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Conseil de sécurité: le Haut-Représentant pour la Bosnie-Herzégovine dénonce les visées sécessionnistes des autorités de la Republika Srpska

9029e séance – matin
CS/14886

Conseil de sécurité: le Haut-Représentant pour la Bosnie-Herzégovine dénonce les visées sécessionnistes des autorités de la Republika Srpska

Le Haut-Représentant pour la Bosnie-Herzégovine, M. Christian Schmidt, a accusé ce matin, devant le Conseil de sécurité, les autorités de la Republika Srpska à rechercher une sécession de facto de la Bosnie-Herzégovine, en se retirant du cadre constitutionnel et en assumant des compétences étatiques.  S’il a salué, à l’instar du Président en exercice de la présidence de Bosnie-Herzégovine, les sanctions prises contre certains responsables, le représentant de la Serbie a fait part de son opposition de même que la Fédération de Russie qui a par ailleurs soutenu que le Haut-Représentant n’a pas la légitimité requise pour s’exprimer au Conseil de sécurité.

À l’entame de son propos, M. Schmidt a mis en garde contre le risque élevé d’incidents en Bosnie-Herzégovine, détaillant longuement les menaces que les autorités de la Republika Srpska font peser sur l’ordre constitutionnel bosnien.  L’assemblée de la Republika Srpska a ainsi donné instruction au gouvernement de l’entité de se retirer de plusieurs accords de transfert de compétences de ladite entité à l’État bosnien, notamment en matière de défense, a-t-il expliqué.  Le gouvernement de la Republika Srpska a ainsi l’obligation d’adopter dans les six mois des lois dans ces domaines qui rendraient inapplicables celles de l’État bosnien. 

« Si cela devait advenir, cela signifierait le retrait de la Republika Srpska des forces unifiées bosniennes et, possiblement, la constitution de sa propre armée », a averti le Haut-Représentant.  Il a aussi indiqué que le parti au pouvoir défend la « dissolution pacifique » du pays et que son objectif est une « Republika Srpska indépendante au sein de la Bosnie-Herzégovine de Dayton ».

Il a aussi dénoncé la non-participation des représentants de la Republika Srpska aux processus de prise de décisions au niveau de l’État bosnien, une stratégie perçue comme une tentative de paralyser l’État puis de prétexter de son dysfonctionnement ainsi créé pour démontrer le caractère non viable de la Bosnie-Herzégovine.  Enfin, M. Schmidt a salué l’adoption de mesures ciblées et jugé crucial de « garder ouverte la porte de l’Europe pour la Bosnie-Herzégovine ».

La représentante de la France a appelé l’ensemble des dirigeants de Bosnie-Herzégovine à retrouver la voie du dialogue et du compromis nécessaires au bon fonctionnement des institutions du pays et à son « cheminement européen ».  C’est le sens des 14 priorités identifiées en 2019 dans l’avis de la Commission européenne sur la demande d’adhésion de la Bosnie-Herzégovine à l’Union européenne, a-t-elle rappelé, tandis que son homologue de l’Union européenne s’est inquiété des initiatives qui mettent en péril l’engagement en faveur de l’intégration européenne. 

Les actions de la Republika Srpska ont alarmé la plupart des délégations, dont celle des États-Unis qui a par ailleurs indiqué que tous les dirigeants ethnonationalistes, y compris les partis bosniaques, ont choisi de recourir à la corruption, la peur et la division pour rester au pouvoir.  Elle s’est également inquiétée des appels « dangereux » à l’obstruction des élections prévues en octobre et à la création d’une nouvelle organisation territoriale par les dirigeants croates de Bosnie. 

« Faute de disposer de mécanismes solides pour empêcher ces activités sécessionnistes, nous avons besoin de la communauté internationale pour les contrer », a appuyé le Président en exercice de la présidence de Bosnie-Herzégovine.  M. Sefik Dzaferovic a ainsi souhaité que toutes les lois contraires à l’Accord de Dayton prises par la Republika Srpska soient abrogées et appelé au déblocage des institutions bosniennes qui ne fonctionnent pas en raison de l’absence de ses représentants. 

Alors que ce blocage perdure, il s’est félicité que des sanctions aient été annoncées par la communauté internationale et a insisté, lui aussi, sur la nécessité de progresser sur la voie de l’intégration euro-atlantique.  « Dans la situation géopolitique actuelle, compte tenu des conséquences potentielles de la situation en Ukraine sur les Balkans occidentaux, l’UE devrait répondre positivement à la demande de candidature de la Bosnie-Herzégovine », a appuyé le Président pour qui l’octroi du statut de candidat permettrait de stabiliser la situation et donner nouvelle impulsion au processus de réforme. 

Le Président a par ailleurs accusé la Serbie de ne pas respecter la souveraineté de son pays, en intégrant la Republika Srpska dans sa stratégie de défense, pour ensuite s’inquiéter de l’ingérence de la Croatie dans les lois électorales de son pays.  Pour la première fois en 27 ans, les élections générales prévues en octobre prochain sont remises en question parce que les ministres croates du Conseil des ministres de Bosnie-Herzégovine empêchent l’allocation des fonds nécessaires, a-t-il déploré, prévenant que ce blocage pourrait avoir des conséquences imprévisibles.

De son côté, la Croatie s’est dite préoccupée par les actions des dirigeants politiques bosniaques qui arborent « une mentalité de vainqueur ».  « La violation constante du principe d’égalité entre les peuples constitutifs n’a pas été traitée de manière appropriée depuis trop longtemps », a-t-elle déploré, tandis que le représentant de la Serbie a appelé les peuples de Bosnie-Herzégovine à décider de leur avenir, sans pression ni ingérence extérieure.  Ce dernier a notamment rejeté les interprétations et révisions unilatérales de l’Accord de Dayton, marquant son opposition aux solutions imposées qui ne sont pas le fruit d’un consensus de même qu’à l’imposition de sanctions aux représentants du peuple serbe en Bosnie-Herzégovine et à la Republika Srpska. 

La déléguée de la Russie a, elle, fustigé le « rôle destructeur » du Bureau du Haut-Représentant, ainsi que la centralisation de l’État bosnien au profit d’une entité, celle des Bosniaques, au détriment des deux autres entités constitutives.  Elle a déploré que l’avenir de la Bosnie-Herzégovine se décide à « Bruxelles, Washington et dans d’autres chancelleries occidentales » avertissant en outre que les sanctions prises contre certains responsables bosniens ne font qu’aggraver la situation. 

LA SITUATION EN BOSNIE-HERZÉGOVINE (S/2022/374)

Déclarations

Avant l’ouverture de la séance, M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a estimé que M. Christian Schmidt n’est pas habilité à faire un exposé en qualité de « soi-disant » Haut-Représentant.  Après avoir précisé que les hauts-représentants sont nommés par le Conseil de sécurité depuis 25 ans, le représentant russe a regretté que cette pratique ait été contournée dans la cadre de la nomination de M. Schmidt, qui de ce fait, a-t-il souligné, n’a pas le droit de s’exprimer au nom de la communauté internationale, ni au Conseil de sécurité.  Il a ajouté qu’une intervention de M. Schmidt au titre de Haut-Représentant pour la Bosnie-Herzégovine compromettrait la crédibilité du Conseil de sécurité.  Dans ce contexte, le représentant russe a estimé que M. Schmidt pouvait intervenir au Conseil de sécurité à titre personnel.  « C’est ainsi que nous considérons sa présence aujourd’hui », a-t-il dit.

Lui emboîtant le pas, M. DAI BING (Chine) a également considéré qu’à partir du moment où M. Schmidt n’a pas fait l’objet d’une désignation officielle, il n’est pas habilité à faire un exposé devant le Conseil de sécurité.

S’exprimant pour la première fois devant ce Conseil, M. CHRISTIAN SCHMIDT, Haut-Représentant pour la Bosnie-Herzégovine, a indiqué que des menaces émanant avant tout d’une région du pays pèsent sur l’ordre constitutionnel de la Bosnie-Herzégovine.  Depuis l’année dernière, les habitants du pays ainsi que les médias internationaux ont évoqué la possibilité d’une nouvelle guerre.  Le conflit en Ukraine, pas si loin, est un avertissement que même au XXIsiècle, une autre guerre sur le sol européen n’est pas une impossibilité, a dit M. Schmidt.  Il a repris les mots d’un sénateur américain en visite en Bosnie-Herzégovine qui a parlé d’un « moment très préoccupant » pour le pays.  S’il n’y a pas de danger concret de guerre, la possibilité de tensions exacerbées et d’incidents est très élevée, a-t-il prévenu, en jugeant toujours nécessaire une présence internationale. 

Il a rappelé qu’en décembre dernier, l’assemblée de la Republika Srpska a adopté des conclusions donnant instruction au gouvernement de l’entité de se retirer de plusieurs accords antérieurement signés sur le transfert de compétences de ladite entité à l’État, y compris en matière de défense, de fiscalité indirecte et judiciaire.  Ces instructions obligent le gouvernement de la Republika Srpska à adopter dans les six mois des lois dans ces domaines, rendant ainsi inapplicables les lois de l’État bosnien.  Si cela devait advenir, cela signifierait au minimum le retrait de la Republika Srpska des forces unifiées de Bosnie-Herzégovine et, possiblement, la constitution de sa propre armée, a averti le Haut-Représentant.  Il a aussi indiqué que le parti au pouvoir en Republika Srpska défend la « dissolution pacifique » du pays et que son objectif est une « Republika Srpska indépendante au sein de la Bosnie-Herzégovine de Dayton ». 

M. Schmidt a indiqué que cette expression de « Bosnie-Herzégovine de Dayton » souvent employée par les autorités de la Republika Srpska témoigne d’un irrespect de la Constitution bosnienne.  Tout changement constitutionnel ne peut se faire de manière unilatérale mais doit découler de décisions parlementaires conjointes.  De tels changements doivent en outre respecter les décisions de la Cour constitutionnelle et les principes de Dayton.  Il a ajouté que le Haut-Représentant, en tant qu’interprète responsable de l’Accord-cadre général pour la paix, assurera le respect de ces principes fondamentaux. 

M. Schmidt a déclaré que les autorités de la Republika Srpska, en se retirant du cadre constitutionnel et en assumant des compétences étatiques, cherchent en réalité une sécession de facto.  Il a rappelé que les entités du pays existent en vertu de la Constitution et qu’elles n’ont pas le droit de sécession, avant d’accuser les autorités de la Republika Srpska de saper la souveraineté de la Bosnie-Herzégovine.  Il a promis de préserver la souveraineté du pays et exhorté la communauté internationale à protéger les droits des trois peuples constitutifs. 

Le Haut-Représentant a aussi mentionné les décisions qu’il a prises pour remédier aux actions illégales et déstabilisatrices des autorités de la Republika Srpska, notamment la loi sur les biens nécessaires au fonctionnement des autorités qui contrevient aux décisions de la Cour constitutionnelle bosnienne.  L’application de cette loi empêcherait toute résolution acceptable et durable de la question des biens de l’État, qui est le premier objectif depuis 2008 du programme « 5 plus 2 ».  « Plutôt que de me substituer à l’assemblée de cette entité, j’ai ordonné la suspension de l’application de cette loi, en attendant son examen par la Cour », a dit M. Schmidt, précisant que cette décision avait été prise en dernier recours.  Selon lui, les autorités de la Republika Srpska auraient toujours l’intention d’appliquer ladite loi.  Néanmoins, elles semblent avoir abandonné leur calendrier sur le retrait d’autres accords de partage des compétences, a-t-il noté. 

Le Haut-Représentant a aussi dénoncé la non-participation des représentants de la Republika Srpska aux processus de prise de décisions au niveau de l’État bosnien.  « La stratégie des autorités de la Republika Srpska est perçue comme une tentative de paralyser l’État puis de prétexter de son dysfonctionnement ainsi créé pour démontrer le caractère non viable de la Bosnie-Herzégovine. »  Il a salué la nouvelle approche de la communauté internationale sur ce dossier, qui a soutenu son autorité de Haut-Représentant et pris des mesures ciblées. 

En venant aux élections générales de 2022, M. Schmidt a déploré l’échec à parvenir à un accord sur la réforme électorale, tout en indiquant que le vote se déroulera en octobre comme prévu.  Il a jugé crucial d’appliquer le programme « 5 plus 2 », ainsi que de garder ouverte la porte de l’Europe pour la Bosnie-Herzégovine et les Balkans occidentaux.  Enfin, estimant que le pays est à la « croisée des chemins », le Haut-Représentant a exhorté les responsables bosniens à œuvrer à une désescalade des tensions et appelé les représentants de la Republika Srpska à rejoindre pleinement les institutions de la Bosnie-Herzégovine. 

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a estimé que la Bosnie-Herzégovine ne peut exister en tant qu’État pleinement fonctionnel que si son peuple est attaché à ses lois et à ses institutions.  Il a jugé troublant à cet égard que des hommes politiques de Bosnie-Herzégovine s’emploient à créer des législations visant à saper les institutions étatiques actuelles.  Constatant que beaucoup reste à faire pour que le pays accède au statut d’État à part entière, il a regretté l’absence d’avancées sur le programme « 5 plus 2 » établi par le Comité directeur du Conseil de mise en œuvre de la paix.  Le délégué a donc appelé toutes les autorités de Bosnie-Herzégovine à travailler ensemble pour son accomplissement.  Il a également déploré l’impasse dans laquelle se trouve la réforme de la législation électorale, jugeant que les élections sont une opportunité pour faire entendre les voix de la société et pour aplanir les différences.  Il a jugé très préoccupante la paralysie législative identifiée par le Haut-Représentant qui empêche les réformes indispensables de l’État, estimant essentiel que les différentes parties de Bosnie-Herzégovine s’engagent dans une négociation politique ouverte afin d’adopter les lois nécessaires.  De même, face à l’incapacité du Gouvernement à mettre la loi en conformité avec les décisions judiciaires, il a souligné l’importance de renforcer l’état de droit pour parvenir à un État qui fonctionne.  Enfin, après avoir invité toutes les parties au Comité directeur du Conseil de mise en œuvre de la paix à prendre en considération les points de vue de tous ses participants, il a exhorté les différentes composantes du pays à faire un meilleur usage de l’assistance internationale. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a relevé que l’impasse politique et l’instabilité persistent en Bosnie-Herzégovine.  Elle s’est inquiétée des tentatives de M. Milorad Dodik de recréer une armée de la Republika Srpska et de se retirer des institutions de l’État.  Cette tentative qui vise à orchestrer une sécession de facto est extrêmement dangereuse et pourrait annuler 26 années de progrès et d’une paix durement acquise, s’est-elle alarmée.  Elle a appelé le Conseil de sécurité à continuer d’appuyer la mise en œuvre de l’Accord de Dayton de même que le rôle du Haut-Représentant, et à promouvoir des politiques fondées sur la coopération et la compréhension en Bosnie-Herzégovine.  La représentante a ensuite indiqué que le Royaume-Uni a eu récemment recours à son propre régime de sanctions pour envoyer un message clair à ceux qui menacent l’avenir du pays.  Elle a condamné les tentatives visant à saper les fonctions du Haut-Représentant, y voyant une tentative de compromettre la sécurité régionale à des fins géopolitiques.  La déléguée a appelé l’ensemble des parties à avancer sur l’intégration euro-atlantique, et a souhaité que les élections du mois d’octobre se déroulent comme prévu. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a constaté que les contestations persistantes et répétitives relatives à l’Accord-cadre général pour la paix sont sources d’instabilité politique, au moment où le pays a grand besoin de mener les réformes importantes nécessaires à la consolidation de l’état de droit.  Il s’est inquiété que pour la deuxième année consécutive, le budget de l’État n’ait pu être adopté, et que trois ans après les dernières élections générales, le pays ne dispose toujours pas d’un exécutif.  Il a appelé les parties à faire preuve de compromis et à s’abstenir de toute action ou de toute rhétorique clivante et non constructive, susceptible d’alimenter les antagonismes et de nuire à la paix et à la stabilité de la Bosnie-Herzégovine.  L’Accord de Dayton doit constituer le socle et la feuille de route vers la coexistence pacifique, a-t-il rappelé.  Il a déclaré qu’à quelques mois des élections générales prévues en début octobre prochain, il est essentiel qu’un accord soit trouvé en ce qui concerne les réformes électorales nécessaires à la tenue d’élections dans un contexte apaisé et dans un climat de confiance mutuelle.  Enfin, le représentant a rappelé que l’État central doit garantir l’égalité de tous les citoyens du pays et leur permettre d’exercer leurs droits civiques sans discrimination, y compris de prendre part aux différentes élections et de participer sur le même pied d’égalité à la vie de la cité.  ´

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) s’est dite très préoccupée par la rhétorique négative qui divise profondément les dirigeants politiques en Bosnie-Herzégovine et ne fait que réduire les perspectives de réconciliation, alors qu’elle est convaincue que l’impasse peut être surmontée par le dialogue.  Elle s’est alarmée en particulier de la glorification des criminels de guerre.  La représentante a estimé que les institutions de l’État doivent recommencer à fonctionner pleinement et prendre des mesures pour mettre fin au démantèlement des compétences de l’État.  Alors que des élections ont été convoquées pour octobre prochain, l’impasse politique et la paralysie des institutions de l’État aggravent déjà la frustration des citoyens de Bosnie-Herzégovine, a encore relevé Mme Byrne Nason.  Elle y a vu un facteur qui pousse beaucoup de jeunes à quitter le pays, plutôt que d’attendre les urnes.

Malgré les défis, la Bosnie-Herzégovine a été en mesure d’accomplir des réalisations importantes au cours du dernier quart de siècle, en bâtissant ses institutions gouvernementales et en développant son économie et sa société, a reconnu la déléguée en constatant que la voie politique peut fonctionner pour tous les habitants du pays.  Cela pourrait continuer si les représentants élus, en collaboration avec les dirigeants nationaux, font preuve de la volonté politique nécessaire, a encouragé la déléguée irlandaise.  Tout en soutenant la perspective européenne de la Bosnie-Herzégovine, elle a rappelé qu’il faut répondre aux besoins de tous les citoyens, appelant toutes les parties à défendre et à respecter l’égalité et l’inclusion en tant que principes clefs pour un avenir stable et prospère.  À cet égard, elle a observé que la participation des femmes à la vie politique reste faible, exhortant dès lors les autorités à assurer le développement de mécanismes efficaces pour la mise en œuvre de quotas dans ce domaine.  Un processus inclusif de réforme constitutionnelle et électorale éliminerait toutes les formes d’inégalité et de discrimination dans le contexte électoral, a ajouté la représentante.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a constaté que la situation en Bosnie-Herzégovine reste complexe, en raison d’un manque persistant de coopération entre les parties, souvent accompagné de tensions.  Il a encouragé tous les acteurs politiques du pays à répondre aux appels au dialogue du Haut-Représentant et a également jugé que le programme « 5 plus 2 » reste une bonne base pour les réformes nécessaires dans le pays.  Il a dénoncé les tentatives de M. Milorad Dodik, le chef politique de la Republika Srpska, de transférer les compétences du gouvernement central aux institutions de son entité, en violation de la Constitution nationale et des accords de Dayton.  Une telle action déstabilisatrice vise à défaire les réformes entreprises au cours des 26 dernières années, afin de stopper le processus d’intégration euro-atlantique et d’ouvrir la voie à la dissolution du pays, a-t-il accusé. 

Le délégué s’est ensuite déclaré préoccupé par la poursuite de la rhétorique politique de négation du génocide commis à Srebrenica, de glorification des criminels de guerre et de haine assortie d’insultes ethniques.  Les efforts visant à attiser les divisions entre les groupes ethniques portent la signature de Dodik, a-t-il martelé, avertissant que tout faux pas en Bosnie-Herzégovine risque d’affecter l’ensemble de la région.  Il s’est donc félicité des mesures prises par les États-Unis et le Royaume-Uni contre M. Dodik en raison de ses tentatives de saper la fonctionnalité de l’État bosnien et la paix durement gagnée par ce pays.  Essayer de gagner de l’influence en utilisant la montée du nationalisme et les divisions sur les questions religieuses et ethniques ne fait que polariser la politique et créer un sentiment d’insécurité dans plusieurs pays des Balkans occidentaux, a ajouté le représentant.  Il a également averti que l’influence de la Russie est en train de devenir une menace pour la sécurité en Bosnie-Herzégovine car elle s’appuie sur les tensions ethniques et religieuses dans le but de bloquer les réformes et de faire dérailler le processus d’intégration euro-atlantique.  Dans ce contexte, il a estimé que seuls une coopération et un véritable dialogue entre toutes les parties pourraient dénouer l’impasse sans fin que connaît le pays.  Si le rôle du Haut-Représentant reste primordial pour faciliter ce dialogue et garantir l’ordre constitutionnel, il est aussi crucial que l’Union européenne reste engagée dans ce processus, a-t-il plaidé, jugeant que la perspective européenne est de la plus haute importance pour le pays et la région. 

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a exprimé sa préoccupation au sujet de la crise politique en Bosnie-Herzégovine qui dure depuis l’été dernier, qui menace les acquis de près de trente ans de construction institutionnelle et de réformes dans le pays, dans le cadre prévu par les accords de Dayton/Paris et sur la voie du rapprochement européen.  La représentante a appelé l’ensemble des dirigeants de Bosnie-Herzégovine à retrouver la voie du dialogue et du compromis nécessaires au bon fonctionnement des institutions du pays et à son cheminement européen, arguant que les citoyens de Bosnie-Herzégovine ont droit à des institutions démocratiques efficaces et qui respectent pleinement les principes de l’État de droit.  C’est le sens des 14 priorités identifiées en 2019 dans l’avis de la Commission européenne sur la demande d’adhésion de la Bosnie-Herzégovine à l’Union européenne, a-t-elle rappelé.  Ces priorités doivent continuer de guider les efforts de réforme, au bénéfice de tous les habitants du pays, a souhaité Mme Broadhurst en se disant particulièrement attentive à la participation pleine et effective des femmes à la vie politique.  « La France regrette qu’un accord n’ait pas encore été trouvé sur une réforme constitutionnelle et électorale qui garantisse le principe de non-discrimination et d’égalité de tous les citoyens, conformément aux arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme. »  L’absence d’accord sur un nouveau cadre électoral ne saurait toutefois priver les citoyens de Bosnie-Herzégovine de leur droit fondamental à élire leurs représentants, a estimé la représentante en appelant les autorités de Bosnie-Herzégovine à prendre toutes les mesures nécessaires à l’organisation de ces élections et à leur financement dans les délais prévus. 

Face à ces dynamiques préoccupantes, elle a jugé nécessaire le maintien de la présence internationale en Bosnie-Herzégovine, pour garantir la stabilité du pays et de la région.  S’agissant du volet militaire, l’Union européenne remplit depuis 2004 le rôle principal dans la stabilisation de la paix dans le pays, a-t-elle rappelé en souhaitant que l’opération EUFOR ALTHEA reste présente dans la durée.  Alors que le continent européen fait face à un défi sans précédent né de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine, la France ne ménagera aucun effort pour œuvrer à la stabilité de l’Europe, notamment dans les Balkans où les blessures des conflits des années 1990 sont encore vives, a-t-elle affirmé.  En sa qualité de présidente du Conseil de l’Union européenne au premier semestre 2022, la France organisera fin juin une conférence sur les Balkans occidentaux, a annoncé la représentante en prévoyant la participation des 27 États membres et des 6 États de la région, afin de réaffirmer collectivement l’engagement sur la voie de l’intégration européenne et de continuer à construire les coopérations nécessaires en réponse aux défis communs.

