ECOSOC: fin du débat consacré à la gestion avec des idées pour accélérer la mise en œuvre des ODD et bâtir un avenir meilleur pour tous
Au second et dernier jour de la session du Conseil économique et social (ECOSOC) consacrée à la gestion, le Conseil a tenu, ce matin, un débat axé sur « l’unité en action » en vue de l’accélération de la mise en œuvre des ODD et de l’édification d’un avenir meilleur pour tous.
Alors que les Nations Unies célèbrent leur quatre-vingtième anniversaire, « nous sommes appelés à redynamiser le multilatéralisme et la solidarité pour une ère nouvelle », a lancé le Vice-Président de l’ECOSOC, M. Lok Bahadur Thapa (Népal), en recommandant « d’agir avec audace, unité et accélération ». C’est donc le moment de faire tomber les barrières, d’aligner les stratégies et de travailler ensemble pour une meilleure mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD).
Le débat a permis de faire la synthèse des grandes idées émises par les organes subsidiaires de l’ECOSOC sur le thème principal de ce dernier, de formuler des recommandations pratiques pour y donner suite et de soumettre ces dernières au forum politique de haut niveau pour le développement durable, conformément à la résolution 75/290 A de l’Assemblée générale.
En lançant le débat, le Vice-Président de l’ECOSOC a expliqué que « la voie à suivre exige collaboration, cohérence, courage et engagement »: collaboration, pour renforcer la synergie au sein de l’écosystème des organes subsidiaires, des commissions régionales, des commissions techniques, des organes d’experts, des comités permanents et des organes ad hoc; cohérence dans la mise en œuvre à tous les niveaux; courage pour réaliser pleinement les transformations tant attendues; et engagement à produire des résultats et à démontrer l’impact sur le terrain.
Partageant cette vision, la Présidente de la session 2024 de l’ECOSOC a reconnu le besoin d’engagement plus structuré et une diminution de la fragmentation. Mme Paula Narváez Ojeda (Chili) a ainsi appelé à redonner son rôle de « pilier du développement durable » au Conseil économique et social. Pour ce faire, le Conseil doit cesser d’être un récipiendaire passif de directives afin d’harmoniser les directives adressées aux États Membres en matière de développement durable. Il faut également, a-t-elle proposé, renforcer les mécanismes de suivi des engagements pris à l’échelle multinationale. Elle a aussi souhaité voir établir un lien clair entre les débats tenus à New York, au sein de l’ECOSOC, et les décisions prises à Washington, au sein des institutions financières internationales.
Pour sa part, le Président de la vingt-huitième session de la Commission de la science et de la technique au service du développement a salué les avancées dans ces domaines, notamment une plus grande utilisation des larges bandes passantes et le déploiement de l’intelligence artificielle. M. Muhammadou M. O. Kah (Gambie) a tout de même constaté avec amertume que le fossé numérique reste assez large et que les inquiétudes croissent au sujet du respect de la vie privée dans le cyberespace. Selon lui, même si l’économie numérique gagne du terrain, les avantages ne sont pas équitablement partagés. C’est pourquoi il a plaidé pour que les avantages de la société de l’information accompagnent la mise en œuvre des ODD.
Ne laisser personne de côté
La réalisation des ODD passe forcément par le respect de l’état de droit, a fait remarquer le Président de la trente-quatrième session de la Commission pour la prévention du crime et de la justice pénale. M. José Antonio Zabalgoitia Trejo (Mexique) a plaidé pour un accès équitable à la justice, y compris pour les femmes qui restent marginalisées dans nos sociétés. Un avis du reste partagé par la Vice-Présidente de la soixante-dixième session de la Commission de la condition de la femme, Mme Andreea Mocanu (Roumanie), selon laquelle l’égalité des genres doit être plus que jamais prioritaire en vue de parvenir au développement durable.
