Ukraine: trois ans exactement après l’invasion par la Russie, le Conseil de sécurité adopte une première résolution demandant la fin du conflit dans les plus brefs délais

9866e séance – après-midi
CS/16005

Ukraine: trois ans exactement après l’invasion par la Russie, le Conseil de sécurité adopte une première résolution demandant la fin du conflit dans les plus brefs délais

Le Conseil de sécurité a adopté cet après-midi une résolution, proposée par les États-Unis, qui demande instamment qu’il soit mis fin au conflit dans les plus brefs délais et qui plaide pour une paix durable entre l’Ukraine et la Fédération de Russie. C’est la première fois qu’une résolution est adoptée par le Conseil sur le dossier de l’Ukraine depuis le début de la guerre, il y a trois ans jour pour jour, et cette adoption intervient après celle, ce matin, de deux résolutions à l’Assemblée générale

Malgré les abstentions des cinq pays européens du Conseil (Danemark, France, Grèce, Royaume-Uni et Slovénie), la résolution a été adoptée par 10 voix pour et, donc, zéro voix contre.  De plus, cinq propositions d’amendement ont auparavant été rejetées, trois présentées par les mêmes pays européens et deux par la Fédération de Russie.  Avant cela, le Conseil a également rejeté une motion de procédure présentée par la France qui visait à reporter de 24 heures le vote sur le projet de résolution. 

Le texte adopté, très bref (83 mots au total, un seul alinéa pour le dispositif et deux pour le préambule) et « élégant dans sa simplicité », selon son auteur, précise que le Conseil déplore les tragiques pertes en vies humaines qu’a causées le conflit entre la Fédération de Russie et l’Ukraine.  Un des amendements européens demandait de remplacer la dernière partie de la phrase par « qu’a causées l’invasion totale de l’Ukraine par la Fédération de Russie ». 

Le texte de la résolution, réaffirme par ailleurs que l’ONU a pour but premier, comme l’énonce la Charte des Nations Unies, de maintenir la paix et la sécurité internationales et de régler les différends par des moyens pacifiques. 

Explications de la délégation porte-plume

« Nous sommes au bord du précipice de l’histoire », ont déclaré les États-Unis avant le vote sur les amendements en appelant leurs collègues à être à la hauteur pour tracer la voie à suivre afin que le Conseil puisse faire son travail et mettre fin à l’horreur. « Arrêtons de nous perdre dans les arguties théoriques.  Nous devons tomber d’accord sur des principes de base. » 

« Nous aussi nous voulons une paix historique », a assuré la déléguée américaine à l’intention de ses collègues européens.  Cette résolution n’est pas un accord de paix mais représente la voix vers la paix, a-t-elle argué.

Cinq amendements présentés, tous rejetés

La délégation du Royaume-Uni a présenté les trois amendements introduits par son pays ainsi que par le Danemark, la France, la Grèce et la Slovénie, en évoquant le soutien massif accordé à ces mêmes amendements ce matin à l’Assemblée générale. 

La France a expliqué que ces propositions d’amendement visaient à marquer l’attachement résolu de ces cinq pays pour une paix juste, globale et durable en Ukraine, avec pour fondement la Charte des Nations Unies et le droit international.  Une paix qui doit respecter la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance de l’Ukraine; une paix qui ne peut en aucun cas être synonyme de capitulation de l’agressé, a précisé la délégation.  La France a ajouté que ces amendements visaient aussi à rappeler qu’il y a dans ce conflit un agresseur et un agressé. 

De son côté, la Fédération de Russie a parlé de « pas dans le bons sens » pour régler de façon pacifique le conflit, en faisant référence à la nouvelle Administration de la Maison Blanche.  Pour que cette initiative corresponde mieux à ce qui a été convenu lors des contacts de haut niveau entre les États-Unis et la Russie, celle-ci a proposé un amendement proposant d’insérer, dans le dispositif, « notamment en s’attaquant à ses causes profondes » après « qu’il soit mis fin au conflit dans les plus brefs délais ». 

Un autre amendement russe proposait de remplacer, dans le dispositif, « paix durable entre l’Ukraine et la Fédération de Russie » par « paix durable à l’intérieur de l’Ukraine »; et un changement au premier paragraphe du préambule: remplacer « le conflit entre la Fédération de Russie et l’Ukraine » par « le conflit autour de l’Ukraine ».

En appelant les membres du Conseil à appuyer ces amendements, le délégué russe rejetait en même temps tous les projets d’amendement présentés par les pays européens. 

Finalement, les cinq amendements ont été rejetés, dont deux (présentés par les pays européens) à cause d’un vote négatif d’un membre du Conseil, c’est-à dire un veto russe. 

La résolution adoptée, vue comme un jalon historique

Les États-Unis se sont félicités de l’adoption de la résolution, sans amendements, en faisant remarquer que c’est le premier texte sur lequel le Conseil se prononce depuis le début du conflit en Ukraine.  « Nous devons l’utiliser pour bâtir un avenir pacifique pour l’Ukraine, la Russie et la communauté internationale. »

Le Pakistan, qui a voté en faveur de la résolution, a espéré que ce processus, qui sera difficile, prenne racine.  La paix est un objectif commun qui nécessite une approche inclusive et globale, a-t-il observé.  À son avis, dans le monde actuel, il ne faut pas opter pour les affrontements ni pour la cessation de la communication.  Le Panama a de même appuyé cette résolution et dit vouloir contribuer à ce que les parties cessent les hostilités. 

« Nous avons demandé la tenue de négociations sérieuses, directement ou indirectement, pour parvenir à une paix juste et permanente dans la région, grâce au règlement pacifique du conflit en se basant sur la Charte des Nations Unies et en tenant compte des préoccupations légitimes en matière de sécurité des deux parties », a rappelé l’Algérie qui a appuyé également la résolution. 

C’est une résolution d’importance historique qui a été adoptée, a estimé la République de Corée en espérant que cela soit l’occasion de déployer davantage d’efforts diplomatiques pour parvenir à une paix juste et durable.  Attachée à défendre les principes de la Charte, elle a indiqué avoir voté pour les amendements présentés par les pays européens et pour le projet de résolution proposé par les États-Unis. 

La résolution est une avancée importante, a commenté le Guyana tout en indiquant qu’il aurait souhaité une mention sur les buts et principes de la Charte (notamment l’absence de recours à la force), raison pour laquelle il a voté en faveur de l’amendement en ce sens proposé par les pays européens. 

Les explications des pays abstentionnistes

Les pays européens ont expliqué leur abstention lors du vote de la résolution.  La France a appelé à une paix juste et globale et non à la capitulation de l’agressé.  « Nous appelons à une paix qui doit avoir pour fondement la Charte des Nations Unies et le droit international. »  La France a insisté sur le fait qu’il n’y aura nulle part de paix et de sécurité si les agressions sont récompensées et si la loi de la jungle l’emporte.  La paix devra respecter la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance de l’Ukraine, a-t-elle ajouté. 

Seule une paix juste, qui respecte notre Charte, pourra perdurer, a renchéri le Royaume-Uni en faisant valoir que les termes de la paix comptent.  Les termes de la paix doivent envoyer un message clair que l’agression n’est pas le choix à faire.  Pour la délégation, le Conseil de sécurité doit être très clair en ce qui concerne les origines de la guerre: la Russie a choisi de lancer une guerre d’agression contre un État souverain.  De plus, une paix sans consentement de l’Ukraine ne saurait être durable, a-t-elle souligné. 

Si la Slovénie a soutenu la démarche des États-Unis visant à donner un élan à la paix, elle a jugé vital de définir dès le début le cadre des négociations de paix.  Or le texte adopté ne répond pas à nos exigences, a-t-elle expliqué.  Même son de cloche du côté du Danemark, pour qui la paix doit se faire sur des termes justes.  « Nous devons défendre les buts et principes de la Charte », a-t-il lancé en se félicitant des efforts déployés pour mettre fin à cette guerre insensée. Mais la résolution d’aujourd’hui n’est pas suffisante à cet égard, selon la délégation qui a demandé de s’engager à défendre la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. 

Les critiques et la satisfaction exprimées par la Fédération de Russie

Les délégations européennes ont saboté les avancées positives pour résoudre cette crise en alourdissant le texte de passages politisés ayant pour objectif de mettre fin à toute perspective de paix, a dénoncé la Russie qui, elle, a choisi de ne pas proposer d’amendement majeur pour soutenir l’approche raisonnable du texte américain.  Elle a regretté toutefois que ses amendements n’aient pas été adoptés. 

Pour la délégation, même la proposition d’agir dans le cadre de la Charte des Nations Unies était formulée avec malice par les pays européens puisque parmi tous les principes existants, seul le respect territorial des États est mis en avant.  Le respect des droits humains ou le respect du droit à l’autodétermination sont oubliés, alors même que c’est le non-respect de ces principes par le régime de Kiev qui a engendré le conflit ukrainien, a argumenté la délégation. 

Pour la Russie, l’Union européenne est le seul acteur qui souhaite voir cette guerre se poursuivre. 

Si elle a estimé que le texte n’est pas idéal, elle a souligné que c’est le premier produit du Conseil de sécurité qui ouvre la voie à la paix et qui ne souffle pas sur les braises du conflit.  C’est un point de départ pour déployer des efforts visant à régler la crise ukrainienne. 

La fenêtre de la paix s’entrouvre alors que nous parlons, a confirmé la Chine, qui s’attend à ce que le Conseil appuie les appels à la paix.  C’est à la table des négociations que la situation pourra être réglée, a rappelé la délégation en manifestant son appui à l’accord entre la Russie et les États-Unis pour entamer les pourparlers de paix. 

Motion de procédure de la France, rejetée par le Conseil

En début de séance, la France a présenté une motion visant à ajourner la présente séance jusqu’au 25 février à 15 heures, « pour prendre le temps d’examiner la question », étant donné que le Conseil n’avait pas mené de véritables négociations, selon la délégation.  La France a précisé faire cette demande également au nom du Royaume-Uni, du Danemark et de la Grèce.  Cette motion a été rejetée par un vote qui a donné le résultat suivant: 6 voix pour, 3 voix contre et 6 abstentions. 

L’invasion d’il y a trois ans appelle à un Conseil de sécurité uni et pour le moins un Conseil qui prenne le temps de traiter d’un tel sujet essentiel à la sécurité européenne, à la sécurité collective et à la paix internationale, a argué la France au soutien de sa demande.  Le Royaume-Uni a précisé que cette demande était faite conformément à l’article 33 du Règlement intérieur provisoire du Conseil de sécurité. 

Si la France a affirmé que le projet de texte avait été soumis sans être présenté pour consultations aux membres du Conseil, les États-Unis ont assuré qu’il y avait eu « nombre de consultations » et se sont opposés au report du vote sur leur projet de résolution.  Les États-Unis ont déjà accepté de reporter le vote à cet après-midi, a justifié la déléguée avant d’observer que c’est un texte tourné vers l’avenir et pas vers le passé.  « Nous avons un élan à saisir, nous n’avons pas de temps à perdre. »  Les États-Unis ont consulté les membres du Conseil ce matin et cet après-midi, a assuré la délégation, et « l’heure est venue de voter ».

Texte du projet de résolution (S/2025/112)

Le Conseil de sécurité,

Déplorant les tragiques pertes en vies humaines qu’a causées le conflit entre la Fédération de Russie et l’Ukraine,

Réaffirmant que l’Organisation des Nations Unies a pour but premier, comme l’énonce la Charte des Nations Unies, de maintenir la paix et la sécurité internationales et de régler les différends par des moyens pacifiques,

1.    Demande instamment qu’il soit mis fin au conflit dans les plus brefs délais et plaide pour une paix durable entre l’Ukraine et la Fédération de Russie.

 

***NOUVEAU - Suivez la couverture des réunions en direct sur notre LIVE***

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale adopte deux résolutions concurrentes sur l’Ukraine

Onzième session extraordinaire d’urgence (reprise),
20e & 21e séances plénières - matin & après-midi
AG/12675

L’Assemblée générale adopte deux résolutions concurrentes sur l’Ukraine

Trois ans, jour pour jour, après le déclenchement du conflit en Ukraine, l’Assemblée générale a adopté deux résolutions –dont une qui a été amendée- appelant à la paix en Ukraine, l’une présentée par la Vice-Ministre ukrainienne des affaires étrangères et l’autre par les États-Unis.  Les États Membres ont tranché « à la Salomon » en octroyant 93 votes en faveur de chacun des textes, alors que de nombreuses délégations ont affirmé « rien sur l’Ukraine sans l’Ukraine ».

Au préalable, le Vice-Président de l’Assemblée générale avait ouvert cette onzième session extraordinaire d’urgence en appelant les États à démontrer qu’une paix durable en Ukraine est possible.

Dans le premier texte, intitulé « promotion d’une paix globale, juste et durable en Ukraine » et principalement porté par l’Ukraine et les États membres de l’Union européenne, l’Assemblée générale réaffirme son attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine et demande que, conformément à la Charte des Nations Unies et au droit international, l’on œuvre à la désescalade du conflit, qu’il soit rapidement mis fin aux hostilités et qu’une solution pacifique soit trouvée à la guerre contre l’Ukraine.  Elle rappelle également qu’il convient d’appliquer pleinement les résolutions qu’elle a adoptées en réponse à « l’agression contre l’Ukraine ».

Au cours du vote sur ce texte, 65 délégations ont préféré s’abstenir tandis que 18 ont marqué leur opposition, y compris la Fédération de Russie et les États-Unis. 

« La manière dont nous répondons aujourd’hui à l’agression russe définira l’avenir de l’Ukraine, de l’Europe et de notre avenir commun », a souligné la Vice-Ministre des affaires étrangères ukrainienne selon qui « l’avenir d’une nation ne doit pas être déterminé par une nouvelle conférence de Yalta ». 

