En cours au Siège de l'ONU

Biodiversité marine: la Conférence intergouvernementale « BBNJ » achève ses travaux de négociations avec un avant-projet d’accord à parachever lors d’une cinquième session en août

Quatrième session,
après-midi
MER/2139

Biodiversité marine: la Conférence intergouvernementale « BBNJ » achève ses travaux de négociations avec un avant-projet d’accord à parachever lors d’une cinquième session en août

« Je crois qu’avec une détermination et un dévouement continus, nous pourrons construire des ponts et combler les lacunes restantes. »  C’est par ces mots empreints d’espoir que la Présidente a conclu les travaux de la quatrième session de la conférence intergouvernementale chargée de rédiger un instrument juridiquement contraignant sur la préservation de la diversité marine des zones ne relevant pas des juridictions nationales, dont le surnom est « BBNJ ».  

Cette quatrième session, reportée à deux reprises en raison de la pandémie de COVID-19, devait être la dernière, mais à défaut d’avoir pu finaliser le texte sur lequel elle travaille, ses participants ont décidé de proposer à l’Assemblée générale de convoquer une session supplémentaire « aussi rapidement que possible » pour « enregistrer des progrès ».   Dirigée par Mme Rena Lee (Singapour), la Conférence s’est tenue du 7 au 18 mars au Siège des Nations Unies à New York, avec le soutien du Secrétaire général de la Conférence, M. Miguel de Serpa Soares qui est également Secrétaire général adjoint aux affaires juridiques et Conseiller juridique de l’ONU. 

C’est par sa résolution 72/249 du 24 décembre 2017 que l’Assemblée avait décidé de convoquer la « Conférence intergouvernementale sur un instrument international juridiquement contraignant se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l’utilisation durables de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale », la première ayant eu lieu en septembre 2018. 

La quatrième session de négociations, qui s’est déroulée essentiellement en séances informelles, a travaillé sur un texte qui reprend les quatre principaux volets retenus en 2011 pour le périmètre du futur instrument: les questions concernant les ressources génétiques marines, y compris celles liées au partage des avantages; les mesures telles que les outils de gestion par zone, dont les aires marines protégées; les études d’impact sur l’environnement; et le renforcement des capacités ainsi que le transfert de techniques marines.  Les négociations ont également porté sur un certain nombre de questions « transversales » comme les institutions nécessaires ou encore le mode de règlement des différends. 

Même si le texte n’est pas encore finalisé, toutes les délégations ont salué les avancées réalisées au cours de la session.  La Présidente les a encouragées à continuer de travailler entre elles, y compris au sein des groupes et régions, pour trouver des solutions créatives aux problèmes qui se dressent encore entre les négociateurs et le texte final.  Le rapport de la session indique que « la Conférence examinera la marche à suivre à la lumière du fait que la quatrième session a été la dernière des quatre sessions demandées par l’Assemblée générale ». Sur proposition de la Fédération de Russie et après une discussion entre délégations, la Conférence a toutefois « considéré qu’une session supplémentaire de la Conférence sera nécessaire aussi rapidement que faire se peut pour enregistrer des progrès ».   Le rapport sera finalisé par la Présidente et transmis à l’Assemble générale qui décidera de la marche à suivre. 

Revenant sur les principaux points d’achoppement, Mme Lee a relevé qu’en ce qui concerne le renforcement des capacités et le transfert de technologies marines, d’autres discussions seront nécessaires pour déterminer notamment si ces activités se feront sur une base obligatoire ou de manière volontaire.  Elle a souligné qu’il faudra aussi discuter plus avant d’un éventuel système qui aiderait à atteindre des objectifs justes et équitables du partage des avantages, les opinions divergent sur la question de savoir si un tel système devrait briller par sa traçabilité et sa transparence.  Au chapitre des études d’impact sur l’environnement, une des questions dont l’examen est à reprendre porte sur l’élément déclencheur pour la conduite des études. 

Au titre des questions transversales, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour combler des lacunes en matière d’arrangements institutionnels. Pour le financement, il faudra poursuivre les travaux pour établir les sources de financement devant aider les États parties dans leur mise en œuvre de l’accord, y compris les contributions obligatoires des États parties.  À propos du règlement des différends, alors que certains États penchent pour se référer aux dispositions de la partie XV de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, d’autres voudraient que le futur accord prévoie des procédures de règlement spécifiques. 

Les discours de clôture des participants ont été l’occasion d’exprimer leurs positions sur les points qui demandent encore des clarifications.  Les délégués ont été nombreux, comme le Groupe des 77 et de la Chine, à insister sur le principe du patrimoine commun de l’humanité qui doit guider et étayer le nouveau régime juridique portant sur la biodiversité marine.  Ce principe constitue le fondement juridique d’un régime juste et équitable qui permettrait à tous les pays de bénéficier du potentiel que représente la biodiversité marine en termes de sécurité alimentaire et de prospérité économique mondiales, a expliqué le G77.  Les pays sans littoral ont le plein droit d’accéder aux ressources marines et de les exploiter, comme le prévoit la Convention sur le droit de la mer, a d’ailleurs rappelé la Bolivie. 

Pour sa part, l’Union européenne a souligné « l’urgence absolue » de ce travail et insisté sur l’importance de mener à bien ces négociations en 2022, année du quarantième anniversaire de la Convention.   Pour la Présidente, « la destination est en vue » si tous travaillent pour aller dans la même direction. 

Par ailleurs, le Secrétariat de la Conférence a fourni des informations sur le fonds d’affectation spéciale créé en application de la résolution 69/292 de l’Assemblée générale et qui a pour but d’aider les pays en développement, en particulier les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement, à assister aux réunions de la Conférence.  La Division des affaires maritimes et du droit de la mer (DOALOS) a reçu 18 demandes et a pu prendre en charge les frais de session de 14 pays.  Le G77, le Mexique au nom du CLAM (Core Latin American), ainsi que d’autres délégations, ont remercié les donateurs, tout en appelant à allouer davantage de ressources au fonds.

CONFÉRENCE INTERGOUVERNEMENTALE CHARGÉE D’ÉLABORER UN INSTRUMENT INTERNATIONAL JURIDIQUEMENT CONTRAIGNANT SE RAPPORTANT À LA CONVENTION DES NATIONS UNIES SUR LE DROIT DE LA MER ET PORTANT SUR LA CONSERVATION ET L’UTILISATION DURABLE DE LA BIODIVERSITÉ MARINE DES ZONES NE RELEVANT PAS DE LA JURIDICTION NATIONALE

Dans son discours de clôture, la Présidente de la Conférence, Mme RENA LEE, Ambassadrice pour les océans et le droit de la mer et Envoyée spéciale du Ministre des affaires étrangères de Singapour, a rappelé que la Conférence avait convenu de procéder sous la forme de discussions «  informelles » pour aborder les quatre questions thématiques du paquet énoncé dans la résolution 72/249 de l’Assemblée générale ainsi que les questions transversales.  Au cours de la présente session, ces réunions ont été animées par les facilitateurs qui ont présenté leurs rapports entre les 14 et 18 mars.  Elle a également rappelé que le 18 mars, le Président du Comité de vérification des pouvoirs a présenté son rapport (A/CONF.232/2022/3). 

Mme Lee a salué la souplesse et l’attitude constructive dont les délégations ont fait preuve au cours de la session.  Elle a affirmé que la quatrième session a fait de nouveaux progrès dans l’élaboration du projet de texte d’un accord.  « Je crois qu’avec une détermination et un dévouement continus, nous pourrons construire des ponts et combler les lacunes restantes, y compris sur les questions que nous n’avons pas été en mesure de résoudre durant cette session. » 

Revenant sur les principaux points d’achoppement, Mme Lee a prévenu que d’autres discussions seront nécessaires pour déterminer notamment si le renforcement des capacités et le transfert de technologies marines se feront sur une base obligatoire ou de manière volontaire.  En ce qui concerne les ressources génétiques marines, y compris les questions relatives au partage des avantages, il semble y avoir une tendance générale au développement d’un système de notification pour la collecte ou l’accès à ces ressources situées dans les zones au-delà de la juridiction nationale, les délégations faisant preuve de souplesse.  Il y aura donc besoin de continuer à peaufiner certains détails d’un tel système.  Alors qu’il y avait un avis généralement favorable à l’idée de rendre obligatoire le partage d’au moins certains avantages, il faut plus d’engagement sur le partage des autres avantages, y compris les avantages monétaires, et sur les modalités de ce partage, a-t-elle aussi signalé.  La Présidente a souligné que d’autres discussions seront également nécessaires sur un éventuel système qui aiderait à atteindre des objectifs justes et équitables du partage des avantages, les opinions divergeant sur la question de savoir si un tel système devrait « briller » par sa traçabilité et sa transparence. 

En ce qui concerne les mesures telles que les outils de gestion territoriale, y compris les aires marines protégées, il semble y avoir un large consensus, a poursuivi Mme Lee.  Elle a reconnu que d’autres consultations seraient nécessaires, y compris sur les rôles respectifs des États parties et de la Conférence des Parties.  Sur la question des études d’impact sur l’environnement, il ressort clairement des échanges qu’un engagement continu sera nécessaire sur des questions telles que le déclencheur pour la conduite des études.  En ce qui concerne l’internationalisation, des travaux supplémentaires sont nécessaires pour déterminer quel rôle, le cas échéant, la Conférence des Parties et le Comité scientifique et l’organisme technique devraient avoir lors des différentes étapes du processus d’étude d’impact sur l’environnement, notamment pour la prise de décision. 

Au sujet des questions transversales, des efforts supplémentaires seraient nécessaires pour clore des lacunes en matière d’arrangements institutionnels.  De même pour établir les sources de financement pour aider les États parties dans leur mise en œuvre de l’accord, y compris sur la question des contributions obligatoires des États parties.  S’agissant du règlement des différends, il faudrait encore trouver un terrain d’entente sur les procédures: certains États penchent pour l’adoption des dispositions de la partie XV de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, d’autres en revanche voudraient voir établir des procédures de règlement des différends spécifiques à cet accord.  Un terrain d’entente serait également nécessaire sur la question de la portée de l’instrument juridique. 

Alors que la Conférence entend demander la convocation par l’Assemblée générale d’une cinquième session, Mme Lee a encouragé les délégations à continuer de travailler entre elles, y compris au sein des groupes et régions, pour trouver des solutions créatives aux problèmes qui se dressent encore entre les négociateurs et le texte final d’un accord.  « Je suis vraiment privilégié d’être dans le même canot que vous tous », a conclu la Présidente, ajoutant qu’elle est optimiste sur le fait que la destination est en vue et que « notre voyage là-bas deviendra plus fluide » à mesure que tous travaillent pour aller dans la même direction. 

Adoption du projet de rapport de la Conférence 

Intervenant après la présentation du projet de rapport à l’Assemblée générale (A/CONF.232/2022/L.3) par la Présidente de la Conférence, le représentant de la Fédération de Russie a souhaité apporter un amendement en ajoutant la mention suivante au paragraphe 29: « une session supplémentaire de la Conférence est nécessaire aussi rapidement que faire se peut pour faire des progrès ». 

Le paragraphe 29 se lisait ainsi dans le projet de rapport avant amendement: « Les délégations à la conférence ont réfléchi aux suites à donner, sachant que la quatrième session était la dernière des quatre sessions initialement prévues par l’Assemblée générale au paragraphe 3 de la résolution 72/249. »

Prenant la parole, l’Union européenne (UE) a estimé qu’au cours de cette session des progrès « dignes d’être salués » ont été accomplis, comme reconnus par la majorité des délégations.  C’est pourquoi, l’UE est optimiste quant à la possibilité d’achever « nos travaux lors la cinquième conférence intergouvernementale et préfère « laisser le texte en l’état ».  Une opinion partagée par le Royaume Uni, le Mexique au nom du CLAM, la Barbade au nom de la CARICOM, les États-Unis, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, l’Islande et Samoa au nom des Petits États insulaires en développement du Pacifique, qui ont jugé « équilibré » le libellé proposé par la Présidente, estimant que cette session doit être la dernière. 

En revanche, le Nicaragua et la Chine ont souhaité appuyer la position de la Russie. Il faut rester pragmatique, a insisté la Chine, appelant à ne pas prédire de l’issue de la prochaine session. 

Reprenant la parole après 10 minutes de suspension pour des délibérations, la Présidente de la Conférence a indiqué que la proposition de la Fédération de Russie avait été agréée par les délégations.  

Elle a donné lecture du paragraphe 29 tel que mis à jour, dont le premier alinéa est inchangé: « La Conférence examinera la marche à suivre à la lumière du fait que la quatrième session ait été la dernière des quatre sessions demandées par l’Assemblée générale dans le paragraphe 3 de la résolution 72/249. »

Dans le deuxième alinéa, la proposition de la Fédération de Russie a été intégrée, a dit la Présidente: « Il est considéré qu’une session supplémentaire de la Conférence sera nécessaire aussi rapidement que faire se peut pour enregistrer des progrès. » 

Si le troisième alinéa est inchangé, la Présidente a indiqué que le quatrième tel qu’amendé précise qu’on a aussi demandé à la présidence de préparer un projet de texte mis à jour qui prendrait en compte les travaux entrepris lors de la quatrième session afin de faciliter le parachèvement rapide des travaux de la Conférence.  Dans cette phrase, a précisé la Présidente, on élimine les mots « dans le cadre de la préparation d’une cinquième conférence » et on ajoute « afin de faciliter le parachèvement rapide des travaux de la conférence ». 

Enfin, dans la dernière phrase, le projet de texte mis à jour indique que le rapport prendra aussi en compte les propositions des délégations figurant dans les différents documents de séance publiés lors de la quatrième session de la Conférence, en plus des propositions qui lui seront envoyées d’ici au 31 mars 2022.  

La Conférence a ainsi adopté par consensus le projet de rapport amendé sur les travaux de sa quatrième session, qui sera transmis à l’Assemblée générale. 

S’exprimant au nom des Petits États insulaires en développement du Pacifique, le représentant de Samoa, a déclaré, « en tant que descendants du continent Moana », qu’il est essentiel pour eux de protéger et de promouvoir l’océan Pacifique par une intendance partagée ».  Il s’est ensuite félicité du plan de la Présidence de mettre à jour le projet de texte et dit attendre avec impatience sa version préliminaire non éditée dans la perspective de la prochaine session de négociations.  Nous saluons aussi les réactions encourageantes des délégations sur les questions et principes importantes qui nous concernent en tant que grands États océaniques, notamment la contiguïté, les circonstances particulières des PEID, le partage juste et équitable des avantages et les connaissances traditionnelles des peuples autochtones et des communautés locales, a-t-il dit. 

Le représentant de la Sierra Leone, au nom du Groupe des États d’Afrique, s’est félicité du déroulement des échanges au cours de cette session. Il s’est réjoui de constater que la conclusion du projet d’accord « est en vue ».  Pour les pays africains, le principe de patrimoine commun de l’humanité devra sous tendre le nouveau régime dont le traité portera création.  Il a souligné l’importance d’un partage équitable des ressources marines des hautes mers entre tous les États parties, notamment les États en développement.  Le cadre actuel de gouvernance de la Zone est insuffisant pour répondre aux pressions sur la biodiversité biologique, a-t-il également dit, appelant à fonder les futures mesures en la matière sur les acquis scientifiques et dans un cadre institutionnel robuste.  Enfin, il a souhaité qu’il soit permis à des experts non new-yorkais de participer à la cinquième session de négociations. 

Le représentant du Botswana, au nom du Groupe des États sans littoral, a salué l’adoption d’un document équilibré.  Il a rappelé que la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer donne le droit à tous d’avoir accès à la Zone, à l’exploitation durable des ressources naturelles ainsi qu’à leur préservation.  Il a ensuite estimé que l’accès libre et ouvert à la haute mer devra être renforcé dans le cadre du futur instrument juridiquement contraignant.  De même, il a plaidé pour l’élargissement de l’accès des pays enclavés à l’économie océanique, cela par le biais de l’adoption de mesures pour accroître cet accès et permettre un partage équitable des ressources génétiques marines entre tous les futurs États parties. 

Selon le représentant de l’Union européenne (UE), afin de progresser davantage sur les questions clefs où des divergences de vues existent et de parvenir à un accord en 2022, il serait nécessaire de poursuivre les travaux avant une cinquième session. À cet égard, l’UE et ses États membres sont prêts à utiliser efficacement la période d’intersession, éventuellement avec le soutien de facilitateurs.  Le représentant a souligné une fois de plus « l'urgence absolue » de ce travail et insisté sur l'importance de mener à bien ces négociations en 2022, année du quarantième anniversaire de la Convention. 

Le rapport spécial de 2019 du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sur l’océan et la cryosphère dans un climat en évolution souligne les défis multidimensionnels toujours plus nombreux auxquels sont confrontées les structures existantes de gouvernance des océans, a-t-il souligné, en notant que ce rapport attire l'attention sur la nécessité de développer davantage les structures et mécanismes de collaboration pour la gouvernance des zones situées au-delà des juridictions nationales.  « Étant donné que seulement 1% environ des zones situées au-delà de la juridiction nationale sont protégées, et que les effets de cette situation sur la biodiversité de nos océans ne cessent de s’aggraver, l’UE et ses États membres ne peuvent que souligner, une fois de plus, l’urgence d’agir. »

Cet empressement à l'esprit, il faut dès maintenant « entamer les préparatifs d'une cinquième et dernière session », a plaidé le représentant.  Cela pourrait être réalisé par l'adoption d'une résolution procédurale de l'Assemblée générale des Nations Unies convoquant une cinquième et dernière session dans les deux dernières semaines d’août de cette année. L’orateur a espéré que ladite session se déroule dans des conditions « plus normales », permettant un temps de négociation adéquat, et le plein accès des observateurs et de la société civile.  Il a appelé, avant cela, à un projet de texte « révisé », « actualisé », reflétant les débats fructueux des deux dernières semaines. Sa préférence irait à un texte plus « harmonisé », concis, que le projet actuel, et identifiant de manière réaliste les passages pouvant faire consensus. 

Le représentant du (Mexique), au nom du groupe latino-américain CLAM, a convenu qu’une session supplémentaire serait nécessaire et devrait être convoquée dès que possible en vue de conclure les travaux en 2022.  Il a demandé à la présidence de produire un projet de traité « complet, propre et sans options », qui servira de base de négociation lors de la dernière session.  La période intersessions devrait être utilisée pour faire avancer les discussions, en tenant compte à la fois des questions qui n’ont pas été abordées lors de la quatrième session, et de celles sur lesquelles il y a le plus de divergences de vues, a-t-il recommandé.  Le représentant du CLAM a demandé que les facilitateurs soient nommés dès que possible et que chacun d’entre eux partage le programme de travail pour l’examen de la question sous sa responsabilité afin de donner une continuité au travail. 

Le programme de travail de la cinquième session devrait être entièrement orienté vers la facilitation d’un format de négociation entre les délégations, c’est pourquoi l’espace pour les réunions plénières formelles devrait être « limité, voire éliminé », selon le CLAM.  Le représentant a argué qu’un format informel, qui contribue à des échanges plus fluides, devrait être favorisé.  Le groupe serait favorable à une révision du texte, article par article, ce qui permettrait d'apporter des mises à jour au texte au fur et à mesure de l'avancement des négociations.  Le représentant du CLAM a aussi mis l’accent sur la participation de la société civile aux négociations. 

S’exprimant au nom des Petits États insulaires en développement du Pacifique, le représentant de Samoa, a déclaré, « en tant que descendants du continent Moana », qu’il est essentiel pour eux de protéger et de promouvoir l’océan Pacifique par une intendance partagée ».  Il s’est ensuite félicité du plan de la Présidence de mettre à jour le projet de texte et dit attendre avec impatience sa version préliminaire non éditée dans la perspective de la prochaine session de négociations.  Nous saluons aussi les réactions encourageantes des délégations sur les questions et principes importants qui nous concernent en tant que grands États océaniques, notamment la contiguïté, les circonstances particulières des PEID, le partage juste et équitable des avantages et les connaissances traditionnelles des peuples autochtones et des communautés locales, a-t-il dit. 

S’exprimant également au nom de la Colombie, la représentante d’El Salvador a rappelé l’engagement de ces deux pays en faveur de la préservation de la biodiversité marine.  Si elle a souhaité que la Conférence aboutisse à un texte inclusif et universel, elle a tenu à rappeler que ni cette participation, ni le résultat, ne sauront avoir de conséquences pour les pays qui ne sont pas parties à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  Aussi a-t-elle demandé que l’on supprime les crochets qui entourent le paragraphe 4 du projet de texte, avant d’ajouter que la Colombie et El Salvador se tiennent entièrement disposés à participer à ces négociations afin de nous doter d’un instrument universel. 

Le représentant du Pakistan qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, s’est félicité du « retour à la normale » qui ne peut que faciliter le processus.  Il a souligné l’importance de la présence des « experts de la capitale » dans les négociations, ce qui a été possible grâce au soutien de la Commission européenne.  À cet égard, le délégué a souhaité exprimer sa reconnaissance à ceux qui ont contribué au financement du fonds d'affectation spéciale volontaire et encouragé les autres à faire de même, compte tenu des ressources limitées du fonds et de l'impact que cela a sur la participation d’un plus grand nombre d'experts de pays en développement à la prochaine Conférence.  « Nous devons aller au-delà de 1+1 si nous voulons rendre ce processus plus efficace », a insisté l’intervenant. 

Le délégué a espéré que les positions exprimées par le Groupe des 77 et de la Chine sur les différents sujets seront dûment prises en compte dans le projet de texte actualisé qui sera présenté dans les prochains mois. C’est pourquoi, le délégué a encouragé la présidence à préparer un deuxième projet de texte révisé du traité pour examen dans les meilleurs délais. Il a souligné que le futur instrument devra englober les sujets identifiés dans le paquet convenu en 2011. 

À cette fin, le Groupe des 77 et la Chine est fermement convaincu que le principe du patrimoine commun de l’humanité devrait guider et étayer le nouveau régime juridique pour la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine des zones situées au-delà de la juridiction nationale. Ce principe constitue le fondement juridique d'un régime juste et équitable qui permettrait à tous les pays de bénéficier du potentiel que représente la biodiversité marine en termes de sécurité alimentaire et de prospérité économique mondiales, et de relever les défis de la conservation et de l’utilisation durable des ressources génétiques marines dans les zones situées au-delà de la juridiction nationale, a-t-il conclu. 

Cette session a été un tournant, a estimé la représentante d’Antigua-et-Barbuda, au nom de l’Alliance des petits États insulaires.  Notant qu’il reste beaucoup de travail à abattre au cours de la dernière période intersession.  Elle a appelé à la publication le plus tôt possible d’un texte amendé qui reflètera au mieux les progrès réalisés lors de cette session. 

Tout en reconnaissant que certaines questions seront plus problématiques que d’autres, elle a appelé à tout mettre en œuvre pour avancer sur l’ensemble des éléments agréés.  Charge à nous de travailler de concert pour dégager des solutions même lorsque cela semble impossible, a-t-elle affirmé. 

Au nom des 14 États membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), la représentante de Barbade s’est dite persuadée que les zones marines situées au-delà de la juridiction nationale représentent un bien commun.  Elle a appuyé la proposition d’une cinquième session de négociations qui pourrait se tenir en août 2022 et l’intention de la présidente de présenter un projet de décision à cet égard pour la mise à disposition de différentes salles de conférences nécessaires dotées des services afférents.  « Nous sommes favorables au calendrier de deux semaines pour examiner les propositions ultérieures des délégations notamment en ce qui concerne la partie II de l’accord et harmoniser les libellés des articles 15 et 19 de la partie III » a-t-elle ajouté, avant de mettre l’accent sur l’importance de la question des transferts des technologies marines.  Elle a aussi remercié les délégations qui ont continué au fonds d’affectation spéciale en soulignant la nécessité de parvenir à un accord ambitieux sur la gouvernance globale, un régime équitable de partage des bénéfices, un mécanisme cohérent pour garantir que l’engagement commun de préservation de la diversité marine soit préservé.  

Au nom du Forum des Îles du Pacifique, la représentante des Fidji s’est félicitée que les débats de ces dernières semaines aient été les plus productifs depuis le début du processus du Comité préparatoire chargé d’élaborer un instrument international juridiquement contraignant se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (BBNJ).  Elle s’est dite attachée à des efforts en matière de gestion durable de la Zone s’appuyant sur les meilleures données scientifiques possibles et les acquis des connaissances traditionnelles.  « Nous voulons promouvoir la transparence dans la prise de décision tout en mettant l’accent sur nos responsabilités dans la préservation des ressources marines des zones au-delà des juridictions nationales dans l’intérêt des générations futures », a-t-elle insisté.  « Nous sommes à une étape des négociations au cours de laquelle nous attendons un texte le plus rapidement possible », a-t-elle ajouté avant de préciser qu’il restait 10 jours de travail pour arriver à ce point de convergence. 

Le représentant des Tonga s’est réjoui que les principes essentiels de la question traitée aient été examinés de manière approfondie pendant la session, ce que reflète le rapport. 

M. MOHAMMAD K. KOBA (Indonésie) a soutenu la convocation d’une cinquième session.  Sur le fond, il a estimé que le nouvel instrument juridique devra établir un équilibre entre les droits et les obligations des États, notamment en reconnaissant leurs caractéristiques particulières et leurs intérêts légitimes. Les études actuelles démontrent en effet que les États archipélagiques sont plus vulnérables à l’impact des activités non durables, la majorité des communautés côtières dépendant de manière significative des ressources marines et côtières.

Cela ne signifie pas que le droit de pêcher dans les zones maritimes situées au-delà des juridictions nationales, régi par la Convention et les lois internationales pertinentes, soit à nouveau réglementé, a prévenu le représentant. En fait, l’objectif est d’éliminer les incertitudes ou les zones grises qui donnent lieu à des activités de « bioprospection ».  Le représentant a aussi souligné l’importance d’adopter un ensemble de normes pour l’évaluation de l’impact sur l’environnement des activités menées dans les zones maritimes situées au-delà des juridictions nationales. 

Pour ce faire, les dispositions relatives à l’évaluation de cet impact ne sauraient imposées qu’aux activités menées dans les zones au-delà des juridictions nationales, tandis que les activités menées dans les zones sous juridiction nationale resteront soumises aux dispositions de l’État côtier.  L’orateur s’est aussi dit d’avis que l’approche basée sur la localisation pour réglementer l’évaluation de l’impact sur l’environnement est la plus appropriée car elle ouvre la voie à une mise en œuvre plus efficace du cadre d’évaluation. 

M. JUAN JOSE PORTORREAL BRANDAO (République dominicaine) s’est félicité que cette quatrième session s’achève dans un esprit « constructif et encourageant ». Cela constituera un bon point de départ pour les prochaines délibérations de la cinquième session, qui se tiendra au cours de l’été de cette année et qui, a espéré le représentant, permettra de parvenir à l’accord souhaité sur un instrument viable et solide, dans le cadre de la Convention du droit de la mer. Rappelant que la République dominicaine est un État insulaire et un archipel, il a jugé essentiel que le nouveau texte reflète l’objectif principal et ultime de l’instrument, à savoir la protection de la diversité marine dans les zones protégées situées au-delà des juridictions nationales.  De même, les océans étant considérés comme le patrimoine commun de l’humanité, tous les pays, y compris ceux qui n’ont pas accès à la mer, ont un droit sur ce patrimoine, a-t-il argué. 

Le représentant de Népal s’est dit d’avis que ce nouveau traité devrait défendre le principe de patrimoine commun de l’humanité afin que soient respectés les droits légitimes des États parties à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer qui n’ont pas de littoral.  Le représentant a également dit soutenir l’idée d’un mécanisme tel qu’un centre d’échanges tout en sachant qu’il faudra un organe spécialisé. 

Le représentant de la Bolivie a réaffirmé que les pays sans littoral ont le plein droit d’accéder aux ressources marines et de les exploiter, comme le prévoit la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, arguant que ces ressources représentent un facteur important pour assurer le développement durable de tous les États.  Il est donc nécessaire d’obtenir des instruments internationaux juridiquement contraignants, tels que celui qui est actuellement en négociations, pour garantir leur utilisation et leur conservation juste et équitable.  « Nous pensons que nous progresserons si nous prenons comme point de départ les normes minimales atteintes par le droit international de la biodiversité, notamment en ce qui concerne l’accès aux ressources génétiques et le partage juste et équitable des avantages découlant de leur utilisation, ainsi que la protection des connaissances traditionnelles et ancestrales associées dans le cadre du principe du patrimoine commun de l'humanité », a indiqué le délégué.  Sur la base des progrès réalisés, nous espérons construire ensemble un cadre approprié pour nos océans, sans renégocier ce qui a été convenu ailleurs, a-t-il ajouté. 

Le représentant de Sri Lanka a pris l’engagement de tenir une part active aux travaux intersession en vue de négocier avec davantage d’énergie lors de la cinquième et possiblement dernière session.  L’instrument contraignant ouvrira de nouvelles possibilités d’exploitation équitable de ressources qui sont autant de biens communs de l’humanité, a-t-il espéré. 

Mme THARARUT HANLUMYUANG (Thaïlande) a réaffirmé la position de son pays selon laquelle le patrimoine commun de l'humanité devrait être le principe primordial régissant l’ensemble de l’Accord, notamment concernant le partage des avantages tirés des ressources génétiques marines.  Considérer ces ressources des zones situées au-delà des juridictions nationales comme faisant partie du patrimoine commun de l'humanité garantira que les avantages découlant de leur utilisation soient partagés de manière juste et équitable entre les pays développés et les pays en développement, a-t-elle argué. 

La priorité, notamment lors de la coopération en matière de renforcement des capacités et de transfert de technologies marines, devrait être accordée aux besoins et aux exigences spécifiques des pays en développement, afin qu'ils puissent tirer un avantage optimal de la coopération, a poursuivi Mme Hanlumyuang. Elle a estimé que les pays développés devraient assumer des responsabilités environnementales partagées qui s'étendent au-delà des frontières.  Ils devraient prendre l’initiative de fournir aux pays en développement un renforcement de leurs capacités marines et un appui technique pour leur permettre d’atteindre une plus grande autonomie, a-t-elle ajouté, arguant que cela faciliterait l'accès de tous les pays aux ressources génétiques marines et accélérerait les efforts de conservation et de préservation du milieu marin. 

Mme Hanlumyuang a jugé important, afin de répondre efficacement aux besoins des pays en développement, que les États s’engagent davantage à respecter les obligations existantes au titre des parties XIII et XIV de la Convention. Les dispositions relatives au renforcement des capacités et au transfert des technologies marines seraient plus bénéfiques si ces dispositions étaient obligatoires, celles-ci étant essentielles pour atteindre les objectifs de l’ Accord, a-t-elle fait remarquer. 

La représentante des Philippines a d’emblée qualifié cette session de « succès », soulignant que sa délégation a fait preuve de souplesse, en soutenant les propositions des autres délégations jugées conformes à l’objectif de l’accord.  Dans ce processus visant à rapprocher les points de vue, les Philippines, a dit la représentante, conservent des principes profondément ancrés dans la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer  et qui devraient être inclus dans le projet de texte.  L’instrument, s’est-elle expliquée, doit être ancré sur le patrimoine commun de l’humanité et tenir dûment compte des droits et de la juridiction des États côtiers adjacents.  Une reconnaissance spéciale doit être accordée aux États archipélagiques, a ajouté l’intervenante, soulignant, pour finir, que l’accord doit intégrer le principe de précaution. 

Le représentant d’Oman a souhaité que l’instrument qui sera adopté aide à préserver la biodiversité marine dans les zones situées au-delà des limites de la juridiction nationale.  Il a appelé à garantir le droit des États côtiers et adjacents.  Il a de même insisté sur l’importance des transferts de technologie marines pour endiguer les effets négatifs de certaines activités.  Pour finir, il a estimé que les intérêts des États côtiers  doivent se voir accorder la priorité. 

La représentante de Viet Nam a appelé à la conduite d’efforts intersessions concertés pour aboutir à un instrument juridiquement contraignant régissant de manière équitable l’ensemble des activités durables menées dans les mers et les océans.  La représentante a souligné la nécessité de mettre au point un mécanisme robuste et efficace de partage des ressources marines, afin de permettre à tous d’atteindre l’ODD14 et de préserver la santé des océans pour les générations futures. 

Le représentant du Nicaragua a déclaré que le mandat de la Conférence était lié à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et à d’importants dispositifs juridiques régionaux, lesquels ne doivent pas être altérés par la négociation en cours sur le futur traité.  Les accords susmentionnés restent pertinents et ne devront pas être édulcorés en étant absorbées dans le cadre du futur instrument, a-t-il insisté, en particulier les accords régionaux organisant les activités de pêche.  Celles-ci sont déjà réglementées par la Convention et l’Accord de 1995 notamment, a insisté le représentant. 

La représentante de la Nouvelle-Zélande a dit que les peuples autochtones de la Nouvelle-Zélande estiment avoir une relation particulière avec l’Océan, qui leur donne une responsabilité particulière en matière de préservation de la diversité marine.  Elle s’est dite impressionnée par l’engagement constructif des délégations pour proposer des libellés dans le cadre de ces négociations.  Elle a dit la nécessité de parvenir à un accord ambitieux sur la gouvernance globale et sur un régime équitable de partage des savoirs.  Avant de conclure, la représentante a mis l’accent sur les relations particulières qui existent entre les petits États insulaires en développement et les océans, demandant en conséquence un traitement approprié des connaissances de populations autochtones. 

Le représentant d’Haïti s’est félicité des progrès obtenus dans le cadre des débats relatifs à l’avant-projet d’accord sur la préservation de la diversité marine des zones ne relevant pas des juridictions nationales.  Il a estimé que ces progrès témoignent de la bonne santé du multilatéralisme.  Il a noté que certains groupes ont dû amender des positions initiales pour parvenir à un consensus.  Parmi les questions en suspens, il a noté le flou qui entoure encore la question du partage volontaire ou non des savoirs. 

La représentante de la Turquie a souhaité attirer l’attention sur la proposition turque concernant la définition des « zones situées au-delà des juridictions nationales », dont une version révisée a été soumise aujourd'hui au Secrétariat.  La portée géographique de l’instrument devrait être spécifiée de manière plus claire et plus précise, en tenant compte des circonstances factuelles actuelles concernant les zones maritimes dans différentes parties du monde, a expliqué la représentante. Elle a rappelé que la Convention définit la « haute mer » uniquement au-delà de la zone économique exclusive.  Cependant, il existe des régions où les États côtiers concernés n’ont pas encore proclamé ou délimité une telle zone -au-delà des eaux territoriales- sur leur plateau continental, conformément au droit international. Ces zones maritimes situées à l’intérieur des 200 milles marins, comme indiqué dans la proposition turque, ne devraient pas être considérées comme des « zones situées au-delà des juridictions nationales ».  En outre, étant donné qu’il existe déjà des instruments régionaux et internationaux qui régissent la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine en ce qui concerne ces zones maritimes, la représentante turque a recommandé d’éviter toute duplication dans l’accord concernant lesdites zones. 

Le représentant de la République de Corée a rappelé l’urgence d’obtenir des résultats, en mêlant pragmatisme, flexibilité et méfiance du perfectionnisme, « le mieux étant l’ennemi du bien ».  Dans cet esprit de consensus, aucun effort ne sera ménagé durant la période d’intersession, et « nous pouvons déjà toucher du doigt notre objectif », a commenté le représentant. 

Le représentant du Canada s’est félicité de la manière dont les travaux ont été menés par la Présidence, se disant encouragé par le retour de la société civile, qui a contribué à la réussite des négociations.

Le représentant de l’Islande a souhaité que la souplesse qui a prévalu lors de cette session fasse école lors de la période intersessions et de la prochaine phase des négociations.  Il nous tarde d’être à nouveau réunis, a-t-il ajouté. 

Il faut se concentrer sur les idées et non pas sur les détails, a déclaré La représentante du Royaume-Uni qui a appelé à arriver à un texte plus clair, capable d’être mis en œuvre.  Elle a souhaité que la cinquième session démarre sur un meilleur point de départ et déboucher sur un accord ambitieux qui fera la différence pour la gouvernance des mers et océans. 

Après deux années de retard, quel plaisir de se réunir enfin en personne pour avancer, s’est réjoui le représentant des États-Unis qui a assuré que parvenir à un accord cette année est une priorité pour son pays.  Il a noté que ces deux dernières semaines, des réussites ont été engrangées.  En effet, les questions les plus critiques ont été abordées et nous avançons sur la voie d’une approche transectorielle pour établir des zones protégées en haute mer, a-t-il relevé. 

Le représentant du Maroc a déclaré qu’en tant qu’État côtier, la préservation des océans est au cœur des politiques environnementales du Maroc.  Elle a ajouté qu’à l’issue de cette session productive, il incombe à présent aux États Membres de poursuivre les travaux de la Conférence en vue d’affirmer et de concrétiser, dès 2022, la volonté commune de préserver les océans et les ressources marines pour les générations futures. 

Après le départ des interprètes, les représentants de l’Australie, de la République islamique d’Iran, du Venezuela, de l’Égypte, de l’Union internationale pour la conservation de la nature et de ses ressources (IUCN) et de l’Alliance de la haute mer ont pris la parole, avant la clôture de la séance et de la session.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission de la condition de la femme: 12 exposés volontaires démontrent la difficulté d’autonomiser les femmes dans un monde du travail en mutation

Soixante-sixième session,
Réunions virtuelles, matin & après-midi
FEM/2217

Commission de la condition de la femme: 12 exposés volontaires démontrent la difficulté d’autonomiser les femmes dans un monde du travail en mutation

La Commission de la condition de la femme a entendu, aujourd’hui, pas moins de 12 exposés volontaires sur le thème de « l’autonomisation économique des femmes dans un monde du travail en mutation », l’occasion pour les États concernés de faire le point sur l’application, à l’échelon national, des conclusions concertées de la soixante et unième session de la Commission en 2017.  Au-delà des réalisations permettant d’espérer une meilleure intégration de la perspective de genre dans les politiques, beaucoup ont reconnu que des difficultés structurelles continuent de faire barrage à l’égalité des sexes, quand des crises ou des conflits ne viennent pas compromettre tout projet à cet égard. 

Après les exposés volontaires présentés dans la matinée par l’Égypte, la Finlande, la Colombie, la République islamique d’Iran, la Géorgie et l’Arménie, la Commission a pris connaissance, dans l’après-midi, de ceux de l’Allemagne, de l’Ukraine, de l’Ouganda, de l’Argentine, de l’Afrique du Sud et du Chili. 

Particulièrement scruté, compte tenu de la guerre qui fait rage sur son territoire, l’exposé de l’Ukraine a exposé les limites de l’exercice.  La Commissaire du Gouvernement ukrainien pour la politique d’égalité femmes-hommes a, certes, assuré que son pays fait participer les femmes de manière égale aux processus sociaux et économiques et que des avancées ont été réalisées ces dernières années en matière de réduction de la ségrégation professionnelle, de lutte contre la violence et la discrimination fondées sur le sexe dans les relations de travail, de développement de l’entrepreneuriat féminin et de promotion de l’égalité des sexes dans la technologie et l’innovation.  Mais elle a aussi reconnu que, depuis le 24 février dernier, tous les projets dans ces domaines ont été suspendus. 

Plutôt que de promouvoir la paix et les droits des femmes, la Fédération de Russie met en œuvre un plan visant à démolir l’Ukraine et son peuple, a accusé la haute fonctionnaire ukrainienne, qui, sans douter de l’issue victorieuse de cette guerre, a renvoyé à plus tard les questions relatives à l’autonomisation économique des femmes.  Pour l’heure, a expliqué la Commissaire, les hommes restent pour se battre, tandis qu’un grand nombre de femmes fuient pour s’occuper des enfants et des personnes âgées.  Quand elles rentreront à la maison, a-t-elle ajouté, il sera temps de lutter contre les stéréotypes de genre ciblant à la fois les femmes et les hommes et d’intégrer les questions de genre dans les initiatives visant à prévenir le harcèlement, les violences et les discriminations.  Il faudra aussi penser à faire pleinement participer les femmes aux efforts de reconstruction. 

La Vice-Ministre du travail et des affaires sociales de l’Arménie a reconnu qu’en dépit des réformes menées par son pays pour faire avancer l’égalité des sexes, les femmes et les filles sont toujours confrontées à des défis lorsqu’il s’agit d’accéder aux ressources et aux opportunités.  Exacerbées par les effets de la pandémie de COVID-19 et par le conflit déclenché par l’Azerbaïdjan contre le « peuple du Haut-Karabakh », ces difficultés réduisent les chances qu’ont les femmes de s’engager dans le cycle économique, a-t-elle concédé, tout en faisant pourtant état d’efforts destinés à favoriser l’entrepreneuriat féminin et la participation des femmes aux processus décisionnels.

Tout en vantant les progrès permis par le plan national de développement à l’horizon 2040, la Ministre du genre, du travail et du développement social de l’Ouganda a admis à son tour que d’importants obstacles subsistent pour les femmes, notamment en termes d’accès aux financements.  Elle a aussi évoqué une mauvaise culture de l’entrepreneuriat et des problèmes liés à la compétence et à l’accès des femmes aux technologies du numérique.  En outre, a-t-elle renchéri, le nombre de structures de garde d’enfants reste insuffisant pour permettre aux femmes de travailler et le congé parental n’a toujours pas été institué.  Et à cela s’ajoute le fait que la pandémie a forcé 62% des entreprises gérées par des femmes à fermer, ces dernières ayant été contraintes d’assumer les soins. 

Consciente elle aussi des réalités, la Ministre de la femme, du genre et de la diversité de l’Argentine a constaté que l’inégalité entre les sexes est particulièrement marquée en Amérique latine, où la forte contraction économique a entraîné un recul de plus de 10 ans en matière de participation des femmes au marché du travail.  Selon elle, la pandémie de COVID-19 a mis en exergue les inégalités de genre préexistantes, fruit d’une répartition inéquitable des tâches de soins qui impacte directement l’insertion des femmes dans le monde du travail et leur autonomisation économique.  Pour cette raison, elle a dit s’employer à redistribuer les activités de soins entre les hommes, les femmes et les personnes ayant d’autres identités de genre ainsi qu’entre les ménages, l’État, les entreprises et les communautés. 

De son côté, la Vice-Présidente de l’Iran en charge des femmes et des affaires familiales n’a pas manqué de déplorer les sanctions unilatérales qui ciblent son pays, accusant leurs initiateurs de saper la vie professionnelle et les moyens de subsistance des femmes iraniennes.  Quant à savoir si l’adhésion de l’Iran à la charia entrave les activités et les professions des femmes, elle a répondu par la négative.  Tout au contraire, a-t-elle affirmé, les valeurs islamiques aident les femmes à évoluer dans un environnement professionnel plus pacifique et plus sûr, auquel contribue le port du hijab.  Et cela se retrouve, selon elle, dans le sport, comme en attestent les milliers de médailles mondiales remportées par des femmes observant ce code vestimentaire. 

À l’occasion de cette soixante-sixième session de la Commission de la condition de la femme, les États membres qui font des présentations volontaires doivent aborder tout ou partie des sept domaines clefs des conclusions concertées adoptées en 2017, à savoir le renforcement des cadres normatifs, juridiques et politiques pour lutter contre les barrières structurelles persistantes liées au travail; l’amélioration de l’éducation et des compétences des femmes et des filles; la promotion de l’autonomisation économique des femmes; la lutte contre l’informalité croissante du travail; la gestion des changements technologiques et numériques; le renforcement du leadership et la prise de décisions des femmes; et le développement du rôle du secteur privé dans l’autonomisation économique des femmes.

La Commission reprendra ses travaux le mardi 22 mars à partir de 10 heures. 

SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »

Réalisation des objectifs stratégiques, mesures à prendre dans les domaines critiques et autres mesures et initiatives (E/CN.6/2022/3, E/CN.6/2022/4, E/CN.6/2022/5)

Thème de l’évaluation: autonomisation économique des femmes dans un monde du travail en pleine évolution (conclusions concertées de la soixante et unième session)

Exposés volontaires sur le thème de l’évaluation, suivis d’un dialogue interactif

Déclaration liminaire

Mme ÅSA REGNÉR, Directrice exécutive adjointe chargée des politiques, des programmes, de la société civile et de l’appui normatif aux États membres d’ONU-Femmes, a présenté le rapport du Secrétaire général sur le thème de l’évaluation (E/CN.6/2022/4), qui examine la mise en œuvre par les États Membres des conclusions concertées de la soixante et unième session de la Commission qui avait pour thème l’autonomisation économique des femmes.  Le document précise également les effets qu’a eu la pandémie de COVID-19 sur cette autonomisation économique.  Il note que, bien que des progrès significatifs aient été réalisés par les États Membres, les efforts demeurent disparates et l’inégalité entre les sexes reste importante.  Cela se manifeste notamment par l’augmentation du taux de pauvreté extrême des femmes, la stagnation de leur taux de participation à la population active, l’absence de salaire égal pour un travail équivalent, la fracture numérique et la progression du travail de soins des femmes, qu’il soit rémunéré ou non.  Le rapport constate cependant des avancées pour ce qui est du renforcement du cadre économique et politique pour l’élimination des discriminations fondées sur le genre au travail.  L’accent est aussi mis sur l’élimination des violences dans le monde travail, avec un appel à développer des moyens de recours.  Le rapport souligne également qu’il convient de développer des services et des infrastructures sensibles au genre et d’élargir les congés maternité et parentaux afin d’assurer la continuité professionnelle des femmes.  Il exhorte enfin les États Membres à inviter les entreprises à soutenir la participation et le leadership économique des femmes. 

Exposé volontaire de l’Égypte

Mme MAYA MORSY, Présidente du Conseil national des femmes de l’Égypte, a déclaré que son pays dispose d’un cadre législatif et constitutionnel solide pour appuyer l’autonomisation économique des femmes auquel s’ajoute la vision stratégique 2030 pour le développement durable qui met l’accent sur l’égalité des sexes.  Le Gouvernement a également déployé une réponse rapide pour faire face aux répercussions de la pandémie de COVID-19 sur les femmes et pris des mesures pour améliorer l’accès des femmes aux services financiers.  En conséquence, le taux d’inclusion financière des femmes est passé de 27% à 47,5%, s’est-elle félicitée.  Entre autres mesures, l’Égypte a promulgué une loi sur la sécurité sociale en 2019 et modifié la législation du travail pour garantir l’égalité sur le marché du travail, en levant les restrictions imposées au travail de nuit des femmes et en améliorant leur sécurité dans les transports publics.  Elle a également institué un système de congé paternel, les hommes pouvant prendre jusqu’à deux ans de congé sans solde.  Sa politique salariale est également sensible au genre.

À la question du Nigéria, qui a demandé des éclaircissements sur la stratégie du Gouvernement en matière de droits humains et son rapport avec l’autonomisation économique des femmes, l’Égypte a expliqué que cette stratégie, première du genre, a été adoptée en septembre 2021 et accorde une attention particulière à la condition de la femme.  Elle s’appuie sur quatre piliers qui sont conformes à la stratégie d’autonomisation des femmes qui avait été lancée en 2017 et récemment mise à jour.

Qu’est-il prévu pour intégrer les veuves au programme d’autonomisation des femmes, a ensuite questionné le Global Fund for WidowhoodEn réponse, la délégation égyptienne a assuré que le Gouvernement s’est doté d’un ensemble de mesures de protection des veuves pour leur donner les moyens d’accéder à la protection sociale nécessaire pour disposer d’un revenu durable. 

La couverture de ce dialogue a été compromise pas une série de problèmes d’ordre technique.

Exposé volontaire de la Finlande

M. THOMAS BLOMQVIST, Ministre de la coopération nordique et de l’égalité de la Finlande, a estimé que la participation égale des hommes et des femmes au marché du travail doit entraîner une répartition égale des responsabilités domestiques et de soins.  Il a indiqué que son gouvernement a introduit une réforme du congé familial qui accordera un quota égal de congé parental aux hommes comme aux femmes.  Il a d’autre part affirmé que le système finlandais d’éducation gratuite a contribué à promouvoir l’égalité des sexes dans les professions et la participation égale des femmes au marché du travail.  Pourtant, a-t-il concédé, l’écart de rémunération entre les sexes reste un problème persistant.  De plus, pour lutter contre la ségrégation entre les sexes, le Gouvernement finlandais a lancé un vaste projet, en collaboration avec les régions, pour développer de nouveaux types d’outils de démantèlement de la ségrégation de genre dans la vie professionnelle.  Enfin, s’agissant de l’indépendance économique des femmes, qui est essentielle pour parvenir à l’égalité des sexes, il a assuré que son pays redoublera d’efforts pour assurer la pleine et égale participation des femmes à la vie active, ce qui suppose des changements d’attitude dans la société. 

À sa suite, la Coalition des associations de femmes finlandaises a constaté que le secteur de l’éducation en Finlande est encore très ségrégué par sexe, ce qui affecte le marché du travail.  Elle s’est toutefois félicitée que la plupart des Finlandais pensent que le sexe ne détermine pas la profession qu’une personne peut exercer.  Elle a également applaudi la réforme du congé familial menée dans le cadre de la promotion de l’égalité entre vie professionnelle et vie familiale, y voyant un pas dans la bonne direction. 

L’Afrique du Sud a souhaité en savoir plus sur les mesures visant à contribuer à l’égalité salariale, ainsi que sur les programmes destinés à atteindre les femmes marginalisées.  Elle s’est aussi enquise des mesures de transparence salariale et de lutte contre les violences sexistes au travail.   

Equality Now s’est félicité de l’engagement de la Finlande à renforcer ses lois contre les délits sexuels à l’encontre des femmes, tout en souhaitant que les lois sur la discrimination fondée sur le genre soient également abordées afin de favoriser l’égalité. 

En réponse à ces commentaires, la Finlande a reconnu l’importance d’une analyse d’impact sur le genre lors de la rédaction et l’élaboration des lois afin de s’assurer que celles-ci tiennent compte des différents rôles des femmes et des filles.  Il est également important que nous poursuivions notre travail pour démanteler les stéréotypes de genre mais beaucoup reste à faire, a admis l’experte.  Elle a indiqué que le pays est en train de modifier sa loi sur l’égalité des sexes afin qu’une planification fonctionnelle de l’égalité des sexes soit rendue obligatoire dans l’éducation et l’accueil des jeunes enfants.  Nous devons par ailleurs nous assurer que la dimension de genre est intégrée dans notre administration et que chaque fonctionnaire est conscient de la pertinence du genre dans son travail, a-t-elle ajouté.  À ses yeux, l’économie aura de meilleures chances de croissance et résistera mieux aux crises si les femmes et les hommes ont des droits égaux. 

Exposé volontaire de la Colombie

Mme GHEIDY GALLO, Conseillère présidentielle de haut niveau pour les femmes de la Colombie, a indiqué que le plan de développement de la Colombie est assorti d’une politique d’État et d’une feuille de route qui vont engager les deux prochains gouvernements à faire de la Colombie un leader mondial en matière d’égalité des genres.  Les cinq piliers de la politique économique ont été abordés sous le prisme du genre, notamment pour qu’il y ait plus de femmes dans le monde du travail formel.  L’approche budgétaire actuelle vise à la fois à maintenir l’emploi de celles qui en ont un, et d’en créer des nouveaux.  Au cours des deux dernières années, les femmes ont joué un rôle clef dans la reprise économique et l’emploi a « un visage de plus en plus féminin », a affirmé la représentante.  La législation va assurer la continuité et la pérennité des entreprises de femmes, notamment à travers le fonds Mujer Emprende; et l’État a mis en place des lignes de financement pour ces projets de femmes.  Sur les marchés publics, qui représentent 14% du PIB, on accorde également une place aux entreprises de femmes. 

Mme Gallo a également expliqué que pour permettre aux femmes de participer à la quatrième révolution industrielle, le Gouvernement a mis en place des programmes de mise à niveau et d’apprentissage des STIM pour combler la fracture numérique entre hommes et femmes.  En outre, la Colombie vise le chiffre de 30% de femmes dans les conseils d’administration.  Le pays s’est aussi doté d’une politique dans l’économie du soin et a adopté une loi sur le congé parental qui accorde 12 semaines de congé, dont 8 peuvent être partagées entre la mère et le père.  La Colombie fait également partie de l’un des pays avec les plus faibles inégalités salariales. 

En réponse aux précisions réclamée par la Suède au sujet du fonctionnement du fonds Mujer emprende, la délégation de la Colombie a expliqué que ce fonds fixe ses propres règles.  Il aide les femmes entrepreneurs à structurer leurs projets et leur accorde des crédits.  Le but est de faire en sorte que les entreprises de femmes génèrent des revenus, a-t-elle fait valoir. 

La Chambre colombienne du bâtiment (CAMACOL) a ensuite fait le point sur l’action qu’elle mène pour combler les inégalités de genre dans ce secteur qui recense seulement 7% de femmes.  Le programme parité-bâtiment privilégie notamment la sensibilisation, de manière que le secteur du bâtiment ne soit plus un milieu hostile aux femmes.  Une autre ligne d’action est la formation des femmes aux métiers du bâtiment et l’appui à leur employabilité à travers des partenariats avec les secteurs public et privé.

Exposé volontaire de la République islamique d’Iran

Mme ENSIEH KHAZALI, Vice-Présidente de la République islamique d’Iran en charge des femmes et des affaires familiales, a rappelé que la Constitution de son pays prévoit des droits égaux pour tous les citoyens, y compris les femmes, qui peuvent bénéficier de la sécurité sociale, de l’assurance chômage, de la retraite et de pensions d’invalidité.  Les droits des femmes dans le milieu du travail sont également protégés.  La Vice-Présidente a indiqué que le taux d’emploi des femmes dans la fonction publique est passé de 34% en 2009 à plus de 41% en 2021.  En outre, les lois sur l’éducation ont permis de réduire l’écart entre les sexes dans le taux d’alphabétisation.  Concernant l’enseignement supérieur, les femmes représentent 52% des étudiants et leur proportion dans le corps professoral est d’environ 34%.  De plus, a-t-elle poursuivi, les femmes représentent 48% des utilisateurs de la technologie et 23% des développeurs d’applications mobiles.  Le Gouvernement iranien entend renforcer la participation des femmes dans le cyberespace et soutenir les emplois domestiques numériques, a encore précisé la dirigeante, non sans déplorer les sanctions unilatérales qui ciblent son pays, lesquelles ont des effets néfastes sur la vie professionnelle des femmes et leurs moyens de subsistance. 

Après avoir entendu cette présentation, l’Université Padjadjaran, en Indonésie, a observé que la vie des femmes iraniennes est « tout à fait normale », même si beaucoup reste à faire pour les autonomiser sur le plan économique.  Dans ce contexte, elle a voulu savoir comment les femmes iraniennes répondent aux diverses préoccupations concernant la mise en œuvre de la loi islamique et si l’islam ne les empêche pas de se réaliser professionnellement. 

Qu’a fait l’Iran pour l’emploi des femmes dans le contexte de la pandémie de COVID-19? a demandé le Centre de recherche interdisciplinaire sur l’islam et les musulmans en Europe.  Comment la santé des femmes au travail est-elle assurée et quelles mesures sont prises en Iran pour garantir l’emploi des femmes face aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles?

Le Lady Fatima Center s’est pour sa part enquis des mesures décidées par le Gouvernement iranien pour augmenter le nombre de femmes travaillant sur les marchés numériques.  Alors que les sanctions affectent l’économie et réduisent les opportunités d’emploi des femmes, il a aussi souhaité connaître les projets de l’Iran pour les femmes dans ces circonstances. 

Réagissant à ces questions et commentaires, la République islamique d’Iran a tout d’abord mis en avant les efforts déployés par son gouvernement pour développer l’emploi à domicile et l’entrepreneuriat des femmes.  Aujourd’hui, s’est-elle enorgueillie, l’Iran occupe le trentième rang mondial à l’indice d’entrepreneuriat féminin par rapport aux hommes.  De même, le télétravail s’est beaucoup développé et permet aux femmes, notamment celles qui ont de jeunes enfants, de gérer de front leur profession et leur famille.  Elle a ensuite reconnu que les sanctions entraînent de nombreux problèmes d’emploi, principalement pour les femmes.  Les sanctions nous ont toutefois donné l’occasion d’être autonomes, de détecter nos capacités et d’utiliser des potentiels jusqu’alors sous-utilisés dans le pays, tout en permettant des innovations scientifiques et technologiques, a-t-elle nuancé. 

S’agissant de la santé des femmes, Mme Khazali a assuré que l’Iran dispose d’un plan de couverture complet.  Elle a noté à cet égard que l’espérance de vie des femmes iraniennes est passée de 54 à 78 ans, ce qui est supérieur à la moyenne mondiale.  Quant à savoir si l’adhésion de l’Iran à la charia entrave les activités et les professions des femmes, elle a répondu par la négative.  Ce respect de principes et de valeurs a conduit les femmes à travailler dans un mode plus pacifique et plus sûr, a-t-elle affirmé, ajoutant que grâce au port du hijab et à la chasteté, elles vivent dans un environnement sain dans le cadre de leur travail.  Cela se retrouve dans le sport, puisque les femmes observant le code vestimentaire islamique ont remporté 3 302 médailles mondiales, a relevé la dirigeante, selon laquelle ce constat vaut aussi pour les activités artistiques.  Elle a également relevé que les femmes sont exclues du service militaire, ce qui leur permet d’être plus présentes dans les domaines scientifiques et les affaires familiales. 

Exposé volontaire de la Géorgie

M. NIKO TATULASHVILI, Conseiller du Premier Ministre de la Géorgie sur les questions relatives aux droits humains, a fait part des progrès de la Géorgie dans le cadre de la politique en faveur de l’égalité de genre et l’autonomisation économique des femmes.  Actuellement, deux plans d’action nationaux sont en place, l’un sur les femmes, la paix et la sécurité, et l’autre sur la prévention de la violence sexiste et domestique.  Une deuxième stratégie nationale des droits humains va être adoptée sous peu avec un chapitre dédié à l’égalité des genres et l’autonomisation économique des femmes.  En 2018, la loi sur la sécurité au travail a été adoptée, suivie, en 2019, de la création de l’Agence de soutien à l’emploi.  Le harcèlement sexuel a également été reconnu comme une forme de discrimination.  L’introduction de quotas de genre au Parlement et dans les élections locales a permis d’augmenter la représentation des femmes dans la sphère politique. 

Le développement de l’entrepreneuriat des femmes est l’une des priorités du Gouvernement géorgien, a poursuivi le Conseiller.  Une stratégie nationale a été développée dans le but de tirer pleinement parti du potentiel économique des femmes et les femmes entrepreneurs peuvent bénéficier de bourses de formation.  Le renforcement de la formation professionnelle fait partie de sa politique éducative et appuie l’égalité des genres dans ce domaine.  La Fondation pour la science promeut l’augmentation du nombre de femmes dans les STIM et leur offre des perspectives de carrière alors que le Ministère de l’économie et du développement durable se mobilise pour combler la fracture numérique entre les sexes, notamment à travers le programme « log in Georgia » qui est cofinancé par la Banque mondiale.  M. Tatulashvili a assuré que les politiques de la Géorgie ont des résultats stables et probants et que les inégalités hommes-femmes sont en baisse. 

Suite à cette intervention, ONU-Femmes a brossé un tableau de ses activités en Géorgie.  Grâce à son soutien technique, la Géorgie a notamment rejoint le projet Génération Égalité pour lutter contre les violences sexistes et mis l’innovation et la technologie au service de l’égalité des genres.  L’Entité a ensuite voulu connaître le détail des progrès dans la mise en œuvre de la Convention d’Istanbul en termes de services et d’appui aux femmes victimes et survivantes de violence intrafamiliale et sexiste. 

La délégation de la Géorgie a expliqué que les activités dans ce domaine sont définies dans le Plan d’action national pour l’élimination de la violence sexiste et intrafamiliale qui comprend des mesures concrètes et s’appuie sur des partenariats avec la société civile.  Les victimes ont accès à des cellules de crise et des foyers, ainsi qu’à des services psychosociaux, médicaux et juridiques gratuits.  Le Gouvernement prévoit en outre de simplifier les démarches administratives pour bénéficier du statut de victime qui permet d’accéder à ces services. 

