Conseil de sécurité: la Haute-Représentante de l’ONU regrette à nouveau l’impasse dans laquelle se trouve le dossier des armes chimiques en Syrie

9097e séance - matin
CS/14976

Conseil de sécurité: la Haute-Représentante de l’ONU regrette à nouveau l’impasse dans laquelle se trouve le dossier des armes chimiques en Syrie

Les efforts de l’Équipe d’évaluation des déclarations de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) en vue de clarifier toutes les questions en suspens relatives à l’utilisation présumée d’armes chimiques en République arabe syrienne n’ont pas donné lieu à des progrès depuis le mois dernier, a constaté, ce matin, devant le Conseil de sécurité, la Haute-Représentante des Nations Unies pour les affaires de désarmement.

Dans le cadre de la séance mensuelle du Conseil à ce sujet, Mme Izumi Nakamitsu a ajouté « qu’en raison des lacunes, incohérences et divergences identifiées non résolues, la déclaration soumise par la République arabe syrienne ne peut être considérée comme exacte et complète conformément à la Convention sur les armes chimiques ».

La haute fonctionnaire a relevé que l’OIAC attend toujours des informations sur les types et quantités non déclarés d’agents neurotoxiques possiblement utilisés à des fins militaires dans une ancienne installation déclarée de manufacture d’armes chimiques.  De même, elle n’a pas reçu de Damas d’informations sur les dégâts causés au cours de l’attaque du 8 juin 2021 contre une ancienne installation de production d’armes chimiques et le déplacement non autorisé des restes de deux cylindres de chlore détruits lors de l’incident de Douma en date du 7 avril 2018.

Mme Nakamitsu a aussi informé les membres du Conseil que l’OIAC n’est toujours pas en mesure de mener, à Damas, la vingt-cinquième série de consultations entre l’Autorité nationale syrienne et l’Équipe d’évaluation en raison du refus répété de la Syrie de délivrer un visa d’entrée à son principal expert technique.  La Haute-Représentante a rappelé au Gouvernement syrien son obligation de coopérer avec le Secrétariat technique de l’OIAC, conformément aux dispositions de la Convention sur les armes chimiques et de la résolution 2118 du Conseil de sécurité, notamment en ménageant un accès sans entrave aux personnels désignés.

Alors que les délégations russe, chinoise, iranienne et syrienne ont imputé l’absence de progrès au « manque de professionnalisme et d’impartialité » de l’OIAC et à sa « politisation » par les pays occidentaux, les États-Unis ont rappelé que 20 questions relatives à sa déclaration initiale, pourtant amendée à 17 reprises, restent sans réponses.  Enfin, « pour clore tout doute », la délégation américaine a rappelé qu’une enquête conjointe de l’OIAC et de l’ONU a attribué quatre attaques chimiques au « régime Assad ».

« En l’absence totale de coopération de la part du régime syrien depuis plus d’un an et après six refus de la part de celui-ci, le Secrétariat technique a finalement renoncé à déployer sur le terrain l’équipe d’évaluation de la déclaration initiale syrienne », a constaté à regret la France avant de fustiger une attitude inacceptable d’entrave systématique du « régime ».  Tandis que le représentant l’a appelé à répondre par écrit dans les meilleurs délais aux 20 questions en suspens, son homologue britannique a précisé qu’une de ces questions concerne la localisation de centaines de tonnes d’agents chimiques. 

De leur côté, les délégations russe et syrienne ont critiqué les « propos subjectifs » de M. Fernando Arias, le Directeur général de l’OIAC, de même que son refus de se rendre à Damas, lié à la suspension des droits et privilèges de la Syrie en tant qu’État membre de l’OIAC.  Si le représentant syrien a jugé illégitime M. Arias, celui de la Chine a pour sa part invité l’OIAC à s’appuyer sur des éléments de preuves fiables dans ses travaux.  La République islamique d’Iran a prévenu que la politisation des activités de l’Organisation risquait non seulement de saper la crédibilité de cette organisation mais aussi de la Convention sur les armes chimiques.  Regrettant la réitération, chaque mois, des mêmes allégations infondées contre le Gouvernement syrien, la déléguée iranienne a salué les efforts de la Syrie qui vient, le 15 juillet 2022, de publier son cent quatre-vingt-quatrième rapport mensuel sur la mise en œuvre de ses obligations. 

Répondant à la Fédération de Russie, Mme Nakamitsu a souhaité que l’on permette la participation de l’expert principal de l’Équipe d’évaluation des déclarations, dont le visa n’a pas été délivré alors qu’il dispose d’une expérience unique.  « Il s’est rendu plus de 20 fois en Syrie depuis la création de l’Équipe en 2014, parle couramment l’arabe et constitue donc un membre indispensable de l’Équipe », a-t-elle insisté, avant de souligner l’obligation de Damas de coopérer avec l’OIAC et l’ONU, d’accepter le personnel désigné par ces organisations, et de lui fournir un accès sans entrave à tous les sites.

Réagissant à ces propos, le représentant syrien a rétorqué que son pays ne revendiquait pas le choix des experts nommés mais s’opposait à la délivrance d’un visa à un individu qui a, selon lui, « perdu toute objectivité et tout professionnalisme ».

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT (S/2022/530)

Déclarations

Mme IZUMI NAKAMITSU, Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, a déclaré que les efforts déployés par l’Équipe d’évaluation des déclarations de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) pour clarifier toutes les questions en suspens concernant la déclaration initiale et les déclarations ultérieures de la République arabe syrienne n’ont pas progressé depuis la dernière réunion du Conseil sur cette question. 

Elle a ajouté que le Secrétariat technique de l’OIAC n’a pas encore reçu la déclaration demandée à la République arabe syrienne sur tous les types et quantités non déclarés d’agents neurotoxiques produits et/ou utilisés à des fins militaires dans une ancienne installation de production d’armes chimiques déclarée par la République arabe syrienne comme n’ayant jamais servi à produire des agents de guerre chimique. 

Le Secrétariat technique de l’OIAC attend également de plus amples informations et documents de la République arabe syrienne concernant les dommages causés au cours de l’attaque du 8 juin 2021 contre une ancienne installation de production d’armes chimiques, a encore souligné la Haute-Représentante. 

Notant que le Secrétariat technique n’a pas encore reçu de réponse à la demande d’informations concernant le déplacement non autorisé des restes de deux cylindres détruits lors de l’incident à l’arme chimique qui s’est produit à Douma le 7 avril 2018, Mme Nakamitsu, a invité la Syrie à y répondre de toute urgence. 

« J’ai le regret d’informer les membres du Conseil que le Secrétariat technique de l’OIAC n’est toujours pas en mesure de mener la vingt-cinquième série de consultations à Damas entre l’Autorité nationale syrienne et l’Équipe d’évaluation des déclarations en raison du refus répété de la République arabe syrienne de délivrer un visa d’entrée à l’expert technique principal de l’Équipe d’évaluation des déclarations », a cité Mme Nakamitsu avant de préciser que l’Autorité nationale syrienne a exigé l’exclusion du même expert de l’Équipe d’évaluation des déclarations proposé par le Secrétariat de l’OIAC pour participer à une série de consultations à Beyrouth.  

Elle a aussi souligné qu’en réponse à une note verbale du 20 mai 2022 du Secrétariat technique de l’OIAC, le Ministre des affaires étrangères syrien a envoyé une lettre au Directeur général de l’OIAC le 31 mai 2022, souscrivant à la proposition du Secrétariat de remédier aux lacunes de la déclaration initiale de la République arabe syrienne par échange de correspondances.  « Dans sa lettre, le Ministre syrien des affaires étrangères a également reconnu qu’un tel échange ne saurait remplacer les consultations entre l’Autorité nationale syrienne et l’Équipe d’évaluation des déclarations, tout en continuant d’affirmer que l’exclusion du chef de file de l’Équipe d’évaluation des déclarations était une condition pour la tenue de la vingt-cinquième série de consultations », a-t-elle précisé. 

Dans ce contexte, la Haute-Représentante a exhorté le Gouvernement syrien à coopérer avec le Secrétariat technique de l’OIAC conformément aux dispositions de la Convention sur les armes chimiques et de la résolution 2118 du Conseil de sécurité, notamment en autorisant un accès sans entrave pour tout le personnel désigné par le Secrétariat de l’OIAC. 

Elle a indiqué qu’en raison des lacunes, des incohérences et des divergences identifiées non résolues, la déclaration soumise par la République arabe syrienne ne peut être considérée comme exacte et complète conformément à la Convention sur les armes chimiques. 

Après avoir salué l’intégrité, le professionnalisme, l’impartialité, l’objectivité et l’indépendance des travaux de l’OIAC, la Haute-Représentante a regretté que la République arabe syrienne n’ait pas encore fourni suffisamment d’informations ou d’explications techniques qui permettraient à l’OIAC de clore le dossier lié à la détection en novembre 2018 d’un produit chimique inscrit au tableau 2 dans les installations du Centre d’études et de recherches scientifiques (CERS) de Barzé. 

En ce qui concerne la rencontre en personne entre le Directeur général de l’OIAC et le Ministre syrien des affaires étrangères, elle a indiqué que le Secrétariat technique de l’OIAC attend toujours la position syrienne sur la dernière version de l’ordre du jour.  Elle a indiqué que la mission d’établissement des faits de l’OIAC continue d’étudier toutes les informations disponibles relatives aux allégations de l’utilisation d’armes chimiques en République arabe syrienne et que l’Équipe d’enquête et d’identification (IIT) poursuit son investigation sur des incidents au cours desquels la mission a déterminé que des armes chimiques avaient été utilisées ou étaient susceptibles d’être utilisées en Syrie.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a dit que le cent cinquième rapport du Directeur général poursuit le même objectif que les précédents: montrer que la Syrie ne s’acquitte pas de ses obligations alors que c’est le cas et qu’elle coopère avec l’OIAC.  Il a noté que tout développement positif est mentionné de manière elliptique dans le rapport, lorsqu’il l’est.  Il a dit qu’il a une longue liste de questions pour le Directeur général de l’OIAC, M. Fernando Arias, et regretté que ce dernier ne se soit pas exprimé en personne devant ce Conseil.  « Nous comprenons que l’Europe est dans une période de vacances », a-t-il cependant noté.  Le délégué a souligné la déformation des faits relatifs à l’incident de Douma et les persécutions de « ceux qui n’ont pas peur de dire la vérité ».  M. Arias n’a pas eu le temps de se rendre en Syrie alors qu’il vient pourtant de se rendre aux États-Unis, s’est-il étonné, en rappelant que le quart de l’intervention prononcée par ce dernier devant la dernière conférence des États parties était consacrée à la Syrie.  Il a donc demandé à M. Arias de se rendre régulièrement à Damas pour tourner « cette page honteuse » de l’histoire de l’OIAC. 

Le délégué a aussi battu en brèche l’idée selon laquelle un changement d’attitude de Damas suffirait pour boucler ce dossier.  La Syrie n’est en rien opposée à l’envoi de l’Équipe d’évaluation des déclarations mais elle a le droit de refuser la présence d’un expert qui ne lui convient pas, a tranché le délégué: « Damas continue de faire preuve d’un esprit d’ouverture inédit et respecte tous les engagements pris. »  Il a fustigé le « biais » de l’OIAC à l’encontre de Damas et rejeté tout rapport passé et futur comme « illégitime » parce que fruit d’une structure « illégitime », qui veut cacher les faits et incriminer la Syrie.  Il a regretté l’attention insuffisante accordée à l’emploi d’armes chimiques par des groupes terroristes, alors que des éléments montrent que cette menace est bien réelle.  Enfin, le délégué russe a dénoncé la politisation de l’OIAC par les pays occidentaux, ce qui sape le régime de non-prolifération des armes chimiques.  Mais elle peut encore s’acquitter de ses obligations en assurant la transparence de ses travaux et en remédiant aux erreurs du passé, a conclu le délégué.

M. RICHARD M. MILLS, JR. (États-Unis) a salué les efforts inlassables des experts de l’OIAC pour apporter les informations permettant de faire le point sur le programme d’armes chimiques de la Syrie.  Il a reproché au « régime syrien » de ne pas avoir fourni à l’OIAC les informations demandées, notamment sur les cylindres de chlore utilisés dans l’attaque perpétrée à Douma et sur leur déplacement, ou encore sur l’installation de Barzé.  En outre, les États-Unis reprochent aussi à la Syrie de n’avoir pas pris les mesures nécessaires pour déclarer toutes les armes chimiques en sa possession et pour régler toutes les questions en suspens relatives à sa déclaration initiale.  Le représentant américain est également revenu sur le refus du régime syrien d’accorder des visas à certains membres de l’OIAC.  Le « régime Assad », et ceux qui l’appuient comme la Fédération de Russie, ne cessent de dire que l’OIAC est biaisée, a-t-il rappelé, considérant pour sa part qu’il s’agit d’une accusation « absurde ».  Le représentant a donc invité les membres du Conseil de sécurité à se pencher sur cette question et sur les changements apportés par le « régime Assad » à sa déclaration initiale.  Les États-Unis attendent le rapport de l’Équipe d’évaluation des déclarations sur l’attaque présumée à l’arme chimique de 2018, même si, selon eux, la pire transgression du régime est celle faite au peuple syrien lui-même qui vit dans la peur de voir ces armes utilisées à nouveau contre lui.  Le représentant a conclu en exhortant la Syrie à respecter toutes ses obligations.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a constaté l’absence de progrès dans les discussions de la Syrie avec l’OIAC, le programme d’armes chimiques de la Syrie continuant d’être hors de portée de la communauté internationale.  La Syrie veut choisir les inspecteurs mais elle n’en a pas le droit, a rappelé le représentant, en disant que ce cent cinquième rapport de l’OIAC met en exergue les lacunes et les disparités avec la déclaration initiale de Damas.  Le « régime syrien » manque de fournir les informations pour révéler la portée de son programme d’armes chimiques, a continué le délégué qui a exhorté la Syrie à coopérer avec le Secrétariat technique.  Le refus de dialoguer de Damas, soutenue par ses alliés, est inacceptable et irresponsable, a asséné l’Albanie, en appelant le Conseil de sécurité à faire preuve d’unité sur ce dossier.

Après avoir noté que la Syrie a rejoint l’OIAC il y a presque neuf ans, M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a regretté l’absence de progrès et une situation qui n’évolue pas parce que la déclaration initiale de la Syrie est toujours incomplète.  Il a ajouté que le rapport du Directeur général de l’OIAC nous a notamment appris que des cylindres contenant des produits chimiques ont été détruits, à un endroit où ils ne devaient en réalité pas se trouver.  Après avoir exhorté la Syrie à faire toute la lumière sur l’intégralité de ses stocks, le représentant a dit que le régime continue de faire obstruction au travail de l’OIAC.  « En l’absence totale de coopération de la part du régime syrien depuis plus d’un an et après six refus de la part de celui-ci, le Secrétariat technique a finalement renoncé à déployer sur le terrain l’Équipe d’évaluation de la déclaration initiale syrienne », a noté M. de Rivière, avant de fustiger une attitude inacceptable d’entrave systématique du « régime ».  C’est pourquoi le représentant a fermement appelé le régime syrien à répondre par écrit et dans les meilleurs délais aux 20 questions en suspens.  « Il appartient à la Syrie de se mettre en conformité avec ses obligations internationales si elle veut rétablir ses droits et privilèges qui ont été suspendus par la décision prise par la Conférence des États parties en avril 2021 », a insisté le délégué avant de féliciter les équipes de l’OIAC qui continuent leur travail malgré les obstacles.  Enfin, il a jugé inadmissible que certains tentent de remettre en cause la légitimité et les méthodes de travail du Secrétariat technique avant de préciser attendre les conclusions des deux prochains rapports de l’Équipe d’enquête et d’identification sur les incidents de Douma et de Marea.  En conclusion, il a jugé  essentiel que les auteurs d’attaques à l’arme chimique soient identifiés et rendent des comptes. 

M. MARTIN GALLAGHER (Irlande) a dit que ces réunions du Conseil demeurent importantes afin que la Syrie s’acquitte de ses obligations, en notant le peu de progrès enregistrés jusqu’à présent.  Nous n’avons pas vu de réels efforts de la Syrie d’honorer ses engagements, a tranché le délégué, en accusant ce pays d’entraver le travail de l’OIAC.  En réponse à cette obstruction, l’OIAC a fait montre de flexibilité, en cherchant récemment à poursuivre le travail de l’Équipe d’évaluation des déclarations par le biais de correspondances écrites.  Il a aussi noté que les arrangements en vue d’une rencontre entre M. Arias et le Ministre syrien des affaires étrangères sont toujours en souffrance.  Le fait est que la Syrie doit engager sérieusement l’OIAC afin de résoudre toutes les questions en suspens, a conclu le délégué de l’Irlande.

M. PRATIK MATHUR (Inde) a encouragé la poursuite de l’engagement entre la Syrie et le Secrétariat technique de l’OIAC pour régler toutes les questions en suspens.  Il a souhaité que le vingt-cinquième cycle de consultations entre l’Équipe d’évaluation des déclarations et l’Autorité nationale syrienne soit organisé au plus tôt et que l’OIAC et la République arabe syrienne continueront de travailler ensemble pour surmonter les obstacles.  Réaffirmant l’attachement de l’Inde à la Convention sur les armes chimiques, le représentant a plaidé pour sa mise en œuvre intégrale, efficace et non discriminatoire.  En outre, il a indiqué que la délégation soutient les efforts collectifs de toutes les parties pour garantir que la crédibilité et l’intégrité de cette convention soient maintenues au mieux.  L’Inde s’oppose à l’utilisation d’armes chimiques par quelque partie que ce soit, où que ce soit, et en toutes circonstances, a-t-il réitéré, avant d’ajouter que toute enquête sur l’utilisation d’armes chimiques doit être impartiale, crédible et objective.  Une telle enquête devrait suivre scrupuleusement les dispositions et les procédures inscrites dans la Convention, et être conforme à l’équilibre délicat des pouvoirs et des responsabilités qu’elle consacre, afin d’établir les faits et de parvenir à des conclusions fondées sur des preuves, a tenu à souligner le représentant.  Il a mis en garde contre la possibilité que des entités et des individus terroristes aient accès à des armes chimiques, y compris dans la région, notant que les rapports de l’Équipe d’enquête des Nations Unies chargée d’amener Daech/État islamique en Iraq et au Levant à répondre de ses crimes (UNITAD) font notamment référence aux déploiements répétés d’armes chimiques par des groupes terroristes proscrits par l’ONU contre des populations civiles entre 2014 et 2016.  Pour sa part, l’Inde a apporté une contribution de 200 000 dollars pour soutenir les enquêtes de l’UNITAD, a précisé le délégué.

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a regretté le fait que les autorités syriennes continuent de ne pas fournir toutes les informations nécessaires pour clarifier les divergences sur les 20 questions en suspens de leur déclaration initiale.  Il n’y a pas non plus eu de progrès dans la clarification de l’incident de Douma d’avril 2018.  La représentante a aussi regretté qu’une nouvelle série de consultations ne puisse toujours pas avoir lieu, compte tenu du refus de la Syrie de délivrer un visa à l’un des membres de l’Équipe d’évaluation des déclarations.  Cette question d’ordre technique ne doit pas être politisée, a mis en garde la déléguée, en appelant la Syrie à respecter ses obligations, conformément à la Convention sur les armes chimiques et aux résolutions de ce Conseil, ainsi qu’à fournir un accès immédiat et sans restriction au personnel désigné par l’OIAC.  Le Conseil doit insister quant à la nécessité de rendre des comptes concernant l’utilisation d’armes chimiques dans le cas de la Syrie.  Tous les membres du Conseil doivent encourager des mesures qui permettront à la Syrie et à l’OIAC de régler toutes les questions en suspens, a ajouté Mme Massieu en conclusion.

M. FERGUS JOHN ECKERSLEY (Royaume-Uni) a rappelé que l’Équipe d’évaluation des déclarations de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) a pour mission de clarifier toutes les questions en suspens concernant la déclaration initiale et les déclarations ultérieures du République arabe syrienne depuis sa création en 2014.  Il a regretté que le vingt-cinquième cycle de consultations entre le Secrétariat de l’OIAC et le Gouvernement syrien n’ait toujours pu avoir lieu en raison d’un manque de coopération de la Syrie.  Il a rappelé que les 20 questions en suspens incluent la localisation de centaines de tonnes d’agents chimiques alors qu’une équipe d’enquête a établi que la Syrie a mené des attaques chimiques contre sa propre population.  Le délégué a insisté sur le fait qu’il ne devait y avoir aucune impunité contre les auteurs d’attaques chimiques.

« En adhérant à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, la Syrie s’est engagée à coopérer avec l’OIAC et à apporter l’appui nécessaire à son Secrétariat technique, comme le prévoit l’article 7 de la Convention », a déclaré M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana), qui s’exprimait au nom des A3 (Gabon, Ghana, Kenya).  Il a apporté son plein soutien au travail de l’OIAC et déploré les manquements dans la déclaration initiale de la Syrie.  Il a aussi regretté le refus d’accorder un visa à l’expert principal de l’Équipe d’évaluation des déclarations, alors que les opérations de cette équipe sont vitales pour l’exécution des obligations de la Syrie.  Le délégué a fait part de sa conviction que des échanges directs de haut niveau entre le Directeur général et le Ministre syrien des affaires étrangères permettraient de restaurer la confiance et d’impulser un nouvel élan en vue d’une meilleure coopération.  Enfin, il a souligné la nécessité que les travaux de l’OIAC demeurent indépendants, transparents et impartiaux.

Mme SHAHD JAMAL YOUSUF IBRAHIM MATAR (Émirats arabes unis) a réitéré la position de principe des Émirats arabes unis qui rejettent et condamnent l’utilisation d’armes chimiques, qui constitue une violation flagrante des dispositions de la Convention sur les armes chimiques et du droit international.  Constatant qu’un accord sur la tenue d’une série de consultations limitées entre les autorités syriennes et l’Équipe d’évaluation des déclarations de l’OIAC à Beyrouth n’avait pas abouti, elle a réaffirmé que les consultations et le dialogue sont essentiels pour évaluer l’état des questions en suspens et tenir des discussions sur la réalisation de progrès sur ce dossier.  Cela suppose que les parties concernées puissent trouver un compromis, et les Émirats arabes unis espèrent que les obstacles à la tenue de ces consultations seront surmontés avant la prochaine réunion du Conseil sur cette question, a dit Mme Matar.  Les armes chimiques doivent être éliminées et personne ne doit pouvoir y avoir accès ni les utiliser, a tranché la représentante, pour qui cela s’applique à l’intérieur et à l’extérieur de la Syrie.  Le fait que ces armes puissent être obtenues par des organisations terroristes constitue une grave menace à la sécurité et à la stabilité tant régionales que nationales, a-t-elle mis en garde.  Compte tenu des tentatives continues de Daech de lancer des attaques et de développer ses capacités, la représentante a jugé essentiel de renforcer les efforts collectifs dans la lutte contre Daech pour empêcher cette organisation de réorganiser ses rangs et d’acquérir des armes chimiques.

M. XING JISHENG (Chine) a regretté que M. Arias ait décliné l’invitation du Conseil de sécurité, avant d’encourager le Secrétariat technique de l’OIAC à maintenir les discussions avec la Syrie.  S’agissant du problème de visa refusé à l’un des membres de l’Équipe d’évaluation des déclarations, il faut faire preuve de flexibilité, a préconisé le représentant.  Selon lui, le respect de la Convention sur les armes chimiques exige de respecter les principes d’indépendance, de neutralité et d’objectivité.  Le travail de l’OIAC semble biaisé, a constaté le délégué, qui a dénoncé la division du Conseil de sécurité sur la question des armes chimiques en Syrie.  L’OIAC ne doit pas devenir un outil politique, a exhorté le représentant en conclusion.

Mme MONA JUUL (Norvège) a rejeté sans ambages toute tentative de discréditer le « travail important » de l’OIAC.  Constatant l’absence de progrès sur ce dossier, elle a reproché à la Syrie de ne toujours pas remplir ses obligations conformément à la Convention sur les armes chimiques et la résolution 2118 du Conseil de sécurité.  La représentante a regretté que le vingt-cinquième cycle de consultations entre l’Équipe d’évaluation des déclarations et les autorités syriennes n’ait toujours pas eu lieu en raison du refus des autorités syriennes de délivrer un visa à l’expert technique principal de l’Équipe.  La Norvège rappelle donc à la Syrie son obligation de coopérer avec l’OIAC et de fournir un accès à son personnel, a souligné Mme Juul.  Elle a également exhorté la Syrie à fournir les informations requises à l’OIAC pour pouvoir régler les 20 questions en suspens relatives à sa déclaration initiale.  Tant pour la communauté internationale que pour le peuple syrien, il est impératif d’établir les responsabilités pour l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, a-t-elle insisté, en estimant que les membres du Conseil ne peuvent se permettre d’ignorer de telles violations.

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a noté le peu de changements en ce qui concerne la relation entre la Syrie et l’OIAC, espérant malgré tout des développements positifs.  Il a aussi souhaité que le Directeur général de l’OIAC puisse s’exprimer en personne devant ce Conseil.  Il a appelé à restaurer la confiance entre les deux parties et à surmonter la « politisation regrettable » qui a sapé la culture du consensus au sein de l’OIAC.  Enfin, le délégué a appelé à une réévaluation urgente de la périodicité des réunions du Conseil sur ce sujet.  « Ne pas avoir eu cette réunion en juin n’a pas affecté le travail du Conseil sur ce dossier, ce qui renforce l’idée selon laquelle la fréquence idéale pour nos échanges serait trimestrielle. »

M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a assuré que son gouvernement avait détruit ses stocks d’armes chimiques, dénonçant la politisation par certains États Membres du travail de l’OIAC avant d’annoncer des évolutions positives qui devraient faciliter son travail en Syrie.  Il a déploré l’« ingratitude » et le « déni » de l’OIAC, dont le rapport ne se concentre que sur les aspects négatifs, présentant une version partielle de la situation en extirpant certains éléments de contexte.  Les points du rapport qui sont inexacts doivent être rectifiés, a demandé le représentant.

Pour ce qui est de la réunion entre le Ministre des affaires étrangères syrien et le Directeur général de l’OIAC, ce dernier a refusé la proposition de la tenir à Damas, a dit le représentant.  Le Directeur général a justifié son refus de venir à Damas par l’impossibilité pour lui de se déplacer dans un État en partie privé de ses droits, a indiqué le délégué, alors que rien selon lui dans la Convention sur les armes chimiques ne mentionne une telle clause.  Le Directeur général s’est à ses yeux soumis à la volonté des pays occidentaux, démontrant ainsi qu’il n’est ni professionnel ni impartial.  

Selon le représentant, la Syrie veut toujours que la vingt-cinquième réunion avec l’Équipe d’évaluation des déclarations ait lieu, à l’exception d’un seul individu.  Préoccupé par les obstacles posés par le Secrétariat technique pour régler les points en souffrance, le délégué a demandé d’abandonner cette tactique improductive.  Concernant la mission d’établissement des faits, il a regretté que le Secrétariat technique n’ait pas éclairci les incidents dont sont coupables des organisations terroristes signalées par la Syrie.  

Pour ce qui est de la résolution 1540 (2004), la Syrie a participé aux consultations publiques sur sa mise en œuvre et appelé à prévenir l’acquisition par les groupes terroristes d’armes chimiques, a assuré le représentant, qui a par ailleurs demandé aux États-Unis de cesser d’utiliser le terme de « régime » pour désigner son gouvernement.  Il a ensuite accusé la France de soutenir des groupes terroristes en Syrie.  Si Damas ne choisit pas les experts de l’OIAC, elle a cependant le droit de travailler avec tel ou tel professionnel, a rétorqué le représentant à son homologue de l’Albanie.

Mme ZAHRA ERSHADI (République islamique d’Iran) a dénoncé l’instrumentalisation de l’OIAC en vue de la réalisation d’objectifs politiques nationaux, en rappelant que la Syrie s’est acquittée de ses obligations et continue de coopérer avec l’OIAC.  Elle a déclaré que la proposition d’une réunion entre le Directeur général de l’OIAC et le Ministre des affaires étrangères syrien est un pas dans la bonne direction: « Nous notons que le Gouvernement syrien a accueilli favorablement cette réunion et espérons que le Directeur général en fera de même. »  Eu égard à l’exécution par la Syrie de ses obligations, elle a regretté que les réunions du Conseil sur ce sujet soient toujours l’occasion de répéter des allégations infondées à l’encontre du Gouvernement syrien.

M. ÖNCÜ KEÇELI (Türkiye) a salué le professionnalisme du Secrétariat technique de l’OIAC, en rappelant que ce dernier attend toujours des réponses de la part du régime syrien relativement à sa déclaration initiale.  Il a regretté que la Syrie poursuive sa tactique visant à retarder les travaux de l’Équipe d’évaluation des déclarations en refusant d’accorder un visa à l’un de ses membres.  Le représentant a exhorté la Syrie à pleinement coopérer avec l’OIAC à l’avenir, disant attendre les résultats des enquêtes menées par l’Équipe d’évaluation des déclarations sur l’utilisation d’armes chimiques, en 2018 notamment.  Il faut faire la lumière sur ces incidents et établir toutes les responsabilités, a-t-il souligné, en estimant que « nous le devons aux victimes ».

Répondant à la Fédération de Russie, Mme NAKAMITSU, Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, a indiqué que l’Équipe d’évaluation des déclarations a pour mandat de vérifier la déclaration initiale syrienne par le biais de consultations avec les autorités nationales pour aider Damas à s’acquitter de ses obligations.  « Nous insistons sur la participation de l’expert de l’Équipe dont le visa n’a pas été octroyé alors qu’il est en contact avec les partenaires syriens depuis la création de l’Équipe en 2014 », a précisé la Haute-Représentante.  Elle a vanté l’expérience unique de cet expert qui s’est rendu à plus de 20 reprises en Syrie depuis 2014 et parle couramment l’arabe.  Tout en reconnaissant que la délivrance d’un visa relève du bon vouloir des autorités nationales, Mme Nakamitsu a rappelé à la Syrie l’obligation pour elle de coopérer avec l’OIAC et l’ONU en acceptant le personnel désigné par ces organisations, et de fournir à ces personnels un accès sans entrave pour qu’ils puissent s’acquitter de leurs fonctions sur l’ensemble des sites concernés.

En réponse à la Haute-Représentante, le représentant de la Syrie a dit que l’Équipe d’évaluation des déclarations n’est ni un organe d’enquête ni un organe d’inspection, citant son propre chef.  Cette équipe a été créée pour aider la Syrie à élaborer ses déclarations initiales.  Concernant le visa refusé à un expert, l’individu en question a perdu toute objectivité et tout professionnalisme, a jugé le représentant, en précisant que la Syrie ne choisit pas les experts que l’OIAC compte envoyer chez elle.

Mme Nakamitsu a repris la parole pour dire qu’elle n’a pas utilisé les termes d’enquête et d’inspection.

Le représentant de la Syrie a tenu à préciser qu’il n’était pas d’accord avec ce que Mme Nakamitsu vient de dire, en lui rétorquant que le mandat de la mission n’est pas de vérifier la déclaration initiale de la Syrie mais de l’aider à présenter sa déclaration.  Elle n’a pas un mandat de vérification mais d’assistance, a-t-il tranché.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité examine le rapport sur les enfants et les conflits armés montrant une augmentation des violations graves à l’encontre des enfants

9096e séance,
matin & après-midi    
CS/14975

Le Conseil de sécurité examine le rapport sur les enfants et les conflits armés montrant une augmentation des violations graves à l’encontre des enfants

La Représentante spéciale du Secrétaire général pour la question des enfants et des conflits armés a appelé, aujourd’hui, devant le Conseil de sécurité, à considérer la protection des droits des enfants comme un élément central de la prévention des conflits, alertant qu’en 2021, les Nations Unies avaient dénombré 23 982 violations graves des droits des enfants commises dans ces contextes.

Venue présenter le rapport du Secrétaire général sur ce sujet, Mme Virginia Gamba s’est notamment inquiétée de l’augmentation constante des violations à l’encontre des filles qui représentaient, en 2021, 1 victime sur 3, dénonçant en outre l’impact des engins explosifs, y compris les mines, le recrutement d’enfants par des groupes armés, et le refus de l’accès de l’aide humanitaire.  Elle a aussi alerté que les enlèvements, les viols et d’autres formes de violence sexuelle ont augmenté de plus de 20% l’an dernier et que les attaques contre les écoles et les hôpitaux se sont elles aussi accrues.  Qui plus est, la sévérité de la violence armée, des conflits et des guerres en Éthiopie, au Mozambique et en Ukraine a obligé le Secrétaire général d’inclure ces situations dans son rapport, a ajouté Mme Gamba. 

Il n’y a pas de mots assez forts pour décrire les expériences horribles que ces enfants ont subies, a compati la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).  Relevant qu’au moins 12 214 enfants ont été libérés des forces armées et des groupes armés, Mme Catherine Russel a notamment appelé à protéger de la stigmatisation et de la re-victimisation les enfants qui ont survécu à de graves violations.  Cela inclut de mettre fin à la détention des enfants qui ont été forcés de servir des groupes armés et de cesser de leur refuser le droit à la citoyenneté, quels que soient les groupes auxquels ils ont été associés, a-t-elle souligné.

Le Conseil de sécurité a également entendu M. Patrick Kumi, ancien enfant soldat et fondateur de l’ONG Similar Ground, délivrer le message de ses amis et collègues du camp de réfugiés de Bidi Bidi en Ouganda, qui plaident tous pour une participation significative des enfants et des jeunes à la planification des actions et projets qui les concernent. 

Le jeune responsable a aussi appelé à privilégier une réintégration de meilleure qualité qui tienne réellement compte de l’enfant et de ses besoins, notamment en termes d’acquisition de compétences.  Établir les responsabilités pour les crimes commis contre les enfants est plus que jamais nécessaire, a encore souligné M. Kumi, qui a regretté que les lois adoptées par les États ne soient souvent pas appliquées. 

Les anciens enfants soldats ne sont pas une menace.  Les gens doivent comprendre leurs besoins et leur vécu, a-t-il imploré.  La Représentante spéciale a, elle aussi, incité à mettre sur pied des programmes d’intégration inclusifs afin de briser le cycle de la violence et donner aux victimes une deuxième chance de reconstruire leur vie. 

La réintégration doit être le troisième pilier du programme sur les enfants et les conflits armés, a renchéri M. Fernando Simas Magalhães, Vice-Ministre des affaires étrangères du Brésil qui a recommandé de mettre à profit l’expertise de la Commission de consolidation de la paix et d’inclure des dispositions sur la protection des enfants dans tous les mandats des opérations onusiennes. 

Comme de nombreux intervenants, le Ministre a insisté sur l’importance de l’établissement des responsabilités afin de mettre fin aux violations les plus graves.  Selon le Botswana, c’est aux États Membres de traduire en justice tous les responsables de crimes impliquant des violations à l’encontre d’enfants par le biais d’enquêtes rapides et de poursuites.  Malte s’est insurgée contre toute forme d’impunité pour les auteurs de violences sexuelles liées aux conflits exigeant une justice non sexiste pour les enfants victimes ou survivants de ce type de violences. 

Les délégations ont également été nombreuses à appeler à la pleine mise en œuvre des Principes de Paris et de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, l’Italie y voyant notamment un moyen d’atténuer les conséquences des conflits armés sur l’éducation.  L’éducation est cruciale pour briser le cycle des conflits, a confirmé le Danemark au nom des pays nordiques.

Prenant note de la décision du Secrétaire général d’inclure la situation en Ukraine dans son prochain rapport, les délégations de la Fédération de Russie et de l’Ukraine ont toutes deux fait savoir qu’elles étaient disposées à coopérer avec la Représentante spéciale à ce sujet.  La délégation ukrainienne a toutefois signalé que les statistiques du Secrétaire général seraient plus élevées si le rapport actuel tenait compte des conséquences de cette guerre au cours de laquelle plus de 350 enfants ont été tués et plus de 2 millions déplacés. 

LE SORT DES ENFANTS EN TEMPS DE CONFLIT ARMÉ

Déclarations liminaires

Mme VIRGINIA GAMBA, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la question des enfants et des conflits armés, a indiqué qu’en 2021, l’ONU a dénombré 23 982 violations graves des droits des enfants faisant plus de 19 165 victimes.  Plus de 1 600 enfants ont été victimes de deux violations ou plus, et 65 graves violations sont commises contre les enfants chaque jour.  En outre, plus de 8 000 enfants ont été tués ou mutilés en 2021, l’utilisation de restes explosifs de guerre, d’engins explosifs improvisés et de mines terrestres ayant provoqué un quart des victimes.  Plus de 6 300 enfants ont été recrutés et utilisés par les parties aux conflits, en faisant la deuxième plus importante violation.  Vient ensuite le refus de l’accès de l’aide humanitaire pour plus de 3 900 enfants.  Les enlèvements, les viols et d’autres formes de violence sexuelle ont augmenté de plus de 20% l’an dernier.  De même, les attaques contre les écoles et les hôpitaux se sont accrues. 

Elle s’est aussi inquiétée de l’augmentation constante des violations à l’encontre des filles qui, en 2021, représentaient 1 victime sur 3 comparativement à 1 victime sur 4 en 2020.  De même, 98% des survivants des viols et d’autres formes de violence sexuelle étaient des filles.  En outre, quelque 2 864 enfants ont été détenus ou privés de libertés et l’utilisation des écoles à des fins militaires a augmenté.  Qui plus est, la sévérité de la violence armée, des conflits et des guerres en Éthiopie, au Mozambique et en Ukraine a obligé le Secrétaire général d’inclure ces situations dans son rapport.  

Appelant à ne pas se décourager, Mme Gamba a fait état de signes d’espoir et de relèvement en 2021.  Aujourd’hui, 17 plans d’action avec les parties aux conflits sont mis en œuvre dont trois qui ont été signés en 2021 au Mali et au Yémen.  En tout, 40 nouveaux engagements et mesures ont été mis en place par les parties aux conflits en 2021 y compris en République démocratique du Congo, en Syrie, aux Philippines, en Iraq et au Soudan du Sud.  Et plus de 12 200 enfants ont été libérés par les groupes armés l’année dernière.  La Représentante spéciale a ensuite appelé à améliorer la compréhension de la dimension de genre des violations à l’encontre des enfants.  Elle a également évoqué le lancement, hier, d’une directive sur les enlèvements d’enfants, un phénomène en augmentation. 

S’appuyant sur le rapport du Secrétaire général, Mme Gamba a recommandé que les opérations de l’ONU sur le terrain soient bien financées, dotées de personnel et continuent de développer des plans d’action et d’assistance technique.  Les parties aux conflits doivent permettre un accès humanitaire sûr et sans entrave à tous les enfants.  Et les écoles et les hôpitaux doivent rester des lieux sûrs et protégés.  Elle a aussi réclamé une aide financière durable et une assistance technique tenant compte de l’âge, du genre, du handicap, et centrée sur les survivants.  Il faut aussi mettre sur pied des programmes d’intégration inclusifs, y compris pour les enfants victimes de violence sexuelle, afin de briser le cycle de la violence et donner aux victimes une deuxième opportunité de reconstruire leur vie. 

Les enfants touchés par les conflits ont besoin de soutien aujourd’hui, a insisté Mme Gamba qui a exhorté la communauté internationale à renforcer l’action antimines ainsi que la collecte de données et les programmes d’aide.  Il est également important de considérer la protection des droits des enfants comme un élément central de la prévention des conflits, des alertes précoces, et des processus de médiation et de paix.  Elle a aussi cité les programmes de désarmement, démobilisation et de réintégration, la réforme du secteur sécuritaire et le relèvement postconflit. 

Mme CATHERINE RUSSEL, Directrice exécutive de l’UNICEF, a souligné à quel point les informations contenues dans le rapport du Secrétaire général sont épouvantables: 23 000 violations vérifiées contre 19 165 enfants en 2021.  Certains de ces enfants ont été tués ou grièvement blessés.  Certaines ont été violées et certains ont subi des violations multiples: enlevés à leurs familles; arrachés à leurs écoles; forcés de prendre les armes et de risquer leur vie.  Et ce ne sont là que les violations que les Nations Unies ont été en mesure de vérifier alors qu’il y en a beaucoup d’autres qu’on ne connaîtra peut-être jamais, s’est-elle indignée.  Il n’y a pas de mot assez fort pour décrire les expériences horribles que ces enfants ont subies, a concédé Mme Russel en évoquant le souvenir d’un jeune garçon qu’elle a rencontré dans un camp pour personnes déplacées en République démocratique du Congo.  Il avait fui là-bas pour échapper à la violence brutale dans son village natal après avoir vu son meilleur ami être décapité, a-t-elle expliqué.  « Je n’ai jamais vu un enfant aussi triste et hanté .» 