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a exhorté le Bureau du Haut-Représentant à continuer de collaborer avec toutes les parties de manière objective pour instaurer la confiance afin de surmonter les obstacles et donner la priorité à la mise en œuvre du programme « 5 plus 2 » qui reste la base pour la réalisation de la stabilité à long terme.  Après s’être inquiété des discours de haine et d’une rhétorique qui divise, en particulier par le biais des médias sociaux, le représentant a estimé important de bien comprendre les griefs qui motivent ces discours et les instigateurs de cette rhétorique.  Persuadé que la Bosnie-Herzégovine trouvera sa propre voie vers la démocratie, M. Kiboino a rappelé qu’une démocratie ne peut être réalisée sans État de droit.  C’est pourquoi, il a dit partager l’avis du Haut-Représentant sur la nécessité de maintenir l’État de droit, notamment en ce qui concerne le statut des nombreuses décisions de justice internationales et nationales non mises en œuvre.  Enfin, prenant note des défis qui se posent pour les retours volontaires et la réintégration harmonieuse des réfugiés et des personnes déplacées, le représentant a prôné une collaboration entre les parties pour créer un environnement propice au retour des réfugiés et des déplacés dans leurs foyers d’origine.

M. DAI BING (Chine) a espéré qu’en cette année électorale, toutes les parties sur le terrain parviendront à s’entendre pour un processus apaisé, soulignant que la Bosnie-Herzégovine doit retrouver sa pleine souveraineté.  Le fait que les forces extérieures choisissent un camp ne va pas aider à baisser les tensions, a-t-il déploré.  Il a également décrié l’imposition de sanctions au pays.  Le délégué a pris note de l’augmentation des personnels déployés de l’opération EUFOR ALTHEA et a souhaité que la mission poursuive son rôle.  Il a invité la communauté internationale, notamment les partenaires européens, à aider la Bosnie-Herzégovine afin que celle-ci puisse se relever sur le plan économique.  Pour sa part, la Chine entend poursuivre son amitié avec tous les peuples de Bosnie-Herzégovine.

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a déclaré être préoccupé par les récents développements et les tensions politiques qui menacent d’exacerber la situation politique et sécuritaire dans le pays.  Il faut apaiser ces tensions et résoudre les différends entre les parties conformément à la Constitution de Bosnie-et-Herzégovine afin d’éviter que la situation actuelle ne s’aggrave, en particulier à la lumière de la dangereuse conjoncture que traverse l’Europe à la suite de la guerre en Ukraine, a recommandé le représentant.  Il a réaffirmé son appui à l’unité et à l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine conformément au droit international et à l’Accord de Dayton qu’il a demandé de respecter pour résoudre les divergences entre tous les partis politiques y compris la coopération qui est l’un des principes fondamentaux de cet accord.  Il a aussi souligné l’importance du plein respect des institutions nationales, saluant dans la foulée le rôle du Haut-Représentant qui a maintenu la paix dans le pays en protégeant les aspects politiques de l’Accord de Dayton au cours des trois dernières décennies. 

Le représentant a encouragé la coexistence pacifique entre les différentes communautés de Bosnie-Herzégovine et a appelé à maintenir les canaux de communication ouverts pour parvenir à une paix durable.  Il a condamné toute tentative de provoquer des tensions sectaires et ethniques, de répandre des discours haineux, d’encourager les haines raciales et d’organiser les crimes de guerre.  Ces actes compromettent les perspectives d’un engagement positif et menacent de renouveler la violence dans le pays, a prévenu le délégué qui a souligné l’importance du dialogue et de la construction de ponts entre les différentes communautés.  Cela contribuera à renforcer une société pacifique, sûre et prospère, a espéré le représentant qui a en conclusion, mis l’accent sur les efforts de l’Organisation de la coopération islamique. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a indiqué que la situation ne s’est pas améliorée en Bosnie-Herzégovine, la crise politique y étant plus grave que jamais.  Elle a constaté une centralisation de l’État bosnien au profit d’une entité, celle des Bosniaques, au détriment des deux autres entités constitutives.  Cela se reflète dans les décisions prises qui ne respectent pas les intérêts de tous les Bosniens, a dit la déléguée.  Elle a dénoncé l’ingérence dans les affaires intérieures bosniennes de l’ancien Haut-Représentant, M. Valentin Inzko, en estimant que ce n’est pas la Bosnie-Herzégovine qui décide de son avenir mais « Bruxelles, Washington et d’autres chancelleries occidentales ».  Elle a aussi dénoncé les sanctions prises contre certains responsables bosniens.  Une telle politique ne fait qu’aggraver la situation et entrave les efforts de normalisation, a-t-elle estimé.

La représentante a appelé à cesser les « reconfigurations » de l’Accord de Dayton, auxquelles certains pays se livrent, en insistant sur la souveraineté de la Bosnie-Herzégovine.  La déléguée a aussi mentionné le « rôle destructeur » du Bureau du Haut-Représentant en rappelant l’autorité exceptionnelle qui lui est conférée alors que le poste de Haut-Représentant est « vacant ».  « M. Schmidt est un citoyen allemand, qui intervient à titre personnel, non pas au nom de la communauté internationale », a-t-elle insisté.  Elle a réclamé la fermeture dudit bureau et rappelé qu’aucun parallèle ne peut être dressé entre la situation en Ukraine et celle en Bosnie-Herzégovine.  La Russie, qui est un État garant de l’Accord de Dayton, appuie l’égalité entre les peuples constitutifs du pays, a conclu la déléguée, en ajoutant que la destruction des mécanismes mis en place par ledit accord aura des conséquences graves. 

Pour M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde), le désaccord sur le Bureau du Haut-Représentant en Bosnie-Herzégovine doit être résolu par un engagement constructif, conformément à l’Accord de paix et la mise en œuvre rapide du programme « 5 plus 2 » qui doit rester la priorité absolue de ce bureau.  Préoccupé par le fait que l’évolution politique récente en Bosnie-Herzégovine sape les progrès réalisés au cours des 25 dernières années, le représentant a appelé toutes les parties à s’engager dans un dialogue, dans un esprit de compréhension mutuelle et d’empathie envers les positions de l’autre.  Nous devons soutenir tous les efforts en faveur de la coopération, du développement et de la paix et éviter toute rhétorique qui pourrait saper l’accord de paix, a recommandé le délégué.  À cet égard, il est important que le Bureau du Haut-Représentant travaille objectivement avec toutes les parties, comprenne les points de vue divergents et cherche à rétablir la confiance et à renforcer le cadre constitutionnel de la Bosnie-Herzégovine, a poursuivi le délégué.  Il a souligné que l’Accord-cadre général pour la paix fournit la base pour trouver des solutions liées au règlement des conflits interethniques par le dialogue des parties en se basant sur l’égalité, le respect mutuel, le compromis et le consensus.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) s’est inquiété des tensions qui menacent la stabilité qui a permis de préserver l’unité de la Bosnie-Herzégovine au cours des 25 dernières années.  Dans ce contexte, il a exhorté les parties à respecter leurs engagements et obligations acceptés dans le cadre de l’Accord de Dayton.  Il a demandé à toutes les parties de respecter l’objectif d’une société multiethnique et multireligieuse en Bosnie-Herzégovine avant d’appeler à la tolérance zéro face aux discours de haine qui alimentent les tensions.  Il a salué les initiatives relatives à la répartition des propriétés entre l’État et les autres niveaux de collectivités.  Il a souhaité que la Bosnie-Herzégovine avance sur le chemin de la paix et devienne un État pacifique et viable intégré à l’Europe.  Enfin, il a dit la nécessité de favoriser les meilleures conditions pour un retour sûr et sans discrimination des réfugiés et personnes déplacées.  « Quelles que soient les divergences de points de vue entre les membres du Conseil de sécurité au sujet du poste de Haut-Représentant », le représentant du Ghana a exhorté le Conseil de sécurité à faire preuve d’unité dans l’intérêt d’un avenir pacifique de la Bosnie-Herzégovine. 

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a dit craindre que l’actuelle crise politique en Bosnie-Herzégovine se transforme en une situation sécuritaire plus grave.  Elle a dit être particulièrement préoccupée par l’augmentation de la rhétorique ethnique agressive, et a appelé les autorités à la condamner tout en s’abstenant de tout discours de haine.  Selon elle, le climat politique déjà difficile dans le pays risque également de se détériorer davantage en raison de l’impact de la guerre en Ukraine.  Elle s’est dite convaincue du caractère essentiel de la contribution de l’EUFOR ALTHEA au maintien de la paix et de la stabilité en Bosnie-Herzégovine et a appuyé le renouvellement de son mandat en novembre.

La représentante a ensuite déclaré que la justice et la responsabilité pour les crimes de guerre -y compris les violences sexuelles liées aux conflits– sont essentielles à l’édification d’une paix durable en Bosnie-Herzégovine.  Elle a exhorté le Haut-Représentant à s’engager avec les autorités et les partenaires pour assurer la responsabilité pour les crimes de guerre.  Au sujet du mandat du Bureau du Haut-Représentant, elle a rappelé que son travail prendra fin seulement quand le programme « 5 plus 2 » sera mis en œuvre.  Et cela n’est possible que si tous les acteurs politiques de Bosnie-Herzégovine travaillent ensemble de manière constructive et dans l’intérêt supérieur de tous les habitants du pays.

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a regretté que les progrès du programme « 5 plus 2 », à l’exception de certains progrès dans le district de Brcko, soient pratiquement nuls, rappelant que la mise en œuvre de ce programme est essentielle pour la fermeture du Bureau du Haut-Représentant.  Il a insisté sur l’importance des prochaines élections d’octobre et a appelé les parties bosniaque et croate à parvenir à un accord sur la réforme électorale, y compris les aspects financiers.  « Nous espérons que toutes les parties redoubleront d’efforts pour trouver une solution à leurs différends et qu’après les élections, un gouvernement fonctionnel sera formé et que la malheureuse expérience de 2018 ne se reproduira pas », a-t-il dit. 

Le représentant s’est ensuite inquiété des informations sur la glorification fréquente des criminels de guerre, la négation du génocide et des crimes de guerre, et le rejet ou la relativisation des conclusions du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie et des tribunaux locaux.  Il est inacceptable qu’il n’y ait pas de condamnation officielle de ce type d’action, et particulièrement alarmant que, dans certains cas, ce soient des agents publics qui promeuvent des récits nationalistes et alimentent une rhétorique de division, a dénoncé le représentant.  Il a donc demandé à l’Assemblée parlementaire d’adopter une législation sur la négation du génocide et d’autres crimes de guerre, avant de prendre note de la proposition du Haut-Représentant de retirer les amendements au code pénal présentés par son prédécesseur, afin que l’Assemblée puisse légiférer en la matière, conformément aux normes internationales. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a souligné que l’Accord de Dayton demeure essentiel dans un contexte où la stabilité durement acquise de la Bosnie-Herzégovine est menacée.  Elle s’est inquiétée des mesures prises par Milorad Dodik et la Republika Srpska pour se retirer de l’ordre constitutionnel, juridique et institutionnel de l’État et établir des cadres parallèles.  Les appels à l’obstruction des élections ou à la création d’une nouvelle organisation territoriale par les dirigeants croates de Bosnie sont également dangereux, a-t-elle ajouté.  Selon elle, tous les dirigeants ethnonationalistes, y compris les partis bosniaques, ont choisi de recourir à la corruption, la peur et la division pour rester au pouvoir. 

La représentante a regretté le recours, par les partis politiques, à une rhétorique incendiaire pour attiser les tensions et détourner l’attention de la corruption généralisée.  Les autorités à tous les niveaux doivent continuer à lutter contre la corruption, a-t-elle insisté, notant que ce fléau prive les citoyens d’un avenir plus prospère et entrave la voie euro-atlantique choisie par le pays.  Elle s’est félicitée de la décision de la Commission électorale centrale de convoquer des élections le 2 octobre et a demandé l’allocation immédiate de fonds pour permettre leur tenue.  Elle a aussi souligné l’importance d’achever le programme « 5 plus 2 », déplorant dans la foulée les tentatives continues de certains membres du Conseil de saper le mandat et la légitimité du Haut-Représentant.

M. SEFIK DZAFEROVIC, Président en exercice de la présidence de Bosnie-Herzégovine, après avoir salué le « compte rendu objectif » du Haut-Représentant, a constaté que, depuis plus de 10 ans, son pays traverse une crise politique profonde causée par des menaces de sécession, le blocage des institutions et les tentatives de la Republika Srpska de dévier de la Constitution et de l’Accord de Dayton.  Des progrès notables ont pourtant été enregistrés depuis l’accord de paix et nombre de réformes ont été engagées, a-t-il relevé, précisant que la Bosnie-Herzégovine a ainsi formé une armée conjointe et mis en place des ministères et des institutions judiciaires grâce auxquels l’État peut fonctionner de manière indépendante.  Tout cela s’est fait avec l’accord des deux entités et des trois peuples de Bosnie-Herzégovine, avec l’appui de la communauté internationale, y compris le Conseil de sécurité, a souligné le Président bosnien.  Or, certains cherchent à saper ces efforts, a-t-il averti, accusant l’entité serbe de vouloir faire dérailler les institutions et de s’approprier leurs compétences.  Observant que la Republika Srpska a adopté des lois sur la justice et la propriété de l’État qui menacent la souveraineté de l’État, il a jugé cette situation dangereuse car elle sape l’Accord de Dayton, pierre angulaire de la paix et de stabilité dans cette partie de l’Europe. 

Faute de disposer de mécanismes solides pour empêcher ces activité sécessionistes, nous avons besoin de la communauté internationale pour les contrer, a souligné le Président bosnien, selon lequel le Bureau du Haut-Représentant doit pouvoir faire son travail conformément au mandat qui lui a été confié.  Saluant à cet égard la décision prise par M. Schmidt d’abroger la loi sécessioniste sur la propriété de l’État adoptée par la Republika Srpska, il a souhaité que toutes les lois inconstitutionnelles et contraires à l’Accord de Dayton subissent le même sort.  Il a également appelé à débloquer les institutions de Bosnie-Herzégovine qui ne fonctionnent pas en raison de l’absence de représentant de la Republika Srpska, se félicitant que des sanctions aient été annoncées par la communauté internationale.  Selon lui, toutes les autorités doivent s’engager à mettre en œuvre les réformes pour assurer le progrès sur la voie de l’intégration euro-atlantique.  Il a cependant estimé que, compte tenu des conséquences potentielles de la situation en Ukraine sur les Balkans occidentaux, l’UE devrait répondre positivement à la demande de candidature de la Bosnie-Herzégovine.  Accorder le statut de candidat pourrait permettre une stabilisation de la situation et donner nouvelle impulsion au processus de réforme, a-t-il souligné. 

M. Dzaferovic a assuré que son pays s’engage à promouvoir la paix dans la région par le biais d’une coopération avec ses voisins, s’alarmant toutefois des signaux en provenance de Serbie.  En intégrant la Republika Srpska dans sa stratégie de défense, ce pays ne respecte pas la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine, a-t-il accusé, se disant également préoccupé par la protection accordée à des criminels de guerre condamnés et à des suspects dans l’affaire du génocide de Srebrenica.  Il s’est aussi inquiété de l’ingérence de la Croatie dans les lois électorales de son pays, avant de rappeler que des élections générales doivent se tenir en octobre prochain.  Pour la première fois en 27 ans, ces élections sont remises en question parce que les ministres croates du Conseil des ministres de Bosnie-Herzégovine empêchent l’allocation des fonds nécessaires, a-t-il déploré, prévenant que ce blocage pourrait avoir des conséquences imprévisibles.  Évoquant ensuite la prorogation en novembre de la mission EUFOR ALTHEA, le Président a souligné l’importance de la présence de forces militaires internationales pour mettre en œuvre les volets militaires de l’Accord de Dayton.  Il a appelé le Conseil de sécurité à prolonger le mandat de cette force qui, à ses yeux, constitue un mécanisme de dissuasion vis-à-vis de ceux qui veulent saper la paix.  Enfin, il importe que toutes les parties en présence adhèrent strictement à l’accord de paix car personne n’a le droit de détruire de manière unilatérale les mécanismes mis en place au prix d’efforts considérables.    

M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne (UE), a condamné le blocage des institutions de l’État et a exhorté l’ensemble des dirigeants politiques à renoncer à toutes rhétoriques et actions conflictuelles, susceptibles de remettre en cause l’unité et l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine.  Il s’est aussi inquiété des initiatives qui mettent en péril l’alignement du pays sur les normes européennes et l’engagement en faveur de l’intégration européenne, et a appelé les dirigeants au dialogue afin de sortir de l’impasse.  Malgré ces freins, il a salué les progrès observés sur certaines réformes, dont les réformes de l’administration publique, avant de citer en exemple la tenue en 2020, à Mostar, des premières élections depuis 2008.  Le représentant a ensuite exhorté toutes les parties à unir leurs efforts pour atteindre les 14 objectifs prioritaires entérinés par le Conseil de sécurité en 2019.  Ce n’est qu’en adoptant des reformes que le Bosnie-Herzégovine pourra se rapprocher de l’UE, a-t-il souligné.

M. NEMANJA STEVANOVIC (Serbie) a constaté que ces derniers temps, la région des Balkans occidentaux a été accablée par des tensions politiques inutiles et des rhétoriques rétrogrades qui font obstacle à toute solution constructive.  Cela a marqué la situation politique en Bosnie-Herzégovine, y compris les relations entre ses deux entités et ses trois peuples constitutifs.  Il s’est dit convaincu que la politique de la Serbie contribue positivement au processus de réconciliation dans les Balkans occidentaux et au renforcement des relations de bon voisinage. 

Le représentant a fait part de son attachement à l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine et de la « Republika Srpska au sein de la Bosnie-Herzégovine », pour ensuite appeler au plein respect de l’Accord de Dayton.  Il a rejeté les interprétations et révisions unilatérales de l’Accord en arguant qu’elles mettent en péril la paix et la stabilité existantes.  Dans le même temps, la politique de la Serbie envers ses voisins est claire et sans équivoque: la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays.  Les peuples de Bosnie-Herzégovine doivent décider librement de leur avenir, sans pression ni ingérence extérieure, a estimé le délégué.  Il s’est opposé aux solutions imposées qui ne sont pas le fruit d’un consensus et qui seraient une menace pour la stabilité de la Bosnie-Herzégovine et de toute la région.  Il a également insisté sur l’importance pour les parties de dialoguer afin de régler les différends et rétablir la confiance mutuelle.  Il a appelé à condamner les crimes commis en Bosnie-Herzégovine et à traduire leurs auteurs en justice, mettant en garde contre toute politisation de cette question.  Il s’est ensuite opposé à l’imposition de sanctions aux représentants du peuple serbe en Bosnie-Herzégovine et à la Republika Srpska.

M. HRVOJE ĆURIĆ HRVATINIĆ (Croatie) a déclaré que la Croatie est fermement résolue à aider la Bosnie-Herzégovine à s’acquitter avec succès de la multitude de tâches qui l’attendent, notamment la résolution des problèmes politiques profondément enracinés qui obscurcissent l’ensemble du paysage politique et socioéconomique.  Pour sa délégation, la crise politique et institutionnelle interne en Bosnie-Herzégovine est une source de grande inquiétude.  La paralysie des institutions de l’État, les tensions politiques entre les peuples constitutifs et la méfiance générale se reflètent dans les tendances centralisatrices et séparatistes croissantes, mettant en danger le fonctionnement régulier et démocratique de l’État, s’est-il inquiété.  L’absence de tout progrès substantiel, associée au dysfonctionnement actuel et à la baisse des normes démocratiques, s’accompagne d’une absence totale de volonté politique de finaliser la réforme électorale.  Tout ceci crée un environnement politique insoutenable, a mis en garde le représentant. 

Selon lui, la violation constante du principe d’égalité entre les peuples constitutifs n’a pas été traitée de manière appropriée « depuis trop longtemps ».  Le cadre électoral existant prive les Croates de Bosnie-Herzégovine de leur droit d’élire leurs représentants légitimes et la loi électorale affaiblit et délégitime les principales institutions de l’État, s’est alarmé M. Ćurić Hrvatinić, pour qui il est donc urgent de la modifier et de procéder à une réforme constitutionnelle limitée.  Il s’est ensuite déclaré profondément préoccupé par les actions des dirigeants politiques bosniaques qui font ouvertement obstacle à la réforme électorale et abusent du processus électoral « à des fins politiques », arborant « une mentalité de vainqueur ».  Pour la Croatie, les élections en Bosnie-Herzégovine doivent avoir lieu cette année et, si l’on veut éviter un autre cycle de crises politiques, il faut parvenir rapidement et sans plus attendre à un consensus sur la réforme électorale.  Ce consensus, a-t-il ajouté, doit être conforme aux arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme et aux décisions pertinentes de la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine, notamment l’affaire Ljubić. 

Reprenant la parole, M. SCHMIDT, Haut-Représentant pour la Bosnie-Herzégovine, a encouragé tous les responsables en Bosnie-Herzégovine à comprendre que le code électoral doit reposer sur le compromis le plus raisonnable.  C’est l’essence même de la démocratie, a-t-il dit.  Il a émis l’espoir qu’un accord de dernière minute sera possible, tout en reconnaissant que le code actuel n’est pas parfait.  Pour ce qui est des défis en matière de réconciliation, le Haut-Représentant a insisté sur l’importance du dialogue, et a mis en garde contre la glorification des criminels de guerre.  Tous les peuples de la région ont des victimes à déplorer, a-t-il rappelé.  Il a ensuite indiqué que son prochain rapport portera notamment sur les femmes et la politique.  La jeune génération d’hommes et de femmes politiques en Bosnie-Herzégovine prennent leurs responsabilités, a-t-il constaté, en citant notamment le cas de la nouvelle mairesse de Sarajevo qui est particulièrement engagée pour la réconciliation. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cuba: l’Assemblée générale reporte à sa soixante-dix-septième session l’examen du point de son ordre du jour portant sur la levée du blocus imposé par les États-Unis

Soixante-seizième session,
72e séance plénière – matin
AG/12419

Cuba: l’Assemblée générale reporte à sa soixante-dix-septième session l’examen du point de son ordre du jour portant sur la levée du blocus imposé par les États-Unis

Ce matin, l’Assemblée générale a adopté sans mise aux voix une décision* intitulée « Nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba par les États-Unis d’Amérique » par laquelle elle décide de reporter l’examen de cette question, ainsi que celui du rapport du Secrétaire général y afférent. Ce point sera inscrit à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-dix-septième session, qui commencera le 20 septembre.

