En cours au Siège de l'ONU

L’Assemblée générale proclame la Décennie des Nations Unies pour le boisement et le reboisement dans le cadre d’une gestion durable des forêts à compter de 2027

Soixante-dix-neuvième session,
64e séance plénière – matin
AG/12681

L’Assemblée générale proclame la Décennie des Nations Unies pour le boisement et le reboisement dans le cadre d’une gestion durable des forêts à compter de 2027

L’Assemblée générale a ce matin adopté trois textes, dont une résolution par 155 voix pour, en vertu de laquelle elle décide de proclamer la Décennie des Nations Unies pour le boisement et le reboisement dans le cadre d’une gestion durable des forêts (2027-2036).

Constatant la valeur que revêtent les forêts et leur gestion durable, ainsi que leurs multiples contributions au développement durable, l’Assemblée a adopté ce texte présenté par la République du Congo, « afin de renforcer la coopération internationale et le renforcement des capacités dans l’objectif d’enrayer puis d’inverser la réduction du couvert forestier dans le monde ».  Dans ce contexte, elle invite les gouvernements et autres parties prenantes –organisations internationales et régionales, société civile, peuples autochtones, communautés locales, secteur privé et milieux universitaires– à appuyer activement la mise en œuvre des activités de la Décennie, notamment par des contributions volontaires, et à partager les meilleures pratiques et les connaissances à cet égard.

Les États-Unis se sont désolidarisés de ce texte, en arguant qu’il mentionne le Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui « porte atteinte aux intérêts des Américains », et l’Accord de Paris, dont Washington s’est retiré.  Pour cette délégation, les transferts de technologies doivent se faire sur une base volontaire et d’accords mutuels, ce texte étant « une distraction et un exemple de longues résolutions au libellé problématique ».  Au nom de l’Union européenne, la Pologne a, au contraire, remercié les coauteurs du texte, réaffirmant l’importance fondamentale des deux instruments décriés par les États-Unis.  Le Pérou aurait quant à lui préféré des alternatives, comme la proclamation d’une année internationale, d’autant plus que la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes (2021-2030) vient tout juste de débuter. 

L’Assemblée générale a également adopté par 105 voix pour, 9 contre (Bélarus, Érythrée, États-Unis, Fédération de Russie, Nicaragua, Niger, Mali, République populaire démocratique de Corée et Soudan) et 33 abstentions, une résolution relative à la coopération entre l’ONU et le Conseil de l’Europe.  Présenté par le Luxembourg, elle demande de nouveau son renforcement s’agissant de promouvoir et de protéger tous les droits humains et libertés fondamentales, ainsi que la démocratie, l’état de droit et la bonne gouvernance à tous les niveaux.

L’Assemblée salue dans ce texte l’importance des travaux menés par le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe, qui surveille l’exécution des arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme, y compris les affaires interétatiques, les affaires révélant des problèmes systémiques et structurels dans les systèmes juridiques internes et les affaires concernant la Fédération de Russie. Cette délégation a rappelé qu’avant l’année 2023, ce texte présenté chaque année était adopté par consensus, regrettant que depuis, ses auteurs aient cru bon d’y ajouter des « paragraphes politisés et des insinuations antirusses ». 

Les États-Unis ont également voté contre ce texte, au prétexte que son libellé ne contribue pas à rapprocher les parties au conflit entre la Russie et l’Ukraine et qu’il fait référence une fois encore au Programme 2030, de même qu’au Pacte mondial sur les migrations, que le Gouvernement américain ne reconnaît pas.  La Hongrie a, pour sa part, souhaité préciser que le terme « genre » doit se comprendre au sens binaire de deux sexes –hommes et femmes–, un avis partagé par le Sénégal.  Pour sa part, le Viet Nam s’est dissocié des paragraphes 9 et 11 du préambule et des paragraphes 5 et 17 du dispositif, qui ne s’alignent pas selon lui sur le champ de la coopération entre l’ONU et le Conseil de l’Europe.  La République islamique d’Iran a également dit regretter un libellé clivant, avec ses références au conflit en Ukraine.

L’Assemblée a aussi approuvé la participation à la quatrième Conférence sur le financement du développement et à ses travaux préparatoires de certaines organisations non gouvernementales (ONG), d’organisations de la société civile, d’établissements universitaires et d’entités du secteur privé, dont la liste figure en annexe de la décision adoptée.  Proposée par l’Union européenne, un amendement contenant une liste supplémentaire a été approuvé par 72 voix pour, 13 contre et 49 abstentions. La Pologne, au nom de l’Union européenne, avait estimé que cette participation élargie garantirait que cette conférence, qui se tiendra à Séville, en Espagne, du 30 juin au 3 juillet prochains, bénéficiera de l’expertise et de l’engagement d’un large éventail d’acteurs.  Le Royaume-Uni a aussi vanté la contribution des ONG et des milieux d’affaires et de la recherche, qui sont « les yeux et les oreilles des États sur le terrain ».  La Suisse a dit soutenir l’amendement en considérant que la décision de permettre la participation des ONG ne devait pas être prise de manière unilatérale.

Pour la Fédération de Russie cependant, les « parrains » de cet amendement sont les bailleurs de fonds de ces « ONG néfastes ».  La République islamique d’Iran, qui elle aussi a voté contre, a regretté que toutes les entités figurant dans l’amendement n’aient pas forcément des activités liées au développement.  La Türkiye aurait souhaité que les coauteurs de l’amendement informent les autres États des objectifs de ces ONG:  « pourquoi 38 ONG ont-elles été repêchées et pas toutes les 50 qui avaient été rejetés auparavant? » s’est interrogé la délégation, en évoquant « un amendement politique et non technique ». 

 

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Des « questions de gouvernance » au centre des débats de la Commission préparatoire pour l’entrée en vigueur de l’Accord BBNJ sur la biodiversité marine

Commission préparatoire pour l’entrée en vigueur de l’Accord sur la biodiversité marine
Première session, matin & après-midi
MER/2209

Des « questions de gouvernance » au centre des débats de la Commission préparatoire pour l’entrée en vigueur de l’Accord BBNJ sur la biodiversité marine

La Commission préparatoire pour l’entrée en vigueur de l’Accord se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale (Accord BBNJ)et la tenue de la première réunion de la Conférence des Parties à l’Accord a examiné, ce matin, des « questions de gouvernance » ayant trait aux organes subsidiaires, puis, cet après-midi, les dispositions relatives au fonctionnement du secrétariat, y compris son siège. 

Les organes subsidiaires suivants ont été créés en application de l’Accord adopté en 2023: le Comité sur l’accès et le partage des avantages; le Comité de renforcement des capacités et de transfert de technologies marines; le Comité des finances; le Comité de mise en œuvre et de contrôle du respect des dispositions; l’Organe scientifique et technique. 

En attendant qu’un secrétariat soit établi au titre de l’Accord, c’est le Secrétaire général de l’ONU, agissant par l’intermédiaire de la Division des affaires maritimes et du droit de la mer du Bureau des affaires juridiques du Secrétariat de l’Organisation, qui assume ces fonctions. 

Groupe de travail I sur le mandat, les modalités de fonctionnement et le règlement intérieur des organes subsidiaires créés en application de l’Accord; et sur les procédures à suivre pour la sélection de leurs membres et des membres de l’Organe scientifique et technique

À l’entame de son second jour de travail, la Commission a donc étudié les contours que prendront le mandat, les modalités de fonctionnement et le règlement intérieur de ces organes subsidiaires, pour l’instant au nombre de cinq - l’Accord prévoit que ce chiffre puisse évoluer en fonction des besoins. Elle était saisie d'une note de cadrage préparée par le Secrétariat de l'ONU pour l'aider dans ses travaux.

La Commission préparatoire a réfléchi en priorité à la question de savoir si le règlement intérieur de la Conférence des Parties (COP) devrait également s’appliquer mutatis mutandis aux travaux de tout organe subsidiaire, ou si un règlement intérieur distinct devait être adopté pour quelques organes, voire pour chacun d’entre eux.  Une application mutatis mutandis par défaut serait adéquate, car ainsi, le dispositif « fonctionnera même si nous ne faisons rien », a lancé le délégué des petits États insulaires en développement (PEID). 

La Chine a pour sa part soutenu la création d’un règlement intérieur distinct pour chaque organe subsidiaire puisqu’après tout, l’Accord leur donne des mandats spécifiques, d’autant qu’il existe des nuances de taille entre les organes et la COP elle-même, par exemple en matière de composition.  Ainsi, toutes les parties contractantes sont parties à la COP alors que les organes se composent d’experts à titre individuel, et non de représentants d’État ou d’organisation régionale, a expliqué le délégué chinois.  Il a préconisé de mettre au point un document unique compilant tous les règlements intérieurs de chaque organe.  Ce qui aurait pour avantage d’éviter les doublons et les confusions quant aux modalités pratiques de leur fonctionnement, y compris en termes de calendrier. 

Le Groupe des 77 et de la Chine ainsi que l’Union européenne ont appelé à reconnaître que les organes subsidiaires devraient pouvoir interagir les uns avec les autres sans passer par la COP.  Dans le cas contraire, « ce serait comme demander à son papa si l’on a le droit de parler à ses frères et sœurs », a ironisé la Micronésie.  De même, les organes subsidiaires devraient pouvoir déterminer eux-mêmes leur programme de travail plutôt que de se le voir prescrit par la COP, a estimé la Communauté des Caraïbes (CARICOM). 

Beaucoup de délégations ont mis l’accent sur la nécessité d’un équilibre femmes-hommes et d’une représentation géographique équitable au sein des organes subsidiaires.  Il s’agit de préserver l’équilibre au sein des cinq groupes régionaux, mais aussi de favoriser la participation des groupes de pays à la situation particulière, tels que les pays en développement sans littoral (PDSL) ou les pays les moins avancés (PMA). 

Le Groupe des États d’Afrique a particulièrement insisté sur ce point, tandis que l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) a réclamé qu’au moins un siège soit réservé aux petits États insulaires en développement (PEID) dans chacun des organes subsidiaires.  La Chine a acquiescé: il faut tenir compte de la représentation géographique équitable, notamment au sein du Comité sur l’accès et le partage des avantages, qui doit permettre d’assurer la transparence et de garantir un partage juste et équitable des avantages tant monétaires que non monétaires, et où les pays à la situation particulière doivent absolument figurer.  Le Groupe des États d’Afrique a aussi mis en avant son souhait que soient reflétées « les connaissances traditionnelles des peuples autochtones et des communautés locales » dans la composition des organes. 

Le Core Latin American Group (CLAM) a indiqué qu’il réfléchissait encore à la composition et à la taille idéales de chaque organe subsidiaire.  Seule la taille du Comité sur l’accès et le partage des avantages est définie dans les textes (15 membres).  Globalement, les délégations ont estimé que la taille desdits organes devait être « appropriée », « raisonnable », sachant qu’il faut réunir suffisamment d’experts sans que leur nombre empêche l’organe de fonctionner.  Par exemple, le Groupe des États d’Afrique a recommandé que l’Organe scientifique et technique soit assez étoffé pour refléter un grand éventail de compétences, mais avec un maximum de 25 membres pour qu’il reste opérationnel, avec une rotation propre à assurer la continuité des savoir-faire.  Compte tenu de la spécificité des mandats des organes subsidiaires, leur composition est forcément amenée à varier, et à cette aune, la Chine a appelé à une approche au cas par cas et à éviter toute solution unique de type « copier-coller ». 

Les élections des membres devraient être échelonnées pour garantir la continuité du travail, leur a répondu la CARICOM, tandis que la Chine a encore recommandé que le renouvellement des mandats soit possible, compte tenu de l’expertise pointue requise au sein des organes, ainsi que pour garantir la continuité du travail des mécanismes. 

Pour la Fédération de Russie, la plupart des questions débattues ce matin sont déjà inscrites dans l’Accord BBNJ et les organes subsidiaires sont censés répondre de leurs actes à la COP.  Elle a fait part d’un sentiment de confusion à l’écoute des débats de ce matin, découlant selon elle de « l’empressement originel à faire émerger l’Accord ».  Elle a aussi signifié que les intérêts des États parties à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer devaient être respectés, quoi qu’il advienne de l’Accord. 

La question des conflits d’intérêts, qui « doivent être évités à tout prix », ainsi que celle des activités incompatibles avec le but des organes subsidiaires doivent être prises en compte dans la composition de leurs membres, a en outre averti l’AOSIS. 

Groupe de travail I sur les dispositions relatives au fonctionnement du secrétariat, y compris son siège

Dans l’après-midi, les délégations ont entamé leurs échanges sur les dispositions relatives au fonctionnement du secrétariat, y compris son siège.  L’article 50 de l’Accord BBNJ, en son paragraphe 1, prévoit la création d’un secrétariat et charge la Conférence des Parties de prendre, à sa première réunion, les dispositions nécessaires pour assurer son fonctionnement et décider, notamment, de son siège.  Là encore, la Commission pouvait s’appuyer sur une note établie par le la Division des affaires maritimes et du droit de la mer du Bureau des affaires juridiques du Secrétariat de l’ONU.

Aux termes du paragraphe 4 dudit article, le secrétariat serait chargé de fournir un appui administratif et logistique, d’organiser les réunions, de diffuser les décisions et les cadres juridiques pertinents, de faciliter la coopération et la coordination avec les secrétariats des autres organes internationaux, et d’élaborer des rapports sur l’exercice de ses fonctions.

S’agissant du siège du secrétariat, la capitale belge, Bruxelles, et la ville portuaire de Valparaíso, au Chili, sont toutes deux candidates. 

Reconnaissant que des informations supplémentaires sont nécessaires pour se prononcer sur le siège du secrétariat et les différentes modalités de son fonctionnement, un grand nombre de délégations, dont l’Argentine, au nom du Core Latin American Group (CLAM), les Palaos, au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), et l’Islande ont sollicité une analyse comparée des secrétariats multilatéraux existants sur les questions de la personnalité juridique, des besoins financiers ou encore du processus de nomination du secrétaire exécutif. 

