9032e séance – matin
CS/14889

Ukraine: le sort des enfants inquiète le Conseil de sécurité, mais l’ONU, notamment l’UNICEF, assure de sa détermination à sauver des vies

« C’est au vu de l’impact terrible du conflit en Ukraine sur la vie des filles et des garçons que ma délégation s’est jointe à la France pour appeler à cette réunion », a déclaré ce matin le Mexique devant un Conseil de sécurité dont les membres ont tous marqué leur inquiétude face à la détérioration du sort de ces enfants.  C’est d’ailleurs pourquoi plusieurs délégations ont demandé au Secrétaire général et à la Représentante spéciale pour le sort des enfants en temps de conflit armé d’inclure l’Ukraine dans le prochain rapport sur le sujet, en vue d’établir un mécanisme de surveillance et de communication d’informations. 

La Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, Mme Joyce Msuya, a assuré que l’ONU reste déterminée à ne ménager aucun effort pour sauver des vies et qu’elle entend exploiter à cet égard toutes les possibilités, y compris les pauses humanitaires locales ou des cessez-le-feu plus larges.  Elle a fait part des efforts de l’ONU pour négocier davantage de pauses humanitaires et permettre un passage sûr des civils pris au piège.  Plus de 600 civils ont ainsi été évacués de l’usine d’Azovstal de Marioupol et des villes voisines, a-t-elle signalé, « un exploit monumental ».  Au total, près de 14 millions d’Ukrainiens ont été contraints de fuir leur foyer, dont 8 millions sont déplacés.

Le mois dernier, l’UNICEF a pu authentifier le décès de près de 100 enfants en Ukraine, a témoigné le Directeur exécutif adjoint du Fonds tout en reconnaissant que les chiffres sont vraisemblablement bien plus élevés.  M. Omar Abdi a aussi dénoncé les graves violations des droits des enfants et les attaques contre les écoles.  Dans ce contexte, la France a appelé le Secrétaire général à se saisir des outils du Conseil de sécurité pour vérifier les faits et établir les responsabilités, tandis que certains pays ont rappelé les directives claires de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.

M. Abdi a indiqué qu’à la mi-mars, plus de 15 000 écoles ont repris leurs cours en Ukraine, principalement en distanciel ou en hybride, avec l’appui de l’UNICEF.  Il y aurait 3,7 millions d’enfants en Ukraine et à l’étranger qui ont recours à des enseignements à distance.  Il a aussi souligné les conséquences dévastatrices de la guerre en Ukraine ailleurs dans le monde pour d’autres enfants qui subissent les conséquences de l’envolée des prix des denrées alimentaires et du carburant, ceux déjà touchés par les conflits et la crise climatique, de l’Afghanistan au Yémen en passant par la Corne de l’Afrique.

Revenant à l'Ukraine, la Sous-Secrétaire générale a souligné que les femmes et les enfants paient le prix le plus lourd, évoquant notamment le bombardement d’une école à Bilohorivka (Louhansk).  Elle a déploré l’utilisation d’armes explosives à large portée dans des zones peuplées, ainsi que la présence de mines antipersonnel et de munitions non explosées qui affecte l’accès humanitaires.  Même avant cette guerre, l’est de l’Ukraine était l’une des régions les plus minées au monde, a-t-elle rappelé en appelant à l’action contre les mines, une condition préalable pour ouvrir l’espace humanitaire.  Elle a appelé les parties à respecter les civils et les sites civils comme les écoles, les hôpitaux et d’autres infrastructures.  Elle a déclaré que l’ONU étudie les moyens de réunir les parties pour discuter des questions humanitaires, comme celles de la sécurité du passage des civils et de la circulation des convois humanitaires dans l’est.  C’est dans cette optique que le Coordonnateur des secours d’urgence, M. Martin Griffiths, a été reçu en début de semaine par le Ministre des affaires étrangères turc afin de discuter du soutien de la Turquie. 

Les États-Unis ont marqué leur préoccupation à propos de la mise en place d’un gouvernement par les forces russes dans une ville qu’elles occupent en obligeant les écoles à suivre le programme scolaire russe « afin d’éliminer toute trace d’identité et de culture ukrainiennes ».  L’Ukraine a aussi dénoncé la pratique des camps de filtrage russes où les enfants sont séparés de leur mère, ainsi que l’adoption illégale par des citoyens russes d’enfants ukrainiens, notant qu’un million d’Ukrainiens, dont 200 000 enfants et 2 000 orphelins, auraient été transférés vers la Russie. 

Le délégué russe a reconnu que 190 000 enfants sont pris en charge par son pays selon des chiffres de début mai, dont environ 1 200 venus des internats de la République populaire de Donetsk et de la République populaire de Louhansk.  Il a assuré que la Russie travaille avec les autorités de ces deux républiques en matière d’adoption d’orphelins.  Réagissant aux accusations de certains de ses collègues au sujet de violations des droits de l’enfant par les Russes, il a souligné que lors d’une interview à Belsat TV, la Commissaire du Président de l’Ukraine pour les droits de l’enfant a déclaré que « le Bureau du Procureur général d’Ukraine n’a pas confirmé un tel fait ».  Il a également rétorqué que le régiment « Azov » recrute depuis de nombreuses années des enfants dans les forces armées ukrainiennes en leur apprenant à haïr tout ce qui est russe.  Il a aussi évoqué les contenus de l’enseignement dispensé dans les écoles ukrainiennes, brandissant un manuel scolaire qui révise, selon lui, l’histoire et magnifie l’usage des armes à feu contre les « séparatistes » et les « occupants ». 

