En cours au Siège de l'ONU

Session de 2022,
14e et 15e séances plénières – matin & après-midi
ECOSOC/7084

ECOSOC: le Secrétaire général fait le point sur la réforme du système des Nations Unies pour le développement et les enjeux à relever d’ici à 2030

« Dans un monde en crise, sauver les objectifs de développement durable est plus important que jamais », a martelé ce matin le Secrétaire général de l’ONU, en présentant son rapport sur l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies à l’occasion du débat annuel du Conseil économique et social (ECOSOC) sur cette question.  C’était l’occasion pour M. António Guterres de faire le point sur la réforme lancée en 2018 pour repositionner ce système de manière à le rendre plus efficace.

Plantant le décor, M. Guterres a rappelé que la pandémie a entraîné la perte de 15 millions de vies, plongé 100 millions de personnes dans la pauvreté rien qu’en 2020 et retardé le développement humain d’une génération entière.  Or la réponse unie, basée sur la solidarité entre pays développés et pays en développement, « ne s’est pas produite », a-t-il regretté.  En effet, les pays développés ont investi des milliers de milliards de dollars dans leur propre redressement, tandis que les pays en développement étaient livrés à eux-mêmes, a constaté le Secrétaire général.  Ces pays sont maintenant nombreux à être confrontés à l’impact sanitaire et socioéconomique de la pandémie, à un relèvement inégal, aux effets de la crise climatique et au choc économique sur les marchés alimentaires, pétroliers et financiers causé par la guerre en Ukraine. 

« Nous sommes confrontés à une urgence de développement aux proportions mondiales », a résumé le chef de l’ONU, pour qui il reste néanmoins des raisons d’espérer, le Programme 2030 restant « notre voie la plus claire pour progresser ».  Ce sentiment a été largement partagé par le Président de l’ECOSOC, M. Collen Vixen Kelapile, le Président de l’Assemblée générale, M. Abdulla Shahib, mais aussi par les États Membres.  Comme l’a résumé M. Kelapile, des coordonnateurs résidents habilités et une nouvelle génération d’équipes de pays des Nations Unies sont désormais mieux placés pour fournir un soutien sur mesure, en tirant parti des ressources de l’ensemble du système des Nations Unies et en bénéficiant de cadres de coopération améliorés et d’autres instruments de planification.

En effet, au cours des trois dernières années, ce système s’est transformé et est désormais mieux préparé pour répondre aux besoins et aux priorités des pays.  Comme le note le rapport du Secrétaire général, la nouvelle génération d’équipes de pays est déjà « plus importante que la somme de ses parties », et près de 90% des gouvernements reconnaissent le leadership des coordonnateurs résidents dans la fourniture d’un soutien stratégique aux plans et priorités nationaux.  De surcroît, plus de 92% des gouvernements ont confirmé que l’ONU avait réagi efficacement à la pandémie de COVID-19 et plus de 80% ont déclaré avoir bénéficié de conseils politiques sur l’action climatique.  Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a ainsi aidé 120 pays à formuler et à réviser leurs contributions déterminées au niveau national et leurs plans d’adaptation nationaux avant la COP26 à Glasgow, a signalé le chef de l’ONU.  De même, les efforts de soutien adapté aux petits États insulaires en développement (PEID) ont donné des résultats encourageants, s’est-il félicité, avant de préciser que près de 85% des gouvernements de ces pays considèrent que les équipes de pays des Nations Unies sont alignées sur leurs besoins nationaux.  Le Secrétaire général n’a pas manqué de parler du nouveau cadre de coopération pour le développement pour les 22 États insulaires anglophones des Caraïbes et du Pacifique et des nouveaux bureaux multipays qui y seront mis en place, alors que le Fonds commun visant à faciliter l’application du Programme 2030 a donné la priorité aux PEID. 

En réponse à des remarques faites par les pays du groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande) et du groupe MIKTA (Mexique, Indonésie, République de Corée, Turquie et Australie) au sujet du changement « culturel » qu’implique cette réforme structurelle, le Secrétaire général a assuré que l’ONU, en tant que système, est en train de passer d’une culture de cloisonnement entre entités onusiennes à une culture plus systémique, mais, a-t-il concédé, il reste ça-et-là quelques difficultés à dépasser. 

Alors que les États Membres ont été nombreux à s’inquiéter de la tendance à la baisse des ressources allouées au développement, que M. Guterres a décrite comme un potentiel désastre, ce dernier a estimé qu’il ne sera possible de mobiliser le niveau requis d’investissements que si nous combinons les atouts des Nations Unies pour soutenir les transitions nécessaires dans les systèmes alimentaires, l’énergie et la connectivité numérique.  Il a misé sur les coordonnateurs résidents pour jouer un rôle clef dans la contribution du système des Nations Unies pour le développement à ces transitions.  Mais sauver les ODD signifie aussi sauver les économies en développement du monde entier, a-t-il fait valoir, estimant que les institutions financières internationales et les banques multilatérales de développement devraient accroître l’apport de liquidités immédiates à ces pays et élargir l’espace budgétaire, en allouant davantage de financements sous forme de subventions et de prêts concessionnels.  « À long terme, nous avons besoin d’une refonte complète de notre système financier mondial », a plaidé le chef de l’ONU.  Il a également parlé d’un alignement des financements de tous les partenaires, ce qui signifie la mise en commun des fonds humanitaires et de développement.  Cette idée a été reprise par certaines délégations, le Japon arguant même que leur séparation actuelle est « artificielle ». 

Reste que sans un financement adéquat, prévisible et durable du système des Nations Unies pour le développement, rien ne peut être fait, a averti la Vice-Secrétaire générale, en appelant à concrétiser des engagements en faveur du pacte de financement.  Le Secrétaire général n’a pas manqué de se réjouir de l’engagement à financer entièrement le budget de 281 millions de dollars pour le système des coordonnateurs résidents.

La journée s’est tenue sous la houlette de la Vice-Présidente finlandaise de l’ECOSOC, Mme Miia Rainne, avec une séance l’après-midi qui a entendu la Vice-Secrétaire générale présenter son rapport annuel sur le Bureau de la coordination des activités de développement, avant un dialogue de haut niveau avec les États Membres.  L’ECOSOC reprendra ses travaux demain à 9 heures en séance informelle, puis à 11 h 30 pour une discussion sur le « repositionnement régional » du système.

ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES AU SERVICE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE POUR LE DÉVELOPPEMENT

Suite donnée aux recommandations de politique générale de l’Assemblée générale et du Conseil E/2022/47, E/2022/47/Add.1, E/2022/54

Ouverture du débat

Dans son allocution d’ouverture, le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. COLLEN VIXEN KELAPILE, intervenant par visioconférence du Botswana, s’est réjoui de voir qu’après deux ans de réunions virtuelles, ce segment des travaux peut être tenu en personne cette année dans la salle de l’ECOSOC.  Il n’en demeure pas moins que le monde reste frappé par les inégalités qui continuent de caractériser la manière dont la communauté mondiale se remet de la pandémie de COVID-19, a-t-il noté en rappelant que les vaccins ne sont toujours pas disponibles dans de nombreuses régions du monde et en s’inquiétant de l’impact socioéconomique de la crise sur les pays et les populations les plus vulnérables.  Il a souligné que les vies et les moyens de subsistance continuent d’être perturbés par de nouvelles flambées de virus, que les inégalités, y compris les inégalités entre les sexes, restent importantes et que la pauvreté augmente.  La pandémie, associée à des défis supplémentaires tels que la crise climatique ainsi que des conflits prolongés générant des besoins humanitaires sans précédent, retarde de nombreuses années les progrès vers les objectifs de développement durable (ODD), a-t-il rappelé avant de parler aussi du conflit en cours en Ukraine qui menace de déclencher des crises majeures dans la sécurité alimentaire, l’accès à l’énergie et le système financier avec des effets négatifs dans le monde entier, en particulier pour les pays les plus pauvres.  Cette guerre et les tensions géopolitiques qu’elle a engendrées sont un test supplémentaire au système multilatéral, a-t-il estimé ajoutant que pour surmonter avec succès les types de problèmes transnationaux actuels, il n’y a d’autre choix que de travailler ensemble pour réaliser les aspirations énoncées dans la Charte des Nations Unies et le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  « Il faut aller de l’avant et accélérer l’action pour parvenir à une reprise post-COVID-19 transformatrice ainsi qu’à la réalisation des ODD pour un avenir meilleur pour tous, et pour cela, la solidarité mondiale est la seule voie à suivre. »

Le système des Nations Unies pour le développement démontre sa véritable valeur en unissant ses efforts pour soutenir ceux des pays qui cherchent à se remettre de la pandémie et parvenir à un développement durable, a fait valoir le Président de l’ECOSOC en soulignant aussi son utilité pour favoriser le retour de la paix sur tous les continents.  Comme indiqué dans le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre de l’examen quadriennal complet qui alimente ce segment, le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement fournit un appui plus intégré, efficace et de meilleure qualité aux besoins et aux priorités des pays en matière de développement durable.  Des coordonnateurs résidents habilités et une nouvelle génération d’équipes de pays des Nations Unies sont désormais mieux placés pour fournir un soutien sur mesure, en tirant parti des ressources de l’ensemble du système des Nations Unies, en bénéficiant de cadres de coopération améliorés et d’autres instruments de planification.  Les conclusions du rapport du Secrétaire général sont encourageantes, a estimé le Président, car elles démontrent l’engagement du système des Nations Unies pour le développement à mettre en œuvre les réformes nécessaires pour soutenir la réalisation des ODD.

M. Kelapile a rappelé que ce débat de l’ECOSOC est une plateforme de responsabilisation sur le système des Nations Unies pour le développement et ses résultats, qui permet de réfléchir à la manière dont ce système s’acquitte de son travail conformément aux mandats de l’examen quadriennal complet de 2020 et à la résolution 72/279 de l’Assemblée générale sur le repositionnement du système.  Il a invité à saisir cette occasion pour réfléchir également aux défis à venir identifiés dans le rapport du Secrétaire général et aux moyens de renforcer davantage le système afin qu’il puisse mener une action encore plus vigoureuse en matière d’éradication de la pauvreté, de protection sociale, d’éducation de qualité, de couverture sanitaire universelle, d’action climatique, de transition énergétique et de transformation numérique, sur la base de l’engagement de « ne laisser personne de côté ». 

M. ABDULLA SHAHIB, Président de la soixante-seizième session de l’Assemblée générale, a estimé que le relèvement post-COVID-19 ne doit pas conduire à reconstruire le monde tel qu’il était avant 2020.  Nous devons profiter de la reprise pour adopter les réformes structurelles et les politiques transformatrices qui nous permettront d’atteindre les ODD et nos objectifs climatiques, a-t-il plaidé, reconnaissant que ce ne sera pas chose aisée.  Pour de nombreux pays, cette voie nécessite le soutien du système des Nations Unies pour le développement, a-t-il reconnu, raison pour laquelle l’Assemblée générale a entériné, fin 2020, en pleine pandémie, l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies.  M. Shahib a rappelé que la résolution adoptée à cette occasion contient pour la première fois des appels explicites au système des Nations Unies pour le développement pour qu’il soutienne les efforts en matière de protection sociale, de couverture sanitaire universelle et d’éducation.  L’examen quadriennal complet est donc allé au-delà de la focalisation habituelle sur le fonctionnement du système des Nations Unies pour le développement en fournissant des orientations sur ce que le système devrait faire pour aider les pays à mettre en œuvre le Programme 2030, s’est-il félicité. 

L’Assemblée générale a également appelé à aider les pays à mobiliser des ressources et des partenariats, a fait observer son Président.  Elle a également demandé au système des Nations Unies pour le développement de soutenir la mise en œuvre de l’Accord de Paris et d’assurer la pérennité de ses opérations.  L’examen quadriennal complet de 2020 a, lui, appelé à adapter le soutien aux besoins des pays en situation particulière –les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID)- et des pays à revenu intermédiaire.  De plus, a-t-il ajouté, l’Assemblée générale a affirmé le rôle de l’ECOSOC pour superviser et guider le système.  C’est ainsi que le débat consacré aux activités opérationnelles de l’ECOSOC se voit échoir la difficile tâche d’examiner comment le système des Nations Unies pour le développement met en œuvre les orientations politiques de l’Assemblée générale. 

Ces trois prochains jours, vous examinerez comment ce système soutient les politiques intégrées de protection sociale et adapte ses activités aux besoins des pays en situation particulière, a indiqué le Président de l’Assemblée générale aux délégations.  Vous découvrirez comment le système aide à traiter les causes profondes des conflits et des crises humanitaires.  Vous ferez le point sur le repositionnement régional et l’avancement de la mise en œuvre du pacte de financement.  Selon lui, l’ampleur, la complexité et la nature interdépendante du Programme 2030 nécessitent des approches intégrées qui rassemblent les esprits, les capacités et les ressources de différentes entités du système des Nations Unies pour le développement, ainsi qu’entre les différents piliers de l’Organisation.  Les décisions que vous prenez à l’Assemblée générale et ici à l’ECOSOC ont un impact réel sur la vie des gens et la réalisation des ODD, a conclu M. Shahib.

