En cours au Siège de l'ONU

Le Comité des ONG achève sa session d’hiver

Session ordinaire de 2025
13e séance plénière – matin
ONG/988

Le Comité des ONG achève sa session d’hiver

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse n’a pas pu couvrir cette séance.)

Organe subsidiaire du Conseil économique et social (ECOSOC), le Comité des organisations non gouvernementales (Comité des ONG) achève aujourd’hui la première partie de sa session annuelle.

Composé de 19 membres, le Comité des ONG a pour mission d’examiner les demandes d’ONG souhaitant obtenir un des trois statuts consultatifs auprès de l’ECOSOC, pour recommander, ou non, l’octroi du statut consultatif général, du statut consultatif spécial ou de « la Liste ».  Il examine également les rapports quadriennaux des ONG possédant déjà l’un des statuts consultatifs.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission du développement social lance les travaux d’une session axée sur la cohésion et la résilience des sociétés

Soixante-troisième session,
2e séance – matin
SOC/4919

La Commission du développement social lance les travaux d’une session axée sur la cohésion et la résilience des sociétés

Au coup d’envoi ce matin de la soixante-troisième session de la Commission du développement social, son Président, M. Krzysztof Maria Szczerski (Pologne), a donné aux États Membres quelques lignes directrices afin de préserver les « progrès sociaux remarquables » réalisés depuis la Déclaration de Copenhague de 1995.  Il les a exhortés, ainsi que les entités des Nations Unies et les organisations de la société civile, à promouvoir la bonne gouvernance, des systèmes fiscaux justes et des services de santé et éducatifs inclusifs.  De concert avec tous les autres orateurs, il a dit attendre de cette session des recommandations visant à mettre en application le Programme 2030 et le Pacte pour l’avenir et à nourrir le deuxième Sommet mondial pour le développement social prévu du 4 au 6 novembre 2025 à Doha (Qatar). 

La session s’étale sur cinq jours et comporte un débat général, des tables rondes et un forum de la société civile, a indiqué le M. Szczerski en précisant le thème prioritaire: « Renforcer la solidarité, l’inclusion sociale et la cohésion sociale pour accélérer la réalisation des engagements pris dans la Déclaration de Copenhague sur le développement social et le Programme d’action du Sommet mondial pour le développement social ainsi que la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ». 

Plantant le décor, le Président de la Commission a noté le déclin inquiétant de la confiance dans les institutions, un phénomène qui sape le développement social, crée la division et mine les efforts visant à éradiquer la pauvreté.  C’est sur la « cohésion sociale » qu’il a misé pour faire avancer le développement social, en rappelant que c’est précisément une « question émergeante » identifiée par la Commission pour cette session, de même que celle du « développement social ». 

Un nouvel élan est attendu

Si le Président de l’Assemblée générale, M. Philémon Yang, a reconnu lui aussi les réels progrès engrangés depuis les engagements de Copenhague de 1995, il a appelé à « insuffler un nouvel élan pour nos objectifs de justice sociale et d’équité ».  Le bilan de la dernière décennie, notamment l’augmentation de 20% de l’écart entre les riches et les pauvres et les presque 700 millions de personnes vivant aujourd’hui dans une extrême pauvreté, a conduit M. Yang à s’inquiéter pour les 4,5 milliards de personnes, environ, qui ne bénéficient pas de services de santé essentiels et pour les jeunes sans emploi, ni éducation, ni formation (20% des jeunes en 2023).

« Nous sommes à cinq ans de la réalisation des objectifs de développement durable », s’est-il impatienté.  D’où son appel à suivre une approche du développement économique basée sur les valeurs, les personnes et la planète plutôt que le pouvoir et le profit.  L’économie sociale et solidaire, que l’Assemblée générale a reconnue en décembre 2024 comme clef du développement durable, offre une voie vers une croissance durable et inclusive, a rappelé M. Yang en expliquant que cela passe par l’autonomisation des communautés locales, le travail décent, l’égalité des sexes, la fourniture équitable de soins de santé et d’éducation et des systèmes de protection sociale.  Il a rappelé que chaque dollar investi dans la protection sociale rapporte 3 dollars, plaidant pour des modèles économiques innovants pour faire émerger des sociétés plus justes et équitables pour tous. 

Ajoutant aux chiffres donnés par le Président de la Commission, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales a rappelé que 733 millions de personnes sont actuellement confrontées à la faim.  M. Li Junhua a pointé du doigt la faible croissance économique dans de nombreux pays, qui entrave les progrès sociaux.  Il a fait remarquer en outre que si la transition verte et la technologie numérique offrent des opportunités de croissance, elles profitent de manière disproportionnée aux économies développées, laissant de nombreux pays en développement à la traîne. 

Pour combler les écarts de développement, M. Li a conseillé d’approfondir la confiance entre les personnes et les systèmes publics. Cela signifie également augmenter les investissements dans le travail décent, la protection sociale, la santé et l’éducation de qualité, soutenus par des politiques fiscales efficaces et équitables.  Un dialogue avec les parties prenantes, en particulier les populations marginalisées, sur la conception, la mise en œuvre et le suivi des politiques, est essentiel, a-t-il ajouté. 

Inclure les jeunes comme les populations marginalisées

Le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), organe dont dépend la Commission du développement social, a craint le détricotage des progrès réalisés depuis le Sommet mondial pour le développement social de Copenhague à cause de la faim, de la pauvreté extrême, des incidences des changements climatiques et du creusement continuel des inégalités sociales. Pour M. Bob Rae, il faut lutter contre le chômage des jeunes et impliquer les personnes handicapées dans les sociétés afin que ces groupes de populations participent davantage à la vie sociale.  Les ODD ne seront pas atteints si le monde ne progresse pas dans le domaine de l’égalité des sexes, a-t-il prévenu. 

Aux yeux de M. Rae, l’élan donné par le Pacte pour l’avenir doit perdurer lors du prochain Sommet mondial pour le développement social.  Cela implique d’avoir une vision stratégique sur les mesures à prendre, notamment en matière de solidarité.  « Promettez moins et faites plus », a-t-il lancé aux délégations, avant de leur demander de « s’attaquer à l’élimination de la méfiance pour contribuer à la solidarité et à l’inclusion ». 

L’appel à impliquer les jeunes a été notamment relayé par Mme Judy Kipkenda, Coprésidente du Groupe mondial des jeunes autochtones. Dans son message vidéo, elle a exhorté la Commission à donner la priorité au renforcement de la solidarité, de l’inclusion sociale et de la cohésion sociale afin d’accélérer la mise en œuvre des engagements pris notamment en 1995.  Alors que les inégalités mondiales se creusent et que la cohésion sociale s’érode, les jeunes sont « la clef et les solutions » car ils possèdent la créativité, l’innovation et l’énergie nécessaires pour relever ces défis, a-t-elle plaidé.

Dans le même sens, la Présidente du Comité des ONG pour le développement social a rappelé que la société civile et les organisations locales et autochtones doivent être à l’avant-garde pour contribuer au développement social des sociétés.  Il est temps, selon elle, d’envisager une nouvelle société, plus juste et plus axée sur l’humain.

Solidarité, inclusion sociale et cohésion sociale

La table ronde qui a suivi les déclarations d’ouverture de cette soixante-troisième session a été axée sur le thème prioritaire de la session, soit la solidarité, l’inclusion sociale et la cohésion sociale.

La situation actuelle exige de revoir les objectifs et de mobiliser davantage de ressources, a évalué la Directrice générale adjointe de l’aide hellénique au Ministère des affaires étrangères de la Grèce. Pour progresser véritablement dans le domaine social, il est crucial d’intégrer cette notion dans toutes les politiques publiques et d’honorer les engagements financiers, a-t-elle défendu.  La Directrice adjointe de la Division du travail au Secrétariat d’État suisse des affaires économiques a, pour sa part, appelé à renouveler le contrat social, ancré dans les droits de l’homme, avec un accent sur la justice sociale.  Pour améliorer le niveau de vie de toute la population, il faut permettre une croissance économique inclusive, parvenir à une augmentation de la productivité et utiliser les technologies émergentes. 

Il faudra définir les termes de ce nouveau contrat social, a rebondi la France, par la voix de la Représentante du Gouvernement français auprès de l’Organisation internationale du Travail (OIT) et du G7-G20 pour le travail, l’emploi et la protection sociale.  Elle a aussi promu les normes internationales du travail adoptées à l’OIT, qui contribuent tant à la protection des droits des travailleurs qu’à la soutenabilité de l’activité économique et à un développement durable et inclusif.  « Elles répondent aux besoins de régulation dans le monde du travail, à condition qu’elles soient pleinement mises en œuvre par les États qui les ratifient », a insisté la représentante française.

Les orateurs de cette matinée d’ouverture avaient les yeux tournés vers le deuxième Sommet mondial pour le développement social, qui aura lieu en dans neuf mois, à l’instar de M. Guy Ryder, Secrétaire général adjoint aux politiques, pour qui « il n’est pas trop tard pour changer de cap », et ce malgré les tendances alarmantes en matière de pauvreté et d’inégalités dans le monde. Le Sommet de l’avenir a réaffirmé que la pauvreté est le plus grand défi à relever et que l’action multilatérale reste une nécessité, a-t-il rappelé en exprimant son espoir que les travaux de la Commission du développement social permettent de renouveler les engagements pris dans la Déclaration de Copenhague et d’accélérer la réalisation du Programme 2030, afin que nul ne soit laissé pour compte. 

M. Ryder a mis son espoir dans le passage à l’économie verte et dans des politiques budgétaires axées sur l’individu.  Il faut des prises de décision inclusives, a-t-il martelé en souhaitant le renforcement de la confiance entre les populations et les institutions lors des consultations dans l’optique du deuxième Sommet mondial pour le développement social.

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Conseil de sécurité: la coopération des États Membres plus que jamais nécessaire contre Daech, une menace terroriste persistante aux ramifications mondiales

9856e séance – matin
CS/15990

Conseil de sécurité: la coopération des États Membres plus que jamais nécessaire contre Daech, une menace terroriste persistante aux ramifications mondiales

Plus que jamais, Daech affiche sa résilience en faisant évoluer ses modus operandi, qu’il s’agisse de mener des opérations dans le monde entier ou de recruter des combattants terroristes, a déclaré, ce matin au Conseil de sécurité, le Secrétaire général adjoint chargé du Bureau de lutte contre le terrorisme. 

Venu présenter le vingtième rapport en date du Secrétaire général à ce sujet, M. Vladimir Voronkov était accompagné de Mme Natalia Gherman, la Directrice exécutive de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme des Nations Unies (DECT), qui a fait écho à ses dires, en mettant l’expansion de Daech sur le compte d’un fléchissement de la coopération entre États Membres.  Les deux hauts fonctionnaires ont dressé un constat similaire, en pointant la consolidation du groupe dans de multiples régions.

Ainsi, moins de deux mois après l’effondrement du régime de Bashar Al-Assad en République arabe syrienne, le risque existe dans ce pays que des stocks d’armes sophistiquées finissent entre les mains de terroristes, s’est alarmé le Secrétaire général adjoint, en attirant l’attention sur la région de Badia, d’où Daech planifie ses opérations externes.  Une instabilité qui caractérise également les camps et les centres de détention situés dans le nord-est de la Syrie, où l’on estime à près de 42 500 le nombre d’individus détenus, majoritairement des ressortissants iraquiens et syriens, dont un certain nombre pourraient être liés à Daech. 

Or, le rythme global des rapatriements a considérablement diminué au cours des six derniers mois, seuls cinq États Membres ayant rapatrié plus de 760 individus.  Notant que de nombreuses personnes qui se trouvent aujourd’hui dans des camps en Syrie et en Iraq ont en fait fui la violence de Daech, M. Voronkov a réitéré l’appel du Secrétaire général aux autres pays pour qu’ils facilitent le rapatriement « sûr, volontaire et digne » de leurs ressortissants toujours détenus en Syrie.  Un appel repris à leur compte par plusieurs membres du Conseil, dont la Chine, les États-Unis et la Fédération de Russie, qui a fait valoir le rapatriement de 500 personnes, dont des femmes et des enfants.