Le Royaume-Uni n’en a pas moins trouvé que la Russie commet quatre des six violations graves contre les enfants en temps de conflit armé, telles qu’énoncées par la résolution 1261 (1999) du Conseil.  Il a toutefois reconnu qu’il faudra du temps pour que le mécanisme de surveillance de l’ONU établisse la véritable ampleur de l’impact sur les enfants de l’invasion en Ukraine.  L’Ukraine a appuyé cette enquête spéciale, rappelant que les occupants russes ont déjà fait 20 000 victimes à Marioupol, soit le double du nombre de victimes dues à l’invasion nazie durant la Seconde Guerre mondiale. 

Les pays de la région ont rappelé leur soutien aux Ukrainiens, comme l’Estonie qui a souligné l’aide apportée par les pays baltes (46 millions d’euros) et leur accueil pour ceux qui fuyaient la guerre en leur offrant une éducation et des services de santé.  De même, la Slovaquie a accueilli 136 000 enfants et accordé une protection temporaire à plus de 30 000.  De son côté, le Kenya a alerté sur l’impact de la guerre sur les économies et personnes vulnérables, appelant à renforcer le soutien pour d’autres situations humanitaires, en particulier dans les pays du Sud.  D’où l’importance de poursuivre les discussions en vue d’une résolution politique de la situation, a conclu le Gabon.  « C’est la plus grande action qui puisse être faite en faveur des enfants. »

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ DE L’UKRAINE

Déclarations

La Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, Mme JOYCE MSUYA, a informé le Conseil de sécurité sur les dernières nouvelles concernant les efforts conjoints des Nations Unies pour négocier davantage de pauses humanitaires et permettre un passage sûr des civils piégés par les combats.  Elle a affirmé que lundi dernier, l’ONU, en collaboration avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a pu évacuer 174 autres civils de l’usine d’Azovstal et d’autres parties de la ville de Marioupol.  Il s’agissait de la troisième opération de la semaine dernière à partir de Marioupol, a-t-elle rappelé en précisant que plus de 600 civils ont ainsi été évacués de cette usine et des villes voisines.  Selon elle, il s’agit d’un exploit monumental au milieu des bombardements et des destructions en cours dans l’est de l’Ukraine. 

La Sous-Secrétaire générale a souligné que les combats intenses causent d’immenses souffrances humaines, notamment chez les femmes et les enfants qui paient le prix le plus lourd.  Elle a fait état de rapports récents sur le bombardement d’une école à Bilohorivka à Louhansk, alors que des femmes et des enfants s’y trouvaient, ce qui a causé un lourd bilan humain.  L’utilisation d’armes explosives à large portée dans des zones peuplées s’accompagne d’un risque très élevé d’effets indiscriminés et doit être évitée, a—t-elle plaidé.  Elle a ajouté que la présence de mines antipersonnel et de munitions non explosées a également un impact sur la réponse et l’accès humanitaires.  Même avant cette guerre, l’est de l’Ukraine était l’une des régions les plus minées au monde, a-t-elle dit en appelant à l’action contre les mines, puisque le déminage est une priorité pour ouvrir l’espace humanitaire.

Mme Msuya a rappelé qu’en vertu du droit international humanitaire, les parties doivent respecter les civils et les sites civils comme les écoles, les hôpitaux et d’autres infrastructures.  Les parties doivent donc permettre aux civils de quitter volontairement les zones d’hostilités en toute sécurité.  Cela implique d’accorder une attention particulière aux besoins des personnes exposées à des risques spécifiques, telles que les femmes, les enfants, les personnes âgées et les personnes handicapées.  Mme Msuya a également exhorté les parties au conflit à éliminer tout obstacle aux déplacements du personnel humanitaire pour que ne soit pas interrompue la fourniture de secours vitaux dans toute l’Ukraine.  La Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence a indiqué que près de 14 millions d’Ukrainiens ont été contraints de fuir leur foyer, dont 8 millions sont des déplacés.  Elle a cité les 227 partenaires présents dans le pays, majoritairement des ONG nationales, qui ont fourni de l’aide humanitaire à plus de 5,4 millions de personnes, dont beaucoup dans l’est. 

Après les évacuations de l’usine d’Azovstal et de la ville de Marioupol, elle a appelé les deux parties à poursuivre leurs efforts de facilitation afin que l’ONU puisse atteindre beaucoup plus de civils.  Nous devons de toute urgence porter nos efforts à plus grande échelle, a-t-elle recommandé.  Elle a déclaré que l’ONU étudie les moyens de réunir les parties pour discuter des questions humanitaires, comme celles de la sécurité du passage des civils et de la circulation des convois humanitaires dans l’est.  C’est dans cette optique que le Coordonnateur des secours d’urgence, M. Martin Griffiths, a été reçu en début de semaine à Ankara par le Ministre des affaires étrangères turc afin de discuter du soutien de la Turquie aux efforts de l’ONU pour faire progresser les mesures humanitaires urgentes en Ukraine.  En conclusion, Mme Msuya a assuré que l’ONU reste déterminée à ne ménager aucun effort et qu’elle entend exploiter toutes les possibilités, y compris les pauses humanitaires locales ou des cessez-le-feu plus larges, afin de sauver des vies.

M. OMAR ABDI, Directeur exécutif adjoint du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a déclaré que le mois dernier, l’UNICEF a pu authentifier le décès de près de 100 enfants en Ukraine.  « Nous pensons que les véritables chiffres sont bien plus élevés », a-t-il précisé.  Il a constaté que les enfants font l’objet de graves violations de leurs droits et que les écoles continuent d’être attaquées.  « La guerre en Ukraine, comme toutes les guerres, est une crise de la protection et des droits de l’enfant. »  Il a mentionné l’odieuse attaque perpétrée contre une école à Louhansk qui témoigne du plus grand mépris pour les vies civiles.  Au moins 15 écoles sur les 89 appuyées par l’UNICEF, soit 1 sur 6, ont été endommagées ou détruites depuis le début de la guerre, a déploré M. Abdi qui a appelé à la cessation des attaques contre les écoles et exhorté les parties à protéger les civils et les infrastructures civiles.  Il a rappelé les directives contenues dans la Déclaration sur la sécurité dans les écoles pour préserver le droit à l’éducation.  « Ce dont nous avons besoin désormais, c’est de courage, de discipline et de volonté politique pour traduire ces mots dans les faits. »

