Palestine: la violence « perpétuelle » et l’expansion des colonies israéliennes inquiètent les membres du Conseil de sécurité
La trajectoire actuelle nous conduit dans un état de violence perpétuelle et de conflits, a averti ce matin Tor Wennesland, Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, lors de la séance du Conseil de sécurité consacrée à l’application de la résolution 2334 (2016). Dressant un inventaire détaillé des incidents intervenus entre le 17 juin et le 20 septembre, il a exprimé son inquiétude face au développement des colonies israéliennes, notamment les projets de construction de 700 logements à Jérusalem-Est et 1 215 logements à proximité d’Umm Tuba. Des préoccupations largement partagées par les membres du Conseil qui ont appelé à la retenue.
Dans son exposé, le Coordonnateur spécial est revenu sur la décision de la Cour suprême israélienne qui a annulé l’évacuation de l’avant-poste illégal de Mitzpeh Kramin au motif que le site avait été alloué aux colons de bonne foi par les Palestiniens. Il a craint qu’elle ne fasse jurisprudence pour la légalisation de colonies supplémentaires en droit israélien. Il s’est également inquiété que 1 000 Palestiniens, dont 569 enfants, soient confrontés au risque d’une éviction imminente, évoquant notamment la pression exercée par Israël sur deux communautés palestiniennes dans la Zone C. Les démolitions ordonnées au motif de l’absence de permis de construire israéliens l’ont aussi alarmé, surtout que de tels permis sont presque impossibles à obtenir pour les Palestiniens.
L’autre sujet de préoccupation principal exprimé par M. Wennesland est l’accroissement des violences qui ont fait 29 morts et 1 813 blessés palestiniens, dont de nombreux enfants, en Cisjordanie ainsi que 49 Palestiniens tués à Gaza. Il a également condamné les 1 100 missiles lancés par des groupes armés palestiniens sur Israël depuis la bande de Gaza ainsi que les actes terroristes menés contre les civils israéliens. Il a fait état de nombreux incidents individuels ayant entraîné la mort ou des blessures parmi les ressortissants palestiniens et israéliens dans la période considérée, dont une liste complète sera communiquée par écrit. Le Président du Conseil de sécurité, le représentant de la France, a en effet exprimé sa préférence pour une communication écrite plutôt qu’un long exposé oral pendant la séance.
Le Coordonnateur spécial a également abordé le problème de l’absence d’unité intrapalestinienne, qui continue de nuire à l’approche commune nécessaire au règlement du conflit. Il a exhorté les factions palestiniennes à redoubler d’efforts pour réunir Gaza et la Cisjordanie sous un gouvernement démocratique unique. Le soutien régional et certaines mesures israéliennes récentes permettant d’améliorer l’accès des Palestiniens aux permis de travail ainsi que le développement de la 4G vont dans la bonne direction, a-t-il fait remarquer.
Une autre recommandation de M. Wennesland a porté sur le financement de l’UNRWA, l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, qui doit être pris en charge par la communauté internationale pour garantir l’action stabilisatrice de l’agence. Un appel relayé par l’Irlande, l’Inde, les États-Unis ou encore le Brésil, qui a dénoncé un sous-financement chronique de l’agence alors qu’elle a besoin de pouvoir restaurer ses capacités opérationnelles.
Dans leurs interventions, les membres du Conseil de sécurité ont avant tout exprimé leur inquiétude face à la dégradation de la situation sécuritaire. Le Mexique a souligné qu’il s’agit de l’année la plus meurtrière depuis 2005, selon les chiffres du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA). La Norvège a appelé Israël à faire preuve de retenue pour éviter que la situation n’échappe à tout contrôle, à l’instar du Kenya et du Ghana qui ont lancé des appels au calme.
La Fédération de Russie s’est inquiétée en particulier de l’expansion des nouvelles colonies israéliennes dans les territoires occupés, y voyant un des principaux obstacles à la solution des deux États. L’extension des colonies et la multiplication des violences par les colons à l’encontre des Palestiniens ont été unanimement déplorées par les membres du Conseil, dont la Chine qui a rappelé qu’Israël, en tant que Puissance occupante, a la responsabilité d’assurer la sécurité de la population des territoires occupés.
