En cours au Siège de l'ONU

Forum sur les forêts: dissonances sur les objectifs forestiers mondiaux et les moyens à disposition du Forum

Dix-huitième session,
4e et 5e séances plénières – matin & après-midi
ENV/DEV/2060

Forum sur les forêts: dissonances sur les objectifs forestiers mondiaux et les moyens à disposition du Forum

Le Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF) a poursuivi aujourd’hui les travaux de sa dix-huitième session en examinant plusieurs points de son ordre du jour, en particulier les liens entre les objectifs forestiers mondiaux et les objectifs de développement durable (ODD).  Cette deuxième journée de débats a été marquée par plusieurs dissonances entre délégations, mais aussi entre celles-ci et la Directrice du secrétariat du Forum, Mme Juliette Biao. 

Répondant à certaines délégations, dont le Canada, sur la nécessité d’une réfection du site du Forum jugé « obsolète », Mme Biao a insisté ce matin, comme elle l’avait fait hier, lors de la journée d’ouverture du Forum, sur le manque de personnel à sa disposition en expliquant qu’il manque notamment un responsable Web.  Si elle a salué les éloges que lui a décernées l’Union européenne, Mme Biao a également rappelé que seuls deux pays de l’Union sur 27 ont contribué au fonds d’affectation spéciale finançant le Forum, à savoir la Finlande et l’Allemagne. 

La question financière a aussi été au cœur des interventions de nombreux pays en développement, à l’instar de la République démocratique du Congo.  « Il est demandé à des pays comme le mien de préserver les forêts dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques, alors que nous ne sommes en rien responsables de ce phénomène », a tranché la déléguée congolaise. 

Elle a également noté que ces pays, véritables gardiens des forêts, ne reçoivent aucune compensation pour ce rôle.  Le Mali a également déploré que certains partenaires bilatéraux ne souhaitent pas s’engager sur le plan financier.  « Le manque de financement est le principal obstacle dans la réalisation des objectifs forestiers mondiaux, qui sont vitaux pour réaliser les ODD », a appuyé M. Leonce Komguem, consultant. 

Ces objectifs forestiers, au nombre de six, ont été abondamment évoqués par les délégations, non sans afficher, là encore, certaines divergences. L’Union européenne a rappelé que ces objectifs sont étroitement liés entre eux.  Elle a aussi déploré la priorité accordée à l’objectif 2 visant à améliorer les avantages et les moyens d’existence qui proviennent de la forêt et à l’objectif 3, au détriment de l’objectif 1 consistant à mettre fin à la réduction du couvert forestier. 

À ce sujet, M. Mahendra Joshi, consultant, a qualifié de « réels mais inégaux » les progrès accomplis au titre de l’objectif forestier mondial 3 relatif à la protection des forêts et à l’utilisation des produits forestiers durables.  Enfin, le Brésil a demandé un lien plus clair entre les objectifs forestiers mondiaux et le Cadre mondial de biodiversité de Kunming-Montréal, tandis que la Fédération de Russie a rappelé que la gestion des ressources forestières doit se faire selon des modalités arrêtées au niveau national.  
Le Forum poursuivra ses travaux demain, mercredi 10 mai, à 10 heures. 

APPLICATION DE LA STRATÉGIE DE COMMUNICATION ET D’INFORMATION DU PLAN STRATÉGIQUE DES NATIONS UNIES SUR LES FORÊTS (2017-2030), Y COMPRIS LES ACTIVITÉS CONCERNANT LA JOURNÉE INTERNATIONALE DES FORÊTS DE 2023

Dans un premier temps, les délégations ont achevé les discussions, entamées hier, sur les activités de sensibilisation dont l’importance a été soulignée par la Malaisie qui a fait savoir que la Journée internationale des forêts a été célébrée par le Parlement malaisien.  La délégation a détaillé le plan de protection des forêts de pins adopté par son pays qui, a-t-elle ajouté, s’est également engagé à développer une communication efficace au service des forêts.  La République de Corée a souhaité une plus grande implication des experts dans ces activités, afin de donner au grand public des informations fiables.  Nous avons célébré cette journée avec les plus hautes autorités gouvernementales et les peuples autochtones, a estimé le Costa Rica, pays couvert à 65% de forêts. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a indiqué de son côté avoir organisé des manifestations dans le cadre cette journée qui ont attiré près de 700 personnes et réalisé une vidéo qui a été traduite dans 46 langues.

En réponse à une question du Canada, la Directrice du secrétariat du Forum a convenu que le site Web du Forum est obsolète et doit être rénové.  Pour ce faire, nous avons besoin d’un responsable Web, a dit Mme JULIETTE BIAO, en pointant, une nouvelle fois, le manque de personnel.  « Les lacunes doivent être comblées. »  Elle a aussi salué les paroles prononcées par l’Union européenne sur sa vision, avant de rappeler que seuls deux pays de l’Union ont financé le Forum, la Finlande et l’Allemagne. 

Examen des points: Priorités pour la période biennale en appui à la mise en œuvre du plan stratégique; liens entre les objectifs forestiers mondiaux et les ODD 

Le Forum a entendu deux consultants qui travaillent sur des documents d’information.  Le premier, M. LEONCE KOMGUEM, professeur au Durham College, au Canada, a détaillé les actions pour réaliser les objectifs forestiers mondiaux, lesquels sont vitaux pour réaliser les ODD.  Le manque de financement est le principal obstacle, a-t-il cependant signalé.  Il a aussi souligné, comme autre source de difficulté, le faible encadrement des marchés forestiers dans certains pays.  Enfin, il a indiqué que les forêts ont souffert de la période de pandémie, avec des activités de déforestation et de contrebande accrues, mais aussi de la survenue de nouveaux conflits, tel celui en Ukraine. 

De son côté M. MAHENDRA JOSHI, ancien membre du personnel du secrétariat du FNUF et ancien agent forestier du Népal, a fait le bilan des progrès, « réels mais inégaux », en ce qui concerne l’objectif forestier mondial 3 relatif à la protection des forêts et à l’utilisation des produits forestiers durables.  Il a indiqué que près de 18% des forêts du monde sont protégées, même si 62% de ces forêts se trouvent dans 10 pays seulement, la plupart des forêts bénéficiant d’un plan de gestion durable se trouvant en Europe et en Amérique du Nord. Il a mentionné les principales difficultés, en particulier le manque de ressources financières et de volonté politique. 

Il a également indiqué que la protection des forêts par l’utilisation d’aires protégées fixes est compliquée par le fait que certaines espèces végétales et animales, dont dépendent les écosystèmes forestiers, deviennent de plus en plus migratrices en raison des effets des changements climatiques, citant notamment le cas de la Floride.  Enfin, il a plaidé pour une évaluation plus réaliste des progrès accomplis au titre de l’objectif 3 et le lancement de campagnes de promotion des produits sylvicoles bénéficiant d’une gestion durable. 

Dans le cadre de la discussion interactive qui a suivi ces deux interventions, la République démocratique du Congo a rappelé qu’il est demandé à des pays comme le sien de préserver les forêts dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques, dont ils ne sont en rien responsables.  Qui plus est, ces pays, gardiens des forêts, ne reçoivent aucune compensation.  L’Union européenne a rappelé que les six objectifs forestiers mondiaux sont étroitement liés entre eux, avant de déplorer que la priorité semble être accordée à l’objectif 2 visant à améliorer les avantages et les moyens d’existence qui proviennent de la forêt et à l’objectif 3 qui cible la protection des forêts et l’utilisation des produits forestiers durables, au détriment de l’objectif 1 consistant à mettre fin à la réduction du couvert forestier.  Les États-Unis ont souligné l’importance des partenariats, notamment avec la FAO.  Le Brésil a demandé un lien plus clair entre les objectifs forestiers mondiaux et le Cadre mondial de biodiversité de Kunming-Montréal et rappelé que la bioéconomie peut contribuer à réaliser l’objectif 2.  Le Costa Rica a dit avoir engagé 21 millions de dollars en faveur de la protection des forêts, avant de demander davantage de transferts de technologies dans le secteur forestier au niveau mondial. 

De son côté, la Malaisie s’est engagée à réaliser l’objectif 3, notamment en certifiant 5,4 millions d’hectares de forêts.  Même son de cloche du côté du Mexique, qui veut augmenter les zones forestières protégées.  Le délégué a également demandé une simplification des procédures financières et souhaité que les mesures « non-marchandes » d’atténuation des effets des changements climatiques soient prioritaires.  La gestion des ressources forestières doit se faire selon des modalités arrêtées au niveau national, a estimé pour sa part la Fédération de Russie, suivie du Mali qui a déploré que certains partenaires bilatéraux ne souhaitent pas s’engager sur le plan financier.  Cette délégation a elle aussi dénoncé la complexité des demandes de financement.  Concernant l’objectif 3, la Nouvelle-Zélande a estimé que le Cadre de Kunming-Montréal pourrait être modifié pour inclure davantage de types de forêts.  Enfin, une représentante des jeunes et des enfants a déploré que la dimension spirituelle des forêts soit négligée, celles-ci étant souvent envisagées sous un angle financier. 

Examen du point sur le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming à Montréal 

Cet examen s’est ouvert sur une intervention de la Directrice de la Science, Society and Sustainable Futures Division de la Convention sur la diversité biologique, Mme JIHYUN LEE, qui a rappelé que ce cadre appelle à une augmentation considérable des ressources allouées, souligne le rôle capital des peuples autochtones et complète les six objectifs forestiers mondiaux.  Elle a souligné l’urgence de concilier respect de la biodiversité et satisfaction des besoins humains.  Les peuples et les habitats naturels doivent s’épanouir de concert, a-t-elle insisté, appelant à poursuivre l’objectif de 30% de zones protégées. 

La matinée s’est conclue par une brève table ronde sur les priorités thématiques de la période biennale et sur les liens entre ODD et objectifs forestiers mondiaux.  Cette table ronde a été conçue pour favoriser les échanges entre délégations, banques et partenaires de développement. 

M. ULRICH APPEL, du Fonds pour l’environnement mondial (FEM), a ainsi rappelé que le FEM est la principale institution internationale ayant pour vocation d’investir dans la gestion, la protection et la restauration de la planète.  « C’est votre partenaire de développement privilégié. »  M. MIKKO OLLIKAINE, du Fonds d’adaptation, a rappelé que ce fonds a pour but de financer des projets d’adaptation aux changements climatiques dans le cadre de l’Accord de Paris.  Ce fonds devrait être bientôt opérationnel, a-t-il dit, en rappelant qu’il est financé par des contributions volontaires.  De son côté, Mme VANESSA USHI, de la Banque africaine de développement, a noté le coût élevé des politiques d’adaptation en Afrique.  Nous encourageons le reboisement en Afrique grâce au financement de nombreux projets, a-t-elle dit.  M. QINGFENG ZHAN, de la Banque asiatique pour le développement, s’est également exprimé mais son intervention n’a pas pu être couverte en raison de l’interruption des services d’interprétation. 

Discussions techniques sur la mise en œuvre du plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030)

Renforcement de la coopération avec les partenaires en vue de la réalisation des priorités thématiques et contribution de ceux-ci 

Contribution du Partenariat de collaboration sur les forêts, de ses organisations membres et du système des Nations Unies à la réalisation des priorités thématiques; progrès accomplis dans l’exécution du programme de travail du Partenariat 

Contribution des organisations et mécanismes régionaux et sous-régionaux à la réalisation des priorités thématiques 

Les participants à la seconde discussion générale de la journée avaient sous les yeux la note portant sur le « renforcement de la coopération avec les partenaires en vue de la réalisation des priorités thématiques et contribution de ceux-ci », présentée par la Directrice du secrétariat du FNUF, Mme JULIETTE BIAO. 

Le Directeur de la Division des forêts de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et Président du Partenariat de collaboration sur les forêts, M. ZHIMIN WU, a ensuite présenté le rapport du Partenariat qui regroupe 16 organisations membres et dont le mandat est de fournir des conseils scientifiques et techniques au FNUF.  Au cours des dernières années, le Partenariat a permis de renforcer les capacités nationales, d’intensifier les synergies en matière de données et de mettre les forêts à l’avant-plan des débats mondiaux sur les changements climatiques, la biodiversité et l’agriculture, a-t-il indiqué. Il a également pour fonction de favoriser la mobilisation des ressources et de la volonté politique des États Membres. Pour apporter un soutien réel à la réalisation des objectifs du FNUF, le Partenariat doit selon lui élaborer un plan de travail plus ciblé et mieux définir ses priorités.  En 2024, la Journée internationale des forêts se tiendra sur le thème « Forêts et innovation », a par ailleurs annoncé le Président. 

Le Partenariat n’a pas encore réalisé son plein potentiel pour faire face à la fragmentation des questions liées à la forêt au niveau mondial, a regretté l’Union européenne.  Pour y arriver, il doit d’abord améliorer la transparence et les interactions entre les États Membres, les organisations régionales et les bailleurs de fonds.  Une demande reprise par le Japon, lequel a également souhaité la mise en place de critères d’adhésion précis, tout en évitant les doublons coûteux avec d’autres organisations internationales. 

La lutte contre les changements climatiques, la protection de la biodiversité et le renforcement des écosystèmes sont des questions transversales qui partagent des objectifs convergents, a diagnostiqué l’Inde, rejointe par la Türkiye qui a plaidé à son tour pour un resserrement des synergies.  Selon la Chine, le Partenariat devrait utiliser ses conclusions dans les rapports de synthèse et les évaluations afin de mener des activités intégrées, plus étroitement liées au plan stratégique sur les forêts ainsi qu’aux questions émergentes qui en découlent. 

Les initiatives du Partenariat doivent être élaborées en vertu d’un mandat recensant les priorités des pays bénéficiaires et centré sur le renforcement des capacités, particulièrement s’agissant des pays en développement, a fait valoir à son tour le Brésil.  Pour disposer d’une perspective régionale, l’Organisation du Traité de coopération amazonienne (OTCA) a prôné la création d’un mécanisme officiel permettant de mieux tirer parti des contributions des organisations régionales. 

Comme les États-Unis, l’Australie s’est félicitée de l’expertise du Partenariat en matière de financement de projets sur les forêts, estimant que ses organisations membres sont souvent mieux placées que les États Membres pour accéder au financement provenant du secteur privé et des milieux philanthropiques.  La conservation, la gestion durable et l’utilisation rationnelle du patrimoine forestier nécessitent la mise en place de partenariats entre les pays en développement et les pays développés, assortie de mesures incitatives et de modes de financement adéquats, a opiné le Gabon

L’an dernier, l’Équateur a mis en place un mécanisme de coopération doté d’un fonds permettant de soutenir les droits des peuples autochtones et de les intégrer dans les normes nationales sur les forêts.  À cet égard, la Jamaïque a considéré la participation à la présente session du FNUF exclusivement en présentiel comme un « pas en arrière » qui limite l’inclusion et la participation des pays les plus pauvres. 

Contribution des grands groupes et d’autres parties prenantes, y compris le secteur privé et les milieux philanthropiques, à la réalisation des priorités thématiques; progrès accomplis dans l’exécution des programmes de travail des grands groupes

La seconde partie de la discussion générale était consacrée à la contribution des grands groupes et d’autres parties prenantes, y compris le secteur privé et les milieux philanthropiques, à la réalisation des priorités thématiques.  La modératrice et Présidente et Directrice générale de Conservation de la nature Canada (CNC), Mme CATHERINE GRENIER, a déclaré d’emblée que les activités de l’organisation qu’elle dirige s’inscrivent dans le droit fil des objectifs de renforcer la résilience et d’inverser les pertes de biodiversité.  Pour y parvenir, nous devons miser sur le pouvoir d’innovation de l’ensemble des parties prenantes.  Le plan stratégique des Nations Unies sur les forêts joue un rôle essentiel pour protéger 3% des forêts d’ici à 2030, une entreprise impossible à ses yeux sans la participation du secteur privé. 

En tant qu’entreprise alimentaire et agricole, l’empreinte la plus importante de Nestlé provient des ingrédients, et ses émissions de la déforestation et de la conversion des terres, a expliqué Mme MICHELE ZOLLINGER, chargée des achats et du programme de reboisement mondial de Nestlé, en précisant que l’entreprise a pour objectif de réduire de moitié ses émissions d’ici à 2030.  M. ALEXANDER GILLETT, Directeur général de HowGood, a relevé pour sa part que l’agrosylviculture joue un rôle essentiel pour lutter contre les changements climatiques. 

Pour renforcer l’agriculture régénérative, nous aurons besoins de près de 40 milliards de dollars par année d’ici à 2030, a relevé M. STÉPHANE HALLAIR, Président de Reforest’action, en appelant à encourager les entreprises à faire la transition vers ce type d’agriculture.  L’adoption de nouvelles législations, le renforcement des capacités des agriculteurs et l’essor du marché du carbone sont autant de conditions nécessaires permettant de mener à bien ces projets.  Pour que les recettes du marché du carbone, qui devrait atteindre 40 milliards en 2030, profitent aux populations locales et à l’agroforesterie, il a appelé à concevoir des projets avec les représentants des communautés locales, les investisseurs et les gouvernements. 

En réponse à une question du Sénégal, le Président de Reforest’action a par ailleurs indiqué que les prix du carbone trop bas ont des effets dévastateurs et ne permettent pas une juste distribution des bénéfices à l’ensemble des populations, ni de développer des projets de qualité plus chers. 

Sur les neuf grands groupes reconnus par le FNUF, seuls trois sont présents dans cette salle, a déploré pour sa part le grand groupe des agriculteurs et des petits propriétaires forestiers, en demandant davantage de financement pour les parties prenantes afin qu’elles aient les moyens de participer aux activités du FNUF, ainsi que la création d’un mécanisme de coordination à l’intention des grands groupes.  En réponse, la Directrice du secrétariat du FNUF a déclaré que, compte de tenu des moyens dont il dispose, le FNUF préfère renforcer la capacité des grands groupes à mobiliser des financements plutôt que d’assurer le financement de leur participation à ses réunions. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Cinquième Commission se saisit des propositions budgétaires pour trois opérations de paix et des coupes recommandées par son Comité consultatif

AG/AB/4420

La Cinquième Commission se saisit des propositions budgétaires pour trois opérations de paix et des coupes recommandées par son Comité consultatif

La Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, s’est saisie aujourd’hui des propositions budgétaires relatives aux opérations de paix au Soudan du Sud, en République démocratique du Congo (RDC) et à Abyei, pour l’exercice allant du 1er juillet 2023 au 30 juin 2024.  Pour toutes ces propositions, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) propose des coupes dans plusieurs rubriques et rejette plusieurs créations de poste. 

Au budget proposé de 1 161 509 500 dollars pour la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), représentant une augmentation nette de 1,4% par rapport au montant alloué pour 2022/23, le CCQAB préconise une réduction de 3 003 000 dollars.  S’agissant des crédits supplémentaires de 10 100 000 dollars demandés pour l’exercice 2022/23, le Comité consultatif recommande une réduction de 5 050 000 dollars. 

La coupe la plus sévère concerne la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) avec 5 459 200 dollars sur une enveloppe proposée de 1 078 212 400 dollars, représentant une augmentation de 4,7% par rapport à l’exercice précédent.  C’est enfin la somme de 1 737 800 dollars que le CCQAB recommande de soustraire du budget proposé de 293 589 900 dollars pour la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA). 

À la séance publique qu’elle va convoquer vendredi 12 mai à partir de 10 heures, la Cinquième Commission compte se pencher sur les enveloppes proposées pour les Missions en République centrafricaine et au Mali ainsi que pour le Compte d’appui des opérations de paix. Elle commencera par des discussions sur l’amélioration de la situation financière de l’ONU, après les informations données, le 4 mai dernier, par le Contrôleur des Nations Unies, M. Chandramouli Ramanathan.

FINANCEMENT DES OPERATIONS DE PAIX

Rapports du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur l’exécution des budgets de l’exercice allant du 1er juillet 2021 au 30 juin 2022 et les projets de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2023 au 30 juin 2024 

Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA) (A/77/767/Add.10) 

Au projet de budget de 293 589 900 dollars pour le futur exercice, le CCQAB propose une coupe de 1 737 800 dollars.  Le budget proposé fait apparaître une augmentation de 33 926 700 dollars (13,1%) par rapport aux crédits 2022/23.  Expliquant sa décision de réduire les crédits demandés, le CCQAB recommande de ne pas créer un poste de spécialiste de la déontologie et de la discipline (P-3) et appelle la Force à explorer plus de possibilités de tirer parti des ressources disponibles en interne, telles que le Bureau du commandant de la force et d’autres bureaux et entités des Nations Unies présents dans la zone d’Abyei, y compris le Bureau des services de contrôle interne. 

Compte tenu des ressources existantes et des arrangements en vigueur, il recommande aussi de ne pas créer un poste de spécialiste de la liaison avec la population locale (P-3), tout besoin ponctuel d’appui ou de compétences spécialisées pouvant être couvert par les missions ou les entités régionales, telles que le Haut-Commissariat aux droits de l’homme.  Le Comité consultatif rejette également l’idée de créer un poste d’assistant aux opérations aériennes, les responsabilités proposées pouvant continuer à être assumées grâce aux ressources existantes de la Force, avec le soutien de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) selon le principe du recouvrement des coûts, ainsi qu’avec l’appui du Centre de services régional d’Entebbe. 

Également rejetée la création du poste d’agent de sécurité, le Comité consultatif estimant nécessaire d’améliorer la collaboration et les accords de partage des coûts avec d’autres entités des Nations Unies présentes dans la zone d’Abyei, ainsi qu’avec le soutien du Département de la sûreté et de la sécurité. Le CCQAB s’oppose en outre à la création d’un poste d’assistant de gestion de l’information, compte tenu de la capacité actuelle des Services technologiques de la Force.  Il se dit d’avis qu’il convient d’explorer davantage les possibilités de synergies dans le cadre de ces ressources.  Le CCQAB poursuit et recommande de réduire les montants des ressources demandées au titre des consultants et des services contractuels, des voyages officiels, de la construction et des travaux d’entretien, et des communications et de l’informatique. 

En plus de la réduction de 1 737 800 dollars du budget proposé pour le prochain exercice, le Comité consultatif recommande à l’Assemblée générale d’ouvrir, pour inscription au Compte spécial de la FISNUA, des crédits supplémentaires de 66 364 700 dollars pour l’exercice allant du 1er juillet 2021 au 30 juin 2022, correspondant au montant des engagements autorisés qui a été utilisé mais n’a pas été mis en recouvrement.  Il faut donc mettre en recouvrement un montant de 62 269 100 dollars, qui représente la différence entre les crédits supplémentaires à ouvrir et les produits divers de 4 095 600 dollars pour l’exercice clos le 30 juin 2022. 

Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (A/77/767/Add.8) 

C’est une somme de 5 459 200 dollars que le CCQAB recommande de réduire du budget proposé de 1 078 212 400 dollars, qui représente une augmentation de 47 942 500 dollars (4,7%) par rapport au montant approuvé pour l’exercice 2022/23).  Le CCQAB recommande de ne pas créer l’emploi de spécialiste des droits des victimes (Volontaire des Nations Unies recruté sur le plan international), comptant que la Mission cherchera à resserrer la collaboration pour tirer parti des ressources internes disponibles, notamment de celles des bureaux du commandant de la force et du chef de la police civile, de la Section déontologie et discipline, de la Section de la protection de l’enfance, de la Section des questions liées à la problématique hommes-femmes, de la Section des affaires civiles, de la Division des investigations du Bureau des services de contrôle interne, de l’équipe de pays des Nations Unies et du bureau des droits des victimes. 

Le Comité consultatif recommande aussi une réduction des ressources demandées au titre des consultants et des services de consultants, des installations et de l’infrastructure, des communications et de l’informatique, des opérations aériennes, et des fournitures, services et matériel divers.  Il recommande en outre que le montant de 23 872 500 dollars représentant le solde inutilisé de l’exercice allant du 1er juillet 2021 au 30 juin 2022 ainsi que le montant de 20 913 600 dollars correspondant aux autres produits et ajustements, déduction faite des pertes liées aux placements (583 200 dollars), soient portés au crédit des États Membres. 

Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) (A/77/767/Add.11)

Au budget proposé de 1 161 509 500 dollars, représentant une augmentation nette de 6 901 900 dollars (1,4%) par rapport au montant alloué pour 2022/23, le CCQAB préconise une réduction de 3 003 000 dollars. Il recommande de ne pas créer trois postes d’assistant multilingue sur le terrain (agent des services généraux recruté sur le plan national), estimant qu’il faut d’abord présenter une évaluation de l’affectation d’assistants chargés de la liaison avec la population locale et d’assistants multilingues sur le terrain directement à la force, y compris une analyse des attributions des deux fonctions et du volume de travail correspondant. 

Le Comité consultatif rejette aussi l’idée de créer deux emplois de spécialiste des affaires électorales (P-4) et un emploi d’assistant d’équipe (agent des services généraux recruté sur le plan national), les jugeant insuffisamment justifiés à ce stade.  Est également rejetée l’idée de créer un poste de spécialiste des droits des victimes (Volontaire des Nations Unies recruté sur le plan international).  Le CCQAB dit que la Mission doit resserrer la collaboration afin d’exploiter au mieux les ressources dont disposent ses diverses entités, notamment l’Équipe déontologie et discipline, le groupe des enquêteurs résidents du Bureau des services de contrôle interne, la Conseillère pour les questions de genre et le Groupe des questions de genre, le Conseiller pour la protection de l’enfance et le Groupe de la protection de l’enfance, la Division des affaires civiles, le Bureau du commandant de la force, le Bureau du chef de la police et le spécialiste hors classe des droits des victimes, et celles dont dispose l’équipe de pays des Nations Unies. 

Le Comité recommande en outre une réduction des montants demandés au titre des consultants et des services de consultants, des voyages officiels, des installations et des infrastructures, des transports terrestres.  Il conclut en préconisant que le montant de 588 300 dollars représentant le solde inutilisé de l’exercice allant du 1er juillet 2021 au 30 juin 2022 ainsi que le montant de 30 470 700 dollars correspondant aux autres produits de l’exercice clos le 30 juin 2021 soient portés au crédit des États Membres.  Il recommande enfin que soit réduit de 5 050 000 dollars le montant des ressources demandées, soit 10 100 000 dollars, en plus des crédits de 1 116 609 000 dollars déjà ouverts au titre du financement du fonctionnement de la MINUSS pour l’exercice de 12 mois allant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023.  L’Assemblée ne devrait donc ouvrir des crédits supplémentaires que de 5 050 000 dollars.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: inquiétudes quant aux effets du conflit en cours au Soudan sur le règlement du statut définitif d’Abyei et le mandat de la FISNUA

9318e séance – matin
CS/15278

Conseil de sécurité: inquiétudes quant aux effets du conflit en cours au Soudan sur le règlement du statut définitif d’Abyei et le mandat de la FISNUA

Venue informer le Conseil de sécurité, ce matin, sur les développements intervenus depuis la publication du dernier rapport en date du Secrétaire général sur le mandat de la Force de sécurité intérimaire des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), la Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique a dit redouter que la flambée de violence actuelle au Soudan ne vienne réduire les chances de progrès politique concernant le statut définitif d’Abyei et les questions frontalières.  Elle a été confortée dans cette crainte par l’Envoyée spéciale pour la Corne de l’Afrique, selon laquelle cette situation menace aussi la relation bilatérale entre le Soudan et le Soudan du Sud.   

Le déclenchement des combats au Soudan, le 15 avril, a pourtant fait suite à une période marquée par des signes encourageants d’engagement entre les deux pays sur la question d’Abyei, a relevé Mme Martha Ama Akyaa Pobee, en ouverture de son exposé.  La Sous-Secrétaire générale a ainsi rappelé qu’un sommet organisé en janvier à Djouba entre le Président du Soudan du Sud et le Président du Conseil souverain du Soudan a été suivi d’une réunion en avril entre les présidents des comités nationaux des deux pays à Khartoum, au cours de laquelle les parties ont convenu de poursuivre les discussions sur les questions liées à Abyei, y compris le statut définitif. 

Or ces combats risquent fort, selon elle, d’avoir un impact sur Abyei, compte tenu de l’afflux de personnes déplacées, de l’entrée de groupes armés dans la région ou encore des agissements de fauteurs de troubles intercommunautaires.  Si rien de tout cela ne s’est encore matérialisé, la FISNUA reste attentive, notamment en ce qui concerne les affrontements entre les Ngok Dinka et les Twic Dinka, qui se poursuivent par intermittence malgré l’accord de cessation des hostilités d’avril 2022, a-t-elle indiqué, avant de saluer les efforts du Gouvernement du Soudan du Sud pour réduire ces tensions.  Pour Mme Pobee, le conflit au Soudan risque également de compliquer la situation humanitaire à Abyei, alors que l’ONU et les ONG fournissent déjà dans cette région une assistance à quelque 212 000 personnes vulnérables. 

Le conflit soudanais influe en outre sur la relation bilatérale avec le Soudan du Sud, a averti Mme Hanna Tetteh, Envoyée spéciale pour la Corne de l’Afrique, faisant état du retour dans leur pays des premiers réfugiés sud-soudanais qui se trouvaient au Soudan. Une situation qui, à ses yeux, pourrait s’avérer problématique dans un pays où deux tiers de la population ont besoin d’une aide humanitaire.  De plus, faute d’une réelle protection des frontières par les autorités soudanaises, des groupes armés circulent de part et d’autre, a-t-elle dénoncé, non sans applaudir les efforts de médiation menés par le Soudan du Sud entre les belligérants soudanais dans le cadre d’une initiative régionale datant du 16 avril. 

C’est dans ce contexte que la FISNUA achève sa reconfiguration en une force multinationale de maintien de la paix, a noté Mme Pobee, tout en reconnaissant que les combats au Soudan perturbent les déploiements et affectent les capacités de la Force.  La Sous-Secrétaire générale a d’autre part déploré qu’aucun progrès n’ait été réalisé concernant la remis en route du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière dans le secteur 1, qui comprend Gok Machar, au Soudan du Sud, et deux bases d’opérations, suite à son retrait forcé en 2021.  Elle a exhorté le Gouvernement du Soudan du Sud à œuvrer pour le rétablissement de ces sites dès que possible. 

Assurant que, dans le même temps, la police des Nations Unies continue de soutenir les comités de protection communautaires, Mme Pobee s’est alarmée du déploiement de militaires et de policiers sud-soudanais à Agok, dans le sud d’Abyei, et de la Police nationale soudanaise à Farouk, dans le nord du territoire contesté.  Elle a indiqué que la Force a demandé aux deux gouvernements de retirer leur personnel de sécurité, une requête qu’ont appuyée les États-Unis, le Royaume-Uni et le Gabon.  S’exprimant au nom des trois membres africains du Conseil, ce dernier a dénoncé une violation du statut démilitarisé d’Abyei, avant d’appeler à une relance du Comité mixte de contrôle d’Abyei, au point mort depuis 2017, et à la mise en œuvre effective de l’Accord du 20 juin 2011 sur les arrangements temporaires en matière de sécurité et d’administration. 

Alors que la plupart des délégations se déclaraient inquiètes des retombées sur Abyei du conflit au Soudan, le représentant de ce pays s’est voulu rassurant, résumant la situation à une attaque rebelle contre les forces gouvernementales.  Plus dissert sur le développement des relations bilatérales avec le Soudan du Sud, il a rappelé que, lors de leur rencontre en janvier, les dirigeants des deux pays ont convenu du déploiement de forces conjointes aux frontières afin d’accroître la sécurité et d’empêcher l’infiltration d’armes. L’un des résultats de ce sommet a été l’appel à des mécanismes de travail spéciaux concernant Abyei, en vue d’en déterminer le statut définitif, a-t-il dit, en rappelant que le mandat de la FISNUA est temporaire, « y compris son implication dans les activités sécuritaires ».      

