En cours au Siège de l'ONU

Conseil de sécurité: accusations, dénégations et appels à une enquête internationale après « le sabotage » des gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2

9144e séance - après-midi
CS/15047

Conseil de sécurité: accusations, dénégations et appels à une enquête internationale après « le sabotage » des gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2

Réunis cet après-midi à la demande de la Fédération de Russie pour examiner la situation après les explosions subies par les gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2 en mer Baltique, les membres du Conseil de sécurité ont entendu ce pays et les États-Unis s’invectiver sur la question, tandis qu’une forte majorité de membres a demandé l’ouverture d’une enquête internationale indépendante pour faire la lumière sur ces « incidents » qui menacent la stabilité internationale. 

Les deux explosions qui ont touché, les 27 et 28 septembre derniers, les trois lignes de gazoducs de Nord Stream 1 et Nord Stream 2, qui relient la Fédération de Russie à l’Allemagne, ne relèvent pas d’un accident, mais d’un acte « humain », « délibéré », de « sabotage », ont, d’une même voix, convenu les délégations.

Apportant au Conseil un éclairage technique à ce dossier, le chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI), M. Marc-Antoine Eyl-Mazzega, et le porte-parole de l’entreprise russe opératrice des installations, Gazprom, M. Serguey Kupriyanov, ont également soutenu la thèse de l’acte humain délibéré.  Ils ont confirmé la solidité et la fiabilité des équipements visés, construits profondément dans la mer pour éviter tout risque d’accident. 

Les conséquences « indéfendables » de cet acte, « irresponsable », « hostile » et « sans précédent », qui vise à « semer la peur et l’insécurité sur le continent européen », dans un « contexte d’escalade », non seulement perturbent les infrastructures énergétiques européennes et la navigation maritime, mais font également peser un risque environnemental encore difficile à évaluer, ont dénoncé tour à tour les membres du Conseil.  Ils y ont vu, en outre, un risque de volatilité accrue des prix de l’énergie en Europe et dans le monde. 

Ces conséquences sont donc une menace à la stabilité internationale, ont analysé des délégations à l’instar de la Chine, la France, mais aussi le Sous-Secrétaire général chargé du développement économique, M. Navid Hanif. 

Dans ce contexte, des appels ont été lancés pour une réponse « robuste et unie ».  Avant cela, la lumière doit être faite de manière « rapide », « cruciale », « urgente et bien circonscrite », afin de « trouver les causes à ces fuites de gaz ».  En clair, il faut une « enquête rigoureuse et impartiale » afin de déterminer les circonstances de cet incident, ont plaidé les États-Unis, la France et l’Irlande, à l’instar du Brésil, du Mexique, de l’Inde et du Gabon. 

Appelant, de son côté, à examiner les faits, le représentant de la Fédération de Russie a rappelé la déclaration du Président américain Joe Biden, qui, selon lui, avait affirmé et promis, dans une interview, qu’il n’y aurait plus de Nord Stream 2 si la Fédération de Russie attaquait l’Ukraine.  Ce « sabotage » ne bénéficiera qu’aux exportations de gaz des États-Unis vers le continent européen, a accusé le représentant russe, avant de demander à son homologue américain de « confirmer » que les États-Unis n’ont rien à voir dans ce « sabotage ».

« Les États-Unis nient toute implication », lui a rétorqué le représentant américain, accusant à son tour la Fédération de Russie de chercher à éloigner l’attention des crimes qu’elle a commis en Ukraine.  Les États-Unis contribuent à la stabilisation des marchés de l’énergie, a-t-il assuré, appelant les autres membres du Conseil à rejeter « l’appareil de désinformation » russe. 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclarations

M. NAVID HANIF, Sous-Secrétaire général chargé du développement économique, dans une courte déclaration, a dit que toutes les informations qu’il s’apprête à partager avec le Conseil de sécurité, proviennent de sources extérieures fiables.  Les Nations Unies ne sont pas en mesure de donner une évaluation technique de la situation, a-t-il dit.  Après avoir rappelé la chronologie des faits ayant touché les deux gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2, causant des fuites de gaz, il a dit que les dégâts causés entraînent des conséquences sur le plan international.  Parmi ces conséquences, il a souligné l’incertitude sur le marché mondial du gaz: « L’incident » peut aggraver la volatilité des prix en Europe et plus largement dans le monde, en l’occurrence une forte augmentation des prix.  

Les autres conséquences de cet « incident » sont environnementales, a-t-il poursuivi en citant le déversement inquiétant de millions de tonnes de méthane dans la mer et l’air, quand on sait que ce gaz produit plus d’effet de serre que le dioxyde de carbone.  Or à ce jour, il n’est pas encore possible de déterminer les conséquences dans l’atmosphère de cet incident, a reconnu le Sous-secrétaire général.  Pour M. Hanif, cet « incident » met également en évidence la fragilité des installations et la nécessité de progresser rapidement vers les énergies renouvelables.  Cet incident risque d’aggraver les tensions au niveau régional et international, a-t-il conclu. 

M. SERGUEY KURIYANOV, Porte-parole de Gazprom, a fait le récit des explosions qui ont eu lieu les 27 et 28 septembre derniers, dans la mer Baltique, sur trois lignes de gazoducs de Nord Stream 1 et 2.  Il a souligné le fait que la ligne Nord Stream 1 sur le tronçon allemand se trouve dans la zone économique de Danemark, à 143 kilomètres de la côte allemande et à plus de 1 000 kilomètres de la côte russe.  Les deux lignes de Nord Stream 2 se situent toujours dans la zone exclusive du Danemark, à 150 kilomètres de l’Allemagne et à plus de 1 500 kilomètres de la côte de la Fédération de Russie.  Les deux explosions se trouvent à quelques kilomètres l’une de l’autre.  Les pertes sont estimées à trois mois de consommation de gaz du Danemark, a évalué le Porte-Parole.

Selon le Porte-parole, les explosions ont été causées par des chocs physiques.  Il a néanmoins affirmé que les gazoducs sont fiables techniquement et qu’au moment du dommage, il n’y avait pas de transport de gaz même si les gazoducs étaient en état de marche.  La Fédération de Russie et Gazprom cherchent aujourd’hui à rétablir Nord Stream 1 et 2, a ajouté M. Kupriyanov, qui a prévenu que les délais de réparation étaient difficiles à évaluer car il s’agit d’un travail techniquement complexe.  La première étape consistera à localiser le point précis des explosions, qui sont sans précédent.  La Russie et Gazprom ont consenti des moyens importants pour construire et faire fonctionner ces gazoducs, a rappelé le Porte-Parole de Gazprom.

M. MARC-ANTOINE EYL-MAZZEGA, chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI), a expliqué que les gazoducs étaient construits au fond de la mer pour éviter tout accident avec, par exemple, un bateau: l’hypothèse d’un accident de ce type est donc probablement à exclure. 

S’il a dit ne pas être en mesure de dire ce qu’il s’est passé, l’expert a fourni un « contexte ».  Celui, notamment, de « l’importante réduction de la fourniture de gaz par Gazprom » intervenue alors que l’Union européenne (UE) avait fait état de son nouveau programme de décarbonation.  En février, l’Allemagne a cessé la procédure de certification de Nord Stream 2, a-t-il rappelé.  En utilisant différents prétextes, la Russie a, peu à peu, diminué son volume « en méprisant les contrats de long terme ».  Les gazoducs étaient peu ou prou fermés depuis plusieurs semaines.  L’Europe et de nombreux pays du monde ont pâti de la flambée de prix du gaz.  Beaucoup de pays importateurs ne peuvent plus se payer du gaz devenu trop cher. 

Avant l’explosion, les relations contractuelles entre clients européens et Gazprom étaient déjà « dans une mauvaise passe », a poursuivi le chercheur, selon qui cet investissement colossal « perdait de sa valeur ».  Gazprom avait la capacité de réorienter le gaz par la Biélorussie ou l’Ukraine, mais l’entreprise ne l’a pas fait, a poursuivi M. Eyl-Mazzega, selon qui les experts sont largement d’avis que le gazoduc Nord Stream 2 ne serait « jamais devenus opérationnel » après l’agression russe sur l’Ukraine.  Le chercheur a enfin mis en exergue « l’impact environnemental catastrophique » des fuites de méthane résultant des explosions sur les gazoducs. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie), a rappelé que son pays avait demandé cette réunion suite au sabotage des lignes du gazoduc Nord Stream, le 27 septembre 2022, dans la zone économique exclusive du Danemark et de la Suède, près de l’île danoise de Bornholm.  Il a expliqué que le Procureur général russe a engagé une action pénale en vertu de la législation sur le terrorisme international et qu’une enquête russe a commencé. 

Appelant à « examiner les faits », le représentant russe a d’abord rappelé que, quelques semaines avant le début de l’opération militaire spéciale, le Président américain M. Joe Biden avait déclaré: « Si la Russie envahit, cela veut dire des chars et des troupes qui traversent la frontière de l’Ukraine, encore une fois.  Alors il n’y aura plus de Nord Stream 2.  Nous y mettrons fin ».  Il a aussi ajouté qu’en réponse à une question de journaliste, M. Biden a ajouté « Je vous promets que nous pourrons le faire ». 

Citant le « fait numéro deux », le représentant russe a indiqué que l’île danoise de Bornholm, proche de l’incident, est devenue en juin 2022 le site d’exercices à grande échelle de l’OTAN en mer Baltique sous le nom de code « BALTOPS ».  Il a indiqué qu’une publication américaine, Sea Power, avait expliqué que l’une des principales tâches de l’Alliance au cours des exercices était de tester des véhicules sous-marins sans pilote.  Par ailleurs, le représentant russe a indiqué que des hélicoptères américains patrouillaient, depuis fin août, dans la zone de l’île de Bornholm, et que leur trajectoire coïncidait étonnamment avec le tracé des gazoducs.  Il a précisé que toutes ces données de géolocalisation maritimes et aériennes étaient publiques et que les États-Unis n’ont jamais contesté leur présence dans la zone. 

Citant le « fait numéro trois », le représentant russe a cité un tweet de M. Radosław Sikorski, ancien Ministre de la défense et ancien Ministre des affaires étrangères de la Pologne, remerciant directement les États-Unis pour ce sabotage.  Il a ajouté que l’épouse de M. Sikorski, Mme Anna Applebaum, avait accès à une grande variété d’informations à Washington. 

Citant le « fait numéro quatre », il a noté que ce « sabotage » coïncidait presque simultanément avec l’ouverture officielle, dans la ville polonaise de Goleniow, du gazoduc Baltic Pipe en provenance de la Norvège, que les Polonais présentent comme une alternative à l’importation du gaz russe. 

En tant que « fait numéro cinq », le représentant russe a cité une déclaration de l’OTAN laissant craindre des frappes contre ses infrastructures en réaction de ce sabotage, laissant ainsi entendre que l’OTAN a des choses à se reprocher. 

Suite à la présentation de ces cinq faits, M. Nebenzia a déclaré que la destruction du gazoduc Nord Stream ne profite pas aux États européens puisqu’elle les rend dépendants d’un fournisseur plus cher et peu fiable qui est par ailleurs « le pays hôte du Siège de l’ONU ».  Il a ajouté que les experts européens, malgré l’hystérie antirusse dominante, ne peuvent s’empêcher de comprendre le danger d’un tel scénario et ses conséquences pour l’économie européenne.  Il a ajouté que les délégations danoise et suédoise ont reconnu dans leurs lettres au Conseil de sécurité la gravité des dommages environnementaux causés à la mer Baltique mais aussi l’impact sur la communication maritime. 

Le représentant a rappelé que le projet Nord Stream a initialement eu le statut de « projet d’intérêt commun de l’Union européenne » par la Commission européenne.  Notant les incidences négatives des sanctions américaines sur l’activité industrielle, il a dit que les livraisons russes permettaient d’éviter un effondrement énergétique en Europe en garantissant des livraisons stables et prévisibles. 

« Nous n’avons aucun intérêt à détruire un projet auquel nous avons consacré des investissements colossaux », a insisté M. Nebenzia, avant de déclarer que cet acte ne bénéficiera qu’aux exportations américaines vers le continent européen.  « Pouvez-vous confirmer que votre pays n’a rien à voir dans ce sabotage », a demandé le représentant russe à la délégation américaine, avant de souhaiter que les commentaires des délégations occidentales sur ce sabotage ne soient pas dominés par des discours russophobes.  Il a indiqué qu’une enquête sur cet acte ne pourra être considérée comme indépendante que si des experts russes y participent, avant d’exhorter les délégations à bien comprendre la gravité de cet acte de sabotage. 

Mme MONA JUUL (Norvège) a exprimé sa vive préoccupation face aux dommages causés aux gazoducs Nord Stream 1 et 2 dans les eaux internationales situées dans les zones économiques de la Suède et du Danemark.  Elle s’est notamment inquiétée des conséquences climatiques et environnementales de cet incident, ainsi que des risques pour la navigation.  Selon les informations disponibles, les dommages aux gazoducs seraient le résultat d’actes de sabotage « délibérés et irresponsables », a encore noté la représentante.  Elle a dit que son pays soutient pleinement les enquêtes lancées par les autorités danoises et suédoises afin de faire la lumière sur cet incident, qui s’inscrit dans un contexte de guerre et de crise énergétique en Europe et au-delà.  Estimant que les responsables ont pour intention « de semer la peur et l’insécurité sur le continent européen », elle a déclaré pour sa part que la Norvège, en tant que grand fournisseur de gaz, possède une responsabilité particulière de préserver la sécurité sur le plateau continental norvégien. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique) a exprimé son inquiétude face aux récentes fuites des gazoducs Nord Stream 1 et 2 dans la mer Baltique.  Il a notamment regretté l’impact environnemental et les risques pour la navigation internationale qui découlent de cet incident, qui constituent de nouveaux facteurs de déstabilisation des marchés de l’énergie déjà durement touchés par la guerre en Ukraine.  Au vu des informations disponibles, il est peu probable qu’il s’agisse d’un accident, a ajouté le représentant, qui y a vu plutôt un acte délibéré jugé particulièrement inquiétant dans le contexte de la guerre en Ukraine. 

Une enquête rigoureuse et impartiale est donc nécessaire afin de déterminer les circonstances de cet incident qui a endommagé des infrastructures civiles, a déclaré le représentant, qui a rappelé la nécessité de concentrer nos efforts sur la réduction des tensions et la recherche d’une solution au conflit en Ukraine fondée sur le dialogue et la diplomatie. 

M. MARTIN GALLAGHER (Irlande), reconnaissant que toutes les analyses à ce jour indiquent que les fuites sur les gazoducs Nord Stream résultent d’actes délibérés de sabotage, a estimé que leur survenue en pleine crise énergique les rend d’autant plus intolérables.  Il a apporté le plein soutien de son pays à la Suède, au Danemark et à l’Allemagne dans la gestion des conséquences de cet acte « indéfendable » ainsi qu’aux enquêtes en cours pour déterminer l’origine des fuites.  Cette perturbation délibérée de l’infrastructure énergétique européenne est inacceptable, a insisté le représentant.  L’Irlande, avec ses partenaires de l’UE, demandent qu’elle reçoive rapidement « une réponse robuste et unie ». 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) s’est dit préoccupé des informations faisant état de trois fuites importantes sur les gazoducs Nord Stream 1 et 2, qui font naître des inquiétudes sur la possibilité d’une catastrophe au large de la mer Baltique.  L’ampleur du risque et des enjeux environnementaux appelle une réponse urgence et bien circonscrite, a-t-il prévenu.  Le représentant a noté avec appréhension les mesures d’interdiction de survols et le congestionnement de la navigation dans la zone concernée, espérant qu’il s’agisse de mesures de précaution et que les dommages ne soient pas liés aux hostilités entre les parties belligérantes.  Il a rappelé que la guerre a des règles strictes pour protéger les infrastructures civiles.  Le représentant a, enfin, exhorté à une action urgente pour restaurer les gazoducs, circonscrire les dégâts causés et faire la lumière sur la situation.

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a dit que les dommages aux gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2 en mer Baltique créent de profondes préoccupations.  Ces fuites entraînent en effet non seulement des risques pour la navigation, mais également des risques importants de dommages environnementaux en mer Baltique.  Comme l’a déclaré l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), « toutes les informations actuellement disponibles indiquent que c’est le résultat d’actes de sabotage délibérés, imprudents et irresponsables », a-t-elle indiqué. 

Nous devons établir des normes internationales claires selon lesquelles de tels dommages sont totalement inacceptables, a poursuivi la représentante, ajoutant que l’OTAN et ses alliés restent déterminés à se préparer, à dissuader et à se défendre contre toute tactique hybride menée par des acteurs étatiques et non étatiques, y compris les approches coercitives par l’entremise de l’énergie.  Nous sommes clairs sur le fait que toute attaque délibérée contre l’infrastructure critique des alliés fera face à une réponse unie et déterminée, a-t-elle averti. 

M. RICHARD MILLS (États-Unis) a déclaré que la Russie avait « une fois de plus dévoyé ce Conseil » en demandant cette réunion, avant de dénoncer le sabotage des gazoducs Nord Stream.  Il a appuyé les enquêtes des pays européens, en jugeant crucial l’établissement des faits.  Les États-Unis nient toute implication dans le sabotage, a dit le délégué, en réponse à la demande expresse de son homologue russe.  Il a indiqué que son pays contribue à la stabilisation des marchés de l’énergie, en dénonçant « l’appareil de désinformation » de la Russie, qu’il a accusée de chercher à éloigner l’attention des crimes qu’elle a commis en Ukraine.  Il a dénoncé les attaques de la Russie contre les infrastructures civiles ukrainiennes, en indiquant que l’ampleur de la tragédie s’aggravait de jour en jour.  Les faits sont les faits et la Russie ne doit pas utiliser cette enceinte pour propager ses mensonges, a conclu le représentant.

M. GENG SHUANG (Chine) a souligné les conséquences de ces fuites de gaz dans la région et le monde, notamment sur la flambée des prix et sur la navigation qui risque d’être perturbée.  Constatant que tout le monde s’accorde à dire qu’il s’agit d’un « acte délibéré de sabotage », le représentant a estimé qu’il faut maintenant ouvrir une enquête internationale afin de faire la lumière sur cet acte qui représente une « menace » pour la stabilité internationale. 

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a demandé une enquête objective et transparente sur ces explosions.  Elle a aussi exhorté à maintenir l’approvisionnement en gaz, qui est essentiel pour nombre de pays, en particulier les pays en développement.  Elle a prévenu des coûts environnementaux des explosions, qui ont causé l’une des fuites de gaz à effet de serre les plus importantes de l’Histoire.  Tout cela ne fera qu’aggraver les difficultés, a déploré la représentante, qui a réitéré l’importance de tout faire pour élucider les faits et éviter ce type d’incident. 

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a regretté des « dommages environnementaux considérables ».  Ces fuites, qui résultent d’un « acte délibéré de sabotage », sont « inacceptables » et mettent à mal la sécurité internationale sur le plan énergétique, a-t-elle estimé.  Partageant la position de la communauté internationale visant à dissuader des acteurs, étatiques ou non, de porter atteinte à des infrastructures critiques, elle a estimé que le « contexte d’escalade » actuel transformait un acte de sabotage en un « acte d’intimidation » contre les pays européens, et dressé un parallèle entre la situation des gazoducs avec celle relative à la centrale nucléaire de Zaporijjia. 

Mme JANE TOROITICH (Kenya) a rappelé que l’Europe et le monde ne peuvent se permettre une escalade de la guerre en Ukraine, qui frappe nombre de pays avec la flambée des cours alimentaires et énergétiques.  Elle a, pour cette raison, appelé à la cessation immédiate des hostilités et à une solution politique conforme à la Charte des Nations Unies qui préserve l’intégrité territoriale de l’Ukraine, tout en étant sensible aux préoccupations sécuritaires de tous les pays. 

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a appelé à éviter toute attaque contre des infrastructures civiles, avant de rappeler que les pays du Sud subissent de plein fouet les conséquences de la guerre en Ukraine.  Le délégué a demandé une enquête sur ce qui s’est passé et réclamé la cessation immédiate des hostilités. 

M. JOAO GENESIO DE ALMEIDA.FILHO (Brésil) a « pris note » des déclarations des représentants de la Fédération de Russie, de l’Union européenne et de l’OTAN sur les événements survenus au large de l’île danoise de Bornholms.  S’il a reconnu qu’il est compréhensible, « compte tenu des défis actuels auxquels nous sommes confrontés dans le système international », de trouver des causes à ces fuites de gaz, il a souligné que le Brésil se gardera d’attribuer des motivations à tel ou tel « acteur », préférant attendre qu’une enquête sur les événements ait livré ses conclusions. 

Mme CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG NTIRI (Ghana) a noté avec une grande inquiétude les dommages sans précédent causés aux gazoducs Nord Stream 1 et 2, qui ont entraîné des fuites de méthane dans des zones proches du Danemark et de la Suède.  Elle a plaidé pour l’ouverture urgente d’enquêtes indépendantes afin de déterminer les circonstances qui ont mené à la fuite des deux gazoducs et d’apporter les mesures correctives appropriées, y compris l’identification des responsables.  La sûreté et la sécurité des infrastructures énergétiques européennes exigent des efforts concertés de la part des États membres et de la communauté internationale, a-t-elle relevé, afin de prévenir les interruptions de service et leur impact sur les populations qui en dépendent.  Dans sa résolution 2341 (2017), le Conseil de sécurité a reconnu l’interdépendance croissante des États en matière d’infrastructures critiques, a-t-elle rappelé, avant d’encourager la coopération à tous les niveaux pour assurer leur sécurité. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a qualifié les évènements survenus au large de l’île danoise de Bornholms de « sans précédent ».  La France exprime sa pleine solidarité avec le Danemark et la Suède, qui sont directement touchés par leurs conséquences sécuritaires et environnementales, a-t-il ajouté.  Il a noté que les informations disponibles indiquent que ces fuites sont le résultat d’un acte délibéré, « disons-le, d’un acte de sabotage ».  La France dénonce cet acte irresponsable qui met en danger la navigation maritime et l’environnement, a poursuivi le représentant, pour qui l’usage coercitif de l’énergie est inacceptable.  Il a appelé à ce que la lumière soit faite sur l’origine de ces explosions et apporté le soutien de la France aux enquêtes qui seront menées par les pays concernés.  « Toute tentative délibérée d’attaquer des infrastructures critiques est intolérable et doit être considérée comme un acte hostile ».  Il a assuré que l’Union européenne répondra de manière ferme et unie à cette attaque sur ses infrastructures énergétiques, comme à toute tentative de porter atteinte à sa sécurité d’approvisionnement. 

M. NEBENZIA (Fédération de Russie) a repris la parole pour remercier les États-Unis de leur « réponse directe » niant toute responsabilité dans le sabotage.  Il s’est néanmoins interrogé sur les accusations, formulées par les États-Unis et le Royaume-Uni, de désinformation et de théorie du complot russe, notant que l’ensemble des éléments évoqués dans sa déclaration initiale étaient des faits établis.  Il a regretté que ses collègues occidentaux voient ici une vengeance contre l’action de la Russie en Ukraine. 

M. MILLS (États-Unis) a nié de façon catégorique toute implication des États-Unis dans cet incident.  Nous avons par ailleurs entendu aujourd’hui de nombreux intervenants affirmer que la situation énergétique en Europe pâtit davantage du caractère « peu fiable » de la Russie en tant que fournisseur que de l’action des États-Unis, a-t-il ajouté.  Selon lui, les faits sont clairs: c’est la Russie qui a, ces sept derniers mois, détruit des infrastructures civiles en Ukraine. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Troisième Commission: Face aux défis multiples, les jeunes veulent faire partie de la solution 

Soixante-dix-septième session
3e & 4e séances plénières – matin & après-midi
AG/SHC/4343

Troisième Commission: Face aux défis multiples, les jeunes veulent faire partie de la solution 

La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a achevé, aujourd’hui, sa discussion générale consacrée au développement social, en se mettant à l’écoute des jeunes venus partager leurs expériences, mais surtout exprimer leur désir de faire « partie de la solution », notamment dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) dont le chemin leur semble « long et tortueux ».

Tour à tour, les délégués de la jeunesse de différents États Membres, ont interpellé leurs aînés pour faire entendre leur voix, conscients qu’ils sont des « agents de changement positif » et à même de proposer « des solutions extraordinaires » pour réaliser les ODD, comme l’a souligné la jeune déléguée de la Bulgarie.

Dans une déclaration à trois voix, les délégués de la jeunesse des pays du Benelux ont attiré l’attention sur la crise du logement chez les étudiants, la vulnérabilité des jeunes dans le monde du travail, ainsi que sur l’importance de la santé mentale.

De fait, la pauvreté, le chômage et l’exclusion sociale ont tendance à devenir « la nouvelle normalité » dans le monde entier, ont fait valoir plusieurs délégations.  C’est pourquoi, a exigé la déléguée de la jeunesse du Danemark, il faut autonomiser les jeunes et les inclure davantage dans les processus de l’ONU.

Le Costa Rica a fondé ses espoirs sur le Sommet social mondial de 2025 qui devrait, selon lui, être l’occasion de défendre une vision plus large, d’identifier les intersections et d’investir dans la sécurité humaine, notamment la santé, l’éducation et la création d’emplois plus verts.

En attendant, la jeune déléguée de Suède s’est inquiétée du fait que les « forces populistes divisent et marginalisent » et que, partout dans le monde, des militants et des représentants de la jeunesse sont menacés, harcelés et emprisonnés en raison de leur mobilisation.

Lorsque les jeunes sont confrontés à des menaces qui limitent leurs droits démocratiques et bloquent leur travail de plaidoyer, la situation doit être prise au sérieux, a-t-elle martelé, avant de souligner qu’une démocratie forte ne peut être réalisée sans une société civile forte et des mouvements de jeunesse autonomes.

La jeunesse de Hongrie a observé pour sa part qu’il est difficile pour les jeunes de rester optimistes en ces temps de changements climatiques et d’absence de paix.  À ce propos, le délégué de la jeunesse de la Bulgarie a appelé à une « éducation à la durabilité » et au « comportement écologique dans les écoles du monde entier », s’inquiétant en outre des effets sur l’environnement du retour de la guerre en Europe.

De fait, les effets dévastateurs de la guerre en Ukraine privent la jeunesse de ce qu’elle avait de plus précieux: la vie, a dénoncé le délégué de la jeunesse ukrainienne avant de lancer à l’intention de la jeunesse russe « nous ne pardonnerons pas votre silence et votre inaction ».  Une affirmation vivement rejetée par la délégation russe dans le cadre d’un droit de réponse, qui y a vu une « menace directe inacceptable ».

Les répercussions de la COVID-19 ont également mobilisé l’attention des délégations aujourd’hui, à l’instar du Groupe des amis des personnes âgées qui, par la voix du Chili, a signalé que si près de 15 millions de personnes dans le monde ont succombé à la pandémie, bon nombre étaient des personnes âgées, dénonçant par la même les discriminations dont elles sont victimes, en particulier celles qui souffrent d’un handicap ou sont en situation de vulnérabilité.

Il est stupéfiant à quel point la pandémie, associée à d’autres crises, a impacté les pays en développement et les pays les moins avancés, a résumé la Tunisie, notant que les pays africains concentrent 56% des personnes poussées vers l’extrême pauvreté à partir de 2020.

Le Sri Lanka a estimé pour sa part que la résolution du triple problème de l’inégalité dans l’accès aux vaccins, des changements climatiques et de la refonte du système financier international « moralement en faillite » est une condition sine qua non pour reconstruire en mieux.

La Troisième Commission poursuivra ses travaux lundi 3 octobre, à partir de 10 heures avec un débat sur la criminalité, l’information et les technologies, et les stupéfiants.

DÉVELOPPEMENT SOCIAL

Suite du débat général

Dans une déclaration commune, les déléguées de la jeunesse des pays du Benelux (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg) se sont succédé tour à tour pour parler des défis communs à ces pays en matière de logement, au travail et au système de soins de santé mentale.  Mme BERTEMES, déléguée de la jeunesse du Luxembourg, a relevé que les conséquences de la pandémie de COVID-19 et l’augmentation du coût de la vie ont rendu la protection et le soutien des jeunes encore plus urgents.  Elle a indiqué qu’en partageant leur déclaration, les déléguées de la jeunesse souhaitent montrer que la coopération internationale et l’échange de solutions internationales seront bénéfiques pour toutes les générations.

Mme CHAKIR, déléguée de la jeunesse des Pays-Bas, a noté que l’on est loin d’atteindre l’objectif d’un logement sûr et durable, et que les trois pays du Benelux font face à une crise du logement.  Elle a indiqué que le Luxembourg avait connu la plus importante hausse du prix du logement parmi les membres de l’UE.  En Belgique, la hausse a atteint 8,2% et aux Pays-Bas, il manque plus de 26 000 logements pour étudiants, a-t-elle ajouté.  Constatant que la transition vers un meilleur environnement et une meilleure éducation s’éloigne de plus en plus, elle a pressé pour la création d’un point d’information centralisé accessible pour répondre aux différentes questions des jeunes et permettent leur participation aux processus décisionnels.

Mme MOUSSANE, déléguée de la jeunesse de la Belgique a souligné que les jeunes doivent avoir des compétences et une éducation adéquates pour pouvoir entrer sur le marché du travail.  De plus, leur manque d’expérience les rend plus vulnérables aux licenciements et moins à même de pouvoir négocier leurs contrats.  Elle a appelé à assurer l’importance des opportunités pour toutes et tous sans discrimination, avant d’appeler à l’interdiction des stages non rémunérés.

Reprenant la parole, la déléguée de la jeunesse du Luxembourg a indiqué que les pays du Benelux n’ont que 20 psychiatres pour environ 100 000 personnes. Elle a appelé les États à rendre les soins de santé mentale accessibles à tous en assurant la présence de spécialistes et en assurant la gratuité des soins.

M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a parlé des programmes modèles qui visent à offrir une protection sociale complète à grande échelle dans son pays.  L’objectif étant d’essayer d’atténuer les répercussions sociales et économiques de la pandémie de COVID-19.  D’après les statistiques, les jeunes constituent plus de la moitié de la population égyptienne.  C’est pourquoi, a assuré le représentant, son gouvernement est déterminé à donner davantage d’importance à cette catégorie dans les processus de relance et décisionnel.  Il a évoqué le lancement en 2017 du forum international des jeunes - une plateforme pour un échange constructif interactif entre jeunes de ce monde.  Le dernier évènement, a-t-il précisé, s’est tenu à Charm el-Cheikh et s’est penché sur la plupart des défis contemporains, parmi lesquels la situation du marché de l’emploi, la riposte postpandémie et l’atténuation des changements climatiques

M. LIRE (Éthiopie) a relevé que la crise liée à la COVID-19 a fait perdre des décennies de progrès aux pays en développement, principalement en Afrique.  Cette crise a inversé les avancées en matière de systèmes de santé, poussé des millions de personnes dans la pauvreté, exacerbé les troubles sociaux et détruit les moyens de subsistance des plus vulnérables, a-t-il rappelé, avant d’avertir que la hausse actuelle des prix des aliments, des aliments, de l’énergie et des engrais, provoquée par les tensions géopolitiques du moment, ont un impact majeur sur la croissance économique nationale et la sécurité alimentaire.  Dans un tel contexte, aggravé par les effets des changements climatiques, des mesures mondiales de relèvement et de protection sociale doivent être mises en œuvre, en tenant compte notamment de la vulnérabilité des familles et des personnes handicapées, a-t-il plaidé, précisant que son gouvernement a continué, malgré les multiples défis internes et externes, à mener des politiques et des stratégies intégrées visant à promouvoir un développement social inclusif et durable.

Le représentant a ainsi fait état d’une politique nationale de protection sociale, qui bénéficie à près de huit millions de bénéficiaires, dont 1,1 million ont reçu un transfert monétaire direct.  Le pays fournit également une aide d’urgence à la population touchée par la sécheresse en partenariat étroit avec les partenaires internationaux, tout en renforçant la résilience des communautés face aux chocs, a-t-il ajouté, avant d’évoquer les mesures gouvernementales visant à promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes dans les domaines politique, économique et social.  Nos efforts de développement social en faveur des pauvres ciblent en priorité les femmes, les seniors et les personnes handicapées, a indiqué le délégué, selon lequel la famille constitue le pilier fondamental de la société.  Il a noté à cet égard que l’Éthiopie a l’un des droits de la famille les plus progressistes, qui reconnaît le droit des femmes mariées à posséder des biens et prévoit un traitement égal avec les hommes sur les questions juridiques et administratives.

Mme BADEVA, déléguée de la jeunesse de la Bulgarie, a estimé que les jeunes devraient être plus impliqués dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), car ils sont à même de proposer « des solutions extraordinaires ». Une enquête nationale en Bulgarie a montré que les jeunes ont été impactés par la pandémie de COVID-19, y compris dans leur santé mentale a-t-elle dit, appelant à œuvrer au bien-être des jeunes afin de « imaginer l’avenir au-delà même du Programme 2030 ».  L’Action 21, adoptée lors du Sommet Planète Terre en 1992, comprend un chapitre sur les jeunes en tant que groupe majeur dont la protection et la santé doivent être au cœur des ODD, a-t-elle rappelé.  Prenant la parole à son tour, M. MITKOV, délégué de la jeunesse de la Bulgarie, a déploré le retour de la guerre en Europe et ses effets sur l’environnement, rappelant non seulement que 30% de toutes les aires protégées d’Ukraine sont impactées, mais que la guerre fragilise l’ensemble de notre écosystème.  La paix est donc un prérequis à l'Accord de Paris sur le climat, a-t-il insisté.  Des régions qui n’avaient jamais souffert de cataclysmes auparavant sont désormais frappées par le changement climatique, comme la Bulgarie qui a été victime d’inondations dévastatrices, a déploré le jeune homme, notant que les villes sont à la fois les premières responsables des émissions de CO2 et très sensibles aux catastrophes climatiques.  Il a appelé à une « éducation à la durabilité » et au « comportement écologique dans les écoles du monde entier ».

M. IGOR PILIPENKO (Bélarus) s’est félicité des stratégies et des programmes nationaux mis en œuvre par son pays, conformément au principe de « ne laisser personne de côté ».  Le soutien aux personnes âgées, aux anciens combattants, aux jeunes, aux familles nombreuses, et aux personnes handicapées reste la marque de fabrique du développement bélarusse, a-t-il renchéri, expliquant soutenir l’institution sociale de la famille traditionnelle.  En ce sens, début de 2022, la Constitution bélarusse a consacré le mariage en tant qu’union d’un homme et d’une femme, a-t-il expliqué. 

Le représentant a également évoqué la stratégie nationale « Longévité active – 2030 » qui vise à améliorer durablement la qualité de vie des seniors.  Face au problème de l’inégalité des chances, le Bélarus a également mis en œuvre un plan d’action national pour mettre en œuvre les dispositions de la Convention relative aux droits des personnes handicapées, a noté le délégué, précisant qu’une nouvelle loi venait d’être adoptée en ce sens.  Il a ensuite dénoncé les mesures coercitives unilatérales qui limitent la capacité de certains États à offrir à leurs sociétés une protection sociale.  « Nous regrettons que les pays occidentaux préfèrent ignorer ce fait », a-t-il dit.

Mme ALMANSOUR (Koweït) a indiqué que l’article 11 de la Constitution koweïtienne stipule que l’État apporte un soutien à tous ses citoyens qui se trouvent dans l’incapacité de travailler.  Elle s’est félicitée d’un programme national qui offre une protection sociale aux retraités.  La déléguée a également expliqué que la Constitution de son pays garantit la protection de la famille comme la pierre angulaire d’une société fondée sur la religion, l’éthique, et l’amour de la patrie.  Elle s’est réjouie de voir son pays mettre en œuvre la Convention relative aux droits des personnes handicapées.  Tout sera fait pour que ceux-ci bénéficient d’une aide, a-t-elle assuré, ajoutant que le Koweït offre toujours son partenariat aux pays en développement.  Elle s’est aussi félicitée de la création d’un ministère d’État dont le mandat est de protéger la jeunesse, ajoutant que son gouvernement assure plusieurs services électroniques via une application, facilitant une kyrielle de formalités, notamment dans le domaine du logement.  La vision 2035 du Koweït, a-t-elle poursuivi, vise au bien-être de tous les citoyens, et inclut notamment une réforme du système éducatif ainsi qu’un programme écologique.