M. Abdi a indiqué qu’à la mi-mars, plus de 15 000 écoles ont repris leurs cours en Ukraine, principalement par le biais d’enseignements en distanciel ou combinant distanciel et présentiel, avec notamment un appui de l’UNICEF.  Mais la pandémie nous a montré l’importance des enseignements en présentiel, a-t-il dit, avant de se féliciter de la scolarisation des enfants ukrainiens dans les pays voisins.  Il a estimé à 3,7 millions le nombre d’enfants en Ukraine et à l’étranger qui ont recours à des enseignements à distance.  M. Abdi a ensuite souligné les conséquences dévastatrices de la guerre en Ukraine pour les enfants les plus vulnérables dans le monde avec l’envolée des prix des denrées alimentaires et du carburant.  « Les enfants déjà touchés par les conflits et la crise climatique dans le monde, de l’Afghanistan au Yémen en passant par la Corne de l’Afrique, payent maintenant le prix meurtrier d’une guerre loin de chez eux. »  Les enfants sont résilients mais ils ne devraient pas avoir à l’être, a conclu le Directeur exécutif adjoint, en évoquant le tribut très lourd qu’ils ont d’ores et déjà payé pendant cette guerre.  « Nous devons faire tout notre possible pour faire en sorte que cette guerre ne ruine pas leur avenir. »

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a indiqué que son pays a demandé avec la France la convocation de cette séance au vu de l’impact terrible du conflit en Ukraine sur la vie des filles et des garçons.  Tant qu’une cessation des hostilités n’est pas obtenue, les priorités de la communauté internationale doivent être l’aide humanitaire, la protection de la population civile, en particulier les groupes les plus vulnérables, et la préservation des infrastructures de base, essentielles pour leur survie, a-t-elle dit, avant d’évoquer l’attaque « inacceptable » qui a visé une école dans la région de Louhansk.  La représentante a dénoncé une violation flagrante du droit international humanitaire et s’est dite attentive au travail du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI).  Elle a constaté que cette attaque n’est malheureusement pas un cas isolé et a condamné l’utilisation d’armes explosives à proximité des écoles et des établissements d’enseignement supérieur.  Alors que, selon l’UNICEF, les deux tiers des enfants ukrainiens ont été déplacés par le conflit, il se révèle que cette guerre affecte la santé mentale et le bien-être psychosocial de toute une génération, a-t-elle souligné.  Les traumatismes provoqués par les bombardements incessants et les alertes d’attaques imminentes auront des répercussions profondes et à long terme, a-t-elle prévenu, souhaitant que des stratégies globales soient définies pour faire face à cette crise de la santé mentale. 

La déléguée s’est ensuite déclarée préoccupée par l’augmentation des signalements de cas de violence sexuelle contre les filles et les garçons, pour lesquels les services de soutien sont très limités.  Elle a également fait état d’une détérioration des services de santé sexuelle et reproductive et des soins pour les nouveau-nés.  De plus, a-t-elle relevé, la vague massive de déplacements a transformé les enfants et les adolescents en cibles pour les réseaux de traite des êtres humains.  Les plus vulnérables sont les mineurs non accompagnés ou ceux qui sont séparés de leur famille, a-t-elle alerté, appelant les pays hôtes et les institutions telles que l’ONUDC et Interpol à enregistrer et identifier les réfugiés mineurs.  Observant que la vulnérabilité des filles et des garçons handicapés est encore plus aiguë, elle a plaidé pour que tous les enfants d’Ukraine ou de tout autre pays reçoivent le même traitement sans discrimination.  Enfin, elle a demandé au Secrétaire général et à la Représentante spéciale pour le sort des enfants en temps de conflit armé d’inclure l’Ukraine dans le prochain rapport sur le sujet en vue d’établir un mécanisme de surveillance et de communication d’informations. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a déclaré que le nombre de civils tués en Ukraine est largement supérieur aux chiffres communiqués.  La Cheffe de la mission de surveillance des droits de l’homme en Ukraine a récemment évoqué des milliers de morts supplémentaires, y compris à Marioupol, ce « trou noir » auquel il est si difficile d’accéder, a-t-il indiqué.  Il a également relevé que le coût de la guerre pour les enfants est terrible, deux tiers des enfants ukrainiens ayant été déplacés et la majorité déscolarisés.  Il a condamné toutes les attaques contre des écoles, notamment celle perpétrée à Bilohorivka, relevant en outre que plus de 200 infrastructures médicales ont été attaquées ou détruites.  Dans ce contexte, le représentant a appelé le Secrétaire général à se saisir des outils du Conseil de sécurité pour vérifier les faits et établir les responsabilités, citant en particulier le rapport annuel du Secrétaire général et sa « liste d’infamie », sur laquelle ceux qui tuent les enfants et attaquent les écoles ont toute leur place. 