À la Lituanie, qui a souhaité connaître les politiques et règlements existants pour encourager la transition des femmes de l’économie informelle vers l’économie formelle, la Géorgie a expliqué qu’il existe de nombreuses mesures en ce sens, dont un programme pour les femmes des minorités ethniques.  En février 2019, la législation a été amendée et les employeurs doivent désormais respecter l’égalité de genre, y compris lors des entretiens d’embauche.  La discrimination est également interdite dans les documents internes des entreprises et des normes supérieures de congé parental ont été introduites en 2020, avec la possibilité de partager ce congé entre la mère et le père.  Le Code du travail a été amendé, la liste des motifs de discrimination a été élargie et le principe d’égalité de rémunération a été consacré.  Pour vérifier la bonne application de ces normes, la Géorgie dispose d’un service d’inspection du travail pleinement opérationnel, a assuré la délégation. 

Exposé volontaire de l’Arménie 

Mme TATEVIK STEPANYAN, Vice-Ministre du travail et des affaires sociales de l’Arménie, a reconnu qu’en dépit des réformes menées par son pays pour assurer l’égalité des sexes, avec le soutien d’ONG locales et d’organisations internationales, les femmes et les filles en Arménie sont toujours confrontées à des défis lorsqu’il s’agit d’accéder aux ressources et aux opportunités.  Ces difficultés ont, selon elle, été exacerbées par les effets de la COVID-19 et le conflit déclenché par l’Azerbaïdjan contre le « peuple du Haut-Karabakh », offrant moins de chances aux femmes de s’engager dans le cycle économique.  Elle a cependant rappelé que le cadre juridique de l’Arménie accorde des droits égaux aux hommes et aux femmes et que le Code national du travail prévoit un salaire égal pour un travail égal ainsi que l’interdiction de la discrimination dans les processus de demande d’emploi.  Les priorités de la politique en matière de genre de l’Arménie sont définies dans la Stratégie sur le genre 2019-2023, qui vise à favoriser l’égalité des chances pour les femmes et les hommes dans toutes les sphères de la vie publique.  De plus, la loi sur l’égalité des droits et des chances précise que la discrimination sexuelle directe et indirecte est interdite dans toutes les sphères de la vie privée et publique.  Enfin, des efforts sont déployés pour intégrer des critères de genre dans les politiques et les budgets, promouvoir l’entrepreneuriat féminin, accroître la participation des femmes aux processus décisionnels et lutter contre la violence domestique. 

Suite à cette présentation, la OxYGen Foundation for Protection of Youth and Women’s Rights a encouragé les autorités arméniennes à poursuivre leurs efforts en matière d’inclusivité afin de donner des possibilités accrues à toutes les femmes du pays, à commencer par les plus vulnérables, notamment les femmes handicapées. 

L’Arménie a réalisé des progrès considérables, mais il reste encore un long chemin à parcourir, a estimé le Women’s Support Centre qui a appelé à augmenter le subventionnement des centres pour les victimes de violence domestique et à créer plus de lois pour appuyer l’égalité des femmes

Compte tenu des énormes défis démographiques que doit relever le pays, le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) a souhaité savoir comment il compte améliorer la situation des femmes dans la perspective des droits humains. 

Dans sa réponse, l’Arménie a noté qu’un cadre politique existe pour créer un environnement favorable à la participation égale des femmes dans tous les secteurs d’activité, y compris par le biais de l’entrepreneuriat.  Pour cela, le Gouvernement s’emploie à distribuer équitablement les ressources de façon à contribuer à l’égalité femmes-hommes, a-t-elle souligné, rappelant au passage qu’une telle politique n’avait pas cours dans le pays il y a encore 10 ans de cela.  S’agissant de la violence sexiste, elle a rappelé qu’une loi a été votée et que des centres d’aide aux victimes de violence domestique ont été ouverts dans toutes les régions du pays.  Des plus, une campagne de lutte contre ce fléau est menée avec des ONG et le Ministère de la justice coopère sur la question avec le Conseil de l’Europe.

Exposé volontaire de l’Allemagne

Mme EKIN DELIGÖS, Secrétaire d’État parlementaire et représentante du Ministère fédéral des affaires de la famille, des personnes âgées, des femmes et des jeunes de l’Allemagne, a présenté la contribution volontaire de l’Allemagne tout en y intégrant les réponses aux questions posées par son partenaire, la Colombie, qui lui avaient été transmises à l’avance. 

Elle a expliqué qu’en Allemagne un salaire minimum a été introduit en 2015, et progressivement augmenté depuis, devant atteindre 12 euros en octobre 2022.  La majorité de ceux qui en bénéficient sont des femmes, environ 57%, ce qui constitue une étape vers la réduction de l’écart de rémunération entre les sexes.  En outre, la loi visant à promouvoir la transparence des structures salariales entre les femmes et les hommes est entrée en vigueur en 2017 dans le but de faire respecter plus efficacement le droit des femmes à un salaire égal pour un travail égal ou un travail de valeur égale.  En 2019, la loi sur l’amélioration des salaires dans le secteur des soins est entrée en vigueur.  Elle fournit une base juridique pour fixer des niveaux de salaire minimum contraignants pour le secteur des soins en étendant les conventions collectives.  L’objectif du Gouvernement fédéral est de rehausser le profil des professions sociales. 

Une meilleure conciliation de l’emploi rémunéré et du travail de soins non rémunéré est un levier clef pour une société équitable entre les sexes, a souligné l’intervenante, notant que l’Allemagne a réalisé des progrès significatifs dans ce domaine.  L’introduction d’une allocation parentale en 2007 a permis d’améliorer la conciliation de la vie professionnelle et familiale, de même que l’expansion significative, en 2015, de l’offre de garde d’enfants, suivi de l’entrée en vigueur, en 2021, de la loi sur le congé parental.  Avec plus d’options pour le travail à temps partiel et une allocation parentale plus importante pour les bébés prématurés, les parents reçoivent un meilleur soutien pour concilier travail et famille.  En outre, la prime de partenariat, qui soutient les deux parents travaillant simultanément à temps partiel, a été assouplie, ce qui leur donne jusqu’à quatre mois supplémentaires de temps partagé pendant lesquels ils peuvent explorer des moyens d’atteindre un équilibre entre vie professionnelle et vie privée.  De plus, en Allemagne, tous les enfants ont droit à une place en crèche dès l’âge d’un an et le Gouvernement travaille en permanence à l’expansion des capacités d’accueil de qualité.  L’intervenante a cité dans ce contexte le fonds spécial d’expansion de la garde d’enfants qui a fourni un total de plus de 5,4 milliards d’euros au financement de la garde d’enfants entre 2008-2021, contribuant ainsi à l’expansion des structures d’accueil de jour. 

Elle a fini son intervention en expliquant que l’Allemagne soutient la promotion des femmes aux postes de direction à différents niveaux.  La loi sur la participation égale des femmes et des hommes aux postes de direction dans le secteur privé et le secteur public a déjà introduit un quota fixe de 30% pour les conseils de surveillance des grandes sociétés cotées en bourse où les femmes représentent désormais environ 35% des membres des conseils d’administration.  De plus, la nouvelle loi élargit et modifie le règlement pour la participation égale des femmes aux postes de direction dans les secteurs privé et public à partir de 2021, et certaines grandes entreprises ne pourront plus nommer à l’avenir des équipes exclusivement masculines.

Exposé volontaire de l’Ukraine

Mme KATERYNA LEVCHENKO, Commissaire du Gouvernement de l’Ukraine pour la politique d’égalité femmes-hommes, a commencé par rappeler que la vie des citoyens de l’Ukraine indépendante a connu deux périodes: celle entre l’accession à l’indépendance en 1991 et la première étape de l’agression russe en 2014, lorsque ce pays a annexé la Crimée et occupé un partie des territoires des oblasts de Donetsk et de Louhansk, une période qui s’est traduite par huit années de guerre hybride et de menaces constantes de la Russie.  Malgré ces circonstances difficiles, l’Ukraine a continué à construire sa société sur les principes de justice, de démocratie, de droits de l’homme et d’égalité des sexes. 

Les femmes, a-t-elle souligné, participent de manière égale à tous les processus sociaux et économiques, et représentent 60% de ceux qui ont une éducation supérieure en Ukraine.  Au cours de la période 2017-2021, la politique gouvernementale a été marquée par une réduction de la ségrégation professionnelle, une lutte accrue contre la violence et la discrimination fondées sur le sexe dans les relations de travail, un développement de l’entrepreneuriat féminin, un soutien accordé aux filles pour qu’elles étudient dans les spécialités STIM et une promotion de l’égalité des sexes dans la technologie et l’innovation.  Afin de réduire l’écart de rémunération entre les sexes, l’Ukraine a rejoint l’Equal Pay International Coalition et est devenue, fin 2020, le deuxième pays à signer un accord tripartite avec les syndicats et la Confédération des employeurs. 

Nous avions de nombreux projets avec nos partenaires des organisations internationales, parmi lesquelles ONU-Femmes, l’OIT, l’OIM, le FNUAP et l’UNICEF, et de la société civile.  Or, le 24 février, l’invasion militaire russe à grande échelle de l’Ukraine a réduit ces projets à néant.  Au lieu de promouvoir la paix ainsi que la diversité, la non-discrimination et les droits des femmes, la Russie met en œuvre un plan visant à démolir l’Ukraine et le peuple ukrainien.  Après cette guerre, « que nous gagnerons, nous n’en doutons pas », nous devrons faire face à de nombreux nouveaux problèmes et défis dans les domaines de l’économie et de l’autonomisation économique des femmes.  Nous nous y préparons, a-t-elle assuré. 

À la suite de cette présentation, la Géorgie, qui a exprimé sa solidarité avec l’Ukraine et a condamné l’agression injustifiée de la Russie, a voulu savoir ce que la communauté et les organisations internationales peuvent faire pour aider l’Ukraine à accroître la participation des femmes à la reprise économique, pendant la guerre et après. 

Condamnant elle aussi l’agression injustifiée perpétrée par la Fédération de Russie, la République de Moldova a noté que plus de trois millions de réfugiés ont quitté l’Ukraine, la plupart d’entre eux étant des femmes et des enfants.  Que pouvez-vous recommander aux gouvernements étrangers pour qu’ils les aident à devenir économiquement indépendants et à renforcer leur capacité économique?

En réponse à ces questions et remarques, la délégation de l’Ukraine a déclaré qu’une foi la guerre terminée, son pays devra faire un véritable « bon en avant » dans l’autonomisation économique des femmes.  La situation actuelle est que les hommes restent pour se battre et que les femmes fuient pour s’occuper des enfants et des personnes âgées.  Beaucoup de femmes restent néanmoins pour servir au sein des forces armées, de la police, de la garde nationale ou en tant que volontaires.  Cette situation renforce les stéréotypes de genre traditionnels tout en poussant des milliers de femmes à entrer sur le marché du travail dans les pays d’accueil.  Quand les femmes rentreront à la maison et que les familles se réuniront, a-t-elle ajouté, il sera temps de lutter contre les stéréotypes de genre ciblant à la fois les femmes et les hommes et de les intégrer dans les initiatives visant à prévenir le harcèlement, les violences et les discriminations.  Parmi les autres projets en suspens, elle a cité la suppression des obstacles à l’éducation, l’introduction d’une tolérance zéro pour toute manifestation de discrimination et de violence, l’amélioration de la protection maternelle associée au partage des responsabilités familiales avec les pères, et la pleine participation des femmes aux efforts de reconstruction. 

Mme Levchenko a d’autre part estimé que, pour les pays d’accueil, les conséquences de l’invasion russe de l’Ukraine constituent un test décisif pour la mise en œuvre de la directive européenne 2001/55/CE, laquelle établit des normes minimales de protection temporaire qui n’avaient jamais été pleinement appliquées auparavant dans l’Union européenne.  Les réfugiés étant pour la plupart dirigés vers les bureaux d’immigration à leur arrivée, il est important, selon elle, que les pays d’accueil leur offrent des services intégrés au point d’entrée dans le système.  Elle a également souhaité que les services de l’emploi prennent en compte la validation des compétences et l’évaluation des obstacles à l’intégration sur le marché du travail.  Enfin, elle a averti que l’accès à l’école et à l’éducation de la petite enfance rencontre de nombreuses difficultés, les pays d’accueil étant souvent confrontés à des pénuries de main-d’œuvre et à des barrières linguistiques. 

Exposé volontaire de l’Ouganda

Dans sa présentation, Mme BETTY AMONGI AKENA, Ministre du genre, du travail et du développement social de l’Ouganda, a expliqué que le plan national de développement est la feuille de route de la Vision 2040 pour une société ougandaise moderne et prospère, et s’accompagne d’un cadre de développement économique qui comporte sept piliers.  Elle a indiqué que 30% des ressources financières de cette initiative sont allouées aux femmes, 30% aux jeunes, 30% aux personnes handicapées et les 10% restants au reste de la population.  Les dispositions des différents instruments internationaux sur l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes auxquels l’Ouganda est partie ont été intégrées dans sa constitution et sa législation, notamment pour ce qui est de la propriété foncière.  Un programme quinquennal pour les entrepreneuses a également été lancé avec une enveloppe budgétaire de 13 milliards de dollars pour permettre aux femmes de créer et gérer leurs entreprises et d’avoir accès au crédit et aux nouvelles technologies.  Plus de 16 500 projets ont été soutenus par ce programme et 191 000 femmes en ont bénéficié depuis sa création, a indiqué la Ministre.  Elle a notamment souligné que les femmes ougandaises remboursent leurs prêts bancaires et que leurs entreprises ont créé de l’emploi et réduit la dépendance financière des femmes, tout en élargissant l’assiette fiscale du pays.  Ces entreprises ont connu une croissance une fois et demie supérieure à celles gérées par des hommes, a précisé l’intervenante.  Par ailleurs, 50 000 jeunes, dont 46% de filles ont bénéficié d’un programme de création d’emplois et de réduction de la pauvreté parmi les jeunes.  De même, un fonds d’aide pour les personnes âgées leur verse mensuellement une somme permettant de couvrir les besoins de base des personnes de plus de 80 ans. 

Pour ce qui est de l’agriculture, a poursuivi Mme Akena, les cultivatrices sont soutenues à travers un programme qui offre des crédits pour la production agricole et ouvre des liens avec les marchés.  La législation sur la propriété foncière permet maintenant que toutes les terres matriarcales puissent être exploitées par les hommes et les femmes, et les lois sur l’héritage sont en train d’être révisées.  La Ministre a reconnu qu’il reste toutefois des défis à relever en termes d’accès aux financements pour les femmes.  Elle a aussi évoqué une mauvaise culture de l’entrepreneuriat et des problèmes liés à la compétence et l’accès des femmes aux technologies du numérique.  En outre, il n’existe pas assez de structures de garde d’enfants pour permettre aux femmes de travailler et le congé parental n’a toujours pas été institué.  La pandémie a forcé 62% des entreprises gérées par des femmes à fermer, ces dernières ayant été contraintes d’assumer les soins, a encore regretté la Ministre.  Il faut donc apporter un soutien énergique aux femmes ougandaises pendant la période de relève post-COVID-19 afin de surmonter ces défis, mais aussi pour lutter contre la violence sexiste.  Elle a ensuite remercié la Banque mondiale avec laquelle le projet « Grow », doté d’un capital de 200 millions de dollars, vise à fournir un appui financier aux femmes dans le milieu de l’entreprise. 

Les partenaires de l’Ouganda étaient la Banque mondiale, le Bureau de pays en Ouganda des Nations Unies et le Bureau de pays en Ouganda d’ONU-Femmes.

Exposé volontaire de l’Argentine

Mme ELIZABETH GÓMEZ ALCORTA, Ministre de la femme, du genre et de la diversité de l’Argentine, a fait observer que l’inégalité entre les sexes est particulièrement marquée en Amérique latine, où la forte contraction économique a entraîné un recul de plus de 10 ans en matière de participation des femmes au marché du travail.  Selon elle, la pandémie de COVID-19 a mis en exergue les inégalités de genre préexistantes, fruit d’une répartition inéquitable des tâches de soins qui impacte directement l’insertion des femmes dans le monde du travail et leur autonomisation économique.  Pour cette raison, elle a dit s’employer à redistribuer les activités de soins entre les hommes, les femmes et les personnes ayant d’autres identités de genre ainsi qu’entre les ménages, l’État, les entreprises et les communautés.  Nous voulons rémunérer correctement ceux qui choisissent de se consacrer aux soins et nous voulons que les secteurs des soins soient représentés dans les différentes instances publiques afin qu’ils aient une voix, a-t-elle expliqué.  Deux projets de loi en préparation prévoient d’ailleurs de créer un système de soins complet et d’établir un congé parental égal pour les mères, les pères et les personnes qui adoptent un enfant.  Enfin, elle a indiqué que son ministère œuvre à la réduction du nombre de femmes travaillant dans le secteur informel et promeut des mesures positives visant à traiter et à inverser les situations d’inégalité structurelle sur le lieu de travail qui touchent particulièrement la communauté LGBTI+. 

Dans la foulée de cette présentation, le Mexique s’est félicité de la ratification par l’Argentine de la Convention 190 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) sur la violence et le harcèlement dans le monde du travail.  À cet égard, il a interrogé Mme Gómez Alcorta sur les mesures prises par son ministère pour prévenir les violences basées sur le genre au travail, dans le contexte de la pandémie de COVID-19. 

De son côté, l’Espagne a voulu savoir comment l’Argentine envisage son positionnement international en matière de garantie des droits des femmes. 

En réponse à ces questions et commentaires, la délégation de l’Argentine a indiqué que la pandémie de COVID-19 a eu un impact disproportionné sur les femmes et les LGBTI+, et que l’organisation des soins actuelle génère des inégalités sociales et de genre.  Pour y répondre, le Gouvernement argentin a accordé des facilités aux travailleurs du secteur privé ayant des enfants à charge et a diffusé des recommandations pour favoriser la coresponsabilité et une répartition plus équitable des tâches domestiques.  Il a également renforcé les droits des travailleuses à domicile et a incorporé les femmes en situation de violence sexiste au programme Empower afin de leur faire bénéficier d’une aide sociale et économique. 

Au niveau international, Mme Gómez Alcorta a dit travailler à la mise en place d’une véritable politique étrangère féministe.  Elle s’est déclarée convaincue que les inégalités et la violence fondées sur le sexe constituent un problème global, ce qui appelle, selon elle, à des réponses collectives.  À cette fin, nous travaillons à bâtir des alliances solides qui permettent d’élaborer un cadre juridique international solide sur les questions d’égalité des sexes et de droits des femmes.  À ce sujet, a-t-elle précisé, nous avons présenté au Conseil des droits de l’homme une déclaration qui a été adoptée par consensus et qui met en lumière l’importance d’aborder les soins sous l’angle des droits humains et de définir clairement le contenu et la portée de ce droit ainsi que les obligations minimales qui incombent aux États.

Exposé volontaire de l’Afrique du sud

Mme MMAMOLOKO KUBAYI-NGUBANE, Ministre des établissements humains de l’Afrique du Sud, a indiqué qu’en novembre 2021, l’Afrique du Sud a ratifié la Convention 190 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) qui traite de la violence et du harcèlement dans le monde du travail, complétant ainsi la législation nationale qui comprend notamment des projets de loi portant modification de la pénalisation de la violence sexiste et de la violence domestique.

La Stratégie d’autonomisation des femmes et d’égalité des sexes pour le secteur de l’énergie 2021-2025 a été lancée le 31 août 2021 dans le but de renforcer les compétences techniques, de gestion et de leadership des femmes et autres groupes défavorisés en vue d’améliorer leur accès à un emploi décent, à la propriété d’entreprises et à la prise de décisions dans le secteur de l’énergie. 

Pour débloquer l’accès des femmes à la terre, la politique de sélection des bénéficiaires et d’attribution des terres a été publiée en 2020.  Cette politique vise à répondre à divers besoins fonciers, et pas seulement dans l’agriculture, et stipule que 50% de toutes les terres acquises par le Gouvernement doivent être attribuées à des petits exploitants, et pas moins de 50% de ces terres doivent être attribuées à des femmes.

Passant au cadre de mise en œuvre de la dignité sanitaire, la Ministre a expliqué qu’il vise à établir une politique nationale pour la fourniture de produits et services de dignité sanitaire aux femmes et aux filles indigentes.  À ce jour, le programme bénéficie à 3,2 millions de filles dans les écoles agricoles et spécialisées. 

Pour lutter contre l’informalité croissante du travail et la mobilité des travailleuses, l’Afrique du Sud a lancé le programme Women Diggers en 2019 afin d’augmenter le nombre de femmes possédant les compétences requises dans le secteur minier.  Pour protéger les femmes contre les risques associés à l’exploitation minière informelle et pour uniformiser les règles du jeu entre les hommes et les femmes dans le secteur minier, le Gouvernement, en partenariat avec le secteur privé, a élaboré une politique et une stratégie d’autonomisation des femmes et d’égalité des sexes pour les femmes dans l’industrie minière, a précisé la Ministre. 

Elle a également parlé du programme Techno Girl, mis en œuvre en collaboration avec l’UNICEF, qui sélectionne des lycéennes issues de communautés défavorisées pour participer à des mentorats, à des ateliers de développement de compétences et à des stages d’observation dans le domaine des STIM.  En 2020, grâce à l’enseignement en ligne, plus de 6 000 filles en ont bénéficié. 

Le cadre stratégique pour l’égalité des sexes dans la fonction publique a contribué à une amélioration de la représentation des femmes dans les échelons supérieurs de la hiérarchie, a poursuivi Mme Kubayi-Ngubane.  En décembre 2021, les femmes représentaient 44% de tous les postes de direction.  Dans le secteur privé, la Ministre a concédé qu’il fallait faire plus de progrès puisque seulement 13% des directeurs exécutifs et/ou présidents-directeurs généraux sont des femmes.  La Ministre a conclu en soulignant que la volonté politique au plus haut niveau du pays a été un moteur clef pour promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.  Cela inclut l’intégration du genre dans le programme de reconstruction et les mesures de relance économique du pays à la suite de l’impact dévastateur de la pandémie subi par les femmes et les filles. 

Suite à cette intervention, la Finlande a voulu savoir si des politiques ont été mises en place pour intégrer la perspective de genre dans les mesures de relance post-COVID-19.  Elle a également souhaité savoir ce qui a été fait dans le cadre du processus Génération Égalité. 

Compte tenu du contexte culturel et religieux de la société, l’Ouganda a souhaité savoir comment l’Afrique du Sud avait fait pour dépasser ces obstacles dans le domaine de la politique foncière. 

En réponse, la délégation de l’Afrique du Sud a assuré que le Gouvernement a mis en place un plan de reconstruction et de relance post-COVID-19 qui inclut les femmes.  Pour ce qui est du projet Génération Égalité, elle a concédé que les écarts salariaux persistent et que la charge des soins incombe toujours beaucoup plus aux femmes qu’aux hommes.  Faisant le lien avec la question de l’Ouganda et les normes culturelles, elle a dit que si la protection des droits des femmes par la Constitution est importante, elles doivent pouvoir choisir ce qu’elles acceptent et n’acceptent pas en fonction de leurs culture et croyances.  En ce qui concerne les services publics, l’objectif de 50% de femmes aux échelons élevés a été fixé, mais se situe aujourd’hui à 46%, et le pays compte actuellement 50% de femmes ministres.

Exposé volontaire du Chili

Mme ANTONIA ORELLANA, Ministre de la femme et de l’égalité des genres du Chili, a noté que l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et le Fonds monétaire international (FMI) prévoient une croissance de l’économie chilienne située entre 11 et 12% en 2021, ce qui est lié à l’avancement du processus de vaccination et aux liquidités injectées par le Gouvernement en soutien des ménages.  Cependant, a-t-elle relativisé, ce fort dynamisme économique intervient dans un contexte où le marché du travail n’a pas encore retrouvé ses niveaux d’emploi d’avant la pandémie, en particulier pour les femmes.  L’objectif est donc d’évoluer vers une économie durable, avec une croissance qui bénéficie à tous, en particulier aux femmes et aux PME. 

Sur le plan législatif, elle a fait état d’une loi garantissant le droit des mères d’allaiter librement leur enfant lors de leur retour au travail.  De plus, un projet de loi sur les crèches vise à éliminer la discrimination existant dans le Code du travail, qui oblige l’employeur à prévoir une crèche uniquement lorsque 20 femmes ou plus travaillent dans l’entreprise.  Un autre projet de loi sur le harcèlement sexuel est en cours d’examen afin d’établir une définition criminelle large qui traite des crimes qui peuvent se produire sur le lieu de travail.  Le Gouvernement chilien prévoit également de redéfinir les subventions au travail en mettant fortement l’accent sur le travail des femmes, et espère créer 500 000 emplois féminins dans l’ensemble de l’administration publique, ce qui permettrait de retrouver les niveaux d’emploi pré-COVID-19.  En outre, il entend établir un système national de soins qui intègre une perspective féministe et lutter contre l’informalité croissante du travail, tout en réduisant les énormes écarts qui existent encore pour les femmes dans l’accès aux financements et à l’utilisation des nouvelles technologies. 

Suite à cette présentation, l’Argentine a voulu savoir quelles possibilités de coopération existent au niveau régional pour promouvoir les politiques relatives aux soins, dans le but d’améliorer l’autonomie économique des femmes et des LGBTI+. 

De son côté, la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) a constaté que la crise engendrée par la pandémie s’est traduite par un retour en arrière important pour les femmes.  Elle a aussi observé que, sur le plan numérique, 4 femmes sur 10 en Amérique latine ne peuvent se connecter, faute de moyens.  De plus, 1 femme sur 2 n’est pas sur le marché de l’emploi, ce qui est très préoccupant, et la plupart des travailleuses de la région sont employées dans des secteurs qui ont été durement frappés par la pandémie, comme le tourisme et l’artisanat.  Dans ce contexte, quelles sont les priorités du Chili en vue de permettre une meilleure intégration des femmes et des filles à l’économie, aux STIM, à l’innovation, aux sciences et aux technologies?

Après avoir annoncé que le Président chilien a signé aujourd’hui l’Accord d’Escazu sur l’accès à l’information, la participation publique et l’accès à la justice à propos des questions environnementales en Amérique latine et dans les Caraïbes, la délégation du Chili a indiqué que le Gouvernement actuel s’efforce d’avoir une politique étrangère féministe.  Nous avons commencé à examiner tous les projets régionaux pour y ajouter l’égalité des sexes, a-t-elle précisé, estimant qu’il y a là un grand potentiel d’amélioration du quotidien des femmes en Amérique latine.  Toutefois, a souligné la Ministre, il s’agit d’améliorer la vie de toutes les femmes et pas seulement de celles qui accèdent à des postes élevés.  De même, il importe, selon elle, de renforcer la coopération régionale face à la violence sexiste, domaine où beaucoup reste à faire. 

De l’avis de Mme Orellana, la pandémie a été terrible pour les femmes et les filles mais elle a aussi mis en évidence la crise des soins dont de nombreux organismes parlaient sans qu’on y prête attention.  Cette crise sanitaire et socioéconomique a mis fin à l’ignorance, a-t-elle observé, ajoutant qu’il convient à présent de travailler à cette question avec d’autres pays et d’assumer des dépenses publiques accrues.  Enfin, reconnaissant que le Chili reste un pays inégalitaire et que les programmes traditionnels ne contribuent pas à l’autonomie économique des femmes, elle a plaidé pour plus de cohésion dans les politiques publiques pour lutter contre ces inégalités structurelles. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité : la majorité des délégations rejettent les allégations russes sur l’existence d’un programme d’armes biologiques en Ukraine, soutenu et financé par les États-Unis

8999e séance – matin
CS/14835

Conseil de sécurité : la majorité des délégations rejettent les allégations russes sur l’existence d’un programme d’armes biologiques en Ukraine, soutenu et financé par les États-Unis

Si la Fédération de Russie a cru pouvoir convaincre aujourd’hui tous les membres du Conseil de sécurité de l’existence d’un programme d’armes biologiques en Ukraine, soutenu et financé par les États-Unis, elle s’est trompée.  « Affirmations non vérifiées, non fondées, non corroborées et non évaluées indépendamment », « théorie du complot assez bizarre », « réalité alternative » ou encore « prélude à l’utilisation d’une arme chimique ou biologique en Ukraine »: les délégations n’ont pas eu de mots assez durs pour dénoncer « une campagne de désinformation » visant à détourner l’attention de l’agression russe en cours.  Les Nations Unies n’ont pas connaissance de l’existence d’un programme biologique en Ukraine, a même affirmé la Haute-Représentante des Nations Unies pour les affaires de désarmement. 

Au cours de notre « opération militaire spéciale » en Ukraine, a expliqué la Fédération de Russie, il a été établi que les autorités ukrainiennes, avec le soutien et la supervision directe du Département américain de la défense, ont mis en œuvre des projets « dangereux » dans le cadre d’un programme biologique à des fins militaires, conformément à un accord signé en 2005.   Dans la série de documents que nous avons faits circuler ce matin au Conseil de sécurité, a souligné la Fédération de Russie, vous trouvez le soi-disant « Plan d’assistance technique » envoyé à certains destinataires du Ministère ukrainien de la défense, qui confirme le financement direct et la surveillance par le Pentagone des projets biologiques à des fins militaires.  Selon le même Plan, c’est le Département américain de la défense qui a défini les tâches et déterminé l’étendue des projets ainsi que la liste des équipements, et délégué de larges pouvoirs à son sous-traitant « Black & Veatch », en coopération avec les autorités ukrainiennes. 

Les laboratoires biologiques à Kiev, Odessa, Lvov et Kharkov n’ont pas été choisis par hasard par le Département américain de la défense, a encore expliqué la Fédération de Russie.  Ils sont devenus les exécutants du projet UP-8, visant à étudier les agents pathogènes de la fièvre de Crimée-Congo, de la leptospirose et des hantavirus.  Les documents que nous publions, a-t-elle affirmé, portent les signatures de véritables responsables américains et ils ne sont que la « pointe de l’iceberg » puisque nous en analysons d’autres en ce moment-même. 

Comme la semaine dernière, ont commenté les États-Unis, la Russie vient de nous présenter une théorie du complot « assez bizarre ».  L’Ukraine, ont-ils martelé, ne possède ni d’arme biologique ni de laboratoire suspect mais des établissements de santé publique, soutenus et reconnus par le Gouvernement américain, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et d’autres institutions internationales.  La seule prétendue preuve que nous apporte la Fédération de Russie, ce sont des programmes de recherche nécessaires à la biosécurité et à la santé humaine ou animale, menés par ailleurs dans de nombreux pays, a fait observer l’Irlande. 

C’est plutôt la Russie, ont poursuivi les « États-Unis, qui a depuis longtemps un programme contraire au droit international, comme en attestent l’empoisonnement à l’agent pathogène d’Alexeï Navalny, de Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia, et le soutien au « régime d’Assad » qui a utilisé des armes chimiques contre sa propre peuple.   Nous en sommes réduits, s’est énervée l’Albanie, à parler de programmes d’armes « inexistants », développés dans des laboratoires « inexistants » et financés par des entités « inexistantes ».  Elle a dénoncé des affirmations « non vérifiées, non fondées, non corroborées et non évaluées indépendamment » et « des tactiques de désinformation » pour justifier une nouvelle escalade et l’emploi éventuel d’armes chimiques ou biologiques. 

Il faut craindre en effet que cette « réalité alternative » soit « le prélude » à l’utilisation d’une arme chimique ou biologique en Ukraine, a acquiescé la France.  L’emploi de ces armes bannies par le droit international constituerait, a-t-elle prévenu, une escalade intolérable du conflit et entraînerait en réponse des sanctions économiques « absolument massives ». Ancienne victime des armes chimiques, la Chine a voulu que toutes les allégations liées à un programme chimique ou bactériologique soient abordées de manière « responsable ».  Face aux nouvelles « révélations » de la Fédération de Russie, elle a demandé aux parties concernées de répondre aux questions posées et de fournir des éclaircissements permettant de balayer les doutes de la communauté internationale. 

Des allégations « d’une telle gravité », a embrayé le Brésil, pointe vers la nécessité d’un protocole de vérification se rapportant à la Convention sur les armes biologiques.  Le Kenya a d’ailleurs conseillé de profiter de la neuvième Conférence d’examen de ladite Convention pour renforcer le régime de ces armes parce qu’”aucune allégation ne doit être prise à la légère ».  En attendant, Mme Izumi Nakamitsu, Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, a affirmé que les Nations Unies n’ont pas connaissance d’un programme d’armes biologiques en Ukraine.  Nous n’avons, a-t-elle reconnu, ni le mandat ni la capacité technique ou opérationnelle d’enquêter sur ces allégations. 

Soulignant que la Fédération de Russie et l’Ukraine sont toutes deux parties à la Convention sur les armes biologiques, elle a fait observer que cet instrument international comporte plusieurs mesures que les États peuvent actionner pour éliminer toute préoccupation ou tout soupçon face aux activités de leurs pairs.  Ce que ce Conseil doit entendre de la Fédération de Russie, s’est impatienté le Royaume-Uni, nous ne l’avons entendu ni hier, ni aujourd’hui, « rien sur le retrait des troupes russes de l’Ukraine ». 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclarations

Mme IZUMI NAKAMITSU, Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, a, s’agissant des documents présentés par la Fédération de Russie sur les allégations relatives aux programmes d’armes biologiques en Ukraine, réitéré que les Nations Unies n’en ont pas connaissance.  Nous n’avons, a-t-elle précisé, ni le mandat ni la capacité technique ou opérationnelle d’enquêter sur ces allégations.  Soulignant que la Fédération de Russie et l’Ukraine sont toutes deux parties à la Convention sur les armes biologiques de 1972, la Haute-Représentante a fait observer que cet instrument international contient plusieurs mesures que les États peuvent actionner pour éliminer toute préoccupation ou tout soupçon face aux activités de leurs pairs. 

Conformément à l’article V de la Convention, les États parties s’engagent à se consulter et à coopérer pour résoudre tout problème, sur une base bilatérale ou par les procédures internationales prévues dont l’une est la convocation d’une réunion consultative.  D’autres mesures sont contenues dans les articles V et VI de la Convention, a encore fait observer Mme Nakamitsu, estimant que la neuvième Conférence d’examen de la Convention, qui aura lieu prochainement, est l’occasion idéale de renforcer le texte de manière globale et le Bureau des affaires de désarmement est prêt à soutenir toutes les procédures que les États parties décideraient d’utiliser. 

En ce qui concerne la sûreté et de la sécurité des installations nucléaires ukrainiennes, la Haute-Représentante a cité le Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) qui a indiqué que, selon les autorités ukrainiennes elles-mêmes, la centrale nucléaire de Zaporizhzhya était encore pleinement opérationnelle hier, après la perte de la connexion à une troisième ligne électrique externe la reliant au réseau électrique national.  La centrale de Chernobyl reste, quant à elle, connectée audit réseau, après avoir été rebranchée le 14 mars dernier.  Toutefois, les opérateurs et gardiens ukrainiens n’ont pas pu effectuer de rotation depuis trois semaines.  Par ailleurs huit des 15 réacteurs du pays sont toujours en service. 

S’agissant des garanties nucléaires, l’AIEA ne reçoit toujours pas de transmission de données à distance de ses systèmes de surveillance installés à Chernobyl, a expliqué la Haute-Représentante, soulignant toutefois que les données des autres centrales nucléaires ukrainiennes sont dûment transférées.  Mme Nakamitsu a saisi l’occasion pour réitérer le soutien du Secrétaire général aux efforts de l’AIEA s’agissant de la sûreté et de la sécurité des installations nucléaires de l’Ukraine et a exhorté toutes les parties à travailler avec l’Agence. 

Enfin, Mme Nakamitsu a souligné les terribles conséquences du conflit sur les civils: au 16 mars, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme avait enregistré 2 032 victimes civiles, dont 780 tués, parmi lesquels 58 enfants, et il est à craindre que le nombre réel soit beaucoup plus élevé.  La plupart de ces victimes sont causées par l’utilisation d’armes explosives à large portée.  La Haute-Représentante a plaidé pour une solution diplomatique à la guerre pour mettre fin à la violence « maintenant » au nom du peuple ukrainien et du monde entier. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a déclaré qu’au cours de « l’opération militaire spéciale » lancée en Ukraine, il a été établi que les autorités ukrainiennes, avec le soutien et la supervision directe du Département américain de la défense, ont mis en œuvre des projets « dangereux » dans le cadre d’un programme biologique à des fins militaires, posant une menace réelle à la biosécurité de la Fédération de Russie et de toute la région.  Il y a une semaine, à notre demande, a dit le représentant, le Conseil de sécurité a tenu sa toute première réunion sur la question, au cours de laquelle nous avons posé des questions à « nos collègues occidentaux » qui sont restés muets.  La représentante des États-Unis, a précisé M. Nebenzia, n’a pu expliquer pourquoi les déclarations des responsables américains sur l’absence d’un laboratoire biologique contrôlé par les États-Unis en Ukraine étaient contredites par des documents attestant d’une « coopération » entre Kiev et Washington dans ce domaine.  Permettez-moi de vous rappeler, dit le représentant, que nous parlons d’un accord signé en 2005 entre le Département américain de la défense et le Ministère ukrainien de la santé, qui mentionne directement le soutien du Pentagone à la « recherche conjointe  d’agents pathogènes dangereux ». 

Dans la série de documents que nous avons fait circuler ce matin au Conseil de sécurité, a souligné le représentant, vous trouverez le soi-disant « Plan d’assistance technique » envoyé à certains destinataires du Ministère ukrainien de la défense, qui confirme le financement direct et la surveillance par le Pentagone des projets biologiques à des fins militaires.  Selon le même Plan, c’est le Département américain de la défense qui a défini les tâches et déterminé l’étendue des projets en Ukraine, déterminé les listes des équipements nécessaires et délégué de larges pouvoirs à la société « Black & Veatch », qui lui est affilié, en coopération avec les autorités ukrainiennes.  Le bénéficiaire de « l’aide américaine », à savoir le Ministère ukrainien de la défense, a été obligé d’assurer « l’accès rapide » du personnel  du Pentagone et de son sous-traitant aux laboratoires en Ukraine pour « effectuer des travaux  » dans le cadre de la mise en œuvre de projets.  Le Ministère ukrainien a en outre été obligé d’ouvrir l’accès à ses installations à des « scientifiques étrangers ». 

Nous ne serions pas surpris si des faits similaires sont révélés sur les activités des laboratoires contrôlés par les États-Unis dans d’autres régions du monde.  Nous appelons les pays qui ont ouvert leur territoire aux expériences du Pentagone à étudier attentivement le contrat de leur partenariat avec les États-Unis dans le domaine biologique.  Nous soutenons pleinement la demande de la Chine pour que les États-Unis divulguent des données relatives aux activités de 360 laboratoires qu’ils contrôlent dans le monde, a encore déclaré M. Nebenzia. 

Mais « retour en Ukraine », a poursuivi le représentant.  Les laboratoires biologiques à Kiev, Odessa, Lvov et Kharkov n’ont pas été choisis par hasard par le Département américain de la défense.  Ils sont devenus les exécutants du projet UP-8, visant à étudier les agents pathogènes de la fièvre de Crimée-Congo, de la leptospirose et des hantavirus.  Nous pensons que l’intérêt des biologistes de l’armée américaine pour ces agents pathogènes s’expliquent par le fait qu’ils ont des foyers naturels à la fois en Ukraine et en Russie, et que leur utilisation peut être masquée dans des épidémies de maladies naturelles. 

Relayant volontiers toutes les « fausses informations » fournies par les autorités ukrainiennes, avec le soutien de leurs « mécènes occidentaux », les médias occidentaux ont douté de l’authenticité des documents publiés par le Ministère russe de la défense.  Je veux attirer l’attention sur le fait suivant, a martelé le représentant.  Les documents que nous publions portent les signatures de véritables responsables américains.  Plusieurs d’entre eux ont été signés par la responsable du Bureau ukrainien de réduction des menaces, Mme Joanna Wintrall.  Cette employée du Pentagone est bien connue dans les milieux de la non-prolifération.  Avant l’Ukraine, elle a supervisé la destruction des armes chimiques en Libye.  Si les journalistes sont vraiment intéressés par l’authenticité des documents que nous présentons, alors je suggère de la contacter directement. 

En conclusion, M. Nebenzia a souhaité commenté les déclarations des représentants du Secrétariat de l’ONU qui n’auraient aucune preuve de l’existence de programmes biologiques à des fins militaires en Ukraine.  Conformément à la Convention sur les armes biologiques, les États parties doivent soumettre à l’ONU des informations sur leurs activités en cours.  Il s’agit des mesures de confiance mais depuis 2016, moment où la mise en œuvre des projets mentionnés, dont UP-4, UP-8 et R-781, a commencé, les États-Unis et l’Ukraine ont délibérément gardé le silence.  Cela fait des années, a souligné le représentant, que mon pays appelle au renforcement du régime de la Convention et à l’adoption d’un protocole juridiquement contraignant qui permettrait de créer un mécanisme de vérification efficace, comprenant des informations sur les activités biologiques à des fins militaires menées à l’étranger.  Les États-Unis bloquent ces travaux depuis près de 20 ans, a fait observer le délégué.  Tous les faits et toutes preuves que j’ai énumérés aujourd’hui et le 11 mars dernier ne sont que la « pointe de l’iceberg ». Notre Ministère de la défense en a reçu d’autres qu’il analyse.   Nous continuerons à informer la communauté internationale des activités « illégales » du Pentagone sur le territoire ukrainien, a promis M. Nebenzia. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a regretté que l’on en soit réduit à parler de programmes d’armes « inexistants », développés dans des laboratoires « inexistants » et financés par des entités « inexistantes » aux États-Unis, alors que de nombreux établissements de santé sont bombardés en Ukraine.  Après avoir dénoncé des affirmations « non vérifiées, non fondées, non corroborées et non évaluées indépendamment » le représentant a estimé que nous sommes, dans le meilleur des cas, face à une tentative de la Russie de détourner l’attention de ses crimes et de son invasion de l’Ukraine.  Il a dénoncé « des tactiques de désinformation » pour justifier une nouvelle escalade et l’emploi éventuel d’armes chimiques ou biologiques. 

Acceptez plutôt le cessez-le-feu sur tout le territoire ukrainien, a conseillé le représentant à la Russie.  Retirez vos forces dans un rayon de 40 km des lieux suspects, et demandez que les forces de l’ONU le sécurisent pour permettre aux équipes de mener des enquêtes.  Le représentant a rappelé que 141 membres de l’Assemblée générale ont exhorté la Russie à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, à arrêter la guerre et à protéger les civils.  Ils ne vous ont pas demandé de bombarder aveuglément, de tuer des innocents, de détruire un pays ou de semer des ravages économiques dans le monde entier.  Le représentant a exhorté la Russie à ne pas abuser du Conseil pour créer « l’illusion de la vérité à coup de mensonges répétés ».  « Calomniez, calomniez, il en reste toujours quelque chose », a-t-il conclu, en citant Beaumarchais. 

Comme la semaine dernière, la Fédération de Russie vient de nous présenter une théorie du complot « assez bizarre », a commenté Mme  LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis), affirmant que l’Ukraine ne possède ni d’arme biologique ni de laboratoire.  L’Ukraine, a-t-elle dit, possède en effet des établissements de santé publique, soutenus et reconnus par le Gouvernement américain, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et d’autres institutions internationales.  C’est plutôt la Russie qui a depuis longtemps un programme contraire au droit international.  

C’est aussi elle qui est l’agresseur ici.  Ce sont ses agents qui ont empoisonné Alexeï Navalny et Sergueï Skripal et sa fille Ioulia, avec des agents pathogènes.  C’est elle qui continue de soutenir et de protéger « le régime d’Assad », alors qu’il a utilisé des armes chimiques contre sa population comme l’ont confirmé par les Nations Unies et l’OIAC. 

Nous sommes réunis aujourd’hui, a poursuivi la représentante, parce que la Fédération de Russie a échoué à faire adopter son projet de résolution.  En fait, cette réunion, n’est que le résultat et le fruit de son « isolement » au Conseil de sécurité et de la scène internationale.  Nous ne sommes pas ici « pour vendre ou acheter des armes », au sens littéral comme au sens figuré, a souligné la représentante qui s’est inquiétée d’une réunion qui n’est qu’un autre effort la Fédération de Russie de justifier son attaque contre l’Ukraine.  À de multiples reprises, la Fédération de Russie a accusé les pays de violations auxquelles elle se livre elle-même et elle pourrait être sur le point d’utiliser des armes biologiques ou chimiques sur le territoire de l’Ukraine, a alerté la représentante.  Nous continuerons, a-t-elle promis, de tirer la sonnette d’alarme, d’informer le monde et de mettre à jour « les multiples mensonges » de la Russie devant ce Conseil malgré toutes les preuves, dont, l’invasion de l’Ukraine.  Cette campagne de désinformation est en réalité un « signe de désespoir ».  « C’est ça la vérité! » a conclu la représentante. 

Mme GERALDINE BYRNE MASON (Irlande) a regretté la décision de la Fédération de Russie de convoquer cette réunion dans le seul but de promouvoir ses allégations « fallacieuses et non fondées ».  La seule prétendue preuve de la Fédération de Russie, ce sont des programmes de recherche nécessaires à la biosécurité et à la santé humaine ou animale, menés par ailleurs dans de nombreux pays.  La représentante a exhorté la Fédération de Russie à cesser ses « campagnes de désinformation » et ses tentatives de détourner l’attention de ce qui se passe vraiment en Ukraine.  Il est tout simplement « inacceptable », a-t-elle tonné, de porter des accusations « sans fondement » contre l’Ukraine, un État partie en règle au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), et aux Conventions internationales sur les armes chimiques et biologiques.  L’utilisation de ces armes « odieuses » est immorale et illégale, en toute circonstance et il n’y aura pas d’impunité pour ceux qui y recourent, a prévenu la représentante, avant d’exhorter la Fédération de Russie à se garder de violer ou de saper le désarmement multilatéral essentiel à notre sécurité collective. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a qualifié « de cynique et d’irresponsable » la campagne de désinformation de la Russie qui n’a présenté aucun fait avéré. L’Ukraine n’a pas de programmes d’armement biologique et elle respecte ses obligations au titre de la Convention sur l’interdiction des armes bactériologiques (biologiques), a insisté le représentant, avant de rappeler que les Nations Unies ont clairement indiqué la semaine dernière, et encore ce matin, n’avoir pas connaissance de l’existence de tels programmes.  M. de Rivière a néanmoins précisé que la Russie a, en revanche, eu recours de manière répétée aux armes chimiques, ces dernières années.  Le pays a soutenu le régime syrien et a eu recours à ces armes au Royaume-Uni et sur son propre territoire, dans des tentatives d’assassinats ciblés.  En inventant « une réalité alternative », la Russie cherche à faire oublier sa responsabilité et à couvrir ses crimes.  Le représentant s’est dit très préoccupé par la possibilité que cette campagne de désinformation soit le prélude à l’utilisation d’une arme chimique ou biologique en Ukraine.  Il a prévenu que si de telles attaques avaient lieu, la Russie serait la seule responsable.  L’utilisation de ces armes bannies par le droit international constituerait une escalade intolérable du conflit et elle entraînerait en réponse des sanctions économiques « absolument massives ».  Le représentant a regretté que le Conseil de sécurité soit utilisé par l’un de ses membres permanents comme « une plateforme de propagande ». 

Hier encore, ici dans ce Conseil, nous avons entendu les effets dévastateurs de l’invasion russe sur l’Ukraine, sa population, ses villes, la région et l’ensemble de la communauté internationale, a rappelé Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni).  Aujourd’hui, nous avons, de nouveau, à faire à une campagne de désinformation « d’amateurs » qui a déjà fait l’objet d’une discussion, vendredi dernier.  Qualifiant la réunion de « non-sens », la représentante a préféré souligné que le Président Putin et son invasion « inhumaine et illégale » est la plus grande menace à la paix et à la sécurité internationales.  Les charades et la désinformation sont tout simplement « indignes » d’un membre du Conseil de sécurité.  Ce dont ce Conseil a besoin d’entendre de la Fédération de Russie, nous ne l’avons entendu ni hier, ni aujourd’hui, rien sur le retrait des troupes russes de l’Ukraine.  La Russie, en a déduit à son tour la représentante, est isolée d’un point de vue diplomatique et économique et elle s’enlise en Ukraine.  Mettez fin à votre invasion « maintenant », a-t-elle conseillé. 

Mme KHALILAH HACKMAN (Ghana) a déclaré que l’utilisation d’agents chimiques ou biologiques comme armes de guerre en Ukraine ou ailleurs serait inadmissible et ne devrait être envisagée par aucune des parties.  Elle a souligné la nécessité urgente pour la Fédération de Russie de cesser les hostilités et de procéder au retrait inconditionnel et immédiat de toutes ses troupes.  Ce conflit, a-t-elle constaté, a de plus en plus de ramifications au-delà des frontières de l’Ukraine.  La hausse importante des prix des denrées alimentaires et du gaz a un impact négatif sur une économie mondiale déjà fragilisée par la pandémie de COVID-19. Aussi la déléguée s’est-elle félicitée de l’intention du Secrétaire général de mobiliser une action mondiale pour atténuer l’impact de cette guerre.  Déplorant la détérioration rapide de la situation humanitaire en Ukraine, elle a appelé au respect du droit humanitaire international et des droits de l’homme.  Elle a ensuite demandé la fin immédiate des attaques contre les établissements médicaux et autres établissements essentiels, et encouragé à la poursuite des pourparlers en cours entre les deux parties. 

Je vous prie d’éviter d’interpréter notre position sur quelque sujet que ce soit.  Nous sommes tout à fait capables d’exprimer notre position ici au Conseil de sécurité et dans d’autres organes des Nations Unies, s’est emporté M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil).  Aujourd’hui, pour la deuxième fois en une semaine, nous sommes réunis ici pour discuter d’allégations « très graves » concernant la production et le stockage d’armes biologiques.  Des accusations d’une telle gravité doivent être étayées par des preuves « solides et confirmées », et collectées par une autorité indépendante, comme le prévoit l’article VI de la Convention sur les armes biologiques.  Nous sommes dès lors, a dit le représentant, favorable à un protocole de vérification se rapportant à la Convention et tout aujourd’hui pointe vers la nécessité d’un tel mécanisme. 

Mme STEPHANIE NGONYO MUIGAI (Kenya) a estimé regrettable que le conflit armé en Ukraine se poursuive avec des conséquences intolérables pour le peuple ukrainien et, de plus en plus, pour le reste du monde, en particulier pour les pays du Sud, où les prix des produits de base augmentent fortement en raison de l’impact des sanctions et des pénuries.  À ce stade, a-t-elle préconisé, le Conseil devrait se concentrer sur la cessation de la campagne militaire en Ukraine.  Elle a appelé les parties concernées à agir immédiatement pour faciliter l’action humanitaire mais aussi un dialogue indispensable à la recherche d’une solution politique durable.  Poursuivant, elle a voulu que l’on ne prenne à la légère aucune allégation sur l’emploi d’armes biologiques.  Elle a exhorté les États parties à la Convention à saisir l’occasion de la neuvième Conférence d’examen, qui se tiendra dans le courant de l’année, pour renforcer le régime des armes biologiques. 

Mme MONA JUUL (Norvège) a rappelé que la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement a répété aujourd’hui, comme la semaine dernière, que « l’ONU n’a connaissance d’aucun programme d’armes biologiques en Ukraine ».  La représentante a estimé que la Russie n’a fourni aucune preuve « crédible » de ses affirmations et qu’elle s’est limitée à des allégations et des interprétations non fondées.  Elle a jugé inadmissible que la Russie continue de proférer des affirmations non étayées selon lesquelles l’Ukraine se prépare à utiliser des armes biologiques.  Il s’agit d’une démarche qui vise à détourner l’attention du rôle d’agresseur de la Russie dans cette invasion illégale de l’Ukraine.  Partisane de la Convention sur les armes biologiques, la Norvège, a souligné la représentante, condamne toute utilisation de ces armes.  Après avoir accusé la Fédération de Russie de convoquer des réunions dans le seul but de saper le rôle vital du Conseil en matière de diplomatie et de maintien de la paix, elle a répété que ce pays porte seule la responsabilité de cette guerre illégale et de ses conséquences humanitaires dévastatrices. 

M. CHRISTOPHE NANGA (Gabon) a réitéré les propos tenus, la semaine dernière, avant d’appeler les parties à s’en tenir au strict respect des dispositions pertinentes de la Convention sur les armes biologiques.  En tant qu’État partie à cet instrument international, le Gabon, a dit le représentant, déclare son opposition à toute utilisation de ce type d’armes et appelle les belligérants en Ukraine à s’abstenir de toute escalade et à respecter le droit international. 

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a déclaré que son gouvernement attache une grande importance à la Convention sur les armes biologiques, qui doit être mise en œuvre de manière « complète et efficace ».  Nous pensons également que toute question relative aux obligations découlant de la Convention doit être traitée conformément aux dispositions prévues et dans le cadre de consultations entre les parties concernées.  Ma délégation, a dit le représentant, reste profondément préoccupée par la détérioration de la situation en Ukraine, même si elle se félicite de la dernière série de pourparlers diplomatiques entre la Fédération de Russie et l’Ukraine.   Nous pensons que la cessation immédiate des hostilités et la poursuite diligente de la voie du dialogue et de la diplomatie sont « la seule voie possible », a ajouté le délégué. 

M. JUN ZHANG (Chine) a estimé qu’un cessez-le-feu doit intervenir le plus rapidement possible pour éviter l’aggravation de la crise humanitaire en Ukraine. Notant ensuite que la Fédération de Russie et l’Ukraine ont tenu quatre cycles de négociations, le représentant a espéré voir un cessez-le-feu.  Il a invité les parties à explorer les manières de mettre en place un régime équilibré, basé sur une architecture européenne s’appuyant sur le principe de la sécurité collective indivisible.  Rappelant la position de la Chine sur les armes de destruction massive, le représentant a exhorté tous les pays qui ne l’auraient pas encore fait, à détruire leurs stocks d’armes chimiques le plus rapidement possible, et à permettre au régime de vérification de mener ses missions le plus vite possible pour renforcer la sécurité biologique.  Ancienne victime des armes chimiques, la Chine, a dit le représentant, souhaite que toutes les allégations liées à un programme chimique ou bactériologique soient abordées de manière responsable.  Face aux nouvelles « révélations » de la Fédération de Russie, il a demandé aux parties concernées de répondre aux questions posées et de fournir des éclaircissements permettant de balayer les doutes de la communauté internationale. 

Après avoir noté que l’ONU n’est pas au courant de programmes d’armes biologiques en Ukraine, M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a rappelé que la Convention sur les armes biologiques est un instrument « fondamental » du régime de désarmement multilatéral.  La Convention, a-t-il aussi rappelé, prévoit de régler les différends par la consultation et la coopération.  Moins de 24 heures après la dernière réunion du Conseil sur les besoins humanitaires de l’Ukraine, l’urgence, a estimé le représentant, est de cesser les hostilités et de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire, sans restriction ni exclusion.  Ce « sentiment d’urgence », a-t-il martelé, est partagé par tous les membres de ce Conseil « sauf un ».

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a déclaré que l’utilisation de tout type d’arme de destruction massive par quelque partie que ce soit, et quelles qu’en soient les circonstances, ne saurait être justifiée.  Il s’agirait d’un crime contre l’humanité, a-t-il martelé, avant de réitérer son appel à la mobilisation de tous les instruments diplomatiques « à notre disposition » pour mettre un terme aux hostilités et apaiser les souffrances des civils, dans le respect du droit international. 

Reprenant la parole, le représentant de la Fédération de Russie s’est étonné que les membres du Conseil se soient bornés à dénoncer une prétendue campagne de désinformation alors qu’ils sont saisis d’informations et de documents nouveaux et dûment signés sur la coopération entre l’Ukraine et les États-Unis, dans le domaine bactériologique.  Contestez ces informations plutôt que de nous accuser de désinformation, a-t-il dit, et surtout cessez de nous soupçonner de vouloir utiliser des armes biologiques ou chimiques contre l’Ukraine alors que nous vous présentons des informations sur le déploiement de groupes nationalistes ukrainiens dotés de matériels permettant de mener des actions avec ces armes, a insisté le représentant.  Après avoir mentionné un programme d’armes biologiques américain « caché », il a attiré l’attention sur des études relatives à l’augmentation du nombre de maladies « douteuses » en Ukraine qui ne s’explique pas par des facteurs traditionnels.  Réagissant enfin à l’idée que l’ONU ne sait rien d’un programme d’armes bactériologiques en Ukraine, il s’est résigné: « l’ONU ne peut pas savoir car les initiateurs de ces programmes ne partagent pas ce genre d’informations. » 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée commémore la Journée contre la discrimination raciale en appelant à faire entendre la voix des États Membres contre le racisme systémique et pour une justice réparatrice

Soixante-seizième session,
62e séance – matin
AG/12409

L’Assemblée commémore la Journée contre la discrimination raciale en appelant à faire entendre la voix des États Membres contre le racisme systémique et pour une justice réparatrice

La Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale a été commémorée cette année sous la forme d’un appel à faire entendre la voix des Nations Unies dans la lutte contre le racisme.  Les intervenants ont reconnu les progrès réalisés à cette fin au cours des deux dernières années, notamment dans le sillage de mouvements citoyens planétaires salués par l’Assemblée générale en 2020.  Mais le combat contre le racisme et pour la justice est plus urgent que jamais, ont déclaré d’un seul front le Secrétaire général, M. António Guterres, la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Mme Michelle Bachelet Jeria, et le Président de l’Assemblée générale, M. Abdulla Shahid - qui a par ailleurs déclaré que les pensées de l’Assemblée allaient « au peuple ukrainien ».

La Vice-Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale, Mme Verene Shepherd, a ainsi demandé aux États Membres de « déraciner le racisme systémique », ces propos forts faisant écho à ceux de M. Guterres qui en a appelé à une justice réparatrice pour réaliser l’égalité entre les races et « expier l’héritage de siècles d’esclavage et de colonialisme ».  Pour édifier un avenir de justice, il faut redresser les torts du passé, s’est-il exclamé, annonçant par ailleurs la nomination imminente d’un conseiller spécial chargé de superviser la mise en œuvre du Programme de transformation pour la justice et l’égalité raciales en quatre points.  

Le Secrétaire général et les différents groupes régionaux qui ont pris la parole ont réaffirmé la portée de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, ainsi que de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale.  La Rapporteuse spéciale sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée, a ajouté que ces fers de lance de la lutte antiraciste devaient s’enrichir de la participation des groupes ethniques marginalisés, les mêmes « qui subissent la violence des gouvernements quand ils se mobilisent contre ce qui les oppresse et maintient les hiérarchies raciales ».  Mme Tendayi Achiume a également appelé les États Membres à mettre fin à ce qu’elle a qualifié d’apartheid vaccinal. 

Le Lesotho, au nom du Groupe des États d’Afrique, a également rappelé que ces derniers sont attachés à ce que les réparations pour l’esclavage et le colonialisme passent par une reconnaissance sans équivoque des torts historiques, pour permettre « l’éradication des cicatrices laissées par l’inégalité raciale, la subordination et la discrimination qui furent la marque des fléaux de l’esclavage, de l’apartheid et du colonialisme ». 

D’autre part, évoquant cette fois les nouvelles formes de racisme, Mme Bachelet Jeria a attiré l’attention sur les algorithmes intégrés dans les recherches sur Internet, qui renforcent souvent les stéréotypes et les préjugés raciaux négatifs.  Elle a également fait remarquer que les outils de reconnaissance faciale sont souvent utilisés à des fins de surveillance, lesquels peuvent être une source de discrimination susceptibles de renforcer les pratiques douteuses des forces de l’ordre à l’encontre des minorités.  Dans son allocution, M. Guterres avait appelé les États Membres à combattre et dénoncer les discours de haine diffusés en ligne. 