Intitulé « le chemin vers la paix », le texte américain a, quant à lui, été adopté dans une version amendée par 93 voix pour, 8 contre (Bélarus, Burkina Faso, Fédération de Russie, Mali, Nicaragua, Niger, République populaire démocratique de Corée et Soudan), et 73 abstentions, dont celle des États-Unis qui marquaient ainsi leur opposition aux trois projets d’amendement présentés par la France au nom de l’Union européenne.  La délégation russe a également présenté un projet d’amendement, mais celui-ci a été rejeté.

Aux termes de cette résolution très brève, l’Assemblée demande instamment qu’il soit mis fin au conflit dans les plus brefs délais et plaide pour une paix durable entre l’Ukraine et la Fédération de Russie.

Avant le vote, la délégation américaine avait vainement appelé l’Ukraine à retirer son texte et à faire bloc derrière sa propre initiative, « une déclaration simple et tournée vers l’avenir » qui « n’est pas un accord de paix, mais un chemin menant à la paix ». 

« Le pas des États-Unis est un pas dans la bonne direction », a salué de son côté la Fédération de Russie qui a vu dans le texte américain des mesures concrètes et réalistes pour mener à la paix.  « Trump et son équipe ont enfin vu le véritable visage de Zelenskyy, prêt à sacrifier toute la population et les richesses naturelles de l’Ukraine pour son pouvoir ».

Amendements au texte américain 

Avant le vote sur la résolution des États-Unis, la France a présenté trois amendements au projet américain au nom de 23 États membres de l’Union européenne et du Royaume-Uni.  Le premier amendement (A/ES-11/L.13 ) prévoit de remplacer les mots « conflit russo-ukrainien » par « invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Fédération de Russie » et a été adopté par 60 voix en sa faveur, 18 contre et 81 abstentions.  Le deuxième amendement (A/ES-11/L.14) « réaffirme notre engagement pour la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, dans ses frontières internationalement reconnues », a expliqué la France.  Cette modification du texte américain a aussi été entérinée par 79 votes pour, 16 contre et 67 abstentions.

Le troisième amendement (A/ES-11/L.15) appelle à une paix juste, durable et globale en Ukraine, qui respecte la Charte des Nations Unies et les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale.  Il a été soutenu par 83 États, tandis que 16 s’y sont opposés et 61 ont préféré s’abstenir.

« Ces amendements rappellent qu’il y a dans ce conflit un État agresseur et un État agressé et marquent notre attachement à la paix, une paix juste et durable, qui doit avoir pour fondement la Charte des Nations Unies et le droit international », a indiqué la France.    

A contrario, l’amendement proposé au texte américain par la Fédération de Russie (A/ES-11/L.12) n’a pas reçu le soutien escompté et a été rejeté par 71 États.  Il a recueilli 31 voix pour alors que 59 délégations ont opté pour l’abstention. Cette proposition visait à insérer dans le dispositif le libellé « notamment en s’attaquant à ses causes profondes » après « qu’il soit mis fin au conflit dans les plus brefs délais ».

Explications de vote

Les délégations ont également entendu d’autres déclarations avant le vote.

« Tout le monde veut la paix, mais de quelle paix parle-t-on, si elle ne s’accompagne pas de justice? » s’est indigné le représentant du Canada dont la déclaration a été accueillie par des applaudissements nourris.  Il a également fait part de son ferme appui au texte porté par l’Ukraine « qui se bat non seulement pour son propre pays, mais pour des principes consacrés par le droit international ».  Après avoir rejeté les visées « impérialistes » de Vladimir Putin, il a affirmé que le Canada et son peuple souhaitent être à la hauteur du courage de l’Ukraine.

Jugeant que la résolution présentée par l’Ukraine n’est « pas suffisamment inclusive », l’Afrique du Sud a réitéré l’importance de progresser vers la paix plutôt que de contribuer à la polarisation.  Selon le Paraguay, la proposition des États-Unis offre une nouvelle approche pour la paix et la compréhension, alors que la Chine a estimé qu’une « fenêtre de tir » s’ouvre aujourd’hui avec l’accord entre les États-Unis et la Russie pour l’ouverture de pourparlers de paix. Elle a émis l’espoir que l’Europe y contribuera et que la communauté internationale parviendra à s’attaquer aux causes sous-jacentes du conflit. 

L’Indonésie a estimé que l’Assemblée générale doit envoyer un message d’unité en faveur du règlement du conflit.  Elle a aussi appelé, comme maintes délégations, à faire respecter les principes de la Charte des Nations Unies, les droits humains et la souveraineté de l’Ukraine. 

S’exprimant au nom des pays nordiques, qui se sont portés coauteurs du projet de résolution ukrainien, le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Suède a plaidé pour une paix qui s’inscrit dans le droit international et la Charte des Nations Unies, appelant à ce que les violations aient des conséquences, « faute de quoi on peut craindre pour la sécurité internationale ».  Il a estimé que l’Ukraine et l’Europe doivent impérativement participer aux négociations en vue d’un règlement du conflit, a-t-il souligné.

« La cause de l’Ukraine c’est la cause du bien contre le mal », a déclaré le Ministre de la justice, des affaires intérieures et de la migration de l’Irlande selon qui « l’avenir crédible du multilatéralisme en dépend ».  Le Ministre des affaires étrangères de la Pologne a averti pour sa part que les pays tentés par une normalisation de leurs relations avec Moscou « confieraient leur sécurité et leur stabilité économique à un autocrate et à un criminel de guerre ».  Pour le Ministre, « si l’Ukraine est abandonnée, ce pourrait être ensuite le tour d’un autre pays d’Europe de l’Est, et pourquoi pas d’un État du Moyen-Orient ou d’Afrique, ciblé pour servir de base militaire russe, en remplacement de la Syrie où un régime soutenu par le Kremlin s’est récemment effondré ».

La Tunisie a dit avoir voté pour les deux projets de résolution, tandis que la République arabe syrienne a dit s’être abstenue sur les projets de résolution pour « ne pas contribuer à la polarisation ».  Le Brésil a pour sa part estimé qu’aucun des deux textes n’avait la maturité nécessaire pour obtenir un vote favorable de sa part. Il a toutefois jugé qu’il reste possible de trouver un « juste milieu » entre les deux résolutions. 

La République islamique d’Iran a répété que tout différend doit être réglé par des moyens pacifiques et par le dialogue, soulignant que la « provocation de l’OTAN » à l’égard de la Russie a mené à la situation actuelle en Ukraine.  La Ministre des affaires étrangères de la Lettonie a réfuté au contraire toute implication de l’OTAN.  Elle a ajouté que cette guerre d’agression n’a rien à voir non plus avec un prétendu fascisme en Ukraine ou avec la protection des droits des russophones. « Les causes profondes de la guerre sont les ambitions impérialistes et coloniales de la Russie », a-t-elle accusé.

Reprise du débat relatif à la onzième session extraordinaire d’urgence 

Après les explications de vote, de nombreux intervenants, dont l’Envoyée spéciale pour l’Ukraine des Pays-Bas ont insisté sur la nécessité pour l’Ukraine de siéger à la table des négociations.  Un simulacre de paix imposé au peuple ukrainien contre sa volonté ne servira à rien, a mis en garde la délégation d’Allemagne, appuyée par la Suisse.  Dans cette veine, le Portugal a dit être « pour la paix mais pas n’importe quelle paix », appelant à une paix juste et globale, dans le respect des principes de la Charte et de l’indépendance de l’Ukraine.  L’Italie a aussi argué que seule la pleine participation de l’Ukraine et de l’Europe aux pourparlers permettra de garantir une paix durable. 

« Toute paix qui risque de récompenser l’agression accroît le risque pour n’importe quel pays, où qu’il soit dans le monde, d’être confronté à une agression similaire », a mis en garde l’Union européenne.  Un avis partagé par le Royaume-Uni, l’Autriche faisant valoir que « l’agression russe n’est pas un problème européen mais un motif de préoccupation mondiale ».  Le Ministre des affaires étrangères de la Grèce a appelé à la conclusion « d’un accord qui garantisse et agisse de manière dissuasive et préventive dans les années à venir ». 

La Slovaquie a dit espérer que des progrès significatifs impliquant toutes les parties, y compris l’Ukraine et l’Union européenne, seront bientôt réalisés, conduisant à une paix juste et durable, et permettant à l’Ukraine d’obtenir des garanties sur sa sécurité future.  Un règlement pacifique de la crise ukrainienne, fondé sur la Charte permettra d’éviter de nouvelles escalades, a renchéri le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Géorgie

Le Vice-Ministre des affaires étrangères de la République tchèque a exigé pour sa part que le crime d’agression commis par la Russie ne reste pas impuni et que les responsables de crimes de guerre et d’autres atrocités soient traduits en justice.  Dans la même lignée, la Bulgarie a estimé que toute négociation doit inclure la responsabilisation pour les crimes commis.  La création d’un tribunal international spécial pour les crimes commis au cours du conflit en Ukraine a été appuyée par le Luxembourg et la Roumanie, la Lituanie appelant aussi à établir les responsabilités du « régime de Loukachenko » du Bélarus s’agissant de ses violations des droits des Ukrainiens comme des droits de son peuple. 

Le Japon a condamné l’engagement de troupes de la République populaire démocratique de Corée dans les combats contre l’Ukraine, et a réitéré sa profonde préoccupation concernant la coopération militaire entre l’Iran et la Russie.  L’Australie a dénoncé les menaces à la sûreté nucléaire, tandis que le Brésil a estimé qu’il est temps d’écouter la voix des pays du Sud. 

La République populaire démocratique de Corée a condamné pour sa part la tenue de cette réunion destinée à « falsifier la réalité ». Selon elle, l’Occident est responsable d’avoir déversé des montants d’aide militaire faramineux, obsédé qu’il est par « le rêve irréaliste de vaincre la Russie par tous les moyens possibles ». Même son de cloche pour le Venezuela qui a dénoncé les pays qui fournissent les armes en Ukraine et font peser un risque d’embrasement. 

L’International Institute for Democracy and Electoral Assistance (IDEA) a estimé qu’« il ne peut y avoir d’élections libres sans sécurité, il ne peut y avoir de démocratie sans souveraineté, et il ne peut y avoir de paix durable sans justice ».  Citant le pape François, le Saint-Siège a rappelé que « la guerre est toujours un échec ».

En fin de séance, le droit de réponse a été exercé par l’Inde, le Pakistan, la République populaire démocratique de Corée par deux fois, la République islamique d’Iran, la République de Corée et le Japon.

Avant l’examen des textes, l’Assemblée générale a pris note du fait que l’Afghanistan, la Bolivie, le Cabo Verde, la République du Congo, l’Équateur, Grenade, la Guinée-Bissau, Sao Tomé-et-Principe et le Venezuela (A/ES-11/116) sont en retard dans le paiement de leurs contributions au sens de l’Article 19 de la Charte des Nations Unies. 

En vertu de sa résolution 79/3, elle a néanmoins décidé que Sao Tomé-et-Principe serait autorisée à participer aux votes organisés dans le cadre de sa onzième session extraordinaire d’urgence, laquelle a été ajournée en fin de séance à titre provisoire.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

RDC: le Conseil de sécurité condamne l’offensive menée par le M23 avec le soutien de la Force de défense rwandaise et exige leur retrait immédiat

9865e séance – après-midi  
CS/16004

RDC: le Conseil de sécurité condamne l’offensive menée par le M23 avec le soutien de la Force de défense rwandaise et exige leur retrait immédiat

À l’unanimité de ses membres, le Conseil de sécurité a adopté, cet après-midi, une résolution qui « condamne fermement » l’offensive menée par le M23 en République démocratique du Congo (RDC) et les avancées qu’il réalise dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu avec le soutien de la Force de défense rwandaise. Présenté par la France, porte-plume sur le dossier congolais, le texte exige la cessation des hostilités, invite toutes les parties à conclure un cessez-le-feu et appelle au retrait immédiat du M23 et de ses alliés rwandais. 

Par la résolution 2773 (2025), le Conseil décide que le M23 doit se retirer de Goma, de Bukavu et de toutes les zones contrôlées, et démanteler dans leur intégralité les administrations parallèles illégitimes mises en place sur le territoire de la RDC. Il demande également à la Force de défense rwandaise de cesser de soutenir le M23 et de se retirer immédiatement du territoire de la RDC, sans conditions préalables. 

Tout en exprimant son appui aux efforts déployés par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine ainsi que par la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) pour faire cesser les combats, le Conseil demande à ces entités de collaborer étroitement avec la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) concernant l’application du cessez-le-feu. 

Dans le même temps, le Conseil engage vivement la RDC et le Rwanda à reprendre d’urgence et  sans conditions préalables  les pourparlers diplomatiques afin de parvenir à un règlement durable et pacifique du conflit. Il réaffirme à cet égard le rôle essentiel que jouent les processus de Luanda et de Nairobi et plaide pour leur harmonisation.

Appel à la neutralisation des FDLR et menace de nouvelles sanctions 

Condamnant par ailleurs l’appui apporté par les forces militaires de la RDC à certains groupes armés, en particulier les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), le Conseil demande qu’il y soit mis fin et que les engagements visant à neutraliser ce groupe soient honorés d’urgence.  En outre, il exprime sa volonté d’envisager de nouvelles sanctions contre les personnes qui contribuent à la poursuite du conflit dans l’est de la RDC. 

Le Conseil demande à toutes les parties d’ouvrir d’urgence des couloirs humanitaires temporaires dans le Nord et le Sud-Kivu pour permettre le réapprovisionnement en articles essentiels et la circulation sans entrave et en toute sécurité des civils, notamment des travailleurs humanitaires. À cette fin, il exige que l’aéroport de Goma soit rouvert immédiatement et que l’aéroport de Kavumu et les points de passage frontaliers restent ouverts pour permettre le passage volontaire et en toute sécurité des civils. 

