En cours au Siège de l'ONU

La Commission du désarmement achève sa session 2022 après trois ans d’interruption

Session de fond de 2022,
381e & 382e séances plénières, après-midi
CD/3843

La Commission du désarmement achève sa session 2022 après trois ans d’interruption

Après plus de deux semaines de délibérations, la Commission du désarmement a conclu sa session 2022, la seconde de son cycle triennal, en adoptant aujourd’hui par consensus son rapport amendé oralement et ceux de ses deux Groupes de travail sur le désarmement nucléaire et l’espace extra-atmosphérique, respectivement.

La Commission du désarmement s’était réunie le 4 avril dernier à New York pour sa première session de fond après un hiatus de trois ans dû à la pandémie de COVID-19 et à d’autres questions organisationnelles, comme l’avait expliqué son Président, M. Xolisa Mfundiso Mabhongo, de l’Afrique du Sud.

M. Kurt Davis (Jamaïque), Président du Groupe de travail I, a présenté le rapport de son groupe sur le désarmement et la non-prolifération nucléaires.  Mme Szilvia Balázs (Hongrie), Présidente du Groupe de travail II, a présenté son rapport sur les mesures de confiance à établir pour éviter une course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique.  Ces deux rapports ont été présentés « comme deux rapports de procédure ».

Le Président s’est ensuite félicité de la reprise des travaux de fond après ces trois années d’interruption, en insistant sur le rôle critique joué par cette commission dans les efforts de désarmement.  Le Président a noté le caractère universel de la Commission et espéré que l’esprit constructif constaté lors de cette session aboutira à un nouvel élan dans le domaine du désarmement.

L’espace extra-atmosphérique ne saurait être le pré carré des grandes puissances, a indiqué le représentant des Pays-Bas, avant de condamner l’invasion de l’Ukraine par la Russie.  L’Autriche a déploré qu’une délégation « instrumentalise » la règle du consensus, au risque de plonger la Commission dans l’impasse.  La Fédération de Russie essaie d’éliminer systématiquement toute référence à la société civile dans les processus onusiens, a dit le délégué, en déplorant la « vérité alternative » développée par ce pays sur la guerre en Ukraine.

Le délégué de la Fédération de Russie a rappelé que ce hiatus de trois ans s’explique par la non-délivrance de visas à des membres de certaines délégations.  Certains États Membres ont tenté de politiser les discussions « pour détourner l’attention de la Commission des questions qui nous intéressent », a-t-il lancé à ses homologues des Pays-Bas et de l’Autriche.  Il a souligné l’apport de son pays au désarmement nucléaire, en ajoutant que toute décision dans ce domaine doit être prise par consensus.

De son côté, l’Argentine a appelé à remédier à la course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique, et l’Australie à un comportement « responsable » de la part des États dans ce domaine.  Appuyé par l’Irlande, la déléguée australienne a regretté que le rapport ne prenne pas en compte la voix des organisations non-gouvernementales.

La déléguée de l’État de Palestine a estimé que le Traité de non-prolifération (TNP) est la pierre angulaire du régime de non-prolifération, tandis que l’Iraq et la Syrie ont souligné l’importance de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  C’est un objectif que l’Égypte s’efforce toujours d’atteindre, a appuyé le délégué de ce pays.

Enfin, la représentante des États-Unis n’a pas fait mystère des difficultés à parvenir à un consensus au sein de la Commission, espérant que la prochaine Conférence d’examen du TNP soit l’occasion de renforcer le régime de non-prolifération.  Répondant au délégué russe, elle a assuré que son pays a toujours délivré des visas aux membres des missions, conformément à ses obligations en vertu de l’Accord de Siège.  Elle a aussi demandé à la Russie de mettre un terme à son agression de l’Ukraine.

Exerçant son droit de réponse, la Russie a répondu aux accusations « injustifiées » ciblant son pays en lien avec l’« opération militaire spéciale » menée par Moscou.  Elle a déjà expliqué les raisons de cette opération, a-t-elle rappelé, en appelant à ne pas politiser les travaux de la Commission: « Concentrons-nous sur les questions nous permettant d’avancer sur la voie du désarmement. »

« Je n’ai pas d’autre choix que de réagir aux remarques de la Russie », a rétorqué le délégué de l’Ukraine.  « Ce n’est pas une opération spéciale, c’est une guerre », a-t-il dit, en ajoutant que son pays ne fait que défendre son territoire.  Il a dénoncé la propagande russe et la commission d’atrocités de masse par les forces russes.  « La guerre n’est pas le choix de l’Ukraine. »  Réagissant, le délégué russe a déclaré que « la Russie n’a déclaré la guerre à personne ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ECOSOC examine les progrès de la mise en œuvre du Nouveau Programme pour les villes, dans un monde qui compte 1,8 milliard de sans-abris

Session de 2022,
11e séance - matin
ECOSOC/7077

L’ECOSOC examine les progrès de la mise en œuvre du Nouveau Programme pour les villes, dans un monde qui compte 1,8 milliard de sans-abris

Comment loger 1,8 milliard de sans-abris dans un monde qui compte d’innombrables grands immeubles résidentiels d’une valeur de 2 100 milliards de dollars?  Le Conseil économique et social (ECOSOC) devait apporter une réponse à cette question ce matin à sa réunion d’examen du rapport quadriennal du Secrétaire général sur les progrès accomplis dans la mise en œuvre du Nouveau Programme pour les villes.  Les discussions d’aujourd’hui alimenteront les débats de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur le même sujet, la semaine prochaine.

La Vice-Secrétaire générale de l’ONU, le Président de l’Assemblée générale et le Président de l’ECOSOC ont tous insisté sur le fait que le Nouveau Programme pour les villes a des liens évidents avec la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Mais ces derniers mois, la pandémie de COVID-19 a aggravé les inégalités existantes, a noté Mme Amina J. Mohammed rappelant que le Nouveau Programme est là pour promouvoir des mesures visant à sécuriser les lois foncières, à promouvoir les logements abordables, à créer des espaces publics, à améliorer la mobilité et à fournir des services de base accessibles à tous. 

Le développement durable dépendra de la gestion de l’urbanisation, a déclaré M. Collen V. Kepapile, Président de l’ECOSOC, en faisant remarquer que la plupart des objectifs de développement durable (ODD) ont des cibles qui dépendent des actions prises au niveau local.  Pour la Présidente de l’Assemblée du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), l’urbanisation est l’une des forces transformatrices de notre époque.  Mme Martha Delgado a souligné la nécessité de mener des actions conjointes pour développer une planète meilleure et permettre la subsistance de l’espèce humaine: il est temps de migrer vers l’ère des villes intelligentes, a-t-elle appelé de ses vœux.

La Directrice exécutive d’ONU-Habitat, qui a présenté le rapport du Secrétaire général, a annoncé que 30 pays seulement ont envoyé leurs données pour y être inclus.  Il faut redoubler d’efforts pour aider les États Membres à intégrer l’urbanisation durable dans leurs politiques de développement, a-t-elle conseillé, parce que les principes généraux du Nouveau Programme pour les villes sont des outils concrets, pour les pays, pour atteindre les ODD et protéger les écosystèmes.

Dans la première table ronde sur la mise en œuvre de ce programme, les délégations et leurs invités devaient aborder la « question qui fâche » de son financement, selon le Secrétaire principal du Ministère du logement du Kenya.  Alors que certains intervenants, comme El Salvador, réclamaient l’intervention financière des banques privées, le maire de la ville mexicaine de Quateraro a mis en garde contre les spéculations immobilières sur les propriétés foncières et l’espace urbain.  La Directrice mondiale de The Shift, un institut urbain canadien, a dénoncé le fait que le monde compte encore 1,8 milliard de sans-abris aux côtés des grands immeubles résidentiels des grandes villes dont elle a estimé la valeur à 2 100 milliards de dollars.  Cela a fait dire à la responsable de Society for the Promotion of Area Resource Centre-SPARC, organisation indienne, qu’il est « cher d’être pauvre ».  D’où l’importance vitale d’adopter des politiques foncières pour les pauvres et les démunis, a-t-elle plaidé.

« La stratégie à l’échelle du système des Nations Unies pour aider les États Membres à mettre en œuvre le Nouveau Programme pour les villes », thème de la deuxième table ronde, a vu défiler plusieurs organismes onusiens qui ont décliné ce qu’ils font sur la question.  ONU-Habitat a rappelé que la stratégie lancée en 2019 invite les entités de l’ONU à travailler avec lui pour intégrer les questions urbaines dans leurs stratégies respectives.  Elle vise aussi à améliorer l’exécution de leurs mandats dans un monde qui s’urbanise.  Pour que le Nouveau Programme pour les villes réussisse, la santé des populations des villes doit être au centre des préoccupations, a plaidé pour sa part la représentante de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). 

Enfin, ancrant leur déclaration dans l’actualité, l’Union européenne et la Pologne ont dénoncé la destruction des villes et des patrimoines de l’Ukraine où la guerre a déplacé 12 millions de personnes.  Il faut dès à présent réfléchir à la reconstruction des villes détruites par la guerre, a exhorté la Pologne.  

« URBANISATION DURABLE ET APPLICATION DU NOUVEAU PROGRAMME POUR LES VILLES »

Déclarations liminaires

M. COLLEN V. KELAPILE, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a dit que la question de l’urbanisation durable est centrale dans un monde où plus de la moitié de la population vit dans les villes et où la majorité de la croissance démographique se retrouvera dans les villes à l’avenir, soit en raison de la croissance naturelle, soit en raison des migrations.  Le développement durable dépendra de la gestion de l’urbanisation, a déclaré le Président pour qui cette réunion est une occasion d’examiner l’urbanisation durable à travers le prisme des inégalités et le soutien apporté par le système de développement des Nations Unies à la mise en œuvre du Nouveau programme pour les villes.  Les discussions d’aujourd’hui doivent s’inscrire dans le contexte de la réponse et du relèvement après la COVID-19 et d’autres défis mondiaux tels que les changements climatiques, la perte de biodiversité et la pollution. 

Dans les pays du Sud, les 1,2 milliard de personnes vivant dans des établissements informels et des bidonvilles ont eu du mal à mettre en œuvre les mesures préventives de transmission de la maladie, a-t-il indiqué en parlant ensuite des pays du Nord où tout le monde n’a pas pu s’adapter au travail à distance et où les travailleurs faiblement rémunérés ont été exposés à des risques plus élevés.  La dépendance à l’égard de l’aide sociale et de la protection sociale, lorsqu’elle était disponible, s’est multipliée, a-t-il aussi relevé en soulignant que beaucoup sont entrés dans les rangs des sans-abris.  En réponse, les gouvernements et les villes ont fourni des services dans des zones mal desservies, des loisirs et des moyens de subsistance.  Certains ont offert un abri aux sans-abris.  Poursuivant, le Président a ajouté que de nouveaux modèles urbains à l’échelle humaine ont émergé accordant l’attention aux piétons et à l’utilisation des propriétés foncières.  Il faut tirer les leçons de ces expériences et trouver des moyens novateurs de s’attaquer aux causes des inégalités, a-t-il exhorté.

Le Président a rappelé que la réunion examinera aussi l’appui apporté par le système des Nations Unies pour le développement aux pays dans la mise en œuvre du Nouveau Programme pour les villes.  Dans l’ensemble, l’ONU s’est avérée mieux préparée à aider les pays à surmonter la crise, à apporter une réponse sanitaire et humanitaire solide et à soutenir la mise en œuvre du Programme 2030 dans le cadre des efforts de relèvement, a-t-il indiqué.  Il a aussi dit que les impacts des changements climatiques sur les villes et les infrastructures essentielles ne peuvent être ignorées.  Il a exhorté ONU-Habitat à travailler avec les parties prenantes concernées pour explorer le rôle des données, de la science, de la technologie et de l’innovation dans l’atténuation et l’adaptation afin de construire des villes résilientes.  Cette réunion est également une occasion d’apprendre davantage sur la mise en œuvre de la stratégie à l’échelle du système des Nations Unies sur le développement urbain durable et sur la façon dont elle permet à l’ONU d’aider les États Membres à mettre en œuvre le Nouveau Programme pour les villes.

M. ABDULLAH SHAHID, Président de la soixante-seizième session de l’Assemblée générale, a déclaré que la discussion d’aujourd’hui sur les inégalités et le soutien du système des Nations Unies au Nouveau Programme pour les villes s’aligne sur le mandat de l’ECOSOC en tant que coordonnateur, organisateur et organe spécialisé pour les dialogues politiques sur le développement.  « Grâce à ce mandat, l’ECOSOC joue un rôle important en nous aidant à atteindre les objectifs de développement durable », a insisté M. Shahid avant de souhaiter que le Nouveau Programme pour les villes guide les efforts de tous pour lutter contre les inégalités en matière d’urbanisation, tant dans les pays en développement que dans les pays développés.

Le Président de l’Assemblée générale a estimé que l’universalité de ce programme découle de ses liens non seulement avec l’objectif de développement durable (ODD) no 11 relatif aux « villes et communautés durables », mais aussi avec l’ensemble des ODD.  Il a dit que la réalisation des objectifs du Programme accélérera les progrès en matière de bien-être et de sécurité humaine à l’échelle mondiale et en matière de climat.  Il a remercié le Président de l’ECOSOC pour sa participation aux travaux du comité consultatif sur l’urbanisation durable qui sont au cœur des préparatifs de la réunion de haut niveau.  Enfin, il a estimé que la réalisation des objectifs du Nouveau Programme pour les villes nécessitera un effort global pour mobiliser des millions de professionnels de l’urbanisation du monde entier - ingénieurs, architectes, urbanistes et géomètres, entre autres.  « En travaillant à leurs côtés, les États Membres et les parties prenantes devraient forger les partenariats nécessaires pour répondre efficacement à nos aspirations », a conclu M. Shahid avant d’espérer que les délibérations d’aujourd’hui et de la semaine prochaine permettront de tirer parti des systèmes des Nations Unies aux niveaux local, régional et mondial, pour y parvenir.

Selon Mme AMINA J MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) est étroitement liée à l’urbanisation.  Le Nouveau Programme pour les villes, a-t-elle rappelé, comprend des mesures visant à sécuriser les lois foncières, à promouvoir les logements abordables, à créer des espaces publics, à améliorer la mobilité et à fournir des services accessibles à tous.  Notant que la pandémie de COVID-19 a aggravé les inégalités existantes, Mme Mohammed a ajouté que la pandémie a créé de nouvelles vulnérabilités dans les villes, d’où l’importance du Nouveau Programme pour les villes.  Elle a fait remarquer que ce document a mis le partenariat et l’intégration au cœur de tous les efforts visant à accélérer la mise en œuvre des réformes.  Le Nouveau Programme appelle à des pratiques qui offrent aux équipes de pays des Nations Unies la possibilité d’établir de nouvelles méthodes de travail.  Il souligne l’importance d’une approche systémique qui rassemble différents secteurs et acteurs, a-t-elle indiqué.  

Elle a rappelé que la Coalition Local2030 pour la Décennie d’action cherche à mobiliser le soutien des gouvernements, du secteur privé, des autorités locales et des ONG ainsi que celui du système des Nations Unies pour coordonner l’action au niveau local afin d’accélérer la réalisation des ODD.  La Coalition repose sur le principe que les personnes les plus proches des défis du développement durable sont les mieux placées pour les résoudre et que des partenariats à plusieurs niveaux et multipartites sont essentiels pour garantir des résultats, a rappelé la Vice-Secrétaire générale.  Le niveau local est l’espace le plus approprié pour relier tous les points, a-t-elle aussi noté en soulignant que les villes peuvent être le fer de lance d’innovations pour combler les inégalités, mener des actions climatiques et assurer une reprise verte et inclusive après la COVID-19.  La Vice-Secrétaire générale a, pour conclure, exhorté à soutenir la Coalition et à faire du Nouveau Programme pour les villes une réalité. 

Mme MARTHA DELGADO, Présidente de l’Assemblée du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), a jugé essentiel de revitaliser la résilience économique des villes.  Les politiques publiques urbaines sont la clef pour faire face aux défis tels que les pandémies ou les crises futures et, par conséquent, pour savoir que nous pouvons répondre dans ces cas par des actions institutionnelles durables, a-t-elle relevé.  Rappelant que l’urbanisation est l’une des forces transformatrices de notre époque, elle a souligné l’importance d’un multilatéralisme capable de mener des actions conjointes pour développer une planète meilleure et permettre la subsistance de l’espèce humaine.  « Il est temps de migrer vers l’ère des Smart Cities », a-t-elle scandé en appelant à promouvoir des « enveloppes architecturales autosuffisantes, équitables, égalitaires et inclusives ».  

Mme Delgado a invité à concevoir les nouveaux centres urbains en prenant compte des défis liés aux changements climatiques, au surpeuplement et à l’exploitation des ressources.  Elle a conclu que les actions que nous menons maintenant doivent conduire à une nouvelle intégration sociale, fondée sur les principes de prospérité, de transformation, d’adaptation, d’équité et de respect des droits de l’homme.   

Mme MAIMUNAH MOHD SHARIF, Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), a présenté le rapport quadriennal du Secrétaire général sur les progrès accomplis dans la mise en œuvre du Nouveau Programme pour les villes pour la période allant de 2018 à 2021 dans lequel 30 pays seulement ont soumis leurs données.  Le Secrétariat doit redoubler d’efforts pour aider les États Membres à intégrer l’urbanisation durable dans leurs politiques de développement.  Le rapport exhorte à utiliser les principes généraux du Nouveau Programme pour les villes comme des outils concrets pour permettre aux pays d’atteindre les ODD et pour protéger les écosystèmes.  

S’agissant des impacts de la COVID-19 sur les villes, la Directrice exécutive a dit que la pandémie a entraîné une coopération plus étroite entre les gouvernements nationaux et locaux qui ont demandé plus d’espaces publics inclusifs et respectueux de l’environnement.  Le relèvement est une opportunité pour accélérer la mise en œuvre du Nouveau Programme pour les villes, a-t-elle estimé en appelant à tirer parti des innovations, à fournir des services de base de manière plus équitable, à réduire les déplacements par le télétravail et à réduire les émissions de carbone grâce à une utilisation prudente de l’énergie.  Grâce à une planification et une gestion urbaines efficaces, les villes et les communautés ont été en mesure de créer des environnements urbains plus sains, peut-on lire dans le rapport.  Les élus municipaux réalisent maintenant l’importance des biens publics, d’investir dans les institutions publiques, de l’autonomie fiscale et de la transparence dans la gestion des finances locales.  

Le rapport insiste sur le fait que la modernisation des bidonvilles et la hausse des prix du logement restent la priorité absolue des États Membres parce que plus d’un milliard de personnes vivent encore dans des bidonvilles dans le monde.  Le déficit mondial de logements sera de 440 millions de logements d’ici à 2025.  Tout au long de la pandémie, le sans-abrisme a augmenté.  Les outils financiers pour soutenir un meilleur accès au logement n’atteignent pas suffisamment les populations nécessiteuses pour avoir un impact positif.  Beaucoup risquent d’être laissés sur le côté, a alerté la Directrice exécutive.  Pour ce qui est du rôle des villes dans le développement de solutions aux changements climatiques, le rapport dit que les villes sont la forme la plus durable d’établissements humains.  Il réitère en revanche le fait que les populations à risque nécessitent une attention particulière dans la mise en œuvre du Nouveau Programme pour les villes.  Pour y arriver, il faut investir dans la planification et le développement urbains.  Un financement urbain efficace dépend d’approches plus nuancées de la décentralisation fiscale et une plus grande transparence pour convaincre les citoyens et les contribuables.

Table ronde 1

Mise en œuvre du Nouveau Programme pour les villes sur la base du rapport quadriennal du Secrétaire général, notamment les moyens de faire face à l’augmentation des inégalités

Déclarations liminaires

Mme INES SANCHEZ DE MARADIAGA, professeure de planification urbaine à l’université polytechnique de Madrid et Directrice de la Chaire de l’UNESCO relative aux genres, a demandé d’aider ONU-Habitat à intégrer la perspective sur le genre et la participation de la société civile dans la mise en œuvre du Nouveau Programme pour les villes.  Elle a encouragé à mettre à jour les cadres juridiques, réglementaires et politiques pour qu’ils prennent en compte la perspective hommes/femmes, celle-ci devant aussi être intégrée dans les travaux institutionnels et les recherches de financement pour le développement des villes.

M. LUIS NAVA GUERRERO, maire de Queretaro (Mexique), a informé que sa ville d’un million d’habitants a intégré les besoins sociaux résultant de la COVID-19 dans les services municipaux.  La municipalité a établi un plan de développement jusqu’en 2050 qui vise à réduire les écarts sociaux, notamment la fracture numérique.  Elle a pris en charge la santé physique et émotionnelle des femmes nécessiteuses et prévu de créer une université pour les femmes qui verra le jour sous peu.  La ville vient en aide aux personnes vivant dans les rues en offrant un soutien psychologique qui vise leur réinsertion dans le monde du travail.  Durant la pandémie, la municipalité a offert des soins à domicile, a encore décrit le maire qui a terminé en annonçant la création prochaine d’un centre technologique et d’un parc de 60 hectares si les ressources techniques et financières sont réunies.

Deux mille cent milliards de dollars: c’est la valeur des immeubles résidentiels dans les grandes villes du monde, a enchaîné Mme LEILANI FARHA, Directrice mondiale de The Shift, Canada, se désolant qu’à côté de cela, la planète compte 1,8 milliard de personnes sans abri.  Le logement est un facteur d’inégalités dans les villes, a—t-elle rappelé en demandant aux gouvernements de remettre en cause les avantages offerts aux spéculateurs immobiliers.  Elle a exhorté les villes à adopter des stratégies de logement humain afin de régler le problème du sans-abrisme. 

Dans un même ordre d’idées, Mme SMURTI JUKUR, responsable de Society for the Promotion of Area Resource Centre-SPARC et de Slum Dwellers International-SDI (Inde), a dénoncé la manipulation du foncier par les politiques au détriment des couches populaires.  Il est cher d’être pauvre, a ironisé la « représentante des pauvres » qui a exigé une politique de propriété foncière pour les pauvres et les plus démunis. 

M. CHARLES HINGA MWAURA, Secrétaire principal au Ministère du logement et du développement urbain du Kenya, a révélé que la nouvelle politique urbaine de son pays dispose de volets logement et urbanisation.  La Vision 2030 du Président Uhuru Kenyatta englobe les six régions métropolitaines dans le cadre d’un processus de développement des régions.  La Vision prévoit aussi la création de logements de masses avec la participation du secteur privé.  Le coût financier de l’opération est de 1,2 milliard de dollars, a précisé M. Mwaura avant de citer également un programme d’amélioration des habitats informels bénéficiant à 1,3 million de personnes.  Le Secrétaire principal a posé « la question qui fâche »: comment financer le Nouveau Programme pour les villes? 

Débat interactif

Les délégations qui ont participé à cette première table ronde ont répondu à cette question du Kenya, à commencer par El Salvador qui a appelé les banques à soutenir financièrement les politiques de développement urbain.  La Fédération de Russie a dit qu’elle est prête à partager avec les États Membres l’expérience russe de développement urbain.  Où trouver les ressources financières et technologiques nécessaires pour améliorer la gestion des villes et des centres urbains, a aussi demandé l’Équateur

L’Union européenne, dénonçant les ravages des villes et des patrimoines de l’Ukraine à cause de l’agression de la Fédération de Russie, a exhorté les villes du monde à joindre la Convention mondiale des maires pour le climat et l’énergie et ses trois piliers à savoir l’accès à l’énergie durable, le soutien aux projets d’infrastructures urbaines et les partenariats entre les villes et les échanges de connaissances.  L’Organisation pour la coopération et le développement en Europe (OCDE) a encouragé à explorer la boîte à outils qu’elle a conçue pour le développement local dans le cadre d’une approche territoriale visant une croissance inclusive. 

L’Inde a partagé l’ambition de son gouvernement d’atteindre d’ici à 2030 une contribution des villes indiennes de 70% au PIB.  L’exécutif prévoit en outre de construire 100 villes intelligentes et 6 millions de logements en milieu urbain pour les pauvres.  Il veut aussi renforcer les droits fonciers des femmes.  Pour Madagascar, tous les programmes de développement des villes doivent viser les plus vulnérables et répondre aux problèmes des sans-abris.  La représentante a exhorté les États Membres à conclure un contrat social sur le logement abordable.  Le Consortium pour une urbanisation durable a annoncé qu’il est favorable à une urbanisation globale tenant compte de la diversité.  

Comment aider les zones rurales qui ont montré leur résilience durant la pandémie de COVID-19? a demandé la Bolivie.  L’Afrique du Sud a voulu savoir comment faire pour que les populations et le secteur privé contribuent au développement humain.  En réponse à la Bolivie, la professeure de planification urbaine de l’université polytechnique de Madrid a dit que la question est plutôt de savoir comment répondre aux attentes des zones périphériques et des banlieues.  Elle a insisté sur l’importance de la planification et du financement pour réduire les inégalités, ainsi que sur la nécessité de renforcer le rôle des femmes dans les villes et la façon de satisfaire leurs attentes.  Elle a souligné l’importance de la mobilité avant d’exhorter à passer de la parole aux actes dans l’application du Nouveau Programme pour les villes.  

Le maire de Quaretaro a réitéré l’importance de planifier à long terme, par exemple d’ici à 2050, pour répondre à la croissance urbaine.  Il faut en outre adopter des politiques de logement pour anticiper les migrations urbaines et protéger les villes.  Il a mis en garde contre les spéculations sur les propriétés foncières et l’espace urbain.  Il faut empêcher les intérêts particuliers à prendre le dessus sur le reste.  La Directrice mondiale de The Shift a mis l’accent sur l’importance du droit au logement et sur le financement de l’ODD no 11 « les villes et les communautés durables ».  Elle a aussi mis en garde contre le recours aux prêts bancaires par les institutions publiques en demandant que ces prêts respectent les droits humains.  La responsable de Society for the Promotion of Area Resource Centre-SPARC et de Slum Dwellers International-SDI a, elle, demandé aux gouvernements d’avoir le courage de vraiment aider les sans-abris.  Réimaginons l’avenir, investissons dans nos populations et offrons des perspectives, a conclu le Secrétaire principal du Ministère du logement du Kenya

Table ronde 2

La stratégie d’urbanisation durable à l’échelle du système des Nations Unies pour aider les États Membres à mettre en œuvre le Nouveau Programme pour les villes

Déclarations liminaires

Mme MAIMUNAH MOHD SHARIF, Directrice exécutive d’ONU-Habitat, a rappelé que la stratégie à l’échelle du système des Nations Unies sur le développement urbain durable lancée en 2019 demande aux entités des Nations Unies de travailler avec ONU-Habitat pour intégrer les questions urbaines dans leurs stratégies et améliorer la façon dont elles poursuivent leurs mandats respectifs dans un monde qui s’urbanise.  Elle a cité par exemple la collaboration entre l’UNICEF et ONU-Habitat pour promouvoir des « villes amies des enfants » et ventiler les données rurales/urbaines et les données intra-urbaines.  « Avec le PNUD, nous travaillons sur la résilience climatique pour les pauvres en milieu urbain et la gouvernance à plusieurs niveaux », a-t-elle ajouté avant de citer également la création, par le Secrétaire général, d’une équipe spéciale consacrée à l’avenir des villes composée de représentants de 20 entités des Nations Unies.  Elle a expliqué que cette équipe fonctionne en étroite collaboration avec le Groupe de travail mondial sur les gouvernements locaux et régionaux.  Tout en notant que les questions urbaines sont de plus en plus intégrées dans les analyses de pays, elle a jugé que plus devait être fait.  Elle a ainsi encouragé les équipes de pays des Nations Unies à intégrer l’urbanisation durable dans les cadres de coopération au développement.

Alors que 70% de la population mondiale vivra dans les villes d’ici à 2050, Mme ZSUZSANNA JAKAB, Directrice générale adjointe de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a jugé prioritaire d’aborder le développement des villes à travers le prisme de la santé urbaine.  Elle a précisé que l’OMS considère les villes comme un atout pour assurer la santé et le bien-être des citoyens en prenant en compte un large éventail de domaines, comme les logements, les transports, la violence, l’insalubrité et à la gestion des déchets.

« Pour que le Nouveau Programme pour les villes réussisse, la santé des populations des villes doit être au centre des préoccupations », a insisté la représentante de l’OMS avant de citer en exemple des initiatives telles que les Villes-santé et les villes-amies des aînés (VADA) et des actions dans des domaines comme la pollution de l’air, les transports, la préparation aux urgences sanitaires dans les villes et milieux urbains.  Elle a dit que construire des villes saines et vivables est l’une des priorités du Manifeste de l’OMS pour une reprise saine et verte après la pandémie, publié en mai 2020.  « Intégrer santé et bien-être dans l’aménagement urbain est une étape fondamentale dans cette direction », a-t-elle insisté avant de saluer la publication conjointe OMS/ONU-Habitat d’une réflexion sur « l’intégration de la santé dans la planification urbaine et territoriale » pour appuyer la mise en œuvre du Nouveau Programme pour les villes.  Elle a expliqué que cette démarche vise à aider les gouvernements, les autorités locales et les professionnels de la planification à intégrer les considérations de santé dans la planification urbaine.  L’OMS renforcera son appui technique pour la mise en œuvre de réponses régionales et nationales à la santé urbaine, a-t-elle assuré.

Mme GILLIAN TRIGGS, Secrétaire générale adjointe et Haute-Commissaire adjointe chargée de la protection au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), a mis l’accent sur le potentiel des villes qui offrent aux réfugiés la possibilité de faire partie des communautés.  Néanmoins, il a noté que la plupart des réfugiés vivent dans des zones urbaines marginalisées, avant de préciser que les nouveaux arrivants dans la ville font face à des barrières linguistiques et culturelles qui sont aggravées par la discrimination, la xénophobie et l’exclusion sociale.  Ils manquent souvent de statut légal ou de documents, ce qui les oblige à vivre dans la discrétion et à éviter tout contact avec les autorités, a regretté la haute fonctionnaire.  Elle a dit que cette réalité oblige les maires, les administrations municipales et les dirigeants locaux à adapter leurs politiques aux besoins des réfugiés et à promouvoir leur inclusion économique.

En outre, elle a rappelé que le pacte mondial sur les réfugiés reconnaît la participation vitale des villes, celles-ci ayant d’ailleurs démontré leur engagement lors du premier Forum mondial sur les réfugiés en décembre 2019.  Des promesses de cohésion sociale et d’amélioration de l’accès aux services ont été faites par les villes de Bristol, Milan, Durban et São Paulo, s’est félicitée Mme Gillian Triggs, avant de noter que Arua et Koboko, en Ouganda, Kakuma, au Kenya, et Gabiley, en Somalie, ont rejoint les villes qui s’engagent à mettre en œuvre le pacte mondial sur les réfugiés en prenant de nouveaux engagements en 2021.  Elle a précisé que l’urbanisation des déplacements forcés modifie la manière dont le HCR fournit protection et solutions.  Elle a estimé que le principe d’égalité d’« accès pour tous » aux services essentiels du Nouveau programme pour les villes peut constituer une base solide pour soutenir l’inclusion des réfugiés dans la planification urbaine.

Mme OLGA ALGAYEROVA, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Europe des Nations Unies, a dit que les commissions régionales de l’ONU travaillent avec des mécanismes de coordination, des coordonnateurs résidents, le PNUD et ONU-Habitat pour mettre en œuvre le Nouveau programme pour les villes et les dimensions des établissements urbains et humains du Programme 2030 dans les cinq régions.  Nous travaillons étroitement avec les autorités municipales et locales à cette fin, a-t-elle ajouté avant de citer l’inclusion de la mise en œuvre du Nouveau programme pour les villes dans les cinq fora régionaux sur le développement durable, que les commissions régionales réunissent chaque année pour alimenter les réflexions du forum politique de haut niveau pour le développement durable.  « Nous devons construire des ponts entre la mise en œuvre du Nouveau programme pour les villes et la mise en œuvre des ODD », a-t-elle insisté avant de juger déterminant d’être à l’écoute des villes et de planifier avec elles et de manière systématique l’inclusion des communautés dans la prise de décision. 