Prenant la parole en tant que pays hôte des Nations Unies, les États-Unis ont rappelé qu’à l’été 2020, l’organisation « Black Lives Matter » avait « ébranlé le monde entier », des mouvements sociaux semblables ayant essaimé en Afrique et en Amérique du Sud.  « Nos différences sont la source de nos forces, et l’atout majeur des États-Unis a toujours été sa diversité », a affirmé la représentante américaine, assurant que la lutte contre les discriminations est une priorité de l’Administration Biden, comme en atteste le soutien apporté par celle-ci à la mise en place de l’Instance permanente des personnes d’ascendance africaine. 

Le Nigéria est à l’origine de la création de cette instance chargée d’appuyer les efforts mondiaux contre la discrimination raciale.  Pour autre rappel, la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale est entrée en vigueur il y a près de 50 ans.  Elle a été suivie de la Déclaration et du Plan d’action de Durban, et du Programme de développement durable à l’horizon 2030 dont l’une des bases est la non-discrimination.

Instaurée en 1966, la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale est commémorée chaque année le 21 mars, en souvenir des 69 manifestants pacifiques et non armés assassinés par la police sud-africaine en 1960, à Sharpeville, en Afrique du Sud.

Des appels ont aussi été entendus ce matin pour éliminer le racisme en tirant parti de l’énergie, de l’optimisme et du militantisme de la nouvelle génération.  Le rôle important des jeunes du monde entier a été souligné, car ils sont « à l’avant-garde de la lutte contre le racisme ».

Par ailleurs, l’Assemblée générale a procédé à la nomination du Pakistan comme membre du Conseil du Cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables pour une durée de deux ans.  

ÉLIMINATION DU RACISME, DE LA DISCRIMINATION RACIALE, DE LA XÉNOPHOBIE ET DE L’INTOLÉRANCE QUI Y EST ASSOCIÉE

Réunion commémorative à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale organisée en application de la résolution A/76/226 de l’Assemblée générale du 24 décembre 2021

Déclarations

M. ABDULLA SHAHID, Président de la soixante-seizième session de l’Assemblée générale, a tout d’abord exprimé de profondes inquiétudes face aux rapports alarmants faisant état de violences contre les civils, en particulier les femmes et les filles, en Ukraine.  « Nos pensées vont au peuple ukrainien en ce jour », a-t-il annoncé.  Depuis l’instauration de cette journée internationale il y a plus d’un demi-siècle, « l’élimination de la discrimination raciale continue de nous échapper », avec, partout dans le monde, une augmentation des discours haineux, intolérants, racistes, et ce, malgré la ratification quasi universelle de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, a déploré le Président.  C’est un échec face à tout ce que nous défendons dans la salle de cette Assemblée, et cela doit changer, a-t-il poursuivi.

Rappelant « l’obligation morale » de s’attaquer au racisme sous toutes ses formes, il a estimé que l’engagement à l’égard de la Déclaration de Durban et de son programme d’action est une étape clef dans l’élimination de la discrimination raciale.  Il a encouragé à l’avenir les gouvernements nationaux, les organisations de la société civile et le secteur privé à travailler ensemble pour encourager leur application et lutter contre toutes les formes de discrimination raciale.

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a déploré, qu’aujourd’hui encore, le racisme continue d’empoisonner les institutions, les structures sociales et la vie quotidienne dans toutes les sociétés, restant en outre un facteur d’inégalité persistant et continuant de priver des personnes de leurs droits humains fondamentaux.  Il déstabilise les sociétés, a poursuivi le Secrétaire général, sape les démocraties, porte atteinte à la légitimité de l’État et fait obstacle à une reprise inclusive et durable après la COVID-19.  Le racisme accélère par ailleurs les discours publics grossiers qui banalisent la haine, nient la dignité et incitent à la violence, a-t-il ajouté, relevant que les liens entre racisme et inégalité de genre sont indéniables.  « Ces phénomènes ont des conséquences terribles, dont les discriminations multiples et transversales que subissent les femmes de couleur et les groupes minoritaires. »  Aucun pays n’est à l’abri de l’intolérance ni de la haine, a-t-il insisté, attirant l’attention sur le fait que les Africains et les personnes d’ascendance africaine, les Asiatiques et les personnes d’ascendance asiatique, les populations minoritaires, les peuples autochtones, les migrants, les réfugiés et tant d’autres continuent de subir la stigmatisation, la discrimination et la violence, et de servir de boucs émissaires. 

Rappelant que le thème de cette année, « Faisons entendre notre voix dans la lutte contre le racisme », « nous engage à nous exprimer haut et fort, à écouter attentivement et à agir avec détermination », le Secrétaire général a dit aux États Membres qu’il leur incombe de se montrer solidaires avec tous les mouvements qui promeuvent l’égalité et les droits humains partout dans le monde.  Nous devons ainsi être solidaires avec toute personne fuyant un conflit, une persécution ou tout autre discrimination fondée sur la race, la religion ou l’origine ethnique et dénoncer les discours de haine diffusés en ligne et ailleurs, a-t-il martelé.  Le Secrétaire général a appelé à protéger la liberté d’expression et de réunion, qui sont au fondement du pluralisme, des sociétés pacifiques et inclusives, et souligné la nécessité « d’un contrat social renouvelé, sur la base des droits et opportunités pour tous » afin de mieux lutter contre la pauvreté et l’exclusion, investir dans l’éducation et rétablir la confiance et la cohésion sociale.  « Nous devons écouter ceux qui subissent l’injustice et s’assurer que leurs préoccupations et leurs revendications sont au centre des efforts menés pour démanteler les structures discriminatoires », a en outre souligné M. Guterres. 

Le Secrétaire général a par ailleurs attiré l’attention sur le fait que la justice réparatrice est cruciale pour réaliser l’égalité entre les races et « expier l’héritage de siècles d’esclavage et de colonialisme ».  Pour édifier un avenir de justice, il faut redresser les torts du passé, a-t-il clamé.  M. Guterres a indiqué que les pays disposent des textes nécessaires pour guider l’action commune, la Déclaration et le Programme d’action de Durban, la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale et le Programme de transformation pour la justice et l’égalité raciales en quatre points.   À l’ONU, nous avons lancé aussi notre propre plan d’action stratégique interne pour lutter contre le racisme et je nommerai bientôt un conseiller spécial, a-t-il annoncé en ajoutant qu’il va mettre en place un groupe de pilotage chargé de superviser la mise en œuvre de ce plan.  L’Instance permanente des personnes d’ascendance africaine créée par l’Assemblée générale est un autre exemple de progrès significatifs pour apporter une réponse systémique au racisme systémique, a-t-il aussi fait valoir. 

Pour que l’idéal d’un monde sans racisme ni discrimination raciale devienne une réalité, il faut agir tous les jours, à tous les niveaux, dans toutes les sociétés.  Rassemblons-nous en une humanité commune et défendons d’une seule voix l’égalité, la justice et la dignité de toutes et tous, a conclu M. Guterres. 

Selon Mme VERONICA MICHELE BACHELET JERIA, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, qui s’est exprimée par visioconférence, l’impact du racisme sur les droits humains des personnes est considérable.  Qu’il s’agisse de personnes cherchant à fuir un conflit, comme vu récemment aux frontières de l’Ukraine, d’enfants scolarisés, de personnes ayant besoin de soins de santé, de demandeurs d’emploi et de bien d’autres encore, la Haut-Commissaire a observé de multiples manifestations de racisme.

Mme Bachelet Jeria a notamment mis l’accent sur les algorithmes intégrés dans les recherches sur Internet, qui renforcent souvent les stéréotypes et les préjugés raciaux négatifs.  Elle a aussi fait remarquer que les outils de reconnaissance faciale sont souvent utilisés à des fins de surveillance, qui peuvent être une source de discrimination et susceptibles de renforcer les pratiques discriminatoires des forces de l’ordre à l’encontre des minorités.  L’interdiction de certains livres, en particulier ceux traitant de l’identité raciale, dans les programmes et les bibliothèques scolaires constitue également, selon la Haut-Commissaire, une atteinte au droit à l’éducation et aux efforts visant à reconnaître et à combattre les préjugés hérités du passé.

Selon Mme Bachelet Jeria, « le racisme systémique exige une réponse systémique », et ne peut être démantelé que par des « réformes vigoureuses et globales ».  Au niveau international, cet effort doit être guidé par la Déclaration et le Programme d’action de Durban et plusieurs autres instruments importants, notamment la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, la Déclaration des droits des personnes appartenant à des minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques, et la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.  La Haut-Commissaire a appelé à « protéger l’espace civique et la sécurité » de ceux qui font face au racisme.  Leurs droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association, en particulier, doivent être sauvegardés, car ils constituent souvent le seul moyen pour eux de faire changer les choses.  Elle a enfin souligné que les hommes politiques et les autorités ont une responsabilité particulière, celle de s’abstenir, de prévenir et de combattre l’incitation à la haine et à la discrimination.

Mme TENDAYI ACHIUME, Rapporteuse spéciale sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée, a estimé qu’au cours des deux dernières années des progrès ont été réalisés pour faire entendre la voix de celles et ceux qui subissent au quotidien le racisme systémique.  En 2020, l’Assemblée générale, à la suite de l’assassinat de George Floyd, s’est prononcée pour une justice raciale renforcée, l’un des moyens les plus sûrs de mettre à bas le racisme systémique et les injustices qui continuent de caractériser la vie de millions de marginalisés dans le monde entier, a déclaré Mme Achiume.  Selon elle, des réponses urgentes doivent être apportées par les États Membres dans le cadre des conventions internationales pertinentes.  À cet égard, elle a plaidé pour la participation des groupes ethniques marginalisés, les mêmes « qui subissent parfois la violence des gouvernements quand ils se mobilisent contre ce qui les oppresse et maintient les hiérarchies raciales ».  Mme Achiume a également appelé les États Membres à mettre fin à ce qu’elle qualifié d’apartheid vaccinal et à œuvrer, conformément à leurs obligations internationales, au renforcement de la protection de l’espace civique partout dans le monde. 

Mme VERENE A. SHEPHERD, Vice-Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale, a déploré le fait que trop de personnes n’aient pas appris les leçons du passé en termes d’impact tragique des guerres.  Au moment où l’on réfléchit à ce qui s’est passé le 21 mars 1960, lorsque la police a ouvert le feu et tué 69 hommes, femmes et enfants lors d’une manifestation pacifique à Sharpeville, en Afrique du Sud, elle a appelé à célébrer le fait que depuis ce jour tragique, le système d’apartheid en Afrique du Sud a été démantelé et le pays a fait de grands efforts pour s’assurer que plus jamais un tel mal ne se reproduira.  Elle a constaté que la communauté mondiale a également progressé en termes d’élimination du racisme et de la discrimination.  Depuis 1960, le colonialisme a pris fin dans de nombreux autres pays et la superstructure de l’esclavage et de l’apartheid racial a été démantelée, a-t-elle constaté en parlant aussi des lois et des pratiques racistes qui ont été abolies dans de nombreux pays.  De plus, les Nations Unies ont mis en place un cadre international pour lutter contre le racisme, a expliqué Mme Shepherd.  Parmi les avancées en la matière, elle a mentionné le Programme d’action de Durban, la création de l’Instance permanente des personnes d’ascendance africaine, et la publication d’un rapport du Haut-Commissariat aux droits de l’homme qui appelle les États Membres à adopter un « programme de transformation » pour déraciner le racisme systémique.

Nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers, a-t-elle tempéré.  Elle a relevé que les événements des années 2019-2021 et les deux premiers mois et demi de 2022 sont des rappels opportuns pour nous tous que l’intolérance à l’égard de la diversité, le racisme et la discrimination ne sont pas seulement des idéologies et des pratiques du passé.  Selon elle, nous avons vu leurs manifestations dans le meurtre tragique de l’Afro-Américain George Floyd, la mondialisation du Mouvement « Black Lives Matter », l’impact disproportionné de la COVID-19 sur les peuples autochtones et les personnes d’ascendance africaine, la distribution inéquitable des vaccins, l’intensification du mouvement de la justice réparatrice et l’insistance sur la conviction que l’histoire doit guider nos actions pour construire des sociétés plus équitables face à une apparente résurgence du pro-colonialisme.  Nous avons également tous vu l’impact des changements climatiques et de la dégradation de l’environnement et, plus récemment, l’impact de la guerre russo-ukrainienne sur les immigrants et les minorités, y compris les personnes d’ascendance africaine, a observé Mme Shepherd.  Elle a appelé la famille humaine à s’engager à nouveau aujourd’hui dans la lutte contre la discrimination raciale et pour la construction de ponts de compréhension, en étendant ces ponts.  Étant donné que le racisme est systémique, elle a appelé à une réponse également systémique.  Elle a souhaité, en conclusion, une approche transformatrice s’attaquant aux domaines interconnectés qui alimentent le racisme et conduisent à des tragédies répétées, tout à fait évitables, comme la mort de George Floyd. 

M. LEYNER PALACIOS, Commissaire à la Commission colombienne de la vérité, a souligné que les pratiques discriminatoires, l’exclusion et le racisme sont des fléaux qui nous affectent aujourd’hui comme ils ont affecté « nos ancêtres qui étaient asservis » dans le cadre du commerce transatlantique.  Il a rappelé que du fait de leur condition de noirs, ils n’étaient pas considérés comme des êtres humains, mais plutôt comme des objets et des biens personnels.  Puis après l’abolition de l’esclavage, sont venues d’autres formes d’exclusion et de racisme en Colombie, a-t-il témoigné.  Il a relevé qu’avec une scène montrant un être humain placer son genou sur le cou d’un autre, on comprend combien le racisme est encore présent dans nos sociétés.  C’est pourquoi il est important que l’Assemblée générale se lève contre ces pratiques racistes, a-t-il reconnu.

M. Palacios s’est souvenu qu’au cours du conflit colombien, que le pays essaye maintenant de dépasser, on a constaté des éléments très forts témoignant de l’existence du racisme et des pratiques racistes.  En effet, des communautés de femmes noires et les personnes d’ascendance africaine ont subi des violences d’une manière disproportionnée, précisément parce que les acteurs armés considéraient que ces citoyens avaient moins de droits.  En Colombie, a-t-il poursuivi, le racisme se vit dans la jouissance des droits en matière de santé, d’éducation, de logement, de services, d’accès à l’eau potable dont les enfants noirs ont tant besoin.  Il a expliqué que la situation des femmes rurales est encore pire parce qu’elles n’ont aucune possibilité de plainte.  M. Palacios a souhaité que des mesures soient prises pour mettre fin à ces fléaux.

M. THABANG EDWIN TLALAJOE (Lesotho), au nom du Groupe des États d’Afrique, a rappelé que, l’année dernière, les Nations Unies et la communauté internationale ont célébré les 20 ans de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, lesquels forment le fer de lance de tous les efforts internationaux visant à éliminer le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.  Nous réaffirmons que ces instruments incarnent le ferme engagement de la communauté internationale à lutter contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée aux niveaux national, régional et international, a-t-il insisté.  Or pour le représentant, le racisme demeure une préoccupation mondiale et le combattre doit rester « un effort universel ».  Plaidant pour une action préventive et concertée, notamment dans le domaine de l’éducation et de la sensibilisation, cela pour que s’instaurent des sociétés plus inclusives, équitables et harmonieuses, M. Tlalajoe a souligné que si la mondialisation offre d’importantes opportunités de développement, « les avantages sont inégalement partagés, tandis que ses coûts sont inégalement répartis ».

« Nous appelons à la prévention et à l’atténuation des effets négatifs de la mondialisation qui aggravent la pauvreté, le sous-développement, la marginalisation et l’exclusion sociale et renforcent l’homogénéisation culturelle et les disparités économiques au sein des États », a déclaré M. Tlalajoe.  Selon lui, la mondialisation peut être une chance pour tous si les moyens d’atteindre le développement durable sont équitablement distribués, comme le prévoient notamment le Programme d’action d’Addis-Abeba, le Programme de développement durable à l’horizon 2030, les programmes de l’Union africaine et du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique.  Le représentant a également rappelé que les États africains sont attachés à ce que les réparations pour l’esclavage et le colonialisme passent par une reconnaissance sans équivoque des torts historiques, permettant ainsi l’éradication « des cicatrices laissées par l’inégalité raciale, la subordination et la discrimination qui furent la marque des fléaux de l’esclavage, de l’apartheid et du colonialisme ». 

M. KANE AMANDUS (Nauru), s’exprimant au nom des États d’Asie et du Pacifique, a rappelé que si le racisme n’est pas un phénomène nouveau, la pandémie de COVID-19 a exacerbé la discrimination entre les pays et à l’intérieur de ceux-ci.  Nous avons assisté à une montée alarmante de l’hostilité et des crimes de haine contre les personnes d’origine asiatique, les personnes d’ascendance africaine, et en particulier contre les femmes, les enfants et les personnes âgées, a-t-il noté.  Cela a été encore amplifié par la mésinformation, la désinformation, les discours de haine et des propos racistes.

Le représentant a rappelé que la région Asie-Pacifique comprend 55 pays qui comptent 56% de la population mondiale.  Elle abrite certains des plus grands et des plus petits pays du monde, et la région est la plus diversifiée en termes d’ethnies, de langues, de religions et de cultures.  La sauvegarde du patrimoine culturel, le pluralisme et la diversité sont essentiels pour un monde plus stable et pacifique, a—t-il affirmé.  Le représentant a donc plaidé pour le respect des droits individuels et culturels, qui est primordial pour maintenir l’équité dans les sociétés.  Il a salué la création d’un mécanisme international d’experts indépendants visant à favoriser un changement transformateur pour la justice raciale et l’égalité.  Pour conclure, le représentant a souligné que les valeurs énoncées dans la Déclaration et le Programme d’action de Durban sur la culture de la paix sont d’une importance capitale, avant d’appeler à un avenir qui célèbre l’inclusion et la diversité culturelles.

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMIRÉZ (Mexique), au nom du Groupe des pays d’Amérique latine et des Caraïbes, a constaté que, malgré les progrès réalisés, le fléau du racisme, de la discrimination, de l’exclusion et des discours de haine continue de sévir. Ce racisme se manifeste dans les discriminations subies par les personnes d’ascendance africaine, dans les injustices à l’encontre des peuples autochtones, dans la xénophobie vécue par les migrants et les réfugiés, et dans l’exclusion dont sont victimes les personnes handicapées, a-t-il énuméré. Le représentant a rappelé que des siècles de colonialisme et d’esclavage ont jeté les bases des discriminations raciales actuelles, discriminations qui prennent sans cesse de nouvelles formes, notamment dans le monde numérique – algorithmes, intelligence artificielle. « Nous devons empêcher les nouvelles conceptions et les nouveaux développements technologiques de reproduire la discrimination et de l’encoder dans de nouveaux domaines. »

Les femmes et les filles étant touchées à la fois par la discrimination sur le genre et la discrimination raciale, de manière intersectionelle, les membres du groupe des pays d’Amérique latine et des Caraïbes considèrent que l’ONU et la communauté internationale doivent accélérer les actions visant à éliminer les violences fondées sur le genre et redoubler d’efforts pour parvenir à l’égalité des sexes, ainsi qu’à l’autonomisation des femmes et des filles. « Il s’agit notamment d’éliminer tous les obstacles juridiques, sociaux, culturels et économiques à l’égalité des sexes », a appuyé l’orateur. 

Pour M. KARL LAGATIE (Belgique), au nom du Groupe des États d’Europe occidentale et autres États, il est indéniable que le racisme et la discrimination raciale sont enracinés dans « toutes les sociétés du monde ».  La pandémie a exacerbé les inégalités préexistantes et révélé l’étendue du racisme envers les minorités ethniques, raciales et religieuses dans les sociétés du monde entier, a-t-il noté en en faisant le constat en particulier pour les personnes en situation de vulnérabilité, fréquemment exposées à des risques accrus.  Afin de démanteler les structures permettant au racisme de prospérer, il a jugé crucial d’appliquer « complètement et efficacement » la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale.  Cette convention historique, adoptée il y a plus de 55 ans, reste plus que jamais d’actualité et, « en tant qu’États parties, nous avons l’obligation d’aller de l’avant pour faire de l’objectif de la Convention une réalité », a proclamé le représentant.  

Il a ensuite appelé à la ratification universelle de cette convention cruciale et a reconnu le travail important que mène le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale dans le suivi de la mise en œuvre effective de ladite convention.  Il a également pris note de la création par l’Assemblée de l’Instance permanente des personnes d’ascendance africaine, attendant de voir comment celle-ci pourra contribuer à la mise en œuvre de la Convention.  L’orateur a enfin souligné le rôle important des jeunes du monde entier, qui sont « à l’avant-garde de la lutte contre le racisme ».  Au cours de l’année écoulée, des personnes du monde entier, en grande majorité des jeunes, sont descendues dans la rue et se sont exprimées sur les médias sociaux pour protester contre le racisme et réclamer des mesures progressistes: « nous devons aux jeunes et aux générations futures de construire des sociétés plus inclusives et plus justes qui embrassent le respect et la diversité », a-t-il commenté.  

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a déploré le fait que le racisme anti-asiatique et d’autres racismes connaissent une recrudescence aux États-Unis, notamment depuis la pandémie de COVID-19.  Elle a également dénoncé l’antisémitisme qui sévit aux États-Unis et en Europe.  Le racisme entraîne le racisme et nous devons mettre fin à cette tendance, a-t-elle plaidé.  Elle a rappelé qu’à l’été 2020, le mouvement « Black Lives Matter » a ébranlé le monde entier.  Dans son sillage, au Nigéria, un mouvement social semblable appelait à la responsabilité des forces de l’ordre.  Elle a également évoqué le mouvement « Kilombo » au Brésil qui valorise la culture des afrodescendants, avant de mentionner la discrimination des Rohingya au Myanmar et des Ouigours en Chine. 

La représentante a affirmé que nos différences sont la source de nos forces, en soulignant que l’atout majeur des États-Unis a toujours été sa diversité.  Elle a déclaré que la lutte contre les discriminations est une priorité de l’Administration Biden qui a par exemple débloqué des fonds en soutien à des universités afro-américaines.  Parlant de sa propre expérience, la déléguée a dit avoir fait face à l’adversité, et cela l’a rendu plus forte.  Elle a donc appelé le monde à faire également face à l’adversité du racisme.  Elle a relevé que les Nations Unies ont été créées non seulement pour préserver le monde du fléau de la guerre, mais également pour mettre en branle des changements importants.  C’est pour cette raison d’ailleurs que les États-Unis ont soutenu la mise en place de l’Instance permanente des personnes d’ascendance africaine.  Enfin, elle a appelé à éliminer le racisme en tirant parti de l’énergie, de l’optimisme et du militantisme de la nouvelle génération.

Droit de réponse

Le représentant de la Chine a réagi en réponse à des commentaires de la délégation des États-Unis sur la situation des minorités ethniques en Chine, les qualifiant de « moquerie ».  Pour la Chine, les déclarations du pays hôte sur les violations des droits humains dans les provinces du Xinjiang et du Sichuan sont un « plan politique orchestré par les États-Unis ».  Le délégué a catégoriquement rejeté ces accusations, prévenant que la vérité l’emporterait et « sauterait à la figure des États-Unis ».  L’espérance de vie a augmenté dans ces provinces qui se peuplent à grande vitesse, a déclaré le représentant chinois.  « De quel génocide parle-t-on? » s’est-il étonné en mettant ces accusations en parallèle avec le sort des populations autochtones sur le territoire des États-Unis au début du XXe siècle, et avec les « brutalités policières » aux États-Unis qui ciblent, selon lui, davantage les Afro-Américains que les Américains blancs.  Il a aussi évoqué le racisme et la violence anti-asiatique en augmentation dans le pays hôte.  « Quand allez-vous donner aux Amérindiens une explication?  Quand allez-vous ratifier la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale?  Quand allez-vous donner une protection aux femmes asiatiques? » a lancé le délégué à l’adresse de son homologue des États-Unis, en demandant à ce pays de « cesser de dicter aux autres pays quoi faire, avant qu’il ne soit trop tard ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité proroge et renforce le mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan

8997e séance – matin
CS/14833

Le Conseil de sécurité proroge et renforce le mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan

Le Conseil de sécurité a, ce matin, prorogé le mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) jusqu’au 17 mars 2023.  En adoptant la résolution 2626 (2022) par 14 voix pour et une abstention, celle de la Fédération de la Russie, le Conseil a aussi renforcé le mandat de la Mission, dans les domaines notamment des droits humains et de l’égalité entre les genres.  Les délégations de la Fédération de Russie et de la Chine ont émis des doutes sur le caractère réaliste de ce mandat. 

Aux termes de la résolution, le Conseil charge la Mission de faciliter la fourniture d’une aide humanitaire et de coordonner l’action des donateurs internationaux et des organisations internationales en ce qui concerne les besoins humains fondamentaux.  La Mission aura aussi pour tâche de faciliter le dialogue entre les acteurs politiques en Afghanistan, en mettant l’accent « sur la promotion d’une gouvernance inclusive, représentative, participative et réactive ».

Elle devra également dialoguer avec les parties prenantes, la société civile et les organisations internationales non gouvernementales afin de protéger les droits humains « de tous les Afghanes et Afghans ».  Ce dialogue visera notamment à soutenir l’application par l’Afghanistan des instruments relatifs aux droits humains et aux libertés fondamentales qu’il est tenu de respecter, notamment la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. 

Selon la résolution, la MANUA devra en outre intégrer la dimension de genre « en tant que question transversale dans l’exécution du mandat ».  Elle veillera ainsi à promouvoir l’égalité des genres, l’autonomisation des femmes et des filles, la pleine protection de leurs droits humains, y compris l’éducation, ainsi que la participation des femmes « à tous les stades de la prise de décision ». 

La Mission devra aussi interagir avec diverses organisations et réseaux des Afghanes et surveiller les « violations, atteintes et représailles » commises à l’encontre des femmes, y compris celles qui défendent les droits humains, celles qui étaient précédemment associées au Gouvernement et les journalistes.  Elle devra enfin surveiller et signaler les violations et les atteintes contre les enfants. 

Dans leurs explications de vote, la Norvège, l’Irlande, le Royaume-Uni ou bien encore les États-Unis se sont félicités de ce mandat plus « robuste » de la MANUA.  « Il devrait protéger les droits de tous les Afghans », a estimé le délégué irlandais, qui a fait état d’une érosion des droits humains en Afghanistan depuis l’arrivée des Taliban.  Ce mandat nous donne l’espoir que les Afghans puissent retrouver une vie normale, a appuyé l’Albanie. 

Une note quelque peu dissonante est venue de la Fédération de Russie, qui a souligné la nécessité d’un mandat réaliste.  « Cette mission d’assistance ne doit pas se transformer en mission impossible en Afghanistan », a-t-elle déclaré, en estimant que des mesures auraient dû être prises pour coopérer avec les autorités du pays.  Son homologue de la Chine a lui aussi reconnu que des doutes subsistent quant à la question de savoir si les priorités du mandat sont équilibrées et si l’on pourra atteindre les objectifs fixés. 

LA SITUATION EN AFGHANISTAN - S/2022/64

Texte du projet de résolution (S/2022/237)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses résolutions antérieures sur l’Afghanistan, en particulier sa résolution 2596 (2021) portant prorogation jusqu’au 17 mars 2022 du mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA),

Mettant l’accent sur le rôle important que l’Organisation des Nations Unies continuera de jouer dans la promotion de la paix et de la stabilité en Afghanistan,

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de l’Afghanistan, ainsi que son appui continu au peuple afghan,

Conscient qu’il est indispensable que les acteurs concernés sur le plan politique et en matière d’action humanitaire et de développement, au sein et en dehors du système des Nations Unies, adoptent une approche intégrée et cohérente, conforme à leurs mandats respectifs, pour consolider et pérenniser la paix en Afghanistan,

Soulignant qu’il importe d’établir un gouvernement inclusif et représentatif, insistant sur l’importance que revêtent la participation pleine, égale et effective des femmes, et le respect des droits humains, notamment en ce qui concerne les femmes, les enfants et les membres des minorités,

Exprimant sa profonde préoccupation face à la situation économique et humanitaire désastreuse qui règne en Afghanistan, y compris l’insécurité alimentaire, et rappelant que les femmes, les enfants et les minorités ont été touchés de façon disproportionnée, conscient qu’il faut contribuer à remédier aux problèmes considérables qui pèsent sur l’économie afghane, notamment en s’efforçant de rétablir les systèmes bancaire et financier et de permettre l’utilisation des actifs appartenant à la Banque centrale d’Afghanistan au profit du peuple afghan, et qu’il faut redoubler d’efforts pour fournir une aide humanitaire et mener d’autres activités visant à répondre aux besoins humains de base en Afghanistan, conformément à la résolution 2615 (2021), ayant conscience du rôle de coordination important que l’Organisation des Nations Unies joue à cet égard, et soulignant que l’aide humanitaire ne peut être effectivement acheminée que si tous les acteurs permettent un accès total, sûr et sans entrave à tout le personnel humanitaire, y compris les femmes, aux organismes des Nations Unies, aux organisations non gouvernementales internationales et nationales et aux autres acteurs humanitaires,

Se déclarant gravement préoccupé par la situation des femmes et des filles, par les restrictions imposées à leur participation à la vie publique et par l’érosion du respect de leurs droits, en particulier parce qu’elles n’ont pas un accès égal à l’éducation, aux possibilités économiques, à la justice et à d’autres services,

Sachant que l’amélioration du respect des droits civils, politiques, sociaux, économiques et culturels de tous les Afghans et Afghanes revêt une importance cruciale et contribue aux conditions indispensables à l’instauration d’un développement durable en Afghanistan,

Se déclarant en outre profondément préoccupé par les conditions de sécurité en Afghanistan, notamment par la situation des civils, y compris les femmes, les enfants, les personnes déplacées, les minorités et les agents humanitaires, ainsi que par la présence de mines terrestres, d’engins explosifs improvisés et de restes explosifs de guerre, et par le nombre de violations graves du droit humanitaire international et de violations des droits humains signalées dans tout le pays, et soulignant qu’il importe de déployer des efforts soutenus pour réduire la violence et amener les auteurs de cette violence à rendre compte de leurs actes,

Réaffirmant qu’il importe de combattre le terrorisme en Afghanistan, y compris les personnes et les groupes désignés par le Comité du Conseil de sécurité faisant suite aux résolutions 1267 (1999), 1989 (2011) et 2253 (2015), et de veiller à ce que le territoire de l’Afghanistan ne soit pas utilisé pour menacer ou attaquer tout autre pays, pour planifier ou financer des actes terroristes, ni pour abriter ou entraîner des terroristes, et à ce qu’aucun groupe ou individu afghan ne soutienne des terroristes opérant sur le territoire d’un pays,

Exprimant sa préoccupation face à la culture, à la production, au commerce et au trafic de drogues illicites en Afghanistan, qui continuent de menacer la paix et la stabilité dans la région et au-delà, demandant aux États de renforcer la coopération internationale et régionale pour lutter contre cette menace et ayant conscience de l’importance du rôle joué par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime à cet égard,

1.    Accueille avec satisfaction le rapport du Secrétaire général en date du 28 janvier 2022 (S/2022/64);

2.    Salue la détermination à aider le peuple afghan dont l’Organisation des Nations Unies fait preuve depuis longtemps, réaffirme son soutien sans réserve aux activités de la MANUA et de la Représentante spéciale du Secrétaire général, et souligne qu’il importe que la MANUA maintienne sa présence sur le terrain;

3.    Se félicite des efforts continus de la MANUA dans l’exécution des tâches et activités prioritaires qui lui ont été confiées;

4.    Décide de proroger jusqu’au 17 mars 2023 le mandat de la MANUA, tel qu’il a été auparavant défini dans ses résolutions 1662 (2006), 1746 (2007), 1806 (2008), 1868 (2009), 1917 (2010), 1974 (2011), 2041 (2012), 2096 (2013), 2145 (2014), 2210 (2015), 2274 (2016), 2344 (2017), 2405 (2018), 2460 (2019), 2489 (2019), 2543 (2020), 2596 (2021) ainsi qu’au paragraphe 5 ci-dessous;

5.    Décide également que la MANUA et la Représentante spéciale du Secrétaire général continueront de s’acquitter de leur mandat en étroite consultation avec tous les acteurs politiques et parties prenantes pertinents en Afghanistan, y compris les autorités concernées si nécessaire, afin de soutenir le peuple afghan, dans le respect de la souveraineté afghane et de la prise en main et de la maîtrise du pays par lui-même, en mettant particulièrement l’accent sur les priorités énoncées ci après:

a)    Coordonner et faciliter, conformément au droit international, y compris le droit humanitaire international, et dans le respect des principes humanitaires, la fourniture d’une aide humanitaire et de ressources financières à l’appui de l’action humanitaire, en tenant compte de la résolution 2615 (2021), et renforcer la coopération et la cohérence des activités sur l’ensemble du territoire afghan, s’efforcer d’améliorer l’accessibilité de l’ensemble des activités humanitaires menées par les organisations humanitaires et les organismes de développement et leur personnel, féminin et masculin, pour tous les groupes ethniques, dans toutes les régions du pays, en faveur de toutes les personnes dans le besoin, y compris les femmes, les enfants, les personnes déplacées, les minorités et les personnes handicapées, et soutenir les efforts visant à créer des conditions propices au retour et à la réintégration volontaires, sûrs, dignes et durables des personnes déplacées à l’intérieur du pays et des populations réfugiées, en prenant des mesures pour éviter les doubles emplois inutiles avec les efforts d’autres entités compétentes à cet égard;

b)    Coordonner les donateurs internationaux et les organisations internationales en ce qui concerne les besoins humains fondamentaux, en tenant compte de la résolution 2615 (2021), notamment par le partage d’informations, faciliter le dialogue sur les politiques entre toutes les parties prenantes afghanes concernées, la région et la communauté internationale au sens large, soutenir les efforts visant à accroître la responsabilité, la transparence et l’utilisation efficace de l’aide sans discrimination, et soutenir les systèmes communautaires pour répondre aux besoins humains fondamentaux et accroître la résilience, soutenir la fourniture de services essentiels à la population afghane et contribuer à la création de conditions économiques et sociales pouvant conduire à l’autonomie et à la stabilité, et continuer à travailler avec toutes les parties prenantes concernées et les institutions financières internationales pour faciliter l’activité commerciale et financière en Afghanistan et soutenir les efforts visant à faciliter l’accès aux actifs appartenant à la Banque centrale d’Afghanistan au profit du peuple afghan;

c)    Dispenser des services d’information et de bons offices, notamment pour faciliter le dialogue entre tous les acteurs politiques et toutes les parties prenantes concernés d’Afghanistan, la région et la communauté internationale au sens large, en mettant l’accent sur la promotion d’une gouvernance inclusive, représentative, participative et réactive aux niveaux national et infranational, sans aucune discrimination fondée sur le genre, la religion ou l’origine ethnique, avec la participation pleine, égale et véritable des femmes et la participation véritable des minorités, des jeunes et des personnes handicapées, fournir des conseils sur les mécanismes consultatifs nationaux et locaux inclusifs, ainsi que sur les mesures de confiance, le renforcement des capacités, la gestion des conflits et la réconciliation;

d)    Promouvoir une gouvernance responsable et l’état de droit, y compris la justice transitionnelle, suivre l’évolution de la situation politique, sociale et économique et des conditions de sécurité, y compris des incidences négatives de la sécheresse, et en rendre compte, aider, selon qu’il convient, l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions créée en application du paragraphe 7 de la résolution 1526 (2004), à suivre et analyser les dynamiques qui sous-tendent les conditions de sécurité dans l’ensemble du pays, mener des analyses relatives à l’économie politique, y compris une meilleure compréhension de l’économie illicite, fournir des analyses complètes et assurer la liaison avec tous les acteurs politiques afghans concernés, les représentantes et représentants de la société civile et les autres parties prenantes afin de promouvoir l’inclusion politique et une large participation à la conduite des affaires publiques, et analyser l’évolution de la situation en matière d’état de droit et en rendre compte;

e)    Dialoguer avec toutes les parties prenantes aux niveaux national et infranational et avec la société civile et les organisations internationales non gouvernementales aux fins de la protection et de la promotion des droits humains de tous les Afghanes et Afghans, mener des activités de surveillance, de communication et de sensibilisation concernant la situation des civils, la prévention et l’élimination de la violence, y compris une approche centrée sur les rescapées pour prévenir la violence sexuelle et fondée sur le genre et y répondre, la prévention de la torture, la surveillance des lieux de détention et la promotion des droits des détenus, ainsi que pour mener des activités de surveillance et de communication concernant les droits civils, politiques, sociaux, économiques et culturels afin de contribuer aux efforts visant à réduire davantage la pauvreté et à favoriser la cohésion sociale, promouvoir les droits des victimes et l’engagement civique, promouvoir et soutenir l’application par l’Afghanistan des dispositions des instruments relatifs aux droits humains et aux libertés fondamentales auxquels il est partie et qu’il est tenu de respecter, et fournir des conseils à cet effet, notamment la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, et œuvrer pour la fourniture de services publics essentiels, la garantie de procédures régulières et de justice et l’accès à ces services, et, selon qu’il convient, fournir des conseils techniques aux responsables sur les normes internationales en matière de droits humains;

f)    Intégrer la dimension de genre en tant que question transversale dans l’exécution du mandat, soutenir et promouvoir l’égalité des genres, l’autonomisation des femmes et des filles et la pleine protection de leurs droits humains, y compris l’éducation, ainsi que la participation, l’engagement et le leadership pleins, égaux, véritables et sûrs des femmes à tous les niveaux et à tous les stades de la prise de décision, conformément à la résolution 1325 (2000) et aux résolutions connexes, et interagir avec divers organisations et réseaux de femmes afghanes, ainsi que surveiller les violations, atteintes et représailles commises à l’encontre des femmes, y compris à l’encontre de celles qui protègent et promeuvent les droits humains, des femmes journalistes, des travailleuses sanitaires et humanitaires, ainsi que des femmes précédemment associées au Gouvernement, à la police, à la justice et au secteur de la sécurité, et en rendre compte de façon spécifique;

g)    Surveiller et signaler les violations et les atteintes contre les enfants et soutenir l’action visant à renforcer la protection des enfants, notamment en incitant les parties mentionnées dans les annexes du rapport du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés (A/75/873-S/2021/437) à prendre des engagements et des mesures déterminées pour mettre fin aux violations et aux atteintes contre les enfants et les prévenir;

h)    Soutenir la coopération régionale, en vue de promouvoir la stabilité et la paix, et aider l’Afghanistan à tirer parti de son rôle au cœur de l’Asie pour promouvoir la coopération et la connectivité régionales, sur la base de la transparence, de l’ouverture et de l’inclusion, saluer les efforts conjoints visant à renforcer le dialogue et la collaboration et à avancer vers les objectifs communs de développement économique dans toute la région, et faciliter les approches coordonnées des pays et organisations de la région pour contribuer à la stabilité et à la prospérité de l’Afghanistan;

i)    Coordonner l’approche globale de gestion des risques suivie par les Nations Unies en Afghanistan, y compris le suivi, l’analyse et le signalement à la hiérarchie des risques liés à l’assistance coordonnée par les Nations Unies en Afghanistan, conformément aux alinéas a) et b) du paragraphe 5 de la présente résolution, notamment s’agissant du risque de détournement de l’aide;

j)    Appuyer, dans le cadre du mandat, les mécanismes existants visant à améliorer l’ensemble des conditions de sécurité en Afghanistan, fournir des évaluations de la menace liée aux engins explosifs et de ses conséquences sur les populations civiles, y compris sur les enfants, formuler des recommandations sur les mesures d’atténuation de la menace liée aux engins explosifs à l’appui des initiatives humanitaires et de développement, et coordonner la mise en œuvre de ces mesures, faciliter la coordination de la lutte antimines à vocation humanitaire, et appuyer l’action régionale et internationale visant à prévenir et combattre le commerce illicite et l’accumulation déstabilisatrice d’armes légères et de petit calibre et leur détournement en Afghanistan et dans la région;

6.    Souligne qu’il importe au plus haut point de pouvoir compter sur une présence continue de la MANUA et des autres organismes, fonds et programmes des Nations Unies dans tout l’Afghanistan, et demande à tous les acteurs politiques et parties prenantes pertinents en Afghanistan, y compris les autorités concernées si nécessaire, ainsi qu’aux acteurs internationaux de se concerter avec la MANUA dans le cadre de l’exécution de son mandat et d’assurer la sûreté, la sécurité et la liberté de circulation du personnel des Nations Unies et du personnel associé dans tout le pays;

7.    Prie le Secrétaire général de lui présenter tous les trois mois un rapport sur la situation en Afghanistan et sur l’exécution du mandat de la MANUA, y compris au niveau infranational;

8.    Décide de rester activement saisi de la question.

Déclarations après le vote

Mme MONA JUUL (Norvège) a estimé que cette résolution envoie un message « clair », selon lequel le Conseil soutient un dialogue inclusif en Afghanistan et promeut les droits des femmes et filles afghanes.  Ce texte renforce la participation des femmes.  Enfin, elle a rappelé que le pays connait une grave sécheresse, soulignant la gravité des conséquences des changements climatiques. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a indiqué que la MANUA est dotée d’un mandat robuste et souligné la nécessité que les Taliban rendent des comptes pour leurs actes.  Elle s’est dite déçue par l’abstention d’un membre du Conseil aujourd’hui, avant de rappeler que 20 millions d’Afghans ont besoin d’aide. Préoccupée par les tensions dans le pays, elle a indiqué que les Taliban doivent démontrer que les extrémistes ne peuvent plus agir en Afghanistan.  La MANUA va pouvoir appuyer les droits de tous les Afghans et de toutes les Afghanes. 

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a salué le nouveau mandat robuste dont est dotée la MANUA, avant de souligner l’importance de défendre les droits des femmes et de promouvoir leur participation à tous les processus de prise de décision.  Elles doivent être associées au travail de la MANUA.  La MANUA veillera aussi à améliorer la situation humanitaire dans le pays, a-t-il conclu, en soulignant l’importance du travail de l’ONU. 

M. BRIAN PATRICK FLYNN (Irlande) a dénoncé l’érosion des droits en Afghanistan depuis l’arrivée au pouvoir des Taliban.  Il a salué le mandat clair de la MANUA, s’agissant notamment de l’aide apportée au peuple afghan et de l’appui aux femmes. I l a souligné l’importance du droit à l’éducation pour les filles.  Le représentant a ensuite regretté que l’insécurité climatique ne soit pas mentionnée dans la résolution, alors que l’Afghanistan est concerné au premier chef.  Ce mandat devrait protéger les droits de tous les Afghans, a conclu le délégué irlandais. 

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a souligné le mandat robuste dont est dotée la MANUA, avec un accent mis sur les droits humains et l’assistance humanitaire.  « Ce mandat nous donne de l’espoir », a-t-elle dit, en soulignant l’importance que les Afghans retrouvent une vie normale. 

Pour M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil), cette résolution est le reflet des préoccupations de la plupart des membres du Conseil, car elle confère à la MANUA un mandat robuste à la hauteur des responsabilités de l’ONU en Afghanistan.  Elle adresse en outre un message clair au peuple et aux autorités de facto quant aux attentes de la communauté internationale pour ce qui est de l’avenir de l’Afghanistan.  Il a fait part de la nécessité de protéger les droits humains, y compris ceux des femmes, des enfants et des minorités ethniques, affirmant que la Mission a un rôle à jouer en matière de renforcement des capacités. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a déclaré qu’il avait dû s’abstenir, avant de rappeler que, dès le début des négociations, sa délégation s’était efforcée d’exprimer l’importance du consentement du pays hôte.  « C’est un impératif lors de tout renouvellement des mandats de mission politique spéciale et une pratique de longue date », a-t-il rappelé, en regrettant que certains membres du Conseil s’y soient opposés.  Il faut en outre que les mandats des missions soient réalistes, a par ailleurs déclaré le représentant, qui a dit ne pas souhaiter « que cette mission d’assistance se transforme en mission impossible en Afghanistan ».  Défendant l’importance d’une meilleure coopération avec les autres parties prenantes, il a estimé que des mesures auraient dû être prises pour coopérer avec les autorités du pays.  « Ce qui nous intéresse, c’est le bien-être du peuple et le principal objectif, c’est de lui apporter une assistance humanitaire, alors que l’Afghanistan est confronté à un grave problème de liquidités », s’est alarmée la délégation. 

M. JUN ZHANG (Chine) s’est félicité du renouvellement du mandat, tout en soulignant que les actifs afghans appartiennent au peuple afghan.  Conformément au mandat que lui a confié le Conseil, la MANUA devrait maintenant jouer un rôle de coordination et faciliter le dégel et le recouvrement de ces avoirs par les Afghans.  S’il a remercié la délégation de la Norvège de ses efforts, force est de reconnaître que des doutes subsistent quant à la question de savoir si les priorités du mandat sont équilibrées et si l’on pourra atteindre les objectifs fixés.  Peut-être que l’on pourrait faire le bilan des activités de la MANUA et envisager d’autres ajustements le cas échéant, a préconisé la Chine, qui a espéré que la Mission exploite pleinement les ressources à sa disposition.  Il est important, a-t-elle encore souligné, de tenir compte des préoccupations légitimes du gouvernement.  Désireuse d’appuyer l’Afghanistan dans ses efforts de paix, de réconciliation et de reconstruction, la Chine prépare la troisième réunion des ministres des Affaires étrangères des pays voisins de l’Afghanistan afin de créer un environnement propice. 

Mme AMEIRAH OBAID MOHAMED OBAID ALHEFEITI (Émirats arabes unis) a remercié tous les membres du Conseil de leur contribution positive à l’adoption d’une nouvelle résolution renouvelant le mandat de la MANUA.  La délégation s’est dite préoccupée par l’escalade de la situation humanitaire en Afghanistan alors que les ressources financières sont insuffisantes pour fournir les services nécessaires à la population.  D’où l’importance pour la Mission de jouer son rôle essentiel urgent, a ajouté la représentante, qui a dit que son pays attachait beaucoup d’attention à la protection des femmes.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conférence LDC5: les PMA, dotés d’un nouveau Programme d’action décennal prévoyant une université en ligne, avant l’examen des besoins à Doha en mars 2023 

Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés,
1re & 2e séances, matin & après-midi
DEV/3446

Conférence LDC5: les PMA, dotés d’un nouveau Programme d’action décennal prévoyant une université en ligne, avant l’examen des besoins à Doha en mars 2023 

La première partie de la Cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA) a eu lieu aujourd’hui, au Siège de l’ONU à New York, pour adopter le cinquième Programme d’action en faveur de cette catégorie de pays après deux reports dans le calendrier à cause de la COVID-19.  C’est d’ailleurs consciente de ces raisons exceptionnelles liées à la pandémie que l’Assemblée avait décidé de tenir la Conférence en deux parties, dont la seconde, prévue du 5 au 9 mars 2023 au Qatar, devrait permettre l’adoption de la Déclaration de Doha en complément du Programme d’action.

La Conférence a donc adopté, ce matin, le Programme d’action de Doha en faveur des pays les moins avancés, en recommandant à l’Assemblée générale de l’entériner.  Ce document, qui vient remplacer le Programme d’action d’Istanbul datant de 2011, a été salué par tous les intervenants ayant pris la parole ce jour.  D’aucuns ont rappelé qu’il intervient à un moment critique alors que la communauté internationale vit les 10 dernières années de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

La catégorie des PMA a été établie par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1971 pour sensibiliser au besoin de soutien particulier qu’ont ces pays.  Aujourd’hui, 46 États sont classés dans cette catégorie, dont ils peuvent sortir dès qu’il est avéré qu’ils remplissent deux parmi trois critères, lors de deux examens triennaux consécutifs par le Comité des politiques de développement.  Les PMA représentent 14% de la population mondiale, dont environ 40% des pauvres du monde.  Ces pays représentant seulement près de 1,3% du PIB mondial et moins de 1% du commerce mondial et des investissements étrangers directs. 

Le Programme d’action de Doha compte six domaines d’action prioritaires pour les PMA.  Il vise d’abord à soutenir ces pays pour qu’ils tirent mieux parti de leur capital humain, ainsi que de la science, de la technologie et de l’innovation.  Il appelle ensuite à les aider à concrétiser leur transformation structurelle et à développer leurs échanges commerciaux internationaux.  Il invite aussi à un soutien à ces pays pour qu’ils se protègent mieux contre les changements climatiques et la dégradation de l’environnement.  Enfin, le Programme d’action espère voir se mobiliser la solidarité internationale, avec une redynamisation des partenariats mondiaux et des outils innovants.

Parmi les innovations du Programme, le Président du Malawi, M. Lazarus MacCarthy Chakwera, qui préside le Groupe des PMA, a salué la création d’une université en ligne, d’un centre international de soutien à l’investissement ainsi que de stocks alimentaires pour permettre aux PMA de reconstruire en mieux.  Selon le Président de la Conférence, M. Mohammed Bin Abdulrahman Al-Thani, qui est Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Qatar, ce nouveau programme d’action reflète l’engagement de toutes les parties à allouer davantage de ressources et à exploiter pleinement le potentiel de la science, de la technologie et de l’innovation dans l’optique du développement durable.    

Aujourd’hui, vous prenez une nouvelle initiative pour que la situation s’améliore, s’est réjoui le Secrétaire général de l’ONU.  M. António Guterres a salué le soutien du Qatar et la détermination de tous les pays à faire avancer ce programme, notamment en aidant 15 pays à quitter cette catégorie d’ici à 2031 et à ne plus y retourner.  Selon lui, cinq éléments essentiels, ce qu’il a appelé des « bouées de sauvetage », du Programme d’action de Doha pourraient aider les PMA à se développer et prospérer sur le long terme, le premier étant l’accès aux vaccins et le deuxième un système financier qui donne la priorité aux besoins des PMA.  Les autres éléments sont les transformations structurelles des PMA qui doivent moderniser leurs infrastructures et les réseaux de transport, l’action climatique, et enfin la paix et la sécurité.  Une exigence importante au moment où nous sommes confrontés au plus grand nombre de conflits violents depuis 1945, a-t-il souligné, ajoutant que les PMA représentent la part du lion de ces points chauds.  

De son côté, la Haute-Représentante par intérim pour les PMA, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, Mme Heidi Schroderus-Fox, a promis que son bureau commencera immédiatement à préparer une feuille de route complète pour une mise en œuvre accélérée du Programme d’action.  Elle a signalé qu’hier, son bureau a lancé le cadre d’action de la coalition numérique Partner2Connect.  Cette alliance vise à favoriser une connectivité et une transformation numérique significatives à l’échelle mondiale, en mettant l’accent sur les communautés les plus difficiles à connecter, en particulier dans les PMA.  

D’autres actions sont en cours.  Rappelant que la Banque de technologies des Nations Unies pour les PMA a vu le jour en 2018 en Turquie, cette dernière a promis un financement envers la Banque pour les cinq prochaines années.  De son côté, le Royaume-Uni a dit vouloir investir 8 milliards de livres par an jusqu’en 2025 dans des initiatives climatiques. 

Les États-Unis ont rappelé le caractère non contraignant d’un Programme d’action dont la Fédération de Russie s’est dissociée, en ce qui concerne certains paragraphes, tout comme la Hongrie pour les dispositions sur les migrations.  Le Brésil a plaidé de manière imagée pour que les partenaires au développement changent et regonflent les pneus du véhicule alors que les PMA sont au volant.  Plusieurs PMA ont d’ailleurs dénoncé les critères iniques de classement qui se réfèrent uniquement au produit intérieur brut (PIB).  Le « reclassement » (la sortie de la catégorie) ne doit pas être un terme banal, a averti le Lesotho, alors qu’Antigua-et-Barbuda appelait à la mise en place d’un indice de vulnérabilité multidimensionnel, jugé par lui comme par d’autres comme meilleur indicateur du niveau de développement que le simple PIB.

La Conférence a par ailleurs adopté son ordre du jour provisoire, avant d’élire de droit le Qatar à sa vice-présidence en tant que pays hôte.  L’élection des autres vice-présidents aura lieu à Doha.  Les Bahamas, le Bhoutan, le Chili, la Chine, les États-Unis, la Fédération de Russie, la Namibie, la Sierra Leone, et la Suède ont enfin été élus en tant que membres du Comité de vérification des pouvoirs de la Conférence.

CINQUIÈME CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS

Déclarations

M. MOHAMMED BIN ABDULRAHMAN AL-THANI, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Qatar, s’est exprimé en sa qualité de Président de la Cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés.  Il a partagé la joie de son pays d’accueillir la deuxième partie de cette Conférence à Doha, du 5 au 9 mars 2023.  Il a salué la participation du Président du Malawi, qui préside le Groupe des pays les moins avancés (PMA), pour attirer l’attention de la communauté internationale sur les défis auxquels se heurtent ces pays.  M. Al-Thani a dit qu’en dépit des circonstances exceptionnelles causées par la pandémie de COVID-19 qui ont empêché de tenir la Conférence aux dates prévues, le format adopté par l’Assemblée générale qui vise à tenir la Conférence en deux parties donnera la possibilité d’adopter d’ores et déjà le programme d’action de Doha pour les PMA et de procéder à sa mise en œuvre.  

Le Vice-Premier Ministre a ajouté que cette Conférence contribuera à répondre aux besoins et priorités des PMA et permettra de soutenir les efforts visant à assurer leur développement au cours des 10 ans à venir.  « L’État du Qatar accorde une grande importance aux efforts visant à préparer la deuxième partie de la Conférence à Doha afin de préserver l’élan imprimé de concert avec toutes les parties concernées. »  M. Al-Thani a relevé que le monde vit une époque de changements alarmants qui ont exacerbé les crises.  Ces changements risquent d’inverser les gains réalisés en matière de développement, a-t-il prévenu.  Le fait de ne pas assurer un accès égal à la vaccination reste un défi sur la voie de la reconstruction après la COVID-19 et une coopération internationale est nécessaire pour surmonter ces défis, a ajouté le Président de la Conférence rappelant que le Qatar a signé un accord avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour un total de 10 millions de dollars dans la lutte contre la COVID-19.  Le Qatar a également apporté son aide à plus de 92 pays afin de surmonter les répercussions de la pandémie, en particulier dans les PMA. 

Selon M. Al-Thani, le programme d’action de Doha pour les PMA sera une étape importante pour déterminer le succès de la deuxième partie de la Conférence parce que c’est le premier programme d’action à porter sur les répercussions de la COVID-19 pour les PMA.  Il aidera à galvaniser l’attention à l’échelle internationale et servira de feuille de route et de fondement robuste afin de redoubler l’ambition et de ne laisser personne de côté.  Le programme d’action inclut des outils et mesures permettant d’apporter des changements et reflète l’engagement de toutes les parties à allouer davantage de ressources et à exploiter pleinement le potentiel de la science, de la technologie et de l’innovation afin d’assurer le développement durable.  L’engagement et la coopération à long terme entre toutes les parties sont nécessaires, a martelé le Président de la Cinquième Conférence pour les PMA donnant rendez-vous à Doha en mars 2023. 

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé qu’il y a 50 ans, l’ONU créait la catégorie des « pays les moins avancés » (PMA), reconnaissant ainsi, sans ambiguïté, deux vérités essentielles.  D’abord, le fait que certaines histoires, fragilités et inégalités structurelles –qui n’étaient souvent pas du fait des pays concernés– constituaient d’énormes obstacles au développement.  Ensuite, que chaque pays a besoin de conditions de concurrence équitables pour libérer son potentiel humain et construire une économie forte et résiliente.  Il a indiqué que la vulnérabilité des PMA aujourd’hui ne relève peut-être pas des mêmes causes qu’il y a 50 ans –notamment avec la situation due à la COVID-19 et aux changements climatiques-, mais si nous ne les prenons pas en compte, les résultats seront les mêmes.  Les inégalités, la faim, la misère, le manque d’infrastructures, la concurrence pour l’accès à des ressources qui s’amenuisent, ainsi que l’insécurité et les conflits, a-t-il énuméré.

Aujourd’hui, vous prenez une nouvelle initiative pour que la situation s’améliore, a-t-il lancé à l’endroit des conférenciers, leur rappelant que les espoirs, les rêves, les vies et les moyens de subsistance du huitième de l’humanité sont inscrits entre les pages du Programme d’action de Doha.  « Je salue le soutien du Qatar et la détermination de tous les pays ici présents à faire avancer ce programme, notamment en aidant 15 pays supplémentaires parmi les moins avancés à quitter cette catégorie d’ici à 2031 et à ne plus y retourner. »

M. Guterres a ensuite attiré l’attention de la communauté internationale sur cinq éléments essentiels du Programme d’action de Doha qui pourraient aider les PMA à se développer et prospérer sur le long terme, le premier étant l’accès aux vaccins.  Il a noté qu’alors que les fabricants produisent 1,5 milliard de doses par mois, près de trois milliards de personnes –vivant pour la plupart dans les PMA– attendent toujours leur première dose.  Cet échec est la conséquence directe de décisions politiques et budgétaires qui privilégient la santé et la richesse des habitants des pays avancés aux dépens de la vie des habitants des pays pauvres, a-t-il dénoncé.  Malgré les nombreuses autres crises que nous connaissons aujourd’hui, nous devons atteindre notre objectif de vacciner 70% de la population de tous les pays d’ici au milieu de l’année, a-t-il espéré.

La deuxième bouée de sauvetage est un système financier qui place en priorité les besoins des PMA, a-t-il noté.  « Nous devons reconnaître que ce système a été conçu par les riches et puissants au profit des riches et puissants. »  Il a donc appelé à réformer l’architecture financière internationale pour soutenir tous les pays, en particulier les PMA qui ont besoin d’un allégement urgent de leur dette, de la restructuration et de l’annulation dans certains cas.  Il a également appelé à augmenter les liquidités à la disposition des PMA – y compris par la recapitalisation des banques multilatérales de développement et par la réorientation des droits de tirage spéciaux (DTS).  Le Secrétaire général a dit attendre également avec impatience l’établissement d’un centre international d’aide à l’investissement pour les PMA.

La troisième bouée de sauvetage consiste à soutenir les transformations structurelles des PMA.  Il a constaté que la plupart de la croissance économique dans ces pays est liée aux ressources naturelles ou des secteurs extractifs – très volatils à court terme et vulnérable à la fluctuation des prix des matières premières.  Selon lui, la pandémie a rendu la situation bien pire, perturbant les puissants moteurs économiques du commerce, du secteur manufacturier et des transports.  Pour augmenter leur participation aux chaînes de valeurs mondiales, les PMA ont besoin de moderniser les infrastructures et les réseaux de transport, et de faciliter les flux commerciaux pour réduire les coûts et augmenter l’efficacité, a-t-il préconisé.  De même, il leur faut réaliser les avantages de la connectivité numérique et transformer le secteur de l’industrie extractive en créant des emplois plus verts.  Et cela signifie, a-t-il poursuivi, promouvoir une approche ouverte et des règles commerciales équitables, afin que tous les pays puissent concourir sur un même pied d’égalité.

La quatrième bouée de sauvetage est l’action climatique.  Le dernier rapport du GIEC a montré comment les décès dus aux inondations, aux sécheresses et aux tempêtes ont été 15 fois plus importants dans les PMA, a-t-il relevé.  Les PMA ont ainsi besoin d’un coup de pouce massif, notamment technique et financier pour susciter une transition juste vers les énergies renouvelables et les emplois verts.  Il a souhaité que 50% des financements climatiques aillent vers les mesures d’adaptation, avec une réforme des systèmes d’éligibilité des nations vulnérables pouvant y accéder.

La cinquième bouée de sauvetage est la paix et la sécurité, au moment où nous sommes confrontés au plus grand nombre de conflits violents depuis 1945, a-t-il souligné, ajoutant que les PMA représentent la part du lion de ces points chauds.  Faisant le lien entre « paix et sécurité » et « développement », le Secrétaire général a fait remarquer que les problèmes qui affectent le développement ne résultent pas seulement de conflits au sein des pays en développement.  Il a pris exemple des effets de la guerre en Ukraine qui se répercutent sur des régions à travers le monde, menaçant d’exacerber les problèmes d’économie et les vulnérabilités sociales dans les pays en développement, notamment les PMA.  « Ma proposition de nouvel agenda pour la paix appelle la communauté mondiale à travailler ensemble –solidairement, en tant que famille humaine– pour s’attaquer aux racines des conflits violents en investissant dans le développement. »  Le Secrétaire général a expliqué que cela inclut un nouveau réseau de contrats sociaux dans toutes les sociétés, de la couverture maladie universelle à la protection sociale et aux filets de sécurité sociale accessibles à tous.  Et nous devons construire des institutions et des systèmes judiciaires inclusifs et résilients face à la corruption et aux abus de pouvoir, a-t-il recommandé. 