Enfin, s’agissant de l’exploitation et du commerce illicites des ressources naturelles dans l’est de la RDC, la résolution invite à redoubler d’efforts pour restreindre l’étiquetage illégal et garantir la transparence et la traçabilité des exportations de minerais. 

Un texte positif mais tardif pour la RDC, fruit de pressions pour le Rwanda 

«  Ce que vous venez de faire aujourd’hui, c’est ce que nous étions en droit d’attendre du Conseil de sécurité depuis le 26 janvier dernier », a réagi la délégation de la RDC, non sans regretter qu’il ait fallu plus de trois semaines  à l’organe pour « réunir l’unanimité ». Dans l’intervalle, la paralysie momentanée du Conseil a « laissé libre cours à la poursuite de l’occupation illégale de territoires de la RDC par le Rwanda et ses supplétifs du M23 », a-t-elle déploré en rappelant le coût humain payé par la population congolaise dans l’est du pays. Elle a cependant remercié tous les membres du Conseil, notamment les A3 (Algérie, Sierra Leone et Somalie) « sans lesquels la résolution n’aurait pu être adoptée par consensus », avant d’appeler à une mise en œuvre du texte sans délai pour stopper cette « aventure militaire ». 

De son côté, le Rwanda a pris note du vote du Conseil, tout en dénonçant l’intimidation exercée sur les « voix africaines » au sein de l’organe. Condamnant cette pratique, il a dit y déceler la croyance de la RDC selon laquelle « une solution à ce conflit inter-congolais viendra d’acteurs étrangers au continent », même s’ils en sont historiquement responsables. Pour la délégation, toute action ne prenant pas en compte sérieusement les préoccupations sécuritaires du Rwanda ne permettra pas d’aboutir à une solution durable. Elle a ainsi redit que la RDC doit être tenue responsable pour avoir soutenu les FDLR et fait de cette milice génocidaire un allié de ses propres forces. De même, les doléances légitimes des Congolais parlant le kinyarwanda doivent être prises en compte car elles sont la cause profonde de l’existence du M23, a-t-elle ajouté, réaffirmant l’attachement de son pays aux processus de Luanda et de Nairobi. 

Le Rwanda condamné pour son soutien au M23 

De l’avis de la France, le texte adopté « envoie un message clair: il n’y a pas d’issue militaire au conflit dans l’est de la RDC ». L’offensive du M23 soutenue par le Rwanda doit cesser, a-t-elle martelé, appelant à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu effectif, inconditionnel et immédiat, suivie d’un retour au dialogue avec l’appui des médiations régionales. Pour cela, « les forces rwandaises doivent se retirer sans délai du territoire congolais » et la MONUSCO doit pouvoir mettre en œuvre son mandat pour le bien des populations civiles sans être entravée dans ses actions et sa liberté de mouvement, a ajouté la délégation porte-plume, selon laquelle une solution politique durable suppose aussi le démantèlement des FDLR. 

Sur la même ligne, le Royaume-Uni a exhorté les parties à respecter les dispositions de ce texte adopté par consensus, faute de quoi le Conseil devrait « envisager d’autres mesures ». Voyant dans cette résolution une première étape vers la reddition de comptes, les États-Unis ont rappelé que, cette semaine, leur gouvernement a imposé des sanctions à M. James Kabarebe, Ministre rwandais chargé de l'intégration régionale, et à M. Lawrence Kanyuka Kingston, porte-parole du groupe armé, ainsi qu’à deux des entreprises que ce dernier contrôle. Dans cet élan, la délégation américaine a invité les membres du Conseil à envisager l’inscription de nouvelles personnes sur la liste du Comité mis en place par la résolution 1533 (2004). 

Pour régler ce conflit, le Rwanda doit aller à la table des négociations et décider avec la RDC de régler toutes les divergences, a plaidé la Fédération de Russie. « Dans le cas contraire, la région connaîtra à nouveau une effusion de sang », a-t-elle prévenu, tandis que la Chine appelait le Conseil à soutenir activement les processus régionaux afin de créer des synergies avec les médiations en cours. 

Solutions africaines aux problèmes africains   

Cette position a été partagée par les trois membres africains du Conseil (A3). « S’il est difficile de parler avec ses ennemis, c’est pourtant avec eux que la paix se négocie », a argué la Sierra Leone, convaincue que seul le dialogue permettra de stabiliser la situation. Même son de cloche de la part de la Somalie, selon laquelle « l’expérience a enseigné que faire taire les armes en Afrique découle du dialogue et non pas du fait de pointer du doigt un quelconque coupable ». Il faut pour cela traiter les causes profondes du conflit et appuyer les initiatives régionales, a-t-elle préconisé, soutenue par l’Algérie, pour qui la récente fusion des processus de Luanda et de Nairobi, destinée à mieux coordonner les efforts de médiation, est conforme au principe des «  solutions africaines aux conflits africains  ». 

À son tour, l’Angola, invité à cette séance, a appelé à donner la priorité au dialogue et à la diplomatie.  Pour la délégation, les événements ont redonné une impulsion aux processus de Luanda et de Nairobi face aux différents groupes armés qui sévissent dans la région, à commencer par le M23. « Une cessation des hostilités et un strict respect du cessez-le-feu par les parties sont essentiels à la création d'un climat politique propice à une solution politique dans le cadre de ces processus », a-t-elle appuyé, rejointe dans cette analyse par la Corée du Sud, le Pakistan et le Panama. 

Le Guyana a, lui, souhaité que la « ferme riposte » du Conseil imprime un élan positif aux efforts de la région afin d’éviter une nouvelle escalade dans ce conflit. Pointant les responsabilités respectives, il a exigé du M23 qu’il cesse son offensive, du Rwanda qu’il retire ses forces de la RDC et du Gouvernement congolais qu’il coupe tout lien avec les FDLR et de les neutralise. 

 

***NOUVEAU - Suivez la couverture des réunions en direct sur notre LIVE***

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: malgré des foyers d’insécurité, la MINUSCA est engagée aux côtés de la République centrafricaine dans les préparatifs des élections de 2025

9864e séance – matin 
CS/16001

Conseil de sécurité: malgré des foyers d’insécurité, la MINUSCA est engagée aux côtés de la République centrafricaine dans les préparatifs des élections de 2025

Ce matin, le Conseil de sécurité s’est penché sur la situation en République centrafricaine, où la Représentante spéciale du Secrétaire général pour ce pays a fait le point sur l’avancement des préparatifs des élections locales, législatives et présidentielle prévues cette année.  Mme Valentine Rugwabiza a vu dans la tenue de ces scrutins une occasion importante de consolider les progrès réalisés dans la consolidation de l’autorité de l’État et de jeter les bases d’une gouvernance décentralisée, mais aussi de s’attaquer aux causes profondes des conflits récurrents.

Dans ce contexte, les membres du Conseil ont salué le rôle crucial de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation dans ce pays (MINUSCA), que dirige Mme Rugwabiza, notamment pour renforcer l’implantation de l’État dans l’ensemble du pays.  La haute fonctionnaire a donc plaidé pour un soutien et des ressources suffisantes pour que la Mission puisse s’acquitter de son mandat, qui a été renouvelé en novembre dernier.

« Il est urgent d’allouer des ressources proportionnelles au mandat de la MINUSCA pour lui permettre de mettre en œuvre les tâches prioritaires qui lui ont été confiées », a exigé le Pakistan, dont un contingent de 1 300 soldats est déployé en République centrafricaine.  Il s’est inquiété de constater qu’au 4 févrierles contributions non versées au Compte spécial de la MINUSCA s’élevaient à 570,7 millions de dollars.  Reste que le travail accompli par le Gouvernement centrafricain et la MINUSCA dans le cadre de la première phase de la révision de la liste électorale dans 11 des 20 préfectures, fin 2024, a été salué unanimement.  À l’appui de cet effort, la France a alloué une contribution de 2 millions d’euros au fonds du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) dédié aux élections.

Des élections locales libres, transparentes et inclusives ont été décrites comme une étape clef dans la décentralisation du processus de paix et l’affermissement de la démocratie dans le pays, les membres du Conseil insistant sur la nécessité de créer des conditions favorables à cet égard.  Les membres du Groupe des A3+ (Algérie, Sierra Leone, Somalie et Guyana) ont encouragé le Gouvernement centrafricain à envisager de restructurer l’Autorité électorale nationale et le Conseil constitutionnel afin d’accroître l’inclusivité des scrutins à venir.

« En soutenant ce processus, la communauté internationale contribuera directement à la paix et au développement de notre pays », a déclaré le représentant centrafricain.  Aussi a-t-il appelé « certains des membres du Conseil de sécurité » à laisser de côté leurs considérations géopolitiques « qui ne nous concernent nullement et qui les poussent vaille que vaille à chercher une aiguille dans une botte de foin » et à continuer d’accompagner son pays dans cette dynamique démocratique.  Le délégué a appelé à une mobilisation internationale pour assurer la réussite du processus électoral et garantir que les Centrafricains puissent exercer leur droit de vote en toute sécurité.

Les États-Unis et le Royaume-Uni ont affirmé disposer d’informations selon lesquelles des agents russes envisageraient de s’ingérer dans les élections centrafricaines en cherchant à étouffer les voix de certains opposants politiques et en menant des campagnes de désinformation.  Des propos catégoriquement démentis par la Fédération de Russie, qui s’est étonnée que les délégations américaine et britannique s’efforcent de la noircir, un tableau « contredit par la réalité », alors qu’elle ne cherche qu’à aider la République centrafricaine dans un respect mutuel.

La Cheffe de la MINUSCA a concédé que des poches d’insécurité persistent dans le pays, en particulier dans les zones où des groupes armés se livrent à des opérations de prédation pour contrôler les sites miniers et les couloirs de transhumance.  Si la situation s’est améliorée dans l’ensemble du pays, elle reste fragile dans les zones frontalières, où la MINUSCA continue de coopérer étroitement avec le Gouvernement pour renforcer la présence et l’autorité effectives de l’État. Partageant ce constat, la France a mis l’accent sur l’impératif de mettre en œuvre la politique centrafricaine de gestion des frontières.  Comme le leur ont rappelé la délégation de ce pays et la Représentante spéciale, cela nécessite toutefois un soutien supplémentaire, en particulier dans le nord-est, déstabilisé par les retombées du conflit soudanais, avec la présence d’unités rebelles et des trafics d’armes et de métaux précieux.

Pour remédier à cette instabilité, « le développement est la voie à suivre », a fait valoir la Chine, qui, aux côtés des A3+ et de la Fédération de Russie, a salué la levée des sanctions s’appliquant au commerce de diamants centrafricains, une décision qui permettra au Gouvernement centrafricain de mieux mettre en œuvre le plan national de développement 2024-2028 et d’améliorer la situation économique en mobilisant des ressources additionnelles au service de ce plan.  Une nouvelle étape a été franchie avec la confirmation de notre statut de participant à part entière au Processus de Kimberley et la levée, en novembre 2024, de toutes les restrictions sur les exportations de ses diamants bruts, a confirmé à son tour la délégation centrafricaine, qui a fait état des efforts de son gouvernement pour renforcer le cadre réglementaire et améliorer les mécanismes de contrôle et de traçabilité.  « Cette avancée témoigne de ce qui peut être accompli lorsque les efforts nationaux sont soutenus sans instrumentalisation et sans mauvaise foi par une coopération internationale solide et une vision commune du développement durable et de la gouvernance des ressources naturelles », s’est félicité le représentant centrafricain. 

 

NOUVEAU - Suivez la couverture des réunions en direct sur notre LIVE

 

La situation en République centrafricaine

Exposés

Mme VALENTINE RUGWABIZA, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la République centrafricaine (RCA) et Cheffe de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine, a condamné le décès tragique de Seifeddine Hamrita, un Casque bleu tunisien de 29 ans qui faisait partie du contingent tunisien pris en embuscade près de Zobassinda, dans la préfecture de Bamingui-Bangoran, il y a neuf jours. Elle a réitéré son appel aux autorités centrafricaines pour qu’elles ne ménagent aucun effort afin d’enquêter et de traduire en justice ceux qui en sont responsables. 

Sur le plan politique, elle a rappelé qu’en 2025, la République centrafricaine organisera des élections locales, législatives et présidentielle, une occasion importante de consolider les progrès réalisés dans l’extension de l’autorité de l’État et de jeter les bases d’une gouvernance décentralisée, ainsi que de s’attaquer aux causes profondes des conflits récurrents en RCA. 

Elle a salué une dynamique positive alimentée par un engagement national soutenu et une collaboration renforcée avec la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), l’équipe de pays des Nations Unies et d’autres partenaires pour faire avancer la révision du fichier électoral.  En effet, la première phase de la révision de la liste électorale a été menée à bien dans 11 des 20 préfectures de la RCA, du 24 novembre 2024 au 20 décembre 2024, avec un soutien multiforme de la MINUSCA aux autorités nationales.  Avec 98% des centres d’inscription opérationnels, il a été possible d’inscrire plus de 570 000 nouveaux électeurs, a précisé la Représentante spéciale, saluant  l’engagement pris par les autorités nationales de rouvrir, au cours de la deuxième phase, les 58 centres d’inscription sur les 2 469 qui n’étaient pas opérationnels en raison de problèmes de sécurité. 

Sur le plan sécuritaire, la Cheffe de la MINUSCA a concédé que des poches d’insécurité persistent, en particulier dans les zones où des groupes armés se livrent à des opérations de prédation pour contrôler les sites miniers et les couloirs de transhumance, « une réelle préoccupation ».  Si la situation sécuritaire s’est améliorée dans l’ensemble de la RCA, elle reste fragile dans les zones frontalières où la MINUSCA continue de travailler en étroite collaboration avec le Gouvernement pour renforcer la présence et l’autorité effectives de l’État.  À ce titre, la mise en œuvre de la politique nationale de gestion des frontières de la RCA nécessite un soutien supplémentaire, a-t-elle insisté, notamment dans le nord-est, où les retombées du conflit au Soudan continuent de générer de l’instabilité.  Sur ce point, elle a salué les mesures positives prises par le Gouvernement pour renforcer sa coopération en matière de sécurité avec les pays voisins. 

