Soixante-dix-septième session
1e & 2e séances plénières – matin & après-midi
AG/SHC/4342

Sur fond de crises multiples, la Troisième Commission donne le coup d’envoi de sa session 2022 en mettant l’accent sur les lacunes du développement social

La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a entamé, aujourd’hui, les travaux de sa soixante-dix-septième session, qui, pour la première fois depuis le début de la pandémie de COVID-19, se tiendront intégralement en présentiel.  Centrée sur le développement social, la discussion générale s’est ouverte sur le constat unanime des impacts délétères de l’urgence climatique, des conflits, de l’inflation galopante et de la crise du coût de la vie, qui ont pour effet une augmentation de la pauvreté extrême sans précédent depuis 1998.  Si nombre de délégations ont mis en avant le besoin d’une coopération accrue pour surmonter ces défis, d’autres ont souligné l’importance de la famille pour sauvegarder la cohésion sociale. 

Avant que la parole soit donnée aux délégations, dont bon nombre étaient représentées par des jeunes, le Sous-Secrétaire général chargé du développement économique au Département des affaires économiques et sociales (DESA) n’a pas caché que ces crises imbriquées, facteurs d’inégalités croissantes et de recul pour l’éducation, l’emploi et l’accès aux soins de santé, risquent d’entraîner des troubles sociaux « voire des soulèvements ».  M. Navid Hanif a, par conséquent, appelé à des mesures urgentes pour « rattraper le temps perdu » et ne laisser personne de côté, conformément au Programme de développement durable à l’horizon 2030, que le Secrétaire général propose de relancer à l’occasion du prochain sommet du G20. 

Intervenant à son tour dans le cadre d’un dialogue interactif, le Directeur du Bureau de New York de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a, quant à lui, évoqué le récent Sommet sur la transformation de l’éducation, alors que 244 millions d’enfants ont manqué l’école ces dernières années et que 771 millions d’adultes n’ont pas acquis les compétences de base en lecture, écriture et calcul, ce qui les prive d’un accès aux services de base et limite le développement de leurs sociétés.  De l’avis de M. Eliot Minchenberg, 17 milliards de dollars seront nécessaires pour combler l’écart de financement en matière d’alphabétisation, priorité à laquelle s’ajoute la lutte contre la désinformation et les discours de haine. 

À sa suite, l’experte indépendante chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits humains a signalé que les violations du droit à un logement adéquat frappent particulièrement les seniors.  Relevant à ce propos le taux de mortalité élevé des personnes âgées vivant dans des maisons de soins, elle a imputé pour partie ce phénomène à l’échec de ces établissements à protéger leurs résidents.  En outre, les seniors sont plus susceptibles de souffrir d’expulsion lorsque leur retraite est insuffisante pour couvrir leur loyer, a déploré Mme Claudia Mahler, avant d’exhorter les États à combattre l’âgisme, à garantir la disponibilité de services à domicile adaptés, à mettre un terme à l’institutionnalisation des soins et à veiller à ce que les logements restent abordables.  Autant de raisons qui, à ses yeux, nécessitent l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant sur les droits humains des personnes âgées. 

Si la plupart des délégations ont cité la protection des seniors et des personnes handicapées dans leurs politique de développement social, certaines ont insisté sur l’importance de la famille.  Y voyant « l’élément fondamental de la société », le Saint-Siège a fait remarquer que la famille offre le meilleur environnement pour le développement des enfants et est souvent l’unique soutien des personnes vulnérables.  Observant également que les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants, il a souhaité que leurs droits soient respectés.  Un avis partagé par le Cameroun, qui a insisté sur les nouveaux défis qu’entraîne pour les familles le développement des Technologies de l’information et des communications (TIC).  La Fédération de Russie a, elle aussi, souligné la nécessité de protéger les « valeurs familiales traditionnelles », tandis que le Mexique présentait la famille comme « l’institution de sécurité sociale la plus importante ». 

Face au risque d’effondrement de la cohésion sociale lié aux crises actuelles, le Groupe des 77 et la Chine a attiré l’attention de la Commission sur la situation des pays en développement, en rappelant que ces derniers ont besoin d’un appui de 4 500 milliards de dollars pour se relever et espérer atteindre les ODD dans les délais impartis.  Partisan d’une augmentation de l’aide publique au développement (APD) et d’une redistribution des droits de tirage spéciaux (DTS), il a aussi réclamé davantage d’égalité vaccinale et la poursuite de la coopération Nord-Sud.  Il a été appuyé par la Chine, selon laquelle il importe aussi de respecter le fait que le monde en développement explore sa propre voie de développement.  Le Groupe des États d’Afrique a, lui, mis l’accent sur l’initiative africaine d’accélération de l’adaptation aux changements climatiques, non sans rappeler aux pays développés leur engagement à consacrer à cette question 100 milliards de dollars par an. 

Plusieurs pays ont d’autre part dénoncé les effets des mesures coercitives unilatérales sur leur développement social, la délégation iranienne relevant que, dans son rapport remis à la cinquante-et-unième session du Conseil des droits de l’homme, la Rapporteuse spéciale en charge de cette question a reconnu que « les sanctions économiques ont sapé les efforts nationaux de l’Iran dans sa quête d’autosuffisance économique ».  Une position soutenue par la Russie, pour qui ces sanctions illégales empêchent des États souverains d’accéder aux produits de première nécessité sans lesquels il n’est pas possible d’assurer le développement durable. 

En ouverture de la séance, le Président de la Troisième Commission, M. José Alfonso Blanco Conde, de la République dominicaine, a présenté l’organisation des travaux et la planification des programmes de l’instance.  Il a également félicité ses vice-présidents, Mme Almaha Mubarak Al-thani, du Qatar, Mme Marta Kaczmarska, de la Pologne et M. Stefano Venancio Guerra, du Portugal, ainsi que la Rapporteuse de la Commission, Mme Shalini Gungaram, de Maurice. 

La Troisième Commission poursuivra ses travaux demain, vendredi 30 septembre à partir de 10 heures. 

DÉVELOPPEMENT SOCIAL

Déclarations liminaires suivies de dialogues interactifs

M. NAVID HANIF, Sous-Secrétaire général chargé du développement économique au Département des affaires économiques et sociales (DESA), a constaté que cette session se tient alors que le monde fait face aux effets durables de la pandémie de COVID-19, à l’urgence climatique, à la recrudescence des conflits, à l’inflation croissante et à une crise du coût de la vie.  Dans ce contexte, a-t-il relevé, la pauvreté extrême a augmenté dans le monde pour la première fois depuis 1998 et 3% des travailleurs ont perçu des revenus inférieurs à ceux d’avant la pandémie.  De surcroît, les groupes marginalisés ont été disproportionnellement touchés, ce qui a entraîné une croissance des inégalités au sein des pays et entre eux.  Parmi les effets de ces crises, le Sous-Secrétaire général a noté un recul de l’accès à l’éducation, un grand nombre de pertes d’emploi et une augmentation de la discrimination en matière de soins de santé.  Particulièrement frappés, les peuples autochtones sont aux prises avec des violations de leurs droits collectifs et individuels, a-t-il observé, faisant état d’une insécurité alimentaire croissante et d’un accès restreint aux services de base pour ces populations, comme pour les personnes âgées. 

Avertissant que ces questions risquent d’entraîner des troubles sociaux voire des soulèvements, M. Hanif a appelé à des mesures urgentes pour rattraper le temps perdu et ne laisser personne de côté.  Il a appelé à renforcer la résilience des personnes et la couverture sociale, tout en investissant dans les infrastructures et les services essentiels, notamment une éducation de qualité et un apprentissage tout au long de la vie, des services de santé abordables, une eau propre et un assainissement efficace, de même qu’un logement décent, un accès fiable à Internet et des emplois décent.  Il a également jugé crucial d’investir dans la jeunesse et de la faire participer aux décisions qui la concernent, avant de rappeler que le Secrétaire général a proposé un plan de relance des objectifs de développement durable (ODD) afin notamment de trouver de nouveaux financements.  De l’avis du Sous-Secrétaire général, le sommet sur les ODD prévu en 2023 sera un tournant pour sauver ces objectifs communs. 

Relevant d’autre part que cette année marque le vingtième anniversaire du Plan d’action international de Madrid de 2002 sur le vieillissement, il a fait remarquer que le nombre de personnes âgées dans le monde sera supérieur à celui des jeunes en 2030, ce qui impose de prendre des mesures d’inclusivité pour tous les âges.  En vue du Sommet mondial de la famille attendu en 2024, il a souhaité que soit mené un important travail sur les politiques familiales.  Quant au Sommet mondial pour le développement social prévu en 2025, il sera l’occasion de veiller à ce que les programmes sociaux figurent au cœur de toutes les politiques, a-t-il conclu, exhortant les pays à utiliser la plateforme inclusive des Nations Unies pour continuer d’avancer sur ces questions. 

Mme DANIELA BAS, Directrice de la Division du développement social inclusif (DISD/DESA), a présenté les rapports au titre du point à l’ordre du jour, à commencer par le rapport du Secrétaire général sur la « Suite donnée au Sommet mondial pour le développement social et à la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale » A/77/175, qui exhorte notamment les États Membres à continuer à investir dans les capacités des populations en assurant un accès à une éducation de qualité et des soins de santé abordables sans oublier la connexion à Internet pour tous. 

Mme Bas a indiqué, en outre, que le rapport présente les résultats de la soixantième session de la Commission du développement social et analyse les politiques destinées à relever les nouveaux défis du développement social afin d’accélérer la mise en œuvre du Programme 2030. 

Passant au rapport A/77/61 - E/2022/4 sur la « Réalisation et suivi des objectifs de l’Année internationale de la famille », Mme Bas a recommandé de mieux soutenir les parents qui travaillent, notamment en revoyant à la hausse les allocations familiales et en assurant des congés de paternité et maternité.  De même, elle a encouragé à faciliter l’accès des parents à Internet afin qu’ils puissent suivre et aider leurs enfants et être en phase avec la génération Z. 

La Directrice de la Division du développement social inclusif a ensuite présenté le rapport A/77/134 « Suite donnée à l’Année internationale des personnes âgées: deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement », qui propose une analyse des incidences des technologies numériques sur les personnes âgées.  Elle a rappelé à cette occasion que d’ici à 2030, il y aura plus de personnes âgées que de jeunes.