De son côté, le représentant du Soudan du Sud a assuré qu’en dépit de « l’incompréhension persistante entre les parties belligérantes » au Soudan, les relations bilatérales restent « cordiales ».  Il a appelé la communauté internationale à répondre aux exigences de la situation humanitaire au Soudan et dans les pays voisins qui ont accueilli des réfugiés en quelques jours, « sans y être préparés », avant de souligner l’engagement du Président sud-soudanais Salva Kiir Mayardit, au niveau bilatéral comme régional, pour aider à trouver une solution à la crise soudanaise. 

Il n’en reste pas moins que cette crise risque d’entraver le mandat de la FISNUA, alors que celle-ci finalise sa reconfiguration, a maintenu l’Albanie, rejointe par la France, selon laquelle la Force doit conserver les capacités requises pour protéger les civils et apaiser les tensions entre communautés.  Le Brésil et le Japon se sont quant à eux déclarés préoccupés des problèmes opérationnels qui ne sont toujours pas réglés, notamment la liberté de mouvement du personnel de la Force, le déploiement des trois unités de police constituées et la remise en fonction du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière.  Pour sa part, la Chine a plaidé pour davantage d’aide au développement pour Abyei, considérant que la FISNUA et les équipes de pays de l’ONU peuvent y contribuer.

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD (S/2023/305)

Déclarations

Mme MARTHA AMA AKYAA POBEE, Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique aux Départements des affaires politiques et de consolidation de la paix, et des opérations de paix, a informé le Conseil de sécurité des derniers développements depuis la publication du rapport du Secrétaire général sur la Force de sécurité intérimaire des Nations Unies pour Abyei (FISNUA).  Elle a ainsi indiqué que le déclenchement des combats au Soudan, le 15 avril, a été précédé d’une période marquée par des signes encourageants d’engagement entre le Soudan et le Soudan du Sud sur la question d’Abyei, notamment une réunion entre le Président du Soudan du Sud et le Président du Conseil souverain du Soudan à Djouba en janvier, suivie d’une réunion en avril entre les présidents des comités nationaux des deux pays à Khartoum, au cours de laquelle les parties ont convenu de poursuivre les discussions sur les questions liées à Abyei, y compris le statut définitif.  La Sous-Secrétaire générale a toutefois estimé qu’en dépit de cet élan positif, la flambée de violence au Soudan pourrait avoir un impact considérable sur les chances de progrès politique concernant Abyei et les questions frontalières.  Elle a ajouté que les Nations Unies continueront de soutenir les deux pays lorsque le dialogue sur Abyei reprendra. 

À Abyei, a poursuivi la haute fonctionnaire, la FISNUA surveille l’impact potentiel des combats au Soudan, notamment l’afflux des personnes déplacées, l’entrée de groupes armés dans la région ou les agissements des fauteurs de troubles dans les relations intercommunautaires locales.  Bien qu’aucun de ces risques ne se soit matérialisé de manière majeure jusqu’à présent, la Force reste attentive à leur possibilité, a précisé Mme Pobee, indiquant que la FISNUA a déjà pris des mesures pour protéger la sécurité de son personnel au Soudan, avec l’évacuation de 33 personnes de Khartoum le 23 avril.  Par ailleurs, 58 membres du personnel civil de l’ONU ont été évacués début mai de Kadugli à la suite d’une décision du fonctionnaire désigné pour le Soudan.  En effet, malgré l’accord de cessation des hostilités trouvé entre les Ngok Dinka et les Twic Dinka en avril 2022, des affrontements intermittents ont continué de se produire dans le sud d’Abyei, a expliqué la Sous-Secrétaire générale. 

Dans ce contexte, la FISNUA a continué de soutenir les efforts menés par le Gouvernement du Soudan du Sud pour réduire les tensions entre les communautés Ngok Dinka et Twic Dinka, en étroite coordination avec la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), a-t-elle relevé, se disant préoccupée par la prolifération des armes, en particulier dans le sud d’Abyei.  Faisant état de l’émergence d’un groupe d’autodéfense des jeunes Ngok Dinka connu sous le nom de « Tit Baai », elle a indiqué que la FISNUA continue de confisquer des armes et des munitions, conformément au statut faisant de la région une zone exempte d’armes.  Mme Pobee a d’autre part indiqué que, malgré le manque de confiance persistant entre les communautés Misseriya et Ngok Dinka, la violence globale entre elles a diminué.  La FISNUA et ses partenaires ont pu convoquer en mars une conférence de paix saisonnière à Todach, dans la région d’Abyei, qui a permis de déboucher sur un accord de cessation des hostilités et de liberté de mouvement entre ces deux communautés, a-t-elle ajouté. 

Sur le plan humanitaire, l’ONU et les organisations non gouvernementales fournissent une assistance à quelque 212 000 personnes vulnérables à Abyei, dont environ 30 000 personnes déplacées, a précisé la Sous-Secrétaire générale.  Au cours de la période considérée, a-t-elle déploré, la violence intercommunautaire a entraîné le retrait de certaines organisations de la région d’Agok tandis que deux travailleurs humanitaires ont été tués lors d’une attaque à Rumamier, le 2 janvier.  Selon elle, la flambée de violence au Soudan risque de compliquer davantage la situation humanitaire à Abyei, compte tenu des mouvements de population provoqués par le conflit. 

Mme Pobee a ensuite indiqué que la reconfiguration de la FISNUA en une force multinationale de maintien de la paix des Nations Unies en est à sa phase finale, avec 3 078 militaires déployés sur les 3 250 autorisés.  Elle a cependant reconnu que les combats au Soudan perturbent les déploiements et que l’arrivée de personnel et de matériel supplémentaires devra être reportée, ce qui affectera la capacité de la Force.  Des mesures de planification alternatives sont prises pour compenser le retard tout en protégeant la sécurité du personnel et de l’équipement, a-t-elle expliqué, ajoutant que la situation au Soudan a également eu un impact sur la logistique de la FISNUA.  Les restrictions de mouvements aériens et terrestres ont créé des défis supplémentaires pour le réapprovisionnement de la Force et pour la mise en œuvre de son mandat, a regretté la haute fonctionnaire.  Par ailleurs, elle a relevé qu’aucun progrès n’a été réalisé concernant la remise en route du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière dans le secteur 1, qui comprend Gok Machar, au Soudan du Sud, et deux bases d’opérations, suite à son retrait forcé en 2021.  Elle a exhorté le Gouvernement du Soudan du Sud à œuvrer pour le rétablissement de ces sites dès que possible. 

Observant qu’aucun progrès n’a non plus été enregistré dans le déploiement des trois unités de police constituées et des agents de police supplémentaires mandatés par le Conseil de sécurité, en raison de la non-délivrance de visas, la Sous-Secrétaire générale a jugé essentiel de soutenir la population d’Abyei dans le domaine de l’état de droit, appelant les membres du Conseil à leur apporter ce soutien.  Précisant que la Police des Nations Unies a continué de soutenir et de surveiller les comités de protection communautaires et les comités mixtes de protection, Mme Pobee s’est alarmée du déploiement de militaires et de policiers sud-soudanais à Agok et de la Police nationale soudanaise à Farouk, respectivement dans le sud et le nord d’Abyei.  Elle a indiqué que la Force a envoyé des notes verbales aux deux gouvernements leur demandant de retirer le personnel de sécurité, conformément au statut démilitarisé d’Abyei.  Enfin, elle a annoncé qu’au cours de la période à l’examen, les équipes de pays de l’ONU au Soudan et au Soudan du Sud ont finalisé avec la FISNUA les arrangements administratifs pour le Programme commun d’Abyei et commencé la mise en œuvre de projets visant à créer un environnement propice à la paix.  Les premiers projets comprennent la création d’un centre de nutrition au marché d’Amiet pour les femmes et les enfants et la fourniture de formations professionnelles aux jeunes.

Mme HANNA SERWAA TETTEH, Envoyée spéciale du Secrétaire général pour la Corne de l’Afrique, a déclaré que le conflit sans précédent qui a éclaté au Soudan le 15 avril entre les Forces armées soudanaises et les Forces d’appui rapide, en plus d’avoir un impact catastrophique sur la population soudanaise, influe gravement sur la relation bilatérale avec le Soudan du Sud.  Ainsi a-t-on déjà assisté au retour des premiers réfugiés sud-soudanais qui se trouvaient au Soudan, une situation qui pourrait s’avérer être particulièrement problématique dans un pays où déjà deux tiers de la population ont besoin d’une aide humanitaire.  Et dans la mesure où les autorités soudanaises ne sont plus capables d’assurer la protection de leurs frontières, les organisations criminelles et groupes armés circulent de part et d’autre, s’est alarmée la haute fonctionnaire.  En outre, elle a relevé que les combats au Soudan ont une incidence sur les activités commerciales quotidiennes, l’approvisionnement en aide alimentaire et les exportations de pétrole, lesquelles dépendent des infrastructures soudanaises.  Dans ce contexte, le Gouvernement sud-soudanais s’est efforcé d’organiser des concertations avec les parties soudanaises et de prendre la tête des efforts de médiation entre les dirigeants des Forces armées soudanaises et des Forces d’appui rapide dans le cadre d’une proposition régionale datant du 16 avril, a rappelé l’Envoyée spéciale. 

Il est clair que le conflit au Soudan met à mal les progrès réalisés par les deux pays pour régler les questions bilatérales en souffrance, a observé la représentante, qui a indiqué qu’en janvier et février, une réunion du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité a été organisée.  Mais aucun des mécanismes prévus dans l’accord de coopération de 2012 n’a été relancé à ce jour, a déploré Mme Tetteh.  Elle a ensuite fait part de la situation dans les États soudanais du Kordofan méridional et du Nil-Bleu, frontaliers, qui ont été touchés par le conflit intra-soudanais provoquant des déplacements de populations civiles.

M. ROBERT A.  WOOD (États-Unis) a fait remarquer que les hostilités au Soudan empêchent la FISNUA de mener à bien son mandat, y compris celui de protection des civils.  Il a appelé à protéger particulièrement les enfants qui sont affectés de manière disproportionnée par le conflit.  S’adressant aux parties, il les a appelées à dialoguer pour parvenir à la fin des hostilités, se disant inquiet des attaques ciblant les humanitaires et qui empêchent l’aide de parvenir aux nécessiteux.  Le représentant a aussi demandé aux parties de protéger le personnel onusien ainsi que les humanitaires.  Il s’est dit inquiet de la présence des forces de police du Soudan et du Soudan du sud à Abyei.  Il a salué le fait que la FISNUA continue de favoriser le dialogue entre les Ngok Dinka et les Twic Dinka.  Enfin, il a exhorté la FISNUA à intégrer la composante genre dans ses programmes.

M. DAI BING (Chine) s’est félicité de l’engagement constructif du Soudan et du Soudan du Sud dans la recherche d’une solution politique à la question d’Abyei, tout en constatant que l’instabilité actuelle au Soudan a des conséquences néfastes sur ce processus et complique tout espoir de règlement.  Appelant les parties soudanaises à faire taire les armes et à convenir d’un cessez-le-feu, il a formé le vœu que la question d’Abyei ne sera pas victime du conflit au Soudan et que les parties continueront à travailler au statut final de cette région.  Le représentant a d’autre part déploré la poursuite des tensions intercommunautaires à Abyei, appelant les différents groupes à cesser les hostilités et reprendre le dialogue.  Il a également salué les efforts déployés par le Président Kiir pour réunir les dirigeants communautaires et a encouragé la FISNUA à promouvoir la réconciliation et la sécurité dans la région. 

Pour le délégué, la communauté internationale devrait répondre aux besoins humanitaires de la population d’Abyei en renforçant l’aide matérielle et médicale mais aussi en fournissant une assistance au développement.  La mise en œuvre de programmes communs par la FISNUA et les équipes de pays de l’ONU peut selon lui y contribuer, de même que le lancement de projets à effets rapides.  Dans ce contexte, le représentant a salué le travail effectué par la FISNUA pour préserver la paix et la stabilité de la région et s’est félicité de la reconfiguration de cette force.  Cette question nécessite toutefois une coopération étroite entre le Soudan, le Soudan du Sud et les autres parties, a-t-il ajouté, invitant également la Force intérimaire à développer la confiance de la population locale dans les opérations de paix.  En tant que pays contributeur de troupes à la FISNUA, la Chine continuera à soutenir le travail de la Force avec des mesures concrètes visant à rétablir la stabilité de la région, a-t-il conclu. 

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a appelé le Soudan et le Soudan du Sud à continuer d’œuvrer pour une paix significative et durable à Abyei.  Se disant encouragée par les derniers engagements de haut niveau, y compris le sommet tenu à Djouba en janvier dernier, et par les dialogues intercommunautaires, elle a exhorté toutes les parties à faire taire les armes et à respecter le statut démilitarisé de la région.  La représentante a salué à cet égard le travail effectué par la FISNUA et le Service de la lutte antimines de l’ONU face à la dangereuse prolifération des armes à feu et des munitions dans la région.  Elle a également applaudi les campagnes de sensibilisation menées par la FISNUA pour lutter contre la violence sexuelle et sexiste et contre l’utilisation d’enfants dans le conflit.  Sur le plan humanitaire, la déléguée a regretté que l’insécurité continue d’affecter les opérations sur le terrain alors que plus de 200 000 personnes ont besoin d’aide à Abyei.  Dans ce contexte, elle a jugé impératif que le mandat de la FISNUA soit mis en œuvre sans aucune entrave.  Les parties doivent respecter la liberté de mouvement du personnel de la FISNUA et les visas doivent être délivrés en temps opportun, a-t-elle plaidé, avant d’exprimer son appui à la reconfiguration en cours de la Force intérimaire en une force multinationale.  Enfin, alors que la situation au Soudan entre dans un chapitre de pourparlers directs, elle a appelé les parties à utiliser cet élan pour faciliter le dialogue et la réconciliation à Abyei. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a relevé que malgré le rôle positif joué par la FISNUA, la population continue de souffrir en raison de l’absence de services de base.  Il a exhorté toutes les parties à respecter pleinement le droit humanitaire et à protéger et permettre au personnel humanitaire de mener leurs opérations à Abyei sans entrave.  Il a salué les efforts récents du Soudan du Sud pour mettre fin à la violence entre les Ngok Dinka et les Twic Dinka.  Il s’est néanmoins dit préoccupé par le positionnement des Forces de défense sud-soudanaises du peuple et celles de la police du même pays dans le sud d’Abyei, en violation de l’Accord du 20 juin 2011.  La présence de ces forces exacerbe les tensions et entrave la paix, a-t-il fait observer en appelant à leur retrait immédiat.  Le délégué a aussi fait valoir que le conflit au Soudan présente un important obstacle à un accord sur un règlement pacifique du statut final d’Abyei, lequel reste essentiel pour permettre une paix à long terme et un développement sur le territoire.  Il a enfin exhorté les parties à ne pas perdre de vue cette question vitale et les a invitées à reprendre les pourparlers sur le statut final d’Abyei dès que possible. 

Mme AMEIRAH OBAID MOHAMED OBAID ALHEFEITI (Émirats arabes unis) a constaté que la séance d’aujourd’hui se tient à un moment crucial où, malgré la prolongation du cessez-le-feu déclaré, les affrontements au Soudan se poursuivent, risquant de mettre en péril la fragile stabilité que la FISNUA a soutenue dans la région d’Abyei.  Aussi sa délégation apprécie-t-elle les efforts vigoureux de l’Arabie saoudite et des États-Unis pour faciliter les pourparlers en cours entre les parties à Djedda.  Les Émirats arabes unis, a indiqué leur représentante, continuent également de soutenir les initiatives menées par l’UA, l’IGAD et la Ligue des États arabes, compte tenu du rôle central qu’ils jouent pour aider le Soudan à surmonter cette crise. Elle a souligné la nécessité de maintenir la coopération entre le Soudan et le Soudan du Sud sur la région d’Abyei, en particulier sur la question de son statut final et sur celle de la reprise des réunions du Comité mixte de contrôle d’Abyei.  « Une fois encore, nous pensons que les organisations régionales ont un rôle important à jouer pour soutenir et consolider ces relations afin d’obtenir les résultats souhaités, en particulier en reconnaissant l’impact potentiel de la situation actuelle au Soudan », a déclaré la déléguée.  Elle a salué l’engagement continu de la FISNUA auprès de toutes les parties prenantes, y compris les chefs traditionnels, les jeunes et les femmes, afin de promouvoir le dialogue entre les communautés, en particulier avant la période de transhumance. 

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a rappelé que son pays contribue à la FISNUA et a félicité la Force pour ses activités vitales à la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud, notamment pour ses efforts inlassables en faveur des populations civiles et de l’aide humanitaire.  Il s’est cependant alarmé des effets du conflit en cours au Soudan, relevant en particulier que les civils déplacés ayant fui vers Abyei sont aujourd’hui confrontés à une forte augmentation des prix des denrées alimentaires et à une situation sécuritaire fragile.  Saluant le rôle actif de l’ONU, de l’UA, de l’IGAD, de la Ligue des États arabes, des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Arabie saoudite et de tous les partenaires du Soudan qui soutiennent la mise en œuvre de mesures permettant d’aboutir à une solution négociée au conflit dans ce pays, il a souhaité que ces combats ne fassent pas oublier la situation d’Abyei.  Il a estimé à cet égard que le sommet de Djouba, en janvier dernier, est tombé à point nommé pour revitaliser les efforts concernant cette région.  Il a également souligné le rôle stabilisateur des pays voisins et a jugé que les accords régionaux peuvent faciliter la convergence entre le Soudan et le Soudan du Sud, les deux pays devant quant à eux s’impliquer davantage sur les questions de paix mutuelles pour parvenir à un accord sur les frontières communes. 

Le représentant s’est ensuite réjoui que la FISNUA ait réussi le processus de reconfiguration de ses troupes.  Le passage d’une force avec un seul pays fournisseur à une force multinationale s’est fait sans accroc, a-t-il noté avec satisfaction, estimant que le mandat d’un an établi par la résolution 2660 (2022) a constitué une amélioration car il confère des capacités accrues à la Force et lui donne plus de marges de manœuvre pour créer des liens avec les communautés locales et les différentes parties prenantes.  Le délégué a toutefois déclaré craindre que la FISNUA soit confrontée à de nouvelles difficultés à l’avenir, redoutant que les combats et les déplacements de population au Soudan aient des effets imprévisibles pour Abyei.  Il s’est aussi inquiété des obstacles à son bon fonctionnement, notamment pour l’octroi de visas, qui empêche la Force de s’acquitter de ses missions de consolidation de la paix, de police et de justice.  En conclusion, le délégué a encouragé le Soudan et le Soudan du Sud à profiter du soutien apporté par l’ONU et a appelé les parties à résoudre les questions en suspens qui ont un effet sur les activités de la Force.

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a appelé à nouveau les parties soudanaises à décréter un cessez-le-feu immédiat et permanent, à reprendre un dialogue pacifique et à protéger les civils, y compris le personnel humanitaire et médical.  Il s’est dit vivement préoccupé par l’impact négatif des combats au Soudan sur la situation à Abyei, invitant le Conseil de sécurité à parler d’une seule voix sur cette question.  Dans ce contexte, il importe à ses yeux de redoubler d’efforts pour renforcer la coopération entre les parties concernées afin de résoudre les questions en suspens liées au statut final d’Abyei.  Le représentant a ainsi encouragé le Soudan et le Soudan du Sud à renouveler leur participation au Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité et au Comité mixte de contrôle d’Abyei en vue de parvenir à un règlement pacifique et mutuellement acceptable. 

Évoquant la situation sécuritaire à Abyei, le délégué a constaté une exacerbation de l’insécurité liée à la montée des tensions entre les Ngok Dinka et les Twic Dinka.  Il a également fait état d’une détérioration de la situation humanitaire due notamment aux inondations et au manque d’infrastructures.  Tout en exhortant les parties concernées à promouvoir le dialogue intercommunautaire pour relever ces défis, il a souhaité que le Soudan et le Soudan du Sud progressent vers la mise en place du Service de police d’Abyei afin d’assurer une sécurité durable.  Enfin, après avoir demandé à toutes les parties de coopérer avec le personnel humanitaire et de garantir l’accès de l’aide aux populations locales, le représentant a appelé le Soudan et le Soudan du Sud à régler les problèmes opérationnels en suspens de la FISNUA, tels que la liberté de mouvement, le déploiement des trois unités de police constituées, l’accès à la piste d’atterrissage d’Athony et le rétablissement de l’opérationnalisation du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière dans le secteur 1, y compris à Gok Machar. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon), s’est exprimé au nom des A3, les trois pays africains membres du Conseil de sécurité (Gabon, Ghana et Mozambique).  Il a pris note de l’accord entre le Soudan et le Soudan du Sud visant à renforcer la coopération et résoudre les problèmes en suspens à l’issue de la réunion portant sur le statut final d’Abyei entre les présidents des commissions nationales des deux pays à Khartoum, le 24 octobre 2022.  Ces signaux positifs devraient cependant être concrétisés en actions des deux pays pour permettre de véritables progrès sur le terrain en vue de la finalisation du statut d’Abyei, a-t-il plaidé.  Il s’est dit préoccupé par l’absence de réunion du Comité mixte de contrôle d’Abyei depuis 2017, en dépit des déclarations des parties. Il a constaté que depuis plus de 10 ans, il n’y a pas eu d’avancées majeures dans la mise en œuvre de l’Accord du 20 juin 2011 sur les arrangements temporaires en matière de sécurité et d’administration pour Abyei. 

Évoquer le statut final d’Abyei, a-t-il dit, nous amène naturellement à nous préoccuper de la situation actuelle du Soudan et de la poursuite des affrontements meurtriers entre les Forces armées soudanaises et les Forces d’appui rapide.  Cette situation au Soudan a indubitablement des répercussions sur la situation d’Abyei et sur les discussions politiques en cours, avec le Soudan du Sud, pour la gestion de ce territoire, a-t-il poursuivi.  Il a invité les pays frontaliers à se mobiliser afin de faciliter le rapatriement des personnels internationaux ainsi que l’accueil des réfugiés en provenance du Soudan.  Il a exhorté toutes les parties concernées à reprendre le dialogue et à travailler à la création d’un plan urgent de désescalade. 

Sur le plan sécuritaire, la persistance des affrontements intercommunautaires, les violences armées, les destructions de biens, les actes de violence sexuelle à Abyei sont des sources majeures de préoccupation des A3. Le représentant a fermement condamné les violences intercommunautaires survenues notamment entre les communautés Ngok et Twic Dinka et entre les Misseriya et les Ngok Dinka.  Il a dit espérer que la création d’une zone tampon par le déploiement des forces de sécurité dans les zones contestées entraînera une désescalade des violences.  Il a aussi salué les actions de la FISNUA en vue de l’amélioration du dialogue intercommunautaire.  En outre, il a déploré la violation du statut démilitarisé de la région par la présence continue dans le sud d’Abyei des Forces de défense sud-soudanaises du peuple, des officiers du renseignement et de la Police nationale sud-soudanaise. Il a aussi regretté la décision du Gouvernement soudanais de déployer des agents de sa police nationale dans la partie nord d’Abyei. 

Concernant la situation humanitaire, le représentant a relevé que les populations d’Abyei éprouvent d’importantes difficultés à accéder aux services de base, une situation qui devrait s’aggraver avec l’impact humanitaire des affrontements au Soudan, notamment les déplacements massifs des populations.  Il a appelé à mobiliser les financements adéquats pour répondre aux besoins croissants des populations qui sont déjà durement éprouvées par des conditions de vie difficiles.  Il a ensuite condamné avec la plus grande fermeté les attaques armées visant le personnel et les travailleurs humanitaires de la FISNUA.  Enfin, il a exhorté le Soudan et le Soudan du Sud à respecter pleinement l’accord sur le statut des forces et à faciliter la mise en œuvre du mandat de la Force par la délivrance de visas et de documents administratifs indispensables pour le déploiement des troupes, des civils et des unités de police. 

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a observé que la zone d’Abyei subit à nouveau le contrecoup de l’instabilité de son environnement régional, depuis le début des combats au Soudan le 15 avril dernier.  Cette vulnérabilité, alimentée par le statu quo qui prévaut depuis 2011, est exacerbée à chaque crise régionale, une situation d’autant plus regrettable que le conflit soudanais risque de ralentir le dialogue positif, amorcé depuis quelques mois entre Khartoum et Djouba, a mis en garde la représentante.  La stabilité d’Abyei ne peut venir que des parties elles-mêmes, a-t-elle poursuivi.  Elle a estimé qu’au-delà des enjeux liés au statut final du territoire, des avancées sont possibles pour améliorer les conditions de vie des populations locales et prévenir les violences intercommunautaires. Dans ce contexte, elle a souligné que la FISNUA a un rôle majeur à jouer pour protéger les civils et a salué les efforts déployés pour apaiser les tensions entre les communautés Ngok Dinka et Misseriya.  Mais elle s’est dite préoccupée par les violences entre les communautés Ngok et Twic Dinka, appelant les autorités sud-soudanaises à poursuivre leurs efforts d’apaisement.  Alors que la FISNUA vient d’achever une reconfiguration complexe et coûteuse, elle doit conserver les capacités requises pour remplir son mandat, a exhorté la représentante en conclusion.

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a salué le récent engagement de haut niveau entre le Soudan et le Soudan du Sud afin de renforcer le dialogue et la coopération en vue d’un règlement pacifique en rapport au statut final d’Abyei.  Elle a exhorté les deux pays à se concentrer sur une nouvelle convocation du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière.  Ces rencontres doivent impliquer les femmes afin de renforcer leur rôle en tant qu’interlocutrices majeures de la paix et de la sécurité, a-t-elle exigé.  La représentante a ensuite appelé à la fin des affrontements communautaires à Abyei, tout en exhortant les deux Soudan à retirer leurs troupes militaires et policières de la zone démilitarisée d’Abyei. Elle a aussi insisté sur l’assistance humanitaire aux civils, affirmant que malgré la situation difficile, le Soudan et le Soudan du Sud doivent continuer d’accorder la priorité au règlement du statut final d’Abyei par des moyens pacifiques.  Les combats au Soudan risquent d’entraver la poursuite du dialogue et la mise en œuvre du mandat de la FISNUA, en particulier au moment où la Force finalise sa reconfiguration, a-t-elle craint.

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a commencé par souhaiter à tous « un joyeux 9 mai, fête de la Victoire », rendant hommage à tous ceux dont les exploits sans précédent sur les champs de bataille et le travail désintéressé à l’arrière ont permis d’écraser le nazisme.  « Sans ce jour, la création de l’ONU n’aurait pas été possible », a-t-elle souligné, se disant convaincue que l’héritage de la « Grande Victoire » continuera de contribuer au renforcement et au développement fructueux des relations entre les pays et les peuples sur la base du respect du principe de l’égalité des droits et de l’autodétermination des peuples.  La représentante a ensuite salué les efforts conjoints déployés par le Soudan du Sud et d’autres acteurs régionaux pour mettre fin aux hostilités au Soudan dès que possible.  Soulignant le travail des autorités sud-soudanaises dans l’accueil des réfugiés soudanais sur leur territoire et leur disponibilité à aider à résoudre la crise humanitaire dans la région, elle s’est déclarée persuadée qu’un règlement au Soudan contribuera à celui du problème d’Abyei. 

La représentante a noté que les deux pays ont récemment développé leur dialogue sur la question d’Abyei, notamment par le biais d’une coopération mutuellement bénéfique sur l’exploitation conjointe des ressources pétrolières potentielles dans la zone contestée.  Elle s’est également félicitée de la tenue à Djouba d’un sommet suivi d’une réunion du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité, ainsi que de l’engagement des deux pays à développer une stratégie de travail avec la population locale vivant le long de la frontière commune afin de rétablir le fonctionnement normal du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance à la frontière.  Partant du principe que la détermination du statut final d’Abyei exige des efforts conjoints des parties, elle a jugé inacceptable toute tentative unilatérale visant à modifier le statut de la région contestée, en violation du cadre juridique international existant et des accords entre les deux États.  À cet égard, elle a appelé les deux pays à respecter leur obligation de maintenir le statut démilitarisé d’Abyei. 

La déléguée s’est aussi dite préoccupée par la situation du dialogue intercommunautaire dans la zone contestée, en particulier à la lumière du conflit en cours entre les Twic Dinka et les Ngok Dinka, tout en saluant les mesures prises par les autorités sud-soudanaises pour réconcilier les deux communautés.  Dans ce contexte, la FISNUA reste essentielle à la stabilité de la région, a-t-elle constaté, avant de relever que la transformation de la Force intérimaire en force multinationale est presque achevée.  À cette aune, elle a formé l’espoir que la Force continuera de remplir son mandat en mettant l’accent sur le maintien de la sécurité et en aidant les deux États dans leur quête d’une solution mutuellement acceptable au différend frontalier. 

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a demandé que des progrès soient accomplis dans le cadre d’un processus politique inclusif visant à résoudre la question d’Abyei, dans lequel le rôle de l’Union africaine et celui de l’IGAD sont essentiels.  Il a appelé les parties à mettre en œuvre les conclusions du sommet de Djouba et du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité des 12 et 18 janvier 2023, respectivement, et à redoubler d’efforts pour parvenir à une cessation définitive des hostilités intercommunautaires et à approfondir les accords et les objectifs de la Conférence de paix de Wau d’avril dernier. Enfin, le représentant a encouragé l’inclusivité et la participation pleine, égale et substantielle des femmes dans toutes les sphères de la société, en tant qu’étape essentielle vers une paix durable et un développement intégral de la région d’Abyei. 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a tout d’abord félicité le Soudan et le Soudan du Sud pour leur engagement en vue d’un règlement du différend relatif à la région d’Abyei, tant sur le statut final que sur la question de la démarcation de la frontière.  Elle a toutefois estimé que le conflit qui a éclaté au Soudan le 15 avril risque de mettre un terme à ces dynamiques positives.  La représentante s’est inquiétée de l’impact que les combats pourraient avoir sur le processus politique, la situation humanitaire et la mise en œuvre du mandat de la FISNUA.  Réitérant son appel aux deux parties soudanaises pour qu’elles fassent taire immédiatement les armes et s’engagent à un cessez-le-feu durable, elle a également exhorté le Soudan et le Soudan du Sud à respecter l’Accord du 20 juin 2011 et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Selon elle, davantage doit être fait pour protéger la population locale des incidents armés et des affrontements intercommunautaires.  En l’absence du Service de police d’Abyei, les comités de protection de la population locale et le Comité mixte de contrôle d’Abyei sont essentiels pour renforcer l’état de droit, a-t-elle affirmé, souhaitant en outre qu’Abyei reste une zone démilitarisée. 

Compte tenu de l’impact potentiel du conflit au Soudan, la représentante a plaidé pour l’instauration d’un climat de confiance et le renforcement d’un engagement communautaire inclusif, saluant à ce propos la revitalisation des forums consultatifs sur les femmes, la paix et la sécurité, ainsi que les activités du comité mixte des femmes pour la paix dans la région d’Amiet. Elle s’est d’autre part félicitée de l’engagement fort de la FISNUA auprès des communautés d’Abyei et a dit espérer que la reconfiguration des troupes fournira à cette force des moyens opérationnels supplémentaires.  Avant de conclure, elle a demandé au Soudan et au Soudan du Sud de continuer à respecter l’accord sur le statut des forces et a réaffirmé son plein soutien à la FISNUA et à l’Envoyée spéciale, ainsi qu’à l’Union africaine (UA) et à l’IGAD. 