Mme DJELLOUL, déléguée de la jeunesse de la Suède, a déclaré parler au nom du Conseil national de la jeunesse de son pays et de ses 86 organisations membres qui comptent près d’un million de jeunes Suédois actifs aux niveaux local, national et international.  Elle a également dit représenter le mouvement mondial de la jeunesse, qui entend être un agent de changement positif et donner aux jeunes du monde entier la possibilité de faire partie des processus décisionnels, de s’organiser pour ce en quoi ils croient et de protéger leurs libertés et leurs droits humains.  Elle a toutefois indiqué que l’engagement démocratique des jeunes se heurte à un espace civique qui se rétrécit et à un climat politique plus dur et plus polarisé.  Constatant que les forces populistes divisent et marginalisent les groupes de la société, elle a constaté que, partout dans le monde, des militants et des représentants de la jeunesse sont menacés, harcelés et emprisonnés en raison de leur implication.  Lorsque les jeunes sont confrontés à des menaces qui limitent leurs droits démocratiques et bloquent leur travail de plaidoyer, la situation doit être prise au sérieux, a-t-elle martelé, avant d’exiger que les voix de la jeunesse soient entendues et leurs compétences reconnues.  Pour la déléguée, les pays doivent considérer les jeunes non seulement comme l’avenir, mais aussi comme des agents actifs de la société d’aujourd’hui.  De fait, les consultations avec les jeunes doivent aboutir à des résultats qui incluent leur perspective et offrent la possibilité d’évaluer les résultats, a-t-elle plaidé, souhaitant que cette participation ne se limite pas aux problèmes typiques de la jeunesse.  Enfin, elle a estimé qu’une démocratie forte ne peut être réalisée sans une société civile forte et des mouvements de jeunesse autonomes. 

Mme AIDA KASYMALIEVA (Kirghizstan)a rappelé que le 20 février a été promulgué « Journée mondiale de la justice sociale » et espéré que la résolution de la présente session de l’Assemblée générale consacrée à cette question permettra d’aider à éradiquer la pauvreté.  Le 19 septembre 2022, lors du Sommet sur la transformation de l’éducation, le Kirghizstan a formulé des engagements sur les cinq sujets essentiels identifiés, notamment un accès à l’éducation pour tous.  La représentante a aussi rappelé que son pays avait ratifié la Convention sur les droits des personnes handicapées en 2019 et fournissait des efforts pour la mettre en œuvre.  Notant que 2022 marque le vingtième anniversaire du Plan d’action de Madrid sur le vieillissement, elle a précisé que le Kirghizstan exécutait actuellement son plan quinquennal 2019-2024 pour les personnes âgées. Réaffirmant l’engagement de son pays pour les droits humains, elle a rappelé qu’il avait déposé sa candidature au Conseil des droits de l’homme pour la période 2023-2025 et appelé les États membres à la soutenir.

Mme AHMED (Nigéria) a noté que le chemin pour réaliser les objectifs de développement durable restait « long et tortueux », notamment en raison des effets de la pandémie de COVID-19 et plus particulièrement pour les pays en développement.  Au Nigéria les enfants des campagnes et les enfants pauvres, notamment les filles, ont été durement touchés, abandonnant l’école en grand nombre.  La représentante a indiqué que le Nigéria avait lancé un « passeport de l’apprentissage » et mis en place un programme pour intégrer les technologies et l’enseignement à distance.  Le plan sur la pauvreté doit permettre de sortir 100 millions de Nigériens de la pauvreté, a-t-elle ajouté. Par ailleurs, une loi condamnant la discrimination des personnes handicapée a été promulguée en 2019.

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a affirmé que l’autonomisation des personnes handicapées aboutirait à de meilleures décisions et de meilleurs résultats, regrettant que les conflits continuent d’affecter ces personnes de manière disproportionnée.  Elle a souligné que les personnes âgées devraient pouvoir bénéficier des droits humains et des libertés fondamentales, en particulier le respect de leur dignité, leurs croyances, leur vie privée ainsi que le droit de prendre des décisions quant aux soins qu’on leur apporte et à leur qualité de vie, notant à ce sujet l’importance du Plan d’Action international sur le vieillissement.  À la lumière du rapport de mai dernier de l’Institut international sur le vieillissement mettant en lumière les nombreux abus subis par les personnes âgées, la représentante s’est félicitée que ce sujet continue d’être examiné au sein de la Troisième Commission.  Elle a dit craindre que le droit à l’alphabétisation continue d’être négligé, notamment pour les jeunes et jeunes adultes.

Elle a ensuite cédé la parole à M. MICALLEF ST.JOHN, délégué de la jeunesse de Malte, qui a appelé l’ONU à reconnaître les diversités de genre incluant les personnes LGBTIQ+ et souligné le rôle du Programme 2030 pour les personnes marginalisées.  Les jeunes, a-t-il insisté, devraient être inclus à tous les niveaux des prises de décision.  Rappelant également le rôle de la société civile pour le développement social, il a regretté les attaques sur les médias, les manifestants et les défenseurs des droits humains.

Mme STOJKOVIC, déléguée de la jeunesse de la Serbie, a rappelé que les jeunes faisaient face à de nombreuses crises et conflits et qu’ils aspiraient uniquement à la paix et la prospérité.  Réitérant l’engagement de la Serbie pour mettre en œuvre le programme 2030, elle a témoigné que la Serbie est l’un de seuls États à disposer d’un ministère de la jeunesse et des sports mettant en œuvre une stratégie en faveur de la jeunesse élaborée de manière inclusive, y compris par le biais de tables rondes. Prenant à son tour la parole, M. KOVACEVIC, délégué de la jeunesse de la Serbie, a souligné qu’au sortir de la pandémie de COVID-19, la crise du chômage reste un problème pour les jeunes.  Il a appelé les parties à soutenir l’éducation formelle et informelle et à faciliter l’entrée des jeunes sur le marché du travail.  À cette fin, il a souligné l’effort de la Serbie pour connecter sur Internet les institutions éducatives et le secteur privé, notamment pour l’organisation de formations et séminaires, afin d’aider les jeunes à acquérir les compétences nécessaires.

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a déploré un « recul sans précédent » du développement socio-économique depuis la seconde guerre mondiale, notamment en raison de la pandémie de COVID-19, qui fait peser un risque considérable sur la mise en œuvre du programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il s’est inquiété de voir la pauvreté, le chômage et l’exclusion sociale devenir « la nouvelle normalité » dans le monde entier, tandis que des conflits en cours dans différentes régions du monde ont des « effets dévastateurs » sur les pays qui dépendent des importations de denrées alimentaires.  Selon M. Peiris, la résolution du triple problème de l’inégalité dans l’accès aux vaccins, du changement climatique et de la refonte du système financier international « moralement en faillite » est une condition sine qua non pour reconstruire en mieux.  Il s’est félicité du succès de la stratégie nationale de lutte contre la pandémie de COVID-19, avec une couverture de 97% pour la première dose, 82% pour la deuxième dose et 55% pour la troisième dose. 

M. YOUSSOUF ADEN MOUSSA (Djibouti) s’est dit convaincu que les politiques et stratégies de développement social sont essentielles pour éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions.  Il a fait savoir que le Plan national de développement 2020-2024 de Djibouti, qui s’appuie sur l’inclusion, la connectivité et les institutions, vise à renforcer la cohésion sociale en permettant aux personnes marginalisées de bénéficier d’un nouvel ensemble de politiques de développement social.  Sa finalité est de parvenir au développement humain en éliminant la pauvreté et en améliorant les conditions de vie, a-t-il indiqué.

La pandémie de COVID-19 ainsi que la crise alimentaire et énergétique ont eu de graves répercussions sur l’économie de Djibouti, a fait observer le représentant.  En conséquence, les Djiboutiens ont vu leurs revenus diminuer, tandis que les prix augmentaient, plongeant de nombreuses familles dans la pauvreté monétaire et multidimensionnelle.  Face à cette situation, le Gouvernement a adopté diverses mesures pour soutenir les ménages, notamment par le biais de l’élargissement du système de protection sociale.  Un programme d’aide sociale sous forme de tickets ou de distribution d’alimentation a par ailleurs ciblé les réfugiés et les demandeurs d’asile vivant en zone urbaine.  Le représentant s’est ensuite félicité que les investissements dans le développement social donnent des résultats, tout en reconnaissant que nombre de défis restent à relever et demandent davantage d’attention, au niveau national comme au niveau international.

Mme IRENE GASHU (Japon) a rappelé que, depuis 2014, le Gouvernement de son pays organise l’Assemblée mondiale des femmes qui vise à promouvoir l’autonomisation des femmes et l’égalité des sexes.  Elle a également indiqué que le Japon et la Sierra Leone ont cofacilité cette année une nouvelle résolution sur la coopération internationale pour l’accès à la justice, les voies de recours et l’aide aux victimes de violences sexuelles, adoptée en septembre par l’Assemblée générale.  En outre, a-t-elle relevé, le Japon défend l’autonomisation et les droits des personnes handicapées.  Le pays s’est ainsi appuyé sur l’élan des Jeux paralympiques de Tokyo en 2020 pour son développement urbain et a modifié ses lois sur l’élimination de la discrimination à l’égard des personnes handicapées et sur l’accès facilité, a précisé la déléguée, faisant aussi état de la récente promulgation d’une nouvelle législation visant à améliorer l’accessibilité à l’information et la communication pour les personnes handicapées.  Elle a d’autre part annoncé que, dans le cadre de ses efforts de protection de l’enfance et des droits de l’enfant, le Japon créera une nouvelle agence pour les enfants et la famille en 2023.  Enfin, après avoir souligné l’engagement politique et financier du Japon dans la lutte contre l’insécurité alimentaire au Moyen-Orient et en Afrique, aggravée par les retombées de l’agression russe contre l’Ukraine, elle a rappelé que son pays promeut la couverture sanitaire universelle (CSU) afin que chacun puisse accéder aux services de santé de base à un coût abordable.  Le Japon a par ailleurs fourni 5 milliards de dollars pour soutenir la réponse à la pandémie de COVID-19, notamment via le Mécanisme COVAX, et contribuera au Fonds mondial à hauteur de 1,08 milliard de dollars ces trois prochaines années, a-t-elle précisé. 

Mme STEPHANIA MERCEDES GONZALEZ CABELLO MALDONADO (Paraguay) a fait savoir que le Paraguay n’a cessé d’avancer dans l’élargissement de son système de protection sociale, en accordant une attention toute particulière aux droits humains.  De cette manière, les besoins de chacun sont mieux compris et les politiques publiques adaptées en conséquence, par exemple pour créer des emplois, construire des infrastructures et des logements.  La représentante a réitéré l’engagement du Paraguay en faveur de la cohésion et du développement social à long terme.

Mme ZADE ISENI, déléguée de la jeunesse du Danemark, a regretté que la grande majorité des jeunes du monde n’a pas la possibilité de faire entendre sa voix et que de nombreuses jeunes femmes et les filles ont été privées d’éducation à cause de la pandémie de COVID-19.  Les jeunes se battent pour faire respecter leurs droits, mais ils se sentent encore trop souvent impuissants.  Alors il faut les autonomiser, a exigé la représentante en appelant à les inclure davantage dans les processus de l’ONU.  Pour cela elle a appelé à renforcer la confiance démocratique des jeunes, à protéger l’espace civile et à promouvoir les partenariats jeunes-jeunes pour en faire des agents du changement.  Le moment est venu pour les jeunes de se rassembler et d’exprimer librement leur opinion, a-t-elle martelé en ajoutant que cela passe par une citoyenneté active.

Mme CHAN (Costa Rica) a relevé que les crises multiples actuelles font obstacle aux investissements dans la sécurité humaine en rappelant, entre-autres, que 30.3% de l’humanité n’a pas été vaccinée contre la COVID-19 et que l’espérance de vie baisse dans son pays et ailleurs.  Elle a dénoncé les conséquences dévastatrices à l’échelle mondiale de l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie, plongeant plus de gens dans la pauvreté et la faim alors que la communauté internationale n’arrive pas à faire face aux défis qu’elle a soulevé.  Elle a exhorté la communauté internationale à se réengager en faveur du multilatéralisme pour relever ces défis, en estimant que le Sommet social mondial de 2025 devrait être l’occasion de défendre une vision plus large, d’identifier les intersections et d’investir dans la sécurité humaine, notamment la santé, l’éducation et la création d’emplois plus verts.  Il est urgent de mobiliser les ressources financières pour réaliser le Programme 2030, a insisté la représentante qui a également appelé à s’occuper des jeunes et des personnes handicapées.

Mme ANGELIKA OJINNAKA, déléguée de la jeunesse de l’Australie, a voulu se faire l’écho des jeunes d’aujourd’hui qui continuent d’avoir des aspirations pour un monde plus accessible et en même temps en prise aux changements de l’environnement.  Elle a encouragé les jeunes à garder l’espoir en l’avenir.  Nous continuons d’endurer de longs délais et un manque d’accès à l’emploi et aux opportunités économiques pour certains groupes, notamment les femmes et les jeunes, et une répartition inégale de l’éducation et des initiatives dans certaines zones historiquement exclues, a-t-elle indiqué.  Elle a ensuite énuméré d’autres préoccupations liées, à la transmission des connaissances, au harcèlement sexuel, et à la mise en œuvre de politiques climatiques à l’échelle communautaire.

Mme MAYRA LISSETH SORTO ROSALES (El Salvador) a axé son intervention sur la pauvreté et son impact sur les personnes vulnérables ou en situation de marginalité, notamment les femmes, les filles, les jeunes, les personnes handicapées, les migrants et les peuples autochtones.  Très souvent ces personnes se trouvent exclues des acquis en matière de développement national et international.  La lutte contre la pauvreté et l’exclusion doit se livrer dans un cadre universel, en prenant compte des besoins spécifiques des personnes, a-t-elle estimé.  Pour sa part, El Salvador a promu le développement économique et social afin de répondre aux besoins essentiels de sa population.  C’est pourquoi, il œuvre à créer des conditions favorables afin que les garçons et les filles puissent exploiter tout leur potentiel de développement, d’où la loi « grandir ensemble » consacrée à la prime enfance, l’enfance et l’adolescence ce qui permettra d’avancer, selon elle, sur la transformation positive. 

M. KOVACS, délégué de la jeunesse de la Hongrie, a souligné la difficulté pour les jeunes de rester optimistes en ces temps difficiles de changements climatiques et d’absence de paix.  Venant d’un pays voisin de l’Ukraine, il a dit voir les conséquences de la guerre dans la réalité.  Depuis le début du conflit, l’État, la société civile et de nombreux jeunes hongrois aident, chaque jour, les réfugiés en provenance de ce pays, a-t-il relaté, indiquant avoir contribué à la livraison de plus de quatre tonnes de matériel pédagogique pour les écoles ukrainiennes.  Il a ensuite évoqué la promotion de l’économie circulaire par les jeunes.  En tant que responsables d’un programme de sensibilisation à cette question, il a constaté que les jeunes apprennent très vite à réduire et à trier les déchets.  Selon lui, l’éducation, le développement des infrastructures et la création d’un bon cadre juridique de travail pour une transition vers l’économie circulaire et un mode de vie durable doivent être une priorité pour tous.  Le jeune délégué a, d’autre part, souligné l’importance des initiatives transfrontalières pour la protection des rivières contre la pollution plastique, sujet pour lequel il milite au travers d’un projet de recyclage concernant la rivière Tisza.  Il a enfin abordé la question du multilinguisme et des droits des minorités linguistiques, avant de rappeler que le douzième Forum des jeunes de l’UNESCO a appelé, en 2021, à la création de réseaux pour promouvoir l’éducation basée sur la langue maternelle.  En réponse à cet appel, et en collaboration avec le Conseil national de la jeunesse de la Hongrie, nous avons invité, en Hongrie, les jeunes délégués de l’ONU issus de la Roumanie, la Slovaquie, la Croatie et la Pologne, où ils ont visité les écoles des minorités nationales de leur pays d’origine, a-t-il expliqué, en insistant sur l’importance pour les États de réaliser le droit à l’éducation pour tous.  Il faut, selon lui, offrir aux personnes appartenant à des minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques la possibilité d’apprendre leur propre langue ou de recevoir un enseignement dans leur langue.

Au nom du Groupe des Amis des personnes âgées, M. RENÉ ALFONSO RUIDÍAZ PÉREZ (Chili) a rappelé que les répercussions de la pandémie de COVID-19 ont frappé les seniors de manière disproportionnée.  Si près de 15 millions de personnes dans le monde ont succombé à cette maladie, bon nombre étaient des personnes âgées, en majorité dans des pays à revenu faible, a-t-il fait observer, avant de dénoncer les discriminations dont sont victimes ces personnes, en particulier celles qui souffrent d’un handicap ou sont en situation de vulnérabilité.  Appelant les États à renforcer la coopération entre leurs appareils judiciaires et leurs services sociaux pour assurer une reddition de comptes, le représentant a souhaité que la réflexion sur ces questions dépasse le contexte de la pandémie.  Étant donné le vieillissement généralisé des sociétés, de nouveaux défis sont à attendre en matière de développement, a-t-il relevé, appelant à l’établissement dans tous les pays d’une feuille de route pour assurer la pleine participation des seniors à la société.  En ce sens, a-t-il dit, il est impératif d’autonomiser les personnes âgées pour en faire des agents du changement positif.  Dans ce cadre, elles doivent bénéficier d’une protection sociale et de soins de santé, tout en ayant accès à la technologie numérique et à l’acquisition de compétences en la matière, a souligné le délégué, non sans plaider pour une adaptation des cadres juridiques et réglementaires à cet égard. 

À ses yeux, l’inclusion sociale n’est possible que lorsque la diversité de la population est prise en compte et que chacun a accès aux espaces publics et privés.  Sur cette base, il a appelé les États à soutenir l’indépendance des personnes âgées, ainsi que leur droit à un logement convenable et adapté à l’âge, sans oublier l’option des soins à domicile.  Il importe également de combattre le sans-abrisme des seniors et d’éviter les expulsions de ces personnes souvent marginalisées.  À cet égard, il a relevé que, bien que le Plan d’action international sur le vieillissement contienne des recommandations, notamment sur les lieux de vie des seniors, il n’existe pas d’instrument juridiquement contraignant sur ces questions.  Dès lors, il faut faire en sorte que les personnes âgées puissent jouir de leurs droits humains, a-t-il plaidé, en souhaitant que des mesures concrètes soient prises pour combler les lacunes juridiques et mettre en œuvre les recommandations du Groupe de travail à composition non limitée sur le vieillissement. 

M. ENKHBOLD VORSHILOV (Mongolie) a indiqué que son gouvernement s’est fixé comme priorités de surmonter les défis liés à la pandémie, d’assurer la reprise économique, de construire un système soutenant la classe moyenne, de réaliser la justice et de poursuivre la gouvernance numérique.  Dans le domaine du développement social, il a constaté une amélioration significative des moyens de subsistance de la population mongole la plus vulnérable grâce à plusieurs mesures, telles que l’augmentation des allocations familiales.  Il s’est également félicité d’une amélioration du taux de scolarisation dans son pays, où 12 années d’enseignement sont gratuites.  Ajoutant que le Parlement mongol adoptera prochainement un ensemble de lois axées sur l’apprentissage numérique, le représentant a encouragé la coopération internationale pour accroître les investissements dans les technologies et les outils numériques des pays en développement.  Après avoir salué la déclaration de vision du Secrétaire général, adoptée à la suite du Sommet sur la transformation de l’éducation, il a souhaité que ces recommandations servent à la préparation du Sommet de l’avenir prévu en 2024. 

Il a ensuite souligné qu’au cours des 20 dernières années, son pays a fait des progrès considérables dans la réalisation de l’égalité des sexes et la lutte contre la violence sexiste, notamment en criminalisant les actes de violence domestique et en créant des mécanismes juridiques pour protéger les survivants et poursuivre les auteurs.  En tant que fervent défenseur des questions de genre, la Mongolie a en outre parrainé les résolutions de l’Assemblée générale sur la situation des femmes et des filles dans les zones rurales et sur les survivants de la violence sexuelle, s’est enorgueilli le représentant, avant d’exhorter les nations développées, en particulier les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, à assumer leurs responsabilités en tant qu’’architectes de la paix et de la sécurité mondiales. 

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a évoqué le Plan national de lutte contre la pauvreté et pour le développement humain 2022-2026 mis en place par son gouvernement, expliquant que celui-ci trace un chemin vers la croissance économique et la restitution des droits des familles nicaraguayennes.  Dans le domaine de la santé, le délégué a énuméré nombre d’infrastructures construites, notamment 22 hôpitaux, et 91 maisons de soins pour les personnes ayant des besoins spéciaux.  Il s’est félicité de la « souveraineté alimentaire » de la population du Nicaragua, et de la restitution des droits politiques, économiques, sociaux et culturels des Nicaraguayens, ajoutant que le gouvernement œuvre au développement social et économique de la famille.  Le Nicaragua, s’est-il félicité, a rétabli le droit des personnes âgées à une pension décente, tout en accordant aux jeunes un rôle de premier plan dans la société.  La pleine inclusion sociale des personnes handicapées est également garantie a-t-il ajouté, citant le programme Todos con Voz ainsi que la loi 763 sur les droits des personnes handicapées.  L’ensemble de ces programmes incluent l’ensemble de la société a-t-il assuré, citant entre autres les femmes, les jeunes et les peuples autochtones.

Mme SAIMA SALEEM (Pakistan) a indiqué que son pays apporte une couverture sociale à 8 millions de femmes, offre des services médicaux gratuits, améliore l’employabilité des jeunes, subventionne les agriculteurs et favorise le micro-crédit, entre autres.  La pandémie de COVID-19 a cependant balayé des décennies de progrès sociaux, et fragilise la capacité des pays en développement à atteindre les ODD, s’est-elle inquiétée, déplorant en outre que plus de 20 ans après le Sommet mondial pour le développement social, les progrès aient été aussi lents et inégaux, accusant le coup de la pandémie: 400 millions d’emplois ont ainsi été perdus et 120 millions de gens ont basculé dans l’extrême pauvreté, a-t-elle déploré.  Si elle entend atteindre les ODD, la communauté internationale doit mobiliser des ressources financières demandées par les pays en développement, a-t-elle estimé.  En outre, pour atteindre l’objectif de 0,7% d’APD, il faut offrir via le Fonds monétaire international (FMI) et les banques multilatérales de développement des fonds à taux avantageux, a-t-elle estimé, exhortant par ailleurs la communauté internationale à se réengager en faveur de l’environnement.

Mme AYSE INANÇ ÖRNEKOL (Türkiye) a affirmé que la pandémie de COVID-19, les changements climatiques, les crises alimentaires et énergétiques et la montée des tensions géopolitiques avaient mis en péril les résultats obtenus de haute lutte sur la voie du Programme 2030, en particulier dans les pays en développement.  Elle a souligné que le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë ou à haut risque a grimpé en flèche pour atteindre le chiffre record de 345 millions en 2022 et que plus de quatre milliards de personnes dans le monde vivent sans aucune protection sociale.  Elle a demandé une attention particulière à la question de la fracture numérique, rappelant que la Türkiye accueillait à Gebze la Banque de technologies des Nations Unies, établie pour contribuer au transfert de technologie vers les pays les moins avancés. 

Rappelant que la Türkiye était le plus grand pays d’accueil de réfugiés au monde avec environ 4 millions de personnes -dont environ 1,7 million d’enfants et 825 000 jeunes-, la représentante a indiqué que son gouvernement avait mis en place une politique de cohésion sociale complète.  Elle a également expliqué que le onzième plan national de développement donne la priorité à la protection sociale et cible le manque d’emploi dans les groupes vulnérables, ajoutant que cinq millions d’emplois avaient été créés ces deux dernières années.  Elle a aussi fait savoir que la Türkiye avait lancé la vision « 2030 sans obstacles », en décembre 2021. 

Mme KURSKA, déléguée de la jeunesse de l’Ukraine, a affirmé que les Ukrainiens démontraient leur courage au monde en défendant leur patrie, ajoutant que les jeunes tentaient aussi de reconstruire les infrastructures civiles, détruites par l’agression russe, avec l’aide des organisations non gouvernementales (ONG) nationales et internationales.  Elle a dénoncé les « effets dévastateurs » de la guerre qui privent la jeunesse de ce qu’elle avait de plus précieux: la vie.  Saluant le sens des responsabilités de la jeunesse ukrainienne, elle a appelé les jeunes du monde entier à façonner leur avenir.  « La liberté est la valeur la plus importante d’une société démocratique et nous, Ukrainiens, en connaissons le prix » a-t-elle conclu. 

À son tour, M. GANZHA, délégué de la jeunesse de l’Ukraine, a montré qu’il n’avait pas de discours écrit devant lui pour illustrer le fait qu’il était libre et que personne ne lui dictait ses paroles.  « Il n’y aura jamais assez de sessions pour vous expliquer notre amour de la liberté », a-t-il affirmé, déplorant que la jeunesse ukrainienne a été privée de ses droits et de sa liberté par l’agression russe du 24 février.  Le délégué s’est ensuite adressé à la jeunesse russe: « nous ne pardonnerons pas! », s’est-il exclamé.  « Nous ne pardonnerons pas votre silence, votre inaction, votre soutien aux bombardements de nos villes comme ma ville natale.  Nous ne pardonnerons pas aux centaines de milliers de jeunes russes qui se dirigent actuellement vers nos frontières, nous ne pardonnerons pas! », a-t-il lancé sous les applaudissements.  Cependant, a-t-il ajouté, si vous mettez un terme à la mobilisation dans votre pays et sauvez les centaines de milliers de personnes qui vont combattre dans notre territoire, nous comprendrons si vous vous rendez.

M. EDGAR SISA (Botswana) a déclaré que son pays avait donné la priorité au développement durable.  Soulignant que le taux d’alphabétisation y était de 90%, il a insisté sur l’importance de l’éducation pré-primaire et primaire.  Il a évoqué des programmes d’inclusion de tous les groupes vulnérables, insistant notamment sur les fonds débloqués pour développer la connectivité Internet des villages.  Il a aussi rappelé que, face à l’insécurité alimentaire, la taxe sur la valeur ajoutée avait été réduite de 14 à 12% pendant six mois.  Le délégué a appelé les agences de l’ONU à travailler avec le Gouvernement et l’ensemble des composantes de la société pour atteindre les ODD. 

M. LINZER, délégué de la jeunesse de la Tchéquie, a rappelé que la jeunesse constituait 49% de la population mais seulement 6% des parlementaires.  Le processus d’un monde durable ne peut exclure les jeunes, a-t-il indiqué, exhortant à inclure les jeunes dans les processus décisionnels et à élaborer de meilleures stratégies de développement en faveur de la jeunesse afin d’autonomiser les jeunes sans discriminations.  Il a dit attendre les engagements politiques au plus haut niveau afin de préserver le rôle et l’espoir d’un meilleur avenir.  I

Il a ensuite donné la parole à un autre délégué de la jeunesse, M. STUPRA, qui a affirmé que la solidarité intergénérationnelle doit reposer sur la paix mondiale, l’État de droit, le respect des droits humains et la promotion de l’égalité des genres.  Il a exhorté à protéger les droits des personnes vulnérables, notamment les droits des LGBTQI+, notant que ces groupes sont encore visés par des sanctions dans 69 pays et déplorant le recul de leurs droits ainsi que les actions dirigées à leur encontre par certains États.  Il a affirmé que la politiques des États devait être exempte de violences et de discriminations et être inclusive.  Les droits humains, a-t-il souligné, doivent être exercés par tous indépendamment de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre. 

M. KYAW MOE TUN (Myanmar) a estimé que, dans le contexte des nombreuses crises qui touchent le monde entier, les institutions multilatérales doivent déterminer des stratégies ciblées visant à résoudre les problèmes et à soutenir plus efficacement les plus vulnérables.  Alors que certains pays luttent toujours pour se relever de la pandémie mondiale, la « guerre d’agression en Ukraine » a aggravé les tendances inflationnistes et contribué à l’envolée des prix des denrées alimentaires, ce qui a des effets catastrophiques sur les plus vulnérables, a souligné le représentant.  De même, il a regretté que la situation n’ait fait qu’empirer dans son pays depuis le coup d’État militaire en février 2021. 

Le Gouvernement civil élu du Myanmar s’est efforcé de créer de l’emploi, d’améliorer l’éducation et le système de soins de santé, s’attachant avant tout au développement social des jeunes, des femmes et des personnes handicapées, a fait savoir le représentant.  En étroite coopération avec les Nations Unies, le Gouvernement avait élaboré un plan de développement durable du Myanmar 2018-2030, centré sur la paix, la bonne gouvernance, la stabilité économique, le développement des ressources humaines, l’environnement et la résilience aux changements climatiques, a poursuivi le représentant.  Mais les progrès considérables réalisés par le Gouvernement civil pour la population ont malheureusement été détruits par les « dictateurs militaires » à l’issue du coup d’État.  Il a dénoncé les exactions, les violations des droits et les crimes commis depuis 19 mois, estimant que la motivation des militaires est évidente: faire peur à la population et au mouvement prodémocratie.  Pourtant, la force et la détermination du Gouvernement d’unité nationale pour mettre un terme à la dictature militaire et restaurer la démocratie n’ont fait que croître, a assuré le représentant.  

Mme SAUKU, déléguée de la jeunesse de l’Albanie, a noté la détermination de la jeunesse à restaurer la situation de normalité face au conflit actuel.  Elle a dénoncé les actions de la Fédération de Russie en Ukraine, notant l’impuissance des enfants et des jeunes face à cette situation.  Elle a affirmé l’importance de renforcer la participation des jeunes afin d’édifier la paix.  Elle a également attiré l’attention sur la santé mentale délétère des jeunes au sortir de la COVID-19, notant l’importance d’avoir accès aux soins et appelant à leur renforcement.  Elle a rappelé que Tirana avait été désignée Capitale européenne de la jeunesse 2022 par le Forum des jeunes, impliquant des financements en faveur des projets à l’initiative de la jeunesse.  Elle a également évoqué la stratégie nationale de la jeunesse 2022-2029, à laquelle de nombreux enfants, jeunes et organisations non-gouvernementales avaient participé, en élaborant une stratégie des jeunes, par les jeunes et pour les jeunes. 

Prenant la parole, un second délégué de la jeunesse, M. KOLICI, a noté que le Sommet pour la transformation de l’éducation avait démontré que l’éducation devrait former la réflexion.  Les jeunes et les enfants albanais avancent en ce sens: 44% des jeunes albanais déclarent que l’éducation et la transition vers le marché du travail constitue leur plus grand défi et 49% demandent à ce que leur programme scolaire reflète les besoins du marché du travail.  Il faut apprendre aux jeunes à utiliser les sources d’information pour combattre la désinformation, a-t-il ajouté, exhortant à investir dans l’éducation.

M. CARLTON RONNIE HENRY (Sainte-Lucie) a souligné que son gouvernement continue de placer les individus au cœur du développement du pays, malgré des défis propres à un petit État insulaire en développement.  Autonomiser les femmes et répondre aux besoins des plus âgés, des personnes handicapées, des jeunes et d’autres personnes en situation vulnérable sont des éléments très importants à cet égard. 

Il s’est ensuite félicité de l’adoption récente d’une résolution sur l’établissement d’un Bureau des Nations Unies pour la jeunesse, dont l’objectif correspond à l’une des priorités du Gouvernement de Sainte-Lucie.  D’ailleurs une législation portant création d’une Agence pour l’économie des jeunes a été adoptée et sera formellement mise en œuvre cette année.  Cette agence, a-t-il précisé, vise à créer un environnement favorable à l’entrepreneuriat et à la croissance économique des jeunes, et ce dans le cadre du processus de développement global du pays et de la région. 

Mme QAMBER (Bahreïn) a expliqué que, depuis la pandémie de COVID-19, son pays, qui accorde une grande importance au développement social pour tous, n’a eu de cesse d’œuvrer dans les domaines sociaux et en faveur de partenariats sociaux afin de renforcer les efforts nationaux.  Elle a indiqué que la loi de la famille uniformise le statut de la famille au Bahreïn et facilite les recours en justice en fournissant une protection juridique globale et garantissant des jugements justes et équitables protégeant l’intérêt de tous les membres de la famille.  En outre, la stratégie en faveur des personnes handicapées inclut les fournisseurs de service à cette catégorie de personnes y compris le personnel de soins.  De plus, une Commission nationale pour les personnes âgées a été mise en place pour améliorer les services qui leur sont offerts, a-t-elle fait savoir. 

Mme CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana) a noté que le programme d’action du dernier Sommet mondial pour le développement social est toujours en cours de mise en œuvre et a appelé à consolider le multilatéralisme dans ce contexte.  Elle a ensuite passé en revue différentes politiques nationales pour promouvoir l’emploi des jeunes et soutenir l’institution de la famille notamment en termes d’éducation et de soins.  Par ailleurs, le Ministère du genre et de la protection de l’enfant a développé un programme de placement des enfants dans des familles d’accueil le plus rapidement possible.  La représentante a également encouragé la protection des personnes handicapées et à lutter contre les pratiques délétères dont elles sont victimes. 

M. KUNZENFORF, délégué de la jeunesse de la Norvège, a déploré le sort des enfants ukrainiens, que l’invasion russe de leur pays a dépossédé de leurs rêves.  La guerre est un venin qui empoisonne les racines de la société, a-t-il poursuivi, et l’éducation en est « l’antidote ».  Voilà pourquoi, selon lui, la communauté internationale devrait œuvrer pour que chaque enfant dans le monde y ait accès.  Prenant la parole à son tour, Mme LASSEN-URDAHL, déléguée de la jeunesse de la Norvège, a souligné sa chance de pouvoir s’exprimer dans cette salle tandis que des millions de jeunes dans le monde n’ont pas voix au chapitre.  Or les jeunes pourraient jouer un rôle clef dans la résolution des conflits, s’ils étaient plus inclus par leurs aînés.  Elle a fustigé les reculs démocratiques qui accroissent les discriminations envers les femmes, et interdisent la liberté de croyance ou d’incroyance des plus jeunes.  Les jeunes veulent être vecteur de changements positifs, mais il faut que les pays et l’ONU les écoutent, a conclu la jeune déléguée.

M. ALI BEN SAID (Tunisie) a jugé « stupéfiants » les impacts de la pandémie de COVID-19, associés à d’autres crises, sur les pays en développement et les pays les moins avancés, notant que les pays africains concentrent 56% des personnes poussées vers l’extrême pauvreté à partir de 2020.  Nous ne pouvons pas faire face à ces problèmes avec les moyens traditionnels, a mis en garde le représentant, qui a assuré que son pays entend mettre en œuvre la déclaration politique de l’Assemblée générale de 2020 sur « L’avenir que nous voulons » via un multilatéralisme revigoré.  La Tunisie s’est engagée à réaliser le Programme 2030 et à lutter contre toute forme de marginalisation, a-t-il garanti.  À ce titre, il s’est félicité de l’adoption récente de la stratégie nationale multisectorielle pour les personnes âgées pour la période 2022-2030.  Celle-ci incarne « la citoyenneté active et la solidarité intergénérationnelle ». 