Mme Russel a ensuite relevé que cette année, trois nouvelles situations de conflits figurent dans le rapport du Secrétaire général, et a appelé toutes les parties à ces conflits à prendre des mesures pour protéger les enfants dès maintenant.  L’ONU est là pour soutenir toute partie à un conflit dans ce sens a-t-elle souligné.  Alors que ce rapport pointe du doigt les situations alarmantes, son objectif est aussi de montrer la voie à suivre, a rappelé la haute responsable.  Au moins 12 214 enfants ont été libérés des forces armées et des groupes armés -portant le nombre total d’enfants documentés comme libérés depuis l’an 2000 à plus de 186 000.  De nouveaux plans d’action ont été signés au Mali et au Yémen et 21 plans d’action sont en cours de mise en œuvre, a-t-elle souligné.  Elle a salué ces progrès, tout comme les avancées en termes de surveillance, tout en notant que les rapports de l’ONU sur les violations graves n’ont fait que se renforcer au fil des ans. 

La Directrice exécutive de l’UNICEF a souligné que les États Membres, disposent d’un pouvoir énorme pour faire progresser la protection des enfants.  Elle les a notamment exhortés à insister sur le respect du droit international humanitaire, notant qu’ils ont le pouvoir d’émettre des ordres militaires avec des politiques de tolérance zéro pour les violations graves contre les enfants.  Elle a aussi appelé à la mise en œuvre de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et des Principes de Paris pour démobiliser et réintégrer les enfants qui ont été utilisés par les forces et groupes armés. 

Il faut aussi pousser les États et les groupes armés non étatiques à prévenir et à faire cesser les violations contre les enfants – et à protéger de la stigmatisation et de la re-victimisation les enfants qui ont survécu à de graves violations.  Cela inclut de mettre fin à la détention des enfants qui ont été forcés de servir des groupes armés et de cesser de leur refuser le droit à la citoyenneté, quels que soient les groupes auxquels ils ont été associés.  Enfin, elle a appelé les États à appuyer la mise en œuvre sur le terrain du programme sur les enfants et les conflits armés, à la fois par l’allocation de ressources et par leur engagement à travailler avec l’UNICEF pour renforcer et soutenir ce programme. 

M. PATRICK KUMI, fondateur et Directeur exécutif de Similar Ground, a indiqué qu’en 2016, il avait 15 ans lorsque la guerre a éclaté dans la région de l’Équatoria-Oriental au Soudan du Sud.  « Un jour, mon père et moi sommes allés planter du maïs dans nos champs.  Un groupe armé nous a enlevés.  Ils nous ont emmenés dans leur camp où ils ont interrogé mon père, essayant de lui faire avouer qu’il avait une arme.  Ils nous ont torturés en nous laissant immergés dans une fosse remplie d’eau jusqu’au cou des jours durant et en nous passant à tabac.  Mon père ne pouvait pas avouer quelque chose qu’il n’avait pas fait, et finalement, ils l’ont tué, sous mes yeux », a témoigné le jeune homme, qui a expliqué qu’on lui a laissé le choix entre rejoindre la force ou mourir.  Il y avait plus de 2 000 personnes dans la caserne et la moitié était des enfants qui étaient nombreux à porter une arme.  De nombreux jeunes enfants avaient des filles qu’ils appelaient « femmes » et les adultes épousaient également des enfants de 14 ou 15 ans, a relaté M. Kumi.  Dans chaque attaque à laquelle il a été forcé de participer, au moins cinq enfants étaient tués ou blessés en moyenne. 

Un jour, les forces gouvernementales ont lancé une attaque contre nos baraquements, a poursuivi l’intervenant.  « Il y a eu des coups de feu de tous les côtés.  C’était le chaos.  J’ai couru.  J’ai échappé de peu à la mort.  Après deux jours de marche, j’ai trouvé le chemin de l’Ouganda, où j’ai été enregistré comme réfugié dans le camp de Bidi Bidi.  Il m’a fallu 11 mois d’efforts pour être réuni avec ma famille.  Quand je l’ai enfin retrouvée, ce fut un jour de joie, de bonheur et de larmes. »  En 2018, il a rejoint un programme de plaidoyer dirigé par des jeunes appelé VoiceMore, dans le cadre duquel il a suivi une formation et mené un projet de protection des orphelins et des enfants séparés avec d’autres jeunes de sa région.  Avec un groupe d’amis, il a ensuite créé Similar Ground, une organisation communautaire qui aide des centaines d’enfants à se remettre de leurs traumatismes et de leur stress post-traumatique. 

Sur la base de ses expériences, et de son travail avec d’autres enfants, M. Kumi a souhaité faire un certain nombre de recommandations.  Tout d’abord, il faut selon lui privilégier une réintégration de meilleure qualité qui tienne réellement compte de l’enfant.  Les enfants qui quittent les groupes armés sont considérés comme une menace et il faut faire davantage pour aider les gens à comprendre leurs besoins et ce qu’ils ont vécu, a-t-il plaidé.  Or, il y a un grand manque d’opportunités pour les enfants et les jeunes qui quittent les groupes armés et ont besoin d’acquérir de nouvelles compétences et de les mettre à profit.  En outre, a observé le jeune homme, chaque année, des milliards de dollars sont versés en aide humanitaire, des projets sont mis en œuvre, puis ils s’achèvent.  « Les organisations internationales doivent mieux collaborer avec le gouvernement, ainsi que les organisations nationales et locales afin que la communauté et le gouvernement puissent prendre le relais une fois le projet mené à son terme. »  Ensuite, il a plaidé pour une plus grande participation des enfants et des jeunes aux projets qui les concernent pour être partie prenante des solutions.  Établir les responsabilités pour les crimes commis contre les enfants est plus que jamais nécessaire, a encore souligné M. Kumi, qui a regretté que les lois adoptées par les États ne soient souvent pas appliquées.  Il a également appelé à redoubler d’efforts pour s’assurer que les militaires, les groupes armés, les services gouvernementaux locaux et tout individu qui rencontre un enfant dans une zone de conflit connaissent et comprennent ces lois, et que ceux qui les enfreignent soient tenus de rendre des comptes. 

« La semaine dernière, je me suis assis avec mes amis et collègues dans le camp de réfugiés de Bidi Bidi et je leur ai demandé quelle était la chose la plus importante que je devais dire ici au Conseil de sécurité.  Ils sont tous d’accord pour répondre qu’il s’agit de la participation significative des enfants et des jeunes à la politique et à la planification des actions qui les concernent au premier chef. »

M. FERNANDO SIMAS MAGALHÃES, Vice-Ministre des affaires étrangères du Brésil, s’est dit préoccupé par l’augmentation de 20% des enlèvements d’enfants en 2021 par rapport à 2020.  La protection des enfants doit être la priorité de la communauté internationale, de même que leur réintégration, a-t-il rappelé, en ajoutant que les enfants libérés sont souvent stigmatisés et exclus.  Affirmant que la réintégration doit être le troisième pilier du programme sur les enfants et les conflits armés, il a encouragé le Secrétariat à coopérer avec les parties afin d’élaborer des plans d’action de réintégration.  L’expertise de la Commission de consolidation de la paix doit être pleinement utilisée, a-t-il aussi recommandé.  Il a ensuite insisté sur l’importance de l’établissement des responsabilités afin de mettre fin aux violations les plus graves et rappelé que les mesures antiterroristes doivent être conformes au droit.  Le Conseil doit s’assurer que les sanctions n’ont pas de conséquences humanitaires négatives pour les populations civiles, a-t-il plaidé.  Enfin, il a souhaité que des dispositions sur la protection des enfants soient incluses dans tous les mandats des opérations onusiennes.

Déclarations

Mme MONA JUUL (Norvège) a cité la nécessité de disposer de données précises pour répondre adéquatement à la situation des enfants dans les situations de conflit armé.  Elle a estimé que l’ajout, dans le rapport de cette année, de quatre nouvelles situations préoccupantes, dont la Palestine, est un pas important en avant pour appuyer la protection des enfants au niveau des pays.  Mais il faut faire davantage pour obtenir les fonds nécessaires, notamment en faisant un suivi auprès de la Cinquième Commission.

Elle a exhorté toutes les parties à un conflit à signer et mettre en œuvre des plans d’action avec la Représentante spéciale.  Les États Membres doivent de leur côté approuver et mettre en œuvre les Principes de Paris et de Vancouver, la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et la résolution 2601 (2021).  La représentante a également exhorté les États Membres à traiter tous les enfants impliqués principalement en tant que victimes de violations du droit international, y compris ceux qui sont associés avec des groupes armés désignés comme terroristes.  Selon elle, l’emprisonnement d’enfants ne devrait se produire qu’en dernier recours, les mesures non judiciaires devant être privilégiées.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a insisté sur la vulnérabilité des enfants déplacés et apatrides et dénoncé les mauvais traitements qu’ils subissent.  Les sévices endurés par les enfants en temps de conflit doivent susciter notre colère, a dit le délégué.  Il a demandé la mobilisation des ressources nécessaires pour protéger les enfants, ainsi que pour neutraliser les engins explosifs improvisés.  Il est urgent de faire en sorte que les enfants associés à des groupes terroristes ne soient pas traités comme des criminels mais comme des victimes, a plaidé le délégué.  Enfin, il a condamné les attaques contre les écoles et exhorté les parties belligérantes à respecter le caractère civil des établissements scolaires.

Mme DAME BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a pris note de l’inclusion des situations en Ukraine, en Éthiopie et au Mozambique dans le rapport annuel du Secrétaire général, relevant que les données attestent des besoins de protection des enfants dans ces pays.  La mise en place de mécanismes de suivi constituera une base de données encore plus solide, afin que toutes les parties puissent identifier les mesures nécessaires pour prévenir les violations graves commises contre les enfants, a-t-elle ajouté.  Elle a indiqué qu’en Ukraine, il existe de nombreuses preuves que la Russie commet au moins quatre des six violations graves contre les enfants, soulignant que la seule solution pour mettre fin aux souffrances des enfants ukrainiens est de mettre fin à l’invasion illégale russe.  Préoccupée par les attaques contre les écoles, elle a exhorté les États Membres à approuver la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et à s’attaquer à l’impact sexospécifique des attaques sur l’éducation.  Elle a également exhorté les Taliban à permettre le retour immédiat de toutes les filles afghanes dans les salles de classe.  La représentante s’est aussi alarmée de l’augmentation de la violence sexuelle contre les enfants, et a fait savoir que son gouvernement convoquera une conférence internationale à Londres en novembre afin d’améliorer le principe de responsabilité en matière de violence sexuelle dans les conflits et d’appuyer la mise en œuvre du Murad Code.

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a dit être encouragé par la trêve humanitaire dans le nord de l’Éthiopie ainsi que par la trêve au Yémen qui a procuré un soulagement aux enfants yéménites.  La situation au Myanmar demeure en revanche particulièrement préoccupante, car en l’espace d’une seule journée, l’armée a massacré 35 personnes, y compris des enfants et deux membres du personnel de Save the Children, dans l’état de Kayah.  La guerre de la Fédération de Russie contre l’Ukraine a ajouté un autre chapitre sombre à l’agression contre les enfants, ses forces ayant notamment expulsé plus d’un million de civils ukrainiens, dont 260 000 enfants, vers la Russie par le biais d’un processus de filtrage, a dénoncé le représentant qui a félicité le Secrétaire général d’avoir inscrit l’Ukraine, le Mozambique et l’Éthiopie parmi les situations préoccupantes dans son rapport annuel. 

Le délégué a également relevé que les attaques violentes contre des écoles en Afghanistan continuaient d’entraver l’accès des enfants à l’éducation, dénonçant en outre le fait que les filles n’ont pas le droit de s’inscrire dans les écoles secondaires.  Le Conseil de sécurité a clairement indiqué que si les Taliban veulent des relations normalisées avec la communauté internationale, les écoles doivent être ouvertes sans délai à toutes les étudiantes, a-t-il rappelé.  Il a souhaité que la question des enfants et des conflits armés soit intégrée dans tous les travaux du Conseil.  Il a également appelé tous les États à adopter des mesures nationales de responsabilisation, soulignant que le Conseil doit veiller à ce que toutes les missions de paix et politiques disposent d’une capacité adéquate de protection des enfants.  Il a aussi demandé à la Représentante spéciale d’élaborer une note d’orientation sur le refus d’accès humanitaire aux enfants. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a condamné à nouveau l’agression russe contre l’Ukraine, dont les conséquences sur les enfants sont dramatiques, en souhaitant que les mécanismes du Conseil de sécurité soient les plus réactifs possibles, le cas échéant à travers des rapports plus réguliers quand l’urgence l’impose.  Également préoccupé par les situations en Somalie, en Afghanistan, en Birmanie, en Syrie et au Yémen, il a salué les efforts de l’ONU pour instaurer un dialogue avec les parties et promouvoir la signature de plans d’action.  Il a ensuite plaidé pour que la lutte contre les graves violations ne s’arrête pas à la libération des enfants, mais inclue leur réintégration dans la société comme le prévoient les Principes et Engagements de Paris.  Il a salué les 112 États qui les ont déjà endossés depuis 2007 et appelé à leur endossement universel.  Il a également appelé à redoubler d’efforts pour protéger les enfants réfugiés et déplacés, notamment en leur donnant accès à l’éducation.  Il a donné l’exemple de son pays qui a œuvré à la scolarisation immédiate de plus de 18 000 enfants ukrainiens réfugiés.  De plus, il a apprécié l’accent mis aujourd’hui sur la situation des enfants apatrides, jugeant crucial d’abroger les lois empêchant les mères de transmettre leur nationalité et de garantir l’enregistrement universel des naissances.  Enfin, face à l’impunité, il a estimé que nous devons également utiliser davantage l’outil des sanctions, en complément des poursuites judiciaires.

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a rappelé que les États ont la responsabilité principale de la protection des enfants et exhorté le Conseil à leur apporter son soutien.  Il a insisté sur l’importance de l’établissement des responsabilités afin de mettre fin aux violations les plus graves.  Il a souhaité une coopération étroite entre l’ONU et les États Membres pour l’élaboration d’une politique efficace de rapatriement et de réintégration des enfants touchés par un conflit.  Les efforts de protection des enfants et les efforts antiterroristes doivent être mieux coordonnés, a-t-il ajouté.  Il a aussi souhaité que les États fassent montre d’une volonté politique accrue pour rendre comptables de leurs actes les auteurs d’actes terroristes, ainsi que leurs soutiens.  Enfin, il a regretté que des situations qui ne sont pas des conflits armés ou des menaces à la paix soient incluses à l’ordre du jour du Conseil.

Mme AMEIRAH ALHEFEITI (Émirats arabes unis) a jugé utile d’avoir des mécanismes multiacteurs pour la protection et la réintégration des enfants touchés par les conflits armés, en veillant à établir des liens entre ces programmes et les efforts de consolidation de la paix.  Elle a souligné l’importance d’un financement durable axé sur les survivants et sensible au genre.  Faisant siens les propos de M. Patrick Kumi, la représentante a jugé essentiel que tous les efforts de consolidation de la paix tiennent compte des besoins de ces enfants, afin d’accélérer leur réintégration dans la société et de leur permettre de se construire un avenir prometteur.  La déléguée a aussi appelé à lutter contre les enlèvements d’enfants dans les situations de conflit, qui sont en augmentation, avant de mettre l’accent sur la collecte de données ventilées par sexe, pour mieux identifier et comprendre les impacts des conflits sur les filles et les garçons et aider les organisations régionales à mieux développer leurs stratégies.  La représentante a également demandé au Conseil de veiller à ce que la protection des enfants déplacés soit intégrée dans tous les mandats des opérations de paix ainsi que l’accès aux services essentiels, dont les services psychologiques et services de santé.  Enfin, elle a mis l’accent sur la protection d’un droit à l’éducation des enfants déplacés adapté à leur bien-être, à leurs sensibilités culturelles et à leurs préférences linguistiques.

M. MARTIN KIMANI (Kenya) a recommandé que le Conseil de sécurité intègre la protection des enfants dans les mandats de toutes les opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales, notamment dans l’alerte précoce, la protection des civils, la justice transnationale, le désarmement, les mesures contre la radicalisation et le recrutement des enfants, le désengagement, la démobilisation et la réintégration.  Les enfants nés de terroristes ou qui ont été recrutés pour les groupes terroristes ont besoin d’aide lorsqu’ils sont capturés, a fait remarquer le délégué en plaidant pour que l’ONU contribue à leur réhabilitation.  Leur réintégration doit prendre en compte leurs besoins spécifiques d’enfants radicalisés, y compris dans les soins de santé, le soutien psychosocial et les programmes scolaires adaptés, a-t-il précisé.  Notant que les enfants sont souvent victimes d’engins explosifs utilisés par les groupes terroristes, le représentant a recommandé de soutenir les efforts déployés par les États affectés par les conflits pour éradiquer ces engins.  À cet égard, il a encouragé les partenariats entre l’ONU et le International Peace Support Training Centre, sis à Nairobi, pour donner la formation et l’aide nécessaires pour faire face à cette menace. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a mis en exergue le fait que la guerre déclenchée par les autorités de Kiev en 2014 contre la population du Donbass a eu un grave impact sur les enfants.  La plus jeune victime de l’agression ukrainienne n’avait que 27 jours, a-t-dit.  Et des enfants meurent toujours sous les tirs d’artillerie ou en marchant sur des mines posées par l’armée ukrainienne.  Depuis huit ans, les enfants du Donbass naissent, étudient, vivent et grandissent sous les bombardements constants de Kiev, y compris d’infrastructures civiles comme des jardins d’enfants, des écoles et des hôpitaux, a dénoncé le représentant en citant notamment le cas du jardin d’enfants n° 118 attaqué le 8 juillet.  Au total, ces derniers mois, 249 civils, dont 16 enfants, ont été tués dans la seule République populaire du Donbass, et 1 493 personnes ont été blessées, dont 83 enfants. 

Le représentant a fait savoir que depuis le début de l’opération militaire spéciale, 2 497 432 personnes, dont 392 890 enfants, ont été évacuées vers le territoire de la Fédération de Russie depuis les régions dangereuses de l’Ukraine.  Ces personnes sont venues volontairement pour sauver leur vie, a-t-il affirmé en rejetant catégoriquement les allégations non fondées selon lesquelles les autorités russes seraient impliquées dans des enlèvements d’enfants.  Plus de 9 500 centres d’hébergement temporaire ont été mis en place et un travail individuel est effectué avec tous les réfugiés, y compris pour assurer la prise en charge des mineurs et orphelins sans protection parentale.  Selon leur âge, les enfants sont placés dans des jardins d’enfants ou des établissements d’enseignement général et professionnel.  Beaucoup d’entre eux reçoivent une assistance humanitaire et médicale ciblée, y compris une réadaptation psychologique, l’objectif principal étant d’aider ces enfants à oublier les horreurs qu’ils ont vécues au cours des huit dernières années pendant lesquelles Kiev, avec la connivence de ses parrains occidentaux, a détruit en toute impunité la population civile du Donbass. 

Prenant note de la décision du Secrétaire général d’inclure la situation en Ukraine dans les situations préoccupantes dans son prochain rapport, le représentant a fait savoir que son gouvernement est prêt à coopérer avec la Représentante spéciale à ce sujet, y compris en lui fournissant des informations.  Il a aussi souligné que la protection des enfants reste d’une importance particulière en Syrie, en particulier dans les zones non contrôlées par le Gouvernement.  Le principal obstacle à la garantie des droits des mineurs est la situation humanitaire difficile sur fond de détérioration de la situation socioéconomique due à la « suffocation » par les sanctions imposées par les États-Unis et l’Union européenne, a-t-il fait valoir en exigeant que Washington cesse son occupation illégale de certaines parties du territoire de la Syrie et le pillage des ressources naturelles et agricoles de ce pays. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique) a considéré que la protection des enfants dans les conflits armés reste une priorité absolue et constaté que des progrès ont été réalisés au cours de ces deux décennies, notant que le nombre de parties radiées de la liste des sanctions excède le nombre de celles qui y ont été ajoutées.  Il a salué les résultats tangibles obtenus dans la conception et la mise en œuvre des 17 plans d’action et des autres engagements pris plus récemment, se félicitant également de constater que, depuis la création du Bureau du Représentant spécial du Secrétaire général pour la question des enfants et des conflits armés, plus de 170 000 enfants ont été remis en liberté.  Il a préconisé au Conseil de prévoir le renforcement de la coordination du groupe de travail avec les autres organes subsidiaires, y compris certains comités des sanctions.  Si la prévention des violations graves est la tâche principale du mandat du groupe de travail, il est également important de garantir la mise en œuvre complète des programmes de réintégration, a recommandé le délégué.  Il a aussi suggéré de concevoir les programmes d’assistance dans une perspective axée sur le genre et d’y inclure les aspects relatifs à la santé mentale.  Enfin, de l’avis du délégué, une réintégration complète nécessite des services nationaux de protection de l’enfance qui comprennent également l’éducation et la sécurité sociale.  Interdire le recrutement des mineurs et le mariage des enfants n’est pas suffisant », a ajouté en conclusion le représentant. 

M. BRIAN PATRICK FLYNN (Irlande) s’est dit consterné par le nombre élevé et en augmentation d’enfants tués et mutilés dans le monde en 2021, notamment en Syrie, au Yémen, en Afghanistan et lors de l’escalade de violence de mai 2021 en Israël et dans le Territoire palestinien occupé.  Il a exhorté tous les États à soutenir la Déclaration politique sur les armes explosives dans les zones peuplées, fruit d’un processus mené par l’Irlande à Genève.  Il a salué la décision du Secrétaire général d’ajouter l’Éthiopie, le Mozambique et l’Ukraine à la liste des situations préoccupantes, avant d’appeler à plus de surveillance dans la région du Sahel central.  Le représentant a appelé toutes les parties à un conflit à se conformer au droit international, y compris le droit international humanitaire, le droit international des droits de l’homme et le droit international des réfugiés, et à assurer l’établissement des responsabilités.  Il a aussi estimé que « nos belles paroles ici doivent être accompagnées d’argent comptant », demandant le financement nécessaire pour faire face au nombre croissant des crimes et aux besoins croissants de protection et de réintégration des enfants.  Enfin, il a appelé à intégrer la question des « enfants et les conflits armés » dans toutes les activités de la Commission de consolidation de la paix et du Fonds de consolidation de la paix. 

Mme LILLY STELLA NGYEMA NDONG (Gabon) s’est dite inquiète à la lecture du rapport du Secrétaire général et a espéré que ce débat soit l’occasion de mettre en œuvre les engagements en faveur de la protection des enfants.  La place des enfants est auprès de leurs parents et à l’école, a-t-elle estimé.  Elle a recommandé de s’attaquer aux causes de l’instabilité comme la pauvreté et de soutenir les États les plus vulnérables dont les capacités doivent être renforcées.  S’agissant de la protection des enfants, la représentante a encouragé le partage d’informations notamment sur les mouvements transfrontaliers, ainsi que la lutte contre l’impunité des auteurs de recrutement d’enfants, de violence et de crimes.  Les programmes de désarmement, démobilisation et réintégration doivent être adaptés aux besoins spécifiques des enfants soldats et inclure, entre autres, la rééducation et les projets à impact rapide, a-t-elle recommandé.  Elle a aussi plaidé pour une réinsertion pérenne des enfants dans la société grâce notamment à des programmes de réintégration durable qui comprennent entre autres un contenu éducatif de qualité, des soins de santé, un soutien psychosocial, y compris pour les besoins spécifiques des filles et des enfants handicapés.  Ces programmes doivent bénéficier d’un soutien financier et technique sur le long terme, a-t-elle dit.  Enfin, elle a misé sur un partenariat multiforme et des mesures adéquates pour éradiquer les causes des conflits armés. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a regretté la faible mise en œuvre du cadre normatif de la protection des enfants dans les conflits armés.  Attirant l’attention sur les situations au Mali, au Burkina Faso, au Myanmar, en Afghanistan, en République démocratique du Congo (RDC), en Somalie, en Syrie ou encore au Yémen, il s’est attardé sur la situation en Ukraine, en avançant le chiffre de 349 enfants morts depuis le début du conflit et de centaines de blessés.  Quelque 4,3 millions d’enfants ont été chassés de chez eux et ceux qui sont encore là restent piégés dans les horreurs d’une guerre qui, après cinq mois, continue d’être aussi meurtrière qu’au premier jour, s’est-il indigné.  Les enfants sont terrifiés par les bombardements et les tirs de missiles.  Comme cela ne suffisait pas, plus de 100 000 enfants ukrainiens auraient été expulsés de force vers la Russie. 

Le représentant a fait part d’un sentiment indéniable d’urgence: il faut faire plus et mieux et investir davantage dans la prévention, laquelle dépend d’un bon établissement des responsabilités.  Il faut aussi renforcer le mandat relatif aux enfants dans les conflits armés pour le rendre plus souple et mieux à même de lutter contre les violations commises par tous les acteurs, en particulier les groupes armés non étatiques.  Des capacités dédiées à la protection de l’enfance sont nécessaires dans les missions de maintien de la paix et les missions politiques spéciales des Nations Unies, y compris dans le contexte de la transition, a poursuivi le représentant.  Il a également plaidé pour que l’on relève les défis liés à l’intégration et la réintégration des enfants qui représentent aujourd’hui plus de la moitié des réfugiés dans le monde.  Pour sa part, l’Albanie a procédé à des rapatriements de femmes et d’enfants d’origine albanaise de Syrie, a-t-il indiqué, en soulignant que son gouvernement coopère avec l’UNICEF.

M. ZHANG JUN (Chine) a considéré que la meilleure façon de protéger les enfants est de mettre fin aux conflits en leur cherchant des solutions politiques.  Il a encouragé les pays n’ayant pas ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant à prendre des mesures immédiates à cet égard.  Le représentant a également demandé que toutes les parties responsables de violations à l’encontre des enfants soient tenues comptables de leurs actes.  Il a par ailleurs dénoncé le sort des enfants dans certains camps de réfugiés situés près de frontières, en particulier ceux à qui est dénié un rapatriement volontaire dans leur pays d’origine.  Pour la Chine, le Conseil de sécurité devrait éviter d’accorder une attention sélective à certaines situations sur la base des orientations politiques de ses membres.  Sur une note positive, le délégué s’est félicité que, grâce aux efforts de la Représentante spéciale, des milliers d’enfants aient été remis en liberté, citant l’exemple de Mohammed en Syrie, qui a pu ainsi obtenir une jambe artificielle pour remplacer sa première prothèse, détruite dans un bombardement.  De l’Amérique latine à l’Asie, des milliers d’enfants ont les yeux tournés vers nous, nous ne pouvons pas les laisser tomber, a lancé le représentant chinois.

M. PÉTER SZIJJÁRTÓ, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Hongrie, a salué la présidence brésilienne du Conseil et son « inspiration chrétienne ».  Il a dénoncé la guerre en Ukraine qui continue de faire rage, avant de rappeler les 840 000 réfugiés accueillis par la Hongrie lorsque la guerre a éclaté.  Il a souligné l’aide apportée aux enfants ukrainiens réfugiés, notamment pour l’apprentissage de la langue hongroise, « assurément l’une des plus difficiles au monde. »  Ces enfants ont les mêmes droits que les enfants hongrois.  Le Ministre a enfin rappelé que seule la paix permettra de remédier aux souffrances des enfants ukrainiens et exhorté la communauté internationale à œuvrer pour la tenue de pourparlers de paix.

Intervenant au nom du Groupe des Amis des enfants touchés par les conflits armés, M. RICHARD ARBEITER (Canada) a dit l’importance de garantir l’indépendance, l’impartialité et la crédibilité du mécanisme de surveillance et de communication de l’information et du mécanisme d’établissement des listes tels qu’ils figurent dans les rapports annuels du Secrétaire général.  Ces deux outils demeurent particulièrement importants dans nos efforts pour protéger les enfants et favoriser l’établissement des responsabilités pour les violations graves, a insisté le représentant.  Notant que l’Éthiopie, le Mozambique, l’Ukraine et la région du Sahel central ont été désignés comme des situations préoccupantes, le représentant a jugé important que le Secrétaire général utilise des critères et des procédures clairs pour l’inscription aux listes et la radiation des parties à un conflit armé. 

À titre national, il a rappelé qu’en Afghanistan, les Taliban sévissent effrontément contre les droits des filles, notamment leur droit à l’éducation.  Le nombre de garçons afghans tués et mutilés a battu un record mondial en 2021.  Dans la région du Sahel central et dans le bassin du lac Tchad, l’on voit une forte augmentation des violations graves commises à l’encontre des filles.  En Syrie, le « régime d’Assad » poursuit ses agressions contre les enfants, bombarde des écoles et des hôpitaux et recrute des enfants soldats.  Face à cette situation, le représentant a estimé que la décision de sortir le Gouvernement syrien de l’annexe du rapport du Secrétaire général n’aurait dû être prise que sur la base d’une diminution substantielle des violations graves et du respect d’engagements concrets et assortis de délais. 

En Ukraine, des enfants sont tués et mutilés par les forces russes, à coup d’attaques délibérées contre les écoles et les hôpitaux, a poursuivi le représentant qui a aussi accusé la Fédération de Russie d’avoir arrêté et déplacé de force des centaines de milliers d’enfants ukrainiens et d’être responsable de violence sexuelle à l’encontre des filles et des garçons.  Le représentant a conclu en annonçant le lancement avec le soutien de l’UNICEF, d’une initiative de promotion et de partage des leçons apprises dans la mise en œuvre des instruments internationaux pertinents. 

M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a dit être préoccupé par le contenu du rapport du Secrétaire général qui n’inclut pas les conséquences terribles de la guerre de Russie en Ukraine.  Toutes les violations affectant les enfants en Ukraine, causées par la guerre d’agression de la Russie, doivent faire l’objet d’un suivi par l’ONU, a exhorté le représentant précisant que les statistiques du Secrétaire général seraient plus élevées si le rapport tenait compte des conséquences de la guerre en Ukraine.  Il a dit que son pays est prêt à discuter avec la Représentante spéciale pour faire la lumière sur les conséquences de l’agression russe sur les enfants.  Depuis le début de la guerre, plus de 350 enfants ont été tués et plus de 2 millions déplacés, a-t-il rappelé.  Le représentant a aussi indiqué que les bombardements russes ont détruit 216 établissements dont plus de 130 centres pour orphelins.  Il a ajouté que 77 enfants ont disparu depuis le début des hostilités.  Toutefois, le véritable nombre des victimes est bien plus élevé, a-t-il dit avant de demander à la communauté internationale de suivre de près la situation, d’aider l’Ukraine à faciliter le retour rapide des réfugiés et de garantir l’établissement des responsabilités pour les violations, que ce soit pour leurs auteurs ou ceux qui les ont commanditées.

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) s’est déclarée préoccupée par l’augmentation des meurtres et des mutilations d’enfants, du recrutement d’enfants, et du déni d’accès humanitaire.  Elle a également dénoncé l’augmentation des enlèvements, des signalements de viols et d’autres formes de violences sexuelles liées aux conflits.  L’impunité est totalement inacceptable, a-t-elle tranché en exigeant une justice non sexiste pour les enfants victimes ou survivants de ce type de violences.  Elle a encouragé la Représentante spéciale à veiller à ce que les enfants handicapés soient également pris en compte dans la mise en œuvre de son mandat, et a demandé que les enfants déplacés se voient garantir les mêmes droits et libertés que tous les autres enfants.  Les rapports d’abus d’enfants réfugiés et migrants sont épouvantables, a-t-elle regretté en appelant à faciliter leur intégration de manière prioritaire et durable.  La représentante a également encouragé les États Membres à respecter la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, les Principes de Paris, les Principes de Vancouver et à ratifier les Protocoles facultatifs à la Convention relative aux droits de l’enfant concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés.

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) s’est dit particulièrement préoccupé par la hausse significative du nombre des cas de violence sexuelle contre les garçons et les filles, ainsi que par le risque accru que les filles se fassent enlever sur le chemin de l’école, comme on l’a vu dans la région du bassin du lac Tchad.  Aujourd’hui, a dit le représentant, la guerre en Ukraine ajoute une autre dimension choquante à l’ampleur effroyable des graves violations des droits de l’enfant dans les conflits.  Citant l’UNICEF et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, le représentant a fait observer que près des deux tiers des enfants ukrainiens ont fui de chez eux et qu’environ 300 enfants sont morts dans l’agression russe.  Les informations faisant état de la séparation forcée des familles ainsi que les allégations d’enlèvement et de déportation d’enfants ukrainiens vers le territoire russe sont particulièrement alarmantes et constituent une nouvelle violation grave du droit international humanitaire et des droits humains, a-t-il dénoncé.

L’établissement des responsabilités, aux niveau national et international, est crucial pour mettre également fin à l’impunité et en réponse à la flambée de la violence signalée par le Secrétaire général, les enquêtes et les poursuites pénales doivent prévoir des approches adaptées aux enfants ainsi que les ressources, les capacités et les compétences qu’il faut pour permettre la participation sûre et effective des victimes et des survivants à ces processus, a préconisé M. Wenaweser.  Le Statut de Rome de la Cour pénale internationale et ses verdicts « révolutionnaires » sur l’utilisation d’enfants soldats par exemple pourraient servir de modèle, puisqu’il exige que le Procureur nomme des conseillers dotés d’une expertise juridique en matière de violence contre les enfants et que la CPI prenne des mesures pour protéger la sécurité, le bien-être physique et psychologique, la dignité et la vie privée des victimes et des témoins, en tenant compte de l’âge. 

M. MAJID TAKHT RAVANCHI (République islamique d’Iran) a dénoncé les violations commises contre les enfants en Afghanistan, au Yémen et en Palestine.  Il a indiqué que son pays fournit des services de base au profit des enfants afghans réfugiés sur son sol.  Le représentant a ensuite affirmé que le « régime israélien » est responsable de la mort de 86 enfants en Palestine en 2021 et commet de nombreuses violations.  Ce régime doit être tenu pour responsable, a insisté le délégué.  Il a demandé le plein respect du droit international humanitaire et appelé à remédier aux causes profondes des violences faites aux enfants.  Il a également dénoncé les conséquences négatives des sanctions pour les enfants.

M. OLIVIER MAES (Luxembourg) a noté que l’Ukraine a été ajoutée à la liste des pays dans lesquels la situation est préoccupante, avec effet immédiat.  Il a déploré que le pilonnage incessant par les forces militaires russes de cibles civiles, y compris d’établissements scolaires et d’hôpitaux, continue de faire de nombreuses victimes parmi la population en Ukraine, regrettant que les enfants ne soient pas épargnés.  Il a précisé que le Groupe des Amis des enfants et des objectifs de développement durable, présidé par la Bulgarie, la Jamaïque et le Luxembourg, a publié le 21 mars dernier, une déclaration commune déplorant la mort d’au moins 75 enfants du fait de la guerre en Ukraine, alors que le Haut-Commissariat aux droits de l’homme a cité une estimation de 346 enfants qui ont péri dans ce conflit à la date du 17 juillet.  Estimant que ce chiffre est très certainement en deçà de la réalité, le représentant a exhorté la Russie à immédiatement cesser ses attaques indiscriminées contre les zones fortement peuplées, y compris les établissements scolaires et les hôpitaux.  Il a aussi exhorté tous les États à signer et à mettre en œuvre la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, avant de se dire très préoccupé par les rapports faisant état de la déportation forcée d’enfants ukrainiens vers la Russie.  Notant que les enfants fuyant la guerre en Ukraine sont exposés à un risque accru de traite et d’exploitation des êtres humains, il a jugé primordial que ces enfants soient protégés pour ne pas devenir des victimes de la guerre une deuxième fois.  Le représentant a particulièrement regretté, au vu des terribles souffrances subies par les populations civiles, et en particulier les enfants, que le Conseil de sécurité ne soit pas à même de condamner la guerre en Ukraine et d’adopter une résolution qui pourrait contribuer à y mettre un terme.  « Cela n’exonère pas les coupables des crimes de guerre.  Ils seront tenus pour responsables de leurs actes. »

Mme PASCALE BAERISWYL (Suisse) a appelé à mettre en œuvre la résolution 2601 (2021) sur la protection de l’éducation dans les conflits et à adopter la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, afin de faire face à la vulnérabilité des enfants déplacés ou réfugiés.  Les enfants associés à des groupes armés doivent être traités comme des victimes, a poursuivi la représentante avant d’appeler tous les États Membres, conformément à la résolution 2427 (2018), à donner la priorité aux mesures non judiciaires axées sur la réadaptation et la réintégration et à ne recourir à la détention qu’en dernier ressort.  Elle a invité la Commission de consolidation de la paix à traiter la réintégration comme priorité, au travers du thème de la santé mentale et du soutien psychosocial.  De plus, elle a jugé urgent de préserver l’indépendance, l’impartialité et la crédibilité des instruments à notre disposition, pour protéger les enfants dans les conflits.  À cet effet, elle a jugé utile que les critères appliqués pour inscrire ou radier les parties responsables de violations graves aux annexes du rapport annuel soient clairs, cohérents et objectifs.  Elle a demandé que les nouveaux territoires ajoutés à la liste des situations préoccupantes -Mozambique, Éthiopie, Ukraine et Sahel central- reçoivent la surveillance et l’attention nécessaires du Conseil.  Enfin, elle a demandé des ressources humaines et financières suffisantes pour le mécanisme de surveillance et de communication sur le terrain avant d’exhorter le Conseil à inclure des dispositions de protection de l’enfant dans tous les mandats pertinents.

Mme GABRIELA GONZÁLEZ (Uruguay) a déclaré que pour prévenir les atrocités contre les enfants, la protection et le respect de leurs droits et besoins doivent être au cœur de tous les efforts de paix, de médiation et de prévention des conflits.  L’impunité pour les violations graves est inacceptable, a ajouté la représentante demandant d’adopter des lois contre ces violations au niveau national, ainsi que des mesures pour garantir la responsabilité des auteurs.  Il faut aussi renforcer la coopération des États Membres avec les mécanismes internationaux, régionaux et nationaux de responsabilité et prévenir les violations par le biais d’un engagement stratégique et de plans de prévention concrets. 

Pays fournisseur de contingents, l’Uruguay a approuvé en 2020 sa politique de protection de l’enfance pour le personnel déployé dans les opérations de paix des Nations Unies, a indiqué la représentante qui a aussi cité le lancement, en novembre 2021, d’un guide pour les instructeurs en protection de l’enfance dans les missions de paix.  L’École nationale des opérations de paix de l’Uruguay dispense des cours sur la protection de l’enfance dans les conflits armés, et le Ministère de la défense nationale a signé en février 2021 un protocole d’entente avec l’Institut Roméo Dallaire et l’Université Dalhousie sur la prévention du recrutement d’enfants soldats dans des situations de conflit.

M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur), a expliqué que l’Équateur, en tant qu’État partie à la Convention relative aux droits de l’enfant et à ses trois protocoles facultatifs, promeut une architecture internationale solide pour la protection des droits de l’enfant dans tous les domaines, y compris les conflits armés, sans distinction de nationalité, d’ethnie, de sexe ou autre.  Par ailleurs, il a assuré que son pays s’engage à continuer d’accorder une attention particulière à la promotion et à la protection des droits des enfants en mobilité humaine, car de nombreux enfants fuyant les zones de conflit ou de violence sont exposés aux réseaux criminels de traite et de contrebande.  Il a mis en exergue les besoins éducatifs croissants des enfants réfugiés et déplacés, plaidant pour que soient prises urgemment des mesures concrètes pour la protection des écoles, du personnel éducatif et des élèves, conformément au droit international et au droit international humanitaire.  Le délégué a aussi demandé d’agir pour proscrire l’utilisation de ces espaces à des fins militaires.  Tout cela exige une réponse coordonnée de l’ONU, dans laquelle le Conseil de sécurité a un rôle central à jouer, a estimé le représentant, y compris pour le suivi et la mise en œuvre des 13 résolutions relatives à la situation des enfants dans les conflits armés.  Aucun effort ne doit être épargné pour la libération des enfants enlevés et recrutés, a-t-il encore plaidé en demandant que soient prises en même temps des mesures de réintégration dans leurs communautés.  Avant de conclure, le représentant a assuré que la protection des enfants dans les conflits armés sera une priorité de l’Équateur lors de sa représentation au sein de ce Conseil au cours de la période 2023-2024.  « La communauté internationale a le devoir collectif de renforcer les efforts pour atténuer la souffrance de plus de 426 millions d’enfants dans le monde. »

M. BOŠTJAN MALOVRH (Slovénie) s’est dit consterné par le nombre toujours élevé de violations graves, en particulier par l’augmentation des enlèvements.  En réfléchissant aux 25 années écoulées depuis l’établissement du mandat du Conseil de sécurité sur les enfants et les conflits armés, il a appelé à saluer les outils solides développés pour soutenir sa mise en œuvre, citant notamment le mécanisme de surveillance et de communication de l’information et le mécanisme d’inscription sur les listes dans les rapports annuels du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés.  « Son indépendance, son impartialité et sa crédibilité demeurent essentielles », a ajouté le représentant à propos de ce mécanisme.  La Slovénie est pour sa part fermement engagée dans la promotion des droits et du bien-être des enfants, y compris des enfants touchés par les conflits armés, comme en témoignent des projets mis en œuvre par l’organisation slovène ITF Enhancing Human Security en Moldavie, en Jordanie, au Liban, à Gaza et en Cisjordanie, en Arménie, à Madagascar et en Égypte.  « Depuis 2017, nos efforts ont également permis de fournir une éducation à plus de 41 000 enfants réfugiés syriens en Jordanie et ont également répondu aux besoins des enfants réfugiés ukrainiens en Pologne et en Slovénie », a fait valoir le délégué. 