Mais d’autres pays que la Syrie ont suscité des inquiétudes parmi les membres du Conseil, à commencer par l’Afghanistan, où l’État islamique d’Iraq et du Levant-Khorassan (EIIL-K) continue de poser une menace importante pour l’ensemble de la région et au-delà.  Outre les attentats perpétrés en Afghanistan, les partisans de cette franchise de Daech ont planifié des attentats en Europe et cherchent activement à recruter des individus en Asie centrale, a détaillé le Secrétaire général adjoint.  Le Pakistan a soutenu qu’il y aurait plus de 2 000 terroristes actifs en Afghanistan, « le principal pôle de recrutement de Daech », tout en rejetant les allégations des États-Unis selon lesquels ces campagnes de recrutement auraient également lieu au Pakistan.

En Afrique subsaharienne, que M. Voronkov considère comme « l’épicentre du terrorisme mondial », Daech et ses affiliés ont continué d’intensifier leurs opérations, notamment au Burkina Faso, au Mali et au Niger.  Le haut fonctionnaire a expliqué que l’État islamique du Grand Sahara (EIGS) et la « Province d’Afrique de l’Ouest de l’État islamique » (ISWAP) continuent de recruter des combattants au-delà des frontières à l’intérieur desquelles ils sont établis.  En Afrique de l’Est, Daech en Somalie a réussi à recruter des combattants terroristes étrangers et le bureau Karrar reste un centre financier et de coordination régional essentiel pour l’organisation terroriste, a-t-il encore observé.

Rappelant que la lutte contre le terrorisme est une priorité de l’Administration Trump, les États-Unis ont indiqué que, le 1er février, des frappes américaines avaient été ordonnées contre des cibles de Daech en Somalie, une annonce corroborée par la Somalie.  Ce pays fait partie de ceux, nombreux à se faire entendre aujourd’hui, qui ont plaidé en faveur d’une réponse aux causes profondes du terrorisme. « Contre ce fléau, le développement durable est notre arme la plus efficace », a lancé le délégué somalien. Pour lui, les stratégies des États Membres doivent prioriser la protection des civils tout en s’assurant que les mesures antiterroristes ne créent pas involontairement de griefs supplémentaires susceptibles d’être exploités.

Le soutien au développement, le renforcement de la gouvernance, l’état de droit et la lutte contre la corruption sont les compléments essentiels de l’approche sécuritaire, a confirmé la France, suivie sur ce point par l’Algérie.  En outre, les prétendues offres sécuritaires proposées par certaines sociétés militaires privées ne font qu’attiser le terrorisme, a dénoncé la délégation française. Pour la Fédération de Russie en revanche, l’ingérence des pays occidentaux, dont les « sabotages ciblés » et les « opérations antiterroristes de longue haleine » se sont révélées être un simulacre destiné à justifier une présence militaire étrangère continue, « jugée depuis longtemps indésirable » par les États africains.

À cet égard, la Russie a vivement contesté la conclusion « scandaleuse et infondée » contenue dans le rapport du Secrétaire général, selon laquelle l’expansion vers l’Est de la branche de « l’État islamique dans le Grand Sahel » serait le résultat des opérations antiterroristes menées par le Burkina Faso, le Mali et le Niger à leurs frontières.  « Comment peut-on blâmer des États pour leurs efforts visant à combattre le terrorisme et à protéger leurs populations des militants? » s’est exclamé le représentant, en recommandant au personnel du Secrétariat d’étudier plutôt l’aide apportée aux terroristes au Sahel par certains pays occidentaux et l’Ukraine.

Pour la délégation américaine, aucun doute: « l’argent est le nerf de la guerre ».  Tandis que la délégation algérienne soulignait l’importance de combattre le financement des activités terroristes, qui repose notamment sur le trafic de stupéfiants et les enlèvements, Mme Gherman indiquait que de réels progrès avaient été faits à cet égard, citant justement en exemple l’adoption par Alger de principes directeurs non contraignants. 

En outre, l’ONU continue d’aider les États Membres à exploiter les opportunités offertes par les nouvelles technologies, a rappelé M. Voronkov. En novembre, l’initiative CT TECH+, lancée conjointement avec INTERPOL et l’Union européenne, a permis de fournir un soutien contre l’utilisation abusive de ces nouvelles technologies à des fins terroristes.  Les États Membres, a-t-il exhorté, doivent maintenant traduire les engagements pris en vertu du Pacte pour l’avenir en actions, en donnant la priorité à des réponses inclusives, en réseau et durables.

 

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MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES RÉSULTANT D’ACTES DE TERRORISME

Exposés

M. VLADIMIR VORONKOV, Secrétaire général adjoint chargé du Bureau de lutte contre le terrorisme, a confirmé que Daech continue d’afficher sa résilience et de faire évoluer ses modus operandi.  À cet égard, il s’est dit particulièrement préoccupé par la situation très instable en République arabe syrienne, où le risque existe que des stocks d’armes sophistiquées finissent entre les mains de terroristes.  C’est tout particulièrement vrai de la région de Badia, qui continue d’être un fief pour Daech, d’où le groupe planifie ses opérations externes.  Cette instabilité, nous l’observons également dans les camps et les centres de détention situés dans le nord-est de la Syrie, où l’on estime à près de 42 500 le nombre d’individus détenus, dont un certain nombre pourraient être liés à Daech. Parmi eux, on compte 17 700 Iraquiens, 16 200 Syriens et 8 600 ressortissants d’autres pays.  Des chiffres d’autant plus alarmants que le rythme global des rapatriements a considérablement fléchi au cours de la période considérée.  En effet, seuls cinq États Membres auraient rapatrié plus de 760 personnes en provenance d’Iraq et de la République arabe syrienne.  S’il a salué le Gouvernement iraquien pour avoir rapatrié environ 400 enfants, M. Voronkov a réitéré l’appel du Secrétaire général aux autres pays pour qu’ils facilitent le rapatriement sûr, volontaire et digne de leurs ressortissants toujours détenus en Syrie. 

En Afghanistan, l’État islamique d’Iraq et du Levant-Khorassan (EIIL-K) continue de poser une menace importante, y compris dans la région et au-delà. « Outre les attentats perpétrés en Afghanistan, les partisans de l’EIIL-K ont planifié des attentats en Europe et cherchent activement à recruter des individus dans les États d’Asie centrale », a détaillé le Secrétaire général adjoint.  En Afrique subsaharienne, Daech et ses affiliés ont continué d’intensifier leurs opérations et d’étendre leur contrôle territorial, a-t-il poursuivi, et la situation est extrêmement préoccupante en Afrique de l’Ouest et au Sahel, où Daech et d’autres groupes terroristes ont intensifié leurs attaques au Burkina Faso, au Mali et au Niger.  L’État islamique du Grand Sahara (EIGS) et la « Province d’Afrique de l’Ouest de l’État islamique » (ISWAP) continuent de recruter des combattants au-delà des frontières à l’intérieur desquelles ils sont établis.  En Afrique de l’Est, Daech en Somalie a réussi à recruter des combattants terroristes étrangers et le bureau Karrar reste un centre financier et de coordination régional essentiel pour l’organisation terroriste, a encore noté M. Voronkov. 

Pour le Secrétaire général adjoint, la résilience des groupes terroristes souligne la nécessité d’une collaboration internationale soutenue.  Les États Membres doivent donner la priorité à des réponses globales et durables qui s’attaquent aux causes profondes du terrorisme, tout en renforçant l’état de droit et en faisant respecter le droit international des droits humains et le droit humanitaire.  Pour les y aider, l’ONU continue d’adapter son soutien au renforcement des capacités des pays à l’évolution de la menace posée par Daech et ses affiliés.  La priorité a été donnée à l’Afrique subsaharienne, devenue l’épicentre du terrorisme mondial, où le bureau que M. Voronkov dirige a augmenté de 16% son assistance technique, en s’appuyant notamment sur le travail effectué par son antenne à Rabat. 

Ensuite, compte tenu de la situation dans le nord-est de la Syrie, l’ONU continue de conseiller les États Membres dans leurs efforts visant à poursuivre en justice, réhabiliter et réintégrer les individus associés à des groupes terroristes.  En Iraq, le Bureau a fourni conseils, formations et matériel pour aider à l’enregistrement et au contrôle des adultes détenus au camp de Hol souhaitant être rapatriés.  Sur ce point précis, le Secrétaire général adjoint a souligné que de nombreux détenus en Syrie et en Iraq ont, en fait, fui la violence de Daech.  « Il est donc primordial de continuer à amplifier la voix des victimes et à leur assurer un soutien durable », a-t-il dit.

Par ailleurs, la sécurité aux frontières doit être davantage renforcée pour contrecarrer les mouvements de groupes terroristes, a préconisé le haut fonctionnaire.  En novembre dernier, le Bureau s’est associé aux Gouvernements du Koweït et du Tadjikistan dans le cadre du processus de Douchanbé pour organiser une conférence de haut niveau à ce sujet, qui a débouché sur la déclaration de Koweït sur la sécurité et la gestion des frontières.  Entre-temps, le Programme de lutte contre les déplacements des terroristes a continué de se développer avec 63 États Membres bénéficiaires qui s’appuient de plus en plus sur le logiciel goTRAVEL pour collecter et traiter les données des passagers afin de détecter et de prévenir les mouvements terroristes. 

D’ailleurs, l’ONU continue d’aider les États Membres à exploiter les opportunités offertes par les nouvelles technologies, a fait observer M. Voronkov. En novembre, l’initiative CT TECH+, lancée conjointement avec INTERPOL et l’Union européenne, a permis de fournir un soutien personnalisé afin de lutter contre l’utilisation abusive des nouvelles technologies à des fins terroristes.  En outre, le Bureau a dispensé des formations opérationnelles à plus de 100 fonctionnaires en Asie du Sud-Est et en Afrique de l’Ouest pour utiliser des systèmes aériens sans pilotes à des fins de lutte contre le terrorisme et de sécurité des frontières, s’est encore félicité le haut fonctionnaire.  Les États Membres, a-t-il exhorté, doivent maintenant traduire les engagements pris en vertu du Pacte pour l’avenir en actions, en donnant la priorité à des réponses inclusives, en réseau et durables, qui s’attaquent aux causes profondes du terrorisme et renforcent la résilience.

Mme NATALIA GHERMAN, Directrice exécutive de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme des Nations Unies (DECT), a mis en exergue la complexité du défi posé par Daech.  Elle s’est inquiétée de la situation « déplorable » dans le nord-est syrien, où plus de 40 000 personnes vivent dans des camps et des centres de détention.  Daech tire profit des conflits et de l’instabilité et constitue une grave menace pour la paix en Afrique.  Elle a indiqué que des régions entières en Afrique connaissent la dévastation perpétrée par Daech, comme dans le Sahel et dans le bassin du lac Tchad, où Daech mène des opérations décentralisées et prolifère à mesure que la coopération entre les États Membres diminue.  À cette aune, elle a plaidé pour une approche basée sur la prévention, le respect des droits humains et la coopération, « qui est le mot clef ». 

Mme Gherman a indiqué que la Direction exécutive s’est rendue en Côte d’Ivoire, en République-Unie de Tanzanie, au Malawi, en Mauritanie, au Ghana et plus récemment en Somalie dans le but d’évaluer la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité.  Elle a constaté qu’il existe des pratiques encourageantes dans la lutte contre le terrorisme, notamment celles impliquant tous les échelons de gouvernance et visant au règlement des causes profondes de ce phénomène.  Davantage de coopération est néanmoins nécessaire, a-t-elle à nouveau insisté.  La reddition des comptes et le respect des droits humains sont également des aspects fondamentaux.  Elle a fait état de réels progrès dans la lutte contre le financement du terrorisme, en mentionnant l’adoption des principes directeurs non contraignants de l’Algérie.  Enfin, elle a détaillé l’action de la Direction, laquelle a récemment participé au renforcement des capacités du Mozambique.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: des solutions inclusives et fondées sur les données sont la clef pour que le Programme de développement durable soit atteignable d’ici à 2030

Session de 2025
7e et 8e séances – matin & après-midi
ECOSOC/7191

ECOSOC: des solutions inclusives et fondées sur les données sont la clef pour que le Programme de développement durable soit atteignable d’ici à 2030

Ce sont les yeux tournés vers 2030 que le Conseil économique et social (ECOSOC) a débattu, hier et aujourd’hui, des « questions de coordination » pour promouvoir des solutions durables et inclusives, fondées sur la science et les données, en vue de réaliser le Programme de développement durable lancé il y a 10 ans.  Au cours des quatre tables rondes de la journée, les États Membres et les acteurs concernés ont été encouragés à créer des emplois décents pour tous, à exploiter les données et les technologies, à uniformiser les financements, et à prendre des « décisions percutantes ». 