En outre, la majorité des délégations ont encouragé un lien institutionnel entre le futur secrétariat et le système des Nations Unies.  Certaines délégations ont suggéré de l’associer à la Division des affaires maritimes et du droit de la mer, tandis que d’autres ont estimé que le secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CNUCC) à Bonn constitue un modèle idoine.  Pour la Fédération de Russie, établir un lien direct entre le secrétariat et l’ONU permettra de diminuer le risque de choix « politiquement motivés » pour l’établissement de zones maritimes ou d’accords qui nuiraient à certains États. 

Dans l’optique d’un lien avec le système onusien, de nombreuses délégations, comme l’Ouganda, au nom du Groupe des États d’Afrique, et l’Iraq, au nom du G77 et de la Chine, ont néanmoins tenu à rappeler le besoin « le plus strict » d’assurer la transparence, l’indépendance et la redevabilité du secrétariat envers les parties.  Il s’agit là d’un élément crucial pour renforcer la confiance entre les parties et la pleine mise en œuvre de l’Accord, a abondé la République de Corée. 

Seule voix dissonante, la Chine qui a prôné l’idée d’un secrétariat entièrement autonome.  L’Accord BBNJ représente « une amélioration du droit international de la mer et la création d’un système sui generis », a considéré le délégué chinois, selon lequel un secrétariat autonome contribuerait de facto à la réalisation des objectifs de l’Accord.  S’il n’a pas rejeté l’idée d’une coopération renforcée avec l’ONU, il a néanmoins émis des réserves sur un lien direct avec tout autre organe international, y compris ceux du système onusien.  Pour le Conseil international sur le droit environnemental, cette question devra être tranchée sur la base d’un projet d’accord régissant les relations entre le secrétariat autonome et l’ONU.

Par ailleurs, le G77 a estimé nécessaire d’assurer une représentation égale de tous les États parties et d’éviter une iniquité dans la participation des États en développement.  Même son de cloche du côté des États fédérés de Micronésie, au nom des petits États insulaires du Pacifique, qui se sont inquiétés de la question de l’accès de leurs représentants au siège du secrétariat.  Les deux pays candidats n’ont pas d’ambassade chez nous, a fait remarquer leur délégué, ce qui compliquera l’octroi de visas. 

Le Chili a tenu à rassurer les États sur ce point.  En sus de facilités de transport entre Valparaíso, New York et d’autres capitales mondiales, mon pays envisage la mise en place d’un « visa BBNJ », a vanté la représentante.  Outre une très vaste ligne côtière et un « lien étroit avec l’océan », le Chili met un point d’honneur à protéger et utiliser durablement les océans depuis plus de 50 ans, a-t-elle poursuivi, notant que, pour la première fois de l’histoire, l’hémisphère Sud a l’occasion d’accueillir un siège de l’ONU, et soulignant les contributions de son pays pour la participation des pays en développement. 

Afin de faire un choix éclairé concernant le siège du secrétariat, la Nouvelle-Zélande et la Chine, appuyées par d’autres délégations, ont proposé d’établir une liste de critères.  Le Mexique, au nom du CLAM, appuyé par la Micronésie, au nom des petits États insulaires du Pacifique, ont toutefois mis en garde contre des critères de microgestion qui pourraient favoriser un candidat en fonction d’intérêts et de préférences.  Pour la Suisse, qui accueille déjà un certain nombre d’organes multilatéraux et s’est targuée d’une expérience en la matière, le choix du siège s’inscrira de toute façon dans un « jeu politique ». 

Faisant remarquer l’absence d’une définition sur la diversité biologique ou les écosystèmes visés dans l’Accord, la déléguée russe s’est encore inquiétée de la possibilité pour chaque État de demander la mise en place d’une zone protégée motivée par des critères politiques, impactant ainsi négativement certains pays, en particulier les pays en développement. 

Au sein de ce secrétariat, que l’Union européenne souhaite « fort et actif », les membres du personnel, les représentants et leurs familles devront pouvoir jouir des privilèges et immunités qui s’appliquent dans la pratique internationale, une condition sine qua non pour leur permettre d’exercer leurs fonctions de manière indépendante, ont relevé la plupart des délégations, dont le Royaume-Uni et la République islamique d’Iran.  Toutefois, il est difficile d’évaluer à ce stade les ressources humaines et financières qui seront nécessaires.  C’est un processus qui va s’inscrire dans la durée, a conclu l’Afrique du Sud. 

 

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ECOSOC: la jeunesse, à « l’avant-garde du changement positif » pour réaliser les objectifs de développement durable

Session de 2025, Forum de la jeunesse,
1re & 2e séances – matin & après-midi
ECOSOC/7196

ECOSOC: la jeunesse, à « l’avant-garde du changement positif » pour réaliser les objectifs de développement durable

Le Forum de la jeunesse du Conseil économique et social (ECOSOC) a démarré ce matin, le « plus grand rassemblement de jeunes de l’ONU », a noté le Président de l’ECOSOC.  « On vous dit souvent que vous êtes les dirigeants de demain, mais vous êtes les dirigeants d’aujourd’hui », a lancé M. Bob Rae, en reconnaissant que « nous avons besoin que les jeunes soient assis à la table et présents dans la conversation ».  Il a d’ailleurs invité les participants à utiliser le hashtag #ECOSOCYouth sur les réseaux sociaux tout en appelant à aplanir les inégalités d’accès à la technologie. 

Cette session annuelle du Forum, qui se poursuivra jusqu’au 17 avril, est une plateforme mondiale de dialogue entre les États Membres et les jeunes dirigeants du monde entier pour débattre des solutions aux défis affectant le bien-être des jeunes.  Il s’agit également d’un espace unique permettant aux jeunes de partager leur vision et leurs actions pour accélérer la mise en œuvre du Programme 2030 et des objectifs de développement durable (ODD). 

Renchérissant, le Président de l’Assemblée générale a fait remarquer que les 1,2 milliard de jeunes dans le monde sont « à l’avant-garde du changement positif ».  « À notre tour, nous avons la responsabilité d’écouter vos voix, de vous donner une place à la table et de vous conseiller dans les décisions qui affectent votre avenir », s’est enthousiasmé M. Philémon Yang.  « Nous avons beaucoup à apprendre de vous, en tant que cocréateurs et, en grande partie, en tant que coresponsables de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. » 

Le Sous-Secrétaire général aux affaires de la jeunesse, M. Felipe Paullier, a d’ailleurs rappelé aux États Membres les engagements qu’ils ont pris dans le cadre du Pacte pour l’avenir, qu’il a brandi à la tribune de l’ECOSOC: « Plus qu’un document politique, c’est une promesse faite aux jeunes qu’ils prendront part aux processus décisionnaires », a-t-il affirmé, en lançant aux délégations un appel à l’action. 

Aux yeux de Mme Oumaima Makhlouk, ingénieure en intelligence artificielle, le thème de ce forum n’est pas un simple slogan mais justement un « appel à l’action ».  Le moment est donc venu de passer aux politiques concrètes, a-t-elle poursuivi, assurant que les jeunes sont « le visage humain du Programme 2030 ».  À cette fin, Mme Makhlouk a appelé à trouver des financements pour les projets de la jeunesse, à demander des comptes aux gouvernements et à faire de ce forum un événement régulier et non plus seulement annuel: « Ce forum n’est pas qu’un rassemblement, c’est un tremplin. » 

Le Président de l’Assemblée générale a lui aussi exhorté les États Membres et toutes les parties prenantes concernées à mettre pleinement en œuvre le Pacte pour l’avenir, en rappelant que la Déclaration sur les générations futures souligne la valeur du dialogue intergénérationnel et la nécessité d’élaborer des politiques et des programmes à long terme. 

Cette année marque le trentième anniversaire du Programme d’action mondial pour la jeunesse, a rappelé M. Yang.  Cette étape importante sera marquée par une réunion de haut niveau en septembre prochain.  Le Président a annoncé à cette fin la convocation dans les semaines à venir d’un dialogue multipartite pour évaluer la mise en œuvre des engagements pris en faveur du développement de l’Afrique, l’occasion de parler de la numérisation et l’innovation comme moyens d’autonomiser les jeunes en Afrique. 

Des solutions portées par les jeunes pour un avenir résilient

Lors de la première session thématique du Forum de la jeunesse, on a demandé aux jeunes leaders intervenant dans cette discussion de se projeter en 2100 avec « des solutions portées par les jeunes pour un avenir résilient », en partant du constat que la donne ne pourra pas véritablement changer à l’horizon 2030.  Quel monde souhaitons-nous léguer aux générations futures et quelles sont les actions à prendre dès maintenant pour en faire une réalité, leur a demandé la modératrice en les invitant à définir ce monde en un mot. Pacifique, transformateur, plus sain, plus digne et plus harmonieux, ont-ils répondu. 

Peu importe l’angle pris, tous ont revendiqué la place des jeunes en tant qu’acteurs du changement et de la voie à suivre.  Pour cela nous devons avoir voix au chapitre et ne pas être relégués à une présence symbolique, ont-ils exigé à l’unisson. 

La voie à suivre passe par la construction de sociétés justes et inclusives, a reconnu Mme Christina Williams, membre du comité exécutif du Réseau des Jeunes et Étudiants pour l’ODD4 de l’UNESCO.  Elle a recommandé d’appréhender le développement comme « source d’émancipation » et de mettre en avant le rôle de l’éducation conçue comme un apprentissage tout au long de la vie. 

Dès le départ, les emplois de débutant figurent parmi les catégories d’emplois les plus exposées au risque de remplacement par l’intelligence artificielle (IA), selon une récente étude de l’Organisation internationale du Travail (OIT), ce qui frappe évidemment de plein fouet les jeunes. S’appuyant sur ce constat, M. Joon Baek, fondateur de Youth for Privacy, a prôné l’IA éthique, qui respecte et renforce l’autonomie humaine.  Les jeunes étant aux premières loges de l’impact de l’IA sur les sociétés de demain, il les a exhortés à réfléchir et à définir des systèmes d’IA qui respectent l’autonomie humaine.  La culture d’internet a été dirigée et façonnée exclusivement par les jeunes, a observé M. Baek en suggérant de faire de même pour l’IA. 

« À quoi ressemblera en 2100 une technologie climatique inclusive?  Comment éviter les pièges du fossé numérique? »  Répondant à ces questions, Mme Maria Teresa Parreira, point focal pour la technologie, a fait le constat sévère qu’à l’heure actuelle, le développement des technologies climatiques est principalement dirigé par des nations et des entreprises riches, et que les jeunes sont systématiquement exclus de toute prise de décision significative.  En tant que chercheuse en technologie et doctorante en IA, elle a insisté sur le fait que la diversité des équipes favorise le progrès et la découverte.  « De brillantes perspectives sont perdues parce que la table elle-même reste inaccessible au plus grand nombre », a-t-elle déploré.  Or, élargir les places à cette table est précisément l’une des priorités de la plateforme jeunesse de l’Interface science-politique (SPI) qu’elle est venue représenter ici. 

Notant que la fracture numérique n’est pas seulement une question d’accès à la technologie, mais aussi de capacité à façonner l’avenir numérique, Mme Parreira a relevé que jusqu’à présent, les systèmes de surveillance du climat ont été conçus sans l’apport des communautés les plus touchées par les changements climatiques.  De nombreux jeunes issus de groupes marginalisés ou de régions vulnérables au climat possèdent pourtant des smartphones, des ordinateurs ou des tablettes, mais ils n’ont pas la possibilité de s’instruire pour passer du statut de consommateur à celui de créateur de technologies.  « Cela doit changer. » Il faut, selon l’experte, des écosystèmes d’innovation véritablement collaboratifs d’où émergeront les technologies inclusives et où la culture numérique sera reconnue comme un droit fondamental. 

« Le potentiel de l’innovation est extraordinaire mais celle-ci doit s’accompagner de collaboration », a renchéri Mme Sarah Neggazi, représentante des jeunes de la Fédération mondiale des associations de la santé publique (Young WFPHA ).  Axant son intervention sur les technologies de santé numérique, elle a plaidé à son tour pour plus d’équité et une réduction de la fracture numérique. Elle a invité à tirer les leçons de la pandémie de COVID-19 en recommandant de mettre les systèmes de surveillance de la santé publique à l’échelle mondiale, en s’appuyant sur l’IA. Il nous faut définir des objectifs communs à travers une approche interdisciplinaire et intergénérationnelle, a-t-elle conclu.  Pour l’experte du comité exécutif du Réseau des Jeunes et Étudiants pour l’ODD4 de l’UNESCO, l’un des moyens pour mobiliser les fonds nécessaires à ces transitions sont les revenus fiscaux.  Les jeunes doivent militer pour la justice fiscale afin de dégager des fonds, notamment pour l’éducation et les services publics.  « En tant que jeunes, nous consacrons beaucoup de temps à faire pression sur nos gouvernements », a remarqué l’experte avant d’appeler à aller plus loin et à faire pression sur le secteur privé. 

Pour pouvoir avancer, le Sous-Secrétaire général aux affaires de la jeunesse, M. Felipe Paullier, a souhaité que les jeunes fassent confiance aux institutions et vice-versa afin de garantir leur participation à tous les niveaux de décision, comme le prévoit le Pacte pour l’avenir. À travers le Bureau des Nations Unies pour la jeunesse, l’ONU s’apprête à lancer une initiative phare, a-t-il annoncé, la « Boussole des jeunes », qui leur permettra « de collaborer plus et mieux ».  Il faut dépasser « la présence symbolique » pour passer à un pouvoir réel structurel des jeunes, a-t-il conclu. 

Adolescents et jeunes dans un monde numérique

Cette table ronde qui a pour objet d’accélérer les progrès vers l’objectif de développement durable no 3, « Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge », a été l’occasion pour de nombreux jeunes participants de mettre en valeur leurs expériences personnelles et leurs solutions aux abus et aux violences commises en ligne.  Mme Kate Ndocko, résidente en santé publique aux Hospices Civils de Lyon (HCL), a pointé du doigt la hausse des inégalités dans l’accès à Internet, un défi auquel il faut remédier, « la santé numérique » étant « un bien public ». 