Mme KRISTEL LÕUK (Estonie) a validé l’argument de la pertinence du mandat de la protection des enfants dans les conflits armés, estimant que l’action du Conseil de sécurité, du système des Nations Unies et des acteurs nationaux doit suivre.  Cela comprend, selon elle, la promotion du respect du droit international et la recherche des responsabilités pour les violations du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire, notamment par le biais de mécanismes internationaux tels que la Cour pénale internationale (CPI) et l’exercice de la compétence universelle.  Cela comprend aussi l’incorporation et l’utilisation de critères liés à la question dans les régimes de sanctions, ainsi que des ressources politiques, financières et opérationnelles pour les activités de protection de l’enfance menées par les Nations Unies.  Notant que le Secrétaire général a désigné l’Ukraine comme une situation préoccupante avec effet immédiat, la représentante a souligné que cela fait suite « à la longue traînée de sang laissée par la Fédération de Russie en Ukraine » et aux attaques cruelles et ciblées contre des civils, y compris des enfants.  Les meurtres et mutilations d’enfants, les violences sexuelles, le refus d’accès humanitaire, les expulsions et les adoptions illégales, ainsi que les attaques délibérées contre les écoles et les hôpitaux par la Fédération de Russie sont de graves violations contre les enfants, a-t-elle martelé.  Elle a demandé au Secrétaire général d’assurer sans délai le suivi et le signalement des violations contre les enfants en Ukraine, ainsi que le renforcement des capacités de protection de l’enfance en Ukraine.  L’Estonie attend donc que des comptes soient rendus pour les violations commises contre des enfants en Ukraine, tout comme pour la Syrie, l’Iraq, le Mali et l’Afghanistan, a conclu la représentante.

Au nom des pays nordiques (Danemark, Finlande, Islande, Norvège et Suède), M. MARTIN BILLE HERMANN (Danemark) s’est dit alarmé par le chiffre record de 37 millions d’enfants déplacés en 2021, un chiffre qui ne prend pas en compte les enfants déplacés par le conflit en Ukraine.  Notant que les enfants réfugiés, déplacés ou apatrides sont particulièrement vulnérables aux violations graves, le représentant a appelé le Conseil de sécurité à jouer un rôle plus efficace dans la prévention des déplacements dans le monde.  Il a aussi exhorté les gouvernements à renforcer la protection et l’accès aux services pour les enfants réfugiés, migrants et déplacés.  Il s’est particulièrement inquiété de l’impact des conflits armés sur l’éducation en notant que près de 8 000 écoles sont fermées en raison de la violence au Sahel où 60% des enfants n’ont plus accès à l’éducation.  « En conséquence, nous avons constaté une augmentation du recrutement d’enfants, des mariages d’enfants et des grossesses précoces chez les filles d’âge scolaire » a indiqué le représentant qui a rappelé que l’éducation est cruciale pour briser le cycle des conflits.  C’est pourquoi, il a appelé tous les États à approuver et à mettre en œuvre la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et la résolution 2601 (2021) du Conseil de sécurité afin de réaliser le droit de tous les enfants à l’éducation. 

M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a déclaré que pour briser le cycle de violence contre les enfants, il faut une approche systématique et cohérente, de la prévention jusqu’à l’établissement des responsabilités et la réintégration.  Ceci exige un soutien sans faille à la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, a-t-il réclamé, y voyant un moyen d’atténuer les conséquences des conflits armés sur l’éducation.  L’Italie, a ajouté le représentant, appuie les Principes et engagements de Paris et les Principes de Vancouver, des principes qui à son avis devraient être intégrés dans les opérations de maintien de la paix.  Il a estimé que les interventions en matière de paix doivent chercher à apporter une réponse fondée sur les droits et intérêts des enfants et doivent gérer la question des enfants recrutés par les groupes armés sous l’angle des victimes qu’ils sont.  Le représentant a insisté sur la nécessité de tenir pour responsables tous les auteurs des violations contre les enfants, qu’elles soient étatiques ou non.  Il a réitéré le soutien de sa délégation à la justice internationale, aux mécanismes de contrôle et de responsabilité et à la Cour pénale internationale.  Il a, enfin, plaidé pour que les programmes de réintégration comprennent un appui psychosocial, une éducation et une formation. 

Mme ANTJE LEENDERTSE (Allemagne) a salué l’inclusion de l’Ukraine dans le rapport comme situation préoccupante s’agissant des violations faites aux enfants.  Elle s’est dite préoccupée par l’augmentation de 20% des enlèvements d’enfants en 2021 par rapport à 2020, les filles étant les premières cibles de ces crimes.  Elle a aussi mentionné les informations selon lesquelles des enfants ukrainiens seraient enlevés pour être transportés en Russie.  Enfin, la déléguée a souligné l’importance de la réintégration des enfants précédemment associés à des groupes armés.  Elle a détaillé l’appui fourni par son pays à ces enfants.

Mme MARIA THEOFILI (Grèce) a encouragé les pays accueillant des réfugiés à intégrer dans leurs réponses nationales les services de base dont ont besoin les enfants, y compris l’accès à l’éducation, et à ratifier les protocoles pertinents relatifs aux droits de l’enfant.  Elle s’est ensuite enorgueillie de l’adoption du tout premier plan d’action de la Grèce sur la protection de l’enfance, qui met l’accent sur le sort des filles.  Les autorités grecques, a ensuite assuré la représentante, agissent sur terre et en mer pour offrir une assistance aux mineurs ayant été contraints de fuir les conflits. 

M. COLLEN VIXEN KELAPILE (Botswana), qui s’exprimait au nom du Groupe des Amis de la responsabilité de protéger, a estimé que parmi les six violations graves commises contre les enfants, celle de l’enlèvement est l’une des plus difficiles à documenter.  Pourtant, a-t-il relevé, lorsqu’il constitue une atrocité, l’enlèvement peut être punis en vertu du Statut de Rome.  Il a donc souhaité que l’ONU enquête plus avant sur les allégations d’enlèvements transfrontaliers et de traite d’enfants à des fins d’adoption, saluant au passage la récente note d’orientation sur ce problème rédigée par le Bureau du Représentant spécial.  Le représentant a aussi souligné que les enfants et les jeunes sont confrontés à des risques d’atrocités distincts.  Il a donc appelé la communauté internationale à veiller à ce que chaque aspect de la prévention des atrocités soit guidé par les principes généraux de la Convention relative aux droits de l’enfant.  En outre, a-t-il poursuivi, les enfants et les jeunes doivent jouer un rôle essentiel dans l’information et l’alerte précoce, le renforcement des capacités et le développement de sociétés plus cohésives, inclusives et résilientes.  Leur participation au règlement des conflits et à la prévention des atrocités montre qu’ils peuvent jouer un rôle important non seulement en tant que bénéficiaires des interventions, mais en tant que partenaires dans la paix, a-t-il fait valoir.  Le délégué a plaidé pour que tous les auteurs des six violations graves contre les enfants soient tenus responsables.  Il a misé pour cela sur le mécanisme de surveillance et de communication de l’information des Nations Unies, le rapport annuel du Secrétaire général et son annexe.  Cependant, ces outils ne resteront valables que s’ils sont crédibles, a-t-il prévenu.  Il a donc recommandé la publication, dans les annexes du rapport, d’une liste unique, complète et fondée sur des preuves de toutes les personnes jugées responsables de ces violations et abus, reflétant avec précision les données collectées et vérifiées par le mécanisme de surveillance et de communication de l’information.  C’est aux États Membres de traduire en justice tous les responsables de crimes impliquant des violations à l’encontre d’enfants, y compris des atrocités, par le biais d’enquêtes rapides et, le cas échéant, de poursuites, a-t-il affirmé en concluant son intervention.

M. THIBAULT CAMELLI (Union européenne) s’est dit horrifié par les conséquences sur les enfants de la guerre d’agression illégale menée par la Russie contre l’Ukraine, ainsi que par les signalements de déportation forcée d’enfants vers la Russie.  Dans ce contexte, il a salué la décision de reconnaître l’Ukraine comme situation préoccupante avec effet immédiat, de même que l’ajout de l’Éthiopie et du Mozambique au rapport du Secrétaire général.  Il s’est inquiété de la situation des enfants et des conflits interdépendants qui affectent les communautés au Sahel, dans la région du bassin du lac Tchad, ainsi que dans l’est de la République démocratique du Congo, et a demandé instamment à toutes les forces armées de respecter pleinement le droit humanitaire international.  Il a ensuite appelé les forces armées et de sécurité du Myanmar à mettre fin à la pratique persistante d’arrestation des enfants, des parents ou des proches des opposants.  Il a aussi condamné le refus persistant et inacceptable des Taliban d’assurer l’enseignement secondaire des jeunes afghanes. 

L’observateur a appelé à faire de la protection des enfants dans les conflits armés une priorité et à veiller à ce que les mécanismes des Nations Unies et ses opérations de paix soient financés et équipés à cette fin.  Il a demandé au Conseil de travailler étroitement et régulièrement avec la Représentante spéciale, y compris sur les situations spécifiques des pays.  Il a également encouragé la Représentante spéciale à élaborer une note d’orientation sur le refus de l’accès humanitaire aux enfants. 

M. JAKUB KULHÁNEK (République tchèque) a appelé à une mise en œuvre accrue du droit international des droits humains, des instruments internationaux de protection de l’enfance et des principes de responsabilité pour les auteurs des violations graves.  La guerre non provoquée de la Russie contre l’Ukraine a poussé des millions d’enfants à l’exil et à quitter leurs foyers.  Des milliers de petits Ukrainiens ont également été forcés de se déplacer en Russie où de nombreux témoignages indiquent que certains ont été violés.  La Russie doit rendre des comptes pour ces violations, a insisté le représentant.

M. KARL LAGATIE (Belgique) s’est inquiété de l’effacement progressif de la démarcation entre champ de bataille et infrastructures civiles qui sont de plus en plus souvent prises pour cibles.  Il a dénoncé les crimes commis contre les enfants en Ukraine et dans le Sahel et demandé à établir les responsabilités pour ces violations.  Il a aussi appelé au plein respect de la Convention relative aux droits de l’enfant, avant d’appeler au renforcement des capacités des missions onusiennes dans le domaine de la protection des enfants.  Enfin, s’il a reconnu que la prévention des violations contre les enfants est une tâche « dantesque », le délégué a invité le Conseil à ne pas « baisser les bras ».

M. KRZYSZTOF MARIA SZCZERSKI (Pologne)a appelé à intensifier les efforts pour protéger les enfants dans les situations de conflit armé.  Il a attiré l’attention sur les milliers d’enfants ukrainiens transférés en Russie contre leur gré, en violation à la fois de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide et de la Convention relative aux droits de l’enfant.  La communauté internationale doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour que les auteurs de ces actes soient tenus pour responsables ainsi que pour protéger le droit des enfants ukrainiens à leur identité et à leur nationalité, a insisté le représentant. 

Il a ensuite souligné l’importance d’intégrer les droits de l’enfant dans les cadres de l’alerte précoce, de l’analyse des conflits, du règlement pacifique des différends, de la justice transitionnelle et du désarmement, de même que la démobilisation et la réintégration.  De son avis, la manière la plus constructive d’autonomiser les jeunes et de veiller à ce qu’ils ne se radicalisent pas est d’investir dans une éducation de haute qualité.  Après avoir fermement condamné les attaques contre les étudiants, les enseignants et les écoles, ainsi que l’utilisation des écoles à des fins militaires, le représentant a estimé qu’un soutien approprié et opportun à la réintégration est crucial pour l’avenir des enfants anciennement associés à des groupes armés.

M. MATÚŠ KOŠUTH (Slovaquie) s’est félicité, en tant que pays voisin directement touché par la situation en Ukraine, de sa désignation comme situation préoccupante avec effet immédiat et de son inclusion dans le prochain rapport du Secrétaire général.  La brutale agression russe a officiellement fait environ 350 morts parmi les enfants et plus de 500 blessés, alors que des centaines d’écoles et d’hôpitaux ont été détruits ou endommagés, et les deux tiers des enfants ukrainiens ont été forcés de fuir leurs maisons, a-t-il rappelé en précisant que les chiffres réels sont beaucoup plus élevés.  Ces faits ne peuvent être ignorés lors du débat d’aujourd’hui, a tranché le représentant en s’indignant face aux nouvelles tentatives de la Russie de détourner l’attention de ses violations atroces de la Charte des Nations Unies et du droit international.  Pour le représentant, il est crucial de rappeler que c’est la Russie qui porte l’entière responsabilité de cette crise des enfants et des déplacements d’enfants à grande échelle, les plus rapides crises de ce type depuis la Seconde Guerre mondiale.  Sans son « invasion illégale, injustifiée et insensée » de l’Ukraine, rien de tout cela ne se serait produit, a-t-il assuré profitant de l’occasion pour demander « une fois de plus » à la Russie de cesser toutes ses activités militaires en Ukraine et de retirer immédiatement et sans condition toutes ses troupes et équipements militaires de l’ensemble du territoire ukrainien à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues.  La Slovaquie fait tout son possible pour assurer le bien-être de près de 173 000 enfants réfugiés qui ont traversé les frontières jusqu’à présent et pour protéger leurs droits, en particulier leur droit à l’éducation, a fait savoir le représentant, en assurant vouloir continuer à le faire.

M. JUSTIN FEPULEAI (Nouvelle-Zélande) a rappelé que la Nouvelle-Zélande a approuvé la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, comme 113 autres États Membres.  Il a aussi rappelé que le Conseil de sécurité a adopté, en 2016, sur l’initiative de la Nouvelle-Zélande et de quatre autres pays, la résolution 2286 (2016) sur les soins de santé dans les conflits, un texte qui condamne sans équivoque les attaques contre les travailleurs de la santé et les établissements de santé.  Il a ajouté que l’attaque illégale et non provoquée de la Russie contre l’Ukraine est un affront fait à « notre humanité commune ».  Notant que les filles dans les situations de conflit armé sont confrontées à des risques uniques, le représentant a assuré que son pays continuera à défendre vigoureusement les droits des enfants, en particulier des filles, à être protégés dans les conflits armés.  En outre, il a félicité la Représentante spéciale et le Secrétaire général de s’être engagés à étudier plus avant les liens entre changements climatiques, conflits et leurs effets sur les enfants.

M. MOHAMMED ABDULAZIZ H. ALATEEK (Arabie saoudite) a rappelé que la protection des enfants incombe à tous les acteurs de la communauté internationale.  Il a salué le libellé du rapport relatif à la coalition, tout en indiquant que le nombre d’incidents recensés devraient être, selon lui, revus à la baisse.  La coalition est un modèle s’agissant de la protection des enfants en temps de conflit armé, a-t-il affirmé, en relevant le nombre grandissant de violations commises par les milices houthistes.  Ces dernières commettent les violations les plus graves et ne respectent pas les différents instruments internationaux, a-t-il dénoncé.

M. SURIYA CHINDAWONGSE (Thaïlande) a appelé les parties à un conflit à adhérer au droit et aux principes internationaux afin de protéger les enfants et de garantir leurs droits.  Il a également appuyé les efforts continus de la Représentante spéciale et a jugé indispensable de continuer à intégrer la protection des enfants dans tout le continuum de la paix.  À cette fin, il s’est dit favorable à de plus amples consultations entre le Conseil de sécurité, les pays hôtes, les pays contributeurs de troupes et de police, et les autres parties prenantes sur la nécessité d’avoir un mandat clair sur la protection de l’enfant dans toutes les opérations de maintien de la paix de l’ONU. 

M. LUIS ANTONIO LAM PADILLA (Guatemala) a dénoncé l’agression injustifiée commise par la Russie contre l’Ukraine.  Il a relevé que la circulation des armes légères aggrave les souffrances des enfants en temps de conflit et a exhorté les États à ratifier les instruments internationaux pertinents, dont le Traité sur le commerce des armes.  Il a loué le travail de la Commission de consolidation de la paix, s’agissant notamment de la réintégration des anciens combattants.  Le rôle de la Commission devrait être consolidé et sa voix davantage entendue au sein de ce Conseil, a-t-il estimé.

M. MITCH FIFIELD (Australie) a souligné que plus de 170 000 enfants ont été libérés des mains des forces et groupes armés, puis réintégrés dans la société grâce à l’aide de conseillers en protection de l’enfance, de plans d’action conjoints et nationaux de désarmement, démobilisation et réintégration, guidés par les efforts des Nations Unies en faveur des enfants et des conflits armés.  Il a regretté que malgré ce succès, le conflit continue de prendre une tournure dévastatrice sur les enfants chaque jour, comme l’illustrent les détails présentés par la Représentante spéciale au sujet de 23 982 violations graves contre des enfants en 2021.  Notant que le bien-être des enfants en République démocratique du Congo, en Somalie, en Syrie et au Yémen continue d’être très préoccupant, il a encouragé la signature et la mise en œuvre de conventions conjointes et nationales et de plans d’action avec l’ONU pour mettre fin et prévenir les violations graves dans ces pays.  Après s’être inquiété de l’impact des violences sexuelles, le représentant a encouragé des interventions sensibles au genre et à l’âge, plaçant l’enfant au centre.  Il a dit la nécessité d’augmenter les capacités de protection de l’enfance dans les opérations de paix et les missions politiques et d’appuyer les mécanismes de surveillance de l’ONU.

M. BAE JONGIN (République de Corée) a rappelé que cette année marque le vingt-cinquième anniversaire du mandat sur les enfants et les conflits armés.  Malgré les progrès, il est d’avis qu’il faut faire davantage pour les protéger.  Appelant toutes les parties aux conflits à respecter le droit international, le droit international humanitaire et le droit des réfugiés, le représentant a également insisté sur la lutte contre l’impunité dans ce domaine et sur la libération des enfants enlevés, où qu’ils soient.  En outre, le représentant a souligné le rôle essentiel de l’ONU et de l’UNICEF pour protéger les enfants, notamment dans le contexte des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales. 

M. IDRISS AL-HARITH MOHAMED (Soudan) a assuré que son gouvernement n’avait de cesse d’agir pour protéger les enfants, en particulier ceux touchés par les conflits, qu’il s’efforce de réintégrer, conformément à l’Accord de Djouba.  Des structures ont été créées à cette fin, dont le Comité suprême dirigé par le Ministère des affaires étrangères et celui des affaires sociales, qui a été reconfiguré pour assurer la sécurité des enfants dans les zones de conflits.  Sur le plan juridique, la loi soudanaise protège les enfants qui ont été victimes de violences sexuelles, a ajouté le représentant, qui a fait valoir le plan d’action national de son gouvernement élaboré en 2016.  Il s’est ensuite félicité de la radiation du Soudan de la liste des auteurs de violations à l’encontre des enfants, résultat direct de la mise en œuvre de ce plan d’action, selon lui. 

Mme MARÍA BASSOLS DELGADO (Espagne) a demandé un accès humanitaire sans entraves aux enfants dans le besoin.  Elle a relevé que la pandémie a eu de graves conséquences pour les enfants avec une interruption de leur scolarité.  Les filles ont été les plus concernées et nombre d’entre elles sont devenues la proie de violence depuis leur déscolarisation.  Elle a souligné l’importance de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et appelé tous les États qui ne l’ont pas encore fait à la signer.  Enfin, elle a exhorté les parties belligérantes à respecter le droit international humanitaire et jugé fondamental que les missions onusiennes disposent d’un mandat renforcé en ce qui concerne la protection des enfants.

M. GILAD MENASHE ERDAN (Israël) a indiqué que la politique de protection des enfants est au cœur de la formation des soldats israéliens, dans le souci de protéger les enfants contre les violences de ceux qui veulent détruire Israël.  Il a dénoncé les activités du Hamas et du Hezbollah qui ne visent qu’à détruire Israël dont les enfants sont leur cible privilégiée.  Il a dit qu’Israël utilisait ses missiles pour défendre ses enfants contre les attaques terroristes alors que les terroristes utilisent leurs enfants comme bouclier humain pour protéger des lance-missiles cachés dans des écoles.  Il a affirmé que le Hamas ne cherche qu’à augmenter le nombre de victimes parmi les enfants palestiniens afin de discréditer le droit d’Israël de se défendre.  Le Hamas enseigne également aux enfants le jihad tout au long de l’année dans les manuels scolaires et continue de recruter des enfants pour commettre des attentats, a-t-il encore dénoncé.  Dans ce contexte, le représentant a estimé que le rapport examiné semble faire la part belle aux activités terroristes en mettant sur un pied d’égalité des groupes terroristes et un État Membre qui, a-t-il souligné, a le droit de protéger ses citoyens.  « Cessez de faire le jeu des terroristes et des islamistes radicaux » a lancé le représentant avant d’ajouter que la vie des enfants était trop précieuse pour cela. 

M. KIMIHIRO ISHIKANE (Japon) a regretté que les enfants réfugiés, déplacés internes et apatrides touchés par des conflits violents sont souvent privés de leurs droits, même de celui d’aller à l’école.  Il s’est inquiété de la situation à laquelle sont confrontés les enfants en Ukraine depuis l’invasion russe et a rappelé que le Japon a versé une contribution à l’UNICEF de 14,2 millions de dollars en mars et de 10 millions de dollars supplémentaires en avril, pour assurer la protection et l’éducation des enfants touchés par la guerre.  La perte d’opportunités éducatives aura des impacts négatifs durables sur l’avenir des générations et de chaque nation, a martelé le représentant.  L’éducation est vitale et donne de l’espoir pour l’avenir, a-t-il ajouté.  Il a ensuite indiqué avoir signé une note avec l’UNICEF la semaine dernière pour fournir environ 9 millions de dollars en vue de promouvoir l’accès à l’éducation au Burkina Faso.  Offrir une éducation de qualité est un outil puissant pour prévenir et atténuer les conflits et les crises et pour promouvoir la paix et le développement durable, a-t-il affirmé.

Mme ELISENDA VIVES BALMAÑA (Andorre) a assuré que son pays a toujours été engagé en faveur de la préservation des droits de l’enfant avec un accent sur l’éducation, élément essentiel du développement de chaque personne.  On ne peut pas laisser les enfants pour compte, rien ne devrait les empêcher d’accéder à leur droit à éducation et encore, plus particulièrement, dans des situations d’émergence, a-t-elle lancé, évoquant la tenue, en septembre, du Sommet pour la transformation de l’éducation.  Elle a appelé les auteurs des violations les plus graves contre les enfants dans les conflits armés à répondre de leurs actes, jugeant essentiel de mettre fin aux violations des droits des enfants dans les conflits armés.  Mais le travail de vérification, de négociation est énorme et doit compter sur un appui solide, a observé la représentante, qui a salué à cet égard les travaux du Bureau de la Représentante spéciale. 

M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a rappelé que la Constitution de son pays protège les enfants, avant de dénoncer la « guerre terroriste » livrée à la Syrie.  Le recrutement d’enfants dans des groupes armés a été érigé en infraction pénale en Syrie, a-t-il dit.  Il a ensuite fustigé les sanctions prises contre son pays, au détriment des enfants.  Des enfants se trouvent aussi sous le joug israélien en Palestine et dans le Golan syrien occupé, a-t-il fait remarquer.  Enfin, il a souligné les graves souffrances endurées par les enfants du camp de Hol et averti que ces derniers pourraient devenir une véritable « bombe à retardement » si rien n’est fait.  Le délégué a, enfin, appelé les pays concernés à rapatrier leurs ressortissants qui sont des combattants terroristes étrangers, ainsi que leurs enfants.

M. AZRIL BIN ABD AZIZ (Malaisie) s’est dit choqué par l’augmentation de 20% du nombre d’enfants enlevés en 2021 par rapport en 2020, en notant que cette augmentation est même de 41% pour les filles.  Cette évolution choquante requiert une action concertée de toutes les parties concernées, a-t-il plaidé.  Face à ces situations, le représentant a souligné la pertinence de guides pratiques sur la collecte de données en matière de déni d’accès humanitaire.  Il a aussi fait sienne la recommandation du Secrétaire général pour que les missions de maintien de la paix et les missions politiques spéciales soient dotées de capacités suffisantes de protection de l’enfance.  Il a exhorté les États Membres à signer et ratifier les protocoles de la Convention relative aux droits des enfants qui ont trait aux conflits armés.  Enfin, le représentant a particulièrement regretté qu’Israël, puissance occupante, ne figure pas à l’annexe du rapport du Secrétaire général alors qu’Israël, a-t-il dit, est responsable de milliers de victimes parmi les enfants palestiniens. 

M. GVARAM KHANDAMISHVILI (Géorgie) s’est dit préoccupé par l’augmentation du nombre d’enfants mutilés et tués dans les conflits armés et a appelé tous les États Membres à ratifier et respecter la Convention sur le droit de l’enfant et ses Protocoles facultatifs.  Passant à la situation en Ukraine, il a dénoncé l’impact sur les enfants de l’agression militaire russe qui a coûté la vie à 350 enfants ukrainiens à ce jour, estimant que le chiffre réel risque d’être encore beaucoup plus élevé.  Il a rappelé que la Géorgie subit également les effets de l’occupation russe de l’Abkhazie et d’Ossétie du Sud où il est interdit aux enfants de recevoir une éducation dans leur langue maternelle, sans compter les problèmes d’accès à la santé.  Le représentant a appelé la communauté internationale à obtenir de la Fédération de Russie qu’elle respecte ses obligations internationales, en particulier l’accord de cessez-le-feu.  Ceux qui violent le droit international, le droit international humanitaire et les droits de l’enfant doivent être comptables de leurs actes, a martelé le représentant.

M. JORGE FERREIRA SILVA ARANDA (Portugal) a constaté qu’au cours des 16 dernières années, les violations graves à l’encontre des enfants n’ont fait qu’augmenter d’année en année.  Mais cela n’est que la pointe de l’iceberg car si le Bureau de la Représentante spéciale disposait de davantage de ressources humaines, le nombre de violations vérifiées dépasserait celui qui est actuellement signalé, a indiqué le représentant qui a notamment évoqué la situation en Ukraine et en Afghanistan.  Le délégué a ensuite souligné que l’éducation, fondement de la tolérance et de la paix et pierre angulaire du développement durable, est essentielle pour les enfants dans les contextes des conflits armés.  Il a condamné les attaques contre l’éducation, l’utilisation militaire des écoles, ainsi que les actions militaires qui empêchent les filles d’aller en classe, exhortant à la pleine mise en œuvre de la résolution 2601 (2021).

Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a déclaré que l’on n’a pas réussi à protéger les enfants dans les situations de conflit, malgré toutes les conventions, législations et plans d’action.  « Nous n’avons pas échoué parce que ces conventions ne sont pas bien rédigées ou qu’elles n’ont pas le sérieux que cette question mérite.  Nous avons échoué parce qu’il n’y a pas de volonté de les mettre en œuvre », a-t-elle déploré.  Elle a appelé à concevoir des instruments de mise en œuvre solides, capables de faire passer ces conventions du statut de document juridique à celui de pratique vivante partout du monde où il y a un conflit.  Et il faut refuser l’impunité à ceux qui violent les droits des enfants.  Nous devons donc faire en sorte que les auteurs de ces actes rendent des comptes et que justice soit rendue pour tous les enfants qui ont souffert de leurs agissements, a ajouté la représentante. 

Mme ANDREEA MOCANU (Roumanie) a appelé le Conseil à faire tout ce qui est son pouvoir pour alléger les souffrances des enfants.  L’agression militaire russe contre l’Ukraine a entraîné une augmentation du nombre de réfugiés, en particulier des enfants, a-t-elle relevé, précisant que 25% des réfugiés ukrainiens en Roumanie sont des enfants.  Elle a enfin détaillé l’aide que leur apporte les services sociaux roumains, en particulier s’agissant de l’accès à l’éducation.

Mme PAULA NARVÁEZ OJEDA (Chili) s’est dite préoccupée par les 23 982 violations graves contre les enfants, vérifiées par les Nations Unies en 2021.  Notant que les enfants subissent les conséquences disproportionnées de conflits qu’ils n’ont pas provoqués, elle a estimé que la protection des enfants est un impératif moral pour les États Membres.  Elle a appuyé le droit à l’éducation des enfants afin qu’ils puissent devenir des agents de changement pour enrayer les cycles de violence et privilégier une paix durable.  Dans ce contexte, elle a appelé toutes les parties au conflit à respecter le droit international, dont le droit international humanitaire, et s’abstenir d’attaquer les infrastructures essentielles pour la survie des civils dans les situations de conflit.  Elle a exhorté les parties aux conflits à adhérer au Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, aux Principes de Paris, à la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et aux Principes de Vancouver.  La représentante a ensuite condamné fermement le recours à la violence sexuelle comme arme de guerre, avant de souligner l’importance d’une aide à la réinsertion et à la guérison des traumatismes, dont des services de santé mentale et de soutien psychosocial.

Mme FEDA ABDELHADY-NASSER, Observatrice adjointe de l’État de Palestine, a noté que bien qu’il n’y ait pratiquement aucun enfant qui ne soit touché par la pandémie de COVID-19 et la crise alimentaire mondiale, l’impact est plus profond et plus grave pour les enfants qui vivent dans les conflits, les réfugiés, les déplacés internes et les enfants apatrides.  Ce Conseil porte une lourde responsabilité, s’agissant de la protection des droits de l’enfant et de l’établissement des responsabilités pour les violations de ces droits, a souligné l’Observatrice.  Elle a rappelé qu’en Palestine occupée, les enfants sont systématiquement ciblés par l’occupant israélien et ses milices de colons.  Les enfants sont tués, mutilés, détenus, expulsés et déplacés de force, avec interdiction de revenir chez eux.  Les enfants palestiniens, y compris les filles, subissent arrestations, enlèvements et interrogatoires traumatisants, sans la présence de leurs parents ou d’un avocat.  Leurs écoles sont attaquées et leur accès à la santé, limité. 

La bande de Gaza et la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, sont devenues le modèle structurel des abus contre les enfants et leurs familles.  Les organisations de la société civile telles que Defence for Children International sont qualifiées d’organisations terroristes pour les empêcher de travailler et de témoigner de ce qu’il se passe vraiment.  Rien qu’en 2022, Israël a tué au moins 16 enfants palestiniens dans des exécutions extrajudiciaires et des attaques aveugles.  Cela ne saurait être ignoré, a tranché l’Observatrice, en appelant le Secrétaire général à inscrire Israël dans l’annexe de son rapport pour les crimes de guerre qu’il commet méthodiquement et constamment contre les enfants palestiniens, année après année, et pour qu’il réponde enfin de son bilan épouvantable en matière de respect des droits de l’enfant palestinien.

M. YOSEPH KASSAYE (Éthiopie) a rappelé que, au cours des deux dernières années, son pays a été confronté à des difficultés extraordinaires en raison des attaques terroristes menées contre les Forces éthiopiennes de défense nationale et d’attaques ciblées et orchestrées continues contre les civils dans différentes parties du pays.  Concernant le contenu du rapport du Secrétaire général présenté ce matin, il l’a jugé « inexact et déséquilibré », malgré ses efforts pour suivre une approche constructive.  « Notre demande d’être entendus et de voir les faits reflétés n’a pas été prise en compte. »  Le délégué a dit regretter cette approche qui ne fera selon lui que saper les efforts déployés par les États Membres.  Il a dénoncé que l’utilisation d’enfants comme combattants et boucliers humains dans le but déclaré de protéger les intérêts politiques « rapaces » d’un groupe terroriste ait été « ignorée ».  La publication par les médias occidentaux de photos macabres d’enfants portant des armes et glorifiant leur sacrifice n’a fait l’objet d’aucune condamnation, s’est encore élevé le représentant, avant de déplorer le silence de certaines agences spécialisées des Nations Unies, qui auraient pu révéler ces violations en plein jour, « au lieu d’héberger un fonctionnaire des Nations Unies qui a officiellement approuvé l’utilisation d’enfants soldats par une organisation terroriste ». 

Mme LACHEZARA STOEVA (Bulgarie) a insisté sur le lourd tribut payé par les enfants ukrainiens, en raison de l’agression russe.  Elle a dénoncé les attaques de la Fédération de Russie contre les écoles et souligné le nombre considérable d’enfants ukrainiens réfugiés et déplacés.  Elle s’est dite très préoccupée par les informations faisant état de déportations d’enfants ukrainiens vers la Fédération de Russie, avant de réclamer le respect de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a particulièrement mis l’accent sur le sort des enfants dans les territoires occupés en citant la détérioration de la situation des enfants dans le Jammu-et-Cachemire « occupé par l’Inde ».  Il a dit que le dernier rapport du Secrétaire général fait état de vives préoccupations s’agissant de violences dans cette région dont sont victimes des enfants.  C’est pourquoi le représentant a demandé des mesures de prévention en mettant fin à la détention illégale d’enfants dans des prisons du Jammu-et-Cachemire.  Il a dit que suite à l’adoption en août 2019 d’une loi indienne annexant ce territoire disputé, plus de 13 000 enfants cachemiris ont été arrêtés arbitrairement par les 9 000 soldats indiens occupant le Cachemire, souvent pour les obliger à avouer qu’ils participaient aux activités des militants qui luttent pour une autodétermination « pourtant promise par le Conseil de sécurité ». 

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a expliqué que la protection des droits des enfants dans les conflits armés constitue une priorité pour son pays.  Il a apprécié que les efforts déployés en ce sens par le Gouvernement yéménite soient cités et salués dans le dernier rapport du Secrétaire général sur la question, et que les forces armées yéménites ne figurent plus à l’annexe B.  Des mesures ont été prise en ce sens, a-t-il affirmé, indiquant notamment que le Yémen a ratifié les Principes de Paris en 2012, qu’un plan d’action conjoint sur la fin du recrutement d’enfants par les forces et groupes armés a été signé en 2014 et qu’une feuille de route liée au Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant a été adoptée en 2018.  Le représentant a assuré que le Yémen reste engagé sur cette voie, en coopération avec l’ONU, notamment à travers une série d’ateliers de formation des responsables, y compris de l’armée, sur l’impératif de la protection des droits de l’enfant.  Il a regretté que les milices houthistes ne figurent pas dans l’annexe du rapport du Secrétaire général, les accusant non seulement d’endoctriner les enfants dans les zones qu’elles contrôlent, en particulier dans leurs « camps d’été », mais aussi de s’attaquer aux écoles et aux programmes scolaires et d’entraver leur accès à l’aide humanitaire. 

M. ÖNCÜ KEÇELI (Türkiye) a déclaré que le rapport du Secrétaire général montre que le sort des enfants dans les conflits armés ne s’est guère amélioré, comme en témoignent les agissements des organisations terroristes aussi diverses que le PKK, les Unités de protection du peuple ou encore Daech.  Les deux premiers, en particulier, ont fait de nombreuses victimes parmi les mineurs, sans compter l’enrôlement forcé des enfants, a dénoncé le représentant.  Il a ensuite donné l’assurance que son gouvernement continuera de coopérer avec le Bureau de la Représentante spéciale pour que toutes les données collectées en prévision des futurs rapports du Secrétaire général soient aussi précises et fiables que possible. 

M. ARIEL RODELAS PEÑARANDA (Philippines) a appelé à protéger les enfants réfugiés et apatrides.  Il a précisé que son pays avait rejoint cette année la Convention sur la réduction des cas d’apatridie de 1961.  « Il est crucial que tous les pays fassent de même. »  Il a aussi mentionné une loi sur les enfants en situation de conflit armé qui reconnaît un droit égal pour les garçons et les filles, y compris les enfants déplacés, d’obtenir les documents nécessaires à l’exercice de leurs droits.  Les enfants n’ont rien à faire sur un champ de bataille et les Philippines sont déterminées à les maintenir à l’écart des conflits armés, a conclu le délégué.

M. MOHAMMED HUSSEIN BAHR ALULOOM (Iraq) a rappelé les conséquences de l’agression criminelle menée par les terroristes de Daech contre toutes les composantes de la population iraquienne.  Il a dit que son pays traite la situation des enfants comme une priorité, parmi les victimes qui ont le plus besoin d’aide et qui ont besoin de réhabilitation et d’éducation afin de pouvoir être réintégrées dans la société.  Il a exhorté tous les pays ayant des ressortissants mineurs en Iraq à les rapatrier.  Il a assuré des efforts de son pays visant à empêcher l’enrôlement d’enfants sur son territoire, avant d’appeler tous les pays à adopter des lois garantissant la protection des enfants.  Il a vanté la coopération entre l’Iraq et le Service de la lutte antimines des Nations Unies (UNMAS) autour d’un plan d’action 2020-2023 pour nettoyer le territoire iraquien des mines antipersonnel disséminées par Daech et qui continuent de faucher des vies, en affectant en particulier les enfants.  Il a souhaité que cette coopération soit confortée pour développer les compétences iraquiennes en matière de déminages. 

Mme HEBA MOSTAFA (Égypte) a indiqué que son pays est partie au Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant dont les dispositions sont en outre reflétées dans sa législation nationale.  Le respect du droit international humanitaire, y compris la protection des enfants dans les conflits armés, fait partie du programme dispensé par le Ministère égyptien de la défense à son personnel, en particulier ceux désignés pour participer aux opérations de maintien de la paix, a précisé la représentante.  Le contenu de ce programme est préparé en collaboration avec le CICR et le Conseil national pour la maternité et l’enfance.  En dernier lieu, la représentante a rappelé que l’Égypte est également activement engagée auprès de l’Union africaine et de la Ligue des États arabes pour renforcer la coopération régionale en vue de la protection des enfants dans les conflits armés. 

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a estimé que le Conseil doit continuer à veiller à ce que les dispositions et les capacités de protection de l’enfance soient incluses dans tous les mandats pertinents des missions de maintien de la paix et des missions politiques spéciales mandatées.  En outre, il a appuyé la demande du Secrétaire général d’un engagement avec les parties pour prévenir les violations graves, y compris avec les organisations régionales.  Selon l’intervenant, ce n’est pas l’absence d’engagements des parties aux conflits en matière de protection, mais plutôt l’insuffisance de la mise en œuvre de leurs obligations qui est en cause.  Il est donc essentiel que les parties respectent les obligations qui leur incombent en vertu du droit international humanitaire, des droits humains et du droit des réfugiés, afin de mettre immédiatement fin aux violations graves et de les prévenir, et que les auteurs de ces mêmes violations soient tenus pour responsables.  Pour remédier à la situation critique des enfants dans les conflits armés, le représentant a appelé à s’engager dans une vaste stratégie de prévention des conflits afin de créer un environnement propice à la protection et à la promotion des droits de l’enfant.  Il est donc important que des ressources suffisantes soient mises à la disposition des missions de maintien de la paix pour qu’elles s’acquittent efficacement de leur mandat de protection de l’enfance, a-t-il souligné.

Mme NARMIN AHANGARI (Azerbaïdjan) a appelé au plein respect du droit international humanitaire, qui est crucial pour protéger les enfants en temps de conflit.  Elle a dénoncé l’occupation arménienne de territoires azerbaïdjanais et son lot de violations commises contre les enfants.  La reconstruction des territoires libérés est notre priorité, a déclaré la déléguée, en soulignant le défi que constituent les mines.  L’Arménie n’a en effet pas voulu nous communiquer des informations sur l’emplacement de mines, a regretté la déléguée.  Enfin, elle a exhorté l’Arménie à communiquer à son pays des informations sur les personnes disparues.