Cette question a été inscrite comme point supplémentaire à l’ordre du jour de l’Assemblée générale lors de sa quarante-sixième session, en 1991, à la demande de Cuba.

* A/76/L.54

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: inquiétudes face à l’intensification des tirs de missiles balistiques par la RPDC, sur fond d’appels au renforcement des sanctions

9030e séance -
après-midi
CS/14887

Conseil de sécurité: inquiétudes face à l’intensification des tirs de missiles balistiques par la RPDC, sur fond d’appels au renforcement des sanctions

La République populaire démocratique de Corée (RPDC) a tiré plus de missiles balistiques ces cinq derniers mois qu’au cours des deux années précédentes combinées, a constaté cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, le Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique aux Départements des affaires politiques et de la consolidation de la paix et des opérations de paix, estimant que ces actions constituent des violations manifestes des résolutions du Conseil et contribuent à accroître les tensions dans la région et au-delà.  Face à ces développements alarmants, auxquels s’ajoute la possibilité d’un nouvel essai nucléaire, la plupart des délégations, notamment des États voisins de la RPDC, ont appelé au renforcement des sanctions contre ce pays, une option désapprouvée par la Chine et la Fédération de Russie.   

À l’entame de son exposé, M. Khaled Khiari a rappelé que, le 4 mai, la RPDC a tiré un missile utilisant la technologie des missiles balistiques, qui a parcouru 470 kilomètres et atteint une apogée de 780 kilomètres.  Depuis le même site de Sunan, près de Pyongyang, elle avait lancé un missile balistique « de possible portée intercontinentale » le 24 mars, a-t-il précisé, ajoutant que, le 7 mai, un autre missile « tiré peut-être d’un sous-marin » semble avoir couvert 600 kilomètres et atteint une apogée de 60 kilomètres.  Tout aussi inquiétant, le pays a procédé, le 16 avril, au premier lancement d’un système destiné à ses « opérations nucléaires tactiques », tandis que le dirigeant nord-coréen laissait entendre, les 25 et 30 avril, que la RPDC pourrait utiliser ses armes nucléaires à titre préventif. 

Qualifiant ces annonces de profondément préoccupantes, le haut fonctionnaire a également fait état d’une reprise des activités de construction sur le site d’essais nucléaires de Punggye-ri, qui avait été déclaré fermé en 2018.  Ces développements sont tous liés à la poursuite du programme nucléaire de la RPDC, laquelle continue ainsi à défier les demandes répétées que lui a adressées le Conseil, a-t-il déploré, avant de réaffirmer l’engagement du Secrétaire général à travailler avec toutes les parties pour une paix durable et la dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne.  Dans l’immédiat, a-t-il souligné, le chef de l’ONU exhorte la RPDC à se conformer aux décisions du Conseil et à remettre le cap sur le dialogue diplomatique, tout en offrant un accès sans entrave à l’aide humanitaire. 

Cet appel a été repris par la République de Corée, selon laquelle les derniers développements démontrent que le « régime nord-coréen » persiste à donner la priorité à ses programmes d’armes de destruction massive et de missiles balistiques aux dépens de son propre peuple, celui-ci continuant de souffrir d’une situation humanitaire désastreuse.  Face aux « provocations répétées » de la RPDC, elle a appelé le Conseil à adopter une nouvelle résolution assortie de « mesures robustes », afin de faire comprendre à Pyongyang que son comportement d’escalade doit prendre fin.  Une position partagée par le Japon, qui a lui aussi plaidé pour un alourdissement des sanctions, seul moyen selon lui de dissuader la RPDC de mettre à exécution son plan de développement de nouveaux missiles balistiques intercontinentaux et d’armes nucléaires tactiques.  La délégation japonaise a dit soutenir, à cet égard, l’initiative portée par les États-Unis. 

Ces derniers ont regretté que le Conseil soit resté trop longtemps silencieux face aux agissements de Pyongyang et ont insisté sur l’importance de mettre à jour le régime des sanctions contre la RPDC, mentionnant à ce sujet un projet de résolution auquel ils apportent la dernière main.  Ils ont été appuyés par le Royaume-Uni et la France, celle-ci estimant qu’au vu de l’« escalade » que représentent l’essai d’un missile balistique mer-sol par la RPDC et la probabilité d’un essai nucléaire imminent, un allégement des sanctions « n’aurait pas de sens ». 

La Fédération de Russie a défendu un avis contraire, faisant valoir que, depuis quatre ans, le Conseil n’a pas su prendre la mesure du démantèlement par les « Nord-Coréens » de leur site d’essais nucléaires et du respect par Pyongyang du moratoire sur les essais nucléaires et le lancement de missiles balistiques intercontinentaux.  Au contraire, le Conseil n’a fait que renforcer ses restrictions, « ignorant les signaux positifs adressés par la RPDC », a-t-elle observé, avant de s’opposer à un nouveau renforcement des sanctions contre ce pays.  Selon elle, il serait totalement vain d’attendre de Pyongyang un désarmement inconditionnel sous la menace d’une « cascade de sanctions » et d’une « garantie de promesses » non fondées. 

Sur cette même ligne, la Chine a jugé contre-productives les pressions américaines qui visent à alourdir des sanctions aux conséquences humanitaires néfastes.  Rappelant à son tour que la RPDC a pris une série de mesures qui ont permis un apaisement après 2018, elle a regretté que les États-Unis n’aient pas saisi cette occasion pour répondre aux propositions de Pyongyang sur la base du principe de réciprocité.  En tant que pays voisin de la RPDC, elle s’est dite favorable au dialogue et à la dénucléarisation de la péninsule coréenne dans l’intérêt de la paix et de la sécurité internationales, non sans pointer le fait que certains affirment officiellement poursuivre cet objectif tout en promouvant la coopération dans le domaine des sous-marins nucléaires ou en développant des programmes de missiles hypersoniques. 

Dans ce contexte, Russes et Chinois ont tous deux rappelé que leur projet d’accord politico-humanitaire sur la RPDC reste sur la table du Conseil de sécurité.   Toutefois, a averti la délégation russe, l’absence de progrès sur le volet politique, dont une partie pourrait être la résolution mentionnée par les États-Unis, « menace d’accroître encore les tensions sur la péninsule ».  Plus conciliant, le Ghana a appelé à la reprise d’un dialogue constructif et crédible entre les « parties concernées » et la RPDC afin de trouver une solution durable et pacifique aux problèmes de la péninsule coréenne.  Pour cela, il importe de prendre en considération les préoccupations sécuritaires régionales et mondiales des parties, a-t-il soutenu, rejoint par le Kenya et le Mexique.

De son côté, la Norvège a relevé que la capacité de la RPDC à agir s’appuie en partie sur sa capacité à financer et à se procurer des matériaux et des technologies pour ses programmes illégaux, y compris par des moyens cybernétiques.  Sur cette question, le Japon s’est dit favorable à des actions internationales concernant le cyberespace, lequel a été identifié par le Groupe d’experts du Comité de sanctions 1718 comme une importante source de revenus pour la RPDC. 

NON-PROLIFÉRATION: RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE

Déclarations

M. KHALED KHIARI, Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique aux Départements des affaires politiques et de consolidation de la paix et des opérations de paix, a tout d’abord noté que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a accéléré le rythme de ses lancements de missiles balistiques.  Elle a ainsi lancé plus de missiles ces cinq derniers mois qu’au cours des deux années précédentes combinées.  Le 4 mai, a-t-il rappelé, la RPDC a lancé depuis la région de Sunan, près de Pyongyang, un missile utilisant la technologie des missiles balistiques qui a parcouru 470 kilomètres et atteint une apogée de 780 kilomètres.  Depuis ce même site, la RPDC avait lancé un missile balistique « de possible portée intercontinentale » le 24 mars.  La RPDC a tiré un autre missile le 7 mai, peut-être d’un sous-marin, qui aurait couvert 600 kilomètres et atteint une apogée de 60 kilomètres, a ajouté le haut fonctionnaire, observant que le pays n’a publié aucune information publique sur ce tir, ni de notification sur la sûreté maritime ou aérienne.  Le Secrétaire général condamne fermement la poursuite du développement par la RPDC de missiles utilisant la technologie des missiles balistiques, a-t-il affirmé, soulignant que de telles actions constituent des violations manifestes des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et contribuent à accroître les tensions dans la région et au-delà.  Il a rappelé à cet égard que la résolution 2397 (2017) a réaffirmé la décision du Conseil selon laquelle la RPDC ne doit procéder à aucun autre lancement en utilisant la technologie des missiles balistiques. 

D’autres développements « alarmants » sont survenus depuis la dernière séance d’information du Conseil, le 25 mars, a poursuivi M. Khiari, avant de rappeler que, le 16 avril, la RPDC a procédé au premier lancement d’un système destiné à ses « opérations nucléaires tactiques ».  Le système en question avait une portée de 110 kilomètres et sa mise au point figurait parmi les programmes de défense prévus pour la période 2021-2025 par le huitième Congrès du Parti des travailleurs coréens, en janvier 2021.  De plus, le dirigeant de la RPDC a fait des déclarations, les 25 et 30 avril, laissant entendre que Pyongyang pourrait utiliser ses armes nucléaires à titre préventif.  De tels propos sont profondément préoccupants, a dit le Sous-Secrétaire général, faisant également état d’une reprise des activités de construction au site d’essais nucléaires de Punggye-ri, qui avait été déclaré fermé en 2018.  Pour le haut fonctionnaire, ces développements sont tous liés à la poursuite du programme nucléaire de la RPDC.  Rappelant que les armes nucléaires constituent une « menace existentielle » pour l’humanité et que leur existence même augmente le risque d’escalade involontaire ou d’erreur de calcul, il a appelé à l’intensification des efforts pour les éliminer.  En poursuivant son programme d’armement nucléaire, y compris la mise au point de missiles balistiques, la RPDC continue de défier les demandes répétées que lui a adressées le Conseil, a-t-il constaté.

Le Secrétaire général, a précisé M. Khiari, réaffirme son engagement à travailler avec toutes les parties pour une paix durable et la dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne.  Il exhorte la RPDC à se conformer aux décisions du Conseil, à remettre le cap sur le dialogue diplomatique, a-t-il ajouté, indiquant que l’ONU encourage les contacts réguliers et la coopération entre les parties de la péninsule.  Le Secrétaire général réitère également l’importance de répondre aux besoins humanitaires critiques des habitants de la RPDC, a souligné le haut fonctionnaire, selon lequel l’ONU se tient prête à aider les personnes dans le besoin en RPDC, dont la vulnérabilité a probablement augmenté avec la pandémie et la fermeture des frontières en 2020.  Réitérant son appel à l’entrée du personnel international, y compris celui du Coordonnateur résident, et à l’accès sans entrave des fournitures humanitaires, il a salué le travail des États Membres visant à résoudre le problème de canal bancaire des opérations humanitaires. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a dit que le Conseil de sécurité ne peut pas simplement attendre une catastrophe imminente avant de montrer son engagement.  Il a réitéré son appel à la RPDC pour qu’elle revienne dès que possible dans le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et le régime des garanties de l’AIEA.  Il a rappelé que, depuis le début de cette année, nous avons été témoins du lancement de plusieurs missiles balistiques de haute technologie par la RPDC, des missiles qui menacent la péninsule coréenne et la sécurité régionale et mondiale.  Aujourd’hui, alors que l’on parle du quinzième essai du « régime », cette fois un missile balistique lancé par sous-marin le 7 mai, le message est clair selon le délégué: la RPDC continue sur sa voie dangereuse et irréversible vers la prolifération de ses programmes d’armes de destruction massive. 

La communauté internationale et le Conseil de sécurité doivent agir maintenant pour empêcher une nouvelle aggravation des tensions et de l’instabilité dans la péninsule coréenne, ce qui aurait d’énormes conséquences dans le monde entier, a-t-il plaidé.  Le représentant a fait observer que la RPDC met également en œuvre une politique de menace à grande échelle dans le cyberespace, comme le laissent voir de récents reportages dans les médias qui ont montré que le « régime » a mené plusieurs cybers attaques pour recueillir des renseignements et générer des revenus illégaux, lesquels revenus financent ses efforts de militarisation et de prolifération.  Pour le délégué, la patience du Conseil a été mal interprétée par le « régime », et le manque d’unité a protégé ses provocations.  Il a donc appelé à une action forte, concrète et résolue afin de renforcer des mesures contre le « régime ». 

Mme CAÍT MORAN (Irlande) a condamné les récents tirs de missiles effectués par la RPDC, ainsi que ceux des six derniers mois.  Les actions de la RPDC ne font qu’aggraver les tensions, menaçant la paix et la stabilité de la péninsule coréenne et de la région, a-t-elle fait valoir en constatant qu’elles risquent également de saper l’architecture mondiale de non-prolifération.  C’est tout simplement inacceptable, a estimé la représentante en soulignant que cela contrevient directement aux préoccupations exprimées par la communauté internationale et aux décisions du Conseil.  Celui-ci est d’ailleurs resté silencieux trop longtemps, a tranché Mme Moran en saluant les efforts en cours en vue d’une possible nouvelle résolution du Conseil.  Dans ce contexte, l’Irlande souhaiterait voir un Conseil uni, fort et déterminé pour répondre aux actions de la RPDC, a-t-elle exprimé. 

Il ne peut y avoir qu’une solution diplomatique et pacifique aux problèmes de la péninsule coréenne, a poursuivi la représentante, exhortant la RPDC à le comprendre et à accepter, de bonne foi, les offres de dialogue des États-Unis et de la « Corée du Sud », sans conditions préalables.  Elle a conclu en exigeant de la RPDC qu’elle remplisse ses obligations, telles qu’énoncées dans les résolutions du Conseil de sécurité, et qu’elle abandonne son programme de missiles balistiques et ses programmes nucléaires et autres armes de destruction massive, de manière complète, vérifiable et irréversible.  En attendant, a-t-elle dit, l’Irlande voudrait que le régime de sanctions du Comité 1718 soit pleinement appliqué et que l’on redouble d’efforts pour éviter le contournement des sanctions par la RPDC, arguant que cela contribue à financer ses programmes illégaux.

Mme JAYNE JEPKORIR TOROITICH (Kenya) a dit être préoccupée par l’escalade de la situation dans la péninsule coréenne alors que, a-t-elle dénombré, la RPDC a effectué 14 tirs de missiles balistiques depuis le début de l’année en violation des résolutions du Conseil de sécurité.  La représentante s’est émue de la détermination de pays à mettre au point des armes nucléaires.  Ces actes risquent de faire basculer la région dans la course aux armements, a-t-elle prévenu craignant aussi les graves répercussions socioéconomiques et sécuritaires pour les pays du Sud.  Elle a appelé la RPDC à cesser toute provocation et à respecter les résolutions du Conseil et les garanties de l’AIEA.  Elle a appelé au dialogue qui devra tenir compte des préoccupations des parties.  Elle a également exhorté les États qui ont une influence à relancer les efforts diplomatiques.  La déléguée a ajouté qu’elle est également préoccupée par la dégradation de la situation humanitaire en RPDC.  Toutes les parties devraient songer à résoudre la situation humanitaire des citoyens nord-coréens, a-t-elle lancé.  

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a condamné la dernière série en date de nouveaux essais de missiles tirés par la RPDC, qui s’ajoutent aux missiles lancés depuis septembre, notamment le missile balistique lancé par un sous-marin le 7 mai, ainsi que le missile balistique intercontinental lancé en mars.  Le Conseil de sécurité doit donc faire tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher une nouvelle détérioration de l’environnement sécuritaire dans la péninsule coréenne et un préjudice supplémentaire au programme mondial de non-prolifération.  Pour le représentant, il importe, à ce moment critique, que la communauté internationale maintienne un message clair sur l’importance de la non-prolifération et qu’elle poursuive des efforts robustes pour garantir le respect total des règles par tous les États Membres.

En ce qui concerne les sanctions qui pourraient nuire au développement de la RPDC et avoir un impact sur la stabilité de la région, le délégué a dit que son pays est prêt à travailler avec les autres membres du Conseil, les autres États Membres, y compris les voisins de la RPDC, et la communauté internationale pour y répondre, tout en veillant à ce que le Conseil s’acquitte de sa responsabilité de maintenir la paix et la sécurité internationales.  Dans ce contexte, les Émirats appellent la RPDC à reprendre le dialogue avec les parties prenantes concernées, a-t-il dit en notant que la RPDC et son peuple bénéficieraient de nombreux retours économiques et de développement si elle s’engageait dans un véritable processus de dénucléarisation.  Enfin, profondément préoccupé par la situation humanitaire, il a insisté pour que les ressources limitées du pays soient orientées vers la satisfaction des besoins et des nécessités de base de sa population.  Pour que la communauté internationale et l’ONU puissent aider la population nord-coréenne, le Gouvernement de la RPDC devrait engager un dialogue constructif avec les fonctionnaires de l’ONU, y compris le coordonnateur résident de l’ONU, et leur permettre de retourner dans le pays et de mener à bien leur travail essentiel, a ajouté M. Abushahab. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a condamné avec la plus grande fermeté les tirs de missiles balistiques effectués par la RPDC les 4 et 7 mai en notant que les 17 missiles tirés en 2022, à chaque fois en violation des résolutions du Conseil de sécurité, constituent une accélération dangereuse du rythme de ces tirs.  Elle a estimé que la volonté de la RPDC de continuer à mettre au point ses programmes interdits constitue une menace à la sécurité régionale et mondiale.  Face à ce risque, la représentante a exhorté les membres du Conseil de sécurité à présenter un front uni.  Elle a appuyé sans faille les initiatives des États-Unis pour mettre à jour la liste des sanctions pour mieux contrer cette menace.  Elle s’est particulièrement inquiétée de la capacité du régime nord-coréen de contourner les sanctions en levant des fonds pour financer son programme de missiles.  Illustrant son propos, elle a notamment cité le vol de 620 millions de dollars de crypto-monnaie.  Par ailleurs, la représentante a invité la RPDC à permettre aux travailleurs humanitaires d’avoir accès au pays pour effectuer une évaluation indépendante des besoins humanitaires.  Elle a estimé que l’investissement par la RPDC de ses ressources dans des programmes de missiles illicites est responsable de la détérioration de la situation humanitaire dans le pays.  Elle a invité la RPDC à reprendre un dialogue de fond avec les États-Unis pour parvenir à une dénucléarisation complète et irréversible. 

M. ENRIQUE JAVIER OCHOA MARTÍNEZ (Mexique) a exprimé sa profonde inquiétude après les derniers tirs de missiles balistiques par la RPDC, le plus récent remontant au 7 mai.  Ces tirs constituent une nouvelle provocation et foulent au pied les résolutions du Conseil de sécurité et le système multilatéral fondé sur la paix et le droit international, a-t-il dit, avant de condamner les déclarations de la RPDC sur une éventuelle utilisation d’armes nucléaires.  Pour le représentant, les lancements incessants de missiles, couplés à l’avancée d’un programme militaire nucléaire aux intentions offensives claires, entravent les efforts multilatéraux visant à instaurer un climat de stabilité et de coopération en Asie du Nord-Est.  Face au refus de la RPDC de suspendre le développement de ses systèmes de missiles et à une possible reprise de ses essais nucléaires, il est urgent, selon lui, que le Conseil se prononce à l’unisson, avant toute action contraire à la paix et à la sécurité internationales.  Le délégué a aussi souligné la nécessité que les acteurs influents, notamment les membres du Conseil, ne ménagent pas leurs efforts pour contribuer à la détente.  Avant de conclure, il a appelé à la retenue maximale et a souhaité qu’un dialogue se noue avec la RPDC afin de parvenir à la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne. 

M. JOAO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a regretté que le Conseil de sécurité soit resté silencieux face à la violation de ses résolutions par la RPDC.  Relevant que tous les membres du Conseil ont condamné les violations commises par ce pays, il a estimé cependant que ces condamnations individuelles n’ont aucune valeur si le Conseil ne parle pas d’une seule voix.  Il a reconnu avoir personnellement oublié le nombre de fois où sa délégation a prononcé de telles condamnations.  Rester silencieux quand la RPDC se fait entendre vient confirmer la position de ceux qui estiment que le Conseil de sécurité est désormais obsolète, a-t-il mis en garde, avant d’appeler l’organe onusien en charge du maintien de la paix et la sécurité internationales à agir, afin de ne pas confirmer cette assertion concernant son obsolescence. 

M. MADHU SUDAN RAVINDRAN (Inde) a pris note des informations faisant état d’un nouveau tir de missile par la RPDC le 7 mai.  Cela fait suite au lancement du missile balistique intercontinental par la RPDC en mars et à d’autres tirs successifs, a-t-il constaté en estimant que ces tirs constituent une violation des résolutions du Conseil de sécurité relatives à ce pays.  Ils affectent la paix et la sécurité de la région et au-delà, a-t-il regretté.  Le représentant a, par conséquent, appelé à la mise en œuvre intégrale des résolutions du Conseil de sécurité relatives à la RPDC et à s’attaquer de toute urgence à la prolifération des technologies nucléaires et de missiles liées à la RPDC.  Il a réitéré la position constante de l’Inde qui soutient le dialogue comme moyen de résoudre les problèmes dans la péninsule coréenne.  Il a également réitéré le soutien continu de son pays à la dénucléarisation pour la paix et la sécurité dans la péninsule coréenne.  Alors que le Conseil s’est réuni plusieurs fois sur la RPDC depuis le début de l’année, il a rappelé que l’Inde a demandé un rapport du Groupe d’experts sur ces lancements dans le contexte des résolutions du Conseil.  Il a dit attendre ce rapport le plus tôt possible.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) s’est inquiété des tirs de missiles balistiques effectués par la RPDC et de ses intentions déclarées d’accélérer le développement de ses capacités nucléaires au « rythme le plus élevé possible » ainsi que la menace d’utiliser des armes nucléaires si son intérêt national est menacé.  Les implications de ce nouveau développement pour la paix et la sécurité internationales, y compris pour les voisins immédiats de la RPDC, sont des plus graves.  Il a exhorté le Conseil à agir de manière unie pour appeler la RPDC à prendre des mesures concrètes, immédiates et urgentes pour désamorcer les tensions dans la péninsule coréenne. 

Le délégué a aussi appelé à la reprise d’un dialogue constructif et crédible entre les parties concernées et la RPDC afin de trouver une solution durable, globale et pacifique aux problèmes de la péninsule coréenne.  Il faut prendre en considération les préoccupations sécuritaires régionales et mondiales des parties, a-t-il estimé.  Il a encouragé les États-Unis à maintenir leur offre de dialogue avec la RPDC sans conditions préalables, exhortant ensuite la RPDC à accepter celle-ci de bonne foi.  Également préoccupé par la situation humanitaire désastreuse dans le pays, il a demandé à la RPDC de permettre le retour des agences humanitaires des Nations Unies.  Il a en outre soutenu les efforts du système des Nations Unies pour rétablir le canal bancaire avec la RPDC. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a condamné avec la plus grande fermeté le tir d’un missile balistique mer-sol, effectué par la RPDC le 7 mai.  Cet essai, le quinzième depuis le début de l’année, représente une menace à la paix et à la sécurité internationales et constitue une nouvelle violation inacceptable des résolutions de ce Conseil, a-t-il dénoncé jugeant particulièrement préoccupant l’essai d’un missile balistique mer-sol.  Il a affirmé que la RPDC cherche à acquérir une composante océanique crédible, à même de lui assurer une capacité de seconde frappe.  « L’escalade est réelle », a-t-il mis en garde en estimant que « tout laisse à penser que la Corée du Nord pourrait conduire un nouvel essai nucléaire dans les prochaines semaines, voire les prochains jours ».

