La Commission du désarmement achève sa session 2022 après trois ans d’interruption
Après plus de deux semaines de délibérations, la Commission du désarmement a conclu sa session 2022, la seconde de son cycle triennal, en adoptant aujourd’hui par consensus son rapport amendé oralement et ceux de ses deux Groupes de travail sur le désarmement nucléaire et l’espace extra-atmosphérique, respectivement.
La Commission du désarmement s’était réunie le 4 avril dernier à New York pour sa première session de fond après un hiatus de trois ans dû à la pandémie de COVID-19 et à d’autres questions organisationnelles, comme l’avait expliqué son Président, M. Xolisa Mfundiso Mabhongo, de l’Afrique du Sud.
M. Kurt Davis (Jamaïque), Président du Groupe de travail I, a présenté le rapport de son groupe sur le désarmement et la non-prolifération nucléaires. Mme Szilvia Balázs (Hongrie), Présidente du Groupe de travail II, a présenté son rapport sur les mesures de confiance à établir pour éviter une course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique. Ces deux rapports ont été présentés « comme deux rapports de procédure ».
Le Président s’est ensuite félicité de la reprise des travaux de fond après ces trois années d’interruption, en insistant sur le rôle critique joué par cette commission dans les efforts de désarmement. Le Président a noté le caractère universel de la Commission et espéré que l’esprit constructif constaté lors de cette session aboutira à un nouvel élan dans le domaine du désarmement.
L’espace extra-atmosphérique ne saurait être le pré carré des grandes puissances, a indiqué le représentant des Pays-Bas, avant de condamner l’invasion de l’Ukraine par la Russie. L’Autriche a déploré qu’une délégation « instrumentalise » la règle du consensus, au risque de plonger la Commission dans l’impasse. La Fédération de Russie essaie d’éliminer systématiquement toute référence à la société civile dans les processus onusiens, a dit le délégué, en déplorant la « vérité alternative » développée par ce pays sur la guerre en Ukraine.
Le délégué de la Fédération de Russie a rappelé que ce hiatus de trois ans s’explique par la non-délivrance de visas à des membres de certaines délégations. Certains États Membres ont tenté de politiser les discussions « pour détourner l’attention de la Commission des questions qui nous intéressent », a-t-il lancé à ses homologues des Pays-Bas et de l’Autriche. Il a souligné l’apport de son pays au désarmement nucléaire, en ajoutant que toute décision dans ce domaine doit être prise par consensus.
De son côté, l’Argentine a appelé à remédier à la course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique, et l’Australie à un comportement « responsable » de la part des États dans ce domaine. Appuyé par l’Irlande, la déléguée australienne a regretté que le rapport ne prenne pas en compte la voix des organisations non-gouvernementales.
La déléguée de l’État de Palestine a estimé que le Traité de non-prolifération (TNP) est la pierre angulaire du régime de non-prolifération, tandis que l’Iraq et la Syrie ont souligné l’importance de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. C’est un objectif que l’Égypte s’efforce toujours d’atteindre, a appuyé le délégué de ce pays.
Enfin, la représentante des États-Unis n’a pas fait mystère des difficultés à parvenir à un consensus au sein de la Commission, espérant que la prochaine Conférence d’examen du TNP soit l’occasion de renforcer le régime de non-prolifération. Répondant au délégué russe, elle a assuré que son pays a toujours délivré des visas aux membres des missions, conformément à ses obligations en vertu de l’Accord de Siège. Elle a aussi demandé à la Russie de mettre un terme à son agression de l’Ukraine.
Exerçant son droit de réponse, la Russie a répondu aux accusations « injustifiées » ciblant son pays en lien avec l’« opération militaire spéciale » menée par Moscou. Elle a déjà expliqué les raisons de cette opération, a-t-elle rappelé, en appelant à ne pas politiser les travaux de la Commission: « Concentrons-nous sur les questions nous permettant d’avancer sur la voie du désarmement. »
« Je n’ai pas d’autre choix que de réagir aux remarques de la Russie », a rétorqué le délégué de l’Ukraine. « Ce n’est pas une opération spéciale, c’est une guerre », a-t-il dit, en ajoutant que son pays ne fait que défendre son territoire. Il a dénoncé la propagande russe et la commission d’atrocités de masse par les forces russes. « La guerre n’est pas le choix de l’Ukraine. » Réagissant, le délégué russe a déclaré que « la Russie n’a déclaré la guerre à personne ».