En cours au Siège de l'ONU

Le Comité spécial de la Charte des Nations Unies ne parvient pas à adopter l’entièreté de son rapport annuel en raison de divergences sur le conflit en Ukraine

Session annuelle de 2022,
302e & 303e séances plénières, matin & après-midi
L/3294

Le Comité spécial de la Charte des Nations Unies ne parvient pas à adopter l’entièreté de son rapport annuel en raison de divergences sur le conflit en Ukraine

Le Comité spécial de la Charte des Nations Unies et du raffermissement du rôle de l’Organisation n’est pas parvenu à adopter dans son entièreté le rapport annuel de sa session de 2022, même après plusieurs suspensions de séance, en raison des divergences des délégations sur le libellé de certaines dispositions dudit rapport relatives à la situation en Ukraine.  Alors que la délégation de l’Ukraine souhaitait inclure dans ce rapport l’expression « agression russe », celle de la Fédération de Russie faisait, elle, état d’une « opération militaire spéciale ». 

Présenté par la Rapporteuse, Mme Ligia Lorena Flores Soto, d’El Salvador, ce document comprend cinq chapitres couvrant l’ensemble des points à l’ordre du jour (A/AC.182/2022/L.1 à L.11).  Il fait suite aux trois réunions plénières du Comité spécial et aux trois réunions de son Groupe de travail plénier durant cette session de 2022 entamée le 22 février.  Le Comité a conclu ses travaux en adoptant uniquement l’introduction de ce rapport (A/AC.182/2022/L.1), un dénouement qui a été déploré par nombre de délégations. 

Après le chapitre I relatif à l’introduction du projet de rapport, le chapitre II, divisé en six sections et portant sur le maintien de la paix et de la sécurité internationales, a fait l’objet de divergences.  Au titre des commentaires généraux, la Géorgie, au nom de de la République de Moldova et de l’Ukraine, a demandé l’inclusion d’un amendement au rapport rappelant que le respect de l’intégrité territoriale est un principe fondamental du droit international.  La délégation, à l’instar de l’Union européenne (UE), a condamné l’agression russe contre l’Ukraine, en rappelant que le recours à la force contrevient à la Charte. 

L’emploi de la force pour modifier les frontières d’un pays n’a pas lieu d’être, a déclaré la délégation de l’UE.  La Lettonie, la Roumanie, la Slovaquie, le Japon, la Nouvelle-Zélande, la Pologne, la République tchèque, les États-Unis, la Bulgarie, le Royaume-Uni, la République de Moldova et le Costa Rica ont aussi condamné l’agression russe et apporté leur soutien au projet d’amendement.  Ces délégations ont disposé sur leur pupitre une écharpe aux couleurs du drapeau ukrainien sur laquelle on pouvait lire en langue anglaise « Nous sommes tous l’Ukraine aujourd’hui ».

La Fédération de Russie a réagi en indiquant que ces considérations sur la situation en Ukraine n’ont pas leur place devant ce Comité, en rappelant que l’Assemblée générale tenait en parallèle une session extraordinaire d’urgence sur le sujet.  Appuyée par la Syrie, elle a dénoncé cette proposition d’amendement, notant que « la crise en Ukraine n’a pas commencé hier, ni avant-hier ». 

« Personne n’a condamné le renversement illégal et sanglant qui a eu lieu en 2014 à Kiev, grâce à la complicité des délégations qui condamnent la Russie aujourd’hui », a fustigé la délégation, évoquant la résurgence de « l’idéologie nazie » en Ukraine.  Nous avons tous une responsabilité dans ce conflit, a renchéri le Bélarus, qui a dénoncé l’invasion de l’Iraq par les États-Unis, en violation de la Charte.  Appelant à suivre la pratique du Comité, la Chine a conseillé de mettre de côté les propositions qui font l’objet d’une divergence. 

C’est ensuite le chapitre III, centré sur la question du règlement pacifique des différends, qui a donné lieu à des échanges acrimonieux et à des divergences de vues qui n’ont pas pu être surmontées.  La République de Moldova, au nom de la Géorgie et de l’Ukraine, a proposé un amendement, jugeant fondamental de mettre en œuvre les décisions des organes judiciaires internationaux.  La situation en Ukraine s’est à nouveau invitée dans les débats, puisque le délégué de ce pays a proposé, à la lumière de la résolution adoptée ce matin à l’Assemblée générale, de remplacer dans le rapport l’expression « opérations militaires menées par la Fédération de Russie » par « agression de la Fédération de Russie ».

Cette proposition a été appuyée par l’Union européenne, la Lettonie au nom de la Lituanie et de l’Estonie, l’Australie au nom du Canada et de la Nouvelle-Zélande, la Turquie, le Japon, le Royaume-Uni, la Pologne ou bien encore les États-Unis.  La Fédération de Russie a, en revanche, rejeté cette expression.  « Pour nous, il ne s’agit pas d’une agression, mais d’une opération militaire spéciale visant à dénazifier l’Ukraine », a insisté la délégation.

La suite des échanges a porté sur le sous-thème choisi en 2022 intitulé « Échange d’informations sur les pratiques des États concernant le recours au règlement judiciaire ».  Les délégations ont ensuite débattu du chapitre V, consacré aux méthodes de travail du Comité spécial et à la définition de nouveaux sujets. 

Le Président du Comité pour cette session, M. Gheorghe Leucă, de la République de Moldova, a suspendu une première fois la séance afin de permettre aux délégations de voter lors de la session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale sur la situation en Ukraine. 

* Les proposition de libellés formulées par les délégations au cours de cette séance et citées dans ce communiqué ne sont pas des traductions officielles.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: la Représentante spéciale pour l’Afghanistan appelle à doter la MANUA d’un mandat robuste

8984e séance – matin
CS/14815

Conseil de sécurité: la Représentante spéciale pour l’Afghanistan appelle à doter la MANUA d’un mandat robuste

Six mois et demi après la prise de Kaboul par les Taliban le 15 août 2021, le Conseil de sécurité a été appelé, ce matin, à doter la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) d’un mandat robuste pour lui permettre de répondre aux besoins de la population afghane.  Alors que 24 millions d’Afghans -60% de la population- auront besoin d’aide humanitaire en 2022, contre 18 millions en 2021, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour l’Afghanistan a précisé que ce renouvellement de mandat, qui doit intervenir fin mars, devra aider à mettre en œuvre cinq priorités. 

Selon Mme Deborah Lyons, si la MANUA est dotée des ressources nécessaires, elle pourra s’attaquer à la crise économique; travailler avec les Taliban pour assurer l’accès à l’éducation pour toutes les filles et tous les garçons; soutenir le respect des droits humains; et engager une discussion sur l’inclusion politique.  La Mission pourra également soutenir un dialogue politique structuré avec les autorités de facto qui appuie le processus de sécurisation de la légitimité nationale et réponde aux principales préoccupations des membres du Conseil, telles que la lutte contre les stupéfiants, la lutte contre le terrorisme et la sécurité régionale. 

« Il s’agit d’établir une voie pour permettre à l’État afghan de rejoindre la communauté internationale au sens large », a-t-elle indiqué. 

La Chef de la MANUA a également estimé ne pas pouvoir aider le peuple afghan sans travailler avec les autorités de facto, précisant avoir fait part aux Taliban des préoccupations de la communauté internationale s’agissant des restrictions aux droits fondamentaux des femmes et des filles, les exécutions extrajudiciaires, les disparitions forcées et les détentions arbitraires, le respect des minorités et les libertés de réunion et d’expression.  De leur côté, les Taliban se sentent incompris et estiment notamment qu’ils devraient être davantage reconnus pour la sécurité qui prévaut en Afghanistan, a-t-elle relayé, précisant qu’au cours des six mois qui se sont écoulés depuis le 15 août, le nombre de victimes civiles a diminué de 78% suite à la réduction du conflit.  « Ce choc des perspectives est à la base d’une grave méfiance à laquelle il faut remédier », a-t-elle souligné. 

Dépeignant un sombre tableau de l’état des libertés fondamentales, Mme Mariam Safi, chercheuse afghano-canadienne en matière de consolidation de la paix et membre de la société civile, a expliqué que la liberté d’expression a presque entièrement disparu en Afghanistan, et que la répression des droits des femmes semble être au cœur de la vision des Taliban.  À l’instar de la France, elle a exhorté le Conseil de sécurité à juger les Taliban pour leurs actes et non pour leurs paroles.  Les Taliban doivent prouver qu’ils ont changé et qu’ils sont prêts à rejoindre la communauté internationale, notamment dans le domaine du respect des droits des femmes et la protection des enfants, a-t-elle insisté. 

« La religion ne saurait justifier une quelconque discrimination à l’égard des femmes », a renchérit la représentante des Émirats arabes Unis qui a fait le lien entre parité et économie en expliquant que la discrimination des femmes coûterait 1 milliard de dollars par an à l’économie afghane.  Dans la même veine, la délégation du Kenya a noté qu’au moins 5% du produit intérieur brut (PIB) est perdu lorsque les femmes sont confrontées à des restrictions de travail, avant d’exhorter les Taliban à tenir compte de cette réalité dans l’élaboration de politiques.  « Les droits des femmes et des filles sont indissociables de la prospérité de l’Afghanistan », a résumé la Norvège.  

Le risque d’un effondrement de l’économie afghane a également été la source de multiples préoccupations, l’Iran soulignant notamment que la mise à disposition des avoirs gelés de l’Afghanistan est cruciale pour le rétablissement de l’économie afghane.  Ce sujet a d’ailleurs été l’origine d’une rare joute oratoire entre les représentants de la Chine et des États-Unis.  Ainsi la Chine, à l’instar de la Fédération de Russie, du Pakistan, mais aussi de la représentante de la société civile, a estimé que le gel de 7 milliards de dollars d’avoirs afghans par les États-Unis était une atteinte à la souveraineté de l’Afghanistan et une violation du droit international.  Réserver une partie des avoirs gelés pour indemniser les victimes des attentats terroristes du 11 septembre 2001 est une décision immorale, a dénoncé la Fédération de Russie. 

En tant que pays géographiquement proches de l’Afghanistan, les représentants de l’Inde et de l’Iran se sont particulièrement inquiétés des risques de voir l’Afghanistan redevenir un sanctuaire terroriste.  À l’instar de la France, ces délégations ont fustigé l’insuffisance des mesures prises par les Taliban pour contrecarrer ce fléau, l’Iran ayant notamment relevé que l’État islamique d’Iraq et du Levant-Khorassan (EIIL-K) aurait mené 152 attaques dans 16 provinces entre le 19 août et le 31 décembre 2021. 

Regrettant que « rien ne soit amélioré sur le terrain depuis la dernière réunion du Conseil de sécurité », le représentant de l’Afghanistan a jugé essentiel l’avènement d’un gouvernement légitime et inclusif nommé par et pour les Afghans et capable de défendre les droits des femmes, des filles et des minorités et de faire face à la crise économique.  Le Pakistan s’est, quant à lui, voulu confiant en estimant que pour la première fois en 40 ans, l’Afghanistan dispose d’un gouvernement qui contrôle l’ensemble du pays sans menace existentielle sur sa survie.  C’est pourquoi, il a exhorté la communauté internationale à aider à stabiliser l’Afghanistan et pérenniser la paix dans le pays et dans la région en évitant de reproduire une erreur commise à deux reprises en 20 ans. 

LA SITUATION EN AFGHANISTAN – (S/2022/64)

Déclarations

Mme DEBORAH LYONS, Représentante spéciale du Secrétaire général et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), a indiqué que les pires craintes d’une famine généralisée en Afghanistan ont été évitées cet hiver grâce aux agences humanitaires de l’ONU qui ont pu fournir une assistance vitale à près de 20 millions de personnes dans 397 des 401 districts afghans.  Il faut néanmoins s’attaquer à la situation économique du pays pour éviter de se retrouver face à la même crise l’hiver prochain.  Alertant que l’on approche d’un point de basculement qui verra plus d’entreprises fermer et plus de personnes au chômage et sombrer dans la pauvreté, elle a remercié le Trésor des États-Unis pour les dispositions mises en place pour faciliter les activités commerciales et financières et permettre de travailler avec toutes les institutions gouvernementales. 

Mais d’autres défis au redressement économique persistent, a-t-elle indiqué, citant notamment l’effondrement de la demande dû à la cessation de l’aide au développement, les restrictions sur les paiements internationaux, le manque d’accès aux réserves de devises fortes, la pénurie de liquidités et les contraintes imposées à la Banque centrale.  De son côté, la MANUA a pris toutes les mesures possibles pour injecter des liquidités dans l’économie, y compris l’importation physique d’espèces, et cherche à établir -sur une base temporaire- une facilité d’échange humanitaire pour permettre une intensification de la programmation humanitaire et donner accès à des dollars américains à des entreprises légitimes pour leur permettre d’importer des marchandises. 

« Nous ne croyons pas pouvoir véritablement aider le peuple afghan sans travailler avec les autorités de facto », a insisté la Représentante spéciale tout en reconnaissant qu’il existe toujours une méfiance persistante entre les Taliban et une grande partie de la communauté internationale.  Elle a indiqué que les Taliban se sentent incompris et se plaignent des rapports qui ne reflètent pas la réalité telle qu’ils la voient.  Ils me disent que nous sous-estimons leurs réalisations et exagérons les problèmes qu’eux-mêmes reconnaissent et prétendent essayer de résoudre, a-t-elle indiqué.  Les Taliban estiment notamment qu’ils devraient être davantage reconnus pour la sécurité qui prévaut en Afghanistan, a-t-elle ajouté, précisant qu’au cours des six mois qui se sont écoulés depuis le 15 août, le nombre de victimes civiles a diminué de 78% grâce à la réduction du conflit.  Ils notent également que leur déclaration d’amnistie a été honorée en grande partie, a-t-elle ajouté, tout en notant la persistance de problèmes de sécurité, dont le meurtre la semaine dernière de huit vaccinateurs contre la poliomyélite dans le nord de l’Afghanistan. 

Selon la Représentante spéciale, les Taliban mettent également en avant les progrès réalisés sur le front économique - notamment des revenus solides malgré une activité économique réduite, la réduction de la corruption gouvernementale et un budget qui ne nécessite pas les ressources des donateurs—ainsi que la réouverture des universités publiques; la finalisation du plan de réouverture des écoles pour filles et garçons; et une politique diplomatique qui consiste à veiller à ce que l’Afghanistan ne devienne pas une arène de concurrence entre différentes puissances.  Selon les Taliban, ces réalisations positives sont sapées par une guerre économique non déclarée contre eux par la communauté internationale dans le but d’étouffer leur économie afin que leur régime s’effondre.  Ce choc des perspectives est à la base d’une grave méfiance à laquelle il faut remédier, a-t-elle souligné. 

Mme Lyons a expliqué avoir fait part aux Taliban des préoccupations de la communauté internationale s’agissant des restrictions aux droits fondamentaux des femmes et des filles, des exécutions extrajudiciaires, des disparitions forcées et des détentions arbitraires, du respect des minorités et des libertés de réunion et d’expression.  La MANUA a également appelé à la libération, le mois dernier, des femmes manifestantes portées disparues et des membres de leur famille. 

Elle a estimé que la mission politique pouvait faire davantage pour travailler avec les autorités de facto sur les principaux problèmes auxquels est confrontée la société afghane.  « Mais une mission politique implique un objectif politique qui est de voir l’Afghanistan réintégrer l’organisation ». Naturellement, a-t-elle ajouté, travailler avec l’autorité de facto ne signifie en aucun cas tolérer tout ce qu’elle fait, mais cela nous donnera l’occasion de contribuer à façonner un avenir pour le peuple afghan, exempt de conflits et où il pourra poursuivre pacifiquement leur quête de prospérité, de participation et de respect de leurs droits. 

Mme Lyons a ensuite indiqué que le Secrétaire général a proposé de doter la MANUA d’un mandat d’un an au lieu de six mois.  Si la MANUA est dotée des ressources nécessaires, elle pourra s’attaquer à la crise économique; travailler avec les Taliban pour assurer l’accès à l’éducation pour toutes les filles et tous les garçons; soutenir le respect des droits humains; et engager une discussion sur l’inclusion politique.  La Mission pourra également soutenir un dialogue politique structuré avec les autorités de facto qui appuie le processus de sécurisation de la légitimité nationale et réponde aux principales préoccupations des membres du Conseil, telles que la lutte contre les stupéfiants, la lutte contre le terrorisme et la sécurité régionale.  Il s’agit d’établir une voie pour l'État afghan de rejoindre la communauté internationale au sens large, a-t-elle souligné, avant d’appeler le Conseil de sécurité à octroyer à la MANUA un mandat robuste permettant de répondre aux besoins de la population afghane qui a trop souffert. 

Mme MARIAM SAFI, afghano-canadienne et membre de la société civile a déclaré être venue au Conseil de sécurité avec « un petit bout » de l’Afghanistan.  « Un peu de terre que j’ai gardée depuis ma première visite en 2007 », a-t-elle dit, expliquant qu’à ses yeux, chaque grain représente une femme, un homme ou un enfant afghan—les dizaines de milliers d’Afghans et d’Afghanes tués, les Hazaras et autres groupes ethniques qui sont encore persécutés, le million d’enfants en proie à la malnutrition, les 24 millions de personnes en besoin d’assistance humanitaire et les dizaines de manifestantes, de représentants de la société civile et de journalistes qui ont été détenus, kidnappés ou tués depuis le 15 août.  « L’Afghanistan ne tient qu´à un fil », s’est-elle alarmée, notant qu’il est du ressort du Conseil de sécurité de prendre des décisions qui pourraient élever le peuple afghan, la région et le monde, et briser le cycle du conflit et de la violence. 

Mme Safi s’est inquiétée de la forte dégradation des droits des femmes engendrée par l’arrivée des Taliban au pouvoir, à commencer par les restrictions à leur liberté d’aller et venir, leurs habits et leur accès à l’éducation et au travail.  Bien que les Taliban aient annoncé la levée de certaines restrictions, la mise en pratique de leurs engagements reste incertaine, et la répression des droits des femmes semble être au cœur de la vision des Taliban pour l’Afghanistan. C’est pourquoi les femmes continuent à manifester à travers le pays, malgré le danger qu’elles encourent.  À l’heure actuelle, a-t-elle fait savoir, les Taliban fouillent les maisons et les bureaux de Kaboul, semant la peur parmi les Afghans ordinaires.  Cette manœuvre d’intimidation, a-t-elle averti, devrait alerter la communauté internationale, surtout celles et ceux qui cherchent à collaborer avec les Taliban qu´il faut les juger pour leurs actes et non pour leurs paroles.  « Une collaboration sans conditions est synonyme de complicité », a-t-elle assené. 

Mme Safi a plaidé pour que la MANUA dispose d’un mandat solide afin d’assurer le suivi et le compte rendu des droits humains et de soutenir la mise en œuvre des obligations internationales de l’Afghanistan.  La nomination d’un Rapporteur spécial chargé de suivre la situation des droits humains en Afghanistan est certes importante, mais elle ne remplace pas la MANUA ni les infrastructures déjà en place avant août, a-t-elle expliqué.  Elle a souhaité voir la MANUA disposer des ressources et des capacités nécessaires pour élargir son champ d’action et pour venir en aide aux organisations locales dans leur mise en œuvre des droits humains.  Elle a également exhorté le Conseil de sécurité à garantir un mandat de la MANUA clairement favorable à la participation entière, sûre, égale et significative des femmes au sein de tous les procédés et à la consultation régulière avec des femmes et avec la société civile en général, y compris la communauté LGBTQI+, les jeunes, les victimes et toutes les communautés ethniques et religieuses. 

La militante a par ailleurs souhaité que l’aide humanitaire soit effectuée en partenariat avec la société civile afghane tout en notant que celle-ci ne peut en aucun cas remplacer une économie nationale forte.  « La décision prise récemment par les États-Unis de partager les 7 milliards de dollars de fonds gelés de l’Afghanistan et d’en priver la population afghane n’est rien d’autre que du vol », a-t-elle déclaré.  Ces fonds appartiennent au peuple afghan, et ils doivent lui être restitués, a plaidé Mme Safi qui a expliqué qu’afin d’empêcher que ces fonds soient utilisés en faveur des Taliban, ils peuvent être libérés progressivement auprès de la Banque centrale, qui se doit de rester indépendante et dirigée par une équipe technique neutre. 

Elle a en outre affirmé que les Taliban ont gardé un lien étroit avec des groupes terroristes étrangers, notamment à travers le réseau Haqqani et Al-Qaida, et ont également créé des bataillons d’attentats-suicides au sein de leurs propres forces armées.  Les Taliban sont en quête d’un émirat islamique, c’est-à-dire un gouvernement formé autour d’un seul chef choisi par un conseil et qui maintient tout le pouvoir.  Or, le peuple afghan doit être en mesure de s’exprimer librement et tous les Afghans doivent être représentés au sein de tout gouvernement futur, a souligné la militante pour qui la communauté internationale doit être prête à retirer son soutien si les attentes ne sont pas respectées. 

Mme MONA JUUL (Norvège) a constaté que six mois après l’arrivée des Taliban au pouvoir, l’Afghanistan est confronté à l’une des pires crises humanitaires au monde, notant en outre que l’aide humanitaire et l’aide au développement ne seront pas suffisantes pour relever les défis auxquels l’Afghanistan est confronté.  Elle a également dit être préoccupée par la violence, les abus de pouvoir et la situation imprévisible en matière de sécurité dans le pays. 

La représentante a souligné que les droits des femmes et des filles sont inextricablement liés à la stabilité et à la prospérité de l’Afghanistan.  Pour construire un pays stable, résilient et autonome, les filles et les garçons doivent avoir un accès égal à l’éducation et les femmes et les hommes doivent être en mesure de contribuer à tous les secteurs de la société afghane, y compris l’élaboration des politiques, a-t-elle indiqué.  Notant que les décisions des autorités de facto auront un impact immense pour éviter que l’Afghanistan ne demeure dans une crise humanitaire et économique perpétuelle, elle a appelé à les mettre au défi d’atténuer l’urgence humanitaire, d’agir sur le plan des droits humains et de lutter contre le terrorisme international.  Mme Juul a ensuite appelé à doter l’équipe de la Représentante spéciale d’un mandat solide afin de lui permettre de promouvoir le dialogue politique et nouer le dialogue avec les Taliban, de contrôler les droits humains, et faciliter les efforts humanitaires. 

En tant que voisin immédiat de l’Afghanistan, M. T. S. TIRUMURTI (Inde) s’est dit particulièrement inquiet de la situation en Afghanistan, en particulier sur le plan humanitaire.  Il a appelé à une distribution de l’aide humanitaire respectant les principes d’impartialité et de neutralité.  « Cette aide doit arriver en particulier aux plus nécessiteux dont les femmes, les enfants et les minorités », a insisté le représentant avant de préciser que son pays s’est engagé à livrer 50 000 tonnes de blé, 500 000 vaccins et 13 tonnes de médicaments essentiels.  Souhaitant que l’Afghanistan retrouve la paix et la stabilité, il a souligné la pertinence de la résolution 2593 du Conseil de sécurité et appelé à éviter que le territoire afghan soit utilisé par certains groupes pour mener des attaques contre des pays tiers.  Il s’est inquiété des activités de Daech en rappelant que des pays s’inquiètent à la perspective de devenir victimes d’actes terroristes commis par les groupes présents en Afghanistan.  Le représentant a par ailleurs appelé une participation de tous les pans de la société afghane, dont les femmes, en rappelant qu’un gouvernement inclusif est essentiel pour la paix et la stabilité de l’Afghanistan. 

M. JOÃO GENESIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a souhaité que le futur mandat de la MANUA mette l’accent sur le renforcement de la protection des droits humains, s’inquiétant notamment des informations faisant état de violations commises par les forces associées au nouveau régime, y compris des arrestations arbitraires, des enlèvements, des exécutions extrajudiciaires et les restrictions à la liberté d’expression.  La MANUA doit pouvoir surveiller de tels incidents et aider à la consolidation de l’état de droit en Afghanistan.  Il faut également soutenir les droits des femmes et des filles, a-t-il ajouté, déplorant le fait que les militantes continuent d’être persécutées et leur présence dans la vie publique et le marché du travail est limitée.  Il a aussi appelé à défendre la protection des enfants.  À cet égard, la communauté internationale doit élever la voix contre des pratiques telles que le recrutement d’enfants par des groupes, la fermeture des écoles pour filles et l’augmentation des décès résultant de la présence de mines terrestres et d’engins explosifs.  On ne peut rester indifférent au drame de neuf millions de personnes menacées par la faim, a indiqué M.  Almeida Filho, avant de demander que le peuple afghan ait accès à ses avoirs détenus à l’étranger.  Ces ressources ne doivent pas être utilisées sans tenir compte de la volonté, des priorités et des besoins des Afghans, a-t-il souligné. 

L’espoir et le printemps sont encore loin pour le peuple afghan, a déclaré M.  JUN ZHANG (Chine) rappelant la grave crise humanitaire que traverse le pays.  Il a appelé à appuyer la stabilité du pays et l’aide humanitaire, insistant sur l’importance d’accroître l’aide à l’Afghanistan sans condition politique.  Notant que l’aide humanitaire ne suffira pas, il a appelé la communauté internationale à injecter des liquidités, appuyer l’intégration économique régionale, et lever les sanctions économiques et financières sans tarder.  Il a affirmé que les États-Unis ont détourné 7 milliards de dollars du peuple afghan, dénonçant une atteinte à la souveraineté de l’Afghanistan et une violation du droit international.  Ces avoirs permettent de sauver des vies.  Les confisquer, c’est un coup porté à l’Afghanistan, a protesté le représentant qui a appelé Washington à restituer ces avoirs sans conditions et pour ne pas empirer la situation.  Relevant que de nombreux pays travaillent actuellement avec Kaboul, il a salué une tendance prometteuse d’autant qu’il faut une approche pragmatique et équitable pour que l’Afghanistan réintègre sa place au sein de la communauté internationale.  La Chine va coopérer avec l’Afghanistan, contribuer à la paix et au développement à long terme, et promouvoir différentes mesures pour contribuer au relèvement de ce pays, a terminé le délégué.

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a déclaré que depuis leur prise du pouvoir par la force, les Taliban multiplient les exactions et violations des droits, y compris des plus fondamentaux, notant par ailleurs que les Taliban font partie des violateurs persistants de la « liste d’infamie » du rapport du Secrétaire général sur les enfants et les conflits.  Elle a appelé à soutenir un volet robuste de suivi et d’évaluation de la situation des droits de l’homme dans le prochain mandat de la MANUA, y compris pour permettre le respect des droits des femmes et la protection des enfants.  De la même manière, elle a jugé essentiel que la MANUA, dans sa mission d’accompagnement politique, travaille avec les Taliban pour la mise en place d’un gouvernement représentatif et légitime aux yeux de la population afghane. 

Face à une situation humanitaire désastreuse, la MANUA doit aussi conserver son rôle de coordinateur de l’aide humanitaire afin que celle-ci soit acheminée à toutes les personnes qui en ont besoin en Afghanistan.  En matière sécuritaire, elle a exhorté les Taliban à couper tout lien, quelle qu’en soit la nature, avec les groupes terroristes, en particulier Al-Qaida et sa filiale régionale dans le sous-continent indien.  Elle a noté que le dernier rapport de l’équipe de surveillance attachée aux comités 1267 et 1988 indique que les Taliban n’ont à ce stade pris aucune mesure pour limiter les activités des groupes terroristes en Afghanistan et que ceux-ci bénéficient d’une liberté inégalée depuis de nombreuses années.  « Le rapport montre que loin d’avoir rompu leurs liens avec Al-Qaida, les Taliban, qui ont intégré des membres de cette organisation terroriste dans leur gouvernement intérimaire, risquent de transformer à nouveau l’Afghanistan en sanctuaire pour ce groupe et pour ses affiliés », s’est inquiétée Mme Broadhurst.  Dans ce contexte, elle a jugé crucial que l’équipe de surveillance puisse se rendre sur le terrain, et que la MANUA travaille de concert avec l’ONUDC pour lutter contre la production et le trafic de drogues en Afghanistan.  « Les Taliban doivent prouver qu’ils ont changé et qu’ils sont prêts à rejoindre la communauté internationale », a souligné la représentante de la France avant de préciser que le rôle d’évaluation et de dialogue de la MANUA sera crucial pour maintenir l’Afghanistan dans le concert des nations. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a estimé que les risques de catastrophe humanitaire demeurent réels et une action urgente est nécessaire pour éviter l’effondrement économique de l’Afghanistan. L’aide britannique à l’Afghanistan a déjà doublé cette année pour atteindre 381 millions de dollars, et le Royaume-Uni a également convenu de coorganiser une conférence des donateurs le 31 mars afin de collecter des fonds pour le Plan de réponse humanitaire de l’ONU en Afghanistan, a-t-il indiqué. Le représentant a appelé la communauté internationale à trouver rapidement des solutions créatives pour faire face à la crise de liquidités et établir des principes et mécanismes pour fournir une assistance au-delà de l’aide humanitaire de base. De leur côté, les Taliban doivent répondre aux préoccupations de la communauté internationale.  À ce sujet, le délégué a marqué sa préoccupation face aux informations faisant état de représailles accrues contre d’anciens agents des forces de sécurité et des représentants de l’ancien Gouvernement, ainsi que d’attaques contre des groupes minoritaires et de détention de membres de la société civile.  Il s’est dit inquiété des récentes arrestations de militantes et de membres de leur famille pour avoir manifesté pacifiquement en faveur des droits des femmes, tout comme des annonces qui semblent restreindre davantage la capacité des femmes à voyager. 

Il a en revanche salué le fait qu’au cours des dernières semaines dans certaines provinces, certaines femmes ont pu retourner à l’université, ainsi que les importants engagements publics pris par les Taliban pour que toutes les filles soient en mesure de retourner à l’école secondaire à la fin du mois de mars lorsque les écoles rouvriront après la trêve hivernale.  Il a ensuite appuyé pleinement une mission des Nations Unies habilitée et efficace chargée de mener la réponse humanitaire; surveiller et défendre les libertés et les droits de tous les Afghans; et promouvoir la stabilité. 

M.  JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a tout d’abord regretté le meurtre, la semaine dernière, de plusieurs responsables de la campagne de vaccination contre la poliomyélite en Afghanistan.  Se disant en faveur du renouvellement du mandat de la MANUA, il a souligné l’importance pour la communauté internationale de soutenir l’action humanitaire de l’ONU avec des ressources, précisant que les États-Unis ont contribué à hauteur de plus de 308 millions de dollars au plan de réponse humanitaire de cette année et au plan de réponse pour les réfugiés. 

L’ampleur de la crise humanitaire exige un appui encore plus fort de la communauté internationale, a déclaré le représentant exhortant les bailleurs de fonds à contribuer généreusement à ces efforts lors de la conférence des donateurs prévue à la fin du mois.  Il a ajouté qu’avec la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement, les États-Unis ont transféré des centaines de millions de dollars afin d’appuyer les travaux de l’ONU en Afghanistan. 

S’agissant du décret sur la protection des avoirs afghans dans des banques américaines signé par le Président Biden le 11 février, le représentant a indiqué qu’aucune décision n’a été prise concernant les bénéficiaires de ces fonds et tout versement se fera en consultation avec un vaste éventail de parties prenantes.  Les tribunaux américains vont aussi devoir déterminer quel montant sera versé au titre du droit américain aux victimes d’attentats terroristes perpétrés par les Taliban.  En vertu de ce décret toutes les réserves relevant de la juridiction des États-Unis sont inaccessibles à la population afghane dans un avenir proche, a-t-il ajouté. 

Réagissant à l’intervention du délégué chinois, le représentant des États-Unis a estimé que celui-ci devrait se concentrer sur les moyens d’aider l’Afghanistan, la contribution de la Chine n’étant pas à la hauteur.  Il a également appelé les Taliban à assumer leurs responsabilités pour garantir la stabilité du pays.  La situation socioéconomique ne doit pas occulter la situation des femmes et des filles et des groupes minoritaires qui doivent pleinement jouir de leurs droits et participer à tous les aspects de la vie sociale et économique en Afghanistan, a-t-il souligné.  Le délégué a également exhorté les Taliban à mettre fin aux assassinats et aux disparitions forcées, et à garantir la liberté d’expression notamment pour les médias. 

Mme  ALBANA DAUTLLARI (Albanie) s’est inquiétée qu’une grande partie de la population afghane soit tributaire de l’aide internationale pour survivre.  Face à ce constat, elle a jugé indispensable que l’aide humanitaire puisse se poursuivre sans entrave, y compris sous forme de liquidités pour payer les acteurs sociaux.  La représentante a aussi exhorté les Taliban à honorer les engagements internationaux de l’Afghanistan avant de préciser que ce pays pourra aller de l’avant uniquement sur la base d’engagements fermes pour et par les Afghans.  De même, elle a jugé crucial que les Taliban assurent le respect des droits de la personne.  « C’est indispensable pour le bon fonctionnement de la société de la société afghane » a insisté la représentante avant de demander que les journalistes puissent faire leur travail sans subir des poursuites.  Alors que le terrorisme continue de menacer les efforts de stabilisation de l’Afghanistan et de l’Asie centrale, la représentante de l’Albanie a appelé à tout mettre en œuvre afin de ne pas voir reculer 20 ans de progrès dans la lutte contre Daech et Al-Qaida.  Il est donc indispensable de doter la MANUA d’un mandat robuste et clair, a-t-elle souligné. 

M.  HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a appelé la communauté internationale à faire preuve de solidarité avec le peuple afghan pour l’aider à se stabiliser et à se reconstruire.  Le Conseil devra notamment assumer sa responsabilité en dotant rapidement la MANUA d’un mandat robuste afin d’appuyer efficacement les efforts de reconstruction et de relèvement en Afghanistan.  Il faut notamment appuyer la composante droits humains du mandat afin d’assurer la protection des civils, des minorités et des personnes vulnérables telles que les personnes âgées et celles vivant avec un handicap.  Nous soutiendrons également une MANUA qui sera un gardien des besoins des femmes, des filles et des enfants, a-t-il dit.  Le représentant a salué la coopération croissante entre la MANUA et les autorités de facto et a appelé ces dernières à continuer d’agir de bonne foi et de s’aligner sur les efforts mondiaux pour apporter un soulagement durable aux citoyens afghans, dont beaucoup ont besoin d’une aide humanitaire urgente.  M. Agyeman a aussi appelé les Taliban à s’engager à défendre les libertés fondamentales et les libertés de chaque citoyen afghan, sans discrimination, et de leur assurer l’accès aux services de base. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a pris note des efforts des Taliban pour résoudre les problèmes politiques, socioéconomiques, humanitaires et les questions relatives aux droits humains.  Toutefois, les Taliban doivent achever le processus de réconciliation intra-afghane, créer des structures de pouvoir véritablement inclusives reflétant les intérêts de toutes les forces ethno-politiques du pays et lutter contre les menaces liées à la drogue et aux groupes terroristes. 

La déléguée a jugé impossible de résoudre les problèmes de longue date et des nouveaux défis sans renforcer les capacités nationales. Prenant note de la mise en œuvre de la résolution 2615 (2021), la représentante a estimé que ces mesures ne seront pas suffisantes pour assurer le relèvement durable de l’Afghanistan.  Elle a ensuite dénoncé les tentatives des États-Unis de reporter le dégel des avoirs afghans et qualifié d’immorale la décision de réserver une partie des avoirs gelés pour indemniser les victimes des attentats terroristes du 11 septembre 2001. 

La représentante a affirmé craindre l’effondrement complet de l’Afghanistan qui entraînerait inévitablement une arrivée massive de réfugiés, un regain d’activités terroristes, une augmentation de la production de drogue et une instabilité encore plus grande, y compris dans la région et au-delà.  La Fédération de Russie surveille les offensives en cours du Front de résistance nationale afghane, a indiqué la représentante pour qui transformer la situation actuelle en une guerre civile à grande échelle n’est pas dans l’intérêt du peuple afghan ou de la région dans son ensemble.  Elle a en outre dénoncé les ultimatums imposés avant de discuter avec les nouvelles autorités afghanes. 

Prenant note des recommandations du Secrétaire général sur le renouvellement du mandat de la MANUA, la déléguée a objecté quant aux avis d’y introduire la question des droits humains et du rôle accru de la Mission en matière de surveillance des droits de la personne.  Le bon fonctionnement de la MANUA réside dans de bonnes relations avec le pays hôte et dans la crédibilité de ses responsables, a estimé la représentante. 

Mme JAYNE JEPKORIR TOROITICH (Kenya) s’est dit préoccupée par la situation humanitaire désastreuse qui a été aggravée par une sécheresse, laissant plus de 24 millions d’Afghans dépendants de l’aide humanitaire.  Alors que la situation continue de se détériorer, la représentante a appelé toutes les parties prenantes, donateurs internationaux et amis de l’Afghanistan à contribuer généreusement au plan de réponse humanitaire 2022 afin de réduire le déficit de financement de 3,9 milliards de dollars.  Elle a également espéré que tous les efforts seront déployés pour mettre en œuvre le cadre d’engagement transitoire pour aider les Afghans en 2022.  À cet égard, la déléguée a salué la mise à disposition par la Banque mondiale d’1 milliard de dollars à la demande des donateurs du fonds d’affectation spéciale pour la reconstruction de l’Afghanistan et la communauté internationale pour compléter les efforts de réponse humanitaire.  Après avoir noté que l’effondrement de l’économie reste un grave problème, la représentante du Kenya s’est inquiétée des restrictions à l’impact disproportionné sur l’accès des femmes à l’éducation et au travail.  Relevant qu’au moins 5% du PIB sont perdus lorsque les femmes sont confrontées à des restrictions de travail, la représentante a exhorté les Taliban à tenir soigneusement compte de cette réalité dans l’élaboration de politiques.  En outre, elle a appelé les autorités à donner la priorité à l’élimination de toutes les formes de violence sexuelle et sexiste et d’autres préjudices sexistes contre les femmes, les filles et les enfants afghans, ainsi qu’à annuler toute action visant à restreindre la liberté de mouvement des femmes. 

M. BRIAN PATRICK FLYNN (Irlande) a déploré le fait que pendant 166 jours, les Taliban ont refusé l’accès à l’éducation secondaire aux filles, niant leurs droits humains fondamentaux.  Il a aussi condamné les meurtres de huit agents de vaccination contre la poliomyélite jeudi dernier et appelé à rendre compte.  Alors que les opérations humanitaires continuent d’être entravées par la crise bancaire et de liquidité, il s’est félicité de l’annonce, hier par la Banque mondiale, du déblocage de plus d’1 milliard de dollars pour soutenir le peuple afghan. 

Maintenant que le Conseil de sécurité négocie un mandat pour la poursuite de la présence de l’ONU en Afghanistan, nous avons l’obligation de mettre les besoins fondamentaux et les droits humains du peuple afghan en première ligne, a dit le délégué.  Il est essentiel que l’action humanitaire fondée sur des principes soit pleinement préservée et reste une priorité clef pour le travail vital de l’ONU en Afghanistan, a-t-il poursuivi.  Il a également appelé le Conseil à faire beaucoup plus pour demander des comptes aux Taliban.  L’Afghanistan n’atteindra la stabilité que lorsque les droits et les talents de tout son peuple seront respectés, et lorsqu’il y aura une gouvernance inclusive et représentative, a-t-il indiqué.  Selon lui, le futur mandat de la MANUA doit avoir, à la base, un engagement sans ambiguïté en faveur du plein épanouissement, de l’égalité et de la participation des femmes à tous les processus de dialogue politique.  Nous avons été témoins pendant six mois du mépris des Taliban pour les droits de la personne, aggravant les violations et les abus de deux décennies de guerre, a constaté le délégué.  C’est pourquoi il a appelé à un mandat solide en matière de droits humains pour la MANUA.  Il s’agit, a-t-il expliqué, de sauver des vies et de garantir que ceux qui subissent des violations des droits de l’homme sont entendus et non condamnés au silence. 

M. ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a condamné le meurtre récent de 8 travailleurs humanitaires en Afghanistan.  Soulignant que la protection des droits et libertés fondamentaux des femmes et des filles est une priorité pour le Mexique, il a recommandé, dans le cadre du renouvellement du mandat de la MANUA, de faciliter le dialogue entre les femmes et les autorités de fait, et continuer de faire rapport sur la situation des droits humains. 

Le délégué s’est inquiété des informations faisant état d’une présence accrue de groupes terroristes en Afghanistan, demandant d’empêcher que le pays ne redevienne un refuge pour ces derniers et appelant à prévenir les détournements d’armes.  Revenant sur le renouvellement du mandat de la MANUA, le délégué a secondé la proposition du Secrétaire général d’une structure claire qui divise ses travaux en deux domaines: les affaires politiques et la gouvernance, et l’humanitaire et le développement.  En outre, le maintien de la capacité de surveillance de la mission sur la situation des droits humains doit être une priorité.  Et la fourniture d’informations impartiales concernant la protection des civils est tout aussi vitale.  La MANUA doit aussi conserver la capacité d’interagir avec tous les décideurs pour défendre les libertés et droits fondamentaux, a-t-il ajouté. 

Mme ALLEGRA PAMELA R. BONGO (Gabon) a relevé que six mois après la prise de pouvoir par les Taliban, les minorités tant ethniques, géographiques, politiques que sociales, y compris les femmes, sont maintenues à la périphérie du processus politique.  La stabilisation de l’Afghanistan implique le renforcement de la confiance, la promotion d’une gouvernance transparente et participative, ainsi que la mise en place d’un dialogue politique structuré entre les Taliban et toutes les forces vives afghanes, a—t-elle relevé.  Elle a appelé la communauté internationale à maintenir un dialogue constructif avec les Taliban, notant qu’il en va du bien-être individuel et social des populations. 

Mme Bongo a marqué sa préoccupation face à la condition des femmes et des filles en Afghanistan, dont les libertés et les droits fondamentaux restent à ce jour largement restreints, en dépit d’engagements pris par les autorités de facto de protéger les droits des femmes, notamment le droit à l’éducation.  Il est nécessaire que l’Afghanistan, qui ne compte aucune femme parmi les membres de son gouvernement et de ses 34 gouverneurs de province, restitue aux femmes la place qui leur revient et opte pour une administration inclusive, a-t-elle plaidé.  Sur le plan sécuritaire, la représentante a déploré la stigmatisation de dignitaires de l’ancien régime qui s’accompagne de violations des droits de l’homme, ce qui constitue un frein à la réconciliation nationale.  En dépit des efforts des Taliban d’asseoir leur contrôle des zones frontalières, en vue de restreindre les attaques des groupes extrémistes du sol afghan vers les pays voisins, la présence active des combattants étrangers, sur lesquels les Taliban n’ont manifestement aucun contrôle, est un réel sujet de préoccupation, s’est également inquiétée la déléguée. 

Mme AMEIRAH OBAID MOHAMED OBAID ALHEFEITI (Émirats arabes unis) a estimé que la coordination des activités des donateurs doit rester une pierre angulaire des activités de la MANUA qui, a-t-elle ajouté, doit jouer un rôle pour minimiser le risque de détournement de l’aide en Afghanistan.  Elle a souligné la nécessité d’aider financièrement l’économie afghane, notamment pour payer les salaires des fonctionnaires, saluant ensuite l’engagement de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) de créer un fonds d’affectation spéciale humanitaire et de lancer un programme pour la sécurité alimentaire en Afghanistan. 

Le mandat de la MANUA devrait en outre refléter la situation des femmes et des filles dont l’exclusion de l’éducation, de la vie publique et de la main-d’œuvre entrave les perspectives de paix et de sécurité ainsi que la prospérité économique dans le pays.  La religion ne peut être utilisée pour justifier la discrimination à l’égard des femmes, a prévenu la déléguée qui a relevé que la discrimination des femmes coûterait 1 milliard de dollars par an à l'économie afghane.  Elle a estimé que l’ONU peut jouer un rôle essentiel en facilitant le dialogue politique avec toutes les parties concernées, y compris les Taliban qui doivent pour leur part améliorer la gouvernance et fournir efficacement des services vitaux au peuple afghan.  La représentante a également demandé aux Taliban de mettre en œuvre les mesures nécessaires pour lutter contre le terrorisme, notamment en rompant les liens avec tous les groupes terroristes et en empêchant l’utilisation du territoire afghan comme refuge sûr pour le terrorisme. 

Reprenant la parole, le représentant de la Chine a dit comprendre la gêne du délégué des États-Unis face aux nombreuses remarques fustigeant la décision américaine de geler des avoirs du Gouvernement afghan. 

Réagissant à ce propos, le représentant des États-Unis a dénoncé des remarques chinoises à motivation uniquement politique liées aux relations de la Chine avec les Taliban. 