Il a exhorté le Conseil à agir et à condamner unanimement cette nouvelle provocation.  « Ne rien faire poserait un risque majeur pour la stabilité régionale et pour l’architecture internationale de non-prolifération. »  Face à ces provocations répétées, nous soutenons les efforts des États-Unis et souhaitons que le Conseil de sécurité puisse s’exprimer de manière unie, a dit le délégué.  Enfin, il a déclaré qu’un allégement des sanctions n’aurait pas de sens dans le contexte actuel.  « Il faut au contraire mettre en œuvre le régime de sanctions avec plus de fermeté. »

M. ZHANG JUN (Chine) s’est inquiété de l’escalade des tensions avant d’appeler à la promotion de la réconciliation entre les deux Corées.  Il a appelé à examiner la question de la péninsule coréenne d’un point de vue historique en rappelant que la RPDC a pris une série de mesures qui ont permis un apaisement après 2018.  Il a regretté que les États-Unis n’aient pas saisi cette occasion et n’aient pas répondu aux propositions de la RPDC sur la base du principe de réciprocité.  Après avoir insisté sur sa certitude que la consultation et le dialogue sont le seul moyen de résoudre le problème, le représentant de la Chine a exhorté les États-Unis à répondre aux inquiétudes légitimes de sécurité de la partie coréenne pour créer les conditions d’une reprise de dialogue.  Face à ce constat, il a jugé contre-productives les pressions américaines qui se manifestent par l’accroissement de sanctions aux conséquences humanitaires néfastes.  Il a regretté que les États-Unis aient décidé d’ignorer la proposition conjointe de la Chine et de la Russie.  En tant que voisin proche de la RPDC, le représentant de la Chine s’est dit favorable à la dénucléarisation de la péninsule dans l’intérêt de la paix et de la sécurité internationales.  Il a néanmoins mis l’accent sur la contradiction des pays qui appellent à la dénucléarisation de la péninsule coréenne alors qu’ils promeuvent la coopération dans le domaine des sous-marins nucléaires ou développent des programmes de missiles hypersoniques. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) s’est dite convaincue que la recherche de solutions politiques et diplomatiques mutuellement acceptables est le seul moyen de résoudre pacifiquement les problèmes de la péninsule coréenne et de développer des mécanismes sécuritaires dans la région.  Elle a regretté que, depuis quatre ans, le Conseil n’a pas su réagir au démantèlement par les « Nord-Coréens » de leur site d’essais nucléaires, au respect par Pyongyang du moratoire sur les essais nucléaires et le lancement de missiles balistiques intercontinentaux.  Dans chacune de ses résolutions sur la RPDC depuis 2006, le Conseil a exprimé sa volonté de revoir les restrictions en fonction du respect par Pyongyang des instruments pertinents.  Malheureusement, jusqu’à présent, le Conseil n’a fait que renforcer ces restrictions, ignorant les signaux positifs adressée par la RPDC, a déploré la représentante.  À cet égard, a-t-elle poursuivi, l’évolution actuelle est en grande partie la conséquence d’une telle « myopie » de la part de « certains ici présents », qui ne sont pas prêts à aller au-delà du « paradigme des sanctions », lequel n’a pas réussi à garantir la sécurité dans la région. 

Désapprouvant un nouveau renforcement des sanctions contre la RPDC, la représentante a rappelé à ses « collègues américains » que les négociations sont une « voie à double sens ».  Il est totalement vain d’attendre de Pyongyang un désarmement inconditionnel sous la menace d’une « cascade de sanctions ».  De plus, les nouveaux blocs militaires dans la région, tels que l’alliance entre les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie (AUKUS), suscitent de sérieux doutes quant aux bonnes intentions de ces pays et ne sont pas propices au dialogue.  Quant aux sanctions secondaires, dites « autonomes », imposées à la RPDC et à d’autres États par Washington et ses alliés, elles sont encore plus répugnantes et les tentatives visant à « bénir » ces restrictions par l’autorité du Conseil de sécurité ou de son Comité 1718 sont « inacceptables ».  La déléguée a rappelé que le projet russo-chinois pour un accord politico-humanitaire reste sur la table.  Toutefois, l’absence de progrès sur le volet politique, dont une partie pourrait être la résolution susmentionnée, menace d’accroître encore les tensions sur la péninsule, a -t-elle mis en garde.

Mme EDWIGE KOUMBY MISSAMBO (Gabon) a relevé que dans un contexte sécuritaire mondial particulièrement tendu, « ce quatorzième tir de missile de la RPDC accroît un peu plus l’ampleur de la menace potentielle sur la paix et la sécurité, non seulement dans la péninsule coréenne, mais aussi au niveau global ».  Elle a condamné ces lancements de missiles et a marqué sa préoccupation devant les annonces récentes de la RPDC concernant sa volonté d’accélérer le développement de ses capacités nucléaires.  Elle s’est en outre dite préoccupée par la tendance à la banalisation de la menace nucléaire ces derniers mois, ce qui ne laisse rien augurer de bon pour la paix et la sécurité collectives.  Cependant, selon elle, c’est exactement parce que le péril nucléaire est à la porte que les parties prenantes aux négociations doivent redoubler d’efforts et faire preuve d’audace pour ramener la RPDC à la table pour des discussions.  Elle a rappelé que la RPDC est l’objet du régime le plus élevé et le plus complet de sanctions.  Pour autant, ces mesures coercitives ne semblent pas avoir une incidence sur la poursuite du programme nucléaire de ce pays, a-t-elle remarqué, notant aussi que la situation humanitaire y est des plus alarmantes.  Elle a donc appelé toutes les parties à s’engager dans les négociations diplomatiques, sur la base des sillons tracés en 2017. 

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a condamné les tirs de missiles balistiques par la RPDC, notamment les derniers qui remontent au 4 et 7 mai.  Profondément préoccupée par les capacités croissantes démontrées par le schéma intensif de ces tirs et le développement continu d’armes nucléaires et de missiles balistiques par la RPDC, la représentante y a vu une menace directe pour la paix et la sécurité régionales et internationales et une violation de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité.  Au cœur de la capacité de la RPDC à agir se trouve sa capacité à financer et à se procurer des matériaux et des technologies pour ses programmes illégaux - y compris par des moyens cybernétiques, a souligné la représentante en appelant le Conseil à agir.  Elle a appelé la RPDC à se conformer pleinement à ses obligations internationales, à inverser sa trajectoire et à rejoindre le régime international de non-prolifération par le biais du Traité sur la non-prolifération et des garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  La représentante s’est par ailleurs déclarée profondément découragée de voir que le Gouvernement continue de canaliser ses ressources vers le développement d’armes, au lieu de logements, de nourriture et de vaccins dont son propre peuple a tant besoin.  Elle a exhorté la RPDC à mettre fin au blocus qu’elle s’est elle-même imposée et à permettre à l’ONU, à son coordonnateur résident et à d’autres organisations internationales de rentrer dans le pays et de reprendre leur travail humanitaire. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a condamné avec la plus grande fermeté les derniers tirs de missiles de la RPDC, notant que ce pays a effectué 17 essais en 2022, dont trois de portée intercontinentale.  Tous ces tirs violent les résolutions du Conseil et sapent le régime de non-prolifération, a-t-elle dénoncé.  Elle a déclaré que le Conseil est resté silencieux parce que deux membres ont affirmé que la retenue encouragerait la RPDC à revenir à la table des négociations.  Cette retenue n’a pas fonctionné et c’est tout le contraire qui s’est produit, a-t-elle dit, en ajoutant que cette campagne d’essais de la RPDC n’est pas de nature défensive.  Elle a affirmé que la RPDC interprète le silence du Conseil comme une autorisation pour poursuivre dans cette voie.  La représentante a donc jugé nécessaire de mettre un terme à cette « autorisation tacite ».

La déléguée a aussi insisté sur l’importance de mettre à jour le régime des sanctions contre la RPDC tout en regrettant l’opposition de ces deux membres, qui encourage la RPDC à poursuivre ses agissements.  Nous ne pouvons plus rester silencieux, a-t-elle martelé, en mentionnant un projet de résolution auquel son pays apporte la dernière main.  « La RPDC fait peser une menace planétaire », selon la représentante.  Souhaitant répondre à la Chine et à la Russie, elle a défendu l’idée d’un durcissement des sanctions contre la RPDC et rappelé que l’alliance AUKUS ne viole pas le Traité sur la non-prolifération.  « La Chine et la Russie le savent pertinemment. »  Enfin, Mme Thomas-Greenfield a jugé inquiétant que ces deux membres cherchent à détourner l’attention du Conseil du dossier de la RPDC avec des allégations sans fondement.

M. CHO HYUN (République de Corée) a condamné dans les termes les plus fermes les récents tirs de missiles balistiques par la RPDC, y voyant une menace significative pour la péninsule coréenne, ainsi qu’un sérieux défi pour le régime de non-prolifération.  Il s’est également dit alarmé par les dernières déclarations de la RPDC dans lesquelles elle a menacé d’avoir un recours préventif à ses armes nucléaires.  La position de la RPDC devient de plus en plus agressive, se rapprochant de l’utilisation réelle de ses capacités nucléaires, a-t-il averti.  Si le Conseil manque à répondre avec fermeté à cette escalade, cela conduira inévitablement davantage d’États Membres à ignorer délibérément leurs obligations en vertu de plusieurs résolutions du Conseil, a pronostiqué le représentant. 

Le délégué a appelé à l’adoption d’une nouvelle résolution dotée de mesures robustes, correspondant à la gravité du comportement de la RPDC.  Le moment est venu de prendre des mesures rapides et fortes pour envoyer un message ferme à Pyongyang que son comportement d’escalade doit prendre fin, a plaidé le délégué pour lequel le silence du Conseil suite aux innombrables tirs de missiles balistiques de la RPDC n’a fait qu’enhardir davantage Pyongyang.  Le Conseil doit l’avertir clairement qu’un essai nucléaire fera l’objet d’une réponse très ferme, y compris des mesures résolues et unies.  Le représentant a ensuite exhorté la RPDC à participer à un dialogue constructif sur la dénucléarisation avec la République de Corée et les États-Unis et à répondre aux efforts pour construire une paix durable dans la péninsule coréenne par le biais d’une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible. 

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a constaté que, depuis la dernière réunion du Conseil de sécurité fin mars sur ce point de l’ordre du jour, la RPDC n’a fait qu’accélérer ses programmes nucléaires et de missiles, profitant ainsi de l’absence de réaction ferme du Conseil.  Qualifiant les tirs de missiles balistiques opérés les 4 et 7 mai de violations flagrantes des résolutions pertinentes du Conseil, il a précisé que l’un des engins utilisés semble avoir été lancé par un sous-marin, ce qui démontre une grande diversification de l’arsenal de missiles de la RPDC.  Le délégué a condamné fermement ces actes dangereux et déstabilisants, souhaitant que l’absence d’annonce publique par la RPDC ne lui garantisse pas l’impunité.  Il a ensuite rappelé que la RPDC a annoncé, à la mi-avril, avoir effectué une autre série de tirs de missiles destinés à « renforcer l’efficacité de ses opérations nucléaires tactiques ».  Ce pays a ensuite indiqué publiquement, fin avril, qu’il développerait ses forces nucléaires « le plus rapidement possible », évoquant une possible utilisation d’armes nucléaires à d’autres fins que la dissuasion.  En outre, a poursuivi le représentant, des informations font état d’activités en cours sur un site d’essais nucléaires en RPDC, ce qui pourrait être le signe d’un essai en préparation.  

Nous ne devons pas tolérer que le développement d’armes nucléaires et de missiles par la RPDC devienne une « nouvelle normalité », a martelé le délégué, pour qui cette situation, plus préoccupante encore que celle de 2017, constitue une menace grave et imminente pour la sécurité du Japon et au-delà.  Cela défie l’autorité même de ce Conseil, augmente les risques de prolifération dans le monde et menace la paix et la sécurité internationales, a-t-il souligné, avant d’appeler le Conseil à agir en adoptant une nouvelle résolution sur les sanctions.  Alors que la RPDC a annoncé qu’elle mettait en œuvre son plan quinquennal, qui comprend le développement de nouveaux missiles balistiques intercontinentaux (MBI) et d’armes nucléaires tactiques, seule une nouvelle résolution pourrait la décourager et la faire revenir au dialogue diplomatique, a-t-il estimé, affirmant soutenir l’initiative menée à cette fin par les États-Unis.  Selon lui, il essentiel que ce nouveau texte donne suite aux dispositions de la résolution 2397 (2017), laquelle prévoit de nouvelles sanctions sur le pétrole en cas de tir de MBI.  Il s’est également dit favorable à des actions dans le cyberespace, identifié par le Groupe d’experts du Comité de sanctions 1718 comme une importante source de revenus pour la RPDC.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Cinquième Commission examine le concept révisé des stocks pour déploiement stratégique pour la Base de soutien logistique des Nations Unies

Soixante-seizième session,
17e séance plénière – après-midi
AG/AB/4385

La Cinquième Commission examine le concept révisé des stocks pour déploiement stratégique pour la Base de soutien logistique des Nations Unies

La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires a examiné, cet après-midi, le concept révisé des stocks pour déploiement stratégique pour la Base de soutien logistique des Nations Unies présenté par M. Christian Sanders, Sous-Secrétaire général au Bureau du Chef de la gestion de la chaîne d’approvisionnement, du Département de l’appui opérationnel. 

Après avoir souligné la valeur inestimable des stocks pour répondre aux demandes des missions de paix, M. Sanders a indiqué que le fait d’être passé de la gestion de stocks en vigueur ces 20 dernières années au concept de déploiement stratégique a permis à l’ONU de répondre de façon responsable et opportune à la COVID-19 et sans en être très gravement affectée.  Cela a eu un impact sur la capacité de l’ONU d’exécuter les mandats de maintien de la paix. 

Un certain nombre de changements relativement mineurs ont été introduits et ont rendu le système plus efficace, s’est-il félicité, précisant qu’avec le concept révisé, on passe à des solutions pour les déploiements stratégiques au lieu de stocks pour des plans stratégiques.  De cette façon, on a une assurance contre les longs délais de fabrication.  Ce concept offre en outre la possibilité d’obtenir de meilleurs prix et permet de passer une commande immédiatement. 

M. Sanders a aussi souligné le mérite d’un concept qui permet un contrôle qualité centralisé des articles.  Nous faisons des économies grâce notamment au regroupement des expéditions, a-t-il indiqué.  Il a aussi dit qu’avec ce concept, la Base ne fournit pas uniquement les matériels, elle fournit également les compétences techniques accompagnant les matériels.  C’est une solution clef en main pour la mission bénéficiaire. 

Le concept a également pour but de faire face à la question de l’obsolescence du matériel, à la dépréciation des stocks et au coût de la maintenance.  Il permet de garder suffisamment de stocks de matériels pour pouvoir répondre à une mission urgente ou à une opération humanitaire d’urgence comme en Ukraine, où la Base de Brindisi a pu agir en 48 heures avec des véhicules blindés munis de chauffeurs bénévoles, des matériels de communication et de protection personnelle.  Le Sous-Secrétaire général a aussi annoncé l’intention de disposer de stocks directement chez les fabricants et les fournisseurs pour réduire les coûts. 

Insistant sur l’économie considérable que les États Membres peuvent faire grâce à ce concept révisé, le Sous-Secrétaire général a déclaré qu’il n’entraînerait pas de nouveau financement et qu’il ne demande pas d’investissement dans de nouveaux entrepôts, d’augmentation du budget ou de coûts pour les clients.  En revanche, il a plaidé pour le reclassement d’un poste de logisticien et d’un spécialiste des transports qui devraient augmenter de 400% durant la première année.  Sans ce complément aux ressources humaines, le nouveau concept qui devrait durer trois ans, ne pourrait pas être mis en œuvre rapidement, a-t-il prévenu. 

À la question posée par le Japon et le Royaume-Uni sur la complémentarité entre la Base de Brindisi et la Base d’appui d’Entebbe, le haut responsable a répondu que les deux sites travaillent main dans la main en fonction des demandes des clients, de la situation des stocks et des filières d’approvisionnement. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Forum sur les forêts: l’impact collectif des investissements dans la gestion durable des forêts et la simplification des formats des rapports nationaux dominent le débat

Dix-septième session,
3e et 4e séances informelles (avec participation virtuelle) – matin
ENV/DEV/2044

Forum sur les forêts: l’impact collectif des investissements dans la gestion durable des forêts et la simplification des formats des rapports nationaux dominent le débat

Le deuxième jour de la dix-septième session des travaux du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF) a été l’occasion d’une série d’échanges sur différentes thématiques allant des activités du Partenariat de collaboration sur les forêts en passant par l’application de la stratégie de communication et d’information du plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030). 

Les délégations se sont également exprimées au sujet des améliorations proposées pour l’élaboration des rapports nationaux volontaires sur les progrès accomplis dans la mise en œuvre du plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030).  À ce sujet, le manque de moyens a été souligné à plusieurs reprises, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) soulignant notamment qu’il faudrait trois fois plus de ressources pour arriver à réaliser les objectifs relatifs aux forêts d’ici à 2030. 

Il ne suffit pas de se doter d’une feuille de route climatique, y compris sur la gestion durable des forêts, si on n’a pas les moyens de la suivre, ont constaté plusieurs délégations.  Comme ont argué le Brésil et la République du Congo, les forêts étant le poumon de notre planète, c’est un devoir moral pour tous de les protéger et, par conséquent, de financer leur gestion durable.  Qu’il s’agisse de financements publics, privés ou philanthropiques, l’impératif d’une coopération internationale efficace a aussi été mis en avant.  Toutefois, cet esprit de coopération doit s’accompagner du respect du principe des responsabilités communes mais différenciées dans la mobilisation des fonds pour la gestion durable des forêts, ont estimé certains. 

Les membres du FNUF ont par ailleurs été nombreux à soutenir la proposition du FNUF de créer un groupe consultatif informel d’experts pour accompagner les pays dans la préparation des rapports nationaux volontaires sur les progrès accomplis dans la mise en œuvre du plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030), notamment en leur fournissant des conseils techniques sur la collecte et le suivi des données relatives aux indicateurs sur les forêts.  En effet, le premier cycle de rapport a mis en évidence les inégalités entre pays dans leur capacité de faire rapport à cause d’un manque de données fiables et pertinentes, a relevé le secrétariat.  Pour ce qui est des préparatifs de l’examen à mi-parcours en 2024 de l’efficacité de l’arrangement international sur les forêts dans la réalisation de ses objectifs, l’idée d’un groupe ad hoc d’experts a également suscité un vif intérêt, à condition, pour certains, qu’il soit à composition non limitée. 

La prochaine réunion du FNUF se tiendra le vendredi 13 mai, à partir de 9 heures. 

DÉBAT D’ORIENTATION SUR LA MISE EN ŒUVRE DU PLAN STRATÉGIQUE DES NATIONS UNIES SUR LES FORÊTS (2017-2030)

Activités menées à l’appui des priorités thématiques pour la période 2021-2022

Au cours de ce premier débat, prolongation des discussions entamées la veille, il s’est d’abord agi pour les délégations de donner leur avis sur la situation concernant les activités des membres du Forum, dont les nouvelles annonces et la situation concernant les contributions nationales volontaires.  Sur cette question, la représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a notamment mis en avant l’initiative conjointe de la FAO et du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) afin de soutenir plus de 60 pays dans leur lutte contre la déforestation.  La Déclaration de Glasgow sur les forêts et l’utilisation des terres, adoptée l’an dernier lors de la COP26, est un autre cadre majeur de gestion durable des forêts, a-t-elle salué. 

L’observateur de l’Union européenne (UE) a invité le Partenariat des Nations Unies sur les forêts à renforcer ses activités, notamment en accordant une plus grande importance à la protection des forêts primaires.  Le Burundi a évoqué son programme « Burundi vert », tandis qu’au Nigéria, les efforts nationaux de reforestation sont imbriqués dans le projet panafricain de « Grande Muraille verte » qui entend créer ou restaurer une zone boisée allant des côtes ouest à est de l’Afrique.  Le Gabon a relevé pour sa part que ses programmes de gestion forestières sont en droite ligne des directives de la Commission des forêts d’Afrique centrale (COMIFAC). 

La Ministre de l’économie forestière de la République du Congo a expliqué que le secteur privé est associé aux réformes gouvernementales engagées depuis 20 ans dans le domaine forestier, alors la déléguée des États-Unis a expliqué que son pays est en cours d’élaboration d’une nouvelle politique forestière.  Au Kenya, le Gouvernement entend augmenter son couvert végétal de 10%.  Le Mexique, où 48% des forêts sont certifiées, a prévu de dépenser 200 millions de dollars en 2022 pour la protection forestière.  En Arabie saoudite, les autorités ont mis en place une « initiative verte » visant à planter davantage d’arbres pour augmenter les capacités nationales de séquestration du carbone.  Dans cette optique, le pays a planté 10 millions d’arbres au cours des deux dernières années.  L’Argentine a invité à faire œuvre de prudence devant des concepts nouveaux dans le domaine forestier, avant que l’Union internationale des instituts de recherches forestières ne promette de poursuivre sa contribution au Partenariat en fournissant des informations scientifiques utiles à la gestion durable des forêts.  

Le débat fut ensuite orienté sur les activités du Partenariat de collaboration sur les forêts et les progrès accomplis dans la mise en œuvre de son plan de travail, ainsi que sur la situation concernant les activités des organisations et mécanismes régionaux et sous-régionaux.  Sur ces thématiques, l’Union européenne (UE) a encouragé le FNUF à promouvoir davantage de dialogue entre les acteurs forestiers, y compris par des approches intersectorielles.  

Abordant par la suite la situation concernant les activités des grands groupes et d’autres parties prenantes, y compris le secteur privé et les milieux philanthropiques, le grand groupe des organisations non gouvernementales (ONG) a appelé à mieux protéger les peuples autochtones qui sont intimement liés aux forêts « qu’ils ont toujours protégées ».  Le grand groupe des femmes a évoqué les activités du Réseau des femmes africaines pour la gestion communautaire des forêts qui milite pour que les femmes soient au centre de la restauration forestière, et qui a suscité l’émulation de ses membres qui se sont engagées à planter 10 millions d’arbres.  Il est temps de mettre à jour les programmes de formation en foresterie qui sont obsolètes et ne préparent pas les jeunes aux réalités du marché de l’emploi, a plaidé le grand groupe des enfants et des jeunes.  Selon lui, l’octroi de bourses d’études et l’amélioration des cursus de formation permettraient de mieux accompagner l’implication des jeunes dans le secteur forestier.  