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a estimé que, face aux défis complexes de notre temps, la communauté internationale doit se concentrer sur des solutions prospectives et à long terme.  Nous devons dès aujourd’hui relever les défis de demain, a-t-il insisté en soulignant l’importance du développement des ressources humaines.  Il a indiqué que, forte de la jeunesse de sa population, l’Indonésie entend profiter de cet élan démographique, ce qui suppose offrir une éducation de qualité aux enfants et aux jeunes, assurer un apprentissage tout au long de la vie et améliorer les compétences aux apprenants.  Nous voulons faire en sorte qu’à l’avenir, cet élan se transforme en bénéfices, a expliqué le délégué, selon lequel un effort particulier est consacré à l’accès de la population aux technologies, qui constituent un facteur crucial de développement.  En Indonésie, a-t-il relevé, « ce sont 145 millions de personnes qui ont besoin d’acquérir des compétences numériques, ce qui donne la mesure du défi ».  C’est pourquoi le Gouvernement multiplie les programmes de sensibilisation numérique, dans l’objectif de faire participer la population à tous les secteurs clés de la société.  Dans le même temps, des efforts sont consentis pour inculquer une culture de résilience aux habitants, a poursuivi le délégué, observant que « des catastrophes naturelles peuvent balayer des décennies de progrès ».  Outre les réformes engagées dans ce domaine, l’Indonésie a accueilli cette année la septième Plateforme mondiale sur la réduction des risques de catastrophe, a-t-il dit, avant de faire valoir que les politiques tournées vers l’avenir et le développement social peuvent aller de pair: « c’est un investissement et non un coût ». 

M. LAFIZOV (Tadjikistan) a estimé que son pays a fait preuve d’audace en intégrant les ODD à ses politiques de développement.  Si le Tadjikistan s’est rapproché de ces objectifs ces dernières années, les catastrophes et les risques divers auxquels il fait face entravent sa progression, a-t-il concédé, avant de vanter les réalisations de son gouvernement, notamment la mise en place d’initiatives de lutte contre la pauvreté et le lancement d’une stratégie nationale de long terme pour le développement.  Ces programmes à l’horizon 2030 sont assortis de politiques publiques donnant la priorité à la santé, à l’emploi, à la lutte contre la corruption et la malnutrition, à l’État providence, à la protection de l’environnement et au vieillissement, a précisé le représentant.  Si le Gouvernement se charge de coordonner ces actions, il a l’obligation de rendre compte à la population, avec le concours de la société civile.  Le représentant a également fait état d’un éventail de mesures destinées à protéger les personnes handicapées, notamment l’adoption d’une loi sur la protection sociale des personnes en situation de handicap, dont l’objectif est de mettre en place un environnement favorable et de prévoir des positions d’encadrement pour ces personnes.  Enfin, après avoir rappelé que 70% des Tadjiks ont moins de 35 ans, il a assuré que toutes les mesures sont prises pour autonomiser la jeunesse et l’aider à prendre part à la société. 

M PARGA CINTRA (Brésil)a affirmé que la pandémie de COVID-19 avait fait évoluer les politiques économiques et sociales de son pays, ajoutant que les nouvelles technologies avaient joué un rôle crucial dans cette transformation.  Il a appelé à garantir l’accès aux vaccins des pays en développement.  Il a également souligné l’importance d’inclure les groupes les plus vulnérables afin de garantir un développement harmonieux et de lutter contre la pauvreté.  En tant que membre du Groupe des Amis des personnes âgées, le Brésil s’engage résolument sur ce dossier.

Mme MADJA MOUTCHOU (Maroc) a déclaré que les réformes menées au Maroc ont permis d’apporter un changement économique à différents échelons de la société.  Néanmoins, la pandémie de COVID-19 a fragilisé le pays, mettant en exergue la nécessité de rendre le tissu social plus résilient.  La représentante s’est félicitée des avancées sur le tissu social et les médias ainsi que sur la question du numérique et l’information du grand public.  Le Maroc, a-t-elle indiqué, a adopté une stratégie numérique et mis en place des programmes de dématérialisation afin d’élaborer un modèle économique durable et d’encourager l’emploi et la croissance, y compris en renforçant la participation des jeunes et le développement durable.  Il s’agit aussi de renforcer les systèmes d’éducation et de santé ainsi que la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, par le biais notamment de politiques publiques de protection de l’enfance et des personnes âgées.  Mme ABAAKIL, déléguée de la jeunesse du Maroc, prenant la parole à son tour, a souligné que les jeunes constituent la plus grande partie de la société, mais sont laissés hors du processus décisionnel, soulignant la multiplication des actions de la jeunesse sur le terrain. Ce sont en effet eux qui devront assumer les conséquences, à l’échelle mondiale, des changements climatiques, a-t-elle prévenu.  Il est donc nécessaire de répondre aux problèmes qui les préoccupent et de lever les obstacles à leur participation.  Elle a également insisté sur l’éducation, notant que 260 millions de jeunes sont déscolarisés, notamment des jeunes femmes et des filles, appelant à armer les jeunes avec les bons outils par le biais de l’éducation.

M. GULYAMJON PIRIMKULOV (Ouzbékistan) a déploré les obstacles auxquels fait face la communauté internationale, et a indiqué que, pour y faire face, son pays a mis en œuvre des idées radicalement nouvelles.  Après la stratégie 2017-2022 pour le développement social qui avait déjà initié une croissance durable et une réduction de la pauvreté, la stratégie de développement 2022-2026 ambitionne à présent de diviser par deux le niveau de pauvreté, renforcer la sécurité alimentaire et faire de l’Ouzbékistan un pays à revenu intermédiaire supérieur, et augmenter la protection sociale.  Loin des indicateurs abstraits, la politique du pays est ciblée, s’est réjoui le délégué, expliquant que la collecte numérique de données au sein des foyers permet de proposer des mesures adaptées, et d’éliminer la corruption. 

Le délégué a indiqué que le pays disposera bientôt de la main-d’œuvre la plus importante de son histoire, les moins de 30 ans représentant un tiers de la population.  Le niveau de développement socioéconomique futur du pays dépendra donc de leurs compétences et c’est la raison pour laquelle l’Ouzbékistan mise sur l’éducation, a-t-il expliqué, précisant que le nombre d’inscrit dans le supérieur a triplé en cinq ans.  Nous donnons à nos jeunes les moyens de s’emparer de la question du développement durable, car ils sont la garantie de la prospérité de demain, a-t-il affirmé.

M. YOUSEF S. I. SALAH (Libye) a estimé que le Sommet mondial pour le développement social de 1995 a été le point de lancement de toutes les avancées dans ce domaine.  Il a toutefois déploré le fait que les réalisations ne sont pas à la hauteur des ambitions et que les pays en développement sont confrontés à maintes difficultés en raison des multiples crises et de l’absence de soutien suffisant de la part des pays développés.  Le représentant a appelé à plus d’efforts concertés et coordonnés ainsi qu’à une aide financière pour permettre aux pays en développement de tenir leurs engagements en termes de développement social.  Il a ensuite indiqué que la Libye a ratifié la Convention relative aux droits des personnes handicapées et son protocole facultatif.  Elle a également adopté une nouvelle loi sur les retraites et fait de l’éducation un droit pour tous les Libyens.  Il a ensuite appelé à ne pas politiser les processus d’aide au développement, estimant que toute personne doit pouvoir aspirer au développement social.

M. TEBURORO TITO (Kiribati) a indiqué que son gouvernement a lancé il y a deux ans de nouveaux programmes de soutien ainsi que les habitants des îles périphériques qui dépendent fortement des revenus générés par la production et la vente de coprah pour leurs besoins quotidiens.  De même, 50 dollars sont versés tous les mois aux chômeurs âgés de 18 à 59 ans et la pension des personnes âgées a également été augmentée de 100 à 200 dollars par mois.  Les personnes handicapées reçoivent également des allocations mensuelles en fonction du degré de leur handicap.  Kiribati étant une société à base familiale et chrétienne, de nombreuses personnes dans le besoin sont aidées par leurs familles ou par les églises auxquelles elles appartiennent, a expliqué le représentant ajoutant que c’est très utile dans un pays où il y a très peu d’ONG internationales, d’organisations de la société civile ou d’institutions pour prendre soin des marginalisés.  Le représentant a ensuite fait savoir que son gouvernement ambitionne de transformer Kiribati en une nation économiquement riche grâce à son ambitieuse feuille de route pour le développement, KV20, et aux plans de développement quinquennaux.  Le financement de la feuille de route sur 20 ans et des plans de développement quinquennaux devrait provenir principalement des revenus de la pêche et du tourisme, complétés par des ressources externes des Nations Unies, de la Banque mondiale et d’autres agences multinationales, a-t-il précisé

Le représentant de l’Argentine a jugé que, face aux niveaux inquiétants d’inégalités sociales, il était plus que jamais nécessaire de rappeler les objectifs du développement social, plaidant pour un avenir durable et résilient pour tous.  Les personnes vulnérables, rendues invisibles, oubliées ou négligées méritent plus d’attention, a-t-il ajouté.  

L’Argentine a, pour sa part, adopté des mesures concrètes, comme un plan de lutte contre la faim et un plan en faveur de l’emploi, avec des mesures visant les plus vulnérables, a fait valoir le représentant.  Il a souligné l’importance de continuer à travailler pour mieux préserver les droits des personnes âgées, y compris par l’élaboration d’instruments internationaux juridiquement contraignants.  Au chapitre de l’éducation, le représentant a rappelé l’engagement politique pris dans la déclaration de Buenos Aires, précisant que l’Argentine imposera la scolarisation obligatoire jusqu’à la fin du secondaire.

Mme PATRICIA CHAND (Fidji) a déploré que les progrès réalisés en matière de développement social aient été anéantis en raison de la pandémie de COVID-19 et surtout des changements climatiques, qui restent la plus grande menace pour l’humanité.  Leurs effets dévastateurs ont aggravé les crises alimentaires, énergétiques et financières responsables de l’élargissement de la fracture sociale et économique entre les nations riches et les nations pauvres.  Quant à la nécessaire reprise après la pandémie, a lancé la représentante, si nous voulons parvenir à l’égalité, nous devons veiller à ce que tous les États, grands ou petits, aient la capacité de répondre aux situations d’urgence sanitaire.  Les vaccins doivent devenir un bien public mondial, autrement dit un bien commun à la disposition de tous, sans exception, a-t-elle précisé.  La pandémie a eu des conséquences disproportionnées pour les jeunes, dont l’avenir reste incertain, particulièrement au regard de leurs perspectives d’emploi.  La représentante a attiré l’attention sur le fardeau pesant sur les jeunes, qui vivent en majorité dans les pays en développement, appelant à prendre des mesures concrètes pour répondre à nombre de problèmes les concernant.  Elle a également déploré que les jeunes soient délibérément mis de côté dans les processus de décision aux niveaux national, régional et international, et de l’état de la planète dont ils vont hériter.  En venant à la jouissance des droits humains des personnes âgées, la représentante a indiqué que les Fidji sont favorables à la création d’un instrument juridiquement contraignant pour leur protection et prêtes à apporter leur contribution dans un tel processus.  Elle a aussi invité les États à investir davantage dans l’éducation, qui est en soi la solution pour construire un monde plus juste et équitable.

Mme MOKUY OYONO MBASOGO (Guinée équatoriale) est revenue sur les décennies d’extrême pauvreté qui ont suivi l’indépendance du pays, saluant les réformes socio-économiques entreprises depuis lors. Celles-ci sont aujourd’hui guidées par le Programme 2030 et l’Agenda 2063 de l’Union africaine, a-t-elle précisé.  Ses ressources pétrolières ont permis d’améliorer les infrastructures essentielles de la Guinée équatoriale telles que les logements sociaux, le réseau routier et les hôpitaux.  Les conditions de vie des Guinéens ont ainsi été améliorées et l’environnement est davantage protégé, s’est félicitée la représentante, ajoutant que plusieurs secteurs participent à cet effort comme la pêche et l’agriculture.  Mais la flambée des prix de l’énergie associée à la pandémie de COVID-19 ont mis en lumière la nécessité d’imaginer de nouvelles façons de produire, d’apprendre, et même d’interagir entre sociétés, a-t-elle insisté.  « Nous comptons toujours sur le soutien de nos partenaires internationaux ».

Mme ELIZABETH NORALMA MENDEZ GRUEZO (Équateur) a indiqué que l’impact de la pandémie de COVID-19 a été durement ressentie dans son pays, en particulier dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’économie et de l’emploi, qui sont les plus sensibles en matière de développement social.  Reconnaissant que les défis à surmonter pour se relever d’un tel choc sont immenses, elle a relevé qu’un pourcentage significatif de femmes et de jeunes sont dans des situations difficiles, tout comme les autres groupes vulnérables que sont les personnes autochtones, les seniors, les personnes handicapées et les migrants.  Pour tenter de remédier aux effets de cette crise, à laquelle s’ajoutent les retombées des changements climatiques, l’Équateur s’engage à participer aux efforts permettant de se rapprocher des ODD et de faire respecter les droits fondamentaux, a précisé la déléguée, appelant à une action responsable et pérenne pour rattraper les retards engrangés ces dernières années.  Pour ce faire, il importe selon elle d’exploiter les synergies entre les secteurs public et privé et de tirer parti du multilatéralisme.  Il convient également d’adopter une approche transversale pour garantir une transition écologique juste et de se tourner vers l’avenir en privilégiant l’éducation pour tous, l’élimination de la malnutrition infantile et un système de santé intégral, a ajouté la représentante. 

Mme MARIA THEOFILI (Grèce) a estimé important de ne pas perdre de vue l’intégration de l’action climatique dans les stratégies de développement multisectorielles.  Elle a souligné la participation très active de sa délégation au Sommet sur la transformation de l’éducation, pour ensuite annoncer que la Grèce accueillerait en 2024 la neuvième Conférence internationale «Our Ocean Greece», qui s’appuiera sur les plans ambitieux du pays visant à promouvoir la pêche durable et à protéger 30% de son territoire terrestre et maritime d’ici à 2030.  Elle a par ailleurs souligné que le cadre juridique grec concernant les personnes âgées s’est amélioré au cours des dernières années, notant que le taux de réduction de la pension des retraités qui exercent toujours une activité professionnelle a été ramené de 60% à 30%.  Des mesures ont également été adoptées dans le cadre du plan d’action national pour l’égalité des sexes afin de soutenir les femmes âgées et d’éliminer toute possibilité de discrimination et d’exclusion sociale.  En outre, plusieurs programmes de subvention ont été mis en place ces dernières années, afin de créer de nouveaux emplois à temps plein pour les personnes âgées de plus de 50 ans. 

Droit de réponse

Exerçant son droit de réponse, le représentant de la Fédération de Russie a réagi à l’intervention du délégué de la jeunesse de l’Ukraine, souhaitant savoir pourquoi les autorités ukrainiennes ont, après 2014, interdit l’utilisation de la langue russe alors qu’elles l’utilisent comme langue maternelle.  Les délégués ukrainiens se sont d’ailleurs exprimés en russe, a-t-il constaté.  Il a déploré la menace directe inacceptable adressée à la jeunesse russe, s’interrogeant sur le sens de l’absence de pardon exprimé par le délégué ukrainien.  Il a indiqué que le Président Putin avait encore aujourd’hui appelé les autorités ukrainiennes à venir à la table des négociations et souligné que la Troisième Commission était une enceinte de dialogue et non de confrontations.  Il a enfin accusé l’Ukraine d’avoir frappé des convois de réfugiés ce matin dans la région de Zaporijia, tuant 24 personnes et en blessant 34, ainsi que dans la ville de Lougansk hier, faisant 30 morts. 

Point de procédure

Le représentant du Brésil a soulevé un point de procédure en rappelant que, conformément à la résolution 76/236 de l’Assemblée générale, les grandes commissions doivent examiner les programmes qui n’ont pas abouti au niveau des commissions de programme et de coordination.  Trois de ces programmes ont été placés sous l’égide de la Troisième Commission, a-t-il précisé, citant ceux sur la prévention du terrorisme, les droits humains et l’aide aux réfugiés.  Tout en disant comprendre que les questions les plus sensibles inscrites à l’ordre du jour soient traitées en priorité, il a souhaité que la Troisième Commission s’en saisisse afin de pouvoir soumettre à la Cinquième Commission des recommandations idoines avant la quatrième semaine de la session.  Il a donc demandé au Bureau de la Commission d’adapter à cette fin le programme de travail. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Inquiétudes au Conseil de sécurité face aux tensions entre la République démocratique du Congo et le Rwanda et à la rhétorique hostile à la MONUSCO

9142e séance - matin
CS/15045

Inquiétudes au Conseil de sécurité face aux tensions entre la République démocratique du Congo et le Rwanda et à la rhétorique hostile à la MONUSCO

À l’occasion de l’examen du dernier rapport en date du Secrétaire général sur la situation en République démocratique du Congo, les membres du Conseil de sécurité se sont inquiétés ce matin à la fois de la poursuite des violences dans l’est du pays, des tensions qu’elles génèrent entre le Rwanda et la RDC et de l’escalade de la rhétorique hostile à la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO), dont le représentant congolais a jugé « nécessaire » de revoir le calendrier de retrait.

Les groupes armés continuent de représenter une menace importante et de commettre des actes de violence contre les civils, a témoigné la Représentante spéciale du Secrétaire général et Chef de la MONUSCO, Mme Bintou Keita.  Celle-ci a attribué la majorité des exactions à plusieurs groupes armés, parmi lesquels le Mouvement du 23 mars (M23), qui avait été déjà largement évoqué lors de la précédente réunion du Conseil sur la RDC, le 29 juin.  Les membres du Conseil se sont inquiétés de l’activité croissante des groupes armés, qui exacerbent une situation humanitaire déjà désastreuse.  Mme Keita a ainsi rappelé que 27 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire et que beaucoup d’entre elles avaient en plus besoin d’une protection.

Les membres du Conseil ont donc appelé au retour de la paix, en se félicitant notamment des rencontres entre le Président congolais Felix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame, ainsi que des médiations des Présidents kényan, angolais et français.  Les attaques, celles du M23 en particulier, ont en effet tendu les relations entre les deux pays, la RDC accusant le Rwanda d’être derrière la récente résurgence de ce groupe armé.  Le représentant de la RDC a aujourd’hui encore affirmé que la localité de Bunagana était en fait « occupée par le Rwanda, sous couvert du M23 ».  Jugeant inacceptable cette « énième agression », il a demandé au Conseil de « ne pas continuer à fermer les yeux » et de rejoindre « clairement et sans ambiguïté » la RDC et son Président pour demander « haut et fort aux forces d’agression et d’occupation » de quitter immédiatement la localité.

Le représentant du Rwanda a quant à lui accusé les Forces démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) et ses dissidents –qualifiées de « forces négatives »- de continuer leurs attaques contre son pays et d’être présentes dans l’est de la RDC aux côtés des Forces armées de ce pays.  Reprenant les propos du Président Kagame devant l’Assemblée générale de Nations Unies, il a jugé « urgent de trouver la volonté politique afin de faire face à l’instabilité dans l’est de la RDC; s’accuser l’un l’autre ne permet pas de surmonter les problèmes, qui ne sont pas insurmontables, on peut trouver des solutions ».  

Plusieurs membres du Conseil ont donc insisté sur la mise en œuvre des différents documents visant à améliorer les relations entre le Rwanda et la RDC, que ce soit la Feuille de route de Luanda, adoptée en juillet, ou le Processus de Nairobi.  Le représentant de la RDC a assuré que le Processus de Nairobi allait être relancé dans les prochains jours après « une pause technique », et expliqué que les groupes rebelles qui y adhéreront seront pris en charge par le Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (P-DDRCS).  Mais il a ajouté qu’en ce qui concerne les « groupes armés étrangers, il n’y aura pas de discussion possible », et qu’ils devraient « déposer sans conditions les armes et rentrer chez eux ». 

Les membres du Conseil se sont également préoccupés du devenir de la MONUSCO.  Mme Keita a déclaré que la « crise de confiance » que connaissaient déjà la Mission et la population congolaise dans l’est du pays s’était aggravée, offrant un terrain fertile aux manipulations et stigmatisations contre la MONUSCO et menant à de nouvelles manifestations violentes, qui ont causé la mort de plusieurs dizaines de manifestants et de quatre personnels de la Mission.  À cet égard, « la redevabilité est nécessaire pour tous les acteurs », a déclaré l’Irlande, qui a dit attendre les conclusions de l’enquête conjointe sur l’incident au poste frontière de Kasindi, à la frontière ougandaise, le 31 juillet.  La Norvège, comme d’autres, a dit sa préoccupation devant la « rhétorique hostile et anti-MONUSCO ».

Le représentant de la RDC a affirmé que la MONUSCO était un partenaire « important » pour la paix et la stabilité dans l’est de la RDC.  Il a d’ailleurs réitéré la demande de son pays au Conseil d’allouer à la Mission des moyens suffisants, d’actualiser son armement et de relever le niveau des équipements.  En ce sens, les États-Unis ont exhorté le Secrétariat de l’ONU à combler le vide laissé par le départ de l’unité aérienne ukrainienne qui avait servi pendant 10 ans au sein de la Mission.  Sans un soutien aérien, celle-ci ne pourrait mener à bien son mandat et lutter contre les groupes armés qui s’en prennent à la population, a-t-il ajouté.

Mais le représentant de la RDC a aussi parlé de la « nécessité » de réévaluer le plan de transition et de retrait progressif de la MONUSCO, qui s’est déjà retirée progressivement depuis deux ans des régions qui n’étaient plus au cœur de son mandat de protection des civils.

Cette remise en question du plan de transition conjoint et du calendrier du retrait a inquiété plusieurs membres du Conseil, dont la Norvège, pour qui la protection des civils doit être une condition préalable à la transition.  « Le retrait progressif et responsable de la Mission dépendra de l’atteinte des jalons fixés dans le plan de transition », a estimé la France.  La Fédération de Russie a souligné la nécessité de prendre en compte l’évolution sur le terrain et de privilégier une approche graduelle et responsable.  Les A3 ont rappelé qu’une transition efficace devrait inclure des critères garantissant le succès du transfert au Gouvernement de la RDC des tâches clefs liées à la sécurité.  Ils se sont inquiétés de ce que certains des critères prioritaires décrits ne prévoient pas le retrait et la sortie réussis et durables de la Mission.  La Chine a estimé que la MONUSCO devait s’adapter à la situation et aux attentes du Gouvernement congolais et de la population congolaise.  « Nous sommes pleinement disposés à travailler étroitement avec le Gouvernement » sur cette réévaluation, a affirmé la Chef de la MONUSCO. 

LA SITUATION CONCERNANT LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO S/2022/709

Déclarations

Mme BINTOU KEITA, Représentante spéciale du Secrétaire général en République démocratique du Congo (RDC) et Chef de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), a indiqué que, depuis le dernier rapport du Secrétaire général, des avancées significatives sont à noter dans les préparatifs des élections générales, qui doivent se tenir d’ici à décembre 2023.  La promulgation de la loi électorale révisée le 29 juin, le développement de ses mesures d’application par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), la mise en place de cadres de concertation thématiques avec les femmes, les jeunes, les partis politiques et la société civile, et les préparatifs pour le lancement de l’enregistrement des électeurs en décembre prochain, constituent des étapes importantes.  Pourtant, a-t-elle nuancé, des défis importants restent à relever, notamment pour parvenir à un large consensus sur les différents aspects du processus électoral.   

Mme Keita a souligné que le projet de budget était en augmentation d’environ 32% par rapport à 2022 et y a vu le résultat de bonnes performances macroéconomiques et de collectes fiscales record, qui témoignent de progrès significatifs en matière de gouvernance financière, soutenus par des efforts en matière de redevabilité, y compris avec l’opérationnalisation de la Cour des comptes.  L’adoption de ce budget devrait permettre d’accélérer la mise en œuvre du programme de développement des 145 territoires et de doter la CENI des moyens nécessaires pour le processus électoral, a-t-elle relevé.  

Mme Keita a souligné le caractère stratégique de la loi de programmation militaire 2022-2025, estimée à 1 milliard de dollars par an, que le Parlement doit examiner.  Cet instrument est essentiel pour permettre la montée en puissance des Forces armées de la RDC (FARDC) et mener à bien les reformes du secteur de la sécurité, deux éléments fondamentaux pour répondre aux défis sécuritaires du pays.

La Représentante spéciale a expliqué que son appel à autonomiser les FARDC découle des problèmes de sécurité persistants dans l’est de la RDC.  Les groupes armés continuent d’y représenter une menace importante et de commettre des actes de violence contre les civils.  La plupart des abus sont perpétrés par la Coopérative pour le développement du Congo (CODECO), les Forces démocratiques alliées (ADF) et le Mouvement du 23 mars (M23) en Ituri et au Nord-Kivu, tandis que les groupes Maï-Maï et d’autres milices ont intensifié leurs attaques contre les civils au Sud-Kivu, a-t-elle expliqué.   

Cette insécurité alimente les violations des droits de l’homme et a exacerbé une situation humanitaire déjà désastreuse, a déploré Mme Keita, qui a estimé à 27 millions le nombre de personnes qui ont besoin d’aide humanitaire dans le pays, dont beaucoup ont aussi besoin de protection.  Elle a vu un indicateur clair de la détérioration de la situation dans l’augmentation des déplacements internes depuis janvier 2022, qui a porté le nombre total de personnes déplacées à 5,5 millions - le plus grand nombre de cas en Afrique.  Dans ce contexte, Mme Keita a condamné fermement les attaques contre les travailleurs humanitaires, qui ont atteint leur plus haut niveau depuis le début de l’année au cours du mois de juillet, avec 34 incidents sécuritaires enregistrés.  Jusqu’à présent, le Plan de réponse humanitaire 2022 pour la RDC a reçu 37% du 1,88 milliard de dollars requis, a-t-elle ajouté, avant d’appeler les donateurs à poursuivre leur soutien, tout en les remerciant pour les contributions salvatrices déjà fournies.  

La MONUSCO travaille avec les FARDC pour mener des opérations offensives conjointes dans les zones affectées par les ADF et la CODECO, conformément à la politique de diligence raisonnable des Nations Unies en matière de droits de l’homme, a déclaré la Représentante spéciale.  Des initiatives régionales sont également en cours pour soutenir la stabilisation de l’est de la RDC et l’apaisement des tensions régionales alimentées par la résurgence du M23.  Ces initiatives régionales nécessitent un soutien international constant, a plaidé Mme Keita.  Elle a rappelé que, le 22 juillet, les chefs d’État de la Communauté de l’Afrique de l’Est ont nommé le Président du Kenya de l’époque, Uhuru Kenyatta, Facilitateur du processus de Nairobi et ont ordonné la création d’un fonds spécial pour les opérations militaires.  Le 8 septembre, le Gouvernement de la RDC et le Secrétariat de la Communauté d’Afrique de l’Est ont signé l’accord sur le statut des forces pour leur force régionale qui sera déployée dans l’est de la RDC pour une période initiale de 6 mois.  Au moment où je vous parle, un contingent des forces armées burundaises s’est déjà déployé au Sud-Kivu, a-t-elle témoigné.  Elle a souligné l’importance vitale d’une coordination efficace entre toutes les forces déployées sur le territoire congolais et la MONUSCO pour permettre à la mission de remplir pleinement son mandat de protection des civils.  

Mme Keita a en outre salué l’adoption, le 6 juillet, de la « feuille de route de Luanda » par les Présidents Tshisekedi de la RDC et Kagame du Rwanda, sous la médiation du Président João Lourenço de l’Angola, actuel Président de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), mandaté par l’Union africaine pour désamorcer les tensions entre les deux pays.  Les discussions tenues en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies entre le Président Tshisekedi et le Président Kagame, à l’appui des processus de Nairobi et de Luanda, facilitées par le Président français Macron, constituent un autre pas positif dans la bonne direction, a-t-elle relevé.  Le 31 août, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a décidé de créer une cellule d’appui stratégique pour soutenir la force régionale de la CAE.  Le Conseil a également décidé d’explorer et de mobiliser des financements pour assurer une mise en œuvre efficace du processus de paix en RDC, y compris l’utilisation éventuelle du Fonds pour la paix de l’UA.  Ces initiatives régionales et le déploiement de contingents des pays de la CAE doivent aller de pair avec des mesures non militaires, sans lesquelles aucune paix durable n’est possible, a averti Mme Keita.  Selon elle, le processus de Nairobi est indissociable du Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation.  Il faut donc mobiliser les moyens opérationnels et les ressources nécessaires pour doter les autorités provinciales des capacités requises pour sa mise en œuvre.   

Mme Keita a encouragé la RDC à poursuivre ses efforts et à fortifier son arsenal juridique pour lutter contre les dérives, notamment à travers l’adoption du projet de loi déposé au Parlement contre le tribalisme, le racisme et la xénophobie.  Elle a affirmé qu’au cours des derniers mois, dans le sillage de la résurgence du M23, la crise de confiance que connaissaient déjà la Mission et la population congolaise dans l’est du pays s’était aggravée.  Cette situation a offert un terrain fertile aux manipulations et stigmatisations contre la MONUSCO, menant à de nouvelles manifestations violentes et à de graves incidents causant la mort de plusieurs dizaines de manifestants et de quatre membres de la Mission.  À la suite de ces incidents, le Président Tshisekedi a instruit son gouvernement à réévaluer le plan de transition afin d’accélérer le départ de la MONUSCO.  Nous sommes pleinement disposés à travailler étroitement avec le Gouvernement à cet effet, a-t-elle conclu. 

M. MICHEL XAVIER BIANG, Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1533 (2004) concernant la République démocratique du Congo, a souligné que, depuis l’exposé de son prédécesseur, le Comité a tenu cinq réunions en présentiel et s’est réuni par visioconférence à quatre reprises en 2022.  Il a également indiqué que le Comité continue d’appuyer le mécanisme de suivi de la République démocratique du Congo, « qui prête son concours au Gouvernement de la RDC dans le cadre de ses enquêtes sur le meurtre de deux anciens membres du Groupe d’experts, Zaida Catalán et Michael Sharp, commis en mars 2017 ».  Le Comité a publié trois communiqués de presse contenant un bref résumé des consultations informelles tenues le 13 mai, le 15 juillet et le 27 septembre, a ajouté le Président du Comité, qui a en outre annoncé au Conseil son intention d’accompagner une délégation de membres du Comité lors d’une visite en RDC, au Rwanda et en Ouganda pendant la période allant du 7 au 18 novembre 2022.  Cette visite aura pour objet de recueillir des témoignages de première main sur l’application effective des sanctions imposées par la résolution 2360 (2017) du Conseil de sécurité, telles que réaffirmées par la résolution 2641 (2022), a-t-il précisé, ajoutant que cette visite sera également l’occasion de tenir des consultations avec les gouvernements de ces trois pays ainsi qu’avec la MONUSCO et des représentants de la société civile et des milieux d’affaires, travaillant sur des questions relevant du mandat du Comité.  En conclusion, il a rappelé que l’obligation de notification concernant la livraison aux forces congolaises de toutes armes et de tout matériel connexe, excepté pour les cinq catégories d’armes énoncées dans l’annexe A à la résolution 2641, avait été supprimée par l’adoption de cette résolution le 30 juin 2022.  « Au cours de ma prochaine visite en République démocratique du Congo, au Rwanda et en Ouganda, j’attends avec intérêt d’entendre les vues des responsables du Gouvernement et d’autres interlocuteurs, concernant la possible désignation à des fins de sanctions par le Comité d’un nombre supplémentaire de personnes et d’entités, au regard des actes commis », a-t-il dit.  

M. EMERY MUDINGA (Angaza Institute) a rappelé que la République démocratique du Congo possède la plus grande forêt tropicale du bassin du Congo.  Toutefois, a-t-il ajouté, sa superficie diminue d’un million d’hectares chaque année, si bien qu’en un siècle, elle pourrait être détruite, avec des conséquences importantes sur l’économie globale, l’agriculture et l’alimentation.  Les forêts congolaises ont été transformées en cachettes pour plus de 120 groupes armés, qui s’y sont installés et sont impliqués dans des activités de braconnage et de destruction de la biodiversité, a-t-il expliqué.  Cette situation est aussi à la base du recul du tourisme et du manque à gagner qui en résulte.  De plus, la transformation de plusieurs forêts en sites d’extraction illicites de minerais est à la base d’une déforestation massive.  Les pratiques d’accaparement des terres par les multinationales et les élites congolaises sont un véritable problème, a-t-il dénoncé, en stigmatisant le comportement de certaines autorités congolaises, qui délivrent des permis de coupe de bois.

À la suite de cet état des lieux, M. Mudinga a formulé des recommandations.  Il a estimé qu’il fallait permettre à la RDC de se procurer un armement susceptible de neutraliser les groupes armés et de prendre des sanctions à l’endroit des États Membres dont l’appui à ces groupes a été documenté. En outre, il faudrait financer des projets d’infrastructures routières pour permettre de contrôler les activités illicites et prendre les sanctions pour mettre un terme à la vente de bois et d’animaux protégés par les groupes armés rebelles.  Le directeur d’Angaza Institute a préconisé d’appuyer financièrement et techniquement la politique forestière de la RDC et de définir une politique de pacification des zones forestières.  Enfin, il a suggéré, en cas de renouvèlement de la MONUSCO, d’inclure dans son mandat l’intégration de mesures relatives aux conflits liés au réchauffement climatique.

M. MARTIN KIMANI (Kenya), s’exprimant au nom des A3 (Gabon, Ghana et Kenya), a, sur le plan politique, salué l’engagement du Président Tshisekedi à renforcer la confiance entre la RDC et les pays voisins et à organiser des élections en 2023, conformément à la Constitution.  

Sur la situation sécuritaire, il s’est dit gravement préoccupé par le fait que les groupes armés et les groupes terroristes affiliés continuent d’opérer en toute impunité, en particulier dans l’est du pays, et que les civils, notamment les femmes et les enfants, sont touchés de manière disproportionnée.  Les A3 condamnent fermement les activités terroristes de ces groupes armés et réitèrent la nécessité d’un effort concerté pour y mettre fin.  Ils somment tous les groupes armés de rendre leurs armes sans condition et de s’engager avec le Gouvernement dans le cadre du processus de dialogue de paix intercongolais.  

Les relations tendues entre la MONUSCO et les populations locales constituent un autre sujet de préoccupation pour les A3, a poursuivi le représentant.  Jugeant regrettable que les forces de la MONUSCO aient été confrontées à l’hostilité de personnes censées attendre d’elles une protection, M. Kimani a appelé à rétablir la confiance entre la Mission et les communautés hôtes.  Concernant l’avancement des critères prioritaires pour le retrait effectif et la sortie de la Mission, les A3 rappellent qu’une transition efficace devrait inclure des critères garantissant le succès du transfert au Gouvernement de la RDC des tâches clefs liées à la sécurité.  Or, a fait observer M. Kimani, certains des critères prioritaires décrits ne prévoient pas le retrait et la sortie réussis et durables de la Mission. 

M. FERGAL TOMAS MYTHEN (Irlande) s’est dit grandement préoccupé par la persistance de l’insécurité dans l’est de la République démocratique du Congo et les récentes manifestations contre la MONUSCO.  Il a jugé alarmantes les activités du Mouvement du 23 mars (M23) et leur sophistication grandissante, ainsi que la multiplication des attaques menées par les Forces démocratiques alliées (ADF), la Coopérative pour le développement du Congo (CODECO) et d’autres groupes armés, ce qui contribue à la crise humanitaire complexe.  De telles activités sapent, en effet, la capacité d’assistance des organisations humanitaires à 27 millions de personnes dans le besoin, a poursuivi le représentant, qui a prévenu que les conséquences de l’incapacité de résoudre ce conflit « seraient catastrophiques ».

M. Mythen a, en outre, relevé les taux élevés d’abus et de violations des droits de l’homme, de violence sexuelle liée au conflit et de violences sexistes perpétrés tant par les groupes armés que par les acteurs étatiques.  Condamnant ces actes, le représentant a incité à mettre fin à l’impunité et à rendre redevables les auteurs de tous les actes de violence, d’abus et de violations des droits de l’homme.  « La redevabilité est nécessaire pour tous les acteurs », a-t-il insisté, en ajoutant qu’il attendait les conclusions de l’enquête conjointe sur l’incident au poste frontière de Kasindi.  Il a assuré, par ailleurs, de l’appui continu de l’Irlande au rôle de la MONUSCO dans la protection des civils et reconnu les défis qu’elle doit relever, estimant à cet égard que la Mission devait s’acquitter de ce rôle par une communication accrue avec les communautés et les partenaires.  

