La Sixième Commission entame son programme de travail avec l’examen des mesures de lutte contre le terrorisme international

Soixante-dix-septième session,
1re & 2e séances plénières, Matin & après-midi
AG/J/3656

La Sixième Commission entame son programme de travail avec l’examen des mesures de lutte contre le terrorisme international

La Sixième Commission, chargée des questions juridiques, a entamé, ce matin, son programme de travail qui sera marqué par la tenue d’une trentaine de réunions jusqu’au 18 novembre, date prévue pour la dernière réunion de cette soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale.

Le Président de la Commission, M. Pedro Comissário Afonso, du Mozambique, a souligné « le rôle unique » et l’expertise de la Sixième Commission parmi les autres grandes commissions de l’Assemblée, en se disant convaincu que la présente session se déroulera dans l’esprit de consensus qui prévaut traditionnellement en son sein.

La Commission a ensuite entamé son débat sur les mesures visant à éliminer le terrorisme international en entendant une majorité de délégations souligner les lacunes de la lutte antiterroriste mondiale.  « Cette lutte souffre de politisation en raison des agissements de certains États », a déclaré le délégué de l’Iran, qui a condamné les récents actes terroristes ayant ciblé des jeunes filles à Kaboul, en Afghanistan.

Dans ce droit fil, le délégué de la République populaire démocratique de Corée a souligné l’illicéité des sanctions et l’ingérence de certains États.  La question des combattants terroristes étrangers a été évoquée par les États-Unis et l’Iraq, qui ont appelé au rapatriement de ces derniers.  Les droits humains doivent être pleinement pris en compte, a déclaré le Nigéria, au nom du Groupe africain, tandis que la Russie a rappelé l’obligation « de juger ou d’extrader » lesdits combattants. 

Les délégations ont été unanimes à réclamer des mesures antiterroristes plus efficaces, à l’instar du Brésil, du Sénégal, de l’Égypte ou bien encore du Mexique.  « L’Assemblée générale doit être au cœur des efforts antiterroristes », a tranché le délégué du Mexique, en déplorant que ce rôle central soit désormais assumé par le Conseil de sécurité, devenu le « véritable législateur » en matière antiterroriste. 

Un élément essentiel d’une lutte antiterroriste plus efficace serait, de l’avis de nombreuses délégations, une convention générale sur le terrorisme international contenant une définition précise du terrorisme.  « Un tel texte est crucial pour dissiper les ambiguïtés », a argué le Brésil, tandis que l’Arabie saoudite a souhaité la convocation d’une conférence de haut niveau sous l’égide de l’ONU pour l’élaboration d’un tel instrument.

À l’instar de l’Iran, qui s’est exprimée aussi au nom du Mouvement des pays non alignés, la déléguée saoudienne a, au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI)), souligné la nécessité de distinguer le terrorisme de l’exercice légitime du droit à la résistance.  « Cette distinction est entérinée par le droit », a-t-elle déclaré, tandis que son homologue d’Israël a prôné une tolérance zéro pour tous les cas de terrorisme.

Ce débat a enfin été l’occasion pour de nombreuses délégations, dont l’Union européenne, le Canada, au nom de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, et les États-Unis, de fermement condamner la guerre de la Russie contre l’Ukraine.  « Il est de notre obligation en vertu du droit d’appuyer les efforts de l’Ukraine en vue de restaurer sa souveraineté et son intégrité territoriale », a tranché la Norvège, au nom des pays nordiques. 

Il existe actuellement 55 instruments relatifs à la prévention et à la répression du terrorisme international, dont 19 sont universels et 36 régionaux.

La Commission a décidé, ce matin, de créer un groupe de travail sur la question de la responsabilité pénale des fonctionnaires et des experts en mission des Nations Unies.  Il sera présidé par Mme Aahde Lahmiri, du Maroc.  Le groupe de travail sur les mesures visant à éliminer le terrorisme international, créé en vue de la finalisation d’un tel texte, sera, lui, de nouveau présidé par M. Rohan Perera (Sri Lanka).

Enfin, la Commission a créé deux groupes de travail sur, respectivement, la portée et l’application de la compétence universelle, présidé par M. Gustavo Adolfo Ramírez Baca, du Costa Rica, et sur la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite, que dirigera M. Vinícius Fox Drummond Cançado Trindade, du Brésil. 

La Commission poursuivra son débat demain, mardi 4 octobre 2022, à partir de 11 h 30. 

MESURES VISANT À ÉLIMINER LE TERRORISME INTERNATIONAL - A/77/185

Débat général

Mme ZAHRA ERSHADI (République islamique d’Iran), au nom du Mouvement des pays non alignés, a rejeté toutes les formes de terrorisme et réaffirmé son appui à la résolution 46/51 de l’Assemblée générale du 9 décembre 1991 ainsi qu’aux autres résolutions pertinentes.  Les actes terroristes, a-t-elle noté, constituent une violation du droit international, y compris du droit international humanitaire et des droits de la personne, mettant en danger l’intégrité territoriale et la stabilité étatique, régionale et internationale.  La représentante a néanmoins souligné que le terrorisme ne devait pas être confondu avec les combats légitimes des peuples colonisés, occupés ou sous domination étrangère afin d’obtenir leur autonomie et leur libération.  « La violence contre les peuples sous occupation étrangère doit continuer d’être dénoncée comme la forme la plus grave de terrorisme », a-t-elle considéré.  De même, le terrorisme ne devrait pas être associé à une religion, une nationalité, une civilisation ou un groupe ethnique et ces critères ne devraient pas justifier des mesures contre-terroristes. 

Mme Ershadi a appelé les États à combattre le terrorisme en poursuivant ou extradant ses auteurs ainsi qu’en empêchant l’organisation, la préparation, l’assistance, le financement et la participation à des actes terroristes.  Elle a rejeté les mesures et les menaces dirigées contre les États du Mouvement « sous le prétexte du combat contre le terrorisme ».  Les combattants terroristes étrangers constituent également une profonde source d’inquiétude, de même que la déformation des religions par les groupes terroristes pour justifier leurs actions, a-t-elle ajouté, insistant sur la nécessité de contrer leurs récits de manière exhaustive.  Enfin, la représentante a demandé l’organisation d’un sommet international sur le terrorisme sous toutes ses formes, sous les auspices de l’ONU, et réitéré l’importance d’une convention sur la lutte contre le terrorisme international.

Mme NIDAA HUSSAIN ABU-ALI (Arabie saoudite), au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a condamné le terrorisme, qui est une violation flagrante du droit, avant d’appeler au respect de la souveraineté de tous les pays.  Elle a réaffirmé que le terrorisme ne pouvait pas être associé à une religion, une confession ou une identité ethnique.  Toute tentative visant à lier l’islam au terrorisme ne cherche qu’à servir les intérêts des terroristes et promeut la haine à l’égard des musulmans, a-t-elle déclaré, avant d’appeler à un dialogue entre civilisations.  La représentante a ensuite invité à adopter une approche exhaustive pour lutter contre le terrorisme, en s’attaquant à ses racines, y compris le manque de développement, le manque de perspectives socioéconomiques, les occupations étrangères et différents conflits internationaux.  Elle a souligné la nécessité de « distinguer le terrorisme de l’exercice légitime du droit à la résistance ».  Cette distinction est entérinée par le droit. 

La représentante a jugé en outre essentiel de resserrer la coopération entre les États Membres afin de poursuivre les auteurs d’actes terroristes et les empêcher d’accéder à une assistance ou des armes.  L’OCI souhaite une actualisation de la Stratégie antiterroriste mondiale.  La représentante a également plaidé en faveur d’une convention internationale pour lutter contre le terrorisme et s’est dit déterminée à trouver un consensus en ce sens, en réglant des questions en souffrance comme celle de la définition juridique du terrorisme.  Il nous semble important de convoquer une conférence de haut niveau sous l’égide de l’ONU pour finaliser les questions qui seront ensuite intégrées à cette convention, a-t-elle conclu.

M. TIJJANI MUHAMMAD BANDE (Nigéria), au nom du Groupe africain, a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et appelé à ne pas l’associer à une religion, appartenance ethnique ou autre.  Il a souligné l’importance de la lutte contre les combattants étrangers, rappelant qu’il faut prendre en compte les droits humains dans le cadre de cette lutte.  Il a invité les bailleurs de fonds à apporter l’assistance nécessaire pour la mise en œuvre des obligations à cet effet et soutenu l’organisation d’une conférence de haut niveau sous les auspices de l’ONU en vue d’une convention générale sur le terrorisme international.

Le représentant s’est félicité de la création du Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme, qui a permis d’élaborer une définition afin de guider, promouvoir et renforcer les capacités ainsi que la coopération et la coordination pour la mise en œuvre des engagements des États africains à cet égard.  Il a indiqué que l’Afrique était prête à mettre en place un plan d’action au niveau régional.  Il s’est dit préoccupé par les prises d’otages et les demandes de rançons, source de financement principale des groupes terroristes, soulignant l’importance d’éviter que les victimes soient l’objet d’abus.  Il est également nécessaire de lutter contre le discours des groupes terroristes.  Le délégué s’est félicité des différentes initiatives sous-régionales en Afrique, à l’image de la création du Centre d’excellence de Djibouti ou du Plan d’action pour la lutte contre le terrorisme en Afrique centrale.  Il a mis l’accent sur les incidences économiques de tous les actes terroristes, notant que « l’Afrique est victime d’attaques en raison de la présence sur le continent de groupes et branches de Daech ».  Enfin, il a appelé l’ONU à travailler aux côtés des États africains pour lutter contre le terrorisme.

M. NICLAS SPÅNG (Union européenne), au nom également d’un groupe de pays, a réitéré la condamnation par l’Union européenne (UE) de « l’agression flagrante » de l’Ukraine par la Fédération de Russie, renvoyant à l’interdiction par la Charte des Nations Unies et le droit international de toute violation de l’intégrité territoriale et de la souveraineté des États.  De la même manière, l’UE condamne les référendums « illégaux » organisés par la Fédération de Russie dans les territoires occupés de Donetsk et Louhansk, qui constituent de fait une annexion, interdite elle aussi par le droit international.  « L’Union européenne ne reconnaîtra jamais cette annexion ».

Abordant la question de la lutte contre le terrorisme, le représentant a réaffirmé que ce phénomène, de même que l’extrémisme violent, sont des menaces à la paix et à la sécurité internationales.  Nous devons redoubler d’effort et réaffirmer nos principes, Al-Qaida et les Chabab représentant la plus grande menace.  L’UE est disposée à travailler avec les pays africains et avec l’Afghanistan pour combattre ces groupes, a encore assuré le représentant.  S’agissant des travaux sur l’élaboration d’une convention générale sur le terrorisme international, l’UE reste favorable à ce débat.  Elle reconnaît la nécessité de définir le concept du terrorisme, aux fins de clarté.  La délégation regrette toutefois la prolifération de fora régionaux sur ce thème, a conclu le représentant. 

M. SOVANN KE (Cambodge), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a noté que, dans le contexte de la pandémie de COVID-19, les groupes terroristes tiraient avantage de l’internet et des réseaux sociaux pour répandre la désinformation et la propagande conduisant à de nouveaux modes de radicalisation.  Il a apporté le soutien de l’ASEAN à la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et pris note des progrès en faveur des droits et besoins des victimes du terrorisme. 

L’action de l’ASEAN, a expliqué le représentant, est guidée par le plan d’action visant à prévenir et à contrer la montée de la radicalisation et de l’extrémisme violent pour la période 2018-2025, le Plan d’action global pour la lutte contre le terrorisme et la Convention de l’ASEAN sur la lutte contre le terrorisme.  L’ASEAN continuera de renforcer la coopération antiterroriste transversale, a-t-il assuré, rappelant que le terrorisme ne devait pas être associé à une race, religion, nationalité ou ethnicité particulière.  Le combat contre le terrorisme doit respecter la Charte des Nations Unies, le droit international humanitaire, les droits de la personne ainsi que l’égalité souveraine et le principe de la non-interférence dans les affaires intérieures, a-t-il ajouté, notant l’importance du projet de convention générale sur le terrorisme international.

Mme MIRJAM BIERLING (Norvège), au nom des pays nordiques, a souligné l’importance de la prévention de l’extrémisme violent, en rappelant que son pays préside avec la Jordanie le Groupe des Amis pour la prévention de l’extrémisme.  Elle a plaidé pour une approche inclusive et globale face au défi du terrorisme, en insistant sur le rôle particulier des jeunes dans la prévention de la radicalisation.  « Nous devons entendre leur voix. » Nous devons accorder une attention particulière à la façon dont les jeunes appréhendent les griefs qu’ils peuvent avoir, a ajouté la déléguée. 

Mme Bierling a affirmé que toutes les mesures antiterroristes doivent être conformes au droit.  Elle a condamné l’agression de la Russie contre l’Ukraine, en violation de la Charte, avant de dénoncer les prétendus référendums qui se sont tenus dans quatre régions ukrainiennes.  « Il est de notre obligation en vertu du droit d’appuyer les efforts de l’Ukraine en vue de restaurer sa souveraineté et son intégrité territoriale », a conclu la déléguée.

M. RICHARD ARBEITER (Canada), s’exprimant au nom du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (groupe CANZ), a déclaré qu’alors que la communauté internationale s’efforce de promouvoir le droit international et l’état de droit, force est de constater qu’un État Membre de l’ONU viole le droit international en violant l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Ukraine.  « La Fédération de Russie doit immédiatement retirer ses troupes du territoire ukrainien », a demandé le représentant.  S’agissant du terrorisme, il a rappelé l’appui des trois délégations aux mesures globales de lutte et de prévention du terrorisme, notamment la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  Le terrorisme et l’extrémisme violent sont des menaces majeures et notre crédibilité dépendra de notre manière d’y répondre, a-t-il averti, appelant au respect des droits de l’homme dans le cadre de la lutte antiterroriste.

La communauté internationale doit, dans ce contexte, analyser et tenir compte des causes sous-jacentes de l’extrémisme violent, en adoptant une approche holistique.  D’après le représentant, les plateformes en ligne doivent pour leur part identifier et retirer les publications haineuses en ligne.  Le retour des combattants étrangers dans leurs pays d’origine doit se faire par le biais de la réhabilitation et de la réintégration dans les sociétés.  Pour que les approches soient efficaces, elles doivent tenir compte des particularités comme l’âge et le sexe.  Les enfants sont particulièrement vulnérables, a plaidé le représentant. 

M. MARK SEAH (Singapour) a mis en garde contre l’exploitation par les groupes terroristes des vulnérabilités dans les structures sociales, qui peuvent avoir été exacerbées par les défis mondiaux.  Il a annoncé que son gouvernement avait, cette année, finalisé sa stratégie nationale de lutte contre le financement du terrorisme.  Celle-ci sera publiée prochainement et s’articule autour de cinq points: l’identification des risques, une structure de sanctions, un régime règlementaire robuste, des actions efficaces d’application de la loi, et la coopération internationale.  Le délégué a également attiré l’attention sur la réhabilitation des individus radicalisés ainsi que sur la coopération de son pays avec d’autres États, notamment au niveau régional dans le cadre de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  Singapour, qui est partie à 15 accords internationaux pour la lutte contre le terrorisme, a mis en place, le 21 septembre dernier, le Centre d’information sur le contre-terrorisme qui  réunit des États dans l’intention de combattre le terrorisme par le biais de l’information collective et des méthodes fondées sur les données.

M. AKAD YASAR MOHAMMAD AL-KASAWNIH (Jordanie) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations.  Rien ne justifie le terrorisme, a tranché le délégué.  Il a appelé au respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de tous les pays.  Il a réaffirmé que le terrorisme ne pouvait pas être associé à une religion, une confession ou une identité ethnique, avant de souligner la nécessité de distinguer le terrorisme de l’exercice légitime du droit à la résistance.  Une coopération internationale robuste, dans le respect du droit, devrait nous permettre d’éliminer le terrorisme, a déclaré le délégué.  Il a appelé les États à coopérer pour régler le défi des combattants terroristes étrangers, en particulier la question du rapatriement de leurs familles.  Enfin, il a salué les efforts pour une actualisation de la Stratégie antiterroriste mondiale.

M. SONG KIM (République populaire démocratique de Corée) a été d’avis que la question du terrorisme mérite une attention mondiale.  « La priorité doit être donnée à la lutte contre le terrorisme d’État », en particulier l’ingérence de certains États dans les affaires internes des autres, comme on le voit en Afghanistan, en Libye ou en Iraq.  Les États-Unis sont selon lui un exemple de ce terrorisme d’État.  En l’absence d’une convention globale sur la lutte contre le terrorisme, il faudra envisager des mesures pour lutter contre le terrorisme d’État, si l’on veut réinstaurer la confiance entre États, a insisté le délégué.  Il faut éviter le deux poids, deux mesures.  Il a également dit que les États-Unis, dans le cadre de leur « politique néfaste » continuent de se rendre responsables de ce terrorisme d’État, notamment en niant l’existence de la RPDC et en lui imposant des sanctions illégales.  Or, la position de la RPDC est de condamner et de lutter contre toutes les formes de terrorisme. 

Mme ALESSANDRA FALCONI (Pérou) a souligné l’importance de défendre la gouvernance démocratique.  Le terrorisme, a-t-elle indiqué, constitue la négation de la valeur de la dignité humaine et touche souvent les plus pauvres et démunis.  Afin de lutter contre le terrorisme dans le respect du droit international et des droits de la personne, il est nécessaire de promouvoir le pluralisme et le dialogue, et de réduire la pauvreté et les inégalités, a-telle préconisé, soulignant l’urgence de parvenir à des sociétés plus inclusives.  Si la mise en place d’institutions efficaces à tous les niveaux est nécessaire, la lutte contre le terrorisme doit également être menée sur le terrain de la prévention en lien avec les parties prenantes de la société civile, notamment les responsables culturels et communautaires ainsi que le secteur universitaire et les sociétés privées.  Il faut également coopérer pour combattre l’utilisation des réseaux sociaux et d’Internet pour répandre le terrorisme, toujours dans l’exercice de la liberté de l’information, a poursuivi la déléguée.  Elle a jugé prioritaire la lutte contre le financement du terrorisme conformément à la résolution 2462 (2019) du Conseil de sécurité et attiré l’attention sur l’importance des liens entre terrorisme et criminalité organisée, appelant à renforcer la coopération sur ce point.  Elle a conclu par la nécessité d’adopter une convention générale sur le terrorisme international.

Mme ZAHRA ERSHADI (République islamique d’Iran) a condamné les récents actes terroristes qui ont ciblé des jeunes filles à Kaboul.  Il a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, avant de dénoncer la « politisation » de la lutte antiterroriste mondiale « du fait de certains États ».  Il a dénoncé l’assassinat en janvier 2020 du général Qassem Soleimani, ainsi que l’assassinat de plusieurs scientifiques iraniens.  Les forces militaires étrangères dans la région jouent un rôle destructeur, a déploré le délégué, avant d’indiquer que « les sanctions s’apparentent au terrorisme et constituent un crime contre l’humanité ».  L’Iran n’a cessé de s’acquitter de ses obligations s’agissant de la lutte antiterroriste.  Les sanctions et les occupations étrangères constituent la première source de terrorisme, a insisté le délégué, avant de se prononcer en faveur de l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international.

Mme ELIZABETH GROSSO (États-Unis) a rejeté l’agression de l’Ukraine par la Russie et les référendums illégaux.  Au sujet de la lutte contre le terrorisme, si des progrès importants ont été réalisés, il reste encore beaucoup à faire, a-t-elle ensuite noté, s’inquiétant notamment des camps surpeuplés en Syrie et en Iraq qui constituent une menace importante ainsi qu’une crise humanitaire.  Le rapatriement par les États Membres de leurs citoyens, leur réhabilitation et leur réintégration, et leur poursuite le cas échéant, constituent de bonnes mesures.  Ceux qui prônent la suprématie de la race blanche et autres extrémistes violents qui se fondent sur la race ou l’ethnie exploitent Internet afin de répandre leur idéologie, a déploré la déléguée, notant l’augmentation de 320% des attaques menées par des individus affiliés au « terrorisme de droite » tel qu’indiqué dans le rapport du Secrétaire général du 3 août dernier.  Les États-Unis, a-t-elle informé, continuent leurs efforts pour mettre en œuvre la stratégie nationale de lutte contre le terrorisme, y compris par le biais d’efforts multilatéraux comme le Forum mondial de lutte contre le terrorisme, l’Institut international pour la justice et l’état de droit, le Processus d’Aqaba, l’Appel de Christchurch et le Forum mondial de l’Internet pour la lutte contre le terrorisme, ainsi qu’à travers des organisations régionales telles l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et le Conseil de l’Europe.  De plus, les États-Unis étendent et renforcent leur collaboration avec les sociétés privées de haute technologie afin de combattre le terrorisme en ligne.  La déléguée a appelé les États Membres à continuer de construire des partenariats avec les parties prenantes, notamment les jeunes, afin de lutter contre la propagande terroriste.  Cette lutte doit s’effectuer dans le respect des droits humains, a-t-elle conclu, notant que les efforts qui visent à étouffer la liberté d’expression, de religion et les autres droits humains étaient « contreproductifs ».

Mme RUBINSHTEIN (Israël) a dénoncé l’augmentation des actes terroristes dans le monde, avant de saluer l’organisation par le Bureau de lutte contre le terrorisme du premier Congrès mondial des Nations Unies pour les victimes du terrorisme.  Elle a appelé à une actualisation constructive de la Stratégie antiterroriste mondiale, avant de dénoncer toute application « sélective » des règles devant des cas clairs d’actes terroristes.  Elle a prôné une politique de tolérance zéro, les actes terroristes ne devant pas être présentés comme des actes nobles.  La déléguée a ensuite dénoncé les activités terroristes menées par certaines organisations « sous couvert d’activités humanitaires ».  Elle a déploré que cette question fondamentale ne soit pas prise en compte dans les différents rapports onusiens sur le sujet du terrorisme.  Enfin, elle a appelé à une pleine efficacité des instruments juridiques dans la lutte antiterroriste.

M. SYED MOHAMAD HASRIN AIDID (Malaisie) a condamné le terrorisme, en particulier lorsque des États sont impliqués directement ou indirectement.  Ces actes sapent l’intégrité territoriale et la souveraineté des États.  La Malaisie, a poursuivi le délégué, est partie à 11 instruments et protocoles afférant au terrorisme et applique les normes internationales, notamment en matière de coopération judiciaire et d’extradition des auteurs et suspects d’actes terroristes.  Le pays dispose également de mécanismes de prévention et de sensibilisation du grand public face aux dangers de ce phénomène.  Il lutte contre le financement du terrorisme et ne souhaite pas faire partie de sa chaîne d’approvisionnement.  La délégation, a encore informé son représentant, fait preuve de souplesse quant à la tenue d’une conférence de l’ONU sur le terrorisme, comme moyen d’aller de l’avant. 

M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) a attiré l’attention sur les causes et facteurs du terrorisme, notamment la pauvreté, les inégalités sociales, l’exclusion politique, la dépossession et l’absence de bonne gouvernance.  « Une définition claire et universelle du terrorisme reprenant les nouvelles menaces est essentielle pour fonder l’architecture antiterroriste mondiale. »  D’après le délégué, il faut redoubler d’efforts pour conclure une convention générale sur le terrorisme international et mettre en œuvre les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité sur la lutte contre le terrorisme.  Il a également insisté sur l’importance de la lutte contre la criminalité et le détournement des technologies de l’information à des fins terroristes ou criminelles, soulignant le rôle de l’échange d’informations et d’INTERPOL à ces fins.  M. Rai a appelé à une assistance financière et technologique continue en faveur des États en développement ainsi qu’à la coopération avec le secteur privé.  Le Népal, a-t-il indiqué, est partie à sept instruments juridiques internationaux, intégrés dans sa législation nationale, et il met régulièrement à jour son registre national sur la base des listes des sanctions de l’ONU.

