En cours au Siège de l'ONU

9081e séance, matin
CS/14952

Le Conseil de sécurité examine la situation en RDC, dominée par l’aggravation de l’insécurité dans l’est et les tensions avec le Rwanda

Le Conseil de sécurité s’est penché, ce matin, sur la situation politique et sécuritaire en République démocratique du Congo (RDC).  Les membres du Conseil ont entendu un exposé exhaustif de la Représentante spéciale du Secrétaire général dans le pays et Cheffe de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), Mme Bintou Keita et assisté à un échange de vues tendu entre les représentants congolais et rwandais.  La société civile a également fait entendre sa voix, à travers le témoignage déchirant d’une citoyenne rwandaise victime d’actes de barbarie.  Les membres du Conseil ont réagi d’une seule voix en partageant leur effroi devant ce récit lu par la directrice d’une association, le Fonds pour les femmes congolaises. 

Sur le volet politique, Mme Keita a salué des évolutions notables tout en encourageant les autorités de la RDC à préserver l’espace démocratique et à assurer le plein respect des libertés fondamentales.  Liant l’évolution de la situation politique à l’ajustement en cours de la présence de la MONUSCO en RDC, elle a vu, dans le déploiement de dizaines de policiers dans des zones où les défis sécuritaires persistent, une preuve de l’engagement des autorités congolaises à assumer leurs responsabilités envers la population là où la présence des Nations Unies est destinée à évoluer.  Mme Keita a en outre jugé essentiel que le Gouvernement poursuive les réformes envisagées dans son programme d’action, notamment dans le secteur de la sécurité, afin que les institutions de l’État soient en mesure de relever les multiples défis auxquels le pays est confronté.

Parmi ces défis, l’insécurité dans l’est du pays a largement dominé l’intervention de la Représentante spéciale, comme celle du représentant de la RDC.  Tous deux se sont, à cet égard, attardés sur les agissements du Mouvement du 23 mars (M23) contre la population civile, les forces de sécurité nationales et les Casques bleus de la MONUSCO.  Mme Keita a précisé que les offensives du M23 ont un impact majeur sur les civils, qu’ils tuent et forcent à fuir, plus de 170 000 personnes ayant ainsi été déplacées du fait de leurs attaques.  Il est impératif, a-t-elle insisté, que le Conseil redouble ses efforts en faveur d’une désescalade rapide de la situation et du désarmement sans condition du M23. 

« Comment expliquer la résurgence d’un mouvement pourtant défait par les Forces armées de la RDC (FARDC) et la brigade d’intervention des Nations Unies en 2013 », s’est interrogé le représentant du pays concerné, qui a fait observer qu’aujourd’hui, le M23 dispose d’un arsenal de combat supérieur à ceux de la MONUSCO et des FARDC et est à même d’abattre des hélicoptères militaires, de terroriser la province du Nord-Kivu et de commettre d’autres crimes dans l’est du Congo.  Qui est derrière ce groupe, qui était apparemment désarmé et sous la garde du Rwanda et de l’Ouganda? a-t-il ajouté, avant d’affirmer sans ambages que « le M23 est une milice de l’armée rwandaise ».  Il a ensuite demandé au Conseil de condamner fermement « l’agression criminelle du M23 contre la RDC et tous ses appuis, en commençant par l’État du Rwanda et son Président », de sommer le M23 de quitter immédiatement le territoire congolais ou encore d’exiger de tous les groupes armés, sans exception, de déposer les armes dans le cadre des programmes prévus à cet effet. 

Le représentant du Rwanda a dénoncé les « accusations sans fondements » des dirigeants politiques et militaires de la RDC qui prétendent que son pays soutient le M23, rappelant que toute allégation de ce type devait être signalée au mécanisme de vérification approprié pour une enquête indépendante.  Il a également récusé toutes les allégations portant sur des velléités du Rwanda de « balkaniser l’est de la RDC », qualifiant les déclarations allant dans ce sens d’absurdes et sans fondement, seulement destinées à détourner l’attention « des complexes problèmes internes de la RDC ».  Il a aussi invité la RDC à se garder de forger des alliances avec des groupes armés hostiles à son propre pays.  Le Conseil de sécurité se doit se prononcer, demain 30 juin, sur le devenir des sanctions à l’égard de la RDC, qui arrivent à échéance.

Le représentant de la RDC a également demandé au Conseil de sécurité le retrait total du dispositif de notification préalable de livraison d’armes exigé par le Comité des sanctions concernant la RDC, cette disposition, « vieille de plus de 14 ans », étant selon lui devenue « complètement obsolète ».  « Les groupes armés qui massacrent la population congolaise ne sont même pas affectés par cette mesure », a-t-il fait valoir.

Par ailleurs, les délégations se sont émues du sort des femmes et des filles des provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, le rapport du Secrétaire général qu’elles avaient sous les yeux soulignant que ce sont elles les principales victimes des attaques des groupes armés.  Le sort de Furaha, une jeune Congolaise, évoqué à travers le témoignage d’une représentante de la société civile, a fait souffler un vent d’effroi dans la salle du Conseil de sécurité.  Mme Julienne Lusenge, Directrice du Fonds pour les femmes congolaises, a raconté que Furaha avait été violée puis détenue pour servir d’esclave sexuelle.  « Elle fut forcée de consommer de la chair humaine et de subir des traitements dégradants et inhumains », a encore dit Mme Lusenge. 