Les liens entre les objectifs et cibles mondiaux relatifs aux forêts et les objectifs de développement durable examinés par le forum politique de haut niveau pour le développement durable en 2022 furent également au menu de cette session du FNUF.  Là encore, la FAO a insisté pour des systèmes de production et de consommation durables, tandis que l’UE a appelé à mettre l’accent sur l’autonomisation des femmes et des filles et l’égalité des genres dans les politiques forestières.

« Les populations qui vivent dans les forêts vivent en fait des forêts », a souligné la Vice-Première Ministre et Ministre de l’environnement et du développement durable de la République démocratique du Congo.  De ce fait, a-t-elle indiqué, on ne peut pas leur demander de ne pas en tirer des sources de subsistance sans que la communauté internationale ne leur apporte des compensations qui sont, du reste, prévues par des initiatives agrées au niveau international.  Pour le Brésil également, la conservation des forêts n’est pas durable si l’on ne se penche pas sur ses implications socioéconomiques et son impact sur la pauvreté des communautés.  Il faut prévoir des financements pour la mise en œuvre des objectifs forestiers dans les pays en développement, a aussi plaidé l’Argentine, la Ministre du Congo-Brazzaville appelant à son tour à un meilleur partenariat.  Le Japon y est déjà engagé avec ses 240 millions de dollars déboursés pour la conservation des forêts à travers le monde, s’est enorgueilli son représentant.  Il faut également renforcer la collaboration public-privé, puisqu’une grande portion des propriétés forestières sont détenues par les entités privées, a souligné la Ministre d’État de l’environnement de l’Ouganda.  

Le grand groupe des ONG ont ensuite déploré qu’en 2021, seuls le Ghana et l’Indonésie ont revu leur contribution au plan stratégique des Nations Unies sur les forêts.  

Le dernier point débattu pour ce segment concernait l’application de la stratégie de communication et d’information du plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030), y compris les activités concernant la Journée internationale des forêts de 2022.  Pour l’UE, la communication du FNUF devrait davantage cibler les médias sociaux qui ont une capacité élevée de pénétration.  Elle a aussi appelé à capitaliser sur d’autres plateformes internationales et des initiatives comme le réseau des communicateurs sur les forêts d’Europe établit par la FAO.  Les États-Unis ont salué l’implication des réseaux sociaux pour commémorer la Journée internationale de forêts, tandis que le Kenya a dit avoir profité de la commémoration des journées internationales afin de sensibiliser le grand public sur les questions forestières.  L’Arabie saoudite, la Chine comme le Ghana ont dit faire pareil.  Ce dernier pays a même décidé de célébrer cette journée en juin au lieu du 21 mars afin de lui donner plus de relent.  L’an dernier par exemple, le pays a planté sept millions d’arbres, et pour le 10 juin prochain, il entend passer à 20 millions grâce à l’initiative « un étudiant, un arbre » qui vise à mobiliser les jeunes en faveur de la gestion durable des forêts.  

L’Australie a regretté que la stratégie de communication du FNUF ne soit pas des plus efficaces, alors que la Suisse a relevé que le site Internet du Secrétariat est désuet et peu aisé pour la navigation.  La RDC et le Gabon ont appelé le FNUF et les acteurs internationaux à financer des campagnes de sensibilisation directement au niveau des pays forestiers pour gagner en efficacité. 

Moyens de mise en œuvre, y compris les opérations et les ressources du Réseau mondial de facilitation du financement forestier

Si dans l’ensemble les intervenants ont salué le rôle joué par le Réseau mondial de facilitation du financement forestier pendant la pandémie, ils ont toutefois été nombreux à regretter que le financement de la gestion durable des forêts reste un défi majeur alors même que la déforestation représente toujours une grave menace.  Il faut mobiliser trois fois plus de ressources pour arriver à réaliser les objectifs relatifs aux forêts d’ici à 2030, a d’ailleurs souligné la FAO, en s’appuyant sur son dernier rapport sur l’état des forêts dans le monde.

Le Gabon est venu témoigner de ses propres efforts en termes de mobilisation de ressources liées à la gestion et la préservation des forêts, tout en faisant observer qu’il fait partie des pays avec l’un des taux les plus faibles de déforestation à entrer dans de tels accords de paiement.  C’est aussi ce qu’a remarqué la République du Congo, en arguant que l’Afrique reste un poumon vert pour toute l’humanité et que c’est donc un devoir moral pour tous de protéger ses forêts.  Financer la gestion durable de ces forêts n’est pas un cadeau que l’on fait aux pays forestiers, a tranché sa représentante en rappelant le rôle qu’elles jouent dans la séquestration du carbone et la protection de la biodiversité.  Il ne suffit pas de se doter d’une feuille de route climatique, si l’on ne peut pas la financer, a renchérit le Suriname qui compte à la fois sur l’assistance du Réseau et de la communauté internationale pour réaliser ses objectifs liés à la préservation et la reforestation. 

Si la Colombie et l’Afrique du Sud, entre autres, ont appuyé l’idée que ces ressources peuvent venir d’investissements publics et privés, et que l’Union européenne a encouragé à attirer des fonds du secteur privé et du secteur philanthropique, le Brésil a estimé que le secteur privé ne doit toutefois pas se substituer aux fonds publics.  L’Argentine a exigé que les initiatives de financements privés soient alignées sur d’autres objectifs multilatéraux en matière de gestion durable des forêts et climatiques et qu’elles soient assorties des critères clairs pour leur mise en œuvre.  L’impératif d’une coopération internationale pour relever les défis climatiques et réaliser les objectifs de développement durable forestiers a été soulevé dans la plupart des interventions, le Brésil estimant toutefois, à l’instar de plusieurs délégations africaines, que cet esprit de coopération doit s’accompagner du respect du principe des responsabilités communes mais différenciées dans la mobilisation des fonds pour la gestion durable des forêts. 

Abondant dans ce sens, le Ghana a appelé à mobiliser des fonds pour appliquer la stratégie des Nations Unies pour les forêts, estimant que le FNUF a aussi un rôle à jouer pour évaluer l’efficacité des financements de la gestion durable des forêts.  Ce dernier point a également été appuyé par l’Union européenne qui a aussi recommandé de partager les meilleures pratiques sur le financement des forêts.  L’importance de la transparence et la redevabilité dans le cadre des activités du Réseau pour faciliter la mobilisation des ressources a été mis en exergue par le Japon qui, à l’instar de l’UE, a émis des réserves par rapport à l’idée d’ouvrir un bureau du Réseau mondial de facilitation du financement forestier en Chine.  Il est crucial qu’un bureau spécifique représente une plus-value pour le travail du Réseau, ont souligné ces deux délégations, à la suite de quoi le secrétariat du FNUF a assuré que toutes les consultations qui ont trait à ce bureau se font dans le respect des règles de l’ONU.  De son côté, la Chine a salué l’appui apporté par le Réseau mondial à une douzaine de pays en développement pendant la pandémie et a annoncé vouloir contribuer à son financement. 

Suivi, évaluation et établissement de rapports

Propositions d’amélioration du modèle à utiliser pour les prochains rapports nationaux volontaires sur la mise en œuvre du plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030) et de l’instrument des Nations Unies sur les forêts et la réalisation des contributions nationales volontaires

Progrès accomplis dans l’élaboration de l’ensemble commun d’indicateurs forestiers mondiaux

À ce titre, les États Membres étaient saisis d’une note du FNUF qui contient une proposition d’aménagement des rapports nationaux volontaires et dans laquelle il recommande la création d’un groupe consultatif informel sur les rapports dans le but d’apporter des conseils techniques sur la collecte et le suivi des données relatives aux indicateurs sur les forêts.  En effet, le premier cycle de rapport a mis en évidence les inégalités entre pays dans leur capacité de faire rapport à cause d’un manque de données fiables et pertinentes, a relevé le secrétariat.

Cette proposition a été appuyée par de nombreuses délégations, dont le Canada, le Brésil et l’Inde, qui a appelé à simplifier les rapports en les basant sur un questionnaire et renforcer les capacités techniques des États Membres en termes de collecte des données pertinentes sur les forêts.  La simplification de ces rapports volontaires est bienvenue et devrait se baser sur les indicateurs clefs liées aux forêts, a renchérit la Chine.

L’UE a encouragé une phase pilote pour ce nouveau format de rapport et a demandé au secrétariat du Forum de réfléchir à la possibilité d’une plateforme de rapportage en ligne.  Les États-Unis ont néanmoins demandé plus d’informations sur ce groupe et son cahier de charge alors que l’Argentine et la Colombie ont exigé un mandat ferme et une composition précise en termes de représentation géographique au sein de ce groupe.  Quant à la question de la Fédération de Russie sur la différence entre la nature informelle ou formelle de ce groupe d’experts, le secrétariat a expliqué que son caractère informel accorderait plus de flexibilité à ses travaux et éviterait des incidences financières liées notamment au coût des réunions formelles. 

À l’instar de l’UE, le Japon a souhaité connaître le calendrier pour le deuxième cycle d’établissement des rapports avant la dix-huitième session du Forum et a exhorté le FNUF à pousser les pays qui ne l’ont pas encore fait à soumettre leur rapport volontaire national.  Le Brésil a soulevé la question de l’alignement sur le cycle d’évaluation de la FAO mettant en garde contre les doubles emplois.  Le nouveau format du rapport devra également tenir compte des incidences financières pour les États Membres qui ont des capacités parfois limitées de collecte et de compilation des données, a ajouté la Malaisie.

La FAO a ensuite indiqué avoir déployé des efforts pour harmoniser les différents processus de présentation de rapports en améliorant la transparence des données sur les forêts dans le but de faire progresser les indicateurs globaux en matière des forêts. 

Préparatifs de l’examen à mi-parcours en 2024 de l’efficacité de l’arrangement international sur les forêts par rapport à ses objectifs, y compris la stratégie de communication et d’information du plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030) 

La note E/CN.18/2022/5 du secrétariat du FNUF a constitué la base des discussions au titre de ce point. 

Pour l’UE, le FNUF devrait procéder à une évaluation de sa visibilité dans le paysage forestier international, aborder de manière flexible des questions comme les incendies de forêt, et favoriser les synergies avec d’autres processus qui travaillent aussi sur les forêts, l’objectif étant d’éviter les doublons, en particulier dans l’établissement de rapports par les États Membres.  L’UE a également souhaité plus de transparence dans la prise de décisions.  Pour l’Argentine l’examen à mi-parcours est une excellente occasion d’évaluer les contributions de ce mécanisme aux objectifs de développement durable mais il importe toutefois de faciliter la participation des pays en développement à ce processus.  La délégation a également appelé à préciser les modalités de travail du groupe ad hoc d’experts chargé de cet examen de mi-parcours qui, a-t-elle ajouté, devrait être à composition non limitée.  Il doit aussi être ouvert à tous les membres du FNUF et à ses partenaires et opérer dans le cadre des ressources disponibles, a renchéri la Fédération de Russie pour qui cet examen de mi-parcours doit être l’occasion d’évaluer l’écart entre les ressources disponibles et les ressources nécessaires pour réaliser les objectifs relatifs aux forêts.  Elle a également relevé que depuis 2015, il n’y a eu aucun progrès sur la création d’un fonds mondial pour les forêts.  Les États-Unis ont rappelé à cet égard que le Réseau mondial pour le financement forestier apporte un concours essentiel aux pays dans ce domaine.  Pour l’Australie et la Suisse il faut notamment rendre le FNUF plus visible et rehausser son profil à travers une meilleure stratégie de communication. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale élit la République tchèque au Conseil des droits de l’homme, un mois après la démission de la Russie dont le siège était suspendu

Soixante-seizième session,
71e séance plénière – matin
AG/12418

L’Assemblée générale élit la République tchèque au Conseil des droits de l’homme, un mois après la démission de la Russie dont le siège était suspendu

L’Assemblée générale a, ce matin, élu la République tchèque au Conseil des droits de l’homme, en remplacement de la Fédération de Russie, qui avait démissionné le 7 avril dernier de cet organe le même jour qu’elle en avait été suspendue par un vote à l’Assemblée. 

La République tchèque a été élue au premier tour de scrutin par 157 voix et 23 abstentions, pour un mandat qui prend effet immédiatement et qui s’achèvera le 31 décembre 2023, soit au terme du mandat laissé par la Fédération de Russie au Conseil dans la catégorie du Groupe des États d’Europe orientale.  Les autres membres représentant actuellement ce groupe au Conseil des droits de l’homme, qui siège à Genève, sont l’Arménie, la Lituanie, le Monténégro, la Pologne et l’Ukraine. 

Le Président de l’Assemblée générale a précisé que le pays élu aujourd’hui commence ainsi son « premier » mandat.  S’il était réélu à la fin de son terme, son deuxième mandat courrait à compter du 1er janvier 2024.  Les membres du Conseil des droits de l’homme sont élus pour un mandat de trois ans et ne seront pas immédiatement rééligibles après deux mandats consécutifs.

Par ailleurs, l’Assemblée a nommé le Brésil, par acclamation, pour siéger au Conseil du Cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables, pour combler un siège vacant au sein du Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes.  Son mandat prendra effet immédiatement et expirera le 14 mars 2024.

L’Assemblée générale a en outre précisé une modalité de la tenue de la réunion internationale « Stockholm+50 » qui aura lieu les 2 et 3 juin dans la capitale suédoise, un demi-siècle après la Conférence pionnière des Nations Unies sur l’environnement de 1972.  Alors que la pandémie de COVID-19 est toujours présente, l’Assemblée a décidé* que les États et l’Union européenne, s’ils interviennent à la conférence, pourront chacun soumettre une déclaration préenregistrée de leur chef d’État ou de gouvernement.  Chaque vidéo sera diffusée au cours du débat général de la réunion internationale, « après un mot d’introduction de la personne qui assure la présidence ». 

Le texte de la décision rappelle le thème de la réunion internationale, qui est le suivant: « Stockholm+50: une planète saine pour la prospérité de toutes et de tous – notre responsabilité, notre chance ».  C’est en mai 2021 que l’Assemblée générale avait décidé de réunir la communauté internationale à Stockholm pour une grande conférence sur l’environnement, afin de partager les pratiques optimales en matière d’action multilatérale et de prendre les mesures audacieuses et urgentes nécessaires pour garantir un avenir meilleur sur une planète saine.

Enfin, l’Assemblée a adopté le rapport** de la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) intitulé « Étude d’ensemble de toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects ».

La prochaine séance plénière de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

* A/76/L.53
** A/76/418/Add.1

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Cinquième examine les propositions budgétaires pour le compte d’appui aux opérations de maintien de la paix et cinq missions des Nations Unies

Soixante-seizième session,
16e séance plénière – matin
AG/AB/4384

La Cinquième examine les propositions budgétaires pour le compte d’appui aux opérations de maintien de la paix et cinq missions des Nations Unies

La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires a examiné ce matin les justificatifs de l’enveloppe de 372 millions de dollars que le Secrétaire général demande pour le compte d’appui aux opérations de maintien de la paix.  La Commission s’est également penchée sur les propositions budgétaires des missions à Abyei, en République centrafricaine, au Mali, au Sahara occidental et en Somalie. 

La somme de 372 millions de dollars demandée par le Secrétaire général pour le compte d’appui aux opérations de maintien de la paix doit servir à financer 940 postes d’administrateur et fonctionnaire de rang supérieur et de 414 agents des services généraux et des catégories apparentées, pendant la période allant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023.  Pour la même période, c’est une enveloppe de 2,6 milliards qui est demandée pour la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO). 

Quant au Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie (BANUS), les crédits requis sont de 524 696 700 dollars.  Les budgets du compte d’appui et des cinq opérations ont été revus à la baisse par le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB).  Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, le Pakistan a insisté sur le fait que l’enveloppe du compte d’appui doit être proportionnelle aux mandats, au nombre, à la taille et à la complexité des opérations.  Dans son rapport, le CCQAB réclame également une vue d’ensemble de toutes les ressources consacrées au progiciel de gestion intégré estimées à 18 588 600 dollars et constate que les informations données continuent d’être transmises de manière décousue et sans cohérence. 

Le Mali a, pour sa part, affirmé que chez lui, il n’existe aucun sentiment anti-MINUSMA, mais simplement des populations exaspérées par les attaques incessantes qui déciment des familles entières et privent les survivants de leurs moyens de subsistance.  Dans ce contexte, il a estimé qu’une action renforcée de la Mission en matière de protection des civils, en appui aux efforts du Gouvernement malien, est indispensable pour briser le cycle de violences et prévenir les attaques contre les populations locales.  Compte tenu du contexte sécuritaire marqué par le retrait de certaines forces internationales du Mali, le Mali a aussi a appelé à la mise à niveau technique, opérationnelle et financière de la MINUSMA pour mieux aider ses forces à combler le vide sécuritaire ainsi créé.

La Cinquième Commission a prévu une autre réunion jeudi 12 mai à partir de 15 heures pour discuter de la situation financière de l’ONU.

ASPECTS ADMINISTRATIFS DU FINANCEMENT DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) sur l’exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021, le point de l’exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2021 au 30 juin 2022 et le projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023 du compte d’appui aux opérations de maintien de la paix (A/76/808)

Pour l’établissement de ce rapport, le CCQAB a examiné ceux du Secrétaire général (A/76/596) et (A/76/725).  Le Comité consultatif reste préoccupé par l’augmentation du budget du compte d’appui, qui se poursuit malgré la fermeture de missions et la réduction des effectifs militaires et civils.  Il considère que davantage d’efforts auraient pu être faits pour moduler les ressources du compte d’appui, notamment en ce qui concerne les fonctions transversales et stratégiques ou les fonctions relatives au retrait des missions et à la liquidation.  Le Comité recommande à l’Assemblée générale d’inviter le Secrétaire général à revoir les études précédemment menées et à actualiser les données sur la base d’une analyse de la charge de travail, dans les limites des ressources existantes, et de tenir compte des résultats obtenus dans le prochain projet de budget du compte d’appui de façon à prévoir une meilleure modulation des ressources et des gains d’efficience plus importants.

En ce qui concerne les dépenses autres que le coût des postes à financer au moyen du compte d’appui, le Comité consultatif recommande des réductions de 92 700 dollars au titre des consultants et services de consultants; de 662 700 dollars au titre des voyages officiels; et de 151 500 dollars au titre des communications et de l’informatique.  Le projet de budget du compte d’appui pour 2022/23 serait ainsi ramené de 373 596 000 dollars à 371 787 000 dollars.  Ce montant comprend: 255 371 700 dollars pour les postes et 75 879 700 dollars pour les autres objets de dépense; 17 196 900 dollars pour le progiciel de gestion intégré; 868 500 dollars pour le dispositif de prestation de services centralisée; 3 881 600 dollars pour la préparation des moyens de maintien de la paix; et 18 588 600 dollars pour les services de maintenance et d’appui relatifs à Umoja.

Discussion générale

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. MUHAMMAD JAWAD AJMAL (Pakistan) a déclaré que les États qui contribuent financièrement aux budgets des missions de maintien de la paix représentent également la plus grande partie des pays fournisseurs de contingents et de personnel de police.  L’instabilité politique dans laquelle ces opérations sont menées et la complexité de leurs mandats exigent l’allocation de ressources adéquates.  Le niveau du compte d’appui aux opérations de maintien de la paix doit être proportionnel aux mandats, au nombre, à la taille et à la complexité des opérations, a insisté le représentant.  Lorsque l’on ferme ou réduit les effectifs des missions, il faut continuer à les soutenir financièrement pour réussir leur retrait ou la planification de la transition.  Seules les activités et initiatives examinées et approuvées par l’Assemblée générale doivent être budgétisées et les ressources requises, reflétées dans le compte d’appui après approbation de l’Assemblée générale. 

FINANCEMENT DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX POUR L’EXERCICE ALLANT DU 1ER JUILLET 2022 AU 30 JUIN 2023

Rapport du CCQAB sur la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei: exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021 et projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023 (A/76/760/Add.8)

Le Comité consultatif recommande que le montant de 596 400 dollars représentant le solde inutilisé de l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021 ainsi que le montant de 2 222 700 dollars correspondant aux autres recettes et ajustements de l’exercice clos le 30 juin 2021 soient portés au crédit des États Membres.  Il recommande aussi que les crédits demandés soient réduits de 711 600 dollars et ramenés de 263 374 800 dollars à 262 663 200 dollars. 

Rapport du CCQAB sur la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine: exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021 et projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023 (A/76/760/Add.10)

Le Comité consultatif recommande que le montant de 1 393 900 dollars représentant le solde inutilisé de l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021, ainsi que le montant de 20 170 800 dollars correspondant aux autres produits de l’exercice clos le 30 juin 2021 soient portés au crédit des États Membres.  Il recommande aussi que les crédits demandés soient réduits de 4 722 200 dollars et ramenés de 1 087 084 900 dollars à 1 082 362 700 dollars.  Il recommande donc à l’Assemblée générale d’ouvrir des crédits de 1 082 362 700 dollars aux fins du fonctionnement de la Mission.

Rapport du CCQAB sur la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali: exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021 et projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023 (A/76/760/Add.9)

Le Comité consultatif recommande que le montant de 80 025 500 dollars représentant le solde inutilisé de l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021 ainsi que le montant de 48 772 500 dollars correspondant aux autres produits de l’exercice clos le 30 juin 2021 soient portés au crédit des États Membres.  Il recommande également que les crédits demandés soient réduits de 8 124 600 dollars et ramenés de 1 262 069 700 dollars à 1 253 945 100 dollars. 

Rapport du CCQAB sur la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental: exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021 et projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023 (A/76/760/Add.13)

Le Comité consultatif recommande que le montant de 1 284 900 dollars représentant le solde inutilisé de l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021 ainsi que le montant de 1 274 400 dollars correspondant aux autres produits et ajustements de l’exercice clos le 30 juin 2021 soient portés au crédit des États Membres.  Il ajoute que les crédits demandés soient réduits de 446 500 dollars et ramenés de 61 039 200 dollars à 60 592 700 dollars. 

Rapport du CCQAB sur l’exécution du budget du Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie pour l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021 et projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023 (A/76/760/Add.12)

Le Comité consultatif recommande que le montant de 24 992 900 dollars représentant le solde inutilisé de l’exercice allant du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021, ainsi que le montant de 16 858 800 dollars correspondant aux autres produits de l’exercice clos le 30 juin 2021 soient portés au crédit des États Membres.  Pour le prochain exercice, les crédits demandés doivent être réduits de 2 236 900 dollars et ramenés de 526 933 600 dollars à 524 696 700 dollars. 

Discussion générale

M. MOHAMED TRAORE (Mali) a pris note de la proposition budgétaire du Secrétaire général pour la Mission des Nations Unies dans son pays qui indique une augmentation de 90,4 millions de dollars, soit 7,7%.  Les conditions difficiles de travail du personnel de la Mission rappellent notre responsabilité collective d’allouer les ressources nécessaires pour la mise en œuvre effective du mandat dans toutes ses composantes.  Au nombre de ces composantes, a-t-il expliqué, le Mali met un accent particulier sur la protection des civils.  Le représentant a estimé qu’une action renforcée de la MINUSMA dans ce domaine, en appui aux efforts du Gouvernement malien, premier responsable de la protection de ses populations, permettra de briser le cycle de violences, en privilégiant la prévention des attaques prévisibles contre les populations locales.