M. AHMED ABDELAZIZ AHMED ELGHARIB (Égypte) a mentionné les mesures prises par son pays pour lutter contre le terrorisme, avec la récente publication du dernier rapport sur la question.  Il a invité les pays à adopter des mesures pour que leur territoire ne serve pas de base arrière pour les terroristes, avant d’appeler à lutter contre l’extrémisme mondial.  Après avoir salué l’examen de la Stratégie antiterroriste mondiale, il a rejeté « tout amalgame entre les actions de Daech et l’Islam ».  La coopération entre institutions est cruciale dans la lutte antiterroriste, a poursuivi le délégué, indiquant qu’il n’y a pas de contradiction entre les efforts des différentes entités onusiennes chargées de cette lutte.  Enfin, il a souhaité une accélération des efforts en vue de l’élaboration d’une convention internationale pour lutter contre le terrorisme.

Mme ESTELA MERCEDES MANSOGO (Guinée équatoriale) a indiqué qu’au niveau interne, la Guinée équatoriale avait récemment adopté un nouveau code pénal punissant les délits liés au terrorisme et mis en place des institutions telles que l’Agence nationale des enquêtes financières et la Cour des comptes afin de prévenir le financement d’activités illégales.  Le pays a accueilli le dernier Sommet extraordinaire de l’Union africaine sur le terrorisme et les changements anticonstitutionnels de gouvernement le 28 mai.  La déléguée a proposé la tenue d’une conférence internationale contre la piraterie maritime et réitéré l’importance de la conclusion d’une convention générale sur le terrorisme international.  Elle s’est dite préoccupée par la persistance d’actes terroristes, en particulier, sur le continent africain qui a enregistré près de la moitié des décès liés au terrorisme dans le monde en 2021, avec un effet dévastateur pour le développement et la paix.  Une étude globale de la menace et de son contexte est donc nécessaire, a-t-elle abondé, appelant les pays à coopérer de manière concertée et efficace pour lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent.

M. BOLIO (Mexique) a plaidé pour une lutte antiterroriste plus efficace et demandé une action plus énergique contre les discours de haine.  La notion de « masculinité » doit être intégrée dans la riposte aux terroristes, a déclaré le délégué.  Selon lui, l’Assemblée doit être au cœur des efforts antiterroristes, mais il a déploré que ce rôle central soit désormais assumé par le Conseil, véritable législateur en matière antiterroriste.  Il a aussi regretté l’absence d’une définition universellement acceptée du terrorisme et souhaité l’élaboration d’une convention sur le sujet.  « Il faut mettre un terme aux vingt années d’inaction de la Commission sur le sujet », a conclu le délégué.

M. DANG HOANG GIANG (Viet Nam) a déclaré que le terrorisme reste un défi international qui nécessite une réaction et une action internationales, dans le plein respect du droit international.  Afin d’éviter que les groupes terroristes n’exploitent les conséquences de la pandémie de COVID-19, les États doivent tout faire pour lutter contre les inégalités, la pauvreté et « promouvoir l’inclusion ».  Il s’agit de combler les lacunes pour empêcher les terroristes de s’infiltrer, a précisé le représentant.  Il a également affirmé que son pays, partie à 15 instruments internationaux relatifs au terrorisme et à la criminalité transnationale organisée, coopère avec les Nations Unies et Interpol.  Le Viet Nam a participé aux travaux visant à un meilleur usage des technologies pour éviter que les groupes terroristes puissent les exploiter.  Il coopère sur le plan judicaire avec les autres États, notamment en matière d’enquête et d’extradition, et lutte en outre et activement contre le financement du terrorisme. 

M. EDGAR DANIEL LEAL MATTA (Guatemala) a considéré que le terrorisme devait être abordé à partir de ses racines.  Il constitue une violation flagrante du droit international, y compris du droit international humanitaire et des droits humains, et mine la démocratie, l’intégrité territoriale et la stabilité des États ainsi que l’ordre constitutionnel en vigueur.  Le délégué s’est félicité de la deuxième conférence des Nations Unies sur la lutte contre le terrorisme de 2021 et a espéré pouvoir participer aux négociations autour du huitième examen de la stratégie mondiale contre le terrorisme en 2023.  Il existe un lien entre le financement et les actes terroristes, a-t-il remarqué, notant que le Guatemala est la cible de réseaux internationaux qui dépassent les capacités de l’État et dont les sources de financement sont inépuisables.  Le délégué a ainsi appuyé la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et ses protocoles, ainsi que les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Il a insisté sur la nécessité de renforcer la coopération internationale, régionale et sous-régionale pour éliminer le terrorisme en renforcer la capacité des États.

M. VICTOR SILVEIRA BRAOIOS (Brésil) a rappelé l’immédiateté de l’application des mesures antiterroristes prises par le Conseil, en rappelant que celles-ci doivent être acceptées par tous.  La lutte antiterroriste doit être plus efficace, a-t-il dit.  Il s’est prononcé en faveur de l’adoption, sous les auspices de l’ONU, d’une convention générale sur le terrorisme international contenant une définition précise du terrorisme.  Une telle convention est « cruciale pour dissiper les ambiguïtés ».  Le délégué a souligné que le recours au droit à la légitime défense prévue par l’Article 51 de la Charte des Nations Unies n’est valide qu’entre États.  Il nous faut un cadre antiterroriste mondial cohérent, a-t-il conclu, en soulignant une nouvelle fois l’importance d’un tel instrument.

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a condamné « dans les termes plus forts » le terrorisme, et en particulier le terrorisme d’État.  Plus de 80 000 soldats pakistanais ont perdu la vie ou été blessés dans la lutte contre le terrorisme, a-t-il rappelé.  Le Pakistan a également perdu plus de 150 milliards de dollars américains ces dernières années.  Le représentant a déclaré qu’il faut « s’attaquer aux causes du terrorisme, notamment dans les situations d’occupation ou de refus du droit à l’autodétermination, comme c’est le cas en Palestine et au Jammu-et-Cachemire occupé par l’Inde. »  Par ailleurs, en dépit des appels visant à ne pas faire de lien entre terrorisme et religion, « l’Islam est visé », conduisant à une islamophobie dans les pays occidentaux, souvent par la voix des partis d’extrême droite, a-t-il déploré.  Il a aussi indiqué que son pays est favorable à une définition « consensuelle » du terrorisme, qui établisse un distinguo clair entre le terrorisme et la lutte légitime pour l’autodétermination.  Il faut aussi prendre compte des nouvelles formes de terrorisme basées sur les idéologies, a-t-il plaidé. 

M. DAVID ANTONIO GIRET SOTO (Paraguay) a relevé les liens du terrorisme avec la criminalité transnationale organisée.  Il a insisté sur l’importance de la coopération internationale et de la diffusion de bonnes pratiques et l’échange d’information, ainsi que sur l’importance de créer des espaces de coordination entre les organes des Nations Unies et les institutions nationales concernées pour renforcer les capacités nationales.  Sur ce point, le délégué a souligné la coopération de son pays avec le Bureau des Nations Unies contre le terrorisme.  Le Paraguay continuera de se conformer aux normes internationales et de mettre en œuvre des politiques publiques visant à prévenir le terrorisme sous toutes ses formes.  Le pays, a assuré le délégué, poursuivra ses efforts dans le cadre du futur processus d’examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et appuie l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant sur le sujet.

M. RACINE LY (Sénégal) a déploré que le phénomène du terrorisme gagne du terrain partout, mettant à l’épreuve l’engagement international.  Il a insisté sur la centralité de la Stratégie antiterroriste mondiale, avant d’appeler à des instruments plus efficaces.  La coopération judiciaire doit ainsi être renforcée.  Le délégué a espéré des progrès rapides en vue de l’élaboration d’une convention générale sur le terrorisme international.  « Notre lutte doit être holistique et inclure les conséquences des changements climatiques », a-t-il déclaré.  Il a estimé que l’Afrique requiert une attention spéciale eu égard à la gravité de la menace terroriste sur le continent et demandé un engagement renforcé du Conseil de sécurité.  Enfin, il a détaillé la politique de son pays qui s’est notamment doté d’une cellule antiterroriste.

Mme YOLANNIE CERRATO (Honduras) a déclaré que seuls la solidarité et un travail concerté entre États et organisations régionales et internationales permettront de venir à bout de ce fléau qui menace la paix et la sécurité internationales.  Le Honduras condamne toute forme de terrorisme quelles qu’en soient les raisons et les idéologies.  Alors que l’unilatéralisme semble s’imposer sur le plan international, il faut au contraire changer de paradigme, a recommandé la déléguée, et prendre en compte le rôle des femmes dans la lutte contre le terrorisme, conformément à la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité.  Le Honduras soutient en outre l’organisation d’une conférence de haut-niveau sous les auspices de l’ONU afin de parvenir à un projet de convention internationale sur le terrorisme.  Il est également favorable à l’établissement d’un lien entre terrorisme et criminalité transfrontalière organisée.

M. ENKHBOLD VORSHILOV (Mongolie) a informé que son gouvernement s’est concentré sur le renforcement de ses capacités pour accroître la résilience des infrastructures nationales critiques contre les terroristes et autres cyberattaques.  Il a par exemple organisé, à Oulan Bator, les 16 et 17 novembre 2021, l’atelier national sur la protection des infrastructures critiques contre les cyberattaques terroristes, en coopération avec le Bureau des Nations Unies de lutte contre le terrorisme et le Conseil national de lutte contre le terrorisme de la Mongolie, avec plus de 200 participants du Gouvernement, des forces de l’ordre, des centres éducatifs, des banques et du secteur privé.  Le Gouvernement a également participé à une réunion virtuelle, organisée dans le cadre du projet « CT TECH » et du programme mondial de lutte contre le terrorisme sur la cybersécurité et les nouvelles technologies avec les Nations Unies, INTERPOL et l’Union européenne.  La Mongolie est en outre fermement résolue à renforcer la coopération avec l’ONU et ses organes compétents, ainsi qu’avec les organisations régionales et sous-régionales dans la lutte contre le terrorisme international, a assuré le délégué.

M. ZACHARIE SERGE RAOUL NYANID (Cameroun) a réaffirmé que les actes terroristes constituent une violation du droit international; ils portent atteinte à l’intégrité territoriale et à la stabilité des États, et ont des conséquences néfastes sur le développement.  Les médias sociaux, les outils de communication chiffrés et le dark Web sont utilisés à des fins terroristes, a-t-il regretté.  Seule une action concertée aux niveaux national, régional et mondial peut faire face au terrorisme, a souligné le délégué, notant la nécessité de transcender les frontières, y compris numériques.  Il a appelé à poursuivre ou extrader les auteurs d’actes terroristes, à empêcher l’organisation, le financement et la participation à des actes terroristes, et à s’abstenir d’apporter un soutien ou de servir de refuge aux groupes terroristes.  Il est indispensable d’obtenir rapidement des informations essentielles sur les actes terroristes, a ajouté le délégué, et de lever les obstacles à l’échange d’information, car les lacunes en la matière sont exploitées par les terroristes.  Il a donc appelé à la mise en œuvre des résolutions 2396 (2017) et 2178 (2014) du Conseil de sécurité.  Il a également estimé que les mesures visant à supprimer les discours violents et terroristes doivent occuper une place de choix dans les politiques antiterroristes internes.  Préoccupé par le phénomène des combattants terroristes étrangers, il a souligné l’importance d’aider les États et régions les plus touchées.

Mme FUTOON ABDULRAHMAN HUSAIN AHMED ALAMMADI (Bahreïn) a détaillé l’action de son pays pour tarir le financement du terrorisme.  Elle a plaidé pour une coexistence pacifique entre communautés et un dialogue entre civilisations.  Nous avons un module de coopération avec l’université Sapienza de Rome, a dit la déléguée.  Elle a souligné la nécessité de remédier aux causes profondes du terrorisme et précisé que les lois de son pays ont été harmonisées avec les normes du droit international.  Nous sommes l’un des pays « parmi les moins susceptibles d’être le théâtre d’activités de blanchiment », a conclu la déléguée.

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a déclaré que la pratique « néfaste « de certains États visant à déstabiliser ou impulser des changements de régime dans certains pays, par le biais de campagnes médiatiques de haine et l’usage des nouvelles technologies, constitue une violation du droit international.  « C’est ce que vit Cuba de la part des États-Unis. »  La communauté internationale ne peut accepter, sous couvert de lutte contre le terrorisme, que certains États se livrent à des violations du droit international et du droit international humanitaire, a martelé le délégué.  Cuba a connu des actes de terrorisme, notamment l’attaque de ses ambassades à Washington, en mai 2020, et à Paris, en juillet 2021.  Le délégué a dénoncé « le fruit des campagnes de haine menées depuis le territoire des États-Unis », et encore déploré que les autorités des États-Unis n’aient même pas condamné les tirs dirigés contre l’ambassade. 

M. JONIBEK ISMOIL HIKMAT (Tadjikistan) a indiqué être en proie à l’extrémisme et à la radicalisation, en particulier des jeunes venant d’Afghanistan, en raison notamment de l’instabilité de ce pays.  Il a noté que le développement des groupes terroristes est directement lié aux avantages fiscaux qu’ils reçoivent et a insisté sur la prévention et la lutte contre le financement du terrorisme, appelant à des mesures novatrices grâce aux technologies modernes.  Le Tadjikistan est partie à toutes les conventions de l’ONU et aux instruments régionaux en la matière, a informé le délégué.  Il a mis en place une nouvelle stratégie de lutte contre le terrorisme pour la période 2021-2025 qui inclut des mesures relatives à l’éducation, la tolérance et le dialogue entre communautés, tout en mettant l’accent sur les jeunes, les femmes et les minorités.  De plus, le Tadjikistan œuvre avec d’autres pays d’Asie centrale dans le cadre d’un plan d’action commun, et organise, le 19 octobre prochain, une conférence de haut niveau pour renforcer la sécurité des frontières, la coopération et la lutte contre le terrorisme. 

M. MD MONWAR HOSSAIN (Bangladesh) a déclaré que son pays applique une politique de tolérance zéro face au terrorisme.  Le Bangladesh est partie à tous les instruments internationaux sur la lutte contre le terrorisme.  Il faut agir ensemble pour éliminer la menace terroriste, a dit le délégué, en appelant l’ONU à jouer un rôle plus affirmé.  Il a souhaité l’élaboration d’une convention générale sur le terrorisme, avant d’appeler à traiter les causes sous-jacentes de ce phénomène.  Le renforcement de l’état de droit aux niveaux international et national est fondamental.  Enfin, il a évoqué les conséquences aggravées du terrorisme pour les femmes, avant de souligner l’importance de leur autonomisation.

M. OLEG O. MIKHAYLOV (Fédération de Russie) a déclaré que la question des combattants étrangers devient une véritable problématique, en Syrie, au Moyen-Orient et en Afrique.  Il en a profité pour réaffirmer la nécessité de respecter le droit international et d’en appliquer les principes comme l’irréversibilité de la peine ou l’obligation « de juger ou d’extrader ».  Le représentant a également mis en garde contre les risques d’utilisation d’armes chimiques et bactériologiques par des groupes terroristes.  « On voit que des États continuent de fournir des armes à des groupes terroristes sous leur contrôle dans le but de renverser des régimes », a-t-il déploré.  Le représentant a constaté que les terroristes utilisent les technologies de l’information et des communications afin de diffuser leur idéologie et recruter.  La Fédération de Russie demande aux États qui ont de l’influence sur les entreprises technologiques de faire en sorte que ces groupes ne puissent impunément mener leurs activités de haine en ligne.  De la même manière, la Fédération de Russie est « préoccupée par la propagation d’idées extrémistes radicales, y compris le nazisme ».  Ce phénomène ne touche pas que les pays occidentaux, a-t-il mis en garde. 

M. MARTÍN JUAN MAINERO (Argentine) a noté que la lutte contre le terrorisme appelle à une action multilatérale de la part des États, une lutte au sein de laquelle l’ONU joue un rôle essentiel.  Il s’est inquiété de l’augmentation des inégalités et de la marginalisation de certains groupes, exploitées à des fins terroristes.  Il est nécessaire de s’attacher aux racines profondes du phénomène, a-t-il préconisé, citant les conflits ou encore l’absence d’état de droit.  Il a rappelé que l’Argentine avait été victime d’attentats graves en 1992 et 1994, qui ont réaffirmé la conviction que le terrorisme doit être combattu dans le cadre de l’état de droit et des instruments internationaux.  La promotion et la protection des droits des victimes du terrorisme étant essentielles, le délégué s’est félicité de la première conférence qui s’est tenue sur le sujet à New York le mois dernier.  Il s’est également dit préoccupé de la menace croissante des combattants étrangers.  Par ailleurs, s’il peut exister un lien entre le terrorisme et la criminalité transnationale, cela n’est pas automatique ou intrinsèque.  Il a également regretté l’incidence négative de l’absence de définition juridique claire du terrorisme, notamment sur les droits humains, jugeant nécessaire d’adopter la convention pour combler ces lacunes juridiques.

Le représentant de l'Équateur a déclaré que le terrorisme est l’une des principales menaces à la paix et à la sécurité internationales.  Il a souligné l’importance de la lutte contre le blanchiment d’argent et jugé indispensable une coopération internationale accrue face au terrorisme.  Il a appuyé le Bureau de lutte contre le terrorisme, avant d’insister sur les liens entre les groupes terroristes et la criminalité transnationale organisée.  Enfin, le délégué a appuyé la création d’un groupe de travail en vue de l’élaboration d’une convention générale sur le terrorisme.

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a déclaré qu’en tant que pays qui y fait face depuis plus de 30 ans, Sri Lanka condamne le terrorisme: peu importent l’auteur, la raison ou le lieu.  Le terrorisme a montré qu’il peut s’adapter, notamment en se servant des technologies de l’information qui lui permettent de recruter.  Cela nécessite des actions supplémentaires, mais dans le plein respect du droit international et de la Charte des Nations Unies, a plaidé le représentant.  À l’échelle nationale, le Sri Lanka a créé un cadre juridique permettant aux forces nationales de lutter contre le terrorisme, avec une loi spécifique en cours d’élaboration.  Le pays a également mis en œuvre des mesures ciblant le financement et le blanchiment d’argent.  Le représentant a invité les États à conclure, « au plus vite » une convention sur le terrorisme. 

Mme LAUZA ALI (Maldives) a fait remarquer que les Maldives ont adopté un cadre juridique de lutte contre le terrorisme et créé un centre pour la lutte contre le terrorisme.  La stratégie des Maldives vise à « prévenir l’extrémisme en créant des sociétés plus unies », en prenant notamment en compte le rôle et la place des femmes et des jeunes.  Les perspectives de genres constituent un important aspect du processus de prévention, a-t-elle indiqué, de même que la promotion de la solidarité et d’un dialogue inclusif.  La déléguée a réaffirmé que l’Islam est une religion de paix ne laissant pas de place à la haine: cette année, une campagne s’attaquant aux extrémismes et ceux qui propagent la haine a été lancée aux Maldives.  Son pays a travaillé avec ses partenaires internationaux et régionaux, a-t-elle ajouté, notant que la menace terroriste ne peut être combattue que dans le cadre de la coopération internationale.

Mme KAJAL BHAT (Inde) a rappelé que le terrorisme nuit gravement à l’exercice des droits humains, ajoutant que les femmes et les enfants étaient particulièrement vulnérables.  La représentante a rappelé les attaques de Bombay de 2008, déplorant que les responsables continuent d’être protégés et hébergés par un État voisin.  En outre, des groupes terroristes reconnus comme tels par l’ONU continuent d’œuvrer de l’autre côté de la frontière, a-t-elle accusé.  La représentante a ensuite jugé que l’utilisation d’Internet et des réseaux sociaux pour propager une propagande terroriste constituait une grave menace.  Notant le risque pour le financement du terrorisme de l’utilisation accrue des technologies pour stocker des fonds, elle a appelé à faire preuve d’une plus grande coopération, y compris dans le secteur financier.  La représentante a exhorté les États Membres à agir de concert pour sortir de l’impasse qui empêche l’adoption d’une convention, jugeant que l’ONU pouvait faire davantage et appelant à montrer « la volonté politique nécessaire ».  Réagissant aux accusations d’une délégation contre l’Inde, la représentante l’a accusée de former et armer des terroristes en tant que politique d’État et a dit espérer que la Commission rejette toute politisation.  « Ce pays affirme être victime de terrorisme mais accueille des terroristes espérant nuire à son voisin », a-t-elle dénoncé.  « La région du Jammu-et-Cachemire fera toujours partie de l’Inde », a-t-elle conclu.

M. ALI FADHIL ALI (Iraq) a rappelé les souffrances endurées par son pays en raison des activités terroristes et souligné la détermination de l’Iraq face à Daech.  Il a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations et appelé à une réponse unie en vue notamment de s’attaquer aux racines de ce fléau.  Il a plaidé pour un partage accru des renseignements.  Il a appuyé le Bureau de lutte contre le terrorisme et précisé que son pays est disposé à apporter son expertise dans ce domaine.  Le délégué a demandé l’extension des sanctions contre les groupes terroristes, en soulignant l’acuité de la menace posée par Daech.  Il a enfin demandé le rapatriement des combattants terroristes étrangers du camp de Hol en Syrie, en précisant que les combattants iraquiens ont été rapatriés.

M. AL-HARITH IDRISS AL-HARITH MOHAMED (Soudan) a dit continuer d’adopter la même approche en matière de lutte contre le terrorisme, c’est-à-dire sa condamnation.  Le Soudan continue aussi d’identifier et de s’attaquer à ses causes premières que sont la pauvreté et la marginalisation.  Le délégué a été d’avis qu’une pleine coopération et coordination de la communauté internationale sont nécessaires pour lutter contre le terrorisme.  Si le Soudan combat aussi le financement du terrorisme, entre autres actions, il a besoin de renforcer ses capacités, a-t-il expliqué. 

M. MOHAMMAD DANIAL KIFRAWI (Brunéi Darussalam) a condamné le terrorisme et l’extrémisme violent sous toutes ses formes, constatant qu’ils engendraient la perte de vies innocentes et des dommages aux infrastructures et propriétés publiques et que leur idéologie constituait une menace contre les valeurs de paix, de sécurité, de droits humains et d’état de droit.  Face aux nouveaux moyens utilisés par les terroristes pour agir, il a appelé à une approche nationale, bilatérale, régionale et internationale.  Le délégué a rappelé le cadre juridique et les mesures prises par son pays pour lutter contre le terrorisme et son financement, afin d’être en conformité avec les normes internationales.  Il a également évoqué les mesures prises en matière de sécurité, dont le cadre national sur la cybersécurité, et la coopération régionale dans le Cadre de l’ASEAN.  Il a rappelé l’importance de renforcer les capacités en la matière et s’est félicité des réunions, séminaires et formations organisés par des organisations internationales, qui permettent aussi de créer des partenariats.

