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Le Comité spécial de la décolonisation entend les avis divergents des États Membres et des pétitionnaires sur la question du Sahara occidental

Session de fond de 2025
5e & 6e séances – matin & après-midi
AG/COL/3390

Le Comité spécial de la décolonisation entend les avis divergents des États Membres et des pétitionnaires sur la question du Sahara occidental

Plus de 40 États Membres et une vingtaine de pétitionnaires sont intervenus sur la question du Sahara occidental inscrite à l’ordre du jour du Comité spécial de la décolonisation, qui a entamé hier sa session de fond annuelle. Notant la décision récente du Royaume-Uni de soutenir le plan d’autonomie du Maroc, des délégations ont souligné leur attachement au droit à l’autodétermination du peuple sahraoui et au rôle de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO). 

Du côté des tenants du plan d’autonomie du Maroc, la Sierra Leone a réaffirmé son soutien à cette initiative, laquelle, a-t-elle dit, bénéficie d’un large soutien international.  Elle a salué les efforts « sérieux et crédibles » déployés par le Maroc pour faire avancer le processus, comme le reconnaissent la résolution 2756 (2024) du Conseil de sécurité et toutes les résolutions pertinentes depuis 2007.  Le Koweït a rappelé la position de principe du Conseil de coopération du Golfe qui soutient la souveraineté, la sécurité et l’intégrité territoriale du Maroc.  Il s’est félicité de l’adoption de la résolution 2756 (2024) et a encouragé la reprise d’un dialogue sérieux entre les parties, sous les auspices de l’ONU. 

La Côte d’Ivoire et le Sénégal ont fait observer que plusieurs résolutions du Conseil de sécurité confirment le caractère exclusivement onusien de la recherche d’une solution pacifique et définitive.  Ils ont déclaré que l’initiative d’autonomie du Maroc est soutenue par quelque 110 États Membres, dont trois membres permanents du Conseil de sécurité, avec la dernière prise de position du Royaume-Uni.  Cette initiative, ont-ils argué, offre l’occasion aux habitants de s’impliquer activement dans la vie politique et socioéconomique de la région. Les habitants profitent en outre des investissements « massifs » du Maroc dans le cadre de son nouveau modèle de développement des Provinces du Sud. 

S’appuyant à son tour sur les résolutions 2703 (2023) et 2602 (2021) du Conseil de sécurité, qui appellent à progresser vers une solution politique juste, durable et négociée, la Gambie a estimé que l’initiative marocaine constitue « une base crédible et sérieuse en vue de parvenir à une paix durable, au développement et à la stabilité régionale ».  Cette initiative préserve selon elle la souveraineté et l’intégrité territoriale du Maroc, tout en offrant une véritable autonomie au peuple du Sahara occidental.  Le Bénin a, comme la Dominique, rappelé que l’initiative est considérée comme « sérieuse et crédible ».  « Soyons clairs: ce n’est pas l’opportunisme politique qui doit fonder une solution au Sahara occidental, mais plutôt la légalité internationale », a fait valoir pour sa part l’Afrique du Sud. 

Parmi les pétitionnaires, Mme Ghalla Bahyia, du Conseil régional de Dakhla-Oued Ed-Dahabune, a évoqué une région qui connaît actuellement un essor stratégique, inclusif et tourné vers l’avenir dans de nombreux secteurs.  Pour elle, le plan d’autonomie du Maroc offre une voie pragmatique, équilibrée et digne pour aller de l’avant.

« Je suis sahraoui et fier représentant de la région de Laâyoune-Sakia El Hamra, une région dont le peuple a toujours réaffirmé avec constance et détermination son identité marocaine et son unité nationale à travers son engagement et sa participation démocratiques », a indiqué M. M’Hamed Abba, du Conseil régional de Laâyoune-Sakia El Hamra.  Au-delà du développement des infrastructures, le véritable investissement réside dans les personnes.  Rien qu’en 2024, l’Initiative nationale pour le développement humain a financé plus de 167 projets à Laâyoune-Sakia El Hamra, avec plus de 36,5 millions de dirhams alloués à l’éducation, à la santé, à l’engagement des jeunes et à l’entrepreneuriat. 

Pour sa part, Mme Touria Hmyene, de l’Association pour la liberté des femmes séquestrées dans les camps de Tindouf, a dénoncé les violations des droits fondamentaux des femmes qui vivent dans ces camps « avec la complicité du pays hôte ».  Elle a demandé une enquête internationale au nom de la justice et du principe de responsabilité.  M. Saad Bennani a accusé le Front Polisario d’être un groupe armé terroriste qui a une longue histoire de recrutement d’enfants.  La Communauté internationale doit cesser de soutenir la violence du Front Polisario, a-t-il dit. 

« L’essor économique et social sans précédent que connaît le Sahara prépare le terrain pour la mise en œuvre du plan d’autonomie du Maroc », a estimé Mme Nabroha Duihi.  Le règlement de ce différend régional n’est plus qu’une question de temps, a ajouté l’intervenante notant que la communauté internationale converge vers le consensus selon lequel la seule solution politique qui peut être appliquée est l’Initiative marocaine pour l’autonomie. 

Le plan d’autonomie du Maroc n’offre aucune autonomie réelle, mais perpétue essentiellement le statu quo, a rétorqué Mme Kathleen Thomas, de Global Directives LLC.  L’armée marocaine restera en contrôle du territoire, les tribunaux seront subordonnés à la Cour suprême et à la Cour constitutionnelle marocaines, les colons marocains, qui sont trois fois plus nombreux que les Sahraouis autochtones, pourront vraisemblablement rester, le Roi et les autres Marocains qui contrôlent aujourd’hui la majeure partie des richesses du territoire conserveront probablement leurs biens ou obtiendront une compensation financière importante, et la Constitution marocaine, en vertu de laquelle le Roi conserve la possibilité de passer outre ou de suspendre tout acte du Parlement, de tout organe gouvernemental ou toute décision judiciaire, restera la loi du pays.  Ce ne serait qu’une autonomie, a martelé l’intervenante avant d’être interrompue par une motion d’ordre du Maroc.

Le pays a dénoncé « une déclaration qui a franchi une ligne rouge ».  Le Maroc, qui est un « observateur », n’a pas droit à la motion d’ordre, a fait remarquer l’Algérie.  L’Afrique du Sud a prévenu que la réunion risque de s’éterniser si l’on ne cesse d’interrompre les pétitionnaires.  La Présidente du Comité spécial, Mme Menissa Rambally (Sainte-Lucie), a appelé les délégations au respect du protocole.  Avant d’être interrompue à son tour par M. El Moustapha Tate, de African Centre for Justice and Peace Studies, qui a dénoncé l’inaction et la complicité du Comité spécial.

M. Chris Sassi, du SKC, a rappelé que l’Assemblée générale vient d’adopter une résolution réitérant le statut de territoire non autonome du Sahara occidental.  Il a aussi souligné la décision de la Cour de justice de l’Union européenne qui a jugé que les accords de commerce et de pêche entre l’Union européenne et le Maroc ne peuvent être appliqués au Sahara occidental et à ses ressources naturelles parce qu’ils violent les principes d’autodétermination. 

De son côté, M. Mohammed Abbadi, de la FreedomSun Organization for the Protection of Sahrawi Human Rights Defenders, a noté que depuis janvier 2025, quelque 25 observateurs internationaux sont interdits d’entrée dans le territoire « occupé » pour évaluer la situation des droits humains et la situation socioéconomique.  Mme Nayat Aduh Jatri a insisté sur le fait que selon l’ONU, le Sahara occidental reste un « territoire non autonome avec un processus de décolonisation inachevé et un peuple sahraoui sous occupation ». 

C’est la dernière colonie d’Afrique, malgré la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale, l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) de 1975 et des décisions pertinentes de l’Union africaine.  La question du Sahara occidental doit rester à l’ordre du jour de ce Comité jusqu’à ce que son peuple puisse exercer son droit à l’autodétermination, a indiqué l’intervenante. 

Le Front Polisario est le seul représentant légitime du peuple sahraoui, a insisté M. Agron Pali, qui a rappelé qu’en 1963, l’ONU avait déjà reconnu que le Sahara occidental est un territoire non autonome.  M. Taib Malaikhaf a dénoncé les expropriations menées par le Maroc, rendant ce pays responsable de violations du droit international, y compris la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel.

M. Sidi Omar, représentant du Front Polisario, a affirmé qu’il n’existe aucune alternative à l’exercice par le peuple sahraoui de son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance, conformément à la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale, par le biais d’un référendum libre, équitable et supervisé par les Nations Unies. 

La « proposition » colonialiste propagée par le Maroc et ses apologistes, n’est rien d’autre qu’une parodie et une manœuvre par laquelle l’État occupant tente de « légitimer » son occupation illégale du Sahara occidental et de priver son peuple de son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance, a argumenté M. Omar.  La complaisance et l’inaction ne font qu’encourager l’État occupant à persister dans sa croyance erronée qu’il peut imposer un fait accompli par la force.  « Nous sommes déterminés à parvenir à une paix juste et durable, mais nous ne renoncerons jamais à notre droit à l’autodétermination et à l’indépendance », a martelé l’orateur.

Des délégations et pétitionnaires ont également abordé le rôle la MINURSO, dont Mme Nayat Aduh Jatri qui s’est étonnée qu’en 34 ans, la mission censée organiser un référendum affiche à son compteur « zéro vote ».  Prenant la parole en fin de séance, le représentant de l’Algérie a déclaré que la question du Sahara occidental demeure « une question de décolonisation qui oppose le Maroc au Front Polisario ». Les éléments du droit international sont clairs, a-t-il dit, en citant l’avis consultatif « historique » de la CIJ qui a formellement exclu tout lien juridique entre le Sahara occidental et le Maroc. 

Selon le représentant algérien, le Comité spécial doit protéger les droits du peuple sahraoui et parachever le processus de décolonisation par la reprise immédiate des négociations directes et substantielles entre le Maroc et le Front Polisario.  La déléguée du Maroc a souligné que le différend régional du Sahara marocain bénéficie d’une dynamique internationale positive en faveur de la solution politique réaliste et pragmatique qu’est l’initiative marocaine d’autonomie, laquelle a été saluée par le Conseil de sécurité.  Elle a regretté que les discussions au sein du Comité spécial continuent de confiner de manière erronée cette question à une affaire de décolonisation.  À ses yeux, le Comité spécial a pour devoir de tenir compte de l’évolution des concepts et des évolutions du droit international, notamment la résolution 1541 (1960) qui précise que l’autonomie est une modalité de mise en œuvre du droit à l’autodétermination. 

Le processus mené sous l’égide du Secrétaire général ne peut demeurer otage de l’intransigeance d’un seul pays au détriment de la stabilité régionale, a ajouté la déléguée.  Un pays voisin, partie principale à ce différend régional, bloque depuis des décennies toute solution réaliste, en manipulant à des fins politiques les principes de la Charte des Nations Unies. 

Le Comité spécial reprendra ses travaux demain, mercredi 11 juin, à partir de 10 heures, pour examiner la question de Gibraltar. 

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Conférence sur l'océan: « Mobiliser des financements pour les actions en faveur des océans à l’appui de l’ODD 14 »

Soixante-dix-neuvième session, Conférence sur l'océan,
Table ronde Action pour l’océan no 3– matin
MER/2221

Conférence sur l'océan: « Mobiliser des financements pour les actions en faveur des océans à l’appui de l’ODD 14 »

NICE, FRANCE, 10 juin - Organisée ce matin, la troisième table ronde de la Conférence sur l’océan s’est concentrée sur un paradoxe: malgré son immense valeur, l’océan reste sous-estimé et sous-financé.  Il s’agit pourtant d’un pilier de la santé planétaire qui absorbe 30% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et fournit des services écosystémiques essentiels comme la séquestration du carbone, la production d’oxygène et la protection des côtes. 

En outre, si l’océan était un pays, sa valeur estimée à 25 000 milliards de dollars en ferait la cinquième économie mondiale, ont relevé plusieurs intervenants.  Reste que l’objectif de développement durable n°14, qui vise à préserver et à exploiter durablement les océans, est le moins financé de tous les objectifs de développement durable (ODD), recevant moins de 1% du financement mondial pour le climat. La discussion a donc porté sur les moyens de remédier de toute urgence à cette lacune. 

Ministre de l’environnement, de l’énergie et du climat de l’Islande et Coprésident de cette table ronde, M. Jóhann Páll Jóhannsson, a relevé que l’insuffisance des investissements publics et privés dans l’environnement marin représente un « obstacle systémique au progrès ».  Alors que les financements climatiques comportent souvent un « angle mort » concernant l’océan, il a jugé essentiel de considérer ce dernier comme un élément crucial de la solution et d’adapter les budgets et politiques à cette réalité. 

« Nous devons faire en sorte que l’océan soit au centre de l’agenda mondial en matière de financement », a approuvé la modératrice de cet échange, Mme Karen Sack, Directrice exécutive de Ocean Risk and Resilience Action Alliance.  En effet, a-t-elle souligné, « l’océan est un capital vivant: quand nous investissons dans sa santé, nous investissons dans notre bien-être ». 