Mme MIIA RAINNE (Finlande), Vice-Présidente de l’ECOSOC et responsable du débat consacré aux activités opérationnelles de développement, a rappelé qu’il s’agit d’examiner les progrès réalisés par le système des Nations Unies pour le développement dans la réalisation du Programme 2030 et la mise en œuvre de l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies (QCPR selon l’acronyme anglais).  Il s’agit aussi de déterminer dans quelle mesure le système répond à la demande de mieux reconstruire après la COVID-19 et de se placer sur la bonne voie pour atteindre le développement durable.  Au cours des trois prochains jours, les États Membres examineront le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre du QCPR et le rapport annuel de la Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement durable sur le Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD).  Ils examineront non seulement la façon dont les entités individuelles alignent leurs politiques et leurs pratiques sur les mandats du QCPR mais aussi comment le système des Nations Unies pour le développement dans son ensemble adopte une approche globale dans son appui aux pays.  La façon dont le système adapte son soutien aux pays en situation particulière, y compris les pays en transition après des conflits et des crises, sera également examiné.  En dernier lieu, il s’agira d’évaluer les progrès enregistrés par le système en utilisant la prospective stratégique, les données et la transformation numérique pour accélérer la transition vers des économies inclusives et résilientes.  Enfin, ce segment se penchera sur les résultats du repositionnement régional et du pacte de financement.

Alors que de nombreux pays et économies en développement sont toujours confrontés à d’immenses défis pour se remettre d’une pandémie qui a plongé des millions de personnes dans l’extrême pauvreté et la faim et que les systèmes alimentaires et les systèmes financiers sont confrontés à de nouvelles crises, que les personnes et les pays les plus vulnérables sont au bord de l’effondrement et qu’il y a une « alerte rouge » en matière de changements climatiques, le rapport du Secrétaire général indique que le système des Nations Unies pour le développement s’est réuni comme jamais auparavant pour soutenir la réponse des pays à la pandémie et formuler des plans de réponse économique.  Mme Rainne a souligné que la nouvelle génération d’équipes pays des Nations Unies se renforce et se mobilise autour des nouveaux cadres de coopération et qu’au niveau régional, les plateformes collaboratives offrent une base solide pour un meilleur soutien aux pays.  Nous avons besoin de solutions mondiales à des problèmes mondiaux, a-t-elle ensuite déclaré en rappelant que la pandémie a été un signal d’alarme sans précédent qui a souligné l’importance cruciale du multilatéralisme et des biens publics mondiaux, tels qu’ils ressortent du Programme 2030 et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, a poursuivi la Vice-Présidente de l’ECOSOC en plaidant en faveur de mesures audacieuses pour orienter le monde sur une voie plus durable et une reprise qui mène à des économies plus vertes et plus inclusives et à des sociétés plus fortes et plus résilientes.  Le système des Nations Unies pour le développement a un rôle encore plus important à jouer à cet égard, a fait valoir Mme Rainne, et pour cela, il faut aller au-delà des changements progressifs vers des actions véritablement transformationnelles, soutenues par un financement adéquat, pour répondre aux urgences de notre temps.

Première session: Dialogue de haut niveau entre le Secrétaire général et les États Membres des Nations Unies

« Dans un monde en crise, sauver les objectifs de développement durable est plus important que jamais », a souligné M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, en présentant son rapport sur l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies.  Alors que la pandémie a entraîné la perte de 15 millions de vies, plongé 100 millions de personnes dans la pauvreté rien qu’en 2020 et retardé le développement humain d’une génération entière, la réponse unie, basée sur la solidarité entre pays développés et pays en développement, « ne s’est pas produite », a-t-il constaté.  En effet, les pays développés ont investi des milliers de milliards dans leur propre redressement, tandis que les pays en développement étaient livrés à eux-mêmes.  Ainsi, 72% des habitants des pays à revenu élevé ont reçu au moins une dose d’un vaccin contre la COVID-19, tandis que seulement 17% des habitants des pays à faible revenu ont été vaccinés.  Dans ce contexte, de nombreux pays en développement sont désormais confrontés à l’impact sanitaire et socioéconomique de la pandémie, à un relèvement inégal, aux effets de la crise climatique et au choc économique sur les marchés alimentaires, pétroliers et financiers causé par la guerre en Ukraine.  « Nous sommes confrontés à une urgence de développement aux proportions mondiales », a résumé le chef de l’ONU, pour qui il reste néanmoins des raisons d’espérer, le Programme 2030 restant « notre voie la plus claire pour progresser ».

Au cours des trois dernières années, a poursuivi M. Guterres, le système des Nations Unies pour le développement s’est transformé et est mieux préparé pour répondre aux besoins et aux priorités des pays, notamment en les aidant à surmonter ces crises multiples.  Comme le note le rapport, la nouvelle génération d’équipes de pays des Nations Unies est déjà « plus importante que la somme de ses parties », a-t-il relevé, observant que près de 90% des gouvernements reconnaissent le leadership des coordonnateurs résidents dans la fourniture d’un soutien stratégique aux plans et priorités nationaux.  De surcroît, plus de 92% des gouvernements ont confirmé que l’ONU avait réagi efficacement à la pandémie de COVID-19 et plus de 80% des gouvernements ont déclaré avoir bénéficié de conseils politiques sur l’action climatique.  Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a ainsi aidé 120 pays à formuler et à réviser leurs contributions déterminées au niveau national et leurs plans d’adaptation nationaux avant la COP26 à Glasgow.  De même, les efforts de soutien adapté aux PEID ont donné des résultats encourageants, s’est-il félicité, avant de préciser que près de 85% des gouvernements de ces pays considèrent que les équipes de pays des Nations Unies sont alignées sur leurs besoins nationaux.  Par ailleurs, plus de 195 millions de dollars de gains d’efficacité ont été générés en 2021, soit une augmentation de 53% depuis 2020.

Pourtant, malgré ces progrès tangibles, la coopération internationale n’a pas été à la hauteur de ceux qui en ont le plus besoin, a jugé le Secrétaire général, pour qui il n’y a pas d’autre alternative que de repousser nos limites et d’intensifier nos efforts.  À ses yeux, il ne sera possible de mobiliser le niveau requis d’investissements que si nous combinons les atouts des Nations Unies pour soutenir les transitions nécessaires dans les systèmes alimentaires, l’énergie et la connectivité numérique.  Dans ce cadre, les coordonnateurs résidents joueront un rôle clef en permettant au système des Nations Unies pour le développement de contribuer à ces transitions, tout en élargissant l’accès à la protection sociale et à des emplois décents pour tous.  Mais sauver les ODD signifie aussi sauver les économies en développement du monde entier, a-t-il fait valoir, estimant que les institutions financières internationales et les banques multilatérales de développement devraient accroître l’apport de liquidités immédiates à ces pays et élargir l’espace budgétaire, en allouant davantage de financements sous forme de subventions et de prêts concessionnels.  « À long terme, nous avons besoin d’une refonte complète de notre système financier mondial », a plaidé le chef de l’ONU, rappelant que les recommandations de son rapport sur « Notre Programme commun » incluent un « New Deal mondial » pour garantir que le pouvoir, la richesse et les opportunités soient partagés plus largement, afin que les pays puissent investir dans leur population.