M. MD MONWAR HOSSAIN (Bangladesh) a rappelé que son pays a fourni un abri à plus d’un million de Rohingya au cours des cinq dernières années, dont la moitié étaient des enfants ayant subi des atrocités et persécutions au Myanmar.  « Malgré d’énormes défis, nous avons comblé leurs besoins de base, en leur offrant notamment des possibilités d’éducation grâce à 5 617 centres d’apprentissage », a précisé le délégué.  Regrettant le manque de progrès au Myanmar pour créer un environnement propice au retour de ces enfants, il a exhorté le Conseil à prendre des mesures concrètes pour assurer un avenir prospère aux enfants rohingya dans l’État rakhine, y compris leur rapatriement complet.  Par ailleurs, il a déclaré que la protection des enfants dans les conflits armés est de la responsabilité première de l’État, mais aussi des autres parties impliquées.  C’est pourquoi, il a jugé nécessaire de renforcer l’engagement de toutes les parties afin d’assurer leur responsabilité envers le droit international des droits de l’homme et le droit international humanitaire.  Il a également recommandé d’opérer les modifications nécessaires aux législations nationales.  Par ailleurs, le représentant a fait siennes les recommandations du Secrétaire général visant à renforcer les mandats de protection de l’enfance des missions de maintien de la paix.  Enfin, il a réitéré son appel à renforcer la coordination entre tous les acteurs onusiens de la consolidation de la paix pour gagner en efficacité en matière de prévention et de protection des enfants. 

M. RYTIS PAULAUSKAS (Lituanie) s’est inquiété de voir que, cette année encore, deux types de violation ont augmenté (+ 20%), à savoir les enlèvements et les viols d’enfants et autres formes de violence sexuelle.  C’est d’autant plus troublant quand on sait que les cas de violence sexuelle ne sont pas souvent déclarés, a estimé le représentant en notant que les enfants handicapés et les enfants déplacés sont particulièrement vulnérables à ces crimes.  Il a dit redouter que le rapport de l’an prochain soit encore pire puisque le nombre d’enfants souffrant de conflits armés augmentera, avec la guerre russe en Ukraine qui s’ajoute à la liste des situations préoccupantes.  Depuis que la Russie a lancé son agression illégale, non provoquée et injustifiable contre l’Ukraine, nous avons constaté que les enfants ne sont pas exemptés d’être tués, blessés ou forcés de fuir, a-t-il souligné en rappelant que l’UNICEF estime qu’au moins deux enfants y sont tués chaque jour alors que le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a avancé le chiffre de 300 enfants ukrainiens morts et 500 blessés depuis le début du conflit.  Le représentant a espéré que toutes les violations commises contre des enfants par la Russie seront dûment documentées et reflétées dans le rapport de l’année prochaine.  Il a également fait part de sa préoccupation face aux informations selon lesquelles la Russie allait modifier sa loi pour faciliter une procédure d’adoption accélérée et simplifiée pour les enfants ukrainiens transférés et évacués de force en Russie. 

M. KYAW MOE TUN (Myanmar) a déclaré que le « gouvernement civil élu » de son pays avait renforcé le cadre juridique de la protection de l’enfance et promulgué une nouvelle loi sur les droits de l’enfant.  De plus, le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, de même que la Convention de l’Organisation internationale du travail (OIT) de 1973 sur l’âge minimum, ont été ratifiés.  Il a aussi parlé de la création d’un comité interministériel pour la prévention des six violations graves pendant les conflits armés.  Mais, après avoir perpétré « le coup d’État illégal de février 2021 au Myanmar », les « militaires illégaux » ont effectivement « détruit » l’état de droit au Myanmar en arrêtant, torturant et tuant de sang-froid des civils, y compris des enfants, a dénoncé le représentant.  « Après le coup d’État, aucune protection juridique en place n’a pu empêcher les enfants du Myanmar de subir les violences de l’armée, qui n’a aucun respect pour le droit national et international », a-t-il déploré, en rappelant que l’ONU y a documenté 503 violations graves au cours de l’année écoulée.  Accusant la junte militaire d’être la principale cause des souffrances des enfants, il a pointé leur culture de l’impunité, les forces militaires ayant prouvé qu’elles n’hésitaient pas à violer de manière flagrante la loi sur les droits de l’enfant et la Convention relative aux droits de l’enfant.  Il a donc exhorté le Conseil de sécurité à prendre des mesures rapides et décisives pour mettre fin aux violences militaires contre les enfants, cesser l’utilisation militaire des écoles et des hôpitaux et faire libérer tous les enfants détenus arbitrairement au Myanmar, mais aussi dans d’autres situations de conflit: « Le Conseil doit agir maintenant. »

Mme MAJDA MOUTCHOU (Maroc) a dénoncé les enlèvements d’enfants par des groupes armés dans l’objectif de leur faire commettre des attentats suicide ou de les utiliser comme boucliers humains.  « L’enfance de ces enfants leur est volée. »  De plus, les enfants libérés continuent d’être traumatisés et ont besoin d’un soutien urgent, a-t-elle insisté.  Elle a rappelé que la principale difficulté dans ce domaine est de faire appliquer les instruments de protection par les États et les groupes armés.  Enfin, la déléguée a rappelé l’engagement de son pays en faveur des droits des enfants.

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a dit que son pays est un défenseur actif de la Déclaration d’Oslo sur la sécurité dans les écoles depuis son adoption parce que l’éducation est cruciale pour le développement et la pleine jouissance des droits humains.  Elle a ajouté que l’accès continu à une éducation sûre constitue un mécanisme de protection essentiel pour les enfants et les jeunes dans les conflits armés, en ce que cela les aide à réaliser leur potentiel et contribue à bâtir des communautés plus fortes.  La représentante a souligné l’importance d’un engagement sur le long terme pour s’assurer que les programmes de réintégration des enfants soient tournés vers l’avenir, impliquent tous les acteurs de la société et soient axés sur les besoins spécifiques de l’enfant.  En outre, elle a jugé crucial de passer à des actions concrètes pour faire respecter le principe « Ne laisser personne de côté », assurer le respect des droits de l’homme et permettre une réinsertion réussie de tous les enfants.

M. AHMED SAHRAOUI (Algérie) a fait valoir la contribution de son pays dans l’exécution du mandat de protection des enfants en temps de conflits armés.  Cette question suppose que l’on s’attaque aux causes profondes des conflits et que l’on garantisse la reddition de la justice, a-t-il affirmé, en prônant aussi un renforcement des mécanismes de protection des droits de l’enfant en tant que priorité, notamment pour empêcher l’enlèvement et le recrutement d’enfants, en particulier pour en faire des combattants.  Le représentant a estimé que cela passe par un renforcement du cadre juridique, notamment en entérinant le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant.  Il faut aussi pouvoir s’appuyer sur la coopération régionale, a-t-il ajouté.  Le délégué a appelé à lutter contre l’impunité et à garantir le droit à l’éducation de chaque enfant, y compris pendant les conflits armés.  Pour ce qui est de la réinsertion, il a parlé de l’accompagnement psychologique de ces enfants et de leur accès aux services de base, faisant valoir que le Programme 2030 reste le meilleur instrument pour y arriver.  Il a, enfin, abordé la situation des enfants palestiniens qui subissent des violations multiples de leurs droits dans les territoires occupés.  Il a exhorté la communauté internationale à assurer leur protection.

M. DAVIT KNYAZYAN (Arménie) a informé que son pays continue de subir les conséquences de l’intervention militaire de l’Azerbaïdjan sur son territoire à l’automne 2020.  Parmi les personnes déplacées dans le Nagorno-Karabakh, la majorité était des femmes et des enfants, s’est-il ému.  Il a indiqué que les violations du droit humanitaire par l’Azerbaïdjan ont été dûment documentées par des organisations humanitaires, avant de dénoncer la décision de ce pays de refuser un accès à l’aide et aux agences humanitaires dans les zones des conflits, alors qu’elles cherchent à répondre aux besoins de la population locale et à faire respecter les droits des enfants.  Il a affirmé qu’une « arménophobie » est entretenue à dessein par les médias azerbaidjanais.  Le représentant a, en conclusion, réitéré son engagement en faveur de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, des Principes de Paris et du mandat de la Représentante spéciale. 

Le représentant de l’Inde a repris la parole pour répondre à « une délégation » qui a « encore » formulé des remarques sans fondement à l’encontre de son pays.  Le Pakistan ne respecte pas les droits de ses minorités, a-t-il affirmé, avant de rappeler que le Jammu-et-Cachemire a toujours fait partie de l’Inde.

Réagissant à l’intervention du représentant de l’Inde, le représentant du Pakistan a repris la parole pour contester la légitimité de la présence indienne au Jammu-et-Cachemire avant de rappeler que cette région devait se soumettre à un processus d’autodétermination accepté par l’Inde.  Il a accusé l’Inde de financer des attentats terroristes dans la région en citant notamment des preuves de l’appui de l’Inde à un attentat terroriste ayant fait 130 morts dans une école publique au Pakistan. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ECOSOC entérine une déclaration ministérielle qui appelle à un « nouvel engagement mondial » en faveur du développement durable

Session de 2022, Forum politique de haut niveau
31e et 32e séances plénières – matin & après-midi
ECOSOC/7101

L’ECOSOC entérine une déclaration ministérielle qui appelle à un « nouvel engagement mondial » en faveur du développement durable

Après la fin du forum politique de haut niveau pour le développement durable, vendredi, le Conseil économique et social (ECOSOC) a conclu son débat de haut niveau, aujourd’hui, en adoptant à son tour la Déclaration ministérielle par laquelle les ministres réunis s’engagent à « accélérer l’action mondiale en faveur du développement durable et la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de ses objectifs de développement durable ».  Un engagement qui imprime un nouvel élan aux efforts en ce sens.

Ce débat de haut niveau a eu trois jours de débats en commun, la semaine dernière, avec la réunion ministérielle du forum politique, qui a abouti à l’adoption par consensus de la Déclaration ministérielle intitulée « Reconstruire en mieux après la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19) tout en avançant sur la voie d’une mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».  Le texte a été qualifié, vendredi, de « grand succès » et de « déclaration ambitieuse », et aujourd’hui de « bonne orientation politique » et de « base solide » par le Président de l’ECOSOC, M. Collen Vixen Kelapile. 

Les deux dernières années nous ont appris que la solidarité internationale est le seul moyen de réaliser les 17 objectifs de développement durable (ODD), a souligné le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Liu Zhenmin, pour qui l’adoption par consensus de la Déclaration ministérielle représente, malgré les différences de vues et d’approches, une expression d’unité qui accélérera le voyage commun vers la reprise et la résilience.  M. Liu a attiré l’attention sur les propositions du Comité des politiques de développement pour promouvoir un nouveau multilatéralisme garantissant des règles mondiales calibrées sur les objectifs de stabilité économique et sociale, de prospérité partagée et de durabilité environnementale. 

Le Président de ce comité, M. José Antonio Ocampo, a rappelé que 44 pays se sont soumis cette année à un examen national volontaire dans le cadre du forum politique, avant de donner quelques conseils aux prochains qui se plieront à cet exercice: faire mieux en termes de partage d’expériences et de leçons apprises pour refléter les progrès réalisés sur les aspects transformateurs du Programme 2030; discuter de manière plus approfondie des politiques et stratégies nationales et internationales, ainsi que des défis rencontrés et du soutien nécessaire; inclure les groupes défavorisés et la société civile, y compris par la présentation de rapports parallèles pour garantir une contribution indépendante d’un large éventail de parties prenantes.

Alors qu’il ne reste que sept années pour réaliser les ODD, « acharnement » et « détermination » ont été demandés aux gouvernements et autres parties prenantes par le Secrétaire général, dans son rapport sur le thème de la Déclaration ministérielle.  M. António Guterres mise sur des politiques capables de renforcer la résilience humaine, sociale, économique et planétaire.

Dans cette lignée, l’appel lancé par les ministres réunis à l’ECOSOC réclame « un nouvel engagement mondial » en faveur du développement durable pour « assurer un relèvement plus durable, plus résilient et plus inclusif et faire face aux conséquences de la pandémie de COVID-19, à l’instabilité et aux conflits mondiaux actuels, aux changements climatiques, à la perte de biodiversité et à la pollution, et à d’autres obstacles systémiques à la mise en œuvre du Programme 2030 et à la réalisation des objectifs de développement durable ».

Le texte se concentre sur plusieurs ODD: le 4 (éducation), le 5 (égalité des sexes), le 14 (océans, mers et ressources marines), le 15 (écosystèmes terrestres) et le 17 (partenariat mondial pour le développement durable).  Il balaye aussi d’ « autres questions prioritaires » comme les changements climatiques, le développement industriel inclusif et durable, les emplois décents pour tous, les droits humains à l’eau potable et à l’assainissement, la lutte contre la pandémie de COVID-19 et le rôle positif des migrants.  Il n’oublie pas les jeunes et leur rôle essentiel en tant qu’agents de développement durable, de l’action climatique et de la paix. 

Si la Déclaration ministérielle a été adoptée par consensus, un vote (20 voix pour, 15 abstentions et 3 voix contre – Canada, États-Unis et Israël) a été nécessaire pour adopter son paragraphe 131 qui mentionne notamment la pleine jouissance du droit à l’autodétermination des peuples vivant sous occupation coloniale et étrangère. 

La journée s’est articulée autour de deux tables rondes, la première permettant d’examiner les moyens de rendre le multilatéralisme plus inclusif et efficace.  Des réflexions ont été exprimées sur la réponse de santé publique à la pandémie, le financement et l’allègement de la dette, les changements climatiques et la protection sociale, dont les droits du travail et l’éducation.  L’après-midi a été consacrée à l’examen de scenarii futurs pour assurer un développement durable, sur la base du rapport d’étape du Secrétaire général sur les ODD, présenté la semaine dernière, qui a révélé l’impact dévastateur de la pandémie sur de nombreux objectifs.  Faisant sien les propos du Secrétaire général appelant à « un plan de sauvetage pour les ODD », M. Liu a estimé qu’il n’était pas trop tard puisque des progrès ont continué d’être réalisés sur certaines cibles pendant et malgré la pandémie.

M. Liu, qui est appelé à de nouvelles fonctions en Chine après cinq ans à la tête du Département des affaires économiques et sociales (DESA), a souhaité « courage et harmonie » aux délégations pour la réalisation des ODD.  Le Président de l’ECOSOC a appelé à saisir l’opportunité des préparatifs du sommet sur les ODD de septembre 2023 pour progresser sur tous les fronts en s’inspirant des nouvelles idées et solutions entendues.  « Nous avons les connaissances, les options politiques, les outils et les instruments dont nous avons besoin », a-t-il conclu en misant sur la volonté politique des États Membres pour mobiliser les financements, la science et la technologie.

DÉBAT DE HAUT NIVEAU SUR LE THÈME « RECONSTRUIRE EN MIEUX APRÈS LA PANDÉMIE DE MALADIE À CORONAVIRUS (COVID-19), TOUT EN AVANÇANT SUR LA VOIE D’UNE MISE EN ŒUVRE INTÉGRALE DU PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT DURABLE À L’HORIZON 2030 »

Présentation des rapports - E/2022/57, E/2022/58

M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a présenté deux rapports du Secrétaire général  dont le premier s’intitule « Reconstruire en mieux à partir de la maladie à coronavirus (COVID-19) tout en faisant progresser la mise en œuvre complète du Programme de développement durable à l’horizon 2030 » S’agissant du premier rapport, M. António Guterres rappelle que la pandémie de COVID-19 a tué plus de 6 millions de personnes dans le monde provoquant un recul majeur du Programme 2030.  « Reconstruire en mieux » exigera des pays qu’ils renforcent la résilience humaine, sociale, économique et planétaire.  Ils doivent allouer des ressources pour réaliser les ODD.  Le message du Secrétaire général est qu’il est essentiel de renforcer la coopération et le partenariat multilatéraux pour parvenir à un relèvement durable et résilient, a cité M. Zhenmin.

Les enseignements tirés de la COVID-19 insistent sur l’importance d’assurer l’équité vaccinale pour tous les pays, de garantir un accès universel rapide de tous les pays en développement aux vaccins, aux traitements et aux diagnostics et de renforcer les capacités de production de vaccins.  Pour « reconstruire en mieux », les pays éviteront de revenir aux modèles d’investissement du passé et devront rendre leurs économies plus équitables socialement et durables sur le plan environnemental.  Les gouvernements s’efforceront de réduire les inégalités des revenus pour éradiquer l’extrême pauvreté et la faim d’ici à 2030. 

La lutte contre les inégalités à long terme entre les sexes, comme la réduction de l’écart entre les sexes dans le travail, peut être un puissant moteur pour une croissance économique plus forte, a fait savoir le Secrétaire général.  Pour « reconstruire en mieux », les pays devront également mettre en œuvre une politique de protection sociale et renforcer les systèmes de soins de santé, sachant que 53% de la population mondiale n’a toujours pas accès à la protection sociale.  Les pays doivent limiter le réchauffement climatique et faire un meilleur usage des ressources naturelles en utilisant collectivement des technologies moins gourmandes en ressources et un modèle économique qui implique le partage, la réparation et le recyclage des matériaux et des produits le plus longtemps possible.  Ils doivent adopter une stratégie de relèvement plus verte, plus inclusive et plus durable.  Enfin, la riposte à la COVID-19 a montré les possibilités qu’offrent les technologies numériques pour la santé, l’éducation et les services publics.  La reprise requerra des investissements dans la transition numérique et la réduction des écarts numériques entre les pays et à l’intérieur de ceux-ci. 

Résumant le second rapport qui s’intitule « Tendances et scénarios futurs à long terme: incidence sur la réalisation des objectifs de développement durable », M. Zhenmin a dit que M. Guterres encourage les décideurs politiques à réfléchir à des scenarii sur la façon dont le monde peut réaliser les ODD et gérer les conséquences des changements climatiques.  À cet égard, le rapport suggère un scénario alternatif de développement durable établi par d’éminents scientifiques en 2021 qui encourage à réduire les émissions de gaz à effet de serre, le gaspillage alimentaire et l’utilisation de l’eau à des fins agricoles, ainsi qu’à mettre l’accent sur les personnes pour réduire l’extrême pauvreté, à assurer la prospérité économique et un niveau de vie décent pour tous et à renforcer les institutions et les partenariats.  Ces mesures nécessitent d’importants investissements à l’échelle mondiale et une volonté politique accrue, a mis en garde le Secrétaire général dans son rapport en encourageant à recourir aux nouvelles technologies ainsi qu’à des solutions fondées sur la nature pour éliminer le dioxyde de carbone. 

Le rapport note que la réalisation des ODD et des objectifs climatiques mondiaux sont toujours à portée de main si le monde accroît les investissements, la recherche et le partage de la technologie, avec le développement durable comme objectif principal.  Le rapport montre également que le soutien à la transition énergétique est un puissant catalyseur pour réaliser les ODD, y compris les technologies numériques qui pourraient réduire considérablement la demande d’énergie fossile.  Pour y arriver, il faut de la volonté politique, de la concentration, de la poursuite de la recherche et du développement, ainsi que de la coopération et de la solidarité internationales.  Il n’y a pas de temps à perdre, a pressé le Secrétaire général dans son rapport. 

M. JOSÉ ANTONIO OCAMPO, Président du Comité des politiques de développement, a présenté le rapport de la réunion de février du Comité qui a coïncidé avec le déclenchement de la guerre en Ukraine dont les impacts sur les pays les moins avancés (PMA) et les autres pays en développement sont graves et empêchent les pays d’atteindre les ODD.  D’emblée, le rapport insiste sur les possibilités qu’offrent les politiques industrielles pour relever les multiples défis du relèvement inclusif et résilient.  Mais il faut mettre l’accent sur la nécessité d’objectifs clairs intégrés dans une stratégie économique de transformation structurelle limitée dans le temps.  Ces politiques devraient intégrer des mécanismes de responsabilité ainsi que des processus décisionnels transparents et inclusifs.  En outre, ces politiques industrielles devront tenir compte des économies verte et bleue, de la technologie numérique, de la résilience aux chocs et aux changements climatiques.  Elles devraient assurer l’équité et l’égalité des sexes. 

Le rapport note que les pays en développement ont besoin de soutien dans leurs stratégies de diversification et de transformation structurelle.  On ne doit plus les considérer uniquement comme des fournisseurs de ressources naturelles.  Dans ce contexte, a poursuivi M. Ocampo, les politiques industrielles exigent une nouvelle génération de financements, des technologies, des informations commerciales et des services de commercialisation, des exportations par l’intermédiaire d’organismes publics et publics-privés.  Pour mieux intégrer les petites et moyennes entreprises dans des réseaux de production plus vastes, il faut renforcer leurs capacités technologiques.  De plus, il faut inciter les grandes entreprises à développer des réseaux de fournisseurs locaux et des solutions de financement innovantes. 

À ce sujet, le Président du Comité des politiques de développement a dit que les cadres de financement doivent être souples, inclusifs et répondre aux besoins des entreprises opérant dans un réseau décentralisé et segmenté.  Il a encouragé les banques nationales de développement à soutenir les entreprises et les secteurs à forte potentialité de croissance et de productivité, l’inclusion financière, ainsi que les banques multilatérales de développement.  Ces banques doivent posséder de solides capacités de gouvernance et d’évaluation des risques, a-t-il ajouté.  Il a conseillé de créer des banques nationales de développement dans les pays où elles n’existent pas.

Pour concrétiser les possibilités des politiques industrielles et des capacités de production, M. Ocampo a suggéré des processus d’intégration régionale et une large coopération Sud-Sud, pour desserrer les contraintes financières, technologiques et d’information.  Les cadres de protection de la propriété intellectuelle doivent être révisés de manière à permettre aux pays en développement de développer ensemble les technologies plutôt que de compter sur la promesse non tenue du transfert de technologie.  Des plateformes régionales et mondiales novatrices devraient être explorées pour rassembler des éléments des chaînes de valeur, en tirant parti des progrès de la technologie et de l’énergie propre.  L’innovation dans la coopération internationale en matière de politique industrielle commence par un dialogue ouvert sur les plans commercial, climatique, environnemental et international pertinents, a déclaré le Président.

S’agissant des examens nationaux volontaires, il a dit que les pays peuvent faire mieux en termes de partage d’expériences et de leçons apprises et en reflétant les progrès réalisés sur les aspects transformateurs et intégrés du Programme 2030.  Pour une plus grande efficacité des examens nationaux volontaires, il a demandé des discussions plus approfondies sur les politiques et stratégies nationales et internationales, ainsi que sur les défis rencontrés et le soutien nécessaire.  Ces processus doivent inclure les groupes défavorisés et la société civile, y compris la présentation de rapports parallèles pour garantir une contribution indépendante d’un large éventail de parties prenantes. 

Le Comité a aussi abordé la question des pays qui sont sortis de la catégorie des pays les moins avancés (PMA), en se disant préoccupé par la capacité limitée de ces pays à relever les défis à cause de leur faiblesse budgétaire aggravée par la crise de la COVID-19.  Le Comité est également préoccupé par le fait qu’un grand nombre de PMA en Afrique sont en retard en matière de vaccination.  Concernant le problème de la dette extérieure, le Comité appelle à mettre en œuvre le Programme d’action de Doha pour accroître les capacités de production, renforcer les systèmes de santé publique en prévision de futures pandémies, renforcer la résilience climatique et assurer la viabilité de la dette extérieure des PMA sortis de la liste.  Les mesures de soutien au commerce en leur faveur devraient être prorogées pour des périodes spécifiques au-delà de la date de sortie de la liste, selon les recommandations du Comité des politiques de développement. 

Table ronde 1

Les discussions de cette table ronde intitulée « Assurer l’avenir du multilatéralisme pour une reprise résiliente et inclusive » sont parties du constat que le multilatéralisme est actuellement mis à rude épreuve par plusieurs crises concomitantes, notamment la pandémie de COVID-19, les changements climatiques, la perte de biodiversité et la pollution, ainsi que la multiplication des conflits, qui révèlent de graves lacunes en matière de solidarité internationale.  Cette situation met en péril une reprise économique mondiale déjà fragile: l’inflation, dopée par la récente hausse des coûts de l’énergie et des denrées alimentaires ainsi que par les perturbations persistantes des chaînes d’approvisionnement et la contraction des marchés du travail dans de nombreux pays, provoque des ondes de choc alarmantes dans les nations en développement et crée des défis supplémentaires. 

Quels enseignements peuvent être tirés de la riposte à la pandémie de COVID-19 en matière de multilatéralisme?  Comment rendre le multilatéralisme plus inclusif afin d’assurer une reprise durable pour les laissés pour compte?  Quelles mesures urgentes le système multilatéral pourrait-il prendre pour s’attaquer à l’impact de la dette, des pressions inflationnistes croissantes et d’autres évolutions financières dans les pays en développement?  Telles sont quelques-unes des questions qui ont orienté les discussions de cette table ronde présidée par M. COLLEN VIXEN KELAPILE, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), et modérée par M. RAJESH MIRCHANDANI, Chef des communications à la Fondation des Nations Unies

M. DANILO TÜRK, ancien Président de la Slovénie et Président du Club de Madrid, a directement corrélé les difficultés rencontrées par la reprise économique mondiale à la « nouvelle guerre froide » dont la guerre en Ukraine est la manifestation la plus flagrante.  Dans ce contexte où une détente est plus que jamais nécessaire, les institutions multilatérales doivent concevoir des stratégies efficaces pour faire face à la « tempête parfaite » qui résulte de la confluence du réchauffement planétaire et d’insécurités structurelles durables, susceptibles de faire basculer jusqu’à 1,7 milliard de personnes dans la pauvreté abjecte.  Dès lors, les principaux pays détenant des réserves de céréales doivent les mettre sur les marchés internationaux afin de freiner la hausse des prix, tandis qu’une initiative multilatérale doit voir le jour pour garantir la restructuration et l’allègement de la dette des pays les plus pauvres.  Pour financer le changement nécessaire, il faudra concevoir une collaboration public-privé à des niveaux jamais atteints auparavant.  Les finances publiques devraient être réorientées de manière à mobiliser les investissements privés pour répondre aux besoins des biens communs mondiaux.  Et le secteur public se montrer proactif et contribuer à la conception de nouveaux cadres de partage des risques avec le secteur privé, a encore préconisé M. Türk. 

Panélistes

Mme RANIA A. AL MASHAT, Ministre de la coopération internationale de l’Égypte, s’est voulue optimiste, considérant que cette coopération s’est avérée plus active que ce que la plupart des observateurs imaginent.  Mais elle a jugé que l’architecture multilatérale existante doit être améliorée, grâce à des modalités axées sur les résultats qui tiennent compte de ce qui a fonctionné jusqu’à présent.  Pour elle, il importe d’utiliser les fonds de développement en coopération avec le secteur privé, le financement étant le nerf de la guerre contre les changements climatiques. 

M. GABRIEL FERRERO, Ambassadeur itinérant pour la sécurité alimentaire mondiale du Ministère des affaires étrangères de l’Espagne, et Président du Comité de la sécurité alimentaire mondiale, a confirmé la nécessité d’examiner les succès récents du multilatéralisme, tout en y injectant une souplesse et une adaptabilité qui lui font défaut, pour passer outre la « lourdeur bureaucratique » face à des chocs économiques et climatiques qui n’attendent pas.  Ce système doit être réimaginé en privilégiant un traitement holistique de questions interdépendantes.  Peut-être à cette fin serait-il souhaitable de songer à convoquer une réunion annuelle de toutes les organisations intergouvernementales les plus importantes, de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), sous la présidence de l’ECOSOC, a proposé M. Ferrero. 

Mme CHIDO MPEMBA, Envoyée spéciale de l’Union africaine pour la jeunesse, a jugé plus que jamais nécessaire d’inclure les jeunes dans les processus décisionnaires, en raison de leur créativité, comme leur implication dans la lutte contre la COVID-19 en Afrique l’a démontré.  Davantage peut être fait pour assurer leur représentation à tous les niveaux, a-t-elle estimé. 

Pour M. APOSTOLOS XYRAFIS, Secrétaire général de l’Association internationale des conseils économiques et sociaux et institutions similaires (AICESIS), la pandémie a démontré les limites d’un système multilatéral en faisant ressurgir des réflexes nationalistes.  Mais elle a également été l’occasion de consacrer le recours triomphal à l’État providence et au bien public, ainsi que de l’action de la société civile, souvent au-delà des frontières nationales.  L’intervenant s’est dit convaincu que celle-ci peut impulser un nouvel élan au multilatéralisme à condition que sa voix soit entendue.  Le passage d’un modèle de production à un autre exige du temps, des investissements et un coût, a relevé M. Xyraris, pour qui il est utopique de demander aux pays les plus pauvres de réaliser leur transition verte sans accompagnement. 

M. SHYAM BISHEN, Chef de la santé et membre du Comité exécutif du Forum économique mondial, a estimé que les partenariats public-privé, grâce auxquels un vaccin contre la COVID-19 a pu être élaboré, sont un bon exemple de ce que peut accomplir le multilatéralisme.  En revanche, les disparités dans l’accès des pays au vaccin ont révélé ses insuffisances, a-t-il observé.  À ses yeux, la riposte en matière de santé publique doit donc se fonder sur les besoins des communautés les plus touchées par les disparités vaccinales, une démarche qui doit également prévaloir dans la lutte contre les changements climatiques. 

Dialogue interactif

S’exprimant au nom des pays les moins avancés (PMA), M. KHUMBIZE KANDODO CHIPONDA, Ministre de la santé du Malawi, a constaté avec regret que les efforts des institutions multilatérales sont inefficaces face aux crises émergentes en raison de leur complexité et de leur interdépendance.  Le « futur multilatéralisme » devrait donc aider les PMA en leur accordant des subventions et des financements concessionnels, notamment pour faire face aux changements climatiques, tout en les accompagnant pour surmonter les disparités existantes, qui vont de l’accès aux soins de santé à Internet.  M. Chiponda a saisi l’occasion pour inviter les États Membres à participer à la cinquième Conférence des Nations Unies sur les PMA, qui se tiendra à Doha, au Qatar, du 5 au 9 mars 2023, afin d’y forger des partenariats revitalisés.  Le délégué du Zimbabwe a, quant à lui, estimé que le sommet sur la transformation de l’éducation prévu en septembre 2022 devrait contribuer à tracer une trajectoire nouvelle et pertinente, adaptée aux défis actuels et futurs.  La délégation a aussi invité les États Membres à veiller à l’intégration réussie des résultats de la cinquième Assemblée des Nations Unies pour l’environnement, Stockholm+50 et la Conférence sur les océans, pour réaliser les ODD 14 et 15 d’une manière qu’ils se renforcent mutuellement, en synergie avec les autres objectifs. 

Le Ministre des affaires étrangères d’Haïti, M. JEAN VICTOR GENEUS, a indiqué que son gouvernement avait lancé officiellement l’an dernier le cadre intégré national pour le financement du développement durable d’Haïti.  Ce nouveau mécanisme institutionnel favorise une approche inclusive qui intègre le secteur privé, le secteur bancaire, les organisations de la société civile, avec l’appui technique et financier des partenaires internationaux.  L’appui de ces derniers doit être « massif, cohérent et durable », a souligné le Chef de la diplomatie haïtienne, en rappelant la résolution E/RES/2021/18 adoptée le 21 juillet 2021 par l’ECOSOC.  Renchérissant, le représentant du Viet Nam a considéré que le système financier international doit être réformé et que les pays développés doivent respecter leurs engagements en matière de financement du développement, rééchelonner les paiements de la dette des pays en développement et réduire d’une manière générale le fardeau de cette dette.  Enfin, il est nécessaire selon lui d’augmenter le soutien aux investissements dans l’adaptation aux changements climatiques et l’atténuation de ses effets, en fournissant aux pays en développement les ressources nécessaires, et en garantissant les transferts de technologie et le renforcement des capacités.  De son côté, M. FRANCIS MUSTAPHA KAI-KAI, Ministre de la planification et du développement économique de la Sierra Leone, a considéré que l’un des moyens de revitaliser la coopération multilatérale est d’accroître l’équilibre régional dans la représentation au sein de la gouvernance des institutions multilatérales mondiales, indépendamment des moyens financiers des pays concernés. 

Table ronde 2

Cette table ronde, intitulée « Regarder vers l’avant: agir maintenant pour un avenir meilleur », a été résolument placée sous le signe de la prospective, l’occasion pour les intervenants de passer en revue les différents scenarii de développement durable dans un contexte de pandémie, compte tenu notamment de la contrainte démographique et des conséquences des changements climatiques. 

« Il faut penser sur le long terme pour reconstruire en mieux, bien au-delà de 2030 », a insisté M. COLLEEN KELAPILE, Président du Conseil économique et social (ECOSOC) avant de céder la parole à M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, qui a rappelé l’interdépendance et le destin commun de tous les pays du monde.  « Ce que nous faisons a des conséquences mondiales. »  Le haut fonctionnaire a souligné l’urgence à agir face aux changements climatiques et à mettre en œuvre le Programme 2030, avant d’appeler au renforcement des capacités statistiques des pays pour penser l’avenir.  La population mondiale devrait être de 8 milliards à la fin de cette année et connaître un pic à la fin de ce siècle, a-t-il indiqué, appelant à être prêts pour ce qui nous attend. 

M. NARASIMHA D. RAO, Yale School of the Environment, a indiqué que l’action publique mondiale s’éloigne malheureusement de ce qu’il faudrait faire pour remédier aux conséquences des changements climatiques et qu’il en est de même s’agissant de la lutte contre la pauvreté.  Il a plaidé pour des modes de transport plus durables afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre.  Il a aussi insisté sur l’importance d’un mode d’alimentation différent, avec une consommation accrue de graines.  Nous avons aussi besoin d’une compréhension plus fine de la distribution des revenus afin de mieux combattre la pauvreté, a ajouté M. Rao. 

Mme TOMOKO HASEGAWA, Université Ritsumeikan, Japon, s’est penchée sur les liens entre changements climatiques et sécurité alimentaire, notant que l’action pour remédier aux conséquences des changements climatiques doit pouvoir contribuer à renforcer la sécurité alimentaire mondiale.  Il faut mettre fin à la faim, a-t-elle martelé, déplorant que le monde est encore loin du compte.  Elle a surtout souligné les conséquences négatives que peut avoir la lutte contre l’insécurité alimentaire pour l’environnement, avec notamment une déforestation accrue.  Elle a en conséquence plaidé pour une action de lutte contre l’insécurité alimentaire « fine et ciblée » dans le respect de l’impératif environnemental. 

« Le monde change rapidement et nous devons sans cesse trouver de nouvelles réponses stratégiques pour répondre aux défis », a déclaré Mme JAANA TAPANAINEN-THIESS, Bureau du Premier Ministre de Finlande.  Il faut être stratégiquement prêt, a-t-elle souligné, en appelant à accroître la résilience.  Elle a expliqué que le Bureau du Premier Ministre de Finlande élabore depuis 1993 un rapport annuel sur l’avenir, en esquissant différents scenarii d’ici à 2040.  « Nous voulons comprendre ce que l’avenir nous réserve », a-t-elle dit, en soulignant l’importance de l’équité intergénérationnelle.  Elle a appelé à identifier les signaux d’alerte et à les prendre en compte, afin de conjuguer développement économique, préservation de l’environnement, paix et stabilité. 

« Nous avons un choix à faire: une action collective ou un suicide collectif », a lancé Mme LAUREL PATTERSON, Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), en demandant des actions concrètes pour promouvoir le développement durable.  Elle a passé en revue les différents scenarii élaborés par le PNUD dans un contexte de pandémie, du pire au meilleur, en plaidant pour une action fine « digne de l’acupuncture » pour remédier à cette superposition de crises. 

M. MICHAEL SHANK, Carbon Neutral Cities Alliance, a mentionné la colère des habitants du Vermont, où il travaille.  Ces personnes sont armées et la défiance est devenue la norme.  Dans un tel contexte, comment pouvons-nous avancer dans la « décarbonisation » des villes, a-t-il demandé, en indiquant que la population de sa ville y est majoritairement opposée.  Pour surmonter la défiance, il a appelé à agir autrement, « parce que ce qui a été fait jusqu’à présent ne fonctionne pas ».  Il nous faut sortir de notre zone de confort, afin que chacun se sente concerné et se considère comme cocréateur d’un avenir meilleur, a tranché M. Shank. 

M. DATO’ SRI SAIFUDDIN ABDULLAH, Ministre des affaires étrangères de la Malaisie, a, pour sa part, insisté sur le rôle crucial de la technologie pour changer les choses.  La pandémie a mis en lumière l’importance de la technologie, a-t-il dit, en mentionnant le vivier d’emplois que recèle le secteur des nouvelles technologies.  Il a détaillé le plan quinquennal de développement durable suivi par son pays, en se félicitant de l’obtention de résultats tangibles jusqu’à présent.  Il est crucial que les populations s’approprient les ODD, pour que ceux-ci ne soient pas considérés comme le pré carré de l’ONU, a tranché le Ministre. 

De son côté, Mme PHILDA KERENG, Ministre de l’environnement et du tourisme du Botswana, a détaillé l’action de son pays pour renforcer la résilience.  Elle a souligné l’importance de la confiance de la population dans l’action gouvernementale, qui doit être « inclusive et intègre ».  La recherche et le développement sont cruciales pour le développement de solutions endogènes.  Elle a aussi demandé que les populations soient au centre de l’action publique, comme cela est le cas au Botswana.  La société civile doit être étroitement associée à cette action, a conseillé Mme Kereng. 

Enfin, M. OSSIAN SMYTH, Ministre d’État de l’Irlande, en charge notamment des communications et l’économie circulaire, a indiqué que des petites réformes peuvent entraîner de grands effets, en prenant l’exemple de l’interdiction des sacs plastique en Irlande.  Il faut avoir le courage de porter le changement, a dit M. Smyth.  Il a aussi indiqué que la mise en place d’une économie circulaire dépend d’efforts individuels, comme le recyclage des déchets. 

Lors du court dialogue interactif, la Thaïlande a rappelé que la prévision stratégique est le meilleur outil à disposition des États, en soulignant l’importance des systèmes d’alerte rapide pour une meilleure préparation face aux crises.  L’Académie anticorruption internationale a indiqué que de nombreux décès liés à la pandémie auraient pu être évités si des mesures fortes contre la corruption avaient été adoptées, notamment s’agissant du respect des quarantaines.  La corruption est aussi synonyme de crimes contre la vie sauvage, a dit le délégué, en mentionnant le braconnage.  La corruption, a-t-il ajouté, concerne tous les ODD. 

Adoption de la Déclaration ministérielle (E/2022/L.14)  

Intervenant après l’adoption de la Déclaration, les représentants des États-Unis et de l’Indonésie se sont félicités de l’adoption par consensus qui offre des orientations pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) d’ici à 2030 dans un contexte marqué par une multiplicité de crises.  Ils ont particulièrement salué la contribution des délégations de l’Italie et de Nauru pour avoir facilité ce résultat.  Si le représentant des États-Unis a indiqué que la position américaine relative à cette déclaration sera publiée sur le site de sa délégation, celui de l’Indonésie a cité deux mots clefs qui résument ces débats, à savoir « multilatéralisme et actions » notamment pour répondre aux effets collatéraux de la guerre en Ukraine sur la sécurité alimentaire et la sécurité énergétique. 

Avant l’adoption de la Déclaration dans son ensemble, un vote a néanmoins été demandé s’agissant du paragraphe 131, qui appelle notamment à des efforts redoublés pour éliminer les obstacles entravant l’exercice du droit à l’autodétermination pour les peuples vivant sous une occupation coloniale et étrangère, ce qui affecte leur développement socioéconomique.  Au final, sur les 54 membres de l’ECOSOC, 20 délégations ont voté pour le maintien du paragraphe 131, 15 se sont abstenues tandis que le Canada, Israël et États-Unis ont voté contre. 

Intervenant après l’adoption de ce paragraphe, le représentant d’Israël a indiqué que sa délégation, tout en étant en faveur de la Déclaration ministérielle, se dissociait du paragraphe 131. 

Déclarations de clôture

Après deux ans de réunions virtuelles ou hybrides, M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a salué la mobilisation et l’audience observées cette année autour de ces huit journées de débats de haut niveau sur les moyens de mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il s’est félicité de l’engagement et de l’inspiration des décideurs politiques, des chefs du système des Nations Unies, des experts, des grands groupes et autres parties prenantes de tous horizons.  Rappelant le discours d’ouverture du Président de l’ECOSOC, « plein d’optimisme et d’espoir », M. Liu s’est dit persuadé que ce sommet de haut niveau a donné le sentiment que nous pouvons inverser la tendance, rattraper les retards et faire un bond en avant vers la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  Le Chef du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU (DESA) a invité à saisir l’opportunité de cette année de préparatifs du sommet de septembre 2023 sur les ODD, et le Sommet lui-même, pour marquer une nouvelle phase d’accélération et de transformation dans l’histoire des ODD. 