Les récentes déclarations du Président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et du Premier Ministre israélien Yair Lapid devant l’Assemblée générale des Nations Unies réaffirmant leur engagement en faveur d’une solution à deux États ont reçu un accueil favorable au Conseil de sécurité, l’Albanie soulignant qu’il s’agit de la première déclaration en ce sens par un dirigeant israélien depuis 10 ans. Le représentant français a appelé à traduire ce discours en actes sur le terrain, faisant écho aux nombreux appels exprimés par les membres du Conseil de sécurité à la reprise des négociations directes.
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE
Déclarations
M. TOR WENNESLAND, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, a présenté le rapport du Secrétaire général sur l’application de la résolution 2334 (2016) couvrant la période du 17 juin au 20 septembre. Il a dressé la liste des incidents intervenus durant cette période, évoquant les tentes plantées par des colons israéliens en Cisjordanie entre le 19 et le 21 juillet et retirées, car illégales, par les autorités israéliennes, le projet de construction israélien de 1 215 maisons sur le site de l’aqueduc inférieur à proximité du quartier palestinien de Umm Tuba, y compris au-delà de la ligne verte à Jérusalem-Est, la décision de la Cour suprême israélienne du 27 juillet annulant l’évacuation de l’avant-poste illégal de Mitzpeh Kramin au motif que le site avait été alloué de bonne foi par les Palestiniens aux colons, l’emménagement de colons dans une maison palestinienne dans le site H2 d’Hébron le 28 juillet, ainsi que le projet de construction de 700 logements à Jérusalem-Est le 5 septembre. Les démolitions et saisies de structures palestiniennes continuent en Cisjordanie au motif de l’absence de permis israéliens de construire, presque impossibles à obtenir pour les Palestiniens, a-t-il expliqué. Il a dénombré 237 personnes, dont 116 enfants, qui ont ainsi été déplacées, sachant que 41 structures étaient financées par des donateurs.
Le 21 juillet, a-t-il poursuivi, la Cour suprême israélienne a suspendu de manière conservatoire un décret d’éviction. Il a également noté la destruction par les forces de sécurité israéliennes de quatre maisons appartenant à la famille de Palestiniens accusés du meurtre d’Israéliens, déplaçant 31 personnes dont 13 enfants. Il a aussi mentionné la pression exercée par Israël sur deux communautés palestiniennes dans la Zone C pour qu’elles quittent leurs logements. Le Coordonnateur spécial a regretté les violences quotidiennes: en Cisjordanie, a-t-il indiqué, 29 Palestiniens sont morts, dont 6 enfants, et 1 813 ont été blessés, dont 27 femmes et 194 enfants. À Gaza, les Forces de défense israéliennes ont mené 147 bombardements et les militants palestiniens ont tiré 1 100 missiles; 49 Palestiniens ont été tués, dont au moins 26 civils, 64 Israéliens ont été blessés dont 62 légèrement, y compris 9 enfants. Après avoir noté que les forces de sécurité israéliennes avaient procédé à 906 opérations d’arrestation dans la Cisjordanie ayant donné lieu à 1 528 arrestations, il a dressé la liste des incidents individuels ayant entraîné la mort ou la blessure de Palestiniens et d’Israéliens entre le 19 juin et le 19 août.
À ce stade de son exposé, le Président du Conseil de sécurité, le représentant de la France, a demandé à M. Wennesland de transmettre par écrit plutôt que par oral, la liste des autres incidents et de présenter directement les observations du Secrétaire général au sujet de la mise en œuvre des dispositions de la résolution 2334. Le Coordonnateur spécial a acquiescé en notant néanmoins qu’une telle demande ne correspondait pas à la procédure habituelle.
Poursuivant, il s’est dit profondément préoccupé de l’extension des colonies israéliennes sur le territoire occupé de la Cisjordanie. La décision Mitzph Kramim de la Cour suprême israélienne est également préoccupante et pourrait faire jurisprudence pour la légalisation d’avant-postes supplémentaires en droit israélien, a-t-il indiqué, rappelant que ces colonies n’ont pas de validité légale et constituent des violations flagrantes du droit international et des résolutions des Nations Unies. Ces activités doivent cesser, a-t-il tranché. Les démolitions et saisies des propriétés palestiniennes constituent également une importance source d’inquiétude, en particulier la situation à Masafer Yatta, ou 1 000 Palestiniens, dont 569 enfants, sont confrontés au risque d’une éviction imminente.