Parmi les cadres utilisés par la Commission régionale pour l’Europe en matière de logement et d’établissements, Mme Algayerova a cité la Charte des Nations Unies de Genève sur le logement durable, approuvée par la Commission économique pour l’Europe le 16 avril 2015, un plan d’action régional 2030 intitulé « Lieu et vie dans la CEE » adopté en 2021, des lignes directrices pour la formalisation des constructions informelles et le Plan d’action pour le redressement des établissements informels après la pandémie.  Enfin, elle a indiqué que sa commission a produit la #Housing2030 Study en collaboration avec Housing Europe et ONU-Habitat et que le deuxième Forum des maires sur la question a réuni en avril 2022 les maires et maires adjoints de 44 villes ainsi que 500 représentants de villes et d’États Membres, avec des partenaires des Nations Unies, des ONG et des universités.

M. ROBERT PIPER, Sous-Secrétaire général pour la coordination des activités de développement et Directeur du Bureau de la coordination des activités de développement, a souligné le travail des 130 coordonnateurs résidents des Nations Unies qui recueillent des données pour comprendre les tendances en matière de vulnérabilité exacerbées dans les zones urbaines dans le contexte de la pandémie de COVID-19.  Il a mis l’accent sur la responsabilité partagée de tous les acteurs de développement, des gouvernements aux collectivités locales en passant par le secteur privé et la société civile, pour mettre en œuvre le Nouveau programme pour les villes.  Il a indiqué que son bureau, en coopération avec ONU-Habitat, dispensera, ces prochains mois, plusieurs formations en amont du prochain Forum mondial sur les villes et de la prochaine COP prévue en Égypte.

M. BASIM BIN YACOB AL HAMER, Ministre du logement du Bahreïn, a vanté son programme d’accès à un logement décent dans des quartiers sûrs et attrayants qui a bénéficié à 150 000 personnes ces quatre dernières années.  Il a expliqué que ce programme de logement est renforcé par des investissements soutenus dans les espaces publics et les espaces verts pour créer des zones urbaines plus inclusives, durables et résilientes.  L’approvisionnement universel en eau et en assainissement a contribué à améliorer les conditions de vie et à renforcer la résilience aux changements climatiques, a ajouté le Ministre avant de saluer le soutien fourni par les Nations Unies et ONU-Habitat, à la fois au niveau mondial et au Bahreïn en particulier.

Débat interactif

Le représentant de la Pologne a présenté les efforts de son gouvernement pour relever les défis de l’étalement des villes, de la disponibilité de logements et des changements climatiques tels qu’inscrits dans la nouvelle stratégie polonaise 2015 pour des villes durables.  Il a indiqué que la Pologne accueillera dans les prochains mois une table ronde ministérielle de l’Union européenne (UE) sur rôle des politiques urbaines pour une Europe plus verte et pour l’abandon progressif des combustibles fossiles.  Alors que la guerre en Ukraine a fait 12 millions de déplacés, le représentant a appelé à penser dès maintenant à la reconstruction des villes détruites par la guerre. 

Le représentant de la Malaisie a, de son côté, salué le rôle de premier plan d’ONU-Habitat en regrettant que le Nouveau Programme pour les villes n’ait pas bénéficié de la part des États Membres du même intérêt que d’autres programmes.  Notant que la pandémie de COVID-19 a démontré l’importance des villes résilientes pour faire face aux chocs, il a espéré que la réunion de haut niveau de la semaine prochaine encouragera les États Membres à promouvoir tous les objectifs de développement durable en corrélation avec celui des villes durables.  Pour ce faire, il plaidé pour des indicateurs favorisant la résilience de villes durables. 

Le représentant d’ONUSIDA a souligné l’importance de villes garantissant des services sociaux aux personnes vivant avec le VIH/sida avant d’appeler à accélérer la riposte des villes pour permettre d’atteindre l’objectif d’éradiquer le VIH/Sida d’ici à 2030.  

Enfin, le représentant de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) a cité une initiative des services météorologique pour promouvoir des services urbains intégrés dotée de meilleures données et prévisions météorologiques.  Il s’agit notamment d’améliorer l’adaptation aux catastrophes naturelles, à la pollution atmosphérique ou aux inondations éclairs, a-t-il précisé.  

Remarques de clôture 

M. COLLEN V. KELAPILE, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a rappelé que le suivi du Nouveau programme pour les villes doit avoir des liens efficaces avec le suivi du Programme 2030.  Notant que la plupart des ODD ont des cibles qui dépendent des actions prises au niveau local et que les villes ont été à l’avant-garde de l’action climatique en matière d’adaptation et d’atténuation, il s’est dit inspiré par les efforts continus des États Membres et du système des Nations Unies pour accélérer la mise en œuvre du Nouveau programme pour les villes.  Il a appelé à s’appuyer sur les bonnes pratiques et les enseignements tirés de la réponse que les villes ont apporté non seulement à la pandémie mais aussi aux changements climatiques.  Il s’est dit persuadé que les gouvernements locaux, avec le soutien des autorités nationales, ont les moyens de réduire la pauvreté et les inégalités par une planification urbaine inclusive et la fourniture de logements et services de base abordables.  Il a appelé l’ONU et les États Membres à consacrer à ONU-Habitat les moyens de faciliter la mise en œuvre de la stratégie à l’échelle du système pour une urbanisation durable aux niveaux mondial, régional et national, pour aider à la mise en œuvre du Nouveau programme pour les villes.  En conclusion, M. Kelapile a indiqué qu’il présenterait les messages clefs de cette réunion spéciale de l’ECOSOC à la prochaine réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur le Nouveau Programme pour les villes prévue le 28 avril prochain et qu’il s’engageait à mobiliser tous les dispositifs de l’ECOSOC pour accélérer la mise en œuvre de ce programme de concert avec le Programme 2030.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité : à Abyei, l’amélioration des relations entre le Soudan et le Soudan du Sud porteur d’espoir d’un règlement malgré des tensions intercommunautaires

9020e séance – matin
CS/14868

Conseil de sécurité : à Abyei, l’amélioration des relations entre le Soudan et le Soudan du Sud porteur d’espoir d’un règlement malgré des tensions intercommunautaires

Saisi du rapport du Secrétaire général sur les progrès accomplis dans l’exécution du mandat de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), le Conseil a, ce matin, fait le point sur la situation à Abyei à l’approche de l’expiration du mandat de la Mission, qui soutient le Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, le 15 mai 2022. 

Aux côtés de la nouvelle Envoyée spéciale du Secrétaire général pour la Corne de l’Afrique, Mme Hanna Serwaa Tetteh, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Jean Pierre Lacroix, a fait état d’une amélioration des relations bilatérales entre le Soudan et le Soudan du Sud.  Ce dernier a également indiqué que sur le plan sécuritaire, la situation générale dans la zone administrative d’Abyei est restée calme au cours de la période à l’examen, même si le manque de confiance entre les communautés Misseriya et Ngok Dinka reste très préoccupant.

En effet, depuis octobre dernier, on assiste à des incidents de violence intercommunautaire, comme ceux de la semaine dernière, qui ont fait 29 morts, dont 2 femmes, et 30 blessés au sein des deux communautés des zones de Noong/Annam, Kolom, Leul/Al Luo et sur le marché d’Amiet/Faydelzaraf.  Selon M.  Lacroix, ces pertes auraient pu être évitées s’il y avait davantage de confiance intercommunautaire à tous les niveaux, le Soudan du Sud rétorquant que ces attaques sont liées au vide sécuritaire laissé par la FISNUA. 

Pourtant, a assuré M. Lacroix, la mission n’a eu de cesse d’intensifier son appui au dialogue intercommunautaire en travaillant sans relâche avec les Gouvernements soudanais et sud-soudanais, ainsi qu’avec les dirigeants communautaires des deux côtés, pour parvenir à un accord sur les conditions concernant les routes migratoires pendant la saison sèche.  Le commandant par intérim de la Force a encouragé l’utilisation de mécanismes locaux de règlement de conflits impliquant les chefs traditionnels, les jeunes, les femmes et les filles. 

Mais, il appartient avant tout aux Gouvernements soudanais et sud-soudanais de renouveler leur engagement sur le statut final d’Abyei, a fait valoir le Secrétaire général adjoint, saluant à cet égard la récente demande de soutien des deux parties pour l’organisation de la prochaine réunion du Comité mixte de contrôle d’Abyei.  Comme l’a rappelé l’Inde, le mandat de ce Comité prévoit des réunions mensuelles, ce qui n’est pas arrivé une fois depuis 2017. 

Les défis internes auxquels sont confrontés le Soudan et le Soudan du Sud ne doivent pas faire dérailler les dynamiques qui ont conduit à des relations bilatérales plus amicales ces dernières années, a mis en garde le Brésil, en encourageant les dirigeants soudanais et sud-soudanais à saisir ce moment pour avancer vers un règlement politique d’Abyei, la zone frontalière contestée.   En effet, comme l’a rappelé Mme Tetteh, avec la destitution du Gouvernement civil de Khartoum en octobre 2021, l’élan vers la résolution des questions en suspens a été soudainement stoppé et les deux pays devront reprendre ces efforts.  Lors de sa récente visite à Khartoum, le Président du Conseil souverain et son adjoint l’ont informée que des préparatifs étaient en cours pour traiter de ces questions avec leurs homologues sud-soudanais.  

Pour la haute fonctionnaire, une victime évidente du coup d’État au Soudan a été le Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité.  Lors de sa dernière réunion, les 8 et 9 septembre 2021 à Djouba, il avait programmé une réunion pour la deuxième semaine de janvier 2022 à Khartoum qui n’a pas eu lieu.  Quant à l’appel lancé aux deux pays pour qu’ils retirent leurs forces de la zone d’Abyei d’ici au 31 décembre 2021, Mme Tetteh a expliqué que les dirigeants soudanais l’ont assurée qu’ils l’ont fait et qu’ils ont appelé le Soudan du Sud à faire de même pour que soient réactivées les réunions du Comité mixte de contrôle d’Abyei. 

En attendant, en l’absence de progrès significatifs sur le règlement du statut final d’Abyei, M. Lacroix a mis en avant le fait que la FISNUA continue de se heurter à des difficultés dans l’exécution de son mandat, notamment la non-obtention de visas pour trois unités de police constituée, et l’impossibilité d’accès à la piste d’atterrissage d’Athony.  D’autres, comme les États-Unis, ont regretté que la nomination d’un chef de mission adjoint civil n’ait toujours pas eu lieu.  La FISNUA a également toujours du mal à documenter les violations et abus des droits de l’homme, en raison de son manque d’expertise dans ce domaine, a concédé M. Lacroix, de plus, il a constaté l’absence de progrès sur la ré-opérationnalisation de certaines bases du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, après que la FISNUA a été forcée de se réinstaller en 2021. 

Sur une note positive, le Secrétaire général adjoint a expliqué qu’à la suite de l’examen stratégique de la FISNUA, le général de division Benjamin Sawyerr, ainsi que les femmes et les hommes de son équipe de la FISNUA, ont réussi la transition difficile de la Mission en une force multinationale de maintien de la paix des Nations Unies en quelques mois seulement.  La France a d’ailleurs salué les efforts du Secrétariat et des pays contributeurs de troupes pour réussir la reconfiguration de la FISNUA. 

Les membres du Conseil ont pour la plupart fait part de leurs inquiétudes face à la poursuite des violences, non seulement contre les civils mais aussi à l’encontre des Casques bleus de la FISNUA, appelant les parties à mettre en place les mécanismes conjoints nécessaires à la stabilité d’Abyei.  Ils ont été nombreux à appeler le Soudan et le Soudan du Sud à assurer la sécurité et la liberté de mouvement de la FISNUA, conformément à leurs obligations en vertu de l’accord sur le statut de la Force. 

L’Envoyée spéciale, Mme Tetteh, a cependant trouvé encourageant que, alors que chacun des deux pays est aux prises avec un conflit interne, le Soudan et le Soudan du Sud continuent de se compléter dans la recherche de la paix et de tirer parti des progrès réalisés, tout en intensifiant l’aide humanitaire aux communautés déplacées et vulnérables.   Le Soudan a d’ailleurs indiqué avoir fait récemment une proposition sur la création d’administrations conjointes à Abyei et qu’il attend la réponse du Soudan du Sud.   Le climat positif prévalant entre nos deux pays est de nature à favoriser les efforts de recherche d’un statut final à Abyei, a ajouté son représentant. 

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD (S/2022/136)

Déclarations

M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, a expliqué qu’en matière sécuritaire, la situation générale dans la zone administrative d’Abyei est restée calme, mais le manque de confiance entre les communautés Misseriya et Ngok Dinka reste très préoccupant selon lui. Après que le Conseil de sécurité a demandé, en décembre dernier, que la FISNUA intensifie son appui au dialogue intercommunautaire, la Mission a travaillé sans relâche avec les Gouvernements soudanais et sud-soudanais, a-t-il indiqué, ainsi qu’avec les dirigeants communautaires des deux côtés, pour parvenir à un accord sur les conditions concernant les routes migratoires pendant la saison sèche. Le haut fonctionnaire s’est dit déçu de constater qu’à la dernière minute, les parties n’aient pas réussi à s’entendre sur un certain nombre de points clefs, ce qui a entraîné l’annulation de la manifestation organisée par la FISNUA à Entebbe pour commencer le dialogue intercommunautaire.  Depuis octobre dernier, on assiste à des incidents de violence intercommunautaire, comme celui de la semaine dernière, qui ont fait au total 29 morts, dont 2 femmes et 30 blessés dans les deux communautés. Ces incidents violents se sont produits dans les zones de Noong/Annam, Kolom, Leul/Al Luo et du marché d’Amiet/Faydelzaraf, a précisé M. Lacroix pour lequel ces morts et ces blessés auraient pu être évités s’il y avait eu davantage de confiance intercommunautaire à tous les niveaux.  En réponse à ces incidents, la Mission a poursuivi son travail de sensibilisation des communautés, ainsi que des patrouilles plus fréquentes et de plus longue portée. Le commandant de la Force par intérim a encouragé l’utilisation de mécanismes locaux de règlement de conflits impliquant les chefs traditionnels, les jeunes, les femmes et les filles.  Mais, a souligné M. Lacroix, il appartient avant tout aux Gouvernements soudanais et sud-soudanais de renouveler leur engagement sur le statut final d’Abyei.  À cet égard, il a salué la récente demande de soutien des deux parties pour l’organisation du prochain comité de contrôle conjoint d’Abyei, les exhortant à tout mettre en œuvre pour profiter de cette réunion afin d’avancer sur la question d’Abyei. 

Sur une note positive, le Secrétaire général adjoint a fait état de progrès significatifs dans l’élaboration du programme conjoint d’Abyei, proposé dans sa lettre au Conseil de sécurité en date du 17 septembre 2021 (S/2021/805).  Une équipe de l’ONU est à un stade avancé des consultations avec les femmes, les jeunes, les anciens et d’autres membres de la communauté pour s’assurer que les services de consolidation de la paix proposés par le biais du programme conjoint d’Abyei bénéficieront aux Misseriya et aux Ngok Dinka d’une manière sensible au conflit et là où les besoins sont les plus grands.  M. Lacroix s’est dit encouragé par le soutien politique apporté par les deux gouvernements à ce programme. 

La FISNUA a continué de se heurter à des difficultés pour documenter les violations et les abus des droits de l’homme, en raison de son manque d’expertise dans le domaine des droits de l’homme, a-t-il concédé, tout en se disant encouragé par le fait qu’une équipe de spécialistes ait obtenu des visas temporaires pour mener une mission d’évaluation à Abyei en mars dernier.  Aucun progrès en revanche n’a été enregistré s’agissant du déploiement des trois unités de police constituées (UPC) conformément au mandat du Conseil de sécurité, a regretté M. Lacroix et cela malgré les efforts continus de la direction de la FISNUA.  Les visas n’ont pas été accordés à ces trois unités, ni aux autres policiers hors unités constituées (IPO). 

Passant à la situation humanitaire dans la région d’Abyei, M. Lacroix a reconnu qu’elle s’était détériorée, comme en témoigne le fait que le nombre de personnes vulnérables soit passé de 103 000 à 240 000 au cours de la période à l’examen.  C’est en grande partie dû à la violence entre les communautés Twic Dinka et Ngok Dinka près d’Agok en février et mars, a précisé M. Lacroix.  Des centaines de travailleurs humanitaires ont été évacués, deux ont été tués, et les habitants de la région sont toujours profondément touchés par la baisse considérable des services médicaux. 

Par ailleurs, il n’y a eu aucun progrès sur la ré-opérationnalisation des bases du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière (JBVMM 11, 12) et de son quartier général du secteur 1 à Gok Machar, après que la FISNUA a été forcée de se réinstaller ailleurs en 2021.  Une nouvelle force JBVMM est présente sur les sites opérationnels, a précisé M. Lacroix, et elle est prête à mettre en œuvre ce volet important de son mandat dans tous les lieux préalablement convenus entre les parties. Pour cela, il est impératif que le Gouvernement du Soudan du Sud poursuive ses efforts pour permettre le retour du JBVMM dans ces zones dans les plus brefs délais, a exigé M. Lacroix. 

Avant de conclure, il a dénoncé certains actes de violence graves qui ont visé des soldats de la paix de la FISNUA, demandant aux autorités compétentes d’enquêter sur ces incidents en priorité.  Après avoir remercié le général de division Benjamin Sawyerr, ainsi que les femmes et les hommes de son équipe de la FISNUA, pour leur travail acharné et continu, notamment pour superviser et soutenir la transition réussie et difficile de la Mission en une force multinationale de maintien de la paix des Nations Unies et cela en quelques mois seulement, le Secrétaire général adjoint a sollicité le soutien du Conseil à la recommandation du Secrétaire général de proroger le mandat de la FISNUA pour une nouvelle période de six mois, jusqu’au 15 octobre 2021. 

Mme HANNA SERWAA TETTEH, Envoyée spéciale du Secrétaire général pour la Corne de l’Afrique, qui s’exprimait par visioconférence pour ce premier exposé au Conseil de sécurité dans le cadre de ses nouvelles fonctions, a noté que cette séance se tient dans un contexte marqué par des incertitudes, à la suite du coup d’État au Soudan du 25 octobre 2021, qui n’a empêché de planifier toutes les réunions des mécanismes conjoints entre le Soudan et le Soudan du Sud prévues pour 2022.  Avec la destitution du gouvernement civil de Khartoum, l’élan vers la résolution des questions en suspens a été soudainement arrêté et les pays devront reprendre ces efforts, a-t-elle indiqué, ajoutant que, lors de sa récente visite au Soudan, le Président du Conseil souverain et son adjoint l’ont informée que des préparatifs étaient en cours pour traiter de ces questions avec leurs homologues sud-soudanais.  À ses yeux, les récentes violences survenues entre les Ngok Dinka et les Misseriya à Abyei viennent rappeler la nécessité de se concentrer sur le règlement du statut définitif d’Abyei. 

Au Soudan du Sud, a précisé l’Envoyée spéciale, le Président Kiir a procédé, le 12 avril, à des nominations au sein de la structure de commandement des Forces unifiées, qui doivent ouvrir la voie au redéploiement des troupes ayant terminé leur formation dans le cadre d’une nouvelle armée nationale.  Cela fait suite à un accord intervenu le 3 avril entre le Président, le premier Vice-Président Riek Machar et le cinquième Vice-Président Abdelbagi, en tant que commandants en chef des partis signataires de l’Accord de paix revitalisé de 2018.  Ce développement a été le fruit des efforts de médiations menés par le Président du Conseil souverain soudanais, a-t-elle relevé, avant de se féliciter que la tension entre le Président Kiir et M. Machar, qui s’était traduite par des combats entre leurs troupes dans les États du Haut-Nil et de l’Unité, se sont depuis dissipées. 

Pour Mme Tetteh, une victime évidente du coup d’État au Soudan a été le Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité, l’un des rares réunissant les deux pays pour passer en revue les questions politiques et sécuritaires.  Lors de sa dernière réunion, les 8 et 9 septembre 2021 à Djouba, il avait programmé une réunion pour la deuxième semaine de janvier 2022 à Khartoum.  Or, non seulement la réunion n’a pas eu lieu mais aucune suite n’a été donnée aux autres décisions prises lors de la séance de Djouba, a regretté l’Envoyée spéciale.  Quant à l’appel lancé aux deux pays pour qu’ils retirent leurs forces de la zone d’Abyei d’ici au 31 décembre 2021, a-t-elle noté, les dirigeants soudanais assurent qu’ils ont effectivement retiré toutes leurs forces et appelé le Soudan du Sud à faire de même pour que soient réactivées les réunions du Comité mixte de contrôle d’Abyei (AJOC).  La haute fonctionnaire s’est d’autre part déclarée préoccupée par l’absence de progrès sur l’engagement du Soudan du Sud, pris dans le cadre du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité, d’effectuer une médiation entre les communautés d’Aweil en vue de la réactivation des trois systèmes de vérification conjointe des frontières.  Aucune nouvelle date n’a été fixée pour la prochaine rencontre du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité, a-t-elle déploré, avant de saluer les contacts visant à permettre la tenue d’une réunion de l’AJOC prochainement. 

Mme Tetteh a indiqué que, grâce à l’assouplissement des restrictions imposées par la pandémie de COVID-19, elle a pu se rendre dans les deux pays et y rencontrer les principaux dirigeants.  De ces discussions, il ressort que les relations bilatérales entre le Soudan et le Soudan du Sud sont bonnes, a-t-elle affirmé, se réjouissant que les deux pays aient poursuivi leurs visites de haut niveau.  Bien que la dernière visite du Président Kiir à Khartoum remonte à 2018, les dirigeants soudanais ont continué à se rendre à Djouba.  Les ministres sud-soudanais ont, eux, fait la navette entre Djouba et Khartoum tout au long de la période à l’examen pour faciliter une solution entre les composantes militaires et civiles du Gouvernement de transition et empêcher l’effondrement de l’Accord, a expliqué l’Envoyée spéciale.  Selon elle, bien que le Président Kiir et le général Burhan ne se soient pas attardés sur la question d’Abyei, ils ont convenu de se concentrer sur la coopération le long de la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud, en commençant par une approche de paix prévoyant le développement de champs pétrolifères « unifiés », y compris dans la région d’Abyei.  Elle a émis l’espoir que cette approche soit un point de départ pour s’attaquer aux violences récurrentes dans la zone mais aussi pour progresser vers un règlement du statut définitif d’Abyei. 

Khartoum a également continué de jouer un rôle positif dans la résolution des problèmes intrapartis rencontrés par les partis sud-soudanais, a constaté Mme Tetteh, saluant à ce sujet l’accord signé le 16 janvier entre la faction dissidente du Mouvement populaire de libération du Soudan dans l’opposition et le Mouvement populaire de libération du Soudan (MPLS).  Dans le même esprit, a-t-elle relaté, le Soudan du Sud a poursuivi ses efforts pour convaincre Abdel Wahid Al Nur, chef d’une faction du Mouvement/Armée de libération du Soudan (SLM/A), de rejoindre le processus de paix soudanais.  Ces efforts n’ont pas encore été couronnés de succès, M. Nur refusant de se joindre au processus négocié par Djouba et appelant à une initiative soudanaise pour résoudre de manière globale les multiples problèmes du Soudan. 

Évoquant ensuite les développements dans les régions du Kordofan méridional et du Nil Bleu, Mme Tetteh a noté avec regret que les efforts déployés par le comité de médiation du Soudan du Sud pour faciliter la reprise des négociations entre le Gouvernement soudanais et le MPLS-Nord-faction Abdelaziz Hélou n’ont pas abouti. Dans le même temps, la faction Malek Agar du MPLS-Nord, qui était l’un des signataires de l’Accord de paix de Djouba avec le Gouvernement du Soudan, est resté au sein des institutions de transition malgré l’arrestation, l’emprisonnement et la libération ultérieure de son vice-président, Yassir Aman, par les militaires.  De toute évidence, a observé l’Envoyée spéciale, le coup d’État a eu un effet négatif sur les relations bilatérales que les deux pays avaient commencé à approfondir et qu’ils essaient de redémarrer.  Elle a cependant trouvé encourageant que, alors que chacun d’eux est aux prises avec un conflit interne, le Soudan et le Soudan du Sud continuent de se compléter dans la recherche de la paix et de tirer parti des progrès réalisés, tout en intensifiant l’aide humanitaire aux communautés déplacées et vulnérables.  Tous deux reconnaissent le besoin de paix sur leurs territoires et dans la région, ce qui leur permettra de favoriser la coopération et les relations de bon voisinage, a-t-elle conclu. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a remercié le personnel de la FISNUA, notamment dans un contexte de reconfiguration de la Mission.  Elle a évoqué quelques défis comme un nouvel engagement diplomatique en faveur d’Abyei, ainsi que la lutte contre la violence et la désinformation de la part de la FISNUA qui a en outre besoin d’un accès sans entrave sur le terrain.  Pour la déléguée, il est clair que la solution durable au conflit ne peut qu’être diplomatique.  Elle a ensuite regretté l’absence de réunion du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité.  La représentante a également appelé à la nomination d’un chef de Mission adjoint dont le travail sera focalisé sur les questions politiques, afin de faire avancer ce volet. 

Après les violences de février et mars derniers, Mme Thomas-Greenfield a considéré que les relations de la Mission avec les communautés locales d’Abyei doivent être améliorées en vue de réduire les tensions.  De même, la FISNUA a besoin de renforcer son contingent de police pour faire face à l’insécurité.  Elle a par ailleurs insisté sur la délivrance de visas au personnel onusien, avant d’inviter la Mission à mieux communiquer avec les populations qui semblent ne pas bien saisir la portée du mandat de la FISNUA.  La déléguée a enfin plaidé pour que les troupes de la Mission reviennent sur les sites abandonnés l’an dernier. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon, au nom des A3) a noté avec intérêt le renforcement de la coopération entre le Soudan et le Soudan du Sud, souhaitant un dialogue accru entre ces deux pays sur la mise en place des arrangements à Abyei, pour le bien de la population.  Il a salué les efforts de la FISNUA ayant permis la tenue du dialogue intercommunautaire sur la paix.  Il est temps de définir un statut final pour Abyei, a déclaré le délégué.  Sur le plan sécuritaire, il a regretté la recrudescence des tensions entre les communautés Misseriya et Ngok Dinka.  Le délégué a noté les difficultés sur le plan humanitaire et salué les efforts des équipes pays du Soudan et du Soudan du Sud pour y remédier, s’agissant notamment de l’accès aux services de base.  Il a condamné les attaques contre le personnel de la FISNUA et contre les travailleurs humanitaires.  Le Soudan et le Soudan du Sud doivent respecter l’accord sur le statut des forces, a déclaré le délégué, avant de saluer l’apport du contingent éthiopien qui s’est retiré d’Abyei.  Enfin, le délégué du Gabon a réitéré l’importance d’une solution politique au statut d’Abyei. 

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a constaté que les développements politiques internes au Soudan et au Soudan du Sud ont pris le pas sur le statut final d’Abyei, avant d’espérer que, dans les mois à venir, les deux parties progresseront dans le processus visant un règlement politique.  Dans ce contexte, il s’est dit d’avis que le Comité de contrôle conjoint d’Abyei soit une priorité, rappelant que ce Comité avait pour mandat de se réunir tous les mois, or il ne l’a pas fait depuis novembre 2017.  L’Inde soutient les efforts continus déployés par l’Union africaine en vue de la reprise de ces réunions, a fait savoir le représentant, qui a également appelé à la mise en œuvre des décisions du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité, arguant que des réunions régulières du Comité sont essentielles pour une administration efficace et relever les défis de sécurité à Abyei. 

Également préoccupé par la poursuite des affrontements violents entre les communautés Ngok Dinka et Misseriya, le représentant a salué à cet égard les efforts de la FISNUA pour réunir les anciens des deux communautés et convoquer à nouveau la Conférence de paix conjointe des chefs traditionnels, qui doit maintenant avoir lieu le mois prochain.  Concernant la mise en œuvre du mandat de la FISNUA, le représentant a demandé aux autorités soudanaises et sud-soudanaises de permettre l’opérationnalisation de la piste d’atterrissage d’Athony et de fournir des visas aux unités de police constituées.  Il a en outre exprimé sa préoccupation à la suite des attaques perpétrées contre les forces de la FISNUA et aux violations de leur liberté de mouvement.  Avant de conclure, le représentant a mentionné qu’un contingent indien de 570 Casques bleus rejoindra prochainement la FISNUA, et que son déploiement est déjà en cours. 

M. SUOOD RASHED ALI ALWALI ALMAZROUEI (Émirats arabes unis) a noté que cette séance se tient dans un contexte d’événements alarmants, à commencer par la poursuite de violents heurts intercommunautaires qui nuisent au travail de terrain de la FISNUA.  Ces violences ont aussi des conséquences négatives pour les organisations humanitaires à l’œuvre dans la région, a-t-il déploré, jugeant essentiel de prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir la sécurité des travailleurs humanitaires.  Il a également appelé à des efforts accrus pour promouvoir le dialogue et la coexistence pacifique entre les communautés, sans pour autant négliger les enquêtes sur les violences.  Le délégué a par ailleurs souligné l’importance de créer des mécanismes temporaires administratifs et de sécurité afin de s’assurer que ces tensions ne débordent pas.  À cet égard, il a encouragé les membres de la FISNUA à poursuivre leurs contacts avec les communautés locales.  Il importe aussi, selon lui, que la conférence des chefs traditionnels puisse se tenir comme prévu en mai prochain.  Concernant les relations entre le Soudan et le Soudan du Sud, il s’est félicité que les dirigeants des deux pays appuient mutuellement la voix de l’autre pour la paix, ce qui atteste d’un vrai rapprochement.  Il faut faire fonds sur ces progrès afin d’avancer vers un règlement sur le statut définitif d’Abyei.  Enfin, après avoir rendu hommage à l’action que mène la FISNUA dans un environnement qui ne cesse d’évoluer, il a exprimé son soutien à la proposition du Secrétaire général de proroger son mandat. 

Mme SHERAZ GASRI (France) a salué les efforts du Secrétariat et des pays contributeurs de troupes pour réussir la reconfiguration de la FISNUA.  Elle s’est dite inquiète de la poursuite des violences non seulement contre les civils mais aussi à l’encontre des Casques bleus de la FISNUA, appelant les parties à mettre en place les mécanismes conjoints nécessaires à la stabilité d’Abyei.  La déléguée a regretté l’absence de progrès sur le redéploiement de la FISNUA dans les trois sites qu’elle a été contrainte d’évacuer fin 2021.  Elle a appelé le Soudan et le Soudan du Sud à assurer la sécurité et la liberté de mouvement de la FISNUA, conformément à leurs obligations en vertu de l’accord sur le statut de la Force. Elle a précisé qu’il revient au Soudan du Sud d’apaiser les tensions avec les communautés locales pour permettre le rétablissement du soutien de la FISNUA au mécanisme conjoint de vérification et d’observation de la frontière.  À défaut, le Conseil de sécurité devra en tirer les conséquences lors du prochain renouvellement du mandat de cette mission, a-t-elle prévenu.  Enfin, elle a réaffirmé son soutien à l’Envoyé spécial pour la Corne de l’Afrique alors que les crises se multiplient dans la région.  Enfin, elle a jugé urgent de rétablir une transition démocratique au Soudan, avant d’appeler les États de la région à résoudre leurs différends par le dialogue, qu’il s’agisse des questions d’Abyei, du triangle d’El-Fashaga, du barrage de la Renaissance ou du conflit au Tigré. 

M. CÍCERO TOBIAS DE OLIVEIRA FREITAS (Brésil) a évoqué la question du règlement politique à long terme du statut de la zone d’Abyei.  Les processus, les retards et, surtout, les solutions pour parvenir à un terrain d’entente ne progresseront que grâce à des négociations justes et crédibles, a-t-il fait valoir en appelant à soutenir non seulement des pourparlers supplémentaires entre le Soudan du Sud et le Soudan, mais également de nouveaux contacts entre les deux parties à différents niveaux.  Les défis internes de chaque pays ne doivent pas faire dérailler les dynamiques bilatérales qui ont conduit à des relations plus amicales ces dernières années, a mis en garde le représentant en encourageant les dirigeants soudanais et sud-soudanais à saisir cette ouverture bilatérale pour avancer vers un règlement politique sur Abyei. 