Ce mois-ci marque aussi le sixième anniversaire de la signature de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine (APPR-RCA).  La Représentante spéciale s’est dite encouragée par les progrès accomplis jusqu’à présent, notamment la dissolution de 9 des 14 groupes armés signataires et l’extension notable de la présence et de l’autorité de l’État dans les zones anciennement occupées par des groupes armés.  Toutefois, malgré les efforts continus du Gouvernement et des organisations non gouvernementales internationales pour poursuivre le dialogue avec les groupes armés encore actifs qui ont quitté l’Accord politique, les résultats se font encore attendre, s’est impatientée Mme Rugwabiza. 

Il est urgent selon elle de renforcer la mobilisation politique, en particulier de la part des garants, à savoir l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CCEAC), afin de faciliter le retour des chefs de ces groupes armés et le désarmement et la démobilisation à long terme de leurs éléments.  En outre, il reste encore beaucoup à faire dans la lutte contre l’impunité et la promotion de la justice transitionnelle en tant qu’élément clef de l’Accord politique. 

La Représentante spéciale a donc appelé le Gouvernement de la RCA à accélérer la mise en place de la Commission Vérité, Justice, Réparation et Réconciliation, avant de souligner aussi la nécessité urgente pour la Cour pénale spéciale d’obtenir un soutien financier durable, afin de remplir correctement ses fonctions et de rendre ainsi justice aux victimes, ce qui est primordial pour une réconciliation nationale efficace.  La Représentante spéciale a également pointé la détérioration de la situation humanitaire en République centrafricaine et les efforts de contrôle des frontières poreuses.  Elle a conclu en demandant un soutien et des ressources nécessaires à la pleine mise en œuvre du mandat de la mission. 

Mme PORTIA DEYA ABAZENE, Présidente de la Fédération des associations des femmes entrepreneuses de la République centrafricaine (FAFECA), a centré son intervention sur l’implication des femmes dans le développement de l’économie de son pays.  Elle a constaté qu’en dépit de conventions internationales et d’une constitution garantissant l’égalité des droits, des pratiques néfastes continuent de freiner les progrès des femmes en RCA.  Dans ce pays en proie à une crise politico-militaire depuis 2012 et confronté à des défis économiques majeurs, avec un taux de pauvreté croissant, les femmes ne représentent que 15,52% des propriétaires d’entreprises, a-t-elle indiqué.  Plus largement, les femmes manquent d’accès au foncier et aux moyens de production, mais aussi à l’éducation et aux formations, au financement, aux marchés et à un emploi décent, a déploré l’intervenante. 

Dans ce contexte, la FAFECA représente un espace d’échange et de partage d’expériences entre les femmes entrepreneuses au niveau local et permet ainsi d’associer les femmes de la sous-région et d’ailleurs, a expliqué Mme Abazene.  Créée en 2023, elle a pour but principal de fédérer les synergies entrepreneuriales féminines au sein d’un même organisme afin de mutualiser les efforts, de s’exprimer d’une voix concordante, d’être une force de propositions pour une économie plus juste et solidaire.  En deux ans d’existence, la FAFECA a constitué un réseau de 102 femmes entrepreneuses qui ont participé à des conférences et expositions internationales sur l’entrepreneuriat dans plusieurs pays, notamment le Salon International de l'Entrepreneuriat Féminin organisé en mars 2024 à Bangui.  Elle a aussi fourni des formations pratiques en leadership, management, éducation financière, marketing digital et gestion de projet à plus de 2 700 femmes, tout en contribuant au premier « Bootcamp National des femmes agripreneuses » qui, en avril 2024, a permis d’améliorer les compétences de 200 femmes rurales. 

Tout en saluant la volonté politique qui a accompagné ces réalisations, la Présidente de la FAFECA a reconnu que beaucoup reste à accomplir.  « Nous avons besoin de davantage de soutien, de ressources et de reconnaissance pour les femmes entrepreneuses, ainsi que de politiques et de programmes favorisant l’entrepreneuriat féminin et un accès facilité au financement », a-t-elle souligné, avertissant que la RCA ne pourra pas réaliser son potentiel tant que plus de 51% de sa population, c’est-à-dire les femmes, continuera d’être marginalisée.  Elle a donc lancé un appel à l’accompagnement des initiatives de soutien à l’entrepreneuriat féminin en RCA, avant de solliciter l’appui du Conseil de sécurité pour continuer à faire progresser l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes dans le pays.  « Nous avons besoin de votre soutien pour construire une économie plus forte et plus inclusive en République centrafricaine », a-t-elle conclu. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: fin du débat public sur la pratique du multilatéralisme, la réforme et l’amélioration de la gouvernance mondiale

9861e séance (reprise) – après-midi
CS/16002

Conseil de sécurité: fin du débat public sur la pratique du multilatéralisme, la réforme et l’amélioration de la gouvernance mondiale

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse n’a pas pu couvrir cette séance.)

Le Conseil de sécurité achève aujourd’hui le débat public qu’elle a entamé mardi, au niveau ministériel, à l’initiative de sa présidence chinoise sur le thème « Maintien de la paix et de la sécurité internationales: pratiquer le multilatéralisme, réformer et améliorer la gouvernance mondiale ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

RDC: le Conseil de sécurité appelé à prendre des mesures décisives afin d’empêcher une guerre régionale à grande échelle

9863e séance – après-midi    
CS/16000

RDC: le Conseil de sécurité appelé à prendre des mesures décisives afin d’empêcher une guerre régionale à grande échelle

Réuni en urgence à la demande de la France, le Conseil de sécurité a entendu cet après-midi les appels de deux hauts responsables de l’ONU, de ses membres et de plusieurs délégations africaines à prendre des mesures pour éviter que la situation ne se détériore davantage dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) et empêcher une guerre régionale.  Constatant que le Conseil de sécurité n’a pas agi en ce sens depuis l’attaque de Goma par le M23 et les séances des 26 et 28 janvier, la Ministre des affaires étrangères de la RDC lui a demandé un vote dans les plus brefs délais pour dénoncer l’occupation par le Rwanda.  De son côté, ce pays a accusé « la RDC de livrer des armes à des groupes armés dans la région ».

Cette réunion, la troisième du genre en moins d’un mois sur le conflit dans l’est de la RDC, montre l’urgence à trouver une voie de sortie de crise, a alerté la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la RDC, qui est à la tête de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO).  Prévenant qu’il s’agit d’une menace claire à la paix et la stabilité de la région des Grands Lacs, Mme Bintou Keita a déploré qu’en dépit des appels internationaux à un cessez-le-feu et à la cessation des offensives, le M23, soutenu par l’armée rwandaise, continue sa progression dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, avec la perte de nombreuses vies humaines. 

Depuis la prise de Goma, a relaté Mme Keita, le M23 impose des restrictions à la liberté de mouvement de la MONUSCO, empêchant l’évaluation des dégâts à l’aéroport et l’élimination des munitions non explosées dans la vile.  De plus, le M23 empêche la Mission de réapprovisionner en eau et en produits de première nécessité les troupes de la Mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) en RDC.  Le contrôle des routes par le M23 pose de sérieux défis au personnel de la MONUSCO dont la priorité est la protection de la population civile, s’est désolée la Représentante spéciale. 

Elle s’est également inquiétée de voir se détériorer la situation des droits humains dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, informant que le Bureau conjoint des Nations Unies pour les droits de l’homme en RDC reçoit quotidiennement des demandes de protection individuelle émanant de divers acteurs sociaux et des défenseurs des droits humains menacés de représailles par le M23.  Elle a fait sien le communiqué du sommet conjoint de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) et de la SADC, du 8 février, qui appelle à la cessation des hostilités et au cessez-le-feu immédiat, ainsi qu’à la reprise des négociations et du dialogue avec toutes les parties étatiques et non étatiques, y compris le M23, dans le cadre des processus de Luanda et de Nairobi. 

Pour ne pas perdre de temps vu l’urgence de la situation, la Représentante spéciale a encouragé les Chefs d’état-major des pays de la CAE et de la SADC à définir rapidement les modalités nécessaires à la mise en œuvre rapide d’un cessez-le-feu et des mesures urgentes prévues par le sommet. 

À son tour, l’Envoyé spécial pour la région des Grands Lacs a appelé la communauté internationale à éviter de saper les mesures prises lors de la dernière décennie pour assurer la stabilité et l’intégration de la région.  M. Xia Huang a exhorté à respecter l’intégrité territoriale de la RDC, à condamner l’offensive du M23 et le soutien qui lui est accordé ainsi qu’à fusionner les processus de Nairobi et de Luanda pour renforcer la coordination et la complémentarité des efforts de paix.  Ces processus datent de 2022 et sont assortis d’un mécanisme de vérification ad hoc. 

« Travaillons ensemble pour rétablir le cessez-le-feu, restaurer l’intégrité territoriale de la RDC et traiter définitivement la question des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et du M23 en vue de répondre aux préoccupations sécuritaires de tous et de parvenir à une levée des mesures de défense du Rwanda », a lancé l’Envoyé spécial, pour qui ces points ne sont pas irréconciliables.  M. Xia a aussi réitéré son appel en faveur d’une réunion de haut niveau du Mécanisme régional de suivi pour que les chefs d’État concernés expriment leur soutien aux efforts de paix.

Il n’y a pas d’issue militaire possible 

La France, qui a demandé cette réunion, a condamné l’offensive du M23 dans l’est de la RDC, permise par le soutien actif du Rwanda.  Le M23 et la Force de défense rwandaise (FDR) doivent se retirer sans délai du territoire de la RDC, a ordonné la France qui a également condamné les attaques du M23 contre la MONUSCO.  Il n’y a pas d’issue militaire au conflit, a tranché le délégué français en affirmant que la priorité est un cessez-le-feu et la reprise du dialogue. La France appuie les efforts régionaux de médiation et souhaite que le Conseil apporte « une réponse à la hauteur de la situation » pour mettre fin aux hostilités, réaffirmer un soutien ferme à l’intégrité territoriale et à la souveraineté de la RDC, appuyer les efforts de la MONUSCO et créer les conditions favorables au dialogue. 

Ces deux derniers jours, plus de 4 500 blessés ont afflué vers des hôpitaux débordés et 500 corps ont été retrouvés calcinés dans la prison de Munzenze, a informé la Ministre des affaires étrangères, de la coopération internationale et de la francophonie de la RDC.  « Voilà ce qui se passe quand un groupe terroriste prend le contrôle d’une ville et impose son administration criminelle sous le regard du Conseil », a interpellé Mme Thérèse Kayikwamba Wagner, stupéfiée devant « un Conseil qui observe, qui condamne, mais qui n’agit pas ». 

Cela n’a pas dissuadé la Ministre d’adjurer cet organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales d’adopter des mesures robustes pour arrêter les violences des troupes rwandaises et de leurs supplétifs du M23, de demander le retrait immédiat et inconditionnel des troupes rwandaises du territoire de la RDC, d’imposer des sanctions ciblées contre la structure de commandement de la Force de défense rwandaise et un embargo total sur les exportations de tous les minerais, faussement labellisés comme rwandais, notamment le coltan et l’or. Elle a même suggéré au Conseil de révoquer le statut du Rwanda de contributeur de troupes aux missions onusiennes.  Enfin, selon elle, le Conseil doit imposer un mécanisme de notification et de surveillance de tous les transferts d’armes au Rwanda. 

La RDC veut une résolution du Conseil, le Rwanda explique son choix de défense

La RDC exige un vote public dans les plus brefs délais sur une résolution qui dénonce clairement l’occupation du Rwanda et exige le retrait de ses troupes, a martelé la Ministre, qui a dénoncé les prétextes et le relativisme culturel derrière lesquels se cache un attentisme aux conséquences tragiques.  « Que chacun assume sa position au grand jour », a-t-elle proposé. 

Le Rwanda ne peut être accusé des problèmes dont la RDC est responsable, a rétorqué le représentant rwandais, affirmant que son pays est confronté à une menace sécuritaire existentielle en provenance de son voisin.  S’agissant du M23, le délégué a expliqué que sa renaissance s’explique par la persécution, durant des décennies, de communautés congolaises sur la base de leur ethnicité.  Compte tenu de la présence de forces étrangères à sa frontière, le Rwanda n’a pas d’autre choix que de renforcer sa défense et continuera à le faire, a fait savoir le représentant. 

Soutiens à l’intégrité territoriale de la RDC et à la MONUSCO

La situation est grave dans l’est de la RDC, s’est inquiétée la Chine.  Dans un même élan, la Fédération de Russie, le Royaume-Uni et les autres membres du Conseil, ainsi que les délégations africaines non membres du Conseil qui ont pris part à la réunion, ont condamné l’offensive du M23 qui viole des décisions du sommet conjoint de la CEA et de la SADC. Ils ont fait pression pour que le M23 et le Rwanda respectent l’intégrité territoriale, l’indépendance et la souveraineté de la RDC, et pour qu’ils retirent leurs troupes du territoire de la RDC. Ils ont conseillé au Rwanda de cesser de soutenir le M23. 