Pour M. Guterres, cinq domaines relevant de l’action des équipes de pays de Nations Unies nécessitent une attention urgente.  Il importe tout d’abord de s’assurer qu’elles disposent des compétences, de l’expertise et de la configuration spécifiques pour accompagner les transitions des pays dans les domaines de l’énergie, des systèmes alimentaires, de la connectivité numérique et d’autres domaines stratégiques.  Deuxièmement, nous devons tirer le meilleur parti du rôle de rassembleur du coordonnateur résident en aidant les gouvernements à élargir et à améliorer les partenariats, le savoir-faire, le financement et les solutions de développement.  En troisième lieu, nous devons changer notre approche de la collaboration là où les défis humanitaires, de développement et de sécurité interagissent.  Dans le même temps, il faut continuer à améliorer l’efficacité et l’efficience de nos opérations commerciales, pour que chaque dollar compte, a souligné le chef de l’ONU.  Enfin, il convient selon lui de renforcer la collaboration au niveau régional pour soutenir les coordonnateurs résidents et les équipes de pays.  Rien de tout cela ne peut être réalisé sans un financement adéquat, prévisible et durable du système de développement des Nations Unies, a-t-il averti, appelant à la concrétisation des engagements en faveur du pacte de financement. 

Pour y parvenir, nous avons besoin que tous les partenaires alignent leur financement, afin que nous puissions fournir un soutien intégré pour faire progresser les ODD, a expliqué M. Guterres.  Cela comprend la mise en commun des fonds humanitaires et de développement, a-t-il précisé, avant de se dire encouragé par l’engagement à financer entièrement le budget de 281 millions de dollars pour le système des coordonnateurs résidents.  Cependant, à 215 millions de dollars, le financement continue d’être insuffisant, a-t-il nuancé, promettant de surveiller le modèle de financement pour l’année prochaine.  Avant de conclure, il a salué la récente reconfirmation par l’Assemblée générale du débat consacré aux activités opérationnelles de l’ECOSOC en tant que « plateforme de responsabilisation » pour le système des Nations Unies pour le développement, le système des coordonnateurs résidents et la performance à l’échelle du système des Nations Unies.  « Nous sommes désormais beaucoup plus proches de nos objectifs communs de réforme, mais les multiples crises auxquelles le monde est confronté placent la barre encore plus haut », a-t-il conclu. 

Dialogue interactif

Alors que le débat de l’ECOSOC consacré aux activités opérationnelles de développement de cette année se déroule dans un contexte sans précédent, avec pour toile de fond la guerre en Ukraine et ses effets d’entraînement sur la sécurité alimentaire et énergétique et sur les finances, dans un monde toujours aux prises avec les défis des changements climatiques et des inégalités croissantes et aggravées par la pandémie prolongée de COVID-19, l’échange de ce matin a toutefois permis de confirmer que les États Membres, des pays MIKTA (Mexique, Indonésie, République de Corée, Turquie et Australie) aux PMA (pays les moins avancés) en passant par l’Union européenne et les membres du groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), constatent que les réformes progressent et que le nouveau système des Nations Unies pour le développement, avec le système reconfiguré des coordonnateurs résidents en son cœur, fournit un soutien plus intégré, plus efficace et de meilleure qualité en réponse aux besoins et aux priorités des pays en matière de développement durable.  À cet égard, ils se sont félicités, entre autres, des progrès accomplis dans la configuration des pays, l’appui régional, les opérations commerciales et la communication et l’évaluation des résultats à l’échelle du système.  Le Secrétaire général a pris note de ce soutien et leur a promis d’aller encore plus loin et de tenir compte de leurs remarques.

Le Pakistan, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 (G77) et de la Chine, a constaté que le monde n’était déjà pas sur la bonne voie pour atteindre les ODD avant la pandémie de COVID-19, celle-ci ayant depuis exacerbé les inégalités existantes au sein des pays et entre eux.  Plus de deux ans plus tard, les pays en développement font toujours face à des obstacles importants dans leurs efforts de relèvement, étant aux prises avec la triple crise de la reprise après la pandémie, de la réalisation des ODD au cours de la décennie d’action restante et de la lutte contre les changements climatiques.  Le système des Nations Unies pour le développement est maintenant confronté à l’épreuve décisive de savoir s’il peut contribuer de manière significative aux efforts des pays pour réaliser le Programme 2030 au cours de la décennie d’action restante.

Pour le G77 et la Chine, l’éradication de la pauvreté sous toutes ses formes et dimensions doit rester l’objectif primordial du système des Nations Unies pour le développement, une opinion qui a été reprise par d’autres Membres, comme la Chine, au cours de la matinée.  Le développement lui-même doit rester au centre des préoccupations, en gardant à l’esprit les différents niveaux de développement et les réalités sur le terrain dans tous les pays concernés.  L’appropriation nationale et le leadership dans toutes les questions relatives au repositionnement du système des Nations Unies pour le développement sont essentiels pour obtenir des résultats efficaces, a encore argué le Groupe en demandant notamment des rapports en temps et en heure des coordonnateurs résidents et des équipes de pays des Nations Unies pour les gouvernements hôtes. 

Il est crucial que les nouveaux cadres de coopération pour le développement durable des Nations Unies soient élaborés en pleine consultation avec les gouvernements hôtes et reflètent les besoins et les priorités des pays, a insisté le Groupe en se félicitant des réactions positives sur les activités des Nations Unies dans les cadres de coopération: celles-ci semblent répondre efficacement aux priorités nationales.

Rebondissant sur ces remarques, le Secrétaire général a souligné que 96% des cadres de coopération ont aligné l’action des équipes de pays sur les priorités nationales et que 95% des gouvernements consultés sont d’avis que les équipes de pays de Nations Unies ont une bonne collaboration avec eux.

Le G77 et la Chine ont salué l’effort qui consiste à tenir compte en profondeur des situations particulières des pays et de leurs défis spécifiques.  Ce point a été largement repris au cours des échanges de ce matin, en particulier par le représentant des petits États insulaires en développement (PEID).  Le G77 a espéré que les prochains rapports continueront d’être aussi approfondis à ce sujet.

En ce qui concerne le rôle essentiel du financement du développement et du financement des agences de développement des Nations Unies pour soutenir les efforts des pays en développement dans la réalisation du Programme 2030 et des objectifs de l’Accord de Paris, le G77 s’est dit très préoccupé par la tendance à la baisse des ressources de base consacrées au développement.  Outre le déséquilibre généralisé entre les ressources de base et les autres ressources, ces récentes coupes budgétaires menacent la viabilité à long terme du pilier développement de l’ONU, a mis en garde son représentant, soulignant qu’il s’agit aussi du fondement de la paix et de la sécurité mondiales.  Alors que le monde connaît des urgences humanitaires immédiates, nous sommes également au bord d’une crise mondiale du développement: ces coupes dans le financement de base du système des Nations Unies pour le développement pourraient avoir des effets durables non seulement sur les plus vulnérables en bloquant les trajectoires de développement collectif, du bien-être et de la sécurité des personnes dans le monde en développement, mais également sur les institutions conçues pour répondre aux aspirations au développement.