Mme SOPIO KUPRADZE (Géorgie) a condamné l’agression militaire injustifiée de la Russie contre l’Ukraine et la mise en scène de référendums illégaux, n’ayant « aucune validité, en raison de la violation flagrante du droit international ».  La représentante a ensuite jugé urgent pour la communauté internationale de redoubler d’efforts pour lutter contre les causes du terrorisme.  Elle a rappelé l’engagement de la Géorgie à cet égard, notamment en participant à des missions de maintien de la paix à l’étranger.  Mentionnant les mesures prises dans son pays pour créer une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme, la représentante a précisé qu’elles se fondent sur une approche impliquant toute la société, y compris la société civile.  La prévention de l’extrémisme violent demeure une priorité absolue de la Géorgie, a-t-elle par ailleurs indiqué, évoquant la création d’une plateforme de dialogue public-privé.  Enfin, la représentante a attiré l’attention sur la situation de la région d’Abkhazie, en raison de l’occupation de la Russie.  « Cette situation grave, y compris dans le domaine de la sécurité et humanitaire, crée un terreau fertile pour les activités illicites », a-t-elle mis en garde. 

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a déploré la recrudescence des attaques terroristes à l’échelle internationale.  Le terrorisme ne pourra pas être vaincu uniquement par des moyens militaires, a déclaré le délégué, en soulignant l’importance de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  Il a souhaité l’élaboration d’une convention générale sur le terrorisme et appuyé l’idée de créer un groupe de travail en vue de faciliter les efforts pour parvenir à cet objectif.  Enfin, le délégué a indiqué que son pays est en train d’amender sa législation antiterroriste pour l’adapter aux nouvelles menaces qui se font jour.

Mme KHALILAH HACKMAN (Ghana) a déclaré que, face à l’évolution des méthodes des groupes terroristes, notamment le recours aux technologies de l’information et des communications, les outils doivent s’adapter.  La délégation demande donc aux États de veiller à ce que ces technologies ne servent pas aux terroristes, notamment pour le recrutement ou le financement.  Cela ne peut se faire que dans une bonne coopération entre États.  Le Ghana plaide également pour que l’on s’attaque aux causes du terrorisme, notamment la pauvreté.  Cela passe par une révision des mécanismes du financement international du développement, afin de mieux permettre d’atteindre les objectifs de développement durable, a conclu le délégué. 

M. KHADDOUR (Syrie) a rappelé que la lutte contre le terrorisme ne peut être fructueuse sans tenir compte des aspects juridiques, du respect des instruments internationaux et de la Stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme des Nations Unies.  Il a demandé dans quelle mesure les États qui ont envoyé des combattants terroristes en Syrie avaient mis en œuvre leurs engagements internationaux.  « La présence illégale continue de troupes étrangères de certains États en Syrie demeure une source de terrorisme », a-t-il dénoncé, terrorisant les citoyens syriens et pillant les ressources.  Ces États continuent de prendre des mesures unilatérales prenant pour cible les moyens de subsistance du peuple syrien.  Le délégué a affirmé que l’idéologie terroriste se propageait dans les zones contrôlées par les Forces américaines et turques en raison de l’absence d’institutions éducatives publiques.  La Syrie, a-t-il dit, reste convaincue que la coopération est le meilleur moyen de lutter contre le terrorisme et a appelé au soutien de la communauté internationale.

M. ABDULRAHMAN HASAN YAHYA AL-BARATI (Yémen) a rappelé que son pays a fait face à de graves crimes terroristes qui l’ont déstabilisé, ont porté atteinte à diverses institutions et tué de nombreux civils.  « Le peuple yéménite lutte aujourd’hui contre un groupe extrémiste raciste qui fait fi de toutes les valeurs modernes de la démocratie et des droits humains », a-t-il ensuite accusé, ajoutant que celui-ci était « appuyé par le régime iranien et le Hezbollah ».  Les milices houthistes ont tué des enfants et des personnes âgées, détruit maisons et lieux de culte dans une guerre absurde, a-t-il dénoncé.  Le Yémen a accepté une trêve pendant six mois pour parvenir à la paix, mais les milices houthistes n’ont pas respecté les initiatives de paix et la dernière proposition du Secrétaire général.  Nous appelons le Conseil de sécurité à mettre en œuvre divers mécanismes pour un embargo sur les armes et à interdire l’envoi d’armes par le régime iranien au profit des milices houthistes, a exhorté le représentant.  Il a par ailleurs évoqué la stratégie de lutte contre le terrorisme mise en place par le Yémen ainsi que d’autres législations pour criminaliser toute action de participation à des actes terroristes.  Malheureusement, les efforts du Gouvernement n’ont pas toujours abouti à cause du coup d’État des milices houthistes, a-t-il encore regretté, indiquant avoir créé des unités spécialisées de lutte avec l’aide de la coalition arabe et des partenaires internationaux. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Cinquième Commission ouvre sa session dans un contexte où l’ONU est sollicitée de toutes parts

Soixante-dix-septième session,
1re séance plénière - Matin
AG/AB/4390

La Cinquième Commission ouvre sa session dans un contexte où l’ONU est sollicitée de toutes parts

Sous la présidence de M. Philippe Kridelka de la Belgique, la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires a ouvert aujourd’hui une session inédite, compte tenu des défis complexes et sans précédent que l’ONU doit relever.  

Au nom du groupe CANZ, l’Australie a fait observer que le budget-programme de 2023 est négocié dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine et ses conséquences pour l’économie mondiale, la sécurité alimentaire, l’énergie et les financements.  Tout cela exerce une énorme pression sur les États Membres et l’ONU, a fait observer l’Australie, soutenu par les États-Unis qui ont rappelé que la Commission examinera un projet de budget de 3,4 milliards de dollars au cours d’une session qui ne ressemble à aucune autre parce que tous les aspects du travail de l’ONU ont été affectés négativement par la guerre non provoquée de la Russie en Ukraine.   

La recommandation du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) de refuser au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme une enveloppe de 35 millions de dollars a consterné plus d’une délégation, dont l’Union européenne qui a voulu que la Cinquième Commission prévoie des ajustements pour éviter les conséquences imprévues de cette recommandation « défavorable ».  Cette recommandation, ont martelé les États-Unis, est contraire aux décisions de l’Assemblée générale.  Le rôle du CCQAB, ont-ils souligné, est d’apporter son expertise dans l’analyse du budget-programme et de conseiller la Cinquième Commission mais certainement pas d’aller à l’encontre de la volonté clairement exprimée de l’Assemblée générale. 

Interpellé, le Président du CCQAB, M. Abdallah Bachar Bong, a déclaré que la substance des recommandations de son comité est toujours fondée sur les rapports du Secrétaire général de l’ONU et reflètent la mise en œuvre des recommandations du Comité des commissaires aux comptes.  Le CCQAB veille à des recommandations les plus techniques possibles même si parfois elles sont plus nuancées.  Toutefois, il appartient en définitive à l’Assemblée générale de prendre les décisions qui s’imposent, a reconnu le Président. 

Si la quasi-totalité des délégations a salué la souplesse et l’efficacité qu’a offert l’annualisation du budget ordinaire de l’ONU, ces trois dernières années, la Fédération de Russie a demandé qu’une attention particulière soit accordée aux avantages et aux inconvénients de cette pratique.  Il est désormais impossible de revenir à un budget biennal, ont prévenu les États-Unis.  Le cycle budgétaire annuel qui a permis à l’ONU de réagir rapidement aux nouveaux défis, est concret et pratique, dans le droit fil de la réforme de la gestion de l’Organisation, a ajouté la République de Corée.   

Quant à lui, le Mexique s’est, avec d’autres, inquiété de la persistance d’un coefficient différent pour le calcul du coût de la vie à l’Office des Nations Unies à Genève qui remet en cause l’autorité de la Commission de la fonction publique internationale (CFPI) et qui contredit l’esprit même du régime commun des Nations Unies.  Il a appelé la Cinquième Commission à prendre une décision définitive et à neutraliser ainsi toute tentative de fragmenter le régime commun.   

S’agissant du barème des quotes-parts, le Groupe des 77 et de la Chine a insisté sur l’intangibilité des éléments fondamentaux de la méthode actuelle de calcul.  Pour le Japon, le barème des quotes-parts doit être fondé sur les données disponibles les plus récentes, les plus complètes et les plus comparables pour refléter au mieux la capacité réelle de paiement de chaque État Membre et ce, de manière plus équitable.   

La Cinquième Commission, qui a adopté son programme de travail prévoyant la fin de la session le 9 décembre 2022, a élu à ses vice-présidences M. Masotsha Mongezi Mnguni, de l’Afrique du Sud et M. Abdulla Ali Abdulrahman Mohamed Ahmed, du Bahreïn.  Elle accueillera demain, à partir de 15 heures, le Président de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale. 

ORGANISATION DES TRAVAUX A/C.5/77/1A/C.5/77/L.1

Débat général

S’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. JIBRAN KHAN DURRANI (Pakistan) s’est déclaré préoccupé par l’insuffisance de la trésorerie à laquelle l’Organisation continue de faire face et qui compromet la mise en œuvre de ses mandats.  Il a ensuite souligné les difficultés auxquelles de nombreux États Membres sont confrontés en raison de la pandémie de COVID-19.  Le délégué a rappelé que, lors de la soixante-seizième session de l’Assemblée générale, il avait été convenu de créditer le fonds de roulement pour gérer la crise de liquidités comme mesure ponctuelle, étant entendu qu’il ne pouvait s’agir d’une solution durable.  Bien que les États Membres soient tenus de s’acquitter de leurs contributions au budget ordinaire de l’Organisation en totalité, en temps voulu et sans conditions, le représentant a estimé que certains pays en développement en proie à des difficultés devraient être autorisés à exercer leur droit de vote jusqu’à la fin de la soixante-dix-septième session.  Il a noté que le barème des quotes-parts pour le budget ordinaire assumées par les États Membres du G77 et la Chine au cours de l’exercice 2022-2024 sera trois fois plus important que celle qu’ils assumaient il y a environ 10 ans.  Simultanément, le barème des quotes-parts des pays développés continue de diminuer, a constaté M. Durrani, pour qui ceux-ci devraient assumer davantage de responsabilités financières vis-à-vis de l’ONU. 

Le délégué a ensuite estimé que les éléments fondamentaux de la méthodologie actuelle pour déterminer le barème des quotes-parts, tels que la période de référence, le revenu national brut, les taux de conversion, le dégrèvement accordé aux pays à faible revenu par habitant, le gradient, le plancher, le plafond pour les pays les moins avancés et l’ajustement de l’encours de la dette doivent être maintenus tels quels et sont non négociables.  En outre, il a considéré que le taux de contribution maximum actuel est le fruit d’un compromis politique, bien qu’il soit contraire au principe de capacité de paiement, faisant de lui un facteur de distorsion dans le barème des quotes-parts.  Le représentant a instamment demandé à l’Assemblée générale d’entreprendre une révision de cet arrangement, conformément au paragraphe 2 de la résolution 55/5 C de l’Assemblée générale.  Par ailleurs, les organisations dotées du statut d’observateur privilégié au sein des Nations Unies devraient également s’acquitter des mêmes obligations financières que les États observateurs, a estimé M. Durrani, qui a demandé instamment à l’Assemblée d’envisager une décision à ce sujet.  Il a enfin souligné que les négociations relatives à tous les points de l’ordre du jour de la Cinquième Commission doivent être menées de manière ouverte, inclusive et transparente, avant de réitérer sa ferme opposition à la prise de décision en petits groupes.

M. THIBAULT CAMELLI, délégué de l’Union européenne, a dit soutenir les efforts du Secrétaire général en vue d’une mise en œuvre efficace des réformes de l’ONU, notamment celle du cycle budgétaire.  Un processus budgétaire annuel facilite l’affectation de ressources plus précises aux mandats, en fonction de l’évolution des besoins, ce qui autonomise davantage les gestionnaires de programmes qui peuvent mieux se concentrer sur les résultats.  Un budget annuel renforce également la responsabilité et le contrôle intergouvernemental par le biais de la Cinquième Commission.  « Nous tenons à saluer les efforts du Secrétariat de l’ONU et de tous les gestionnaires de programmes pour mettre en place ce paradigme et sommes prêts à tirer les leçons de la période d’essai afin de pouvoir finaliser cette pierre angulaire de la réforme du pilier de la gestion, et base fondatrice de la vision du Secrétaire général d’une ONU moderne », a déclaré le représentant. 

Également fervente partisane de la consolidation de la paix et de la prévention des conflits, l’UE estime qu’il faut explorer de nouvelles façons de financer la consolidation de la paix, y compris par le biais des contributions mises en recouvrement.  Le délégué s’est à cet égard dit encouragé par l’adoption récente par consensus de la résolution 76/305 de l’Assemblée générale, réitérant l’engagement de l’Union à reprendre les discussions sur l’investissement dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix au sein de la Cinquième Commission, de façon à fournir un financement adéquat, prévisible et durable dans ce domaine. 

Pour ce qui est de la programmation, l’UE est satisfaite que le Comité du programme et de la coordination ait approuvé 23 des 28 plans de programme.  Toutefois, a indiqué M. Camelli, elle regrette qu’il n’ait pas été possible de parvenir à un consensus sur les cinq restants, et attend avec intérêt de les discuter au sein de la Commission.  Concernant le projet de budget-programme pour 2023, il ne donne pas une image complète des questions importantes telles que le financement des travaux de construction au Siège et dans d’autres lieux d’affectation de l’ONU dans le monde entier.  Rappelant que l’Assemblée générale a chargé le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de refléter dans son projet de budget le financement des mandats du Conseil des droits de l’homme, le représentant a exprimé la profonde préoccupation de l’UE vis-à-vis de la recommandation défavorable du CCQAB à cet égard.  Il faudra des ajustements pour éviter les conséquences imprévues de cette recommandation, qui se traduirait par un sous-financement sans précédent des mandats du Conseil, a-t-il mis en garde.  L’une de nos priorités à cet égard sera la création du Bureau de la jeunesse, dans le cadre de Notre programme commun: la nouvelle entité aura pour rôle crucial de promouvoir la participation pleine, égale et significative des jeunes et des partenariats de jeunes dans les trois piliers de l’ONU et dans l’action humanitaire.  Pour l’Union, a ajouté le délégué, la priorité absolue est l’insécurité alimentaire mondiale. 

Pour ce qui est des méthodes de travail de la Cinquième Commission, mises à l’épreuve par la pandémie, le délégué a estimé qu’il faut préserver l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée.  Travailler en dehors des heures normales de conférence, pendant les week-ends ou la nuit, et prolonger le calendrier de la session devrait être l’exception et non la norme, a précisé M. Camelli.  Il est essentiel de respecter les délais et les échéances, de conclure le programme de travail en temps voulu et de permettre au Secrétariat de mettre en œuvre les résolutions, a poursuivi le représentant.  Il a également demandé que tous les documents soient soumis à temps et disponibles dans toutes les langues officielles, réitérant l’importance de la prise de décisions par consensus. 

Au nom du Canada, de lAustralie et de la Nouvelle-Zélande (groupe CANZ), M. MITCHELL FIFIELD (Australie) a insisté sur le fait que le budget-programme de 2023 est négocié dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine et ses conséquences pour l’économie mondiale, la sécurité alimentaire, l’énergie et les financements qui exercent une énorme pression sur les États Membres et l’ONU.  Rappelant la période d’essai du budget annuel, au cours de ces trois dernières années, le représentant a dit avoir vu une plus grande souplesse, davantage de résultats concrets et une meilleure responsabilisation qui ont permis de négocier le virage de la pandémie de COVID-19 et aujourd’hui la guerre en Ukraine.  Il a soutenu la proposition du Secrétaire général d’anticiper les besoins en matière de ressources pour les mandats en cours du Conseil des droits de l’homme, dans un souci d’efficacité.  Le représentant s’est tout de même dit consterné par l’avis contraire du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), compromettant l’allocation d’une enveloppe de 35 millions de dollars audit Conseil. 

S’agissant du financement des activités de consolidation de la paix, il a espéré un consensus, ajoutant les contributions volontaires au Fonds pour la consolidation de la paix seraient une contribution précieuse au mandat de l’ONU relatif à la prévention des conflits.  Pour ce qui est du budget ordinaire, il a estimé que la proposition de financer 95 postes non plus par des fonds extrabudgétaires mais par le budget ordinaire mérite l’attention de la Cinquième Commission.  Il faudra, a-t-il reconnu, faire des économies pour compenser les augmentations dans d’autres chapitres du budget.  Le représentant a aussi voulu une évaluation du CCQAB qui doit rester un organe technique et transparent.  Concernant la trésorerie, il a noté que seuls les deux tiers des États Membres paient l’intégralité de leur contribution au budget de l’ONU et conseillé aux autres États concernés d’envisager des échéanciers de paiement. 

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. ANTONIO MANUEL REVILLA LAGDAMEO (Philippines) a salué les États Membres, qui, en dépit des difficultés liées à la pandémie de COVID-19, ont réussi à payer leurs contributions de façon intégrale et en temps voulu.  Concernant la question du cycle budgétaire annuel, le représentant a estimé qu’il a pu favoriser l’exécution des mandats de l’Organisation.  Ce cycle, a-t-il dit, a démontré que les Nations Unies peuvent être réactives et agiles.  Toutefois, il a estimé qu’il faut respecter l’ordre établi et demandé que le Secrétariat donne de plus amples informations et des enseignements tirés de l’annualisation du budget.  Le représentant a conclu en espérant que la Cinquième Commission accordera la même attention à toutes les questions à l’ordre du jour. 

Également au nom du Liechtenstein, Mme RICCARDA CHRISTIANA CHANDA (Suisse) a dit que l’ONU a plusieurs instruments en main pour exécuter son mandant et en premier lieu le paiement des contributions annuelles à temps et intégralement.  Elle a souligné l’importance de la pérennisation du budget annuel qui est un des éléments clefs dans la réforme de la gestion du Secrétaire général.  Le nouveau cycle a permis d’avoir des budgets plus réalistes et de réagir plus rapidement à des circonstances et mandats changeants.  Le pilier des droits de l’homme est central pour l’atteinte des objectifs des Nations Unies, y compris pour le développement durable et le maintien de la paix et de la sécurité internationales, a ajouté la représentante.  C’est pourquoi il est essentiel que la Commission veille à ce que ce pilier reçoive les ressources nécessaires.  S’agissant du Plan stratégique patrimonial, la représentante a remercié d’avance les États Membres pour leur soutien à ce projet important.

Au nom du Groupe des États dAfrique, M. TIJJANI MUHAMMAD BANDE (Nigéria) a réaffirmé que toutes les délégations doivent pouvoir participer aux délibérations, aux négociations et aux processus décisionnels grâce à de bons services d’interprétation.  Rappelant que son groupe s’exprime dans quatre des six langues officielles de l’ONU, il a jugé important que chaque État Membre puisse contribuer aux discussions dans la langue officielle qui lui convient le mieux.  Malgré des améliorations considérables, il a prévenu que les retards dans la publication de rapports importants dans toutes les langues officielles restent un problème qui influe sur la faculté de la Commission à finir ses travaux dans les délais impartis.   

Au cours de cette session, a-t-il poursuivi, la Commission examinera les budgets des différentes missions politiques spéciales, l’un des outils internationaux les plus efficaces pour le maintien de la paix.  Il est donc impératif que des ressources financières et humaines adéquates soient fournies car plus ces missions auront les ressources qu’il faut moins les États auront besoin de financer les opérations de maintien de la paix.  Le représentant a également réclamé une décision rapide sur le barème des quotes-parts, qui accorderait des exemptions aux États Membres qui ne sont pas en mesure d’honorer leurs obligations financières en raison de circonstances indépendantes de leur volonté.  En conclusion, il a réitéré que les négociations au sein de cette Commission doivent être menées de manière inclusive et transparente et dans le respect du calendrier fixé. 

M. JESÚS VELÁZQUEZ CASTILLO (Mexique) a soutenu l’annualisation du budget ordinaire qui a démontré son utilité et sa pertinence, en améliorant l’orientation des programmes, la prévision des ressources, l’exécution des mandats et la gestion axée sur les résultats.  Le représentant s’est attardé sur les différents projets de construction qui engloutissent d’importantes resources, notamment le projet lié à l’Office des Nations Unies à Genève.  Le Mexique, a-t-il martelé, accorde la priorité au financement adéquat du Conseil des droits de l’homme ainsi qu’au nouveau Bureau pour la jeunesse.  Les missions politiques spéciales méritent également une attention particulière, d’autant qu’elles représentent plus de 22% du budget ordinaire de l’Organisation.  Le représentant s’est aussi inquiété de la persistance des deux coefficients pour le calcul du coût de la vie qui remettent en cause l’autorité de la Commission de la fonction publique internationale (CFPI) et qui contredit l’esprit du régime commun des Nations Unies.  Il a appelé la Cinquième Commission à prendre une décision définitive et à neutraliser ainsi toute tentative de fragmenter le régime commun.  S’agissant enfin du financement du Fonds pour la consolidation de la paix, le représentant a souligné la nécessité d’assurer des ressources pour répondre de manière souple et flexible aux demandes présentes et futures. 

M. YAMANAKA OSAMU (Japon) a noté que l’ordre du jour de la Commission comprend des questions urgentes et essentielles, y compris l’examen du cycle budgétaire annuel, le besoin urgent de soutenir les activités de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) et la sécurité alimentaire mondiale.  Depuis l’approbation du budget-programme de 2022, la communauté mondiale est confrontée à un certain nombre de défis sans précédent, tels que la situation en Ukraine, la flambée des prix, l’insécurité alimentaire et la persistance de la COVID-19.  Il faut permettre à l’Organisation de répondre à l’évolution des besoins dans le monde, en élaborant un budget souple, réactif et responsable, a encouragé le représentant qui a souligné l’importance de la discipline budgétaire, fondamentale pour que l’Organisation puisse fonctionner et exécuter ses mandats correctement, efficacement et durablement.  

M. TONA (Rwanda) a noté que cette Commission a pris des décisions importantes pour renforcer les Nations Unies, mais a regretté que ces dernières années, dans certains domaines, il y a eu peu de progrès dans l’efficacité des Nations Unies.  « Alors que nous traversons de multiples crises dans le monde, il faut veiller à ce que l’Organisation ait suffisamment de ressources pour remplir les missions que nous leur avons nous-mêmes confiées », a-t-il déclaré.  Il faut s’assurer que l’ONU dispose de suffisamment de ressources pour mettre en œuvre le mandat que nous lui avons confié, en particulier dans le Sud.   

Il a assuré qu’il allait suivre de près les discussions sur les priorités clefs pour l’Afrique dont le Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux, « notamment avec le début du procès de Félicien Kabuga, qui a mis en place le génocide de 1994 contre les Tutsis ».   

M. DAI BING (Chine) a estimé que lors du débat récent, les États Membres ont lancé un vibrant appel en faveur de la coopération pour relever les défis du jour, à savoir, la sécurité alimentaire, le réchauffement climatique et la lutte contre la pandémie.  La Chine a toujours défendu la paix mondiale qui contribue à la prospérité mondiale.  La Chine a toujours défendu le multilatéralisme et participe à la réforme du système international, a-t-il déclaré.  

Toutefois, la situation financière actuelle reste préoccupante, a-t-il noté.   Nonobstant les appels répétés des États Membres, ainsi que la lettre envoyée par le Secrétaire général pour faire part de ses préoccupations, un grand contributeur a encore des arriérés considérables, a-t-il déclaré, ce qui explique dans une large mesure la crise financière de l’Organisation.  De son côté, la Chine a toujours versé ses contributions, a-t-il rappelé.  Il a engagé tous les pays membres à s’acquitter de leurs contributions.