La Somalie, qui s’exprimait au nom des A3 (Algérie, Sierra Leone et Somalie), s’est dite préoccupée par l’escalade de la violence dans des zones comme Lumumbashi ou Kisangani, où la MONUSCO n’est pas présente.  Le groupe a appelé le M23 à cesser les hostilités et sa progression, et à lever les restrictions aux mouvements de la MONUSCO.  « Il est temps pour ce Conseil de véritablement œuvrer à la cessation des hostilités. »

« Nous soutenons pleinement la MONUSCO », ont fait savoir les États-Unis qui ont demandé au M23 de cesser ses menaces contre la Mission, de lever ses restrictions aux déplacements et de rouvrir l’aéroport de Goma.  L’ONU doit réévaluer la capacité du Rwanda à contribuer aux efforts de maintien de paix de l’ONU, a suggéré la représentante américaine avant d’encourager la reprise des négociations dans le cadre des processus de Luanda et de Nairobi. 

S’appuyer sur le leadership africain

Le Conseil doit soutenir ces processus, a renchéri le Kenya, arguant que c’est le cadre le plus viable pour le dialogue et la réconciliation.  La délégation, qui a demandé le retrait des acteurs étrangers de la RDC, a exhorté les parties à faire montre de bonne volonté et à s’engager véritablement en faveur d’une médiation.  Pour l’Afrique du Sud, la fusion des processus de Luanda et de Nairobi est tout simplement une approche cohérente pour remédier à la situation dans l’est de la RDC.  Espérant lui aussi un règlement pacifique par le biais de ces processus, l’Angola a rappelé que la seule question en suspens pour finaliser et consolider le projet d’accord de paix proposé par le médiateur est la divergence concernant le règlement de la question du M23. 

S’adressant par ailleurs aux membres du Conseil, l’Angola leur a demandé d’adopter rapidement une résolution demandant un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel.  Il a également requis l’appui du Conseil pour les initiatives régionales en cours afin de promouvoir une solution africaine à un problème africain.  Les A3 ont eux aussi souligné ces efforts menés sous le leadership africain pour répondre à cette crise, en particulier depuis trois ans, en demandant au Conseil de sécurité et à la communauté internationale en général de soutenir ces efforts. 

 

NOUVEAU - Suivez la couverture des réunions en direct sur notre LIVE

 

La situation concernant la République démocratique du Congo

Exposés

Mme BINTOU KEITA, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la République démocratique du Congo et Cheffe de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO), a exprimé son inquiétude quant à la crise frappant le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, qui représente une menace claire pour la paix et la stabilité de la région des Grands Lacs.  Elle a souligné la nécessité de trouver une voie de sortie, rappelant que le contexte est marqué par la nomination récente du nouveau Président de l’Union africaine également médiateur dans le cadre de la feuille de route de Luanda.

En dépit des appels internationaux à un cessez-le-feu et à la cessation des offensives, le M23 soutenu par l’armée rwandaise, a continué sa progression dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu entraînant la perte de nombreuses vies humaines lors de la prise de contrôle de Goma, a constaté Mme Keita.  Depuis la prise de Goma, le M23 restreint la liberté de mouvement de la MONUSCO empêchant l’évaluation des dégâts à l’aéroport de Goma et l’élimination des munitions non explosées dans la ville, a-t-elle ajouté.  Le M23 a également empêché la MONUSCO de réapprovisionner en eau et en produits de première nécessité les troupes de la Mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) en RDC.  Le contrôle par le M23 de toutes les routes sous sa domination pose de sérieux défis au personnel civil et en uniforme de la MONUSCO dont la priorité est la protection de la population civile, s’est inquiétée la Représentante spéciale.

La situation est d’autant plus critique que les conditions sanitaires et d’hygiène se détériorent rapidement, posant un risque à la fois pour les personnes protégées et le personnel de la Mission.  Cette problématique alimente la désinformation et est utilisée afin d’amplifier les sentiments anti-MONUSCO, s’est désolée la haute fonctionnaire.

Mme Keita a encore exprimé ses préoccupations face à la grave détérioration de la situation des droits humains dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu.  Outre les décès dus aux combats, la Mission a documenté des cas de recrutement forcé et des mouvements continuels de personnes déplacées autour de Goma.  Les conditions d’un retour sûr, volontaire, informé et digne pourraient ne pas être garanties, a-t-elle prévenu.  La Mission a de plus enregistré de multiples perquisitions d’hôpitaux et de maisons par le M23.  Le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme reçoit quotidiennement des demandes de protection individuelle émanant de divers acteurs sociaux et des défenseurs des droits humains menacés de représailles par le M23.

Venant aux efforts régionaux, la Représentante spéciale a salué la conclusion du sommet conjoint de la Communauté d’Afrique de l’Est (CEA) et de la SADC, le 8 février, appelant à la cessation des hostilités et au cessez-le-feu immédiat.  Les deux communautés ont insisté sur la reprise des négociations et du dialogue avec toutes les parties étatiques et non étatiques, y compris le M23, dans le cadre des processus de Luanda et de Nairobi.  Leur demande de rétablissement des services publics, de réouverture immédiate de l’aéroport de Goma et des voies de ravitaillement doit être mise en œuvre sans délai, a prié Mme Keita.

La Représentante spéciale a encouragé les Chefs d’état-major des pays de la CEA et de la SADC à se réunir incessamment afin de définir les modalités pour la mise en œuvre du cessez-le-feu ainsi que les mesures urgentes prévues par le sommet.  La MONUSCO reste déterminée à appuyer tout effort visant à ramener les parties à la table des négociations afin de trouver des solutions politiques durables à cette crise qui risque d’embraser la région route entière, a déclaré en conclusion Mme Keita.  

M. XIA HUANG, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, a confirmé qu’après avoir pris Goma en janvier avec l’aide de la Force de défense rwandaise, le M23 contrôle aujourd’hui Bukavu et continue d’avancer vers des zones stratégiques du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.  Mettant en garde contre un « risque d’embrasement régional », il a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour éviter de saper les mesures prises lors de la dernière décennie pour assurer la stabilité et l’intégration de la région.  Dans ce contexte, l’Envoyé spécial s’est félicité que les sommets sur cette question organisés par la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) aient unanimement souligné l’importance de respecter l’intégrité territoriale de la RDC et fermement condamné l’offensive du M23 et le soutien qui lui est accordé.  Il a également salué le fait que ces sommets -notamment celui tenu conjointement par la CAE et la SADC le 8 février, dont les décisions ont été entérinées par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA)- aient insisté sur la nécessité de trouver une issue politique et diplomatique à cette crise. « Il importe maintenant de procéder à une mise en œuvre rapide de toutes les directives de ces sommets », notamment s’agissant de la fusion des processus de Nairobi et de Luanda pour renforcer la coordination et la complémentarité des efforts de paix, a-t-il dit, avant de saluer le rôle joué par les acteurs de la société civile congolaise, en particulier les leaders religieux. 

Constatant que, 12 ans après la signature de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et 19 ans après celle du Pacte de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, « l’histoire se répète », M. Xia a appelé à la désescalade par un cessez-le-feu immédiat et le respect par toutes les parties du droit international et des engagements pris. Il y a vu une condition sine qua non pour répondre à la crise humanitaire et pour créer les conditions propices à un dialogue politique.  À ce sujet, il a exhorté toutes les parties à « se remettre autour de la table » et à s’appuyer sur les dispositions déjà agréées dans le cadre des processus de Luanda et Nairobi.  « Travaillons ensemble pour rétablir le cessez-le-feu, restaurer l’intégrité territoriale de la RDC et traiter définitivement la question des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et du M23 en vue de répondre aux préoccupations sécuritaires de tous et de parvenir à une levée des mesures de défense du Rwanda », a lancé l’Envoyé spécial, pour qui ces points ne sont pas irréconciliables. 

M. Xia a enfin plaidé en faveur d’une approche holistique régionale pour traiter des causes profondes de ce conflit.  À cet égard, il a réitéré son appel à la convocation urgente de la prochaine réunion de haut niveau du Mécanisme régional de suivi, au cours de laquelle les chefs d’État concernés seront appelés à exprimer leur soutien aux efforts de paix et à appuyer les recommandations visant à revitaliser l’Accord-cadre.  Avant de conclure, il a estimé qu’une action robuste et unifiée du Conseil de sécurité est essentielle pour éviter un « point de non-retour » et convaincre les parties de reprendre le chemin du dialogue.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: 14 ans après son « printemps arabe », la Libye reste profondément affaiblie par les rivalités politiques, l’insécurité et la gabegie

9862e séance – matin
CS/15999

Conseil de sécurité: 14 ans après son « printemps arabe », la Libye reste profondément affaiblie par les rivalités politiques, l’insécurité et la gabegie

Alors qu’il y a à peine deux jours, la Libye célébrait le quatorzième anniversaire de la révolution du 17 février, son rêve d’une société civile, démocratique et prospère reste inachevé, a déploré, ce matin au Conseil de sécurité, la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, qui a blâmé les profondes divisions régnant dans ce pays, ainsi que sa mauvaise gestion économique et la concurrence des intérêts nationaux et étrangers. 

Mme Rosemary DiCarlo était venue présenter aux membres du Conseil la situation en Libye au cours du mois écoulé, un jour avant l’entrée en fonctions de Mme Hanna Serwaa Tetteh en tant que nouvelle Représentante spéciale du Secrétaire général et Cheffe de la Mission d’appui des Nations Unies dans ce pays (MANUL).  En attendant, la direction intérimaire de la MANUL a pris des mesures pour relancer un processus politique dans l’impasse, dont la plus notable a été, le 4 février, la création d’un comité consultatif chargé de faire des recommandations en vue de résoudre les questions relatives à la législation électorale, qui ont empêché jusqu’à présent la tenue d’élections nationales.

« Il ne s’agit pas d’un organe de prise de décisions, mais ses propositions appuieront les efforts visant à éliminer les obstacles à la tenue d’élections nationales en Libye », a assuré Mme DiCarlo, en précisant que ce comité serait composé de 20 personnalités libyennes, dont des experts juridiques et constitutionnels, parmi eux, 35% de femmes.  Les 9 et 10 février, la Mission a convoqué à Tripoli la réunion inaugurale de ce comité consultatif, dont la création a été saluée par de nombreux acteurs libyens, et une réunion se tient maintenant sur trois jours pour réfléchir à des options sur la façon de surmonter l’impasse.

Alors que le Royaume-Uni, les États-Unis et la France, entre autres, saluaient cette « étape positive », la Fédération de Russie a vivement critiqué la création du « prétendu comité consultatif », arguant que les expériences passées s’agissant de ce type de format n’avaient pas toujours été couronnées de succès, « faute d’une inclusivité suffisante ».  Pour la délégation russe, cette nouvelle structure, aux fonctions purement « techniques », devra convenir au préalable avec les acteurs libyens de tout développement, avant que les résultats de ses délibérations ne soient transmis aux membres du Conseil de sécurité.  Sinon, a mis en garde le représentant russe, « nous serons à nouveau confrontés à une tentative d’imposer aux Libyens quelque chose d’inacceptable ».

La Libye a renchéri, espérant que la MANUL répondrait bientôt aux questions soulevées par la création de ce comité.  Quels sont les résultats attendus?  Quelle est sa feuille de route?  Et comment les parties prenantes libyennes seront-elles impliquées dans ses travaux?  Autant de questions qui ont également incité la Chine à recommander à la MANUL de faire preuve de coopération.  Si le Guyana, qui s’est exprimé au nom du groupe A3+ (Algérie, Sierra Leone, Somalie et Guyana), a pris note de la création du comité consultatif, il a également promu le rôle crucial du Comité 6+6 dans les efforts pour sortir de l’impasse actuelle, notamment concernant les lois électorales.

Cette impasse politique a pour conséquence directe une mauvaise gouvernance économique, a souligné la Secrétaire générale adjointe, et ce, malgré les efforts de la MANUL pour faciliter les consultations entre experts économiques libyens indépendants.  Dans un contexte où des rivalités pour le contrôle des institutions de l’État continuent de dominer le paysage libyen, aucun progrès n’a été réalisé dans l’élaboration d’un budget unifié ou d’un cadre de dépenses convenu.  Or, a expliqué la haute fonctionnaire, qui a été suivie sur ce point par les États-Unis, il est essentiel de s’attaquer à ce problème afin de soutenir les efforts de la Banque centrale de Libye pour stabiliser la situation financière du pays.

La délégation américaine s’est d’ailleurs félicitée que le Conseil de sécurité ait mis à jour les critères de désignation des individus et des entités qui déstabilisent la Libye par l’exploitation et l’exportation illicites de pétrole, une corruption qui provoque un transfert massif de richesses hors du pays.

La situation sécuritaire dans le pays reste pareillement préoccupante, en raison de la persistance des activités d’acteurs armés non étatiques et quasi étatiques, a relevé Mme DiCarlo.  Plusieurs incidents l’ont illustré au cours de la période à l’examen, dont une attaque, perpétrée à Tripoli le 12 février, contre le Ministre d’État chargé des affaires ministérielles, M. Adel Juma, qui a été blessé.

Aussi la Secrétaire générale adjointe a-t-elle encouragé les autorités libyennes à mettre pleinement en œuvre l’accord de cessez-le-feu, afin de créer les conditions de la réunification et de la réforme des institutions sécuritaires, plus que jamais nécessaires devant la multiplication des arrestations arbitraires et des disparitions forcées à travers tout le pays. Les A3+ ont cependant mis en garde contre toute « action unilatérale » susceptible d’aggraver la discorde entre Libyens et d’exacerber les divisions institutionnelles.

Alarmé de l’impact négatif du conflit au Soudan et de la crise syrienne sur l’appareil sécuritaire libyen, ce groupe a réitéré son appel au retrait « immédiat et inconditionnel » de tous les combattants étrangers, forces étrangères et mercenaires présents dans le pays.  Aussi a-t-il salué l’accord récent visant à établir un centre commun de communication et d’échange d’informations pour l’équipe conjointe de coordination technique et les institutions militaires et sécuritaires de l’est et de l’ouest de la Libye, pour mieux lutter contre le terrorisme et la migration irrégulière. 