Reconnaissant ce problème du financement du développement, le Secrétaire général a lui aussi souhaité une base de financement régulière et prévisible en appelant à remédier à la dispersion des ressources.  Il a même parlé de potentiel « désastre » si cette tendance à la baisse des ressources financières pour le développement n’est pas inversée.  S’il y a davantage de focus sur les ressources de base pour le développement, il sera possible de transformer l’action d’ici à 2030, a argué M. Guterres.

Pour les pays à revenu intermédiaire, les enjeux se situent ailleurs parce que, comme l’a dit la Colombie, leur porte-parole, les approches de développement actuelles ne tiennent pas compte de leur réalité.  Les fonds et programmes des Nations Unies devraient renforcer leurs mesures d’aide à ces pays et, surtout, aller au-delà de l’indicateur du PIB pour mieux refléter les faiblesses structurelles de chaque pays. 

Le Secrétaire général a concédé que « le passage d’une catégorie à l’autre est devenu une véritable sanction », notant que ces pays sont exclus des possibilités d’allégement de la dette et qu’il faut dépasser l’approche basée sur le PIB pour mieux prendre en compte d’autres aspects du développement.  Ces pays ont besoin d’un meilleur appui, a-t-il dit.  L’Alliance des petits États insulaires en développement est également venue défendre ses intérêts en exigeant une meilleure prise en compte de leurs vulnérabilités spécifiques à travers un indicateur spécial, pour veiller à dégager des financements adéquats et un accès aux financements à des taux avantageux.  Ce système ne peut pas se baser uniquement sur les bureaux multipays, a estimé le représentant d’Antigua-et-Barbuda, qui a espéré que la prochaine feuille de route sur les PEID sera axée sur les résultats. 

À ce sujet, le Secrétaire général a parlé du cadre de développement pour les 22 pays anglophones des Caraïbes et du Pacifique qui a été adopté, et des nouveaux bureaux qui y seront mis en place.  Sur le financement, il a tenu à rappeler que le Fonds commun visant à faciliter l’application du Programme 2030 par des politiques intégrées a donné la priorité aux PEID, y voyant une réorientation solide du travail des Nations Unies en faveur de ces pays.

Les pays les moins avancés (PMA), encouragés par l’augmentation des dépenses des Nations Unies en faveur de leur développement, ont tout de même demandé un seuil de référence pour que toutes les entités onusiennes allouent au moins 50% de leurs ressources aux PMA.  Ils ont insisté sur l’intégration du Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020 dans leurs documents stratégiques en attendant la cinquième Conférence des Nations Unies sur les PMA qui doit se tenir à Doha en mars 2023.

Constatant le nombre croissant de personnes dans le monde ayant besoin d’une assistance humanitaire, la Turquie, qui s’exprimait au nom du groupe MIKTA, a noté que bien souvent l’aide humanitaire se fait au détriment de l’aide au développement.  Elle a donc appelé à plus de synergies fortes entre les interventions humanitaires, les actions de développement et les efforts de consolidation de la paix des entités des Nations Unies.  Le Japon a même jugé artificielle la catégorisation de l’humanitaire et du développement et a demandé s’il y avait des progrès vers l’intégration des données pour les deux catégories.  La transparence et la crédibilité des données sont essentielles pour attirer les bailleurs de fonds, a-t-il argué en espérant que dans un proche avenir, il y aurait une réunion conjointe humanitaire et activités opérationnelles pour le débat consacré aux activités opérationnelles de développement.  Il a suggéré que les experts de la Troisième Commission et de la Deuxième Commission pourraient discuter de ce lien.

Les pays du MIKTA ont également encouragé un changement institutionnel plus profond, en particulier un changement radical pour s’écarter de la culture « mon agence d’abord » ainsi qu’un changement de comportement au sein de la direction et du personnel de l’ONU pour relever les défis complexes et multidimensionnels de manière cohérente et intégrée.  Tout en saluant la reconnaissance accrue par les gouvernements des coordonnateurs résidents comme point d’entrée pour accéder au système des Nations Unies au niveau des pays, les pays du MIKTA ont appelé à redoubler d’efforts pour tirer pleinement parti du rôle de rassembleur des coordonnateurs résidents en vue d’atteindre les ODD d’ici à 2030.  Bien que nous soyons encouragés par les gains d’efficacité accrus, nous attendons avec impatience des progrès accélérés vers l’objectif de réaliser des économies annuelles de 310 millions de dollars d’ici à 2025, a déclaré le représentant turc, rappelant que cela avait été annoncé par le Secrétaire général, le but ultime étant d’augmenter la part des fonds qui sont alloués aux programmes plutôt qu’aux coûts administratifs.

Lui répondant, le Secrétaire général a confirmé que l’ONU, en tant que système, est en train de passer d’une culture de cloisonnement entre entités onusiennes à une culture plus systémique qui accompagne la réforme structurelle, mais, a-t-il concédé, il reste ça-et-là quelques difficultés à dépasser. 

Lui emboîtant le pas, la Nouvelle-Zélande, qui s’exprimait au nom du groupe CANZ, est venue poser quatre questions concrètes au Secrétaire général.  Premièrement, elle a argué que toutes les entités des Nations Unies menant des activités de développement -y compris les institutions spécialisées et autres entités- devraient pleinement mettre en œuvre les mesures de réforme.  Nous continuons de recevoir des commentaires mitigés du terrain sur la mesure dans laquelle les réformes sont modélisées, a indiqué la représentante en estimant que les approches conjointes devraient être la valeur par défaut des efforts de l’ONU dans le pays.  Elle a aussi demandé comment les États Membres pouvaient mieux aider à garantir que ces approches se répercutent au niveau national, ce à quoi le Secrétaire général a répondu qu’ils pouvaient s’impliquer davantage au niveau des conseils d’administration des fonds et programmes des Nations Unies pour exiger que ce souci soit reflété sur le terrain. 

Deuxièmement, les pays du CANZ ont reconnu la nécessité d’approches adaptées aux pays en situation particulière, y compris les PMA et les PEID, pour garantir que leurs vulnérabilités particulières soient prises en compte de manière systématique.  « Comment le Secrétariat de l’ONU soutient-il le développement d’offres spéciales pour les pays en situation particulière et le travail des équipes de pays des Nations Unies dans ce domaine? »  En troisième lieu, le groupe CANZ a insisté sur l’importance d’intégrer les considérations des personnes en situation vulnérable, en particulier les femmes et les filles, les personnes handicapées et les peuples autochtones, dans le travail des équipes de pays des Nations Unies.  Comment les bureaux des coordonnateurs résidents soutiennent-ils ce travail d’intégration, a-t-il voulu savoir.  « Enfin, à la lumière du sous-financement persistant du système des coordonnateurs résidents, comment l’ONU peut-elle mieux démontrer la valeur ajoutée du système des coordonnateurs résidents revigoré? »  Notant le succès de certaines entités des Nations Unies dans la levée de fonds privés, les pays du CANZ ont demandé en quoi leur expérience peut contribuer à guider les efforts du Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD) pour attirer des investissements?