M. AL-HARITH IDRISS AL-HARITH MOHAMED (Soudan) a salué le développement des relations bilatérales entre son pays et le Soudan du Sud, notamment avec la visite du Président du Conseil de transition soudanais, le général Abdel Fattah Al-Burhan, à Djouba en janvier dernier.  Ce dernier avait alors convenu avec le Président du Soudan du Sud, M. Salva Kiir, du déploiement des forces conjointes aux frontières afin d’accroître la sécurité et la stabilité et d’empêcher l’infiltration d’armes illégales.  L’un des résultats les plus importants de la réunion conjointe des présidents est l’appel à des mécanismes de travail spéciaux concernant la zone d’Abyei, afin de redoubler d’efforts pour déterminer le statut final de la zone et renforcer la coopération économique, a expliqué le représentant. 

Le délégué a indiqué que le conflit entre les Ngok Dinka et les Twic Dinka a affecté la situation globale d’Abyei, notamment en ce qui concerne les aspects humanitaires et sécuritaires, ainsi que la propagation des armes, la fréquence des attentats et l’élargissement du périmètre de la commission des crimes. Selon lui, tout cela nécessite la présence des forces de l’ordre et d’institutions judiciaires pour réduire l’anarchie et la criminalité et tenir les auteurs responsables, a-t-il observé.  « D’où la nécessité de mettre en place des mécanismes conjoints, notamment la police mixte, en vertu de l’Accord du 20 juin 2011. » Le délégué a mis en garde contre toute tentative de prendre des mesures unilatérales susceptibles de menacer la stabilité d’Abyei et de saper le mandat de la FISNUA. 

Il a ensuite appelé la FISNUA à mettre sur pied des projets à impact rapide à Abyei, notamment dans des secteurs comme l’éducation, la santé, l’eau potable et le maintien de la sécurité et de l’ordre. Il a également plaidé pour la mise en place d’activités promouvant la coexistence pacifique au sein de la communauté d’Abyei.  Le représentant est revenu sur le rapport du Secrétaire général de l’ONU mentionnant la présence de la police soudanaise à Diffra.  Selon lui, elle y est pour assurer la sécurité des installations pétrolières, comme cela avait été convenu l’an dernier au moment du renouvellement du mandat de la Force.  Il a affirmé que le Gouvernement du Soudan est attaché au renforcement de sa coopération avec le Soudan du Sud pour parvenir à une solution finale sur le statut d’Abyei. 

Au sujet de la situation au Soudan, il a assuré que cela n’aura pas d’impact sur la situation d’Abyei.  Il a rappelé que le conflit en cours est dû à l’attaque d’un groupe rebelle contre les forces gouvernementales.  Il a affirmé que le Gouvernement entend préserver les vies et assurer les activités humanitaires, en collaboration avec les Nations Unies.  Le délégué a relevé que l’UA n’avait pas invité le Gouvernement soudanais à la discussion sur la situation qui règne dans le pays.  Il a affirmé que le leadership politique du Soudan salue les initiatives de l’UA et d’autres organisations, et que le pays n’entend pas faire la sourde oreille à des initiatives qui lui semblent judicieuses.  Il a rappelé que le mandat de la FISNUA est temporaire, y compris son implication dans les activités sécuritaires.  De ce fait, il a appelé à un soutien aux initiatives conjointes de sécurité mises en place entre le Soudan et le Soudan du Sud, en attendant une décision définitive sur Abyei. 

M. AKUEI BONA MALWAL (Soudan du Sud) a observé que cette séance intervient à un moment où le Soudan traverse une période très difficile.  Comme l’indique le rapport du Secrétaire général, il a reconnu que les relations entre ce pays et le sien restent cordiales, malgré l’incompréhension persistante entre les parties belligérantes. « Nous appelons donc la communauté internationale à répondre aux exigences de la situation humanitaire au Soudan et dans les pays voisins qui ont accueilli des réfugiés en quelques jours, sans y être préparés, après les combats qui ont eu lieu à Khartoum et dans d’autres parties du Soudan. »  Le Soudan du Sud, a signalé le représentant, s’est pour sa part engagé sur les plans bilatéral et régional, par l’intermédiaire de l’IGAD, au sein de laquelle le Président Salva Kiir Mayardit est chargé de rechercher une solution à la crise, et par l’intermédiaire de l’UA.  Le représentant a, en conclusion, demandé à la FISNUA de rester vigilante et d’empêcher tout élément négatif de déstabiliser la situation pendant la recherche d’une solution à la situation qui règne dans « notre pays frère, le Soudan ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

À l’ouverture du Forum sur les forêts, son président demande aux délégations de renouveler leur engagement en faveur d’une gestion durable des forêts

Dix-huitième session,
2e et 3e séances plénières, Matin et après-midi
ENV/DEV/2059

À l’ouverture du Forum sur les forêts, son président demande aux délégations de renouveler leur engagement en faveur d’une gestion durable des forêts

Le Président de la dix-huitième session du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF) a appelé, ce matin, à un nouvel engagement en faveur des forêts et de leur gestion durable.  « Il est grand temps de sortir les forêts des silos dans lesquels elles ont longtemps été confinées pour les envisager de manière holistique », a déclaré M. Zéphyrin Maniratanga à l’ouverture du Forum. 

Selon lui, la tenue, en septembre prochain, du Sommet sur les objectifs de développement durable (ODD) doit être l’occasion de mettre en place des actions concrètes afin de réaliser les objectifs forestiers que le monde s’est fixés, en rappelant l’importance du plan stratégique des Nations Unies sur les forêts et du bilan qui en sera fait l’an prochain. 

La cohérence qui existe entre ce sommet et le programme de travail du Forum sur les forêts a été mise en avant par la Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), Mme Lachezara Stoeva, qui a relevé que les objectifs forestiers mondiaux du plan stratégique sur les forêts ont également été conçus en tenant compte de leurs liens avec les ODD.

Pour accélérer les efforts en vue de la pleine réalisation de ces derniers, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales a appelé les délégations à centrer l’action sur le besoin « capital » d’une gestion durable des forêts.  « Plus de 90% des personnes vivant dans la pauvreté, tels les peuples autochtones, dépendent des forêts, qui sont de plus en plus menacées par la déforestation et l’agriculture intensive », a notamment alerté M. Li Junhua.  Ajoutées aux changements climatiques, ces menaces montrent la nature multidimensionnelle et transfrontalière de ces crises qui ne peuvent selon lui être réglées que de manière collective. 

Au cours de la première des deux discussions générales qui ont suivi les déclarations liminaires, la Directrice du secrétariat du FNUF, Mme Juliette Biao, a présenté les grandes lignes de la note intitulée « Discussions techniques sur la mise en œuvre du plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030) », qui présente les priorités thématiques du Forum pour la période 2023-2024. 

Les échanges entre les délégations se sont principalement centrés sur l’apport socioéconomique de la forêt, notamment dans les pays émergents et au sein des communautés marginalisées, ainsi que sur l’importance de la coopération internationale pour relever les défis auxquels ils sont confrontés.  La Ministre de l’environnement et du développement durable de la République démocratique du Congo a notamment demandé aux pays pollueurs de respecter leurs engagements de financer la préservation des forêts et de la biodiversité, en tenant compte du prix du carbone pour financer les projets d’adaptation et d’atténuation. 

Conformément au programme de travail du Forum pour la période 2022-2024, la session actuelle portera essentiellement sur des questions techniques et de mise en œuvre, sans adoption de texte négocié.  La présidence présentera un résumé des présentes discussions assorti d’éventuelles propositions et recommandations lors de la prochaine session du Forum, en 2024. 

En début de séance, le Forum a adopté son ordre du jour et poursuivi l’élection de son bureau. Mme Leticia Zamora Zumbado, du Costa Rica, a été élue par acclamation Vice-Présidente des dix-huitième et dix-neuvième sessions du Forum.  Celui-ci a également procédé à l’élection, par bulletin secret, de M. Jaroslav Kubišta, de la Tchéquie, au poste de vice-président issu des États d’Europe orientale pour ses dix-huitième et dix-neuvième sessions, devant la candidate de la Fédération de Russie.  Enfin, M. Ismail Belen, de la Türkiye, occupera les fonctions de rapporteur au cours des deux prochaines sessions du Forum. 

Le Forum des Nations Unies sur les forêts poursuivra ses travaux demain, mardi 9 mai, à partir de 10 heures. 

DÉCLARATIONS LIMINAIRES

M. ZÉPHYRIN MANIRATANGA, Président du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF), a déclaré que le monde vit une « année très spéciale » avec la tenue en septembre prochain du Sommet sur les objectifs de développement durable.  Il a souhaité l’inclusion d’actions spécifiques relatives aux forêts lors de ce sommet.  Il a rappelé l’importance du plan stratégique des Nations Unies sur les forêts et du bilan qui en sera fait en 2024.  Il a souhaité la formalisation d’actions concrètes pour réaliser les objectifs forestiers que le monde s’est fixés.  Les forêts sont des remarquables machines dans la séquestration du carbone et sont incontournables dans les discussions sur les changements climatiques, a-t-il appuyé. Il a également indiqué que les forêts ont un rôle crucial à jouer pour atteindre l’ODD 15 sur la préservation des écosystèmes terrestres.  Il est grand temps de sortir les forêts des silos dans lesquels on les a longtemps enfermées afin de les envisager de manière holistique, a-t-il ajouté.  Le Président a lancé un vibrant appel à toutes les délégations et à toutes les organisations internationales pour un nouvel engagement en faveur des forêts.  « Les forêts offrent des solutions, saisissons-les maintenant, car demain il sera trop tard, pour ton beau pays et pour mon beau pays, le Burundi, et pour la communauté internationale. » 

Mme LACHEZARA STOEVA, Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a estimé que le Sommet sur les objectifs de développement durable sera l’occasion pour les chefs d’État et de gouvernement d’examiner les progrès réalisés dans la mise en œuvre du Programme 2030, notant que le Forum des Nations Unies sur les forêts a aligné son programme de travail sur ce dernier.  Les objectifs forestiers mondiaux du plan stratégique des Nations Unies sur les forêts ont également été conçus en tenant compte de leurs liens avec les ODD, compte tenu de la contribution des forêts gérées de manière durable à leur réalisation, a-t-elle expliqué. 

Elle a indiqué que les actions liées aux forêts destinées à lutter contre les changements climatiques, y compris la séquestration du carbone, l’atténuation et l’adaptation, contribuent à la réalisation des ODD 7 et 13.  Elle a également relevé que l’eau potable et l’assainissement peuvent contribuer à la résilience des villes et des communautés.  Mme Stoeva a invité les participants au Forum sur les forêts à partager leurs perspectives et à proposer des actions concrètes afin d’accélérer les progrès vers la réalisation des ODD.

M. LI JUNHUA, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a rappelé les circonstances actuelles difficiles, marquées par les effets de la pandémie, les conflits et l’inflation, prédisant en outre que le taux de croissance mondiale sera l’un des plus bas de la décennie.  Il a aussi évoqué la crise climatique, exemple type de ces crises multidimensionnelles et transfrontalières qui ne peuvent être réglées que de manière collective. Il a insisté sur l’importance d’une gestion durable des forêts, celles-ci absorbant les émissions de gaz à effet de serre.  Plus de 90% des personnes vivant dans la pauvreté, tels les peuples autochtones, dépendent des forêts, qui sont de plus en plus menacées, notamment par la déforestation et l’agriculture intensive, a-t-il dit.  Il nous faut centrer sur le besoin capital d’une gestion durable des forêts, en vue d’une accélération des efforts en vue de réaliser les ODD, a conclu le Secrétaire général adjoint, en insistant sur l’importance du sommet de septembre. 

DISCUSSIONS TECHNIQUES SUR LA MISE EN ŒUVRE DU PLAN STRATÉGIQUE DES NATIONS UNIES SUR LES FORÊTS (2017-2030): ACTIVITÉS MENÉES À L’APPUI DES PRIORITÉS THÉMATIQUES POUR LA PÉRIODE 2023-2024

NOUVELLES QUESTIONS 

Discussion générale conjointe

La Directrice du secrétariat du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF), Mme JULIETTE BIAO, a ouvert la discussion en présentant les points saillants de la note intitulée « Discussions techniques sur la mise en œuvre du plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030) ». 

« La remise en état des écosystèmes et de la biodiversité ne sera possible qu’au moyen d’une action concertée et d’une responsabilité conjointe entre les gouvernements, les communautés et la société dans son ensemble », a fait valoir le Mexique, qui a fait sienne la proposition du secrétariat d’inviter le Partenariat de collaboration sur les forêts à fournir un appui technique à la réalisation des objectifs contenus dans le plan stratégique des Nations Unies sur les forêts. 

Le renforcement national des avantages économiques, sociaux et environnementaux fondés sur la forêt a engendré une collaboration accrue avec les communautés locales qui en dépendent, a confirmé la Jamaïque, tout en favorisant le développement de moyens de subsistance plus équitables.  Même constat de la part de la Slovénie, pour qui seule une approche intégrée fondée sur le dialogue entre les parties prenantes permet de développer les fonctions socioéconomiques de la forêt. 

Pays densément peuplé et de petite taille, Israël s’efforce pour sa part de combattre la déforestation, d’étendre ses zones forestières et de renforcer la connectivité entre celles-ci sur la base d’enquêtes écologiques exhaustives.  Dans la même veine, la République de Moldova, dotée de l’un des couverts forestiers les plus modestes d’Europe, reconnaît le rôle fondamental joué par les forêts pour surmonter la crise environnementale, réduire les risques de catastrophes naturelles et contribuer à l’atténuation des changements climatiques en séquestrant le carbone. 

La coopération internationale a un rôle important à jouer pour appuyer les pays avec un faible couvert forestier, qui sont confrontés à des défis d’ampleur tels que la déforestation, les changements climatiques ainsi qu’un accès limité aux marchés et aux sources de financement, a dit l’Iran, qui accueillera, en septembre prochain, une conférence internationale sur la lutte contre les tempêtes de sable et de poussière, en collaboration avec les institutions spécialisées de l’ONU.  

La réalisation des ODD ne sera possible que si l’ensemble des parties prenantes, qu’il s’agisse d’États Membres, d’organisations régionales ou internationales ou encore du secteur privé, prennent en considération les défis auxquels sont confrontés les pays en développement dans le cadre de la gestion durable des forêts, a fait valoir l’Argentine

En dépit des récentes catastrophes climatiques qui ont frappé le Malawi, son gouvernement continue de s’acquitter de ses engagements concernant la restauration de 4,5 millions d’hectares de forêts.  Ces efforts continuent cependant d’achopper sur un manque de financement, une mauvaise gouvernance des ressources forestières, le manque de technologies adaptées et une demande excessive d’énergie, alors que 90% de la population dépend du charbon de bois pour ses besoins énergétiques quotidiens. 

Nous devons trouver un « langage commun » sur la protection des espaces forestiers qui tienne compte des populations qui vivent dans la forêt et de la forêt, a fait remarquer la Ministre de l’environnement et du développement durable de la République démocratique du Congo, Mme ÈVE BAZAIBA MASUDI.  Elle a demandé aux pays pollueurs de respecter leurs engagements de financer la préservation des forêts et de la biodiversité qu’elles abritent en tenant compte du prix du carbone pour financer les projets d’adaptation et d’atténuation. 

À cet égard, l’Union européenne a souligné le rôle de la gestion durable des forêts dans l’appui aux économies en transition, mais aussi pour atténuer les catastrophes liées aux changements climatiques. Bien que l’étude analytique de contexte menée par le FNUF suggère que la durabilité est synonyme de certification, laquelle présente de nombreux défis pour les petits exploitants agricoles et forestiers des pays en développement, l’Inde a noté que l’absence d’une telle certification ne signifie pas que la forêt n’est pas gérée de façon durable. 

Garant d’une grande diversité biologique et d’écosystèmes variés, le Pérou s’est ainsi doté d’un cadre normatif permettant d’assurer la conservation, la protection et la gestion durable de son patrimoine forestier, en s’appuyant sur le suivi satellitaire de la déforestation et des changements dans l’utilisation des terres.  Après avoir imposé un moratoire sur les nouvelles exploitations forestières, l’Indonésie a mis en place un programme de « foresterie sociale » mené par les communautés locales, sur la base de partenariats et de mesures adaptées. 

De son côté, le Brésil a créé une commission permanente pour la prévention et le contrôle de la déforestation qui a permis d’accroître de 219% cette année les pénalités et amendes environnementales dans l’Amazone.  La bioéconomie joue un rôle central pour appuyer ces mesures et générer des possibilités d’emplois pour les groupes vulnérables tels que les communautés locales et les peuples autochtones. 

Les discussions sur la mise en œuvre du plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030) se sont poursuivies l’après-midi. 

Les États-Unis ont ainsi mentionné le lancement en juillet d’une stratégie de reboisement et l’adoption de mesures permettant de faire face aux feux de forêt, précisant en outre avoir versé un milliard de dollars au Fonds vert pour le climat.  Le Kenya a assuré de son engagement à mettre en œuvre le plan, via notamment une augmentation de la couverture forestière d’ici à 2030.  Nous avons élaboré un règlement forestier visant à préserver les moyens de subsistance des communautés dépendant des forêts, a dit le délégué kenyan.  Le plan marocain pour la préservation des forêts vise à mettre en place de nouveaux mécanismes de gouvernance des forêts, a dit le Maroc, tandis que la France a mentionné le sommet « One Forest Summit » organisé avec le Gabon en mars dernier, insistant sur la responsabilité de protéger les espaces vitaux comme les mangroves et les tourbières.  La délégation française a également appelé à appuyer les actions entreprises dans le cadre du plan de Libreville, adopté lors du sommet précité. 

De son côté, l’Arabie saoudite a détaillé sa stratégie forestière, dont l’un des axes majeurs est la lutte contre la désertification par le biais de la plantation d’arbres.  L’Afrique du Sud a appelé à remédier au manque de ressources qui entrave la mise en œuvre du plan, notant que les forêts sont au cœur de son modèle de développement.  La déléguée du Botswana a dit que 2 millions d’arbres seront plantés d’ici à 2030, 1 million l’ayant déjà été, et a fait savoir que son pays compte six réserves forestières protégées.  L’Organisation du Traité de coopération amazonienne (ACTO) a mentionné les efforts de lutte contre les incendies, avant d’appeler à une stratégie de financement ambitieuse de protection de l’Amazone.  « Les forêts sont la solution face à de nombreux défis ambitieux », a déclaré l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), en reconnaissant que l’objectif d’augmenter de 3% la couverture forestière mondiale d’ici à 2030 est ambitieux.  « Nous devons adopter un cadre politique et juridique adéquat, avec la mobilisation des moyens nécessaires, y compris l’intelligence artificielle. »  Nous ne pourrons pas protéger les forêts sans une étroite association des jeunes, des femmes et des communautés locales, a déclaré pour sa part le Costa Rica

Nouvelles annonces de contributions nationales volontaires 

État actualisé de la situation concernant les contributions nationales volontaires et leur suivi au regard des priorités thématiques

Les discussions se sont ensuite focalisées sur la visibilité et les moyens à disposition du Forum. 

Mme JULIETTE BIAO, Directrice du Secrétariat du FNUF, a ainsi plaidé pour un mandat du Forum qui soit à la hauteur de ses objectifs.  Elle a noté que l’appui technique apporté aux pays en développement n’est pas suffisant. Le Secrétariat veut être un vecteur efficace pour y remédier, a-t-elle dit, en ajoutant que la nature technique du Forum est un atout de poids.  Elle a espéré une visibilité accrue du Forum, en souhaitant notamment que des chefs d’État participent à ses réunions, appelant en outre à une implication accrue du secteur privé à ses débats.  Elle a présenté ses priorités, à commencer par le renforcement des synergies avec la Convention sur la diversité biologique et la Convention sur la lutte contre la diversification, ainsi que le développement de partenariats stratégiques. Elle a rappelé que les principaux donateurs au Forum ont été l’an dernier les États-Unis, le Royaume-Uni, la Chine et l’Allemagne, en souhaitant que davantage de pays financent le Forum. « Le Secrétariat doit être impérativement renforcé », a-t-elle ajouté, en précisant que ses effectifs ne sont pas suffisants. 

Cet appel a notamment été entendu par la Suisse qui a salué la vision de la Directrice, et par le Canada qui a comparé le Forum à un « bébé » qu’il va falloir désormais élever.  Le défi du Forum est-il celui du financement ou de ses priorités? a demandé l’Australie, la délégation des États-Unis souhaitant de son côté en savoir plus sur les effectifs du Secrétariat, ainsi que les déplacements prévus.

« Plus, c’est toujours mieux », a nuancé le Malawi, en espérant que davantage d’États financeront le Secrétariat. Même son de cloche du côté du Maroc qui a estimé que les efforts conséquents qui ont été menés en faveur des forêts ne sont pas encore suffisants.  La Chine apportera comme toujours son soutien au Forum, a dit le délégué chinois, qui a reconnu que ses effectifs ne sont pas suffisants.  « Pour nombre de pays, les forêts ne sont pas une priorité », a déploré le délégué chinois.  La Suisse et la Fédération de Russie ont enfin souhaité que certaines réunions prévues, notamment celles à Nairobi, se déroulent en format hybride, afin de faire des économies sur les voyages en avion.  La Directrice, quant à elle, a insisté sur l’importance de réunions en présentiel. 

Certains pays ont présenté leur contribution volontaire nationale, à l’instar de la Slovaquie, du Pérou et du Malawi, pays qui s’est fixé pour but d’augmenter de 100 000 hectares sa surface forestière et de promouvoir des combustibles de cuisine alternatifs.  La République de Corée a détaillé son action de lutte contre les feux de forêts, avant de rappeler son objectif d’augmentation de la couverture forestière, un dernier objectif pleinement partagé par la Thaïlande.  Le financement du plan de lutte contre les incendies a été augmenté de 25%, a déclaré la Fédération de Russie.  La Malaisie a souhaité un soutien renforcé aux pays en développement, notamment les pays les moins avancés.  L’Inde a rappelé que seuls 23 pays ont présenté une telle contribution.  « Ce n’est pas suffisant. » 

Application de la stratégie de communication et d’information du plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030), y compris les activités concernant la Journée internationale des forêts de 2023 

Enfin, les orateurs se sont penchés sur les activités de sensibilisation, notamment dans le cadre de la Journée internationale des forêts.  Le Mexique a souligné l’importance de cette journée, avant de détailler sa stratégie nationale de sensibilisation à la question forestière, notamment grâce à la télévision et à la radio.  « Nous continuerons d’organiser cette journée », a assuré l’Afrique du Sud.  Le Mali a précisé que l’une des manifestations organisées dans le cadre de cette journée était intitulée « forêts, santé mentale et physique ».  Enfin, l’Union européenne a demandé la réfection du site du secrétariat du FNUF, tandis que le Canada a insisté sur l’importance des réseaux sociaux pour ces activités de sensibilisation. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Un Conseil de sécurité divisé constate à nouveau l’insuffisance des progrès dans le dossier de l’utilisation présumée des armes chimiques en Syrie

9317e séance – matin 
CS/15276

Un Conseil de sécurité divisé constate à nouveau l’insuffisance des progrès dans le dossier de l’utilisation présumée des armes chimiques en Syrie

D’accord pour constater que le dossier de l’utilisation présumée d’armes chimiques en Syrie n’avance pas, les membres du Conseil de sécurité ont cependant exprimé, ce matin, des divergences quant aux raisons de ce blocage, certains accusant Damas d’empêcher les inspections de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), là où d’autres ont estimé que celle-ci pècherait par manque de professionnalisme. 

Jugée « frustrante » par la France, cette absence de progrès a poussé certaines délégations à réclamer de nouveau un changement de périodicité pour cette situation examinée chaque mois, ou de la rattacher à un examen global de la crise syrienne.  Il est vrai, a noté le Brésil, que le dernier rapport du Directeur général de l’OIAC en date du 25 avril présente peu de nouveautés.

Nous nous réunissons uniquement pour permettre à certains de répéter les mêmes « discours antisyriens éculés », a dénoncé la Fédération de Russie, pour qui l’OIAC, manipulée par Washington et « ses satellites », perd rapidement sa crédibilité.  Elle a une fois de plus argué aujourd’hui qu’une réunion trimestrielle sur le sujet serait largement suffisante.  Même son de cloche pour la Chine qui a préconisé que le Conseil se saisisse chaque mois de tous les volets du dossier syrien simultanément.  Une proposition également partagée par les Émirats arabes unis qui se sont du reste réjouis de la décision prise hier de réadmettre la République arabe syrienne au sein de la Ligue des États arabes, espérant qu’elle ouvrirait la voie à une solution à la crise dans ce pays. 

Pour Mme Izumi Nakamitsu, Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, la cinquième Conférence d’examen des États parties à la Convention sur les armes chimiques, prévue la semaine prochaine, porte également l’espoir de voir les parties renouveler leurs engagements en faveur de cet instrument, avec le soutien, a-t-elle espéré, du Conseil de sécurité.

Le Secrétariat technique de l’OIAC continue de planifier la prochaine série d’inspections prévues en 2023 dans les installations de Barzé et Jamraya, a indiqué la haute fonctionnaire.  Mais Damas, a-t-elle précisé, n’a pas encore fourni suffisamment d’informations ou d’explications qui permettraient de clore le dossier lié à la détection d’un produit chimique du tableau 2 dans les installations de Barzé en novembre 2018.  Aussi l’a-t-elle exhortée à nouveau à répondre de toute urgence aux demandes du Secrétariat technique.

Mme Izumi Nakamitsu a rappelé que le Secrétariat technique de l’OIAC avait proposé, en mai 2022, de traiter les questions relatives à la déclaration initiale de la Syrie par le biais d’un échange de correspondances.  Même si Damas a accepté cette proposition, le Secrétariat technique de l’OIAC n’a toujours pas reçu de déclarations ou autres pièces demandées.  Par conséquent, il a proposé de déployer une équipe réduite composée de plusieurs membres de l’Équipe d’évaluation des déclarations en Syrie pour mener des activités limitées dans le pays.  Ainsi, le premier déploiement de ce type a eu lieu du 17 au 22 janvier 2023, et le second du 12 au 19 avril 2023.

Si plusieurs délégations ont salué ces visites, notamment la Suisse, la France, elle, a estimé que ces déploiements limités ne constituent pas une alternative viable.  Des avancées pourraient être enregistrées si les autorités syriennes coopéraient pleinement et respectaient tous les aspects de la décision du Conseil exécutif de l’OIAC en date du 27 septembre 2013, a indiqué le Ghana au nom des A3.  La République islamique d’Iran a de son côté critiqué les lacunes de l’Organisation et la persistance, au sein de la communauté internationale, d’un « deux poids, deux mesures », comme en témoigne selon elle la « politisation » de la Convention et de l’OIAC.  Ce n’est pas le moment d’affaiblir leur autorité, à l’approche de la cinquième Conférence d’examen des États parties à la Convention sur les armes chimiques, a jugé de son côté le Japon. 

Tant que la Syrie n’aura pas fait de progrès significatifs sur ces questions, son programme d’armes chimiques restera une menace permanente, a avancé le Royaume-Uni.  Pour la délégation, le « régime d’Assad » a violé à plusieurs reprises ses obligations en vertu de la Convention et de la résolution 2118 (2013) du Conseil de sécurité, notamment par l’usage sur ses propres civils d’armes chimiques. Selon les États-Unis, la protection « honteuse » accordée par la Fédération de Russie au « régime d’Assad » expose le peuple syrien à une nouvelle attaque à l’arme chimique. De plus, le régime continue d’entraver les activités de l’Équipe d’évaluation des déclarations en empêchant le principal expert d’être déployé sur le territoire syrien, ont dénoncé les États-Unis. 

Rejetant « les accusations et mensonges » visant son pays, le représentant syrien a assuré que l’équipe réduite est la même que l’Équipe d’évaluation des déclarations, moins un expert.  Celle-ci a pu mener à bien toutes ses activités comme l’Équipe d’évaluation des déclarations lors des 24 premiers cycles de consultations, a-t-il observé.  Il s’est étonné que le Secrétariat technique de l’OIAC refuse toujours d’organiser le vingt-cinquième cycle de consultations, se demandant si ce ne serait pas un prétexte pour que d’autres accusent la Syrie de ne pas coopérer.

Le délégué a par ailleurs insisté pour que la mission d’établissement des faits réforme ses méthodes de travail, remédie à de graves lacunes et rende des rapports professionnels et objectifs.  La Syrie continuera de travailler avec l’OIAC, bien qu’elle s’écarte de la voie fixée par la Convention, a assuré le délégué, appelant le Secrétariat technique à l’impartialité.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT  S/2023/297

Déclarations

Mme IZUMI NAKAMITSU, Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, a indiqué que depuis la dernière réunion du Conseil sur cette question, l’Équipe d’évaluation des déclarations de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) a poursuivi ses efforts pour clarifier toutes les questions en suspens concernant la première déclaration et celles ultérieures de la République arabe syrienne. Malheureusement, les efforts déployés par le Secrétariat technique de l’OIAC pour organiser la prochaine série de consultations entre l’Équipe d’évaluation et l’Autorité nationale syrienne sont restés infructueux.  Comme cela a été mentionné précédemment au Conseil, le Secrétariat technique a fourni à la République arabe syrienne la liste des déclarations en suspens et autres documents demandés par l’Équipe d’évaluation depuis 2019.  Le Secrétariat technique de l’OIAC a proposé, en mai 2022, de traiter les questions relatives à la déclaration dans le cadre d’un échange de correspondances.  Même si Damas a accepté cette proposition, le Secrétariat technique de l’OIAC n’a toujours pas reçu de déclarations ou autres pièces demandées.  Par conséquent, le Secrétariat technique a proposé de déployer une équipe réduite composée de plusieurs membres de l’Équipe d’évaluation en Syrie pour mener des activités limitées dans le pays.  Ainsi, a poursuivi la Haute-Représentante, le premier déploiement de ce type a eu lieu du 17 au 22 janvier 2023, et le second du 12 au 19 avril 2023.  Les résultats du premier ont été transmis aux États parties en mars 2023 et ceux du second le seront au Conseil exécutif de l’OIAC en temps voulu.

La pleine coopération de la République arabe syrienne avec le Secrétariat technique de l’OIAC est essentielle pour clôturer toutes les questions, a insisté Mme Nakamitsu.  Compte tenu des lacunes, incohérences et divergences identifiées qui subsistent à ce stade, a-t-elle indiqué, le Secrétariat technique estime que la déclaration soumise par la République arabe syrienne ne peut toujours pas être considérée comme exacte et complète.  En ce qui concerne les inspections des installations de Barzé et Jamraya, le Secrétariat technique de l’OIAC continue de planifier la prochaine série d’inspections prévues en 2023.  La Syrie, a-t-elle précisé, n’a pas encore fourni suffisamment d’informations ou d’explications qui permettraient de clore le dossier lié à la détection d’un produit chimique du tableau 2 dans les installations de Barzé en novembre 2018.  Aussi l’a-t-elle exhortée à nouveau à répondre de toute urgence à toutes les demandes du Secrétariat technique.