Le Coordonnateur spécial a appelé Israël à mettre fin aux démolitions et aux déplacements forcés, conformément à ses obligations du droit international humanitaire et des droits humains. De même, les morts et les blessés parmi la population civile, y compris les enfants, sont particulièrement préoccupants, a indiqué M. Wennesland, appelant Israël à prendre des précautions pour épargner les civils lors des opérations militaires. Il a également condamné les missiles lancés par des groupes armés palestiniens. Les violences des colons à l’égard des Palestiniens en Cisjordanie, parfois en présence de forces israéliennes, restent également particulièrement préoccupantes, a-t-il ajouté. Il a condamné les actes de terrorisme contre les civils, y compris l’attaque du 14 août contre des fidèles juifs, et a exprimé son inquiétude face à la fermeture des bureaux de sept organisations non gouvernementales palestiniennes.
Le Coordonnateur spécial a également noté que l’absence d’unité intrapalestinienne continue de porter préjudice à une approche commune pour résoudre le conflit et répondre aux besoins de sa population. Il a donc appelé les factions palestiniennes à redoubler d’efforts pour réunir Gaza et la Cisjordanie sous un gouvernement démocratique unique et pour l’organisation d’élections. Le soutien régional et américain aux hôpitaux de Jérusalem-Est, l’engagement israélien à améliorer l’accès palestinien au pont Allenby et la transition vers la technologie 4G pour soutenir la croissance économique constituent des développements bienvenus. Il a également appelé la communauté internationale à soutenir l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNWRA) afin de garantir son rôle stabilisateur dans la région. Si certaines améliorations sont intervenues, notamment l’augmentation des permis de travail permettant aux Palestiniens de Gaza de travailler à Israël, la situation humanitaire à Gaza reste critique, a-t-il prévenu en invitant Israël à lever ses mesures restrictives conformément à la résolution 1860 (2009). Il a craint également que la trajectoire et les tendances négatives actuelles fassent peser un risque sur la situation socioéconomique et la construction d’institutions préparées par l’Autorité palestinienne pour obtenir le statut d’État, rappelant la solution des deux États sur la base des frontières de 1967. Il s’est, à ce sujet, félicité des quatre éléments stratégiques du rapport du Bureau du Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient au Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens le 22 septembre.
En conclusion, le Coordonnateur spécial a félicité le Premier Ministre israélien, M. Yair Lapid, pour avoir réaffirmé son soutien à la solution des deux États lors de son discours devant l’Assemblée générale des Nations Unies le 22 septembre et a noté l’engagement du Président Mahmoud Abbas à une résolution pacifique du conflit. Il a également pris note des nombreuses réunions intervenues en marge de l’Assemblée générale sur le sujet. Il a néanmoins regretté le peu de progrès dans l’application de la résolution 2334 depuis son adoption en décembre 2016, avertissant que la trajectoire actuelle nous conduit dans un état de violence perpétuelle et de conflits.
Mme MONA JUUL (Norvège) a salué l’appui apporté par le Premier Ministre israélien Yair Lapid à la solution des deux États dans son discours devant l’Assemblée générale la semaine dernière. Cette solution est la seule à même de préserver les droits et la sécurité des Israéliens et des Palestiniens. Elle a déploré le peu de progrès dans l’application de la résolution 2334 (2016), les activités de colonisation s’étant poursuivies. Ces activités illicites aggravent les tensions et sapent la solution des deux États, a tranché Mme Juul. Elle a condamné les violences commises par les colons et le harcèlement des Palestiniens.