Mme Marina El Khawand, Présidente de Medonations, a partagé sa rencontre avec une femme âgée asthmatique qui n’avait personne pour l’aider, après avoir été victime de la fumée des explosions du port de Beyrouth en 2020.  Mme El Khawand a lancé un appel à l’aide en ligne pour qu’on lui apporte un inhalateur dont elle avait besoin de toute urgence.  Deux heures plus tard, un parfait inconnu le lui a apporté, lui sauvant la vie.  Aussi a-t-elle décidé d’amplifier cette expérience sur les réseaux sociaux. En 2025, a annoncé Mme El Khawand, une clinique en ligne sera lancée au Liban pour que tous bénéficient du droit à la santé à la suite de cette expérience. 

De son côté, M. Rehman Hassan, membre du Comité directeur du Conseil de la jeunesse de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), se présentant lui-même comme un « ancien employé de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) qui vient d’être licencié », a dit que « la beauté de l’espace numérique, c’est la possibilité de concevoir une politique publique en matière de santé et des systèmes de gouvernance menés par les jeunes ».  Pour lui, l’algorithme ne peut pas tout remplacer en dépit des tentatives de donner les soins à partir de l’exploitation des données numériques. « Je ne veux pas d’un avenir où l’intelligence artificielle (IA) prend toutes les décisions », a ajouté M. Hassan.  Il a encouragé les jeunes à revendiquer la gouvernance des technologies en prenant l’exemple de ceux qui, au Mexique, se servent de celles-ci pour extraire de l’or. 

L’espace numérique est une arme à double tranchant pour les jeunes, a, à son tour, déclaré Mme Diene Keita, Sous-Secrétaire générale et Directrice exécutive adjointe du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).  Il faut donc leur apprendre très tôt l’IA: comment aller en ligne, comment distinguer les informations fiables des mauvaises, car c’est ainsi que l’on prépare la jeunesse à l’ère numérique.  S’agissant des abus et des violences sexistes en ligne, ces fléaux qui débordent les plateformes numériques, elles exigent de débusquer les contenus abusifs et de venir en aide aux victimes.  Les espaces numériques doivent être sanctuarisés et donner la priorité à la protection de la vie privée, a souligné l’intervenante. 

Au cours du dialogue interactif qui s’en est suivi, le Ministre de la jeunesse de l’Ouzbékistan a dit que son gouvernement dialogue avec la jeunesse sur les défis numériques.  « Utilisons le pouvoir du football pour atteindre les jeunes », a conseillé la représentante de Grassroots Soccer, qui a affirmé que son organisation, grâce au football, mène des activités de mentorat sur la santé physique et mentale des jeunes.  « Nous entendons de cette façon former les dirigeants de demain », a-t-elle justifié.  Le Ministre de la jeunesse du Cambodge a indiqué que son gouvernement déploie des programmes de formation sur la santé mentale des jeunes tout en promouvant la résolution pacifique des défis.  L’International Federation of Medical Students’ Associations (Fédération internationale des étudiants en médecine) a, quant à elle, insisté sur la nécessité de parler sur les plateformes numériques de la question de la santé mentale des adolescents et des jeunes ayant besoin d’une couverture santé universelle. « L’éducation en matière de santé mentale doit faire partie de toutes les stratégies à tous les niveaux, y compris sur l’espace numérique », a plaidé le représentant du Département de la santé de la ville de New York, en promouvant des modes de vie sains dans un environnement qui protège des actes malveillants, des drogues et de l’alcool. 

La Hongrie a souligné l’importance des interactions humaines réelles pour les jeunes et la limitation de l’utilisation des téléphones portables dans les écoles.  La lutte contre les violences en ligne nécessite des ressources financières pour les jeunes, a plaidé de son côté l’Interface science-politique des jeunes, en exigeant un processus inclusif et intergénérationnel.  En Thaïlande, on met l’accent sur l’échelon local dans les dépistages du cancer du sein en recourant aux plateformes numériques.  Le Jeune Champion pour la région Australie, Nouvelle-Zélande et Océanie a promu l’appartenance communautaire comme réponse aux défis des jeunes, tandis que l’OMS a attiré l’attention sur les liens entre les ODD no 3, no 4 (Éducation de qualité) et no 5 (Égalité entre les sexes).  La Slovénie a rappelé la devise « un esprit sain, dans un corps sain », avant de dénoncer le phénomène du suicide des jeunes, auquel il faut mettre fin, a-t-elle enjoint. 

Renforcer les institutions pour l’égalité des genres et la participation des jeunes au développement durable et à la consolidation de la paix

Cette session a permis aux participants d’évoquer les défis tels que la pauvreté, les inégalités et les violences liées aux conflits, en soulignant la nécessité d’avoir des politiques tenant compte des questions de genre.  Le rôle essentiel des initiatives menées par les jeunes et les communautés dans l’autonomisation des femmes et des filles a été largement plébiscité.

Ce débat met en lumière le statut des jeunes femmes et filles dans les situations de conflit, a déclaré en introduction la modératrice, Mme Kinga Szalaba, de l’Organisation mondiale du mouvement scout.  En effet, en plus des problèmes classiques que connaissent les jeunes femmes et filles, la violence sexiste et les abus liés aux conflits frappent celles vivant dans des situations de conflit.  Et quand les discussions en faveur de la paix se tiennent, ces jeunes femmes n’y sont que rarement associées, a dénoncé Mme Gwendolyn Myers, fondatrice et Directrice exécutive des Messagers de la paix-Libéria.  L’activiste a rappelé que les jeunes, et notamment les jeunes femmes, n’ont pas été associés aux processus de justice transitionnelle dans son pays.

Pourtant, dans de nombreuses zones de conflit, les filles et jeunes femmes sont déjà des leaders naturelles dans leur vie quotidienne, a fait observer Mme Gauri Praveen Nimbalkar, étudiante en médecine (Inde) et membre du grand groupe des enfants et des jeunes.  Elle a appelé les dirigeants à investir davantage dans le leadership des filles et jeunes femmes, et à veiller à ce que les processus de paix préservent et protègent leurs droits.

La Vice-Ministre de l’égalité du Portugal a pour sa part fait état d’une loi de son pays qui réserve aux femmes 40% des postes à responsabilité dans l’administration publique.  Une autre mesure favorisant la participation des femmes en politique a été évoquée par le M. Anes Demirović, défenseur des droits des jeunes et fondateur de l’ONG « Hajde Together ».  Il a également dénoncé la violence sexiste dont sont victimes les femmes et filles au Kosovo. 

La session a également attiré l’attention sur l’action menée par les jeunes en dépit des conflits et après ceux-ci.  Un jeune de Côte d’Ivoire a expliqué comment, dans la société postconflit ivoirienne, son ONG soutient les jeunes femmes déscolarisées en leur permettant d’accéder à des formations leur ouvrant la voie à l’emploi indépendant. Et au Burkina Faso, 1 201 des 2 500 projets dédiés aux jeunes sont portés par les jeunes filles et femmes des zones de conflit, a indiqué le Ministre de la jeunesse, des sports et de l’emploi burkinabé. 

Un étudiant de la New York University a parlé de son expérience de jeune migrant venu d’Indonésie et a signalé avoir mis en ligne une plateforme qui raconte les histoires positives de jeunes migrants à travers le monde.  Selon lui, les jeunes peuvent apprendre les uns des autres.  Les jeunes ne veulent pas baisser les bras, malgré l’échec de la communauté internationale qui ne parvient pas à éviter les conflits, a témoigné à son tour un jeune réfugié sud-soudanais vivant au Canada.  Ce réfugié a créé une association qui appuie le leadership des jeunes femmes, afin de faire entendre leur voix. 

Une jeune chilienne a regretté que les femmes handicapées soient inaudibles dans ce débat sur l’égalité.  « On parle en notre nom alors même que nous ne sommes pas invitées à prendre part à la conversation », s’est-t-elle indignée.  À Cuba, les jeunes n’ont connu que le blocus, ce qui entrave leurs possibilités, a dit une jeune cubaine qui a aussi décrié le blocus de Gaza et le conflit régional qui entrave l’essor des jeunes palestiniens.  Nous plaidons pour que les filles et femmes de Palestine puissent vivre dans la dignité, a renchéri une jeune d’Oman. 

Un jeune afghan a de son côté dénoncé le fait que les femmes de plus de 12 ans de son pays soient privées d’éducation.  Dépitée, une activiste nigériane a souligné que 30 ans après Beijing, la promesse de l’égalité reste un mirage.  C’est pourquoi il faut engager des réformes structurelles qui mettent les jeunes femmes au cœur de la paix et du développement, en droite ligne de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, a conclu la modératrice. 

Les jeunes se mobilisent et agissent pour un océan durable

La participation des jeunes à toutes les instances de gouvernance des océans a été réclamée par les intervenants de cette table ronde, alors que la prochaine Conférence sur l’océan doit se tenir à Nice, en France, au mois de juin.  M. Olivier Richard, Représentant de la France, a souligné l’importance de la participation des jeunes à cette manifestation, pour laquelle 200 d’entre eux sont en train de négocier une déclaration qui sera soumise le 12 juin aux dirigeants, a-t-il déclaré.  Il a ajouté que des plateformes numériques sont d’ores et déjà disponibles afin de permettre aux jeunes de faire entendre leurs voix en prévision de cette conférence. De son côté, Mme Palmira Cuellar-Ramirez, une consultante, a indiqué que l’élément crucial sera la mise en œuvre des engagements pris, notamment à Nice.  Des ressources supplémentaires doivent également être mobilisées afin que les jeunes soient pleinement représentés dans les instances débattant de la gouvernance des océans.  Les peuples autochtones doivent également y participer:  « aucune politique mondiale ne pourra être élaborée sans les jeunes », a-t-elle tranché. 

Mme Emilie McGlone, Directrice exécutive de Peaceboat US, a indiqué que le bateau de son organisation vise à faire « le lien entre l’humanité et les océans » et à promouvoir les énergies durables.  Elle a souligné l’acuité de la crise climatique pour les petits pays insulaires en développement, mais aussi les efforts des jeunes de ces pays pour y remédier.  Ces pays doivent être au cœur de nos discussions, a-t-elle estimé. 

Lors du débat qui a suivi, les Tuvalu ont appelé à mobiliser davantage de ressources pour protéger les océans, tandis que Sustainable Ocean Alliance a souhaité passer « de l’extraction à la réciprocité », s’agissant de la gouvernance économique des océans.  La Trinité-et-Tobago a demandé que les jeunes participent pleinement aux négociations de Nice, « l’océan ne pouvant entendre ».  Ce dernier est en crise, a appuyé la Thaïlande, avant de passer en revue les efforts des jeunes pour combattre la pollution plastique et nettoyer les océans.  Pour le Brésil, les jeunes ont la volonté de se dresser pour protéger les océans et promouvoir une justice climatique.  « La croissance économique et la protection des océans ne sont pas antinomiques », a assuré cette délégation.  De leur côté, les Pays-Bas ont rappelé qu’en 2012, un jeune Néerlandais avait rêvé de nettoyer les océans.  Dix ans plus tard, il est devenu le dirigeant d’une entreprise qui a récolté 20 millions de tonnes de déchets, a dit le délégué, en exhortant les jeunes à croire en leurs rêves. 

L’Algérie a détaillé les défis auxquels elle doit faire face, notamment la pollution marine et la dégradation des écosystèmes, avant de souligner le rôle essentiel des jeunes.  Ces derniers sont notamment au cœur des projets de dessalement, a dit la déléguée algérienne.  « Donnons aux jeunes les moyens d’agir », a exhorté le Maroc, en appelant à renforcer la position de l’Afrique avant la conférence de Nice et en mentionnant la tenue prochaine d’un événement appelé « De Tanger à Nice ».  En prévision de ladite conférence, l’Italie a exhorté à entendre les voix des jeunes, tandis que l’Allemagne a rappelé que les jeunes se mobilisent chaque fois que les systèmes sont défaillants.  Enfin, le Parlement des jeunes des Nations Unies a souligné la gravité du défi posé par la pollution plastique, « une véritable bombe à retardement ».  Les initiatives des jeunes pour y remédier sont absolument fondamentales, a tranché son représentant, tandis qu’Antigua-et-Barbuda a rappelé avoir été l’un des premiers pays à interdire le plastique jetable dès 2016. 

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La Commission préparatoire pour l’entrée en vigueur de l’Accord BBNJ sur la biodiversité marine entame ses travaux

Commission préparatoire pour l’entrée en vigueur de l’Accord sur la biodiversité marine
Première session, matin & après-midi
MER/2208

La Commission préparatoire pour l’entrée en vigueur de l’Accord BBNJ sur la biodiversité marine entame ses travaux

Conformément à la résolution (A/RES/78/272) de l’Assemblée générale, la Commission préparatoire pour l’entrée en vigueur de l’Accord se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale et la tenue de la première réunion de la Conférence des Parties à l’Accord, dit « Accord BBNJ », a ouvert, ce matin au Siège de l’ONU à New York, les travaux de sa première session et ses discussions sur un vaste éventail de questions pratiques. 

Cet Accord, le troisième pour la mise en œuvre des dispositions pertinentes de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, a pour objectif d’assurer la préservation de la biodiversité et l’utilisation durable des écosystèmes en haute mer.  L’Accord aborde également un certain nombre de questions transversales, établit un mécanisme de financement et met en place un dispositif institutionnel, composé notamment d’une Conférence des Parties, d’un organe scientifique et technique, d’un centre d’échange et d’un secrétariat.

Adopté par consensus le 19 juin 2023 par la Conférence intergouvernementale organisée sous les auspices de l’ONU et ouvert à la signature le 20 septembre 2023, l’Accord compte à ce jour 112 États signataires et 21 États parties. 