M. LAZARUS MACCARTHY CHAKWERA, Président du Malawi et Président du Groupe des pays les moins avancés (PMA), a fait remarquer que les sociétés et les économies des PMA ont été attaquées par les événements liés aux changements climatiques qui se sont succédé plus rapidement que jamais.  Le Malawi, a-t-il ajouté, en est un bon exemple, ayant subi de profondes blessures en 2019 à cause des cyclones Idai et Kenneth, et puis attaqué à nouveau par les tempêtes tropicales Ana et Gombe au cours des sept dernières semaines, laissant sur leur passage la destruction et la mort.  Si les changements climatiques frappent ainsi les PMA qui sont sans littoral, imaginez ce qu’ils font aux pays côtiers comme le Mozambique, Madagascar, le Bangladesh, les Comores, Haïti et le Myanmar, a dit le Président. 

Ces assauts se déroulent alors que les PMA sont déjà étouffés par le fardeau insoutenable de la dette qui se dirige vers la barre des mille milliards de dollars, a rappelé M. MacCarthy Chakwera pour lequel les PMA sont aussi étouffés par la dévastation socioéconomique causée par la pandémie de COVID-19, qui a fait augmenter les niveaux de pauvreté de 35% au cours des deux dernières années.  Les PMA ont été étouffés par les mesures de confinement des pays du Nord durant la COVID-19, a-t-il rappelé en précisant qu’elles ont exacerbé les inégalités dans la distribution des vaccins, les restrictions de voyage et l’accès aux marchés mondiaux et aux chaînes d’approvisionnement.  Le Président du Malawi a aussi observé que les PMA sont étouffés par la hausse du coût des marchandises déclenchée par une guerre insensée en Europe de l’Est.  

« Le contexte mondial actuel exige une réponse collaborative, collective et courageuse. »  M. Chakwera a estimé qu’adopter le Programme d’action de Doha est la meilleure occasion de tracer la voie du relèvement pour les pays les plus vulnérables du monde.  L’action est notre seul espoir, a-t-il martelé en espérant que ce Programme soit la démonstration d’une solidarité avec les populations les plus pauvres du monde, et qu’il accélère le développement durable dans les pays où les niveaux de pauvreté sont devenus un fardeau insoutenable pour l’économie mondiale.  Il doit aider à réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030 durant en cette Décennie d’action, a ajouté le Président.   

Le Président du Groupe des PMA a annoncé que le Programme d’action de Doha contient des mesures pour éradiquer la pauvreté, mettre fin à la faim et à la malnutrition, rendre l’accès à Internet universel, diversifier les économies, augmenter les exportations et les échanges, et établir une référence en matière d’aide publique au développement (APD).  Il comprend également la création d’une université en ligne, d’un centre international de soutien à l’investissement ainsi que la détention de stocks alimentaires pour permettre aux PMA de reconstruire en mieux.  Le Programme d’action de Doha est indispensable parce qu’il contient des mesures permettant aux PMA de satisfaire aux critères de catégorisation, a aussi expliqué le Président du Malawi.   

La réussite de ce Programme d’action réside toutefois dans sa mise en œuvre, a exhorté M. Chakwera en soulignant l’importance fondamentale des mesures de mise en œuvre qui seront prises au cours des 10 prochaines années, ainsi que des solides mécanismes de suivi aux niveaux mondial et régional.  Il a appelé les partenaires de développement et le système des Nations Unies à apporter un soutien cohérent.  Il a aussi appelé à renforcer le Bureau du Haut Représentant pour les PMA, les pays en développement sans littoral et les PEID, dont la charge de travail augmente.  

Le représentant du Pakistan, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G77), a déploré les inégalités qui affectent particulièrement les PMA.  Il a par exemple noté qu’alors que la plupart des pays développés ont vacciné la majorité de leur population contre la COVID-19, le taux vaccinal pour les PMA n’est que de 10%.  De même, ces pays ont 27% de leur population connectée à l’Internet alors que le reste du monde connaît un taux bien plus élevé.  Il a dit que pour atteindre les objectifs du Programme d’action, il faut des moyens de mise en œuvre plus robustes en commençant par remédier à l’iniquité vaccinale.  De même, l’engagement historique d’octroi de l’APD aux PMA doit être mis en œuvre, a réclamé le représentant avant de plaider pour l’allègement de la dette et la redistribution d’au moins 250 milliards de dollars des nouveaux droits de tirage spéciaux (DTS) des pays développés en faveur des PMA.  Il faut rendre universel l’accès à la protection sociale et résoudre les problèmes structurels de longue date des PMA, a-t-il aussi demandé.  Enfin, le représentant a salué les innovations du nouveau Programme d’action, notamment l’Université en ligne en faveur des PMA.  

Le représentant du Botswana, au nom des pays en développement sans littoral, a souligné l’importance d’adopter le Programme d’action de Doha pour les PMA afin de ne pas perdre la dynamique et de réunir le soutien nécessaire à leur développement durable.  Chaque pays a ses propres difficultés mais ensemble, les 46 PMA ont des points communs avec la famille de 91 pays en situation de vulnérabilité, des pays en développement sans littoral et des petits États insulaires en développement (PEID) qui eux-mêmes représentent plus de la moitié des 32 pays en développement sans littoral tout en étant qualifiés de PMA. 

Le Programme d’action de Doha s’appuie sur la solidarité et la conviction que progresser en matière de développement est le droit de tous, en particulier les plus vulnérables, a noté le représentant.  Les PMA ont besoin de davantage de temps pour retrouver le PIB par habitant d’avant la crise étant donné la marge de manœuvre fiscale réduite exacerbée par la crise de la dette et les capacités de production limitées, a-t-il relevé.  Il s’est dit préoccupé du faible taux de vaccination dans les PMA alors que c’est nécessaire pour assurer la relance de leur économie.  Le Programme d’action réaffirme notre engagement à accélérer la reconstruction après la pandémie, a-t-il conclu.  

Le représentant du Lesotho, s’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, a rappelé que 33 des 46 PMA se trouvent sur le continent africain.  Il a demandé de ne pas perdre davantage de temps pour aider ces pays à sortir de leur catégorie et obtenir leur reclassement.  Il faut que le Programme de Doha aboutisse à des résultats, a-t-il martelé en recommandant d’agir en ce sens au cours des 10 prochaines années.  Le reclassement ne doit pas être un terme banal, a-t-il averti, appelant à un reclassement durable et sans heurt pour les PMA. 

Pour le représentant de la Barbade, qui s’exprimait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), la Cinquième Conférence des Nations Unies sur les PMA est une occasion unique d’élaborer un programme de reconstruction ambitieux après la COVID-19.  Comme les PMA, les pays de la CARICOM partagent nombre de caractéristiques telles que la vulnérabilité face aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles, la faiblesse des moyens de production et la dépendance de leurs économies vis-à-vis de facteurs externes, a-t-il fait observer en expliquant que la CARICOM a toujours promu une approche globale afin de surmonter les multiples défis auxquels font face les PMA, en tenant compte de leur spécificité et des écarts considérables de développement.  Les PMA ont besoin de solutions novatrices pour résoudre les problèmes structurels et ils ont besoin de moyens financiers pour soutenir leur économie, a rappelé le représentant.   

Le Programme d’action de Doha jouera un rôle majeur pour soutenir les PMA dans le cadre de leurs efforts en matière de développement durable et de résilience, a-t-il apprécié en souhaitant qu’il apporte la réponse nécessaire aux besoins urgents des populations.  Le représentant a aussi estimé que l’adoption de ce programme permettra de renouveler le partenariat entre les PMA et leurs partenaires de développement, dans la marche vers le Programme 2030.  « Le succès du Programme d’action sera toutefois évalué à l’aune de la mise en œuvre et du respect des engagements pris. »  Le représentant de la CARICOM a appelé à un soutien financier accru de la part de la communauté internationale pour répondre à l’endettement des PMA et à mettre un terme au déclin de l’APD. 

Le représentant d’Antigua-et-Barbuda, s’exprimant au nom des petits États insulaires en développement (PEID), a souligné que les changements climatiques et la crise économique mondiale consécutive à la COVID-19 affectent particulièrement les PMA et les PEID.  Il a appelé au renforcement de la coopération internationale afin d’éliminer la pauvreté sous toutes ses formes.  Il a déploré le fait que les politiques internationales aient été le plus souvent injustes pour les PMA.  Il a rappelé qu’il y a 50 ans, quand le groupe a été créé, l’objectif était de surmonter les obstacles compromettant leur développement.  Atteindre l’objectif de zéro PMA sans tenir compte des implications néfastes de leur reclassement va faire courir le risque d’avoir des pays reclassés mais qui dépendent toujours du système des Nations Unies pour leur développement, a-t-il averti.  Il a donc appelé à la mise en place d’un indice de vulnérabilité multidimensionnel, afin de combler les lacunes du classement des pays exclusivement à partir du produit intérieur brut (PIB). 

Le représentant de l’Australie, qui s’exprimait aussi au nom de la Nouvelle-Zélande, a réitéré l’engagement des deux pays à mettre en œuvre le Programme 2030 qui s’appuie sur le droit international et les droits humains.  Au cours des 10 années à venir, il faudra mettre l’accent sur la mise en œuvre des promesses du Programme 2030 dans son intégralité, a exhorté le représentant.  Le nouveau Programme d’action pour les PMA permettra de répondre aux répercussions directes de la COVID-19, a-t-il espéré.  S’agissant de la question de reclassement des pays dans une autre catégorie, le représentant a suggéré de revoir les critères de reclassement et de mettre l’accent sur la vulnérabilité des pays.  Ces critères doivent être réalistes et adaptés aux défis du XXIème siècle, a-t-il précisé.  En outre, il a invité à garder à l’esprit que les vulnérabilités et les risques auxquels se heurtent les PMA dépassent leur capacité à riposter.  Il est donc essentiel que le processus de reclassement renforce la résilience des pays reclassés en incluant la réduction des risques de catastrophe aux stratégies de transition.  La mise en œuvre du nouveau Programme d’action doit aussi prendre en compte l’égalité homme-femme et donner leur place aux femmes et aux filles, a-t-il conclu.   

La représentante du Bangladesh s’est exprimée également au nom du Canada, les deux pays étant coprésidents du Comité préparatoire de la Conférence de Doha.  Elle a salué tous ceux qui ont rendu possibles les préparatifs de la Conférence, ainsi que les donateurs qui ont pris des engagements en faveur des PMA.  Elle a aussi salué le fait que les PMA se sont engagés à respecter les droits de l’homme, à assurer l’autonomisation des femmes et des filles et à œuvrer à leur propre développement.  Elle a affirmé que le vrai travail ne fait que commencer avec maintenant l’étape de la mise en œuvre.  À cet égard, elle a appelé tous les partenaires à y donner du leur, notamment en soutenant le suivi des engagements par leur soutien au Bureau de la Haute-Représentante pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement. 

La représentante du Sénégal a dit que l’adoption du Programme de Doha devrait donner un nouveau souffle aux six engagements qui n’ont pas été totalement réalisés dans le Programme d’action d’Istanbul.  Elle a souligné la nécessité de s’atteler à des actions d’urgence pour augmenter les investissements productifs, consolider les chaînes de valeur, mettre en place des infrastructures de soutien au développement, appuyer les secteurs économiques porteurs de croissance et les systèmes budgétaires afin de réduire la dépendance à l’APD.  Il faut aussi investir dans la diversification des économies qui peut générer des ressources fiscales supplémentaires.  Elle a souligné la nécessité d’un mécanisme d’évaluation de la mise en œuvre du nouveau Programme afin de donner des recommandations concrètes en cours de route.  Enfin, a-t-elle déclaré, l’objectif commun ne doit pas se contenter d’atteindre le reclassement, il doit être la transformation structurelle positive de la vie des populations pour le développement durable.

Pour le représentant du Japon, le Programme d’action de Doha jette de solides bases pour la rédaction d’autres documents afférents aux PMA à l’avenir.  Le représentant a souligné l’importance de la sécurité à l’heure où les menaces contre les différentes populations sont de plus en plus liées.  Il a aussi mis l’accent sur la protection des personnes, en particulier celles qui sont en situation de précarité afin de relever les défis que rencontrent les PMA.  Il a également suggéré d’investir davantage dans les infrastructures de qualité pour combler le déficit en la matière dans les PMA.  Il faut maintenir cette dynamique au cours des 10 prochaines années, a demandé le représentant. 

Le représentant de l’Indonésie a appelé à combler le fossé entre les PMA et les pays dits développés.  Le représentant a notamment insisté sur les efforts à faire pour combler les inégalités en matière de vaccination contre la COVID-19.

Le représentant de la République démocratique populaire lao a rappelé qu’avec le Népal, son pays est censé sortir de la catégorie des PMA en 2026.  Même si le Laos a déjà rempli les trois critères de reclassement, cela ne signifie pas que ses problèmes vont disparaître avec le reclassement, a-t-il averti.  Sachant que l’APD prendra fin avec le reclassement, il a demandé d’autres sources de financement du développement.  Il a conclu que la sortie de la catégorie des PMA n’est pas une fin en soi et qu’il faut veiller à ce que les pays qui en sortent n’y retournent plus. 

Le représentant de l’Inde a regretté que tous les objectifs du Programme d’action d’Istanbul n’aient pas été atteints.  Il a insisté sur l’importance de programmes de relèvement après la pandémie de COVID-19.  Le représentant a partagé sa joie de voir dans le Programme d’action de Doha des projets comme l’université en ligne pour les PMA, la sécurité alimentaire ou encore le dispositif d’atténuation des crises et de résilience.  Le représentant a rappelé la nécessité de lutter contre les effets des changements climatiques en particulier pour arriver au niveau « émission zéro » de gaz à effet de serre, avant de plaider pour des investissements qui doivent éviter un surendettement des PMA.  Le Programme d’action doit en outre s’ouvrir au profit des communautés locales, a-t-il demandé.  Il a formé le vœu de voir, avec la mise en œuvre de ce Programme, 15 PMA sortir de cette catégorie d’ici à 2030. 

Le représentant de la République de Corée a salué le consensus sur le nouveau Programme d’action pour la prochaine décennie.  Il s’agit en effet d’un programme ambitieux mais indispensable pour les 1,1 milliard de personnes vivant dans les 46 PMA qui ont été les plus durement touchées par la pandémie.  Le représentant a préconisé la pleine application du Programme d’action pour atteindre ses objectifs afin d’aider les PMA à faire face aux nombreux défis.  Nous savons où nous souhaitons arriver, ce que nous devons faire et comment nous devons le faire, a résumé le représentant pour qui le Programme d’action de Doha définit les paramètres d’un partenariat mondial renouvelé et revigoré en faveur des PMA.  L’heure de la solidarité aux PMA a sonné et la République de Corée est prête à partager les leçons de sa réussite, a promis le représentant. 

Le représentant de l’Égypte a souligné qu’il revient d’abord aux PMA d’établir leurs priorités de développement.  Et dans l’esprit du principe de la responsabilité partagée, il a appelé les donateurs à soutenir les PMA dans leurs efforts de réaliser leurs objectifs de développement.  Notant que de nombreuses cibles du Programme d’action d’Istanbul n’ont toujours pas été atteintes, il a appelé à assurer un bon suivi des promesses du nouveau Programme.

La représentante de la Turquie a estimé que ce n’est qu’avec le sincère soutien de la communauté internationale que les PMA peuvent réaliser leurs objectifs de développement et ainsi sortir de la catégorie.  Investir dans la science, la technologie et l’innovation dans les PMA est crucial pour leur essor, a-t-elle affirmé.  Elle a rappelé que la Banque de technologies des Nations Unies qui a vu le jour en 2018 en Turquie joue un rôle majeur à cet égard.  En tant que grand donateur de la Banque de technologies, la Turquie a promis un financement envers la Banque pour les cinq prochaines années, a dit la déléguée qui a invité d’autres donateurs à faire de même. 

Le représentant des États-Unis a attiré l’attention sur les implications de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’instabilité mondiale nuisant à tous y compris aux PMA.  La hausse des prix des produits de base et l’incertitude sur les marchés mondiaux, à la fois le résultat direct de la guerre non provoquée et injustifiable de la Russie contre l’Ukraine, menacent directement les objectifs énoncés dans le Programme d’action de Doha, a estimé le représentant.  Il a ajouté que ce programme n’est pas contraignant et ne crée pas de nouveaux droits ou obligations en vertu du droit international.  Il ne crée pas non plus de nouveaux engagements financiers.  Les indicateurs et les termes élaborés dans le cadre du Programme 2030 et reflétés dans le Programme d’action n’ont aucune obligation pour les institutions financières internationales, a-t-il encore fait remarquer.  Les négociations de l’ONU, y compris le document final du Programme d’action d’Addis-Abeba et du Programme d’action de Doha, n’ont aucune incidence sur la position des États-Unis relativement au commerce et n’ont aucune pertinence pour la politique commerciale des États-Unis, pour nos obligations ou engagements commerciaux, ni pour l’ordre du jour de l’OMC, a encore déclaré le représentant américain.

Il a rappelé que les États-Unis n’ont pas pris d’engagement à l’égard de la cible de 0,7% du PIB consacré à l’APD ou 0,15% à 0,2 % du RNB aux PMA.  L’année dernière, a toutefois rappelé le représentant, le Président Joseph Biden a annoncé son intention de travailler avec le Congrès pour quadrupler le financement public international de la lutte contre les changements climatiques aux États-Unis d’ici à 2024 pour le porter à plus de 11 milliards de dollars.  Il s’est réjoui des progrès substantiels de la COP26 vers la réalisation de l’objectif consistant à mobiliser conjointement 100 milliards de dollars de financement climatique par an.  L’examen des progrès accomplis dans la réalisation de cet objectif, ainsi que des décisions ou des mandats au titre de la Convention-cadre sur les changements climatiques (CCNUCC) et de l’Accord de Paris, y compris le Pacte de Glasgow sur le climat, restent uniquement sous les auspices de ces organes, a avancé le délégué.  Il a regretté que le Programme d’action de Doha ait, à son avis, omis de nombreux éléments clefs du Pacte climatique de Glasgow, y compris plusieurs aspects liés à l’impératif de limiter le réchauffement à 1,5°C.  Enfin, le délégué a dit que les États-Unis sont préoccupés par l’utilisation par le Programme d’action de termes qui n’ont pas de définitions internationales convenues, y compris « droit au développement » et « flux financiers illicites ».  

Le représentant de l’Angola a dit que comme son pays est en phase de reclassement, le Gouvernement concocte une stratégie de transition nationale souple qui trouvera son point culminant lors du reclassement en février 2024.  Lorsque l’Angola deviendra un pays à revenu intermédiaire, le Programme d’action de Doha sera alors un document qui nous soutiendra en cette période de transition, a-t-il espéré.  Il devrait aider à la mise en œuvre d’actions prioritaires comme l’investissement dans la population, l’utilisation du potentiel de la science et de la technologie et l’innovation afin de lutter contre les vulnérabilités multidimensionnelles et réaliser les objectifs de développement durable.  Le Programme aidera notamment à soutenir la transformation structurelle en tant que moteur de prospérité, à renforcer le commerce international et l’intégration régionale, à lutter contre les changements climatiques et la dégradation de l’environnement et à renforcer la résilience face aux chocs futurs.  En vue de son reclassement, l’Angola est pleinement attaché au Programme d’action de Doha et à sa mise en œuvre, a réitéré le représentant. 

Le représentant de la Fédération de Russie a déploré le fait que certains aspects du Programme d’action aient été adoptés sans tenir compte des observations de plusieurs délégations.  Selon lui, le document adopté n’est pas le fruit d’un consensus, et de réels progrès pour soutenir le développement des PMA ne s’y trouvent pas.  C’est le temps qui montrera sa vraie valeur, a-t-il tranché.

Au sujet des propos entendus condamnant la Fédération de Russie, le délégué a dit les rejeter.  Il a dit avoir constaté que les masques sont tombés, comme c’est d’ailleurs le cas pour les donateurs qui n’ont pas pris d’engagements fermes.  Il a dénoncé l’approche biaisée du Programme d’action sur la question de l’énergie.  Selon lui, viser la neutralité carbone en ne misant que sur les sources d’énergie renouvelables n’est pas judicieux, étant donné que certaines de ces sources nouvelles fonctionnent également grâce aux énergies fossiles.  De même, les libellés sur le climat sont en porte-à-faux avec l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  En conclusion, le représentant a dit que la Fédération de Russie se désolidarise des paragraphes 3, 108, 115, 116, 129, 155 et 251.

Pour le représentant de Cuba, le terme « sécurité humaine » utilisé dans le Programme d’action n’a pas fait l’objet de consensus.  C’est donc par solidarité avec les PMA que Cuba s’est rangé au consensus, mais cela ne veut pas dire que la délégation cubaine agrée à tous les libellés qui y sont usités.

Pour le représentant du Maroc, le Programme d’action de Doha est un test colossal et significatif pour parvenir à une coopération internationale renforcée en faveur des PMA.  Le soutien au développement durable des PMA constitue la clef de voûte d’une réponse digne d’une communauté internationale soudée et solidaire face à une reprise incertaine, a-t-il dit.  Il a vu cette adoption historique comme le lancement d’un chantier de projets et partenariats ambitieux en faveur des PMA.  Le Maroc ne ménage aucun effort pour renforcer sa solidarité et sa coopération avec les PMA étant parmi les premiers pays à offrir son soutien aux PMA de l’Afrique y compris dans la lutte contre la pandémie COVID-19, a indiqué le représentant. Il a signalé d’importantes aides médicales apportées par le Maroc à un grand nombre de pays africains.  Le représentant a également annoncé d’autres initiatives du Maroc comme l’annulation de la dette des PMA africains et l’autorisation d’accès au marché marocain des produits de certains PMA.

Le représentant de la Chine a déclaré qu’en tant que plus grand pays en développement, elle présente un modèle de développement mondial.  Dans le cadre de la mise en œuvre du Programme 2030, la Chine a fourni aux PMA des moyens pour le développement et a facilité la réponse à la pandémie de COVID-19 et le relèvement, a souligné le représentant.  Principal contributeur à l’Initiative de suspension du service de la dette, la Chine, a-t-il ajouté, a appelé les créanciers multilatéraux comme la Banque mondiale à participer au programme d’allégement de la dette.  Il a estimé que le terme « allégement de la dette » dans le Programme d’action est trop large et vague, et que la « suspension de la dette » et le « traitement de la dette » devraient être adoptés en lieu et place.

Le représentant du Brésil a insisté pour que les initiatives de développement dans les PMA servent réellement leurs intérêts.  Les partenaires au développement ne doivent pas imposer des restrictions à ces pays, a-t-il mis en garde.  Dans un langage imagé, le représentant a estimé que les partenaires au développement ont pour rôle de changer et regonfler les pneus du véhicule alors que les PMA sont au volant.  Il a ensuite expliqué des domaines de collaboration entre son pays et les PMA, notamment dans le secteur de l’énergie, assurant que le Brésil est un ami de longue date des PMA. 

Le représentant de l’Éthiopie a relevé que la pandémie de COVID-19 a sapé les efforts de développement mis en œuvre par les PMA.  Il a estimé que la réduction de la pauvreté dans les PMA est l’affaire de tous, et cela doit appeler à des engagements sans considération politique.

Le représentant du Cambodge a souhaité que l’adoption de ce Programme d’action contribue à la réalisation du développement durable dans les PMA.  Le texte tombe à point nommé à l’heure où il faut redoubler d’efforts pour réaliser les ODD et relever les défis sur le plan socioéconomique en encourageant notamment la résilience face aux futurs chocs et en permettant une sortie sans heurt de la catégorie des PMA.  Le représentant a souhaité que ce Programme puisse être intégralement mis en œuvre.  Il a demandé des engagements fermes et des mesures concrètes aux partenaires de développement ainsi que des politiques de développement national pour réaliser les six domaines d’action prioritaires de développement figurant dans le Programme d’action. 

Le représentant du Népal a dit que le Programme d’action de Doha est un instrument pour faire face aux nombreux problèmes structurels auxquels sont confrontés les PMA en matière de transformation économique.  Il faut atteindre les objectifs en souffrance du Programme d’action d’Istanbul afin que 15 PMA supplémentaires puissent sortir de la catégorie d’ici à 2031, a-t-il dit.  Pour cela, a suggéré le représentant, la coopération entre les PMA et les partenaires de développement doit être renforcée en mettant l’accent sur une bonne mise en œuvre du document: il faut créer des synergies entre l’action climatique, les plans de relèvement de la COVID-19, le Programme de Doha.  Il a aussi recommandé d’accorder une attention particulière aux pays qui devraient bientôt sortir de la catégorie et à ceux qui en sont sortis récemment pour garantir un reclassement en douceur.  Le délégué a aussi invité les partenaires au développement à honorer leurs engagements envers ces pays d’octroyer 0,15 à 0,20% de leur revenu national brut aux PMA, de donner accès au marché, d’alléger la dette, de transférer des technologies, d’offrir une assistance technique et de renforcer les capacités. 

La représentante du Bhoutan a estimé que le nouveau Programme d’action est un partenariat entre les PMA et les autres pays, avec pour objectif final le reclassement des PMA.  S’il est prévu que le Bhoutan sorte en 2023 de la catégorie des PMA, le pays est conscient qu’il suffira d’une catastrophe naturelle pour remettre en cause toutes ses avancées, a dit le représentant. 

La protection sociale est essentielle au développement durable des PMA, a dit la représentante du Royaume-Uni qui a aussi demandé de tenir compte des derniers résultats de la COP26 de Glasgow, étant donné la place prépondérante qu’occupent les changements climatiques dans la vie des communautés.  Le Royaume-Uni entend d’ailleurs investir 8 milliards de livres par an jusqu’en 2025 dans des initiatives climatiques, a-t-elle signalé.  Elle a demandé d’investir dans la science, la technologie et l’innovation.  De même, on ne peut parler du développement des PMA sans tenir compte des conflits, a-t-elle relevé, avant de condamner l’attaque de la Fédération de Russie contre l’Ukraine et de faire remarquer que cela aura des effets dévastateurs sur les plus pauvres à travers le monde. 

Le représentant des Maldives a dit que face aux aléas des changements climatiques, l’argent seul ne suffit pas; les PMA ont besoin notamment de technologies et de capacités.  Rappelant que les Maldives sont sorties de la catégorie des PMA en 2011, il a dit que, à cause du tsunami dans l’océan Indien en 2004, le processus de reclassement a été repoussé à deux reprises.  Mais après être sorti de la catégorie, le pays s’est heurté à de nombreuses difficultés liées à la pandémie de COVID-19.  Pour le représentant, les critères de reclassement actuels des PMA et des PEID de la Banque mondiale ne rendent pas bien compte de la situation des économies de ces PMA et des répercussions de la COVID-19 dont les dégâts sont estimés à près 4,6 milliards de dollars dans l’économie.  « Du jour au lendemain nous sommes passés de pays à revenu intermédiaire à pays sans revenu. »

L’indice de vulnérabilité multidimensionnelle est essentiel afin de bien rendre compte de la situation, a-t-il conclu. 

L’observateur du Saint-Siège a salué plusieurs éléments positifs figurant dans le Programme d’action.  Puis il a déploré que le texte et ses conséquences soient édulcorés par des termes ou des notions « vagues » ou qui font polémique s’agissant de la discrimination et de la diversité.  Il aurait fallu plus de temps pour examiner les problèmes, avec des négociations ouvertes transparentes et inclusives pour toutes les délégations durant les dernières étapes du processus, a-t-il estimé.  L’observateur a formulé deux réserves sur les termes « santé procréative et sexuelle » et « services de soins de santé » en la matière ainsi que des termes équivalents qui englobent l’avortement et l’accès à l’avortement.  Pour le Saint-Siège également, a rappelé l’observateur, le terme « genre » est entendu comme l’identité sexuelle biologique mâle et femelle.

Le représentant de l’Algérie a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour accompagner les PMA dans la mise en œuvre des objectifs de développement durables (ODD).  Il a invité les entités onusiennes à soutenir ces pays en vue de leur reclassement.  Il a conclu en rappelant que l’Algérie a toujours soutenu les PMA par le biais d’initiatives bilatérales ou multilatérales.

Le représentant de la Hongrie a salué l’adoption du nouveau Programme d’action pour les PMA.  Elle s’est toutefois dissociée des mentions faites aux migrations, notamment les paragraphes 74, 75, et 77.

Le représentant de l’Afrique du Sud a d’abord exigé que les PMA aient accès aux vaccins contre la COVID-19 qui a dévasté ces pays.  Nous devons être capables de surmonter les obstacles auxquels sont confrontés les PMA et fournir à leur population les services essentiels, a-t-il espéré.  Nous avons le devoir moral de renforcer la résilience des plus vulnérables de sorte que les 226 millions de jeunes des PMA aient la possibilité de vivre dignement et qu’ils aient la possibilité façonner leur avenir, a-t-il encore rappelé.  Selon le représentant, le Programme d’action de Doha est un instrument qui servira à soutenir les PMA face aux défis auxquels ils se heurtent.  Il faut donc encourager sa pleine mise en œuvre, a-t-il conclu.

Pour le représentant de la Gambie, l’adoption du Programme d’action de Doha constitue un moment historique.  La nature inhabituelle de cette adoption est une preuve de la circonstance inédite que connaît le monde depuis deux ans, a-t-il remarqué.  Il a misé sur ce document historique pour les PMA qui ouvre une nouvelle ère de transformation, d’innovation, de revitalisation et de renouveau.  Le délégué a exhorté l’ONU et la communauté internationale à mobiliser l’action internationale et à faire preuve de solidarité pour la mise en œuvre du Programme d’action de Doha.  Avant la deuxième partie de la Conférence, en mars 2023, nous avons la possibilité de faire montre de davantage de solidarité ou de nouer des partenariats pour la mise en œuvre de ce programme, a-t-il encouragé.  « L'élan en vue de la conférence de 2023 commence maintenant. »  Le représentant a prévenu qu’il n’y a plus de temps à perdre pour reconstruire en mieux.  Il a espéré que, après cette nouvelle décennie, les PMA disposeront d’une plus grande résilience et d’une capacité accrue pour la réalisation des objectifs de développement durable.

Le représentant de l’Ouganda a rappelé que la pandémie de COVID-19 a exacerbé les obstacles placés sur la route des PMA dans l’optique de la réalisation des ODD.  Il a appelé à des partenariats mondiaux revitalisés afin de soutenir les PMA dans le but de leur reclassement.

Le représentant de la Belgique a déclaré que 12 des 14 pays avec lesquels la Belgique coopère bilatéralement sont des PMA.  Le nouveau Programme d’action arrive à un moment crucial pour la communauté internationale qui vient d’émerger de la pandémie de COVID-19, a noté le représentant.  Mais à peine est-il sorti de cette crise que le monde est déjà confronté aux images horribles de populations mourant et fuyant les bombes, les missiles et l’agression militaire de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, s’est-il désolé.  Il a souligné les effets dramatiques de cet « évènement catastrophique » sur le marché des produits de base, relevant qu’en temps de crise, les pays les plus défavorisés paient toujours le prix le plus élevé.  En matière de coopération, Bruxelles focalise ses interventions sur les investissements dans les populations des PMA pour ne laisser personne de côté, a-t-il indiqué.  Il a aussi signalé que son pays accordera également une attention particulière aux questions relatives aux jeunes et à l’équité en matière de vaccins. 

Le représentant du Nigéria a affirmé que le Programme d’action de Doha est conforme au Programme 2030, au Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015-2030, et au Programme d’action d’Addis-Abeba issu de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, ainsi qu’à l’Accord de Paris et du Nouvel agenda urbain.  Alors que les catastrophes naturelles et climatiques ont marqué la vie dans les PMA depuis des siècles, il a relevé que les vulnérabilités climatiques de ces pays s’ajoutent à des défis de développement importants inhérents à leurs caractéristiques structurelles.  De ce fait, investir dans des initiatives de renforcement de la résilience aidera les PMA à parvenir au développement durable, a-t-il espéré.

La représentante du Bélarus a apprécié que le Programme d’action de Doha contribue à consolider les efforts internationaux pour réaliser le développement de PMA et recommandé que le document prenne en compte les besoins spécifiques de ces pays ainsi que leurs priorités nationales.  Il devra aussi aider à surmonter les problèmes structurels et les conséquences de la pandémie de COVID-19.  Le Programme d’action reflète les approches mondiales pour régler les problèmes de la faim, des maladies, de la pauvreté et des inégalités.  La représentante s’est réjouie du fait que le document inclue des mesures pour augmenter le potentiel de résilience des PMA face aux chocs à venir.  Il vise notamment à créer les conditions nécessaires pour sortir de la catégorie des PMA en utilisant le potentiel des sciences, des technologies, de l’innovation, du commerce international et de l’intégration régionale. 

Le représentant de la Thaïlande a dit qu’il est temps de redoubler d’efforts collectivement pour surmonter les difficultés auxquelles sont confrontés les PMA.  S’agissant de la lutte contre les répercussions de la COVID-19, les PMA devraient accéder aux vaccins contre la COVID-19 et aux équipements médicaux essentiels pour parvenir à un redressement résilient, a-t-il alerté.  Le représentant a, dans la foulée, souligné l’importance de parvenir à la couverture sanitaire universelle et de renforcer la résilience sanitaire des PMA.  S’agissant du relèvement, il a insisté sur l’importance du développement local et le rôle des communautés pour sortir de la crise de façon inclusive et durable.  Ces approches se fondent sur les contextes locaux qui correspondent mieux aux besoins locaux.  La science, la technologie, l’innovation avec le transfert de technologie, le renforcement de capacité, les partenariats et le financement durable sont tout aussi importants, a-t-il ajouté.

Le représentant d’Haïti a dit qu’en tant que seul PMA des Amériques, Haïti salue le nouveau Programme d’action qui apparaît comme un document ambitieux et équilibré.  Un document qui renferme des éléments novateurs susceptibles d’amener des changements significatifs et transformateurs dans la vie des 1,1 milliard d’habitants des PMA, a-t-il espéré.  Il s’est notamment félicité des dispositions prises pour doubler la part du commerce des PMA, améliorer leur accès à l’Internet à haut débit, créer une université en ligne, un centre d’investissement international, une banque alimentaire et un mécanisme d’aide au changement de catégorie.  

Le représentant du Myanmar a rappelé que depuis 2018, le Myanmar a satisfait aux trois critères requis pour sortir de la classe des PMA.  Malgré les effets dévastateurs de la pandémie de COVID-19 sur l’économie du pays, le Gouvernement élu a su maintenir sa croissance tout en protégeant les vies par des politiques d’aide socioéconomique appropriées, a-t-il relaté.  Ainsi, il a dit que le Myanmar était sur la bonne voie pour se qualifier pour sortir de la liste des PMA avant que le coup d’État militaire de février 2021 ne viennent tout bouleverser.  La Banque mondiale s’attend à ce que l’économie du Myanmar se contracte d’environ 18% en raison des effets du coronavirus et de l’instabilité politique résultant du coup d’État, a-t-il indiqué.  Néanmoins, a-t-il tempéré, le peuple du Myanmar est résolu et persévérant pour mettre fin à la dictature de l’armée et restaurer la démocratie, tout en redoublant d’efforts pour le développement du pays.

Le délégué de l’Union européenne, a réitéré le soutien et la solidarité de sa délégation avec les PMA, « une tradition ancienne ».  Il a appelé à renouveler la volonté de la communauté multilatérale pour lutter contre les inégalités que les PMA continuent de subir et qui ont été aggravées par la pandémie.  Le délégué a condamné l’invasion militaire de la Russie contre l’Ukraine et les effets que cela entraîne pour les autres pays dont les PMA, ainsi que l’implication du Bélarus dans le conflit.  Il a ainsi parlé du choc des prix des combustibles, des produits alimentaires et autres produits, déjà ressenti dans certaines régions du monde.  Il a aussi déploré les pénuries de denrées alimentaires et d’autres produits dans les PMA qu’entraîne cette guerre.  Les impacts de l’agression seront douloureux en particulier pour les PMA, a encore martelé le délégué y trouvant des raisons pour que la Russie respecte la résolution de l’Assemblée générale de retirer immédiatement ses forces armées d’Ukraine.

Le délégué a salué l’adoption du Programme d’action pour les PMA et a réitéré l’engagement de l’Union européenne pour sa mise en œuvre.  Plus que jamais, il faut rester concentrés sur ceux qui ont le plus besoin d’aide pour que personne ne soit laissé de côté, a-t-il conseillé.  Il a souligné l’importance de la promotion et de la protection des valeurs universelles de démocratie, de bonne gouvernance, de l’état de droit et des droits de la personne, qui sont des conditions préalables au Programme.  Il a demandé des efforts pour l’accès à la protection sociale, la couverture sanitaire universelle ainsi qu’aux vaccins, à l’éducation de qualité, à l’égalité entre les sexes, ou encore à la participation des jeunes.  Il faut continuer les efforts de mobilisation des ressources, avec notamment des investissements du secteur privé, a dit le délégué avant de conclure en rappelant que la responsabilité de la mise en œuvre du Programme d’action de Doha incombe en premier lieu aux PMA. 

Mme HEIDI SCHRODERUS-FOX, Haute-Représentante par intérim pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, a rappelé que, pendant deux ans, les PMA ont souffert plus que la plupart des autres à cause de la pandémie, tandis que maintenant c’est la guerre en Ukraine qui ajoute encore des incertitudes.  Prévenant que l’insécurité alimentaire va s’accroître dans de nombreux PMA, où la faim est en hausse depuis plusieurs années déjà, elle a noté que les pays qui dépendent des approvisionnements ukrainiens et russes, en nourriture et en engrais, auront du mal à répondre à leurs besoins.  Elle a aussi relevé les forts niveaux d’endettement qui s’ajoutent à la cascade de crises, dont la sécheresse dans plusieurs PMA africains.  « Nous devons veiller à ce que les besoins des PMA ne soient pas relégués au second plan dans la liste des priorités mondiales. »

« En signant aujourd’hui cette nouvelle promesse, le Programme d’action de Doha, nous disons au monde que la solidarité ne peut pas être un jeu à somme nulle. »  Mme Schroderus-Fox a jugé plus urgent que jamais d’œuvrer en faveur d’un nouveau multilatéralisme pour créer une planète plus sûre, plus prospère, plus égale et plus saine.  Elle a fait remarquer que le Programme de Doha est un document ambitieux, tourné vers l’avenir et orienté vers l’action, saluant le leadership du Malawi, qui a guidé le Groupe des PMA tout au long du long processus préparatoire, et le dévouement des coprésidents du Comité intergouvernemental (Bangladesh et Canada).

Comme il n’y a pas de temps à perdre, mon bureau commencera immédiatement à préparer une feuille de route complète pour une mise en œuvre accélérée du Programme d’action, a indiqué la Haute-Représentante par intérim.  Elle a misé sur les engagements en faveur des PMA de la part des parlementaires, du secteur privé et de la société civile, tout en appelant à écouter la voix croissante des jeunes des PMA.  L’ensemble du système des Nations Unies s’est engagé à mettre en œuvre le Programme de Doha, a-t-elle aussi assuré en précisant que les agences apporteront leur expertise dans les six domaines d’action prioritaires.

Mme Schroderus-Fox a également salué le Qatar, en tant que pays hôte de la Conférence qui a débuté aujourd’hui à New York mais se poursuivra en mars prochain à Doha.  « Nous pouvons maintenant nous attendre avec confiance à nous réunir enfin à Doha et profiter de l’accueil que vous avez préparé si patiemment. »  La Conférence de Doha comprendra cinq réunions d’une journée et des tables rondes thématiques, ainsi que d’importants événements multipartites, a-t-elle indiqué.  Doha représentera à son avis un test décisif crucial pour les progrès promis aujourd’hui, ce qui rendra ce rendez-vous encore plus important, a estimé la Haute-Représentante par intérim qui a espéré l’annonce à Doha de nouvelles initiatives.

Son bureau, en collaboration avec le système des Nations Unies, a déjà commencé à travailler sur certains projets clefs identifiés dans le Programme d’action.  Le « mécanisme de soutien au reclassement durable », maintenant appelé iGRAD, offrira un soutien accru pour le reclassement, avec des services consultatifs pour aider les pays à se préparer à sortir de la catégorie en douceur, a-t-elle annoncé avant de signaler qu’hier, son bureau a lancé le cadre d’action de la coalition numérique Partner2Connect.  Cette alliance vise à favoriser une connectivité et une transformation numérique significatives à l’échelle mondiale, en mettant l’accent sur les communautés les plus difficiles à connecter, en particulier dans les PMA.

« Nous avons besoin de plus d’initiatives –de la part de toutes les parties prenantes– pour atteindre les 117 objectifs du Programme d’action de Doha. »  Mme Schroderus-Fox a exhorté les participants à commencer immédiatement la mise en œuvre du Programme d’action pour que, à Doha l’an prochain, on puisse parler du chemin déjà parcouru, ainsi que du voyage à venir.

Dans son discours de clôture, Mme ALIA AHMED BIN SAIF AL-THANI (Qatar), au nom du Président de la Conférence, a souligné que le succès collectif du Programme d’action de Doha passera par le respect des engagements de toutes les parties prenantes.  Elle a invité la communauté internationale à appuyer les PMA pour relever les défis, anciens et nouveaux, auxquels ils font face, et construire des sociétés plus inclusives et prospères.  Le Qatar ne ménagera aucun effort pour que la Conférence de l’année prochaine soit un tournant pour la prospérité des PMA, a-t-elle promis.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission de la condition de la femme: le comportement « vert » des femmes mis en avant

Soixante-sixième session,
8e et 9e séances plénières, matin & après-midi
FEM/2216

Commission de la condition de la femme: le comportement « vert » des femmes mis en avant

Une soixantaine de délégations, dont une vingtaine de ministres et plusieurs organisations internationales, ont, au quatrième jour de travaux de la Commission de la condition de la femme, présenté leurs initiatives pour renforcer la parité entre les genres aux fins de l’amélioration de la réponse aux défis climatiques.  En écho à ce plébiscité pour la protection des droits, le représentant de l’Afghanistan a exhorté la communauté internationale à rappeler aux Taliban que les droits des femmes ne sont pas négociables.

Les délégations ont également entendu la Directrice générale de l’Organisation internationale de droit du développement souligner que l’inégalité entre les sexes aggrave les changements climatiques en attirant l’attention sur le fait que les pays où les femmes sont exclues de la prise de décisions ont des niveaux accrus de dégradation, alors que le fait d’avoir plus de femmes aux postes de responsabilité est corrélé positivement à la réduction des émissions de carbone. 

« Promouvoir une approche de l’action climatique sensible au genre à travers l’état de droit est essentiel pour lutter contre les inégalités structurelles et les obstacles à l’action transformatrice des femmes », a-t-elle souligné. 

Illustrant ce propos, la Directrice du Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes de la Suisse a cité le comportement plus « vert » des femmes en précisant que la décision de sortir de l’énergie nucléaire a été prise alors que le Gouvernement suisse était majoritairement féminin et que les femmes ont aussi fait la différence dans la votation populaire concernant le transfert du transport de marchandises de la route au rail, afin de mieux protéger la nature. 

Dans le même ordre d’idées, les Palaos, une des rares sociétés traditionnellement matriarcales au monde, ont partagé certains indicateurs corrélés à une société féminine forte, notamment un taux d’alphabétisation proche de 100%, tout en concédant que les femmes restent sous-représentées dans la vie politique où elles n’occupent que 8% des sièges au Congrès.  Cela se traduit notamment par l’absence de législation protégeant les droits des femmes qui travaillent et de congé familial payé, a précisé la délégation.

Au préalable, la Présidente du Groupe de travail du Conseil des droits de l’homme sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles a mis l’accent sur les liens entre la santé génésique et les capacités des femmes à contribuer à la résolution des défis climatiques, appelant à mettre fin aux obstacles et lacunes structurelles qui limitent l’accès à la santé reproductive.  Ces problèmes sont le fruit d’échecs politiques et de l’incapacité de reconnaître des droits fondamentaux, a-t-elle déploré. 

Le Saint-Siège a cependant estimé que promotion de la contraception et de l’avortement ne sert ni les femmes, ni la protection de l’environnement, « mais contribue au contraire à la culture du jetable que nous devons surmonter pour parvenir au développement intégral ». 

En matière d’initiatives nationales, la Secrétaire d’État de la Croatie a fait part des efforts déployés par son pays pour créer plus d’emplois pour les femmes en les aidant à mieux concilier activités professionnelles, personnelles et familiales, avant de souligner la nécessité d’assurer un accès égal des femmes au marché du travail. 

La Ministre d’État au genre, à la famille et aux services sociaux des Maldives a cité un plan 2022-2026 pour promouvoir la parité entre les genres et assurer une autonomisation des femmes, tandis que la Présidente du Comité de la famille et des questions féminines du Tadjikistan a vanté la Stratégie nationale d’adaptation aux changements climatiques qui tient compte de l’égalité des sexes dans la prise de décisions sur les questions de changements climatiques. 

Le caractère essentiel des statistiques et données désagrégées par genre relatives au climat a été souligné à plusieurs reprises, notamment par Monaco et la Belgique, qui a affirmé qu’une analyse de genre, basée sur des données ventilées, doit être appliquée à tout le cycle d’élaboration des politiques.

À ce sujet, les Tonga ont indiqué que les évaluations des dommages menées depuis cinq ans après chaque catastrophe naturelle, la dernière en date étant la récente éruption volcanique sous-marine et le tsunami de janvier 2022, ont vu une amélioration de la collecte de données ventilées par sexe.  Cela permettra de veiller à ce que les femmes et les autres groupes marginalisés soient au centre de toutes les activités de planification, de préparation et de réponse au niveau communautaire, a assuré la délégation. 

« Fondamentalement, les objectifs relatifs à l’égalité des sexes et à la réduction des risques de catastrophe se renforcent mutuellement », a souligné pour sa part la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la réduction des risques de catastrophe, notant que « l’égalité d’accès aux opportunités conduit à une meilleure réduction des risques de catastrophe, et une forte réduction des risques de catastrophe soutient l’égalité des sexes ». 

La Commission de la condition de la femme poursuivra ses travaux demain, vendredi 18 mars, à partir de 10 heures.

SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »

Déclaration liminaire

Mme MELISSA UPRETI, Présidente du Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles du Conseil des droits de l’homme, a souligné que la santé génésique des femmes et des filles est essentielle à leur bien-être, qualifiant d’inacceptables les taux élevés de grossesses non désirées, d’avortements et de violences sexuelles.  Elle a appelé à mettre fin aux obstacles et lacunes structurelles qui limitent l’accès à la santé reproductive, notant que ces problèmes sont le résultat d’échecs politiques et de l’incapacité de reconnaître des droits fondamentaux.  Par ailleurs, Mme Upreti s’est inquiétée de la fragmentation des programmes liés aux femmes au sein du système des Nations Unies avant d’appeler à une approche holistique et unifiée pour lutter efficacement contre toutes les formes de discrimination.  Les voix des femmes militantes ne peuvent être ignorées ou bâillonnées en raison de représailles, a par ailleurs déclaré la Présidente qui a regretté que les femmes et filles soient majoritairement écartées des processus de prise de décisions relatifs à lutte contre les changements climatiques et autres questions environnementales.  Enfin, elle a souhaité que son groupe de travail et la Commission travaillent davantage ensemble.

Suite de la discussion générale

M. FERNANDO ELÍSIO FREIRE, Ministre d’État de la famille, de l’inclusion et du développement social de Cabo Verde, a expliqué que son pays est un petit État insulaire en voie de développement, fortement dépendant du tourisme et des transferts de fonds extérieurs, qui a connu cinq années consécutives de sécheresse et d’inondations, d’acidification accrue des océans et de perte de biodiversité.  Il a indiqué que dans la perspective de la relance post-COVID-19, Cabo Verde a accordé la priorité à la promotion de l’autonomisation des filles et des femmes, à travers la promotion de politiques qui garantissent leur autonomie économique.  Cela passe, entre autres, par leur autonomie dans la prise de décisions, que ce soit dans le domaine privé ou en accédant à des postes de décision et de représentation en politique.  Le Gouvernement entend aussi s’atteler au développement économique des femmes, afin qu’elles assument le contrôle total de leur vie. 

Mme SOFIA LOREUS, Ministre à la condition féminine et aux droits des femmes de Haïti, a indiqué que son pays a mis en place une politique nationale d’égalité femmes-hommes 2014-2034 centrée sur l’éducation et la formation, l’économie et la santé, la lutte contre les violences et l’accès aux prises de décisions.  Sur le plan légal, a-t-elle signalé, le décret de 2005 relatif aux agressions sexuelles et à la dépénalisation de l’adultère de la femme a été suivi par l’adoption de lois sur la paternité, la maternité et la filiation ainsi que sur les conditions de travail domestique.  Des avancées importantes sont également enregistrées grâce au troisième plan national décennal de lutte contre la violence faite aux femmes 2017-2027, qui prévoit des certificats médicaux gratuits et des structures d’accueil pour les victimes. 

Reconnaissant que les progrès aient été lents et irréguliers, la Ministre a estimé que la mise en œuvre des 139 mesures urgentes prévues par la politique nationale à l’horizon 2034 permettront de progresser vers une égalité des sexes réelle.  Dans ce cadre, elle a salué les contributions majeures apportées par la société civile, y compris les organisations de femmes et communautaires, assurant que son gouvernement continuera d’accroître les ressources nécessaires et le soutien aux associations locales, nationales, régionales et mondiales de femmes. 

Mme DOLORES BALDERAMOS GARCIA, Ministre du développement humain, de la famille et des peuples autochtones du Bélize, a indiqué que son pays continue d’écrire l’histoire parmi les pays caribéens, avec son nombre élevé de femmes à des postes de responsabilité.  La Chambre des représentants compte cinq femmes, y compris le poste de président.  Nous aurons bientôt six femmes au Sénat, ce qui représente près de 40% des sièges, s’est encore enorgueillie la Ministre, avant de détailler les programmes mis en place pour venir en aide aux agricultrices et de parler de l’intégration de la perspective genre aux efforts d’atténuation.  La Ministre a aussi indiqué que son pays a décidé d’augmenter le salaire minimum des travailleurs domestiques et des personnes qui travaillent dans la vente, lesquels sont principalement des femmes.

Mme VÉRONIQUE TOGNIFODE, Ministre des affaires sociales et de la microfinance du Bénin, a indiqué que son pays s’est engagé depuis plusieurs décennies à respecter les normes et accords internationaux en matière de droits des femmes et d’égalité des sexes, de changements climatiques, et de réduction des risques environnementaux et de catastrophe.  Le Bénin a même modifié la Constitution de 1990 afin d’insérer des mesures de discrimination positive à l’égard des femmes, dans le but d’améliorer leur représentativité au sein du Parlement, lors des élections futures. 

Au Bénin, a dit la Ministre, les groupes sociaux les plus exposés aux changements climatiques sont les agriculteurs et les producteurs maraîchers dont les femmes représentent plus de 70%.  Le Gouvernement a donc créé le Fonds national pour l’environnement et le climat (FNEC) pour répondre au besoin d’accompagnement et de financement des initiatives liées à la protection de l’environnement et aux changements climatiques.  Mais avant de conclure, la Ministre a plaidé pour un soutien aux pays les moins avancés et pour l’intégration du civisme écologique dans tous les programmes de développement.

M. ALEJANDRO GIAMMATTEI FALLA, Président du Guatemala, a rappelé que son pays multiculturel et pluriethnique est particulièrement exposé aux effets néfastes des changements climatiques, qui se traduisent par une hausse de l’insécurité alimentaire et une baisse du niveau de vie, notamment pour les groupes vulnérables.  Parmi ces derniers, les femmes et les filles représentent plus de 50% de la population nationale et paient un lourd tribut à la crise climatique, notamment celles qui vivent en milieu rural, a souligné le Président.  Dans ce contexte, le Gouvernement guatémaltèque considère que la gestion de ces phénomènes et des risques de catastrophe naturelle doit prendre en considération la situation des femmes, a-t-il ajouté, précisant que la planification étatique intègre systématiquement les défis socioéconomiques auxquels sont confrontés les femmes.  À cette aune, le pays travaille au renforcement de l’autonomisation économique des femmes, en particulier dans le contexte des changements climatiques, cet objectif occupant une place centrale dans le plan d’action national pour l’égalité des sexes. 

Mme MARGARETA MAĐERIĆ, Secrétaire d’État, Ministre du travail, du système de retraites et des politiques familiales et sociales de la Croatie, a jugé indispensable d’assurer la pleine participation des femmes au processus de paix en Ukraine.  Elle a cité la mise en place en 2020 de six nouveaux centres d’accueil pour femmes en Croatie.  Elle a indiqué que la Croatie est restée engagée, durant toute la période de la pandémie de COVID-19, dans la mise en œuvre du Plan d’action de Beijing et de l’ODD 5, en assurant la protection des droits humains et en éliminant toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et des filles.  La Croatie se mobilise également pour créer plus d’emplois pour les femmes tout en les aidant à mieux concilier activités professionnelles et vies personnelle et familiale, a ajouté Mme Mađerić qui a appelé à assurer un accès égal des femmes au marché du travail. 

Mme GIEDRĖ BALČYTYTĖ, Chancelière du Gouvernement de la Lituanie, a regretté de devoir axer son intervention sur l’agression russe contre l’Ukraine, un « coup de force prémédité contre des abris et des maternités qui foule au pied la Charte des Nations Unies et toute règle internationale ».  Quand de tels crimes sont commis de façon préméditée, ils menacent de devenir une nouvelle norme, a-t-elle averti, appelant la communauté internationale à revoir ses mécanismes de défense et de protection des femmes dans le monde entier en période de guerre.  Cette guerre qui est à nos portes nous rappelle combien il est important de pouvoir compter sur la solidarité internationale, a ajouté la Chancelière, qui a appelé à combattre l’impunité dont jouissent les auteurs de crimes de guerre au moment où ceux-ci se produisent.  Les cours et les tribunaux doivent enquêter, le monde regarde et les actes odieux commis dans le cadre de l’agression russe en Ukraine ne resteront pas impunis, a-t-elle encore déclaré.

Après avoir exprimé sa solidarité avec les Ukrainiennes, Mme MATEJA RIBIČ, Secrétaire d’État au Ministère du travail, de la famille, des affaires sociales et de l’égalité des chances de la Slovénie, a dit que la grande majorité de femmes slovènes sont dans la population active, la Slovénie étant l’un des rares pays où le taux d’emploi des femmes avec enfants est plus élevé que celui des femmes sans enfant, et ce, grâce à un système de crèches public bien organisé et à une politique dynamique en matière de congés maternité et paternité.  Malgré ces progrès, il faut encore promouvoir le partage égal des tâches au foyer, en promouvant une « paternité active ».  À cet égard la prévention de la violence domestique mais aussi de la violence sexuelle et sexiste est une priorité absolue du pays.  En 2015, la Slovénie a ratifié la Convention pertinente du Conseil de l’Europe.  Elle accorde aussi une grande importance à la participation pleine, égale et significative des femmes à tous les niveaux, y compris dans les domaines de la paix et de la sécurité.  Le programme pour les femmes et la paix et la sécurité est d’ailleurs une partie intégrante de la politique nationale et étrangère de la Slovénie, a affirmé la Secrétaire d’État.

Mme LISA TAMMY RAHMING, Ministre des services sociaux et du développement urbain des Bahamas, a déclaré que son pays, qui est un archipel, est très vulnérable face aux changements climatiques.  En septembre 2019, l’ouragan Dorian a causé de lourdes pertes humaines et 3,4 milliards de dollars de dégâts, des milliers de femmes et de filles ayant été déplacées.  Elle a indiqué que 52% des personnes vivant sous le seuil de pauvreté dans son pays sont des femmes.  La Ministre a précisé que les femmes occupent des postes clefs dans la gouvernance environnementale aux Bahamas, tout en précisant que cela ne suffira pas si les ressources face à ce défi monumental viennent à manquer.  Elle a déploré que son pays se voie refuser l’accès à des prêts non remboursables en raison de l’utilisation du critère de PIB par habitant pour mesurer la richesse.  Elle a donc proposé un indice de vulnérabilité multidimensionnelle pour mieux mesurer la richesse d’un pays et son accès aux prêts précités.

Mme MARIA SYRENGELA, Ministre adjointe du travail et des affaires sociales de la Grèce, a indiqué que les femmes et les filles font partie des groupes les plus touchés par les événements liés au climat, « non pas parce qu’elles sont naturellement plus vulnérables, mais parce qu’elles sont sujettes à des formes inhérentes de discrimination et de marginalisation dans la société ».  Ainsi a-t-elle jugé que faire progresser l’égalité de genre et l’autonomisation des femmes dans le contexte des changements climatiques, de la dégradation de l’environnement et de la réduction des risques de catastrophe, en particulier dans l’ère post-COVID-19, nécessite des politiques et des programmes holistiques et intégrés qui défendent les droits des femmes, renforcent leur indépendance économique et leur résilience, stimulent leur leadership et favorisent l’émergence d’économies vertes adaptées au genre. 

Mme Syrengela a indiqué que la Grèce encourage activement l’autonomisation économique des femmes par le biais de mesures politiques de relance verte sensibles au genre, en se concentrant sur la formation aux compétences vertes et aux techniques de l’économie circulaire.  L’un des programmes forts que nous proposons en ce sens est l’« Initiative pour les emplois verts », laquelle vise à soutenir la transition vers une économie verte en subventionnant la création de 5 000 nouveaux emplois verts à destination des chômeuses, a-t-elle encore détaillé. 

Mme MARTHA DELGADO PERALTA, Secrétaire adjointe aux affaires multilatérales et aux droits de humains du Mexique, a insisté sur le rôle joué par les femmes pendant la pandémie et pendant la relève.  Elle a exigé que ces femmes aient leur place à la table de prise de décisions, en citant notamment leur contribution majeure aux campagnes de vaccination en Amérique centrale.  Constatant que l’une des origines de la pandémie sont les changements climatiques et leurs conséquences négatives, elle a appelé à ne pas perdre de vue les droits humains et l’égalité des sexes dans le contexte de la lutte climatique.  Les femmes activistes occupent l’espace public à la fois pour défendre les droits des femmes et lutter contre les changements climatiques, et le Mexique s’engage à les défendre, y compris à travers sa politique étrangère féministe. 

Mme KHATUNA TOTLADZE, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Géorgie, a condamné dans les termes les plus forts l’attaque militaire de la Russie contre l’Ukraine, en se disant extrêmement préoccupée par les conséquences des attaques indiscriminées contre les infrastructures civiles.  Elle a également réclamé la création de couloirs humanitaires. 

Mme Totladze a ensuite indiqué que la promotion des droits des femmes est une des priorités de son gouvernement, précisant que les peines ont été aggravées pour les crimes fondés sur le genre.  Elle a aussi fait part des efforts déployés pour lutter contre le harcèlement sexuel et la violence domestique visant les femmes.  Malheureusement, l’occupation illégale des régions géorgiennes de Tskhinvali/Ossétie du Sud et de l’Abkhazie par la Russie est le principal obstacle aux efforts de la Géorgie pour protéger les droits des femmes et des filles qui se trouvent de l’autre côté de ces barbelés qui ont été illicitement posés, a déploré la Vice-Ministre.  Elle a également indiqué que les femmes vivant dans ces régions occupées et dans les zones qui leur sont adjacentes continuent de souffrir de violations graves et systématiques de leurs droits. 

