En cours au Siège de l'ONU

9020e séance – matin
CS/14868

Conseil de sécurité : à Abyei, l’amélioration des relations entre le Soudan et le Soudan du Sud porteur d’espoir d’un règlement malgré des tensions intercommunautaires

Saisi du rapport du Secrétaire général sur les progrès accomplis dans l’exécution du mandat de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), le Conseil a, ce matin, fait le point sur la situation à Abyei à l’approche de l’expiration du mandat de la Mission, qui soutient le Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, le 15 mai 2022. 

Aux côtés de la nouvelle Envoyée spéciale du Secrétaire général pour la Corne de l’Afrique, Mme Hanna Serwaa Tetteh, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Jean Pierre Lacroix, a fait état d’une amélioration des relations bilatérales entre le Soudan et le Soudan du Sud.  Ce dernier a également indiqué que sur le plan sécuritaire, la situation générale dans la zone administrative d’Abyei est restée calme au cours de la période à l’examen, même si le manque de confiance entre les communautés Misseriya et Ngok Dinka reste très préoccupant.

En effet, depuis octobre dernier, on assiste à des incidents de violence intercommunautaire, comme ceux de la semaine dernière, qui ont fait 29 morts, dont 2 femmes, et 30 blessés au sein des deux communautés des zones de Noong/Annam, Kolom, Leul/Al Luo et sur le marché d’Amiet/Faydelzaraf.  Selon M.  Lacroix, ces pertes auraient pu être évitées s’il y avait davantage de confiance intercommunautaire à tous les niveaux, le Soudan du Sud rétorquant que ces attaques sont liées au vide sécuritaire laissé par la FISNUA. 

Pourtant, a assuré M. Lacroix, la mission n’a eu de cesse d’intensifier son appui au dialogue intercommunautaire en travaillant sans relâche avec les Gouvernements soudanais et sud-soudanais, ainsi qu’avec les dirigeants communautaires des deux côtés, pour parvenir à un accord sur les conditions concernant les routes migratoires pendant la saison sèche.  Le commandant par intérim de la Force a encouragé l’utilisation de mécanismes locaux de règlement de conflits impliquant les chefs traditionnels, les jeunes, les femmes et les filles. 

Mais, il appartient avant tout aux Gouvernements soudanais et sud-soudanais de renouveler leur engagement sur le statut final d’Abyei, a fait valoir le Secrétaire général adjoint, saluant à cet égard la récente demande de soutien des deux parties pour l’organisation de la prochaine réunion du Comité mixte de contrôle d’Abyei.  Comme l’a rappelé l’Inde, le mandat de ce Comité prévoit des réunions mensuelles, ce qui n’est pas arrivé une fois depuis 2017. 

Les défis internes auxquels sont confrontés le Soudan et le Soudan du Sud ne doivent pas faire dérailler les dynamiques qui ont conduit à des relations bilatérales plus amicales ces dernières années, a mis en garde le Brésil, en encourageant les dirigeants soudanais et sud-soudanais à saisir ce moment pour avancer vers un règlement politique d’Abyei, la zone frontalière contestée.   En effet, comme l’a rappelé Mme Tetteh, avec la destitution du Gouvernement civil de Khartoum en octobre 2021, l’élan vers la résolution des questions en suspens a été soudainement stoppé et les deux pays devront reprendre ces efforts.  Lors de sa récente visite à Khartoum, le Président du Conseil souverain et son adjoint l’ont informée que des préparatifs étaient en cours pour traiter de ces questions avec leurs homologues sud-soudanais.  

Pour la haute fonctionnaire, une victime évidente du coup d’État au Soudan a été le Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité.  Lors de sa dernière réunion, les 8 et 9 septembre 2021 à Djouba, il avait programmé une réunion pour la deuxième semaine de janvier 2022 à Khartoum qui n’a pas eu lieu.  Quant à l’appel lancé aux deux pays pour qu’ils retirent leurs forces de la zone d’Abyei d’ici au 31 décembre 2021, Mme Tetteh a expliqué que les dirigeants soudanais l’ont assurée qu’ils l’ont fait et qu’ils ont appelé le Soudan du Sud à faire de même pour que soient réactivées les réunions du Comité mixte de contrôle d’Abyei. 

En attendant, en l’absence de progrès significatifs sur le règlement du statut final d’Abyei, M. Lacroix a mis en avant le fait que la FISNUA continue de se heurter à des difficultés dans l’exécution de son mandat, notamment la non-obtention de visas pour trois unités de police constituée, et l’impossibilité d’accès à la piste d’atterrissage d’Athony.  D’autres, comme les États-Unis, ont regretté que la nomination d’un chef de mission adjoint civil n’ait toujours pas eu lieu.  La FISNUA a également toujours du mal à documenter les violations et abus des droits de l’homme, en raison de son manque d’expertise dans ce domaine, a concédé M. Lacroix, de plus, il a constaté l’absence de progrès sur la ré-opérationnalisation de certaines bases du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, après que la FISNUA a été forcée de se réinstaller en 2021. 