Il entrera en vigueur 120 jours après la date de dépôt du soixantième instrument de ratification, d’approbation, d’acceptation ou d’adhésion. Par une résolution (A/RES/79/271) adoptée le 4 mars dernier, l’Assemblée générale invite tous les États et les organisations régionales d’intégration économique qui ne l’ont pas encore fait à envisager de signer et de ratifier l’Accord dans les meilleurs délais, « idéalement » avant la Conférence des Nations Unies sur l’Océan qui se tiendra à Nice, en France, du 9 au 13 juin prochain. 

Faire de l’Accord BBNJ une réalité dans l’intérêt de l’humanité

La Commission préparatoire a déjà tenu une réunion d’organisation du 24 au 26 juin 2024 au cours de laquelle elle a élu en tant que Coprésidents la Représentante permanente adjointe du Belize auprès de l’ONU, Mme Janine Elizabeth Coye-Felson, et le Juriste en chef et premier Secrétaire assistant au Ministère australien des affaires étrangères, M. Adam McCarthy. 

L’Accord BBNJ est « la preuve que les États peuvent coopérer dans l’intérêt de l’humanité et de la planète », s’est félicité le Président, avant de rappeler que la première réunion de la Conférence des Parties devra être organisée au plus tard un an après son entrée en vigueur.  « Si l’élan se poursuit, elle pourrait avoir lieu vers la fin 2026 », a-t-il avancé, estimant que le monde attend de nous qu’on puise dans le potentiel de ce traité pour en faire une « réalité concrète ».

« Il est temps de préparer le navire à reprendre la mer », a abondé Mme Elinor Hammarskjöld, Secrétaire générale adjointe aux affaires juridiques et Conseillère juridique des Nations Unies.  Alors que la santé, la productivité et la résilience des océans sont soumises à des pressions sans précédent, il est « vital » d’agir de manière décisive.  Face à une salle comble, elle a estimé que la présence des délégations envoie un « message fort » sur ce « jalon historique qui a marqué le triomphe du multilatéralisme ».  Elle a, par ailleurs, jugé encourageant l’appui financier apporté à la ratification et au lancement de l’Accord, avec près de 34 millions de dollars. Elle a également rappelé que le fonds de contributions volontaires est crucial pour favoriser une participation inclusive, « essentielle à la réussite des travaux de la Commission ». 

Les délégations ont ensuite adopté leur programme de travail.  Les questions abordées durant les séances seront examinées sur un pied d’égalité et en toute transparence, avec un maximum de deux réunions en parallèle afin de permettre la participation la plus large possible. Le Président a rappelé que le Groupe de travail I se penchera sur les questions de gouvernance, le Groupe de travail II sur les questions relatives à l’opération du mécanisme du Centre d’échange, et le Groupe de travail III sur les ressources et mécanismes financiers.  La Chine a néanmoins suggéré de mener les consultations de manière progressive afin de ne pas prendre de décisions « hâtives » et de dégager un consensus sur les questions prioritaires qui feront l’objet d’une décision lors de la Conférence des Parties. 

Groupe de travail I sur les règlements intérieurs de la Conférence des Parties à l’Accord et des organes subsidiaires créés en application de l’Accord

Abordant sur le fond le projet de règlement intérieur de la Conférence des Parties, la majorité des délégations qui se sont exprimées ont estimé que le document constitue « un bon point de départ », sans pour autant omettre de réclamer la clarification ou la modification de certains libellés.  Le règlement intérieur ne doit pas manquer d’apporter « clarté et certitudes juridiques » afin d’éviter toute fragmentation du cadre normatif, a ainsi averti l’Argentine, au nom du Core Latin American Group (CLAM).

Plusieurs groupes de délégations, dont l’Iraq, au nom du G77 et de la Chine, Singapour, au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), et la Jamaïque, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), ont insisté sur l’importance d’assurer la représentation de tous, en particulier au moyen de dispositions pour la participation des pays en développement, des pays les moins avancés (PMA) et des petits États insulaires en développement (PEID).  La Sierra Leone, au nom du Groupe des États d’Afrique, s’est dite semblablement préoccupée par la nécessité d’assurer la participation active des parties africaines aux réunions, tout comme la Micronésie, au nom des petits États insulaires du Pacifique, qui a souhaité qu’un siège soit dédié aux PEID.

Concernant la fréquence des réunions ordinaires, des délégations, comme l’Argentine, au nom du CLAM, et l’Union européenne, se sont dites favorables à une base annuelle flexible, tout en plaidant pour une diminution graduelle de la fréquence vers un format biennal pour réduire les coûts financiers.  Des réunions extraordinaires devraient être convoquées uniquement pour « combler des lacunes », ont recommandé le Canada et la Chine. 

Si la plupart des intervenants ont évoqué l’élaboration de modalités exceptionnelles pour la tenue de réunions ordinaires virtuelles ou au format hybride, ils leur ont très largement préféré le mode présentiel.  Outre des considérations de santé publique, il faut également prévoir une exception pour les petites délégations qui ne peuvent se permettre d’envoyer des représentants à chaque réunion en présentiel, a argumenté la Micronésie, au nom des petits États insulaires du Pacifique. 

Concernant les mécanismes décisionnels, plusieurs délégations, comme l’Iraq, au nom du G77 et de la Chine, la Jamaïque, au nom de la CARICOM, et l’Union européenne ont également noté que l’exercice du droit de vote, notamment par procuration ou en cas d’accumulation d’arriérés, qui reste une question en suspens dans l’Accord, doit être précisé dans le règlement intérieur.

Alors que la majorité des délégations se sont montrées enthousiastes sur le projet de règlement intérieur de la Conférence des Parties, la Fédération de Russie l’a, d’emblée, battu en brèche, regrettant une « distorsion » de la vision de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. Selon la déléguée russe, il s’agit d’un outil pour « restreindre les actions en mer » puisque la protection de la diversité ne serait mise en œuvre que par les États qui en ont les moyens, sans motif scientifique valable et frappant de plein fouet les États qui dépendent uniquement de ces ressources.  Cet Accord ouvrira la porte à « une politisation des zones de pêche et à des crises économiques d’origine anthropiques dans les PEID », a-t-elle mis en garde.

Les discussions relatives au règlement intérieur de la Conférence des Parties (COP) se sont poursuivies dans l’après-midi, et la Suisse a soulevé un problème pratique.  La présidence d’une COP change au début de chaque conférence et cette temporalité crée un paradoxe: la présidence d’une COP n’est pas associée à sa préparation en amont.  Pour la Suisse, il serait plus ingénieux d’élire la présidence à la toute fin de la COP précédente.  « De cette manière, une présidence sera vraiment impliquée dans la préparation de sa propre COP. »  En cours de séance, le Royaume-Uni s’est rallié à cette idée.

Quoiqu’il en soit, ont insisté la République islamique d'Iran et l’Indonésie, l’Accord doit bénéficier en priorité aux pays en développement et aux groupes de pays qui connaissent une situation particulière.  Ces derniers doivent être au cœur des réflexions, notamment s’agissant de leur bonne représentation.  Mais le plus important, ont poursuivi ces deux délégations, demeure le renforcement des capacités.  La raison d’être de l’Accord, ont-ils fait valoir, est de fournir les conditions d’un véritable transfert de technologies marines, afin que tous les États, surtout les pays en développement et les PEID, puissent tirer profit de l’Accord.

S’agissant de la participation des observateurs aux COP, leur présence a été bien accueillie par les délégations, dont les Philippines, mais certaines, comme l’Argentine, ont appelé à ce que le règlement intérieur apporte des précisions quant à leur sélection.

Pour la Chine, si un secrétariat indépendant, dont la création est prévue par l’Accord, est mis sur pied, les réunions devraient se dérouler sur le lieu où siège ce secrétariat.  « Car si les COP ont lieu ailleurs, alors les coûts d’organisation et de déplacement seront faramineux.  Qui paiera la facture?  Le pays hôte? »  La Chine a souhaité attirer l’attention des délégations sur ce sujet.

Trois courants ont émergé concernant la fréquence de ces COP.  Le premier, incarné par la Türkiye et la CARICOM, privilégie un modèle annuel par défaut.  Le second plaide plutôt pour une COP biennale, afin de réduire le fardeau administratif pour les pays en développement: c’est l’avis de la Thaïlande, qui a d’ailleurs annoncé qu’elle s’apprêtait à signer l’Accord BBNJ.  Entre ces deux pôles, un troisième courant, majoritaire, a semblé se dégager en faveur de l’organisation de COP annuelles dans un premier temps, ce qui permettrait de se décider vite et de mettre en œuvre l’Accord de façon tangible – « d’imprimer un élan », a formulé le Bangladesh. 

Une fois que la COP aura une meilleure idée de ses propres dimensions et de ses propres contours, alors là, seulement, elle pourrait décider de se réunir moins fréquemment, a tranché Singapour.

La règle de la présence aux réunions a encore fait l’objet de discussions et de remarques nombreuses.  Au sujet des modalités présentielles ou virtuelles, la Thaïlande a recommandé d’accepter des modalités virtuelles, ce qui bénéficierait aux petites délégations aux moyens défaillants.  Au contraire, pour Sri Lanka, la COP devrait avoir lieu en présentiel.  Des réunions hybrides pourraient être envisagées, mais seulement dans des « circonstances exceptionnelles », compte tenu des problèmes de décalage horaire pour de nombreuses parties.  Si assister aux réunions en personne doit demeurer la règle pour l’Argentine, des exceptions pourraient peut-être advenir, mais ces dernières devraient alors être précisées dans le règlement.

Concernant le processus de décisions, les Philippines ont appelé à privilégier le consensus, mais reconnu qu’un seuil de majorité devrait être défini pour privilégier l’efficacité de la mise en œuvre de l’Accord.  La CARICOM a dit pouvoir envisager « d’abaisser le seuil de majorité aux deux tiers » mentionné dans l’article 47 de l’Accord, « si des décisions cruciales sont prises ».  Les parties votantes doivent en tout cas être présentes pour voter, et, à ce moment-là, il serait préférable que les réunions importantes se tiennent à New York, « afin d’éviter des problèmes de quorum ». 

À l’ONU, la règle est simple: « un membre, une voix, et on ne peut pas voter par procuration », a asséné la Fédération de Russie.

La Commission préparatoire poursuivra ses travaux demain, mardi 15 avril, à partir 10 heures.

 

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Commission de la population et du développement achève une session fructueuse, malgré des désaccords sur un texte qui a dû être retiré

POP/1118

Commission de la population et du développement achève une session fructueuse, malgré des désaccords sur un texte qui a dû être retiré

« Assurer une vie saine et promouvoir le bien-être de tous à tout âge », tel fut le thème de la cinquante-huitième session de la Commission de la population et du développement qui s’est achevée aujourd’hui. Cet organe subsidiaire du Conseil économique et social (ECOSOC) a tenu toute la semaine des débats animés entre experts et délégations, mais n’a pas pu parvenir à un consensus sur le projet de résolution en rapport avec le thème des travaux, ledit texte ayant été, par conséquent, retiré par la présidence.

Les délégations ont néanmoins manifesté leur accord sur le fait que de nombreux objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030 liés à la santé ne sont pas en voie d’être atteints, alors que le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) du Caire, qui date de 1994, a déjà plus de 30 ans. 

« Il nous reste encore un long chemin à parcourir pour véritablement parvenir à une vie saine et au bien-être pour tous à tout âge », a reconnu la Présidente de la session, Mme Catharina Jannigje Lasseur (Pays-Bas).  Tirant les leçons des dissensions sur certains éléments, elle a invité les États Membres à poursuivre le dialogue, les appelant à s’écouter les uns les autres, sans jugement, y compris lorsque sont exprimés des points de vue différents. « Nous pouvons apprendre des réussites et des difficultés des autres; elles nous inspireront à faire mieux », a-t-elle positivé.

Faisant le bilan des travaux, Mme Lasseur s’est félicitée d’une session fructueuse, avec un nombre record de 116 États Membres ayant pris la parole lors du débat général, dont une soixantaine d’intervenants de haut niveau, et plus de 30 événements parallèles.  Selon elle, cela montre que le Programme d’action de la CIPD et le forum de la Commission de la population et du développement sont bien vivants et dynamiques.

La Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) s’est toutefois désolée qu’avec l’échec des négociations sur le projet de résolution retiré, ce sont une fois de plus les pauvres qui sont mis à l’écart.  « Et, comme toujours, ce sont les femmes et les filles les plus vulnérables et ayant le moins accès aux services de santé qui portent le plus lourd fardeau des problèmes de santé et des décès évitables. »  Mme Natalia Kanem a donc demandé aux délégations d’« aller plus loin pour garantir qu’aucune femme ne meure inutilement de causes entièrement évitables liées à la grossesse et à l’accouchement ». 

« En tant que communauté internationale, nous devons faire mieux pour réduire les inégalités d’accès aux soins de santé, notamment par le financement et le renforcement de la coopération et des partenariats internationaux », a-t-elle encore plaidé.  Elle a rappelé que la Commission est la gardienne du Programme d’action de la CIPD, lequel a amélioré la vie de millions de personnes à travers le monde.  « Malgré des positions opposées, j’espère que nous pourrons convenir que ce qui nous unit est plus important que ce qui nous divise », a-t-elle encouragé.

Si l’absence de résultat consensuel sur le thème spécial de cette année est regrettable, la session a été riche en contenu et particulièrement intéressante, avec de nombreuses présentations sagaces et des discussions franches, réfléchies et interactives, s’est consolée la Sous-Secrétaire générale chargée de la coordination des politiques au Département des affaires économiques et sociales (DESA).  Mme Bjørg Sandkjær n’a pas manqué de remercier au passage tous les acteurs de l’organisation de cette session.

Explications de position sur un texte controversé

Le texte proposé par la Présidente de session (E/CN.9/2025/L.4) portant sur le thème de la session et qui a été retiré ce matin était intitulé « Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge ».  Si elle avait adopté ce texte, la Commission aurait, entre autres, demandé instamment aux États Membres de garantir le droit à toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible, et d’avancer plus rapidement dans l’instauration de la couverture sanitaire universelle d’ici à 2030.  Elle aurait également invité les États Membres à assurer un accès universel aux soins de santé sexuelle et procréative.  Cette dernière demande a largement été commentée par les délégations.