Enfin le rapport A/77/166, relatif au « Développement sans exclusion pour et avec les personnes handicapées », examine la situation de ces personnes dans le contexte des urgences humanitaires.  Il faut tenir compte des personnes handicapées dans la protection des réfugiés ainsi que celles qui sont victimes de conflits, de catastrophes naturelles et autres crises, a insisté Mme Bas.

Dialogue interactif  

La délégation de l’Argentine s’est inquiétée du dernier rapport publié par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sur la situation en matière de sécurité alimentaire et de nutrition dans le monde qui prévient que près de 70 millions de personnes continueront de souffrir de faim en 2030, soit 8% de la population mondiale.  Elle a souhaité savoir quelles étaient les attentes de Mme Bas par rapport au prochain Sommet mondial pour le développement social prévu en 2025. 

Dans sa réponse, la Directrice de la Division du développement social inclusif a indiqué qu’il s’agit d’abord d’attendre les résultats des délibérations entre les États Membres pour décider si ce sommet aura lieu.  S’agissant de la crise alimentaire, notant que notre planète ne grandit pas proportionnellement à la population, Mme Bas a appelé à ne pas l’exploiter au point où nous manquerions d’aliments. 

M. ELIOT MINCHENBERG, Directeur du Bureau de l’Organisation des Nation Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) à New York, a présenté le rapport intitulé « L’alphabétisation, enjeu vital: définir les futurs programmes d’action, et l’enseignement de la démocratie » (A/77/187), profitant de l’occasion pour évoquer la tenue récente du Sommet sur la transformation de l’éducation.  Il a signalé que 244 millions d’enfants n’étaient pas sur les bancs de l’école et 771 millions d’adultes n’avaient pas acquis les compétences de base en lecture, écriture et calcul, les privant d’un accès aux services de base et limitant le développement durable des sociétés concernées. 

Il a souligné que 17 milliards de dollars seront nécessaires pour combler l’écart de financement et atteindre les objectifs en matière d’alphabétisation.  Les États Membres et les partenaires de développement doivent élaborer des programmes d’alphabétisation pour les jeunes et les adultes et investir dans l’éducation de base.

M. Minchenberg a aussi attiré l’attention sur l’importance de l’éducation pour la démocratie, s’inquiétant de l’augmentation des attaques contre la vérité.  Il a exhorté à créer et renforcer les politiques éducatives pour lutter contre la désinformation et la mésinformation, ainsi que l’augmentation des discours de haine, entre autres.

Dialogue interactif

À la suite de la présentation de M. Minchenberg, l’Argentine a regretté que le document de vision diffusé par le Secrétaire général dans la foulée du Sommet sur la transformation de l’éducation ne fasse pas mention de l’éducation sexuelle complète, laquelle est essentielle pour garantir une pleine autonomie corporelle et physique et pour assurer l’égalité des genres.  Elle a souhaité en connaître la raison.  La Mongolie a, pour sa part, voulu savoir dans quelle mesure le Sommet sur la transformation de l’éducation a mis en avant la question des compétences de base, et ce que compte faire l’UNESCO pour assurer un suivi de cette problématique. 

Le Directeur du Bureau de New York de l’UNESCO a indiqué que les documents adoptés relèvent de la décision du Secrétariat et des parties prenantes, tout en reconnaissant que l’égalité des genres et les droits des femmes et des filles devraient être incorporés dans tous les projets et programmes.  Il a précisé à cet égard que le Comité directeur ODD – Éducation 2030, placé sous la houlette de l’UNESCO et constitué des États Membres, des agences spécialisées de l’ONU et de la Banque mondiale, a été chargé du suivi.  Une réunion du Comité a été organisée au lendemain du Sommet sur la transformation de l’éducation et une déclaration politique devrait se concrétiser en vue de traduire les mots en actions, a-t-il dit.  Saluant le « tremplin politique » qu’a constitué ce sommet, il s’est félicité de la part active prise par les États Membres, faisant état de plus de 155 consultations organisées au niveau national. 

Mme CLAUDIA MAHLER, experte indépendante chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits de l’homme, a indiqué que le droit à un logement adéquat a une grande influence sur la qualité de vie, la stabilité et la sécurité individuelle, notant que si ce droit est violé, d’autres risquent également d’être compromis, notamment le droit à la santé, à une vie indépendante ainsi qu’à la vie familiale, entre autres.

Elle a signalé que les violations du droit à un logement adéquat frappent particulièrement les personnes âgées, notant en outre que, lors de la pandémie de COVID-19, le taux de mortalité particulièrement élevé parmi les personnes vivant dans des maisons de soins s’explique en partie par l’échec de ces établissements à protéger de manière adéquate leurs résidents.  En outre, les personnes âgées sont plus susceptibles de souffrir d’expulsion lorsque leur retraite est insuffisante pour couvrir leur loyer, a relevé l’experte indépendante, qui a déploré les limites d’âge des programmes de logement sociaux.

Le droit au logement doit également garantir la sécurité physique des habitants, or les personnes âgées qui vivent dans des habitations de fortune ne sont pas suffisamment protégées des aléas climatiques, a-t-elle poursuivi.  Elle a aussi relevé que le manque d’accessibilité entrave la capacité des personnes âgées à vivre indépendamment, ce qui aggrave l’exclusion sociale et la marginalisation, notamment des personnes âgées handicapées ou à mobilité réduite. 

Mme Mahler a ensuite répertorié plusieurs solutions, appelant dans un premier temps à améliorer l’accessibilité financière pour l’adaptation des logements afin de permettre aux personnes âgées de demeurer autonomes.  Elle a aussi parlé des logements intergénérationnels, avant d’appeler les États à promouvoir des communautés inclusives et adaptées aux personnes âgées et à fournir des services de soutien permettant à ces dernières de rester chez elles. 

L’experte indépendante a également exhorté les États à combattre l’âgisme, y compris dans les lois relatives au logement, et à adopter des lois garantissant une prise de décision assistée.  De même, elle a insisté sur l’importance de fournir un financement adéquat pour garantir la disponibilité d’un soutien et de services à domicile adaptés, à établir des mécanismes de recours efficaces et à garantir l’accès à la justice pour les personnes âgées.

Les États doivent aussi prendre des mesures appropriées pour mettre un terme à l’institutionnalisation des soins et investir dans des infrastructures et des services de soins accessibles, abordables, intégrés et de qualité.  Des mesures appropriées doivent également être prises pour améliorer l’abordabilité du logement, a ajouté l’experte indépendante, avant d’appuyer l’adoption d’un instrument international juridiquement contraignant sur les droits humains des personnes âgées.

Dialogue interactif

Suite à cet exposé, Israël a demandé à l’experte indépendante de lui livrer ses opinions au sujet de l’aménagement adéquat des logements des personnes âgées, en comparaison aux centres de vie assistée, tandis que le Portugal s’est intéressé aux mesures de lutte contre la pauvreté des seniors.  Préoccupée par les lacunes du cadre normatif international actuel relatif aux droits des personnes âgées, la délégation portugaise a aussi appelé à l’ouverture des négociations au sein des Nations Unies sur un instrument international juridiquement contraignant.  L’Argentine a, pour sa part, voulu savoir dans quelle mesure un tel instrument permettrait de s’acheminer vers une protection pleine et entière des droits des seniors dans le monde. 

Le Canada s’est intéressé à l’aspect intersectionnel de l’âge et d’autres discriminations, suivi de l’Ordre souverain de Malte qui a souhaité savoir quelles mesures les Nations Unies pourraient prendre pour encourage à soutenir les personnes âgées par le biais du bénévolat. 

L’Union Européenne a demandé à l’experte indépendante de préciser comment les Nations Unies envisagent de collecter et d’utiliser des données sur le logement, les conditions de vie et les régimes de protection sociale afin qu’elles profitent au vaste groupe des personnes âgées.  La délégation a également souhaité en savoir plus ce que font les Nations Unies pour intégrer les préoccupations liées au vieillissement et à la vieillesse dans les politiques de logement, notamment dans la mise en œuvre du Nouveau Programme pour les villes. 

Comment aborder au mieux la question complexe de l’âgisme et de l’inégalité entre les sexes pour réaliser le droit à un logement adéquat pour les femmes âgées, a demandé la Slovénie.  Prenant à son tour la parole, le représentant de la Slovaquie s’est enorgueilli d’avoir réservé une enveloppe de 750 millions d’euros pour aider les seniors, le plus grand montant décaissé dans son pays pour aider ces personnes.  De son côté, la Fédération de Russie s’est félicitée d’une politique lui permettant d’améliorer le niveau de vie des personnes âgées en leur accordant des subventions pour les aider à payer leur loyer, et en portant une attention particulière aux anciens combattants. 

Les États-Unis ont demandé à l’experte indépendante comment remédier au sans-abrisme et protéger les personnes âgées contre les expulsions forcées.  La délégation a également voulu savoir comment un instrument contraignant sur les droits des personnes âgées permettrait de combler les lacunes de protection recensées des personnes âgées en complément des lois nationales. 

L’Inde a demandé à l’experte indépendante si elle pensait nécessaire d’asseoir le rôle de la famille pour lutter contre le sans-abrisme des personnes âgées.  Évoquant les logements partagés soutenus par l’État, le Mexique a souhaité connaître les meilleurs critères pour en sélectionner les résidents, de manière à éviter les formes de discrimination multiples et intersectionnelles.

Réagissant à ces commentaires, l’experte indépendante chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits de l’homme a vivement encouragé les États à inclure les femmes âgées dans leurs programmes, notant que ces dernières ont souvent besoin de soutien pour pouvoir rester dans leur maison.  Elle a également déploré le « cloisonnement » des lois sur les personnes handicapées et les personnes âgées.  Notant que les personnes âgées sont parmi les premières à quitter leur pays dans le contexte d’un conflit, elle a estimé qu’il convient alors de leur trouver un logement convenable, de même qu’à celles qui souhaitent rester dans leur pays.

L’experte indépendante a ensuite expliqué que l’adoption d’un instrument international juridiquement contraignant sur les droits humains des personnes âgées permettrait de les considérer comme porteuses de droit.  Les différentes agences des Nations Unies pourraient ainsi établir de nouvelles priorités et inclure davantage les personnes âgées, a-t-elle ajouté.