Abordant ensuite la dimension régionale de ces négociations, il a rappelé que le Secrétaire général avait encouragé à juste titre l’Union africaine à intensifier ses efforts de médiation.  Si les parties sont disposées à reprendre les consultations du Comité conjoint de contrôle d’Abyei, l’Union africaine a la légitimité pour faciliter et soutenir les aspects politiques et logistiques de celles-ci, a-t-il estimé.  Il a ajouté que si l’appui de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs est disponible, alors la dimension sous-régionale pourrait être renforcée et des voies de négociation supplémentaires créées.  Quant à la situation sur le terrain, il a regretté les cycles fréquents de violence dans la zone d’Abyei qui entravent l’aide humanitaire et la protection des civils. 

M. MARTIN GALLAGHER (Irlande) a souhaité que la reconfiguration de la FISNUA soit l’occasion d’un renforcement de son mandat, s’agissant notamment de sa capacité à promouvoir les droits humains à Abyei.  Il a salué l’octroi de visas à deux experts en droits humains à Abyei, avant d’appeler le Soudan et le Soudan du Sud à remédier aux défis qui sapent la capacité opérationnelle de la FISNUA, dont le non-octroi de visas pour des policiers.  Préoccupé par les attaques perpétrées contre la Mission, il a demandé que celles-ci fassent l’objet d’une enquête approfondie.  Il a regretté que le Soudan et le Soudan du Sud n’aient pas progressé au cours des six derniers mois sur le statut final d’Abyei, avant de les inviter à donner la priorité à cette question.  Le délégué a appelé le Soudan du Sud à remédier aux difficultés rencontrées par la FISNUA s’agissant de la démarcation de la frontière.  En conclusion, M. Gallagher a réitéré l’importance d’un accord sur le statut final d’Abyei. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) s’est réjouie que les représentants du Soudan et du Soudan du Sud fassent preuve de davantage de coopération, y compris avec la FISNUA.  Il faut des efforts conjoints des parties dans le cadre d’une coopération mutuellement bénéfique, a-t-elle estimé, en saluant à cet égard la volonté démontrée par les parties dans l’exploitation conjointe des ressources pétrolières.  La Fédération de Russie espère que le dialogue entre Khartoum et Djouba permettra de tomber d’accord sur le statut définitif d’Abyei, a indiqué la représentante.  Tout en saluant le rôle joué par la FISNUA, elle a insisté sur l’impératif pour la Mission de se limiter aux termes de son mandat, notamment en favorisant le dialogue entre les parties et en atténuant les tensions intercommunautaires.  La déléguée a espéré que la Conférence des chefs traditionnels pourra se tenir dans les plus brefs délais.  Les positions du Soudan et du Soudan du Sud doivent être prises en compte, y compris au moment du renouvellement du mandat de la FISNUA, a-t-elle souhaité.  Quant à la transition de la FISNUA en Mission multinationale, elle a appelé à éviter qu’il y ait des problèmes logistiques pendant cette période. 

M. BING DAI (Chine) a jugé encourageant qu’en dépit des conflits communautaires et des activités criminelles qui se poursuivent dans la région, le Soudan et le Soudan du Sud aient continué à faire preuve de retenue dans le territoire contesté d’Abyei.  Saluant l’action cruciale des comités de protection communautaires établis avec l’assistance de la FISNUA, il y a vu une clef pour la stabilisation à long terme.  Dans cet environnement, le représentant a appelé de ses vœux la poursuite du dialogue en vue de parvenir à une coexistence harmonieuse.  Il s’est félicité, à cet égard, que les relations entre le Soudan et le Soudan du Sud aient continué de s’améliorer au cours de la période à l’examen, les deux pays se concentrant sur l’avancement de leurs processus politiques respectifs.  Il les a encouragés à procéder à des échanges d’informations et à faire face aux urgences en temps opportun.  Notant d’autre part que la reconfiguration des composantes militaires de la FISNUA progresse de manière ordonnée, il a salué le rôle des Casques bleus éthiopiens qui, au cours des 11 dernières années, ont accompli leur mandat dans des conditions extrêmement difficiles, en étroite coopération avec le Soudan et le Soudan du Sud.  Il a également indiqué qu’en tant que nouveau pays contributeur de troupes à la FISNUA, la Chine a déployé une unité d’hélicoptères à Abyei et fournira une force de réaction rapide dès que possible.  En attendant le règlement du statut définitif d’Abyei, il a exprimé l’accord de principe de sa délégation au renouvellement du mandat de la FISNUA. 

M. JUAN GÓMEZ ROBLEDO VERDUZCO (Mexique) a estimé que l’amélioration récente des relations entre le Soudan et le Soudan du Sud est une occasion de relancer le processus pour parvenir à un accord sur Abyei.  Il a appelé les parties à assurer le bon fonctionnement du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière.  De même, il a jugé que ce n’est que par la coopération et le travail conjoint dans des forums comme le Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité qu’il sera possible d’avancer vers la stabilisation de la région.  Il a regretté que ce dernier ne se soit pas réuni depuis 2017, avant de demander que des ressources soient investies et mobilisées; humaines, politiques et économiques nécessaires à sa réactivation.  Le délégué a appelé les autorités du Soudan et du Soudan du Sud à permettre le déploiement d’experts en droits de l’homme au sein de la FISNUA, conformément au mandat accordé par le Conseil de sécurité.  Il a exhorté la FISNUA à continuer de promouvoir les pourparlers de paix avec la participation pleine et effective des jeunes et des femmes.  Le représentant a également affirmé que la sécurité du personnel de la FISNUA est primordiale, exhortant les autorités à garantir leur sécurité et liberté de mouvement.  De même, et conformément à ses obligations en vertu de l’accord sur le statut des forces, des enquêtes doivent être menées en urgence et les responsables d’attaques contre les forces de la Mission traduits en justice. 

M. ARIAN SPASSE (Albanie) a regretté la recrudescence des tensions communautaires à Abyei qui risque de saper les gains enregistrés jusqu’à présent. Il a appelé les parties à faire montre de volonté politique, à prévenir une escalade et à œuvrer à une cessation immédiate des violences.  Il a souligné la nécessité de remédier aux revendications socioéconomiques de la population, en soulignant la défiance persistante entre les communautés.  Il a déploré le « manque total de participation des femmes » à Abyei et jugé impossible de trouver des solutions durables lorsque la moitié de la population est exclue.  Le délégué a exhorté les entités onusiennes et les autres acteurs à mettre l’accent sur l’exécution du programme les femmes et la paix et la sécurité à Abyei.  Il a aussi souhaité que la FISNUA soit dotée d’experts en droits humains, avant de demander au Soudan d’accorder des visas aux policiers de la Mission.  Il est très préoccupant que la Force, qui est la seule entité garante du maintien de l’ordre à Abyei, ne puisse opérer à pleine capacité, a conclu M. Spasse. 

Mme MONA JUUL (Norvège) s’est dite préoccupée par le niveau élevé des tensions dans et autour d’Abyei, en appelant les Misseriya et les Ngok Dinka à renoncer aux attaques liées à la saison migratoire.  La Norvège est favorable aux différentes initiatives locales visant à éviter et à régler les conflits, a déclaré la représentante, qui a également salué les efforts en ce sens du Commandant de la FISNUA.  Il est de la plus haute importance que la FISNUA reste pleinement opérationnelle et soit prête à utiliser la force si nécessaire pour protéger les civils exposés à des risques de violences physiques, a estimé la représentante, en précisant que cela signifie le déploiement des unités de police constituée.  Alors qu’Abyei reste une zone contestée, il ne fait aucun doute que la FISNUA joue un rôle inestimable dans la sécurité et la stabilité de la zone.  Il n’y a cependant eu aucun progrès sur la question la plus épineuse, à savoir si Abyei appartiendra au Soudan ou au Soudan du Sud, a regretté la déléguée, en demandant la mise en œuvre des mécanismes conjoints, tel que stipulé dans l’accord de juin 2011.  Cela renforcera la coopération et instaurera la confiance entre les communautés sur le terrain, a-t-elle fait valoir. 

La représentante a exhorté les parties à reprendre les réunions du Comité de contrôle conjoint pour Abyei, à mettre en place des procédures de délivrance de visas efficaces pour assurer un recrutement en temps opportun et remplacer le personnel policier et militaire, et à rendre la piste d’atterrissage d’Athony accessible.  Elle a également encouragé le soutien continu de la FISNUA aux initiatives de paix dirigées par des femmes, en appelant à plus de coopération entre la FISNUA, les agences des Nations Unies, et la société civile à cet égard.  La déléguée a également remarqué que la coopération transfrontalière est et sera la clef du développement et de la sécurité de la zone à l’avenir, ce qui suppose des mesures concrètes de renforcement de la confiance mutuelle entre les parties afin qu’aucune d’entre elles ne considère « la solution définitive » comme un « jeu à somme nulle ». 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a félicité à son tour le Soudan et le Soudan du Sud pour l’amélioration de leurs relations bilatérales, y compris le soutien mutuel exprimé à leur processus de paix respectif.  Il s’est dit encouragé par la dernière session, en octobre, du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et de sécurité et de la Commission frontalière mixte.  Il a cependant jugé regrettable que des développements aussi positifs n’aient conduit à des progrès tangibles pour la population d’Abyei ou à la conclusion d’un accord politique pour la région.  Dans ce contexte, le délégué a exhorté les deux pays à organiser une nouvelle réunion du Comité mixte de contrôle d’Abyei et, en écho aux propos du Secrétaire général, encouragé l’Union africaine à intensifier ses efforts de médiation.  Pour ce qui concerne la FISNUA, il s’est réjoui que la rotation des troupes soit presque terminée et a rendu hommage au dévouement des Casques bleus éthiopiens à Abyei au cours de la dernière décennie.  Il a également exhorté les gouvernements du Soudan et du Soudan du Sud à supprimer les obstacles opérationnels, notamment la restriction de la liberté de mouvement, qui limitent la capacité de la FISNUA à mettre en œuvre son mandat dans son intégralité.  De même, il a souhaité que le Soudan du Sud permette la ré-opérationnalisation du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance des frontières à Gok Macchar. 

Le représentant s’est d’autre part déclaré inquiet après les deux attaques essuyées par les forces de la FISNUA au cours de la période à l’examen. Réaffirmant le caractère vital de la sûreté et de la sécurité des soldats de la paix de l’ONU, il a souhaité que les autorités compétentes enquêtent sur ces incidents et tiennent leurs auteurs comptables de leurs actes.  Enfin, il a exprimé sa profonde préoccupation face à la flambée de violence à Agok, au cours de laquelle deux travailleurs humanitaires ont été tués et les activités sur le terrain suspendues.  Il a exhorté toutes les parties à respecter pleinement le droit international humanitaire et à permettre aux acteurs humanitaires de fournir de l’aide à ceux qui en ont besoin dans toutes les parties d’Abyei. 

M. AKUEI BONA MALWAL (Soudan du Sud) a constaté que les conditions de sécurité sont fragiles à Abyei, notamment du fait des attaques répétées des Misseriya contre les Ngok Dinka.  Il a estimé que ces attaques sont liées au vide sécuritaire laissé par la Mission.  Le représentant a rappelé que la région devrait être exempte d’armes à feu, en dehors de celles possédées par les forces de la FISNUA.  Si ces attaques se poursuivent, alors la situation sécuritaire continuera de se dégrader, a-t-il averti, demandant au Conseil de sécurité, à l’Union africaine et à l’IGAD de travailler avec les parties pour mettre la dernière main au statut final d’Abyei. 

Sur la question des violences d’Agok, le représentant a affirmé que les autorités sud-soudanaises avaient établi une commission d’enquête.  Il a estimé que le Programme commun pour Abyei jouera un rôle important pour combler les lacunes en services de base, vu que les autorités Sud-Soudanaises ont fait tout leur possible, avec les moyens disponibles, pour apporter les services nécessaires aux populations. 

Enfin, s’exprimant sur la question de la réconciliation, le représentant a fait observer que la région vit toujours au rythme d’attaques perpétuelles, sans que les auteurs ne soient sanctionnés.  De même, il a rappelé que cela fait près de 10 ans que le chef suprême Ngok Dinka a été assassiné de sang-froid, et jusqu’à ce jour, personne n’a été sanctionnée ni aucun rapport rendu public sur l’évènement.  « Quand le Conseil de sécurité parle de réconciliation dans ces conditions, de quoi parle-t-il? » a-t-il lancé. 

M. AMMAR MOHAMMED MAHMOUD MOHAMMED (Soudan) a dit que les relations bilatérales entre le Soudan et le Soudan du Sud ont connu des développements positifs ces derniers mois.  Il a indiqué que son pays a fait récemment une proposition sur la création d’administrations conjointes à Abyei et qu’il attendait la réponse du Soudan du Sud.  Le représentant a estimé que le climat positif prévalant entre les deux pays est de nature à favoriser les efforts de recherche d’un statut final à Abyei.  Il a appelé à profiter de cet élan pour régler les questions de démarcation de la frontière.  Le délégué s’est dit préoccupé par les incidents qui se sont produits ces derniers mois et a présenté ses condoléances aux familles des victimes.  Il a rappelé que la zone d’Abyei doit être exempte de toute présence armée, jugeant regrettable la présence de forces armées sud-soudanaises dans la zone tampon et estimant que cela entraînera des conséquences négatives sur la recherche d’un statut final.  En conclusion, le représentant du Soudan s’est prononcé en faveur d’un renouvellement de six mois du mandat de la FISNUA. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le Kosovo plus que jamais dépendant de l’état de son dialogue avec la Serbie, souligne la nouvelle Représentante spéciale

9019e séance – après-midi
CS/14867

Conseil de sécurité: le Kosovo plus que jamais dépendant de l’état de son dialogue avec la Serbie, souligne la nouvelle Représentante spéciale

Au Conseil de sécurité cet après-midi, la nouvelle Représentante spéciale et Cheffe de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), Mme Caroline Ziadeh, a averti que, alors que les tensions géopolitiques de la guerre en Ukraine se font ressentir dans les Balkans occidentaux, la stabilité du Kosovo est plus que jamais dépendante du difficile dialogue entre Pristina et Belgrade.  Organisée dans un climat tendu, cette séance a également vu la Serbie et l’Albanie s’opposer sur le principe d’un maintien de la MINUK dans sa configuration actuelle. 

Les développements en Ukraine ont et continueront inévitablement d’exercer une influence sur toutes les questions de sécurité européenne, y compris dans les zones d’opérations de la MINUK, a d’emblée souligné Mme Ziadeh, avant de s’étendre sur les récentes élections générales en Serbie, auxquelles la participation des électeurs du Kosovo n’a cette fois pas été facilitée par Pristina.  Regrettant les « effets clivants  » de cette décision qui, selon elle, a divisé l’opinion publique « sur la base de considérations ethniques », elle a néanmoins salué le fait que plus de 19 000 Serbes du Kosovo aient pu voter dans des bureaux spéciaux établis en Serbie. 

Après avoir souligné l’importance de la résilience des institutions démocratiques dans toute la région des Balkans, Mme Ziadeh a dénoncé les récentes attaques qui ont visé des patrouilles de police dans le nord du Kosovo, avant d’inviter les dirigeants de Pristina et de Belgrade à se montrer « judicieux » dans leurs rhétorique politique et, surtout, à s’engager de manière constructive dans le dialogue facilité par l’Union européenne.  Alors que l’Accord de Bruxelles sur les principes présidant à la normalisation des relations vient d’entrer dans sa dixième année, elle a également enjoint les deux parties à trouver une solution négociée à la question des plaques d’immatriculation des véhicules, mais aussi à celles relatives à la liberté de mouvement et aux accords énergétiques. 

Abordant ensuite la question de son mandat, Mme Ziadeh s’est voulue très claire: la MINUK n’a pas vocation à être un « facteur déterminant » ou à se muer en porte-parole d’intérêts particuliers s’agissant d’un règlement juste et durable entre les parties.  « Ce n’est pas notre rôle », a-t-elle tranché, promettant que sa Mission poursuivra son travail dans les domaines où elle est réellement en mesure de contribuer à promouvoir les objectifs communs des autorités, des collectivités et des institutions du Kosovo, tout en appuyant les progrès dans les discussions politiques de haut niveau. 

Cette déclaration d’intention a été contredite par l’Albanie, pour qui il ne fait aucun doute que le rôle de la MINUK ira en diminuant, compte tenu du progrès global de la situation, de la consolidation des institutions du Kosovo, du renforcement de sa stature internationale et des perspectives d’accord.  Rappelant que la Mission « ne fait pas partie des murs du Kosovo », il a observé qu’elle ne joue un rôle crucial « dans aucune des questions clés pour lesquelles le Kosovo a besoin d’aide ».  Concluant que la MINUK, dans sa configuration actuelle, n’est plus nécessaire, le représentant albanais a invité le Conseil à mettre fin à son mandat pour passer à une présence onusienne « plus efficace et mieux adaptée à son objet ». 

Un avis partagé par Mme Donika Gërvalla-Schwarz, ex-Vice-Première Ministre du Kosovo et actuelle dirigeante du parti Guxo, pour qui la Mission ne joue plus de rôle dans la vie des citoyens du Kosovo.  C’est d’autant plus vrai, à ses yeux, qu’une grande majorité des pays de l’Union européenne et de l’OTAN ont reconnu l’indépendance du Kosovo, à l’instar de la Cour internationale de Justice (CIJ) et soutiennent le principe d’un rapprochement.  « Le Kosovo fait partie de l’Occident, alors que la Serbie est un satellite de la Russie », a-t-elle lancé, comparant la campagne militaire menée par la Serbie en 1999 contre le Kosovo à celle engagée par la Russie en Ukraine.  Elle a aussi déploré que les nationalistes serbes ne se soient jamais excusés pour les crimes de guerre commis au Kosovo et les aient même justifiés.  De fait, a-t-elle renchéri, la Russie et son allié serbe représentent la plus grande menace à la paix dans la région. 

Avant ces prises de position, le Ministre des affaires étrangères de la Serbie avait fait part de son souhait que la MINUK et la Force internationale de sécurité au Kosovo (KFOR) poursuivent leur mission, « avec une capacité non diminuée ».  De l’avis de M. Nikola Selakovic, l’engagement de la MINUK constitue même un facteur clef du maintien de la paix et de la sécurité dans la « province méridionale du Kosovo et Metohija », compte tenu des violations des droits des Serbes et des non-Albanais commises par Pristina, avec pour objectif, selon lui, de « mettre fin à toute forme de diversité nationale ».   Il a donc appelé le Conseil de sécurité à adresser un message qui souligne la nécessité d’établir la confiance interethnique en ayant des institutions à Pristina qui respectent les accords conclus et respectent les normes internationales relatives à l’état de droit et aux droits de l’homme.  

Affirmant ne pas avoir l’impression que les institutions de Pristina aient la volonté politique d’améliorer la situation, le Ministre serbe en a voulu pour preuve le fait que Pristina affirme ouvertement que la création de la Communauté des municipalités serbes du Kosovo ne sera jamais autorisée, alors même qu’elle est prévue par l’Accord de Bruxelles.   Cela sape non seulement le dialogue entre Belgrade et Pristina, mais humilie aussi directement les acteurs internationaux, principalement l’Union européenne, a-t-il commenté.

Sur la même ligne que Belgrade, la Fédération de Russie a déploré les retards pris dans la création de cette communauté, mesure pourtant essentielle à la réconciliation, selon elle.  Face aux efforts de Pristina pour « éliminer l’identité des Serbe du Kosovo », elle a souhaité à son tour que la MINUK continue d’être dotée des ressources nécessaires pour s’acquitter de son mandat. La délégation s’est également élevée contre le rapprochement du Kosovo avec l’OTAN, évolution « lourde de dangers » à son sens, alors que ni Washington ni Bruxelles « n’ont de prise sur Pristina ».   Enfin, elle a fait mention des 78 jours de bombardement de Belgrade par l’OTAN en 1999 et son cortège de destructions et de pertes civiles, non sans relever que l’Alliance atlantique avait pour alliée, à l’époque, l’Armée de libération du Kosovo (ALK), dont nombre de crimes restent impunis. 

RÉSOLUTIONS 1160 (1998), 1199 (1998), 1203 (1998), 1239 (1999) ET 1244 (1999) DU CONSEIL DE SÉCURITÉ (S/2022/313)

Déclarations

Mme CAROLINE ZIADEH, Représentante spéciale et Cheffe de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), nouvellement nommée à ces fonctions, a tout d’abord indiqué que les développements en Ukraine ont et continueront inévitablement d’exercer une influence sur toutes les questions de sécurité européenne, y compris dans les zones d’opérations de la Mission.  Elle a ensuite informé le Conseil sur les suites des élections serbes, organisées le 3 avril.  Bien que les résultats définitifs soient encore attendus, il ressort de ce scrutin que l’actuel parti majoritaire en Serbie conserve un mandat public sûr.  Parallèlement, a-t-elle relevé, la coalition au pouvoir à Pristina jouit également d’une majorité confortable au Parlement, ce qui permet d’espérer des « prises de décision courageuses ».  Dans ce contexte, la haute fonctionnaire a déploré que, dans la perspective des élections générales serbes, aucune solution n’ait permis de répondre à l’appel lancé par la communauté internationale aux autorités de Pristina et de Belgrade pour qu’elles conviennent de modalités facilitant la participation des électeurs au Kosovo.  Elle a regretté les « effets clivants » de cette décision qui, selon elle, a divisé l’opinion publique « sur la base de considérations ethniques ».  Néanmoins, plus de 19 000 électeurs du Kosovo ont pu participer en votant dans des bureaux de vote spéciaux établis en Serbie et, grâce à une logistique facilitée de part et d’autre, le processus électoral s’est déroulé sans heurts et sans incident, a-t-elle salué. 

Soulignant l’importance de la résilience des institutions démocratiques dans toute la région des Balkans, Mme Ziadeh a rappelé qu’elle a rencontré, ce mois-ci, le Président réélu de la Serbie, ainsi que d’autres représentants du Gouvernement serbe à Belgrade, faisant état de « conversations très directes et ouvertes ». Elle s’est cependant dit préoccupée par les récentes attaques qui ont visé des patrouilles de police dans le nord du Kosovo. Bien que le mobile soit encore inconnu, elle a exhorté la population et les responsables de tous bords à condamner ces violences et à fournir toute information qui permettrait d’identifier et de traduire en justice leurs auteurs. Elle a également invité les dirigeants de Pristina et de Belgrade à être très judicieux dans leurs actions et leur rhétorique politique, tout en s’engageant de manière constructive dans le dialogue facilité par l’Union européenne. Tout en précisant ne pas avoir encore eu l’occasion de rencontrer le Premier Ministre ou Président à Pristina, elle a dit s’être entretenu avec la plupart des dirigeants de tout l’éventail politique du Kosovo, y compris les partis de l’opposition et les indépendants, et a promis d’échanger régulièrement avec les chefs d’autres partis du voisinage des Balkans pour entendre leurs perspectives. 

Poursuivant, Mme Ziadeh a rappelé qu’hier marquait le neuvième anniversaire du premier accord de principes sur la normalisation des relations. Saluant les « résultats significatifs » auxquels a conduit ce processus, elle a regretté que, même sur des sujets extrêmement techniques comme celui des plaques d’immatriculation des véhicules, les progrès restent « timides et lents ».  À cette heure, nous ne sommes toujours pas sûrs que Belgrade et Pristina arriveront à se mettre d’accord sur cette question d’ici à la date limite de demain, a-t-elle averti, encourageant les deux parties à rechercher ensemble une solution permanente sur ces licences ainsi que sur d’autres questions concernant la liberté de mouvement et les accords énergétiques. Évoquant ensuite la situation économique du Kosovo et de la région, elle a rappelé que l’inflation, les pénuries, la hausse des taux d’intérêt et l’augmentation de la dette pesaient déjà lourdement avant la pandémie de COVID-19 et le début des événements en Ukraine.  Mais ils se sont depuis aggravés, a-t-elle souligné, avant d’appeler à trouver des modes pratiques de coopération économique entre Belgrade, Pristina et tous les voisins régionaux, notamment en réduisant les restrictions à la circulation des personnes, des marchandises et des capitaux. 

Pour ce qui concerne son mandat, Mme Ziadeh a affirmé que sa responsabilité est de fournir des informations objectives au Secrétaire général et au Conseil de sécurité.  À cet égard, elle a assuré que le contenu des rapports du Secrétaire général ne fait l’objet d’aucune négociation avec les parties. Elle a d’autre part fait valoir que la MINUK n’est pas un « facteur déterminant » -ni le porte-parole d’aucun point de vue particulier- concernant un règlement juste et durable entre les parties.  « Ce n’est pas notre rôle », a-t-elle déclaré, rejetant les « insinuations » selon lesquelles la MINUK constituerait un obstacle ou serait le véhicule des uns ou des autres. Par conséquent, nous poursuivrons notre travail dans les domaines où nous sommes réellement en mesure de contribuer à faire avancer les objectifs communs des autorités, des collectivités et des institutions au Kosovo, a indiqué la Représentante spéciale, avant d’insister sur l’importance de progrès dans les discussions politiques de haut niveau, en particulier le dialogue facilité par l’Union européenne, qui, selon elle, peuvent être soutenues par un travail interpersonnel intensifié sur le terrain. 

Avant de conclure, Mme Ziadeh s’est fixée comme priorités de soutenir la société civile, de promouvoir de nouveaux outils pour aider le Kosovo à renforcer l’état de droit, de contribuer à l’autonomisation des femmes et des jeunes, de fournir une expertise et un soutien aux mécanismes des droits de l’homme. Dans ce cadre, elle a souhaité que le Conseil continue de suive attentivement l’état des relations entre Pristina et Belgrade, tout en se disant consciente que « d’autres situations difficiles » mobilisent son attention.  

M. NIKOLA SELAKOVIĆ, Ministre des affaires étrangères de la Serbie, a souligné que son pays considère l’engagement de la MINUK comme l’un des facteurs clefs du maintien de la paix et de la sécurité de territoire de « notre province méridionale », le Kosovo et Metohija.  Il a évoqué des violations des droits des Serbes et non Albanais, avec comme objectif de Pristina de voir ces deux communautés quitter le Kosovo-Metohija et mettre fin à toute forme de diversité nationale.  Si nous ne définissons pas clairement les causes des problèmes, ils se reproduiront et deviendront plus complexes, a-t-il constaté.  Il a appelé le Conseil de sécurité à adresser un message qui souligne la nécessité d’établir la confiance interethnique en ayant des institutions à Pristina qui respectent les accords conclus, mettent en œuvre ce qui a été convenu et harmonisent leurs actions avec les normes internationales relatives à l’état de droit et aux droits de l’homme. 

Le Ministre a relevé que le 16 janvier 2022, les institutions provisoires d’administration autonome de Pristina ont interdit l’organisation d’un référendum au Kosovo et Metohija sur la modification de la Constitution de la République de Serbie dans le domaine judiciaire.  Pristina a répété cet acte illégal et rendu impossible l’organisation des élections présidentielle et parlementaires de la Serbie au Kosovo-Metohija le 3 avril.  Il a noté que ce fut la première fois depuis 1999 que des citoyens du Kosovo-Metohija ont été empêchés de participer aux élections de la République de Serbie, ce qui constitue une violation, entre autres, du mandat clairement défini de la Mission de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). 

M. Selaković a évoqué des exactions de la police locale contre les détenteurs de plaques d’immatriculations issues de Serbie.  Selon lui, la triste réalité est qu’aujourd’hui au Kosovo-Metohija, si vous êtes un Serbe, vous pouvez être condamné à de nombreuses années de prison sur la base de déclarations de témoins non vérifiées ou contradictoires.  Il a évoqué des actes qui créent une atmosphère d’insécurité totale et conduisent à l’exode des Serbes du Kosovo-Metohija.  Il a rappelé les événements survenus dans la municipalité de Strpce le 21 décembre 2021, au cours desquels 11 Serbes ont été arrêtés, dont l’ancien maire et vice-président du parti serbe Bratislav Nikolic qui est toujours en détention dans le cadre de la « prétendue » lutte contre la corruption.  Et les employés de la commune ont été informés qu’ils ne devaient plus travailler, ce qui a remis en cause la subsistance de dizaines de familles serbes.  Le Ministre serbe a souligné que Pristina affirme ouvertement depuis longtemps que la création de la Communauté des municipalités Serbes du Kosovo ne sera jamais autorisée, alors que cela est prévu par l’Accord de Bruxelles.  Cela sape non seulement le dialogue entre Belgrade et Pristina, mais humilie aussi directement les acteurs internationaux, principalement l’Union européenne (UE), a-t-il fait observer. 

Il a ensuite parlé de 63 incidents à caractère ethnique au cours de la période du rapport.  Et ce n’est pas surprenant qu’il y ait encore plus de 200 000 déplacés serbes et autres non-Albanais du Kosovo et Metohija en République de Serbie.  Le chef de la diplomatie serbe a salué l’appel du Secrétaire général de l’ONU à permettre le retour des personnes déplacées.  Il a appelé à des mesures concrètes pour assurer, entre autres, la sécurité des rapatriés et le plein respect des droits de propriété des personnes déplacées.  Nous n’avons pas eu l’impression que les institutions de Pristina avaient la volonté politique d’améliorer la situation, a-t-il dit.  Il a enfin souhaité que la MINUK et la KFOR poursuivent leur mission, avec une capacité non diminuée, compte tenu de ce qui a été dit lors du débat d’aujourd’hui. 

Mme DONIKA GËRVALLA-SCHWARZ, du Kosovo, a indiqué que la Russie est un danger pour la stabilité en Europe.  Elle a déclaré que les agences de l’ONU sont respectées au Kosovo, même si ce n’est pas forcément le cas de la MINUK qui, a-t-elle précisé, ne joue plus de rôle dans la vie de nos citoyens.  Elle a jugé cette situation encourageante.  Elle a souligné les liens noués par le Kosovo avec d’autres pays dans le monde et insisté sur le dynamisme de la démocratie kosovare. La grande majorité des pays de l’UE et de l’OTAN ont reconnu l’indépendance du Kosovo et soutenu son rapprochement avec ces deux organisations, a rappelé l’intervenante.  Elle a assuré que la démocratie kosovare est plus transparente et qu’elle lutte de manière déterminée contre la corruption, en précisant que la croissance économique a été de 10% en 2021.  La population a de grandes attentes de notre Gouvernement, a-t-elle dit, en disant son attachement à l’état de droit. 

« Notre pays est né du génocide perpétré par la Serbie. »  Le Kosovo a survécu à la tentative de la Serbie de l’éliminer, a-t-elle poursuivi.  « Le Kosovo fait partie de l’Occident alors que la Serbie est un satellite de la Russie. »  Elle a comparé la campagne de la Serbie en 1999 contre le Kosovo à celle menée par la Russie en Ukraine.  Elle a déploré que les nationalistes serbes ne se soient jamais excusés pour les crimes de guerre commis au Kosovo et les aient même justifiés.  Ces nationalistes sont le plus grand facteur de déstabilisation des Balkans occidentaux, a-t-elle martelé, en ajoutant que l’ambassadeur russe en Serbie soutient cette propagande nationaliste serbe.  La Serbie et la Russie sont, selon elle, la plus grande menace à la paix dans la région.  Mme Gërvalla-Schwarz a mentionné l’armement russe livré à la Serbie en exhortant le monde à prendre cette menace au sérieux.  Heureusement, face à cette Serbie autocrate, nous avons des alliés, a-t-elle poursuivi, en ajoutant que son pays veut aller de l’avant.  « Mais la Serbie doit reconnaître la réalité. » Elle a ajouté que la Cour internationale de la Justice (CIJ) a reconnu la licéité de l’indépendance du Kosovo. La Serbie doit décider si elle veut faire partie de l’Occident ou rester un satellite de la Russie, a-t-elle tranché, avant de conclure en dénonçant l’invasion russe de l’Ukraine. 