Mme GRY HAUGSBAKKEN, Vice-Ministre de la culture et de l’égalité de la Norvège, a déclaré que la situation en Ukraine est dans « tous nos esprits », avant de condamner dans les termes les plus forts l’attaque militaire de la Russie.  « Nous sommes déterminés à aider le peuple ukrainien, en particulier les femmes et les filles. »  Elle a souligné la nécessité de développer des politiques climatiques qui promeuvent l’égalité entre les genres, avant d’appeler à lutter contre ceux qui attaquent les droits des femmes et des minorités sexuelles.  S’il y a un besoin urgent à passer de sociétés dépendantes des énergies fossiles à des sociétés durables, cette transition doit se faire dans le respect des droits des travailleurs, a-t-elle poursuivi.  Elle a aussi insisté sur l’importance que les femmes soient représentées à tous les niveaux des processus de prise de décisions.  « L’égalité entre les genres et les droits des femmes doivent faire partie intégrante de nos efforts climatiques et de développement. »

Mme MARIA JOSÉ DA FONSECA MONTEIRO DE JESUS, Secrétaire d’État pour l’égalité et l’inclusion du Timor-Leste, a indiqué que son pays a pris des mesures sérieuses d’atténuation et d’adaptation au niveau national, évoquant notamment l’approbation, il y a quelques mois, du premier plan d’action national sur les changements climatiques.  Le Timor-Leste, a-t-elle assuré, est déterminé à construire une économie robuste et à faibles émissions de carbone capable de gérer les effets néfastes des changements climatiques sur l’environnement et les communautés.  

La Secrétaire d’État a également indiqué que son gouvernement se mobilise pour garantir les droits des femmes rurales en matière de sécurité alimentaire, d’accès aux ressources, d’autonomisation économique et de participation équitable aux processus décisionnels.  Les perspectives de genre ont été intégrées à la réponse aux changements climatiques, ainsi que la participation des femmes en tant qu’agentes de changement.  Après avoir salué les projets en cours au Timor-Leste financés grâce au Fonds vert pour le climat, elle a expliqué que les femmes sont consultées lors de la conception des projets, que l’impact sur les femmes et les plus vulnérables est constamment évalué, et que les activités s’évertuent à répondre aux besoins et aux capacités spécifiques des femmes. 

Mme SALIMATA NEBIE-CONOMBO, Ministre du genre et de la famille du Burkina Faso, a déclaré que l’exécution des différents programmes nationaux, plans et projets de développement a permis de renforcer la résilience des femmes face aux différents chocs climatiques et environnementaux et à la crise sanitaire auxquels elles sont confrontées.  Les acquis en matière d’autonomisation économique des femmes sont nombreux, a-t-elle dit, citant notamment l’octroi, en 2021, de prêts aux femmes dans le cadre de la relance de leurs activités économiques impactées par la COVID-19 d’un montant d’environ 8 467 400 dollars ou encore la création d’une centrale d’approvisionnement des intrants et matériels agricoles qui subventionne les équipements et intrants agricoles des femmes à hauteur de 80%.  Des progrès ont également été réalisés dans le domaine de la protection de l’environnement et de la lutte contre les changements climatiques grâce au déploiement de mesures incluant des actions de formation à la gestion des ressources naturelles. 

Dans les secteurs sociaux, a-t-elle poursuivi, d’importants résultats ont aussi été obtenus, tels que la création du Secrétariat technique de l’éducation en situation d’urgence qui veille, entre autres, à l’inscription des filles déplacées dans les établissements d’accueil des zones de repli des populations.  Un numéro vert pour la dénonciation des cas de violences basées sur le genre a été lancé, et des centres de prise en charge des survivantes de violences basées sur le genre dans les zones à forts défis sécuritaires sont en cours de création.  Mme Nebie-Conombo a ensuite appelé à mettre l’accent sur la lutte contre la persistance des pesanteurs socioculturelles et les pratiques néfastes, le faible accès des femmes aux ressources productives et leur faible participation à la gouvernance locale et aux sphères de prise de décisions. 

Mme LUMINITA POPESCU, Secrétaire d’État, responsable de l’Agence nationale pour l’égalité des chances entre les femmes et les hommes de la Roumanie, a expliqué que l’attachement du Gouvernement roumain au principe de l’égalité des chances et de traitement entre les femmes et les hommes s’est traduit par la mise en place du nouveau Ministère roumain de la famille, de la jeunesse et de l’égalité des chances entre les femmes et les hommes.  Des efforts constants visent également à améliorer le cadre législatif, notamment l’adoption d’une loi sur le suivi des ordonnances de protection par bracelets électroniques et un programme national intégré de protection des victimes de violences conjugales.  À cela s’ajoute le réseau national de refuges pour les victimes de violence domestique; l’élaboration du guide pratique sur le harcèlement moral; et une nouvelle politique antiharcèlement au travail. 

Elle a par ailleurs indiqué que l’adhésion de la Roumanie à l’initiative « Génération Égalité » d’ONU-Femmes se traduit par l’engagement à mettre en œuvre la Stratégie nationale de prévention et de lutte contre les violences sexuelles « SYNERGIE » 2021-2030; et celui d’accroître la représentation des femmes dans la prise de décisions à tous les niveaux en Roumanie. 

Mme ZIFLEENA HASSAN, Ministre du genre, de la famille et des services sociaux des Maldives, a relevé que, dans son pays, les femmes sont au centre de l’activité économique, notamment de l’agriculture et la pêche.  Or les changements climatiques entraînent une baisse des rendements agricoles et, par conséquent, menacent l’autosuffisance, les moyens de subsistance et l’indépendance économique de ces femmes, a-t-elle constaté.  La population féminine a aussi dû faire face en première ligne aux retombées de la pandémie de COVID-19 qui se sont traduites par une augmentation du travail non rémunéré et domestique des femmes, une escalade de la violence, des pertes des revenus et un chômage plus élevé.  Pour y répondre, le Gouvernement a fourni une allocation de soutien aux travailleurs qui ont perdu leur emploi, en mettant un accent particulier sur les femmes employées dans le secteur informel, a précisé la Ministre.  Elle a indiqué par ailleurs qu’un tiers des postes ministériels sont occupés par des femmes et que, pour la première fois, un tiers des sièges des conseils locaux sont revenus à des femmes en avril 2021.  Ces progrès, a-telle souligné, sont soutenus par le Plan d’action stratégique 2019-2023 et ses objectifs en termes d’opportunités économiques et éducatives, mais aussi par le Plan d’action pour l’égalité des sexes 2022-2026, qui vise à augmenter la participation des femmes à tous les niveaux étatiques. 

Mme TERESA MILÀ SAMBOLA, Secrétaire d’État aux affaires sociales, à la jeunesse et à l’égalité de l’Andorre, a indiqué que la principauté s’est dotée d’une stratégie nationale pour l’énergie et la lutte contre les changements climatiques 2020-2050, ajoutant que son pays anticipe une diminution de l’activité touristique liée aux sports d’hiver.  Elle a jugé impératif d’intégrer une perspective genre aux politiques d’adaptation aux changements climatiques, précisant que l’action nationale d’adaptation aux changements climatiques de l’Andorre établit un équilibre entre protection de l’environnement, justice sociale et équité entre les femmes et les hommes.  Elle a appelé à mobiliser des moyens suffisants pour permettre aux femmes d’être des agents et vecteurs de développement, de paix et de savoir.  Mme Milà Sambola a ensuite fait part de sa solidarité avec les femmes qui se trouvent dans des situations de conflit armé, notamment en Ukraine, et celles qui continuent de se battre pour recouvrer leurs droits élémentaires.

Mme ANNA SCHMIDT, Ministre adjointe de la famille de la Pologne, a expliqué que le climat tempéré qui règne dans son pays permettait d’aider dans de bonnes conditions le million de réfugiés ukrainiens.  Elle a précisé qu’en raison de l’urgence de la situation, le Gouvernement avait aboli la période de quarantaine imposée dans le contexte de la COVID-19 et décidé de délivrer des cartes de séjour d’une durée de validité de 18 mois.  Les enfants ukrainiens recevront une aide spéciale et les écoles leur seront ouvertes sans conditions, tandis que les femmes avec enfants et enceintes continueront d’être accueillies par des personnels dédiés tant que cela s’avérera nécessaire, a encore indiqué Mme Schmidt.  Elle a souhaité que la communauté internationale puisse guérir « les maux tant physiques que psychologiques potentiellement à long terme des victimes de l’agression russe contre l’Ukraine ».  L’aide internationale pour Kiev et les autres villes et villages ukrainiens doit être coordonnée et rapide pour ne pas décevoir les appels criants des Ukrainiennes à la solidarité, a conclu la Ministre. 

Mme CLAUDINE AOUN, Présidente de la Commission nationale pour les femmes du Liban, a expliqué que son pays se concentre sur la création d’un environnement social et législatif propice à l’autonomisation des femmes, notamment pour leur permettre de travailler en dehors de leurs foyers, de voter aux élections législatives et de parvenir à la parité.  Elle a également évoqué la création d’une cellule genre au sein de l’armée libanaise. 

Mme Aoun a ensuite passé en revue les activités de la Commission qu’elle dirige et qui a notamment défini les normes à respecter dans les centres d’accueil des femmes victimes de violence.  Elle œuvre également à créer un statut modèle pour les entreprises comprenant des mécanismes de lutte contre le harcèlement sexuel au travail et cherche aussi à lever les facteurs faisant obstacle au travail des femmes en dehors des foyers, notamment en assurant un meilleur système de prise en charge des enfants en bas âge.  La Commission mobilise en outre l’opinion publique libanaise pour permettre aux femmes d’accéder au Parlement, fixer l’âge légal du mariage à 18 ans et permettre aux Libanaises de donner leurs nationalité à leurs enfants.

Mme TERESA AMERELLE BOUE, Secrétaire générale de la Fédération des femmes cubaines et membre du Conseil d’État de Cuba, a déclaré que 30 ans après de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement, tenue à Rio de Janeiro en 1992, la situation est de plus en plus inquiétante.  Les politiques néolibérales et des modes de consommation irrationnels entravent le développement équitable des peuples et accélèrent la destruction de l’environnement, tout en creusant des écarts entre les sexes, a-t-elle notamment constaté.  Pour y remédier, Cuba a fait de la protection et la conservation de l’environnement, de la lutte contre les changements climatiques et de la réduction des risques de catastrophes naturelles des priorités nationales.  Il a ainsi lancé une stratégie de développement, qui comprend un ensemble de mesures d’action climatique, et ce, en dépit du blocus économique, commercial et financier que lui imposent les États-Unis, a indiqué Mme Boue.  Par ailleurs, Cuba a adopté en mars 2021 un programme national de promotion de la femme, destiné à éliminer toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et des filles mais aussi à favoriser leur autonomisation économique dans le contexte de la crise climatique. 

Pour parvenir à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes, Mme DOREEN SIOKA, Ministre de l’égalité des genres, de l’éradication de la pauvreté et du bien-être social de la Namibie, a indiqué que son pays a mis en place un cadre juridique fortement favorable à la participation des femmes à tous les niveaux, dont les processus de prise de décisions, en particulier dans les domaines des changements climatiques et des questions liées à la gestion de l’environnement.  Elle a précisé que le cadre juridique namibien promeut fortement l’égalité des sexes et l’autonomisation, dont la lutte contre la violence sexiste et la violence contre les enfants.  Des efforts sont également déployés pour mettre en œuvre une planification et une budgétisation sensibles au genre, et les lois relatives au genre qui sont en cours de révision.  Elle a aussi cité la loi no 4 de 2003 sur la lutte contre la violence domestique, la loi sur le viol de 2000, la loi sur la traite des personnes no 1 de 2018, et la loi sur la protection de l’enfance de 2015.  La Politique nationale du genre (2010-2020), qui appuie la participation des femmes aux politiques et programmes de gestion des ressources naturelles, de protection de l’environnement et de lutte contre les changements climatiques, est également en cours de révision.

Mme HALA MAZYAD ALTUWAIGRI, Secrétaire du Conseil des affaires familiales de l’Arabie saoudite, a mis l’accent sur l’ampleur du train de mesures établi par son gouvernement pour réduire les effet directs et indirects des changements climatiques sur les conditions de vie des femmes et des filles.  Tous nos plans nationaux sont en outre articulés au Programme pour le développement durable à l’horizon 2030, a-t-elle ajouté, notant que ces plans reposent sur des orientations stratégiques à long terme en matière d’environnement et d’adaptation aux changements climatiques.  Pas moins de 64 initiatives sont actuellement mises en œuvre, notamment pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et accompagner la féminisation de l’économie verte, a dit la haute responsable saoudienne.  Elle a relevé qu’en tant que pays exportateur de pétrole, il incombe à l’Arabie saoudite une responsabilité particulière, d’où l’engagement pris, « et qui sera tenu », de « zéro émission à l’horizon 2060 ».  Elle a également attiré l’attention sur la mise au point et la promotion de combustibles propres pour cuisiner et sur le fait que la plus puissante organisation environnementale saoudienne est dirigée par une femme. 

Mme SANDRA SANCHEZ-MONTANO, Présidente de la Commission de la femme des Philippines, a indiqué que dans le cadre des efforts pour réduire les écarts entre les sexes, les Philippines ont adopté, institutionnalisé et mis en œuvre des politiques, programmes et plans multisectoriels, « participatifs, inclusifs et sensibles au genre ».  La loi sur les changements climatiques impose une perspective adaptée au genre, elle est pro-enfants, pro-pauvres et s’articule à tous les efforts liés aux changements climatiques et aux énergies renouvelables, a-t-elle ajouté.  La haute responsable a expliqué que cette loi avait également porté création de la Commission sur les changements climatiques, qui oriente les actions d’intégration de la dimension de genre jusqu’au niveau local pour renforcer les capacités d’adaptation des communautés, accroître la résilience des secteurs vulnérables et des écosystèmes naturels aux changements climatiques et optimiser les opportunités d’atténuation par une approche « sensible au genre » et visant un développement durable fondé sur les droits.  Un financement et une budgétisation adaptés au genre étant essentiels pour atténuer les effets délétères du réchauffement climatique, le « Fonds de survie du peuple » a été créé en 2012 pour précisément fournir des ressources au gouvernement local et aux organisations de terrain engagés dans l’application des « programmes climatiques sensibles au genre du Gouvernement » pertinents, a encore souligné Mme Sanchez-Montano. 

Mme MARÍA LILIAN LÓPEZ, Directrice exécutive de l’Institut pour le développement des femmes d’El Salvador, a indiqué que son pays promeut une politique climatique qui intègre les enjeux de genre dans les activités liées à l’adaptation et à l’atténuation.  Soucieux de progresser dans la protection des droits de femmes et des filles, le Gouvernement salvadorien a également lancé une stratégie de soins spécialisés pour les victimes de violence sexiste, a-t-elle relevé, faisant par ailleurs état d’une stratégie d’intégration des principes d’égalité, de non-discrimination et de vie sans violence, assortie de la fourniture de conseils et d’une assistance technique dans les institutions et les administrations municipales.  En outre, a ajouté Mme López, l’organe directeur sur les questions de genre maintient une coordination interinstitutionnelle pour la promotion de l’autonomie économique des femmes et l’aide à l’entrepreneuriat.  Des projets climatiques sont également menés au niveau national en concertation avec les femmes rurales, autochtones et d’ascendance africaine afin d’accroître leur participation dans les activités de résilience face aux changements du climat.  En matière de gouvernance, a-t-elle souligné, les femmes ont d’ores et déjà un rôle dirigeant dans les comités des réserves de biosphère et les comités des zones humides.  Enfin, les contributions déterminées au niveau national que le pays a soumis à la CCNUCC intègrent une approche de genre ainsi que les savoirs ancestraux et locaux. 

Mme HILOLBI QURBONZODA, Présidente du Comité de la famille et des questions féminines du Tadjikistan, a prévenu que l’Asie centrale est l’un des « points chauds » des changements climatiques et que la superficie des glaciers au Tadjikistan et les réserves d’eau des glaciers pourraient être réduites de 15 à 20% au cours des 30 à 40 prochaines années.  Elle a indiqué que pour faire face à la dégradation des terres et de l’accès à l’eau potable, le Gouvernement du Tadjikistan a adopté des réglementations pour protéger la population et les territoires des catastrophes naturelles d’origine humaine.  En outre, la Stratégie nationale d’adaptation aux changements climatiques d’ici à 2030 tient compte de l’égalité des sexes dans la prise de décisions sur la questions des changements climatiques.  Elle a aussi cité l’adoption d’un programme national pour le développement de l’éducation environnementale.  Enfin, Mme Qurbonzoda s’est inquiétée de l’impact, sur l’égalité des sexes, des déplacements internes et des migrations causés par les changements climatiques, combinés à l’augmentation de la charge de travail domestique des femmes.

Mme MAZIAH BINTI CHE YUSOFF, Secrétaire générale du Ministère des femmes, de la famille et du développement communautaire de la Malaisie, a déclaré que les récentes inondations ayant frappé son pays avait renforcé la nécessité d’une préparation améliorée aux catastrophes et de développer des politiques de réduction des risques de catastrophe.  Les femmes et les filles étant plus touchées que les hommes dans ces situations, le Gouvernement a mis davantage l’accent sur l’autonomisation des femmes dans ces domaines, a-t-elle assuré.  Elle a également précisé que cette action comprenait une allocation pour l’aide aux sinistrés.  Le Gouvernement a aussi travaillé en étroite collaboration avec des ONG pour améliorer l’acheminement des secours aux victimes isolées, les opérations de nettoyage des sites inondés et la mise à disposition de conseillers psychologiques agréés. 

Mme INLAVANH KEOBOUNPHANH, Présidente de l’Union des femmes laotiennes de la République démocratique populaire lao, a expliqué que son gouvernement attache une grande importance à la pleine participation et à la contribution des femmes à tous les domaines d’activité de lutte contre les changements climatiques en intégrant les questions liées au climat dans ses politiques et programmes pertinents, notamment le neuvième Plan national de développement socioéconomique, la Stratégie nationale de croissance verte et le Programme d’action national d’adaptation aux changements climatiques.  Elle a également cité la législation, la politique et le cadre stratégique du Gouvernement liés à la participation des femmes à la lutte contre les changements climatiques et à la protection de l’environnement.  À cet égard, l’Assemblée nationale a adopté différents textes de loi sur la protection de l’environnement, la gestion des catastrophes, l’égalité des sexes, ainsi qu’un décret sur les changements climatiques entre autres.  De même, la Stratégie nationale de croissance verte et les contributions déterminées au niveau national ont été adoptées et le plan de promotion de la femme a été intégré aux plans nationaux et locaux de développement socioéconomique.  Ces instruments juridiques ont permis d’établir une base solide afin de définir des activités appropriées pour promouvoir et protéger les droits des femmes ainsi que leur participation à la lutte contre l’impact de la protection du climat et de l’environnement, a conclu la Ministre. 

M. ATTILA BENEDA, Sous-secrétaire d’État à la politique familiale de la Hongrie, a commencé par exprimer son extrême inquiétude face à la guerre en Ukraine et sa solidarité avec les victimes et les personnes contraintes de fuir leur pays.  Il a ensuite indiqué que des études hongroises ont démontré que les femmes attachent plus d’importance à la protection de l’environnement que les hommes.  Il est donc urgent et crucial d’assurer leur implication dans la politique et les processus de prise de décisions, a-t-il plaidé, avant de rappeler que son pays s’est engagé pour la neutralité carbone d’ici à 2050 et a lancé en 2020 un plan d’action pour le climat et la protection de la nature afin d’ouvrir la voie à une transition verte.  Dans ce cadre, 10 arbres sont plantés pour chaque nouveau-né, ce qui signifie que d’ici à 2030, la forêt couvrira 27% de la superficie du pays, a expliqué M. Beneda.  Par ailleurs, a-t-il ajouté, le Gouvernement a lancé en 2010 une politique familiale globale pour lutter contre le déclin démographique.  En plus d’accroître le soutien financier et les services publics aux familles, ce plan vise à encourager l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes en leur apportant l’appui dont elles ont besoin, selon qu’elles souhaitent rester à la maison pour élever leurs enfants ou retourner sur le marché du travail après l’accouchement.  Dans tous les cas, les femmes bénéficient de la protection sociale et des services nécessaires, a-t-il précisé, assurant que ces mesures ont permis de faire passer le niveau d’emploi des femmes de 55% à 72% au cours de la dernière décennie. 

Mme NIRMITA HOU, Sous-Secrétaire d’État aux affaires féminines du Cambodge, a déclaré que son gouvernement avait fait des progrès considérables en matière d’avancement de l’égalité de sexes, d’autonomisation des femmes dans la lutte contre les changements climatiques et de réduction des risques de catastrophe.  À cet égard, elle a mis en avant la politique nationale d’intégration du genre, dont les plans d’action et les mécanismes portent leurs fruits, y compris en termes de réduction des gaz à effet de serre et de sensibilisation des femmes entrepreneurs à la gestion des ressources naturelles.  Mme Hou a également indiqué que son pays célèbre cette année la Journée internationale de la femme au Cambodge, journée axée en 2022 sur le thème de « l’égalité des sexes aujourd’hui pour un avenir durable ».  Promouvoir le leadership des femmes dans l’exécution des politiques publiques et mettre fin à la violence sexiste sont essentiels pour favoriser une croissance économique durable, a encore signalé la Sous-Secrétaire d’État qui a souligné que « les femmes sont l’épine dorsale de l’économie nationale et du développement social au Cambodge ».

Mme MONICA BOTERO, Directrice de INMUJERES de l’Uruguay, a exprimé d’emblée sa solidarité avec les femmes et les filles ukrainiennes et a appelé la Fédération de Russie à immédiatement mettre fin à son agression en Ukraine.  Soulignant les effets disproportionnés des changements climatiques sur les femmes, la représentante a mis en exergue l’apport des femmes comme agentes du changement et de l’action.  Elle a passé en revue les différents instruments, mécanismes et plans d’actions internationaux visant à faciliter la participation sur un pied d’égalité des femmes à la prise de décisions et à l’action qui forment un cadre pertinent dans le contexte de l’action climatique.  En Uruguay, une stratégie genre et changements climatiques a été adoptée qui intègre un ensemble de mesures en ce sens, a expliqué la représentante.  Pour faire face aux changements climatiques, il faut plus que des politiques d’égalité de genre, a-t-elle tranché en insistant sur la place qui doit revenir aux femmes dans les instances de prise de décisions. 

M. MOHAMMED SAHIB MARZOOQ, Chef adjoint du Département des droits humains au Ministère des affaires étrangères de l’Iraq, a indiqué que son gouvernement poursuit une politique d’autonomisation des femmes et de partage des tâches entre les sexes, en fonction des compétences, des qualifications et du niveau d’expertise.  Il œuvre également à la réduction de la violence à l’égard des femmes et des filles dans le contexte de la crise climatique, notamment en sécurisant l’accès à l’eau, à l’alimentation, aux services de soins, à la santé et à un logement digne.  En Iraq, a-t-il ajouté, les effets des changements climatiques se traduisent en particulier par une baisse dramatique du débit des fleuves qui ont vu naître la première civilisation de l’histoire mondiale, ce qui entraîne une désertification accrue et une réduction des terres arables.  De plus, dans le sud du pays, une région marécageuse inscrite au patrimoine mondial de l’humanité est sujette à de graves sécheresses, avec pour conséquence une augmentation de la pauvreté et des déplacements internes.  Si le Gouvernement iraquien fait tout pour réduire ces impacts, il considère également que seules la solidarité et la coopération internationales permettront de relever ces défis, a souligné le haut fonctionnaire, avant de détailler les actions mises en place au niveau national pour permettre aux femmes de participer aux processus de prise de décisions.  Il a ainsi rappelé que 95 femmes ont été élues au Conseil des représentants et que le pays a mis en œuvre son deuxième plan national pour l’autonomisation économique des femmes 2022-2021.  Il a ajouté que l’élaboration de la Stratégie nationale pour les femmes iraquiennes 2023-2027 mettra l’accent sur le renforcement du rôle des femmes dans la protection de l’environnement et l’atténuation des effets des changements climatiques.

Mme SYLVIE DURRER, Directrice du Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes de la Suisse, a mis l’accent sur le comportement plus « vert » des femmes et leur pouvoir transformateur.  Elle a indiqué que la « décision historique » de sortir de l’énergie nucléaire a été prise alors que le Gouvernement était majoritairement féminin.  Les femmes ont aussi fait la différence dans certaines votations populaires comme celle concernant le transfert du transport de marchandises de la route au rail, afin de mieux protéger la nature, a-t-elle souligné.

Mme Durrer ensuite parlé de la Stratégie Égalité 2030 de la Suisse, qui prévoit des mesures pour améliorer la représentation des femmes aux niveaux décisionnels.  Parce que la mixité est indispensable à la réalisation de la totalité du potentiel d’innovation, l’augmentation des femmes dans les secteurs MINT (mathématiques, de l’informatique, des sciences naturelles et de la technique) constitue une autre mesure prioritaire de cette stratégie.  Soulignant la nécessité de se baser sur des faits avérés pour adopter des politiques éclairées, la Directrice a dit que son pays améliore la récolte de données, afin que les études aident à identifier les enjeux majeurs pour les femmes, y compris dans le domaine de l’environnement, des catastrophes naturelles et des crises. 

M. JAKUB KULHÁNEK (République tchèque) a tout d’abord rendu hommage au courage et à la détermination des femmes et des filles ukrainiennes, qui sont confrontées à la guerre provoquée par la Fédération de Russie en violation du droit international.  Alors que ce conflit entraînait un exode de millions d’Ukrainiens, en majorité des femmes et des enfants, nos citoyens ont fourni une assistance humanitaire à toutes les personnes en provenance d’Ukraine, quelles que soient leur race, leur religion, leur ethnicité et leur orientation sexuelle, a fait remarquer le représentant avant d’appeler les forces russes à cesser immédiatement leurs opérations meurtrières dans ce pays. 

Le délégué a ensuite affirmé que la recherche de la parité femmes-hommes et la protection de l’environnement figurent parmi les priorités du Gouvernement tchèque.  Regrettant que l’interdépendance de ces questions ne soit pas toujours reconnue, il a insisté sur l’impact disproportionné de la crise climatique sur les femmes et les filles et la nécessité de les inclure dans toute solution à ce défi mondial.  Si nous parvenons à utiliser pleinement leur potentiel, nous pourrons accélérer les efforts de lutte et envisager un avenir meilleur, a-t-il assuré.  Consciente que des emplois de qualité peuvent permettre d’accroître les revenus des femmes et de réduire le fossé entre les genres, la République tchèque a lancé une stratégie pour l’égalité des sexes à l’horizon 2030.  Elle s’est également engagée à intégrer les femmes dans ses politiques de protection de l’environnement et de transition vers la neutralité carbone, a encore précisé le représentant. 

M. KIM SONG (République populaire démocratique de Corée - RPDC) a indiqué que tous les droits des femmes sont exercés en vertu de la Constitution socialiste.  Il a aussi cité plusieurs lois et politiques publiques dont la loi sur la protection et la promotion des droits de la femme, la loi socialiste sur le travail et la loi sur l’allaitement et l’éducation des enfants.  Il a indiqué que des travailleuses ordinaires sont élues députées à l’Assemblée populaire suprême où les affaires de l’État sont discutées, permettant ainsi à de nombreuses femmes d’exercer leurs droits politiques dans les organes gouvernementaux.  Les femmes de la RPDC sont également impliquées dans des activités professionnelles valorisantes tout en bénéficiant de nombreux avantages sociaux dans les domaines de la vie économique et culturelle, y compris des crèches, des jardins d’enfants et d’autres installations de service public modernes.  Dans la maternité de Pyongyang et l’Institut des tumeurs mammaires, les femmes ont accès à un traitement médical gratuit et à des médicaments.  Diverses célébrations, dont des concerts, sont par ailleurs organisées à l’occasion de la célébration de la Journée internationale des femmes le 8 mars. 

Mme JO-PHIE TANG (Singapour) a évoqué les activités de l’organisation « Women in Sustainability and Environment » (WISE), formée l’année dernière et qui est rapidement devenue la première société de femmes à Singapour à œuvrer exclusivement en faveur de l’égalité de genre pour garantir des modes de consommation et de production responsables conformément au Plan vert 2030 de Singapour.  Grâce à WISE, Singapour a l’ambition de soutenir la participation pleine, égale et significative des femmes dans la mise en œuvre de toutes les politiques de développement durable auxquelles souscrit le Gouvernement, a-t-elle indiqué.  Mme Tang s’est ensuite félicitée que Singapour figure au douzième rang de l’indice d’inégalité de genre établie par le Rapport sur le développement humain 2020 des Nations Unies.  Cela montre que les femmes de Singapour bénéficient de mesures efficaces et que le niveau de leur participation sur le marché travail et dans la vie publique est élevé, a-t-elle dit.  Mme Tang a ensuite noté que les femmes de Singapour sont bien éduquées et contribuent activement à l’économie, le taux d’alphabétisation des femmes étant, en 2021, de 96,4% et celui de l’emploi des femmes âgées de 25 à 64 ans dépassant pour la même année, de 75%.  Nos femmes occupaient près de 30% des sièges au Parlement en 2021, ce qui est supérieur au taux mondial fixé par l’Union interparlementaire, a-t-elle également souligné, avant de dire la fierté des Singapouriens d’avoir une femme pour président.

Nous sommes confrontés à une crise complexe à la fois sociale et environnementale, a déclaré Mgr GABRIELE CACCIA, Observateur permanent du Saint-Siège.  Il a relevé que la pauvreté et la faim restent deux des plus grands défis dans le monde d’aujourd’hui, et que les femmes et les filles pauvres peuvent connaître une précarité disproportionnée lorsqu’elles ne sont pas valorisées de la même manière que les hommes et les garçons, expliquant cela par un accès limité aux opportunités et aux ressources, y compris, dans certains cas, moins de nourriture.  Il a également mis l’accent sur les obstacles rencontrés par les femmes rurales dans le monde, comme le droit d’être propriétaires de terres et l’accès aux ressources financières.  Garantir l’égalité en droit et en pratique est nécessaire pour une société juste dans laquelle les femmes peuvent s’épanouir, a-t-il tranché. 

Il a noté que le fardeau de la lutte contre les atteintes à l’environnement, qui doit beaucoup à des modes de production et de consommation non durables, en particulier dans les pays développés, incombe trop souvent aux femmes pauvres et aux femmes des pays en développement.  L’Observateur a également déploré les programmes de population qui ont nui aux femmes et impliqué la coercition, fustigeant notamment la stérilisation forcée de femmes autochtones.  La promotion de la contraception et de l’avortement ne sert ni les femmes, ni la protection de l’environnement, s’est indigné l’archevêque, mais contribue au contraire à la culture du jetable que nous devons surmonter pour parvenir au développement intégral.  Il a ensuite appelé à promouvoir l’éducation des filles et des femmes, y voyant un moyen indispensable d’éradiquer la pauvreté. 

Mme ALIAA ALI (République arabe syrienne) a reconnu que, dans son pays comme ailleurs, les changements climatiques sont à l’origine de défis imbriqués dont les répercussions se font sentir dans toutes les strates de la société, et en particulier sur les femmes et les filles.  En Syrie, a-t-elle ajouté, la guerre qui nous a été imposée par le biais du terrorisme a eu de graves effets sur l’environnement et le climat.  Elle a ainsi rappelé que des milices sécessionnistes appuyées par des forces étrangères ont fait main basse sur des champs de pétrole, se livrant à une production anarchique sans tenir compte des retombées sur l’environnement et les populations.  Ces pratiques illégales, qui ont entraîné une pollution de l’atmosphère, des sols et des eaux souterraines, ont coïncidé avec la désertification et la longue période de sécheresse dont souffre la région, avec de graves conséquences sur l’agriculture et les ressources hydriques, a-t-elle dénoncé, condamnant également l’occupation israélienne du Golan syrien et ses effets délétères sur la vie des femmes et des filles. 

M. CLEMENT YOW MULALAP (États fédérés de Micronésie) a relevé que la pandémie de COVID-19 a exacerbé la fracture numérique mondiale et désavantage grandement les femmes et les enfants de petits pays insulaires, dispersés sur des milliers de kilomètres sans accès à Internet.  Face à ces difficultés,  M. Mulalap a salué la feuille de route pour la coopération numérique du Secrétaire général.  Comme les hommes et les femmes utilisent les ressources différemment, il existe des disparités dans la vulnérabilité qui nécessite l’inclusion du genre dans la planification, les réponses et le renforcement des capacités, a indiqué le représentant.  Il a ajouté que les femmes assument le fardeau des répercussions des catastrophes, notamment en raison de leurs impacts sur la composition des ménages, tout en notant que les femmes se sont révélées d’importants agents de l’adaptation aux changements climatiques et de la sécurité alimentaire. 

Mme LACHEZARA STOEVA (Bulgarie) a d’abord réaffirmé la solidarité de son pays avec le peuple ukrainien, dont les femmes font face avec un courage exemplaire à l’agression militaire russe injustifiée.  Nous le savons, les femmes et les filles sont toujours particulièrement touchées pendant les conflits et elles constituent souvent l’essentiel des flux de réfugiés, lesquels forment en soi une population vulnérable, a-t-elle ajouté.  Elle a ensuite appelé au renforcement des moyens de résilience des femmes aux effets délétères des changements climatiques sur leurs conditions de vie, cela en accordant, au plan national, la priorité aux organisations environnementales et de défense des droits fondamentaux dirigées par des femmes.  Les changements climatiques exacerbent en outre la vulnérabilité des femmes et des filles aux violences sexistes et un accès toujours restreint aux droits entrave en outre leur autonomisation, a encore dit la représentante, qui a souligné que les femmes et jeunes filles sont des agentes du changement et le moteur de la mise en œuvre du Programme 2030. 

M. NASEER AHMED FAIQ (Afghanistan) a indiqué que c’est la première fois en 20 ans que l’Afghanistan n’est pas représenté par une femme à la Commission.  Il a assuré que tout au long de cette période, il y avait une sincère volonté de consolider les acquis des femmes et des filles afghanes, notamment dans le domaine de l’éducation et en ce qui concerne la place des femmes dans le monde professionnel et la vie publique.  Toutefois, après la prise de pouvoir par les Taliban, la situation a beaucoup changé, a regretté le représentant faisant état de retours en arrière sur de nombreux plans.  Il s’est notamment inquiété du retour des mariages forcés, de l’imposition d’un code vestimentaire obligatoire et des obstacles qui entravent la participation des femmes à la vie publique.  Il a également dénoncé les meurtres extrajudiciaires de manifestantes et de femmes travaillant dans les médias.  Cela doit cesser, s’est-il indigné, exigeant le respect de leurs droits fondamentaux.  Le représentant a demandé aux États Membres et à la communauté internationale de continuer à soutenir les citoyennes afghanes et de faire comprendre aux Taliban que « leurs droits ne sont pas négociables ».  Avant de conclure, il a plaidé pour la tenue, sous l’égide des Nations Unies, de négociations entre Afghans sur l’élaboration d’une feuille de route qui garantisse les droits fondamentaux de tous. 

Mme DOMA TSHERING (Bhoutan) a noté que les changements climatiques exacerbent les défis auxquels se trouve confronté le secteur agricole.  Elle a indiqué que la moitié de la population agricole du Bhoutan est constituée de femmes, attribuant cette féminisation de l’agriculture à l’émigration des hommes.  Même si les femmes ont accès à la terre, elles exercent moins de contrôle que les hommes sur cette ressource, et pâtissent en outre d’un accès inférieur aux moyens de transport.  Elle s’est notamment inquiétée de la sécurité des personnes dans les transports publics, tant pour les passagères que pour les chauffeurs femmes, pour ensuite déplorer les écarts entre les sexes en termes de division du travail, de structures de pouvoir, de paiement, et d’accès à l’information et aux équipements. 

Pour relever ces défis, il faut permettre aux femmes et aux filles de prendre la place qui leur revient au centre des solutions, a insisté la représentante.  Elle a appelé à promouvoir une approche transformatrice en matière de genre dans les politiques et actions liées au climat, insistant notamment sur l’importance de renforcer les capacités et la collecte de données et de changer les mentalités par l’éducation.  À ses yeux, cette démarche doit aller de pair avec une agriculture sensible au genre et résiliente face au climat, associée à une consommation et une production d’énergie durables, à des systèmes de transport durables et à une gestion durable des déchets. 

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a souligné l’engagement de son pays à mettre pleinement en œuvre les conventions sur les droits des femmes et la protection de l’environnement auxquelles il est partie.  Nos législations sont adaptées à ces instruments internationaux, a-t-il assuré, notant que la situation dans son pays nécessite une aide accrue de la communauté internationale.  Les femmes au Yémen souffrent depuis des années en raison des agissements des milices houthistes appuyées par l’Iran, retardant leur émancipation et le renforcement de leur participation dans la prise de décisions politiques et la vie publique sur un pied d’égalité avec les hommes, a déploré le représentant.  En dépit de la guerre, la femme yéménite reste un partenaire actif dans tous les domaines de la vie quotidienne, et les efforts de développement durable et d’adaptation aux changements climatiques ne pourront se poursuivre qu’avec la cessation des violences et grâce au soutien de la communauté internationale, a-t-il souligné.

Mme ALYSON CALEM-SANGIORGIO (Monaco) a déclaré que le Pacte de Glasgow pour le climat est un pas en avant en ce qu’il a mis l’accent sur l’égalité́ des sexes, l’autonomisation des femmes et la participation pleine, véritable et égale des femmes à l’action climatique.  Alors que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) finalise le deuxième volet de son sixième rapport d’évaluation, la représentante s’est dite encouragée d’apprendre que 33% des auteurs sont des femmes. 

La déléguée a ensuite indiqué que le code monégasque de l’environnement promeut le droit de tous, et ainsi des femmes, à vivre dans un environnement sain, équilibré et respectueux de la santé et de la biodiversité.  Le Plan Énergie Climat répond également à des objectifs ambitieux de développement durable.  Au-delà de ses frontières, la Principauté œuvre dans des projets de production d’énergies renouvelables à l’étranger via la société Monaco Énergies Renouvelables (MER) et la Société Monégasque de l’Électricité et du Gaz (SMEG).  La Coopération monégasque finance également des projets présentant un co-bénéfice climat, a ajouté la représentante, expliquant qu’il s’agit d’identifier comment concilier les modes de vie avec la protection de l’environnement, faisant ainsi de l’égalité des genres une priorité.  Mme Calem-Sangiorgio a réitéré par ailleurs le caractère essentiel des statistiques et données ventilées par genre relatives au climat et au-delà.  Monaco soutient en outre la participation des femmes et leur rôle dans la prise de décisions sur un pied d’égalité́ avec les hommes, a souligné la représentante estimant que la gouvernance du climat, de l’environnement et des risques de catastrophe n’en sera que plus efficace.

M. ANDREAS HADJICHRYSANTHOU (Chypre) a commencé par exprimer sa solidarité avec les femmes et les filles ukrainiennes, qui font preuve de résilience et de courage face à l’agression de la Fédération de Russie, se disant particulièrement préoccupé par les informations faisant état de violences sexuelles et sexistes.  Il a ensuite souligné que les changements climatiques représentent un problème existentiel pour Chypre, en raison de leur potentiel d’aggravation des menaces existantes mais aussi du recul qu’ils entraînent en matière d’égalité des sexes.  Il a appelé à isoler les femmes de la crise climatique en adoptant une stratégie visant à éliminer les obstacles constitutionnels, juridiques, administratifs, culturels, comportementaux, sociaux et économiques à la participation pleine, égale et significative des femmes à la lutte contre les changements climatiques.  Il faut également adopter une politique de tolérance zéro contre les inégalités salariales, la discrimination, la violence à l’égard des femmes, les préjugés sexistes et les stéréotypes patriarcaux, a-t-il ajouté.  À ses yeux, cette stratégie globale permettra d’aborder plus efficacement des défis spécifiques induits par les changements climatiques.  Il s’est ensuite prononcé pour un accès accru des femmes à l’éducation, aux financements, aux technologies et à la gestion des ressources naturelles. 

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a indiqué que son pays était l’un des premiers à instituer, dès 1931, le suffrage universel et qu’il a également élu, dès les années 1960, la première femme Premier Ministre du monde, Sirimavo Bandaranaike.  Il a indiqué que la gratuité de l’éducation et des soins de santé contribue de manière significative à l’amélioration des indicateurs sociaux, précisant que le taux d’alphabétisation est de plus de 90%, le taux de mortalité infantile de 12 pour mille naissances vivantes, et le taux de mortalité maternelle de 36 pour 100 000 naissances vivantes, l’espérance de vie étant d’environ 72 ans. 

Notant combien la crise climatique et les catastrophes naturelles affectent de manière disproportionnée les groupes vulnérables et les personnes en situation d’insécurité économique, dont les femmes et les enfants, le représentant a indiqué que le Gouvernement sri-lankais a pris plusieurs mesures pour intégrer le genre dans les stratégies et activités liées aux changements climatiques.  Le Gouvernement a également pris différentes mesures pour intégrer l’égalité des sexes dans la politique nationale et le plan d’action sur la gestion des catastrophes de 2013, a-t-il expliqué.  L’intégration de la dimension de genre a été introduite dans tous les ministères, et des comités chargés de lutter contre le harcèlement sexuel sur le lieu de travail ont été mis sur pied.  Conformément au principe de tolérance zéro à l’égard de la violence sexuelle et sexiste, Sri Lanka a par ailleurs établi un mécanisme de signalement efficace permettant aux victimes d’accéder et de signaler leurs plaintes via une ligne d’assistance téléphonique gratuite et largement diffusée.

M. VILIAMI VAʻINGA TŌNĒ (Tonga) a dit que la politique d’autonomisation des femmes et d’égalité entre les genres des Tonga prévoit « l’équité entre les sexes d’ici à 2025 » afin de répondre aux catastrophes naturelles, aux défis environnementaux et aux changements climatiques.  Conscient du fait que les changements climatiques et les catastrophes affectent différemment les hommes, les femmes, les enfants, ainsi que les personnes handicapées, les pauvres et les personnes âgées, le Gouvernement des Tonga répond actuellement aux besoins des femmes et des populations les plus vulnérables à la suite de la catastrophe naturelle qui a frappé le pays en janvier 2022.  Un plan de protection des personnes les plus vulnérables touchées par l’éruption volcanique appuie l’accès aux services essentiels, tandis que le programme REACH fournit des services gouvernementaux aux ménages dirigés par des femmes. 

Le représentant a indiqué que les évaluations des dommages menées par les Tonga après chaque catastrophe naturelle au cours des cinq dernières années -dont le cyclone tropical Gita en 2018, le cyclone tropical Harold en 2020, le cyclone tropical Yasa en 2021 et la récente éruption volcanique sous-marine et le tsunami en janvier 2022- ont vu une amélioration de la collecte de données ventilées par sexe.  Il a expliqué que ces données permettront de veiller à ce que les femmes et les autres groupes susceptibles d’être marginalisés soient au centre de toutes les activités de planification, de préparation et de réponse, en particulier au niveau communautaire. 

Mme ILANA VICTORYA SEID (Palaos) a indiqué que son pays est l’une des rares sociétés traditionnellement matriarcales au monde.  Aux Palaos, les femmes détenaient historiquement la richesse et les terres du clan, transmises par les mères, et choisissaient les dirigeants ou chefs masculins.  Le pays est passé à une forme de gouvernement moderne, mais ses traditions sont toujours bien vivantes.  Aujourd’hui, la majorité des directeurs d’école, des avocats, des juges de la Cour suprême et des directeurs du Bureau public ainsi que 50% des ambassadeurs des Palaos sont des femmes. 

Partageant certains indicateurs corrélés à une société féminine forte, la représentante a fait savoir que les Palaos ont l’un des taux d’alphabétisation les plus élevés au monde -près de 100%- avec 46% de femmes ayant une éducation postsecondaire.  Plus de 91% de la population a accès à l’eau potable, à l’assainissement et à l’électricité.  En tant que pays en développement, les Palaos ont également un indice de développement humain très élevé et l’un des environnements les plus vierges au monde, avec de vastes étendues d’aires protégées et un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.  Elle a toutefois concédé que les femmes restent sous-représentées dans la vie politique où elles ne représentent que 8% des sièges au Congrès et 1 ministre sur 8.  Cette situation s’est traduite par l’absence de législation protégeant les droits des femmes sur le marché du travail, a expliqué la représentante, qui a déploré que le pays ne dispose pas de congé familial payé et un écart salarial entre les sexes de 18%.  En outre, parce que la participation des femmes au secteur formel est inférieure à celle des hommes, elles cotisent moins et bénéficient moins des programmes d’assurance sociale, tandis que les femmes rurales font face à de graves risques pour leurs revenus et leurs moyens de subsistance en raison des changements climatiques. 

Mme EDWIGE KOUMBY MISSAMBO (Gabon) a déclaré que son pays n’a eu de cesse de faire évoluer son cadre juridique pour donner aux femmes la capacité de s’autonomiser.  Un cycle de réformes a ainsi été engagé pour promouvoir les droits des femmes et des filles et réduire les inégalités de genre.  Face aux crises, qu’il s’agisse de la pandémie de COVID-19 ou des effets du dérèglement climatique, les femmes sont les plus vulnérables, en particulier les femmes pauvres et celles vivant en zones rurales, a constaté la représentante.  Pourtant, de par leurs connaissances, leur implication communautaire et les solutions pratiques qu’elles génèrent, les femmes sont des actrices de premier plan en matière d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques, a-t-elle fait valoir, avant d’attirer l’attention sur la grande vulnérabilité des habitants du littoral gabonais.  Pour venir en aide à ces populations, le Gouvernement a mis à jour son plan d’adaptation de la zone côtière en y intégrant des données genrées, a précisé la déléguée, selon laquelle l’objectif est de tirer profit de la « plus-value » de l’action des femmes en lien avec les ODD 5 et 13. 

Mme AIDA KASYMALIEVA (Kirghizistan) a déclaré que la stratégie nationale de développement de son pays pour 2018-2040 vise à intégrer le genre et les droits de l’homme dans les politiques relatives aux changements climatiques, à la réduction des risques de catastrophe et à la protection de l’environnement.  Compte tenu des impacts des changements climatiques, de la dégradation de l’environnement et des catastrophes naturelles sur la santé des femmes, la représentante a souligné la nécessité de disposer de services de santé reproductive, mentale et psychosociale pendant et après les catastrophes.  Elle a également détaillé le plan d’action national de son pays pour 2022-2024 et mentionné les mesures prises pour intégrer une dimension de genre dans les politiques et les plans d’action pour l’adaptation aux changements climatiques et la conservation de la biodiversité.  D’autres mesures sont prises pour soutenir la participation et l’influence des femmes dans la gestion de la conservation et de l’utilisation durable des ressources naturelles, a-t-elle dit en mentionnant aussi celles qui vise à offrir une éducation et une formation aux femmes et aux filles dans les domaines de la science, de la technologie, de l’ingénierie, des mathématiques et de l’énergie durable.

M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) a rendu hommage à toutes les femmes qui ont consenti des sacrifices immenses tout au long de la pandémie.  Au Mozambique, les femmes n’ont pas été épargnées par le virus, ce qui a entraîné un effort accru du Gouvernement pour renforcer leur protection sanitaire et sociale, a-t-il dit.  Il a rappelé que le Mozambique est le huitième pays le plus vulnérable au monde aux effets des changements climatiques.  Les femmes et les filles étant touchées de façon disproportionnée par les catastrophes naturelles provoquées par ce phénomène, nous avons systématisé une approche genrée dans les politiques environnementales, en nous assurant en outre que les femmes sont représentées au sommet des institutions chargées de gérer les réponses aux changements climatiques, a ajouté le représentant.  Il a souligné que les femmes doivent siéger dans les instances de prise de décisions et gérer les dispositifs de lutte contre les conséquences du réchauffement de la planète et de prévention des catastrophes naturelles induites par celui-ci. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a indiqué que les femmes koweïtiennes sont à la tête de plusieurs ministères et secteurs.  Le pays est en train de finaliser sa stratégie nationale de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et accorde une attention particulière à la création de zones protégées.  La Constitution koweïtienne stipule que les hommes et les femmes sont égaux en droits et en obligations, a précisé le représentant, et les femmes occupent des rôles de dirigeant au sein de l’État et participent à la rédaction des lois.  Il a ajouté que le filet de sécurité sociale national couvre toute la société, y compris les femmes « et surtout les groupes vulnérables ». 

M. GENNADY V. KUZMIN (Fédération de Russie) a déclaré que les mesures de lutte contre les changements climatiques ne pourront être couronnées de succès si elles sont menées sans la participation des femmes, lesquelles représentent plus de la moitié de la population mondiale, apportent une contribution significative au développement durable de leurs communautés et contribuent au maintien des écosystèmes et de la diversité biologique.  Il a indiqué que les femmes russes sont représentées dans plusieurs organes gouvernementaux traitant des changements climatiques et de la réduction des risques environnementaux.  De plus, le Forum des femmes eurasiennes, plateforme internationale centrée sur le rôle des femmes face aux défis du XXIe siècle, se tient tous les trois ans en Russie sous les auspices de l’Assemblée parlementaire de la Communauté des États indépendants (CEI), a-t-il signalé, précisant que la dernière session, organisée en octobre dernier, était consacrée à la préservation de la planète.  Le Gouvernement russe considère la protection de l’environnement comme une priorité, a insisté le représentant, évoquant en particulier les réformes mises en œuvre pour la gestion des déchets et la réhabilitation des territoires et des plans d’eau.  Enfin, il a jugé essentiel d’utiliser efficacement les mécanismes de coopération internationale dans le domaine de l’environnement, en particulier là où les problèmes sont transfrontaliers. 

M. PHILIPPE KRIDELKA (Belgique) a souligné combien les politiques intégrées doivent tenir compte à la fois de la pleine jouissance par les femmes et les filles de tous les droits humains mais aussi des considérations environnementales et climatiques.  Pour ce faire, a-t-il précisé, une analyse de genre, basée sur des données ventilées, doit être appliquée à tout le cycle d’élaboration des politiques.  « Cette approche de gender mainstreaming est mise en œuvre dans mon pays depuis de nombreuses années, les plans visant notamment l’intégration de la dimension de genre dans les politiques environnementales et climatiques. »  Les changements climatiques et la dégradation de l’environnement ont un impact plus important sur les personnes en situation de vulnérabilité, parfois avec des risques cumulés, a poursuivi le délégué.  Dans ce contexte, il a jugé nécessaire d’accorder une attention simultanée au genre, à l’âge, à la couleur de peau et aux origines ethniques, au handicap, à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre, à la pauvreté, à la situation sociale et professionnelle et aux responsabilités en matière de soins.  Cela n’est pas uniquement valable pour les pays du Sud: cet été, les dramatiques inondations en Europe ont impacté plus fortement certains publics fragilisés.  La représentation de tous ces groupes est primordiale pour une transition écologique juste, a-t-il ainsi dit. 

M. AMANUEL GIORGIO (Érythrée) a déclaré que tout effort national ou international visant à restaurer l’écosystème et à résoudre les problèmes économiques, sociaux et sanitaires induits par les changements climatiques sera voué à l’échec si l’on ne sous-entend pas l’égalité de tous les êtres humains, les personnes marginalisées par la structure économique, en particulier les femmes et les filles, étant particulièrement affectées.  Les femmes ne sont cependant pas que de simples victimes de la crise climatique, et ont fait preuve d’une résilience et d’un esprit d’innovation remarquables.  Dans de nombreuses régions du monde en développement, grâce à leurs connaissances de la nature et leur expertise en matière de durabilité, les femmes continuent de mener de nombreuses initiatives locales pour lutter contre les changements climatiques et s’attaquer à leurs conséquences dans leurs communautés, a-t-il fait valoir.  En Érythrée, sur le plan national et communautaire, des efforts sont déployés pour veiller à ce que les politiques et programmes de protection de l’environnement et des ressources naturelles soient sensibles au genre et durables, a assuré le représentant.  Les communautés sont activement engagées dans la conservation et la gestion de l’eau, la création et l’entretien des petits périmètres irrigués, la mise en place de boisements et de clôtures, l’utilisation de sources d’énergie alternatives et la conservation des espèces menacées, a-t-il détaillé. 

Mme JAN BEAGLE, Directrice générale de l’Organisation internationale de droit du développement, a souligné qu’en tant que seule organisation intergouvernementale mondiale exclusivement consacrée à la promotion de l’état de droit comme facilitateur de la paix et du développement durable, l’Organisation considère que la justice pour les femmes et les filles est essentielle à l’autonomisation des femmes et à la réduction de l’écart entre les sexes.  Elle a ajouté que le Plan stratégique 2021-2024 de l’Organisation place l’égalité des sexes au centre de tous ses travaux, en plus d’interventions ciblées dans les domaines de l’élimination des lois et pratiques discriminatoires, de la prévention de la violence sexiste et de la participation égale des femmes dans le secteur de la justice.  Les changements climatiques représentent la plus grande menace à la paix et au développement durable, et comme cela a souvent été le cas dans l’histoire, ce sont les femmes et les filles qui auront le plus à perdre, notamment en termes d’accès à la terre et aux ressources naturelles.  De plus, a fait valoir la Directrice générale, les discriminations et l’inégalité entre les sexes aggravent les changements climatiques puisque les pays où les femmes sont exclues de la prise de décisions ont des niveaux accrus de dégradation, alors que le fait d’avoir plus de femmes aux responsabilités est corrélé positivement à la réduction des émissions de carbone.  À ses yeux, promouvoir une approche de l’action climatique sensible au genre à travers l’état de droit est essentiel pour lutter contre les inégalités structurelles et les obstacles à l’action transformatrice des femmes. 

Mme MYRNA CUNNINGHAM, du Fonds de développement pour les peuples autochtones d’Amérique latine et des Caraïbes, a déclaré que les femmes de ces régions avaient, au fil du temps, développé leurs propres systèmes de protection, cela en utilisant les produits et les services qu’offre la Terre nourricière.  Nos terres et territoires sont ainsi les plus riches sur le plan de la biodiversité et ils sont ceux qui protègent le plus efficacement les populations des aléas climatiques, a-t-elle ajouté.  Mais nous continuons de subir des violences structurelles et celles découlant de la pollution de nos terres et de notre air, a-t-elle poursuivi, notant que la Commission permet de réfléchir ensemble à de nouveaux moyens de parvenir à l’autonomisation de toutes les femmes de la planète.  Elle a appelé à assurer que les femmes et filles autochtones aient les mêmes opportunités de participer à la prise de décisions dans les réunions internationales consacrées aux changements climatiques et aux droits fondamentaux et réitéré l’appui de son organisation à la déclaration des femmes autochtones présentée au cours de la session en cours.  La communauté internationale doit reconnaître la pertinence de nos connaissances pour affronter efficacement les problèmes actuels et assurer la survie de nos peuples, a conclu l’intervenante. 

Mme UGOCHI DANIELS, de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a alerté que le monde risque de franchir le point de non-retour des changements climatiques, tout en estimant encore possible de faire avancer les choses en matière de droits des femmes, en particulier pour les femmes migrantes qui représentent plus de la moitié de 281 millions de migrants dans le monde.  Elle a appelé à reconnaître les femmes et les filles migrantes en tant que titulaires de droits, et à protéger et promouvoir leurs voix et leur action.  Pour ce faire, il est important d’intégrer les considérations d’égalité des sexes dans les politiques, programmes et services d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques, de réduction des risques de catastrophe et de migration environnementale.  Elle a également conseillé de promouvoir des partenariats intersectoriels pour relever les défis sexospécifiques de la migration et du déplacement liés aux changements climatiques.  Mme Daniels a aussi mis en exergue la nécessité de collecter plus de données pour sensibiliser à l’impact disproportionné des catastrophes sur les femmes et les filles et pour assurer une réponse et un relèvement sensibles au genre.  Cela comprend des statistiques ventilées par sexe de haute qualité, fiables et actualisées, y compris par statut migratoire, a-t-elle précisé, évoquant le travail du Centre mondial d’analyse des données sur la migration de l’OIM.

Mme MARIA HELENA SEMEDO, de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a estimé que cette session de la Commission donne une impulsion pour profiter des engagements internationaux pris dans le domaine des système alimentaires.  La FAO y voit une tendance encourageante, alors que les pays en développement adoptent des approches spécifiques en la matière, a-t-elle indiqué.  Toutefois, il faudra des engagements plus concrets pour améliorer effectivement les conditions de subsistance des femmes et des filles, qui sont confrontées de plein fouet aux effets des changements climatiques, a-t-elle prévenu.  Bien que les femmes jouent un rôle majeur dans la production, la consommation et le traitement des aliments, elles restent en première ligne face aux retombées de cette crise.  De fait, au moment où la réflexion porte sur la transformation des systèmes agricoles, les femmes et les filles ne peuvent être oubliées, a estimé Mme Semedo, plaidant pour qu’elles soient au cœur des solutions.  Il importe de prêter attention à leurs besoins et de leur donner un accès direct aux outils et aux ressources nécessaires pour faire face aux changements climatiques, a-t-elle insisté.  Si l’on veut construire des systèmes agricoles à la fois résilients au climat et inclusifs, il faut que les femmes aient voix au chapitre et bénéficient d’investissements ciblés, a conclu la représentante.

Mme ISABELLE DURANT, de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a déclaré que l’expérience des deux dernières semaines, non seulement la tragédie humanitaire qui affecte des millions de personnes, en particulier les femmes et les filles, mais aussi la détérioration rapide des perspectives de l’économie mondiale, entraînera des perturbations de l’alimentation, du carburant et des finances qui affecteront notamment les pays en développement.  Si la pandémie a mis à nu les injustices structurelles dans le système social et économique, la guerre en Ukraine envoie des chocs qui les renforceront, a-t-elle indiqué. 

À ses yeux, dissocier la croissance économique de la dégradation de l’environnement et des émissions de carbone est essentiel pour le développement durable.  En fait, c’est un impératif, a-t-elle tranché, « mais actuellement, nous faisons fausse route ».  Dès lors, elle a appelé à « utiliser le genre comme une loupe » pour l’inclusion sociale et l’impact sur le développement des politiques économiques, telles que les politiques industrielles, commerciales, l’économie bleue et verte.  L’économie des soins doit également être intégrées dans les mesures et indicateurs, au-delà du PIB.  De plus, la CNUCED est d’avis que l’atténuation des changements climatiques n’est pas suffisante, et que le monde a besoin d’adaptation.  Or, a souligné Mme Durant, l’adaptation nécessite une approche politique intégrée visant une croissance économique durable à faibles émissions de carbone.  Et pour une telle transformation, les pays en développement ont besoin de financements supplémentaires, de technologies vertes, d’un renforcement des capacités et d’un espace politique adéquat pour concevoir des politiques intégrées, a-t-elle fait valoir.  En dernier lieu, la représentante de la CNUCED a insisté sur le besoin de plus de données, à la fois en matière de genre et de climat. 

Mme VALERIE GUARNIERI, du Programme alimentaire mondial (PAM), a indiqué que 811 millions de personnes se couchent le soir la faim au ventre, les femmes étant les premières touchées par l’insécurité alimentaire.  Cyclones, sécheresses et inondations sapent les récoltes et les moyens de subsistance de communautés entières, a-t-elle ajouté, rappelant le rôle positif avéré des femmes pour s’adapter à la crise climatique, renforcer la résilience communautaire, puis, au-delà, parvenir à l’objectif de faim zéro.  Elle a en outre appelé les États à s’attaquer à l’inégalité de répartition des pouvoirs à l’échelle des communautés et des familles dans ce contexte d’insécurité alimentaire.  À cet égard, elle a expliqué que le PAM menait avec la FAO des actions de prévention en amont des crises alimentaires, cela par le biais d’un système d’assurance dont bénéficie à hauteur de 60% les femmes.  Nous organisons, avec nos partenaires, des distributions aux femmes d’argent liquide, de bons alimentaires et de denrées alimentaires pour aider leurs foyers, et nous accompagnons la fourniture de moyens de production alimentaire aux femmes en essayant de répartir les rôles économiques au sein des communautés et des familles, a expliqué l’intervenante. 