Le délégué ensuite appelé la Russie à respecter l’ordonnance rendue par la Cour internationale de Justice, à mettre un terme à cette guerre injustifiable et dévastatrice et à retirer ses troupes du territoire ukrainien.  La protection des civils et des infrastructures civiles est une priorité absolue, a-t-il insisté.  Il a également appelé la Russie à lever le blocus des ports ukrainiens en mer Noire afin de permettre l’exportation des denrées alimentaires.  Il a ajouté que la France continuera à prendre toute sa part au soutien à l’Ukraine, avec une aide qui s’élève à hauteur de 2 milliards de dollars, comme annoncé par le Président de la République à l’occasion de la Conférence de Varsovie le 5 mai dernier. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a dit que pour les écoliers et étudiants de l’Ukraine, l’année scolaire s’est arrêtée le 24 février 2022.  Une école sur six dans l’est du pays a été détruite ou endommagée depuis le début de la guerre, a-t-il noté avant de dénoncer le ciblage d’une école par l’armée russe, il y a quelques jours, qui aurait fait près de 60 morts.  Cette situation est injustifiable, a dénoncé le représentant.  Il a néanmoins trouvé positif ce que fait la Coalition pour l’éducation de l’UNICEF, qui regroupe les membres du secteur privé, de la société civile et des médias œuvrant à garantir le droit à l’éducation et l’apprentissage en Ukraine.  Des moyens numériques ont été mis en place pour permettre un enseignement à distance, a-t-il notamment cité en se félicitant que la plateforme d’éducation mise en place puisse permettre à près de 200 000 étudiants de passer leurs examens.  Condamnant notamment les destructions d’infrastructures civiles, le bombardement de la maternité et du théâtre de Marioupol, le délégué a demandé que les cerveaux et les auteurs de ces crimes soient punis.  Il faut également tout faire pour protéger les droits des enfants à cet égard, a-t-il ajouté. 

Il a demandé au Secrétaire général et à la Représentante spéciale pour le sort des enfants en temps de conflits armés à présenter l’Ukraine comme une situation inquiétante dans le rapport du Secrétaire général sur le sort des enfants en temps de conflit armé dans le cadre des violations commises en Ukraine de 2014 à 2021.  Une enquête approfondie doit être menée sur les atrocités commises depuis le 24 février 2022, a aussi réclamé le représentant.  Pour lui, l’évacuation des civils de l’usine Azovstal de Marioupol démontre que l’on peut trouver des solutions et faire taire les armes au nom de la vie lorsque la volonté est là.  « Cela devrait être également le cas des soldats blessés qui s’y trouvent toujours. »  Le représentant a terminé par un appel à cesser cette guerre insensée. 

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) s’est particulièrement inquiété des conséquences du conflit sur 7,5 millions d’enfants, avant d’appeler à soutenir les efforts de l’UNICEF pour atténuer leurs souffrances.  Après avoir précisé que les femmes et les enfants représentent la majorité des 5 millions de réfugiés et 7 millions de déplacés, il a appelé les pays voisins à les accueillir avec dignité.  Il a noté que plus de 900 établissements scolaires ont été endommagés ou détruits en Ukraine et que ces destructions ont affecté également des étudiants étrangers, dont de nombreux Indiens.  Il a indiqué que son pays a facilité le retour 22 500 ressortissants indiens, pour la plupart des étudiants.  Soucieux de minimiser l’impact de la guerre sur l’éducation, le représentant a remercié le Gouvernement ukrainien pour les assouplissements apportés à l’année universitaire des étudiants en médecine.

Par ailleurs, le représentant de l’Inde a mis l’accent sur l’aide apportée par son pays à l’Ukraine en matière de médicaments et matériels sanitaires avant d’exhorter la communauté internationale à garantir l’établissement de couloirs humanitaires.  Il a aussi mis l’accent sur les défis en matière de sécurité énergétique.  Il a rappelé que l’action humanitaire doit être toujours guidée par ses principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance et qu’elle ne doit en aucun cas être politisée.

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a dit craindre que le Conseil s’installe dans un schéma tragique familier.  Alors que le conflit militaire devient une affaire prolongée dans laquelle la population civile continue de souffrir gravement, le Conseil, plutôt que de redoubler ses efforts diplomatiques et de négociation et de rechercher un cessez-le-feu, déploie beaucoup trop d’énergie à proférer et défendre des accusations de violations du droit international humanitaire, a-t-il estimé.  Rappelant que la responsabilité au premier chef du Conseil de sécurité est de protéger la paix et la sécurité internationales, il a exhorté celui-ci à tout faire pour trouver un moyen de négocier la paix pour l’Ukraine.  L’évolution de la situation politique en Europe, avec des alliances qui se forgent rapidement et qui risquent d’enraciner les différences, doit être stabilisée, a souligné le délégué qui y a vu la priorité de toute approche préventive.

Appelant aussi à ne pas perdre de vue que cette guerre impacte les économies et personnes vulnérables dans le monde, en raison de la perturbation des chaînes d’approvisionnement alimentaire et énergétique, il a appelé à renforcer le soutien pour d’autres situations humanitaires, en particulier dans les pays du Sud.  De même, les États doivent s’abstenir d’imposer des restrictions à l’exportation et mettre les réserves à la disponibilité des pays faisant face à une insécurité alimentaire sérieuse.  Un sentiment d’urgence et l’audace sont nécessaires si l’on veut éviter que cette guerre ne conduise à l’escalade de crises multiples dans le monde, a insisté le représentant en appelant la communauté internationale à tenir compte des recommandations du Secrétaire général à cet égard.

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a appelé à mettre fin aux souffrances civiles causées par la guerre en Ukraine.  Les récentes attaques russes contre les écoles et les civils qui s’y étaient réfugiés témoignent du plus grand mépris pour le droit international, a-t-elle dit.  Elle a appelé toutes les parties à respecter le caractère civil des écoles conformément au droit international humanitaire et souligné la nécessité d’une scolarisation continue des enfants ukrainiens, y compris les enfants déplacés.  La déléguée a insisté sur la vulnérabilité particulière des enfants non accompagnés et le risque de violence sexuelle et d’abus qui pèse sur eux.  Elle a appelé à un bon enregistrement des enfants déplacés et à des efforts pour les réunir à leurs familles.  La déléguée s’est dite alarmée par la situation des civils pris au piège dans les zones de conflit et a souligné la nécessité qu’ils soient évacués en toute sécurité.  Les atrocités commises pendant cette guerre doivent faire l’objet d’une enquête et les responsables, traduits en justice, a conclu la déléguée, en soulignant l’importance de respecter la liberté d’expression et un accès libre à l’information.  « La Russie doit mettre un terme à cette guerre et retirer ses troupes immédiatement. »