M. ASHISH SHARMA (Inde) a commencé par réitérer la position de principe de son pays en faveur de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la Serbie.  Toutes les questions en suspens doivent être résolues par des moyens pacifiques, a-t-il plaidé, prenant note des réunions tenues entre la Serbie et les autorités de Pristina depuis 2014 sous les auspices de l’Union européenne.  À ses yeux, la mise en œuvre des accords signés, y compris sur la création d’une association des municipalités à majorité serbe, reste essentielle, tout comme la recherche d’un terrain d’entente entre les parties pour surmonter les préoccupations mutuelles, en particulier les questions politiques et ethniques.  À cet égard, il a salué les efforts en cours pour permettre une reprise du dialogue, notamment ceux des membres du Quint (Allemagne, États-Unis, France, Italie et Royaume-Uni) et de l’Union européenne (UE).  Pour le délégué, la question des personnes disparues doit être résolue en priorité.  Il importe également, selon lui, de garantir le retour volontaire et en toute sécurité des personnes déplacées ou parties dans d’autres pays de la région.  La MINUK devrait continuer à encourager les autorités de Pristina à résoudre les problèmes de toutes les communautés, a-t-il souligné. Le représentant a par ailleurs salué l’action de la mission « État de droit » menée par l’Union européenne au Kosovo (EULEX) au Kosovo et s’est félicité que, dans le cadre de la coopération internationale, les troupes de la KFOR continuent de remplir leur mandat en vertu de la résolution 1244 (199).  Il a souhaité que ces deux missions respectent leurs mandats respectifs et restent neutres, tout en coopérant étroitement avec les autorités de police de Pristina pour veiller à ce que la sécurité globale soit assurée. 

M. MARTIN GALLAGHER (Irlande) a relevé que les deux parties ont la responsabilité de s’abstenir de diviser davantage par leur rhétorique ou leurs actions, et de respecter et de mettre en œuvre, sans délai, les engagements qu’ils ont pris dans le cadre du dialogue.  Il a noté les gains concrets qui ont amélioré le quotidien de toutes les communautés du Kosovo en demandant de ne pas les gaspiller par des actions qui risquent d’aggraver les tensions.  Pour le représentant, une normalisation complète, définitive et juridiquement contraignante est essentielle pour la perspective européenne des deux parties, le Kosovo et la Serbie, et pour une plus grande stabilité dans les Balkans occidentaux. 

M. Gallagher s’est félicité des mesures prises par le Kosovo pour remédier aux violences sexuelles et sexistes, en particulier l’adoption d’une stratégie contre la violence domestique et la violence à l’égard des femmes.  Les femmes du Kosovo ont fait des progrès remarquables en politique au niveau national, a-t-il constaté, tout en espérant voir cela se répliquer au niveau local dans les années à venir.  Il est donc question de lever tous les obstacles et de soutenir financièrement l’engagement politique des femmes au niveau local.  De même, l’inclusion significative de la jeunesse du Kosovo dans les efforts de prévention des conflits et de consolidation de la paix est essentielle pour parvenir à une paix durable, a rappelé M. Gallagher qui a, enfin, appelé à lutter contre l’impunité pour les crimes du passé, afin de prévenir de futures violations.  Il a ainsi jugé vital que les autorités du Kosovo respectent leurs engagements envers les Chambres spécialisées. 

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a dénoncé les discours qui risquent d’exacerber les tensions dans la région et exhorté les parties à la modération.  Elle a plaidé pour un dialogue constructif entre Pristina et Belgrade et regretté que les avancées en la matière aient été « minimales » ces six derniers mois.  Elle a défendu une pleine participation des femmes audit dialogue et dénoncé la violence spécifique visant les femmes, en particulier la violence domestique.  Elle a rappelé que 1620 personnes sont encore portées disparues en raison du conflit et mentionné le grand nombre de personnes déplacées.  Celles-ci doivent pouvoir rentrer dans leurs foyers en toute sécurité, a-t-elle plaidé.  Enfin, la représentante a salué le travail important accompli par la MINUK, s’agissant notamment du rapprochement des communautés. 

M. EMERSON CORAIOLA YINDE KLOSS (Brésil) a salué les efforts déployés par la MINUK pour aider le peuple du Kosovo, conformément aux objectifs définis dans la résolution 1244 (1999).  Il a toutefois estimé que davantage devrait être fait en matière de renforcement de l’état de droit, de lutte contre la corruption et le crime organisé et de respect des droits des minorités, plaidant à cet égard pour la mise en place d’une communauté des municipalités à majorité serbe.  Il a aussi pris note avec satisfaction des initiatives menées par l’Union européenne et les États-Unis pour favoriser le dialogue entre Pristina et Belgrade.  Mais malgré le soutien continu de la communauté internationale, un règlement politique demeure insaisissable, a-t-il déploré, avant de regretter la méfiance et le manque de coopération entre les deux parties, ce qui nuit à la stabilité politique des Balkans occidentaux.  À ses yeux, le débat persistant sur la reconnaissance du Kosovo en tant qu’État indépendant a été préjudiciable au processus politique plus large et a sapé les perspectives d’une coopération régionale significative.  Si une autonomie substantielle du Kosovo a été généralement atteinte, les conditions d’une vie paisible et normale pour toutes les communautés de la région ne sont, selon lui, pas encore réunies.  De ce fait, l’objectif principal de la MINUK n’a toujours pas été atteint et le débat sur un Kosovo indépendant semble « prématuré », a-t-il affirmé. 

Pour le représentant, il est aujourd’hui nécessaire de mettre en place un large dialogue entre les différentes communautés de la région, et ce, dans le strict respect des droits de l’homme, y compris la liberté de religion, l’intégrité des sites religieux et le renforcement de l’état de droit.  De plus, alors que de nombreux observateurs estiment que le statu quo au Kosovo est insoutenable, il importe que Pristina et Belgrade fassent preuve d’un « sentiment d’urgence renouvelé » dans la reprise du processus de négociation, a-t-il souligné, assurant ne pas sous-estimer la complexité des problèmes posés par le futur statut du Kosovo. 

M. BING DAI (Chine) a insisté sur l’importance de la stabilité et de la sécurité du Kosovo.  Il a demandé d’éviter des actions unilatérales, plaidant par exemple pour que les accords sur les plaques d’immatriculations qui expirent bientôt soient reconduits.  Le représentant a appelé à promouvoir le dialogue entre Pristina et Belgrade, sous la houlette de l’Union européenne.  Il a appelé le Kosovo à mettre rapidement en œuvre l’Accord de Bruxelles qui prévoit la création d’une association des municipalités serbes du Kosovo.  Le délégué a, en conclusion, appelé les Nations Unies à poursuivre leur soutien à la MINUK, tandis que le Kosovo devrait faciliter son fonctionnement sur le terrain. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a indiqué que la position de son pays sur le Kosovo reste inchangée.  Elle a rappelé les 78 jours de bombardement de Belgrade par l’OTAN en 1999 et son cortège de destructions et de pertes civiles.  L’OTAN avait pour alliée à l’époque l’Armée de libération du Kosovo, dont nombre de crimes sont encore impunis.  Elle a dénoncé les crimes de guerre commis par cette Armée, celle-ci s’étant aussi livrée à des ventes d’organes humains.  La déléguée a insisté sur les répercussions de cette guerre de l’OTAN, « qui s’est paré du costume de gendarme et a ouvert la boîte de Pandore ». La résolution 1244 (1999) doit demeurer la base du dialogue entre Pristina et Belgrade, a-t-elle déclaré, en accusant le Kosovo d’être un projet occidental. 

Elle a déploré les retards pris dans la création de la communauté des municipalités serbes qui est pourtant essentielle à la réconciliation.  Sans elle, les Serbes du Kosovo sont dans une situation très précaire, a dit Mme Evstigneeva. Les Serbes du sud du Kosovo ont disparu et les efforts d’élimination de l’identité des Serbes du Kosovo se poursuivent, a-t-elle déclaré.  Les chiffres des retours des non-Albanais au Kosovo sont très faibles, a poursuivi la déléguée, en jugeant inacceptable qu’il n’y ait que des Albanais au Kosovo.  Les violations des droits des Serbes du Kosovo doivent cesser.  La déléguée a dénoncé aussi les agissements de Pristina contre le personnel de la MINUK, l’un de ses membres ayant été passé à tabac.  La MINUK doit être dotée des ressources nécessaires pour s’acquitter de son mandat, a défendu la représentante, avant de dénoncer le rapprochement du Kosovo de l’OTAN qui est lourde de dangers, en ajoutant que ni Washington ni Bruxelles n’ont de prise sur Pristina. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a estimé que les élections locales d’octobre dernier ont apporté une nouvelle confirmation de la façon dont le Kosovo a progressé dans la construction d’un État pour ses citoyens.  Le Kosovo est une démocratie à part entière et un acteur important de la stabilité régionale, a-t-il souligné, affirmant que son développement interne et sa politique étrangère et de sécurité contribuent à stabiliser les Balkans occidentaux.  À cet égard, il a salué le positionnement clair du Kosovo sur l’Ukraine et son alignement sur les sanctions, tout en louant la générosité dont il a fait preuve en accueillant des réfugiés afghans et, plus récemment, des déplacés ukrainiens. Il a également remercié tous ceux qui aident le Kosovo à aller de l’avant depuis 1999, à commencer par la MINUK.  À la suite de la déclaration d’indépendance de 2008, dont la légitimité a été confirmée par un avis de la Cour internationale de Justice en 2011, les compétences et les responsabilités de la MINUK ont été progressivement transférées aux autorités kosovares, ce qui était « la bonne chose à faire », a-t-il dit, non sans se féliciter qu’en conséquence, la fréquence des réunions du Conseil consacrées au Kosovo se soit réduit. 

Avec le progrès global et la consolidation des institutions du Kosovo, avec le renforcement de sa dimension internationale et des perspectives d’accord à travers la poursuite du dialogue, il ne fait aucun doute que le rôle de la MINUK va diminuer, a-t-il ajouté, estimant que « c’est dans la nature des choses ». En effet, a souligné le représentant, la MINUK « ne fait pas partie des murs du Kosovo ». Elle a été mandatée pour accomplir une mission qui, sur la base de son mandat initial, a été accomplie. Jugeant, de fait, que la Mission, dans sa configuration actuelle, n’est plus nécessaire, il a constaté qu’elle ne joue un rôle crucial dans aucune des questions clés pour lesquelles le Kosovo a besoin d’aide.  Ainsi, a-t-il noté, le dialogue entre le Kosovo et la Serbie est facilité par l’Union européenne, l’ordre public et la sécurité sont assuré par la police et les forces de sécurité du Kosovo, ainsi que par l’EULEX et la KFOR, les droits des minorités nationales sont inscrits dans la Constitution nationale et le système judiciaire du Kosovo est consolidé.  De plus, a-t-il fait valoir, la situation au Kosovo n’est pas plus une question de paix et de sécurité, au titre du Chapitre VII.  Il convient donc de s’interroger sur la « raison d’être » de la MINUK, alors que son budget d’environ 42 millions de dollars par an et son effectif de 374 personnes appellent à examen global de son rôle et de son efficacité, afin d’éviter les doubles emplois avec d’autres agences qui y opèrent ou tournent dans le vide. Il a donc souhaité que le Conseil mette fin au mandat de la MINUK et aide à passer à une présence onusienne plus efficace et adaptée à son objet. 

Le représentant a ensuite réitéré son soutien au dialogue facilité par l’UE entre le Kosovo et la Serbie et a appelé tous les acteurs concernés à l’accélérer. Si, selon lui, l’image des Balkans comme lieu de troubles et d’instabilité politique est passée, il ne faut pas oublier les personnes disparues et le « cri silencieux » des quelque 20 000 habitants du Kosovo utilisés comme arme de guerre par des Serbes toujours en fuite. Pourtant, l’attention devrait être consacrée à améliorer le présent et à améliorer le futur, ce qui passe par la réconciliation. À ce sujet, il a estimé que la guerre d’agression en Ukraine renvoie aux terribles souvenirs de la dissolution de la Yougoslavie. La responsabilité finit toujours par « frapper à la porte », a-t-il rappelé. « Milosevic est mort derrière les barreaux, Karadzic a été reconnu coupable de génocide et paie pour ses actes.  À bon entendeur salut ! ». 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a déploré le fait que les mouvements diplomatiques et les diverses initiatives visant la reprise d’un dialogue de bonne foi, sur la base des accords existants, n’aient pas été suivis d’effets.  La question de la libre circulation reste un défi majeur, a-t-il relevé, notant qu’il est crucial pour la cohésion du Kosovo que l’ensemble des citoyens puissent jouir de la plénitude de leur droit de circuler, sans crainte pour leur sécurité.  Pour ce faire, une solution durable doit être trouvée en ce qui concerne les plaques d’immatriculation dans la région du nord à majorité serbe.  Selon le délégué, la mise en œuvre de l’Accord de Bruxelles est un pilier important du processus de normalisation et constitue un élément vital pour l’autonomie des communautés serbes.  Retarder sa mise en œuvre ne peut qu’éloigner le Kosovo de la stabilité dont elle a besoin, a-t-il assené. 

Il a ensuite déploré la décision du Parlement kosovar de ne plus permettre la participation des serbes du Kosovo et des Kosovars de Serbie aux processus électoraux.  Il a exhorté les autorités du Kosovo et de la Serbie à trouver un accord mutuellement satisfaisant dans ce domaine.  Le Quintet [France, USA, Italie, Allemagne, Royaume-Uni] a, de toute évidence, un rôle important à jouer à cet effet, a précisé M. Biang.  Pour lui, la discrimination envers les communautés minoritaires doit être combattue avec plus de vigueur et la loi sur la protection contre la discrimination mise en œuvre.  La question des personnes disparues est d’un intérêt déterminant pour l’édification du Kosovo, a-t-il argué.  Plus généralement, il a encouragé une meilleure prise en compte des femmes dans la vie publique. 

Mme MEENA ASIYA SYED (Norvège) a salué la tenue des élections locales au Kosovo, tout en notant le manque de transparence desdits scrutins.  Elle a noté la recrudescence des tensions entre Pristina et Belgrade et souhaité une solution durable à la question des plaques d’immatriculation des voitures: « Ce serait un pas dans la bonne direction. »  Elle a encouragé les parties à renforcer leur dialogue sur la base des Accords de Bruxelles en visant à des compromis mutuellement acceptables.  « Un accord complet entre la Serbie et le Kosovo sur la pleine normalisation de leurs relations est un élément clef pour éviter un conflit gelé. »  Enfin, Mme Syed a souligné le travail important abattu par la MINUK tout en souhaitant un fonctionnement plus efficient. 

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a souligné l’importance de redoubler d’efforts pour apaiser les tensions et renouer le dialogue entre les groupes ethniques au Kosovo, d’une part, et entre Pristina et Belgrade, d’autre part.  À cet égard, il a jugé impératif de se souvenir de la guerre dévastatrice qui a déchiré la région il y a deux décennies.  Depuis, des progrès tangibles ont été réalisés et il ne faudrait pas qu’ils connaissent une régression en raison des événements récents en Europe, a-t-il affirmé, avant d’encourager le Kosovo et la Serbie à participer de manière active au dialogue facilité par l’Union européenne pour parvenir à un terrain d’entente sur les questions en suspens.  Jugeant essentiel que les tensions actuelles ne sapent pas les efforts engagés pour la paix et la stabilité, il a répété que le dialogue est le seul moyen de régler les différends pacifiquement, ce qui implique pour les parties de retourner à la table des négociations.  Dans ce contexte, le représentant a salué les efforts en cours visant à faire rayonner les valeurs de tolérance et de coexistence pacifique.  Il a également appelé à contrer les discours de haine afin de contribuer à l’instauration de sociétés pacifiques dans la région.  Favorable à une participation accrue des femmes à tous les niveaux des processus politiques, il s’est félicité des progrès accomplis par le Kosovo en la matière.  Il a d’autre part jugé crucial que les accords conclus soient pleinement respectés et qu’ils reflètent pleinement les aspirations des deux communautés.  Dans le cadre de ses efforts, les Nations Unies doivent, selon lui, continuer de jouer un rôle important, via la mise en œuvre de projets soutenant les institutions gouvernementales et permettant de rétablir la confiance. 

M. RICHARD M. MILLS, JR. (États-Unis) a accusé la Fédération de Russie d’avoir commencé son discours par de la désinformation.  Il a dit que les images en provenance d’Ukraine, comme celles de ces derniers jours à Marioupol, ne confèrent pas à la Fédération de Russie la possibilité de donner des leçons de morale.  Le représentant a appelé Belgrade et Pristina à poursuivre le dialogue engagé sous l’égide de l’UE, afin de parvenir à une reconnaissance mutuelle.  Il leur a également demandé de travailler de concert sur la question des personnes disparues.  Le délégué a estimé qu’une mission de maintien de la paix n’est plus nécessaire au Kosovo, vu que la situation de 1999 n’est pas la même que celle de nos jours. Il a donc demandé que les exposés de la MINUK soient désormais faits au Conseil de sécurité sur une base annuelle.  De même, le Conseil doit consacrer ses ressources à d’autres questions, et il est important d’assurer une transition pour la MINUK, dans l’intérêt de toute la région, a-t-il plaidé. 

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a appelé les parties à respecter leurs engagements pris dans le cadre du dialogue conduit par l’UE en vue d’une normalisation de leurs relations.  Il a dénoncé les attaques commises contre les agents de police au Kosovo et souligné l’importance de préserver l’état de droit.  Le délégué a appelé à contrer les discours de haine et invité la MINUK à assurer le suivi de tels discours sur les médias sociaux.  Il a souhaité une participation accrue des jeunes et des femmes dans les processus de prise de décision.  Les parties doivent s’engager en faveur d’un dialogue renforcé et œuvrer à une désescalade des tensions, a conclu le délégué du Kenya. 

M. WADID BENAABOU (France) a réaffirmé l’attachement de son pays à la perspective européenne du Kosovo et de la Serbie, laquelle n’est envisageable que si Belgrade et Pristina règlent pacifiquement leurs différends.  L’Union européenne prend toute sa part à ces efforts dans le cadre du dialogue facilité par son Représentant spécial, Miroslav Lajčák, a relevé le délégué, appelant le Kosovo et la Serbie à mettre en œuvre sans restriction les accords précédemment conclus et à s’engager de bonne foi dans la voie du dialogue.  Dans cette perspective, il a exhorté les deux parties à éviter de nourrir les tensions et à agir conformément aux valeurs et principes qui soutiennent l’intégration européenne.  Nous espérons notamment que le groupe de travail sur les plaques d’immatriculation saura trouver sans délai une solution négociée et pérenne de compromis, a-t-il dit, avant d’exprimer son soutien aux efforts de lutte contre la corruption et de lutte contre l’impunité pour les auteurs de crimes graves.  Il a également salué l’adoption en janvier de la stratégie de lutte contre les violences intrafamiliales et les violences faites aux femmes, ainsi que le projet d’accueillir au Kosovo un sommet de haut niveau sur le programme « femmes, paix et sécurité » en 2022. 

Le représentant a par ailleurs apporté l’appui de la France à l’action de la nouvelle Représentante spéciale, à la tête de la MINUK, pour promouvoir la sécurité, la stabilité, le renforcement de l’état de droit et le respect des droits humains au Kosovo et dans la région, et ce, « à un moment où le contexte géopolitique se durcit ».  La MINUK, a-t-il assuré, peut compter sur l’action conjointe de la mission État de droit de l’Union européenne (EULEX), à laquelle la France vient de renforcer sa participation en mettant sur pied, aux côtés du Portugal et de l’Italie, une réserve d’intervention de maintien de l’ordre de la Force de gendarmerie européenne.  La France tout comme l’Union européenne restent engagées pour la stabilisation des Balkans occidentaux et pour la normalisation des relations entre Belgrade et Pristina, a-t-il conclu.  « Leur avenir européen commun en dépend ». 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a estimé que parvenir à une normalisation de la situation dans la province autonome du Kosovo est nécessaire pour la paix, la sécurité et la prospérité à long terme de la région des Balkans occidentaux et de l’Europe dans son ensemble.  Il a donc encouragé la reprise des négociations constructives entre les représentants de la Serbie et du Kosovo dans le cadre des pourparlers facilités par l’UE.  Le Ghana, a-t-il dit, reste favorable à un processus ouvert, transparent et inclusif de dialogue, impliquant les femmes, les jeunes et tous les secteurs de la société, pour assurer la pérennité des accords conclus.  Le délégué a appelé à remédier rapidement aux tensions croissantes dues à la conduite des récentes élections et à répondre aux questions connexes de libre circulation. Enfin, il a encouragé une approche unifiée du Conseil de sécurité et de la communauté internationale pour trouver une solution durable et globale à la question du Kosovo, conformément aux principes fondamentaux du droit international, de la Charte des Nations Unies et de la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a salué le dialogue accru entre la nouvelle représentante et Pristina et insisté sur le travail important abattu par la MINUL. Il a dénoncé les attaques commises contre les agents de police au Kosovo et salué l’engagement renouvelé du Gouvernement du Kosovo en faveur de la lutte contre la corruption.  Il a relayé les inquiétudes exprimées par la communauté serbe du Kosovo et souhaité que celle-ci soit pleinement intégrée.  Il a mis en garde contre les discours haineux dans la région des Balkans occidentaux, avant de dénoncer l’invasion illicite de l’Ukraine par la Russie.  Le représentant a réitéré la volonté de son pays d’œuvrer à la stabilisation de la situation dans les Balkans occidentaux, appelant les parties à œuvrer à une pleine normalisation de leurs relations. 

Prenant la parole pour la seconde fois, la déléguée de la Fédération de Russie a rappelé que les États-Unis avaient bombardé Belgrade pendant 78 jours dans les années 1990.  Elle a aussi évoqué la Libye, la Syrie, l’Iraq qui sont des pays situés bien loin des États-Unis, mais qui ont subi des bombardements américains alors qu’ils ne constituaient aucune menace pour eux.  « Toutes vos frappes n’ont pas été chirurgicales », a-t-elle ironisé en rappelant que l’ancienne Secrétaire d’État américaine, Madeleine Albright, avait parlé de « dommages collatéraux ».  Les violations des droits de l’homme ne sont condamnées que lorsque vos intérêts ne sont pas engagés, a encore dit la représentante, en relevant que ceux qui sont condamnés sont ceux qui ne sont pas du même bord que les États-Unis.  Vous n’avez pas attendu des enquêtes à Boutcha pour désigner les coupables, a-t-elle lancé à l’endroit de son homologue américain, lui enjoignant d’arrêter avec la politique du deux poids, deux mesures et l’accusant de vouloir imposer la volonté de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) au reste de la communauté internationale. 

Le Ministre des affaires étrangères de la Serbie a souhaité réagir aux propos de Mme Donika Gërvalla-Schwarz.  Au lieu de parler des problèmes véritables sur le terrain concernant le non-respect des droits humains, l’abolition des droits des personnes déplacées, des profanations de lieux saints et des crimes commis sans épilogue judiciaire, elle a préféré mettre en avant ses aspirations politiques et s’en prendre à la MINUK et au Président de la Serbie, « qui est aussi le sien », a-t-il tonné.  Appelant cette responsable politique kosovare albanaise au « respect », il a dit refuser ses « leçons ».  Il a relevé qu’en évoquant les « bouchers des Balkans », Mme Gërvalla-Schwarz a omis de parler de l’ancien Président Hashim Thaçi et de l’ex-chef du parlement kosovar, qui sont aujourd’hui à La Haye et attendent d’être jugés pour crimes de guerre.  La Serbie, a-t-il poursuivi, est un État indépendant souverain et les accusations selon lesquelles elle serait l’agent d’autres États sont de purs mensonges.  En tant que pilier des Balkans, la Serbie s’efforce de renforcer la coopération et la stabilité régionale.  Or, le Président du Kosovo envoie des unités la nuit pour miner le dialogue, a-t-il accusé, avant de rappeler les crimes commis par les terroristes du KLA et les bombardements meurtriers de l’OTAN sur son pays.  Pour le Ministre, les affirmations fallacieuses de Pristina ne servent qu’un objectif politique et mine tout espoir de progrès entre Serbes et Albanais.  Rappelant que 200 000 personnes déplacées du Kosovo vivent en Serbie et ne peuvent rentrer dans leurs foyers ancestraux, il a dit rejeter l’inspiration politique des dirigeants albanais de ce territoire, qui créent des institutions composées uniquement d’Albanais et ne sont même pas en mesure de respecter leur « soi-disant Constitution ».  À ses yeux, Mme Gërvalla-Schwarz ne parle que pour elle et ne représente pas un État Membre des Nations Unies. Le Kosovo continuera de ne pas l’être parce que sa motivation est de privilégier l’Albanie, pas d’obtenir l’indépendance, a-t-il asséné. 

Le délégué du Kosovo a repris la parole pour dire son attachement au dialogue, tout en notant les difficultés de ce dialogue.  Elle a estimé que les Balkans occidentaux sont le théâtre d’une guerre de l’information visant à manipuler l’opinion internationale.  Il est difficile de garder son sérieux devant de telles « fake news », a dit la déléguée.  « Nous savons qui est le boucher des Balkans, c’est Slobodan Milosevic ».  Elle a déploré que la Serbie ne parvienne pas à prendre ses distances avec les crimes commis par ce dernier.  La Russie est agressive sur le dossier du Kosovo, en raison du succès qu’est le Kosovo depuis l’intervention de l’OTAN visant à arrêter un génocide, a dit la déléguée, avant de rendre hommage au courage des soldats ukrainiens.  Elle a accusé le Ministre serbe de falsifier la réalité, avant de démonter l’accusation de vente d’organes visant certains responsables kosovars.  Elle a dénoncé cette longue tradition du mensonge qui vise à réaliser des objectifs politiques.  « Nous savons que la guerre en Ukraine occupe beaucoup de votre temps, mais occupez-vous de ce qui se passe maintenant dans les Balkans. » 

M. FERIT HOXHA (Albanie), répondant à M. Selaković, dit que son pays n’a pas pour objectif de former un « Grand ceci ou cela », mais de construire des Balkans ouverts et non des Balkans « brisés ».  Les leçons tirées des tragédies des années 1990 prouvent le péril d’être entraîné par des erreurs de jugement, et des personnalités et idées extrémistes ne doivent pas dicter l’avenir.  Il n’y a rien de bon à nuire à son voisin, a-t-il déclaré, et le seul objectif de l’Albanie est de rejoindre l’Union européenne. 

Le Ministre serbe a déploré cette idée de manipulation avancée par la déléguée du Kosovo et réitéré l’accusation de trafic d’organes commis par l’Armée de libération du Kosovo.  Il a indiqué que les Serbes ne peuvent rentrer au Kosovo en raison d’une sécurité insuffisante.  Même l’Ukraine qui est, comme la Russie, un pays ami de la Serbie, n’a pas reconnu l’indépendance du Kosovo, a conclu le Ministre. 

Mme Donika Gërvalla-Schwarz a pris une dernière fois la parole pour « rappeler les faits », et notamment que la protection des minorités est assurée au Kosovo.  Notre armée et notre police sont mixtes parce que nous le voulons, a-t-elle affirmé.  De plus, la Constitution du Kosovo prévoit des sièges au Parlement pour les minorités, lesquelles peuvent aussi briguer d’autres sièges que ceux qui leur sont réservés.  Dans les faits, il s’agit donc d’un privilège accordé aux Serbes du Kosovo, a-t-elle fait valoir, faisant remarquer que ces dispositions constitutionnelles ont conduit à ce que son parti n’obtienne pas la majorité au Parlement.  La Constitution impose, en outre, que des membres des minorités siègent au gouvernement, a-t-elle ajouté, avant de souligner que « cela n’existe nulle part ailleurs en Europe ».  L’un de ces membres est serbe, membre du parti de Slobodan Milosevic et ne s’est jamais excusé, a précisé Mme Gërvalla-Schwarz.  Elle a donc sommé le Ministre serbe de cesser ses mensonges et de suivre l’exemple du Kosovo avant de le critiquer.  Nous ne sommes pas seulement un petit pays, nous sommes un pays fier, « c’est dans notre ADN », a-t-elle conclu, estimant que Mme Vjosa Osmani, la Présidente du Kosovo, « montre par son courage ce que peut être l’avenir des Balkans ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: le Forum de la jeunesse porte la voix des jeunes et des décideurs qui veulent « des actions » pour que le monde soit sauvé

Session de 2022,
Forum de la jeunesse - après-midi
ECOSOC/7076

ECOSOC: le Forum de la jeunesse porte la voix des jeunes et des décideurs qui veulent « des actions » pour que le monde soit sauvé

« Nous devons sauver les objectifs mondiaux, nous devons sauver notre monde. »  C’est sur cette supplication que l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse a clos le Forum de la jeunesse de l’ECOSOC, tenu au cours des deux derniers jours de manière virtuelle.  Un rendez-vous -le plus grand rassemblement de jeunes au monde- qui a permis d’entendre des messages clairs et forts des jeunes: des demandes ardentes de changer les systèmes et les structures pour réduire les inégalités ainsi que des idées, visions et solutions pour remettre le monde sur la bonne voie et réaliser les objectifs de développement durable avant l’échéance de 2030.

Mme Jayathma Wickramanayake a voulu « que ce ne soit pas un autre forum où nous applaudissons, nous tapons dans le dos et passons à autre chose ».  Que ce soit « votre moment d’action », « votre moment de réalisation », a-t-elle lancé aux jeunes, qui doivent penser à des stratégies pour demander des comptes, et aux décideurs politiques, qui doivent autonomiser les jeunes et partager le pouvoir avec eux.  Elle a clairement appelé les jeunes à revendiquer leur leadership lorsque ceux qui sont censés les représenter ne font pas bien leur travail. 

Les participants (13 500 jeunes inscrits au Forum) ont été invités à miser sur Notre programme commun, lancé par le Secrétaire général, et sur le Sommet sur l’éducation, qui se tiendra en septembre pour redéfinir les systèmes éducatifs en fonction des réalités du monde d’aujourd’hui.  Ils ont été appelés à renforcer les efforts de l’ONU par la création d’outils et de plateformes. 

Un nouveau Bureau des Nations Unies pour la jeunesse, qui intégrera les activités actuelles du Bureau de l’Envoyée, soutenu par des ressources durables, sera le lieu idoine pour le plaidoyer, la coordination et la responsabilisation de haut niveau dans le système des Nations Unies.  La création du Bureau avait déjà remis l’ONU sur la bonne voie, a relevé la représentante de African Youth Charter Hustler (Maurice), qui est aussi membre de l’Équipe spéciale des jeunes pour Stockholm+50, la conférence de l’ONU ayant pour thème « une planète saine pour la prospérité de tous – notre responsabilité, notre chance » qui se tiendra dans la capitale suédoise début juin.

M. Liu Zhenmin, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a salué la contribution des jeunes à une relance post-COVID-19 « active » à tous les niveaux - national, régional et mondial.  Il a réaffirmé le principe de participation des jeunes afin qu’ils puissent contribuer à une relance qui donne des résultats inclusifs et durables, tout en rappelant que leur participation est nécessaire pour parvenir aux ODD d’ici à 2030.  Les discussions des deux journées écoulées vont alimenter les débats du forum politique de haut niveau pour le développement durable, qui aura lieu en juillet, a-t-il signalé.

M. Collen Vixen Kelapile, Président de l’ECOSOC, a rendu hommage à l’engagement, au dévouement, à l’audace, à l’honnêteté et à la sagesse des jeunes en ce qui concerne les mesures urgentes à prendre après la pandémie.  Il a apprécié que les jeunes aient fait entendre leur voix pour une reconstruction plus verte et plus durable notamment, et qu’ils aient proposé des solutions concrètes et novatrice pour ne pas être laissés pour compte.  Les jeunes peuvent proposer des solutions alternatives, a témoigné à cet égard Mme Sharifah Shakirah, fondatrice et Directrice de Rohingya Women Development Network (RWDN), la première organisation de réfugiés dirigée par une femme en Malaisie.  Elle a mis en évidence que les idées des jeunes peuvent permettre des changements sur le long terme.  En tant que réfugiée rohingya, elle a salué les efforts des jeunes réfugiés qui se sont engagés pour protéger leurs communautés.

La séance plénière de l’après-midi a commencé par le lancement du deuxième rapport d’étape Jeunesse 2030, après le démarrage en septembre 2018 de la Stratégie des Nations Unies pour la jeunesse dont la mission était de transformer le travail des organes du système des Nations Unies « pour » et « avec » les jeunes.  Des ministres de la jeunesse de toutes les régions du monde ainsi que des jeunes et des responsables onusiens ont participé au débat interactif sur le thème du « renforcement de la solidarité avec les jeunes du monde », précédé par une intervention du Secrétaire général, M. António Guterres.

« J’espère que dans les semaines, les mois et les années à venir, vous continuerez à rester engagés et à soutenir la mise en œuvre de ces propositions ambitieuses par des moyens concrets », a lancé aux jeunes et à tous les participants Mme Wickramanayake.