Le représentant a estimé que la planification des programmes devrait respecter les principes des États Membres et tenir compte de leurs intérêts, et les grandes commissions pertinentes devraient jouer leur rôle.  Le budget-programme devrait rester à un niveau raisonnable, les deniers alloués par les États devrait être bien dépensés.  Le représentant a estimé qu’en ce qui concerne la période pilote du budget annuel, les modalités budgétaires devraient être précises, scientifiques.  « Il ne faut pas trop se hâter en faisant les réformes.  Il faut une appréciation de ce budget pilote annuel. »  Pour ce qui est du financement de la consolidation de la paix, le représentant a souligné qu’il faut tenir dument compte des préoccupations des pays en développement.

M. MHER MARGARYAN (Arménie) a insisté sur l’importance de payer en temps voulu les contributions au budget ordinaire.  L’Arménie, s’est-il enorgueilli, continue de figurer au tableau d’honneur des États Membres qui paient l’intégralité de leurs contributions au budget ordinaire dans les 30 premiers jours de l’année.  Face aux questions à l’examen, le représentant a prôné l’esprit de collégialité et d’engagement constructif.  Président sortant de la Cinquième Commission, il a milité pour l’amélioration continue des méthodes de travail et pour une utilisation plus efficace du temps imparti.  Il a jugé judicieux d’exploiter les possibilités qu’offrent les plateformes en ligne.

M. CHRISTOPHER P. LU (États-Unis) a rappelé que la Commission examinera, au cours de cette session, un projet de budget de 3,4 milliards de dollars.  Mais cette session, a-t-il estimé, ne ressemble pas aux précédentes parce que tous les aspects du travail de l’ONU ont été affectés négativement par la guerre non provoquée de la Russie en Ukraine.  Le Secrétaire général a proposé de transférer au budget ordinaire un certain nombre de dépenses qui sont actuellement financées par des ressources extrabudgétaires.  Toutefois, a commenté le représentant, de telles propositions doivent être réduites au minimum et approuvées uniquement lorsqu’elles sont bien justifiées.  Le représentant s’est dit préoccupé par certaines recommandations du CCQAB contraires aux décisions de l’Assemblée générale.  Il a dit parler en particulier du refus du Comité d’inscrire certains mandats du Conseil des droits de l’homme dans le budget-programme.   

En ce qui concerne l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), le CCQAB contredit une nouvelle fois une résolution 3331B de l’Assemblée générale qui stipule que seuls les salaires du personnel international doivent être financés par le budget ordinaire.  Le rôle du CCQAB, a martelé le représentant, est d’apporter son expertise dans l’analyse du budget-programme et de conseiller la Cinquième Commission et certainement pas d’aller à l’encontre de la volonté clairement exprimée de l’Assemblée générale.  Il a dit attendre avec impatience les réponses qu’apportera le Président du CCQAB à ces préoccupations.  Le représentant s’est également dit préoccupé par les coefficients liés au même régime commun.  Il faut, a-t-il dit, sauvegarder l’intégrité de ce régime.  Il a ajouté qu’après l’application du budget annuel, il est impossible de revenir à un budget biennal, après avoir rappelé que le Comité du programme et de la coordination (CPC) ne s’est toujours pas prononcé sur cinq programmes. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a estimé que cette session est l’occasion de soutenir une Organisation renforcée, capable d’apporter des changements positifs.  Il a rappelé l’examen à venir du budget-programme annuel du Secrétaire général pour 2023.  Nous avons, a-t-il dit, la responsabilité de veiller à ce que l’Organisation dispose du niveau adéquat de ressources pour répondre à ses besoins, d’autant qu’en cette période de difficultés économiques, l’ONU doit démontrer qu’elle utilise ces ressources de manière efficace et efficiente.   

Le représentant a souhaité que les Nations Unies disposent du personnel et des capacités nécessaires pour répondre rapidement, efficacement et avec souplesse aux demandes qui lui sont faites, qu’il s’agisse des retombées néfastes de l’invasion illégale de l’Ukraine par la Russie ou des objectifs de développement durable.  Le représentant a dit attendre que le Secrétaire général évalue la manière dont l’annualisation du budget a bénéficié à l’ONU, en particulier s’agissant d’une plus grande efficacité dans l’exécution des mandats.   

M. Kariuki s’est dit impatient de discuter des propositions de la Commission de la fonction publique internationale et de la façon de sauvegarder l’intégrité du régime commun des Nations Unies.  Il s’est aussi dit impatient de discuter de la proposition révisée pour la modernisation des salles de conférence de l’Office des Nations Unies à Nairobi et du renforcement de la base du travail lié à la consolidation de la paix.  Il a voulu que l’on ne renonce pas aux bonnes pratiques et aux méthodes de travail développées au cours des dernières années, dont l’abandon de la pratique consistant à négocier bien après l’heure prévue pour la fin des réunions.   

Mme EMAN AL MUBARAK (Émirats arabes unis) a déclaré que l’examen des questions prioritaires, dont le projet de budget pour 2023, va déterminer la capacité de l’Organisation à relever les défis mondiaux.  À cet égard, il est important d’apporter au Fonds pour la consolidation de la paix un financement durable et prévisible, étant donné qu’il s’agit d’un outil important de réponse aux nouvelles crises.  Bien que la Commission n’ait pas pu dégager de consensus, la représentante a espéré que cette fois-ci, des négociations constructives permettront de trouver un accord sur cette question importante.  Elle a aussi plaidé pour des ressources adéquates en faveur des missions politiques spéciales.  Enfin, la représentante s’est réjouie des discussions à venir sur le budget du Bureau pour la jeunesse.

Mme OH HYUNJOO (République de Corée) a prié la Commission de terminer son travail en temps voulu.  Prenant note du fait que le cycle budgétaire annuel a permis à l’ONU de réagir rapidement aux nouveaux défis, elle a jugé ce cycle concret et pratique, dans le droit fil de la réforme de la gestion.  Elle a plaidé auprès des États Membres pour qu’ils garantissent un financement adéquat à la consolidation de la paix et trouvent un consensus.  Elle a voulu une clarification du mandat du CCQAB, estimant qu’une discussion sur la fonction du Président du Comité s’avère nécessaire.

M. DMITRY S. CHUMAKOV (Fédération de Russie) a estimé qu’une attention particulière doit être accordée aux avantages et aux inconvénients de l’annualisation du budget ordinaire.  Il a aussi dit attendre une décision du CPC sur les cinq programmes en suspens.  Quant aux méthodes de travail de la Cinquième Commission, il a souligné la nécessité d’augmenter le nombre de réunions formelles et informelles et réclamé la parution rapide et simultanée des documents dans les six langues officielles de l’ONU.  La mise à disposition des rapports, a-t-il insisté, est l’une des conditions essentielles d’une utilisation efficace du temps de travail.  Il a conclu, en insistant sur l’inclusivité et la transparence dans les travaux de la Commission. 

M. CARLOS AMORIN (Uruguay) s’est dit satisfait de l’accord qui a permis de régler la question du remboursement des pays contributeurs de troupes et d’effectifs de police aux opérations de paix clôturées.  Le non-règlement de cette question avait fait peser un fardeau sur un ensemble limité de pays, principalement des pays en développement, ce qui est une pratique non seulement indésirable mais injuste.  Au cours de cette session, a poursuivi le représentant, il faudra examiner le budget de plusieurs programmes dont celui de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), lequel revêt une importance particulière pour l’Uruguay, a dit le représentant.  Il a aussi souligné l’importance des missions politiques spéciales dans la consolidation de la paix, en particulier celles en Colombie et en Haïti.  

Il a toutefois estimé que le financement de ces missions ne devrait pas être assuré par le budget ordinaire mais par un compte distinct comme pour les opérations de paix.  Le représentant a émis l’espoir qu’un échange constructif aura lieu afin d’avoir des budgets adaptés à la réalité.  L’absence de consensus sur cinq des programmes proposés par le Secrétaire général souligne une fois de plus la nécessité de trouver des mécanismes qui facilitent l’examen des programmes par les membres.

M. MUHAMMAD ABDUL MUHITH (Bangladesh) a réitéré l’importance de la publication en temps voulu des rapports, avant de souligner que le budget du programme pour 2023 devra refléter les priorités des États Membres et rester conforme aux mandats de l’Organisation.  Ce sont les mandats qui doivent déterminer le projet de budget et non l’inverse, a martelé le représentant, exigeant que l’ensemble du processus soit guidé par les États Membres.  Il a demandé au Secrétariat de continuer de renforcer l’exécution budgétaire, le contrôle interne et la discipline budgétaire, essentielle pour une ONU efficiente et efficace.  Il a prié le Secrétariat d’utiliser les ressources de manière rentable et rationnelle et de se montrer transparent envers les États Membres. 

M. ENKHBOLD VORSHILOV (Mongolie) a dit que le succès des mandats de l’ONU, des réformes en cours et du Programme de développement durable à l’horizon 2030 nécessite un financement durable et prévisible.  La tâche principale de la Cinquième Commission est d’assurer un tel financement et ce faisant, la bonne exécution des mandats.  Le paiement à temps des contributions sans condition préalable, est tout aussi nécessaire, a martelé le représentant, avant de s’attarder sur le rôle crucial des missions politiques spéciales, lequel pourrait encore être renforcé si des améliorations étaient apportées à leur financement.

Mme MONA JUUL (Norvège) a déclaré que plus que jamais, le monde a besoin d’une coopération multilatérale audacieuse et d’un dialogue franc.  Sans une ONU forte et efficace, sans discussions sérieuses et sans volonté de compromis, la communauté internationale ne sera pas en mesure de relever les défis auxquels elle est confrontée.  La représentante a souligné que le travail effectué par la Cinquième Commission est d’une importance capitale, en ce qu’il fournit les outils pour renforcer l’Organisation.  Ainsi, les tâches vitales des Nations Unies doivent être mieux financées par le budget ordinaire, ce qui inclut le système des droits de l’homme, le système des coordonnateurs résidents et la consolidation de la paix, tous entravés par un sous-financement persistant et une dépendance excessive vis-à-vis des contributions volontaires.  La représentante a dit vouloir négocier un consensus sur ces questions importantes.   

M. YOUSSOUF ADEN (Djibouti) a estimé que la tenue des réunions virtuelles, au cours des deux dernières sessions de l’Assemblée générale doit faire l’objet d’une réévaluation de l’impact financier pour pouvoir prendre les mesures appropriées dans le cas d’une nouvelle pandémie.  Le représentant a rappelé que son pays est profondément attaché au multilinguisme qui met sur un pied d’égalité les six langues officielles des Nations Unies.  À cet égard, il est vital que les États Membres puissent recevoir à temps les rapports dans ces six langues. 

L’adoption d’un budget par consensus constitue la force de cette Commission, a poursuivi le représentant, en parlant de décisions acceptables pour tous les États Membres sans exception et qui en aucun cas ne devraient être remises en question.  Il a émis l’espoir que les États Membres auront la volonté de travailler ensemble et les a exhortés à éviter le chemin tortueux des propositions non consensuelles favorisant des coupes budgétaires drastiques. 

En réponse aux observations des délégations, M. ABDALLAH BACHAR BONG, Président du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), a déclaré que la substance des recommandations du Comité est toujours fondée sur les rapports du Secrétaire général de l’ONU et reflète la mise en œuvre des recommandations du Comité des commissaires aux comptes.  Le CCQAB veille à des recommandations les plus techniques possibles même si parfois elles sont plus nuancées.  Toutefois, il appartient en définitif à l’Assemblée générale de prendre les décisions qui s’imposent, a assuré le Président, expliquant que s’agissant de ses méthodes de travail, le Comité a fait beaucoup de progrès, comme en atteste la parution de ses rapports en temps voulu, dont pour la première fois, celui sur les missions politiques spéciales. 

BARÈME DES QUOTES-PARTS POUR LA RÉPARTITION DES DÉPENSES DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES

Rapport du Comité des contributions sur sa 82ème session tenue du 6 au 24 juin 2022 (A/77/11)

Rapport du Secrétaire général sur les échéanciers de paiement pluriannuels (A/77/65)

Le Secrétaire général rappelle que sept États Membres ont présenté un échéancier, et six d’entre eux se sont acquittés de tous les paiements prévus dans ce cadre: la Géorgie en 2003 (pour la quatrième fois), l’Iraq en 2005 (pour la première fois), le Libéria en 2006 (pour la deuxième fois), le Niger en 2004 (pour la première fois), la République de Moldova en 2001 (pour la troisième fois) et le Tadjikistan en 2000 (pour la première fois).  L’État restant, Sao Tomé-et-Principe, a présenté un échéancier en 2002 (pour la première fois) étalé sur huit ans pour un montant total de 694 411 dollars. 

Or pendant la période allant de 2002 à 2009, le montant des paiements effectués par Sao Tomé-et-Principe a été inférieur à ce qui était prévu dans l’échéancier, soit 34 254 dollars et les paiements et crédits comptabilisés entre 2010 et 2021 se sont établis à 234 045 dollars.  Au 31 décembre 2021, Sao Tomé-et-Principe était redevable de 941 797 dollars de contributions non acquittées. 

Débat général

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. JIBRAN KHAN DURRANI (Pakistan) s’est dit préoccupé par la trésorerie de l’Organisation qui met en danger l’exécution des mandats.  De nombreux États sont en difficulté à cause de la pandémie de COVID-19 et l’on ne peut demander à l’ONU de faire comme si de rien n’était et même de faire plus tout en se livrant à une rétention unilatérale des contributions.  Accorder une ouverture de crédit au Fonds de roulement pour gérer la crise de liquidité n’est pas une solution viable, a estimé le représentant.  Les États Membres, a-t-il insisté, doivent s’acquitter de leur obligation de prendre en charge les dépenses de l’Organisation.  S’agissant des pays en développement confrontés à des difficultés particulières les empêchant d’honorer leurs obligations financières, le représentant a salué les recommandations du Comité des contributions car l’incapacité de certains pays à effectuer un paiement minimal est due à des facteurs indépendants de leur volonté.  De ce fait, ils devraient être autorisés à voter jusqu’à la fin de la session de l’Assemblée générale.  Le représentant a d’ailleurs encouragé les États Membres ayant des arriérés importants à envisager des plans de paiement pluriannuels. 

Le délégué a insisté sur le principe de la capacité de paiement en tant que critère fondamental dans la répartition des dépenses de l’ONU.  Il a rejeté toute modification de la méthodologie actuelle d’élaboration du barème des quotes-parts qui viserait à imposer un fardeau injuste aux pays en développement.  Selon le Comité des contributions, la part du budget ordinaire supportée par les membres du Groupe des 77 et la Chine, au cours de la période 2022-2024, a triplé en moins de 10 ans alors que celle des pays développés continue de baisser, a fait remarquer le représentant.   

Il a insisté sur les principaux éléments de la méthode actuelle du calcul du barème des quotes-parts dont le maintien n’est pas négociable.  Il a rappelé que le taux de contribution maximum actuel a été fixé comme un compromis politique, bien qu’il soit contraire au principe de la capacité de paiement.  Il s’agit d’une source fondamentale de distorsion du barème des quotes-parts et il est temps que l’Assemblée générale examine cette situation.  Les organisations, qui ont un statut d’observateur, devraient également avoir les mêmes obligations financières que les États Membres.  Le représentant a dit tenir à des discussions ouvertes, inclusives et transparentes qui préservent la légitimité et la compétence de la Cinquième Commission, en tant que seule grande Commission de l’Assemblée générale chargée des questions administratives et budgétaires.  Nous sommes contre les décisions prises en groupes restreints, a prévenu le représentant. 

M. FUJINUMA ATSUYUKI (Japon) a dit que son gouvernement figure parmi les grands contributeurs des Nations Unies.  Il a souligné le principe de base selon lequel chaque État Membre doit payer ses contributions en fonction de sa capacité de paiement.  Le barème des quotes-parts doit être fondé sur les données disponibles les plus récentes, les plus complètes et les plus comparables afin que les évaluations reflètent mieux la capacité réelle de paiement de chaque État Membre et ce, de manière plus équitable.  Le représentant a encouragé les pays ayant d’importants arriérés à soumettre des plans de paiement pluriannuels.

BUDGET-PROGRAMME DE 2022 

Rapport du Comité consultatif sur les questions administratives et budgétaires concernant les prévisions révisées pour la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (A/76/7/Add.41)

Pour l’examen de cette question, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) a examiné une version préliminaire du rapport du Secrétaire général (A/76/6 (Sect. 3)/Add.9).  Il rappelle qu’il avait d’abord recommandé à l’Assemblée générale d’autoriser le Secrétaire général à engager des dépenses, avec mise en recouvrement, d’un montant maximum de 107 636 800 dollars pour la MANUA pour la période de 10 mois allant du 1er janvier au 31 octobre 2022, ce que l’Assemblée a approuvé. 

Par sa résolution 2626 (2022), le Conseil de sécurité a adopté des changements au mandat de la MANUA, qu’il a prolongé jusqu’au 17 mars 2023.  Pour ce nouveau mandat, note le Comité, le montant révisé des ressources demandées pour 2022 pour la MANUA s’élève à 133 609 900 dollars (déduction faite des contributions du personnel). 

Toutefois, le Comité recommande de supprimer l’emploi de spécialiste des affaires électorales (P-4) et note qu’il pourrait y avoir un chevauchement entre le rôle attribué au nouveau Service consultatif de la coopération stratégique et celui que joue le Bureau du Coordonnateur résident et Coordonnateur des opérations humanitaires, s’agissant de favoriser le dialogue entre le système des Nations Unies et les autorités de facto.  Il recommande aussi de supprimer l’emploi de spécialiste des questions politiques (P-4) au sein du bureau local de Baghlan (Pol-e Khomri) et celui de spécialiste principal(e) des affaires judiciaires (P-5). 

En revanche, le Comité recommande que 20 postes de Volontaire des Nations Unies recruté(e) sur le plan national actuellement financés au moyen de ressources extrabudgétaires soient inscrits au budget ordinaire, et qu’un taux de vacance de 50% soit appliqué.  Il prend note des dépenses supplémentaires liées à l’obligation de souscrire une assurance aéronautique contre les risques de guerre, mais il n’est pas totalement convaincu que le montant révisé des ressources demandées reflète pleinement l’intention indiquée de réduire au minimum l’utilisation des appareils de la MANUA ni les gains d’efficacité attendus de l’utilisation des vols du Service humanitaire aérien.  De même, le Comité n’est pas pleinement convaincu qu’il soit justifié d’augmenter les ressources demandées au titre des communications et de l’informatique, et au titre des fournitures, services et matériel divers.  

Selon le Comité, l’Assemblée générale devrait donc ouvrir un crédit d’un montant de 131 345 400 dollars pour la Mission et d’un autre d’un montant de 10 905 200 dollars pour les contributions du personnel, qui sera compensé par l’inscription du même montant au chapitre premier des recettes du budget-programme de 2022. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Quatrième Commission ouvre son débat général par des appels au règlement « juste et définitif » du différend autour des Îles Falkland (Malvinas)

Soixante-dix-septième session,
2e séance plénière – après-midi
CPSD/748

La Quatrième Commission ouvre son débat général par des appels au règlement « juste et définitif » du différend autour des Îles Falkland (Malvinas)

La Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, a ouvert cet après-midi son débat général en dressant le constat d’une décolonisation inachevée, notamment dans la région de l’Amérique latine et des Caraïbes, où le statut final des Îles Falkland (Malvinas) a interpellé nombre de délégations. 

« Les systèmes coloniaux ont laissé de douloureux passés derrière eux », a lancé en début de séance le Président de l’Assemblée générale, M. Csaba Kőrösi.  « C’est à nous de nous assurer que cette quatrième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme sera la dernière en son genre », a-t-il souligné. 

Le Rapporteur du Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, M. Bassam Sabbagh (République arabe syrienne), a ouvert la séance en présentant le rapport de la session 2022 de cet organe.  « La décolonisation n’est pas encore terminée », a prévenu le Vice-Président du Comité, M. Pedro Luis Pedroso Cuesta (Cuba), pour qui « l’avenir et le destin » des peuples des territoires non autonomes dépendent « de notre volonté et de notre action politique ». 

L’avenir de ces territoires doit en effet être déterminé par le droit international, y compris la Charte des Nations Unies, et par le règlement pacifique des différends, a renchéri le Président de l’Assemblée.  Toutefois, a noté le Mexique, le débat sur la relation entre le droit à l’autodétermination des peuples et le principe de l’intégrité territoriale des États, notions parfois contradictoires du droit international, reste entier.  Si celui-ci ne permet pas de donner la priorité à l’un sur l’autre, la résolution 1514 (XV), qui contient la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, affirme à ses yeux la validité « juridique et historique » des droits de l’Argentine sur les Îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes. 

Ce différend représente en effet une situation coloniale qualifiée par les Nations Unies de « spéciale et particulière », selon le Guatemala, pour qui « nous avons affaire à un territoire colonisé et non à une population colonisée, c’est-à-dire qu’il ne s’agit pas d’une population originelle mais d’une population transplantée par le Royaume-Uni ».  Un avis partagé par l’Uruguay, au nom du Marché commun du Sud (MERCOSUR), qui a estimé qu’on ne peut faire référence à l’autodétermination étant donné que la population britannique a été introduite sur ces îles de manière « illégale » et ne constitue donc pas un peuple « au sens strict ». 

À ce propos, l’Argentine a regretté que le Royaume-Uni, en violation des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale, ait choisi de lier la reprise des négociations sur le statut des Îles Malvinas à la volonté de ses habitants.  De même, le Royaume-Uni continue selon elle de mener des activités contraires à la résolution 31/49 de l’Assemblée générale, qui exhorte les parties à s’abstenir de toute activité d’exploration et d’exploitation illégale des ressources renouvelables et non renouvelables dans la zone contestée. 

Le Royaume-Uni a déclaré n’avoir aucun doute quant à la souveraineté britannique sur les « Îles Falkland », ni sur le droit à l’autodétermination de leur peuple.  Il ne peut y avoir de dialogue sur la souveraineté que si les habitants le souhaitent, a-t-il rétorqué, avant de mentionner que le dernier référendum en date a clairement démontré que ce n’était pas le cas.  La délégation britannique a également affirmé que le Royaume-Uni ne militarise pas les Îles Falkland et que sa présence militaire sur place est strictement défensive.  Elle a reproché à l’Argentine de continuer à nier le droit à l’autodétermination des habitants de ces îles avant de faire valoir le partenariat qui existe entre Londres et ses territoires d’outre-mer. 

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), l’Équateur a noté que sur les 17 territoires non autonomes toujours inscrits à l’ordre du jour de la Commission, plus de la moitié se trouvent dans cette sous-région.  La CELAC a donc invité les puissances administrantes à adopter les mesures qui s’imposent pour parvenir à une décolonisation rapide de ces territoires, en tenant compte de la situation spécifique de chacun. 

Nous sommes en effet entrés dans une nouvelle ère dans laquelle le colonialisme n’a plus sa place, a confirmé le Président de l’Assemblée générale.  « Les décisions que vous prendrez au sein de cette commission devront avoir pour but non seulement d’y mettre fin, mais aussi d’empêcher que les atrocités de cette époque difficile ne se reproduisent », a-t-il exhorté. 