Une participation significative des personnes âgées est un levier que nous devons utiliser davantage, a estimé l’experte indépendante qui a constaté que les personnes âgées ne sont pas impliquées dans les discussions qui portent sur le logement, ni sur celles concernant les solutions numériques.  Les personnes âgées ont-elles d’ailleurs les moyens d’accéder aux technologies numériques qui les aideraient?  Préoccupée par le problème de la violence, elle a aussi appelé à la mise en place de mécanismes de contrôle facilement accessibles qui permettraient aux victimes de la dénoncer, puis de recevoir une aide. 

Débat général

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a estimé que les débats de la Commission devraient se focaliser sur des stratégies basées sur l’action afin de réaliser les ODD.  Saluant le fait que le rapport du Secrétaire général appelle à préserver les dépenses sociales, il a constaté que les progrès réalisés ces dernières années ont été balayés par les incidences des changements climatiques et de la pandémie de COVID-19 qui ont exacerbé les inégalités.  Il a également observé que l’augmentation des prix de l’alimentation et de l’énergie ont fait bondir la pauvreté, ce qui exige de prendre des mesures urgentes et efficaces pour venir en aide aux plus vulnérables.  Face au risque d’effondrement de la cohésion sociale qu’implique ces crises imbriquées, il importe selon lui d’investir dans une croissance durable et inclusive afin de consolider le bien-être de tous.  Pour ce faire, il est primordial de venir en aide aux pays en développement, qui ont besoin d’un appui de 4 500 milliards de dollars pour se relever et espérer atteindre les ODD dans les délais prévus par le Programme 2030. 

Appelant dans ce cadre à une augmentation substantielle de l’aide publique au développement (APD) et à une redistribution des droits de tirage spéciaux (DTS), le représentant a également plaidé pour plus d’égalité vaccinale et pour la mise en place de systèmes d’alerte précoce au niveau national et international.  Il s’est ensuite déclaré inquiet du peu de progrès enregistrés, en raison notamment de la volatilité des marchés mondiaux, de la hausse du chômage, des menaces sanitaires, de la montée de la corruption et des défis climatiques, estimant que l’aide au développement et la coopération Nord-Sud demeure essentielle pour y faire face.  Selon lui, les partenaires de développement se doivent de soutenir les pays en développement dans leurs programmes de développement, la coopération Sud-Sud ne pouvant se substituer à la coopération Nord-Sud.  Par ailleurs, le délégué a souhaité que l’accent soit mis sur l’importance des politiques familiales, le soutien à apporter aux séniors et l’élargissement des protection et des droits des personnes handicapées.  À ses yeux, le handicap doit être davantage incorporé dans les politiques de développement social.  Il a ajouté que son groupe soumettra, sous ce point à l’ordre du jour, trois projets de résolution lors de cette session. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a signalé que, sur son continent, la pandémie de COVID-19 a annulé les gains de développement durement acquis, tels que la réduction de la pauvreté, et exacerbé les inégalités.  Elle s’est dite préoccupée par la fragilité des systèmes alimentaires africains et par d’autres chocs tels que les changements climatiques et les infestations de criquets pèlerins et de vers légionnaires d’automne, lesquels ont entraîné une augmentation de la faim et de la malnutrition en Afrique.  Face à ces fléaux, a-t-elle indiqué, les dirigeants de l’Union africaine se sont engagés à donner la priorité à la nutrition à travers la mise en œuvre de la Déclaration de Malabo sur la croissance et la transformation accélérées de l’agriculture en Afrique pour une prospérité partagée et de meilleures conditions de vie, ainsi que la Stratégie régionale africaine pour la nutrition 2015-2025.  Soulignant l’importance de l’égalité d’accès aux services et infrastructures de base, elle a appelé toutes les institutions de financement du développement à travailler avec la Banque africaine de développement, en particulier, dans le financement d’infrastructures de soins de santé de qualité sur le continent.     

La représentante s’est par ailleurs félicitée du partenariat entre la Banque africaine de développement et le Global Center for Adaptation, dans le cadre du programme africain qui vise à mobiliser 25 milliards de dollars pour mettre en œuvre l’initiative africaine d’accélération de l’adaptation et demande aux pays développés de respecter leur engagement de verser à ce titre 100 milliards de dollars par an.  Elle a également appelé à l’application effective du Programme d’action d’Addis-Abeba, réaffirmant que la réalisation de tous les engagements d’aide publique au développement (APD) demeure cruciale.  À ses yeux, il est également essentiel de garantir l’accès aux marchés pour les produits africains et le transfert de technologies au continent, selon les principes d’équité et de responsabilités communes mais différenciés et des capacités respectives.  Enfin, elle a réitéré l’engagement du Groupe dans la mise en œuvre de la Déclaration de Copenhague, conformément au Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à l’Agenda 2063 de l’Union africaine. 

Mme GULLESTRUP CHRISTENSEN, déléguée de la jeunesse de l’Union européenne (UE), a dénoncé les répercussions de la guerre d’agression menée par la Russie en Ukraine sur l’économie, la sécurité alimentaire et le système énergétique dans le monde entier.  Elle a rappelé les initiatives de l’UE sur les questions alimentaires, tout en affirmant qu’il fallait faire plus, notant que près d’une personne sur trois dans le monde n’avait pas accès à une alimentation suffisante. 

La déléguée s’est félicitée du plan REPowerEU qui réduira rapidement la dépendance à l’égard des combustibles fossiles russes en accélérant la transition énergétique, notant qu’il était nécessaire d’éliminer progressivement tous les combustibles fossiles et développer les énergies renouvelables dans le monde entier.  Pour ce faire, elle a appelé à développer l’enseignement professionnel, notamment dans les pays du Sud, pour permettre à leurs habitants de développer eux-mêmes des solutions vertes et efficaces sur le plan énergétique. 

Mme KARNELUTTI, déléguée de la jeunesse de l’Union européenne (UE), a ensuite rappelé que la nouvelle initiative de l’UE sur l’agenda numérique et l’éducation contribuerait à un accès inclusif et égal aux nouvelles technologies.  Elle a déploré l’augmentation inquiétante des violences faites aux femmes de la part des autorités étatiques, condamnant le contrôle de l’État sur le droit de choisir sa façon de se vêtir ou sur l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive. 

M. DANG HOANG GIANG (Viet Nam), s’exprimant au nom de de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a affirmé que des « défis formidables et interdépendants » entravaient les efforts de redressement après la pandémie de COVID-19 et risquaient d’annuler les gains durement acquis depuis de nombreuses années en matière de développement social.  Il a constaté que les crises alimentaires et énergétiques, les catastrophes naturelles, l’inflation, la dette et les inégalités avaient mis la vie des personnes vivant dans les pays en développement et des groupes vulnérables sous « une pression sans précédent ».  Le monde ne semble ne pas être sur la bonne voie pour atteindre les objectifs de développement durable d’ici à 2030. 

M. Dang a affirmé que l’ASEAN était fermement résolue à faire progresser le programme de développement social, conformément à son ECO Vision 2025, aux déclarations de concorde I et II et au plan d’action de Hanoï, grâce à des « lignes directrices » qui concernent notamment la protection sociale, le travail social, les questions de genre, l’autonomisation des personnes âgées, les droits des personnes handicapées, l’élimination du travail des enfants et de la violence à l’égard des femmes.  Il s’est félicité des résultats de la réunion ministérielle de l’ASEAN sur la protection sociale et le développement qui s’est tenue en juin 2020 et a permis de renforcer la coopération interagences et intersectorielle aux niveaux national et régional pour mettre en œuvre des programmes intégrés de rétablissement postpandémie. 

M. JUAN JOSÉ PORTORREAL BRANDAO (République dominicaine) qui s’exprimait au nom du Système d’intégration d’Amérique centrale (SICA) a fait part de l’engagement de la SICA à mettre en œuvre des actions positives visant à prendre en charge les groupes de population les plus vulnérables, principalement les populations d’ascendance africaine, les peuples autochtones, les personnes handicapées, les personnes âgées, les migrants, les femmes, les enfants et les jeunes.  À cet égard, nous avons réitéré aux institutions régionales du SICA la demande d’incorporer, dans leurs instruments de planification et leurs programmes de travail, des actions visant une plus grande participation de ces secteurs de la société, conformément à l’aspiration à être une région plus inclusive, a-t-il indiqué.

L’intégration sociale est donc l’un des cinq piliers du SICA qui est fermement déterminé à promouvoir une croissance économique inclusive, le progrès social et le développement durable par la conception et la mise en œuvre de plans, de politiques et de programmes nationaux visant la jouissance et l’exercice universels de tous les droits humains, civils, politiques, économiques, sociaux, culturels et environnementaux.  Dans cette optique, a-t-il fait savoir, les pays membres du SICA ont adopté le plan de politique sociale 2020-2040 qui vise notamment à réduire les écarts structurels qui creusent les inégalités dans et entre les pays de la région, grâce à des politiques de garantie de revenus pour les populations les plus vulnérables.  L’objectif est également de faciliter l’accès aux droits à l’alimentation, la santé et l’éducation. 

M. STAN ODUMA SMITH (Bahamas), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a réaffirmé son engagement à atteindre les buts et objectifs définis dans la Déclaration et Programme d’action de Copenhague.  Des engagements qu’il a jugé pertinents aujourd’hui, en cette période de redressement postpandémie, en particulier l’éradication de la pauvreté, la réduction des inégalités, la promotion du plein emploi productif et la promotion de l’inclusion sociale.  Citant le rapport du Secrétaire général, le délégué a relevé que les progrès réguliers de ces dernières décennies ont été stoppés ou inversés en raison des impacts multiples et étendus des conflits, des changements climatiques et de la pandémie de COVID-19, qui ont également exacerbé les inégalités.  La hausse des prix des denrées alimentaires et des carburants et le ralentissement de la croissance économique aggravent la pauvreté et pourraient avoir des effets dévastateurs sur une grande partie de la population mondiale, s’inquiète ainsi la CARICOM.

Ces réalités ne sont pas très éloignées de celles de nos petits États insulaires en développement (PEID), qui sont déjà vulnérables aux catastrophes naturelles et aux chocs extérieurs, a poursuivi le délégué.  Dans ce contexte, il a souligné les immenses défis auxquels continuent d’être confrontés ces pays en raison des effets des changements climatiques et de la dégradation de l’environnement.  En ce moment même, a-t-il alerté, « notre région connaît une saison active d’ouragans, dont les effets sont encore inconnus », déplorant que les ravages causés par ces catastrophes naturelles continuent de contrarier le développement des pays de la CARICOM.  Pour finir, le délégué a rappelé que la coopération internationale joue un rôle essentiel dans l’aide aux pays en développement, notamment pour renforcer leurs capacités humaines, institutionnelles et technologiques, tout en contribuant à la réduction des inégalités.  Personne ne doit être laissé pour compte alors même que nous réorientons nos ressources limitées « pour mieux reconstruire », a-t-il conclu.