Alors que la matinée a permis d’examiner les moyens de rendre le multilatéralisme plus inclusif et efficace, M. Liu a souligné les réflexions relatives à la réponse de santé publique à la pandémie, au financement et à l’allègement de la dette, aux changements climatiques et à la protection sociale, dont les droits du travail et l’éducation.  Notant que l’après-midi a été consacrée à l’examen de scenarii futurs pour assurer un développement durable, M. Zhenmin a rappelé que le rapport d’étape du Secrétaire général sur les ODD présenté la semaine dernière a révélé l’impact dévastateur de la pandémie sur de nombreux ODD.  Faisant sien les propos du Secrétaire général appelant à « un plan de sauvetage pour les ODD », M. Liu Zhenmin a estimé qu’il n’était pas trop tard puisque des progrès ont continué d’être réalisés sur certaines cibles malgré la pandémie.  « Les ODD ont continué à gagner du terrain et ils mobilisent de plus en plus de gouvernements, de collectivités locales, d’organisations de toutes sortes et à tous niveaux, du secteur privé et de la société civile », s’est félicité M. Liu avant de saluer les changements de cap et corrections apportés pour atteindre les ODD et ne laisser personne de côté, malgré de multiples crises. 

Par ailleurs, M. Liu s’est dit persuadé, à l’écoute des 44 examens nationaux volontaires présentés cette année, mais aussi de la table ronde ministérielle et de tous les autres échanges, que la combinaison de plans socioéconomiques pour répondre à la pandémie et d’autres actions urgentes pour faire face aux impacts des crises, porteront leurs fruits.  Il a déclaré que le scénario présenté dans le rapport du Secrétaire général sur les tendances et scenarii futurs prouve qu’il est possible de soutenir une transition inclusive, durable et verte à conditions de se concentrer sur la transformation de notre système et de nos comportements, dont les faiblesses ont été rendues criantes par les crises. 

Pour lui, nous avons démontré aujourd’hui que, si nous sommes bien informés des changements démographiques, sociaux et environnementaux qui se profilent, nous pouvons les anticiper et apporter les changements politiques nécessaires.  Dans ce contexte, il a estimé que l’adoption par consensus de la Déclaration ministérielle représente, malgré les différences de vues et d’approches, une expression d’unité qui renforce l’engagement en faveur de la réalisation des objectifs fixés en 2015 et accélérera le voyage commun vers la reprise et la résilience.  Précisant qu’il concluait son dernier discours en tant que Chef du DESA, car appelé à de nouvelles fonctions en Chine après cinq à la tête du Département, M. Liu a souhaité « courage et harmonie » aux délégations pour la réalisation des ODD. 

M. COLLEN VIXEN KELAPILE, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), s’est félicité de l’adoption par consensus de la Déclaration ministérielle qui offre une bonne orientation politique et une base solide pour nos actions visant à surmonter la pandémie de COVID-19 et d’autres crises tout en travaillant à la réalisation des ODD.  Alors que les deux dernières années nous ont appris que la solidarité internationale est le seul moyen de réaliser les 17 objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030, le Président de l’ECOSOC a particulièrement attiré l’attention sur les propositions du Comité des politiques de développement pour promouvoir un nouveau multilatéralisme qui garantira des règles mondiales calibrées sur les objectifs primordiaux de stabilité économique et sociale, la prospérité partagée et la durabilité environnementale.

Il a expliqué que le débat de ce matin a mis l’accent sur la nécessité d’un système multilatéral renforcé pour favoriser des solutions à l’échelle nécessaire en vue de répondre aux grands défis transfrontaliers d’aujourd’hui, notamment les crises énergétiques.  Ce système est essentiel pour soutenir les pays et les personnes les plus vulnérables, et les plus touchés par les crises.

M. Kelapile a ajouté que la solidarité internationale implique d’intensifier nos efforts collectifs pour assurer un accès équitable aux vaccins contre la COVID-19, pour aller au-delà du succès « limité mais important » obtenu auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  « Il a aussi souligné l’accord pour une coopération multilatérale renforcée afin de fournir des efforts concertés pour atteindre les ODD et apporter de réelles améliorations dans la vie des personnes des.  M. Kelapile a expliqué que l’ECOSOC assurera le suivi des questions relevant de son mandat.  Il examinera également plus avant l’engagement des jeunes, en s’appuyant sur les acquis du Forum des jeunes de l’ECOSOC qui se réunit chaque année en avril.

Le Président de l’ECOSOC a aussi exhorté les missions permanentes à mobiliser et sensibiliser leurs dirigeants et ministères dans leurs capitales respectives pour mettre en œuvre les accords importants agréés aux Nations Unies.  « C’est ainsi que nous rendrons le multilatéralisme efficace », a-t-il insisté, avant de saluer la qualité des visions exprimées par les scientifiques cet après-midi sur différents scenarii viables pour réaliser un avenir durable.  Il a noté que les scenarii sont des outils essentiels pour prendre des décisions politiques judicieuses et mieux soutenir la réalisation des ODD.  Après avoir reconnu que la planification à long terme est extrêmement difficile dans le contexte actuel, il a jugé essentiel que les scientifiques et les décideurs assurent une meilleure interface entre science et politique et que le système des Nations Unies renforce les capacités des pays en développement. 

Illustrant le ton optimiste qui a prévalu lors du forum politique de haut niveau et du débat de haut niveau de l’ECOSOC, M. Kelapile a fait sienne une déclaration d’un panéliste qui a estimé que « nous ne sommes ni impuissants ni désespérés ».  « Nous avons les connaissances, les options politiques, les outils et les instruments nous avons besoin », a-t-il noté avant d’appeler à la volonté politique pour mobiliser les financements et le pouvoir de la science et de la technologie.  Il a appelé à saisir l’opportunité des préparatifs du Sommet sur les ODD de septembre 2023 pour concrétiser des progrès sur tous les fronts en s’inspirant des nouvelles idées et solutions entendues.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité proroge pour un an le mandat du Bureau de l’ONU en Haïti, réclame un accord pour des élections et hausse le ton contre les bandes armées

9095e séance, après-midi
CS/14973

Le Conseil de sécurité proroge pour un an le mandat du Bureau de l’ONU en Haïti, réclame un accord pour des élections et hausse le ton contre les bandes armées

Par la résolution 2645 (2022) adoptée à l’unanimité, le Conseil de sécurité a prorogé, aujourd’hui, jusqu’au 15 juillet 2023, le mandat du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) défini dans sa résolution 2476 (2019).

Dans ce texte, présenté par les États-Unis et le Mexique, le Conseil réaffirme la nécessité pour toutes les parties prenantes haïtiennes de parvenir, avec l’appui du BINUH, à un accord urgent sur un cadre pérenne, assorti de délais et communément accepté, en vue d’un processus politique dirigé par les Haïtiens qui permette d’organiser des élections présidentielle et législatives inclusives, pacifiques, libres, régulières et transparentes dès que les conditions de sécurité seront réunies et que la préparation logistique le permettra.  Il prie instamment le Gouvernement haïtien de lui présenter une mise à jour au plus tard le 17 octobre 2022.

Des délégations, dont la Chine, ayant commenté les affrontements entre gangs armés à Port-au-Prince, ces derniers jours, le Conseil exige, dans les 90 jours, la cessation immédiate de la violence en bande organisée et des activités criminelles et se déclare disposé à prendre des mesures appropriées qui pourraient recouvrir le gel des avoirs et l’interdiction de voyager, contre quiconque participerait à la violence en bande organisée et à des activités criminelles ou à des atteintes aux droits humains ou appuierait de tels actes ou agirait de manière à compromettre la paix, la stabilité et la sécurité d’Haïti et de la région.

Le Conseil demande à tous les États d’interdire le transfert des armes légères et de petit calibre et de leurs munitions à des acteurs non étatiques et d’empêcher le trafic et le détournement illicites de ces armes et munitions.  À cet égard, il encourage la coopération, notamment par la fourniture et l’échange en temps utile de données actualisées afin de répertorier et de combattre les sources et les chaînes d’approvisionnement du trafic illicite.

Le Conseil encourage aussi les États ainsi que les organisations internationales compétentes qui sont en mesure de le faire à poursuivre le renforcement des capacités, l’appui technique et la formation des agents des services nationaux des douanes et de contrôle aux frontières et d’autres autorités compétentes.  Il demande au BINUH de collaborer avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et d’autres organismes compétents des Nations Unies afin d’aider les autorités haïtiennes à lutter contre les flux financiers illicites et les bandes armées afin d’accroître la sécurité des ports et d’améliorer la collecte des recettes douanières.

Le Conseil prie enfin le Secrétaire général de consulter le Gouvernement haïtien, les pays concernés et les organisations régionales au sujet des options envisageables en vue d’un renforcement de l’appui à la sécurité, concernant les efforts faits par la Police nationale d’Haïti pour combattre des niveaux élevés de violence en bande organisée et de lui présenter un rapport écrit au sujet de ces consultations d’ici au 15 octobre 2022.

Quand le Conseil de sécurité examine la situation en Haïti, l’un des défis les plus compliqués de son ordre du jour, la question essentielle, a estimé la Chine, est de déterminer quel type de mandat il faut.  L’ONU est dans le pays depuis les années 90 et après 30 ans, la situation est plus grave encore.  Le fait qu’aujourd’hui, les institutions nationales soient paralysées, le pays plongé dans un vide sécuritaire et la violence des gangs armés, généralisée, sans compter une situation économique et humanitaire qui est en chute libre, montre qu’il faut changer fondamentalement le mandat du Bureau.

La Chine a donc salué le fait que les coauteurs de la résolution aient tenu compte de ses propositions.  Le texte peut être amélioré mais il va dans la bonne direction.  Toutefois, a-t-il rappelé, Haïti n’est pas un pays producteur d’armes et il vit avec des gangs armés qui ont une force de frappe bien supérieure à celle de sa police.  La résolution, a-t-elle souligné, aurait dû être plus ferme sur ce point et il faut espérer que les gangs armés n’y verront pas un encouragement.

LA QUESTION CONCERNANT HAÏTI

Texte du projet de résolution (S/2022/560)

     Le Conseil de sécurité,

     Rappelant toutes ses résolutions antérieures concernant Haïti, notamment la résolution 2600 (2021),

     Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité d’Haïti, 

     Rappelant en particulier sa résolution 2476 (2019), par laquelle le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) a été mis en place à partir du 16 octobre 2019 compte tenu du rapport du Secrétaire général en date du 1er mars 2019 (S/2019/198),

     Condamnant à nouveau avec la plus grande fermeté l’assassinat du Président d’Haïti, Jovenel Moïse, le 7 juillet 2021, et exhortant le Gouvernement haïtien à en traduire les auteurs en justice dans les meilleurs délais,

     Prenant note de la lettre du Secrétaire général datée du 29 avril 2022 (S/2022/369), dans laquelle celui-ci recommande les ajustements à apporter au mandat et aux moyens du BINUH pour en accroître l’efficacité, notamment ses efforts visant à favoriser et à faciliter le dialogue entre les autorités nationales haïtiennes, la société civile et d’autres parties prenantes, à renforcer l’état de droit et à promouvoir le respect des droits humains,

     Soulignant qu’il importe de donner au BINUH les moyens de remplir sa mission de bons offices, de dialoguer avec tous les secteurs de la société haïtienne, en particulier les acteurs politiques, la société civile, les femmes et les chefs religieux, notamment les populations vivant dans les secteurs contrôlés par les bandes, à l’appui du consensus politique, ainsi que des réformes nécessaires à l’intensification de l’appui consultatif à la Police nationale d’Haïti et à la réouverture des postes de police, face à la violence des bandes armées,

     Notant avec une profonde inquiétude la dégradation des crises prolongées sur les plans politique, économique, humanitaire, de la sécurité, des droits humains et de la sécurité alimentaire qui frappent Haïti et réaffirmant la volonté de la communauté internationale de continuer d’épauler le peuple haïtien,

     Constatant avec une vive préoccupation l’extrême violence en bande organisée et d’autres activités criminelles, notamment les enlèvements et les homicides et les violences sexuelles et fondées sur le genre, ainsi que l’impunité des auteurs de tels actes et les conséquences de la situation d’Haïti sur la région,

     Insistant sur la nécessité de parvenir à des solutions politiques pour remédier aux causes profondes de l’instabilité en Haïti,

     Exhortant les autorités haïtiennes à s’attaquer à cette violence et à ses causes profondes de manière globale et urgente, notamment par le renforcement de l’état de droit, des mesures socioéconomiques, des programmes de réduction de la violence visant notamment à combattre la violence sexuelle et fondée sur le genre, la gestion des armes et des munitions et le renforcement des mécanismes nationaux de protection et d’établissement des responsabilités, ainsi que par toute initiative visant à aider au fonctionnement de l’appareil judiciaire,

     Craignant que le trafic et le détournement d’armes et de matériels connexes de tous types portent atteinte à l’état de droit et aux droits humains, entravent l’acheminement de l’aide humanitaire et aient de nombreuses répercussions sur les plans humanitaire et socioéconomique,

     Sachant qu’il importe de toute urgence de remédier au problème des flux financiers illicites à destination d’Haïti, qui permettent aux bandes armées d’opérer, menaçant de plus en plus la stabilité du pays, notamment en priorisant le fait de rompre les liens entre les acteurs politiques et économiques et les bandes,

     Se félicitant de la création du Panier de fonds des Nations Unies pour l’assistance à la sécurité en Haïti, élaboré avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le développement et le BINUH, sachant l’appui consultatif fourni par le Bureau à la Police nationale d’Haïti, et engageant le Bureau à jouer un rôle de coordonnateur en ce qui concerne l’assistance externe à la sécurité offerte à Haïti par l’intermédiaire de ce fonds,

     Se félicitant du lancement de programmes techniques par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) visant à aider les autorités nationales à promouvoir le contrôle des frontières et des ports, à repérer les flux financiers illicites, à collaborer à travers la frontière pour combattre la criminalité transnationale, la corruption et le trafic de drogues et d’armes, notamment au moyen du Programme de contrôle des conteneurs de l’ONUDC et de l’Organisation mondiale des douanes en Haïti et des programmes de gestion des frontières, et saluant la feuille de route régionale de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) visant à lutter contre le trafic des armes à feu,

     Constatant que le BINUH a besoin d’une sécurité et d’une souplesse suffisantes, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de Port-au-Prince, et notamment de capacités adéquates en matière de perception de la situation et de surveillance,

     Conscient du rôle important que jouent les pays voisins ainsi que les organisations régionales et sous-régionales telles que la CARICOM et d’autres partenaires internationaux, et demandant à la communauté internationale de continuer d’appuyer les efforts faits par Haïti pour surmonter l’impasse politique actuelle et remédier à l’état de la sécurité, se félicitant des mesures prises par les États Membres pour intensifier la formation et le mentorat et améliorer la capacité opérationnelle de la Police nationale d’Haïti et encourageant l’appui et le financement d’activités visant à régler les problèmes auxquels se heurte Haïti sur les plans humanitaire, de la stabilisation, de la reconstruction, de la réduction des risques de catastrophe, de la résilience et du développement durable, notamment dans les secteurs agricole, industriel et éducatif,

     Se félicitant de l’accord auxquels sont parvenus les chefs de gouvernement de la CARICOM, en vue d’une mission politique de haut niveau en Haïti, et de sa volonté d’apporter son concours,

     Soulignant que c’est au Gouvernement haïtien qu’il incombe au premier chef de s’attaquer aux facteurs persistants d’instabilité et d’inégalité et de se concerter avec les autres parties prenantes, telles que la société civile, les jeunes et le secteur privé, avec la participation pleine, égale et réelle des femmes, en vue d’apporter des solutions durables aux problèmes immédiats et à long terme du pays,

     Insistant sur la nécessité d’agir face à la perte de sources de revenus et de sécurité alimentaire et nutritionnelle ou encore sanitaire, au déplacement des habitants et à la perte d’accès aux infrastructures sociales notamment causés par le séisme qui a frappé Haïti le 14 août 2021 et par le passage de la tempête tropicale Grace le 16 août 2021, et soulignant qu’il est essentiel de progresser en matière de relèvement, de reconstruction et de renforcement de la résilience d’Haïti pour instaurer durablement la stabilité, la sécurité et le développement socioéconomique et saluant la collaboration pluriinstitutions à cet égard,

     1.  Décide de proroger jusqu’au 15 juillet 2023 le mandat du BINUH défini dans sa résolution 2476 (2019), sachant que le Bureau sera dirigé par un représentant spécial du Secrétaire général, et de proroger les dispositions relatives à la présentation de rapports énoncées dans ladite résolution, ajustées à 90 jours;

     2.  Décide que le groupe du BINUH chargé des questions touchant à la police et aux services pénitentiaires intégrera jusqu’à 42 civils et agents en détachement, qui exerceront des fonctions de conseillers pour les questions de police et pour les affaires pénitentiaires sous la direction d’un chef de la police civile des Nations Unies, et que le groupe des droits humains du BINUH disposera d’une capacité spécifique de lutte contre la violence sexuelle et fondée sur le genre, notamment les moyens de repérer les conseillers pour la protection des femmes, selon qu’il conviendra;

     3.  Réaffirme la nécessité pour toutes les parties prenantes haïtiennes de parvenir, avec l’appui du BINUH, à un accord urgent sur un cadre pérenne, assorti de délais et communément accepté, en vue d’un processus politique dirigé par les Haïtiens qui permette d’organiser des élections présidentielle et législatives inclusives, pacifiques, libres, régulières et transparentes dès que les conditions de sécurité seront réunies et que la préparation logistique le permettra, avec la participation pleine, égale et réelle des femmes et la participation des jeunes, de la société civile et des autres parties prenantes concernées, au moyen d’un dialogue national associant toutes les parties haïtiennes et, à cet égard, prie instamment le Gouvernement haïtien de lui présenter une mise à jour au plus tard le 17 octobre 2022;

     4.  Demande à tous les États Membres d’interdire le transfert des armes légères et de petit calibre et de leurs munitions à des acteurs non étatiques ou d’appuyer la violence en bande organisée, les activités criminelles ou les atteintes aux droits humains en Haïti et d’empêcher le trafic et le détournement illicites de ces armes et munitions, et encourage la coopération entre les États Membres pour prévenir le trafic et le détournement des armes, notamment par la fourniture et l’échange en temps utile de données actualisées afin de répertorier et de combattre les sources et les chaînes d’approvisionnement du trafic illicite;

     5.  Exige, dans les 90 jours suivant l’adoption de la présente résolution, la cessation immédiate de la violence en bande organisée et des activités criminelles et se déclare à cet égard disposé à prendre des mesures appropriées, selon qu’il conviendra, qui pourraient recouvrir le gel des avoirs et l’interdiction de voyager, contre quiconque participerait à la violence en bande organisée et à des activités criminelles ou à des atteintes aux droits humains ou appuierait de tels actes ou agirait de manière à compromettre la paix, la stabilité et la sécurité d’Haïti et de la région;

     6.  Encourage la poursuite d’une collaboration étroite et d’une coordination renforcée entre le Bureau, l’équipe de pays des Nations Unies en Haïti, les organisations régionales et les institutions financières internationales, en vue d’aider le Gouvernement haïtien à assumer la responsabilité de garantir la stabilité, le développement durable et l’autosuffisance économique du pays à long terme, et encourage le renforcement de la communication stratégique publique concernant le mandat et le rôle spécifique du BINUH;

     7.  Engage les États Membres, les institutions financières internationales et d’autres entités à contribuer au Panier de fonds des Nations Unies pour l’assistance à la sécurité en Haïti, en vue d’accompagner une assistance internationale coordonnée et encourage les États Membres ainsi que les organisations internationales compétentes qui sont en mesure de le faire à poursuivre le renforcement des capacités, l’appui technique et la formation des agents des services nationaux des douanes et de contrôle aux frontières et d’autres autorités compétentes;

     8.  Demande au BINUH de collaborer avec l’ONUDC et d’autres organismes compétents des Nations Unies afin d’aider les autorités haïtiennes à lutter contre les flux financiers illicites, ainsi que contre le trafic et le détournement d’armes et de matériels connexes et de renforcer la gestion et le contrôle des frontières et des ports;

     9.  Réaffirme l’importance de la mobilisation de l’ONUDC et des autres organismes compétents des Nations Unies à l’appui de la lutte contre les bandes armées, afin d’accroître la sécurité des ports, d’améliorer la collecte des recettes douanières et d’enrayer les flux financiers, et réaffirme également l’importance d’obtenir des financements volontaires à l’appui de ces efforts;

     10. Prie le Secrétaire général de consulter le Gouvernement haïtien, les pays concernés et les organisations régionales au sujet des options envisageables en vue d’un renforcement de l’appui à la sécurité, concernant les efforts faits par la Police nationale d’Haïti pour combattre des niveaux élevés de violence en bande organisée et de lui présenter un rapport écrit au sujet de ces consultations d’ici au 15 octobre 2022;

     11. Décide de rester activement saisi de la question.

Déclarations après le vote

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a dit que le mandat du BINUH est de soutenir le dialogue politique, de renforcer la capacité de la police à promouvoir la sécurité et défendre les droits des personnes, et de traiter le trafic illégal des armes et le flux financier illicite.  Le Conseil est prêt à prendre des mesures selon que de besoin, a ajouté le représentant qui a exhorté les acteurs politiques haïtiens à tenir l’élection présidentielle dès que les conditions le permettront.

M. ZHANG JUN (Chine) a estimé qu’Haïti est l’un des défis les plus compliqués de l’ordre du jour du Conseil de sécurité.  Quand ce dernier examine une situation, le propos n’est pas de proroger ou pas une mission ou un bureau et encore moins de décider de la période de prorogation.  La question essentielle, a souligné le représentant, c’est de déterminer quel type de mandat il faut et en l’occurrence, lequel peut efficacement aider le peuple haïtien.  L’ONU, a-t-il fait observer, est dans le pays depuis les années 90 et après 30 ans, Haïti se retrouve dans une situation plus grave encore.  Ce doit être une source de préoccupation pour ceux qui prétendent vouloir aider le pays mais aussi pour la réputation de l’ONU.  Qu’a-t-on fait de mal?  Comment le Conseil de sécurité peut faire véritablement la différence et briser ce cercle vicieux? 

En octobre dernier, a rappelé le représentant, le Conseil avait demandé au Secrétaire général une évaluation du mandat du Bureau, à la lumière de la situation, ce qui a permis de renforcer ledit mandat.  Or, aujourd’hui, les institutions nationales sont paralysées, le pays a plongé dans un vide sécuritaire, la violence des gangs armés se généralise et la situation économique et humanitaire est en chute.  Ceci montre, a dit le représentant, qu’il faut fondamentalement changer le mandat du Bureau.  Cette dernière semaine, l’on a même vu des affrontements entre gangs armés à Port-au-Prince, avec des conséquences désastreuses.  Le représentant a donc salué le fait que les coauteurs de la résolution aient tenu compte de ses propositions.  Le texte peut être amélioré mais il va dans la bonne direction.  Il y est dit clairement, s’est-il expliqué, ce qui est attendu des parties prenantes haïtiennes.  La résolution lance un avertissement ferme aux gangs armés, et demande au Bureau d’assumer davantage de responsabilités et d’offrir une aide plus substantielle au pays, dans le respect d’un processus mené et dirigé par les Haïtiens eux-mêmes.  La résolution demande aussi au Secrétaire général de mener des consultations pour parvenir à une recommandation viable afin d’aider Haïti à combattre les gangs armés.  Haïti n’est pas un pays producteur d’armes, a fait remarquer le représentant.  Or, les gangs armés ont une force de frappe bien supérieure à celle de la police nationale.  La résolution, a-t-il estimé, aurait dû être plus ferme sur ce point et il faut espérer que les gangs armés n’y verront pas un encouragement. 

M. MARTIN KIMANI (Kenya) a demandé aux membres du Conseil de sécurité et aux pays de la région de lutter contre le trafic des armes en Haïti.  Selon le représentant, la solution aux nombreux problèmes du pays exige un gouvernement et des institutions stables.  Cependant, ceux-ci manquent cruellement en Haïti, s’est-il inquiété.  Il a encouragé les acteurs politiques haïtiens à utiliser le dialogue pour mettre en place un gouvernement d’unité nationale et leurs institutions nationales.  À cet égard, le Kenya est prêt à aider Haïti, a ajouté le représentant qui a rappelé le rôle de ce pays dans la lutte contre l’esclavage et la décolonisation.  

« Si nous ne réglons pas la situation politique, nous n’arriverons pas à régler les autres questions », a prévenu M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) avant de regretter l’absence d’actions concrètes pour lutter contre la prolifération des armes et appuyer le maintien de l’ordre public.  Il a estimé que Haïti pâtit d’une politique de deux poids, deux mesures, en accusant le Conseil de sécurité de ne pas accorder à ce pays l’attention qu’il mérité.  Le représentant russe a relevé que de plus en plus de voix haïtiennes prétendent que le BINUH est devenu une partie du problème et non une solution.  Il a jugé indispensable de permettre aux Haïtiens de régler leurs problèmes sans ingérence étrangère.

M. FELIX OSEI BOATENG (Ghana) a reconnu les divergences de vue des membres du Conseil de sécurité quant à la façon de mettre fin aux violences des gangs en Haïti.  Toutefois, la situation actuelle appelle à montrer un engagement sans faille envers le pays, a estimé le représentant pour qui la résolution doit servir de base pour chercher une solution durable aux problèmes d’Haïti.  

  M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) s’est inquiété de la détérioration de la situation politique humanitaire et économique en Haïti.  Il a souligné que cette résolution envoie un message clair aux parties haïtiennes en les appelant à trouver un accord et à relancer un processus participatif et démocratique.  Il a relevé que Haïti devra informer le Conseil de sécurité des progrès réalisés dans les meilleurs délais.  Il a également demandé au BINUH et à l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) de soutenir Haïti dans la lutte contre les flux d’armes et autres flux illicites.  Le représentant s’est aussi félicité du soutien accru apporté par la résolution aux forces de police haïtiennes.

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a rappelé que son pays a déployé des dizaines de milliers de Casques bleus en Haïti pendant 13 ans dans le cadre de l’ancienne Mission de stabilisation.  Le Brésil a aussi apporté son appui à de nombreux projets socioéconomiques.  Toutefois, a dit le représentant, la communauté internationale doit mobiliser davantage d’efforts pour aider Haïti à traverser la crise politique et humanitaire actuelle, à contrôler la violence des gangs armés et à rétablir la bonne gouvernance.  Haïti, a insisté le représentant, doit rester une priorité du Conseil de sécurité.  Il a rappelé l’importance de contrôler le trafic d’armes pour endiguer la violence et réclamé un examen préalable des critères avant de décider d’un gel des avoirs et d’une interdiction de voyager.  Le délégué a appelé les parties haïtiennes à rétablir au plus vite les institutions nationales.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: Le forum politique s’achève par l’adoption d’une Déclaration ministérielle « ambitieuse » sur la réalisation du Programme 2030 dans le contexte de pandémie

Session de 2022, Forum politique de haut niveau
16e séance – après-midi
 ECOSOC/7100

ECOSOC: Le forum politique s’achève par l’adoption d’une Déclaration ministérielle « ambitieuse » sur la réalisation du Programme 2030 dans le contexte de pandémie

Le forum politique de haut niveau pour le développement durable, organisé sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC), s’est achevé aujourd’hui avec l’adoption par consensus d’une Déclaration ministérielle sur le thème « reconstruire en mieux après la pandémie de COVID-19 tout en promouvant la pleine application du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ». 

« Cette déclaration ministérielle ne laisse aucun doute sur l’engagement inébranlable à réaliser le Programme 2030 », a déclaré M. Colleen Kelapile, Président de l’ECOSOC, qui a qualifié de « grand succès » cette édition 2022.  Le délégué de l’Italie, l’un des cofacilitateurs du texte avec Nauru, a loué une « déclaration ambitieuse », contenant des engagements politiques forts, derrière laquelle toutes les délégations peuvent se ranger. 

Un vote a néanmoins été demandé s’agissant de l’adoption du paragraphe 131, qui appelle à des efforts redoublés pour éliminer les obstacles entravant à l’exercice du droit à l’autodétermination pour les peuples vivant sous une occupation coloniale et étrangère, ce qui affecte leur développement socioéconomique.  Au final, 101 délégations ont voté pour le maintien du paragraphe, 41 se sont abstenues tandis que le Canada, Israël et États-Unis ont voté contre. 

Malgré les défis de la pandémie de COVID-19, du fardeau de la dette et des changements climatiques, les États Membres ont décidé de renouveler sans ambages leur engagement envers le Programme 2030 et les ODD, s’est réjouie la Vice-Secrétaire générale de l’ONU.  Saluant le fait que 44 pays aient présenté leur examen national volontaire lors de ce forum politique de haut niveau, Mme Amina Mohammed a félicité l’ensemble des participants d’avoir insufflé un nouvel idéal aux Nations Unies et de vouloir en faire une réalité pour le monde entier, que ce soit pour les vaccins, la protection sociale ou la lutte contre les inégalités. 

Il faut aussi une révolution de l’énergie, une réduction des émissions de CO2 et une transition juste, ce qui signifie aussi qu’il importe de refondre le système financier international, tel que préconisé par le rapport du Secrétaire général sur « Notre Programme commun », a-t-elle ajouté.  Pour le sommet sur les ODD de l’an prochain, il faudra changer la donne et avancer dans un esprit de partenariat, a encore souligné la Vice-Secrétaire générale. 

Le Président de l’ECOSOC a, de plus, estimé que les défis complexes qui menacent les ODD offrent aussi l’opportunité de mener une action multilatérale renouvelée en faveur du développement durable, insistant notamment sur la couverture de santé universelle et l’équité vaccinale, le financement, l’éducation, l’égalité des sexes, ainsi que l’élimination de la violence à l’égard des femmes.  Il a aussi appelé à redoubler d’efforts pour aider les pays les moins avancés (PMA) à atteindre la sécurité alimentaire.

Tout en saluant l’adoption par consensus de la Déclaration, les délégations ont néanmoins été nombreuses à exprimer des réserves au sujet de certains libellés du texte.  Ainsi, le Pakistan, à l’instar du Venezuela, a regretté qu’un paragraphe distinct sur les mesures coercitives unilatérales n’ait pas été inclus.  « Nous déplorons également l’absence d’un paragraphe sur le droit au développement », a déclaré le délégué pakistanais qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine.

Appuyée par le Canada, l’Union européenne a, elle, regretté que la Déclaration ne mette pas suffisamment l’accent sur l’autonomisation des femmes et des filles.  Plusieurs délégations, dont le Saint-Siège, le Qatar et le Nicaragua, ont pour leur part exprimé des réserves concernant l’expression « services de soins de santé sexuelle et reproductive ».  La Hongrie a déclaré ne pas pouvoir appuyer les paragraphes relatifs à la migration, tandis que le Royaume-Uni aurait souhaité un langage plus ambitieux sur les émissions de gaz à effet de serre. 

La Déclaration de 29 pages n’était disponible qu’en langue anglaise au moment de son adoption. 

DÉBAT DE HAUT NIVEAU, Y COMPRIS LA RÉUNION MINISTÉRIELLE DE TROIS JOURS DU FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE ORGANISÉ SOUS LES AUSPICES DU CONSEIL

Adoption de la déclaration ministérielle E/HLPF/2022/L.1

Déclaration après vote sur le paragraphe 131

Après le vote sur le paragraphe 131, Israël s’est déclaré préoccupé par les tentatives de politisation du forum politique de haut niveau, alors que la communauté internationale a besoin d’unité.  C’est pourquoi il s’est dissocié du paragraphe 131, tout en soutenant le reste du texte. 

Déclarations et explications de position après l’adoption de la Déclaration ministérielle

À l’issue de l’adoption de la Déclaration, le Pakistan, au nom du Groupe des 77 et la Chine, a reconnu l’importance d’adopter cette Déclaration ministérielle sur le développement durable alors que les gouvernements continuent de souffrir des incidences de crises multiples.  Affirmant attacher la plus grande importance au traitement des difficultés rencontrées par les pays en développement, il a dit apprécier la mention faite au paragraphe 10 mais a regretté l’absence de référence aux pays et aux peuples qui vivent sous occupation coloniale.  Il a par ailleurs réaffirmé son rejet très ferme des mesures coercitives unilatérales et a regretté qu’un paragraphe distinct sur cette question tiré du paragraphe 30 du Programme 2030 n’ait pas été inclus.  De même, il a déploré l’absence d’un paragraphe sur le droit au développement.  Il a d’autre part regretté que la proposition du Groupe en faveur d’une référence aux responsabilités communes mais différenciées au paragraphe 61 n’ait pas été reprise.  Il a fait savoir que le Groupe ne soutient pas l’expression « pays à revenu intermédiaire vulnérables » utilisée au paragraphe 127, ce terme ne reflétant pas les difficultés que rencontrent ces pays.  Enfin, il s’est dit déçu qu’un vote ait été demandé sur un paragraphe de la Déclaration, estimant que cela envoie un message négatif sur la suite à donner au Programme 2030. 

Le Canada a déclaré que les efforts pour promouvoir le développement durable doivent être basés sur l’égalité entre les genres et le respect des droits humains.  Les femmes doivent avoir le contrôle de toutes les questions se rapportant à leur sexualité.  Le Programme 2030 est très clair sur l’égalité entre les genres, a dit le délégué, en appelant à lutter contre les violences sexistes. 

L’Union européenne a indiqué que cette déclaration imprime un nouvel élan aux efforts en vue de la réalisation des ODD, avant de dénoncer l’agression atroce commise par la Russie et le Bélarus contre l’Ukraine.  La délégation a regretté que la Déclaration ne mette pas l’accent sur l’autonomisation des femmes et des filles et sur l’importance des défenseurs des femmes.  Elle a également déploré l’absence de toute mention des liens entre production alimentaire et perte de biodiversité.

Au nom du Groupe de pays de même sensibilité pour la promotion des pays à revenu intermédiaire, la Colombie s’est félicitée que la Déclaration ministérielle reconnaisse la nécessité d’atteindre la soutenabilité de la dette à long terme dans les pays en développement et aborde les obstacles pour l’accès aux financements et à la coopération technique.  Elle s’est aussi félicitée que mention soit faite de l’exercice de cartographie qui sera mené par le Secrétaire général pour fournir un aperçu détaillé du soutien dont dispose actuellement les pays à revenu intermédiaire.  Elle a cependant précisé que, concernant le paragraphe 127, le Groupe ne soutient pas la référence aux « pays vulnérables à revenu intermédiaire », qui tend à créer une catégorisation supplémentaire des pays en développement, sur la base d’aucun critère clair ou convenu pour définir leur statut de vulnérabilité. 

Au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), Antigua-et-Barbuda a déclaré s’être associé au consensus sur la Déclaration ministérielle mais a regretté que le texte ne soit pas suffisamment équilibré.  Rappelant que les changements climatiques, les difficultés socioéconomiques et les effets de la pandémie représentent de graves menaces pour les ODD, il a déploré que les États Membres n’aient pas cherché des solutions réellement ambitieuses, estimant qu’il aurait été approprié d’opter pour une approche équilibrée qui reflète les défis et besoins des pays les plus vulnérables.  En tant que PEID aux ressources limitées, il a considéré essentiel que les décisions des instances internationales soient des contributions utiles pour tous les pays, jugeant par ailleurs qu’il ne peut être question de réviser ou de redéfinir les ODD.  Il a souhaité qu’il soit davantage tenu compte des inquiétudes légitimes des PEID.

Les États-Unis ont fait savoir qu’ils considèrent la Déclaration ministérielle comme un « document non contraignant ».  Estimant par ailleurs que cette déclaration ne devrait faire référence qu’à des documents négociés en toute transparence par les États Membres, ils se sont dissociés de la mention faite, au paragraphe 74, à la Déclaration de Kunming, qui n’était pas un document négocié reflétant un consensus.  Ils ont d’autre part jugé que l’inclusion du paragraphe 35 du Programme 2030 n’apporte rien au texte et représente une « tentative de politiser » l’important travail réalisé par les États Membres dans le cadre du forum politique de haut niveau.  Ils se sont donc dissociés du paragraphe 131 du texte de cette année.  Pour le reste, ils ont renvoyé aux réserves déjà exprimées par leur délégation au sujet des libellés sur le genre, les droits non reconnus par les instruments des droits humains de l’ONU, le climat, l’évaluation des ODD, le commerce, la propriété intellectuelle, les flux financiers illicites et le Programme 2030. 

La Hongrie a dit avoir soutenu l’adoption de la Déclaration ministérielle en raison des sujets importants qui y sont abordés.  Elle a cependant déclaré ne pas pouvoir appuyer les paragraphes relatifs à la migration, soutenant que celle-ci n’a pas d’impact positif sur la croissance et le développement inclusifs.  Nous ne partageons pas non plus l’idée selon laquelle la migration est la meilleure solution pour répondre aux problèmes d’emploi des pays de destination et pour faire face aux défis auxquels sont confrontés les pays d’origine, a indiqué la délégation.  Au lieu de favoriser les départs des pays d’origine et de faciliter une migration ordonnée, sûre et régulière, nous devrions nous concentrer sur l’aide aux pays tiers au niveau local afin d’assurer que les gens puissent rester dans leur patrie, dans la paix et la prospérité, a-t-elle fait valoir, avant de regretter que le texte distingue certains acteurs et groupes marginalisés, au risque d’exclure d’autres personnes tout aussi vulnérables.  Pour ces raisons, la Hongrie a dit se dissocier du paragraphe 113 de la Déclaration et des passages des paragraphes 11 et 32 relatifs à la migration. 

Le Guatemala a exprimé des réserves sur l’accès universel à la santé sexuelle.  Il a indiqué que sa constitution défend la vie humaine dès la conception, en pointant le manque de consensus international sur le droit à l’avortement.  Il a aussi rappelé que l’utilisation des cours d’eaux internationaux doit être réglée par des traités entre États concernés. 

La Türkiye a souligné l’importance de l’ODD 6, avant de saluer l’inclusion d’une référence aux changements climatiques dans la Déclaration.

La Fédération de Russie s’est félicitée de l’adoption de la Déclaration ministérielle par consensus.  Elle a toutefois jugé que les négociations sur le texte ont pris une tournure différente de ce qui était anticipé.  Selon elle, les crises et les défis qui font l’objet de discussions dans d’autres forums n’ont pas à être traités par le forum politique.  Si des difficultés socioéconomiques et environnementales freinent les ODD, c’est en partie le résultat de mesures unilatérales et d’un manque de solidarité, a-t-elle accusé, estimant qu’il aurait fallu de plus longues discussions pour aborder ces problèmes profondément enracinés.  La délégation a par ailleurs relevé que, si certains pays tentent de politiser le Programme 2030, la Fédération de Russie entend, elle, répondre aux défis du développement durable pas des actions spécifiques.  Pour la délégation, la Déclaration apporte la confirmation d’un effort collectif, notamment pour s’attaquer au problème des stupéfiants et pour prendre en compte les dimensions régionales du développement durable.  Elle a ajouté que, s’agissant du paragraphe 30 du texte, elle continue de prendre en compte les minorités, conformément à la Déclaration des droits des personnes appartenant à des minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques.

Le Saint-Siège a exprimé des réserves sur le libellé de la Déclaration portant sur les droits de l’enfant, lesquels doivent, selon lui, être considérés « dans le contexte de la famille, unité fondamentale de la société ».  En outre, s’agissant des efforts visant à promouvoir l’autonomisation des enfants dans la mise en œuvre, le suivi et à la révision du Programme 2030, le Saint-Siège est d’avis que le rôle des parents doit être respecté d’une manière compatible avec l’évolution des capacités de l’enfant.  Il a par ailleurs déploré que la Déclaration ministérielle contienne des termes et des concepts controversés ne bénéficiant pas d’un consensus international, notamment ceux liés à la discrimination.  Le Saint-Siège a également réitéré ses réserves concernant l’expression « services de soins de santé sexuelle et reproductive » et répété qu’il ne considère pas l’avortement comme une « dimension de ce terme ».  Enfin, il a dit comprendre le terme « genre » et ses dérivés comme « fondés sur l’identité sexuelle biologique, c’est-à-dire les deux sexes, masculin et féminin ». 

Au nom d’un groupe de pays, l’Australie a regretté qu’aucun consensus ne se soit fait jour sur le fait que diverses personnes continuent de faire face à la violence sexuelle et sexiste et s’est opposée à la révision du libellé de l’ODD 5.  La même chose s’applique aux ODD 14 et 15, qui ont une importance cruciale au vu de la crise climatique et environnementale que connaît le monde.  Elle a estimé que les PEID et les PMA ont besoin du soutien de la communauté internationale, laquelle doit mener une bataille collective et solidaire en vue d’aider à l’adaptation aux changements climatiques.  Dans la foulée du Pacte de Glasgow, cette Déclaration vient à point nommé mais il reste beaucoup à faire, a-t-elle ajouté, appelant de ses vœux un accord ambitieux sur le nouveau cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020.  Enfin, rappelant que nous serons l’an prochain à mi-parcours du processus de réalisation des ODD, elle a souhaité que les États Membres se montrent à la hauteur de l’enjeu et corrigeront le tir afin de devenir plus équitables et plus durables. 