Au sujet de l’invitation adressée par le Directeur général de l’OIAC au Ministre syrien des affaires étrangères pour une réunion en personne, la haute fonctionnaire a indiqué que le Secrétariat technique est prêt à s’engager plus avant sur un ordre du jour.  En attendant, la mission d’établissement des faits de l’OIAC continue d’étudier toutes les informations disponibles relatives aux allégations d’utilisation d’armes chimiques en Syrie.  Elle prépare actuellement des déploiements et fera rapport au Conseil exécutif sur les résultats de son travail en temps voulu.  Simultanément, l’Équipe d’enquête et d’identification de l’OIAC poursuit ses enquêtes sur les incidents dans lesquels il a été établi que des armes chimiques ont été utilisées ou auraient pu l’être.  Pour la Haute-Représentante, la cinquième Conférence d’examen des États parties à la Convention sur les armes chimiques prévue la semaine prochaine sera l’occasion pour les États parties de renouveler leurs engagements en faveur de cet instrument, avec le soutien, a-t-elle espéré, du Conseil de sécurité.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a regretté qu’à l’instar des réunions précédentes consacrées à l’examen du « dossier chimique » en Syrie, aucune évolution significative de la situation « sur le terrain » n’ait été portée aujourd’hui à l’attention du Conseil. Nous nous réunissons uniquement pour permettre à certaines délégations de répéter les mêmes discours antisyriens éculés, a-t-il dénoncé.  Il a dit s’attendre à nouveau à des allégations infondées de la part de ses collègues occidentaux selon lesquelles le manque de progrès serait à imputer à l’insuffisance de la coopération des autorités syriennes.  Cela ne les dérange pourtant pas que même le Secrétariat technique de l’OIAC, malgré son approche partisane, admette, dans le rapport à l’examen, que Damas poursuit sa collaboration, a-t-il relevé.  Le délégué a affirmé que le vingt-cinquième cycle de consultations entre Damas et la mission d’évaluation de la déclaration initiale n’avait pas encore eu lieu parce que le Secrétariat technique de l’OIAC n’est pas intéressé par un tel scénario.  Il trouve de plus en plus de raisons de reporter ses consultations afin que les pays occidentaux continuent de présenter cette situation comme preuve de la non-coopération des autorités syriennes.  Tout cela n’est rien qu’un élément de plus dans la mise en scène de la pièce de théâtre qui se joue chaque mois dans cette salle, a ironisé le délégué. Il a ensuite rappelé que le Directeur général de l’OIAC ne s’est jamais rendu en Syrie et a même explicitement fait part de son refus de le faire.  En d’autres termes, il ne veut tout simplement pas faire son devoir, préférant s’aligner sur le discours des pays occidentaux, a tranché le délégué.

La Fédération de Russie, a-t-il poursuivi, ne reconnaît ni la légitimité de la décision « punitive » de la Conférence des États parties à la Convention sur les armes chimiques, « grossièrement poussée par les délégations occidentales » en violation des dispositions de cet instrument, ni le travail du Groupe d’enquête et d’identification (IIG), établi en violation du principe de consensus et de l’article XV de la Convention.  La seule chose qui mérite, selon le représentant, d’être mentionnée aujourd’hui est la réunion en « formule Arria » que sa délégation a organisée le 24 mars, au cours de laquelle sont apparues de nouvelles preuves convaincantes de la méthodologie utilisée, en violation directe des principes d’enquête de la CAC, notamment s’agissant de la collecte et de la conservation des preuves.  Bien sûr, nos collègues occidentaux, sourds et aveugles, prétendront qu’il s’agit de propagande russe et syrienne, a-t-il ironisé: après tout, leur seule tâche consiste désormais à couvrir les fabrications du Secrétariat technique et sa manipulation du rapport sur la mise en scène de l’incident de Douma en 2018. Le représentant a dit avoir très peu d’espoir que lors de la cinquième Conférence d’examen des États parties à la Convention sur les armes chimiques –prévue du 15 au 19 mai à La Haye– on puisse éviter la politisation des discussions.  La vérité, c’est que l’OIAC perd rapidement sa crédibilité, grâce aux efforts de Washington et de ses satellites, a-t-il soutenu.  Avant de conclure, le représentant a une fois de plus demandé un échéancier adéquat pour les discussions du Conseil sur ce sujet, arguant qu’une réunion trimestrielle sur le dossier des armes chimiques en Syrie serait plus que suffisante.

M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a affirmé que le « régime d’Assad » n’a pas respecté ses obligations en vertu de la Convention sur les armes chimiques et de la résolution 2118 (2013) du Conseil de sécurité, refusant de collaborer avec l’OIAC et de faire preuve de transparence auprès de l’OIAC.  Des consultations exhaustives avec l’Équipe d’évaluation des déclarations de l’OIAC restent nécessaires, a-t-il insisté, regrettant que la Syrie ne semble pas prête à éliminer entièrement son programme d’armes chimiques.  Ce n’est que grâce aux efforts de l’Équipe d’évaluation que le « régime d’Assad » a été forcé de révéler, à sept reprises, des informations sur son programme d’armes chimiques.  Si ces informations comblent des lacunes dans les questions en suspens de la Syrie, le régime continue cependant à entraver les activités de l’Équipe d’évaluation en empêchant le principal expert d’être déployé sur le territoire syrien.  L’Équipe d’évaluation n’est à même de mener que des activités limitées dans le pays, ce qui limite considérablement l’efficacité de ses visites, a constaté à regret le représentant américain.  Pour lui, la protection honteuse accordée par la Fédération de Russie au « régime d’Assad » expose le peuple syrien à une nouvelle utilisation des armes chimiques.  Condamnant avec la plus grande fermeté de tels actes, le délégué a appelé le régime syrien à modifier ses déclarations au titre de la Convention sur les armes chimiques afin de les rendre exactes et complètes et de donner immédiatement un accès sans entrave au personnel de l’OIAC.

Au nom des A3 (Gabon, Ghana et Mozambique), M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) s’est dit préoccupé par la lenteur des progrès accomplis dans l’élimination du programme d’armes chimiques de la Syrie.  Il a maintenu que des avancées pourraient être enregistrées si l’Autorité nationale syrienne coopérait pleinement et si elle respectait tous les aspects de la décision du Conseil exécutif de l’OIAC du 27 septembre 2013.  Il importe selon lui que la Syrie remplisse ses obligations conformément à la résolution 2118 (2013) du Conseil de sécurité et à la Convention sur les armes chimiques afin d’aider à résoudre les questions en suspens, notamment la détection d’un produit chimique du tableau 2 (pouvant être utilisé comme arme chimique) dans les installations de Barzé en novembre 2018, la déclaration de toutes les armes chimiques et de leurs installations de production, et l’organisation de la vingt-cinquième série de consultations avec l’Équipe d’évaluation des déclarations.  Le représentant a également exhorté les points focaux des autorités syriennes et de l’Équipe à accélérer les préparatifs de la réunion de haut niveau proposée et à parvenir à une décision sur son ordre du jour.  Dans ce contexte, après avoir rappelé que l’utilisation d’armes chimiques représente une grave menace pour la paix et la sécurité internationales, il a exhorté toutes les parties prenantes à faire preuve d’un engagement total pour permettre la résolution de toutes les questions en suspens et une conclusion réussie des enquêtes.

M. THOMAS PATRICK PHIPPS (Royaume-Uni) a estimé que la Convention sur les armes chimiques et la non-prolifération au sens large ne peuvent tenir que si ses règles sont respectées et les contrevenants tenus pour responsables. Le « régime d’Assad » a violé à plusieurs reprises ses obligations en vertu de la Convention et de la résolution 2118 (2013) du Conseil de sécurité, a-t-il déclaré en citant « des preuves indéniables et directes » du meurtre par l’État syrien de ses propres civils avec des armes chimiques, au moins à neuf reprises. Il a déploré le fait que le Conseil de sécurité n’ait pas tenu le « régime » pour responsable de l’utilisation de ces armes odieuses, notamment du fait d’actions d’un de ses membres permanents qui a lui-même utilisé des armes chimiques ces dernières années, « y compris dans mon pays en 2018 ».  Le délégué a félicité l’OIAC pour les efforts continus de ses équipes et a souligné les obligations fondamentales qui pèsent sur la Syrie, en tant qu’État partie à la Convention.  Tant que la Syrie n’aura pas fait de progrès significatifs sur ces questions, son programme d’armes chimiques restera une menace permanente à la paix et à la sécurité internationales, a-t-il conclu. 

M. ANDRÉS FERNANDO FIALLO KAROLYS (Équateur) a réitéré l’appel de sa délégation à la soumission rapide, par la Syrie, des déclarations et des documents demandés par l’Équipe d’évaluation des déclarations, et à l’accès immédiat et sans restriction à tous les sites et lieux faisant l’objet d’une enquête au personnel désigné par le Secrétariat technique de l’OIAC.  Il a regretté la position prise par la Syrie d’exclure l’expert technique principal de la composition de l’Équipe d’évaluation des déclarations comme condition préalable à la conduite du vingt-cinquième cycle de consultations, empêchant ainsi son bon déroulement.  Demandant instamment aux autorités syriennes d’instaurer une coopération efficace et sans restriction avec le Secrétariat technique pour s’acquitter des responsabilités qui leur incombent en vertu, notamment, de la Convention sur les armes chimiques et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, le représentant a réitéré le soutien de l’Équateur aux travaux de l’OIAC ainsi qu’à l’intégrité, l’impartialité, l’objectivité et l’indépendance de ses équipes techniques.

M. SUN ZHIQIANG (Chine) a noté que le Gouvernement syrien a dit s’opposer à l’utilisation d’armes chimiques et être prêt à œuvrer avec l’OIAC pour régler les questions en suspens.  Il a aussi fait observer que malgré ses difficultés intérieures et sécuritaires, la Syrie a accueilli une petite équipe de membres de l’Équipe d’évaluation des déclarations pour qu’elle mène les activités dans le pays. « C’est une évolution bienvenue », a commenté le représentant qui a exhorté la communauté internationale à examiner objectivement ces efforts et à reconnaître que la Syrie est prête à coopérer.  Le délégué a encouragé les deux parties à maintenir la communication sur les questions telles que le vingt-cinquième cycle des consultations techniques et la réunion entre le Directeur général de l’OAIC et le Ministre syrien des affaires étrangères.  Le représentant a réitéré l’importance de respecter les données scientifiques et les faits, appelant à mener une démarche objective et équitable.  Les deux parties doivent poursuivre leur discussion approfondie pour régler les questions en suspens, a-t-il aussi conseillé.  Il a enfin recommandé que le Conseil réduise la fréquence des examens de la question syrienne ou envisage d’examiner en une fois les différents volets du dossier afin d’adopter une démarche holistique concernant la question syrienne et de rendre plus efficaces les travaux du Conseil. 

M. YUKIYA HAMAMOTO (Japon) a salué la publication du troisième rapport de l’Équipe d’enquête et d’identification sur l’incident de Douma, en rappelant que l’utilisation d’armes chimiques par la Syrie demeure une menace pour la paix et la sécurité internationales.  Il s’est ensuite dit profondément préoccupé par « les divergences, les lacunes et les incohérences persistantes » dans les déclarations initiales et ultérieures de la Syrie, avant de se féliciter des efforts continus déployés par l’OIAC et son secrétariat technique pour régler toutes les questions en suspens, notamment la deuxième série d’activités limitées dans le pays menées par l’Équipe d’évaluation des déclarations. À cet égard, le représentant a regretté que les efforts visant à organiser la prochaine série de consultations entre cette équipe et l’Autorité nationale syrienne aient une nouvelle fois été infructueux.  La Syrie devrait faciliter la tenue de ces consultations et s’abstenir de trouver d’autres excuses pour empêcher l’entrée de l’expert technique principal de l’Équipe d’évaluation des déclarations sur son territoire, a-t-il plaidé, exhortant à nouveau la Syrie à respecter ses obligations au titre de la Convention sur les armes chimiques et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. 

Alors que la cinquième Conférence d’examen des États parties à la Convention doit avoir lieu plus tard ce mois-ci, le représentant a exhorté vivement tous les États parties à participer activement et de manière constructive à cette discussion.  Ce n’est pas le moment d’affaiblir l’autorité de la Convention et de l’OIAC, a-t-il ajouté, appelant le Conseil à rester uni et à manifester son ferme appui aux efforts mondiaux destinés à éliminer la menace d’utilisation d’armes chimiques. 

M. GUSTAVO SÉNÉCHAL DE GOFFREDO JUNIOR (Brésil) a relevé que le dernier rapport du Directeur général de l’OIAC en date du 25 avril apporte peu de nouveautés, mais il s’est néanmoins dit encouragé par le fait que l’équipe réduite qui s’est rendue en Syrie au début de cette année a rendu son rapport aux États parties à l’OIAC à la fin du mois dernier.  Cette visite et les rapports ultérieurs sont des étapes importantes dans le rétablissement de la confiance entre la Syrie et l’OIAC, a-t-il argué.  Il a appelé la Syrie et l’OIAC à s’appuyer sur cette expérience en explorant de nouveaux formats de dialogue politique de haut niveau, ainsi que pour la conduite des activités des équipes techniques dans le pays.  Il a en même temps recommandé une coopération plus étroite entre l’OIAC et l’ONU, « puisque l’ultime instance d’attribution des responsabilités est le Conseil de sécurité ». 

Mme ISIS JARAUD-DARNAULT (France) a jugé « frustrante » l’absence de progrès sur le dossier syrien des armes chimiques, en soulignant que la responsabilité en incombe intégralement au « régime syrien ».  Il est impératif que celui-ci autorise le personnel de l’OIAC à se déployer en Syrie, comme c’est son mandat, a-t-elle exigé, en dénonçant les restrictions « inacceptables » imposées une nouvelle fois par la Syrie au déploiement de l’Équipe d’évaluation de la déclaration initiale.  Pour la France, le déploiement limité des équipes de l’OIAC en Syrie, tel que celui intervenu le mois dernier, ne constitue pas une alternative viable.  La représentante a donc appelé la Syrie à cesser d’entraver les travaux du Secrétariat de l’OIAC et à se mettre en conformité avec ses obligations internationales.  Ce secrétariat, malgré les obstacles, poursuit son travail d’enquête avec « ténacité, indépendance et professionnalisme », a salué la déléguée. Elle a rappelé que la lutte contre l’impunité est le fondement de l’efficacité et de la crédibilité du régime d’interdiction, assurant que la France continuera d’œuvrer en ce sens avec ses partenaires.

M. ARIAN SPASSE (Albanie) a déclaré que 10 ans après l’adoption de la résolution 2118 (2013), il n’existe toujours aucune preuve de la destruction par la Syrie de ses stocks d’armes chimiques.  Saluant la publication du troisième rapport de l’équipe réduite qui confirme l’utilisation de telles armes le 7 avril 2018 à Douma et le non-respect systématique, par Damas, de ses obligations au titre de la Convention sur les armes chimiques, le représentant a condamné l’utilisation répétée par le régime syrien de ces armes atroces, en violation flagrante de ses obligations internationales.  Les responsables doivent être traduits en justice, a-t-il ajouté. 

Le représentant a regretté que le vingt-cinquième cycle de consultations n’ait toujours pas eu lieu et que la Syrie continue de fixer des conditions préalables à leur tenue.  Elle veut exclure le principal expert technique de l’Équipe d’évaluation, a déploré le délégué, au mépris de ses obligations au titre de la Convention des armes chimiques et de la résolution 2118 (2013) du Conseil de sécurité.  Le représentant a par ailleurs dit attendre avec intérêt les conclusions de la visite d’avril 2023 de l’équipe réduite.  De nombreuses questions importantes demeurent, le dernier rapport en date du Secrétariat de l’OIAC confirmant les lacunes de la déclaration initiale de la Syrie et des incohérences entre celle-ci et les suivantes, a observé le représentant, en dénonçant la non-coopération du régime syrien avec le Secrétariat technique.

M. DARREN CAMILLERI (Malte) a rappelé qu’à neuf reprises, l’OIAC ou des enquêtes conjointes ONU-OIAC ont conclu que la Syrie avait utilisé des armes chimiques contre son propre peuple.  De tels actes sont totalement indéfendables et leurs auteurs ne doivent pas rester impunis, a-t-il souligné, avant de noter que le troisième rapport de l’Équipe d’enquête et d’identification a conclu qu’il existait des motifs raisonnables de croire que les forces aériennes arabes syriennes étaient à l’origine de l’attaque aux armes chimiques à Douma.  Ce rapport a été rédigé en respectant les meilleures pratiques des organes internationaux d’établissement des faits et des commissions d’enquête, ainsi que les procédures applicables de l’OIAC, a-t-il fait valoir, avant de réitérer son soutien au travail indépendant, impartial et expert de l’OIAC et de son secrétariat technique.  Le représentant a ensuite regretté le refus des autorités syriennes de coopérer pleinement avec l’OIAC, dénonçant notamment le fait qu’elles n’aient pas autorisé l’accès aux sites de l’incident de Douma, malgré les obligations qui leur incombent en vertu de la Convention sur les armes chimiques et de la résolution 2118 (2013).

De plus, les déclarations en attente et les autres documents demandés par l’Équipe d’évaluation des déclarations depuis 2019 n’ont toujours pas été fournis par la Syrie, a poursuivi le délégué, qui a également déploré que Damas continue d’imposer des limites à la composition de cette équipe, ce qui empêche la tenue d’une vingt-cinquième série de consultations.  L’Équipe complète devrait être en mesure de se déployer dès que possible, a-t-il plaidé, affirmant attendre avec impatience le résultat de ses activités limitées menées dans le pays en avril.  Il a d’autre part souhaité que l’ordre du jour de la réunion proposée entre le Directeur général de l’OIAC et le Ministre des affaires étrangères de la Syrie pourra être convenu dès que possible.  Il a enfin encouragé la reconduction de l’accord tripartite entre l’OIAC, le Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS) et la Syrie, qui doit expirer le 30 juin prochain.  Ce n’est que grâce à la coopération significative de la Syrie avec l’OIAC que nous pouvons garantir que le programme d’armes chimiques syrien a été éliminé complètement et de manière vérifiable, a-t-il conclu en enjoignant à la Syrie de fournir les garanties nécessaires sur son programme, conformément à la Convention sur les armes chimiques. 

Mme GHASAQ SHAHEEN (Émirats arabes unis) a salué la décision prise hier de réadmettre la Syrie au sein de la Ligue des États arabes, espérant qu’elle ouvrirait la voie à une solution à la crise dans ce pays.  La déléguée a ensuite appelé à un dialogue constructif entre l’OIAC et Damas pour faire progresser le dossier des armes chimiques. Elle a insisté sur la nécessité d’incarner un esprit de coopération qui repose sur les principes techniques et fondamentaux de l’OIAC, à savoir le consensus et la non-politisation. Concernant la visite de l’équipe réduite de l’OIAC en Syrie le mois dernier, elle a souhaité voir des avancées avec la tenue de consultations approfondies entre les deux parties dans les plus brefs délais.  Face à la menace posée par le terrorisme chimique, la déléguée a appelé à rester vigilant, mettant en garde contre le fait que Daech n’hésitera pas à utiliser tous les moyens à sa disposition pour atteindre ses objectifs.  Elle a ensuite demandé d’examiner l’efficacité de la pratique du Conseil de sécurité consistant à tenir ces réunions sur le dossier chimique syrien, surtout quand aucune évolution ne justifie la tenue d’une telle réunion.  Au lieu de quoi, nous pourrions envisager une périodicité trimestrielle, a-t-elle suggéré.

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a commencé par saluer le fait que, pour la deuxième fois cette année, des représentants de l’Équipe d’évaluation des déclarations de l’OIAC aient pu se rendre en Syrie du 12 au 19 avril. Elle a souhaité que ce déplacement mène au rétablissement d’une coopération pleine et entière entre la Syrie et l’OIAC. Aussi a-t-elle rappelé que les autorités syriennes doivent fournir un accès immédiat et sans entrave au personnel de l’OIAC, incluant le droit d’inspecter tous les sites.  La déléguée a noté à cet égard que les obstacles posés par la Syrie aux visites de l’Équipe d’évaluation des déclarations au grand complet constituent un sérieux manquement aux obligations faites par la résolution 2118(2013).  De plus, 20 points de la déclaration initiale de la Syrie demeurent en suspens, a-t-elle souligné.  Réaffirmant une nouvelle fois la confiance de la Suisse en l’OIAC et en toutes ses missions, la représentante a salué la tenue, du 15 au 19 mai, de la cinquième Conférence d’examen des États parties à la Convention sur les armes chimiques à La Haye.  Celle-ci sera l’occasion de renforcer le rôle de la Convention dans la lutte contre l’emploi et la prolifération de ces armes de destruction massive ainsi que le désarmement, a-t-elle noté.  L’adoption par consensus d’une déclaration conjointe adresserait, selon elle, un message clair en ce sens.

M. BASSAM SABBAGH (Syrie) a rejeté « les accusations et les mensonges » visant son pays.  La Syrie a honoré ses obligations y compris en détruisant tous ses stocks d’armes chimiques, a-t-il affirmé.  Il a informé que, les 15 mars et 15 avril 2023, la Syrie a présenté ses rapports mensuels ayant trait à la mise en œuvre de la décision du Conseil exécutif de l’OIAC du 15 novembre 2013.  En ce qui concerne l’Équipe d’évaluation des déclarations, il a fait remarquer que ce n’est pas une équipe d’inspection.  Il a rappelé qu’une équipe réduite s’est rendue en Syrie deux fois cette année, visites qui ont été facilitées par l’Autorité nationale syrienne, de même que lors des consultations sur différents aspects du dossier et les questions en suspens.  Le représentant a tenu à dire que l’équipe réduite est la même que l’Équipe d’évaluation des déclarations, à l’exception d’un seul expert.  Il a ajouté qu’elle a mené toutes ses activités comme l’a fait l’Équipe d’évaluation des déclarations lors des 24 premiers cycles de consultations, en concluant qu’elle a travaillé normalement.  Il s’est donc étonné que le Secrétariat technique de l’OIAC refuse toujours d’organiser le vingt-cinquième cycle de consultations, alors que l’équipe réduite a mené toutes les activités prescrites à l’Équipe d’évaluation des déclarations.  Il s’est demandé si ce ne serait pas un prétexte pour que d’autres accusent la Syrie de ne pas coopérer.

S’agissant des inspections au Centre d’études et de recherches scientifiques, le rapport d’inspection fait état de la coopération de la Syrie, s’est réjoui le représentant regrettant que le rapport mensuel du Directeur général ne fasse pas référence aux résultats du rapport du neuvième cycle, ni à celui du huitième cycle.  De même, le Secrétariat technique n’aborde pas ces résultats lorsqu’il parle de la pleine coopération de la Syrie et alors qu’il ne signale aucune activité allant à l’encontre de la Convention et des décisions de l’OIAC relatives à ce dossier. Pour lui, cette attitude pose la question de l’impartialité des rapports du Directeur général.  Après s’être félicité des consultations de haut niveau qui se sont tenues, le délégué a insisté sur la nécessité pour la mission d’établissement des faits de réformer ses méthodes de travail, de remédier à de graves lacunes et de rendre des rapports professionnels et impartiaux. La Syrie attend toujours la publication, par la mission d’établissement des faits, des rapports sur les incidents rapportés par le Gouvernement syrien, a dit le représentant.  La Syrie continuera de travailler avec l’OIAC, malgré le fait qu’elle s’écarte de la voie fixée par la Convention, a assuré le délégué appelant à l’impartialité du Secrétariat technique dans la mise en œuvre de la Convention sur les armes chimiques. 

M. AMIR SAEID IRAVANI (République islamique d’Iran) a commencé par assurer que son peuple n’oubliera jamais le rôle que certains pays occidentaux ont joué en aidant le régime de Saddam Hussein à utiliser des armes chimiques contre lui pendant la guerre imposée à l’Iran par l’Iraq.  Accusant ces pays d’avoir été « complices de ces atrocités », il a constaté qu’en raison de leurs « actions néfastes », le Conseil de sécurité n’a pas été en mesure de prendre des mesures efficaces pour tenir les auteurs responsables de ces crimes atroces.  Il est selon lui « troublant » de voir persister ce « deux poids, deux mesures », comme en témoigne la « politisation » de la Convention et de l’OIAC.  Pour le représentant, une telle approche risque non seulement de créer des divisions entre États Membres, mais aussi de saper la crédibilité et la légitimité de l’architecture de désarmement.

Le délégué a ensuite estimé que, conformément à ses obligations au titre de la Convention, le Gouvernement syrien a poursuivi sa coopération constructive avec l’OIAC, notamment en soumettant au Directeur général de cette organisation ses derniers rapports mensuels en date.  Il a d’autre part noté qu’une formation réduite de l’Équipe d’évaluation des déclarations s’est rendue en Syrie à deux reprises, en janvier puis en avril, et que l’Autorité nationale syrienne lui a fourni les facilitations nécessaires.  En outre, des consultations ont eu lieu entre les deux parties et de nombreux aspects liés à certaines questions en suspens ont été discutés, s’est-il félicité, avant d’évoquer la menace d’une utilisation d’armes chimiques par des organisations terroristes.  Damas a exprimé à plusieurs reprises sa préoccupation à ce sujet, a-t-il dit, appelant à ne pas ignorer ou sous-évaluer cette menace et à agir en conséquence. Le représentant a également exhorté tous les États Membres à respecter les principes de la Convention et à garantir l’impartialité, le professionnalisme et l’intégrité de l’OIAC. Il a enfin jugé qu’en l’absence de nouveaux développements, la tenue de réunions mensuelles sur le dossier chimique syrien n’est « pas constructive ».  À ses yeux, toute approche politique de ce dossier ne peut que compromettre le processus de résolution des questions en suspens et nuire à la nature technique des discussions. 

Mme CEREN HANDE ÖZGÜR (Türkiye) a relevé que la Syrie a l’obligation de respecter les principes de la Convention sur les armes chimiques à laquelle elle a adhéré, ainsi que les dispositions de la résolution 2118(2013) du Conseil de sécurité.  Après avoir énuméré ces obligations, elle a rappelé qu’il a été démontré que le « régime syrien » a utilisé des armes chimiques à neuf reprises au moins. De plus, le pays refuse de collaborer avec l’OIAC et ne lui a pas encore fourni les informations attendues, qui permettraient de clore certains dossiers.  Elle a de plus regretté qu’il n’ait pas été possible jusqu’à présent d’organiser la prochaine série de consultations entre l’Équipe d’évaluation des déclarations et l’Autorité nationale syrienne, et ce depuis plus de deux ans, notamment à cause des objections du « régime » sur la composition de l’Équipe.  Notant les lacunes et divergences toujours pas résolues, la déléguée a appelé le « régime syrien » à respecter ses obligations en la matière et a condamné l’utilisation répétée d’armes chimiques en Syrie. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: à ce jour, 49 États sur 193 ont payé leurs contributions au budget ordinaire de l’ONU et à ceux des opérations de paix et des tribunaux internationaux

Soixante-dix-septième session,
30e séance plénière - matin
AG/AB/4419

Cinquième Commission: à ce jour, 49 États sur 193 ont payé leurs contributions au budget ordinaire de l’ONU et à ceux des opérations de paix et des tribunaux internationaux

Les versements au budget ordinaire continuent de fluctuer chaque année, rendant très difficile l’affectation en toute sécurité des fonds aux mandats dont est chargée l’Organisation, a prévenu aujourd’hui le Contrôleur des Nations Unies. M. Chandramouli Ramanathan a indiqué qu’à ce jour, 49 États Membres sur 193 ont payé l’intégralité de leurs contributions au budget ordinaire et à ceux des opérations de paix et des Tribunaux pénaux internationaux, les trois éléments à partir desquels la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires évalue la santé financière de l’ONU.  La Commission s’est aussi penchée sur les enveloppes proposées pour la Base de soutien logistique de Brindisi, le Centre de services régional d’Entebbe et le Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie. 

Le Contrôleur a, s’agissant du budget ordinaire, plaidé pour une trésorerie saine dès le début de l’année.  Il a fait observer qu’à la fin du mois d’avril de cette année, les contributions versées étaient inférieures de 370 millions de dollars aux estimations.  Au 30 avril 2023, 97 États Membres avaient versé la somme de 1,5 milliard de dollars, ce qui signifie des impayés de 1,8 milliard. Outre une gestion efficace des liquidités, il a imputé l’exécution sans heurt des mandats à l’augmentation de 100 millions de dollars du Fonds de roulement.  Cette année et l’année prochaine, il ne sera sans doute pas nécessaire de restreindre les dépenses, a—t-il pronostiqué. 

Quant aux opérations de maintien de la paix, les impayés atteignaient, à la fin du mois d’avril, la somme de 2,8 milliards de dollars.  Soixante-deux États ayant honoré leurs obligations financières, le Contrôleur a averti que si tous ne prennent pas rapidement des mesures décisives pour remédier à l’imprévisibilité des versements, les opérations de paix auront du mal à s’acquitter efficacement de leur mandat.  En ce concerne les tribunaux internationaux, une somme de 93 millions de dollars manquait toujours au 30 avril, les bons élèves étant au nombre de 84. 

Le Contrôleur a ensuite indiqué que le budget de 66,3 millions de dollars proposé pour la Base de soutien logistique de Brindisi représente une augmentation de 0,5% par rapport à l’exercice précédent, due aux besoins additionnels en matière d’infrastructures.  Mais cette hausse est compensée en partie par la réduction des coûts liés au personnel civil, ce qui n’a pas empêché le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) de proposer une coupe de 307 100 dollars et une autre de 106 800 dollars dans l’enveloppe de 43,7 millions de dollars demandée pour le Centre de services régional d’Entebbe. 

Ce Centre, a plaidé le Groupe des 77 et la Chine, appuyés par l’Ouganda, fournit désormais des services à 17 clients dont 7 opérations de paix et 9 missions politiques spéciales.  La charge de travail, la complexité et le volume des transactions, qui a considérablement augmenté, méritent un niveau adéquat de ressources humaines et financières. Quant au Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie, le CCQAB recommande d’amputer la somme de 247 000 dollars à l’enveloppe proposée de 555,7 millions. 

Pour poursuivre les discussions sur la situation financière de l’ONU, la Cinquième Commission a prévu une autre séance publique vendredi 12 mai, à partir de 10 heures.

AMÉLIORATION DE LA SITUATION FINANCIÈRE DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES 

Déclaration

M. CHANDRAMOULI RAMANATHAN, Contrôleur des Nations Unies, a déclaré que les versements au budget ordinaire continuent de fluctuer considérablement chaque année.  Les sommes considérables versées du dernier trimestre de l’année dernière, doivent être gérées avec prudence pour ne pas risquer une perturbation des activités au cours de l’année.  Il est important, a insisté le Contrôleur, de disposer d’une trésorerie saine dès le début de l’année.  Quelque 43% des fonds attendus étaient versés au premier trimestre de l’année 2021 contre 42% au premier trimestre de cette année 2023.  À la fin du deuxième trimestre, les recouvrements étaient de 80% en 2021 et de 58% en 2022, tandis que qu’à la fin de 2021 et de 2022 les recouvrements étaient de 113% et 102%.  Au dernier trimestre de 2022, une somme de 896 millions de dollars était perçue contre 903 millions au cours de la même période en 2021.  Pour ce qui est de 2023, à la fin avril, les recouvrements ont été inférieurs de 370 millions de dollars par rapport aux estimations, a prévenu le Contrôleur. 

La gestion stricte des liquidités instaurée en 2020 a permis d’éviter la perturbation des opérations et de maintenir les réserves à un bon niveau.  Si les déficits budgétaires sont passés de 488 millions de dollars en octobre à 334 millions de dollars en décembre 2020, en 2021 et 2022, il a fallu emprunter la totalité du Fonds de roulement vers la fin de l’année, mais en évitant des ponctions au Compte spécial et aux liquidités disponibles dans les opérations de de paix.  La gestion des liquidités a donc été efficace, tandis que les outils de gestion ont été améliorés pour faire face aux futures crises de liquidités. 