La persistance des attaques asymétriques des groupes armés terroristes et extrémistes contre les populations civiles mais aussi contre les forces nationales et internationales, appelle à davantage de coordination entre les forces présentes sur le terrain, et, par conséquent, à des ressources humaines, techniques et financières adéquates.  Compte tenu du contexte sécuritaire marqué par le retrait de certaines forces internationales du Mali, le représentant a appelé à la mise à niveau technique, opérationnelle et financière de la Mission pour mieux accompagner les forces armées maliennes à combler le vide sécuritaire ainsi créé.

Concernant le personnel civil de la Mission, le délégué a dit vouloir comprendre pourquoi, malgré les résolutions de l’Assemblée générale et les recommandations du CCQAB relatives à la nationalisation des postes, aucun effort dans ce sens n’ait été constaté.  La création prévue de 10 postes et emplois temporaires ne concernent que le personnel recruté sur le plan international.  Enfin, M. Traore a assuré qu’il n’existe au Mali aucun sentiment anti-Mission des Nations Unies.  Il existe simplement des populations exaspérées par les attaques incessantes qui déciment des familles entières et privent les survivants de leurs moyens de subsistance. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Forum sur les forêts: le Secrétaire général appelle à promouvoir des solutions basées sur les forêts pour parvenir à un environnement sain pour tous

Dix-septième session,
1re séance plénière et réunion virtuelle – matin
ENV/DEV/2043

Forum sur les forêts: le Secrétaire général appelle à promouvoir des solutions basées sur les forêts pour parvenir à un environnement sain pour tous

À l’ouverture de la dix-septième session du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF), le Secrétaire général de l’ONU a appelé à prendre le cap d’une reconstruction plus verte, tant pour les populations que pour la planète, tout en promouvant des solutions basées sur les forêts pour parvenir à un environnement sain pour tous. 

Dans son message, lu par la Sous-Secrétaire générale à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations, Mme Maria Francesca Spatolisano, le Secrétaire général a notamment relevé que les forêts soutiennent les moyens de subsistance, y compris pour les 2,5 milliards de personnes vivant de l’agriculture.  Or chaque année, nous perdons 10 millions d’hectares de forêts dans un contexte où nous aurons besoin de davantage de forêts pour avancer, s’est-il désolé. 

Les forêts et les arbres fournissent de l’eau propre, de l’énergie renouvelable, de la diversité biologique et permettent la régulation climatique, a constaté le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. Collen Vixen Kelapile, dans un message préenregistré.  De ce fait, arrêter et inverser la déforestation peut permettre de réduire les risques et les conditions favorables à l’apparition de maladies zoonotiques. 

« Nous devons constater que la santé des habitants de la Terre est directement liée à la santé de notre planète, et les forêts ont un rôle fondamental à jouer à cet égard », a souligné pour sa part le Président de l’Assemblée générale qui intervenait également dans un discours préenregistré.  Investir dans l’adaptation basée sur les écosystèmes; restaurer les terres; et planter « des bons arbres aux bons endroits » sont des solutions peu coûteuses pour atténuer les changements climatiques, a estimé M. Abdulla Shahid, qui a également insisté sur la reconnaissance des droits des propriétaires terriens et des agriculteurs autochtones.  Il a également annoncé l’organisation d’un événement de haut niveau intitulé « Un moment pour la nature », en juillet prochain.

Le Président de l’ECOSOC a par ailleurs indiqué que la session 2022 du forum politique de haut niveau sur le développement durable, qui se tiendra au mois de juillet, sera l’occasion de passer en revue les progrès réalisés sur l’objectif 15 qui met en évidence les forêts.  L’ECOSOC se tient également prêt à appuyer la préparation de l’examen à mi-parcours, en 2024, de l’arrangement international sur les forêts. 

Les délégations ont également entendu la Directrice du Secrétariat du FNUF, présenter deux documents, l’un consacré au débat d’orientation sur la mise en œuvre du plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030) (E/CN.18/2022/2) et l’autre portant sur les mesures de relèvement prises par les pays pour réduire l’impact de la COVID-19 sur les forêts et le secteur forestier (E/CN.18/2022/7).  Étant donné que la pandémie n’est pas terminée, l’évaluation de son incidence sur les forêts et le secteur forestier devrait être menée de manière continue et à long terme, a notamment souligné Mme Juliette Biao.

Les travaux du Forum se sont ensuite poursuivis dans le cadre d’une table ronde de haut niveau marquée par de nombreux rappels quant à l’importance du financement, suivie d’une discussion sur la mise en œuvre du plan stratégique des Nations Unies sur les forêts 2017-2030.

Au cours de la séance d’ouverture, le FNUF17 a complété son Bureau en élisant Mme Miriam Mac Intosh (Suriname) à sa présidence, afin de terminer le mandat de sa compatriote, Mme Kitty Sweeb.  Les autres membres du Bureau restent les mêmes, à savoir: M. Musah Abu-Juam (Ghana), M. Jesse Mahoney (Australie), M. Tomasz Markiewicz (Pologne), et M. Javad Momeni (République islamique d’Iran), ce dernier occupant les fonctions de Rapporteur.  Le FNUF a également adopté son ordre du jour

Le Forum poursuivra ses travaux demain, mardi 10 mai à partir de 9 heures.

TABLE RONDE DE HAUT NIVEAU: « LA RÉPONSE, LE RÔLE ET LES ATTENTES DU FORUM DES NATIONS UNIES SUR LES FORÊTS RELATIVES AUX ÉVOLUTIONS CONCERNANT LES FORÊTS AU NIVEAU MULTILATÉRAL »

Modérée par Mme JULIETTE BIAO, Directrice du Secrétariat du FNUF, cette table ronde a notamment été l’occasion de faire le point sur le rôle et les attentes du Forum.  Soulignant l’importance de l’adoption, à l’issue de la COP26 à Glasgow, du Pacte pour le climat et de la Déclaration de Glasgow sur les forêts et l’utilisation des terres, Mme PATRICIA ESPINOSA, Secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) a appelé à plus de coopération internationale en faveur des forêts dont la destruction entraîne des pertes alarmantes d’écosystèmes et alimente les changements climatiques.  Alors que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a mis en exergue l’urgence d’agir avant d’arriver à un « point de non-retour », il importe selon elle de collaborer à la mise en œuvre de l’initiative REDD+ destinée à réduire les émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts.  Nous devons utiliser l’accord de Glasgow pour appuyer cet élan et briser le « cercle vicieux » qu’entraîne la déforestation, a-t-elle plaidé. 

Dans le même esprit, Mme ELIZABETH MARUMA MREMA, Secrétaire exécutive de la Convention sur la diversité biologique, a rappelé que des dizaines de millions d’hectares de forêt ont été perdus ces dernières décennies, accroissant le risque de transmission de pathogènes zoonotiques.  À ses yeux, le Cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020 et le projet de cadre pour une meilleure planification de la gestion des zones protégées sont essentiels pour contrer ces tendances et lutter contre la déforestation.  Le FNUF et la Convention peuvent se coordonner à cette fin en appuyant les politiques forestières nationales ainsi que les efforts de planification en matière de protection des forêts, de reboisement et d’intégration des communautés locales à ces efforts, en particulier les peuples autochtones, a-t-elle indiqué, avant d’appeler à un meilleur accès aux financements.

Préoccupée par la demande toujours croissante en produits alimentaires et agricoles, Mme JYOTSNA PURI, Vice-Présidente adjointe du Fonds international de développement agricole (FIDA), a estimé que le FNUF et le FIDA peuvent travailler ensemble pour soutenir des systèmes alimentaires durables qui ne contribuent pas à la déforestation et à la dégradation des forêts.  Il faut pour cela aider les petits exploitants agricoles qui produisent un tiers des denrées sur moins d’un quart des terres dédiées à l’agriculture, a-t-elle préconisé, appelant à son tour à un déblocage massif de fonds pour ces populations vulnérables aux changements climatiques qui n’ont perçu que moins de 2% des ressources allouées à la lutte contre ce fléau.  Le renforcement de la résilience et le soutien aux pratiques de régénération doivent figurer au centre des préparatifs de la COP27 en Égypte, a-t-elle préconisé. 

À sa suite, M. ANDREW STEER, Président et Directeur exécutif du Bezos Earth Fund, a souligné le rôle des organisations philanthropiques et des entités du secteur privé dans la gestion durable des forêts.  Si des résultats impressionnants ont été atteints en Asie du Sud-Est, notamment en Indonésie, c’est parce que les politiques publiques ont été appuyées par des industriels, des propriétaires, des négociants et des détaillants, a-t-il fait valoir.  D’après lui, les organisations philanthropiques et les entreprises peuvent aider à combler les trous dans l’action, lever des fonds, contribuer à la reddition de comptes, en particulier pour les groupes autochtones, et proposer des politiques d’incitation financière, par exemple pour répondre aux problèmes liés à l’élevage. 

De son côté, Mme ANNE NUORGAM, membre de l’Instance permanente sur les questions autochtones, a relayé les préoccupations des peuples autochtones concernant les effets négatifs des efforts de conservation sur leurs droits humains fondamentaux.  Elle s’est dit particulièrement inquiète des nouveaux engagements visant à désigner 30% de tous les territoires terrestres et marins comme zones de conservation d’ici à 2030.  Trop souvent, la création de parcs nationaux et d’autres zones de conservation a entraîné le déplacement des peuples autochtones de leurs territoires ancestraux, les reléguant à la pauvreté et au sans-abrisme, tandis que leurs moyens de subsistance traditionnels tels que la chasse et la cueillette étaient désignées comme des activités criminelles.  De fait, a-t-elle souligné, il est essentiel que la communauté internationale élabore des principes directeurs pour s’assurer que les efforts de conservation respectent les droits humains de ces peuples, dont les territoires sont des zones de grande diversité biologique. 

Mettant l’accent sur le rôle des entités régionales, Mme MARÍA ALEXANDRA MOREIRA LÓPEZ, Secrétaire générale de l’Organisation du Traité de coopération amazonienne, a mis en avant l’importance de la forêt amazonienne, qui représente plus de 40% de la surface de l’Amérique du Sud.  Notant que la pandémie de COVID-19 a entraîné un tarissement des ressources publiques, déjà faibles dans la région amazonienne, elle s’est alarmée du fait que les fonds internationaux pour la conservation ne considèrent pas les pays à revenu intermédiaire comme éligibles à une aide.  Pour atteindre nos objectifs en matière de biodiversité et de bonne gestion hydrique, nous avons besoin de plus de coopération, a-t-elle affirmé, avant de se prononcer pour la création d’un fonds mondial de contributions volontaires pour les forêts. 

Dernière panéliste à s’exprimer, Mme JAYATHMA WICKRAMANAYAKE, Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, a souhaité que l’on tire profit du potentiel des jeunes pour mettre en œuvre un programme ambitieux d’inversion de la déforestation.  Les jeunes, a-t-elle souligné, créent des solutions innovantes, unissent leurs forces et s’attaquent aux défis environnementaux à tous les niveaux.  Elle a précisé à ce sujet que le grand groupe des enfants et des jeunes a lancé, avec le concours de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), un appel à l’action en faveur d’opportunités d’emplois dans le secteur forestier.  Cet élan de la jeunesse offre des possibilités inédites pour « reconstruire en mieux » et bâtir un monde juste et durable, a-t-elle affirmé. 

Dans la foulée de ces exposés, l’Union européenne, par la voix de la France, a souligné la nécessité d’intégrer les questions forestières dans les plans de résilience post-COVID-19, tout en appelant à inverser les pertes de forêts et créer des chaînes d’approvisionnement durables.  La Fédération de Russie a, elle, regretté que la composante scientifique du FNUF n’ait pas été suffisamment renforcée, se disant favorable à la création d’un groupe d’experts sur les forêts, chargé d’examiner la mise en œuvre de l’arrangement stratégique sur les forêts.  La Roumanie a mis en exergue son soutien aux petits propriétaires forestiers via des mécanismes qui compensent les pertes financières lorsque des territoires boisés deviennent des zones protégées. 

La Vice-Ministre en charge de l’environnement durable de la République démocratique du Congo a souligné le rôle de « poumon du monde » qu’assume, avec l’Amazonie, le bassin du fleuve Congo, et a souhaité que les pays de sa région bénéficient d’un meilleur accès aux fonds verts pour tirer profits de leurs atouts environnementaux.  La Grèce a dit avoir adopté une stratégie forestière nationale 2018-2038, qui prévoit un système d’inventaire, la plantation de 20 millions d’arbres et l’appui du secteur privé pour lutter contre les incendies de forêt.  Le Bangladesh a fait état d’un effort comparable, l’objectif étant d’atteindre d’ici à 2040 une surface forestière représentant 25% du territoire national.  Le Pérou a, pour sa part, mis en place un système de financement direct pour le reboisement, avec des crédits spéciaux alloués aux petits agriculteurs. 

L’Ukraine a alerté que depuis le 24 février dernier, près de 20% du territoire ukrainien est attaqué, tous les traités environnementaux et humanitaires sont violés et plus de trois millions d’hectares de forêt sont dégradés à différents degrés, estimant impossible, dans ces conditions, de mener des activités forestières dans le pays. 

La Malaisie a appelé à un soutien financier, technique et technologique accru aux pays en développement pour les aider à protéger leurs écosystèmes et à intensifier leur reboisement.  Un avis partagé par le Guyana, le Costa Rica et l’Argentine, cette dernière souhaitant que le Forum lance un appel à la coopération internationale pour la gestion des tous les types de reforestation et le financement des efforts des pays en développement.  Le Cameroun, au nom de la Commission africaine des forêts, s’est quant à lui félicité du soutien apporté aux pays riverains du bassin du fleuve Congo, tout en déplorant un niveau d’aide encore insuffisant. 

La République de Corée a ensuite affirmé se conformer aux objectifs forestiers mondiaux, tandis que l’Australie assurait reconnaître le rôle vital des forêts pour les populations autochtones.  Le Nicaragua a, quant à lui, appelé à la transformation des modes de production et de consommation au profit d’un modèle de développement durable qui respecte la Terre nourricière. 

Les États-Unis ont fait savoir que le Président Biden a signé, voilà deux semaines, une nouvelle loi pour renforcer la résistance aux incendies de forêt, ce qui devrait renforcer les partenariats de lutte contre la déforestation.  À cette même fin, une stratégie décennale a été lancée en janvier dernier, dotée de 131 millions de dollars.  Le Brésil a ensuite souligné que les pays en développement ont besoin de moyens pour mettre en œuvre des politiques durables, mais aussi de technologies pour gérer leurs forêts et stimuler la chaîne de valeurs de produits forestiers. 

Après le Mexique, qui a reconnu l’importance des informations compilées par le FNUF pour la gestion durable des forêts, le Vice-Ministre des terres et des ressources du Ghana a évoqué les mesures déployées par son pays pour restaurer la couverture forestière.  L’un des objectifs est de planter 20 millions d’arbres sur des terres forestières dégradées et des terres agricoles, a-t-il dit.  Soucieuse de rattraper le retard pris depuis trois ans, la Chine a déclaré avoir reboisé 3,6 millions d’hectares en 2021, tout en déployant des efforts pour développer la foresterie et promouvoir la gestion durable des forêts. 

Le représentant du Ministère de l’environnement de l’Indonésie a appelé le FNUF à jouer un rôle de premier plan pour promouvoir la décarbonisation et la transition énergétique ainsi que la création de nouveaux partenariats entre les secteurs public et privé, de même que la coopération internationale.  L’Ouganda a pour sa part salué le réseau de financement mondial qui lui a permis d’avancer sur la voie de la reforestation et de la décarbonisation. 

DÉBAT D’ORIENTATION SUR LA MISE EN ŒUVRE DU PLAN STRATÉGIQUE DES NATIONS UNIES SUR LES FORÊTS 2017-2030

Dans le cadre de cette discussion, plus d’une vingtaine de délégations ont fait le point de leurs actions et progrès, ainsi que des difficultés rencontrées dans le cadre de la mise en œuvre de la Stratégie des Nations Unies pour les forêts, mais aussi des objectifs de développement durable relatifs à l’action forestière, et de la lutte contre les changements climatiques.  Ainsi, la République de Corée a mis en avant la vision de neutralité carbone qui a été intégrée dans sa politique de gestion durable des forêts en un temps record, s’enorgueillissant du fait que 53% de ses terres sont désormais recouvertes par des forêts.  La République de Corée, qui a présenté sa contribution nationale volontaire pour la première lors de cette dix-septième session du FNUF, a également accueilli le quinzième Congrès forestier mondial à Séoul la semaine dernière, preuve de son engagement dans ce domaine. 

Que ce soit le Mexique, l’Argentine ou le Brésil, tous ont fait état de leurs politiques de reboisement et d’entretien des forêts existantes et de leurs écosystèmes.  Le Mexique a insisté sur la mobilisation des ressources financières suffisantes pour appuyer la gestion durable des forêts dans le monde.  L’Argentine a indiqué renforcer ses programmes et stratégies nationaux moyennant la mise à jour périodique des données sur l’état actuel des forêt, précisant par ailleurs s’être dotée d’un nouveau système d’alerte rapide en cas d’incendies de forêts, un phénomène qui a également préoccupé les États-Unis qui en ont profité pour souligner à nouveau que la loi sur la résistance aux incendies de forêts signée par le Président Biden il y a deux semaines devrait renforcer les partenariats de lutte contre la déforestation.  Plaidant pour une meilleure coopération technique dans la gestion durable des forêts, le Brésil a fait savoir que le déboisement sera illégal sur son territoire d’ici à 2028.  La délégation a également indiqué qu’un nouveau cadre juridique pour le paiement des services environnementaux a été mis en place dans le but d’appuyer les communautés locales. 

Beaucoup de pays ont cité le nombre d’arbres plantés chaque année dans le cadre de leurs efforts de reforestation.  Ainsi, la Jamaïque en a planté un millions et se consacre notamment à l’entretien des mangroves.  Dans même esprit, le Maroc cherche à reboiser 50 000 à 100 000 hectares de forêts, et a établi sa stratégie des forêts 2020-2023 sur la base de données scientifiques et techniques et de méthodes traditionnelles.  Le Costa Rica est lui aussi engagé dans la reforestation et l’élargissement des zones forestières protégées, le pilier central de son action climatique étant de trouver des solutions basées dans la nature, y compris la capture des émissions carbone. 

Pour un pays comme la Côte d’Ivoire, qui a connu une déforestation « spectaculaire », avec un taux de couverture forestière de moins de 10% en ce moment, le partenariat avec le FNUF et la FAO pour la restauration des capacités productives des forêts ivoiriennes est essentiel et s’inscrit dans l’objectif d’un taux de couverture forestière de 20% d’ici à 2030.  En effet, comme l’a expliqué sa représentante, la forte dégradation de sa couverture forestière en un siècle a perturbé le régime des pluies ce qui représente un risque majeur pour l’agriculture du pays. 

Figurant parmi les « exemples à suivre », le Gabon a indiqué que ses 17 millions d’hectares de forêts sont exploités sous forme de concessions, accompagné d’un processus rigoureux de certification forestière et de traçabilité des produits forestiers.  La délégation a précisé que le pays, au bilan carbone positif de 100 millions de tonnes, est couvert à 89% de forêt tropicale humide et que 13% de son territoire est consacré aux parcs nationaux.  De même, la République du Congo, a indiqué avoir lancé des projets de reboisement pour l’approvisionnement en bois des grandes villes, assurant que la traçabilité et la légalité des différents bois est une priorité pour le pays où 13% du territoire ont été affectés à la création d’aires protégées.  La stratégie nationale REDD+ a également été finalisée, avec un plan d’investissement de près de 65 millions de dollars pour des projets intégrateurs dans la foresterie. 

Au Soudan, un pays couvert à 11% de forêts, la loi sur les forêts et les ressources renouvelables oblige les exploitants agricoles à consacrer 10% de leurs revenus au reboisement et à l’irrigation.  Dans ce pays où le 2 août marque chaque année la fête nationale du reboisement, des projets ont aussi été lancés pour renforcer les capacités des arbres qui produisent la « résine arabe », a fait savoir la délégation.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Instance permanente clôt ses travaux par un appel à la promotion des langues autochtones et au respect du consentement libre, préalable et éclairé

Vingt et unième session,
12e séance plénière – après-midi
DH/5472

L’Instance permanente clôt ses travaux par un appel à la promotion des langues autochtones et au respect du consentement libre, préalable et éclairé

L’Instance permanente sur les questions autochtones a achevé, cet après-midi, sa vingt et unième session en adoptant par consensus et tel qu’oralement amendés plusieurs projets de rapport par lesquels elle appelle au respect du principe de consentement libre, préalable et éclairé et formule une série de recommandations pour l’observation de la Décennie internationale des langues autochtones.

Elle recommande également au Conseil économique et social (ECOSOC) de convoquer une réunion d’un groupe d’experts internationaux sur le thème « Vérité, justice transitionnelle et mécanismes de réconciliation » au cours de la vingt-deuxième session de l’Instance permanente qui devrait se tenir au Siège de l’ONU du 17 au 28 avril 2023.

Pour ce qui est du consentement libre, préalable, et éclairé, l’Instance engage les États Membres à prendre de toute urgence des mesures pour garantir la participation suffisante et effective des peuples autochtones à la conception et à la mise en œuvre de plans nationaux de transition vers des énergies propres et vertes.

Elle demande à l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) d’adopter un document juridiquement contraignant protégeant les connaissances traditionnelles et la propriété intellectuelle des peuples autochtones, et invite l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à préparer une analyse des différentes façons dont les peuples autochtones sont affectés par les accords et traités commerciaux internationaux.  De son côté, l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), est appelée à élaborer un programme global pour le développement des entreprises et de l’industrie de la création autochtones.

L’Instance souhaite en outre que le projet d’instrument international juridiquement contraignant sur la réglementation des activités des sociétés transnationales affirme les droits des peuples autochtones, notamment en ce qui concerne le consentement préalable, libre et éclairé.

Alors qu’a débuté cette année la Décennie internationale des langues autochtones 2022-2032, l’Instance permanente recommande à l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) d’entamer des travaux sur les données relatives aux langues autochtones, en prévoyant un financement suffisant pour contribuer aux priorités pour l’après-2030.  Elle appelle aussi les États Membres à développer les écoles et les programmes d’immersion en langue autochtone et les écoles bilingues afin d’aider les jeunes autochtones à se réapproprier leurs langues, invitant par ailleurs à créer, d’ici à 2025, un incubateur de méthodologies internationales en matière d’éducation multilingue, y compris des études sur les meilleures pratiques de revitalisation des langues.

Elle souhaite également qu’au cours de cette Décennie, les États Membres et les peuples autochtones entament des discussions sur les ramifications d’une éventuelle convention de l’UNESCO pour la sauvegarde et la revitalisation des langues en voie de disparition.

