Session de 2022,
Forum de la jeunesse - après-midi
ECOSOC/7076

ECOSOC: le Forum de la jeunesse porte la voix des jeunes et des décideurs qui veulent « des actions » pour que le monde soit sauvé

« Nous devons sauver les objectifs mondiaux, nous devons sauver notre monde. »  C’est sur cette supplication que l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse a clos le Forum de la jeunesse de l’ECOSOC, tenu au cours des deux derniers jours de manière virtuelle.  Un rendez-vous -le plus grand rassemblement de jeunes au monde- qui a permis d’entendre des messages clairs et forts des jeunes: des demandes ardentes de changer les systèmes et les structures pour réduire les inégalités ainsi que des idées, visions et solutions pour remettre le monde sur la bonne voie et réaliser les objectifs de développement durable avant l’échéance de 2030.

Mme Jayathma Wickramanayake a voulu « que ce ne soit pas un autre forum où nous applaudissons, nous tapons dans le dos et passons à autre chose ».  Que ce soit « votre moment d’action », « votre moment de réalisation », a-t-elle lancé aux jeunes, qui doivent penser à des stratégies pour demander des comptes, et aux décideurs politiques, qui doivent autonomiser les jeunes et partager le pouvoir avec eux.  Elle a clairement appelé les jeunes à revendiquer leur leadership lorsque ceux qui sont censés les représenter ne font pas bien leur travail. 

Les participants (13 500 jeunes inscrits au Forum) ont été invités à miser sur Notre programme commun, lancé par le Secrétaire général, et sur le Sommet sur l’éducation, qui se tiendra en septembre pour redéfinir les systèmes éducatifs en fonction des réalités du monde d’aujourd’hui.  Ils ont été appelés à renforcer les efforts de l’ONU par la création d’outils et de plateformes. 

Un nouveau Bureau des Nations Unies pour la jeunesse, qui intégrera les activités actuelles du Bureau de l’Envoyée, soutenu par des ressources durables, sera le lieu idoine pour le plaidoyer, la coordination et la responsabilisation de haut niveau dans le système des Nations Unies.  La création du Bureau avait déjà remis l’ONU sur la bonne voie, a relevé la représentante de African Youth Charter Hustler (Maurice), qui est aussi membre de l’Équipe spéciale des jeunes pour Stockholm+50, la conférence de l’ONU ayant pour thème « une planète saine pour la prospérité de tous – notre responsabilité, notre chance » qui se tiendra dans la capitale suédoise début juin.

M. Liu Zhenmin, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a salué la contribution des jeunes à une relance post-COVID-19 « active » à tous les niveaux - national, régional et mondial.  Il a réaffirmé le principe de participation des jeunes afin qu’ils puissent contribuer à une relance qui donne des résultats inclusifs et durables, tout en rappelant que leur participation est nécessaire pour parvenir aux ODD d’ici à 2030.  Les discussions des deux journées écoulées vont alimenter les débats du forum politique de haut niveau pour le développement durable, qui aura lieu en juillet, a-t-il signalé.

M. Collen Vixen Kelapile, Président de l’ECOSOC, a rendu hommage à l’engagement, au dévouement, à l’audace, à l’honnêteté et à la sagesse des jeunes en ce qui concerne les mesures urgentes à prendre après la pandémie.  Il a apprécié que les jeunes aient fait entendre leur voix pour une reconstruction plus verte et plus durable notamment, et qu’ils aient proposé des solutions concrètes et novatrice pour ne pas être laissés pour compte.  Les jeunes peuvent proposer des solutions alternatives, a témoigné à cet égard Mme Sharifah Shakirah, fondatrice et Directrice de Rohingya Women Development Network (RWDN), la première organisation de réfugiés dirigée par une femme en Malaisie.  Elle a mis en évidence que les idées des jeunes peuvent permettre des changements sur le long terme.  En tant que réfugiée rohingya, elle a salué les efforts des jeunes réfugiés qui se sont engagés pour protéger leurs communautés.

La séance plénière de l’après-midi a commencé par le lancement du deuxième rapport d’étape Jeunesse 2030, après le démarrage en septembre 2018 de la Stratégie des Nations Unies pour la jeunesse dont la mission était de transformer le travail des organes du système des Nations Unies « pour » et « avec » les jeunes.  Des ministres de la jeunesse de toutes les régions du monde ainsi que des jeunes et des responsables onusiens ont participé au débat interactif sur le thème du « renforcement de la solidarité avec les jeunes du monde », précédé par une intervention du Secrétaire général, M. António Guterres.

« J’espère que dans les semaines, les mois et les années à venir, vous continuerez à rester engagés et à soutenir la mise en œuvre de ces propositions ambitieuses par des moyens concrets », a lancé aux jeunes et à tous les participants Mme Wickramanayake.