« Nos efforts de renforcement de la cohésion sociale, les formations sur la cohabitation pacifique pour atténuer les conflits au sein des communautés sont annihilés par ces souffrances extrêmes », s’est-elle alarmée, avant de demander elle aussi au Conseil de condamner l’implication du Rwanda dans les agissements du M23.  « Il est temps de cesser d’applaudir ce pays qui se développe sur les morts et les violences sexuelles faites aux femmes et aux filles par l’exploitation illicite de nos ressources », a-t-elle martelé. 

Dans son rapport, le Secrétaire général appelle la RDC et le Rwanda a une désescalade des tensions entre leur pays et à l’échelle régionale. 

LA SITUATION CONCERNANT LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO - S/2022/503

Déclarations liminaires

Mme BINTOU KEITA, Représentante spéciale du Secrétaire général en République démocratique du Congo (RDC) et Cheffe de la MONUSCO, a souligné combien, depuis son exposé au Conseil de sécurité en mars, la situation sécuritaire dans l’est de la République démocratique du Congo s’est détériorée, en raison notamment de l’intensification des attaques du Mouvement du 23 mars (M23) contre la population civile, les forces de sécurité nationales et les Casques bleus de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilité en République démocratique du Congo (MONUSCO), ainsi que les attaques des Forces démocratiques alliées (ADF) de la Coalition des démocrates congolais (CODECO) et les attaques d’autres groupes armés en Ituri et au Nord-Kivu.  Mme Keita a précisé que les offensives du M23, en particulier, ont un impact majeur sur les civils, qu’ils tuent et forcent à fuir, plus de 170 000 personnes ayant ainsi été déplacées du fait de leurs agissements.  Alors que certaines ont trouvé refuge grâce à l’hospitalité des familles d’accueil, les abris communautaires construits par des partenaires humanitaires sont devenus surpeuplés, tout comme les écoles, les stades, et les autres espaces collectifs dans lesquels étaient abritées d’autres personnes déplacées, a-t-elle ajouté.  Mme Keita s’est dite notamment préoccupée par l’entrave à la scolarité des enfants que crée cette situation, « qui n’est qu’un seul exemple de la manière dont la résurgence du M23 a perturbé la vie quotidienne d’une population civile qui a déjà souffert de l’insécurité persistante ». 

La Représentante spéciale a tenu à saluer, dans ce contexte sécuritaire difficile, « la réponse robuste et proactive de la MONUSCO » qui, agissant conformément à son mandat et dans le strict respect de la politique de diligence voulue en matière de droits humains, « a empêché le M23 de menacer la ville de Goma et d’autres localités situées le long de la Route nationale 2 ».  Cependant, elle a concédé que le M23 se comporte de plus en plus comme une armée conventionnelle plutôt que comme un groupe armé, disposant d’une puissance de feu et d’équipements de plus en plus sophistiqués.  « La menace que cela représente pour la population et les Casques bleus qui ont le mandat de la protéger est évidente », a-t-elle reconnu, avant de rendre hommage aux neufs Casques bleus qui ont perdu la vie, dont huit, le 29 mars, dans le crash d’un hélicoptère dû à une opération hostile dans une zone contrôlée par le M23 et un, le 5 avril, dans une opération offensive contre CODECO en Ituri.  Forte de ces éléments, elle a jugé impératif que le Conseil redouble ses efforts en faveur d’une désescalade rapide de la situation et du désarmement sans condition du M23.

Mme Keita a ensuite condamné ceux qui se livrent à l’exacerbation imprudente des tensions intercommunautaires au plan régional, se disant à cet égard encouragée par les nombreux appels au calme et condamnations des incitations à la violence provenant de dirigeants congolais, d’hommes politiques et de dirigeants de la société civile.  La Représentante spéciale a rappelé qu’il incombe au Conseil de sécurité d’apporter son plein soutien aux efforts menés au plan régional pour ramener le calme entre États voisins, une condition, selon elle, pour qu’il soit mis fin au fléau des groupes armés.  J’exhorte la RDC et le Rwanda à saisir l’occasion que représente le prochain Sommet organisé à Luanda par le Président João Lourenço pour résoudre leurs différends par le dialogue, a-t-elle dit, appelant les deux pays à continuer de tirer pleinement parti des mécanismes sous-régionaux existants, tels que le Mécanisme conjoint de vérification élargi.  En outre, la Représentante spéciale s’est réjouie de l’engagement du Gouvernement de la RDC à poursuivre les consultations avec les groupes armés et les encourager à appliquer le Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (PDDRC-S).  Plusieurs groupes armés locaux ont exprimé leur volonté de déposer les armes, a-t-elle encore salué, ajoutant que la mise en œuvre rapide et efficace du P-DDRCS était essentielle pour ouvrir la voie de la paix et de la stabilité en RDC. 