Le Guatemala, rejoint par Cuba, a par ailleurs soulevé une motion d’ordre concernant la liste des intervenants à la Commission, déterminée par le rang du diplomate qui s’exprime plutôt que par l’ordre d’inscription.  Il s’est également objecté à une directive voulant que les délégations qui prennent la parole au nom d’un groupe ne puissent intervenir à titre national.  Le Président de la Commission a assuré qu’il se penchera sur ces questions avec le Secrétariat. 

La Commission poursuivra ses travaux demain, mardi 4 octobre 2022, à partir de 15 heures. 

DÉBAT GÉNÉRAL PORTANT SUR LES POINTS RELATIFS À LA DÉCOLONISATION

Déclaration liminaire

M. CSABA KŐRÖSI, Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, a déclaré que nous vivons une époque de crises sans précédent, multiformes et imbriquées, alors que de nombreuses personnes souffrent de la faim et que l’inflation monte en flèche.  « La nature fait son travail: elle n’accepte pas notre mode de vie non durable », a-t-il affirmé.  Il a dit constater une « récurrence déplorable du recours à la force dans les relations internationales », alors qu’une trentaine de conflits armés sont en cours, y compris, « en tout premier lieu », la guerre sanglante qui sévit en Ukraine.  Le leadership de l’ONU, « véhicule le plus universel du multilatéralisme », s’est engagé à mener des réformes afin que l’Organisation soit prête à répondre aux défis auxquels nous sommes et serons confrontés.  « Vous m’avez élu pour vous aider à trouver des solutions fondées sur la solidarité, la durabilité et la science », a rappelé le Président, en appelant les États Membres à agir en se concentrant sur la recherche de solutions.  À cet égard, les preuves scientifiques irréfutables doivent éclairer nos discussions, animées par la solidarité et la recherche de consensus.  Leurs résultats doivent en outre répondre aux attentes des populations que nous servons, tout en reflétant nos deux priorités de « gestion de crise et de transformation », a-t-il ajouté. 

« Les systèmes coloniaux ont laissé de douloureux passés derrière eux », a poursuivi M. Kőrösi: « C’est à nous de nous assurer que cette quatrième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme est la dernière en son genre ».  L’avenir de ces territoires doit être déterminé par le droit international, y compris les buts et principes de la Charte des Nations Unies et du règlement pacifique des différends.  « Nous sommes dans une nouvelle ère, un nouveau chapitre de l’histoire de l’humanité », a-t-il jugé, en ajoutant qu’il n’y a plus de place aujourd’hui pour le colonialisme.  « Les décisions que vous prendrez au sein de cette commission devront avoir pour but non seulement d’y mettre fin, mais aussi d’empêcher que les atrocités de cette époque difficile ne se reproduisent », a insisté le Président. 

Si nous luttons pour décoloniser la Terre, nous ne devrions certainement pas commencer à coloniser l’espace, a encore dit M. Kőrösi, pour qui notre responsabilité envers les générations futures exige une atmosphère spatiale pacifique.  Bien que les technologies visant à étendre nos capacités à l’espace extra-atmosphérique soient en partie liées à des considérations de défense, « la militarisation de l’espace est impensable et doit être condamnée », a-t-il tranché.  La recherche spatiale doit plutôt être mise au service de la réalisation du Programme à l’horizon 2030.  « Tournons-nous vers le ciel pour y trouver des solutions, et non un levier militaire », a ajouté M. Kőrösi. 

Le Président a exprimé sa reconnaissance aux forces de maintien de la paix pour leur travail consistant à « prévenir les crises, si possible, et à les calmer, si nécessaire ».  Malheureusement, ces dernières années, nous avons assisté à une multiplication des attaques ciblées, des menaces et de la désinformation contre les forces de maintien de la paix des Nations Unies, a déploré M. Kőrösi.  En 2022, 72 personnes ont payé le prix ultime alors qu’elles servaient sous le drapeau de l’ONU, a-t-il rappelé, avant d’inviter les États Membres à honorer leur mémoire en surmontant leurs différences afin de favoriser une action plus unie pour le maintien de la paix, notamment au sein du Comité spécial des opérations de maintien de la paix.  Les Casques bleus sont la matérialisation la plus visible du travail de l’ONU, a encore noté le Président, « un exemple sur le terrain du multilatéralisme en action ».  Il en va de même de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), qui fournit une éducation à un demi-million d’enfants, des services de santé à trois millions de réfugiés et une protection sociale à six millions de personnes.  Il a « imploré » les États Membres à combler d’urgence le déficit de 732 millions de dollars du financement de l’UNRWA afin de créer les conditions pour que la paix s’épanouisse. 

Déclarations

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur), qui s’exprimait au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a réaffirmé l’attachement de ses États parties au processus de décolonisation et au droit à l’autodétermination des peuples en regrettant que, sur les 17 territoires non autonomes toujours inscrits à l’ordre du jour de la Commission, plus de la moitié se trouvent dans la région de l’Amérique latine et des Caraïbes.  Lors de son sixième Sommet des chefs d’État et de gouvernement qui s’est tenu à Mexico en septembre 2021, la CELAC a réitéré son engagement à continuer à travailler, dans le cadre du droit international, en particulier de la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale, pour faire de l’Amérique latine et des Caraïbes un territoire exempt de colonies, a-t-il précisé.  Dès lors la CELAC invite les puissances administrantes à coopérer et à participer pleinement aux travaux du Comité spécial, ainsi qu’à ses futures sessions et séminaires, et à adopter les mesures nécessaires pour parvenir à la décolonisation rapide de chacun des territoires non autonomes, en tenant compte de la situation spécifique de chacun, y compris des situations coloniales définies comme « spéciales et particulières ». 

La CELAC, a poursuivi le représentant, réaffirme sa position concernant la question des Îles Malvinas et réitère son soutien le plus ferme aux droits légitimes de l’Argentine dans le conflit de souveraineté relatif aux Îles Malvinas, aux Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et aux zones maritimes environnantes.  Il a insisté pour que les gouvernements de l’Argentine et du Royaume-Uni reprennent leurs négociations afin de trouver dans les meilleurs délais une solution pacifique et définitive à ce différend, conformément à la résolution 2065 (XX) de l’Assemblée générale et aux autres résolutions pertinentes des Nations Unies et de l’Organisation des États américains (OEA).  À cet égard, le délégué a souligné l’attitude constructive permanente et la volonté du gouvernement argentin de parvenir, par la négociation, à une solution pacifique et définitive à cette situation coloniale « anachronique » sur le sol sud-américain. 

Lors du sixième Sommet de la CELAC, les chefs d’État et de gouvernement de la Communauté ont réitéré le caractère latino-américain et caribéen de Porto Rico et également pris note des résolutions sur ce territoire adoptées par le Comité spécial sur la décolonisation.  Le représentant a évoqué dans ce contexte la Déclaration de La Havane de 2014, dans laquelle les chefs d’État et de gouvernement ont chargé le Quatuor de la CELAC, avec la participation d’autres États membres qui souhaitent se joindre à ce mandat, de présenter des propositions pour faire avancer la question de Porto Rico.  En ce qui concerne les petits territoires insulaires des Caraïbes et du Pacifique, qui constituent la majorité des territoires non autonomes, la CELAC, a encore indiqué le représentant, considère qu’il est nécessaire de continuer à prendre des mesures pour faciliter la croissance soutenue et équilibrée de leurs économies fragiles et de les autoriser à exercer leur droit à l’autodétermination.  Elle reste par ailleurs préoccupée par la situation dans les Îles Turques et Caïques et souligne la nécessité d’assurer une gouvernance véritablement inclusive, démocratique et représentative dans ce territoire. 

S’exprimant ensuite en sa capacité nationale, le représentant de l’Équateur a également réaffirmé l’attachement de son pays au droit à l’autodétermination des peuples, avant de dire qu’il est fondamental de promouvoir le dialogue entre puissances administrantes et territoires non autonomes.  Il a également réitéré que le seul moyen de régler la question des Îles Malvinas passe par la reprise de négociations bilatérales entre les Gouvernements argentin et britannique, conformément au droit international, aux buts et principes de la Charte et aux dispositions pertinentes des résolutions de l’Assemblée générale et du Comité de la décolonisation. 

M. CARLOS AMORÍN (Uruguay), s’exprimant au nom du Marché commun du Sud (MERCOSUR), a réitéré son appui à l’Argentine s’agissant du différend de souveraineté concernant les Îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes.  Dans ce cas, il a estimé qu’on ne peut faire référence à l’autodétermination étant donné que la population britannique a été introduite sur ces îles de manière illégale et ne constitue pas un peuple au sens strict.  Il convient à ses yeux de respecter le principe d’intégrité territoriale des États, conformément aux principes du droit international, notamment la résolution de 1965 par laquelle l’Assemblée générale et le Comité sur la décolonisation ont précisé que le différend au sujet des Îles Malvinas doit être résolu au moyen d’un règlement pacifique.  Les chefs d’État du MERCOSUR ont réaffirmé, cette année, dans un communiqué conjoint, les droits légitimes de l’Argentine à cet égard.  Ce litige de longue date avec le Royaume-Uni doit déboucher sur une solution le plus tôt possible, a-t-il insisté.  En outre, conformément à la résolution 3149 de l’Assemblée générale, il est essentiel que le Royaume-Uni mette un terme à l’exploitation des ressources naturelles dans la zone litigieuse ainsi qu’aux mesures unilatérales.  Selon lui, la question des Îles Malvinas constitue un cas particulier de colonisation qui doit faire l’objet d’un règlement pacifique, juste et définitif, conformément aux résolutions pertinentes des Nations Unies. 

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a appelé à venir à bout de la décolonisation au cours de cette quatrième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme.  Il est impératif, selon lui, que malgré l’impact de la pandémie et les revers infligés à la réalisation des objectifs de développement durable, se poursuivent les efforts pour éliminer « une fois pour toutes » les obstacles à la pleine réalisation du droit à l’autodétermination des peuples qui vivent encore sous occupation coloniale et étrangère.  En tant que membre du Comité spécial de la décolonisation, le Nicaragua, a indiqué M. Castillo, œuvre activement à ce que les peuples des territoires non autonomes puissent exercer leur droit inaliénable à l’autodétermination, à l’indépendance ainsi que leur droit au développement.  Le délégué a ensuite réaffirmé le soutien du Nicaragua au droit « solennel » à l’autodétermination et à la souveraineté nationale du peuple de la République arabe sahraouie démocratique.  L’organisation d’un référendum, supervisé par l’ONU, est essentiel à cet égard, a-t-il estimé.  M. Castillo a également revendiqué la restitution de la souveraineté argentine sur les Îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes.  Le Nicaragua souhaite en outre que l’Assemblée générale examine de manière globale et sous tous ses aspects la situation coloniale de Porto Rico. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a noté la résurgence du débat sur la relation entre le droit à l’autodétermination des peuples et le principe de l’intégrité territoriale des États, notions de droit international parfois contradictoires.  Or, pour le Mexique, une interprétation « harmonieuse » du droit international ne permet pas de donner la priorité à l’un sur l’autre.  Le représentant a jugé « anachronique » que, 60 ans après le grand mouvement d’émancipation des peuples sous régime colonial, qui a permis à quelque 150 nouveaux États de devenir membres des Nations Unies, cette tâche reste inachevée.  Se référant à la résolution 1514 (XV), qui contient la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, il a affirmé, « avec une conviction absolue et la plus grande force », la validité juridique et historique des droits de la République argentine dans le conflit de souveraineté sur les Îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes.  Il s’agit là du seul différend qui subsiste entre les Amériques, d’une part, et un pays européen, d’autre part, découlant d’une situation coloniale, a-t-il relevé, phénomène « manifestement incompréhensible » étant donné l’attachement des deux régions au droit international et au règlement pacifique des différends.  Il est donc essentiel que l’Argentine et le Royaume-Uni reprennent les négociations de bonne foi afin de parvenir à une solution juste, pacifique, définitive et mutuellement acceptable de la question des Îles Malvinas, conformément aux résolutions pertinentes des Nations Unies.  Dans l’intervalle, il a invité les parties à se conformer aux dispositions de la résolution 31/49 de l’Assemblée générale et à s’abstenir de prendre des décisions impliquant des changements unilatéraux de la situation.  Selon lui, le droit international fixe des limites claires à cet égard, afin de sauvegarder les droits des parties et d’éviter de causer des dommages irréparables. 

S’agissant du Sahara occidental, le délégué a réaffirmé son soutien aux efforts pour parvenir à une solution juste et durable du conflit, conformément aux résolutions pertinentes de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité.  Il a souligné l’importance d’écouter la volonté du peuple sahraoui et de respecter son droit à l’autodétermination, en ajoutant qu’une paix durable doit reposer sur l’organisation d’un référendum avec l’acceptation du résultat par les parties concernées.  Il a également souligné l’importance de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) en tant que garant de la stabilité et du cessez-le-feu sur place, tout en considérant opportun de renforcer la surveillance des droits humains dans ce territoire. 

M. JOSÉ ALFONSO BLANCO CONDE (République dominicaine) a dit soutenir les efforts du Maroc en faveur d’une solution politique crédible et acceptable pour le Sahara occidental et apprécier les mesures prises par le Secrétaire général pour tenter de parvenir, avec toutes les parties concernées, à une solution réaliste et durable.  Il s’est associé à l’appel lancé aux parties concernées pour qu’elles maintiennent un esprit de coopération avec le Secrétaire Général et son Envoyé personnel, en saluant les efforts inlassables de ce dernier, M. Staffan De Mistura, en vue de faciliter la relance du processus politique.  Il a notamment cité les deux visites de M. De Mistura à Rabat, à Tindouf, à Alger et à Nouakchott, en janvier, juillet et septembre 2022.  Fidèle à sa tradition de solidarité régionale, le représentant a déclaré que la République dominicaine soutient les revendications de souveraineté « justes » de l’Argentine sur les Îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes.  De même, le représentant a appuyé les déclarations faites à ce sujet par le Groupe des 77 et la Chine et la CELAC.  La voie pacifique et la négociation sont, selon lui, la meilleure direction possible pour parvenir à une solution à ce différend.  M. Blanco a ensuite apporté le soutien de son pays aux efforts de bons offices du Secrétaire général des Nations Unies sur cette question.  Pour conclure, il a évoqué le Communiqué spécial sur la question des Îles Malvinas du vingt-septième Sommet ibéro-américain, qui s’est déroulé en Andorre le 21 avril 2021, que la République dominicaine présidait en sa qualité de président pro tempore de l’Union ibéro-américaine. 

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a réitéré la volonté de son pays de résoudre la question coloniale des Îles Malvinas, conformément aux dispositions pertinentes de l’Assemblée Générale.  « Comme l’ont reconnu à de nombreuses reprises l’Assemblée générale et le Comité spécial sur la décolonisation, à commencer par la résolution 2065 (XX), la question des Îles Malvinas est une situation coloniale spéciale et particulière qui implique un différend de souveraineté entre deux États Membres de l’ONU, l’Argentine et le Royaume-Uni », a rappelé la représentante.  Dans ce contexte, elle a regretté que malgré les appels de l’Organisation des États américains, de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CARICOM), du MERCOSUR, du Sommet ibéro-américain et du Groupe des 77 et la Chine, le Royaume-Uni a indiqué ne pas souhaiter de négociations tant que les habitants du territoire ne le demanderont pas.  La déléguée a rappelé que ni la résolution 2065 (XX) ni aucune des résolutions ultérieures sur la question ne mentionne la volonté des habitants du territoire comme condition.  Elle a insisté sur le fait que les Îles Malvinas constituent une situation particulière d’un territoire colonisé par le Royaume-Uni, sans qu’un peuple ne soit soumis à une domination coloniale. 

Mme Squeff a rappelé que le Royaume-Uni a occupé les Îles Malvinas par la force en 1833, alors que ce territoire se trouvait sous contrôle argentin, expulsant les autorités légitimes pour y introduire des sujets britanniques, dans l’objectif d’imposer une réalité démographique qui lui permettrait de renforcer son emprise coloniale.  La déléguée a estimé que la position britannique actuelle est contredite par son attitude passée, puisque le Royaume-Uni est tombé d’accord avec l’Argentine en 1966 pour entamer des négociations sur la souveraineté, lesquelles ont duré 16 ans.  Elle a précisé que les deux gouvernements avaient présenté leurs positions respectives pour mettre fin à ce différend, dont le transfert de l’exercice de la souveraineté à l’Argentine ou la gestion conjointe des îles, dans laquelle le Royaume-Uni a reconnu la souveraineté argentine sur l’archipel.  Elle a mentionné les alternatives examinées par les deux parties, qui ont envisagé des garanties spéciales pour la population insulaire afin de veiller à ce que leurs intérêts soient dûment protégés.  La représentante a regretté que les pourparlers bilatéraux sur la souveraineté aient été interrompus après que le Royaume-Uni a décidé de conditionner la reprise des négociations au consentement des habitants. 

En outre, elle a rappelé que l’Assemblée générale, par sa résolution 37/9, a demandé à l’Argentine et au Royaume-Uni de reprendre les négociations en 1982, avant de souligner que les victoires militaires de cette année-là n’ont pas modifié la nature du différend de souveraineté sur les Îles Malvinas.  Mme Squeff a expliqué que le Gouvernement argentin autorise les vols à caractère humanitaire depuis les îles vers le continent, pour permettre aux habitants d’avoir accès aux systèmes publics de santé et d’éducation.  Elle a aussi cité le lancement d’un programme de bourses pour les étudiants des Îles Malvinas qui souhaitent suivre des cours de premier cycle, de cycles supérieurs et de troisième cycle dans les six universités de Patagonie.  Puis elle a accusé le Royaume-Uni de continuer de mener des activités contraires à la résolution 31/49 de l’Assemblée générale, qui exhorte les parties à s’abstenir d’actions unilatérales dans la zone contestée jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée au différend.  Illustrant son propos, elle a cité les activités d’exploration et d’exploitation illégales de ressources renouvelables et non renouvelables dans la zone contestée, qui ont fait l’objet de protestations répétées de la part de l’Argentine. 

M. JUAN ANTONIO BENARD ESTRADA (Guatemala) a salué la volonté politique l’Argentine de résoudre son différend de souveraineté avec le Royaume-Uni au sujet des Îles Malvinas, des Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et des zones maritimes environnantes par la négociation et le dialogue.  Cependant, le Royaume-Uni refuse systématiquement de reprendre les négociations, a regretté le représentant.  Le refus de se conformer aux obligations de reprendre les négociations est aggravé par l’introduction continue par le Royaume-Uni d’actes unilatéraux tels que l’exploration et l’exploitation de ressources naturelles renouvelables et non renouvelables, ainsi que par sa présence militaire, a dénoncé le délégué.  Il les a jugés contraires à la lettre et à l’esprit des résolutions pertinentes des Nations Unies qui exhortent les deux parties à s’abstenir de prendre des décisions qui impliqueraient l’introduction de modifications unilatérales de la situation alors qu’un processus de négociations recommandé par l’Assemblée générale est en cours. 

Le différend susmentionné représente une situation coloniale qui a été spécifiquement qualifiée, selon cette Organisation, de « spéciale et particulière », car elle comporte des caractéristiques qui la distinguent des autres cas de décolonisation.  « Comme cela a été dit à plusieurs reprises, nous avons affaire à un territoire colonisé et non à une population colonisée, c’est-à-dire qu’il ne s’agit pas d’une population originelle mais d’une population transplantée par le Royaume-Uni au début de l’usurpation », a argué M. Benard Estrada.  Plus que jamais selon lui, il est donc nécessaire que le Secrétaire général de l’ONU continue d’aider les parties à se conformer aux demandes de l’Assemblée.  Par ailleurs, sur la question du Sahara occidental, le Guatemala a réitéré son soutien aux efforts du Maroc pour rechercher une solution politique au différend régional sur le Sahara, considérant que l’initiative d’autonomie présentée par Rabat en 2007 constitue une base réaliste, crédible et sérieuse pour parvenir à une solution négociée entre les parties. 

M. LUIS UGARELLI (Pérou) a souligné la cohérence de la diplomatie de son pays, qui soutient depuis la création, il y a 61 ans, du Comité spécial.  L’anticolonialisme est une politique d’État au Pérou, a-t-il ajouté, avant de rendre hommage aux contributions déterminantes du Comité dans l’accès à l’indépendance de 81 peuples au cours des six dernières décennies. 

Concernant les Îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes, le représentant a estimé qu’elles constituent un cas spécifique sui generis où il est actuellement impossible d’appliquer le principe d’autodétermination en raison des changements démographiques intervenus dans ces territoires, et qui sont une conséquence directe du litige autour de leur souveraineté opposante l’Argentine et le Royaume-Uni.  Le représentant a appelé à un règlement pacifique de ce différend conformément aux résolutions pertinentes de l’ONU, notamment celles de l’Assemblée générale demandant aux deux parties de reprendre des négociations et de ne mener aucune action unilatérale sur les territoires faisant l’objet du différend tant que celui-ci n’a pas été résolu. 

Par ailleurs, le représentant a appelé au rétablissement du cessez-le-feu au Sahara occidental et à la relance du processus d’autodétermination et d’indépendance de ce territoire.  Le Pérou fournit ses bons offices en maintenant des relations diplomatiques entre la République arabe sahraouie démocratique et le Royaume hachémite du Maroc, a-t-il a précisé en conclusion. 

M. FABIO CUNHA PINTO COELHO (Brésil) a réaffirmé le soutien du Brésil au droit de souveraineté de l’Argentine sur les Îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes.  Il a regretté la résurgence de situations coloniales sur le continent, dont la situation des îles Malvinas, auxquelles le principe de l’autodétermination ne s’applique pas mais plutôt celui de l’intégrité territoriale, a précisé le représentant en appelant les deux parties à revenir à la table des négociations pour parvenir à une solution pacifique, juste et durable au différend.  Il est troublant de voir les violations des dispositions existantes, a affirmé le délégué, en faisant notamment référence aux résolutions pertinentes sur cette question, qui demandent aux parties de ne pas contribuer à modifier unilatéralement la situation sur place.  Or, le Royaume-Uni persiste à exploiter les ressources naturelles de la zone, a-t-il dénoncé.  L’Amérique latine est une zone de paix, a-t-il rappelé en conclusion, en demandant au Secrétaire général de poursuivre ses bons offices auprès de l’Argentine et du Royaume-Uni. 

Mme ZORAYA DEL CARMEN CANO FRANCO (Panama) a déclaré que la résolution 1541 (XV) de l’Assemblée générale, datée du 15 décembre 1960, qui contient l’engagement de mettre fin au colonialisme sous toutes ses formes, reste plus pertinente que jamais.  Elle a appelé au respect intégral de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, soulignant l’engagement de son pays en faveur du droit inaliénable de tous les peuples à accéder à leur indépendance, conformément à toutes les résolutions pertinentes de l’Assemblée.  La déléguée a appuyé les revendications légitimes de l’Argentine sur la souveraineté des Îles Malvinas, avant d’appeler à poursuivre les négociations en vue d’un règlement pacifique entre les parties.  Enfin, elle a appelé au respect de la résolution 31/49 qui exhorte les deux gouvernements à poursuivre les négociations en s’abstenant de toute décision qui entrainerait des changements unilatéraux de la situation sur le terrain.  « Les Îles Malvinas appartiennent à l’Argentine comme le Canal appartient à Panama », a indiqué la représentante, se disant persuadée de la possibilité de trouver de nouvelles formules pour rectifier des situations qui n’ont pu l’être jusqu’à présent. 