FORUM DE LA JEUNESSE DE 2022

« Relèvement post-COVID-19: la mobilisation de la jeunesse pour un avenir durable »

Jeunesse 2030: Atteindre les ODD avec et pour les jeunes 

« Continuez d’agir, continuez de vous mobiliser et de présenter vos idées, car nous n’avons plus de temps à perdre », a lancé aux jeunes M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, au cours de cette séance de présentation du deuxième rapport d’étape sur la jeunesse 2030, un programme lancé en septembre 2018 autour de cinq priorités et quatre piliers pour l’inclusion des jeunes dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Rappelant que l’éducation est l’une des priorités essentielles de Jeunesse 2030, le Secrétaire général a attiré l’attention sur l’importance de la prochaine conférence mondiale sur l’éducation prévue en septembre prochain. 

Cette dernière séance du Forum, animée par Mme JAYATHMA WICKRAMANAYAKE, Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, a été l’occasion de saluer la qualité de ce deuxième rapport d’étape qui s’appuie sur des contributions de 40 fonds et programmes de l’ONU et 130 bureaux de pays des Nations Unies sur la participation des jeunes à la réalisation du Programme 2030.  L’Envoyée s’est félicitée que 85% des entités onusiennes aient fourni des données à jour sur les jeunes, par le biais de bases de données mondiales et régionales, et que 100% de ces entités aient facilité l’échange de connaissances sur les jeunes. 

Cette séance bilan de ce forum de deux jours a entendu les interventions liminaires de Mme DANIELLA SOLANO, Présidente de la Fondation Gente Positiva du Costa Rica, qui a alerté sur le manque de soutien apporté aux jeunes dans l’exercice de leurs droits de l’homme, en particulier en matière de santé sexuelle et reproductive, d’emploi décent, de démocratie participative et d’éducation de qualité, et de M. NIDAL BENALI, Président du Conseil de la jeunesse du Maroc, qui a prévenu qu’il n’y a pas d’avenir sans la réelle participation des jeunes. 

Parmi les représentants de fonds et programmes de l’ONU, sont intervenus Mme DIENE KEITA, Directrice exécutive adjointe des programmes du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), et Mme CATHERINE RUSSEL, Directrice exécutive de lUNICEF, qui ont notamment annoncé le lancement d’un portail sur les données concernant les adolescents. 

Des ministres de la jeunesse de toutes les régions du monde ainsi que des jeunes ont également participé au débat interactif sur le thème du « renforcement de la solidarité avec les jeunes du monde ».  La Ministre de la jeunesse de lAlbanie a indiqué que son pays vient de mettre en œuvre son premier programme pour les jeunes 2022-2029 élaboré avec la participation de 1 200 jeunes albanais, mais aussi avec la collaboration du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et de l’UNICEF.  Si la Présidente de la Fédération chinoise des jeunes s’est félicitée de la mise en œuvre d’un programme d’autonomisation des jeunes chinois adopté par 90 villes du pays, le Ministre de la jeunesse de la République dominicaine a aussi partagé les efforts de son pays pour mettre les jeunes au centre de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  Le Directeur général du Conseil national de la jeunesse du Guatemala, pays où les jeunes représentent 36% de la population, a fait valoir les efforts de son pays pour adapter la politique nationale de la jeunesse aux réalités des ODD.  Le Secrétaire dÉtat à la jeunesse du Portugal s’est particulièrement félicité de l’organisation de la « Conférence mondiale des ministres de la jeunesse 2019 et du Forum des jeunes Lisboa+21 », 21 ans après l’adoption de la Déclaration de Lisbonne sur les politiques et programmes en faveur de la jeunesse, qui ont offert aux gouvernements nationaux et aux jeunes femmes et hommes l’occasion de discuter des opportunités d’améliorer les politiques et programmes touchant la jeunesse, dans le contexte du Programme 2030. 

« Nous avons la possibilité de tenir notre parole, de façonner un monde plus vert et plus sain », a conclu l’Envoyée de la jeunesse avant d’appeler à transformer la peur en espoir en associant les jeunes à nos ambitions pour la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Renforcer la solidarité avec les jeunes du monde entier

Cette dernière table ronde du Forum de la jeunesse 2022 était l’occasion pour les jeunes participants de poser leurs questions via les réseaux sociaux sur Notre Programme commun du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres.  Mme JAYATHMA WICKRAMANAYAKE, Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, a posé la première question sur la perte de confiance des jeunes dans le système international y compris l’ONU.  Mme NANDINI TANYA LALLMON, African Youth Charter Hustler de Maurice et membre de l’Équipe spéciale des jeunes pour Stockholm+50, a estimé que les jeunes doivent être engagés à nouveau au sein du système international pour pouvoir y participer activement.  Ils ont besoin d’avoir une bonne compréhension des processus décisionnels et de comprendre comment ces processus peuvent créer un vrai changement, a-t-elle souligné.  Elle a exigé une culture de transparence et l’application d’un principe de responsabilité pour rétablir la confiance des jeunes.  Elle a estimé que la création du Bureau de l’Envoyée pour la jeunesse a remis l’ONU sur la bonne voie.  « C’est l’engagement plus important de l’ONU envers les jeunes. »  M. ROMAN GOJAYEV, Generation Connect Visionaries Board, a suggéré d’informer les jeunes sur le fonctionnement des Nations Unies et sur les processus de décision à l’ONU y compris au niveau local.  Il faut réajuster nos attentes pour être sûr qu’elles soient à la hauteur des objectifs souhaités, a-t-il ajouté.