Pour l’Union européenne (UE), une plus grande cohérence au niveau des pays montre les progrès réalisés dans la mise en œuvre du système des Nations Unies pour le développement plus intégré.  L’UE a notamment souligné et salué les rôles clefs de coordination et de représentation des coordonnateurs résidents des Nations Unies, qui doivent être soutenus par toutes les parties prenantes.  Les coordonnateurs résidents incarnent le rôle de rassembleur de l’ONU dans les pays, car les approches multipartites apparaissent dans de nombreux cas comme la seule solution pour obtenir des résultats à grande échelle vers la réalisation des ODD, a argué le représentant.  Il est donc essentiel, selon lui, de consolider davantage les réformes sur le terrain, notamment par le biais d’analyses communes par pays et de cadres de coopération pour le développement durable. 

Quant aux autres défis à relever, l’UE a mentionné le besoin d’une culture de coordination entre les agences, travaillant véritablement comme une seule ONU et de manière plus intégrée.  Elle a aussi plaidé pour la finalisation du nouveau cadre de résultats et la restructuration des actifs régionaux pour assurer un soutien renforcé et efficace aux besoins des pays.  À ce sujet, le Royaume-Uni, notamment, s’est dit alarmé de lire que seuls 28% des membres de l’équipe de pays des Nations Unies ont partagé leurs descriptifs de programme de pays pour examen avec leur coordonnateur résident.  La délégation a appelé toutes les agences à s’assurer que leurs descriptifs de programme de pays soient partagés avec les coordonnateurs résidents pour confirmer l’alignement avec les cadres de coopération.

L’UE est aussi revenue sur les problèmes de financement du système des coordonnateurs résidents.  Ce dernier point reste un facteur de perturbation potentiel de la réforme du système de développement, a craint l’UE, en appelant à y faire très attention.  Pour leur part, les États-Unis ont réitéré leur soutien au fonds d’affectation spéciale qui soutient la mise en place du système des coordonnateurs résidents redynamisé, auquel ils ont versé plus de 65 millions de dollars à ce jour, en signe de leur soutien à la réforme et à la valeur du système.

Sur le leadership des coordonnateurs résidents, les États-Unis et le Royaume-Uni ont réitéré qu’ils s’attendent à ce que ces coordonnateurs fassent preuve du plus haut niveau de leadership et d’engagement envers les valeurs de l’ONU.  Ils souhaitent un cadre de performance des coordonnateurs qui tienne bien compte de cela et qui les responsabilise.  S’ils ont apprécié que le projet de cadre de résultats de performance constitue un outil de responsabilisation indispensable, ils souhaiteraient toutefois une séance d’information sur le Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD) afin de mieux comprendre comment il répond à ce besoin et complète le travail existant au sein du système des Nations Unies.  La Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina Mohammed, leur a assuré que le Bureau est désormais fonctionnel et que des informations leurs seraient fournies.

Revenant pour sa part sur les récents développements au Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS), l’Union européenne a exigé des enquêtes complètes et transparentes.  Elle a vu dans ces développements un appel sans ambiguïté pour que les procédures d’audit soient plus solides et harmonisées dans l’ensemble du système de l’ONU.

Le Secrétaire général a partagé ces points de vue de l’UE.  Selon lui, il faut des audits internes de qualité dans tout le système des Nations Unies.  Même s’il y a eu des progrès, notamment pour ce qui est de forcer les enquêtes à être transférées vers le Siège, le Secrétaire général a dit saluer toute contribution des États Membres en ce sens.

Le Groupe des États d’Afrique, par la voix de la Mauritanie, a souligné que l’Afrique est le plus grand bénéficiaire du système des coordonnateurs résidents, avec 53 coordonnateurs résidents et équipes de pays des Nations Unies.  Voilà pourquoi la consolidation de ce système revigoré et la préservation de ses capacités sont de la plus haute importance pour pouvoir bénéficier d’un soutien véritable, a observé le Groupe, disant apprécier la valeur ajoutée démontrée par le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement qui fournit un appui plus intégré, efficace et de meilleure qualité aux besoins et aux priorités des pays en matière de développement durable.  Il dit également apprécier le renforcement des liens entre les niveaux régional et national par le biais de la plateforme de collaboration régionale pour améliorer la mise en œuvre des cadres de coopération, qui devrait être son objectif ultime. 

Le Secrétaire général a abondé en ce sens en mettant en avant l’alignement du Programme 2030 et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA), et en parlant d’une coopération exemplaire avec l’UA.  M. Guterres n’a pas hésité à dire que « si l’ONU échoue en Afrique, l’ONU échoue, point final ».  Par conséquent, il faut donner les moyens à l’Afrique d’atteindre les ODD.

Faisant fond sur les interventions des groupes régionaux, sont également intervenus ce matin le Pérou, Oman, le Mexique, la Thaïlande, le Nigéria, le Maroc, l’Inde, le Bangladesh, la Chine, la Norvège, la Finlande, l’Égypte, l’Afrique du Sud, les Philippines et la Fédération de Russie.

Deuxième session: Rapport de la Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement durable sur le Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD)

En ouvrant cette session, destinée à faire le point sur les efforts de coordination aux niveaux national, régional et mondial, Mme MIIA RAINNE, Vice-Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a invité les États Membres à faire part de leurs commentaires sur le nouveau cadre de résultats pluriannuel du système des coordonnateurs résidents.  Cette session doit aussi donner un aperçu de la contribution collective du système des Nations Unies pour le développement dans les actions visant à faire progresser les ODD, a-t-elle indiqué, estimant que les engagements pris il y a quatre ans en faveur d’une coordination accrue donnent des résultats tangibles. 

Mme AMINA MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU et Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement durable, a ensuite présenté son rapport sur le BCAD en estimant que, dans le contexte actuel de crise tridimensionnelle exacerbée par la guerre en Ukraine, le système de coordination est un élément essentiel pour sauver les ODD et accélérer l’action pour les atteindre d’ici à 2030.  À cet égard, elle a mis en exergue les réalisations citées dans le rapport.  Tout d’abord, a-t-elle relevé, nous avons maintenant une nouvelle génération de coordonnateurs résidents à la tête d’équipes de pays repositionnées.  Selon le rapport, 90% des gouvernements de programme conviennent que les coordonnateurs résidents ont le bon profil et les bonnes compétences pour soutenir les besoins de développement de leur pays, contre 88% en 2020.  De plus, 53% d’entre eux sont des femmes et 50% sont originaires de pays de programme, contre 41% en 2018.  D’autre part, le système repositionné des coordonnateurs résidents permet un soutien plus personnalisé et plus efficace des équipes de pays, a précisé Mme Mohammed, ajoutant que presque tous les gouvernements des pays de programme notent que le cadre de coopération garantit un alignement des activités de l’ONU sur les priorités nationales.  La Vice-Secrétaire générale s’est aussi enorgueillie de l’amélioration de la transparence et de la responsabilisation du système.  Grâce à ONU-Info, par exemple, nous pouvons désormais suivre et rendre compte en temps réel des progrès réalisés dans les objectifs des cadres de coopération dans un nombre croissant de pays, a-t-elle expliqué, avant d’indiquer que presque toutes les équipes de pays ont produit des rapports annuels sur les résultats enregistrés dans ce cadre. 