Le représentant s’est ensuite alarmé des tensions entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, tout en se félicitant des rencontres entre les Présidents Tshisekedi et Kagame, y compris celles organisées par les Présidents Macron, Lourenço et Kenyatta.  Il a dit espérer que ces discussions déboucheront sur une désescalade et sur une action concertée pour faire face aux activités des groupes armés.  Il a réitéré l’importance de la coopération régionale et salué les efforts des États de la région, de l’Union africaine, de la Communauté d’Afrique de l’Est et de la Communauté de développement de l’Afrique australe pour leurs efforts visant à réduire les tensions et à établir la confiance.  Il a notamment exhorté toutes les parties à s’engager de manière constructive dans le processus de Nairobi, avant de réitérer que le déploiement de la force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est devait progresser de pair avec l’aspect politique.  Ce déploiement devrait avoir des objectifs clairs et être effectué en étroite coopération et coordination avec la MONUSCO et avec d’autres acteurs, a-t-il tenu à préciser, soulignant également que la force régionale doit respecter pleinement les normes relatives aux droits de l’homme. 

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) s’est dite « profondément préoccupée » par la détérioration de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC et ses implications régionales et en particulier les attaques récurrentes des groupes armés, dont le M23 et les Forces démocratiques alliées (ADF).  Son pays note également avec préoccupation la montée des tensions entre la République démocratique du Congo et le Rwanda et appelle dans ce contexte les deux pays à faire preuve de retenue et à rechercher une solution diplomatique.  La Norvège salue à cet égard, les efforts régionalement déployés par le Président angolais M. Lourenço et l’ancien Président du Kenya, M. Kenyatta.  Elle encourage en outre l’inclusion de toutes les parties prenantes concernées, y compris la société civile, les femmes et les jeunes, dans ces processus.

Mme Heimerback a également dit sa préoccupation devant la « rhétorique hostile et anti-MONUSCO » et par la remise en question dans toute la RDC, du plan de transition conjoint et du calendrier du retrait.  De l’avis de la Norvège, il est important que la transition ait lieu, sur la base de la situation sur le terrain, de manière progressive, responsable et durable et conformément au plan de retrait.  La Norvège réaffirme aussi que tous les civils doivent être protégés et que cette responsabilité première incombe au Gouvernement.  La protection des civils doit être une condition préalable à la transition, a estimé Mme Heimerback.

La représentante a également estimé que les prochaines élections de décembre seront une étape « importante ». Par l’intermédiaire du Programme des Nations Unies pour le développement, la Norvège apporte un appui financier aux préparatifs menés par la Commission électorale nationale indépendante.  Elle exhorte donc le Gouvernement, ainsi que les autres parties prenantes, à faire tout leur possible pour garantir des élections pacifiques, inclusives et transparentes.  La Norvège est prête à travailler avec toutes les parties prenantes pour un recalibrage durable et responsable de la MONUSCO et pour la paix en RDC, a conclu sa représentante.

M. RICHARD M. MILLS JR. (États-Unis) a salué le travail de l’unité aérienne ukrainienne qui a servi pendant 10 ans au sein de la MONUSCO, avant de quitter le pays récemment.  Il a exhorté le Secrétariat de l’ONU à combler ce vide, car sans un soutien aérien, la Mission ne pourra mener à bien son mandat et lutter contre les groupes armés qui s’en prennent à la population.  Il a appelé ces groupes armés à cesser les attaques contre les populations, se disant notamment préoccupé par la poursuite des attaques du M23 par le soutien que ce dernier reçoit d’acteurs extérieurs, y compris des forces de défense rwandaises.  Il a appelé les États Membres à geler les avoirs de ces groupes armés.

Le représentant a ensuite rappelé que tous les pays doivent informer le Conseil de sécurité à l’avance quand ils engagent une coopération militaire avec la RDC, y compris quand ils y déploient des contingents.  Il a, de ce fait, invité les pays de la région à ne pas oublier cette exigence, y compris la nécessité de respecter les droits de l’homme, quand la force de l’Afrique de l’Est sera déployée en soutien aux Forces armées de la RDC.

M. Mills a appelé à combattre les discours anti-ONU et les fausses informations, qui sapent le travail des soldats de la paix et ont contribué récemment à la mort de certains parmi eux, ainsi que de civils.  Il a aussi plaidé pour la reddition des comptes pour les soldats de la paix, y compris au sujet des incidents qui ont eu lieu à la frontière avec la Tanzanie.  Pour M. Mills, personne n’affirmerait que la MONUSCO doit rester indéfiniment en RDC, avant de rappeler que la Mission travaillait avec le Gouvernement de la RDC sur un plan de retrait graduel.  Il a conclu en affirmant qu’aujourd’hui, les activités de la Mission restent essentielles.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a constaté que le redéploiement des forces de sécurité de l’État avait entraîné une réduction des ressources pour lutter contre les M23 et créé un vide sécuritaire dont les groupes armés ont profité.  Il a appelé à l’accélération de l’application de la stratégie nationale du Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (P-DDRCS) pour stabiliser l’est du pays, cela avec l’aide et l’appui cohérent de la MONUSCO.  Il a condamné les attaques visant cette dernière, soulignant combien prendre pour cible l’ONU en RDC entrave ses capacités à protéger les civils.  Il a en outre indiqué que seul un processus politique crédible et légitime permettra d’établir un socle propice à l’atteinte d’une solution durable dans la région, étant entendu que les réponses militaires ne suffiront pas, « y compris pour mettre fin aux violences dans l’est de la RDC ».  Par ailleurs, le représentant, qui a fait remarquer que son pays apporte une aide humanitaire à 2,5 millions de personnes en RDC, a souligné qu’il importe que tous les acteurs de la région s’organisent pour faire face « ensemble » aux conséquences humanitaires des violences.  Les initiatives nationales, régionales et internationales doivent se compléter et ne doivent pas être en opposition, a-t-il insisté, avant de réaffirmer l’appui du Royaume-Uni à la stratégie de retrait et de transition de la Mission.

M. JUAN MANUEL GÓMEZ ROBLEDO VERDUZCO (Mexique) a réitéré sa préoccupation face à la détérioration continue de la situation sécuritaire dans les provinces orientales de la RDC.  Il a insisté sur le fait que les flux illicites d’armes et le trafic de ressources naturelles doivent être combattus afin de priver les groupes armés de leur capacité à déstabiliser le pays.  Il a déploré les attaques contre les civils et les infrastructures civiles, ainsi que le recrutement d’enfants.  La violence de ces groupes augmente le nombre de personnes déplacées dans un pays qui en compte déjà plus de 5,5 millions, a-t-il déploré.  Il a demandé instamment à tous les acteurs du conflit de veiller à ce que les organisations humanitaires opèrent sans entrave et aient accès à la population.

Par ailleurs, le Mexique s’est dit vivement préoccupé par les tensions entre la République démocratique du Congo et le Rwanda en raison des effets qu’elles peuvent avoir sur toute la région.  Il a exhorté les parties à recourir au dialogue pour résoudre leurs différends et a salué les efforts du Président de la France ainsi que ceux déployés par la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs pour parvenir à l’adoption de la feuille de route de Luanda.  Le représentant a réitéré son soutien à la MONUSCO et a condamné les campagnes de désinformation orchestrées contre la Mission qui ont conduit à des manifestations violentes à son encontre et ont fait des morts parmi les Casques bleus et les civils.  Il a encouragé l’exercice de révision du mandat de la MONUSCO mais a demandé de réaliser cet exercice avec prudence, compte tenu des événements récents.

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a expliqué que l’Inde, un des principaux pays contributeurs de troupes à la MONUSCO, était profondément préoccupée par la tournure récente des événements.  Les activités croissantes des groupes armés, en particulier le M23 parmi d’autres groupes armés tels que les ADF, le CODECO, les FDLR et les Maï-Maï, remettent en question l’approche globale de la résolution du conflit en RDC, a-t-il estimé.  L’ensemble complexe de facteurs qui contribuent à la situation dans l’est de la RDC exige, selon le délégué, une solution politique globale, et non une solution militaire.  Il a réitéré sa ferme condamnation des attaques contre les Casques bleus et espéré que le Gouvernement de la RDC traduise les auteurs en justice et que la direction de la Mission donne la priorité au règlement des problèmes politiques l’empêchant de remplir efficacement son mandat.  Dans ce contexte, le déploiement de la force régionale mixte de la Communauté d’Afrique de l’Est est un « développement positif », a estimé le représentant, selon qui, des initiatives régionales proactives et ciblées privilégiant le développement, la démobilisation des groupes armés dans l’est de la RDC et les efforts de médiation pour la cessation des hostilités sont à privilégier.

Mme AMEIRAH OBAID MOHAMED OBAID ALHEFEITI (Émirats arabes unis) a déclaré que pour parvenir à la sécurité en RDC, il fallait ouvrir l’espace de dialogue au niveau régional.  Des initiatives telles que la Feuille de route de Luanda ou le Processus de Nairobi doivent être encouragées, y compris par le Conseil de sécurité, dans le but de renforcer la confiance mutuelle.  La représentante s’est également dite en faveur du rôle des Nations Unies dans le pays.  Afin de préserver les acquis de ces dernières années, toutes les parties doivent remplir leurs obligations, y compris pour parvenir au retrait de la mission dans les délais prévus, a-t-elle plaidé.

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a salué les progrès des préparatifs en vue de la tenue d’élections en 2023 et exhorté toutes les parties à œuvrer de concert et en toute bonne foi aux fins de créer les conditions nécessaires en vue d’un scrutin inclusif, libre, et transparent, « acceptable pour toutes les parties ».  L’Albanie est encouragée, par ailleurs, par l’engagement public, exprimé par les acteurs nationaux et régionaux, visant à réduire les tensions.  Elle reste toutefois fortement inquiète face à la situation sécuritaire sur le terrain, a déclaré Mme Dautllari, qui a ensuite pris note de l’initiative de création d’un mécanisme de coordination entre la Feuille de route de Luanda et le Processus de Nairobi.

Face à la complexité de la situation dans le pays, la représentante a jugé très important de veiller à une mise en œuvre harmonieuse et efficace de ces initiatives.  Ainsi, les obligations et responsabilités de la Force régionale de l’Afrique de l’Est devraient être mises en œuvre en pleine coordination et coopération avec la MONUSCO de sorte à garantir la protection des civils et le maintien de l’accès humanitaire.  Mme Dautllari a estimé que le débat général de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale avait insufflé un élan supplémentaire à cet effort, saluant à cet égard la rencontre entre les Présidents de la République démocratique du Congo et du Rwanda, de même que leur engagement à travailler, ensemble, pour obtenir le retrait du M23 de tous les territoires et le retour des personnes déplacées par la guerre, avec l’appui de l’ONU, de l’Union africaine et de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (ICGLR).

La représentante a également attiré l’attention sur les souffrances des civils, en particulier dans l’Ituri et le Nord-Kivu, sur le nombre alarmant de victimes d’assassinats sommaires et extrajudiciaires, les graves violations et le recrutement d’enfants, ou encore sur les cas de violences sexuelles liées au conflit.  Elle a aussi noté que la RDC restait un des pays les plus dangereux pour les travailleurs humanitaires, ce qui affecte la capacité de livrer l’assistance, voire parfois à retarder, suspendre ou modifier la base de leurs opérations.  Mme Dautllari a donc exhorté à faciliter un climat sécurisé pour les partenaires humanitaires, dont la présence est essentielle pour les 27 millions de personnes ayant besoin d’une assistance et d’une protection.  Elle a ensuite appelé les groupes armés à rendre les armes sans conditions et encouragé les autorités congolaises à fournir davantage d’efforts dans la promotion de la réconciliation nationale.  Dans ce contexte, elle a mis l’accent sur le programme de démobilisation, de désarmement et de réinsertion, ainsi que sur la démobilisation des groupes armés étrangers qui « doivent retourner dans leur pays d’origine ».

Mme Dautllari s’est par ailleurs félicitée des mesures prises par le Gouvernement congolais tendant à rejeter les discours de haine, « inacceptables » en RDC, et a appelé à la mise en place d’un cadre juridique élargi dans ce contexte.  S’agissant de l’appel de ce même Gouvernement relatif à la révision du plan de retrait de la MONUSCO, la représentante a invité à garantir des conditions de sécurité minimales pour le personnel de la Mission, et plaidé pour que le retrait des provinces qui sont au cœur de ses opérations se fasse sous conditions.  Elle a rappelé, en conclusion, qu’il revient au premier Chef aux autorités congolaises de garantir la protection des avoirs et du personnel de la MONUSCO, appelant à faire rendre des comptes aux personnes impliquées dans les dernières manifestations violentes à l’encontre de la Mission.

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a rappelé qu’après deux décennies de présence de la MONUSCO et de la Mission précédente, la MONUC, la réalité sécuritaire et humanitaire catastrophique en RDC est devenue par trop familière.  Les derniers mois ont été marqués par une augmentation des activités militaires des groupes armés et des déplacements de population à grande échelle, a-t-il relevé en constatant que, si le rapport du Secrétaire général signale quelques améliorations, la situation générale en matière de sécurité et de droits humains reste désastreuse.  Il a de plus déploré que l’aide humanitaire ne se soit vue allouée qu’une petite partie de la somme totale.  Le représentant a vu comme des étapes importantes la nouvelle loi électorale révisée et l’annonce de la période d’inscription des électeurs par la Commission électorale nationale indépendante.  Il s’est félicité de l’engagement du Gouvernement de tenir des élections en 2023, ainsi que du lancement du processus de Nairobi qui a abouti à l’adhésion de la RDC à la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) et au déploiement de la force régionale de la CAE dans l’est de la RDC. 

Toutefois, le représentant s’est dit consterné par les manifestations contre la MONUSCO, fin juillet, qui ont dégénérées en émeutes, avec la mort de trois Casques bleus et de dizaines de ressortissants congolais.  Il a condamné dans les termes les plus forts les actes de violence et d’intimidation contre le personnel de l’ONU.  Il a noté avec inquiétude que certaines autorités congolaises auraient encouragé les protestations contre la MONUSCO, avant de souligner que le nombre croissant de campagnes de désinformation dirigées contre la Mission menace la sûreté et la sécurité des Casques bleus.  Par conséquent, le représentant a souligné la nécessité de continuer à renforcer les capacités de communication stratégique de la MONUSCO.  Les transitions sont un moment délicat dans toute opération de paix, particulièrement dans un conflit aussi long et complexe que celui de l’est de la RDC, a-t-il rappelé

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a salué une « légère accalmie » dans les combats opposant le M23 et les forces gouvernementales, même si « d’autres groupes continuent de terroriser les populations locales et de profiter de l’insécurité qu’ils créent pour financer leurs activités illégales et se réarmer ».  La représentante a condamné les différends entre les manifestants et les Casques bleus et Bérets bleus, appelant à une enquête approfondie sur les incidents ayant fait des victimes afin que soient prises les mesures nécessaires.  Elle a ensuite préconisé l’intensification de « la coordination et des échanges d’informations entre la MONUSCO et les autorités officielles de la RDC ».  S’agissant du retrait et de la transition de la Mission, la représentante a souligné la nécessité de prendre en compte l’évolution sur le terrain et de privilégier une approche graduelle et responsable.  Selon elle, les moyens politiques pour stabiliser le pays doivent être déployés à partir d’un cessez-le-feu global, la clef pour un retour à la normal en RDC passant par une coopération constructive entre acteurs régionaux des Grands Lacs.  À cet égard, elle a jugé indispensable de revitaliser l’Accord-cadre de 2013 pour la paix, la sécurité et la coopération en République démocratique du Congo et dans la région.  Enfin, la représentante russe a espéré que l’amélioration de la situation humanitaire permettra une préparation efficace des élections devant se tenir en 2023.  « Alors les Congolais seront en mesure de décider eux-mêmes du destin de leur beau pays ».

M. DAI BING (Chine) a condamné l’escalade de la violence dans l’est de la RDC et a mis l’accent sur le retour de la stabilité, une priorité absolue selon lui.  La Chine exprime son appui au Gouvernement congolais et exhorte les groupes armés à immédiatement déposer les armes, à respecter les appels à la paix et à suivre le processus de Nairobi.  Le maintien de la stabilité politique étant la pierre angulaire du développement de la RDC, le représentant a aussi appelé à créer une ambiance politique favorable à la bonne tenue des prochaines élections.

La communauté internationale doit continuer ses efforts visant à ce que les « problèmes africains » soient réglés « entre Africains », et à ce que les différends soient réglés par le dialogue et les consultations, a déclaré le représentant.

Rendant hommage aux « sacrifices immenses » des Casques bleus pour le maintien de la paix en RDC, M. Dai a estimé que la MONUSCO devait s’adapter à la situation et aux attentes du Gouvernement congolais et à la population congolaise. Le représentant a appelé à « rationnaliser » ses tâches et à « simplifier » son mandat.  La MONUSCO doit aussi continuer à communiquer avec tous les secteurs de la société congolaise par divers canaux, a plaidé le représentant.  Concernant les violences perpétrées contre les Casques bleus, il a souhaité une enquête rapide.  Enfin, il a estimé que le Conseil devait répondre de manière positive à la demande du Président de la RDC de lever l’embargo sur les armes.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a axé son intervention sur trois points.  Il a d’abord estimé qu’il était impératif de restaurer la sécurité à l’Est, où les populations civiles et les forces de sécurité continuent d’être la cible des groupes armés.  Une réponse coordonnée des États de la région est urgente, a-t-il souligné, en saluant les efforts de la Communauté des États d’Afrique de l’Est et de l’Angola.  Les processus de Nairobi et de Luanda doivent permettre de démobiliser les groupes armés et restaurer la confiance dans la région.  Dès lors, l’appui des Nations Unies, de l’Union africaine et de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs sera indispensable, a-t-il commenté.  Le représentant a également rappelé qu’à l’initiative du Président de la République française, les chefs d’États de la RDC et du Rwanda se sont entretenus la semaine dernière à New York et sont convenus d’agir ensemble pour obtenir au plus vite le retrait du M23 des localités occupées.  Des engagements ont été pris pour mettre un terme à l’action de tous les groupes armés dans la région.

M. de Rivière a ensuite déclaré que la MONUSCO devait retrouver « sa liberté d’action » pour protéger les civils, ajoutant qu’il « appartient au premier chef » aux autorités congolaises d’assurer la sécurité des Nations Unies et de lutter contre la désinformation.  D’autre part, l’Accord sur le statut des forces doit être respecté et la liberté de mouvement de la Mission restaurée.  Toute la lumière doit être faite sur l’incident grave survenu à Kasindi, a-t-il souligné, ajoutant, d’un autre côté, que la France prenait note des demandes de révision du plan de transition, déjà engagé, de la MONUSCO, exprimées par les autorités congolaises.  Il a rappelé que la Mission avait quitté le Tanganyika, où l’Équipe de pays doit se renforcer pour préserver les acquis.  À terme, le retrait progressif et responsable de la Mission dépendra de l’atteinte des jalons fixés dans le plan de transition.  D’ici là, la MONUSCO doit continuer à mettre en œuvre son mandat robuste de protection des civils.  L’objectif de protection des civils devra également guider la force régionale annoncée à Nairobi, a encore affirmé le représentant, soulignant que cette force devra se coordonner étroitement avec la MONUSCO. 

M. de Rivière a par ailleurs jugé que les efforts visant à construire la stabilité ne devaient pas faiblir à l’approche des élections.  Il a reconnu que des mesures ont été prises par les autorités congolaises en vue du scrutin de 2023.  Il a signalé qu’en cas de sollicitation des autorités nationales, l’Union européenne dispose des moyens pour aider le pays à préparer un processus électoral libre, équitable, transparent et inclusif.  En attendant, a-t-il conclu, les efforts doivent se poursuivre pour consolider la stabilité et le développement, en particulier, l’urgence humanitaire, à la protection des droits de l’homme et la lutte contre les discours de haine.  Il a enfin estimé que l’exploitation durable des ressources naturelles et la lutte contre leur trafic illicite seront des facteurs supplémentaires de paix.

M. GEORGES NZONGOLA-NTALAJA (République démocratique du Congo) a déclaré que pendant que se tient cette réunion, la localité de Bunagana, située dans l’est de la RDC, est toujours « occupée par le Rwanda, sous couvert du M23 ».  Cette énième agression est « inacceptable » et le Conseil, qui est très bien informé par son propre groupe d’experts, « ne doit pas continuer à fermer les yeux », a lancé le représentant, qui a « demandé solennellement » au Conseil de sécurité de rejoindre « clairement et sans ambiguïté » la RDC et son Président pour demander « haut et fort aux forces d’agression et d’occupation » de quitter immédiatement Bunagana, sans conditions ni subterfuges.

Le représentant a ensuite assuré que le Processus de Nairobi, qui a connu une « pause technique », allait être relancé dans les prochains jours.  Son volet politique est toujours d’actualité, a-t-il assuré.  Les groupes rebelles qui y adhéreront seront pris en charge par le programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (P-DDRCS), a-t-il ajouté, faisant observer que l’opérationnalisation complète de ce « programme crucial », allait exiger des financements.  Quant au volet militaire, lui aussi en cours de mise en œuvre, quelques « groupes négatifs » lui demeurent réfractaires, notamment le groupe terroriste M23 « soutenu par le Rwanda », les Forces démocratiques alliées (ADF), ainsi que des groupes armés Zaïre et Coopérative pour le développement du Congo (CODECO) dans l’Ituri, et enfin les Maï-Maï dans le Sud-Kivu.

En ce qui concerne, les groupes armés étrangers, il n’y aura pas de discussions possibles, a affirmé le représentant: le Gouvernement de la RDC leur demande de « déposer sans conditions les armes et de rentrer chez eux ».  Il demande aussi aux pays d’origine de ces « groupes négatifs » de prouver leur bonne foi en mettant en place des processus et des conditions adéquates pour « absorber » ces combattants.  Par ailleurs, les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) vont s’harmoniser et collaborer avec la MONUSCO, notamment pour éviter les « tirs amis », a-t-il assuré. 

M. Nzongola-Ntalaja a assuré que, pour son pays, la MONUSCO est un partenaire « important » pour la paix et la stabilité dans l’est de la RDC.  Mais, a-t-il ajouté, la réévaluation du plan de transition et du retrait progressif de la mission est une « nécessité ».  Le Gouvernement estime toutefois que la MONUSCO doit mettre en œuvre son « mandat principal » de protection des civils, et ce, de manière « robuste ».  La RDC réitère donc sa demande au Conseil d’allouer à la Mission des moyens suffisants, d’actualiser l’armement et de relever le niveau des équipements.

La RDC demande également au Conseil d’exiger un retrait « immédiat et sans conditions » des troupes rwandaises et du M23 de la cité de Bunagana, a insisté le représentant.  Elle lui demande aussi d’appuyer le Processus de Nairobi et d’exiger de tous les groupes armés, « sans exception », de déposer les armes pour rejoindre le P-DDRCS.  La RDC demande par ailleurs le renforcement des sanctions contre les réseaux maffieux internes et externes qui exploitent illégalement les ressources naturelles de la RDC, depuis des lieux de production, de transit et de destinations.  Elle demande enfin la levée totale du dispositif de la clause de notification préalable exigée par le Comité des sanctions du Conseil de sécurité relatif à la RDC, a conclu le représentant.

M. CLAVER GATETE (Rwanda) a estimé que le Rapport du Secrétaire général donnait une couverture très complète des effets provoqués par des groupes armés étrangers dans l’est de la RDC.  Il a estimé que le Processus de Nairobi et  la Feuille de route de Luanda se complètent.  Il s’est dit certain qu’une solution durable pourra être mise en œuvre.

Le représentant a ensuite cité  les propos du Président Paul Kagame du Rwanda, selon qui, il « est urgent de trouver la volonté politique afin de faire face à l’instabilité dans l’est de la RDC, s’accuser l’un l’autre ne permet pas de surmonter les problèmes, qui ne sont pas insurmontables, on peut trouver des solutions ».  Les Forces démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) et ses dissidents continuent de déstabiliser le Rwanda, a-t-il déploré, affirmant que ces groupes étaient toujours présents aux côtés des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).  Ces « traîtres » continuent d’être des « forces négatives » et mènent des opérations transfrontières sur le territoire rwandais, a accusé le représentant, pour qui la menace qu’ils représentent ne doit pas être sous-estimée.  Il a notamment affirmé que les FDLR fondaient leur idéologie sur le génocide, pillaient, tuaient et continuaient à saper la sécurité du Rwanda.   « Ces groupes dissidents sont une menace crédible pour la sécurité du Rwanda », a-t-il insisté.

Le représentant a en outre dénoncé une tendance de certains dirigeants congolais à faire du Rwanda un bouc émissaire, « ce qui ne fait qu’aggraver le sentiment anti-rwandais et approfondit la haine contre les communautés rwandaises ».  Le Rwanda considère qu’on peut faire face à tout cela si la volonté politique existe.  La RDC doit accepter sa responsabilité au titre des accords régionaux et doit mettre en œuvre les accords  de paix existants.  Le problème, ce n’est pas le mécanisme, c’est l’absence de mise en œuvre des accords existants, a-t-il déclaré.

M. ZEPHYRIN MANIRATANGA (Burundi) s’est réjoui du fait que les excellentes relations diplomatiques, commerciales et socioéconomiques que le Burundi entretient avec la République démocratique du Congo se matérialisent, notamment en mettant en application plusieurs accords dans le domaine commercial, dans la libre circulation des personnes et des marchandises et tant d’autres.  Il a rappelé que le Burundi a accueilli des milliers de réfugiés en provenance de la partie est de la RDC « où pullulent plusieurs groupes armés et terroristes locaux et étrangers ».  Il a ajouté que le Burundi s’est joint aux efforts de la communauté Est africaine visant à stabiliser l’est de la RDC dans le cadre du processus de Nairobi.  C’est dans cet esprit qu’a été déployé en RDC un contingent de la Force de défense nationale du Burundi, a-t-il signalé, expliquant vouloir ainsi contribuer au rétablissement de la paix et de la sécurité dans la province du Sud-Kivu.  Au vu des problématiques sécuritaires à caractère répétitif, le délégué a dit que le Burundi soutient profondément les approches régionales et, plus spécifiquement, le processus de Nairobi entrepris par la Communauté de l’Afrique de l’Est.  Au regard de la situation au Sud-Kivu, il a jugé nécessaire non seulement de neutraliser les forces négatives et terroristes qui sèment la désolation dans la sous-région, mais aussi de développer une approche visant la réconciliation entre les communautés locales pour parvenir à instaurer une culture de la paix dans les esprits des communautés appelées à coexister pacifiquement.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Deuxième Commission (questions économiques et financières) organise ses travaux axés sur l’accélération de la réalisation du Programme 2030

Soixante-dix-septième session,
1re séance plénière – matin
AG/EF/3564

La Deuxième Commission (questions économiques et financières) organise ses travaux axés sur l’accélération de la réalisation du Programme 2030

La Commission économique et financière (Deuxième Commission) de l’Assemblée générale a entamé, ce matin, sa soixante-dix-septième session, approuvant l’ordre du jour et l’organisation des travaux d’une session dont la majorité des questions est axée sur la promotion d’une croissance économique soutenue et du développement durable.  Toutes les séances publiques se tiendront en présentiel, signe de la reprise post-COVID.  Néanmoins, « les délégués sont fortement encouragés à porter un couvre-visage en tout temps dans les salles de conférence, sauf lorsqu’ils s’adressent directement à l’assemblée », a précisé la Présidente de la Commission, Mme Lachezara Stoeva (Bulgarie).

Selon l’ordre du jour qui a été adopté, les travaux de la Deuxième Commission prendront fin le 23 novembre prochain.  Dès lundi 3 octobre, la Commission commencera ses travaux de fond par le débat général sur deux jours, qui s’ouvrira par un discours liminaire du professeur Michael Kremer de l’Université de Chicago, lauréat du prix Nobel de sciences économiques en 2019.

Le débat commun avec le Conseil économique et social (ECOSOC) aura lieu le mardi 11 octobre sur le thème « Nouvelles perspectives sur l’éradication de la pauvreté – idées pour une reprise durable ».  Quant au dialogue annuel avec les secrétaires exécutifs des commissions régionales, il se tiendra le matin du mardi 25 octobre.

Comme il est désormais coutume, les décisions sur les projets de résolution seront programmées au cours de la seconde moitié des travaux de la Commission en novembre.  Les délégations ont été priées par la Présidente de faire tout leur possible pour conclure les négociations dans les délais prévus, afin de permettre de se prononcer sur les projets de résolution aux dates indiquées sur le programme de travail.  Pour faciliter les négociations, le Bureau de la Commission a décidé d’organiser des consultations officieuses informelles sur les projets de résolution selon une combinaison de formats en personne et virtuels.  Mme Stoeva a encouragé les délégations à rédiger des résolutions plus simples, concises, ciblées et orientées vers l’action.  Un lien clair avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030 devra être apparent dans les titres de ces textes dont le corps devra inclure des dispositions pour en accélérer la mise en œuvre.

En ce qui concerne la documentation officielle à la disposition des délégations de la Deuxième Commission, la Présidente a noté que presque tous les rapports sont disponibles.  Elle a précisé que, comme convenu lors de consultations tenues le 14 septembre, quatre rapports établis par la CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement) seront soumis aux États Membres pour compléter la documentation officielle.  Comme ils ne sont pas traduits dans les six langues officielles des Nations Unies, la Commission a décidé d’inviter des représentants de la CNUCED à présenter les passages de ces rapports relevant de la question étudiée, en même temps que la présentation des rapports du Secrétaire général sur le chapitre « Questions de politique macroéconomique », le 6 octobre.

En plus de Mme Stoeva, qui préside la Commission, et de Mme Francesca Cassar (Malte), Rapporteur, toutes deux élues à la séance du 7 juin 2022, les trois vice-présidents du Bureau ont été élus ce matin, à savoir M. Ahmed Magdy Mohamed Rashad Abdelaal (Égypte), M. Abdulrahman Abdulaziz F. A. Al-thani (Qatar), et M. Vladamir Kurt Sean Budhu (Trinité-et-Tobago).

Enfin, la Présidente a rappelé aux délégations que, comme c’est le cas depuis la soixante-septième session, toutes les séances publiques de la Commission seront diffusées sur le Web.  Un lien vers la couverture en direct et les vidéos archivées des réunions de la Deuxième Commission est disponible sur le site Internet de la Deuxième Commission.  En outre, des communiqués de presse, en anglais et en français, sur les réunions publiques de la Commission sont préparés par le Département de la communication globale et sont mis à disposition le jour même sur le site Web de l’ONU.

La prochaine réunion de la Deuxième Commission aura lieu le lundi 3 octobre, en présentiel, à partir de 10 heures.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Sur fond de crises multiples, la Troisième Commission donne le coup d’envoi de sa session 2022 en mettant l’accent sur les lacunes du développement social

Soixante-dix-septième session
1e & 2e séances plénières – matin & après-midi
AG/SHC/4342

Sur fond de crises multiples, la Troisième Commission donne le coup d’envoi de sa session 2022 en mettant l’accent sur les lacunes du développement social

La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a entamé, aujourd’hui, les travaux de sa soixante-dix-septième session, qui, pour la première fois depuis le début de la pandémie de COVID-19, se tiendront intégralement en présentiel.  Centrée sur le développement social, la discussion générale s’est ouverte sur le constat unanime des impacts délétères de l’urgence climatique, des conflits, de l’inflation galopante et de la crise du coût de la vie, qui ont pour effet une augmentation de la pauvreté extrême sans précédent depuis 1998.  Si nombre de délégations ont mis en avant le besoin d’une coopération accrue pour surmonter ces défis, d’autres ont souligné l’importance de la famille pour sauvegarder la cohésion sociale. 

Avant que la parole soit donnée aux délégations, dont bon nombre étaient représentées par des jeunes, le Sous-Secrétaire général chargé du développement économique au Département des affaires économiques et sociales (DESA) n’a pas caché que ces crises imbriquées, facteurs d’inégalités croissantes et de recul pour l’éducation, l’emploi et l’accès aux soins de santé, risquent d’entraîner des troubles sociaux « voire des soulèvements ».  M. Navid Hanif a, par conséquent, appelé à des mesures urgentes pour « rattraper le temps perdu » et ne laisser personne de côté, conformément au Programme de développement durable à l’horizon 2030, que le Secrétaire général propose de relancer à l’occasion du prochain sommet du G20. 

Intervenant à son tour dans le cadre d’un dialogue interactif, le Directeur du Bureau de New York de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a, quant à lui, évoqué le récent Sommet sur la transformation de l’éducation, alors que 244 millions d’enfants ont manqué l’école ces dernières années et que 771 millions d’adultes n’ont pas acquis les compétences de base en lecture, écriture et calcul, ce qui les prive d’un accès aux services de base et limite le développement de leurs sociétés.  De l’avis de M. Eliot Minchenberg, 17 milliards de dollars seront nécessaires pour combler l’écart de financement en matière d’alphabétisation, priorité à laquelle s’ajoute la lutte contre la désinformation et les discours de haine. 

À sa suite, l’experte indépendante chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits humains a signalé que les violations du droit à un logement adéquat frappent particulièrement les seniors.  Relevant à ce propos le taux de mortalité élevé des personnes âgées vivant dans des maisons de soins, elle a imputé pour partie ce phénomène à l’échec de ces établissements à protéger leurs résidents.  En outre, les seniors sont plus susceptibles de souffrir d’expulsion lorsque leur retraite est insuffisante pour couvrir leur loyer, a déploré Mme Claudia Mahler, avant d’exhorter les États à combattre l’âgisme, à garantir la disponibilité de services à domicile adaptés, à mettre un terme à l’institutionnalisation des soins et à veiller à ce que les logements restent abordables.  Autant de raisons qui, à ses yeux, nécessitent l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant sur les droits humains des personnes âgées. 

Si la plupart des délégations ont cité la protection des seniors et des personnes handicapées dans leurs politique de développement social, certaines ont insisté sur l’importance de la famille.  Y voyant « l’élément fondamental de la société », le Saint-Siège a fait remarquer que la famille offre le meilleur environnement pour le développement des enfants et est souvent l’unique soutien des personnes vulnérables.  Observant également que les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants, il a souhaité que leurs droits soient respectés.  Un avis partagé par le Cameroun, qui a insisté sur les nouveaux défis qu’entraîne pour les familles le développement des Technologies de l’information et des communications (TIC).  La Fédération de Russie a, elle aussi, souligné la nécessité de protéger les « valeurs familiales traditionnelles », tandis que le Mexique présentait la famille comme « l’institution de sécurité sociale la plus importante ». 

Face au risque d’effondrement de la cohésion sociale lié aux crises actuelles, le Groupe des 77 et la Chine a attiré l’attention de la Commission sur la situation des pays en développement, en rappelant que ces derniers ont besoin d’un appui de 4 500 milliards de dollars pour se relever et espérer atteindre les ODD dans les délais impartis.  Partisan d’une augmentation de l’aide publique au développement (APD) et d’une redistribution des droits de tirage spéciaux (DTS), il a aussi réclamé davantage d’égalité vaccinale et la poursuite de la coopération Nord-Sud.  Il a été appuyé par la Chine, selon laquelle il importe aussi de respecter le fait que le monde en développement explore sa propre voie de développement.  Le Groupe des États d’Afrique a, lui, mis l’accent sur l’initiative africaine d’accélération de l’adaptation aux changements climatiques, non sans rappeler aux pays développés leur engagement à consacrer à cette question 100 milliards de dollars par an. 

