de la Conférence de Varsovie le 5 mai dernier. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a dit que pour les écoliers et étudiants de l’Ukraine, l’année scolaire s’est arrêtée le 24 février 2022.  Une école sur six dans l’est du pays a été détruite ou endommagée depuis le début de la guerre, a-t-il noté avant de dénoncer le ciblage d’une école par l’armée russe, il y a quelques jours, qui aurait fait près de 60 morts.  Cette situation est injustifiable, a dénoncé le représentant.  Il a néanmoins trouvé positif ce que fait la Coalition pour l’éducation de l’UNICEF, qui regroupe les membres du secteur privé, de la société civile et des médias œuvrant à garantir le droit à l’éducation et l’apprentissage en Ukraine.  Des moyens numériques ont été mis en place pour permettre un enseignement à distance, a-t-il notamment cité en se félicitant que la plateforme d’éducation mise en place puisse permettre à près de 200 000 étudiants de passer leurs examens.  Condamnant notamment les destructions d’infrastructures civiles, le bombardement de la maternité et du théâtre de Marioupol, le délégué a demandé que les cerveaux et les auteurs de ces crimes soient punis.  Il faut également tout faire pour protéger les droits des enfants à cet égard, a-t-il ajouté. 

Il a demandé au Secrétaire général et à la Représentante spéciale pour le sort des enfants en temps de conflits armés à présenter l’Ukraine comme une situation inquiétante dans le rapport du Secrétaire général sur le sort des enfants en temps de conflit armé dans le cadre des violations commises en Ukraine de 2014 à 2021.  Une enquête approfondie doit être menée sur les atrocités commises depuis le 24 février 2022, a aussi réclamé le représentant.  Pour lui, l’évacuation des civils de l’usine Azovstal de Marioupol démontre que l’on peut trouver des solutions et faire taire les armes au nom de la vie lorsque la volonté est là.  « Cela devrait être également le cas des soldats blessés qui s’y trouvent toujours. »  Le représentant a terminé par un appel à cesser cette guerre insensée. 

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) s’est particulièrement inquiété des conséquences du conflit sur 7,5 millions d’enfants, avant d’appeler à soutenir les efforts de l’UNICEF pour atténuer leurs souffrances.  Après avoir précisé que les femmes et les enfants représentent la majorité des 5 millions de réfugiés et 7 millions de déplacés, il a appelé les pays voisins à les accueillir avec dignité.  Il a noté que plus de 900 établissements scolaires ont été endommagés ou détruits en Ukraine et que ces destructions ont affecté également des étudiants étrangers, dont de nombreux Indiens.  Il a indiqué que son pays a facilité le retour 22 500 ressortissants indiens, pour la plupart des étudiants.  Soucieux de minimiser l’impact de la guerre sur l’éducation, le représentant a remercié le Gouvernement ukrainien pour les assouplissements apportés à l’année universitaire des étudiants en médecine.

Par ailleurs, le représentant de l’Inde a mis l’accent sur l’aide apportée par son pays à l’Ukraine en matière de médicaments et matériels sanitaires avant d’exhorter la communauté internationale à garantir l’établissement de couloirs humanitaires.  Il a aussi mis l’accent sur les défis en matière de sécurité énergétique.  Il a rappelé que l’action humanitaire doit être toujours guidée par ses principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance et qu’elle ne doit en aucun cas être politisée.

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a dit craindre que le Conseil s’installe dans un schéma tragique familier.  Alors que le conflit militaire devient une affaire prolongée dans laquelle la population civile continue de souffrir gravement, le Conseil, plutôt que de redoubler ses efforts diplomatiques et de négociation et de rechercher un cessez-le-feu, déploie beaucoup trop d’énergie à proférer et défendre des accusations de violations du droit international humanitaire, a-t-il estimé.  Rappelant que la responsabilité au premier chef du Conseil de sécurité est de protéger la paix et la sécurité internationales, il a exhorté celui-ci à tout faire pour trouver un moyen de négocier la paix pour l’Ukraine.  L’évolution de la situation politique en Europe, avec des alliances qui se forgent rapidement et qui risquent d’enraciner les différences, doit être stabilisée, a souligné le délégué qui y a vu la priorité de toute approche préventive.

Appelant aussi à ne pas perdre de vue que cette guerre impacte les économies et personnes vulnérables dans le monde, en raison de la perturbation des chaînes d’approvisionnement alimentaire et énergétique, il a appelé à renforcer le soutien pour d’autres situations humanitaires, en particulier dans les pays du Sud.  De même, les États doivent s’abstenir d’imposer des restrictions à l’exportation et mettre les réserves à la disponibilité des pays faisant face à une insécurité alimentaire sérieuse.  Un sentiment d’urgence et l’audace sont nécessaires si l’on veut éviter que cette guerre ne conduise à l’escalade de crises multiples dans le monde, a insisté le représentant en appelant la communauté internationale à tenir compte des recommandations du Secrétaire général à cet égard.