Il est légitime que le peuple afghan soit furieux de voir que ses avoirs sont gelés par le Gouvernement américain, a régit le délégué de la Chine

« Rien ne s’est amélioré sur le terrain depuis la dernière réunion du Conseil de sécurité » a regretté M. GHULAM M. ISACZAI (Afghanistan) avant de fustiger de nombreuses violations du droit international humanitaire, du droit international des droits de l’homme et du droit islamique par les autorités de facto.  « Ces violations doivent cesser et les auteurs des crimes odieux doivent rendre des comptes » a insisté le représentant avant de saluer l’octroi de permis supplémentaires pour des transactions économiques et commerciales.  S’inquiétant de la situation humanitaire dans le pays, le représentant de l’Afghanistan a exhorté les États Membres à financer le plan d’urgence humanitaire et faciliter la bonne mise en œuvre de tout projet humanitaire par des ONG.  Pour parvenir à une stabilité à long terme, il a jugé essentiel l’avènement d’un gouvernement légitime et inclusif nommé par et pour les Afghans et capable de défendre les droits des femmes, des filles et des minorités et de faire face à la crise économique.  Un nouveau gouvernement composé de personnes compétentes, dont des femmes et des personnes dotées d’une légitimité internationale est indispensable et permettra de préserver les acquis des 20 dernières années et éviter que l’Afghanistan ne sombre dans la crise économique et humanitaire. 

Par ailleurs, le représentant de l’Afghanistan a réitéré son appel à enquêter sur les comptes d’anciens membres de gouvernement impliqués dans des détournements de fonds.  Dans l’optique de la définition du prochain mandat de la MANUA, il a insisté sur l’importance de la contribution de l’ONU et de la MANUA pour promouvoir la paix et la stabilité mais aussi faire le suivi de la question des droits de la personne en Afghanistan. 

Mme ZAHRA ERSHADI (République islamique d’Iran) s’est inquiétée des potentielles ramifications désastreuses de la situation sécuritaire et humanitaire en Afghanistan sur la sécurité et la stabilité de la région, en particulier celles des pays voisins.  Si la situation n’est pas gérée efficacement, a-t-elle averti, l’effondrement socioéconomique du pays est possible, et cela entraînerait un dénuement généralisé et un afflux massif de migrants dans les pays voisins qui sont déjà surchargés par des millions de réfugiés.  Elle a exhorté la communauté internationale, en particulier les pays donateurs, à assumer leurs responsabilités envers les voisins de l’Afghanistan afin d’aider les réfugiés et déplacés.  Elle a souligné que les avoirs gelés de l’Afghanistan appartiennent au peuple afghan et leur mise à disposition est cruciale pour le rétablissement de l’économie afghane et pour sauver des vies.  Ces fonds ne devraient pas être politisés ou conditionnés, a-t-elle estimé. 

La déléguée s’est également dite préoccupée par les activités terroristes en Afghanistan, relevant que l’État islamique d’Iraq et du Levant-Khorassan (EIIL-K) aurait mené 152 attaques dans 16 provinces entre le 19 août et le 31 décembre 2021.  Cette tendance souligne, a-t-elle expliqué, l’exigence constante de la communauté internationale de voir les Taliban s’engager à combattre le terrorisme et veiller à ce que l’Afghanistan ne soit plus un refuge pour des groupes terroristes comme Daech et Al-Qaida.  Par ailleurs, les Taliban doivent répondre à la demande de mise en place d’un gouvernement inclusif qui représente véritablement la société multiethnique afghane, a-t-elle plaidé.  Elle les a ensuite invités à tenir compte de l’appel de la communauté internationale à la protection des droits humains, en particulier les droits des femmes et des minorités. 

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a déclaré que pour la première fois en 40 ans, il est possible de promouvoir la paix en Afghanistan avec un gouvernement qui contrôle l’ensemble du pays et sans menace existentielle qui pèse sur sa survie.  La communauté internationale doit aider à stabiliser l’Afghanistan et pérenniser la paix dans le pays et dans la région.  À cette fin, a exhorté le représentant, il faut répondre à la crise humanitaire majeure qui frappe l’Afghanistan et éviter l’effondrement de l’économie afghane.  Il a jugé indispensable de libérer et verser tous les avoirs gelés de l’Afghanistan pour reconstruire les infrastructures détruites, mener à bien des projets de connectivité et construire les voies ferroviaires entre l’Afghanistan et le Pakistan. 

Concernant le renouvellement du mandat de la MANUA, le délégué a exigé qu’il respecte la souveraineté de l’Afghanistan, soutienne les efforts pour la stabilité et aide à améliorer les conditions de vie de la population.  Il a rejeté tout effort visant à créer une structure de gouvernance parallèle au gouvernement actuel alertant du risque d'éroder la confiance entre les Taliban et la Mission.  Le mandat devrait également se concentrer sur le relèvement de l’économie, le renforcement des capacités des institutions afghanes et la promotion d’une gouvernance inclusive.  Renforcer le rôle de la MANUA sur la question des droits humains ne serait pas conforme à son rôle de partenaire du progrès en Afghanistan, a par ailleurs estimé le délégué qui a demandé à la communauté internationale d’appuyer les autorités afghanes afin d’éliminer Daech et les autres groupes terroristes en Afghanistan.  La réussite repose sur la levée des sanctions, la mise en œuvre de la résolution 2543 (2020) et des Accords de Doha. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: les appels se multiplient pour une résolution pacifique du conflit en Ukraine

Onzième session extraordinaire d’urgence,
3e & 4e séances plénières – matin & après-midi
AG/12406

Assemblée générale: les appels se multiplient pour une résolution pacifique du conflit en Ukraine

La poursuite, aujourd’hui, de la onzième session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale a été l’occasion pour près d’une soixantaine de délégations de condamner avec force la « guerre d’agression » lancée par la Fédération de Russie contre l’Ukraine et de plaider pour une résolution pacifique du conflit dans un monde où, selon la Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, « les certitudes d’hier appartiennent désormais au passé ». 

Pour Mme Annalena Baerbock, la Fédération de Russie a en effet mis à mal l’ordre international fondé sur des règles de façon brutale en lançant une guerre non seulement contre l’Ukraine ou l’Europe, mais « contre nous tous ».  La mise en alerte des armements nucléaires russes en a également préoccupé plus d’un. 

 Aucune nation ne peut rester indifférente à l’action de la Fédération de Russie, a renchéri la Vice-Présidente et Ministre des affaires étrangères de la Colombie.  Selon Mme Lucia Teresa Solano Ramirez, la crise ukrainienne porte un coup aux chaînes de valeurs mondiales, à un moment où les pays escomptaient la reprise après la pandémie.  La Fédération de Russie devra répondre de ses actes après avoir violé les normes de jus cogens, a-t-elle estimé. 

À l’instar de la Ministre allemande, qui a indiqué que son gouvernement avait décidé de soutenir l’Ukraine sur le plan militaire, de nombreuse délégations ont détaillé les mesures prises face au conflit, notamment l’Australie qui a annoncé avoir imposé des sanctions contre plus de 350 ressortissants russes et bélarussiens ou encore les États fédérés de Micronésie qui, « dans un acte de solidarité avec l’Ukraine », ont rompu leurs relations diplomatiques avec la Fédération de Russie. 

Mais plus que tout, les États Membres ont demandé aux parties en conflit de prendre des mesures de désescalade et d’instaurer un cessez-le-feu, exhortant en outre la Fédération de Russie à retirer ses forces armées du territoire ukrainien. L’Afrique du Sud a également salué le début des pourparlers directs lundi dernier dans l’espoir d’aboutir à une solution diplomatique.  Les pourparlers arrivent un peu tard mais c’est un pas dans la bonne direction, a estimé Cabo Verde tandis que le Malawi a mis en garde contre l’imposition de conditions préalables à leur succès.  

La détérioration de la situation humanitaire en Ukraine a également préoccupé bon nombre de délégations, à l’instar des Philippines qui ont rappelé que le conflit ukrainien a déjà fait au moins 14 000 morts depuis 2014, relevant que le nombre des victimes provoqué par cette dernière action militaire reste inconnu « dans le brouillard actuel des mensonges ».  De nombreux appels ont aussi été lancés en faveur de la protection des personnes et des infrastructures civiles et de l’accès humanitaire, le Ghana jugeant indispensable que les agences humanitaires bénéficient de couloirs sécurisés pour venir en aide aux enfants, aux femmes et aux personnes âgées. 

De son côté, la Hongrie a affirmé sa volonté d’ouvrir la porte aux réfugiés ukrainiens, assurant que ses postes frontières fonctionnent à plein régime.  Autre pays limitrophe de l’Ukraine, la République de Moldova a indiqué avoir accueilli environ 95 000 réfugiés, un flux qui équivaudrait à environ deux millions de personnes entrant dans un pays de la taille de l’Allemagne en seulement cinq jours.  

S’agissant des réfugiés, l’Afrique du Sud a fait écho à la préoccupation de l’Union africaine au sujet du sort des Africains bloqués à la frontière avec l’Ukraine, le Gabon et la Côte d’Ivoire décriant eux aussi la discrimination et les brimades et dont ils seraient victimes. 

Une des rares notes de discorde est venue de la République populaire démocratique de Corée pour qui les causes profondes de la crise ukrainienne sont les politiques « hégémoniques » des États-Unis et de l’Occident qui n’ont pas voulu prendre en compte les demandes légitimes de la Fédération de Russie en matière de garanties de sécurité. 

La convocation de cette session extraordinaire d’urgence, la onzième du genre depuis 1950, a été décidée le 7 février par le Conseil de sécurité suite au veto opposé vendredi dernier par la Fédération de Russie à un projet de texte coparrainé par plus de 80 États Membres qui demanderait à la Russie de mettre un terme à l’agression et de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. 

L’Assemblée générale se prononcera sur l’adoption de son propre texte, demain, mercredi 2 mars, lors de la reprise de sa session extraordinaire d’urgence qui débutera à 10 heures. 

LETTRE DATÉE DU 28 FÉVRIER 2014, ADRESSÉE À LA PRÉSIDENTE DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LE REPRÉSENTANT PERMANENT DE L’UKRAINE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2014/136)

Suite du débat sur la question

Mme LUCIA TERESA SOLANO RAMIREZ, Vice-Présidente et Ministre des affaires étrangères de la Colombie, a déclaré qu’aucune nation ne peut rester indifférente à l’action de la Fédération de Russie contre l’Ukraine.  Elle a expliqué que 293 Colombiens se trouvent parmi les milliers de gens qui sont exposés à un hiver rude dans leur tentative de fuir les combats en Ukraine.  Elle a relevé que la crise ukrainienne porte également un coup aux chaînes de valeurs mondiales, à un moment où les pays escomptaient la reprise après la pandémie.  La Fédération de Russie devra répondre de ses actes après avoir violé les normes de jus cogens, a souligné la Vice-Présidente qui a ensuite appelé l’Assemblée générale à prendre des mesures résolues et invité tous les États Membres à mettre en place des sanctions chaque fois qu’un État commettrait une agression de ce genre. 

Poursuivant, Mme Ramirez a indiqué que la Colombie préside actuellement à Genève, la Conférence du désarmement.  À cet égard, elle s’est inquiétée de l’annonce de la mobilisation des capacités nucléaires de la Fédération de Russie.  Elle a salué l’annonce faite par le Procureur de la CPI au sujet de l’ouverture d’une enquête préliminaire sur les crimes de guerres en Ukraine.  La Vice-Présidente a appelé la Fédération de Russie à prendre des mesures de désescalade et à engager des pourparlers avec l’Ukraine, « sans menace » vis-à-vis de ce dernier.  L’époque des grands empires se formant au détriment d’autres peuples est désormais révolue, a-t-elle affirmé. 

M. JULIO CÉSAR ARRIOLA RAMÍREZ (Paraguay) a souligné que l’Assemblée générale est l’organe le plus démocratique de l’ONU et qu’il est favorable à la résolution « pour la paix » qui doit y être adoptée.  Il a vu dans l’échec du Conseil de sécurité à éviter l’escalade du conflit en Ukraine la preuve de l’urgence de réformer cet organe.  Et à présent la menace du recours aux armes nucléaires sur la table, s’est-il alarmé en appelant toutes les puissances nucléaires à respecter leurs obligations en vertu du Traité sur la non-prolifération.  Condamnant les attaques russes en Ukraine, le représentant a plaidé pour un retour au dialogue et à la diplomatie « parce que la situation actuelle met en danger l’ordre mondial ».  Le droit international est la seule garantie qui est offerte à l’ensemble des États Membres de l’ONU, a-t-il martelé en appelant à écouter les pays qui veulent la paix et un règlement pacifique de cette crise.  Le Conseil de sécurité doit jouer son rôle et s’acquitter de son mandat, a poursuivi le représentant en l’appelant à mettre en œuvre sans tarder tous les mécanismes et outils à sa disposition.  Il a fait part de son appui à l’initiative humanitaire initiée par la France et le Mexique hier au Conseil de sécurité, ainsi qu’à la tenue d’une réunion du Conseil de droits de l’homme pour parler de cette crise sous le prisme des droits humains. 

M. JOSÉ ALFONSO BLANCO CONDE (République dominicaine) a salué les efforts du Secrétaire général afin que les parties reviennent à la table des négociations.  Il a dénoncé l’invasion russe qui viole la Charte des Nations Unies et sape les principes élémentaires du droit international.  Il a souligné l’importance d’une cohabitation pacifique entre les peuples et précisé que son pays est coauteur du projet de résolution.  « Après cette pandémie terrible, le monde veut la stabilité et la solidarité », a-t-il assuré.  Les pays, grands comme petits, doivent tous respecter la Charte, a poursuivi le délégué.  En conclusion, le représentant dominicain a invité toutes les délégations à défendre les droits de l’Ukraine: « L’humanité nous regarde », a-t-il ajouté. 

M. SUNIL ALGRAM SITALDIN (Suriname) a déclaré que l’invasion russe d’un État souverain et indépendant ne peut en aucun cas être acceptée et doit cesser immédiatement.  Il a ajouté que cette invasion, qui aura de lourdes conséquences pour le peuple ukrainien, constitue une grave menace pour la paix et la sécurité tant dans la région que dans le monde.  C’est pourquoi le représentant a exhorté toutes les parties concernées à s’engager de manière responsable et à faire preuve de modération afin d’éviter de déstabiliser la région.  Il a salué le début d’un dialogue entre l’Ukraine et la Russie, avant de prévenir qu’il n’y a de gagnant dans aucune guerre.  Rappelant que celle-ci n’apporte que des souffrances humaines et des destructions, le Suriname s’est particulièrement alarmé de la situation humanitaire en Ukraine.  Il a demandé à toutes les parties de permettre et de faciliter la sécurité et l’accès sans restriction de l’aide humanitaire à ceux qui en ont besoin pour protéger les civils.  Enfin, le délégué a salué les actions entreprises par le Secrétaire général et l’ONU pour mettre fin à la guerre. 

Mme NOOR QAMAR SULAIMAN (Brunei Darussalam) a déclaré qu’elle est préoccupée par l’escalade des tensions et des actions militaires en Ukraine.  Soulignant l’importance d’un cadre international fondé sur des règles, elle a encouragé les parties directement impliquées à s’abstenir de tout acte susceptible d’aggraver davantage la situation et à résoudre leurs différends par des moyens pacifiques dans le respect de la Charte des Nations Unies et du droit international. 

Mme ILANA VICTORYA SEID (Palaos) a noté que l’Ukraine et son pays ont peu de choses en commun, si ce n’est la notion de souveraineté nationale.  « Cela aurait pu être mon enfant sous les bombes dans son jardin d’enfants », a-t-elle dit.  Combien d’entre nous sont d’anciennes colonies? a-t-elle demandé, avant de rappeler que l’histoire ne saurait être instrumentalisée par la Fédération de Russie pour chercher à démanteler l’ordre mondial fondé sur des règles et le droit international.  La représentante a appelé en conclusion tous les États Membres à voter en faveur du projet de résolution. 

M. WALTON ALFONSO WEBSON (Antigua-et-Barbuda) a demandé à la Russie de mettre un terme à la guerre et de se retirer du territoire ukrainien, insistant sur l’obligation pour tous les pays, grands comme petits, de respecter les principes de la Charte.  Il a reconnu les préoccupations sécuritaires de la Russie en Ukraine, tout en estimant qu’elles ne justifient pas cette attaque et la destruction de la souveraineté ukrainienne.  Il a rejeté fermement ce recours à la force.  Ce conflit jette notre monde dans une incertitude accrue, alors qu’il se remet à peine de la pandémie, s’est inquiété le délégué qui a appelé l’ensemble des États Membres à appuyer le projet de résolution.  Nous espérions que le recours à la force appartenait au passé, a regretté le délégué, en se disant très déçu par le droit de veto opposé par la Russie au Conseil de sécurité.  En conclusion, le délégué a rappelé que la « force ne vaut pas le droit ». 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a exhorté la Fédération de Russie à entendre l’appel à un cessez-le-feu immédiat, à un retrait de ses troupes d'Ukraine et à un réengagement à la diplomatie et au dialogue.  Il a ensuite appelé les parties au conflit à respecter les principes du droit international, du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme.  Il est indispensable que les agences humanitaires puissent bénéficier de couloirs sécurisés pour aider ceux qui en ont le plus besoin, en particulier les enfants, les femmes et les personnes âgées, a-t-il ajouté. 

Tout en reconnaissant les préoccupations sécuritaires de la Fédération de Russie, le représentant a regretté qu’elle ait choisi d'exprimer son inquiétude de la mauvaise manière.  Menacer de recourir à la force est inacceptable et attaquer un voisin sous de faux prétextes l’est également, a insisté le représentant.  Il a souligné que le chemin de la guerre n’est pas une option que l’Assemblée générale peut accepter et a appelé à ne pas fermer la voie du dialogue.  Il a espéré que l’adoption du projet de résolution fera comprendre à toutes les parties qu’il n’y a pas d’autre option que le dialogue pour faire face à la situation critique en Ukraine. 

Mme JANE J. CHIGIYAL (États fédérés de Micronésie) s’est alarmée de la dégradation de la situation en Ukraine, dénonçant la guerre d’agression menée contre ce pays.  Dans une guerre, il n’y a pas de gagnant, a-t-elle mis en garde, se déclarant « horrifiée » de voir des femmes et des enfants devenir victimes du conflit.  Elle a appelé à la cessation immédiate des hostilités et au retrait des forces russes de l’Ukraine.  Elle a demandé un accès libre et sans entrave à l’aide humanitaire, et à fournir un passage sûr à la population et aux personnes qui le demandent.  Dans un acte de solidarité, les États fédérés de Micronésie ont rompu leurs relations diplomatiques avec la Fédération de Russie, a par ailleurs informé la représentante qui a exhorté les parties au dialogue pacifique. 

M. MITCHELL FIFIELD (Australie) a brandi la Charte des Nations Unies dont il a lu un passage qui mentionne la promotion de la paix, « contrairement à la Fédération de Russie ».  Il a dit que son gouvernement a pris des sanctions contre plus de 350 ressortissants russes et biélorusses, et qu’il entend contribuer au soutien que l’OTAN apporte à l’Ukraine, sous la forme d’armements et autres.  L’Australie a lancé un appel en faveur de la paix en Ukraine: le temps est venu pour les peuples des Nations Unies de maintenir la paix et la sécurité internationales, et c’est dans cette optique que l’Australie s’est portée coauteure du projet de résolution sur l’Ukraine soumise à l’Assemble générale, a précisé son délégué. 

Mme CAROLYN RODRIGUES-BIRKETT (Guyana) a fait part de sa préoccupation face à la récente intervention militaire de la Russie en violation de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Ukraine.  Elle a demandé la cessation immédiate des hostilités et le retour à la diplomatie.  Déplorant la menace ou l’emploi de la force dans la conduite des relations internationales, la représentante a plaidé en faveur d’un règlement pacifique des différends, conformément au droit international et aux dispositions de la Charte des Nations Unies.  L’action militaire actuelle en Ukraine est contraire aux principes de respect de l’intégrité territoriale, de souveraineté et de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un autre État souverain, a-t-elle martelé ajoutant que l’agression contre l’Ukraine est une menace pour la région et les pays du monde entier.  Le Guyana a indiqué soutenir les efforts du Secrétaire général pour parvenir à un règlement rapide à la situation en Ukraine et faire cesser la menace à la paix et à la sécurité internationales, a conclu Mme Rodrigues-Birkett. 

M. BRIAN CHRISTOPHER MANLEY WALLACE (Jamaïque) a condamné l’invasion russe et demandé à la Russie de mettre un terme à la guerre et de se retirer du territoire ukrainien.  Cette action militaire viole les principes fondamentaux de la Charte, a-t-il dit, en jugeant les actions de la Russie d’autant plus inacceptables que celle-ci est membre permanent du Conseil de sécurité, l’organe même chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Petit État insulaire, la Jamaïque reconnaît que la Charte a été rédigée en vue d’instaurer un environnement sûr pour tous les pays, indépendamment de leur taille, a déclaré M. Wallace.  « Nous ne pouvons permettre que cet ordre international soit bafoué. »  Le délégué a donc invité les États Membres, au nom de la paix et du droit, à demander la fin des hostilités en Ukraine et le retour au dialogue. 

M. OLIVIER MAES (Luxembourg) a regretté que le Conseil de sécurité n’a pas été en mesure, en raison du veto de la Russie, de prendre les décisions qui s’imposent pour assumer sa responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il a indiqué que le Luxembourg s’est porté coauteur et votera en faveur du projet de résolution de l’Assemblée générale intitulé « Agression contre l’Ukraine ».  Il s’agit d’une résolution forte qui exige de la Russie qu’elle cesse immédiatement d’utiliser la force contre l’Ukraine, et appelle au règlement pacifique immédiat du conflit par le dialogue politique, les négociations, la médiation et autres moyens pacifiques. 

Le représentant a aussi expliqué que le Gouvernement luxembourgeois a décidé de répondre à la demande des autorités ukrainiennes et de leur fournir du matériel de sauvetage et des médicaments, à travers le mécanisme européen de protection civile, ainsi que des équipements pour renforcer la capacité de l’Ukraine à se défendre.  Il a dit appuyer pleinement les mesures restrictives adoptées par l’Union européenne à l’égard de la Russie et les mesures européennes de soutien à l’Ukraine.  Le destin de l’Ukraine est le destin de l’ordre international fondé sur la règle de droit, a-t-il souligné, saluant le courage du Président, du Gouvernement et du peuple ukrainiens qui se battent aujourd’hui pour les valeurs universelles sur lesquelles les Nations Unies ont été fondées.  Nous saluons aussi le courage des citoyens russes qui manifestent leur opposition à la guerre en dépit de la répression dont ils font l’objet, a-t-il ajouté avant d’exhorter, en russe, la Fédération de Russie à cesser cette guerre.

M. MAX HUFANEN RAI (Papouasie Nouvelle-Guinée) a dit « partager » la douleur et la peine du peuple et du Gouvernement de l’Ukraine, se disant déçu que certains membres du Conseil de sécurité n’aient pas été à la hauteur de leur responsabilité.  Le représentant a exigé le respect du droit international, pour qui aucun pays n’a le droit d’exercer des pressions sur un autre.  Il s’est dit préoccupé de l’agression perpétrée contre l’Ukraine, en exigeant de la Fédération de Russie qu’elle retire ses forces.  Après avoir insisté sur l’importance de rendre des comptes, la délégation a demandé à ce que soit garantie la sécurité des travailleurs humanitaires en Ukraine et dans les pays voisins. 

Mme SEBASTIANA BARROS (Timor-Leste) a indiqué que son pays a coparrainé le projet de résolution du Conseil de sécurité, appelant à mettre fin à la guerre en Ukraine.  Après l’échec du Conseil à l’adopter, il est du devoir de l’Assemblée générale de se lever et de défendre les fondamentaux des Nations Unies, a-t-elle argué.  Le Timor-Leste a dit comprendre la douleur et les souffrances causées par une attaque militaire, comme le pays a lui-même en a fait l’expérience.  En tant que nation née des cendres d’une occupation forcée pendant plusieurs années, le Timor-Leste sait que la guerre ne profite à personne.  La représentante a, de ce fait, exhorté toutes les parties au conflit à convenir d’un cessez-le-feu immédiat et à poursuivre un dialogue diplomatique. 

Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a estimé que l’« opération militaire spéciale » lancée par la Fédération de Russie dans le territoire indépendant de l’Ukraine n’était « ni nécessaire ni souhaitable » et constituait « un affront à la Charte des Nations Unies ».  Saint-Vincent-et-les Grenadines continue à suivre l’escalade du conflit et est profondément troublé par la détérioration de la situation, a ajouté la représentante.  Néanmoins, « compte tenu du contexte historique de la situation géopolitique dans la région et de l’articulation par la Russie de ses préoccupations légitimes en matière de sécurité et de son point de vue sur la situation politique dans la région du Donbass », la représentante a jugé nécessaire de « déployer des efforts diplomatiques constructifs » afin de répondre « en profondeur » à ces préoccupations, tout en répétant que l’« opération militaire spéciale » ne pouvait « pas être raisonnablement justifiée » et mettait en danger la paix et la sécurité internationales.  « Aucun État Membre de notre organisation ne sera à l’abri de l’effet d’entraînement de ce conflit armé », a-t-elle averti. 

La représentante a rappelé l’attachement de son pays aux buts et principes de la Charte, « y compris ceux relatifs à l’Article 2, paragraphe (4) », ajoutant que l’existence de son pays en tant qu’État-nation souverain et indépendant était due « à ces normes internationales sacro-saintes et à ces principes intemporels et non négociables ».  En conséquence, Saint-Vincent-et-les Grenadines ne peut rester sans rien faire « alors que les principes fondamentaux du droit international sont mis au rebut ».  La représentante a donc appelé à la cessation immédiate de toutes les hostilités et demandé « la stricte adhésion » aux principes de souveraineté, d’indépendance politique, d’intégrité territoriale, de non-intervention, de non-ingérence, de respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire. 

Mme King a déclaré que, « historiquement, la Fédération de Russie a été un défenseur des buts et principes de la Charte des Nations Unies, y compris du principe sacré du règlement pacifique des différends, ce dont témoigne son adhésion au « Groupe d’amis pour la défense de la Charte des Nations Unies » auquel appartient également Saint-Vincent-et-les Grenadines.  C’est à ce titre que Saint-Vincent-et-les Grenadines « insiste sans équivoque pour que la Fédération de Russie cesse ses opérations militaires et retire immédiatement ses forces d’Ukraine ». 

Mme King a dit profondément regretter la violations des accords de Minsk et a lancé un appel en faveur d’« initiatives diplomatiques significatives » et a exhorté les parties à « épuiser tous les efforts diplomatiques pour trouver une solution pacifique », se disant convaincue que « la noblesse de la paix est de loin préférable à une ignoble aventure militaire ».  Tout en se disant encouragée par la réunion tenue plus tôt dans la journée à la frontière biélorusse entre représentants de l’Ukraine et de la Fédération de Russie, Mme King a déclaré que l’utilisation d’armes nucléaires était « inconcevable et totalement inacceptable », ajoutant qu’elle « déconseillait à quiconque d’en faire la simple suggestion ». 

Mme ISABELLE F. PICCO (Monaco) a rappelé que la Principauté monégasque s’est associée aux sanctions annoncées lundi par l’Union européenne.  Réaffirmant l’attachement de son pays au respect du droit international et de la Charte des Nations Unies, elle a souligné que Monaco tient à utiliser la voix dont il dispose à l’Assemblée générale pour soutenir l’Ukraine.  Face à l’aggravation rapide de la situation et à la souffrance imposée aux civils, elle a rappelé que les Conventions de Genève et leurs Protocoles additionnels imposent de faire la distinction entre la population civile et les combattants.  La déléguée a également appelé à l’accès sans entrave à l’assistance humanitaire, avant de se dire convaincue que seul le dialogue fondé sur le droit international et la Charte des Nations Unies peut fournir une issue à cette guerre.  Par ailleurs, alors que l’Assemblée générale a adopté, le 2 décembre dernier, une résolution sur la « Trêve olympique » et que s’ouvrent, le 4 mars à Beijing, les Jeux paralympiques d’hiver, elle a dénoncé la violation de ce « symbole d’amitié et de fraternité entre les peuples ».  Enfin, elle a indiqué que Monaco coparraine le projet de résolution soumis à l’Assemblée générale et votera en sa faveur. 

M. AGUSTÍN SANTOS MARAVER (Espagne) a rappelé que l’Assemblée se réunit parce que le Conseil n’a pu s’acquitter de son mandat en raison du veto russe.  La Russie l’a justifié pour défendre l’équilibre des intérêts des membres permanents, a dit le délégué, en déplorant qu’un tel motif l’emporte sur la défense de la Charte.  Il a estimé que le droit de veto est anachronique et doit disparaître.  Il a précisé que ce projet de résolution vise à défendre la paix, raison même de l’existence de l’ONU.  Le délégué espagnol a apporté le soutien de son pays à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine, avant de condamner l’agression russe.  « L’Ukraine continue de résister, forçant l’admiration du monde », s’est félicitée l’Espagne.  Plus l’Ukraine résiste, plus les excuses de pacotille brandies s’effacent, a poursuivi le délégué.  Il a demandé qu’une écrasante majorité d’États Membres vote en faveur de ce texte et plaidé pour une solution diplomatique.  « Ce projet de résolution est un symbole d’espoir, votons tous pour ce texte. »

M. ALFONSO GAHONA (Belize) a condamné, à son tour, l’attaque « illégale » de la Fédération de Russie comme une violation flagrante du droit international.  La reconnaissance de l’indépendance des « prétendues » Républiques de Donetsk et de Louhansk est une autre violation flagrante du droit international, dont le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États.  Extrêmement préoccupé par l’impact dévastateur de cette guerre sur les civils ukrainiens, il rappelé que l’ONU a été créée comme outil de règlement pacifique des différends.  Il a appelé à une cessation immédiate des hostilités et au retrait de toutes les troupes russes, avant d’exhorter toutes les parties à faire preuve de retenue, à respecter le droit international humanitaire et à recourir à la diplomatie pour trouver une solution pacifique à ce conflit armé.

Préoccupée par la situation en Ukraine, Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a salué le début de pourparlers avec la Russie, espérant qu’ils aboutissent à une solution diplomatique.  Ce conflit armé aboutira à des souffrances humaines non nécessaires et à des destructions avec des conséquences mondiales, a craint la représentante.  Alors que le monde s’efforce de sortir de la crise de la COVID-2019, elle a regretté qu’il assiste déjà à un nouveau conflit qui retardera encore le relèvement économique des nations.  La solution au conflit est la diplomatie et le dialogue dans le respect des principes du droit international, a dit la représentante. 

Mme Joyini a plaidé en faveur d’une réforme urgente du Conseil de sécurité, l’exhortant à utiliser les outils existants pour appuyer le règlement pacifique des différends en Ukraine.  Les parties doivent faire preuve d’esprit de compromis devant la situation actuelle, protéger les droits de la personne et respecter leurs obligations.  L’Afrique du Sud a encouragé les parties à résoudre le conflit dans le cadre des accords de Minsk et du format Normandie.  Mme Joyini a toutefois déploré le fait que les autres conflits dans le monde n’aient pas reçu la même attention que celui-ci, avant de faire écho à la préoccupation de l’Union africaine au sujet du sort des Africains bloqués à la frontière avec l’Ukraine.  Elle a exhorté les pays européens à prendre des mesures pour remédier à leur situation.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a dit que la communauté internationale doit rejeter la guerre et privilégier la diplomatie.  Le Gabon croit au multilatéralisme et aux principes de la Charte des Nations Unies, appelant les belligérants à choisir la voie du dialogue.  Il a salué la générosité des pays voisins qui accueillent ceux qui fuient la guerre, tout en dénonçant « les cris des étudiants africains » qui font face à la discrimination dans leur quête d’un lieu sûr.  Il a appelé à un traitement équitable de tous ceux qui sont en détresse.

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a rappelé que dans la déclaration que son gouvernement a publié, le 26 février dernier, sur la situation en Ukraine, ce dernier défend le droit international et la paix et s’oppose au recours à la force contre un autre État.  Mais, a poursuivi le représentant, il est impossible d’examiner la situation sans tenir compte des facteurs qui ont conduit au recours à la force et au non-respect des normes internationales.  Les États-Unis, a-t-il analysé, ont voulu élargir l’OTAN à l’Ukraine et à d’autres régions proches de la Fédération de Russie.  Le but était de parvenir à « un encerclement militaire progressif », en ignorant les demandes de garantie sécuritaires de la Fédération de Russie.  L’histoire, a prédit le représentant, jugera sévèrement les États-Unis. Nous rejetons l’hypocrisie et le deux poids, deux mesures.  Qu’en est-il de l’offensive lancée en 1999 contre l’ex-Yougoslavie?  Qu’en est-il des multiples fois où les États-Unis ont, en recourant à la force, foulé au pied la souveraineté et l’intégrité territoriale des États, sans oublier les morts civils, qualifiés un peu vite, de « dommage collatéraux ».  Le projet de résolution dont était saisi le Conseil de sécurité, la semaine dernière, était « déséquilibré », a jugé le représentant.  Il en va de même pour celui qui est à l’examen ici à l’Assemblée générale puisqu’il ne tient pas non plus compte des préoccupations de toutes les parties.  Seuls le dialogue et la négociation et pas la guerre permettront de parvenir à un règlement pacifique de la crise en Ukraine, a conclu le représentant.

M. FATUMANAVA-O-UPOLU III PA’OLELEI LUTERU (Samoa) a noté qu’en tant que petit État insulaire en développement, son pays considère que sa sécurité, son existence et son bien-être reposent en partie sur le maintien de la paix mondiale et le respect de l’ordre international fondé sur des règles.  Il a également rappelé que l’une des raisons d’être des Nations Unies est de préserver les générations futures du fléau de la guerre.  À cette aune, il s’est dit très préoccupé par l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie, dénonçant une action incompatible avec les principes énoncés à l’Article 2 de la Charte des Nations Unies.  Exhortant tous les acteurs concernés à concentrer leurs efforts sur la cessation immédiate des hostilités et la protection des personnes et des infrastructures civiles, il a également plaidé pour des pourparlers de paix entre les parties, avant d’appeler la Fédération de Russie à respecter les principes du droit international ainsi que la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. 

M. ENRIQUE AUSTRIA MANALO (Philippines) a condamné l’invasion russe de l’Ukraine et indiqué qu’il voterait en faveur du projet de résolution.  Rappelant que le conflit ukrainien a déjà fait au moins 14 000 morts depuis 2014, il a noté que le nombre des victimes de cette action militaire reste inconnu « dans le brouillard actuel des mensonges ».  Dans ce contexte, il a appelé à la protection des personnes et des infrastructures civiles, tout en réclamant instamment la cessation des hostilités.  Selon lui, l’aide internationale doit être à la mesure de l’aggravation de la crise humanitaire et un accès sûr doit être assuré par les moyens les plus efficaces.  Après avoir rappelé que la Charte des Nations Unies oblige les États souverains à s’abstenir de recourir à la force contre l’indépendance et l’intégrité territoriale de tout État, il a condamné le recours au séparatisme et à la sécession comme « armes de diplomatie » pour infliger de terribles cruautés, comme cela s’est déjà produit dans les Balkans et en Afrique.  Enfin, il a fait appel à la Déclaration de Manille de 1982 sur le règlement pacifique des conflits internationaux afin d’arrêter la tragédie en cours « au moins pendant un certain temps ». 

Nous assistons à un scenario dangereux, avec un nombre important de morts et un avenir sombre, a regretté M. JÚLIO CÉSAR FREIRE DE MORAIS (Cabo Verde).  C’est un moment crucial pour les Nations Unies et l’humanité, a-t-il estimé, en plaidant pour la facilitation de l’aide humanitaire.  L’on voit déjà, a-t-il ajouté, les conséquences économiques de cette guerre « fratricide » non seulement en Europe mais aussi dans le monde entier.  Nous devons nous hisser à la hauteur du défi et contrer la tendance actuelle, par un retour au respect des principes de la Charte des Nations Unies.  À son tour, le représentant a appelé à un cessez-le-feu immédiat et à une solution diplomatique conforme aux accords de Minsk.  Les pourparlers en cours arrivent un peu tard mais c’est un pas dans la bonne direction, a dit un délégué « impressionné » par « l’héroïsme » du peuple ukrainien.  Il a imploré la Fédération de Russie à cesser cette guerre et à donner une chance à la paix.

Mme ZSUZSANNA HORVÁTH (Hongrie) a condamné l’intervention militaire russe et la grave escalade de la semaine dernière, dont la menace de recourir aux armes nucléaires.  Elle a une nouvelle fois condamné la décision de reconnaître l’indépendance de Donetsk et Louhansk, « des zones qui échappent au contrôle du Gouvernement ukrainien ».  En tant que pays d’Europe centrale, a souligné la représentante, la Hongrie est particulièrement attachée au dialogue entre l’Est et l’Ouest.  Notre région, a-t-elle expliqué, a trop souffert des conflits entre grandes puissances.  Nous n’avons pas oublié l’expérience de la guerre froide et nous espérons que les nouvelles négociations directes entre les parties aboutiront au rétablissement de la paix.

La représentante a affirmé la volonté de son pays d’ouvrir la porte aux réfugiés d’Ukraine.  Nos ambassades sont ouvertes et nos postes frontières fonctionnent à plein régime, a-t-elle précisé.  Nous avons accueilli, a-t-elle dit, tous ceux qui ont fui l’Ukraine sans discrimination raciale, religieuse ou ethnique.  Tous les cas de discrimination, a promis la représentante, feront l’objet d’une enquête approfondie et les auteurs seront traduits en justice.  Elle a réitéré la proposition de son ministre des affaires étrangères de faire de Budapest, le lieu des efforts diplomatiques pour mettre fin au conflit en Ukraine.  En attendant, nous voterons pour la résolution, a-t-elle conclu.

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a réitéré d’emblée le soutien indéfectible de son pays à la souveraineté, à l’intégrité territoriale et à l’indépendance de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues.  Elle a fermement condamné cette guerre « non provoquée », soulignant que cette décision de la Fédération de Russie représente une violation du droit international et de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  C’est une violation des propres engagements internationaux de la Russie, a martelé la représentante qui a souligné que les menaces à l’intégrité territoriale des États et au droit international ne se limitent pas à une région mais ont des ramifications pour la sécurité de tous les pays.   

Regrettant que le Conseil de sécurité n’ait pas été en mesure de remplir son devoir la semaine dernière parce qu’un membre permanent a usé de son veto, elle s’est dite d’autant plus troublée que ce membre soit aussi l’agresseur.  La représentante a appelé toutes les parties à veiller à la protection des civils, avant de demander la facilitation d’une aide humanitaire rapide, sûre et sans entrave à ceux qui en ont besoin, ainsi que le retrait immédiat des forces russes d’Ukraine, insistant sur la nécessité d’éviter une escalade dangereuse en Europe.  Il n’est jamais trop tard pour la diplomatie, a-t-elle conclu.

M. SYED MOHAMAD HASRIN AIDID (Malaisie) a dit comprendre les préoccupations sécuritaires légitimes des parties, tout en indiquant que celles-ci ont l’obligation de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale des États « en toutes circonstances ».  « Toute violation de ce principe fondamental est inacceptable. »  Le délégué a estimé qu’il ne peut y avoir de solution militaire et exhorté les parties à faire montre de retenue et à s’engager dans la voie du dialogue.  Il s’est dit très préoccupé par la mise en alerte d’armes nucléaires, en rappelant qu’une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit pas être engagée.  Il a rappelé que son pays continue de pleurer les 298 innocents qui ont perdu la vie lorsque le vol MH17 de la Malaysia Airlines a été abattu au-dessus de l’Ukraine.  La Malaisie va voter en faveur du projet de résolution, a conclu le délégué.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a exhorté les parties à résoudre leurs différends par des moyens pacifiques.  Il a espéré que les négociations entamées hier au Bélarus permettront d’avancer vers la résolution de la crise.  Nous rejetons catégoriquement le recours à la force ou la menace du recours à la force dans le règlement des relations entre États, a indiqué le représentant.  Il a insisté sur la nécessité de parvenir à un cessez-le-feu immédiat pour préserver les vies.  Il a appelé toutes les parties à rechercher les personnes disparues, exhortant ensuite au plus grand respect des engagements humanitaires tels que consacrés dans les instruments internationaux pertinents.  

Mme AGNES MARY CHIMBIRI MOLANDE (Malawi) a encouragé les parties à poursuivre les pourparlers qu’elles viennent d’entamer et a mis en garde contre l’imposition de conditions préalables à leur succès.  Toute menace à la paix et la sécurité est une menace contre l’ONU et les progrès qu’elle a réalisés dans le monde, a prévenu la représentante.  Notre devoir, a-t-elle martelé, est de préserver ces progrès « avec zèle ».  Le monde fait déjà face à plusieurs crises existentielles comme la pandémie de COVID-19 et les changements climatiques, pourquoi en ajouter d’autres?  La crise en Ukraine, a-t-elle estimé, est une occasion pour les membres du Conseil de sécurité de montrer leur leadership.  « Donnons une chance aux négociations de paix », a-t-elle conclu.

Mme AMATLAIN ELIZABETH KABUA (Îles Marshall) a condamné l’invasion « sans justification » de l’Ukraine par la Fédération de Russie, y voyant « une ruse pour satisfaire un agenda impérialiste ».  Elle a ensuite estimé que « si nous, les Nations Unies, ne parvenons pas à agir, alors nous risquons de perdre notre pertinence en tant qu’institution, comme l’ancienne Société des Nations ».  De fait, a-t-elle ajouté, « petits ou grands, nous devons tous être solidaires pour faire respecter les droits de l’homme et l’état de droit, y compris par le biais d’une politique multilatérale ferme ».  La déléguée a également rappelé que les petites nations comme la sienne se souviennent des dommages de la dernière guerre mondiale et sont donc très préoccupées par « l’adéquation de la réponse multilatérale » à l’égard de l’Ukraine.  Elle a conclu son propos en assurant qu’un veto « n’arrêtera pas le consensus mondial » et que l’Ukraine peut compter les Îles Marshall parmi ses amis. 

Mme NOA FURMAN (Israël) a rappelé que son pays a connu de nombreuses guerres, et sait donc de « première main » que la guerre n’est jamais une solution.  Elle a appelé la Fédération de Russie à entendre l’appel de la communauté internationale à mettre fin à son agression contre l’Ukraine.  Alors qu’Israël entretient de bonnes relations avec la Fédération de Russie et l’Ukraine, la représentante s’est dite préoccupée par la crise humanitaire croissante, avant d’annoncer que son gouvernement va fournir 100 tonnes d’aide humanitaire à l’Ukraine.  Elle s’est ralliée à l’appel du Secrétaire général et a conclu en plaidant pour un retour sur la voie de la diplomatie et de la négociation pour parvenir à un règlement pacifique de cette crise. 

Mme ELISENDA VIVES BALMAÑA (Andorre) a dit soutenir la résolution dont est saisie l’Assemblée générale.  Il n’est jamais trop tard pour reprendre le dialogue, a-t-elle dit, avant de condamner fermement l’attaque de la Fédération de Russie contre l’Ukraine.  Très préoccupée par l’escalade de la violence, elle a appelé toutes les parties à s’abstenir de prendre des mesures contraires aux principes et aux valeurs de la Charte des Nations Unies.  Nous appelons au rétablissement de la paix et à un dialogue constructif pour parvenir à une solution pacifique, politique et durable au conflit, a-t-elle déclaré.  La déléguée a aussi jugé essentiel que les parties au conflit respectent leurs obligations internationales et le droit international humanitaire.  Elle a enfin réitéré l’attachement de l’Andorre à l’indépendance, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues.

M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) a fait savoir que son pays votera en faveur de la résolution pour marquer son attachement au respect de l’intégrité, de la souveraineté territoriale et de l’indépendance des États ainsi qu’au règlement pacifique des différends tels que prescrits par la Charte des Nations Unies.  Après avoir dit sa préoccupation face à l’enlisement du conflit en Ukraine, le représentant a invité toutes les parties à un cessez-le-feu immédiat en vue de sauver des vies et de donner une chance au dialogue.  « Ce silence des armes est crucial pour renouer avec la diplomatie en vue de mettre un terme à cette guerre », a-t-il insisté.   

Préoccupé par le sort des réfugiés et personnes déplacées, il a exhorté les parties au conflit au respect du droit humanitaire et à faciliter l’accès de l’aide aux populations dans le besoin.  Il a appelé la communauté internationale, dont les acteurs humanitaires, à mobiliser les moyens nécessaires pour apporter une assistance aux populations en détresse tant en Ukraine que dans les pays d’accueil.  Le représentant s’est inquiété des brimades dont seraient victimes aux frontières des pays limitrophes qu’ils atteignent péniblement, des personnes originaires d’Afrique fuyant la terreur qui s’abat sur l’Ukraine.  C’est pourquoi il a invité les pays amis frontaliers de l’Ukraine à faire preuve de plus de retenue, de tolérance et d’un surcroît d’humanité.  Faisant sienne une citation du premier Président de la Côte d’Ivoire indépendante, feu Félix Houphouët-Boigny, le délégué a déclaré que « le dialogue est certainement l’arme des forts et non celle des faibles ».    