Sur une note positive, le Secrétaire général adjoint a expliqué qu’à la suite de l’examen stratégique de la FISNUA, le général de division Benjamin Sawyerr, ainsi que les femmes et les hommes de son équipe de la FISNUA, ont réussi la transition difficile de la Mission en une force multinationale de maintien de la paix des Nations Unies en quelques mois seulement.  La France a d’ailleurs salué les efforts du Secrétariat et des pays contributeurs de troupes pour réussir la reconfiguration de la FISNUA. 

Les membres du Conseil ont pour la plupart fait part de leurs inquiétudes face à la poursuite des violences, non seulement contre les civils mais aussi à l’encontre des Casques bleus de la FISNUA, appelant les parties à mettre en place les mécanismes conjoints nécessaires à la stabilité d’Abyei.  Ils ont été nombreux à appeler le Soudan et le Soudan du Sud à assurer la sécurité et la liberté de mouvement de la FISNUA, conformément à leurs obligations en vertu de l’accord sur le statut de la Force. 

L’Envoyée spéciale, Mme Tetteh, a cependant trouvé encourageant que, alors que chacun des deux pays est aux prises avec un conflit interne, le Soudan et le Soudan du Sud continuent de se compléter dans la recherche de la paix et de tirer parti des progrès réalisés, tout en intensifiant l’aide humanitaire aux communautés déplacées et vulnérables.   Le Soudan a d’ailleurs indiqué avoir fait récemment une proposition sur la création d’administrations conjointes à Abyei et qu’il attend la réponse du Soudan du Sud.   Le climat positif prévalant entre nos deux pays est de nature à favoriser les efforts de recherche d’un statut final à Abyei, a ajouté son représentant. 

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD (S/2022/136)

Déclarations

M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, a expliqué qu’en matière sécuritaire, la situation générale dans la zone administrative d’Abyei est restée calme, mais le manque de confiance entre les communautés Misseriya et Ngok Dinka reste très préoccupant selon lui. Après que le Conseil de sécurité a demandé, en décembre dernier, que la FISNUA intensifie son appui au dialogue intercommunautaire, la Mission a travaillé sans relâche avec les Gouvernements soudanais et sud-soudanais, a-t-il indiqué, ainsi qu’avec les dirigeants communautaires des deux côtés, pour parvenir à un accord sur les conditions concernant les routes migratoires pendant la saison sèche. Le haut fonctionnaire s’est dit déçu de constater qu’à la dernière minute, les parties n’aient pas réussi à s’entendre sur un certain nombre de points clefs, ce qui a entraîné l’annulation de la manifestation organisée par la FISNUA à Entebbe pour commencer le dialogue intercommunautaire.  Depuis octobre dernier, on assiste à des incidents de violence intercommunautaire, comme celui de la semaine dernière, qui ont fait au total 29 morts, dont 2 femmes et 30 blessés dans les deux communautés. Ces incidents violents se sont produits dans les zones de Noong/Annam, Kolom, Leul/Al Luo et du marché d’Amiet/Faydelzaraf, a précisé M. Lacroix pour lequel ces morts et ces blessés auraient pu être évités s’il y avait eu davantage de confiance intercommunautaire à tous les niveaux.  En réponse à ces incidents, la Mission a poursuivi son travail de sensibilisation des communautés, ainsi que des patrouilles plus fréquentes et de plus longue portée. Le commandant de la Force par intérim a encouragé l’utilisation de mécanismes locaux de règlement de conflits impliquant les chefs traditionnels, les jeunes, les femmes et les filles.  Mais, a souligné M. Lacroix, il appartient avant tout aux Gouvernements soudanais et sud-soudanais de renouveler leur engagement sur le statut final d’Abyei.  À cet égard, il a salué la récente demande de soutien des deux parties pour l’organisation du prochain comité de contrôle conjoint d’Abyei, les exhortant à tout mettre en œuvre pour profiter de cette réunion afin d’avancer sur la question d’Abyei. 

Sur une note positive, le Secrétaire général adjoint a fait état de progrès significatifs dans l’élaboration du programme conjoint d’Abyei, proposé dans sa lettre au Conseil de sécurité en date du 17 septembre 2021 (S/2021/805).  Une équipe de l’ONU est à un stade avancé des consultations avec les femmes, les jeunes, les anciens et d’autres membres de la communauté pour s’assurer que les services de consolidation de la paix proposés par le biais du programme conjoint d’Abyei bénéficieront aux Misseriya et aux Ngok Dinka d’une manière sensible au conflit et là où les besoins sont les plus grands.  M. Lacroix s’est dit encouragé par le soutien politique apporté par les deux gouvernements à ce programme. 

La FISNUA a continué de se heurter à des difficultés pour documenter les violations et les abus des droits de l’homme, en raison de son manque d’expertise dans le domaine des droits de l’homme, a-t-il concédé, tout en se disant encouragé par le fait qu’une équipe de spécialistes ait obtenu des visas temporaires pour mener une mission d’évaluation à Abyei en mars dernier.  Aucun progrès en revanche n’a été enregistré s’agissant du déploiement des trois unités de police constituées (UPC) conformément au mandat du Conseil de sécurité, a regretté M. Lacroix et cela malgré les efforts continus de la direction de la FISNUA.  Les visas n’ont pas été accordés à ces trois unités, ni aux autres policiers hors unités constituées (IPO). 