Le Nigéria a appelé à des mesures pratiques pour remédier aux inégalités entre les pays et demandé une révision de l’architecture d’endettement des pays africains.  Il a dénoncé l’insécurité financière dans laquelle vivent ces pays et souligné l’importance de relever le défi des flux financiers illicites.

Le Mexique a regretté que la Déclaration ministérielle présente de « graves lacunes » et « ne reflète pas la réalité du monde contemporain ».  Il est clair, selon lui, que le niveau d’ambition ne sera pas suffisant pour atteindre les ODD.  S’agissant du libellé sur l’égalité des sexes, la délégation a déploré l’absence de mentions de l’importance des données désagrégées par sexe, la décision de dissocier la violence sexiste à l’égard des femmes et des filles qui cherchent une éducation de qualité, ainsi que l’élimination des liens entre les discriminations multiples et croisées et la diversité des identités.  De même, elle s’est déclarée déçue du peu d’intérêt accordé par le texte à l’état d’avancement du Forum d’examen des migrations internationales 2022.  Enfin, elle a jugé que l’incapacité de l’ECOSOC à reconnaître les accords régionaux transformateurs, tels que l’Accord d’Escazú, sont un autre exemple des occasions manquées par cette Déclaration. 

La Chine a estimé que le texte aurait dû insister sur la nécessité d’un ordre économique plus équitable, qui évite les mesures protectionnistes.  Appelant la communauté internationale à tout faire pour encourager les pays en développement à mettre en œuvre le Programme 2030, elle a assuré qu’elle continuera à appliquer son initiative pour le développement mondial afin de contribuer au développement de tous les pays. 

Le Nicaragua a dit s’être associé au consensus sur le texte, mais a jugé qu’il aurait fallu plus de temps pour poursuivre les négociations.  Il a jugé inadmissible qu’aucun paragraphe du texte n’évoque les mesures coercitives unilatérales qui menacent la réalisation du Programme 2030 et qui, en temps de pandémie, relèvent du crime contre l’humanité.  Il a également estimé que les paragraphes sur les droits sexuels et reproductifs ne peuvent être reconnus comme favorables à l’avortement, toute personne ayant droit à la vie dès la conception.  Il a enfin estimé qu’il est important de promouvoir le droit au développement en tant que droit fondamental. 

L’Indonésie a appelé à respecter les priorités nationales de développement.  Elle a dit que certains paragraphes ne reflètent pas le consensus international, notamment ceux relatifs aux discriminations. 

Le Royaume-Uni a reconnu la difficulté des négociations et a fait savoir qu’il aurait souhaité un langage plus ambitieux sur les émissions de gaz à effet de serre.  Il a également souligné l’importance fondamentale de la lutte contre les violences sexospécifiques qui augmentent en temps de crise.  La délégation s’est ensuite prononcée en faveur d’un accès universel aux services de santé reproductive. 

L’Arabie saoudite s’est dissociée des éléments relatifs aux discriminations.  Elle a aussi souligné les divergences en ce qui concerne l’accès aux services de santé reproductive. 

Le Qatar a salué l’adoption de la Déclaration ministérielle, se félicitant notamment du paragraphe du texte qui demande à la communauté internationale de donner la priorité à la mise en œuvre et au suivi du Programme d’action de Doha pour les pays les moins avancés (PMA).  Il a par ailleurs estimé que les services de santé sexuelle et reproductive évoqués aux paragraphes 42 et 45 doivent être considérés à la lumière des législations nationales et religieuses. 

L’Afrique du Sud a regretté qu’à la suite d’un compromis lors de négociations, les paragraphes de la Déclaration relatifs aux changements climatiques ne répondent pas aux préoccupations des pays en développement.  De plus, a-t-elle ajouté, la Déclaration donne au Pacte de Glasgow, qui est un texte non négocié de la COP26, un statut qu’il ne mérite pas, contrairement à l’Accord de Paris sur le climat.  Pour la délégation, la Déclaration n’est pas équilibrée dans la mesure où elle ne parle pas suffisamment des efforts d’atténuation nécessaires et de l’obligation qu’ont les pays développés de fournir de nouvelles sources de financement.  Enfin, s’agissant de l’ODD 5, elle a estimé que le moment est venu d’insister sur l’importance des droits des femmes et des filles, sans que cela devienne une source de division entre les pays. 

L’Égypte a émis des réserves sur le libellé sur les discriminations et sur la notion de minorité religieuse. 

Le Venezuela, qui a approuvé la Déclaration ministérielle, a regretté que la question de l’impact négatif des mesures coercitives unilatérales en soit absente, malgré les multiples demandes du Groupe des 77 et la Chine.  Ces mesures cruelles et inhumaines attaquent délibérément le droit inaliénable au développement, ce qui finit par entraver la réalisation complète et opportune des ODD, a-t-il dénoncé, regrettant qu’un groupe de pays les appliquent arbitrairement et en toute impunité.  Enfin, s’agissant du paragraphe 60 de la Déclaration se référant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, le Venezuela a fait part de ses réserves, étant donné qu’il n’est pas un État partie à ladite Convention. 

Le Yémen a estimé que la demande d’un vote sur un paragraphe envoie un mauvais signal.  Il s’est dissocié des éléments relatifs aux discriminations et à l’accès aux services de santé reproductive. 

Cuba a dénoncé le manque de transparence des négociations et rappelé leur nature intergouvernementale.  Aucun pilier du développement durable ne doit avoir la priorité, a dit la délégation, en déplorant que certaines questions importantes pour les pays en développement aient été écartées. 

La République islamique d’Iran a indiqué que, bien qu’elle se soit ralliée au consensus sur la Déclaration ministérielle, elle la considère comme un « instrument volontaire et non juridiquement contraignant ».  Elle ne se sent donc aucunement engagée par les éléments de la Déclaration qui sont en contradiction avec ses lois, règlements, législation et politiques, y compris les principes islamiques, les normes culturelles et religieuses, les traditions et les valeurs de la société iranienne.  Elle a d’autre part regretté que la proposition faite par le G77 et la Chine pour l’inclusion du libellé consensuel repris textuellement du paragraphe 30 du Programme 2030 sur les mesures coercitives unilatérales n’ait pas été inclus dans le texte en raison d’une approche biaisée.  La délégation s’est d’autre part dissociée du paragraphe 39 de la Déclaration utilisant le terme non consensuel de « formes multiples et croisées de discrimination ».  Enfin, s’agissant des paragraphes 38 à 50 relatifs à l’ODD 5 et du paragraphe 101 concernant la transition vers des systèmes énergétiques à faibles émissions, elle a réaffirmé que la République islamique d’Iran agit uniquement sur la base de ses propres lois et politiques nationales.

Saluant à son tour l’adoption de la Déclaration ministérielle, l’Iraq a jugé essentiel que les mesures de reprise soient conformes au Programme 2030.  Il a toutefois indiqué que le paragraphe 30 du texte contient une terminologie non précise et doit être considéré à la lumière des législations nationales.  Il a enfin relevé que le terme « formes multiples et intersectionnelles de discrimination » n’est pas consensuel. 

La Libye a jugé regrettable que le paragraphe 131 de la Déclaration ait fait l’objet d’un vote alors qu’il contient un libellé renfermant l’un des principes de la Charte de l’ONU.  Il a par ailleurs exprimé des réserves sur les paragraphes 39 et 133, qui ont des libellés non consensuels sur les « formes multiples et intersectionnelles de discrimination », ainsi que sur les références faites aux services de santé sexuelle et reproductive. 

La République arabe syrienne a dénoncé certaines pratiques qui ont entaché les négociations, déplorant notamment l’inclusion de libellés non consensuels.  Elle s’est dissociée des éléments relatifs aux discriminations et l’accès aux services de santé reproductive.

Déclarations de clôture

Mme AMINA MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a commencé par avertir que nous n’avons plus de temps à perdre pour inverser les crises multiples qui frappent le monde.  La pandémie de COVID-19 est toujours présente, le fardeau de la dette continue de peser sur un grand nombre de pays et les changements climatiques sont de plus en plus menaçants.  Pourtant, malgré ces défis, les États Membres ont décidé de renouveler sans ambages leur engagement envers le Programme 2030 et les ODD, s’est-elle réjouie, saluant le fait que 44 pays aient présenté leur examen national volontaire lors de ce forum politique de haut niveau et qu’ils fassent de leur mieux pour parvenir à un redressement durable.  Mme Mohammed a félicité l’ensemble des participants à ce forum d’avoir insufflé un nouvel idéal aux Nations Unies et de vouloir en faire une réalité pour le monde entier, que ce soit pour les vaccins, pour la protection sociale ou pour la lutte contre les inégalités.  Il faut aussi une révolution de l’énergie, une réduction des émissions de CO2 et une transition juste, ce qui signifie aussi qu’il importe de refondre le système financier international, tel que préconisé par le rapport du Secrétaire général sur « Notre Programme commun », a-t-elle ajouté, se disant convaincue que ce forum a permis de s’en rapprocher.  Pour le sommet sur les ODD de l’an prochain, il faudra changer la donne et avancer dans un esprit de partenariat, a conclu la Vice-Secrétaire générale. 

En clôture de l’édition 2022 du forum politique de haut niveau sur le développement durable, qu’il a qualifiée de « grand succès », M. COLLEEN KELAPILE, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), s’est notamment félicité du fait que 44 pays aient présenté leur examen national volontaire au plus haut niveau de représentation.  Il a déclaré retenir de ce forum politique les messages d’urgence et d’ambition qui y ont été lancés pour inverser les effets négatifs de la COVID-19 sur les ODD; transformer les systèmes socioéconomiques et financiers; aborder les retombées de la guerre en Ukraine sur la sécurité alimentaire, l’énergie, la finance et l’économie; et lutter contre les changements climatiques, la pollution et la perte de biodiversité.  Ce sont des défis de taille, mais nous connaissons les solutions, a-t-il argué, appelant la communauté internationale à agir dans la solidarité, « en tant que famille mondiale ».  Il s’est réjoui à cet égard que la Déclaration ministérielle, adoptée par consensus, ne laisse aucun doute sur l’engagement inébranlable à réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

« Je suis pleinement convaincu que nous pouvons le faire, si nous prenons une action transformatrice immédiate et mettons en place des politiques et des programmes tenant compte des risques », a souligné M. Kelapile.  Il a estimé que les défis complexes qui menacent les ODD offrent aussi l’opportunité de mener une action multilatérale renouvelée et de rechercher des solutions innovantes, avec pour feuille de route le Programme 2030.  Il a également rappelé que, sans une couverture de santé universelle, appuyée par des systèmes de santé appropriés, il ne peut y avoir de développement durable.  Selon lui, la lutte contre la pandémie nécessite une réponse complète, construite autour d’une Organisation mondiale de la Santé (OMS) plus forte.  Il a ensuite jugé que des fonds publics et privés accrus sont nécessaires pour combler le déficit de financement des ODD.  Pour cela, il est urgent de réformer la finance internationale ainsi que l’architecture de la dette et de la fiscalité.  Il convient aussi d’investir dans l’éducation pour favoriser l’inclusion sociale et le développement économique, a-t-il soutenu, relevant que le Sommet sur la transformation de l’éducation, en septembre, abordera plusieurs obstacles qui entravent la réalisation des ODD.   

Il importe par ailleurs de progresser vers l’égalité des sexes, tout en traitant de manière plus globale les besoins des femmes et des filles, a poursuivi M. Kelapile.  Cela implique, selon lui, d’éradiquer la violence à l’égard des femmes et de prévoir une budgétisation nationale sensible au genre.  Impliquer les autorités locales est également essentiel pour réviser de manière inclusive le Programme 2030, de sorte que les gouvernements nationaux et locaux travaillent ensemble.  De même, il faut garantir l’équité vaccinale et permettre la production de vaccins dans les pays en développement, a-t-il plaidé, non sans rappeler que seulement 19% de la population de l’Afrique est entièrement vaccinée, ce qui est bien en-deçà des 70% recommandés par l’OMS.  Il a aussi appelé à redoubler d’efforts pour aider les pays les moins avancés (PMA) à atteindre la sécurité alimentaire, procéder à une transformation numérique et renforcer leurs capacités productives.  Un effort doit aussi être fait pour les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID), a-t-il ajouté, se disant encouragé, à ce propos, par les progrès accomplis par le Groupe de haut niveau mis en place pour élaborer un indice de vulnérabilité multidimensionnel.  « J’ai bon espoir que cet indice contribuera à une allocation plus juste et plus efficace des ressources financières », a indiqué le Président de l’ECOSOC, pour qui il convient de mieux comprendre les défis spécifiques auxquels sont confrontés les pays à revenu intermédiaire. 

Évoquant ensuite les craintes relatives à la réalisation de l’ODD 14, M. Kelapile s’est réjoui que la récente Conférence des Nations Unies sur les océans ait apporté de nouvelles idées.  On peut mieux faire si l’action océanique est guidée par les sciences et appuyée par des investissements dans la recherche, avec une participation accrue des communautés dans l’élaboration des politiques et la collecte de données.  De même, un programme synergique est nécessaire pour lutter efficacement contre la déforestation mondiale, la dégradation des terres, la perte de biodiversité, l’éradication de la pauvreté, l’insécurité alimentaire et les changements climatiques, à travers une approche « pansociétale », a-t-il affirmé.  Le Président de l’ECOSOC s’est dit convaincu que ce forum politique de haut niveau a lancé les préparatifs du sommet sur les ODD de 2023, qui se tiendra à mi-parcours de la mise en œuvre du Programme 2030.  « Nous devons donc consacrer toute notre attention et notre énergie pour assurer son succès, afin qu’il marque un point d’inflexion vers la progression des ODD », a-t-il déclaré, avant de conclure sur un hommage appuyé au Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Liu Zhenmin, qui quittera l’ONU à la fin du mois.  « Il a été un pilier solide pour ma présidence et nous a apporté, à moi et aux États Membres, son plein soutien tout au long de son mandat », a-t-il salué en le remerciant pour ses conseils avisés et son attachement aux valeurs de de la Charte de l’ONU.     

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: le forum politique de haut niveau entend les messages des régions et réfléchit aux moyens de faire face aux crises en vue d’accélérer la réalisation des ODD

Session de 2022, Forum politique de haut niveau
13e séance – matin
ECOSOC/7099

ECOSOC: le forum politique de haut niveau entend les messages des régions et réfléchit aux moyens de faire face aux crises en vue d’accélérer la réalisation des ODD

Le forum politique de haut niveau, organisé sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC), a entendu aujourd’hui les messages des régions et de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement, avant de tenir une table ronde ministérielle sur les moyens de surmonter les crises actuelles.  Onze pays ont présenté leur examen national volontaire.

Cette longue séance de travail a débuté dans la matinée avec la présentation des rapports d’activité des présidents des forums régionaux sur le développement durable.  La Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Europe (CEE), également Coordonnatrice des cinq Commissions régionales des Nations Unies, a relevé qu’au-delà des crises multiples, les problèmes structurels à plus long terme ne disparaissent pas, qu’il s’agisse de la pauvreté, des inégalités, des changements climatiques ou de la perte de la biodiversité.  Les régions, a fait valoir Mme Olga Algayerova, représentent une part importante de la solution. 

Les cinq forums régionaux des Nations Unies sur le développement durable permettent ainsi aux gouvernements, aux partenaires régionaux du système onusien et aux autres parties prenantes de discuter des politiques innovantes s’agissant de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), a-t-elle expliqué, cédant ensuite la parole aux présidents des forums d’Asie-Pacifique, d’Europe, d’Amérique latine et des Caraïbes, d’Afrique et de la région arabe. 

La responsable du forum Asie-Pacifique sur les femmes, le droit et le développement a confirmé que le monde n’est pas en bonne voie pour atteindre les ODD d’ici à 2030, la pandémie ayant mis au jour des problèmes systémiques qui se traduisent par une régression dans plusieurs régions.  Au rythme actuel, la région d’Asie-Pacifique ne pourra réaliser les ODD avant 2065, a averti Mme April Porteria, appelant de ses vœux la multiplication des espaces de mobilisation des ressources financières, une plus grande participation du public et des approches fondées sur l’inclusivité, la justice et la solidarité, pour ne laisser personne de côté. 

Le dialogue interactif qui a suivi a offert aux secrétaires exécutifs des cinq Commissions économiques régionales des Nations Unies l’occasion d’apporter leur éclairage.  Celui de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) s’est ainsi félicité de ce que, malgré l’accumulation de crises, un grand nombre d’États investissent dans les réformes socioéconomiques, la connectivité, l’atténuation des changements climatiques et la transition à l’énergie verte.  Sans marge de manœuvre budgétaire, les pays en développement n’iront pas loin en matière d’ODD, a toutefois averti son homologue de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), pour qui il est primordial d’aider ces pays à garantir leur sécurité alimentaire, leur transition énergétique et leur adaptation climatique. 

La Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO) a rappelé que sa région fait face à une crise de la dette, de l’inflation et des inégalités.  Elle a également souhaité que la communauté internationale assume ses responsabilités en matière d’assistance climatique, sa région étant l’une des plus touchées par le réchauffement de la planète alors qu’elle n’émet que très peu de dioxyde de carbone.  Il faut créer un marché du carbone dans les 16 pays du bassin du Congo, a renchéri la représentante de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), arguant que les pays qui émettent le plus de CO2 ne contribuent pas assez aux efforts d’adaptation et d’atténuation.  Nous n’arriverons pas au ODD si nous ne parvenons pas à concilier croissance économique et protection de l’environnement, a soutenu la Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Europe (CEE), qui a invité les États à créer des synergies pour hâter le pas. 

Le forum politique a ensuite pris connaissance des recommandations de la sixième session de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement, présentées par sa Présidente, Mme Leila Benali, Ministre de la transition énergétique et du développement durable du Maroc.  Le forum a aussi entendu 11 pays présenter leur examen national volontaire, à savoir l’Érythrée, le Gabon, la Grenade, les Pays-Bas, Andorre, la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie, la Jordanie, le Kazakhstan, le Sénégal et le Soudan. 

La séance s’est achevée en fin d’après-midi par une table ronde ministérielle intitulée « Accélérer la réalisation des ODD d’ici à 2030: faire face aux crises en cours et surmonter les défis ». 

Le forum politique de haut niveau poursuivra ses travaux demain, vendredi 15 juillet, à partir de 9 heures.  Il devrait les conclure par l’adoption d’une déclaration ministérielle.

RÉUNION MINISTÉRIELLE DU FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE ORGANISÉ SOUS LES AUSPICES DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL 

Messages des régions

Le forum politique de haut niveau a entendu les rapports d’activité des présidents ministériels des forums régionaux sur le développement durable, avant de procéder à une discussion interactive avec les secrétaires exécutifs des cinq commissions régionales des Nations Unies. 

En ouverture de cette séance, Mme OLGA ALGAYEROVA, Secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe et Coordonnatrice des Commissions régionales, a noté qu’au-delà des crises multiples que connaît le monde, de la pandémie de COVID-19 à la guerre en Ukraine, les défis structurels à plus long terme ne disparaissent pas, qu’il s’agisse de la pauvreté, des inégalités, des changements climatiques ou de la perte de biodiversité.  Tout cela a laissé une brèche dans notre trajectoire pour atteindre les ODD, a-t-elle constaté, estimant que les régions représentent une part importante de la solution pour relever les défis immédiats et à plus long terme, au travers d’efforts déployés aux niveaux local, national, sous-régional et mondial.  Nos cinq forums régionaux sur le développement durable sont des plateformes essentielles pour les gouvernements, les partenaires régionaux du système des Nations Unies et les autres parties prenantes pour identifier les goulots d’étranglement et discuter des politiques innovantes en matière d’ODD, a-telle fait valoir, avant de céder la parole aux présidents ministériels des forums régionaux sur le développement durable. 

Au nom du forum de l’Asie-Pacifique, M. DON PRAMUDWINAI, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande, s’est félicité que plusieurs instances intergouvernementales et composantes des Nations Unies aient participé au neuvième forum organisé en mars à Bangkok.  Les délibérations, a-t-il dit, ont montré que les pays de la région, soutenus par la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), participent à un effort concerté pour reconstruire en mieux et transformer les défis en occasions à saisir.  Elles ont également fait apparaître que les pays en développement ont besoin de plus de soutien pour se remettre en bonne voie vers les ODD.  Le forum a par ailleurs réaffirmé l’importance de la protection sociale, de l’éducation de qualité, de l’égalité des genres, de l’atténuation des changements climatiques et des investissements dans l’économie bleue et verte.  Le Vice-Premier Ministre a insisté sur l’importance des partenariats, indiquant que le forum a particulièrement salué celui entre le Bureau Asie et Pacifique (APAC) et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  Selon lui, des outils régionaux comme le Centre de l’ASEAN pour le développement durable sont utiles pour soutenir la mise en œuvre du Programme 2030 au niveau régional.  Enfin, il a souhaité que l’expertise des Commissions régionales, à commencer par la CESAP, soit davantage prise en compte par l’ECOSOC pour développer des approches régionales en faveur des ODD. 

Pour l’Europe centrale et orientale, M. EDIL BAISALOV, Vice-Président du Conseil des ministres du Kirghizistan, a indiqué que les gouvernements de la région ont réaffirmé leur attachement au Programme 2030 lors du forum régional qui s’est tenu à Genève en avril.  Les participants ont souligné qu’il ne peut y avoir de développement durable sans paix, et pas de paix sans développement durable, a-t-il souligné, avant de plaider pour une accélération dans la mise en œuvre des ODD.  Cela implique, selon lui, des approches systématiques et des réponses politiques intégrées, car les problèmes ne peuvent être résolus isolément.  Les initiatives de relance à court et moyen terme doivent être alignées avec des objectifs de développement durable à long terme, a-t-il souligné, appelant à l’établissement de synergies à tous les niveaux et à un renforcement du système multilatéral, conditions sine qua non pour espérer atteindre les ODD. 

Président de la cinquième session du forum de l’Amérique latine et des Caraïbes organisée en mars dans son pays, M. ARNOLDO ANDRE TINOCO, Ministre des affaires étrangères et du culte du Costa Rica, a précisé que 33 pays ont participé à cette session, qui s’est concentrée sur l’aide aux plus vulnérables.  Parmi les propositions qui ont émané de ce forum, il a cité le renforcement du multilatéralisme en matière de financement du développement, l’amélioration des mesures environnementales, l’accroissement de la résilience des institutions et la recherche de nouveaux moyens de règlement des conflits.  Il a noté que son pays a mis l’accent sur la nécessité de promouvoir des programmes de financement novateurs et de développer la coopération internationale pour le développement.  Rappelant que la crise liée à la pandémie a entraîné une chute de 6,8% du PIB régional, il a plaidé pour une révision des conditions d’accès aux financements, notamment pour les pays à revenu intermédiaire.

Au nom de la région Afrique, M. UZZIEL NDAGIJIMANA, Ministre des finances et de la planification économique du Rwanda, a évoqué les tendances qui ont émergé du forum régional qui s’est tenu en mars à Kigali.  Il a notamment cité la pénurie de vaccins contre la COVID-19, qui freine la mise en œuvre du Programme 2030 et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, l’importance de la lutte contre les flux financiers illicites, estimé à 88 milliards de dollars par an, l’inégalité climatique pour un continent qui a une faible empreinte carbone et la nécessité d’investir dans l’éducation, la science, la technologie et l’innovation.  En vue du relèvement post-pandémie, a-t-il dit, le forum a appelé la communauté internationale à accroître la disponibilité des vaccins dans la région.  Il a également souhaité que les pays africains mettent en œuvre des politiques budgétaires qui soutiennent l’économie verte et l’action climatique.  Enfin, après avoir invité les parties au Pacte climatique de Glasgow à établir un prix du carbone raisonnable, aligné sur l’Accord de Paris, pour permettre aux pays africains de tenir leurs engagements climatiques tout en accélérant la réalisation des ODD, il a rappelé aux pays développés l’engagement qu’ils ont pris de verser 100 milliards de dollars chaque année pour permettre aux pays en développement de répondre adéquatement aux effets des changements climatiques. 

Président de la huitième session du forum de la région arabe, qui s’est tenue en mars dernier, M. NASSER SHRAIDEH, Ministre de la planification et de la coopération internationale de la Jordanie, a indiqué que les échanges ont essentiellement porté sur les retombées de la pandémie, notamment les problèmes sanitaires, le chômage des jeunes et l’aggravation des inégalités.  Il a aussi été question des effets des changements climatiques, de l’insécurité alimentaire, des déplacements de population et de la migration forcée.  Les participants, a-t-il dit, ont réfléchi aux moyens d’atteindre les ODD en soutenant la croissance économique et en créant des emplois, afin de parvenir à la justice économique et sociale et à la durabilité environnementale.  Ils sont tombés d’accord sur le fait que le relèvement doit être durable et équitable, ce qui implique des mesures pratiques, notamment en matière d’accès à une éducation de qualité et aux compétences numériques.  Le forum s’est également prononcé pour une réforme des systèmes d’enseignement, avec une mise à jour des cursus, et pour une plus grande participation des femmes à la vie publique.  Il a par ailleurs appelé à garantir la pêche durable, à protéger la biodiversité marine, à mieux évaluer les défis terrestres frontaliers comme les tempêtes de sable et à adopter des budgets fondés sur les ODD. 

Réagissant à ces présentations au nom des grands groupes et autres parties prenantes, Mme APRIL PORTERIA, responsable du Asia Pacific Forum on Women, Law and Development, a confirmé que le monde n’est pas en bonne voie pour atteindre les ODD d’ici à 2030, la pandémie ayant mis au jour des défis systémiques qui se traduisent par des régressions dans plusieurs régions, en particulier dans la sienne, en Asie-Pacifique.  Au rythme actuel, ma région ne pourra réaliser les ODD avant 2065, a-t-elle affirmé, en s’appuyant sur les estimations de la CESAP.  Il faut donc lever les obstacles dus à de mauvaises pratiques et s’appuyer sur le processus des examens nationaux volontaires en le faisant descendre au niveau local, a-t-elle préconisé, avant d’appeler de ses vœux une multiplication des espaces de mobilisation des ressources financières et une plus grande participation du public, dans le cadre d’approches fondées sur l’inclusivité, la justice et la solidarité, afin que nul ne soit laissé de côté.

La parole a ensuite été donnée aux délégations, en commençant par l’Iraq qui a appelé à une coopération accrue pour le relèvement et à des transferts de technologie aux pays en développement pour leur permettre de produire des vaccins.  Le Maroc a appuyé cette position, tout en souhaitant que des efforts soient faits pour alléger le fardeau de la dette des pays vulnérables afin de les aider à progresser vers les ODD. 

La France, représentée par un membre du réseau Cités unies France, a demandé que les autorités locales à la tête de territoires soient désormais considérées comme des alliées des gouvernements nationaux pour mener à bien des projets de coopération.  Par la voix de son congrès des autorités locales, le Conseil de l’Europe a lui aussi appelé à mieux intégrer les expériences pratiques des responsables locaux dans l’élaboration des politiques nationales. 

Le Liban s’est dit convaincu que la coopération régionale est essentielle pour répondre aux risques transfrontaliers.  À cet égard, il a appelé la communauté internationale à alléger les conséquences des déplacements forcés sur la base du principe de responsabilité partagée.  La République dominicaine a, elle, réclamé davantage de ressources budgétaires pour rester sur la voie des ODD, un avis partagé par l’Égypte qui a plaidé pour une modification des structures de financement et la promotion de mécanismes mixtes et durables pour atteindre les ODD, en particulier l’ODD 2 « faim zéro ». 

La Chine a pour sa part évoqué sa coopération avec des organisations régionales, à commencer par l’ASEAN, afin de mettre en place des partenariats constructifs visant à ce que personne ne soit laissé pour compte.  Elle a également souligné son implication en faveur de l’Afrique, indiquant avoir fourni à ce continent une aide dépassant les 10 milliards de dollars ainsi qu’un milliard de doses de vaccin contre la COVID-19.  Plus centré sur sa région, le Guatemala a salué le rôle joué par la CEPALC pour favoriser la coopération régionale et la réalisation du Programme 2030. 

Sur une note plus sombre, l’Ukraine a annoncé que des missiles russes ont touché le centre de la ville de Vinnytsia, faisant des morts et des blessés.  La délégation a également accusé la Fédération de Russie d’accroître l’insécurité alimentaire en empêchant l’exportation des céréales ukrainiennes dont dépendent des millions de personnes dans le monde.  Elle a déclaré que l’Ukraine fait de son mieux pour acheminer ces livraisons par voies ferrée et fluviale, faute de pouvoir le faire par la mer Noire.  La communauté internationale doit faire preuve d’unité et exercer des pressions sur Moscou pour qu’il cesse sa guerre, a-t-elle lancé, ce à quoi la Fédération de Russie a répondu que l’Ukraine semble oublier ses huit années de bombardements sur la population du Donbass.  Affirmant que l’armée russe ne frappe que des cibles militaires dans le cadre de son « opération », elle a également souhaité que les discussions restent centrées sur les ODD.  De son côté, le Bélarus a regretté que la Fédération de Russie ne puisse plus participer aux travaux de la Commission économique pour l’Europe, alors qu’elle en est un des principaux bailleurs de fonds.  Il a appelé chacun à coopérer et à ne plus recourir à des mesures unilatérales qui freinent l’avancée des ODD. 

Le grand groupe des parties prenantes LGBTI a mis l’accent sur le sort des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres en Asie centrale, où la pandémie de COVID-19 accroît leur marginalisation.  Outre la discrimination, la violence et l’exclusion, ces personnes ont des difficultés d’accès aux papiers d’identité et sont victimes d’atteintes à leurs droits, notamment au droit à la santé sexuelle et reproductive, et de stérilisation forcée, a-t-il alerté. 

Les secrétaires exécutifs des Commissions régionales des Nations Unies ont ensuite été invités à donner leur avis.  Mme ARMIDA SALSIAH ALISJAHBANA, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a constaté que, partout, les ODD ont du mal à progresser et que la vulnérabilité des populations tend à s’aggraver sous le coup des crises.  La seule bonne nouvelle, a-t-elle dit, est que les États Membres ne restent pas inertes et s’évertuent à aller de l’avant, en particulier pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.  Elle a également salué le fait que les États investissent dans les réformes socioéconomiques, la connectivité durable, l’atténuation des changements climatiques et la transition énergétique verte. 

Mme ROLA DASHTI, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie occidentale (CESAO), a, quant à elle, rappelé que sa région fait face aux crises de l’endettement, de l’inflation et des inégalités, lesquelles constituent selon elle une « bombe à retardement » car 10% de la population possède l’essentiel des biens, aux dépens des systèmes de protection sociale.  Elle a également signalé que sa région est l’une des plus touchées par les effets des changements climatiques alors qu’elle émet peu de dioxyde de carbone.  La communauté internationale doit assumer ses responsabilités en matière d’assistance, a-t-elle estimé. 

Sans marge de manœuvre budgétaire pour les pays en développement, nous n’irons pas loin en matière d’ODD, a averti M. MARIO CIMOLI, Secrétaire exécutif par intérim de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), pour qui il est primordial d’aider ces pays à garantir leur sécurité alimentaire et à maîtriser leurs prix, tout en favorisant leur transition énergétique et leur adaptation aux changements climatiques.  Les économies en développement sont confrontées à une crise historique, a-t-il insisté.  « Si on ne prend pas en compte leur situation, les ODD resteront de belles promesses », a-t-il averti.

Mme MAMA KEITA, qui s’exprimait au nom de Mme VERA SONGWE, Secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, a plaidé pour la création d’un marché du carbone dans les 16 pays du bassin du Congo, au motif que les pays qui émettent le plus de CO2 ne contribuent pas suffisamment aux efforts de lutte contre les changements climatiques.  Il faut donc des solutions novatrices pour faciliter l’accès à des financements publics et privés dans la lutte contre les émissions, a-t-elle souligné, souhaitant à cet égard que l’Afrique centrale devienne un « pôle de solutions énergétiques et environnementales ». 

Concluant cette discussion, Mme OLGA ALGAYEROVA, Secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe et Coordonnatrice des Commissions régionales, a souhaité que les États Membres accélèrent le rythme pour les ODD en essayant de cerner les principaux obstacles à leur mise en œuvre et en créant des synergies.  Malgré le marasme actuel, elle a signalé quelques rares avancées, notamment dans le domaine de l’éducation.  Elle a toutefois reconnu que les inégalités continuent de se creuser, à commencer par celle entre les femmes et les hommes, et que les écosystèmes sont en danger.  De fait, a-t-elle prévenu, nous n’arriverons pas au ODD si nous ne parvenons pas à concilier croissance économique et protection de l’environnement. 

Cette table ronde avait pour modératrice Mme ROSA MALANGO, Directrice du Bureau des Commissions régionales à New York

Message de la Présidente de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement  

Mme LEILA BENALI, Ministre de la transition énergétique et du développement durable du Maroc, a présenté les recommandations de la sixième session de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement, qu’elle a présidée.  Elle a rappelé que cette assemblée contribue à l’intégration de la dimension environnementale dans la mise en œuvre du Programme 2030 et dans les efforts de relèvement économique et post-COVID.  Elle a recommandé avant tout de reconstruire en mieux, à l’échelle et au rythme nécessaires, et de sorte à ne laisser personne de côté.  Il faut, dans ce cadre, des transformations fondamentales menant au développement durable et permettant de passer à l’action pour lutter contre les changements climatiques, les pertes en biodiversité ainsi que la pollution et le gaspillage, a-t-elle plaidé.  Mme Benali a expliqué la nécessité pour cela d’adopter des politiques ayant des effets multiplicateurs et de faire progresser la réalisation des ODD.  Elle a cité notamment la nécessité de promouvoir des changements transformateurs et systémiques, de renforcer l’utilisation de la science pour faciliter des changements d’attitude (consommation et production), de promouvoir des approches basées sur les écosystèmes et des solutions basées sur la nature.  Elle a aussi prôné des infrastructures durables et résilientes, l’économie circulaire, la lutte contre la pollution plastique, une meilleure gouvernance environnementale, entre autres.

Table ronde ministérielle sur le thème « Accélérer la réalisation des ODD d’ici à 2030: faire face aux crises en cours et relever les défis »

Les crises mondiales multiples et interdépendantes comme la pandémie de COVID-19, l’urgence climatique et l’impact des conflits en Ukraine et ailleurs, mettent en péril les chances de réaliser les objectifs de développement durable (ODD) d’ici à 2030, a fait remarquer d’emblée le Modérateur de la table ronde ministérielle.  Ces crises ont contribué à l’émergence de nouveaux problèmes liés à l’insécurité alimentaire, à la dette, à l’inflation, aux perturbations dans les chaînes d’approvisionnement et à l’envolée des prix de l’énergie, causant une instabilité sociale, économique et environnementale, a-t-il poursuivi dans son intervention liminaire.

Alors que ces crises réduisent à néant des années, voire des décennies, de progrès en matière de développement durable, les nouveaux problèmes, dont beaucoup étaient imprévisibles, il y a seulement un an, ralentissent les efforts pour reconstruire en mieux, se sont alarmés plusieurs intervenants.

Face à ces temps troubles qui provoquent une érosion de la résilience, comme l’ont relevé, entre autres, le Ministre d’État du Bangladesh, nous devons nous mettre au travail, a aussi pressé la Ministre des finances de l’Éthiopie, car le seul moyen de relever ces défis passe, ont dit plusieurs délégations, par un effort collectif pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  Il faut, a conseillé la Ministre du plan et du développement économique de l’Égypte, s’approprier ces objectifs.  Elle a d’ailleurs parlé de la nouvelle initiative nationale pour une vie décente dans les économies rurales, dotée d’un budget de 50 millions de dollars. 

De fait, a acquiescé le Vice-Ministre des affaires multilatérales du Venezuela, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 doit être notre feuille de route pour des sociétés plus justes et plus inclusives.  Le Mozambique, qui entrera au Conseil de sécurité en 2023, a insisté sur son ferme engagement en faveur du développement durable.  À ce stade, a souligné le Vice-Premier Ministre et Ministre du plan de l’Iraq, l’objectif national est de préserver les acquis de la lutte contre Daech et de la reconstruction.  Le Ministre des finances et de la planification économique du Soudan n’a pas dit autre chose à propos des efforts nationaux déployés depuis 2019. 

Que faut-il faire pour que les plans contre les crises intègrent au mieux la lutte contre les inégalités, l’action climatique, la protection de l’environnement et la promotion des modes de consommation et de production durables? se sont interrogés les petits États insulaire en développement, comme Kiribati qui a dit craindre pour le Programme à l’horizon 2030. 

Il faut avancer avec un front uni, a préconisé le Ministre de l’écologie et de l’environnement de la Chine, fervent partisan des partenariats internationaux.  Avant même la crise de la COVID-19, a rappelé le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, nous savions que la réalisation des objectifs du développement durable pouvait nous échapper si nous ne nous attaquions pas aux causes sous-jacentes de l’instabilité des prix.  Les erreurs qu’ont faites les grandes puissances occidentales dans leurs politiques macroéconomiques des produits alimentaires et énergétiques avaient causé l’instabilité des marchés mondiaux des matières premières, bien avant l’opération militaire russe en Ukraine.  Pointer un doigt accusateur sur les autres et se lancer dans une spirale de sanctions unilatérales ne peuvent que causer l’inflation. 

Plusieurs intervenants ont partagé leurs expériences post-COVID-19, à l’instar du Maroc qui a dit avoir adopté une stratégie de relance pour redéfinir les priorités et remettre le citoyen au centre du système, a précisé la Ministre de l’énergie, de la transition énergétique et du développement durable.  Quelles mesures faut-il pour aider les pays en développement, y compris les pays en situation particulière et les pays à revenu intermédiaire, à faire face aux crises et aux défis émergents?  La Secrétaire d’État à la coopération internationale de l’Espagne, a fait part du plein engagement de son pays à canaliser volontairement 20% de ses droits de tirage spéciaux au Fonds monétaire international (FMI).  Le Ministre du plan, du développement et des initiatives spéciales du Pakistan a exhorté la communauté internationale à tenir ses promesses, y compris celles liées à la lutte contre les changements climatiques.  Il faut être solidaire, a renchéri la Ministre de l’environnement, de l’énergie et des entreprises de Malte, membre élu du Conseil de sécurité.  Elle a appelé tous les États à s’unir et à élargir l’accès aux technologies les plus innovantes qui peuvent contribuer à la recherche de solutions adaptées à chaque réalité.

 La question des réfugiés s’est également invitée à la table ronde, à travers l’intervention du Directeur général de la mobilisation des ressources au Ministère de l’économie, du plan et de la coopération internationale du Tchad, classé quatrième parmi les pays d’accueil.  La Ministre fédérale chargée des affaires de l’Union européenne de l’Allemagne a rappelé l’aide de son pays aux réfugiés d’Ukraine.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité examine la situation en Colombie marquée par des succès démocratiques malgré la persistance d’entraves au processus de paix

9094e séance - matin
CS/14970

Le Conseil de sécurité examine la situation en Colombie marquée par des succès démocratiques malgré la persistance d’entraves au processus de paix

Le Conseil de sécurité a examiné, ce matin, la situation en Colombie en s’appuyant sur un rapport trimestriel du Secrétaire général couvrant la tenue, les 29 mai et 19 juin, d’élections présidentielles pour la deuxième fois depuis la signature de l’Accord de paix.  Tout en soulignant l’exemple que constitue le processus de paix colombien, plusieurs délégations ont appelé à être conscients des entraves qui subsistent dont les violences persistantes dans les régions où la présence de l’État est insuffisante et les carences de la réintégration des anciens combattants.   

Saluant l’élection à la présidence de M. Gustavo Petro qui prêtera serment le 7 août après l’installation du nouveau Congrès le 20 juillet, le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie a dit que l’Accord de paix a permis de consolider la démocratie colombienne qui compte désormais près de 30% de femmes parmi les députés.   

Néanmoins, M. Carlos Ruiz Massieu s’est dit conscient des obstacles qui perdurent, dont la persistance de la violence dans de nombreux départements.  Notant que la Mission a enregistré le meurtre de 331 anciens combattants depuis la signature de l'Accord en 2016, le Représentant spécial a rappelé que l'une des priorités de tout accord de paix doit être de protéger la vie de ceux qui ont déposé les armes de bonne foi.  Enfin, il a salué les avancées en matière de justice de transition en citant la conclusion des travaux de la Commission Vérité, coexistence et non-répétition, les premières audiences de reconnaissance de responsabilité organisées par la Juridiction spéciale pour la paix ainsi que le travail de l’Unité de recherche des personnes portées disparues.   