La situation politique nationale a également connu des évolutions notables depuis ma dernière intervention, a poursuivi Mme Keita, qui a toutefois encouragé les autorités de la RDC à préserver l’espace démocratique et à assurer le plein respect des libertés fondamentales, « notamment en vue de l’extension renouvelée à maintes reprises de l’état de siège dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu ».  Sur l’avenir de la MONUSCO, elle a rappelé que la Mission, dans le cadre de l’ajustement de sa présence en RDC, fermera demain définitivement ses bureaux à Kalemie, dans la province du Tanganyika.  « Le déploiement récent de 80 policiers, dans des zones où les défis sécuritaires persistent, constitue une preuve tangible de l’engagement des autorités congolaises à assumer leurs responsabilités envers la population dans les zones où la présence des Nations Unies est destinée à évoluer », a-t-elle estimé, avant d’assurer que l’Équipe de pays des Nations Unies continuerait de soutenir les efforts du Gouvernement visant à préserver et à consolider les progrès réalisés avec l’appui de la MONUSCO.  Toujours sur ce volet politique, Mme Keita a jugé essentiel que le Gouvernement poursuive les réformes envisagées dans son programme d’action, notamment dans le secteur de la sécurité, afin que les institutions de l’État soient en mesure de relever les multiples défis auxquels le pays est confronté.

La MONUSCO reste déterminée à protéger les civils et à aider à lutter contre les facteurs de conflit et de violence, a conclu la Représentante spéciale, pour qui l’atteinte d’objectifs partagés entre le Conseil et les pays contributeurs de troupes et de police reste essentielle pour que la Mission s’acquitte pleinement de son mandat. 

Mme JULIENNE LUSENGE, Directrice du Fonds pour les femmes congolaises (FFC), a fait état d’une instabilité politique, sécuritaire et humanitaire « sans précédent » dans l’est de la RDC, qui demande des actions concrètes afin de mettre un terme « à cette tragédie qui n’a que trop duré et qui fait la honte de l’humanité ».  Malgré les efforts déployés par la MONUSCO et les opérations menées par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et l’armée ougandaise dans le cadre de l’état de siège décrété en mai 2021 dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, la situation sécuritaire continue de se dégrader sous les attaques « terroristes » répétées du M23, des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et de la CODECO.  Mme Lusenge a dénoncé l’appui d’un « pays voisin » au M23, lequel continue de menacer la paix alors que plus de 5,5 millions de personnes demeurent déplacées au sein de populations hôtes « coupées de leurs ressources ».  « Pouvez-vous imaginer que les mamans préparent la poussière, la terre pour nourrir les enfants à la place de la bouillie de maïs ou de soja », s’est alarmée Mme Lusenge. 

La représentante de la société civile a évoqué le témoignage de sa compatriote Furaha, qui a décrit l’enlèvement d’un membre de sa famille par la CODECO, suivi de son meurtre et d’un acte de cannibalisme.  Furaha elle-même a ensuite été violée et, après avoir réussi à fuir, elle a été arrêtée à nouveau et détenue pendant plusieurs jours comme esclave sexuelle, où elle fut à nouveau forcée de consommer de la chair humaine et de subir des traitements dégradants et inhumains. 

Du fait de l’activisme des groupes armés, les acteurs humanitaires doivent en outre composer avec de longs délais pour atteindre les victimes, a continué Mme Lusenge, en plus des obstacles administratifs et géographiques qui empêchent de traduire les responsables en justice.  Ces contraintes, qui s’ajoutent à l’insécurité et aux souffrances quotidiennes, contribuent à leur tour à la méfiance croissante de la population et des différentes communautés envers les acteurs humanitaires et la MONUSCO.  « Nos efforts de renforcement de la cohésion sociale, les formations sur la cohabitation pacifique pour atténuer les conflits au sein des communautés sont annihilés par ces souffrances extrêmes », s’est inquiétée la Directrice du FFC.

Pour y remédier, Mme Lusenge a recommandé au Conseil de sécurité de mettre fin à l’ambiguïté sur la situation dans l’est de la RDC, notamment en reconnaissant l’implication de pays voisin avec le M23.  Il est temps de cesser « d’applaudir ce pays qui se développe sur les morts et les violences sexuelles faites aux femmes et aux filles par l’exploitation illicite de nos ressources », a-t-elle martelé, en exhortant le Conseil à renforcer les mécanismes de concertation afin de protéger la population.  À cet effet, elle a estimé que le conflit entre le Rwanda et les FDLR devrait se régler sur le sol rwandais.  Enfin, elle a invité l’Assemblée générale à organiser d’urgence une réunion consacrée à l’atténuation de l’insécurité alimentaire en RDC et en Afrique. 

Déclarations

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a rappelé le soutien de la France aux efforts régionaux pour stabiliser la situation dans l’est de la RDC.  Le représentant a condamné les offensives en cours du Mouvement M23 et les actions d’autres groupes armés, dont les Forces démocratiques alliées (ADF), la CODECO et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).  Les attaques contre la MONUSCO doivent cesser et faire l’objet d’enquêtes pour ne pas rester impunies.  Le processus engagé à Nairobi doit se poursuivre et les consultations avec les groupes armés doivent aboutir à leur désarmement, démobilisation et réintégration, a ajouté le délégué.  Pour la France, la force régionale annoncée lors du dernier conclave doit être complémentaire d’un processus politique et s’articuler avec la MONUSCO, dans le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo.  La France continuera à soutenir l’apaisement et la poursuite du dialogue entre la RDC et le Rwanda, dans le cadre des mécanismes existants et des initiatives diplomatiques en cours, a promis le représentant, citant en particulier la médiation engagée par le Président de l’Angola, avec le soutien de l’Union africaine. 