Passant à la situation humanitaire dans la région d’Abyei, M. Lacroix a reconnu qu’elle s’était détériorée, comme en témoigne le fait que le nombre de personnes vulnérables soit passé de 103 000 à 240 000 au cours de la période à l’examen.  C’est en grande partie dû à la violence entre les communautés Twic Dinka et Ngok Dinka près d’Agok en février et mars, a précisé M. Lacroix.  Des centaines de travailleurs humanitaires ont été évacués, deux ont été tués, et les habitants de la région sont toujours profondément touchés par la baisse considérable des services médicaux. 

Par ailleurs, il n’y a eu aucun progrès sur la ré-opérationnalisation des bases du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière (JBVMM 11, 12) et de son quartier général du secteur 1 à Gok Machar, après que la FISNUA a été forcée de se réinstaller ailleurs en 2021.  Une nouvelle force JBVMM est présente sur les sites opérationnels, a précisé M. Lacroix, et elle est prête à mettre en œuvre ce volet important de son mandat dans tous les lieux préalablement convenus entre les parties. Pour cela, il est impératif que le Gouvernement du Soudan du Sud poursuive ses efforts pour permettre le retour du JBVMM dans ces zones dans les plus brefs délais, a exigé M. Lacroix. 

Avant de conclure, il a dénoncé certains actes de violence graves qui ont visé des soldats de la paix de la FISNUA, demandant aux autorités compétentes d’enquêter sur ces incidents en priorité.  Après avoir remercié le général de division Benjamin Sawyerr, ainsi que les femmes et les hommes de son équipe de la FISNUA, pour leur travail acharné et continu, notamment pour superviser et soutenir la transition réussie et difficile de la Mission en une force multinationale de maintien de la paix des Nations Unies et cela en quelques mois seulement, le Secrétaire général adjoint a sollicité le soutien du Conseil à la recommandation du Secrétaire général de proroger le mandat de la FISNUA pour une nouvelle période de six mois, jusqu’au 15 octobre 2021. 

Mme HANNA SERWAA TETTEH, Envoyée spéciale du Secrétaire général pour la Corne de l’Afrique, qui s’exprimait par visioconférence pour ce premier exposé au Conseil de sécurité dans le cadre de ses nouvelles fonctions, a noté que cette séance se tient dans un contexte marqué par des incertitudes, à la suite du coup d’État au Soudan du 25 octobre 2021, qui n’a empêché de planifier toutes les réunions des mécanismes conjoints entre le Soudan et le Soudan du Sud prévues pour 2022.  Avec la destitution du gouvernement civil de Khartoum, l’élan vers la résolution des questions en suspens a été soudainement arrêté et les pays devront reprendre ces efforts, a-t-elle indiqué, ajoutant que, lors de sa récente visite au Soudan, le Président du Conseil souverain et son adjoint l’ont informée que des préparatifs étaient en cours pour traiter de ces questions avec leurs homologues sud-soudanais.  À ses yeux, les récentes violences survenues entre les Ngok Dinka et les Misseriya à Abyei viennent rappeler la nécessité de se concentrer sur le règlement du statut définitif d’Abyei. 

Au Soudan du Sud, a précisé l’Envoyée spéciale, le Président Kiir a procédé, le 12 avril, à des nominations au sein de la structure de commandement des Forces unifiées, qui doivent ouvrir la voie au redéploiement des troupes ayant terminé leur formation dans le cadre d’une nouvelle armée nationale.  Cela fait suite à un accord intervenu le 3 avril entre le Président, le premier Vice-Président Riek Machar et le cinquième Vice-Président Abdelbagi, en tant que commandants en chef des partis signataires de l’Accord de paix revitalisé de 2018.  Ce développement a été le fruit des efforts de médiations menés par le Président du Conseil souverain soudanais, a-t-elle relevé, avant de se féliciter que la tension entre le Président Kiir et M. Machar, qui s’était traduite par des combats entre leurs troupes dans les États du Haut-Nil et de l’Unité, se sont depuis dissipées. 

Pour Mme Tetteh, une victime évidente du coup d’État au Soudan a été le Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité, l’un des rares réunissant les deux pays pour passer en revue les questions politiques et sécuritaires.  Lors de sa dernière réunion, les 8 et 9 septembre 2021 à Djouba, il avait programmé une réunion pour la deuxième semaine de janvier 2022 à Khartoum.  Or, non seulement la réunion n’a pas eu lieu mais aucune suite n’a été donnée aux autres décisions prises lors de la séance de Djouba, a regretté l’Envoyée spéciale.  Quant à l’appel lancé aux deux pays pour qu’ils retirent leurs forces de la zone d’Abyei d’ici au 31 décembre 2021, a-t-elle noté, les dirigeants soudanais assurent qu’ils ont effectivement retiré toutes leurs forces et appelé le Soudan du Sud à faire de même pour que soient réactivées les réunions du Comité mixte de contrôle d’Abyei (AJOC).  La haute fonctionnaire s’est d’autre part déclarée préoccupée par l’absence de progrès sur l’engagement du Soudan du Sud, pris dans le cadre du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité, d’effectuer une médiation entre les communautés d’Aweil en vue de la réactivation des trois systèmes de vérification conjointe des frontières.  Aucune nouvelle date n’a été fixée pour la prochaine rencontre du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité, a-t-elle déploré, avant de saluer les contacts visant à permettre la tenue d’une réunion de l’AJOC prochainement. 