La représentante s’est dite vivement préoccupée par la détérioration de la situation sécuritaire en Cisjordanie qui risque d’échapper à tout contrôle. Tout en reconnaissant les préoccupations sécuritaires légitimes d’Israël, elle a appelé à la retenue. Il doit être fait usage de la force seulement en cas de nécessité, en veillant à minimiser les conséquences contre les civils, notamment les enfants, et à préserver la vie, a-t-elle déclaré. Enfin, Mme Juul a souhaité attirer l’attention du Conseil sur les cinq prisonniers exécutés à Gaza le 4 septembre. « La peine de mort est une pratique inacceptable qui doit immédiatement cesser. »
M. ZHANG JUN (Chine) a souligné que le débat général de l’Assemblée générale n’a pas oublié le sort du peuple palestinien, les participants voulant miser sur un règlement global de la question palestinienne. Il a souhaité que le Conseil de sécurité prenne des mesures concrètes pour aider le peuple palestinien, de sorte qu’il puisse jouir d’une paix durable. Les participants au débat général ont souligné la pertinence de la solution des deux États, a encore rappelé le délégué en notant le consensus international à ce sujet. C’est, à son avis, une question de justice et d’équité qu’il faut respecter. Il a également noté que pour le Premier Ministre israélien, M. Yair Lapid, la solution des deux États va dans l’intérêt d’Israël et l’avenir de ses enfants. Rapportant aussi les propos du discours du Président palestinien, il a dit que M. Mahmoud Abbas a salué cette déclaration du responsable israélien. Toujours est-il qu’Israël sera jugé sur sa volonté de mettre en œuvre la solution des deux États, les résolutions du Conseil de sécurité, l’initiative de paix arabe et d’autres consensus internationaux, a prévenu le représentant.
Concernant les questions sécuritaires, Israël et la Palestine sont des voisins donc la sécurité est une et indivisible, a-t-il observé. Il a recommandé à la communauté internationale d’accorder une importance égale aux préoccupations des deux parties par le dialogue et la coopération. La Puissance occupante doit assurer la sécurité de la population des territoires occupés, a-t-il plaidé, ajoutant que la colonisation viole le droit international et restreint l’espace de vie des Palestiniens. Le représentant a estimé que les progrès dans ce domaine demeurent modestes, au regard du rapport du Secrétaire général. Il a martelé qu’Israël doit cesser la colonisation et montré du doigt le manque de volonté de ce pays d’assurer la justice et l’équité. Paraphrasant le Président Abbas, il a demandé au Conseil de sécurité de mettre en œuvre ses résolutions sur la question palestinienne en promouvant le dialogue et la coopération. Personne n’a le droit au veto sur l’avenir du peuple palestinien, a-t-il décrété en disant que la Chine appuie la création d’un État palestinien indépendant. Le Conseil doit s’efforcer de sortir de l’impasse, a encouragé le représentant.
M. FERGAL TOMAS MYTHEN (Irlande) a constaté « l’expansion implacable » de nouvelles colonies par Israël, en « violation flagrante » de la résolution 2334 (2016) et du droit international, et demandé à Israël de cesser toute activité de colonisation. Il a regretté l’augmentation continue en 2022 des plans de construction de colonies en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est. Notant que les plans d’établissement et d’expansion de colonies dans les gouvernorats de Naplouse, de Ramallah et aux abords de Jérusalem et de Bethléem constituaient la plus grande menace pour la contiguïté territoriale d’un futur État palestinien, il s’est dit particulièrement préoccupé par les zones E1, Givat Hamatos, Atarot, l’aqueduc inférieur, Givat Hashaked et Har Gilo ouest, qui auraient pour effet d’encercler Jérusalem-Est, la déconnectant des principales zones urbaines du reste de la Cisjordanie. M. Mythen s’est en outre alarmé de la violence des colons, notant une augmentation de 34% de la moyenne mensuelle des incidents cette année par rapport à 2021 et de 83% par rapport à 2020. Il a déploré le nombre de victimes des forces israéliennes en Cisjordanie, où plus de 80 Palestiniens ont été tués et plus de 7 400 blessés cette année. Le représentant a demandé à Israël de ne pas procéder aux démolitions dans le village de Khallet Athaba à Masafer Yatta, expliquant que les expulsions forcées résultant des démolitions donnent lieu à des violations des droits de l’homme. Si Israël a le droit de se défendre, il doit respecter ses obligations en vertu du droit international.
Le représentant a soutenu l’appel de Lina Abu Akleh, la nièce de la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh à une enquête indépendante sur la mort de sa tante. Il s’est félicité que l’Irlande ait pu augmenter de 2 millions d’euros son soutien à l’Office de soutien et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), portant son soutien total à 8 millions d’euros cette année. Il a demandé à tous les États Membres, y compris ceux de la région, d’intensifier leur soutien à l’UNRWA. M. Mythen s’est également dit préoccupé par la crise humanitaire à Gaza, exacerbée par le blocus israélien en cours. Il s’est encore inquiété de la situation des droits de l’homme à Gaza et a condamné l’exécution par le Hamas de cinq prisonniers le 4 septembre dernier, l’appelant à mettre fin à la pratique des exécutions et à rendre les Israéliens capturés, y compris les restes humains, à leurs proches.