Pour le représentant, la priorité doit être donnée à la protection des civils, la France étant préoccupée face à la résurgence de discours de haine visant des communautés et des individus.  Les actions de prévention et de sensibilisation de la MONUSCO doivent se poursuivre et chacun, au niveau national et local, doit s’engager pour combattre ces incitations à la violence.  Certains groupes armés s’en prennent lâchement à ces civils vulnérables en attaquant des camps de déplacés, a encore déploré M. de Rivière, qui a appelé à redoubler d’efforts pour prévenir le recrutement et l’utilisation illégaux d’enfants.  Le régime de sanctions est un outil supplémentaire qui doit permettre de lutter contre ceux qui utilisent les enfants pour le conflit armé, a plaidé le représentant. 

Le représentant a en outre prié les partenaires de renforcer le développement durable au service des populations, saluant au passage la poursuite des travaux parlementaires en RDC pour préparer les élections de 2023.  La protection de l’espace démocratique, la transparence, l’inclusivité et la participation des femmes sont de nature à contribuer au bon déroulement de ces élections, a-t-il estimé.  En matière de santé, il a rappelé que la France avait récemment fait don de près de 300 000 doses de vaccin Moderna contre la COVID-19 et apportera un demi-million d’euros à la fondation Kinshasa Digital pour préparer les étudiants congolais aux études supérieures, tandis que l’Union européenne a engagé une aide humanitaire de 600 000 euros contre une flambée de variole du singe dans la province de Maniema. 

M. RICHARD M. MILLS (États-Unis) a demandé que cesse la violence visant les civils et aux groupes armés de déposer les armes.  Tous les groupes en RDC doivent prendre part aux efforts de désarmement, de démobilisation, de relèvement communautaire et de stabilisation sans conditions, a encouragé le représentant, qui a demandé aux groupes armés étrangers de rentrer dans leur pays d’origine.  Il a aussi demandé à la RDC et au Rwanda de continuer de prendre des mesures positives en vue d’une désescalade des tensions.  Toute entrée de force étrangère en RDC doit se faire en coopération avec la RDC et de manière transparente, a-t-il ajouté, car les activités des groupes armés dans l’est de la RDC ont des conséquences humaines tragiques et bien réelles: elles sont à l’origine de déplacements de populations et d’une augmentation des besoins humanitaires, représentant un défi de taille en matière d’accès humanitaire et d’acheminement d’une assistance vitale.

Les États-Unis sont extrêmement inquiets par la déclaration du Rwanda remettant en question l’impartialité de la MONUSCO, alors que la Mission n’a pas ménagé ses efforts pour exécuter son mandat de manière impartiale dans un environnement toujours plus complexe, a déclaré M. Mills.  Ce type de déclaration encourage les hostilités vis-à-vis des Casques bleus et sont inacceptables, a-t-il martelé.  « Que les choses soient claires, toute rhétorique incitant à la violence ou exacerbant les risques pour le personnel de la MONUSCO en menaçant leur sécurité et leur sûreté est inacceptable », a averti le représentant.  Les États-Unis continueront de soutenir la RDC durant ces heures difficiles, a-t-il promis, exhortant la Communauté de l’Afrique de l’Est à donner la priorité au dialogue pour régler cette crise. 

Le représentant a insisté sur le fait que le déploiement de forces supplémentaires dans l’est de la RDC doit être coordonné avec la MONUSCO et être mené conformément aux engagements pris par les différentes parties.  Il doit se faire aussi dans le respect des résolutions du Conseil de sécurité concernant les sanctions et faire l’objet de notifications officielles à celui-ci avant le déploiement.  Le représentant a réitéré son invitation à tous les acteurs à s’abstenir de toute rhétorique alimentant la violence contre les Casques bleus ou les personnes parlant le kinyarwanda ou d’origine rwandaise dans l’est de la RDC.  Les élus de la RDC doivent, de même, condamner sans équivoque le recours à de tels discours sur les réseaux sociaux ou en public.  Cette région ne connaît que trop bien ce qui peut se passer lorsque des groupes manipulent les différences perçues pour inciter la haine et la violence.  « Nous ne pouvons pas permettre que ceci se reproduise », a conclu le représentant.

M. HAROLD AGYEMAN (Ghana), au nom des A3 (Ghana, Gabon et Kenya), a salué, au sujet du volet politique, l’engagement réaffirmé du Gouvernement de la RDC d’organiser des élections en 2023, « conformément au cadre constitutionnel ».  Les A3 saluent la révision de la loi électorale par l’Assemblée nationale, qui prévoit des dispositions qui non seulement augmentent la transparence, mais créent également des incitations à une plus grande participation des femmes.  Concernant la situation en matière de sécurité, le représentant s’est réjoui de la volonté croissante de groupes armés de déposer les armes dans le cadre du Programme de démobilisation, désarmement, relèvement communautaire et stabilisation (PDDRC-S).