Le Nigéria a regretté l’absence de consensus sur le texte final, mais a expliqué que, selon lui, le projet remettait en cause ses valeurs éthiques et religieuses ainsi que ses législations nationales.  A contrario, la République islamique d’Iran a regretté que certaines préoccupations exprimées n’aient pas été suffisamment prises en compte dans le texte final, notamment en ce qui concerne le rôle de la famille.  Elle a également déploré l’absence de mention aux mesures coercitives unilatérales qui restreignent l’accès des populations aux médicaments et aux matériels médicaux.

Le Burundi a salué le retrait du texte, qui, a-t-il souligné, ne précisait pas que le développement ne peut être durable qu’avec la mère et la famille en son centre.  De même, il a souligné que le terme « genre » doit être compris comme désignant exclusivement le sexe biologique, à savoir les hommes et les femmes.  La Malaisie a, elle aussi, salué le retrait du texte, pour respecter l’intégrité du processus, mais s’est déclarée préoccupée par l’incapacité de progresser de la Commission.  La Fédération de Russie a dit espérer qu’à l’avenir, on précisera que la famille est le socle des sociétés humaines.  Le Bélarus a, dans le même sens, déploré le fait que l’on ignore le rôle de la famille dans la société.  Selon lui, la Commission est devenue une enceinte de promotion de concepts ne faisant pas l’unanimité. 

Il est déplorable que la Commission soit utilisée pour faire avancer des intérêts controversés, a renchéri le Cameroun en signalant la présence dans le texte de « mentions problématiques » sur les droits sexuels et procréatifs.  Affirmant respecter la décision de retrait du texte, il a dit compter sur un libellé consensuel en 2026.  Djibouti s’est montré moins optimiste, arguant que l’absence de consensus risque d’aboutir au durcissement des positions et de menacer l’existence même de la Commission.  Il a également fait valoir que les droits sexuels et procréatifs n’ont jamais été définis de façon convenue dans un quelconque document consensuel et négocié au sein de l’ONU.  Le Saint-Siège a d’ailleurs regretté que l’accent ait été mis sur les droits à la santé sexuelle et procréative, estimant que cela avait fait dérailler le processus.

Dans ce contexte, l’Égypte a confirmé qu’il était nécessaire de retirer le projet de résolution afin de préserver le principe de décision consensuelle de la Commission.  Les États-Unis ont rappelé la promesse du Gouvernement du Président Trump d’appuyer les familles, de promouvoir la santé des femmes et de protéger les enfants.  Ils ont aussi réitéré leurs réserves sur le Programme 2030 et les ODD, regrettant que cette position de principe ne soit pas apparue dans le projet de texte.  Pour l’Argentine, il était essentiel que tous les avis soient pris en compte, or le texte final ne tenait pas compte de cette diversité de positions, selon elle. 

Un texte néanmoins très soutenu en faveur de la santé sexuelle et procréative

Au contraire, l’Uruguay a estimé que, bien qu’imparfaite, la version finale du texte reflétait un équilibre appuyé par une majorité de délégations.  Il est vrai que beaucoup ont soutenu ce texte, comme l’Allemagne qui a promis de continuer à œuvrer pour protéger les droits à la santé sexuelle et procréative.  Au nom de l’Union européenne, la Pologne a exprimé les mêmes regrets et a, elle aussi, réaffirmé son attachement au droit à la santé, notamment à la santé sexuelle et procréative, et à la couverture sanitaire universelle.  Le Danemark a réitéré son engagement en faveur du droit de toute personne de prendre des décisions libres et éclairées sur son propre corps et son identité de genre, sans discrimination, stigmatisation, violence ou coercition.  Il a ajouté, de même que la Finlande, la Norvège et l’Espagne, qu’il continuera à défendre le droit à la santé sexuelle et procréative.

Pour expliquer l’importance d’inclure ces questions dans une résolution de la Commission, la Suède a rappelé que des millions de femmes et de filles meurent faute de services de santé maternelle, une injustice due à un accès inadéquat aux services de santé sexuelle et procréative.  Un autre argument a été avancé par le Portugal: l’accès universel à la santé sexuelle et procréative est essentiel pour autonomiser les femmes et les filles.  Même son de cloche du côté de la France qui a répété que les droits sexuels et procréatifs sont des conditions de l’égalité de genre et favorisent l’autonomisation des femmes et des filles. Pour le Royaume-Uni, il n’est pas normal que la santé sexuelle et procréative fasse débat au vu de son importance, notamment pour les femmes et filles et les populations vulnérables.

Le Mexique a appelé la communauté internationale à ne pas faire marche arrière, regrettant que certains aient renié et remis en cause des engagements pris il y a des années, après d’âpres négociations.  Déplorant lui aussi le manque de consensus, le Paraguay a appelé à ne pas oublier les situations spécifiques de chaque pays. Pour la Tunisie, cette question de la santé procréative ne doit pas être édulcorée ni politisée.  Un avis partagé par nombre de délégations telles que la République dominicaine, le Japon, l’Australie qui parlait au nom du CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), ou encore la Chine, qui ont toutes exprimé leur déception devant le manque de consensus. 

Le Chili a promis qu’il allait continuer à défendre le consensus tandis que la Colombie a demandé de réserver une place de choix aux groupes vulnérables et marginalisés.  L’Algérie a dit retenir tout de même de la session que les échanges furent riches d’enseignements, suivi par la République de Moldova qui a salué « une bonne session » et le Liban qui a apprécié ces travaux menés dans une ambiance conviviale.  Dubitative, la Gambie a demandé si la prochaine session serait différente.  Réaliste, le Bangladesh, comme le Costa Rica, a appelé les États à s’en tenir à leurs engagements précédents. 

Parmi les autres regrets exprimés, l’Afrique du Sud , a nom d’un groupe de 35 pays, a exprimé sa préoccupation quant au fait que des droits fondamentaux sont aujourd’hui foulés au pied.  « On ne peut permettre à quelques-uns d’hypothéquer nos aspirations communes et l’avenir de tant de personnes. »  Alors que le droit au développement, le développement durable et l’accès universel à la santé sexuelle et procréative sont remis en cause et que les crises creusent les inégalités, la coopération mondiale est indispensable, a-t-elle souligné.  Dans le même esprit, le Brésil a déploré que la sécurité alimentaire ou la lutte contre le racisme aient manqué dans le texte retiré, avant d’appeler les pays du Sud à se joindre à lui afin de continuer à promouvoir le multilatéralisme. Il faut œuvrer en faveur d’un consensus dans l’intérêt de nos populations, a conclu le Pérou.

Procédures et adoptions

La Commission a par ailleurs décidé (E/CN.9/2025/L.5) que la soixantième session, en 2027, aura pour thème spécial: « Population, élimination de la pauvreté et développement durable ».  Elle a également adopté l’ordre du jour provisoire de la cinquante-neuvième session de la Commission (E/CN.9/2025/L.2), avant d’adopter le rapport de la présente session (E/CN.9/2025/L.3) qui a été présenté par la rapporteuse, Mme Joselyne Kwishaka (Burundi).  Toutes ces décisions seront soumises à l’assentiment de l’ECOSOC.

En fin de séance, la Fédération de Russie s’est émue qu’un membre de sa délégation ait reçu son visa du pays hôte tardivement, au moment où les travaux étaient déjà entamés à New York.

Session 2026

Après la fin de la cinquante-huitième session, la Commission de la population a brièvement ouvert sa cinquante-neuvième session afin d’élire les membres du Bureau.  C’est ainsi qu’ont été élus M. Zéphyrin Maniratanga (Burundi), qui présidera cette prochaine session, et trois Vice-Présidents, à savoir M. Arb Kapisyzi (Albanie), Mme Sasha-Kay Kayann Watson (Jamaïque) et Mme Stéphanie Toschi (Luxembourg). L’élection du vice-président issu du Groupe des États d’Asie et du Pacifique a été reportée à une date ultérieure.

 

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L’Assemblée générale adopte plusieurs textes de sa Cinquième Commission

Soixante-dix-neuvième session
63e séance plénière – matin
AG/12680

L’Assemblée générale adopte plusieurs textes de sa Cinquième Commission

L’Assemblée générale, réunie en plénière ce matin, a décidé des nouvelles modalités d’organisation de la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral qui se tiendra désormais à Avaza, au Turkménistan, du 5 au 8 août 2025.  Elle a également décidé de l’accréditation et de la participation d’organisations intergouvernementales aux travaux de la Conférence sur l’océan qui sera accueillie à Nice, en France, du 9 au 13 juin 2025. 

Saisie de plusieurs résolutions et rapports de sa Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, l’Assemblée générale a ensuite nommé M. Denis Piminov (Fédération de Russie), M. Benjamin Sieberns (Allemagne) et M. Fu Liheng (Chine) au Comité des contributions pour un mandat débutant aujourd’hui et se terminant le 31 décembre 2026 (A/79/533/Add.1, A/79/533/Add.2).

M. Eric Oduro Osae (Ghana) siégera de son côté au Comité consultatif indépendant pour les questions d’audit (CCIQA) pour un mandat d’une même durée (A/79/835). 

Toujours sur recommandation de sa Cinquième Commission, elle a adopté quatre résolutions, portant notamment sur les questions spéciales relatives au budget-programme de 2025 (A/79/652/Add.1), la gestion des ressources humaines (A/79/839), le Corps commun d’inspection (A/79/840), et l’examen de l’application de ses résolutions 48/218 B, 54/244, 59/272, 64/263, 69/253 et 74/257 (A/79/649). 

De même, elle a décidé de reporter à une date ultérieure (A/79/653/Add.1) l’examen des rapports du Secrétaire général sur l’amélioration de la situation financière de l’ONU (A/79/734); les conditions de voyage en avion (A/79/628); et l’examen du programme de stages du Secrétariat de l’ONU A/79/566/Add.1

Toutes ces textes ont été adoptés sans vote. 

Elle a aussi pris note des rapports de sa Cinquième Commission sur les activités du Bureau des services de contrôle interne (A/79/648/Add.1) ainsi que sur l’amélioration de la situation financière de l’ONU (A/79/838). 

En début de séance, l’Assemblée générale a observé une minute de silence en hommage à la mémoire du Président de sa quarante-neuvième session, Amara Essy, de la Côte d’Ivoire, décédé le 8 avril dernier. 

Elle a également pris note de la communication du Secrétaire Général l’informant que la République du Congo a effectué le paiement nécessaire pour réduire les arriérés en dessous du montant spécifié à l’Article 19 de la Charte des Nations Unies. 

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies

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Conseil de sécurité: la Syrie demande la fin des frappes aériennes et de l’occupation israéliennes, sous peine de compromettre la transition politique en cours

9896e séance – matin
CS/16042

Conseil de sécurité: la Syrie demande la fin des frappes aériennes et de l’occupation israéliennes, sous peine de compromettre la transition politique en cours

Saisi par l’Algérie et la Somalie, le Conseil de sécurité s’est réuni ce matin pour se pencher sur la multiplication des frappes israéliennes en Syrie, alors que ce pays est engagé dans une transition politique délicate depuis la chute du Gouvernement de Bachar Al-Assad le 8 décembre 2024. 

Depuis cette date, des centaines de frappes aériennes israéliennes ont été signalées partout en Syrie, a indiqué le Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique.  Et plus récemment, a-t-il ajouté, à l’aube du 3 avril, des informations ont fait état de multiples frappes aériennes israéliennes en Syrie, notamment à Damas, ainsi qu’aux aéroports militaires de Hama et de Homs. 

M. Khaled Khiari a également fait savoir que l’armée israélienne avait publiquement confirmé avoir établi plusieurs positions dans la zone tampon du Golan, un fait relaté dans le dernier rapport en date du Secrétaire général.  M. António Guterres y précise que le jour même de la chute du Gouvernement Al-Assad, les Forces de défense israéliennes ont pénétré dans la zone de séparation, que « la situation s’est considérablement dégradée » depuis et « les opérations de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) ont été entravées ». 

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, M. Jean-Pierre Lacroix, a confirmé ces restrictions à la liberté de mouvement des Casques bleus dans la zone tampon, où ils devraient normalement être seuls à être stationnés. Il a jugé critique que toutes les parties honorent leurs engagements au titre de l’Accord sur le dégagement des forces de 1974, appelant à mettre un terme à toute présence non autorisée dans la zone de séparation et à s’abstenir de toute action susceptible de saper le cessez-le-feu et la stabilité du Golan syrien.  La liberté de mouvement, la sûreté et la sécurité du personnel de la FNUOD et du groupe d’observateurs présents au Golan sont de la plus haute importance, a-t-il insisté. 

Alors que des responsables israéliens ont fait part de leur intention de rester en Syrie « dans un avenir proche » au nom de la lutte antiterroriste, M. Khiari s’est dit préoccupé par l’impact de cette occupation sur la fragile transition politique en cours sous la conduite des autorités intérimaires syriennes. 

Suivie par la majorité des membres du Conseil, la Syrie s’est vigoureusement élevée contre les agissements d’Israël, qu’ils prennent la forme de frappes aériennes ou de violations de l’Accord sur le dégagement des forces de 1974 dans le Golan syrien.  Pour le représentant, aucun doute: « l’entité d’occupation israélienne », en établissant des avant-postes et des bases militaires pour ses forces et en promouvant des circuits touristiques pour les colons dans les zones sous occupation, dément ses propres affirmations selon lesquelles son incursion serait temporaire et limitée, alors que ses visées, a-t-il affirmé, sont clairement « expansionnistes ». 

« Chaque jour où le Conseil de sécurité tarde à mettre fin à l’agression israélienne en cours contre mon pays, le risque d’instabilité s’accroît, de même que pour la région », a prévenu le représentant syrien, en relayant les inquiétudes de nombreuses délégations, au moment même où la Syrie a une chance de se pacifier après un conflit de 14 ans. 