M. GHEORGHE LEUCĂ (République de Moldova) a rappelé que son pays fait partie des 81 coauteurs du projet de résolution condamnant les actions de la Fédération de Russie et qui n’a pu être adopté au Conseil de sécurité.  Il a dit être horrifié par le recours massif et non provoqué à la force contre l’Ukraine, un pays ami et voisin.  Nous devons agir immédiatement pour arrêter cette épreuve, a-t-il plaidé.  Il a indiqué que les six jours de guerre ont déclenché une crise humanitaire majeure dans la région qui a également durement touché les pays voisins, dont la République de Moldova, désormais confrontés au défi de gérer l’important flux de réfugiés en provenance d’Ukraine.  Depuis le début des hostilités, a précisé le représentant, environ 95 000 réfugiés fuyant l’Ukraine sont entrés au Moldova, un flux qui équivaudrait à environ deux millions de réfugiés entrant dans un pays de la taille de l’Allemagne en seulement cinq jours.  Plus de la moitié des personnes qui ont cherché refuge au Moldova ont décidé d’y rester soit environ 60 000 personnes qui sont actuellement prises en charge par les autorités moldaves et accueillies par des Moldoves ordinaires.  Nous faisons de notre mieux pour faire face à cette situation, mais nous avons aussi besoin du soutien de nos partenaires, a lancé le représentant. 

M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) a dit être profondément préoccupé par les morts et les souffrances humaines en Ukraine et a demandé une cessation urgente des hostilités et de la violence.  Toutes les parties concernées doivent faire preuve d’un maximum de retenue pour désamorcer immédiatement les tensions, a-t-il souhaité.  Également préoccupé par la sûreté et la sécurité des ressortissants népalais qui se trouvent actuellement en Ukraine, il a demandé aux personnes concernées de faciliter leur passage en toute sécurité vers un pays tiers et à honorer l’obligation en vertu du droit international humanitaire de protéger les civils et les infrastructures civiles. 

Affirmant qu’il n’y a pas d’alternative au chemin de la paix, le représentant a souligné que la diplomatie et le dialogue sont les seules voies pour restaurer et construire une paix durable.  Il a salué le début des pourparlers directs entre les parties concernées, exhortant ces dernières à reprendre et à poursuivre le dialogue avec la plus grande sincérité et un engagement en faveur de la paix afin de trouver une solution politique au plus tôt.

Mme KEISHA ANIYA MCGUIRE (Grenade) a condamné l’attaque de la Russie contre l’Ukraine et contre les principes fondamentaux du droit international.  Elle a demandé la cessation des hostilités et exhorté les parties à reprendre le dialogue en vue d’une désescalade et l’instauration d’une paix durable.  Elle a salué l’aide apportée par les pays voisins, avant de dénoncer le traitement discriminatoire des ressortissants africains lors du passage des frontières ukrainiennes.  Enfin, affirmant que le monde est au bord du gouffre, la déléguée a réitéré son appel au dialogue.

La situation en Ukraine nous rappelle de mauvais souvenirs, a déclaré M. SVEN ALKALAJ (Bosnie-Herzégovine), évoquant le « génocide » commis dans son pays il y a 30 ans.  Face aux graves implications mondiales des actions de la Russie contre l’Ukraine, il a appelé toutes les organisations internationales, en particulier les tribunaux internationaux, à suivre de près l’évolution de la situation sur le terrain et d’évaluer tout violation des lois internationales, y compris le droit international humanitaire.  Il a regretté l’échec du Conseil de sécurité à maintenir la paix et la sécurité internationales et a appelé à privilégier la négociation pour parvenir à la paix.  Le représentant a appuyé l’appel du Secrétaire général à une cessation immédiate de hostilités et à un début des négociations bilatérales pour trouver une résolution pacifique du conflit, se disant encouragé par la première tentative de négociations bilatérales entre les représentants de l’Ukraine et de la Fédération de Russie.  Notant que les armes nucléaires sont à présent sur la table, il a appelé l’ONU à ne pas tarder avant de prendre les mesures qui s’imposent pour mettre un terme au bain de sang.

M. HYUN CHO (République de Corée) a estimé que le monde vit l’une des heures les plus sombres de son histoire.  Il a condamné l’invasion armée de l’Ukraine par la Fédération de Russie.  Cette guerre qui est une guerre de choix par la Russie n’aurait pas eu lieu si celle-ci avait écouté les appels de la communauté internationale, a-t-il estimé.  Il a ensuite exhorté la Russie à cesser son offensive, à retirer immédiatement toutes ses forces militaires du territoire de l’Ukraine, et à revenir sur sa décision concernant le statut des régions de Donetsk et Louhansk.  

La République de Corée, a dit le représentant, est profondément inquiète de l’annonce fait par la Russie concernant la mise en alerte de sa force de dissuasion nucléaire.  Il a appelé la Russie à éviter de promouvoir une escalade de la crise et rechercher une solution diplomatique.  Le droit international humanitaire et les droits humains devraient être respectés, a-t-il appuyé.  Saluant les efforts du Secrétaire général, des États Membres et des organisations internationales et régionales pour répondre à la crise humanitaire, il a annoncé une augmentation de l’aide humanitaire accordée par la République de Corée à l’Ukraine.

M. DENNIS FRANCIS (Trinité-et-Tobago) a déclaré que son pays ne pouvait « ni souscrire ni ignorer » toute tentative unilatérale de violer la souveraineté et l’intégrité territoriale de tout État sous la menace ou l’usage de la force.  Pour Trinité-et-Tobago, l’adhésion à l’ONU constitue un « engagement solennel à promouvoir, soutenir et consacrer ses efforts au maintien et au renforcement de l’ordre fondé sur des règles », lequel ne peut être « bafoué ou écarté à volonté, comme s’il s’agissait d’une question de convenance ».  M. Francis a donc condamné « l’agression militaire en cours commise par la Fédération de Russie contre l’État et le peuple d’Ukraine », et a appelé la Russie à « renoncer immédiatement à cette action, à rappeler ses troupes sans aucune condition et à reprendre la voie du dialogue et de la diplomatie, de bonne foi ».  Il a estimé que l’annonce de la rencontre de ce jour à la frontière biélorusse, permettait « d’espérer la possibilité d’une désescalade ».  Le représentant a préconisé un « dialogue franc et significatif », seul à même d’éviter de nouvelles pertes en vies humaines, d’accroître les déplacements humains et de mettre un terme aux destructions.

M. SAMUEL MONCADA (République bolivarienne du Venezuela) a accusé le bloc de l’OTAN d’avoir fait pression sur l’Ukraine et d’avoir mené une politique d’expansion orientale qui a conduit à la crise actuelle.  Il a appelé à changer le cap afin de ne pas arriver à un point de non-retour.  Il faut donc éviter d’animer les tensions aux niveaux national, régional et mondial, a—t-il plaidé.  Pour sortir de l’impasse, le représentant a plaidé pour une approche équilibrée et se garder de promouvoir des sanctions unilatérales qui ne feront qu’accroître les tensions.  La sécurité d’un pays ne peut être sacrifiée à celle d’un autre, a-t-il encore argué, avant d’appeler à un dialogue politique entre la Fédération de Russie et l’Ukraine, comme celui qui est en cours au Bélarus en ce moment. 

M. HOANG GIANG DANG (Viet Nam) a rappelé les principes fondamentaux du droit international, rejetant l’option du recours à la force.  Tout conflit est lourd de conséquences, a-t-il dit, en insistant sur l’impératif du respect de la Charte des Nations Unies et des règlements pacifiques des conflits.  Il s’est dit préoccupé par l’agression en cours contre l’Ukraine, appelant à la retenue.  Les parties concernées doivent amorcer la désescalade et reprendre le dialogue afin de parvenir à une solution qui tienne compte des préoccupations de chacune des parties.  Le délégué a espéré que le dialogue amorcé hier entre la Fédération de Russie et l’Ukraine se poursuivra avec le soutien de la communauté internationale.  Par ailleurs, l’assistance humanitaire doit être renforcée et la sécurité de l’évacuation des étrangers vivant en Ukraine assurée, a ajouté le représentant. 

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a demandé à toutes les parties d’œuvrer à une désescalade et à s’engager dans la voie du dialogue.  Elle a condamné l’invasion de l’Ukraine et exhorté la Fédération de Russie à cesser ses opérations militaires, soulignant l’importance de défendre la Charte et la primauté du droit. Toute acquisition territoriale par la force est illicite, a rappelé la déléguée, en appelant au respect du droit international.  Elle a aussi demandé le respect des droits de tous les États, « sans exception ».  Il faut protéger la vie, a martelé la représentante, en souhaitant l’apport d’une aide humanitaire en Ukraine.  Enfin, elle a redit sa foi dans le multilatéralisme et appelé les États Membres à « ne pas baisser les bras » et à faire triompher la paix. 

Mme ANNALENA BAERBOCK, Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, a raconté la naissance du premier enfant ukrainien réfugié en Pologne comme des milliers d’autres dans toute l’Ukraine, séparés de leur maison à cause de la guerre lancée par la Fédération de Russie contre l'Ukraine.  Voter pour la résolution c’est voter pour l’avenir de nos enfants, a plaidé la Ministre qui a évoqué la chance qu’elle a eu d’avoir pu grandir dans la paix et la sécurité après la fin de la Seconde Guerre mondiale.  Dénonçant que la Fédération de Russie a, de façon brutale, mis à mal l’ordre international fondé sur des règles, elle a souligné que cette guerre n’est pas simplement une guerre contre l’Ukraine ou contre l’Europe.  C’est une guerre lancée par la Russie contre nous tous, a affirmé la Ministre.  C’est aussi le début d’une nouvelle ère parce que les certitudes d’hier appartiennent désormais au passé; une réalité que le Président Putin nous a imposé. 

Dénonçant les « mensonges » prononcés aujourd’hui par le Ministre des affaires étrangères russe au Conseil des droits de l’homme la déléguée a affirmé que M. Sergei Lavrov, peut se mentir à lui-même mais il ne peut pas nous tromper.  Avec cette guerre de la Russie, chacun d’entre nous va devoir prendre des décisions responsables et de façon rigoureuse, a-t-elle indiqué, précisant que l’Allemagne a décidé de renforcer son aide alimentaire et humanitaire pour les réfugiés d’Ukraine.  Préoccupée par les rumeurs selon lesquelles des réfugiés d’origine africaine auraient fait l’objet de discrimination à la frontière, la déléguée a souligné que chaque personne mérite protection indépendamment de son origine ou de la couleur de sa peau. 

Elle a ensuite fait savoir que l’Allemagne a décidé de soutenir l’Ukraine d’un point de vue militaire tout en restant attachée à la diplomatie et à la recherche de solutions pacifiques.  Appelant à se montrer unis pour la paix, la Ministre a souligné que se montrer neutre dans une situation d’injustice revient à se placer du côté de l’agresseur.  « Le temps est venu aujourd’hui de choisir entre la paix et l’agression, entre la justice et la volonté du plus fort, entre le fait d’agir ou bien de fermer les yeux sur la réalité », a-t-elle dit, paraphrasant Mgr Desmond Tutu.  « Et quand nous rentrerons chez nous, après notre vote, chacun d’entre nous devra regarder nos partenaires, nos enfants, nos amis, nos familles et leur dire, droit dans les yeux, quel choix nous avons fait. »   

M. SURIYA CHINDAWONGSE (Thaïlande) s’est dit très inquiet de la destruction des infrastructures civiles en Ukraine en assurant que son pays fera de son mieux pour répondre aux besoins humanitaires de la population ukrainienne.  Il a appelé à l’arrêt immédiat des combats et à la mise en œuvre d’un cessez-le-feu.  Le représentant a également plaidé en faveur du dialogue et à des négociations afin de trouver un règlement pacifique via les Nations Unies, les mécanismes régionaux et toutes les autres plateformes pertinentes. 

M. ABDOU ABARRY (Niger) a déclaré qu’avec la Charte des Nations Unies, le monde a pu éviter une guerre mondiale pendant plus de 75 ans.  La crise en Ukraine est un test de viabilité de ce texte qui vise à garantir la sécurité et la paix dans tous les pays, grands et petits.  Le représentant a condamné l’utilisation de la force par la Fédération de Russie, soulignant que l’opération militaire russe est une violation de l’intégrité et de la souveraineté de l’Ukraine.  Il faut tout mettre en œuvre pour sauver la paix, a exhorté le délégué qui a appelé à la cessation de la violence et à tout faire pour créer les conditions de la paix.  Le représentant a salué le début des pourparlers  « car aucun effort ne doit être épargné pour rétablir la paix ».  À cet égard, il a prié d’éviter les déclarations incendiaires et triomphalistes et cesser les hostilités.  Demandant le renforcement de l’aide humanitaire, le représentant a souligné que les ressortissants des pays africains doivent recevoir l’aide nécessaire.  Il faut organiser leur rapatriement avec les pays concernés et proscrire tout traitement discriminatoire, a-t-il ajouté. 

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a estimé que la désescalade des tensions est urgente, soulignant que les négociations entre la Fédération de Russie et l’Ukraine sont essentielles pour intensifier les efforts diplomatiques. Il a indiqué que l’OTAN a ignoré des accords qui avaient été conclus avec la Fédération de Russie après la dissolution de l’Union soviétique.  Parce que nous voulons la paix et croyons en la prévention et la résolution des conflits par des moyens pacifiques, nous rejetons les mesures unilatérales politiques, économiques et de toutes sortes qui sont lancées comme des « bombes de destruction massive » contre la Fédération de Russie par les États-Unis et l’OTAN, a dit le délégué.  Il a également dénoncé les envois d’armes à l’Ukraine, « ce qui montre que les États-Unis et l’OTAN sont déjà impliqués dans ce conflit qui a une dimension globale ». Le représentant a ensuite appelé les Nations Unies à jouer un rôle constructif pour résoudre le problème de l’Ukraine et donner la priorité à la paix, la stabilité régionale et la sécurité de tous les pays. 

M. ION JINGA (Roumanie) a regretté que le monde est aujourd’hui menacé par l’agression militaire injustifiée de la Fédération de Russie en Ukraine.  Cela affecte la sécurité européenne mais également la sécurité internationale, a-t-il dit.  Il a indiqué que la Roumanie a ouvert ses frontières à des centaines de milliers de réfugiés et envoie de l’aide humanitaire en Ukraine.  Le représentant a accusé la Fédération de Russie d’avoir violé ses obligations en vertu du droit international et de la Charte des Nations Unies avant de l’appeler à adopter un comportement « responsable » et à retirer toutes ses forces militaires de l’Ukraine en respectant les frontières ukrainiennes internationalement reconnues.  Il a appuyé les sanctions qui visent la Fédération de Russie, y compris la fermeture de l’espace aérien européen aux avions russes.  Il a conclu en appelant la Fédération de Russie à agir dans le cadre des mécanismes internationaux existants, y compris les accords de Minsk, le Groupe de contact trilatéral et le format Normandie. 

Mme DRAGANA ŠĆEPANOVIĆ (Monténégro) a accusé la Fédération de Russie d’avoir violé la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  La vie de millions de personnes est en jeu, a-t-elle dit, en exhortant la Russie à cesser les combats et à retirer ses forces de l’Ukraine.  Elle a également condamné l’implication du Bélarus dans l’agression de l’Ukraine.  La seule manière de parvenir à une solution est la voie diplomatique, a-t-elle souligné.  La représentante a exhorté la Russie à choisir la paix plutôt que la guerre, avant de demander un accès humanitaire sans entraves en Ukraine.  Elle a aussi appelé les acteurs internationaux à œuvrer à la stabilité des Balkans occidentaux, eu égard aux risques de déstabilisation découlant de la situation en Ukraine.  Elle a enfin réitéré l’attachement du Monténégro à l’indépendance, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues

M. DAMIANO BELEFFI (Saint-Marin) a condamné fermement le recours à la guerre et à la violence avant d’appeler à une initiative diplomatique multilatérale ou bilatérale pour mettre fin à la guerre en Ukraine.  Il a réitéré le soutien de son pays à la souveraineté, à l’intégrité territoriale, à l’unité et à l’indépendance de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues.  Le représentant a appelé les parties à reprendre le dialogue et à œuvrer à une solution négociée.  « Aujourd’hui, nous disposons d’une série de mécanismes et d’organisations internationales pour stimuler le dialogue, promouvoir les négociations et résoudre les conflits », a dit le représentant de Saint-Marin, en rappelant qu’un certain nombre d’États ont adopté des mesures restrictives en réponse à l’agression militaire de la Fédération de Russie.  Il a expliqué que Saint-Marin appliquait jusqu’ici uniquement les sanctions adoptées par le Conseil de sécurité.  Mais, à la lumière de la situation dramatique en Ukraine, son gouvernement a lancé une procédure législative pour permettre l’adoption de sanctions supplémentaires.  « Dans les prochains jours, le parlement et les autorités nationales compétentes évalueront comment appliquer d’autres sanctions », a ajouté le représentant avant de s’inquiéter des conditions de vie des civils, qui ont besoin d’une aide humanitaire urgente.  Après avoir condamné les actes d’agression visant les infrastructures civiles, le représentant a fustigé l’utilisation d’armes à sous-munitions sur des zones peuplées.  Il a appelé les parties au conflit à respecter strictement le droit international humanitaire et le droit des droits de l’homme et à protéger les civils. 

Solidaire de l’Ukraine, M. ANDREAS HADJICHRYSANTHOU (Chypre) a condamné toute atteinte à la paix et à la sécurité par une action militaire, quel que soit l’État.  Il s’est dit préoccupé par l’efficacité du système de sécurité collective et prenant note des pourparlers entamés hier entre la Fédération de Russie et l’Ukraine, il a espéré le succès de la diplomatie.  Il a ensuite appelé au respect du droit international humanitaire, à un cessez-le-feu immédiat et au retrait des forces militaires russes, sans manquer de condamner l’acte illégal qui constitue la reconnaissance de l’indépendance des zones séparatistes de l’est de l’Ukraine.  Il a aussi appuyé les remarques du Secrétaire général et de la Haut-Représentante pour les affaires de désarmement selon lesquelles, l’augmentation par la Fédération de Russie des niveaux d’alerte nucléaire ne fait qu’accentuer les risques d’erreurs, avec des conséquences potentiellement catastrophiques.  Avec les armes nucléaires, il n’y a pas de vainqueurs, seulement des victimes.  Il est donc important, a conclu le représentant, de promouvoir la retenue, la désescalade et la réduction des risques dans l’intérêt de notre sécurité à tous.  La seule issue, c’est la diplomatie et pas la guerre. 

M. FRANCISCO DUARTE LOPES (Portugal) a fermement condamné l’agression non provoquée de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, en violation du droit international et de la Charte des Nations Unies.  Il a réitéré le soutien du Portugal à la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance de l’Ukraine, dans ses frontières internationalement reconnues.  Cette tragédie qui s’aggrave rapidement exige une solidarité internationale, a-t-il lancé, appelant à soutenir les efforts coordonnés par l’ONU pour faire face aux conséquences humanitaires du conflit.  Pour le Portugal, le projet de résolution est saisie l’Assemblée générale est une mesure opportune et nécessaire, pleinement justifiée par la situation de plus en plus désastreuse à laquelle sont confrontés l’Ukraine et son peuple.  Le représentant a enfin dit appuyé les bons offices du Secrétaire général et les efforts continus du système des Nations Unies. 

M. KIM SONG (République populaire démocratique de Corée) a déclaré que les causes profondes de la crise ukrainienne sont les politiques « hégémoniques » des États-Unis et de l’occident, qui se permettent une politique autoritaire et arbitraire à l’encontre d’autres pays.  Ces pays n’ont pas voulu prendre en compte la demande légitime de la Fédération de Russie de garanties de sécurité ce qui a sapé la sécurité de l’Europe, a fait valoir le représentant.  Il a rappelé qu’en Iraq, Afghanistan et en Libye, les occidentaux n’ont pas hésité à violer la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale au nom du maintien de la paix.  L’ordre international est devenu ce qu’il est à la suite de ces graines de discordes qui ont été plantées par l’Occident, s’est emporté le représentant pour lequel on ne peut espérer la paix tant qu’il y a ce deux poids, deux mesures. 

M. NGOSA SIMBYAKULA (Zambie) a qualifié d’extrêmement préoccupante la situation en Ukraine et demandé la cessation des hostilités.  Il a lancé un appel au dialogue, avant de déplorer l’agression militaire de la Fédération Russie.  Il a encouragé les pourparlers déjà entamés au Bélarus, y voyant un pas dans la bonne direction.  La Russie et l’Ukraine doivent s’entendre sur un cessez-le-feu, dans le respect de la Charte.  Le monde a beaucoup à perdre dans un tel conflit, a conclu le délégué, en demandant de nouveau un règlement pacifique du conflit.  

M. MD MONWAR HOSSAIN (Bangladesh) a demandé la cessation immédiate des hostilités en cours sur le territoire ukrainien et le retour au dialogue.  Il a appelé à éviter toute action menaçant la paix et sécurité internationales.  Il s’est dit très préoccupé par les souffrances endurées par la population avant d’exhorter les parties à faciliter l’acheminement sécurisée de l’aide humanitaire à tous les civils dans le besoin. 

M. DUSHKO UZUNOVSKI (République de Macédoine du Nord) a déclaré que l’invasion de l’Ukraine par la Russie est une atteinte à l’intégrité territoriale et à la souveraineté d’un État Membre indépendant de l’ONU.  Il a jouté que cette invasion constitue une violation flagrante des principes fondamentaux du droit international, et un coup porté à l’ordre international démocratique fondé sur des règles.  Le représentant s’est dit particulièrement préoccupé par l’annonce par la Fédération de Russie de sa volonté de relever le niveau d’alerte nucléaire.  Il l’a exhorté à mettre un terme à l’invasion et à s’abstenir de toute nouvelle action militaire, afin de permettre le rétablissement immédiat de la paix.  Il a salué les efforts du Secrétaire général des Nations Unies ainsi que ceux déployés par le biais du format Normandie et du Groupe de contact trilatéral de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) pour apaiser les tensions.  « En tant que membre de la troïka de l’OSCE, nous restons pleinement engagés dans le soutien à ces efforts et continuons de croire que le multilatéralisme doit vaincre le militarisme », a-t-il conclu. 

M. ODO TEVI (Vanuatu) a indiqué que l’échec du Conseil de sécurité à adopter la résolution relative à l’Ukraine et la Russie révèle les insuffisances de l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il a estimé que discuter à l’Assemblée générale de cette question est important en raison de l’universalité de cet organe, et aussi parce que de petits États comme Vanuatu peuvent y donner leur avis tout en exprimant leur solidarité avec le peuple et le Gouvernement ukrainiens.  En tant que petit État, Vanuatu n’a pas de puissance militaire ni d’armes nucléaires, a rappelé son représentant.  Mais nous croyons en l’état de droit et au droit à l’autodétermination des peuples et des nations.  Il a enfin demandé que les droits des personnes vulnérables, les minorités et les personnes d’ascendance africaine soient protégées en Ukraine. 

M. ANTONIO RODRIGUE (Haïti) a qualifié d’extrêmement préoccupante la tragique situation en Ukraine à la suite de l’invasion injustifiée de la Russie.  Il a lancé un appel pour que les efforts diplomatiques s’intensifient en faveur d’une solution pacifique, dans le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Il a encouragé les pourparlers déjà entamés au Bélarus, invitant les pays européens à continuer d’accueillir dignement les milliers de réfugiés qui frappent à leurs portes.  Enfin, le délégué a demandé une pleine application des principes fondamentaux du droit international humanitaire. 

M. VILIAMI VAʻINGA TŌNĒ (Tonga) a appuyé le projet de résolution dont est saisie l'Assemblée générale. Il a déclaré que contrairement à la récente catastrophe naturelle qui a frappé son pays, la tragédie que connait l’Ukraine est d’origine humaine et aurait pu être évitée. Il a demandé à l’ONU, aux ONG, à la société civile, aux organes régionaux et aux États Membres de venir en aide à l’Ukraine, pour ensuite faire part de son appui au dialogue et aux négociations. Il a également fait appel à la bonne conscience de toutes les parties pour rechercher tous les moyens possibles de désamorcer la situation et reprendre le chemin de la diplomatie, avant d’implorer les deux parties à envisager un cessez-le-feu immédiat et un accès humanitaire sûr aux zones touchées. 

Mme VICTORIA LIETA LIOLOCHA (République démocratique du Congo) a plaidé pour la voie de la désescalade et le choix de la diplomatie dans la crise ukrainienne, mettant en garde contre les conséquences humanitaires et économiques du conflit.  Elle a souhaité que l’empathie en faveur des déplacés et réfugiés d’Ukraine se fasse sans discrimination, avant d’appeler les parties à œuvrer pour la paix. 

M. NNAMDI OKECHUKWU NZE (Nigéria) a réaffirmé l’attachement de son pays à un ordre mondial fondé sur des règles pour notre sécurité commune.  La violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, ou de toute autre nation, y compris toute occupation ou annexion illégales sont inacceptables, a-t-il tranché.  L’invasion de l’Ukraine a des implications pour nous tous, a souligné le représentant, mais surtout pour le peuple ukrainien.  Il est important que toutes les parties concernées entament des pourparlers directs pour mettre fin à cette guerre, a-t-il souhaité en leur rappelant leur responsabilité de protéger la population civile.  Le Nigéria plaide pour un règlement pacifique de ce différend, a-t-il conclu. 

M. JOYKER NAYECK (Maurice) a dit que son pays ne dispose pas d’armée et est très attaché à la Charte.  Nous avons foi en l’ONU, a dit le délégué, en se disant très préoccupé par la crise en Ukraine.  Il a rappelé que l’emploi de la force contre tout État est incompatible avec ladite Charte, appelant à œuvrer pour que ce siècle soit exempt de violence.  « Nous sommes tous des êtres humains, nous aspirons au bonheur et ne voulons pas souffrir. »  Le délégué a en outre encouragé les pourparlers déjà entamés.  « Restons unis pour une paix durable. »  

M. TAREK LADEB (Tunisie) s’est dit très inquiet par l’impact de la dangereuse escalade militaire en Ukraine sur les civils et la stabilité de la région.  Face à cette situation, il a exhorté les parties à instaurer immédiatement un cessez-le-feu pour éviter d’autres souffrances humaines.  Le cessez-le-feu et la désescalade sont essentiels, a martelé le représentant avant d’appeler à un règlement viable et durable du différend par des moyens pacifiques.  Il a insisté sur la pertinence des accords de Minsk et de la résolution 2202 (2015) du Conseil de sécurité.  Il a espéré que la reprise des pourparlers entamés hier entre la Fédération de Russie et l’Ukraine interviendra dans les plus brefs délais, afin d’obliger les parties à honorer leur obligation d’opérationnaliser les accords conclus et à participer de manière constructive à la recherche d’un règlement durable du différend.  Le respect par tous des principes et buts de la Charte des Nations Unies est la base fondamentale du maintien de la paix et de la sécurité internationales ainsi que l’une des composantes essentielles de l’action multilatérale et de la faculté de l’ONU de mener à bien les tâches pour lesquelles elle a été créée, a souligné le représentant. 

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a regretté les conséquences du conflit armé en Ukraine et s’est inquiété des menaces qui pèsent sur la sécurité de la région en appelant les parties à faire preuve de retenue.  Il faut parvenir à un règlement pacifique de ce conflit, a-t-elle souhaité avant de rejeter l’utilisation de la force contre la souveraineté et intégrité territoriale d’un pays.  Attachée à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans les frontières internationalement reconnues, elle a appelé les parties à trouver une solution dans le cadre des mécanismes existants et en tenant compte des préoccupations de toutes les parties. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Yémen: le Conseil de sécurité reconduit jusqu’au 28 février 2023 le régime de sanctions et l’étend aux houthistes

8981e séance – matin
CS/14810

Yémen: le Conseil de sécurité reconduit jusqu’au 28 février 2023 le régime de sanctions et l’étend aux houthistes

Le Conseil de sécurité a décidé, ce matin, de reconduire jusqu’au 28 février 2023 le régime de sanctions applicable au Yémen, notamment l’embargo ciblé sur les armes, et de proroger jusqu’au 28 mars 2023 le mandat du Groupe d’experts créé en vertu de la résolution 2140 (2014). 

En adoptant par 11 voix pour et 4 abstentions (Brésil, Irlande, Mexique et Norvège) la résolution 2624 (2022), le Conseil, qui condamne fermement les attaques transfrontalières des groupes terroristes houthistes qui ont frappé des civils et des infrastructures civiles en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, décide également que le mouvement houthiste sera soumis aux mesures imposées par le paragraphe 14 de la résolution 2216 (2015).  Celui-ci appelle notamment les États Membres à prendre les mesures nécessaires pour empêcher la fourniture, la vente et le transfert directs ou indirects d’armements et de matériel connexe de tous types à certaines entités. 

Par le texte adopté aujourd’hui, le Conseil affirme en outre que les critères de désignation énoncés au paragraphe 17 de la résolution 2140 (2014) peuvent inclure les tirs transfrontières de missiles balistiques ou de missiles de croisière réalisés depuis le Yémen; ainsi que les attaques de navires marchands conduites en mer Rouge ou dans le golfe d’Aden par des parties au conflit. 

Il précise par ailleurs que les mesures imposées par les résolutions 2140 (2014) et 2216 (2015) n’ont pas pour objet d’entraîner des conséquences humanitaires négatives pour la population civile yéménite ou d’entraver l’accès des civils à l’aide humanitaire, aux importations commerciales ou aux envois de fonds. 

À l’issue de l’adoption de la résolution, l’Irlande a alerté que cette nouvelle inscription pourrait avoir des conséquences non voulues sur des millions de personnes vivant sous le contrôle des houthistes, notamment en raison de l’absence de consensus sur la définition du terme terroriste. 

« Nous restons alarmés par le fait que l’utilisation d’une telle terminologie, en l’absence de définition claire, pourrait avoir un impact négatif sur les efforts de l’ONU pour faciliter une solution politique au Yémen », a renchérit la Norvège, qui s’est dite inquiète des ramifications juridiques potentielles sur d’autres conflits à l’ordre du jour du Conseil. 

Appelant à la prudence, le Brésil a signalé que la qualification des houthistes en tant que groupe terroriste dans une résolution du Conseil de sécurité aura des répercussions directes sur de nombreux systèmes juridiques nationaux, affectant ainsi la capacité et la disposition des exportateurs, des banques, des compagnies maritimes et d’autres acteurs privés à interagir avec l’économie yéménite.  Le Mexique s’est inquiété de son côté des répercussions que pourrait entrainer le texte sur les acteurs humanitaires les importations des articles de première nécessité dans un pays où deux millions de personnes dépendent de l’aide humanitaire.  Il s’est aussi préoccupé des conséquences de la désignation sur le processus politique et les démarches engagées pour régler la situation du pétrolier SAFER. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT (S/2022/50)

Texte du projet de résolution (S/2022/158)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant toutes ses résolutions antérieures et déclarations de sa présidence concernant le Yémen,

Réaffirmant son ferme attachement à l’unité, à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale du Yémen,

Condamnant fermement l’escalade militaire en cours, notamment dans la ville de Mareb, dans laquelle un nombre croissant de civils sont tués et mutilés, y compris des enfants, et qui fait peser une menace sur les personnes déplacées et d’autres populations vulnérables présentes dans la région,

Réaffirmant sa déclaration à la presse du 21 janvier 2022, dans laquelle il a condamné avec la plus grande énergie les attaques terroristes odieuses qui ont été perpétrées à Abou Dhabi le 17 janvier 2022, ainsi qu’en d’autres lieux en Arabie saoudite, qui ont été revendiquées et commises par les houthistes,

Se déclarant gravement alarmé par les déclarations des houthistes, qui prévoient de lancer de nouvelles attaques transfrontalières, y compris contre des cibles civiles, et exigeant que celles-ci cessent immédiatement,

Appelant toutes les parties au conflit à procéder à une désescalade immédiate dans tout le Yémen, sans conditions préalables, à appliquer un cessez-le-feu sur l’ensemble du territoire national et à répondre à l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial, selon les modalités énoncées dans les résolutions 2532 (2020) et 2565 (2021), ainsi qu’à son appel à la cessation immédiate des hostilités au Yémen,

Appelant tous les acteurs et les multiples et diverses parties, notamment, mais non exclusivement, le Gouvernement yéménite et les houthistes, à s’entretenir avec l’Envoyé spécial et à participer de manière constructive aux consultations générales en cours, ainsi qu’aux efforts de paix dans leur ensemble, sans conditions préalables,

Se déclarant préoccupé par les difficultés politiques, économiques et humanitaires et les problèmes de sécurité que continue de connaître le Yémen, notamment la violence et les disparitions forcées, et par les dangers que représentent le transfert illicite, le détournement, l’accumulation déstabilisante et l’utilisation abusive d’armes,

Soulignant les risques environnementaux et humanitaires, ainsi que les risques sur la navigation sur la mer Rouge que présente l’état du pétrolier Safer, situé dans les zones contrôlées par les houthistes, insistant sur la responsabilité que portent les houthistes dans cette situation en n’intervenant pas face aux risques majeurs qu’elle présente sur les plans environnemental et humanitaire et en matière de navigation, et soulignant qu’il faut que les houthistes continuent de coopérer étroitement avec les Nations Unies pour résoudre cette question de toute urgence,

Demandant de nouveau à toutes les parties yéménites de poursuivre dans la voie du dialogue et de la concertation pour régler leurs différends, de renoncer à recourir à la violence à des fins politiques et de s’abstenir de toute provocation, demandant qu’il soit mis fin immédiatement aux incitations à la violence des houthistes contre tout groupe ou toute nationalité, comme constaté à l’annexe 10 du rapport du Groupe d’experts (S/2022/50),

Réaffirmant que toutes les parties doivent s’acquitter des obligations que leur impose le droit international, notamment le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme, selon qu’il convient, et soulignant qu’il faut amener les auteurs de violations du droit international humanitaire, de violations des droits humains ou d’atteintes à ces droits au Yémen à répondre de leurs actes,

Se déclarant profondément préoccupé par la grave menace humanitaire que les restes explosifs de guerre, dont les mines terrestres, et les engins explosifs improvisés font peser sur les civils au Yémen, et appelant les houthistes à prendre des mesures pour mettre un terme à l’emploi indiscriminé d’armes frappant sans discrimination (telles que les mines terrestres), à consigner leur emplacement et à éliminer les mines terrestres des secteurs qui sont sous leur contrôle,

Exprimant son soutien et son attachement à l’action menée par l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen pour appuyer le processus de transition au Yémen et un processus politique dirigé et contrôlé par les Yéménites, sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies,

Exigeant la participation pleine, égale et effective des femmes au processus de paix, et soulignant la nécessité d’une pleine application du plan d’action national du Yémen pour les femmes et la paix et la sécurité, conformément à la résolution 1325 (2000), et rappelant avec satisfaction le quota minimum de 30 % de femmes à la Conférence de dialogue national,

Condamnant la violence sexuelle et fondée sur le genre, y compris la violence sexuelle en période de conflit et la torture, en particulier dans les lieux de détention, et soulignant la nécessité de mettre en place des protections suffisantes et appropriées pour les femmes et les filles dans les camps de réfugiés et ailleurs, notamment en leur réservant des installations adéquates, telles que des latrines, ainsi qu’en prévoyant des voies de recours et des aides pour les victimes de violences sexuelles liées au conflit, comme énoncé dans la résolution 2467 (2019),

Appelant une fois de plus à l’application intégrale de l’Accord de Riyad et soulignant la nécessité pour le Conseil de transition du Sud et le Gouvernement yéménite de s’abstenir de prendre toute mesure susceptible d’entraver la mise en œuvre de l’Accord,

Alarmé de constater que certaines zones du Yémen continuent d’être sous le contrôle d’Al-Qaida dans la péninsule arabique, dont la présence, l’idéologie extrémiste violente et les agissements sont préjudiciables à la stabilité du Yémen, de la région du Moyen-Orient et de la Corne de l’Afrique, et ont des conséquences humanitaires dévastatrices pour la population, s’inquiétant du nombre croissant d’éléments affiliés à l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL, également connu sous le nom de Daech) présents au Yémen et du risque que cette présence n’augmente à l’avenir, et réaffirmant sa volonté de lutter contre la menace, sous tous ses aspects, que constituent Al-Qaida dans la péninsule arabique, l’EIIL (Daech) et tous les autres groupes, entreprises, entités et personnes qui leur sont associés,

Rappelant l’inscription d’Al-Qaida dans la péninsule arabique et de personnes qui lui sont associées sur la Liste relative aux sanctions contre l’EIIL (Daech) et Al-Qaida, et soulignant à cet égard qu’il faut appliquer strictement les mesures édictées au paragraphe 1 de la résolution 2368 (2017), qui sont des moyens puissants pour lutter contre le terrorisme au Yémen,

Notant l’importance capitale de l’application effective du régime de sanctions institué par les résolutions 2140 (2014) et 2216 (2015) et le rôle clé que les États Membres de la région peuvent jouer à cet égard,

Prenant note du rapport final du Groupe d’experts (S/2022/50) et des conclusions qui y figurent, qui confirment que des armes ont été transférées au Yémen,

Notant les efforts déployés par le Groupe d’experts sur le Yémen créé en application de la résolution 2140 (2014),

Se déclarant gravement préoccupé par la menace pesant sur la paix et la sécurité au Yémen en raison du transfert illicite, de l’accumulation déstabilisatrice et de l’utilisation abusive des armes légères et de petit calibre,

Rappelant les dispositions du paragraphe 14 de la résolution 2216 (2015) imposant un embargo ciblé sur les armes, et engageant tous les États Membres et les autres acteurs à s’acquitter des obligations qui leur incombent en vertu de cet embargo,

Encourageant la coopération régionale sur les terres et en mer aux fins de la détection et de la prévention des violations de l’embargo ciblé sur les armes imposé en application de la résolution 2216 (2015) et de résolutions ultérieures, ainsi que du signalement rapide de toute violation au Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 2140 (2014),

Condamnant avec la plus grande fermeté la multiplication des incidents au large des côtes yéménites, y compris les attaques contre des navires civils et des navires marchands, ainsi que la saisie et la rétention arbitraires ou illicites de navires marchands, qui font peser un risque considérable sur la sécurité maritime des navires dans le golfe d’Aden et sur la mer Rouge le long des côtes yéménites, et exprimant sa préoccupation face à la contrebande maritime d’armes et de matériels connexes à destination et en provenance du Yémen en violation de l’embargo ciblé sur les armes,

Demandant la libération immédiate de l’équipage du navire Rawabee, qui comprend des ressortissants de l’Inde, de l’Éthiopie, de l’Indonésie, du Myanmar et des Philippines et qui est détenu en captivité par les houthistes depuis le 2 janvier 2022, ainsi que la libération immédiate des membres du personnel des Nations Unies détenus par les houthistes, et rappelant sa condamnation de l’intrusion des houthistes dans les locaux de l’ancienne ambassade des États-Unis à Sanaa, durant laquelle des dizaines d’employés locaux ont été placés en captivité, ainsi que son appel à la libération immédiate et en toute sécurité de ceux qui sont toujours détenus,

Condamnant avec la plus grande fermeté les violations du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme ainsi que les atteintes aux droits humains, notamment les violences sexuelles liées au conflit perpétrées dans les zones contrôlées par les houthistes, et le recrutement et l’utilisation d’enfants dans le cadre de conflits armés, y compris dans des écoles, des camps d’été et des mosquées, comme indiqué dans le rapport final du groupe d’experts (S/2022/50),

Exprimant sa grave préoccupation face à la situation humanitaire désastreuse au Yémen, notamment le risque croissant de famine à grande échelle et les répercussions néfastes de la pandémie de COVID-19, et aux obstacles de toutes sortes qui entravent l’acheminement de l’aide humanitaire, ainsi que les obstacles et les restrictions indues entravant la fourniture de produits de première nécessité à la population civile partout au Yémen, qui empêchent les personnes vulnérables de recevoir l’aide dont elles ont besoin pour survivre,

Soulignant sa volonté de faciliter les importations commerciales par les ports yéménites, constatant que le Yémen dépend très fortement des importations commerciales de denrées alimentaires, de carburants et d’autres produits essentiels permettant de répondre aux besoins de base des civils et d’assurer leur survie, et notant le rôle essentiel des fonds privés envoyés par les Yéménites travaillant à l’étranger qui soutiennent leurs familles civiles n’ayant pas d’autres sources de revenu,

Appelant les parties au conflit à prendre des mesures pour empêcher l’aggravation du délitement de l’économie yéménite, y compris des institutions bancaires et financières,

Soulignant qu’il faut que le Comité créé par le paragraphe 19 de la résolution 2140 (2014) (« le Comité ») examine les recommandations formulées par le Groupe d’experts dans ses rapports,

Soulignant qu’il importe que les États Membres fournissent au Comité, dans les meilleurs délais, des informations à jour sur les violations de l’embargo sur les armes qui pourraient avoir été commises afin de déterminer quelles sont les sources et les chaînes d’approvisionnement du trafic illicite et de les tarir,

Considérant que la situation qui règne au Yémen continue de menacer la paix et la sécurité internationales,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Condamne fermement les attaques transfrontalières des groupes terroristes houthistes, notamment les attaques qui ont frappé des civils et des infrastructures civiles en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, et exige la cessation immédiate de ces attaques;

2.    Réaffirme la nécessité de procéder rapidement et intégralement à la transition politique à la suite de la Conférence de dialogue national sans exclusive, comme le prévoient l’Initiative du Conseil de coopération du Golfe et le Mécanisme de mise en œuvre, en application de ses résolutions précédentes pertinentes et en tenant compte des attentes du peuple yéménite, ce qui supposera que toutes les parties mettent fin au conflit et décident de l’avenir du Yémen au moyen d’un processus politique qui tienne compte des aspirations légitimes des multiples et diverses parties yéménites et qui y réponde;

3. Souligne qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit actuel et que la seule voie viable à suivre est le dialogue et la réconciliation entre les multiples et diverses parties, notamment, mais non exclusivement, le Gouvernement yéménite et les houthistes, les principales parties politiques et régionales du Yémen, les femmes, les jeunes et la société civile;

4.    Décide de reconduire jusqu’au 28 février 2023 les mesures imposées par les paragraphes 11 et 15 de la résolution 2140 (2014), réaffirme les dispositions des paragraphes 12, 13, 14 et 16 de ladite résolution et réaffirme également les dispositions des paragraphes 14 à 17 de la résolution 2216 (2015);

5.    Décide que l’entité visée à l’annexe de la présente résolution sera soumise aux mesures imposées par le paragraphe 14 de la résolution 2216 (2015);

6.    Souligne qu’il importe de faciliter la fourniture de l’aide humanitaire et les importations commerciales, précisant que les mesures imposées par les résolutions 2140 (2014) et 2216 (2015) n’ont pas pour objet d’entraîner des conséquences humanitaires négatives pour la population civile yéménite ou d’entraver l’accès des civils à l’aide humanitaire, aux importations commerciales ou aux envois de fonds, et rappelle qu’il a décidé que le Comité créé par le paragraphe 19 de la résolution 2140 (2014) (« le Comité ») peut, au cas par cas, exclure toute activité des mesures de sanctions imposées dans ses résolutions 2140 (2014) et 2216 (2015) s’il estime que cette dérogation est nécessaire pour faciliter les activités de l’Organisation des Nations Unies et d’autres organisations humanitaires au Yémen ou à toute autre fin compatible avec les objectifs de ces résolutions;

7.    Engage les États Membres à appuyer le renforcement des capacités des garde-côtes yéménites afin qu’ils puissent appliquer efficacement les mesures imposées par le paragraphe 14 de la résolution 2216 (2015), dans le plein respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Yémen;

8.    Demande aux États Membres de redoubler d’efforts pour lutter contre la contrebande des armes et des composants par voie terrestre et par voie maritime, et de veiller à faire appliquer l’embargo sur les armes ciblé;

9.    Souligne que les États doivent veiller à ce que toutes les mesures qu’ils prennent pour appliquer la présente résolution soient conformes aux obligations que leur impose le droit international, notamment le droit international humanitaire, le droit international des droits de l’homme et le droit international des réfugiés, selon qu’il convient;

Critères de désignation

10.   Réaffirme que les dispositions des paragraphes 11 et 15 de la résolution 2140 (2014) et du paragraphe 14 de la résolution 2216 (2015) s’appliquent aux personnes et entités désignées par le Comité, ou visées aux annexes des résolutions 2216 (2015) et 2564 (2021) comme se livrant ou apportant un appui à des actes qui menacent la paix, la sécurité ou la stabilité du Yémen ;

11.   Réaffirme les critères de désignation énoncés au paragraphe 17 de la résolution 2140 (2014) et au paragraphe 19 de la résolution 2216 (2015) ;

12.   Réaffirme que la violence sexuelle en temps de conflit armé, ou les violations sur la personne d’enfants commises dans le cadre de conflits armés, telles que l’enrôlement ou l’utilisation dans des conflits armés en violation du droit international, pourrait constituer un des actes visés à l’alinéa c) du paragraphe 18 de la résolution 2140 (2014) et, par conséquent, l’acte, passible de sanctions, consistant à se livrer ou à apporter un appui à des actes qui menacent la paix, la sécurité ou la stabilité du Yémen, tel que décrit au paragraphe 17 de ladite résolution ;

13.   Affirme que les critères de désignation énoncés au paragraphe 17 de la résolution 2140 (2014) peuvent inclure les tirs transfrontières de missiles balistiques ou de missiles de croisière réalisés depuis le Yémen ;

14.   Affirme également que les critères de désignation énoncés au paragraphe 17 de la résolution 2140 (2014) peuvent inclure les attaques de navires marchands conduites en mer Rouge ou dans le golfe d’Aden par des parties au conflit;

Soumission des rapports

15.   Décide de proroger jusqu’au 28 mars 2023 le mandat du Groupe d’experts énoncé au paragraphe 21 de la résolution 2140 (2014) et au paragraphe 21 de la résolution 2216 (2015), déclare son intention de le réexaminer et de se prononcer, le 28 février 2023 au plus tard, sur une nouvelle prorogation, et prie le Secrétaire général de prendre dès que possible les mesures administratives requises, en consultation avec le Comité, pour rétablir le Groupe d’experts jusqu’au 28 mars 2023, en faisant au besoin appel aux compétences des membres du Groupe d’experts créé en application de la résolution 2140 (2014);

16.   Prie le Groupe d’experts de présenter au Comité un bilan à mi-parcours le 28 juillet 2022 au plus tard, de lui remettre, après concertation avec le Comité, un rapport final le 28 janvier 2023 au plus tard, et d’y inclure notamment des informations, le cas échéant, sur les dernières tendances observées dans le transfert illicite et le détournement d’armes classiques et sur les composants disponibles dans le commerce qui ont été utilisés par des personnes ou des entités désignées par le Comité pour assembler des drones, des engins explosifs improvisés flottants et d’autres systèmes d’armes, étant entendu que cette requête ne devrait pas compromettre l’aide humanitaire ou les activités commerciales légitimes, et prend note du rapport portant la cote S/2022/50 à cet égard;

17.   Charge le Groupe d’experts de coopérer avec les autres groupes d’experts qu’il a créés pour épauler ses comités des sanctions, notamment l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions créée par la résolution 1526 (2004), dont le mandat a été prorogé par la résolution 2610 (2021);

18.   Demande instamment à toutes les parties et à tous les États Membres, ainsi qu’aux organisations internationales, régionales et sous-régionales, de coopérer avec le Groupe d’experts, et prie instamment tous les États Membres concernés de garantir la sécurité des membres du Groupe d’experts et de leur donner libre accès, notamment aux personnes, documents et lieux pertinents pour l’exécution de leur mandat;

19.   Souligne qu’il importe de tenir des consultations avec les États Membres concernés, selon que de besoin, afin de veiller à la pleine application des mesures énoncées dans la présente résolution;

20.   Condamne la poursuite de la fourniture d’armes et de composants au Yémen en violation de l’embargo ciblé sur les armes imposé par le paragraphe 14 de la résolution 2216 (2015), en ce qu’elle constitue une menace grave pour la paix et la stabilité au Yémen et dans la région;

21.   Exhorte tous les États Membres à respecter l’obligation qui leur incombe d’empêcher la fourniture, la vente ou le transfert directs ou indirects d’armements et de matériels connexes de tous types au profit de personnes et d’entités désignées, ainsi que de celles agissant pour le compte ou sur les ordres de celles-ci au Yémen, comme le prévoit le paragraphe 14 de la résolution 2216 (2015);

22.   Rappelle le rapport de son groupe de travail officieux sur les questions générales relatives aux sanctions (S/2006/997) concernant les meilleures pratiques et méthodes, notamment les paragraphes 21, 22 et 23, qui traitent des mesures susceptibles de clarifier les normes méthodologiques appliquées par les mécanismes de surveillance;

23.   Réaffirme qu’il entend suivre la situation au Yémen en continu et qu’il demeure prêt à examiner l’opportunité des mesures énoncées dans la présente résolution, y compris à les renforcer, les modifier, les suspendre ou les lever, en fonction de l’évolution de la situation;

24.   Décide de rester activement saisi de la question.

Annexe

Mouvement houthiste, alias: Ansarallah, alias: Ansar Allah, alias: Partisans de Dieu, alias: Soutiens de Dieu

Les houthistes ont perpétré des actes menaçant la paix, la sécurité et la stabilité du Yémen.

