En cours au Siège de l'ONU

Le Comité spécial de la Charte ouvre sa session annuelle

Session de 2025
312e& 313e séances plénières – matin & après-midi
L/3303

Le Comité spécial de la Charte ouvre sa session annuelle

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse n’a pas pu couvrir ces séances.)

Le Comité spécial de la Charte des Nations Unies et du raffermissement du rôle de l’Organisation a lancé aujourd’hui sa session de 2025, qui durera jusqu’au 26 février.

Au cours de ses discussions, le Comité doit aborder les questions du « maintien de la paix et de la sécurité internationales » et du « règlement pacifique des différends », avant d’examiner les voies et moyens d’améliorer les méthodes de travail.  Le Comité, qui est un organe subsidiaire de l’Assemblée générale, doit également examiner diverses propositions de ses membres pour identifier de nouveaux sujets.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Les membres d’un Conseil de sécurité divisé tirent des leçons bien différentes de l’échec de l’accord de Minsk II, 10 ans après son adoption

9859e séance – matin    
CS/15996.doc.htm

Les membres d’un Conseil de sécurité divisé tirent des leçons bien différentes de l’échec de l’accord de Minsk II, 10 ans après son adoption

Ce matin, le Conseil de sécurité s’est réuni pour marquer le dixième anniversaire de sa résolution 2202 (2015), par laquelle ses membres avaient approuvé l’accord de Minsk II, signé le 12 février 2015 pour mettre fin à la guerre du Donbass, en Ukraine.  Alors que les divergences sur ce dossier persistent, la délégation russe a posé aujourd’hui ses conditions à une paix durable dans le pays qu’elle a envahi « à grande échelle » en 2022, selon le Sous-Secrétaire général pour l’Europe, l’Asie centrale et les Amériques.

Cette séance anniversaire, a estimé M. Miroslav Jenča, donne l’occasion de réfléchir aux raisons pour lesquelles les efforts de paix échouent parfois.  Il a encouragé les membres du Conseil à tirer les leçons de la décennie écoulée, en plaidant pour une volonté politique véritable et une compréhension du caractère « complexe et multidimensionnel » du conflit en Ukraine.  L’ONU est prête à user de ses bons offices et à mettre à disposition tous ses outils et son expérience à l’appui de ces efforts, a-t-il assuré.

Ce sont d’autres leçons que la Fédération de Russie a souhaité tirer de l’échec de Minsk II, qu’elle a attribué au « régime de Kiev ». Pour elle, les pays de l’Union européenne, « totalement incapables d’honorer leurs engagements », ne peuvent être parties prenantes à aucun accord futur sur le règlement de la crise en Ukraine, en raison notamment de leur « russophobie caverneuse ». La délégation a également estimé que le cessez-le-feu et le gel du conflit ukrainien le long de la ligne de contact « ne sont pas en soi des garanties de règlement », les Européens ne cachant pas qu’en cas de cessation des combats, « ils entendent s’engager dans la démolition de l’Ukraine et la préparer à une reprise de la guerre », a-t-elle tonné. 

En outre, le représentant russe a estimé qu’établir une paix durable en Ukraine suppose d’éliminer les causes profondes du conflit et, par conséquent, d’offrir à la population russophone les garanties prévues dans les accords de Minsk.  « Tout cela reste d’actualité, à la seule différence que l’Ukraine a désormais perdu irrévocablement, non seulement la Crimée, mais aussi les Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, ainsi que les régions de Kherson et de Zaporojie, qui font désormais partie de la Russie », a-t-il tranché, jugeant nécessaire de « corriger la situation dans les régions qui sont encore sous le contrôle de Kiev ».

Des propos avec lesquels contrastaient ceux du musicien Roger Waters, invité une fois de plus par la Russie à s’adresser au Conseil, où le cofondateur de Pink Floyd a parlé « d’amour et de paix » et des lettres envoyées à l’épouse du Président ukrainien ou au Président russe pour promouvoir le dialogue. Il s’est d’ailleurs félicité de la conversation téléphonique de M. Vladimir Putin avec son homologue américain, M. Donald Trump, y voyant une « lueur d’espoir ».

À partir du moment où ce conflit se déroule en Europe, l’Europe à un rôle à jouer, a tempéré la Chine, estimant que toutes les parties devront prendre part aux pourparlers de paix afin de parvenir à un accord « juste, durable, contraignant et acceptable pour tous ».  Regrettant l’échec des accords de Minsk, cette délégation a elle aussi rappelé les propositions de son Président, M. Xi Jinping, dont le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, les efforts de médiation visant le cessez-le-feu et le règlement politique du conflit en coopération avec le Brésil et d’autres pays pour créer un groupe des amis destiné à tirer parti de la sagesse collective du « Sud global ». 

De leur côté, les États-Unis, « engagés à mettre fin au carnage et à rétablir la stabilité en Europe », ont tancé la Fédération de Russie pour n’avoir jamais mis en œuvre les accords de Minsk.  Cependant, rechercher à tout prix à revenir aux frontières d’avant 2014 en Ukraine est irréaliste et ne fera que perpétuer la guerre, a analysé la délégation américaine, en considérant que l’invasion avait constitué une « erreur stratégique » pour la Russie.

En signant les accords de Minsk, celle-ci avait la possibilité d’assurer la paix, a pour sa part estimé le Royaume-Uni.  Or c’est en déclarant qu’ils « n’existaient plus » que le Président Putin a justifié son invasion à grande échelle de l’Ukraine, a soutenu la représentante britannique, appelant à rejeter les tentatives de Moscou de détourner l’attention du Conseil de ses atrocités.  Pour sa délégation, les conditions préalables aux négociations qu’exige Putin sont « inacceptables ».  Si l’on veut créer les conditions d’une paix juste et durable, « l’Ukraine doit être au cœur de toutes les négociations, et en position de force ».

En Ukraine, a apostrophé la France, il y a un agresseur, la Russie, qui viole le droit international et a attaqué un État souverain , et il y a un agressé, l’Ukraine, qui, en vertu de la Charte des Nations Unies, dispose du droit de se défendre.  La Russie, a poursuivi le représentant français, n’a cessé d’attiser les tensions dans le Donbass et s’est employée à déstabiliser l’Ukraine, tout en répétant son engagement à mettre en œuvre les accords de Minsk pendant huit ans.  En déclenchant sa guerre d’agression contre l’Ukraine, elle a, seule, fait voler en éclats les accords de Minsk, mettant ainsi fin au dialogue et à la négociation.  La Russie, a exigé la délégation française, doit respecter l’ordonnance de la Cour internationale de Justice, qui lui a demandé, le 16 mars 2022, de suspendre immédiatement ses opérations militaires.  Pour sa part, Paris est prête à renforcer son soutien à l’Ukraine et le maintiendra aussi longtemps que nécessaire, a-t-elle assuré.

La réunion d’aujourd’hui, a indiqué l’Allemagne, renvoie aux efforts diplomatiques conjoints de Paris et Berlin pour soutenir les négociations de paix après l’agression de la Russie en 2014 notamment dans le cadre du « format Normandie ».  Après leur approbation par le Conseil en 2015, les accords de Minsk ont permis de réduire considérablement la violence déclenchée par la Russie, esquissant une solution politique fondée sur l’ordre constitutionnel en Ukraine.  Après de premiers progrès, la Russie a commencé à saper systématiquement le processus et à violer les accords de Minsk, a déploré la délégation allemande.

L’Ukraine a souligné que la résolution 2202 (2015) reste un message important du Conseil aux parties, dont la Fédération de Russie, pour qu’elles mettent en œuvre les accords de Minsk.  Elle a accusé cette dernière d’avoir violé le paragraphe 4 du Protocole de Minsk du 5 septembre 2014, qui envisageait l’établissement d’une zone de sécurité à la frontière commune entre leurs deux pays.  Selon l’Ukraine, tout engagement de paix impliquant le Kremlin doit inclure des mécanismes de mise en œuvre et des mesures préventives.  Des accords faibles ne peuvent conduire à une paix réelle, a mis en garde la délégation, pour qui la paix ne peut s’acheter, « surtout pas en foulant au pied le droit international. »


MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Exposés

M. MIROSLAV JENČA, Sous-Secrétaire général pour l’Europe, l’Asie centrale et les Amériques, a dit que dans une semaine, cela fera trois ans qu’a débuté l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie, en violation de la Charte des Nations Unies et du droit international.  Cette invasion a en réalité commencé en 2014, avec la tentative d’annexion illégale par la Fédération de Russie de la Crimée et de la ville de Sébastopol, suivie du déclenchement des combats dans les régions de Donetsk et de Luhansk, dans l’est de l’Ukraine.  Le nombre de victimes civiles ne cesse d’augmenter et l’impact mondial de la guerre de se faire ressentir bien au-delà de ce pays, a noté le haut fonctionnaire. 

Le dixième anniversaire de la résolution 2202 (2015), a estimé M. Jenča, est l’occasion de rappeler les efforts diplomatiques passés en faveur d’une désescalade et d’un règlement pacifique du conflit et de réfléchir lorsque les efforts de rétablissement de la paix échouent.  Depuis le début du conflit, l’ONU est restée attachée à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine, à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues.  L’ONU a constamment soutenu les différents processus et mécanismes diplomatiques visant à rétablir la paix et la sécurité en Ukraine comme dans le format Normandie de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) au sein du Groupe de contact trilatéral, en mettant l’accent sur la mise en œuvre des accords de Minsk de 2014 et 2015.

Conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, l’ONU a mis son expertise et son expérience internationale à la disposition de l’OSCE et de sa Mission spéciale d’observation en matière de surveillance du cessez-le-feu et le programme pour les femmes et la paix et la sécurité, a rappelé le Sous-Secrétaire général.  L’ONU a contribué à maintenir le dialogue pour tenter de réduire les tensions et prévenir l’escalade, a-t-il poursuivi.  Se référant au Pacte pour l’avenir, le haut fonctionnaire a dit que le rôle des organisations régionales et sous-régionales dans la diplomatie, la médiation et le règlement pacifique des différends reste essentiel, y compris en Europe. 

Poursuivant, M. Jenča a encouragé à tirer les leçons des 10 dernières années de conflit et de rétablissement de la paix afin de réussir une paix juste, durable et globale en Ukraine.  Le Secrétaire général a souligné, à plusieurs reprises, que tout règlement pacifique doit respecter la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, conformément à la Charte des Nations Unies, au droit international et aux résolutions de l’Assemblée générale, a-t-il martelé.  Dans le Pacte pour l’avenir, les États Membres se sont engagés à promouvoir la coopération et la compréhension entre les États afin de désamorcer les tensions, de régler les différends de manière pacifique et de résoudre les conflits. Cette approche doit également s’appliquer pour mettre fin à la guerre en Ukraine. 

Les accords de Minsk ont démontré que l’accord sur un cessez-le-feu ou la signature d’un accord ne garantissent pas à eux seuls une fin de la violence à long terme, a souligné M. Jenča.  Pour veiller à ce que le conflit ne s’intensifie pas, il faudra une véritable volonté politique et comprendre son caractère complexe et multidimensionnel pour l’Ukraine et pour la région.  M. Jenča a donc appelé les parties prenantes à redoubler d’efforts pour mettre fin aux combats.  Il faut préparer le terrain à une paix juste.  « L’ONU est prête à user de ses bons offices et à mettre à disposition tous ses outils et son expérience à l’appui de ces efforts », a-t-il précisé en conclusion.