Israël a justifié ses actions en Syrie par la nécessité de neutraliser la menace terroriste à ses portes, soutenant que le sud de la Syrie pourrait devenir une base pour les terroristes.  Le Gouvernement syrien est en transition, son autorité est fragmentée et ses capacités saturées, favorisant ainsi une résurgence d’activités terroristes, a analysé le représentant israélien.  Il a indiqué que les Forces de défense israéliennes avaient détruit une usine souterraine de fabrication de missiles opérée par la République islamique d’Iran sur le sol syrien, tout en assurant que son gouvernement n’avait pas l’intention d’engranger des gains territoriaux en Syrie ni de se lancer dans une escalade, mais simplement de protéger ses citoyens.  Les États-Unis ont dit partager ces préoccupations quant au risque que la Syrie puisse devenir une base pour les terroristes.  L’État islamique et Al-Qaida continuent d’y fomenter des complots, tandis que le Hezbollah et ses supplétifs tentent de regagner du terrain.  Dans ce contexte, a considéré la délégation américaine, Israël a le droit de se défendre. 

Un narratif contesté par la Libye au nom du Groupe des États arabes, ainsi que par l’Algérie, qui s’exprimait au nom des A3+ (Algérie, Sierra Leone, Somalie et Guyana).  Après avoir rappelé, comme le Pakistan, que la Syrie n’avait ni menacé, ni attaqué son voisin israélien, les A3+ ont averti que la destruction des capacités militaires syriennes ne fera que contribuer à la déstabilisation du pays, au moment où il doit assurer la sécurité à l’intérieur de ses frontières et combattre efficacement les organisations terroristes.  Pour la Fédération de Russie, qui s’est rangée à l’avis des A3+, il faudra par ailleurs qu’une enquête transparente et objective soit menée sur la récente vague de violence dans les zones côtières de Lattaquié et de Tartous, où plusieurs personnes ont été tuées et des centaines, voire des milliers de civils alaouites, chrétiens et d’autres minorités ethniques et religieuses, blessés. Une demande également émise par la France. 

La délégation française, si elle a appelé Israël à mettre fin à ses activités militaires en Syrie et à retirer ses forces de la zone de séparation dans le Golan syrien, a jugé primordial que les autorités à Damas poursuivent leur lutte contre la menace terroriste, en particulier contre Daech, et règlent la question des combattants étrangers, un point sur lequel elle a été suivie par la Chine.  De même, comme la Türkiye et le Royaume-Uni, la France a rappelé les attentes fortes placées par la communauté internationale dans le démantèlement du programme syrien d’armes chimiques. 

L’opportunité historique pour la Syrie de se stabiliser doit être soutenue, « tant pour les Syriens que pour les Israéliens ».  « C’est la seule façon de parvenir à la paix et à la sécurité régionales », a estimé le Sous-Secrétaire général Khiari. 

 

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La situation au Moyen-Orient

Exposés

M. KHALED KHIARI, Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, a rappelé que, depuis la chute de l’ancien Gouvernement Assad le 8 décembre 2024, le Conseil de sécurité a été régulièrement informé des violations israéliennes de l’Accord sur le dégagement des forces de 1974 entre Israël et la Syrie.  Depuis le 8 décembre dernier, des centaines de frappes aériennes israéliennes ont été signalées en Syrie, et l’armée israélienne a publiquement confirmé avoir établi plusieurs positions dans la zone de séparation du Golan. Des responsables israéliens ont également fait part de leur intention de rester en Syrie « dans un avenir proche », a précisé le haut fonctionnaire.  De tels faits sur le terrain sont difficiles à inverser et ils menacent la fragile transition politique syrienne, a-t-il prévenu.  Plus récemment, des informations ont fait état de multiples frappes aériennes israéliennes en Syrie, notamment à Damas, à l’aéroport militaire de Hama et à l’aéroport militaire T4 de Homs, tandis que des attaques israéliennes simultanées à Deraa auraient fait neuf victimes civiles, a ajouté le Sous-Secrétaire général. 

Les autorités intérimaires syriennes ont condamné ces attaques, les qualifiant de « violation flagrante du droit international et de la souveraineté syrienne » et de « tentative de déstabilisation de la Syrie ».  Il a rappelé les précédentes déclarations des autorités de Damas, relayées par de nombreux médias, selon lesquelles celles-ci ne présentaient aucune menace pour leurs voisins et recherchaient la paix à leurs frontières.  Le 3 avril, le Ministre israélien de la défense a qualifié les récentes frappes aériennes en Syrie d’« avertissement pour l’avenir », ajoutant qu’Israël « ne permettrait pas que la Syrie devienne une menace » pour ses intérêts sécuritaires. 

Après sa déclaration présidentielle en date du 14 mars, l’engagement du Conseil en faveur de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Syrie prend chaque jour davantage d’importance, a observé le Sous-Secrétaire général.  La possibilité pour la Syrie de se stabiliser après 14 ans de conflit doit être soutenue et protégée, tant pour les Syriens que pour les Israéliens. « C’est la seule façon de parvenir à la paix et à la sécurité régionales. » 

Il a rappelé la déclaration de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie du 3 avril, selon laquelle « de telles actions [israéliennes] compromettent les efforts visant à bâtir une nouvelle Syrie en paix avec elle-même et la région et la déstabilisent à un moment crucial ». La Syrie est à la croisée des chemins et mérite d’avoir la possibilité de poursuivre ses efforts en faveur d’une transition politique inclusive, où le peuple syrien pourra surmonter le conflit, relancer son économie, réaliser ses aspirations légitimes et contribuer à la stabilité régionale.  En outre, les actions et gains sécuritaires à court terme et tactiques ne doivent pas compromettre les perspectives d’un accord de paix entre les deux voisins et la stabilité à long terme à leur frontière internationalement reconnue. 

M. JEAN PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, a indiqué que depuis le 19 mars, la situation dans la zone d’opérations de la FNUOD demeure volatile et est caractérisée par des violations significatives de l’Accord sur le dégagement des forces de 1974 depuis l’entrée des Forces de défense israéliennes (FDI) dans la zone de séparation le 8 décembre.  Israël occupe actuellement 12 positions du côté Bravo et 10 dans la zone de séparation et 2 dans la zone de limitation à proximité de la ligne Bravo.  Les FDI construisent des obstacles à la mobilité le long de la ligne de cessez-le-feu et ont effectué des vols, à plusieurs reprises, à travers la ligne de cessez-le-feu et dans la zone de séparation, et imposent certaines restrictions de mouvement au personnel de la FNUOD et du groupe d’observateurs au Golan dans la zone de séparation.  Elles continuent également à restreindre les déplacements des personnes résidant dans la zone.  Les habitants de certaines zones ont protesté contre les perturbations causées par les activités des forces israéliennes dont les détentions de civils et la saisie d’un grand nombre de têtes de bétail, et ont fait appel à la FNUOD pour demander aux FDI de quitter leurs villages.

Au cours des dernières semaines, le personnel de la FNUOD a observé de multiples explosions du côté Bravo qu’il a estimé être liés aux efforts des FDI en vue de la « démilitarisation du sud de la Syrie ».  Le 3 avril, a-t-il poursuivi, la FNUOD a également observé des déplacements des FDI en direction du sud-est du côté Bravo, suivis de multiples explosions.  Les FDI ont affirmé avoir frappé le restant des capacités militaires dans les zones des bases militaires syriennes de Hama et T4, ainsi que des infrastructures militaires supplémentaires dans la région de Damas.  Les FDI affirment « qu’elles continueront à agir pour éliminer toute menace pour les citoyens de l’État d’Israël ».  Les responsables militaires israéliens ont affirmé que leur présence dans la zone de séparation était nécessaire pour protéger Israël des éléments terroristes et que leur pays n’avait pas d’ambitions territoriales en Syrie.

M. Lacroix a appelé l’ensemble des parties à respecter leurs obligations en vertu de l’Accord sur le dégagement des forces de 1974, notamment en mettant fin à toute présence non autorisée dans les zones de séparation et de limitation, et en s’abstenant de toute action susceptible de compromettre le cessez-le-feu et la stabilité du Golan syrien.  Il ne doit pas y avoir de forces ou d’activités militaires dans la zone de séparation, autres que celles de la FNUOD, a-t-il souligné.

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Commission de la population et du développement: l’utilisation des données de la Division de la population au centre d’un échange entre experts nationaux

Cinquante-huitième session,
8e séance plénière – matin
POP/1117

Commission de la population et du développement: l’utilisation des données de la Division de la population au centre d’un échange entre experts nationaux

À la veille de la clôture de sa cinquante-huitième session, la Commission de la population et du développement a tenu, ce matin, une table ronde entre experts nationaux sur le programme de travail du Secrétariat de l’ONU dans le domaine de la population, suivie d’un débat interactif. Les échanges ont essentiellement porté sur l’utilisation par les gouvernements des données démographiques et sanitaires de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales (DESA) aux fins d’élaborer des programmes et des politiques, un mécanisme aujourd’hui menacé par la suppression des financements du Gouvernement des États-Unis. 

Modérateur de la discussion, le Directeur de la Division de la population a rappelé que, depuis 1984, les enquêtes démographiques et sanitaires produites par cette entité du DESA fournissent des données essentielles qui améliorent la compréhension des progrès mondiaux vers le développement durable en offrant un aperçu des multiples dimensions de la vie des populations.  Ces enquêtes, a souligné M. John Wilmoth, ont été une source d’informations particulièrement importante pour les pays les moins avancés et les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. 

En collaboration avec ses partenaires du système des Nations Unies, la Division de la population utilise les données tirées de ces enquêtes pour estimer les niveaux de mortalité maternelle et juvénile, de fécondité et de recours à la contraception, ainsi que de mariage d’enfants et de grossesses précoces.  Elle en extrait également des informations sur la pauvreté, la nutrition, l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, le niveau d’éducation et d’alphabétisation ou encore l’accès des ménages à l’eau potable, à l’assainissement et à l’hygiène.  Les enquêtes de la Division génèrent en outre des données ventilées par âge, sexe, lieu de résidence urbain ou rural, revenu et niveau d’éducation, contribuant ainsi à mettre en évidence les inégalités entre et au sein des populations. 

Des données cruciales menacées par l’arrêt des financements américains

Dans ce contexte, M. Wilmoth a informé la Commission que la récente décision du Gouvernement des États-Unis de fermer l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) a entraîné la résiliation d’un contrat avec cette agence qui fournissait environ la moitié du budget total du Programme d’enquêtes démographiques et sanitaires de la Division. Concrètement, a-t-il précisé, la suppression du financement américain a mis un terme à la plupart des activités de ce programme et suscité des interrogations sur l’avenir des enquêtes par sondage comme source de données démographiques et de santé. 

« Il n’est pas exagéré d’affirmer que notre capacité à produire des informations fiables sur les schémas et tendances démographiques pour un grand nombre de pays et pour le monde entier sera gravement compromise par la disparition du Programme d’enquêtes démographiques et sanitaires, à moins que des mesures correctives ne soient rapidement prises par les gouvernements nationaux et la communauté internationale », a déclaré le Directeur de la Division.  En réponse à la fin attendue du programme, il a fait état de la création d’un groupe de travail, placé sous l’égide de la Commission de statistique des Nations Unies, pour élaborer un nouveau mécanisme visant à promouvoir et à soutenir la production de données démographiques et sanitaires fiables et comparables au niveau international, par le biais d’enquêtes. 

M. Wilmoth a souligné à cet égard l’importance de l’appropriation nationale dans la création de toute future infrastructure de production de données démographiques et sanitaires issues d’enquêtes, un point de vue partagé par l’ensemble des panélistes, qui ont toutefois insisté sur le caractère incontournable des documents produits par la Division.  La Directrice de la population et de la santé à l’Institut de planification de la Jamaïque a ainsi indiqué que son pays et tous ceux de la sous-région des Caraïbes s’appuient sur ces données pour préparer des projections démographiques, compléter les connaissances nationales et mieux cerner les caractéristiques de groupes comme les migrants internationaux. 

Utilisation multiple des données de la Division par la Jamaïque 

Pour Mme Mareeca Brown Bailey, ces données sont d’autant plus cruciales que la Jamaïque connaît d’importants problèmes démographiques, à commencer par un vieillissement de sa population, avec une proportion croissante de personnes âgées de 80 ans et plus, ce qui soulève des inquiétudes quant à la disponibilité des services de soins de longue durée.  Le faible ratio de dépendance selon l’âge de la Jamaïque, de l’ordre d’environ d’une personne à charge pour 2,3 personnes en âge de travailler en 2023, permet cependant de réduire la charge pesant sur les services sociaux et les systèmes de santé et de jeter les bases d’une plus grande productivité économique grâce à une population en âge de travailler plus importante, a-t-elle expliqué. 

La Jamaïque fait aussi face à une baisse de sa population infantile en raison d’une chute de son taux de fécondité total, passé de 4,5 naissances par femme entre 1973 et 1975 à seulement 1,9 en 2021.  Le pays est ainsi tombé en dessous du taux de fécondité de remplacement de 2,1, a noté l’experte, avant d’évoquer le taux important d’émigration des jeunes Jamaïcains, notamment les plus qualifiés, vers des pays comme les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni.  Cette « fuite des cerveaux » risque selon elle d’impacter gravement le développement économique et social du pays. 

Face à ces défis, Mme Brown Bailey a dit attendre de la Division de la population qu’elle fournisse davantage d’assistance technique aux États Membres pour renforcer leurs capacités de collecte, d’analyse et de diffusion de données démographiques et les aider à bâtir des politiques et des programmes cohérents.  Elle a par ailleurs souhaité que la Division facilite le partage des connaissances et le réseautage entre les États, en promouvant les meilleures pratiques et les enseignements tirés. 