FORUM DE LA JEUNESSE DE 2022

« Relèvement post-COVID-19: la mobilisation de la jeunesse pour un avenir durable »

Jeunesse 2030: Atteindre les ODD avec et pour les jeunes 

« Continuez d’agir, continuez de vous mobiliser et de présenter vos idées, car nous n’avons plus de temps à perdre », a lancé aux jeunes M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, au cours de cette séance de présentation du deuxième rapport d’étape sur la jeunesse 2030, un programme lancé en septembre 2018 autour de cinq priorités et quatre piliers pour l’inclusion des jeunes dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Rappelant que l’éducation est l’une des priorités essentielles de Jeunesse 2030, le Secrétaire général a attiré l’attention sur l’importance de la prochaine conférence mondiale sur l’éducation prévue en septembre prochain. 

Cette dernière séance du Forum, animée par Mme JAYATHMA WICKRAMANAYAKE, Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, a été l’occasion de saluer la qualité de ce deuxième rapport d’étape qui s’appuie sur des contributions de 40 fonds et programmes de l’ONU et 130 bureaux de pays des Nations Unies sur la participation des jeunes à la réalisation du Programme 2030.  L’Envoyée s’est félicitée que 85% des entités onusiennes aient fourni des données à jour sur les jeunes, par le biais de bases de données mondiales et régionales, et que 100% de ces entités aient facilité l’échange de connaissances sur les jeunes. 

Cette séance bilan de ce forum de deux jours a entendu les interventions liminaires de Mme DANIELLA SOLANO, Présidente de la Fondation Gente Positiva du Costa Rica, qui a alerté sur le manque de soutien apporté aux jeunes dans l’exercice de leurs droits de l’homme, en particulier en matière de santé sexuelle et reproductive, d’emploi décent, de démocratie participative et d’éducation de qualité, et de M. NIDAL BENALI, Président du Conseil de la jeunesse du Maroc, qui a prévenu qu’il n’y a pas d’avenir sans la réelle participation des jeunes. 

Parmi les représentants de fonds et programmes de l’ONU, sont intervenus Mme DIENE KEITA, Directrice exécutive adjointe des programmes du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), et Mme CATHERINE RUSSEL, Directrice exécutive de lUNICEF, qui ont notamment annoncé le lancement d’un portail sur les données concernant les adolescents. 

Des ministres de la jeunesse de toutes les régions du monde ainsi que des jeunes ont également participé au débat interactif sur le thème du « renforcement de la solidarité avec les jeunes du monde ».  La Ministre de la jeunesse de lAlbanie a indiqué que son pays vient de mettre en œuvre son premier programme pour les jeunes 2022-2029 élaboré avec la participation de 1 200 jeunes albanais, mais aussi avec la collaboration du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et de l’UNICEF.  Si la Présidente de la Fédération chinoise des jeunes s’est félicitée de la mise en œuvre d’un programme d’autonomisation des jeunes chinois adopté par 90 villes du pays, le Ministre de la jeunesse de la République dominicaine a aussi partagé les efforts de son pays pour mettre les jeunes au centre de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  Le Directeur général du Conseil national de la jeunesse du Guatemala, pays où les jeunes représentent 36% de la population, a fait valoir les efforts de son pays pour adapter la politique nationale de la jeunesse aux réalités des ODD.  Le Secrétaire dÉtat à la jeunesse du Portugal s’est particulièrement félicité de l’organisation de la « Conférence mondiale des ministres de la jeunesse 2019 et du Forum des jeunes Lisboa+21 », 21 ans après l’adoption de la Déclaration de Lisbonne sur les politiques et programmes en faveur de la jeunesse, qui ont offert aux gouvernements nationaux et aux jeunes femmes et hommes l’occasion de discuter des opportunités d’améliorer les politiques et programmes touchant la jeunesse, dans le contexte du Programme 2030. 

« Nous avons la possibilité de tenir notre parole, de façonner un monde plus vert et plus sain », a conclu l’Envoyée de la jeunesse avant d’appeler à transformer la peur en espoir en associant les jeunes à nos ambitions pour la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Renforcer la solidarité avec les jeunes du monde entier

Cette dernière table ronde du Forum de la jeunesse 2022 était l’occasion pour les jeunes participants de poser leurs questions via les réseaux sociaux sur Notre Programme commun du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres.  Mme JAYATHMA WICKRAMANAYAKE, Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, a posé la première question sur la perte de confiance des jeunes dans le système international y compris l’ONU.  Mme NANDINI TANYA LALLMON, African Youth Charter Hustler de Maurice et membre de l’Équipe spéciale des jeunes pour Stockholm+50, a estimé que les jeunes doivent être engagés à nouveau au sein du système international pour pouvoir y participer activement.  Ils ont besoin d’avoir une bonne compréhension des processus décisionnels et de comprendre comment ces processus peuvent créer un vrai changement, a-t-elle souligné.  Elle a exigé une culture de transparence et l’application d’un principe de responsabilité pour rétablir la confiance des jeunes.  Elle a estimé que la création du Bureau de l’Envoyée pour la jeunesse a remis l’ONU sur la bonne voie.  « C’est l’engagement plus important de l’ONU envers les jeunes. »  M. ROMAN GOJAYEV, Generation Connect Visionaries Board, a suggéré d’informer les jeunes sur le fonctionnement des Nations Unies et sur les processus de décision à l’ONU y compris au niveau local.  Il faut réajuster nos attentes pour être sûr qu’elles soient à la hauteur des objectifs souhaités, a-t-il ajouté.

Pouvez-vous donner une vision du multilatéralisme en 2050?  À cette question d’une participante du Maroc, Mme ILONA SZABÓ DE CARVALHO, fondatrice et Présidente de l’Institut Igarapé et membre du Groupe consultatif de haut niveau sur le multilateralisme efficace, a dit que le document Notre Programme commun est tourné vers l’avenir afin d’inspirer les jeunes en proposant une approche mondiale et inclusive qui est la clef du changement.  Les jeunes sont les chefs de file du changement et nous avons besoin de leur énergie pour mettre en œuvre le Programme 2030 et l’Accord de Paris sur le climat, a souligné l’oratrice.  C’est aussi un document pratique axé sur les résultats.  Il propose des solutions pour avoir des résultats sur les changements climatiques, la paix et le développement.  Notre Programme commun est un document qui rassemble les États Membres, les jeunes de la société civile, les universités et les minorités, les élus et l’ensemble du système de l’ONU.  

Quelles sont les entraves à la mise en œuvre de l’autonomisation des jeunes à l’ONU? a interrogé une participante du Brésil.  La fondatrice de l’Institut Igarapé s’est réjouie du fait que les jeunes s’invitent eux-mêmes à la table.  Cela a accéléré la mise en œuvre, a-t-elle ajouté.  Il n’en demeure pas moins que de nombreux jeunes du Sud restent exclus.  Il faut retenir ce qui marche et améliorer ce qui ne fonctionne pas.  Il faut également une coordination et un suivi efficaces des différentes politiques y compris la participation des jeunes dans l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi des plans et des programmes.  La représentante de l’Équipe spéciale des jeunes pour Stockholm+50 a encouragé les jeunes à innover et ne pas craindre les approches radicales, dans les domaines climatiques notamment.  Il faut mettre de côté les stratégies qui ne fonctionnent plus, toujours garder le sens de l’urgence et renforcer les liens existants, a-t-elle plaidé. 

Comment les jeunes peuvent avoir leur voix au chapitre dans les questions cruciales du moment, notamment dans le domaine de la technologie? a demandé une jeune de l’Inde.  Le représentant de Generation Connect Visionaries Board a salué l’exigence des jeunes de participer aux processus décisionnels parce que la participation des jeunes a gagné en importance depuis la pandémie de COVID-19.  Ils veulent un monde connecté mais beaucoup d’entre eux n’ont pas accès à Internet alors qu’ils veulent discuter des problèmes qui les concernent, a-t-il noté.  Pour la représentante du Groupe consultatif de haut niveau sur le multilateralisme efficace, il faut trouver des manières d’inclure les jeunes dans la conversation en tant qu’agents actifs.  Leurs besoins et leurs rêves doivent être pris en compte dans l’élaboration des politiques qui ont des implications sur beaucoup d’entre eux, a-t-elle recommandé en ajoutant qu’une implication des jeunes est essentielle pour un multilatéralisme efficace fondé sur les réseaux.  Sans les jeunes, les objectifs ne seront pas atteints, a prévenu l’intervenante.

Comment assurer l’inclusion des jeunes dans les pays où la participation des jeunes n’est pas assurée?  Comment créer un espace de participation pour les jeunes?  Il faut mettre un terme à l’âgisme, a exigé la représentante de l’Équipe spéciale des jeunes pour Stockholm+50.  Elle a encouragé les jeunes à tirer parti de la technologie pour faire entendre leur voix.  Le représentant de Generation Connect Visionaries Board a souligné à son tour l’importance de la participation des jeunes y compris pour les groupes vulnérables.  

Quelle est la première mesure à prendre lorsque l’on travaille sur les ODD?  Pour la fondatrice de l’Institut Ingarapé, il faut travailler ensemble avec les populations qui ont besoin du changement.  Pour le représentant de Generation Connect Visionaries Board, il faut identifier les problèmes et trouver les moyens pour y faire face au sein des communautés et négocier avec les décideurs politiques pour qu’ils prennent des décisions.  La représentante de l’Équipe spéciale des jeunes pour Stockholm+50 a demandé la création d’espaces et l’inclusion de tous les groupes marginalisés lors de l’élaboration des plans.  Il ne peut y avoir de développement durable que lorsque tout le monde est inclus, en particulier les groupes marginalisés, a-t-elle conclu.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Quatrième Commission prend acte du rapport procédural de la session de fond 2022 du Comité spécial des opérations de maintien de la paix

Soixante-seizième session,
17e séance plénière - après-midi
CPSD/745

La Quatrième Commission prend acte du rapport procédural de la session de fond 2022 du Comité spécial des opérations de maintien de la paix

Cet après-midi, la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) a adopté sans mise aux voix une résolution relative à l’Étude d’ensemble de toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects, par laquelle elle a pris acte du rapport du Comité spécial des opérations de maintien de la paix.  Cet organe, aussi appelé C-34, et qui compte aujourd’hui 157 États Membres, a tenu sa session de fond du 14 février au 11 mars 2022. 

En adoptant ce texte, la Commission réaffirme que les États Membres qui fourniront du personnel aux opérations de maintien de la paix de l’ONU dans les années à venir ou qui participeront aux travaux du Comité spécial en qualité d’observateurs pendant trois années consécutives deviendront membres du Comité spécial à la session suivante sur demande adressée par écrit à la présidence du Comité spécial. 

Elle décide aussi que le Comité spécial continuera, conformément à son mandat, de procéder à une étude d’ensemble de toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects, et examinera toute nouvelle proposition concernant le renforcement des moyens dont dispose l’Organisation pour s’acquitter de ses responsabilités dans ce domaine. 

Le rapporteur du Comité spécial, M. Abdullah Attelb (Égypte), a déploré que ce rapport n’ait pu être adopté par consensus, comme le stipulent les méthodes de travail du C-34, du fait du « blocage » opposé par cinq délégations, alors même que les recommandations qui y figuraient avaient eu l’aval des coordonnateurs régionaux et des membres du groupe de travail plénier.  Le Mexique a d’ailleurs soulevé ce principe du consensus en appelant à y réfléchir dans le contexte de l’amélioration des méthodes de travail du C-34. 

À la question de l’Égypte de savoir pourquoi ces délégations s’étaient opposées, une question reprise également par le Guatemala, le Pakistan et le Rwanda ont tour à tour argué qu’à partir du moment où l’on n’est pas d’accord avec ce qu’était le rapport, s’y opposer est un droit fondamental.  Sur le fond, les deux délégations ont soutenu que tous les chapitres avaient la même importance et sont étroitement liés et que la suppression de l’un d’entre eux remettrait en cause toute la structure du document.

Plus précisément, ils ont regretté que le chapitre dédié aux partenariats « qui sont au cœur du maintien de la paix » n’ait pu être intégré, faute d’accord sur son libellé et à la suite du rejet des suggestions formulées par le Mouvement des non-alignés, en particulier pour ce qui est du partenariat entre l’Union africaine et l’ONU.  Comme l’a souligné le Pakistan, « si nous avions accepté le rapport tel quel, nous aurions réglé ce problème de manière temporaire mais pas sur le fond ».  Partageant ce point de vue, le Rwanda a appelé à trouver un terrain d’entente sur cette question avant la prochaine session de fond du Comité spécial, rappelant que les questions géopolitiques ne devraient pas hypothéquer les négociations intergouvernementales. 

Quoique déçu du résultat de cette année, le Canada, qui présidait les travaux du Groupe de travail plénier, a mis en avant les nombreuses innovations apportées aux méthodes de travail du C-34, comme la mise en place d’un dépositoire en ligne des recommandations du Comité et de l’état d’avancement de leur mise en œuvre, ou encore la tenue de sessions hybrides.  Il a insisté sur l’idée que ces améliorations sont un processus en cours et qu’il faut aller encore plus loin. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité : en Ukraine, des allégations d’abus et d’exploitation des réfugiés et déplacés surgissent sur fond de détérioration de la crise humanitaire

9018e séance, après-midi
CS/14865

Conseil de sécurité : en Ukraine, des allégations d’abus et d’exploitation des réfugiés et déplacés surgissent sur fond de détérioration de la crise humanitaire

Le Conseil de sécurité a, cet après-midi, tenu sa quatorzième séance sur la situation en Ukraine depuis le 24 février, et la sixième sur les questions humanitaires relatives à la guerre qui l’oppose à la Fédération de Russie.  Dans un contexte d’intensification du conflit dans le centre et l’est, théâtres d’un « cauchemar humanitaire », selon la Haute-Commissaire adjointe des Nations Unies pour les réfugiés, la plupart des intervenants se sont alarmés d’informations faisant état d’abus et d’exploitation de réfugiés et déplacés, dont 90% sont des femmes et des enfants.

Mme Kelly T. Clements, qui intervenait par visioconférence, a ainsi estimé à 5 millions le nombre d’Ukrainiens contraints de quitter leur pays, en plus des 7 millions de personnes déplacées.  L’ONU estime également que 13 millions de plus se trouvent dans les zones les plus durement touchées par les combats, dont beaucoup sont incapables de se déplacer.  Pour le Directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), un déplacement de population aussi rapide et massif n’a plus été observé en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.  M. Antonio Vitorino a rappelé que la traite des personnes est un phénomène documenté dans la région, où les déplacements de grande ampleur, les séparations familiales et la perturbation de la protection civile et des réseaux communautaires exposent les populations vulnérables à la violence, à l’exploitation et aux abus, en particulier femmes et enfants.

Le Mexique qui, avec la France, avait demandé la tenue de cette séance, a constaté que la situation sur le terrain pose des défis complexes pour la collecte de données, notamment sur l’ampleur du phénomène de la traite humaine.  La délégation mexicaine a appelé à prendre les mesures qui s’imposent, l’OIM précisant qu’elle a remis en état une installation médicale afin de fournir des services de santé essentiels, y compris des soins psychologiques à ces personnes vulnérables.  En partenariat avec l’UNICEF, le Haut-Commissariat a créé des espaces sûrs appelés « points bleus », situés aux principaux points de passage frontaliers, afin de fournir des informations et une aide spécialisée aux mères, aux adolescentes, enfants et autres réfugiés vulnérables. 

Au nom des pays nordiques, la Suède a insisté sur l’importance de tenir compte des besoins spécifiques de toutes les personnes vivant en situation de vulnérabilité, évoquant le cas des femmes ayant décidé de rester en Ukraine et qui sont exposées à des risques de violence sexiste et sexuelle, ou encore les personnes âgées dans l’incapacité de se déplacer.

Alors que la bataille du Donbass fait rage, les forces russes continuent de ne faire aucune distinction entre civils et militaires, a soutenu l’Ukraine en faisant cas de la situation à Marioupol, où des milliers de civils se sont réfugiés dans l’usine Azovstal assiégée par les forces russes.  Il faut les évacuer de toute urgence et les Russes le savent, mais ils s’opposent à l’ouverture de couloirs d’évacuation et continuent de bombarder la ville, s’est indigné le délégué ukrainien.  La Slovaquie a souhaité qu’à l’occasion de la Pâque orthodoxe, les parties puissent tomber d’accord sur l’ouverture de couloirs humanitaires. 

Presque tous les orateurs ont en outre salué la solidarité des pays voisins de l’Ukraine, Mme Clements saisissant l’occasion pour appeler la communauté internationale à faire de même pour les réfugiés du monde.  Cet appel à la solidarité a trouvé un écho auprès des États-Unis, qui ont déclaré que « les réfugiés sont des réfugiés », quel que soit leur parcours, leur race, leur âge, leur nationalité ou leur orientation sexuelle. 

La route de l’exode est souvent plus difficile pour les Africains quittant l’Ukraine, s’est désolé le Gabon, avant que le Kenya ne dresse un parallèle avec ce que subissent chaque année les milliers de malheureux qui cherchent à traverser la Méditerranée vers l’Europe.  L’Estonie a pour sa part rappelé que les pays baltes, au nom desquels elle s’exprimait, accueillent près de 110 000 réfugiés ukrainiens, pour un coût total estimé à 66 millions d’euros.  C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la Pologne a demandé un appui international afin d’alléger les souffrances des pays d’accueil.

Revenant sur les terribles exactions commises à Boutcha, la France a annoncé avoir déployé une équipe technique chargée d’apporter son expertise en matière d’identification et de collecte de preuves.  Par la voix de son Ministre des affaires étrangères et de la défense, M. Simon Coveney, l’Irlande a annoncé une contribution supplémentaire de trois millions d’euros en faveur de la Cour pénale internationale (CPI) dont plusieurs membres du Conseil considèrent qu’elle devrait enquêter: « L’Ukraine est maintenant une scène de crime », a renchéri le Royaume-Uni.

Ceux qui nous reprochent de violer les droits humains oublient les violations commises contre les droits des Ukrainiens russophones, « dont des mineurs », a retorqué le délégué russe.  Il a accusé les pays occidentaux de qualifier l’« opération militaire spéciale » de « guerre » en oubliant leur propre aventurisme militaire en ex-Yougoslavie, en Libye ou bien encore en Syrie.  Le représentant a expliqué que depuis les évènements de Maidan en 2014, 1,7 million d’Ukrainiens ont soit demandé le statut de réfugié à la Russie soit la nationalité russe, un flux qui a augmenté à hauteur de 800 000 nouvelles personnes depuis le 24 février dernier.  Il a en outre accusé les forces ukrainiennes retranchées dans leur bastion de Marioupol de se servir des civils comme boucliers humains.  Il a assuré que l’opération militaire spéciale atteindra ses objectifs en Ukraine, parmi lesquels figurent la dénazification du pays et la « libération » du Donbass.

L’Ukraine a évoqué, quant à elle, des enlèvements qui exigent une réaction de la part de la communauté internationale, évoquant des « camps de filtration et de torture », où seraient maintenus « au moins 20 000 Ukrainiens », dont des enfants, avant d’être envoyés dans des régions « déprimées » de la Russie, où des documents leur sont remis leur interdisant de quitter les lieux pendant deux ans.  « Êtes-vous prêts à reléguer le rôle du Conseil de sécurité à celui de forum de débats? » a ajouté l’Ukraine, jugeant essentiel de « régler la question de la présence douteuse de la Fédération de Russie, qui empêche [cet organe] de s’acquitter de sa responsabilité première ».  

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ DE L’UKRAINE

Déclarations

Intervenant par visioconférence, Mme KELLY T. CLEMENTS, Haute-Commissaire adjointe des Nations Unies pour les réfugiés, a dit intervenir depuis la Hongrie, « un pays vers lequel près d’un demi-million d’Ukrainiens ont fui », soit une fraction des presque 5 millions qui ont été contraints de quitter leur pays, en plus des 7 millions de personnes déplacées à l’intérieur de l’Ukraine.  L’ONU estime également que 13 millions de plus se trouvent dans les zones les plus durement touchées par le conflit, dont beaucoup sont incapables de se déplacer.  Mme Clements a relevé avoir été en début de journée en République tchèque, et avant cela en Autriche.  Elle a salué la compassion et la solidarité sans précédent dans ces pays comme dans d’autres.  Elle a émis le vœu fervent que cela s’étendra également à d’autres réfugiés qui se retrouvent en Europe et qui sont dans l’impossibilité de rentrer et ont besoin de la même protection et solidarité internationales. 

Chacun des millions de déplacés sont obligés de prendre des décisions difficiles et déchirantes et ont laissé derrière eux presque tout ce qui leur est cher, a poursuivi Mme Clements.  Grâce à l’engagement des États concernés, les frontières ont été maintenues ouvertes, a-t-elle dit, avant d’appeler à ce que cela se poursuive sans discrimination pour tous les nécessiteux.  Selon elle, cette réponse inspirante n’est surpassée que par la force et le sang-froid des réfugiés eux-mêmes, alors qu’ils sont séparés de leurs familles, craignant que la guerre ne les poursuive. 

La Haute-Commissaire adjointe a indiqué que le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) signe actuellement des accords avec trois ministères clefs en Ukraine pour faire avancer leur soutien au Gouvernement.  L’agence onusienne continue à développer son aide vitale aux déplacés dans toute l’Ukraine, en particulier dans le centre et l’est où se déroule un cauchemar humanitaire. Cela exige non seulement des ressources, mais aussi un accès sûr et sans entrave aux personnes dans le besoin, où qu’elles se trouvent dans le pays, a-t-elle plaidé.  Même si la couverture médiatique s’est déplacée vers d’autres aspects du conflit, les gens sont toujours en fuite dans le désespoir et la peur, a noté Mme Clements, précisant que c’est le cas non seulement en Ukraine, mais aussi dans d’autres pays dans le monde –Yémen, Myanmar, Éthiopie, Syrie, Venezuela, République démocratique du Congo- entre autres.  Elle a donc demandé au Conseil de sécurité de continuer à tenir compte des besoins de tous les réfugié, partout dans le monde.  Tous ceux qui sont déracinés de chez eux ont besoin de la même solidarité, la même compassion, et la même protection, a-t-elle dit. 

Elle a relevé qu’en Ukraine, la grande majorité des personnes en déplacement sont des femmes et des enfants, et les risques de violence sexiste, de traite, d’exploitation et d’abus sexuels sont élevés.  Les premiers cas de traite recensés confirment que ces risques se réalisent déjà, a-t-elle déploré.  Le HCR œuvre à prévenir, atténuer et répondre ces risques de traites, y compris avec l’OIM.  En plus des programmes renforcés contre la violence sexiste, le HCR a déployé des experts en prévention de l’exploitation et des abus sexuels pour soutenir les réponses des gouvernements.  Il travaille également en partenariat avec l’UNICEF sur des espaces sûrs appelés « points bleus » aux principaux points de passage frontaliers.  Il s’agit de centres de transit et d’accueil pour fournir des informations et une aide spécialisée aux mères, aux adolescentes, enfants et autres réfugiés vulnérables.  C’est la première fois que nous le faisons si tôt dans une intervention d’urgence et nous nous attendons à ce qu’elle serve de meilleure pratique à l’avenir, a indiqué la Haute-Commissaire adjointe. 

Outre l’aide que l’agence onusienne promet de poursuivre, Mme Clements a argué qu’aucune pile de couvertures, aucune somme d’argent, aucune quantité de médicaments ne pourra arrêter les morts et les destructions.  Ainsi, l’aide seule n’empêchera pas les personnes contraintes par la guerre de fuir, pas plus qu’elle ne leur donnera ce qu’elles veulent et ce dont elles ont vraiment besoin: la paix et la sécurité à la maison, une chance de revenir volontairement, durablement et sans entrave.  Ainsi, même si nous poursuivons notre travail d’acheminement de l’aide, nous avons besoin que ce Conseil effectue également son travail, a-t-elle lancé.  Elle lui a donc demandé de mettre de côté les différences et de trouver un moyen de mettre fin à cette guerre « horrible et insensée ». 

M. ANTÓNIO VITORINO, Directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a tout d’abord indiqué que plus de 12 millions d’Ukrainiens et de ressortissants de pays tiers ont déjà ont été contraints de quitter leur foyer depuis le début de cette guerre, soit « plus d’un quart de la population totale en un peu plus de sept semaines ».  Relevant qu’un déplacement de population aussi rapide et massif n’a plus été observé en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, il a précisé que, selon les chiffres du HCR, près de 5 millions de personnes ont fui le pays, la dernière évaluation de l’OIM sur le suivi des déplacements faisant d’autre part état de 7,1 millions de personnes supplémentaires déplacées à l’intérieur de l’Ukraine, ce qui représente une augmentation de 10% par rapport à la première évaluation menée deux semaines plus tôt.  Dans ce contexte, il s’est dit profondément préoccupé par la détérioration continue de la situation humanitaire en Ukraine avant d’appeler les parties au conflit à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire pour protéger les personnes et les infrastructures civiles. 

M. Vitorino a déclaré avoir vu, lors de ses visites en mars dans plusieurs des pays voisins de l’Ukraine, le prix que les civils paient pour ce conflit, en particulier les femmes et les enfants, les personnes âgées et les personnes handicapées.  Sur la base des évaluations de l’OIM et du travail mené avec le HCR et d’autres partenaires, il a dit avoir identifié des risques spécifiques pour les personnes déplacées, les réfugiés et les ressortissants de pays tiers.  Ainsi, a-t-il expliqué, on peut s’attendre à ce que jusqu’à 30% de la population connaisse des impacts psychologiques négatifs, ce qui est une réaction normale en situation de détresse.  Cependant, a ajouté le haut fonctionnaire, à mesure que la guerre se poursuit, les besoins psychosociaux vont sans aucun doute augmenter.  Pour y faire face, des efforts sont déployés en Ukraine et dans les pays voisins pour former des travailleurs de première ligne au secourisme psychologique et renforcer la capacité des permanences téléphoniques afin de fournir un soutien psychosocial. 

Le Directeur général de l’OIM a ensuite rappelé que la traite des personnes est un phénomène connu dans la région et que les déplacements de grande ampleur, les séparations familiales et la perturbation de la protection civile et des réseaux communautaires rendent les populations vulnérables à la violence, à l’exploitation et aux abus.  À cet égard, il a dénoncé les cas de violence sexiste, y compris de violence sexuelle liée aux conflits, soulignant que ces risques sont particulièrement aigus pour les femmes et les enfants en déplacement.  Pour leur venir en aide, l’OIM a remis en état en Ukraine une installation médicale pour fournir des services de santé essentiels, y compris des soins psychologiques.  Alors que plus de la moitié des enfants ukrainiens ont été déplacés et que les enfants non accompagnés ou séparés courent un risque accru de violence, de maltraitance et d’exploitation, M. Vitorino a exhorté tous les pays voisins à assurer immédiatement leur identification et leur enregistrement.  Il a par ailleurs félicité tous les pays voisins pour la solidarité dont ils ont fait preuve, mais s’est déclaré alarmé par les informations faisant état de discrimination, de violence et de xénophobie à l’encontre de ressortissants de pays tiers fuyant l’Ukraine.  Il a donc appelé tous les États à veiller à ce que la protection et l’assistance immédiate soient fournies de manière non discriminatoire, assurant que l’OIM continuera de surveiller leur situation et de leur fournir un soutien via des lignes téléphoniques d’information et un mécanisme d’orientation pour faciliter le contact avec les consulats concernés. 

Du fait de notre expérience et nos outils de collecte et d’analyse de données, a poursuivi M. Vitorino, nous savons que les déplacés ont tendance à se déplacer vers les zones urbaines à la recherche de travail et de services sociaux.  Il est par conséquent urgent d’étendre les services pour répondre aux besoins croissants de ces populations, a-t-il affirmé, signalant qu’entre autres interventions à leur intention, l’OIM a commencé à fournir une aide en espèces en Ukraine et dans certains pays voisins.  L’accord qui existait avec les services postaux ukrainiens avant la crise a permis un déploiement rapide, mais des mesures sont mises en œuvre pour intensifier cette assistance, en étroite coordination avec l’OCHA, le PAM et le HCR afin d’atteindre jusqu’à 500 000 personnes au cours des trois prochains mois. 

L’OIM, a encore souligné son Directeur général, continuera, à travers ses équipes sur le terrain, à s’assurer que des actions ciblées soient prises pour améliorer le bien-être de tous ceux qui sont touchés par la guerre. 

L’Organisation continue également à fournir une aide humanitaire vitale, tout en travaillant avec le Gouvernement et les autorités locales en Ukraine à l’identification de solutions pour les déplacés internes.  Au-delà de l’aide d’urgence, a-t-il ajouté, il importe aussi d’investir dans des politiques d’intégration précoce et des interventions qui facilitent leur insertion sociale dans les pays d’accueil, ce qui rend crucial la planification des déplacements.  À ce sujet, il a salué la décision prise par l’Union européenne d’offrir des protections à ceux qui fuient l’Ukraine, ajoutant que l’OIM se tient prête à aider ceux qui ne bénéficient pas toujours de cette directive européenne, notamment les ressortissants de pays tiers. 

M. SIMON COVENEY, Ministre des affaires étrangères et de la défense de l’Irlande, a indiqué qu’il s’est rendu jeudi dernier à Kiev et que ce qu’il y a vu était « profondément choquant ».  Boutcha, qui était il y a encore deux mois une ville plaisante et dynamique, est maintenant en ruines et remplie de l’odeur de bâtiments brûlés et de cadavres, a-t-il décrit.  « Il n’y a rien de mis en scène dans tout ce que j’ai vu. »  Le Ministre a dit s’être rendu dans une fosse commune, d’où 503 corps de civils et seulement 4 corps de combattants ont été exhumés.  Ces 503 civils, qui n’étaient pas des combattants, a-t-il insisté, semblent avoir été tués délibérément de la plus brutale des façons, a accusé le Ministre, en dénonçant le mépris total des forces russes pour le droit international humanitaire et la protection des civils.  « Il n’est pas possible de déguiser cette réalité. » 

M. Coveney a relayé le souhait des Ukrainiens rencontrés lors de sa visite d’un établissement des responsabilités.  Chaque fois que des crimes de guerre sont commis, des enquêtes crédibles doivent être diligentées dans les plus brefs délais, a exigé le Ministre, en insistant également sur la nécessité de soutenir les victimes.  « C’est pourquoi l’Irlande a annoncé une contribution supplémentaire de trois millions d’euros en faveur de la Cour pénale internationale. »  Le Ministre a assuré que l’Irlande ne restera pas silencieuse devant la poursuite de cette guerre insensée et dévastatrice, alors que l’est de l’Ukraine est le théâtre d’une nouvelle offensive.  Aucun membre de ce Conseil ne doit non plus rester silencieux, a-t-il conclu.  « Je veux m’adresser directement à la Russie: acceptez un cessez-le-feu humanitaire immédiat, retournez à la table des négociations et respectez la Charte. » 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) qui, avec la France, a demandé la tenue de cette réunion du Conseil de sécurité, a constaté l’ampleur des déplacements de personnes en Ukraine et les plus de cinq millions de réfugiés ukrainiens, dont 90% sont des femmes et des enfants qui sont exposés à tous types d’abus.  La situation sur le terrain pose des défis complexes pour la collecte de données, a-t-il relevé, notamment sur l’ampleur du phénomène du trafic d’êtres humains.  Dès lors, le représentant a appelé à prendre les mesures qui s’imposent, tout en saluant le travail du Haut-Commissariat pour les réfugiés (UNHCR) et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), notamment pour l’appui psychosocial qu’ils apportent à ces personnes.  Le représentant a salué la solidarité des pays voisins de l’Ukraine, avant de souligner l’importance de la collaboration de ces pays dans la lutte contre la traite de personnes.  Il a déploré la discrimination frappant des personnes de pays tiers qui ont fui l’Ukraine et a exigé des enquêtes sur toute atteinte aux droits des réfugiés. 