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a appelé à mettre fin aux souffrances civiles causées par la guerre en Ukraine.  Les récentes attaques russes contre les écoles et les civils qui s’y étaient réfugiés témoignent du plus grand mépris pour le droit international, a-t-elle dit.  Elle a appelé toutes les parties à respecter le caractère civil des écoles conformément au droit international humanitaire et souligné la nécessité d’une scolarisation continue des enfants ukrainiens, y compris les enfants déplacés.  La déléguée a insisté sur la vulnérabilité particulière des enfants non accompagnés et le risque de violence sexuelle et d’abus qui pèse sur eux.  Elle a appelé à un bon enregistrement des enfants déplacés et à des efforts pour les réunir à leurs familles.  La déléguée s’est dite alarmée par la situation des civils pris au piège dans les zones de conflit et a souligné la nécessité qu’ils soient évacués en toute sécurité.  Les atrocités commises pendant cette guerre doivent faire l’objet d’une enquête et les responsables, traduits en justice, a conclu la déléguée, en soulignant l’importance de respecter la liberté d’expression et un accès libre à l’information.  « La Russie doit mettre un terme à cette guerre et retirer ses troupes immédiatement. »

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a estimé que, même s’il faudra du temps pour que le mécanisme de surveillance de l’ONU établisse la véritable ampleur de l’impact sur les enfants de l’invasion en Ukraine, il existe déjà des éléments prouvant que la Russie commet quatre des six violations graves contre les enfants en temps de conflit armé, telles qu’énoncées par la résolution 1261 (1999) du Conseil de sécurité.  En premier lieu, a-t-elle souligné, des enfants ont été tués et mutilés, les rapports du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme faisant état d’au moins 238 enfants tués et 347 blessés.  Deuxièmement, les écoles et les crèches ont été ciblées dans toute l’Ukraine et, comme l’a montré le bombardement tragique du théâtre de Marioupol, les enfants hébergés ont été impitoyablement visés.  La déléguée a ensuite évoqué les allégations crédibles de violences sexuelles contre des enfants par les forces russes, ajoutant que les déplacements massifs ont exposé les enfants à la traite des êtres humains et à l’exploitation sexuelle.  Quatrième violation, les déportations forcées se poursuivent avec plus de 700 000 personnes concernées, dont de nombreuses mères et des enfants, qui ont été déplacés en Russie.  Pour la représentante, le risque existe d’une « génération perdue » et de la continuation d’un cycle de violence causé par l’invasion russe et la dévastation qu’elle a créée.

Jugeant qu’une action collective est nécessaire pour y remédier, la déléguée a appelé tous les pays à approuver et mettre en œuvre la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.  Selon elle, le refus de la Russie d’approuver cette déclaration fait courir un danger supplémentaire pour les enfants ukrainiens.  La communauté internationale doit, en outre, veiller à ce que toutes les allégations de crimes commis sur le territoire de l’Ukraine fassent l’objet d’une enquête, y compris les graves violations contre les enfants, quelle que soit les parties accusées de tels crimes.  Enfin, après avoir rappelé le rôle de premier plan joué par son pays dans l’effort humanitaire en Ukraine, la représentante a estimé qu’il n’y a pas de solution humanitaire à la souffrance ressentie par les enfants en Ukraine.  De fait, a-t-elle conclu, seul le retrait des troupes russes et la fin de la guerre de la Russie en Ukraine mettront fin à la cause de cette souffrance.

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) s’est dit profondément préoccupé par les informations faisant état de pertes d’enfants provoquées par l’utilisation d’armes explosives, les incidents liés aux mines et aux restes explosifs de guerre.  « Les deux parties au conflit doivent éviter l’utilisation d’armes explosives dans les zones densément peuplées, y compris à proximité des écoles ou des universités ou le long des routes qui y mènent ou en partent », a exhorté le représentant.  Par ailleurs, a-t-il ajouté, jamais les écoles et les installations médicales ne doivent être utilisées à des fins militaires.  Il a aussi jugé de la plus haute importance de mettre en œuvre la résolution 2601 (2021) sur la protection de l’éducation, dont le Brésil s’est porté coauteur l’an dernier.  La Déclaration sur la sécurité dans les écoles, que nous avons également approuvée, fournit des lignes directrices importantes sur cette question également, a ajouté le délégué.

Plus le conflit persiste, plus les dommages causés à l’éducation des enfants sont importants, a mis en garde M. de Almeida Filho.  Il a dit être préoccupé par le nombre alarmant d’enfants qui sont devenus des personnes déplacées et des réfugiés.  Le soutien de la communauté internationale est plus que jamais nécessaire, en particulier pour les enfants non accompagnés ou séparés de leurs parents et des membres de leur famille, a dit le représentant.  Lorsqu’ils sont contraints de se retrouver dans la condition de réfugiés ou de personnes déplacées, les enfants peuvent devenir plus vulnérables aux crimes, notamment à la violence et à l’exploitation sexuelles, a-t-il ajouté en souhaitant que leur intégrité physique et leur bien-être soient une priorité pour tous les États Membres.  « Conformément à sa tradition de solidarité », le Brésil a accordé des visas humanitaires et des permis de séjour aux Ukrainiens déplacés et aux apatrides affectés ou déplacés par le conflit armé en Ukraine, a dit le délégué en précisant que ces étudiants, une fois sur le territoire brésilien, ont pleinement accès à tous les services publics et avantages sociaux, sur un pied d’égalité avec les ressortissants brésiliens.  En outre, la société civile brésilienne s’est montrée coopérative et se mobilise pour fournir une assistance spécialisée supplémentaire afin de faciliter l’intégration locale, a précisé le représentant. 