Les houthistes ont perpétré des attaques qui ont frappé des civils et des infrastructures civiles au Yémen, appliqué une politique de violence sexuelle et de répression à l’encontre des femmes exprimant des idées politiques ou exerçant une profession, se sont livrés au recrutement et à l’utilisation d’enfants, ont incité à la violence contre des groupes, notamment sur la base de critères religieux ou de nationalité, et utilisé indistinctement des mines terrestres et des engins explosifs improvisés sur la côte occidentale du Yémen. Ils ont également entravé l’acheminement de l’aide humanitaire destinée au Yémen, ainsi que l’accès à cette aide ou sa distribution au Yémen.

Les houthistes ont attaqué des navires marchands en mer Rouge à l’aide d’engins explosifs improvisés flottants et de mines sous-marines.

Les houthistes ont également mené des attaques terroristes transfrontières qui ont frappé des civils et des infrastructures civiles dans le Royaume d’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis et ont menacé de prendre délibérément pour cibles des sites civils.

Déclarations après le vote

Saluant l’adoption de ce texte, Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis), a appelé les houthistes à mettre un terme à leurs actes terroristes transfrontaliers et à revenir à la table des négociations, insistant sur l’importance de parvenir à une solution politique du conflit. 

M. AMARNATH ASOKAN (Inde) a appelé à renforcer la coopération maritime et les gardes côtes yéménites pour raffermir l’embargo et faire face à la menace croissante qui pèse sur la liberté de navigation, notant que la circulation maritime est compromise dans la région. 

De son côté, M. JIM KELLY (Irlande), qui a précisé s’être abstenue, a alerté que cette nouvelle inscription pourrait avoir des conséquences non souhaitées, soulignant que les activités humanitaires et commerciales ne doivent pas être impactées.  Il faut envoyer un message clair aux acteurs humanitaires et commerciaux à ce sujet, a-t-elle estimé.  Relevant en outre qu’il n’existe pas de consensus sur l’emploi du terme terroriste, la délégation irlandaise a insisté sur l’importance de protéger l’espace humanitaire et d’examiner de plus près l’emploi de cette terminologie dans une résolution qui, a-t-elle alerté, pourrait avoir des conséquences non voulues sur des millions de personnes vivant sous le contrôle des houthistes. 

Relevant lui aussi l’absence de définition arrêtée du terrorisme, M. JUAN RAMON DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique) a estimé que la désignation des houthistes en tant qu’entité terroriste pourrait nuire au respect du droit international humanitaire.  La lutte contre le terrorisme doit se faire dans le plein respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme, a-t-il insisté.  Il s’est inquiété des répercussions que pourrait entraîner le texte sur les acteurs humanitaires, notant que 2 millions de personnes dépendent de l’aide humanitaire.  Il s’est notamment préoccupé des répercussions sur les importations des articles de première nécessité ainsi que des conséquences de la désignation sur le processus politique et les démarches engagées pour régler la situation du pétrolier SAFER.  Le représentant a par ailleurs souligné que le mécanisme de désignation de groupe terroriste ne doit pas se faire par le biais des résolutions sur les régimes de sanction. 

M. JOÃO GENESIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a estimé que l’application d’un cadre antiterroriste global au conflit au Yémen pourrait affecter les perspectives de dialogue et de désescalade pour la résolution du conflit ainsi que pour les négociations liées au pétrolier SAFER. 

Appelant à procéder avec prudence en l’absence d’une définition juridique du terrorisme, il a alerté que la qualification des houthistes en tant que groupe terroriste dans une résolution du Conseil de sécurité aura des répercussions directes sur de nombreux systèmes juridiques nationaux, affectant ainsi la capacité et la disposition des exportateurs, des banques, des compagnies maritimes et d’autres acteurs privés à interagir avec l’économie yéménite.  L’aide ne peut pas soutenir à elle seule une population de 30 millions de personnes, et nous devons nous efforcer de protéger l’économie yéménite et ses liens vitaux avec le monde, a-t-il affirmé. 

M. MARTIN KIMANI (Kenya) a jugé impératif que ceux qui mènent des attaques sans discernement contre des civils rendent des comptes, estimant possible de veiller à ce que l’accès humanitaire ne soit pas entravé.  Le Conseil de sécurité doit limiter les incitations qu’il offre aux groupes capables de lancer des attaques transfrontalières, et les sanctions sont un moyen d’envoyer un message aux groupes qui souhaitent intervenir en tant que groupe politique légitime. 

On parle d’absence de définition du terrorisme, mais le terrorisme est reconnaissable, intuitif, a estimé le représentant qui a évoqué le meurtre de plusieurs civils lors qu’une attaque contre un centre commercial au Kenya. 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a appuyé le projet de résolution car, a-t-il dit, il importe de maintenir le régime de sanctions compte tenu de la détérioration des conditions sécuritaires et socioéconomiques au Yémen.  Il s’est cependant déclaré préoccupé par les conséquences involontaires que pourraient avoir ces sanctions sur les activités humanitaires sur le terrain.  Pour le délégué, une action militaire ne pourra se substituer à un processus politique appuyé et dirigé par les Yéménites eux-mêmes, avec le soutien de l’ONU.  Dans ce contexte, il a encouragé le Conseil de sécurité à faciliter le dialogue entre les parties au conflit. 

M. JUN ZHANG (Chine) a rappelé que la position de la Chine sur les sanctions a toujours été la même, à savoir que leur mise en œuvre doit faire l’objet d’un suivi afin d’évaluer les impacts sur le terrain.  Il a appuyé le travail de l’Envoyé spécial dans ses efforts de promotion du processus de paix au Yémen.  Dans le même temps, les Nations Unies et leurs partenaires doivent poursuive à apporter l’assistance humanitaire nécessaire au pays.  Enfin, le groupe d’experts pour le Yémen doit poursuivre son travail en toute impartialité, a-t-il plaidé. 

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a dit soutenir l’imposition de sanctions ciblées qui peuvent aider à soutenir une voie vers un règlement politique et contribuer à la protection des civils.  Si la déléguée a salué l’important travail accompli par le Groupe d’experts et soutenu pleinement la prolongation de son mandat, elle a cependant exprimé sa préoccupation quant à l’introduction de la désignation de terroristes.  « Nous restons alarmés par le fait que l’utilisation d’une telle terminologie, en l’absence de définition claire, pourrait avoir un impact négatif sur les efforts de l’ONU pour faciliter une solution politique au Yémen », a expliqué la représentante, qui s’est dite inquiète des ramifications juridiques potentielles sur d’autres conflits à l’ordre du jour du Conseil. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) s’est félicité  de l’adoption de la résolution, notamment du renouvellement du mandat du Groupe d’experts.  Réaffirmant par ailleurs sa condamnation des attentats houthistes contre l’Arabie saoudite et les Émirats arabe unis, il a déclaré qu’il ne saurait y avoir d’issue militaire au conflit au Yémen.  Enfin, il a formé le souhait que cette résolution pourra être pleinement mise en œuvre afin d’assurer la sécurité du peuple yéménite. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a dit avoir soutenu le texte adopté, tout en soulignant que les efforts diplomatiques doivent déboucher sur la paix dans la région.  La Fédération de Russie entend poursuivre tous les efforts possibles pour la normalisation de la situation sur le terrain et dans toute la région, a-t-il indiqué. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Au Conseil de sécurité, les dernières conclusions de l’OIAC sur l’utilisation présumée d’armes chimiques en Syrie au cœur d’une polémique

8982e séance – matin
CS/14811

Au Conseil de sécurité, les dernières conclusions de l’OIAC sur l’utilisation présumée d’armes chimiques en Syrie au cœur d’une polémique

Eu égard aux lacunes, incohérences ou disparités qui n’ont pas été résolues, la déclaration présentée par la Syrie ne peut toujours pas être considérée comme exacte et complète, a indiqué la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement qui présentait aujourd’hui, au Conseil de sécurité, le centième rapport mensuel du Directeur général de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), sous l’œil dubitatif de la Syrie et de la Fédération de Russie. 

Mme Izumi Nakamitsu a précisé que le Secrétariat technique de l’OIAC n’a toujours pas reçu de la Syrie les informations concernant tous les types et quantités non déclarés d’agents neurotoxiques produits et/ou utilisés comme armes, dans une ancienne installation où étaient produites des armes chimiques.  Le Secrétariat technique attend aussi de la Syrie des informations sur les dégâts causés lors de l’attaque du 8 juin 2021 contre une base militaire et les précisions demandées sur le mouvement non autorisé des restes de deux cylindres détruits lors de l’incident de la Douma le 7 avril 2018 se font encore attendre, tout comme les détails sur la détection d’un produit chimique dans les installations de Barzé du Centre syrien d’études et de recherches scientifiques (CERS) en novembre 2018. 

« Compte tenu des lacunes, incohérences et divergences non résolues, le Secrétariat technique estime toujours qu’à ce stade, la déclaration de la Syrie ne peut être considérée comme exacte et complète », a expliqué la Haute-Représentante qui a fait savoir que fin janvier la mission d’établissement des faits de l’OIAC a conclu en outre qu’il existe des motifs raisonnables de croire que le 1er septembre 2015 qu’une substance chimique a été utilisée à Marea et le 1er octobre 2016 à Kafr Zeïta. 

À cela, il faut ajouter le fait que l’équipe d’évaluation des déclarations ne peut toujours pas se déployer, en raison du refus de la Syrie de délivrer un visa d’entrée à l’un de ses membres.  Faisant son droit souverain de décider de l’entrée d’un étranger sur son territoire, la Syrie s’est étonnée que l’absence potentielle d’un membre puisse causer le report du travail de toute une équipe. 

Dénonçant des conclusions « incomplètes », la Syrie s’est dite occupée à préparer la rencontre entre son Ministre des affaires étrangères et le Directeur général de l’OIAC, en s’efforçant d’établir un ordre du jour qui permette de « remédier aux mauvaises pratiques » des équipes techniques.  Elle a fustigé les « graves incohérences » de la mission d’établissement des faits de l’OIAC qui a conclu qu’il existe des motifs raisonnables de croire que le 1er septembre 2015 qu’une substance chimique a été utilisée à Marea et le 1er octobre 2016 à Kafr Zeïta.  La Syrie a attribué ces « incohérences » à aux « manipulations » et « pressions » des pays occidentaux, en particulier les États-Unis dont les experts auraient été dépêchés à La Haye pour contraindre la Mission d’établissement des faits à « passer sous silence » certaines de ses conclusions. 

En revanche, s’est-elle impatientée, nous attendons toujours des rapports sur cinq incidents pour lesquels Damas avait demandé une enquête en 2017 et les informations sur les armes chimiques aux mains des groupes terroristes, en particulier le Front el-Nosra, alors même qu’elle s’est précipitée pour enquêter sur des incidents rapportés par des groupes terroristes soucieux de déformer l’image du Gouvernement syrien.  « Comment, dans ces conditions, peut-on parler d’objectivité? » 

Aux yeux de la délégation syrienne, les rapports de l’OIAC  seraient « montés de toute pièces », notamment celui sur le « prétendu incident » à Douma.  Elle a en outre accusé « certains États occidentaux » d’exercer des pressions sur la mission, en particulier les États-Unis dont les experts auraient été dépêchés à La Haye pour contraindre la mission d’établissement des faits à « passer sous silence » certaines de ses conclusions. 

Dans le même ordre d’idées, la Fédération de Russie s’est étonnée du désintérêt de l’OIAC pour le programme d’armes chimiques de Daech, dont l’existence a pourtant été confirmée par l’Équipe d’enquêteurs des Nations Unies chargée de concourir à amener Daech/État islamique d’Iraq et du Levant à répondre de ses crimes (UNITAD).  « Collusion », « parti pris contre le Gouvernement syrien », « deux poids, deux mesures », « exigences déraisonnables »: autant de critiques adressées non seulement à l’OIAC, mais aussi nommément à son Directeur général, M. Fernando Arias, dont la délégation russe a déploré l’absence au Conseil, ainsi que les « points de vue politisés » qu’il exprimerait en dehors de cette enceinte – des propos appuyés par la Chine. 

Les États-Unis ont argué pour leur part que des dizaines de témoins avaient fourni des détails relatifs aux incidents qui ont été corroborés par des tests scientifiques, comme le révèlent les rapports des enquêteurs de l’OIAC, dont le « professionnalisme » et la « neutralité » ne sauraient être mis en doute par la Fédération de Russie.  À la « stratégie » du « régime d’Assad », qui consiste à s’opposer systématiquement aux rapports de l’OIAC, le représentant a ajouté le refus de fournir des explications et de délivrer des visas aux enquêteurs, qu’il a pareillement condamné.  Des propos repris à leur compte par plusieurs membres du Conseil, de la Norvège à la France, en passant par le Royaume-Uni. 

Si la République islamique d’Iran a apporté son soutien à la Syrie, la Turquie, en revanche, a accusé « le régime syrien » d’avoir utilisé des armes chimiques contre son propre peuple à « au moins à huit reprises ». 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT (S/2022/76)

Déclarations

Mme IZUMI NAKAMITSU, Secrétaire générale adjointe et Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, a rappelé au Conseil de sécurité que la faculté du Secrétariat technique de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) de se déployer en Syrie reste limitée et soumise à l’évolution de la pandémie de COVID-19.  Malgré le maintien des restrictions imposés aux voyages, le Secrétariat technique continue d’entreprendre les activités prévues par son mandat en ce qui concerne l’élimination du programme d’armes chimiques syrien, a-t-elle précisé.  L’équipe d’évaluation des déclarations (DAT) de l’OIAC, a encore indiqué la haute fonctionnaire, poursuit ses efforts pour clarifier toutes les questions en suspens liées aux déclarations initiales et ultérieures de la Syrie, conformément à la Convention sur les armes chimiques. 

Le Secrétariat de l’OIAC n’a toujours pas reçu de la Syrie la déclaration demandée concernant tous les types et quantités non déclarées d’agents neurotoxiques produits et/ou utilisés comme armes dans une ancienne installation où étaient produites des armes chimiques.  L’installation en question n’a jamais servie à cela, avait déclaré Damas.  Le Secrétariat technique de l’OIAC attend de la Syrie des informations et des documents supplémentaires concernant les dégâts causés lors de l’attaque du 8 juin 2021 contre une base militaire qui abritait une ancienne installation de fabrication d’armes chimiques déclarée. 

La Secrétaire générale adjointe a dit avoir été informée que le Secrétariat technique de l’OIAC n’a pas encore reçu d’informations sur le mouvement non autorisé des restes de deux cylindres détruits lors de l’incident de la Douma le 7 avril 2018, où des armes chimiques ont été utilisées.   J’exhorte la Syrie à répondre à ces demandes, dans les meilleurs délais, a-t-elle insisté.  Elle a aussi regretté que le Secrétariat technique n’ait pas été en mesure de procéder au déploiement de la DAT à Damas, en raison du refus de la Syrie de délivrer un visa d’entrée à l’un de ses membres.  Compte tenu des lacunes, incohérences et divergences non résolues, le Secrétariat technique estime toujours qu’à ce stade, la déclaration de Syrie ne peut pas être considérée comme « exacte et complète ». Pareillement, en ce qui concerne la détection d’un produit chimique du tableau 2 dans les installations de Barzé du Centre syrien d’études et de recherches scientifiques (CERS) en novembre 2018, la Haute-Représentante a eu le regret d’annoncer que la Syrie n’a pas encore fourni d’informations ou d’explications techniques suffisantes qui permettraient au Secrétariat technique de l’OIAC de clore cette question. 

De son côté, la mission d’établissement des faits de l’OIAC poursuit l’étude de toutes les informations disponibles relatives aux allégations d’utilisation d’armes chimiques en Syrie et continue d’analyser les informations recueillies lors de ses activités récentes.  Le 24 janvier 2022, le Secrétariat technique de l’OIAC a publié le rapport de la mission d’établissement des faits sur l’utilisation présumée d’armes chimiques à Marea les 1er et 3 septembre 2015.  Le rapport conclut qu’il existe des motifs raisonnables de croire qu’une substance chimique vésicante du tableau 1.A.04 de la Convention sur les armes chimiques a été utilisée, le 1er septembre.  S’agissant de l’incident du 3 septembre, le rapport indique que les résultats de l’analyse de toutes les données disponibles obtenues n’ont pas permis à la mission d’établissement des faits d’établir si des armes chimiques ont été utilisés ou pas. 

Mme Nakamitsu a aussi indiqué que le 31 janvier 2022, le Secrétariat technique de l’OIAC a publié le rapport de la FFM concernant l’incident du 1er octobre 2016, à Kafr Zeïta, qui concernait deux « barils » de gaz toxique utilisés près d’un hôpital de campagne.  La FFM a obtenu l’un des cylindres de chlore industriel récupérés sur les lieux de l’incident et a conclu qu’il y a des motifs raisonnables de croire que la bouteille de chlore a été utilisée comme arme. 

M. RICHARD M. MILLS, JR. (États-Unis) a expliqué que des dizaines de témoins ont donné des détails sur les incidents qui ont été corroborés par des tests scientifiques, comme le révèlent les rapports des enquêteurs de l’OIAC.  On ne peut donc pas douter du professionnalisme de ces enquêteurs.  La neutralité de l’OIAC est mise à rude épreuve délibérément, y compris par la Fédération de Russie, alors que nous savons tous que « le régime d’Assad » a utilisé des armes contre son propre peuple.  À cette « stratégie » qui consiste à s’opposer systématiquement aux rapports de l’OIAC, le représentant a ajouté le refus du « régime syrien » de fournir des explications sur l’utilisation d’armes chimiques à Douma et de délivrer des visas aux enquêteurs.  Il a appelé le Conseil de sécurité à présenter un « front uni » contre l’utilisation d’armes chimiques par la Syrie. 

M. JOÃO GENESIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a soutenu le travail de l’OIAC et s’est félicité des efforts réalisés par la mission d’établissement des faits.  L’utilisation d’armes chimiques en 2016 a été clairement prouvée mais l’engagement humanitaire et le respect des victimes nécessitent une enquête impartiale sur les épisodes similaires, a-t-il fait valoir.  Le délégué a appelé la Syrie à coopérer pleinement avec l’OIAC, ce qui passe par la délivrance de visas et des réponses aux demandes d’information.  De plus, l’accès de l’OIAC au territoire syrien doit être garanti, de même que le renforcement des mesures de confiance de part et d’autre.  À cet égard, le représentant a estimé que la rencontre envisagée entre le Directeur général de l’OIAC et le Ministre syrien des affaires étrangères serait un pas dans la bonne direction.  Dans ce contexte, il a réitéré qu’il n’existe pas de solution militaire au conflit syrien.  Le succès du processus politique dépend de l’engagement constructif de la Syrie avec la communauté internationale, y compris le Secrétariat technique de l’OIAC. 

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a pris note des conclusions de la mission d’établissement des faits (FFM) et regretté que la DAT n’ait pu se déployer en Syrie.  Cette situation est tout simplement intenable, a tranché la Norvège, qui a rappelé à Damas son obligation de coopérer, prévue par la résolution 2118 du Conseil de sécurité.  Elle a souligné qu’il reste 20 questions en suspens sur la déclaration initiale et a demandé à la Syrie de fournir des informations et des explications techniques convaincantes.  Nous exhortons aussi la Syrie à prendre les mesures nécessaires pour lever la suspension de ses droits et privilèges en tant qu’État partie à la Convention sur les armes chimiques, a conclu la représentante. 

M. MARTIN GALLAGHER (Irlande) a commencé par rendre hommage au professionnalisme et à l’impartialité de l’OIAC dans son travail en Syrie, appelant le Conseil à lui apporter un soutien total et à rejeter les efforts visant à saper son action.  Il a ensuite rappelé qu’en dépit de l’adoption de la résolution 2118 (2013) et l’adhésion de la Syrie à la Convention sur les armes chimiques, l’utilisation de telles armes par les autorités syriennes a été clairement prouvée dans de nombreux incidents, par l’ONU et l’OIAC.  De même, a-t-il ajouté, il n’a pas été possible à l’OIAC de déterminer que la déclaration initiale de la Syrie est « exacte ou complète ».  C’est à la Syrie d’apporter la clarté nécessaire, a souligné le représentant, selon lequel Damas devrait commencer par autoriser le déploiement de l’Équipe d’évaluation des déclarations, pour le vingt-cinquième cycle de consultations, suspendu depuis avril 2021. 

Le règlement de ce dossier dépend entièrement de la Syrie, qui devrait s’engager dans une coopération sérieuse et significative avec l’OIAC.  Cela nous donnerait à tous l’assurance que la totalité de ses stocks d’armes chimiques ont été détruits de manière vérifiable, a dit le représentant, avant de formuler le vœu que la réunion proposée entre le Directeur général de l’OIAC et le Ministre syrien des affaires étrangères pourra enfin se tenir, ce qui suppose que la Syrie échange avec le Secrétariat technique sur ses modalités.  La réunion, a-t-il estimé, devrait concentre sur des résultats concrets.  L’engagement de la Syrie doit passer des paroles et des reports à des actes productifs. 

M. XING JISHENG (Chine) a pris note du rapport mensuel du Directeur général de l’OIAC et des deux rapports de la mission d’établissement des faits.  Il a estimé que les enquêtes doivent respecter les règles établies par l’OIAC et s’appuyer sur éléments « crédibles ».  Des doutes existent en effet sur les sources d’information, les méthodes de travail et les éléments de preuves présentés.  Tout ceci doit être clarifié, a martelé le représentant, jugeant également essentiel d’éviter toute politisation de ce travail.  Notant que certains pays appellent au vote, il a souhaité que le Directeur général de l’OIAC continue de promouvoir le dialogue et les décisions consensuelles.  L’OIAC ne peut être utilisée comme un outil au service de la géopolitique, a prévenu le délégué, avant de saluer l’attitude « constructive » de la Syrie dans ce dossier.  Il a invité le Secrétariat technique de l’OIAC à faire preuve de souplesse et espéré que le vingt-cinquième cycle d’inspection pourra se tenir, de même que la rencontre prévue entre le Directeur général de l’OAIC et le Ministre syrien des affaires étrangères. 

S’exprimant au nom du Groupe A+3 (Gabon, Kenya et Ghana), M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a souligné que le continent africain peut être considéré comme un partenaire « fort » dans l’élimination des armes chimiques.  Il s’est donc dit préoccupé par les incohérences signalées dans la déclaration initiale de la Syrie, qu’il a encouragée à œuvrer à répondre à toutes les questions en suspens.  Il a salué le travail du Secrétariat technique de l’OIAC, en dépit des restrictions imposées par la pandémie de COVID-19 et des obstacles à la libre circulation de la DAT, laquelle devrait pouvoir accéder sans entraves à tout le territoire syrien. 

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a appelé l’OIAC et la Syrie à s’engager dans un dialogue constructif, lequel devrait se concentrer sur l’identification des domaines de coopération pour avancer.  En tant que membre du Conseil exécutif de l’OIAC, les Émirats arabes unis, a-t-il dit, soulignent l’importance de veiller en permanence à ce que les rapports de la mission d’établissement des faits se fondent principalement des preuves matérielles.  Il est tout aussi important, a poursuivi le représentant, de veiller à ce que les armes chimiques ne tombent pas entre les mains des groupes terroristes, comme Daech qui continue de lancer des attaques en Syrie.  L’accès des terroristes à de telles armes constitue une grave menace pour la paix et la sécurité internationales, a-t-il mis en garde. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a constaté le « refus accablant » de la Syrie de répondre aux questions en suspens sur son programme d’armes chimiques.  À ce jour, rien ne permet de croire que ses stocks d’armes chimiques ont été détruits et le rapport du Directeur général de l’OIAC renforce la certitude que lesdites armes n’ont pas été placées sous contrôle international.  Les derniers rapports confirment également les incohérences de la déclaration soumise par la Syrie 17 janvier 2022, qui ne peut être considérée comme complète, a ajouté le représentant, affirmant attendre avec impatience la tenue de la rencontre envisagée entre le Directeur général de l’OIAC et le Ministre syrien des affaires étrangères.  « S’il faut attendre des mois, que dire du reste », a-t-il commenté, avant d’appeler la Syrie à une pleine coopération avec le Secrétariat technique de l’OIAC.  Dans ce contexte, a-t-il conclu, le Conseil de sécurité doit maintenir son message clair sur l’interdiction des armes chimiques et appuyer le peuple syrien dans sa quête d’un monde plus pacifique et meilleur. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a appuyé les mécanismes d’établissement des responsabilités, considérant, à cet égard, que les enquêtes de la mission d’établissement des faits demeurent « extrêmement » importantes et devraient être menées dans la plus grande transparence.  Prenant note des deux rapports de la mission d’établissement des faits, il a promis que son pays continuera de travailler avec la communauté internationale pour que les responsables des attaques chimiques répondent de leurs actes.  Il a donc déploré le manque de coopération de la Syrie et rejeté les fausses allégations de la Fédération de Russie selon lesquelles des attaques à l’arme chimique auraient été commises en Ukraine. 

Nous insistons auprès des autorités syriennes pour qu’elles coopèrent de manière constructive avec l’équipe d’évaluation des déclarations, a martelé Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique).  Selon elle, la rencontre prévue entre le Directeur général de l’OIAC et le Ministre syrien des affaires étrangères sera une étape positive.  Elle a réitéré sa confiance dans le professionnalisme des équipes de l’OIAC.  Insistant sur l’établissement des responsabilités dans l’utilisation des armes chimiques, la représentante a estimé que, compte tenu de l’incapacité du Conseil à saisir la Cour pénale internationale (CPI), la coopération avec le Mécanisme international impartial et indépendant (IIIM) est plus essentielle que jamais.  Elle s’est aussi attardée sur la résurgence de cellules terroristes en Syrie et le risque qu’elles mettent la main sur des substances et armes chimiques.  Dans ce cadre, la représentante a souligné l’importance d’appliquer pleinement la résolution 1540 (2004) et les autres mécanismes prévus. 

M. PRATIK MATHUR (Inde) a pris note du contenu des deux derniers rapports de la Direction générale de l’OIAC ainsi que des rapports de la mission d’enquête de l’OIAC sur l’utilisation présumée d’armes chimiques en Syrie en 2015 et 2016.  Il a également pris acte des dernières communications de la République arabe syrienne détaillant les mesures prises pour mettre en œuvre ses obligations en vertu de la Convention sur les armes chimiques.  Le délégué a d’autre part salué la proposition du Secrétariat technique de l’OIAC d’organiser une nouvelle série d’inspections des installations du Centre d’études et de recherche scientifiques à Barzé et a Jamraya, souhaitant qu’elles puissent avoir lieu à une date rapprochée.  Il a ensuite rappelé l’attachement de l’Inde à la mise en œuvre intégrale, efficace et non discriminatoire de la Convention sur les armes chimiques.  Nous appuyons les efforts collectifs de toutes les parties visant à garantir que la crédibilité et l’intégrité de cette Convention soient pleinement préservées, a-t-il souligné. 

L’Inde a toujours soutenu que toute enquête sur l’utilisation d’armes chimiques doit être impartiale, crédible et objective, a poursuivi le délégué, avant de rappeler que son pays a également mis en garde à plusieurs reprises contre la possibilité que des entités et des individus terroristes aient accès à des armes chimiques, y compris dans la région.  À cet égard, a-t-il relevé, les rapports de l’ Équipe d’enquêteurs des Nations Unies chargée de concourir à amener Daech/État islamique d’Iraq et du Levant à répondre de ses crimes (UNITAD) ont fait état de déploiements répétés d’armes chimiques par des groupes terroristes proscrits par l’ONU et des entités affiliées à Daech contre les populations civiles entre 2014 et 2016.  Observant que Daech reste actif en Syrie et en Iraq, où le groupe cherche à reconstruire ses capacités, il a appelé à traiter les allégations d’utilisation d’armes chimiques avec la plus grande attention. 

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a noté que la mission d’établissement des faits menée par l’OIAC en Syrie a conclu « qu’il existe des motifs raisonnables de croire que le cylindre de chlore a été utilisé comme arme sur le territoire syrien ».  Le « régime » se doit donc de coopérer avec l’OIAC et de faire toute la lumière sur son arsenal chimique, a-t-elle exhorté, en lui reprochant d’empêcher la bonne mise en œuvre du mandat de ses équipes.  La représentante a déclaré que le Conseil attend toujours que l’équipe d’évaluation de la déclaration initiale puisse être déployée: « Pour cela, la coopération la plus élémentaire est nécessaire, pour délivrer les visas notamment.  Cette coopération n’existe pas.  Il y a une volonté très claire de faire obstruction sur laquelle ce Conseil ne peut rester silencieux. »  Tant que la Syrie ne le fera pas, ses droits et privilèges ne seront pas restaurés à l’OIAC, a mis en garde la France, qui a dit attendre du « régime » qu’il montre des signes de bonne volonté.  « Il devra rendre des comptes de sa conduite, y compris devant les juridictions », a ajouté la déléguée. 

Nous attendions, comme nous l’avions demandé, à voir le Directeur général de l’OIAC, a avoué M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie), surpris que lorsqu’il s’agit de se présenter dans d’autres endroits que le Conseil de sécurité, ledit Directeur trouve toujours le temps.  Le 22 février, a insisté le représentant, il était à un séminaire de la « Washington Arms Control Association », où il s’est d’ailleurs permis, comme à son habitude, de donner ouvertement des points de vue politisés.  Mais nos questions à nous restent sans réponse.  Toujours le 22 février, le Directeur général a aussi trouvé le temps d’ouvrir la réunion du Groupe de travail sur le terrorisme chimique.  Nous avons vu la note qui a circulé la veille sur la contribution de l’OIAC aux efforts antiterroristes mondiaux et nous nous étonnons de n’y avoir vu aucune mention du programme chimique de Daech, dont l’existence a pourtant été confirmée dans le septième rapport de l’Équipe d’enquête des Nations Unies chargée de promouvoir la responsabilité pour les crimes commis par Daech (UNITAD).  Pourquoi l’OIAC se détourne-t-elle de cette question et pourquoi n’en alerte-t-elle pas les États? 

Pas plus tard que le 26 février 2022, a poursuivi le représentant, le Ministère russe de la défense a signalé que des militants du Front el-Nosra ont livré des conteneurs de substance toxique, vraisemblablement du chlore, dans la province d’Edleb.  En raison d’une mauvaise manipulation pendant le transport, l’un des conteneurs a été gravement endommagé, infligeant des brulures à des dizaines de terroristes.  Face à ces nouvelles preuves que des groupes terroristes au Moyen-Orient ont accès à des agents de guerre chimique, le représentant a rappelé la proposition conjointe de la Fédération de Russie et de la Chine d’élaborer une convention internationale contre le terrorisme chimique et biologique.  Il a accusé l’OIAC de collusion et de parti pris contre le Gouvernement syrien, comme on le voit dans ses rapports.  Malgré les appels des États Membres de l’ONU et de la communauté internationale en général, la direction du Secrétariat technique n’a apparemment pas l’intention de corriger ses erreurs. 

De même, le Groupe d’enquête et d’identification dont la création a été « poussée » au Conseil exécutif de l’OIAC, en violation du principe de compromis, mène des activités détachées de la réalité.  Il est extrêmement difficile, a avoué le représentant, d’établir la « chaîne des événements » plusieurs années plus tard et il est pratiquement impossible de le faire à distance, compte tenu de la tendance à collecter des preuves auprès de « sources obscures ».  Par conséquent, a-t-il martelé, nous rejetons les conclusions du Groupe d’enquête et d’identification et tous ses futurs rapports.  La décision de priver la Syrie de son droit de vote à l’OIAC, sur la base des rapports du Groupe d’enquête, a été grossièrement « poussée » par les délégations occidentales, en violation du principe de consensus, a accusé le représentant. 

Le Gouvernement syrien, a-t-il affirmé, ne refuse pas le dialogue avec l’OIAC.  Mais il faut dire que les deux poids, deux mesures du Secrétariat technique se manifeste dans l’analyse de la déclaration initiale de la Syrie. Damas, qui a fidèlement rempli toutes ses obligations, dans des conditions extrêmement difficiles d’instabilité militaro-politique et de menaces terroristes « alimentées de l’extérieur », ne cesse de se heurter à des exigences déraisonnables.  Pendant ce temps, le Directeur général de l’OIAC ne fournit toujours pas d’explications sur les éléments « litigieux » de ses rapports.  Il choisit de ne pas se présenter au Conseil de sécurité, au risque de saper non seulement sa propre réputation, mais aussi l’autorité de l’OIAC elle-même, l’un des piliers les plus importants du régime de non-prolifération des armes de destruction massive, a conclu le représentant. 

M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a commencé par rappeler qu’il y a deux jours, le Conseil de sécurité a réaffirmé son attachement à la mise en œuvre de la résolution 1540 (2004) qui vise à barrer l’accès des groupes non étatiques aux armes de destruction massive, y compris les armes chimiques.  C’est un engagement qu’a pris la Syrie face au risque terroriste auquel elle est confrontée, a-t-il souligné, souhaitant que ce régime s’applique de manière plus efficace.  À cet égard, il a indiqué que son pays n’a cessé de transmettre à l’OIAC des informations sur la possession d’armes chimiques par des groupes terroristes, en particulier le Front el-Nosra.  Il a donc regretté que le Directeur général de l’OIAC continue de faire des déclarations « incomplètes » sur la coopération de la Syrie.  Pour preuve de cette coopération, il a indiqué que la Syrie a présenté son quatre-vingt-dixième rapport mensuel sur la destruction de ses stocks et ses anciens sites de production.  De plus, a-t-il fait valoir, la Syrie poursuit les préparatifs en vue d’une rencontre entre son Ministre des affaires étrangères et le Directeur général de l’OIAC, en s’efforçant d’établir un ordre du jour qui permette de « remédier aux mauvaises pratiques » des équipes techniques. 

Le représentant a également rappelé que, par courrier, le Gouvernement syrien a invité le Secrétariat technique de l’OIAC à faire preuve de professionnalisme et à éviter d’utiliser des informations incomplètes ou collectées auprès des adversaires de la Syrie.  Il s’est élevé contre la tentative de remettre en question le bien-fondé de la déclaration initiale syrienne.  Il a également fait remarquer que le Comité national syrien a facilité le vingt-quatrième cycle d’inspection, lequel a permis de répondre à plusieurs des questions en suspens.  Pour ce qui est du vingt-cinquième cycle, le Comité national syrien s’est félicité de la visite de l’équipe de l’OIAC, tout en émettant des réserves, conformément à son droit souverain de refuser l’entrée d’un de ses membres.  Le représentant a jugé qu’il n’est pas logique que l’éventuelle absence de ce membre cause le report des travaux de toute l’équipe. 

Prenant note, par ailleurs, de la publication de deux nouveaux rapports de la mission d’établissement des faits, le délégué a réitéré les griefs de son pays sur les « graves incohérences » qui caractérisent ce travail.  La Mission, a-t-il dénoncé, ne respecte pas les règles de la Convention sur les armes chimiques, s’agissant notamment de la méthodologie pour la collecte des informations.  De surcroît, a-t-il ajouté, les « deux poids, deux mesures » de la mission font qu’elle mène ses enquêtes sans consulter la partie syrienne.  Des rapports sont ainsi « montés de toute pièces », notamment celui sur le « prétendu incident » à Douma.  Se disant préoccupé par ces « manipulations », il a accusé « certains États occidentaux » d’exercer des pressions sur la mission, en particulier les États-Unis qui connaissent les conclusions « avant même la publication des rapports ».  Les États-Unis ont même envoyé des experts à La Haye pour forcer la Mission à passer sous silence une partie de son dernier rapport.  Des directives lui ont été données pour qu’elle supprime les propos de deux inspecteurs qui avaient évoqué un « scénario fabriqué » concernant l’incident de Douma. 

De plus, a renchéri le délégué, la mission reporte la publication de ses rapports sur cinq incidents pour lesquels Damas avait demandé une enquête en 2017, alors même qu’elle s’est précipitée pour enquêter sur des incidents rapportés par des groupes terroristes soucieux de déformer l’image du Gouvernement syrien. « Comment, dans ces conditions, peut-on parler d’objectivité? »  La Syrie, a-t-il martelé, a adhéré de son plein gré à la Convention et a détruit son stock d’armes chimiques en un temps record.  Elle coopère aujourd’hui « de manière positive » avec l’OIAC, en dépit de « l’ambiance de suspicion » qui règne, compte tenu des « méthodes déséquilibrées » du Secrétariat technique.  Dans ce contexte, il a appelé l’OIAC à « rectifier le tir » et à se concentrer sur la destruction rapide des arsenaux d’armes chimiques, à commencer par ceux des États-Unis, qui demeurent le seul État à n’avoir pas achevé ce processus.  Il a également souhaité que l’OIAC cesse de remettre en question les engagements de ses États parties et déploie plutôt ses efforts pour obtenir que les États, qui n’ont pas encore adhéré à la Convention, le fassent dans les meilleurs délais.  C’est le cas d’Israël qui possède des armes chimiques, a conclu le représentant. 

En tant que « victime » des armes chimiques, la République islamique d’Iran s’est dit par la voix de sa représentante, Mme ZAHRA ERSHADI, résolument opposée à leur utilisation, appelant à la mise en œuvre intégrale et universelle de la Convention sur les armes chimiques.  Elle a dénoncé la « politisation » de cet instrument juridique, de même que celle de l’OIAC, ces deux dernières années « par certaines puissances », estimant par ailleurs « satisfaisant » le degré de coopération démontré par les autorités syriennes.  Considérant que les réunions du Conseil de sécurité sur la question à l’ordre du jour ne devraient pas servir à certains de ses membres d’occasion pour répéter des affirmations déjà entendues ou proférer des accusations, la délégation a proposé de ne plus tenir de séance mensuelle sur la question de l’utilisation des armes chimiques en Syrie.  Avant de conclure, elle a estimé que le régime israélien devrait être contraint d’adhérer immédiatement à la Convention. 

M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a dit attendre avec intérêt les conclusions des équipes d’enquête de l’OIAC, après que les incidents de Marea et Kafr Zeïta ont été confirmés.  Il a accusé « le régime syrien » d’avoir utilisé des armes chimiques contre son propre peuple, « au moins à huit reprises ».  Il a ensuite salué le professionnalisme de l’OIAC, dont la Turquie est « fière » d’être membre depuis 1997.  Nous participerons, a-t-il promis, à tous les efforts visant la pleine mise en œuvre de la Convention. Il a conclu en rappelant au Conseil que le peuple syrien attend de lui le règlement de la crise. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: préoccupations face aux répercussions humanitaires de la crise en Ukraine qui a déjà fait plus de 500 000 réfugiés

8983e séance – après-midi
CS/14812

Conseil de sécurité: préoccupations face aux répercussions humanitaires de la crise en Ukraine qui a déjà fait plus de 500 000 réfugiés

Réuni pour faire le point sur la situation humanitaire en Ukraine, le Conseil de sécurité a été alerté, cet après-midi, par le Coordonnateur des secours d’urgence et le Haut-Commissaire pour les réfugiés, de l’ampleur des besoins de la population face à une crise qui a déjà fait plus de 500 000 réfugiés. 

« J’ai rarement vu un exode de personnes aussi incroyablement rapide, le plus grand, sûrement, en Europe, depuis les guerres des Balkans, » a confié M. Filippo Grandi selon lequel le nombre des réfugiés pourrait atteindre quatre millions dans les jours et semaines à venir.  « Face à un tel fardeau, nous ne pouvons laisser les pays d’accueil assumer seuls cette responsabilité », a-t-il ajouté, saluant à cet égard le soutien exprimé par de nombreux États européens, lors de la réunion d’hier du Conseil « justice et affaires intérieures » de l’UE, à l’activation de la directive de protection temporaire pour les personnes fuyant l’Ukraine. 