M. STEPAN Y. KUZMENKOV (Fédération de Russie) a jugé crucial que les États Membres répondent aux questions sociales, notamment pour lutter contre la pauvreté et permettre à chacun de bénéficier d’un emploi décent.  Pour assurer le relèvement post-COVID-19, il a estimé qu’il est nécessaire de travailler à des mesures concrètes, conformément à la Déclaration de Copenhague.  Dans cette optique, le rôle de « premier violon » doit échoir à la Commission du développement social, a-t-il souligné, se disant opposé à toutes les mesures visant à mettre un terme aux activités de cette instance.  Selon lui, les préparatifs du prochain Sommet social des Nations Unies doivent être pris en charge par cette Commission.  Le représentant a ensuite indiqué que, sur le plan national, le Gouvernement russe intensifie ses efforts pour fournir un soutien social en ligne à la population, en particulier pour les pensions de retraite, les prestations handicap, l’appui technique et le contrôle médico-social.  L’importance accordée aux personnes handicapées est reflétée par le programme national d’élimination des barrières destiné à permettre la participation pleine et égale de ces personnes à la société.  Une autre priorité du Gouvernement russe est « la promotion et la protection des valeurs familiales traditionnelles », a-t-il ajouté, assurant que cette politique se retrouve aussi dans l’action humanitaire de la Russie.  À cet égard, le délégué a condamné les sanctions illégales imposées par certains pays occidentaux dans des domaines qui empêchent des États souverains d’accéder aux produits de première nécessité sans lesquels il n’est pas possible d’assurer le développement durable.  Il s’est également indigné des mesures visant à « détruire la culture et la langue russes », qui vont à l’encontre des principes de la Charte des Nations Unies.  Enfin, tout en se disant « ravi » de la participation de jeunes délégués de pays occidentaux au débat général de la Troisième Commission, il a regretté que ces derniers lisent des textes « écrits par des adultes » et qu’on ne les ait pas avertis que la communauté internationale devait s’attaquer à des « questions sérieuses ». 

Mme WAGNER (Suisse) a averti que l’accumulation actuelle de crises représente un défi colossal pour les politiques de développement social.  Pour y faire face, les États Membres doivent, selon elle, collaborer afin que les populations puissent s’alimenter et ne pas tomber dans l’extrême pauvreté.  Soulignant le rôle essentiel joué dans ce cadre par l’ONU et ses différentes entités, elle a estimé que la Commission du développement social de l’ECOSOC représente un lieu d’échange essentiel d’où peuvent émerger les voix de la société civile.  Alors que l’augmentation des prix alimentaires et de l’énergie s’ajoute aux autres chocs existants, la représentante a souligné l’importance de développer les politiques sociales dans les contextes de crises.  Selon elle, des solutions doivent être trouvées urgemment pour remédier à la distribution inégale des ressources entre les nations et transformer les systèmes alimentaires mondiaux pour les rendre plus durables.  La Suisse s’y attèle, de même qu’elle continue de soutenir l’initiative de l’Organisation internationale du Travail (OIT) en faveur d’un socle minimum de protection sociale, a ajouté la représentante, avant de céder la parole à Mme HUTTERLI, déléguée de la jeunesse suisse.  Cette dernière a souligné les impacts de la pandémie de COVID-19 sur les jeunes, en particulier, dans leur transition vers le marché de l’emploi.  Relevant que le taux de chômage des jeunes est plus élevé que celui des adultes, elle a signalé que beaucoup de jeunes en viennent à abandonner leurs recherches d’emploi, ce qui constitue une perte de capital humain et de capital financier.  Elle a également rappelé que la jeunesse du monde est confrontée à un avenir incertain en raison des changements climatiques.  Malgré ces défis, a-t-elle conclu, les jeunes sont prêts à assumer leurs responsabilités pour contribuer à la paix, à la lutte contre le dérèglement climatique et au développement durable. 

M. ABDULAZIZ M. ALWASIL (Arabie saoudite) s’est inquiété des crises multiples qui viennent s’ajouter à celle de la pandémie de COVID-19 et affectent négativement le développement des sociétés partout dans le monde.  Il a détaillé les mesures à caractère social prises par l’Arabie saoudite dans le cadre de sa Vision 2030, en accord avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030, évoquant notamment la création d’une institution dédiée à la prise en charge des personnes handicapées, et des efforts en vue d’offrir une éducation de qualité pour tous.  À ce sujet, le délégué a rappelé que son pays avait contribué aux solutions globales pour l’éducation en période de pandémie avec le lancement de la plateforme en ligne « madrasati » (mon école) et en mettant le sujet au centre des débats lors de sa présidence du G20. 

« En tant que petit pays aux ressources naturelles limitées, Singapour a toujours considéré son peuple comme son principal atout » a affirmé M. NICHOLAS TOH (Singapour), ajoutant que la Cité-État s’était engagée à construire une société inclusive pour les personnes handicapées, conformément à la Convention relative aux droits des personnes handicapées, au Programme 2030 pour le développement durable, à la stratégie régionale d’Incheon et à la Déclaration et le Plan d’action de Pékin.  Il a expliqué que son pays avait élaboré des plans directeurs d’habilitation dotés d’indicateurs pour le Gouvernement, le secteur privé, les organisations de la société civile et les particuliers afin de construire une société plus inclusive. 

M. Toh a mis l’accent sur la réalisation des objectifs de développement durable, notamment l’Objectif 4 sur l’éducation de qualité, l’Objectif 10 sur la réduction des inégalités et l’Objectif 11 sur les villes et communautés durables.  Il a mentionné « des investissements massifs » dans les services d’intervention précoce en milieu scolaire, un système de compensations salariales pour l’embauche de personnes handicapées et une accessibilité à la quasi-totalité du système de transport public.  Notant qu’il restait encore beaucoup de progrès à faire, le représentant a évoqué des efforts à venir dans les domaines de la formation, de la lutte contre la discrimination, de l’indépendance des personnes handicapées, et pour faire évoluer les mentalités. 

Mme MIRIAM EGGER, déléguée de la jeunesse de l’Autriche, a invité les participants de la Commission à porter comme elle, des lunettes, pour voir clairement le monde.  Car, a-t-elle ironisé, avec une vision floue, la moitié de la population mondiale, à savoir les jeunes de moins de 30 ans, ainsi que ses besoins et ses potentiels, ne sont pas visibles.  Elle a salué la Stratégie des Nations Unies pour la jeunesse ainsi que l’adoption récente d’une résolution portant création d’un Bureau des Nations Unies pour la jeunesse, tout en appelant à faire davantage.  Les jeunes en ont assez d’être utilisés pour des séances photos et sont prêts à faire partie de la solution, at-elle insisté, appelant à investir dans les jeunes, libérer leur potentiel et renforcer leur participation.

M. DAI BING (Chine) a constaté qu’eu égard aux conflits, à la pandémie, et aux crises énergétique et alimentaire, il est difficile pour l’économie mondiale de se relever et atteindre les ODD dans les temps impartis.  C’est pourquoi, il a appelé à placer au premier plan la solidarité et la coopération, ainsi que le multilatéralisme qui, a-t-il souligné, doit être le socle de l’ordre international.  « Nous devons faire preuve d’entraide et nous aider les uns les autres », a-t-il insisté, exhortant les pays développés à s’acquitter de leurs responsabilités envers les pays en développement sans ressources.  Dans le même temps, ces derniers doivent explorer leur propre voie de développement, une approche que la communauté internationale doit respecter, a estimé le délégué, qui a souligné qu’aucun pays ne doit imposer de règles injustes aux autres.  Il a ensuite plaidé pour une amélioration des mécanismes de gouvernance et la promotion d’une coopération pragmatique et de partenariat.  Après avoir appuyé la tenue d’un sommet mondial pour le développement social tel que proposé par le Secrétaire général, il s’est enorgueilli qu’après 40 ans de réforme, la Chine a atteint son objectif de réduction de la pauvreté et cela 10 ans avant la date butoir. 

M. ANTONIO MANUEL REVILLA LAGDAMEO (Philippines) a affirmé que les droits et le bien-être des personnes étaient au cœur du plan de développement de son pays « AmBisyon Natin 2040 » ainsi que du plan 2017-2022.  Il s’est félicité des progrès réalisés dans les domaines de l’amélioration du tissu social, de la réduction des inégalités et de l’augmentation du potentiel de croissance.  Notant que la pandémie de COVID-19 avait menacé de réduire à néant des années de progrès laborieux, il a affirmé que le plan avait été actualisé en 2021 pour prendre en compte les nouveaux défis imposés par la pandémie.  Le programme de transfert de liquidités lancé en 2008 a permis de réduire les vulnérabilités des enfants nés dans les familles pauvres et un million de foyers ont pu aujourd’hui en sortir.  Le délégué a informé que les Philippines et la Tanzanie présenteront la résolution intitulée « développement inclusif par et pour les personnes handicapées » et invité tous les États Membres à la soutenir. 

Mme NJAMBI KINYUNGU (Kenya) a indiqué que le plan national Vision 2030, en accord avec le Programme 2030, reposait sur des progrès dans les domaines de la protection sociale, l’éducation, la santé, le logement, la sécurité alimentaire, le travail, l’inclusion financière ainsi que la science, la technologie et l’innovation.  Elle a insisté sur le besoin d’inclure les segments les plus vulnérables de la population, notamment les personnes vivant dans la pauvreté, les femmes, les enfants, les jeunes, les personnes âgées, les personnes handicapées et les personnes vivant avec le VIH/sida.  Les programmes nationaux de transfert d’espèces, de lutte contre la faim et de lutte contre la pauvreté des personnes âgés sont cruciaux dans ce contexte.  La déléguée a aussi mis en avant des fonds d’entreprenariat pour les femmes, pour la jeunesse et pour la capitalisation des petites et moyennes entreprises.  Elle a souligné que le pays s’appuyait sur les nouvelles technologies, notamment pour la formation et pour l’inclusion financière via les transferts d’argent par téléphone mobile.  Un quota de personnes vulnérables dans les postes à responsabilité a aussi été mis en place, a-t-elle ajouté.