Plusieurs pays ont d’autre part dénoncé les effets des mesures coercitives unilatérales sur leur développement social, la délégation iranienne relevant que, dans son rapport remis à la cinquante-et-unième session du Conseil des droits de l’homme, la Rapporteuse spéciale en charge de cette question a reconnu que « les sanctions économiques ont sapé les efforts nationaux de l’Iran dans sa quête d’autosuffisance économique ».  Une position soutenue par la Russie, pour qui ces sanctions illégales empêchent des États souverains d’accéder aux produits de première nécessité sans lesquels il n’est pas possible d’assurer le développement durable. 

En ouverture de la séance, le Président de la Troisième Commission, M. José Alfonso Blanco Conde, de la République dominicaine, a présenté l’organisation des travaux et la planification des programmes de l’instance.  Il a également félicité ses vice-présidents, Mme Almaha Mubarak Al-thani, du Qatar, Mme Marta Kaczmarska, de la Pologne et M. Stefano Venancio Guerra, du Portugal, ainsi que la Rapporteuse de la Commission, Mme Shalini Gungaram, de Maurice. 

La Troisième Commission poursuivra ses travaux demain, vendredi 30 septembre à partir de 10 heures. 

DÉVELOPPEMENT SOCIAL

Déclarations liminaires suivies de dialogues interactifs

M. NAVID HANIF, Sous-Secrétaire général chargé du développement économique au Département des affaires économiques et sociales (DESA), a constaté que cette session se tient alors que le monde fait face aux effets durables de la pandémie de COVID-19, à l’urgence climatique, à la recrudescence des conflits, à l’inflation croissante et à une crise du coût de la vie.  Dans ce contexte, a-t-il relevé, la pauvreté extrême a augmenté dans le monde pour la première fois depuis 1998 et 3% des travailleurs ont perçu des revenus inférieurs à ceux d’avant la pandémie.  De surcroît, les groupes marginalisés ont été disproportionnellement touchés, ce qui a entraîné une croissance des inégalités au sein des pays et entre eux.  Parmi les effets de ces crises, le Sous-Secrétaire général a noté un recul de l’accès à l’éducation, un grand nombre de pertes d’emploi et une augmentation de la discrimination en matière de soins de santé.  Particulièrement frappés, les peuples autochtones sont aux prises avec des violations de leurs droits collectifs et individuels, a-t-il observé, faisant état d’une insécurité alimentaire croissante et d’un accès restreint aux services de base pour ces populations, comme pour les personnes âgées. 

Avertissant que ces questions risquent d’entraîner des troubles sociaux voire des soulèvements, M. Hanif a appelé à des mesures urgentes pour rattraper le temps perdu et ne laisser personne de côté.  Il a appelé à renforcer la résilience des personnes et la couverture sociale, tout en investissant dans les infrastructures et les services essentiels, notamment une éducation de qualité et un apprentissage tout au long de la vie, des services de santé abordables, une eau propre et un assainissement efficace, de même qu’un logement décent, un accès fiable à Internet et des emplois décent.  Il a également jugé crucial d’investir dans la jeunesse et de la faire participer aux décisions qui la concernent, avant de rappeler que le Secrétaire général a proposé un plan de relance des objectifs de développement durable (ODD) afin notamment de trouver de nouveaux financements.  De l’avis du Sous-Secrétaire général, le sommet sur les ODD prévu en 2023 sera un tournant pour sauver ces objectifs communs. 

Relevant d’autre part que cette année marque le vingtième anniversaire du Plan d’action international de Madrid de 2002 sur le vieillissement, il a fait remarquer que le nombre de personnes âgées dans le monde sera supérieur à celui des jeunes en 2030, ce qui impose de prendre des mesures d’inclusivité pour tous les âges.  En vue du Sommet mondial de la famille attendu en 2024, il a souhaité que soit mené un important travail sur les politiques familiales.  Quant au Sommet mondial pour le développement social prévu en 2025, il sera l’occasion de veiller à ce que les programmes sociaux figurent au cœur de toutes les politiques, a-t-il conclu, exhortant les pays à utiliser la plateforme inclusive des Nations Unies pour continuer d’avancer sur ces questions. 

Mme DANIELA BAS, Directrice de la Division du développement social inclusif (DISD/DESA), a présenté les rapports au titre du point à l’ordre du jour, à commencer par le rapport du Secrétaire général sur la « Suite donnée au Sommet mondial pour le développement social et à la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale » A/77/175, qui exhorte notamment les États Membres à continuer à investir dans les capacités des populations en assurant un accès à une éducation de qualité et des soins de santé abordables sans oublier la connexion à Internet pour tous. 

Mme Bas a indiqué, en outre, que le rapport présente les résultats de la soixantième session de la Commission du développement social et analyse les politiques destinées à relever les nouveaux défis du développement social afin d’accélérer la mise en œuvre du Programme 2030. 

Passant au rapport A/77/61 - E/2022/4 sur la « Réalisation et suivi des objectifs de l’Année internationale de la famille », Mme Bas a recommandé de mieux soutenir les parents qui travaillent, notamment en revoyant à la hausse les allocations familiales et en assurant des congés de paternité et maternité.  De même, elle a encouragé à faciliter l’accès des parents à Internet afin qu’ils puissent suivre et aider leurs enfants et être en phase avec la génération Z. 

La Directrice de la Division du développement social inclusif a ensuite présenté le rapport A/77/134 « Suite donnée à l’Année internationale des personnes âgées: deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement », qui propose une analyse des incidences des technologies numériques sur les personnes âgées.  Elle a rappelé à cette occasion que d’ici à 2030, il y aura plus de personnes âgées que de jeunes.

Enfin le rapport A/77/166, relatif au « Développement sans exclusion pour et avec les personnes handicapées », examine la situation de ces personnes dans le contexte des urgences humanitaires.  Il faut tenir compte des personnes handicapées dans la protection des réfugiés ainsi que celles qui sont victimes de conflits, de catastrophes naturelles et autres crises, a insisté Mme Bas.

Dialogue interactif  

La délégation de l’Argentine s’est inquiétée du dernier rapport publié par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sur la situation en matière de sécurité alimentaire et de nutrition dans le monde qui prévient que près de 70 millions de personnes continueront de souffrir de faim en 2030, soit 8% de la population mondiale.  Elle a souhaité savoir quelles étaient les attentes de Mme Bas par rapport au prochain Sommet mondial pour le développement social prévu en 2025. 

Dans sa réponse, la Directrice de la Division du développement social inclusif a indiqué qu’il s’agit d’abord d’attendre les résultats des délibérations entre les États Membres pour décider si ce sommet aura lieu.  S’agissant de la crise alimentaire, notant que notre planète ne grandit pas proportionnellement à la population, Mme Bas a appelé à ne pas l’exploiter au point où nous manquerions d’aliments. 

M. ELIOT MINCHENBERG, Directeur du Bureau de l’Organisation des Nation Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) à New York, a présenté le rapport intitulé « L’alphabétisation, enjeu vital: définir les futurs programmes d’action, et l’enseignement de la démocratie » (A/77/187), profitant de l’occasion pour évoquer la tenue récente du Sommet sur la transformation de l’éducation.  Il a signalé que 244 millions d’enfants n’étaient pas sur les bancs de l’école et 771 millions d’adultes n’avaient pas acquis les compétences de base en lecture, écriture et calcul, les privant d’un accès aux services de base et limitant le développement durable des sociétés concernées. 

Il a souligné que 17 milliards de dollars seront nécessaires pour combler l’écart de financement et atteindre les objectifs en matière d’alphabétisation.  Les États Membres et les partenaires de développement doivent élaborer des programmes d’alphabétisation pour les jeunes et les adultes et investir dans l’éducation de base.

M. Minchenberg a aussi attiré l’attention sur l’importance de l’éducation pour la démocratie, s’inquiétant de l’augmentation des attaques contre la vérité.  Il a exhorté à créer et renforcer les politiques éducatives pour lutter contre la désinformation et la mésinformation, ainsi que l’augmentation des discours de haine, entre autres.

Dialogue interactif

À la suite de la présentation de M. Minchenberg, l’Argentine a regretté que le document de vision diffusé par le Secrétaire général dans la foulée du Sommet sur la transformation de l’éducation ne fasse pas mention de l’éducation sexuelle complète, laquelle est essentielle pour garantir une pleine autonomie corporelle et physique et pour assurer l’égalité des genres.  Elle a souhaité en connaître la raison.  La Mongolie a, pour sa part, voulu savoir dans quelle mesure le Sommet sur la transformation de l’éducation a mis en avant la question des compétences de base, et ce que compte faire l’UNESCO pour assurer un suivi de cette problématique. 

Le Directeur du Bureau de New York de l’UNESCO a indiqué que les documents adoptés relèvent de la décision du Secrétariat et des parties prenantes, tout en reconnaissant que l’égalité des genres et les droits des femmes et des filles devraient être incorporés dans tous les projets et programmes.  Il a précisé à cet égard que le Comité directeur ODD – Éducation 2030, placé sous la houlette de l’UNESCO et constitué des États Membres, des agences spécialisées de l’ONU et de la Banque mondiale, a été chargé du suivi.  Une réunion du Comité a été organisée au lendemain du Sommet sur la transformation de l’éducation et une déclaration politique devrait se concrétiser en vue de traduire les mots en actions, a-t-il dit.  Saluant le « tremplin politique » qu’a constitué ce sommet, il s’est félicité de la part active prise par les États Membres, faisant état de plus de 155 consultations organisées au niveau national. 

Mme CLAUDIA MAHLER, experte indépendante chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits de l’homme, a indiqué que le droit à un logement adéquat a une grande influence sur la qualité de vie, la stabilité et la sécurité individuelle, notant que si ce droit est violé, d’autres risquent également d’être compromis, notamment le droit à la santé, à une vie indépendante ainsi qu’à la vie familiale, entre autres.

Elle a signalé que les violations du droit à un logement adéquat frappent particulièrement les personnes âgées, notant en outre que, lors de la pandémie de COVID-19, le taux de mortalité particulièrement élevé parmi les personnes vivant dans des maisons de soins s’explique en partie par l’échec de ces établissements à protéger de manière adéquate leurs résidents.  En outre, les personnes âgées sont plus susceptibles de souffrir d’expulsion lorsque leur retraite est insuffisante pour couvrir leur loyer, a relevé l’experte indépendante, qui a déploré les limites d’âge des programmes de logement sociaux.

Le droit au logement doit également garantir la sécurité physique des habitants, or les personnes âgées qui vivent dans des habitations de fortune ne sont pas suffisamment protégées des aléas climatiques, a-t-elle poursuivi.  Elle a aussi relevé que le manque d’accessibilité entrave la capacité des personnes âgées à vivre indépendamment, ce qui aggrave l’exclusion sociale et la marginalisation, notamment des personnes âgées handicapées ou à mobilité réduite. 

Mme Mahler a ensuite répertorié plusieurs solutions, appelant dans un premier temps à améliorer l’accessibilité financière pour l’adaptation des logements afin de permettre aux personnes âgées de demeurer autonomes.  Elle a aussi parlé des logements intergénérationnels, avant d’appeler les États à promouvoir des communautés inclusives et adaptées aux personnes âgées et à fournir des services de soutien permettant à ces dernières de rester chez elles. 

L’experte indépendante a également exhorté les États à combattre l’âgisme, y compris dans les lois relatives au logement, et à adopter des lois garantissant une prise de décision assistée.  De même, elle a insisté sur l’importance de fournir un financement adéquat pour garantir la disponibilité d’un soutien et de services à domicile adaptés, à établir des mécanismes de recours efficaces et à garantir l’accès à la justice pour les personnes âgées.

Les États doivent aussi prendre des mesures appropriées pour mettre un terme à l’institutionnalisation des soins et investir dans des infrastructures et des services de soins accessibles, abordables, intégrés et de qualité.  Des mesures appropriées doivent également être prises pour améliorer l’abordabilité du logement, a ajouté l’experte indépendante, avant d’appuyer l’adoption d’un instrument international juridiquement contraignant sur les droits humains des personnes âgées.

Dialogue interactif

Suite à cet exposé, Israël a demandé à l’experte indépendante de lui livrer ses opinions au sujet de l’aménagement adéquat des logements des personnes âgées, en comparaison aux centres de vie assistée, tandis que le Portugal s’est intéressé aux mesures de lutte contre la pauvreté des seniors.  Préoccupée par les lacunes du cadre normatif international actuel relatif aux droits des personnes âgées, la délégation portugaise a aussi appelé à l’ouverture des négociations au sein des Nations Unies sur un instrument international juridiquement contraignant.  L’Argentine a, pour sa part, voulu savoir dans quelle mesure un tel instrument permettrait de s’acheminer vers une protection pleine et entière des droits des seniors dans le monde. 

Le Canada s’est intéressé à l’aspect intersectionnel de l’âge et d’autres discriminations, suivi de l’Ordre souverain de Malte qui a souhaité savoir quelles mesures les Nations Unies pourraient prendre pour encourage à soutenir les personnes âgées par le biais du bénévolat. 

L’Union Européenne a demandé à l’experte indépendante de préciser comment les Nations Unies envisagent de collecter et d’utiliser des données sur le logement, les conditions de vie et les régimes de protection sociale afin qu’elles profitent au vaste groupe des personnes âgées.  La délégation a également souhaité en savoir plus ce que font les Nations Unies pour intégrer les préoccupations liées au vieillissement et à la vieillesse dans les politiques de logement, notamment dans la mise en œuvre du Nouveau Programme pour les villes. 

Comment aborder au mieux la question complexe de l’âgisme et de l’inégalité entre les sexes pour réaliser le droit à un logement adéquat pour les femmes âgées, a demandé la Slovénie.  Prenant à son tour la parole, le représentant de la Slovaquie s’est enorgueilli d’avoir réservé une enveloppe de 750 millions d’euros pour aider les seniors, le plus grand montant décaissé dans son pays pour aider ces personnes.  De son côté, la Fédération de Russie s’est félicitée d’une politique lui permettant d’améliorer le niveau de vie des personnes âgées en leur accordant des subventions pour les aider à payer leur loyer, et en portant une attention particulière aux anciens combattants. 

Les États-Unis ont demandé à l’experte indépendante comment remédier au sans-abrisme et protéger les personnes âgées contre les expulsions forcées.  La délégation a également voulu savoir comment un instrument contraignant sur les droits des personnes âgées permettrait de combler les lacunes de protection recensées des personnes âgées en complément des lois nationales. 

L’Inde a demandé à l’experte indépendante si elle pensait nécessaire d’asseoir le rôle de la famille pour lutter contre le sans-abrisme des personnes âgées.  Évoquant les logements partagés soutenus par l’État, le Mexique a souhaité connaître les meilleurs critères pour en sélectionner les résidents, de manière à éviter les formes de discrimination multiples et intersectionnelles.

Réagissant à ces commentaires, l’experte indépendante chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits de l’homme a vivement encouragé les États à inclure les femmes âgées dans leurs programmes, notant que ces dernières ont souvent besoin de soutien pour pouvoir rester dans leur maison.  Elle a également déploré le « cloisonnement » des lois sur les personnes handicapées et les personnes âgées.  Notant que les personnes âgées sont parmi les premières à quitter leur pays dans le contexte d’un conflit, elle a estimé qu’il convient alors de leur trouver un logement convenable, de même qu’à celles qui souhaitent rester dans leur pays.

L’experte indépendante a ensuite expliqué que l’adoption d’un instrument international juridiquement contraignant sur les droits humains des personnes âgées permettrait de les considérer comme porteuses de droit.  Les différentes agences des Nations Unies pourraient ainsi établir de nouvelles priorités et inclure davantage les personnes âgées, a-t-elle ajouté.

Une participation significative des personnes âgées est un levier que nous devons utiliser davantage, a estimé l’experte indépendante qui a constaté que les personnes âgées ne sont pas impliquées dans les discussions qui portent sur le logement, ni sur celles concernant les solutions numériques.  Les personnes âgées ont-elles d’ailleurs les moyens d’accéder aux technologies numériques qui les aideraient?  Préoccupée par le problème de la violence, elle a aussi appelé à la mise en place de mécanismes de contrôle facilement accessibles qui permettraient aux victimes de la dénoncer, puis de recevoir une aide. 

Débat général

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a estimé que les débats de la Commission devraient se focaliser sur des stratégies basées sur l’action afin de réaliser les ODD.  Saluant le fait que le rapport du Secrétaire général appelle à préserver les dépenses sociales, il a constaté que les progrès réalisés ces dernières années ont été balayés par les incidences des changements climatiques et de la pandémie de COVID-19 qui ont exacerbé les inégalités.  Il a également observé que l’augmentation des prix de l’alimentation et de l’énergie ont fait bondir la pauvreté, ce qui exige de prendre des mesures urgentes et efficaces pour venir en aide aux plus vulnérables.  Face au risque d’effondrement de la cohésion sociale qu’implique ces crises imbriquées, il importe selon lui d’investir dans une croissance durable et inclusive afin de consolider le bien-être de tous.  Pour ce faire, il est primordial de venir en aide aux pays en développement, qui ont besoin d’un appui de 4 500 milliards de dollars pour se relever et espérer atteindre les ODD dans les délais prévus par le Programme 2030. 

Appelant dans ce cadre à une augmentation substantielle de l’aide publique au développement (APD) et à une redistribution des droits de tirage spéciaux (DTS), le représentant a également plaidé pour plus d’égalité vaccinale et pour la mise en place de systèmes d’alerte précoce au niveau national et international.  Il s’est ensuite déclaré inquiet du peu de progrès enregistrés, en raison notamment de la volatilité des marchés mondiaux, de la hausse du chômage, des menaces sanitaires, de la montée de la corruption et des défis climatiques, estimant que l’aide au développement et la coopération Nord-Sud demeure essentielle pour y faire face.  Selon lui, les partenaires de développement se doivent de soutenir les pays en développement dans leurs programmes de développement, la coopération Sud-Sud ne pouvant se substituer à la coopération Nord-Sud.  Par ailleurs, le délégué a souhaité que l’accent soit mis sur l’importance des politiques familiales, le soutien à apporter aux séniors et l’élargissement des protection et des droits des personnes handicapées.  À ses yeux, le handicap doit être davantage incorporé dans les politiques de développement social.  Il a ajouté que son groupe soumettra, sous ce point à l’ordre du jour, trois projets de résolution lors de cette session. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a signalé que, sur son continent, la pandémie de COVID-19 a annulé les gains de développement durement acquis, tels que la réduction de la pauvreté, et exacerbé les inégalités.  Elle s’est dite préoccupée par la fragilité des systèmes alimentaires africains et par d’autres chocs tels que les changements climatiques et les infestations de criquets pèlerins et de vers légionnaires d’automne, lesquels ont entraîné une augmentation de la faim et de la malnutrition en Afrique.  Face à ces fléaux, a-t-elle indiqué, les dirigeants de l’Union africaine se sont engagés à donner la priorité à la nutrition à travers la mise en œuvre de la Déclaration de Malabo sur la croissance et la transformation accélérées de l’agriculture en Afrique pour une prospérité partagée et de meilleures conditions de vie, ainsi que la Stratégie régionale africaine pour la nutrition 2015-2025.  Soulignant l’importance de l’égalité d’accès aux services et infrastructures de base, elle a appelé toutes les institutions de financement du développement à travailler avec la Banque africaine de développement, en particulier, dans le financement d’infrastructures de soins de santé de qualité sur le continent.     

La représentante s’est par ailleurs félicitée du partenariat entre la Banque africaine de développement et le Global Center for Adaptation, dans le cadre du programme africain qui vise à mobiliser 25 milliards de dollars pour mettre en œuvre l’initiative africaine d’accélération de l’adaptation et demande aux pays développés de respecter leur engagement de verser à ce titre 100 milliards de dollars par an.  Elle a également appelé à l’application effective du Programme d’action d’Addis-Abeba, réaffirmant que la réalisation de tous les engagements d’aide publique au développement (APD) demeure cruciale.  À ses yeux, il est également essentiel de garantir l’accès aux marchés pour les produits africains et le transfert de technologies au continent, selon les principes d’équité et de responsabilités communes mais différenciés et des capacités respectives.  Enfin, elle a réitéré l’engagement du Groupe dans la mise en œuvre de la Déclaration de Copenhague, conformément au Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à l’Agenda 2063 de l’Union africaine. 

Mme GULLESTRUP CHRISTENSEN, déléguée de la jeunesse de l’Union européenne (UE), a dénoncé les répercussions de la guerre d’agression menée par la Russie en Ukraine sur l’économie, la sécurité alimentaire et le système énergétique dans le monde entier.  Elle a rappelé les initiatives de l’UE sur les questions alimentaires, tout en affirmant qu’il fallait faire plus, notant que près d’une personne sur trois dans le monde n’avait pas accès à une alimentation suffisante. 

La déléguée s’est félicitée du plan REPowerEU qui réduira rapidement la dépendance à l’égard des combustibles fossiles russes en accélérant la transition énergétique, notant qu’il était nécessaire d’éliminer progressivement tous les combustibles fossiles et développer les énergies renouvelables dans le monde entier.  Pour ce faire, elle a appelé à développer l’enseignement professionnel, notamment dans les pays du Sud, pour permettre à leurs habitants de développer eux-mêmes des solutions vertes et efficaces sur le plan énergétique. 

Mme KARNELUTTI, déléguée de la jeunesse de l’Union européenne (UE), a ensuite rappelé que la nouvelle initiative de l’UE sur l’agenda numérique et l’éducation contribuerait à un accès inclusif et égal aux nouvelles technologies.  Elle a déploré l’augmentation inquiétante des violences faites aux femmes de la part des autorités étatiques, condamnant le contrôle de l’État sur le droit de choisir sa façon de se vêtir ou sur l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive. 

M. DANG HOANG GIANG (Viet Nam), s’exprimant au nom de de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a affirmé que des « défis formidables et interdépendants » entravaient les efforts de redressement après la pandémie de COVID-19 et risquaient d’annuler les gains durement acquis depuis de nombreuses années en matière de développement social.  Il a constaté que les crises alimentaires et énergétiques, les catastrophes naturelles, l’inflation, la dette et les inégalités avaient mis la vie des personnes vivant dans les pays en développement et des groupes vulnérables sous « une pression sans précédent ».  Le monde ne semble ne pas être sur la bonne voie pour atteindre les objectifs de développement durable d’ici à 2030. 

M. Dang a affirmé que l’ASEAN était fermement résolue à faire progresser le programme de développement social, conformément à son ECO Vision 2025, aux déclarations de concorde I et II et au plan d’action de Hanoï, grâce à des « lignes directrices » qui concernent notamment la protection sociale, le travail social, les questions de genre, l’autonomisation des personnes âgées, les droits des personnes handicapées, l’élimination du travail des enfants et de la violence à l’égard des femmes.  Il s’est félicité des résultats de la réunion ministérielle de l’ASEAN sur la protection sociale et le développement qui s’est tenue en juin 2020 et a permis de renforcer la coopération interagences et intersectorielle aux niveaux national et régional pour mettre en œuvre des programmes intégrés de rétablissement postpandémie. 

M. JUAN JOSÉ PORTORREAL BRANDAO (République dominicaine) qui s’exprimait au nom du Système d’intégration d’Amérique centrale (SICA) a fait part de l’engagement de la SICA à mettre en œuvre des actions positives visant à prendre en charge les groupes de population les plus vulnérables, principalement les populations d’ascendance africaine, les peuples autochtones, les personnes handicapées, les personnes âgées, les migrants, les femmes, les enfants et les jeunes.  À cet égard, nous avons réitéré aux institutions régionales du SICA la demande d’incorporer, dans leurs instruments de planification et leurs programmes de travail, des actions visant une plus grande participation de ces secteurs de la société, conformément à l’aspiration à être une région plus inclusive, a-t-il indiqué.

L’intégration sociale est donc l’un des cinq piliers du SICA qui est fermement déterminé à promouvoir une croissance économique inclusive, le progrès social et le développement durable par la conception et la mise en œuvre de plans, de politiques et de programmes nationaux visant la jouissance et l’exercice universels de tous les droits humains, civils, politiques, économiques, sociaux, culturels et environnementaux.  Dans cette optique, a-t-il fait savoir, les pays membres du SICA ont adopté le plan de politique sociale 2020-2040 qui vise notamment à réduire les écarts structurels qui creusent les inégalités dans et entre les pays de la région, grâce à des politiques de garantie de revenus pour les populations les plus vulnérables.  L’objectif est également de faciliter l’accès aux droits à l’alimentation, la santé et l’éducation. 

M. STAN ODUMA SMITH (Bahamas), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a réaffirmé son engagement à atteindre les buts et objectifs définis dans la Déclaration et Programme d’action de Copenhague.  Des engagements qu’il a jugé pertinents aujourd’hui, en cette période de redressement postpandémie, en particulier l’éradication de la pauvreté, la réduction des inégalités, la promotion du plein emploi productif et la promotion de l’inclusion sociale.  Citant le rapport du Secrétaire général, le délégué a relevé que les progrès réguliers de ces dernières décennies ont été stoppés ou inversés en raison des impacts multiples et étendus des conflits, des changements climatiques et de la pandémie de COVID-19, qui ont également exacerbé les inégalités.  La hausse des prix des denrées alimentaires et des carburants et le ralentissement de la croissance économique aggravent la pauvreté et pourraient avoir des effets dévastateurs sur une grande partie de la population mondiale, s’inquiète ainsi la CARICOM.

Ces réalités ne sont pas très éloignées de celles de nos petits États insulaires en développement (PEID), qui sont déjà vulnérables aux catastrophes naturelles et aux chocs extérieurs, a poursuivi le délégué.  Dans ce contexte, il a souligné les immenses défis auxquels continuent d’être confrontés ces pays en raison des effets des changements climatiques et de la dégradation de l’environnement.  En ce moment même, a-t-il alerté, « notre région connaît une saison active d’ouragans, dont les effets sont encore inconnus », déplorant que les ravages causés par ces catastrophes naturelles continuent de contrarier le développement des pays de la CARICOM.  Pour finir, le délégué a rappelé que la coopération internationale joue un rôle essentiel dans l’aide aux pays en développement, notamment pour renforcer leurs capacités humaines, institutionnelles et technologiques, tout en contribuant à la réduction des inégalités.  Personne ne doit être laissé pour compte alors même que nous réorientons nos ressources limitées « pour mieux reconstruire », a-t-il conclu.

M. STEPAN Y. KUZMENKOV (Fédération de Russie) a jugé crucial que les États Membres répondent aux questions sociales, notamment pour lutter contre la pauvreté et permettre à chacun de bénéficier d’un emploi décent.  Pour assurer le relèvement post-COVID-19, il a estimé qu’il est nécessaire de travailler à des mesures concrètes, conformément à la Déclaration de Copenhague.  Dans cette optique, le rôle de « premier violon » doit échoir à la Commission du développement social, a-t-il souligné, se disant opposé à toutes les mesures visant à mettre un terme aux activités de cette instance.  Selon lui, les préparatifs du prochain Sommet social des Nations Unies doivent être pris en charge par cette Commission.  Le représentant a ensuite indiqué que, sur le plan national, le Gouvernement russe intensifie ses efforts pour fournir un soutien social en ligne à la population, en particulier pour les pensions de retraite, les prestations handicap, l’appui technique et le contrôle médico-social.  L’importance accordée aux personnes handicapées est reflétée par le programme national d’élimination des barrières destiné à permettre la participation pleine et égale de ces personnes à la société.  Une autre priorité du Gouvernement russe est « la promotion et la protection des valeurs familiales traditionnelles », a-t-il ajouté, assurant que cette politique se retrouve aussi dans l’action humanitaire de la Russie.  À cet égard, le délégué a condamné les sanctions illégales imposées par certains pays occidentaux dans des domaines qui empêchent des États souverains d’accéder aux produits de première nécessité sans lesquels il n’est pas possible d’assurer le développement durable.  Il s’est également indigné des mesures visant à « détruire la culture et la langue russes », qui vont à l’encontre des principes de la Charte des Nations Unies.  Enfin, tout en se disant « ravi » de la participation de jeunes délégués de pays occidentaux au débat général de la Troisième Commission, il a regretté que ces derniers lisent des textes « écrits par des adultes » et qu’on ne les ait pas avertis que la communauté internationale devait s’attaquer à des « questions sérieuses ». 

Mme WAGNER (Suisse) a averti que l’accumulation actuelle de crises représente un défi colossal pour les politiques de développement social.  Pour y faire face, les États Membres doivent, selon elle, collaborer afin que les populations puissent s’alimenter et ne pas tomber dans l’extrême pauvreté.  Soulignant le rôle essentiel joué dans ce cadre par l’ONU et ses différentes entités, elle a estimé que la Commission du développement social de l’ECOSOC représente un lieu d’échange essentiel d’où peuvent émerger les voix de la société civile.  Alors que l’augmentation des prix alimentaires et de l’énergie s’ajoute aux autres chocs existants, la représentante a souligné l’importance de développer les politiques sociales dans les contextes de crises.  Selon elle, des solutions doivent être trouvées urgemment pour remédier à la distribution inégale des ressources entre les nations et transformer les systèmes alimentaires mondiaux pour les rendre plus durables.  La Suisse s’y attèle, de même qu’elle continue de soutenir l’initiative de l’Organisation internationale du Travail (OIT) en faveur d’un socle minimum de protection sociale, a ajouté la représentante, avant de céder la parole à Mme HUTTERLI, déléguée de la jeunesse suisse.  Cette dernière a souligné les impacts de la pandémie de COVID-19 sur les jeunes, en particulier, dans leur transition vers le marché de l’emploi.  Relevant que le taux de chômage des jeunes est plus élevé que celui des adultes, elle a signalé que beaucoup de jeunes en viennent à abandonner leurs recherches d’emploi, ce qui constitue une perte de capital humain et de capital financier.  Elle a également rappelé que la jeunesse du monde est confrontée à un avenir incertain en raison des changements climatiques.  Malgré ces défis, a-t-elle conclu, les jeunes sont prêts à assumer leurs responsabilités pour contribuer à la paix, à la lutte contre le dérèglement climatique et au développement durable. 

M. ABDULAZIZ M. ALWASIL (Arabie saoudite) s’est inquiété des crises multiples qui viennent s’ajouter à celle de la pandémie de COVID-19 et affectent négativement le développement des sociétés partout dans le monde.  Il a détaillé les mesures à caractère social prises par l’Arabie saoudite dans le cadre de sa Vision 2030, en accord avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030, évoquant notamment la création d’une institution dédiée à la prise en charge des personnes handicapées, et des efforts en vue d’offrir une éducation de qualité pour tous.  À ce sujet, le délégué a rappelé que son pays avait contribué aux solutions globales pour l’éducation en période de pandémie avec le lancement de la plateforme en ligne « madrasati » (mon école) et en mettant le sujet au centre des débats lors de sa présidence du G20. 

« En tant que petit pays aux ressources naturelles limitées, Singapour a toujours considéré son peuple comme son principal atout » a affirmé M. NICHOLAS TOH (Singapour), ajoutant que la Cité-État s’était engagée à construire une société inclusive pour les personnes handicapées, conformément à la Convention relative aux droits des personnes handicapées, au Programme 2030 pour le développement durable, à la stratégie régionale d’Incheon et à la Déclaration et le Plan d’action de Pékin.  Il a expliqué que son pays avait élaboré des plans directeurs d’habilitation dotés d’indicateurs pour le Gouvernement, le secteur privé, les organisations de la société civile et les particuliers afin de construire une société plus inclusive. 

M. Toh a mis l’accent sur la réalisation des objectifs de développement durable, notamment l’Objectif 4 sur l’éducation de qualité, l’Objectif 10 sur la réduction des inégalités et l’Objectif 11 sur les villes et communautés durables.  Il a mentionné « des investissements massifs » dans les services d’intervention précoce en milieu scolaire, un système de compensations salariales pour l’embauche de personnes handicapées et une accessibilité à la quasi-totalité du système de transport public.  Notant qu’il restait encore beaucoup de progrès à faire, le représentant a évoqué des efforts à venir dans les domaines de la formation, de la lutte contre la discrimination, de l’indépendance des personnes handicapées, et pour faire évoluer les mentalités. 

Mme MIRIAM EGGER, déléguée de la jeunesse de l’Autriche, a invité les participants de la Commission à porter comme elle, des lunettes, pour voir clairement le monde.  Car, a-t-elle ironisé, avec une vision floue, la moitié de la population mondiale, à savoir les jeunes de moins de 30 ans, ainsi que ses besoins et ses potentiels, ne sont pas visibles.  Elle a salué la Stratégie des Nations Unies pour la jeunesse ainsi que l’adoption récente d’une résolution portant création d’un Bureau des Nations Unies pour la jeunesse, tout en appelant à faire davantage.  Les jeunes en ont assez d’être utilisés pour des séances photos et sont prêts à faire partie de la solution, at-elle insisté, appelant à investir dans les jeunes, libérer leur potentiel et renforcer leur participation.

M. DAI BING (Chine) a constaté qu’eu égard aux conflits, à la pandémie, et aux crises énergétique et alimentaire, il est difficile pour l’économie mondiale de se relever et atteindre les ODD dans les temps impartis.  C’est pourquoi, il a appelé à placer au premier plan la solidarité et la coopération, ainsi que le multilatéralisme qui, a-t-il souligné, doit être le socle de l’ordre international.  « Nous devons faire preuve d’entraide et nous aider les uns les autres », a-t-il insisté, exhortant les pays développés à s’acquitter de leurs responsabilités envers les pays en développement sans ressources.  Dans le même temps, ces derniers doivent explorer leur propre voie de développement, une approche que la communauté internationale doit respecter, a estimé le délégué, qui a souligné qu’aucun pays ne doit imposer de règles injustes aux autres.  Il a ensuite plaidé pour une amélioration des mécanismes de gouvernance et la promotion d’une coopération pragmatique et de partenariat.  Après avoir appuyé la tenue d’un sommet mondial pour le développement social tel que proposé par le Secrétaire général, il s’est enorgueilli qu’après 40 ans de réforme, la Chine a atteint son objectif de réduction de la pauvreté et cela 10 ans avant la date butoir. 

M. ANTONIO MANUEL REVILLA LAGDAMEO (Philippines) a affirmé que les droits et le bien-être des personnes étaient au cœur du plan de développement de son pays « AmBisyon Natin 2040 » ainsi que du plan 2017-2022.  Il s’est félicité des progrès réalisés dans les domaines de l’amélioration du tissu social, de la réduction des inégalités et de l’augmentation du potentiel de croissance.  Notant que la pandémie de COVID-19 avait menacé de réduire à néant des années de progrès laborieux, il a affirmé que le plan avait été actualisé en 2021 pour prendre en compte les nouveaux défis imposés par la pandémie.  Le programme de transfert de liquidités lancé en 2008 a permis de réduire les vulnérabilités des enfants nés dans les familles pauvres et un million de foyers ont pu aujourd’hui en sortir.  Le délégué a informé que les Philippines et la Tanzanie présenteront la résolution intitulée « développement inclusif par et pour les personnes handicapées » et invité tous les États Membres à la soutenir. 

Mme NJAMBI KINYUNGU (Kenya) a indiqué que le plan national Vision 2030, en accord avec le Programme 2030, reposait sur des progrès dans les domaines de la protection sociale, l’éducation, la santé, le logement, la sécurité alimentaire, le travail, l’inclusion financière ainsi que la science, la technologie et l’innovation.  Elle a insisté sur le besoin d’inclure les segments les plus vulnérables de la population, notamment les personnes vivant dans la pauvreté, les femmes, les enfants, les jeunes, les personnes âgées, les personnes handicapées et les personnes vivant avec le VIH/sida.  Les programmes nationaux de transfert d’espèces, de lutte contre la faim et de lutte contre la pauvreté des personnes âgés sont cruciaux dans ce contexte.  La déléguée a aussi mis en avant des fonds d’entreprenariat pour les femmes, pour la jeunesse et pour la capitalisation des petites et moyennes entreprises.  Elle a souligné que le pays s’appuyait sur les nouvelles technologies, notamment pour la formation et pour l’inclusion financière via les transferts d’argent par téléphone mobile.  Un quota de personnes vulnérables dans les postes à responsabilité a aussi été mis en place, a-t-elle ajouté.