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a appelé le Conseil de sécurité à répondre à la destruction de centaines d’écoles, y compris de jardins d’enfants, notamment en appuyant l’intégrité et l’impartialité du programme sur les enfants et les conflits armés.  Elle a réitéré la nécessité de prendre des mesures pour remédier à la perturbation de l’éducation, ainsi que pour fournir des services psychosociaux, de santé mentale et des soins médicaux.  Les capacités de protection de l’enfance en Ukraine doivent également être dotées de ressources de manière urgente. 

La représentante a appelé le Secrétaire général et la Représentante spéciale pour le sort des enfants en temps de conflit armé à faire figurer l’Ukraine en tant que « situation alarmante » dans le prochain rapport annuel sur les enfants et les conflits armés afin de soutenir davantage le travail de surveillance effectué de l’ONU.  Elle a noté que les évacuations de Marioupol négociées par le Secrétaire général et l’ONU ont montré qu’il est possible de faire le nécessaire pour les civils et que le système de notification humanitaire peut fonctionner.  Des mesures telles que les « jours de tranquillité » devraient être explorées, a-t-elle suggéré.  La déléguée a ensuite appelé à la Fédération de Russie à retirer ses forces et à s’engager dans un véritable dialogue en faveur de la paix. 

M. DAI BING (Chine) a souligné que la protection des enfants incombe à toutes les parties au conflit.  Il s’est félicité de l’évacuation en toute sécurité de civils, dont des enfants, de l’aciérie de Marioupol grâce à l’UNICEF et le système des Nations Unies dans son ensemble.  Après avoir condamné la récente attaque contre une école qui a fait des dizaines de victimes, le représentant a affirmé que les écoles ne devaient jamais être prises pour cibles.  Les faits doivent être tirés au clair et toutes les accusations doivent être fondées sur des preuves, a insisté le délégué avant d’appeler à ce que tous les enfants dans le besoin bénéficient d’une aide humanitaire.  Il a aussi exhorté l’UNICEF, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) et le Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) à accroître leurs activités de surveillance pour aider les pays voisins de l’Ukraine à prévenir toute violation des droits des enfants, s’inquiétant notamment des risques de traite des êtres humains.  Notant que l’éducation est une lueur d’espoir pour les enfants victimes de conflit, le représentant de la Chine a particulièrement salué les initiatives de l’UNICEF pour garantir une éducation aux enfants déplacés et réfugiés. 

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a rappelé qu’une guerre est toujours traumatisante, notamment pour les enfants.  « La guerre en Ukraine ne fait pas exception. »  Elle a rappelé les conséquences des conflits pour les enfants en Syrie, au Yémen ou bien encore dans la Corne de l’Afrique.  Afin d’éviter une autre « génération perdue » d’enfants en Ukraine, la déléguée a exhorté les acteurs à mettre un terme à la guerre.  Elle a dénoncé les destructions d’écoles en Ukraine, en rappelant qu’une école sur six appuyées par l’UNICEF ont été endommagées ou détruites depuis le début de la guerre.  Elle a soutenu les efforts pour assurer une scolarisation en ligne des enfants.  La déléguée a demandé que les cas de violence sexuelle fassent l’objet d’une enquête et appelé toutes les parties à respecter le droit international humanitaire.  Enfin, elle a noté les conséquences de la guerre en Ukraine pour la sécurité alimentaire dans le monde, notamment celle des enfants.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a rappelé que, depuis plus de huit ans en Ukraine, le « régime de Kiev » est en guerre civile contre son peuple.  « Quels plans aviez-vous mis en place pour les enfants du Donbass? »  Il a accusé les autorités de Kiev d’avoir, par leurs bombardements, contraint ces enfants à rester dans leurs caves alors que l’armée ukrainienne ciblait les écoles, les hôpitaux, les terrains de jeux et des infrastructures civils clefs.  Sur la période de 2014 à 2022, on dénombre plus de 200 faits de dommages aux établissements scolaires, près de la moitié desquels sont des écoles et des jardins d’enfants, a-t-il décompté en notant qu’au cours du printemps dans le Donbass, sous les obus ukrainiens, des enfants meurent à nouveau.  Le délégué a dit que 190 000 enfants sont pris en charge par la Fédération de Russie selon des chiffres du début de ce mois.  Certains d’entre eux sont venus en Russie avec leurs tuteurs et environ 1 200 venaient des internats de la République populaire de Donetsk et de la République populaire de Louhansk.  Il a assuré que la Russie travaille avec les autorités de ces deux républiques en matière d’adoption d’orphelins.  En ce qui concerne les enfants réfugiés, la Fédération de Russie organise un processus de placement et assure leur éducation dans des écoles ordinaires, ou par le biais de l’apprentissage à domicile et à distance.