Mme Tetteh a indiqué que, grâce à l’assouplissement des restrictions imposées par la pandémie de COVID-19, elle a pu se rendre dans les deux pays et y rencontrer les principaux dirigeants.  De ces discussions, il ressort que les relations bilatérales entre le Soudan et le Soudan du Sud sont bonnes, a-t-elle affirmé, se réjouissant que les deux pays aient poursuivi leurs visites de haut niveau.  Bien que la dernière visite du Président Kiir à Khartoum remonte à 2018, les dirigeants soudanais ont continué à se rendre à Djouba.  Les ministres sud-soudanais ont, eux, fait la navette entre Djouba et Khartoum tout au long de la période à l’examen pour faciliter une solution entre les composantes militaires et civiles du Gouvernement de transition et empêcher l’effondrement de l’Accord, a expliqué l’Envoyée spéciale.  Selon elle, bien que le Président Kiir et le général Burhan ne se soient pas attardés sur la question d’Abyei, ils ont convenu de se concentrer sur la coopération le long de la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud, en commençant par une approche de paix prévoyant le développement de champs pétrolifères « unifiés », y compris dans la région d’Abyei.  Elle a émis l’espoir que cette approche soit un point de départ pour s’attaquer aux violences récurrentes dans la zone mais aussi pour progresser vers un règlement du statut définitif d’Abyei. 

Khartoum a également continué de jouer un rôle positif dans la résolution des problèmes intrapartis rencontrés par les partis sud-soudanais, a constaté Mme Tetteh, saluant à ce sujet l’accord signé le 16 janvier entre la faction dissidente du Mouvement populaire de libération du Soudan dans l’opposition et le Mouvement populaire de libération du Soudan (MPLS).  Dans le même esprit, a-t-elle relaté, le Soudan du Sud a poursuivi ses efforts pour convaincre Abdel Wahid Al Nur, chef d’une faction du Mouvement/Armée de libération du Soudan (SLM/A), de rejoindre le processus de paix soudanais.  Ces efforts n’ont pas encore été couronnés de succès, M. Nur refusant de se joindre au processus négocié par Djouba et appelant à une initiative soudanaise pour résoudre de manière globale les multiples problèmes du Soudan. 

Évoquant ensuite les développements dans les régions du Kordofan méridional et du Nil Bleu, Mme Tetteh a noté avec regret que les efforts déployés par le comité de médiation du Soudan du Sud pour faciliter la reprise des négociations entre le Gouvernement soudanais et le MPLS-Nord-faction Abdelaziz Hélou n’ont pas abouti. Dans le même temps, la faction Malek Agar du MPLS-Nord, qui était l’un des signataires de l’Accord de paix de Djouba avec le Gouvernement du Soudan, est resté au sein des institutions de transition malgré l’arrestation, l’emprisonnement et la libération ultérieure de son vice-président, Yassir Aman, par les militaires.  De toute évidence, a observé l’Envoyée spéciale, le coup d’État a eu un effet négatif sur les relations bilatérales que les deux pays avaient commencé à approfondir et qu’ils essaient de redémarrer.  Elle a cependant trouvé encourageant que, alors que chacun d’eux est aux prises avec un conflit interne, le Soudan et le Soudan du Sud continuent de se compléter dans la recherche de la paix et de tirer parti des progrès réalisés, tout en intensifiant l’aide humanitaire aux communautés déplacées et vulnérables.  Tous deux reconnaissent le besoin de paix sur leurs territoires et dans la région, ce qui leur permettra de favoriser la coopération et les relations de bon voisinage, a-t-elle conclu. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a remercié le personnel de la FISNUA, notamment dans un contexte de reconfiguration de la Mission.  Elle a évoqué quelques défis comme un nouvel engagement diplomatique en faveur d’Abyei, ainsi que la lutte contre la violence et la désinformation de la part de la FISNUA qui a en outre besoin d’un accès sans entrave sur le terrain.  Pour la déléguée, il est clair que la solution durable au conflit ne peut qu’être diplomatique.  Elle a ensuite regretté l’absence de réunion du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité.  La représentante a également appelé à la nomination d’un chef de Mission adjoint dont le travail sera focalisé sur les questions politiques, afin de faire avancer ce volet. 