Avec un taux de croissance annuelle inférieur à 1%, « il ne peut y avoir ni dynamisme du marché du travail ni réduction de la pauvreté ou du secteur informel », a averti d’emblée le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), région où la croissance n’a été que de 0,9% par an en moyenne au cours de la décennie 2014-2023.  Parmi les efforts payants, l’Organisation internationale du Travail (OIT) a plaidé pour l’amélioration des compétences tout au long de la vie, tandis que l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) a appelé à remédier à la sous-représentation des femmes dans de nombreux secteurs industriels. 

« Devenez notre partenaire!  Incluez-nous! » a lancé en écho la Coordinatrice du grand groupe des femmes.  Comme les experts et hauts responsables d’agences onusiennes, les délégations participant au débat n’ont pas manqué de recommander l’intégration systématique de la dimension de genre dans les politiques socioéconomiques. 

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DÉBAT CONSACRÉ AUX QUESTIONS DE COORDINATION

Favoriser l’accès de toutes et tous aux possibilités d’emploi et au travail décent

Modérée par Mme Mahlet Zeleke Redi, point focal du Caucus mondial de la jeunesse sur le travail décent, cette table ronde centrée sur l’objectif de développement durable no 8 (Travail décent et croissance économique) a permis de faire le point sur les stratégies visant une croissance inclusive, des économies résilientes et un travail décent pour tous. 

Le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a donné le ton de cette discussion en décrivant le « piège » pour la création d’emploi que représente une faible capacité de croissance.  Observant que la croissance moyenne de sa région n’a été que de 0,9% au cours de la décennie 2014-2023, il a argué qu’avec un taux inférieur à 1%, « il ne peut y avoir ni dynamisme du marché du travail ni réduction de la pauvreté ou de l’informalité ».  De même, il n’y a pas beaucoup de recettes fiscales pour financer les dépenses sociales et les investissements publics indispensables, a-t-il relevé, justifiant ainsi la « priorité absolue » qu’accorde la CEPALC à la croissance et à la transformation.  Pour remédier à ce « piège », il a préconisé de donner la priorité à la numérisation des entreprises dans les secteurs identifiés par les politiques nationales et régionales, de renforcer l’offre régionale de technologies numériques et de favoriser l’inclusion. 

L’inclusion, en particulier celle des femmes et des jeunes, a également été mise en avant par la Directrice du Bureau de l’Organisation internationale du Travail (OIT) pour les Nations Unies, selon laquelle offrir un travail décent à ces catégories fragiles « peut apporter un dividende à toute communauté ».  Si l’accès à l’emploi est en voie d’amélioration, il reste très insuffisant, a-t-elle constaté, rappelant qu’en 2023, un jeune sur cinq – des jeunes femmes pour les deux tiers - ne travaillait pas et n’était pas formé.  « L’amélioration des compétences tout au long de la vie doit être la priorité », a plaidé l’intervenante, pour qui il importe que les politiques économiques prennent en compte les questions de genre, d’éducation et de formation. 

Dans la même veine, le Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) a estimé que pour améliorer la productivité et la compétitivité, il convient en premier lieu de combler les fractures numériques existantes, en particulier en remédiant à la sous-représentation des femmes dans de nombreux secteurs industriels.  Rappelant que l’ONUDI est notamment chargée de l’objectif du Pacte numérique mondial visant à garantir que tout le monde bénéficie de l’économie numérique, il a précisé que son organisation s’emploie à doter les femmes et les jeunes des pays en développement de compétences techniques.

« La prospérité économique ne peut être atteinte sans les femmes et les femmes ne peuvent contribuer à l’atteindre sans un travail décent », a fait valoir la représentante de Women’s Environment and Development Organization et Coordinatrice du grand groupe des femmes. Tout en saluant les nombreux engagements pris dans le monde pour que l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes restent au cœur de la croissance, elle a dénoncé un manque de volonté politique. « Devenez notre partenaire! Incluez-nous! » a-t-elle lancé pour encourager à véritablement inclure les voix des femmes à tous les niveaux.

Même son de cloche de la part de la Cheffe de la section autonomisation économique à ONU-Femmes, qui a fait état d’un écart de 30% entre hommes et femmes en matière de participation au marché du travail, et de 20% sur le plan salarial.  De surcroît, les femmes passent 2,5 fois plus de temps que les hommes à effectuer un travail non rémunéré, a-t-elle déploré.  Elle a notamment appelé à financer l’égalité des sexes dans le domaine du développement.

S’agissant du travail non rémunéré, le Directeur général de l’Office fédéral de la statistique de la Suisse et Président de la cinquante-cinquième session de la Commission de statistique a souligné les progrès significatifs réalisés dans la mesure de cette activité et de l’économie des soins par l’intermédiaire de la Conférence internationale des statisticiens du travail et de l’OIT.  Pour mieux comprendre cet aspect de l’économie informelle, il est selon lui nécessaire de mener davantage d’enquêtes sur l’utilisation du temps et, spécifiquement sur le travail de soins.  Un avis partagé par le Président de la soixante-neuvième session de la Commission de la condition de la femme, selon lequel il faut davantage de données ventilées sur l’emploi des femmes dans le secteur informel pour contribuer à la mise en œuvre concrète du Programme d’action de Beijing. 

Au cours du débat qui a suivi ces interventions, le Représentant permanent du Népal, également Président du Groupe des pays les moins avancés (PMA), a plaidé en faveur d’une approche inclusive pour aider ces pays fragiles à créer des emplois décents en tenant compte des défis considérables auxquels ils sont confrontés.  Cela passe par un plus grand appui technique et financier, des partenariats régionaux et un renforcement des compétences pour combler le fossé numérique, a-t-il dit, appuyé par la Jamaïque, cofacilitatrice de la Déclaration sur les générations futures. 

Le Mexique a, pour sa part, réaffirmé la valeur du multilatéralisme « alors que se dessinent des tendances protectionnistes », demandant à la communauté internationale de redoubler d’efforts pour lutter contre la pauvreté et promouvoir le travail en vue d’« accéder à une vie meilleure ».  Inquiète de la progression du travail non rémunéré, la Colombie a, elle, prôné une intégration systématique de la dimension de genre dans les politiques socioéconomiques, rejointe dans cette vision par l’Indonésie

Il faut « sortir l’ODD 8 de sa stagnation », a conclu le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) faisant remarquer qu’un quart des jeunes dans le monde sont écartés du marché du travail. « Il faut accélérer le rythme », a-t-il soutenu, avant de rappeler son action en faveur du renforcement des compétences des jeunes et de l’élimination du travail des enfants. 

Tirer parti des données, de la science, de la technologie et de l’innovation pour faire progresser le numérique

Cette discussion a été l’occasion pour les intervenants de mettre l’accent sur l’importance du transfert de technologie et du renforcement des capacités afin de réduire les fractures numériques dans les pays vulnérables.  La nécessité de mettre en place des mesures d’atténuation des risques de l’intelligence artificielle (IA) a également été mise en avant. 

Sans réseau, sans équipements de base ou d’électricité, les avantages restent théoriques pour les 2,6 milliards de personnes qui n’ont pas d’accès à Internet, a relevé la Finlande qui a mis en avant l’importance de la connectivité et de l’accessibilité pour tirer parti des technologies et de l’innovation afin de réaliser les objectifs de développement durable (ODD). 

Le Directeur du Centre d’informations géographique et numérique du Bureau National d’Études Techniques et de Développement (BNETD) de Côte d’Ivoire a indiqué que les données, la science et la technologie numérique permettent de générer des analyses complètes pour faire face aux changements climatiques et protéger l’environnement dans les pays en développement.  De plus, elles sont essentielles pour le développement des villes intelligentes et de l’Internet des objets. 

La Présidente du Groupe IPSOS États-Unis a mis en avant le rôle des technologies pour améliorer les conditions de travail et la croissance économique des producteurs de cacao en Afrique, ainsi que pour renforcer l’autonomisation des femmes productrices.  Les données collectées sont essentielles pour mesurer l’impact des programmes de développement durable dans les communautés agricoles éloignées, a-t-elle soutenu. 

Convaincu que la gouvernance des données est l’un des défis – et des opportunités – les plus urgents de notre époque, le Président de la Commission de la science et de la technique au service du développement, a appelé à établir des cadres de gouvernance des données transparents et cohérents, afin de créer un environnement de sécurité juridique qui donne du pouvoir aux innovateurs, aux entreprises et aux consommateurs. 

L’importance de l’interopérabilité ne peut être surestimée, a-t-il souligné.  En alignant nos normes juridiques et techniques, nous pourrions créer des voies pour des flux de données fluides qui renforcent la coopération et facilitent l’échange mondial d’idées et de meilleures pratiques.  De même, il a proposé une approche duale intégrant des directives politiques et des perspectives locales pour une gouvernance des données « robuste et réactive ». 

De son côté, la Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Europe (CEE) a loué les mérites de son Réseau d’innovation transformatrice, dont l’un des objectifs est de faciliter les échanges commerciaux en rationalisant les processus liés au commerce et en numérisant l’échange d’informations le long des chaînes d’approvisionnement.  Ces efforts contribuent à l’inclusion numérique, à la gouvernance équitable des données et à l’accès aux technologies numériques, s’est félicitée la Directrice. 

L’Inde, qui a souligné l’importance de la démocratisation des modèles réplicables comme les systèmes de paiement numérique, a appelé à préserver l’éthique dans le domaine de la science, de la technologie et de l’innovation.  La Fédération de Russie a plaidé pour une coopération internationale scientifique d’égal à égal avec les pays en développement.  Aucun pays ne peut faire cavalier seul dans ce domaine, a souligné Singapour

Uniformiser les règles du jeu multilatéral grâce à des solutions de financement et d’investissement propres à assurer un développement durable dans les pays en situation particulière

Cette table ronde s’est tenue dans un contexte marqué par l’organisation en juin prochain de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement prévue à Séville, en Espagne, qui devrait permettre d’élaborer, comme l’ont espéré les intervenants, les solutions de financement et d’investissement propres au bénéfice des pays en situation particulière, notamment en remédiant au défi de la dette. 

Premier orateur, un membre du Comité des politiques de développement a souligné l’acuité du défi du service de la dette pour nombre de pays vulnérables et plaidé pour un mécanisme de restructuration permanent afin d’y remédier.  Le risque d’une crise de la dette est néanmoins moindre que lors de la pandémie, a-t-il tempéré.  En matière fiscale, il a jugé capital de lutter contre les flux financiers illicites. Les banques de développement devraient bénéficier d’un appui renforcé et être reconstituées dans les pays où elles ont été démantelées, a-t-il ajouté, avant d’appeler à honorer les engagements pris en matière d’aide publique au développement (APD) en faveur des pays les moins avancés (PMA). 

Même son de cloche du côté du Représentant spécial auprès des Nations Unies du Fonds monétaire international (FMI), qui a plaidé pour une mise en cohérence des messages des pays vulnérables en prévision de ladite Conférence.  Il a détaillé la réforme des droits de tirage spéciaux au bénéfice de ces pays au sein du FMI tandis que les capacités de prêts ont été augmentées.  Débiteurs et créanciers jouent par ailleurs un rôle accru en ce qui concerne la restructuration de la dette souveraine.  Il a précisé que les instances de gouvernance au sein du FMI ont par ailleurs été réformées afin que la voix de l’Afrique subsaharienne se fasse mieux entendre. 

« Les impôts sont la seule source de financement pérenne au service du développement », a estimé de son côté, le Coprésident du Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale.  Il a détaillé l’action du Comité face à l’évasion fiscale, étant donné que la participation des pays en situation particulière à ces efforts a été renforcée.  Le Comité essaye d’instaurer une fiscalité « utile », simplifiée, afin de répondre aux besoins de ces pays, et a par ailleurs proposé une imposition des entreprises d’extraction minière. 