Le représentant a indiqué que les forces armées russes mettent tout en œuvre pour assurer la sécurité des enfants lors des opérations militaires spéciales en Ukraine.  Il a condamné fermement les violations des normes du droit international humanitaire, en particulier celles commises contre les enfants.  Réagissant aux accusations entendues chez certains collègues au sujet de violations des droits de l’enfant par les Russes, il a souligné que lors d’une interview à Belsat TV, la Commissaire du Président de l’Ukraine pour les droits de l’enfant, Mme Daria Gerasimchuk, a déclaré que « le Bureau du Procureur général d’Ukraine n’a pas confirmé un tel fait ».  Selon lui, de nombreux bâtiments d’établissement d’enseignement ont été utilisés par l’armée ukrainienne comme sites de combats et c’est pour cela que les infrastructures ont reçu d’importants dégâts.  Il a même affirmé que la destruction intentionnelle de biens à caractère civil est la « carte de visite » de Kiev. 

M. Nebenzia a rappelé que le 6 mai, la Russie a tenu une réunion informelle du Conseil de sécurité selon la « formule Arria » et a donné la parole non seulement à des journalistes étrangers indépendants, mais aussi à des résidents ordinaires des deux républiques populaires.  Ces derniers ont ainsi raconté comment le pseudo-héroïque bataillon « Azov » a abattu des civils, y compris des bus avec des enfants qui essayaient de quitter des zones de guerre.  Le délégué a dit que la Russie documente soigneusement ces violations du droit international humanitaire.  Hier, par exemple, une école a été bombardée dans le village de Solokhi dans la région de Belgorod sur le territoire de la Fédération de Russie, a-t-il dit.  Selon lui, le régiment « Azov » recrute depuis de nombreuses années des enfants dans les forces armées ukrainiennes et leur apprend à haïr tout ce qui est russe.  Il a aussi évoqué l’éducation ukrainienne, faisant part de contenus de manuels scolaires dans lesquels l’histoire est révisée et où on magnifie l’usage des armes à feu contre les « séparatistes » et les « occupants ».  Il a, sur le ton de l’humour, pris l’exemple d’un manuel de 8e année dans lequel on apprend aux enfants que les ancêtres des Français, des Espagnols, des Portugais, des Turcs et même des Juifs sont venus d’Ukraine.  M. Nebenzia a évoqué le rôle joué en ce sens par M. Valery Bebik qui fut en 2015 le principal historien ukrainien, et dont la renommée et les honneurs qui l’entourent dans son pays font du personnage « le père de l’historiographie ukrainienne moderne ».

Mme EDWIGE KOUMBY MISSAMBO (Gabon) a constaté que la situation humanitaire en Ukraine empire au fil des combats.  À ce jour, a-t-elle rappelé, plus de 13 millions de personnes ont été forcées à fuir et la moitié des réfugiés et des personnes déplacées sont des enfants, dont bon nombre sont des mineurs non accompagnés, ce qui les expose à toutes sortes d’abus, de trafic et d’exploitation.  Ces fragilités sont exacerbées par les difficultés quotidiennes inhérentes aux pénuries d’eau et aux difficultés d’accès aux soins et à l’énergie, a-t-elle relevé, ajoutant que les statistiques du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) relatives aux enfants tués ou blessés durant les combats « font froid dans le dos ».  La représentante a souhaité qu’un effort particulier de la communauté internationale soit fait pour atténuer les conséquences de cette guerre sur la scolarisation des enfants.  Saluant l’action menée à cette fin par l’UNICEF, elle a également félicité les pays qui ont mis en place les conditions permettant de scolariser dans l’urgence les enfants réfugiés venant d’Ukraine.  Elle a par ailleurs encouragé toutes les agences spécialisées de l’ONU déployées sur le terrain à mener des opérations conjointes avec l’UNICEF pour limiter les traumatismes des enfants victimes de la guerre et protéger les familles.  À côté de ces actions, les discussions doivent se poursuivre en vue d’une résolution politique de la situation, avec pour objectif de mettre fin à la guerre, a-t-elle dit, jugeant que c’est « la plus grande action qui puisse être faite en faveur des enfants ». 

Mme CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana) s’est dite profondément préoccupée par l’absence de progrès satisfaisants dans la recherche d’une solution à la situation.  Sans la cessation immédiate des hostilités, les 7,5 millions d’enfants en Ukraine continueront d’être mis en danger par l’escalade du conflit armé, a-t-elle craint.  Elle a trouvé très décourageant de voir des images d’étudiants forcés de se cacher dans des caves et des abris antibombes et celles d’enfants manquant des mois de scolarité, ce qui aura certainement un impact négatif sur leur avenir.  Non seulement l’impunité et la brutalité à l’encontre des enfants, des écoles et des établissements scolaires en Ukraine doit cesser, mais également les auteurs doivent être tenus responsables de leurs actes, a exigé la représentante.  Elle a aussi souhaité que les efforts humanitaires ne se concentrent pas seulement sur les besoins physiques des enfants touchés en Ukraine, mais aussi sur leurs besoins psychologiques et leur détresse émotionnelle, car la guerre entraînera un traumatisme psychologique durable.  La déléguée a enfin appelé les pays d’accueil et de transit à veiller à ce que l’intérêt supérieur des enfants, y compris dans le cadre des possibilités d’apprentissage, soit un élément essentiel de leur assistance. 