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a estimé que, même s’il faudra du temps pour que le mécanisme de surveillance de l’ONU établisse la véritable ampleur de l’impact sur les enfants de l’invasion en Ukraine, il existe déjà des éléments prouvant que la Russie commet quatre des six violations graves contre les enfants en temps de conflit armé, telles qu’énoncées par la résolution 1261 (1999) du Conseil de sécurité.  En premier lieu, a-t-elle souligné, des enfants ont été tués et mutilés, les rapports du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme faisant état d’au moins 238 enfants tués et 347 blessés.  Deuxièmement, les écoles et les crèches ont été ciblées dans toute l’Ukraine et, comme l’a montré le bombardement tragique du théâtre de Marioupol, les enfants hébergés ont été impitoyablement visés.  La déléguée a ensuite évoqué les allégations crédibles de violences sexuelles contre des enfants par les forces russes, ajoutant que les déplacements massifs ont exposé les enfants à la traite des êtres humains et à l’exploitation sexuelle.  Quatrième violation, les déportations forcées se poursuivent avec plus de 700 000 personnes concernées, dont de nombreuses mères et des enfants, qui ont été déplacés en Russie.  Pour la représentante, le risque existe d’une « génération perdue » et de la continuation d’un cycle de violence causé par l’invasion russe et la dévastation qu’elle a créée.

Jugeant qu’une action collective est nécessaire pour y remédier, la déléguée a appelé tous les pays à approuver et mettre en œuvre la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.  Selon elle, le refus de la Russie d’approuver cette déclaration fait courir un danger supplémentaire pour les enfants ukrainiens.  La communauté internationale doit, en outre, veiller à ce que toutes les allégations de crimes commis sur le territoire de l’Ukraine fassent l’objet d’une enquête, y compris les graves violations contre les enfants, quelle que soit les parties accusées de tels crimes.  Enfin, après avoir rappelé le rôle de premier plan joué par son pays dans l’effort humanitaire en Ukraine, la représentante a estimé qu’il n’y a pas de solution humanitaire à la souffrance ressentie par les enfants en Ukraine.  De fait, a-t-elle conclu, seul le retrait des troupes russes et la fin de la guerre de la Russie en Ukraine mettront fin à la cause de cette souffrance.

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) s’est dit profondément préoccupé par les informations faisant état de pertes d’enfants provoquées par l’utilisation d’armes explosives, les incidents liés aux mines et aux restes explosifs de guerre.  « Les deux parties au conflit doivent éviter l’utilisation d’armes explosives dans les zones densément peuplées, y compris à proximité des écoles ou des universités ou le long des routes qui y mènent ou en partent », a exhorté le représentant.  Par ailleurs, a-t-il ajouté, jamais les écoles et les installations médicales ne doivent être utilisées à des fins militaires.  Il a aussi jugé de la plus haute importance de mettre en œuvre la résolution 2601 (2021) sur la protection de l’éducation, dont le Brésil s’est porté coauteur l’an dernier.  La Déclaration sur la sécurité dans les écoles, que nous avons également approuvée, fournit des lignes directrices importantes sur cette question également, a ajouté le délégué.

Plus le conflit persiste, plus les dommages causés à l’éducation des enfants sont importants, a mis en garde M. de Almeida Filho.  Il a dit être préoccupé par le nombre alarmant d’enfants qui sont devenus des personnes déplacées et des réfugiés.  Le soutien de la communauté internationale est plus que jamais nécessaire, en particulier pour les enfants non accompagnés ou séparés de leurs parents et des membres de leur famille, a dit le représentant.  Lorsqu’ils sont contraints de se retrouver dans la condition de réfugiés ou de personnes déplacées, les enfants peuvent devenir plus vulnérables aux crimes, notamment à la violence et à l’exploitation sexuelles, a-t-il ajouté en souhaitant que leur intégrité physique et leur bien-être soient une priorité pour tous les États Membres.  « Conformément à sa tradition de solidarité », le Brésil a accordé des visas humanitaires et des permis de séjour aux Ukrainiens déplacés et aux apatrides affectés ou déplacés par le conflit armé en Ukraine, a dit le délégué en précisant que ces étudiants, une fois sur le territoire brésilien, ont pleinement accès à tous les services publics et avantages sociaux, sur un pied d’égalité avec les ressortissants brésiliens.  En outre, la société civile brésilienne s’est montrée coopérative et se mobilise pour fournir une assistance spécialisée supplémentaire afin de faciliter l’intégration locale, a précisé le représentant. 

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a appelé le Conseil de sécurité à répondre à la destruction de centaines d’écoles, y compris de jardins d’enfants, notamment en appuyant l’intégrité et l’impartialité du programme sur les enfants et les conflits armés.  Elle a réitéré la nécessité de prendre des mesures pour remédier à la perturbation de l’éducation, ainsi que pour fournir des services psychosociaux, de santé mentale et des soins médicaux.  Les capacités de protection de l’enfance en Ukraine doivent également être dotées de ressources de manière urgente. 

La représentante a appelé le Secrétaire général et la Représentante spéciale pour le sort des enfants en temps de conflit armé à faire figurer l’Ukraine en tant que « situation alarmante » dans le prochain rapport annuel sur les enfants et les conflits armés afin de soutenir davantage le travail de surveillance effectué de l’ONU.  Elle a noté que les évacuations de Marioupol négociées par le Secrétaire général et l’ONU ont montré qu’il est possible de faire le nécessaire pour les civils et que le système de notification humanitaire peut fonctionner.  Des mesures telles que les « jours de tranquillité » devraient être explorées, a-t-elle suggéré.  La déléguée a ensuite appelé à la Fédération de Russie à retirer ses forces et à s’engager dans un véritable dialogue en faveur de la paix. 