Mme MANAL MOUSSANE, représentante de la jeunesse des Pays-Bas, a dit avoir consacré à ces deux dernières années presque tout son temps libre, son énergie et même ses économies, à représenter une grande partie de la jeunesse des Pays-Bas.  Elle a voulu raconter l’histoire de trois de ses jeunes compatriotes, Leyla, Nick et Inez, et leur combat quotidien pour faire valoir leurs droits.  À 26 ans, Leyla, jeune médecin, se bat pour trouver un service hospitalier qui offre les mêmes opportunités à tous les sexes.  Son combat lui a appris ainsi qu’à tous ceux qu’elle représente, que nos systèmes d’éducation et de santé permettent encore les préjugés et la discrimination.  Nick, 15 ans, a attendu près d’un an avant d’avoir accès à des soins de santé mentale.  Aujourd’hui, il est privé d’éducation.  Son chemin de croix lui a enseigné qu’une approche systémique de la crise de la santé mentale à laquelle sa génération est confrontée fait défaut.  Enfin, Inez, 16 ans, victime de harcèlement sexuel en ligne, lui a appris que « nous n’avons pas suffisamment préparé ni fourni aux générations actuelles les bons outils » pour faire face aux aspects négatifs d’Internet et des médias sociaux.  Leyla, Nick et Inez sont des exemples de jeunes qui ont mis la lumière sur les lacunes dans nos divers systèmes.  La coopération intergénérationnelle, le partage des expériences et des connaissances représentent la voie à suivre, a-t-elle conclu.

Mme PEREIRA PORTILLA (Colombie) a estimé que les conflits et les changements climatiques sont deux des facteurs qui ont le plus d’impact sur la pauvreté et le ralentissement de la mise en œuvre des engagements mondiaux en matière de développement social.  Elle a appelé à mettre en œuvre des politiques ciblées pour répondre aux besoins spécifiques des communautés et des groupes défavorisés les plus touchés par la pandémie de COVID-19.  Dans le cadre d’une relance durable, les femmes, les enfants, les jeunes, les personnes âgées, les personnes handicapées, les communautés rurales et les populations autochtones doivent être au cœur des efforts déployés pour vaincre l’extrême pauvreté, en ne laissant personne de côté, a-t-elle insisté. 

La représentante a également appelé à établir des stratégies pour combattre la discrimination intersectionnelle, notant que la jouissance effective des droits peut être affectée en raison de la race, du sexe, du handicap et de l’ethnicité, entre autres.  Elle a aussi encouragé la mise en place de modèles de soins pour les populations les plus vulnérables, notamment les personnes âgées et les jeunes.  C’est dans cet esprit, que la Colombie a récemment signé l’instrument d’adhésion à la Convention interaméricaine sur la protection des droits de l’homme des personnes âgées, a-t-elle fait savoir.  De même, la déléguée a estimé important de proposer des programmes d’alphabétisation et des services éducatifs véritablement inclusifs dans les langues autochtones et de mettre l’accent sur les connaissances locales et autochtones des territoires dans lesquels ils sont proposés, afin de contribuer à la préservation de l’identité linguistique et culturelle

Mme NEKWAYA HELALIA NALITYE IILEKA (Namibie)a salué la création d’un bureau des Nations Unies consacré à la jeunesse, ainsi que la perspective du Sommet du futur en 2023.  La Namibie entend en effet devenir une nation prospère et industrialisée d’ici à 2030, s’est-elle expliquée.  Une grande partie de son budget national est ainsi consacrée à l’éducation.  La Namibie s’engage en outre à garantir l’accès à des technologies numériques inclusives.  Depuis 1990, la proportion de Namibiens vivant sous le seuil de pauvreté national a été réduite de moitié.  Mais, a indiqué la déléguée, la Namibie est classée parmi les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, et son PIB masque de profondes disparités de revenus entre les riches blancs et les pauvres noirs, ainsi que la question de la dette.  « Notre maison est en feu », s’est par ailleurs émue la déléguée, évoquant les changements climatiques qui nuisent aux récoltes et aggravent la dépendance vis-à-vis des importations alimentaires.  Parmi les leçons à tirer de la pandémie de COVID-19, il y a celle de l’urgence climatique.  Une transition énergétique juste implique toutefois pour les nations en développement d’accéder durablement aux ressources naturelles dont elles disposent, a conclu la déléguée.

Mme ALVARADO (Mexique) a jugé que les effets de la pandémie de COVID-19 sont encore présents, et déploré l’impact des crises économique, sociale et climatique sur les populations les plus vulnérables.  Elle a fait savoir que le Mexique renforce la protection sociale par la mise en œuvre de programmes qui contribuent à lutter contre les inégalités et accorde une attention particulière à la protection des jeunes, notant que l’analphabétisme touche 4,7% de la population âgée de 15 ans et plus en 2020.  En 2050, 16,8% de la population mexicaine aura plus de 60 ans, or cette tranche est défavorisée vis-à vis du reste de la population, a regretté la déléguée.  C’est pourquoi le gouvernement fournit une aide directe aux personnes âgées, notamment handicapées.  Elle a estimé que la famille est l’institution de sécurité sociale la plus importante, avant de souligner que le développement social est non seulement indispensable au bien individuel et sociétal, mais aussi au fonctionnement du multilatéralisme.

M. ASHISH SHARMA (Inde) a constaté que, dans un monde globalisé, les pays subissent tous les effets des crises de régions éloignées, comme l’attestent la flambée des prix et la pénurie de céréales alimentaires, d’engrais et de carburant. Pour y répondre, nous devons collectivement reconstruire en mieux et soutenir le progrès socioéconomique, a-t-il plaidé, affirmant que son pays croit en l’harmonie des biens nationaux et mondiaux.  À cet égard, il s’est dit fier des progrès réalisés par l’Inde dans la mise en œuvre des ODD, avant de préciser que 331 et 233 millions de personnes supplémentaires ont respectivement accès à un assainissement amélioré et à du combustible de cuisson propre.  De plus, la couverture électrique est passée de 88% à 97%, bénéficiant à 183 millions de personnes de plus, tandis que les programmes de couverture santé concernent à présent plus de 500 millions de personnes.  Autres succès signalés par le représentant: la vaccination des enfants de moins de deux ans a progressé de 23%, les naissances dans un centre médical ont augmenté de 10% et le taux de mortalité infantile a diminué de 14%.  Le délégué a d’autre part indiqué que le programme de développement social de l'Inde se concentre en grande partie sur le déploiement des technologies numériques pour améliorer la prestation des services gouvernementaux.  Le système d’identification biométrique « Aadhaar » couvre désormais plus de 95% de la population indienne, facilitant l’accès aux services de protection sociale, s’est-il enorgueilli, ajoutant que plus de 460 millions de personnes, dont plus de 55% de femmes, qui n’avaient pas de compte bancaire auparavant en disposent d’un aujourd'hui, ce qui a permis de transférer des prestations à 200 millions de femmes pendant la pandémie de COVID-19.  L’Inde met également en œuvre « le plus grand programme de logements abordables au monde pour les pauvres » et fournit des rations sèches gratuites à 800 millions de personnes, a-t-il poursuivi, non sans mentionner les efforts de son gouvernement pour sécuriser les moyens de subsistance dans les zones rurales et fournir de l’eau du robinet à chaque ménage rural d’ici 2024.  Enfin, après avoir vanté la politique éducative de son pays et le dynamisme de l’écosystème indien de start-ups, il a indiqué que l’Inde renforce ses partenariats de développement avec d’autres pays en développement par le biais de la coopération Sud-Sud, notamment via le Fonds de partenariat Inde-ONU pour le développement.

Mme FADLON, déléguée de la jeunesse d’Israël, a estimé qu’il n’est pas possible de promouvoir le développement social sans aborder l’action urgente sur le front climatique.  Elle a expliqué qu’en partenariat avec le Ministère israélien des affaires étrangères et l’Université hébraïque de Jérusalem, elle a coorganisé un hackathon axé sur la durabilité, qui a inspiré plus de 300 étudiants dans la recherche de solutions pour lutter contre les changements climatiques et atteindre les ODD.  En outre, a-t-elle noté, Israël a nommé un envoyé spécial pour les changements climatiques et promeut des solutions multilatérales pour faire face à ce phénomène mondial. La déléguée de la jeunesse a ensuite indiqué que son pays mène une politique active en matière de développement social.  Pas moins de 427 organisations se consacrent spécifiquement à l’aide aux personnes handicapées, qui représentent environ 20% de la population d’Israël.  Le Gouvernement israélien a par ailleurs lancé un plan national qui investit plus de 30 millions de dollars dans le logement, la santé mentale et la promotion de l’emploi pour les personnes âgées.  Soucieux d’assurer un développement social constant, Israël investit aussi dans une éducation de qualité en mettant l’accent sur l’éducation à la démocratie, a précisé la déléguée, ajoutant que les cours des écoles des minorités religieuses et ethniques israéliennes sont dispensées dans lalangue maternelle des élèves et entièrement financées par l’État.  De plus, Israël s’engage à atteindre l’ODD4 à l’échelle mondiale, à l’image d’organisations de la société civile israélienne telles que « GoEco », qui permettent à des milliers de volontaires de voyager à travers le monde pour aider à promouvoir les compétences dans les pays défavorisés.

La famille est l’unité de base de la société, a fait valoir Mme NELLY BANAKEN ELEL BANAKEN (Cameroun), selon laquelle les enfants ont besoin d’un père et d’une mère pour leur développement affectif et psychosocial.  Alors que la famille fait face à de nombreux défis existants, la pandémie de COVID-19 et le développement sans précédent des technologies de l’information et des communications (TIC) en ajoutent de nouveaux, a-t-elle constaté, avant de dénoncer les contenus dangereux ou inappropriés, l’exploitation en ligne, y compris la cyberpornographie, le ciblage des enfants en tant que consommateurs, l’addiction à Internet et aux écrans et les problèmes de santé qui en résultent.  Estimant à cet égard que la famille est la première barrière à la cybercriminalité impliquant les enfants, elle a dit ne pas comprendre les tentatives visant à diluer le rôle des parents face à ces menaces au nom de « l’inexistant droit à la vie privée des enfants ».  La représentante a indiqué que le dispositif législatif de son pays protège à la fois la famille comme institution et les membres de la famille à titre individuel.  Pour assurer le développement social, le Cameroun tire avantage du potentiel combiné de la famille et des TIC pour lutter contre la pauvreté, promouvoir l’insertion socioéconomique et créer des emplois, a-t-elle énoncé, faisant également état du recours aux outils numériques pour l’éducation à la parenté responsable et pour le renforcement des capacités numériques des parents en vue d’une utilisation saine des médias par leurs enfants.  Pour la déléguée, la préparation du trentième anniversaire de l’année internationale de la famille en 2024 doit être « l’occasion de renforcer la protection de la famille traditionnelle par des politiques qui favorisent le renouvellement des générations et réaffirment l’autorité des parents sur leurs enfants mineurs ».

Mme FLOR KRISTEN FLORES TELLO (Panama) a affirmé que le développement social était un pilier des politiques de son pays qui a mis en place de nombreux programmes dans ce sens, notamment la stratégie nationale du Plan Colmena. Cette politique d’État vise à lutter contre la pauvreté et a permis à 114 projets communautaires de voir le jour ces trois dernières années.  Elle s’est aussi félicitée de la mise en place du plan « Panama solidaire », un programme de transfert de fonds qui a permis d’éviter que la famine ne s’empare du pays suite à la pandémie de COVID-19.  Le Programme pour la jeunesse à l’horizon 2027 a permis de réaliser un sondage auprès de 2 800 jeunes avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  La représentante a ajouté que le pays travaillait aussi sur l’inclusion des personnes handicapées et visait à atteindre les objectifs de la Convention internationale dédiée à cette question même si le chemin était encore long.  Elle s’est félicitée de la mise en place du Programme « bouge-toi pour le Panama » qui avait permis d’alphabétiser 79 000 personnes.

M. HUNG LY, délégué jeunesse de la Finlande, a expliqué que ses parents étaient des « boat people » vietnamiens ayant trouvé l’asile en Finlande.  Le monde, s’est-il inquiété, vit la pire crise de déplacement forcé depuis la seconde guerre mondiale avec 89 millions de personnes touchées dont 27 millions de réfugiés.  Il a regretté le manque de réaction de la communauté internationale et l’augmentation des discours xénophobes et racistes.  Il a dénoncé l’exploitation des jeunes réfugiés et demandeurs d’asile par des réseaux de passeurs et « le manque d’ambition des politiques d’asile dans le monde ».  Selon le jeune homme, des progrès peuvent être réalisés, notamment en raccourcissant les délais de traitement des demandes d’asile.  Rappelant que la Finlande était l’un des 21 pays du monde à accueillir des réfugiés par le biais du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), il a appelé d’autres pays à en faire autant.

M. DAVID GILES, délégué de la jeunesse de l’Irlande, a déploré que la protection du système climatique soit considérée comme étant en conflit avec les ODD.  Il a estimé que le partenariat multilatéral pour atteindre les ODD est plus important que jamais pour créer un monde plus égalitaire, plus stable et plus juste, appelant à œuvrer à l’avènement de sociétés inclusives, dotées des mécanismes et des systèmes nécessaires pour accueillir et célébrer la diversité et permettre à tous de participer activement et utilement à la vie politique, économique et sociale. 

Il a ensuite cédé la parole à Mme JESSICA GILL, déléguée de la jeunesse de l’Irlande, qui a souligné que l’égalité des sexes est une nécessité pour la réalisation des droits humains et du développement social.  L’engagement durable de l’Irlande en faveur de l’autonomisation des femmes et des filles se reflète d’ailleurs dans sa politique nationale et étrangère, a-t-elle fait savoir.

M. CHOLA MILAMBO (Zambie) a informé sur l’état du développement social dans son pays qui a été impacté par les conflits, le climat et la pandémie de COVID-19.  Des maux qui ont aggravé l’appauvrissement de nombreuses personnes, notamment les populations vulnérables telles que les personnes âgées, les personnes handicapées, les femmes, les enfants et les jeunes, augmentant la demande de services sociaux, a-t-il poursuivi.  Il a décrit l’impact négatif de la pandémie sur ces populations, notamment sur leurs moyens de subsistance, en particulier chez les travailleurs peu qualifiés et ceux qui œuvrent dans le secteur du tourisme ou encore dans le vaste secteur informel.  M. Milambo a aussi évoqué l’augmentation notable de la violence sexiste à l’encontre des filles et des femmes.  En réponse à la pandémie, le Gouvernement zambien a mis en place une réponse globale comprenant des transferts d’argent liquide d’urgence ciblant les personnes travaillant dans le secteur informel ainsi que les ménages avec des enfants ayant des besoins spéciaux.  Au cours des deux dernières années, le nombre de personnes ayant besoin de tels transferts a presque doublé.  Il est également important de noter que les besoins spécifiques des personnes handicapées sont pris en charge.  Pour finir, le représentant a indiqué que son gouvernement reconnaît l’importance de l’implication des jeunes à tous les stades du développement et donne donc des moyens aux organisations de jeunesse enregistrées, aux coopératives et aux entrepreneurs par le biais de divers programmes d’autonomisation.

Mme NOEMÍ RUTH ESPINOZA MADRID (Honduras) a déclaré qu’avec une dette multipliée par six au sortir de treize ans de dictature, 74% de la population vivant dans la pauvreté dont une personne sur dix dans l’extrême pauvreté, son pays n’a d’autres choix que de composer avec cette réalité.  C’est la raison pour laquelle le Honduras, « pour devoir survivre », doit rejeter les politiques dites « d’austérité », qui, selon la représentante, renforcent les inégalités et concentre les richesses dans les mains de quelques-uns.  Au contraire, le Honduras veut travailler dans le but de réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, afin de permettre à chacun de vivre dignement.  À cette fin, une loi faisant de l’énergie un bien public a été adoptée, s’est félicitée la représentante. 

M. YUSNIER ROMERO PUENTES (Cuba) a estimé que la communauté internationale doit coopérer davantage, notamment pour assurer le transfert des biens et de technologies en direction des pays du Sud.  Si l’on ne redistribue pas bien les ressources « l’on n’y arrivera pas », a-t-il averti.  Le représentant a plaidé pour que soit portée une attention accrue à la question du vieillissement, en faisant notamment allusion au Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement.  À Cuba, d’ici à 2050, plus d’un tiers de la population cubaine aura plus de 60 ans, a-t-il informé. 

Mgr GABRIELE CACCIA (Saint-Siège) a fait observer qu’à bien des égards, la dimension sociale du développement est la plus simple à reconnaître et la plus difficile à réaliser.  Mais, elle est au cœur de ce qui est requis pour le développement intégral centré sur la personne, a-t-il fait valoir, jugeant essentiel d’assurer le développement humain intégral de chaque homme, femme et enfant, à tous les âges et à toutes les étapes de la vie.  Il a toutefois affirmé que cette approche holistique du développement social ne peut se faire sans des mesures appropriées pour éradiquer la pauvreté, notamment une meilleure éducation, une meilleure formation professionnelle et de meilleures opportunités couplées à des expériences culturelles les plus enrichissantes.  Alors que beaucoup trop de personnes sont confrontées à la faim et que leur situation, déjà aggravée par la pandémie de COVID-19, est encore exacerbée par les conflits, le chômage, l’inflation et la montée de l’insécurité alimentaire, nous devons travailler pour atténuer les effets multidimensionnels de la pauvreté, y compris grâce à des systèmes de protection sociale solides, et pour briser les cycles qui ont rendu des générations démunies. 

Plaidant pour des programmes de protection sociale adaptés aux communautés locales, il a jugé important de rappeler que la famille est « l’élément naturel et fondamental » de la société et a droit à la protection de la société et de l’État.  La famille offre en effet le meilleur environnement pour le développement des enfants et est souvent le premier et unique soutien des personnes en situation de vulnérabilité, notamment les personnes handicapées et les seniors, a souligné l’Observateur permanent.  De surcroît, a-t-il dit, les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants et ont des droits, des devoirs et des obligations qui doivent être respectés.  Il a par ailleurs jugé préoccupant que de nombreux enfants dans le monde, et en particulier dans les pays en développement, n’aient pas accès aux technologies numériques nécessaires pour poursuivre leurs études, avant de souligner l’importance de la formation professionnelle pour permettre l’accès à l’emploi, notamment pour les jeunes et les personnes âgées.  Enfin, après avoir dénoncé les pratiques d’embauche injustes et le manque d’accessibilité des lieux de travail, il a appelé la communauté internationale à unir ses efforts pour protéger les plus pauvres et les plus faibles en vue de parvenir à un véritable développement social. 

Mme FATEMEH ARAB BAFRANI (République islamique d’Iran) a souligné l’impact disproportionné de la pandémie sur les pays en développement.  Pour surmonter les inégalités entre les pays et en leur sein afin d’accélérer la reprise post-COVID-19 et de faire face aux effets négatifs des crises socioéconomiques, il est essentiel selon elle de renforcer la solidarité mondiale et la coopération multilatérale.  La représentante a noté à cet égard que, dans son rapport remis à la cinquante-et-unième session du Conseil des droits de l’homme, à la suite de sa visite cette année en Iran, la Rapporteuse spéciale sur les mesures coercitives unilatérales a souligné que « les sanctions économiques ont sapé les efforts nationaux du pays dans sa quête d’autosuffisance économique ».  Ces sanctions ont aussi conduit à une pauvreté croissante, à des inégalités socioéconomiques exacerbées et à une insuffisance de ressources pour garantir les besoins fondamentaux des personnes vulnérables.  Malgré les sanctions économiques imposées par les États-Unis au mépris du multilatéralisme et de l’ordre international fondé sur des règles, l’Iran a pris plusieurs mesures efficaces pour réduire leurs impacts négatifs, tout en faisant face à la situation pandémique et postpandémique, a assuré la déléguée, évoquant des mesures de transfert en espèces, des interventions ciblées pour soutenir les petites entreprises et les entrepreneurs, l’expansion des protections sociales et la simplification des prestations, ainsi que des allégements de dette et des prêts sans intérêt pour les entreprises et les ménages vulnérables, notamment ceux dirigés par des femmes.  Pour finir, la représentante a souligné l’importance des contributions des jeunes aux sociétés et à leur développement, avant d’appeler à la mise en œuvre de toutes les stratégies pertinentes pour éradiquer la pauvreté et la faim, tout en tenant compte de la résilience de la société et de la famille. 

M. SYED MOHAMAD HASRIN AIDID (Malaisie) a constaté que la pandémie de COVID-19, les conflits et les changements climatiques ont fait reculer les progrès et creusé les inégalités.  Il a indiqué que son gouvernement s’est doté d’un plan de développement pour la période 2021-2025, dont le thème est « Une Malaisie prospère, inclusive et durable ».  Conforme aux ODD, ce plan prévoit notamment l’autonomisation de groupes cibles tels que les femmes, les jeunes, les personnes âgées, les peuples autochtones et les personnes handicapées, et définit plusieurs objectifs, dont l’éradication de la pauvreté absolue d’ici à 2025. 

La Malaisie vise également à faire passer le taux de participation des femmes au marché du travail de 55,6% à 59% d’ici à 2025, tandis que des lois seront revues afin de garantir une meilleure protection des femmes.  Le représentant a également parlé de la création d’un nouveau plan national sur l’autonomisation économique des jeunes qui vise à améliorer leur employabilité, et de projets de loi protégeant les droits des personnes âgées.  Le pays compte également concevoir un développement socioéconomique plus inclusif pour la communauté autochtone Orang Asli, notamment via l’éducation.  De même, les autorités locales seront encouragées à mettre en place des structures d’accueil pour les personnes handicapées dont la protection sociale sera renforcée. 

Mmes KORNKANOK SANABUD et PINDA VIRIYAPONGSRI, déléguées de la jeunesse de la Thaïlande, ont axé leurs déclarations sur l’accès équitable à l’éducation et l’action climatique.  L’avenir des jeunes est menacé par l’absence d’éducation, a regretté la première intervenante.  La technologie doit permettre de numériser l’enseignement, a-t-elle poursuivi en rappelant les confinements imposés par la COVID-19.  À son tour, sa collègue s’est félicitée du succès de la convocation du Sommet sur la transformation de l’éducation, ainsi que de l’adoption de la déclaration des jeunes sur la transformation de l’éducation, rédigée et consultée par les jeunes.  Il incombe aux États d’inclure les jeunes dans leur lutte contre les changements climatiques, a-t-elle estimé, saluant à ce titre l’initiative thaïlandaise « ENVIRONHack ».  « Nous demandons que les jeunes aient la possibilité de contribuer en tant que partenaires égaux à la détermination de notre avenir commun, tant au niveau national qu’ici à l’ONU. »

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a insisté sur l’importance des droits humains pour son pays et souligné les actions mises en place dans le cadre du plan national de développement 2030.  Rappelant que le Qatar accueillera le quatrième Sommet mondial sur le handicap en 2028, elle a affirmé que la prochaine Coupe du monde de football sera la plus accessible de l’histoire, y compris en ce qui concerne son environnement numérique.  Elle a aussi indiqué que le Qatar consacrait 980 millions de dollars à des programmes d’éducation dans 65 pays et avait été chef de file pour l’organisation du Sommet sur la transformation de l’éducation.  Elle s’est félicitée que son pays ait lancé l’initiative « éducation avant tout » pour mobiliser des financements novateurs dans ce secteur.  Elle a ensuite souligné l’importance des politiques de promotion de la famille et rappelé que le Qatar accueillerait les célébrations du trentième anniversaire de l’Année internationale de la famille en 2024. 

M. BOŠTJAN MALOVRH (Slovénie) a rappelé que son pays était confronté à des difficultés démographiques et promouvait une politique visant à accompagner le vieillissement actif de sa population.  Il a notamment mentionné l’existence d’une université du troisième âge et de lieux d’échanges et de collaboration entre générations.  Il a appelé à mettre à jour le cadre juridique international des droits humains en vue d’améliorer l’inclusion des personnes âgées.  Dans la foulée, M. CIGLARIC, délégué de la jeunesse de la Slovénie, a regretté que dans son pays, il était difficile pour les jeunes de participer pleinement à la vie sociale.  Il a déploré l’absence d’opportunités professionnelles et les critiques dans la sphère publique dont souffrait trop souvent la jeunesse.  S’il s’est félicité des initiatives de l’ONU en vue de l’inclusion des jeunes, qui lui permettent notamment de participer aujourd’hui aux travaux de la Commission, il a toutefois appelé l’assistance à intensifier les efforts dans ce sens. 

M. JUAN JOSÉ PORTORREAL BRANDAO (République dominicaine) a souligné que le Programme 2030 joue un rôle important pour la protection sociale et le développement économique.  Il a estimé que les jeunes sont des alliés et des partenaires dans le système du multilatéralisme, appelant à leur participation pleine, équitable et substantielle à la prise de décision.  Le représentant a attiré l’attention sur les mesures politiques, économiques et sociales mises en œuvre par la République dominicaine en faveur des populations les plus vulnérables, notamment pour les personnes handicapées, soulignant la mise en place de politiques de santé publique non-discriminatoires, y compris les services liés à la COVID-19.  Il a également évoqué la mise en œuvre d’un plan pour l’accessibilité à un logement digne et propre pour les personnes handicapées, sans oublier le statut particulier des mères célibataires handicapées qui doivent pouvoir élever leurs enfants.  La République dominicaine, a-t-il indiqué, soutient également la qualité de vie des populations âgées par le biais de programmes de distribution alimentaire ainsi que par des incitations économiques aux familles accueillant des personnes âgées à leur domicile.  La priorité est également donnée aux productions agricoles familiales afin d’appuyer la sécurité alimentaire. 

M. ANOUPARB VONGNORKEO (République démocratique populaire Lao) a rappelé que les pays dont les ressources sont limitées rencontrent des difficultés pour faire face aux nombreux chocs.  Atteindre les objectifs de développement durable à l’horizon 2030 et garantir les droits fondamentaux relatifs à l’hygiène, la nourriture, l’eau, les services de base, le logement ou encore la santé, reste compliqué, a-t-il souligné.  Pour surmonter ces difficultés, le représentant a appelé à imaginer des solutions inédites.  Son pays est confronté aux conséquences des catastrophes naturelles, qui détruisent des infrastructures fondamentales et des terres agricoles.  Faire face aux changements climatiques constitue une priorité.  Il a attiré l’attention sur le mécanisme de coordination des autorités compétentes mis en place dans son pays, qui a notamment permis la fourniture d’aides d’urgence aux personnes touchées et vulnérables.  « Il est nécessaire de renouveler le contrat social pour renforcer la confiance et la cohésion », a-t-il affirmé, annonçant la mise en place d’un plan de développement économique et social quinquennal qui établit des priorités, dont l’éradication de la pauvreté et un développement social inclusif.  Il a insisté sur le rôle joué par l’éducation, domaine ayant fait l’objet d’une réforme importante.

Mme LE THI MINH THOA (Viet Nam) a estimé important de s’attaquer aux causes multiples de la pauvreté et de l’inégalité, notamment en créant des emplois décents et d’autres opportunités génératrices de revenus, et en offrant une éducation de qualité et un apprentissage tout au long de la vie.  Elle a ensuite appelé à soutenir les ménages ainsi que les entreprises avec des prêts préférentiels pour restaurer, maintenir, développer et créer des emplois tout en mettant l’accent sur la formation, le recyclage et le développement d’infrastructures et de formation de haute qualité.  L’inclusion sociale et la participation des personnes défavorisées doivent être facilitées, a-t-elle insisté.  En outre, la coopération entre les pays, les partenaires et les acteurs du développement social doit servir l’intérêt des peuples.  Elle a rappelé que le Viet Nam a fait de grands progrès dans la lutte contre la pandémie de COVID-19, en garantissant la sécurité sociale et les droits sanitaires, sociaux et éducatifs de ses citoyens.  Le Viet Nam présente sa candidature au Conseil des droits de l’homme pour la période 2023-2025 et attend avec impatience votre précieux soutien, a conclu la déléguée. 

Mme MAKGABI (Afrique du Sud) a indiqué que son gouvernement a commandé une étude analytique sur l’état de la population de l’Afrique du Sud dans le contexte de la première vague de la pandémie de COVID-19.  Elle a fait savoir qu’en Afrique du Sud, diverses formes de soutien ont été déployées par le Gouvernement pour atténuer l’impact social de la COVID-19.  La protection sociale figure parmi les 14 principaux résultats stratégiques à moyen terme établis par le plan national de développement.  Par conséquent, a-t-elle expliqué, le Gouvernement sud-africain utilise actuellement un certain nombre d’instruments de protection sociale tels que les subventions sociales, l’éducation gratuite, le programme de nutrition scolaire, ainsi que l’accès aux services de base comme l’eau potable et l’électricité, et à un logement abordable.  En outre, le programme de protection sociale de l’Afrique du Sud couvre plus de 18 millions de personnes parmi les plus démunies, dont 11,3 millions d’enfants et plus de 4 millions de personnes âgées.  Enfin, l’Afrique du Sud continuera d’investir dans les capacités des femmes et des filles, notamment par des mesures visant à combler l’écart entre les sexes et assurer l’égalité d’accès des filles et des femmes à l’éducation, à la santé et à la protection sociale, ainsi qu’à un emploi décent. 

Mme CARLA MARIA RODRIGUEZ MANCIA (Guatemala) a estimé qu’une relance inclusive centrée sur l’individu exige une architecture renforcée pour relever les défis de la mobilisation des ressources.  Elle a souhaité que la transition vers le développement durable soit socialement juste, et qu’un soutien accru soit apporté aux pays en développement, y compris les pays à revenu intermédiaire.  Il s’agit, a-t-elle expliqué, de favoriser l’accès au financement et au transfert de technologies, ce qui aura un effet catalyseur sur la progression vers les ODD.

Évoquant le pourcentage élevé de jeunes que compte son pays, elle a pressé à réaliser des investissements suffisants et durables afin de promouvoir leur talent.  Investir dans la jeunesse, c’est investir dans l’avenir de notre peuple et dans sa propre viabilité, a-t-elle affirmé, jugeant impératif de travailler ensemble pour garantir la participation des jeunes dans tous les secteurs et leur offrir le plus grand nombre d’opportunités possible.  Elle a aussi appelé à protéger les droits des personnes âgées.  Deux jours avant de célébrer la Journée internationale des personnes âgées, il est important de garantir le respect de notre engagement à leur offrir une vie digne, à l’abri des abus et de la négligence, a-t-elle dit. 

Mme ANA PAULA ZACARIAS (Portugal) a rappelé comment la COVID-19 avait affecté de manière disproportionnée les personnes âgées, en particulier dans des sociétés vieillissantes comme le Portugal.  La pandémie a fait selon elle office de « signal d’alarme » pour les décideurs politiques, mettant en lumière l’existence de « lacunes » et de « limites » dans le cadre normatif international visant à protéger les droits humains des personnes âgées.  Maintenant plus que jamais, l’« âgisme » -soit la discrimination fondée sur l’âge- est une « réalité persistante et structurelle que les États doivent combattre », a-t-elle pointé.  C’est pourquoi le Portugal juge important d’ouvrir des négociations à l’ONU sur un nouvel instrument international de protection des droits humains des personnes âgées.

M. DAVITI ESATIA, délégué de la jeunesse de la Géorgie, a attesté qu’il était difficile de penser à l’avenir ou au développement lorsque l’on évoluait dans un environnement difficile, où la Charte des Nations Unies, les principes fondamentaux et les normes du droit international sont violés sans vergogne.  Il a dénoncé les répercussions de la guerre cruelle et non provoquée de la Russie contre l’Ukraine qui lui rappelle « notre devoir de défendre nos valeurs et de contribuer à l’établissement d’une paix et d’une sécurité durables ».  Le délégué a jugé « essentiel » de contrer l’agresseur avec « notre position forte, notre unité inébranlable et l’intégrité de notre objectif ».  Il a également appelé tous les jeunes à utiliser toutes les opportunités possibles et à faire preuve de résilience.  Il vaut mieux allumer une bougie que maudire les ténèbres, a-t-il dit. 

Mme CHIGNESSE, déléguée de la jeunesse de la Belgique, a regretté que la jeunesse souffre des guerres, du déni des droits humains et du manque d’égalité entre les genres.  « Au rythme actuel il faudrait 300 ans pour atteindre une égalité effective selon un rapport de l’ONU », a-t-elle relevé.  Elle a appelé l’assistance à se mobiliser, en mettant l’accent sur le rôle central joué par l’éducation sur cette question.  Comme elle, Mme COPPENS, déléguée de la jeunesse de la Belgique, a insisté sur le besoin de travailler pour préserver la santé mentale des jeunes, notamment dans son pays.  Beaucoup de jeunes sont anxieux, a- t-elle témoigné, car ils ne peuvent atteindre des objectifs « irréalistes » et souffrent « de grandes incertitudes » quant à leur avenir.  Elle s’est également inquiétée des effets de la pandémie de COVID-19 et de l’univers numérique sur la jeunesse. 

Mme TARIELLO, déléguée de la jeunesse de l’Italie, a regretté que beaucoup de jeunes aujourd’hui ne parvenaient pas à atteindre leurs objectifs, appelant à leur meilleure inclusion au sein des sociétés.  Elle s’est toutefois félicitée d’initiatives comme « les jeunes pour le climat » qui a réuni 400 jeunes du monde entier en marge de la COP26 en 2021.  Évoquant l’organisation du Sommet sur la transformation de l’éducation, elle s’est réjouie du fait que l’ONU ouvrait ses portes à la jeunesse.  En revanche, elle a regretté que la communication institutionnelle des organisations internationales emploie trop souvent une langue difficile d’accès pour les jeunes. 

M. ELIE ALTARSHA (République arabe syrienne) a indiqué que, malgré la guerre et les sanctions unilatérales, le Gouvernement entend offrir toute la protection sociale possible aux populations, notamment celles parmi les plus vulnérables comme les orphelins et les familles des martyrs.  Il a dit que, malgré le siège économique qu’elle subit, la Syrie entend poursuivre la mise en œuvre des initiatives de développement social. 

M. KOKOU MAWOUPEMO TSOGBLO (Togo) a indiqué que son gouvernement a intensifié sa politique de développement consolidée dans le cadre de son programme national de développement (PND) 2018-2022.  Ce document est accompagné d’une feuille de route à l’horizon 2025 dont la vision est de faire du Togo une nation moderne avec une croissance inclusive et durable.  Le Togo a inscrit l’inclusion sociale et financière dans sa politique de développement social, à travers la mise en place effective du Fonds national de la finance inclusive (FNFI).  Dans la même logique, certains mécanismes ont permis de favoriser davantage l’accès des jeunes et des femmes aux services financiers.  Pour soulager les personnes vulnérables exposées aux conséquences de la COVID-19, le Gouvernement a mis en place un programme de transferts monétaires électroniques dénommé Novissi (qui signifie solidarité en langue locale), dont les femmes ont été majoritairement bénéficiaires.  Le représentant a également cité la création d’un plan national de développement sanitaire 2017-2022 comprenant le programme de la couverture sanitaire universelle et la plateforme numérique WEZOU pour prendre en charge gratuitement les femmes enceintes et les nouveau-nés.  De même, les personnes handicapées sont pleinement intégrées dans la stratégie de développement, d’éducation et de santé.  S’agissant de la jeunesse, le Gouvernement togolais a également pris plusieurs initiatives comme l’octroi de 1 492 702 de dollars de crédits aux jeunes entrepreneurs. 