M. VAHID GHELICH (Iran) a déclaré que son pays estime qu’il est temps que la communauté internationale se lance énergiquement dans l’éradication du colonialisme sous toutes ses formes, y compris l’exploitation économique et sociale des « peuples coloniaux ».  L’ONU doit prendre ses responsabilités pour accélérer le processus de décolonisation, conformément à la Charte des Nations Unies, a-t-il ajouté.  Le délégué a ensuite souligné l’importance que puisse s’exercer le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, conforment à la résolution 1514 de l’Assemblée générale.  Seule une solution politique garantissant ce droit permettra de régler le différend, a-t-il indiqué, appelant à la poursuite du processus de négociation dans le cadre des pourparlers prévus et organisés par l’ONU.  Enfin, si son pays soutient le Comité spécial depuis sa création il y a 61 ans, il convient selon lui de fournir aux peuples coloniaux les outils leur permettant de « vraiment » jouir de leurs droits inaliénables à l’indépendance et à la liberté. 

M. BRAMANTYA DWIPUTRA WIDODO (Indonésie) a remercié le Président de la Commission pour les condoléances présentées à son pays à la suite des évènements qui se sont produits dans un stade de football.  Il a tenu à préciser que le Président indonésien a pris une série de mesures, à commencer par offrir des soins médicaux aux victimes, mais également de mener une enquête approfondie sur les causes de cet incident.  Il a également suspendu le championnat de football jusqu’à ce que l’enquête soit terminée. 

Droits de réponse

Le représentant du Royaume-Uni a réagi à l’intervention du l’Équateur qui s’exprimait au nom de la CELAC, en lui disant n’avoir aucun doute quant à la souveraineté britannique sur les Îles Falkland, ni sur le droit à l’autodétermination de leur peuple.  Il ne peut y avoir de dialogue sur la souveraineté que si les habitants le souhaitent, a-t-il insisté, or le dernier référendum en date a clairement montré qu’ils ne le veulent pas.  Le représentant a également affirmé que le Royaume-Uni ne militarise pas les Îles Falkland et que sa présence militaire sur place est strictement défensive.  Il a de plus reproché à l’Argentine de continuer à nier le droit à l’autodétermination des habitants de ces îles avant de faire valoir le partenariat qui existe entre le Royaume-Uni et ses territoires d’outre-mer. 

Réagissant à l’intervention du Royaume-Uni, le représentant de l’Argentine, a réaffirmé la déclaration formulée par son président cette année devant l’Assemblée générale, qui a rappelé que les Îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes font partie intégrante du territoire national argentin et sont illégalement occupées par le Royaume-Uni.  « Cette occupation illégale a amené l’Assemblée générale à adopter 10 résolutions sur la question à commencer par la résolution 2065 (XX) qui invite les deux parties à négocier », a insisté le représentant avant de rappeler au Royaume-Uni les obligations qui lui incombent pour résoudre ce différend de bonne foi par la négociation.  Il a estimé que la présence britannique dans les Îles Malvinas est le fruit d’un acte unilatéral sans aucune valeur juridique, réaffirmant la volonté de son Gouvernement de reprendre avec le Royaume-Uni les négociations qui ont été interrompues. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Deuxième Commission cherche la formule qui relancerait le développement durable malgré les guerres, les crises multiples et l’inflation

Soixante-dix-septième session,
2e & 3e séances plénières – matin & après-midi 
AG/EF/3565

La Deuxième Commission cherche la formule qui relancerait le développement durable malgré les guerres, les crises multiples et l’inflation

La Deuxième Commission (questions économiques et financières) a ouvert son débat général ce lundi dans un contexte de « profondes incertitudes », a euphémisé sa Présidente Lachezara Stoeva, contexte encore assombri par la guerre en Ukraine et des perspectives de croissance mondiale orientées à la baisse.

Alors que la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie entraîne une crise du pouvoir d’achat dans les pays en développement, les objectifs de développement durable (ODD) sont « en danger », notamment parce que la pandémie a inversé les progrès réalisés en matière d’éradication de la pauvreté.  Partant, Mme Stoeva a recommandé aux délégués d’insister sur quatre « domaines critiques » dans leurs travaux, à savoir l’impact de l’état de l’économie mondiale sur les ODD; les conséquences des crises actuelles sur la pauvreté et la sécurité alimentaire; le développement durable; et la situation de groupes de pays en situation particulière.

Le thème du débat général, « Transformer les engagements politiques en actions pour un redressement durable - reconstruire un avenir durable pour tous », a été choisi pour répondre directement à ces défis.  Le professeur d’économie et de politique publique américain Michael Kremer, prix Nobel de sciences économiques en 2019, s’est exprimé sur le sujet.  Dans une intervention longuement applaudie, il a expliqué que l’innovation comprend les nouvelles façons de gouverner et de proposer des services de base, comme l’éducation primaire.  Notant que l’innovation est à l’origine de progrès en matière de santé et de bien-être, l’expert a recommandé de « se tourner vers l’avenir » et d’imaginer de nouvelles institutions sociales pour accélérer l’innovation et répondre aux besoins des populations.

Il y a urgence pour les pays en développement, « pris entre le marteau et l’enclume », selon les mots du Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales Li Junhua.  Nombre d’entre eux ont du mal à se remettre de la pandémie de COVID-19 tandis que l’inflation élevée, la hausse des coûts d’emprunt et le ralentissement des grandes économies freinent leurs perspectives de croissance.  Un phénomène qualifié par M. Li de « grande fracture financière ».  Le Secrétaire général adjoint a dès lors réclamé des mesures urgentes pour combler les écarts de financement ainsi que pour faire face à la hausse des coûts d’emprunt et aux risques accrus liés à la dette.  Le plan de relance des ODD proposé par le Secrétaire général comprend des mesures sur les prêts des banques de développement, l’allégement de la dette, la fourniture de liquidités et le financement des donateurs, a-t-il rappelé.

Paraphrasant la formule du Secrétaire général appelant à envisager des mesures allant « au-delà du PIB » pour l’accès aux financements concessionnels, le Groupe des 77 et de la Chine a appelé à mobiliser de toute urgence « au moins 1 000 milliards de dollars par an » pour investir dans des infrastructures durables des pays en développement, sans oublier que les pays développés doivent tenir leur promesse de consacrer 100 milliards de dollars par an au financement de l’action climatique et au moins doubler le financement pour l’adaptation.  Le Groupe des pays les moins avancés a, lui, réitéré son appel à leur fournir au moins 100 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux (DTS) pour répondre à leurs besoins urgents de liquidités.

Avec leur marge de manœuvre budgétaire limitée, leurs vulnérabilités inhérentes et leur fort endettement, les petits États insulaires en développement (PEID) ont attiré l’attention sur leur situation précaire.  L’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) a réclamé une opportunité équitable pour accéder à des financements « qui ne [les] enfonceront pas davantage dans l’endettement ».  L’Alliance a aussi dénoncé les critères « incongrus » appliqués par les institutions financières et de développement internationales pour classer de nombreux PEID dans la même catégorie de revenus que les pays développés.  Elle n’a pas hésité à dire que cette application « biaisée » du revenu élevé par habitant est pour l’AOSIS une des conditions compromettant le développement des pays de l’Alliance.

Le souci fréquemment exprimé de prendre en compte les besoins particuliers des PEID et des autres pays vulnérables -les pays les moins avancés (PMA) et les pays en développement sans littoral- s’est traduit par des appels à des avancées quant à la mise au point d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle pour conditionner l’accès à des financements.  La Communauté des Caraïbes (CARICOM) et l’AOSIS ont salué, à cet égard, la publication du rapport intérimaire du Groupe d’experts de haut niveau consacré à cet indice en devenir.

Les perspectives de la COP27, en novembre en Égypte, et des conférences de l’ONU prévues en 2023 sur les PMA, au Qatar, et sur l’eau, ont été l’occasion pour les États Membres de pointer les efforts à poursuivre et à renforcer dans ces domaines.  Le Tadjikistan a lancé un appel à mieux utiliser et gérer la ressource vitale que constitue l’eau, assurant que son pays et les Pays-Bas, à la tête des préparatifs de la Conférence des Nations Unies sur l’eau, « travaillent dur et de manière déterminée » pour en faire un moment décisif pour le monde entier.

Le débat général de la Deuxième Commission se poursuivra demain mardi 4 octobre, à partir de 10 heures.

Déclarations liminaires

Mme LACHEZARA STOEVA, Présidente de la Deuxième Commission, a observé que les travaux démarrent dans un contexte de « profondes incertitudes », assombries par la guerre en Ukraine et des prévisions de croissance mondiale orientées à la baisse.  La hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie entraîne une crise du coût de la vie dans les pays en développement, a-t-elle noté, en relevant aussi que « l’urgence d’agir contre les changements climatiques se rappelle à nous chaque jour ».  Selon Mme Stoeva, les objectifs de développement durable (ODD) sont en danger, notamment parce que la pandémie a inversé les progrès réalisés en matière d’éradication de la pauvreté.  Le thème du débat général, « Transformer les engagements politiques en actions pour un redressement durable - reconstruire un avenir durable pour tous », répond selon elle directement à ces défis.

Pour remettre les ODD sur les rails, elle a appelé à être ambitieux et à travailler activement à la recherche de solutions en étant guidés par le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement et par les importants accords et conventions « façonnés ensemble aux Nations Unies ».  La possibilité de se réunir de nouveau en personne doit être l’occasion d’interagir, « de nous écouter les uns les autres » et de trouver des solutions communes, a-t-elle invité.

Mme Stoeva a ensuite mentionné quatre domaines critiques que la Commission devra aborder.  Premièrement, l’impact de l’économie mondiale sur les ODD: alors même que nos pays sont encore confrontés aux retombées persistantes de la pandémie, ils ont été frappés par de nouveaux problèmes d’inflation et d’instabilité économique.  « Je vous demande instamment de procéder à une évaluation détaillée de ce qui doit être fait. » Deuxièmement, l’impact des crises actuelles sur la pauvreté et la sécurité alimentaire.  Un certain nombre de résolutions porteront sur ces questions, et la session conjointe avec le Conseil économique et social (ECOSOC) du 11 octobre, ainsi qu’une manifestation parallèle officielle de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), le 13 octobre, devraient se révéler fort utiles.  Troisièmement, la situation de groupes de pays en situation particulière, notamment les pays les moins avancés (PMA), les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays en développement sans littoral.  À ce sujet, la Présidente a rappelé que la Commission devra décider des modalités de la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral ainsi que celles de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les PEID, qui se tiendront en 2024.  La Commission sera peut-être aussi en mesure de donner des orientations politiques pour mettre en œuvre les résultats de la cinquième conférence des PMA à Doha « avec l’urgence qu’ils méritent ».  Dernier domaine critique, le développement durable: la Présidente a jugé important d’établir un lien entre les travaux et « les grands processus en cours qui se déroulent ailleurs, notamment la COP27 sur les changements climatiques ».

Pour chaque point de l’ordre du jour, la Deuxième Commission devra « se tourner vers l’avenir » et « viser des politiques innovantes » pour se remettre de la pandémie, « faire face à la crise économique et financière actuelle » et « revenir à la réalisation des ODD », a conclu la Présidente Stoeva.

M. LI JUNHUA, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a fait remarquer que la situation économique et financière mondiale est marquée par des « turbulences », avec des prévisions « inquiétantes ».  Les perspectives économiques mondiales se sont nettement détériorées en 2022, avec une augmentation de la production mondiale annuelle de seulement de 2,5 à 2,8% cette année, ce qui est nettement inférieur aux prévisions, a-t-il prévenu.

M. Li a constaté que de nombreux pays en développement ont du mal à se remettre complètement de la pandémie: « en fait, nombre d’entre eux sont encore aux prises avec la pandémie, tandis que l’inflation élevée, la hausse des coûts d’emprunt et le ralentissement des grandes économies freinent leurs perspectives de croissance ».  La hausse des prix de l’énergie rend la vie encore plus chère pour des centaines de millions de personnes dans le monde, et les besoins fondamentaux en matière d’alimentation, de soins de santé et d’éducation ne sont pas satisfaits, a-t-il énuméré.  Le phénomène, qu’il a qualifié de « grande fracture financière », réduit fortement la capacité de nombreux pays en développement à investir dans une reprise durable et transformatrice.  M. Li a réclamé des mesures urgentes pour combler les écarts de financement et faire face à la hausse des coûts d’emprunt et aux risques accrus liés à la dette.  Le plan de relance proposé par le Secrétaire général comprend « des mesures sur les prêts des banques de développement, l’allégement de la dette, la fourniture de liquidités et le financement des donateurs », a-t-il rappelé.

Au-delà de ces actions urgentes, « tous les flux financiers doivent être alignés sur le développement durable » pour attaquer de front les changements climatiques, a poursuivi le Secrétaire général adjoint.  Jugeant essentiel de mobiliser des ressources pour l’adaptation, il a noté que la prochaine Conférence sur les changements climatiques de Charm el-Cheikh, qui se tiendra en novembre, est un événement clef, « où les parties s’efforceront de relever le niveau d’ambition de l’action climatique ».  Pour parvenir à des émissions nettes nulles d’ici à 2050, il a rappelé qu’il faudra accélérer la transition énergétique mondiale, recommandant de « profiter des contraintes actuelles en matière d’approvisionnement énergétique pour transformer nos modes de production et d’utilisation de l’énergie ».

Concernant l’éradication de l’extrême pauvreté, il a souligné que les progrès ont été freinés par l’impact économique de la pandémie de COVID-19, à laquelle s’’ajoutent les crises combinées de l’inflation croissante et de la guerre en Ukraine.  « On estime que 75 à 95 millions de personnes supplémentaires vivront dans l’extrême pauvreté en 2022 par rapport aux projections antérieures à la pandémie », selon M. Li, pour qui sans soutien et action internationale, l’éradication de la pauvreté et la réalisation des objectifs de développement durable deviendront hors de portée, d’autant que l’assainissement des finances publiques et la pression de la dette risquent de provoquer de nouvelles réductions des dépenses en matière de protection sociale, de soins de santé, d’éducation, d’infrastructures et d’autres domaines importants pour l’éradication de la pauvreté et la progression globale des ODD.

« Trop d’ODD se sont égarés en cours de route », a plaidé M. Li, pour qui « les pays en développement sont pris entre le marteau et l’enclume ».  Confrontés à de multiples crises interdépendantes et se renforçant mutuellement, ces pays ont de plus en plus besoin d’investir dans les ODD, a-t-il noté, tout en relevant que leur marge de manœuvre politique et les ressources disponibles pour les investissements se réduisent.  Les pays en situation particulière restent en tête de l’ordre du jour de la Deuxième Commission, a-t-il insisté, espérant que le Programme d’action de Doha, récemment adopté, forge de nouveaux partenariats entre les pays les moins avancés (PMA) et leurs partenaires internationaux.

M. MICHAEL KREMER, professeur d’économie et de politique publique à University of Chicago, et prix Nobel de sciences économiques en 2019 avec les chercheurs Abhijit Banerjee et Esther Duflo en récompense de leurs travaux sur la pauvreté, s’est exprimé sur le thème du débat général de cette année: « Transformer les engagements politiques en actions pour une reprise durable – reconstruire un avenir durable pour tous ».  Selon M. Kremer, le concept d’innovation concerne notamment les nouvelles façons de gouverner, pour proposer des services de base, l’éducation primaire par exemple.  Notant que l’innovation a été à l’origine des progrès en matière de santé et du bien-être humain, l’expert a recommandé de se tourner vers l’avenir et d’imaginer de nouvelles institutions sociales pour accélérer l’innovation et répondre aux besoins des populations.

Dans une perspective historique, M. Kremer a rappelé que la population mondiale a été multiplié par 2,5 depuis 1961 alors que la surface de terres arables a stagné.  Pourtant, la faim a fortement reculé depuis 1961, car le rendement des cultures a été multiplié par 3, grâce à l’innovation.

L’innovation permet de faire face à de nombreux défis auxquels le monde est confronté, notamment les changements climatiques, les menaces sanitaires, l’insécurité alimentaire, a poursuivi M. Kremer.  Il a invité à ne pas négliger l’innovation sociale, en matière de sensibilisation des populations à la vaccination par exemple.  Toutefois, selon lui, les institutions actuelles façonnent le rythme des innovations et les investissements nécessaires sont insuffisants.  Il a jugé probable que les grandes entreprises ou les pouvoirs publics ne souhaitent pas investir ce qui est nécessaire pour faire face à une nouvelle pandémie, sans parler du coût de l’innovation pour faire face aux changements climatiques.

Tout en notant que le prix des technologies pour l’énergie renouvelable a diminué, il a constaté que d’autres innovations technologiques sont nécessaires et doivent être associées à une innovation sociale.  De l’avis de l’économiste, rémunérer les agriculteurs pour la préservation de l’environnement peut, par exemple, contribuer au recul des émissions de gaz à effet de serre.  Les consommateurs n’ont pas à assumer le prix des efforts, a estimé M. Kremer.

Les changements climatiques contribuent à la crise alimentaire, dans un contexte de production alimentaire stagnante et de demande en hausse, a-t-il encore fait remarquer.  Mais là aussi, selon lui, les innovations technologiques peuvent permettre d’avancer.  Il a cité en exemple le développement de nouvelles semences ou de systèmes agricoles basés sur la téléphonie mobile pour permettre aux exploitants d’avoir accès aux informations nécessaires sur la météorologie ou des événements climatiques.

M. Kremer a encore mentionné l’intérêt de produits financiers innovants et d’une protection sociale innovante, par exemple en cas d’inondation ou de sécheresse.  Selon lui, il est très important de ne pas perdre de vue les défis auxquels font face les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire, par exemple en termes d’assainissement, d’hygiène ou d’expansion de mégalopoles.  De nouveaux vaccins devront être trouvés sur des maladies qui affectent de manière disproportionnée ces pays-là, davantage de services fondamentaux devront être fournis en matière d’éducation, de santé et de protection sociale.

Les Gouvernements dans les pays à revenu élevé financent certains programmes, mais ceux-ci restent très ciblés par manque de visibilité sur les résultats tangibles d’autres types d’innovation.  Il faut imaginer d’autres mécanismes allant au-delà de la dimension de marché pour accompagner ces investissements dans l’innovation, a suggéré M. Kremer.  Il a recommandé d’utiliser des techniques expérimentales, par exemple pour lancer des projets pilotes et tester de nouvelles idées, avec une évaluation rigoureuse.  Cette approche est comparable avec celle des essais randomisés en médecine, a-t-il fait observer, en plaidant pour une approche transparente et rigoureuse, garante de l’efficacité.  Il a évoqué notamment le Laboratoire pour l’innovation et le développement de University of Chicago, qui est prêt à accompagner ces initiatives, ou le Fonds pour le développement dirigé par Esther Duflo.

S’agissant d’institutionaliser le soutien à l’innovation, M. Kremer a estimé que des agences de l’ONU pourraient créer des initiatives pour encourager l’innovation, par exemple pour la recherche de nouveaux vaccins disponibles plus rapidement dans les pays les plus pauvres.  Si les marchés génèrent de l’innovation, celle-ci ne correspond pas toujours aux besoins sociaux des populations, a-t-il mis en garde, en recommandant de s’appuyer sur des fonds pour que l’innovation atteigne son but.  Les Gouvernements et les institutions multilatérales peuvent utiliser diverses approches pour accélérer l’innovation et faire face aux défis mondiaux, a conclu M. Kremer.

Discussion interactive

Après l’exposé du professeur Kremer, le Sénégal a demandé quels types d’innovations pourraient prévenir les prochaines crises, une préoccupation partagée par la Sierra Leone.  Le professeur Kremer a estimé que les innovations qui auraient plus d’impact sur les pays en développement viendraient notamment des technologies de l’information et des communications (TIC) et de l’amélioration des services publics.  De même, il a indiqué que les avancées en biologie pourraient avoir un fort impact sur les pays en développement, y compris dans des secteurs comme la médecine et l’agriculture.  Pour lui, les pays peuvent aussi tirer parti de leur dividende démographique lié à la jeunesse.  Il réagissait ainsi à la demande du Malawi au sujet de l’importance du vivier de jeunes des pays africains et globalement, de la plupart des pays les moins avancés (PMA).

Le Mexique a demandé des précisions sur le concept de bien mondial dans le contexte de la réduction des émissions de gaz à effet de serre.  Pour le professeur Kremer, un bien commun mondial a des bénéfices pour tous les pays.  Même si la définition de bien commun mondial nécessite des précisions, à son avis on peut ranger sous ce concept la réduction des émissions de gaz à effet de serre, les mesures pour lutter contre les pandémies et même l’innovation.  Il a évoqué un programme du Mexique de soutien aux plus démunis, par lequel le Gouvernement effectue des transferts mensuels de fonds pour des bénéficiaires qui s’engagent en retour à envoyer leurs enfants à l’école et à leur fournir les soins de santé primaires.  La Banque mondiale et la Banque interaméricaine de développement essayent de vulgariser ce programme, a-t-il précisé, tout comme d’autres pays en Amérique latine.  Selon lui, ce transfert de liquidités sous condition peut, à certains égards, être considéré comme une approche innovante, et cela peut s’apparenter à un bien public mondial.

À la République arabe syrienne qui a demandé l’avis de l’économiste sur l’impact des sanctions économiques unilatérales sur les capacités nationales d’innovation, le professeur Kremer a reconnu ne pas être un expert en régime de sanctions et ne pouvoir, de ce fait, apprécier leur impact sur la capacité nationale d’innovation.  Comment faire face aux grands défis d’aujourd’hui et imaginer des solutions structurelles, y compris contre les changements climatiques? a enchaîné le Pérou.  Le professeur Kremer a recommandé notamment d’augmenter les capacités de production de vaccins afin de prévenir les prochaines crises sanitaires.  On a l’impression que cela exige beaucoup d’argent, mais « le bénéfice de cette préparation n’a aucune mesure avec le coût éventuel de chaque pandémie, qui coûte des milliers de dollars au monde », a-t-il argué.  Il a précisé qu’il faut des innovations fondées sur des preuves.  M. Kremer a également proposé des solutions qui adoptent une approche globale.  Par exemple, on peut faire des analyses à partir des métadonnées, afin de tirer des conclusions à partir d’informations venant de multiples pays du globe.

Alors que la République-Unie de Tanzanie s’est inquiétée des chances de réduction du fossé technologique entre le Nord et le Sud, le professeur Kremer a suggéré de mettre en place des structures de gouvernance appropriées dans les pays en développement afin de tirer parti des innovations venant du Nord.  Dans le Grand Sud, on ne manque pas d’innovations, mais la question qui se pose est celle de l’exploitation de ces innovations, a objecté le Bangladesh, avant que le professeur Kremer ne précise que toutes les innovations ne portent pas des fruits, car il y en a qui sont inefficaces.  Selon lui, tester plusieurs fois chaque innovation peut permettre d’arriver à des résultats probants sur quelques idées, pour ensuite essayer de convaincre les investisseurs de financer l’innovation.