Après les violences de février et mars derniers, Mme Thomas-Greenfield a considéré que les relations de la Mission avec les communautés locales d’Abyei doivent être améliorées en vue de réduire les tensions.  De même, la FISNUA a besoin de renforcer son contingent de police pour faire face à l’insécurité.  Elle a par ailleurs insisté sur la délivrance de visas au personnel onusien, avant d’inviter la Mission à mieux communiquer avec les populations qui semblent ne pas bien saisir la portée du mandat de la FISNUA.  La déléguée a enfin plaidé pour que les troupes de la Mission reviennent sur les sites abandonnés l’an dernier. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon, au nom des A3) a noté avec intérêt le renforcement de la coopération entre le Soudan et le Soudan du Sud, souhaitant un dialogue accru entre ces deux pays sur la mise en place des arrangements à Abyei, pour le bien de la population.  Il a salué les efforts de la FISNUA ayant permis la tenue du dialogue intercommunautaire sur la paix.  Il est temps de définir un statut final pour Abyei, a déclaré le délégué.  Sur le plan sécuritaire, il a regretté la recrudescence des tensions entre les communautés Misseriya et Ngok Dinka.  Le délégué a noté les difficultés sur le plan humanitaire et salué les efforts des équipes pays du Soudan et du Soudan du Sud pour y remédier, s’agissant notamment de l’accès aux services de base.  Il a condamné les attaques contre le personnel de la FISNUA et contre les travailleurs humanitaires.  Le Soudan et le Soudan du Sud doivent respecter l’accord sur le statut des forces, a déclaré le délégué, avant de saluer l’apport du contingent éthiopien qui s’est retiré d’Abyei.  Enfin, le délégué du Gabon a réitéré l’importance d’une solution politique au statut d’Abyei. 

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a constaté que les développements politiques internes au Soudan et au Soudan du Sud ont pris le pas sur le statut final d’Abyei, avant d’espérer que, dans les mois à venir, les deux parties progresseront dans le processus visant un règlement politique.  Dans ce contexte, il s’est dit d’avis que le Comité de contrôle conjoint d’Abyei soit une priorité, rappelant que ce Comité avait pour mandat de se réunir tous les mois, or il ne l’a pas fait depuis novembre 2017.  L’Inde soutient les efforts continus déployés par l’Union africaine en vue de la reprise de ces réunions, a fait savoir le représentant, qui a également appelé à la mise en œuvre des décisions du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité, arguant que des réunions régulières du Comité sont essentielles pour une administration efficace et relever les défis de sécurité à Abyei. 

Également préoccupé par la poursuite des affrontements violents entre les communautés Ngok Dinka et Misseriya, le représentant a salué à cet égard les efforts de la FISNUA pour réunir les anciens des deux communautés et convoquer à nouveau la Conférence de paix conjointe des chefs traditionnels, qui doit maintenant avoir lieu le mois prochain.  Concernant la mise en œuvre du mandat de la FISNUA, le représentant a demandé aux autorités soudanaises et sud-soudanaises de permettre l’opérationnalisation de la piste d’atterrissage d’Athony et de fournir des visas aux unités de police constituées.  Il a en outre exprimé sa préoccupation à la suite des attaques perpétrées contre les forces de la FISNUA et aux violations de leur liberté de mouvement.  Avant de conclure, le représentant a mentionné qu’un contingent indien de 570 Casques bleus rejoindra prochainement la FISNUA, et que son déploiement est déjà en cours. 

M. SUOOD RASHED ALI ALWALI ALMAZROUEI (Émirats arabes unis) a noté que cette séance se tient dans un contexte d’événements alarmants, à commencer par la poursuite de violents heurts intercommunautaires qui nuisent au travail de terrain de la FISNUA.  Ces violences ont aussi des conséquences négatives pour les organisations humanitaires à l’œuvre dans la région, a-t-il déploré, jugeant essentiel de prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir la sécurité des travailleurs humanitaires.  Il a également appelé à des efforts accrus pour promouvoir le dialogue et la coexistence pacifique entre les communautés, sans pour autant négliger les enquêtes sur les violences.  Le délégué a par ailleurs souligné l’importance de créer des mécanismes temporaires administratifs et de sécurité afin de s’assurer que ces tensions ne débordent pas.  À cet égard, il a encouragé les membres de la FISNUA à poursuivre leurs contacts avec les communautés locales.  Il importe aussi, selon lui, que la conférence des chefs traditionnels puisse se tenir comme prévu en mai prochain.  Concernant les relations entre le Soudan et le Soudan du Sud, il s’est félicité que les dirigeants des deux pays appuient mutuellement la voix de l’autre pour la paix, ce qui atteste d’un vrai rapprochement.  Il faut faire fonds sur ces progrès afin d’avancer vers un règlement sur le statut définitif d’Abyei.  Enfin, après avoir rendu hommage à l’action que mène la FISNUA dans un environnement qui ne cesse d’évoluer, il a exprimé son soutien à la proposition du Secrétaire général de proroger son mandat. 