Autre groupe social marginalisé, les peuples autochtones devraient avoir voix au chapitre, a plaidé la Présidente de la vingt-quatrième session de l’Instance permanente sur les questions autochtones des Nations Unies. Mme Aluki Kotierk (Canada) a souligné l’impérieux besoin de ne laisser personne de côté. Justement, un représentant du peuple autochtone de Bonaire a demandé « comment parler de justice quand il y a encore des peuples colonisés ». Ce membre de la société civile a expliqué que son peuple qui vit aux larges du Venezuela reste sous la domination néerlandaise. « Il faut décoloniser Bonaire et décoloniser les ODD afin de bâtir un avenir où personne n’est laissé pour compte », a-t-il clamé.
Ce besoin de développement social inclusif a été souligné également par la Présidente de la soixante-quatrième session de la Commission du développement social, Mme Khrystyna Hayovyshyn (Ukraine), pour qui un engagement résolu en ce sens est indispensable si l’on veut atteindre les ODD. En effet, la protection sociale est l’un des moyens les plus adaptés pour réaliser tous les ODD et lutter contre la pauvreté, a acquiescé Mme Cynthia Samuel-Olonjuwon qui est Directrice du Bureau de l’Organisation internationale du Travail (OIT) auprès des Nations Unies à New York. Elle a appelé à réaffirmer la centralité d’un développement basé sur l’humain et promouvant des emplois décents.
Une action régionale coordonnée est en outre cruciale, selon le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), M. Claver Gatete, pour une réelle accélération de la mise en œuvre des ODD. Le plein potentiel des régions n’est pas encore pleinement exploité, s’est-il désolé en rappelant en passant que l’Afrique espère un accès plus grand aux financements et une meilleure distribution des droits de tirage spéciaux (DTS). Il a aussi appelé à établir un lien plus fort entre les politiques régionales et mondiales.
Au nom du Groupe des États d’Afrique, le Gabon a rappelé que pour le continent, les ODD doivent s’imbriquer dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Pour faire avancer les choses sur le continent, il a appelé à renforcer l’économie numérique et à placer les jeunes au cœur de la stratégie de développement.
Inclusion, inclusion, inclusion
Les délégations ont martelé l’impératif d’inclusion pour parvenir à un avenir durable. « Les jeunes pour la paix », une organisation de la société civile a fortement plaidé pour une meilleure implication de la jeunesse dans les délibérations de l’ECOSOC. C’est un multilatéralisme plus inclusif qu’a souhaité cette ONG, demandant que soit notamment formalisée la participation des jeunes aux travaux de l’ECOSOC, y compris les jeunes défavorisés. « Des jeunes qui aspirent à être des interlocuteurs et non plus seulement des observateurs. »
Selon Saint-Kitts-et-Nevis, une plus grande participation de la société civile, de manière générale, aux travaux de l’ECOSOC, permet de mieux servir les intérêts collectifs. « Il faut promouvoir l’intérêt collectif et non les intérêts idéologiques », a renchéri la Colombie en regrettant que certains gouvernements essayent de s’éloigner de la boussole que représente le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Elle a aussi déploré le fait que seuls 23% des cibles des ODD seront atteintes dans la région d’Amérique latine et des Caraïbes.
Alors que l’Indonésie a parlé d’améliorer la coopération et la collaboration pour faire avancer l’agenda des ODD, le Bangladesh, s’exprimant au nom des pays les moins avancés (PMA), a embrayé en arguant que « notre volonté de coopérer devrait amener des résultats plus probants et un avenir meilleur pour tous ».
Les réflexions partagées aujourd’hui alimenteront directement les discussions du forum politique de haut niveau pour le développement durable de 2025 placé sous les auspices de l’ECOSOC. De même, a ajouté le Vice-Président de l’ECOSOC, ce débat est une contribution à la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement prévue en juillet à Séville, au deuxième Sommet mondial pour le développement social, à Doha en novembre, et à la mise en œuvre du Pacte pour l’avenir.