Première panéliste à s’exprimer, la Directrice de la communication, de la marque et du développement durable du groupe d’assurance AXA a mis l’accent sur les risques financiers liés à l’océan, qui ont un impact direct sur l’assurabilité des activités de l’économie bleue et des communautés côtières.  En effet, avec 38% de la population mondiale vivant à moins de 100 kilomètres des côtes, l’élévation du niveau de la mer et la détérioration de la santé des océans présentent des risques importants pour les infrastructures, les communautés et les activités économiques, a expliqué Mme Ulrike Decoene.

Pour répondre à ce défi, AXA a mis au point des programmes d’assurance paramétrique, qui utilisent des modèles scientifiques pour fournir des indemnisations rapides après des catastrophes.  Une autre approche innovante est la conversion de dettes en nature.  Par exemple, aux Bahamas, un projet de ce type permet au pays de réduire son endettement en échange d’engagements en matière de conservation marine. 

Au-delà des risques, l’écart de financement est considérable quand il s’agit de l’océan, a observé la Directrice exécutive du Fonds vert pour le climat.  À peine 13 milliards de dollars ont été débloqués depuis 2010 alors qu’il faudrait 175 milliards par an pour réaliser l’ODD 14, a fait remarquer Mme Mafalda Duarte, précisant que, depuis 2016, le Fonds vert a engagé 2,3 milliards de dollars à l’appui des océans, dans le but d’amorcer d’autres investissements.  Elle a également fait état de dizaines de millions de dollars débloqués à travers le monde sous forme de bourses, de plans d’investissement dans l’économie bleue, de modalités de transport vert et d’échanges « dette-nature ». 

Saluant ces recherches de solutions, le Secrétaire exécutif du Fonds d’équipement des Nations Unies (FENU) a rappelé qu’une part infime de l’aide publique au développement (APD) va au financement océanique, avant d’appeler à une plus grande intégration du secteur privé et à un recours accru aux financements mixtes. M. Pradeep Kurukulasuriya a ajouté que le FENU s’emploie à lever des fonds hors APD à destination de pays vulnérables via la plateforme de financement « One Ocean ». 

Convaincue que l’océan est « l’investissement le plus intelligent et le plus rentable que nous puissions faire pour le climat, l’alimentation, la sécurité, la paix, la santé et l’avenir », la Coprésidente de la Fondation Bertarelli a fait valoir que les aires marines protégées et conservées offrent un retour sur investissement de 3 à 4 dollars pour chaque dollar investi grâce aux services écosystémiques et aux avantages pour la pêche.  En outre, la protection de 30% des océans pourrait générer des bénéfices allant jusqu’à 926 milliards de dollars d’ici à 2050.  Hélas, a déploré Mme Dona Bertarelli, seulement 8,3% des océans bénéficient d’une certaine forme de protection, et 2,8% sont entièrement ou hautement protégés. 

Pour exploiter pleinement et durablement le potentiel économique de l’économie océanique, nous avons besoin d’investissements publics bien ciblés et d’un environnement politique sain pour stimuler l’investissement privé, a résumé le Secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Dans ce cadre, a expliqué M. Mathias Cormann, l’OCDE fournit des orientations politiques pratiques aux gouvernements pour réduire le risque que les subventions et autres formes d’aide publique profitent à la pêche illicite, non déclarée et non réglementée.  Cela comprend le ciblage des subventions vers des pêcheries gérées durablement et efficacement contrôlées et le retrait des subventions aux pêcheurs qui opèrent en haute mer, là où les pêcheries ne sont pas gérées de manière coopérative pour garantir la durabilité, a précisé l’intervenant. 

Dans le même ordre d’idées, M. Jorge Moreira da Silva, Directeur exécutif du Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS), a expliqué que, grâce à une gamme d’outils, cet organisme onusien aide les gouvernements à améliorer la planification nationale des infrastructures en amont, comme il l’a récemment fait à Sainte-Lucie ou encore dans l’État du Mato Grosso, au Brésil. 

En promouvant des achats respectueux de l’environnement et en renforçant les capacités locales, l’UNOPS contribue à réduire la pollution marine due aux activités terrestres et soutient des économies bleues résilientes, a illustré le haut fonctionnaire.  Le Bureau facilite également les plateformes d’action multilatérale, en particulier pour contribuer à la mise en place de systèmes efficaces de gouvernance des océans, et ainsi à l’attraction des investissements.

Dialogue interactif

Au cours de l’échange entre les panélistes et les délégations, les Palaos ont rappelé que seulement 0,22% des financements climatiques va aux petits États insulaires en développement (PEID), alors même que ces pays ont intégré l’action océanique dans leur gouvernance et leurs plans d’action. Regrettant que l’accès aux financements soit conditionné à des paramètres, ils ont plaidé pour des financements « taillés sur mesure », sur la base d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle, avant d’appeler la communauté internationale à mettre en place un environnement propice à l’attraction des capitaux pour des économies comme la leur.  « Il est urgent de rationnaliser ces financements et d’aider les PEID à réaliser les ODD par le biais d’investissements novateurs et conformes au priorités nationales », ont ajouté les Îles Salomon

Les Maldives ont constaté que l’accès à l’aide sous forme de subventions et aux financements concessionnels est encore limité et que de tels modèles ne sont pas adaptés à la restauration des écosystèmes et au renforcement des capacités institutionnelles nécessaires à la réalisation de l’ODD 14.  « À ce stade crucial, nous appelons les partenaires à renforcer leur soutien à cette initiative », a déclaré la délégation, plaidant en outre pour une plateforme, qui, sous l’égide de l’ONU, canaliserait les financements vers des résultats tangibles, notamment une transition juste pour les communautés dépendantes de l’océan.

À ce sujet, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a dit œuvrer à la conception d’un mécanisme mondial de financement des océans à la fois innovant et transformateur, alimenté par des ressources hors APD, baptisé « One Ocean Finance » afin de débloquer des milliards de dollars de nouveaux financements auprès des industries dépendantes de l’océan et des secteurs de l’économie bleue.  Un tel mécanisme apportera l’impulsion financière nécessaire pour atteindre les objectifs mondiaux et nationaux pour les océans d’ici à 2030 et contribuer au programme post-2030.

La Fondation SEE a indiqué avoir investi plus de 25 millions de dollars dans la conservation et la restauration marines.  Selon elle, mobiliser des financements pour les actions océaniques nécessite la diffusion des efforts des plateformes de financement participatif ou d’aide sociale, ainsi que des financements privés. 

Pour la Norvège, deux occasions sont à saisir pour mobiliser les financements en faveur de l’ODD 14: « la première est ici, à Nice, la seconde aura lieu en juillet lors de la quatrième Conférence pour le financement du développement à Séville ».  Ces deux événements offrent l’opportunité de progresser dans l’action océanique et la réalisation du Programme 2030, a-t-elle souligné.  Mais pour cela, « tout le monde doit être sur le pont », a-t-elle lancé, préconisant l’orientation de fonds vers des actions locales et nationales, avec de vraies capacités opérationnelles. 

 

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Conférence sur l'océan: « Prévenir et réduire nettement la pollution marine de tous types, en particulier celle résultant des activités terrestres »

Soixante-dix-neuvième session, Conférence sur l'océan,
Table ronde Action pour l’océan no 4 – après-midi
MER/2222

Conférence sur l'océan: « Prévenir et réduire nettement la pollution marine de tous types, en particulier celle résultant des activités terrestres »

NICE, 10 juin - « Au moment où je terminerai mon discours aujourd’hui, environ cinq camions poubelles supplémentaires remplis de plastique auront été déversés dans l’océan. »   C’est en ces termes que la Présidente-Directrice générale de Ocean Conservancy, Mme Janis Searles Jones, a transmis l’urgence liée aux solutions à la pollution plastique, à l’occasion de la quatrième table ronde de la Conférence sur l’océan qui se tient à Nice, en France, jusqu’au 13 juin.

Rappelant que l’océan représente 97% de l’eau de la planète, la Présidente du Groupe mixte d’experts chargé d’étudier les aspects scientifiques de la pollution des mers (GESAMP), Mme Wendy Watson-Wright, s’est indignée que de « notre propre chef » nous avons réussi à le transformer en un « cloaque contaminé », avec des répercussions et des conséquences innombrables sur l’environnement, l’économie et la société. 

En effet, non seulement la communauté internationale n’a pas atteint son objectif pour 2025 visant à réduire considérablement la pollution marine de toutes origines, mais la crise de la pollution se poursuit, s’est inquiété de son côté le Ministre fédéral allemand de l’environnement, qui coprésidait cette table ronde.  M. Carsten Schneider a pointé la complexité du problème qui englobe les plastiques à usage unique, les équipements de pêche perdus, les marées noires, la pollution chimique et d’autres facteurs.

Partout où nous regardons, nous trouvons des plastiques: dans nos océans et dans la faune marine, sur terre et dans nos corps, jusque dans la zone crépusculaire des mers qui achemine le carbone des eaux de surface vers les profondeurs marines.  Et pourtant, malgré ces faits alarmants, la production de plastique devrait augmenter de 50% d’ici à 2040, s’est alarmée laPDG de Ocean Conservancy alors même que le rythme actuel n’est déjà plus viable pour les populations, pour la planète et pour les océans.  Les données scientifiques sont claires: « nous devons adopter une approche mondiale à plusieurs volets pour faire face à cette crise multiforme ».

Outre les deux principaux coupables de la pollution marine identifiés par la scientifique -les plastiques à usage unique et les équipements de pêche perdus ou abandonnés-, le Ministre allemand a signalé que les millions de tonnes de munitions abandonnées au fond des océans constituent un risque croissant pour la pêche, la navigation et le tourisme.  Pour faire face à ce problème, son gouvernement vient de lancer un programme inédit financé à hauteur de 100 millions d’euros pour récupérer des munitions dans les eaux allemandes des mers Baltique et du Nord.

Il suffit de penser à tous les secteurs économiques qui dépendent d’une mer propre, tels que la pêche, l’aquaculture et le tourisme, a interjeté la Commissaire à l’environnement, à la résilience en matière d’eau et à l’économie circulaire compétitive de la Commission européenne.  Constatant que ces défis ne connaissent pas de frontières, Mme Jessika Roswall a appelé à travailler ensemble pour les relever et à ne pas perdre le lien avec les activités terrestres.  L’Union européenne part du principe que nos écosystèmes aquatiques doivent être sains de la source à la mer, parce qu’au final, nos fleuves se jettent dans les océans. 

Il faut donc réfléchir en termes d’écosystème circulaire, un point de vue partagé par la Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) qui a martelé que ce qui se passe dans les terres atterrit dans les mers. Afin de protéger les mers, nous devons lutter contre la pollution à la source, a fait valoir Mme Inger Andersen.

La Commissaire européenne a également saisi cette occasion pour annoncer que la semaine dernière a marqué une avancée majeure en termes d’engagement de l’Union européenne en faveur de la préservation des océans avec l’adoption du Pacte européen pour les océans.  Il a pour vocation de regrouper toutes les politiques océaniques autour d’une orientation claire, a-t-elle expliqué.  L’UE a également signé, ce matin même, la déclaration lançant la Coalition de haute ambition pour un océan plus silencieux.

Lutter contre la pollution plastique

De son côté, le Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a expliqué comment les traceurs radioactifs sont utilisés pour étudier les effets de l’acidification des océans sur la vie marine.  L’AIEA a également lancé un « nouveau plastique technologique » utilisant l’hydrologie isotopique.  Rappelant qu’il a lui-même dirigé la première expédition visant à identifier la pollution plastique en Antarctique, M. Rafael Grossi, a affirmé que l’AIEA est également en mesure d’aider à utiliser la technologie des rayonnements nucléaires pour recycler des produits sans utiliser de solvants chimiques.

Sur la problématique de la pollution plastique, beaucoup d’espoirs sont placés dans le prochain cycle de négociation du futur traité sur la pollution plastique, qui aura lieu en août à Genève.  Résumant les enjeux, la Directrice exécutive du PNUE a estimé que la réponse à ce problème nécessite une approche basée sur le cycle de vie du plastique.  « Il faut repenser ce que nous produisons et ce que nous consommons », a-t-elle souligné, appelant à trouver des alternatives au plastique, à l’instar des produits ménagers qui n’ont pas besoins d’être liquides.  Ce qui est sûr, c’est que le secteur privé doit être associé à ces négociations et devenir et un allié dans cette lutte, a-t-elle estimé. 

La plupart des pays souhaitent un accord efficace qui, a ajouté le Ministre allemand, doit créer un cadre clair qui donne aux fabricants une sécurité pour planifier leurs activités.  La mise en place de systèmes nationaux de responsabilité élargie des producteurs est un levier important afin que les fabricants assument la responsabilité de l’ensemble du cycle de vie de leurs emballages et jouent un rôle dans la lutte contre les dommages environnementaux. 

