Dixième session extraordinaire d'urgence (reprise)
60e séance plénière – après-midi
AG/12690

Gaza: l’Assemblée générale exige un cessez-le-feu immédiat et l’accès des Palestiniens à l’aide humanitaire

Gravement préoccupée par la situation humanitaire « catastrophique » qui règne actuellement dans la bande de Gaza, l’Assemblée générale a repris sa dixième session extraordinaire d’urgence pour adopter, par 149 voix pour, 12 voix contre -dont celles des États et d’Israël- et 19 abstentions, une résolution exigeant un cessez-le-feu à Gaza et la garantie que l’aide parvienne immédiatement et en quantité suffisante à la population civile palestinienne. 

Voilà plus de 600 jours que la bande de Gaza est paralysée, confrontée à un châtiment collectif inacceptable et en proie à « un génocide » perpétré par la Puissance occupante, a accusé le Groupe des États arabes par la voix du Yémen.  Israël doit rendre des comptes. 

Avec le Cameroun, le Yémen a demandé la reprise de cette dixième session extraordinaire d’urgence à la suite du veto opposé, le 4 juin, par les États-Unis au Conseil de sécurité, contre un projet de résolution exigeant un cessez-le-feu « immédiat, inconditionnel et permanent » à Gaza.

Le texte mis aux voix aujourd’hui, intitulé « Protection des civils et respect des obligations juridiques et humanitaires » et présenté par l’Espagne, a été adopté, sous les applaudissements.  Il exige un cessez-le-feu immédiat inconditionnel et permanent et attire l’attention sur les appels répétés à la libération « immédiate et inconditionnelle » de tous les otages détenus par le Hamas et d’autres groupes. 

L’Espagne, qui a travaillé en collaboration avec la Palestine sur ce projet, a estimé urgent que la communauté internationale envoie un message sans équivoque sur la situation à Gaza.  Le texte exige aussi l’application par les parties de la résolution 2735 (2024) du Conseil de sécurité; le respect des obligations qui leur incombent en vertu du droit international, en particulier en ce qui concerne la conduite des hostilités et la protection des civils; et de celles que leur impose le droit international, à l’égard des personnes qu’elles détiennent. 

Le texte exige d’Israël, Puissance occupante, la fin immédiate du blocus, l’ouverture de tous les points de passage et la garantie que l’aide parvienne immédiatement et en quantité suffisante à la population civile palestinienne dans toute la bande de Gaza, conformément aux obligations qui lui incombent en vertu du droit international et des principes humanitaires. 

Après 20 mois de guerre, les horreurs de Gaza doivent cesser, a plaidé le Président de l’Assemblée Générale, s’offusquant de ce que, malgré l’urgence, le Conseil de sécurité ait été une fois de plus paralysé sur cette question, incapable d’assumer sa responsabilité en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales. 

Le monde est témoin d’une politique de chaos et du « génocide » que commet Israël, a accusé le Koweït, au nom du Conseil de la coopération du Golfe (CCG), ajoutant, à l’instar de la majorité des délégations, dont celle de la Palestine, que la Puissance occupante use de la famine comme arme de guerre. 

Israël s’est défendu: nous continuons de fournir l’assistance humanitaire et ces dernières semaines des milliers de tonnes de fournitures ont été livrées.  Ce mardi 10 juin, 2 millions de repas ont été distribués.  Nous réussissons là où le mécanisme précédent a échoué et nous empêchons le Hamas de détourner l’assistance alimentaire. 

Ce groupe terroriste, ont enchainé les États-Unis, a profité des manquements de la méthode de distribution de l’aide précédente pour s’enrichir.  C’est lui qui fait des souffrances humaines une arme de guerre.  La résolution adoptée aujourd’hui, ont poursuivi les États-Unis, érode la crédibilité de l’Assemblée car elle envoie un message tronqué au Hamas, mine les efforts diplomatiques et ne reconnaît pas le droit à Israël de se défendre. 

Avant la mise aux voix, la Libye a lancé un avertissement: ceux qui voteront contre la résolution en poussant leur bouton rouge auront du sang sur les mains. Placez-vous du bon côté de l’histoire, a enjoint, avec des mots appuyés, le Venezuela, au nom du Groupe des amis pour la défense de la Charte des Nations Unies.  Il a dénoncé la « complicité » des États-Unis avec la Puissance occupante, et vu dans la succession des vetos américains « un feu vert » à de nouvelles violences. 

La Fédération de Russie n’a pas dit autre chose.  Il est inacceptable, a déclaré le Président de l’Assemblée générale, que le massacre de civils innocents se poursuive sans qu’« aucune fin ne soit en vue ».  Il est inacceptable que des otages continuent d’être retenus.  Il est inacceptable que les civils soient délibérément privés de nourriture, d’eau et de médicaments, s’est emporté M. Philémon Yang. 

Si l’Assemblée générale veut maintenir sa crédibilité et faire preuve de clarté morale, toute résolution sur Gaza doit débuter avec la condamnation du Hamas et des atrocités commises le 7 octobre 2023, a semblé répondre Israël, en se demandant d’où vient la volonté des États Membres de l’ONU « d’effacer les évènements du 7 octobre ».  Ce « parti pris » a été dénoncé par la Tchéquie qui s’est abstenue.

Tout en ayant voté en faveur de la résolution, le Japon a aussi regretté l’absence d’une condamnation sans équivoques des actes de terreur odieux perpétrés par le Hamas. Le Hamas qui doit en être comptable, a insisté le Royaume Uni, avant de voter pour la résolution. 

La majorité des délégations ont, en outre, soutenu les efforts de médiation menés par l’Égypte, les États-Unis et le Qatar et exhorté toutes les parties à consentir des efforts sincères pour mettre fin à ce cauchemar.  Elles ont également souhaité que la résolution se traduise par des progrès tangibles sur le terrain, parce que chaque jour qui passe, c’est la vie de centaines de Palestiniens qui est perdue, s’est lamenté l’Observateur permanent de l’État de Palestine. 

Cette situation odieuse, illégale et immorale ne peut plus durer, a-t-il supplié. Quelques soient les prétextes invoqués, ils ne rendront jamais nobles, l’exécution de civils, a fait valoir la Chine.

La seule façon viable de régler ce conflit qui déchire deux peuples depuis des décennies, est de définir un horizon politique basé sur la solution des deux États, ont plaidé la majorité des intervenants. 

Rendez-vous a été donné aux États Membres à la Conférence internationale de haut niveau pour le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution des deux États.  Prévue la semaine prochaine à New York, sous la coprésidence de la France et de l’Arabie saoudite, cette conférence sera l’occasion de montrer la détermination à créer un avenir meilleur où les peuples de Palestine et d’Israël pourront vivre dans la paix, la sécurité et la dignité, et dans leur propre État indépendant et souverain. 

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