M. DAI BING (Chine) a souligné que la protection des enfants incombe à toutes les parties au conflit.  Il s’est félicité de l’évacuation en toute sécurité de civils, dont des enfants, de l’aciérie de Marioupol grâce à l’UNICEF et le système des Nations Unies dans son ensemble.  Après avoir condamné la récente attaque contre une école qui a fait des dizaines de victimes, le représentant a affirmé que les écoles ne devaient jamais être prises pour cibles.  Les faits doivent être tirés au clair et toutes les accusations doivent être fondées sur des preuves, a insisté le délégué avant d’appeler à ce que tous les enfants dans le besoin bénéficient d’une aide humanitaire.  Il a aussi exhorté l’UNICEF, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) et le Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) à accroître leurs activités de surveillance pour aider les pays voisins de l’Ukraine à prévenir toute violation des droits des enfants, s’inquiétant notamment des risques de traite des êtres humains.  Notant que l’éducation est une lueur d’espoir pour les enfants victimes de conflit, le représentant de la Chine a particulièrement salué les initiatives de l’UNICEF pour garantir une éducation aux enfants déplacés et réfugiés. 

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a rappelé qu’une guerre est toujours traumatisante, notamment pour les enfants.  « La guerre en Ukraine ne fait pas exception. »  Elle a rappelé les conséquences des conflits pour les enfants en Syrie, au Yémen ou bien encore dans la Corne de l’Afrique.  Afin d’éviter une autre « génération perdue » d’enfants en Ukraine, la déléguée a exhorté les acteurs à mettre un terme à la guerre.  Elle a dénoncé les destructions d’écoles en Ukraine, en rappelant qu’une école sur six appuyées par l’UNICEF ont été endommagées ou détruites depuis le début de la guerre.  Elle a soutenu les efforts pour assurer une scolarisation en ligne des enfants.  La déléguée a demandé que les cas de violence sexuelle fassent l’objet d’une enquête et appelé toutes les parties à respecter le droit international humanitaire.  Enfin, elle a noté les conséquences de la guerre en Ukraine pour la sécurité alimentaire dans le monde, notamment celle des enfants.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a rappelé que, depuis plus de huit ans en Ukraine, le « régime de Kiev » est en guerre civile contre son peuple.  « Quels plans aviez-vous mis en place pour les enfants du Donbass? »  Il a accusé les autorités de Kiev d’avoir, par leurs bombardements, contraint ces enfants à rester dans leurs caves alors que l’armée ukrainienne ciblait les écoles, les hôpitaux, les terrains de jeux et des infrastructures civils clefs.  Sur la période de 2014 à 2022, on dénombre plus de 200 faits de dommages aux établissements scolaires, près de la moitié desquels sont des écoles et des jardins d’enfants, a-t-il décompté en notant qu’au cours du printemps dans le Donbass, sous les obus ukrainiens, des enfants meurent à nouveau.  Le délégué a dit que 190 000 enfants sont pris en charge par la Fédération de Russie selon des chiffres du début de ce mois.  Certains d’entre eux sont venus en Russie avec leurs tuteurs et environ 1 200 venaient des internats de la République populaire de Donetsk et de la République populaire de Louhansk.  Il a assuré que la Russie travaille avec les autorités de ces deux républiques en matière d’adoption d’orphelins.  En ce qui concerne les enfants réfugiés, la Fédération de Russie organise un processus de placement et assure leur éducation dans des écoles ordinaires, ou par le biais de l’apprentissage à domicile et à distance.

Le représentant a indiqué que les forces armées russes mettent tout en œuvre pour assurer la sécurité des enfants lors des opérations militaires spéciales en Ukraine.  Il a condamné fermement les violations des normes du droit international humanitaire, en particulier celles commises contre les enfants.  Réagissant aux accusations entendues chez certains collègues au sujet de violations des droits de l’enfant par les Russes, il a souligné que lors d’une interview à Belsat TV, la Commissaire du Président de l’Ukraine pour les droits de l’enfant, Mme Daria Gerasimchuk, a déclaré que « le Bureau du Procureur général d’Ukraine n’a pas confirmé un tel fait ».  Selon lui, de nombreux bâtiments d’établissement d’enseignement ont été utilisés par l’armée ukrainienne comme sites de combats et c’est pour cela que les infrastructures ont reçu d’importants dégâts.  Il a même affirmé que la destruction intentionnelle de biens à caractère civil est la « carte de visite » de Kiev. 

M. Nebenzia a rappelé que le 6 mai, la Russie a tenu une réunion informelle du Conseil de sécurité selon la « formule Arria » et a donné la parole non seulement à des journalistes étrangers indépendants, mais aussi à des résidents ordinaires des deux républiques populaires.  Ces derniers ont ainsi raconté comment le pseudo-héroïque bataillon « Azov » a abattu des civils, y compris des bus avec des enfants qui essayaient de quitter des zones de guerre.  Le délégué a dit que la Russie documente soigneusement ces violations du droit international humanitaire.  Hier, par exemple, une école a été bombardée dans le village de Solokhi dans la région de Belgorod sur le territoire de la Fédération de Russie, a-t-il dit.  Selon lui, le régiment « Azov » recrute depuis de nombreuses années des enfants dans les forces armées ukrainiennes et leur apprend à haïr tout ce qui est russe.  Il a aussi évoqué l’éducation ukrainienne, faisant part de contenus de manuels scolaires dans lesquels l’histoire est révisée et où on magnifie l’usage des armes à feu contre les « séparatistes » et les « occupants ».  Il a, sur le ton de l’humour, pris l’exemple d’un manuel de 8e année dans lequel on apprend aux enfants que les ancêtres des Français, des Espagnols, des Portugais, des Turcs et même des Juifs sont venus d’Ukraine.  M. Nebenzia a évoqué le rôle joué en ce sens par M. Valery Bebik qui fut en 2015 le principal historien ukrainien, et dont la renommée et les honneurs qui l’entourent dans son pays font du personnage « le père de l’historiographie ukrainienne moderne ».