« Je veux vous envoyer un message de douleur mais aussi d’espoir », a scandé, de son côté, M. Francisco José de Roux Rengifo, Président de la Commission Vérité, coexistence et non-répétition qui a publié le 28 juin un rapport final qui s’appuie sur le témoignage de près de 30 000 personnes.  Rappelant que le conflit colombien a fait 450 000 morts entre 1985 et 2018, dont 80% étaient des civils, le Président de la Commission Vérité s’est notamment inscrit en faux contre l’affirmation selon laquelle la guerre a été exacerbée par le trafic de stupéfiants appelant à mieux comprendre le lien entre trafic de drogue et corruption. 

Tout en estimant que les progrès du processus de paix, notamment ceux liés à la justice de transition, sont synonymes de renaissance pour les femmes et les familles victimes du conflit, Mme Jineth Casso Piamba, jeune défenseuse autochtone des droits humains, et dirigeante communautaire de la réserve de San Lorenzo de Caldono, a déploré l’assassinat de 42 jeunes militants sociaux ces dernières années et l’enlèvement par des groupes illégaux inconnus de 82 autres jeunes âgés de 12 à 22 ans.  Dans ce contexte, elle a exhorté le Gouvernement colombien à créer des conditions propices à une vie digne grâce à l’application totale de l’Accord de paix.  

En écho à cette requête, la France a jugé insuffisantes les garanties de sécurité avant de noter que la poursuite des violences en Colombie –dont des assassinats d’ex-combattants, de défenseurs des droits humains et de dirigeants sociaux- menace l’Accord de paix.  À l’instar de la plupart de délégations, la délégation française a estimé que la fin de ces violences passe par un renforcement de la présence de l’État dans les zones historiquement négligées par l’Accord et la pleine mise en œuvre des recommandations du Secrétaire général visant à mettre fin aux recrutements, utilisations et enlèvements d’enfants par des groupes armés.  Le Royaume-Uni a de son côté encouragé l'accélération de la réforme rurale pour soutenir la transformation des régions touchées par les conflits.

Après avoir souligné que 500 000 hectares de terres ont été distribuées sur les trois millions prévus par l’Accord de paix et mentionné une croissance économique record de 10,4% en 2021, la Vice-Présidente et Ministre des affaires étrangères de la Colombie a espéré que le nouveau Gouvernement continuera de créer des emplois et d’augmenter les ressources budgétaires afin d’accélérer la mise en œuvre de l’Accord de paix et éviter toute régression.  

Regrettant que des anciens combattants continuent de se livrer au trafic de stupéfiants, Mme Marta Lucía Ramírez a également exhorté la communauté internationale à soutenir la lutte de la Colombie contre ce fléau, tout en reconnaissant que des progrès doivent être réalisés en matière de réintégration.  « Une paix pérenne passe par une vérité totale », a par ailleurs déclaré la Ministre qui a reconnu que la participation des victimes aux processus de vérité est indispensable pour garantir la dignité et la non-répétition.

À l’instar du Kenya, au nom des A3 (Kenya, Ghana et Gabon), plusieurs délégations ont par ailleurs salué l’élection à la vice-présidence de Mme Francia Márquez qui sera la première Afro-colombienne de l’histoire de la Colombie à occuper ce poste.

LETTRES IDENTIQUES DATÉES DU 19 JANVIER 2016, ADRESSÉES AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ET AU PRÉSIDENT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LA REPRÉSENTANTE PERMANENTE DE LA COLOMBIE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2016/53, S/2022/513)

Déclarations

M. CARLOS RUIZ MASSIEU, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie, s’est dit heureux de présenter un rapport trimestriel couvrant une période qui a vu la tenue, les 29 mai et 19 juin, d’élections présidentielles pour la deuxième fois depuis la signature, en 2016, de l’Accord de paix.  Il a précisé que M. Gustavo Petro prêtera serment le 7 août après l’installation du nouveau Congrès le 20 juillet, avant de se féliciter que Mme Francia Márquez, qui a été élue Vice-Présidente, sera la première Afro-colombienne de l’histoire du pays à occuper ce poste.  À ses yeux, la tenue de ces élections a démontré que l’Accord de paix final a permis de consolider la démocratie colombienne.  Le Représentant a indiqué avoir rencontré plusieurs des 30% de femmes qui figurent parmi les députés et qui lui ont dit leur détermination de s’assurer de la promotion des dispositions de l’Accord de paix relatifs à la parité entre les genres.  Néanmoins, des obstacles perdurent en matière de consolidation de la paix, dont la violence à l’encontre des communautés et des anciens combattants.

Il s’est notamment dit attristé par le meurtre de quatre anciens combattants au cours du dernier trimestre dont Ronald Rojas, alias Ramiro Durán, qui était devenu un chef du processus de réintégration et un défenseur de la mise en œuvre de l’Accord.  Notant que la Mission a enregistré le meurtre de 331 anciens combattants depuis la signature de l’Accord en 2016, le Représentant spécial a rappelé que l’une des priorités de tout accord de paix doit être de protéger la vie de ceux qui ont déposé les armes de bonne foi. 

Par ailleurs, il a jugé indispensable de mettre en œuvre les recommandations du forum de haut niveau des peuples ethniques.  Particulièrement préoccupé par le détournement présumé de ressources considérables issues de l’exploitation des hydrocarbures qui devaient être allouées à des projets de développement local, le Chef de la mission de l’ONU a exhorté les autorités compétentes à mener les enquêtes nécessaires sur ces actes présumés de corruption. 

Il a salué la publication du rapport final de la Commission Vérité le 28 juin, après des années de recherche et de dialogue approfondi avec quelque 27 000 personnes, ainsi que les premières audiences historiques de vérité et de reconnaissance de responsabilité organisées récemment par la Juridiction spéciale pour la paix.  Il a également évoqué le travail de l’Unité de recherche des personnes portées disparues.  Pour le Représentant spécial la nouvelle administration colombienne aura une formidable opportunité et responsabilité d’accélérer la mise en œuvre de l’Accord de paix.  « Il y a de bonnes raisons d’être optimiste pour la paix, et je crois que l’ONU et la communauté internationale doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour apporter leur soutien » a-t-il conclu. 

M. FRANCISCO JOSÉ DE ROUX RENGIFO, Président de la Commission Vérité, coexistence et non-répétition, brandissant un épais exemplaire de son rapport, a déclaré que l’être humain blessé par la guerre peut bâtir la paix.  Il a indiqué que la Commission a entendu plus de 30 000 témoignages individuels, lus plus de 1 000 rapports.  Il a rappelé que plus de 10 millions de personnes ont été touchées par la guerre qui a fait plus de 450 000 victimes civiles.  La Commission a également entendu plus de 50 000 personnes détenues par la guérilla, a été présente sur le site de 4 000 massacres, marché aux côtés de plusieurs des 8 millions de déplacés.  Il a indiqué que le conflit a fait exploser le racisme en Colombie, dénonçant ensuite que la communauté internationale a fermé les yeux pendant plus de 50 ans.  Mais durant cette période, beaucoup en Colombie n’ont pas cédé à la peur en particulier les femmes qui se sont mobilisées pour faire cesser la guerre. 

La Commission a aussi cherché des réponses aux nombreuses questions sur les causes, le déroulement, les raisons et les implications de cette guerre, a poursuivi le responsable.  Une guerre n’est jamais simple et les acteurs armés agissent dans un environnement complexe entre politique, intérêts, pouvoir et argent.  Il a en outre estimé que dans le cas colombien, il faut changer le système sécuritaire, celui-ci n’étant pas suffisant pour protéger la sécurité humaine.  Il a précisé que la guerre a tué huit civils sur 10 victimes, et que la Commission veut faire de la Colombie un parangon de la réconciliation.  Il s’est inscrit en faux contre l’affirmation selon laquelle la guerre a été exacerbée par le trafic de stupéfiants et demandé que cesse la guerre contre le trafic de drogue.  C’est une erreur de combattre ce trafic par les armes, a indiqué le Président de la Commission qui a appelé à mieux comprendre le lien entre le trafic de drogue et la corruption.  « Nous sommes optimistes grâce à la jeunesse, aux femmes et aux hommes de la société civile, aux peuples autochtones et au secteur privé qui défendent les droits humains », a déclaré M. De Roux Rengifo qui a affirmé que la Colombie s’est engagée sur la voie de la réconciliation et accepte la vérité historique.  Il faut espérer que l’enseignement tiré de ce conflit nous éloignera de la guerre et nous rapprochera du respect de la dignité humaine. 

Mme JINETH CASSO PIAMBA, jeune autochtone Nasa, dirigeante communautaire de la réserve de San Lorenzo de Caldono et défenseuse des droits humains, a déclaré que l’annonce des négociations de l’Accord de paix fut un soulagement et un cri d’espoir.  Elle insuffla un sentiment de renouveau aux femmes et aux familles qui ont vécu le conflit armé, et qui aujourd’hui osent rêver d’aubes pleines de lumière et d’espoir, a dit l’intervenante qui intervenait en vidéoconférence depuis la Colombie.  Elle s’est réjouie de voir la réserve de Caldono vivre de première main la transformation consécutive à la signature de l’Accord, citant le dépôt des armes et le lien avec les anciens combattants et la société civile, au moment de la création des espaces territoriaux de réintégration.  Cette mesure très significative a permis de créer des espaces pour la reconstruction de vies, d’espaces et de lieux qui avaient été mis à mal et abandonnés à cause du conflit armé, et qui, après la signature de l’Accord, ont été revitalisés grâce aux communautés et aux personnes dans le cadre d’un processus de réintégration et de rétablissement de la confiance.  Elle a également évoqué les visites de la communauté internationale dans cette localité, la deuxième la plus touchée par le conflit armé, qui après 40 ans de stigmatisation, d’isolement et d’oubli a pu se relever et rendre visible les grandes richesses et capacités qui s’y trouvent.  

Un élément clef a été, selon elle, la planification stratégique des politiques transversales de la réforme rurale intégrale.  Elle a notamment cité le programme de développement fondé sur une approche territoriale dans le cadre duquel des actions à long terme ont été menées.  Parmi les nombreuses mesures prises dans ces régions, elle a aussi parlé de la santé sexuelle et reproductive, du renforcement de prise en charge des femmes et la garantie de logements dignes pour les femmes et leurs familles, notamment pour celles directement touchées par les conflits armés. 

Malheureusement, a-t-elle déploré, ces dernières années, 42 jeunes ont été assassinés notamment des dirigeants sociaux, et 82 jeunes âgés entre 12 et 22 ans ont été recrutés par des groupes illégaux inconnus sur nos territoires.  Ces jeunes ont été pris dans les différends territoriaux, a-t-elle précisé, soulignant que ces incidents ont semé le trouble dans les familles, et parmi les mères, épouses et sœurs qui vivent au plus près ces incidents.  Elle a ensuite appelé le Gouvernement colombien à créer des conditions propices à une vie digne grâce à l’application de l’Accord de paix.

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a salué la détermination du peuple colombien qui a fait entendre sa voix lors des élections présidentielles tenues les 29 mai et 19 juin 2022.  Elle a pris note de la détermination du nouveau Président, M. Gustavo Petro, de mettre en œuvre les priorités de l’Accord de paix dont la nécessité de garantir la sécurité des communautés vulnérables déplacées par les violences.  Elle a salué la publication, le 28 juin, du rapport final de la Commission Vérité en assurant de la volonté du Royaume-Uni d’appuyer la mise en œuvre de ses recommandations.  En outre, elle a encouragé l’accélération de la réforme rurale pour contribuer à renforcer la confiance en faveur de la paix et l’avancement du développement rural afin de soutenir la transformation des régions touchées par les conflits.

Mme MONA JUUL (Norvège) a salué l’appel du Président élu à l’unité nationale et à la paix.  Elle a promis que les parties colombiennes les souhaitent et si le dialogue avec l’Armée de libération nationale (ELN) se concrétise, la Norvège respectera ses engagements en tant que pays garant.  Elle a pris note du rapport « impressionnant » de la Commission Vérité qui devra jouer un rôle déterminant pour panser les blessures après plus de 50 ans de conflit violent.  Elle a encouragé le nouveau Gouvernement à donner suite aux recommandations de la Commission.  Prenant note des audiences publiques de la Juridiction spéciale pour la paix, la déléguée a salué la façon avec laquelle des ex-commandants de l’ancienne FARC-EP ont assumé leurs responsabilités personnelles, demandé pardon et fourni plus de détails sur les crimes commis.  Elle a aussi félicité les anciens membres de l’armée qui ont reconnu leur responsabilité.

La représentante a rappelé que le Système intégré pour la vérité, la justice, la réparation et la non-répétition est un instrument crucial pour créer la justice après un conflit interne et violent en plaçant les victimes au centre.  C’est le système le plus sophistiqué de ce genre au monde.  Le rapport de la Commission et la manière dont la Juridiction spéciale pour la paix s’acquitte de son mandat témoignent également de la vertu du système, a-t-elle ajouté.  Préoccupée par la situation sécuritaire pour les anciens combattants et les dirigeants locaux qui travaillent à la mise en œuvre de l’Accord de paix, la représentante a exhorté le nouveau Gouvernement à prendre les mesures nécessaires pour améliorer la situation.  Elle a également encouragé la nouvelle administration à accélérer la mise en œuvre des dispositions de l’Accord en ce qui concerne la réforme rurale, la participation politique, les questions ethniques et de genre. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a relevé les nombreux progrès réalisés dans le pays, notant que l’Accord final est une étape décisive dans l’histoire de la Colombie.  Les élections ont démontré qu’il était possible de se mettre d’accord, a-t-il ajouté, notant que c’est la force politique qui a appelé à mettre fin au conflit qui a remporté ce scrutin.  C’est une avancée significative, a-t-il dit.  Le représentant a cependant reconnu qu’il reste beaucoup à faire pour que le Gouvernement remplisse ses objectifs et engagements, pressant à des avancées sur d’autres fronts.  Il a notamment estimé que les participants au processus de paix ne devraient plus être qualifiés d’anciens combattants.  D’ailleurs, a-t-il ajouté, la société colombienne a montré qu’elle était prête à surmonter cette stigmatisation. 

M. DAI BING (Chine) a salué les progrès observés depuis la signature de l’Accord de paix en 2016 et les appels renouvelés à l’unité nationale.  Il a relevé que la persistance de la violence dans certaines régions de la Colombie est un obstacle au processus de paix, pour ensuite saluer la volonté du nouveau Président de poursuivre le dialogue avec l’Armée de libération nationale (ELN) et les autres groupes armés qui n’ont pas encore rejoint le processus de paix.  Il a espéré que la présence de l’État sera renforcée dans les régions les plus enclavées.  Mettant l’accent sur l’interdépendance des différents piliers de l’Accord de paix, le représentant de la Chine a estimé que la réforme rurale, la réintégration des anciens combattants et les cultures de substitution aux cultures illicites nécessitent un engagement durable du Gouvernement.  Il a appelé l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) à appuyer les efforts du Gouvernement colombien avant de conclure que la Colombie demeurait aujourd’hui un exemple en matière de processus de paix post-conflit.

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a salué la tenue d’un scrutin libre qui a débouché sur l’élection d’un nouveau Président et d’une nouvelle Vice-Présidente ainsi que de 85 autres femmes.  Il a félicité les représentants des zones rurales qui vont eux aussi entrer au Parlement.  Il a pris note du démarrage des audiences de la Juridiction spéciale pour la paix, ainsi que des excuses présentées par les acteurs de la guerre.  Les recommandations du rapport de la Commission Vérité devraient aider à la réconciliation, a estimé le délégué qui a exhorté le nouveau Gouvernement et toutes les parties colombiennes à les mettre en œuvre.  Préoccupé par les disparitions forcées et l’insécurité ainsi que les assassinats des défenseurs des droits humains, le représentant a dénoncé le fait que les communautés autochtones sont particulièrement victimes des groupes armés.  Il faut créer des conditions de sécurité dans les zones longtemps négligées et mettre en œuvre toutes les dispositions de l’Accord de paix, en particulier sur le chapitre ethnique.  Le représentant a aussi souligné l’importance des perspectives pour les communautés autochtones.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a salué l’engagement du Président élu à faire progresser la mise en œuvre de l’Accord de paix, à rassembler le pays et à engager un dialogue national avec toutes les forces politiques, les groupes ethniques marginalisés, la société civile et les autres parties prenantes, en mettant l’accent sur la participation pleine, égale et significative des femmes.  Cependant, a-t-il nuancé, de nombreux défis et obstacles subsistent.  En effet, dans diverses régions du pays, les civils continuent de subir de graves exactions de la part des guérilleros de l’Armée de libération nationale (ELN), des dissidents des FARC et des groupes paramilitaires qui leur ont succédé.  Les défenseurs des droits humains, les journalistes, les dirigeants autochtones et afro-colombiens et d’autres militants communautaires font l’objet de menaces de mort et de violences omniprésentes, s’est-il inquiété.  Il a ensuite appelé l’État à établir son autorité et consolider sa présence dans les zones historiquement touchées par le conflit et à protéger les civils.

M. WADID BENAABOU (France) a jugé positif que les élections présidentielles se soient tenues de manière pacifique et sans perturbation majeure avant de noter que cette élection et l’alternance qu’elle a marquée démontrent la maturité et la solidité de la démocratie colombienne.  Il a salué l’engagement pris par le Président élu de la Colombie à mettre en œuvre l’Accord dans son intégralité et s’est félicité de la publication du rapport de la Commission Vérité, un pas essentiel sur le chemin de la réconciliation en plaçant les victimes au cœur du processus et ouvrir la voie aux premières peines réparatrices. 

Le représentant de la France a toutefois jugé que les garanties de sécurité sont insuffisantes avant de noter que la poursuite des violences en Colombie –dont des assassinats d’ex-combattants, de défenseurs des droits humaines et de dirigeants sociaux- menace l’Accord de paix.  Il a estimé que la fin de ces violences passe par un renforcement de la présence de l’État dans les zones historiquement négligées par l’Accord et la pleine mise en œuvre des recommandations du Secrétaire général visant à mettre fin aux recrutements, utilisations et enlèvements d’enfants par des groupes armés.  Il faut offrir des opportunités socioéconomiques viables aux populations qui ont souffert du conflit, a encore insisté le représentant en appelant à des progrès en matière de réforme rurale, d’accès à la terre et d’accès au logement.  Il a ensuite exhorté les autorités colombiennes à poursuivre et accélérer la mise en œuvre intégrale de l’Accord et à y dédier les ressources nécessaires pour enraciner la paix en Colombie. 

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a salué la tenue des élections en juin dernier et souhaité plein succès au nouveau Gouvernement.  Il a demandé à renforcer la mise en œuvre de l’Accord de paix.  Le représentant a pris note du commencement des audiences de la Juridiction spéciale pour la paix et a salué l’application du principe de responsabilité.  Il faut donner la place aux jeunes dans les efforts de paix, a encouragé le délégué préoccupé par la violence persistante qui sape l’application de l’Accord de paix.  Il a demandé à appliquer les garanties de sécurité et les mesures de désarmement et de réconciliation en particulier des enfants touchés par le conflit.  Il a aussi appelé à mettre en place des actions spécifiques sur le genre. 

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a noté « avec satisfaction » les premières audiences historiques de la Juridiction spéciale pour la paix, qui témoignent, selon lui, des progrès significatifs réalisés par le système de justice transitionnelle, inscrit dans l'Accord de Paix.  Il s’est toutefois inquiété des défis qui persistent pour mettre en œuvre ledit accord, citant notamment la sécurité, les réformes agraires, les cultures de substitutions et la réintégration des anciens combattants qui, a-t-il ajouté, sont intrinsèquement lié aux réformes politiques, à la décentralisation et à l’élargissement de l’autorité de l’État.  Le représentant s’est également préoccupé des menaces, meurtres et déplacement qui portent atteinte aux initiatives de réintégration, ainsi que des différends territoriaux entre groupes armés illégaux qui se disputent également des routes de trafics illicites.  Les communautés autochtones et afro-colombiennes continuent de souffrir de la persistance de la violence, a-t-il également déploré.

« La période écoulée à l’examen relève d’une période que l’on peut qualifier d’historique », a déclaré Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) notant que le nouveau Congrès sera installé le 20 juillet et que des nouvelles étapes de justice transitionnelles permettront d’entendre de nouvelles victimes.  Elle a cité en exemple l’audience relative à l’affaire no 01, dans laquelle sept anciens commandants des FARC-EP ont reconnu leur responsabilité, fait acte de contrition et fourni des détails supplémentaires sur les crimes commis, ainsi que l’affaire no 03, qui a vu 10 anciens militaires, dont un ancien général, reconnaître leur responsabilité par écrit en 2021 et déclarer que les victimes n’appartenaient à aucun groupe armé.  Elle a noté qu’à la suite de ces audiences historiques, les premières peines restauratives pourraient être prononcées fin 2022.  Après avoir salué le travail de l’unité de recherche des personnes disparues, la représentante a jugé indispensable d’appuyer la participation des victimes à ces processus pour garantir la dignité et la non-répétition.  Elle a également appelé à des politiques publiques capables de démanteler les groupes armés illégaux.

M. MARTIN KIMANI (Kenya), qui s’exprimait au nom des A3 (Gabon, Ghana et Kenya), a salué le Président élu de son élection qui donnera un coup d’accélérateur à la mise en œuvre de l’Accord de paix, en particulier le chapitre ethnique.  Il a aussi salué l’élection de la Vice-Présidente en tant que première personne d’ascendance africaine à ce poste.  Le processus de paix colombien est une leçon et devrait être étudiée par des pays qui se trouvent dans une situation similaire, a estimé le délégué.  Il a souligné que la réintégration totale des anciens combattants et la réforme rurale sont fondamentales, déplorant la lenteur des progrès quant à l’accès à la terre.  Cette situation risque de saper la mise en œuvre l’Accord de paix, a-t-il prévenu.  Il a aussi touché mot de la question des anciens combattants d’origines autochtone et africaine dans le cadre de la Juridiction spéciale pour la paix qui, a-t-il ajouté, est une pierre angulaire de la guérison pour les victimes.  Le représentant a exhorté le nouveau Gouvernement à appliquer les recommandations du rapport de la Commission Vérité.  Il a dénoncé le lien entre le trafic de drogue et le conflit armé et s’est inquiété de la violence contre les anciens combattants et les peuples autochtones, la recrudescence des violences sexuelles ainsi que de l’intensification des affrontements armés entre les groupes armés.  Il a prié les parties qui ne font pas parti de l’Accord de paix à intégrer le processus de paix, et a encouragé le nouveau Gouvernement à normaliser ses relations avec les pays voisins.   

M. JOSÉ DE JESÚS CISNEROS CHÁVEZ (Mexique) a salué l'engagement du Président élu de Colombie, M. Gustavo Petro, en faveur de l'Accord de paix, ainsi que de son initiative de « paix totale », qui comprend, entre autres, la reprise des négociations avec l'ELN.  Il a estimé que malgré les défis qui subsistent, le pays est aujourd'hui plus pacifique et inclusif qu'auparavant, grâce aux efforts déployés par l’ensemble des Colombiens pour faire face aux douleurs du passé.  Il a reconnu l'engagement des anciens combattants qui continuent à œuvrer pour la paix et s’est félicité de leur intégration progressive dans des projets productifs, dans lesquels participent 74% des femmes anciennes combattantes. 

Il est désormais essentiel de prendre des mesures pour rendre la réintégration des ex-combattants durable, ce qui nécessite une volonté politique forte et un financement prévisible et stable, a-t-il estimé.  Il a jugé inacceptable que les membres des communautés autochtones et afro-colombiennes aient été jusqu'à présent pratiquement exclus de la participation politique, saluant ensuite le fait que pour la première fois, une femme afro-colombienne occupera la vice-présidence du pays.  Il a par ailleurs salué le rapport complet de la Commission Vérité et exhorté les autorités à donner suite à ses recommandations. 

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a salué l’engagement du Président élu à appliquer l’Accord de paix, à garantir la sécurité des ex-combattants et à renforcer les politiques concernant les femmes, ainsi que les populations autochtones et d’ascendance africaine.  Il a souligné l’importance de la continuité de la mise en œuvre de l’Accord de paix par les administrations successives en Colombie.  Le renforcement des politiques sociales dans des domaines historiquement négligés exige du temps et davantage de travail, a ajouté le délégué.  À cet égard, une transition pacifique du pouvoir est essentielle pour accélérer les progrès.  Il s’est dit confiant que la violence politique ne reviendra jamais plus au premier plan en Colombie et que la paix pourra également être instaurée avec des groupes insurgés encore actifs tels que l’Armée de libération nationale.

Mme MARTA LUCÍA RAMÍREZ, Vice-Présidente et Ministre des affaires étrangères de la Colombie, tout en reconnaissant les défis qui persistent, a déclaré que son pays est engagé sur une voie qui devrait le rapprocher d’une société juste, sûre, équitable, développée, solidaire où l’État de droit est respecté.  Elle a espéré que le nouveau Gouvernement continuera à aller de l'avant pour générer des emplois et des ressources budgétaires pour éviter le risque de tout revers.  En attendant, s’est-elle enorgueillie, la Colombie est désormais plus proche de la paix.  Le démantèlement de la plus ancienne guérilla du continent, la remise des armes et la réintégration à la vie civile de la plupart de ses membres est un succès dont les Colombiens ont raison d'être fiers.  À ce stade, aucun obstacle ne devrait être insurmontable pour continuer à avancer vers une paix véritable et complète en Colombie, a-t-elle assuré. 

Poursuivant, elle a indiqué que malgré des circonstances difficiles, l'économie colombienne a connu une des croissances les plus rapides en 2021, avec 10,7%, et qu’elle s’est classée au deuxième rang mondial en termes de croissance au cours des quatre premiers mois de cette année.  C'est aussi l'économie où le chômage a le plus diminué en mai, parmi les 38 pays membres de l'OCDE.  Elle a fait part de la détermination de son pays à surmonter le conflit et vaincre les niveaux élevés de pauvreté et de marginalisation dans les zones où se trouvent des cultures illicites.  Les réalisations dans les 16 régions prioritaires ont permis de développer et d'achever 1 400 travaux d'infrastructure et de concevoir et planifier 3 354 nouveaux projets de logement, de transport, d'énergie, et d'eau potable, pour lesquels les redevances seront allouées à partir des projets d'énergie renouvelable non conventionnelle et d'hydrogène vert.  Elle s’est aussi félicitée du fait que près d'un demi-million d'hectares de terres ont été remis à des familles d'agriculteurs, sur les trois millions mentionnés dans l'Accord.  

Au cours des trois derniers mois, a-t-elle poursuivi, des membres des forces militaires et d'anciens combattants des FARC ont participé à des audiences pour reconnaître leur responsabilité dans les crimes commis pendant le conflit et demander pardon aux victimes.  Selon elle, la Colombie doit à présent continuer d’améliorer qualitativement les conditions de réincorporation des ex-combattants, en renforçant tant le système de justice ordinaire que le système de justice transitionnelle, notamment en matière de recrutement d'enfants et de violence sexuelle dans le conflit armé.  Elle a aussi appelé au soutien de la communauté internationale pour s’attaquer au financement du trafic de drogue par le truchement des paradis fiscaux.  Ce trafic, qui était devenu, il y a plus de 30 ans, la principale raison d’être des FARC et de l’ELN en Colombie, est une source d’instabilité pour le pays, a-t-elle alerté.  Elle a ensuite appelé l’ELN à cesser les enlèvements et recrutements d’enfants.

Se tournant ensuite vers les États membres qui ont relevé une « négligence » sur certains pans du territoire, s’agissant des violences à l’encontre de civils, d’anciens combattants ou d’immigrés africains, elle a estimé de telles affirmations « injustes », car « nous ne pouvons pas être présents partout sur un très grand territoire marqué par une grande diversité géographique ».  Elle a ensuite reconnu l’importance d’améliorer la présence du Gouvernement sur le territoire et d’une véritable coopération internationale. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: le Secrétaire général ouvre le débat de haut niveau en exhortant les États Membres à investir dans les ODD pour sortir des « crises en cascade »

Session de 2022, Forum politique de haut niveau
​​​​​​​ 30e séance plénière – matin
ECOSOC/7098

ECOSOC: le Secrétaire général ouvre le débat de haut niveau en exhortant les États Membres à investir dans les ODD pour sortir des « crises en cascade »

En ouverture, ce matin, du débat de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC), le Secrétaire général n’a pas caché que le monde est « en grande difficulté » et que, par voie de conséquence, les objectifs de développement durable (ODD) le sont aussi.  Pour sortir de ces « crises en cascade » que vient encore aggraver la guerre en Ukraine, il a appelé à mettre fin aux conflits, à lancer une révolution des énergies renouvelables, à construire un nouveau contrat social et à rééquilibrer les ressources financières pour permettre à tous les pays d’investir dans les ODD.  Un appel à l’action appuyé par le Président de l’Assemblée générale, tandis que son homologue de l’ECOSOC se félicitait de la qualité des travaux du forum politique de haut niveau pour le développement durable, qui alimenteront en 2023 le sommet des Nations Unies sur les ODD.

Dans ce « moment de grande incertitude », la mise en œuvre des ODD exigera de dépenser 4 300 milliards de dollars par an, soit « plus d’argent que jamais », a averti le Chef de l’ONU, la raison en étant que la communauté internationale n’a pas été en mesure d’honorer les engagements pris en 2015.  Toutefois, « nous sommes loin d’être impuissants », a-t-il assuré en évoquant quatre domaines d’action immédiats, à commencer par le relèvement de la pandémie.  Outre l’accès équitable aux vaccins, thérapies et tests contre la COVID-19, il a plaidé pour qu’un plus grand nombre de pays soient en mesure de produire ces technologies, ce qui implique que les gouvernements et l’industrie pharmaceutique s’entendent pour partager les licences et fournir des services techniques. 

Face à la crise alimentaire, énergétique et financière, le Secrétaire général a dit travailler à un plan visant à permettre l’exportation sécurisée d’aliments produits en Ukraine par la mer Noire et l’accès sans entrave des aliments et engrais russes aux marchés mondiaux.  Également soucieux des inégalités dans le monde en développement, il a réclamé des ressources pour les pays vulnérables, en demandant aux institutions financières mondiales d’augmenter les limites d’accès aux financements, de réorienter les droits de tirage spéciaux (DTS) inutilisés vers les pays dans le besoin et de relancer l’Initiative de suspension du service de la dette. 

M. Guterres a, d’autre part, appelé à bâtir un nouveau contrat social basé sur la protection sociale universelle et à refondre les systèmes d’aide sociale établis à la suite de la Seconde Guerre mondiale.  Considérant que tout espoir de règlement des problèmes mondiaux commence par l’éducation, il a souhaité que le sommet sur la transformation de l’éducation qu’il convoquera en septembre soit l’occasion pour les dirigeants du monde de renouveler leur engagement envers l’éducation en tant que « bien public mondial ». 

Le Secrétaire général a, enfin, rappelé l’urgence climatique, qui nécessite une réduction d’ici à 2030 des émissions mondiales de CO2 de 45% en dessous des niveaux de 2010.  Il a exhorté les pays à mettre fin à leur dépendance aux carburants fossiles et enjoint les pays développés à respecter leur engagement de verser 100 milliards de dollars de financement pour le climat aux pays en développement à compter de cette année, sans oublier la Banque mondiale et les autres institutions financières internationales à qui il a demandé de fournir plus de financements concessionnels en faveur de l’adaptation au climat. 

Qualifiant pour sa part le Programme 2030 de « feuille de route » pour reconstruire en mieux et de façon plus inclusive, le Président de la soixante-seizième session de l’Assemblée générale a invité les États Membres à renforcer la protection sociale universelle, protéger les écosystèmes et garantir des conditions de vie décentes pour tous.  Il leur a demandé de tirer les leçons de la COVID-19 pour mieux protéger les plus vulnérables et de pousser à des réformes du système financier international en faveur des pays fragiles.  À cet égard, M. Abdulla Shahid a souhaité que des progrès soient faits sur la question de l’indice de vulnérabilité multidimensionnel et que les engagements en faveur du développement durable en Afrique soient renouvelés.  Un rappel auquel a été sensible le Président du Botswana, M. Mokgweetsi Masisi, qui a fait observer que sa région a récemment été sujette à des catastrophes allant des sécheresses récurrentes aux tempêtes tropicales, en passant par les invasions d’animaux nuisibles et les épidémies. 

« Le forum politique de haut niveau nous donne une chance en or pour concrétiser le Programme 2030 », a estimé, quant à lui, le Président de l’ECOSOC, qui a salué la participation cette année de 44 pays au processus d’examen national volontaire.  Malgré cette période sombre, nous restons optimistes, a assuré M. Collen Kelapile, pour qui les sciences sont une des clefs pour progresser vers les ODD.  « Ce que nous avons réussi à faire n’est pas sans effet », a abondé le Président de la COP26 sur les changements climatiques.  Mais comme l’a confirmé le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), « il faut accélérer le tempo », a ajouté M. Alok Sharma, faute de quoi l’objectif de 1,5 degré Celsius s’éloignera.  Même son de cloche de la part de son homologue de la COP15 sur la biodiversité, M. Huang Runqiu, qui a appelé la communauté internationale à s’unir pour atteindre en décembre un consensus sur le nouveau cadre pour l’après-2020.  Saluant la solidarité internationale suscitée par la guerre en Ukraine, le Président du Portugal a, lui, demandé que l’on affiche la même coopération pour les océans, alors que vient de s’achever la Conférence des Nations Unies sur les océans. M. Marcelo Rebelo de Sousa a, lui aussi, appelé à « accélérer la cadence », arguant que les générations futures comptent sur nous. 

Cette séance d’ouverture s’est achevée sur les appels de deux représentants de la jeunesse en faveur d’une meilleure représentation des jeunes et d’un instrument juridiquement contraignant sur leurs droits, suite à quoi neuf autres pays ont présenté leur examen national volontaire: la Guinée-Bissau, Saint-Kitts-et-Nevis, Sao Tomé-et-Principe, la Somalie, Djibouti, la Dominique, la Guinée équatoriale, le Suriname et les Tuvalu. 

Le forum politique de haut niveau et le segment de haut niveau de l’ECOSOC poursuivront leurs travaux demain, jeudi 14 juillet, à partir de 9 heures.

RÉUNION MINISTÉRIELLE DU FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE ORGANISÉ SOUS LES AUSPICES DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL 

Déclarations liminaires

M. COLLEN KELAPILE, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a salué la participation au processus d’examen national volontaire (44 pays cette année) qui traduit l’importance de ces travaux, se disant vraiment encouragé après le démarrage, il y a une semaine, des travaux du forum politique de haut niveau pour le développement durable.  Rappelant les deux années de lutte insensée contre la pandémie, il a énuméré les problèmes auxquels tous les pays sont confrontés ainsi que la crise climatique qui pointe à l’horizon.  Malgré cette période sombre, nous sommes toujours optimistes, a-t-il remarqué.  Il faut écouter et agir selon ce que nous disent les sciences, a-t-il notamment recommandé pour aller de l’avant, en s’appuyant sur la perspective du sommet 2023 pour les objectifs de développement durable (ODD).  « Le forum politique de haut niveau nous donne une chance en or pour concrétiser le Programme de développement 2030. »  Il a conclu en appelant à tirer profit de ce programme en tant que feuille de route pour atteindre le développement durable pour tous.

Notre monde est en grande difficulté et, par voie de conséquence, les objectifs de développement durable le sont aussi, a constaté M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, à l’entame de son propos.  À ses yeux, le temps presse, mais il y a encore de l’espoir puisque que nous savons ce que nous avons besoin de faire dès maintenant: mettre fin aux guerres « absurdes et désastreuses », lancer une révolution des énergies renouvelables, construire un nouveau contrat social et proposer un « New Global Deal » pour rééquilibrer les pouvoirs et les ressources financières et permettre à tous les pays d’investir dans les ODD.  En ce « moment de grande incertitude », marqué par des « crises en cascade » que vient aggraver l’invasion de l’Ukraine par la Russie, certains pays investissent dans la reprise grâce à une transition vers les énergies renouvelables et le développement durable, a-t-il relevé.  Mais d’autres n’en sont pas capables, en raison d’inégalités structurelles profondes aux niveaux mondial et national.  De fait, 94 pays abritant 1,6 milliard de personnes font face à une « tempête parfaite »: des augmentations spectaculaires des prix de la nourriture et d’énergie, et un manque d’accès aux financements.  À cela s’ajoute un risque réel de multiplicité de famines cette année, qui pourrait être pire encore l’an prochain si les pénuries d’engrais affectent les récoltes de cultures de base, notamment de riz. 

Dans ce contexte, a indiqué le Chef de l’ONU, le Groupe de réponse à la crise mondiale sur l’alimentation, l’énergie et les finances a mis en garde contre les effets de la crise actuelle du coût de la vie: 60% des travailleurs ont aujourd’hui des revenus réels inférieurs à ceux d’avant la pandémie; il manque 1 200 milliards de dollars aux pays en développement pour simplement combler l’écart de protection sociale; et 60% des économies en développement sont confrontées à un risque élevé de surendettement.  Parallèlement, a-t-il égrainé, le nombre de personnes chassées de chez elles a augmenté pour passer à 100 millions, soit le total le plus élevé depuis la création des Nations Unies, tandis que les plus grands écosystèmes de la planète -les océans et les forêts- sont en péril, la biodiversité diminuant à un rythme sans précédent.  Par ailleurs, la discrimination à l’égard des femmes et des filles se poursuit dans tous les secteurs et toutes les sociétés, tandis que la violence sexiste atteint des niveaux d’urgence et que des attaques contre les droits reproductifs des femmes se produisent dans le monde entier.

À cette aune, a averti M. Guterres, la mise en œuvre des ODD exigera de dépenser 4 300 milliards de dollars par an, c’est-à-dire « plus d’argent que jamais », parce que la communauté internationale n’est tout simplement pas en mesure d’honorer les engagements qu’elle a pris.  Cela étant, nous sommes loin d’être impuissants, a-t-il assuré en évoquant quatre domaines d’action immédiats, à commencer par le relèvement de la pandémie dans tous les pays.  Nous devons garantir un accès mondial et équitable aux vaccins, thérapies et tests contre la COVID-19.  Pour cela, il faut que davantage de pays soient capables de produire ces technologies de santé, ce qui implique que les gouvernements œuvrent ensemble avec l’industrie pharmaceutique pour partager les licences et fournir des services techniques et une aide financière.  Il importe également, selon lui, de s’assurer que les futures flambées de la maladie seront mieux gérées, en renforçant les systèmes de santé et en promouvant la couverture santé universelle. 

Deuxièmement, nous devons nous attaquer à la crise alimentaire, énergétique et financière, a poursuivi le Secrétaire général.  À cette fin, nous travaillons à un plan visant à permettre l’exportation sûre et sécurisée d’aliments produits en Ukraine par la mer Noire et l’accès sans entrave des aliments et engrais russes aux marchés mondiaux, a-t-il dit, avant de remercier les gouvernements impliqués pour leur coopération.  Mais il ne peut y avoir de solution aux crises d’aujourd’hui sans solution à la crise des inégalités économiques dans le monde en développement, a prévenu M. Guterres, pour qui il convient de rendre les ressources et les espaces budgétaires disponibles pour les pays et les communautés, y compris les pays à revenu intermédiaire qui ont des moyens financiers encore plus limités qu’il y a trois ans.  Cela signifie que les institutions financières mondiales doivent utiliser tous les outils à leur disposition, notamment en envisageant d’augmenter les limites d’accès aux fonds, de réorienter tous les droits de tirage spéciaux (DTS) inutilisés vers les pays dans le besoin, et de relancer l’Initiative de suspension du service de la dette pour fournir un soutien immédiat à ceux qui sont surendettés.  Partisan d’un « New Global Deal » pour que les pays en développement aient une bonne chance de construire leur propre avenir, le Chef de l’ONU a rappelé que son rapport sur « Notre Programme commun » appelle à des efforts concertés pour rééquilibrer le pouvoir et les ressources par un allégement opérationnel de la dette et un cadre de restructuration.  Il préconise en outre des coûts d’emprunt plus bas pour les pays en développement et des investissements à long terme dans la résilience.  « Nous avons besoin d’un système qui fonctionne pour les vulnérables, pas seulement pour les puissants », a-t-il insisté. 

Il est également essentiel d’investir dans les gens, a soutenu M. Guterres, appelant à construire un nouveau contrat social basé sur la protection sociale universelle et à refondre les systèmes d’aide sociale établis à la suite de la Seconde Guerre mondiale.  Selon lui, tout espoir de règlement des problèmes mondiaux commence par l’éducation.  Or, elle est aujourd’hui en proie à une crise d’équité, de qualité et de pertinence, a-t-il constaté, annonçant que le sommet sur la transformation de l’éducation qu’il convoquera en septembre sera l’occasion pour les dirigeants du monde de renouveler leur engagement envers l’éducation en tant que « bien public mondial ».  Il a, d’autre part, souhaité que l’accélérateur mondial pour l’emploi et la protection sociale pour des transitions justes soit pleinement utilisé par les pays pour recycler et rééquiper leur main-d’œuvre en vue de construire des économies alimentées par les énergies renouvelables et la connectivité numérique. 