M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a estimé, au regard des derniers événements du mois d’août, que la situation dans les territoires palestiniens occupés restera explosive jusqu’à ce que les parties parviennent à un compromis mutuellement acceptable sur toutes les questions du statut final. Le délégué a évoqué les éclats de violence en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, expliquant que cela est dû principalement à la stagnation du processus de paix. Il a dénoncé les actions unilatérales des Israéliens et l’usage disproportionné de la force contre les Palestiniens. Il a évoqué des décisions arbitraires au quotidien, comme ces incarcérations massives de Palestiniens dans les prisons israéliennes sans présentation de charges contre eux, qui concernent environ 700 personnes. Il a aussi parlé d’actes de provocation comme la violation du statut des Lieux saints de Jérusalem. De même, la liberté de la presse est bafouée, jusqu’au meurtre de journalistes, tandis que les restrictions sont imposées aux activités d’organisations de défense des droits humains.
Le représentant a rappelé qu’en vertu de sa résolution 2334 (2016), le Conseil de sécurité a établi que la création de colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, y compris Jérusalem-Est, est une violation du droit international et l’un des principaux obstacles à un règlement sur la base de la solution des deux États. Il a noté que les actions illégales arbitraires d’Israël s’étendent au-delà de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. Il a ainsi dénoncé de telles actions à l’égard de pays arabes, faisant référence à de nombreux épisodes de violation de leur souveraineté, y compris pour mener des attaques sur le territoire de la Syrie et du Liban. « Nous nous opposons à une telle défense de la sécurité nationale qui crée des menaces pour d’autres pays et qui risque de transformer le Moyen-Orient en arène d’affrontement avec l’Iran », a dit le délégué.
Le représentant a plaidé pour que la communauté internationale joue son rôle constructif à la fois dans le conflit israélo-palestinien, mais également pour atténuer les graves problèmes humanitaires et socioéconomiques dans les territoires occupés, notamment dans la bande de Gaza. Il s’est dit convaincu qu’il n’y a pas d’alternative aux négociations directes entre Palestiniens et Israéliens pour un règlement final, dénonçant les actions contre-productives de Washington qui bloquent l’activité du Quatuor de médiateurs internationaux tentant d’imposer une paix économique.
Mme AURELIE FLORE KOUMBA PAMBO (Gabon) a regretté l’absence de progrès sur la question palestinienne et la détérioration de la situation humanitaire, notamment dans les territoires palestiniens occupés, réaffirmant l’attachement de son pays à la solution des deux États sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem pour capitale. Elle a invité les parties à reprendre les négociations de bonne foi et souligné le rôle crucial des pays de la région et du Quatuor à cette fin. La récente déclaration du Premier Ministre israélien Yair Lapid à l’Assemblée générale en faveur d’un accord avec les Palestiniens fondé sur deux États est « encourageante », a-t-elle indiqué, de même que les efforts déployés par le Quatuor et d’autres partenaires comme l’Allemagne, la France, l’Égypte, la Jordanie et l’Organisation de la coopération islamique (OCI) pour aboutir à une solution partagée.
M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a appelé à la préservation de la solution des deux États dans l’intérêt de la paix dans la région. Il a condamné les actes terroristes perpétrés contre Israël et exhorté tous les groupes militants à se consacrer à l’élaboration d’un processus politique robuste à même d’instaurer la paix. Nous sommes également préoccupés par l’insécurité et la situation humanitaire critique qui prévalent dans certaines zones de la Palestine, a dit le délégué, avant de dénoncer les violations commises contre les Palestiniens. L’insécurité croissante en Cisjordanie et à Gaza sape la solution des deux États, a tranché le délégué, avant d’exhorter les parties à œuvrer à une désescalade des tensions et à revenir à la table des négociations. Enfin, il a exhorté Israël à respecter les droits inaliénables des Palestiniens, avant de souligner une nouvelle fois l’importance capitale de réaliser ladite solution.