Mme MAMI MIZUTORI, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la réduction des risques de catastrophe, a indiqué que les catastrophes qui ont doublé au cours des 20 dernières années pourraient vraisemblablement doubler à nouveau.  « Nous pourrions voir le nombre d’événements de températures extrêmes tripler et certains dommages climatiques pourraient bientôt devenir irréversibles », s’est-elle alarmée, avant d’appeler la communauté internationale à renforcer dès à présent la résilience. 

Elle a relevé que les capacités et compétences des femmes sont souvent sous-mobilisées et sous-évaluées, appelant à corriger ces déséquilibres, afin que les femmes et les filles deviennent des agents de changement autonomes.  Elle a exhorté les gouvernements à impliquer les femmes et les filles dans la mise en œuvre du Cadre de Sendai, notamment dans l’élaboration de stratégies nationales et locales de réduction des risques de catastrophe, insistant en outre sur l’importance de la collecte de données désagrégées.  À ce jour, 50 pays ont communiqué des données ventilées par sexe au système de suivi du Cadre de Sendai, a-t-elle noté en espérant que ce nombre augmentera pour renforcer la compréhension de l’impact différencié des catastrophes selon le sexe.

Elle a évoqué la tenue prochaine, à Bali, de la Plateforme mondiale 2022 pour la réduction des risques de catastrophe, un événement multipartite qui offre l’occasion de veiller à ce que la voix des femmes soit entendue.  De son côté, le Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes a entamé des consultations pour l’examen à mi-parcours du Cadre de Sendai, qui aboutira à une réunion de haut niveau à New York, en mai 2023, au cours de laquelle les États Membres auront l’occasion d’évaluer la mise en œuvre d’une démarche sensible au genre.  « Fondamentalement, les objectifs relatifs à l’égalité des sexes et à la réduction des risques de catastrophe se renforcent mutuellement », a-t-elle dit, notant que « l’égalité d’accès aux opportunités conduit à une meilleure réduction des risques de catastrophe, et une forte réduction des risques de catastrophe soutient l’égalité des sexes ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: la guerre en Ukraine, aux conséquences sanitaires « dévastatrices », crée une crise des réfugiés « à la croissance la plus rapide depuis la Seconde Guerre mondiale »

8998e séance – après-midi
CS/14834

Conseil de sécurité: la guerre en Ukraine, aux conséquences sanitaires « dévastatrices », crée une crise des réfugiés « à la croissance la plus rapide depuis la Seconde Guerre mondiale »

Le Conseil de sécurité, qui travaille en ce moment à des résolutions sur l’aide humanitaire en Ukraine, a entendu deux responsables des opérations d’urgence parler d’un conflit de trois semaines aux conséquences sanitaires « dévastatrices » qui a causé une crise des réfugiés « à la croissance la plus rapide depuis la Seconde Guerre mondiale ».  Si « des signaux positifs » sont émis des pourparlers entre la Fédération de Russie et l’Ukraine, la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques a néanmoins dit attendre avec impatience une cessation des hostilités.  Elle a chiffré les besoins humanitaires à 1,1 milliard de dollars, prévenant que jusqu’ici l’Appel éclair pour l’Ukraine au profit de 12 millions de personnes n’est financé qu’à hauteur de 36%. 

La guerre a des conséquences « dévastatrices » sur la santé des Ukrainiens, lesquelles persisteront dans les années voire les décennies à venir, a prévenu le Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).  M. Tedros Ghebreyesus a dit parler des perturbations dans les services de santé et de l’accès aux produits de première nécessité.  L’OMS, a-t-il affirmé, a vérifié 43 attaques contre le secteur de la santé, causant la mort de 12 personnes et blessant 34 autres, y compris des membres du personnel médical.  Le Directeur général a dit penser aux gens atteints de maladies cardiovasculaires, du cancer, du diabète ou encore du VIH qui requièrent des soins réguliers. 

Les déplacements ou l’entassement des gens dans des espaces réduits, a-t-il ajouté, devraient aggraver les risques de maladies comme la rougeole, la pneumonie ou la polio.  Il a aussi parlé des 35 000 personnes internées dans les hôpitaux psychiatriques qui souffrent désormais d’un manque de médicaments, de nourriture, de chauffage ou encore de couverture.  La guerre a également exacerbé l’impact de la pandémie de COVID-19 en Ukraine.  L’OMS est sur place, a assuré le Directeur général, en indiquant que les fournitures prêtes à être acheminées dans les zones difficiles sont toujours bloquées. 

M. Ghebreyesus a présenté ses « requêtes urgentes » et d’abord que le Conseil de sécurité travaille immédiatement à un cessez-le-feu et à une solution politique.  La médecine, a-t-il martelé, a besoin de paix.  Il a aussi exhorté tous les donateurs à appuyer la réponse aux besoins humanitaires en Ukraine et dans les pays voisins.  Enfin, le Directeur général, a souligné que s’il est juste que l’attention du monde se porte sur l’Ukraine, il ne faut pas pour autant oublier les nombreuses autres crises.  Dans chaque cas, la seule solution, c’est la paix, a-t-il conclu. 

Les « signaux positifs » dans les pourparlers entre la Fédération de Russie et l’Ukraine ont été confirmés par la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et de la consolidation de la paix.  Mais, a déploré Mme Rosemary DiCarlo, nous ne voyons toujours pas de cessation des hostilités.  Entre le 24 février et le 15 mars, a-t-elle indiqué, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a enregistré 1 900 pertes civiles, dont 726 morts et 1 174 blessées.  Mme DiCarlo s’est dite particulièrement préoccupée par la situation « alarmante » à Marioupol et demandé aux donateurs d’accélérer le financement de l’Appel éclair pour l’Ukraine, qui vise à mobiliser 1,1 milliard de dollars pour venir en aide à 12 millions de nécessiteux, et qui n’est actuellement financé qu’à hauteur de 36%. 

En l’espace de quelques semaines, près de 2 millions de réfugiés en provenance d’Ukraine sont arrivés en Pologne, devenue l’un des plus grands pays d’accueil au monde, a indiqué M. Raouf Mazou, Haut-Commissaire adjoint pour les réfugiés (HCR), en décrivant un conflit qui a causé une crise de réfugiés « à la croissance la plus rapide depuis la Seconde Guerre mondiale ».  M. Mazou a salué la plateforme de solidarité de l’Union européenne, « un exemple remarquable et novateur de partage des responsabilités ».  Il s’est aussi félicité de ce que l’Union européenne ait activé, « pour la première fois de son histoire », la directive sur la protection temporaire, une initiative annoncée aussi par les États-Unis, le Canada, la Suisse, le Brésil et d’autres encore.  Dans un esprit de solidarité, a affirmé la Pologne, nous continuerons à accueillir toute personne dans le besoin, indépendamment de sa nationalité, de sa race ou de sa religion. 

Nous appelons la Russie à faciliter l’acheminement sûr et sans entrave de l’aide humanitaire, a insisté la France, préoccupée par les informations relatives à l’emploi de bombes à sous-munitions sur le sol ukrainien.  Elle a ensuite tranché: « le projet de résolution russe ne trompe personne ».  C’est « un acte pervers », a commenté le Royaume-Uni.  « Une insulte de la taille du territoire russe » et « un record d’hypocrise à inscrire au Guinness Book », a ajouté l’Albanie.  « La Russie ne peut pas tirer la première et venir après déguisée en docteur », s’est-elle scandalisée. 

C’est plutôt aux « magouilles » entourant le projet de résolution franco-mexicain que la Fédération de Russie s’en est prise, le qualifiant de « texte politique » sans rapport avec les problèmes humanitaires en Ukraine.  Elle a dûment dénoncé les pressions exercées par les « Occidentaux » sur les autres membres du Conseil, expliquant par là sa décision de renoncer à la mise aux voix de son propre texte et de demander, à la place, une réunion d’urgence demain sur la présence d’un laboratoire chimique américain en Ukraine.  Cessez vos manipulations « flagrantes et obscènes » du Conseil de sécurité, s’est impatientée l’Ukraine, invitant les États à se joindre au Groupe des Amis de l’établissement des responsabilités, crée par elle-même et d’autres pays, et les rappelant à leurs « devoirs », en vertu de l’Article 94/2 de la Charte, de prendre des mesures au cas où la Russie ne se plierait pas à l’arrêt de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur les allégations de génocide. 

Il n’y a qu’une seule manière de mettre fin à cette folie, c’est que vous retiriez vos troupes, ont martelé, à leur tour, les États-Unis à l’adresse de la Fédération de Russie, non sans rappeler que le Président Joe Biden, a annoncé une aide de 800 millions de dollars, portant le total de l’aide américaine à plus d’un milliard de dollars, en une semaine. 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclarations

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et de la consolidation de la paix, a déclaré que les attaques quotidiennes, et souvent aveugles, continuent de frapper les villes ukrainiennes, entraînant des conséquences civiles et des dégâts aux infrastructures civiles.  Entre le 24 février et le 15 mars, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) a enregistré 1 900 pertes civiles.  Au total, 726 personnes ont été tuées, dont 52 enfants, et 1 174 blessées, dont 63 enfants.  Le nombre réel est probablement beaucoup plus élevé, a déploré Mme DiCarlo.  La plupart de ces pertes ont été causées par l’utilisation dans des zones peuplées d’armes explosives à impact étendu.  Des centaines de bâtiments résidentiels ont été endommagés ou détruits, dont des hôpitaux et des écoles, a-t-elle encore précisé. 

Le HCDH continue de suivre les informations faisant état de pertes civiles à travers tout le pays, y compris dans le territoire des « Républiques populaires de Donetsk et Lougansk » autoproclamées, a poursuivi la haute-fonctionnaire.  Le personnel du HCDH à Donetsk suit de près l’évolution de l’incident du 14 mars, au cours duquel 20 civils auraient été tués par un missile Tochka-U susceptible de contenir des armes à sous-munitions. « Tous ces cas doivent faire l’objet d’une enquête appropriée », a-t-elle exhorté.  En outre, le HCDH est gravement préoccupé par les informations faisant état d’arrestations arbitraires et de disparitions forcées de civils et de représentants des autorités locales et de la société civile dans les zones contrôlées par la Russie.  « Nous appelons à leur libération immédiate », a exigé la Secrétaire générale adjointe. 

Cette semaine, « des signaux positifs » ont été émis dans les pourparlers directs entre les représentants ukrainiens et russes, a-t-elle salué.  Cependant, ils ne se sont jusqu’à présent pas traduits par la cessation des hostilités qui est « si désespérément nécessaire », a-t-elle déploré, en attirant l’attention sur la situation dans la ville de Marioupol, qui est « particulièrement alarmante ».  Sur place, beaucoup d’habitants qui n’ont pu être évacués en toute sécurité manquent de nourriture, d’eau, d’électricité et de soins médicaux et des cadavres jonchent les rues de la ville, a relaté la Secrétaire générale adjointe.  L’attaque d’hier contre le théâtre de Marioupol, qui aurait servi d’abri antiaérien à des civils déplacés, vient s’ajouter à la liste des attaques contre des structures civiles.  Alors que les premières informations indiquent que le pire « a peut-être été évité », les combats en cours entravent le travail de secours et l’évaluation de la situation, a expliqué Mme DiCarlo. 

La priorité pour l’ONU et ses partenaires est d’atteindre les personnes piégées par les bombardements en cours, y compris dans l’est de l’Ukraine.  « À cette fin, nous continuons d’intensifier nos opérations sur le terrain, si les circonstances le permettent », a assuré la haute fonctionnaire.  L’ONU demande en outre à tous les donateurs d’accélérer le financement de l’Appel éclair pour l’Ukraine, qui vise à mobiliser 1,1 milliard de dollars pour venir en aide à 12 millions de nécessiteux, et qui n’est actuellement financé qu’à hauteur de 36%.  Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) prévoit que 90% de la population ukrainienne pourrait être confrontée à la pauvreté et à une vulnérabilité économique extrême si la guerre se poursuivait.  L’Ukraine et la région pourraient ainsi reculer « de plusieurs décennies », en laissant de profondes cicatrices sociales et économiques. 

Or, les effets d’entraînement du conflit se font déjà ressentir dans le monde entier, a mis en garde Mme DiCarlo.  « La Russie et l’Ukraine représentent plus de la moitié de l’approvisionnement mondial en huile de tournesol et environ 30% du blé mondial.  Les prix de la nourriture, du carburant et des engrais montent en flèche.  Les chaînes d’approvisionnement sont perturbées », a-t-elle souligné.  La Secrétaire générale adjointe a annoncé la création, le 14 mars, d’un Groupe mondial d’intervention en cas de crise sur l’alimentation, l’énergie et les finances pour diriger un effort avec les États Membres et faire face aux retombées complexes de la guerre.  La Vice-Secrétaire générale dirigera un comité directeur interinstitutions avec des partenaires afin de superviser cet effort, a annoncé Mme DiCarlo. 

« Il n’y aura pas de gagnants dans ce conflit insensé.  Les pertes énormes qu’il cause, en revanche, sont d’une clarté déchirante et cela va s’aggraver au fur et à mesure que les combats se poursuivront.  La Secrétaire général adjointe a réclamé l’intensification et la coordination des efforts politiques pour une cessation immédiate des hostilités.  Il doit y avoir un processus politique durable et significatif pour permettre un règlement pacifique.  La vie de millions d’Ukrainiens et la paix de toute la région, et peut-être au-delà, en dépend, a déclaré en conclusion Mme DiCarlo. 

Avec près de 2 millions de réfugiés en provenance d’Ukraine, la Pologne est devenue, en l’espace de quelques semaines, l’un des plus grands pays d’accueil de réfugiés au monde, a indiqué M. RAOUF MAZOU, Haut-Commissaire adjoint aux opérations au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), en parlant de la crise des réfugiés « à la croissance la plus rapide depuis la Seconde Guerre mondiale ».  Dressant un bilan, du mouvement des réfugiés, M. Mazou a ajouté qu’en outre 490 000 personnes ont fui vers la Roumanie, 350 000 vers la République de Moldova, 280 000 vers la Hongrie et 228 000 vers la Slovaquie.  Des centaines de milliers de personnes ont maintenant atteint d’autres pays européens et un nombre non négligeable de gens sont partis vers la Fédération de Russie et, dans une moindre mesure, vers le Bélarus.  Le Haut-Commissaire adjoint s’est dit touché par la remarquable résilience des réfugiés et par l’extraordinaire hospitalité des autorités et des communautés d’accueil.  Cette solidarité illustre les fondements mêmes de l’architecture internationale de protection des réfugiés et l’esprit du Pacte mondial pour les réfugiés. 

Il a félicité les pays d’accueil pour avoir gardé leurs frontières ouvertes à tous ceux qui fuient l’Ukraine, y compris les ressortissants de pays tiers, qui doivent continuer à être accueillis sans aucune discrimination.  De même, il s’est dit encouragé par le soutien bilatéral et autre apporté aux principaux pays d’accueil des réfugiés et par les fonds engagés jusqu’à présent pour soutenir l’Appel éclair de 1,1 milliard de dollars pour l’Ukraine.  Le HCR, a-t-il dit, a intensifié sa réponse en déployant plus de 200 experts et en établissant une présence dans tous les pays concernés.  Toutefois, au rythme actuel de l’afflux de réfugiés, les capacités des pays voisins sont mises à l’épreuve.  Il s’est dit particulièrement préoccupé par la situation en République de Moldova où plus de 350 000 personnes sont arrivées.  Il est donc crucial que des ressources suffisantes soient disponibles rapidement pour soutenir la réponse. 

Aussi crucial soit-il, le financement n’est qu’une des nombreuses formes de soutien dont nous avons besoin de toute urgence.  Il a salué la plateforme de solidarité de l’Union européenne, un exemple remarquable et novateur de partage des responsabilités, conformément aux principes clefs du Pacte mondial pour les réfugiés.  En outre, l’Union européenne a activé, pour la première fois de son histoire, la directive sur la protection temporaire, qui permet aux réfugiés, aux demandeurs d’asile et aux apatrides arrivant d’Ukraine de régulariser rapidement leur statut juridique.  Une telle protection temporaire a également été annoncée par les gouvernements des États-Unis, du Canada, de la Suisse, du Brésil et d’autres pays. 

Reprenant à son compte les propos du Secrétaire général de l’ONU, le Haut-Commissaire adjoint a souligné que « pour les prédateurs et les trafiquants d’êtres humains, la guerre n’est pas une tragédie - c’est une opportunité ».  Il a salué les mesures de prévention et d’atténuation des risques, y compris la campagne « Stay Safe » visant à sensibiliser et à fournir des informations aux réfugiés. S’agissant de l’intérieur de l’Ukraine, le HCR, a-t-il indiqué, suit de près les négociations pour des passages sûrs et se prépare à envoyer des fournitures humanitaires dès que les conditions le permettront.  Pour finir, M. Mazou a lancé un appel à un accès humanitaire sûr et sans entrave. 

M. TEDROS ADHANOM GHEBREYESUS, Directeur général de lOrganisation mondiale de la Santé (OMS), a prévenu que la guerre en Ukraine a des conséquences dévastatrices sur la santé, lesquelles persisteront dans les années voire les décennies à venir.  Il a parlé des perturbations dans les services de santé et l’accès aux produits de première nécessité, compte tenu de la destruction généralisée des infrastructures d’eau et d’assainissement et de plus en plus, des infrastructures de santé.  L’OMS, a-t-il affirmé, a vérifié 43 attaques contre le secteur de la santé, causant la mort de 12 personnes et blessant 34 autres, y compris des membres du personnel médical.  Le Directeur général a dit penser aux gens atteints de maladies cardiovasculaires, du cancer, du diabète ou encore du VIH qui requièrent des soins réguliers. 

Les déplacements ou l’entassement des gens dans des espaces réduits, a-t-il prévenu, devraient aggraver les risques de maladies comme la rougeole, la pneumonie ou la polio.  À ce jour, plus de 35 000 personnes en Ukraine sont internées dans les hôpitaux psychiatriques et autres infrastructures.  Elles souffrent désormais d’un manque de médicaments, de nourriture, de chauffage ou encore de couverture.  La guerre a aussi exacerbé l’impact de la pandémie de COVID-19 dans le pays. 

L’OMS est sur place et travaille étroitement avec le Ministère ukrainien de la santé et d’autres partenaires, a assuré le Directeur général.  À ce jour, l’Organisation a déployé environ 100 tonnes de médicaments pour 4 500 personnes et 450 centres de santé primaire, pendant un mois.  Un autre lot de 180 tonnes devrait bientôt arriver dans le pays.  Les fournitures sont prêtes à être acheminées dans les zones difficiles mais jusqu’à présent, elles sont toujours bloquées sur place.  Pour aider le système de santé ukrainien, l’OMS a déployé 20 équipes médicales d’urgence, couvrant plusieurs spécialités, et ce en Ukraine et dans les pays voisins. 

Le Directeur général a dit être avec trois requêtes urgentes et d’abord que le Conseil de sécurité travaille immédiatement à un cessez-le-feu et à une solution politique.  La médecine, a-t-il martelé, a besoin de paix.  Il a aussi exhorté tous les donateurs à appuyer la réponse aux besoins humanitaires en Ukraine et dans les pays voisins.  L’OMS a déjà consacré plus de 10  millions de dollars aux besoins de santé, en plus des sommes ponctionnées au Fonds central pour les interventions d’urgence (CERF).  Enfin, le Directeur général, a souligné que s’il est juste que l’attention du monde soit tournée vers l’Ukraine, il ne faut pas pour autant oublier les nombreuses autres crises où les gens souffrent aussi.  Il a cité l’ Afghanistan, l’Éthiopie et le Tigré, la Syrie ou encore le Yémen.  Dans chacun de ces cas, la seule solution, c’est la paix, a conclu M. Ghebreyesus. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a déclaré que plus de trois millions d’Ukrainiens avaient maintenant quitté leur pays, créant une crise humanitaire qui se fait ressentir un peu partout dans le monde.  La plupart d’entre eux sont des femmes et des enfants, qui ont rempli à la va-vite des valises, laissant tout derrière eux tandis que l’horreur se poursuit pour ceux qui sont encore en Ukraine, a déploré la représentante, qui s’est dite consternée par le bilan de 726 civils tués.  Elle a dénoncé les attaques perpétrées par la Fédération de Russie contre 43 hôpitaux et installations sanitaires, « 43 », a-t-elle répété, en faisant également état de charniers sur le terrain.  Mme Thomas-Greenfield s’est élevée contre l’attaque commise hier contre le théâtre de Marioupol, alors qu’il comportait le mot « enfants » en russe peint en lettres blanches sur ses murs, ce qui aurait dû lui éviter d’être pris pour cible par les pilotes russes.  Désormais, des cadavres jonchent les rues de la ville, parce qu’il est devenu trop cher et trop risqué d’organiser des funérailles, a ajouté la déléguée américaine, qui a également cité le cas d’une dizaine de gens abattus dans une file d’attente devant une boulangerie. 

Il n’y a qu’un seule manière de mettre fin à cette folie, a-t-elle lancé à l’adresse de la Fédération de Russie: « retirez vos troupes une fois pour toutes ». Hier, le Président des États-Unis, Joe Biden, a annoncé une aide de 800 millions de dollars, au total plus d’un milliard consentis par ce pays depuis une semaine, s’est-elle enorgueillie.  La Russie a clairement violé le droit international, et la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, a asséné la représentante, qui a tenu à dire que « jamais l’Ukraine ne sera une victoire pour Vladimir Putin, quelles que soient les avancées réalisées, quelles que soient le nombre de victimes, quelles que soient les villes qui seront prises ou détruites ».  Les États-Unis sont au côté de l’Ukraine et de son peuple et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour mettre un terme à cette tragédie, a ajouté la déléguée au terme de son intervention. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a déclaré que l’Ukraine est en feu et en train d’être dévastée.  « Devinez par qui! »  Il a indiqué qu’il y a deux millions de déplacés, 12 millions de personnes directement touchées par la guerre et que les appels pour la création de couloirs humanitaires n’ont pas été entendus.  « Ceci est le vrai visage, plein de colère, de l’agression russe. »  Malgré ce tableau lugubre, la principale nouvelle est que l’Ukraine tient, l’Ukraine résiste, a poursuivi le délégué.  Il a déclaré que la Russie « s’enfonce de plus en plus dans la boue, moralement, juridiquement et internationalement ».  Nous savons que pour que la Russie gagne la guerre insensée qu’elle a choisie de mener, elle doit faire de l’Ukraine ce qu’elle a fait de Grozny, elle doit faire de toutes les villes ce qu’elle a fait d’Alep, a accusé M. Hoxha.  « Même après cela, on va nous dire que c’est la faute à Voltaire. » 

Il a indiqué que l’agresseur, la Russie, a proposé un projet de résolution humanitaire.  C’est une insulte de la taille du territoire russe, a-t-il dit, en ajoutant que la Russie a, ce faisant, battu le record mondial de l’hypocrisie.  « La Russie ne peut pas tirer le premier et venir après déguisée en docteur. »  Le seul moyen de minimiser les conséquences humanitaires, comme le prétend ce texte, est pour la Russie de mettre un terme à cette guerre, retire ses troupes et rentre chez elle.  Il a appelé les États Membres, les 141 qui ont voté pour la résolution de l’Assemblée, à ne pas se laisser abuser et à ne pas endosser un texte qui a pour seul but de dissimuler une guerre.  « Chers collègues, ne vous laissez pas abuser par les nouveaux habits de l’Empereur, l’agression russe est nue. » 

Trois semaines se sont écoulées depuis que le Président Putin a renoncé à la diplomatie en choisissant la guerre, a d’emblée souligné Mme BARBARA WOODWARD (Royaume Uni). Trois semaines dévastatrices pour le peuple ukrainien, pour les trois millions de personnes qui ont fui et pour ceux qui sont restées en Ukraine.  Citant les Nations Unies, la représentante a indiqué que les forces russes bombardent sans discrimination les zones résidentiels avec des armes à sous munitions, les victimes ne pouvant avoir accès à une assistance médicale.  La guerre du Président Putin cause des souffrances qui vont bien au-delà de l’Ukraine.  Des milliers d’étudiants étrangers ont été confrontés à cette violence. 

La guerre a en coutre fait envoler le prix des denrées alimentaires et du carburant et accru les souffrances des pays en développement.  Il s’agit d’une guerre d’agression non provoquée.  La Russie est donc responsable de la souffrance qu’elle inflige à l’Ukraine et au-delà.  Quelque 141 États Membres des Nations Unies ont sans équivoque condamné l’invasion illégale de l’Ukraine et la Cour internationale de Justice (CIJ) a émis un arrêt juridiquement contraignant qui exige de la Russie la suspension immédiate de ses opérations militaires.  La représentante s’est indignée de ce que, dans un acte pervers, la Russie ait présenté cette semaine un projet de résolution appelant à la protection des civils.  C’est un jeu cynique, a-t-elle martelé, rappelant en conclusion, qu’hier encore les forces russes ont pris pour cible des civils réfugiés dans un bâtiment abritant des enfants.  Si la Russie veut véritablement protéger les femmes et les enfants, elle doit retirer ses troupes et mettre un terme à son invasion aujourd’hui ! 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a condamné dans les termes les plus forts le siège organisé par la Russie de plusieurs villes ukrainiennes et les bombardements indiscriminés visant les populations civiles dans les villes et sur les routes.  « Nous appelons la Russie à se conformer au droit international humanitaire, à protéger les civils et les infrastructures civiles, et à permettre l’acheminement sûr et sans entrave de l’aide humanitaire. »  Les attaques contre les hôpitaux sont constitutives de crimes de guerre, a rappelé le délégué.  Il a exprimé une préoccupation particulière au sujet des informations relatives à l’emploi par la Russie de bombes à sous-munitions, souligné par le Secrétariat de l’ONU. 

Le projet de résolution russe ne trompe personne, a poursuivi le délégué.  Il ne doit pas être soutenu, car le soutenir, c’est donner un blanc-seing à la Russie pour qu’elle poursuive la guerre.  Il a déclaré que la communauté internationale est unie dans la condamnation massive de l’agression russe.  De nombreux pays, dont la France, ont immédiatement pris des mesures visant les autorités russes et les cercles économiques proches du pouvoir pour les priver des ressources et les empêcher de poursuivre cette guerre. »  Enfin, il a dit que M. Vladimir Putin n’a pas le soutien des Russes dans cette guerre.  Il n’y a pas meilleure preuve de cela que les lois liberticides que la Russie impose à sa population, en espérant en vain réduire au silence l’opposition à la guerre.  

Mme GÉRALDINE BYRNE NASON (Irlande) s’est inquiétée de l’impact humanitaire de la guerre qui se fait ressentir dans le monde entier, risquant d’affecter la sécurité alimentaire de pays fortement dépendants des produits agricoles ukrainiens, notamment en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient.  C’est pourquoi, a dit la représentante, ce Conseil doit plaider auprès de la Fédération de Russie pour qu'elle ne prive pas les populations civiles de nourriture et d'eau.  Il est accablant de constater que nous ne pouvons pas parler d’une seule voix pour sauver des vies innocentes dans cette guerre, s’est-elle emportée.  Poursuivant, la représentante est revenue sur les images « choquantes » de la ville de Marioupol assiégée.  Nous constatons, une fois de plus, que la guerre urbaine fait payer le plus lourd tribut aux civils, a-t-elle poursuivi, déplorant les attaques contre les établissements de santé.  La représentante a demandé à la Fédération de Russie de respecter son obligation à protéger les infrastructures civiles et les personnels médical et humanitaire.  Quel que soit l’accord ou l’absence d’accord sur les couloirs humanitaires ou autres mesures, les personnes et infrastructures civiles doivent être protégés, en vertu du droit international humanitaire, a conclu la représentante. 

Mme MONA JUUL (Norvège) a déclaré que depuis le début de la guerre, « un enfant ukrainien devient un réfugié presque à chaque seconde ».  En tout, ce sont plus de trois millions de civils qui ont traversé les frontières vers les pays voisins, sans compter les plus de 1,8 million de  déplacés à l’intérieur de l’Ukraine. La Fédération de Russie, a poursuivi la représentante, est responsable de la hausse des prix des denrées alimentaires et du risque accru d’insécurité alimentaire dans le monde.  La guerre de la Russie contre l’Ukraine va encore exacerber la crise humanitaire, la mort et le désastre à travers les continents, s’est-elle alarmée.  La Russie, « et la Russie seule », porte la seule responsabilité de la guerre et de la crise humanitaire actuelles, et elle doit cesser son agression militaire contre l’Ukraine.  Moscou doit également se conformer à l’ordonnance de la Cour internationale de justice (CIJ) lui demandant de suspendre immédiatement ses opérations militaires en Ukraine. 

Si la Russie se soucie des souffrances humanitaires que cette guerre cause, elle devrait arrêter sa guerre insensée et illégale, a commenté Mme Juul. Ne vous méprenez pas, a-t-elle prévenu, le projet de résolution russe n’est pas un texte humanitaire, mais une tentative délibérée de l’agresseur de couvrir son invasion illégale.  Ce projet n’a aucune crédibilité. Et nous ne le soutiendrons pas », a annoncé la déléguée.  Le dialogue politique, les négociations et la médiation sont la seule voie à suivre. « Pour le bien de l’humanité, cette guerre doit cesser. » 

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) s’est dit très préoccupé par la dégradation de la situation en Ukraine, avant de souligner l’urgence de répondre aux besoins humanitaires.  Il a précisé que l’Inde a envoyé 90 tonnes de livraisons humanitaires à l’Ukraine et à ses voisins et assuré le rapatriement des 22 500 ressortissants indiens qui étaient présents en Ukraine.  Il a dit sa vive appréciation de l’aide apportée par les autorités de l’Ukraine et des pays voisins dans cette opération.  L’action humanitaire doit toujours être guidée par les principes de l’assistance humanitaire, à savoir l’humanité, la neutralité, l’impartialité et l’indépendance, a dit le délégué.  « Ces principes ne sauraient être politisés. »  Il a demandé une cessation immédiate des hostilités, en rappelant que le dialogue et la diplomatie sont les seules options.  « Nous continuons de souligner la nécessité de respecter la Charte, le droit international, ainsi que la souveraineté et l’intégrité territoriale des États. » 

Mme KHALILAH HACKMAN (Ghana) a réitéré l’appel lancé à la Fédération de Russie pour un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel et pour le retrait de toutes ses troupes d’invasion des frontières internationalement reconnues de l’Ukraine.  La cessation des hostilités est essentielle pour faire face à l’aggravation des conditions humanitaires, a insisté Mme Hackman.  Elle a exhorté les parties au conflit à proclamer de toute urgence une pause humanitaire pour permettre l’évacuation et le passage en toute sécurité des civils et faciliter l’acheminement de nourriture, de médicaments et d’autres services essentiels à ceux qui en ont cruellement besoin et qui sont piégés dans des villes en état de siège.  Mme Hackman a appelé les parties à accepter la voie de la diplomatie et du dialogue pour résoudre leurs problèmes de sécurité, estimant en conclusion que les bons offices du Secrétaire général devraient être mis à profit pour faciliter une résolution pacifique du conflit. 

M. CHRISTOPHE NANGA (Gabon) a déploré l’intensification des combats en Ukraine et l’exode massif des populations civiles qui en découle, ainsi que la détérioration des conditions de vie et des conditions sanitaires de ceux qui ont décidé de rester.  Les risques de maladies liées à l’insuffisance des services publics de base sont un motif de grande préoccupation, a-t-il dit, et nous exhortons à nouveau toutes les parties à respecter les dispositions du droit international humanitaire et à garantir la protection des populations, y compris des ressortissants africains, ainsi que des infrastructures civiles, du personnel médical et des travailleurs humanitaires.  Après avoir appelé à l’arrêt immédiat des hostilités, le représentant a plaidé en faveur du dialogue et contre l’enlisement du conflit. 

Mme JAYNE JEPKORIR TOROITICH (Kenya) a d’emblée salué l’ouverture des frontières aux « réfugiés de nationalités multiples » par les pays voisins de l’Ukraine, les pressant de continuer à veiller à ce que les protections recherchées soient offertes sans discrimination, et en particulier sans distinction de race ou de religion.  Poursuivant, Mme Toroitich a condamné les attaques contre les infrastructures civiles, y compris les maisons, les hôpitaux et les abris.  Les parties sont tenues de se conformer au droit international humanitaire ainsi qu’à la résolution 2573 (2021) aux fins d’une meilleure protection des biens indispensables à la survie des civils en temps de conflit, a-t-elle souligné.  Elle a rappelé que les civils, y compris les ressortissants étrangers en Ukraine, ne sont pas parties au conflit et ne doivent pas être pris pour cible. 

À cet égard, tous les acteurs, y compris les parties, doivent prendre en compte et privilégier la sécurité et les intérêts des civils, conformément au droit international humanitaire, a-t-elle conclu. 

M. JOÃO GENESIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a indiqué que 18 millions de personnes sont touchées par le conflit en Ukraine.  Face aux besoins grandissants, le Brésil, a affirmé le représentant, a envoyé en Ukraine neuf tonnes de nourriture et une demi-tonne de produits médicaux.  Il a exhorté la communauté internationale à apporter une assistance aux personnes touchées par le conflit mais aussi aux réfugiés dans les pays voisins. I l a jugé très préoccupantes les 43 attaques recensées par l’OMS contre des centres de santé, faisant des dizaines de morts et de blessés, y compris parmi les agents de santé.  Ces attaques, a dénoncé le représentant, sont des violations du droit international humanitaire.  Il a plaidé pour une cessation immédiate des hostilités, « condition sine qua non » pour permettre l’évacuation des civils.  Seul un cessez-le-feu durable permettra d’apporter une aide humanitaire, a conclu le délégué. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a dit partager les préoccupations relatives à la crise humanitaire en Ukraine, tout en regrettant que les déclarations faites par un certain nombre de membres du Conseil s’appuient sur des « informations mensongères ».  Il a tout particulièrement rejeté les accusations selon lesquelles une maternité et un théâtre auraient été bombardés à Marioupol et le fait que les forces russes empêcheraient les réfugiés de quitter le pays et auraient tué des gens dans la file d’attente d’une boulangerie. 

Le représentant est revenu sur la déclaration des États-Unis, qui ont affirmé que 43 hôpitaux et installations médicales auraient été attaqués par les forces russes.  Pourtant, rien dans la déclaration du Directeur général de l’OMS ne va dans le sens de ces affirmations, celui-ci ayant dit qu’il n’était pas en mesure d’attribuer le blâme.   En tout cas, si nous devions mettre en place un « Guinness Book des records des fake news » au Conseil de sécurité, je sais qui arriverait en tête, a-t-il lancé, avant de dire que cette « fabrique du mensonge » est tout particulièrement active s’agissant de Marioupol, où abonderaient les très nombreuses « preuves de crimes » commis par les « néo-nazis » du régiment d’Azov.  Comment se fait-il que nos collègues occidentaux aient décidé de ne pas tenir compte de nos informations qui démontrent que cette maternité a été transformée en bastion des nationalistes ukrainiens?  Ce sont des informations pourtant fournies par des experts balistiques, a précisé la Fédération de Russie.  Le délégué a contesté le fait que le théâtre de Marioupol ait été la cible de forces aériennes russes, de même que l’idée que ces forces auraient prétendument cherché à évacuer de force des populations en direction de la Russie.  Depuis le début du conflit, la hotline mise en place par les Russes a recueilli près de 2,5 millions d’appels pour des évacuations vers la Russie, s’est exclamé le représentant. 

S’agissant des couloirs humanitaires, M. Nebenzia a assuré que son pays a respecté la cessation des hostilités pour permettre les évacuations, mais que des réfugiés avaient été mitraillés alors qu'ils empruntaient un des couloirs: quatre personnes ont péri et d’autres ont été blessées.  Mais malgré ces difficultés et ces entraves et l’absence du concours des autorités de Kiev, nous avons réussi à évacuer 12 440 personnes, dont 2 242 enfants, a fait valoir le représentant. 

Il a ensuite déploré les « magouilles » à l’œuvre autour du projet de résolution humanitaire sur l’Ukraine, élaboré par les Français et les Mexicains, un texte devenu politique et qui n’a rien à voir avec les questions humanitaires qui se posent en Ukraine aujourd'hui.  En revanche, a-t-il souligné, notre texte reste ouvert et tous les membres intéressés peuvent s’en porter coauteurs.  Mais, a-t-il pronostiqué, cela ne conviendra pas aux occidentaux, qui exercent une « pression sans précédent ».  D’après M. Nebenzia, les États-Unis et l’Albanie ont diffusé une lettre dans laquelle ils découragent tout État membre de se porter coauteur du projet.  C'est pourquoi nous avons décidé de ne pas demander sa mise aux voix, mais à la place une réunion d’urgence demain au Conseil pour aborder la question de la présence d’un laboratoire américain en Ukraine, a conclu le délégué russe. 

M. JUN ZHANG (Chine) a d’emblée fait part de l’inquiétude de son pays face à la détérioration de la situation en Ukraine et regretté l’augmentation du nombre de victimes civiles et de celui des réfugiés.  L’objectif aujourd’hui est, pour le représentant, d’appeler toutes les parties à faire preuve de retenue, de garantir la sécurité de tous les civils et de répondre à leurs besoins humanitaires.  Le représentant s’est inquiété de ce que certaines personnes d’ascendance africaine ou originaires du Moyen Orient aient eu des problèmes lors de leur évacuation. C’est une question qui doit être prise très au sérieux, a-t-il estimé.  Il a aussi rappelé la proposition en six points de son pays en matière humanitaire, soulignant que la Croix-Rouge chinoise a d’ores et déjà fourni une assistance.  Il a appelé le Conseil de sécurité à rester saisi du dossier humanitaire, tout en encourageant les négociations entre les deux parties car elles augmentent la chance d’un cessez-le-feu et d’un avenir pacifique. 

M. JUAN RAMON DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique) a souligné le bilan dévastateur des trois semaines de guerre en Ukraine, avant de saluer la solidarité des pays voisins.  Les besoins vont aller en augmentant, a-t-il prédit.  Il a jugé fondamental de garantir un accès humanitaire sans entraves.  Il a dénoncé les attaques perpétrées contre les centres médicaux, en rappelant qu’elles sont contraires au droit.  Il a souligné la nécessité de protéger le personnel de santé, conformément aux résolutions du Conseil.  Il a aussi mentionné la décision de la Cour internationale de Justice (CIJ) ordonnant à la Russie de suspendre immédiatement ses opérations militaires en Ukraine.  Le dialogue et la diplomatie sont les seules options, a poursuivi le délégué.  Il a enfin regretté que le Conseil n’ait pas pu lancer un appel sans équivoque pour une cessation des hostilités. 

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a déploré la situation humanitaire dans les principales villes ukrainiennes comme Marioupol.  Il a considéré qu’il est devenu urgent de prendre des mesures pour apaiser la situation, rétablir la confiance entre les parties, et permettre aux organisations humanitaires d’effectuer leur travail en toute sécurité.  En outre, parallèlement aux négociations en cours, qu’il faut soutenir, le représentant a tenu à souligner l’importance de respecter le droit international, en particulier le droit international humanitaire. 

M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a commencé par citer les propos hier du Président de la Fédération de Russie, Vladimir Putin, selon lesquels « l’opération évolue avec succès en stricte conformité avec les plans adoptés ».  La question qui se posent, a-t-il dit, est de savoir quelles sont les raisons de ces plans. S’agirait-il de tuer des enfants, comme les 108 morts, cibles délibérées?  C’est évident, au regard du bombardement du théâtre de Marioupol où des centaines d’habitants avaient trouvé refuge et marqué de pancartes visibles avec le mot « enfants ».  Le bâtiment a été intégralement détruit, a accusé le représentant et bien sûr, le plan de Putin ne se limite pas à assassiner des enfants: tous les civils ukrainiens et les ressortissants étrangers sont menacés.  Le plan consiste aussi à réduire à néant les villes ukrainiennes et à les raser. 

Le plan de Putin, c’est de violer les accords sur le cessez-le-feu et empêcher la libre circulation des populations civiles à partir des territoires temporairement occupés.  Le plan consiste également à terroriser les habitants.  Il a cité les témoignages sur les cas de torture, d’enlèvement et même d’assassinats.  Forcer les Ukrainiens à fuir et à devenir réfugiés fait aussi partie de ce plan.  Quelque 3,2 millions de personnes ont déjà quitté l’Ukraine et dans ce contexte humanitaire de plus en plus grave, la Russie « ose » présenter un projet de résolution « humanitaire », s’est indigné le représentant.  « Un tueur en série » appelle les États Membres de l’ONU à se porter coauteurs d’un tel projet! Une « hypocrisie révoltante ».  Le représentant a cité Saint Patrick : « ne faites jamais confiance à un chien pour surveiller votre nourriture ». 

Il a estimé « urgente » l’action humanitaire des Nations Unies et a appelé toutes les nations responsables à y prêter main forte.  Le représentant les a aussi exhortées à se joindre au Groupe des Amis de l’établissement des responsabilités, crée par l’Albanie, la Colombie, le Danemark, les Îles Marshals, les Pays-Bas et l’Ukraine, comme instance de débat.  À cet égard, il a rappelé l’arrêt de la CIJ sur les allégations de génocide.  Malgré le caractère contraignant de l’avis, le Kremlin l’a rejeté, invoquant l’absence d’accord entre les parties.  Ce rejet n’est pas une « surprise », eu égard au mépris de la Russie pour la Charte des Nations Unies, comme on le voit en Géorgie, en Syrie et enfin dans le Donbass. 

Pour finir, il a invité l’assistance à exercer « vos devoirs », en vertu de l’Article 94/2 de la Charte et à décider de mesures au cas où la Russie ne se plierait pas à ses obligations vis-à-vis de la CIJ.  Il s’est, ensuite, adressé à son homologue russe lui demandant s’il ne souffre pas du trouble de stress post-traumatique après à voir vu les yeux des victimes.  Cessez votre manipulation « flagrante et obscène » du Conseil de sécurité, a conclu le représentant, non sans remercier l’Italie pour son offre de reconstruire le théâtre de Marioupol, car les théâtres, où qu’ils soient, appartiennent à l’ensemble de l’humanité. 

M. KRZYSZTOF MARIA SZCZERSKI (Pologne) a commencé par rendre hommage aux soldats et aux civils « intrépides qui défendent leur patrie et leur liberté » et qui se battent aussi pour ceux qui ont été forcés de fuir.  M. Szczerski a, en outre, rappelé que le Conseil de sécurité est réuni ici aujourd'hui pour discuter de la crise humanitaire et des réfugiés qui connaît la croissance la plus rapide depuis la Seconde Guerre mondiale, conséquence de l’agression russe contre l’Ukraine. Pour lui, cette guerre est d’abord à «  100% une guerre de choix » et aujourd’hui l’agresseur a décidé de changer la nature de ce conflit.  Il a délibérément choisi de créer une catastrophe humanitaire, au mépris du droit humanitaire international. 

Le représentant a demandé à la Russie de changer son mode opératoire militaire et de permettre un accès humanitaire total et sans entrave.  Prenez la situation à Marioupol, où près de 350 000 habitants sont toujours bloqués, alors que la nourriture, l’eau et les médicaments continuent à manquer.  Le représentant a appelé à un cessez-le-feu immédiat, soulignant que les conséquences humanitaires de la guerre ne se limitent pas à l’Ukraine.  Nous avons, a-t-il dit déjà atteint le nombre de plus de 1,8 million de réfugiés depuis le 24 février, dont plus de 1,3 million ont été évacués, a-t-il indiqué.  Dans un esprit de solidarité, a-t-il affirmé, la Pologne continuera à accueillir et à fournir un abri, de la nourriture, des soins de santé et la sécurité à toute personne dans le besoin, indépendamment de sa nationalité, de sa race ou de sa croyance religieuse. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission de la condition de la femme: les délégations mettent l’accent sur le lien entre sécurité, autonomisation et adaptation aux changements climatiques

Soixante-sixième session,
6e et 7e séances plénières, matin & après-midi
FEM/2215

Commission de la condition de la femme: les délégations mettent l’accent sur le lien entre sécurité, autonomisation et adaptation aux changements climatiques

La poursuite de la discussion générale de la Commission de la condition de la femme a été l’occasion, aujourd’hui, pour les délégations de faire le lien entre sécurité et adaptation aux changements climatiques.  Soulignant que l’autonomisation des femmes et des filles est essentielle au développement durable, plusieurs intervenants ont indiqué que l’absence de sécurité et de systèmes de santé appropriés exacerbait l’inégalité entre les genres et, par conséquent, affaiblissait la résilience climatique.

La Ministre de la femme, du genre et de la diversité de l’Argentine a notamment constaté que le modèle de développement productif en vigueur au niveau international décuple les vulnérabilités des populations les plus défavorisées, à commencer par les femmes, relevant par ailleurs que 8 personnes déplacées par les catastrophes climatiques sur 10 sont des femmes.  Selon la Ministre, ces inégalités sont entretenues par une distribution injuste du temps et une répartition inégale des tâches de soins, ce qui a un effet direct sur l’insertion des femmes dans le monde du travail et leur autonomisation économique. 

Convaincue que ces chiffres, exacerbés par la pandémie de COVID-19, peuvent motiver l’élaboration d’une politique à vocation transformatrice, la Ministre a soutenu que parvenir à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes dans le contexte des changements climatiques nécessite d’investir dans l’économie de soins, « sans transgresser les limites écologiques de la reproduction de la vie ». 

Une vie sans violence est une autre condition préalable pour que les femmes et les filles puissent jouer un rôle de premier plan dans les problèmes découlant des effets des changements climatiques, a estimé de son côté le Ministre de la justice et de la transparence institutionnelle de la Bolivie.  La Ministre de la condition féminine de l’État de Palestine a d’ailleurs alerté sur les conséquences de la violence de la Puissance occupante sur les femmes palestiniennes responsables de 87% de la production agricole, dénonçant en outre l’enfouissement de déchets médicaux et chimiques qui polluent les ressources hydriques palestiniennes.  Dans la même veine, la Ministre de la femme, de la famille et de la protection de l’enfance du Tchad s’est inquiétée des conséquences de la crise libyenne sur les femmes tchadiennes, prévenant qu’une évacuation non organisée des mercenaires présents en Libye pourrait avoir de terribles conséquences sur les femmes et les filles de la sous-région.

Il faut inverser la dynamique des menaces en renforçant les capacités des femmes d’agir sur les risques environnementaux, a insisté la Ministre de la promotion de la femme et de la protection de l’enfant du Niger.

À ce sujet, le Ministre de la culture et de l’intérieur des Îles Marshall a indiqué que face à l’aggravation des changements climatiques, son pays avait élaboré un « plan de survie » en tenant compte à titre prioritaire de la voix des femmes.  Ce plan, a-t-il expliqué, explore des options extrêmes telles que l’élévation et la construction d’îles pour garantir que la population puisse rester sur ses propres îles sans être contrainte de migrer. 

« Il s’agit d’explorations coûteuses, non seulement sur le plan financier, mais aussi sur le plan culturel, car la modification du paysage de nos îles a un impact sur notre culture et sur un système foncier complexe qui, par ailleurs, est matrilinéaire », a observé le Ministre. 

Soulignant pour sa part que la planète et l’humanité ne peuvent être protégées que par des pratiques durables et non par le capitalisme, la Ministre du pouvoir populaire pour les femmes et l’égalité des sexes du Venezuela a insisté sur l’importance d’inclure les femmes dans tous les aspects de la production agricole afin de contribuer à la souveraineté alimentaire. 

La République dominicaine s’est d’ailleurs dotée d’un plan d’action pour l’action climatique qui facilite l’accès des femmes rurales à l’information et à la formation ainsi que leur participation à la planification environnementale, a fait valoir la Ministre de la femme, tandis que la Ministre de la justice, des droits de l’homme et de la culture de l’Équateur a précisé que l’agriculture familiale, qui est souvent dirigée par les femmes, représente plus de 60% de la production des aliments dans le pays.

Il faut assurer l’accession des femmes rurales aux positions de leadership, ces dernières étant des moteurs de changement alors même que leurs moyens de subsistance sont menacés par les changements climatiques, environnementaux et les catastrophes naturelles, a insisté à son tour la Ministre de la femme, de la jeunesse et des personnes handicapées de l’Afrique du Sud.

Cette séance a également été marquée par le discours de la Ministre des politiques sociales de l’Ukraine qui, intervenant en visioconférence devant un mur de sacs de sable, a fustigé les crimes des troupes russes et appelé la communauté internationale à « fermer le ciel de l’Ukraine ».

La Commission de la condition de la femme poursuivra son débat général demain, jeudi 17 mars 2022, à partir de 10 heures. 

SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »

Suite de la discussion générale

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a condamné le récent bombardement par la Fédération de Russie d’une maternité à Marioupol, déplorant la souffrance des femmes et des filles en Ukraine, mais aussi au Myanmar, en Éthiopie, en Afghanistan et sous d’autres régimes oppressifs dans le monde.  Elle a souligné la nécessité de documenter leurs histoires et d’exiger leur égalité car « ce sont nos sœurs - leur statut est notre statut ».  La représentante a ensuite déclaré que la crise climatique est une crise sexospécifique et sexiste qui porte atteinte de manière disproportionnée aux femmes, aux filles et aux personnes de diverses identités de genre.  Elle a relevé que les femmes et les filles représentent la majorité de la population des communautés côtières -les régions les plus menacées par les changements climatiques- et sont plus susceptibles de connaître la pauvreté et l’insécurité alimentaire.  Responsables de l’obtention de ressources naturelles de plus en plus rares, elles sont plus susceptibles de perdre l’accès à l’éducation, aux opportunités économiques et aux services de santé reproductive.  Soulignant qu’il ne peut y avoir de solution climatique sans les femmes et les filles, elle a appelé la Commission à leur donner les outils, les leviers et les positions de pouvoir « qui nous sauveront tous ».  De leur côté, les États-Unis lient leurs stratégies climat et égalité hommes-femmes, car « on ne travaille pas sur l’une sans l’autre », a-t-elle ajouté.

M. COLLINS NZOVU, Ministre de l’économie verte et de l’environnement de la Zambie, a déclaré que son gouvernement considère les femmes et les hommes comme des partenaires égaux dans le développement du pays.  Néanmoins, le statut des femmes est encore précaire en raison de relations de pouvoir déséquilibrées et de la nature patriarcale de la société zambienne.  À cette aune, il a décrit les mesures législatives et politiques prises par son pays pour promouvoir l’égalité des genres, notamment une loi de 2015 sur l’équité et l’égalité des genres.  Le Gouvernement a également révisé sa politique nationale en matière d’égalité des genres pour y intégrer des questions telles que les changements climatiques, a-t-il indiqué.  Nous pouvons tous témoigner des conséquences disproportionnées des changements climatiques sur les moyens de subsistance des femmes et des filles, tandis que les inégalités s’aggravent, a-t-il poursuivi.  Il a indiqué que la Zambie accorde la priorité à un environnement durable et à l’inclusion dans ses politiques d’atténuation des changements climatiques.  Mon pays a d’ailleurs élaboré plan d’action sur les changements climatiques qui promeut l’égalité des genres, a-t-il indiqué.

Mme SHIREEN MAZARI, Ministre des droits humains du Pakistan, a déclaré que la protection des droits des femmes est un pilier essentiel des politiques de son pays.  Le Pakistan, a-t-elle assuré, combat toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et des filles et s’engage à remplir ses obligations internationales en matière d’action climatique, de réduction des risques de catastrophe et de développement durable.  Il a d’autre part promulgué une législation visant à protéger les femmes contre la violence domestique et adopté un plan d’action national pour améliorer les conditions de travail des femmes.  De plus, ses services de protection sociale offrent une couverture maladie universelle et un microfinancement aux femmes.  Le Pakistan met également l’accent sur le reboisement et a adopté son premier plan d’action pour l’égalité des sexes dans le domaine des changements climatiques, a encore indiqué la Ministre.  Enfin, après avoir dénoncé les effets négatifs pour les droits des femmes et des filles de l’occupation illégale du Jammu-et-Cachemire par l’Inde, elle s’est élevée contre la montée de l’islamophobie en Occident, estimant que ce fléau doit être combattu par l’ensemble de la communauté mondiale. 

Mme ELENA BONETTI, Ministre de l’égalité des chances de l’Italie, a déclaré qu’elle est solidaire des femmes et des filles en Ukraine, qui font preuve de résilience et de courage face à une agression russe non provoquée.  Pour ce qui est de l’interconnexion entre l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles, elle a appelé à se concentrer sur les actions complémentaires « sensibles au genre ».  Un appareil institutionnel solide et articulé, la définition et la poursuite d’objectifs stratégiques, l’introduction des questions de genre dans une perspective transversale: ce sont des facteurs essentiels pour promouvoir et garantir les droits et les besoins de toutes les femmes et filles, a estimé la Ministre. 

Mme Bonetti a regretté que cette approche ne soit pas encore suffisamment répandue notamment en matière de collecte et d’analyse de données statistiques sur la corrélation entre le sexe, le climat, l’environnement et la réduction des risques de catastrophe.  À ses yeux, c’est ce qui explique l’incapacité à reconnaître le potentiel des femmes à faire face aux vulnérabilités, à réagir de manière résiliente aux dynamiques environnementales non seulement sur une base individuelle, mais aussi dans leur environnement familial et social. 

Mme SIGNE RIISALO, Ministre de la protection sociale de l’Estonie, a dénoncé les graves conséquences de la guerre en Ukraine sur la vie de ses citoyens ainsi que les revers potentiels pour les droits humains et l’égalité des sexes.  Cela arrive à un moment où le monde est encore aux prises avec les conséquences de la pandémie de COVID-19 et qu’il doit redoubler d’efforts pour ralentir l’escalade de la crise climatique, s’est-elle inquiétée, relevant que dans toutes ces crises, les femmes et les hommes sont touchés de manière disproportionnée.  Dans le même temps, les femmes ne sont toujours pas représentées de manière égale autour des tables de prise de décisions, où les réponses aux changements climatiques et aux conflits militaires sont négociées, a constaté la Ministre.  Il est donc crucial de reconnaître les effets distincts des changements climatiques, et d’autres défis mondiaux, sur les filles et les femmes et de veiller à ce qu’elles soient représentées de manière significative à toutes les tables où les décisions sont prises.  Fière que le Gouvernement estonien respecte la parité hommes-femmes et soit dirigé pour la première fois de son histoire par une femme Premier Ministre, Mme Riisalo a concédé que cela ne s’est pas fait du jour au lendemain et sans effort, évoquant le rôle des organisations de femmes estoniennes, « partenaires inestimables » dans la promotion de l’égalité des sexes et la lutte contre la violence à l’égard des femmes.

La Ministre a par ailleurs regretté que malgré la croissance rapide du secteur des technologies de l’information et des communications (TIC) ces dernières années, la proportion de femmes dans ce secteur n’a pas suivi le rythme, en expliquant que l’Estonie a mis en place des mesures innovantes pour encourager les filles à s’intéresser aux TIC.  En évoluant vers des économies de plus en plus numériques, nous sommes certains que ces coups de pouce, traduits en mesures politiques, nous aideront à progresser pour surmonter la fracture numérique entre les sexes, a déclaré Mme Riisalo.

M. NAREK MKRTCHYAN, Ministre du travail et des affaires sociales de l’Arménie, a indiqué que la politique d’égalité des sexes est institutionnalisée aux niveaux national, régional et communautaire et que le Conseil des affaires féminines de l’Arménie, en tant que mécanisme de coordination, s’est engagé à assurer la participation égale des femmes et des hommes aux processus politiques et socioéconomiques.  Il a cité divers programmes publics qui visent à assurer la participation des femmes aux processus de prise de décisions et à la mise en œuvre d’une budgétisation sensible au genre.  Afin d’accroître l’implication des femmes dans le processus de prise de décisions aux niveaux étatique et local, un quota de représentation des femmes dans les organes électifs a été établi dans le cadre des réformes législatives, a-t-il ajouté.  Des centres d’aide aux victimes de violence domestique ont également été créés pour fournir des services de soutien sociopsychologique et juridiques aux bénéficiaires. 

Par ailleurs, le Ministre arménien a déclaré que la guerre déclenchée par l’Azerbaïdjan contre le peuple du Haut-Karabakh en septembre-novembre 2020 a provoqué le déplacement de 90 000 personnes, dont 88% étaient des femmes et des enfants, précisant que 38 000 de ces personnes déplacées ont perdu leur maison et leurs biens de production en raison des hostilités militaires.  Il a expliqué que de nombreux programmes mis en œuvre en Arménie dans le domaine des droits fondamentaux des femmes ont été révisés pour tenir compte de cette réalité.  Enfin, M. Mkrtchyan a mentionné l’adoption de mesures d’assistance aux femmes appartenant à des groupes vulnérables, dans le cadre du plan d’action quinquennal du Gouvernement pour 2021-2026.

Mme ELIZABETH GOMEZ ALCORTA, Ministre de la femme, du genre et de la diversité de l’Argentine, a constaté que le modèle de développement productif en vigueur au niveau international nuit à l’environnement, accroît les inégalités et décuple les vulnérabilités des populations les plus défavorisées.  Les groupes les plus impactés se trouvent être les femmes et les personnes LGTBI+, surtout celles qui sont en situation de pauvreté, les migrantes, les réfugiées et les déplacées, mais aussi les femmes rurales, les femmes d’ascendance africaine et les femmes autochtones, a-t-elle relevé, ajoutant que, selon les statistiques de la Banque interaméricaine de développement, 8 personnes déplacées par les catastrophes climatiques sur 10 sont des femmes.  Selon la Ministre, ces inégalités sont entretenues par une distribution injuste du temps et une répartition inégale des tâches de soins, ce qui a un effet direct sur l’insertion des femmes dans le monde du travail et leur autonomisation économique. 

Convaincue que ces chiffres, exacerbés par la pandémie de COVID-19, peuvent motiver l’élaboration d’une politique à vocation transformatrice, Mme Gomez Alcorta a soutenu que parvenir à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes dans le contexte des changements climatiques nécessite d’investir dans l’économie de soins, sans transgresser les limites écologiques de la reproduction de la vie.  C’est la voie qu’a choisie l’Argentine, a-t-elle indiqué, précisant que deux projets de loi dans ce sens sont actuellement en préparation, l’un visant à créer un système de soins complets, générateur d’emplois, l’autre à établir un congé parental égal pour les mères et les pères ainsi que pour les personnes qui adoptent un enfant.  La Ministre a ajouté que ses services s’emploient également à sortir les travailleuse domestiques de l’informalité.  Pour cela, un programme prévoit le paiement par l’État d’une part pouvant aller jusqu’à 50% des salaires de ces femmes pendant six mois.  Ce système a permis d’enregistrer, en 2021, 45 000 nouvelles travailleuses, s’est-elle enorgueillie, estimant essentiel de continuer à progresser dans la mise en œuvre de politiques de soins pour s’attaquer à la féminisation de la pauvreté et faire progresser l’autonomie économique des femmes. 

Mme BERNARDA ORDÓÑEZ MOSCOSO, Ministre de la justice, des droits de l’homme et de la culture de l’Équateur, a tout d’abord salué le courage des femmes et des filles en Ukraine.  Elle a ensuite indiqué que son gouvernement a entamé des efforts visant à faire des savoirs agroécologiques ancestraux des femmes rurales et autochtones un moyen d’insertion économique.  L’agriculture familiale qui est souvent dirigée par les femmes représente plus de 60% de la production des aliments dans le pays, a-t-elle précisé.  Le Gouvernement appuie aussi les entreprises de femmes qui représentent des alternatives économiques et combattent les pratiques néfastes pour l’environnement. 

En matière de prévention et d’éradication de la violence fondée sur le sexe, a poursuivi la Ministre, le Gouvernement travaille de manière décentralisée en prenant en considération les aspect culturels et territoriaux.  Il a notamment mis sur pied un programme national d’égalité avec la participation de femmes autochtones rurales, des femmes incarcérées, d’adolescentes et de femmes âgées.  L’autonomisation économique étant un outil très important pour rompre le cycle de la violence, une ligne de crédit destinée particulièrement aux femmes est également disponible.