La Secrétaire générale de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a, elle, loué la résilience des pays en situation particulière face aux chocs.  La triste réalité est que l’environnement économique mondial ne se prête pas à la réalisation des ODD.  Le service de la dette est ainsi un réel défi qui obère la capacité de ces pays à répondre aux besoins sociaux de leurs habitants, a-t-elle déploré.  Elle a également plaidé pour un mécanisme de restructuration permanent de la dette, considérant en outre comme capital de lutter contre les flux financiers illicites. 

Pour sa part, le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) s’est inquiété des lacunes de financement s’agissant de la réalisation des ODD dans les pays africains qui payent des milliards de dollars chaque année au titre du service de la dette.  L’architecture financière internationale doit être réformée, a-t-il appuyé.  Il a également appelé à tirer un meilleur profit des obligations vertes et à lutter énergiquement contre les flux financiers illicites. 

À son tour, la Haute-Représentante pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement a signalé que les pays précités représentent 92% des pays les plus vulnérables au monde et que leur surendettement a un effet paralysant, tandis que les volumes d’investissements directs étrangers sont particulièrement faibles.  Ces pays ne sont pas en passe de réaliser les ODD.  Il est capital de remédier à la crise de la dette, a-t-elle dit, en plaidant pour une annulation de la dette dans certains cas et un accroissement de la marge de manœuvre fiscale de ces pays.  « La Conférence à Séville doit aboutir à un document ambitieux. » 

Lors du débat interactif qui a suivi, l’Égypte a appelé à remédier aux lacunes de la gouvernance fiscale internationale, avant de rappeler que le service de la dette des pays africains s’élevait en 2022 à 650 milliards de dollars.  Un mécanisme de gestion de la dette doit être mis sur pied, a-t-elle insisté.  Les transferts de technologie sont des éléments clefs, a insisté le Kirghizstan.  L’Algérie a loué le potentiel considérable d’un marché unique africain, tout en notant que l’accès insuffisant aux capitaux obère le développement de l’Afrique.  Le Paraguay a également mentionné ses difficultés de financement pour un développement durable.  Enfin, le Bangladesh a rappelé que l’uniformisation des règles du jeu multilatéral est une question d’équité et insisté sur l’importance de la Conférence à Séville. 

S’engager à agir: les scénarios pour une prise de décision efficace

La fenêtre de tir pour réaliser des progrès significatifs dans la réalisation des ODD se rétrécit rapidement, exigeant des mesures audacieuses et décisives dès à présent, a mis en garde la Directrice exécutive adjointe du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP). Pour obtenir de meilleurs résultats, elle a invité à se baser sur les enseignements tirés d’exercices de prospective fondés sur le recours à la science et sur des preuves. 

Pour répondre rapidement et efficacement aux déplacements forcés, par exemple, la Haute-Commissaire adjointe du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a invité à utiliser les données et la collaboration avec le milieu universitaire, les agences de l’ONU, les réfugiés et les communautés d’accueil.  Elle a cité le « Nowcasting », une méthodologie qui permet au HCR d’anticiper les tendances dans les déplacements forcés six mois à l’avance. En exploitant ses propres données et celles des gouvernements, et en les combinant à des modèles prédictifs, ce système peut prévoir l’arrivée des réfugiés et prépositionner une aide vitale, a-t-elle expliqué. 

La Haute-Commissaire adjointe a aussi donné l’exemple du système mondial d’alerte rapide pour les situations d’urgence, lancé l’an dernier.  Ce système, qui exploite les données générées par l’intelligence artificielle et l’observation de la planète, permet d’anticiper les évènements qui pourraient provoquer des déplacements forcés.  Les acteurs humanitaires, les autorités locales et les communautés ont donc le temps de se préparer au mieux, a-t-elle noté.  Ces exemples, s’est réjouie la Haute-Commissaire adjointe, montrent comment des approches avant-gardistes peuvent transformer l’action humanitaire, en la faisant passer de la réaction à l’anticipation, et des réponses à court terme aux solutions à long terme. 

Les jeunes contribuent également à la prise de décision efficace.  C’est ce qu’a illustré la Directrice générale adjointe chargée des partenariats au Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en disant qu’au sein de son agence, les jeunes sont considérés comme des acteurs de changement capables d’identifier les problèmes émergents au-delà de 2030 et de fournir des informations précieuses sur les possibilités et les défis à venir.  La haute fonctionnaire a annoncé la publication le mois prochain d’un rapport fondé sur une analyse complète des tendances et un exercice d’analyse prospective mené par de jeunes leaders de la lutte contre le réchauffement planétaire qui ont identifié plus de 150 signaux de percées climatiques potentielles. 

En matière de prospective stratégique, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) est particulièrement bien outillée, a témoigné pour sa part son l’Observateur permanent.  Il a parlé de sa collecte de données fiables et de son expertise fondée sur des données probantes, mentionnant également le Programme de transformation de l’OCDE pour les politiques de la science, de la technologie et de l’innovation. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: la culture de la coopération mise en avant pour réaliser les objectifs de développement durable

Session de 2025
5e & 6e séances - matin & après-midi
ECOSOC/7190

ECOSOC: la culture de la coopération mise en avant pour réaliser les objectifs de développement durable

« Il faut nouer des liens qui se traduiront par des résultats concrets », a lancé ce matin le Président du Conseil économique et social (ECOSOC) à l’ouverture du débat consacré aux questions de coordination qui se tient sur deux jours.  M. Bob Rae a également présenté les conclusions du forum des partenariats, qui s’est tenu hier, en invitant à bien comprendre la « crise existentielle » que traverse le système mondial.  « Nous sommes à la croisée des chemins », a reconnu le Vice-Président de l’ECOSOC, M. Anatolio Ndong Mba, qui est chargé de ce débat sur les questions de coordination. 

Le constat actuel est que les progrès en faveur des objectifs de développement durable (ODD) stagnent, voire reculent, a signalé M. Ndong Mba précisant que seuls 17% des objectifs sont en voie d’être réalisés d’ici à 2030.  « Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser perdurer cette tendance », a-t-il mis en garde avant d’exhorter les États Membres à faire preuve de volonté politique pour réaliser la vision du Programme 2030.  Cette volonté politique doit permettre de mettre en œuvre des solutions transformatrices, grâce à la richesse, au savoir et à la capacité technologique dont le monde dispose, a-t-il souligné.

« En mettant en commun nos connaissances, nos ressources et nos innovations, nous pouvons créer le changement nécessaire pour obtenir des résultats sur le terrain », a encouragé M. Guy Bernard Ryder, Secrétaire général adjoint aux politiques.  Selon lui, l’ECOSOC est particulièrement bien placé pour accompagner et orienter cet effort. 

Le travail, à cet égard, de ses commissions techniques et de ses organes d’experts a été passé en revue dans la matinée, tandis que les délégations ont traité deux questions au cours des tables rondes de l’après-midi: trouver des solutions transformatrices pour favoriser la durabilité et construire un avenir inclusif et prospère pour toutes et tous; investir dans des sociétés saines, inclusives et résilientes pour ne laisser personne de côté.

***NOUVEAU - Suivez la couverture des réunions en direct sur notre LIVE***

DÉBAT CONSACRÉ AUX QUESTIONS DE COORDINATION

Dialogue sur l’accélération de la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et des objectifs de développement durable

Les contributions importantes des organes subsidiaires du Conseil économique et social (ECOSOC) aux efforts des États Membres pour la réalisation du Programme 2030 ont été mises en lumière au cours de cette table ronde, modérée par la cofondatrice du Projet Starling, et maîtresse de conférences à l’école des affaires internationales et publique de l’Université de Princeton.  La discussion a aussi permis de souligner l’impact des résultats du Sommet de l’avenir sur l’accélération de ces efforts. 

La réforme de l’architecture financière mondiale est prioritaire, a déclaré d’emblée le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), soucieux de permettre aux pays du continent de concrétiser leurs projets, un point de vue repris à son compte par le Comité des politiques de développement.  Rien qu’en 2024, l’Afrique a dépensé 163 milliards de dollars pour le service de la dette, des ressources qui auraient pu être consacrées à l’éducation, aux soins de santé et à l’adaptation aux changements climatiques, entre autres, a précisé le Secrétaire exécutif de la CEA.  Pour y remédier, la CEA défend des propositions visant à accroître le financement des banques multilatérales de développement, à réorienter les droits de tirage spéciaux (DTS) et à améliorer les conditions d’octroi des prêts, a expliqué le panéliste.  Il a également plaidé en faveur de règles commerciales mondiales qui excluent les subventions, les droits de douane et les barrières non tarifaires injustes, au motif que ces mesures défavorisent les exportations africaines. 

De son côté, la Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) a fait état des progrès remarquables réalisés par cette région au cours des dernières décennies en matière de réduction de la pauvreté et de croissance économique, et ce malgré des difficultés à réaliser plusieurs ODD, liées à l’aggravation du fardeau de la dette, de l’instabilité géopolitique et de la crise climatique.  La hausse des ressources financières est une condition préalable pour que la région continue d’investir dans le développement durable, a-t-elle observé, jugeant essentiels le plan de relance des ODD, les réformes visant à renforcer la capacité de prêt des banques multilatérales de développement et la mobilisation de financements privés en faveur du développement durable et de l’action climatique. 

La Secrétaire exécutive a jugé indispensable l’accès équitable aux nouvelles technologies, y compris l’intelligence artificielle (IA), faisant l’éloge d’une « connectivité numérique universelle », à condition qu’elle s’épanouisse dans des cadres de gouvernance solides.  Tout aussi importante aux yeux du Président de la soixante-troisième session de la Commission du développement social est la gouvernance des technologies émergentes pour promouvoir la réalisation des ODD, qui l’a conduit à exprimer sa fierté que la question des avantages et des inconvénients de l’IA soit prise en considération dans la négociation du document final de la Commission.  Représentant un organe directement intéressé par ces questions, le Président de la vingt-huitième session de la Commission de la science et de la technique au service du développement (CSTD) a appelé à exploiter les outils numériques tels que l’automatisation et l’IA. 

C’est le Cadre intégré des Nations Unies pour l’information géospatiale qu’a, de son côté, mis en exergue la Coprésidente du Comité d’experts sur la gestion de l’information géospatiale à l’échelle mondiale lors de sa quatorzième session, se félicitant de cette réalisation du Comité. Ce cadre vise à améliorer les dispositifs de gestion de l’information géospatiale en fournissant des orientations pour une approche holistique de la gouvernance, de la technologie et des personnes.  Dans le prolongement de cet effort, Mme Vanden Berghe a appelé à accélérer l’élaboration de plans d’action nationaux, en particulier chez les pays en développement, les petits États insulaires en développement notamment, dans le la lutte contre la fracture numérique à l’échelle mondiale.  À cet égard, elle a rappelé que le Pacte numérique mondial souligne la nécessité d’une infrastructure numérique publique nationale dont l’information géospatiale est un élément essentiel.  Dans la lignée des efforts visant à réduire les inégalités, « la solidarité, l’inclusivité et la cohésion sociale » ont été promues par le Président de la soixante-troisième session de la Commission du développement social, pour qui ce sont des priorités.  À cela s’ajoute l’intégration des perspectives de genre dans le financement du développement, a plaidé à son tour le Président de la soixante-neuvième session de la Commission de la condition de la femme

Passant à la région européenne, la Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Europe a indiqué que, selon les projections actuelles en termes de réalisation des ODD, sa région n’atteindra que 20 cibles sur 169 d’ici à 2030.  Pour 80 d’entre elles, les progrès devraient s’accélérer, mais pour 17 autres, la tendance est au recul, a-t-elle expliqué.  Elle a jugé frappant de constater que, dans cette région pourtant développée, seules 4 cibles sur 51 dans le domaine de l’environnement, de l’énergie et du climat sont en bonne voie.  La transition énergétique est donc essentielle, en a-t-elle déduit en plaidant pour la décarbonation de secteurs clefs tels que l’industrie, les transports et le logement pour contribuer à la lutte contre les changements climatiques, gérer les ressources naturelles et assurer la durabilité environnementale. 