M. RICHARD M. MILLS (États-Unis) a dénoncé les immenses souffrances de la guerre « non nécessaire et brutale » de la Fédération de Russie infligées aux civils et aux enfants.  Les enfants ont été déplacés, rendus orphelins, tués et blessés, a-t-il déploré en notant que près de la moitié des 14 millions de personnes qui ont dû fuir leur foyer sont des enfants innocents.  Au lieu de grandir et de s’épanouir, ces enfants peinent à survivre au quotidien dans des circonstances désastreuses, a encore souligné le délégué avant de mentionner aussi que d’innombrables hôpitaux et écoles sont détruits.  Depuis le début de l’invasion, près de 20 écoles ont été ciblées au quotidien sans parler des attaques contre des hôpitaux.  Ce week-end, a dit le représentant, une bombe s’est abattue sur une école et a tué 60 personnes dont de nombreux enfants.  « Aujourd’hui, on apprend même que des violences sexuelles sont commises contre des femmes, des filles, des garçons et des personnes LDGBTQ. »  Le délégué s’est dit préoccupé de savoir que les forces russes ont mis en place un gouvernement dans une ville qu’elles occupent en obligeant les écoles à suivre le programme scolaire russe « afin d’éliminer toute trace d’identité et de culture ukrainiennes ». 

Le représentant a craint de nombreux risques pour les enfants qui sont à la merci de la traite des êtres humains ou d’autres formes d’abus en particulier pour les mineurs non accompagnés ou séparés de leurs parents ou de leurs tuteurs.  Il a aussi dit être préoccupé par le filtrage des Ukrainiens expulsés vers la Russie et les effets sur leur santé mentale y compris pour les générations futures.  Si on ne leur fournit pas un soutien psychosocial, le traumatisme de ces expériences pourrait avoir de longues conséquences, a prévenu le représentant avant d’appeler la Russie à mettre un terme à cette guerre contre l’Ukraine et à respecter ses obligations au titre du droit international humanitaire.  La Russie doit notamment prendre les précautions nécessaires afin d’éviter que des torts soient portés aux civils y compris aux enfants, a-t-il plaidé.  Toutes les parties au conflit devraient faciliter l’accès sans entrave aux acteurs et aux fournitures humanitaires afin de garantir que soit acheminée l’aide humanitaire nécessaire et que soient menées les évacuations en toute sécurité.  Le délégué a appelé le Secrétaire général et la Représentant spéciale Virginia Gamba à ajouter l’Ukraine, en tant que « situation inquiétante », dans le rapport à venir sur le sort des enfants en temps de conflit armé étant donné l’ampleur des allégations de violations commises contre les enfants par la Russie entre 2014 et 2021.  « Étant donné les violations croissantes de la Russie en Ukraine, la communauté internationale est tenue de protéger les enfants. »

M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a rendu hommage aux défenseurs de Marioupol qui ont fait l’impossible en repoussant les troupes russes depuis trois mois sans aucun approvisionnement.  Il a rappelé que les occupants russes ont déjà fait 20 000 victimes à Marioupol soit deux fois plus que le nombre de victimes dues à l’invasion nazie durant la Seconde Guerre mondiale.  Il a appelé l’ONU à tout mettre en œuvre pour permettre aux personnes blessées et malades de l’aciérie d’Azovstal d’avoir accès aux soins et aux traitements nécessaires.  Il a appelé le Secrétaire général à tout mettre en œuvre afin que les blessées et malades soient mis à l’abri là où leur vie sera garantie avant de préciser que la captivité russe ne peut être une option pour les combattants d’Azovstal. 

Par ailleurs, le représentant ukrainien a dénoncé la pratique des camps de filtrage russes qui constituent des violations flagrantes des droits des enfants, puisque les enfants sont séparés de leur mère dans ces opérations de filtrage.  C’est pourquoi, il a exhorté l’UNICEF à protéger les droits des enfants ukrainiens notamment de ceux séparés de leurs parents par l’occupant russe.  « La Russie poursuit sa terreur au moyen de bombardements quotidiens ciblant surtout des civils et infrastructures civiles », a insisté le représentant ukrainien avant de citer plus de 200 enfants tués et plus de 400 blessés.  Il s’est aussi inquiété de l’adoption illégale par des citoyens russes d’enfants ukrainiens.  Il a déclaré qu’un million d’Ukrainiens, dont 200 000 enfants et 2 000 orphelins, auraient été transférés vers la Russie avant d’exhorter UNICEF et le HCR à solliciter un accès à ces enfants afin de s’enquérir de leur état de santé.