Par ailleurs, M. Agyeman a réitéré le souhait de son pays, du Gabon et du Kenya que l’aide humanitaire soit basée sur la résilience.  Elle devrait comprendre la réhabilitation et la reconstruction des infrastructures civiles, la restauration des services essentiels et la fourniture d’équipements et de technologies modernes à l’appui des entreprises locales qui soutiennent les moyens de subsistance, a-t-il ainsi dit.  Les A3 invitent les États membres de la Communauté de l’Afrique de l’Est, ainsi que la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, à travailler ensemble pour trouver des solutions viables, y compris leur réintégration dans leurs communautés d’origine, pour les réfugiés et les personnes déplacées internes.  Sur ces questions régionales, le représentant a également encouragé les États concernés à renforcer leur intégration économique « en tant que composante essentielle de la promotion de la paix, de la stabilité et du développement économique ». 

Mme MONA JUUL (Norvège) s’est inquiétée de la détérioration de la situation sécuritaire dans certaines parties de l’est de la RDC à cause des affrontements entre le M 23 et les FARDC, sans oublier la menace constante pour les civils que représentent les ADF, la CODECO et d’autres groupes.  Elle s’est dit préoccupée par la résurgence des discours de haine et de l’incitation à la violence dans la région des Grands Lacs et par les actes de violence répétés au cours des dernières semaines contre les groupes de population rwandophones en RDC.  Elle a estimé que l’état de siège ne s’est pas traduit par des progrès réels.  Très préoccupée par l’augmentation spectaculaire des cas de violence sexuelle, elle a exhorté toutes les parties prenantes à évaluer soigneusement les avantages de l’état de siège avant de le prolonger.  Elle a appelé à protéger tous les civils, y compris les enfants.  Alors qu’une nouvelle étape sera franchie ce mois-ci avec le retrait de la MONUSCO de la province du Tanganyika, la représentante a jugé important que les autorités congolaises et le système onusien soient prêts à reprendre certaines tâches pour préserver les gains réalisés.  Elle a conclu en soulignant l’importance de la transparence et de la communication entre tous les acteurs concernés.

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) s’est inquiété de la détérioration de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC à cause des affrontements avec les groupes armés, qui perpétuent des violences aux terribles conséquences pour les civils en Ituri, au Nord-Kivu et au Sud-Kivu.  Outre l’impact des groupes armés -ADF, CODECO ou FDLR- le représentant s’est particulièrement inquiété des conséquences de la résurgence du groupe M23 sur les populations de Goma, Beni et Uvira.  Face à cette situation, il a mis l’accent sur les opportunités offertes par la coopération régionale en estimant que le Rwanda, le Burundi et la RDC avaient tout intérêt à agir de concert.  Dans ce contexte, il a salué la contribution de l’Union africaine, de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et de la Commission de l’Afrique de l’Est pour appuyer le processus de Nairobi.  Enfin, il s’est félicité des mesures susceptibles de permettre à davantage de femmes d’être candidates aux élections prévues en novembre. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) s’est dit profondément préoccupé par la situation sécuritaire dans l’est de la RDC.  L’actuelle flambée de violence met en péril les récents efforts de paix et de prospérité, et exacerbe une situation humanitaire déjà grave.  Pire, s’est-il inquiété, le risque de guerre régionale est le plus élevé qu’il n’a été depuis de nombreuses années.  C’est pourquoi, une désescalade immédiate par toutes les parties et un respect mutuel de la souveraineté sont, pour lui, absolument nécessaires.  Dans le même temps, le délégué a salué les efforts diplomatiques en cours, notamment par le biais du processus de Nairobi dirigé par le Président Uhuru Kenyatta et l’engagement approuvé par l’UA du Président João Lourenco.  Par ailleurs, sa délégation attend avec intérêt les plans relatifs à la force régionale proposée par la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) et demande instamment aux États partenaires de la CAE de collaborer étroitement et efficacement avec la MONUSCO afin de gérer les risques potentiels de déploiements militaires parallèles.  Sur le plan humanitaire, le représentant a exhorté le Gouvernement de la RDC à travailler plus étroitement avec les agences humanitaires, y compris OCHA, afin de trouver des solutions spécifiques et pratiques aux menaces qui pèsent sur l’acheminement de l’aide, notamment par le biais d’une coordination civilo-militaire renforcée.

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a notamment exhorté la MONUSCO à continuer d’appuyer la RDC dans les efforts politiques du Gouvernement après les ajustements apportés à sa présence dans le pays.  S’attaquer à l’insécurité persistante dans le pays passe également par la conclusion du processus électoral, a ajouté le représentant, qui a par ailleurs souligné l’importance que la transition politique s’effectue, avec l’aide de la Mission, par le biais du renforcement progressif de l’autorité de l’État, des organes de sécurité et des institutions judiciaires.  La transition et le retrait éventuel de la MONUSCO doivent être progressifs et responsables et aller de pair, a-t-il encore dit. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) s’est inquiété de la détérioration de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC, marquée notamment par la résurgence du M 23 et les activités d’autres groupes armés, y compris les attaques contre la MONUSCO.  Il s’est toutefois félicité des efforts régionaux entrepris dans le cadre du processus de Nairobi ainsi que des accords du 20 juin sur le déploiement d’une force régionale dans le cadre du traité de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE).  Le représentant a appelé à un dialogue global avec la participation des groupes armés et à une coopération régionale afin de réduire les tensions entre la RDC et le Rwanda.  Il s’est par ailleurs dit préoccupé par l’augmentation des discours de haine, que ce soit entre Congolais ou envers les étrangers.  S’agissant des élections prévues en 2023, il a salué les efforts des Nations Unies en faveur de la réconciliation et de l’unité afin de préserver les acquis.  En ce qui concerne le processus de transition de la MONUSCO, il a pris note du retrait de la Mission de la province du Tanganyika, comme le veut la stratégie de sortie prévue par le Conseil de sécurité.  Il a souligné à cet égard l’importance de la mise en œuvre rapide du Programme de désarmement, démobilisation et réinsertion communautaire et de stabilisation (PDDRC-S).