Mme MANAL MOUSSANE, représentante de la jeunesse des Pays-Bas, a dit avoir consacré à ces deux dernières années presque tout son temps libre, son énergie et même ses économies, à représenter une grande partie de la jeunesse des Pays-Bas.  Elle a voulu raconter l’histoire de trois de ses jeunes compatriotes, Leyla, Nick et Inez, et leur combat quotidien pour faire valoir leurs droits.  À 26 ans, Leyla, jeune médecin, se bat pour trouver un service hospitalier qui offre les mêmes opportunités à tous les sexes.  Son combat lui a appris ainsi qu’à tous ceux qu’elle représente, que nos systèmes d’éducation et de santé permettent encore les préjugés et la discrimination.  Nick, 15 ans, a attendu près d’un an avant d’avoir accès à des soins de santé mentale.  Aujourd’hui, il est privé d’éducation.  Son chemin de croix lui a enseigné qu’une approche systémique de la crise de la santé mentale à laquelle sa génération est confrontée fait défaut.  Enfin, Inez, 16 ans, victime de harcèlement sexuel en ligne, lui a appris que « nous n’avons pas suffisamment préparé ni fourni aux générations actuelles les bons outils » pour faire face aux aspects négatifs d’Internet et des médias sociaux.  Leyla, Nick et Inez sont des exemples de jeunes qui ont mis la lumière sur les lacunes dans nos divers systèmes.  La coopération intergénérationnelle, le partage des expériences et des connaissances représentent la voie à suivre, a-t-elle conclu.

Mme PEREIRA PORTILLA (Colombie) a estimé que les conflits et les changements climatiques sont deux des facteurs qui ont le plus d’impact sur la pauvreté et le ralentissement de la mise en œuvre des engagements mondiaux en matière de développement social.  Elle a appelé à mettre en œuvre des politiques ciblées pour répondre aux besoins spécifiques des communautés et des groupes défavorisés les plus touchés par la pandémie de COVID-19.  Dans le cadre d’une relance durable, les femmes, les enfants, les jeunes, les personnes âgées, les personnes handicapées, les communautés rurales et les populations autochtones doivent être au cœur des efforts déployés pour vaincre l’extrême pauvreté, en ne laissant personne de côté, a-t-elle insisté. 

La représentante a également appelé à établir des stratégies pour combattre la discrimination intersectionnelle, notant que la jouissance effective des droits peut être affectée en raison de la race, du sexe, du handicap et de l’ethnicité, entre autres.  Elle a aussi encouragé la mise en place de modèles de soins pour les populations les plus vulnérables, notamment les personnes âgées et les jeunes.  C’est dans cet esprit, que la Colombie a récemment signé l’instrument d’adhésion à la Convention interaméricaine sur la protection des droits de l’homme des personnes âgées, a-t-elle fait savoir.  De même, la déléguée a estimé important de proposer des programmes d’alphabétisation et des services éducatifs véritablement inclusifs dans les langues autochtones et de mettre l’accent sur les connaissances locales et autochtones des territoires dans lesquels ils sont proposés, afin de contribuer à la préservation de l’identité linguistique et culturelle

Mme NEKWAYA HELALIA NALITYE IILEKA (Namibie)a salué la création d’un bureau des Nations Unies consacré à la jeunesse, ainsi que la perspective du Sommet du futur en 2023.  La Namibie entend en effet devenir une nation prospère et industrialisée d’ici à 2030, s’est-elle expliquée.  Une grande partie de son budget national est ainsi consacrée à l’éducation.  La Namibie s’engage en outre à garantir l’accès à des technologies numériques inclusives.  Depuis 1990, la proportion de Namibiens vivant sous le seuil de pauvreté national a été réduite de moitié.  Mais, a indiqué la déléguée, la Namibie est classée parmi les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, et son PIB masque de profondes disparités de revenus entre les riches blancs et les pauvres noirs, ainsi que la question de la dette.  « Notre maison est en feu », s’est par ailleurs émue la déléguée, évoquant les changements climatiques qui nuisent aux récoltes et aggravent la dépendance vis-à-vis des importations alimentaires.  Parmi les leçons à tirer de la pandémie de COVID-19, il y a celle de l’urgence climatique.  Une transition énergétique juste implique toutefois pour les nations en développement d’accéder durablement aux ressources naturelles dont elles disposent, a conclu la déléguée.

Mme ALVARADO (Mexique) a jugé que les effets de la pandémie de COVID-19 sont encore présents, et déploré l’impact des crises économique, sociale et climatique sur les populations les plus vulnérables.  Elle a fait savoir que le Mexique renforce la protection sociale par la mise en œuvre de programmes qui contribuent à lutter contre les inégalités et accorde une attention particulière à la protection des jeunes, notant que l’analphabétisme touche 4,7% de la population âgée de 15 ans et plus en 2020.  En 2050, 16,8% de la population mexicaine aura plus de 60 ans, or cette tranche est défavorisée vis-à vis du reste de la population, a regretté la déléguée.  C’est pourquoi le gouvernement fournit une aide directe aux personnes âgées, notamment handicapées.  Elle a estimé que la famille est l’institution de sécurité sociale la plus importante, avant de souligner que le développement social est non seulement indispensable au bien individuel et sociétal, mais aussi au fonctionnement du multilatéralisme.

M. ASHISH SHARMA (Inde) a constaté que, dans un monde globalisé, les pays subissent tous les effets des crises de régions éloignées, comme l’attestent la flambée des prix et la pénurie de céréales alimentaires, d’engrais et de carburant. Pour y répondre, nous devons collectivement reconstruire en mieux et soutenir le progrès socioéconomique, a-t-il plaidé, affirmant que son pays croit en l’harmonie des biens nationaux et mondiaux.  À cet égard, il s’est dit fier des progrès réalisés par l’Inde dans la mise en œuvre des ODD, avant de préciser que 331 et 233 millions de personnes supplémentaires ont respectivement accès à un assainissement amélioré et à du combustible de cuisson propre.  De plus, la couverture électrique est passée de 88% à 97%, bénéficiant à 183 millions de personnes de plus, tandis que les programmes de couverture santé concernent à présent plus de 500 millions de personnes.  Autres succès signalés par le représentant: la vaccination des enfants de moins de deux ans a progressé de 23%, les naissances dans un centre médical ont augmenté de 10% et le taux de mortalité infantile a diminué de 14%.  Le délégué a d’autre part indiqué que le programme de développement social de l'Inde se concentre en grande partie sur le déploiement des technologies numériques pour améliorer la prestation des services gouvernementaux.  Le système d’identification biométrique « Aadhaar » couvre désormais plus de 95% de la population indienne, facilitant l’accès aux services de protection sociale, s’est-il enorgueilli, ajoutant que plus de 460 millions de personnes, dont plus de 55% de femmes, qui n’avaient pas de compte bancaire auparavant en disposent d’un aujourd'hui, ce qui a permis de transférer des prestations à 200 millions de femmes pendant la pandémie de COVID-19.  L’Inde met également en œuvre « le plus grand programme de logements abordables au monde pour les pauvres » et fournit des rations sèches gratuites à 800 millions de personnes, a-t-il poursuivi, non sans mentionner les efforts de son gouvernement pour sécuriser les moyens de subsistance dans les zones rurales et fournir de l’eau du robinet à chaque ménage rural d’ici 2024.  Enfin, après avoir vanté la politique éducative de son pays et le dynamisme de l’écosystème indien de start-ups, il a indiqué que l’Inde renforce ses partenariats de développement avec d’autres pays en développement par le biais de la coopération Sud-Sud, notamment via le Fonds de partenariat Inde-ONU pour le développement.

Mme FADLON, déléguée de la jeunesse d’Israël, a estimé qu’il n’est pas possible de promouvoir le développement social sans aborder l’action urgente sur le front climatique.  Elle a expliqué qu’en partenariat avec le Ministère israélien des affaires étrangères et l’Université hébraïque de Jérusalem, elle a coorganisé un hackathon axé sur la durabilité, qui a inspiré plus de 300 étudiants dans la recherche de solutions pour lutter contre les changements climatiques et atteindre les ODD.  En outre, a-t-elle noté, Israël a nommé un envoyé spécial pour les changements climatiques et promeut des solutions multilatérales pour faire face à ce phénomène mondial. La déléguée de la jeunesse a ensuite indiqué que son pays mène une politique active en matière de développement social.  Pas moins de 427 organisations se consacrent spécifiquement à l’aide aux personnes handicapées, qui représentent environ 20% de la population d’Israël.  Le Gouvernement israélien a par ailleurs lancé un plan national qui investit plus de 30 millions de dollars dans le logement, la santé mentale et la promotion de l’emploi pour les personnes âgées.  Soucieux d’assurer un développement social constant, Israël investit aussi dans une éducation de qualité en mettant l’accent sur l’éducation à la démocratie, a précisé la déléguée, ajoutant que les cours des écoles des minorités religieuses et ethniques israéliennes sont dispensées dans lalangue maternelle des élèves et entièrement financées par l’État.  De plus, Israël s’engage à atteindre l’ODD4 à l’échelle mondiale, à l’image d’organisations de la société civile israélienne telles que « GoEco », qui permettent à des milliers de volontaires de voyager à travers le monde pour aider à promouvoir les compétences dans les pays défavorisés.

La famille est l’unité de base de la société, a fait valoir Mme NELLY BANAKEN ELEL BANAKEN (Cameroun), selon laquelle les enfants ont besoin d’un père et d’une mère pour leur développement affectif et psychosocial.  Alors que la famille fait face à de nombreux défis existants, la pandémie de COVID-19 et le développement sans précédent des technologies de l’information et des communications (TIC) en ajoutent de nouveaux, a-t-elle constaté, avant de dénoncer les contenus dangereux ou inappropriés, l’exploitation en ligne, y compris la cyberpornographie, le ciblage des enfants en tant que consommateurs, l’addiction à Internet et aux écrans et les problèmes de santé qui en résultent.  Estimant à cet égard que la famille est la première barrière à la cybercriminalité impliquant les enfants, elle a dit ne pas comprendre les tentatives visant à diluer le rôle des parents face à ces menaces au nom de « l’inexistant droit à la vie privée des enfants ».  La représentante a indiqué que le dispositif législatif de son pays protège à la fois la famille comme institution et les membres de la famille à titre individuel.  Pour assurer le développement social, le Cameroun tire avantage du potentiel combiné de la famille et des TIC pour lutter contre la pauvreté, promouvoir l’insertion socioéconomique et créer des emplois, a-t-elle énoncé, faisant également état du recours aux outils numériques pour l’éducation à la parenté responsable et pour le renforcement des capacités numériques des parents en vue d’une utilisation saine des médias par leurs enfants.  Pour la déléguée, la préparation du trentième anniversaire de l’année internationale de la famille en 2024 doit être « l’occasion de renforcer la protection de la famille traditionnelle par des politiques qui favorisent le renouvellement des générations et réaffirment l’autorité des parents sur leurs enfants mineurs ».