Par ailleurs, après avoir cité la destruction de 80 installations sanitaires par l’occupant russe, le représentant de l’Ukraine a expliqué que l’interruption des traitements des maladies chroniques à cause de la guerre a provoqué la mort de 3 000 malades.  Après avoir noté que le traitement des cancers est totalement interrompu en Ukraine en raison du conflit, il s’est particulièrement inquiété des difficultés rencontrées par 2,7 millions de personnes handicapées en Ukraine.  Enfin, il a appuyé le projet d’une enquête spéciale sur les crimes de guerre commis par l’occupant russe en Ukraine et notamment dans la région de Kiev. 

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie), s’exprimant au nom des pays baltes (Lettonie, Lituanie et Estonie), a indiqué que les enfants ont été et continuent d’être des cibles pour la Fédération de Russie.  Selon les estimations qui sont en deçà de la réalité, 238 enfants ont été tués et plus de 300 blessés en Ukraine depuis le 24 février dernier, a-t-il dénoncé.  Il a aussi noté que des centaines d’écoles et d’établissements d’enseignement ont été détruits ou endommagés, le plus récemment à Bilohorivka où plus de 60 personnes ont péri après qu’une bombe russe a rasé l’école.  Il a indiqué que selon le Commissaire ukrainien aux droits de l’homme, plus de 121 000 enfants ont été expulsés de force vers la Fédération de Russie.  Le délégué a appelé l’ONU et les organisations compétentes à faire le suivi des cas de déportations forcées, et des démarches russes de modifications législatives dans le but d’accélérer l’adoption d’enfants d’Ukraine, en violation de la Convention relative aux droits de l’enfant.  Il a ensuite fait savoir qu’en plus des 46 millions d’euros fournis en aide à l’Ukraine, les pays baltes ont accueilli ceux qui fuyaient la guerre et leur ont offert l’accès à leur système d’éducation et de santé, ainsi que des possibilités d’apprentissage en ligne et un soutien en santé mentale.

Mme JOANNA SYLWIA SKOCZEK (Pologne) a rappelé que plus de trois millions d’Ukrainiens ont trouvé refuge en Pologne, dont une majorité d’enfants et de femmes, avant de mentionner les efforts de son pays pour assurer l’éducation de ces enfants.  Nous mettons à disposition des enseignements en ligne pour les enfants et les aidons à surmonter la barrière de la langue, a dit la déléguée.  « Nous avons également organisé des cours de langue pour les enseignants ukrainiens. »  Elle a aussi précisé qu’un accent est mis sur les enfants handicapés, avant de citer également l’aide apportée aux chercheurs ukrainiens.  La déléguée a déploré les attaques contre les écoles en Ukraine et demandé que les responsables rendent des comptes.  La Pologne fait de son mieux pour assurer le bien-être des enfants ukrainiens en cette période terrifiante, a conclu la déléguée polonaise.

M. MICHAL MLYNÁR (Slovaquie) a catégoriquement condamné les attaques russes visant des écoles, y compris la plus récente à Bilohorivka.  Cette attaque, ainsi que toutes celles contre des civils et des infrastructures civiles, doit faire l’objet d’une enquête approfondie et justice doit être rendue, a-t-il exigé.  Il a indiqué que depuis le début de l’agression de la Fédération de Russie en février, plus de 136 000 enfants sont entrés en Slovaquie et plus de 30 000 y ont obtenu une protection temporaire.  Les enfants fuyant l’Ukraine bénéficient d’une prise en charge complexe, comprenant une assistance psychologique et sociale, des soins médicaux et une aide pour se connecter ou se réunir avec leurs proches et leurs familles, a expliqué le représentant.  Environ 10 000 enfants âgés de 3 à 17 ans ont pu être inscrits dans des écoles slovaques et la Slovaquie travaille dur pour augmenter ce nombre afin de fournir à tous les enfants en fuite y séjournant une éducation appropriée.  Les enfants impliqués dans le processus éducatif ont également droit à une subvention alimentaire, a-t-il ajouté.  En collaboration avec l’UNICEF et le HCR, la Slovaquie a convenu d’élaborer un plan conjoint de renforcement des capacités de protection de l’enfance et a annoncé la semaine dernière à Varsovie une contribution financière supplémentaire de 540 000 euros, qui comprend une contribution de 130 000 euros pour les programmes et projets pertinents de l’UNICEF.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Abyei: le Conseil de sécurité proroge de six mois le mandat de la FISNUA

9031e séance – matin
CS/14888

Abyei: le Conseil de sécurité proroge de six mois le mandat de la FISNUA

Ce matin, le Conseil de sécurité a décidé de proroger jusqu’au 15 novembre 2022 le mandat de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA) en en maintenant les effectifs militaires et policiers actuellement autorisés.