Mme SHERAZ GASRI (France) a salué les efforts du Secrétariat et des pays contributeurs de troupes pour réussir la reconfiguration de la FISNUA.  Elle s’est dite inquiète de la poursuite des violences non seulement contre les civils mais aussi à l’encontre des Casques bleus de la FISNUA, appelant les parties à mettre en place les mécanismes conjoints nécessaires à la stabilité d’Abyei.  La déléguée a regretté l’absence de progrès sur le redéploiement de la FISNUA dans les trois sites qu’elle a été contrainte d’évacuer fin 2021.  Elle a appelé le Soudan et le Soudan du Sud à assurer la sécurité et la liberté de mouvement de la FISNUA, conformément à leurs obligations en vertu de l’accord sur le statut de la Force. Elle a précisé qu’il revient au Soudan du Sud d’apaiser les tensions avec les communautés locales pour permettre le rétablissement du soutien de la FISNUA au mécanisme conjoint de vérification et d’observation de la frontière.  À défaut, le Conseil de sécurité devra en tirer les conséquences lors du prochain renouvellement du mandat de cette mission, a-t-elle prévenu.  Enfin, elle a réaffirmé son soutien à l’Envoyé spécial pour la Corne de l’Afrique alors que les crises se multiplient dans la région.  Enfin, elle a jugé urgent de rétablir une transition démocratique au Soudan, avant d’appeler les États de la région à résoudre leurs différends par le dialogue, qu’il s’agisse des questions d’Abyei, du triangle d’El-Fashaga, du barrage de la Renaissance ou du conflit au Tigré. 

M. CÍCERO TOBIAS DE OLIVEIRA FREITAS (Brésil) a évoqué la question du règlement politique à long terme du statut de la zone d’Abyei.  Les processus, les retards et, surtout, les solutions pour parvenir à un terrain d’entente ne progresseront que grâce à des négociations justes et crédibles, a-t-il fait valoir en appelant à soutenir non seulement des pourparlers supplémentaires entre le Soudan du Sud et le Soudan, mais également de nouveaux contacts entre les deux parties à différents niveaux.  Les défis internes de chaque pays ne doivent pas faire dérailler les dynamiques bilatérales qui ont conduit à des relations plus amicales ces dernières années, a mis en garde le représentant en encourageant les dirigeants soudanais et sud-soudanais à saisir cette ouverture bilatérale pour avancer vers un règlement politique sur Abyei. 

Abordant ensuite la dimension régionale de ces négociations, il a rappelé que le Secrétaire général avait encouragé à juste titre l’Union africaine à intensifier ses efforts de médiation.  Si les parties sont disposées à reprendre les consultations du Comité conjoint de contrôle d’Abyei, l’Union africaine a la légitimité pour faciliter et soutenir les aspects politiques et logistiques de celles-ci, a-t-il estimé.  Il a ajouté que si l’appui de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs est disponible, alors la dimension sous-régionale pourrait être renforcée et des voies de négociation supplémentaires créées.  Quant à la situation sur le terrain, il a regretté les cycles fréquents de violence dans la zone d’Abyei qui entravent l’aide humanitaire et la protection des civils. 

M. MARTIN GALLAGHER (Irlande) a souhaité que la reconfiguration de la FISNUA soit l’occasion d’un renforcement de son mandat, s’agissant notamment de sa capacité à promouvoir les droits humains à Abyei.  Il a salué l’octroi de visas à deux experts en droits humains à Abyei, avant d’appeler le Soudan et le Soudan du Sud à remédier aux défis qui sapent la capacité opérationnelle de la FISNUA, dont le non-octroi de visas pour des policiers.  Préoccupé par les attaques perpétrées contre la Mission, il a demandé que celles-ci fassent l’objet d’une enquête approfondie.  Il a regretté que le Soudan et le Soudan du Sud n’aient pas progressé au cours des six derniers mois sur le statut final d’Abyei, avant de les inviter à donner la priorité à cette question.  Le délégué a appelé le Soudan du Sud à remédier aux difficultés rencontrées par la FISNUA s’agissant de la démarcation de la frontière.  En conclusion, M. Gallagher a réitéré l’importance d’un accord sur le statut final d’Abyei. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) s’est réjouie que les représentants du Soudan et du Soudan du Sud fassent preuve de davantage de coopération, y compris avec la FISNUA.  Il faut des efforts conjoints des parties dans le cadre d’une coopération mutuellement bénéfique, a-t-elle estimé, en saluant à cet égard la volonté démontrée par les parties dans l’exploitation conjointe des ressources pétrolières.  La Fédération de Russie espère que le dialogue entre Khartoum et Djouba permettra de tomber d’accord sur le statut définitif d’Abyei, a indiqué la représentante.  Tout en saluant le rôle joué par la FISNUA, elle a insisté sur l’impératif pour la Mission de se limiter aux termes de son mandat, notamment en favorisant le dialogue entre les parties et en atténuant les tensions intercommunautaires.  La déléguée a espéré que la Conférence des chefs traditionnels pourra se tenir dans les plus brefs délais.  Les positions du Soudan et du Soudan du Sud doivent être prises en compte, y compris au moment du renouvellement du mandat de la FISNUA, a-t-elle souhaité.  Quant à la transition de la FISNUA en Mission multinationale, elle a appelé à éviter qu’il y ait des problèmes logistiques pendant cette période. 