L’Albanie intéressée par les données sur le vieillissement et l’émigration

Des attentes semblables ont été formulées par Mme Anisa Muça Omuri, Directrice des statistiques sociales à l’Institut national des statistiques de l’Albanie, dont le pays est lui aussi confronté à une baisse de la fécondité, à un vieillissement de sa population et à une forte émigration des jeunes, en l’occurrence vers l’Europe occidentale et l’Amérique du Nord.  À ces phénomènes s’ajoutent un exode rural en progression constante et un faible taux d’immigration, le pays peinant à attirer des travailleurs étrangers pour compenser le déclin démographique. 

Pour mieux comprendre ces évolutions, améliorer la recherche démographique et planifier des politiques, l’Institut national des statistiques de l’Albanie recourt aux données, rapports et outils d’analyse de la Division de la population et d’Eurostat, l’organisme de l’Union européenne chargé de l’information statistique à l’échelle communautaire, a précisé l’intervenante. « Ces informations éclairent les stratégies démographiques nationales et les politiques du marché du travail de l’Albanie ». 

Selon Mme Muça Omuri, l’Albanie s’appuie également sur les données de la Division pour mieux appréhender les migrations, évaluer les impacts socioéconomiques de la perte de jeunes et de main-d’œuvre qualifiée, et connaître les tendances d’urbanisation, utiles pour la planification des infrastructures, en particulier dans les villes à croissance rapide comme Tirana. Ces données servent d’autre part à suivre les objectifs de développement durable (ODD), notamment ceux liés à la dynamique de la population, à l’égalité des sexes et à la protection sociale, et à comparer les dynamiques démographiques de l’Albanie avec celles d’autres pays d’Europe de l’Est. 

L’aspect comparatif des données démographiques mis en avant par le Kenya 

À son tour, le Directeur général du Conseil national pour la population et le développement du Kenya a indiqué que son pays utilise systématiquement les rapports de la Division pour prendre des décisions fondées sur des données probantes et élaborer des objectifs en les comparant à ceux d’autres pays.  « Les données démographiques sont notamment utilisées lorsqu’elles offrent une perspective mondiale sur diverses questions démographiques », a expliqué M. Mohamed A. Sheikh, précisant que la population de son pays comptera 70 millions d’individus en 2045, contre 53 millions aujourd’hui. 

Le Kenya, comme le reste du continent africain, connaît néanmoins une baisse du nombre moyen d’enfants par femme, passé de 5,4 en 1993 à 3,4 en 2022.  Cela n’empêche pas le pays d’être majoritairement jeune, les moins de 35 ans constituant plus de 75% de la population nationale, ce qui pose des difficultés en termes d’emploi, d’éducation et de services de santé.  Si l’espérance de vie progresse régulièrement, la mortalité maternelle et juvénile reste élevée, a reconnu M. Sheikh, faisant aussi état d’une forte urbanisation de la population kényane, principalement en raison de l’exode rural qui conduit à la prolifération des établissements informels. 

Saluant l’apport des données de la Division de la population à la planification des politiques gouvernementales, l’expert a plaidé pour une amélioration de leur diffusion afin d’en faciliter l’accès et l’utilisation.  « Cela peut se faire en renforçant les capacités et en travaillant avec les agences de population », a-t-il avancé, à l’instar de plusieurs délégations ayant pris part au dialogue interactif. 

Pas de solution unique en matière de politique démographique

Intégrer les stratégies préconisées par la Division dans les plans de développement nationaux est une gageure, a constaté le Soudan en demandant une meilleure coordination des entités du système des Nations Unies pour aider les pays en développement à renforcer leurs capacités.  La Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) a, elle, regretté la faiblesse des fonds alloués aux systèmes statistiques nationaux, évoquant des capacités nationales « qui laissent à désirer et qui sont menacées par la baisse de l’appui international ».  La même inquiétude a été formulée par Cuba, qui, tout en formant l’espoir que les programmes de la Division de la population pourront se poursuivre, a appelé à une meilleure actualisation des données par pays, en tenant compte des situations spécifiques. 

« Il n’existe pas de solution unique, tous les pays ont leurs propres défis à relever », a confirmé l’Indonésie, avant de plaider pour un partage plus large des pratiques exemplaires en matière de politique démographique.  Le Japon a, lui, insisté sur la comparabilité des données, invitant la Division à élaborer des indicateurs nationaux, en complément des cadres communs, tandis que la Malaisie réclamait des analyses plus fouillées sur les personnes de plus de 60 ans et le soutien intergénérationnel.  Le Paraguay a, pour sa part, sollicité des recommandations pour la formation des fonctionnaires travaillant sur les statistiques. 

De son côté, la Fédération de Russie a estimé que l’ONU pourrait jouer un rôle de coordination accru en matière de politique démographique, avant de mettre en avant les mesures qu’elle prend dans ce domaine, qui représentent un tiers de ses dépenses budgétaires.  Elle a cité pêle-mêle ses actions en faveur des jeunes souhaitant fonder une famille, ses dispositifs de prise en charge des personnes âgées, l’intégration du vieillissement dans son système de protection sociale et ses programmes de préservation de l’institution du mariage. 

Relevant quant à lui que l’Afrique, avec un taux moyen de fécondité de 4,7 enfants par femme, maintient le monde au-dessus du taux de remplacement, le Burkina Faso s’est intéressé aux moyens permettant d’alléger les travaux domestiques des femmes tout en préservant l’intégrité de la cellule familiale.  La Suède a expliqué sa « vision plus occidentale » en affirmant ne pas lier la baisse de la fécondité à l’accès aux contraceptifs.  Elle a d’autre part jugé que la question d’avoir ou pas un enfant devrait revenir à la femme, faisant valoir l’influence des déterminants socioéconomiques sur la décision individuelle. 

Enfin, si la Gambie et la Türkiye se sont alarmées du déclin du taux de fécondité, qui expose les sociétés à des effets délétères sur le plan socioéconomique, l’Iran a conseillé aux États Membres d’adapter leur stratégie en tenant compte de la tendance croissante au vieillissement des populations, afin de mettre en œuvre le Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD). 

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La Commission de la population et du développement examine la question de l’équité en santé

Cinquante-huitième session,
7e séance plénière – après-midi
POP/1116

La Commission de la population et du développement examine la question de l’équité en santé

Au troisième jour de sa session annuelle, la Commission de la population et du développement a tenu, cet après-midi, une table ronde sur le thème « Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge », précédée d’un exposé thématique sur la promotion de l’équité en santé et le financement des soins et des services de santé. Cette séance a permis aux acteurs étatiques, d’organisations internationales et d’ONG de poser le diagnostic de moyens de santé insuffisants dans le monde, avant de proposer la posologie de la couverture sanitaire universelle.

Diagnostic des besoins de santé à travers le monde

En 2021, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a établi que 4,5 milliards de personnes n’avaient pas accès aux soins de santé primaire, a déclaré M. Deus Mubangizi.  Le Directeur du Département politiques et normes pour les produits de santé à l’OMS a expliqué qu’établir une couverture santé universelle apparaît comme la panacée.  Cela veut dire, a-t-il précisé, que dans chaque pays, tout citoyen a accès à tous les services de santé en temps voulu.  Et la voie pour y parvenir est de commencer par les services de base, les soins de santé primaire.  Malheureusement, a-t-il prédit, il est peu probable que la couverture sanitaire soit universelle d’ici à l’année 2030, évoquant des obstacles liés aux défis démographiques et aux changements climatiques. 

Il a ensuite annoncé que l’OMS publiera bientôt une feuille de route pour tracer le chemin devant mener à la couverture sanitaire universelle, et qui s’articulera autour de deux grands objectifs: assurer la qualité des technologies et produits de santé et rendre plus abordables et accessibles tous les soins de santé.

Il faudrait commencer par renforcer la part du budget national dédiée à la santé, une tendance que l’on ne voit pas encore dans tous les pays, s’est désolé le Directeur du Bureau de l’OMS à New York.  M. Werner Obermeyer a en effet fait observer que 3,5 milliards de personnes vivent dans des pays dans lesquels la portion du budget national consacrée à la santé est inférieure au service de la dette.  Il a suggéré des taxes spécifiques sur les produits liés au tabac, afin de faire baisser la consommation tout en dégageant de nouvelles recettes fiscales.  Certains pays ont déjà engagé de telles mesures en taxant les sodas en fonction de leur teneur en sucre, une mesure qui permet aussi de lutter contre l’obésité et le diabète.

Après ces constats introductifs, la République islamique d’Iran et Cuba ont tour à tour fait valoir leur volonté de poursuivre un investissement majeur dans le domaine de la santé, malgré les sanctions dont ces États sont victimes de la part des États-Unis.  La Türkiye a déploré le fait que le droit à la santé et même à la vie ne soit pas assuré pour les Palestiniens du fait des actions de la Puissance occupante. 

Les défis de la couverture sanitaire universelle

Au vu des nombreux défis du secteur de la santé, la modératrice de la table ronde, Mme Pascale Allotey, Directrice, Santé sexuelle et reproductive, et recherche à l’Organisation mondiale de la Santé, a demandé aux intervenants de proposer des voies et moyens d’améliorer la situation et parvenir à la couverture sanitaire universelle.  Pour Mme Hanna Mulugeta, il faut commencer par donner plus d’espace et de responsabilités aux jeunes.  Cette activiste éthiopienne des droits de la santé sexuelle et reproductive a expliqué que les jeunes veulent se sentir valorisés et ne pas être uniquement considérés comme des bénéficiaires des soins de santé.

« Les partenariats public-privé peuvent aussi aider », a suggéré la Directrice adjointe de l’équité des soins de santé à la Clinton Global Initiative qui évoquant la contraction « considérable » du financement provenant du Gouvernement américain, a souligné qu’il faudra des solutions créatives et des partenariats innovants pour combler efficacement les déficits de financement et continuer à faire progresser l’équité en santé et en soins de santé universels. 

Mme Ashley Ambrose a appelé à mettre en commun les ressources disponibles, y compris en tirant parti des fondations et entités privés comme la Gates Foundation.  Il est aussi crucial, a-t-elle dit, d’innover dans le financement des services de santé en actionnant, par exemple, l’option de financements participatifs.

Pour le Mexique, il est question aujourd’hui d’un changement total du système de gouvernance sanitaire, a relevé le docteur Hugo López-Gatell.  Pour le médecin-chercheur à l’Institut national de santé publique du Mexique, le pays a délaissé ses politiques néolibérales et a inscrit le droit à la santé dans sa Constitution.  Les partenariats multipartites permettent ainsi d’impliquer davantage le secteur privé et de rompre avec la privatisation des soins de santé qui a empêché à de nombreux mexicains l'accès aux soins des cliniques

Malheureusement, de nombreux pays d’Afrique n’ont pas de programme ou de plan pour gérer les questions de santé en rapport avec la population du troisième âge, a déploré la Cheffe de l’unité du vieillissement et du développement de l’Africa Population and Health Research Centre (APHRC).  Mme Gloria Langat a indiqué que même si l’Afrique ne connaît pas encore une crise du vieillissement comme c’est le cas dans de nombreux pays développés, le continent devrait anticiper en adaptant son système de santé.  Les spécialités en gériatrie sont presque inexistantes dans les cursus de médecine sur le continent, s’est-elle émue, précisant que dans un pays comme le Kenya, on ne compte que cinq médecins spécialisés en gériatrie.

Au cours du dialogue interactif, un membre d’une ONG a regretté le fait qu’il n’y ait pas assez de données liées aux impacts et conséquences de l’avortement sur la santé des femmes, alors qu’une autre représentante de la société civile a appelé à plus d’implication de la jeunesse sur les questions de santé publique.

La Commission de la population et du développement poursuivra ses travaux demain jeudi à 10 heures avec un débat d’experts nationaux en matière de population.

 

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Conseil de sécurité: la Serbie et le Kosovo se rejettent la responsabilité du déficit de confiance intercommunautaire et des incidents sécuritaires

9894e séance – après-midi
CS/16041

Conseil de sécurité: la Serbie et le Kosovo se rejettent la responsabilité du déficit de confiance intercommunautaire et des incidents sécuritaires

Le Conseil de sécurité s’est réuni, cet après-midi, pour faire le point sur la situation au Kosovo, comme il le fait deux fois par an.  La Représentante spéciale, Mme Caroline Ziadeh, a dit qu’après les élections parlementaires réussies du 9 février, le Kosovo attend la formation d’un nouveau gouvernement qui devra remédier au déficit de confiance intercommunautaire et progresser dans le processus de normalisation des relations.  La Serbie et le Kosovo se sont renvoyé mutuellement la responsabilité de l’impasse actuelle alors que la majorité des membres du Conseil ont soutenu le dialogue Belgrade-Pristina sous l’égide de l’Union européenne (UE). 

Concernant l’avenir de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) présente depuis 1999 sur le territoire, Mme Ziadeh, qui la dirige, a pu constater les avis divergents des États-Unis et du Kosovo d’un côté, pour qui il est temps de procéder à son retrait, et de l’autre, celui de membres du Conseil comme la Chine et la Fédération de Russie qui se sont dites opposées à la réduction potentielle du budget et des effectifs de la Mission. 

Élections réussies mais incidents et déficit de confiance

Les élections du 9 février se sont déroulées dans le calme, a noté la Représentante spéciale se réjouissant qu’elles aient permis de dépasser le quota de 30% des femmes à l’Assemblée du Kosovo.  Elle a dit attendre du prochain gouvernement issu de ces élections qu’il mette en œuvre les engagements pris dans le cadre du dialogue facilité par l’UE. Elle a souhaité qu’il progresse dans le processus de normalisation des relations en s’inspirant de l’accord, conclu en décembre entre Belgrade et Pristina, sur le mandat de la commission conjointe sur les personnes disparues. 

Relatant sa visite dans le nord du Kosovo le 25 mars, la Représentante spéciale a rapporté que ses interlocuteurs lui ont fait part d’un déficit de confiance à l’égard des institutions et ont exprimé leurs inquiétudes face au contexte politique actuel et aux développements dans la région et au-delà.  Ils ont en outre déploré les actes unilatéraux des autorités de Pristina tels que la fermeture de centres de protection sociale gérés par la Serbie et ses conséquences socioéconomiques négatives. 