M. FERIT HOXHA (Albanie) a rappelé l’engagement du Premier Ministre d’Israël vis-à-vis de la solution des deux États lors du récent débat général de l’Assemblée générale. Cet engagement sans précédent a été salué par le Président de la Palestine, a souligné le représentant. La solution des deux États est la seule manière d’assurer la paix, a-t-il estimé formant le vœu qu’Israël et la Palestine agissent pour mettre fin à ce conflit perpétuel. Il a aussi insisté sur l’importance de maintenir le cessez-le-feu entre des militants palestiniens et Israël car la violence est une fausse promesse. M. Hoxha a encouragé les deux parties à s’inspirer des Accords d’Oslo qui constituent un exemple pour conclure d’autres accords. Il a souhaité la reprise dès que possible des pourparlers de paix pour la création d’un État palestinien viable et pour la sécurité d’Israël. Il a en outre rejeté et condamné tout acte de terrorisme contre Israël. « Ce pays a le droit de se défendre tout en respectant la loi. » Récemment victime de cyberattaques contre ses infrastructures stratégiques, l’Albanie comprend bien la préoccupation d’Israël qui fait face à des attaques visant à détruire ses infrastructures nationales, a partagé le représentant, qui a rappelé à Israël que les colonies et leur expansion sont contraires à la solution des deux États et au droit international.
M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a regretté « le manque de progrès significatifs » dans la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016), et appelé, dans le respect de la résolution, à la définition d’objectifs clairs, d’un calendrier et de solutions atteignables. Il s’est inquiété de la détérioration de la situation sécuritaire et a exhorté toutes les parties au calme. L’établissement de colonies, les démolitions de maisons et les expulsions en Cisjordanie et à Jérusalem-Est constituent selon lui des violations du droit international. Le représentant a aussi condamné les attaques terroristes perpétrées par le Hamas, le Jihad islamique et d’autres groupes en Israël, demandant la reddition de comptes et des efforts accrus pour remédier au cycle des conflits.
Mme AMEIRAH OBAID MOHAMED OBAID ALHEFEITI (Émirats arabes unis) a souhaité que le Moyen-Orient passe par une transformation qui permette aux peuples de la région de connaître la paix. Elle a salué la déclaration du Premier Ministre israélien au cours du dernier débat général de l’Assemblée générale sur sa volonté de voir se concrétiser la solution des deux États. Elle a appelé les parties à la modération et à la retenue. La déléguée a rappelé que les colonies de peuplement sont contraires au droit international et a dénoncé les attaques des colons contre les fermiers palestiniens. En outre, elle a insisté sur l’importance de préserver les établissements scolaires palestiniens, faisant remarquer que 56 d’entre eux font l’objet d’ordres de démolition, ce qui pourrait affecter 6 000 enfants palestiniens.
Mme MELINA ESPESCHIT MAIA (Brésil) a réaffirmé que la solution des deux États dans le cadre du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité reste la seule voie possible et s’est félicitée de la déclaration du dirigeant israélien à l’Assemblée générale, espérant qu’elle permette la reprise des négociations. Elle a exhorté les parties à maintenir le cessez-le-feu et à faire preuve de la plus grande retenue, ainsi qu’à respecter le droit international humanitaire et à mener des enquêtes pour clarifier les violations alléguées. La sûreté et la sécurité des sites religieux doivent également être garanties. La représentante a rappelé la nécessité de « ne pas sous-estimer le rôle de la pauvreté, de l’insécurité alimentaire et du désespoir dans la création d’un terrain propice à l’extrémisme ». L’allégement des restrictions des biens depuis et vers Gaza constitue, sur ce point, un élément positif. En conclusion, elle a appelé à restaurer les capacités de l’UNRWA, qui joue un rôle important pour des millions de réfugiés palestiniens risquant d’être laissés sans assistance par son sous-financement chronique.
Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a salué l’appui apporté par le Premier Ministre Yair Lapid et par le Président Mahmoud Abbas à la solution des deux États dans leur discours devant l’Assemblée générale la semaine dernière. « La solution des deux États est la meilleure chance d’une paix durable. » Vivement préoccupée par la détérioration de la situation sécuritaire en Cisjordanie, la représentante a appelé les parties à œuvrer à la désescalade des tensions. Elle a enjoint Israël à renoncer aux démolitions prévues en Cisjordanie, de telles démolitions étant contraires au droit international. Elle a par ailleurs condamné la récente exécution de cinq prisonniers à Gaza, en marquant l’opposition de son pays à la peine de mort. Mme Woodward s’est également dite « horrifiée » par les attaques terroristes contre les civils israéliens. Rien ne peut justifier de telles attaques selon elle. Enfin, elle a appuyé le travail de l’UNRWA et appelé à un dialogue approfondi entre les parties.