M. GATIS EGLĪTIS, Ministre du bien-être de la Lettonie, a tout d’abord condamné « l’agression russe en Ukraine », s’alarmant de l’immense souffrance humaine qu’elle a infligée aux femmes et aux filles ukrainiennes.  Il a ensuite indiqué que l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes sont des priorités de longue date de son pays, notamment de sa politique de coopération au développement, la Lettonie restant déterminée à aider ses pays partenaires d’Asie centrale et du voisinage oriental à promouvoir l’égalité des sexes. 

Le Ministre s’est enorgueilli du fait que la Lettonie se classe régulièrement parmi les 20 premiers pays du monde en termes d’égalité des sexes, selon le Forum économique mondial, et qu’elle fait partie des 10 pays au monde qui garantissent pleinement l’égalité juridique entre les femmes et les hommes dans l’emploi et les affaires, selon le dernier rapport « Women, Business and the Law 2021 » de la Banque mondiale.  Les hommes et les garçons ayant un rôle et une responsabilité importants dans la promotion de l’égalité des sexes, le Gouvernement letton encourage au niveau national la participation des hommes à la vie familiale et au travail de soins. 

Notant que la pandémie de COVID 19 a exacerbé les inégalités de revenus et du marché du travail, M. Eglītis a cependant regretté qu’en Lettonie, les femmes étaient confrontées à des difficultés bien plus importantes pour concilier vie professionnelle et vie privée, et ont assumé une charge disproportionnellement plus élevée en termes de garde des enfants et de tâches ménagères.  Pour relever ces défis, il est essentiel d’établir des partenariats avec les organisations non gouvernementales, les partenaires sociaux et le secteur privé, a-t-il estimé.  Il s’est également inquiété de la persistance de la violence domestique à l’égard des femmes, en assurant que la Lettonie continue d’améliorer le cadre juridique et la mise en œuvre des mesures visant à éliminer la violence à l’égard des femmes.  En outre, de nouvelles mesures pour lutter efficacement contre la traite des êtres humains sont définies au niveau national et la tolérance zéro contre les violences basées sur le genre reste toujours l’objectif à atteindre. 

Mme OGERTA MANASTIRLIU, Ministre de la santé et de la protection sociale de l’Albanie, a indiqué que 70% des ministres de son pays sont des femmes avant de souligner l’importance des données ventilées par sexe pour mesurer l’ampleur des objectifs à atteindre en matière d’autonomisation des femmes et favoriser la participation des femmes à la lutte contre les changements climatiques.  Elle a attiré l’attention sur la qualité de la réponse immédiate du gouvernement pour atténuer les conséquences du séisme de 2019 et la pandémie de COVID-19 sur les groupes les plus vulnérables, dont les femmes et les filles.  Après s’être félicitée des progrès réalisés par son pays pour aligner ses politiques en matière de genre sur les recommandations européennes, la Ministre a estimé que l’intégration horizontale des questions de genre nécessite des approches innovantes.  Enfin, elle a précisé que 9% du budget national est consacré à l’égalité des sexes. 

Mme TRINE BRAMSEN, Ministre de l’égalité des chances du Danemark, a commencé par exprimer sa solidarité avec les femmes de l’Ukraine, qui se battent pour leur vie et pour échapper à la guerre lancée par la Fédération de Russie en violation du droit international.  Elle a ensuite déclaré s’exprimer au nom de sa fille et de toutes les autres filles du monde.  « Je ne veux pas que ma fille grandisse dans un monde de violence et d’abus sexuels contre les femmes, un monde où les filles et les femmes sont tuées parce qu’elles sont des filles et des femmes, un monde où les filles grandissent sans avoir le droit de décider de leur propre corps », a dit la Ministre.  « Je veux que ma fille et toutes les autres filles et femmes du monde aient leur indépendance, bénéficient de la sécurité et aient le droit de décider », a-t-elle plaidé, ajoutant que changer la culture implique de passer à l’action politique maintenant. 

Au Danemark, a-t-elle poursuivi, la législation a été modifiée afin que les relations sexuelles sans consentement soient considérées comme un viol.  Il s’agit, selon elle, d’un signal important car cela souligne le statut de la femme dans l’ensemble de la société.  D’autres changements sont prévus, a-t-elle affirmé, assurant que « changer les structures est le moyen le plus fort de sécuriser les droits des femmes et des filles et leur donner de meilleures opportunités ».  Elle a ensuite donné la parole à une déléguée de la jeunesse qui a souhaité que toutes les femmes du monde aient les mêmes droits et libertés, qu’elles vivent en Afrique, dans les Amériques ou en Ukraine.  Sur tous les continents, des sœurs se battent pour échapper à des pratiques héritées du passé et gagner le droit à la représentation, a-t-elle souligné, avant d’exhorter la communauté internationale à investir dans les jeunes dirigeantes pour agir efficacement contre les effets des changements climatiques. 

Présentant les progrès accomplis par son pays dans les domaines du Programme d’action de Beijing, Mme MARIE THÉRÈSE ABENA ONDOA, Ministre de la promotion de la femme et de la famille du Cameroun, a indiqué que la politique nationale genre, adoptée en 2014, et son plan d’action multisectoriel sont en cours de révision pour tenir compte de l’adoption par le Cameroun de la nouvelle Stratégie de développement à l’horizon 2030 (SND30) et des différentes crises que traverse le pays.  Elle a aussi indiqué que le Gouvernement a élaboré un document « Profil Genre Pays » afin de disposer des données multisectorielles désagrégées par sexe, et d’établir clairement dans quelle mesure la dimension genre peut être intégrée dans les domaines prioritaires de la Stratégie nationale de développement pour la période 2020-2030.  Dès cette année, l’implémentation de la budgétisation sensible au genre est effective avec l’élaboration d’un rapport genre pour huit ministères pilotes, annexé à la loi des finances 2022, a-t-elle encore précisé. 

La Ministre a également cité les initiatives de son gouvernement autour de la prévention, la répression et la prise en charge multisectorielle des victimes de violences.  Elle a expliqué que ces actions s’appuient sur la stratégie nationale de lutte contre les violences basées sur le genre et le plan d’action national de lutte contre les mutilations génitales féminines.  Tout en se félicitant de l’actualisation du plan d’action pour la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes et la paix et la sécurité, elle a reconnu la nécessité pour le Cameroun de renforcer la législation pour améliorer la protection sociale et les conditions de vie des femmes et des filles, et leur garantir un meilleur accès en matière de soins de santé génésique. 

Mme CELINA LEZCANO, Ministre de la femme du Paraguay, a expliqué que le Gouvernement, par l’intermédiaire du Ministère de la femme, développe des stratégies innovantes pour maintenir les acquis et progresser dans la réduction des écarts émergents et préexistants en matière d’égalité entre les sexes.  Dans la situation actuelle, la demande de prise en charge et de soins a considérablement augmenté, ce qui a généré une surcharge de travail pour les femmes.  Compte tenu de cela, le Paraguay a mis l’accent sur l’avancement du processus d’élaboration de la politique nationale de soins et la conception du premier plan d’action national.  Un projet de loi portant sur la création du système national de soins est également à l’étude, a indiqué la Ministre.  De même, le Plan national de réduction de la pauvreté et le Plan national pour les peuples autochtones ont intégré l’autonomisation économique des femmes comme objectifs. 

Mme Lezcano a ensuite indiqué que l’impact de la pandémie a amené le Gouvernement à adopter une loi d’urgence nationale sur les féminicides.  Un système de registre unifié et standardisé a aussi été mis en place pour prévenir, sanctionner et éradiquer la violence à l’égard des femmes.  Une perspective genre est également intégrée aux politiques de lutte contre les changements climatiques et les risques de catastrophe, pour assurer la formulation, le suivi et l’évaluation des politiques qui sont fondées sur des données probantes, a fait valoir la Ministre. 

Mme MARCI IEN, Ministre des femmes et de l’égalité des genres et de la jeunesse du Canada, a dit que le Canada s’est engagé à adopter une approche tenant compte des différences entre les sexes en matière de politique climatique et de biodiversité, tant à l’échelle nationale qu’internationale.  « Notre dernier plan climatique national, “Un environnement sain et une économie saine”, témoigne de cet engagement, de même que notre détermination à inclure les femmes métisses, inuites et des Premières Nations dans nos politiques sur le climat et la biodiversité. »  Elle a rappelé que les femmes autochtones subissent le contrecoup des changements climatiques depuis des générations et sont des pionnières en ce qui concerne la protection de l’environnement depuis encore plus longtemps.  « Le Canada reconnaît ce rôle unique et important joué par les femmes autochtones. »

Elle a indiqué que, lors de la vingt-sixième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques en novembre 2021, des chefs de file canadiennes se sont mobilisées pour participer à la prise de décisions internationales et aux discussions sur les politiques.  « Le Canada continuera de jouer un rôle de leader dans la promotion de l’égalité des genres au cours des négociations du nouveau cadre mondial de la biodiversité, conformément à la Convention sur la diversité biologique. »  Lorsque les questions d’égalité des genres sont abordées, lorsque les femmes et les filles, dans toute leur diversité, sont en mesure de jouer des rôles de premier plan et de prendre des décisions, nous arrivons à prendre des mesures efficaces pour protéger notre climat, atteindre la carboneutralité et inverser le déclin de la nature, a conclu la Ministre. 

M. IVAN LIMA MAGNE, Ministre de la justice et de la transparence institutionnelle de la Bolivie, a souligné que qu’une vie sans violence est une condition préalable pour que les femmes et les filles puissent jouer un rôle de premier plan dans tous les domaines, y compris les problèmes découlant des effets des changements climatiques.  C’est pourquoi la Bolivie a mis en place des politiques publiques et des lois garantissant aux femmes une vie sans violence, a-t-il indiqué.  Le Ministre a également insisté sur l’importance de politiques visant à garantir l’accès à la terre et la participation équitable à l’économie des femmes autochtones et paysannes afin de leur permettre de renforcer les capacités d’adaptation et la résilience des familles.  Il a ajouté que son pays a fourni un effort déterminé pour s’assurer que tous les cas de féminicide et de viol soient examinés par la justice.  . 

Mme KAOUTHAR KRIKOU, Ministre de la solidarité nationale, de la famille et de la condition des femmes de l’Algérie, a présenté une série de législations et de projets destinés à garantir le respect des droits des femmes et des filles dans son pays.  L’Algérie a en outre adopté des lois et des politiques pour lutter contre les changements climatiques et en atténuer les risques, tout en reconnaissant le rôle que jouent les femmes dans ces activités.  Soulignant les progrès accomplis dans ces domaines par les Ministères de l’eau, de la gestion des déchets et d’autres secteurs connexes, elle a relevé que les agences nationales liées au développement économique s’associent à des organisations de la société civile pour encourager les pratiques vertes, y compris dans le secteur agricole.  L’Algérie soutient également des moyens de subsistance tels que l’apiculture et d’autres travaux entrepreneuriaux et agricoles, par le biais de projets qui visent à donner aux femmes les opportunités dont elles ont besoin pour s’épanouir, a-t-elle ajouté, précisant que d’autres domaines d’action concernent les femmes travaillant à domicile.  Elle a conclu son intervention en soulignant que le développement national ne peut se faire qu’avec la pleine participation des femmes à tous les niveaux, sans laisser aucune d’elles de côté.

Mme AMONGI BETTY ONGOM, Ministre du genre, du travail et du développement social de l’Ouganda, a indiqué que son gouvernement a élaboré des politiques et des programmes sensibles au genre pour assurer la conservation, la protection et la réhabilitation de l’environnement, notamment la Vision 2040 de l’Ouganda qui appelle à l’élaboration de stratégies d’adaptation et d’atténuation des changements climatiques afin de garantir que le pays soit suffisamment protégé contre tout impact négatif.  L’Ouganda est le premier pays africain à élaborer le plan de Partenariat pour les contributions déterminées au niveau national pour poursuivre une voie de développement à faible émission de carbone et réduire la vulnérabilité de la population, de l’environnement et de l’économie aux impacts des changements climatiques, a encore déclaré la Ministre. 

Par ailleurs, les stratégies pour l’eau et l’assainissement prévoient un « indicateur de genre en or » sur le pourcentage de comités d’usagers de l’eau ou de conseils directeurs au sein desquels les femmes occupent des postes clefs.  En 2020, a-t-elle précisé, les femmes siégeaient dans 86% des comités de gestion de l’eau et de l’assainissement et 75% des comités de gestion des usagers de l’eau.  Les femmes sont aussi à l’avant-garde de l’adaptation aux nouvelles conditions climatiques, a indiqué la Ministre qui a fait état de l’augmentation de l’utilisation d’énergies renouvelables pour cuisiner; 15% des femmes utilisant une énergie durable et 85% de la biomasse pour préparer la nourriture pour leur famille.

Mme DEBORAH STEDMAN-SCOTT, Ministre de la femme du Royaume-Uni, a commencé par condamner la « guerre de choix » de la Fédération de Russie en Ukraine, alertant que celle-ci sera un frein au développement et aura des répercussions négatives sur les femmes et les jeunes filles ukrainiennes.  Face à cette situation, le Royaume-Uni a débloqué un nouveau financement pour appuyer les organisations de promotion des droits des femmes et les acteurs de la société civile qui viennent en aide aux femmes en Ukraine et déplacées en dehors du pays.

Le Royaume-Uni reste très attaché à son engagement à promouvoir l’égalité hommes-femmes dans le contexte de la lutte contre les changements climatiques, a-t-elle poursuivi.  Alors que le monde se remet de la pandémie de COVID-19, les États ont la responsabilité de répondre aux besoins des femmes notamment en matière de santé et de bien-être ainsi que sur le plan économique.  Elle a ensuite détaillé les efforts du Gouvernement pour promouvoir la transparence salariale, accroître le soutien aux femmes entrepreneurs et faciliter l’entrée des femmes dans les carrières scientifiques, technologiques, d’ingénierie et de mathématiques.

Mme SITHEMBISO NYONI, Ministre des affaires féminines, du développement communautaire, des petites et moyennes entreprises du Zimbabwe, a noté que la pandémie de COVID-19 a eu impact disproportionné sur les femmes, les enfants, les filles, les personnes âgées, les jeunes et les personnes handicapées.  Les mêmes catégories sont également plus vulnérables aux effets des changements climatiques et des catastrophes, car elles sont davantage dépendantes des ressources naturelles pour l’alimentation, les revenus et l’énergie, a-t-elle relevé.  Mme Nyoni a appelé à redoubler d’efforts pour mettre fin à l’inégalité entre les sexes et à d’autres pratiques discriminatoires afin de réaliser l’autonomisation des femmes et des filles, et garantir leur participation à la lutte contre les changements climatiques.  À ses yeux, la réalisation de tous les objectifs liés au genre des objectifs de développement durable (ODD) reste le meilleur espoir de se remettre de la pandémie de COVID-19 tout en faisant face aux changements climatiques et en renforçant la résilience aux chocs et risques futurs.

À cet égard, la Ministre a indiqué que le Gouvernement zimbabwéen a mis en place de nombreux programmes sensibles au genre dont des jardins communautaires qui utilisent une technologie intelligente durable de forages et d’installations d’irrigation à énergie solaire, bénéficiant à la fois aux femmes et aux hommes.  D’autres initiatives innovantes incluent le programme Pfumvudza/Intwasa de conservation des sols et des cultures qui a permis d’améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle au niveau national. 

Le Zimbabwe a aussi organisé une manifestation parallèle conjointe avec l’Afrique du Sud, avec le soutien de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), sur une initiative d’utilisation pacifique de la technologie nucléaire pour développer une variété de niébé résistante à la sécheresse et aux ravageurs au Zimbabwe. 

Mme KALPANA DEVI KOONJOO-SHAH, Ministre de l’égalité de genre et des affaires familiales de Maurice, a estimé que les retombées des changements climatiques sur les femmes des petits États insulaires en développement (PEID) méritent une attention particulière.  Dans ces pays intrinsèquement vulnérables, les femmes restent touchées de manière disproportionnée, en particulier celles qui dépendent des ressources naturelles pour leurs moyens de subsistance, a-t-elle fait observer, rappelant la fréquence et la gravité des phénomènes météorologiques extrêmes dans les PEID.  Rien que le mois dernier, Maurice a enregistré deux cyclones qui ont causé d’importants dommages à ses infrastructures et à son économie, déjà fortement impactée par la pandémie de COVID-19, a souligné la Ministre, assurant que, malgré ses ressources limitées, son pays s’emploie à intégrer une perspective de genre dans ses politiques d’adaptation et d’atténuation aux changements climatiques. 

Dans ce cadre, a-t-elle noté, une politique nationale du genre a été lancée pour la période 2022-2030.  Pour l’élaborer, les questions liées au genre, à la protection de l’environnement et aux changements climatiques ont été discutées avec les secteurs public et privé, les universités, les médias et les organisations de la société civile, a expliqué Mme Koonjoo-Shah, faisant également état de la création d’un groupe de femmes dirigeantes pour mener des activités de sensibilisation et encourager les femmes entrepreneurs à se mettre en réseau.  La Ministre a par ailleurs indiqué que son pays s’est associé à l’Union européenne dans le cadre du SWITCH African Green Project, qui vise à autonomiser les femmes pêcheurs mauriciennes ayant les capacités et les compétences nécessaires pour lancer leurs propres projets verts.  Maurice, a-t-elle ajouté, compte sur la coopération avec ses partenaires de développement pour avoir accès aux technologies et ainsi affronter plus efficacement la crise climatique. 

Mme MARIA INÉS CASTILLO LÓPEZ, Ministre du développement social du Panama, a indiqué que la stratégie nationale de l’égalité est appliquée dans 300 communautés autochtones où le taux de pauvreté est le plus élevé dans le pays.  Le Panama, qui est un des trois pays au monde ayant un classement carbone négatif, a également intégré la question de genre à la gestion de l’environnement et à son action climatique afin de garantir l’autonomisation et la participation des femmes à l’élaboration de politiques sur le climat.  La Ministre a aussi mentionné l’élaboration de stratégies de transformations sociales et environnementales, notamment la politique nationale de gestion des risques de catastrophe et la politique nationale de gestion intégrée des incendies. 

Afin d’assurer l’accès des femmes à des sources d’énergie renouvelable pour lutter contre les changements climatiques, le Gouvernement a mis sur pied le « programme femmes et énergie » qui gère différentes initiatives pour le développement économique du pays en mettant en avant le rôle des femmes dans la transition énergétique.  Quant aux questions liées à l’égalité des sexes et l’action climatique, le Gouvernement dispose d’un index de vulnérabilité climatique et a lancé une campagne de communication nationale sur les changements climatiques.  Une loi qui reconnaît les droits de la nature et les obligations de l’État vis-à-vis de la nature a par ailleurs été promulguée. 

Mme NASSÉNÉBA TOURE, Ministre de la femme, de la famille et de l’enfant de la Côte d’Ivoire, a indiqué que les femmes, qui représentent 70% de la force de travail agricole de son pays et qui produisent 90% des denrées alimentaires, sont prises en compte dans l’élaboration des politiques, des programmes et projets climatiques et environnementaux.  Dans le cadre de la lutte contre la COVID-19, le Gouvernement a encouragé la mise en œuvre « de bonnes pratiques des femmes » pour parvenir à la réduction des risques de catastrophe. 

Ces politiques et stratégies permettront notamment de mettre en œuvre des mesures de protection contre les risques climatiques dont bénéficieront 1,2 million de personnes, dont 50% de femmes, d’ici à 2030, a-t-elle précisé.  Il s’agit aussi de soutenir les secteurs agropastoraux et halieutiques résilients au climat, ce dont bénéficieront 975 000 personnes dont 50% de femmes, d’ici à 2030.  En outre, il faut réduire le brûlage à l’air libre des résidus agricoles à 15% d’ici à 2030; promouvoir l’aération intermittente des rizières inondées en permanence; restaurer les terres et les forêts dégradées, en impliquant les communautés locales et les femmes; et promouvoir des pratiques agricoles protégeant les sols en impliquant les fédérations agricoles féminines, a déclaré la Ministre en précisant qu’il existe notamment 53 coopératives avec plus de 10 000 femmes membres dans la filière café-cacao.  La Côte d’Ivoire a par ailleurs accepté d’abriter, du 9 au 20 mai prochain, la COP15 sur la lutte contre la désertification, « un enjeu capital » pour les pays dont l’économie est à dominante agricole, a indiqué Mme Toure. 

Mme DIVA GUZMÁN, Ministre du pouvoir populaire pour les femmes et l’égalité des sexes du Venezuela, a déclaré que la pandémie de COVID-19 a affecté la vie des femmes et des filles de manière disproportionnée, évoquant notamment les effets psychologiques et l’augmentation de la violence à leur encontre.  Dans le contexte de cette réalité complexe, elle a dénoncé l’impact négatif de l’imposition illégale et immorale de blocus économiques contre les pays du Sud.  Ces mesures affectent également négativement les femmes et les filles et constituent un crime contre l’humanité, a-t-elle affirmé. 

Soulignant que la planète et l’humanité ne peuvent être protégées que par des pratiques durables et non par le capitalisme, la Ministre a appelé à inclure les femmes dans tous les aspects de la production agricole et des domaines scientifiques connexes, ajoutant que leur inclusion contribue à la souveraineté alimentaire.  Elle a indiqué que dans la plupart des pays, les niveaux d’activité des femmes dans de nombreux domaines de la vie ont chuté pendant la pandémie, tandis que le Venezuela a connu une augmentation de leur participation, brisant ainsi l’impact du blocus économique actuel.  Le Venezuela a adopté des politiques sensibles au genre pour soutenir les entrepreneurs, notamment par le biais d’une banque pour les femmes, et met également en œuvre une nouvelle réforme pour garantir aux femmes une vie sans violence, a-t-elle déclaré, ajoutant que des efforts sont également en cours pour garantir leur accès à la justice.

Mme SMRITI ZUBIN IRANI, Ministre du développement de la femme et de l’enfant de l’Inde, a affirmé que le leadership des femmes joue un rôle clef dans la réalisation d’une nation autonome.  Cela ne pourra se faire que si les femmes et les filles deviennent elles-mêmes autonomes, a-t-elle souligné, avant de rendre hommage aux six millions de travailleuses indiennes de première ligne qui ont protégé la population pendant la pandémie de COVID-19, et aux femmes scientifiques indiennes qui ont contribué au développement d’un vaccin.  Cette Inde « renaissante », s’est enorgueillie la Ministre, est celle où 78,6% des femmes ont leurs propres comptes bancaires, où 43% des femmes sont propriétaires, et où 71% des femmes sont alphabétisées, contre 55% il y a une décennie et demie.  De surcroît, plus de 50% des étudiants en médecine en Inde sont des femmes et il y a plus de filles que de garçons inscrites dans l’enseignement supérieur, a-t-elle ajouté, faisant également état d’une présence accrue de femmes dans la vie publique, 1,45 million d’entre elles étant élues dans des organes locaux. 

Afin d’encourager l’emploi des femmes, un certain nombre de dispositions d’habilitation ont été incorporées dans les codes du travail récemment promulgués, a encore indiqué la Mme Irani, selon laquelle l’objectif recherché est d’améliorer les conditions de travail des femmes et de garantir un salaire égal pour un travail égal.  Le Gouvernement a d’autre part permis aux femmes d’intégrer des secteurs non conventionnels, tels que l’exploitation minière souterraine, et il encourage les femmes à devenir membres de l’armée et des forces de police.  Enfin, il a ouvert 704 centres de secours pour les femmes victimes de violences ou en détresse, et a fait modifier la loi sur les prestations de maternité afin de faire passer le congé maternel payé de 12 à 26 semaines pour les deux premiers enfants, ce dont ont déjà bénéficié 26 millions de femmes. 

Mme ARIUNZAYA AYUSH, Ministre du travail et de la protection sociale de la Mongolie, a fait savoir qu’au quatrième trimestre de 2021, le taux d’activité était de 65,6% pour les hommes, et de 51,9% pour les femmes.  Ces dernières représentent 63,7% de la population active mais quittent le marché du travail parce qu’elles doivent s’occuper de leurs enfants et des personnes âgées.  Les femmes consacrent 2,7 fois plus de temps aux tâches ménagères que les hommes, et le travail rémunéré ne réduit pas ce fardeau, a déploré la Ministre qui a relevé que le travail non rémunéré des femmes a un impact négatif sur leur participation au marché du travail surtout dans le contexte de la COVID-19. 

Elle a cité la « Vision 2050 », une initiative qui entend faire passer le taux d’activité à 70% en 2050 pour les deux sexes, notant que cet objectif dépendra fortement de la promotion de la participation des femmes au marché du travail.  Le Gouvernement a également pris des mesures pour lutter contre la pénurie d’établissements d’enseignement préscolaire et créer des services de garde d’enfants.  En outre, la loi sur le travail, révisée en 2022, interdit le harcèlement sexuel dans les relations de travail et règlemente le travail à temps partiel, le travail à domicile et à distance, ainsi que les nouvelles méthodes de travail adoptées durant la pandémie de COVID-19.  Le Gouvernement s’attèle aussi pour la première fois à mettre en œuvre un programme de soutien à l’emploi des femmes qui vise à présenter des services de garde d’enfants et à améliorer les compétences des femmes pour leur permettre de réintégrer le marché du travail.  Nous entendons également équilibrer l’égalité entre les hommes et les femmes dans les secteurs de l’éducation et la santé, a informé Mme Ayush. 

Mme NDEYE SALY DIOP DIENG, Ministre de la femme, de la famille, du genre et de la protection des enfants du Sénégal, a constaté les impacts négatifs des changements climatiques tels que les sécheresses persistantes et la dégradation des terres et d’autres phénomènes météorologiques extrêmes qui affectent profondément les écosystèmes, les ressources en eau, les secteurs du tourisme, l’agriculture et la pêche.  Cela contribue fortement à la dégradation des conditions de vie sociale, économique et environnementale des populations, en particulier des femmes et des filles, a-t-elle souligné, y compris en termes de justice, d’équité et d’égalité des sexes et des droits humains fondamentaux.  Pour y répondre, le Sénégal a notamment fait de l’ODD no 13 une priorité nationale.  Cette volonté est matérialisée dans le référentiel national en matière de développement social et économique, a expliqué la Ministre.  Le Plan Sénégal Émergent accorde une place importante à la prévention et à la gestion des risques de catastrophe, la promotion de l’équité et de l’égalité de genre et la lutte contre la dégradation des écosystèmes et les changements climatiques.  Un point focal national Genre et climat a par ailleurs été nommé auprès de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et un groupe de négociatrices Genre et climat a été formé pour rehausser le niveau de participation des femmes dans les délégations nationales aux négociations internationales.  La Ministre a conclu en réaffirmant l’engagement du Gouvernement sénégalais à prendre les mesures idoines pour renforcer la résilience des femmes et des filles en matière de changements climatiques et de gestion des risques et catastrophes ainsi que leur participation au processus décisionnel. 

Mme DAMARES ALVES, Ministre de la femme, de la famille et des droits humains du Brésil, a mis l’accent sur les efforts de son pays en matière de sensibilisation à la lutte contre les violences à l’égard des femmes.  Illustrant son propos, elle a indiqué que des opérations de police sont menées périodiquement dans tous les États du Brésil, précisant que 302 000 femmes ont été aidées et 7 000 agresseurs arrêtés.  Elle a aussi cité la construction de 23 nouveaux centres d’accueil de femmes victimes de violence.  Une nouvelle campagne visant à encourager les femmes à participer à la vie politique a par ailleurs été lancée.  « Nous fournissons des millions de dollars de crédits aux femmes entrepreneurs », a-t-elle encore ajouté avant de citer un programme ayant permis à 150 000 femmes en situation de vulnérabilité d’accéder au marché du travail en les aidant à concilier activité professionnelle et vie familiale.  Tout en soulignant l’importance de la promotion de la santé reproductive des femmes, la Ministre s’est opposée au recours de l’avortement comme méthode de planification familiale. 

Mme GISELE NDAYA LUSEBA, Ministre du genre, de la famille et de l’enfance de la République démocratique du Congo, a déclaré que l’égalité femmes-hommes doit être un déterminant central de toute tentative de règlement des problèmes sociaux.  Elle a assuré que son pays s’efforce de suivre les recommandations de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, organisée en 1995 à Beijing.  Dans ce cadre, il lutte pour l’élimination contre toutes les formes de discrimination à l’encontre des femmes et a promulgué des lois pour améliorer la condition des femmes dans tous les domaines.  En outre, le Gouvernement congolais collabore étroitement avec la société civile pour renforcer l’autonomisation et les capacités des femmes.  Ses priorités, a précisé la Ministre, sont orientées vers l’élimination de la pauvreté, la création de services sociaux de qualité, la lutte contre les violences faites aux femmes, l’augmentation de la participation des femmes et la protection de l’environnement.  Elle a toutefois reconnu que beaucoup reste à faire pour atteindre les objectifs de Beijing, des défis tels que la pandémie de COVID-19, les conflits persistants, la traite des personnes et les changements climatiques venant encore alourdir le fardeau des femmes et des filles, en particulier en Afrique. 

Mme MARIAM BINT ALI BIN NASSER AL-MISNAD, Ministre du développement social et de la famille du Qatar, a noté que les crises climatiques et de la COVID-19 se chevauchent et représentent en défi majeur pour la réalisation de l’égalité entre les sexes.  Les changements climatiques sont une priorité nationale du Qatar qui a d’ailleurs accueilli la COP18 en 2012, a-t-elle rappelé.  Elle a expliqué que l’accent a été mis sur l’autonomisation économique des femmes, leur participation politique et leur droit à l’éducation.  Elles représentent désormais 57% de la force active de travail et 70% des étudiants dans les domaines STIM et des TIC, s’est-elle félicitée.  Dans le monde des affaires, les femmes représentent 15% de la force de travail et le Qatar compte actuellement trois femmes ministres.  Le Gouvernement a pris des mesures pour appuyer le travail à temps partiel des femmes, a indiqué Mme Al-Misnad qui a aussi cité la création d’un ministère pour l’environnement et les changements climatiques qui prend en compte la parité entre les sexes.

M. BRONTO SOMOHARDJO, Ministre de l’intérieur du Suriname, a noté que la réponse aux défis actuels, notamment la pandémie de COVID-19 et les changements climatiques, nécessite une coopération intensifiée et la promotion d’une approche proactive, ainsi que des politiques sensibles au genre à tous les niveaux.  Il a également appelé à promouvoir l’inclusion des femmes, en tant qu’agentes de changement, dans tous les efforts de relèvement.  Notant que son pays a été confronté à des carences financières et économiques, y compris un lourd fardeau de la dette à la suite de COVID-19, il a passé en revue plusieurs mesures politiques et initiatives prises au niveau national en faveur de la promotion des droits des femmes.  Le Suriname mise notamment sur le renforcement des partenariats avec, entre autres, les agences des Nations Unies, le secteur privé et les organisations de la société civile, et la publication d’informations sur les services disponibles en matière de violence sexiste par le biais de la diffusion de vidéos, de programmes radio et d’affiches dans tout le pays.  Une unité de signalement du harcèlement sexuel sur le lieu de travail a également été mise en place et une loi sur la protection du travail familial a été promulguée.

Mme FAUSTINA FERNANDES INGLES DE ALMEIDA ALVES DE SOUSA, Ministre de l’action sociale, de la famille et de la promotion de la femme de l’Angola, a indiqué que, soucieux de permettre aux femmes de s’autonomiser dans le contexte de la crise climatique, le Gouvernement angolais a élaboré une politique nationale d’égalité des sexes ainsi qu’une stratégie de lutte contre les changements climatiques et de préservation de la biodiversité.  Ses politiques et programmes en la matière s’appuient sur un budget national sexosensible, a précisé la Ministre.  Constatant que le continent africain est le plus vulnérable aux changements du climat alors même qu’il est celui qui y a le moins contribué, elle a jugé urgent d’agir au niveau mondial pour permettre la concrétisation des engagements pris face à ces dérèglements et aux catastrophes induites.  En Angola, a-t-elle indiqué, un effort particulier est mené en faveur du secteur agricole, qui est très exposé aux effets climatiques.  L’élevage, le secteur forestier, la pêche et l’agriculture représentent en effet les moyens de subsistance de plus de 5,5 millions de personnes, en majorité des femmes.  Le Gouvernement angolais s’engage par ailleurs à prévenir les violences à l’égard des femmes et des filles, notamment en réduisant les incidences environnementales sur leur vie.  Pour la Ministre, les femmes peuvent jouer un rôle essentiel en termes d’adaptation et d’atténuation car elles disposent des connaissance pratiques et sont à l’origine de solution durables. 

Mme ANTONIA ORELLANA GUARELLO, Ministre des femmes et de l’égalité des sexes du Chili, a déclaré que la politique étrangère « féministe » du pays est consacrée notamment à la lutte contre la crise climatique.  Elle a exhorté à redoubler d’efforts pour mettre en œuvre l’Accord de Paris, limiter l’augmentation de la température mondiale à moins de 1,5°C et renforcer les capacités d’adaptation et de résilience au climat.  Le Chili est l’un des pays les plus exposés aux conséquences de la crise climatique à cause de sa géographie, a rappelé la Ministre demandant que les réponses à la crise climatique se fassent à la lumière des circonstances nationales.  Elle a aussi invité à prendre en compte les impacts différenciés des changements climatiques sur les hommes et les femmes.  Le Gouvernement a d’ailleurs entamé un processus de collecte de données pour avoir une approche sexospécifique de la planification et de l’exécution de politiques, des projets et d’actions visant à lutter contre les changements climatiques.  Le Gouvernement s’efforce également d’intégrer dans cette lutte les femmes vivant à la campagne et les femmes autochtones, afin qu’elles apportent des solutions et des réponses innovantes au phénomène de la crise climatique.

Mme MARGARET KOBIA, Secrétaire du Gouvernement pour les services publics, le genre, les personnes âgées et les programmes spéciaux du Kenya, a indiqué que son pays subit déjà les impacts négatifs des changements climatiques.  Plusieurs politiques et plans sectoriels ont été mis en place pour y faire face avec une enveloppe budgétaire de 2 milliards de dollars allouée en 2020.  En outre, le Kenya a un ministère pour l’égalité des sexes et différentes mesures ont été prises pour intégrer le genre dans les politiques et plans d’action climatique, a-t-elle expliqué.  Il faut mettre en place une réponse intergénérationnelle, a estimé la représentante insistant notamment sur la place des femmes dans la résilience climatique.  Le Gouvernement kényan vise en outre à garantir un développement agricole durable pour assurer la sécurité alimentaire, a-t-elle indiqué en précisant dans ce contexte que les femmes représentent 75% de la force de travail agricole. 

Mme FATOU KINTEH, Ministre du genre, de l’enfance et de la protection sociale de la Gambie, a déclaré que les changements climatiques, menace fondamentale pour les pays, les peuples et les moyens de subsistance, n’ont été qu’exacerbés par la pandémie de COVID-19, et ont un impact négatif sur le développement national et les efforts de réduction de la pauvreté.  Dans ce contexte, le Gouvernement a mis en place une stratégie à long terme pour lutter contre les changements climatiques et les émissions de gaz à effet de serre, qui comprend des efforts en matière d’assainissement de l’eau, d’atténuation des déchets solides et liquides et de création d’infrastructures de pêche intelligentes pour protéger le fragile écosystème marin.  Le Gouvernement s’est également efforcé de renforcer la capacité des individus à réagir aux risques de catastrophe tout en tenant compte des questions de genre, les catastrophes naturelles affectant différemment les hommes, les femmes et les enfants.

Mme ADJOVI LOLONGNO APEDOH-ANAKOMA, Ministre de l’action sociale, de la promotion de la femme et de l’alphabétisation du Togo, a indiqué que, face aux effets négatifs des changements climatiques, son pays a mis en œuvre des actions ciblées, en particulier dans les secteurs de l’énergie, des transports, de la foresterie et de l’agriculture, et ce, en veillant à la participation effective des femmes et des filles à toutes les étapes du processus.  Faisant état d’efforts menés sur les plans juridique, stratégique et institutionnel, elle a assuré que ces mesures ont donné lieu à des réalisations concrètes, notamment en matière de renforcement des capacités des femmes pour l’atténuation des effets des changements climatiques.  Un programme national d’investissement agricole et de sécurité alimentaire et nutritionnelle a également été lancé, avec un appui technique et matériel aux acteurs du secteur de la pêche et de l’aquaculture, où les femmes représentent 54,5% de la main d’œuvre.  S’agissant de l’utilisation des énergies renouvelables, a poursuivi la Ministre, le Togo a créé une centrale solaire photovoltaïque pour fournir de l’électricité à 600 000 ménages et à 700 petites et moyennes entreprises, un domaine majoritairement occupé par les femmes. 

Pour ce qui est de la participation des femmes et des filles dans la riposte aux changements climatiques, le Gouvernement s’emploie à renforcer le leadership des femmes dans la gestion des ressources environnementales et naturelles, tout en mettant en œuvre un projet de réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts, dont les bénéficiaires sont à 65% des femmes, a signalé la Ministre.  Pour arriver à ces résultats, a-t-elle ajouté, des efforts ont été consentis tant par les pouvoirs publics, les partenaires au développement, les organisations de la société civile et les communautés que par les femmes elles-mêmes.  Ces efforts vont se poursuivre car les défis sont encore grands et les enjeux importants, a noté Mme Apedoh-Anakola, assurant qu’ils bénéficieront de la participation de de toute la société togolaise, y compris des femmes, « premières actrices de développement ». 

Mme AMINA PRISCILLES LONGOH, Ministre de la femme, de la famille et de la protection de l’enfance du Tchad, a expliqué que le Conseil militaire de transition mis en place après l’assassinat du Président Idriss Déby en 2021 a continué de mettre en œuvre des lois, politiques et mécanismes de promotion et d’autonomisation des femmes.  Des efforts sont déployés pour permettre aux filles d’avoir accès à l’éducation, et les femmes occupent par ailleurs 33% de sièges du Parlement tchadien.  Elle a aussi assuré de la ferme volonté du Gouvernement de faire face aux mutilations génitales et aux mariages précoces, alertant en outre que la pandémie de COVID-19 a eu un impact négatif accru sur les femmes et les filles.  La Ministre s’est par ailleurs inquiétée des conséquences de la crise libyenne sur les femmes tchadiennes en prévenant qu’une évacuation non organisée des mercenaires présents en Libye pourrait avoir de terribles répercussions sur les femmes et les filles de la sous-région. 

Mme PAULINE TALLEN, Ministre des affaires féminines du Nigéria, a fait état des mesures importantes prises par son pays en faveur de l’autonomisation des femmes et de la parité entre les sexes, mais également dans le domaine de la lutte climatique afin de réduire les vulnérabilités du pays face aux risques climatiques pour les femmes.  Le Plan d’action national sur le genre et le climat en est la feuille de route au Nigéria, et la Stratégie 2021-2030 pour les changements climatiques promeut elle aussi un développement économique sexosensible, a indiqué la Ministre précisant que le Nigéria s’est également doté d’un cadre juridique pour promouvoir l’égalité des sexes dans tous les domaines.  Parmi les projets en cours, Mme Tallen a cité la Grande Muraille verte ainsi que de la mise en place de pratiques agricoles vertes.  En outre, une plateforme innovante pour la jeunesse a été mis en place pour recueillir leurs idées sur la lutte climatique et un programme a été lancé pour planter des millions d’arbres dans le pays.  Le Gouvernement encourage aussi l’utilisation du gaz au lieu du bois pour cuisiner, et mise en outre sur la production d’engrais organiques et des efforts éducatifs pour sensibiliser les jeunes aux enjeux des changements climatiques.  Les femmes doivent cependant encore être mieux représentées dans les instances décisionnelles sur le climat, a souligné la Ministre.

Mme MAITE NKOANA-MASHABANE, Ministre de la femme, de la jeunesse et des personnes handicapées de l’Afrique du Sud, a dit que les changements climatiques, environnementaux et les catastrophes naturelles menacent les moyens de subsistance des femmes et des jeunes filles dans les zones rurales en Afrique.  Ces dernières étant aussi les moteurs de changement du fait qu’elles cherchent des solutions durables, il faut assurer leur pleine participation égale et effective dans tous ces domaines y compris dans les positions de leadership.  Elle a ensuite appelé la Commission à adopter des mesures permettant d’inclure les perspectives de genre aux changements climatiques ainsi que dans les politiques de gestion des risques environnementaux et des risques de catastrophe, regrettant le retard à ce sujet. 

Mme Nkoana-Mashabane a par ailleurs appelé les pays développés à respecter leurs obligations et leurs engagements en matière de financement climatique.  Les programmes d’atténuation, d’adaptation, de transfert de technologie et de financement devraient répondre aux besoins des femmes et des jeunes filles, a-t-elle souligné.  Elle a fait savoir que l’Afrique du Sud a amendé sa loi sur la gestion des catastrophes afin d’assurer l’inclusion de mesures spécifiques pour répondre aux besoins des femmes, des enfants, des personnes âgées et des personnes handicapées.  Il faut également renforcer la résilience des femmes en matière de protection sociale, d’enseignement, de développement et de l’agriculture ainsi que dans le cadre d’une transition à une économie sobre en carbone.  L’Afrique du Sud a également adopté des lois visant à lutter contre la violence sexiste et sexuelle ainsi qu’un plan stratégique pour faire face à ce fléau.

Mme MAYRA JIMENEZ, Ministre de la femme de la République dominicaine, a dit qu’en tant que pays en développement, son pays connaît de nombreux défis qui sont compliqués et aggravés par les effets néfastes des changements climatiques, notamment les ouragans.  Ces risques ne sont pas neutres du point de vue du genre, a regretté la Ministre en expliquant que les femmes et les filles sont particulièrement vulnérables face aux effets des changements climatiques, qu’il s’agisse de s’assurer une existence sans violence ou simplement de satisfaire leurs moyens de subsistance.  Pour y remédier il faut associer les femmes à la prise de décisions et aux actions climatiques, a-t-elle recommandé.  C’est dans cet esprit que la perspective de genre a été intégrée comme ligne stratégique transversale dans les politiques climatiques de la République dominicaine qui mise sur le rôle d’agent de changement de la femme.  Le Plan d’action pour l’égalité des sexes et l’action climatique est la feuille de route, notamment pour faciliter l’accès des femmes rurales à l’information et à la formation ainsi que leur participation à la planification environnementale.  La femme est placée au centre des stratégies d’adaptation et d’atténuation des effets des changements climatiques, mais, a souligné la Ministre, l’efficacité de toutes ces mesures dépend en partie de meilleures données ventilées par sexe.

Mme MARIAM ALMHEIRI, Ministre des changements climatiques et de l’environnement des Émirats arabes unis, a déclaré que la crise des changements climatiques est l’une des menaces les moins conventionnelles auxquelles la communauté internationale est confrontée aujourd’hui, une crise qui doit être surmontée dans un cadre multilatéral, avec la participation des femmes et des filles.  Le phénomène a des effets inégaux sur les différentes régions et les individus, tandis que les inégalités chroniques augmentent les risques pour les groupes défavorisés, qui sont souvent les plus touchés par les conséquences des changements climatiques et les moins bien équipés pour y faire face.  Les femmes des régions pauvres subissent des risques et des charges plus importants, comme celles qui vivent dans les pays en développement et qui dépendent des ressources locales et naturelles pour l’eau et la nourriture.  Dans ce contexte, la Ministre a indiqué que, dans son pays, les femmes et les conseils pour l’équilibre entre les sexes renforcent l’autonomie des femmes et leur permettent de jouer un rôle efficace et influant dans les processus de développement.  En outre, les Émirats arabes unis ont vu comment la garantie d’une participation politique effective des femmes permet au Gouvernement de répondre aux besoins des citoyens et des résidents.

Mme JEANNETTE BAYISENGE, Ministre du genre et de la promotion de la famille du Rwanda, a indiqué que la politique nationale sur le genre a été révisée en 2021 dans le cadre de la Vision 2050 qui articule l’orientation stratégique à long terme pour « le Rwanda que nous voulons ».  Plusieurs politiques ont été adoptées pour régir les différents aspects de la gestion de l’environnement et des ressources naturelles en tenant compte de l’égalité entre les sexes, y compris la politique foncière, la politique forestière, la politique des mines et de la géologie ainsi que la politique de la biodiversité. 

« Malgré les progrès réalisés dans les politiques et programmes liés à l’égalité des sexes et à l’environnement, il existe encore des lacunes qui éclairent nos prochaines stratégies », a reconnu la Ministre avant de préciser que les femmes représentent 61% de la main-d’œuvre du secteur agricole.  Citant des statistiques qui révèlent que les femmes passent beaucoup plus de temps à s’occuper du travail domestique et ont peu de temps pour se consacrer aux formations, elle a indiqué que le Gouvernement du Rwanda a développé des solutions sur mesure pour remédier à cette situation.  Elle a aussi cité la création en 2012 d’un fonds national pour l’environnement (FONERW) qui a depuis mobilisé 217 millions de dollars autour de 46 projets.  La Ministre a ajouté que les femmes ont souvent un solide corpus de connaissances et d’expertise qui peut être utilisé pour appuyer les stratégies d’atténuation des changements climatiques, de réduction des catastrophes et d’adaptation.  En conclusion, la Ministre a invité les États Membres à participer au Forum des femmes du Commonwealth qui aura lieu à Kigali en marge de la réunion des chefs d’État et de gouvernement du Commonwealth (CHOGM) en juin 2022, ainsi qu’à la Conférence Women Deliver 2023. 

M. DEAN JONAS, Ministre de la transformation sociale, du développement des ressources humaines et de l’économie bleue d’Antigua-et-Barbuda, a appelé à l’adoption de l’approche genre dans le cadre de l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques.  Il faut notamment s’assurer que les femmes soient écoutées, non seulement en tant que victimes, mais également en tant que partenaires de la lutte contre les changements climatiques, a-t-il plaidé.  Il a de ce fait appelé à autonomiser davantage les femmes et jeunes filles à travers le monde sur les questions d’environnement en général, et plus particulièrement sur la question des changements climatiques. 

Mme JESSICA YAOSKA PADILLA LEIVA, Ministre de la femme du Nicaragua, a assuré que son pays, de par sa situation géographique, est très sensible aux effets des changements climatiques et que son gouvernement s’efforce d’intégrer l’action climatique dans la lutte contre la pauvreté, en soutenant le rôle actif des femmes et en renforçant leur adaptation et leur résilience.  À cette fin, a-t-elle indiqué, le pays a mis à jour sa politique nationale de lutte contre les changements climatiques pour la période 2022-2026, tout en incluant la gestion du climat dans son plan national de lutte contre la pauvreté.  Dans ce cadre, un effort particulier est fait pour favoriser un modèle d’économie familiale et communautaire ainsi qu’une production diversifiée et soucieuse de l’environnement, a poursuivi la Ministre, qui a fait état d’un projet de développement durable des moyens de subsistance des familles rurales dans le couloir sec du Nicaragua.  Son objectif est d’augmenter le revenu familial, d’améliorer la sécurité alimentaire et d’aider ces familles à s’adapter aux changements climatiques, notamment en facilitant l’accès à l’eau, a-t-elle expliqué. 

Le Nicaragua développe également un programme d’adaptation aux évolutions des marchés et aux effets des changements climatiques, qui vise à faciliter l’accès aux technologies et à renforcer les capacités de production des familles de producteurs.  Le Gouvernement a aussi lancé un projet d’appui à l’augmentation de la productivité et de la sécurité alimentaire et nutritionnelle sur la côte caraïbe, tout en élargissant le système national de prévention, d’atténuation et d’attention aux catastrophes.  Enfin, le Nicaragua a renforcé son système de santé publique, devenant le pays d’Amérique centrale doté du plus grand réseau hospitalier, avec notamment 24 nouveaux hôpitaux et 181 nouvelles maternités.  Le pays a ainsi réduit la mortalité liée au cancer du sein de 68% et abaissé le nombre de cancers de l’utérus de 56%, s’est enorgueillie la Ministre. 

Mme MANTY B. TARAWALLI, Ministre du genre et de l’enfance de la Sierra Leone, a mentionné un projet de loi sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes en attente de promulgation par le Parlement national qui, une fois promulgué, devrait contribuer à un énorme changement dans la lutte contre les déséquilibres entre les sexes tant dans le domaine politique que les domaines social et économique.  Il assurera un minimum de 30% de représentation des femmes dans les élections et aux postes nominatifs; et contribuera à promouvoir l’égalité des sexes dans les domaines de l’emploi, la formation, l’éducation, l’accès au financement et le budget grâce à l’intégration de la perspective du genre, a expliqué la Ministre.  Un autre projet sur deux ans a été développé pour mettre en place des structures pérennes qui faciliteront l’élaboration et le suivi de budgets ventilés par sexe et intégrer les questions de genre dans toutes les politiques, législations et programmes sectoriels.  Pour s’attaquer à la violence sexiste, la Sierra Leone a adopté notamment des lois sur les droits de l’enfant et l’harmonisation de l’âge minimum pour le mariage.  La Ministre a également évoqué des mesures supplémentaires comme l’introduction d’une éducation sexuelle intégrée aux programmes d’éducation de base, l’opérationnalisation d’un numéro gratuit contre le viol et de centres OneStop pour la fourniture de services complets gratuits centrés sur les survivants des violences sexuelles, la création de centres de santé sexuelle et reproductive pour prendre en charge les adolescents et la planification familiale, et la mise en place du premier tribunal modèle pour les infractions sexuelles qui traite les affaires de viol en un temps record.  Toutes ces mesures attestent de la volonté de la Sierra Leone de s’attaquer de manière décisive à la question des violences à l’égard des femmes et des filles en vue d’y mettre fin, a fait valoir la Ministre.  Elle a également réaffirmé l’attachement de son pays au Programme pour les femmes et la paix et la sécurité.

Mme MARISE PAYNE, Ministre des affaires étrangères et Ministre de la condition féminine de l’Australie, a rappelé que les Australiens connaissent bien les défis posés par les risques naturels, tels que les inondations, les sécheresses, les feux de brousse et les cyclones.  Nous avons donc fait de la réduction des risques de catastrophe une priorité au niveau national et dans toute notre région, a-t-elle déclaré, notant que les efforts de prévention, de préparation, de réponse, de rétablissement et de reconstruction sont plus efficaces lorsque les personnes qui prennent les décisions et qui agissent sont représentatives de toutes les couches de la société.  Les femmes de nos communautés ont fait preuve d’une grande résilience face aux récentes inondations, en se portant volontaires pour soutenir les efforts de réponse et de récupération et en rassemblant leurs communautés, a-t-elle par ailleurs indiqué. 

L’Australie aide également les femmes à jouer un rôle de premier plan dans la préparation et la réponse aux catastrophes dans le Pacifique par l’intermédiaire de son programme de résilience des femmes face aux catastrophes dans le Pacifique qui vise à mobiliser les capacités féminines, en soutenant leur leadership et en travaillant à l’égalité entre les sexes dans les efforts de réduction des risques de catastrophe, a encore expliqué la Ministre. 

Mme ROSY AKBAR, Ministre des femmes, des enfants et de latténuation de la pauvreté des Fidji, a déclaré que pour 2022/2026, son gouvernement entend se focaliser sur trois priorités stratégiques de l’autonomisation des femmes: la lutte contre toutes les formes de violence à l’égard des femmes et filles; la promotion de leur autonomisation économique; et leur résilience aux catastrophes.  Pour parvenir à des résultats positifs, la Ministre a mentionné la budgétisation sexospécifique, ainsi que la collecte et la dissémination de données par sexe, y compris sur la lutte contre les changements climatiques.  Venant d’un pays qui a connu plusieurs catastrophes naturelles ces dernières années, la Ministre a exhorté la communauté internationale à matérialiser l’objectif de 1,5 degré Celsius de manière irréversible. 

M. OWEN BONNICI, Ministre de l’égalité, de la recherche et de l’innovation de Malte, a tout d’abord exprimé sa solidarité avec l’Ukraine et son peuple, condamnant dans les termes les plus fermes l’agression militaire de la Fédération de Russie.  Il a ensuite constaté que, des conflits aux catastrophes naturelles, nous sommes constamment confrontés à des réalités qui, entre autres problèmes, mettent en évidence les profondes inégalités entre les sexes enracinées dans nos sphères sociales, politiques et économiques.  Il a assuré que l’intégration de la perspective genre et la représentation égale des femmes et des filles à tous les niveaux, y compris en matière de paix et de sécurité, seront une priorité de son pays s’il est élu au Conseil de sécurité pour la période 2023-2024. 

Mon pays, a-t-il dit, s’est saisi de la question des inégalités entre hommes et femmes au travers de plusieurs initiatives législatives et politiques.  Malte offre ainsi une garde d’enfants gratuite, avant et après les heures d’école, et propose des avantages sociaux pour concilier vie professionnelle et vie familiale.  Ces mesures ont entraîné une augmentation de 15,8% du taux d’emploi des femmes entre 2013 et 2018.  Face à la réalité environnementale, le Ministre a prôné des politiques permettant de renforcer la résilience et de favoriser les économies vertes et bleues ainsi que les transitions sensibles au genre.  À cet égard, il a indiqué que Malte a modifié sa Constitution en 2021 pour réserver aux femmes 40% des sièges à la Chambre des représentants.  Le pays élabore également sa première stratégie nationale sur l’égalité des sexes, qui devrait être lancée au deuxième trimestre de cette année. 

Mme AMEL BELHAJ MOUSSA, Ministre des femmes, des enfants, de la famille et des personnes âgées de la Tunisie, a souligné d’emblée que son pays n’est pas à l’abri des impacts néfastes des changements climatiques qui se traduisent notamment par l’augmentation constante des températures, la diminution des précipitations et l’élévation du niveau de la mer.  La Tunisie appartient à la région méditerranéenne, l’un des points chauds des changements climatiques dans le monde, un phénomène qui représente une menace croissante pour l’économie et les efforts de développement au niveau national, a rappelé la Ministre.  La Ministre a mis en exergue l’interdépendance entre le genre et les changements climatiques, une question essentielle dont il faut tenir compte dans la formulation des politiques de développement pour veiller à ce que les citoyennes et citoyens soient égaux en droits, en devoirs et devant la loi sans discrimination, a-t-elle souligné en expliquant que cela a été énoncé dans la Constitution tunisienne de 2014.  La législation prévoit également le devoir de l’État d’assurer la sécurité du climat en relation avec le développement durable et le droit à un climat et un environnement sains.  La Tunisie a intégré l’égalité des sexes, les objectifs de développement durable et la lutte climatique dans les politiques, programmes et projets publics à travers les orientations gouvernementales pour l’élaboration du budget de l’État en 2022 et dans l’élaboration des orientations des plans de développement 2023 et 2025.  À titre d’exemple, la Ministre a cité le programme des Femmes Leaders, récemment annoncé à l’occasion de la Journée internationale de la femme, qui vise à promouvoir l’initiative économique des femmes.  La Tunisie a toujours été un pays pionnier pour les questions relatives aux femmes, a rappelé la Ministre en conclusion.

Mme DOROTHY GWAJIMA, Ministre du développement communautaire, du genre, de la femme et des groupes spéciaux de la République-Unie de Tanzanie, a dit que son gouvernement respecte son engagement dans le cadre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, d’atteindre l’objectif de 50% dans les postes de responsabilité et de prise de décisions.  Les ministères stratégiques tels que les affaires étrangères, la défense, la santé, le développement communautaire et l’industrie sont dirigés par des femmes.  L’Assemblée nationale est présidée par une femme et une femme occupe le poste de vice-présidente à la Chambre des représentants de Zanzibar dont le chef de l’exécutif est une femme.  En outre, les femmes représentent 43% des juges et 37% des parlementaires.  Qui plus est, la République-Unie de Tanzanie est maintenant dirigée par une Présidente, Mme Samia Suluhu Hassan, qui fait un excellent travail, a-t-elle souligné.

Poursuivant, la Ministre a indiqué que la République-Unie de Tanzanie met en avant les secteurs prioritaires pour l’adaptation et l’atténuation aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles en tenant compte de l’égalité des sexes, la bonne gouvernance et des solutions fondées sur la nature.  Le Gouvernement a adopté un certain nombre de lois sur la gestion de l’environnement, la politique nationale de l’environnement et la gestion des catastrophes qui favorisent l’amélioration, la protection, la conservation et la gestion de l’environnement.  La République-Unie de Tanzanie, a ajouté Mme Gwajima, promeut également l’utilisation de ressources énergétiques alternatives qui ont contribué à réduire le fardeau de la charge de travail des femmes.

Mme FOUNE COULIBALY WADIDIE, Ministre de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille du Mali, a affirmé que les changements climatiques constituent l’une des causes principales et profondes de la crise sécuritaire au Mali et dans le Sahel, avec leurs impacts néfastes sur les conditions des femmes et des filles.  À ces défis sécuritaires et environnementaux, se sont ajoutés les effets des sanctions « illégales et injustes » imposées par des organisations sous régionales et régionales, a dit la Ministre, fustigeant des mesures qui affectent le quotidien de toutes les populations, particulièrement les femmes et les filles, également victimes de la pandémie de COVID-19.

La Ministre a expliqué que les contraintes économiques et les normes culturelles font que les moyens de subsistance des femmes dépendent de secteurs sensibles au climat, comme l’agriculture vivrière et l’exploitation des ressources forestières.  Pour renforcer leur résilience, le Mali a entrepris des actions stratégiques en matière d’égalité des sexes et d’autonomisation des femmes, en les adaptant aux changements climatiques et à la réduction des risques environnementaux et de catastrophes.  Dans cette dynamique, le Mali vient de finaliser l’élaboration d’une seconde génération de contribution déterminée au niveau national (CDN), qui intègre le volet genre comme une thématique essentielle de toute politique d’adaptation et d’atténuation face aux changements climatiques.  La Ministre a appelé la communauté internationale à aider son pays à régler la crise sécuritaire et à réussir son processus de refondation.

Mme ERGOGIE TESFAYE, Ministre des femmes et des affaires sociales de l’Éthiopie, a déclaré que le sort de la planète dépend de la sagesse collective et de réponses adéquates aux conséquences climatiques, qui affectent particulièrement les pays en développement.  Pour de nombreuses femmes et filles, a-t-elle observé, le fardeau est plus lourd en raison des inégalités historiques et de leur manque d’accès à des informations et à des connaissances importantes.  L’agriculture et le pastoralisme sont très vulnérables au réchauffement climatique, ainsi qu’à l’intensité croissante des sécheresses et autres catastrophes, a-t-elle rappelé.  La Ministre a fait remarquer que les femmes jouent également un rôle irremplaçable dans la protection de l’environnement et qu’elles sont soucieuses de l’environnement dans leur consommation et leur mode de vie tout en étant à l’avant-garde de l’élaboration de moyens de subsistance durables.  Elle a cité en exemple leur participation aux efforts de l’Éthiopie pour promouvoir la plantation d’arbres.  L’Éthiopie a parcouru un long chemin dans la réduction de la pauvreté et le rôle des femmes dans l’économie formelle s’est accru, a fait valoir la Ministre avant d’appeler à toujours associer les femmes à l’action climatique et à la réalisation des objectifs de développement durable. 

Mme AMAL HAMAD, Ministre de la condition féminine de l’État de Palestine, a dénoncé la Puissance occupante qui procède à des arrestations arbitraires et à la privation des services de base des Palestiniens.  Depuis 2021, 65 femmes ont été martyrisées et 75 ont été blessées.  Quelque 230 femmes sont détenues dans des conditions difficiles.  L’État de Palestine, a affirmé la Ministre, a pris des mesures pour l’égalité homme-femme, la prolongation du congé maternité et la pension de retraite.  Il a aussi mis en œuvre des mesures pour assurer la justice environnementale, en ouvrant aux organisations féminines l’accès aux énergies vertes.  Le Gouvernement mène des projets de désalinisation de l’eau et de lutte contre les changements climatiques. 

L’État de Palestine, a poursuivi la Ministre, est confronté à des mesures arbitraires mises en place par la Puissance occupante.  Les Palestiniennes portent 87% du fardeau du travail agricole mais elles font face à des problèmes de sécurité hydrique, en particulier à Gaza, frappée par des coupures d’électricité.  La colonisation est le principal facteur d’injustice climatique car les ressources naturelles sont confisquées par colons qui déversent en retour pesticides et déchets chimiques.  Nous ne pouvons pas assurer notre développement sans justice, a insisté la Ministre, en demandant à la communauté internationale « justice pour la Palestine ». 