Le Secrétaire exécutif de Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) a détaillé, pour sa part, la mise en œuvre du Pacte pour l’avenir, « véritable priorité institutionnelle », dans sa région.  Il a mentionné notamment la tenue d’une réunion au printemps, à Santiago (Chili), consacrée à ce sujet.  Nous allons œuvrer au consensus régional en prévision notamment de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement de Séville (Espagne) et de la prochaine conférence sur les changements climatiques à Belém (Brésil) en 2025, a-t-il assuré, en annonçant que la société civile et la jeunesse seraient étroitement associées à ces discussions.  Il a loué les synergies entre les différentes commissions économiques, qui ont notamment donné lieu à la production de trois documents, dont l’un porte sur la solidarité intergénérationnelle. 

Enfin, la Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO) n’a pas fait mystère des difficultés rencontrées par la région arabe, avec la persistance des conflits, la menace des changements climatiques, des dettes publiques écrasantes, qui entravent la réalisation des ODD.  Les systèmes d’alerte rapide mis en place par la Commission aident les gouvernements dans leur riposte climatique, a-t-elle expliqué en ajoutant que la Commission offre aux femmes et aux jeunes des outils numériques. 

Au niveau de l’administration publique, la Chancelière de l’Université Nelson Mandela et Présidente de la vingt-troisième session du Comité d’experts de l’administration publique (CEPA), a estimé que cinq actions transformatrices sont nécessaires de toute urgence pour assurer le développement durable.  Il faut ainsi, selon elle, ancrer les ODD dans le discours public en tant que cadre politique pour l’avenir; promouvoir la durabilité par le biais des budgets nationaux pour accroître la confiance du public; accélérer le changement des mentalités dans le secteur public; appliquer les principes d’une gouvernance efficace pour le développement durable; et combler les lacunes dans la connaissance des ODD et de leur importance à tous les niveaux. 

Discussion interactive avec les États Membres

Au cours de la discussion interactive qui a suivi les interventions des hauts responsables, l’Union européenne a souligné qu’en tant que premier fournisseur mondial d’aide publique au développement (APD), elle et ses États membres contribuent largement aux efforts visant à remettre les ODD sur les rails, avec 95,5 milliards d’euros dépensés en 2023, soit 41% du volume mondial des APD.  Elle a plaidé pour la multiplication des sources de financements en faveur du développement, jugeant que le secteur privé et les organisations philanthropiques ont un rôle à jouer à cet égard. 

La délégation européenne a d’autre part réaffirmé son engagement en faveur d’une réforme ambitieuse de l’architecture financière internationale, par le biais d’efforts tels que le Pacte de Paris pour les peuples et la planète.  Selon elle, l’examen qui sera mené par l’ECOSOC en 2026 et le forum politique de haut niveau prévu lors de la quatre-vingtième session de l’Assemblée générale peuvent aider à faire du Conseil une véritable « chambre de responsabilité et de solutions » pour servir cet objectif.  Un sentiment auquel a fait écho le Canada, pour qui il n’y a pas de place pour les doublons ni pour des approches cloisonnées. 

L’Arménie s’est, pour sa part, félicitée de la coopération entre son pays et la CESAP, saluant les échanges de meilleures pratiques, l’assistance technique et le renforcement des capacités fournis par cette Commission, qui ont permis de faire avancer les priorités nationales de développement d’Erevan, dont l’objectif d’une transformation verte, le renforcement de la connectivité et la facilitation de l’intégration économique. Le Chili a rappelé qu’une réunion coorganisée avec la CEPALC avait mis en évidence la nécessité urgente d’adopter une approche mondiale et coordonnée pour améliorer l’investissement dans les emplois décents et promouvoir de bonnes conditions de travail. Enfin, l’Inde a plaidé pour un financement durable des ODD, dont la mise en œuvre doit être adaptée en fonction des contextes locaux. 

Trouver des solutions transformatrices pour favoriser la durabilité et construire un avenir inclusif et prospère pour toutes et tous

Comment parvenir à un équilibre entre la protection de l’environnement tout en promouvant un développement socioéconomique durable?  C’est l’enjeu défini par le Sous-Secrétaire général chargé du développement économique en préambule de cette discussion.  Si les financements restent le nerf de la guerre dans la réalisation des ODD, les délégations ont aussi été nombreuses à appeler l’ONU à influencer les politiques publiques afin que celles-ci s’avèrent capables de tenir compte de l’humain et la planète. 

Pour parvenir à l’objectif climatique, il faut des énergies propres, a souligné la Sous-Secrétaire générale et Cheffe du bureau de New York du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) qui a attiré l’attention sur le rôle des minéraux critiques (cobalt, cuivre, nickel, lithium et graphite) dans la transition énergétique.  Alors que la demande pour ces minéraux va quadrupler d’ici à 2040 pour répondre au scénario d’une augmentation de la température mondiale de 1,5 degrés Celsius, l’intervenante a fait état d’une profonde inégalité: les pays à revenu élevé utilisent 6 fois plus de minéraux critiques et sont responsables de 10 fois plus d’impacts climatiques par habitant que les pays à faible ou moyen revenu où se trouvent beaucoup de ces minéraux.  Ces derniers émettent en outre seulement 10% de la moyenne mondiale d’émissions de gaz à effet de serre par habitant, mais comptent 69% des décès mondiaux causés par des catastrophes liées au climat.  La transition énergétique propre et ses besoins en minéraux ne doivent pas exacerber les inégalités, bafouer les droits ou créer d’autres stress environnementaux, a plaidé l’intervenante. 

Rebondissant sur cette intervention, la fondatrice de l’Association des Femmes Peules et Peuples Autochtones du Tchad (AFPAT) et Présidente de la vingt-troisième session de l’Instance permanente sur les questions autochtones a signalé que 25% de ces minerais critiques se trouvent sur des terres autochtones, mais que les communautés autochtones ne reçoivent que 1% des financements climatiques.  Il faut établir un partenariat sur un pied d’égalité avec les peuples autochtones au sein du système onusien afin de mieux prendre en compte leurs savoirs traditionnels pour préserver les écosystèmes, a-t-elle plaidé. 

De son côté, l’Économiste en chef de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a attiré l’attention sur l’importance d’augmenter la productivité alimentaire en tenant compte de la biodiversité et des émissions de gaz à effet de serre sachant que ces derniers provoquent des phénomènes climatiques sévères et la dégradation des terres.  Il est possible de minimiser les facteurs externes sur le système agro-industriel et trouver des moyens d’accroître sa résilience à condition de pouvoir compter sur des financements adéquats. 

À son tour, l’Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a expliqué que dans son agence, on est en train de repenser tous les systèmes de développement à travers le prisme de nouveaux concepts comme l’indice de développement humain, ajusté aux pressions planétaires, en plus du revenu par habitant et du produit intérieur brut (PIB).  Le PNUD a également beaucoup investi dans l’établissement des liens entre connaissances traditionnelles et nouvelles technologies, y compris l’intelligence artificielle (IA). 

À l’UNESCO, nous avons accumulé des données sur la façon de promouvoir les connaissances traditionnelles et menons une réflexion sur l’adaptation des nouvelles technologies à ces connaissances en vue de parvenir à un équilibre, a expliqué son Sous-Directeur général pour la priorité Afrique et les relations extérieures

Investir dans des sociétés saines, inclusives et résilientes pour ne laisser personne de côté

Cette session, qui a souligné l’importance d’une approche centrée sur les personnes dans la mise en œuvre du Programme 2030, s’est focalisée sur les liens entre le genre, la santé et le bien-être et les efforts de l’ONU et des autres institutions pour relever les défis urgents. Les intervenants ont présenté des solutions en faveur de la protection sociale et de la couverture sanitaire universelle pour tous.  Ils ont mis l’accent sur le rôle des partenariats qui peuvent donner aux individus et aux communautés les moyens de prospérer dans une société durable et pacifique. 

La transformation dont nous avons besoin, a expliqué tout d’abord la Cheffe du Bureau de New York du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), exige des politiques économiques qui ne soient pas une « zone exempte de droits humains ».  En d’autres termes, les profits et les intérêts politiques ne doivent pas mettre en danger l’accessibilité, l’adéquation et la durabilité des aliments, ni la disponibilité, l’accessibilité et la qualité des soins de santé.  Augmenter les capacités et les ressources autant que possible pour atteindre ces objectifs est une obligation, a martelé l’intervenante illustrant ses propos en citant l’aide apportée par le HCDH aux autorités somaliennes pour la révision de la stratégie nationale de santé.  Cette aide a aussi permis de veiller à ce que ladite stratégie soit axée sur la réalisation du droit à la santé des groupes marginalisés.  Autre exemple: en République de Moldova, le HCDH aide le Gouvernement à intégrer les droits des personnes handicapées et de leurs aidants non rémunérés dans le système national de soins. 

La stratégie 2024-2030 du Groupe de la Banque mondiale en matière d’égalité entre les sexes a ensuite été mise en avant. Le Groupe, a dit son représentant, a notamment pour ambition de soutenir 80 millions supplémentaires de femmes et d’entreprises dirigées par des femmes en leur fournissant un accès au capital. Il prévoit également d’étendre l’accès à Internet à haut débit pour 300 millions de femmes supplémentaires et d’offrir des opportunités d’emploi à 250 millions de femmes grâce à des programmes de protection sociale.  La Banque mondiale a établi une liste de 16 pays pour la mise en œuvre accélérée de cette stratégie afin de démontrer comment les politiques axées sur le genre stimulent la croissance économique. 

« Vous et nous ne pouvons atteindre aucun de ces objectifs si les personnes transgenres n’ont pas accès à un emploi décent, ne peuvent voyager en toute sécurité, ne peuvent recevoir des soins de santé de base ou une aide humanitaire », a averti pour sa part la représentante du groupe d’intérêt pour les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes.  Elle a déploré que les pièces d’identité ne correspondent pas toujours à la réalité des personnes, alors que les modèles de développement sont censés inclure tout le monde.  « Si les systèmes de protection sociale et de santé ne sont pas conçus pour servir ceux qui sont les plus touchés par les inégalités, ils seront inefficaces », a prévenu la militante. 

Dans tout processus intergouvernemental, il est important d’entendre les voix des parties prenantes, a renchéri la Barbade, facilitatrice de la réunion de haut niveau sur la résistance aux agents antimicrobiens.  Sur le fond, la déclaration adoptée l’année dernière à l’issue de la réunion a reconnu que la résistance aux agents antimicrobiens est au cœur de la question de développement, tout comme l’est la question du financement, a dit la délégation. Les participants à la réunion de haut niveau s’étaient ainsi mis d’accord sur un objectif chiffré en matière de financement, ce qui est sans précédent, a-t-elle relevé.  Cela constitue, selon elle, une transition appropriée vers la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, prévue cette année à Séville. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité pour les droits des Palestiniens: le Secrétaire général exhorte à éviter toute forme de nettoyage ethnique à Gaza

421e séance - après-midi
AG/PAL/1478

Comité pour les droits des Palestiniens: le Secrétaire général exhorte à éviter toute forme de nettoyage ethnique à Gaza

Au lendemain de la conférence de presse du Président des États-Unis, M. Donald Trump, au cours de laquelle il a dit vouloir « prendre le contrôle » de Gaza et réinstaller l’ensemble de la population dans d’autres pays de la région, le Secrétaire général est intervenu au Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien pour souligner que « dans la recherche de solutions, nous ne devons pas aggraver le problème ». 

Jugeant le moment venu de définir clairement les objectifs à atteindre, M. António Guterres a insisté sur la fidélité aux fondements du droit international et a notamment prévenu qu’il faut éviter toute forme de nettoyage ethnique. Il a également appelé à continuer de faire pression pour un cessez-le-feu permanent et la libération de tous les otages sans délai, exhortant en outre à réaffirmer la solution des deux États.

Cet appel a connu un large écho parmi les membres du Comité.  À « ceux qui veulent nous expulser de la bande de Gaza », l’Observateur palestinien a affirmé haut et fort que « nous ne quitterons pas Gaza et nos terres ancestrales », à moins qu’il ne soit question de retourner « là d’où nous avons été expulsés ».  M. Ryad Mansour a également appelé à assurer le succès, en juin, de la Conférence internationale de haut niveau pour le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution des deux États, et a souhaité que l’Autorité palestinienne puisse assumer ses responsabilités vis-à-vis de la bande de Gaza.