Mme FLOR KRISTEN FLORES TELLO (Panama) a affirmé que le développement social était un pilier des politiques de son pays qui a mis en place de nombreux programmes dans ce sens, notamment la stratégie nationale du Plan Colmena. Cette politique d’État vise à lutter contre la pauvreté et a permis à 114 projets communautaires de voir le jour ces trois dernières années.  Elle s’est aussi félicitée de la mise en place du plan « Panama solidaire », un programme de transfert de fonds qui a permis d’éviter que la famine ne s’empare du pays suite à la pandémie de COVID-19.  Le Programme pour la jeunesse à l’horizon 2027 a permis de réaliser un sondage auprès de 2 800 jeunes avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  La représentante a ajouté que le pays travaillait aussi sur l’inclusion des personnes handicapées et visait à atteindre les objectifs de la Convention internationale dédiée à cette question même si le chemin était encore long.  Elle s’est félicitée de la mise en place du Programme « bouge-toi pour le Panama » qui avait permis d’alphabétiser 79 000 personnes.

M. HUNG LY, délégué jeunesse de la Finlande, a expliqué que ses parents étaient des « boat people » vietnamiens ayant trouvé l’asile en Finlande.  Le monde, s’est-il inquiété, vit la pire crise de déplacement forcé depuis la seconde guerre mondiale avec 89 millions de personnes touchées dont 27 millions de réfugiés.  Il a regretté le manque de réaction de la communauté internationale et l’augmentation des discours xénophobes et racistes.  Il a dénoncé l’exploitation des jeunes réfugiés et demandeurs d’asile par des réseaux de passeurs et « le manque d’ambition des politiques d’asile dans le monde ».  Selon le jeune homme, des progrès peuvent être réalisés, notamment en raccourcissant les délais de traitement des demandes d’asile.  Rappelant que la Finlande était l’un des 21 pays du monde à accueillir des réfugiés par le biais du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), il a appelé d’autres pays à en faire autant.

M. DAVID GILES, délégué de la jeunesse de l’Irlande, a déploré que la protection du système climatique soit considérée comme étant en conflit avec les ODD.  Il a estimé que le partenariat multilatéral pour atteindre les ODD est plus important que jamais pour créer un monde plus égalitaire, plus stable et plus juste, appelant à œuvrer à l’avènement de sociétés inclusives, dotées des mécanismes et des systèmes nécessaires pour accueillir et célébrer la diversité et permettre à tous de participer activement et utilement à la vie politique, économique et sociale. 

Il a ensuite cédé la parole à Mme JESSICA GILL, déléguée de la jeunesse de l’Irlande, qui a souligné que l’égalité des sexes est une nécessité pour la réalisation des droits humains et du développement social.  L’engagement durable de l’Irlande en faveur de l’autonomisation des femmes et des filles se reflète d’ailleurs dans sa politique nationale et étrangère, a-t-elle fait savoir.

M. CHOLA MILAMBO (Zambie) a informé sur l’état du développement social dans son pays qui a été impacté par les conflits, le climat et la pandémie de COVID-19.  Des maux qui ont aggravé l’appauvrissement de nombreuses personnes, notamment les populations vulnérables telles que les personnes âgées, les personnes handicapées, les femmes, les enfants et les jeunes, augmentant la demande de services sociaux, a-t-il poursuivi.  Il a décrit l’impact négatif de la pandémie sur ces populations, notamment sur leurs moyens de subsistance, en particulier chez les travailleurs peu qualifiés et ceux qui œuvrent dans le secteur du tourisme ou encore dans le vaste secteur informel.  M. Milambo a aussi évoqué l’augmentation notable de la violence sexiste à l’encontre des filles et des femmes.  En réponse à la pandémie, le Gouvernement zambien a mis en place une réponse globale comprenant des transferts d’argent liquide d’urgence ciblant les personnes travaillant dans le secteur informel ainsi que les ménages avec des enfants ayant des besoins spéciaux.  Au cours des deux dernières années, le nombre de personnes ayant besoin de tels transferts a presque doublé.  Il est également important de noter que les besoins spécifiques des personnes handicapées sont pris en charge.  Pour finir, le représentant a indiqué que son gouvernement reconnaît l’importance de l’implication des jeunes à tous les stades du développement et donne donc des moyens aux organisations de jeunesse enregistrées, aux coopératives et aux entrepreneurs par le biais de divers programmes d’autonomisation.

Mme NOEMÍ RUTH ESPINOZA MADRID (Honduras) a déclaré qu’avec une dette multipliée par six au sortir de treize ans de dictature, 74% de la population vivant dans la pauvreté dont une personne sur dix dans l’extrême pauvreté, son pays n’a d’autres choix que de composer avec cette réalité.  C’est la raison pour laquelle le Honduras, « pour devoir survivre », doit rejeter les politiques dites « d’austérité », qui, selon la représentante, renforcent les inégalités et concentre les richesses dans les mains de quelques-uns.  Au contraire, le Honduras veut travailler dans le but de réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, afin de permettre à chacun de vivre dignement.  À cette fin, une loi faisant de l’énergie un bien public a été adoptée, s’est félicitée la représentante. 

M. YUSNIER ROMERO PUENTES (Cuba) a estimé que la communauté internationale doit coopérer davantage, notamment pour assurer le transfert des biens et de technologies en direction des pays du Sud.  Si l’on ne redistribue pas bien les ressources « l’on n’y arrivera pas », a-t-il averti.  Le représentant a plaidé pour que soit portée une attention accrue à la question du vieillissement, en faisant notamment allusion au Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement.  À Cuba, d’ici à 2050, plus d’un tiers de la population cubaine aura plus de 60 ans, a-t-il informé. 

Mgr GABRIELE CACCIA (Saint-Siège) a fait observer qu’à bien des égards, la dimension sociale du développement est la plus simple à reconnaître et la plus difficile à réaliser.  Mais, elle est au cœur de ce qui est requis pour le développement intégral centré sur la personne, a-t-il fait valoir, jugeant essentiel d’assurer le développement humain intégral de chaque homme, femme et enfant, à tous les âges et à toutes les étapes de la vie.  Il a toutefois affirmé que cette approche holistique du développement social ne peut se faire sans des mesures appropriées pour éradiquer la pauvreté, notamment une meilleure éducation, une meilleure formation professionnelle et de meilleures opportunités couplées à des expériences culturelles les plus enrichissantes.  Alors que beaucoup trop de personnes sont confrontées à la faim et que leur situation, déjà aggravée par la pandémie de COVID-19, est encore exacerbée par les conflits, le chômage, l’inflation et la montée de l’insécurité alimentaire, nous devons travailler pour atténuer les effets multidimensionnels de la pauvreté, y compris grâce à des systèmes de protection sociale solides, et pour briser les cycles qui ont rendu des générations démunies. 

Plaidant pour des programmes de protection sociale adaptés aux communautés locales, il a jugé important de rappeler que la famille est « l’élément naturel et fondamental » de la société et a droit à la protection de la société et de l’État.  La famille offre en effet le meilleur environnement pour le développement des enfants et est souvent le premier et unique soutien des personnes en situation de vulnérabilité, notamment les personnes handicapées et les seniors, a souligné l’Observateur permanent.  De surcroît, a-t-il dit, les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants et ont des droits, des devoirs et des obligations qui doivent être respectés.  Il a par ailleurs jugé préoccupant que de nombreux enfants dans le monde, et en particulier dans les pays en développement, n’aient pas accès aux technologies numériques nécessaires pour poursuivre leurs études, avant de souligner l’importance de la formation professionnelle pour permettre l’accès à l’emploi, notamment pour les jeunes et les personnes âgées.  Enfin, après avoir dénoncé les pratiques d’embauche injustes et le manque d’accessibilité des lieux de travail, il a appelé la communauté internationale à unir ses efforts pour protéger les plus pauvres et les plus faibles en vue de parvenir à un véritable développement social. 

Mme FATEMEH ARAB BAFRANI (République islamique d’Iran) a souligné l’impact disproportionné de la pandémie sur les pays en développement.  Pour surmonter les inégalités entre les pays et en leur sein afin d’accélérer la reprise post-COVID-19 et de faire face aux effets négatifs des crises socioéconomiques, il est essentiel selon elle de renforcer la solidarité mondiale et la coopération multilatérale.  La représentante a noté à cet égard que, dans son rapport remis à la cinquante-et-unième session du Conseil des droits de l’homme, à la suite de sa visite cette année en Iran, la Rapporteuse spéciale sur les mesures coercitives unilatérales a souligné que « les sanctions économiques ont sapé les efforts nationaux du pays dans sa quête d’autosuffisance économique ».  Ces sanctions ont aussi conduit à une pauvreté croissante, à des inégalités socioéconomiques exacerbées et à une insuffisance de ressources pour garantir les besoins fondamentaux des personnes vulnérables.  Malgré les sanctions économiques imposées par les États-Unis au mépris du multilatéralisme et de l’ordre international fondé sur des règles, l’Iran a pris plusieurs mesures efficaces pour réduire leurs impacts négatifs, tout en faisant face à la situation pandémique et postpandémique, a assuré la déléguée, évoquant des mesures de transfert en espèces, des interventions ciblées pour soutenir les petites entreprises et les entrepreneurs, l’expansion des protections sociales et la simplification des prestations, ainsi que des allégements de dette et des prêts sans intérêt pour les entreprises et les ménages vulnérables, notamment ceux dirigés par des femmes.  Pour finir, la représentante a souligné l’importance des contributions des jeunes aux sociétés et à leur développement, avant d’appeler à la mise en œuvre de toutes les stratégies pertinentes pour éradiquer la pauvreté et la faim, tout en tenant compte de la résilience de la société et de la famille. 