Mme EDWIGE KOUMBY MISSAMBO (Gabon) a constaté que la situation humanitaire en Ukraine empire au fil des combats.  À ce jour, a-t-elle rappelé, plus de 13 millions de personnes ont été forcées à fuir et la moitié des réfugiés et des personnes déplacées sont des enfants, dont bon nombre sont des mineurs non accompagnés, ce qui les expose à toutes sortes d’abus, de trafic et d’exploitation.  Ces fragilités sont exacerbées par les difficultés quotidiennes inhérentes aux pénuries d’eau et aux difficultés d’accès aux soins et à l’énergie, a-t-elle relevé, ajoutant que les statistiques du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) relatives aux enfants tués ou blessés durant les combats « font froid dans le dos ».  La représentante a souhaité qu’un effort particulier de la communauté internationale soit fait pour atténuer les conséquences de cette guerre sur la scolarisation des enfants.  Saluant l’action menée à cette fin par l’UNICEF, elle a également félicité les pays qui ont mis en place les conditions permettant de scolariser dans l’urgence les enfants réfugiés venant d’Ukraine.  Elle a par ailleurs encouragé toutes les agences spécialisées de l’ONU déployées sur le terrain à mener des opérations conjointes avec l’UNICEF pour limiter les traumatismes des enfants victimes de la guerre et protéger les familles.  À côté de ces actions, les discussions doivent se poursuivre en vue d’une résolution politique de la situation, avec pour objectif de mettre fin à la guerre, a-t-elle dit, jugeant que c’est « la plus grande action qui puisse être faite en faveur des enfants ». 

Mme CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana) s’est dite profondément préoccupée par l’absence de progrès satisfaisants dans la recherche d’une solution à la situation.  Sans la cessation immédiate des hostilités, les 7,5 millions d’enfants en Ukraine continueront d’être mis en danger par l’escalade du conflit armé, a-t-elle craint.  Elle a trouvé très décourageant de voir des images d’étudiants forcés de se cacher dans des caves et des abris antibombes et celles d’enfants manquant des mois de scolarité, ce qui aura certainement un impact négatif sur leur avenir.  Non seulement l’impunité et la brutalité à l’encontre des enfants, des écoles et des établissements scolaires en Ukraine doit cesser, mais également les auteurs doivent être tenus responsables de leurs actes, a exigé la représentante.  Elle a aussi souhaité que les efforts humanitaires ne se concentrent pas seulement sur les besoins physiques des enfants touchés en Ukraine, mais aussi sur leurs besoins psychologiques et leur détresse émotionnelle, car la guerre entraînera un traumatisme psychologique durable.  La déléguée a enfin appelé les pays d’accueil et de transit à veiller à ce que l’intérêt supérieur des enfants, y compris dans le cadre des possibilités d’apprentissage, soit un élément essentiel de leur assistance. 

M. RICHARD M. MILLS (États-Unis) a dénoncé les immenses souffrances de la guerre « non nécessaire et brutale » de la Fédération de Russie infligées aux civils et aux enfants.  Les enfants ont été déplacés, rendus orphelins, tués et blessés, a-t-il déploré en notant que près de la moitié des 14 millions de personnes qui ont dû fuir leur foyer sont des enfants innocents.  Au lieu de grandir et de s’épanouir, ces enfants peinent à survivre au quotidien dans des circonstances désastreuses, a encore souligné le délégué avant de mentionner aussi que d’innombrables hôpitaux et écoles sont détruits.  Depuis le début de l’invasion, près de 20 écoles ont été ciblées au quotidien sans parler des attaques contre des hôpitaux.  Ce week-end, a dit le représentant, une bombe s’est abattue sur une école et a tué 60 personnes dont de nombreux enfants.  « Aujourd’hui, on apprend même que des violences sexuelles sont commises contre des femmes, des filles, des garçons et des personnes LDGBTQ. »  Le délégué s’est dit préoccupé de savoir que les forces russes ont mis en place un gouvernement dans une ville qu’elles occupent en obligeant les écoles à suivre le programme scolaire russe « afin d’éliminer toute trace d’identité et de culture ukrainiennes ». 

Le représentant a craint de nombreux risques pour les enfants qui sont à la merci de la traite des êtres humains ou d’autres formes d’abus en particulier pour les mineurs non accompagnés ou séparés de leurs parents ou de leurs tuteurs.  Il a aussi dit être préoccupé par le filtrage des Ukrainiens expulsés vers la Russie et les effets sur leur santé mentale y compris pour les générations futures.  Si on ne leur fournit pas un soutien psychosocial, le traumatisme de ces expériences pourrait avoir de longues conséquences, a prévenu le représentant avant d’appeler la Russie à mettre un terme à cette guerre contre l’Ukraine et à respecter ses obligations au titre du droit international humanitaire.  La Russie doit notamment prendre les précautions nécessaires afin d’éviter que des torts soient portés aux civils y compris aux enfants, a-t-il plaidé.  Toutes les parties au conflit devraient faciliter l’accès sans entrave aux acteurs et aux fournitures humanitaires afin de garantir que soit acheminée l’aide humanitaire nécessaire et que soient menées les évacuations en toute sécurité.  Le délégué a appelé le Secrétaire général et la Représentant spéciale Virginia Gamba à ajouter l’Ukraine, en tant que « situation inquiétante », dans le rapport à venir sur le sort des enfants en temps de conflit armé étant donné l’ampleur des allégations de violations commises contre les enfants par la Russie entre 2014 et 2021.  « Étant donné les violations croissantes de la Russie en Ukraine, la communauté internationale est tenue de protéger les enfants. »

M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a rendu hommage aux défenseurs de Marioupol qui ont fait l’impossible en repoussant les troupes russes depuis trois mois sans aucun approvisionnement.  Il a rappelé que les occupants russes ont déjà fait 20 000 victimes à Marioupol soit deux fois plus que le nombre de victimes dues à l’invasion nazie durant la Seconde Guerre mondiale.  Il a appelé l’ONU à tout mettre en œuvre pour permettre aux personnes blessées et malades de l’aciérie d’Azovstal d’avoir accès aux soins et aux traitements nécessaires.  Il a appelé le Secrétaire général à tout mettre en œuvre afin que les blessées et malades soient mis à l’abri là où leur vie sera garantie avant de préciser que la captivité russe ne peut être une option pour les combattants d’Azovstal. 