En outre, le Président Abbas est actuellement en contact avec le Président égyptien , le Premier Ministre saoudien, et le Roi Abdallah de Jordanie afin que ce dernier puisse transmettre un message collectif de la « Umma arabe » à l’Administration Trump lors de sa visite à Washington la semaine prochaine, a-t-il fait savoir. 

« Un État palestinien viable et souverain vivant côte à côte avec Israël dans la paix et la sécurité est la seule solution durable pour la stabilité du Moyen-Orient », a insisté M. Guterres, en notant que concrètement cela signifie qu’il faut préserver l’unité, la contiguïté et l’intégrité du Territoire palestinien occupé et œuvrer au redressement et à la reconstruction de Gaza. Dans cette optique, une gouvernance palestinienne forte et unifiée sera essentielle, a relevé M. Guterres avant d’encourager la communauté internationale à soutenir l’Autorité palestinienne à cette fin. 

Concédant que l’accord de cessez-le-feu a été un pas décisif pour la fourniture de l’aide, la libération des otages et prisonniers, et le retour des Gazaouites, M. Coly Seck, du Sénégal, qui a été élu par acclamation à la présidence du Comité en début de séance, a regretté que depuis quelques jours, « des déclarations inquiétantes visent à remettre tout en cause ».  Il a appelé à « réinventer des stratégies pour barrer la route aux ennemis de la paix sur cette terre palestinienne qui nous est tellement chère ». 

En attendant, l’ONU travaille sans relâche pour atteindre les Palestiniens dans le besoin et renforcer leur aide, a assuré M. Guterres en insistant sur l’importance d’un accès humanitaire rapide, sûr, sans entrave, étendu et durable. De même, il a encouragé les États Membres, les donateurs et la communauté internationale à soutenir le travail « essentiel » de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). 

Sur ce point, l’Observateur permanent de l’État de Palestine a fait un vibrant plaidoyer en faveur l’UNRWA, le « plus important succès du multilatéralisme et de l’ONU ».  « L’Office fait presque partie de notre ADN », a-t-il affirmé en demandant que tout soit fait pour lui permettre de poursuivre ses services aux réfugiés palestiniens tant qu’une solution juste et durable n’aura pas été trouvée.  Le Président du Comité a relevé pour sa part que même avec un accord de cessez-le-feu, des victimes civiles continuent d’être dénombrées à la suite d’attaques de l’armée israélienne et la fourniture de l’aide humanitaire dans le Territoire palestinien occupé souffre de l’entrée en vigueur, le 30 janvier, des lois israéliennes interdisant les opérations de l’UNRWA à Jérusalem-Est et en Cisjordanie. 

Dénonçant à son tour cette législation de la Knesset « qui fait partie d’une campagne incessante visant à démanteler l’UNRWA », la Cheffe du Bureau de liaison de l’Office à New York a indiqué qu’à ce stade on ne sait pas exactement dans quelle mesure sa capacité à opérer sera limitée par l’interdiction récemment imposée de tout contact entre les représentants de l’UNRWA et les responsables israéliens. 

« Limiter nos opérations maintenant, alors que les besoins sont si élevés et que la confiance dans la communauté internationale est si faible, compromettrait le cessez-le-feu et saboterait le redressement et la transition politique », a soutenu la représentante qui a assuré que l’Office continuera à s’acquitter de son mandat « jusqu’à ce qu’il ne soit plus possible de le faire ».  « Dans tout le Territoire palestinien occupé, saper le travail de l’Office porterait préjudice à la vie et à l’avenir de millions de réfugiés palestiniens », a -t-elle mis en garde. 

Plutôt que laisser l’UNRWA imploser en raison de cette législation de la Knesset et de la suspension des financements, elle a suggéré de permettre à l’Office de terminer progressivement son mandat dans le cadre d’un processus politique et de transférer ses services publics à des institutions palestiniennes habilitées et préparées.  À cette fin, elle a exhorté la communauté internationale à repousser la mise en œuvre de la législation de la Knesset et à insister sur une véritable voie politique qui définisse le rôle de l’UNRWA en tant que fournisseur d’éducation et de soins de santé.

Abordant le conflit à Gaza sous l’angle de la faim, le Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation a estimé que le cessez-le-feu n’est que le ralentissement de la campagne de génocide et d’affamement menée par Israël.  Notant que la solution des deux États suppose que la Palestine et Israël existent côte à côte, M. Michael Fakhri a plaidé pour que le peuple palestinien ne soit pas confronté au risque de génocide et à la famine pendant la reconstruction de Gaza.  Il s’est également indigné de voir les États-Unis tourner le dos au « langage du droit international » et au système onusien. 

Pourtant les citoyens américains se soucient beaucoup de l’aide apportée par l’UNRWA, a noté sur ce point le cofondateur de la soupe populaire de Gaza et Directeur de la philanthropie à UNRWA-USA qui a fait savoir que le nombre de donateurs américains est passé de 7 000 en octobre 2023 à plus de 140 000 aujourd’hui.

« Les Américains ont intensifié leur devoir humanitaire, mais en revanche, notre gouvernement s’est malheureusement retiré », a-t-il déploré. 

M. Hani Almadhoun a également partagé un témoignage glaçant de la situation sur le terrain et des circonstances de la mort de son frère, Mahmoud, avec lequel il avait fondé en février 2024 la soupe populaire de Gaza à Beït Lahiya, dans le nord de l’enclave.

En début de séance, le Comité a procédé à l’élection de son Bureau.

MM Neville Melvin Gertze (Namibie), Jaime Hermida Castillo (Nicaragua), Arrmanatha Christiawan Nasir (Indonésie) et Ernesto Soberón Guzmán(Cuba) ont été élus par acclamation à la vice-présidence du Bureau, de même que M. Ahmad Faisal Muhamad (Malaisie) qui occupera également la fonction de Rapporteur.

Le Comité a également adopté son programme de travail (A/AC.183/2025/L.2).

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ECOSOC: la voix des peuples autochtones se fait entendre au forum des partenariats

Session de 2025
Forum des partenariats – matin & après-midi
ECOSOC/7189

ECOSOC: la voix des peuples autochtones se fait entendre au forum des partenariats

Deux représentantes de peuples autochtones, venues du Canada et de la Bolivie, ont appelé, lors du forum des partenariats du Conseil économique et social (ECOSOC) qui s’est tenu aujourd’hui, à miser sur les savoirs de ces peuples et sur une politique de « petits pas » pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  « Imaginez que vous soyez des totoras », a indiqué Mme Dayana Blanco Quiroga, fondatrice de Uru Uru Team, en citant ce nom de plantes qui ont permis de purifier les eaux du lac Uru Uru en Bolivie, gravement menacées par la pollution. 

Le Président de l’ECOSOC, M. Bob Rae (Canada), a donné le coup d’envoi de ce forum, inaugurant, ce faisant, les travaux de l’ECOSOC pour l’année 2025.  « C’est la première occasion de rassembler la famille de l’ECOSOC face aux défis d’ampleur que sont les changements climatiques, les conflits ou encore les crises humanitaires. »  Le thème du forum des partenariats, cette année, était la promotion de solutions durables, inclusives, s’appuyant sur la science, au service du Programme de développement durable à horizon 2030 afin de ne laisser personne de côté. 

Le Président a appelé à concrétiser les engagements pris, avant de souligner l’importance du Pacte pour l’avenir adopté en septembre 2024.  Le mot-clef est celui de partenariat qui permet de démultiplier notre action individuelles en une action collective, a-t-il fait remarquer.  « Si nous voulons aller plus loin, il faut y aller ensemble, ce n’est pas un cliché, c’est la vérité. » 

Préférant voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide, M. Rae a insisté sur les progrès accomplis au titre de l’objectif de développement durable no 3 (ODD 3) sur la bonne santé et le bien-être.  Nous avons avancé dans la lutte contre le VIH, le paludisme, ou encore la tuberculose, a dit le Président, estimant à 100 millions les vies humaines sauvées depuis 2002. 

« Nous sauvons nos vies quand nous combinons nos ressources », a-t-il souligné. 

Si on parle beaucoup des retards dans la réalisation des ODD, n’hésitons pas à parler des succès, a tranché M. Rae.  Ces retards ont en revanche été au cœur de l’intervention de M. Guy Ryder, Secrétaire général adjoint chargé des politiques au sein du Cabinet du Secrétaire général, qui a indiqué que seules 17% des cibles des ODD seraient en passe d’être réalisées.  L’ODD 2 sur l’élimination de la faim n’est notamment pas sur la bonne voie, a-t-il concédé. 

Plaidant pour un multilatéralisme inclusif, il a appelé à repenser l’action internationale.  Le Pacte pour l’avenir est un cadre historique qui nous exhorte à aller « au-delà des partenariats traditionnels » et à miser sur des « financements mixtes », a-t-il dit.  Il a également souligné la nécessité que l’intelligence artificielle ne creuse pas les inégalités.  « Si la voie pour réaliser les ODD en 2030 est escarpée, grâce à des partenariats innovants, le succès reste encore possible », selon lui. 

De son côté, Mme Aluki Kotierk, ancienne Présidente de Nunavut Tunngavik Incorporated (NTI), a insisté sur l’importance de la signature en janvier 2024 avec le Canada de l’Entente sur le transfert des responsabilités relatives aux terres et aux ressources du Nunavut.  « Notre peuple va pouvoir décider de l’emploi de ses ressources », s’est-elle réjouie.  Elle a rappelé la pauvreté endémique qui frappe les communautés du Nunavut, notant que tous les autres signaux de développement sont au rouge.  Nous avons pâti de sous-investissements sociaux et d’une politique assimilationniste, a-t-elle déploré, jugeant capital cet accord pour « l’estime de soi » de son peuple. 

« Quand j’étais petite, j’entendais au bord du lac Uru Uru les flamants roses.  Les animaux nous réveillaient le matin et nous n’avions pas à mettre de réveil », s’est remémoré Mme Dayana Blanco Quiroga.  Puis, en raison de l’extraction illicite pratiquée par des compagnies minières, le lac a été ravagé, ses eaux sont devenues noires, empoisonnées, envahies de plastique, les poissons sont morts et les flamants roses se sont enfuis, a-t-elle témoigné.  Elle a ajouté que les premières à avoir souffert de cet état de fait étaient les jeunes filles autochtones, nombre d’entre elles s’étant mariées trop tôt, avant de tomber dans la pauvreté. 

Or les femmes dans notre communauté sont les gardiennes de l’eau, a-t-elle dit, avant de rappeler que la Bolivie est l’un des seuls pays au monde où la nature est dotée d’une personnalité juridique.  Elle a ensuite détaillé les efforts de plantation de « radeaux de totora », qui ont permis progressivement une purification des eaux du lac Uru Uru.  « Nous sommes fières de cette politique de petits pas. »  Le monde compte 400 millions de membres de peuples autochtones répartis dans 90 pays, a-t-elle rappelé. 

« Imaginez les possibilités de changements si on utilisait les savoirs et l’énergie des peuples autochtones, au lieu de les écarter du débat mondial », a-t-elle lancé, avant de dénoncer la « cupidité » de certains dirigeants.  Ces politiques de petits pas, comme ces radeaux de totora, peuvent être d’une grande puissance, a-t-elle dit, en invitant chacun à mener ce même genre d’action bénéfique. 

Les savoirs des peuples traditionnels et l’importance des partenariats ont été évoqués lors de la synthèse des quatre tables rondes consacrées, respectivement, à l’ODD 3; à l’ODD 5 sur l’égalité des sexes; à l’ODD 8 sur le travail décent; et à l’ODD 14 sur la conservation et l’exploitation durable des océans.  La nature transversale de l’ODD 3 a été soulignée tandis que la baisse des financements a été déplorée s’agissant de l’ODD 5.  Ces financements ne doivent pas dépendre des cycles électoraux, a-t-on entendu. 