Appelant lui aussi à la solidarité, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires a appelé les États Membres à se montrer généreux dans leur financement de l’appel humanitaire pour l’Ukraine qui sera lancé demain par le Secrétaire général.  La vie de millions de civils est en jeu, a-t-il souligné, faisant état d’au moins 406 victimes civiles, dont au moins 102 morts. 

M. Martin Griffith a également exhorté les parties au conflit à assurer d’urgence la protection des travailleurs humanitaires et des déplacements, signalant que depuis trois jours, les mouvements des humanitaires ont été sérieusement contraints en raison des combats en cours et de leur incapacité à recevoir des assurances de protection des parties au conflit. 

Le Coordonnateur des secours d’urgence s’est en outre inquiété des répercussions de l’utilisation d’armes explosives dans des centres urbains, notamment à Kiev et Kharkiv, exhortant les parties à veiller en permanence à épargner les civils et les biens à caractère civil tout au long des opérations militaires.  Si les combats se poursuivent, l’économie ukrainienne risque d’imploser, ce qui exacerbera encore les besoins humanitaires et créera un effet d’entraînement qui ira bien au-delà des frontières de l’Ukraine, a-t-il par ailleurs prévenu. 

Les préoccupations des deux hauts fonctionnaires de l’ONU ont été partagées par la grande majorité des membres du Conseil, dont le Royaume-Uni qui a constaté qu’à la suite de la décision du Président Putin de lancer l’invasion de l’Ukraine, « un pays de 44 millions d’habitants est maintenant au bord de la catastrophe humanitaire ». 

Tout en reconnaissant la gravité de la situation, la Fédération de Russie a déclaré que les populations sont devenues les otages des « radicaux » et des « nationalistes » ukrainiens qui s’accrochent au pouvoir.  Le fait est que, dans les territoires passés sous le contrôle des forces armées russes, la population n’est pas confrontée à des problèmes humanitaires aigus, a affirmé la délégation russe selon laquelle les problèmes ne persistent que dans les villes où les autorités ukrainiennes ont lancé l’ordre « criminel et irresponsable » de distribuer des armes à quiconque. 

« Ne vous laissez pas désinformer par les désinformateurs russes », a rétorqué l’Ukraine qui a accusé la Fédération de Russie de s’en prendre à des hôpitaux et à des ambulances.   Des missiles russes s’abattent sur des infrastructures civiles qui pourraient déclencher une contamination radioactive , a encore mis en garde la délégation qui a salué l’ouverture prochaine d’une enquête sur la situation en Ukraine par le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI). 

De leur côté, la France et le Mexique ont annoncé un projet de résolution sur le respect du droit humanitaire en Ukraine que la délégation russe a promis de lire attentivement avant d’en faire une appréciation. 

On retiendra également l’intervention du Kenya et du Gabon qui ont marqué leur inquiétude face au traitement raciste réservé aux Africains et aux personnes d’ascendance africaine qui cherchent à fuir l’Ukraine.  La délégation kenyane a en outre prévenu que les vastes sanctions économiques unilatérales qui ont été annoncées contre la Fédération de Russie auront presque certainement de graves conséquences humanitaires. 

À noter par ailleurs qu’avant d’ouvrir la séance, le représentant de la Fédération de Russie, qui achevait aujourd’hui sa présidence du Conseil de sécurité, a fait savoir que la Mission permanente de son pays auprès des NationS Unies avait été informée par le « pays hôte » qu’elle devait renvoyer 12 de ses diplomates, « en violation » de l’accord de Siège conclu entre l’ONU et les États-Unis.  Déplorant cette « mesure inamicale », la délégation russe a annoncé avoir invoqué une « procédure d’arbitrage » qui n’a pas encore débuté.  Les États-Unis ont précisé que les diplomates visés s’étaient livrés à des activités sans rapport avec leurs fonctions officielles, tout en notant que cette question relève de la juridiction du Comité des relations avec le pays hôte. 

LETTRE DATÉE DU 28 FÉVRIER 2014, ADRESSÉE À LA PRÉSIDENTE DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LE REPRÉSENTANT PERMANENT DE L’UKRAINE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2014/136)

Déclarations

Intervenant par visioconférence depuis Genève, M. MARTIN GRIFFITHS, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a dit que le monde a observé l’offensive militaire en Ukraine avec un sentiment d’incrédulité et d’horreur.  « Et comme nous le craignions, les civils en paient déjà le prix », a-t-il dit.  Il a relevé que l’ampleur des victimes civiles et des dommages infligés aux infrastructures civiles est alarmante.  Les besoins humanitaires montent en flèche dans les zones les plus durement touchées.  Ainsi, des enfants, des femmes et des hommes ont été blessés et tués, tandis que des maisons ont été endommagées et même détruites.  M. Griffiths a indiqué que depuis hier, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme fait état d’au moins 406 victimes civiles, dont au moins 102 morts.  Le vrai chiffre pourrait être considérablement plus élevé, car de nombreuses victimes signalées doivent encore être confirmées, a-t-il noté.  Il a parlé de 160 000 personnes déplacées en Ukraine, fuyant pour leur sécurité, notant que le chiffre réel est probablement beaucoup plus élevé.  En outre, plus d’un demi-million de réfugiés ont été forcés de fuir leur pays en quête de sécurité.  Le tableau est sombre et pourrait encore empirer, a-t-il averti. 

Le Secrétaire général adjoint a également évoqué des attaques aériennes et des combats dans les zones urbaines, endommageant des installations civiles essentielles et perturbant les services essentiels tels que la santé, l’électricité, l’eau et l’assainissement.  Cela laisse les civils sans les bases de la vie quotidienne.  Des ponts et des routes ont également été détruits, coupant l’accès des populations aux fournitures et services, a-t-il relevé.  Il a affirmé que l’utilisation d’armes explosives dans les zones urbaines comporte un risque élevé d’impact, et cela est particulièrement préoccupant dans des endroits comme Kiev et Kharkiv.  Il a appelé toutes les parties à respecter le droit international humanitaire et veiller en permanence à épargner les civils et les biens à caractère civil tout au long des opérations militaires.  Les parties devraient également éviter l’utilisation d’armes explosives à large portée dans les zones peuplées.  Si les combats se poursuivent, l’économie ukrainienne risque d’imploser, ce qui exacerbera encore les besoins humanitaires et créera un effet d’entraînement qui ira bien au-delà des frontières de l’Ukraine. 

En outre, les bouleversements de ces derniers jours approfondissent une crise humanitaire préexistante.  En effet, le Coordonnateur des secours d’urgence a rappelé que huit années exténuantes de conflit dans l’est de l’Ukraine avaient déjà laissé trois millions de personnes dans le besoin d’assistance humanitaire des deux côtés de la ligne de contact dans la région du Donbass.  Il va sans dire que les besoins humanitaires sont bien plus grands aujourd’hui, a-t-il constaté.  Il a indiqué que les travailleurs humanitaires font de leur mieux pour répondre aux besoins.  Ainsi, l’ONU a élargi sa présence humanitaire en Ukraine et entend continuer à le faire.  Nous travaillons 24 heures sur 24 pour nous assurer que nous pouvons étendre nos opérations au fur et à mesure et aussi vite que possible, a-t-il assuré, tout en reconnaissant que depuis trois jours, les mouvements des humanitaires ont été sérieusement contraints en raison des combats en cours et de leur incapacité à recevoir des assurances de protection des parties au conflit.  M. Griffiths a néanmoins fait état de signes positifs à ce sujet, espérant que ceux-ci se concrétiseront dans les prochains jours.  En attendant, les organisations et institutions locales ainsi que la Croix-Rouge ukrainienne travaillent sans relâche pour soutenir les civils et les opérations d’évacuation.  De même, les agents de santé se mobilisent jour et nuit pour soigner les blessés, tandis que des organisations fournissent un soutien psychosocial aux enfants traumatisés ainsi que des trousses de premiers soins.  Et l’ONU est là pour soutenir leurs efforts. 

M. Griffiths a précisé qu’à l’heure actuelle, les besoins humanitaires les plus pressants concernent les services médicaux d’urgence, y compris les services de santé sexuelle et reproductive, les médicaments essentiels, les fournitures et équipements médicaux, et l’eau potable, ainsi que des abris pour la protection des déplacés.  Quelque 119 organisations opérant en Ukraine ont été en mesure de fournir un formulaire d’aide humanitaire, a-t-il ajouté. 

Il a ensuite indiqué qu’il y a actuellement un besoin urgent de progrès sur deux fronts.  Il a appelé en premier lieu les parties au conflit à assurer d’urgence la protection des travailleurs humanitaires et des déplacements.  Deuxièmement, nous avons désespérément besoin de plus de ressources, a clamé le Coordonnateur des secours d’urgence qui a annoncé que demain, le Secrétaire général lancera un appel humanitaire pour cette crise.  Cet appel aura deux composantes: un appel éclair de trois mois pour la situation à l’intérieur du pays et un plan régional de réponse aux réfugiés pour la situation à l’extérieur.  M. Griffiths a appelé les États Membres à montrer leur soutien avec un financement rapide, généreux et flexible.  La vie de millions de civils est en jeu, a-t-il souligné. 

S’exprimant en visioconférence depuis Genève, M. FILIPPO GRANDI, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, s’est tout d’abord déclaré fier que les organisations d’aide humanitaire de l’ONU et leurs partenaires aient décidé de rester en Ukraine, comme ils l’ont fait en Afghanistan il y a quelques mois.  Bien qu’ils soient pris, comme le reste de la population civile, dans ce conflit meurtrier, beaucoup de ces acteurs humanitaires ont été déplacés et craignent que la violence les force à fuir à nouveau, a-t-il expliqué, assurant qu’ils s’efforcent malgré tout de fournir une assistance à la faveur de moments de calme relatif.  Nous savons toutefois que nous n’atteignons même pas la surface des besoins des Ukrainiens, dont un grand nombre ont été contraints de fuir leur maisons ces derniers jours, a-t-il dit, ajoutant que la situation évolue si rapidement et les niveaux de risque sont si élevés, qu'il est impossible pour les humanitaires de distribuer l’aide dont les Ukrainiens ont désespérément besoin.  Se faisant l’écho de l’appel urgent lancé par le Secrétaire général et le Coordonnateur des secours d'urgence, il a demandé à ce que les personnes et les infrastructures civiles soient protégées et épargnées, et que l’accès humanitaire soit accordé à ceux qui fournissent de l’aide aux victimes de la guerre. 

Outre la grave situation à l’intérieur de l’Ukraine, des centaines de milliers de personnes cherchent refuge dans des pays voisins, a indiqué le Haut-Commissaire, évaluant leur nombre à 520 000 à l’heure actuelle.  Il a cependant reconnu que ce chiffre augmente de façon exponentielle, heure après heure, depuis jeudi.  Je travaille dans des crises de réfugiés depuis près de 40 ans et j’ai rarement vu un exode de personnes aussi incroyablement rapide, le plus grand, sûrement, en Europe, depuis les guerres des Balkans, a-t-il confié, avant de préciser que plus de 280 000 ont fui vers la Pologne, 94 000 en Hongrie, près de 40 000 en Moldavie, 34 000 en Roumanie et 30 000 en Slovaquie, sans parler des dizaines de milliers d’autres qui affluent dans d’autres pays européens.  Il s’est également dit conscient qu’un nombre important sont allés en Fédération de Russie. Remerciant les gouvernements des pays d’accueil pour avoir permis aux réfugiés d’accéder à leur territoire, il s’est déclaré préoccupé par la probable augmentation du nombre d’arrivées.  « Nous n’en sommes probablement qu’au début ». Il a également appelé à ne pas faire de discrimination parmi les personnes, Ukrainiens ou ressortissants de pays tiers, qui fuient l’Ukraine. 

Dans ce contexte, M. Grandi s’est dit conscient du soutien apporté par l’Union européenne et par d’autres gouvernements aux pays qui accueillent des réfugiés d’Ukraine et les a encouragés à persévérer.  Il les a aussi invités à se prévaloir du soutien et des conseils du HCR, de ses partenaires des Nations Unies et des ONG nationales et internationales.  Nous aidons et nous pouvons faire plus dans des domaines tels que la protection et l’enregistrement, l’organisation des capacités d’accueil, la fourniture de secours d’urgence, l’assistance en espèces et l’identification, et ce, en répondant aux besoins des plus vulnérables, a expliqué le Haut-Commissaire, selon lequel le nombre des réfugiés pourrait atteindre quatre millions dans les jours et semaines à venir.  Face à un tel fardeau, nous ne pouvons laisser les pays d’accueil assumer seuls cette responsabilité, a-t-il ajouté, saluant à cet égard le soutien exprimé par de nombreux États européens, lors de la réunion d’hier du Conseil « justice et affaires intérieures » de l’UE, à l’activation de la directive de protection temporaire pour les personnes fuyant l’Ukraine.  Enfin, après avoir rappelé que l’ONU lancera demain son appel humanitaire pour l’Ukraine, il a souhaité que ne soit pas oublié le sort persistant des Afghans, des Syriens, des Éthiopiens, des Rohingya du Myanmar, et de beaucoup d’autres qui, comme les Ukrainiens, n’ont jamais voulu devenir des réfugiés. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a déclaré que les conséquences humanitaires de l’offensive russe en Ukraine sont dramatiques.  Il a réitéré l’appel de son gouvernement à une cessation immédiate des hostilités, « qui doit précéder tout pourparlers de paix ».  La protection des civils, y compris des enfants et des personnels humanitaires, ainsi que des infrastructures civiles est une priorité « absolue ».  « Nous ne transigerons pas à ce sujet », a-t-il prévenu.  Nous avons une responsabilité collective et un devoir moral: aider la population ukrainienne. Le représentant a rappelé que l’Union européenne a déjà annoncé une somme de 90 millions d’euros pour l’aide humanitaire.  La France, a-t-il ajouté, vient quant à elle d’envoyer 33 tonnes d’aide en Pologne pour les Ukrainiens qui y sont et elle s’apprête à acheminer plus de 30 tonnes d’aide en République de Moldova.  

Le représentant a salué le lancement prévu demain du Plan de réponse humanitaire pour l’Ukraine et du Plan pour l’aide aux réfugiés ukrainiens dans la région.  Il a appelé l’ensemble des États Membres à se montrer généreux.  Quant aux sanctions que l’Union européenne a imposées à la Fédération de Russie et au Bélarus, le représentant a précisé qu’elles seront mises en œuvre dans le plein respect du droit international humanitaire.  La France, a-t-il conclu, présentera avec le Mexique, un projet de résolution sur le respect de ce droit, la protection des civils et l’accès humanitaire pour faciliter la réponse aux besoins urgents de la population ukrainienne. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a confirmé que son pays prépare un projet de résolution sur l’accès humanitaire en Ukraine.  Il a évoqué les centaines de milliers de déplacés, ajoutant que ces chiffres déjà alarmants ne cessent d’augmenter.  Il a plaidé pour que les frontières restent ouvertes et que le principe de non-refoulement soit respecté.  Reconnaissant le droit de chaque État à la légitime défense, il s’est tout de même inquiété de l’afflux d’armes en Ukraine, avant d’appeler les parties à respecter le droit international humanitaire et les droits de l’homme. 

M. MARTIN KIMANI (Kenya) a estimé que les souffrances humaines en Ukraine sont tout simplement inutiles et injustifiées.  Il a félicité l’ONU pour être intervenue rapidement et les voisins de l’Ukraine pour avoir ouvert leurs frontières aux réfugiés, notamment la Hongrie, la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie, qui ont collaboré avec le Ministère kenyan des affaires étrangères pour autoriser les citoyens kenyans, qui résidaient en Ukraine, d’entrer sur leur territoire sans visa.  Le représentant s’est d’ailleurs déclaré inquiet du traitement raciste réservé aux Africains et aux personnes d’ascendance africaine qui cherchent à fuir l’Ukraine.  Nous condamnons fermement ce racisme contraire à la solidarité dont nous avons tant besoin aujourd’hui.  La maltraitance des personnes africaines aux frontières de l’Europe doit cesser immédiatement, qu’il s’agisse d’Africains fuyant l’Ukraine ou traversant la Méditerranée. 

Le représentant a aussi prévenu que les vastes sanctions économiques unilatérales qui ont été annoncées contre la Fédération de Russie auront presque certainement de graves conséquences humanitaires.  Comparant leur effet à une forme de blocus, il a argué que les moyens pacifiques de règlement des conflits, prônés par la Charte des Nations Unies, ne prévoient pas d’actes assimilables à une punition collective.  Plutôt que d’ouvrir la voie à la paix, des sanctions aussi considérables pourraient conduire à une escalade et à une propagation du conflit, a-t-il mis en garde, réaffirmant que la seule issue à cette crise « de plus en plus dangereuse » est de donner la priorité à une diplomatie menant à des négociations de paix. 

En quelques jours, en envahissant un pays souverain qui ne l’a pas agressé, la Fédération de Russie a provoqué une crise humanitaire de grande ampleur, a constaté M. RICHARD M. MILLS, JR. (États-Unis).  À ce jour, 500 000 personnes ont quitté l’Ukraine, sans compter les déplacés.  La vérité, a-t-il dit, c’est que personne ne sait combien elles seront dans les jours à venir.  Il a salué les pays qui ont accueilli les personnes qui fuient l’Ukraine, soulignant qu’« un réfugié est un réfugié » quelle que soit la couleur de sa peau ou son ethnicité.  Le Programme alimentaire mondial (PAM) nous a d’ores et déjà mis en garde: le bassin de la mer Noire est l’un des greniers à blé de l’Europe et c’est l’Afrique et l’Asie qui souffriront le plus des pénuries entraînées par le conflit, a aussi prévenu le représentant.  Inquiet par ailleurs des dégâts infligés aux infrastructures civiles par les attaques et les bombardements, il a plaidé pour que les agences humanitaires puissent accéder sans entraves aux personnes dans le besoin.  Nous devons faire tout notre possible pour aider les populations en Ukraine, a-t-il exhorté en conclusion. 

M. JIM KELLY (Irlande) a exprimé la solidarité « inébranlable » de son pays avec le Gouvernement et le peuple ukrainiens qui ont montré un courage et une résilience « extraordinaires ».  La dernière attaque russe vient après huit ans d’un conflit qui avait déjà fait plus d’1,4 million de déplacés dépendants de l’assistance humanitaire.  Aujourd’hui, des millions de gens en Ukraine vivent les conséquences humanitaires d’une guerre qu’ils n’ont pas provoquée.  À Kharkiv, Kherson et ailleurs, des centaines de milliers de personnes sont désormais privées d’électricité, d’eau, de soins de santé, de transport et de moyens de communication.  Les parties au conflit, a plaidé le représentant, doivent respecter le droit international humanitaire, y compris l’obligation de ne s’attaquer qu’aux cibles militaires. 

Il s’est dit gravement préoccupé par l’utilisation d’armes explosives dans des zones urbaines et par les informations sur les attaques aveugles, les bombardements à Kharkiv et sur les armes à sous-munitions.  Si cela se confirme, il s’agirait d’un autre acte d’accusation accablant contre les soldats russes, a-t-il prévenu.  Toute attaque armée et menace contre des installations nucléaires consacrées à des fins pacifiques constitue une violation du droit international, y compris des principes de la Charte des Nations Unies, du Protocole additionnel I aux Conventions de Genève et du Statut de l’AIEA, a martelé le représentant.  Le représentant a appelé la Fédération de Russie à protéger tous les civils en Ukraine, dont le personnel humanitaire et médical.  En matière d’aide humanitaire, a dit le représentant, l’Irlande est prête à faire plus.  Elle a déjà fourni, entre autres, un financement au HCR et a annoncé une enveloppe humanitaire de 10 millions d’euros.  Réitérant la position de son pays contre les armes nucléaires qui n’offrent aucune sécurité, il a conclu en appelant la Fédération de Russie à se détourner de la guerre et à choisir la voie du dialogue et de la diplomatie. 

Mme MONA JUUL (Norvège) a indiqué que son pays a accru son soutien à la population civile ukrainienne, en mettant à disposition une enveloppe de 226 millions de dollars pour financer le Plan de réponse humanitaire de l’ONU.  Après avoir souligné que la Fédération de Russie est la seule responsable de cette crise, du fait de son agression « irresponsable et non provoquée », la représentant a appelé les parties au plein respect du droit international humanitaire.  Les parties, a-t-elle insisté, doivent garantir la sécurité des civils sur tout le territoire ukrainien et protéger les personnels médical et humanitaire qui y travaillent. Elle a dénoncé une situation où les zones urbaines sont le théâtre d’affrontements et où des armes à sous-munitions sont utilisées, avec un impact spectaculaire sur les personnes et les infrastructures civiles.  Les engins non explosés continueront à faire des victimes après le conflit, a-t-elle prévenu.  La représentante n’a pas manqué de saluer, à son tour, les pays de la région qui ont choisi de ne pas fermer leurs frontières.  Elle a par ailleurs déploré la mort, le week-end dernier en Ukraine, de deux journalistes rappelant que le caractère « indispensable » de cette profession.  Elle a conclu, en demandant, une nouvelle fois à la Fédération de Russie de retirer sans conditions ses troupes d’Ukraine et de revenir au respect des principes de la Charte.  

M. FERIT HOXHA (Albanie) a accusé la Fédération de Russie d’avoir provoqué la crise humanitaire la plus grave que l’Europe ait connue depuis des décennies.  Le droit international est clair: viser des personnes et des infrastructures civiles est « illégal et criminel ».  Le représentant s’est dit en faveur d’une présence humanitaire renforcée de l’ONU sur place.  Outre le droit international humanitaire, qui doit être respecté, les violations des droits de l’homme doivent être recensées pour établir les responsabilités.   Nous voulons la paix et pas la guerre, et sommes solidaires de l’Ukraine, a conclu le représentant.

M. T.S. TIRUMURTI (Inde) s’est dit convaincu que les différends ne peuvent être réglés que par le dialogue et une diplomatie soutenue.  Il a dit accorder la plus haute priorité à la sécurité et au bien-être des civils et a appelé au respect des principes fondamentaux de l’aide humanitaire.  Nous avons, a-t-il annoncé, décidé d’envoyer dès demain en Ukraine, une aide humanitaire, dont des médicaments.  Le représentant s’est dit profondément préoccupé par la sûreté et la sécurité de milliers de citoyens indiens, dont des étudiants, en Ukraine.  Nos efforts d’évacuation ont été compromis par l’évaluation de la situation aux frontières et comme la sécurité de nos ressortissants est d’une importance capitale, le Gouvernement a dépêché des hauts responsables indiens dans les pays voisins de l’Ukraine.  Le représentant a remercié ces pays pour leur coopération, en cette période difficile, avant d’ajouter que l’Inde est également prête à aider les pays voisins et les pays en développement à rapatrier leurs ressortissants bloqués en Ukraine. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a constaté qu’à la suite de la décision du Président Putin de lancer l’invasion de l’Ukraine, un pays de 44 millions d’habitants est maintenant au bord de la catastrophe humanitaire.  Quoi que mon collègue russe prétende, le monde peut voir les attaques aveugles contre des hommes, des femmes et des enfants dans toute l’Ukraine et le mépris pour la communauté internationale humanitaire.  Les missiles ont plu sur Kharkiv et les armes à sous-munitions frappent des zones résidentielles.  La perturbation des chaînes d’approvisionnement a provoqué des pénuries alimentaires dans Kramatorsk, le bombardement d’un dépôt pétrolier à Vasylkiv a libéré des fumées toxiques et la violence à Kiev a forcé la population à se réfugier sous terre.  Dans ce contexte, a ajouté la représentante, 500 000 personnes ont déjà fui vers la Pologne, la Hongrie, la Roumanie, la République de Moldova et d’autres pays, d’autres ont fui ailleurs en Ukraine. 

Alors que les agences des Nations Unies et leurs partenaires humanitaires ont été contraints de suspendre leurs opérations, le Royaume-Uni est aux côtés du peuple ukrainien, a assuré la déléguée, avant de rappeler que le Premier Ministre britannique, M. Boris Johnson, a annoncé hier 54 dollars millions d’euros d’aide aux Ukrainiens, ce qui porte à 190 millions de dollars le montant total de l’aide promise par le Royaume-Uni à l’Ukraine cette année.  La semaine dernière, a-t-elle également relevé, M. Johnson a annoncé 500 millions de dollars de prêts à l’Ukraine par le biais des banques multilatérales de développement.  Des experts humanitaires du Gouvernement britannique ont d’autre part été déployés dans la région pour soutenir ceux qui fuient la violence.  Se disant consciente que la réponse humanitaire ne suffira pas à sauver le peuple ukrainien de la catastrophe que la Russie lui inflige, elle a appelé à nouveau le Président Putin à arrêter cette guerre « pour le bien de l’humanité ». 

M. CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana) s’est déclaré vivement préoccupé par la situation humanitaire en Ukraine, qu’il a jugée « déplorable », et qui n’a épargné ni les enfants ni les « nouveau-nés », sans compter des centaines de ressortissants ghanéens qui ont dû fuir dans les pays voisins.  Il a appelé à la cessation immédiate et sans condition des hostilités, exhortant les parties à faire montre de retenue et à respecter le droit international humanitaire, mais aussi à garantir un accès humanitaire sans entrave. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) s’est dit solidaire des populations victimes d’une guerre qu’elles n’ont ni voulue ni provoquée.  Il s’est fait écho « des cris d’alarme » des étudiants et ressortissants africains, y compris gabonais, qui, fuyant la guerre, sont victimes de discrimination.  Dénonçant les actes de racisme, il a réclamé une aide pour tous ceux qui sont dans le besoin, sans discrimination de nationalité ou de race.  La détresse des populations ne peut cesser qu’avec la fin de la guerre et en attendant, il faut une réponse humanitaire à la mesure des besoins en Ukraine et dans les pays voisins.  Il a, à cet égard, salué l’appel humanitaire que le Secrétaire général de l’ONU lancera demain. 

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) s’est alarmé de la détérioration de la situation humanitaire en Ukraine, où des centaines de milliers de personnes souffrent du manque de services essentiels et de la destruction des infrastructures.  Il a indiqué que le Gouvernement émirati envisage de fournir une assistance à ce pays, notamment du matériel médical.  Il a d’autre part réitéré la nécessité d’un cessez-le-feu et d’une résolution pacifique du conflit car, a-t-il dit, la poursuite des combats entraînera une nouvelle aggravation de la situation humanitaire, exacerbée par les températures extrêmes de l’hiver.  Exhortant toutes les parties à s’acquitter de leurs obligations au titre du droit international, notamment en permettant à l’aide humanitaire d’atteindre ceux qui en ont besoin, et à s’abstenir de cibler des civils, il a réaffirmé le besoin impératif de respecter les principes de la Charte des Nations Unies, en particulier la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale des États.  Ces principes, a conclu le délégué, s’appliquent à tous les États Membres, quelles que soient leurs ressources, leurs capacités ou leur taille géographique. 

« À l’heure où nous parlons, des centaines de milliers de civils ont déjà fui l’Ukraine », a constaté M. JOÃO GENESIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil), en soulignant que beaucoup d’autres suivront – « des millions peut-être ».  Dans ce contexte, le représentant a appelé toutes les parties à respecter pleinement le droit humanitaire international et à faire respecter « à tout moment » les principes de distinction, de proportionnalité, de précaution, de nécessité et d’humanité.  « Nous réitérons également notre appel à l’Ukraine et à la Russie pour qu’elles facilitent le départ de toutes les personnes qui souhaitent quitter le territoire ukrainien ». Plus l’escalade est grande, plus les risques de souffrances humaines sont élevés, a-t-il ajouté. 

Le délégué a ensuite relevé que ces derniers jours, les membres permanents du Conseil de sécurité –ceux qui portent la plus grande responsabilité dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales– ont ouvertement brandi des sanctions unilatérales sévères, des actions militaires et la menace de la force nucléaire.  « Cela doit cesser », a tranché le représentant en appelant au dialogue.  Les sanctions économiques imposées pourraient avoir des répercussions sur l’économie mondiale, « dont les conséquences se feront sentir bien au-delà de la Russie », a-t-il mis en garde, en prévenant que les populations des pays en développement seront probablement celles qui en souffriront le plus.  Et la fourniture d’armes et la militarisation croissante de la région ne favoriseront guère le dialogue; elles provoqueront probablement davantage de tensions, a ajouté le Brésil qui a prévenu que toute utilisation d’armes nucléaires entraînerait des conséquences humanitaires inacceptables pour les générations actuelles et futures sur le territoire de l’Ukraine et au-delà.  Il a pris note des informations faisant état d’environ deux ou trois cents victimes civiles en Ukraine, « ce qui est déjà dévastateur ».  « Si une partie a recours à une arme de destruction massive, quel sera le nombre de morts?  Quelle sera l’ampleur de la destruction? Nous avons déjà vu cela auparavant et nous espérons que nous ne verrons pas cela à nouveau. » 

M. JUN ZHANG (Chine) a jugé vital de prévenir une crise humanitaire de grande ampleur en Ukraine.  Il a appelé l’ONU et la communauté internationale à fournir l’assistance humanitaire dans le respect du principe d’impartialité du droit international humanitaire.  La Chine appuie un dialogue direct entre la Fédération de Russie et l’Ukraine, et la communauté internationale doit éviter d’attiser les tensions, a-t-il ajouté. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a reconnu la gravité de la situation en Ukraine.  Nous voyons que des gens ordinaires souffrent, a-t-il déclaré, affirmant que ces populations sont devenues les otages des « radicaux » et des « nationalistes » ukrainiens qui s’accrochent au pouvoir.  Selon le délégué, le fait est que, dans les territoires passés sous le contrôle des forces armées russes, la population n'est pas confrontée à des problèmes humanitaires aigus.  Après le départ des « radicaux », les autorités locales fonctionnent normalement et fournissent à la population tous les services nécessaires, a-t-il assuré, avant d’observer que les problèmes ne persistent que dans les villes où les autorités ukrainiennes ont lancé l’ordre « criminel et irresponsable » de distribuer des armes à quiconque, y compris aux criminels qui ont été libérés de prison à cette fin. Faisant état de nombreux cas de vols, de meurtres et de pillages, relayés par les réseaux sociaux, il a salué les appels de responsables d’administrations demandant aux autorités ukrainiennes d’ « arrêter cette folie ».  Il a également dénoncé le fait que des victimes de maraudeurs et de bandits armés soient présentées comme de prétendues victimes de groupes de saboteurs russes.  Citant d’autre part le Ministère russe de la défense, il a assuré que les habitants de Kiev, actuellement utilisés comme « boucliers humains » par les « radicaux », peuvent quitter librement la capitale par l’autoroute Kiev-Vasilkov.  « Cet itinéraire est ouvert et sécurisé ». 

Le délégué a ensuite répété que l’opération spéciale des forces armées russes ne vise pas à occuper l’Ukraine ni à nuire à la population locale.  La démilitarisation de ce pays armé par l’OTAN vise à protéger les habitants du Donbass et les Ukrainiens ordinaires des « voyous néo-nazis », a-t-il maintenu, jurant que l’offensive russe n’affecte pas les infrastructures civiles critiques. À cet égard, il a noté qu’en cinq jours d’opération, il n'y a pas eu un seul cas documenté de destruction ciblée, tout comme il n’y a aucune preuve de la mort de civils par la faute des militaires russes.  Affirmant se référer à des sources « fiables », il a déploré que des fausses informations visent à rendre la Russie responsable de ce que fait l’Ukraine.  « Ce flot de mensonges sales, reproduit dans les médias occidentaux, est malheureusement devenu un signe dangereux de notre époque », a constaté M. Nebenzia.  Chacun sait, d’après lui, que, depuis 2014, la Russie a apporté un soutien à la population civile du Donbass, qui faisait face à des bombardements incessants de l’armée ukrainienne et à un blocus de Kiev.  Il a donc regretté, au moment où est abordée au Conseil la situation humanitaire en Ukraine, qu’aucun de ses homologues occidentaux n’ait évoqué le sort des habitants du Donbass ces huit dernières années. 

Selon le représentant, une mesure extrêmement importante de soutien à la population du Donbass a été le décret du Président Putin de 2019 sur la définition à des fins humanitaires des catégories de personnes habilitées à demander l’admission à la citoyenneté russe de manière simplifiée.  Cet octroi de la citoyenneté russe a permis aux populations du sud-est de l’Ukraine, « dont la survie était menacée par les autorités criminelles de Kiev », de percevoir des prestations sociales, des pensions, des salaires, ainsi que des services d’éducation et de santé.  Grâce au travail effectué, le nombre total de citoyens russes vivant dans ces « républiques » dépasse les 750 000 et 170 000 autres personnes sont au stade de l’obtention de la citoyenneté, a-t-il précisé.  Dans le même temps, plus de 110 000 réfugiés des deux « républiques » ont été forcés de quitter leur lieu de résidence après la nouvelle tentative ukrainienne de trouver une solution militaire au problème du Donbass, en violation des accords de Minsk, a dénoncé le délégué.  Enfin, s’agissant du projet de résolution humanitaire proposé par la France, il a dit vouloir la lire attentivement avant d’en faire une appréciation.  Mais, dans tous les cas, l’armée russe fournira toute l’aide humanitaire nécessaire aux résidents de l’Ukraine dans les territoires libérés des « radicaux », a ajouté M. Nebenzia. 

« Soyons clairs: il ne s’agit plus simplement d’une crise sécuritaire, mais d’une crise humanitaire », a déclaré M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine), qui a appelé les organisations concernées à fournir une assistance et recenser tous les cas de violations des droits de la personne perpétrés dans son pays.  « Nous en sommes à la cinquième journée d’une guerre injustifiée lancée par la Russie en plein cœur de l’Europe », a tonné le représentant, en déplorant notamment un bombardement meurtrier à Kharkiv.  La Russie s’en prend à des hôpitaux et à des ambulances, a-t-il soutenu, en rappelant qu’il s’agit de crimes contre l’humanité.  « Des missiles russes s’abattent sur des infrastructures civiles qui pourraient déclencher une contamination radioactive », a-t-il encore mis en garde, en se félicitant d’apprendre l’ouverture prochaine d’une enquête sur la situation en Ukraine par le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), lequel a évoqué de possibles « crimes de guerre » et de « crimes contre l’humanité ». 

« Ne vous laissez pas désinformer par les désinformateurs russes », a ensuite exhorté le délégué ukrainien.  Il a expliqué que, depuis le début des hostilités, des enfants traversent les frontières seuls.  En tout, ce sont plusieurs centaines de milliers de personnes qui ont été contraints de quitter l’Ukraine, principalement pour la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie.  À cet égard, le représentant a salué l’ouverture de deux postes-frontières par la Pologne pour permettre à ceux qui le souhaitent de s’y rendre.  Il a enjoint de se méfier des assurances données par la Fédération de Russie au sujet des corridors humanitaires, « car elle ne tient pas toujours parole » .  « Souvenez-vous qu’il ne devait pas y avoir d’attaque ni d’invasion.  Ces couloirs pourraient donc s’avérer être un moyen de cibler les populations tentées de les emprunter », a mis en garde le délégué.  Plutôt que les « mensonges de la partie russe » au Conseil de sécurité et à l’Assemblée générale, « écoutez les sanglots des femmes, des enfants et des hommes ukrainiens ».  Le délégué a assuré que son pays continuerait de se défendre « jusqu’à la mort ».  Il a ensuite ironisé sur le fait qu’une douzaine d’« espions russes » ne seraient plus en mesure de profiter des avantages procurés par la vie aux États-Unis.  « Bien que ce soit l’heure où les attaques contre mon pays se multiplient, j’attends avec impatience qu’arrive minuit, lorsque cette abomination qu’est l’occupation de la présidence du Conseil de sécurité par la Fédération de Russie parviendra à sa fin », a ajouté en conclusion le représentant. 

Interpellé par la délégation russe sur le fait que des armes lourdes seraient entreposées dans des zones civiles par l’armée ukrainienne, le Coordonnateur des secours d’urgence a dit n’avoir pas de confirmation d’une telle information, soulignant qu’il est très difficile d’établir les responsabilités pour des violations du droit international face à un tel niveau de conflit, de violence et d’incertitude.  Nous sommes dans le brouillard de la guerre, a-t-il avoué, et ce brouillard obscurcit d’ailleurs l’avenir de nombreuses personnes en Ukraine.  Il a insisté sur l’impératif de ne pas utiliser des explosifs dans le contexte d’une guerre urbaine à grande échelle se disant préoccupé par ce qui se déroule dans les rues de certaines des grandes villes ukrainiennes où les infrastructures civiles sont endommagées.  Le moment venu, l’ONU pourra déterminer qui a fait quoi et qui a violé les principes du droit international humanitaire en Ukraine, a-t-il ajouté. 

Le représentant de la Fédération de Russie a repris la parole pour faire part de son étonnement devant les commentaires de certaines délégations.  Au sujet des informations relatives au conflit qui circulent sur les réseaux sociaux, il a constaté que si certaines sont considérées comme factuelles d’autres qui sont « incontestablement fiables » sont considérés comme inexactes et ne méritent pas d’être vérifiées.  Il a appelé à en tirer des leçons, demandant ensuite à l’ONU de préciser comment les « activités ukrainiennes » seront examinées.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

À l’Assemblée générale réunie en urgence, un cri quasi unanime se fait entendre en faveur de la cessation de l’agression russe en Ukraine

Onzième session extraordinaire d’urgence,
1re & 2e séances, matin & après-midi
AG/12404

À l’Assemblée générale réunie en urgence, un cri quasi unanime se fait entendre en faveur de la cessation de l’agression russe en Ukraine

Les États Membres de l’Assemblée générale des Nations Unies, réunis aujourd’hui en une rare session extraordinaire d’urgence, ont condamné, dans une très large majorité, l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie, réclamant un cessez-le-feu immédiat pour ouvrir la voie au dialogue et éviter le « pire ».  « Trop, c’est trop! » s’est écrié Secrétaire général de l’ONU, appelant les soldats russes à retourner dans leurs casernes et les dirigeants à s’orienter vers la paix. 

Les civils doivent être protégés.  Le droit international humanitaire et des droits de l’homme doivent être respectés, a exigé M. António Guterres à l’ouverture de la séance, après l’observation d’une minute de silence.  C’est hier que le Conseil de sécurité a décidé, par sa résolution 2623 (2022), de convoquer cette session d’urgence, la onzième du genre depuis 1950, pour examiner la situation en Ukraine.  Cette décision fait suite au veto opposé vendredi dernier par la Fédération de Russie à un projet de texte coparrainé par plus de 80 États Membres qui demanderait à la Russie de mettre un terme à l’agression et de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine.

L’Assemblée générale avec ses 193 États Membres représente « la conscience collective de l’humanité » et sa force tient à son autorité morale, a fait valoir son Président, M. Abdulla Shahid, pour qui c’est l’occasion de s’assurer que le leadership de l’ONU est « à la hauteur des attentes des populations que nous servons sur les questions liées à la paix et à la sécurité ».  M. Shahid a salué à cet égard, l’annonce faite par le Secrétaire général de l’ONU, selon laquelle 20 millions de dollars du Fonds central d’intervention d’urgence seront alloués à la crise humanitaire en Ukraine.  Cette annonce fait partie des mesures concrètes avancée par M. Guterres pour répondre aux besoins croissants à l’intérieur du pays et dans les pays voisins. 

D’après le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), un demi-million d’Ukrainiens ont d’ores et déjà fui le pays.  « Nous sommes confrontés à une tragédie pour l’Ukraine, mais aussi à une crise régionale majeure dont les implications sont potentiellement désastreuses pour nous tous », a averti le chef de l’ONU.  « L’aide humanitaire est essentielle.  Mais ce n’est pas une solution.  C’est un symptôme du conflit.  La seule solution, c’est la paix », a encore martelé M. Guterres. 

Frontalière de l’Ukraine, la Pologne, qui accueille ainsi 300 000 réfugiés ukrainiens, est confrontée à l’une des plus grandes crises humanitaires en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, a affirmé le représentant polonais dont le pays assure la présidence de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Alors, « c’est le moment d’agir et d’aider l’Ukraine, qui paie en ce moment le prix ultime pour sa liberté mais aussi pour la liberté du monde », a plaidé le représentant ukrainien, avertissant que si la paix et la démocratie ne survivent pas en Ukraine, elles ne survivront pas dans le monde.  « Nous pouvons sauver l’Ukraine, l’ONU, la démocratie et ses valeurs », a-t-il encore espéré, appelant l’Assemblée générale à exiger de la Russie qu’elle cesse son agression contre un pays souverain et indépendant. 

Les actions de la Fédération de Russie font l’objet de « désinformation », s’est défendu son homologue russe, pour qui les causes profondes de la crise actuelle en Ukraine sont de son propre fait.  La Russie n’a « pas de plan d’occupation de l’Ukraine », a-t-il affirmé, et cette « opération militaire spéciale » a pour objectif principal de protéger les habitants des territoires de Donetsk et Louhansk, ce qui passe par « la démilitarisation et la dénazification de l’Ukraine ».  Pour le diplomate russe, l’argument selon lequel le Conseil de sécurité ne serait pas en mesure de trouver une solution viable à ce conflit est une tentative visant à « contourner » son pays. 

De fait, plusieurs intervenants ont interrogé la capacité du Conseil à bien exercer sa responsabilité principale en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales, s’en remettant à l’Assemblée pour assumer son rôle.  Après l’échec du Conseil à cet égard, l’Assemblée générale a la responsabilité d’envoyer un message fort et uni sur la nécessité pour la Russie de cesser ses opérations militaires, de retirer ses troupes et d’opter pour un véritable dialogue, a renchéri l’Union européenne qui « continuera à apporter un soutien » politique, financier, humanitaire et logistique à l’Ukraine.  L’Ukraine devrait être un point de communication entre l’Est et l’Ouest et non un point de rivalité, a estimé pour sa part la Chine qui a dit soutenir les efforts en faveur d’un mécanisme de paix durable en Europe. 

En attendant, la menace nucléaire est un autre développement jugé « effrayant » par le Secrétaire général de l’ONU, qui a retenu l’attention des États Membres, à l’instar de la Slovénie qui a jugé « extrêmement inquiétant » le référendum constitutionnel tenu hier au Bélarus par lequel a été supprimé l’article 18 sur son statut non nucléaire.  En effet, plusieurs délégations, dont le Royaume-Uni, la Bulgarie ou l’Italie, ont dénoncé le rôle « complice » du Bélarus dans cette agression.

La session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale se poursuivra demain, mardi 1er mars, à partir de 10 heures.

LETTRE DATÉE DU 28 FÉVRIER 2014, ADRESSÉE À LA PRÉSIDENTE DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LE REPRÉSENTANT PERMANENT DE L’UKRAINE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2014/136)

Déclarations liminaires

Nous sommes tous gravement préoccupés par la détérioration rapide de la situation et l’action militaire en cours en Ukraine, a déclaré M. ABDULLA SHAHID, Président de l’Assemblée générale des Nations Unies.  L’offensive militaire de la Fédération de Russie est une violation de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Ukraine et est incompatible avec la Charte des Nations Unies, a-t-il réitéré.

Le Président a ainsi renouvelé son appel à un cessez-le-feu immédiat.  Il a demandé que toutes les parties fassent preuve d’un maximum de retenue et souhaité un retour complet à la diplomatie et au dialogue.

La convocation de cette onzième session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale, ancrée dans la Charte et mandatée par la résolution 377 A (V) intitulée « Unis pour la paix », doit permettre de s’assurer une fois encore que le leadership de l’ONU est à la hauteur des attentes des populations que nous servons sur les questions liées à la paix et à la sécurité.

« Il est impératif que nous agissions au nom des femmes, des enfants et des hommes pris entre deux feux.  Il est impératif que nous utilisions tous les canaux disponibles pour contenir la situation, désamorcer les tensions et rechercher une résolution pacifique, conformément au droit international et aux principes de la Charte des Nations Unies. »

M. Shahid a salué l’annonce faite par le Secrétaire général selon laquelle 20 millions de dollars du Fonds central d’intervention d’urgence seront alloués à la crise humanitaire en Ukraine.  Les conséquences humanitaires sur les populations civiles, en particulier les femmes, les enfants, les personnes âgées et les autres groupes vulnérables, seront dévastatrices, a-t-il averti, encourageant les États Membres à soutenir les initiatives humanitaires. 

Rappelons-nous que nous avons fondé l’ONU pour maintenir la paix et la sécurité internationales, a plaidé le Président.  « Hier, une rare fenêtre d’opportunité s’est ouverte au dialogue.  Profitons de cette occasion pour désamorcer la situation de manière significative et rapide. »

Pour M. Shahid, l’Assemblée générale avec ses 193 États Membres représente « la conscience collective de l’humanité » et sa force tient à son autorité morale.

« Faisons preuve de ce courage moral et utilisons le débat d’aujourd’hui non pas pour attiser la rhétorique de la guerre, mais pour donner une chance à la paix », a exhorté le Président.