Pour la Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement durable, le système des coordonnateurs résidents permet de réunir plus efficacement les partenaires et les parties prenantes, tout en contribuant à une meilleure aide aux pays dans la perspective des ODD.  Les coordonnateurs résidents, appuyés par des économistes dans leurs bureaux, ont ainsi joué un rôle de chef de file dans l’élargissement de l’accès aux financements pour les ODD, a-t-elle souligné, précisant qu’à ce jour, le Fonds commun pour les ODD a financé 151 programmes couvrant 118 pays et territoires, en particulier les PEID.  Avec l’appui du PNUD, les équipes de pays aident également les gouvernements de 80 pays à concevoir des cadres intégrés nationaux de financement pour leurs priorités de développement.  Les résultats collectifs du système des Nations Unies pour le développement, mis en évidence dans le rapport, donnent l’assurance que l’ONU et son système de développement peuvent relever les défis qui nous attendent, d’autant plus que nous franchissons les dernières étapes de la consolidation de ces réformes, a-t-elle estimé.

Si les résultats sont encourageants, beaucoup reste à faire, notamment pour accompagner les transitions clefs de l’énergie, du système alimentaire et du numérique, tout en renforçant les investissements dans le capital humain, a fait observer Mme Mohammed, avant de plaider également pour une refonte complète du système financier mondial pour aider les pays à accéder aux financements pour les ODD.  À ses yeux, le système des coordonnateurs résidents a un rôle important à jouer pour permettre ces changements transformateurs.  Annexé au rapport, le projet de cadre de résultats pour le système des coordonnateurs résidents vise à fournir aux États Membres un outil supplémentaire pour contrôler les progrès à cet égard, a expliqué la Vice-Secrétaire générale.  Enfin, après avoir évoqué les retours sur investissement que peut entraîner une bonne coordination du développement, elle a averti que le déficit de financement du système des coordonnateurs résidents représente un risque réel pour l’ambition des réformes et pour l’avancement du Programme 2030.  Selon elle, inverser cette tendance doit rester une priorité absolue. 

De son côté, M. ROBERT PIPER, Sous-Secrétaire général et Directeur du Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD), s’est dit fier des réalisations du BCAD ces quatre dernières années.  S’il reste beaucoup à accomplir, le Bureau s’est multiplié pour soutenir les coordonnateurs résidents et concrétiser le pacte de financement, cela en dépit des restrictions imposées depuis 2020 par la pandémie de COVID-19.  Ensemble, nous avons essayé d’apporter aux pays de programme une perspective de développement, a-t-il résumé. 

À la suite de ces présentations, la parole a été donnée aux délégations.  Au nom du Groupe des 77 et la Chine, le Pakistan s’est concentré sur l’annexe II du rapport, consacrée au cadre de résultats du système des coordonnateurs résidents, souhaitant que ledit cadre soit davantage guidé par les mandats confiés au système qui sont énumérés dans l’examen quadriennal complet (QCPR).  Le cadre devrait aussi rendre compte du budget estimé à 281 millions de dollars en présentant les résultats de tous les acteurs financés par ce biais, a-t-il dit, avant d’appeler à une meilleure différenciation des résultats des coordonnateurs résidents, des équipes de pays et du BCAD.  Il a d’autre part réaffirmé la nécessité d’inclure des indicateurs de performance dans le cadre, afin de refléter la contribution du système des coordonnateurs résidents pour aider les pays de programme à mettre en œuvre le Programme 2030.  À cet égard, les ODD et leurs cibles pourraient servir de référence pour ces indicateurs, a-t-il suggéré. 

Compte tenu des difficultés que connaissent les pays en développement pour faire face à la pandémie et relever leurs économies mais aussi du déficit de financement que continue de subir le système des Nations Unies pour le développement, comment les opérations sur le terrain pourraient-elles être menées plus efficacement? s’est interrogée Cuba.  Pour sa part, le Mexique a estimé que des progrès restent à accomplir pour que le système des coordonnateurs résidents se conforme pleinement aux principes de transparence et de responsabilisation.  Par exemple, nous avons besoin de plus de données désagrégées sur la représentation géographique des postes de direction, a-t-il fait valoir. 

S’exprimant au nom de l’Alliance des petits États insulaires, Antigua-et-Barbuda a plaidé pour que le système des Nations Unies pour le développement, et les coordonnateurs résidents en particulier, aident davantage les PEID à suivre les résultats enregistrés dans la mise en œuvre des orientations, comme celles des Samoa.  L’Arménie a, elle, jugé qu’un système de coordonnateurs résidents fonctionnels nécessite une coopération renforcée entre eux et les différentes entités onusiennes, a fortiori dans les situations de conflit.  Elle a également mis l’accent sur la désignation des candidats, considérant que le processus devrait gagner en rapidité pour garantir une continuité à la tête des équipes de pays. 

Après s’être prononcée pour une augmentation des contributions aux portefeuilles collectifs des équipes de pays, la Norvège a estimé que deux indicateurs clefs manquent dans le projet de cadre de résultats pluriannuel du système des coordonnateurs résidents: le nombre de programmes conjoints et leur proportion dans le total, d’une part, et les ressources communes au niveau des pays, d’autre part.  Sur ce même point, l’Allemagne a regretté que plusieurs indicateurs retenus ne permettent pas de mettre en lumière les performances réelles des bureaux de coordonnateurs résidents, notamment sur le plan programmatique. 

Le Bhoutan a salué l’aide fournie par l’équipe de pays des Nations Unies, en particulier son soutien pour passer de l’état de PMA à un autre statut.  Selon lui, les PMA ont besoin d’un système de coordonnateurs résidents renforcé pour espérer atteindre les ODD et cela implique que les entités onusiennes agissent en synergie pour répondre aux priorités des pays.  Plus axée sur le financement, l’Espagne a estimé possible de réinvestir en partie les gains d’efficience dans le système des coordonnateurs résidents.  Un avis partagé par le Japon qui a souhaité que le cadre de résultats soit doté de cibles en matière de financement, le Maroc appelant quant à lui à un financement prévisible et durable.  Pour l’Inde, en revanche, le système actuel de financement devrait être maintenu, tout en étant plus fonctionnel et plus transparent. 