M. SYED MOHAMAD HASRIN AIDID (Malaisie) a constaté que la pandémie de COVID-19, les conflits et les changements climatiques ont fait reculer les progrès et creusé les inégalités.  Il a indiqué que son gouvernement s’est doté d’un plan de développement pour la période 2021-2025, dont le thème est « Une Malaisie prospère, inclusive et durable ».  Conforme aux ODD, ce plan prévoit notamment l’autonomisation de groupes cibles tels que les femmes, les jeunes, les personnes âgées, les peuples autochtones et les personnes handicapées, et définit plusieurs objectifs, dont l’éradication de la pauvreté absolue d’ici à 2025. 

La Malaisie vise également à faire passer le taux de participation des femmes au marché du travail de 55,6% à 59% d’ici à 2025, tandis que des lois seront revues afin de garantir une meilleure protection des femmes.  Le représentant a également parlé de la création d’un nouveau plan national sur l’autonomisation économique des jeunes qui vise à améliorer leur employabilité, et de projets de loi protégeant les droits des personnes âgées.  Le pays compte également concevoir un développement socioéconomique plus inclusif pour la communauté autochtone Orang Asli, notamment via l’éducation.  De même, les autorités locales seront encouragées à mettre en place des structures d’accueil pour les personnes handicapées dont la protection sociale sera renforcée. 

Mmes KORNKANOK SANABUD et PINDA VIRIYAPONGSRI, déléguées de la jeunesse de la Thaïlande, ont axé leurs déclarations sur l’accès équitable à l’éducation et l’action climatique.  L’avenir des jeunes est menacé par l’absence d’éducation, a regretté la première intervenante.  La technologie doit permettre de numériser l’enseignement, a-t-elle poursuivi en rappelant les confinements imposés par la COVID-19.  À son tour, sa collègue s’est félicitée du succès de la convocation du Sommet sur la transformation de l’éducation, ainsi que de l’adoption de la déclaration des jeunes sur la transformation de l’éducation, rédigée et consultée par les jeunes.  Il incombe aux États d’inclure les jeunes dans leur lutte contre les changements climatiques, a-t-elle estimé, saluant à ce titre l’initiative thaïlandaise « ENVIRONHack ».  « Nous demandons que les jeunes aient la possibilité de contribuer en tant que partenaires égaux à la détermination de notre avenir commun, tant au niveau national qu’ici à l’ONU. »

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a insisté sur l’importance des droits humains pour son pays et souligné les actions mises en place dans le cadre du plan national de développement 2030.  Rappelant que le Qatar accueillera le quatrième Sommet mondial sur le handicap en 2028, elle a affirmé que la prochaine Coupe du monde de football sera la plus accessible de l’histoire, y compris en ce qui concerne son environnement numérique.  Elle a aussi indiqué que le Qatar consacrait 980 millions de dollars à des programmes d’éducation dans 65 pays et avait été chef de file pour l’organisation du Sommet sur la transformation de l’éducation.  Elle s’est félicitée que son pays ait lancé l’initiative « éducation avant tout » pour mobiliser des financements novateurs dans ce secteur.  Elle a ensuite souligné l’importance des politiques de promotion de la famille et rappelé que le Qatar accueillerait les célébrations du trentième anniversaire de l’Année internationale de la famille en 2024. 

M. BOŠTJAN MALOVRH (Slovénie) a rappelé que son pays était confronté à des difficultés démographiques et promouvait une politique visant à accompagner le vieillissement actif de sa population.  Il a notamment mentionné l’existence d’une université du troisième âge et de lieux d’échanges et de collaboration entre générations.  Il a appelé à mettre à jour le cadre juridique international des droits humains en vue d’améliorer l’inclusion des personnes âgées.  Dans la foulée, M. CIGLARIC, délégué de la jeunesse de la Slovénie, a regretté que dans son pays, il était difficile pour les jeunes de participer pleinement à la vie sociale.  Il a déploré l’absence d’opportunités professionnelles et les critiques dans la sphère publique dont souffrait trop souvent la jeunesse.  S’il s’est félicité des initiatives de l’ONU en vue de l’inclusion des jeunes, qui lui permettent notamment de participer aujourd’hui aux travaux de la Commission, il a toutefois appelé l’assistance à intensifier les efforts dans ce sens. 

M. JUAN JOSÉ PORTORREAL BRANDAO (République dominicaine) a souligné que le Programme 2030 joue un rôle important pour la protection sociale et le développement économique.  Il a estimé que les jeunes sont des alliés et des partenaires dans le système du multilatéralisme, appelant à leur participation pleine, équitable et substantielle à la prise de décision.  Le représentant a attiré l’attention sur les mesures politiques, économiques et sociales mises en œuvre par la République dominicaine en faveur des populations les plus vulnérables, notamment pour les personnes handicapées, soulignant la mise en place de politiques de santé publique non-discriminatoires, y compris les services liés à la COVID-19.  Il a également évoqué la mise en œuvre d’un plan pour l’accessibilité à un logement digne et propre pour les personnes handicapées, sans oublier le statut particulier des mères célibataires handicapées qui doivent pouvoir élever leurs enfants.  La République dominicaine, a-t-il indiqué, soutient également la qualité de vie des populations âgées par le biais de programmes de distribution alimentaire ainsi que par des incitations économiques aux familles accueillant des personnes âgées à leur domicile.  La priorité est également donnée aux productions agricoles familiales afin d’appuyer la sécurité alimentaire. 

M. ANOUPARB VONGNORKEO (République démocratique populaire Lao) a rappelé que les pays dont les ressources sont limitées rencontrent des difficultés pour faire face aux nombreux chocs.  Atteindre les objectifs de développement durable à l’horizon 2030 et garantir les droits fondamentaux relatifs à l’hygiène, la nourriture, l’eau, les services de base, le logement ou encore la santé, reste compliqué, a-t-il souligné.  Pour surmonter ces difficultés, le représentant a appelé à imaginer des solutions inédites.  Son pays est confronté aux conséquences des catastrophes naturelles, qui détruisent des infrastructures fondamentales et des terres agricoles.  Faire face aux changements climatiques constitue une priorité.  Il a attiré l’attention sur le mécanisme de coordination des autorités compétentes mis en place dans son pays, qui a notamment permis la fourniture d’aides d’urgence aux personnes touchées et vulnérables.  « Il est nécessaire de renouveler le contrat social pour renforcer la confiance et la cohésion », a-t-il affirmé, annonçant la mise en place d’un plan de développement économique et social quinquennal qui établit des priorités, dont l’éradication de la pauvreté et un développement social inclusif.  Il a insisté sur le rôle joué par l’éducation, domaine ayant fait l’objet d’une réforme importante.

Mme LE THI MINH THOA (Viet Nam) a estimé important de s’attaquer aux causes multiples de la pauvreté et de l’inégalité, notamment en créant des emplois décents et d’autres opportunités génératrices de revenus, et en offrant une éducation de qualité et un apprentissage tout au long de la vie.  Elle a ensuite appelé à soutenir les ménages ainsi que les entreprises avec des prêts préférentiels pour restaurer, maintenir, développer et créer des emplois tout en mettant l’accent sur la formation, le recyclage et le développement d’infrastructures et de formation de haute qualité.  L’inclusion sociale et la participation des personnes défavorisées doivent être facilitées, a-t-elle insisté.  En outre, la coopération entre les pays, les partenaires et les acteurs du développement social doit servir l’intérêt des peuples.  Elle a rappelé que le Viet Nam a fait de grands progrès dans la lutte contre la pandémie de COVID-19, en garantissant la sécurité sociale et les droits sanitaires, sociaux et éducatifs de ses citoyens.  Le Viet Nam présente sa candidature au Conseil des droits de l’homme pour la période 2023-2025 et attend avec impatience votre précieux soutien, a conclu la déléguée. 

Mme MAKGABI (Afrique du Sud) a indiqué que son gouvernement a commandé une étude analytique sur l’état de la population de l’Afrique du Sud dans le contexte de la première vague de la pandémie de COVID-19.  Elle a fait savoir qu’en Afrique du Sud, diverses formes de soutien ont été déployées par le Gouvernement pour atténuer l’impact social de la COVID-19.  La protection sociale figure parmi les 14 principaux résultats stratégiques à moyen terme établis par le plan national de développement.  Par conséquent, a-t-elle expliqué, le Gouvernement sud-africain utilise actuellement un certain nombre d’instruments de protection sociale tels que les subventions sociales, l’éducation gratuite, le programme de nutrition scolaire, ainsi que l’accès aux services de base comme l’eau potable et l’électricité, et à un logement abordable.  En outre, le programme de protection sociale de l’Afrique du Sud couvre plus de 18 millions de personnes parmi les plus démunies, dont 11,3 millions d’enfants et plus de 4 millions de personnes âgées.  Enfin, l’Afrique du Sud continuera d’investir dans les capacités des femmes et des filles, notamment par des mesures visant à combler l’écart entre les sexes et assurer l’égalité d’accès des filles et des femmes à l’éducation, à la santé et à la protection sociale, ainsi qu’à un emploi décent. 

Mme CARLA MARIA RODRIGUEZ MANCIA (Guatemala) a estimé qu’une relance inclusive centrée sur l’individu exige une architecture renforcée pour relever les défis de la mobilisation des ressources.  Elle a souhaité que la transition vers le développement durable soit socialement juste, et qu’un soutien accru soit apporté aux pays en développement, y compris les pays à revenu intermédiaire.  Il s’agit, a-t-elle expliqué, de favoriser l’accès au financement et au transfert de technologies, ce qui aura un effet catalyseur sur la progression vers les ODD.

Évoquant le pourcentage élevé de jeunes que compte son pays, elle a pressé à réaliser des investissements suffisants et durables afin de promouvoir leur talent.  Investir dans la jeunesse, c’est investir dans l’avenir de notre peuple et dans sa propre viabilité, a-t-elle affirmé, jugeant impératif de travailler ensemble pour garantir la participation des jeunes dans tous les secteurs et leur offrir le plus grand nombre d’opportunités possible.  Elle a aussi appelé à protéger les droits des personnes âgées.  Deux jours avant de célébrer la Journée internationale des personnes âgées, il est important de garantir le respect de notre engagement à leur offrir une vie digne, à l’abri des abus et de la négligence, a-t-elle dit. 