L’augmentation de 100 millions de dollars du Fonds de roulement, grâce à l’apport d’une partie des crédits à restituer aux États Membres en 2023, combinée à l’approbation par l’Assemblée générale de l’utilisation de l’excédent de trésorerie des tribunaux ont permis au Secrétariat de se concentrer sur l’exécution des mandats plutôt que sur la gestion des liquidités.  Cette année et l’année prochaine, il ne sera sans doute pas nécessaire de restreindre les dépenses. 

Grâce à un léger excédent en 2022 et au fait que le budget n’a pas été dépensé en totalité, la situation de la trésorerie à la fin de 2022 s’est légèrement améliorée par rapport à 2021, a poursuivi M. Ramanathan.  Cependant, la situation en 2023 reste préoccupante puisque les recouvrements ne sont pas à la hauteur des estimations.  L’année a bien commencé voire mieux que les années précédentes, mais à la fin du mois d’avril les recouvrements étaient à la baisse.  Ainsi, en 2023, les sommes versées étaient de 2,99 milliards de dollars, soit 56 millions de dollars de plus qu’en 2022.  Au 30 avril 2023, la somme de 1,5 milliard de dollars signifiait des impayés de 1,8 milliard de dollars, contre 1,6 milliard de dollars à la même période en 2022.  En outre, a encore dit le Contrôleur, 146 États Membres avaient versé l’intégralité de leurs contributions au budget ordinaire à la fin de 2022, soit 7 de moins qu’à la fin de 2021.  Cette année, à la fin du mois d’avril, 97 États Membres l’avaient fait, soit 1 de plus qu’à la même période l’an dernier. 

Se tournant vers les opérations de maintien de la paix, M. Ramanathan a indiqué que les impayés atteignaient à la fin du mois d’avril, la somme de 2,8 milliards de dollars, ce qui comprend 2,3 milliards de dollars pour les missions en cours et 516 millions de dollars au titre des missions clôturées. Au 30 avril 2023, 62 États Membres avaient versé l’ensemble des contributions exigibles.  La mise en recouvrement et les recouvrements pour les périodes non prescrites ont permis d’obtenir des liquidités globales qui, à leur tour, ont aidé à régler les contributions aux pays fournisseurs d’effectifs militaires ou de police.  Pour parvenir au niveau atteint à la fin de 2021-2022, au moins 550 millions de dollars supplémentaires sont nécessaires, a-t-il noté.  Si les États Membres ne prennent pas rapidement des mesures décisives pour remédier à l’imprévisibilité des versements, les missions de maintien de la paix ne seront pas en mesure de s’acquitter efficacement de leur mandat, a prévenu le Contrôleur, en ajoutant qu’il est essentiel que les États Membres s’acquittent intégralement et ponctuellement de leurs obligations financières afin de remédier à cette situation. 

Au 30 avril 2023, le solde de trésorerie se composait d’environ 1,5 milliard de dollars dans les comptes des missions en cours, des missions clôturées et du Fonds de réserve pour les opérations de maintien de la paix.  Également au 30 avril 2023, le montant total des engagements des États Membres au titre du matériel appartenant aux contingents s’élevait à 19 millions de dollars pour l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD).  Enfin, les paiements pour les dépenses des unités de police constituées sont à jour pour toutes les missions, jusqu’au 31 mars 2023. 

En ce qui concerne les tribunaux internationaux, M. Ramanathan a indiqué que la contribution totale non acquittée s’élevait à 93 millions de dollars au 30 avril, ce qui inclut les montants dus pour le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), dont la dernière évaluation remonte à 2016, et pour le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), qui a fait l’objet d’une évaluation pour la dernière fois en 2018.  À ce jour, 84 États Membres ont versé l’intégralité de leurs contributions statutaires pour tous les tribunaux, contre 73 pour la même période en 2022.  Dans sa résolution 76/272, l’Assemblée générale a également décidé que les liquidités excédentaires des tribunaux pourraient être utilisées pour les liquidités inscrites au budget ordinaire, si nécessaire, à partir de janvier 2023, étant donné que les liquidités excédentaires provenant des missions de maintien de la paix clôturées ne seraient plus disponibles après mars 2023. La santé financière de l’Organisation dépend de la volonté des États Membres de s’acquitter intégralement et à temps de leurs obligations financières, a rappelé le Contrôleur.

ASPECTS ADMINISTRATIFS ET BUDGÉTAIRES DU FINANCEMENT DES OPÉRATIONS DE PAIX DES NATIONS UNIES

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) sur l’exécution du budget pour l’exercice, allant du 1er juillet 2021 au 30 juin 2022, et le projet de budget, pour l’exercice allant du 1er juillet 2023 au 30 juin 2024

Base de soutien logistique des Nations Unies à Brindisi (A/77/767/Add.6)

Pour l’exercice 2023/24, le Secrétaire général demande une enveloppe de 66 284 600 dollars, soit une augmentation de 326 000 dollars (0,5%) par rapport aux crédits 2022/23.  Le CCQAB recommande une coupe de 307 100 dollars, réduisant les montants demandés pour les voyages officiels, les installations et les infrastructures, les transports terrestres, et les communications et l’informatique.

Il recommande également que le montant de 73 000 dollars représentant le solde inutilisé de l’exercice allant du 1er juillet 2021 au 30 juin 2022 ainsi que le montant de 173 500 dollars correspondant aux produits divers et ajustements de l’exercice clos le 30 juin 2022 soient déduits de celui des ressources à prévoir pour l’exercice allant du 1er juillet 2023 au 30 juin 2024.

Centre de services régional d’Entebbe (A/77/767/Add.5)

Le budget proposé par le Secrétaire général, d’un montant brut de 43 742 500 dollars, fait apparaître une augmentation de 632 000 dollars (1,5%) par rapport aux crédits pour 2022/23.  Ici aussi, le CCQAB recommande une réduction et cette fois, de 106 800 dollars, réduisant les montants demandés pour les communications et l’informatique et ceux pour les fournitures, services et matériels divers.

Il recommande aussi que le montant de 520 900 dollars représentant le solde inutilisé de l’exercice allant du 1er juillet 2021 au 30 juin 2022, ainsi que le montant de 102 300 dollars correspondant aux autres produits et ajustements soient portés au crédit des États Membres.

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. RICHARD TUR DE LA CONCEPCIÓN (Cuba) a, concernant la Base de soutien logistique de Brindisi, espéré des justifications détaillées sur l’augmentation de l’enveloppe proposée, insistant sur la transparence et demandant des précisions sur l’idée de créer des postes nationaux.  Il a appelé la Base à poursuivre ses opérations liées au Programme de développement durable à l’horizon 2030, avant de passer au Centre d’Entebbe.  Le représentant a reconnu le travail important de ce dernier qui fournit des services à 17 clients et assure les fonctions résiduelles de liquidation de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (BINUGBIS) et du Bureau de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Burundi.  Le Centre est également censé fournir des services administratifs à quelques entités clientes qui ne sont pas des missions, comme le Service de la lutte antimines, le Bureau régional des services d’ombudsman et de médiation et le Bureau des services de contrôle interne d’Entebbe. 

La charge de travail, la complexité et le volume de transactions ont augmenté considérablement, a noté le représentant.  Il est donc essentiel que des ressources humaines et financières adéquates soient assurées au Centre.  Il a aussi jugé qu’il faut évaluer la manière dont la structure organisationnelle actuelle pourrait affecter l’efficacité de la gestion et du contrôle du Centre.  Il s’est réjoui des efforts d’automatisation des processus institutionnels pour créer des gains d’efficience et s’est attardé sur le dispositif de modulation des ressources qui permet d’améliorer l’évaluation des besoins administratifs et budgétaires.  Le représentant a plaidé pour une période de stabilisation afin d’affiner ce modèle.  Pour ce qui est des effectifs, il s’est inquiété des 49 postes vacants qui pourraient compromettre l’exécution du mandat du Centre.  Il a rappelé, à cet égard, que l’Assemblée générale a demandé que le personnel national se voit octroyer des contrats continus et demandé au Secrétaire général de faciliter ce processus. 

M. ADONIA AYEBARE (Ouganda) a dit attacher la plus haute importance au Centre d’Entebbe et promis un soutien sans faille à ses activités.  À son tour, il a jugé impératif que l’affectation des ressources correspondent aux activités et aux responsabilités accrues du Centre dont le personnel est en droit d’obtenir des contrats de travail continus.  Le représentant s’est donc réjoui de ce que le Centre ait pris des mesures pour octroyer ce type de contrat au personnel local des services généraux.

FINANCEMENT DES ACTIVITÉS DÉCOULANT DE LA RÉSOLUTION 1863 (2009) DU CONSEIL DE SÉCURITÉ

Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie (A/77/767/Add.7)

Dans l’enveloppe proposée de 556 707 900 dollars pour 2023/24, soit une augmentation de 35 011 200 dollars (6,7%) par rapport à l’exercice précédent, le CCQAB réduit les montants demandés pour les voyages officiels, et pour les communications et l’informatique, à hauteur de 247 000 dollars.

Il recommande également que le montant de 3 463 500 dollars représentant le solde inutilisé de l’exercice allant du 1er juillet 2021 au 30 juin 2022, ainsi que le montant de 10 646 300 dollars correspondant aux autres produits et ajustements de l’exercice clos le 30 juin 2022 soient portés au crédit des États Membres.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Inégalités entre les genres, financement de la recherche et Internet pour tous au menu de la dernière journée du forum STI

Session de 2023,
Forum sur la science, la technologie et l’innovation, Matin & après-midi  
ECOSOC/7126

Inégalités entre les genres, financement de la recherche et Internet pour tous au menu de la dernière journée du forum STI

Le forum de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation (STI) au service de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) a achevé, aujourd’hui, ses deux jours de débats en se penchant sur les défis du financement de la recherche, d’Internet pour tous et des inégalités entre les genres dans la science et la technologie.  Les discussions ont été riches et franches, un orateur n’hésitant pas à affirmer que les objectifs de développement durable (ODD) ne seront pas atteints en 2030 « si les choses ne changent pas », avec un appel à travailler ensemble, « parce que les gouvernements ne peuvent pas tout faire ».

Lors de la première session de la journée, les orateurs ont réfléchi aux moyens de faire tomber les barrières et de combler l’écart entre les sexes dans la science et la technologie.  Au Chili, comme l’a rappelé le délégué de ce pays, les femmes ne représentent en effet que 5% des postes de travail dans ces domaines. Peu de femmes créent des contenus Internet, a appuyé Mme Tara Chlovski, PDG de Technovation. 

Face à ce constat, Mme Janet Abbate, professeure de science, de technologie et société à Virginia Tech, aux États-Unis, a suggéré de sensibiliser les filles afin qu’elles croient en leur capacité à être performantes dans les domaines scientifiques.  L’école, les gouvernements, les organisations de la société civile et le secteur industriel ont chacun leur partition à jouer, a-t-elle indiqué. 

Même son de cloche du côté de Mme Eleonore Forunier-Tombs, Cheffe de l’action anticipative et l’innovation à l’Université des Nations Unies, qui a appelé à renverser le préjugé qui affecte les femmes, y compris dans les discours publics.  « L’intelligence artificielle prolonge ce préjugé en produisant des textes qui mettent des articles au féminin quand il est fait mention d’assistant, tout en choisissant des pronoms masculins quand on parle de finance ou de responsable de direction. » 

La deuxième session de la journée, soit la cinquième du forum, a exploré l’état de la coopération et du financement de la recherche mondiale -en particulier dans le Sud- pour la réalisation des ODD. Elle a été marquée par l’intervention de M. Fulufhelo Nelwamondo, de la Fondation nationale de la recherche d’Afrique du Sud. 

Ce dernier a en effet rappelé que l’Afrique demeure un consommateur très important de connaissances mais ne représente qu’entre 1 et 2% des financements de la recherche mondiale et 2% des brevets déposés dans le monde, alors même que 22% de la jeunesse mondiale sera africaine d’ici à quelques décennies.  « C’est pourquoi, il faut absolument faire passer un financement suffisant du Nord vers le Sud et renforcer les capacités de la jeunesse africaine. »

De son côté, M. Marco Antonio Zago, Président de la Fondation de recherche de São Paulo au Brésil, a déclaré que les gouvernements financeurs doivent tenir compte des spécificités des régions du monde, eu égard à leur exposition aux changements climatiques.  « La science peut intervenir dans chacun des 17 ODD mais la science, en fait, doit être considérée comme un ODD à part entière », a-t-il affirmé.

La dernière session de la journée a été consacrée aux moyens à mettre en œuvre afin d’offrir à tous un avenir numérique équitable.  En effet, les inégalités dans l’accès à Internet et aux infrastructures numériques, à la fois à l’intérieur des pays et entre les pays, demeurent préoccupantes. À ce défi, comme l’ont rappelé les orateurs, s’ajoute celui de l’émergence de l’intelligence artificielle, qui pourrait exacerber lesdites inégalités et laisser des milliards d’êtres humains de côté.

Un certain pessimisme a affleuré au cours des débats, notamment lors de la présentation du Rapport mondial 2023 sur le développement durable.  « Nous sommes à mi-parcours et le monde est bien loin de ses objectifs », a en effet déclaré M. Ibrahima Hathie, de l’Initiative prospective agricole et rurale, Sénégal, en jugeant la situation « inquiétante ». 

La tendance est négative pour de nombreux ODD, notamment pour ce qui concerne l’élimination de la pauvreté extrême, qui est le premier des objectifs.  L’expert a aussi noté que le monde régresse pour l’objectif de faim « zéro ». Il a averti que les objectifs resteront hors de portée en 2030 si les choses ne changent pas. « Travaillons ensemble car les gouvernements ne peuvent pas tout faire. »

La Présidente de l’ECOSOC, Mme Lachareva Stoeva, s’est voulue volontariste dans sa déclaration de clôture en insistant sur l’importance cardinale de la coopération.  Le défi principal est de faire en sorte que les nouvelles technologies et la recherche aient la durabilité comme élément moteur, a dit la Présidente.  Enfin, elle insisté sur l’urgente nécessité pour les décideurs publics d’élaborer les politiques qui puissent accompagner les technologies en rapide évolution.

HUITIÈME FORUM DE COLLABORATION MULTIPARTITE SUR LA SCIENCE, LA TECHNOLOGIE ET L’INNOVATION AU SERVICE DE LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Présentation du Rapport mondial 2023 sur le développement durable

La tonalité de la présentation de ce rapport a été négative, puisque les objectifs de développement durables (ODD), en l’état actuel des efforts, ne seront pas atteints en 2030.

Mme NANCY SHACKELL, de l’Institut océanographique de Bedford, Nouvelle-Écosse, a indiqué que ce rapport complexe, qui sera rendu public en septembre, est le fruit d’expertises très diverses.  C’est une évaluation générale de toutes les évaluations qui ont été faites pour mesurer les efforts déployés en vue de réaliser le Programme de développement à l’horizon 2030, a-t-elle dit. 

« Nous sommes à mi-parcours et le monde est bien loin de ses objectifs », a déclaré M. IBRAHIMA HATHIE, de l’Initiative prospective agricole et rurale, Sénégal, en jugeant la situation « inquiétante ».  La tendance est négative pour de nombreux objectifs de développement durable, notamment pour ce qui concerne l’élimination de la pauvreté extrême, qui est le premier des objectifs.  L’expert a aussi noté que le monde régresse pour l’objectif de faim « zéro ». Il a averti que les objectifs resteront hors de portée en 2030 si les choses ne changent pas.  « Travaillons ensemble car les gouvernements ne peuvent pas tout faire. »

M. JAIME C. MONTOYA, de l’Académie nationale des sciences et des technologies des Philippines, a plaidé pour une meilleure compréhension des liens entre les différents ODD.  Il a également insisté sur les effets transfrontaliers des actions visant à réaliser des ODD dans un pays, puisqu’elles peuvent avoir des externalités positives dans un autre pays.

De son côté, Mme DENISE MORAIS DA FONSECA, professeure d’immunologie à l’Université de Sao Paulo (Brésil), a rappelé que le monde a beaucoup appris de la pandémie de COVID-19.  Il est crucial de combler les inégalités entre les pays et les communautés, a-t-elle dit, avant d’appeler à lutter contre la défiance envers la science.

Enfin, Mme SABRINA SHOLTS, du Musée national d’histoire naturelle – Smithsonian, États-Unis, a rappelé que l’histoire humaine et l’histoire naturelle sont inextricablement liées. Pour atteindre les ODD, les êtres humains et la nature doivent vivre en harmonie, a-t-elle dit, en stigmatisant l’usage non durable des ressources naturelles, lequel est récent à l’échelle de l’humanité.  « Il est crucial de renouer avec cette harmonie avec la nature dont jouissent les peuples autochtones. »

Session 4: Faire tomber les barrières - combler l’écart entre les sexes dans la science et la technologie 

Cette session a jeté la lumière sur des exemples et des enseignements tirés d’initiatives en matière de genre et de science, technologie et innovation (STI) qui aident à faire avancer le monde vers des écosystèmes d’innovation plus inclusifs et représentatifs, un préalable pour accélérer les progrès vers les ODD.  Pour résumer l’ampleur des écarts de sexes, le Chili a relevé que les femmes de son pays ne représentent que 5% des postes de travail dans les domaines des technologies de l’information et des communications (TIC). Il faut de l’équité dans le domaine de l’intelligence artificielle, a aussi plaidé la modératrice de la session, Mme MAKI KAWAI, Présidente de l’Institut national des sciences naturelles, Japon, consciente que ce secteur va dominer le monde et que les femmes doivent y avoir une place centrale pour la prise de décisions.

Pour le moment, le constat est que les contenus d’Internet sont peu créés par les femmes, a souligné Mme TARA CHLOVSKI, PDG de Technovation.  Comment les jeunes femmes peuvent-elles exploiter les nouvelles applications technologiques comme Tik Tok afin de promouvoir leurs contenus et changer le monde? a-t-elle demandé en espérant que les femmes seront à l’origine des prochaines avancées technologiques.  Pour le moment, elles sont en avant-garde des projets écologiques mis en place par des scientifiques au Liban et dans la région du Moyen-Orient, a témoigné Mme NAJAT AOUN SALIBA, professeure de chimie analytique à l’Université américaine de Beyrouth, Liban

Mme JANET ABBATE, professeure de science, de technologie et société à Virginia Tech, États-Unis, a quant à elle souhaité que les domaines de la science et de la technologie s’adaptent aux femmes.  Selon elle, la structure et la culture qui y règnent sont favorables à l’essor des hommes mais pas des femmes.  Il faut donc commencer par sensibiliser celles-ci afin qu’elles croient en leur capacité à être performantes dans les domaines scientifiques. L’école, les gouvernements, les organisations de la société civile et le secteur industriel ont chacun leur partition à jouer, a-t-elle indiqué.

Justement, l’Alliance Équité 2030 entend utiliser les STI pour permettre aux femmes et filles d’être plus autonomes, a indiqué Mme DIENE KEITA, Sous-Secrétaire générale et Directrice exécutive adjointe chargée des programmes au Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA). L’Alliance entend combler l’écart entre les sexes dans la conception scientifique et technologique.  C’est aussi dans cette veine qu’un concours de start-ups technologiques a été lancé au Moyen-Orient, a fait observer Mme NATALIA BAYONA, Directrice de l’innovation, de l’éducation et des investissements à l’Organisation mondiale du tourisme (OMT).  Intervenant par visioconférence, elle a évoqué des efforts mis en route pour favoriser l’autonomisation des femmes dans le secteur du tourisme.

Mme ELEONORE FORUNIER-TOMBS, Cheffe de l’action anticipative et l’innovation à l’Université des Nations Unies, a parlé du préjugé qui affecte les femmes, même dans les discours publics.  Par exemple, l’intelligence artificielle prolonge ce préjugé en produisant des textes qui mettent des articles au féminin quand il est fait mention d’assistant, tout en choisissant des pronoms masculins quand on parle de finance ou de responsable de direction. C’est bien pour cela que les femmes doivent être associées à ces innovations, a plaidé Mme ELIZABETH BASAURI BRYAN, scientifique principale, Division de l’environnement et de la production technologique à l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires.  Elle a parlé d’organisations de femmes qui sont associées au rang de partenaire pour des recherches et des innovations dans le secteur agricole, par exemple. Dans cette lancée, le Royaume-Uni a assuré avoir mis sur pied des programmes pour encourager les institutions universitaires à promouvoir les femmes dans les domaines scientifiques. 

Le grand groupe des femmes a appelé au renforcement des capacités des femmes sur les questions scientifiques et ce, dès le bas âge, afin de renforcer leur estime et de susciter des vocations dans des domaines scientifiques.  Le grand groupe des enfants et des jeunes a aussi demandé des mesures pour faciliter l’accès des femmes et filles aux programmes scientifiques.  Les violences faites aux femmes et filles du fait des TIC ont été abordées par la Lettonie, tandis que l’Arménie a signalé avoir mis en place une application pour signaler ces actes pervers en ligne. Enfin, la République islamique d’Iran a fait remarquer que les femmes sont plus vulnérables aux mesures coercitives imposées à un pays, et que ces mesures ont des effets délétères sur l’essor des femmes dans les domaines scientifiques. 

Le niveau d’inégalité dans le monde aujourd’hui est équivalent à celui d’avant la Première Guerre mondiale, quand le monde était encore dans une ère d’impérialisme, a relevé Mme NAVROOP SAHDEV, PDG de « The Digital Economist », en alertant sur le fait que les femmes en sont les premières victimes.  Le fait d’exclure les femmes dans la prise de décisions fait baisser « notre quotient intellectuel (QI) collectif », a-t-elle déclaré.  De l’autre côté, impliquer les femmes dans la société, notamment dans les domaines scientifiques, fait croître le QI global de la société.  Ces questions d’équité nous concernent tous, hommes et femmes, a-t-elle conclu. 

Session 5: Coopération et financement de la recherche au niveau mondial - partager des connaissances avec de nouveaux partenariats

Cette cinquième session du forum a exploré l’état de la coopération et du financement de la recherche mondiale -en particulier dans le Sud- pour la réalisation des ODD.  Elle a notamment mis en lumière la nécessité des partenariats et des financements entre pays ainsi que l’importance de l’organisation des flux de fonds et de connaissances du Nord vers le Sud pour réaliser les ODD.

Présidée par Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud), la session a été modérée par Mme CHERRY A. MURRAY, professeure de physique et Directrice adjointe pour la recherche de Biosphère 2, à l’Université de l’Arizona (États-Unis), qui a d’abord pointé l’importance cruciale des financements nationaux en matière de recherche pour espérer réaliser les ODD à temps.  En tant que scientifique, elle a aussi relevé que les objectifs de 2030 constituent « un cadre utile pour l’écosystème de la recherche ».  Elle a en outre encouragé à une meilleure coordination entre les financeurs locaux et internationaux.

De nos actions dépendront « la survie de l’espèce humaine », a prévenu la première panéliste, Mme KATJA BECKER, Présidente du Global Research Council et Présidente de la Deutsche Forschungsgemeinschaft d’Allemagne.  Il y a urgence, a-t-elle insisté en expliquant ainsi pourquoi les ODD obligent les scientifiques à s’unir.  Le seul objectif de la science est de faciliter la gestion des difficultés de l’existence humaine, a ensuite déclaré Mme Becker, paraphrasant le dramaturge allemand Bertolt Brecht.  Elle a dressé un catalogue de tous les maux auxquelles la science pourrait répondre avec de la coopération, des maux tels que la faim, la pauvreté ou encore la perte de biodiversité.  « Tout devrait être fait pour intégrer la recherche au Programme de développement durable à l’horizon 2030. »  

Mme ANA CRISTINA AMOROSO DAS NEVES, Cheffe du Bureau de la gouvernance d’Internet au sein de l’unité de calcul scientifique de la Fondation pour la science et la technologie du Portugal et Présidente de la Commission des Nations Unies pour la science et la technologie au service du développement (CSTD), a, elle, axé son discours sur la quantité et la disponibilité des financements continus pour les chercheurs face aux défis pressants. Même en temps normal, de nombreux chercheurs se plaignent des va-et-vient incessants des financements et le manque de visibilité à moyen et long terme, a-t-elle témoigné.  Difficile pour la communauté de chercheurs, a acquiescé la modératrice, qui a parlé de « fuite des capitaux » plutôt que d’employer le traditionnel cliché de la « fuite des cerveaux ».

Alors que la teneur de la session glissait sensiblement sur la problématique du manque de financements pour la recherche dans les pays du Sud, M. KAZUHITO HASHIMOTO, Président de l’Agence japonaise pour la science et la technologie, a insisté sur la coopération japonaise pour des projets améliorant le bien-être du Sud mondial.  Il a pris pour exemple une agence de développement japonaise utilisant les financements de l’aide publique au développement (APD) pour des actions dans différents pays donnant les moyens aux chercheurs du Sud de renforcer leurs capacités.  En Asie du Sud-Est, a-t-il aussi relaté, le Japon travaille pour développer des programmes de recherches sur une base d’égal à égal afin d’aider à résoudre des problèmes régionaux dans la région Asie-Pacifique.

La recherche dans le Sud a été incarnée ce matin par M. FULUFHELO NELWAMONDO, de la Fondation nationale de la recherche d’Afrique du Sud.  Cet ingénieur « jeune et talentueux », comme l’a présenté la modératrice, travaillant sur l’impact positif des STI, a expliqué que l’Afrique demeure un consommateur très important de connaissances mais ne représente qu’entre 1 et 2% des financements de la recherche mondiale et 2% des brevets déposés dans le monde, alors même que 22% de la jeunesse mondiale sera africaine d’ici à quelques décennies.  C’est pourquoi, selon lui, il faut absolument faire passer un financement suffisant du Nord vers le Sud et renforcer les capacités de la jeunesse africaine. L’ingénieur sudafricain a aussi appelé à « repenser complètement la manière dont les financements sont décaissés »: si les pays du Sud veulent s’en sortir, l’approche financière doit être modifiée.  Il a fait valoir en effet que les pays de Sud ne pouvant à eux seuls financer l’effort, les pays du Nord doivent débourser davantage.  Les échanges entre étudiants Nord-Sud doivent eux aussi s’intensifier, a-t-il ajouté.

Durant la discussion interactive, Mme CHARLOTTE WATTS, professeure et conseillère scientifique en chef et Directrice de recherche au sein des Bureaux des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement du Royaume-Uni, s’est déclarée d’accord avec le scientifique sudafricain, et a mis en avant les initiatives du Royaume-Uni dans le sens Nord-Sud en matière d’agriculture ou de vaccins.  Elle a aussi mentionné une initiative lancée lors de la COP26 pour recueillir des données concrètes liées aux changements climatiques rassemblant plus de 80 pays.  Prenant le relais, M. MARCO ANTONIO ZAGO, Président de la Fondation de recherche de São Paulo au Brésil, a mentionné que les gouvernements financeurs doivent tenir compte des spécificités des régions du monde, eu égard à leur exposition aux changements climatiques.  Il a eu cette formule: « La science peut intervenir dans chacun des 17 ODD mais la science, en fait, doit être considérée comme un ODD à part entière », étant un facteur déterminant du bien-être du monde animal et de l’être humain.  Les États-Unis ont invité à collaborer, tout en appelant à se méfier des usages pouvant être faits de certaines nouvelles technologies encore mal maîtrisées.  Les infrastructures de recherche russes sont à la pointe de la science mondiale, a signalé pour sa part la Fédération de Russie qui a déploré la « fragmentation de la collaboration entre pays », conséquence selon elle de la « politisation de la recherche ».  La Chine a, elle aussi, fait part de son intérêt pour l’innovation, la collaboration entre pays et les investissements importants dans les projets de recherche conjoints.

Session 6: Bâtir un avenir numérique équitable pour tous

Cette session a été l’occasion d’explorer les voies à suivre pour forger un avenir numérique équitable pour tous.  Le constat a été sans appel: les lacunes en matière de connectivité et d’accès à l’infrastructure numérique à l’intérieur des pays et entre les pays eux-mêmes restent une grave préoccupation.  Cette session, modérée par Mme ANITA GURUMURTHY, membre fondatrice et Directrice exécutive de IT for Change, une organisation basée à Bangalore en Inde, a permis d’identifier les obstacles et d’évaluer les actions dont l’impact est susceptible de garantir un avenir numérique équitable pour tous, tout en conduisant le monde vers la réalisation des ODD. 

Fondatrice de la Fondation Artemis, Mme HERMINA JOHNNY a relevé que personne ne peut prétendre avoir les solutions pour les 17 ODD, à l’heure où l’humanité est à la croisée des chemins.  Il faut donc s’appuyer sur le numérique pour trouver des solutions bénéfiques pour tous, y compris les jeunes filles et femmes, qui sont parmi les plus vulnérables.  Ces dernières sont la cible de programmes de renforcement de capacités mis en place par la Fondation Artemis dans les Caraïbes, a indiqué Mme Johnny.  Mme ALISON GILLWALD, Directrice exécutive de Research ICT Africa, qui intervenait en visioconférence, a pour sa part appelé à en finir avec les inégalités numériques.  Selon elle, la première action cruciale serait de mettre à disposition des données probantes sur le numérique, afin de toucher du doigt les phénomènes d’invisibilité et de sous-représentation.

Selon M. CHRIS SHARROCK, Vice-Président des affaires des Nations Unies et des organisations internationales chez Microsoft, pour accélérer la numérisation et réaliser les ODD, il faut commencer par renforcer la connectivité, notamment en élargissant la bande passante, alors que 2,7 milliards de personnes à travers le monde n’ont toujours pas accès à Internet. Microsoft entend pour sa part connecter 250 millions d’entre elles d’ici à 2025, s’est-il engagé. De son côté, M. HENRIK COX, Chef de produit à « Conservation X Labs », a expliqué comment son institution œuvre à la conservation de la biodiversité, notamment des espèces halieutiques du littoral d’Hawaï aux États-Unis, en République démocratique du Congo (RDC) avec des programmes ciblant les gorilles, et au Costa Rica, où elle s’évertue à protéger les jaguars.

M. AMIR DOSSAL, Président-directeur général de Global Partnerships Forum, a rappelé que de nombreuses populations qui n’ont pas accès au numérique n’ont même pas accès aux services basiques comme l’électricité et les routes, la plupart vivant dans les pays les moins avancés (PMA).  Il a plaidé pour un fonds du numérique entre les institutions des Nations Unies, afin d’aider ces pays.  Le Pérou, au nom d’un groupe de pays, a indiqué que réduire la fracture numérique devrait ouvrir la voie à un secteur public numérisé et des facilités pour la population.  De même, a dit la délégation, le pacte numérique proposé par le Secrétaire général s’avère crucial pour parvenir à un développement durable.  Internet est un bien public mondial, a souligné de son côté M. ROBERT BERTRAM, scientifique en chef au Bureau pour la résilience et la sécurité alimentaire à l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID).  Il a évoqué ce fonds consacré à l’accès des femmes au numérique, qui a été lancé aux États-Unis pour réduire les disparités entre hommes et femmes.