M. ROGER WATERS, musicien anglais et militant de la paix, a pris la parole par visioconférence pour préciser qu’il est certes musicien, mais qu’il prend la parole pour parler d’amour et de paix.  Il a évoqué la division pro et antirusse dans la société ukrainienne, soulignant les affrontements à la place Maïdan en novembre 2014 et la réhabilitation par certains de Stepan Bandera, figure controversée de l’extrême droite ukrainienne.  M. Waters a fait un bref aperçu de la chronologie des événements en Ukraine depuis 2014, évoquant les accords de Minsk et les péripéties et tensions ayant mené à la guerre en février 2022.  L’activiste a parlé de ses propres initiatives en faveur de la paix, comme des lettres envoyées à l’épouse du Président ukrainien ou au dirigeant russe. Il a indiqué leur avoir dit que la paix n’est possible qu’avec le dialogue.  Il a salué le fait que les Présidents Trump et Putin se soient parlé au téléphone. Même si c’est un peu tard, c’est tout de même une lueur d’espoir, a conclu le militant de la paix.

 

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Sanctions contre le Soudan: le Conseil de sécurité proroge jusqu’au 12 mars 2026 le mandat du Groupe d’experts, en dépit du « bon sens » selon certains membres

9860e séance – matin
CS/15997

Sanctions contre le Soudan: le Conseil de sécurité proroge jusqu’au 12 mars 2026 le mandat du Groupe d’experts, en dépit du « bon sens » selon certains membres

En adoptant la résolution 2772 (2025) par 13 voix pour et 2 abstentions, celles de la Chine et de la Fédération de Russie, ce matin, le Conseil de sécurité a prorogé jusqu’au 12 mars 2026 le mandat du Groupe d’experts sur le Soudan créé par la résolution 1591 (2005) du Conseil de sécurité.  Ce comité surveille l’application des mesures de sanction et désigne les individus frappés d’un gel des avoirs ou d’une interdiction de voyager.  Le Conseil réexaminera ce mandat au plus tard le 12 février 2026 et le prorogera encore s’il y a lieu. 

Si les États-Unis, délégation porte-plume, ont insisté sur l’importance de cette adoption en vue d’une solution politique au Soudan, les délégations n’ont pas ménagé leurs critiques, à l’instar de la Chine, qui a jugé qu’elle allait à l’encontre du « bon sens ».  En effet, le régime de sanctions au Soudan est le seul où le mandat du Groupe d’experts n’est pas harmonisé avec la durée dudit régime, a fait observer la Chine, appuyée par le Pakistan et le Guyana, au nom du Groupe des A3+ (Algérie, Sierra Leone, Somalie et Guyana). 

Ces pays ont rappelé qu’en prorogeant de 12 mois le mandat du Groupe d’experts le Conseil préjuge de la décision qui sera prise en septembre, lorsqu’il devra se pencher sur le renouvellement du régime de sanctions.  C’est une anomalie qui doit être corrigée, a déclaré la Chine, en déplorant le manque de volonté politique à cet égard.  La Chine a accusé le pays porte-plume de ne pas vouloir le consensus, avant de l’exhorter « à assumer ses responsabilités ». 

Le mandat du Groupe aurait dû être prorogé de six mois afin de prendre en compte toutes les préoccupations exprimées, a appuyé le Pakistan, en déplorant le manque de souplesse lors des négociations.  Le Guyana a également pointé cette « incohérence » et rappelé que les sanctions ne sont qu’un outil parmi d’autres à la disposition du Conseil, toute conséquence imprévue devant être évitée. 

La Fédération de Russie a rappelé que les activités du Groupe d’experts ne doivent pas être utilisées comme un « bélier » contre les intérêts du peuple soudanais et de son gouvernement.  Elle a d’autre part estimé que toute velléité d’étendre le régime de sanctions au-delà du Darfour serait « inacceptable », avant d’affirmer que les restrictions imposées depuis 20 ans n’ont « rien apporté d’utile au peuple soudanais ». 

Tout en saluant le fait que la délégation porte-plume a accepté de retirer du texte des libellés sans lien avec le travail du Groupe d’experts, la délégation russe lui a reproché de n’avoir pas pleinement exploité les possibilités de dialogue avec les Soudanais.  Le Royaume-Uni a, au contraire, regretté que certains éléments du libellé antérieur aient été supprimés, en particulier ceux qui exhortaient les parties à mettre un terme aux violations du droit international et aux attaques contre les civils. 

Dans la résolution adoptée, il est précisé que le Conseil de sécurité attend du Groupe d’experts un rapport d’activité d’ici au 12 août 2025 et un rapport final au plus tard le 13 janvier 2026, en plus d’un rapport actualisé sur ses activités tous les trois mois. 

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RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Texte du projet de résolution (S/2025/93)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses précédentes résolutions concernant le Soudan, notamment les résolutions 1591 (2005), 1651 (2005), 1665 (2006), 1672 (2006), 1713 (2006), 1779 (2007), 1841 (2008), 1891 (2009), 1945 (2010), 1982 (2011), 2035 (2012), 2091 (2013), 2138 (2014), 2200 (2015), 2265 (2016), 2340 (2017), 2400 (2018), 2455 (2019), 2508 (2020), 2562 (2021), 2620 (2022), complétée par les résolutions 2664 (2022), 2676 (2023), 2725 (2024) et 2750 (2024), la déclaration de son président en date du 11 décembre 2018 (S/PRST/2018/19) et ses déclarations à la presse,

Considérant que la situation qui règne au Soudan continue de menacer la paix et la sécurité internationales dans la région,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Décide de proroger jusqu’au 12 mars 2026 le mandat du Groupe d’experts initialement constitué en application de la résolution 1591 (2005), qu’il a déjà prorogé par ses résolutions 1779 (2007), 1841 (2008), 1945 (2010), 2035 (2012), 2138 (2014), 2200 (2015), 2265 (2016), 2340 (2017), 2400 (2018), 2455 (2019), 2508 (2020), 2562 (2021), 2620 (2022), 2676 (2023) et 2725 (2024), réaffirme le mandat du Groupe d’experts tel qu’il a été établi dans ses résolutions et prie le Groupe d’experts de soumettre au Comité créé par la résolution 1591 (2005) concernant le Soudan (« le Comité ») un rapport d’activité, le 12 août 2025 au plus tard, et de lui présenter, après concertation avec le Comité et au plus tard le 13 janvier 2026, un rapport final comportant ses conclusions et recommandations, et prie également le Groupe d’experts de soumettre tous les trois mois au Comité un rapport actualisé sur ses activités, notamment ses déplacements, et de rendre compte de l’application des dispositions du paragraphe 10 de la résolution 1945 (2010) et de leur efficacité, déclare son intention de réexaminer ce mandat au plus tard le 12 février 2026 et de le proroger s’il y a lieu et encourage toutes les parties et tous les États Membres, ainsi que les organisations internationales, régionales et sous-régionales, à veiller à une coopération constante avec le Groupe d’experts et à la sécurité de ses membres;

2.    Décide de rester saisi de la question.

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Commission du développement social: appels à accélérer l’action à tous les niveaux et par toutes les parties prenantes pour réaliser le Programme 2030

Soixante-troisième session,
10e séance plénière – après-midi
SOC/4923

Commission du développement social: appels à accélérer l’action à tous les niveaux et par toutes les parties prenantes pour réaliser le Programme 2030

La Commission du développement social a clos, cet après-midi, sa soixantième-troisième session dont le thème était « Renforcer la solidarité, l’inclusion sociale et la cohésion sociale pour accélérer la réalisation des engagements pris dans la Déclaration de Copenhague sur le développement social et le Programme d’action du Sommet mondial pour le développement social ainsi que la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ». 

Entamée le 10 février, la session s’est achevée en approuvant par consensus sept textes (résolutions propres à la Commission ou projets de résolution à entériner par le Conseil économique et social).  Dans son texte phare, la Commission alerte sur l’urgence à accélérer l’action à tous les niveaux, et par toutes les parties prenantes, pour réaliser la vision et les objectifs du Programme 2030, à cinq ans de l’échéance. 

Ce texte adresse plusieurs demandes aux États Membres, notamment d’adopter des mesures pour lutter contre la traite des personnes, le trafic illicite de migrants, l’esclavage moderne et les formes d’exploitation sexuelle et autres dont sont victimes les personnes en situation de pauvreté.  Par ailleurs, la Commission demande aux États Membres de protéger les droits des travailleurs et de renforcer les partenariats et la solidarité intergénérationnels.  Elle les encourage aussi à accroître les investissements dans le développement social, notamment par la mobilisation de ressources nationales pour les politiques sociales. 

Dans ses commentaires, la Fédération de Russie s’est dissociée de la « formulation inacceptable » des mentions faites au Pacte pour l’avenir dans plusieurs des projets de résolution examinés par la Commission.  En septembre 2024, lors de l’adoption du Pacte, la Russie avait en effet exprimé sa déception du fait de l’absence, à son avis, de véritables pourparlers intergouvernementaux.  La délégation a également rappelé qu’elle rejette l’utilisation de terminologies controversées s’agissant du terme « genre », qui pour elle se réfère à la notion de sexe biologique.  Il en va de même lorsque le terme « inégalité » est utilisé au pluriel, a-t-elle ajouté.

Le terme « genre » doit être compris comme se référant uniquement au sexe biologique, c’est-à-dire aux hommes et aux femmes, a appuyé le Burundi, en se référant à l’annexe IV de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes tenue de Beijing.  De plus, le Burundi n’a pas soutenu la formulation « formes multiples et croisées de discrimination ».  « Nous tenons à souligner que l’utilisation de tels termes dans cette résolution n’implique pas un mandat pour promouvoir des catégories controversées qui ne sont pas internationalement convenues. »  Agir ainsi sape la coopération multilatérale et compromet la démocratie, a ajouté la délégation. 

Même son de cloche du côté du Sénégal, qui a aussi rejeté l’usage de termes non consensuels dans cette résolution, « qui ne facilitent pas l’adhésion de tous les acteurs ».  Pour le pays, qui a rejeté les mêmes termes, le concept de « genre » et toutes les terminologies qui pourraient lui être associées ne sauraient faire référence aux rapports sociaux entre hommes et femmes.

Des résolutions incluant les jeunes comme la population vieillissante

Présentée par l’Iraq, la résolution (E/CN.5/2025/L.5) intitulée « Aspects sociaux du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique » encourage les pays d’Afrique à renforcer et à développer, au moyen d’investissements nationaux ou étrangers, les infrastructures locales et régionales et les infrastructures matérielles et immatérielles résilientes face aux changements climatiques.  Elle engage les États Membres d’Afrique, leurs partenaires de développement et les institutions multilatérales à soutenir la mise en œuvre opérationnelle rapide de la Zone de libre-échange continentale africaine, notamment en investissant dans le renforcement des chaînes de valeur régionales pour faciliter les échanges commerciaux en Afrique. 