En adoptant à l’unanimité la résolution 2630 (2022) présentée par les États-Unis, le Conseil demande instamment aux Gouvernements soudanais et sud-soudanais d’apporter un appui sans réserve à la Force, notamment en éliminant tout obstacle aux mesures qu’elle prend pour s’acquitter de son mandat de protection des civils à Abyei.  Les deux gouvernements sont également instamment priés de faciliter le bon fonctionnement de toutes les bases d’opérations de la FISNUA et du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière. 

Le Conseil exhorte en particulier le Soudan du Sud à intensifier le dialogue avec les populations locales afin de faciliter le redéploiement du personnel de la FISNUA sur les sites que celui-ci occupait précédemment, y compris à Gok Machar.  Il demande aussi aux Gouvernements soudanais et sud-soudanais et aux populations locales de prendre toutes les mesures nécessaires pour procéder à la démilitarisation effective d’Abyei et de collaborer pleinement avec la Force à cet égard. 

Après l’adoption de ce texte, la Fédération de Russie a indiqué qu’un accord sur le statut final de la région contestée ne peut être conclu que par les forces conjointes des deux États « sans pression extérieure », en insistant sur l’importance pour le porte-plume d’adopter d’une approche impartiale.  « Nous espérons que nos collègues américains tiendront compte de cette considération dans leurs travaux futurs », a ajouté le délégué.  Ce dernier a par ailleurs relevé que des manifestations de population locale ont empêché la FISNUA de remplir son mandat à plusieurs reprises.  Suite à cela, la Russie a mis en avant une proposition constructive portant sur les projets à impact rapide mis en œuvre avec succès par les Casques bleus.  Or celle-ci n’a pas été intégrée dans la résolution, a-t-il regretté.

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Texte du projet de résolution (S/2022/387)

Le Conseil de sécurité,

Réaffirmant toutes ses résolutions antérieures et toutes les déclarations de sa présidence concernant la situation à Abyei et le long de la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud, et soulignant qu’il importe de s’y conformer et de les appliquer pleinement,

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale du Soudan et du Soudan du Sud, ainsi qu’aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, et rappelant l’importance des principes de bon voisinage, de non-ingérence et de coopération régionale,

Déclarant de nouveau que les frontières territoriales des États ne sauraient être modifiées par la force et que les différends territoriaux doivent être réglés exclusivement par des moyens pacifiques, affirmant qu’il donne la priorité à la mise en œuvre intégrale et immédiate de tous les éléments de l’Accord de paix global encore en suspens et insistant sur le fait que le statut final d’Abyei doit être déterminé par voie de négociations entre les parties dans le respect de l’Accord de paix global et non par des actions unilatérales de l’une ou l’autre des parties, et rappelant les accords précédents sur l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei,

Se félicitant de la coopération constante entre le Gouvernement de la République du Soudan et le Gouvernement de la République du Soudan du Sud dans l’intérêt de la paix, de la sécurité et de la stabilité, prenant acte des efforts déployés par les deux gouvernements pour soutenir leurs processus de paix respectifs, encourageant le Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité et les autres mécanismes conjoints à se réunir régulièrement, et exhortant les parties à faire avancer la mise en place d’arrangements provisoires pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei,

Encourageant l’Union africaine, le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine et l’Envoyée spéciale du Secrétaire général pour la Corne de l’Afrique à intensifier leur rôle de médiation auprès des Gouvernements soudanais et sud-soudanais afin de les inciter à mettre en place des arrangements provisoires pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei, comme énoncé dans l’Accord entre le Gouvernement de la République du Soudan et le Mouvement populaire de libération du Soudan concernant les arrangements provisoires pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei de 2011, et de parvenir à un règlement politique sur le statut final d’Abyei, et se félicitant du concours que continue de prêter aux parties la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA),

Exprimant sa profonde inquiétude face aux récentes violences survenues dans la région d’Abyei, et demandant instamment que cessent les violences et que soit rendu possible un accès humanitaire total, sûr et sans entrave, soulignant à cet égard l’importance des initiatives de la FISNUA visant à soutenir le dialogue communautaire et les efforts déployés par les Misseriya, les Ngok Dinka et toutes les autres communautés, notamment dans le cadre des comités de paix locaux et de la Conférence de paix conjointe des chefs coutumiers, pour renforcer les relations intercommunautaires et promouvoir la stabilité et la réconciliation dans la zone d’Abyei, ainsi que de ses efforts visant à promouvoir la participation pleine, égale et effective des femmes à ces processus, conformément à la résolution 1325 (2000) et aux résolutions connexes, encourageant la FISNUA à travailler en coordination avec l’administration mise en place à Abyei par Djouba, avec l’administration misseriya à Moughlad et avec l’administration mise en place par Khartoum, en s’appuyant sur les capacités civiles voulues, pour maintenir la stabilité, promouvoir la réconciliation intercommunautaire et faciliter le retour des personnes déplacées dans leurs villages ainsi que la prestation des services, et se félicitant de l’initiative relative au lancement d’un programme conjoint des Nations Unies pour Abyei, qui bénéficie de l’appui des équipes de pays des Nations Unies au Soudan et au Soudan du Sud,