Mme SHAMIKA SIRIMANNE, Directrice de Division de la technologie et de la logistique à la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a estimé qu’il faut aussi penser à se mettre d’accord sur les questions éthiques autour des données collectées et sur la gouvernance des plateformes numériques.  L’ONU doit jouer un rôle prépondérant à cet égard, a-t-elle expliqué, en rappelant que de telles initiatives se doivent en effet d’être multilatérales.  Il en va de même de l’appui aux pays les moins avancés (PMA), qui doit être multilatéral, a plaidé le Népal, qui s’exprimait au nom de ce groupe de pays. Rebaptisant, sur le ton de l’humour, ce groupe comme celui des « pays les moins couverts » par le numérique, le Népal a appelé à des investissements et des transferts de technologies à leur bénéfice.  Selon El Salvador, il faut effectivement une approche globale pour une transformation numérique, tandis que l’Égypte a mis l’accent sur la réduction de la fracture numérique entre les zones rurales et urbaines, grâce notamment à des financements à taux concessionnels et par le biais de partenariats public-privé. Même son de cloche pour la Chine, qui a estimé qu’une société plus égalitaire passe par le renforcement de la coopération numérique, avant d’assurer qu’elle y contribuait déjà.

Mme MI OCK MUN, Présidente de l’Institut de politique scientifique et technologique de la République de Corée, a expliqué que l’intelligence artificielle a également des aspects problématiques qu’il ne faut pas négliger.  Il faudrait par exemple mettre l’accent sur la protection des droits humains, a lancé le Mexique, suivi en cela par une ONG qui a expliqué que son organisation s’évertue à surveiller ses effets préjudiciables pour les populations.  En fin de compte, l’Uruguay a appelé à bâtir une « citoyenneté numérique » partout à travers le monde, avant que la modératrice ne souligne que l’inclusion numérique s’apparente à un droit humain qu’il faut désormais prendre en compte. 

Session 7: Bilan et déclaration de clôture

Cette session de clôture, présidée par Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud), a eu pour objet de distiller les questions clefs ayant imprégné les discussions des deux derniers jours et d’émettre des recommandations concrètement exploitables pour les délégations. 

La présentation des progrès de l’Équipe spéciale interinstitutions des Nations Unies sur la science, la technologie et l’innovation pour les ODD a été assurée par M. NAVID HANIF, Sous-Secrétaire général au développement économique au sein du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (DESA) qui a précisé que l’Équipe permet à 48 entités des Nations Unies de coordonner leurs travaux sur les STI et ce, depuis 2015. M. Hanif a insisté sur le manque de temps pour réaliser les ODD -seuls 12% de ces objectifs sont « sur les rails », a-t-il constaté avec accablement- en rappelant le vœu du Secrétaire général de davantage collaborer sur les STI.  Il a appelé les pays à se transformer de toute urgence et à s’engager lors du prochain Sommet sur les ODD.

Deux observations saillantes ont été formulées par Mme SHAMIKA SIRIMANNE, Directrice de la Division de la technologie et de la logistique de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).  La première, c’est qu’au fossé numérique entre pays s’ajoute désormais un « fossé de données ».  Elle a craint que les pays en développement ne soient floués en fournissant gratuitement leurs précieuses données à quelques grands groupes privés ou pays, pour ensuite être contraints d’acheter ces données en retour pour en faire usage.  Sa deuxième préoccupation est liée aux changements climatiques: Mme Sirimanne a craint que le cadre autour de la propriété intellectuelle soit trop contraignant pour que les pays en développement étendent leurs capacités en matière de lutte contre les changements climatiques.

Mme QUARRAISHA ABDOOL KARIM, Directrice scientifique associée de CAPRISA (Afrique du Sud), professeure à la l’université Columbia de New York et ambassadrice spéciale d’ONUSIDA pour les adolescents et le VIH, est revenue sur l’impact de la pandémie de COVID-19, menace mondiale par excellence, qui a démontré, une fois encore, qu’il fallait travailler en commun.  D’autres agents pathogènes menacent de la même façon, a-t-elle prévenu, plaidant la cause des plus vulnérables à l’échelle des pays comme des communautés, et encourageant à investir dans les STI pour se préparer aux prochaines menaces.  Elle a recommandé de créer « une banque d’idées, à laquelle nous aurions tous accès ».  Enfin, au-delà des réseaux sociaux et des données satellites désormais accessibles en abondance, elle a placé beaucoup d’espoirs dans l’exploitation des « données terrestres » de type cartographiques, et recommandé de développer les ressources humaines dans ce secteur. 

Certes, mais « l’intelligence artificielle a explosé et va changer le monde », lui a répondu Mme CHERRY MURRAY, professeure de physique et Directrice adjointe de la recherche de Biosphère 2 à l’université de l’Arizona aux États-Unis.  La communauté internationale doit absolument revoir son approche en matière de financement des STI, en mettant l’accès sur le renforcement des capacités humaines, a-t-elle appelé.  En outre, les « données ouvertes » doivent servir à protéger les droits des individus ainsi que leur vie privée, et non l’inverse.  Mettant l’accent sur l’importance de la recherche publique, Mme Murray a recommandé que chaque bailleur de fonds consacre 4% de plus de ses financements aux ODD.  L’accès aux données et aux technologies doit, lui, être équitable, a-t-elle ajouté.  Elle a notamment pensé aux pays les moins avancés (PMA), aux femmes et aux filles, aux peuples autochtones et aux millions de personnes sans accès à Internet. 

La présentation des messages clefs et perspectives d’avenir a été assurée par M. THOMAS WOODROFFE, Ambassadeur du Royaume-Uni auprès de l’ECOSOC, qui s’est chargé de présenter un résumé des discussions de ces deux derniers jours.  L’ambassadeur s’est réjoui que, pour la première fois en huit ans d’existence, le forum ait consacré une journée aux scientifiques africains, l’occasion pour eux de nouer des alliances et de créer des réseaux stratégiques.  Le lancement d’une « Coalition des STI pour l’Afrique » en a été un des fruits les plus importants.

Face aux développements technologiques de plus en plus complexes, « l’ONU et ses États Membres doivent garder le rythme », a remarqué le Rwanda, au nom des cofacilitateurs du Pacte numérique mondial des Nations Unies.  Les changements rapides en matière de nouvelles technologies modifient la donne en matière de STI, tandis que la technologie est devenue une question transversale qui devrait jouer un grand rôle dans la réalisation des ODD, a-t-il observé.  Le délégué a insisté pour que la numérisation se fasse dans l’intérêt de tous.

Directrice fondatrice du Centre de technologie et de gestion pour le développement, professeure de technologie et de développement international et ancienne membre du Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies, Mme XIAOLAN FU a proposé de débloquer le goulot d’étranglement de la connectivité et des infrastructures et réclamé une « politique industrielle mondiale » pour créer une « infrastructure numérique mondiale ».  Elle a recommandé le déblocage d’une aide financière pour que les PMA et les pays en développement en général puissent utiliser les nouvelles technologies.  « Il n’y a pas que les élites qui peuvent créer du contenu, tout le monde peut le faire »: les nouvelles plateformes permettent aux « gens normaux » de se former mutuellement, a-t-elle observé.

Mme LACHAREVA STOEVA, Présidente de l’ECOSOC, a tiré les enseignements de ces deux journées de débat, en insistant sur l’importance cardinale de la coopération dans le domaine de la science, de la technologie et de l’innovation.  Le défi principal est de faire en sorte que les nouvelles technologies et la recherche aient la durabilité comme élément moteur, a dit la Présidente.  « Les politiques stratégiques peuvent aider à cette fin. »  En conclusion, la Présidente de l’ECOSOC a insisté sur l’urgente nécessité pour les décideurs publics d’élaborer les politiques qui puissent accompagner les technologies en rapide évolution.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité entend l’exposé annuel du Président en exercice de l’OSCE, organisation en crise mais saluée pour son concept unique de sécurité collective

9316e séance – matin
CS/15274

Le Conseil de sécurité entend l’exposé annuel du Président en exercice de l’OSCE, organisation en crise mais saluée pour son concept unique de sécurité collective

L’exposé annuel devant le Conseil de sécurité du Président en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a été l’occasion aujourd’hui de rappeler le « concept unique » de la plus grande organisation de sécurité régionale au monde, présentée par M. Bujar Osmani non seulement comme une plateforme de dialogue, mais aussi comme une communauté fondée sur la solidarité. 

En proie à une crise profonde du fait de la guerre en Ukraine, l’Organisation s’est vu reconnaître des qualités différentes, tant par les Occidentaux, qui ont mis en avant sa défense des droits humains et ses enquêtes sur les exactions russes, que par la Fédération de Russie, qui lui a reproché sa déférence envers « l’Occident global ».  La délégation russe lui a toutefois accordé une chance de jouer un rôle en développant une plateforme de dialogue et de coexistence pacifique, « tout comme les négociateurs soviétiques, américains et européens l’ont fait au milieu des années 1970 ».

Président en exercice de l’OSCE depuis le 1er janvier, M. Osmani a présenté au Conseil la vision politique, les priorités et les activités de sa présidence de l’OSCE pour l’année en cours.  À la tête d’une organisation qui comprend l’ensemble des pays européens, les États issus de l’ex-Union soviétique ainsi que le Canada et les États-Unis, et qui vise à accroître la stabilité et la coopération en renforçant la confiance et le dialogue « de Vancouver à Vladivostok », celui qui est par ailleurs Ministre des affaires étrangères de la Macédoine du Nord n’a pas omis de dénoncer la violation flagrante des principes du droit international commise par la Russie en envahissant l’Ukraine, mais il a surtout mis en avant le travail sur le terrain de son organisation. 

Déplorant que « le dialogue, lorsqu’il se fait entendre, soit de plus en plus empoisonné », M. Osmani a appelé à mettre de côté les questions géopolitiques et les gains personnels et à donner la priorité au bien-être des personnes, ajoutant que l’ONU et l’OSCE se devaient d’être côte à côte pour œuvrer en faveur de la paix.  Le Ministre des affaires étrangères de la Suisse a quant à lui rappelé que la protection des civils est l’essence même du partenariat de 30 ans entre l’OSCE et l’ONU. 

Lors du débat, les États-Unis et les membres européens du Conseil ont fortement insisté sur ce rôle de protection.  Tous ont mis en avant le rôle du Mécanisme de Moscou de l’OSCE pour dénoncer les violations et les abus du droit international humanitaire et des droits de l’homme commis par la Fédération de Russie et les atteintes aux droits humains perpétrés par son allié le Bélarus.

Le rôle de médiation et de prévention de l’OSCE a également été largement salué.  Les activités de l’Organisation sont toujours essentielles dans plusieurs situations de crise en Europe, a notamment relevé Malte, qui a cité les conflits du Caucase ainsi que la situation en Transnistrie.  D’autres ont mentionné son rôle pour apaiser les tensions dans les Balkans occidentaux, en premier lieu au Kosovo.  Au-delà de l’Europe, c’est souvent la bonne coopération entre l’OSCE et les agences des Nations Unies qui a été saluée, notamment par les membres africains du Conseil. Le Mozambique a ainsi dressé un parallèle entre le travail de l’OSCE et celui des organisations régionales et sous-régionales africaines pour « faire taire les armes ».

Considérant ce dernier objectif, le Ministre des affaires étrangères de la Suisse a reconnu franchement le « sérieux revers » que la guerre en Ukraine représente pour une organisation qui a été fondée pour assurer la sécurité en Europe. Ce qui ne l’a pas empêché de juger l’OSCE essentielle, en raison de la confiance qui doit lier ses États membres. 

Comme l’ont rappelé plusieurs délégations, dont les Émirats arabes unis, l’OSCE est en effet le produit du processus d’Helsinki, qui avait contribué à la baisse des tensions dans les années 1970.  Cet aspect historique a été mis en avant par la Chine, qui a rappelé le principe d’indivisibilité de la sécurité en Europe qu’avait consacré en 1975 l’Acte final d’Helsinki. 

La « noble idée » que la sécurité d’un État n’est véritablement atteinte que lorsque celle du voisin l’est aussi, comme l’a qualifiée le Gabon, a été présentée comme un concept « vraiment unique » par le représentant de la Fédération de Russie, qui a reconnu que l’OSCE avait su relever avec succès divers défis, citant en particulier la signature en 1999 à Istanbul de la Charte de sécurité européenne, rappelant en outre son rôle majeur dans la mise en œuvre des accords de Minsk de 2014.

Mais, pour la Russie, l’OSCE a non seulement échoué dans sa tâche, mais s’est progressivement laissée rendre « complice de la ligne occidentale » avant de prendre en 2022, « inconditionnellement et docilement », le parti de Kiev et de se transformer ainsi en une « plateforme d’abus russophobes et d’accusations hystériques » à son encontre. 

L’Organisation est aujourd’hui confrontée à « un choix de vie »: s’occuper de créer une architecture de sécurité européenne durable basée sur le principe de son indivisibilité, ou bien continuer à jouer le jeu du camp occidental, a affirmé le délégué russe.

Les caractéristiques de l’OSCE restent en tout cas une référence pour l’architecture commune de paix et de sécurité en Europe, a rappelé le Ministre des affaires étrangères de la Suisse, qui a souhaité que sa capacité d’action soit maintenue.  « Nous ne devons pas permettre que l’avenir de l’Europe soit décidé par la loi de la force », a-t-il rappelé.

EXPOSÉ DU PRÉSIDENT EN EXERCICE DE L’ORGANISATION POUR LA SÉCURITÉ ET LA COOPÉRATION EN EUROPE

Déclarations

M. BUJAR OSMANI, Président en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et Ministre des affaires étrangères de la Macédoine du Nord, a présenté au Conseil de sécurité la vision politique, les priorités et les activités de sa présidence de l’OSCE pour 2023.  Il a, en premier lieu, lancé un appel à l’action et à la recherche immédiate de la paix, alors qu’une « guerre indicible » et aux graves conséquences frappe l’Europe et toute la région de l’OSCE, menaçant la stabilité du monde entier.  L’OCSE, a-t-il rappelé, vise à renforcer la stabilité et la coopération en renforçant la confiance et le dialogue « de Vancouver à Vladivostok ».  Or, « le dialogue, lorsqu’il se fait entendre, est de plus en plus empoisonné », a-t-il déploré, se disant toutefois heureux que le Nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général de l’ONU ait été discuté hier au Conseil.  L’ONU et l’OSCE doivent être côte à côte pour œuvrer en faveur de la paix car c’est en collaborant que nous pouvons créer un monde prospère pour tous et atteindre la paix pour les générations futures, a souligné M. Osmani, pour qui il importe cependant que ce partenariat évolue et se renforce. 

Rappelant qu’au cœur du conflit qui déchire l’Europe se trouvent des personnes « que nous avons la responsabilité de protéger », le Président en exercice de l’OSCE a appelé à des actions décisives pour faire cesser ces souffrances. Aujourd’hui, nous devons mettre de côté les questions géopolitiques et les gains personnels, et donner la priorité au bien-être des personnes, a-t-il plaidé, observant que les défis des dernières années se sont accélérés avec l’agression à grande échelle de la Fédération de Russie contre l’Ukraine.  Ce faisant, la Russie viole de manière flagrante les principes du droit international convenus par tous, a-t-il dénoncé, avant d’appeler une nouvelle fois ce pays à retirer immédiatement ses troupes du territoire souverain de l’Ukraine. M. Osmani a déclaré avoir vu de près les souffrances des populations à Borodyanka, près de Kiev.  Il a dit avoir visité des camps et des logements de fortune où vivent des personnes déplacées.  Ces personnes ne méritent pas ce destin, elles méritent la justice et la reddition des comptes, a-t-il martelé, y voyant un « impératif moral ». 

M. Osmani a assuré que le travail sur le terrain est la priorité de l’OSCE.  Il a ainsi fait état de visites en République de Moldova, estimant que le processus actuel en Transnistrie mérite toute l’attention de la communauté internationale.  Évoquant ensuite ses visites dans le sud du Caucase, il a dit avoir agi pour faciliter le dialogue et la normalisation entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, notamment au sujet du corridor de Latchine entre le Haut-Karabakh et l’Arménie.  Il a également salué le dernier cycle des discussions de Genève sur la Géorgie et a déclaré appuyer pleinement le dialogue engagé sous la direction conjointe de l’ONU, de l’OSCE et de l’Union européenne. Ces canaux doivent rester ouverts pour éviter une nouvelle aggravation mais aussi pour traiter les conséquences du conflit de 2008, a-t-il affirmé, avant de se féliciter que, s’agissant du Kosovo, Pristina et Belgrade aient accepté de mettre en œuvre l’annexe à l’accord atteint à Bruxelles le 27 février. 

Les autres priorités de l’OSCE dépendront de l’évolution sur le plan de la sécurité, a indiqué M. Osmani, pour qui le respect des droits humains et la promotion de la tolérance sont des préalables indispensables pour une « sécurité exhaustive ». Promettant de redoubler d’efforts pour assurer que l’OSCE soit opérationnelle et flexible, il s’est dit prêt à relever les défis, en particulier celui d’un financement adéquat de l’Organisation.  L’OSCE, a-t-il insisté, est non seulement une plateforme de dialogue, mais aussi une communauté fondée sur la solidarité.  À ses yeux, les vies humaines sont « la chose la plus précieuse ».  En tant que médecin, il a dit avoir vu des êtres humains se battre pour survivre.  « La guerre est une catastrophe provoquée par des êtres humains, ce n’est ni une nécessité ni un destin; c’est le pire choix », a-t-il conclu en appelant à « changer de cap » et à unir les forces pour retrouver la paix.   

M. IGNAZIO CASSIS, Conseiller fédéral et Ministre des affaires étrangères de la Suisse, a tout d’abord constaté que l’agression militaire russe contre l’Ukraine représente « le plus grand défi à notre sécurité coopérative en Europe et Asie centrale ».  Il a réitéré son appel à la Fédération de Russie pour qu’elle cesse son agression et retire immédiatement ses troupes du territoire ukrainien.  Le Ministre a rappelé que la protection des populations civiles est l’essence même du partenariat de 30 ans entre l’OSCE et l’ONU.  Sur les plans politique et militaire, a-t-il ajouté, l’OSCE est la plus grande organisation de sécurité régionale au monde et sa présence sur le terrain dans 13 pays a un effet stabilisateur dans des régions telles que les Balkans occidentaux, le Caucase et l’Asie centrale.  Grâce à ses missions, l’OSCE établit et entretient des partenariats solides avec les autorités et institutions locales et nationales, ainsi qu’avec la société civile et d’autres organisations internationales.  Ses activités de promotion des droits des minorités, d’observation des élections et de réformes institutionnelles sont donc directement basées sur les besoins des pays, a relevé M. Cassis. 

Dans sa dimension humaine, l’OSCE dispose de mécanismes qui documentent les violations des droits humains les plus graves, comme c’est le cas aujourd’hui en Ukraine, a poursuivi le chef de la diplomatie suisse, pour qui « la paix ne peut être gagnée sans justice pour les victimes et leurs familles ».  Sur les plans économique et environnemental, a-t-il encore précisé, l’OSCE mène un travail essentiel dans la lutte contre les effets néfastes des changements climatiques, notamment la gestion durable des ressources en eau et la prévention des conflits.  Dans le contexte actuel, la guerre en Ukraine représente selon lui un « sérieux revers » pour l’OSCE, qui a été fondée pour assurer la sécurité en Europe.  Toutefois, compte tenu de son caractère inclusif, l’OSCE demeure essentielle en raison de la confiance qui doit lier ses États membres et des synergies fondamentales qu’elle crée avec l’ONU, a-t-il souligné, souhaitant qu’à l’approche du cinquantième anniversaire des Accords d’Helsinki, ces caractéristiques restent une référence pour l’architecture commune de paix et de sécurité en Europe et que la capacité d’action de l’OSCE soit maintenue.  « Nous ne devons pas permettre que l’avenir de l’Europe soit décidé par la loi de la force », a-t-il conclu. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) s’est lancé dans un plaidoyer en faveur d’une OSCE « flexible et fonctionnelle ».  En tant que pilier important d’un ordre fondé sur des règles, l’Organisation joue un rôle important qui doit être renforcé dans le cadre d’une plus grande coordination avec l’ONU.  En dépit des efforts « cyniques » actuels pour réduire son périmètre d’action, l’OSCE a retrouvé toute sa pertinence face aux attaques perpétrées contre l’Ukraine et devant la décision de la Fédération de Russie d’installer des armes nucléaires tactiques au Bélarus, a souligné le représentant.  Seize mois plus tard, cette guerre se poursuit avec des effets catastrophiques sur la région et au-delà, a-t-il déploré.  Il s’est félicité que l’OSCE ait été en mesure de documenter des preuves de crimes graves par le biais du Mécanisme de Moscou. Mais cette organisation continue d’être confrontée à d’autres conflits, comme l’occupation de certaines parties du territoire de la Géorgie, a observé le délégué.  Pour le délégué, nous devons pouvoir compter sur une OSCE forte pour contrer toutes ces menaces, et répondre aux attentes en matière de désarmement, de prévention des conflits et de règlement des différends. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a salué la contribution vitale du Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme de l’OSCE, ainsi que ses efforts pour faciliter un règlement pacifique des conflits en Géorgie, en République de Moldova et au Haut-Karabakh.  Il a également salué le travail en cours de l’OSCE par le biais du Mécanisme de Moscou pour dénoncer les violations et les abus du droit international humanitaire et des droits de l’homme, notamment la répression brutale des libertés politiques et des médias au Bélarus.

Le représentant a ensuite indiqué que lorsque la Russie a lancé son invasion contre l’Ukraine en février 2022, elle a transgressé tous les principes fondamentaux de l’OSCE, à savoir la souveraineté; le respect de l’intégrité territoriale; l’inviolabilité des frontières; et le règlement pacifique des différends.  Il a également signalé que la publication aujourd’hui du rapport du Mécanisme de Moscou sur la déportation d’enfants ukrainiens décrit les graves violations des droits humains et les abus commis par la Russie et appuie les preuves de plus en plus nombreuses que plusieurs milliers d’enfants ukrainiens ont été retirés à leur famille et transférés de force hors du pays. 

En ces temps de crise, a-t-il enchaîné, nous avons besoin d’organisations régionales fonctionnelles et efficaces pour résoudre les problèmes auxquels nous sommes confrontés et faire respecter les principes de la Charte des Nations Unies et de l’Acte final d’Helsinki.  Il a estimé que l’OSCE a un rôle important à jouer, déplorant que la Russie fasse obstruction à l’Organisation, notamment en retardant les décisions clefs sur son budget, en bloquant les nominations à la direction et en entravant le travail de ses institutions des droits de la personne.  Il a exhorté les 57 États participants de l’OSCE, y compris la Russie, à soutenir l’Organisation et à veiller à ce qu’elle soit pleinement fonctionnelle et financée de manière adéquate.

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a rappelé le rôle de plateforme pour des discussions ouvertes sur la sécurité en Europe, joué par l’OSCE tout au long de son histoire, qui a contribué à apaiser de nombreuses tensions entre l’Est et l’Ouest et à prévenir le déclenchement d’affrontements armés.  Il a cité, pour les cas récents, le rôle important de l’organisation dans la surveillance des cessez-le-feu dans les Balkans, dans le Caucase et dans d’autres régions de l’espace post-soviétique.  Le délégué a également dit apprécier ses efforts pour lutter contre la criminalité transnationale organisée et renforcer l’état de droit.  Notant que l’OSCE n’a pas toujours réussi à éviter le recours aux armes, comme en témoigne l’effondrement des accords de Minsk, il n’en a pas moins souhaité que cette plateforme reste un forum de dialogue franc sur des questions d’intérêt commun.  « Nous déplorons l’incident survenu lors de la session parlementaire de février dernier et espérons que l’impasse concernant la présidence de l’organisation en 2024 pourra être surmontée », a-t-il dit en recommandant aux membres de l’OSCE de revenir à leur esprit traditionnel de coopération. 

Le représentant a dit saisir cette occasion pour exprimer sa préoccupation face à l’escalade des tensions entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan et aux signes d’une détérioration de la situation humanitaire dans le corridor de Latchine.  Il a craint que l’établissement d’un poste de contrôle n’exacerbe la complexité de la situation et entrave les perspectives d’un règlement pacifique.  Plaidant pour la libre circulation des personnes et des biens dans ce couloir, pour empêcher l’effondrement d’une situation humanitaire déjà précaire, il a encouragé les gouvernements des deux pays à éviter toute rhétorique propice à la violence et à engager un dialogue en vue d’un règlement pacifique de leurs différends.  Il a aussi estimé que l’OSCE pourrait jouer un rôle constructif dans le conflit en Ukraine, à condition que ses membres abandonnent la logique de l’isolement et s’engagent dans un effort sincère en faveur du dialogue.

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a affirmé son plein appui à l’OSCE et réaffirmé l’importance du multilatéralisme, disant soutenir une coopération renforcée entre l’ONU et l’OSCE, qui permet de trouver des solutions plus efficaces et concrètes. Elle a apprécié le concept unique de l’OSCE qui est une démarche globale en matière de sécurité.  Elle a souligné son rôle pour les mesures de confiance, de prévention des conflits et de gestion des crises grâce à la diplomatie. Elle a aussi salué les mesures prises par l’Organisation pour traiter les questions liées à la coopération économique et environnementale, y compris les changements climatiques.  Les activités de l’OSCE sont toujours essentielles dans les situations internationales à l’ordre du jour en matière de paix et sécurité, a-t-elle relevé en citant le Haut-Karabakh, l’Ossétie du Sud, l’Abkhazie et la Transnistrie.  Elle a salué les bons offices de l’OSCE et notamment la récente visite du Président en exercice en Géorgie, en Azerbaïdjan et en Arménie.  Elle a dit rester pleinement attachée au dialogue entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan et à la paix et la sécurité dans le Caucase du Sud.  Elle a déploré les conséquences humanitaires découlant du blocus du corridor de Latchine, appelant les parties à cesser toute action entravant l’accès humanitaire.

La déléguée a rappelé que tous les États de l’OSCE ont réaffirmé leur engagement en matière de règlement pacifique de tout différend, mais a déploré les violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme qui continuent dans la région, la Russie continuant à violer la Charte des Nations Unies et les principes fondateurs de l’OSCE consacrés dans l’Acte final d’Helsinki.  « Son agression non provoquée contre l’Ukraine sape l’architecture européenne de sécurité et menace la paix et la sécurité sur le continent et au-delà. »  Elle a appelé la Russie à cesser cette guerre, à retirer ses forces militaires de l’ensemble du territoire de l’Ukraine et à revenir au dialogue et à la diplomatie, lui demandant aussi de mettre en œuvre les recommandations du dernier rapport du Mécanisme de Moscou pour la dimension humaine et à prendre toutes les mesures nécessaires pour permettre le retour des enfants déplacés de force. 

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a estimé que la situation actuelle sur le continent européen devrait encourager à tirer les enseignements de la Seconde Guerre mondiale et à se référer à la Charte des Nations Unies et à l’Acte final d’Helsinki.  Selon lui, le partenariat entre l’ONU et l’OSCE démontre que des organisations internationales peuvent tirer parti de leurs forces respectives pour prévenir les crises, promouvoir des solutions diplomatiques, surveiller les accords et éviter la répétition des conflits.  En Ukraine, a-t-il constaté, le conflit a pris de nombreuses vies et déraciné plus de huit millions de personnes.  Il a aussi aggravé l’insécurité alimentaire dans le monde, augmenté les risques nucléaires et intensifié la polarisation de la planète, tout en provoquant des divisions au sein même de l’OSCE.  Mais les défis auxquels est confrontée l’OSCE ne se limitent pas à l’Ukraine, a relevé le représentant. 

Dans les Balkans occidentaux, les dynamiques encourageantes qui avaient mené à un accord facilité par l’Union européenne entre le Kosovo et la Serbie doivent être renforcées, a-t-il plaidé, ajoutant que davantage doit être fait pour mettre en œuvre ces engagements. En Bosnie-Herzégovine, les discours de haine continuent de saper la coexistence pacifique et la tolérance, s’est-il alarmé, avant d’appeler à la coopération et au dialogue.  Rappelant que l’objectif des institutions multilatérales est de relever les défis communs de façon collective, le délégué a observé que, depuis sa création en 1990, l’OSCE a joué un rôle important de stabilité sur le continent européen grâce à l’action constructive de ses membres.  À ses yeux, les efforts de diplomatie et de désescalade de l’OSCE sont plus essentiels que jamais aujourd’hui.  À l’instar du processus d’Helsinki, qui avait contribué à la baisse des tensions dans les années 1970, il importe d’encourager cet esprit de dialogue et de confiance mutuelle pour promouvoir à la paix et à la stabilité en Europe, a-t-il conclu. 

Dans un contexte international « de plus en plus complexe et fragile », Mme KHALILAH HACKMAN (Ghana) a estimé que l’ONU et l’OSCE doivent rechercher des moyens créatifs de renforcer leur coopération face aux menaces actuelles et futures qui pèsent sur la sécurité de l’Europe, citant la guerre d’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine.  Elle s’est dite ensuite alarmée par les conclusions récentes d’études indépendantes qui suggèrent que les dépenses militaires, en particulier en Europe, ont atteint les niveaux de la guerre froide, cependant que certains États dotés d’armes nucléaires s’éloignent des accords de non-prolifération qui ont servi de rempart contre une guerre nucléaire.  Compte tenu du soutien de l’OSCE à la mise en œuvre des accords de Minsk, elle a estimé que l’organisation doit se réaffirmer en tant qu’interlocuteur crédible dans la recherche d’une solution durable au conflit entre la Fédération de Russie et l’Ukraine et dans une « conversation plus large » sur l’avenir de l’architecture sécuritaire de l’Europe. Ailleurs en Europe, les tensions persistent car les efforts de paix ont été soit « réduits à néant », soit bloqués par les actions des États en conflit, a-t-elle également noté.  Aussi la représentante a-t-elle salué les contacts de haut niveau établis par le Président en exercice de l’OSCE avec les autorités d’Arménie, d’Azerbaïdjan et de Géorgie afin d’offrir un soutien aux dialogues en cours et aux accords de règlement.  Pour avancer vers un avenir plus pacifique et plus stable, elle a recommandé que les États participants de l’OSCE renouvellent leurs engagements à l’égard des principes fondamentaux consacrés par les accords d’Helsinki et d’autres accords normatifs de l’Organisation. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a estimé que l’OSCE s’était révélée comme un véritable « levier au service de la paix » de ses 57 membres, même si son rôle et sa vocation stabilisatrice sont actuellement mis à rude épreuve.  Il a rappelé que l’Organisation était fondée sur la « noble idée » que la sécurité d’un État n’est véritablement atteinte que lorsque celle du voisin l’est aussi et y a vu un « modèle de coopération unique » qui consacre la solidarité entre États Membres comme pierre angulaire.

Pour le représentant, au cœur des défis qu’affronte aujourd’hui l’OSCE figure la crise de confiance entre ses membres, crise qui semble mettre en question la nature même et la portée du contrat au cœur de l’Organisation et les engagements consentis par ses membres. Il a cité parmi ces défis, outre la guerre en Ukraine, les tensions dans les Balkans occidentaux et « un contexte sociopolitique marqué par les nationalismes et autres menaces transnationales ». Pour le Gabon, ces défis sont « sans doute amplifiés » par la guerre en Ukraine, à cause de ses conséquences humanitaires et de sécurité, mais aussi, « de façon plus insidieuse », par la pression exercée sur les États membres, « appelés à choisir un camp contre l’autre ». 

Pour le Gabon, l’OSCE doit, plus que jamais, utiliser ses mécanismes de règlement pacifique des différends pour trouver une issue au différend frontalier entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan et régler les conflits gelés à Chypre, en Bosnie-Herzégovine ou au Kosovo.  Mais pour le représentant, elle a aussi « une véritable carte à jouer » pour amener au dialogue les parties à la guerre en Ukraine.  À cette fin, l’OSCE devra « se résoudre à prévenir, à réconcilier et à favoriser la reconstruction et la coexistence pacifique ».  Pour conserver sa crédibilité, elle devra aussi adopter une position « équidistante des antagonismes de ses États membres », a estimé le représentant. 