S’agissant de l’ODD 8, des appels ont été lancés pour que soit trouvé un équilibre entre durabilité des entreprises, élimination du fardeau réglementaire et garantie des droits des travailleurs.  Enfin, en ce qui concerne l’ODD 14, les intervenants ont rappelé que les peuples autochtones, les jeunes, les femmes et les groupes vulnérables doivent être étroitement associés à l’élaboration des politiques de protection des océans. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le Représentant spécial pour le Soudan du Sud met en garde contre l’absence de garanties pour la tenue des élections en 2026

9855e séance – matin
CS/15989

Conseil de sécurité: le Représentant spécial pour le Soudan du Sud met en garde contre l’absence de garanties pour la tenue des élections en 2026

« La population sud-soudanaise ne veut plus d’une nouvelle prorogation de la transition.  Elle attend de ses dirigeants qu’ils mettent en œuvre les objectifs fixés dans l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud.  Elle souhaite un règlement rapide des points de désaccord », a déclaré ce matin le Représentant spécial Nicholas Haysom devant le Conseil de sécurité.  Or selon lui, les progrès réalisés entre le 16 octobre 2024 et le 15 janvier 2025, période couverte par le rapport du Secrétaire général sur la situation au Soudan du Sud, ne donnent pas de garanties suffisantes pour la tenue d’élections en décembre 2026, ce qu’ont constaté également plusieurs membres du Conseil. 

Celui qui est à la tête de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) a prévenu qu’il ne devrait pas y avoir de nouvelle extension de la période de transition à la fin de cette quatrième prorogation, en février 2027, car la population sud-soudanaise n’en voudra pas.  Il a prié les parties de mettre en œuvre les objectifs de l’Accord revitalisé en soulignant les progrès réalisés dans les domaines civiques et politiques et dans l’accès à la justice, ainsi qu’en ce qui concerne les arrangements en matière de sécurité et le processus électoral.  Mais ces progrès sont à son avis insuffisants pour le règlement de questions dans six domaines -règlement pourtant à portée de main selon lui- ainsi que pour la tenue des élections de 2026.

Le haut fonctionnaire a observé, en effet, un manque de volonté politique concrète pour le déploiement complet des Forces unifiées nécessaires, l’éducation civique, le recensement électoral, la révision du projet de loi sur le Service national de sécurité, l’adoption d’un code de conduite pour les partis politiques, la société civile et les médias, et, enfin, le partage des responsabilités pour la sécurité électorale.  S’agissant des élections et de la rédaction d’une nouvelle constitution, le Chef de la MINUSS a déploré l’absence de programme de travail et d’échéancier. 

Les ressources ne viendront que si la volonté politique est manifeste

Le problème, selon lui, est que les retards dans l’élaboration de la nouvelle Constitution et dans le recensement des électeurs ne sont pas compatibles avec la tenue d’élections dans 22 mois.  Le manque de financement gouvernemental ainsi que les retards dans les décisions juridiques et politiques freinent ces processus, a-t-il remarqué, regrettant que l’absence de finalisation de ces décisions essentielles ne soit pas expliquée. 

Si le Représentant spécial a demandé à la communauté internationale de rester unie afin d’éviter une nouvelle prolongation de la période de transition, il a averti les parties sud-soudanaises que les ressources internationales pour financer la mise en œuvre de l’Accord revitalisé jusqu’aux élections ne viendront pas si la volonté politique d’accélérer les réformes ne se manifeste pas. 

Avec des fonds, les institutions et mécanismes de l’Accord peuvent pleinement s’acquitter de leurs mandats, a d’ailleurs témoigné le général en retraite Charles Tai Gituai, Président par intérim de la Commission mixte de suivi et d’évaluation reconstituée, organe de surveillance officiel chargé de suivre et d’évaluer l’état de mise en œuvre de l’Accord revitalisé.  Il a ainsi signalé que le Comité national d’amendement de la Constitution et le Comité de réforme judiciaire avaient tous deux achevé leurs travaux. 

En ce qui concerne les arrangements de sécurité transitoires, il s’est félicité que le cessez-le-feu permanent continue de tenir.  Aucun changement n’est à signaler concernant l’unification des forces, a-t-il dit.  Quant au Conseil d’examen stratégique de la défense et de la sécurité, il a achevé ses travaux qui attendent maintenant d’être présentés à la présidence pour approbation. Le général a aussi commenté l’initiative de paix Tumaini, soulignant que les participants doivent parvenir à un processus de paix plus inclusif.

Surmonter les défis logistiques et financiers pour préparer les élections

Un représentant de la société civile venu apporter son témoignage (par visioconférence) s’est dit impressionné par le processus qui a conduit à un gouvernement inclusif par le biais de l’initiative Tumaini, sous la triple médiation du Kenya, de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et de la Communauté de Sant’Egidio.  Fort de ce constat, M. Edmund Yakani, Directeur exécutif de Community Empowerment for Progress Organization (CEPO), a souhaité voir un engagement politique concret du Gouvernement du Soudan du Sud en faveur de la tenue d’élections « crédibles et pacifiques » en décembre 2026.  Les expériences de report des élections ne devraient pas se reproduire, a-t-il prié en espérant que le Gouvernement crée les conditions favorables à la bonne tenue des élections. 

« Nous prenons acte des préoccupations exprimées quant aux retards dans le processus de transition », a déclaré la représentante sud-soudanaise tout en assurant des efforts déployés pour accélérer les préparatifs en vue d’élections libres, équitables et crédibles.  Elle a déclaré que son gouvernement s’engage à financer et soutenir le processus électoral, tandis qu’il a pris d’importantes mesures en vue de la rédaction d’une constitution permanente.  Le Gouvernement s’emploie en outre à surmonter les défis logistiques et financiers pour achever la phase 2 de formation et de déploiement des Forces unifiées nécessaires.  S’agissant de l’initiative de paix Tumaini, la déléguée a exhorté les groupes d’opposition à négocier de bonne foi dans le cadre de l’Accord revitalisé plutôt que de rechercher un processus parallèle qui pourrait compliquer davantage la feuille de route pour la paix. 

La détermination du Gouvernement sud-soudanais discutée

La Fédération de Russie a pris note de la décision du Gouvernement du Soudan du Sud de prolonger la période de transition de deux ans et de reporter les élections générales à décembre 2026.  Elle s’est déclarée convaincue que les parties sud-soudanaises feront preuve de détermination et de volonté politique pour mettre pleinement en œuvre les dispositions de l’Accord revitalisé et qu’elles déploieront les efforts nécessaires pour respecter scrupuleusement le nouveau calendrier. 

Dans la foulée, la Russie a plaidé pour que l’embargo international sur les armes imposé au Soudan du Sud, qui est dépassé selon elle, soit revu.  La Chine a, elle aussi, appelé à l’ajustement, voire à la levée des sanctions imposées dans le cadre du conflit au Soudan du Sud, notant que ces dernières entravent le renforcement des capacités de sécurité. 

De leur côté, les États-Unis se sont désolés que les autorités du Soudan du Sud aient échoué à créer les conditions permettant de conclure avec succès et de manière pacifique la période de transition.  Ils ont pointé du doigt le Président Salva Kiir et les autres dirigeants du pays qui, à leur avis, n’ont pas réussi à remplir les conditions nécessaires à la tenue d’élections justes et équitables, faute de volonté politique et d’un engagement à créer un espace civil et politique.  « Ils ont laissé les choses empirer », a reproché la délégation avant de les prier de mettre en œuvre l’Accord revitalisé de 2018 plutôt que de financer une élite corrompue. 

Plutôt compréhensive, la Sierra Leone, qui s’exprimait au nom du groupe A3+ (Algérie, Guyana, Sierra Leone et Somalie), a encouragé les parties sud-soudanaises à profiter de ces deux années d’extension pour élaborer la nouvelle constitution, unifier les forces armées et enregistrer tous les électeurs.  Elle a souligné l’importance d’un processus électoral inclusif, garantissant la participation de l’ensemble des citoyens sud-soudanais.  Cela nécessite d’après la Chine que la communauté internationale appuie la transition politique au Soudan du Sud et aide au maintien de la paix.  La délégation chinoise a prié également la MINUSS d’accroître son appui au Gouvernement du Soudan du Sud afin de promouvoir le dialogue intercommunautaire, la réconciliation et la protection des civils. 

La MINUSS, qui contribue à la stabilité du pays, doit pouvoir pleinement mettre en œuvre son mandat, a appuyé la France, qui a regretté le peu d’avancées en matière de déploiement des Forces unifiées nécessaires et d’élaboration d’une constitution.  Elle a encouragé le Gouvernement sud-soudanais à poursuivre ses efforts dès à présent pour réunir les conditions nécessaires à l’organisation d’élections libres, inclusives et transparentes d’ici deux ans. 

L’impact du conflit au Soudan sur la situation sécuritaire et humanitaire

Plusieurs délégations se sont inquiétées de l’impact croissant du conflit au Soudan sur le Soudan du Sud, qui aggrave une situation humanitaire, sécuritaire et économique déjà « désespérée », selon le Royaume-Uni.  La délégation a comptabilisé plus d’un million de déplacés soudanais qui sont arrivés au Soudan du Sud depuis le début du conflit.  Le Représentant spécial a aussi alerté sur la situation humanitaire du pays et sur les conséquences toxiques du conflit au Soudan qui se font ressentir au Soudan du Sud voisin.  Il a dit attendre de voir si la reprise de l’exportation du pétrole se traduirait par un soutien aux services sociaux et au processus de transition. La Grèce a encouragé le Gouvernement à assurer la transparence et l’efficacité au niveau du budget pour répondre aux besoins essentiels de la population.

La Fédération de Russie a fait entendre un autre son de cloche sur la situation humanitaire, estimant que jusqu’à présent, les autorités du pays, avec le soutien de la MINUSS et des agences humanitaires, ont réussi à garder la situation sous contrôle. 

Pourtant la déléguée du Soudan du Sud a dit être gravement préoccupée par l’impact du conflit chez son voisin sur la sécurité nationale de son pays.  Elle a condamné le meurtre de Sud-Soudanais au Soudan et a appelé à la recherche des responsables, avant de rappeler que son gouvernement a constamment exhorté le Soudan à cesser de soutenir et d’abriter les rebelles qui sapent les efforts de sécurité au Soudan du Sud. 

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RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD (S/2025/54)

Exposés

M. NICHOLAS HAYSOM, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), a fait remarquer que ce mois de février 2025 marque le début de la période de transition prolongée, soit la quatrième extension de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud de 2018 (Accord revitalisé), et que la population du pays ne veut plus d’une nouvelle prorogation de la transition. Elle attend que les dirigeants mettent rapidement en œuvre les objectifs fixés dans l’Accord et souhaite un règlement rapide des points de désaccord, a-t-il rappelé.  Les parties doivent s’engager de manière constructive afin de permettre des avancées vers un accord inclusif, a encouragé le Représentant spécial. 

M. Haysom a signalé les progrès réalisés dans les domaines civiques et politiques et dans l’accès à la justice, ainsi qu’en ce qui concerne les arrangements en matière de sécurité et le processus électoral.  Toutefois, a-t-il tempéré, ils ne suffisent pas à faire avancer le processus devant mener à 10 décisions nécessaires à la tenue des élections et à l’adoption d’une nouvelle constitution.  Et ils ne permettent pas de régler les six questions faciles à résoudre pour montrer une volonté politique tangible, a-t-il ajouté en citant le déploiement complet des Forces unifiées nécessaires, l’éducation civique, le recensement électoral, la révision du projet de loi sur le Service national de sécurité, l’adoption d’un code de conduite pour les partis politiques, la société civile et les médias, et, enfin, le partage des responsabilités pour la sécurité électorale. 

Le Chef de la MINUSS a en outre déploré l’absence d’un programme de travail assorti d’un échéancier pour le processus électoral.  Il a également observé que le calendrier de l’élaboration de la Constitution et celui du recensement électoral ne sont pas compatibles avec des élections prévues en décembre 2026.  Le manque de financement gouvernemental ainsi que les retards dans les décisions juridiques et politiques freinent ces processus, s’est-il inquiété.  Il a prévenu que la Mission, la communauté internationale et les organes de gestion électorale ne pourront pas apporter l’appui nécessaire tant que ces décisions importantes ne seront pas prises.  Aucune explication n’a été fournie quant à l’absence de finalisation de ces décisions essentielles, a regretté le Représentant spécial.