Débat général

M. MUNIR AKRAM (Pakistan), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a expliqué que les crises en cascade avaient contraint de nombreux gouvernements des pays en développement à faire des choix difficiles et à subir la crise de liquidité et des inégalités engendrées par la pandémie.  « La richesse mondiale est concentrée dans les mains de quelques-uns, 26 personnes les plus riches possèdent la moitié de la richesse mondiale », s’est-il indigné.  Pour faire face, le Groupe a appelé à immédiatement étendre le financement concessionnel des banques multilatérales et régionales de développement, réduire le coût d’emprunt pour les pays en développement et allouer 500 milliards de nouveaux droits de tirage spéciaux (DTS) - soit par une allocation générale, soit par la réorientation des DTS existants non utilisés.  À cet égard, le Groupe a salué la proposition du Secrétaire général d’un « plan de relance des ODD » pour permettre aux pays en détresse économique de se relancer.  Le Groupe a aussi salué la proposition du Secrétaire général d’envisager des mesures allant « au-delà du PIB » pour l’accès aux financements concessionnels.  Les critères révisés doivent compléter les mesures existantes et inclure les dimensions sociales, économiques et environnementales de manière équilibrée, a précisé l’orateur.

Il a aussi appelé à mobiliser, de toute urgence, au moins 1 000 milliards de dollars par an pour investir dans des infrastructures durables pour les pays en développement, entre autres, dans les domaines de l’énergie, des transports, du logement, de l’industrie, de l’agriculture et de la facilitation du commerce.  De plus, les pays développés doivent tenir leur promesse de consacrer 100 milliards de dollars par an au financement de l’action climatique et au moins doubler le financement pour l’adaptation, a encouragé le délégué.  Le Groupe a aussi appelé à un accès commercial préférentiel aux pays en développement et à la promotion d’une croissance tirée par les exportations.  Les restrictions commerciales unilatérales, incompatibles avec les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), ainsi que les autres mesures de distorsion des échanges préjudiciables aux pays en développement, y compris dans le domaine du commerce agricole, devraient être éliminées de préférence, a plaidé le représentant.

Il a aussi prôné l’établissement d’un « régime fiscal équitable » de manière inclusive par le biais d’un processus intergouvernemental.  « Nous réaffirmons la nécessité de transformer le Comité d’experts en matière fiscale en un organe intergouvernemental composé d’experts représentant leurs gouvernements respectifs », a statué l’orateur, pour qui les pays en développement doivent recevoir « la part qui leur revient dans tous les organes de décision économique ».  De plus, selon l’orateur, le système de quotas du Fonds monétaire international (FMI), basé sur les contributions, devrait tenir compte des besoins des pays en développement.

Enfin, il a constaté que l’actuelle fracture numérique élargit celle du développement, alors que selon lui les technologies numériques devraient plutôt contribuer à combler le fossé du développement.  À son avis, les pays en développement devraient pourtant bénéficier d’un accès préférentiel aux technologies numériques, et les technologies alignées sur les ODD devraient leur être transférées, ou mises à leur disposition.

Au nom du Groupe de pays de même sensibilité pour la promotion des pays à revenu intermédiaire, Mme MANUELA RÍOS SERNA (Colombie) a fait savoir que le Groupe avait tenu sa septième réunion ministérielle le 22 septembre dernier, en marge de la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale.  Au cours de cette réunion, les membres se sont mis d’accord sur l’urgente nécessité de procéder à des réformes systémiques au sein et en dehors des Nations Unies afin de se tourner vers un paradigme de coopération pour le développement plus efficace et plus juste, pour que les pays en développement puissent réaliser les ODD et se sortir de la pandémie de COVID-19.  Cette transformation exigera en outre des mesures immédiates pour l’accès de ces pays aux financements, la hausse de leur marge budgétaire et la soutenabilité de leur dette, en particulier dans le contexte actuel de crise.  La représentante a dit compter sur le soutien des États Membres et des partenaires de développement en la matière.

Actuellement, les pays à revenu intermédiaire représentent 75% de la population mondiale et comptent 82% de la population tombée dans l’extrême pauvreté après la pandémie, a fait observer la représentante.  Les progrès durement acquis au cours des ans ont fortement été entamés, notamment sur des questions telles que la pauvreté multidimensionnelle, les inégalités, la création d’emplois décents, l’éducation, les systèmes de santé universels, la sécurité alimentaire et la transition énergétique.  La représentante y a encore ajouté la fracture numérique pour souligner que l’économie numérique doit être renforcée et accessible à tous.

Sur la question plus générale des politiques macroéconomiques, elle a jugé fondamental d’envisager de nouvelles mesures pour veiller à la soutenabilité de la dette et au traitement effectif de la dette, en tirant les leçons de l’Initiative de suspension du service de la dette.  En outre, les agences de notation doivent adapter leur critère de risque à la situation sans précédent générée par la pandémie et des mécanismes doivent être mis en place pour soutenir les pays en développement dans leurs efforts de lutte contre les changements climatiques et la perte de biodiversité.  Elle a cité en exemple l’allocation de droits de tirage spéciaux non utilisés à ces pays, ou même une nouvelle émission de DTS.

Quant à l’élimination de la pauvreté, a poursuivi la déléguée, elle doit aller de pair avec la création d’emplois décents et la protection sociale.  Elle a appelé la Deuxième Commission à soutenir les propositions du Secrétaire général en la matière et ses objectifs de créer 400 millions d’emplois décents, notamment dans l’économie verte, l’économie numérique et le secteur du soin, et d’étendre la couverture de protection sociale à 4 milliards de personnes.  Elle y ajouté un nécessaire compromis sur l’agriculture, la sécurité alimentaire et la nutrition, de même que des mesures ambitieuses pour l’autonomisation de toutes les femmes et toutes les filles.  Plus généralement, les résultats de cette session de la Deuxième Commission doivent être à la hauteur des enjeux posés par les multiples crises mondiales.

Poursuivant son propos en sa capacité nationale, Mme Ríos Serna a évoqué des sujets particulièrement importants pour son pays.  Tout d’abord, elle a estimé nécessaire de placer l’inclusion et la justice sociale et environnementale au cœur du débat pour parvenir à une reprise et à un avenir durable.  Aussi, a-t-elle plaidé pour un changement urgent de modèle économique et de coopération pour le développement, en particulier par l’adoption d’indicateurs reflétant correctement les vulnérabilités endogènes et exogènes de tous les pays.  En outre, elle a plaidé pour que la sécurité et la souveraineté alimentaires soient un droit de toutes les nations.  En tant que pays très vulnérable aux effets des changements climatiques, la Colombie juge prioritaire d’avancer dans la mise en œuvre des engagements et politiques de protection du climat et de la nature, à la mesure et à la vitesse que nécessite la triple crise planétaire en cours.  La représentante a dit attendre beaucoup de la COP27 en Égypte.

M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne (UE), a appelé à inverser la vapeur face à de nombreuses tendances alarmantes sur le plan économique.  Selon lui, il faut continuer d’accorder une attention particulière aux plus vulnérables et aux jeunes.  Il a relevé que l’invasion de l’Ukraine a eu un impact sur la sécurité alimentaire et la malnutrition dans le monde, ce à quoi l’UE a réagi en prenant des mesures appropriées.  Elle est également engagée pour renforcer l’accès à l’éducation, notamment par les moyens du numérique, a ajouté le représentant.  Étant donné que la reprise mondiale a ralenti, il a plaidé pour la poursuite de la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba et de l’adoption des mesures pour se tourner vers une économie verte.

Il faut agir ensemble et mettre pleinement en œuvre les engagements de Glasgow sur le climat, a demandé le délégué qui a appelé à respecter la promesse de maintenir l’augmentation de la température terrestre à 1,5 degré Celsius d’ici à 2050.  À la veille de la Conférence des parties (COP) qui se tiendra en Égypte, il a également invité la communauté internationale à œuvrer à la neutralité carbone d’ici à 2050, notamment en adoptant des cibles ambitieuses pour 2030.  De même, à quelques mois de la COP de la Convention des Nations Unies sur la biodiversité, l’UE a promis de débourser 7 milliards de dollars pour soutenir ses partenaires les plus vulnérables dans le cadre de la préservation de la diversité biologique.  Le représentant a aussi parlé de la Conférence internationale des Nations Unies sur l’eau, prévue en 2023, pour rappeler que cette question est cruciale et qu’elle nécessite la création d’un poste d’envoyé spécial de l’ONU sur l’eau.  Enfin, le délégué de l’UE a appelé au respect des droits de femmes et une plus grande implication des jeunes.  À cet égard, il a salué la mise en place du Bureau des Nations Unies pour les jeunes.

M. TUMASIE BLAIR, (Antigua-et-Barbuda), au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a décelé plusieurs opportunités pour garantir que le développement durable des PEID continue d’être une priorité au sein de la Commission et que soient réalisés les ODD, l’Accord de Paris et les objectifs des Orientations de SAMOA.  Même avant la pandémie de COVID-19, les PEID étaient mal embarqués dans le Programme 2030, a-t-il rappelé.  La pandémie de COVID-19 a en fait mis à nu, d’un seul coup, « de nombreux défauts sous-jacents du système de développement des Nations Unies ».  Les retombées de cette pandémie et la perte des acquis en matière de développement des PEID montrent clairement que le chemin de la reprise sera plus long pour notre groupe de pays, a relevé l’orateur.  Pour cette raison, la quatrième Conférence internationale des PEID en 2024 est « de la plus haute importance », et toutes les branches du système des Nations Unies et les autres parties prenantes doivent être activées et engagées pour aborder dans sa totalité les besoins des PEID, a-t-il recommandé.

Le représentant a dénoncé les critères « incongrus » appliqués par les institutions financières et de développement internationales ainsi que par les gouvernements qui contrôlent leurs politiques, pour classer de nombreux PEID dans la même catégorie de revenus que les pays développés.  Il a expliqué cela par l’application de la mesure « biaisée » du revenu élevé par habitant, en déduisant que ce « sont l’une des conditions qui compromettent notre développement ».  Depuis des décennies, de nombreux PEID se voient en effet refuser l’accès à des financements concessionnels en raison de ce seul critère, a-t-il noté.  Or, le critère du revenu élevé par habitant ne tient pas compte des limitations structurelles à inclure, des ressources naturelles limitées, et « du fait que nous soyons obligés d’importer un grand pourcentage de biens pour la consommation », a-t-il plaidé.

Avec leur marge de manœuvre budgétaire limitée, leurs vulnérabilités inhérentes et leur fort endettement, les PEID se trouvent dans une situation précaire et réclament une opportunité équitable pour accéder à des financements « qui ne nous enfonceront pas davantage dans l’endettement », a appuyé le représentant de l’AOSIS.  Il leur faut également construire des infrastructures plus solides, résistantes aux chocs climatiques, capables de répondre à la demande mondiale croissante et rapide ainsi qu’aux progrès technologiques, a-t-il concédé.  Des solutions « sur-mesure » pour répondre aux vulnérabilités globales des PEID restent primordiales pour l’AOSIS, qui loue le travail du Groupe d’experts de haut niveau pour l’élaboration d’un indice de vulnérabilité multidimensionnel pour les PEID.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. GEORGE EHIDIAMEN EDOKPA (Nigéria) a regretté le retard pris dans les engagements mondiaux, notamment au regard des ODD.  La question des inégalités reste en particulier prioritaire en Afrique, où le système de santé ne tient plus qu’à un fil, a averti le représentant.  Il a rappelé qu’il est nécessaire de garantir l’accès aux vaccins contre la COVID-19 pour tous les pays d’Afrique où, de plus, l’accès à certaines thérapeutiques restent également très difficile.  Sur la question des changements climatiques, le représentant a souligné que l’Afrique y contribue peu mais en subit de graves effets, en particulier au Sahel: l’Afrique n’émet que 3% des gaz à effet de serre dans le monde mais est très vulnérable aux effets des changements climatiques.  Dans ce contexte, il a dit se réjouir de la tenue de la COP27 en novembre en Égypte, espérant que ce sera l’occasion de passer de la parole aux actes pour mettre réellement en œuvre l’Accord de Paris.

L’agriculture doit aussi s’adapter aux circonstances actuelles, avec par exemple une gestion de l’eau plus efficace, a plaidé le représentant, en rappelant que l’Afrique est confrontée à une crise alimentaire sans précédent, liée à la rupture des chaînes d’approvisionnement mondiales.  Il a prôné une approche holistique associant action immédiate et mesures à long terme.  Il a aussi fait observer que la crise de l’endettement public est réelle en Afrique, la fracture numérique également.  Le représentant a ajouté que les flux financiers illicites continuent de faire souffrir le continent, appelant à une convention mondiale pour lutter contre ce fléau.  Pour le Groupe africain, la coopération triangulaire, ou Sud-Sud, est très importante, a-t-il ajouté, arguant qu’elle permet de sortir ensemble de la COVID-19 et d’avancer ensemble sur le front du développement humain.

M. SOVANN KE (Cambodge), s’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a rappelé que les objectifs communs contenus dans la Vision communautaire 2025 de l’ASEAN complètent le Programme 2030.  Alors que les efforts sont focalisés sur la reprise postpandémie, l’ASEAN a réitéré son engagement à maintenir l’ouverture des marchés pour le commerce et l’investissement, tout en améliorant la transparence et en s’abstenant d’imposer des droits non tarifaires inutiles.  La croissance économique de l’ASEAN, qui était de 3% en 2021, pourrait passer à 5% en 2022, a-t-il relevé.  Il a affirmé que le Groupe reste optimiste quant à la solidité de ses fondamentaux macroéconomiques dans le cadre de la reprise après la pandémie de COVID-19.  Selon lui, l’entrée en vigueur du Partenariat économique global régional en 2022, la plus grande zone commerciale du monde, stimulera le commerce et les investissements dans la région et au-delà.

L’ASEAN, a poursuivi M. Ke, reconnaît que la période de reprise est un moment de développement et de mise en pratique des politiques pour un développement plus inclusif et durable, tout en profitant des opportunités offertes par la révolution numérique.  Il a souligné que les technologies numériques ont joué un rôle important pour maintenir la solidité de l’ASEAN pendant la pandémie, espérant que cela se poursuive après la COVID-19.  À cet égard, l’ASEAN a adopté la stratégie consolidée pour la quatrième révolution industrielle, ainsi qu’un plan de mise en œuvre y relatif.  En outre, l’ASEAN a lancé le Cadre de l’ASEAN pour l’économie circulaire, question de lutter contre le gaspillage des ressources tout en renforçant la croissance économique et en réduisant la pression sur l’environnement.  De plus, l’ASEAN attache également une grande importance à la coopération sur l’économie bleue et appelle à la mise en œuvre de la Déclaration des dirigeants de l’ASEAN sur l’économie bleue.  Le représentant a également évoqué le fait que la région entend coordonner sa réponse aux catastrophes naturelles.  Enfin, l’ASEAN entend renforcer sa collaboration avec la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) pour promouvoir les complémentarités entre la Vision 2025 de l’ASEAN et le Programme 2030.

M. COLLEN V. KELAPILE (Botswana), au nom du Groupe des pays en développement sans littoral, a indiqué que si le PIB moyen par habitant de ce Groupe a augmenté de 4,1% en 2021, leur vulnérabilité et des conditions économiques mondiales défavorables continuent de limiter leur capacité à se remettre pleinement des impacts socioéconomiques de la pandémie de COVID-19.  Il s’est dit préoccupé par le fait que les défis mondiaux actuels et émergents, parmi lesquels l’espace financier et fiscal restreint dans les pays en développement sans littoral, entravent considérablement les progrès dans presque tous les domaines prioritaires du Programme d’action de Vienne et du Programme 2030.  Par exemple, les pays du Groupe ont été les plus durement touchés par les restrictions sur les mouvements transfrontaliers imposées pour contenir la propagation du virus, ce qui a gravement réduit les échanges commerciaux et la circulation des biens essentiels.  En outre, le nombre de décès dus à la COVID-19 dans les pays en développement sans littoral a plus que triplé entre avril 2021 et avril 2022, 26% seulement de la population étant vaccinée.

Le Groupe s’inquiète aussi de leur niveau d’endettement élevé et de l’impact de cette dette dans les investissements relatifs à la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne et du Programme 2030.  Selon les données de la Banque mondiale, leur dette extérieure est passée d’une moyenne de 58,1% du PIB en 2019 à 64% en 2020.  Neuf pays en développement sans littoral sont classés comme présentant un risque élevé de surendettement et un pays a déjà basculé, a précisé le représentant.  Réitérant l’importance pour la Deuxième Commission d’accélérer la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne et de fournir un soutien au Groupe des pays en développement sans littoral, l’orateur a réclamé des partenariats renforcés entre les pays en développement sans littoral, les pays de transit, les partenaires de développement et les organisations internationales.

Au nom du groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), M. MITCHELL FIFIELD (Australie) a relevé que la Deuxième Commission se réunit à un moment où l’objectif du Programme 2030 n’a jamais été aussi important et jamais aussi hors d’atteinte.  Il s’est alarmé du recul de l’indice de développement humain durant deux années consécutives, en 2020 et 2021.  Ce recul a été particulièrement grave pour les femmes et les filles, près d’un demi-milliard d’entre elles vivant dans l’extrême pauvreté.  L’invasion de l’Ukraine par la Russie a provoqué de nouvelles souffrances, rendant la reprise encore plus difficile dans le monde entier, a déploré le représentant, en relevant que le niveau d’insécurité alimentaire sape non seulement le développement durable, mais menace également la stabilité mondiale.  Plus de 800 millions de personnes vont se coucher affamées tous les soirs, a martelé M. Fifield, et 50 millions de personnes dans 45 pays sont au bord de la famine.

Il faut réagir d’urgence aux changements climatiques, a-t-il lancé.  Les délégués de la Deuxième Commission ont le devoir de veiller à la mise en œuvre du Programme 2030, du Programme d’action d’Addis-Abeba, de l’Accord de Paris et du Cadre de Sendai, a-t-il ajouté, car ces accords historiques représentent les priorités convenues de la communauté internationale pour le développement international.  Il a jugé indispensable de tenir compte des besoins spéciaux et différenciés des pays en situation particulière, notamment les PEID et les PMA, a dit M. Fifield, qui s’est félicité, à cet égard, des travaux en cours pour mettre en place un indice de vulnérabilité multidimensionnelle qui permettra au système des Nations Unies de mieux répondre aux besoins et aux situations uniques.  Pour la délégation, il est également nécessaire de parvenir à l’égalité des genres pour une communauté mondiale stable et prospère.

M. STAN ODUMA SMITH (BAHAMAS), a pris la parole au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM).  Il a souligné la vulnérabilité des pays de la région qui souffrent du fait de leur statut de PEID.  Chaque année, a-t-il rappelé, la CARICOM tire la sonnette d’alarme sur les conséquences des changements climatiques.  Il a appelé tous les partenaires au développement à intensifier leur soutien aux PEID pour la mise en œuvre des Orientations de Samoa, avant de souligner l’importance du financement climatique pour les PEID.  Les efforts de notre région pour renforcer la stabilité économique face aux crises multiples ont été bloqués en raison de la cessation des relations de correspondant bancaire, a déploré le délégué.  Il a donc invité les Nations Unies à tirer parti de leur position de centre du système multilatéral, à faire progresser l’établissement de normes plus inclusives et transparentes ainsi qu’à favoriser la coopération fiscale et le renforcement des capacités en faveur des pays en développement.  La CARICOM réitère son appel à la réforme du système financier mondial pour l’adapter aux réalités du monde, a plaidé M. Smith qui a notamment appelé à une plus grande représentativité au sein des organes de gouvernance et à combler les lacunes en matière d’équité dans l’architecture de la dette.  Selon le représentant, l’annulation de la dette serait un bon début, car les États de la CARICOM ont massivement souffert de difficultés économiques en raison de la pandémie imprévue de COVID-19.  En conséquence, la dette liée à la COVID-19 est supérieure à celles consenties au cours de diverses crises mondiales, a-t-il souligné.

Par ailleurs, le délégué a indiqué que le classement des pays qui se base uniquement sur le revenu par habitant ne correspond pas à la réalité sur le terrain.  Cela ne tient pas également compte des vulnérabilités spécifiques de ces pays qui nécessitent une action appropriée pour réaliser les Orientations de SAMOA et le Programme 2030.  À cet égard, il a salué la publication du rapport intérimaire du Groupe d’experts de haut niveau sur l’Indice de vulnérabilité multidimensionnelle qui saisira la véritable vulnérabilité des PEID.  Il a espéré que cela permettra à tous les PEID d’accéder à des financements concessionnels, des investissements, un soutien technique supplémentaire, et de bénéficier du renforcement des capacités pour augmenter leur résilience face aux futurs chocs mondiaux.

Selon Mme AGNES MARY CHIMBIRI MOLANDE (Malawi), parlant au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), la croissance du PIB à moyen terme de nombreux pays du Groupe devrait tomber en dessous du niveau d’avant la pandémie.  Elle a constaté que les investissements destinés à stimuler la reprise sont fortement limités par une marge de manœuvre budgétaire restreinte et une vulnérabilité croissante de la dette.  De plus, les pressions inflationnistes ainsi que les perturbations du commerce international et des marchés financiers liées à la pandémie et aux conflits exacerbent les pertes de production et les inégalités.  Dans ce contexte, l’oratrice a réclamé des actions mondiales urgentes, par le biais de collaborations internationales pour faire face à ces défis et réaliser le Programme 2030.  Elle a d’ailleurs appelé les États Membres, la Banque mondiale, le système des Nations Unies, le FMI et d’autres entités financières à établir des « plans complets, assortis de délais » pour mettre pleinement en œuvre les objectifs, les cibles et les engagements du Programme d’action de Doha.

Alors qu’environ 690 millions de personnes sont contraintes de survivre avec moins de 1,90 dollar par jour et que plus de la moitié d’entre elles vivent dans les PMA, la représentante s’est inquiétée que l’engagement historique des partenaires de développement de consacrer 0,15% de leur revenu national brut à l’aide publique au développement (APD) n’a pas été respecté au cours des 50 dernières années.  En outre, malgré les promesses répétées de résoudre les problèmes d’endettement des pays du Groupe, 5 d’entre eux sont encore en situation de surendettement et 22 présentent un risque élevé de surendettement.  « Le moment est venu pour la communauté internationale de respecter ses engagements en matière d’APD et d’allégement de la dette », a insisté Mme Chimbiri Molande. 

Profondément inquiète de l’aggravation de la crise climatique, alors qu’ils sont les moins responsables de cette crise, les PMA ont appelé à un renforcement des objectifs de réduction des émissions des pays afin de limiter le réchauffement à 1,5°C, à la mise en place d’un financement pour faire face aux pertes et dommages causés par les changements climatiques, et à un bilan mondial pour évaluer les progrès de la mise en œuvre de l’Accord de Paris.  L’architecture financière internationale s’est une fois de plus révélée très insuffisante pour assumer sa responsabilité de soutenir les pays en développement et les PMA, a regretté la représentante qui a lancé un appel à la réorganiser.  Si l’allocation de DTS par le FMI est une initiative bienvenue, « les PMA ne peuvent guère en bénéficier », a-t-elle tempéré.  Le Groupe réitère son appel à fournir au moins 100 milliards de dollars de DTS aux PMA pour répondre à leurs besoins urgents de liquidités, a dit la représentante, avant de miser sur la Conférence de Doha, qui se tiendra en mars 2023 au Qatar, comme une « occasion extraordinaire » de générer un soutien politique et une dynamique mondiale en faveur des PMA.