Par conséquent, la Cheffe de la MINUK a exhorté les parties à discuter de bonne foi des questions en suspens, dans le cadre du dialogue facilité par l’Union européenne.  Il n’y a pas d’alternative à ce dialogue, selon elle, et il est nécessaire pour les Serbes du Kosovo de retrouver un certain degré d’autonomie grâce à un système d’autogestion au sein de l’Association/Communauté des municipalités à majorité serbe.  Elle a donc invité la communauté internationale à soutenir tous les efforts visant à un engagement renouvelé dans le processus de normalisation des relations. 

En attendant, elle a demandé une enquête sur l’attaque du 29 novembre dernier contre le canal d’approvisionnement en eau d’Ibar-Lepenac/Ibër-Lepenc, ainsi que des procédures judiciaires équitables et indépendantes à propos de l’incident survenu à Banjska/Banjskë.  Préoccupée également par le lancement d’un engin explosif contre le bureau de poste de Zvečan/Zveçan, le 1er avril, Mme Ziadeh a exhorté la police du Kosovo à garantir des enquêtes indépendantes sur les allégations d’usage excessif de la force et de mauvais traitements par des policiers dans le nord du Kosovo, encourageant les autorités à donner suite aux recommandations des procédures spéciales des Nations Unies, notamment en recourant davantage à des alternatives à la détention provisoire. 

S’agissant des actes visant une église orthodoxe serbe, la Représentante spéciale a appelé les parties à respecter les lieux de culte et à promouvoir la tolérance. Le rétablissement de la confiance reste fondamental pour favoriser un avenir stable et prospère pour toutes les communautés du Kosovo, a-t-elle rappelé en assurant que la MINUK reste fermement engagée vers cet objectif.  En effet, la Mission prend des initiatives pour défendre l’état de droit, les droits humains et l’inclusion des femmes et des jeunes dans les processus de paix et de sécurité.  La Mission encourage le dialogue interethnique et la lutte contre les appels à la division afin de remédier au déficit de confiance. 

Les délégations divisées quant à l’avenir de la Mission

Voyant la situation d’un autre œil, Mme Donika Gërvalla-Schwarz a prétendu que la Mission avait perdu toute crédibilité en tant qu’agence onusienne, l’accusant de manquer de vision sur ce qui se passe sur le terrain.  La Mission ne répond plus à son objectif initial, étant incapable de mettre fin à l’arbitraire et de trouver des solutions aux problèmes déjà identifiés, a-t-elle estimé.  En conséquence, sa présence n’est plus justifiée, a tranché l’oratrice.  Elle a fait valoir que le Kosovo travaille déjà avec d’autres organismes comme le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) ou ONU-Femmes. 

« Il est temps de retirer la MINUK du territoire », a abondé la délégation des États-Unis en lui recommandant justement de commencer à transférer ses fonctions à d’autres organes onusiens.  Les États-Unis ont en effet jugé important d’éliminer les dépenses inutiles au sein des organisations internationales.  Or la MINUK est une opération de maintien de la paix qui ne possède pas de Casques bleus et dont 80% du budget est consacré à la masse salariale de son personnel, a justifié la délégation.  À son avis, elle n’a plus de rôle à jouer dans la gouvernance du Kosovo et elle a bien trop de ressources et de personnels.  De plus, la délégation américaine a estimé que la MINUK ne méritait plus qu’une séance à huis clos par an au Conseil, au lieu de deux séances publiques. 

Dans la même veine, le Royaume-Uni a observé qu’avec des conditions sur le terrain désormais méconnaissables par rapport à 1999, le temps est venu pour le Conseil de revoir le rôle et les responsabilités de la MINUK afin de s’assurer qu’elle puisse continuer à soutenir efficacement la sécurité, la stabilité et les droits humains au Kosovo, d’une manière qui reflète le monde de 2025.  Même souci du côté de la Slovénie pour qui la MINUK doit adapter ses opérations de maintien de la paix afin qu’elles reflètent les réalités du terrain et soutiennent la stabilité sur le long terme. 

D’autres membres du Conseil sont venus au contraire appuyer la présence de la Mission, dont la Chine.  « La MINUK joue le rôle de maintien de la paix, assure la stabilité et promeut la réconciliation nationale », a insisté la délégation chinoise avant que la Fédération de Russie ne se lance dans un vibrant plaidoyer en sa faveur.  « Nous nous opposons catégoriquement à la réduction de la fréquence et à la modification du format des réunions du Conseil de sécurité sur la question du Kosovo, ainsi qu’à la réduction potentielle du budget et des effectifs de la MINUK », a déclaré la Russie.  Elle a affirmé soutenir une solution rapide, durable et mutuellement acceptable entre Belgrade et Pristina sur la base de la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité. 

Les objectifs de stabilité, de dialogue et de règlement durable

Depuis 1999, 10 000 soldats danois ont soutenu la paix et la stabilité au Kosovo, a rappelé le Danemark considérant essentielle la normalisation des relations entre le Kosovo et la Serbie pour une région stable, sécurisée et prospère.  Les deux parties sont donc invitées à remplir leurs obligations en vertu de tous les accords existants et à rechercher des compromis, dont la création par le Kosovo d’une « association de municipalités à majorité serbe » et la non-opposition de la Serbie à l’adhésion du Kosovo à des organisations internationales, a rappelé la représentante. 

La Grèce, qui ne reconnaît pas l’indépendance du Kosovo, a salué l’engagement de la MINUK à promouvoir la sécurité, la stabilité et le respect de l’état de droit ainsi que la protection des droits humains dans ce territoire.  Elle a jugé nécessaire que la MINUK poursuive son mandat d’autant que la coordination de la Mission avec la Force de paix au Kosovo (KFOR) et la mission « État de droit » menée par l’Union européenne au Kosovo (EULEX) est essentielle pour parvenir à des solutions durables et instaurer la paix et la stabilité dans la région. 

L’Accord sur la voie de la normalisation des relations entre le Kosovo et la Serbie et son annexe de mise en œuvre, adoptés respectivement en février et mars 2023, doivent être pleinement respectés et mis en œuvre dans les meilleurs délais et sans conditions préalables, a insisté le délégué de l’Union européenne y ajoutant les autres engagements en suspens, conclus dans le cadre du dialogue facilité par l’UE.  Il a appelé le Kosovo à permettre la réintégration des juges, procureurs, policiers et autres personnels serbes du Kosovo dans toutes les institutions du Kosovo qu’ils ont quittées en 2022, et réitéré l’espoir que la Serbie appréhende et traduise en justice d’urgence les auteurs des attentats de 2023 dans le nord du Kosovo. 

Le Ministre des affaires étrangères de la Serbie, M. Marko Đurić, a souligné la nécessité de respecter les principes internationaux de manière égale et constante.  « Que nous le voulions ou non, je crois que nous sommes tous conscients des conséquences du précédent créé en 2008 par la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo », a-t-il déclaré.  Après avoir dénoncé la multiplication, depuis 2008, des situations remettant en cause le statut de diverses régions, provinces et territoires de pays souverains membres de l’ONU, le Ministre a jugé nécessaire de relancer le dialogue avec Pristina, en renforçant la confiance par la coopération économique et la connectivité des infrastructures, et en mettant en œuvre tous les engagements pris jusqu’à présent. 

Le rôle de l’UE, des États-Unis et d’autres partenaires sera crucial dans la période à venir, a admis M. Đurić en appelant à un engagement plus fort afin de poursuivre le dialogue et de trouver un compromis.  Au Conseil de sécurité, il a demandé de réagir de manière significative afin d’éviter des dommages irréparables à la survie des Serbes au Kosovo-Metohija, ainsi que la déstabilisation de toute la région.  La France, elle, a appelé la Serbie et le Kosovo à respecter les engagements pris dans le cadre des accords de Bruxelles-Ohrid. 

Les attentes sont élevées pour 2025, a reconnu la Slovénie en espérant un nouveau départ.  Comme ses homologues, elle a appelé Belgrade et Pristina à poursuivre le dialogue pour normaliser leurs relations et mettre en œuvre les accords conclus, souhaitant une désescalade et la prise en compte des préoccupations des communautés non majoritaires, notamment celles des Serbes du Kosovo, en particulier sur la fermeture d’institutions fournissant des services essentiels.  Elle a appelé toutes les parties et la communauté internationale à investir dans des initiatives promouvant le dialogue, la compréhension et la collaboration. 

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Résolutions 1160 (1998), 1199 (1998), 1203 (1998), 1239 (1999) et 1244 (1999) du Conseil de sécurité

Exposé

Mme CAROLINE ZIADEH, Représentante spéciale du Secrétaire général et Cheffe de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), a indiqué que les élections du 9 février se sont déroulées dans le calme même si elles ont été entachées de quelques difficultés techniques. La représentation des femmes a connu des progrès et ne nécessitera plus le quota de 30% pour l’Assemblée du Kosovo.  Le Kosovo attend maintenant la formation du prochain gouvernement qui devra donner la priorité au bien-être de la population ainsi qu’à la mise en œuvre des engagements pris dans le cadre du dialogue facilité par l’Union européenne et aux progrès dans le processus de normalisation des relations. 

Mme Ziadeh a salué la nomination de M. Peter Sørensen au poste de Représentant spécial de l’Union européenne pour le dialogue entre Belgrade et Pristina.  L’accord de décembre entre Belgrade et Pristina sur le mandat de la Commission conjointe sur les personnes disparues devrait inciter les deux parties à aller de l’avant dans d’autres domaines.  Lors de sa visite dans le nord du Kosovo le 25 mars, la Représentante spéciale a dit avoir entendu les interlocuteurs de la société civile et les dirigeants politiques et communautaires faire part d’un manque de confiance à l’égard des institutions.  Ils ont aussi parlé de leurs préoccupations face au contexte politique actuel et aux développements dans la région et au-delà.  Ils ont en outre déploré les actes unilatéraux des autorités de Pristina dont la fermeture de centres de protection sociale gérés par la Serbie et ses conséquences socioéconomiques négatives. 

Néanmoins, a assuré la Représentante spéciale, personne ne voit d’alternative au dialogue facilité par l’Union européenne et à la nécessité pour les Serbes du Kosovo de recouvrer un certain degré d’autonomie grâce à un système d’autogestion au sein de l’Association/Communauté des municipalités à majorité serbe.  La communauté internationale est priée de soutenir tous les efforts visant à un engagement renouvelé dans le processus de normalisation des relations.  La société civile et les dirigeants politiques et communautaires se sont aussi inquiétés des allégations de harcèlement sexuel subi par des femmes serbes du Kosovo, allégations qui doivent faire l’objet d’une enquête. 

Préoccupée par les conséquences socioéconomiques de la fermeture d’institutions gérées par la Serbie, la Cheffe de la MINUK a affirmé que la Mission continuera de surveiller de près la situation et a exhorté les parties à discuter de bonne foi des questions en suspens, dans le cadre du dialogue facilité par l’Union européenne.  Commentant la décision du Gouvernement du Kosovo de permettre aux résidents munis de documents délivrés par les institutions serbes au Kosovo d’enregistrer leurs certificats d’état-civil auprès des autorités compétentes, elle a constaté des lacunes importantes en ce qui concerne la portée, l’interprétation et la mise en œuvre de cette décision.  Elle a donc dit soutenir la prorogation au 30 avril du délai fixé pour cet enregistrement. 

Mme Ziadeh a dûment condamné l’attaque contre le canal Ibar-Lepenac/Ibër-Lepenc, le 29 novembre, et demandé une enquête.  S’agissant de l’incident survenu à Banjska/Banjskë, elle a plaidé pour des procédures judiciaires équitables et indépendantes.  Elle s’est également dite préoccupée par le lancement d’un engin explosif contre le bureau de poste de Zvečan/Zveçan, le 1er avril, qui a causé des dégâts matériels.  Elle a souligné le rôle central de l’Inspection générale de la police du Kosovo pour garantir des enquêtes indépendantes sur les allégations d’usage excessif de la force et de mauvais traitements par des policiers dans le nord du Kosovo, y compris à l’encontre de mineurs. 

Les conclusions de ces enquêtes doivent être rendues publiques afin de promouvoir la transparence et la confiance dans les institutions, a insisté Mme Ziadeh, avant d’encourager les autorités à donner suite aux recommandations des procédures spéciales des Nations Unies, notamment en recourant davantage à des alternatives à la détention provisoire. 

Préoccupée par les actes qui ont visé une église orthodoxe serbe, la Représentante spéciale a appelé les parties à respecter les lieux de culte et à promouvoir la tolérance.  Elle a réclamé la nomination rapide d’un commissaire aux langues pour assurer la protection et la promotion des droits linguistiques et préserver les droits des communautés minoritaires.  Le rétablissement de la confiance reste fondamental pour favoriser un avenir stable et prospère pour toutes les communautés du Kosovo. 

En la matière, la MINUK reste fermement engagée, a assuré sa Cheffe, en prenant des initiatives qui défendent l’état de droit, les droits humains et l’inclusion des femmes et des jeunes dans les processus de paix et de sécurité. La Mission encourage le dialogue interethnique et la lutte contre les appels à la division afin de remédier au déficit de confiance. 

Le travail avec les jeunes reste au centre des projets de rétablissement de la confiance, a fait savoir la Représentante spéciale.  Cela est particulièrement important car il y a de moins en moins de contacts entre les jeunes des différentes communautés.  À cet égard, un projet qui comprend des visites conjointes dans les sites culturels et religieux de chacune des communautés a le mérite d’attirer les jeunes albanais, ashkali, bosniaques, roms, serbes et turcs. La Représentante spéciale a aussi fait part d’un projet innovant d’éducation aux sciences, technologie, ingénierie et mathématiques pour les filles des écoles rurales dans plusieurs communautés afin de préparer la prochaine génération de scientifiques et de dirigeantes. 

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