La Secrétaire générale adjointe s’est quant à elle félicitée qu’en décembre, une mission conjointe de la MANUL et de l’équipe de pays des Nations Unies à Koufra ait collaboré avec les autorités locales, les partenaires, les réfugiés et les communautés d’accueil, pour renforcer les réponses humanitaires aux réfugiés soudanais en Libye.  « Le chapitre libyen du plan régional d’aide aux réfugiés soudanais pour 2025 ambitionne d’aider 446 000 personnes et nécessite 106 millions de dollars, soit le double de l’aide fournie en 2024, alors que ces réfugiés continuent d’affluer », a-t-elle alerté, en exhortant les bailleurs de fonds à se mobiliser.

Plusieurs membres du Conseil se sont émus de la découverte récente de fosses communes dans le pays, où auraient été inhumés des corps de migrants.  Le représentant libyen a considéré que l’établissement des responsabilités pour ces crimes consiste aussi à demander des comptes aux réseaux internationaux de traite des êtres humains, aussi bien dans les pays d’origine que de destination.

NOUVEAU - Suivez la couverture des réunions en direct sur notre LIVE

 

LA SITUATION EN LIBYE

Exposé

Alors qu’elle célébrait le quatorzième anniversaire de la révolution du 17 février il y a à peine deux jours, le rêve d’une Libye civile, démocratique et prospère reste inachevé, a déclaré Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix.  Des divisions profondes, une mauvaise gestion économique, des violations continuelles des droits humains et des intérêts nationaux et extérieurs concurrents continuent d’éroder l’unité et la stabilité de ce pays, a-t-elle constaté.  Dans ce contexte, la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) prend des mesures pour relancer un processus politique ancré dans les principes d’inclusion et d’appropriation nationale, a assuré la haute fonctionnaire. 

Ainsi, le 4 février, un comité consultatif a été créé par la MANUL pour formuler des recommandations en vue de résoudre les questions controversées relatives à la législation électorale, qui ont empêché la tenue d’élections nationales. « Il ne s’agit pas d’un organe de prise de décision, mais ses propositions appuieront les efforts visant à éliminer les obstacles à la tenue d’élections nationales en Libye », a précisé Mme DiCarlo, en ajoutant qu’il serait composé de 20 personnalités libyennes, dont des experts juridiques et constitutionnels, avec 35% de femmes.  Les 9 et 10 février, la MANUL a convoqué à Tripoli la réunion inaugurale de ce comité consultatif, dont la création a été saluée par de nombreux acteurs libyens, et une réunion se tient maintenant sur trois jours pour réfléchir à des options sur la façon de surmonter l’impasse. 

Parallèlement, la MANUL facilite les consultations entre experts économiques libyens indépendants pour identifier les priorités, obstacles et solutions à une bonne gouvernance économique.  Reste que les divisions et la concurrence pour le contrôle des institutions de l’État continuent de dominer le paysage politique et économique libyen, a reconnu la Secrétaire générale adjointe, qui a dit qu’en dépit de l’engagement de la MANUL auprès de toutes les parties prenantes, aucun progrès n’avait été réalisé en ce qui concerne l’élaboration d’un budget unifié ou d’un cadre de dépenses convenu.  « Il est essentiel de s’attaquer à ce problème afin de soutenir les efforts de la Banque centrale de Libye pour stabiliser la situation financière du pays et permettre des dépenses publiques transparentes et équitables », a-t-elle insisté.  Elle a aussi fait part d’un désaccord croissant sur la nomination de la direction du bureau d’audit libyen, qui menace l’intégrité de cet organisme. Elle a exhorté toutes les parties à respecter l’indépendance du bureau et à maintenir les organes de surveillance libyens à l’abri de toute ingérence et de toute politisation. 

Poursuivant, la Secrétaire générale adjointe a indiqué qu’après six mois de litiges et de décisions judiciaires contradictoires, le différend sur le poste de président du Haut Conseil d’État n’est toujours pas résolu.  Et malgré un accord facilité par la MANUL en décembre entre le Conseil présidentiel, la Chambre des députés et le Haut Conseil d’État sur un projet de loi pour la réconciliation nationale, les amendements ultérieurs apportés au projet de loi par les parlementaires ont suscité des inquiétudes quant à l’indépendance d’une future commission de réconciliation nationale. Au début du mois, dans le cadre d’un processus mené par l’Union africaine, une charte de réconciliation a été convenue à Zintan et adoptée le 14 février à Addis-Abeba, en marge du sommet de l’Union africaine.  Si certaines parties prenantes libyennes ont soutenu la charte, d’autres ne l’ont pas fait, a relevé Mme DiCarlo. 

Après le succès des élections locales dans 56 municipalités en novembre 2024, la Haute Commission électorale nationale a commencé les préparatifs du prochain groupe de 63 élections municipales, a signalé Mme DiCarlo en précisant que plus de 4 900 candidats ont été nommés, dont 1 345 femmes.  Elle a insisté sur l’importance d’un financement adéquat par le Gouvernement pour procéder à la prochaine phase des élections municipales qui est l’inscription des électeurs. 

Sur le plan sécuritaire, les activités des acteurs armés non étatiques et quasi étatiques demeurent une menace pour la fragile stabilité de la Libye. Mme DiCarlo a relaté divers incidents, tels que l’attaque armée à Tripoli du 12 février qui a blessé le Ministre d’État chargé des affaires ministérielles, M. Adel Juma.  Mme DiCarlo a encouragé les efforts des autorités libyennes pour mettre en œuvre les dispositions restantes de l’accord de cessez-le-feu, afin d’améliorer la situation sécuritaire fragile et de créer les conditions de la réunification et de la réforme des institutions sécuritaires, en particulier devant la tendance persistante aux arrestations arbitraires et aux disparitions forcées dans tout le pays. 

Après avoir rappelé la nécessité urgente de protéger les migrants et de lutter contre la traite des êtres humains, la Secrétaire générale adjointe a indiqué qu’en décembre, une mission conjointe de la MANUL et de l’équipe de pays des Nations Unies à Koufra avait collaboré avec les autorités locales, les partenaires, les réfugiés et les communautés d’accueil pour renforcer les réponses humanitaires aux réfugiés soudanais.  « Le chapitre libyen du plan régional d’aide aux réfugiés soudanais pour 2025 ambitionne d’aider 446 000 personnes et nécessite 106 millions de dollars, soit le double de l’aide de 2024, alors que les réfugiés continuent d’arriver en Libye », a-t-elle précisé, en demandant le soutien des bailleurs de fonds. 

En conclusion, Mme DiCarlo a regretté que les dirigeants de la Libye et les acteurs de la sécurité ne parviennent pas à faire passer l’intérêt national avant leur rivalité pour des gains politiques et personnels. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité spécial des opérations de maintien de la paix: fin du débat général

Session de 2025
282e séance – matin
AG/PK/251

Comité spécial des opérations de maintien de la paix: fin du débat général

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse n’a pas pu couvrir cette séance.)

Après avoir entamé hier sa session 2025, le Comité spécial des opérations de maintien de la paix se réunit ce matin pour entendre les derniers orateurs participant à son débat général.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix entame sa session de 2025 qui marque 60 ans de « détermination collective à faire régner la paix »

Session de 2025
280e et 281e séance – matin & après-midi
AG/PK/250

Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix entame sa session de 2025 qui marque 60 ans de « détermination collective à faire régner la paix »

Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix, cet organe subsidiaire de l’Assemblée générale des Nations Unies, également connu sous le nom de Comité des 34 (C34), a entamé, aujourd’hui, sa session de fond de 2025 qui se prolongera jusqu’au 14 mars.  Cette année marque un jalon pour le Comité établi en 1965 et qui a pour mandat d’entreprendre chaque année une étude d’ensemble de la question des opérations de maintien de la paix et de faire des recommandations. 

Après avoir organisé ses travaux et adopté son ordre du jour, le Comité a lancé son débat général qui a permis à une cinquantaine de délégations de débattre des thématiques et questions majeures du maintien de la paix: sécurité des Casques bleus; financement des opérations de maintien de la paix (OMP); complexité de plus en plus grande des mandats; défis émergents, comme les effets des changements climatiques; mutations technologiques; ainsi que désinformation ou mésinformation affectant le soutien apporté aux pays et communautés hôtes. 

À l’ouverture des travaux, la Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique au Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix et au Département des opérations de paix, a observé que ce jalon de six décennies marque « notre détermination collective à faire régner la paix et protéger les plus vulnérables parmi nous ».  Mme Martha Ama Akyaa Pobee, qui prenait la parole au nom du Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, M. Jean-Pierre Lacroix, a aussi relevé que l’importance du Comité se mesure par le fait qu’il est passé de 34 membres à sa création à plus de 150 aujourd’hui. 

Mme Pobee a également rappelé que les délibérations du Comité sont fondamentales pour les Casques bleus et les communautés qu’ils servent.  Ce soixantième anniversaire intervient alors que nous vivons des changements profonds et des défis complexes liés à la paix et la sécurité, a-t-elle observé, notant aussi que le maintien de la paix a récemment fait peau neuve avec le Pacte pour l’avenir qui réaffirme son rôle central dans le travail des Nations Unies. 

Les mandats doivent être adaptés à l’évolution des menaces et il vaut mieux planifier et gérer les OMP, a recommandé pour sa part, le Vice-Président de l’Assemblée générale et Représentant permanent de la Thaïlande auprès des Nations Unies.  Alors que l’on célèbre le vingt-cinquième anniversaire de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes et la paix et la sécurité, M. Cherdchai Chaivaivid, qui s’exprimait au nom du Président de l’Assemblée générale, M. Philemon Yang, a souhaité voir les femmes impliquées davantage dans le maintien de la paix.  Il a également rappelé que l’Assemblée générale organisera un dialogue sur la paix et la sécurité en Afrique en juin prochain, afin d’évoquer notamment la question de la coopération avec les organisations régionales comme l’Union africaine (UA). 

Sécurité et santé mentale des Casques bleus

Au cours du débat général, le Royaume-Uni a rendu hommage aux 61 Casques bleus ayant perdu la vie en 2024 et aux 4 qui sont décédés en 2025.  Un bilan qui a motivé les nombreux appels des délégations à une meilleure sécurité des soldats de la paix et du personnel des OMP. C’est ainsi que, pour le Népal, actuellement le plus grand contributeur de troupes et de policiers aux OMP de l’ONU, il faut placer la sûreté, la sécurité et le moral des soldats de la paix au centre de la planification des missions de maintien de la paix. 

Une même préoccupation a été exprimée par le Liban, qui a rappelé que les Casques bleus de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) ont été victimes de nombreuses attaques cette année.  Il a condamné à cette occasion les attaques israéliennes délibérées contre la Force et son personnel, dont le dernier en date a eu lieu le 14 février dernier. 

Le Mouvement des pays non alignés, qui compte 90% du personnel déployé dans les OMP, a lui aussi, par la voix du Maroc, exhorté tous les acteurs pertinents à assurer la sécurité des Casques bleus et de tout le personnel du maintien de la paix.  Le Mouvement a dit attendre l’édification d’un mémorial pour les soldats de la paix tombés au cours de leur mission.  Plusieurs délégations ont tenu à rappeler qu’une attaque contre les Casques bleus peut être considérée comme un crime de guerre. Elles ont aussi appelé à la poursuite en justice des auteurs de tels crimes.

L’Uruguay, qui a parlé également au nom de l’Argentine, du Brésil et du Mexique, a également évoqué, comme d’autres délégations, la question de la santé mentale des membres du personnel des OMP.  Le Costa Rica a même félicité le Département de l’appui opérationnel pour ses initiatives novatrices en matière de santé mentale, lesquelles sont alignées sur les principes de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui mettent l’accent sur la prévention, la protection, la promotion et le soutien. 

Les mandats et leur financement

Ce soutien au personnel est d’autant plus important que les OMP sont confrontées à une complexité et à des défis croissants.  C’est ce qu’ont observé les membres du Comité, le Népal relevant de plus une baisse du soutien politique des principales parties prenantes et l’insuffisance des ressources qui mettent en danger des vies et des mandats.  Forte de ce constat, l’Union européenne (UE), dont les membres réunis sont les principaux donateurs des OMP, a réaffirmé que ces missions doivent être financées de manière adéquate par des contributions obligatoires.  La plupart des avis ont convergé sur le besoin de mandats clairs et réalistes accompagnés de ressources appropriées afin d’assurer que les Casques bleus puissent mener à bien leur mission, comme l’a indiqué l’Indonésie qui s’exprimait au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN). 

En plus du financement, d’autres orateurs ont mis l’accent sur les tâches confiées au personnel et sur la représentation géographique équitable, notamment au Secrétariat et sur le terrain.  Au nom du Groupe des amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, le Venezuela a constaté que « ces dernières années, les mandats des OMP ont changé de portée, passant de leur rôle traditionnel de maintien de cessez-le-feu à une variété de tâches complexes qui, dans de nombreux cas, relèvent de la compétence des États hôtes ».  Ces changements dans la manière dont fonctionnent les missions onusiennes de maintien de la paix doivent être abordés avec beaucoup de prudence et dans le strict respect des objectifs et principes consacrés par la Charte des Nations Unies, a rappelé la délégation. 

La Türkiye a tenu à ce que soient respectés les principes cardinaux du maintien de la paix, comme le consentement des parties, et à ce que soient planifiées bien en amont les stratégies de sortie des OMP.  Une posture partagée par la Suisse qui a estimé que la planification opérationnelle est un instrument clef pour intégrer les différentes composantes des missions et gagner en efficacité.  Toutes les opérations de paix ont un plan, a renchéri la Norvège.  Selon elle, le problème vient du fait que la plupart de ces plans semblent être élaborés de bas en haut plutôt que de haut en bas. 