L’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) a exigé un instrument ambitieux, équitable et efficace qui reconnaisse pleinement leurs circonstances particulières.  Ce traité doit prévoir un financement nouveau, prévisible, durable et accessible, ont-ils souhaité en rappelant qu’ils sont victimes de la pollution plastique marine alors même qu’ils n’y contribuent que marginalement. 

Au-delà des déchets plastiques, Mme Watson-Wright de GESAMP a appelé à accélérer les travaux sur les engagements pris lors des différentes conférences et réunions consacrées aux océans.  « Les paroles sont faciles, mais les actes sont plus difficiles ».  Il serait judicieux, selon elle, de dresser un inventaire de toutes ces stratégies de lutte contre la pollution marine et de les regrouper autant que possible, à tout le moins, de veiller à leur coordination. 

Quoiqu’il en soit, la clef du succès de la lutte contre la pollution marine, qu’elle provienne d’activités terrestres, maritimes ou aériennes, réside dans la mise en œuvre et l’application de politiques et d’activités qui nécessitent des fonds.  En cela, chaque acteur de la société a un rôle à jouer, a-t-elle souligné.

 

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Conférence sur l'océan 2025 | Couverture des réunions & communiqués de presse

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Conférence sur l'océan: avec la problématique du financement, un serpent de mer refait son apparition dans le port de Nice

Soixante-dix-neuvième session, Conférence sur l'océan,
3e et 4e séances plénières – matin & après-midi
MER/2220

Conférence sur l'océan: avec la problématique du financement, un serpent de mer refait son apparition dans le port de Nice

NICE, FRANCE, 10 juin - Au deuxième de jour de son débat général, la troisième Conférence sur l’océan, qui se tient à Nice, en France, jusqu’au 13 juin, a démontré à quel point la protection des mers et des océans est politique, tant elle relève d’enjeux à la fois juridiques, scientifiques, législatifs et financiers étroitement liés entre eux.  Les délégations qui se sont succédé à la tribune ont d’ailleurs souligné que cette question reste indissociable de la lutte contre les changements climatiques.

Pour le Premier Ministre du Belize, cette manifestation ne doit pas se contenter d’approuver une déclaration politique de plus, mais rester dans les mémoires comme le moment où les émetteurs historiques de gaz à effet de serre s’engageraient en faveur de leur réduction drastique afin que le réchauffement planétaire ne dépasse jamais 1,5ºC, comme le prévoit l’Accord de Paris. 

« La protection des océans contre les changements climatiques n’est donc pas une démarche volontaire, mais une obligation contraignante en vertu du droit international », a souligné le Ministre des pêches, des océans et des affaires maritimes de Vanuatu qui a rappelé qu’à la suite d’une demande présentée par son pays aux côtés d’Antigua-et-Barbuda et des Tuvalu, le Tribunal international du droit de la mer avait rendu en mai 2024 un avis consultatif qui stipule que les émissions de gaz à effet de serre constituent une pollution marine.  Il précise en outre qu’en vertu de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, tous les États sont juridiquement tenus de prévenir, réduire et maîtriser ces mêmes émissions. 

Les conséquences du non-respect de cette obligation seront connues dans un second temps, a précisé le Ministre de Vanuatu.  Mais dans l’intervalle, plusieurs délégations ont exprimé leur volonté d’œuvrer à la protection des océans dans le cadre d’initiatives multilatérales, répondant ainsi à l’appel lancé par la Vice-Première Ministre de Cuba, qui s’est élevée contre le blocus économique imposé à son pays par les États-Unis, entravant notamment sa transition vers une gestion durable de ses ressources naturelles, y compris marines. 

Ainsi, la Slovénie a fait valoir la plateforme d’action pour la gestion source-mer, qui considère que la protection des zones aquatiques, la lutte contre la pollution et une utilisation rationnelle des terres doivent occuper une place centrale dans les plans nationaux.  À cette fin, ce pays, qui a un accès très restreint à la mer Adriatique, a souligné l’importance d’intégrer cette approche holistique à la gestion et à la protection conjointes des écosystèmes d’eau douce et océaniques. 

L’Allemagne, a indiqué son Ministre de l’environnement, œuvre de son côté à la ratification rapide du traité sur la haute mer (Accord BBNJ) au sein de la Coalition de la haute ambition pour la nature et les peuples, un regroupement d’États coprésidé par la France et le Costa Rica, dont le but est de soutenir l’adoption d’une cible ambitieuse visant à protéger 30% des terres et 30% des mers de la planète d’ici à 2030.

Et c’est dans le cadre de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM) que Berlin continue de plaider en faveur d’une pause préventive concernant l’exploitation minière en eaux profondes, à propos desquelles, a estimé le Ministre, nos connaissances sont encore bien trop lacunaires, un sentiment auquel a fait écho la Suède qui a par ailleurs annoncé qu’elle interdira à partir de cette année les rejets d’épurateurs dans ses eaux territoriales.  Le Belize s’est enorgueilli pour sa part de son moratoire illimité sur l’exploitation pétrolière, et de son modèle d’économie bleue reposant sur une relation de « réciprocité avec l’océan ».

« Tous dans le même bateau »

Si la plupart des délégations ont émis le souhait que soit conclu un traité mondial de lutte contre la pollution plastique, dont la Jamaïque, favorable à ce qu’il tienne compte des « circonstances particulières » des petits États insulaires en développement (PEID), la Fédération de Russie a préconisé pour sa part d’élaborer une infrastructure destinée à aider les pays qui en ont besoin à y faire face.  Le représentant russe a par ailleurs jugé nécessaire d’ouvrir un dialogue intergouvernemental scientifique permanent sur la gestion des écosystèmes marins et de stimuler les financements dédiés à leur restauration. 

Car c’est bien la question des financements qui est revenue dans les déclarations comme un serpent de mer.  Au nom de la justice « océanique », le Ministre des pêches et des ressources océaniques des Maldives a exhorté les pays développés et les créanciers à réduire les coûts des emprunts subis par les petits États insulaires en développement (PEID) pour financer la lutte contre les changements climatiques.  Pour ceux d’entre eux qui sont surendettés, une atténuation de la dette devrait être envisagée en échange d’investissements dans la réalisation de l’ODD 14. « Ne demandons pas aux petites îles de faire de grandes choses avec des moyens insuffisants.  Investissons dans des partenariats, où l’action locale peut se traduire par des résultats mondiaux.  Nous sommes tous dans le même bateau », a ajouté le Ministre.

Alors que la montée des eaux, l’acidification des eaux et le réchauffement des océans ont déjà des répercussions sur les littoraux, les récifs coralliens et la pêche des PEID, le Ministre de l’agriculture et des pêches d’Antigua-et-Barbuda a plaidé en faveur d’un soutien financier accru et prévisible et d’un transfert de technologies marines.  Or, le système actuel contraint les pays vulnérables à naviguer parmi des flux de financement dont la fragmentation est problématique, s’est-il plaint.  Rejetant l’opposition « Sud global contre Occident collectif », la France a considéré que la seule « ligne de fracture » existante se trouve entre ceux qui veulent agir, et ceux qui s’y refusent. « Au moment où les institutions sont contestées, entrons en résistance et poursuivons ce combat. »

Un leadership africain fort pour faire progresser la gouvernance des océans

Soulignant que la gouvernance des océans est un enjeu crucial pour l’Afrique, le Ministre de la pêche de Gambie a dit l’urgence pour les pays en développement, en particulier les pays les moins avancés (PMA), d’accéder à un financement adéquat pour une gouvernance durable des océans. 

Dans ce contexte, a-t-il dit, nous appelons à des solutions océaniques soutenues par un financement prévisible, basé sur des subventions, qui reflète les circonstances uniques de nos nations.  De même, il a soutenu la création d’un fonds mondial pour les océans accessible aux pays à faible revenu et conçu selon des modalités simplifiées et inclusives.  Le Ministre de l’environnement de Djibouti a plaidé de son côté pour le libre partage des données scientifiques marines.  Il faut faire des océans un moteur de résilience et d’équité climatique, a résumé le Ministre de l’environnement du Sénégal. 

Tout en concédant que la participation à cette conférence d’un pays enclavé comme le sien pourrait paraître absurde, le Premier Ministre d’Eswatini a fait observer que la santé des océans commence avec la protection des différents cours d’eau des terres.  La santé de l’océan est une responsabilité partagée qui transcende la géographie, a renchéri le Lesotho. 

La Conférence sur l’océan poursuivra son débat général demain, mercredi 11 juin, à partir de 10 heures.

 

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Conseil de sécurité: « l’Iraq est sur la bonne voie », estime le Chef de la MANUI, à six mois de la fin de son mandat

9933e séance – matin
CS/16083

Conseil de sécurité: « l’Iraq est sur la bonne voie », estime le Chef de la MANUI, à six mois de la fin de son mandat

Le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), M. Mohamed Al Hassan, a salué ce matin, devant le Conseil de sécurité, la trajectoire de l’Iraq vers une plus grande stabilité, prospérité et intégration régionale.  Ce constat positif a été globalement partagé par les délégations qui ont souligné la stabilité de l’Iraq malgré l’escalade dans la région.  Alors que le mandat de la Mission s’achève dans six mois, M. Al Hassan a précisé que les activités de transition se poursuivent sans heurt, en dépit d’un contexte budgétaire difficile.

Dans son intervention, le Représentant spécial a indiqué que les prochaines élections à la Chambre des députés ont été fixées au 11 novembre 2025.  Si des défis logistiques demeurent, l’Iraq est attaché à un processus électoral transparent, a-t-il poursuivi, en assurant du soutien de la MANUI.  Il a souligné l’importance de la mise sur pied d’un nouveau gouvernement dans la Région du Kurdistan d’Iraq afin de sortir de l’impasse actuelle.  La relation Bagdad-Erbil est un partenariat basé sur un dialogue permanent prévu par la Constitution iraquienne, a-t-il rappelé.

M. Al Hassan a insisté sur les efforts du Gouvernement visant à faciliter le retour d’ici à la fin de 2025 de tous les nationaux iraquiens se trouvant dans le nord-est de la Syrie.  Depuis le début du processus de retour en mai 2021, 3 741 ménages sont arrivés en Iraq après avoir quitté le camp de Hol et le camp Roj.  La situation des déplacés en Iraq demeure difficile, a dit le Représentant spécial, en évoquant notamment la situation des yézidis.  Il a plaidé pour des mesures économiques et sécuritaires vigoureuses afin de garantir les conditions d’un retour durable et en toute sécurité. 

Sur le plan des droits humains, le Représentant spécial s’est en particulier félicité de l’élaboration d’un projet de loi sur la protection des minorités et d’une stratégie nationale de lutte contre les discours de haine.  S’agissant de la situation des nationaux du Koweït et d’États tiers portés disparus et des biens koweïtiens disparus, M. Al Hassan a souligné la nécessité d’y remédier en se concentrant sur ce qui rapproche les deux pays.  Des relations de bon voisinage demeurent essentielles, a déclaré le Représentant spécial.

Les délégations ont été nombreuses à décerner un satisfecit à l’Iraq, à l’instar du Danemark, qui a loué les efforts « évidents » du Gouvernement iraquien à bâtir un avenir plus prospère.  La délégation a exhorté l’Iraq à faire fond sur l’élan positif actuel en vue de prendre des mesures concrètes notamment pour promouvoir les droits des femmes.  Le Danemark a également salué le rapatriement des Iraquiens des camps du nord-est syrien, tandis que la République de Corée a loué les progrès accomplis dans la lutte contre le terrorisme. 

« Le pays a connu quatre trimestres consécutifs de diminution des attaques de Daech », s’est félicitée la Fédération de Russie.  La Russie a également estimé que le succès du trente-quatrième Sommet de la Ligue des États arabes, qui s’est tenu à Bagdad le 17 mai dernier, souligne le rôle central du pays dans la région, tout en mettant en garde, comme les États-Unis, contre les ingérences extérieures. La Chine a encouragé l’Iraq à continuer de jouer un rôle positif dans la région.  La France a également salué le « rôle d’équilibre » joué par l’Iraq dans un contexte régional complexe, avant d’appeler à la poursuite du dialogue entre Erbil et Bagdad.  L’Iraq est resté stable malgré l’escalade du conflit ces six derniers mois, a appuyé le Royaume-Uni, qui a jugé vital la formation d’un nouveau gouvernement dans la Région du Kurdistan. 

Ce gouvernement devrait être idéalement mis sur pied avant les élections de novembre, a déclaré le Royaume-Uni, en souhaitant, à l’image de tous les intervenants, que lesdites élections soient transparentes et crédibles. Ces prochaines élections représentent l’évolution la plus importante de mon pays ces quatre derniers mois, a déclaré le délégué iraquien.  Il a pris note des tensions entre les partis politiques nationaux, tout en considérant que cette expression pacifique de points de vue divergents constitue un signe positif de démocratisation. 