Le Secrétaire général a, d’autre part, appelé à ne pas retarder une action climatique ambitieuse, ce qui nécessite une réduction des émissions mondiales de CO2 de 45% en dessous des niveaux de 2010 d’ici à 2030.  Notant que les engagements actuels entraîneraient une augmentation de 14% des émissions, il a mis en garde contre un « suicide collectif ».  Il est donc urgent de changer de cap en mettant fin à la dépendance mondiale aux carburants fossiles, en ne construisant plus de nouvelles centrales au charbon, en renonçant aux subventions pour les énergies fossiles.  « Le financement des combustibles fossiles est illusoire, alors que le financement des énergies renouvelables est rationnel », a-t-il fait valoir, avant d’enjoindre les pays développés à respecter leur engagement de verser 100 milliards de dollars de financement pour le climat aux pays en développement à compter de cette année.  De plus, les économies en développement doivent avoir accès aux ressources et technologies dont ils ont besoin et la moitié de tous les financements climatiques devraient passer à l’adaptation, a-t-il plaidé, souhaitant en outre que toutes les personnes vivant dans des zones à haut risque lié au climat soient couvertes par les systèmes d’alerte précoce au cours des cinq prochaines années.  Il faut également revoir l’accès aux financements concessionnels, de sorte que les pays en développement puissent obtenir les fonds dont ils ont besoin, a-t-il dit, souhaitant que la Banque mondiale et les autres institutions financières internationales fournissent beaucoup plus de financements concessionnels, en particulier pour l’adaptation au climat.  Enfin, relevant que le forum politique de haut niveau est l’endroit où le monde se rassemble autour de solutions pour le développement durable, il a rappelé que, dans un peu plus d’un an, les États Membres ont rendez-vous pour le sommet des ODD 2023 qui marquera le mi-chemin entre l’adoption du Programme 2030 et sa date cible.  « Faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour changer de cap et construisons de solides progrès d’ici là », a-t-il conclu.

M. ABDULLA SHADID, Président de la soixante-seizième session de l’Assemblée générale, a estimé que le Programme 2030 est plus qu’une série de cibles: c’est une « vision », un « plan », une « feuille de route » pour les politiques que tous les pays doivent adopter et suivre pour reconstruire en mieux et de façon plus inclusive.  Il a demandé de s’interroger sur la capacité de ces politiques à apporter un changement transformateur, à renforcer la protection sociale universelle, à protéger les écosystèmes, l’air et l’eau, à édifier des systèmes financiers inclusifs et à garantir des conditions de vie décentes pour tous.  Le Président a ensuite fait cinq recommandations, la première étant de passer à l’action.  Cela se fera par l’innovation, la technologie, les changements d’attitude, les investissements accrus dans la protection sociale, la réduction de la pauvreté, l’environnement et le climat, ainsi que par l’autonomisation des jeunes.  Ses deuxième et troisième recommandations sont de tirer les leçons de la COVID-19 pour mieux protéger les plus vulnérables et de pousser à des réformes du système financier international.  En quatrième lieu, il a recommandé de traiter de la situation des pays les plus vulnérables, notamment en progressant sur la question de l’indice de vulnérabilité multidimensionnel sur laquelle le forum politique doit travailler et parvenir à un résultat.  Enfin, il a appelé à renouveler l’engagement en faveur du développement durable en Afrique, dont les objectifs de vaccination universelle, de sécurité alimentaire et d’accès à l’énergie sur tout le continent.  Le Président de l’ECOSOC a invité à participer au dialogue spécial organisé le 20 juillet sur ce thème.  Il a conclu en rappelant que le multilatéralisme et la solidarité internationale doivent prévaloir.

Déclarations

M. MOKGWEETSI MASISI, Président du Botswana, a souligné qu’alors que la COVID-19 a causé tant de souffrances, le monde fait face à une nouvelle crise causée par le « conflit russo-ukrainien ».  Après avoir évoqué les dégâts socioéconomiques occasionnés par la pandémie, il a salué les efforts déployés par les Nations Unies et « certains pays développés » pour soutenir les pays en développement, en particulier ceux d’Afrique qui ont des taux de vaccination très faibles.  Il a également appelé l’ensemble des États Membres à répondre à l’appel du Secrétaire général en faveur d’un plan mondial pour les vaccins.  Il a ensuite averti que la guerre en Ukraine va entraîner une hausse des prix alimentaires et de l’énergie ainsi qu’un durcissement des conditions financières.  En aggravant la pauvreté, la faim et les obligations de service de la dette, cette nouvelle crise aura des impacts économiques graves sur les économies en développement et affectera grandement les résultats du développement durable, a-t-il prévenu. 

Le Président a ensuite souhaité que plus d’importance soit accordée à la question des changements climatiques, faisant observer que la région de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) a récemment été sujette à des catastrophes qui vont des sécheresses récurrentes aux tempêtes tropicales et aux cyclones, aux pluies torrentielles et aux inondations, sans oublier les invasions d’animaux nuisibles et les épidémies.  Il a indiqué que, pour atténuer les effets de ces évolutions, la région est en train de mettre en place un centre humanitaire et des opérations d’urgence au Mozambique, lequel aura besoin de partenariats renforcés, conformément à l’ODD 17.  Pour ce qui est des leçons à tirer de la pandémie, M. Masisi a fait part de l’engagement de son pays à atteindre la couverture santé universelle dans le cadre de son relèvement.  Il a précisé que son gouvernement a alloué l’essentiel des 18,7% de ses dépenses sanitaires aux efforts destinés à contenir la pandémie actuelle.  Le Botswana a d’autre part approuvé la fabrication du vaccin sans brevet Corbevax et entamé la construction d’une usine de fabrication, dans le cadre d’un partenariat avec des firmes et institutions américaines.  Parmi les autres mesures de relance prise par son gouvernement, le Président a cité un vaste programme de numérisation des services publics ainsi qu’un « développement de la chaîne de valeur » au profit de secteurs clefs tels que l’agriculture, le tourisme, l’exploitation minière et l’éducation.  En conclusion, il a plaidé pour une meilleure architecture internationale de financement et pour des systèmes fiscaux progressifs.

M. MARCELO REBELO DE SOUSA, Président du Portugal, a regretté de n’avoir pu se déplacer à New York, à cause d’imprévus.  Il a rappelé que son pays est actuellement en prise avec des feux de forêts et une canicule.  Il y a vu un rappel de la force des changements climatiques auxquels il faut faire face.  Les perspectives relatives aux ODD sont pessimistes, a-t-il poursuivi en mentionnant aussi la crise énergétique causée par l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie.  En comparant cette crise avec les crises mondiales précédentes, il a constaté que la communauté internationale a réussi à agir promptement et à faire preuve d’une collaboration et d’une solidarité sans précédents.  Il est donc possible de changer le cours des évènements si nous souscrivons aux engagements pris, ce qui doit nous pousser à agir ensemble et à ne « jamais baisser les bras », a encouragé le Président du Portugal. 

En tant que Coprésident de la Conférence des Nations Unies sur les océans, il a rappelé le succès remporté par celle-ci en citant six des objectifs fixés: prévenir la pollution marine, rétablir les stocks halieutiques à des niveaux durables le plus rapidement possible, renforcer les collectes de données et les analyses scientifiques, promouvoir des solutions financières innovantes pour des économies basées sur des océans durables, autonomiser les femmes et les filles pour faire avancer ces économies, et réduire les émissions de gaz à effet de serre du transport maritime international.  Nous devons afficher une même coopération pour protéger les océans, a lancé le Président en invitant à « ne pas arrêter ».  Il a recommandé de prendre des mesures collectives d’ici à 2030, soulignant que chaque année d’ici là sera cruciale.  Il faut accélérer la cadence, a-t-il conclu, arguant que les générations futures comptes sur nous.  « Je suis sûr que nous allons réussir. »

M. HUANG RUNQIU, Président de la COP15 de la Convention sur la diversité biologique et Ministre de l’écologie et de l’environnement de la Chine, a tout d’abord rappelé qu’en septembre dernier, le Président Xi Jinping a annoncé l’Initiative pour le développement mondiale à l’Assemblée générale de l’ONU, avant de présider en juin de cette année le dialogue de haut niveau sur le développement mondial à Beijing.  Le Ministre a ensuite fait état de progrès significatifs réalisés par son pays dans les ODD, notamment en ce qui concerne l’élimination de la pauvreté.  Après des années d’efforts, la totalité des 98,99 millions de Chinois ruraux vivant sous le seuil de pauvreté ont été sortis de la pauvreté, ce qui a permis à la Chine d’atteindre l’ODD 1 avec 10 ans d’avance sur le calendrier, s’est-il enorgueilli.  Le « plus grand pays en développement du monde » défend par ailleurs un modèle de développement vert et sobre en carbone, a-t-il affirmé.  Au cours de la dernière décennie, la Chine a enregistré un taux de croissance économique annuel moyen de 6,5%, tout en faisant baisser sa consommation d’énergie de 26,2% et en procédant à des boisements représentant environ un quart des forêts mondiales.  Parallèlement, la qualité de l’environnement n’a cessé de s’améliorer et la population d’espèces rares, telles que les pandas géants, les ibis huppés et les éléphants, a considérablement augmenté. 

S’agissant de la biodiversité, le Ministre a rappelé que la première partie de la COP15 sur la diversité biologique s’est tenue avec succès à Kunming, en Chine, en octobre dernier.  Afin d’accélérer le processus mondial de la biodiversité, et après consultation entre le Gouvernement chinois, le Secrétariat de la Convention et le Gouvernement du Canada, le Bureau de la COP15 a décidé que la deuxième partie se tiendrait à Montréal, du 5 au 17 décembre 2022.  Bien que le lieu ait été changé, la détermination et les actions de la Chine pour promouvoir la gouvernance de la biodiversité reste la même, a-t-il assuré.  La Chine continuera à en assumer la présidence et travaillera avec toutes les parties pour atteindre le cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020.  Il a appelé la communauté internationale à s’unir pour parvenir à un consensus sur les questions clefs dès que possible.  Il a souhaité que la deuxième partie de la COP15 débouche sur un cadre ambitieux, pragmatique et équilibré, fixant des objectifs et des voies claires pour la conservation de la biodiversité. 

M. ALOK SHARMA, Président de la COP26 de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et Ministre d’État du Royaume-Uni, a observé que la crise climatique, dont les retombées sont encore aggravées par les effets de la guerre en Ukraine, vient bouleverser la donne mondiale et renforce la nécessité de revoir notre dépendance aux énergies fossiles.  Heureusement, a-t-il dit, beaucoup de pays comprennent que notre énergie sur le long terme ne peut se résumer aux énergies fossiles.  Dans ce contexte, a-t-il poursuivi, le Royaume-Uni est en pointe pour lutter contre tous les impacts des changements climatiques.  Sous sa présidence, le G7 a débloqué des fonds pour déployer une croissance verte partout dans le monde, s’est enorgueilli le Ministre d’État, ajoutant que le Pacte climatique de Glasgow, auquel plus de 200 pays ont adhéré à l’issue de la COP26, a permis de garder en vie les perspectives d’une hausse de 1,5 degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels, tout en poussant vers le haut les contributions pour le climat.  Le Pacte a aussi reconnu le fait qu’il faut répondre à la question des pertes de façon systématique, accélérer le passage aux énergies vertes et activer sans attendre le programme d’action de 100 milliards de dollars pour l’action climatique, a-t-il fait valoir, ajoutant que les institutions financières internationales se sont engagées en faveur d’un avenir à zéro émission nette. 

Ce que nous avons réussi à faire n’est donc pas sans effet, a relevé M. Sharma, non sans se féliciter des 16 nouvelles contributions enregistrées et des 1 500 milliards de dollars prévus pour couvrir les actions d’adaptation climatique.  Mais, alors que le temps commence à manquer, ces engagements peuvent ne rester que des « griffonnages sur du papier », a-t-il averti.  Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) l’a confirmé, il faut accélérer le tempo, faute de quoi le bilan de l’an prochain montrera que l’objectif de 1,5 degré Celsius s’éloigne et que nous risquons d’aller au-delà de nos limites d’adaptation.  Rappelant que des millions de personnes sont en péril et dépendent d’une action rapide, il a appelé les États et les entreprises à redoubler d’efforts.  Il a également indiqué que son pays organisera la deuxième réunion ministérielle sur l’action climatique en collaboration avec l’Égypte, pays hôte de la COP27. 

Mme SIMA BAHOUS, Directrice exécutive d’ONU-Femmes, a apprécié d’entendre les engagements exprimés depuis la semaine dernière au forum politique de haut niveau et de voir que chacun s’empresse de passer à l’action.  Nous devons nous assurer que les femmes puissent accéder aux financements, a-t-elle poursuivi avant de saluer les 44 pays qui présentent cette année leur examen national volontaire.  Rappelant qu’il n’y a plus que sept ans avant 2030 et que nous ne sommes pas en bonne voie, elle a noté les lacunes dans la vaccination, en particulier chez le personnel de la santé qui est en majorité composé de femmes.  Abordant la question des changements climatiques, Mme Bahous a expliqué que ce sont les femmes et les jeunes filles qui en souffrent le plus.  La violence à leur égard existe partout dans le monde, a-t-elle aussi rappelé en donnant le chiffre de 245 millions pour les victimes de cette violence par des partenaires intimes.  L’ODD 5 n’est pas un objectif isolé, c’est la pierre angulaire de tous les objectifs, selon la Directrice exécutive.  Elle a salué les réalisations en faveur de cet objectif, mais noté qu’un seul indicateur se rapproche de la cible: le nombre de sièges accordés aux femmes dans les gouvernements locaux.  Pour aller de l’avant dans la réalisation de toutes les cibles, elle a demandé des mesures basées sur des données ainsi qu’un engagement renouvelé en faveur des ODD et un multilatéralisme renforcé.  En conclusion, elle a recommandé de renforcer les investissements dans la protection sociale, les capacités institutionnelles des femmes, le financement pour l’égalité homme-femme, les données accessibles et fiables, et, enfin, le rôle et la place des organisations de femmes.

M. KHALED EMAN, partenaire organisateur du grand groupe des enfants et des jeunes, a rappelé qu’en avril dernier, des milliers de chefs de file de la jeunesse se sont rassemblés dans le cadre du forum de l’ECOSOC pour les jeunes afin de partager leurs espoirs et leurs difficultés.  À cette occasion, ils ont souligné le fait que des millions d’entre eux se sont retrouvés en première ligne durant la pandémie et que beaucoup ont mis leur vie en danger pour que leur société ne s’effondre pas.  Souvent surchargés, mal considérés et peu rémunérés, ils ont néanmoins fait preuve de solidarité, a relevé le représentant, avant d’appeler les États Membres à mettre en œuvre des mesures en faveur des jeunes dans leurs plans de relance.  Alors que les jeunes représentent la moitié de la population mondiale, ils restent le plus souvent exclus des postes d’encadrement et leur participation aux processus politiques reste faible, a-t-il déploré, y voyant le résultat d’une oppression croissante et d’une diminution de l’espace civique.  Pourtant, a-t-il fait valoir, les jeunes du monde entier continuent d’aider les communautés locales, en livrant des produits alimentaires, en soutenant l’éducation, en demandant des institutions démocratiques solides et en risquant leur vie pour l’édification de sociétés justes, pacifiques et inclusives.  Il est temps de leur offrir une participation qui ne soit pas seulement ponctuelle mais pérenne et fondée sur l’égalité, a plaidé le représentant.  Invitant les Nations Unies à créer un espace sécurisé permettant aux jeunes de s’exprimer et de mobiliser leur potentiel, il a également souhaité que des mécanismes facilitent l’accès des jeunes aux financements. 

À sa suite, Mme ANJA FORTUNA, Vice-Présidente du Forum européen de la jeunesse, a appelé les États Membres à soutenir les jeunes et à leur faire confiance.  Selon elle, le relèvement post-COVID-19 doit se fonder sur l’expérience tirée de la pandémie et donner lieu à une transformation de la société, qui s’accompagne d’une économie plus juste et plus verte et d’une meilleure protection des droits de la jeunesse.  Observant que les instruments internationaux sur les droits humains ne protègent pas efficacement les jeunes, elle a appelé de ses vœux l’établissement d’une convention juridiquement contraignante sur les droits des jeunes, agrémentée d’un système de suivi.  Elle a également plaidé pour une refonte du système économique, avant de demander aux gouvernements de l’hémisphère nord d’adopter des mesures limitant la consommation et plaçant le bien-être de tous, y compris des jeunes, au centre des décisions. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité proroge jusqu’au 30 octobre 2023 les sanctions contre la Libye

9092e séance - matin
CS/14969

Le Conseil de sécurité proroge jusqu’au 30 octobre 2023 les sanctions contre la Libye

Le Conseil de sécurité a décidé, ce matin, de proroger jusqu’au 30 octobre 2023 les sanctions imposées à la Libye, notamment l’embargo sur les armes et les mesures concernant les exportations illicites de pétrole.  En adoptant à l’unanimité la résolution 2644 (2022), le Conseil a également prorogé jusqu’au 15 novembre 2023 le mandat du Groupe d’experts créé en application du paragraphe 24 de la résolution 1970 (2011).  

Vivement préoccupé à l’égard des violations persistantes de l’embargo sur les armes, le Conseil de sécurité enjoint à tous les États Membres de respecter pleinement celui-ci et demande en outre au Gouvernement libyen d’en améliorer l’application, « y compris dans tous les points d’entrée, dès qu’il en assure le contrôle ».

Il demande également aux États Membres de rendre compte au Comité des sanctions des mesures qu’ils ont prises pour donner effet à l’interdiction de voyager et au gel des avoirs en ce qui concerne toutes les personnes figurant sur la liste des sanctions. 

De même, il réaffirme qu’il entend veiller à ce que les avoirs gelés en application du paragraphe 17 de la résolution 1970 (2011) soient, à une étape ultérieure, mis à la disposition du peuple libyen et affirme qu’il est disposé à envisager de modifier le gel des avoirs, le cas échéant, à la demande du Gouvernement libyen. 

Par ce texte, le Conseil condamne en outre les tentatives d’exportation illicite de pétrole depuis la Libye, notamment par des institutions parallèles qui échappent à l’autorité du Gouvernement libyen.  

Le Conseil décide, enfin, que le Groupe d’experts lui remettra un rapport d’activité au plus tard le 15mars 2023 et lui communiquera, après concertation avec le Comité, un rapport final, au plus tard le 15septembre 2023, comportant ses conclusions et recommandations.

Texte du projet de résolution (S/2022/548)

     Le Conseil de sécurité,

     Rappelant l’embargo sur les armes, l’interdiction de voyager, le gel des avoirs et les mesures concernant l’exportation illicite de pétrole qui ont été imposés et modifiés par les résolutions 1970 (2011) et 2146 (2014) et modifiés par les résolutions ultérieures, dont les résolutions 2441 (2018), 2509 (2020), 2526 (2020) et 2571 (2021), et le fait que le mandat du Groupe d’experts créé en application du paragraphe 24 de la résolution 1973 (2011) et modifié par les résolutions ultérieures a été prorogé jusqu’au 15 août 2022 par la résolution 2571 (2021), et rappelant également la résolution 2616 (2021),

     Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de la Libye,

     Réaffirmant son ferme attachement à un processus politique dirigé et contrôlé par les Libyens et tenu sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies, qui doit ouvrir la voie à la tenue dès que possible d’élections présidentielle et législatives nationales libres, régulières et inclusives en Libye, exprimant à cet égard son soutien aux efforts en cours pour faciliter les concertations interlibyennes visant à créer des conditions et des circonstances favorables à l’organisation d’élections reposant sur des bases constitutionnelles et légales,

     Demandant à nouveau à tous les États Membres d’appuyer pleinement l’action menée par l’Organisation des Nations Unies et les engageant à user de leur influence auprès des parties pour faire appliquer et respecter le cessez-le-feu et épauler le processus politique inclusif, dirigé et contrôlé par les Libyens,

     Demandant aux États Membres d’appliquer pleinement les mesures existantes et d’en signaler les violations au Comité des sanctions de l’ONU, et rappelant à cet égard que les personnes et entités se livrant ou prêtant leur concours à des actes qui menacent la paix, la stabilité ou la sécurité en Libye peuvent faire l’objet de sanctions ciblées,

     Réaffirmant que toutes les parties doivent se conformer aux obligations que leur imposent le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme, selon qu’il convient, et soulignant que quiconque est responsable de violations des droits humains ou d’atteintes à ces droits ou de violations du droit international humanitaire doit répondre de ses actes, y compris les personnes qui ont participé à des attaques visant des civils,

     Soulignant que les mesures imposées par la présente résolution n’ont pas pour objet d’avoir des conséquences humanitaires négatives pour la population civile de la Libye,

     Constatant avec inquiétude que l’exportation illicite de pétrole, y compris de pétrole brut et de produits pétroliers raffinés, en provenance de la Libye affaiblit le Gouvernement libyen et la National Oil Corporation et menace la paix, la sécurité et la stabilité du pays, et prenant note avec inquiétude des informations faisant état d’importation illicite de pétrole, y compris de pétrole brut et de produits pétroliers raffinés, à destination de la Libye,

     Rappelant que la fourniture d’un appui à des groupes armés ou des réseaux criminels par l’exploitation illégale du pétrole brut ou de toute autre ressource naturelle en Libye peut constituer un acte qui menace la paix, la stabilité et la sécurité du pays,

     Se déclarant de nouveau préoccupé par les activités préjudiciables à l’intégrité et à l’unité des institutions financières de l’État libyen et de la National Oil Corporation et soulignant qu’il importe d’unifier les institutions libyennes et, à cet égard, demandant aux États Membres de cesser de soutenir les institutions parallèles qui échappent à l’autorité du Gouvernement libyen et de cesser tout contact officiel avec elles,

     Rappelant que les activités menées en mer sont régies par le droit international, tel qu’il est codifié dans la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer du 10 décembre 1982,

     Rappelant en outre ses résolutions 2292 (2016), 2357 (2017), 2420 (2018), 2473 (2019), 2526 (2020), 2578 (2021) et 2635 (2022) qui, en ce qui concerne l’application de l’embargo sur les armes, autorisent, pour la période spécifiée dans ces résolutions, l’inspection en haute mer, au large des côtes libyennes, des navires à destination ou en provenance de la Libye soupçonnés de transporter des armes ou du matériel connexe en violation de ses résolutions applicables, et la saisie et l’élimination de ces armes ou de ce matériel connexe à condition que les États Membres cherchent de bonne foi à obtenir le consentement de l’État du pavillon avant d’effectuer une inspection, tout en agissant conformément auxdites résolutions,

     Considérant que la situation en Libye continue de menacer la paix et la sécurité internationales,

     Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

Prévention des exportations illicites de pétrole, y compris de pétrole brut et de produits pétroliers raffinés

     1.  Condamne les tentatives d’exportation illicite de pétrole, y compris de pétrole brut et de produits pétroliers raffinés, depuis la Libye, notamment par des institutions parallèles qui échappent à l’autorité du Gouvernement libyen;

     2.  Décide de proroger jusqu’au 30 octobre 2023 les autorisations données et les mesures imposées par la résolution 2146 (2014), telle que modifiée par le paragraphe 2 des résolutions 2441 (2018) et 2509 (2020);

     3.  Prie le Gouvernement libyen d’aviser le Comité de la nomination de la personne référente chargée de faire la liaison avec lui au sujet de l’exécution des mesures prévues dans la résolution 2146 (2014), demande à la personne référente désignée par le Gouvernement libyen de signaler au Comité tout navire transportant du pétrole, y compris du pétrole brut et des produits pétroliers raffinés, illicitement exporté de Libye, prie instamment le Gouvernement libyen de coopérer étroitement avec la National Oil Corporation à cet égard, de fournir régulièrement au Comité des renseignements à jour sur les ports, les champs et les installations pétrolifères qui se trouvent sous son contrôle et de communiquer à cet organe des informations sur le mécanisme utilisé pour certifier les exportations légales de pétrole, y compris de pétrole brut et de produits pétroliers raffinés, et prie le Groupe d’experts de suivre de près toute information concernant l’importation ou l’exportation illicites de pétrole, y compris de pétrole brut et de produits pétroliers raffinés, en provenance ou à destination de la Libye et d’en rendre compte au Comité;

     4.  Demande au Gouvernement libyen, agissant sur la base de toute information relative à ces exportations ou tentatives d’exportation, d’entrer promptement en contact avec l’État du pavillon du navire concerné, dans un premier temps, afin de régler le problème, et charge le Comité de porter immédiatement à la connaissance de tous les États Membres concernés les notifications qu’il recevra de la personne référente désignée par le Gouvernement libyen concernant les navires transportant du pétrole, y compris du pétrole brut et des produits pétroliers raffinés, illicitement exporté de Libye;

Embargo sur les armes

     5.  Exprime sa vive préoccupation à l’égard des violations persistantes de l’embargo sur les armes, enjoint à tous les États Membres de respecter pleinement l’embargo sur les armes, demande à tous les États Membres de s’abstenir d’intervenir dans le conflit ou de prendre des mesures qui l’exacerbent et réaffirme que les personnes et entités dont le Comité aura établi qu’elles ont violé les dispositions de la résolution 1970 (2011), y compris l’embargo sur les armes, ou qu’elles ont aidé d’autres personnes à le faire, sont sujettes à désignation;

     6.  Demande à toutes les parties d’appliquer intégralement l’accord de cessez-le-feu du 23 octobre 2020 (S/2020/1043) et invite instamment les États Membres à respecter et à appuyer la pleine application de l’accord, notamment en retirant sans plus tarder toutes les forces étrangères et les mercenaires du territoire libyen;

     7.  Demande au Gouvernement libyen d’améliorer l’application de l’embargo sur les armes, y compris dans tous les points d’entrée, dès qu’il en assure le contrôle, et demande à tous les États Membres de coopérer à cette entreprise;

Interdiction de voyager et gel des avoirs

     8.  Demande aux États Membres, en particulier ceux dans lesquels se trouvent des personnes et entités désignées ainsi que ceux dans lesquels on soupçonne que pourraient se trouver leurs avoirs gelés au titre des mesures, de rendre compte au Comité des mesures qu’ils ont prises pour donner effet à l’interdiction de voyager et au gel des avoirs en ce qui concerne toutes les personnes figurant sur la liste des sanctions;

     9.  Réaffirme que tous les États doivent prendre les mesures nécessaires pour empêcher l’entrée ou le passage en transit sur leur territoire de toutes les personnes désignées par le Comité, conformément aux paragraphes 15 et 16 de la résolution 1970 (2011), telle que modifiée par les paragraphes 11 de la résolution 2213 (2015), 11 de la résolution 2362 (2017) et 11 de la résolution 2441 (2018), et demande au Gouvernement libyen de renforcer la coopération et l’échange d’informations avec d’autres États à cet égard;

     10. Réaffirme également qu’il entend veiller à ce que les avoirs gelés en application du paragraphe 17 de la résolution 1970 (2011) soient, à une étape ultérieure, mis à la disposition du peuple libyen et utilisés à son profit, et, prenant note de la lettre publiée sous la cote S/2016/275, affirme qu’il est disposé à envisager de modifier le gel des avoirs, le cas échéant, à la demande du Gouvernement libyen;

     11. Rappelle la résolution 2174 (2014), dans laquelle il a décidé que les mesures énoncées dans la résolution 1970 (2011), telles que modifiées par des résolutions ultérieures, s’appliqueraient également aux personnes et entités dont le Comité avait déterminé qu’elles se livraient ou qu’elles apportaient un appui à d’autres actes qui mettaient en danger la paix, la stabilité ou la sécurité en Libye ou qui entravaient ou compromettaient la réussite de sa transition politique, et souligne que ces actes peuvent comprendre le fait d’entraver ou de compromettre la tenue des élections prévues dans la feuille de route établie dans le cadre du Forum de dialogue politique interlibyen;

Groupe d’experts

     12. Décide de proroger jusqu’au 15 novembre 2023 le mandat du Groupe d’experts créé en application du paragraphe 24 de la résolution 1973 (2011) et modifié par les résolutions 2040 (2012), 2146 (2014), 2174 (2014), 2213 (2015), 2441 (2018), 2509 (2020) et 2571 (2021), décide que le Groupe d’experts demeurera chargé des tâches énoncées dans la résolution 2213 (2015), lesquelles s’appliquent également en ce qui concerne les mesures visées par la présente résolution, et entend réexaminer le mandat et faire le nécessaire en ce qui concerne sa reconduction au plus tard le 15 octobre 2023;

     13. Décide que le Groupe d’experts lui remettra un rapport d’activité au plus tard le 15 mars 2023 et lui communiquera, après concertation avec le Comité, un rapport final, au plus tard le 15 septembre 2023, comportant ses conclusions et recommandations;

     14. Prie instamment tous les États, les organismes compétents des Nations Unies, dont la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), et les autres parties intéressées de coopérer pleinement avec le Comité et avec le Groupe d’experts, en particulier en leur communiquant toute information à leur disposition sur l’application des mesures prescrites par les résolutions 1970 (2011), 1973 (2011), 2146 (2014) et 2174 (2014) et modifiées par les résolutions 2009 (2011), 2040 (2012), 2095 (2013), 2144 (2014), 2213 (2015), 2278 (2016), 2292 (2016), 2357 (2017), 2362 (2017), 2420 (2018), 2441 (2018), 2473 (2019), 2509 (2020), 2526 (2020) et 2571 (2021), en particulier les violations de leurs dispositions, et demande à la MANUL et au Gouvernement libyen d’aider le Groupe d’experts à enquêter en Libye, notamment en lui communiquant des renseignements, en facilitant ses déplacements et en lui donnant accès aux installations de stockage des armements, en tant que de besoin;

     15. Demande à toutes les parties et à tous les États d’assurer la sécurité des membres du Groupe d’experts, et demande également à toutes les parties et à tous les États, y compris la Libye et les pays de la région, de permettre au Groupe d’experts d’accéder, en toute liberté et sans délai, aux personnes, documents et lieux qu’il estimerait susceptibles de présenter un intérêt aux fins de l’exécution de son mandat;

     16. Se déclare prêt à examiner l’opportunité des mesures énoncées dans la présente résolution dans l’optique de les renforcer, de les modifier, de les suspendre ou de les lever, et à revoir les mandats de la MANUL et du Groupe d’experts, selon que de besoin, en fonction de l’évolution de la situation en Libye;

     17. Décide de rester activement saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Yémen: le Conseil de sécurité renouvelle d’une année le mandat de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda

9091e séance - matin
CS/14968

Yémen: le Conseil de sécurité renouvelle d’une année le mandat de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda

En adoptant à l’unanimité de ses membre la résolution 2643 (2022), le Conseil de sécurité a prorogé jusqu’au 14 juillet 2023 le mandat de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH), chargée de faciliter l’application de l’Accord sur la ville de Hodeïda et les ports de Hodeïda, de Salif et de Ras Issa, conformément à l’Accord de Stockholm. 

Par cette résolution, le Conseil rappelle que la Mission est chargée de diriger le Comité de coordination du redéploiement; de surveiller le respect du cessez-le-feu dans la province de Hodeïda et de collaborer avec les parties pour que la sécurité de la ville de Hodeïda et des ports de Hodeïda, de Salif et de Ras Issa soit assurée par les forces de sécurité locales.  La MINUAAH doit enfin coordonner l’appui de l’ONU en vue d’aider les parties à appliquer « intégralement » l’Accord sur Hodeïda. 

À l’issue de l’adoption, le délégué de l’Irlande a souligné que les résolutions du Conseil doivent être basées sur des éléments factuels à disposition de toutes les délégations.  Il a relevé que ce n’est pas le cas du passage du préambule de la résolution mentionnant « des informations faisant état de l’utilisation des ports de Hodeïda, de Salif et de Ras Issa à des fins militaires ».  Il convient de ne pas s’écarter de la pratique du Conseil, a déclaré le délégué irlandais. 

Texte du projet de résolution (S/2022/549)

     Le Conseil de sécurité,

     Rappelant ses résolutions 2014 (2011), 2051 (2012), 2140 (2014), 2175 (2014), 2201 (2015), 2204 (2015), 2216 (2015), 2266 (2016), 2342 (2017), 2402 (2018), 2451 (2018), 2452 (2019), 2481 (2019), 2505 (2020), 2511 (2020), 2534 (2020), 2564 (2021), 2586 (2021) et 2624 (2022) ainsi que les déclarations de sa présidence relatives au Yémen, en date du 15 février 2013, du 29 août 2014, du 22 mars 2015, du 25 avril 2016, du 15 juin 2017 et du 15 mars 2018,

     Sachant que le conflit armé exacerbe la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19) et exhortant les parties à répondre à l’appel au cessez-le-feu énoncé dans les résolutions 2532 (2020) et 2565 (2021),

     Se félicitant de l’annonce faite le 1er avril 2022 d’une trêve de deux mois au Yémen, se réjouissant de sa reconduction le 2 juin 2022 et saluant en particulier la souplesse manifestée par le Gouvernement yéménite pour permettre l’entrée de navires-citernes à Hodeïda et le déroulement de vols entre Sanaa et Amman, d’une part, et Sanaa et Le Caire, d’autre part, approuvant l’appui des partenaires régionaux et se déclarant préoccupé par les graves conséquences humanitaires de la persistance de la fermeture des routes autour de Taëz, et demandant aux houthistes d’agir avec souplesse au cours des négociations et d’ouvrir immédiatement les principaux axes routiers et lançant un appel pour que le renforcement de la trêve se concrétise par un cessez-le-feu durable et par un règlement politique global et inclusif mené sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies,

     Ayant examiné les lettres que le Secrétaire général a adressées à sa présidence le 31 décembre 2018, le 12 juin 2019, le 14 octobre 2019, le 15 juin 2020, le 3 juin 2021 et le 13 juin 2022, en application de ses résolutions antérieures,

     Réaffirmant son ferme attachement à l’unité, à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale du Yémen, et son engagement à soutenir le peuple yéménite,

     Rappelant qu’il a approuvé l’accord conclu en Suède par le Gouvernement yéménite et les houthistes concernant la ville de Hodeïda et les ports de Hodeïda, de Salif et de Ras Issa (« l’Accord sur Hodeïda ») et demandant de nouveau aux parties de coopérer en vue d’en appliquer toutes les dispositions, mettant l’accent sur les obstacles imposés actuellement par les houthistes à la liberté de circulation de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH), notamment aux patrouilles, et insistant sur la nécessité de faciliter l’augmentation du nombre de patrouilles effectuées sans entrave par la Mission,

     Se déclarant préoccupé par les informations faisant état de l’utilisation des ports de Hodeïda, de Salif et de Ras Issa à des fins militaires,

     Demandant de nouveau à toutes les parties de contribuer à la stabilité de Hodeïda, notamment en coopérant avec le Comité de coordination du redéploiement et avec la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH), et insistant sur l’importance du fonctionnement du Comité et de ses mécanismes conjoints, en vue de l’application de l’Accord sur Hodeïda,

     Se déclarant alarmé par l’effet dévastateur des mines terrestres et des engins explosifs improvisés sur la population civile de Hodeïda et se félicitant des efforts faits par la MINUAHH sur le plan de la lutte antimines,

     Considérant qu’il importe d’établir une concertation et une consultation avec les populations locales, dont un large éventail d’organisations de femmes, afin d’accroître la participation des femmes à l’application de l’Accord et à des initiatives de paix menées sur le plan local,

     1.  Décide de proroger jusqu’au 14 juillet 2023 le mandat de la MINUAAH, chargée de faciliter l’application de l’Accord sur la ville de Hodeïda et les ports de Hodeïda, de Salif et de Ras Issa comme le prévoit l’Accord de Stockholm, dont le texte a été distribué sous la cote S/2018/1134;

     2.  Décide que, pour aider les parties à s’acquitter des engagements qu’elles ont pris dans l’Accord sur Hodeïda, la Mission sera chargée du mandat suivant:

     a)  diriger le Comité de coordination du redéploiement et assurer son fonctionnement, avec l’assistance d’un secrétariat composé de membres du personnel des Nations Unies, en vue de superviser le cessez-le-feu, le redéploiement des forces et les opérations de déminage dans l’ensemble de la province de Hodeïda;

     b)  surveiller le respect, par les parties, du cessez-le-feu dans la province de Hodeïda et le redéploiement mutuel des forces à l’extérieur de la ville de Hodeïda et des ports de Hodeïda, de Salif et de Ras Issa;

     c)  collaborer avec les parties pour que la sécurité de la ville de Hodeïda et des ports de Hodeïda, de Salif et de Ras Issa soit assurée par les forces de sécurité locales, dans le respect de la législation yéménite;

     d)  faciliter et coordonner l’appui qu’apporte l’Organisation des Nations Unies en vue d’aider les parties à appliquer intégralement l’Accord sur Hodeïda;

     3.  Approuve de nouveau les propositions du Secrétaire général relatives à la composition et aux aspects opérationnels de la Mission qui figurent dans l’annexe à la lettre qu’il a adressée, le 31 décembre 2018, à son président, et note que la Mission sera dirigée par le Président du Comité de coordination du redéploiement, qui aura rang de Sous-Secrétaire général et fera rapport au Secrétaire général par l’intermédiaire de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen et de la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix;

     4.  Souligne qu’il importe d’établir une collaboration et une coordination étroites entre toutes les entités des Nations Unies présentes au Yémen, notamment le Bureau de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, le Coordonnateur résident et Coordonnateur de l’action humanitaire et l’équipe de pays des Nations Unies au Yémen, la Mission et le Mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies, afin d’éviter le chevauchement des tâches et de tirer le meilleur parti des ressources existantes;

     5.  Prie le Secrétaire général de déployer rapidement l’ensemble de la Mission, demande aux parties à l’Accord sur Hodeïda de fournir un appui à l’Organisation des Nations Unies comme indiqué dans le document S/2019/28, notamment en assurant la sûreté, la sécurité et la santé du personnel de la Mission et l’entrée et la circulation dans le pays, sans entrave ni retard, du personnel et du matériel de la Mission, des vivres et des articles de première nécessité, enjoint aux houthistes de lever les obstacles et les entraves imposés aux déplacements du personnel et notamment aux patrouilles de la Mission dans la province de Hodeïda, en particulier dans les districts touchés par le conflit, ainsi que de garantir la liberté de circulation du personnel de la MINUAAH, notamment en autorisant des patrouilles avec ou sans préavis, exprime son appui aux efforts faits par la Mission pour réactiver le Comité et ses mécanismes conjoints ainsi que pour aider les parties à appliquer l’Accord sur Hodeïda, et se félicite de l’établissement d’une présence de la MINUAAH dans les zones du Yémen contrôlées par le Gouvernement pour veiller à ce que la Mission ait un accès égal à toutes les parties, leur apporte une assistance impartiale et donne également suite à toutes leurs requêtes;

     6.  Demande aux parties de respecter les engagements pris, conformément à l’Accord sur Hodeïda, de s’abstenir d’apporter des renforts ou des biens militaires dans ou par la ville, les ports de Hodeïda, de Salif et de Ras Issa et la province, et de faire disparaître de la ville toutes les manifestations de la présence militaire et souligne qu’il importe de préserver la nature civile des ports;

     7.  Prie les États Membres, en particulier les États voisins, d’apporter leur appui à l’Organisation des Nations Unies, selon qu’il convient, de sorte que la Mission s’acquitte de son mandat;

     8.  Prie le Secrétaire général de lui rendre compte, chaque mois, des progrès accomplis dans l’application de la présente résolution et de tout acte de quelque partie que ce soit qui ferait obstacle au bon fonctionnement de la Mission, de toute violation du cessez-le-feu dans le cadre de l’Accord sur Hodeïda, de toute tentative d’apporter des renforts et des biens militaires dans ou par la ville, les ports de Hodeïda, de Salif et de Rais Issa et la province, du non-retrait de toutes les manifestations de la présence militaire dans la ville et de l’application de la résolution 2451 (2018), y compris d’éventuels manquements de toute partie;

     9.  Prie également le Secrétaire général de lui faire un point complémentaire sur la Mission dans un délai d’au moins un mois avant la date à laquelle le mandat de la Mission doit venir à expiration;

     10. Entend examiner le mandat de la Mission et y apporter toute modification rendue nécessaire par l’évolution de la situation sur le terrain, notamment un cessez-le-feu durable à l’échelle du pays;

     11. Décide de rester activement saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.