Des mandats intégrant davantage les femmes et les questions environnementales

Parmi les conditions à remplir pour une bonne planification des mandats, le Brésil a appuyé l’intégration d’une perspective sexospécifique dans l’ensemble des recommandations du rapport du C34, souhaitant des recommandations spécifiques sur le leadership des femmes ainsi que sur leur participation pleine, sûre, égale et significative dans les opérations de maintien de la paix et dans les processus politiques qu’elles soutiennent.  Le Népal a rassuré sur sa volonté de mettre à contribution des femmes soldats de la paix. 

Alors que l’on commémore les 25 ans de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité, plusieurs orateurs ont insisté sur la nécessité d’avancer dans la mise en œuvre intégrale de l’agenda sur les femmes et la paix et la sécurité. 

Les questions écologiques n’étaient pas en reste.  Le Canada, au nom du Groupe des CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), a appelé à prendre en compte les changements climatiques dans l’élaboration des mandats des missions de paix.  Pour sa part, l’UE a encouragé les acteurs du maintien de la paix à aider les États hôtes à « “écologiser” le secteur de la sécurité » et à réduire l’empreinte écologique des OMP.

La technologie et son impact

Pour aider à évaluer les résultats des missions, le Japon a estimé que chacune d’entre elles devrait tirer parti de la technologie et utiliser pleinement les données.  Le but est d’évaluer leurs rendements et d’obtenir des impacts positifs.  Le Japon est déterminé à améliorer les performances et l’efficacité opérationnelle en soutenant les initiatives de partenariat en matière de renforcement des capacités, telles que le programme de partenariat triangulaire, qui fournit une formation aux pays fournisseurs de contingents.  Le Viet Nam a de même encouragé l’utilisation d’outils numériques et de technologies innovantes dans le maintien de la paix, notamment pour améliorer les systèmes d’alerte précoce, la surveillance par satellite et la communication. 

Désinformation et mésinformation

L’importance d’une bonne communication a été précisément un élément du débat, nombre de délégations décriant la mauvaise image véhiculée au sujet des OMP.  La Fédération de Russie a avancé que les réactions négatives à propos de l’ONU ne sont pas toujours des tentatives de ternir sa réputation.  Souvent, ce n’est qu’une manifestation de déception, a-t-elle lancé en appelant les missions de maintien de la paix à être proactives dans leur communication et à mener divers projets locaux à « impact rapide ».  Alors que, pour la Côte d’Ivoire, l’ONU doit lutter davantage contre la désinformation, la mésinformation et les discours de haine visant les missions de paix, la République de Corée a appelé à établir la confiance avec la population locale afin de mener cette lutte. 

Coopération et multilinguisme à renforcer

L’une des solutions pour éviter la désinformation, ont convenu plusieurs intervenants, serait que l’ONU renforce sa coopération avec tous les acteurs impliqués dans les OMP. C’est dans cette optique que le Royaume-Uni a plaidé pour le resserrement de la coopération et des partenariats entre l’ONU, les États Membres et les partenaires régionaux.  Quelques voix ont d’ailleurs salué la résolution décisive du Conseil de sécurité 2719 (2023) sur la consolidation de la paix en Afrique, qui prévoit le financement par l’ONU d’initiatives de paix africaines agréées par le Conseil.  Selon le Sénégal, cette résolution traduit l’engagement de la communauté internationale à adapter les missions de paix pour gérer les défis sécuritaires complexes en Afrique. 

L’Union européenne a pour sa part magnifié le partenariat stratégique UE-ONU sur la paix et la sécurité. Alors que de nouveaux prestataires de services de sécurité, des forces régionales et des acteurs non traditionnels jouent un rôle de plus en plus important dans la stabilité mondiale, le Costa Rica a dit attendre de l’ONU qu’elle assure la cohérence, l’alignement stratégique et l’inclusion dans tous les efforts de paix collaboratifs.  Il a souligné la nécessité de mettre en place des cadres solides qui respectent les droits. 

Au nom des Ambassadeurs de pays francophones, la République démocratique du Congo (RDC) a appelé à améliorer la coopération avec les pays hôtes des OMP, tout en renforçant le multilinguisme car « plusieurs pays francophones sont freinés par des obstacles linguistiques ».  En tout cas, l’Iraq qui possède une vaste expérience dans la gestion des problèmes de sécurité s’est dit prêt à contribuer à l’échange d’expériences et de connaissances pour soutenir ces efforts. 

En début de séance, le Comité a élu son bureau.  Il a constaté que la délégation du Nigéria a réaffirmé sa volonté de continuer à exercer les fonctions de Président du Comité spécial.  De même, les délégations de l’Argentine, du Canada, du Japon et de la Pologne ont toutes exprimé leur souhait de continuer à exercer les fonctions de vice-présidents, tandis que la délégation de l’Égypte a également exprimé le souhait de continuer à exercer les fonctions de Rapporteur du Comité spécial. De ce fait, l’Ambassadeur rancisco Fabián Tropepi de l’Argentine; l’Ambassadeur Michael Christian Gort du Canada; M. Iriya Takayuki du Japon; et M. Michal Daniel Miarka de Pologne ont été élus Vice-Présidents du Comité spécial.  Le Rapporteur étant M. Mohamed Soliman d’Égypte. 

Par ailleurs, l’Ambassadeur Michael Christian Gort, du Canada, assumera également la fonction de Président du Groupe de travail plénier. 

***NOUVEAU - Suivez la couverture des réunions en direct sur notre LIVE***

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: la pratique du multilatéralisme et la réforme de la gouvernance mondiale, au menu d’un débat public au niveau ministériel

9861e séance – matin & après-midi
CS/15998

Conseil de sécurité: la pratique du multilatéralisme et la réforme de la gouvernance mondiale, au menu d’un débat public au niveau ministériel

Le Conseil de sécurité a tenu, aujourd’hui, un débat public au niveau ministériel sur le thème « Maintien de la paix et de la sécurité internationales: pratiquer le multilatéralisme, réformer et améliorer la gouvernance mondiale ».  La Chine en avait fait l’événement phare de sa présidence en février et c’est en toute logique que son chef de la diplomatie, M. Wang Yi, a présidé aux échanges, plaidant pour une représentation plus juste et équitable des pays en développement dans les structures de gouvernance, à commencer par le Conseil de sécurité.  Une position appuyée par l’ensemble des pays du Sud et par le Secrétaire général de l’ONU lui-même, pour qui le Pacte pour l’avenir donne l’élan nécessaire à ces réformes. 

Établissant d’emblée un lien entre la création de l’ONU, voilà 80 ans, et « la prévention d’une troisième guerre mondiale », M. António Guterres a reconnu que « huit décennies, c’est long », l’Organisation ayant aujourd’hui besoin d’une « refonte » de son « logiciel » en matière de coopération internationale, mais aussi de représentation, d’aide apportée aux pays en développement et d’opérations de maintien de la paix. 

Alors que le monde est en butte à la multiplication des conflits, au creusement des inégalités, à la montée de la pauvreté, à la persistance du terrorisme et de l’extrémisme violent, à une impunité croissante et à l’essor périlleux de technologies émergentes, le Pacte pour l’avenir permet, selon lui, d’envisager un rétablissement de la confiance dans le multilatéralisme, notamment au travers des solutions concrètes qu’il propose pour renforcer les mécanismes de paix. 

Refléter la réalité du monde d’aujourd’hui 

Outre son appel à s’attaquer aux causes profondes des conflits, à relancer les objectifs de développement durable (ODD) et à réformer l’architecture financière mondiale afin de représenter de manière plus équitable les besoins des pays en développement, le Pacte reconnaît également que le Conseil de sécurité doit « refléter le monde d’aujourd’hui, et non celui d’il y a 80 ans », a souligné le Chef de l’ONU, exprimant le souhait d’un Conseil élargi et plus représentatif des réalités géopolitiques de notre temps.

« Les structures de gouvernance mondiale sont inadéquates », a abondé le Ministre des affaires étrangères de la Chine, aux yeux duquel il est inacceptable qu’une poignée de pays s’en arrogent le monopole alors que les pays du Sud occupent une place croissante sur la scène internationale.  « Il faut accroître la représentation des pays en développement dans ces structures et rectifier l’injustice de l’histoire », a martelé M. Wang en insistant sur le droit qu’ont tous les États de participer aux prises de décisions sur un pied d’égalité.  Cela suppose de respecter leur souveraineté et le principe de non-ingérence, de se conformer au droit international et de rejeter le « deux poids, deux mesures », a-t-il souligné, avant d’appeler à transformer le Pacte pour l’avenir en « actions concrètes », singulièrement au Moyen-Orient, où la solution des deux États doit être « préservée ». 

Sur la même ligne, le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Pakistan a fait valoir qu’aucun pays ne doit se considérer comme supérieur aux autres.  Prônant une politique de « tolérance zéro » contre ceux qui « abusent de la Charte des Nations Unies », il a appelé de ses vœux un Conseil de sécurité plus démocratique et équitable, au sein duquel les pays en développement seraient dûment représentés.  Il a cependant averti qu’accroître le nombre des sièges permanents ne règlerait en rien la paralysie actuelle de cet organe. 

Une représentation équitable des pays du Sud

Sans une réforme prévoyant une représentation équitable des pays du Sud, et notamment africains, la performance et la légitimité du Conseil s’en trouveront remises en cause, a soutenu à son tour la Vice-Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Sierra Leone.  Mais il importe aussi de remédier à l’exclusion de l’Afrique par les banques de développement multilatérales, « conséquence et héritage du colonialisme », a-t-elle ajouté, avant de réclamer, à l’instar de l’Union africaine, des réparations pour les peuples d’ascendance africaine. 

Même son de cloche de la part de la Secrétaire d’État en charge des affaires africaines auprès du Ministre des affaires étrangères de l’Algérie, qui a estimé que la réforme des institutions multilatérales « ne peut plus attendre ».  Cela passera par une réparation de « l’injustice historique faite à l’Afrique » au sein du Conseil de sécurité, mais aussi par un raffermissement du rôle et des prérogatives de l’Assemblée générale, a-t-elle appuyé, jugeant crucial de restaurer l’équilibre entre les organes de l’ONU.  Cela vaut aussi pour la Cour internationale de Justice (CIJ), a poursuivi la responsable gouvernementale en exhortant l’organe judiciaire onusien à rendre justice au peuple palestinien, et notamment aux Gazaouites menacés de déplacements forcés.

Observant pour sa part un « déplacement des centres de pouvoir vers le Sud », la Fédération de Russie s’est elle aussi prononcée pour une adaptation des institutions de gouvernance mondiale aux « réalités modernes ».  Favorable à une augmentation de la représentation des États africains, asiatiques et latino-américains au sein du Conseil, dans le cadre d’une réforme de l’organe, elle a estimé que la domination qu’y exercent les pays occidentaux, « en tant que gardiens des métropoles coloniales », devrait être « reléguée aux oubliettes ».

La délégation russe a d’autre part constaté que la méfiance croissante à l’égard du système financier international favorise l’intensification des liens régionaux et la formation de mécanismes économiques multilatéraux « alternatifs à ceux contrôlés et utilisés par l’Occident pour ses propres intérêts égoïstes ».  Selon elle, les organisations interrégionales et leurs partenaires ont le potentiel de devenir les principales institutions de régulation d’un ordre mondial multipolaire, conformément au « concept de grand partenariat eurasien proposé par le Président Vladimir Putin ».

Défense du système multilatéral avec l’ONU en son cœur 

Face à cette vision d’un nouvel ordre multilatéral, la plupart des pays occidentaux ont opposé la volonté de réformer et d’améliorer le système actuel, avec l’ONU en son cœur.  La Grèce a insisté sur la nécessité de « revenir aux fondamentaux » de la Charte des Nations Unies, tout en appelant à préserver les droits et libertés fondamentaux, la démocratie et l’état de droit « dans un monde de plus en plus autoritaire, dangereux et contesté, où la dignité humaine est progressivement mise à mal et où la guerre se répand à grande échelle ».  Le Danemark a dit soutenir fermement ce système et tout ce que les États Membres ont accompli depuis 1945, « aussi imparfait soit-il ».

Pour le Royaume-Uni, l’ONU doit défendre la Charte des Nations Unies dans le dossier ukrainien, « meilleur gage d’un maintien efficace de la paix et de la sécurité internationales » et redoubler d’efforts pour trouver de nouvelles solutions aux défis émergents.  Le premier pas dans cette direction est de réussir les prochaines réunions internationales de ce quatre-vingtième anniversaire, notamment le sommet Beijing+30 en mars, la Conférence sur les océans en juin, le Forum sur le suivi du financement du développement en juillet, le Sommet mondial pour le développement social et la COP30 en novembre.  « Leur réussite sera un progrès essentiel et assurera la réputation de l’ONU comme notre maison multilatérale », a argué la délégation. 

Dans le même ordre d’idées, la France a appelé à poursuivre l’agenda international en matière de climat et de biodiversité, avant d’inviter les États Membres à se « remettre en ordre de bataille pour traduire en actes l’Accord de Paris ».  Tout en réaffirmant sa foi dans la « méthode ONU » et dans le Pacte pour l’avenir destiné à revitaliser le multilatéralisme, elle a défendu le principe d’une réforme du Conseil de sécurité prévoyant l’octroi à l’Afrique de deux sièges permanents dotés du droit de veto.  Elle a cependant rappelé qu’elle porte depuis 2015, avec le Mexique, une initiative d’encadrement du veto en cas d’atrocités de masse à laquelle 106 États ont déjà apporté leur soutien.

De son côté, la République de Corée a reconnu qu’il est souvent difficile d’éviter l’impasse sur des questions mettant en opposition des membres permanents.  Il existe néanmoins d’autres domaines que le Conseil peut explorer pour remplir son mandat et renforcer sa position institutionnelle, a-t-elle assuré, considérant par exemple que l’évolution rapide de l’intelligence artificielle doit faire l’objet d’une attention accrue de l’organe, cette technologie pouvant être exploitée par des acteurs irresponsables comme la République populaire démocratique de Corée (RPDC). 