Soulignant la sagesse de ses dirigeants, le représentant s’est félicité de la capacité de son pays à asseoir son autorité en se dissociant des escalades régionales, citant la situation au Liban et en Palestine.  Il s’est réjoui que l’Iraq joue un rôle de médiateur régional pour désamorcer les tensions.  Le dernier Sommet de la Ligue arabe à Bagdad marque le retour de l’Iraq sur la scène régionale, s’est réjoui le représentant, en soulignant des résultats positifs, dont la création d’une chambre de coordination de sécurité arabe et un centre d’intelligence artificielle à Bagdad. 

S’agissant de la situation des nationaux du Koweït et d’États tiers portés disparus et des biens koweïtiens disparus, le Royaume-Uni, délégation porte-plume sur ce dossier, a assuré de son engagement en vue de créer un mécanisme de suivi après le retrait de la MANUI.  De son côté, le Koweït a souhaité qu’un responsable onusien soit nommé à la fin du mandat de la Mission.  Ce pays a souligné la nature humanitaire, non pas politique, de ce dossier, en rappelant que quelque 300 personnes sont encore portées disparues. 

« Les familles doivent savoir ce qui est arrivé à leur êtres chers », a tranché le délégué, en déplorant le manque de progrès.  Le retour des archives nationales au Koweït est également essentiel, a déclaré le délégué.  Son homologue iraquien a assuré que son pays n’épargnera aucun effort pour régler ces questions.  « Nous n’avons aucun intérêt à ne pas trouver de solution durable », a-t-il assuré.  La fin du mandat de la MANUI ne sonne pas la fin du travail sur les personnes et les biens disparus, ont appuyé les États-Unis.

Alors que le Représentant spécial a précisé que les activités de transition se déroulent selon le calendrier prévu, avec la fermeture des bureaux à Mossoul et à Kirkouk, la Russie a estimé que la normalisation de la situation en Iraq confirme la pertinence du retrait de la MANUI.  « Ainsi se termine une époque à la suite de laquelle l’Iraq s’est transformé en un État démocratique moderne à même d’assurer son avenir sans aide extérieure. »  Le représentant des États-Unis a, lui, rappelé que son pays avait toujours préconisé un retrait ordonné et graduel des Nations Unies.

Ce Conseil doit soutenir la MANUI durant les derniers mois de son mandat, a conclu la France, en demandant qu’elle bénéficie des moyens financiers jusqu’à la fin de son mandat.  L’ONU ne se retire pas de l’Iraq, a affirmé le Danemark, en rappelant que l’équipe de pays prendra le relais.  Le délégué de l’Iraq a encore souligné les efforts de son gouvernement pour le transfert sans heurt des locaux et des avoirs de la MANUI.  « Cela témoigne du début d’un nouveau chapitre de la relation entre l’Iraq et les Nations Unies », s’est-il félicité, tandis que la Somalie, au nom des A3+ (Algérie, Sierra Leone, Somalie et Guyana), a loué l’approche proactive du Gouvernement iraqien.  Enfin, la Chine a salué le succès des 20 années de présence de la MANUI.

 

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La situation concernant l’Iraq (S/2025/320S/2025/323)

Exposé

M. MOHAMED AL HASSAN, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), a salué la trajectoire de l’Iraq vers une plus grande stabilité, prospérité et intégration régionale.  « L’Iraq est sur la bonne voie. »  Il a indiqué que les prochaines élections à la Chambre des députés ont été fixées au 11 novembre 2025.  Près des trois quarts des électeurs devraient être inscrits sur les listes électorales, a dit le Représentant.  Si des défis logistiques demeurent, l’Iraq est attaché à un processus électoral transparent, a-t-il poursuivi, en assurant du soutien de la MANUI. Il a souligné l’importance de la mise sur pied d’un nouveau gouvernement dans la Région du Kurdistan d’Iraq afin de sortir de l’impasse actuelle.  La relation Bagdad-Erbil est un partenariat basé sur un dialogue permanent prévu par la Constitution iraquienne, a-t-il rappelé.

M. Al Hassan a insisté sur les efforts du Gouvernement visant à faciliter le retour d’ici à la fin de 2025 de tous les nationaux iraquiens se trouvant dans le nord-est de la Syrie.  Depuis le début du processus de retour en mai 2021, 3 741 ménages sont arrivés en Iraq après avoir quitté le camp de Hol et le camp Roj.  La situation des déplacés en Iraq demeure difficile, a dit le Représentant, en évoquant notamment la situation des yézidis.  Il a plaidé pour des mesures économiques et sécuritaires vigoureuses afin de garantir les conditions d’un retour durable et en toute sécurité.  La réinstallation n’est pas un processus purement physique, elle doit être animée par un espoir en l’avenir, a déclaré M. Al Hassan, en rappelant les souffrances endurées par les yézidis en Iraq.

Sur le plan des droits humains, le Représentant spécial a précisé que, dans le cadre de l’examen périodique universel au Conseil des droits de l’homme, 263 recommandations aux fins de l’amélioration de la situation desdits droits ont été avancées.  Il s’est en particulier félicité de l’élaboration d’un projet de loi sur la protection des minorités et d’une stratégie nationale de lutte contre les discours de haine.  S’agissant de la situation des nationaux du Koweït et d’États tiers portés disparus et des biens koweïtiens disparus, il a souligné la nécessité d’y remédier en se concentrant sur ce qui rapproche les deux pays.  Des relations de bon voisinage sont capitales, a-t-il dit. 

Enfin, il a rappelé que le mandat de la MANUI expire à la fin de l’année et que les activités de transition se déroulent selon le calendrier prévu, dans un contexte budgétaire difficile.  La Mission a ainsi fermé ses bureaux locaux à Mossoul et à Kirkouk, a-t-il informé.  En conclusion, il a fait part de sa conviction en la capacité de ce grand pays qu’est l’Iraq à retrouver son rang.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: le débat sur la gestion entérine des décisions d’organes subsidiaires, dont une résolution fort débattue sur « le genre dans le système onusien »

Session de 2025
22e & 23e séances plénières – matin & après-midi
ECOSOC/7207

ECOSOC: le débat sur la gestion entérine des décisions d’organes subsidiaires, dont une résolution fort débattue sur « le genre dans le système onusien »

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a entamé aujourd’hui son débat consacré à la gestion qui lui permet de concrétiser les recommandations et décisions de ses organes subsidiaires, dont les mandats vont du développement social à la coopération internationale en matière fiscale, en passant par les questions de genre.  Il a notamment accordé le statut consultatif spécial à 132 ONG.

Certaines notions et certains concepts contenus dans la résolution intitulée « Prise en compte des questions de genre dans l’ensemble des politiques et programmes du système des Nations Unies » ont été discutés par de nombreuses délégations, à commencer par la Fédération de Russie qui a reproché à la résolution de promouvoir des concepts contestés.  Beaucoup ont critiqué le fait que ces éléments du texte ne sont pas consensuels et n’ont pas fait l’objet d’approbation au préalable. 

La présentation des rapports a permis notamment de faire le point sur les stupéfiants, comme les drogues synthétiques illicites, en propagation rapide.  Du côté du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), sa représentante a souligné la nécessité de mettre pleinement en œuvre la Convention relative aux droits de l’enfant en s’attaquant en particulier à la discrimination systémique, en maintenant les protections juridiques et en veillant à ce que, même en temps de crise, les enfants soient considérés et traités comme des « titulaires de droits », et non comme des bénéficiaires passifs. 

Promotion des femmes

Le texte ayant suscité toutes les attentions est intitulé « Prise en compte des questions de genre dans l’ensemble des politiques et programmes du système des Nations Unies » (E/2025/L.14). Par ce texte, l’ECOSOC prend note du rapport éponyme du Secrétaire général (E/2025/58) et des recommandations qui y figurent.  L’ECOSOC exhorte ainsi les organismes des Nations Unies à accélérer encore la prise en compte des questions de genre dans les politiques et programmes qu’ils mettent en œuvre pour faire face aux situations d’urgence et aux autres défis mondiaux.  Alors qu’il constate que seules cinq femmes ont été élues à la présidence de l’Assemblée générale depuis la création de l’Organisation, il encourage vivement les États Membres à présenter la candidature de femmes à cette présidence.

Dans l’alinéa e) du paragraphe 10 de ce texte, l’ECOSOC demande au système des Nations Unies, y compris aux organismes, fonds et programmes des Nations Unies, agissant dans le cadre de leur mandat, de veiller à la réalisation de tous les objectifs de développement durable, y compris « en tirant parti du Plan pour l’accélération de la réalisation de l’égalité des genres dans le système des Nations Unies pour lutter contre les tentatives visant à saper l’égalité des genres et protéger les défenseuses et défenseurs des droits humains des femmes, conformément aux normes internationales pertinentes, partout dans le monde ». 

Ce dernier paragraphe a suscité de nombreuses réactions.  La Fédération de Russie a relevé que certains aspects du texte font référence à des approches qui sont promues par le Secrétariat des Nations Unies mais qui n’ont pas été adoptées par les États Membres.  Elle s’est donc dissociée de certains paragraphes comprenant ces concepts. Réaction similaire du Bélarus, du Zimbabwe, du Burundi, du Burkina Faso et du Mali, ainsi que de la République islamique d’Iran pour qui on ne peut pas promouvoir une initiative non négociée au niveau intergouvernemental. 

L’Arabie saoudite a aussi évoqué des « concepts controversés » qui contredisent les valeurs du pays et sa culture, alors que l’Algérie a clairement identifié l’alinéa e) du paragraphe 10 comme la pomme de discorde.  Le fait de s’appuyer sur ce document est problématique, a renchéri l’Égypte en se dissociant desdites mentions, à l’instar de la Chine et du Nigéria pour qui « les droits sont variables selon les pays et les cultures ».  Le Sénégal a fait pareil en déclarant que le terme « genre » ne renvoie qu’aux deux sexes que sont l’homme et la femme. 

Après l’adoption de la résolution, le Cameroun a lui aussi décidé de ne pas appuyer l’alinéa e) du paragraphe 10, rappelant que les sexes masculin et féminin sont les seuls que le pays reconnaît. L’Argentine a précisé que bien que les droits des femmes soient une priorité, la vision de cette résolution ne tient pas compte des contextes divers des États.  Les pays ayant déjà avancé dans le cadre de l’autonomisation des femmes n’ont pas besoin d’une telle directive si les femmes sont déjà socialement intégrées au même titre que les hommes, a-t-elle avancé.  Face à ces nombreuses réserves, la Tunisie, qui a coordonné les négociations, a marqué sa surprise.  Pour elle, cela aurait dû être discuté au moment des négociations et pas après. 

Dans le cadre ce même point de l’ordre du jour, l’ECOSOC a pris note du dernier rapport en date de la Commission de la condition de la femme (E/2025/27) et a ensuite entériné la résolution s’y trouvant, adoptant ainsi le Programme de travail pluriannuel de la Commission (E/CN.6/2025/L.5).  Il a aussi approuvé l’ordre du jour provisoire et la documentation de sa prochaine session.

Le Conseil a ensuite pris note du dernier rapport en date du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (A/80/38).

Développement durable

L’ECOSOC a également pris note du rapport sur les travaux du Comité des politiques de développement (E/2025/33), par la résolution E/2025/L.9, en approuvant les recommandations qui y sont formulées.  Ainsi, le Conseil engage la communauté internationale à fournir un soutien ciblé aux pays les moins avancés, y compris les pays récemment sortis de cette catégorie, aux fins de la mise en œuvre du Programme d'action de Doha en faveur des pays les moins avancés et pour les aider à faire face aux multiples crises mondiales.

Population et développement

L’ECOSOC a pris note du dernier rapport en date de la Commission de la population et du développement (E/2025/25). Réagissant à ce rapport, le Mexique a regretté que la Commission n’ait pu adopter un document consensuel en fin de session.  La délégation a également souhaité que les sessions de la Commission de la population ne soient plus si proches des dates de la session annuelle de la Commission de la condition de la femme. 

Questions sociales et questions relatives aux droits humains

Stupéfiants

Le Conseil a entendu la présentation des derniers rapports de la Commission des stupéfiants sur ses derniers travaux (E/2024/28/Add.1 et E/2025/28).  Il a entériné deux décisions, pour prendre note du rapport de la Commission et de celui de l’Organe international de contrôle des stupéfiants pour 2024 (E/INCB/2024/1).

Le Chili et la Pologne ont évoqué des résolutions qu’ils ont parrainées et qui s’inscrivent dans l’optique de la lutte contre les stupéfiants.  Il en va de même pour la France qui a rappelé une résolution qu’elle a coparrainée sur l’impact des drogues sur l’environnement.  Une question peu traitée alors que les enjeux sont importants, puisque la production d’un kilogramme de drogue synthétique conduit à la production de près de 30 kilogramme de déchets qui sont rejetés dans la nature, a expliqué la France.

Droits humains

L’ECOSOC a entendu et ensuite pris note du rapport du Comité des droits économiques, sociaux et culturels sur ses soixante-quinzième et soixante-seizième sessions (E/2025/22). 