Se déclarant vivement préoccupé par les menaces et les attentats visant les forces de maintien de la paix de la mission, soulignant fermement que toutes les attaques perpétrées contre le personnel des Nations Unies sont inacceptables et réaffirmant que de telles attaques, qui sont susceptibles de constituer des crimes de guerre, doivent donner lieu sans tarder à des enquêtes approfondies et que leurs auteurs doivent être amenés à en répondre,

Sachant que la population de la zone d’Abyei continue de dépendre de l’assistance humanitaire, qu’il demeure crucial de permettre aux organisations humanitaires d’accéder aux populations qui ont besoin d’aide et que les organisations humanitaires continuent de fournir une assistance à 240 000 personnes dans la zone d’Abyei, et sachant également que l’aide aux moyens de subsistance et la résilience au niveau communautaire sont essentielles pour mettre fin aux conflits qui ont pour moteur l’insécurité alimentaire,

Prenant note du rapport du Secrétaire général du 14 avril 2022 (S/2022/316),

Constatant que la situation actuelle à Abyei et le long de la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud continue de menacer la paix et la sécurité internationales,

1.    Décide de proroger jusqu’au 15 novembre 2022 le mandat de la FISNUA énoncé au paragraphe 2 de la résolution 1990 (2011) et, agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, décide également de proroger jusqu’au 15 novembre 2022 les tâches confiées à la Force définies au paragraphe 3 de la résolution 1990 (2011), et décide en outre que la Force doit continuer de s’acquitter de ce mandat et des tâches qui en découlent, conformément à la résolution 2609 (2021);

2.    Décide de proroger jusqu’au 15 novembre 2022 le mandat de la FISNUA modifié par sa résolution 2024 (2011) et le paragraphe 1 de sa résolution 2075 (2012), qui prévoit que la Force fournisse un appui au Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, et décide également que la Force doit continuer de s’acquitter de ce mandat et des tâches qui en découlent, conformément à la résolution 2609 (2021);

3.    Maintient les effectifs militaires et policiers maximums actuellement autorisés, tels qu’ils sont fixés aux paragraphes 4 et 5 de la résolution 2609 (2021) et exprime son intention de rester saisi des recommandations que le Secrétaire général a formulées dans sa lettre du 17 septembre 2021 (S/2021/805);

4.    Demande instamment aux Gouvernements soudanais et sud-soudanais d’apporter un appui sans réserve à la Force de sorte qu’elle puisse s’acquitter de sa mission et déployer ses effectifs, en éliminant tout obstacle aux mesures qu’elle prend pour s’acquitter de son mandat de protection des civils à Abyei, en garantissant la sûreté, la sécurité et la liberté de circulation du personnel et des biens des Nations Unies, conformément à leur responsabilité première en tant qu’États hôtes et aux accords sur le statut des forces, et en facilitant le ravitaillement de la FISNUA en nourriture, en médicaments et autres fournitures;

5.    Prie instamment les Gouvernements soudanais et sud-soudanais de faciliter le bon fonctionnement de toutes les bases d’opérations de la FISNUA et du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, et d’instaurer un climat de coopération mutuelle pour permettre à la FISNUA et à ses partenaires de mener leurs activités, exhorte le Soudan du Sud à intensifier le dialogue avec les populations locales afin de faciliter le redéploiement du personnel de la FISNUA sur les sites que celui-ci occupait précédemment, y compris à Gok Machar, et prie le Secrétaire général, conformément à la résolution 2609 (2021), de veiller à ce que la FISNUA prenne des mesures en faveur du renforcement de la confiance, de la facilitation, de la médiation, de la mobilisation des populations locales et de la communication stratégique afin d’appuyer l’exécution du mandat de la mission et les activités de protection, de collecte d’informations et d’appréciation de la situation menées par la FISNUA, et de lutter contre la désinformation et la mésinformation qui pourraient entraver la capacité de la mission et du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière à exécuter leurs mandats respectifs;

6.    Réaffirme que la zone d’Abyei doit être démilitarisée, toutes les forces autres que celles de la FISNUA et du Service de police d’Abyei devant s’en retirer, ainsi que les éléments armés des populations locales, et demande instamment aux Gouvernements soudanais et sud-soudanais et aux populations locales de prendre toutes les mesures nécessaires pour procéder à la démilitarisation effective d’Abyei et de collaborer pleinement avec la Force à cet égard;

7.    Prie le Secrétaire général de continuer de l’informer des progrès accomplis dans l’exécution du mandat de la FISNUA, tel qu’il est défini au paragraphe 34 de la résolution 2609 (2021), en particulier en ce qui concerne l’augmentation des effectifs de police, la nomination d’un chef de mission adjoint civil, l’utilisation de l’aéroport d’Athony et la délivrance de visas à l’appui de l’exécution du mandat de la mission, ainsi que des avancées réalisées sur les questions énoncées au paragraphe 5 de la présente résolution, et de lui présenter un rapport écrit au plus tard le 15 octobre 2022;

8.    Décide de rester activement saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.