Mme ISIS MARIE DORIANE JARAUD-DARNAULT (France) a constaté que l’OSCE est aujourd’hui confrontée à une attaque sans précédent contre son essence même.  L’agression que mène la Russie contre l’Ukraine depuis le 24 février 2022 est en effet une violation flagrante de la Charte des Nations Unies comme de tous les principes et engagements issus des textes fondateurs de l’OSCE, l’Acte final d’Helsinki et la Charte de Paris, sur lesquels repose la stabilité de l’Europe, a souligné la représentante.  Réaffirmant le soutien total de son pays à l’Ukraine, elle a salué le lancement par l’OSCE du Programme de soutien pour l’Ukraine en novembre dernier, auquel la France a contribué en 2022 à hauteur de 1,5 million d’euros.  Elle a par ailleurs exprimé sa reconnaissance à la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine, avant d’appeler à la libération immédiate et inconditionnelle des personnels de la Mission toujours détenus par la Russie et ses supplétifs. 

La représentante a également souligné la contribution des institutions et instruments de la dimension humaine de l’OSCE pour documenter les crimes commis par la Russie en Ukraine.  Les rapports publiés au titre de l’invocation du Mécanisme de Moscou dressent des constats sans appel, a-t-elle fait remarquer, faisant état de violations massives et systématiques des droits humains et du droit international humanitaire par la Russie, y compris contre les enfants.  Elle a d’autre part réitéré le soutien de la France au mécanisme d’établissement des faits mis en place par le Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme aux frontières de l’Ukraine, tout en exprimant son soutien à l’invocation, le 23 mars dernier par 38 États participants, du Mécanisme de Moscou à l’encontre du Bélarus, complice de Moscou dans cette guerre. 

Pour la représentante, l’OSCE doit pouvoir continuer de mettre ses ressources au service de la prévention et du règlement des conflits dans l’espace européen, malgré l’agression russe contre l’Ukraine.  Notant à cet égard que, dans son ordonnance du 22 février 2023, la Cour internationale de Justice (CIJ) a constaté que, depuis le 12 décembre 2022, la liaison entre le Haut-Karabakh et l’Arménie via le corridor de Latchine est sérieusement perturbée et a demandé à l’Azerbaïdjan de prendre toutes les mesures pour assurer la circulation sans entrave des personnes, des véhicules et des marchandises, la représentante a rappelé que les décisions de la CIJ ont « force obligatoire ».  Elle a également apporté son plein soutien aux pourparlers entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, souhaitant que l’ensemble des questions soient réglées par la voie de la négociation.  Selon elle, l’OSCE peut apporter une contribution utile aux processus en cours, notamment via la mise en œuvre de mesures de confiance. 

La représentante a, enfin, réitéré le soutien indéfectible de la France à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Géorgie et de la République de Moldova et au rôle de l’OSCE pour progresser dans le règlement des conflits qui s’y déroulent.  En cette année qui marque le trentième anniversaire de l’établissement du cadre de coopération et de coordination entre l’ONU et l’OSCE, « nous sommes déterminés à ne pas laisser la Russie entraîner dans sa fuite en avant les organisations multilatérales de sécurité collective », a-t-elle conclu.

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a déclaré que l’agression de la Russie contre l’Ukraine a provoqué une déstabilisation dans le monde entier.  Dans ce contexte, il a exprimé son respect à l’OSCE pour le rôle important qu’elle a joué dans l’instauration de la confiance dans une région confrontée à des effets d’entraînement, comme au Kosovo.  Le Japon, a rappelé son représentant, est devenu le premier partenaire de coopération de l’OSCE il y a plus de 30 ans, en 1992.  Depuis lors, il a participé activement à tous les sommets et conseils ministériels de cette organisation.  Ainsi, Tokyo a envoyé des experts auprès de la mission spéciale de surveillance de l’OSCE en Ukraine et contribué financièrement à la prévention de la traite des êtres humains dans ce pays et dans les pays voisins, ainsi qu’au renforcement de la capacité de contrôle des frontières en Asie centrale et en Afghanistan. 

Confronté à une situation « impardonnable » dans laquelle un État membre de l’OSCE, qui est aussi un membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, a envahi un autre État membre, le monde a plus que jamais besoin d’une sécurité globale par l’instauration d’une confiance fondée sur le dialogue, à laquelle l’OSCE travaille depuis sa création, a indiqué le délégué.  L’agression de la Russie contre l’Ukraine est un acte « scandaleux » qui ébranle les fondements mêmes de l’ordre international et la communauté internationale doit exprimer son opposition, indépendamment des frontières géographiques, à cette violation flagrante de la Charte des Nations Unies, a-t-il ajouté.

M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) a rappelé que l’OSCE avait joué depuis près d’un demi-siècle un rôle déterminant dans la stabilité en Europe, notamment en participant activement à l’élaboration des transitions démocratiques qui ont jeté les bases de la prospérité de l’Europe de l’après-guerre froide.  Il a estimé que l’Organisation reste tout aussi pertinente aujourd’hui dans toutes les questions liées à la paix et à la sécurité en Europe.  Elle représente aussi un interlocuteur valable dans les organisations multilatérales, régionales et sous-régionales à travers le monde.

Dressant un parallèle entre les problèmes que traite l’OSCE et ceux auxquels sont confrontés le Mozambique et les organisations régionales et sous-régionales africaines, le représentant a dit affirmer avec confiance que « faire taire les armes » est un objectif au cœur du mandat de l’OSCE et qu’en ce sens, « il y a beaucoup à apprendre et à partager les uns des autres, malgré les spécificités contextuelles et historiques ».  Alors que l’architecture de sécurité internationale est soumise à d’immenses tensions, l’OSCE, comme l’ONU et d’autres, doit agir et rétablir les garanties nécessaires à un monde pacifique et prospère, en ravivant l’esprit qui a conduit à l’Acte final d’Helsinki en 1975 ou à la Déclaration du Sommet d’Istanbul en 1999, a-t-il ajouté.

Pour le représentant, l’OSCE a un rôle important à jouer au-delà de l’Europe, dans le renforcement de son partenariat avec l’ONU, en particulier dans les domaines de la prévention et du règlement des conflits.  Les deux organisations ont des mandats et des compétences complémentaires, et travailler ensemble peut renforcer l’efficacité de leurs efforts communs.  Les principes fondamentaux et les engagements inscrits dans l’Acte fondateur de l’OSCE -le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale, des droits de l’homme, des libertés fondamentales et de l’indivisibilité de la sécurité- restent les pierres angulaires de la paix et de la sécurité internationales, a ajouté le représentant.  À ce titre, l’OSCE continuera d’être un partenaire essentiel dans les efforts visant à promouvoir la stabilité et la coopération en Europe et au-delà, a-t-il conclu.

M. GENG SHUANG (Chine) a rappelé la position de principe de son pays sur la coopération entre l’ONU et les organisations régionales, qui doit être au service de la recherche de solutions pacifiques aux conflits.  Pour lui, l’OSCE devrait redoubler d’efforts pour renforcer les pourparlers de paix entre les parties au conflit en Ukraine et les encourager à renoncer à la mentalité de guerre froide. 

Le représentant a insisté sur la nécessité de mettre en œuvre le principe d’indivisibilité de la sécurité en Europe, consacrée en 1975 par l’Acte final d’Helsinki. L’OSCE doit promouvoir le respect des préoccupations légitimes des États Membres et l’ordre international fondé sur le droit international et la Charte des Nations Unies, a-t-il encore précisé. 

La position de la Chine sur la crise en Ukraine reste la même, à savoir que l’intégrité territoriale de tous les États doit être respectée et leurs attentes sécuritaires prises en compte.  Le dialogue et la négociation sont les seules solutions, a insisté le représentant, qui a fait part de l’intention de la Chine de dépêcher un envoyé spécial en Ukraine et de continuer à contribuer à la cessation des hostilités et à la recherche de la paix.  Pour la Chine, la crise en Ukraine est le résultat de tensions accumulées en Europe « au fil des décennies ». 

Quant à l’Arménie et à l’Azerbaïdjan, ces deux pays doivent résoudre leur différend de manière pacifique et diplomatique et garantir ensemble la paix et la sécurité régionale, a encore estimé le représentant.

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) s’est félicité des efforts conjoints déployés par l’OSCE pour faire progresser la réconciliation dans les Balkans occidentaux et appuyer le cadre des discussions internationales de Genève sur la Géorgie, ainsi que la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies en Asie centrale.  Il a également évoqué les conflits concernant le Haut-Karabakh et la République de Moldova. Le représentant a reconnu le rôle important joué par cette organisation, avec sa mission spéciale d’observation en Ukraine et dans le cadre du Groupe de contact trilatéral, dans la promotion de la sécurité et la recherche d’une solution politique au milieu des défis ayant précédé l’invasion de l’Ukraine par la Russie.  « Si les efforts de l’OSCE dans le cadre de la mise en œuvre des accords de Minsk ont été dépassés par la force des choses, sa contribution reste centrale, y compris dans le contexte plus complexe d’aujourd’hui », a-t-il estimé.  Le représentant a en outre encouragé la présidence de l’OSCE à continuer de se concentrer sur d’autres questions sécuritaires, telles que la gestion de la sécurité des frontières, la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, la cybersécurité et le lien entre changements climatiques et sécurité, entre autres.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a d’abord noté la profonde crise actuelle du système des relations internationales, qu’il a imputée aux « actions systématiques et cohérentes à long terme des États-Unis et de leurs alliés pour créer une entité nationaliste russophobe et néonazie à nos frontières ».  Cette crise, a-t-il ajouté, risque de nous faire basculer dans un tout nouveau système de coordonnées géopolitiques.  Jugeant ouverte la question de savoir à quoi ressemblera le système renouvelé des relations internationales, le représentant a estimé qu’une « chose est claire: le monde ne sera plus unipolaire et la domination occidentale ou ‘paix américaine’ est sur le déclin ».  Pour lui, la question de la place et du rôle des différentes organisations internationales dans ce processus reste également ouverte. 

Après avoir estimé que l’ONU, « bastion du multilatéralisme malgré la domination des Occidentaux dans ses structures » reste une plateforme reconnue de dialogue et de coopération internationale, et jugé que le Conseil de l’Europe avait de son côté « sombré dans l’inexistence politique », le représentant a noté que les attentes étaient nombreuses concernant l’OSCE.  En effet, a-t-il rappelé, cette organisation a succédé à un forum -la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE)- qui a joué un rôle clef dans l’établissement d’un dialogue entre l’Occident et l’Orient à l’époque de la guerre froide. 

Pour M. Nebenzia, l’OSCE traverse sa crise la plus aiguë en près d’un demi-siècle d’existence, du fait des « tentatives d’un groupe bien connu d’États » d’utiliser l’Organisation pour leurs propres intérêts politiques et d’en faire un instrument de la « guerre de croisade déclenchée par l’Occident contre la Russie ». 

Le représentant a fait un historique du système de sécurité régional construit dans le cadre de l’OSCE et fondé sur les principes de l’indivisibilité de la sécurité « de Vancouver à Vladivostok » , qu’il a qualifié de « vraiment unique ».  Il a reconnu à l’OSCE une capacité à relever avec succès divers défis, citant en particulier la signature en 1999 à Istanbul de la Charte de sécurité européenne. Tout en dénonçant des tentatives menées dès cette époque pour transformer l’OSCE en une « sorte d’organe de surveillance des politiques des États situés à l’est de Vienne », il a reconnu que les activités de l’organisation avaient continué de susciter des espoirs de progrès vers une coopération et un développement mutuellement bénéfiques.  Il a ainsi rappelé le rôle accordé à l’OSCE dans la mise en œuvre des accords de Minsk de 2014 et la mise en place, sous les auspices de l’OSCE, d’une « boîte à outils solide » aux parties au conflit pour leur permettre de dialoguer directement.

Mais le représentant a reproché à la direction de l’OSCE d’avoir été complètement absente face au sabotage occidental des accords.  Il l’a donc accusée non seulement d’avoir échoué dans sa tâche, mais de s’être laissée rendre « complice de la ligne occidentale ». Il a donc jugé logique « l’aggravation de la crise ukrainienne en février 2022 », l’OSCE ayant « inconditionnellement et docilement pris le parti de Kiev » et d’être devenue, au lieu d’une plateforme de dialogue, « une plateforme d’abus russophobes et d’accusations hystériques » contre la Russie.

M. Nebenzia a également déploré que le « remue-ménage artificiel autour du problème ukrainien » se fasse au détriment d’autres crises relevant de la compétence de l’OSCE. Il a notamment déploré un « manque de réaction équilibrée » de l’organisation face à la dégradation de la situation au Kosovo, une absence d’avancées dans le règlement du conflit en Transnistrie où il a accusé l’Ukraine de jouer un « rôle subversif », ainsi qu’une politisation des discussions internationales de Genève sur la sécurité et la stabilité en Transcaucasie.  Pour le représentant, l’actuelle présidence nord-macédonienne de l’OSCE n’a pas encore réussi à élaborer un programme unificateur et ne peut se permettre de poursuivre des approches neutres en termes de statut. Il a aussi qualifié de « honteux » le silence du Président et du Secrétariat de l’OSCE face à la « persécution politiquement motivée du régime de Kiev contre l’Église orthodoxe ukrainienne canonique »

Pour M. Nebenzia, la politique de confrontation à courte vue de l’alliance occidentale « place l’OSCE devant un choix de vie »: s’occuper de créer une architecture de sécurité européenne durable basée sur le principe de son indivisibilité, consacré dans de nombreux documents de l’OSCE, ou bien continuer à jouer le jeu du camp occidental.

Le représentant a néanmoins dit « rester confiant dans le potentiel de l’OSCE ». La Russie, a-t-il affirmé, n’abandonnera pas les tentatives de dialogue menées dans son cadre.  Il s’est en effet dit convaincu d’une différence fondamentale « entre les discours hystériques et insultants des délégations occidentales et les rapports vérifiés et factuels de nos collègues de Vienne ». Pour lui, l’OSCE a encore une chance de jouer un rôle en rassemblant des points de vue parfois polarisés et inconciliables et en développant une plateforme de dialogue et un cadre de coexistence pacifique, tout comme les négociateurs soviétiques, américains et européens l’ont fait en leur temps, du début au milieu des années 1970. 

Enfin, M. Nebenzia a rappelé que, s’il est bon d’avoir une interaction entre l’OSCE et l’ONU en application du Chapitre VIII de la Charte, la principale responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité internationales incombe au Conseil de sécurité de l’ONU.  « Il semble que certains à Vienne aient commencé à l’oublier, emportés par des projets antirusses irréalisables », a-t-il assené, ajoutant en conclusion que « plus tôt l’OSCE reprendra la conversation calme et mutuellement respectueuse dont elle a tant besoin, plus l’Organisation aura de chances de s’intégrer dans l’ordre mondial renouvelé ».

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a condamné les tirs de missiles russes contre des civils ukrainiens et la déportation de force d’enfants ukrainiens par la Fédération de Russie.  Le coût humain de cette agression est incommensurable et les dommages causés aux infrastructures de l’Ukraine sont énormes, a-t-il dénoncé, avant de saluer le fait que l’OSCE a été aux avant-postes pour faire la lumière sur les agissements de la Russie, notamment grâce à la mission d’établissement des faits, qui a invoqué le Mécanisme de Moscou pour la dimension humaine à plusieurs reprises. Les rapporteurs de cette mission, qui sont des professionnels dans leur spécialité, ont établi scrupuleusement les faits, a souligné le représentant.  Celui-ci a aussi fait état des violences rapportées par la mission concernant le régime du Bélarus et sa répression contre la dissidence et toute opposition à sa politique.  Il a souhaité que chacun lise ces rapports « étant donné la grave crise au Bélarus et les actes terribles commis par la Russie ». 

Pour le représentant, la coopération des organisations régionales avec l’ONU est plus importante que jamais pour maintenir la paix et la sécurité internationales.  En tant que plus grande organisation de sécurité au monde, l’OSCE doit continuer de coopérer avec les Nations Unies pour que le Conseil de sécurité puisse s’acquitter de son mandat, a-t-il souligné, saluant à cet égard le partenariat étroit entre l’OSCE et les agences et missions de l’ONU sur le terrain, notamment au Kosovo.  L’OSCE permet un multilatéralisme efficace en contribuant à la protection et à la surveillance des droits humains, au contrôle des armements, à la stabilité régionale, à la prospérité économique, à la réconciliation postconflit et à des politiques respectueuses de l’environnement, a ajouté le représentant.  Il a donc formé le vœu que la poursuite de la coopération avec l’OSCE fera que l’ONU et l’ensemble de la communauté internationale pourront tirer parti de leurs forces respectives. 

Reprenant la parole, M. OSMANI, Président en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a réagi aux observations de la Fédération de Russie, soulignant que l’OSCE est une plateforme de dialogue entre États membres qui ne sont pas forcément du même avis.  Les principes et engagements pris par l’OSCE ne sont pas négociables, a-t-il assuré, la présidence se voyant comme un « honnête courtier » entre parties prenantes.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité de l’information adopte par consensus sa résolution phare sur les activités de l’ONU en matière de communication globale

Quarante-cinquième session,
5e séance - matin
PI/2312

Le Comité de l’information adopte par consensus sa résolution phare sur les activités de l’ONU en matière de communication globale

Le Comité de l’information a clôturé, ce matin, les travaux de sa quarante-cinquième session en adoptant par consensus ses deux projets de résolution annuels, dont son texte phare sur les politiques et activités de l’ONU en matière de communication globale dans lequel il fait part de sa « grande inquiétude » face au volume croissant de la désinformation et de la mésinformation visant les opérations de maintien de la paix des Nations Unies. 

Cette adoption a notamment été saluée par le Président de cette session, M. Mohammad Aamir Khan, du Pakistan, qui y a vu le témoignage du fonctionnement du multilatéralisme dans la pratique, ainsi que du rôle de la diplomatie, meilleur moyen, selon lui, pour les délégations de surmonter leurs différences, de travailler ensemble et de relever conjointement leurs défis communs, tout en fournissant des orientations au Département de la communication globale (DCG). 

Ce consensus envoie un signal important.  Il témoigne d’une reconnaissance partagée du fait que pour relever les nombreux défis auxquels le monde est confronté, et par là même cette Organisation, une fonction de communication forte et dynamique est nécessaire, a souligné le représentant du Département de la communication globale, M. Maher Nasser, Directeur de la Division de la sensibilisation du public. 

Ce dernier a également relevé que la lutte contre la désinformation et la manipulation de l’information est au cœur des préoccupations des délégations, en profitant pour rappeler la publication, dans deux semaines, de la note d’orientation du Secrétaire général sur l’intégrité de l’information sur les plateformes numériques.  Il s’agit d’un document de travail pour la discussion en cours sur cette question importante et le DCG continuera à consulter les États Membres et à recevoir leurs contributions et suggestions, a-t-il assuré. 

Doté d’un dispositif de 161 paragraphes, le texte consacré aux politiques et activités de l’ONU note avec une grande inquiétude le volume croissant de la désinformation et de la mésinformation visant les opérations de maintien de la paix des Nations Unies et demande au DCG d’appuyer, dans la limite des ressources existantes, les efforts déployés par les opérations de maintien de la paix des Nations Unies pour fournir des contenus exacts, y compris dans les langues locales, afin d’aider à mieux faire comprendre leurs mandats, de gérer les attentes et de gagner la confiance et le soutien des parties prenantes concernées. 

Il invite également le DCG à recommander que le système des Nations Unies utilise systématiquement dans ses communications la terminologie des résolutions adoptées par l’Assemblée générale. 

Le Comité engage en outre les États Membres à envisager de meilleurs moyens de coopérer pour écarter les menaces que pose l’utilisation des technologies de l’information et des communications à des fins terroristes. 

Le projet consacré à l’information au service de l’humanité demande pour sa part que tous les pays et organismes des Nations Unies coopèrent afin d’atténuer les disparités dans la façon dont l’information circule à tous les niveaux.  Il appelle également à ce que les journalistes puissent travailler librement et efficacement. 

Principal facilitateur des négociations, Cuba, au nom du G77 et la Chine, s’est félicité de l’engagement des délégations en faveur du multilinguisme, « valeur clef » de l’Organisation.  Celle-ci n’est pas négociable, a renchéri l’Union européenne qui a insisté sur l’importance de traduire les rapports dans les six langues officielles de l’ONU. 

De son côté, le Mexique a conseillé de raccourcir la résolution sur les politiques et activités de l’ONU, notant que les 161 paragraphes du dispositif ont pour effet de diluer l’impact du message du Comité.  « Tout ne peut pas être prioritaire », a-t-il indiqué. Les Philippines ont exhorté le DCG à redoubler d’efforts pour combattre la désinformation et la mésinformation, notamment face aux changements climatiques et les discours de haine.  La République islamique d’Iran s’est inquiétée pour sa part des répercussions du monopole sur les TIC ainsi que des mesures coercitives unilatérales qui entravent les transferts de technologie vers certains pays en développement. 

Après l’Italie, les États-Unis ont attiré l’attention sur le sort du journaliste du Wall Street Journal, Evan Gershkovich, emprisonné en Fédération de Russie « juste pour avoir fait son travail ».  « Le journalisme n’est pas un crime », a souligné la délégation, qui a exigé sa libération immédiate.  Elle a également dénoncé la campagne de désinformation de la Russie qui, a-t-elle affirmé, est le reflet de la politique étrangère du Kremlin, se félicitant du nouveau libellé sur les impacts négatifs de la désinformation et de la mésinformation. 

La délégation américaine vient d’ajouter un programme de confrontation à l’ordre du jour, a dénoncé la Fédération de Russie qui a rappelé avoir répondu à toutes les allégations injustifiées formulées à son encontre lors du débat général et dans le cadre de l’exercice du droit de réponse. 

Martelant qu’il est nécessaire pour tous de promouvoir un monde de l’information plus pacifique, plus transparent et plus ouvert à tous, le Président du Comité a appelé les États Membres à participer sans tarder et de manière constructive au processus en cours en vue de parvenir à un code de conduite sur l’intégrité de l’information sur les plateformes numériques. 

Le rapport du Comité de l’information a été adopté, chapitre par chapitre* puis dans son intégralité, en vue de son renvoi à l’Assemblée générale pour qu’elle l’entérine lors de sa soixante-dix-huitième session.  Il a été présenté par la Rapporteuse du Comité, Mme Liliana Baños, d’El Salvador. 

* A/AC.198/2023/L.1; A/AC.198/2023/L.2; A/AC.198/2023/L.3; A/AC.198/2023/L.4

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: la science, la technologie et l’innovation offrent la base dont nous avons besoin pour avancer vers la réalisation des ODD

Session de 2023,
Forum sur la science, la technologie et l’innovation, matin & après-midi
ECOSOC/7125

ECOSOC: la science, la technologie et l’innovation offrent la base dont nous avons besoin pour avancer vers la réalisation des ODD

Le forum de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation (STI) au service de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) offre un espace permettant une collaboration plus étroite entre les décideurs politiques et la communauté scientifique, a déclaré ce matin la Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), Mme Lachareva Stoeva, alors que s’ouvrait sa huitième édition, sous la présidence des représentants permanents d’Afrique du Sud, Mme Mathu Joyini, et du Royaume-Uni, M. Thomas Woodroffe.  Se tenant sur deux jours, le forum STI a pour thème « La science, la technologie et l’innovation pour reconstruire en mieux après la pandémie de COVID-19 tout en avançant sur la voie d’une mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».

Avec ce forum, l’ECOSOC est perçu comme « l’intermédiaire » facilitant le partage des connaissances et l’action coordonnée, pour un avenir plus équitable et durable, a noté Mme Stoeva.  C’est pourquoi elle a appelé à la collaboration permanente entre scientifiques, décideurs, société civile et organisations diverses, notamment en créant des connexions et coalitions pour mieux utiliser les STI en vue d’atteindre les ODD, dont la réalisation a été entravée par les multiples crises de ces trois dernières années, dont la pandémie de COVID-19. Le forum sur les STI est donc l’occasion de stimuler l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes, « ancrées dans la science », pour concevoir et mettre en œuvre des transformations en faveur du développement durable. 

La Sous-Secrétaire générale à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations a confirmé cet espoir placé en la science, la technologie et l’innovation.  Mme Maria Francesca Spatolisano, qui s’exprimait au nom du Secrétaire général de l’ONU, a constaté qu’à mi-chemin de l’échéance de 2030, nous ne sommes pas sur la bonne voie pour l’atteinte des ODD: sur les 146 cibles établies pour ces objectifs, à peine 12% sont sur la bonne voie et environ 30% n’ont pas progressé ou sont même en-deçà de leur niveau de 2015.  Elle a donc misé sur les STI pour avancer vers la réalisation des ODD.

Comme d’autres orateurs des discussions du jour, Mme Spatolisano a néanmoins appelé à la prudence avec les STI dont l’utilisation peut dévider du bien commun.  Il y a des risques inhérents à toutes les avancées humaines, a-t-elle noté, ajoutant que ces risques sont aujourd’hui amplifiés par l’ère du numérique.  Autre inquiétude exprimée aujourd’hui: la fracture entre les pays développés et ceux qui n’ont pas encore toute la capacité nécessaire pour en tirer parti au mieux.  La Sous-Secrétaire générale a donc appelé à renforcer la solidarité mondiale avant de souligner également l’importance de la pleine participation à ce secteur de la moitié de la population mondiale -les femmes et les filles- et des jeunes.

Face à l’éventualité de nouvelles pandémies, le Président de l’Assemblée générale a estimé qu’en intégrant l’innovation, la technologie et le numérique dans notre mode de pensée, il sera possible d’« être agile, au lieu d’être fragile ».  M. Csaba Kórösi a en outre plaidé pour des politiques d’innovation scientifiques et technologiques « ambitieuses ».  Il faudra aussi renforcer les interactions entre la science et la société, a ajouté le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, soucieux de voir transmettre aux décideurs des « connaissances essentielles » en matière scientifique.  M. Li Junhua a saisi cette occasion pour saluer le travail du Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies. 

Le rapport du Groupe, qui a été présenté, laisse voir que l’accès à Internet est une nécessité absolue et non un luxe si nous voulons atteindre les ODD.  Une augmentation de 10% du taux de connectivité dans les pays en développement se traduirait par une augmentation d’un point et demi de leur produit intérieur brut (PIB), souligne le rapport qui comporte six propositions et 11 recommandations.  Parmi elles, l’augmentation des financements pour la science, la technologie et l’innovation; la création d’une banque mondiale de données sur l’innovation et la technologie; la démocratisation d’Internet 3.0 d’ici à 2027; le renforcement des capacités mondiales sur l’intelligence artificielle avec la création d’un centre de formation dédié; ou encore la création d’un programme onusien unique pour favoriser la coopération dans ces domaines. 

La session ministérielle a permis de souligner les atouts cruciaux des STI dans tous les domaines, notamment l’éducation et les énergies renouvelables, comme l’a indiqué le Ministre de l’éducation, des sciences et des sports de la Slovénie.  La Conseillère pour la science et la technologie auprès du Secrétaire d’État des États-Unis a confirmé que les chercheurs du monde n’avaient jamais eu autant d’outils et de données entre leurs mains, grâce au développement de l’industrie des données satellites notamment.  Elle a insisté sur l’importance d’une collaboration scientifique « de bonne foi », ouverte et diverse, équitable et « inclusive ». La Chine a pour sa part déploré la transformation des STI en « armes » par « certains pays » qui s’adonnent à des mesures coercitives unilatérales et au harcèlement. 

Mais ce sont des appels à la solidarité qui ont été surtout entendus, le Groupe des 77 et la Chine (G77), par la voix de Cuba, appelant ainsi la communauté internationale à renforcer le partage des fruits de l’innovation, ce qui nécessite « un système de gouvernance » et une augmentation de l’aide publique au développement (APD) dédiée au secteur des STI.  Des partenariats sont essentiels, a-t-on aussi entendu, notamment de la part du Ministre de l’enseignement supérieur, des sciences et de l’innovation d’Afrique du Sud, M. Bonginkosi Emmanuel Nzimande, qui a plaidé pour une transition technologique juste.

Le forum poursuivra ses travaux demain, jeudi 4 mai, à partir de 10 heures. 

HUITIÈME FORUM DE COLLABORATION MULTIPARTITE SUR LA SCIENCE, LA TECHNOLOGIE ET L’INNOVATION AU SERVICE DE LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Thème: « La science, la technologie et l’innovation pour reconstruire en mieux après la pandémie de COVID-19 tout en avançant sur la voie d’une mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l’horizon 2030 »

Déclarations d’ouverture

Mme LACHAREVA STOEVA, Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a tout d’abord annoncé le thème de ce forum de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation (STI) au service de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD): « La science, la technologie et l’innovation pour reconstruire en mieux après la pandémie de COVID-19 tout en avançant sur la voie d’une mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».  Les multiples crises de ces trois dernières années ont porté un coup majeur aux efforts de mise en œuvre des ODD, a rappelé la Présidente en faisant valoir que, dans ce contexte, le forum sur les STI est l’occasion de stimuler l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes, « ancrées dans la science », pour concevoir et mettre en œuvre des transformations en faveur du développement durable.  Le forum offre également un espace permettant de favoriser une collaboration plus étroite entre les décideurs politiques et la communauté scientifique, a-t-elle ajouté, voyant l’ECOSOC comme « l’intermédiaire » destiné au partage des connaissances et à l’action coordonnée, pour un avenir plus équitable et durable. 

Le suivi et l’examen du Programme 2030 lors du forum politique de haut niveau annuel de l’ECOSOC est aussi l’un de ces espaces permettant d’embrasser l’interdépendance des trois dimensions du développement durable (environnementale, sociale et économique), notamment par le biais d’examens nationaux volontaires des progrès réalisés dans chaque ODD, a poursuivi la Présidente.  Elle a dit apprécier l’attention portée par les délégations aux ODD faisant l’objet d’un examen dans le cadre du forum politique de haut niveau cette année, à savoir l’ODD 6 (eau propre et assainissement), l’ODD 7 (énergie propre et abordable), l’ODD 9 (industrie, innovation et infrastructure), l’ODD 11 (villes et communautés durables) ainsi que l’ODD 17 (partenariat pour la réalisation des objectifs).  Des liens évidents entre ces ODD appellent à des actions transversales, a plaidé Mme Stoeva en citant à titre d’exemples le rôle d’un approvisionnement constant en énergie pour le développement des capacités de fabrication et l’augmentation de l’emploi dans le secteur manufacturier; le rôle de la capacité industrielle et d’une infrastructure solide pour l’eau propre et l’assainissement; ou encore, le rôle des partenariats pour une vie urbaine durable. 

Pour Mme Stoeva, les délibérations du présent forum serviront aussi de tremplin pour l’examen à mi-parcours lors du prochain Sommet sur les ODD, qui se tiendra en septembre.  Elle a misé sur ce forum, celui de juillet ainsi que d’autres événements de l’ECOSOC pour servir de plateformes afin d’identifier des actions concrètes et renforcer le multilatéralisme.  Le but est d’obtenir des résultats concrets en matière de développement durable et de résilience, résultats « dont le monde a tant besoin », a conclu la Présidente de l’ECOSOC. 