Examen conjoint des points de l’ordre du jour

  • Développement durable dans l’application et le suivi du Programme de développement durable à l’horizon 2030
  • Application et suivi des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet organisées par les Nations Unies
  • Application des résolutions 50/227, 52/12 B, 57/270 B, 60/265, 61/16, 67/290, 68/1, 72/305, 75/290 A et B et 78/285 de l’Assemblée générale

Sur ces aspects de l’ordre du jour, le Conseil a entendu la présentation de la note du Secrétaire général relative aux principales décisions, conclusions et recommandations de politique générale formulées par le Comité de la sécurité alimentaire mondiale (E/2025/51).  Le Conseil a aussi entendu la présentation de la note du Secrétaire général relative au rapport d’ONU-Nutrition, conformément à la décision 2018/207 du Conseil (E/2025/48).

Questions de coordination, questions relatives au programme et autres questions

Rapports des organes de coordination

Le Conseil économique et social a entendu la présentation du rapport annuel d’ensemble du Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination pour 2024 (E/2025/13).

Activités opérationnelles du système des Nations Unies au service de la coopération internationale pour le développement 

Abordant cette question, l’ECOSOC a pris note (E/2025/L.13) des rapports ayant été soumis lors du débat de 2025 consacré aux activités opérationnelles de développement, qui s’est tenu du 20 au 22 mai 2025: 

  • le rapport du Secrétaire général sur l’application de la résolution 79/226 de l’Assemblée générale sur l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies;
  • le rapport de la Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement durable sur les travaux du Bureau de la coordination des activités de développement, y compris sur les plans opérationnels et administratifs et celui du financement;
  • le Rapport de la Directrice exécutive du Bureau du Groupe des Nations Unies pour le développement durable chargé des évaluations à l’échelle du système.

Questions sociales et questions relatives aux droits humains

Développement social

Le Conseil a entendu, sur ce point, le rapport du Secrétaire général sur les préparatifs et la célébration du trentième anniversaire de l’Année internationale de la famille, publié sous la cote (A/80/61-E/2025/11) et celui du Secrétaire général sur la suite donnée aux conclusions de la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée aux enfants (A/79/274–E/2025/3). Enfin, il a entendu présenter le rapport sur les travaux de la soixante-troisième session de la Commission du développement social -14 février 2024 et 10-14 février 2025- (E/2025/26) en en prenant note.

Ce dernier rapport contenait des résolutions envoyées à l’ECOSOC par la Commission.  La résolution I porte sur l’« organisation des travaux et méthodes de travail futures de la Commission du développement social » (E/CN.5/2025/L.7), alors que la résolution II est relative aux « aspects sociaux du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique » (E/CN.5/2025/L.5).  Quant à la résolution III, elle s’intitule « Renforcer la solidarité, l’inclusion sociale et la cohésion sociale pour accélérer la réalisation des engagements pris dans la Déclaration de Copenhague sur le développement social et le Programme d’action du Sommet mondial pour le développement social ainsi que la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 » (E/CN.5/2025/L.4).  Enfin, la résolution IV porte sur les « modalités du cinquième cycle d’examen et d’évaluation du Plan d’action international de Madrid de 2002 sur le vieillissement » (E/CN.5/2025/L.6). 

Par une autre décision, le Conseil a confirmé la nomination de trois personnes au Conseil d’administration de l’Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social: M. Olivier De Schutter et Mme Graziella Moraes Silva, pour un nouveau mandat de deux ans prenant effet le 1er juillet 2025; et Mme Jenina Joy Chavez, pour un mandat de quatre ans prenant effet le 1er juillet 2025.

L’Argentine a tenue à rappeler qu’elle s’est dissociée du Pacte pour l’avenir et souligné que les ODD sont non contraignants pour les États.

Institutions de recherche et de formation des Nations Unies

L’ECOSOC a entendu la présentation du rapport du Secrétaire général sur l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR) (E/2025/50) et le rapport du Conseil de l’Université des Nations Unies sur les travaux de l’Université (E/2025/49), tout comme celui du Secrétaire général sur l’École des cadres du système des Nations Unies (E/2025/52) et le rapport de l’Institut interrégional de recherche des Nations Unies sur la criminalité et la justice.

L’Italie a dit soutenir les travaux de ces deux dernières institutions installées sur son territoire, en appelant les États Membres à les soutenir financièrement au vu de leur importance.

À propos de l’École des cadres du système des Nations Unies, basée à Turin (Italie), l’ECOSOC a adopté une résolution (E/2025/L.6) pour prendre acte du rapport du Secrétaire général et saluer les progrès accomplis au cours des deux dernières années par l’École, qui dispense un enseignement et une formation de qualité au personnel du système des Nations Unies et des organisations partenaires concernées.

Aux termes d’un autre texte relatif à l’Institut interrégional de recherche des Nations Unies sur la criminalité et la justice (E/2025/L.7), le Conseil a encouragé l’Institut à continuer d’appliquer une démarche fondée sur les faits et les données dans les activités de recherche, de formation et d’aide à l’élaboration des politiques qu’il mène à l’appui des États Membres.  De plus, il lance un appel à tous les États Membres pour qu’ils envisagent de verser des contributions volontaires afin de permettre à l’Institut de poursuivre et d’étendre ses activités, en vue de trouver des solutions aux problèmes recensés dans son cadre de programmation stratégique pour 2023-2026, notant que l’Institut est financé au moyen de ressources extrabudgétaires.

De même, par une résolution relative à l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (E/2025/L.12), l’ECOSOC a pris note avec intérêt du rapport du Secrétaire général et engagé l’Institut à continuer d’étoffer sa programmation en s’alignant sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et d’augmenter le nombre de bénéficiaires des activités qu’il mène pour répondre aux besoins en matière de formation et de perfectionnement, particulièrement ceux des pays les plus en difficulté, notamment en tirant parti de mécanismes de financement novateurs. 

Questions relatives à l’économie et à l’environnement

Statistiques

Après avoir adopté le rapport sur les travaux de la cinquante-sixième session (4-7 mars 2025) et arrêté les dates de la cinquante-septième session, le Conseil a adopté les projets de résolution I et II, respectivement dédiées aux systèmes de compatibilité nationale, et aux programmes mondiaux de recensements de la population et des logements de 2030, par le truchement desquels chaque pays est invité à procéder à un recensement de sa population au cours de la décennie 2025-2034. 

En présentant le rapport, le Président de l’organe a espéré que ces travaux guideront le système statistique mondial ainsi que les travaux futurs de la Division de statistique du Département des affaires économiques et sociales (DESA).  Il a indiqué notamment que la Commission a approuvé l’examen technique final des indicateurs des objectifs de développement durable (ODD), ce qui a permis de confirmer la majorité d’entre eux tout en ajustant un petit nombre de ces indicateurs en fonction des nouvelles méthodologies et des nouvelles technologies. 

Coopération internationale en matière fiscale

L’ECOSOC s’est ensuite penché sur les deux projets de décision lui étant présentés dans le chapitre I du rapport du Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale.  Il a ainsi entériné les « lieu, dates et ordre du jour provisoire de la trentième session du Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale » ainsi que la proposition d’instruments d’adoption accélérée pour la modification simplifiée des conventions bilatérales de double imposition. 

Une troisième décision concernant le lieu, les dates et l’ordre du jour provisoire de la prochaine, et trente et unième, session, proposée dans l’addendum du rapport du Comité d’experts, a également été adoptée.

La Coprésidente du Comité en a profité pour rendre compte des travaux des deux dernières sessions, en se targuant d’avoir finalisé des directives dans des domaines tels que la taxation des industries extractives, la fiscalisation environnementale, la numérisation fiscale, la transparence, l’impôt sur la fortune, la solidarité, la fiscalisation des cryptomonnaies, entre autres. 

Organisation non gouvernementales (ONG)

Examen du rapport du Comité des ONG sur sa session ordinaire de 2025 (E/2025/32 (Partie I))

Après avoir pris note du rapport de la session ordinaire de 2025 du Comité des organisations non gouvernementales, l’ECOSOC a entériné les recommandations concernant les demandes de statut consultatif, de changement de nom et les rapports quadriennaux reçus de la part d’ONG. Ainsi, 132 ONG ont obtenu le statut consultatif spécial auprès de l’ECOSOC.

Coordination, programme et autres questions

Calendrier des conférences et réunions dans les domaines économique et social et dans les domaines connexes

Une fois après avoir pris connaissance d’une lettre datée du 23 avril 2025 adressée au Président de l’ECOSOC par le Président du Comité des conférences, ainsi que d’une note du Secrétariat dans laquelle l’ECOSOC est invité à examiner le calendrier provisoire des conférences et des réunions pour 2026 et 2027 dans les domaines économique et social et dans les domaines connexes, ledit calendrier a été approuvé par l’adoption d’une résolution à l’unanimité. 

Élections, présentations de candidatures, confirmations et nominations

L’ECOSOC a procédé à l’élection de membres du Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et du Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS).

L’Inde a été élue par acclamation à la Commission de la population et du développement pour un mandat de quatre ans; ainsi que l’Uruguay, pour la même durée, à la Commission de la consolidation de la femme pour la région Amérique latine et Caraïbes.

Le Conseil a aussi élu par acclamation Mme Aili Keskitalo (Norvège) à l’Instance permanente sur les questions autochtones, pour un mandat de trois ans commençant le 1er janvier 2026. 

Bahreïn a été élu au Conseil d’administration d’ONU-Femmes pour un mandat de trois ans commençant le 1er janvier 2026; l’Australie et la Belgique, par acclamation, au Conseil d’administration du Programme alimentaire mondial pour un mandat de trois ans commençant lui aussi le 1er janvier 2026.  Enfin, le Brésil et le Cambodge ont été élus au Conseil de coordination du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida, pour un mandat de trois ans. 

Le Conseil se réunira à nouveau demain matin, jeudi 11 juin, à 10 heures, pour une table ronde consacrée à l’accélération de la mise en œuvre des ODD, ainsi qu’à l’élaboration de recommandations pragmatiques de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires en vue du forum politique de haut niveau sur le développement durable. 

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Le Comité spécial de la décolonisation ouvre sa session de fond sur des appels à poursuivre le processus de décolonisation dans les territoires non autonomes

Session de fond de 2025
3e & 4e séances – matin & après-midi
AG/COL/3389

Le Comité spécial de la décolonisation ouvre sa session de fond sur des appels à poursuivre le processus de décolonisation dans les territoires non autonomes

Ce matin, le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux a entamé sa session de fond 2025 sur des appels à réaliser des progrès tangibles dans le processus de décolonisation dans les territoires non autonomes toujours inscrits à son ordre du jour.  Au préalable, le Comité spécial a adopté, sans vote, trois projets de résolution relatifs à la décolonisation. 

Ce premier jour de la reprise de session du Comité spécial a été largement consacré à l’examen de la situation dans 14 des 17 territoires non autonomes.  La Déléguée aux affaires internationales, européennes et pacifiques de la Polynésie française, Mme Mareva Lechat-Kitalong, s’est inquiétée du manque de progrès quant à l’autodétermination du peuple de ce territoire.  Elle s’est en outre interrogée sur le traitement différencié entre les collectivités françaises par la Puissance administrante, s’agissant notamment de la transmission d’informations au titre de l’alinéa e de l’Article 73 de la Charte des Nations Unies ainsi que de l’organisation d’une mission de visite sur l’archipel. 

À l’opposé, la France a fait valoir que la Polynésie française jouit d’une large autonomie au sein de la République française.  Un statut qui correspond, selon elle, aux caractéristiques géographiques du territoire, mais aussi « aux demandes des Polynésiens en faveur d’une gouvernance tenant compte de leurs particularités historiques et culturelles ».  Les transferts financiers vers la Polynésie représentent chaque année près de 2 milliards d’euros, a-t-elle rappelé, soit 30% du PIB du territoire.  La délégation française a réitéré qu’aucun processus entre l’État français et le territoire polynésien ne prévoit de rôle pour l’ONU.  Qui plus est, a-t-elle ajouté, des discussions sont en cours afin que des représentants de la Polynésie française soient intégrés aux ambassades françaises aux Fidji et au Canada. 

S’agissant de la question des Îles Vierges britanniques, son Premier Ministre, M. Natalio D. Wheatley, s’est félicité du succès de la mission de visite menée l’an dernier par le Comité spécial, avec l’appui du Royaume-Uni, Puissance administrante.  Aujourd’hui, cependant, le peuple de l’archipel est prêt selon lui à « changer de statut politique ».  Le rapport issu de cette mission recommande en effet un programme d’éducation sur l’autodétermination ainsi que l’octroi d’une autonomie ouvrant la voie à l’indépendance.  En conséquence, a expliqué M. Wheatley, l’archipel compte établir une commission de la décolonisation et fixer un calendrier en vue d’un référendum sur le changement de statut politique du territoire.  Dans cette optique, il a formé le vœu que le Royaume-Uni fasse le « bon choix » en renonçant à imposer son « joug colonialiste », dénonçant au passage les attaques de parlementaires britanniques visant à entacher la réputation de l’archipel en tant que centre financier international. 