Position discordante des États-Unis 

L’unanimité occidentale quant au rôle de l’ONU dans le cadre d’un multilatéralisme revitalisé a été rompue par les États-Unis, qui ont regretté que l’Organisation se soit éloignée de ses missions principales depuis sa création au sortir de la Seconde Guerre mondiale.  À l’appui de ce réquisitoire, ils ont cité un « biais profondément anti-israélien qui ne fait que croître depuis l’attaque brutale lancée par le Hamas le 7 octobre 2023 », un Conseil des droits de l’homme qui « protège des auteurs de violations graves » et un Conseil de sécurité paralysé par la Chine et la Fédération de Russie, « deux fauteurs de troubles qui disposent du droit de veto ». 

Dénonçant par ailleurs l’instrumentalisation des juridictions internationales à des fins politiques, dont la CIJ, « manipulée par l’Afrique du Sud pour accuser abusivement Israël de génocide », la délégation américaine a confirmé que son pays est en train de réexaminer la nature de l’appui qu’il apporte à l’ONU: « Nous essaierons de voir si les mesures prises au sein de cette organisation sont dans l’intérêt des États-Unis et si des réformes sont possibles ».  Dans cet esprit, les États-Unis comptent passer en revue les activités d’entités onusiennes telles que l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), qui, selon eux, « cultive de longue date l’antisémitisme ». 

Interventions des États et organisations non membres

L’inquiétude devant les menaces pesant sur le multilatéralisme et certains développements géopolitiques récents ont marqué les interventions des nombreuses délégations à avoir pris la parole après les membres du Conseil.  Afin de remédier aux défis, elles ont appelé de leurs vœux une réforme de l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales, ainsi qu’une opérationnalisation du Pacte pour l’avenir récemment adopté.

À l’approche du quatre-vingtième anniversaire de la création de l’ONU, la Pologne a dit craindre que certains États cherchent en effet à renverser l’ordre international, à rétablir des sphères d’influence et à ressusciter d’anciens empires.  Face à une conjoncture mondiale qu’il a qualifiée de « dangereuse », le Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Arabie saoudite a aussi jugé impératif de promouvoir la capacité de l’ordre international à préserver la paix et la sécurité internationales. 

De son côté, le Ministre des affaires étrangères de l’Ouganda a cité Kofi Annan, qui dénonçait « la tendance de certains Américains à traiter l’ONU comme un multilatéralisme à la carte où on prend ce qui nous arrange et rejette ce qui nous déplaît ».  « Quand vous vous retirez de l’Accord de Paris ou de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), vous condamnez le multilatéralisme », a déclaré le Ministre ougandais.

Les États-Unis ont également été pris pour cible par le Venezuela et la Ministre des affaires étrangères de la Bolivie, qui a dénoncé l’utilisation du veto par ce pays garantissant l’impunité d’Israël face au génocide en Palestine.  Même son de cloche du côté du Vice-Ministre des affaires étrangères de Cuba, qui a indiqué que les États-Unis, en se retirant de certains organismes internationaux, méprisent leurs activités importantes.  « Devant cette situation difficile, il faut réaffirmer le rôle de l’ONU en tant que principal rempart contre les menaces et les tentatives de saper la coopération et le dialogue internationaux. »

L’Union européenne a de son côté fermement condamné la guerre d’agression russe.  « Notre monde est entré dans une nouvelle période de turbulences et de changements », a reconnu l’Ukraine, en regrettant que l’ONU n’ait pas réussi à stopper la guerre d’agression de la Russie.  Au-delà de cette situation, nous sommes confrontés aux tentatives de saper la crédibilité et l’efficacité des principales institutions multilatérales « de l’intérieur », a continué ce pays.

« Nulle part elles ne sont plus évidentes que dans cette salle, où un État qui mène des guerres d’agression bénéficie du privilège d’un siège permanent et d’un droit de veto ».  Le dépeçage du multilatéralisme fait planer la menace de nouvelles rivalités, de barrières aux idées et aux produits, d’érosion des acquis fondamentaux, l’histoire le démontre, a déclaré de son côté la Suisse.  Elle a rappelé qu’aucun pays, aussi grand soit-il, n’est en mesure d’affronter seul les défis d’un monde de plus en plus interconnecté.  La Suède a estimé que les attaques actuelles contre l’égalité de genre sont très préoccupantes.

L’intervention de la Hongrie a, en revanche, nettement tranché avec la tonalité inquiète des autres délégations.  Son Ministre des affaires étrangères s’est en effet félicité du changement radical opéré depuis l’élection de M. Donald Trump à la tête des États-Unis.  « L’Occident a un nouveau leader, animé de bon sens, « antiwoke » et qui défend la liberté ».  Il a rappelé que son pays défend la chrétienté, lutte contre l’immigration et pourfend ces idéologies « woke » et libérales qui ont empoisonné les relations internationales.

Il a indiqué que le « camp de la paix » a été élu aux États-Unis et s’est félicité de l’ouverture de pourparlers entre ce pays et la Russie.  De bonnes relations russo-américaines ne peuvent être que positives en vue de l’instauration de la paix en Ukraine, a dit le Ministre hongrois, en rappelant la position constante de son pays en faveur d’un tel rapprochement.  Il a par ailleurs invité l’ONU à s’adapter à cette nouvelle réalité.

Demandes insistantes pour une réforme du Conseil

Les délégations ont unanimement réclamé une réforme du Conseil de sécurité, afin de le rendre responsable, transparent, représentatif et inclusif.  Un usage restrictif et responsable du veto doit empêcher que des atrocités ne soient commises sous couvert de blocages au Conseil, a déclaré la Suisse, appuyée par Singapour ou encore l’Indonésie.  « La règle selon laquelle une partie à un différend s’abstient de voter doit être réaffirmée et suivie dès aujourd’hui », a continué la Suisse, tandis que la Bolivie a demandé que les États qui violent les droits humains et le droit international soient suspendus du Conseil.

« L’élargissement de l’organe et l’utilisation arbitraire du droit de veto par ses membres permanents sont les questions les plus urgentes à traiter », a déclaré l’Arabie saoudite, en jugeant que la crise de confiance que connaît l’ONU nécessite une réévaluation de l’action multilatérale pour en accroître l’efficacité. Le Japon a estimé que cette réforme, plus urgente que jamais, doit être réalisée maintenant.  Ce pays a dit attendre la présentation par le Groupe des États africains d’un modèle consolidé de réforme et espéré que les négociations commenceront rapidement. 

L’Ouganda a par ailleurs rappelé la demande de l’Afrique de deux membres permanents et de deux nouveaux membres non permanents.  Les négociations doivent commencer dès que possible, afin que les régions sous-représentées et les principaux contributeurs à la paix et à la sécurité internationales aient enfin un siège permanent à la table du Conseil, a déclaré l’Allemagne, appuyée par l’Afrique du Sud.

Singapour ou encore la Thaïlande ont souhaité une coopération plus étroite du Conseil avec l’Assemblée générale et le Conseil économique et social, tandis que l’Éthiopie a demandé une réforme de l’architecture financière internationale.  « La réforme de la gouvernance mondiale ne sera jamais possible sans une réforme réelle et urgente de l’architecture financière internationale, qui est devenue un obstacle au développement économique global et à la réduction du fossé entre Nord et Sud », a déclaré l’Égypte, au nom du Groupe des États africains.

Ce pays, également favorable à une réforme du Conseil, a espéré que la prochaine Conférence internationale sur le financement du développement en Espagne permettra de concrétiser certaines des réformes attendues.  De son côté, la Suède a appelé à préserver l’intégrité de la Cour internationale de Justice et de la Cour pénale internationale, tandis que le Brésil et la Thaïlande ont souligné l’importance des organisations régionales.  « Les groupes comme le G20 et les BRICS peuvent aussi aider dans des domaines thématiques clefs », a déclaré le délégué brésilien.

Concrétisation du Pacte pour l’avenir

Les délégations, à l’instar de la Suède et de l’Allemagne, ont été nombreuses à demander que le Pacte pour l’avenir, adopté par l’Assemblée générale en septembre dernier, soit traduit dans les faits.  S’agissant de la réforme tant attendue du Conseil de sécurité, ce Pacte prévoit des engagements, a déclaré l’AllemagneSingapour ou encore le Kazakhstan ont appelé à une opérationnalisation des éléments clefs du Pacte pour l’avenir, y compris un engagement renouvelé en faveur du désarmement et de la lutte contre la criminalité organisée.  « Il est capital d’appliquer ce Pacte », a déclaré la Slovaquie, tandis que l’Union européenne a indiqué qu’une telle application permettra une revitalisation de l’ONU.

Enfin, des pays ont fait preuve d’un certain optimisme, à l’instar de la Roumanie qui a estimé que l’ONU n’est en rien « démodée ».  Ce pays a souligné deux récentes réalisations clefs du multilatéralisme, à savoir l’Accord « BBNJ » (sur la protection de la haute mer et de la biodiversité marine) et le lancement des négociations en vue d’une convention sur la prévention et la répression des crimes contre l’humanité.  La Roumanie, comme l’Ukraine, a par ailleurs mentionné la présentation à l’Assemblée générale le 24 février prochain d’un projet de résolution sur la promotion d’une paix juste et durable en Ukraine sur la base du respect du droit international.

 

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES (S/2025/78)

Déclaration luminaire

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a commencé par rappeler que cette année marque le quatre-vingtième anniversaire de l’Organisation, fruit de l’engagement pris à l’échelle mondiale de préserver les générations futures du fléau de la guerre.  « Huit décennies plus tard, on peut établir un lien direct entre la création de l’Organisation des Nations Unies et la prévention d’une troisième guerre mondiale », a-t-il affirmé, observant que l’ONU reste un lieu de rencontre unique en son genre et indispensable à la promotion de la paix, du développement durable et des droits humains.  « Mais huit décennies, c’est long », a concédé M. Guterres, avant de plaider pour une refonte du « logiciel » de la coopération internationale, mais aussi de la représentation, de l’aide apportée aux pays en développement et des opérations de paix de l’ONU. 

Pour le Chef de l’Organisation, la solidarité mondiale et des solutions globales sont d’autant plus nécessaires que la crise climatique fait rage, les inégalités se creusent, la pauvreté augmente et la paix est de plus en plus hors de portée.  De surcroît, le terrorisme et l’extrémisme violent persistent, une culture de l’impunité se répand, la menace d’une guerre nucléaire demeure présente et l’essor des technologies émergentes telles que l’intelligence artificielle s’accompagne d’un risque d’affaiblissement, voire de remplacement de la pensée humaine. 

Face à ces problèmes mondiaux, le Secrétaire général a mis en avant le Pacte pour l’avenir, adopté en septembre dernier par les États Membres pour renforcer la gouvernance mondiale et rétablir la confiance dans le multilatéralisme. Le Pacte, a-t-il rappelé, propose des solutions concrètes pour renforcer les mécanismes de paix.  Il vise à renforcer la coordination avec les organisations régionales et à garantir la pleine participation des femmes, des jeunes et des groupes marginalisés aux processus de paix.  Il appelle au renforcement de la Commission de consolidation de la paix afin de mobiliser le soutien politique et financier nécessaire à la mise en œuvre des stratégies de prévention et de consolidation de la paix pilotées par les pays. 

Le Pacte contient également le premier accord multilatéral sur le désarmement nucléaire conclu depuis plus de 10 ans, a fait observer M. Guterres.  Il présente en outre de nouvelles stratégies visant à mettre fin à l’emploi d’armes chimiques et biologiques, ainsi que des mesures revitalisées pour prévenir une course aux armements dans l’espace et faire avancer les débats sur les armes létales autonomes.  Il exhorte les États Membres à respecter les engagements qu’ils ont pris en vertu des principes consacrés par la Charte des Nations Unies.  Il réaffirme leur volonté inébranlable à respecter le droit international et à privilégier le règlement pacifique des différends par le dialogue, tout en reconnaissant le rôle de l’ONU dans la diplomatie préventive. 

« Mais le Pacte va encore plus loin pour la paix », notamment en appelant à s’attaquer aux causes profondes des conflits, à relancer les objectifs de développement durable (ODD) et à réformer l’architecture financière mondiale afin de représenter de manière plus équitable les besoins des pays en développement, a poursuivi M. Guterres.  « Le Pacte reconnaît également que le Conseil de sécurité doit refléter le monde d’aujourd’hui, et non celui d’il y a 80 ans », a-t-il souligné, exprimant le souhait d’un Conseil élargi et plus représentatif des réalités géopolitiques d’aujourd’hui.  « Nous devons aussi continuer à améliorer ses méthodes de travail afin de le rendre plus inclusif, plus transparent, plus efficace, plus démocratique et plus responsable », a ajouté le Chef de l’ONU, pour qui le moment est venu de tirer parti de l’élan donné par le Pacte pour l’avenir pour faire avancer les négociations intergouvernementales. 

Exhortant les membres du Conseil à surmonter « les divisions qui bloquent une action efficace en faveur de la paix », il a noté que ces mêmes membres ont montré qu’il était possible de trouver un terrain d’entente sur le déploiement d’opérations de maintien de la paix, l’adoption de résolutions vitales sur l’aide humanitaire, la reconnaissance des problèmes de sécurité rencontrés par les femmes et les jeunes ou encore le financement des opérations de soutien à la paix menées par l’Union africaine (UA) à travers des contributions obligatoires.  « Même aux heures les plus sombres de la guerre froide, la prise de décisions collégiales et le dialogue vif entretenu au Conseil de sécurité ont permis de préserver un système de sécurité collective, certes imparfait, mais fonctionnel », a-t-il insisté, invitant les membres de l’organe à « retrouver cet esprit » et à « bâtir les consensus nécessaires pour instaurer la paix dont tous les peuples ont tant besoin ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.