Ayant à l’esprit les contributions des médecines traditionnelles des peuples autochtones au relèvement après la pandémie, elle invite par ailleurs l’Assemblée mondiale de la Santé à déclarer une année internationale des médecines traditionnelles des peuples autochtones d’ici à 2025.

De même, l’Instance permanente demande l’organisation d’une « Conférence mondiale sur les peuples autochtones + 10 » en août 2024.  Elle souhaite aussi inclure dans son ordre du jour un point permanent sur les objectifs de développement durable afin de préparer les contributions et la participation aux réunions annuelles du forum politique de haut niveau annuel sur le développement durable, y voyant l’occasion de conférer davantage de visibilité à aux sujets de préoccupation des peuples autochtones.

Dans sa déclaration de clôture, le Président de l’Instance permanente, M. Darío José Mejía Montalvo (Colombie), a constaté les défis persistants des peuples autochtones ne font que s’aggraver en particulier en ce qui concerne la propriété foncière et intellectuelle.  Il a demandé aux industries extractive et créative de dialoguer et de prendre conscience des conditions des peuples autochtones alors que les mégaprojets se poursuivent sans leur consentement. 

« Il est inacceptable aujourd’hui d’entendre des menaces contre les défenseurs des droits des peuples autochtones y compris les femmes », a dénoncé le Président qui a par ailleurs souligné l’importance de promouvoir et de revitaliser les langues autochtones pour assurer l’éducation des jeunes autochtones.  Nous devons être fiers de nos enfants qui parlent nos langues, a insisté M. Montalvo, avant d’inviter l’assistance à visionner une vidéo commémorant les défenseurs des peuples autochtones « passés de l’autre côté » l’année dernière.

Les délégations ont également entendu M. Sven-Erik Soosaar, membre de l’Instance (Estonie) attirer l’attention sur le recrutement forcé des jeunes autochtones par les forces russes en Ukraine et en Russie. 

Les documents et projets de rapports adoptés aujourd’hui tel qu’oralement amendés figurent dans les documents suivants: E/C.19/2022/L.2; E/C.19/2022/L.3; E/C.19/2022/L.4/Rev.1; E/C.19/2022/L.5/Rev.1; E/C.19/2022/L.6/Rev.1; E/C.19/2022/L.7; E/C.19/2022/L.8; et E/C.19/2022/L.9.  Ils seront transmis au Conseil économique et social (ECOSOC) pour approbation finale.

Au cours de cette séance, qui s’est tenue en présentiel, l’Instance a également adopté l’ordre du jour provisoire de sa vingt-deuxième session.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: le forum sur la science, la technologie et l’innovation s’achève sur des appels à relever les défis de la numérisation jugée « très prometteuse »

Session de 2022,
Forum sur la science, la technologie et l’innovation, 3e et 4e séances – matin & après-midi
ECOSOC/7083

ECOSOC: le forum sur la science, la technologie et l’innovation s’achève sur des appels à relever les défis de la numérisation jugée « très prometteuse »

Le septième forum de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation (STI) au service de la réalisation des objectifs de développement durable a pris fin aujourd’hui, après avoir tenu, en deux jours, six sessions thématiques autour du thème central de cette année: « La science, la technologie et l’innovation pour reconstruire en mieux après la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19), tout en avançant sur la voie d’une mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».

Dans ses remarques de clôture, le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. Collen Vixen Kelapile, a estimé que ce forum sur les STI est arrivé à point nommé pour contribuer à trouver des solutions à un certain nombre de défis mondiaux qui se chevauchent: la pandémie de COVID-19, l’impact toujours plus présent des changements climatiques, ainsi que les conséquences économiques mondiales de la guerre en Ukraine.  Il a rappelé que ces crises ont inversé les progrès du développement dans de nombreux pays, menaçant de mettre les objectifs de développement durable (ODD) hors de portée.

Pour renverser ces tendances, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU a appelé, comme de nombreux intervenants des sessions thématiques, à miser sur la numérisation qui est « très prometteuse » dans la mesure où elle permet l’accès à des services essentiels, comme l’éducation et les soins de santé.  Mme Amina J.  Mohammed a aussi prôné le partage des connaissances pour la mise en œuvre de solutions technologiques aidant à surmonter un large éventail de défis.  Elle a insisté sur le fait que les STI doivent être orientées vers la réduction des inégalités, l’élimination des préjugés et de la discrimination, et l’atténuation des compromis pour atteindre les ODD.  Cela ne pourra se faire qu’en travaillant non pas en silos mais en collaboration entre les disciplines, a-t-elle souligné.

Dans leur résumé de la session, les deux Coprésidents, les Représentants permanents de la République-Unie de Tanzanie et de l’Ukraine, ont également appelé à accélérer les progrès pour relever les défis de l’économie numérique.  Il s’agit avant tout d’assurer une connectivité significative pour les 2,9 milliards de personnes qui n’ont toujours pas accès à Internet dans le monde.  La pandémie de COVID-19 a montré le bénéfice des biens publics numériques tels que les infrastructures numériques, mais davantage d’investissements sont nécessaires dans ces infrastructures, y compris de la part du secteur public, ont-ils noté.  Le Président de l’ECOSOC a appelé à des efforts accrus pour aider les pays en développement, les pays les moins avancés (PMA) en particulier, à combler la fracture numérique et à renforcer leurs capacités à tirer parti de l’économie numérique.  Sur la question cruciale du financement, il a regretté le fait que le Mécanisme de facilitation des technologies et le forum sur les STI n’aient pas encore reçu un soutien financier approprié, ce qui limite la portée de leurs actions.

Il faut d’ailleurs éviter des pressions financières trop fortes dans ce domaine si l’on veut assurer la pertinence et la pérennité des biens publics numériques dans le monde en développement, a prévenu la Coprésidente de Digital Public Goods Alliance.  Mme Liv Marie Nordhaug a ainsi invité à s’appuyer sur une utilisation ciblée de l’aide publique au développement (APD).  Pour sa part, la Sous-Secrétaire générale à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations et Envoyée par intérim du Secrétaire général pour les technologies, Mme Maria Francesca Spatolisano, a évoqué le rôle crucial que pourrait jouer le futur pacte numérique mondial prévu par le Secrétaire général.  Ce pacte est une chance unique de tirer pleinement parti de l’ère numérique et d’éviter d’en subir les inconvénients, a-t-elle affirmé.  Cela correspond au « modèle multipartite » qu’il faut pour la gouvernance mondiale d’Internet, a confirmé M. Paul Mitchell, Président du Forum pour la gouvernance d’Internet.

Pour la Vice-Secrétaire générale, le potentiel du numérique ne peut toutefois pas être exploité lorsque seulement 63% de la population mondiale utilise Internet.  Selon elle, les STI constituent, par conséquent, la meilleure raison d’espérer.  En effet, les discussions sur les technologies d’élimination du dioxyde de carbone, les pédagogies d’apprentissage numérique, les bio et nanotechnologies, ainsi que les scénarios STI ont mis en évidence les « outils incroyables » dont nous pouvons user pour améliorer notre avenir.  Le Coprésident ukrainien du forum sur les STI a salué en particulier le rôle de la technologie numérique dans la poursuite des activités éducatives pour des millions de personnes pendant la pandémie, même si le passage aux outils éducatifs numériques a entraîné une baisse des résultats scolaires et des problèmes de santé mentale.  Son homologue de la République-Unie de Tanzanie a appelé à accroître les investissements dans les systèmes nationaux d’innovation, non seulement en termes de recherche et développement, avant de rappeler que le Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies a proposé de créer un réseau international de banques d’idées et de fonds pour l’innovation en tant que référentiel pour l’identification des problèmes, des opportunités et des solutions, ouvert à tous.

« Il faut que toutes les parties prenantes nationales soient impliquées dans la mise en œuvre de l’écosystème local d’innovation », a plaidé Mme Carolina Rojas, de Engineering for Change, représentant le grand groupe des enfants et des jeunes.  Elle a mis en garde contre les incidences négatives des innovations et recommandé à cet égard d’en évaluer les répercussions éthiques.  Elle a aussi conseillé d’impliquer les jeunes, qui doivent s’approprier ces innovations, dans une approche de solidarité intergénérationnelle.  Même son de cloche du côté de la Directrice exécutive de Open Knowledge Foundation, Mme Renata Avila, qui a invité à donner la place qu’ils méritent aux jeunes et à miser sur une vision positive de l’avenir. 

Par ailleurs, au cours d’une brève séance tenue après la clôture du forum, l’ECOSOC a élu par acclamation Mme Miia Rainne (Finlande) à sa vice-présidence, afin de terminer le mandat de son collègue de la Mission finlandaise, M. Jukka Salovaara, jusqu’à la fin de la présente session du l’ECOSOC.

SEPTIÈME FORUM DE COLLABORATION MULTIPARTITE SUR LA SCIENCE, LA TECHNOLOGIE ET L’INNOVATION AU SERVICE DE LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Thème: « La science, la technologie et l’innovation pour reconstruire en mieux après la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19), tout en avançant sur la voie d’une mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l’horizon 2030 »

Session thématique 3: « Les systèmes d’innovation mondiaux, nationaux et locaux »

Cette session était animée par M. JOSÉ RAMÓN LÓPEZ-PORTILLO ROMANO, Conseiller du Gouvernement du Mexique en diplomatie scientifique; cofondateur et Président de Q-Element; et membre du Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies.  Les intervenants ont présenté diverses approches d’innovation, aux niveaux local et national, notamment pour soutenir l’innovation et l’adaptation des technologies dans le cadre de la promotion des objectifs de développement durable (ODD).

Un premier exemple a été donné par la République-Unie de Tanzanie par M. AMOS NUNGU, Directeur général de la Commission nationale de la science et de la technologie, qui a indiqué que c’est en 2018 que son gouvernement a mis sur pied des directives devant réguler le secteur des innovations.  Depuis lors, une semaine nationale de l’innovation a lieu chaque année, a-t-il dit, en ajoutant que le pays a surtout besoin de financements pour renforcer ses capacités d’innovation.  La Chine n’a pas ce problème, puisque le pays a dépensé 2 700 milliards de yuan en 2021 dans le cadre de la recherche-innovation, a témoigné la délégation chinoise.  En République de Corée, le Gouvernement a trouvé la formule pour mobiliser le secteur privé, a expliqué M. JOO HYUNGHWAN, enseignant à l’École de commerce de l’Université nationale de Séoul.  Celui qui fut Ministre du commerce et de l’industrie dans son pays a ainsi expliqué que les entreprises privées sont astreintes à rendre public leur budget dédié à la recherche-innovation, afin de recevoir un classement en fonction des efforts consentis.  Il a également parlé de l’importance cruciale du renforcement de l’éducation et des capacités pour dynamiser les secteurs de la recherche et de l’innovation.

Justement, en Ukraine, c’est sur l’éducation que le Gouvernement a misé avant que l’invasion de la Fédération de Russie ne vienne casser la dynamique, a indiqué la Cheffe du Groupe d’experts sur l’innovation de la Direction de la science et de l’innovation au Ministère de l’éducation et de la science.  Mme OKSANA KRUKEVICH a également signalé que les autorités ukrainiennes ont mis en place des mécanismes de protection des droits de la propriété intellectuelle.  L’accent a également été mis sur cette question au Kenya, a confirmé M. TOM PETER MIGUN OGADA, Directeur exécutif du Centre africain pour l’étude technologique, qui a également décrit les mesures nationales visant à mettre en œuvre une feuille de route sur l’innovation, avant de préciser que les efforts nationaux dans le domaine recherche-innovation sont orientés vers la réalisation des ODD.  Mme ANGELINA BEKASOVA, experte senior en politique de l’espace et de l’innovation au Ministère de l’économie de la Lettonie, a également décrit un programme national focalisé sur une mission à l’horizon 2030.  Il est question, a-t-elle expliqué, d’encourager les innovateurs nationaux à se focaliser sur l’objectif national de dépollution de la mer Baltique.

Il est de bon aloi que les feuilles de route nationales sur l’innovation tiennent compte des écosystèmes locaux, a suggéré M. ALESSANDRO RAINOLDI, du Centre commun de recherche de la Commission européenne.  Abondant dans ce même sens, M. SLAVO RADOSEVIC, professeur d’industrie et d’études sur l’innovation de University College London, a appelé les différents États Membres à maîtriser d’abord leur environnement d’innovation, selon la fameuse formule du « connais-toi toi-même ».  Selon lui, il ne faut pas oublier que les trajectoires technologiques ne sont pas les mêmes et que, par conséquent, chaque pays a un écosystème distinct des autres.  Qu’à cela ne tienne, « il faut que toutes les parties prenantes nationales soient impliquées dans la mise en œuvre de l’écosystème local d’innovation », a plaidé Mme CAROLINA ROJAS, de Engineering for Change, représentant le grand groupe des enfants et des jeunes.  Elle a mis en garde contre les incidences négatives des innovations et recommandé, à cet égard, d’en évaluer les répercussions éthiques.  Elle a aussi conseillé d’impliquer les jeunes, qui doivent s’approprier ces innovations, dans une approche de solidarité intergénérationnelle.

La solidarité a été également magnifiée par le Ministre de l’industrie, de la science, de la technologie et de l’innovation du Cambodge.  M. PRASIDH CHAM a affirmé que l’écosystème national tient compte des réalités locales, même s’il a été mis en place grâce à des fonds onusiens.  Enfin, pour un pays comme le Japon résolument tourné vers l’innovation, il est aussi important de partager l’expérience nationale avec d’autres, comme le fait déjà son pays avec la Zambie et le Kenya dans le cadre du partage des meilleures pratiques en matière de STI. 

Session thématique 4: « Biens publics numériques mondiaux, numérisation, intelligence artificielle - connectons le monde d’ici à 2030 » 

Dans ses propos introductifs, la modératrice de cette session, Mme ANITA GURUMURTHY, qui est Directrice exécutive de IT for Change à Bangalore (Inde) et membre du Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies, a d’emblée misé sur la connectivité universelle, dans la perspective de « démocratiser l’accès à Internet dans le monde ».  Elle a encouragé les membres du panel à réfléchir à ce que serait un paradigme juste du numérique. 

Rebondissant sur ces remarques, Mme LIV MARTE NORDHAUG, Coprésidente de Digital Public Goods Alliance, a rappelé que ces « biens publics numérisés » sont définis dans la feuille de route du Secrétaire général sur la question du « numérique mondial », en disant qu’il faut tirer profit de solutions communes pour relever les défis dans ce domaine transformateur.  Il faut notamment pouvoir compter sur des financements suffisants et une mobilisation de la recherche au profit de tous, ce qui implique une approche hautement collaborative, y compris avec les industries, pour mettre en place ces biens publics numériques mondiaux, a-t-elle précisé.  Répondant à une question sur le rôle de l’aide publique au développement (APD) dans le financement de ces biens publics mondiaux dans les pays en développement, Mme Nordhaug a expliqué qu’il faut éviter qu’il y ait des pressions financières pour assurer la pérennité et la pertinence de ces biens dans le monde en développement.  L’APD pourrait, selon elle, être utilisée de manière bien plus efficace dans ce domaine.

À l’aune du Sommet pour l’avenir de l’ONU, la Sous-Secrétaire générale à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations et Envoyée par intérim du Secrétaire général pour les technologies, Mme MARIA FRANCESCA SPATOLISANO, a évoqué le rôle que pourrait jouer à cet égard le futur pacte numérique mondial prévu par le Secrétaire général.  Face aux changements technologiques rapides et aux transformations à l’échelle mondiale apportées par la technologie numérique, elle a invité à mobiliser la coopération pour tirer parti pleinement de l’ère numérique et éviter d’en subir ses inconvénients.  Ce pacte est une chance unique de le faire puisqu’il regroupe les États Membres et la société civile, qui devront réfléchir ensemble aux principes devant régir le monde numérique.  Pour préparer le terrain, le Bureau de Mme Spatolisano organise des tables-rondes sur divers aspects du sujet et travaille avec les partenaires, au sein des Nations Unies et au-delà, pour parvenir à un monde numérisé plus sûr et prêt à la connectivité universelle.  Mais pour l’instant, plus de 2,9 milliards de personnes ne sont toujours pas connectées à Internet, a-t-elle regretté en soulignant que le numérique est pourtant devenu un outil efficace pour lutter contre les inégalités dans le monde.  Elle a donc appelé à forger une nouvelle vision de la coopération mondiale dans le domaine du numérique.  Pour que les États Membres puissent soumettre leurs idées et recommandations relatives au futur Pacte numérique mondial, Mme Spatolisano a précisé qu’une page Web sera mise en place par son Bureau.  L’objectif du Web doit être de servir l’humanité, a-t-elle conclu: « alors, travaillons ensemble maintenant pour l’avenir. »

Parmi ceux qui doivent participer à la gouvernance numérique, la Directrice exécutive de la Open Knowledge Foundation, Mme RENATA AVILA, a invité à donner la place qu’ils méritent aux jeunes et à miser sur une vision positive de l’avenir.  Les jeunes qui ont accès au numérique vont pouvoir contribuer aux solutions de demain, a-t-elle espéré.  Pour éviter « l’utopie du numérique », elle a souligné l’importance non seulement des législations nationales mais aussi de la coopération dans ce domaine pour atteindre une plus grande équité numérique parce que, même s’il existe un certain élan à financer l’infrastructure numérique dans le monde, l’hémisphère Sud n’a toujours pas suffisamment de moyens pour rattraper son retard numérique et pour investir dans l’innovation.  Dans ce contexte, Mme Avila a même parlé du « UNverse », en clin d’œil au « Metaverse ». 

Rebondissant sur cette question pour parler du financement de l’infrastructure numérique en Afrique, le représentant du Sénégal a estimé que les efforts à mener pour diminuer la fracture numérique doivent commencer au niveau national en mobilisant les forces propres de chaque pays.  Cependant, a-t-il concédé, cela dépend aussi de la coopération internationale qui reste nécessaire pour accompagner la numérisation de sociétés africaines. 

Abondant en ce sens, M. ALLY NYAMAWE, Directeur de AI4D, un laboratoire de recherche multidisciplinaire anglophone d’Afrique, basé en République-unie de Tanzanie, a appelé à réfléchir aux moyens pour l’Afrique de tirer profit des progrès de l’intelligence artificielle (IA) et de la numérisation, y voyant des outils précieux pour réaliser les objectifs de développement durable (ODD), notamment à travers des gains de productivité et dans les domaines de la santé et de l’éducation.  M. Nyamawe a affirmé que l’Afrique essaye de rattraper son retard en termes d’infrastructures numériques, mais expliqué que le continent se heurte aussi à un problème de qualifications et d’accès.  Son laboratoire de cherche, par exemple, a développé des programmes de mentorat pour les jeunes, mais cela suppose que ces jeunes aient accès au numérique et au matériel, comme des ordinateurs.  Il a donc recommandé d’adopter non seulement des politiques favorables au développement de la technologie et de l’intelligence artificielle, mais aussi des réglementations pour l’utilisation de l’IA.  Il a conclu son intervention en soulignant à son tour l’importance de la collaboration et de la coopération pour pouvoir aller plus loin en matière d’infrastructures numériques et de données en Afrique.

C’est un « modèle multipartite » qu’il faut pour la gouvernance mondiale d’Internet, a confirmé M. PAUL MITCHELL, le Président du Forum pour la gouvernance d’Internet, forum fondé sur l’idée d’une collaboration multipartite pour cet écosystème émergeant, par opposition à une approche individuelle descendante pour chaque pays.  Le Forum a pu répondre à des besoins spécifiques concernant les bonnes pratiques et les pratiques régionales, a-t-il fait valoir en indiquant qu’il compte plus de 24 coalitions; il a aussi permis de mieux comprendre les nouveaux marchés et d’accélérer les partenariats dans ce domaine.  Notant que, cette semaine, plus de 60 pays ont signé une déclaration sur Internet interfonctionnel, libre et sûr, M. Mitchell a annoncé que le prochain Forum pour la gouvernance d’Internet se tiendra cette année en Éthiopie.

Lui emboîtant le pas, M. ABDEL KARIM SAMAKIE, Directeur de Innovation Driven Enterprises, Digital Cooperation Organization, une organisation multilatérale créée en novembre 2020 pour promouvoir une croissance inclusive de l’économie numérique, a mis l’accent sur l’importance des biens publics numériques mondiaux pour permettre la connectivité à travers des politiques numériques nationales inclusives.  Son organisation se consacre notamment à la coopération entre gouvernements et secteur privé dans ce domaine dans le but de permettre aux entrepreneurs de participer à la pérennisation des biens publics numériques, a-t-il expliqué.  De son côté, la représentante du grand groupe sur la science et la technologie, Mme REINE ESSOBMADIE, de la Fédération mondiale des organisations d’ingénieurs (FMOI), a mis en avant le rôle des ingénieurs pour façonner des sociétés se basant sur le principe d’équité et ouvrir la voie à un monde connecté d’ici à 2030, alors que la représentante du grand groupe des enfants et des jeunes, Mme ONA AMBROZAITE, a plaidé, comme Mme Avila, en faveur de la participation des jeunes à la gouvernance numérique, le but étant d’élaborer des politiques inclusives et des stratégies qui veillent à la viabilité à long terme des biens publics numériques. 

Session thématique 5: « Technologies émergentes d’élimination du dioxyde de carbone pour lutter contre les changements climatiques ». 

Modérée par Mme CHERRY MURRAY, Coprésidente du Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies et professeure de physique à l’Université de l’Arizona, cette session thématique a offert l’opportunité aux participants d’échanger sur les besoins croissants en matière de technologies d’élimination du dioxyde de carbone (EDC), le déploiement de ces technologies dans le monde et l’état des connaissances à leur sujet.  Le dernier rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) souligne la nécessité d’accroître l’utilisation de ces technologies pour restreindre l’augmentation des températures dans les limites prévues par l’Accord de Paris, a fait remarquer la modératrice, ajoutant que faute d’atteindre cet objectif, des mesures correctives seront indispensables. 

Premier panéliste à s’exprimer, M. KEYWAN RIAHI, Directeur du programme énergie, climat et environnement de l’Institut international d’analyse des systèmes appliqués (Autriche) et membre du Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies, a expliqué qu’il existe différentes possibilités pour retirer le CO2 qui s’est accumulé dans l’atmosphère en quantités gigantesques.  En le retirant, nous pouvons réduire les niveaux de concentration du principal gaz à effet de serre contribuant au réchauffement climatique, a-t-il précisé.  Dans son sixième rapport d’évaluation, le GIEC conclut que les technologies EDC sont nécessaires pour stabiliser le climat parce qu’elles peuvent s’ajouter aux autres mesures d’atténuation, en plus de la réduction des émissions carbonées, a poursuivi le chercheur.  Une fois atteint l’objectif de « zéro émission nette », 90% des actions climatiques pourraient, d’après lui, prendre la forme de mesures d’atténuation, les 10% restants étant réalisés par des technologies d’élimination.  Mais ces technologies doivent encore passer à la phase de recherche à celle du développement et de la mise à l’échelle, ce qui implique des investissements massifs. 