De l’avis des États-Unis, le cadre de résultats du système des coordonnateurs résidents devrait être épaulé par un bureau d’évaluation à l’échelle du système de l’ONU afin de mieux refléter les performances.  La Fédération de Russie a, quant à elle, souhaité que le cadre de résultats envisagé présente les différentes fonctions des coordonnateurs résidents afin de garantir un meilleur contrôle.  Elle s’est par ailleurs étonnée du faible niveau d’efficacité des bureaux des coordonnateurs résidents, avant de demander comment la situation pourrait être améliorée. 

Pour sa part, le Canada s’est enquis des moyens de soutenir les efforts en vue d’améliorer l’efficience, y voyant un élément moteur pour mieux utiliser les ressources et maximiser les économies d’échelle.  Il a également encouragé les États Membres à combler le déficit chronique du système des coordonnateurs résidents, non sans inviter ce dernier à trouver d’autres modes de financement. 

En réponse à ces remarques et questions, la Vice-Secrétaire générale s’est tout d’abord engagée à fournir les documents plus tôt que lors de cette session.  Elle a ensuite évoqué le budget de 281 millions de dollars du système des coordonnateurs résidents en rappelant que cette somme vise à financer les infrastructures essentielles des bureaux, pas les activités programmatiques.  Il s’agit du minimum requis pour que le système fonctionne, a-t-elle expliqué, avant de reconnaître que le système ne peut répondre à toutes les demandes.  C’est pourquoi il faut non seulement utiliser les compétences des équipes de pays mais aussi faire appel à des experts extérieurs.  Or, les renforts demandés au niveau régional n’existent pas actuellement, a indiqué Mme Mohammed.  S’agissant des actions sur le terrain dans les pays en développement, la priorité absolue est de distribuer des vaccins à toute la population, ce qui est loin d’être une formalité.  En effet, a-t-elle précisé, le déploiement et la distribution se heurtent à de nombreux obstacles, parfois même à la réaction négative des communautés.  Mais nous continuons de dialoguer avec les gouvernements et nous renforçons nos moyens d’action, notamment en ligne, a ajouté la Vice-Secrétaire générale.  Malgré les difficultés budgétaires que rencontrent de nombreux pays, nous maintenons nos engagements pour les aider à progresser vers les ODD de manière spécifique, sans modèle unique.  Quant au projet de cadre de résultats, elle a assuré qu’il s’appuierait sur des indicateurs fondés sur des données factuelles. 

Lui emboîtant le pas, le Sous-Secrétaire général et Directeur du BCAD a insisté sur le fait que le cadre en est encore au stade de projet.  Il fera l’objet d’autres consultations et sera aligné sur les documents présentés en Cinquième Commission sur le système budgétaire.  Ce cadre sera utilisé à des fins multiples pour ne pas gaspiller les ressources, a-t-il encore précisé.  Pour M. Piper, il est important de ne pas attribuer les résultats des différents organismes onusiens au système des coordonnateurs résidents.  De même, il est préférable selon lui que le cadre reste léger en termes d’indicateurs.  Il en faut quelques-uns pour chaque catégorie pour mesurer les progrès, a-t-il avancé.  S’agissant de l’efficacité des bureaux, il s’est étonné de la remarque de la délégation russe, rappelant que 90% des membres des équipes de pays considèrent leur fonctionnement satisfaisant.  Selon lui, les gouvernements ne voient pas toujours le rôle que jouent les bureaux car ils ont surtout affaire aux équipes de pays.  Les bureaux accueillent des conseillers du HCDH, du PNUD, d’ONU-Femmes ou encore de l’OCHA, mais cela se fait toujours à la demande des organismes.  Nous n’avons pas de conseiller qui ne soit pas parrainé par un organisme ou une entité, a expliqué le Sous-Secrétaire général.  Évoquant ensuite les effets de la pandémie, il a reconnu que cette crise a coûté des années au système des coordonnateurs résidents.  Cela a notamment influé sur les réflexions relatives aux chaînes d’approvisionnement, au travail à distance et au déplacement des transactions pour faire des économies d’échelle.  En matière de gains d’efficience, 195 millions de dollars d’économie ont été réalisés l’an dernier, a-t-il rappelé, formant le vœu de parvenir à l’objectif de 310 millions de dollars pour renforcer les aides à la nutrition et aux systèmes scolaires, entre autres.  Si les prélèvements viennent exclusivement du système des Nations Unies, à l’exception de l’Union européenne, de la Suède et de l’Islande, il ne faut pas alourdir le fardeau des organismes, a plaidé M. Piper, selon lequel des économies sont possibles sur le plan administratif. 

Après ces premières réponses, le Royaume-Uni a souhaité savoir comment le système des coordonnateurs résidents pourrait attirer des candidats ayant une expérience dans la prévention des conflits.  Il a d’autre part souhaité que le cadre de résultats comprenne des indicateurs pour réduire les doublons sur le terrain et pour renforcer la coordination avec les institutions financières internationales.  Les Pays-Bas ont appelé de leurs vœux un alignement des indicateurs du cadre, tandis que la Suisse souhaitait que l’innovation soit reflétée plus spécifiquement. 

Reprenant la parole, le Sous-Secrétaire général et Directeur du BCAD a mis l’accent sur la richesse du vivier du système des coordonnateurs résidents, qui recèle des profils très variés, certains avec une expérience dans le domaine des conflits.  Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) gère ce vivier de façon coordonnée, a-t-il indiqué, ajoutant que le recrutement et l’évaluation se font conjointement avec le BCAD.  Tous les coordonnateurs résidents étant aussi des coordonnateurs humanitaires, la coordination permet de faciliter leur tâche.  Pour M. Piper, l’idée d’un indicateur portant sur les doublons est excellente mais sa mise en place dépendra, selon lui, des gouvernements et des bailleurs de fonds.  Il s’est par ailleurs déclaré d’accord sur l’entrée des institutions financières internationales dans les programmes, à condition qu’il n’y ait pas de questions juridiques trop épineuses.  Même si toutes les institutions certifient qu’elles entrent dans le cadre de coopération, il faut s’assurer que leur contribution est en concordance avec le système, a-t-il encore précisé. 

Avant de clôturer cette session, la Vice-Secrétaire générale a assuré que le système des Nations Unies est entièrement tendu vers la coordination.  Cela ne fonctionne pas toujours, d’où le besoin d’améliorer les résultats, a-t-elle relevé, soulignant à cet égard la nécessité d’avoir des cadres de coopération en parfaite concordance.  Pour Mme Mohammed, beaucoup peut être fait au niveau mondial mais il faut ensuite l’appliquer à l’échelle nationale ou locale.  Pour ce qui est des gains d’efficience, elle a réaffirmé que les agences de l’ONU ne peuvent pas financer à elles seules le système des coordonnateurs résidents.  Il faut donc réinvestir les fonds dégagés, a-t-elle plaidé.  Elle a, enfin, jugé que nous sommes encore « loin du compte » s’agissant du pacte de financement.  « Nous savons ce que nous devons faire si vous faites ce que vous devez faire », a-t-elle lancé aux délégations, ajoutant que ce n’est qu’ensemble que nous pourrons avancer et sauver les ODD. 

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