Dans sa résolution intitulée « Politiques et programmes mobilisant les jeunes » (E/CN.5/2025/L.3), présentée par le Portugal, la Commission du développement social demande aux États Membres de poursuivre la mise en œuvre du Programme d’action mondial pour la jeunesse, notamment ses 15 domaines d’activité prioritaires interdépendants.  En outre, la résolution demande aux donateurs, y compris les États Membres et les organisations intergouvernementales et non gouvernementales, de contribuer activement au Fonds des Nations Unies pour la jeunesse afin de faciliter la participation des représentants des jeunes des pays en développement aux activités de l’ONU. 

Après l’adoption du projet de résolution, la Hongrie a rappelé sa position concernant le lien entre migration et développement.  Elle a fait valoir que la migration ne s’accompagne pas toujours d’opportunités pour tous les pays impliqués.  Selon elle, il serait préférable d’autonomiser les jeunes pour qu’ils puissent s’épanouir dans leur propre pays. 

La Commission a ensuite recommandé à l’ECOSOC d’adopter le projet de résolution (E/CN.5/2025/L.6) intitulé « Modalités du cinquième cycle d’examen et d’évaluation du Plan d’action international de Madrid de 2002 sur le vieillissement » dans lequel elle fait sien le calendrier du cinquième cycle d’examen et d’évaluation, présenté dans le rapport du Secrétaire général, qui indique notamment que l’examen au niveau mondial aura lieu en 2028. 

Djibouti a appuyé ce projet de résolution, fruit des efforts du Groupe des États d’Afrique.  Il a rappelé que l’absence de solidarité et d’inclusion sociale entrave les progrès en matière de développement social et renforce les inégalités en hypothéquant l’emploi, notamment pour ceux qui qui sont en situation vulnérable.  Selon lui, la mise en œuvre de politiques réduisant ces risques et renforçant la solidarité devrait permettre de s’atteler à ces questions. Toutefois, a-t-il ajouté, il faut s’assurer de mobiliser plus de ressources pour les pays en développement afin de les aider à renforcer leur système de protection sociale et à réduire la pauvreté.  Près de 30 ans après la Déclaration de Copenhague, le programme social a le potentiel d’accélérer Programme 2030 si chacun sort de ses visions étriquées, a-t-il conclu.

La Commission a de plus adopté un projet de résolution (E/CN.5/2025/L.7) pour fixer le thème prioritaire de sa soixante-quatrième session: « Promouvoir le développement social et la justice sociale au moyen de politiques coordonnées, équitables et inclusives ». 

Postes à pourvoir à l’UNRISD

Par ailleurs, afin de pourvoir à des postes au Conseil d’administration de l’Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social (UNRISD), la Commission a décidé de présenter la candidature de M. Olivier de Schutter (Belgique) et de Mme Graziella Moraes Silva (Brésil) pour un mandat supplémentaire prenant effet à la date de sa confirmation par l’ECOSOC et expirant le 30 juin 2027, ainsi que Mme Jenina Joy Chavez (Philippines) pour un mandat de quatre ans prenant effet à la date de sa confirmation par l’ECOSOC et expirant le 30 juin 2029.

Le bilan de la session

Le Président de cette session, M. Krzysztof Maria Szczerski (Pologne) s’est félicité des travaux menés de cette semaine sur les problèmes multiformes qui entravent le progrès social.  Il s’est dit convaincu que la transformation sociale souhaitée ne pourra avoir lieu sans s’attaquer aux causes profondes des inégalités, sans donner plus d’autonomie à tous les individus et sans favoriser un environnement où chaque voix est entendue et valorisée. 

« Nos discussions ont mis en évidence le caractère central de l’égalité des sexes, des droits humains et de la promotion de la cohésion sociale », a salué M. Szczerski, rappelant que le renforcement des systèmes de protection sociale et l’assurance d’un accès équitable à la santé, à l’éducation, à un travail décent et au logement sont essentiels pour créer des sociétés plus justes et plus inclusives. 

Ces progrès doivent non seulement être inclusifs mais aussi durables, compte tenu du réseau complexe de défis tels que les changements climatiques, la fracture numérique et les changements démographiques qui façonnent notre avenir collectif, a poursuivi le Président de la Commission, avant de louer les exemples de la Finlande sur l’économie du bien-être, les efforts de l’Ouganda pour autonomiser les populations vulnérables, et l’engagement du Brésil à éradiquer la faim.  Il y a vu de précieuses leçons de résilience. 

M. Szczerski s’est aussi réjoui de la reconnaissance par la Commission de l’importance croissante de l’économie sociale et solidaire, en particulier des coopératives, qui continuent d’apporter une contribution significative à l’économie mondiale.  En remédiant aux défaillances du marché, en créant des emplois, en donnant plus de pouvoir aux communautés marginalisées et en soutenant le développement durable, les coopératives incarnent les principes de coopération volontaire, d’entraide et de primauté de l’objectif social sur le profit, a-t-il relevé, appelant à soutenir davantage ce secteur. 

Il a enfin estimé que le deuxième Sommet mondial pour le développement social, qui se tiendra en novembre à Doha, est l’occasion de redéfinir les priorités et de renouveler notre détermination collective. « Il est essentiel que nous restions déterminés à poursuivre les réformes structurelles, la réduction de la pauvreté et des inégalités, la promotion d’emplois de qualité, l’élimination des obstacles à l’éducation et à la technologie et la création de systèmes de protection sociale résilients capables de résister aux chocs de notre monde en constante évolution », a-t-il plaidé, non sans rappeler que la paix et la sécurité sont inextricablement liées au développement social. 

Avant de clore la soixante-troisième session, la Commission a entériné le rapport sur ses travaux (E/CN.5/2025/L.2), présenté par la Vice-Présidente et Rapporteuse, Mme Paola Andrea Morris Garrido (Guatemala), et adopté l’ordre du jour provisoire et la documentation de sa soixante-quatrième session (E/CN.5/2025/L.1).

Ouverture de la soixante-quatrième session

La première réunion de la soixante-quatrième session de la Commission s’est ouverte avec l’élection de Mme Khrystyna Hayovyshyn (Ukraine) à sa présidence.  Elle sera épaulée par Mme Céline Pierre Fabre (Haïti) et M. Stefano Guerra (Portugal) à la vice-présidence.  L’élection des représentants issus du Groupe des États d’Afrique et du Groupe des États d’Asie et du Pacifique aura lieu à une date ultérieure. 

 

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La Commission du développement social se prépare au deuxième Sommet mondial pour le développement social avec les commissions régionales

Soixante-troisième session,
8e et 9e séances plénières – matin & après-midi
SOC/4922

La Commission du développement social se prépare au deuxième Sommet mondial pour le développement social avec les commissions régionales

La quatrième journée de la soixante-troisième session de la Commission du développement social a été consacrée, en partie, à préparer le deuxième Sommet mondial pour le développement social, qui se tiendra en novembre à Doha (Qatar).  Les participants ont ainsi dialogué, le matin, avec de hautes et hauts responsables du système des Nations Unies pour préparer cette rencontre, avant de tenir l’après-midi un dialogue multipartite sur la solidarité et la cohésion sociale à travers les coopératives et l’économie sociale et solidaire.  Le rôle et la participation de la société civile -avant, pendant et après le Sommet- ont animé les discussions. 

Des politiques sociales résilientes sont absolument nécessaires dans le contexte actuel (conflits, instabilité économique, stress climatique et transformation numérique), a relevé tout d’abord la Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO) dans le cadre du premier dialogue concernant les préparatifs du Sommet.  La CESAO a engagé des consultations avec ses États membres pour identifier leurs priorités lors du Sommet, en mettant l’accent précisément sur la résilience des politiques sociales face aux conflits et à l’instabilité.

L’emploi reste au cœur du développement social, a dit l’oratrice qui a plaidé en faveur de politiques garantissant des emplois décents et l’accessibilité à la formation professionnelle.  Elle a souligné l’importance de l’équité intergénérationnelle, qui nécessite la viabilité des systèmes de retraite et la transmission des savoirs entre les générations.  Elle a relevé à cet égard l’importance cruciale de la technologie et de la transformation numérique, à condition qu’elles soient gérées de manière inclusive.  Face à la fracture numérique dans la région arabe, il faut adopter des politiques d’inclusion numérique, a donc recommandé la Secrétaire exécutive avant de prôner l’intégration des principes de transition juste dans l’action climatique.  Les politiques vertes créent des emplois et renforcent les économies locales, a-t-elle justifié.

Coalition mondiale pour la justice sociale

Le deuxième Sommet mondial pour le développement social est justement l’occasion de proposer une réponse collective et inclusive aux défis mondiaux tels que l’innovation technologique, les changements climatiques et les tensions géopolitiques, a estimé la Directrice générale adjointe pour les relations extérieures et avec les entreprises de l’Organisation internationale du travail (OIT), s’exprimant au nom du Directeur général.  Elle a rappelé l’importance du premier Sommet mondial, en 1995, qui avait conduit à la création du programme pour un travail décent de l’OIT.  Elle a mis en avant la nécessité de systèmes de protection sociale réactifs face aux perturbations climatiques et économiques et plaidé pour une protection sociale universelle, regrettant que 3,8 milliards de personnes en soient privées.  L’OIT recommande des engagements concrets pour réduire le chômage des jeunes, qui touche un jeune sur cinq dans le monde, a-t-elle dit.

L’emploi des jeunes est d’ailleurs un des domaines sur lesquels travaille la Coalition mondiale pour la justice sociale, récemment créée par l’OIT, qui compte 330 partenaires, dont 90 gouvernements et 23 organisations internationales, des partenaires sociaux, des ONG et des membres du secteur privé.  La Coalition met également l’accent sur l’impact de l’intelligence artificielle et de la numérisation sur le travail, ainsi que sur la résilience humaine face aux perturbations environnementales et l’emploi des jeunes.  Le but recherché est d’arriver à un contrat social mondial renouvelé pour gérer les transitions mondiales avec une approche centrée sur l’humain, a expliqué la Directrice générale adjointe. 

Les contributions de la région Amérique latine et Caraïbes au deuxième Sommet mondial ont ensuite été présentées par le spécialiste des questions sociales à la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), qui a souligné l’importance d’avoir des systèmes de protection sociale universels et des politiques d’inclusion dans le monde du travail.  Il a mis en avant la nécessité de renforcer les institutions sociales et de promouvoir la coopération multilatérale pour un développement social inclusif.

Évaluer les progrès accomplis depuis la Déclaration de Copenhague

Le deuxième Sommet mondial pour le développement social, selon la Directrice de l’Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social (UNRISD), devra être l’occasion d’évaluer les progrès accomplis depuis la Déclaration de Copenhague de 1995.  Elle a réaffirmé les engagements de son Institut en faveur de l’éradication de la pauvreté, du travail décent pour tous et de l’intégration sociale, tout en relevant les défis contemporains tels que les inégalités, les changements climatiques et l’instabilité mondiale.