La Sous-Secrétaire générale à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations, Mme MARIA FRANCESCA SPATOLISANO, s’est exprimée au nom de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU. Elle a constaté que nous sommes à mi-chemin de l’échéance de 2030 et que nous ne sommes pas sur la bonne voie pour l’atteinte des ODD: sur les 146 cibles établies pour ces objectifs, à peine 12% sont sur la bonne voie et environ 30% n’ont pas progressé ou sont même en-deçà de leur niveau de 2015.  La science, la technologie et l’innovation offrent la base dont nous avons besoin pour avancer vers la réalisation des ODD, a-t-elle souligné.  Elle a cependant tenu à préciser que ces trois atouts peuvent aussi avoir des aspects négatifs quand ils ne sont pas utilisés pour le bien commun. Il y a des risques inhérents à toutes les avancées humaines, a-t-elle noté, ajoutant que ces risques sont aujourd’hui amplifiés par l’ère du numérique.  Il faut donc renforcer la solidarité mondiale pour s’assurer que tous les pays aient les capacités de se servir des innovations, a-t-elle plaidé. Et pour ce faire, il faut s’assurer que les écosystèmes technologiques soient inclusifs et plus représentatifs.  Les gens qui bénéficient le moins d’innovations, notamment au sein des pays en développement, doivent donc être soutenus par des initiatives multilatérales, y compris par le biais d’échanges entre pays et la mise en place de politiques fiscales appropriées, a-t-elle recommandé. 

Sans la pleine participation de la moitié de la population mondiale -les femmes et les filles- au secteur des STI, nous perdrons la moitié des créateurs potentiels, innovateurs et scientifiques, ains que leur contribution essentielle à la résolution des grands problèmes mondiaux, a prévenu Mme Spatolisano.  Elle a souhaité voir réduire la fracture entre les sexes dans ce domaine, en agissant tout au long du cycle de l’éducation, de l’emploi, de l’entrepreneuriat et en s’appuyant sur un leadership déterminé.  Il faut aussi puiser dans le talent des jeunes du monde entier qui travaillent dans leur communauté, a-t-elle encore invité.  Les innovations locales sont essentielles pour résoudre les problèmes locaux de la façon la plus efficace, a-t-elle relevé.  Elle a conclu en appelant à la collaboration permanente entre scientifiques, décideurs, société civile et organisations diverses, notamment en créant des connexions et coalitions pour mieux utiliser la science, la technologie et l’innovation pour atteindre les ODD. 

M. CSABA KŐRÖSI, Président de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale, a souligné la nécessité de mobiliser la science, la technologie et l’innovation en vue de réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Si nous voulons réussir la transition vers un monde plus durable, nous avons besoin de politiques d’innovation, scientifiques et technologiques ambitieuses, a dit le Président.  Il a estimé que ce forum peut participer à la création d’un mécanisme de validation scientifique permettant d’améliorer les engagements pris en vue de réaliser les objectifs de développement durable (ODD).  Il a insisté sur les vulnérabilités révélées par la pandémie de COVID-19, en rappelant qu’il y a une chance sur quatre qu’une maladie aussi sévère et pandémique que la COVID-19 n’émerge dans les 10 prochaines années.  « Pouvons-nous à l’ONU dire que nous serons prêts? »

Le Président a estimé qu’en intégrant l’innovation, la technologie et le numérique dans notre mode de pensée, il sera alors possible d’être agiles, au lieu d’être fragiles.  « Nous pouvons nous assurer que nos sociétés seront plus inclusives, nos systèmes plus intégrés et nos économies plus résilientes face aux chocs de demain. »  Alors que le Sommet sur les ODD se profile, faisons en sorte que ce forum et le forum politique de haut niveau en juillet soient les tremplins pour effectuer le « saut quantique » dont nous aurons besoin en septembre, a conclu le Président.

M. BONGINKOSI EMMANUEL NZIMANDE, Ministre de l’enseignement supérieur, des sciences et de l’innovation de l’Afrique du Sud, a rappelé que la COVID n’avait pas seulement tué des millions de personnes dans le monde, mais qu’elle avait aussi détruit de nombreux moyens de subsistance. Si la mise en œuvre des ODD était lente avant la pandémie, il faut être d’autant plus inquiet dans la course menée pour atteindre les ODD d’ici à 2030, a-t-il prévenu en regrettant de constater même un recul dans certains secteurs.  Dans ce contexte, à son avis, les STI font figure d’éclaircie: elles ont permis de trouver un vaccin, tandis que la « diplomatie scientifique » a bien fonctionné.  Cependant, le Ministre a rappelé que la croissance économique mondiale ralentit, présageant d’un impact certain sur les STI.  Il a recommandé à la communauté internationale de s’assurer que, même en temps de crise économique, la communauté scientifique et les STI soient soutenus.  Le Ministre a appelé à ne surtout pas réduire les ressources dans ce domaine.

Pour sa part, l’Afrique du Sud fait bon usage des STI pour atteindre les ODD, avec l’adoption d’un plan décennal débuté en 2021, qui coïncide avec son plan de développement national, a fait savoir le Ministre.  Il a précisé que le plan s’applique à certains domaines essentiels: la lutte contre les changements climatiques, avec un accent mis sur le développement des énergies renouvelables, et des investissements importants réalisés dans la production d’énergie à base l’hydrogène; la santé, avec la volonté d’établir un centre pluridisciplinaire consacré à l’étude des pandémies qui servirait à toute l’Afrique, un continent particulièrement touché.  Le Ministre a au passage insisté sur les efforts à fournir pour renforcer les capacités locales en matière de développement et de production de vaccins. Enfin, il a recommandé le développement de compétences pour l’avenir, la modernisation de l’industrie et l’utilisation des STI dans le domaine agricole, alors que la sècheresse menace l’Afrique. Il a enfin cité le rôle des nouvelles technologies dans l’extraction minière sudafricaine.  Dans tous ces domaines, les partenariats seront cruciaux, a insisté le Ministre en conclusion, appelant à atténuer les tensions entre pays développés et pays en développement pour une transition juste et un avenir meilleur.

Mme CHARLOTTE WATTS, professeure, Conseillère scientifique en chef et Directrice de la recherche et des preuves au Ministère des affaires étrangères du Commonwealth et du développement du Royaume-Uni, a rappelé que la plupart des grandes avancées de l’humanité ont été alimentées par les technologies et l’innovation.  Elle a souligné comment les recherches et le partage de celles-ci ont permis au monde scientifique de comprendre rapidement comment aborder la pandémie de COVID-19 et aider à la prise de décisions éclairée des politiques.  Même si dans le même temps, le monde a été confronté au défi de la désinformation et du doute.  La bonne nouvelle est que le monde connaît une révolution avec la bio-ingénierie qui pourrait transformer la planète, a-t-elle lancé.  Étant donné que les bénéfices du progrès ne sont pas tangibles pour tous, Mme Watts a demandé aux scientifiques de ne point se refermer sur eux et de miser sur la coopération afin de pouvoir atteindre les ODD. 

Présentation du rapport du Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies

Mme QUARRAISHA ABDOOL KARIM, Ambassadrice d’ONUSIDA pour les adolescents et le HIV, a indiqué que le rapport est disponible sur le site du forum.  L’accès à Internet est une nécessité absolue et non un luxe si nous voulons atteindre les ODD, a-t-elle insisté.  Elle a indiqué qu’une augmentation de 10% du taux de connectivité dans les pays en développement se traduirait par une augmentation d’un point et demi de leur PIB.  La pandémie a montré combien nous sommes connectés mais aussi combien nous sommes fragiles, a -t-elle dit, en rappelant la « pandémie de désinformation » observée à ce sujet.  « Il faut se préparer à de nouvelles menaces sanitaires. ».  Elle a appelé à promouvoir la transition verte, le monde ayant pris du retard.  Enfin, elle a précisé que le rapport précité comprend 6 propositions et 11 recommandations.

Mme CHERRY MURRAY, de l’Université de l’Arizona (États-Unis), a détaillé ces propositions qui sont, de son propre aveu, complexes.  Elles visent à renforcer les efforts nationaux en vue de réaliser le Programme 2030, a-t-elle précisé.  Parmi celles-ci figurent l’augmentation des financements pour la science, la technologie et l’innovation; la création d’une banque mondiale de données sur l’innovation et la technologie; la démocratisation d’Internet 3.0 d’ici à 2027; la promotion de biens publics mondiaux; ou bien encore le renforcement des capacités mondiales sur l’intelligence artificielle avec la création d’un centre de formation dédié.  La création d’un programme onusien unique pour favoriser la coopération dans ces domaines est également avancée, a-t-elle dit.

Séance ministérielle

Le modérateur de la séance, M. TOM WOODROFFE (Royaume-Uni), a rappelé que le forum sur les STI rassemble non seulement les États Membres, mais aussi la société civile, les chercheurs, les start-ups, les multinationales, les populations autochtones et les ingénieurs.  Il a invité les délégations à « s’interpeller les uns les autres », mais aussi à « tendre la main à de nouveaux partenaires » avec lesquels elles n’auraient peut-être pas envisagé de collaborer. 

Le premier intervenant, M. LI JUNHUA, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a expliqué dans un message vidéo que si rien n’est fait, les ODD ne seront pas atteints en 2030.  Si rien n’est fait, plus de 700 millions de personnes demeureront dans la pauvreté extrême à cette date et que les énergies renouvelables ne constitueront qu’une infime partie du mix énergétique mondial.  Appelant à un « sursaut », comme demandé par le Secrétaire général António Guterres à tous les chefs d’État et de gouvernement, il a rappelé que « le potentiel des STI est immense » et a encouragé à renforcer les capacités numériques à tous les niveaux de la société, en éliminant les obstacles institutionnels.  Il faudra aussi, selon lui, renforcer les interactions entre la science et la société, et transmettre aux décideurs des « connaissances essentielles » en matière scientifique. À son avis, le travail du Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies est un autre moyen d’atteindre ces objectifs.

Mme ANA CRISTINA AMOROSO DAS NEVES, Présidente de la Commission de la science et de la technique au service du développement (CSTD), a présenté quant à elle les grandes lignes des travaux menés par la Commission de la science et de la technique au service du développement (CSTD) pour avancer sur les politiques publiques en matière de STI.  Elle a souligné les capacités inégales entre région en matière de développement d’énergies renouvelables.  En matière d’eau propre et d’assainissement, la tâche est rendue compliquée par ces mêmes inégalités, mais aussi par les changements climatiques, a-t-elle relevé, en estimant elle aussi que les STI jouent un rôle essentiel pour atteindre les ODD. 

Face aux difficultés à se relever de la COVID-19, M. SAIDZODA RAHIM HAMRO, Ministre de l’éducation et de la science du Tadjikistan, a souligné le rôle des STI dans la réduction des conséquences de la pandémie, notamment dans le domaine de l’éducation.  Le Tadjikistan et ses partenaires ont ainsi mis en place des politiques pour soutenir ce secteur, avec des cours en ligne et plus de 2 000 cours de programmes scolaires enregistrés par vidéo.  Le pays a également développé, avec l’UNICEF, des outils pour réduire les conséquences négatives de la COVID-19.  Le potentiel énorme des STI pour s’adapter aux crises, démontré pendant la pandémie, a été ressenti également dans le commerce en ligne et le service public, a ajouté M. RENATO SOLIDUM, JR., Secrétaire à la science et à la technologie au Ministère de la science et de la technologie de la République des Philippines.  Il a cependant déploré les inégalités continuant d’augmenter entre pays et souligné le besoin de s’adapter au rythme rapide de l’évolution des STI.

Les STI sont en outre cruciales pour réduire la dépendance aux énergies fossiles et pour le développement des énergies renouvelables, a poursuivi M. IGOR PAPIČ, Ministre de l’éducation, des sciences et des sports de la Slovénie.  Pour lui, les États Membres ne s’en sortiront qu’avec une approche intégrée des STI à tous les pans de la société, et en mettant l’accent sur l’éducation.  Le Sultanat d’Oman travaille dur pour devenir un pays technologiquement avancé d’ici à 2040, a enchaîné M. SAIF BIN ABDULLAH AL HADDABI, Sous-secrétaire au Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation du Sultanat d’Oman, en parlant d’un « interventionnisme soutenu » vers les STI et l’éducation.  À cet égard, il a mis en avant un programme de coopération culturelle développé par Oman: 175 bourses ont été délivrées à des étudiants étrangers pour qu’ils viennent étudier dans le pays.

Mme ALLISON SCHWIER, Conseillère pour la science et la technologie auprès du Secrétaire d’État des États-Unis, a confirmé que les chercheurs du monde n’avaient jamais eu autant d’outils et de données entre leurs mains, grâce au développement de l’industrie des données satellites, notamment.  Appelant à un écosystème scientifique et environnemental doté d’« un accès aux données libre et sûr », elle a insisté sur l’importance d’une collaboration scientifique « de bonne foi », ouverte et diverse, équitable et « inclusive ». 

La Chine a pour sa part déploré la transformation de STI en « armes » par « certains pays » qui s’adonnent à des mesures coercitives unilatérales et à du harcèlement.  Elle a appelé à s’ériger contre ce genre d’actions.  La Chine s’évertue quant à elle à aider les autres pays en développement à renforcer leurs capacités, en créant diverses initiatives pour le transfert d’énergies renouvelables et pour partager le fruit des STI avec tous les États Membres.  Le Groupe des 77 et la Chine (G77), par la voix de Cuba, a d’ailleurs appelé la communauté internationale dans son ensemble à « absolument » renforcer la solidarité et le partage des fruits de l’innovation.  « Un système de gouvernance apparaît essentiel pour ce faire. »  Le G77 a aussi noté que la vitesse de connexion dans les pays en développement, insuffisante, renforce le fossé entre pays.  Louant la coopération Sud-Sud, le Groupe a interpellé les pays développés en leur demandant d’augmenter leur aide publique au développement (APD) en matière de technologie et d’innovation, et réclamé davantage de transfert de technologies. 

Dans ce même esprit, l’Algérie a dit continuer d’appuyer les pays en développement dans l’installation de la fibre optique pour promouvoir le développement numérique en Afrique.  Elle a en outre salué la proposition du Secrétaire général de mettre en place un Pacte numérique mondial d’ici à 2024.  Membre de la CSTD, l’Algérie est consciente du rôle des STI dans l’atténuation des conséquences de la pandémie et elle a appelé à agir pour renforcer les liens entre communauté scientifique et décideurs.  Le Brésil s’est pour sa part inquiété des conséquences préjudiciables qu’entraînerait un développement incontrôlé des nouvelles technologies pour les travailleurs, appelant à protéger ceux-ci.  Les STI doivent avoir une perspective d’équité sociale et de respect des cultures, a ensuite exigé la Bolivie, pays dont la politique est basée sur les énergies renouvelables et sur les connaissances ancestrales de peuples autochtones. 

Au Maroc, les STI sont considérées comme une valeur essentielle et le pays s’évertue à réduire la fracture numérique, avec des investissements dans l’enseignement supérieur, ainsi que dans les technologies de l’information et des communications (TIC), a témoigné la délégation. Elle a dit que le secteur privé prend les devants et que le Gouvernement marocain soutient ses entreprises, avec la construction de « technoparcs » dans les grandes villes du pays.  Enfin, la République dominicaine a confirmé que la numérisation est devenue une condition sine qua non de la croissance. Cette numérisation se veut en République dominicaine « large, fluide et intégrale », notamment dans le domaine de la santé.  Le but est de décongestionner le système sanitaire du pays, qui a vu la mise en place, depuis peu, d’un recueil de données numériques ventilées ciblant mieux les besoins de la population.

Session 1: Renforcer la confiance dans la science et la technologie

Cette session, présidée par Mme MATHU JOYINI, (Afrique du Sud), a abordé l’un des principaux mandats du forum STI, à savoir l’examen des rapports entre la science et la politique.  Les intervenants ont ainsi souligné la nécessité de s’appuyer sur des faits et sur une compréhension scientifique solide pour l’élaboration des politiques pour résoudre les défis interconnectés et complexes de notre temps.  Parmi ces défis, le dernier en date, la pandémie de COVID-19, a démontré l’importance et le potentiel de la science pour trouver des solutions, tout en instaurant la confiance en luttant contre la désinformation. 

Le problème est que les scientifiques et les politiques travaillent souvent en vase clos, a lancé d’emblée la Slovénie. Pourtant, la confiance entre ces deux groupes d’acteurs est essentielle, a indiqué la modératrice, Mme QUARRAISHA ABDOOL KARIM, qui est Directrice scientifique associée à CAPRISA d’Afrique du Sud, enseignante à l’Université de Columbia aux États-Unis, et coprésidente du Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies.  Il faut donc amorcer des changements de paradigmes, par exemple en informant mieux la société, a argué le représentant de l’Union internationale des télécommunications (UIT).  C’est d’ailleurs l’un des chantiers de l’Union qui s’attèle à fédérer les initiatives des 193 États qui en sont membres.  Elle s’évertue ainsi à renforcer la confiance en les technologies de l’information et des communications (TIC) en prônant plus de dialogue et un système ouvert.

M. JOEL NETSHITENZHE, Directeur exécutif de Mapungubwe Institute for Strategic Reflection (MISTRA), a fait remarquer que les partenariats sociaux sont importants pour bâtir cette confiance.  Pour faire passer les messages de la science, il a recommandé de se servir des plateformes de communication modernes et des célébrités, au-delà des médias traditionnels.  De plus, il a demandé de réglementer à présent le domaine de l’intelligence artificielle, tandis que Mme CARY FUNK, Directrice de Science and society research, Pew Research Center, a redouté les risques de voir cette intelligence artificielle renforcer les inégalités entre et au sein des sociétés. La panéliste, qui intervenait par visioconférence, a dit que la vraie question reste celle-ci: « Comment communiquer en temps de crise? ».  Elle a pris l’exemple de la pandémie de COVID-19 pour expliquer comment même les moins sceptiques ont commencé à douter de la véracité des informations transmises par les décideurs. 

La science est affaiblie par la désinformation, les groupes d’intérêts et l’ignorance, a reconnu M. PETER GLUCKMAN, Président du Conseil international des sciences.  Dans son message vidéo, il a mis en avant la perte de confiance envers les élites et les experts.  Pour lui, la confiance doit être méritée, ce qui n’est pas facile dans un environnement de désinformation et de conspiration.  Le représentant de Global vision India Foundation a fait valoir que la science vient dissiper les doutes et ne prend pas partie dans sa quête de vérité. Il a expliqué comment son organisation avait mis en route une campagne de communication afin de convaincre le public d’adhérer à la vaccination contre la COVID-19.  La Fédération de Russie a aussi évoqué la baisse de confiance en la science au moment de la pandémie de COVID-19.  L’une des parades mises en œuvre par le Gouvernement russe fut de diffuser des informations en ligne et dans les réseaux sociaux par le biais d’experts de la santé.  Pour la Chine, la confiance s’acquiert par l’unité et la coopération et non par la confrontation.  Le délégué a insisté sur le multilatéralisme et a salué le rôle de chef de file des Nations Unies dans le domaine des STI. 

Nous parlons tous d’innovation, mais il faut commencer par mener des recherches pour mieux comprendre ce qui fait que l’humanité va de crise en crise, a suggéré Mme ANA-MARIA CETTO, professeure à l’Institut de Physique de la Faculté des Sciences de l’Université nationale autonome du Mexique.  Selon l’enseignante, il serait opportun de mener des recherches pluridisciplinaires, en impliquant les spécialistes de sciences sociales pour essayer de comprendre comment nos sociétés produisent des crises. Il faut aussi changer le système de pensée afin de mettre fin au système de domination et au colonialisme, a-t-elle souhaité.  Les pays les moins avancés (PMA) ont la possibilité de combler leur retard technologique en faisant un bond essentiel, mais il faut déjà mettre de côté la désinformation, a expliqué M. TAFFERE TESFACHEW, Directeur général par intérim de la Banque de technologies des Nations Unies pour les (PMA).  Selon l’expert, il est important de bien expliquer le bien-fondé des technologies aux bénéficiaires afin de faire tomber les doutes et renforcer la confiance.  En fin de compte, il est question de travailler avec des partenaires en qui on a pleinement confiance, a résumé M. SCOTT C. RATZAN, Directeur exécutif de Business Partners for Sustainable Development

Session 2: des solutions systémiques pour progresser dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable 6, 7 et 9

Les orateurs ont détaillé les solutions systémiques à mettre en œuvre pour progresser dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable 6, 7 et 9, relatifs, respectivement, à l’accès à l’eau, au recours aux énergies renouvelables et à l’innovation.  La nécessité d’un soutien technique et financier accru aux pays en développement a été abondamment mentionnée.

M. KEYWAN RIAHI, International Institute for Applied Systems Analysis, Autriche, a dit que le but de son organisation est de fournir des conseils sur la mise en œuvre des ODD 6, 7 et 9, laquelle est bien trop lente.  Deux milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès à l’eau potable, tandis que 800 millions n’ont pas accès à l’électricité.  Il faut des solutions systémiques et une coopération renforcée, a-t-il dit, en prenant l’exemple du bassin de l’Indus que partagent la Chine, l’Afghanistan, le Pakistan et l’Inde.  « Il est crucial d’accroître les infrastructures de ce bassin et les investissements nécessaires doivent être considérablement augmentés. »  Enfin, il a présenté le réseau EDITS qui rassemble des scientifiques chargés d’appuyer l’élaboration des politiques environnementales et climatiques. 

De son côté, Mme MÓNICA GUTIÉRREZ, ingénieure en énergies renouvelables, Mott Macdonald, Colombie, a détaillé l’appui fourni aux peuples autochtones de la Colombie pour la désalinisation de l’eau. Il est crucial de comprendre les systèmes de pensée et les cosmogonies de ces peuples afin que l’appui apporté soit accepté, a-t-elle dit, en soulignant la nécessité d’une appropriation des solutions proposées.

M. RAO NARASIMHA, Yale University, États-Unis, a rappelé que le développement de la production agricole pour répondre à l’insécurité alimentaire n’est pas sans conséquence néfaste, comme l’émission de gaz à effet de serre et l’épuisement des nappes phréatiques.  La solution serait une diversification de la production. Il a rappelé que 2,5 milliards de personnes cuisinent à l’aide de l’énergie fossile, alors que l’électricité est plus propre.  Mais les besoins en électricité sont considérables et l’offre n’est pas suffisante face à une telle demande, a-t-il dit, en appelant, lui aussi, au développement des infrastructures nécessaires.

Mme CATARINA BAPTISTA, ingénieure hydraulique, Belgique, a rappelé les graves sécheresses qui ont frappé la Belgique l’an dernier, dans un contexte de réchauffement climatique.  Elle a passé en revue les politiques mises en place pour y remédier, en notant la création de jardins retenant les eaux de pluie et le recyclage des eaux usées.  Si le financement est crucial, la gouvernance dans ce domaine est tout aussi essentielle, a-t-elle dit, en soulignant l’importance d’associer les jeunes à la prise de décisions.

M. SHLOMI KOFMAN, de l’autorité chargée de l’innovation d’Israël, a, lui aussi, passé en revue les solutions systémiques mises en place dans son pays face aux défis énergétique, hydrique et climatique. Un milliard de dollars a ainsi été investi pour financer la recherche universitaire pour la période 2022-2027. Nous œuvrons aussi à l’avènement d’une « agriculture bio-résiliente », a-t-il dit.

Le recyclage du carbone est une solution face au défi climatique, a déclaré M. NOBUO FUKUDA, de Carbon Recycling Fund Institute, Japon.  Il a déclaré que 10 millions de yens ont été octroyés à 16 projets en vue d’un recyclage du carbone.  Les jeunes entrepreneurs dans ce domaine doivent voir leurs capacités renforcées et c’est précisément l’un des axes de notre politique, a-t-il dit.  Des puits à carbone vert et à carbone bleu ont également été créés.

Mme ISMAHANE ELOUAFI, de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a appelé à réfléchir aux synergies entre ODD. Elle a souligné l’importance d’une bonne gouvernance pour lutter contre le stress hydrique, en y impliquant notamment les petits agriculteurs.  Elle a aussi exhorté à remédier à la disparition d’espèces, de plantes et de bactéries et à faire le pari des énergies renouvelables.  Il est crucial de produire des denrées alimentaires qui soient véritablement nourrissantes, a-t-elle dit.

M. JEAN-PIERRE CAYOL, de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a rappelé que l’énergie nucléaire est « propre » en ce qui concerne les émissions carbone, avant de souligner la pertinence des techniques nucléaires.  L’AIEA et la FAO gèrent cinq laboratoires où des solutions technologiques sont élaborées et partagées avec les pays, a-t-il fait savoir.  Il a expliqué que les techniques nucléaires permettent d’identifier les nappes phréatiques, comme dans la région du Sahel, de garantir la sécurité des exportations comme celles de miel et d’huile d’olive, ou encore d’identifier les maladies, comme la COVID-19.

Dans le débat qui a suivi, les pays ont détaillé leur action, à l’instar de la Fédération de Russie, qui a mentionné le programme « megagrants » pour le financement de projets.  Il a noté l’apport des « jeunes scientifiques russes » à la recherche, notamment médicale.  Le Népal a demandé un soutien financier et technique accru pour aider les pays les moins avancés à améliorer l’accès à l’eau potable.  « Il est crucial de remédier aux inégalités entre les pays si nous voulons atteindre les ODD 6, 7 et 9 », a appuyé le délégué du Brésil.  L’Union internationale des communications (UIT) a enfin demandé une meilleure participation des pays en développement à l’élaboration des normes dans le domaine des communications.

Session 3: Penser à l’échelle globale, agir à l’échelle locale - l’innovation et les infrastructures technologiques pour des villes plus intelligentes et inclusives 

Cette session, présidée par Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud), a exploré l’innovation et les infrastructures technologiques destinées à l’espace urbain, alors que plus de 50% des humains vivent dans des villes, un pourcentage destiné à augmenter dans les décennies à venir.  Cette urbanisation rapide pourrait avoir le potentiel d’améliorer la vie de milliards de personnes dans le monde, en particulier si elle est associée aux avancées technologiques. 

La tension entre planification technologique et souci d’impliquer ces citoyens toujours plus nombreux a constitué le fil rouge de cette table ronde.  Le modérateur, M. TALIS JUHNA, Recteur pour la recherche, professeur et Président du conseil consultatif du Conseil letton des sciences à l’Université technique de Riga en Lettonie, a d’emblée posé les termes du débat en rappelant que les villes ne peuvent être résumées à des infrastructures.  Les villes sont peuplées d’humains qui devraient participer plus activement à leur aménagement.  Pour lui, le concept de « villes intelligentes » ne comprend pas seulement les nouvelles technologies, mais la manière dont elles améliorent vraiment la qualité de vie. 

Pour cela, les instituts de recherches et les universités doivent être mis à contribution, a appuyé M. AXEL GRAEL, maire de Niterói, banlieue de Rio de Janeiro (Brésil).  Avec l’arrivée des « emplois verts », de nombreuses opportunités vont se présenter, a-t-il observé tout en demandant de veiller à ce que ces évolutions soient inclusives et à ne pas négliger les petites et moyennes entreprises.  Pour sa part, le Gouvernement brésilien, avec des années de recul sur le plan environnemental, va désormais reboiser et lutter contre la déforestation.  Les STI seront cruciales dans cet effort, qui devra impliquer la société civile et les agriculteurs.  La durabilité et l’inclusion sociale sont l’avenir, a-t-il soutenu.  Dans le même esprit, Mme LOUISE BEDSWORTH, ancienne Présidente du Conseil pour la croissance stratégique, Directrice exécutive du Centre pour le droit, l’énergie et l’environnement de la faculté de droit de l’université de Californie, Berkeley (États-Unis), a appelé à bien concevoir les programmes basés sur les STI pour que ces dernières soient bel et bien accessibles aux citoyens.  Elle a donné un exemple concret avec un programme californien qui mobilise les citoyens à l’échelle locale via une loi de l’État, dont l’objectif est de maximiser la santé climatique et environnementale dans des quartiers paupérisés et marginalisés.  Dix communautés ont bénéficié de ces projets, dont l’une dans la ville de Fresno, en Californie centrale.  Une ville qui se situe en milieu agricole souffrant de pollution, où évoluent des communautés marginalisées.  Elle a cité l’établissement d’un jardin communautaire et d’un hub communautaire à Fresno mais aussi dans 17 autres localités californiennes.  L’accent y est mis sur les STI, avec le déploiement de panneaux photovoltaïques sur les toits, a-t-elle ajouté en soulignant que les partenaires communautaires font office de « messagers indispensables » pour appliquer ce programme.

Une autre expérience concrète a été signalée par Mme NZAMBI MATEE, fondatrice de l’entreprise Gjenge Makers au Kenya. Participant par vidéoconférence depuis Nairobi, elle a présenté son entreprise, une start-up, qui combat les déchets plastiques en les transformant en briques.  Sachant que chaque jour, Nairobi produit 500 tonnes de déchets, elle a expliqué que Gjenge Makers recycle deux sortes de déchets, ceux de l’industrie et les déchets ménagers.  Le plastique est un problème mondial, pas seulement kenyan, a-t-elle reconnu.  Elle a précisé que l’objectif de l’entreprise est de recycler en produisant de la valeur, ce qui montre en même temps que recycler peut-être profitable.  Gjenge signifie « Bâtis-toi toi-même » en swahili, a-t-elle indiqué avant d’annoncer que, forte de son succès, l’entreprise compte prochainement s’implanter au Cameroun, au Nigéria et en Ouganda.  L’intervention a été vivement applaudie et louée par le modérateur pour « sa mise en valeur de l’économie circulaire ».

La session s’est poursuivie par une discussion interactive, avec une première intervention de M. TAIKAN OKI, professeur à l’Université de Tokyo, Japon, qui a fait part de ses recherches sur une ville du futur où l’intelligence artificielle permettrait à la ville d’être multipolaire et de s’articuler autour de plusieurs « sphères cybernétiques », le tout au service des citoyens.  Mme SHULANG FEI, de l’Académie chinoise des sciences agricoles, a ensuite exprimé ses craintes face à la situation critique que connaissent les grandes villes du monde.  Elle a fait part de la collaboration entre le Gouvernement et les instituts de recherches, en Chine, pour développer une vision systémique de la planification urbaine basée sur les STI, ainsi que pour arriver à un approvisionnement alimentaire optimal de chaque ville, en partenariat avec les agriculteurs. 

Spécialisé dans les solutions pilotées par les communautés, M. JASON CHENG, urbaniste représentant le Réseau de solutions pour le développement durable, a apporté une sensibilité différente à la discussion, en appelant à la prudence vis-à-vis des STI.  Selon lui, les technologies sont trop perçues comme des solutions miracles et leurs effets délétères sont facilement ignorés.  Elles permettent parfois de détourner le regard des problèmes graves, fondamentaux, comme le sous-investissement chronique.  M. Cheng a formellement mis en garde que les nouvelles technologies ont une « approche condescendante », du haut vers le bas, étant initiée par les groupes de la société les plus puissants, et ne laissant pas souvent leur mot à dire aux communautés visées par les programmes.  « Amener des capteurs intelligents ne règlera pas le problème du sous-investissement », a-t-il prévenu. Plus enthousiaste, Mme GABRIELA ALVARADO, directrice nationale pour la République dominicaine, du Programme alimentaire mondial (PAM), a pris l’exemple de son pays pour prouver que les STI pouvaient efficacement placer les communautés au cœur des solutions tout en luttant contre les changements climatiques.  Lors du dernier cyclone ayant frappé l’île, des drones ont survolé les zones touchées, recueillant des informations et des données, aidant les premiers secours et permettant de bien cibler l’aide humanitaire.  Enfin, le Programme alimentaire mondial (PAM) s’est joint à l’appel de la communauté internationale pour réduire la fracture numérique, en engageant davantage d’investissements.

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