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) s’est dite extrêmement préoccupée par la détérioration de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC ainsi que par la montée des tensions régionales, notamment entre la RDC et le Rwanda.  Elle s’est alarmée de l’augmentation des discours de haine et des attaques des groupes armées, notamment le M23, contre les civils, les personnes déplacées, le personnel sanitaire et humanitaire, les FARDC et la MONUSCO, malgré la prorogation de l’état de siège.  La coopération régionale est essentielle pour la réconciliation et pour parvenir à une paix durable, a-t-elle noté, en soulignant l’importance des mécanismes régionaux, notamment le conclave des chefs d’État.  En ce qui concerne l’opérationnalisation d’une force régionale, elle a estimé qu’elle devait se faire de manière progressive et en étroite collaboration avec la MONUSCO. 

La représentante s’est félicitée du Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (PDDRC-S) en tant qu’élément essentiel d’une paix durable.  Alors que l’insécurité alimentaire continue d’augmenter, exacerbée par la guerre de Russie contre l’Ukraine et la hausse mondiale des prix alimentaires, le conflit entraîne des déplacements forcés et des niveaux alarmants de faim et de malnutrition, a-t-elle fait observer.  Elle s’est inquiétée de l’impunité qui continue de prévaloir malgré la persistance des violations des droits de l’homme et des violences sexuelles et sexistes. 

M. DAI BING (Chine) s’est inquiété de la réapparition du M23 et des tensions qui en résultent dans l’est de la République démocratique du Congo.  Dans ce contexte, il a exhorté les pays de la région à travailler ensemble et à tirer les leçons du passé pour maintenir la paix dans la région.  Il a souhaité que la RDC devienne un moteur de développement et de coopération régionale plutôt qu’un catalyseur de conflits.  Il a ajouté son soutien aux efforts des présidents de l’Angola et du Kenya pour créer la paix dans la région avant de saluer « l’énorme travail » de M. Huang Xia, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, pour apaiser les tensions dans ces régions.  Il a noté que le processus de Nairobi approuvé par l’UA offre une solution à deux volets, politique et militaire, et a exhorté tous les groupes armés à répondre à l’appel de ce processus.  Il a exprimé son soutien au travail de la MONUSCO pour aider à stabiliser la région et rendu hommage aux Casques bleus qui ont fait le sacrifice ultime de leur vie.  Enfin, le représentant a jugé pertinent, au regard des dernières évolutions, de lever les exigences concernant les importations d’armes et de munitions afin que la RDC puisse préserver sa sécurité par ses propres moyens. 

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a estimé cruciale une désescalade du conflit face à la montée des tensions dans l’est de la RDC, notant l’augmentation des attaques violentes des groupes armés.  À cet égard, il a réitéré l’urgente nécessité de progresser dans la mise en œuvre du Programme de PDDRC-S, afin que tout soit mis en œuvre pour que les groupes armés déposent leurs armes.

De même, il a exprimé sa préoccupation quant à la situation des femmes et des filles vivant dans l’est de la RDC, qui continuent de faire face aux risques les plus élevés à cause de la détérioration de la situation sécuritaire.  Il a plaidé pour que les auteurs soient tenus responsables.  L’amélioration de la situation sécuritaire nécessite également de laisser du temps et de l’espace aux dirigeants de la RDC, ainsi qu’à ceux des pays voisins, pour échanger des idées et forger une compréhension commune de la manière de faire face aux menaces de plus en plus complexes, posées par les groupes armés, a analysé le représentant.  Enfin, il a réitéré le soutien continu des Émirats arabes unis à la MONUSCO dont la présence reste « vitale » pour dissuader les groupes armés de mener leurs activités, et son engagement avec toutes les parties prenantes politiques pour aider à assurer un environnement propice aux prochaines élections. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) s’est dite extrêmement préoccupée par la poursuite des hostilités dans l’est de la RDC et a condamné les attaques des groupes armés illégaux contre la population civile, l’armée congolaise et la MONUSCO, particulièrement les attaques du M23.

Dans cette phase active de confrontation avec le M23, d’autres groupes armés continuent de terroriser la population locale et se battent entre eux pour le contrôle des gisements de ressources naturelles, a-t-elle fait observer, déplorant les conséquences sur les civils.  Le nombre de victimes se compte par centaines, la situation humanitaire se dégrade et le nombre de déplacés internes et de réfugiés ne cesse d’augmenter, s’est-elle inquiétée.  C’est pourquoi elle a dit espérer que les Forces armées congolaises, avec les Casques bleus de l’ONU et les partenaires internationaux, pourront rétablir le contrôle de la situation dans le domaine de la sécurité et empêcheront une escalade des violences. 