L’UNRISD est une institution dédiée à la recherche sur les dimensions sociales du développement. Avec plus de 60 ans de recherche appliquée et un réseau de 20 000 experts, l’UNRISD est bien placée pour faciliter des consultations inclusives et élaborer des solutions fondées sur des données probantes.  Ces consultations mondiales et régionales visent à recueillir divers points de vue sur les défis urgents en matière de développement social et les solutions réalisables, assurant ainsi une base solide et inclusive pour les résultats du Sommet de 2025.

En vue du deuxième Sommet mondial social, la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) prépare, elle, plusieurs initiatives importantes, a dit son Directeur de la Division du développement social citant la réunion du 10 octobre 2024 qui a mis en évidence les principales priorités pour la région.  Une consultation multipartite est également prévue la veille du Forum Asie-Pacifique pour le développement durable, le 24 février 2025, qui sera axée sur le travail décent et l’emploi, l’évolution démographique, la protection sociale, le genre, la gouvernance et les partenariats. 

L’objectif est de faire émerger des solutions et des suggestions pour éclairer les discussions mondiales au cours du deuxième Sommet.  La CESAP, a déclaré le Directeur, appelle à la solidarité intergénérationnelle face aux transitions démographiques rapides dans la région, à des systèmes de protection sociale solides pour assurer un développement social inclusif et durable. Elle fait aussi appel pour une inclusion numérique des femmes et des communautés mal desservies. 

L’Afrique présentera ses cinq priorités au Somment, a enfin annoncé le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA).  En premier, ce sera l’éradication de la pauvreté et des inégalités sociales. Viennent ensuite le plein emploi productif et le travail décent pour tous.  Le haut responsable a ajouté à cette liste l’intégration sociale et la lutte contre l’exclusion et contre toutes formes de discrimination.  Il a également appelé à mettre en place une protection sociale universelle pour tous, y compris pour les plus vulnérables.  Enfin, le Secrétaire exécutif a présenté, comme cinquième priorité africaine, l’éducation et l’apprentissage tout au long de la vie.

Rôle et participation de la société civile

La société civile participera-t-elle aux préparatifs du Sommet et au Sommet lui-même, ont demandé l’Union européenne et les organisations des jeunes en lançant la discussion interactive.  En réponse à cette question, le Directeur de la CESAP a rappelé que la dimension tripartite qui était en vigueur au premier Sommet à Copenhague le sera aussi à Doha.  Comme le document final n’est pas encore convenu, la contribution de tous les acteurs y compris celles de la société civile sont la bienvenue, a-t-il assuré. La Directrice de l’UNRISD a encouragé les États Membres à organiser avant le Sommet leurs propres consultations nationales avec la participation des membres de leur société civile.  Elle les a prié d’intégrer des représentants des ONG dans leurs délégations respectives au Sommet. 

L’Iran, qui a réitéré que sans accès aux financements, il n’y a pas de justice sociale, a demandé aux intervenants de préciser les mécanismes dont nous aurons besoin pour évaluer le deuxième Sommet mondial social.  Qui fera le suivi de la Déclaration de Doha?  La Secrétaire exécutive de la CESAO a reconnu que les problèmes de liquidités subies par l’ONU et ses entités ne permettent pas d’organiser des consultations pour écouter tout le monde.  Elle a souligné l’importance de la disponibilité, de l’accessibilité et de la durabilité du financement et des solutions aux problèmes sociaux.  Elle a prié de faire en sorte que la Déclaration du Sommet soit assortie d’engagements et non de promesses. 

« Comment envisagez-vous les processus régionaux pour atteindre les ODD? » a demandé à son tour le Brésil en s’adressant à la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes qui a réitéré que les organisations régionales sont essentielles parce qu’elles permettent aux pays de travailler ensemble sur la voie du développement social.  Le Brésil a lui aussi martelé l’importance de la participation de la société civile dans ces processus régionaux. 

Le rôle crucial de la société civile est la boussole du Sommet, a reconnu le modérateur.  La déclaration politique qui en sortirait devrait promouvoir et protéger la participation de la société civile, en veillant à ce que les discussions ne se limitent pas aux gouvernements mais reflètent les priorités des personnes et des communautés. 

Les coopératives, essentielles pour un développement social résilient

Dans le deuxième dialogue du jour, les participants ont débattu du thème de « la solidarité et la cohésion sociale à travers les coopératives et l’économie sociale et solidaire comme voie pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) ».  Les intervenants ont noté qu’en 2025 est célébrée l’année internationale des coopératives.  Les coopératives et l’économie sociale et solidaire ne sont pas seulement des outils complémentaires, mais des composantes essentielles des stratégies centrées sur les personnes, a rappelé le modérateur estimant qu’elles favorisent l’engagement communautaire, l’appropriation et la croissance équitable. 

À sa suite, les autres orateurs ont noté que les coopératives promeuvent l’inclusion sociale, la résilience économique et le développement durable.  Ils ont fait valoir leurs expériences et les actions menées dans leurs pays respectifs pour promouvoir la solidarité et la cohésion sociale par le biais des coopératives et de l’économie sociale et solidaire.  Les mesures en ce sens concernent les cadres juridiques, l’éducation et le renforcement des capacités, ainsi que la gouvernance et l’élaboration des politiques. 

Selon la France, le développement de l’économie sociale et solidaire est un puissant levier pour atteindre les ODD.  Ce développement passe par un cadre législatif et règlementaire permettant de structurer l’écosystème et d’apporter des instruments de financement et de renforcement des capacités, a fait valoir la délégation.

La Commission du développement social clôturera demain, vendredi 14 février à partir de 15 heures, sa soixante-troisième session après cinq jours de travaux. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: malgré la volatilité de la situation au Yémen, l’Envoyé spécial pour ce pays maintient qu’un règlement politique reste « réalisable »

9858e séance – matin
CS/15993

Conseil de sécurité: malgré la volatilité de la situation au Yémen, l’Envoyé spécial pour ce pays maintient qu’un règlement politique reste « réalisable »

À l’occasion de son exposé mensuel, ce matin devant le Conseil de sécurité, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen s’est déclaré convaincu qu’en dépit de la précarité de la situation, liée notamment aux développements dans la région du Moyen-Orient, aux agissements des houthistes et à la crise humanitaire qui affecte près de 20 millions de personnes dans le pays, un règlement politique demeure « réalisable » si toutes les parties au conflit et les acteurs associés contribuent à la recherche d’une solution durable. 

« Sans perspective de paix, il ne peut y avoir de prospérité », a soutenu M. Hans Grundberg, assurant que son bureau poursuit son dialogue avec toutes les parties, en plus des contacts qu’il s’emploie à nouer avec des représentants de la société civile, notamment des jeunes et des femmes, afin d’intégrer les perspectives locales dans le processus de paix.  Soucieux de faire revenir les houthistes à la table des négociations, il a souhaité que ces efforts soient « protégés ». À cet égard, il a demandé des éclaircissements concernant la prochaine désignation par les États-Unis d’Ansar Allah – appellation officielle du mouvement houthiste - comme organisation terroriste étrangère. 

L’Envoyé spécial a dit répéter le même message à ses interlocuteurs régionaux et internationaux: seul un règlement politique du conflit soutiendra les Yéménites dans leurs aspirations à une paix durable.  C’est, selon lui, « réalisable, possible et pragmatique », par le biais de la feuille de route que propose l’ONU.  Alors que les parties se sont engagées à un cessez-le-feu national comme première étape vers la stabilité, il faut que cela débouche sur des négociations inclusives, sous les auspices de l’ONU, a-t-il plaidé, non sans saluer la récente libération par Ansar Allah de 153 détenus liés au conflit. 

Si le cessez-le-feu à Gaza, la cessation momentanée des attaques d’Ansar Allah contre des navires en mer Rouge et des cibles en Israël, et la libération de l’équipage du Galaxy Leader constituent d’autres signes positifs, les efforts de médiation sont sapés par la nouvelle vague de détentions arbitraires de membres du personnel de l’ONU menée par les houthistes le mois dernier, a constaté M. Grundberg. 

Il a également déploré la mort, cette semaine, en détention d’un collègue travaillant pour le Programme alimentaire mondial (PAM), exigeant qu’une enquête transparente soit diligentée et que tous les membres du personnel de l’ONU, d’ONG, d’organisations de la société civile et de missions diplomatiques détenus arbitrairement par les houthistes soient libérés sans condition. 

À son tour, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence a exprimé sa douleur et sa colère après ce décès, appelant à garantir la sécurité des travailleurs humanitaires « comme le droit international le prévoit ».  M. Thomas Fletcher a ensuite rappelé que 19,5 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire au Yémen, avant d’alerter sur le fait qu’en décembre dernier, 64% de la population n’était pas en mesure de subvenir à ses besoins alimentaires, soit 3 points de plus qu’en novembre.  Comme dans toutes les crises, ce sont les enfants qui souffrent le plus, a-t-il observé, précisant que la moitié des petits Yéménites de moins de 5 ans souffrent de malnutrition aiguë et que 3,2 millions d’élèves sont aujourd’hui déscolarisés. 

Suspension temporaire de l’aide, conséquence des risques sécuritaires

Le Coordonnateur des secours d’urgence a ajouté qu’en raison des risques sécuritaires graves et de la détention d’un nombre accru de membres de son personnel, l’ONU a dû suspendre temporairement ses opérations dans la province de Saada. Il a cependant espéré que cette suspension sera de courte durée, assurant que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) œuvre à préserver les capacités pour une reprise rapide des opérations, une fois obtenues les garanties sur la sécurité. 

Ces informations ont suscité la condamnation des actions d’Ansar Allah par une majorité de membres du Conseil.  « Nous appelons à la fin du recours à la peur, à l’intimidation et à la détention injustifiée par les houthistes afin que les travailleurs humanitaires puissent effectuer leur travail », a réagi le Royaume-Uni, exigeant la libération immédiate de toutes les personnes détenues sans raison valable par les autorités de facto.  Cet appel a été repris par la Somalie, au nom du Groupe des A3+, tandis que la France accusait les houthistes de « porter une responsabilité prépondérante dans la crise régionale en cours » et d’être indifférents aux souffrances du peuple yéménite. 

Les États-Unis ont, pour leur part, insisté sur le soutien qu’apporte l’Iran aux houthistes depuis 10 ans et qui se traduit par une grave menace pour la paix et la sécurité internationales.  Appelant à faire « payer le prix » de cet appui à l’Iran, la délégation américaine a confirmé que son gouvernement avait entamé le processus visant à désigner Ansar Allah comme organisation terroriste étrangère.  Il faut priver les houthistes des fonds qui leur permettent de mener leurs attaques, a-t-elle justifié, réclamant un renforcement du mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies pour prévenir la contrebande et le trafic d’armes au profit des houthistes. 

La baisse de tensions en mer Rouge, espoir d’évolution favorable?

La « décision irréfléchie » des États-Unis d’inscrire Ansar Allah sur leur liste des organisations terroristes risque de nourrir les tensions, a dénoncé la Fédération de Russie, se disant convaincue qu’« aucune partie yéménite ne veut une escalade sur le terrain ». Tout en regrettant l’emprisonnement de membres du personnel des Nations Unies et la mort en détention d’un employé du PAM, la délégation russe a constaté une stabilisation dans les zones maritimes autour du Yémen, se prononçant pour une relance du processus de pourparlers en vue d’une normalisation.  Une position partagée par la Chine, qui a noté une baisse de tensions en mer Rouge après l’accord de cessez-le-feu à Gaza. 