Pouvez-vous donner une vision du multilatéralisme en 2050?  À cette question d’une participante du Maroc, Mme ILONA SZABÓ DE CARVALHO, fondatrice et Présidente de l’Institut Igarapé et membre du Groupe consultatif de haut niveau sur le multilateralisme efficace, a dit que le document Notre Programme commun est tourné vers l’avenir afin d’inspirer les jeunes en proposant une approche mondiale et inclusive qui est la clef du changement.  Les jeunes sont les chefs de file du changement et nous avons besoin de leur énergie pour mettre en œuvre le Programme 2030 et l’Accord de Paris sur le climat, a souligné l’oratrice.  C’est aussi un document pratique axé sur les résultats.  Il propose des solutions pour avoir des résultats sur les changements climatiques, la paix et le développement.  Notre Programme commun est un document qui rassemble les États Membres, les jeunes de la société civile, les universités et les minorités, les élus et l’ensemble du système de l’ONU.  

Quelles sont les entraves à la mise en œuvre de l’autonomisation des jeunes à l’ONU? a interrogé une participante du Brésil.  La fondatrice de l’Institut Igarapé s’est réjouie du fait que les jeunes s’invitent eux-mêmes à la table.  Cela a accéléré la mise en œuvre, a-t-elle ajouté.  Il n’en demeure pas moins que de nombreux jeunes du Sud restent exclus.  Il faut retenir ce qui marche et améliorer ce qui ne fonctionne pas.  Il faut également une coordination et un suivi efficaces des différentes politiques y compris la participation des jeunes dans l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi des plans et des programmes.  La représentante de l’Équipe spéciale des jeunes pour Stockholm+50 a encouragé les jeunes à innover et ne pas craindre les approches radicales, dans les domaines climatiques notamment.  Il faut mettre de côté les stratégies qui ne fonctionnent plus, toujours garder le sens de l’urgence et renforcer les liens existants, a-t-elle plaidé. 

Comment les jeunes peuvent avoir leur voix au chapitre dans les questions cruciales du moment, notamment dans le domaine de la technologie? a demandé une jeune de l’Inde.  Le représentant de Generation Connect Visionaries Board a salué l’exigence des jeunes de participer aux processus décisionnels parce que la participation des jeunes a gagné en importance depuis la pandémie de COVID-19.  Ils veulent un monde connecté mais beaucoup d’entre eux n’ont pas accès à Internet alors qu’ils veulent discuter des problèmes qui les concernent, a-t-il noté.  Pour la représentante du Groupe consultatif de haut niveau sur le multilateralisme efficace, il faut trouver des manières d’inclure les jeunes dans la conversation en tant qu’agents actifs.  Leurs besoins et leurs rêves doivent être pris en compte dans l’élaboration des politiques qui ont des implications sur beaucoup d’entre eux, a-t-elle recommandé en ajoutant qu’une implication des jeunes est essentielle pour un multilatéralisme efficace fondé sur les réseaux.  Sans les jeunes, les objectifs ne seront pas atteints, a prévenu l’intervenante.

Comment assurer l’inclusion des jeunes dans les pays où la participation des jeunes n’est pas assurée?  Comment créer un espace de participation pour les jeunes?  Il faut mettre un terme à l’âgisme, a exigé la représentante de l’Équipe spéciale des jeunes pour Stockholm+50.  Elle a encouragé les jeunes à tirer parti de la technologie pour faire entendre leur voix.  Le représentant de Generation Connect Visionaries Board a souligné à son tour l’importance de la participation des jeunes y compris pour les groupes vulnérables.  

Quelle est la première mesure à prendre lorsque l’on travaille sur les ODD?  Pour la fondatrice de l’Institut Ingarapé, il faut travailler ensemble avec les populations qui ont besoin du changement.  Pour le représentant de Generation Connect Visionaries Board, il faut identifier les problèmes et trouver les moyens pour y faire face au sein des communautés et négocier avec les décideurs politiques pour qu’ils prennent des décisions.  La représentante de l’Équipe spéciale des jeunes pour Stockholm+50 a demandé la création d’espaces et l’inclusion de tous les groupes marginalisés lors de l’élaboration des plans.  Il ne peut y avoir de développement durable que lorsque tout le monde est inclus, en particulier les groupes marginalisés, a-t-elle conclu.

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