M. SAHRAOUI (Algérie) a estimé que le développement social est l’un des piliers du développement économique, d’où l’importance d’établir un nouveau contrat social.  Cette dimension sociale est primordiale, a-t-il insisté, notant que la justice sociale est ancrée dans la Constitution algérienne.  Il s’est félicité qu’en dépit de la crise de la COVID-19, l’Algérie soit parvenue à atteindre un indice de développement humain de 7,45, faisant de ce pays le premier d’Afrique du Nord à atteindre ce niveau.  L’Algérie n’a pas négligé la dimension sociale pendant la pandémie de COVID-19, a-t-il assuré, soulignant les soutiens financiers apportés aux plus pauvres et au secteur informel ainsi que l’importante partie du budget national consacrée aux transferts sociaux.  Le délégué s’est félicité du succès de la politique d’éducation avec un taux de 100% dont la moitié sont des filles, se disant fier du travail accompli, avec cinq millions de diplômes universitaires.  Les universités algériennes, a-t-il précisé, ont éduqué plus de 59 000 étudiants étrangers.  Il a enfin souligné le lien entre développement social et développement durable dans le cadre du Programme 2030 et jugé nécessaire de mobiliser les moyens nécessaires.  À ce sujet, il a appelé à encourager les transferts de technologies.

M. JAVIER LEONARDO SALAS DE LOS RIOS (Pérou) a rappelé que la multiplication des crises avait ralenti les progrès réalisés pour atteindre les ODD, certaines des avancées enregistrées ayant même été effacées.  Ces crises affectent particulièrement les personnes vulnérables, a-t-il indiqué, appelant à consolider les efforts et les renforcer pour retrouver le chemin de l’égalité, lutter contre la faim et renforcer les systèmes éducatifs et de santé.  Le représentant a indiqué que le Pérou avait adopté une vision stratégique pour promouvoir le bien-être et le vivre ensemble, l’objectif étant de garantir justice, sécurité et dignité ainsi que l’accès à des services publics universels et de qualité.  Il a enfin indiqué que sa délégation présentera le projet de résolution sur « les droits humains et la pauvreté extrême ».

M. HAMID (Maldives) a indiqué que son pays fait face à une myriade de défis tels que la COVID-19 et les changements climatiques.  Les Maldives se sont engagées à atteindre l’inclusion des femmes dans tous les domaines de la vie, a-t-il assuré, mentionnant plusieurs avancées, dont l’adoption d’une loi sur l’égalité des sexes, en 2016, et l’arrivée de femmes à la Cour suprême du pays.  Sans une représentation adéquate des femmes dans les processus de prise de décisions, nous courons le risque d’apporter des réponses inadaptées aux besoins des femmes et des enfants, a mis en garde le délégué. 

Il a ensuite indiqué que la politique d’éducation inclusive de son pays a déjà permis de scolariser plus de 98% des enfants.  Il s’est en outre félicité qu’une loi sur la protection des droits de l’enfant et sur la justice des mineurs ait été ratifiée en 2019.  Nous devons également reconnaître que les changements climatiques se feront le plus durement ressentir sur les jeunes d’aujourd’hui, a-t-il ajouté.  Le représentant a ensuite indiqué que l’accès à des soins de santé universels est encore plus précieux depuis la pandémie de COVID-19, se félicitant d’une population vaccinée à 85%.  La pandémie et d’autres crises humanitaires menacent cependant d’effacer des décennies de progrès accomplis vers un développement social durable, a déploré le délégué.

Mme SALAMATA ODETTE NIAMBA CONGO (Burkina Faso) a déclaré que son pays connaît de nombreux défis sécuritaires et climatiques qui ont poussé plus de 1,5 million de personnes à se déplacer.  Elle a ensuite cité les mesures prises par le « Gouvernement de transition » pour répondre aux obstacles rencontrés par les jeunes, les femmes, les personnes âgées et les personnes handicapées.  Parmi ces mesures, il y a des plans de réduction des inégalités dans les services publics, des actions visant à lutter contre le chômage et pour promouvoir l’emploi, l’accès à la santé ou encore le renforcement des cadres juridiques et institutionnels, a-t-elle dit. 

Mme AHMAD, déléguée de la jeunesse des Émirats arabes unis, s’est réjouie de la confiance placée par son pays dans sa jeunesse qui le représente dans divers forums régionaux et internationaux.  Preuve en est, sa présence au sein du programme de délégués de la jeunesse de l’ONU.  Pour elle, ce programme est la meilleure plateforme pour impliquer les jeunes dans la prise de décisions sur le plan international.  Au niveau local, la déléguée a évoqué l’Union des jeunes, instaurée en 2018, en vue d’autonomiser les jeunes.  Elle a parlé du modèle des conseils municipaux qui font parvenir les recommandations des jeunes à l’ensemble des institutions publiques et privées.  Elle a cité, comme exemple, le Conseil de la jeunesse qui travaille étroitement avec le Conseil des Ministres et participe ainsi à l’examen des politiques afin de mettre en place des stratégies pour la jeunesse.  Prenant à son tour la parole, M. ALSAQQAF, délégué de la jeunesse des Émirats arabes unis, a salué la politique de son pays accordant une importance particulière à l’être humain, quel que soit l’âge, notamment les personnes âgées, et ce, afin d’honorer leurs efforts au service de la nation.  Il a évoqué, à cet égard, la politique nationale pour cette catégorie de personnes, lancée en 2018, qui vise à garantir leur participation dans la société.  De même, il a parlé de la protection des droits sociaux des personnes handicapées, garantie par des lois et législations visant leur autonomisation.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Haute-Représentante Izumi Nakamitsu lance un appel à l’unité du Conseil de sécurité face à l’utilisation « indéfendable » d’armes chimiques en Syrie

9141e séance, après-midi
CS/15044

La Haute-Représentante Izumi Nakamitsu lance un appel à l’unité du Conseil de sécurité face à l’utilisation « indéfendable » d’armes chimiques en Syrie

Après avoir constaté une nouvelle fois l’absence de progrès en vue de clarifier les questions en suspens concernant l’utilisation présumée d’armes chimiques en Syrie, la Haute-Représentante des Nations Unies pour les affaires de désarmement a lancé, aujourd’hui, un appel à l’unité du Conseil de sécurité afin d’exclure la possibilité d’une telle utilisation.  « C’est notre obligation à tous », a-t-elle rappelé.  

À l’occasion de son exposé mensuel sur la mise en œuvre de la résolution 2118 (2013) du Conseil concernant l’élimination du programme d’armes chimiques de la République arabe syrienne, Mme Izumi Nakamitsu a indiqué que les efforts déployés par l’Équipe d’évaluation des déclarations de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) pour clarifier les questions en suspens concernant la déclaration initiale et les déclarations ultérieures de la Syrie sont à nouveau demeurés vains.   

La Syrie continue en effet de poser des conditions au déploiement de l’Équipe d’évaluation, en violation de ses obligations de coopérer avec l’OIAC en vertu de la Convention sur les armes chimiques, des décisions des organes directeurs de l’OIAC et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Par conséquent, les tentatives du Secrétariat technique de l’OIAC d’organiser le vingt-cinquième cycle de consultations entre l’Équipe d’évaluation et l’Autorité nationale syrienne à Damas se sont avérées infructueuses, a expliqué la Haute-Représentante.   

Compte tenu de cette situation, et à moins d’un changement d’attitude de la Syrie, le Secrétariat technique de l’OIAC a proposé de remédier aux lacunes de la déclaration initiale par écrit, bien que de tels échanges soient « manifestement moins productifs » que le déploiement de l’Équipe d’évaluation sur le terrain.  Le Secrétariat technique a également fourni à la Syrie la liste des déclarations et autres documents demandés depuis 2019, afin de l’aider à résoudre les 20 questions en suspens, a-t-elle noté. 

Le Secrétariat technique, a ajouté Mme Nakamitsu, n’a toujours pas reçu les informations demandées à la Syrie concernant le mouvement non autorisé de deux cylindres liés à l’incident à l’arme chimique du 7 avril 2018, pas plus que celles concernant la détection, en novembre 2018, d’un produit chimique du tableau 2 au Centre d’études et de recherches scientifiques (CERS).  La mission d’établissement des faits de l’OIAC continue malgré tout d’examiner les informations disponibles concernant les allégations d’utilisation d’armes chimiques, et de dialoguer avec les autorités syriennes et d’autres États parties à la Convention concernant ces incidents. 

À ce stade, la déclaration soumise par la Syrie ne peut donc pas être considérée comme exacte et complète en vertu de la Convention sur les armes chimiques, selon le Secrétariat technique de l’OIAC, à cause de ces lacunes, délais et incohérences, « soulignés chaque mois depuis de nombreuses années ». 

À l’opposé, la Russie a fait valoir, comme la Syrie, que les discussions du Conseil sur la question des armes chimiques syriennes évoluent « dans un cercle vicieux », reprochant aux rapports de l’OIAC de répéter sans cesse les mêmes « accusations infondées » afin de démontrer le « manque de coopération » du Gouvernement syrien.  L’Iran a, quant à elle, mis en garde contre la « politisation » du travail de l’OIAC et de la mise en œuvre de la Convention, tout en saluant la publication par la Syrie, le 15 septembre dernier, d’un nouveau rapport sur la destruction d’armes chimiques.   

Comme la Russie, la Chine a en outre estimé qu’il vaudrait mieux réduire la fréquence des réunions du Conseil sur cette question.  Pourtant, ont objecté les États-Unis, ce sont les appuis de la Russie et les rebuffades de la Syrie, qui constituent autant « d’affronts » au Conseil de sécurité, qui expliquent que nous devions chaque mois revenir sur cette question pour forcer le « régime d’Assad » à s’acquitter de ses obligations. 

Le Secrétariat technique a par ailleurs demandé des précisions à la Syrie concernant l’invitation à une réunion en personne adressée par le Directeur général de l’OIAC au Ministre des affaires étrangères et des expatriés, a indiqué la Haute-Représentante, en l’absence de réponse à la dernière version de l’ordre du jour proposée le 20 décembre 2021.  À ce propos, la Syrie a réitéré son attachement à la tenue d’une rencontre « de coordination », à Beyrouth, « avec un ordre du jour défini ».   

Il y a neuf ans, le régime syrien a délibérément assassiné avec du gaz sarin plus d’un millier de civils dans la banlieue de Damas, s’est insurgée la France, « une réalité qui n’a jamais été contestée ».  En dépit de la « désinformation et des excuses » visant à justifier le non-respect de ses obligations par la Syrie, nous devons être conscients que son programme d’armes chimiques représente un risque réel pour la paix et la sécurité internationales, s’est inquiété à son tour le Royaume-Uni, rejoint par la Norvège, l’Inde ou encore l’Irlande.  L’unité du Conseil de sécurité est essentielle à cet égard, a renchéri la Türkiye.  « Nous le devons aux victimes. » 

Évoquant le préambule de la Convention sur les armes chimiques qui appelle à « exclure totalement la possibilité de l’utilisation d’armes chimiques », Mme Nakamitsu a estimé en conclusion qu’une telle utilisation est « indéfendable », qu’elle constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales, et que les responsables doivent rendre des comptes.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT S/2022/658

Déclarations

Mme IZUMI NAKAMITSU, Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, a déclaré que les efforts déployés par l’Équipe d’évaluation des déclarations de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) pour clarifier les questions en suspens concernant la déclaration initiale et les déclarations ultérieures de la Syrie n’ont pas progressé depuis son dernier exposé devant le Conseil de sécurité.  La Syrie continue en effet de poser des conditions au déploiement de l’Équipe d’évaluation, en violation de ses obligations de coopérer avec l’OIAC en vertu de la Convention sur les armes chimiques, des décisions des organes directeurs de l’OIAC et des résolutions pertinentes du Conseil.  Par conséquent, les tentatives du Secrétariat technique de l’OIAC d’organiser le vingt-cinquième cycle de consultations entre l’Équipe d’évaluation et l’Autorité nationale syrienne à Damas sont demeurées infructueuses, a expliqué la Haute-Représentante.  Sous réserve d’un changement d’attitude de la Syrie, le Secrétariat technique de l’OIAC a proposé de remédier aux lacunes de la déclaration initiale par correspondance, bien que de tels échanges soient « manifestement » moins productifs que le déploiement de l’Équipe d’évaluation sur le terrain, comme cela a été le cas entre juin 2016 et avril 2019.  Afin d’aider la Syrie à résoudre les 20 questions en suspens, le Secrétariat technique lui a en outre fourni la liste des déclarations et autres documents en suspens demandés depuis 2019, a-t-elle noté. 

Le Secrétariat technique n’a toujours pas reçu les informations demandées à la Syrie concernant le mouvement non autorisé de deux cylindres liés à l’incident à l’arme chimique du 7 avril 2018, qui ont été détruits lors d’une attaque contre une installation de production d’armes chimiques, a poursuivi Mme Nakamitsu en insistant pour que la Syrie réponde de toute urgence à ces demandes afin de clore toutes les questions en suspens.  Du fait de ces lacunes et de ces incohérences, « soulignées chaque mois depuis de nombreuses années », le Secrétariat technique continue d’estimer qu’à ce stade, la déclaration soumise par la Syrie ne peut être considérée comme exacte et complète conformément à la Convention sur les armes chimiques.  Elle a réaffirmé à cet effet son plein appui à l’intégrité, au professionnalisme, à l’impartialité, à l’objectivité et à l’indépendance des travaux de l’OIAC.  

S’agissant de la détection, en novembre 2018, d’un produit chimique du tableau 2 au Centre d’études et de recherches scientifiques (CERS), Mme Nakamitsu a indiqué que la Syrie n’a pas encore fourni d’explications techniques suffisantes.  En outre, le Secrétariat technique a demandé des précisions à la Syrie concernant l’invitation à une réunion en personne adressée par le Directeur général de l’OIAC au Ministre des affaires étrangères et des expatriés, en l’absence de réponse à la dernière version de l’ordre du jour proposée le 20 décembre 2021.  Pendant ce temps, la mission d’établissement des faits de l’OIAC continue d’examiner toutes les informations disponibles concernant les allégations d’utilisation d’armes chimiques en Syrie.  Elle continue aussi de dialoguer avec les autorités syriennes et d’autres États parties à la Convention sur les armes chimiques au sujet de certains incidents et en vue de préparer les déploiements à venir.  

Évoquant le préambule de la Convention sur les armes chimiques qui appelle à « exclure totalement la possibilité de l’utilisation d’armes chimiques », Mme Nakamitsu a estimé qu’une telle utilisation est indéfendable et constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales, et que les responsables doivent être tenus pour responsables.  « C’est notre obligation à tous », a martelé la Haute-Représentante, en réitérant son appel à l’unité du Conseil sur cette question.  

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a commencé par exprimer à la présidence sa « perplexité » et sa « profonde déception » face à son refus de convoquer dès aujourd’hui une séance du Conseil sur la situation concernant le « sabotage du gazoduc Nord Stream », comme le demandait la Fédération de Russie.  Il a estimé que le rapport d’août du Directeur général de l’OIAC n’avait « manifestement aucune urgence » alors que la réunion sur la situation autour de Nord Stream, « qui menace la sécurité énergétique de tout un continent », n’aura lieu que demain.   

Le représentant a répété que la discussion au Conseil sur la question des armes chimiques syriennes évoluait « dans un cercle vicieux », reprochant aux rapports du Directeur général de l’OIAC, Fernando Arias, sur la mise en œuvre de la résolution 2118 de répéter « sans cesse la même série d’accusations infondées » contre la Syrie.  Il a jugé ces rapports extrêmement déséquilibrés, ajoutant qu’ils ignoraient les développements et n’avaient pour but que de démontrer le « manque de coopération » du Gouvernement syrien.  Inversement, a-t-il fait observer, les nombreuses questions de la Fédération de Russie au Secrétariat de l’OIAC restent sans réponse.  Il a notamment reproché à M. Arias d’avoir de nouveau décliné, en juillet, une invitation à s’adresser au Conseil et a fait remarquer qu’il se déplaçait beaucoup, notamment aux États-Unis, mais ne s’était jamais rendu lui-même en Syrie depuis qu’il dirige l’organisation, opposant son comportement à celui du Directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui se rend personnellement sur le terrain , engage le dialogue avec les États Membres et se présente devant le Conseil dans les plus brefs délais comme doit « se comporter le chef d’une institution internationale spécialisée s’il prétend être un gardien impartial du régime de non-prolifération ».   

M. Polyanskiy a affirmé que, « malgré l’attitude peu constructive » du Secrétariat de l’OIAC, la Syrie « continue de s’engager de bonne foi » et de remplir ses obligations au titre de la Convention sur les armes chimiques (CIAC), tout en ajoutant que le rapport examiné ne comportait « pas un mot à ce sujet ».  Pour le représentant, « c’est aux dirigeants » de l’OIAC, et non à Damas, de changer leur ligne.  Il a notamment demandé un changement de méthodologie, parlant d’un « péché originel » du Secrétariat consistant à violer les exigences de la CIAC concernant les principes d’enquête, avant d’ajouter que la même « méthodologie défectueuse » était aussi utilisée par le « groupe illégitime » d’investigation et d’identification (IAG).  Tant que l’objectif des rapports sera, non pas de reconstituer le tableau réel des événements, mais de les faire « coller » avec des conclusions sur la culpabilité des Syriens, la Fédération de Russie les rejettera, et ne verra pas l’intérêt de discuter chaque mois des « chemtrails » syriens au Conseil.  Pour le représentant, des réunions trimestrielles sur le sujet seraient suffisantes.   

M. RICHARD M. MILLS, JR., (États-Unis) a estimé que depuis l’emploi de gaz sarin à Damas, la communauté internationale a été témoin de nombreuses violations odieuses de la Convention sur les armes chimiques.  Il a noté l’échec de la Syrie à déclarer l’ensemble de son programme chimique et a déploré toutes les interférences dans le travail de l’Équipe d’évaluation des déclarations.  C’est en raison de cette attitude et des appuis russes de Damas que chaque mois nous devons revenir ici pour forcer le « régime d’Assad » à s’acquitter de ses obligations, a-t-il regretté.  Il a rappelé que, ces neuf dernières années, les travaux de l’Équipe d’enquête et d’identification de l’OIAC ont confirmé de façon indépendante l’utilisation d’armes chimiques à huit reprises.  « Nous pensons que c’est au moins 50 fois depuis que la Syrie a adhéré à la Convention », a-t-il déclaré. 

Le représentant s’est aussi plaint que, en dépit de toutes nos demandes, et avec l’appui de la Russie, le « régime » de Damas a refusé de répondre aux demandes de l’équipe d’évaluation de l’OIAC.  « C’est un affront au Conseil de sécurité. »  Le délégué a affirmé que la Syrie possède toujours des stocks d’armes chimiques qu’elle pourrait employer contre sa propre population.  « Nous appelons le régime syrien à permettre à l’équipe de revenir en Syrie », a demandé le représentant en faisant valoir que le régime a démontré qu’il pouvait prendre des mesures inhumaines.  Il a demandé à cet égard que le « régime » fournisse un visa à l’expert de l’OIAC.  Nous condamnons dans les termes les plus vigoureux l’emploi d’armes chimiques et appelons le « régime » à s’acquitter de ses obligations, a-t-il déclaré en conclusion.  

M. ROBERTO WAZIMA SZATMARI (Brésil) a considéré qu’en raison du peu d’évolutions sur le terrain, une réunion mensuelle du Conseil de sécurité ne semblait pas constituer le meilleur usage de ses ressources et devait donc changer.  Il a rappelé que l’emploi des armes chimiques était contraire au droit international et constituait une menace à la paix et à la sécurité internationales. 

M. ANDRIS STASTOLI (Albanie) a déclaré que la situation n’a pas changé depuis la dernière réunion du Conseil sur ce sujet, en parlant d’une « impasse constante ».  La Syrie continue de dicter ses conditions s’agissant du déploiement d’une équipe de l’OIAC, a dit le délégué, en déplorant son manque de coopération avec cette organisation.  Il a rappelé que l’OIAC ne peut donc pas confirmer l’exactitude de la déclaration de la Syrie.  Le refus de coopérer de la Syrie, qui est appuyée par ses alliés, est inacceptable, a déclaré le délégué, en apportant le soutien indéfectible de l’Albanie à l’OIAC.  Enfin, le délégué a appelé à éviter toute politisation des travaux de l’OIAC et invité les membres du Conseil à présenter un front uni sur ce dossier. 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana), s’exprimant au nom des A3 (Gabon, Ghana et Kenya), a fait part de sa préoccupation face à l’absence de progrès significatifs dans les tentatives de régler les questions en suspens conformément à la Convention sur les armes chimiques.  Les A3, collectivement, rejettent tout recours à des armes chimiques par quiconque, où que ce soit et en toute circonstance, a-t-il insisté. 

Le représentant a réaffirmé son attachement aux normes établies en vue de prévenir l’utilisation des armes chimiques ainsi que son appui aux efforts visant à éliminer leur production et leur stockage, conformément à la résolution 2118 (2013) du Conseil.  M. Agyeman a regretté à cet effet les divergences persistantes entre l’OIAC et les autorités syriennes concernant les lacunes et les incohérences qui subsistent.  L’élan qui avait initialement poussé la communauté internationale, y compris le Conseil, à agir sur cette question semble s’être dissipé, a-t-il regretté, en ajoutant qu’aujourd’hui, le danger que posent la production et l’utilisation d’armes chimiques, en Syrie ou ailleurs, ne peut être complètement exclu.  La communauté internationale doit donc agir collectivement pour faire respecter les principes de la Convention sur les armes chimiques afin de garantir un monde exempt de ces armes mortelles, a encore dit le représentant.  Il a encouragé à cet effet la convocation rapide d’une réunion de haut niveau, en personne, entre le Ministre des affaires étrangères et des expatriés de la République arabe syrienne et le Directeur général de l’OIAC, seule mesure à même de relancer les efforts en vue de la résolution finale de ces problèmes.

Mme MEENA ASIYA SYED (Norvège) a estimé que la Syrie n’avait pas répondu aux demandes répétées d’inspection de l’équipe de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques.  Il reste encore 20 points en suspens, a-t-elle rappelé.  De plus, l’OIAC a demandé des informations supplémentaires à de nombreuses reprises sur la production d’armes chimiques par la Syrie.   

La Norvège demande instamment à la Syrie de répondre aux demandes de l’équipe de l’OIAC.  Il est urgent et devient critique que la Syrie coopère en tant que membre de l’OIAC, a poursuivi la représentante, qui a jugé impossible de tolérer plus avant l’impunité et demandé que l’on fasse respecter la Convention sur les armes chimiques (CIAC) et qu’on n’autorise pas l’érosion de l’OIAC. 

M. CONLETH BRADY (Irlande) a dit être préoccupé par l’absence de progrès sur la question des armes chimiques de la Syrie à cause du blocage par Damas de la vingt-cinquième série de consultations et du travail de l’OIAC.  Le représentant a dénoncé le travail de sape de la Syrie contre le travail et la réputation de l’OIAC et de ses équipes d’enquête et experts.  Le délégué a rejeté toutes les allégations infondées contre l’organe qui dispose d’un mandat précis.  Le Conseil de sécurité doit soutenir l’OIAC, a-t-il réclamé.  Il a rappelé que depuis 2013, l’OIAC et l’ONU ont à huit reprises trouvé des cas d’utilisation d’armes chimiques par la Syrie contre les Syriens.  Il n’y a pas d’impunité pour l’utilisation d’armes chimiques, a prévenu le représentant pour qui la Syrie doit régler les questions en suspens en coopération avec l’OIAC.  Il a recommandé au Conseil de faire en sorte que la Syrie respecte ses obligations.

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a remarqué qu’alors que la Syrie a demandé à devenir membre de l’OIAC il y a 9 ans, il n’a toujours pas été possible de conclure que la déclaration initiale était exacte, regrettant que le Conseil se réunisse alors qu’aucun progrès n’a eu lieu sur le terrain.  La représentante a rappelé que les communications écrites ne remplacent pas les consultations en personne, exhortant les autorités syriennes à coopérer avec l’OIAC et l’ONU.  Elle a émis l’espoir que la réunion entre le Directeur général de l’OIAC et le Ministre syrien des affaire étrangères et des expatriés, qui devrait avoir lieu à Beyrouth, conduise à de réels progrès.  Elle s’est félicitée des contributions des États Membres au Fonds d’affectation spéciale pour les missions en Syrie, qui permettent à l’équipe d’évaluation des déclarations, l’équipe d’établissement des faits et l’équipe d’enquête et d’identification de remplir leur mandat.

M. SUOOD RASHED ALI ALWALI ALMAZROUEI (Émirats arabes unis) a appelé à régler les questions en suspens entre la Syrie et l’OIAC.  Il a regretté le désaccord entre les deux parties s’agissant du déploiement d’une équipe de l’OIAC en Syrie.  Les divergences autour de la présence d’un seul expert ne doivent pas paralyser tous les efforts, a souhaité le délégué.  Enfin, il a regretté que les communications écrites soient le seul mode de communication entre les deux parties. 

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) s’est dit déçu devant l’absence de progrès sur ce volet des discussions du Conseil sur la Syrie.  Il a encouragé un engagement soutenu entre la Syrie et le Secrétariat technique de l’OIAC afin de résoudre toutes les questions en suspens.  Pour sa part, l’Inde attache une grande importance à la mise en œuvre « complète, efficace et non discriminatoire » de la Convention sur les armes chimiques.  Le représentant a réaffirmé son opposition à l’utilisation d’armes chimiques « par quiconque et où que ce soit », tout en réitérant que toute enquête sur leur utilisation se doit d’être impartiale, crédible et objective.  Nous avons à plusieurs reprises mis en garde contre la possibilité que des entités et des individus terroristes aient accès à des armes chimiques, a-t-il rappelé, en ajoutant que des progrès « sur d’autres fronts » contribueraient à faciliter le processus de paix politique global en Syrie. 

M. SUN ZHIQIANG, (Chine), s’est déclaré fermement opposé à l’utilisation d’armes chimiques quels que soient les auteurs ou les circonstances, arguant que « le monde doit être exempt d’armes chimiques ».  Il a estimé que les consultations sont la seule solution pour résoudre ce dossier.  Le représentant s’est félicité de la neuvième série d’inspections menée par le Secrétariat technique de l’OIAC ainsi que de son rapport.  Il a demandé au Secrétariat technique de tenir compte des préoccupations de l’État partie concernant la question des visas.  Ces questions devraient se limiter au cadre de la Convention sur les armes chimiques en respectant les procédures et en présentant des preuves et des conclusions crédibles, a-t-il déclaré.  Il a espéré que le Directeur général et le Secrétariat technique prendront des mesures concrètes pour respecter les règles de l’OIAC.  Enfin, il a estimé qu’il serait bon de réduire la fréquence des réunions du Conseil sur cette question. 

M. FERGUS JOHN ECKERSLEY (Royaume-Uni) a relevé que mois après mois, nous entendons que la Syrie ne fait aucun progrès pour remplir ses obligations au titre de la Convention sur les armes chimiques et de la résolution 2118 (2013) du Conseil de sécurité.  Malgré les efforts de désinformation et les innombrables excuses justifiant le non-respect de ses obligations par la Syrie, nous devons être conscients que son programme d’armes chimiques représente un risque réel et permanent pour la paix et la sécurité internationales, a-t-il déclaré.  

Pour le représentant, le manquement de la Syrie n’est qu’un aspect de la question.  Il a déclaré que la Russie continue à protéger le « régime d’Assad », y compris dans ses efforts pour cacher son utilisation et son stock d’armes chimiques, en trouvant des excuses pour ne pas faire avancer le dossier.  Cela montre, à son avis, qu’elle ne cherche pas à protéger la sécurité internationale.  Le délégué a souligné que le Conseil de sécurité ne doit accepter aucune érosion des règles qui ont été acceptées par tous et qu’il faut continuer à travailler pour pousser la Syrie à remplir ses obligations. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a déclaré qu’il y a neuf ans, le régime syrien avait délibérément assassiné plus d’un millier de civils dans la banlieue de Damas avec du gaz sarin, dont la réalité n’a jamais été contestée.  Il a rappelé que l’identification des auteurs des attaques reste essentielle.  Le représentant a déploré l’absence totale de progrès et l’incomplétude de la déclaration initiale de la Syrie, exhortant cet État à faire pleine lumière sur l’intégralité des stocks et à se mettre en conformité avec ses obligations internationales.  Les campagnes de calomnies à l’encontre des équipes de l’OIAC discréditent leurs auteurs, a affirmé M. de Rivière, qui a déclaré que la lutte contre l’impunité et l’interdiction totale d’armes chimiques restent les priorités. 

M. BASSAM SABBAGH (Syrie) a condamné l’emploi d’armes chimiques en toutes circonstances.  Il a rejeté catégoriquement toutes les accusations infondées proférées contre son pays, notamment de la part des États-Unis.  Il a présenté des informations actualisées, en indiquant que la Syrie a présenté un rapport le 15 septembre dernier sur la destruction d’armes chimiques.  « Mon pays tient à organiser une réunion de haut niveau entre son ministre des affaires étrangères et le Directeur général de l’OIAC avec un ordre du jour défini. »  Il a précisé que la réunion prévue à Beyrouth n’était qu’une réunion de coordination. 

Aucune restriction n’est apportée au déploiement d’une équipe d’experts de l’OIAC, a poursuivi le délégué.  L’exclusion d’une seule personne ne doit pas empêcher la tenue des consultations, a-t-il argué, en rappelant le grand nombre d’experts travaillant pour l’OIAC.  Il a regretté que le Secrétariat technique ait campé sur sa position en voulant l’inclusion dudit expert.  Il a demandé que l’OIAC s’acquitte de ses tâches avec impartialité et indépendance.  L’Équipe d’enquête et d’identification est illégitime, a tranché le délégué, en soulignant le caractère fallacieux de ses recommandations qui ne servent que les intérêts des pays occidentaux.  Enfin, il a regretté le manque d’attention accordée à l’emploi d’armes par des groupes terroristes en Syrie, ce qui montre bien l’approche politisée qui prévaut sur ce dossier. 

M. AMIR SAEID JALIL IRAVANI (République islamique dIran) a rappelé, que dans le passé, son pays aussi avait été victime de l’utilisation d’armes chimiques.  Il a donc demandé l’application de toutes les dispositions de la Convention sur les armes chimiques pour prévenir l’utilisation de ces armes à l’avenir.   

Plaidant pour qu’on ne politise pas le travail de l’OIAC dans la mise en œuvre de la Convention, le représentant a demandé que toutes les enquêtes soient menées de manière impartiale, et en premier lieu que les enquêteurs respectent la Convention.  Il a salué les efforts de la Syrie pour respecter la Convention en présentant, le 15 septembre, un nouveau rapport portant sur la destruction des armes chimiques et leur fabrication.  Le représentant, qui a souhaité que les parties parviennent à régler les questions en suspens, a dénoncé la partialité du traitement du dossier syrien.  Cet examen devra se faire désormais sur les aspects techniques afin que l’OIAC puisse tirer des conclusions basées sur des preuves, a-t-il conclu.

M. ÖNCÜ KEÇELI, (Türkiye), a estimé que le « régime » de Damas ne s’acquitte pas de ses obligations internationales.  Selon le rapport, a-t-il noté, il n’y a pas de progrès s’agissant de la déclaration initiale.  Dès lors, il n’y a que lacunes, disparités et incohérences, ce qui fait que la déclaration ne peut être considérée comme exacte et complète, a-t-il conclu.  Le représentant a appelé le « régime syrien » à coopérer pleinement avec le Secrétariat technique de l’OIAC et à lui fournir les informations qui lui sont demandées au titre de la Convention sur les armes chimiques.  Par ailleurs, il a estimé que la délivrance de visas aux membres de l’Équipe d’évaluation est la priorité absolue.  Le représentant s’est félicité au passage des travaux menés par cette équipe pour demander des comptes aux auteurs d’armes chimiques.  Il s’est dit opposé à toute tentative de délégitimiser le Secrétariat technique et ses équipes.  L’unité du Conseil de sécurité est essentielle à cet égard, nous le devons aux nombreuses victimes, a-t-il conclu. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Première Commission, chargée du désarmement, adopte son programme de travail

Soixante-dix-septième session,
1re séance plénière – après-midi
AG/DSI/3681

La Première Commission, chargée du désarmement, adopte son programme de travail

La Première Commission, chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale, a tenu aujourd’hui sa séance d’organisation sous la présidence de M. Mohan Pieris (Sri Lanka) et a approuvé son programme de travail pour la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale.  M. Pieris a été élu aujourd’hui pour remplacer M. Magzhan Ilyassov, du Kazakhstan, qui avait été élu le 7 juin, mais dont la candidature a ensuite été retirée par son pays. 

En présentant le programme de travail, M. Mohan Pieris, a indiqué que la Première Commission tiendrait un total de 28 réunions pour achever ses travaux le 4 novembre.  Il a rappelé que cette session se décline en trois phases, celle du débat général, du 3 au 12 octobre, avec huit réunions, celle des sept débats thématiques -armes nucléaires; autres armes de destruction massive; espace extra-atmosphérique; armes classiques; autres mesures de désarmement et sécurité internationale; désarmement et sécurité sur le plan régional; mécanismes de désarmement- avec 11 réunions du 14 au 27 octobre, et celle de l’adoption des projets de résolution et décision, avec environ six séances prévues entre le 28 octobre et le 4 novembre. 

Outre ces débats, M. Pieris a annoncé les interventions de M. Csaba Kőrösi, Président de l’Assemblée générale, le 4 octobre; de Mme Tatiana Valovaya, Secrétaire générale de la Conférence du désarmement, le 12 octobre, avant de rappeler l’échange prévu avec Mme Izumi Nakamitsu, Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, le 14 octobre. 

Par ailleurs, M. Pieris a mis l’accent sur la tenue, le 27 octobre, de la réunion conjointe entre les Première et Quatrième Commissions consacrée aux « défis potentiels de la sécurité spatiale et la durabilité », avant de souligner celle, officieuse, d’un échange entre les délégations et les représentants de la société civile, à la fin du débat général le 12 octobre.  Il a aussi indiqué que le 13 octobre serait consacré à un échange sur les méthodes de travail et la planification du programme.   

Après avoir précisé que les journées du 18 et du 25 octobre verront des débats matin et après-midi, le Président de la Première Commission a indiqué qu’il n’y aurait pas de réunion les 5 et 24 octobre, par respect des congés flottants relatifs aux fêtes religieuses de Yom Kippour et Diwali.

Le calendrier des différentes séances de travail figure dans le document A/C.1/77/CRP.1.  Le document A/C.1/77/CRP.2 présente le calendrier et le programme des discussions thématiques.

Prenant la parole avant l’adoption du programme de travail, le représentant de la Fédération de Russie a indiqué que les membres de sa délégation continuaient d’éprouver des difficultés pour obtenir auprès de l’Administration américaine les visas nécessaires à leurs contributions aux travaux des Nations Unies.  Rappelant que l’accord de Siège du 26 juin 1947 impose au pays hôte d’assurer aux délégations un accès sans entrave au Siège des Nations Unies, le représentant a exhorté le Secrétariat à prendre les mesures qui s’imposent afin que les États-Unis remplissent leurs obligations en matière de délivrance de visas dans les meilleurs délais.  Réagissant à cette intervention, le Président de la Commission a indiqué que le Comité des relations avec le pays hôte était saisi de cette question et a ajouté que le Secrétariat poursuivrait ses bons offices avec le pays hôte. 

Le Bureau de la Première Commission est composé cette année de Mme Szilvia Balázs (Hongrie) et de MM. Nazim Khaldi (Algérie), Daniel Rothlin (Autriche) et Marcelo Zambrana-Torrelio (Bolivie). 

La Commission a aussi rendu hommage aujourd’hui, par des applaudissements nourris, à M. Thomas Markram, Haut-Représentant adjoint pour les affaires de désarmement, qui participait aujourd’hui sa dernière réunion avant de mettre un terme à ses fonctions. 

La prochaine réunion de la Première Commission aura lieu lundi 3 octobre, à partir de 10 heures.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, adopte son programme de travail pour la 77e session

Soixante-dix-septième session,
1re séance plénière – matin
CPSD/747

La Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, adopte son programme de travail pour la 77e session

Chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, la Quatrième Commission a approuvé, ce matin, son programme de travail et son calendrier pour la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale des Nations Unies.  L’occasion pour son Président, M. Mohamed Al Hassan, d’Oman, d’annoncer que la Commission revient cette année aux modalités de travail d’avant la pandémie de COVID-19 et se réunira en présentiel. 