L’un des principaux défis humanitaires reste l’accès, a-t-il regretté en exhortant les parties à l’autoriser et à le faciliter.  Les violations des droits humains ne sauraient restées impunies, s’est indigné le représentant en demandant là encore des enquêtes.  La seule manière de mettre fin à cette grave crise humanitaire, c’est de mettre fin aux hostilités, a-t-il conclu en exigeant le respect des frontières internationalement reconnues de l’Ukraine. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a noté que plus d’un quart de la population ukrainienne a été contrainte de fuir, dont près de cinq millions de personnes ont dû se réfugier dans les pays voisins.  L’activation de la directive européenne relative à la protection temporaire a permis d’apporter une aide rapide et efficace aux personnes fuyant la guerre, s’est-il cependant félicité.  « L’armée russe tue depuis bientôt deux mois des civils, y compris des enfants, des personnels humanitaires et médicaux, comme des journalistes », a martelé le représentant avant de noter que 1,4 million de personnes n’ont plus accès à l’eau dans l’est de l’Ukraine.  Il a prévenu que ces crimes ne resteront pas impunis et que la France est résolument engagée aux côtés des Ukrainiens et des juridictions internationales, notamment la Cour pénale internationale (CPI), à cette fin.  À la suite des terribles exactions commises à Boutcha, M. De Rivière a indiqué que la France avait déployé une équipe technique chargée d’apporter son expertise en matière d’identification et de collecte de preuves, avant de préciser qu’elle soutient la Commission d’enquête établie par le Conseil des droits de l’Homme pour établir les faits.  Il a aussi appelé la Russie à respecter l’ordonnance rendue par la Cour internationale de Justice (CIJ) et à cesser sa « guerre d’agression » contre l’Ukraine.  Le délégué a appuyé l’appel du Secrétaire général à une pause humanitaire de quatre jours débutant ce jeudi, avant de rappeler que le monde entier est affecté par cette guerre, qui risque de faire basculer jusqu’à 1,7 milliard de personnes, soit plus d’un cinquième de la population mondiale, dans la pauvreté et l’insécurité alimentaire. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a dit que la route de l’exode est souvent plus difficile pour les Africains quittant l’Ukraine.  Il a rappelé que les pays frontaliers doivent apporter une assistance aux réfugiés africains de la même manière qu’ils le font pour les autres réfugiés.  Le délégué a salué le travail des humanitaires et des pays d’accueil.  Au sujet des informations sur les cas d’exploitation des personnes vulnérables, il a appelé à « tuer dans l’œuf » tous les réseaux de crime organisé qui essayent d’exploiter et d’abuser les réfugiés et déplacés vulnérables.  Il a condamné toute atteinte contre ces personnes, les femmes et les enfants notamment, avant d’appeler à l’ouverture d’enquêtes indépendantes pour établir les faits et les responsabilités.  Il est temps que les armes se taisent et que la diplomatie s’exprime, a-t-il conclu.

Mme MONA JUUL (Norvège) a accusé la Russie d’avoir intentionnellement créé une catastrophe humanitaire en Ukraine.  Elle a signalé qu’alors que se poursuivent les bombardements russes, 12 millions d’Ukrainiens ont déjà fui leurs foyers, s’exposant à un risque accru de violence sexuelle et sexiste, de traite, d’abus, de traumatismes psychologiques et de séparation familiale.  « La Russie est seule responsable de cette situation », a-t-elle martelé, avant de se faire l’écho de l’appel du Secrétaire général de l’ONU en faveur d’une pause humanitaire pour permettre le passage en toute sécurité des civils et l’acheminement d’une aide humanitaire vitale.  Elle s’est félicitée, à cet égard, que l’ONU s’emploie à créer un groupe de contact humanitaire. 

Selon la représentante, la brutalité et l’ampleur de cette crise à évolution rapide exigent des mesures de protection à des niveaux sans précédent.  Tous les pays qui accueillent des personnes déplacées doivent s’assurer de leur identification et de leur enregistrement, a-t-elle plaidé, appelant également à des réponses sexospécifiques et sensibles à l’âge des personnes, sachant que les femmes et les enfants représentent 90% de tous ceux qui ont fui l’Ukraine.  Après avoir rendu hommage à la résilience des Ukrainiens et salué tous ceux qui leur viennent en aide, la représentante a mis l’accent sur les conséquences dévastatrices de cette guerre au niveau mondial, notamment sur le coût des aliments de base, des engrais et de l’énergie, qui accentue la pauvreté, l’insécurité alimentaire et les besoins humanitaires.  La Russie, a-t-elle conclu, peut choisir de mettre fin à son agression contre son voisin, c’est le seul moyen de mettre fin à la catastrophe humanitaire en Ukraine et au-delà. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a rappelé que la Russie se heurte aux conséquences de la détérioration de la situation ukrainienne depuis le mouvement du Maïdan de 2014.  Depuis cette date, 1,7 million de personnes ont soit demandé le statut de réfugié à la Russie soit la nationalité russe.  Ce flux a augmenté à hauteur de 800 000 nouvelles personnes depuis le début de l’opération militaire spéciale, a poursuivi le délégué, en notant la diminution constante de la population ukrainienne depuis 2014.  Ceux qui nous reprochent de violer les droits humains oublient les violations commises contre les droits des Ukrainiens russophones, dont des mineurs, a poursuivi le délégué.  Il a accusé les pays occidentaux de voir dans l’Ukraine un « agneau », en oubliant la guerre menée par ce pays depuis huit ans dans le Donbass.  Il les a aussi accusés de qualifier ladite opération militaire spéciale de guerre en oubliant l’aventurisme militaire occidental en ex-Yougoslavie, en Libye ou bien encore en Syrie.  Il a mentionné une lettre récemment transmise par la Syrie à ce Conseil sur la destruction de Raqqa par les « frappes inhumaines des Américains ».  Vous réécrivez l’histoire dans un sens antirusse, promouvez les mensonges des pays d’Europe orientale et ignorez l’existence du néonazisme en Ukraine, a-t-il dit, en rappelant que la « dénazification de l’Ukraine » est précisément l’un des objectifs poursuivis par ladite opération spéciale. 

Il a aussi estimé que les préoccupations des pays occidentaux vis-à-vis des Ukrainiens sont conjoncturelles et intéressées, ces derniers servant de chair à canon dans la guerre par procuration qu’ils livrent à la Russie.  « Les fabricants d’armes occidentaux se frottent les mains. »  Les pays d’Europe orientale sont ravis car ils peuvent se débarrasser en Ukraine de leur vieux matériel soviétique en le remplaçant par du matériel occidental, a-t-il ironisé.  Le délégué a accusé les Américains de pousser les Européens à adopter des sanctions de plus en plus strictes contre la Russie.  Ainsi, Washington, qui souffre le moins des sanctions, va pouvoir livrer son gaz aux Européens, alors qu’il est beaucoup plus cher que le gaz russe.  Il a aussi déclaré que l’économie russe fait face aux sanctions avec succès en explorant de nouvelles pistes de développement. 

Le seul pays qui est perdant, c’est bel et bien l’Ukraine, a estimé le délégué, en accusant les autorités de Kiev de faire semblant de ne pas le comprendre, à la différence des Ukrainiens.  Les Ukrainiens savent qu’ils ne font pas face à la soi-disant terreur de l’armée russe mais bien à l’extraordinaire violence des néo-nazis et des extrémistes ukrainiens qui essayent de sauver leur peau à tout prix, a asséné le délégué: « Il est impossible de cacher la vérité. »  Il a aussi affirmé que l’armée ukrainienne a fait usage d’armes à sous-munitions, en s’étonnant que ses collègues occidentaux n’aient pas condamné cette atrocité.  Le délégué a en outre accusé les forces ukrainiennes dans leur bastion de Marioupol d’user de civils comme de boucliers humains.  La mission de l’OSCE transmet par ailleurs des données militaires aux autorités ukrainiennes.  L’Ukraine n’est qu’un pion sur l’échiquier de ce combat géopolitique, a-t-il déclaré, en fustigeant les méthodes utilisées par les Occidentaux pour instaurer un ordre international fondé sur des règles qui leur conviennent.  Enfin, le délégué a assuré que l’opération militaire spéciale atteindra nécessairement ses objectifs en Ukraine, parmi lesquels la dénazification du pays et la libération du Donbass. 

M. ZHANG JUN (Chine) a constaté la situation humanitaire aux graves conséquences qui prévaut en Ukraine, en appelant à tout faire pour réduire les dégâts causés aux civils par ce conflit.  Pour cela, le représentant a exigé des parties qu’elles respectent le droit international humanitaire, qu’elles protègent les infrastructures civiles et qu’elles facilitent les évacuations, notamment en créant des couloirs humanitaires.  La question des réfugiés doit être traitée comme il convient, a poursuivi le représentant en saluant la solidarité des pays voisins qui les accueillent et en appelant la communauté internationale à leur fournir plus d’appui dans un souci de « partage des responsabilités ».  Le représentant a noté que, ces derniers jours, de nombreux réfugiés sont revenus en Ukraine.  Il a appelé à traiter tous les réfugiés de la même manière et à prendre des mesures pour lutter contre le trafic de personnes dans le contexte de ce conflit. 

Plaidant pour une voie diplomatique et la négociation en vue du règlement de ce conflit, le représentant a appelé à créer les conditions propices à un cessez-le-feu.  Il a encouragé toutes les parties à s’engager dans cette voie, remarquant au passage que l’envoi d’armes en Ukraine ne s’inscrit pas dans cette logique.  Revenant aussi sur l’impact de cette crise sur les économies du monde en développement, le représentant a appelé la communauté internationale à prendre des mesures pour stabiliser les prix des denrées alimentaires.  Il a également dénoncé les tentatives de « militarisation de l’indépendance économique des pays », en demandant à ce qu’on y renonce sans tarder. 

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a dit soutenir les négociations en cours entre les parties parce que le dialogue reste le seul moyen de mettre fin durablement à ce conflit.  Il salué la générosité des pays qui accueillent des réfugiés, dont la Pologne et la Roumanie qui ont accueilli 3,4 millions d’Ukrainiens, ainsi que la Moldavie, qui a accueilli plus de 400 000 réfugiés représentant 15% de sa population totale.  Il a aussi félicité l’Union européenne pour son soutien aux États les plus durement touchés par la crise des réfugiés.  Préoccupé par l’augmentation des signalements de traite des êtres humains, M. Abushahab a appelé à mieux contrôler les passages frontaliers pour détecter, prévenir et réprimer l’activité criminelle des trafiquants.  Il a appelé à déployer une réponse humanitaire qui inclue la voix des femmes.  Enfin, le représentant a appelé à s’attaquer d’urgence aux répercussions mondiales du conflit en Ukraine, en s’inquiétant de la forte hausse des prix des denrées alimentaires et des produits de base dans de nombreux pays dont la situation est inscrite à l’ordre du jour du Conseil. 

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a prévenu qu’il y aura beaucoup d’autres réfugiés si le conflit en Ukraine se poursuit.  Il a noté que les toutes les parties ont pour obligation de protéger les civils et les infrastructures civiles.  Il a appelé à l’ouverture de couloirs humanitaires locaux, mais, a—t-il précisé, seul un cessez-le-feu général permettra de combler les besoins d’assistance humanitaire dans le pays.  Le représentant a ensuite relevé que les effets du conflit sur l’agriculture ukrainienne, ainsi que les conséquences des sanctions économiques unilatérales, contribueront à aggraver l’insécurité alimentaire à travers le monde, alors même que les pays en développement faisaient déjà face à une récession économique du fait de la pandémie de COVID-19.  Il a déploré que les besoins humanitaires d’autres régions du monde soient désormais insuffisamment considérés, rappelant que 85% des réfugiés du monde se trouvent dans les pays en développement.  Dans le même temps, les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 30% par rapport à la même période de l’an dernier, tandis que ceux des engrais ont pratiquement doublé. Les autorités brésiliennes ont ouvert le pays aux réfugiés ukrainiens, en droite ligne de ce qui a été auparavant fait en faveur des Haïtiens, des Vénézuéliens ou des Afghans. 

Constatant que la situation humanitaire en Ukraine s’est encore détériorée, M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a déploré que femmes et enfants aient été touchés de manière disproportionnée et constituent la majeure partie des réfugiés et des personnes déplacées.  Compte tenu de cette situation catastrophique, son pays a envoyé et continuera d’envoyer des fournitures humanitaires à l’Ukraine et à ses voisins, notamment des médicaments et d’autres matériels de secours essentiels, a-t-il dit.  L’Inde a assuré le rapatriement en toute sécurité d’environ 22 500 Indiens d’Ukraine grâce à l’opération Ganga, qui compte 90 vols à ce jour: « Nous avons également aidé les ressortissants de 18 autres pays dans le cadre de ce processus », s’est enorgueilli le représentant.  Il a pris note des conclusions de l’Équipe spéciale de haut niveau sur la crise mondiale de la sécurité alimentaire, qui recommande d’exempter immédiatement les achats de denrées alimentaires par le Programme alimentaire mondial (PAM) des restrictions pesant sur les exportations alimentaires, a dit le délégué.  Le délégué a, à nouveau, souligné l’importance des principes directeurs de l’aide humanitaire des Nations Unies, c’est-à-dire l’humanité, la neutralité, l’impartialité et l’indépendance, qui ne doivent jamais être « politisés ». 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a déploré une tragédie sans fin en Ukraine.  « Les mots manquent. »  Il a accusé la Russie d’avoir franchi délibérément des « lignes rouges morales » et de se montrer impitoyable vis-à-vis de l’Ukraine: « Le tableau est apocalyptique. »  Le représentant a dénoncé la nouvelle offensive de la Russie dans l’est ukrainien, qui montre l’absence de sincérité de la Russie lors des négociations.  Aucun cessez-le-feu n’est en vue, a déploré le délégué, en relayant l’appel d’une pause humanitaire lancé par le Secrétaire général.  Le délégué a ensuite salué la récente visite du Procureur de la CPI en Ukraine pour établir la vérité sur les atrocités commises.  Il a fustigé « l’obsession du Kremlin » selon laquelle l’Ukraine n’existe pas, ainsi que ses efforts visant à modeler la réalité en fonction de ses souhaits.  On ne peut nier l’histoire, sous peine de courir à la catastrophe, a-t-il dit, en rappelant que la tentative de Joseph Staline d’envahir la Finlande s’est soldée par un échec.  « L’Union soviétique a voulu soviétiser l’Europe et elle a échoué. »  Aucun pays ne doit avoir le droit d’en dominer un autre, a conclu le délégué de l’Albanie. 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a regretté le nombre élevé de réfugiés et de personnes déplacées du conflit ukrainien tout en saluant la volonté des pays voisins de leur ouvrir leurs frontières et de les accueillir.  L’ONU et les parties prenantes doivent coopérer pour subvenir aux besoins de ces réfugiés, a estimé le représentant avant de dénoncer la discrimination que vivent les ressortissants de pays tiers cherchant à fuir l’Ukraine.  Le représentant a exigé un traitement sur un pied d’égalité de tous les réfugiés.  Il faut des mesures permettant une reddition des comptes, a-t-il martelé, notamment dans les pays de transit et les pays hôtes.  Le représentant a également demandé des enquêtes sur les cas de traite de personnes avant d’appeler de ses vœux l’ouverture de couloirs humanitaires, un accès à l’aide humanitaire pour ceux qui ne peuvent pas quitter l’Ukraine et la protection du personnel humanitaire et médical opérant en Ukraine.  La sortie de crise ukrainienne passe par le dialogue, a-t-il conclu. 

M. MARTIN KIMANI (Kenya) a exhorté la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) à mobiliser des fonds pour protéger les pays les plus vulnérables du monde face aux conséquences de la crise en Ukraine, en suggérant notamment de mettre des engrais à la disposition des pays qui souffrent d’insécurité alimentaire chronique.  Par ailleurs, le représentant a cité le calvaire que vivent des milliers d’Africains qui ont fait un voyage terrifiant pour fuir la guerre en Ukraine et trouver refuge en Europe, et qui ont subi des comportements racistes en cours de route.  Il a fait le parallèle avec ce que subissent chaque année les milliers de personnes qui cherchent à traverser la Méditerranée depuis l’Afrique.  Il a rappelé que le racisme et l’ethnocentrisme, surtout lorsqu’ils sont soutenus et claironnés par les politiques officielles, sont les premiers avertissements de guerre catastrophique et d’atrocités. 

Le délégué a rappelé que l’ONU a été créée après que les politiques raciales des nazis aient tué des dizaines de millions d’Européens, d’Asiatiques et d’Africains.  Il a aussi noté que l’esclavage transatlantique et d’autres formes de racisme violent ont coûté la vie à des dizaines de millions de personnes sur les continents américains et européens.  « Pour empêcher une nouvelle ère de guerres destructrices et son corollaire de crises humanitaires, nous devons ancrer l’antiracisme dans les fondements mêmes de l’ordre multilatéral », a insisté le représentant du Kenya avant d’appeler à la réforme du Conseil de sécurité et à faire de l’antiracisme la plus grande action préventive des catastrophes humanitaires. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a déploré la mort d’un humanitaire de l’organisation Caritas qui a été tué à Marioupol.  Elle a salué le fait que les pays voisins aient ouvert leurs portes aux réfugiés venant d’Ukraine. Vous avez donné de l’espoir à l’humanité et démontré ce que c’est que d’être un bon voisin, a-t-elle dit.  La représentante a aussi salué les autres pays européens accueillant des Ukrainiens, rappelant que les États-Unis se sont engagés à en recevoir 100 000.  Selon elle, « les réfugiés sont des réfugiés », quel que soit leur parcours, leur race, leur âge, leur nationalité ou leur identité sexuelle.  Et défendre les droits humains de ceux dans le besoin est une priorité du Gouvernement américain. 

Elle a appelé à faire face à la menace du trafic humain qui pèse sur les réfugiés, d’autant plus que 90% de ces derniers sont des femmes et des enfants.  C’est ainsi que la Pologne et la Roumanie ont mis en place des mesures pour lutter contre les trafics humains, et les États-Unis appuient ces efforts dans plusieurs pays de la région, a assuré la représentante.  Elle dit avoir annoncé un don de 50 millions de dollars à Moldova au cours de son récent voyage dans la région.  Chaque jour, on demande si le Conseil de sécurité est à la hauteur de cette crise, a—t-elle noté.  Selon Mme Thomas-Greenfield, soutenir les réfugiés et les pays qui les accueillent est l’un des moyens les plus rapides auxquels l’ONU peut recourir pour démontrer son engagement. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a indiqué que toute discussion sur la situation humanitaire doit être guidée par deux principes fondamentaux: la protection des civils innocents et la poursuite judiciaires pour les crimes de guerre.  Nous avons tous la responsabilité de mettre fin aux souffrances en Ukraine, a ajouté la déléguée, en rappelant la contribution de près de 400 millions de livres sterling de son pays à la réponse humanitaire en Ukraine. Elle a aussi précisé que son pays a garanti le prêt d’un milliard de dollars de la Banque mondiale à l’Ukraine.  Rappelant les centaines de milliers de civils pris au piège à Marioupol en raison du refus par Moscou de leur évacuation en toute sécurité, la déléguée a relayé l’appel du Secrétaire général pour une pause humanitaire dans les zones de conflit les plus touchées.  Elle a dénoncé la brutalité de l’offensive de la Russie, ainsi que « l’obscénité » de l’occupation russe.  La libération de Boutcha, d’Irpin, de Tchernihiv, de Borodyanka et de nombreuses autres villes des forces russes a révélé les atrocités innommables commises par ces dernières: « L’Ukraine est maintenant une scène de crime », a conclu la déléguée, en demandant que justice soit faite. 

M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a commencé par relater le parcours d’un petit garçon de 3 ans, opéré hier à Lviv après avoir été victime avec sa famille des tirs de roquettes russes sur cette ville de l’ouest de l’Ukraine.  Ils avaient quitté Kharkiv pour échapper aux pilonnages russes et seul le garçonnet a survécu aux bombardements qui ont fait sept morts à Lviv, a-t-il indiqué.  « On pourrait se demander dans quelle mesure la tentative d’assassinat d’un enfant pourrait protéger les populations du Donbass des néo-nazis, mais on se heurterait aux mensonges russes visant à justifier l’injustifiable. »  Le représentant a ensuite noté que le Président Putin a accordé hier à la 64e brigade d’infanterie motorisée de l’armée russe le titre honoraire de « brigade de garde », en hommage à son héroïsme, son courage et sa ténacité.  Cette brigade, a-t-il rappelé, devait initialement saisir Kiev avant d’être déployée à Boutcha en mars, mois qui s’est transformé en « mois de la terreur » pour la population locale.  Les soldats de cette brigade, dont plusieurs ont été identifiés, se sont rendus coupables d’atrocités, a accusé le délégué, avant de dénoncer le pillage systématique auquel ces hommes se sont aussi livrés lors de leur retrait, « y compris de toilettes », article dont « un quart des foyers russes ne disposent pas », notamment en zone rurale.  Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, alors que la bataille du Donbass fait rage, les forces russes continuent de ne faire aucune distinction entre les civils et les militaires.  Selon lui, la situation est encore plus grave à Marioupol, où des milliers de civils se sont réfugiés dans l’usine Azovstal assiégée par les forces russes.  Il faut les évacuer de toute urgence et les Russes le savent, mais ils s’opposent à l’ouverture de couloirs d’évacuation et continuent de bombarder la ville, s’est indigné le représentant, non sans dénoncer des « méthodes abjectes ». 

Après avoir appelé le Conseil de sécurité à tout faire pour sauver ces vies, « otages des intentions sanglantes et belliqueuses de Putin », le délégué s’est félicité des efforts déployés sur le terrain par l’ONU, notamment des actions conjointes menées par le PAM et le HCR pour qu’une assistance en espèces soit fournie aux personnes déplacées les plus démunies et aux retraités.  Il a aussi salué l’aide apportée par les agences onusiennes pour délocaliser les productions ukrainiennes et remercié tous les États qui accueillent généreusement des réfugiés.  Il a toutefois souhaité que, compte tenu de l’ampleur de la crise humanitaire, le volume de l’aide progresse plus rapidement pour répondre aux besoins croissants.  Il a d’autre part signalé la présence, dans les territoires contrôlés par les Russes, de « camps de filtration et de torture », où seraient maintenus « au moins 20 000 Ukrainiens », dont des enfants, avant d’être envoyés dans des régions « déprimées » de la Russie, où des documents leur sont remis leur interdisant de quitter les lieux pendant une période de deux ans.  Pour le représentant, de telles actions peuvent être qualifiées d’enlèvements et nécessitent une réaction de la communauté internationale.  Alors que 12 millions d’Ukrainiens ont quitté leurs foyers et que beaucoup n’ont nulle part où aller, il importe, selon lui, que l’ONU garantisse, à terme, le retour sûr des personnes déplacées.  Mais il faut, en premier lieu, que davantage soit fait pour mettre en place des couloirs humanitaires malgré l’obstruction russe, a-t-il réaffirmé, avant de regretter que les réunions à répétition du Conseil de sécurité n’aient aucune incidence, ni sur la ligne de front ni sur la situation humanitaire.  « Êtes-vous prêts à reléguer le rôle du Conseil à celui de forum de débats? » a-t-il demandé, jugeant essentiel de « régler la question de la présence douteuse de la Russie, qui empêche le Conseil de s’acquitter de sa responsabilité première ».  Il n’y aura pas d’évolution rapide de la situation sans réponse à cette question, a-t-il conclu, estimant que la Russie doit être arrêtée « pour la paix et pour les Ukrainiens de par le monde ». 

Mme ANNA KARIN ENESTRÖM (Suède), qui s’exprimait aussi au nom des pays nordiques – Danemark, Norvège, Finlande et Islande, a commencé par saluer le travail « remarquable » du HCR et de l’OIM, en martelant que ceux qui ont pris la décision de mener cette guerre en Ukraine en portent la lourde responsabilité.  Elle a plaidé pour un accès humanitaire sûr, rapide et sans entrave, en particulier s’agissant des zones les plus touchées par le conflit et celles qui risquent d’être encerclées, en citant notamment Marioupol et Kharkiv, où cet accès se négocie toujours au cas par cas.  Regrettant que le principal obstacle à l’acheminement de l’aide sont les frappes russes sur des zones civiles, la déléguée a appelé les deux parties à respecter leurs obligations pour autoriser et faciliter cet accès dans l’est du pays et dans d’autres parties difficiles à toucher, en soulignant à nouveau la responsabilité particulière de la partie qui « envahit ».  Les pays nordiques appuient les efforts du Coordonnateur des secours d’urgence en vue d’un cessez-le-feu humanitaire, a dit Mme Eneström, qui a également insisté sur l’importance de tenir compte des besoins spécifiques de toutes les personnes vulnérables, en évoquant notamment le cas des femmes qui ont décidé de rester en Ukraine et sont exposées à des risques de violence sexiste et sexuelle.  Les personnes âgées qui sont dans l’incapacité de quitter en font également partie, a-t-elle poursuivi.  En dernier lieu, la représentante a exigé le respect du droit international humanitaire, en martelant qu’à aucun moment les civils ne sauraient être pris pour cible et que les infrastructures civiles doivent être protégées.  Elle a également dénoncé la violence sexuelle qui « ne peut être tolérée ».  La représentante a donc exigé l’établissement des responsabilités pour ces crimes graves, arguant que la désinformation et le déni ne permettront pas d’y échapper. 

M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a dénoncé les crimes de guerre et violations flagrantes du droit international humanitaire (DIH) observés en Ukraine.  Face à l’ampleur de la crise humanitaire marquée par sept millions de déplacés, le représentant a indiqué que son pays a consacré 20 millions de dollars à la Croix-Rouge (CICR) et à l’appel d’urgence des Nations Unies en faveur de l’Ukraine.  Il a précisé que l’Italie accueille des réfugiés ukrainiens depuis 2014 et que 250 000 Ukrainiens y vivent aujourd’hui.  Il a rappelé que la crise des réfugiés ukrainiens est avant tout une crise de femmes et enfants qui représentent 90% des effectifs fuyant l’Ukraine.  « Les témoignages de violence et de viols par les troupes russes sont particulièrement dérangeants », a indiqué le représentant, avant de souligner que la lutte contre l’impunité doit être garantie.  Il a jugé indispensable une cessation immédiate des combats et un retrait des forces russes de tout le territoire internationalement reconnu de l’Ukraine. 

M. KRZYSZTOF MARIA SZCZERSKI (Pologne) a souligné la gravité de la situation humanitaire en Ukraine depuis le début de l’invasion russe.  Il a indiqué que les frontières de son pays sont ouvertes « à tous ceux fuyant les atrocités russes ».  Près de trois millions de personnes, de toutes nationalités, se sont réfugiées en Pologne, a déclaré le délégué, en précisant qu’un tel accueil suppose des efforts conséquents.  S’il a assuré de la solidarité de son pays envers les Ukrainiens, il a demandé un appui international afin d’alléger les souffrances.  « Il faut coordonner nos efforts. »  Il a demandé concrètement l’appui de l’ONU aux efforts de la Pologne pour venir en aide aux Ukrainiens.  Le délégué a ensuite détaillé la lutte menée contre la traite des êtres humains afin de protéger les réfugiés.  La communauté internationale doit en faire davantage pour répondre aux défis de la guerre russe en Ukraine, a-t-il conclu, en annonçant la tenue prochaine d’une conférence des donateurs. 

Au nom des pays baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie) M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a constaté que la Fédération de Russie mène sa guerre d’agression dans une « indifférence cynique » à l’égard de ses conséquences humanitaires pour l’Ukraine et le reste du monde.  Alors que les forces russes ciblent indistinctement les personnes et les infrastructures civiles, des milliers d’Ukrainiens, dont des centaines d’enfants, sont tués et blessés.  Des civils sont également torturés, victimes de violences sexuelles et sommairement exécutés, s’est-il indigné, estimant que ces faits « font écho aux pires crimes du siècle dernier, que l’ONU est censée prévenir ».  Saluant la solidarité des voisins immédiats de l’Ukraine à l’égard de ceux qui fuient, le délégué a indiqué que les trois pays baltes continuent d’aider les quelque 110 000 réfugiés qui ont atteint leur territoire, parmi lesquels une grande majorité de femmes et d’enfants.  Cette aide combinée, fournie par les États mais aussi par d’innombrables individus, entreprises et organisations de la société civile, s’élève à 66 millions d’euros, a-t-il précisé, avant de rappeler que l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie contribuent à l’appel humanitaire éclair des Nations Unies et sur le plan régional de réponse pour les réfugiés, continuent de soutenir le travail du CICR et s’efforcent de remédier au risque de traite des êtres humains.  Le délégué s’est ainsi dit préoccupé par les informations selon lesquelles des enfants ukrainiens auraient été déplacés vers des « camps de filtration » puis vers la Russie, souvent sans leurs parents. 

Appelant la Fédération de Russie à accorder immédiatement aux acteurs humanitaires un accès complet, sûr et sans entrave à Marioupol et aux autres villes assiégées, le représentant a également exigé qu’un passage sûr permette aux civils de quitter volontairement et en toute sécurité les zones touchées par le conflit vers la destination de leur choix.  Il a par ailleurs exprimé le soutien des pays baltes aux travaux de la Commission d’enquête des Nations Unies sur l’Ukraine ainsi qu’à ceux menés dans le cadre du Mécanisme de Moscou de l’OSCE, tout en appuyant le Bureau du Procureur de la CPI dans son enquête concernant des allégations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis en Ukraine.  Toutefois, a-t-il dit, nous ne pouvons pas oublier que, pendant que ces enquêtes sont en cours, de nombreux civils continuent d’être pris pour cible par la Russie en Ukraine chaque jour.  L’attaque russe contre la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières convenues au niveau international doit cesser maintenant, a-t-il martelé en conclusion, affirmant défendre « l’humanité contre la brutalité ». 

M. RÓBERT CHATRNÚCH (Slovaquie) a rappelé les nombreuses séances du Conseil de sécurité tenues depuis le 24 février pour faire face à l’agression russe en Ukraine.  Préoccupé par la dégradation de la situation humanitaire dans ce pays, il a notamment déploré le nombre de civils blessés et tués.  En tant que pays voisin, la Slovaquie est particulièrement inquiète par la crise de réfugiés provoquée par l’agression russe, a dit le représentant en indiquant avoir accueilli 345 000 réfugiés depuis le début de la crise. Il a fait savoir que les enfants ukrainiens y sont même scolarisés.  La Slovaquie reste solidaire de l’Ukraine, a-t-il affirmé en demandant à la Fédération de Russie de mettre immédiatement fin à cette agression.  La Slovaquie appelle à un règlement pacifique de ce conflit, a précisé le représentant en encourageant la voie de la négociation.  Avant de conclure, il a souhaité qu’à l’occasion de la Pâque orthodoxe les parties puissent tomber d’accord sur l’ouverture de couloirs humanitaires. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: Le Forum de la jeunesse s’ouvre sur des appels à agir pour intégrer les jeunes dans les décisions au plus haut niveau et ainsi avancer vers 2030

Session de 2022, Forum de la jeunesse,
Réunion virtuelle - matin
ECOSOC/7075

ECOSOC: Le Forum de la jeunesse s’ouvre sur des appels à agir pour intégrer les jeunes dans les décisions au plus haut niveau et ainsi avancer vers 2030

Alors qu’un « nuage invisible » plane au-dessus des jeunes, comme l’a exprimé la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, il faut agir urgemment pour intégrer concrètement les jeunes dans les prises de décisions en vue de forger un avenir durable, ont plaidé en chœur les participants au Forum de la jeunesse du Conseil économique et social (ECOSOC), Mme Jayathma Wickramanayake en tête, en sa qualité d’Envoyée spéciale pour la jeunesse.  Le Forum, qui se tient sur deux jours en format virtuel, se concentre sur la reprise après la COVID-19 mais examine aussi les conséquences de la crise climatique, des crises que subissent en particulier les jeunes, notamment en matière d’emploi.

Avec 19 000 participants en 2021, le Forum de la jeunesse attire chaque année plus de monde, s’est réjoui le Président de l’ECOSOC, M. Collen Vixen Kelapile.  Il a rappelé que les fruits de ce rassemblement alimenteront le forum de haut niveau pour le développement durable, en juillet prochain.  Les cinq axes de discussion de ces deux forums sont les « ODD » (objectifs de développement durable) 4 (éducation de qualité), 5 (égalité des sexes), 14 (vie aquatique), 15 (vie terrestre) et 17 (partenariats pour les objectifs).

« J’ai peur que nous répétions les mêmes choses », a toutefois prévenu Mme Amina Mohammed en réitérant qu’il faut passer des paroles à l’action.  Puisqu’il faut agir, M. Kelapile a proposé de donner la priorité à « six actions » pour avancer dans les domaines suivants: des vaccins pour tous contre la COVID-19, des systèmes de santé et de protection sociale plus solides, des outils pour lutter contre l’insécurité alimentaire croissante et la hausse des prix de l’énergie, des investissements dans la technologie, des sociétés pacifiques et inclusives, et enfin des politiques et stratégies transformatrices.  Le tout pour accélérer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et la réalisation des ODD, afin d’assurer une reprise durable et inclusive.  