Pour la représentante, la priorité absolue aujourd’hui est de faire cesser les hostilités et de lancer un véritable dialogue, car il est impossible, à ses yeux, de parvenir à une normalisation à l’est de la RDC par des moyens exclusivement militaires.  À cet égard, elle a lancé un appel aux formations armées illégales pour qu’elles cessent leurs attaques et renoncent à la violence, afin de privilégier les négociations avec les autorités congolaises.  Elle s’est réjouie de constater une augmentation des participants aux consultations du processus de Nairobi et, parmi eux, la présence croissante de représentants de groupes armés.  De même, elle s’est félicitée des mesures prises par les États africains pour contribuer au règlement de la situation en RDC.  C’est dans le cadre d’une coopération constructive et sincère entre les pays de la région qu’il sera possible d’avancer sur ces questions et de régler de manière durable les problèmes de la région, a-t-elle conclu.

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a pris note du troisième conclave des chefs d’État qui s’est tenu le 20 juin à Nairobi, notamment la constitution de la force de la Communauté d’Afrique de l’Est.  Toutefois, tout nouvel acteur déployé sur le terrain pour lutter contre les groupes armés se doit d’opérer en étroite coopération avec la MONUSCO afin de parvenir à des résultats durables, a-t-elle prévenu.  Elle a salué l’approche de Nairobi à deux volets afin de mettre un terme au conflit, tout en appelant les groupes armés à déposer les armes et à participer au Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (PDDRC-S).  Toutefois, alors que les accusations d’attaques transfrontalières entre la RDC et le Rwanda se multiplient, mettant en péril les acquis durement gagnés, elle a fait écho à l’appel du Secrétaire général pour qu’ils s’engagent dans un dialogue sincère, avec l’appui des mécanismes régionaux. 

À l’approche des élections de 2023, la représentante s’est dite « découragée » par le rétrécissement de l’espace démocratique, sur fond d’aggravation de la situation sécuritaire sous les attaques répétées des groupes armés, souvent accompagnées de discours de haine.  Elle a fait part de sa vive préoccupation devant l’impact de ces attaques sur les civils, alors que le nombre de personnes déplacées ne cesse d’augmenter.  Les défis multidimensionnels auxquels est confrontée la RDC nécessitent non seulement le renforcement de la sécurité, mais également un engagement « fort » de la communauté internationale en faveur de projets de développement permettant d’améliorer la situation socioéconomique de la population, a-t-elle conclu. 

M. GEORGES NZONGOLA-NTALAJA (République démocratique du Congo), après avoir félicité Mme Keita pour son implication et la qualité du travail effectué à la tête de la MONUSCO, a assuré le Conseil que, pour son gouvernement, la Mission demeure un partenaire important de son pays dans sa quête pour la paix et la stabilité dans l’Est.  Quant à ses mandats, a-t-il ajouté, « le plus important dans une situation de guerre sous le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies est la protection des civils ».  Or, le représentant a déclaré que ses concitoyens n’étaient pas convaincus que celle-ci est la priorité des priorités pour la MONUSCO.  C’est pourquoi, il a jugé indispensable que la Mission soit en mesure de s’imposer et de dissuader les groupes armés sur le terrain.  La RDC demande donc au Conseil d’allouer à la MONUSCO des moyens suffisants, d’actualiser son armement et d’améliorer la qualité de ses équipements. 

Le représentant a ensuite confirmé que la situation politique de son pays est dominée par l’organisation des élections de 2023.  À cet égard, il a assuré que l’engagement du Gouvernement d’améliorer les processus électoraux reste intact.  Quant à la situation sécuritaire, il a estimé que son amélioration continue de dépendre de la volonté « des uns et des autres, ainsi que des pressions de l’Union africaine et de la communauté internationale pour faire avancer le processus de paix et sécurité ». 

Le représentant s’est notamment interrogé sur la résurgence du M23, mouvement pourtant défait par les FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo) et la Brigade d’intervention des Nations Unies en 2013.  Aujourd’hui, le M23 dispose d’un arsenal de combat supérieur à ceux de la MONUSCO et des FARDC, a-t-il fait valoir, ajoutant qu’il était en mesure d’abattre des hélicoptères militaires, de terroriser la province du Nord Kivu et de commettre d’autres crimes dans l’est du pays.  Comment expliquer la réapparition de ce groupe après cette longue absence, et qui est derrière ce groupe, qui était apparemment désarmé et sous la garde du Rwanda et de l’Ouganda?, a-t-il demandé avec gravité.  Pourquoi la communauté internationale et les Nations Unies ne veulent pas associer ce groupe avec l’État du Rwanda?, a encore demandé M. Nzongola-Ntalaja avant d’affirmer, documents à l’appui, que « le M23 est une milice de l’armée rwandaise ». 