M. BING DAI (Chine) a jugé encourageant qu’en dépit des conflits communautaires et des activités criminelles qui se poursuivent dans la région, le Soudan et le Soudan du Sud aient continué à faire preuve de retenue dans le territoire contesté d’Abyei.  Saluant l’action cruciale des comités de protection communautaires établis avec l’assistance de la FISNUA, il y a vu une clef pour la stabilisation à long terme.  Dans cet environnement, le représentant a appelé de ses vœux la poursuite du dialogue en vue de parvenir à une coexistence harmonieuse.  Il s’est félicité, à cet égard, que les relations entre le Soudan et le Soudan du Sud aient continué de s’améliorer au cours de la période à l’examen, les deux pays se concentrant sur l’avancement de leurs processus politiques respectifs.  Il les a encouragés à procéder à des échanges d’informations et à faire face aux urgences en temps opportun.  Notant d’autre part que la reconfiguration des composantes militaires de la FISNUA progresse de manière ordonnée, il a salué le rôle des Casques bleus éthiopiens qui, au cours des 11 dernières années, ont accompli leur mandat dans des conditions extrêmement difficiles, en étroite coopération avec le Soudan et le Soudan du Sud.  Il a également indiqué qu’en tant que nouveau pays contributeur de troupes à la FISNUA, la Chine a déployé une unité d’hélicoptères à Abyei et fournira une force de réaction rapide dès que possible.  En attendant le règlement du statut définitif d’Abyei, il a exprimé l’accord de principe de sa délégation au renouvellement du mandat de la FISNUA. 

M. JUAN GÓMEZ ROBLEDO VERDUZCO (Mexique) a estimé que l’amélioration récente des relations entre le Soudan et le Soudan du Sud est une occasion de relancer le processus pour parvenir à un accord sur Abyei.  Il a appelé les parties à assurer le bon fonctionnement du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière.  De même, il a jugé que ce n’est que par la coopération et le travail conjoint dans des forums comme le Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité qu’il sera possible d’avancer vers la stabilisation de la région.  Il a regretté que ce dernier ne se soit pas réuni depuis 2017, avant de demander que des ressources soient investies et mobilisées; humaines, politiques et économiques nécessaires à sa réactivation.  Le délégué a appelé les autorités du Soudan et du Soudan du Sud à permettre le déploiement d’experts en droits de l’homme au sein de la FISNUA, conformément au mandat accordé par le Conseil de sécurité.  Il a exhorté la FISNUA à continuer de promouvoir les pourparlers de paix avec la participation pleine et effective des jeunes et des femmes.  Le représentant a également affirmé que la sécurité du personnel de la FISNUA est primordiale, exhortant les autorités à garantir leur sécurité et liberté de mouvement.  De même, et conformément à ses obligations en vertu de l’accord sur le statut des forces, des enquêtes doivent être menées en urgence et les responsables d’attaques contre les forces de la Mission traduits en justice. 

M. ARIAN SPASSE (Albanie) a regretté la recrudescence des tensions communautaires à Abyei qui risque de saper les gains enregistrés jusqu’à présent. Il a appelé les parties à faire montre de volonté politique, à prévenir une escalade et à œuvrer à une cessation immédiate des violences.  Il a souligné la nécessité de remédier aux revendications socioéconomiques de la population, en soulignant la défiance persistante entre les communautés.  Il a déploré le « manque total de participation des femmes » à Abyei et jugé impossible de trouver des solutions durables lorsque la moitié de la population est exclue.  Le délégué a exhorté les entités onusiennes et les autres acteurs à mettre l’accent sur l’exécution du programme les femmes et la paix et la sécurité à Abyei.  Il a aussi souhaité que la FISNUA soit dotée d’experts en droits humains, avant de demander au Soudan d’accorder des visas aux policiers de la Mission.  Il est très préoccupant que la Force, qui est la seule entité garante du maintien de l’ordre à Abyei, ne puisse opérer à pleine capacité, a conclu M. Spasse. 

Mme MONA JUUL (Norvège) s’est dite préoccupée par le niveau élevé des tensions dans et autour d’Abyei, en appelant les Misseriya et les Ngok Dinka à renoncer aux attaques liées à la saison migratoire.  La Norvège est favorable aux différentes initiatives locales visant à éviter et à régler les conflits, a déclaré la représentante, qui a également salué les efforts en ce sens du Commandant de la FISNUA.  Il est de la plus haute importance que la FISNUA reste pleinement opérationnelle et soit prête à utiliser la force si nécessaire pour protéger les civils exposés à des risques de violences physiques, a estimé la représentante, en précisant que cela signifie le déploiement des unités de police constituée.  Alors qu’Abyei reste une zone contestée, il ne fait aucun doute que la FISNUA joue un rôle inestimable dans la sécurité et la stabilité de la zone.  Il n’y a cependant eu aucun progrès sur la question la plus épineuse, à savoir si Abyei appartiendra au Soudan ou au Soudan du Sud, a regretté la déléguée, en demandant la mise en œuvre des mécanismes conjoints, tel que stipulé dans l’accord de juin 2011.  Cela renforcera la coopération et instaurera la confiance entre les communautés sur le terrain, a-t-elle fait valoir. 