Le Forum de la jeunesse de l’ECOSOC est une occasion unique de rassembler les jeunes pour tirer profit de leurs expériences, a salué le Président de la soixante-seizième session de l’Assemblée générale, M. Abdulla Shahid.  Il est crucial d’entendre davantage la voix de la jeunesse, a renchéri l’Envoyée de l’Union africaine (UA) pour la jeunesse, Mme Chido Mpemba en vantant les mérites des politiques et mesures prises dans le cadre de la Charte de la jeunesse de l’UA.  Elle a suggéré aux États africains de ratifier ladite charte, de nommer des jeunes dans les organes de gouvernance de l’UA et, au niveau national, de nommer des « conseillers à la jeunesse ».

Les orateurs des deux tables rondes de la matinée ont témoigné de leurs efforts pour faire entendre ces jeunes, notamment dans les instances gouvernementales.  La Présidente du Forum de l’Union interparlementaire de la jeunesse a signalé qu’en Égypte, 20% des élus ont moins de 37 ans.  Mais les jeunes ne constituent encore que 6% à 8% des membres des parlements du monde, a-t-elle dit pour justifier le lancement d’une campagne visant à intégrer plus de jeunes dans les parlements et à faire baisser l’âge de la participation politique.  Justement, l’Autriche a baissé l’âge de la majorité légale à 16 ans et mis en place, il y a 10 ans déjà, un système qui soumet les nouvelles lois à « l’aval » de la jeunesse avant leur promulgation, a signalé la Secrétaire d’État pour la jeunesse de ce pays.  L’Union européenne a consacré 2022 « année de l’inclusion des jeunes », a-t-elle aussi rappelé.

Ce souci d’inclusion et de « ne laisser aucun jeune sur le côté » a été au cœur de toutes les interventions, au premier rang Mme Michele Bachelet, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, qui a plaidé en particulier pour que soient protégés les jeunes militants des droits humains qui font face à des attaques et des formes de harcèlement dans plusieurs pays.  Une militante pour la justice climatique, des Philippines, a quant à elle alerté sur le manque de participation des jeunes aux décisions sur le sujet des changements climatiques.  « Je veux un monde où les enfants pourront toujours consommer du poisson frais, où ils pourront bénéficier de l’environnement dont je profite aujourd’hui et où ils pourront jouir des droits fondamentaux dont je jouis aujourd’hui », a-t-elle harangué.

Les autres domaines où l’inclusion et l’autonomisation des jeunes est particulièrement demandée sont l’éducation et les droits sexuels et reproductifs.  On doit donner aux jeunes les moyens de faire entendre leurs préoccupations pour ce qui est de l’autonomie de leurs corps, a réclamé la représentante de Youth Coalition for Sexual and Reproductive Rights, tandis que le responsable de l’Institut mexicain de la jeunesse a signalé une politique mexicaine qui lutte contre les grossesses précoces et qui permet aux jeunes de prendre des décisions librement.

L’Envoyée spéciale Jayathma Wickramanayake a précisé que 500 millions d’enfants et de jeunes du monde n’ont pas, aujourd’hui, accès à l’éducation, soit un étudiant sur huit, a relevé Mme Bachelet.  Plusieurs intervenants ont milité pour améliorer cette situation, dont le Représentant de la jeunesse de Hongrie qui a mis l’accent sur l’importance de l’utilisation de la langue maternelle dans l’éducation primaire.

La matinée a été entrecoupée par un intermède artistique avec la lauréate du concours des jeunes poètes 2020 des États-Unis, Mme Meera Dasgupta, qui a déclamé, en vers, son œuvre intitulé « C’est à nous de sauver la terre ».

Le Forum de la jeunesse se poursuivra demain, mercredi 20 avril, par différents segments informels avant la séance plénière de l’après-midi, à 16 heures.

FORUM DE LA JEUNESSE DE 2022

« Relèvement post-COVID-19: la mobilisation de la jeunesse pour un avenir durable »

Déclarations liminaires

Dans son discours d’ouverture du Forum de la jeunesse 2022, M. COLLEN VIXEN KELAPILE, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a dit que la tâche la plus urgente consiste à remédier aux inégalités à travers le monde, qui ont été clairement exposées par cette pandémie.  Une pandémie qui a également touché de manière disproportionnée les jeunes, à travers des perturbations sans précédent dans l’éducation et le marché du travail.  Avant de citer six actions à entreprendre, le Président de l’ECOSOC a exhorté les jeunes à contribuer aux cinq objectifs de développement durable (ODD) qui seront examinés en profondeur lors du forum politique de haut niveau pour le développement durable, en juillet, à savoir l’ODD 4 (éducation de qualité), l’ODD 5 (égalité des sexes), l’ODD 14 (vie aquatique), l’ODD 15 (vie terrestre) et l’ODD 17 (partenariats pour les objectifs). 

S’agissant des six actions, il a d’abord cité l’urgence de mettre les vaccins contre la COVID-19 à la disposition de tous, partout, en tant que bien public mondial, sans aucune discrimination.  Il s’est inquiété à cet égard des faibles taux de vaccination dans les pays en développement, en particulier en Afrique.  Il a ensuite souligné la nécessité d’avoir des systèmes de santé et de protection sociale plus solides, ainsi que des infrastructures suffisantes pour vaincre la pandémie et renforcer la résilience nécessaire pour prévenir et être en mesure de mieux réagir à de futures pandémies similaires, voire pires.  Le Président de l’ECOSOC a aussi plaidé pour que l’on s’attaque à l’insécurité alimentaire croissante et à la hausse des prix de l’énergie, avant de recommander des investissements dans la technologie afin que les jeunes, en particulier les plus pauvres et les plus vulnérables, puissent profiter des opportunités offertes par la numérisation.  Il a estimé que le Sommet de l’éducation, qui aura lieu en septembre, offre une occasion idéale de discuter de ce défi.  Enfin, il a souligné l’importance de favoriser des sociétés pacifiques, justes et inclusives, exemptes de peur et de violence, et la nécessité de disposer de politiques et de stratégies solides et transformatrices qui accéléreront la mise en œuvre du Programme 2030 et la réalisation des ODD, afin d’assurer une reprise durable et inclusive.  

M. ABDULLA SHAHID, Président de la soixante-seizième session de l’Assemblée générale, a jugé indispensable d’intégrer les jeunes dans la lutte contre la perte de biodiversité, la lutte contre les changements climatiques, la riposte à la pandémie de COVID-19 et, d’une manière générale, la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a estimé que le Forum de la jeunesse de l’ECOSOC est une occasion unique de rassembler les jeunes pour tirer profit de leurs expériences.    

Le Modérateur du segment d’ouverture, M. SHERWIN BRYCE-PEASE, Chef de Bureau et correspondant aux Nations Unies de South African Broadcasting Corp, parlant depuis un studio au Siège de l’ONU, a rappelé les conséquences dévastatrices de la pandémie sur les jeunes avant de donner la parole à Mme AMINA J. MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, intervenant depuis le même studio.  La Vice-Secrétaire générale a souligné les conséquences des crises actuelles (COVID-19, crise climatique) que subissent en particulier les jeunes, notamment en matière d’emploi.  Un nuage invisible se trouve au-dessus des jeunes, a-t-elle imagé en parlant aussi de leur santé mentale.  « Comment sortir de ces défis? »  Les jeunes doivent être au premier plan de la reconstruction, a recommandé Mme Mohammed en appelant à donner la priorité aux jeunes dans les programmes de reprise.  Elle a aussi conseillé d’inclure les jeunes dans la gestion des objectifs de développement durable (ODD). 

« J’ai peur que nous répétions les mêmes choses, alors nous devons passer des paroles à l’action, agir maintenant. »  Mme Mohammed a ainsi demandé de ne pas se contenter d’inviter les jeunes à la table mais aussi de les inclure dans la conception des programmes, faisant référence à ce que dit le Secrétaire général lui-même.  Mme Mohammed a plaidé pour que les jeunes soient de vrais décideurs politiques.  Combien de jeunes font partie de la bureaucratie? a-t-elle interrogé. Elle a assuré que l’ONU agit en ce sens et s’intéresse aux moyens qu’ont les jeunes de monter les échelons. 

Mme JAYATHMA WICKRAMANAYAKE, Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, a regretté que les jeunes aient trop peu l’occasion d’influer sur les décisions qui les concernent.  Illustrant son propos, elle a noté que seuls 3% des parlementaires dans le monde ont moins de 30 ans, que 500 millions d’enfants et de jeunes n’ont pas accès à l’éducation et que 42% des déplacés de force ont moins de 18 ans.  Elle a estimé que le Forum de la Jeunesse de l’ECOSOC devait être l’occasion de sensibiliser les décideurs sur la nécessité d’intégrer les jeunes à tous les processus de décision.  Répondant à une question sur la création d’emplois pour les jeunes, elle a dit que ces derniers veulent un emploi sain et propre, pas un emploi qui détruise la planète.  Après avoir mis l’accent sur l’importance du secteur privé pour créer les 10 à 12 millions d’emplois nécessaires annuellement pour les jeunes, elle a aussi attiré l’attention sur l’importance des financements accessibles aux jeunes qui souhaitent créer leur propre entreprise.  « Nous ne devons pas reproduire ce qui existe déjà » mais nous concentrer sur l’action, a insisté l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse.  

Mme CHIDO MPEMBA, Envoyée de l’Union africaine pour la jeunesse, a dit qu’avec sa Charte de la jeunesse, l’Union africaine (UA) ne part pas de zéro mais qu’elle a une politique encadrant les mesures prises ou à prendre par ses États membres dans le développement des jeunes.  Il nous faut continuer à la mettre en œuvre, a-t-elle plaidé, en particulier les dispositions stratégiques sur l’emploi sachant que plus de 10 millions de jeunes arrivent sur le marché du travail chaque année en Afrique alors que seulement 3 millions d’emplois sont disponibles.  L’Envoyée pour la jeunesse a aussi mis l’accent sur l’éducation, le développement des capacités, la santé et la sécurité pour les jeunes.  Elle a en revanche regretté le fait que certains États africains n’aient pas ratifié cette charte.  Mme Mpemba a également souligné l’importance de la participation des jeunes au processus de décision sur les questions les concernant.  Il faut, de manière générale, entendre davantage la voix de la jeunesse, a-t-elle recommandé.  Elle a suggéré aux États africains de nommer au niveau national des « conseillers à la jeunesse », de ratifier la Charte africaine de la jeunesse et de nommer des jeunes dans les organes de gouvernance de l’UA. 

Mme MARINEL UBALDO, militante en matière de justice climatique aux Philippines, a rappelé les conclusions du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui soulignent les actions nécessaires et urgentes à mener pour éviter la catastrophe climatique.  Avertissant que la fenêtre de tir est de plus en plus réduite, elle a craint que les membres de sa communauté aux Philippines ne soient plus là en 2050.  « Je veux un monde où les enfants pourront toujours consommer du poisson frais, où ils pourront bénéficier de l’environnement dont je profite aujourd’hui et où ils pourront jouir des droits fondamentaux dont je jouis aujourd’hui », a harangué la militante. 

« Jeter les bases: ne laisser aucun jeune sur le côté »

« Un étudiant sur huit n’a pas accès à l’éducation ou la formation à travers le monde », a regretté Mme MICHELE BACHELET, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme (OHCHR), avant de rappeler que les jeunes, qui sont des moteurs de l’espoir, ont besoin d’espace pour pouvoir influer sur les processus de décision.  La Haute-Commissaire a plaidé en particulier pour que soient protégés les jeunes militants des droits humains qui font face à des attaques et des formes de harcèlement dans plusieurs pays. 

Mme SHIVANGI AGRAWAL, représentante de Youth Coalition for Sexual and Reproductive Rights, s’est inquiétée des conséquences de la pandémie de COVID-19 sur les capacités des jeunes.  Elle a souhaité que l’on donne aux jeunes les moyens de faire entendre leurs préoccupations pour ce qui est de l’autonomie de leurs corps.

« Jeunes et COVID-19: reconstruire en mieux après les crises actuelles et futures » 

Cette première table ronde de la matinée, animée et modérée par M. ZUBAIR JUNJUINIA, Responsable du Global Partnership for Education Young du Royaume-Uni, devait répondre à la question de savoir comment le monde va relever les défis multiples liés à la pandémie de COVID-19 et d’autres crises tout en assurant l’autonomie et la participation des jeunes.   

L’inclusion des jeunes est la clef, a indiqué Mme CLAUDIA PLAKOHLM, Secrétaire d’État pour la jeunesse d’Autriche qui a rappelé que l’Union européenne a consacré 2022 « année de l’inclusion des jeunes ».  En Autriche, a ajouté la Ministre, le Gouvernement a mis en place, il y a déjà 10 ans, un système qui soumet les nouvelles lois du pays à « l’aval » de la jeunesse avant leur promulgation.  En outre, l’âge légal est passé de 18 ans à 16 ans s’agissant de la participation politique, a dit Mme Plakohlm en faisant observer qu’ainsi, les politiques se tournent de plus en plus vers les jeunes.  Le Gouvernement autrichien est prêt à façonner notre avenir avec les jeunes, a-t-elle témoigné.  

Interrogée sur le rôle que peuvent jouer les parlements nationaux pour inclure les jeunes, Mme SAHAL ALBAZAR, Présidente du Forum de l’Union interparlementaire de la jeunesse, a d’abord regretté que les jeunes ne constituent que 6% à 8% des membres des parlements du monde.  Puis elle a annoncé le lancement d’une campagne visant à intégrer plus de jeunes dans les parlements et à sensibiliser sur la nécessité de diminuer l’âge de la participation politique.  En Égypte, a indiqué la Présidente, 20% des élus ont moins de 37 ans.  Le Gouvernement de ce pays consacre 6% du budget national à l’éducation comme recommandé par l’UNICEF, y compris la formation numérique, sans compter les efforts consacrés à améliorer le secteur de l’emploi et l’accès à la sécurité sociale.  L’oratrice a insisté sur le fait que les parlements sont un élément clef dans lesquels les jeunes doivent siéger. 

Que recommandez-vous pour que les jeunes ne soient pas laissés sur le côté? a lancé le modérateur.  M. ALI FAYEZ, cofondateur de « Youth Consensus for Peace », Afghanistan, a d’emblée condamné l’attentat qui a coûté la vie à 20 étudiants afghans aujourd’hui.  Ensuite, il a appelé à l’union et à la solidarité pour faire barrage à la peur et au désespoir.  Un terrain d’entente est plus que jamais nécessaire en lieu et place de l’exclusion, a-t-il conseillé avant de demander à mettre en valeur les jeunes des pays en conflits comme en Afghanistan, en Iraq ou en Syrie.  Le jeune responsable a vivement encouragé à prendre les bonnes décisions pour éviter un chaos mondial, recommandant des actions collectives au niveau mondial pour que le Programme 2030 ait plus d’impact. 

Comment faire pour mobiliser les fonds en faveur de la jeunesse?  À cette question relative aux partenariats (ODD 17), Mme KLAUDIA SZYMUŚ, Attachée de liaison à « Sexual and Reproductive Health and Rights Issues, incl. HIV and AIDS at the International Federation of Medical Students’ Associations (IFMSA) », en Pologne, a dit que son organisation mène des projets auprès des jeunes pour renforcer leur capacité à se mobiliser sur la question de la COVID-19.  Il est également essentiel, à son avis, de prendre des mesures qui tiennent compte de leurs compétences et qui ont des impacts dans les domaines des droits sexuels, de la violence sexiste, de la communication et des changements climatiques.  Les jeunes doivent être en première ligne sur ces questions, a-t-elle avisé.  

Au Mexique, a indiqué à son tour M. GUILLERMO RAFAEL SANTIAGO RODRIGUEZ, Directeur général de l’Institut de la jeunesse, le Gouvernement a augmenté le budget consacré à la réalisation du Programme 2030, en particulier sur l’égalité entre les sexes (ODD 5).  Il a révélé que 56% des programmes pour réaliser les ODD visent l’égalité entre les sexes et l’accompagnement psychosocial dont 76% des bénéficiaires sont des jeunes femmes et des jeunes ruraux.  Le Gouvernement mexicain a également mis en place une politique nationale contre la grossesse précoce sur laquelle tous les jeunes peuvent s’appuyer pour prendre des décisions librement. 

Un intermède artistique était au programme de cette première matinée du Forum de la jeunesse, ce qui a permis aux participants d’entendre Mme MEERA DASGUPTA, lauréate du concours des jeunes poètes 2020, États-Unis, déclamer, en vers, son œuvre intitulé « C’est à nous de sauver la terre ».

« Jeunesse et COVID-19: réaliser le Programme 2030 avec les jeunes, pour les jeunes et par les jeunes »

La modératrice, Mme NAFESHA RICHARDSON, fondatrice de « Spark SVG », Saint-Vincent-et-les Grenadines, a tout d’abord rappelé le retard pris dans la réalisation du Programme 2030 avant de demander à ses invités de partager leurs idées et leurs solutions afin de combler les lacunes dans la mise en œuvre des ODD 14, 15 et 17 respectivement relatifs à « la vie aquatique », « la vie terrestre » et « les partenariats pour la réalisation des ODD ». 

Protégez les récifs coraliens des mers des Caraïbes afin de protéger la vie sur cette planète, a d’abord supplié Mme YURSHELL RODRÍGUEZ, militante du climat de l’ONG Raizal, en Colombie.  Il faut aussi protéger les modes de vies autochtones, a-t-elle plaidé exigeant une représentation équitable des jeunes autochtones et leur participation au processus de décision politique.  Elle a informé que les jeunes de Colombie, en particulier les jeunes autochtones, participent à des programmes de restauration de l’écosystème de l’Amazonie et de l’écosystème marin.  

Que fait l’Égypte pour que les jeunes deviennent le moteur du changement? a ensuite demandé la modératrice à M. ASHRAF SOBHI, Ministre de la jeunesse et des sports de l’Égypte.  Celui-ci a répondu que l’expérience de la jeunesse égyptienne est incorporée dans la Vision 2030 du Président Abdel Fata al-Sissi.  Cette vision est axée notamment sur les ODD 3 et 4 (bonne santé et bien-être; éducation de qualité), a précisé le Ministre encourageant les jeunes à mener une vie saine et à faire du bénévolat.  Il a cité la Stratégie nationale de la jeunesse 2022-2027, qui vient d’être lancée et qui encourage à l’innovation notamment dans l’intelligence artificielle et la participation au marché du travail.  Le sport est un chemin pour parvenir à la paix et à l’harmonie, a aussi fait remarquer le Ministre. 

Nous donnons aux jeunes hongrois la possibilité de participer à des conférences internationales, a déclaré pour sa part Mme ZSÓFIA RÁCZ, Vice-Secrétaire d’État pour la jeunesse de Hongrie avant de donner la parole à M. DOMOKOS KOVÁCS, représentant de la jeunesse de Hongrie auprès des Nations Unies.  Cette pratique donne de la motivation aux jeunes et leur donne l’occasion de présenter leurs visions du monde, a dit le représentant qui a jugé important de montrer l’exemple et de travailler avec eux.  Il a souligné la nécessité de recueillir des données sur les jeunes parce qu’elles aident à trouver des solutions, au niveau local et régional, en matière d’économie circulaire et de soutien aux minorités linguistiques.  Le jeune délégué a, à cet égard, mis l’accent sur l’importance de l’utilisation de la langue maternelle dans l’éducation primaire.

S’agissant toujours des partenariats (ODD 17) et du rôle des associations de jeunes, M. MAX TREJO, Secrétaire général de l’Organisation internationale de la jeunesse ibéro-américaine (OIJ), a réitéré l’importance de placer les jeunes au cœur des solutions visant à combler le retard dans la réalisation du Programme 2030.  Les jeunes sont la solution et nous avons un plan, qui rassemble le continent américain, visant à autonomiser les jeunes en matière de compétences et de droit.  Le plan couvre les domaines de la justice, de l’environnement, de la santé mentale, de la compétence numérique, afin de placer les jeunes du côté de la solution.  Les jeunes doivent être au centre de la transformation écologique et numérique, a-t-il insisté.  

Enfin, Mme SELMA BICHBICH, jeune militante du climat, de l’Algérie, a souligné la nécessité de faire confiance aux idées des jeunes afin de créer un avenir meilleur.  Pour y arriver, elle a préconisé l’autonomisation des jeunes parce que c’est une bon moyen pour orienter les pays vers un avenir meilleur.  Ils ont les idées pour améliorer notre région mais ils ne sont pas pris en compte, a expliqué la militante. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: L’Envoyé spécial salue l’entrée en vigueur d’une trêve au Yémen, véritable « lueur » après sept années de guerre 

9017e séance, matin
CS/14862

Conseil de sécurité: L’Envoyé spécial salue l’entrée en vigueur d’une trêve au Yémen, véritable « lueur » après sept années de guerre 

Le Yémen entrevoit une « lueur » au bout du tunnel, avec la signature début avril d’une trêve renouvelable de deux mois, a déclaré, ce matin, devant le Conseil de sécurité, l’Envoyé spécial pour le Yémen, M. Hans Grundberg, en précisant que cette trêve pour l’instant « tient ».  Les délégations ont salué ce développement positif, tout en s’inquiétant d’une situation humanitaire qui demeure critique, comme l’a rappelé le Coordonnateur des secours d’urgence, M. Martin Griffiths. 

À l’entame de son propos, l’Envoyé spécial a précisé qu’il s’agit de la première trêve nationale en six ans et qu’elle vise notamment à améliorer la liberté de mouvement des marchandises et des civils.  Il y a des signes encourageants que l’arrêt des escalades cycliques est possible, s’est-il félicité.  Il a aussi mentionné la diminution de la violence, le fait qu’aucune frappe aérienne n’ait été recensée depuis la signature de la trêve ou bien encore la réouverture de l’aéroport de Sanaa.  

M. Grundberg s’est cependant dit inquiet des informations faisant état d’opérations militaires aux alentours de Mareb et a relayé la crainte de la population yéménite que la trêve ne soit exploitée pour préparer le terrain pour une nouvelle escalade.  Une peur légitime étant donné le manque de confiance, a argué M. Grundberg, qui a encouragé les parties à s’engager sérieusement auprès des mécanismes de coordination de la trêve établis par son bureau.  « La trêve est fragile. » 

L’Envoyé spécial a aussi mentionné les récentes consultations du Conseil de coopération du Golfe (CGC) à Riyad pendant lesquelles la nécessité de renoncer à une solution militaire a été soulignée.  Il a enfin salué le transfert du pouvoir exécutif à un Conseil présidentiel réunissant les principales forces politiques du Yémen.  « Il s’agit d’une étape importante vers la stabilité et un règlement politique inclusif », a affirmé M. Grundberg, en conclusion d’une intervention à la tonalité résolument optimiste. 

Cet optimisme a été partagé par les délégations qui ont salué ces développements aussi positifs « qu’inattendus », selon l’expression du Brésil.  « Les parties yéménites doivent saisir la fenêtre d’opportunité que constitue cette trêve pour arriver à un règlement politique », a déclaré le représentant de l’Inde.  Le Gabon a, lui, appelé à faire fond sur cet élan pour favoriser le processus de réconciliation nationale, tandis que la déléguée du Royaume-Uni a salué « les efforts phénoménaux » déployés par l’Envoyé spécial pour aboutir à cette trêve. 

« Nous espérons que cette étape contribuera à une solution politique », a déclaré le délégué des Émirats arabes unis, avant de se rallier à l’appel lancé par l’Arabie saoudite pour que le Conseil présidentiel entame à cette fin des négociations avec les houthistes sous l’égide de l’ONU.  Le délégué a enjoint ces derniers à « sérieusement » participer aux efforts en cours pour mettre fin à la guerre.  Les parties prenantes régionales et internationales doivent éviter d’exploiter la situation pour servir leurs propres intérêts, sous peine de saper les progrès accomplis, a-t-il averti.  

De son côté, l’Irlande a jugé profondément regrettable qu’aucune femme ne soit incluse parmi les huit membres du Conseil présidentiel, y voyant une nouvelle occasion manquée de garantir aux femmes yéménites la place qui leur revient à la table des négociations.

Nombre de délégations se sont par ailleurs inquiétées de la situation humanitaire qui demeure critique dans le pays.  Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. Martin Griffiths, a en effet rappelé que des millions de personnes au Yémen ont encore un besoin vital d’aide humanitaire, avant d’estimer à 4,3 milliards de dollars la somme nécessaire pour aider 17,3 millions de personnes à travers le pays.  

Il a en revanche jugé extrêmement bienvenu le nouveau dépôt de 2 milliards de dollars à la Banque centrale du Yémen, réparti entre l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, notant que le rial a récupéré 25% de sa valeur depuis cette annonce, rendant la nourriture et d’autres biens essentiels plus abordables.  M. Griffiths s’est aussi félicité du large soutien dont bénéficie la nouvelle proposition de l’ONU de remplacer le pétrolier SAFER et, entre-temps, de transvaser le pétrole dans un navire temporaire, précisant que ce travail pourra commencer en mai, à condition de réunir les 80 millions de dollars nécessaires.

Dernier orateur à s’exprimer, le délégué du Yémen a indiqué que son gouvernement a fait de nombreuses concessions afin d’atténuer les souffrances humaines et de mettre fin à la guerre imposée par les milices terroristes houthistes.  Il a précisé que le Conseil présidentiel travaillera à la réalisation d’une paix juste et durable, dans le cadre du processus conduit par l’ONU.   C’est un conseil de paix, non de défense, dont l’objectif est de défendre la souveraineté du pays, a précisé le représentant. 

Ce dernier a également appelé le Conseil de sécurité à accentuer sa pression sur ces milices pour qu’elles s’engagent dans le processus de paix mené par l’ONU pour mettre fin à la guerre.  Il a aussi engagé la communauté internationale à maintenir le Yémen en tête de ses priorités humanitaires, en particulier à la lumière de la hausse importante des prix des denrées alimentaires et du carburant.

 

 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. HANS GRUNDBERG, Envoyé spécial pour le Yémen, a déclaré qu’il y a une « lueur » au bout du tunnel au Yémen, avec l’entrée en vigueur, le 2 avril 2022, d’une trêve de deux mois renouvelable, négociée avec chacune des parties sous l’égide des Nations Unies.  Il s’agit de la première trêve nationale en six ans et elle vise notamment à améliorer la liberté de mouvement des marchandises et des civils.  L’accord tient et offre une pause aux Yéménites, et il y a des signes encourageants que l’arrêt des escalades cycliques est possible, s’est-il félicité.  Il a aussi mentionné la diminution de la violence, le fait qu’aucune frappe aérienne n’ait été recensée depuis la signature de la trêve ou bien encore la réouverture de l’aéroport de Sanaa.  Les informations faisant état d’opérations militaires aux alentours de Mareb sont cependant préoccupantes et doivent être traitées de toute urgence à travers les mécanismes établis par la trêve.  Il a également signalé que de nombreux Yéménites craignent que la trêve ne soit exploitée et utilisée pour préparer le terrain pour une nouvelle escalade.  Une peur légitime étant donné le manque de confiance, a argué M. Grundberg, qui a encouragé les parties à s’engager sérieusement auprès des mécanismes de coordination de la trêve établis par son bureau.

L’Envoyé spécial a ensuite précisé que les pétroliers ont désormais accès au port de Hodeïda et insisté sur la nécessité de reprendre les vols depuis et à destination de l’aéroport de Sanaa, jugeant en outre impératif d’ouvrir des routes à Taëz.  Il a remercié le Gouvernement et Ansar Allah d’avoir fait les compromis nécessaires pour parvenir à cet accord et les a exhortés à mettre en œuvre tous les éléments de la trêve, avant de saluer le rôle fondamental joué par l’Arabie saoudite et Oman pour appuyer les négociations, de même que les acteurs de la société civile.  

Soulignant que la trêve demeure fragile, M. Grundberg a appelé à redoubler d’efforts au cours des prochaines semaines pour éviter qu’elle ne s’effrite.  Il a indiqué que des progrès ont été réalisés pour ce qui est de l’échange des prisonniers et a exhorté les parties à se mettre rapidement d’accord sur les détails de leur libération.  Il a aussi mentionné les récentes consultations du Conseil de coopération du Golfe (CGC) à Riyad pendant lesquelles la nécessité de renoncer à une solution militaire a été soulignée.  De même, M. Grundberg a salué le transfert du pouvoir exécutif à un Conseil présidentiel réunissant les principales forces politiques du Yémen.  Il s’agit d’une étape importante vers la stabilité et un règlement politique inclusif, a-t-il affirmé.

Pour maintenir ce cap, les Yéménites doivent désormais s’approprier le règlement du conflit, a poursuivi l’Envoyé spécial, en assurant qu’il continuera ses consultations après le Ramadan.  Il a aussi appelé à remédier à la question du coût de la vie, ainsi qu’au défi sécuritaire dans le sud du pays.  M. Grundberg a enfin insisté sur la participation forte des femmes aux consultations ayant conduit à la trêve, laquelle offre une rare occasion pour le Yémen d’aller vers la paix.

M. MARTIN GRIFFITHS, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a dit son espoir de voir la trêve de deux mois en cours, ouvrir la voie à un avenir meilleur pour les Yéménites après des années de conflits.  Bien que des affrontements limités se poursuivent dans quelques régions, principalement à Mareb et à Taëz, les hostilités ont fortement diminué dans tout le pays, s’est-il félicité après avoir noté l’impact positif de cette trêve sur la situation humanitaire.  Il a observé que les pertes civiles sont tombées à leur niveau le plus bas depuis des mois et que davantage de navires de carburant parviennent à Hodeïda.  Il a précisé que la trêve vise également à faciliter la circulation des personnes, des biens et de l’aide humanitaire en assurant la reprise des vols commerciaux depuis l’aéroport de Sanaa et en travaillant à la réouverture des routes à Taëz et dans d’autres régions.   

Par ailleurs, il a jugé extrêmement bienvenu le programme de soutien économique de 3 milliards de dollars annoncé lors des récentes consultations yéménites convoquées par le Conseil de coopération du Golfe.  Il a précisé que ce montant comprend un soutien au carburant, une aide au développement et, surtout, un nouveau dépôt de 2 milliards de dollars à la Banque centrale du Yémen -réparti entre l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis- qui contribuera à stabiliser la monnaie.  Il a noté que le rial a récupéré 25% de sa valeur depuis cette annonce, rendant la nourriture et d’autres biens essentiels plus abordables.  En outre, il s’est félicité du large soutien dont bénéficie la nouvelle proposition de l’ONU de remplacer le pétrolier SAFER et, entre-temps, de transvaser le pétrole dans un navire temporaire.  Ce travail peut commencer en mai, si nous pouvons réunir les 80 millions de dollars nécessaires, a-t-il précisé.  Il a également espéré que le Conseil présidentiel permettra de résoudre les problèmes de fragmentation qui ont parfois créé des obstacles pour les agences humanitaires.

Malgré ces espoirs, le Chef de l’OCHA a rappelé que des millions de personnes au Yémen ont encore un besoin urgent d’aide humanitaire pour rester en vie et que les agences d’aide recherchent 4,3 milliards de dollars pour aider 17,3 millions de personnes à travers le pays.  Il a ajouté que la conférence de bailleurs de fonds pour le Yémen du 16 mars a permis de recueillir 1,3 milliard de dollars en promesses de dons, et que 300 millions de dollars du Royaume d’Arabie saoudite ont été annoncés depuis.  Mais il nous faut encore davantage, a-t-il indiqué, avertissant du risque sérieux que des programmes essentiels de distribution de vivres, d’eau et d’appui aux personnes déplacées, ne soient contraints de limiter leur portée. 

Enfin, il a regretté que deux membres du personnel de l’ONU sont toujours détenus par les houthistes cinq mois après leur arrestation à Sanaa, précisant que les efforts se poursuivent également pour obtenir la libération de cinq membres du personnel de l’ONU enlevés par des hommes armés à Abyan en février.  Il a regretté cette tendance dangereuse, exhortant à la libération de ces personnes.