Saluant l’absence de nouveaux incidents dans cette voie navigable, le Panama a formé l’espoir d’une « évolution favorable » dans la sécurité des zones maritimes, après les attaques perpétrées contre des navires battant pavillon panaméen.  Estimant quant à elle que le risque d’une résurgence des agression houthistes contre des navires marchands reste « présent », la Grèce a rappelé qu’elle continue de jouer un rôle de premier plan dans la force navale placée sous la direction de l'Union européenne ASPIDES, mise sur pied en réponse à la crise en mer Rouge.  La France a elle aussi promis de poursuivre son engagement dans le cadre de cette opération défensive, conformément au droit international. 

Assécher les sources de financement d’Ansar Allah

De son côté, le Yémen a dénoncé les « pratiques criminelles » des houthistes, avant d’exhorter la communauté internationale à soutenir le Conseil de direction présidentiel dans ses efforts sécuritaires et économiques. Un relèvement du pays permettrait notamment de sécuriser les couloirs maritimes en mer Rouge, dans le détroit de Bab el-Mandab et dans le golfe d’Aden, a assuré le représentant yéménite, après avoir adressé ses condoléances aux proches de l’employé du PAM « mort aux mains des milices houthistes » et invité les organisations humanitaires à transférer leur siège opérationnel à Aden, la capitale temporaire du pays. 

Selon le délégué, Ansar Allah semble vouloir revenir à une « guerre d’envergure », malgré les efforts déployés par le « seul Gouvernement légitime du Yémen » pour créer un environnement propice à un règlement politique, dans le cadre prévu par la résolution 2216 (2015) du Conseil de sécurité.  Dans ce contexte, le peuple yéménite souffre des répercussions de crises humanitaire et économique dues aux actions belliqueuses des houthistes soutenus par l’Iran, a-t-il affirmé, se félicitant de la décision des États-Unis d’inscrire ces milices sur leur liste des organisations terroristes. 

Se disant convaincu que cette mesure contribuera à rétablir la paix et la stabilité au Yémen, le délégué a invité les États Membres à assécher les sources de financement d’Ansar Allah et à soutenir son gouvernement politiquement, économiquement et financièrement. 

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LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Exposés

M. HANS GRUNDBERG, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, a noté qu’après le cessez-le-feu à Gaza et la cessation des attaques d’Ansar Allah contre des navires en mer Rouge et des cibles en Israël, ainsi que la libération de l’équipage du Galaxy Leader, des défis d’ampleur restent à surmonter au Yémen. 

Il a tout d’abord mentionné la quatrième vague de détentions arbitraires de membres du personnel des Nations Unies menée par les houthistes le mois dernier, y voyant non seulement une violation des droits humains fondamentaux mais aussi une menace directe pour la capacité de l’ONU à fournir une aide humanitaire à des millions de personnes dans le besoin.  Déplorant la mort en détention d’un collègue travaillant pour le Programme alimentaire mondial (PAM), il a exigé qu’une enquête transparente soit diligentée sur ce décès et que les responsables soient tenus de rendre des comptes.  Il a également réclamé la libération immédiate et inconditionnelle de tous les membres du personnel de l’ONU, d’ONG, d’organisations de la société civile et de missions diplomatiques détenus arbitrairement. 

L’Envoyé spécial s’est ensuite alarmé de la poursuite des activités militaires au Yémen, alors que des rapports font état de mouvements de renforts et de matériel vers les lignes de front, et de bombardements, d’attaques de drones et de tentatives d’infiltration d’Ansar Allah sur plusieurs lignes de front. Appelant les parties à s’abstenir de toute mesure de représailles qui pourrait faire replonger le Yémen dans le conflit, il a assuré que son bureau reste en contact régulier avec les belligérants pour les inciter à désamorcer les tensions et à prendre des mesures concrètes de confiance par l’intermédiaire du Comité de coordination des opérations militaires. 

Sur le plan économique, M. Grundberg s’est aussi déclaré préoccupé par la détérioration rapide de la situation.  Dans les zones contrôlées par le Gouvernement, les habitants ont subi des coupures de courant prolongées, a-t-il indiqué, tandis que la dépréciation continue du rial yéménite a fait grimper le prix des biens de première nécessité.  Ces difficultés économiques sont également ressenties dans les territoires contrôlés par Ansar Allah. 

« Ces problèmes sont les symptômes de l’échec de la recherche d’une solution politique durable », s’est désolé l’Envoyé spécial, réaffirmant que « sans perspective de paix, il ne peut y avoir de prospérité ». Il a assuré que son bureau poursuit son dialogue avec les parties au conflit, ayant lui-même noué des contacts avec des représentants de la société civile, notamment des jeunes et des femmes, afin d’intégrer les perspectives locales dans le processus de paix.  Il a souhaité que ces efforts soient « protégés », demandant à cet égard des éclaircissements concernant la prochaine désignation par les États-Unis d’Ansar Allah comme organisation terroriste étrangère.  Il a dit répéter le même message à ses interlocuteurs régionaux et internationaux: seul un règlement politique du conflit soutiendra les Yéménites dans leurs aspirations à une paix durable.  C’est selon lui « réalisable, possible et pragmatique ». 

Rappelant le cadre de la feuille de route, M. Grundberg a souligné que les parties se sont engagées à un cessez-le-feu national comme première étape vers la stabilité.  Il a estimé que cela pourrait déboucher sur un processus politique structuré dans lequel les Yéménites détermineraient leur propre avenir par le biais de négociations inclusives sous les auspices de l’ONU. 

À cette fin, « il est essentiel que mon bureau maintienne un espace approprié pour s’engager dans une médiation efficace », a-t-il plaidé, avant d’appeler à résoudre la crise économique du Yémen par un dialogue soutenu et des mesures concrètes pour reconstruire le pays.  Enfin, qualifiant la libération unilatérale de 153 détenus liés au conflit par Ansar Allah d’« étape positive », il a encouragé les parties à faire les compromis nécessaires pour parvenir à un accord sur la libération de toutes les personnes détenues arbitrairement et a exhorté les acteurs régionaux et internationaux à soutenir la diplomatie, la désescalade et un dialogue inclusif. 

M. THOMAS FLETCHER, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a exprimé sa douleur et sa colère après la mort cette semaine en détention d’un collègue du Programme alimentaire mondial (PAM).  Il était aux mains des autorités houthistes de facto.  Il a indiqué que 19,5 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire au Yémen, en précisant qu’en décembre dernier, 64% de la population n’était pas en mesure de subvenir à ses besoins alimentaires, soit 3 points de plus qu’en novembre.  Comme dans toutes les crises, ce sont les enfants qui souffrent le plus, a-t-il observé, estimant à 3,2 millions le nombre d’enfants yéménites déscolarisés.  La moitié des enfants de moins de 5 ans au Yémen souffrent de malnutrition aiguë. En 2023, cinq enfants mouraient toutes les heures, de causes qui auraient pu être aisément traitées ou évitées, s’est-il alarmé. 

Malgré les risques, les opérations humanitaires ont pu se poursuivre mais la détention d’un nombre accru de membres du personnel des Nations Unies a entravé la capacité du système dans son ensemble à répondre aux besoins, a-t-il regretté.  « En raison des risques sécuritaires graves, nous avons dû suspendre temporairement nos opérations dans la province de Saada. »  Le Coordonnateur des secours d’urgence a espéré que cette suspension sera de courte durée et indiqué œuvrer à préserver les capacités pour une reprise rapide des opérations, une fois obtenues les garanties sur la sécurité. 

Il a formulé trois demandes au Conseil, la première étant de faire libérer le personnel des Nations Unies et celui de la société civile.  « Protégez-les comme le droit international le prévoit. »  Deuxièmement, soutenez-nous afin d’opérer à pleine capacité et donnez-nous les ressources nécessaires pour répondre aux besoins, a-t-il prié.  « Troisièmement, ne prenez aucune action qui entrave l’accès des civils à des services essentiels. »  Les décisions politiques et sécuritaires ne doivent pas punir des communautés déjà éprouvées en restreignant les importations d’articles de première nécessité, a-t-il tranché.  « Près de 20 millions de Yéménites ont grandement besoin de votre soutien, maintenant. »

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité spécial de la décolonisation entame les travaux de sa session de 2025, qui sera marquée par un séminaire régional au Timor-Leste

Session de 2025
1re séance plénière – matin
AG/COL/3386

Le Comité spécial de la décolonisation entame les travaux de sa session de 2025, qui sera marquée par un séminaire régional au Timor-Leste

Le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux a, ce matin, entamé les travaux de sa session de 2025, qui sera notamment marquée par la tenue d’un séminaire régional pour le Pacifique à Dili, au Timor-Leste, du 21 au 23 mai prochains.

Le coup d’envoi de cette session a été donné par M. Courtenay Rattray, Chef de cabinet du Secrétaire général, qui a réaffirmé au nom de M. António Guterres l’engagement de ce dernier en faveur du Comité spécial des Vingt-Quatre, autre dénomination de cet organe. Le Chef de l’Organisation a tenu, à cet égard, à rappeler que la décolonisation est un processus dont il a pu prendre la mesure dans son propre pays, le Portugal.  Il a noté qu’il reste du chemin à parcourir pour les pays en proie à l’héritage du colonialisme, où persistent des inégalités sur les plans économique, social et institutionnel, ainsi que des problèmes de sous-investissements, sans oublier des déséquilibres et discriminations considérables.

La décolonisation des 17 territoires non autonomes inscrits à l’ordre du jour de l’ONU exige la coopération des territoires non autonomes, des puissances administrantes, des États Membres et autres parties prenantes dans le respect des principes de la Charte des Nations Unies et des résolutions pertinentes, a encore souligné M. Rattray.  Réélue dans ses fonctions, la Présidente du Comité spécial, Mme Menissa Rambally (Sainte-Lucie), a rappelé son propre engagement « à veiller à ce que l’éradication du colonialisme reste une priorité des Nations Unies », sur la base de ces mêmes textes, mais aussi de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux.

S’agissant du séminaire régional qu’il accueillera en mai, le Timor-Leste a déclaré que cette invitation reflète son dévouement historique en faveur des principes d’autodétermination, de décolonisation et de coopération, grâce auxquels il a lui-même accédé à la souveraineté.  La tenue de ce séminaire n’est « pas simplement un honneur, mais une responsabilité » que nous assumons « avec enthousiasme », s’est réjouie la délégation timoraise. 