À sa suite, M. JAN MINX, professeur à l’Institut de recherche Mercator (Allemagne) et contributeur au sixième rapport du GIEC, a relevé que si les technologies EDC sont nécessaires pour atteindre l’objectif de zéro émission nette, il appartient à chaque pays de choisir la méthode qui lui convient.  Selon lui, les méthodes disponibles vont de la biologie terrestre (reboisement, biochar) à la biologie océanique (gestion du carbone bleu), en passant par la géochimie et la chimie, via la capture et le stockage directs du carbone dans l’air.  Il a toutefois reconnu qu’il n’existe pas de « technologie EDC miracle ».  Pour l’heure, le monde est à la traîne dans le déploiement et la mise à l’échelle de telles technologies, a-t-il averti, jugeant essentiel d’en promouvoir le développement en stimulant la demande.  Beaucoup reste à faire en termes de vérifications, de suivi et de développement pour progresser sur le plan technologique et aller de l’avant sur le plan politique, a reconnu le scientifique. 

La parole a ensuite donnée à des « praticiens », en commençant par M. ALLY MASOUD KIPANYA, Directeur général de Kaypee Motors (République-Unie de Tanzanie), dont l’entreprise a conçu une voiture respectueuse de l’environnement.  Depuis trop longtemps, a-t-il dit, l’Afrique est traitée comme un « dépotoir » et beaucoup de ses habitants y contribuent en utilisant des véhicules d’occasion usés et polluants.  J’ai voulu y remédier en participant à l’effort environnemental, a confié cet entrepreneur, qui a travaillé durant deux ans sur un prototype de voiture propre avant d’en lancer la commercialisation il y a un mois.  Il reste encore à obtenir l’homologation du bureau des normes tanzanien mais l’accueil est bon, a-t-il confié, reconnaissant cependant qu’acheter une voiture neuve reste « étrange » en Afrique.   

Lui emboîtant le pas, M. ANIRUDDHA SHARMA, Directeur général de Carbon Clean Solutions (Inde), a présenté son entreprise fondée en 2007 et centrée sur l’élimination des émissions de carbone des industries émettant le plus de gaz à effet de serre.  Cela concerne tout particulièrement les secteurs de l’acier, du ciment et de l’industrie pétrochimique, a-t-il précisé.  Son entreprise s’appuie sur des technologies EDC pour planifier des opérations de captage du dioxyde de carbone et arriver au net zéro.  En forte croissance, elle compte aujourd’hui 44 sites et propose ses services à des pays développés tels que le Japon, la Suisse et l’Allemagne.  Entre 2010 et 2020, les capacités d’installation pour ces technologies ont progressé de 1 600%, s’est-il félicité, jugeant toutefois important qu’un débat ait lieu, sous l’égide de l’ONU, sur le déploiement de l’EDC dans les pays en développement. 

Le représentant de la Fédération de Russie a souligné l’importance qu’accorde son pays au bilan carbone de ses vastes écosystèmes, qu’il s’agisse de forêts ou de terres agricoles.  Nous créons des sites de traitement du carbone et recueillons des données au sol en recourant à l’intelligence artificielle, a-t-il expliqué, le but étant de créer un système fiable de surveillance des gaz à effet de serre sur la base d’observations spatiales, de capteurs au sol et de technologies numériques.  Il importe maintenant que les systèmes russes de surveillance du carbone se synchronisent avec d’autres systèmes nationaux dans un esprit de reconnaissance mutuelle, a-t-il plaidé, rappelant au passage que les écosystèmes et les sols sont capables d’absorber 1 000 milliards de tonnes de gaz à effet de serre accumulés dans l’atmosphère et de les ramener à des niveaux sûrs.  Avec 20% des forêts mondiales sur près de 10 millions de kilomètres carrés, mais aussi au travers de son agriculture, la Russie développe des méthodes de séquestration du carbone et est ouverte à des collaborations technologiques au niveau international, a indiqué le représentant. 

Intéressée par cette présentation, Mme LEE KHENG HENG, Cheffe de section à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en charge du centre conjoint FAO/AIEA sur les techniques nucléaires dans l’alimentation et l’agriculture, a fait observer que l’agriculture contribue à 25% des émissions de gaz à effet de serre anthropiques.  Dans le même temps, elle constitue un puits de carbone majeur, qui absorbe environ un tiers des émissions de CO2.  En adoptant des pratiques agricoles intelligentes face au climat, telles que l’incorporation de résidus de cultures, le biochar, les engrais verts, les rotations de cultures et le contrôle de l’érosion des sols, il est possible, selon elle, d’augmenter le carbone dans les plantes pour qu’il soit séquestré dans le sol.  Ces processus doivent cependant être acceptés par toutes les parties prenantes et considérés dans le contexte de la sécurité alimentaire, a-t-elle fait valoir, jugeant que leur intérêt réside dans l’équilibre à long terme entre l’absorption et la libération du carbone. 

Mme KATHLEEN DRAPER, Présidente du Conseil d’administration de l’ONG Biochar Initiative et Directrice de l’Ithaca Institute for Carbon Intelligence (États-Unis), s’est pour sa part étendue sur le biochar, qui est le fruit d’un amendement du sol issu de la pyrolyse de biomasse.  Notant que le biochar est probablement la plus ancienne solution anthropique d’élimination du dioxyde de carbone, elle l’a présenté comme sûr, évolutif et prêt à l’emploi.  Il peut aider les pays à accroître leur ambition climatique tout en soutenant 12 des 17 ODD des Nations Unies.  Elle a dit compter sur ce forum onusien pour mieux faire connaître cette solution de séquestration à long terme du carbone atmosphérique, obtenir des financements pour la mise à l’échelle des projets en préparation et encourager les pays à développer des plans de décarbonisation basés sur le biochar. 

À contre-courant des précédentes interventions, Mme SILVIA RIBEIRO, Directrice du Groupe ETC pour l’Amérique latine (Uruguay), a constaté qu’aucune des technologies d’élimination du dioxyde de carbone proposées ne s’attaque aux causes profondes des changements climatiques, telles que les combustibles fossiles, les systèmes alimentaires industriels et les modes de consommation et de production.  À l’instar des autres propositions de géo-ingénierie, toutes les technologies EDC ont d’importants impacts environnementaux et rien ne prouve qu’elles puissent permettre de lutter contre les changements climatiques, a-t-elle observé.  En effet, plus de 80% des installations actuelles de captage et de stockage du carbone sont utilisées pour accéder au pétrole en profondeur, ce qui entraîne une augmentation des émissions de CO2.  De plus, les propositions de capture aérienne directe sont extrêmement coûteuses et énergivores, ce qui pourrait également entraîner une augmentation des émissions ou une grave concurrence pour les sources renouvelables.  Par ailleurs, outre le fait que certains projets risquent d’empiéter sur des territoires autochtones, les technologies EDC fournissent une excuse aux industries polluantes et aux gouvernements pour éviter de réduire leurs émissions de carbone, moyennant une compensation technologique théorique à l’avenir.  « C’est un pari dangereux » car cela « gaspille le temps limité et les ressources publiques », a tonné Mme Ribeiro, pour qui il serait plus judicieux de mettre en place des mécanismes d’évaluation de la technologie impliquant une diversité de perspectives, y compris celles des femmes, des jeunes et des peuples autochtones. 

En réponse à ces remarques et observations, M. Minx a indiqué que, pour limiter le réchauffement climatique à 2 degrés Celsius, les technologies EDC sont « nécessaires mais pas suffisantes ».  Il faut parvenir à zéro émission nette et ce ne sera pas possible sans l’EDC, a-t-il insisté, invitant les pays à réfléchir à leurs ambitions en la matière.  Les modèles existants font apparaître qu’il reste des émissions résiduelles qu’il faut compenser.  Il est donc important de pouvoir disposer des technologies qui permettent de le faire, avec plus ou moins de stockage de CO2.  Un avis partagé par M. Aniruddha Sharma, qui a confirmé qu’il n’y a pas de solution unique pour éliminer le CO2.  Dans certains endroits, il est préférable de recourir à l’EDC couplé au biochar, ailleurs ce peut être l’EDC avec la décarbonisation ou encore l’EDC et la capture de carbone.  En tout état de cause, il faut réfléchir aux trajectoires les moins coûteuses par régions, a-t-il préconisé.  De son côté, M. Keywan Riahi a réaffirmé que les technologies EDC n’ont pas vocation à remplacer les mesures d’atténuation mais à les compenser.  Selon lui, l’ONU a un rôle majeur à jouer en proposant un cadre dans lequel les pays pourraient collaborer autour de stratégies de réduction des risques. 

Suite de la session ministérielle: « La science, la technologie et l’innovation pour la réalisation des ODD et une reprise durable après la pandémie de COVID-19 »

« Nous avons besoin de normes internationales pour régir la bonne utilisation des technologies de l’information et des communications (TIC) », a insisté le représentant de la Bolivie, après avoir précisé que la pandémie de COVID-19 avait aggravé la fracture numérique entre pays en développement et pays développés.  Il a insisté pour que l’accès à Internet soit un droit, précisant ensuite que son pays était lancé dans le développement de la connectivité à la fibre optique et des relais radios.  Son homologue de la Fédération de Russie a précisé que l’Académie russe des sciences fêterait son trois centième anniversaire en 2024 et que son gouvernement avait proclamé 2022-2031 décennie de la science en Russie. 

Session thématique 6: « Atteindre les objectifs de développement durable: les prochaines étapes pour le Mécanisme de facilitation des technologies et ses partenaires »

Comme l’a rappelé le Président de cette session, le Président de l’ECOSOC lui-même, M. COLLEN VIXEN KELAPILE, le Mécanisme de facilitation des technologies a été créé par le Programme d’action d’Addis-Abeba en 2015 pour soutenir la réalisation des ODD.  Depuis lors, ce forum sur le STI a mobilisé des milliers d’acteurs scientifiques et technologiques, dont beaucoup n’avaient jamais collaboré auparavant avec l’ONU.  Lors de cette session thématique, les panélistes ont apporté des mises à jour sur les principales activités du Mécanisme, y compris l’Équipe spéciale interinstitutions des Nations Unies pour la science, la technologie et l’innovation au service de la réalisation des ODD et le Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies, et discuté des moyens de renforcer leur impact.  Certaines des initiatives prises par les partenaires du Mécanisme ont également été mises en avant.  Ces interventions devraient fournir une base supplémentaire pour identifier les priorités clefs pour le Mécanisme à l’avenir, a espéré le Président. 

C’était au tour des deux Coprésidentes du Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies, Mme QUARRAISHA ABDOOL KARIM et Mme CHERRY MURRAY, et des deux Coprésidents du septième forum de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation au service de la réalisation des objectifs de développement durable, M. KENNEDY GODFREY GASTORN (République-Unie de Tanzanie) et M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine), de faire le point sur les enseignements retenus de ces deux journées. 

Mme Abdool Karim a essayé de synthétiser ce « que nous devrions faire » pour accélérer la réalisation des ODD à travers une approche inclusive.  Alors que la pandémie n’est pas finie, elle a mis en garde contre la survenance de nouvelles pandémies et de catastrophes naturelles, en plaidant pour une meilleure préparation, notamment grâce au renforcement des capacités locales et des partenariats.  Il faut en outre examiner la manière dont les STI ont permis de faire des bonds en avant et remédier aux fossés qui se sont creusés pendant la pandémie.  L’interface politique/société doit permettre de déboucher sur des approches axées sur la personne plus efficaces, avec des partenariats essentiels sur cette voie.  Il faut « un écosystème de l’innovation » pour identifier les problèmes communs et y apporter des réponses, puis les décliner au niveau local, a poursuivi la panéliste.  Elle a ensuite mis l’accent sur l’impératif d’un enseignement inclusif et axé sur les sciences, sans pour autant se laisser dépasser par les événements.  Avant de conclure, Mme Abdool Karim a lancé l’idée d’organiser le prochain forum sur les STI dans un pays à faible revenu, une proposition que Mme Murray a d’ailleurs soutenue. 

Partageant l’analyse de Mme Abdool Karim, Mme Murray s’est dite très optimiste après ces deux jours et elle a dit avoir le sentiment d’un élan positif malgré les défis à relever dans le monde et les retours en arrière en termes de développement et de pauvreté.  Il y a un vrai enthousiasme à poursuivre les partenariats et les initiatives à travers le Mécanisme de facilitation des technologies, s’est réjouie Mme Murray avant de souligner que l’un des aspects sur lesquels le Mécanisme devrait travailler sont de meilleures solutions pour les biens publics numériques.

M. Gastorn a recommandé d’accélérer les progrès pour relever les défis de l’économie numérique.  Il s’agit avant tout d’assurer une connectivité significative pour les 2,9 milliards de personnes qui n’ont toujours pas accès à Internet.  La pandémie de COVID-19 a montré le bénéfice des biens publics numériques tels que les infrastructures numériques, mais davantage d’investissements sont nécessaires dans ces infrastructures, y compris de la part du secteur public.  Il est également nécessaire d’assurer une gouvernance inclusive et participative d’Internet, de soutenir un environnement en ligne sûr, d’assurer une protection et une confidentialité adéquates des données et de minimiser les impacts environnementaux négatifs.  M. Gastorn a également retenu des échanges de cette session qu’il faut éviter la transposition des préjugés existants sur la sphère en ligne ce qui suppose une approche multipartite de la gouvernance de l’Internet. 

Deuxièmement, le forum a souligné la nécessité de renforcer les capacités en STI dans les pays en développement, qui investissent souvent une part beaucoup plus faible de leurs revenus dans l’innovation, a-t-il poursuivi, en mentionnant le potentiel du développement de partenariats plus larges, y compris des partenariats Sud-Sud, Nord-Sud et triangulaires, et de la nécessité non seulement d’un transfert de technologies, mais aussi d’une assistance pour leur adoption et leur mise en œuvre.  En effet, la technologie doit être adaptée aux besoins et aux priorités locales.  Enfin, M. Gastorn a retenu qu’il faut accroître les investissements dans les systèmes nationaux d’innovation, mesurés non seulement en termes de recherche et développement, mais aussi en termes d’enseignement secondaire et supérieur, de financement de l’innovation et de soutien public à la recherche fondamentale.  En outre, les participants au forum ont souligné l’importance des engagements multipartites dans l’identification des priorités.  Il faut aussi pouvoir s’appuyer sur des réseaux mondiaux ainsi que sur des partenariats public-privé dans la mise en œuvre des innovations, a-t-il ajouté.  Le travail de l’Équipe spéciale interinstitutions peut jouer un rôle important à cet égard, a estimé le Coprésident, espérant qu’il puisse guider efficacement les efforts menés avec les STI pour réaliser les ODD de manière articulée, homogène, évolutive, équitable, systémique, collaborative et mondiale.  Il a de plus rappelé que le Groupe des 10 hauts représentants a proposé de créer un réseau international de banques d’idées et de fonds pour l’innovation en tant que référentiel pour l’identification des problèmes, des opportunités et des solutions, ouvert à tous.

Lui emboîtant le pas, M. Kyslytsya a mis l’accent sur le rôle crucial joué par les STI dans la riposte à la pandémie de COVID-19, en particulier dans les efforts mondiaux pour développer des vaccins, des thérapies et des diagnostics en un temps record.  Cependant, l’expérience a également montré la nécessité de renforcer la préparation, d’assurer un plus grand partage de données et d’informations, et de bien collaborer sur la recherche et le partage des leçons apprises.  Il est également nécessaire de surmonter les inégalités en matière de distribution des vaccins, de développer des capacités de fabrication dans davantage de pays, de lutter contre la désinformation et de poursuivre les efforts de recherche pour combattre les futurs variants du virus. 

Quant aux STI dans l’éducation, le représentant de l’Ukraine a souligné le rôle clef de la technologie numérique, qui a permis la poursuite des activités éducatives pour des millions de personnes pendant la pandémie.  Cependant, il a été noté que la technologie n’était pas une solution miracle, a-t-il relevé puisque le passage à l’éducation en ligne a révélé une forte fracture numérique: plus d’un milliard d’enfants sans accès à Internet ont risqué d’être laissés pour compte.  Des efforts supplémentaires sont donc nécessaires pour combler ce fossé numérique et renforcer la formation aux compétences numériques.  En outre, le passage aux outils éducatifs numériques a entraîné une baisse des résultats scolaires et des problèmes de santé mentale.  Il faudra en tenir compte à l’avenir dans les nouveaux programmes et dans le développement professionnel continu des enseignants.  M. Kyslytsya a souligné qu’il a été dit que trop souvent les investissements dans la technologie éducative étaient axés sur la technologie plutôt que sur l’être humain.  Selon lui, il faut des politiques fondées sur des données probantes et des partenariats multipartites pour avoir un impact.  Les différences de capacités entre les pays doivent également être reconnues pour combler les inégalités existantes.  Enfin, alors que les femmes ne représentent qu’un tiers de la main-d’œuvre dans les STI, M. Kyslytsya a encouragé des initiatives pour promouvoir la présence des femmes dans ce domaine.

Tous ont soutenu et approuvé les feuilles de route du Partenariat en action sur les STI pour les ODD et ont appelé les autres États Membres à se joindre à eux en partageant leurs expériences et leurs bonnes pratiques, et en établissant une plateforme de partenaires partageant les mêmes idées sur les STI pour les ODD.

M. KN (GUNA) GUNALAN, du grand groupe des entreprises et de l’industrie, a, lui aussi, soutenu le Mécanisme de facilitation des technologies et l’a appelé à collaborer plus étroitement avec le Grand groupe en faisant valoir qu’avec la COVID-19, les scientifiques et les ingénieurs sont devenus les leaders.

Clôture du forum

En clôture de ce septième forum de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation (STI) au service de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), Mme AMINA J.  MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a constaté qu’à l’approche du point médian du Programme 2030, les promesses risquent de ne pas être tenues, notamment pour ce qui est d’assurer l’accès à une éducation de qualité, une énergie propre et des soins de santé.  Indéniablement, a-t-elle reconnu, nous avons perdu du terrain ces deux dernières années en raison des effets de la pandémie de COVID-19, qui a fait au moins six millions de morts et détruit des moyens de subsistance.  Il est impératif, selon elle, de tirer les leçons de cette crise, comme cela a été réitéré ces deux derniers jours, et de reconstruire en mieux en prenant des décisions plus intelligentes fondées sur la science et les preuves.  De fait, a souligné Mme Mohammed, nous pouvons faire des choix qui transforment notre relation avec la nature, inversent la montée des inégalités et renforcent la résilience en vue de la prochaine crise, qu’il s’agisse d’un conflit, d’une catastrophe naturelle ou d’une nouvelle pandémie. 

De l’avis de la Vice-Secrétaire générale, l’un des développements les plus prometteurs des trois dernières années a été la pleine compréhension du potentiel transformateur des STI pour les vies humaines.  « Nous avons observé en temps réel ce que la science peut accomplir en quelques mois quand les efforts sont alignés et les connaissances mutualisées autour d’un objectif commun », a-t-elle relevé, rappelant à cet égard que des vaccins contre la COVID-19 ont été développés et diffusés à une vitesse sans précédent.  De plus, les nouvelles technologies ont permis aux étudiants de poursuivre leurs études à distance lorsque les établissements d’enseignement étaient fermés, avec le potentiel de rendre plus accessible l’éducation de qualité.  Cela étant, ces évolutions ont aussi fait apparaître des divisions menaçant de perpétuer des inégalités existantes et d’en créer de nouvelles, a nuancé Mme Mohammed, avant d’observer que l’accès au vaccin, construit sur des décennies de recherche publique, reste très inégal, ce qui prolonge la pandémie. 

À ses yeux, la numérisation est très prometteuse dans la mesure où elle permet l’accès à des services essentiels, comme l’éducation et les soins de santé, ainsi que le partage des connaissances pour la mise en œuvre de solutions technologiques à un large éventail de défis.  Toutefois, ce potentiel ne peut être exploité lorsque seulement 63% de la population mondiale utilise Internet, a averti la Vice-Secrétaire générale, pour qui les STI constituent, par conséquent, la meilleure raison d’espérer.  En effet, les discussions sur les technologies d’élimination du dioxyde de carbone, les pédagogies d’apprentissage numérique, les bio et nanotechnologies, et les scénarios STI ont mis en évidence des outils incroyables dont nous pouvons user pour améliorer notre avenir.  Mais, comme cela a été rappelé au cours de ce forum, les STI doivent être orientées vers la réduction des inégalités, l’élimination des préjugés et de la discrimination, et l’atténuation des compromis pour atteindre les ODD.  Cela ne pourra se faire qu’en travaillant non pas en silos, mais en collaboration entre les disciplines et en cocréant des connaissances avec ceux dont nous voulons faire profiter des STI, a-t-elle souligné. 

Il convient donc de collaborer « au-delà des frontières et des disciplines », a conclu Mme Mohammed, non sans rappeler que, dans son rapport sur un « Notre Programme commun », le Secrétaire général a insisté sur le rôle crucial des STI pour la gestion des émissions de gaz à effet de serre, l’amélioration de l’éducation et des systèmes de santé, l’expansion des soins de santé et le renforcement de la résilience. 

M. COLLEN VIXEN KELAPILE, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a estimé, à la clôture des travaux, que ce forum sur les STI est arrivé à point nommé car il a fourni l’occasion d’aider à trouver des solutions à un certain nombre de défis qui se chevauchent et auxquels le monde est confronté aujourd’hui: la pandémie actuelle de COVID-19, l’impact toujours plus présent des changements climatiques, ainsi que les conséquences économiques mondiales de la guerre en Ukraine.  Il a rappelé que ces crises ont inversé les progrès du développement dans de nombreux pays, menaçant de mettre les ODD hors de portée et conduisant à une décennie perdue pour le développement. 

Des solutions innovantes basées sur la science, la technologie et l’innovation, comme celles présentées à ce forum, sont donc plus que jamais nécessaires car elles peuvent contribuer à un environnement inclusif et résilient pour soutenir la réalisation des ODD, a-t-il souligné.  Évoquant le potentiel des STI, il a tout de même souligné les dangers et craintes qui leurs sont associés, et le besoin de les exploiter en toute sécurité, de manière éthique et dans le respect des droits de l’homme.  Pour renforcer l’impact positif des STI dans les pays en développement, il a mentionné l’importance de prendre des mesures pour soutenir la transition vers le numérique, notamment en veillant à supprimer la fracture numérique entre pays et entre sexes.  Alors que nous assistons à une croissance sans précédent du rôle du numérique dans l’économie mondiale, ce qui offre d’importantes opportunités pour contribuer à la réalisation des ODD, le Président de l’ECOSOC a appelé à des efforts accrus pour aider les pays en développement, et les pays les moins avancés (PMA) en particulier, à combler la fracture numérique et à renforcer leurs capacités à tirer parti de l’économie numérique.  Enfin, sur la question cruciale du financement, il a regretté le fait que le Mécanisme de facilitation des technologies et le forum sur les STI n’aient pas encore reçu un soutien financier approprié, ce qui limite la portée de leurs actions. 

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