Après les violences de mai 2024 en Nouvelle-Calédonie, la France a estimé que deux chantiers majeurs doivent désormais être menés par les Calédoniens. Pour ce qui est de relever le défi du redressement économique, l’État français a accordé un soutien exceptionnel de près de 600 millions d’euros, qui s’ajoutent aux transferts annuels habituels.  Cette année, un soutien de 270 millions d’euros en subventions et d’un milliard d’euros en prêts pour les entreprises et les services publics de Nouvelle-Calédonie sera accordé.  Ensuite, la délégation française a appelé à mettre fin à l’incertitude quant à l’avenir institutionnel du territoire, conformément aux résultats « clairs » des trois référendums.  Bien que le projet d’accord institutionnel proposé en mai n’ait pas fait l’objet d’un consensus, les parties ont indiqué leur volonté de poursuivre les discussions. Le représentant français a rappelé à cet égard que des élections provinciales devront se tenir au plus tard en novembre 2025.  Dans l’intervalle, la France s’est engagée à maintenir la Nouvelle-Calédonie sur la liste des territoires non autonomes jusqu’à ce qu’un accord sur l’avenir de l’archipel soit trouvé.  Elle a réitéré qu’elle était prête à accepter une mission de visite du Comité au moment opportun. 

Cette tragédie n’est pas le fruit du hasard mais le résultat d’une tentative « brutale » des indépendantistes « d’imposer par la force ce que les Calédoniens ont rejeté par les urnes », a déploré Mme Sonia Backès, représentante de Les Loyalistes.  Pour sa part, M. Jérôme Bouquet-Elkaïm, du sénat coutumier de Nouvelle-Calédonie, a enjoint au Comité spécial d’exiger de la Puissance administrante qu’elle maintienne la Nouvelle-Calédonie sur la liste des territoires non autonomes et qu’il supervise les négociations sur ces questions, « afin que la Nouvelle-Calédonie ne demeure pas une bombe à retardement du fait des lacunes du processus de décolonisation ».

À l’approche du centenaire de l’administration néo-zélandaise des Tokélaou, en 2026, M. Don Higgins, Administrateur des Tokélaou, a rappelé l’engagement du Fono général de l’archipel à entamer un dialogue sur l’autodétermination.  Cette année, la Nouvelle-Zélande a dû accroître son appui budgétaire à ce territoire du fait de la suspension de l’aide étrangère américaine sur les paiements effectués aux Tokélaou au titre de l’accord d’assistance économique du traité sur le thon.  « La population totale des Tokélaou, quelque 1 500 personnes, tiendrait facilement dans la salle de l’Assemblée générale de l’ONU », a illustré l’Administrateur, une réalité qui doit être prise en compte. 

En ce qui concerne les Îles Turques et Caïques, M. Alpha Gibbs, de la Turks and Heritage Foundation, a déploré les manquements de la Puissance administrante britannique et demandé un contrôle plus efficace de la part de l’ONU.  M. Russell Christopher, des Îles Vierges américaines, a estimé que le droit à l’autodétermination du peuple ay ay ne doit pas être régi par des lois « créées par le colonisateur ». 

Le Comité spécial s’est aussi penché brièvement sur les questions des Samoa américaines, d’Anguilla, des Bermudes, des Îles Caïmanes, de Guam, de Montserrat, de Pitcairn et de Sainte-Hélène. 

En matinée, le Comité spécial a adopté trois projets de résolution annuels sur la décolonisation.  Il a d’abord adopté un projet de résolution sur la diffusion d’informations sur la décolonisation, par lequel l’Assemblée générale approuverait les activités menées par le Département de la communication globale et le Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix en matière de diffusion d’informations sur la décolonisation. 

En entérinant le texte portant sur les renseignements relatifs aux territoires non autonomes communiqués en application de l’alinéa e de l’Article 73 de la Charte des Nations Unies, l’Assemblée générale prierait les Puissances administrantes concernées de respecter leurs obligations au titre dudit alinéa pour ce qui est de chaque territoire figurant à l’ordre du jour du Comité spécial. 

Enfin, le Comité spécial a approuvé un projet de résolution portant sur l’envoi de missions de visite et de missions spéciales dans les territoires.  En vertu de ce texte, il prend note avec satisfaction du travail accompli par sa mission de visite aux Îles Vierges britanniques en août 2024.  Il engage également les Puissances administrantes à collaborer avec l’ONU afin de faciliter l’organisation de telles missions dans les territoires placés sous leur tutelle. 

Le Comité spécial a par ailleurs adopté son programme de travail pour la présente session, tel que révisé oralement afin de reporter au 17 juin l’examen de la question de Gibraltar. 

Venu présenter le rapport annuel du Secrétaire général sur la diffusion d’informations sur la décolonisation, le Responsable et Chef des partenariats et de l’engagement mondial de la Division de la sensibilisation du Département de la communication globale (DCG), M. Robert Skinner, a indiqué que le Département a publié 37 communiqués de presse, en anglais et en français, concernant les réunions et déclarations relatives à la décolonisation à l’Assemblée générale, à la Quatrième Commission et au Comité spécial.  Il a indiqué que la page consacrée aux questions internationales a enregistré une hausse de 2,5% du nombre de vues, tandis que celle de la Semaine de solidarité avec les peuples des territoires non autonomes a été vue plus de 10 000 fois. 

La Cheffe du Groupe de la décolonisation du Département des affaires politiques, Mme Josiane Ambiehl, a expliqué pour sa part que son service a actualisé les documents de travail de 2025 sur les territoires non autonomes, s’agissant notamment des données sexospécifiques, en coopération avec les Puissances administrantes.  Le Groupe qu’elle dirige a également continué de maintenir le site Web « Les Nations Unies et la décolonisation ».  Toutefois, a-t-elle ajouté, la situation des liquidités de l’Organisation a entraîné une réduction de 50% des capacités administratives et opérationnelles.  Le site Web a néanmoins enregistré 1,7 million de pages vues et 1,1 million de sessions en 2024, pour des augmentations respectives de 14,6% et 21,2% par rapport à 2023. 

À la suite de ces exposés, Cuba a proposé d’accroître les efforts du DCG en matière d’information concernant les réunions de l’ONU sur la décolonisation dans les six langues officielles de l’Organisation, au nom de la diversité des peuples. 

Le Venezuela a condamné les formes modernes du colonialisme, qui entravent la coopération économique internationale de même que le développement social, culturel et économique des nations.  À cet égard, la Fédération de Russie a salué l’adoption, en 2024, de la résolution 79/115 de l’Assemblée générale intitulée « Éradication du colonialisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations ». 

Pour sa part, la République arabe syrienne a souligné le rôle particulier que les Puissances administrantes sont appelées à jouer dans le cadre de la quatrième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme.  Dans la même veine, les Fidji ont appelé à des progrès tangibles sur les questions de décolonisation, sur la base de critères précis concernant la détermination du statut politique des territoires non autonomes, dont certains ont déjà organisé des référendums.  Le Comité spécial doit en effet continuer à évoluer pour refléter les réalités actuelles, a renchéri le Rwanda. 

Le Comité spécial de la décolonisation poursuivra ses travaux demain, mardi 10 juin 2025, à 10 heures, avec l’examen de la question du Sahara occidental. 

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Conférence sur l'océan: « Développer la coopération scientifique pour appuyer la santé de l’océan »

Soixante-dix-neuvième session, Conférence sur l'océan,
Table ronde Action pour l’océan no 2– après-midi
MER/2219

Conférence sur l'océan: « Développer la coopération scientifique pour appuyer la santé de l’océan »

TABLE RONDE 2 - NICE, FRANCE, 9 juin - La deuxième table ronde de la Conférence sur l’océan, organisée cette après-midi, à Nice, a permis de mettre en exergue l’impératif d’une coopération scientifique plus forte pour relever les défis posés aux océans, avec pour toile de fonds l’intensification des pressions exercées sur les ressources côtières et marines par la poussée démographique, ainsi que le développement de l’économie bleue.

Les délégations ont été nombreuses à constater que la plupart des États ne disposent toujours pas des capacités technologiques et humaines nécessaires, alors que la coopération scientifique reste en deçà des besoins.  Pourtant la pollution plastique des océans, leur acidification, leur réchauffement et la perte de la biodiversité marine sont bien réels.  « Il est donc temps d’agir rapidement et de façon coordonnée », a souligné le Ministre de l’agriculture et de la pêche du Portugal, M. José Manuel Fernandes, qui Coprésidait cette table ronde, aux côtés du Ministre des affaires étrangères du Panama, M. Javier Martínez-Acha Vásquez. 

C’est d’autant plus pertinent que l’océan est au cœur des 17 objectifs de développement durable et un allié indispensable à l’action climatique, a fait remarquer le Directeur général de Mercator Ocean International, un organisme qui a pour mission de fournir des données océaniques accessibles à tous.  C’est d’autant plus urgent, qu’à ce jour, seuls 26% des fonds marins sont cartographiés et qu’on ne connaît que 25% de la biodiversité marine, a indiqué M. Pierre Bahurel.  Il reste donc encore beaucoup à faire en termes de données océaniques pour pouvoir mieux comprendre et mieux prévoir les dynamiques liées à l’océan, a fait valoir le Secrétaire exécutif de la Commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO.  C’est essentiel pour avoir une gouvernance marine durable, basée sur des connaissances scientifiques. 

L’impératif de la mise en commun des données a également été souligné par M. Li Jiabiao du Ministère des ressources naturelles de la Chine, qui a appelé à créer une plateforme de partage de données océaniques à l’échelle mondiale et des centres de données régionaux pour parvenir à une normalisation du partage afin de pouvoir institutionnaliser la gouvernance des systèmes océaniques complexes.  Selon lui, il convient également de promouvoir la recherche conjointe entre les différentes régions et la formation des talents en matière de gouvernance mondiale des océans qui représentent 71% de la surface de la planète.  Pour relever ces défis il faut « abattre les frontières cognitives » et envisager des solutions novatrices ensemble. 

Évoquant les vagues de chaleur marine de 2024 qui ont touché une surface quatre fois plus grande que l’Europe et du continent américain réunis, la Secrétaire générale de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) a souligné qu’il ne sera possible d’inverser ces tendances qu’à travers plus de coopération et d’échanges scientifiques.  Il ne s’agit pas seulement de phénomènes météorologiques mais bien de menaces existentielles, a-t-elle alerté, signalant que le canal de Panama est à son plus bas niveau avec un impact direct sur le transport maritime.  Mme Celeste Saulo a annoncé que l’OMM va lancer à Nice, l’initiative « 10 000 bateaux pour l’observation des océans ».

Sur ce point, le Secrétaire exécutif de la Commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO a rappelé que seul 1% de l’aide publique au développement est aujourd’hui alloué à l’observation des océans.  Il faut donc mobiliser les gouvernements, le secteur privé et les philanthropes pour obtenir les ressources nécessaires. 

Si M. Vidar Helgesen de l’UNESCO s’est alarmé de voir certains politiques douter de la science, le Directeur scientifique du navire OceanX a estimé que pour y remédier il faut rendre la science plus visible.  C’est pour cela que Ocean X promeut l’éducation bleue, a expliqué M. Vincent Pieribone, et que ses expéditions sont co-organisées avec les gouvernements et les institutions locales.  Pour ce qui est du renforcement des capacités et de l’accès aux technologies, OceanX veille à former des scientifiques locaux lors de ses expéditions.

Sur ce point, l’Alliance des petits États insulaires a martelé que les sciences océaniques ne sont pas un luxe académique, mais bien une nécessité existentielle pour ces nations qui sont les gardiennes de plus de 30% de l’océan sous juridiction nationale.  Elle a donc appelé à mettre en place des partenariats authentiques et équitables pour renforcer leurs capacités en sciences marines.  Il faut un rééquilibrage fondamental du leadership en matière de sciences océaniques, notamment des mécanismes de financement dédiés et un soutien institutionnel pour garantir que les instituts de recherche des petits États insulaires en développement puissent mener des initiatives qui répondent à leurs défis spécifiques. 

De son côté, le Danemark a annoncé la tenue d’une conférence internationale sur les océans axée sur la connectivité dans les régions subarctiques et hautement arctiques, qui se tiendra aux Îles Féroé en mai 2026, avec pour objectif de faire le point entre les connaissances scientifiques et les perspectives autochtones.

 

*Développer la coopération scientifique, les connaissances, le renforcement des capacités, les technologies marines et l’éducation dans le domaine océanographique en vue de renforcer l’interface sciences-politiques pour la santé de l’océan.