Rappelant ensuite qu’en tant que pays membre à part entière de l’ONU, la RDC avait le droit de voir ses frontières et sa souveraineté respectées, il a déclaré que, pour retrouver la stabilité, il fallait que « justice soit rendue au peuple congolais ».  Au Conseil de sécurité, il a demandé de condamner fermement « l’agression criminelle du M23 contre la RDC et tous ses appuis, en commençant par l’État du Rwanda et son Président », de sommer le M23 de quitter immédiatement et sans conditions le territoire congolais, d’appuyer le processus de Nairobi ou encore d’exiger de tous les groupes armés, sans exception, de déposer les armes pour rejoindre le P-DDRCS.  Enfin, il a demandé au Conseil le retrait total du dispositif de notification préalable exigé par le Comité des sanctions concernant la RDC, cette disposition, « vieille de plus de 14 ans », étant, selon lui, devenue « complètement obsolète ».  « Les groupes armés qui massacrent la population congolaise ne sont même pas affectés par cette mesure », a-t-il conclu. 

M. CLAVER GATETE (Rwanda) s’est d’abord félicité des résultats de la troisième réunion du conclave des chefs d’État sur la RDC tenu à Nairobi, le 20 juin 2022, où les chefs d’État d’Afrique de l’Est sont convenus de créer une Force régionale qui travaillera en coopération avec les forces de la RDC pour stabiliser la région et neutraliser toutes les forces négatives.  Il a ajouté que l’engagement du Rwanda en faveur de la protection des civils s’appuie sur l’histoire tragique de l’échec des Nations Unies à prévenir et à arrêter le génocide de 1994 contre les Tutsis.  C’est pourquoi, il a appelé à trouver des solutions durables au conflit en RDC, pour garantir que cette histoire tragique ne se reproduise plus jamais dans la région des Grands Lacs.

Le représentant a particulièrement dénoncé les « accusations sans fondements » des dirigeants politiques et militaires de la RDC qui prétendent que le Rwanda soutient le M23.  Il a rappelé que toute allégation de ce type devrait être signalée au Mécanisme de vérification approprié pour une enquête indépendante.  M. Gatete a ajouté que le Rwanda rejette le discours de propagande en cours sur la RDC, selon lequel les pays de la région veulent « balkaniser l’est de la RDC ».  Il a ajouté que ces déclarations absurdes et sans fondements sont destinées à détourner l’attention des complexes problèmes internes de la RDC. 

Notant que les FARDC combattent le M23 aux côtés des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), un groupe armé sanctionné par le Conseil de sécurité en 2013, le représentant du Rwanda a invité la RDC à éviter de forger des alliances avec des groupes armés hostiles.  Il a ajouté que cette alliance place également la MONUSCO dans une position très difficile, « car soutenir les FARDC alors qu’elles combattent aux côtés des FDLR revient à soutenir un groupe armé génocidaire ».  C’est pourquoi, il a appelé le Conseil de sécurité à condamner cette alliance et exhorter la MONUSCO « d’éviter toute coopération militaire avec les FARDC tant qu’elles sont alliées aux forces négatives ».  Notant que le M23 a été le seul groupe armé vaincu par le déploiement de la Brigade d’intervention des Nations Unies en 2013, M. Gatete s’est dit préoccupé par une approche sélective et ce double standard dans la lutte contre les groupes armés en RDC.

Le représentant a rappelé la pertinence de l’approche régionale recommandée par le Deuxième Conclave des Chefs d’État sur la RDC, tenue le 21 avril dernier, pour faire face à la situation dans l’est du pays, avant d’exhorter la RDC à mettre en œuvre ses obligations en vertu des accords régionaux et incorporer pleinement tous les groupes dans le cadre d’un accord de paix convenu. 

M. ZÉPHYRIN MANIRATANGA (Burundi) a salué le courage, l’engagement et tous les efforts déployés par le Bureau de la MONUSCO en RDC dans un contexte qu’il a jugé « quelque peu délicat et qui appelle une plus grande attention » de la communauté internationale et du Conseil de Sécurité en particulier.  Le représentant a indiqué que son pays ne ménagerait aucun effort pour la promotion des relations de bon voisinage avec tous les pays dans la sous-région, afin que règne la paix et qu’il soit possible de s’attaquer aux principaux défis qui se posent aussi bien au niveau régional qu’international, comme la sécurité, les changements climatiques, la relance économique ou la lutte contre la pauvreté.

En vertu du principe essentiel des solutions africaines aux problèmes africains, le Burundi salue le leadership du Président kényan et s’aligne pleinement et entièrement sur le processus de Nairobi s’agissant de la situation en RDC dans le cadre de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), ainsi qu’aux conclusions du dernier Sommet de la CAE tenu à Nairobi le 20 mai dernier.  Il privilégie avant tout le respect de la dimension régionale dans la gestion des différends en Afrique. 

Par ailleurs, la lutte contre les groupes armés et terroristes locaux et étrangers qui pullulent dans l’est de la RDC, ainsi que contre les guerres par procuration, doivent demeurer une priorité des États de la région afin de stabiliser définitivement cette sous-région, a poursuivi le représentant.  À cet égard, il a estimé qu’une attention particulière devrait aussi être réservée aux revendications légitimes de la RDC en ce qui concerne le respect et la défense de sa souveraineté.  Pour finir, le Burundi appelle au respect des dispositions contenues dans le paragraphe 5 de l’Accord cadre d’Addis Abeba sur la paix, la sécurité et la coopération en RDC et dans la région et se félicite de tous les efforts déployés par les Nations Unies, l’Union africaine et la Communauté d’Afrique de l’Est pour une paix durable dans l’est de la RDC.

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