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a tout d’abord félicité M. Grundberg pour ses « efforts phénoménaux » qui ont débouché sur cette trêve au Yémen.  Elle s’est aussi réjouie que les parties aient pris des mesures de renforcement de la confiance afin de maintenir cet arrêt des combats.  Il faut maintenant progresser rapidement vers la libre circulation du carburant et des marchandises, la reprise des vols et la tenue de négociations politiques, a-t-elle plaidé.  La représentante a salué les efforts déployés par l’Arabie saoudite, le Conseil de coopération du Golfe et le Gouvernement du Yémen pour engager une réforme politique dans le pays, jugeant à cet égard que la formation du Conseil présidentiel constitue une « étape cruciale ».  Elle a également félicité le Président Hadi pour avoir facilité le transfert pacifique du pouvoir.  Nous espérons que le Conseil présidentiel pourra s’atteler rapidement à des négociations politiques avec les houthistes et nous appelons ces derniers à continuer de dialoguer avec l’Envoyé spécial de l’ONU, a-t-elle ajouté. 

Alors que des progrès se font jour sur le plan politique, il est crucial que la communauté internationale aide à alléger la crise humanitaire, a poursuivi Mme Woodward, non sans regretter que la conférence de l’ONU pour les annonces de contributions n’ait permis de lever qu’un tiers du financement nécessaire.  Elle a donc applaudi le versement par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis d’une aide d’un montant de 3 milliards de dollars, destinée à relancer et soutenir l’économie yéménite.  Saluant également l’apport de 300 millions de dollars du royaume saoudien pour l’assistance humanitaire, elle a appelé tous les donateurs à décaisser rapidement des fonds afin d’éviter que les agences procèdent à de nouvelles coupes dans leurs programmes.  Enfin, la déléguée a souhaité qu’à la faveur de la trêve, la « bombe à retardement » que constitue le pétrolier SAFER puisse être désamorcée.  Elle a apporté son appui aux efforts du Coordonnateur résident, M. David Greasly, et a exhorté la communauté internationale, notamment les partenaires régionaux, à faire de même.    

M. BRIAN PATRICK FLYNN (Irlande) a salué la trêve de deux mois négociée par l’ONU, qui offre une occasion précieuse d’alléger les souffrances humanitaires des Yéménites et d’améliorer la stabilité régionale.  Il s’est également félicité de l’engagement pris d’autoriser l’entrée des cargos de carburant dans le port de Hodeïda et de reprendre les vols commerciaux à destination et en provenance de Sanaa, ainsi que d’ouvrir des axes routiers importants dans plusieurs provinces.  Il a exhorté toutes les parties à continuer à respecter pleinement leurs engagements envers la trêve et à s’engager auprès de l’Envoyé spécial et de son processus de consultation. 

Le représentant s’est ensuite félicité de la première réunion, en début de semaine, de l’Envoyé spécial et les houthistes, des pourparlers yéménites organisés par le Conseil de coopération du Golfe qui se sont terminés la semaine dernière, et de la récente décision du Président Hadi de former un nouveau Conseil présidentiel.  Il a espéré que cela donnera une nouvelle orientation aux efforts collectifs visant à trouver une solution véritablement inclusive au conflit et à construire un Yémen pacifique et prospère pour les générations futures.  Le représentant a cependant jugé profondément regrettable qu’aucune femme ne soit incluse dans ce conseil de huit membres, y voyant une autre occasion manquée de garantir aux femmes yéménites la place qui leur revient à la table des négociations.  Il s’est par ailleurs félicité de constater qu’une solution durable et à long terme semble enfin à portée de main pour le pétrolier SAFER. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a salué la trêve de deux mois au Yémen, une première étape importante pour réduire le niveau de violence, alléger les souffrances du peuple yéménite et poser les bases d’une confiance entre les parties.  Le représentant a noté les progrès accomplis depuis le 2 avril, s’agissant notamment de l’allègement des restrictions d’accès au port de Hodeïda et de l’aéroport de Sanaa.  Il a encore salué les efforts du Conseil de coopération du Golfe, et notamment ceux de l’Arabie saoudite, qui ont permis de former un Conseil présidentiel réunissant un grand nombre d’acteurs yéménites.  Il s’agit d’une étape importante vers la restauration d’un État au service de tous les Yéménites et engagé dans le processus politique, a apprécié le délégué avant d’appeler les houthistes à maintenir cette dynamique positive et à contribuer de manière constructive au processus de paix.  

Constatant que les violations graves des droits humains persistent, le délégué s’est aussi inquiété de la menace de famine à grande échelle qui risque de s’aggraver par la perte des approvisionnements en provenance d’Ukraine et l’augmentation des prix qui en résulte.  Il a aussi demandé la libération immédiate des cinq membres du personnel des Nations Unies enlevés récemment dans le sud du Yémen.  La protection des civils, y compris des personnels humanitaires, ainsi que des infrastructures civiles, est une obligation qui s’impose à tous, a-t-il martelé avant de demander un plein accès humanitaire à l’ensemble des personnes dans le besoin.  S’agissant du pétrolier SAFER, le délégué a salué l’élaboration par les Nations Unies d’un plan coordonné de réponse.  La France sera au rendez-vous lors de la conférence des donateurs prévue à ce sujet en mai prochain, a promis le représentant qui a annoncé une contribution à la réponse humanitaire à hauteur de 14,45 millions d’euros pour 2022.  Il a conclu en soulignant que les conditions sont réunies pour transformer la trêve en cessez-le-feu durable, assorti d’un plan de paix, appelant les acteurs yéménites et régionaux à saisir cette opportunité et à coopérer pleinement avec l’Envoyé spécial afin de parvenir à une solution politique inclusive et durable. 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a pris note d’une vision plus optimiste de la situation au Yémen marquée par la trêve nationale de deux mois convenue entre les parties.  Il a estimé que ce développement positif offre un répit nécessaire à la guerre exténuante, allège le fardeau humanitaire et crée un environnement propice pour renforcer les processus politiques en vue d’une solution au conflit.  Il a ajouté que le transfert de pouvoir du Président Hadi au Conseil présidentiel nouvellement créé le 7 avril 2022 est un acte positif et important dans la recherche d’une solution politique globale et inclusive qui maintienne ensemble toutes les composantes de la société yéménite.  Cependant, il s’est inquiété que les femmes yéménites n’aient toujours pas la place qui leur revient dans les efforts déployés pour trouver une solution au conflit.  Alors que les femmes sont touchées de manière disproportionnée par le conflit, le représentant a jugé indispensable qu’elles puissent jouer un rôle dans son règlement.  

Le représentant s’est par ailleurs félicité de la réouverture de l’aéroport de Sanaa et du port de Hodeïda pour des vols commerciaux limités, ainsi que pour les importations commerciales et l’aide humanitaire.  Enfin, il s’est félicité de la signature du mémorandum d’accord avec les autorités de Sanaa pour faire face de manière permanente à la menace de pollution du pétrolier SAFER.  Il a notamment salué les dispositions prévoyant de décharger les 1,1 million de barils de pétrole sur un navire temporaire pour une durée de quatre mois, en attendant la recherche d’un navire de remplacement.

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a félicité l’Envoyé spécial pour avoir négocié une trêve il y a deux semaines et qui se traduit déjà par une baisse du nombre de victimes.  Il a demandé aux parties de renouveler la trêve et d’en élargir la portée, y compris en rouvrant les routes vers Taëz et en facilitant davantage encore les mouvements des personnes et des biens.  La trêve est aussi l’occasion de renforcer la confiance et d’imprimer un élan vers un cessez-le-feu permanent et une solution politique inclusive, a dit le délégué.  Il a aussi salué la création d’un Conseil présidentiel, ainsi que la récente visite de trois jours effectuée par l’Envoyé spécial à Sanaa.  Il a exhorté les houthistes à observer et étendre la trêve en leur demandant en même temps de s’engager en faveur d’une solution politique.  Estimant que la situation humanitaire demeure critique, M. Costa Filho a appelé à remédier à ses causes profondes.  Il a par ailleurs salué les progrès enregistrés en ce qui concerne le pétrolier SAFER.  Enfin, le délégué a appelé à faire fond sur ces développements positifs et pour la plupart « inattendus » pour progresser sur la voie de la paix au Yémen.

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) s’est félicité qu’un « élan positif » permette aujourd’hui de progresser vers la fin la guerre au Yémen.  Il a salué les efforts innombrables déployés pour parvenir à ce point, à commencer par les récentes consultations yéménites tenues sous les auspices du Conseil de coopération du Golfe, qui ont permis de dégager un consensus sur une feuille de route en vue d’une solution politique durable et globale.  Il s’est également réjoui de la décision du Président Hadi de former un Conseil présidentiel pour parachever la mise en œuvre de la phase de transition et lui déléguer entièrement les pouvoirs présidentiels.  Nous espérons que cette étape contribuera à une solution politique durable entre les parties yéménites, a-t-il dit, avant de se rallier à l’appel lancé par l’Arabie saoudite pour que le Conseil présidentiel entame à cette fin des négociations avec les houthistes sous l’égide de l’ONU.  A cet égard, il a renouvelé sa ferme condamnation des attaques terroristes transfrontalières menées par les houthistes contre des infrastructures civiles dans le Royaume.  

Le représentant a enjoint les houthistes à sérieusement participer aux efforts en cours pour mettre fin à la guerre au Yémen, et à cesser toutes leurs violations de la trêve, en particulier leur bombardement continu dans la province de Mareb.  Il a exhorté toutes les parties à travailler avec l’Envoyé spécial pour réaliser de nouveaux progrès dans la mise en œuvre des mesures de confiance, y compris les échanges de prisonniers et la réouverture des routes menant à la ville de Taëz, et à travailler à transformer la trêve temporaire en une cessation permanente des hostilités militaires.  Le représentant a également invité les parties prenantes régionales et internationales à éviter d’exploiter la situation pour servir leurs propres agendas ou des intérêts étroits.  Cela risquerait d’inverser les progrès accomplis, a-t-il averti.  

Sur le plan humanitaire, a poursuivi le délégué, les Émirats arabes unis, aux côtés de l’Arabie saoudite, ont promis 2 milliards de dollars pour soutenir la banque centrale du Yémen, ce qui va contribuer à redresser la valeur de la monnaie locale de manière significative et, par voie de conséquence, à alléger la pression sur les moyens de subsistance.  Avant de conclure, il a réitéré son soutien aux efforts déployés par les Nations Unies pour faire face à la situation du pétrolier SAFER.  Dans ce cadre, il a appelé les houthistes à honorer leurs obligations en vertu du récent accord avec l’ONU qui vise à éviter une grave catastrophe environnementale.  

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis), reconnaissant qu’aujourd’hui marque une chance pour la paix au Yémen, s’est félicitée de la visite de l’Envoyé spécial à Sanaa.  Les parties doivent continuer à négocier de bonne foi la réouverture des axes routiers vers Taëz, ce qui contribuera à réduire les blocages dans le flux de marchandises essentielles.  Elle s’est ensuite félicitée de la formation du Conseil présidentiel, ainsi que des récents pourparlers organisés par le Conseil de coopération du Golfe, qui ont fourni l’occasion d’un dialogue intra-yéménite.  Cette trêve ouvre une fenêtre d’opportunité pour une paix à long terme et durable, une paix dont le peuple yéménite a désespérément besoin, a-t-elle déclaré, exhortant les parties à respecter leurs engagements alors que certaines informations font déjà état d’affrontements.  Bien qu’il y ait lieu d’être optimiste, des millions de Yéménites souffrent des ravages du conflit dans leur pays, mais aussi de la « guerre choisie » par le Président Putin en Ukraine, qui a encore aggravé une situation déjà désastreuse.  En effet, a fait observer Mme Thomas-Greenfield, le Yémen fait partie des pays les plus gravement touchés par la hausse des prix du blé en raison de ce conflit, a-t-elle observé, y voyant un autre exemple des répercussions de l’« agression russe » sur les personnes vulnérables dans le monde.

M. DAI BING (Chine) a dit qu’après sept ans de guerre, l’espoir est à présent permis depuis l’annonce d’une trêve de deux mois.  Il a demandé aux parties yéménites de cesser les hostilités, notant que le cessez-le-feu reste fragile, exhortant à déployer tous les efforts nécessaires pour que la trêve se prolonge dans la durée.  Le conflit doit être réglé par les Yéménites eux-mêmes dans le cadre d’un processus politique sous la houlette du Conseil de coopération du Golfe, a ajouté le délégué.  Il a pris note de la formation d’un Conseil présidentiel et la visite, pour la première fois, de l’Envoyé spécial à Sanaa.  Cela insuffle un nouvel élan au processus politique, s’est-il félicité.  Toutes les parties yéménites devraient saisir cette occasion rare et aller dans la même direction pour que le dialogue puisse se poursuivre.  Le représentant a également prié les pays de la région de soutenir le dialogue et d’aider à alléger la crise humanitaire au Yémen.  Craignant une marée noire à cause de la situation du pétrolier SAFER, le délégué a demandé aux parties de coopérer activement avec les Nations Unies pour mettre en œuvre le plan de sauvetage du navire et éviter ainsi une catastrophe environnementale.  

M. AMARNATH ASOKAN (Inde) a appuyé tous les efforts visant à transformer la nouvelle trêve de deux mois en « cessez-le-feu digne de ce nom » afin, notamment, de faire cesser les attaques transfrontalières.  Il a souligné en effet que l’objectif final de cette trêve est d’arriver à une cessation permanente de tous les combats.  Il a jugé indispensable la participation des femmes, sur un pied d’égalité avec les hommes, au processus de paix.  Il a par ailleurs espéré un renforcement de la confiance dans le domaine de l’échanges de prisonniers.

Le délégué a souligné l’importance des consultations entre Yéménites lancées à Riyad sous les auspices du Conseil de coopération du Golfe, qui viennent compléter les consultations lancées par l’Envoyé spécial.  Il a aussi salué le plan opérationnel des Nations Unies pour renflouer le pétrolier SAFER qui, selon lui, « s’appuie sur une démarche pragmatique ».  En conclusion, le représentant de l’Inde a exhorté les parties yéménites à saisir la fenêtre d’opportunité que constitue cette trêve pour arriver à un règlement politique qui permettra de mettre fin à ce conflit.

Mme ALLEGRA PAMELA R. BONGO (Gabon) a relevé que la situation sécuritaire et le climat politique au Yémen ont connu des développements significatifs qui sont de nature à entretenir l’espoir sur le chemin de la paix.  Elle a estimé que la trêve actuelle, entrée en vigueur le 2 avril 2022 pour une durée de deux mois renouvelable, négociée avec chacune des parties sous l’égide des Nations Unies, constitue une bonne étape vers le cessez-le-feu voulu par la communauté internationale et attendu par les populations civiles yéménites.  La levée des restrictions sur le carburant pendant la durée de la trêve constitue une autre étape clef, a déclaré la déléguée. 

Dans ce droit fil, elle a aussi salué l’amélioration du taux de change de 25%, les importantes promesses de dons enregistrées et la réouverture de l’aéroport de Sanaa.  Elle a également jugé encourageant l’accord des parties pour une rencontre sous les auspices de l’Envoyé spécial, afin d’ouvrir des routes à Taëz et dans d’autres provinces du Yémen.  La représentante a donc encouragé l’ensemble des protagonistes à s’appuyer sur cet élan pour asseoir une trêve effective et durable suivie, à terme, d’un cessez-le-feu permanent.  Enfin, elle a salué la signature de l’accord entre les Nations Unies et les houthistes visant à résoudre les menaces environnementale et humanitaire posées par le pétrolier SAFER, tout en demeurant « attentive » quant aux modalités de sa mise en œuvre.

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a salué à son tour la trêve conclue au Yémen pour la première fois en six ans.  La situation est fragile mais cette trêve est un pas crucial dans la bonne direction, a-t-elle commenté, avant d’appeler les parties à saisir cette occasion pour instaurer la confiance.  Dans ce contexte, l’aide humanitaire au peuple yéménite touché par la crise est indispensable, a-t-elle souligné.  Elle a salué l’entrée récente de navires de carburant à Hodeïda, espérant que cela atténuera la crise du carburant dans le nord du Yémen.  C’est important pour les Yéménites, mais aussi pour les organisations humanitaires qui travaillent pour eux, a relevé la représentante, appelant également à la réouverture des routes menant à Taëz et la reprise des vols commerciaux à destination et en provenance de Sanaa. 

Réaffirmant qu’un règlement politique est le seul moyen de parvenir à une solution durable, la déléguée a encouragé toutes les parties à s’engager dans les efforts menés par l’ONU pour mettre fin au conflit.  À cet égard, elle a salué la visite effectuée par M. Grundberg à Sanaa, ainsi que les récentes discussions menées sous l’égide du Conseil de coopération du Golfe.  À ses yeux, la démission du Président Hadi marque un tournant dans la politique yéménite et la création du Conseil présidentiel constitue une avancée positive en vue de l’élaboration d’un processus inclusif.  Elle a toutefois regretté qu’il n’y ait pas de femmes dans ce nouvel organe, encourageant les efforts visant à renforcer leur participation directe, complète et significative.  Pour conclure, elle s’est réjouie qu’un nouveau plan ait été mis en place pour faire face à la menace environnementale que représente le pétrolier SAFER.  

M. FERIT HOXHA (Albanie) a observé que « cela fait longtemps que nous n’avons pas eu de bonnes nouvelles du Yémen, au point que le nom même de ce pays était devenu un synonyme de désespoir ».  Il a ensuite réitéré la position de son pays qui plaide pour un cessez-le-feu complet à l’échelle nationale.  Maintenant que les armes se sont tues, a ajouté le représentant, c’est le moment de commencer à penser qu’au Yémen, la paix et le développement peuvent aller de pair, et qu’il est possible d’œuvrer à une solution durable au conflit.  Seulement, les solutions viables aux conflits longs et prolongés exigent un processus politique inclusif, a souligné le délégué qui a réitéré son appel à un engagement total de toutes les parties auprès de l’Envoyé spécial.

Tous ces développements importants au bénéfice du peuple yéménite n’auraient pas été réalisés sans l’engagement audacieux du Conseil de coopération du Golfe d’accueillir les consultations entre les parties, a-t-il salué.  « Nous estimons que l’engagement de ce forum régional devrait être davantage encouragé afin de contribuer aux efforts actuels déployés par les Nations Unies pour mettre fin au conflit », a ajouté M. Hoxha.  Pour lui, il ne faut pas passer sous silence les sérieux défis qui subsistent.  La situation humanitaire est toujours dramatique et l’accès de l’aide aux populations en détresse doit être amélioré, de même que la situation des droits de la personne, a-t-il en particulier souligné.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a salué l’entrée en vigueur de la trêve pour une période de deux mois, qui prévoit, en particulier, la cessation de toutes les hostilités, y compris les frappes aériennes sur le territoire du Yémen et au-delà, ainsi que l’ouverture partielle de l’aéroport international de Sanaa et des ports de Hodeïda.  Il a exhorté les parties à respecter strictement les accords conclus et à abandonner les provocations.  La paix au Yémen n’est possible que sur la base d’un dialogue national fondé sur les intérêts et les préoccupations des principales forces politiques, groupes confessionnels et régionaux de ce pays.  Le délégué a pris note de la création du Conseil présidentiel qui est chargé de gouverner l’État pendant la période de transition dans les domaines politique, économique et militaire, ainsi que dans le domaine de la sécurité.  Les membres du Conseil présidentiel devraient faire tout ce qui est en leur pouvoir pour stabiliser la situation au Yémen et ramener le pays à une vie paisible, a-t-il estimé. 

Le représentant a appelé les nouvelles autorités yéménites et les houthistes à s’engager dans un dialogue constructif et à retourner à la table des négociations afin d’établir un processus durable pour un règlement politique global sous les auspices de l’ONU, ainsi que pour normaliser la situation humanitaire au Yémen.  Il a aussi souligné la nécessité de lever complètement les restrictions à l’approvisionnement en médicaments et en biens essentiels dans toutes les régions du pays, sans discrimination.  Le délégué a par ailleurs protesté contre les déclarations de ses « homologues occidentaux » qui imputeraient à la situation en Ukraine l’aggravation de la crise alimentaire dans le monde, y compris au Yémen.  Ce sont les sanctions et les politiques énergétiques de ces pays qui provoquent la hausse des prix de l’énergie et la crise alimentaire dans le monde, a-t-il affirmé.

M. ENRIQUE JAVIER OCHOA MARTÍNEZ (Mexique) a salué les efforts menés par l’Envoyé spécial en faveur de la trêve qui a débuté le 2 avril.  Il a estimé que cette première étape constitue une base importante pour la réconciliation et la pacification du pays.  Il a espéré que la suspension des hostilités pourra se prolonger au-delà de la période du Ramadan et se transformer en un cessez-le-feu national durable.  Tout en se félicitant qu’il n’y ait pas eu de frappes aériennes ou d’attaques transfrontalières depuis plus d’une semaine, il a regretté que des affrontements aient été signalés dans certaines villes telles que Mareb, Hodeïda et Taëz.  Le représentant a exhorté les parties à faire preuve de retenue et à s’abstenir de toute provocation afin de maintenir la trêve.

S’agissant du processus politique, le représentant du Mexique a salué la facilitation du Conseil de coopération du Golfe dans l’organisation des récentes consultations intra-yéménites.  Il a dit prendre note du transfert des pouvoirs et de la formation d’un Conseil présidentiel auquel participent des représentants de diverses factions.  Il a salué la formation d’une équipe du Conseil présidentiel chargée de participer aux négociations de paix avant d’insister sur l’importance pour les parties de continuer à coopérer au processus politique facilité par l’Envoyé spécial.  Rappelant que le conflit armé est l’une des principales causes de la grave crise humanitaire, le représentant a noté qu’il ne reste que peu de ressources pour répondre aux demandes les plus élémentaires des 23 millions de Yéménites.

M. MICHAEL KIBOINO (Kenya) s’est félicité des développements encourageants de ces dernières semaines au Yémen, saluant toutes les parties pour avoir accepté une trêve.  Il les a encouragées à respecter cet engagement.  Toutefois, les parties doivent être conscientes du fait que des décisions et des compromis difficiles sont nécessaires pour réaliser la paix durable tant attendue, a-t-il mis en garde.  Il a ensuite regretté qu’au cours des dernières années, le financement humanitaire destiné aux millions de Yéménites dans le besoin ait progressivement diminué alors que la situation s’est dans le même temps aggravée.  En effet, le manque d’environ 2,7 milliards de dollars dans le cadre de l’appel de fonds humanitaire a pour conséquence d’entraver considérablement certains programmes, a observé le représentant.  À cet égard, il a salué l’intervention de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, qui ont apporté un soutien économique d’un montant de 2 milliards de dollars à la Banque centrale du Yémen, ainsi que de 1 milliard de dollars pour des projets de développement et du carburant.

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a assuré que le Gouvernement yéménite a choisi la paix comme moyen de mettre fin au conflit et promouvoir la sécurité, la justice, l’égalité et l’État de droit.  Pour ce faire, il a fait de nombreuses concessions afin d’atténuer les souffrances humaines et mettre fin à la guerre qu’ont imposée les milices terroristes houthistes, a souligné le représentant, selon lequel cette « sagesse » s’est exprimée au travers de la déclaration historique du Président Abd Rabbo Mansour Hadi, le 7 avril, annonçant la formation du nouveau Conseil présidentiel et le transfert de tous les pouvoirs à cet organe exécutif, qui représente un large éventail des composantes politiques du pays.  Ce conseil, a-t-il ajouté, fonctionnera sur la base du dialogue et du consensus et travaillera à la réalisation d’une paix juste et durable, dans le cadre du processus conduit par l’ONU et son Envoyé spécial.  À cette fin, il s’appuiera sur l’initiative du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et son mécanisme de mise en œuvre, ainsi que sur les résultats du dialogue national global et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, en particulier la résolution 2216 (2015).  

Exprimant la gratitude de son gouvernement pour les efforts déployés par le CCG, qui a accueilli les consultations intra-yéménites, le délégué a rappelé qu’à cette occasion, la porte est toujours restée ouverte aux milices houthistes pour qu’elles se joignent aux discussions.  Ces dernières ont cependant rejeté tous les appels au dialogue pour mettre fin à l’effusion de sang et parvenir à la paix, a-t-il déploré.  « Elles ont choisi de poursuivre la guerre pour atteindre leurs objectifs et, ainsi, de rester un outil entre les mains de l’Iran ».  Dans ce contexte, le délégué a précisé que le nouveau Conseil présidentiel agira comme « un conseil de paix et non un conseil de défense », avec pour objectif de défendre la souveraineté du pays et de protéger ses citoyens.       

Il a ensuite salué la trêve annoncée par l’Envoyé spécial, assurant que le Gouvernement yéménite en respecte les termes malgré les violations flagrantes des houthistes dans les provinces de Mareb, Hodeïda, Taëz et Dalea.  Il a dénoncé les attaques perpétrées par ces milices, y compris les tirs de missiles balistiques, poussant davantage de personnes à fuir et compliquant la situation humanitaire.  Selon lui, le Gouvernement a adhéré à toutes les dispositions de la trêve, notamment à l’entrée de pétroliers dans le port de Hodeïda et à la reprise des vols directs à l’aéroport de Sanaa, afin de contribuer à l’ouverture de points de passage et à la levée du siège de Taëz.  Cela étant, il a appelé le Conseil de sécurité à accentuer sa pression sur ces milices pour qu’elles consentent à cesser ce siège et à libérer des prisonniers, et s’engagent dans le processus de paix mené par l’ONU pour mettre fin à la guerre. 

Le représentant a ensuite salué le généreux soutien apporté par les pays « frères et amis », directement ou à travers le plan de réponse humanitaire, pour alléger les souffrances du peuple yéménite.  Il a cependant averti que l’aide ne parvient pas toujours à ceux qui en ont besoin, en raison du manque de financement des projets de secours ou des obstacles imposés par les houthistes qui la détournent.  Renouvelant son appel à la communauté internationale pour qu’elle maintienne le Yémen en tête de ses priorités humanitaires, en particulier à la lumière de la hausse importante des prix des denrées alimentaires et du carburant, il a également exhorté le Conseil à faire cesser la manipulation par les houthistes du dossier humanitaire.  De même, après avoir remercié l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis pour leur aide de 3 milliards de dollars dans les domaines économique et de développement, il a invité la communauté internationale à renforcer cet appui et à aider le Gouvernement à relancer l’économie nationale.  

Enfin, tout en affirmant que le Gouvernement soutient tous les efforts visant à remédier à la situation du pétrolier SAFER afin d’éviter une catastrophe environnementale, il a dénoncé l’attitude des houthistes qui utilisent cette situation comme d’une « carte de chantage politique », et ce, depuis trois ans.  Il importe donc, selon lui, de soutenir le financement du plan des Nations Unies, tout en maintenant la pression sur ces milices.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale adopte les recommandations de sa Commission administrative et budgétaire et élit la Belgique au Comité du programme et de la coordination

Soixante-seizième session,
68e séance, après-midi
AG/AB/12416

L’Assemblée générale adopte les recommandations de sa Commission administrative et budgétaire et élit la Belgique au Comité du programme et de la coordination

L’Assemblée générale a adopté aujourd’hui les quatre résolutions recommandées par sa Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires, laquelle a repris sa session du 4 au 31 mars (AG/AB/4381).

Aux termes de la résolution sur les questions spéciales relatives au budget-programme de 2022 (A/76/633/Add.1), adoptée sans vote, après la mise aux voix de la Partie III, l’Assemblée se félicite des effets positifs de la mise en œuvre, par le Secrétaire général, du système de gestion de la résilience institutionnelle et des progrès réalisés à cet égard au fil des ans, qui ont contribué à apporter une réponse efficace face à la pandémie de COVID-19.  Elle prie le Secrétaire général de continuer d’intensifier ses efforts pour améliorer la sûreté, la sécurité et le bien-être, y compris la santé physique et mentale, de l’ensemble du personnel des Nations Unies dans tous les lieux d’affectation, notamment au Siège, dans les commissions régionales et dans les missions.

S’agissant précisément de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), l’Assemblée demande au Secrétaire général de passer en revue les postes et emplois de temporaire qui sont vacants depuis 24 mois ou plus et de proposer, soit leur maintien, sur justification de leur utilité, soit leur suppression.  En attendant, l’Assemblée décide de réduire les dépenses de fonctionnement de la Mission de 2 292 300 dollars et autorise, en conséquence, le Secrétaire général à engager des dépenses d’un montant maximum de 17 945 500 dollars pour la période allant du 1er avril au 31 décembre 2022. 

Pour ce qui est de la Partie III relative aux prévisions révisées, adoptée par 67 voix pour, 17 voix contre et 44 abstentions, l’Assemblée générale ouvre des crédits supplémentaires d’un montant de 2 232 600 dollars à imputer sur le fonds de réserve, et d’un autre montant de 166 100 dollars au chapitre des contributions du personnel, pour financer la Commission internationale d’experts sur l’Éthiopie, créée par la Conseil des droits de l’homme à sa trente-troisième session extraordinaire. 

Mise en place pour compléter l’enquête conjointe du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et de la Commission éthiopienne de ces droits, la Commission internationale d’experts est chargée, entre autres, d’établir les faits et les circonstances se rapportant aux violations et atteintes alléguées des droits de l’homme, recueillir et préserver les preuves, identifier les responsables et veiller à ce que ces informations puissent être utilisées, actuellement et à l’avenir, pour l’établissement des responsabilités.  

L’Éthiopie, qui a demandé la mise aux voix de cette partie III, a dénoncé le caractère politisé de la résolution du Conseil des droits de l’homme, non sans affirmer que toutes les violations qui sont apparues après l’attaque du 4 novembre 2020, contre le Commandement du nord, ont fait l’objet de plusieurs enquêtes menées par les institutions pertinentes, dont la Commission nationale des droits de l’homme et le Comité ministériel d’enquête.  Le travail de toutes les institutions, a souligné l’Éthiopie, a conduit à des poursuites judiciaires et à la condamnation des responsables.  Après cela, a-t-elle reconnu, nous avons accepté l’idée d’une enquête conjointe, avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, sur les violations non couvertes précédemment, et nous avons en vain essayé d’obtenir du Conseil des droits de l’homme qu’il en attende d’abord les résultats avant de prendre une décision sur la création de la Commission internationale d’experts. 

Le Conseil, a soutenu l’Éthiopie, a adopté sa résolution sans aucun soutien des pays africains parce qu’il a démontré la sélectivité et le deux poids, deux mesures qui le caractérisent désormais lorsqu’il s’agit des pays du Sud.  Il est regrettable, a-t-elle martelé, que nos relations positives avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme aient été ainsi sapées par ce Conseil.  Que cela, a-t-elle conclu, serve de leçon aux États auxquels nous conseillons vivement de refuser toute coopération avec le système des Nations Unies chargé des droits de l’homme.  Le budget de l’ONU doit être entièrement consacré à des projets légitimes et pas à l’application de résolutions totalement politisées, a martelé l’Éthiopie.

Par la résolution sur le Corps commun d’inspection (CCI) (A/76/778), adoptée sans vote, l’Assemblée générale se félicite de la mise en œuvre du cadre stratégique du CCI pour la période 2020-2029 et souligne qu’il faut constamment le mettre à jour et l’améliorer, en tenant compte de la dynamique engagée et des problèmes à surmonter, y compris ceux qui ont trait à la pandémie de COVID-19 et aux efforts de réforme en cours.  Elle demande au CCI d’échanger des informations sur le travail des organisations participantes pour appuyer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  L’Assemblée prend note avec satisfaction du plan de performance qui permettra de suivre et d’évaluer la mise en œuvre du cadre stratégique et de l’intention du Corps commun de procéder à une évaluation complète à mi-parcours en 2024. 

Dans sa résolution sur l’état d’avancement de la gestion souple de l’espace de travail au Siège de l’ONU (A/76/779), adoptée sans vote, l’Assemblée souscrit aux conclusions et recommandations du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB).  Dans sa décision (A/76/634/Add.1), adoptée sans vote, elle décide de reporter l’examen des rapports relatifs à l’amélioration de la situation financière de l’ONU, à l’efficacité du fonctionnement administratif et financier de l’Organisation et aux activités de la chaîne d’approvisionnement au Secrétariat.

L’Assemblée générale, qui a suivi la recommandation du Conseil économique et social (ECOSOC) de nommer la Belgique au Comité du programme et de la coordination pour un mandat allant jusqu’au 31 décembre 2024, tiendra sa prochaine séance publique mardi 7 juin, à partir de 10 heures, pour élire le président et les 21 vice-présidents de sa prochaine session.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.