Mme UMA REGMI, Ministre de la femme, de l’enfance et des personnes âgées du Népal, a déclaré que le thème prioritaire de cette année, la crise climatique, met en lumière ce multiplicateur de menaces pour les femmes.  Elle a rappelé que la protection des femmes est inscrite dans la Constitution népalaise même.  Elle a déclaré que son pays est un pionnier en Asie du Sud-Est du fait de l’importance qu’il accorde aux droits des femmes, comme en témoignent l’adoption prochaine du deuxième plan national relatif à la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité et ses engagements en tant que membre du Conseil des droits de l’homme de l’ONU.  Enfin, la Ministre a tenu à rappeler que, malgré une contribution négligeable aux changements climatiques, la fonte des glaciers met des millions de Népalais et de Népalaises en danger.

M. NGOC DUNG DAO, Ministre du travail, des invalides et des affaires sociales du Viet Nam, a rappelé que son pays, conscient de longue date de la gravité des changements climatiques, a ratifié un large éventail de conventions et accords sur cette question, tout en concrétisant ses engagements.  Il a ainsi mis en œuvre, au cours des 10 dernières années, un nombre considérable de politiques, stratégies et programmes nationaux sur la réponse aux changements climatiques, la prévention des catastrophes et la croissance verte.  Dans ce cadre, a souligné le Ministre, les contributions et recommandations de femmes et d’organisations représentatives des femmes ont permis de mieux prendre en compte les besoins des femmes, notamment en matière d’adaptation aux changements climatiques.  À cet égard, il a rappelé que le Viet Nam a été à l’initiative d’une résolution des Nations Unies sur les droits de l’homme et les changements climatiques, qui appelle tous les États à adopter une stratégie globale et une approche sensible au genre pour l’adaptation et l’atténuation, afin de soutenir la résilience des femmes et des filles.  De plus, le pays a récemment soumis au Secrétariat de la CCNUCC sa contribution déterminée au niveau national, dans laquelle l’égalité de genre est transversale et mise en évidence de manière significative.  Lors de la COP26, a poursuivi le Ministre, le Viet Nam s’est en outre engagé à parvenir à zéro émission nette d’ici à 2050, afin d’obtenir des résultats non seulement en matière de lutte contre les changements climatiques, mais aussi dans les domaines de la sécurité sociale et de l’égalité des sexes. 

Mme SEIKO NODA, Ministre chargée de l’autonomisation des femmes et Ministre d’État pour l’égalité des genres du Japon, a constaté que les problèmes de genre sont amplifiés dans les contextes de catastrophe, les femmes étant confrontées au fardeau de l’augmentation des tâches ménagères, l’éducation des enfants, la prestation de soins, tout en étant exposées à la violence domestique ainsi qu’à la violence sexuelle.  Relevant que le risque de catastrophes liées aux conditions météorologiques causées par les changements climatiques mondial n’a cessé d’augmenter, elle a jugé impératif d’intégrer les changements climatiques aux stratégies de réduction des risques de catastrophe.  Une perspective de genre doit aussi être intégrée dans toutes les politiques et mesures en temps normal, a martelé la Ministre. 

Elle a rappelé qu’en raison des conditions géographiques et autres, le Japon est sujet aux catastrophes naturelles telles que les typhons et les pluies torrentielles en plus des tremblements de terre et des tsunamis.  Tirant les leçons du tremblement de terre de 2011, le Japon accélère les initiatives visant à intégrer une perspective de genre dans ses politiques de réduction du risque de catastrophe, en en faisant également l’un des piliers de son plan national pour une société égalitaire entre les sexes, qui a été formulé en 2020.  La Ministre a expliqué que le Gouvernement encourage davantage de nomination de femmes au sein des conseils locaux de gestion des catastrophes et qu’il a compilé un ensemble de lignes directrices auxquelles les responsables des gouvernements locaux peuvent se référer lors de la planification et la mise en œuvre des mesures de réduction du risque de catastrophe.  Ces lignes directrices soulignent l’importance d’intégrer une perspective de genre dans toutes les mesures de réduction du risque de catastrophe, non seulement en période de catastrophe mais aussi en temps normal, a indiqué la Ministre. 

Mme MARYNA LAZEBNA, Ministre de la politique sociale de l’Ukraine, a déclaré que depuis le 24 février la seule chose que les Ukrainiens ont le temps de faire est protéger leur famille et leur droit d’exister, soulignant qu’ en défendant la démocratie et la sécurité, « l’Ukraine protège chacun d’entre vous ».  Nos villes sont détruites et des femmes, des enfants, des personnes âgées et des blessés passent des jours entiers dans des abris anti-bombes pour se protéger des tirs d’obus.  L’armée russe nous empêche d’avoir de l’eau, des denrées alimentaires, des soins et d’évacuer.  Plus de 200 écoles et hôpitaux sont détruits, des milliers de bâtiments résidentiels sont en ruines et près de trois millions de femmes, d’enfants, de personnes âgées, de personnes handicapées sont forcés de quitter leur foyer avec comme seul bagage un sac à dos. 

Les entreprises ferment et beaucoup ont perdu leur travail et leurs moyens de subsistance en raison de la guerre.  Les produits d’exportation sont également menacés, ce qui représente un défi pour la sécurité alimentaire mondiale.  Mme Lazebna a assuré que les Ukrainiens sont unis pour rejeter et repousser l’agresseur et que les forces armées sont prêtes à mourir pour chaque village ukrainien.  Dans le même temps, le Gouvernement continue de payer les pensions et les allocations sociales à temps.  Le chauffage, l’électricité et les transports publics fonctionnent. 

Poursuivant, la Ministre a dénoncé « les troupes russes qui tuent la planète sur les ordres de Putin » en saisissant deux centrales nucléaires ukrainiennes et en incendiant des dépôts de pétrole, alertant que ces actions présentent d’énormes risques pour l’humanité.  C’est une menace pour le monde entier, s’est alarmée Mme Lazebna qui a appelé à soutenir le peuple ukrainien dans les domaines diplomatique, militaire et de la communication. 

Après avoir salué les sanctions imposées à la Fédération de Russie, la Ministre a appelé à « fermer le ciel » de l’Ukraine de sorte que la Russie ne puisse tuer « nos enfants ».  Vous vous occupez du ciel, nous nous occuperons du sol, a plaidé la Ministre qui a également appelé à forcer la Russie à créer des corridors humanitaires pour que les civils puissent survivre.  Le temps nous manque et il faut agir maintenant, a exhorté la Ministre. 

Mme JOVANA TRENCHEVSKA, Ministre du travail et des politiques sociales de la Macédoine du Nord, a commencé par rappeler que le concept d’égalité des chances est l’une des principales priorités gouvernementales de son pays pour lequel les femmes et les hommes doivent avoir les mêmes droits et une voix égale dans la vie civile et politique.  Nous avons été le premier pays de la région, a-t-elle indiqué, à nommer un point focal pour l’égalité des sexes auprès du Secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies pour les changements climatiques.  En l’espace de cinq ans, s’est enorgueillie la Ministre, nous pouvons confirmer que nous sommes sur le point d’atteindre notre premier objectif: le développement de mesures de lutte contre les changements climatiques soucieuses de dimension genre.

Dans ce cadre, le Ministère du travail et de la politique sociale, en étroite collaboration avec ses partenaires, a analysé systématiquement les différences et les vulnérabilités des hommes et des femmes dans les secteurs impactés par la question climatique, lancé le processus de renforcement des capacités institutionnelles sur le lien entre égalité de genre et changements climatiques, développé des indicateurs sur ce lien et introduit le phénomène climatique comme domaine stratégique distinct dans la nouvelle stratégie pour l’égalité des sexes 2021-2026.  Le Ministère a également introduit le concept d’égalité des sexes dans la stratégie à long terme et la loi sur l’action climatique.

Mme VIRGINIA ALBERT-POYOTTE, Ministre des services publics, de l’intérieur et des affaires de genre de Sainte-Lucie, a fait remarquer que son petit pays insulaire, durement frappé par les retombées de la pandémie de COVID-19, est très vulnérable face aux effets des changements climatiques, particulièrement sur ses zones côtières.  Parmi les populations affectées, les femmes et les filles paient un trop lourd tribut à ces crises, a-t-elle déploré, regrettant d’une manière générale que les besoins des femmes ne soient pas suffisamment analysés et que les efforts destinés à parvenir à l’égalité des sexes ne donnent pas de résultats probants.  Certes, a concédé la Ministre, il existe des mécanismes internationaux à cet effet, mais les femmes continuent de ne pas avoir accès aux responsabilités et aux financements.  Nous ne pouvons plus ignorer le fait que l’inégalité entre les sexes est une réalité et qu’il faut mettre la lutte contre cette injustice structurelle au cœur des stratégies de développement, a-t-elle plaidé.  « Il y a 27 ans, lors de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes à Beijing, j’étais convaincue que l’égalité de genre serait atteinte en moins de 10 ans », a confié Mme Albert-Poyotte.  Or, force est de constater qu’il reste beaucoup à faire pour y parvenir.  Au niveau national, le Gouvernement de Sainte-Lucie reste engagé en faveur de l’égalité des sexes, notamment dans le contexte climatique, a indiqué la Ministre, faisant également état d’une loi « des plus progressistes » contre les violences faites aux femmes. 

La Ministre de la promotion féminine, de l’enfance et des personnes vulnérables de la Guinée, Mme AICHA NANETTE CONTE, a expliqué que le Gouvernement guinéen a intégré dans ses politiques, stratégies, plans et programmes, le volet genre avec un accent particulier sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles pour atteindre les objectifs de développement durable.  Citant quelques-uns d’entre eux, la Ministre a expliqué que de nombreux groupements féminins sont mobilisés et appuyés dans le cadre de la restauration des forêts, la sensibilisation et la lutte contre les feux de brousse et la création d’emplois verts dont la transformation agro-alimentaire, qui constituent une forte contribution des femmes aux efforts d’atténuations des émissions de gaz à effet de serre, d’adaptation et de lutte contre les catastrophes et l’érosion côtière.  La Ministre a concédé que malgré des résultats encourageants, la participation effective des femmes et filles à la gestion des questions des changements climatiques reste encore confrontée à de nombreuses difficultés notamment les pesanteurs socioculturelles, la méconnaissance des dangers des  changements  climatiques  par les femmes rurales, la faible allocation budgétaire aux secteurs de l’environnement et du genre, l’insuffisance des données sexospécifiques et la faible synergie entre les acteurs.

Mme AMINATA ZOURKALEINI ALLAHOURY, Ministre de la promotion de la femme et de la protection de l’enfant du Niger, a souligné que dans son pays, les changements climatiques soulèvent des problèmes de démographie, de pauvreté et d’égalité des sexes dans la gestion des questions environnementales.  Ils se traduisent également en défis liés au développement humain car ils menacent les libertés humaines et la préservation de la paix sociale.  En outre, les changements climatiques exacerbent les conflits armés dont les femmes et les enfants sont les principales victimes.  Face à cette situation, le Gouvernement du Niger a élaboré les plans de développement économique et social 2017-2021 et 2022-2026, la Stratégie et le Plan national d’adaptation dans le secteur agricole et la Politique nationale du genre révisée.  La promotion des droits des femmes, leur autonomisation et l’égalité des chances font partie intégrante des politiques de développement du Niger, a poursuivi la Ministre. 

Le Gouvernement met en œuvre la Stratégie nationale d’autonomisation économique des femmes qui a permis de réduire l’impact de la pauvreté sur les femmes par l’accès aux microcrédits et la promotion d’un travail décent pour les travailleuses domestiques.  Il a aussi adopté des mesures sur l’accès à l’éducation et à la formation des femmes et des filles.  En outre, la Politique de planification familiale vise l’augmentation du taux de prévalence contraceptive moderne de 12,2% à 50%.  Par ailleurs la Stratégie nationale de finance inclusive sensible au genre a accru l’accès des femmes à une gamme diversifiée de produits et services financiers, a encore expliqué la Ministre, avant d’indiquer que sur le plan politique, la loi sur les quotas a fait que 30% des sièges du Parlement sont occupés par des femmes.  L’Assemblée issue des élections de 2020 compte 166 députés dont 50 femmes, a-t-elle précisé.

Mme BINTANG DARMAWATI I GUSTI AYU, Ministre de l’autonomisation des femmes et de la protection de l’enfance de l’Indonésie, a demandé que les femmes et les filles soient au cœur des politiques de relèvement après la pandémie de COVID-19.  Elle a fait remarquer que les femmes paient le prix des dérèglements climatiques qui ont causé des pertes économiques potentielles de 37 millions de dollars en Indonésie.  Elle a indiqué que le Gouvernement indonésien a intégré les changements climatiques et la gestion de l’environnement dans le plan national de développement prévoyant des dispositions sur une approche participative et inclusive au développement.  Il favorise aussi l’économie circulaire qui devrait permettre la création de très nombreux emplois verts et de nouvelles opportunités pour les femmes.  Le budget de l’État est élaboré en prenant en compte l’égalité des sexes, a-t-elle ajouté en précisant qu’il est passé d’environ un million de dollars américains en 2013 à 3,5 milliards de dollars en 2022. 

Mme INÈS NEFER BERTILLE INGANI, Ministre de la promotion de la femme et de l’intégration de la femme au développement de la République du Congo, a rappelé que son pays avait adhéré à la Convention sur la diversité biologique, se réjouissant des résultats obtenus à travers la mise en œuvre d’un « programme de facilitation d’engagements pour la biodiversité », illustré dans le programme Biodev 2030, qui est une approche expérimentale, mise en œuvre dans 16 pays pilotes aux contextes socioéconomiques, environnementaux et géographiques multiples.  Parallèlement, la République du Congo a accéléré l’adoption du plan d’action 2017-2018 pour l’opérationnalisation de la Commission climat du bassin du Congo à travers le Fonds bleu ainsi que l’actualisation des projets et programmes sectoriels sur l’économie verte et l’économie bleue en Afrique centrale.

En outre, la République du Congo, en partenariat avec le Programme alimentaire mondial (PAM), met en œuvre un projet d’adaptation aux changements climatiques, intitulé « Renforcement des capacités d’adaptation aux changements climatiques des communautés vulnérables vivant dans le bassin du fleuve Congo », a indiqué la Ministre.  Elle a également fait valoir que son pays a tenu compte des écarts observés en matière d’égalité des sexes et d’autonomisation des femmes et des filles.  Il accompagne en outre celles vivant dans les zones rurales avec des programmes de formation et de sensibilisations sur la lutte contre la déforestation et la séquestration du carbone, notamment sur la continuité du Programme de développement rural PRODER 1, 2 et 3, lancé depuis 2004 en vue de l’amélioration des rendements agricoles et d’élevage; la redynamisation des villages agricoles; et la continuité rigoureuse du Programme national pour le reboisement (PRONAR). 

Mme DIANA MIRIAM MILOSLAVICH TUPAC, Ministre des femmes et des populations vulnérables du Pérou, a déclaré que son gouvernement considère l’égalité des sexes comme un élément clef pour parvenir à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  En 2019, a-t-elle relevé, le Pérou a adopté une politique nationale sur l’égalité des sexes pour réduire la discrimination structurelle dont sont victimes les femmes.  Parmi ses objectifs prioritaires figurent l’accès des femmes aux espaces de prise de décision afin de garantir leurs droits et leur citoyenneté.  Une loi a, par ailleurs, modifié la législation électorale en établissant des critères de parité et une alternance hommes-femmes dans les candidatures présentées par chaque formation politique pour des postes électifs.  Une autre loi interdit et punit le harcèlement des femmes dans la vie politique, a ajouté la Ministre, qui a également fait état d’efforts de prévention des violences sexistes et d’aide à l’entrepreneuriat des femmes. 

S’agissant des changements climatiques, a-t-elle poursuivi, le Pérou a adopté en 2021 un plan national d’adaptation qui intègre l’approche de genre et interculturelle afin de réduire l’exposition et la vulnérabilité du pays à ce phénomène.  À cet égard, la Ministre a noté que l’un des principaux objectifs de la politique nationale d’égalité entre les femmes et les hommes est d’accroître l’accès et le contrôle des femmes aux ressources naturelles, productives et patrimoniales.  L’approche de genre incluse dans les mesures d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques vise en outre à répondre à l’impact de ces dérèglements sur la vie des femmes, en particulier les femmes autochtones et afropéruvienne, a-t-elle affirmé.

Mme ISABELLA DAGEAGO, Ministre de la santé, de la femme et du développement social de Nauru, a demandé une action climatique plus ambitieuse afin de maintenir le réchauffement climatique à moins de 1,5°C.  Elle a indiqué que son ministère travaille en étroite coopération avec le Ministère des changements climatiques afin d’assurer l’inclusion du genre dans les politiques liées aux changements climatiques, aux risques environnementaux et aux risques de catastrophes.  Elle a également souligné que les femmes sont les mieux placées pour trouver des solutions novatrices. 

Cette année, a-t-elle poursuivi, le Gouvernement va mener une activité pour comprendre les différentes nuances des questions climatiques et de genre.  S’agissant de la pandémie de COVID-19, le Gouvernement continuera de protéger les frontières contre le virus jusqu’à ce que toute la population soit vaccinée.  L’éducation, le renforcement des capacités et le développement des jeunes femmes et des jeunes dans les domaines de l’environnement, de la science climatique océanique, de la biodiversité et de pollution par les plastiques sont également essentiels pour assurer le développement durable du pays.  Elle a terminé en appelant les partenaires à honorer leur promesse d’allouer 100 milliards de dollars au financement climatique. 

Mme ANNA MARIA MOKGETHI, Ministre de la nationalité, de l’immigration et des questions de genre du Botswana, a indiqué que les effets des changements climatiques se sont fait particulièrement ressentir dans les domaines de l’agriculture, de l’eau, de la santé et du tourisme, entraînant un déclin des moyens de subsistance qui a frappé de manière disproportionnée les femmes.  Elle a expliqué que pour y remédier, son gouvernement s’efforçait de mettre en place des stratégies de résilience et de mesures d’atténuation, ainsi que des initiatives d’élimination de la pauvreté.  La Ministre a jugé impératif que tous les gouvernements fassent de même, dans la mesure où le réchauffement planétaire ne connaît pas de frontières, avec pour espoir de maintenir la hausse moyenne des températures en dessous de 2 degrés Celsius.

Mme PATRICIA ANNIE KALIATI, Ministre du genre, du développement communautaire et du bien-être social du Malawi, a fait observer que son pays, à l’instar de tous ceux de l’Afrique subsaharienne, se heurte aux répercussions délétères du réchauffement climatique, lesquelles se traduisent par des inondations, des invasions de nuisibles et des épisodes prolongés de sécheresse, avec de lourdes conséquences pour le secteur agricole.  Lorsque le cyclone Ana, le dernier en date à frapper le Botswana, a ravagé le pays fin janvier, causant de graves inondations, le Président de la République a dû déclarer l’état d’urgence pour catastrophe naturelle, a-t-elle rappelé, avant de préciser que plus de 60% des victimes de cette tempête tropicale ont été des femmes et des filles.  Conscient que ces dernières sont disproportionnellement frappées par ces phénomènes climatiques, le Gouvernement a décidé d’intégrer une perspective de genre dans ses programmes d’atténuation et d’adaptation, a expliqué la Ministre.  Rappelant d’autre part que son pays a signé et ratifié la CCNUCC, le Protocole de Kyoto, le Programme d’action de Beijing et les textes de l’Union africaine sur les droits des femmes, elle a assuré que l’une des priorités nationales est aujourd’hui d’autonomiser les femmes en leur garantissant une participation accrue aux processus politiques et une meilleure protection contre les violences de genre.  C’est dans cet esprit, a-t-elle souligné, qu’a été lancé cette année le Réseau des femmes du Malawi pour l’action climatique. 

Mme ADIS KING, Ministre du développement de la jeunesse, de l’émancipation des jeunes à risque, de l’égalité des sexes et de la sécurité des personnes âgées et des personnes handicapées de la Dominique, a souligné que comme d’autres États insulaires, son pays continue d’être touché de manière disproportionnée par l’impact des changements climatiques.  Après le passage de l’ouragan Maria en septembre 2017, les femmes se sont retrouvées encore plus vulnérables à la violence sexiste, s’occupant davantage de leur ménage, avec un impact évident sur leurs moyens de subsistance.  Ces femmes ont tout de même réussi à jouer un rôle essentiel dans la réponse à la catastrophe dans un pays déterminé à devenir la première nation résiliente aux phénomènes climatiques.  L’adaptation et l’atténuation vont être dûment intégrées aux programmes et aux politiques de développement.  Le Gouvernement a d’ailleurs élaboré le Plan 2030 de résilience et de rétablissement climatiques qui oriente le travail des organismes gouvernementaux et non gouvernementaux. 

La clef d’un avenir durable et résilient, a souligné la Ministre, est de reconnaître les rôles et les responsabilités différenciés des hommes et des femmes, des garçons et des filles, d’assurer l’égalité des sexes et une planification sensible au genre.  La Dominique a déjà atteint la masse critique de femmes dans la vie politique: 34,4% des parlementaires, 31,5% des ministres et 81% des secrétaires permanents sont des femmes. 

M. JEMI NASHION, Ministre de la culture et de l’intérieur des Îles Marshall, a déclaré que face à l’aggravation des changements climatiques, son pays s’était tourné vers un « plan de survie » qui explore des options extrêmes telles que l’élévation et la construction d’îles pour garantir que la population puisse rester sur ses propres îles sans être contrainte de migrer.  « Il s’agit d’explorations coûteuses, non seulement sur le plan financier, mais aussi sur le plan culturel, car la modification du paysage de nos îles a un impact sur notre culture et sur un système foncier complexe qui, par ailleurs, est matrilinéaire », a observé le Ministre. 

Dans cette optique, notre plan est l’un des rares à être axé sur les droits de la personne et à faire l’objet d’une consultation communautaire approfondie.  Pour veiller à ce que les voix des femmes soient prioritaires, nous avons créé des groupes de travail qui supervisent le processus et auxquels contribuent la Division de l’égalité des sexes du Ministère de l’intérieur et l’ONG locale WUTMI (Women United Together Marshall Islands), qui possède plus de 30 ans d’expérience en matière d’activisme féminin au niveau local.  Nous pensons que ces mesures permettront de garantir un plan national d’adaptation tenant compte de la dimension de genre, a affirmé la Ministre. 

La Ministre de la solidarité nationale, des affaires sociales, des droits de la personne humaine et du genre du Burundi, Mme SABUSHIMIKE IMELDE, a parlé des « priorités phares » du Plan national de développement 2018-2027, du Document d’orientation de la politique environnementale, agricole et de l’élevage et du Plan national d’investissement agricole 2021-2027.  Elle a aussi parlé des outils de planification et de suivi, comme le décret de 2018 portant interdiction de l’importation, de la fabrication, du commerce et de l’utilisation des déchets et emballages en plastique et de la Stratégie nationale sur les changements climatiques, assortie d’un plan d’action.  Elle a également mentionné la mise en œuvre d’un vaste programme de reboisement « Burundi vert », de l’accès élargi à l’hydroélectricité et de la protection des réserves naturelles qui ont transformé son pays en puit de carbone. 

Le Gouvernement a aussi entamé de grands chantiers de lutte contre la pauvreté et les inégalités sociales, par la mise en place d’un fonds d’appui à la protection sociale, d’une banque des femmes, d’une autre banque des jeunes et d’un registre social unique pour la couverture santé universelle.  Malgré ces initiatives phares, a concédé la Ministre, le Burundi reste exposé aux effets néfastes des changements climatiques.  Elle a donc sollicité l’accompagnement des partenaires au développement dans la mise en œuvre des outils de résilience des communautés face aux dérèglements climatiques, à la pollution et à la dégradation des sols, en vue d’atteindre les objectifs du Programme d’action de Beijing.

Mme YI LIN, Vice-Présidente du Comité de travail national sur les femmes et les enfants du Conseil d’État de la Chine, a affirmé que son pays est parvenu en 2021 à éradiquer la pauvreté absolue, y compris chez les femmes, atteignant cette étape importante 10 années plus tôt que prévu.  Aujourd’hui, a-t-elle ajouté, environ 40% de la population active du pays sont des femmes, qui représentent également la moitié des entrepreneurs.  Elle s’est par ailleurs enorgueillie du fait que la santé maternelle et infantile en Chine figure parmi les 10 meilleures au monde.  Une attention prioritaire est accordée par l’État chinois à toutes les femmes, et notamment aux femmes handicapées, a-t-elle ajouté, précisant que les questions propres aux femmes sont intégrées dans l’ensemble des plans de développement économique et social.  Elle a d’autre part souligné que l’amélioration de la gouvernance des changements climatiques est un défi mondial partagé.  Soucieuse d’y contribuer, la Chine prévoit d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2060, a rappelé la dirigeante, selon laquelle le thème de cette session est particulièrement pertinent, les femmes étant touchées de manière disproportionnée par le dérèglement du climat.  À cette aune, elle a appelé à intégrer la perspective de genre dans les programmes relatifs aux changements climatiques, à la dégradation de l’environnement et à la réduction des risques de catastrophe. 

Droits de réponse

Regrettant l’intervention de son homologue pakistanais, le représentant de l’Inde a dit que le Pakistan ne respecte pas les droits de ses minorités et précisé que les membres de communautés minoritaires sont victimes d’enlèvement et de mariages forcés au Pakistan.  Il a exhorté le Pakistan à libérer les territoires qu’il occupe. 

La représentante de l’Azerbaïdjan a fustigé l’intervention de l’Arménie qui visait selon elle à tromper la communauté internationale sur la réelle histoire du Haut-Karabakh.  Elle a dit que ce territoire a fait l’objet de violations claires du droit international et des principes et procédures applicables aux noms géographiques utilisées par les Nations Unies.  Elle a invité l’Arménie à se référer aux rapports pertinents du Groupe d’experts des Nations Unies pour les noms géographiques s’agissant du Haut-Karabakh.  Rappelant que 3 000 personnes sont portées disparues « suite à l’agression arménienne de 1992 », dont 71 enfants et 260 femmes, la représentante azerbaïdjanaise a dénoncé l’absence de coopération de l’Arménie pour enquêter sur ces disparitions.

La représentante du Pakistan a souhaité répondre aux déclarations de la délégation indienne en faisant valoir que le Jammu-et-Cachemire « ne fait pas partie de l’Inde ».  Elle a rappelé que l’ONU considère que cette région fait l’objet d’un différend, dont le sort devra être déterminé au travers d’un référendum impartial, comme prévu par les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  En occupant illégalement le Jammu-et-Cachemire, l’Inde a commis une violation flagrante de ces résolutions et de la Charte des Nations Unies, a souligné la délégation pakistanaise.  Selon elle, les actions illégales du 5 août 2019, qui ont abouti à l’occupation du Jammu-et-Cachemire par l’Inde, ont poussé huit millions de Cachemiris à vivre dans la « plus grande prison du monde à ciel ouvert ».  Ce faisant, les forces indiennes se sont rendues coupables de crimes contre l’humanité et de crime de génocide, a-t-elle accusé, en dénonçant les exécutions sommaires, les arrestations arbitraires, les cas de torture et les viols en réunion.  Malheureusement, ces faits risquent de n’être que la « partie émergée de l’iceberg », a poursuivi la délégation, selon laquelle l’idéologie aux commandes de l’Inde révèle ici le « visage du fascisme indien ».  Les quelque 200 millions d’Indiens musulmans font l’objet de persécutions de la part des fondamentalistes hindous et cela est cautionné par les autorités indiennes, a-t-elle encore accusé, avant d’appeler le monde et l’ONU à exiger de l’Inde qu’elle mette fin à ce « terrorisme d’État » et réponde de ses crimes, en particulier contre les millions de femmes cachemiries. 

L’Arménie a regretté que l’Azerbaïdjan ait utilisé cette Commission pour proférer ses mensonges et chercher à camoufler son attaque contre le Haut-Karabakh.  L’Azerbaïdjan, a-t-elle martelé, doit assumer l’entière responsabilité des conséquences de cette agression.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques met en garde contre le risque de deux autorités gouvernementales en Libye

8996e séance – matin
CS/14832

Conseil de sécurité: la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques met en garde contre le risque de deux autorités gouvernementales en Libye

La Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo, a indiqué, ce matin, devant le Conseil de sécurité, que la crise que connaît en ce moment le pouvoir exécutif en Libye pourrait conduire à l’instabilité et à des autorités gouvernementales parallèles dans le pays.  Ce serait un coup dur pour la tenue d’élections, alors que celles-ci n’ont déjà pu avoir lieu en décembre, a-t-elle déclaré.  Dans ce contexte, une candidate aux élections législatives, invitée à la séance, n’a pas hésité à dire que « les organes étatiques n’ont pas de légitimité en Libye » sachant en outre que le dernier scrutin date de 2014 et que le quota de femmes a été rabaissé à 16%. 

À l’entame de son propos, la Secrétaire générale adjointe a détaillé la crise politique que connaît la Libye.  Le 10 février, la Chambre des représentants a adopté un amendement constitutionnel et désigné M. Fathi Bashagha pour former un nouveau gouvernement, soumis ensuite à un vote de confiance de la Chambre.  Le 24 février, le Haut Conseil d’État a rejeté la formation du nouveau Gouvernement, ainsi que l’amendement précité, a expliqué Mme DiCarlo. 

Le 1er mars, la Chambre a ensuite voté sa confiance au nouveau Gouvernement, mais ce vote aurait été entaché de vices de procédure et de menaces contre certains membres de la Chambre, a poursuivi la Secrétaire générale adjointe.  Le 3 mars, les membres du Gouvernement de M. Bashagha ont été investis par la Chambre, mais le Gouvernement d’unité nationale, dirigé par M. Abdel Hamid Dbeibah, a rejeté la légitimité du vote précité, en ajoutant qu’il ne transférera le pouvoir qu’à un gouvernement élu.  « Pendant ce temps, M. Bashagha indique qu’il est à la tête d’un gouvernement légitime. » 

Mme DiCarlo a indiqué que l’ONU travaille à la création d’une commission mixte réunissant des membres de la Chambre des représentants et du Haut Conseil d’État, pour parvenir à une base constitutionnelle nécessaire à la tenue d’élections cette année.  « Si cet affrontement autour de la légitimité du pouvoir exécutif se poursuivait, la Libye pourrait être, une nouvelle fois, dotée de deux administrations parallèles », a conclu la Secrétaire générale adjointe, en insistant sur le risque d’instabilité. 

Mme Jazia Jibril Mohammed Shuaiter, candidate aux élections législatives, a, dans ce droit fil, jugé cruciale la mise sur pied d’une nouvelle Constitution, car c’est l’impasse sur cette question qui a prolongé la transition selon elle.  « Le peuple libyen ne peut pas tenir un référendum sur la question de la Constitution du fait de l’intransigeance de certaines parties », a-t-elle déploré, en insistant sur l’importance du soutien du Conseil de sécurité pour parvenir à l’adoption d’un texte fondamental. 

Elle a exprimé une autre préoccupation quant à la légitimité des autorités actuelles du pays, en rappelant que les décideurs actuels n’ont pas le soutien de la population.  « Il faut respecter les 2,8 millions d’électeurs libyens qui attendent des élections crédibles », a-t-elle clamé.  Les mêmes autorités n’ont par ailleurs pas respecté le quota de 30% de femmes prévu dans la feuille de route, a-t-elle ajouté, en signalant qu’une nouvelle loi électorale prévoit un quota de 16% de femmes représentantes.  « C’est injuste pour les Libyennes. » 

Dans leurs interventions, les délégations ont unanimement souligné la situation fragile dans laquelle se trouve la Libye et appelé à la poursuite du dialogue en vue de la tenue d’élections.  « Le dialogue entre Libyens doit nécessairement aboutir à la présence à Tripoli d’un seul exécutif à même de gouverner sur l’ensemble du territoire et de réaliser la promesse de démocratie faite aux Libyens », a déclaré la France, appuyé par la Norvège ou bien encore les Émirats arabes unis.  « La Libye est à la croisée des chemins », a estimé le Royaume-Uni, en pointant le risque d’escalade. 

« Dans certaines déclarations aujourd’hui, transparait une incapacité à décrire clairement ce qui se passe dans le pays, et peut-être même à le comprendre, non pas par manque de connaissances, mais à cause de la complexité de la situation », a réagi le délégué de la Libye.  Il a reconnu que le spectre de la division politique et institutionnelle plane à nouveau sur son pays, alors que s’amorçait le début d’un consensus collectif et la fin du conflit armé.  « Tous les efforts doivent maintenant porter sur la désescalade et l’organisation des élections. » 

Dès que des signes de détente se font jour dans la crise libyenne et que nous faisons un pas en avant, certains tentent de nous faire reculer, a-t-il déploré.  Le délégué de la Libye a ensuite dénoncé « les interventions internationales négatives », dont les interventions de pays qui ont exporté leurs conflits.  « Notre stabilité est devenue l’otage de leurs intérêts », s’est-il élevé.  Enfin, il a mis en garde contre certaines tentatives d’instrumentalisation de la Libye pour y régler des comptes régionaux. 

Les délégations, à l’instar du Gabon et de la Fédération de Russie, ont été nombreuses à réclamer le départ des combattants étrangers et des mercenaires présents en Libye, tandis que les Émirats arabes unis ont souligné la nécessité de prévenir toute résurgence terroriste dans le pays.  Enfin, le Conseil a entendu une présentation technique de M. Tirumurti, de l’Inde, Président du Comité du Conseil de sécurité établi par la résolution 1970 (2011) concernant la Libye, sur les travaux de cet organe couvrant la période allant du 25 janvier au 16  mars  2022. 

LA SITUATION EN LIBYE

Déclarations

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a fait état de développements substantiels en Libye depuis sa dernière intervention fin janvier.  L’exécutif libyen fait face à une crise qui, si elle n’est pas résolue, pourrait conduire à l’instabilité et à des autorités gouvernementales parallèles dans le pays.  L’ONU œuvre au rapprochement des parties en vue d’agréer une base constitutionnelle nécessaire à la tenue d’élections le plus tôt possible, a-t-elle expliqué. 

Mme DiCarlo a indiqué que, depuis le report des élections prévues en décembre 2021, la Chambre des représentants a, le 10 février, adopté un amendement constitutionnel et désigné M. Fathi Bashaga, ancien Ministre de l’intérieur, pour former un nouveau gouvernement soumis ensuite à un vote de confiance de la Chambre.  Le 24 février, le Haut Conseil d’État a rejeté la formation du nouveau gouvernement, ainsi que l’amendement précité.  Le 1er mars, la Chambre a voté sa confiance au nouveau gouvernement, mais l’ONU a reçu des informations selon lesquelles ce vote aurait été entaché de vices de procédure et de menaces contre certains membres de la Chambre, a poursuivi la Secrétaire générale adjointe.  « Le 3 mars, les membres du gouvernement de M. Beshaga ont été investis par la Chambre. »  

Mme DiCarlo a aussi fait état de tensions politiques grandissantes entre les groupes armés dans l’ouest du pays et d’une rhétorique de plus en plus belliqueuse.  Le Gouvernement d’unité nationale, dirigé par M. Abdel Hamid Dbeibah, a rejeté la légitimité du vote précité, en ajoutant qu’il ne transférera le pouvoir qu’à un gouvernement élu.  « Pendant ce temps, M. Bashaga indique qu’il est à la tête d’un gouvernement légitime. » 

Mme DiCarlo a déclaré que la priorité doit être de répondre aux aspirations des 2,8 millions de Libyens qui se sont inscrits sur les listes électorales.  « Ils doivent être en mesure de choisir leurs dirigeants grâce à des élections crédibles, transparentes et inclusives conformément à un cadre constitutionnel et juridique agréé. »  Elle a précisé que l’ONU vise à forger un consensus et à convoquer une séance conjointe entre membres de la Chambre et du Haut Conseil, pour parvenir à une base constitutionnelle nécessaire à la tenue d’élections cette année.  L’ONU a également offert sa médiation entre M. Dbeibah et M. Bashaga afin de sortir de l’impasse actuelle.  « Si cet affrontement autour de la légitimité du pouvoir exécutif se poursuivait, la Libye pourrait être, une nouvelle fois, dotée de deux administrations parallèles ».   serait un coup dur pour la tenue des élections et nourrirait l’instabilité, a averti Mme DiCarlo. 

La Secrétaire générale adjointe a fait état d’autres développements inquiétants depuis le vote du 1er mars.  Les vols locaux entre Tripoli et les villes de l’Est sont toujours suspendus, tandis que les forces dans l’Ouest se sont rapprochées, le 9 et le 10 mars, de la capitale.  « L’ONU continue d’exhorter les parties à s’engager dans un dialogue constructif afin de sortir de l’impasse politique et à s’abstenir de toute action unilatérale qui pourrait aggraver les divisions. »  Sur le plan sécuritaire, le Comité militaire conjointe 5+5 continue d’avancer dans la mise en œuvre du Plan d’action visant au retrait des combattants étrangers, des forces étrangères et des mercenaires du pays. 

Mme DiCarlo a ensuite évoqué la situation « extrêmement préoccupante » en ce qui concerne les droits humains, en citant l’augmentation des menaces contre les journalistes, les acteurs politiques et les femmes.  Des défenseurs des droits humains continuent d’être arrêtés de manière arbitraire, a-t-elle dit, tandis que les migrants et réfugiés transférés dans des centres de détention informels endurent de graves violations.  Elle a ensuite mentionné une diminution du nombre de personnes déplacées, de 179 000 fin 2021 à 168 000 au 5 mars. 

En conclusion, la Secrétaire générale adjointe a déclaré que la Libye connaît une nouvelle phase de polarisation politique, qui pourrait de nouveau scinder les institutions et compromettre les gains enregistrés ces deux dernières années.  « Nous savons d’expérience ce que des actions unilatérales, un gouvernement divisé et une transition sans fin peuvent signifier pour l’avenir. » Mme DiCarlo a enfin appelé à la tenue d’élections crédibles, transparentes et inclusives, seul moyen pour sortir de l’impasse actuelle. 

M. T. S. TIRUMURTI (Inde), Président du Comité du Conseil de sécurité établi par la résolution 1970 (2011) concernant la Libye, a présenté les travaux de cet organe subsidiaire du Conseil couvrant la période allant du 25 janvier au 16 mars 2022.  Le Comité a mené ses travaux en utilisant la procédure d’approbation tacite dans le but de faciliter la mise en œuvre des mesures de sanctions, a-t-il indiqué. 

Au cours de la période considérée, le Comité a reçu une lettre des Émirats arabes unis l’informant du transfert de matériel non létal destiné uniquement au Gouvernement libyen à des fins de sécurité ou d’assistance au désarmement.  Par ailleurs, une demande d’exemption, présentée par l’Allemagne et actuellement à l’examen, invoque le paragraphe 13 b) de la résolution 2009 (2011), qui concerne la fourniture d’armes légères et de petit calibre et de matériel connexe, temporairement exportés vers la Libye pour le seul usage du personnel des Nations Unies.  Le Comité a également répondu à une demande d’éclaircissement de la Turquie concernant l’embargo sur les armes, ainsi qu’à une demande du Sri Lanka au sujet du régime de sanctions. 

En ce qui concerne le gel des avoirs, aucune décision négative n’a été prise par le Comité concernant une notification de la Suisse en vertu du paragraphe 19 a) de la résolution 1970 (2011), a poursuivi le Président.  Le Comité examine également des notifications soumises par Bahreïn et le Luxembourg, le Comité ayant conseillé à ce dernier État Membre de soumettre une demande d’exemption en vertu du paragraphe 19(b) de la même résolution.  Le Comité examine actuellement les réponses aux lettres reçues de la Libye et de la Belgique, sur des questions liées aux avoirs gelés de l’Autorité libyenne d’investissement, a encore précisé M. Tirumurti. 

Dans le cadre des mesures visant à empêcher les exportations illicites de pétrole, y compris de pétrole brut et de produits pétroliers raffinés, en provenance de Libye, le Comité a reçu une lettre du point focal du Gouvernement libyen nommé en application de la résolution 2146 (2014), concernant une prétendue tentative d’exporter illégalement du pétrole brut en dehors du contrôle de la National Oil Corporation.  Le Groupe d’experts sur la Libye a également fait rapport au Comité sur cette question. 

Enfin, en ce qui concerne la liste des sanctions, le Président du Comité a dit que celui-ci a reçu une demande de radiation de cinq individus, présentée par un État Membre.  L’examen de quatre demandes est en cours tandis que la cinquième n’a pas été admise par le Comité.  Par ailleurs, le Comité a reçu une quatrième communication du point focal de radiation créé en application de la résolution 1730 (2006), concernant la demande de radiation d’une personne inscrite sur la liste.  Le Comité a également mis à jour certaines informations d’identification d’un individu sur sa liste de sanctions, a précisé en conclusion le Président. 

Mme JAZIA JIBRIL MOHAMMED SHUAITER, juriste, militante et candidate aux élections législatives, a dit prendre la parole pour transmettre les vœux de la société civile libyenne.  Elle a dit que l’une des préoccupations du peuple en ce moment est de voir la situation politique s’améliorer.  Elle a remercié, au nom du peuple libyen, les efforts de la Conseillère spéciale.  Selon elle, la mise sur pied d’une nouvelle Constitution est cruciale, car c’est l’impasse sur cette question qui a prolongé la transition.  Le peuple libyen ne peut pas tenir un référendum sur la question de la Constitution du fait de l’intransigeance de certaines parties, a-t-elle déploré.  Elle a indiqué que le peuple libyen compte sur le soutien du Conseil de sécurité pour parvenir à l’adoption d’une Constitution qui garantira les droits et devoirs des populations. 

Une autre préoccupation portée par la juriste a trait à la légitimité des autorités actuelles du pays.  Elle a rappelé que les législateurs actuels n’ont pas le soutien de la population et que les organes étatiques n’ont donc pas de légitimité, sachant que le dernier scrutin avait eu lieu en 2014.  Il faut respecter les 2,8 millions d’électeurs libyens qui attendent des élections crédibles, a—t-elle clamé. 

Dans le domaine des droits de l’homme, la militante a dénoncé les détentions extrajudiciaires, les discours de haine et les violations des droits des femmes, ces droits ayant connu un grand recul.  Elle a dénoncé le fait que les autorités législatives actuelles aient reporté un projet de loi visant à protéger les femmes contre toute violence.  Les mêmes autorités ont d’ailleurs violé le quota de 30% de femmes prévu dans la feuille de route, a-t-elle ajouté en indiquant qu’une nouvelle loi électorale prévoit un quota de 16% de femmes représentantes.  C’est injuste pour les Libyennes, a dénoncé la candidate en appelant le Conseil de sécurité à agir afin que les autorités respectent les engagements pris en faveur de l’essor des femmes dans le pays. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a appelé à la désescalade en Libye, les risques étant bien réels.  « Tous les acteurs, intérieurs comme extérieurs, doivent s’abstenir de toute action qui pourrait saper la stabilité, creuser les divisions en Libye et compromettre les progrès durement acquis ces deux dernières années. »  Il a exhorté les parties à accepter l’offre de Mme Williams de faciliter le dialogue. Il a aussi appuyé les efforts de médiation de cette dernière entre la Chambre des représentants et le Haut Conseil d’État en vue d’établir une base constitutionnelle pour la tenue d’élections.  Les aspirations des Libyens à de telles élections sont claires, a dit le délégué.  Il a aussi invité les parties à protéger l’indépendance, l’intégrité et la réunification des institutions publiques.  Les tentatives visant à interrompre la production de pétrole sont préoccupantes et portent préjudice aux Libyens, a-t-il aussi noté.  « La Libye est à la croisée des chemins », a conclu le délégué, en pointant une nouvelle fois le risque d’escalade. 

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a jugé très inquiétante la détérioration de la situation générale sur le terrain en Libye, depuis le report des élections de décembre dernier.  Elle a estimé que la fragile unité et le calme durement acquis depuis la signature de l’accord de cessez-le-feu en octobre 2020 sont désormais en danger.  Les informations faisant état de la mobilisation des forces à Tripoli et dans ses environs sont profondément troublantes, a ajouté la représentante en s’inquiétant aussi de la grave polarisation politique.  Elle s’est félicitée de la récente proposition de la Conseillère spéciale Stéphanie Williams de convoquer une commission mixte de la Chambre des représentants et du Haut Conseil d’État, en espérant que la base constitutionnelle consensuelle envisagée par cette commission tracera une voie pour sortir de l’impasse.  Souhaitant des élections crédibles, transparentes et inclusives, elle a noté que le peuple libyen a clairement démontré qu’il est prêt à choisir ses propres dirigeants et demandé de ne pas les faire attendre indéfiniment.  Des scrutins auxquels les femmes libyennes ont parfaitement le droit de participer pleinement et en toute sécurité, à la fois en tant que candidates et en tant qu’électrices, a souligné Mme Byrne Nason. 

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a relevé qu’une fois de plus, la Libye se retrouve divisée entre des autorités rivales, dont aucune ne peut prétendre la légitimité du vote.  Il a encouragé les acteurs politiques libyens à s’abstenir de recourir à la violence et à renouveler leur attachement à la réconciliation nationale.  Il a relevé que la MANUL a joué un rôle clef pour assurer la préservation du cessez-le-feu et la continuité d’une paix dirigée et contrôlée par les Libyens, sans ingérence extérieure.  Si, selon lui, des élections et un dialogue politique sont nécessaires pour assurer la confiance de la population dans la réconciliation, il faut que le Conseil aille plus loin et exprime sa ferme condamnation des perturbateurs de la paix.  Le délégué a aussi plaidé pour que les personnes impliquées dans la violence et les violations des droits de l’homme ne restent pas impunies.  Il a condamné le meurtre de centaines de personnes retrouvées dans des charniers à Tarhuna.  Il a également condamné les traitements indignes réservés aux réfugiés détenus.  La stabilité de la Libye dépend en fin de compte du fait que le pays puisse reprendre son développement, a-t-il dit avant d’affirmer que les avoirs libyens se trouvant hors du pays appartiennent au peuple libyen et doivent être utilisés à leur avantage. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a souligné la volonté des Libyens de régler eux-mêmes leurs difficultés, en estimant que le vote de confiance de la Chambre des représentants est un pas important.  Il a pointé le risque de confrontation armée dans le pays, en appelant au compromis et à un dialogue constructif, avant de souligner la nécessité d’une réunification des institutions publiques.  Si la Commission militaire conjointe 5+5 se réunit, il y a peu de progrès sur le plan militaire, a relevé le délégué.  Il a regretté l’absence de mesures concrètes pour éviter un risque d’escalade militaire.  Le retrait des armes lourdes n’a pas commencé, a-t-il aussi noté avant de se prononcer pour un retrait équilibré et progressif de tous les groupes militaires non-libyens.  Le représentant a demandé la désignation d’un Envoyé spécial acceptable pour la Libye et les pays de la région et regretté le manque d’informations du Secrétariat sur les activités de la Conseillère spéciale, Mme Stéphanie Williams.  Il est clair que la Libye ne s’est toujours pas remise de la destruction de son État à la suite de l’intervention militaire de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) il y a 11 ans, a conclu le délégué. 

S’exprimant au nom des A3, à savoir le Gabon, le Ghana et le Kenya, M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) s’est déclaré préoccupé par l’impasse politique actuelle en Libye, ainsi que par l’augmentation des mouvements de groupes armés autour de Tripoli, qui menacent d’éroder les gains laborieusement obtenus jusqu’à présent.  Après avoir appelé toutes les parties au calme et à exploiter tous les moyens de médiation à leur disposition, le délégué a appuyé le désir du peuple libyen d’organiser des élections.  Cependant, a-t-il dit, il importe que les élections soient fondées sur un cadre constitutionnel qui bénéficie du plus large consensus possible.  Aussi le représentant a-t-il proposé de faire une priorité du dialogue national et de la réconciliation.  M. Biang a également plaidé en faveur d’un renforcement du mandat de la MANUL et la mise en place de garanties contre les retombées de l’instabilité dans la région.  En effet, a-t-il observé, la présence de mercenaires et de combattants étrangers sur le territoire libyen sapent la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays et constitue une menace pour la région du Sahel.  Leur retrait nécessitera donc un suivi des processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration de ces éléments dans leurs pays d’origine, a précisé le représentant. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a déploré le fait que le différend actuel sur le pouvoir en Libye hypothèque l’espoir de paix dans le pays. Il a appelé les acteurs libyens à se comporter de manière responsable en invitant les acteurs internationaux à les appuyer, tout en respectant la souveraineté du pays.  L’inscription de près de 3 millions d’électeurs sur les listes électorales illustre la volonté de la population de prendre part aux élections et de se tourner résolument vers la démocratie, a-t-il salué.  Il a estimé qu’une base juridique acceptée par tous est essentielle pour que les élections puissent permettre de résoudre les divisons.  Enfin, le représentant a déploré les violations des droits humains affectant les groupes les plus vulnérables en Libye, notamment les migrants. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a reconnu que la tenue d’élections législatives et présidentielle reste la seule solution pérenne pour la stabilisation.  Il a plaidé pour que ces élections soient libres, transparentes et inclusives, avec la pleine participation des femmes, sur l’ensemble du territoire libyen, afin de pouvoir achever le processus de transition, de réunifier les institutions politiques, économiques, sécuritaires et militaires et de lutter contre l’impunité des violations des droits humains en Libye.  Il a donc encouragé les acteurs libyens à travailler à la mise en œuvre d’une feuille de route crédible pour la tenue des élections. 

M. de Rivière a souhaité un dialogue entre Libyens qui aboutisse à la présence à Tripoli d’un seul exécutif à même de gouverner sur l’ensemble du territoire et de réaliser la promesse de démocratie faite aux Libyens.  « Notre position reste constante sur ce point. »  Dans ce contexte décisif pour l’avenir de la Libye, la France appelle tous les acteurs libyens à préserver les acquis obtenus depuis un an et à mener à son terme le processus de transition politique, a-t-il dit.  Enfin, il a appelé les acteurs internationaux à œuvrer pour que les Nations Unies disposent de tous les outils nécessaires pour accompagner le processus de transition interlibyen, notamment en vue du renouvellement du mandat de la MANUL fin avril et de la nomination d’un Envoyé Spécial. 

M. BING DAI (Chine) a déclaré que « la guerre » a entraîné des conséquences catastrophiques pour la population libyenne et des retombées sur le Sahel et la région méditerranéenne.  Il a noté que les incertitudes autour du processus politique s’étaient accrues, alors que le cessez-le-feu en Libye a été acquis difficilement.  Le représentant a donc invité toutes les parties à jouer un rôle constructif et la MANUL à continuer de travailler avec la Commission militaire conjointe 5+5 pour assurer la surveillance du cessez-le-feu, aider à la démobilisation, au désarmement et à la réintégration des combattants étrangers et des mercenaires, qui doivent se retirer du pays.  Dans le cadre des consultations portant sur le calendrier et la feuille de route de la transition politique, le délégué a espéré que l’on s’attaquera aux causes profondes du report des élections et que celles-ci se tiendront dans les plus brefs délais.  Il a rappelé que la Chine avait déclaré qu’elle appuyait en principe la reconduction du mandat de la MANUL.  Enfin, le représentant a souhaité que la production pétrolière puisse revenir au niveau d’avant le conflit, dans la mesure où il s’agit du principal produit d’exportation de la Libye. 

M. MADHU SUDAN RAVINDRAN (Inde) a insisté sur l’impératif de la tenue au plus tôt des élections présidentielle et parlementaires.  Selon lui, ces élections sont nécessaires pour poursuivre l’élan donné par la signature de l’accord de cessez-le-feu d’octobre 2020.  À cet égard, il a salué les efforts de l’ONU pour former un comité mixte avec des membres de la Chambre des représentants et du Haut Conseil d’État pour décider de la base constitutionnelle pour la tenue d’élections.  Il a jugé alarmant la recrudescence d’activités terroristes et les violations continues de l’embargo sur les armes. I l a dit espérer que toutes les parties en Libye pourront s’unir autour de l’objectif de la tenue des élections. La souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale de la Libye doivent être sauvegardées, a-t-il plaidé en demandant aussi que le processus politique soit entièrement dirigé et contrôlé par les Libyens, sans imposition ni ingérence extérieure.  Il a de ce fait appelé au retrait total et complet des militaires et mercenaires, avant d’appeler à la planification du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration des groupes armés et acteurs armés non étatiques.  Il importe également que la communauté internationale concentre ses efforts sur la menace terroriste en Afrique, notamment au Sahel, a suggéré le délégué. 

Mme MONA JUUL (Norvège) a reconnu que la Libye est dans une situation fragile, en mettant en garde contre les risques d’escalade.  Elle a souligné la nécessité de préserver les gains obtenus et exhorté les acteurs à s’abstenir de toute provocation.  « Les divergences ne doivent être surmontées que par des moyens diplomatiques et politiques. »  Mme Juul a appuyé les efforts de Mme Stéphanie Williams pour la création d’une commission réunissant des membres de la Chambre des représentants et du Haut Conseil d’État en vue d’établir une base constitutionnelle pour la tenue d’élections.  Le but doit être une transition pacifique vers des institutions démocratiquement élues, a dit la déléguée, en rappelant que 2, 8 millions de Libyens sont inscrits sur les listes électorales. Elle a aussi rappelé l’obligation pour la Libye de protéger les droits humains, avant de se féliciter de l’amélioration de la situation humanitaire.  Les violations des droits des migrants et des réfugiés sont inacceptables, a tenu à rappeler la déléguée de la Norvège. 

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a jugé préoccupante la volonté de nombreux acteurs dont la légitimité politique a été mise en cause de contrôler le gouvernement libyen, avec pour risque de conduire à une escalade de la violence et à des retards dans la tenue des élections.  Des élections libres et régulières sont la seule façon de parvenir à la stabilité du pays et à la prospérité pour la population libyenne, a assuré le représentant, qui a fait part de la détermination de son pays à appuyer la volonté de la population de participer à des élections.  Il a dit soutenir les efforts entrepris par la Conseillère spéciale du Secrétaire général pour organiser un dialogue entre les principaux acteurs politiques en vue de parvenir à un accord sur une base constitutionnelle consensuelle permettant la tenue d’élection présidentielle.  Le délégué a également salué les efforts consentis par la MANUL pour appuyer le travail « remarquable » de la Commission électorale nationale libyenne pour organiser des élections régulières.  Il a condamné ceux qui veulent saper la transition politique, se disant préoccupé par les conclusions du Groupe d’experts sur la Libye, selon lequel des individus visés par des sanctions s’apprêtent à être candidats. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a dit qu’en ce moment critique, où la priorité est de préserver la stabilité sur le terrain, tous les acteurs libyens doivent s’abstenir de mesures unilatérales pouvant exacerber les divisions politiques et institutionnelles.  Inquiet aussi des menaces et tentatives actuelles de perturber la production de pétrole et de le vendre en dehors des voies officielles, il a demandé de ne pas les tolérer.  Il a ensuite exprimé ses préoccupations face au rétrécissement de l’espace civique en Libye, qui se manifeste par des attaques contre des militants politiques, des défenseurs des droits humains, y compris des femmes, et tous les acteurs de la société civile essayant de faire entendre leur voix.  À cet égard, il a plaidé pour que les auteurs du meurtre de Taili El Shariri, blogueur et militant de la société civile, soient traduits en justice, de même que tous ceux qui compromettent la paix et la stabilité en Libye. 

En outre, le représentant a demandé que les Libyens soient encouragés à rester concentrés sur les élections, sur des bases constitutionnelles et juridiques partagées, dans un cadre limité dans le temps.  Tout en réaffirmant le respect pour la souveraineté libyenne, il a dit soutenir pleinement la médiation de la Conseillère spéciale Stéphanie Williams, y compris les efforts pour convenir de la base constitutionnelle requise pour garantir la tenue d’élections libres, équitables et inclusives.  Le délégué a souligné que l’instabilité politique peut avoir des répercussions négatives sur le volet militaire. 

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a souligné la retenue des parties libyennes, malgré les incertitudes qui demeurent sur le processus politique.  Tous les efforts doivent se poursuivre pour promouvoir le processus politique en vue de la tenue d’élections crédibles, transparentes et inclusives, a poursuivi le délégué. Il a invité les parties à s’abstenir de toute mesure susceptible de saper les progrès obtenus et à mener un dialogue franc et transparent, dans le respect de l’unité du pays.  Les jeunes et les femmes doivent participer à chaque étape dudit processus, a-t-il rappelé.  Il a souligné l’importance d’appliquer le Plan d’action en vue du retrait des forces étrangères du pays.  Le délégué a aussi appelé à la réunification des institutions publiques afin de prévenir toute résurgence terroriste.  Enfin, il s’est félicité de l’amélioration de la situation humanitaire en Libye et réitéré son appui à la MANUL. 

M. TAHER M. T. ELSONNI (Libye) a commencé par déclarer que, de certaines déclarations aujourd’hui, transparaissaient une incapacité à décrire clairement ce qui se passe dans son pays, et peut-être même à le comprendre, non pas par manque de connaissances, mais à cause de la complexité de la situation.  « En effet, le spectre de la division politique et institutionnelle plane à nouveau sur nous, un an après l’accord de Genève, et ce blocage politique intervient alors que s’amorçait le début d’un consensus collectif et la fin du conflit armé. »  Tous les efforts doivent maintenant porter sur la désescalade et l’organisation des élections qui n’ont pas pu se tenir en décembre dernier, a exhorté le représentant.  Dès que des signes de détente se font jour dans la crise libyenne et que nous faisons un pas en avant, certains tentent de nous faire reculer, a-t-il déploré, en insistant sur le fait que la mésentente et l’absence de consensus véritable restent la principale caractéristique de la scène politique actuelle en Libye.  Il a dénoncé les interventions internationales négatives, les interventions de pays qui ont exporté leurs conflits, les présences étrangères illégales. «  Notre stabilité est devenue l’otage de leurs intérêts », s’est élevé le délégué

Par conséquent, la tenue d’élections transparentes et équitables, avec des lois consensuelles et une base constitutionnelle solide, est le seul vrai garant d’un rétablissement de la légitimité du peuple, d’une fin du conflit et de la résolution de la crise, a-t-il expliqué.  Il a indiqué que le Premier Ministre du Gouvernement d’unité nationale avait récemment annoncé une initiative pour sortir de l’impasse politique, avancer vers les élections et créer les conditions politiques nécessaires à leur tenue dans les meilleurs délais.  La Commission électorale nationale a dépêché ses équipes pour évaluer les besoins, afin de préparer les scrutins suffisamment à l’avance. 

Le Conseil présidentiel, a poursuivi le représentant, a initié plusieurs réunions et dialogues avec les forces nationales à travers tout le pays, pour trouver des dénominateurs communs à travers lesquels résoudre l’impasse politique actuelle.  En outre, a-t-il précisé, un Comité a été mis en place, composé d’experts juridiques, pour préparer le projet de loi de réconciliation qui sera soumis à l’autorité législative pour approbation.  « Et puisque nous parlons de réconciliation, ne manquons pas de rappeler l’importance de soutenir les efforts de la Commission militaire conjointe 5+5, dont le soutien sera indispensable pour assurer la levée des obstacles qui empêchent la pleine application des dispositions du cessez-le-feu, au premier rang desquelles figurent la fin de toute forme de présence étrangère sur le territoire libyen. » 

La Libye n’est pas isolée du cycle malheureux de conflits internationaux auquel le monde assiste ces jours-ci, qui a sans aucun doute un impact direct et indirect sur la situation en Libye et dans la région, a aussi fait remarquer le représentant.   Des parties internationales s’immiscent et s’affrontent sur nos terres, a-t-il affirmé.  « Nous mettons donc en garde contre certaines tentatives d’instrumentalisation de la Libye pour y transférer des conflits et y régler des comptes régionaux », a prévenu le représentant, en citant notamment la « tentative de manipulation du dossier énergétique ».  Il a prévenu que tout préjudice dans ce domaine et son utilisation comme moyen de pression dans le conflit international en cours « est inacceptable et aura des conséquences locales ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.