« Les combats en Ukraine doivent cesser! » a lancé M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU.  Les combats font rage partout, sur terre, en mer, dans les airs, a déploré le Secrétaire général, avant de dresser un état de la situation sur le terrain, où les bombardements russes frappent les villes ukrainiennes jour et nuit.  La capitale, Kiev, est encerclée de toutes parts, et, face à la poursuite des attaques, ses trois millions d’habitants essaient de se mettre à l’abri; et des armes sont distribuées à la population pour participer à la défense du pays. 

D’après le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), un demi-million d’Ukrainiens ont fui le pays, a informé le Secrétaire général.  Bien que les frappes russes visent en grande partie les installations militaires ukrainiennes, des témoignages crédibles font état de lourds dégâts subis par des bâtiments résidentiels, des infrastructures civiles essentielles et d’autres cibles non militaires.

Cette escalade de la violence -qui entraîne la mort de civils, y compris d’enfants- est totalement inacceptable, a insisté M. Guterres.  « Trop, c’est trop! » a-t-il martelé, appelant les soldats à retourner dans leurs casernes et les dirigeants à s’orienter vers la paix.  Les civils doivent être protégés.  Le droit international humanitaire et des droits de l’homme doivent être respectés, a exigé M. Guterres.

« Nous sommes confrontés à une tragédie pour l’Ukraine, mais aussi à une crise régionale majeure dont les implications sont potentiellement désastreuses pour nous tous », a averti le chef de l’ONU.  Hier, les forces nucléaires russes ont été placées en état d’alerte, s’est alarmé M. Guterres, un « développement effrayant », car, pour lui, « la simple idée d’un conflit nucléaire est tout simplement inconcevable ».  En effet, « rien ne peut justifier l’utilisation d’armes nucléaires ».

En attendant, a dit le Secrétaire général, nous sommes confrontés à ce qui pourrait facilement devenir « la pire crise humanitaire et de réfugiés en Europe depuis des décennies ».  Le nombre de réfugiés et de personnes déplacées à l’intérieur du pays se multiplie de minute en minute, a-t-il souligné, tout en saluant la générosité et la solidarité des pays voisins de l’Ukraine qui accueillent les personnes en quête de sécurité.  Ceux-ci auront besoin de tout notre soutien dans les jours et les semaines à venir, a-t-il prévenu, soulignant que les Nations Unies continueront de contribuer à ces efforts.

Poursuivant, le Secrétaire général a indiqué avoir assuré samedi le Président ukrainien, M. Volodymyr Zelenskyy, que l’ONU n’abandonnerait pas le peuple ukrainien et lui avoir fait part de sa détermination à renforcer l’aide humanitaire.  Avant même les événements de la semaine dernière, les Nations Unies fournissaient déjà une aide humanitaire à quelque trois millions de personnes des deux côtés de la ligne de contact, a rappelé M. Guterres.  Elles travaillent désormais 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, pour évaluer les besoins humanitaires et intensifier la fourniture d’une aide vitale à ceux qui ont désespérément besoin de protection et d’abri. 

Nous sommes pleinement engagés à rester et à apporter notre aide à toutes les personnes touchées par ce conflit meurtrier dans tout le pays, a assuré le Secrétaire général.  À cet égard, il a mis en avant trois actions concrètes de l’Organisation.  Tout d’abord, l’allocation de 20 millions de dollars du Fonds central d’intervention d’urgence pour soutenir les opérations d’urgence le long de la ligne de contact dans les « oblasts » de Donetsk et Louhansk, dans l’Est, et dans d’autres régions du pays.

Ensuite, M. Guterres a annoncé avoir désigné une personne en charge de la crise qui sera aidée par le Coordonnateur résident et l’équipe de pays de l’Ukraine.  Enfin, deux appels coordonnés d’urgence pour l’Ukraine et la région seront lancés pour répondre aux besoins humanitaires croissants à l’intérieur du pays en raison des déplacements internes des populations, ainsi qu’aux besoins des personnes traversant les frontières internationales pour chercher refuge dans les pays voisins.

Alors que nous intensifions nos efforts, a insisté le Secrétaire général, il est essentiel que la sûreté et la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé en Ukraine soient assurées, conformément au droit international, et que l’accès humanitaire aux populations vulnérables soit garanti.  À cet égard, il a appelé toutes les parties à respecter leurs obligations et à permettre la liberté de mouvement du personnel humanitaire et faciliter l’accès sûr et sans entrave à l’aide humanitaire.  Il a également exhorté la communauté internationale à se mobiliser pour soutenir les appels de fonds. 

« L’aide humanitaire est essentielle.  Mais ce n’est pas une solution.  C’est un symptôme du conflit.  La seule solution c’est la paix », a martelé M. Guterres.

L’attaque contre l’Ukraine est une attaque contre le droit international et la Charte des Nations Unies, a-t-il insisté, mettant en garde contre certaines conséquences possibles et terrifiantes d’une aggravation du conflit.  Le Secrétaire général a aussi évoqué les répercussions économiques de la crise qui auront un impact généralisé, appelant chaque État Membre à se montrer à la hauteur des principes de la Charte.

Les armes parlent maintenant, mais la voie du dialogue doit toujours rester ouverte, a—t-il plaidé.  Il n’est jamais trop tard pour s’engager dans des négociations de bonne foi et pour aborder toutes les questions pacifiquement.  Le Secrétaire général a espéré que les pourparlers directs qui ont lieu actuellement entre les délégations ukrainienne et russe produiront non seulement un cessez-le-feu immédiat, mais qu’ils ouvriront la voie à une solution diplomatique.

L’humanité ne peut pas se permettre de s’inscrire dans un état d’esprit tel que celui-là, a conclu M. Guterres.  Partout dans le monde, les gens manifestent et exigent la fin de cette guerre.  La population ukrainienne veut et mérite la paix, de même que la population russe.  « La paix, maintenant! » a-t-il encore demandé.  

Débat sur la question

M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a déclaré que, pour la première fois depuis la création de l’ONU, il y avait une guerre au cœur de l’Europe.  Il a dénoncé l’attaque de la Russie contre l’Ukraine, avec l’appui du Bélarus, la comparant à une autre attaque, « menée par un homme dans son bunker » avant d’ajouter: « Et nous savons ce qui est advenu de cet homme dans son bunker en 1945 ».  M. Kyslytsya s’est ensuite exprimé en russe pour lire les messages angoissés envoyés par un soldat russe à sa mère, avant de trouver la mort en Ukraine.  Il a ensuite appelé à imaginer l’ampleur de la tragédie qui se déroule en Ukraine et l’ampleur des pertes en vies humaines.  Pour illustrer les pertes russes, il a demandé à chaque délégué de l’Assemblée d’imaginer à leurs côtés 30 âmes de soldats russes tués.  Des centaines d’Ukrainiens ont aussi été tués.  « Imaginez ces morts à côté de vous. »

S’exprimant de nouveau en langue anglaise, le représentant a dressé un parallèle entre l’agression russe et le début de la Seconde Guerre mondiale.  La démarche de la Russie est très similaire à celle de ses mentors il y a 80 ans, a-t-il dit.  Il a ensuite souligné la difficulté d’évaluer les pertes en vies humaines, avant de mentionner la tenue en cours de pourparlers à la frontière du Bélarus.  Il a aussi estimé que les risques liés à la situation actuelle étaient encore décuplés par l’ordre donné par le Président Putin de mettre en alerte les forces de dissuasion nucléaires russes.  « Si Putin veut se suicider, il ne doit pas utiliser l’arme nucléaire mais faire ce qu’a fait cet homme à Berlin en 1945 », a poursuivi M. Kyslytsya.  Le représentant ukrainien a ensuite refusé la logique russe selon laquelle le Conseil de sécurité ne serait pas impartial vis-à-vis de la Russie.  Pour lui, « le seul coupable, c’est la Russie ».  Il a ensuite détaillé l’attaque de la Russie contre son pays, avec les tirs de missiles balistiques et des destructions d’infrastructures civiles.  La Russie cible des orphelinats, des ambulances, des bus remplis de civils, a-t-il accusé, ajoutant que 352 civils, dont 16 enfants, avaient été tués en Ukraine à ce jour.

L’Assemblée générale doit exiger de la Russie qu’elle cesse son agression contre l’Ukraine, un pays souverain et indépendant, et qu’elle retire ses troupes, a déclaré le représentant.  Il a aussi demandé que l’Assemblée condamne le rôle du Bélarus qui a facilité cette agression.  « C’est le moment d’agir et d’aider l’Ukraine, qui paie en ce moment le prix ultime pour sa liberté mais aussi pour la liberté du monde », a-t-il poursuivi, avertissant que si la paix et la démocratie ne survivent pas en Ukraine, elles ne survivront pas dans le monde.  « Nous pouvons sauver l’Ukraine, l’ONU, la démocratie et ses valeurs pour lesquelles les Ukrainiens se battent au prix de leur vie », a conclu le représentant. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a constaté que, ces derniers jours, la question de l’Ukraine dominait le champ de l’information et occupait une place centrale au Conseil de sécurité et aujourd’hui à l’Assemblée générale, ajoutant que les actions de la Fédération de Russie faisaient l’objet de « désinformation ».  Les causes profondes de la crise actuelle en Ukraine sont de son propre fait, a affirmé M. Nebenzia, qui a accusé les autorités de Kiev de n’avoir eu de cesse de saboter les accords de Minsk de 2015.  Ces accords demandent notamment un dialogue direct avec Donetsk et Louhansk, or Kiev n’a jamais accepté ce dialogue ni le statut spécial du Donbass, a-t-il précisé.  

Les provocations de l’Ukraine contre le Donbass se sont renforcées et, en février, les responsables de ces régions se sont tournées vers la Fédération de Russie pour demander de l’aide, a poursuivi M. Nebenzia, qui a ajouté que les autorités ukrainiennes avaient été armées ces derniers jours par une série d’États, ce qui a alimenté l’intensification des frappes aériennes et les diversions dans ces territoires ainsi que l’afflux de réfugiés en Russie.  Mais « nos collègues occidentaux ne veulent pas le voir ou en parler et semblent penser que les habitants du Donbass se bombardent eux-mêmes », a-t-il poursuivi.  « C’est comme si pour eux, ces quatre millions de personnes n’existaient pas », s’est indigné le représentant, avant d’assurer que la Fédération de Russie n’avait « pas de plan d’occupation de l’Ukraine » et que son « opération militaire spéciale » avait pour objectif principal de protéger les habitants de ces deux territoires, « ce qui passe par la démilitarisation et la dénazification de l’Ukraine ».  Le représentant a ensuite rappelé à l’Ukraine et à la communauté internationale les obligations des autorités de Kiev à l’égard des habitants du Donbass au regard du droit international.

Par ailleurs, l’Ukraine cherche également à intégrer l’OTAN et a des velléités territoriales, a poursuivi M. Nebenzia.  Il a expliqué que l’intervention russe se basait sur l’Article 55 de la Charte, et que la Fédération de Russie cherchait à éviter une guerre mondiale.  Au lieu d’appeler Kiev à respecter ses engagements, les Occidentaux accusent la Fédération de Russie de ne pas respecter les accords de Minsk, « alors même que la Russie n’en fait pas partie », a-t-il souligné.  Et en attendant, les Occidentaux « inondent l’Ukraine de matériel militaire et d’armes » et poussent les soldats ukrainiens à les utiliser le long de la ligne de contact notamment, a-t-il encore accusé.  

Revenant sur la promesse faite par les États-Unis en 1990 de ne pas étendre l’OTAN vers l’Est, le représentant russe a rappelé que, depuis le Sommet de Bucarest en 2008, il était question pourtant que l’Ukraine et la Géorgie en deviennent membres, une idée que les nationalistes antirusses qui ont pris le pouvoir par un « coup d’État anticonstitutionnel » à Kiev ne cessent de poursuivre.  Pour la Fédération de Russie, l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN est une « ligne rouge », a mis à nouveau en garde le représentant.  Voilà pourquoi en 2021, la Fédération de Russie a proposé aux États-Unis et à l’OTAN des garanties de sécurité, demande qui est restée lettre morte, a regretté M. Nebenzia.

Alors que faire maintenant? s’est interrogé le représentant.  Pour M. Nebenzia, l’ONU doit rapprocher les points de vue des différents acteurs et agir selon la Charte.  « Toutefois, nos partenaires occidentaux ne souhaitent pas parler de ces questions calmement », a-t-il déploré.  Il a expliqué que la Fédération de Russie avait voté contre le projet de résolution présenté au Conseil de sécurité vendredi dernier, non à cause du projet lui-même « mais pour ce qu’il n’y avait pas ».  Si ce texte avait été équilibré, il aurait abordé les conditions de l’arrivée au pouvoir de « la junte ukrainienne », qui s’en est pris aux habitants du Donbass, celle-là même qui n’a pas respecté les accords de Minsk depuis, s’est-il indigné.  Comment oublier les mensonges des huit dernières années, les manifestants brûlés vifs à Odessa ou les snipers qui ont tiré sur des innocents au Donbass? a-t-il demandé.  Pour M. Nebenzia, toutes les enquêtes sur ces faits ont été enterrées.  Aujourd’hui, il faut une évaluation honnête des origines de la crise, a demandé M. Nebenzia, qui a cité la « carte blanche » donnée selon lui par les pays occidentaux aux autorités de Kiev ces huit dernières années.  Comment oublier l’arrivée d’armes occidentales utilisées contre le Donbass? a-t-il demandé.

M. Nebenzia a également dénoncé les « mensonges » qui circulent en ce moment dans les médias et qui font passer les attaques contre le Donbass comme étant des attaques russes.  « Nous ne prenons pas des écoles et des hôpitaux pour cible », a-t-il affirmé, ajoutant que la centrale nucléaire de Tchernobyl, qui est contrôlée par les forces russes, restait gérée par des équipes ukrainiennes et ne posait donc pas de problème.  

Pour la Fédération de Russie, la responsabilité de cette crise repose sur « les autorités du Maïdan », et les Ukrainiens sont aussi sous la menace de « radicaux criminels » qui utilisent des armes contre leurs propres citoyens, « ce qui est documenté ».  Le représentant a également fait état du renforcement du néonazisme en Ukraine, en affirmant que ces groupes ont été armés par les autorités de Kiev ces derniers jours.  Le Président ukrainien, qui est parvenu au pouvoir « suite à un coup d’État en 2014 », a appelé à s’en prendre aux Russes sur l’ensemble du territoire, a assuré M. Nebenzia et ce, alors même que 16% de la population ukrainienne est d’origine russe.  Aujourd’hui, c’est une guerre d’information qui est menée contre la Fédération de Russie en Ukraine, a-t-il poursuivi, en citant notamment la capture d’écran présentée par le représentant ukrainien à l’Assemblée générale « qui fait partie des fausses informations qui circulent sur les réseaux sociaux ».  

Enfin, M. Nebenzia s’est indigné contre les insinuations selon lesquelles le Conseil de sécurité ne serait pas en mesure de trouver une solution viable à ce conflit, qualifiant cet argument de « tentative pour contourner la Russie ».  

M. BJÖRN OLOF SKOOG, de l’Union européenne, a exprimé la solidarité et le soutien sans réserve de l’Union européenne (UE) à l’Ukraine et à son peuple, qui luttent courageusement contre une agression militaire « non provoquée et injustifiée » de la part de la Fédération de Russie.  La situation s’est considérablement aggravée, malgré des efforts diplomatiques inlassables, y compris au plus haut niveau, a-t-il déploré.  « La Russie a décidé de tourner le dos à la paix, à l’ordre international fondé sur des règles tel que défini entre autres dans la Charte des Nations Unies, à la diplomatie et à la communauté internationale. »  L’attaque militaire de la Russie contre l’Ukraine a déjà causé un nombre alarmant de morts, de blessés, de personnes déplacées et de réfugiés, a poursuivi le délégué.  S’il a condamné avec la plus grande fermeté l’invasion de l’Ukraine par les forces armées de la Russie, en violation de l’indépendance, de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, M. Skoog a condamné également l’implication du Bélarus dans cette agression.  « Nous appelons la Russie et le Bélarus à respecter leurs obligations internationales. »

« Nous sommes également alarmés par le relèvement du niveau d’alerte nucléaire par la Russie », a poursuivi le délégué européen.  L’UE appelle la Russie à désamorcer et à revenir immédiatement au niveau d’alerte précédent de son arsenal nucléaire et à éviter toute action qui pourrait compromettre la sûreté ou la sécurité des centrales nucléaires en Ukraine, un État non doté d’armes nucléaires dans le cadre de la Traité sur la non-prolifération (TNP).  L’UE exige de la Russie qu’elle cesse ses opérations militaires « immédiatement et sans condition » et qu’elle retire toutes ses forces et tous ses équipements militaires de l’ensemble du territoire ukrainien à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues.  Elle appelle en outre la Russie à engager sérieusement le dialogue en vue d’une solution politique et diplomatique.  Selon M. Skoog, « il s'agit sans doute de la plus grande agression en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ».  Elle fait suite, a-t-il rappelé, à une agression russe similaire contre ses voisins en 2008 et 2014.  « Nous soulignons notre ferme soutien à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Géorgie et de la République de Moldova et suivons de près la situation dans la région. »

M. Skoog a fait valoir que l’Assemblée générale a la responsabilité de reconnaître immédiatement et efficacement les actions de la Russie et d’y répondre.  « Ne pas le faire érodera la confiance dans l’ordre mondial fondé sur des règles avec l’ONU en son centre et la Charte des Nations Unies elle-même », a-t-il mis en garde.  Cela enverrait le mauvais message aux auteurs d’une telle agression et aggraverait des risques similaires pour les autres États Membres de l’ONU dans la région et au-delà.

Évoquant une grave catastrophe humanitaire, M. Skoog a indiqué que l’UE et ses États membres fournissent une aide humanitaire d’urgence à la population ukrainienne et à la République de Moldova - vers laquelle plus de 56 000 Ukrainiens ont fui.  Nous appelons la Russie et les formations armées soutenues par la Russie à respecter le droit international, y compris le droit international humanitaire, a-t-il relayé.  Les civils et les infrastructures civiles doivent être protégés et l’accès humanitaire doit être sécurisé.  « Nous appelons la Russie et les formations armées soutenues par la Russie à permettre un accès humanitaire sûr et sans entrave et à mettre fin à leur campagne de désinformation et à leurs cyberattaques. » 

M. Skoog a rappelé le soutien indéfectible de l’UE à l’indépendance, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues et appelé tous les membres de l’ONU à ne pas reconnaître les deux entités séparatistes autoproclamées.  L’UE a réagi rapidement et de manière décisive à la reconnaissance par la Russie des entités séparatistes autoproclamées de l’Ukraine et à l’invasion de l’Ukraine en adoptant des mesures restrictives.  Nous avons l’intention de prendre de telles mesures contre le Bélarus, a-t-il annoncé.

Nous sommes aujourd’hui à un moment crucial et historique, a insisté le délégué européen.  « Nous devons agir. »  Après l’échec du Conseil de sécurité la semaine dernière, l’Assemblée générale a la responsabilité d’envoyer un message fort et uni sur la nécessité pour la Russie de cesser ses opérations militaires, de retirer ses troupes et d’opter pour un véritable dialogue.  M. Skoog a appelé la Russie à éviter, en particulier, toute action mettant en danger la sûreté et la sécurité des installations ukrainiennes de déchets nucléaires et radioactifs.  De son côté, a-t-il assuré, l’UE continuera à apporter un soutien politique, financier, humanitaire et logistique à l’Ukraine.

Intervenant au nom des huit pays baltes et nordiques, M. MARTIN BILLE HERMANN (Danemark) a condamné le plus fermement possible « l’invasion » de l’Ukraine par la Russie, qu’il a qualifiée d’horrible tragédie et de violation grave de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance de l’Ukraine.  « Aujourd’hui et jusqu’à ce que la paix soit rétablie en Ukraine, nous serons aux côtés de l’Ukraine », a assuré le représentant, avant de s’inquiéter des conséquences mondiales de cet acte.  Il a souligné que des sanctions avaient déjà été mises en œuvre pour saper les capacités du Président Putin de financer cette guerre avant d’exhorter chaque nation à voir comment elle peut aider l’Ukraine.  Il s’est dit scandalisé par les attaques aveugles contre les civils en exhortant la Russie à respecter le droit international humanitaire et les droits humains.  Afin que cette guerre insensée cesse, il a également exhorté la Russie à retirer toutes ses forces d’Ukraine et à revenir sur la voie de la raison. 

Le représentant a averti que chaque mort de civil et chaque crime de guerre serait enregistré et que tout serait mis en œuvre pour que leurs auteurs rendent des comptes.  Il a jugé inacceptable le veto opposé par la Fédération de Russie à la résolution du Conseil de sécurité appelant à la fin des hostilités en rappelant que la légitimité était dans le nombre.  C’est pourquoi il a souhaité que le projet de résolution qui doit être présenté à l’Assemblée générale fera avancer les choses.

« La Russie poursuit jour après jour son œuvre de destruction en Ukraine », a déclaré M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France).  La Russie conduit cette agression armée en violation des principes les plus fondamentaux de la Charte des Nations Unies que tous les membres de cette Assemblée sont dans l’obligation de respecter, a poursuivi le délégué.  « Elle abuse de son statut de membre permanent du Conseil de sécurité en ayant opposé son veto, vendredi, à une résolution coparrainée par 82 États. »  Il a souligné la responsabilité historique que porte l’Assemblée générale aujourd’hui.  « Celle de relayer haut et fort la voix des citoyens qui, sur tous les continents et y compris en Russie, demandent l’arrêt immédiat de cette guerre et le retrait de l’armée russe du territoire ukrainien. »

Le délégué a indiqué que la France soutient les efforts en cours au sein de cette Assemblée pour préparer une résolution demandant à la Russie de mettre un terme à l’agression et de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  La France appelle tous les membres de cette Assemblée à voter pour ce texte parce que, au-delà de l’Ukraine, il s’agit de défendre la Charte et la raison d’être des Nations Unies, a poursuivi le délégué de la France.  « Soyons clairs: face à l’agression armée contre un peuple, face aux victimes civiles chaque jour plus nombreuses, face au flot de ceux contraints de tout quitter pour chercher un refuge, nul ne peut détourner le regard. »  Enfin, le délégué a estimé que « l’abstention n’est pas une option ».  S’abstenir c’est consentir à la loi du plus fort, a-t-il conclu.

Pour Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni), « les faits parlent d’eux-mêmes »: la Fédération de Russie a envahi l’Ukraine sans provocation, sans justification.  Elle a noté que les Ukrainiens se battent en ce moment pour leur pays et que les conséquences humanitaires sont déjà immenses.  Des nouveau-nés naissent dans des abris anti-bombes et des attaques indiscriminées visent des civils ukrainiens, dont sept millions sont aujourd’hui déplacés.  La réponse internationale face aux actions de la Fédération de Russie a été immédiate et ferme, a souligné la représentante, en exhortant la communauté internationale à s’élever pour garantir l’application du principe de responsabilité, à défaut de quoi l’ordre international fondé sur des règles serait en péril.  Le Royaume-Uni a également condamné le rôle joué par le Bélarus.  Son pays a fait part de son appui infaillible à l’Ukraine, a déclaré Mme Woodward avant d’appeler le Président Putin à mettre fin à cette « guerre insensée ».  Enfin, elle a demandé à tous les États Membres de parler d’une seule voix pour défendre la Charte des Nations Unies.

Les États Membres de l’ONU sont aujourd’hui rassemblés à l’Assemblée générale parce que le Conseil de sécurité n’a pas été en mesure de préserver la paix et sécurité internationales, a noté M. KAHA IMNADZE (Géorgie).  Selon lui, l’utilisation de la force armée par un État Membre contre la souveraineté, l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique d’un autre État Membre viole l’Article 2 4) de la Charte des Nations Unies et constitue un acte d’agression.  Après avoir condamné l’agression russe en Ukraine, M. Imnadze a rappelé que l’agression militaire à grande échelle de la Russie contre la Géorgie en 2008 aurait dû servir de signal d’alarme pour tous.  « Hélas, il n'a pas été possible d’empêcher un scénario similaire de se dérouler quelques années plus tard en Ukraine », a regretté le représentant avant de souligner que la guerre est dévastatrice pour ceux qui la vivent, et qu’elle se transmet « de génération en génération ».  Il a ajouté que les principes fondamentaux inscrits dans la Charte des Nations Unies, l’Acte final d’Helsinki, la Charte de Paris pour la nouvelle Europe et les engagements du Mémorandum de Budapest ne sont « ni négociables ni sujets à révision par un pays, quelle que soit sa taille et sa puissance ».   

L’acquisition de territoire par l’usage de la force ou la menace de le faire est illégale et inadmissible, a continué M. Imnadze.  Il faut demander à la Fédération de Russie de cesser immédiatement ses activités militaires et de retirer toutes ses forces et tous ses armements d’Ukraine.  Il a jugé indispensable d’autoriser l’accès immédiat à tous les mécanismes internationaux humanitaires et des droits de l’homme partout où cela est nécessaire sur l’ensemble du territoire ukrainien.  De plus, la Russie doit annuler les décisions relatives au statut des régions ukrainiennes de Donetsk et Louhansk et de la Crimée, et en faire de même en ce qui concerne les territoires occupés par la Russie en Géorgie.  Le représentant a exhorté tous les États à appuyer le projet de résolution présenté à l’Assemblée, « pour l’avenir de l’ordre fondé sur des règles ».  « Je vous demande de voter en faveur du projet proposé, de voter pour sauver les générations futures du fléau de la guerre, de voter pour l’ONU », a-t-il insisté avant de réitérer le soutien indéfectible de son pays à l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, y compris la Crimée et le Donbass, et aux droits de navigation de l’Ukraine dans ses eaux territoriales.

M. KRZYSZTOF MARIA SZCZERSKI (Pologne), Président en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a appelé à un cessez-le-feu immédiat en Ukraine pour permettre aux organisations humanitaires de fournir de l’aide.  La Pologne, qui accueille 300 000 réfugiés ukrainiens, est confrontée à l’une des plus grandes crises humanitaires en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, a-t-il expliqué.  Les frontières polonaises restent ouvertes, nos missions diplomatiques aident ceux qui cherchent refuge en Pologne, a-t-il ajouté.  Les ressortissants de tous les pays qui ont souffert de l’agression russe, ou dont la vie est en danger, peuvent chercher refuge dans mon pays.  Sur les 125 nationalités fuyant l’Ukraine, 100 ont des passeports russes dont des étudiants, a précisé M. Szczerski.  

M. Szczerski a dénoncé la désinformation suggérant des pratiques discriminatoires à la frontière polono-ukrainienne, qui seraient fondées sur la race ou la religion.  C’est une grave insulte contre la Pologne, a accusé le représentant, ajoutant que le Gouvernement avait organisé des trains spéciaux pour les personnes âgées et les mères avec de jeunes enfants, ainsi que des convois avec des fournitures et de l’aide médicale.  

Le Gouvernement polonais a préparé 7 000 lits dans 20 hôpitaux pour les blessés et les malades, a poursuivi le représentant, qui a annoncé que les premiers bébés réfugiés ukrainiens étaient nés dans son pays.  La Pologne est prête à coopérer étroitement avec le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies, le Comité international de la Croix-Rouge et toute autre organisation humanitaire afin d’alléger le fardeau des civils visés par l’agression russe, a encore indiqué le représentant, qui s’est dit « fier » de l’élan de volonté spontanée d’aider démontré par les individus, avec les familles polonaises qui ouvrent leurs maisons aux réfugiés, qui offrent des vêtements, de la nourriture et de l’hébergement.  Des milliers de voitures privées viennent de toute la Pologne pour récupérer ceux qui ont traversé la frontière.  Les Polonais font la queue pendant des heures pour donner du sang, a-t-il ajouté.  L’ampleur de l’aide offerte était si grande que le Gouvernement a ouvert un site web dédié pour « Aider l’Ukraine » où les volontaires peuvent s’inscrire et obtenir des conseils sur les personnes dans le besoin. 

Dans ce conflit, a annoncé M. Szczerski, la Pologne n’est peut-être pas une superpuissance géopolitique, mais elle entend être une superpuissance de la solidarité.  C’est ainsi que nous voulons changer la triste réalité pour le mieux, a-t-il ajouté.  La Pologne maintient ouverts son ambassade et ses consulats.  Le représentant a terminé en citant le romancier russe Fiodor Dostoïevski qui, dans Crime et châtiment, écrit que « quand quelqu’un, tout comme Raskolnikov, pense qu’il est exceptionnel et libre d’obligations morales, et se sent donc en droit de commettre un crime de meurtre, à la fin, il fait face à la punition du crime lui-même.  Parce que commettre un crime est déjà la plus grande punition.  Il n’y a pas de crime sans punition ».  

Pour M. ALEXANDER MARSCHIK (Autriche), ce que subit l’Ukraine ne nous autorise pas à rester silencieux.  En effet, a poursuivi le représentant, depuis le début de l’agression russe contre le territoire ukrainien, nous sommes témoins d’attaques, de souffrances humaines terribles et de décès.  En tant que principal responsable du maintien de la paix et de la sécurité, le Conseil de sécurité ne peut pas rester silencieux lorsque les principes fondamentaux de l’ordre international sont foulés au pied et réduits à néant par des chars.  De fait, la situation a été bloquée par l’application du droit de veto par un membre permanent et ce, malgré 81 États Membres qui se s’étaient portés coauteurs du projet de résolution présenté au Conseil.  

Si au XXIe siècle, le Conseil de sécurité est bloqué face à une situation qui constitue une violation flagrante du droit international, alors il est en droit de se demander si ce système permet encore de bien réguler nos relations internationales, a poursuivi le représentant. 

Pour M. Marschik, la réunion d’aujourd’hui reste toutefois positive car l’Assemblée générale est présente pour assumer son rôle lorsque le Conseil de sécurité ne s’acquitte pas de son mandat. 

Le représentant a exhorté l’ensemble des États Membres à voter en faveur du projet de résolution condamnant « l’agression russe » contre l’Ukraine et de montrer ainsi sa solidarité.  En votant « oui », nous démontrons que ces actes odieux et terrifiants ne sont pas tolérés par la communauté internationale et à l’Ukraine et aux Ukrainiens qu’ils ne sont pas seuls, a ajouté M. Marschik.  À ceux qui diront que c’est une question d’ordre régional, une question européenne, le représentant a rappelé que, dans un monde interconnecté, il n’existe qu’une seule région et que la question à l’ordre du jour a une portée internationale.

M. JAKUB KULHÁNEK (République tchèque) a demandé à la Russie de cesser immédiatement ses actions militaires et de retirer ses forces du territoire ukrainien.  Un membre permanent du Conseil mène une guerre contre un autre membre de l’ONU, a déploré le représentant, qui y a vu une violation manifeste de la Charte.  Il a accusé le Président Putin d’avoir rejeté les offres d’un règlement diplomatique pour lancer « une conquête sauvage », source de souffrances indicibles pour le peuple ukrainien.  « Je veux être très clair, la Russie et son peuple ne sont pas sous la menace de l’Ukraine ou de l’OTAN », a-t-il affirmé.  Il a apporté le soutien inébranlable de son pays à la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance de l’Ukraine, au sein de ses frontières internationalement reconnues, y compris la Crimée annexée illégalement.  « C’est pourquoi nous appuyons pleinement le projet de résolution » présenté par l’Ukraine, a-t-il conclu.

« Chaque vie perdue est une de trop; nos pensées sont avec les victimes et leurs familles », a déclaré Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) avant d’exprimer la solidarité de son pays avec le peuple ukrainien et ses autorités démocratiquement élues.  La Suisse a soutenu le projet de résolution au Conseil de sécurité visant à mettre fin aux hostilités et à rétablir le droit international, a-t-elle précisé, estimant que le blocage de cette résolution par le veto d’un membre permanent était contraire à l’Article 27 de la Charte.  La Fédération de Russie, en tant que partie au conflit, aurait dû s’abstenir de voter, a affirmé la représentante avant de dire le plein soutien de la Suisse au projet de résolution présenté par l’Ukraine à l’Assemblée générale et d’appeler tous les États Membres à faire de même.

La Suisse condamne fermement l’attaque de la Russie contre l’Ukraine.  Elle est également préoccupée par l’utilisation du territoire bélarussien pour mener cette opération militaire.  Les tentatives russes pour légitimer son action ne sont pas crédibles, a estimé la représentante, ajoutant qu’il n’y avait eu aucune provocation permettant de justifier une telle attaque.  Dès lors, la Suisse appelle la Russie, comme tous les États dotés d’armes nucléaires, à s’abstenir de toute menace d’utilisation de ces armes, voire de leur utilisation.  La Russie vient de se joindre à une déclaration des P5 qui réaffirmait qu’une guerre nucléaire ne peut être gagnée, ne doit jamais être menée, a rappelé la représentante, avant de réitérer le plein soutien de la Suisse à l’indépendance, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues.

« La Suisse est solidaire », elle s’est engagée à mobiliser des ressources supplémentaires pour répondre aux besoins humanitaires en Ukraine et dans la région, a poursuivi la représentante.  Conjointement avec ses partenaires européens, elle maintiendra sa longue tradition d’accueil pour les réfugiés et entend reprendre les sanctions de l’Union européenne contre la Russie, afin d’en renforcer l’impact.

Les États Membres de l’ONU sont rassemblés aujourd’hui à l’Assemblée générale parce que le Conseil de sécurité n’a pas été capable vendredi dernier de condamner les actions de la Fédération de Russie visant à envahir l’Ukraine, a fait remarquer Mme CAROLYN JANE WEATHERALL SCHWALGER (Nouvelle-Zélande).  « L’utilisation du droit de veto par la Russie, alors qu’elle est non seulement partie à ce conflit, mais qu’elle en est aussi la cause directe, est une honte », a scandé la représentante avant de rappeler que la Nouvelle-Zélande est opposée au droit de veto des cinq membres permanents du Conseil de sécurité.  Son pays, a-t-elle précisé, a également étendu son interdiction de voyager aux membres clefs du Gouvernement bélarussien et il contribuera financièrement à la réponse humanitaire internationale, en examinant toutes les options disponibles pour soutenir une telle réponse.  En bref, Mme Schwalger a exhorté la Russie à agir conformément à ses obligations internationales; à cesser ses opérations militaires en Ukraine; à se retirer définitivement pour éviter une perte catastrophique et inutile de vies innocentes; à prendre toutes les mesures possibles pour protéger les civils conformément au droit international humanitaire; et enfin à revenir aux négociations diplomatiques comme voie de résolution de ce conflit.

Mme MARKOVA CONCEPCIÓN JARAMILLO (Panama), qui s’exprimait également au nom du Costa Rica et de la République dominicaine, en tant que pays membres de l’Alliance pour le développement en démocratie, a condamné le recours à la force et la violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine par la Fédération de Russie.  L’Alliance, a-t-elle indiqué, appuie l’appel du Secrétaire général de l’ONU à la cessation des hostilités, à la retenue et à la raison, et au respect du droit international humanitaire.  De même, la représentante a réaffirmé que tous les efforts devraient viser à permettre un accès rapide, sûr et sans entrave de l’aide humanitaire à ceux qui en ont besoin en Ukraine, afin de protéger les civils, y compris le personnel humanitaire et les personnes en situation vulnérable, notamment les enfants.  La grave situation que représente le déplacement de milliers d’Ukrainiens à la recherche d’un refuge dans les pays voisins est un défi qui s’ajoute à la pandémie de COVID-19.  Pour finir, elle a plaidé en faveur du retour à la négociation et au dialogue diplomatique, et pour que la promotion de la paix et le respect du multilatéralisme soient au cœur des actions.

M. ZHANG JUN (Chine) a déclaré que la situation était très changeante et évolutive, avant d’appeler les parties à la retenue, afin d’éviter le pire.  Le représentant a invité à redoubler d’efforts pour trouver une solution pacifique à la crise.  Pour la Chine, l’Ukraine devrait être un point de communication entre l’Est et l’Ouest et non un point de rivalités.  M. Zhang a demandé aux deux parties de réunir des conditions propices pour résoudre le problème.  L’objectif est la paix régionale et la sécurité universelle, a-t-il rappelé. 

Appelant à faire baisser la tension, le représentant s’est prononcé contre les mesures qui pourraient au contraire les exacerber.  La Chine, qui appuie les efforts humanitaires, demande que la sécurité des civils soit garantie.  En tant que membre du Conseil de sécurité, la Chine s’acquitte de ses responsabilités.  Elle a demandé à respecter l’intégrité et la souveraineté de tous les pays ainsi que les principes de la Charte des Nations Unies.  La guerre froide est finie, a assuré le représentant, pour qui toute mentalité de guerre doit être abandonné.  Nous avons tout à perdre d’une guerre froide, a prévenu M. Zhang, pour qui la sécurité de tous les pays doit être garantie.  Le représentant a dit soutenir les efforts en faveur d’un mécanisme de paix durable en Europe. 

Mme LACHEZARA STOEVA (Bulgarie) a demandé à la Fédération de Russie de mettre immédiatement fin à ses actions militaires, de retirer sans condition ses forces et son matériel militaire de l’ensemble du territoire de l’Ukraine et de respecter pleinement l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance de l’Ukraine.  « L'utilisation de la force et de la coercition pour modifier les frontières n’a pas sa place au XXIe siècle », a martelé la représentante.  Les tensions et les conflits doivent être résolus exclusivement par le dialogue et la diplomatie.  De même, la Bulgarie condamne fermement l’implication du Bélarus dans cette agression, y compris le fait que ce pays ait permis que son territoire serve de point d’appui à l’agression russe.  « Nous ne pouvons pas rester sourds lorsqu’un acte d’agression est perpétré contre une nation souveraine et éprise de paix », a poursuivi Mme Stoeva.  « Aujourd’hui, c’est contre l’Ukraine; demain, ce pourrait être contre n’importe lequel d’entre nous », a-t-elle mis en garde. 

« Nous sommes réunis aujourd’hui dans des circonstances extraordinaires, des circonstances qui défient la raison mais qui sont malheureusement la réalité.  Et cette réalité, c’est que la Fédération de Russie, membre permanent du Conseil de sécurité, exécute un acte d’agression contre l’Ukraine, membre fondateur de l’ONU. »  La Bulgarie condamne avec la plus grande fermeté cette agression militaire non provoquée et injustifiée, qui constitue une violation flagrante du droit international et des principes de la Charte, a poursuivi la représentante.  Selon elle, la Russie porte l’entière responsabilité de cette agression et de toutes les destructions et pertes de vies humaines, et ses dirigeants doivent en répondre.  La décision du Conseil de sécurité de renvoyer l’affaire à l’Assemblée générale en convoquant une session spéciale d’urgence démontre la volonté du Conseil de faire tout son possible pour remédier à cette situation. 

M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a salué la convocation de cette Assemblée, laquelle doit faire entendre sa voix face à une telle menace à la paix.  Il a apporté le soutien de son pays à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine, avant de condamner l’agression russe.  Le Bélarus, « complice de cette attaque », doit aussi être condamné, a dit le délégué, en mentionnant les sanctions prises par l’Union européenne contre la Russie et le Bélarus.  Il a demandé à la Russie de retirer ses troupes et souligné la nécessité d’un règlement pacifique d’une situation qui « hypothèque la nature même des relations internationales ».  Enfin, il a précisé l’aide de 1 million d’euros apportée par son pays à l’Ukraine et demandé un accès humanitaire sans entrave.

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a estimé que l’heure était déterminante tant pour l’ONU que pour le monde.  Nous sommes témoins d’une escalade grave des tensions qui pourrait mettre en cause la sécurité dans le monde, a-t-il mis en garde, ajoutant qu’il était toutefois encore temps de l’éviter.  Le Brésil regrette que le Conseil de sécurité, dont il est membre, n’ait pas épuisé tous les outils à sa disposition pour parvenir à une solution pacifique à la crise en Ukraine.  Le représentant a insisté sur le fait que personne ne saurait remettre en cause le rôle principal du Conseil de sécurité dans le maintien de la paix dans le monde, ni le rôle complémentaire de l’Assemblée générale.  L’heure est venue pour les organes principaux de l’ONU de coopérer afin de préserver le monde du fléau de la guerre, s’est-il exclamé, parce que « les événements actuels, s’ils ne sont pas endigués, pourraient avoir des conséquences graves pour le monde ».  

Le représentant est revenu sur le face à face entre la Fédération de Russie et l’OTAN au fil des ans, et le refus de prendre en compte les préoccupations de sécurité de la Fédération de Russie, tout en insistant sur le fait que cela ne saurait en aucun cas justifier les violations de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Ukraine.  Appelant à un cessez-le-feu immédiat, il a demandé à tous les acteurs de réévaluer le bien-fondé de l’envoi massif d’armes à l’Ukraine.  « Il nous faut des mesures constructives et non pas des mesures qui risquent de prolonger le conflit et d’aggraver la crise humanitaire », a-t-il dit.  Constatant que les besoins humanitaires sont immenses et que la perspective d’hostilités dans des zones peuplées sont alarmantes, le Brésil a exhorté les parties à tout faire pour protéger les civils et les infrastructures civiles, garantir la protection des réfugiés et des personnes déplacées et accorder un accès sans entrave aux acteurs humanitaires.  

M. Costa Filho a exprimé la solidarité du Brésil avec toutes les familles qui ont déjà perdu des proches dans ce conflit ainsi qu’à celles qui vivent dans la peur.  L’Assemblée générale a rarement été convoquée au titre de cette résolution « Unis pour la paix », a noté le représentant en soulignant l’attachement de la communauté internationale à une solution pacifique à la crise en Ukraine à travers la voie diplomatique et le respect des préoccupations légitimes des uns et des autres et du droit international.

M. Robert Keith Rae (Canada)a dénoncé la guerre d’agression « inacceptable et injustifiable » de la Fédération de Russie contre l’Ukraine et a estimé que la Russie cherchait à détruire la liberté d’un peuple et d’une nation souveraine.   Il a regretté que la Russie ait eu recours à un droit de vote qu’il a jugé illégitime pour s’opposer à l’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité vendredi dernier.   

Le représentant a rappelé que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité s’étaient retrouvés en janvier dernier pour rappeler que le recours aux armes nucléaires ou à la menace du recours à l’arme nucléaire était inacceptable, et a prévenu que personne ne serait gagnant d’une telle confrontation.   M. Rae a estimé que l’adoption par l’Assemblée générale du projet de résolution présenté par l’Ukraine donnait la possibilité aux membres des Nations Unies de s’unir pour défendre un peuple libre et rejeter la logique diabolique qui consiste à dire que le plus puissant a raison.  Il s’en est aussi pris au Bélarus, estimant qu’il avait lui aussi violé la Charte des Nations Unies en permettant à la Russie de passer par son territoire pour envahir l’Ukraine.   

 Alors que les forces russes continuent de pilonner des villes ukrainiennes et forcent des centaines de milliers de civils à fuir dans un froid glacial, M. Rae a dénoncé des actes constitutifs de crimes de guerre au regard du droit international humanitaire.  Il a qualifié de « fantaisistes » les accusations de génocide proférées par la Fédération de Russie.  « Quelles que soient les doléances sur un mauvais traitement de la minorité russe dans le Donbass, elles ne constituent en aucun cas une justification de la guerre », a martelé le représentant.  Il a assuré que son pays mettrait tout en œuvre pour aider l’Ukraine à faire face à cette terrible épreuve et pour s’assurer que tous ceux qui sont à l’origine de cette agression aient à rendre des comptes.  Enfin, il a particulièrement rendu hommage aux milliers de Russes qui ont pris le risque de manifester contre cette agression.  « Écartez votre main du bouton nucléaire et saisissez la réalité de notre époque », a encore lancé le représentant à l’intention du Président russe. 

M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a regretté que le Conseil de sécurité n’ait pas été en mesure de s’acquitter de sa principale responsabilité -le maintien de la paix et de la sécurité internationales- à cause du veto de la Fédération de Russie.  À l’Assemblée générale, tous les pays, même les petits pays, peuvent faire entendre leur voix, a-t-il souligné.  Pour sa part, Singapour défend ardemment le système multilatéral fondé sur des règles et son représentant a dénoncé l’invasion « non provoquée » de l’Ukraine par la Russie, une violation flagrante de la Charte des Nations Unies.  « Il s’agit d’une question de principe », a-t-il martelé, en expliquant que pour tous les petits États, dont le sien, c’est une question d’une importance fondamentale, voire existentielle parce qu’un ordre mondial où la force prévaut représenterait un danger énorme pour leur survie.  Le représentant a déploré l’opération militaire spéciale de la Fédération de Russie en Ukraine et s’est dit attristé par les pertes de vie humaines.  Il a demandé un accès sûr et sans entrave à l’assistance humanitaire en Ukraine ainsi que le respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de tous les États.  Il a donc exhorté la Russie à retirer ses troupes de l’Ukraine et à s’engager sur la voie de la diplomatie.  « Singapour va voter pour cette résolution en faveur du droit international », a-t-il conclu.  