Mme ANA PAULA ZACARIAS (Portugal) a rappelé comment la COVID-19 avait affecté de manière disproportionnée les personnes âgées, en particulier dans des sociétés vieillissantes comme le Portugal.  La pandémie a fait selon elle office de « signal d’alarme » pour les décideurs politiques, mettant en lumière l’existence de « lacunes » et de « limites » dans le cadre normatif international visant à protéger les droits humains des personnes âgées.  Maintenant plus que jamais, l’« âgisme » -soit la discrimination fondée sur l’âge- est une « réalité persistante et structurelle que les États doivent combattre », a-t-elle pointé.  C’est pourquoi le Portugal juge important d’ouvrir des négociations à l’ONU sur un nouvel instrument international de protection des droits humains des personnes âgées.

M. DAVITI ESATIA, délégué de la jeunesse de la Géorgie, a attesté qu’il était difficile de penser à l’avenir ou au développement lorsque l’on évoluait dans un environnement difficile, où la Charte des Nations Unies, les principes fondamentaux et les normes du droit international sont violés sans vergogne.  Il a dénoncé les répercussions de la guerre cruelle et non provoquée de la Russie contre l’Ukraine qui lui rappelle « notre devoir de défendre nos valeurs et de contribuer à l’établissement d’une paix et d’une sécurité durables ».  Le délégué a jugé « essentiel » de contrer l’agresseur avec « notre position forte, notre unité inébranlable et l’intégrité de notre objectif ».  Il a également appelé tous les jeunes à utiliser toutes les opportunités possibles et à faire preuve de résilience.  Il vaut mieux allumer une bougie que maudire les ténèbres, a-t-il dit. 

Mme CHIGNESSE, déléguée de la jeunesse de la Belgique, a regretté que la jeunesse souffre des guerres, du déni des droits humains et du manque d’égalité entre les genres.  « Au rythme actuel il faudrait 300 ans pour atteindre une égalité effective selon un rapport de l’ONU », a-t-elle relevé.  Elle a appelé l’assistance à se mobiliser, en mettant l’accent sur le rôle central joué par l’éducation sur cette question.  Comme elle, Mme COPPENS, déléguée de la jeunesse de la Belgique, a insisté sur le besoin de travailler pour préserver la santé mentale des jeunes, notamment dans son pays.  Beaucoup de jeunes sont anxieux, a- t-elle témoigné, car ils ne peuvent atteindre des objectifs « irréalistes » et souffrent « de grandes incertitudes » quant à leur avenir.  Elle s’est également inquiétée des effets de la pandémie de COVID-19 et de l’univers numérique sur la jeunesse. 

Mme TARIELLO, déléguée de la jeunesse de l’Italie, a regretté que beaucoup de jeunes aujourd’hui ne parvenaient pas à atteindre leurs objectifs, appelant à leur meilleure inclusion au sein des sociétés.  Elle s’est toutefois félicitée d’initiatives comme « les jeunes pour le climat » qui a réuni 400 jeunes du monde entier en marge de la COP26 en 2021.  Évoquant l’organisation du Sommet sur la transformation de l’éducation, elle s’est réjouie du fait que l’ONU ouvrait ses portes à la jeunesse.  En revanche, elle a regretté que la communication institutionnelle des organisations internationales emploie trop souvent une langue difficile d’accès pour les jeunes. 

M. ELIE ALTARSHA (République arabe syrienne) a indiqué que, malgré la guerre et les sanctions unilatérales, le Gouvernement entend offrir toute la protection sociale possible aux populations, notamment celles parmi les plus vulnérables comme les orphelins et les familles des martyrs.  Il a dit que, malgré le siège économique qu’elle subit, la Syrie entend poursuivre la mise en œuvre des initiatives de développement social. 

M. KOKOU MAWOUPEMO TSOGBLO (Togo) a indiqué que son gouvernement a intensifié sa politique de développement consolidée dans le cadre de son programme national de développement (PND) 2018-2022.  Ce document est accompagné d’une feuille de route à l’horizon 2025 dont la vision est de faire du Togo une nation moderne avec une croissance inclusive et durable.  Le Togo a inscrit l’inclusion sociale et financière dans sa politique de développement social, à travers la mise en place effective du Fonds national de la finance inclusive (FNFI).  Dans la même logique, certains mécanismes ont permis de favoriser davantage l’accès des jeunes et des femmes aux services financiers.  Pour soulager les personnes vulnérables exposées aux conséquences de la COVID-19, le Gouvernement a mis en place un programme de transferts monétaires électroniques dénommé Novissi (qui signifie solidarité en langue locale), dont les femmes ont été majoritairement bénéficiaires.  Le représentant a également cité la création d’un plan national de développement sanitaire 2017-2022 comprenant le programme de la couverture sanitaire universelle et la plateforme numérique WEZOU pour prendre en charge gratuitement les femmes enceintes et les nouveau-nés.  De même, les personnes handicapées sont pleinement intégrées dans la stratégie de développement, d’éducation et de santé.  S’agissant de la jeunesse, le Gouvernement togolais a également pris plusieurs initiatives comme l’octroi de 1 492 702 de dollars de crédits aux jeunes entrepreneurs. 

M. SAHRAOUI (Algérie) a estimé que le développement social est l’un des piliers du développement économique, d’où l’importance d’établir un nouveau contrat social.  Cette dimension sociale est primordiale, a-t-il insisté, notant que la justice sociale est ancrée dans la Constitution algérienne.  Il s’est félicité qu’en dépit de la crise de la COVID-19, l’Algérie soit parvenue à atteindre un indice de développement humain de 7,45, faisant de ce pays le premier d’Afrique du Nord à atteindre ce niveau.  L’Algérie n’a pas négligé la dimension sociale pendant la pandémie de COVID-19, a-t-il assuré, soulignant les soutiens financiers apportés aux plus pauvres et au secteur informel ainsi que l’importante partie du budget national consacrée aux transferts sociaux.  Le délégué s’est félicité du succès de la politique d’éducation avec un taux de 100% dont la moitié sont des filles, se disant fier du travail accompli, avec cinq millions de diplômes universitaires.  Les universités algériennes, a-t-il précisé, ont éduqué plus de 59 000 étudiants étrangers.  Il a enfin souligné le lien entre développement social et développement durable dans le cadre du Programme 2030 et jugé nécessaire de mobiliser les moyens nécessaires.  À ce sujet, il a appelé à encourager les transferts de technologies.

M. JAVIER LEONARDO SALAS DE LOS RIOS (Pérou) a rappelé que la multiplication des crises avait ralenti les progrès réalisés pour atteindre les ODD, certaines des avancées enregistrées ayant même été effacées.  Ces crises affectent particulièrement les personnes vulnérables, a-t-il indiqué, appelant à consolider les efforts et les renforcer pour retrouver le chemin de l’égalité, lutter contre la faim et renforcer les systèmes éducatifs et de santé.  Le représentant a indiqué que le Pérou avait adopté une vision stratégique pour promouvoir le bien-être et le vivre ensemble, l’objectif étant de garantir justice, sécurité et dignité ainsi que l’accès à des services publics universels et de qualité.  Il a enfin indiqué que sa délégation présentera le projet de résolution sur « les droits humains et la pauvreté extrême ».

M. HAMID (Maldives) a indiqué que son pays fait face à une myriade de défis tels que la COVID-19 et les changements climatiques.  Les Maldives se sont engagées à atteindre l’inclusion des femmes dans tous les domaines de la vie, a-t-il assuré, mentionnant plusieurs avancées, dont l’adoption d’une loi sur l’égalité des sexes, en 2016, et l’arrivée de femmes à la Cour suprême du pays.  Sans une représentation adéquate des femmes dans les processus de prise de décisions, nous courons le risque d’apporter des réponses inadaptées aux besoins des femmes et des enfants, a mis en garde le délégué. 

Il a ensuite indiqué que la politique d’éducation inclusive de son pays a déjà permis de scolariser plus de 98% des enfants.  Il s’est en outre félicité qu’une loi sur la protection des droits de l’enfant et sur la justice des mineurs ait été ratifiée en 2019.  Nous devons également reconnaître que les changements climatiques se feront le plus durement ressentir sur les jeunes d’aujourd’hui, a-t-il ajouté.  Le représentant a ensuite indiqué que l’accès à des soins de santé universels est encore plus précieux depuis la pandémie de COVID-19, se félicitant d’une population vaccinée à 85%.  La pandémie et d’autres crises humanitaires menacent cependant d’effacer des décennies de progrès accomplis vers un développement social durable, a déploré le délégué.

Mme SALAMATA ODETTE NIAMBA CONGO (Burkina Faso) a déclaré que son pays connaît de nombreux défis sécuritaires et climatiques qui ont poussé plus de 1,5 million de personnes à se déplacer.  Elle a ensuite cité les mesures prises par le « Gouvernement de transition » pour répondre aux obstacles rencontrés par les jeunes, les femmes, les personnes âgées et les personnes handicapées.  Parmi ces mesures, il y a des plans de réduction des inégalités dans les services publics, des actions visant à lutter contre le chômage et pour promouvoir l’emploi, l’accès à la santé ou encore le renforcement des cadres juridiques et institutionnels, a-t-elle dit. 

Mme AHMAD, déléguée de la jeunesse des Émirats arabes unis, s’est réjouie de la confiance placée par son pays dans sa jeunesse qui le représente dans divers forums régionaux et internationaux.  Preuve en est, sa présence au sein du programme de délégués de la jeunesse de l’ONU.  Pour elle, ce programme est la meilleure plateforme pour impliquer les jeunes dans la prise de décisions sur le plan international.  Au niveau local, la déléguée a évoqué l’Union des jeunes, instaurée en 2018, en vue d’autonomiser les jeunes.  Elle a parlé du modèle des conseils municipaux qui font parvenir les recommandations des jeunes à l’ensemble des institutions publiques et privées.  Elle a cité, comme exemple, le Conseil de la jeunesse qui travaille étroitement avec le Conseil des Ministres et participe ainsi à l’examen des politiques afin de mettre en place des stratégies pour la jeunesse.  Prenant à son tour la parole, M. ALSAQQAF, délégué de la jeunesse des Émirats arabes unis, a salué la politique de son pays accordant une importance particulière à l’être humain, quel que soit l’âge, notamment les personnes âgées, et ce, afin d’honorer leurs efforts au service de la nation.  Il a évoqué, à cet égard, la politique nationale pour cette catégorie de personnes, lancée en 2018, qui vise à garantir leur participation dans la société.  De même, il a parlé de la protection des droits sociaux des personnes handicapées, garantie par des lois et législations visant leur autonomisation.

 

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