La représentante a exhorté les parties à reprendre les réunions du Comité de contrôle conjoint pour Abyei, à mettre en place des procédures de délivrance de visas efficaces pour assurer un recrutement en temps opportun et remplacer le personnel policier et militaire, et à rendre la piste d’atterrissage d’Athony accessible.  Elle a également encouragé le soutien continu de la FISNUA aux initiatives de paix dirigées par des femmes, en appelant à plus de coopération entre la FISNUA, les agences des Nations Unies, et la société civile à cet égard.  La déléguée a également remarqué que la coopération transfrontalière est et sera la clef du développement et de la sécurité de la zone à l’avenir, ce qui suppose des mesures concrètes de renforcement de la confiance mutuelle entre les parties afin qu’aucune d’entre elles ne considère « la solution définitive » comme un « jeu à somme nulle ». 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a félicité à son tour le Soudan et le Soudan du Sud pour l’amélioration de leurs relations bilatérales, y compris le soutien mutuel exprimé à leur processus de paix respectif.  Il s’est dit encouragé par la dernière session, en octobre, du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et de sécurité et de la Commission frontalière mixte.  Il a cependant jugé regrettable que des développements aussi positifs n’aient conduit à des progrès tangibles pour la population d’Abyei ou à la conclusion d’un accord politique pour la région.  Dans ce contexte, le délégué a exhorté les deux pays à organiser une nouvelle réunion du Comité mixte de contrôle d’Abyei et, en écho aux propos du Secrétaire général, encouragé l’Union africaine à intensifier ses efforts de médiation.  Pour ce qui concerne la FISNUA, il s’est réjoui que la rotation des troupes soit presque terminée et a rendu hommage au dévouement des Casques bleus éthiopiens à Abyei au cours de la dernière décennie.  Il a également exhorté les gouvernements du Soudan et du Soudan du Sud à supprimer les obstacles opérationnels, notamment la restriction de la liberté de mouvement, qui limitent la capacité de la FISNUA à mettre en œuvre son mandat dans son intégralité.  De même, il a souhaité que le Soudan du Sud permette la ré-opérationnalisation du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance des frontières à Gok Macchar. 

Le représentant s’est d’autre part déclaré inquiet après les deux attaques essuyées par les forces de la FISNUA au cours de la période à l’examen. Réaffirmant le caractère vital de la sûreté et de la sécurité des soldats de la paix de l’ONU, il a souhaité que les autorités compétentes enquêtent sur ces incidents et tiennent leurs auteurs comptables de leurs actes.  Enfin, il a exprimé sa profonde préoccupation face à la flambée de violence à Agok, au cours de laquelle deux travailleurs humanitaires ont été tués et les activités sur le terrain suspendues.  Il a exhorté toutes les parties à respecter pleinement le droit international humanitaire et à permettre aux acteurs humanitaires de fournir de l’aide à ceux qui en ont besoin dans toutes les parties d’Abyei. 

M. AKUEI BONA MALWAL (Soudan du Sud) a constaté que les conditions de sécurité sont fragiles à Abyei, notamment du fait des attaques répétées des Misseriya contre les Ngok Dinka.  Il a estimé que ces attaques sont liées au vide sécuritaire laissé par la Mission.  Le représentant a rappelé que la région devrait être exempte d’armes à feu, en dehors de celles possédées par les forces de la FISNUA.  Si ces attaques se poursuivent, alors la situation sécuritaire continuera de se dégrader, a-t-il averti, demandant au Conseil de sécurité, à l’Union africaine et à l’IGAD de travailler avec les parties pour mettre la dernière main au statut final d’Abyei. 

Sur la question des violences d’Agok, le représentant a affirmé que les autorités sud-soudanaises avaient établi une commission d’enquête.  Il a estimé que le Programme commun pour Abyei jouera un rôle important pour combler les lacunes en services de base, vu que les autorités Sud-Soudanaises ont fait tout leur possible, avec les moyens disponibles, pour apporter les services nécessaires aux populations. 

Enfin, s’exprimant sur la question de la réconciliation, le représentant a fait observer que la région vit toujours au rythme d’attaques perpétuelles, sans que les auteurs ne soient sanctionnés.  De même, il a rappelé que cela fait près de 10 ans que le chef suprême Ngok Dinka a été assassiné de sang-froid, et jusqu’à ce jour, personne n’a été sanctionnée ni aucun rapport rendu public sur l’évènement.  « Quand le Conseil de sécurité parle de réconciliation dans ces conditions, de quoi parle-t-il? » a-t-il lancé. 

M. AMMAR MOHAMMED MAHMOUD MOHAMMED (Soudan) a dit que les relations bilatérales entre le Soudan et le Soudan du Sud ont connu des développements positifs ces derniers mois.  Il a indiqué que son pays a fait récemment une proposition sur la création d’administrations conjointes à Abyei et qu’il attendait la réponse du Soudan du Sud.  Le représentant a estimé que le climat positif prévalant entre les deux pays est de nature à favoriser les efforts de recherche d’un statut final à Abyei.  Il a appelé à profiter de cet élan pour régler les questions de démarcation de la frontière.  Le délégué s’est dit préoccupé par les incidents qui se sont produits ces derniers mois et a présenté ses condoléances aux familles des victimes.  Il a rappelé que la zone d’Abyei doit être exempte de toute présence armée, jugeant regrettable la présence de forces armées sud-soudanaises dans la zone tampon et estimant que cela entraînera des conséquences négatives sur la recherche d’un statut final.  En conclusion, le représentant du Soudan s’est prononcé en faveur d’un renouvellement de six mois du mandat de la FISNUA. 

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