M. CARLOS AMORÍN (Uruguay) a condamné l’invasion par la Fédération de Russie du territoire ukrainien.  Il est inacceptable que la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance de l’Ukraine ne soient pas respectées, a insisté le représentant, pour qui les principes et buts de la Charte des Nations Unies sont applicables à tous.  La reconnaissance des entités séparatistes de Donetsk et Louhansk par la Russie ainsi que le positionnement de forces militaires dans cette région faisant fi de frontières internationalement reconnues et la commission d’actes belliqueux sont une violation grave et injustifiable du droit international.

Pour finir, le représentant a exhorté les États Membres de l’ONU à condamner de tels actes et enjoint les parties concernées à régler leurs divergences de vues de façon diplomatique et pacifique.

M. MICHAL MLYNÁR (Slovaquie) s’est inquiété de la situation en Ukraine, une situation qui s’est développée « simplement parce que quelqu’un a décidé de déterminer l’avenir de personnes éprises de paix dans un pays voisin ».  La réunion d’aujourd’hui n’est rien d’autre que la conséquence directe de l’abus du droit de veto par un membre permanent du Conseil de sécurité, s’est indigné le représentant, « mais la Fédération de Russie ne pourra pas faire taire la voix de la communauté internationale et se soustraire à sa responsabilité ».  Où est votre conscience, a-t-il demandé aux autorités russes, où sont vos principes moraux?

Dénonçant la violation flagrante du droit international par la Fédération de Russie et le Bélarus qui a facilité cette agression de l’Ukraine, le représentant a reproché à la Fédération de Russie d’utiliser la Charte des Nations Unies comme « une serviette à la fin d’un repas ».  Il a exprimé la solidarité de la Slovaquie avec le peuple ukrainien et a rejeté les discours du Président Putin pour justifier ses actes.  La Slovaquie est favorable aux sanctions les plus fortes contre la Fédération de Russie, a-t-il dit avant de saluer le courage des citoyens russes qui s’opposent à cette intervention militaire russe. 

La Slovaquie persiste à défendre la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine et demande le retrait des troupes russes de toute l’Ukraine, y compris de la Crimée, de Donetsk et de Louhansk, a dit le représentant.  Il s’est dit préoccupé par la dégradation de la situation humanitaire de l’Ukraine et a fait savoir que la Slovaquie accueillait les réfugiés ukrainiens « dans nos maisons, dans nos foyers ».  La Slovaquie a d’ores et déjà facilité la fourniture de services de base à ces réfugiés, a précisé avec fierté le représentant, qui a ajouté que l’ambassade de Slovaquie à Kiev fournissait des services aux citoyens de pays tiers qui vivent en Ukraine.  Il a conclu en apportant le soutien de son pays à la résolution qui sera présentée à l’Assemblée générale. 

M. PHILIPPE KRIDELKA (Belgique) a dit son soutien indéfectible au respect de la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues.  Il a déploré l’usage par la Russie de son droit de veto sur la résolution soumise au Conseil de sécurité vendredi dernier et parrainée par 81 États Membres, dont la Belgique.  La Belgique, avec ses partenaires européens et en étroite concertation avec ses alliés, a adopté un train de sanctions inédit, a-t-il expliqué. 

« Utiliser l’Article 51 de la Charte des Nations Unies et le droit à la légitime défense comme prétexte pour légitimer une attaque militaire, comme le font les autorités russes, est inacceptable », a poursuivi le représentant avant d’appeler la Russie à mettre fin immédiatement et sans condition à cette violation flagrante des principes fondamentaux du droit international et de la Charte des Nations Unies et à retirer toutes ses troupes et équipements militaires du territoire ukrainien.  Il a aussi appelé le Bélarus à cesser sa participation dans cette attaque avant de se joindre à l’appel répété de la communauté internationale et du Secrétaire général pour un retour à la table des négociations et la recherche d’une solution diplomatique.

Alors que le bilan humain de l’offensive russe ne cesse de s’alourdir, M. Kridelka a appelé les parties au plein respect du droit international humanitaire et des droits humains.  « Tout doit être mis en œuvre pour la protection des civils et la protection des enfants doit constituer une priorité absolue », a dit le représentant avant de juger indispensable que les parties garantissent un accès humanitaire sûr et sans entrave.  Le représentant de la Belgique a annoncé une aide humanitaire supplémentaire de trois millions d’euros sous la forme d’aide d’urgence à l’Ukraine.  « L’heure est au choix et l’abstention n’est pas un choix », a insisté le représentant, avant d’exhorter tous les membres de l’Assemblée générale à voter en faveur de la résolution qui sera proposée lors de la session, afin de préserver l’ordre international fondé sur des règles.

Mme YOKA BRANDT (Pays-Bas) a apporté son appui à la souveraineté, l’intégrité territoriale et la liberté démocratique de l’Ukraine.  La représentante a condamné l’agression non provoquée et injustifiée de la Fédération de Russie, seule responsable.  Elle a condamné le Bélarus d’avoir facilité cette attaque qui, au regard du droit international, est également un acte d’agression.  C’est une attaque portée contre la Charte des Nations Unies qui a été rédigée pour éviter une telle invasion militaire.  L’Assemblée générale doit agir pour renforcer un ordre fondé sur des règles, a-t-elle poursuivi.  « Nous ne voulons pas vivre dans un monde où la raison du plus fort est toujours la meilleure. »  Préoccupés par la crise qui a conduit à d’importants flux de réfugiés, les Pays-Bas ont octroyé 200 millions d’euros à l’aide humanitaire.  Selon la représentante, les auteurs de ces crimes devraient comprendre qu’ils sont suivis et que des éléments de preuve sont rassemblés pour qu’ils fassent l’objet de poursuites judiciaires, a-t-elle averti la représentante.  À ce sujet, le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a déjà indiqué que la Cour pourrait être compétente et mener des enquêtes pour tout acte de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre commis en Ukraine depuis le 20 février 2014.  La représentante a appuyé en outre l’initiative du Conseil des droits de l’homme de créer un mandat mettant l’accent sur les enquêtes et le recueil de preuves.  Elle a conclu que la Russie doit retirer ses forces militaires et respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Elle doit reprendre la voie de la diplomatie. 

M. SATYENDRA PRASAD (Fidji), au nom du Forum des îles du Pacifique, a demandé à la Russie et à l’Ukraine de prendre toutes les mesures pour un retour au calme.  Il a estimé que les actions de la Russie violent la souveraineté de l’Ukraine et sont incompatibles avec la Charte.  Nous défendons un ordre international basé sur des règles, a dit le délégué, en soulignant son attachement à la paix et au droit.  Il a aussi proclamé sa foi dans la valeur de la vie humaine et la dignité, avant de demander un retour au dialogue dans le respect du multilatéralisme.  S’exprimant en sa capacité nationale, le délégué a rappelé que la Charte s’applique à tous et que les États en sont les gardiens.  « Nous devons le montrer par nos actions et la manière dont nous allons voter. »  La Charte s’applique à tous les Ukrainiens, a conclu le délégué, en demandant à la Russie de retirer ses forces.

Pour M. ARRMANATHA CHRISTIAWAN NASIR (Indonésie), la situation en Ukraine est inquiétante et requiert toute notre détermination pour rétablir la paix.  La dernière attaque militaire contre ce pays est inacceptable: elle a mis en danger la vie du peuple ukrainien et menace la paix et la sécurité régionales et internationales.  En tant que nation pacifique, l’Indonésie appelle au rétablissement de la paix en Ukraine, et prie toutes les parties d’essayer de régler la situation par le dialogue et la diplomatie.  Par ailleurs, le représentant, relevant qu’un nombre relativement important d’Indonésiens vivent en Ukraine, a demandé aux parties de garantir le passage sûr des civils.  À cet égard, il a tenu à remercier tous ceux qui facilitent le processus d’évacuation des ressortissants de son pays.  Pour finir, il a estimé que les conflits et tensions ne sont dans l’intérêt de personne et encore moins lorsque le monde est encore aux prises des conséquences multiples de la pandémie de COVID-19, y compris économiques.  Les décisions, ici, à l’Assemblée générale, doivent être prises dans l’intérêt de l’humanité et c’est dans cet esprit que l’Indonésie souhaite contribuer de façon positive à un environnement propice au dialogue et à la diplomatie.  

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a souligné l’extraordinaire bravoure du peuple ukrainien face à l’agression russe, qui est une violation flagrante de la Charte.  Il a aussi marqué la solidarité de son pays avec tous ces Russes qui ont demandé la fin de la guerre et qui sont forcés de participer à un conflit armé illégal qu’ils n’ont pas choisi.  L’explication de la Russie selon laquelle elle met à un terme à un génocide et entreprend une « dénazification » de l’Ukraine est une offense faite aux innombrables victimes de génocide, en particulier les millions qui ont péri lors de l’Holocauste.  Cette Assemblée doit condamner l’attaque de la Russie contre la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans les termes les plus fermes, a poursuivi le délégué.  « Cette organisation n’a jamais eu à affronter une telle mise à l’épreuve du multilatéralisme. »

M. BOŠTJAN MALOVRH (Slovénie) s’est dit préoccupé par les informations faisant état de victimes civiles, y compris d’enfants, en Ukraine.  Le représentant a condamné l’agression militaire non provoquée et injustifiée ordonnée par le Président Putin en violation de l’indépendance, de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  L’action de la Russie est inacceptable.  Il s’agit d’une violation grave du droit international et de la Charte des Nations Unies, a-t-il réitéré.  La Cour internationale de Justice (CIJ), où l’Ukraine a déjà engagé des procédures, devrait jouer un rôle clef, tandis que la Cour pénale internationale (CPI) suit de près la situation en Ukraine.  Le représentant a condamné l’implication du Bélarus dans cette agression et appelé ce pays à respecter ses obligations internationales.  Il a jugé « extrêmement inquiétant » le référendum constitutionnel tenu hier au Bélarus, par lequel a été supprimé l’article 18 sur son statut non nucléaire. 

M. Malovrh a appelé la Russie à s’engager de manière constructive en vue d’une solution politique et diplomatique et à procéder à l’arrêt immédiat, complet et inconditionnel de tous les combats et au retrait de toutes les forces russes du territoire ukrainien.  Il a aussi appelé la Russie à respecter pleinement le droit international humanitaire et à permettre un accès sûr et sans entrave à toutes les personnes dans le besoin.  La Slovénie a fait don d’une aide d’urgence ainsi que d’une contribution financière par l’intermédiaire du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour aider l’Ukraine.  Notre pays est prêt à accueillir et à prendre en charge les réfugiés ukrainiens, a assuré le représentant.  La session extraordinaire d’urgence d’aujourd’hui est un moment crucial et historique pour agir et demander des comptes à la Russie et formuler des recommandations appropriées pour des mesures collectives qui rétabliront la paix et la sécurité.

M. IVAN ŠIMONOVIĆ (Croatie) a déclaré que les images d’Ukraine évoquaient des souvenirs douloureux en Croatie, dont le visage hideux de l’agression et des chars errant dans les rues, violant la souveraineté et l’intégrité territoriale de son pays.  « Chers Ukrainiens, nous ressentons votre douleur, votre chagrin et votre colère.  Nous en avons fait l’expérience, tout comme nos voisins de Bosnie-Herzégovine et bien d’autres représentés dans la salle de l’Assemblée générale aujourd’hui », a ajouté M. Šimonović, avant de regretter la paralysie du Conseil de sécurité en raison du veto russe. 

Le représentant a expliqué que le Président croate, le Premier Ministre ainsi que le Parlement et le peuple de la Croatie avaient fermement condamné l’agression non provoquée contre l’Ukraine.  Au-delà du soutien au peuple ukrainien, il a jugé du devoir politique, moral et juridique de tous les pays d’exhorter les forces d’occupation russes à se retirer immédiatement d’Ukraine.  Il a précisé que l’avertissement du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) selon lequel, si des crimes atroces sont commis en Ukraine, ils seront poursuivis, doit être pris au sérieux.  En outre, il a appelé le Bélarus à cesser d’être complice de ce crime d’agression.

M. Šimonović a exhorté « tous les États Membres de l’ONU, grands et petits, européens et non européens, riches et pauvres, à s’unir et à parler d’une seule voix pour arrêter la guerre en Ukraine ».  Il a jugé urgent de protéger la population ukrainienne du fléau de la guerre et de voter pour la résolution présentée à l’Assemblée générale.  « En défendant ensemble le droit international et les principes fondamentaux, nous protégeons l’Ukraine et les Ukrainiens aujourd’hui, ainsi que nous-mêmes demain », a-t-il insisté. 

M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a dénoncé l’acte d’agression injustifié et sans précédent commis contre l’Ukraine.  On ne peut accepter un changement de frontière par le moyen de la force et on ne peut tolérer de voir des villes bombardées, a dit le représentant, pour qui cette attaque constitue une violation de la Charte.  « Seul le peuple ukrainien peut décider de son propre destin », a-t-il affirmé, avant de dénoncer l’escalade de la Russie, qui a agité la menace d’un recours à l’arme nucléaire. 

Le représentant a apporté le soutien de son pays à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine et exhorté la Russie à entendre la communauté internationale et à retirer ses troupes.  Il a souhaité l’ouverture de pourparlers avec comme point de départ les accords de Minsk et réclamé avec force une pause humanitaire en Ukraine.  S’agissant du projet de résolution, il a estimé que le choix est simple puisqu’il s’agit de choisir entre le bien et le mal.  Ne soyons pas cette génération qui a laissé un pays être attaqué sans réagir, a conclu le représentant, pour qui « nous ne sommes pas en 1914 ni en 1939 et nous avons le droit international ».

M. JIM KELLY (Irlande) a soutenu les efforts politiques pour éviter la catastrophe en Ukraine.  Le représentant a condamné l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie en violation de la Charte des Nations Unies.  Il a dénoncé le veto opposé par la Fédération de Russie au Conseil de sécurité pour justifier sa propre invasion d’un État Membre, tout en ajoutant que cela n’empêcherait pas la communauté internationale de la tenir responsable de la crise.  Il a demandé à l’Assemblée générale de réussir là au Conseil de sécurité a échoué. 

La responsabilité de cette agression incombe à ceux qui ont choisi la guerre, à savoir la Russie, dont la décision laissera une tache indélébile sur sa réputation, a affirmé le représentant.  M. Kelly a salué le courage du peuple russe qui s’exprime contre la guerre.  Il a condamné également la décision du Bélarus de quitter le régime de non-prolifération des armements nucléaires, y voyant une escalade dangereuse.  Cette guerre inflige de grandes souffrances au peuple d’Ukraine qui a fait montre d’un grand courage, a encore déclaré M. Kelly, qui a rappelé que l’Irlande avait offert 10 millions d’euros d’aide et était prête à faire plus. 

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a exprimé la solidarité de son pays avec le peuple de l’Ukraine et a affirmé que l’agression russe allait à l’encontre de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  C’est une violation du droit international et de la Charte des Nations Unies, a-t-il souligné, avant d’exhorter la Fédération de Russie à cesser cette agression, retirer ses forces et revenir sur la voie de la diplomatie.  Le Japon a annoncé des sanctions contre la Fédération de Russie le 27 février, a indiqué le représentant, et il soutient le retrait de certaines banques russes du système SWIFT.  Nous sommes à un carrefour pour faire respecter l’état de droit et les principes de la Charte, et la première chose à faire aujourd’hui par chaque État Membre, c’est de voter la résolution présentée, a conclu le représentant.

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a demandé que les hostilités cessent immédiatement et que l’aide humanitaire de plus en plus nécessaire soit distribuée aux populations touchées, sans discrimination.  Il a indiqué que le Mexique et la France ont convoqué une session spéciale du Conseil de sécurité sur cette question et présenteront une résolution.  Il a dit l’importance des organisations régionales qui peuvent renforcer la confiance, comme l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), ainsi que les espaces de négociation favorisant le dialogue entre les parties, tels que le Groupe de contact trilatéral et le format Normandie.  Le représentant a jugé urgent que la diplomatie reprenne ses droits sous l’égide de l’ONU et ses mécanismes de résolution pacifique des crises, y compris les bons offices du Secrétaire général.  Il a souligné la pertinence de la Déclaration de Manille sur le règlement pacifique des différends internationaux, adoptée en 1982 par l’Assemblée générale.  Il appartient en effet à l’Assemblée de faire les recommandations pertinentes sur les mesures collectives nécessaires pour rétablir la paix et la sécurité internationales.  Des centaines de milliers de civils touchés par le conflit attendent que les États Membres agissent pour alléger leurs souffrances, a-t-il ajouté. 

M. MARTIN KIMANI (Kenya) a regretté que le Conseil de sécurité n’ait pas été en mesure, dans le cas du conflit en Ukraine, de s’acquitter de la responsabilité de maintenir la paix et la sécurité internationales.  Il a soutenu la souveraineté de l’Ukraine.  Hier après-midi, a-t-il ajouté, le représentant de la Fédération de Russie a utilisé le veto en disant que le monde a besoin d’un équilibre des intérêts.  « Mais le Kenya n’est pas d’accord pour dire que seules les grandes puissances ont des intérêts. »  L’Assemblée générale doit prendre au sérieux le défi de la réforme du Conseil de sécurité, a exhorté le représentant demandant ce qu’un Conseil de sécurité réformé aurait fait pour le peuple ukrainien aujourd’hui.  Il a demandé d’accélérer la réforme du Conseil en y insérant le consensus d’Ezulwini.  Préoccupé par la situation humanitaire désastreuse en Ukraine, le représentant a condamné le traitement des étudiants africains qui se tiennent à l’arrière de la file d’attente lorsqu’ils montent dans les trains et les bus pour se mettre en sécurité.  À certains postes frontaliers, ils ont été traités de manière « raciste et indigne ».  Les preuves de traitement raciste contre les Africains et les personnes d’ascendance africaine sont largement disponibles et ont été confirmées par plusieurs États d’Afrique et des Caraïbes, a déploré le représentant. 

Pour M. FRANÇOIS JACKMAN (La Barbade), les événements en Ukraine ont brisé l’ordre international qui sous-tend les relations entre États.  Il s’est dit vivement préoccupé par les actions de la Russie qui violent la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Il a souligné l’importance de la Charte, en particulier pour les petits pays comme le sien.  Il a exhorté la Russie à renoncer à la force et à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Nous sommes convaincus qu’une solution diplomatique est la seule solution compatible avec la Charte, a conclu le représentant.

Mme THILMEEZA HUSSAIN (Maldives) a demandé le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  En tant que petit État, les Maldives ont toujours refusé l’ingérence dans les affaires intérieures et la représentante a souligné leur attachement aux principes de la Charte comme la non-ingérence et l’égalité souveraine de tous les États.  Un petit État doit pouvoir compter sur le droit international pour se défendre en cas d’agression et sur la solidarité internationale, a fait valoir la représentante. 

Les Maldives sont préoccupées par les répercussions sur les civils du conflit en Ukraine et la représentante a demandé que les ressortissants de son pays qui y vivent puissent quitter le pays.  Elle a appelé à régler le différend par le dialogue et de manière pacifique avant d’encourager des mesures de confiance de la part de toutes les parties et d’inviter à davantage d’efforts diplomatiques.  La représentante a conclu en apportant son appui au projet de résolution qui sera présenté. 

M. DIEGO PARY RODRÍGUEZ (Bolivie) a déclaré que la Bolivie, par sa Constitution, rejette fermement toute forme d’agression et d’invasion.  Il a estimé que la Fédération de Russie, qui a pris la décision unilatérale d’attaquer l’Ukraine, n’était pas le seul pays responsable et a dénoncé la responsabilité des pays occidentaux qui menacent la sécurité internationale par le biais de l’OTAN et de sa logique expansionniste.  « L’OTAN est une menace à la sécurité internationale », a-t-il insisté, avant de rappeler le bombardement en 1999 de la Serbie par l’OTAN sans l’autorisation de l’ONU.  Il a souhaité que les négociations entamées aujourd’hui pourront se poursuivre de bonne foi et de façon constructive.  « Les préoccupations de toutes les parties concernées doivent être prises en compte », a-t-il insisté, avant d’exhorter toutes les parties à cesser les hostilités afin de protéger les civils et permettre un acheminement de l’aide humanitaire partout où cela est nécessaire. 

M. RODRIGO A. CARAZO (Costa Rica) a dénoncé l’escalade de la crise après l’ordre du Président russe de mettre en alerte ses armes nucléaires, parlant d’une action inutile qui nous rapproche de la possibilité de l’utilisation d’armes nucléaires.  Cette menace est une violation de la Charte des Nations Unies et du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires ainsi qu’une atteinte à la vie de millions de civils innocents, a-t-il dénoncé.  Affirmant en outre que les opérations militaires de la Fédération de Russie en Ukraine ont déjà été à l’origine de graves violations du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme, le représentant a estimé que les répercussions de ces abus se feraient sentir pendant longtemps.  La communauté internationale doit tenir un registre de toutes les violations du droit international commises par la Fédération de Russie, a-t-il conseillé.

M. Carazo a appelé à garantir un accès humanitaire en Ukraine et demandé au Président de l’Assemblée générale de nommer un envoyé spécial pour agir en tant que représentant de l’Assemblée en matière d’aide humanitaire à l’Ukraine et aux réfugiés ukrainiens, en appui au travail déjà effectué par les agences des Nations Unies.  Il a demandé l’évacuation sûre et ordonnée de l’Ukraine de toutes les personnes fuyant le conflit, y compris les ressortissants étrangers, les travailleurs et les étudiants.  Il a appelé la Fédération de Russie à mettre immédiatement fin à ses abus. 

Il faut appuyer le processus diplomatique en cours en vue d’une déclaration politique du conflit et d’un cessez-le-feu immédiat, a poursuivi le représentant, pour qui la Russie doit retirer rapidement ses troupes et ses groupes armés d’Ukraine et cesser toutes les activités militaires à son encontre.  Le Costa Rica votera en faveur de la résolution présentée car il rejette une vision du monde dans laquelle la force est utilisée pour atteindre des objectifs politiques, une vision du monde dans laquelle les armes et la guerre sont prioritaires et où l’on oublie le bien-être des individus et de la planète. 

Mme MARIA THEOFILI (Grèce) a rappelé que tous les États doivent éviter de recourir à la force.  C’est un principe fondamental de la Charte que tous les États doivent respecter, a insisté la déléguée.  Elle a condamné l’attaque russe et apporté le soutien de son pays à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Tous les pays souverains sont libres de décider de leur destin, a-t-elle poursuivi, en indiquant que l’attaque russe exige une réponse unifiée.  Toute menace contre la paix ne peut être tolérée.  « Nous ne pouvons rester passifs alors qu’une menace nucléaire pèse », a affirmé la déléguée.  Elle a rendu hommage au courage du peuple ukrainien et demandé la fin de toutes les attaques contre les civils.  Elle a mentionné la communauté grecque qui vit depuis des décennies à Marioupol et déploré la mort de certains de ses membres depuis le début des affrontements.  Enfin, la déléguée a mentionné les sanctions prises par l’Union européenne contre la Russie.  « Nous sommes entrés dans une nouvelle ère et ce chaos sera lourd de conséquences. »

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur) a rappelé la responsabilité première du Conseil de sécurité en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales, avant de dénoncer l’invasion militaire de l’Ukraine par la Fédération de Russie comme une violation des principes de la Charte des Nations Unies.  L’Équateur a démontré sa vocation pacifique au fil du temps, a rappelé le représentant, parce que c’est l’un des fondements de sa politique étrangère.  Dans les négociations de paix, toutes les parties prenantes doivent s’engager à respecter le droit international en gardant à l’esprit ce que pourraient être les conséquences de leurs actes pour l’avenir, a-t-il souligné avant de mettre en exergue les conséquences humanitaires du conflit en Ukraine.  Il s’est rallié « au cri collectif » pour demander la cessation des hostilités en Ukraine et a appuyé l’initiative présentée au Conseil de sécurité par la France et le Mexique sur le volet humanitaire.  L’Équateur a lancé un plan d’urgence pour assurer la sécurité de ses ressortissants qui se trouvent en Ukraine, a indiqué le représentant en remerciant les pays qui leur ont offert refuge.  En conclusion, il a demandé aux États Membres de voter en faveur de la « résolution pour la paix ». 

M. JOSÉ MANUEL RODRÍGUEZ CUADROS (Pérou) a souligné l’obligation pour tous les États Membres de régler leurs différends de manière pacifique.  La Fédération de Russie, a-t-il dit, a non seulement violé la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine mais elle a aussi la grave responsabilité d’avoir détruit la paix.  Il a appelé les parties à respecter les Conventions de Genève et jugé indispensable de garantir l’acheminement d’une aide humanitaire neutre et indépendante et de protéger les infrastructures d’approvisionnement en eau, en gaz et en électricité.  L’Assemblée générale est sur le point d’adopter des décisions « décisives et historiques », sachant que chaque État a le droit de vivre dans la paix et la sécurité et d’être protégé. 

M. LUIS ANTONIO LAM PADILLA (Guatemala) a dit que sa délégation est coauteur de la résolution parce qu’elle est convaincue par les principes de la Charte des Nations Unies.  L’objectif est de protéger les générations futures des tragédies des deux premières guerres mondiales.  Le représentant a condamné l’agression militaire non justifiée de l’Ukraine par la Fédération de Russie.  Il a condamné la violation flagrante par la Russie de la Charte des Nations Unies, du droit international et des droits de l’homme, et les actions militaires qui ont causé des pertes en vies humaines et gravement blessé d’autres.  M. Lam Padilla a demandé des efforts diplomatiques pour que la Russie cesse immédiatement son agression.  Il a appelé ce pays à honorer ses obligations en tant que membre du Conseil de sécurité car il a la responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le représentant s’est dit préoccupé par l’emploi disproportionné de missiles qui sont interdits sur le plan international et contraires aux normes qui s’appliquent à toutes les guerres et aux conflits.  Il a rappelé que toute attaque ou menace d’attaque contre les installations nucléaires sont contraires au droit international.  Il a terminé en disant qu’il est encore le temps de revenir à la table des négociations et au dialogue pour terminer ce conflit. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a rappelé le récent projet de résolution soumis par son pays et les États-Unis devant le Conseil de sécurité condamnant l’agression russe.  « Un pays a voté non, l’agresseur », a déploré le délégué, en faisant remarquer que plus de 80 pays ont parrainé ce texte.  Il a dit que cette réunion de l’Assemblée est la continuation de ces efforts et a rendu hommage au peuple ukrainien pour son courage.  « Les chars russes, dans l’histoire, n’ont jamais gagné », a déclaré le délégué, en rappelant que « l’URSS est bel et bien morte ».  Il a condamné le Bélarus pour avoir facilité cette attaque.  Il a mentionné les sanctions prises par son pays contre la Russie, dont la fermeture de l’espace aérien albanais à des aéronefs russes.  Le représentant a rappelé que tous les États Membres de l’ONU sont égaux en dépit de leur différence de taille et de puissance.  Enfin, le délégué a exhorté la Russie à se retirer de l’Ukraine et apporté le soutien de son pays à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine.

M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a jugé curieux qu’en dépit des crises majeures auxquelles la communauté internationale doit faire face depuis des années et des échecs du Conseil de sécurité, il n’y ait jamais eu un tel engouement de la part des pays occidentaux de saisir l’Assemblée générale.  Les tiroirs de l’ONU regorgent d’exemples d’agression des pays occidentaux et de leurs actes d’ingérence, notamment en Syrie, sans oublier les blocus, mais à aucun moment avons-nous vu un tel enthousiasme pour une session extraordinaire de l’Assemblée générale.  Il a souligné l’importance de régler les différends par le dialogue et la diplomatie « aux quatre coins du monde » et a condamné la campagne orchestrée contre la Fédération de Russie et la désinformation pour empêcher ce pays d’exercer son droit naturel de défendre sa souveraineté et de protéger son peuple. 

Certains pays occidentaux sont allés jusqu’à bloquer des médias russes ces derniers jours.  Depuis « le coup d’État » de 2014 en Ukraine, ces pays ignorent les souffrances humaines dans le Donbass, jugeant plus important de faire miroiter à l’Ukraine une adhésion à l’OTAN.  Dénonçant « le paroxysme de l’hypocrisie politique », le représentant a reproché aux pays occidentaux de faire fi des préoccupations sécuritaires « légitimes » de la Fédération de Russie, n’hésitant pas à armer l’Ukraine alors que la partie russe fait preuve de retenue et soumet des propositions « constructives », ignorées naturellement.  Voilà qu’aujourd’hui, a conclu le représentant, les États-Unis et les autres pays occidentaux recourent encore une fois à des mesures unilatérales « illégales » qui ne font que jeter de l’huile sur le feu et affectent tous les peuples de la région.  Nous sommes devant une punition collective, a-t-il conclu.

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a indiqué que le Premier Ministre indien Narendra Modi avait déclaré avec fermeté qu’il n’y avait pas d’autre voie que la diplomatie lors de ses récents entretiens avec les dirigeants de la Fédération de Russie et de l’Ukraine.  À cet égard, le représentant a salué l’annonce faite par les deux parties d’entamer des pourparlers directs et réaffirmé sa conviction que les divergences d’intérêts ne peuvent être surmontées que par un dialogue honnête, sincère et soutenu.

Face à l’aggravation de la situation humanitaire, le représentant a exhorté la communauté internationale à garantir un accès humanitaire libre et ininterrompu avant de préciser que le Gouvernement indien avait décidé de fournir des secours d’urgence, y compris les médicaments, à l’Ukraine.  Le représentant a aussi indiqué que son pays fait tout ce qu’il peut pour évacuer ses ressortissants bloqués en Ukraine.  « La sûreté et la sécurité des ressortissants indiens, y compris un grand nombre d’étudiants, restent notre priorité absolue », a-t-il ajouté, avant de préciser que la situation complexe et incertaine aux points de passage frontaliers avait un impact négatif sur la circulation des personnes.  Face à cette urgence humanitaire, le représentant a remercié tous les pays voisins qui ont ouvert leurs frontières et facilité l’évacuation des ressortissants indiens vers leur pays d’origine.  Il s’est dit prêt à aider les citoyens de pays en développement bloqués en Ukraine.

Pour M. MILENKO ESTEBAN SKOKNIC TAPIA (Chili), le simple fait que ce soit la première fois depuis des décennies que cette Assemblée se réunit en session extraordinaire témoigne du caractère « exceptionnel » de la situation et de la frustration de la communauté internationale face à la paralysie du Conseil de sécurité.  Le représentant a dénoncé l’emploi de la force dans les relations internationales, expliquant par là le fait que son pays se soit porté coauteur de la résolution.  Il a condamné l’agression russe et demandé l’arrêt du conflit, le retrait des troupes d’occupation, la protection des civils, l’accès humanitaire et le respect de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Le représentant a aussi exhorté la Fédération de Russie à revenir sur sa décision de reconnaître l’indépendance des régions de Donetsk et de Louhansk.  Il a salué les pourparlers directs que les parties ont entamés, affirmant que l’Assemblée générale est prête à les accompagner dans leurs efforts pour faire prévaloir la paix et le droit international.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale reporte une nouvelle fois la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés, tenue en deux parties

Soixante-seizième session,
60e séance, après-midi
AG/12405

L’Assemblée générale reporte une nouvelle fois la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés, tenue en deux parties

Elle adopte la liste des organisations admises comme observatrices à la Conférence « Stockholm+50 »

Entre deux parties de sa onzième session extraordinaire d’urgence sur l’Ukraine, l’Assemblée générale a tenu une brève séance de sa soixante-seizième session durant laquelle elle a décidé à l’unanimité de reporter une nouvelle fois la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés et adopté deux décisions portant sur les listes des organisations admises à participer à la Conférence « Stockholm+50: une planète saine pour la prospérité de toutes et de tous – notre responsabilité, notre chance ».

La résolution relative à la Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés, présentée par le Pakistan au nom des États Membres de l’Organisation des Nations Unies qui sont membres du Groupe des 77 et de la Chine, décide que la cinquième Conférence sur les pays les moins avancés se tiendra, « à titre exceptionnel », en deux parties.  La première se tiendra le 17 mars 2022, au Siège de New York, alors que la seconde aura lieu à Doha, du 5 au 9 mars 2023.  Les manifestations parallèles prévues se tiendront pendant la deuxième partie de la Conférence. 

C’est en raison de la pandémie de COVID-19 que ce nouveau report a été décidé.  L’Assemblée générale se dit « consciente que les pays les moins avancés sont sévèrement touchés par les conséquences de la COVID-19 en raison de la fragilité de leurs systèmes de santé, de leur accès limité aux vaccins, de la faible couverture offerte par leurs systèmes de protection sociale, des ressources limitées dont ils disposent, notamment financières, et de leur vulnérabilité face aux chocs extérieurs ».  Par ses résolutions 73/242 du 20 décembre 2018 et 74/232 A du 19 décembre, l’Assemblée générale avait initialement décidé de convoquer la cinquième Conférence sur les pays les moins avancés du 21 au 25 mars 2021.  La Conférence avait ensuite été une première fois reportée au mois de janvier 2022.

Présentant le projet de résolution, la représentante du Pakistan a rappelé que le Programme d’action d’Istanbul en faveur des pays les moins avancés avait pris fin et que le report de la Conférence de Doha avait créé « un vide », d’où la proposition de tenir la Conférence en deux parties, la première, dans moins de trois semaines, devant être consacrée notamment au projet de programme d’action de Doha.

La représentante du Qatar a quant à elle assuré du plein soutien de son pays au succès de la Conférence, dont son pays accueillera en 2023 la seconde partie.  Elle a en particulier rappelé que le programme de travail de Doha serait le premier à concerner la lutte contre les conséquences de la COVID-19 et la réalisation des espoirs de création de sociétés plus résilientes.  Le programme d’action de Doha requiert une action collective de l’ensemble des partenaires internationaux, a-t-elle ajouté.  Elle a également appelé à une représentation des États Membres « au plus haut niveau », rejointe en ce sens par la représentante du Malawi. 

Par les deux décisions qu’elle a adoptées relatives à la Conférence « Stockholm+50 », présentées par le Président de l’Assemblée générale, celle-ci décide d’une part, d’accréditer les organisations citées par le Secrétariat dans une note et de les inviter à participer aux travaux de la réunion; d’autre part, d’autoriser les organisations non gouvernementales, organisations de la société civile, organisations autochtones, établissements universitaires, acteurs du monde scientifique et du secteur privé et organisations philanthropiques dont la liste figure en annexe à y participer en qualité d’observateurs.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité décide de convoquer une session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale, lundi, sur la guerre en Ukraine

8980e séance – après-midi   
CS/14809

Le Conseil de sécurité décide de convoquer une session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale, lundi, sur la guerre en Ukraine

Réuni en urgence sur le conflit ukrainien pour la quatrième fois en l’espace de sept jours, le Conseil de sécurité a adopté, aujourd’hui, une résolution appelant à la convocation d’une session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale, qui se tiendra dès lundi pour examiner la situation en Ukraine. 

À l’issue d’un vote procédural ne nécessitant qu’une majorité de neuf voix, sans possibilité de veto, le Conseil a adopté la résolution 2623 (2022) par 11 voix pour, une voix contre, celle de la Fédération de Russie, et les abstentions de la Chine, des Émirats arabes unis et de l’Inde.  Ce n’est que la onzième fois depuis 1950 que l’Assemblée générale est convoquée en session extraordinaire d’urgence. 

Le texte adopté cet après-midi précise que cette convocation résulte de « l’absence d’unanimité » parmi les membres permanents du Conseil de sécurité, lors de sa séance de vendredi dernier, ce qui l’a « empêché d’exercer sa responsabilité principale en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales ». 

Coauteurs du projet de résolution, les États-Unis ont fait valoir que le veto opposé vendredi par la Fédération de Russie ne pouvait empêcher le Conseil d’exiger de cette dernière qu’elle rende des comptes pour son invasion d’un État souverain, « un État qui avait osé être une démocratie ».  Voyant dans l’adoption de la résolution 2623 « un pas en avant vers la reddition de comptes », ils ont estimé que la session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale, la première depuis plus d’une décennie, témoigne d’une situation « pas ordinaire » qui appelle des « mesures extraordinaires ». 

Ce matin, a ajouté la délégation américaine, le Président russe a mis en alerte ses forces de dissuasion, y compris nucléaires, alors même que l’Ukraine et l’OTAN n’ont à aucun moment agressé la Fédération de Russie.  Face à cette escalade « qui nous menace toutes et tous », elle s’est félicitée du fait qu’à l’Assemblée générale, tous les États Membres pourront s’exprimer, avant d’annoncer qu’elle préparait un nouveau projet de résolution pour que la Russie soit rendue comptable de ses agissements. 

Soulignant la nature « historique » de la résolution 2623, l’Albanie s’est réjouie que ce texte, dont elle est aussi coauteur, « ouvre les portes de l’enceinte où le monde se réunit ».  Cela permettra d’envoyer un « message retentissant », a-t-elle assuré, non sans appeler la Fédération de Russie à « revenir à la raison » et à « cesser de brandir des menaces d’apocalypse ».  À sa suite, le Royaume-Uni et la Norvège ont salué un vote qui confirme l’isolement de Moscou dans cette crise. 

En réponse à ces commentaires, la Fédération de Russie a expliqué qu’elle n’avait eu d’autre choix que de voter contre un texte aussi « déséquilibré » que celui présenté vendredi dernier.  Invitant le Conseil à ne pas ignorer les intérêts d’un de ses membres permanents, elle a ajouté que le droit de veto n’est pas un privilège mais « un instrument permettant de préserver des équilibres politiques ».  Il convient à présent d’améliorer la situation qui a conduit à cette crise, a-t-elle affirmé, en rappelant que celle-ci a commencé quand les crimes perpétrés par les « nationalistes ukrainiens » contre les civils du Donbass ont été ignorés.  Elle a ensuite fustigé les « fausses informations », selon lesquelles des civils auraient été touchés par la Russie, accusant au contraire le pouvoir ukrainien de « prendre la population en otage » en disposant en son sein des pièces d’artillerie lourde. 

« La Fédération de Russie persiste et signe dans son agression », et ce, bien que ses plans initiaux aient échoué, a rétorqué l’Ukraine.  Cet échec a poussé les forces russes à bombarder lourdement des villes, des infrastructures et des dépôts de matériaux toxiques en représailles contre la résistance, a-t-elle dénoncé, tout en faisant état d’au moins 4 300 morts parmi les troupes ennemies.  Elle a également fourni un numéro de téléphone destiné aux proches de soldats russes faits prisonniers ou tués, avant de se montrer circonspecte quant à l’invitation de la Russie à des pourparlers, lundi matin, à la frontière avec le Bélarus. 

L’Ukraine a d’autre part annoncé qu’elle avait saisi la Cour internationale de Justice (CIJ) sur le comportement de la Fédération de Russie, accusant celle-ci d’avoir « perverti la notion même de génocide » en présentant des allégations « absurdes », utilisées comme prétexte pour mener son agression.  « Grâce à ces poursuites, nous pourrons établir que l’agression russe est fondée sur des mensonges et le mépris de la Russie pour le droit international sera confirmé. » 

Dans ce contexte, la Chine a campé sur sa position d’abstention en se bornant à appeler les parties au conflit à faire preuve de retenue et à encourager les efforts diplomatiques susceptibles de déboucher sur une cessation des hostilités.  Saluant à cet égard les projets de discussions entre Russes et Ukrainiens, elle a également réclamé l’instauration d’un dialogue sur un pied d’égalité entre la Fédération de Russie et l’Union européenne pour parler de sécurité.  Sur la même ligne, les Émirats arabes unis et l’Inde ont estimé qu’il n’y avait d’autre voie que le dialogue et la diplomatie pour parvenir à un règlement pacifique de ce conflit. 

De leur côté, la France et le Mexique ont annoncé qu’à leur demande, le Conseil se réunirait lundi pour aborder la situation humanitaire en Ukraine.  À cette occasion, les deux délégations porteront un projet de résolution destiné à garantir un accès humanitaire sans entrave pour répondre aux besoins urgents de ceux qui sont restés en Ukraine, a précisé la délégation française.  « Face à ceux qui veulent imposer la loi du plus fort, la communauté internationale doit garantir la primauté du droit », a-t-elle soutenu. 

LETTRE DATÉE DU 28 FÉVRIER 2014, ADRESSÉE À LA PRÉSIDENTE DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LE REPRÉSENTANT PERMANENT DE L’UKRAINE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2014/136)

Texte du projet de résolution (S/2022/160)

Le Conseil de sécurité,

Ayant examiné le point inscrit à l’ordre du jour de sa 8979séance, paru sous la cote S/Agenda/8979,

Considérant que l’absence d’unanimité parmi ses Membres permanents lors de sa 8979e séance l’a empêché d’exercer sa responsabilité principale en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales,

Décide de convoquer une session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale pour examiner la question figurant dans le document publié sous la cote S/Agenda/8979.

Explications de vote

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a rappelé que, vendredi soir, nombre des membres du Conseil s’étaient réunis à l’extérieur de la salle pour déclarer que le veto russe ne les empêcherait pas d’exiger de la Russie qu’elle rende des comptes pour son invasion d’un État souverain, « un État qui avait osé être une démocratie ».  Ce veto ne peut faire taire nos voix, ne peut faire taire le peuple ukrainien, ne peut faire taire la Charte des Nations Unies, a lancé la représentante qui a vu dans l’adoption de la résolution d’aujourd’hui un pas en avant vers la reddition de comptes.  Pour la première fois depuis une décennie, une session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale se tiendra, dans la reconnaissance que l’époque que nous vivons n’est pas ordinaire et appelle des mesures extraordinaires. 

Ce matin, a-t-elle poursuivi, le Président russe a mis en alerte ses forces de dissuasion y compris nucléaires, alors que l’Ukraine et l’OTAN ne l’ont pas agressé, une « escalade qui nous menace toutes et tous ».  Elle s’est félicitée du fait qu’à l’Assemblée générale, tous les États Membres pourront s’exprimer, pour ensuite annoncer qu’elle allait plancher sur une nouvelle résolution pour que la Russie rende des comptes.  Des bombes ont fait tomber en ruines des villes entières, menaçant des civils alors que des mensonges sont fabriqués de toutes pièces et propagés au sujet de la conduite de l’Ukraine qui ne fait que se défendre.  Elle s’est dite très préoccupée face aux signalements de plus en plus nombreux de victimes civiles et aux vidéos qui montrent les forces russes en train de faire entrer des armes létales en Ukraine.  Elle a également dénoncé les attaques commises contre des écoles, des hôpitaux et des immeubles résidentiels.  « Voilà mon message aux soldats russes: le monde vous regarde, des images, des preuves photographiques, des vidéos s’accumulent, alors même que nous parlons, et vous aurez des comptes à rendre.  Nous ne resterons pas les bras croisés face à ces crimes atroces », a affirmé Mme Thomas-Greenfield qui a insisté sur la responsabilité et l’obligation morale de réagir face à l’attitude de la Russie qui foule aux pieds le caractère sacré de la vie humaine.  Elle a ensuite indiqué qu’une aide humanitaire d’un montant de 540 millions de dollars et un appui militaire d’un montant de 350 millions sont en chemin vers des dizaines de villes ukrainiennes.  La représentante s’est enfin félicitée du courage du Gouvernement ukrainien et de sa disposition manifeste à participer à des négociations de paix.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a déclaré que ce texte, de nature pourtant procédurale, est historique, car il ouvre les portes de l’enceinte où le monde se réunit: l’Assemblée générale.  Cela permettra d’envoyer un message retentissant, a affirmé le délégué, en soulignant la nécessité d’arrêter la Russie.  « La Charte des Nations Unies est la meilleure armure des petits pays comme le mien. »  Il a enfin estimé que la Russie peut encore revenir à la raison, en l’invitant à cesser de brandir des menaces d’apocalypse. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a rappelé que, vendredi dernier, la Fédération de Russie était seule au sein du Conseil de sécurité pour entraver l’adoption d’une résolution parrainée par 82 États Membres pour demander la fin de l’agression contre l’Ukraine.  La France n’accepte pas ce blocage, a-t-il dit.  C’est pourquoi elle a voté pour le projet de résolution visant à convoquer une session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale, a indiqué le représentant, ajoutant que le Conseil reste saisi.  La France restera mobilisée pour qu’il assume sa responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le délégué a d’autre part annoncé que le Président français Emmanuel Macron a souhaité que le Conseil se réunisse demain, lundi, sur la situation humanitaire en Ukraine.  À cette occasion, a-t-il précisé, la France portera avec le Mexique un projet de résolution afin de garantir un accès humanitaire sans entrave pour répondre aux besoins urgents de ceux qui sont restés en Ukraine.  Face à ceux qui veulent imposer la loi du plus fort, la communauté internationale doit garantir la primauté du droit, a-t-il souligné.