La Présidente du Comité spécial a ensuite évoqué la mission de visite que ses membres ont effectuée aux Îles Vierges britanniques en août 2024, et dont les conclusions et recommandations devraient renforcer l’accompagnement du processus de décolonisation de ce territoire.  Au cours de ce déplacement, la délégation s’est entretenue avec les différentes parties prenantes concernées, y compris la société civile et des organisations de la jeunesse et de femmes, de la nécessité d’améliorer la sensibilisation à la décolonisation et à l’autodétermination, afin de permettre à la population locale de prendre des décisions éclairées quant à leur avenir.  L’importance de préserver l’identité et la richesse culturelles du territoire a également été au cœur des discussions de cette mission, qui a constaté un consensus croissant sur l’indépendance parmi les citoyens des Îles Vierges britanniques.  Antigua-et-Barbuda a exhorté le Royaume-Uni, Puissance administrante, et les autorités locales à œuvrer de concert aux besoins et aux aspirations de la population.  Sainte-Lucie s’est félicitée de cette mission et de ses conclusions, comme du reste l’Iraq.

De manière plus générale, l’Indonésie a considéré que la décolonisation est une « obligation politique et morale » et non un « point symbolique à l’ordre du jour », tandis que Cuba a réclamé la réalisation du droit à l’autodétermination du « peuple frère » de Porto Rico.  Le colonialisme persiste sous des formes nouvelles, a mis en garde le représentant cubain, pour qui « rester impassible » face aux attentes placées dans les Nations Unies serait une erreur.  La Sierra Leone, la Bolivie, la République arabe syrienne, les Fidji, le Nicaragua et l’Inde ont également apporté leur soutien au mandat du Comité spécial.

Au cours de cette séance, le Comité spécial a élu son bureau, qui est composé de M. Ernesto Soberón Guzmán (Cuba), de M. Hari Prabowo (Indonésie), de M. Michael Imran Kanu (Sierra Leone) et de M. Koussay Aldahhak (République arabe syrienne), qui en est le Rapporteur.

Le Comité spécial se réunira à nouveau le 10 mars pour examiner les orientations et les règles de procédure du Séminaire régional de Dili. 

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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission du développement social examine les questions de résilience sociale et de développement social dans un contexte de crises complexes

Soixante-troisième session,
6e séance plénière – matin
SOC/4921

La Commission du développement social examine les questions de résilience sociale et de développement social dans un contexte de crises complexes

Les participants à la soixante-troisième session de la Commission du développement social ont examiné, ce matin, « les questions nouvelles: résilience sociale et développement social » au cours de deux tables rondes.  La première a porté sur les « politiques visant à renforcer la résilience sociale dans un contexte de crises plus fréquentes et plus complexes », la deuxième sur des « systèmes de protection sociale universels fondés sur les droits qui s’adaptent à l’évolution des risques et soutiennent la résilience sociale ».  Plusieurs intervenants ont plaidé pour des systèmes de protection sociale fondés sur les droits humains et exemptes de pressions politiques partisanes.

Des politiques sociales à élaborer et appliquer avec les communautés

D’emblée, les effets réels des politiques sociales sur les populations ont été mis en avant.  Pour que les populations puissent ressentir les avantages recherchés par les politiques sociales, il faut que celles-ci soient choisies, mises en œuvre et évaluées par et avec les communautés, a recommandé lors de la première table ronde un chercheur en sciences sociales du Groupe de recherche sur le développement de la Banque mondiale.  Pour lui, dans des contextes complexes, la mise en œuvre des politiques de solidarité et cohésion sociales dépend de la crédibilité des décideurs, du respect des règles communes et des valeurs sociétales, de la participation et de la transparence.

Le chercheur a par ailleurs mis en garde contre les politiques de développement qui peuvent elles-mêmes faire partie du problème.  Il a ainsi parlé du risque qu’elles sapent la solidarité communautaire en marginalisant des aînés analphabètes, par exemple.  Ces politiques peuvent également remettre en question des pratiques culturelles ancestrales.

D’où l’importance d’une « gouvernance participative » qui donne aux communautés marginalisées les moyens de créer des solutions à la question de la résilience sociale, a souligné l’ancienne Ministre de l’éducation du Nigéria et fondatrice de l’École de politique publique et de gouvernance.  Ces communautés peuvent trouver des réponses aux besoins qui leur sont spécifiques dans la mesure où un engagement actif des citoyens dans la gouvernance locale est permis.  C’est la pierre angulaire d'une démocratie saine, a insisté l’ancienne Ministre en expliquant que cela donne des résultats politiques plus efficaces et plus équitables, favorisant ainsi la résilience des communautés. 

Elle a également misé sur des institutions publiques transparentes qui donnent la priorité au bien-être des citoyens plutôt qu’au clientélisme politique.  La transparence des activités gouvernementales est cruciale pour maintenir la confiance du public, a-t-elle observé.  S’agissant du leadership, elle a souligné la nécessité de former les dirigeants aux principes de prise de décisions basés sur la résilience pour qu’ils puissent naviguer efficacement dans des contextes de crises complexes.  Face à la dégradation de la qualité du leadership sur le continent africain, elle a encouragé à investir dans l’apprentissage de base, l’apprentissage tout au long de la vie et la formation des enseignants.

La résilience mentale au cœur du développement social

Prenant la parole à son tour, le fondateur de la Fondation Kaminski a focalisé son intervention sur la résilience en milieu hostile pour recommander plus de programmes scolaires axés sur la résilience mentale, renforcer l’aide aux personnes dans le besoin et investir dans la résilience sur le lieu de travail.  « Si nous voulons des économies et des communautés prospères, il faut investir dans le renforcement de la résilience mentale des individus. »  Le succès du renforcement de la résilience des populations vulnérables en Israël a ensuite été présenté par le Président-Directeur général de l’Open University d’Israël, qui a cité les cinq domaines clefs d’intervention que sont le développement social, l’emploi, les services municipaux, le logement et les infrastructures physiques.  Selon lui, les partenariats avec les dirigeants communautaires, les ONG et les universités sont essentiels pour le développement social.  

Besoin de se fonder sur les droits humains et besoin de leadership

Parmi les États Membres qui ont participé à la discussion, la Suisse a martelé que sans respect des droits humains fondamentaux, il ne peut y avoir de développement, surtout pour les jeunes.  Plusieurs orateurs ont abordé le rôle du leadership qui est important pour prendre à bras le corps les problèmes complexes.  Le chercheur principal de la Banque mondiale a estimé que les nouveaux leaders devraient émerger organiquement des administrations elles-mêmes.  En d’autres termes, les pouvoirs publics devraient aménager des espaces pour que ces nouveaux leaders émergent.  Il a aussi souligné la nécessité pour les pays en développement ou émergeants de trouver de nouvelles recettes dans un monde où les moyens sont de moins en moins disponibles pour faire des investissements sociaux. 

Alors que le Mali a demandé des réponses concrètes, pour sortir des discours, l’ancienne Ministre nigériane a répondu que tout le développement se fait au niveau local, c’est-à-dire que l’appropriation par les pays est cruciale. Selon elle, pour combler la défaillance de leadership, « le contexte actuel peut être le moment de l’Afrique où l’âge médian est de 18 ans ».  « Les actions requièrent du leadership », a confirmé le chercheur de la Banque mondiale, qui a aussi misé sur les fonctionnaires servant la population et cherchant à identifier les difficultés et à y répondre. 

L’impact des technologies numériques sur la résilience sociale

La deuxième table ronde a permis aux participants de débattre sur le thème « systèmes de protection sociale universels fondés sur les droits qui s’adaptent à l’évolution des risques et soutiennent la résilience sociale ».  Le Président du Club de Madrid a insisté sur les liens entre le développement, les droits humains et le développement social.  Lui aussi a mis l’accent sur les personnes vulnérables dont l’inclusion dans les systèmes de protection sociale est cruciale pour garantir la résilience de toute la population.  Il a également recommandé d’intégrer dans les débats les technologies numériques qui ont un impact direct sur les gens.  Notant que la période actuelle est marquée par une transition vers l’économie verte et numérique, le Président du Club de Madrid a préconisé que les débats soient guidés par les principes d’égalité et d’équité afin de garantir leur succès. 

L’efficacité des politiques dépend de la coordination des programmes et de l’absence de pression

La réussite des programmes de protection sociale et du renforcement de la résilience des pauvres et des vulnérables repose sur une coordination solide des programmes et des stratégies, a fait valoir la Secrétaire permanente au Ministère du développement communautaire et des services sociaux de la Zambie.  Avec une vision claire, une bonne coordination et des financements suffisants, nous pouvons créer des systèmes qui non seulement fournissent une aide immédiate, mais donnent également aux gens les moyens de surmonter les défis futurs, a-t-elle fait valoir. Elle a formé le vœu que la protection sociale devienne un mécanisme « durable, adaptable et inclusif » pour renforcer la résilience, réduire la pauvreté et faire face aux changements climatiques, aux crises économiques et aux inégalités sociales.

Le Directeur du Conseil national d’assistance sociale du Ministère du développement et d’aide sociale du Brésil a fait la publicité de son entité qui, il y a deux décennies, a doté le pays d’un système d’assistance sociale solide et fondé sur les principes d’universalité, d’équité et de participation démocratique.  Les prestations, décentralisées, vont de la protection sociale classique à la prise en charge des personnes en situation de vulnérabilité et à la lutte contre les inégalités, la faim, la pauvreté et les violences.  Le système soutient 4,7 millions de personnes handicapées et de personnes âgées à faible revenu.  En 2023, le système a porté une aide à 43,9 millions de personnes. 

Le Directeur s’est prévalu du caractère apolitique des activités du Conseil qui transcendent les politiques de droite ou de gauche des gouvernements.  Il est en effet important que les politiques de développement social soient protégées des pressions politiques partisanes, ont plaidé les Philippines soucieuses de l’efficacité de ces politiques qui doivent bénéficier continuellement aux populations. 

Le Directeur exécutif de la Section technique du cabinet social au Cabinet du Président de la République du Paraguay a présenté, lui aussi, son système de protection sociale, « le premier dans la région » selon lui. Ce système, qui repose sur les droits humains, est fondé sur trois piliers, à savoir l’intégration sociale, l’insertion professionnelle et la sécurité sociale.  Les délégations qui ont participé à la discussion interactive, comme le Panama, ont insisté, entre autres, sur la préparation à la transition vers une économie verte et numérique, des éléments essentiels à la résilience sociale. 

La Commission, qui a achevé cet après-midi son débat général, poursuivra demain ses travaux en abordant notamment le sujet de l’économie sociale et solidaire. 

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Conseil de sécurité: appels insistants à une transition politique inclusive en Syrie et à la levée des sanctions afin de la faciliter

9857e séance – matin
CS/15991

Conseil de sécurité: appels insistants à une transition politique inclusive en Syrie et à la levée des sanctions afin de la faciliter

L’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, M. Geir Otto Pedersen, et de nombreuses délégations ont, ce matin devant le Conseil de sécurité, appelé à une transition politique « inclusive et transparente » dans ce pays, souhaitant une levée des sanctions afin de la faciliter.  De vives préoccupations ont par ailleurs été exprimées quant à la situation sécuritaire et humanitaire sur place, en particulier dans le nord-est syrien, en proie à un conflit actif. 

À l’entame de son propos, M. Pedersen a rappelé que, le 30 janvier dernier, M. Ahmed al-Sharaa, nommé la veille Président par intérim et Chef de l’État pour la période de transition, avait annoncé vouloir mettre sur pied un gouvernement représentatif de la diversité syrienne en vue de la tenue d’élections libres et transparentes, dans un délai estimé de quatre à cinq ans. 