Afin d’éviter une nouvelle prolongation de la période de transition, la communauté régionale et internationale doit adopter une position unifiée et claire sur la nécessité d’éviter une nouvelle extension, a suggéré M. Haysom.  Il a aussi averti les parties sud-soudanaises que les ressources internationales pour financer la mise en œuvre de l’Accord revitalisé jusqu’aux élections n’arriveront pas si la volonté politique d’accélérer les réformes ne se manifeste pas. Le haut fonctionnaire a aussi parlé des défis sécuritaires, humanitaires et économiques.  « La violence communautaire demeure le principal facteur du conflit affectant les civils. »  Il a aussi alerté sur la situation humanitaire du pays et sur les conséquences toxiques du conflit au Soudan qui se font ressentir au Soudan du Sud. Sur le plan économique, il a dit attendre de voir si la reprise de l’exportation du pétrole se traduirait par un soutien aux services sociaux et au processus de transition. 

La MINUSS, a assuré son chef, continue de protéger les populations civiles dans les zones à haut risque.  Elle a lancé une nouvelle initiative pour dissuader de commettre des actes de violences sexuelles liées aux conflits.  Face à la demande du Gouvernement de récupérer une partie du siège de la MINUSS dans un délai de 45 jours, la Mission privilégie une approche collaborative en fonction des nécessités opérationnelles et des ressources disponibles. En vue de la période électorale, la situation restera fragile, a averti M. Haysom assurant que la Mission entend garantir l’irréversibilité des progrès réalisés en faveur de la paix, dans un contexte humanitaire et sécuritaire difficile.  La MINUSS est aux côtés du peuple du Soudan du Sud, a-t-il assuré, en vue d’appuyer ses efforts en faveur de la stabilisation et de la démocratisation du pays.

M. CHARLES TAI GITUAI, Président par intérim de la Commission mixte de suivi et d’évaluation reconstituée, organe chargé de suivre et d’évaluer l’état de mise en œuvre de l’Accord revitalisé de 2018 sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud, a rappelé qu’en septembre dernier, les parties à l’Accord ont convenu, par consensus, de prolonger la période de transition du 22 février 2025 au 22 février 2027, les élections étant reportées à décembre 2026.  Il a ensuite fait le point la mise en œuvre de l’accord de paix revitalisé, précisant que la Commission électorale nationale a ouvert des bureaux dans les 10 États du pays et que le Conseil des partis politiques a déjà enregistré 29 formations.  À ce sujet, il a relevé qu’en vertu des lois électorales, les partis dotés d’une composante armée ne peuvent être enregistrés tant qu’ils n’ont pas renoncé à leurs forces dans le cadre du processus d’unification.  Cela inclut l’Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition et d’autres partis membres de l’Alliance de l’opposition du Soudan du Sud, a-t-il indiqué, appelant à accélérer l’unification des forces afin que ces partis puissent participer aux élections.

Le général Gituai a par ailleurs noté que le Comité national d’amendement de la Constitution et le Comité de réforme judiciaire ont tous deux achevé leurs travaux, ce qui démontre selon lui qu’avec des fonds, les institutions et mécanismes de l’Accord peuvent pleinement s’acquitter de leurs mandats. En ce qui concerne les arrangements de sécurité transitoires, il s’est félicité que le cessez-le-feu permanent continue de tenir, bien que les récentes escarmouches dans l’État de l’Équatoria-Occidental entre les Forces de défense du peuple du Soudan du Sud et l’Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition soient préoccupantes. Quant à l’unification des forces, aucun changement n’est à signaler, environ 55 000 des 83 000 membres des Forces unifiées de la phase 1 étant formés et diplômés, et 8 bataillons de la composante armée étant pour l’heure déployés.  Le Comité d’examen stratégique de la défense et de la sécurité a, quant à lui, achevé ses travaux, qui attendent maintenant d’être présentés à la présidence pour approbation.

S’agissant de l’initiative de paix Tumaini, médiation de haut niveau lancée en 2024 à Nairobi avec pour objectif d’incorporer les groupes non signataires de l’accord de paix revitalisé, le général a souhaité que les participants aux pourparlers maintiennent un esprit de compromis, de coopération et de consensus. Le but est de parvenir à un processus de paix plus inclusif, qui conduise aux premières élections du pays et inaugure un nouveau système de gouvernance démocratique soutenu par l’état de droit dans la phase postélectorale, a-t-il souligné.

Sur le plan humanitaire, il a constaté que la prestation de services dans tout le pays reste très faible.  Le fonds spécial de reconstruction et son conseil d’administration définis dans l’Accord revitalisé ne sont pas encore établis, a-t-il indiqué, ajoutant que l’impact du conflit au Soudan voisin continue d’exacerber la crise humanitaire et de provoquer un afflux massif de rapatriés et de réfugiés, dont le nombre dépasse désormais un million.  Les inondations généralisées sont également persistantes, a-t-il expliqué, avant de saluer les réformes économiques engagées pour améliorer le suivi des dépenses publiques du budget national et le recouvrement des recettes, notamment non pétrolières.  Il a précisé que la production de pétrole, principale source de recettes étrangères du pays, a été perturbé au deuxième trimestre de 2024 en raison du conflit au Soudan.  Le principal oléoduc transportant environ 60% du brut vers Port-Soudan a été endommagé et n’a pas encore été réparé. 

Abordant la question de la justice transitionnelle, le général a fait état de progrès lents.  La loi relative à la Commission vérité, réconciliation et apaisement et à l’Autorité d’indemnisation et de réparation a cependant été promulguée, a-t-il salué, précisant que le processus d’opérationnalisation de ces mécanismes est en cours.  Aucune avancée n’a en revanche été enregistrée s’agissant du Tribunal mixte pour le Soudan du Sud, dont la création est elle aussi prévue par l’accord de paix revitalisé.  Pour ce qui est du processus d’élaboration de la Constitution, la Commission nationale de révision de la Constitution a formé des sous-comités pour mener une éducation civique et des consultations publiques à l’échelle nationale mais ces travaux sont également retardés en raison du manque de ressources. 

Pour le Président par intérim de la Commission mixte de suivi et d’évaluation reconstituée, la mise en œuvre de l’Accord reste confrontée à un faible niveau de volonté politique, à un déficit de confiance entre les parties et à l’absence de financement prévisible.  En outre, les lacunes en matière de capacités et la persistance des violences intercommunautaires dans les États ralentissent tout progrès.  Dans l’immédiat, il importe selon lui de fournir des fonds aux institutions et mécanismes de l’Accord, d’harmoniser les plans de travail de la Commission électorale nationale et de la Commission nationale de révision de la Constitution, et d’achever l’unification des forces.  Avant de conclure, il a invité le Conseil de sécurité à effectuer une visite au Soudan du Sud pour montrer sa solidarité avec le processus en cours et à encourager la communauté internationale à soutenir politiquement et financièrement le pays pour l’aider à organiser ses premières élections démocratiques en décembre 2026.

M. EDMUND YAKANI, Directeur exécutif de Community Empowerment for Progress Organization (CEPO), a reconnu les difficultés de son pays à passer de l’instabilité à la stabilité.  Il s’est dit impressionné par le processus d’adoption d’un gouvernement inclusif par le biais de l’initiative Tumaini sous la comédiation du Kenya, de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et de la Communauté de Sant’Egidio.  L’activiste s’est toutefois inquiété des violations de plus en plus fréquentes du cessez-le-feu.  Pour faire passer le pays de la violence à la paix, il a souhaité voir un engagement politique concret du Gouvernement du Soudan du Sud en faveur de la tenue d’élections crédibles et pacifiques en décembre 2026.  « Les expériences de report des élections dans le passé ne devraient pas se reproduire. » 

M. Yakani a souhaité que le Gouvernement crée les conditions favorables à la bonne tenue de ces élections, énumérant celles-ci, notamment le financement adéquat et opportun des élections et la mise en pratique des réformes judiciaires et de la justice transitionnelle.  L’espace civique et politique doit être ouvert, a-t-il ajouté. Il a conclu en rappelant que la violence intercommunautaire dans les communautés du Soudan du Sud pose un grand défi pour le succès de la transition entre la violence et la paix.  Il a lancé un appel aux membres de la communauté internationale pour qu’ils se tiennent aux côtés du peuple du Soudan du Sud. 

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La session d’hiver du Comité des ONG se poursuit

Session ordinaire de 2025
12e séance plénière – matin
ONG/987

La session d’hiver du Comité des ONG se poursuit

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, 
la Section des communiqués de presse n’a pas pu couvrir cette séance.)

Organe subsidiaire du Conseil économique et social (ECOSOC), le Comité des organisations non gouvernementales (Comité des ONG) poursuit sa session annuelle.

Composé de 19 membres, le Comité des ONG a pour mission d’examiner les demandes d’ONG souhaitant obtenir un des trois statuts consultatifs auprès de l’ECOSOC, pour recommander, ou non, l’octroi du statut consultatif général, du statut consultatif spécial ou de « la Liste ».  Il examine également les rapports quadriennaux des ONG possédant déjà l’un des statuts consultatifs.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Chypre: le Conseil de sécurité proroge d’un an le mandat de l’UNFICYP

9854e séance - matin
CS/15987

Chypre: le Conseil de sécurité proroge d’un an le mandat de l’UNFICYP

Ce matin, le Conseil de sécurité a adopté, à l’unanimité, une résolution par laquelle il proroge d’un an, soit jusqu’au 31 janvier 2026, le mandat de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP).  Le Conseil était saisi d’un rapport du Secrétaire général sur cette force (S/2025/16) et d’un autre sur sa mission de bons offices à Chypre (S/2025/7/Rev.1).  Avant de mettre la résolution aux voix, le Président du Conseil a indiqué avoir rencontré les parties, lesquelles maintiennent leurs positions « bien connues » sur ce point de l’ordre du jour. 

En adoptant la résolution 2771 (2025), le Conseil appelle à un règlement « durable, global et juste » fondé sur une fédération bicommunautaire et bizonale et appuie pleinement le dialogue mené par le Secrétaire général avec les parties.  À ce titre, il se réjouit que les deux dirigeants se soient mis d’accord sur certaines prochaines étapes constructives lors du dîner informel organisé par le Secrétaire général le 15 octobre 2024.  Il dit encourager les nouveaux cycles de pourparlers informels. 

Le Conseil indique par ailleurs suivre de près l’évolution de la situation à Pyla/Pile depuis août 2023 et insiste sur la nécessité pour les deux parties d’éviter tout acte unilatéral susceptible d’accroître les tensions sur l’île et de compromettre les perspectives d’un règlement.  Il exhorte toutes les parties à coopérer de manière constructive avec l’UNFICYP pour appliquer l’accord de Pyla/Pile comme une importante mesure de confiance. 

Par ailleurs, face à l’absence de progrès s’agissant de la création d’un mécanisme efficace permettant des contacts militaires directs entre les deux parties et tous les acteurs concernés, le Conseil engage ceux-ci à manifester un esprit de dialogue et de compromis afin d’élaborer, avec le concours de l’UNFICYP, une proposition acceptable relative à la création et à la mise en place d’un tel mécanisme dans les meilleurs délais. 

Le Conseil condamne en outre les violations persistantes du statu quo militaire le long des lignes de cessez-le-feu, les empiétements signalés par les deux parties dans la zone tampon, les obstacles à la délimitation de cette zone par la mission ainsi que l’augmentation des violations et des constructions non autorisées qui entravent les activités de la Force et portent atteinte aux pouvoirs qui lui sont dévolus. 

Il demande aux parties de respecter les pouvoirs dévolus à l’UNFICYP dans la zone tampon et appelle au plein respect de la liberté de circulation de celle-ci sur l’ensemble de l’île.  Le Secrétaire général est enfin prié de lui présenter d’ici au 4 juillet 2025 et au 5 janvier 2026, respectivement, deux rapports sur sa mission de bons offices, notamment sur les progrès accomplis pour parvenir à « un point de départ consensuel en vue de négociations constructives ». 

***NOUVEAU - Suivez la couverture des réunions en direct sur notre LIVE***

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