Par ailleurs, le représentant ukrainien a dénoncé la pratique des camps de filtrage russes qui constituent des violations flagrantes des droits des enfants, puisque les enfants sont séparés de leur mère dans ces opérations de filtrage.  C’est pourquoi, il a exhorté l’UNICEF à protéger les droits des enfants ukrainiens notamment de ceux séparés de leurs parents par l’occupant russe.  « La Russie poursuit sa terreur au moyen de bombardements quotidiens ciblant surtout des civils et infrastructures civiles », a insisté le représentant ukrainien avant de citer plus de 200 enfants tués et plus de 400 blessés.  Il s’est aussi inquiété de l’adoption illégale par des citoyens russes d’enfants ukrainiens.  Il a déclaré qu’un million d’Ukrainiens, dont 200 000 enfants et 2 000 orphelins, auraient été transférés vers la Russie avant d’exhorter UNICEF et le HCR à solliciter un accès à ces enfants afin de s’enquérir de leur état de santé.

Par ailleurs, après avoir cité la destruction de 80 installations sanitaires par l’occupant russe, le représentant de l’Ukraine a expliqué que l’interruption des traitements des maladies chroniques à cause de la guerre a provoqué la mort de 3 000 malades.  Après avoir noté que le traitement des cancers est totalement interrompu en Ukraine en raison du conflit, il s’est particulièrement inquiété des difficultés rencontrées par 2,7 millions de personnes handicapées en Ukraine.  Enfin, il a appuyé le projet d’une enquête spéciale sur les crimes de guerre commis par l’occupant russe en Ukraine et notamment dans la région de Kiev. 

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie), s’exprimant au nom des pays baltes (Lettonie, Lituanie et Estonie), a indiqué que les enfants ont été et continuent d’être des cibles pour la Fédération de Russie.  Selon les estimations qui sont en deçà de la réalité, 238 enfants ont été tués et plus de 300 blessés en Ukraine depuis le 24 février dernier, a-t-il dénoncé.  Il a aussi noté que des centaines d’écoles et d’établissements d’enseignement ont été détruits ou endommagés, le plus récemment à Bilohorivka où plus de 60 personnes ont péri après qu’une bombe russe a rasé l’école.  Il a indiqué que selon le Commissaire ukrainien aux droits de l’homme, plus de 121 000 enfants ont été expulsés de force vers la Fédération de Russie.  Le délégué a appelé l’ONU et les organisations compétentes à faire le suivi des cas de déportations forcées, et des démarches russes de modifications législatives dans le but d’accélérer l’adoption d’enfants d’Ukraine, en violation de la Convention relative aux droits de l’enfant.  Il a ensuite fait savoir qu’en plus des 46 millions d’euros fournis en aide à l’Ukraine, les pays baltes ont accueilli ceux qui fuyaient la guerre et leur ont offert l’accès à leur système d’éducation et de santé, ainsi que des possibilités d’apprentissage en ligne et un soutien en santé mentale.

Mme JOANNA SYLWIA SKOCZEK (Pologne) a rappelé que plus de trois millions d’Ukrainiens ont trouvé refuge en Pologne, dont une majorité d’enfants et de femmes, avant de mentionner les efforts de son pays pour assurer l’éducation de ces enfants.  Nous mettons à disposition des enseignements en ligne pour les enfants et les aidons à surmonter la barrière de la langue, a dit la déléguée.  « Nous avons également organisé des cours de langue pour les enseignants ukrainiens. »  Elle a aussi précisé qu’un accent est mis sur les enfants handicapés, avant de citer également l’aide apportée aux chercheurs ukrainiens.  La déléguée a déploré les attaques contre les écoles en Ukraine et demandé que les responsables rendent des comptes.  La Pologne fait de son mieux pour assurer le bien-être des enfants ukrainiens en cette période terrifiante, a conclu la déléguée polonaise.

M. MICHAL MLYNÁR (Slovaquie) a catégoriquement condamné les attaques russes visant des écoles, y compris la plus récente à Bilohorivka.  Cette attaque, ainsi que toutes celles contre des civils et des infrastructures civiles, doit faire l’objet d’une enquête approfondie et justice doit être rendue, a-t-il exigé.  Il a indiqué que depuis le début de l’agression de la Fédération de Russie en février, plus de 136 000 enfants sont entrés en Slovaquie et plus de 30 000 y ont obtenu une protection temporaire.  Les enfants fuyant l’Ukraine bénéficient d’une prise en charge complexe, comprenant une assistance psychologique et sociale, des soins médicaux et une aide pour se connecter ou se réunir avec leurs proches et leurs familles, a expliqué le représentant.  Environ 10 000 enfants âgés de 3 à 17 ans ont pu être inscrits dans des écoles slovaques et la Slovaquie travaille dur pour augmenter ce nombre afin de fournir à tous les enfants en fuite y séjournant une éducation appropriée.  Les enfants impliqués dans le processus éducatif ont également droit à une subvention alimentaire, a-t-il ajouté.  En collaboration avec l’UNICEF et le HCR, la Slovaquie a convenu d’élaborer un plan conjoint de renforcement des capacités de protection de l’enfance et a annoncé la semaine dernière à Varsovie une contribution financière supplémentaire de 540 000 euros, qui comprend une contribution de 130 000 euros pour les programmes et projets pertinents de l’UNICEF.

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