« Étant donné la feuille de route avancée sur la gouvernance, la Constitution et les élections, les paroles des autorités intérimaires et les principes clefs de la résolution 2254 (2015) se recoupent considérablement », a constaté M. Pedersen, en insistant sur l’importance de la réussite de cette transition politique.  Il a en effet relayé les préoccupations de nombreux Syriens devant le manque de transparence de certaines nominations et décisions, ainsi que l’absence d’état de droit. 

Les Syriens, qui veulent une transition crédible et inclusive, demandent que les engagements pris se traduisent en actes concrets, a insisté l’Envoyé spécial.  Il a également appelé à un assouplissement des sanctions, élément essentiel pour la réussite de la transition, et salué les signaux émis ces dernières semaines par les États-Unis et l’Union européenne en ce sens.  Une transition inclusive, crédible et transparente, appuyée par l’ONU, dans le respect de la résolution précitée, qui en fixe les paramètres, est la meilleure façon de répondre aux défis actuels, a assuré le haut fonctionnaire. 

Une position largement partagée par les délégations, à l’instar du Danemark ou de la Slovénie, pour laquelle il n’y aura pas de solution politique durable sans inclusion véritable.  Tous les Syriens doivent participer à l’édification de leur propre avenir, a poursuivi le représentant slovène, en appelant à un assouplissement des sanctions.  « Nous appelons de nos vœux une transition prenant en compte toutes les voix syriennes, notamment les chrétiens, les Druzes et les Kurdes, en vue de la formation d’un gouvernement représentatif et non sectaire », a appuyé la Grèce. 

La prochaine étape devrait consister à respecter les droits et la sécurité de tous les Syriens, a préconisé de son côté le Royaume-Uni.  Les États-Unis ont également appelé à une transition crédible, tandis que la France s’est dite prête, aux côtés de l’Union européenne, à soutenir la Syrie dans une phase « historique », reflétée par la levée d’une partie des sanctions économiques européennes appliquées à ce pays.  L’Algérie, au nom du Groupe des A3+, l’Iran ou encore la Chine ont également appelé à la levée des sanctions, qui obèrent les efforts de relèvement. 

Notant que la question kurde reste « aiguë », la délégation russe s’est déclarée, quant à elle, préoccupée par la répression menée contre la minorité alaouite associée à l’ancien Gouvernement, jugeant inacceptable de remplacer la justice légitime par une justice d’autodéfense menée par des groupes échappant au contrôle des autorités.  « L’unité des forces de l’ordre doit être rétablie au plus vite et l’État doit retrouver le monopole de l’usage de la force légitime », a plaidé la délégation russe.  L’Iran a également dénoncé les pressions exercées sur les minorités alaouites et chiites. 

« La Syrie restera une nation pour tous ses citoyens, fière de sa riche diversité religieuse, ethnique et culturelle, au-delà des termes de “majorité” et de “minorité” », a rétorqué le représentant syrien.  Il a déclaré que son gouvernement s’est fixé pour priorité de bâtir des institutions fortes et intègres, de jeter les bases d’une économie créatrice d’emplois et d’instaurer une véritable justice transitionnelle établissant les responsabilités des criminels aux mains « souillées par le sang des Syriens ».  Seules les forces de sécurité auront le droit de porter des armes, a précisé le délégué syrien. 

« La “nouvelle” Syrie ne sera pas un refuge pour le terrorisme ni une menace pour aucun pays », a-t-il assuré.  Le représentant n’a néanmoins pas fait mystère des nombreux défis rencontrés, jugeant impératif que la communauté internationale renforce son soutien financier et humanitaire.  Les sanctions, obstacle majeur à la reprise économique et à la création d’un environnement favorable au retour des réfugiés, doivent être levées, a-t-il réclamé, appuyé par le Pakistan. 

De vives préoccupations ont été exprimées quant à la situation sécuritaire dans le pays.  Déplorant la division territoriale du pays et le « conflit actif » dans le nord-est, M. Pedersen a encouragé les États-Unis, la Türkiye et les partenaires régionaux à parvenir à des compromis susceptibles de ramener la stabilité. La fragmentation sécuritaire ne doit pas être exploitée par des acteurs extérieurs, en particulier si la transition devait dérailler, a mis en garde l’Envoyé spécial. 

Les États-Unis se sont dits préoccupés par l’apparition de nouveaux groupes armés bénéficiant du soutien de l’Iran même après le départ de ce pays de la Syrie.  Ils essayent d’attirer Israël dans une confrontation directe, a mis en garde cette délégation, en appelant Téhéran à cesser d’œuvrer à la déstabilisation.  Washington n’a aucune légitimité pour porter des accusations contre d’autres, compte tenu de son « historique d’ingérence et d’agression » dans la région, a répliqué la délégation iranienne. 

La Russie a dénoncé la destruction par Israël du potentiel de défense militaire de la Syrie et l’extension de sa zone d’occupation sur les hauteurs du Golan. « Ces actions sont contraires au droit international », a-t-elle martelé, sommant, à l’instar de la Chine, Israël de se retirer des territoires syriens occupés.  La Syrie a, elle, dénoncé les « incursions illégales » de l’armée « d’occupation » israélienne en Syrie et les « sombres desseins » de certains acteurs.  Le Golan est une terre arabe syrienne occupée, a tranché le Koweït, au nom du Groupe arabe. 

Dans ce droit fil, la Türkiye a appelé le Conseil à prendre des mesures immédiates et décisives afin de mettre fin à la présence d’Israël sur le territoire syrien, tout en estimant qu’il n’y a pas de place pour Daech ou pour le PKK/YPG/FDS dans l’avenir de la Syrie.  « Mettre fin à l’existence de ces groupes terroristes est une condition préalable à une Syrie pacifique, indépendante et politiquement unifiée », a-t-elle affirmé, tandis que la France a demandé, dans le nord-est, une solution pacifique aux tensions préservant les intérêts de tous, en particulier des Kurdes syriens. 

La crise humanitaire dans le pays a été largement évoquée, notamment par Mme Joyce Cleopa Msuya Mpanju, Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, qui en a souligné la gravité, plus de 70% de la population syrienne étant en effet touchée.  « Il y a urgence à répondre aux besoins supplémentaires alors que les hostilités se poursuivent dans certaines zones, en particulier dans le nord ».  L’opération transfrontalière depuis la Türkiye reste essentielle, a souligné la Sous-Secrétaire générale. 

Elle a rappelé que 94 camions transportant des vivres, des articles sanitaires et d’autres fournitures ont traversé le mois dernier les points de passage de Bab el-Haoua et Bab el-Salam, soit trois fois plus qu’à la même période l’an dernier.  L’Algérie et le Koweït se sont félicités de la décision d’autoriser les acheminements humanitaires par le point de passage de Bab el-Haoua jusqu’au 7 août 2025, tandis que les États-Unis se sont prononcés pour un accès humanitaire pérenne dans le nord de la Syrie. 

La Sous-Secrétaire générale s’est dite gravement préoccupée par les ressources financières insuffisantes allouées au plan de réponse en Syrie et dit attendre de plus amples précisions sur les implications du gel des activités financées par les États-Unis.  La Russie a exhorté les pays occidentaux à sortir de leur « approche politisée » en augmentant le volume d’aide.  « La Conférence ministérielle pour la Syrie, que nous accueillerons demain, sera l’occasion d’exprimer le soutien de la communauté internationale au peuple syrien », a précisé la France. 

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LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Exposés

M. GEIR OTTO PEDERSEN, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, a rappelé que le 29 janvier dernier, les factions militaires se sont rassemblées à Damas et ont adopté une déclaration, par laquelle la Constitution de 2012 a été abrogée.  Toutes les entités militaires et révolutionnaires ont été dissoutes pour être incluses au sein des institutions étatiques.  M. Ahmed al-Sharaa a été désigné Président par intérim et Chef de l’État pour la période de transition, a précisé le haut fonctionnaire.  Le lendemain, ce dernier a annoncé mettre sur pied un gouvernement représentatif de la diversité syrienne en vue de la tenue d’élections libres et transparentes et annoncé la création d’un comité préparatoire chargé de sélectionner un « conseil législatif restreint ».  Il a précisé que ces élections pourraient se dérouler dans un délai de quatre à cinq ans.  Les autorités intérimaires se sont engagées en faveur d’une nouvelle Syrie pour tous les Syriens, bâtie sur des fondations crédibles et inclusives.  « Compte tenu de la feuille de route qui a été avancée sur la gouvernance, la Constitution et les élections, les paroles desdites autorités recoupent considérablement les principes clefs de la résolution 2254 (2015) », a souligné M. Pedersen, en ajoutant que l’élément clef sera la mise en œuvre.  « Ma mission est de prodiguer soutien et conseils », a-t-il ajouté. 

Il a insisté sur l’importance de la réussite de la transition syrienne, en relayant les préoccupations de nombreux Syriens devant le manque de transparence de certaines nominations et décisions et l’absence d’état de droit.  Les Syriens, qui veulent une transition crédible et inclusive, demandent que les engagements pris se traduisent en actes concrets.  Les femmes veulent être protégées et participer audit processus.  L’Envoyé spécial a ensuite évoqué le contexte « extrêmement préoccupant » de la transition, marqué par une division territoriale et un conflit actif dans le nord-est du pays.  Il a encouragé les États-Unis, la Türkiye et les partenaires régionaux à parvenir à des compromis susceptibles de ramener la stabilité.  M. Pedersen a également évoqué les craintes des Syriens que la fragmentation sécuritaire ne soit exploitée par des acteurs extérieurs, en particulier si la transition devait échouer.  La mise sur pied d’une armée nationale est donc un élément clef de la transition, a-t-il préconisé.  Enfin, le haut fonctionnaire a appelé à un assouplissement des sanctions en vigueur et salué les signaux émis ces dernières semaines par les États-Unis et l’Union européenne, tout en indiquant qu’une transition crédible permettra d’avancer résolument en ce sens.  Une transition inclusive, crédible et transparente, appuyée par l’ONU et la communauté internationale, respectant la résolution 2254 (2015), est la meilleure façon de répondre aux défis de la Syrie, a insisté l’Envoyé spécial en conclusion. 

Mme JOYCE CLEOPA MSUYA MPANJU, Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, a d’emblée souligné l’urgence de faire face à l’immense crise humanitaire qui touche plus de 70% de la population syrienne et de répondre aux besoins supplémentaires alors que les hostilités se poursuivent dans certaines zones, en particulier dans le nord.  Les combats à Menbij et aux alentours, dans l’est d’Alep, ont déplacé plus de 25 000 personnes et causé des dizaines de victimes civiles, a-t-elle indiqué, ajoutant que, plus à l’est, les hostilités se poursuivent également dans les provinces de Raqqa et de Hassaké, avec de graves répercussions sur les civils, les stations d’eau et autres infrastructures civiles.  Dans le même temps, les engins explosifs continuent de constituer une menace pour les civils et d’entraver l’aide humanitaire dans tout le pays, tuant des dizaines de personnes et en blessant des dizaines d’autres ces dernières semaines, a déploré Mme Msuya, avant de décrire l’assistance essentielle fournie par l’ONU et ses partenaires humanitaires. 