La Commission tiendra en tout 26 séances publiques, contre 15 en 2021, dont une table ronde conjointe avec la Première Commission au titre du point relatif à l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique.  Ses travaux de fond débuteront le lundi 3 octobre par l’examen des points relatifs à la décolonisation. 

La Commission va poursuivre la pratique consistant à tenir des dialogues interactifs sous les rubriques des questions relatives à l’information, à l’espace extra-atmosphérique, au maintien de la paix, aux missions politiques spéciales, aux effets des rayonnements ionisants, à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et au rapport du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes. 

Au titre du point relatif à la décolonisation, qui sera examiné du 3 au 14 octobre, la Commission entendra les interventions de représentants des 17 territoires non autonomes inscrits à son ordre du jour.  Parmi eux, figurent les représentant des Bermudes, des Îles Vierges britanniques, de la Polynésie française, de la Nouvelle-Calédonie et de Guam.  Après le retour des pétitionnaires en 2021, ce sont au total 200 pétitionnaires (par rapport à 138 l’an dernier) qui s’exprimeront cette année en personne sur les questions relatives aux Samoa américaines, aux Îles Vierges britanniques, à la Polynésie française, à Guam, aux Îles Vierges américaines, à Sainte-Hélène, à Gibraltar, aux Îles Falkland (Malvinas), aux Îles Caïmanes, à la Nouvelle-Calédonie et au Sahara occidental. 

Ce matin, la Commission a également élu par acclamation M. Omran Sharaf, des Émirats arabes unis, en tant que Président du Groupe de travail plénier sur l’espace extra-atmosphérique. 

Le représentant du Mexique a proposé d’utiliser un chronomètre mural pour limiter le temps de parole des intervenants, conformément au temps imparti. 

Les membres du Bureau de la Commission pour la soixante-dix-septième session sont MM. Iason Kasselakis (Grèce), Klemen Ponikvar (Slovénie) et Tiyani Raymond Sithole (Afrique du Sud) élus aux postes de vice-président, ainsi que Mme María Noel Beretta Tassano (Uruguay) élue Rapporteur. 

Les séances publiques de la Commission seront retransmises en direct sur le Webcast de l’ONU et les communiqués de presse quotidiens résumant les délibérations de chaque séance publique sont publiés le jour même en français et en anglais sur le site: https://www.un.org/press/fr

La Commission tiendra sa prochaine séance plénière lundi 3 octobre, à partir de 15 heures.  Le Président de l’Assemblée générale, M. Csaba Kőrösi, interviendra à cette occasion.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité autorise pour une nouvelle année l’inspection en haute mer des navires soupçonnés de trafic d’êtres humains en provenance de Libye

9140e séance - matin
CS/15043

Le Conseil de sécurité autorise pour une nouvelle année l’inspection en haute mer des navires soupçonnés de trafic d’êtres humains en provenance de Libye

En adoptant à l’unanimité de ses membres la résolution 2652 (2022), le Conseil de sécurité a autorisé, ce matin, pendant une nouvelle période d’un an, les États Membres concernés à inspecter les bateaux naviguant en haute mer au large des côtes libyennes, s’ils ont des motifs raisonnables de soupçonner qu’ils sont utilisés pour le trafic de migrants ou la traite d’êtres humains en provenance de Libye.  Le Conseil a en effet décidé de reconduire les autorisations visées aux paragraphes 7, 8, 9 et 10 de la résolution 2240 (2015).

Condamnant tous les actes de trafic de migrants et de traite d’êtres humains ayant le territoire libyen et le large des côtes libyennes comme destination, le Conseil de sécurité autorise donc de nouveau les mêmes États Membres à saisir des navires inspectés « dont ils ont la confirmation qu’ils sont utilisés à des fins de trafic de migrants ou de traite d’êtres humains en provenance de Libye ».

Les États Membres concernés sont ceux qui sont « engagés dans la lutte contre le trafic de migrants et la traite d’êtres humains », « agissant individuellement ou dans le cadre d’organismes régionaux », comme l’Union européenne.  Ils sont autorisés à utiliser tous les moyens « dictés par les circonstances spécifiques » pour lutter contre les trafiquants de migrants et d’êtres humains, « dans le strict respect du droit international et des droits de l’homme ».

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES S/2022/655

Texte du projet de résolution S/2022/718

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses résolutions 2240 (2015), 2312 (2016), 2380 (2017), 2437 (2018), 2491 (2019), 2546 (2020) et 2598 (2021), ainsi que la déclaration de son président en date du 16 décembre 2015 (S/PRST/2015/25),

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de la Libye,

Accueillant avec satisfaction le rapport du Secrétaire général daté du 30 août 2022 (S/2022/655) et notamment ses observations sur la détresse des migrants et des réfugiés en Libye,

Conscient que la Charte des Nations Unies lui confie la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales,

Se félicitant des mesures prises pour mettre en œuvre la résolution 2240 (2015) et souhaitant qu’elles continuent d’être appliquées, et prenant note de l’opération de l’Union européenne en Méditerranée EUNAVFOR MED Irini à cet égard,

Réaffirmant qu’il faut mettre fin à l’expansion actuelle du trafic de migrants et de la traite d’êtres humains en Méditerranée au large des côtes libyennes qui mettent des vies en danger et, à cette fin précise, agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Condamne tous les actes de trafic de migrants et de traite d’êtres humains ayant le territoire libyen et le large des côtes libyennes comme destination, zone de transit ou point de départ, qui fragilisent davantage le processus de stabilisation de la Libye et mettent en péril les vies de centaines de milliers de personnes;

2.    Décide de reconduire les autorisations visées aux paragraphes 7, 8, 9 et 10 de la résolution 2240 (2015) pour une nouvelle période de douze mois à compter de la date d’adoption de la présente résolution, réaffirme les dispositions du paragraphe 11 de ladite résolution et réaffirme également ses résolutions 2240 (2015), 2312 (2016), 2380 (2017), 2437 (2018), 2491 (2019), 2546 (2020) et 2598 (2021) ainsi que la déclaration de son président S/PRST/2015/25;

3.    Réitère, à compter de la date d’adoption de la présente résolution, les demandes formulées au paragraphe 17 de sa résolution 2240 (2015), et prie le Secrétaire général de lui faire rapport, onze mois après la date d’adoption de la présente résolution, sur l’état d’avancement de son application, en particulier pour ce qui est des paragraphes 7 à 10 de sa résolution 2240 (2015);

4.    Entend suivre la situation et, le cas échéant, envisager de reconduire pour des périodes supplémentaires les autorisations découlant de la présente résolution;

5.    Décide de rester saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Palestine: la violence « perpétuelle » et l’expansion des colonies israéliennes inquiètent les membres du Conseil de sécurité

9139e séance – matin
CS/15042

Palestine: la violence « perpétuelle » et l’expansion des colonies israéliennes inquiètent les membres du Conseil de sécurité

La trajectoire actuelle nous conduit dans un état de violence perpétuelle et de conflits, a averti ce matin Tor Wennesland, Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, lors de la séance du Conseil de sécurité consacrée à l’application de la résolution 2334 (2016).  Dressant un inventaire détaillé des incidents intervenus entre le 17 juin et le 20 septembre, il a exprimé son inquiétude face au développement des colonies israéliennes, notamment les projets de construction de 700 logements à Jérusalem-Est et 1 215 logements à proximité d’Umm Tuba.  Des préoccupations largement partagées par les membres du Conseil qui ont appelé à la retenue.

Dans son exposé, le Coordonnateur spécial est revenu sur la décision de la Cour suprême israélienne qui a annulé l’évacuation de l’avant-poste illégal de Mitzpeh Kramin au motif que le site avait été alloué aux colons de bonne foi par les Palestiniens.  Il a craint qu’elle ne fasse jurisprudence pour la légalisation de colonies supplémentaires en droit israélien.  Il s’est également inquiété que 1 000 Palestiniens, dont 569 enfants, soient confrontés au risque d’une éviction imminente, évoquant notamment la pression exercée par Israël sur deux communautés palestiniennes dans la Zone C.  Les démolitions ordonnées au motif de l’absence de permis de construire israéliens l’ont aussi alarmé, surtout que de tels permis sont presque impossibles à obtenir pour les Palestiniens.

L’autre sujet de préoccupation principal exprimé par M. Wennesland est l’accroissement des violences qui ont fait 29 morts et 1 813 blessés palestiniens, dont de nombreux enfants, en Cisjordanie ainsi que 49 Palestiniens tués à Gaza.  Il a également condamné les 1 100 missiles lancés par des groupes armés palestiniens sur Israël depuis la bande de Gaza ainsi que les actes terroristes menés contre les civils israéliens.  Il a fait état de nombreux incidents individuels ayant entraîné la mort ou des blessures parmi les ressortissants palestiniens et israéliens dans la période considérée, dont une liste complète sera communiquée par écrit.  Le Président du Conseil de sécurité, le représentant de la France, a en effet exprimé sa préférence pour une communication écrite plutôt qu’un long exposé oral pendant la séance.

Le Coordonnateur spécial a également abordé le problème de l’absence d’unité intrapalestinienne, qui continue de nuire à l’approche commune nécessaire au règlement du conflit.  Il a exhorté les factions palestiniennes à redoubler d’efforts pour réunir Gaza et la Cisjordanie sous un gouvernement démocratique unique.  Le soutien régional et certaines mesures israéliennes récentes permettant d’améliorer l’accès des Palestiniens aux permis de travail ainsi que le développement de la 4G vont dans la bonne direction, a-t-il fait remarquer.

Une autre recommandation de M. Wennesland a porté sur le financement de l’UNRWA, l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, qui doit être pris en charge par la communauté internationale pour garantir l’action stabilisatrice de l’agence.  Un appel relayé par l’Irlande, l’Inde, les États-Unis ou encore le Brésil, qui a dénoncé un sous-financement chronique de l’agence alors qu’elle a besoin de pouvoir restaurer ses capacités opérationnelles.

Dans leurs interventions, les membres du Conseil de sécurité ont avant tout exprimé leur inquiétude face à la dégradation de la situation sécuritaire.  Le Mexique a souligné qu’il s’agit de l’année la plus meurtrière depuis 2005, selon les chiffres du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).  La Norvège a appelé Israël à faire preuve de retenue pour éviter que la situation n’échappe à tout contrôle, à l’instar du Kenya et du Ghana qui ont lancé des appels au calme.

La Fédération de Russie s’est inquiétée en particulier de l’expansion des nouvelles colonies israéliennes dans les territoires occupés, y voyant un des principaux obstacles à la solution des deux États.  L’extension des colonies et la multiplication des violences par les colons à l’encontre des Palestiniens ont été unanimement déplorées par les membres du Conseil, dont la Chine qui a rappelé qu’Israël, en tant que Puissance occupante, a la responsabilité d’assurer la sécurité de la population des territoires occupés.

Les récentes déclarations du Président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et du Premier Ministre israélien Yair Lapid devant l’Assemblée générale des Nations Unies réaffirmant leur engagement en faveur d’une solution à deux États ont reçu un accueil favorable au Conseil de sécurité, l’Albanie soulignant qu’il s’agit de la première déclaration en ce sens par un dirigeant israélien depuis 10 ans.  Le représentant français a appelé à traduire ce discours en actes sur le terrain, faisant écho aux nombreux appels exprimés par les membres du Conseil de sécurité à la reprise des négociations directes.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

clarations

M. TOR WENNESLAND, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, a présenté le rapport du Secrétaire général sur l’application de la résolution 2334 (2016) couvrant la période du 17 juin au 20 septembre.  Il a dressé la liste des incidents intervenus durant cette période, évoquant les tentes plantées par des colons israéliens en Cisjordanie entre le 19 et le 21 juillet et retirées, car illégales, par les autorités israéliennes, le projet de construction israélien de 1 215 maisons sur le site de l’aqueduc inférieur à proximité du quartier palestinien de Umm Tuba, y compris au-delà de la ligne verte à Jérusalem-Est, la décision de la Cour suprême israélienne du 27 juillet annulant l’évacuation de l’avant-poste illégal de Mitzpeh Kramin au motif que le site avait été alloué de bonne foi par les Palestiniens aux colons, l’emménagement de colons dans une maison palestinienne dans le site H2 d’Hébron le 28 juillet, ainsi que le projet de construction de 700 logements à Jérusalem-Est le 5 septembre.  Les démolitions et saisies de structures palestiniennes continuent en Cisjordanie au motif de l’absence de permis israéliens de construire, presque impossibles à obtenir pour les Palestiniens, a-t-il expliqué.  Il a dénombré 237 personnes, dont 116 enfants, qui ont ainsi été déplacées, sachant que 41 structures étaient financées par des donateurs. 

Le 21 juillet, a-t-il poursuivi, la Cour suprême israélienne a suspendu de manière conservatoire un décret d’éviction.  Il a également noté la destruction par les forces de sécurité israéliennes de quatre maisons appartenant à la famille de Palestiniens accusés du meurtre d’Israéliens, déplaçant 31 personnes dont 13 enfants.  Il a aussi mentionné la pression exercée par Israël sur deux communautés palestiniennes dans la Zone C pour qu’elles quittent leurs logements.  Le Coordonnateur spécial a regretté les violences quotidiennes: en Cisjordanie, a-t-il indiqué, 29 Palestiniens sont morts, dont 6 enfants, et 1 813 ont été blessés, dont 27 femmes et 194 enfants.  À Gaza, les Forces de défense israéliennes ont mené 147 bombardements et les militants palestiniens ont tiré 1 100 missiles; 49 Palestiniens ont été tués, dont au moins 26 civils, 64 Israéliens ont été blessés dont 62 légèrement, y compris 9 enfants.  Après avoir noté que les forces de sécurité israéliennes avaient procédé à 906 opérations d’arrestation dans la Cisjordanie ayant donné lieu à 1 528 arrestations, il a dressé la liste des incidents individuels ayant entraîné la mort ou la blessure de Palestiniens et d’Israéliens entre le 19 juin et le 19 août.

À ce stade de son exposé, le Président du Conseil de sécurité, le représentant de la France, a demandé à M. Wennesland de transmettre par écrit plutôt que par oral, la liste des autres incidents et de présenter directement les observations du Secrétaire général au sujet de la mise en œuvre des dispositions de la résolution 2334.  Le Coordonnateur spécial a acquiescé en notant néanmoins qu’une telle demande ne correspondait pas à la procédure habituelle.

Poursuivant, il s’est dit profondément préoccupé de l’extension des colonies israéliennes sur le territoire occupé de la Cisjordanie.  La décision Mitzph Kramim de la Cour suprême israélienne est également préoccupante et pourrait faire jurisprudence pour la légalisation d’avant-postes supplémentaires en droit israélien, a-t-il indiqué, rappelant que ces colonies n’ont pas de validité légale et constituent des violations flagrantes du droit international et des résolutions des Nations Unies.  Ces activités doivent cesser, a-t-il tranché.  Les démolitions et saisies des propriétés palestiniennes constituent également une importance source d’inquiétude, en particulier la situation à Masafer Yatta, ou 1 000 Palestiniens, dont 569 enfants, sont confrontés au risque d’une éviction imminente. 

Le Coordonnateur spécial a appelé Israël à mettre fin aux démolitions et aux déplacements forcés, conformément à ses obligations du droit international humanitaire et des droits humains.  De même, les morts et les blessés parmi la population civile, y compris les enfants, sont particulièrement préoccupants, a indiqué M. Wennesland, appelant Israël à prendre des précautions pour épargner les civils lors des opérations militaires.  Il a également condamné les missiles lancés par des groupes armés palestiniens.  Les violences des colons à l’égard des Palestiniens en Cisjordanie, parfois en présence de forces israéliennes, restent également particulièrement préoccupantes, a-t-il ajouté.  Il a condamné les actes de terrorisme contre les civils, y compris l’attaque du 14 août contre des fidèles juifs, et a exprimé son inquiétude face à la fermeture des bureaux de sept organisations non gouvernementales palestiniennes.

Le Coordonnateur spécial a également noté que l’absence d’unité intrapalestinienne continue de porter préjudice à une approche commune pour résoudre le conflit et répondre aux besoins de sa population.  Il a donc appelé les factions palestiniennes à redoubler d’efforts pour réunir Gaza et la Cisjordanie sous un gouvernement démocratique unique et pour l’organisation d’élections.  Le soutien régional et américain aux hôpitaux de Jérusalem-Est, l’engagement israélien à améliorer l’accès palestinien au pont Allenby et la transition vers la technologie 4G pour soutenir la croissance économique constituent des développements bienvenus.  Il a également appelé la communauté internationale à soutenir l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNWRA) afin de garantir son rôle stabilisateur dans la région.  Si certaines améliorations sont intervenues, notamment l’augmentation des permis de travail permettant aux Palestiniens de Gaza de travailler à Israël, la situation humanitaire à Gaza reste critique, a-t-il prévenu en invitant Israël à lever ses mesures restrictives conformément à la résolution 1860 (2009).  Il a craint également que la trajectoire et les tendances négatives actuelles fassent peser un risque sur la situation socioéconomique et la construction d’institutions préparées par l’Autorité palestinienne pour obtenir le statut d’État, rappelant la solution des deux États sur la base des frontières de 1967.  Il s’est, à ce sujet, félicité des quatre éléments stratégiques du rapport du Bureau du Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient au Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens le 22 septembre.

En conclusion, le Coordonnateur spécial a félicité le Premier Ministre israélien, M. Yair Lapid, pour avoir réaffirmé son soutien à la solution des deux États lors de son discours devant l’Assemblée générale des Nations Unies le 22 septembre et a noté l’engagement du Président Mahmoud Abbas à une résolution pacifique du conflit.  Il a également pris note des nombreuses réunions intervenues en marge de l’Assemblée générale sur le sujet.  Il a néanmoins regretté le peu de progrès dans l’application de la résolution 2334 depuis son adoption en décembre 2016, avertissant que la trajectoire actuelle nous conduit dans un état de violence perpétuelle et de conflits.

Mme MONA JUUL (Norvège) a salué l’appui apporté par le Premier Ministre israélien Yair Lapid à la solution des deux États dans son discours devant l’Assemblée générale la semaine dernière.  Cette solution est la seule à même de préserver les droits et la sécurité des Israéliens et des Palestiniens.  Elle a déploré le peu de progrès dans l’application de la résolution 2334 (2016), les activités de colonisation s’étant poursuivies.  Ces activités illicites aggravent les tensions et sapent la solution des deux États, a tranché Mme Juul.  Elle a condamné les violences commises par les colons et le harcèlement des Palestiniens. 

La représentante s’est dite vivement préoccupée par la détérioration de la situation sécuritaire en Cisjordanie qui risque d’échapper à tout contrôle.  Tout en reconnaissant les préoccupations sécuritaires légitimes d’Israël, elle a appelé à la retenue.  Il doit être fait usage de la force seulement en cas de nécessité, en veillant à minimiser les conséquences contre les civils, notamment les enfants, et à préserver la vie, a-t-elle déclaré.  Enfin, Mme Juul a souhaité attirer l’attention du Conseil sur les cinq prisonniers exécutés à Gaza le 4 septembre.  « La peine de mort est une pratique inacceptable qui doit immédiatement cesser. »

M. ZHANG JUN (Chine) a souligné que le débat général de l’Assemblée générale n’a pas oublié le sort du peuple palestinien, les participants voulant miser sur un règlement global de la question palestinienne.  Il a souhaité que le Conseil de sécurité prenne des mesures concrètes pour aider le peuple palestinien, de sorte qu’il puisse jouir d’une paix durable.  Les participants au débat général ont souligné la pertinence de la solution des deux États, a encore rappelé le délégué en notant le consensus international à ce sujet.  C’est, à son avis, une question de justice et d’équité qu’il faut respecter.  Il a également noté que pour le Premier Ministre israélien, M. Yair Lapid, la solution des deux États va dans l’intérêt d’Israël et l’avenir de ses enfants.  Rapportant aussi les propos du discours du Président palestinien, il a dit que M. Mahmoud Abbas a salué cette déclaration du responsable israélien.  Toujours est-il qu’Israël sera jugé sur sa volonté de mettre en œuvre la solution des deux États, les résolutions du Conseil de sécurité, l’initiative de paix arabe et d’autres consensus internationaux, a prévenu le représentant.

Concernant les questions sécuritaires, Israël et la Palestine sont des voisins donc la sécurité est une et indivisible, a-t-il observé.  Il a recommandé à la communauté internationale d’accorder une importance égale aux préoccupations des deux parties par le dialogue et la coopération.  La Puissance occupante doit assurer la sécurité de la population des territoires occupés, a-t-il plaidé, ajoutant que la colonisation viole le droit international et restreint l’espace de vie des Palestiniens.  Le représentant a estimé que les progrès dans ce domaine demeurent modestes, au regard du rapport du Secrétaire général.  Il a martelé qu’Israël doit cesser la colonisation et montré du doigt le manque de volonté de ce pays d’assurer la justice et l’équité.  Paraphrasant le Président Abbas, il a demandé au Conseil de sécurité de mettre en œuvre ses résolutions sur la question palestinienne en promouvant le dialogue et la coopération.  Personne n’a le droit au veto sur l’avenir du peuple palestinien, a-t-il décrété en disant que la Chine appuie la création d’un État palestinien indépendant.  Le Conseil doit s’efforcer de sortir de l’impasse, a encouragé le représentant. 

M. FERGAL TOMAS MYTHEN (Irlande) a constaté « l’expansion implacable » de nouvelles colonies par Israël, en « violation flagrante » de la résolution 2334 (2016) et du droit international, et demandé à Israël de cesser toute activité de colonisation.  Il a regretté l’augmentation continue en 2022 des plans de construction de colonies en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est.  Notant que les plans d’établissement et d’expansion de colonies dans les gouvernorats de Naplouse, de Ramallah et aux abords de Jérusalem et de Bethléem constituaient la plus grande menace pour la contiguïté territoriale d’un futur État palestinien, il s’est dit particulièrement préoccupé par les zones E1, Givat Hamatos, Atarot, l’aqueduc inférieur, Givat Hashaked et Har Gilo ouest, qui auraient pour effet d’encercler Jérusalem-Est, la déconnectant des principales zones urbaines du reste de la Cisjordanie.  M. Mythen s’est en outre alarmé de la violence des colons, notant une augmentation de 34% de la moyenne mensuelle des incidents cette année par rapport à 2021 et de 83% par rapport à 2020.  Il a déploré le nombre de victimes des forces israéliennes en Cisjordanie, où plus de 80 Palestiniens ont été tués et plus de 7 400 blessés cette année.  Le représentant a demandé à Israël de ne pas procéder aux démolitions dans le village de Khallet Athaba à Masafer Yatta, expliquant que les expulsions forcées résultant des démolitions donnent lieu à des violations des droits de l’homme.  Si Israël a le droit de se défendre, il doit respecter ses obligations en vertu du droit international. 

Le représentant a soutenu l’appel de Lina Abu Akleh, la nièce de la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh à une enquête indépendante sur la mort de sa tante.  Il s’est félicité que l’Irlande ait pu augmenter de 2 millions d’euros son soutien à l’Office de soutien et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), portant son soutien total à 8 millions d’euros cette année.  Il a demandé à tous les États Membres, y compris ceux de la région, d’intensifier leur soutien à l’UNRWA.  M. Mythen s’est également dit préoccupé par la crise humanitaire à Gaza, exacerbée par le blocus israélien en cours.  Il s’est encore inquiété de la situation des droits de l’homme à Gaza et a condamné l’exécution par le Hamas de cinq prisonniers le 4 septembre dernier, l’appelant à mettre fin à la pratique des exécutions et à rendre les Israéliens capturés, y compris les restes humains, à leurs proches. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a estimé, au regard des derniers événements du mois d’août, que la situation dans les territoires palestiniens occupés restera explosive jusqu’à ce que les parties parviennent à un compromis mutuellement acceptable sur toutes les questions du statut final.  Le délégué a évoqué les éclats de violence en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, expliquant que cela est dû principalement à la stagnation du processus de paix.  Il a dénoncé les actions unilatérales des Israéliens et l’usage disproportionné de la force contre les Palestiniens.  Il a évoqué des décisions arbitraires au quotidien, comme ces incarcérations massives de Palestiniens dans les prisons israéliennes sans présentation de charges contre eux, qui concernent environ 700 personnes.  Il a aussi parlé d’actes de provocation comme la violation du statut des Lieux saints de Jérusalem.  De même, la liberté de la presse est bafouée, jusqu’au meurtre de journalistes, tandis que les restrictions sont imposées aux activités d’organisations de défense des droits humains.

Le représentant a rappelé qu’en vertu de sa résolution 2334 (2016), le Conseil de sécurité a établi que la création de colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, y compris Jérusalem-Est, est une violation du droit international et l’un des principaux obstacles à un règlement sur la base de la solution des deux États.  Il a noté que les actions illégales arbitraires d’Israël s’étendent au-delà de la Cisjordanie et de la bande de Gaza.  Il a ainsi dénoncé de telles actions à l’égard de pays arabes, faisant référence à de nombreux épisodes de violation de leur souveraineté, y compris pour mener des attaques sur le territoire de la Syrie et du Liban.  « Nous nous opposons à une telle défense de la sécurité nationale qui crée des menaces pour d’autres pays et qui risque de transformer le Moyen-Orient en arène d’affrontement avec l’Iran », a dit le délégué.

Le représentant a plaidé pour que la communauté internationale joue son rôle constructif à la fois dans le conflit israélo-palestinien, mais également pour atténuer les graves problèmes humanitaires et socioéconomiques dans les territoires occupés, notamment dans la bande de Gaza.  Il s’est dit convaincu qu’il n’y a pas d’alternative aux négociations directes entre Palestiniens et Israéliens pour un règlement final, dénonçant les actions contre-productives de Washington qui bloquent l’activité du Quatuor de médiateurs internationaux tentant d’imposer une paix économique.

Mme AURELIE FLORE KOUMBA PAMBO (Gabon) a regretté l’absence de progrès sur la question palestinienne et la détérioration de la situation humanitaire, notamment dans les territoires palestiniens occupés, réaffirmant l’attachement de son pays à la solution des deux États sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem pour capitale.  Elle a invité les parties à reprendre les négociations de bonne foi et souligné le rôle crucial des pays de la région et du Quatuor à cette fin.  La récente déclaration du Premier Ministre israélien Yair Lapid à l’Assemblée générale en faveur d’un accord avec les Palestiniens fondé sur deux États est « encourageante », a-t-elle indiqué, de même que les efforts déployés par le Quatuor et d’autres partenaires comme l’Allemagne, la France, l’Égypte, la Jordanie et l’Organisation de la coopération islamique (OCI) pour aboutir à une solution partagée.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a appelé à la préservation de la solution des deux États dans l’intérêt de la paix dans la région.  Il a condamné les actes terroristes perpétrés contre Israël et exhorté tous les groupes militants à se consacrer à l’élaboration d’un processus politique robuste à même d’instaurer la paix.  Nous sommes également préoccupés par l’insécurité et la situation humanitaire critique qui prévalent dans certaines zones de la Palestine, a dit le délégué, avant de dénoncer les violations commises contre les Palestiniens.  L’insécurité croissante en Cisjordanie et à Gaza sape la solution des deux États, a tranché le délégué, avant d’exhorter les parties à œuvrer à une désescalade des tensions et à revenir à la table des négociations.  Enfin, il a exhorté Israël à respecter les droits inaliénables des Palestiniens, avant de souligner une nouvelle fois l’importance capitale de réaliser ladite solution.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a rappelé l’engagement du Premier Ministre d’Israël vis-à-vis de la solution des deux États lors du récent débat général de l’Assemblée générale.  Cet engagement sans précédent a été salué par le Président de la Palestine, a souligné le représentant.  La solution des deux États est la seule manière d’assurer la paix, a-t-il estimé formant le vœu qu’Israël et la Palestine agissent pour mettre fin à ce conflit perpétuel.  Il a aussi insisté sur l’importance de maintenir le cessez-le-feu entre des militants palestiniens et Israël car la violence est une fausse promesse.  M. Hoxha a encouragé les deux parties à s’inspirer des Accords d’Oslo qui constituent un exemple pour conclure d’autres accords.  Il a souhaité la reprise dès que possible des pourparlers de paix pour la création d’un État palestinien viable et pour la sécurité d’Israël.  Il a en outre rejeté et condamné tout acte de terrorisme contre Israël.  « Ce pays a le droit de se défendre tout en respectant la loi. »  Récemment victime de cyberattaques contre ses infrastructures stratégiques, l’Albanie comprend bien la préoccupation d’Israël qui fait face à des attaques visant à détruire ses infrastructures nationales, a partagé le représentant, qui a rappelé à Israël que les colonies et leur expansion sont contraires à la solution des deux États et au droit international. 

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a regretté « le manque de progrès significatifs » dans la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016), et appelé, dans le respect de la résolution, à la définition d’objectifs clairs, d’un calendrier et de solutions atteignables.  Il s’est inquiété de la détérioration de la situation sécuritaire et a exhorté toutes les parties au calme.  L’établissement de colonies, les démolitions de maisons et les expulsions en Cisjordanie et à Jérusalem-Est constituent selon lui des violations du droit international.  Le représentant a aussi condamné les attaques terroristes perpétrées par le Hamas, le Jihad islamique et d’autres groupes en Israël, demandant la reddition de comptes et des efforts accrus pour remédier au cycle des conflits.

Mme AMEIRAH OBAID MOHAMED OBAID ALHEFEITI (Émirats arabes unis) a souhaité que le Moyen-Orient passe par une transformation qui permette aux peuples de la région de connaître la paix.  Elle a salué la déclaration du Premier Ministre israélien au cours du dernier débat général de l’Assemblée générale sur sa volonté de voir se concrétiser la solution des deux États.  Elle a appelé les parties à la modération et à la retenue.  La déléguée a rappelé que les colonies de peuplement sont contraires au droit international et a dénoncé les attaques des colons contre les fermiers palestiniens.  En outre, elle a insisté sur l’importance de préserver les établissements scolaires palestiniens, faisant remarquer que 56 d’entre eux font l’objet d’ordres de démolition, ce qui pourrait affecter 6 000 enfants palestiniens. 

Mme MELINA ESPESCHIT MAIA (Brésil) a réaffirmé que la solution des deux États dans le cadre du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité reste la seule voie possible et s’est félicitée de la déclaration du dirigeant israélien à l’Assemblée générale, espérant qu’elle permette la reprise des négociations.  Elle a exhorté les parties à maintenir le cessez-le-feu et à faire preuve de la plus grande retenue, ainsi qu’à respecter le droit international humanitaire et à mener des enquêtes pour clarifier les violations alléguées.  La sûreté et la sécurité des sites religieux doivent également être garanties.  La représentante a rappelé la nécessité de « ne pas sous-estimer le rôle de la pauvreté, de l’insécurité alimentaire et du désespoir dans la création d’un terrain propice à l’extrémisme ».  L’allégement des restrictions des biens depuis et vers Gaza constitue, sur ce point, un élément positif.  En conclusion, elle a appelé à restaurer les capacités de l’UNRWA, qui joue un rôle important pour des millions de réfugiés palestiniens risquant d’être laissés sans assistance par son sous-financement chronique. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a salué l’appui apporté par le Premier Ministre Yair Lapid et par le Président Mahmoud Abbas à la solution des deux États dans leur discours devant l’Assemblée générale la semaine dernière.  « La solution des deux États est la meilleure chance d’une paix durable. »  Vivement préoccupée par la détérioration de la situation sécuritaire en Cisjordanie, la représentante a appelé les parties à œuvrer à la désescalade des tensions.  Elle a enjoint Israël à renoncer aux démolitions prévues en Cisjordanie, de telles démolitions étant contraires au droit international.  Elle a par ailleurs condamné la récente exécution de cinq prisonniers à Gaza, en marquant l’opposition de son pays à la peine de mort.  Mme Woodward s’est également dite « horrifiée » par les attaques terroristes contre les civils israéliens.  Rien ne peut justifier de telles attaques selon elle.  Enfin, elle a appuyé le travail de l’UNRWA et appelé à un dialogue approfondi entre les parties.

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a déploré le peu de progrès et même le recul dans la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) pointant du doigt l’expansion des colonies israéliennes qui compromet la viabilité de la solution des deux États.  Il a déploré l’augmentation de la violence y compris le dernier attentat qui s’est produit à Holon, tuant une Israélienne.  La situation est fragile à Jérusalem-Est, a continué le délégué dénonçant les provocations sur l’esplanade des Mosquées qui peuvent avoir des conséquences désastreuses.  Il a appelé à la modération et à éviter toute action qui menace le caractère historique, démographique, religieux et culturel de la ville.  Le représentant a pris note de la détérioration de la situation sécuritaire en Cisjordanie et exhorté les forces de l’ordre israéliennes à respecter les principes de nécessité, de proportionnalité et de distinction. 

S’agissant du processus politique, le représentant a demandé que les mesures de confiance s’accompagnent d’un processus inclusif et de grande envergure auquel Israël et la Palestine participent de manière constructive, dans le but de s’attaquer aux causes structurelles du conflit.  Il a rappelé les réunions tenues pendant la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale en vue de promouvoir des mesures pour rétablir la confiance et la solution des deux États, soulignant à cet égard le soutien de la communauté internationale et l’engagement du Président Mahmoud Abbas et du Premier Ministre Yair Lapid.  C’est le chemin à suivre et l’heure est à la reprise du processus politique, a estimé le représentant. 

Mme RUCHIRA KAMBOJ (Inde)a demandé que cessent la violence et les attaques contre les civils, s’inquiétant des attentats terroristes en Israël et des incidents en Cisjordanie.  Elle a demandé « le respect du statu quo historique et juridique des lieux saints ».  Rappelant que l’Inde procurait une aide bilatérale aux Palestiniens dans de nombreux secteurs, la déléguée a ajouté que son pays avait déboursé sa contribution de cinq millions de dollars pour l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  Enfin, elle a appelé à la reprise des pourparlers directs en vue de réaliser la solution des deux États. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a rappelé que, pour le Président Biden, la solution des deux États reste l’objectif ultime.  Elle a dit qu’il appartient aux deux parties de travailler de bonne foi pour parvenir à deux États, pour les deux peuples.  Selon elle, il n’y a pas de raccourci.  Elle a jugé contre-productives les méthodes utilisées telles que les attentats visant les Israéliens, les colonies de peuplement ou encore la violence perpétrée par les colons israéliens qui sont parfois escortés par les forces de l’ordre.  La déléguée a assuré que les États-Unis jouent leur rôle.  La preuve en est que le Président Biden a annoncé un financement supplémentaire pour l’UNRWA et que le pays apporte son soutien pour l’installation de la technologie 4G dans les territoires palestiniens.  « Mais nous ne pouvons tout faire seul », a lancé Mme Thomas-Greenfield en invitant également d’autres acteurs à contribuer à la cause palestinienne.  Elle a aussi appelé les autorités palestiniennes à éviter de payer les proches de ceux qui commentent des attentats contre les Israéliens.  Les États-Unis ne vont pas hésiter à coopérer avec leurs partenaires pour façonner un avenir meilleur au Moyen-Orient, a-t-elle conclu

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a déclaré que la priorité est l’arrêt des mesures unilatérales, soulignant que la colonisation illégale en droit international remet en cause toute possibilité de reprise du processus de paix et de la solution des deux États.  La France, a-t-il indiqué, est particulièrement préoccupée de la situation dans le quartier palestinien de Silwan, à Jérusalem-Est, et dans le gouvernorat de Bethléem.  Il a exhorté à faire cesser les démolitions et les évictions et à respecter le statu quo des Lieux saints.  Le représentant a affirmé l’urgence de relancer les négociations directes entre les parties, saluant à ce sujet l’ouverture exprimée par le Premier Ministre israélien, M. Yair Lapid, devant l’Assemblée générale des Nations Unies, et l’appelant à traduire ce discours en actes sur le terrain.

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