M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a déploré le peu de progrès et même le recul dans la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) pointant du doigt l’expansion des colonies israéliennes qui compromet la viabilité de la solution des deux États. Il a déploré l’augmentation de la violence y compris le dernier attentat qui s’est produit à Holon, tuant une Israélienne. La situation est fragile à Jérusalem-Est, a continué le délégué dénonçant les provocations sur l’esplanade des Mosquées qui peuvent avoir des conséquences désastreuses. Il a appelé à la modération et à éviter toute action qui menace le caractère historique, démographique, religieux et culturel de la ville. Le représentant a pris note de la détérioration de la situation sécuritaire en Cisjordanie et exhorté les forces de l’ordre israéliennes à respecter les principes de nécessité, de proportionnalité et de distinction.
S’agissant du processus politique, le représentant a demandé que les mesures de confiance s’accompagnent d’un processus inclusif et de grande envergure auquel Israël et la Palestine participent de manière constructive, dans le but de s’attaquer aux causes structurelles du conflit. Il a rappelé les réunions tenues pendant la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale en vue de promouvoir des mesures pour rétablir la confiance et la solution des deux États, soulignant à cet égard le soutien de la communauté internationale et l’engagement du Président Mahmoud Abbas et du Premier Ministre Yair Lapid. C’est le chemin à suivre et l’heure est à la reprise du processus politique, a estimé le représentant.
Mme RUCHIRA KAMBOJ (Inde)a demandé que cessent la violence et les attaques contre les civils, s’inquiétant des attentats terroristes en Israël et des incidents en Cisjordanie. Elle a demandé « le respect du statu quo historique et juridique des lieux saints ». Rappelant que l’Inde procurait une aide bilatérale aux Palestiniens dans de nombreux secteurs, la déléguée a ajouté que son pays avait déboursé sa contribution de cinq millions de dollars pour l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Enfin, elle a appelé à la reprise des pourparlers directs en vue de réaliser la solution des deux États.
Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a rappelé que, pour le Président Biden, la solution des deux États reste l’objectif ultime. Elle a dit qu’il appartient aux deux parties de travailler de bonne foi pour parvenir à deux États, pour les deux peuples. Selon elle, il n’y a pas de raccourci. Elle a jugé contre-productives les méthodes utilisées telles que les attentats visant les Israéliens, les colonies de peuplement ou encore la violence perpétrée par les colons israéliens qui sont parfois escortés par les forces de l’ordre. La déléguée a assuré que les États-Unis jouent leur rôle. La preuve en est que le Président Biden a annoncé un financement supplémentaire pour l’UNRWA et que le pays apporte son soutien pour l’installation de la technologie 4G dans les territoires palestiniens. « Mais nous ne pouvons tout faire seul », a lancé Mme Thomas-Greenfield en invitant également d’autres acteurs à contribuer à la cause palestinienne. Elle a aussi appelé les autorités palestiniennes à éviter de payer les proches de ceux qui commentent des attentats contre les Israéliens. Les États-Unis ne vont pas hésiter à coopérer avec leurs partenaires pour façonner un avenir meilleur au Moyen-Orient, a-t-elle conclu
M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a déclaré que la priorité est l’arrêt des mesures unilatérales, soulignant que la colonisation illégale en droit international remet en cause toute possibilité de reprise du processus de paix et de la solution des deux États. La France, a-t-il indiqué, est particulièrement préoccupée de la situation dans le quartier palestinien de Silwan, à Jérusalem-Est, et dans le gouvernorat de Bethléem. Il a exhorté à faire cesser les démolitions et les évictions et à respecter le statu quo des Lieux saints. Le représentant a affirmé l’urgence de relancer les négociations directes entre les parties, saluant à ce sujet l’ouverture exprimée par le Premier Ministre israélien, M. Yair Lapid, devant l’Assemblée générale des Nations Unies, et l’appelant à traduire ce discours en actes sur le terrain.