L’opération transfrontalière depuis la Türkiye reste essentielle, a souligné la Sous-Secrétaire générale, selon laquelle 94 camions transportant de la nourriture, des soins de santé et d’autres fournitures ont traversé le mois dernier les points de passage de Bab el-Haoua et Bab el-Salam, soit trois fois plus qu’à la même période l’an dernier.  Saluant les livraisons continues en provenance de pays de la région, elle a assuré que l’ONU est prête à renforcer sa coordination pour faire en sorte d’atteindre le plus grand nombre possible de personnes dans le besoin.  Depuis l’activation de l’intensification du système humanitaire et la visite du Coordonnateur des secours d’urgence en décembre, la Syrie reste en tête de notre liste de priorités, a-t-elle affirmé, faisant état d’une nouvelle architecture humanitaire rationalisée qui, d’ici au mois de juin, sera dirigée par le Coordonnateur des opérations humanitaires à Damas, avec une équipe de pays réunissant les acteurs humanitaires opérant dans toute la Syrie. 

Parallèlement, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) continue de dialoguer avec les autorités intérimaires sur les assurances qu’elles ont fournies pour faciliter l’accès et alléger les procédures bureaucratiques, a poursuivi Mme Msuya, constatant des améliorations notables, notamment la levée des limites de retrait d’espèces pour les organisations humanitaires, l’autorisation des transactions en livres syriennes ou en dollars américains et le feu vert donné à toutes les expéditions humanitaires en attente aux points de passage.  Elle s’est également félicitée de l’autorisation donnée par les autorités intérimaires à l’ONU de poursuivre les arrangements existants pour les livraisons transfrontalières d’aide depuis la Türkiye, via Bab el-Haoua, pendant six mois supplémentaires. 

La Sous-Secrétaire générale a cependant averti que le manque de financement continue de limiter considérablement l’intensification des efforts. Il en résulte que des dizaines d’établissements de santé risquent de fermer et que les services d’eau et d’assainissement ont été suspendus dans les camps de déplacés du nord-ouest, affectant plus de 635 000 personnes.  Elle a dit attendre de plus amples précisions sur les implications du gel des activités financées par les États-Unis.  Rappelant que le financement américain a représenté l’an dernier plus d’un quart de l’aide au Plan de réponse humanitaire en Syrie, elle a prévenu que « les retards ou la suspension auront une incidence sur l’accès des personnes vulnérables aux services essentiels ».  Dans l’immédiat, l’ONU et ses partenaires lancent un appel de fonds de 1,2 milliard de dollars pour atteindre 6,7 millions de personnes d’ici au mois de mars, avant d’élaborer un appel complet pour le reste de l’année sur la base de nouvelles évaluations.  Par ailleurs, le retour durable, sûr et digne des 6 millions de réfugiés syriens disséminés dans la région nécessite des investissements substantiels dans les moyens de subsistance, les services de santé, la reconstruction des écoles et le rétablissement des infrastructures d’électricité et d’eau, a expliqué Mme Msuya.  Selon elle, plus d’un quart des réfugiés espèrent rentrer chez eux au cours de l’année à venir. 

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La Commission du développement social débat des voies et moyens de renforcer la solidarité et la cohésion sociale

Soixante-troisième session,
4e séance plénière – matin 
SOC/4920​

La Commission du développement social débat des voies et moyens de renforcer la solidarité et la cohésion sociale

À l’occasion d’un forum ministériel, la Commission du développement social a approfondi, ce matin, sa réflexion sur les moyens de renforcer la solidarité et la cohésion sociale aux niveaux national et local.  Les échanges ont notamment porté sur les actions et politiques nécessaires pour retrouver l’élan vers l’éradication de la pauvreté, l’inclusion sociale et le travail décent, mais aussi sur les bonnes pratiques en matière de transparence afin d’accroître la confiance entre les populations et les gouvernements. 

Modérée par le Président de la soixante-troisième session de la Commission, M. Krzysztof Maria Szczerski (Pologne), cette discussion a mis en lumière des visions du développement social étroitement liées aux spécificités socioéconomiques des pays.  La Ministre des affaires sociales et de la santé de la Finlande a ainsi relevé qu’investir dans la couverture sanitaire universelle, la protection sociale universelle, l’éducation et l’égalité des sexes contribue grandement à la cohésion sociale et à la croissance économique inclusive.  De fait, a-t-elle souligné, ces éléments, associés au travail décent et à un marché du travail inclusif, sont les meilleurs moyens de lutter contre la pauvreté et la discrimination, et par voie de conséquence, d’améliorer la cohésion sociale. 

Dans le même ordre d’idées, la Ministre des services sociaux de la Suède a indiqué que son pays a procédé récemment à une réforme de sa politique sociale, « la plus importante de la dernière décennie », dans le but de créer une société « accessible pour tous et à tous ».  Dans ce cadre, les services sociaux mènent un suivi systématique des politiques d’intégration des personnes marginalisées, en particulier de celles en situation de handicap. Le Gouvernement suédois s’appuie également sur la prévention et les interventions précoces auprès des parents et des familles pour briser la corrélation entre les problèmes psychosociaux des enfants et le fait de vivre dans la précarité. 

L’intégration sociale a aussi été mise en avant par la Ministre du genre, du travail et du développement social de l’Ouganda, pour qui il s’agit d’un impératif absolu pour lutter contre le chômage et la pauvreté. Tout en reconnaissant le retard pris par son pays -comme tous ceux du Sud- dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), elle a expliqué que l’Ouganda donne la priorité aux politiques de promotion des investissements directs étrangers dans l’espoir de stimuler son économie.  Parallèlement, un accès abordable aux services publics a été aménagé, notamment dans les zones rurales, tandis que des programmes de formations qualifiantes ont été lancés pour faciliter l’accès à l’emploi, notamment pour les femmes.  Le soutien financier aux entrepreneuses a en outre été accru, grâce notamment à un prêt de 217 millions de dollars de la Banque mondiale, a-t-elle précisé, appelant à la solidarité internationale en prévision du prochain Sommet mondial pour le développement social en novembre prochain à Doha. 

En dépit des progrès accomplis depuis la tenue du Sommet mondial de Copenhague en 1995, les inégalités de revenus et de patrimoine continuent d’atteindre des niveaux alarmants partout dans le monde, a constaté, pour sa part, la Vice-Ministre des affaires étrangères du Guatemala qui a indiqué que dans son pays, 59% des gens vivent dans la pauvreté, en particulier dans les zones rurales et autochtones.  Aussi le Gouvernement a-t-il lancé des politiques de protection sociale pour que les familles les plus vulnérables aient accès à des opportunités en termes d’éducation, de santé et d’emploi décent.  Convaincu que la croissance économique doit aller de pair avec l’intégration sociale, le Guatemala préconise aussi un environnement propice aux investissements et à la création d’entreprises dans des secteurs essentiels comme l’agriculture durable ou le numérique. 

L’importance de la croissance économique pour toute politique de progrès social a également été mis en avant par le Directeur général de l’Agence djiboutienne de développement social qui a reconnu que son pays demeure l’un des plus inégaux de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, avec un coefficient de Gini de 40,6% et un taux de pauvreté extrême de 19,1%.

Dans ce contexte, l’Agence djiboutienne de développement social a comme mandat non seulement la lutte contre la pauvreté, mais aussi le rattrapage des inégalités en termes d’infrastructures sociales de base entre les villes et les régions, a indiqué son responsable, selon lequel il importe également de renforcer la participation des citoyens aux décisions publiques.  Cette approche participative s’inscrit pleinement dans la « Vision Djibouti 2035 », qui vise à bâtir une gouvernance plus inclusive, transparente et centrée sur le bien-être de la population, a-t-il affirmé.   

Au cours du débat interactif qui a suivi, plusieurs États Membres ont présenté la famille comme la pierre angulaire de leurs politiques de solidarité et de cohésion sociale.  Le Ministre de la solidarité sociale de la Türkiye a fait état de plusieurs initiatives nationales en la matière, dont un plan d’action pour la protection des droits des familles, le lancement de l’année de la famille en 2025, et un dispositif d’autonomisation des femmes et des jeunes axé sur le développement de l’entrepreneuriat et l’acquisition de compétences numériques, « étapes essentielles pour parvenir à une société inclusive ».  Il a été rejoint dans cette vision par le Ministre du développement social du Panama, qui a mis en exergue l’importance de l’autonomie financière des familles, avant de souligner l’importance d’une gouvernance inclusive, associant les populations dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques, et d’un partenariat public-privé pour le développement social. 

De son côté, la Vice-Ministre des services sociaux du Chili a annoncé l’établissement d’institutions nationales consacrées au développement social, notamment dans le but de créer un environnement propice à l’action locale et dans les quartiers.  La nutrition, les soins et l’égalité des sexes sont autant de piliers du bien-être social des populations, a-t-elle fait valoir. 

La Secrétaire d’État au développement social des Philippines a, elle, dénoncé l’utilisation à mauvais escient des réseaux sociaux, qui impactent négativement la cohésion sociale et alimentent les troubles sociaux. Elle a donc plaidé pour des politiques qui promeuvent le dialogue, la lutte contre les préjugés, la transparence et le renforcement de la confiance dans les institutions et les gouvernements, prônant par ailleurs une utilisation des technologies numériques orientée vers les plus vulnérables, « parce que leurs voix doivent être entendues dans l’élaboration des politiques ».  Ce n’est qu’ainsi que ces groupes défavorisés pourront accorder leur confiance aux institutions, a-t-elle estimé. 

À la suite de Cuba, qui a dénoncé la « pression maximale » exercée sur elle et son peuple par les États-Unis, tout en rappelant la politique solidaire qu’elle mène depuis 60 ans avec les pays du Sud, l’Iran a condamné les mesures coercitives unilatérales, « y compris les sanctions illégales », qui entravent le droit à la vie, la sécurité alimentaire et l’accès à une éducation de qualité et à un emploi décent dans les pays en développement. 

Le grand groupe des enfants et des jeunes des Nations Unies a ensuite dénoncé toutes les formes de violence, de discrimination et d’injustice à l’encontre des enfants, imputant aux pays développés la responsabilité de cet « échec collectif ».  Fort de ce constat, il a appelé à élaborer un nouveau contrat social pour les générations futures, qui prévoit notamment le principe de responsabilité.  La Vice-Ministre des affaires étrangères du Guatemala a répondu à cet appel en l’élargissant à la violence faite aux femmes, qui nuit gravement à la cohésion sociale, tandis que le Directeur général de l’Agence djiboutienne de développement social insistait sur l’importance de l’éducation des jeunes filles.

Prenant à son tour la parole, l’Union européenne s’est engagée à réduire de 15 millions le nombre de personnes exclues sur son territoire.  Cela passera par l’amélioration des accès aux services, au marché du travail et à l’apprentissage, mais aussi par la lutte contre les disparités et la promotion de la transition numérique, a-t-elle assuré. 

En conclusion, le Président de la Commission a indiqué que les échanges de ce forum ministériel feront partie des contributions au segment de haut niveau de l’ECOSOC ainsi qu’au forum politique de haut niveau de 2025.

 

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