 

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Conférence sur l'océan: « Conserver, gérer durablement et restaurer les écosystèmes marins et côtiers, y compris ceux des grands fonds »

Soixante-dix-neuvième session, Conférence sur l'océan,
Table ronde Action pour l’océan no 1– matin
MER/2218

Conférence sur l'océan: « Conserver, gérer durablement et restaurer les écosystèmes marins et côtiers, y compris ceux des grands fonds »

NICE, FRANCE, 9 juin - Alors qu’ils sont essentiels à la santé de notre planète et de nos sociétés, les écosystèmes marins et côtiers sont confrontés à une détérioration et à une déperdition accélérées.  C’est le constat dressé lors de la première des 10 tables rondes organisées à Nice, en France, dans le cadre de la Conférence sur l’océan.

Il y a cependant lieu d’être prudemment optimiste, a estimé le Président-Directeur général de Flora & Fauna, et modérateur de cette discussion, en invoquant un élan politique, des connaissances scientifiques croissantes et un ensemble d’instruments et de cadres de référence internationaux.  M. Kristian Teleki a cité en particulier le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, qui vise à protéger 30% des océans d’ici à 2030, et de l’Accord sur la diversité biologique marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale, qui n’attend plus que 29 ratifications supplémentaires pour entrer en vigueur.

Mais en dépit d’efforts déployés aux niveaux international et local qui ont déjà fait leurs preuves, les progrès restent trop lents, a reconnu M. Teleki. « La biodiversité des océans continue de décliner et des habitats essentiels demeurent menacés, alors même qu’il faut tripler la couverture des aires marines protégées au cours des cinq prochaines années pour atteindre l’objectif de 30% », a-t-il mis en garde. 

Ce n’est pas seulement le nombre d’aires protégées qui doit être accru, mais aussi leur qualité et leur efficacité, a plaidé le PDG de Flora & Fauna.  La protection doit également tenir compte du rôle essentiel des peuples autochtones, des communautés locales et des nations dépendantes des océans, a-t-il poursuivi. Et leur gestion durable ne peut se limiter aux seules zones protégées: plus de 70% des océans se trouvent au-delà, ce qui exige des approches intégrées et holistiques intégrant la conservation à une utilisation durable de l’ensemble des océans.  Mais sans financement adéquat et accessible, nos ambitions communes seront inaccessibles, a prévenu le modérateur. 

Mme Inger Andersen, Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a commencé par rappeler que le chalutage des fonds marins, une activité qui équivaut à un « ratissage » par une « moissonneuse batteuse », fait l’objet de subventions massives, y compris dans des zones protégées, à hauteur de 83 milliards de dollars.  Autant d’argent qui « coule à pic », alors que les pêcheries pourraient être augmentées de 4% si une protection adéquate était fournie. Rebondissant sur ce sujet, Mme Ngozi Okomjo-Iweala, Directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), s’est félicitée qu’après 22 ans de négociation, son organisation était parvenue à l’Accord sur les subventions à la pêche pour supprimer 22 milliards de subventions à une pratique illicite, subventions qui pourraient être réorientées vers le financement des mesures d’adaptation et d’atténuation des changements climatiques.  Pour Mme Razan al Mubarak, qui est Présidente de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la crise actuelle n’est pas « une crise de la connaissance, mais une crise de la volonté, de la cohérence et de la mise en œuvre », et sa résolution passe par trois priorités absolues: mettre l’accent sur l’intégrité des écosystèmes marins; faire entrer en vigueur le traité de la haute mer; et innover en matière de financements, en réaffectant les « subventions délétères ». Aussi a-t-elle appelé à maintenir l’élan, et à prendre appui sur le Congrès mondial de la nature de l’UICN, qui se tiendra du 9 au 15 octobre 2025 aux Émirats arabes unis, puis sur la Conférence de Bélèm sur les changements climatiques, prévue en novembre au Brésil.

M. Peter de Menocal, Président-Directeur général de l’Institut océanographique de Woods Hole, a préconisé des partenariats ambitieux pour accélérer les progrès vers la réalisation de l’ODD 14.  Un propos appuyé par M. Marc Benioff, Président-Directeur général de Salesforce et membre du Conseil d’administration du forum économique mondial, qui a lui aussi appelé les États à ratifier le traité de la haute mer (Accord BBNJ) et se rapprocher de l’adoption d’un traité international contre la pollution plastique.  Il a aussi mis l’accent sur l’innovation et la créativité, notamment en tirant le meilleur parti de l’intelligence artificielle.  Celle-ci peut en effet autant favoriser la surpêche que l’atténuer, en redirigeant les bateaux vers des zones où ils pourront pêcher des quantités acceptables.  De même, il a appelé à un effort mondial ciblé pour restaurer la santé des récifs coralliens, les « forêts tropicales des océans ».

Discussion interactive

Lors du dialogue qui s’est ensuivi, plusieurs délégations ont fait valoir les projets dans lesquels sont impliqués leurs gouvernements. Les Tuvalu, qui ont pris la parole au nom du Forum des îles du Pacifique, ont expliqué que leurs États membres œuvraient avec leurs partenaires « à la protection de nos infrastructures, de nos habitations et de nos terres, dans le cadre d’une stratégie d’adaptation côtière à long terme ».  À titre d’exemple, les Tuvalu s’associent au Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) pour réhabiliter environ 180 hectares d’écosystèmes côtiers et les protéger des inondations et de l’érosion côtières. 

La Grèce, qui a annoncé sa ratification aujourd’hui même de l’Accord BBNJ, a enjoint à mettre en œuvre de toute urgence ce traité.  Elle a ensuite proposé de bâtir un réseau résilient d’aires marines protégées et de déployer des mesures de conservation spécifiques par zone.  La délégation a aussi soutenu une restauration ambitieuse des herbiers marins, des mangroves et des récifs coralligènes.  Elle a cité à l’appui de sa proposition la conservation des herbiers de posidonies de Méditerranée, une espèce de plantes à fleurs aquatiques, qui possède une très forte capacité d’absorption du carbone, 15 fois supérieure à celle d’une zone de taille similaire de la forêt amazonienne. 

Le Brésil a fait état d’une nouvelle proposition de loi, actuellement examinée par le Congrès, qui créerait un cadre juridique pour consolider la gestion intégrée des zones côtières, de la mer territoriale et de la zone économique exclusive.  « Nous nous sommes également engagés à prendre des précautions concernant l’exploitation minière en eaux profondes, dans le cadre de l’Autorité internationale des fonds marins, et nous étendons nos aires marines protégées, conformément à notre engagement envers l’objectif 30x30 du Cadre mondial pour la biodiversité, qui vise à protéger au moins 30% des océans d’ici à 2030 », a ajouté la délégation brésilienne.

L’Uruguay a souligné l’importance de la coopération régionale, dans son cas particulier avec l’Argentine et le Brésil, pays avec lesquels a été lancée une initiative sur le renforcement des capacités de gestion durable de la biodiversité marine dans l’Atlantique Sud-Ouest.

 

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Conférence sur l'océan 2025 | Couverture des réunions & communiqués de presse

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Conférence sur l'océan: la troisième Conférence des Nations Unies sur l’océan débute sur l’annonce de la prochaine mise en œuvre de l’accord sur la biodiversité marine en haute mer

Soixante-dix-neuvième session, Conférence sur l'océan,
1re et 2e séances plénières – matin & après-midi
MER/2217

Conférence sur l'océan: la troisième Conférence des Nations Unies sur l’océan débute sur l’annonce de la prochaine mise en œuvre de l’accord sur la biodiversité marine en haute mer

NICE, FRANCE, 9 juin - En présence de représentants de plus de 130 pays, dont une cinquantaine de chefs d’État et de gouvernement, la troisième Conférence des Nations Unies sur l’océan s’est ouverte aujourd’hui à Nice avec pour principal objectif de renforcer la mobilisation mondiale en faveur de ce « bien commun de l’humanité », poumon bleu et puits de carbone de la planète, confronté à des défis croissants, de l’acidification liée aux changements climatiques en passant par les pollutions diverses et la pêche illicite. 

Cette mobilisation a trouvé une première illustration avec l’annonce par le Président de la France et Coprésident de la Conférence de la prochaine mise en œuvre de l’Accord sur la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale (dit « Accord BBNJ »), adopté en juin 2023. M. Emmanuel Macron a annoncé que 15 pays venaient de s’engager formellement à ratifier ce traité, rejoignant la cinquantaine de ceux qui l’ont déjà fait et dépassant ainsi le seuil de 60 requis pour son entrée en application.  « En deux ans, nous aurons réussi à faire appliquer ce traité qui va permettre de lutter efficacement contre la pêche illégale et de protéger les deux tiers des océans », s’est-il félicité, sous les applaudissements des délégations. 

Outre ce traité « historique », le Secrétaire général de l’ONU a cité l’adoption du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, qui vise à protéger au moins 30% des zones marines et côtières d’ici à 2030, parmi les progrès majeurs réalisés depuis la Conférence sur les océans à Lisbonne, organisée voilà trois ans.  À présent, il importe, selon M. António Guterres, que tous les pays s’entendent sur un traité ambitieux et juridiquement contraignant sur la pollution plastique. 

Rappelant également que l’Organisation maritime internationale entend faire en sorte que, d’ici à 2025, le transport maritime ne produise plus aucune émission nette, le Chef de l’ONU a estimé que ces initiatives imposent d’adopter des plans nationaux concrets alignés sur les objectifs mondiaux, de donner des moyens d’action aux pêcheurs, aux populations autochtones, aux scientifiques et aux jeunes, et « par-dessus tout » d’investir. Or, l’objectif de développement durable n14 relatif à la vie aquatique demeure l’un des moins bien financés, a-t-il déploré, plaidant pour ce soit augmentés les financements publics, en accroissant l’appui apporté par les banques de développement et en favorisant l’afflux de capitaux privés.  Une supplique reprise à son compte par le Président de la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale, M. Philémon Yang, pour qui l’avenir des océans dépend plus que jamais de la coopération internationale.

« Les grands fonds ne peuvent pas devenir un Far West »

S’agissant de l’exploitation minière des fonds marins, autre question centrale de cette conférence, M. Guterres a estimé que l’enjeu est de concilier les « préoccupations justifiées » sur l’impact environnemental avec « l’intérêt légitime que présentent ces ressources à l’appui d’une économie océanique durable et de la transition vers l’énergie verte ». De fait, « les grands fonds ne peuvent pas devenir un Far West », a-t-il tranché.

Exhortant à contrer la « course effrénée » de l’exploitation des minéraux, le Président du Brésil a appelé à ne pas laisser la mer subir le même sort que le commerce international, au point de rendre l’Organisation mondiale du commerce (OMC) « totalement inopérante ».  L’absence remarquée des États-Unis, qui ont dû être remplacés à la Commission de vérification des pouvoirs de cette conférence, a également fait dire à M. Lula da Silva que « la menace de l’unilatéralisme plane sur l’océan ».

« C’est de l’obscurantisme que de faire de l’exploitation avant d’avoir commencé l’exploration », a estimé M. Macron qui a indiqué que 33 Etats, dont la France, ont créé une coalition pour promouvoir un moratoire sur l’exploitation des grands fonds marins.  « Les abysses ne sont pas à vendre, pas plus que le Groenland n’est à prendre, que l’Antarctique ou la haute mer ne sont à vendre, pas plus que les licences de pêche des pays en développement ne sont à donner, pas plus que les données scientifiques ou la sécurité des populations littorales sont à sacrifier », a martelé le Président français.

Son homologue du Costa Rica, autre Coprésident de la Conférence, n’a pas dit autre chose en appelant à marquer une pause dans l’exploitation minière des grands fonds marins « tant que nous ne disposons de connaissances scientifiques suffisantes ».  L’absence de gouvernance internationale ne saurait être à l’origine de la « voracité de certains », a mis en garde M. Rodrigo Chaves Robles.

Pour atteindre l’ODD 14 et construire ensemble un océan pacifique et sûr, il faut préserver le multilatéralisme et les règles régissant l’ordre international, a abondé le Vice-Président de la Chine, assurant lui aussi que son pays ratifiera sous peu l’Accord BBNJ.  « Même fragilisé, le multilatéralisme demeure notre seule solution », a renchéri le Prince Albert II de Monaco, pour qui l’exploitation des grands fonds marins doit s’effectuer dans un cadre règlementaire établi sur des données scientifiques fiables, sous les auspices de l’Autorité internationale des fonds marins. 

Les PEID rappellent qu’ils n’ont pas « le luxe d’attendre » 

Présents en nombre à Nice, les petits États insulaires en développement (PEID) ont aussi fait entendre leur voix.  S’exprimant au nom des 39 membres de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), le Président des Palaos a d’ailleurs fait remarquer que c’est « la voix collective des PEID » qui a donné naissance à l’ODD 14. 

Au titre des accomplissements des membres de l’AOSIS, il a cité l’aire marine protégée de 47 000 kilomètres carrés déclarée par les Îles Marshall, les mesures prises dans les Caraïbes et le Pacifique pour protéger les habitats marins essentiels, et les initiatives innovantes en matière d’économie bleue: aquaculture durable dans les Palaos, énergie houlomotrice à Maurice et modèles d’écotourisme aux Maldives.  « Ces initiatives démontrent notre engagement à montrer l’exemple », a-t-il affirmé. 