M. JIM KELLY (Irlande) a condamné une nouvelle fois fermement la poursuite de l’invasion de l’Ukraine, pays souverain et indépendant, par la Fédération de Russie.  Depuis notre dernière rencontre vendredi, la Fédération de Russie a intensifié son attaque injustifiée et non provoquée contre l’Ukraine, entraînant des difficultés et des souffrances croissantes pour le peuple ukrainien, « qui a fait preuve d’une résilience et d’une détermination remarquables ».  Il a déploré que le Conseil a échoué à exercer ses responsabilités.  « Nous avons été impuissants à le faire, malgré la volonté claire de 11 membres de ce Conseil, en raison de l’utilisation du veto par la Fédération de Russie dans une tentative éhontée d’excuser sa propre agression militaire contre l’Ukraine. »  À ses yeux, l’utilisation de ce veto « anachronique » dans ces circonstances terribles et tragiques est répréhensible et sape la légitimité du Conseil.  Aussi l’Irlande a-t-elle voté en faveur de ce projet de résolution pour décider de convoquer une session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a déploré le veto dont a fait usage la Russie lors de la réunion de vendredi dernier.  Face à la paralysie du Conseil, nous convoquons une session extraordinaire de l’Assemblée, a dit le délégué qui a fustigé dans la foulée le droit de veto.  « Ce droit de veto n’est pas un privilège, mais une responsabilité colossale, très délicate », a-t-il insisté.  Le délégué a aussi évoqué la convocation, demain, d’une séance du Conseil sur la situation humanitaire en Ukraine. 

M. ZHANG JUN (Chine) a noté que la communauté internationale est aujourd’hui témoin d’évolutions spectaculaires sur le terrain en Ukraine.  Dans ce contexte, la position de la Chine reste inchangée, a-t-il signifié, appelant les parties au conflit à faire preuve de la retenue qui s’impose pour prévenir toute aggravation.  Il a également encouragé tous les efforts diplomatiques qui permettraient de déboucher sur une cessation des hostilités.  Il s’est félicité à cet égard des projets de discussions entre les deux parties au conflit et a demandé l’instauration d’un dialogue sur un pied d’égalité entre la Fédération de Russie et l’Union européenne pour parler de sécurité.  Appelant de ses vœux un mécanisme de sécurité efficace, il a souhaité que le Conseil de sécurité joue un rôle constructif dans le règlement du dossier ukrainien et contribue à la désescalade. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) s’est félicitée de la convocation d’une session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale sur l’Ukraine demain.  Ce faisant, a-t-elle dit, les membres du Conseil de sécurité ont mis à nu la Fédération de Russie, isolée dans le cadre de ce vote.  La Russie ne peut arrêter le monde, ni l’empêcher de se réunir pour condamner son invasion de l’Ukraine alors que chaque jour, cette guerre absurde se poursuit, a-t-elle dit.

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a déploré la dégradation de la situation en Ukraine et appelé à la cessation des hostilités.  Il n’y a pas d’autre choix que de revenir sur la voie du dialogue, a insisté le délégué, en saluant l’annonce de la tenue de pourparlers à la frontière du Bélarus.  Il s’est dit inquiet pour la sécurité des ressortissants indiens en Ukraine, dont nombre d’étudiants.  Nous avons décidé de nous abstenir, a conclu le délégué.

Mme MONA JUUL (Norvège) a rappelé qu’il y a deux jours, la communauté internationale a constaté l’isolement de la Fédération de Russie, qui n’a bénéficié d’aucun soutien « car ses agissements sont inadmissibles ».  La Fédération de Russie prend une mauvaise voie et foule aux pieds les principes sur lesquels reposent les Nations Unies, a martelé la représentante qui a déploré que vendredi dernier, le Conseil n’a pu exercer sa responsabilité principale en raison du veto opposé par l’agresseur lui-même.  Prévenir de tels agissements est pourtant de son ressort.  C’est pourquoi, a ajouté la déléguée, une session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale va être convoquée afin de formuler les dispositions qui s’imposent.  Se disant très inquiète face aux torts portés à la population civile ukrainienne par ce conflit épouvantable, elle a indiqué que la Norvège se tient aux côtés du Gouvernement ukrainien et a déjà décaissé 26 millions de dollars d’aide.  Elle a ensuite appelé la Russie à cesser tout affrontement sans précondition et retirer ses forces du territoire ukrainien. 

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a déclaré avoir voté en faveur du projet de résolution, « même si nous avions quelques appréhensions ».  Mais l’urgence de la situation nous a persuadés de la nécessité d’ajouter la voix de l’Assemblée générale à celle du Conseil de sécurité afin de chercher une solution à la crise en Ukraine et dans la région.  Il a indiqué que cela ne change rien à son intime conviction que le Conseil de sécurité à la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales et n’a pas encore épuisé tous les mécanismes et instruments dont il dispose afin de contribuer à une solution négociée diplomatique de la crise. 

Mme EDWIGE KOUMBY MISSAMBO (Gabon) a déclaré que le Conseil de sécurité se fait aujourd’hui l’écho du message sans équivoque lancé par la communauté internationale d’un arrêt de la guerre en Ukraine.  Nous avons foi dans la solidarité internationale et le multilatéralisme et c’est au nom de ces valeurs que mon pays a voté pour ce texte, a déclaré la déléguée.  Elle a dénoncé les attaques contre les civils et les biens civils publics et souligné la nécessité d’une désescalade.  Le Gabon appelle à un cessez-le-feu immédiat et au dialogue, a indiqué la représentante.  « Il n’est jamais trop tard pour s’engager dans la voie du dialogue. »

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a regretté que la situation ait encore empiré en Ukraine et a appelé à une cessation immédiate des hostilités.  Le dialogue et la diplomatie sont les seuls moyens de régler les différends, a-t-il fait valoir, en se félicitant de l’annonce de possibles pourparlers demain matin à la frontière avec le Bélarus.  Affirmant appuyer sans faille tous les efforts menés en vue d’un règlement pacifique, le délégué a reconnu que la situation actuelle sape la paix et la sécurité internationales.  Dans ce contexte, la protection des civils revêt la plus haute importance, a-t-il souligné, demandant à ce que ceux qui souhaitent quitter le pays puissent le faire sans être touchés.  De même, il importe, selon lui, que l’aide humanitaire soit acheminée sans entrave vers les personnes qui en ont besoin. 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a appelé au dialogue et au rétablissement de la paix, déplorant que vendredi dernier, en raison du recours au droit de veto, le Conseil de sécurité n’ait pas été à même d’exercer sa responsabilité principale de faire face à une menace à la paix et à la sécurité internationales, « à la suite de l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine ».  L’heure est venue pour l’Assemblée générale d’assumer sa propre responsabilité et de se prononcer sur la question.  C’est pour cette raison que le Ghana a voté en faveur du texte qui a été adopté à l’instant, a indiqué le représentant qui a appelé tous les États Membres à participer à la session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée de façon constructive.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a indiqué que son pays n’a pas eu d’autre choix que de voter contre un texte aussi déséquilibré que le projet de résolution présenté vendredi dernier.  Il a souligné la nécessité de ne pas ignorer les intérêts d’un des membres permanents du Conseil, en ajoutant que le droit de veto n’est pas un privilège mais un instrument permettant de préserver des équilibres politiques.  Ignorer les intérêts de la Russie va à l’encontre de la Charte, a déclaré le délégué.  Il a affirmé qu’il convient maintenant d’améliorer la situation qui a conduit à cette crise, en rappelant que celle-ci a commencé quand les crimes perpétrés par « les nationalistes ukrainiens » contre les civils du Donbass ont été ignorés.  Les pays occidentaux n’ont pas dit un mot sur les souffrances des civils dans le Donbass, a dénoncé M. Nebenzia. 

Le représentant russe a ensuite fustigé les fausses informations, selon lesquelles des civils auraient été touchés par la Russie.  La Russie ne vise pas les civils et les infrastructures civiles, a-t-il affirmé.  Il a accusé les « nationalistes ukrainiens » de prendre la population en otage en disposant en son sein des pièces d’artillerie lourde et de diffuser des fausses nouvelles sur les réseaux sociaux.  « Je vous enjoins de ne pas succomber à la tentation de croire à ces fausses nouvelles », a plaidé M. Nebenzia.

M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a tout d’abord souhaité exprimer sa gratitude à ceux qui ont soutenu sa demande de convocation de cette réunion extraordinaire.  Il a rappelé à cet égard avoir publiquement regretté que l’article 20 du Règlement intérieur du Conseil ne soit pas appliqué comme il se doit et a déclaré espérer que ce tort porté à la présidence sera « réglé dans deux jours », avec la nouvelle présidence.  S’adressant ensuite à son homologue russe, il lui a demandé s’il est informé de ce qui se passe dans l’est de l’Ukraine, faisant état de bombardements et de populations obligées de se réfugier dans des abris.  Selon le représentant ukrainien, la Fédération de Russie persiste et signe dans son agression, et ce, bien que ses plans initiaux aient échoué.  Cet échec, a-t-il dit, a poussé les forces russes à bombarder lourdement des villes, des infrastructures et des dépôts de matériaux toxiques en représailles contre la résistance ukrainienne.  Le représentant a jugé alarmant, dans ce contexte, que le Président russe ait décidé de recourir au chantage nucléaire.  À présent, a-t-il poursuivi, la plupart des affrontements ont lieu autour de Kiev, Kharkiv et Marioupol, où des avions de combat et des lanceurs d’engins multiples sont utilisés contre les populations.  Évoquant des tirs de missiles sur une banlieue de Kiev, il a indiqué qu’un gazoduc a été touché par des pilonnages.  Il a d’autre part déploré la mort d’au moins 16 enfants depuis le lancement de l’agression russe, ajoutant qu’en raison des frappes aériennes, les maternités de différents hôpitaux du pays ne peuvent plus fonctionner à plein régime.  Il a aussi regretté que plus de 350 000 écoliers n’aient plus accès à l’éducation, avant d’informer le Conseil qu’il a présenté ces faits à l’UNICEF en lui demandant de réagir à cette situation. 

Le délégué a ensuite déclaré que les pertes essuyées par l’ennemi jusqu’au 27 février s’élèvent à 4 300 tués, et que plusieurs centaines d’hommes ont été faits prisonniers, des données que, « comme toujours, la Russie dément ».  Il a indiqué que le Gouvernement ukrainien a décidé d’ouvrir une « ligne rouge » à l’intention des proches de soldats russes aujourd’hui aux mains de l’armée ukrainienne, affirmant que plus d’une centaine d’appels de mères russes ont été reçus dès les premières heures.  Il a cependant précisé que, sur décision du Procureur général de la Fédération de Russie, cette ligne spéciale ainsi que le site Web mis en place ont été fermés.  Le représentant a donc donné lecture d’un numéro de téléphone, le 380-89-420-1860, permettant d’obtenir des renseignements sur les soldats russes faits prisonniers, avant de former l’espoir que « la Russie ne poussera pas à la fermeture du site Web de l’ONU ».  M. Kyslytsya a par ailleurs déploré l’implication dans ce conflit du Bélarus voisin, qui a permis à la Fédération de Russie d’utiliser son territoire.  Aujourd’hui, un aéroport ukrainien a été frappé par un tir effectué depuis le territoire bélarussien, a-t-il dénoncé.  S’agissant de l’invitation à des pourparlers à la frontière avec ce pays, il a souhaité qu’il ne s’agisse pas d’une menace d’escalade. 

Poursuivant, le représentant a indiqué que l’Ukraine a saisi la Cour internationale de Justice (CIJ) sur le comportement de la Fédération de Russie et a réclamé une audience d’urgence.  Il a ajouté que la juridiction de la CIJ lui permet d’écouter les arguments de l’Ukraine et de sanctionner le crime de génocide.  À ses yeux, la Russie a « perverti la notion même de génocide » en présentant des allégations « absurdes » qu’elle a utilisées comme prétexte pour mener son agression, en violation des droits du peuple ukrainien.  « Grâce à ces poursuites, nous pourrons établir que l’agression russe est fondée sur des mensonges et le mépris de la Russie pour le droit international sera confirmé. » 

S’exprimant ensuite en russe, M. Kyslytsya s’est à nouveau adressé à son homologue de la Fédération de Russie, en lui rappelant les propos qu’il lui avait tenus vendredi dernier sur la fierté des enfants au regard des agissements de leurs parents.  Il s’est dit prêt à revenir sur son jugement si le délégué russe suit l’exemple d’un de ses collègues au sein du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), lequel a affirmé ne trouver « aucune justification » à ce qui se passe en Ukraine.  Dans la vie, a-t-il professé, « on peut rester humain ou bien on peut continuer à défendre le mal, c’est toujours un choix personnel ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: la Fédération de Russie oppose son veto à une résolution exigeant le retrait de ses forces militaires du territoire ukrainien

8979e séance – après-midi
CS/14808

Conseil de sécurité: la Fédération de Russie oppose son veto à une résolution exigeant le retrait de ses forces militaires du territoire ukrainien

Deux jours après que son Président, M. Vladimir Putin, a annoncé le lancement d’une « opération militaire spéciale » en Ukraine, la Fédération de Russie a, aujourd’hui au Conseil de sécurité, opposé son veto à un projet de résolution exigeant qu’elle retire « immédiatement, complètement et sans condition » toutes ses forces militaires du territoire ukrainien, à l’intérieur des frontières internationalement reconnues. 

Présenté par l’Albanie et les États-Unis, rejoints par de nombreux pays, le texte, qui a recueilli 11 voix pour et les abstentions de la Chine, des Émirats arabes unis et de l’Inde, aurait condamné « dans les termes les plus énergiques » l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, en violation du paragraphe 4 de l’Article 2 de la Charte des Nations Unies.  Ledit paragraphe stipule que « tous les États sont tenus de s’abstenir, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l’emploi de la force, soit contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations Unies, et de régler leurs différends internationaux par des moyens pacifiques ». 

Le texte aurait aussi sommé la Fédération de Russie de revenir « immédiatement et sans condition » sur sa décision, du 21 février 2022, concernant le statut de certaines zones des régions ukrainiennes de Donetsk et de Louhansk, laquelle constitue une violation de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Ukraine et contrevient aux principes de la Charte des Nations Unies.  Le texte aurait exhorté les parties à respecter les accords de Minsk et à œuvrer de manière constructive dans les cadres internationaux pertinents, notamment le format Normandie et le Groupe de contact trilatéral. 

Cette résolution, ont expliqué les États-Unis, coauteurs du texte, avait pour objet de tenir la Fédération de Russie comptable de ses actes car nous parlons ici d’une guerre que cette dernière a choisi de lancer contre l’Ukraine, sans justification aucune.  Or, le Conseil de sécurité a justement été créé pour empêcher ce type d’agression et ses nobles intentions doivent avoir leur place dans le règlement des problèmes du XXIe siècle pour préserver les générations des horreurs de la guerre que « nos frères et sœurs d’Ukraine » vivent aujourd’hui.  L’histoire nous jugera à l’aune de notre action ou notre inaction.  L’agresseur, c’est la Fédération de Russie, qui sera sa prochaine victime? se sont demandé les États-Unis, en confirmant les sanctions qu’ils viennent d’imposer, y compris au Président Vladimir Putin lui-même et à son Ministre des affaires étrangères, M. Sergey Lavrov. 

Les États-Unis ont aussi annoncé: « nous traiterons de cette question à l’Assemblée générale là où le veto russe n’a pas de poids et où tous les États Membres des Nations Unies peuvent voter ».  Le résultat du vote d’aujourd’hui est clair, a estimé la France.  « La Russie est seule », elle qui a foulé au pied son statut de membre permanent du Conseil de sécurité.  La France a promis de continuer de se mobiliser, avec ses partenaires, pour soutenir l’Ukraine et le peuple ukrainien.  Il n’est pas trop tard pour faire cesser cette folie, a plaidé l’Albanie, autre coauteur de la résolution.  Nous le devons à l’Ukraine, État Membre des Nations Unies, mais aussi au monde entier. 

Nous regrettons que la voie de la diplomatie n’ait pas été suivie, a dit l’Inde pour expliquer son abstention, dans un argument repris par les Émirats arabes unis.  Le Conseil de sécurité, a conseillé la Chine, doit embrasser le principe de précaution et désamorcer la situation plutôt que jeter de l’huile sur le feu.  Les pressions et les sanctions ne peuvent que rendre la situation encore plus chaotique et fermer la porte d’une solution pacifique, au détriment des civils innocents. 

Après cinq cycles d’expansion de l’OTAN, a ajouté la Chine, il est temps de tenir compte des préoccupations sécuritaires de la Fédération de Russie.  L’Ukraine doit être un pont entre l’Ouest et l’Est et non pas un avant-poste des confrontations entre deux grandes puissances.  À son tour, la Chine a prôné la diplomatie et a dit avoir beaucoup d’espoir dans les efforts qui seront déployés par la Fédération de Russie et l’Ukraine pour trouver une sortie de crise.

Critiquant une résolution « anti-ukrainienne » parce qu’elle essaie de sauver un régime qui a conduit le pays à une tragédie qui dure depuis huit ans, la Fédération de Russie a énuméré quelques omissions.  Pourquoi, s’est-il demandé, le texte ne parle-t-il pas de « la junte de Maïdan » et de ses crimes, de la non-mise en œuvre, sous l’œil complice des pays occidentaux, des accords de Minsk, de la discrimination contre les Russophones ou encore de l’afflux d’armes?  Vous avez transformé l’Ukraine en pion de votre géopolitique sans vous soucier du bien-être du peuple ukrainien, a accusé la Fédération de Russie, en rejetant cette « partie d’échec inhumaine et cruelle ».

Je ne répondrai pas à ce « script diabolique », a rétorqué l’Ukraine, en remerciant chaleureusement toutes les délégations qui ont voté pour la résolution et les dizaines de coauteurs qui, a-t-elle promis, auront l’occasion de se prononcer, dans les jours à venir.  Je ne suis pas surpris que la Fédération de Russie ait voté contre car le régime « russiste » du Kremlin veut employer toutes les forces à sa disposition pour briser notre résistance.  Ils vont déferler dans notre pays ce soir et notre sort se décide maintenant, a dit l’Ukraine, en paraphrasant son président.  Applaudi par plusieurs délégations, elle a demandé une minute de silence pour la paix, les âmes de ceux et celles qui ont déjà perdu la vie et qui risquent de la perdre.  « J’invite l’Ambassadeur russe à prier pour son salut. »  Toute vie perdue est importante, a répondu ledit ambassadeur, en parlant des morts du Donbass.  C’est vous qui avez tué les accords de Minsk, a rétorqué l’Ukraine.  « Nous sommes toujours prêts à négocier mais ne parlez pas à notre place.  N’essayez pas de manipuler nos propos. » 

LETTRE DATÉE DU 28 FÉVRIER 2014, ADRESSÉE À LA PRÉSIDENTE DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LE REPRÉSENTANT PERMANENT DE L’UKRAINE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2014/136)

Déclarations avant le vote

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a fustigé l’acte inimaginable de la Fédération de Russie qui a choisi d’envahir son voisin et infliger des souffrances inimaginables aux peuples ukrainien et russe.  Dans toute l’Ukraine, des civils fuient pour sauver leur vie.  Les écoles et les orphelinats sont attaqués et même des nouveau-nés ont dû être évacués d’urgence des hôpitaux.  Des milliers de personnes quittent l’Ukraine et des milliers de Russes « courageux » manifestent pour s’opposer à la guerre parce qu’ils ne veulent pas sacrifier des vies sur l’autel des ambitions personnelles de Vladimir Putin.  Or le Conseil de sécurité a été créé pour empêcher ce type d’agression et ses nobles intentions doivent toujours avoir leur place dans le règlement des différends du XXIsiècle pour que nos enfants soient préservés des horreurs de la guerre que vivent aujourd’hui « nos frères et nos sœurs d’Ukraine ».

La représentante a expliqué qu’avec l’Albanie et d’autres États, elle a proposé la résolution pour tenir la Fédération de Russie responsable de ses actes.  En coordination avec nos alliés et partenaires, a-t-elle ajouté, nous imposons des sanctions économiques sévères et immédiates, y compris contre Vladimir Putin et Sergey Lavrov.  Un pays est en train d’envahir un autre.  L’agresseur aujourd’hui, qui sera sa prochaine victime? s’est demandé la représentante, en indiquant que Vladimir Putin vient de menacer la Finlande, la Suède et d’autres pays.  « Votez oui si vous croyez à la défense de la Charte des Nations Unies et si vous pensez que la Russie doit être comptable de ses actes », a conclu la représentante. 

Il est encore temps de faire cesser cette folie, a estimé M. FERIT HOXHA (Albanie) qui a prévenu que l’agression russe n’inflige pas seulement la mort en Ukraine, mais elle foule également au pied la Charte des Nations Unies qui se trouve sous les décombres à Kiev, en ce moment.  Il a appelé la Fédération de Russie à retirer ses troupes et à faciliter l’assistance humanitaire, comme le stipule la résolution soumise aujourd’hui au Conseil de sécurité.  C’est le minimum que nous pouvons faire car nous le devons à l’Ukraine, État Membre des Nations Unies, et au monde entier, a-t-il argué.  Nous nous souviendrons longtemps de cette journée et nos enfants se souviendront de qui a défendu l’ordre international fondé sur les règles pour que les gens puissent vivre en paix et dans la liberté.  Le représentant a appelé tous les membres du Conseil de sécurité à soutenir le projet de résolution et à dire non à la domination d’un pays par un autre. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a rappelé le préambule de la Charte des Nations Unies disant « Nous, Peuples des Nations Unies, Résolus à préserver les générations futures du fléau de la guerre » qui scelle « tout ce que nous faisons ici au Conseil depuis 1945 ».  L’objectif premier est de protéger les populations et leur avenir de la violence des conflits qui détruisent les vies.  Des civils partout en Ukraine essayent de s’abriter pour se préserver de l’assaut militaire lancé par la Russie, a dit la représentante, en rappelant que Moscou a commencé par dire que les Occidentaux étaient « hystériques ».  À présent, la Russie bombarde Kiev et nous avons vu des images atroces de chars russes écrasant des civils dans la capitale ukrainienne, s’est indignée Mme Woodward.

L’Ukraine, qui est un pays de 44 millions d’habitants, est en train d’être attaqué sur tous les fronts.  Le projet de résolution mis aux voix aujourd’hui leur adresse un message pour leur dire que le monde est à leurs côtés et aux côtés du peuple ukrainien.  C’est aussi un message au monde entier.  « Les règles qui ont été élaborées collectivement doivent être défendues, sinon qui sera le prochain? » s’est-t-elle demandé.  Ce texte est également un message adressé à la Russie et aux citoyens russes courageux qui manifestent contre cette guerre.  Cette résolution exige qu’il soit mis un terme aux hostilités, a réitéré Mme Woodward, en accusant le Président Putin de vouloir écarter le Gouvernement ukrainien et assujettir son peuple.  Il ne s’agit pas d’un acte d’autodéfense en vertu de l’Article 51, mais d’une agression brutale non provoquée, non justifiée et le Conseil doit la condamner, a exhorté la représentante.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a estimé que le Conseil est aujourd’hui face à ses responsabilités.  Rappelant que les Nations Unies ont été créées au sortir d’une guerre sanglante pour « prévenir et empêcher toute autre belligérance meurtrière », il a soutenu que le monde n’a pas besoin d’une « nouvelle peur ».  Il a souligné que son pays, qui est attaché à la paix et aux principes de la Charte des Nations Unies, milite pour un ordre international plus juste et fondé sur des règles.  À cette aune, il a condamné les agissements d’un des membres du Conseil, ajoutant que la communauté internationale doit se saisir de ce « momentum » pour décider d’interdire toute guerre « injuste et déshumanisante ».  Selon lui, la scène internationale ne doit pas refléter l’image d’une « jungle où les pays sont soit chasseurs, soit chassés ».  Après avoir réitéré son appel au cessez-le-feu et à la désescalade, il a exhorté les belligérants à ne pas entraver l’aide humanitaire et à renouer les fils du dialogue. 

« Nous sommes face à l’invasion d’un pays par un autre », s’est lamenté M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique), en ajoutant qu’il s’agissait d’une violation flagrante de la Charte des Nations Unies.  Il a rappelé que son pays a été envahi à deux reprises par la France et à deux autres par les États-Unis au cours de son histoire, avant de souligner le rejet constant de la force par le Mexique.  « Mon pays est pacifiste et condamne l’usage de la force. »  Il a condamné l’agression russe et réclamé l’arrêt des hostilités, avant d’apporter son appui à la souveraineté de l’Ukraine.  La délégation a indiqué qu’elle soutiendrait le projet de résolution aujourd’hui.

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) s’est dit très préoccupé par l’opération militaire russe et a encouragé le Conseil de sécurité à parvenir à un accord pour mettre fin immédiatement aux hostilités.  Une ligne rouge a été franchie et le Conseil de sécurité ne peut rester silencieux.  Il faut créer les conditions d’un dialogue entre toutes les parties concernées, a souligné le représentant qui a rappelé ses efforts pour faire place au dialogue lors des négociations de la résolution.  Le recours à la force, a-t-il dit, ne peut régler cette crise de façon durable.  La mission du Conseil de sécurité n’est pas terminée, a-t-il martelé.  Si nos efforts n’ont pas réussi à prévenir la guerre, nous devons au moins œuvrer au rétablissement de la paix, a déclaré le représentant, en appelant à la reprise immédiate de la diplomatie.  « Il n’y a pas d’autre option », a-t-il martelé.  Le système de sécurité collectif qui s’appuie sur le droit international, l’égalité souveraine entre États et l’intégrité territoriale, n’est pas « un mot vain ».  C’est au Conseil de sécurité de lui donner un sens aujourd’hui et de faire en sorte que l’ordre international basé sur des règles prévale.

Déclarations après le vote

M. HOXHA (Albanie) a estimé que le monde a perdu une occasion de défendre la paix avant d’assurer que son pays et d’autres continueront de condamner cette agression et de demander la fin de cette guerre insensée.  « La Russie peut continuer à détruire l’Ukraine mais elle ne pourra jamais tuer la liberté et elle restera responsable de ses actions », a insisté le représentant.  Il a prévenu que la Fédération de Russie ne pourra pas ramener le monde en arrière.  Il a conclu en appelant à soutenir l’intégrité de l’Ukraine dans ses frontière internationalement reconnues. 

« Vous pouvez exercer votre droit de veto contre le projet de résolution, mais pas contre nos voix », a réagi Mme THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) en s’adressant à la Fédération de Russie.  Celle-ci ne peut exercer son veto contre la vérité, contre nos principes ou encore contre le peuple ukrainien, a-t-elle ajouté.  Vous ne pouvez non plus exercer votre veto contre la Charte des Nations Unies ni le faire contre l’établissement des responsabilités, a-t-elle dit.  Nous continuerons d’être aux côtés du peuple ukrainien malgré l’abus de pouvoir irresponsable commis par un membre permanent du Conseil, a-t-elle ajouté. 

Ce vote a montré quels pays croient vraiment au soutien des principes fondamentaux de l’ONU et soutiennent la Charte des Nations Unies et quels sont ceux qui ne la soutiennent pas.  « Nous aborderons cette question à l’Assemblée générale, où le veto russe ne s’applique pas et où les nations du monde peuvent, veulent et doivent demander des comptes à la Russie et se montrer solidaires de l’Ukraine », a déclaré la délégation américaine.

« Il est difficile d’imaginer ce que l’on peut ressentir lorsque l’on voit des chars entrer dans sa ville, lorsque l’on voit des bombes tomber dans ses rues, lorsque l’on voit des soldats prendre d’assaut ses parcs et ses jardins », a déploré la représentante.  Mais face à tout cela, les Ukrainiens prennent chaque jour des mesures extraordinaires pour protéger leurs enfants et leur pays, et défendre tout ce qui leur est cher.

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a appelé la communauté internationale à n’épargner aucun effort pour faire cesser immédiatement la violence et les hostilités.  Il s’est dit très préoccupé par la sécurité de la communauté indienne, et du grand nombre d’étudiants indiens en Ukraine.  L’ordre mondial actuel, a-t-il souligné, est fondé sur la Charte des Nations Unies, sur le droit international et sur le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États.  Tous les États Membres doivent honorer ces principes et trouver une voie constructive par et le dialogue.  C’est la seule réponse aux différends aussi difficiles soient-ils.  Le représentant a regretté que la voie de la diplomatie n’ait pas été suivie, expliquant que c’est la raison pour laquelle il s’est abstenu sur la résolution. 

Mme WOODWARD (Royaume-Uni) a noté qu’une grande majorité des membres du Conseil ont voté en faveur du projet de résolution.  Si le texte n’a pas été adopté, c’est en raison d’un seul veto utilisé par l’un des membres permanents, « qui est également l’agresseur », a-t-elle déploré.  La Russie prétend avoir envahi l’Ukraine par légitime défense, mais « sa légitime défense est le vote d’aujourd’hui », a cinglé la représentante.  Assurant que la Fédération de Russie est aujourd’hui « isolée » et « n’a pas de soutien pour son invasion », elle a souligné que « l’histoire se souviendra de ce vote et des pays qui se sont prononcés pour la défense de la Charte des Nations Unies et pour la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine ».  Le Royaume-Uni, a-t-elle conclu, est solidaire du peuple ukrainien et tiendra la Russie pour responsable de ses actes. 

Mme MONA JUUL (Norvège) a profondément regretté le veto de « l’agresseur russe ».  La Russie, en tant que partie, aurait dû s’abstenir aujourd’hui, a dit la représentante.  Elle a condamné l’invasion de l’Ukraine par la Russie en violation de la Charte des Nations Unies.  Moscou doit cesser tous les combats, retirer ses troupes de l’Ukraine et respecter la Charte, a insisté la déléguée, en exprimant la solidarité de son pays avec l’Ukraine.  Elle s’est dite vivement préoccupée par les conséquences des combats pour les civils, en qualifiant la situation actuelle de « tragédie ».  La déléguée a demandé un accès humanitaire sans entrave, exhortant le Conseil à agir de façon unie pour faire cesser cette agression.  Elle a enfin condamné le Bélarus pour avoir facilité cette attaque et apporté son appui à la Russie dans sa violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.

M. JIM KELLY (Irlande) a déclaré avoir voté en faveur du projet de résolution « en pleine solidarité avec le peuple d’Ukraine », afin de condamner catégoriquement l’attaque « injustifiée et non provoquée » menée par la Fédération de Russie, qui a « tourné le dos à la diplomatie » et fait aujourd’hui « pleuvoir la mort et la destruction » sur l’Ukraine et son peuple.  Il a ensuite vivement regretté l’utilisation du droit de veto par la Fédération de Russie, y voyant un anachronisme.  Le recours au veto pour bloquer l’action du Conseil est toujours inacceptable et son utilisation en défense d’une agression militaire est répréhensible, a martelé le représentant.  Cependant, ce veto n’entravera pas la réponse de la communauté internationale aux violations flagrantes du droit international par la Russie, a-t-il assuré, avant d’indiquer que l’Irlande soutient fermement les sanctions annoncées hier par l’Union européenne et se tient prête à appuyer de nouvelles mesures si la Russie ne fait pas marche arrière.  Il a conclu son intervention en appelant la Russie à mettre fin à son agression contre l’Ukraine, à se détourner de la guerre et à choisir la voie du dialogue et de la diplomatie. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a dit que l’Ukraine est victime d’une attaque préméditée par Vladimir Putin que rien ne pourra jamais justifier.  Le résultat du vote est clair, a-t-il ajouté.  « La Russie est seule », elle qui a foulé au point son statut de membre permanent du Conseil de sécurité.  Le représentant a assuré que la France continuera de se mobiliser aux Nations Unies et dans toutes les instances internationales, avec ses partenaires, pour soutenir l’Ukraine et le peuple ukrainien.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a estimé que les actes de la Fédération de Russie menacent la paix mondiale.  Il a dit prendre acte de la lettre de la Fédération de Russie, soumise au Conseil de sécurité, et qui explique que leurs actions relèvent de la légitime défense.  Le représentant a appelé la Fédération de Russie à retirer ses troupes d’Ukraine, arguant que ce pays ne pose pas de danger à son voisin.  Le représentant a rappelé que Moscou avait pourtant assuré qu’il n’était pas question de franchir la frontière.  Aujourd’hui, le monde sait exactement ce qui se passe, a-t-il dit.  Le Ghana s’est dit déçu par les actions de la Russie, qui est pourtant un membre permanent du Conseil de sécurité, a-t-il regretté.  Pour les membres du Conseil qui jouissent de ce privilège, cela s’accompagne d’une responsabilité particulière, a-t-il indiqué.  Il a enfin dit sa préoccupation au sujet de la population ukrainienne et des plus de 1 000 étudiants ghanéens se trouvant en Ukraine.  « Donnons encore une chance à la paix », a-t-il conclu. 

M. COSTA FILHO (Brésil) a dit regretter que la résolution n’ait pas été adoptée.  L’emploi de la force contre l’Ukraine est un fait sans précédent, a-t-il relevé.  Il a remercié les auteurs du texte pour leur souplesse sur plusieurs points, tout en estimant que le texte aurait pu être plus propice à la réconciliation, le Brésil s’étant battu pour cela.  Toutefois, étant donné les circonstances, un texte différent n’aurait pas suffi à permettre au Conseil de s’acquitter de ses responsabilités de maintenir la paix et la sécurité internationales, a concédé le représentant.  « Aucun pays élu ou non élu au Conseil, ayant ou non droit de veto, ne devrait pouvoir employer la force contre l’intégrité territoriale d’un autre État sans que le Conseil ne réagisse. »  La paralysie du Conseil pourrait signifier qu’il perd en pertinence alors que nous en avons plus besoin que jamais et qu’il faut faire jouer notre responsabilité collective, a ajouté le représentant. 

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a constaté que l’évolution du conflit ukrainien sape la paix et la sécurité internationales.  Elle a rappelé que son pays n’a eu de cesse d’appeler les parties à la désescalade, plaçant ses espoirs dans les efforts diplomatiques engagés pour faire cesser le conflit et les souffrances des populations.  Dans le contexte actuel, il importe, selon elle, que l’assistance humanitaire parvienne à ceux qui en ont besoin.  Affirmant que chaque État Membre doit bénéficier de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale, elle a souligné que les Émirats, en tant que pays du Moyen-Orient, ne connaissent que trop bien l’importance de ces principes.  Pour la représentante, le besoin se fait aujourd’hui sentir d’un « processus inclusif et consultatif », dans le cadre de la Charte des Nations Unies.  « Telle doit être la base de la reprise du dialogue », a-t-elle estimé, avant d’exhorter toutes les parties au conflit à cesser immédiatement les hostilités.  Pour y parvenir, nous devons poursuivre nos efforts ensemble, a conclu la déléguée en se disant disposée à travailler à cette fin avec les autres membres du Conseil. 

M. MARTIN KIMANI (Kenya) a dit qu’il a voté en faveur de ce texte, « le cœur lourd et plein de compassion pour le peuple ukrainien ».  Il a ensuite mis en garde contre les conséquences des interventions comme celle conduite actuellement en Ukraine.  Nous rappelons les troubles graves que le Sahel connaît depuis l’intervention en Libye, a dit le délégué, en regrettant que les conseils de l’Union africaine aient été ignorés à l’époque.  Enfin, le représentant du Kenya a profondément regretté que la Charte ait été foulée aux pieds.  « Si la Charte pouvait s’exprimer, elle aurait voté en faveur de ce projet de résolution. »

M. ZHANG JUN (Chine) s’est dit préoccupé par l’évolution de la situation sécuritaire en Ukraine.  Il a déclaré que l’intégrité territoriale et la souveraineté des pays doivent être respectées tout comme la Charte des Nations Unies, en appelant à la poursuite des efforts diplomatiques et au dialogue pour négocier un règlement entre les parties concernées.  Le représentant a estimé que le Conseil de sécurité devrait opposer une réponse visant à désamorcer la crise plutôt que de jeter de l’huile sur le feu, compte tenu de la complexité de la situation.  Si on se limite aux sanctions et aux critiques acerbes de la Fédération de Russie, on risque de claquer la porte à un règlement pacifique, a-t-il mis en garde en appelant à tirer les leçons du passé.  À la lumière de cela, la Chine s’est abstenue, a expliqué son représentant en rappelant que la situation actuelle est le fruit de la conjugaison de toute une série de facteurs au fil des ans.  Après cinq cycles d’expansion de l’OTAN, les aspirations sécuritaires légitimes de la Fédération de Russie devraient être prises en compte, a estimé la Chine, et l’Ukraine devrait être un pont entre l’Est et l’Ouest.  Dès lors, la Chine a demandé à toutes les parties de désamorcer la crise et de tenir compte des préoccupations sécuritaires de tous les pays, ce qui passe par un nouveau mécanisme sécuritaire européen équilibré, selon la délégation.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a expliqué avoir voté contre ce projet de résolution car il s’agit d’un texte non seulement antirusse mais aussi anti-ukrainien.  Il l’est parce qu’il essaie de sauver un régime qui a conduit son pays dans une tragédie de huit ans.  Il a ensuite énuméré quelques omissions.  Pourquoi, s’est-il demandé, le texte ne parle-t-il pas de la « junte de Maïdan » et de ses crimes, de la non-mise en œuvre, sous l’œil complice des pays occidentaux, des accords de Minsk, de la discrimination contre les Russophones ou encore de l’afflux d’armes.  Chez ceux qui ont accusé son pays d’abuser de son droit de veto, il a détecté une mémoire sélective, dont leur oubli du renversement d’un gouvernement légitime, en février 2014, par « la junte de Maïdan » et de la manière dont le pouvoir ukrainien, influencé par ses alliés occidentaux, s’est détourné des accords de Minsk. 

Le représentant a cité les crimes des soldats ukrainiens dans l’est de leur pays.  Il a parlé de la tragédie d’Odessa quand des tireurs embusqués ont tiré sur des manifestants pacifiques.  Il a dénoncé « les clichés » sur la propagande russe au détriment d’une évaluation honnête du rôle de « nos collègues occidentaux » qui ont donné carte blanche à des mesures « impensables » dans un pays civilisé, dont la glorification d’Hitler ou encore l’interdiction de la langue russe.  Le « régime de Maïdan », présenté comme démocratique, s’est pourtant livré à des assassinats politiques, n’hésitant pas à fermer six chaînes de télévision.  Comment expliquer, s’est interrogé le représentant, que l’on ait livré autant d’armes à l’Ukraine, en sachant qu’elle allait s’en servir pour ses crimes dans le Donbass.  Ce projet de résolution, a-t-il tranché, n’est rien d’autre qu’un pas de plus dans cette « partie d’échec inhumaine et cruelle ».  Vous avez transformé l’Ukraine en pion de votre géopolitique sans vous soucier du bien-être du peuple ukrainien.  Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, le « régime » utilise des civils comme boucliers humains et place des pièces d’artillerie dans des quartiers civils.  En revanche, a-t-il affirmé, nous ne tuons pas les innocents.  Le représentant a dénoncé les manipulations dont les vidéos d’autres conflits présentés comme des images provenant d’Ukraine.  Il a rejeté les affabulations des États-Unis sur de prétendus bombardements d’écoles.  Nous ne nous battons pas contre le peuple ukrainien mais contre les nationalistes qu’il faut démilitariser et dénazifier pour qu’ils cessent de menacer les populations du Donbass. 

M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a remercié les ambassadeurs des peuples et des nations démocratiques qui ont voté pour la résolution et a dit à leurs enfants « qu’ils peuvent être fiers de leurs parents ».  Il a aussi remercié tous les coauteurs qui auraient voté pour le texte s’ils avaient pu et leur a assuré qu’ils pourront se prononcer, dans les prochains jours, à l’Assemblée générale.  Le représentant a dénoncé les attaques « des nazis » qui prétendent combattre le néonazisme.  Le veto n’est pas une surprise, a-t-il avoué, parce que ce que veut la Russie, c’est poursuivre ses actions dignes des « nazis ».  Le « régime du Kremlin » et pas de la Russie, devrait être appelé « régime russiste ».  L’ennemi, a dit le représentant, en paraphrasant son Président, emploiera toutes les forces à sa disposition pour briser notre résistance.  Ils vont déferler dans notre pays ce soir et notre sort se décide maintenant. 

Les assurances de la Fédération de Russie ne sont en fait que des provocations, a-t-il tranché.  Comment pouvons-nous vous faire confiance alors que vous n’avez aucune idée de ce qui traverse l’esprit de votre Président?  Vos mots ont moins de valeur qu’un bretzel puisque vous n’avez cesse de jurer que vous n’aviez aucune intention d’envahir l’Ukraine.  Vous auriez dû, a estimé le représentant, respecter l’article 20 du Règlement intérieur provisoire du Conseil qui dit qu’un pays ne peut présider une séance s’il est partie à la question à l’examen.  Comme vous ne respectez pas votre propre règlement, je vais faire de même et demander une minute de silence pour la paix et pour les âmes de ceux et celles qui ont déjà perdu la vie et qui risquent de la perdre.  L’Ambassadeur de la Fédération de Russie devrait aussi prier pour son salut, a lancé le représentant. 

À la « poignée » de délégations qui semblent encore tolérer la guerre, il a expliqué que la complexité d’un contexte historique ne saurait servir de prétexte à ce qui se passe en Ukraine.  La sécurité de vos ressortissants devrait être une raison suffisante pour faire cesser la guerre et sauver leurs vies.  Rien ne peut justifier le bombardement de jardins d’enfants, d’hôpitaux ou d’orphelinats.  Ces attaques constituent des crimes de guerre et des violations du Statut de Rome.  Les preuves, qui sont en train d’être recueillies, seront envoyées à La Haye pour qu’un jour, les responsables de ces crimes répondent de leurs actes, a promis le représentant, ajoutant que le pilonnage de pétroliers, effectué aujourd’hui, près du port d’Odessa en mer Noire constitue une violation flagrante du droit international.

Il s’est aussi inquiété de la situation à la centrale nucléaire de Tchernobyl saisie par des groupes armés russes qui ont arrêté le personnel.  Les rayons gamma dans la zone exclusive, qui ont augmenté, dépassent les normes, compte tenu du mouvement des chars russes.  Déjà, plus de 100 personnes ont perdu la vie et 316 ont été blessées, pendant la première journée de l’invasion russe.  De nombreuses infrastructures civiles ont été réduites à néant et afin d’arrêter la progression des chars russes, un jeune ukrainien s’est sacrifié pour détruire un pont. 

L’Ukraine, a tonné le représentant, exerce son droit de légitime défense en application de l’Article 51 de la Charte des Nations Unies.  Or, la Russie vient de bloquer l’adoption d’un texte qui aurait pu stopper la guerre et éviter le rapatriement des centaines de dépouilles de soldats russes dans leur mère-patrie.  Nous n’avons d’autre choix que de défendre notre territoire.  Des centaines de milliers d’Ukrainiens ont déjà rejoint l’armée ukrainienne et c’est la meilleure preuve que nous n’allons jamais nous rendre.  Le représentant a demandé aux partenaires de suivre l’exemple de son pays et de rompre les relations diplomatiques avec la Russie.  Il a aussi demandé aux organisations internationales d’interdire ou de suspendre la Russie, comme l’a fait aujourd’hui le Conseil des ministres du Conseil de l’Europe

Prenant note des sanctions imposées à la Russie, le représentant a salué, dans le même élan, les appels de l’ONU à la générosité des donateurs de l’aide humanitaire.  Arrêtez, a-t-il dit au représentant russe, de harceler le Secrétaire général qui est un ardent défenseur de la Charte des Nations Unies.  C’est vous qui avez tué le format Normandie et les accords de Minsk et il est temps que vous respectiez les principes de la Charte, dont l’égalité souveraine des États, le non-recours à l’emploi de la force ou à la menace de l’employer et l’intégrité territoriale et l’indépendance politique des États.  Nous sommes toujours prêts à négocier mais ne parlez pas à notre place.  N’essayer pas de manipuler nos propos, a conclu le représentant qui a vu de la « folie » dans l’idée de vouloir renverser un gouvernement légitimement élu comme le professe la Fédération de Russie.

Avant de lever la séance, le représentant de la Fédération de Russie a répondu à son homologue ukrainien que ses commentaires « relèvent de sa conscience ».  Il a ensuite cité un communiqué du Ministère russe de la défense en date d’hier, selon lequel les forces russes qui ont pris le contrôle de la zone de Tchernobyl sont parvenues à un accord avec le personnel ukrainien pour garantir la sécurité du sarcophage de la centrale nucléaire.  « Nous ne voulons pas d’une guerre sale », a-t-il affirmé, ajoutant que le personnel local poursuivra son travail d’entretien.  Le niveau de radiation est bas et il n’y a pas de menace pour la population civile, a encore assuré le représentant. 

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