Alors que, dans certaines parties du Pacifique, le niveau de la mer monte jusqu’à quatre fois plus vite que la moyenne mondiale, « nous ne pouvons pas nous permettre le luxe d’attendre », a insisté la Présidente des Îles Marshall, selon laquelle il ne s’agit pas seulement d’une crise environnementale, mais d’une « menace fondamentale » pour la sécurité des PEID, « gardiens de 10% des océans de la planète ». 

Il est impossible de discuter de l’océan sans parler des changements climatiques, a souligné le Premier Ministre des Tuvalu qui a appelé de son côté à l’élaboration d’un traité international sur l’élévation du niveau de la mer afin de consacrer les droits légaux des États et des populations concernés, y compris les principes de continuité de l’État et de permanence des frontières maritimes. 

Pour le Président de Cabo Verde, ce n’est qu’avec des connaissances plus solides, largement partagées et effectivement appliquées qu’il sera possible de transformer la gouvernance des océans et garantir des moyens de subsistance durables aux populations côtières.  Mais la science, à elle seule, ne suffit pas: il est indispensable de garantir des financements adéquats, des transferts de technologies et des renforcements effectifs de capacités, en particulier dans les pays les plus vulnérables, a-t-il ajouté. 

Même son de cloche de la part des Îles Salomon, pour lesquelles un effort de financement est impératif pour lutter contre la pollution marine, notamment les marées noires et les plastiques.  La délégation a par ailleurs annoncé l’initiative de la réserve océanique mélanésienne, « partenariat mené par des autochtones avec la Papouasie-Nouvelle-Guinée et Vanuatu, qui couvrira 6 millions de kilomètres carrés d’océans » et nécessitera un appui financier et technique de la communauté internationale. 

Le continent africain aux premières loges de l’urgence océanique 

« Protéger l’océan est un devoir, une urgence, et cela doit être un acte collectif », a relevé à son tour le Président de Madagascar.  Au nom des cinq membres de la Commission de l’océan Indien, il a demandé le renforcement des financements et des perspectives de coopération internationale pour permettre aux Etats insulaires de gérer durement leurs ressources marines. 

S’exprimant au nom de l’Union africaine, le Président du Burundi a jugé essentiel de garantir aux États africains sans littoral un accès libre, sûr et effectif à la mer et aux ressources océaniques.  « Quel que soit le lieu où vous habitez, près des côtes ou pas, l’océan joue un rôle fondamental dans l’équilibre de nos vies et de notre monde », a-t-il souligné.

De son côté, le Président de la Sierra Leone a tiré la sonnette d’alarme face à la pêche illicite, non déclarée et non réglementée dont l’Afrique de l’Ouest est, selon lui, « l’épicentre ».  Il a expliqué que, chaque année, son pays perd 50 millions de dollars en raison de ces activités illicites, ce qui entraîne une progression de la pauvreté et réduit à néant les perspectives économiques des populations côtières. 

Besoin d’assistance pour les pays en développement 

Intervenant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, le Président de l’Iraq a invité les différents acteurs de l’environnement océanique à réfléchir aux valeurs du développement durable, notant que pour de nombreux pays en développement les océans sont une « source de survie ». 

A l’instar de la Présidente du Pérou, de nombreux intervenants ont annoncé leur intention d’identifier de nouvelles zones marine protégées pour se rapprocher de l’objectif de protection de 30% des zones marines d’ici à 2030 fixé par la quinzième Conférence des Parties (COP15) à la Convention sur la diversité biologique.  Par la voix de son Président, la France a dit avoir passé ce cap et tendre vers un doublement des aires de « protection forte » dans sa zone économique exclusive, la deuxième mondiale en taille. 

Résumant la position d’une majorité d’intervenants, le Président de la République dominicaine a sommé l’Assemblée générale de répondre à la situation des océans de toute urgence afin d’avoir une réponse globale et coordonnée.  Dans ce cadre, les communautés côtières sont des alliées fondamentales, a-t-il affirmé, insistant sur l’importance de promouvoir leur développement durable.  De même, il a plaidé pour un accès équitable aux ressources de la haute mer et pour une architecture financière mondiale à la hauteur du défi océanique. 

À son tour, la Présidente de la Commission européenne, Mme Ursula von der Leyen, a évoqué le lancement, dans la journée, du Pacte de l’Union européenne pour les océans.  Un dispositif qui, selon l’Irlande, définira le plan directeur de l’Europe pour mener les efforts mondiaux de conservation et d’exploitation durable des océans, des mers et des ressources marines. 

La Conférence sur l’océan poursuivra ses travaux demain, mardi 10 juin, à partir de 10 heures.

Déclarations liminaires

M. EMMANUEL MACRON, Président de la France et Coprésident de la troisième Conférence des Nations Unies sur l’océan, a estimé que cet événement constitue « une victoire sur l’inertie et l’indifférence, une victoire sur la tendance au désengagement international, mais une victoire fragile car elle requiert des actions rapides et ne suppose aucun recul ». Qualifiant cette mobilisation de « nécessité », il a précisé que plus de 120 pays, plus de 50 chefs d’État et de gouvernement, plus de 30 chefs d’organisations internationales et quelque 100 000 personnes participeront aux débats sur l’océan cette semaine à Nice. 

Selon lui, le premier objectif de cette conférence est de « redonner de la force au multilatéralisme », mais aussi de mobiliser la science et de défendre les acteurs de la recherche océanique, tout en appuyant les acteurs locaux, la communauté économique et les ONG.  Le deuxième objectif, a-t-il poursuivi, est de protéger l’océan et la planète.  Saluant la signature de l’Accord portant sur la diversité biologique marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale (dit “Accord BBNJ”), il a annoncé que 15 pays viennent de rejoindre la cinquantaine de ceux qui l’ont déjà ratifié, « ce qui permet de dire que le traité sera bien mis en œuvre ». De fait, a souligné le Chef de l’État français, « en deux ans, nous aurons réussi à faire appliquer ce traité qui va permettre de lutter efficacement contre la pêche illégale et de protéger les deux tiers des océans ». 

La troisième « bataille » de cette conférence concerne la protection des grands fonds marins, a indiqué M. Macron, notant que 33 États, dont la France, ont créé une coalition pour promouvoir un moratoire sur l’exploitation des grands fonds marins.  À ses yeux, « c’est de l’obscurantisme que de faire de l’exploitation avant d’avoir commencé l’exploration ».  Il faut protéger nos écosystèmes car nul ne sait ce qui peut s’en suivre, a-t-il fait valoir, relevant que les grands fonds marins recèlent des réserves de carbone essentielles et des espaces que personne ne connaît encore. « Les abysses ne sont pas à vendre, pas plus que le Groenland n’est à prendre, que l’Antarctique ou la haute mer ne sont à vendre, pas plus que les licences de pêche des pays en développement ne sont à donner, pas plus que les données scientifiques ou la sécurité des populations littorales sont à sacrifier.  Nous parlons d’un bien commun », a-t-il martelé. 

Insistant sur l’objectif de protection de 30% des terres et des mers, le Président français a affirmé que la Conférence sur l’océan à Nice devrait permettre d’augmenter les aires marines protégées.  La France, qui est la deuxième zone économique exclusive du monde, y prendra toute sa part, a-t-il assuré, non sans ajouter qu’elle a d’ores et déjà passé le cap des 30% et vise à doubler ses aires de protection forte. Cette semaine, a ajouté M. Macron, il s’agira aussi de se mobiliser contre la pollution plastique, d’accélérer la décarbonation du transport maritime et de continuer la lutte contre la pêche illégale.  Il a dit attendre « le plan d’action pour les océans le plus ambitieux possible ». 

M. RODRIGO CHAVES ROBLESPrésident du Costa Rica et Coprésident de la troisième Conférence des Nations Unies sur l’océan, a regretté que pendant des décennies, l’océan a été traité comme un garde-manger infini, une décharge mondiale, et un territoire sans droits et avec une gouvernance lacunaire. Cette irresponsabilité que nous partageons tous se traduit aujourd’hui par une marée de 8 millions de tonnes de plastique qui se retrouvent chaque année dans la mer, par 90% d’espèces marines surexploitées ou au bord de l’extinction, par une pollution qui progresse tandis que la biodiversité recule. 

Si nous continuons à ce rythme, dans 25 ans, il y aura plus de plastique que d’organismes vivants et de poissons dans l’océan, a-t-il mis en garde. « Mais tout n’est pas perdu. » Et la solution pourrait bien venir de l’océan lui-même, a-t-il espéré.  Il a ensuite indiqué que les actions du Costa Rica démontrent qu’il est possible de tirer parti de l’économie océanique grâce à des politiques qui apportent une valeur ajoutée aux personnes sans négliger l’environnement. Il a notamment cité les contributions et les engagements de son pays en faveur de la santé des océans, tels que le paiement pour les services environnementaux marins et le fonds bleu Costa Rica.  Son pays est également à l’origine de l’appel en faveur d’un moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins dans les zones internationales, auquel 33 pays se sont joints à ce jour.  Il faut marquer cette pause tant que nous ne disposons pas de connaissances scientifiques suffisantes pour exploiter rationnellement l’environnement marin. L’absence de gouvernance internationale ne saurait être à l’origine de la voracité de certains, a-t-il mis en garde.

Le Président Robles a appelé à faire de cette conférence le moment où le monde a compris que la protection de l’océan n’est pas une option, mais une obligation morale, économique et existentielle.  Il a invité à construire ensemble un nouveau contrat avec la vie marine, se félicitant notamment de la ratification du traité de la haute mer (Accord BBNJ).  Ce pas important marque un engagement vers la diplomatie bleue, car l’avenir de nos peuples ne se joue pas uniquement sur la terre ferme, mais aussi dans les vagues, a-t-il dit.

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, s’est réjoui que la troisième Conférence des Nations Unies sur l’océan se tienne sur les rives de la Méditerranée.  Cette mer, « source de vie » depuis des millénaires, « nous rappelle notre profonde dépendance à l’égard de l’océan », a-t-il dit, faisant observer que ce dernier produit la moitié de l’oxygène que nous respirons, nourrit 3 milliards de personnes et fait vivre 600 millions d’autres.  Pourtant, bien que l’océan soit « notre bien commun par excellence » et que son économie ait plus que doublé en 30 ans, « nous sommes en train de le piller », s’est-il désolé.  En effet, les stocks de poissons s’effondrent, la surconsommation et la pêche illégale poussent des espèces au bord de l’extinction et, chaque année, 23 millions de tonnes de plastique sont déversées dans les eaux et asphyxient les écosystèmes.  De plus, les émissions de carbone provoquent l’acidification de l’océan, détruisent les récifs de corail et entraînent un réchauffement des mers sans précédent, a déploré le Chef de l’ONU, avant de rappeler que ce même océan absorbe désormais 90% de l’excédent de chaleur piégé par les gaz à effet de serre.  Il a aussi évoqué la montée des eaux, qui menace la survie même de nombreuses îles, et les effets des changements climatiques, dont l’océan est à la fois « victime et accélérateur ». 

Après avoir exhorté les délégations à ratifier l’Accord portant sur la diversité biologique marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale, il a appelé tous les pays à s’entendre cette année sur un traité ambitieux et juridiquement contraignant sur la pollution plastique.  Rappelant également que l’Organisation maritime internationale entend faire en sorte que, d’ici à 2025, le transport maritime ne produise plus aucune émission nette, il a estimé que ces initiatives imposent d’adopter des plans nationaux concrets alignés sur les objectifs mondiaux, de donner des moyens d’action aux pêcheurs, aux populations autochtones, aux scientifiques et aux jeunes, et « par-dessus tout » d’investir. Or, l’objectif de développement durable n14 relatif à la vie aquatique demeure l’un des moins bien financés, a-t-il constaté, avant d’appeler à « changer les choses », en augmentant les financements publics, en accroissant l’appui apporté par les banques de développement et en favorisant l’afflux de capitaux privés. 

Il est également urgent de restaurer les pêches locales et de solidifier les systèmes alimentaires basés sur l’océan, a-t-il plaidé, demandant par ailleurs aux États de renforcer la sécurité maritime, « pilier du développement durable », et d’intégrer les priorités liées à l’océan dans leurs activités touchant le climat, les systèmes alimentaires et la finance durable. Enfin, s’agissant de l’exploitation minière des fonds marins, « l’enjeu est de concilier les préoccupations justifiées concernant l’impact sur l’environnement avec l’intérêt légitime que présentent ces ressources à l’appui d’une économie océanique durable et de la transition vers l’énergie verte », a souligné M. Guterres.  « Les grands fonds ne peuvent pas devenir un Far West », a-t-il tranché, réaffirmant son soutien aux travaux de l’Autorité internationale des fonds marins sur cet enjeu. 

Dans ce contexte, il s’est dit convaincu que redresser la situation est « possible » et que « ce qui a été perdu en l’espace d’une génération peut renaître en l’espace d’une autre ». 

 

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