M. AYELE LIRE (Éthiopie) a déploré les crises sans précédent auxquelles le monde fait face, qui sont des menaces pour les pays en développement, en particulier les PMA, ce qui remet en cause les progrès réalisés jusqu’à présent.  Il a aussi fait remarquer que le financement du développement, inadéquat, empêche les pays pauvres de réagir à temps et efficacement aux crises et d’investir dans leurs plans de développement nationaux.  Les promesses faites pour faire face aux défis du développement ne se sont, en outre, pas concrétisées, a encore regretté le représentant.  Quant aux promesses de mobilisation de ressources financières suffisantes et prévisibles pour le climat, elles ont été presque oubliées par les pays développés, ce qui a pour résultat que ce sont les pays les moins émetteurs qui souffrent des pires conséquences des changements climatiques.

Le monde doit changer de paradigmes pour traduire en actes les accords sur le climat, a ajouté le représentant, qui a espéré que la COP27 déboucherait sur des solutions.  Il en a également appelé à une réforme des termes des échanges au niveau du commerce international afin de mieux répondre aux besoins des pays en développement et de réaliser le Programme 2030.  Pour sa part, l’Éthiopie a, malgré les difficultés, entrepris de profondes réformes politiques et économiques, suivant en cela sa promesse d’apporter la prospérité à tous les Éthiopiens, a fait valoir le délégué.

M. SHEIKH ABDULRAHMAN BIN ABDULAZIZ F.A. AL-THANI (Qatar) a attiré l’attention sur le fait que le Qatar respecte ses engagements collectifs au niveau international et qu’il a contribué à hauteur de 500 millions de dollars aux programmes d’aide humanitaire en 2021.  Il a dit que le pays va poursuivre ses efforts pour accomplir ses engagements relatifs au Programme 2030.  Le représentant s’est félicité que le Qatar ait participé aux réseaux d’accélération du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), solution innovante aux problèmes de développement.  Selon lui, l’élan positif en termes de coopération internationale pour le développement permettra d’aider notamment les PMA, ce qui contribue à la réalisation du Programme d’action de Doha.  Le Qatar contribue aussi à la réunion de haut niveau pour les besoins humanitaires dans la Corne de l’Afrique, à hauteur de plusieurs dizaines de millions de dollars, a-t-il ajouté.  Pour conclure, le représentant a assuré que le prochain championnat du monde de football qui aura lieu au Qatar sera positif sur le plan environnemental.

M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) a estimé que ce dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est de transformer les engagements politiques en actions, afin de tracer la voie d’une reprise durable et de construire un avenir durable.  Il a donc demandé à la communauté internationale de poursuivre une mise en œuvre harmonieuse et coordonnée de ces politiques et engagements pris, guidé par le principe de justice, d’équité et l’ambition, en veillant à ne laisser personne de côté.  Le délégué a appelé la communauté internationale à honorer ses engagements officiels en matière d’APD et de fournir des programmes complets d’allégement de la dette aux pays en développement surendettés.  En outre, le partage des connaissances scientifiques et des technologies est essentiel, car la science, la technologie et l’innovation sont non seulement une condition préalable à la lutte contre les catastrophes et à la réduction des vulnérabilités, mais aussi des éléments nécessaires pour atteindre les ODD.  Le représentant a également parlé des perturbations des chaînes d’approvisionnement, de la baisse des envois de fonds et des exportations dans les PMA, en suggérant de les compenser par une aide pour le commerce adéquate, des mesures de facilitation des échanges, un renforcement des capacités et d’autres mesures de soutien.  Il a enfin appelé à la réalisation des objectifs de financement climatique pris dans le cadre de divers accords, avec une garantie d’un accès facile à ces fonds.  Pour sa part, le Népal s’est engagé à atteindre zéro émission nette d’ici à 2045, a fait valoir le représentant.

Mme RICCARDA CHRISTIANA CHANDA (Suisse) a estimé que l’insécurité alimentaire croissante et la hausse des prix de l’énergie -exacerbés par l’agression militaire de la Russie contre l’Ukraine- mais aussi les changements climatiques, la perte de biodiversité et la pollution de l’environnement, sont autant de défis interconnectés qui déstabilisent notre monde.  Face à ces défis, il est crucial de réaffirmer notre engagement pour la mise en œuvre du Programme 2030, notre feuille de route commune pour un développement durable, a-t-elle plaidé.  Elle a souligné que ce Programme est universel, et qu’il relève de la responsabilité primaire des États de faire avancer sa réalisation avec des politiques nationales ciblées et efficaces.

La déléguée a indiqué que l’engagement international de la Suisse a pour mission de soulager les populations dans le besoin et de lutter contre la pauvreté, ainsi que de promouvoir le respect des droits humains, la démocratie, la coexistence pacifique des peuples et la préservation des ressources naturelles.  Pour elle, une des responsabilités centrales de la Deuxième Commission est de guider le système de développement onusien.  Elle a souligné l’importance particulière, à cet égard, de la résolution sur les activités opérationnelles pour le développement, en vue de la mise en œuvre effective des réformes.  En tant que facilitatrice de cette négociation, la Suisse se réjouit de travailler avec toutes les délégations afin d’arriver à un résultat ambitieux et consensuel.  En outre, la Suisse se mobilisera sur la question des changements climatiques vus comme « multiplicateur de risques » dans le cadre de son siège au Conseil de sécurité en 2023-2024.

Mme JOAN MARGARITA CEDANO (République dominicaine) a réclamé un engagement multilatéral pour répondre aux défis actuels, étant donné le système géopolitique complexe.  Son pays ayant été frappé par l’ouragan Fiona, il y a deux semaines à peine, la représentante a appelé à mettre en place un système plus coopératif pour relancer l’économie des pays touchés par les catastrophes.  Elle s’est par ailleurs positionnée en faveur de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle, appelant à cet égard à honorer les engagements pris et à créer de nouveaux outils de financement pour les pays les plus touchés par les changements climatiques.

M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a regretté l’élargissement du fossé économique entre pays, dû à la pandémie, ainsi que les problèmes d’insécurité alimentaire en hausse dans le monde.  Les pays à revenus moyens comme la Namibie sont également touchés par l’inflation des denrées alimentaires, a-t-il fait valoir.  Il a souligné que pour beaucoup de pays, notamment sur le continent africain et dans le Sud, un soutien extérieur supplémentaire est nécessaire en termes de développement des capacités pour la mobilisation des ressources.  En complément, des stratégies et des politiques délibérées doivent être déployées pour améliorer l’efficacité du développement et l’autosuffisance.  À cette fin, l’intégration d’indices de vulnérabilité multidimensionnelle contribuera grandement à enrichir les programmes de développement des pays en développement, a argumenté M. Gertze.

M. DMITRY S. CHUMAKOV (Fédération de Russie) s’est dit persuadé que la Deuxième Commission est plus utile que jamais pour organiser un dialogue professionnel et non politisé au niveau international.  Certaines causes des crises sont trop souvent passées sous silence, alors que d’autres sont enflées, a précisé le représentant.  Il a déploré des tentatives des délégations des pays occidentaux d’attribuer aux événements en Ukraine toutes les crises actuelles.  Le représentant a dénoncé les sanctions illégales et la militarisation des systèmes financiers.  Pourquoi ne pas parler des pratiques non compétitives, a-t-il aussi lancé, soulignant que ce sont les pays les plus pauvres qui en font les frais.  Les prix de l’énergie sont, selon lui, artificiels et relèvent des intérêts nationaux de certains pays.  Il a ajouté que des milliards de dollars sont injectés dans l’économie par les banques occidentales, ce qui a des conséquences très graves pour les pays en développement endettés.

Il est plus simple pour certains d’expliquer les problèmes par la situation en Ukraine et de tout mettre sur le dos de la Russie, a insisté le représentant, ce qui à son avis n’aidera pas à résoudre les problèmes mondiaux en matière de développement durable.  La Deuxième Commission est une plateforme nécessaire pour aider les pays les plus vulnérables, a-t-il estimé, disant attendre des actions concrètes de solidarité, dont la réforme de l’architecture financière mondiale est un élément clef.  De plus, il a jugé important de renforcer le système des Nations Unies pour le développement.

Mme SHARON BERNADETH JUAREZ ARGUETA (Guatemala) a souligné que la pandémie de COVID-19 a montré à quel point les pays sont interdépendants.  Ils affrontent, en outre, les effets négatifs des changements climatiques, les pressions économiques et financières ainsi que les effets dévastateurs de la guerre en Ukraine.

Le Guatemala a lancé une « grande croisade nationale pour la nutrition », qui propose une approche holistique prenant en compte le caractère multidimensionnel du problème, a expliqué la représentante.  Par ailleurs, en tant que pays très vulnérable aux effets des changements climatiques, le Gouvernement guatémaltèque en appelle à une action plus ambitieuse pour le renforcement des capacités, a-t-elle dit, en misant sur la mise en commun des efforts pour investir dans des projets qui permettent une reprise économique durable, génératrice d’innovation, d’emploi et de nouvelles perspectives.  La représentante a aussi souhaité aborder la thématique de la migration et s’est intéressée en particulier aux droits humains des migrants, et surtout à ceux des mineurs non accompagnés.  De la même façon, elle a jugé très importante la résolution que prépare la Deuxième Commission sur la coopération internationale avec les pays à revenu intermédiaire.

Mme NOEMÍ RUTH ESPINOZA MADRID (Honduras) a indiqué que le Honduras a été victime d’une crise économique qui a eu un impact direct sur le bien-être de la population, en plus des 13 années de dictature après le coup d’État de 2009, de deux fraudes électorales distinctes protégées par la communauté internationale, de l’assaut du trafic de drogue et de la corruption et des multiples catastrophes naturelles.  Le Gouvernement actuel a ainsi hérité d’une dette publique qui a été multipliée par six, ainsi que d’un indice de pauvreté de 74%, soit le plus élevé de l’histoire du Honduras.  La représentante a dénoncé un monde qui vit aujourd’hui sous la dictature monétaire, avec les inégalités qui ont augmenté de façon exponentielle.  « Nous sommes à la merci des spéculations macroéconomiques et financières dictées par le modèle économique néolibéral », a—t-elle clamé.  Malgré cette réalité nationale dégradée, le Honduras s’est engagé à la mise en œuvre du Programme 2030 pour le développement durable dans son ensemble et tout en ne laissant personne de côté.  Elle a toutefois fait valoir qu’en tant que pays à revenu intermédiaire, le Honduras a de moins en moins la possibilité d’accéder à des sources de financement abordable.  En fait, le mécanisme actuel de classification des pays en fonction des revenus ne permet pas une hiérarchisation adéquate dans l’allocation des ressources de la coopération au développement, a-t-elle tranché.  C’est pourquoi la représentante a rappelé que le Honduras réitère la nécessité de migrer vers des indicateurs multidimensionnels pour mesurer les réalités du développement.

Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a relevé que sur la base des leçons tirées de la pandémie de COVID-19, la solidarité s’impose.  Il faut donc arrêter de bloquer les chaînes alimentaires, a-t-elle réclamé, en demandant aussi de faciliter l’accès aux financements, entre autres.  Le Liban n’est pas exempt de la crise alimentaire et le pays dépend énormément des céréales ukrainiennes, a-t-elle dit.  Il en résulte que le Liban n’est plus en mesure d’accueillir les réfugiés, l’impact de la crise étant trop lourd.  Il faut donc que d’autres pays prennent le relais, a demandé la représentante.  Elle a recommandé, en outre, que la vulnérabilité des pays en développement soit prise en compte par un indice multidimensionnel de vulnérabilité et par des mesures d’allégement de la dette publique, qui doivent cibler les pays en développement, y compris pour les pays à revenu intermédiaire.  Pour la déléguée, les politiques en matière d’énergie doivent tenir compte de la réalité climatique.  Elle a enfin appelé Israël à régler les dédommagements dus au Liban du fait des marées noires provoquées sur les côtes de ce dernier.

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a noté que les inégalités s’aggravent entre et au sein des pays.  Quelle que soit la nature des efforts entrepris pour relancer le développement durable, la marge de manœuvre est étroite, a-t-il estimé, recommandant donc de faire de la relance économique la priorité absolue.  Plus que la relance, les économies ont surtout besoin d’un accès à un financement rapide, a relevé l’orateur.  Sri Lanka a besoin de restructuration de sa dette et de recevoir des financements accrus, mais les institutions financières internationales doivent revoir leurs méthodes, a décrété le représentant, louant au passage la coopération Sud-Sud pour son aide précieuse.  Pays vulnérable aux changements climatiques, la Sri Lanka a aussi besoin de voir les principaux pays émetteurs s’acquitter de leurs engagements, a-t-il lancé.

M. DENNIS FRANCIS (Trinité-et-Tobago) a appelé à une stabilisation des marchés et à redoubler d’efforts pour reconstruire en mieux.  Il a demandé de conserver le Programme de développement durable à l’horizon 2030 comme unique feuille de route, en donnant une priorité absolue à l’objectif de mettre fin à la pauvreté.  Il a regretté que les pays développés soient bien en-deçà de leur engagement de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement (APD), alors que les dépenses militaires sont en hausse.  Le monde s’éloigne de l’Accord de Paris, a-t-il constaté, ce qui ne peut qu’avoir des conséquences désastreuses pour toute l’humanité.  L’orateur, dont le pays a une empreinte carbone très faible, a encouragé les pays émetteurs à agir de toute urgence.

M. DAI BING (Chine) a évoqué la crise économique et la situation difficile dans le monde aujourd’hui qui empêchent d’atteindre les ODD.  Il a plaidé pour un véritable multilatéralisme et pour une coopération ouverte et inclusive en faveur d’un avenir commun de l’humanité.  Il faudrait aussi revitaliser les partenariats mondiaux pour le développement, notamment renforcer la coopération Sud-Sud, entre autres.  Renforcer le système d’échanges commerciaux et maintenir les chaînes d’approvisionnement plutôt que de construire des murs constituent une autre priorité pour la Chine, a expliqué le délégué.  Il a souligné que son pays a toujours défendu le développement et a atteint certains des ODD bien avant l’heure, notamment la réduction drastique de la pauvreté.  La Chine, a-t-il ajouté, a fourni plusieurs milliards de doses de vaccins et apporté de l’aide humanitaire à de nombreuses reprises cette année.  Il a aussi rappelé que le Président chinois a présidé cette année le dialogue de haut niveau sur le développement durable où il a annoncé un fonds de développement pour la coopération Sud-Sud.  « La Chine est prête à partager des expériences de développement avec d’autres pays afin de créer un avenir positif et prospère pour tous. »

M. HASAN BADRI MHALHAL AL-KHALIDI (Iraq) a souligné que la pandémie a touché tout le monde sans exception et a remercié tous ceux qui travaillent dans le domaine médical, qui ont risqué leur vie durant cette crise sanitaire.  L’économie est essentielle pour le développement et elle est impossible sans paix et stabilité, a-t-il fait remarquer.  Il a indiqué que l’Iraq fait face à des défis réels, en raison de divers obstacles complexes, dont le terrorisme.  Le délégué a dit soutenir le travail des coordonnateurs résidents et a plaidé pour une meilleure représentation géographique.  Il a parlé de la sécurité alimentaire et de la sécurité énergétique, qui sont au cœur des préoccupations et, bien évidemment, associées à la pauvreté.  « Nous devrions nous appuyer sur la solidarité plus que jamais auparavant. »  Le représentant a en effet misé sur cette solidarité pour atteindre l’ODD 1 d’élimination de la pauvreté et l’ODD 2 d’élimination de la faim.

M. ENKHBOLD VORCHILOV (Mongolie) a salué le fait que 66,9% de la population cible en Mongolie a été entièrement vaccinée contre la COVID-19.  Pour restaurer l’économie touchée par la pandémie au cours de la période 2021-2023 et protéger la santé, le Gouvernement a mis en œuvre une série de programmes, a témoigné le représentant.  Il a dit que son pays mobilise une approche globale de la mise en œuvre des ODD en termes de structure institutionnelle, d’organisation et de financement.  La Mongolie est l’un des pays les plus touchés par les changements climatiques, a-t-il souligné, avant d’évoquer d’autres problèmes comme la désertification et les tempêtes de poussière.  Il s’est réjoui de l’initiative du Président de la Mongolie visant à planter un milliard d’arbres, lancée en 2021, qui a connu la participation du Secrétaire général de l’ONU lors d’une action de plantation d’arbres en Mongolie en août dernier.  La Mongolie se prépare à présenter son deuxième examen national volontaire en 2023 au forum politique de haut niveau de l’ECOSOC afin de partager ses réalisations et son expérience dans la mise en œuvre des ODD et d’autres politiques et programmes nationaux de développement, a indiqué M. Vorchilov.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) s’est d’emblée interrogé: « Si nous connaissons les objectifs que nous devons poursuivre, qui sont nécessaires pour parvenir à un développement international efficace, alors, pourquoi n’agissons-nous pas? »  Il a estimé que la réponse simple est l’énorme déficit de volonté politique de la part du monde et des institutions habilitées à transformer les engagements en actions concrètes.  « Il est temps que le monde développé arrête de parler du bout des lèvres et agisse rapidement sur les engagements pris envers les pays en développement en matière de changements climatiques. »  Cela est nécessaire en particulier, a-t-il précisé, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et pour garantir l’octroi de 100 millions de dollars par an aux pays en développement pour le financement des mesures d’adaptation.  Il est temps que les pays développés honorent leurs engagements non tenus en matière d’APD, a-t-il ajouté.  Il est temps que le monde développé comble le déficit de financement des ODD qui s’élève actuellement à 4,3 milliards de dollars par an, a-t-il encore plaidé.  Il est temps que les pays développés honorent leurs engagements d’accélérer le transfert de technologie vers les pays en développement à des conditions favorables, y compris à des conditions concessionnelles et préférentielles, a-t-il ajouté avant de conclure

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a déclaré que pour faire face au ralentissement des économies, aux conflits et aux catastrophes naturelles, l’année 2022 devra être celle de la résilience.  « La pandémie nous a aussi appris à davantage anticiper », a-t-il relevé.  Il a toutefois noté que les ressources des pays en développement sont grandement affaiblies et que la réalisation des ODD s’éloigne.  Les partenariats public-privé pourraient là jouer un rôle important, selon l’orateur, qui a appelé au passage les pays développés à respecter leurs engagements en matière d’APD.  Ce n’est qu’avec le multilatéralisme que le monde pourra lutter contre les défis de demain tels que les changements climatiques, a-t-il estimé.  Pour le représentant, la transition énergétique durable devra être garantie si nous voulons que les ODD se concrétisent.

M. OMAR HILALE (Maroc) a appelé à intensifier les approches multilatérales et à adopter une approche multidimensionnelle pour le financement du développement durable, allant au-delà des simples critères de PIB, comme l’a déjà évoqué le Secrétaire général de l’ONU.  Le Maroc base son développement sur plusieurs piliers, a-t-il dit, en citant le renforcement du tissu économique national, la consolidation du capital humain, l’inclusion de la population marocaine dans les opportunités de développement durable, la réduction des disparités sociales et la lutte contre les discriminations à l’égard des femmes et des filles.  Il a ajouté que le Maroc s’est aussi engagé à soutenir les efforts pour faire face aux changements climatiques.  Par ailleurs, après deux ans de crise sanitaire, le représentant s’est réjoui de l’ouverture des frontières et de la relance du tourisme, qu’il travaille à rendre vert et durable.

M. MATTHEW CHAN (Singapour) a souligné que la guerre en Ukraine a perturbé, après la pandémie, les chaînes alimentaires et énergétiques, poussant les prix à la hausse.  De plus, les changements climatiques déclenchent plus fréquemment des événements climatiques extrêmes, a-t-il fait observer, en demandant d’affronter ces problèmes de toute urgence.  Il a rappelé l’importance de la coopération multilatérale, en particulier le rôle clef des Nations Unies, pour parvenir à un consensus sur la réponse collective à apporter aux défis de notre temps.  Le représentant a souhaité mettre trois priorités an avant.  Tout d’abord, continuer à renforcer le système multilatéral fondé sur des règles, avec l’ONU en son centre, qui représente la meilleure chance de mobiliser les ressources pour construire un avenir meilleur et durable.  Deuxième priorité: rétablir les chaînes d’approvisionnement mondiales et stabiliser la fourniture et les prix des denrées alimentaires et de l’énergie.  Enfin, à l’heure où le monde se relève de la pandémie, il ne faut pas perdre de vue les autres défis de notre temps, et en particulier les changements climatiques, qui exigent des investissements dans l’atténuation des risques et pour la transition vers des économies à bas carbone.

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a évoqué les vulnérabilités de nombreux pays aggravées par la pandémie et la persistance d’un « ordre international injuste et inéquitable ».  Vingt-cinq années de progrès dans la lutte contre la pauvreté ont été anéantis, s’est inquiété le représentant, sans compter le nombre de nouvelles personnes qui sont tombées dans la pauvreté.  Il a déploré que les inégalités perdurent, alimentées par les crises dans le monde.  Parmi d’autres exemples, le représentant a cité le chiffre de 2,3 milliards de personnes qui n’ont pas pu correctement se nourrir en 2021.  Les pays en développement sont placés face au choix cornélien de nourrir leur population ou de rembourser la dette, a-t-il expliqué.  Promouvoir et protéger le multilatéralisme est la seule solution, sans exclusion et sans discrimination, a insisté le représentant qui a demandé que le système financier soit entièrement revu, « car aujourd’hui, seule une élite prend des décisions pour tous ».  Le système international ne peut pas justifier des mesures unilatérales imposées par les plus puissants aux plus faibles, a lancé le délégué, estimant que cela va à l’encontre du monde juste, équitable et inclusif.  Les engagements internationaux des pays en développement ont toujours été honorés, ce qui n’est pas le cas des pays développés, a-t-il fait valoir, en comparant avec les dépenses militaires qui se multiplient dans le monde.

M. ALAN EBUN G GEORGE (Sierra Leone) a appelé la communauté internationale à se réengager à atteindre les ODD.  Au milieu des défis mondiaux qui s’aggravent, la Sierra Leone reste résolue à la mise en œuvre du Programme 2030 par le biais de son Plan de développement national 2019-2023, a-t-il assuré.  « Notre plan se concentre sur le développement du capital humain, avec une forte orientation sur l’éducation, la santé et la sécurité alimentaire », a-t-il expliqué.  Dans ce contexte, il a dit que l’objectif d’offrir une éducation gratuite de qualité reste une priorité absolue du Gouvernement.  Concernant l’ODD 16, il a expliqué que la Sierra Leone maintient son engagement de longue date en faveur d’une justice centrée sur les personnes.  Le secteur de la justice a en effet connu des progrès accélérés dans la promotion de l’accès à la justice en faveur des populations défavorisées, s’est enorgueilli le représentant.  Par ailleurs, alors que s’approche la deuxième partie de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les PMA à Doha en mars 2023, le délégué a affirmé la nécessité pour les États Membres d’accroître le partenariat en vue de renforcer le soutien technique et l’utilisation d’outils innovants pour relever les défis spécifiques des PMA.

M. JONIBEK ISMOIL HIKMAT (Tadjikistan) a relevé que, parce qu’à la traîne sur de nombreux ODD, le Gouvernement du Tadjikistan a pris des mesures audacieuses pour intégrer ces objectifs dans les politiques nationales et les plans de développement.  Malgré des progrès substantiels, il a fait état de risques importants, tels que des aléas climatiques et des catastrophes naturelles susceptibles de ralentir ou d’inverser la trajectoire du Tadjikistan vers la réalisation du Programme 2030.  Par conséquent, le délégué a réitéré l’importance d’augmenter le niveau d’APD pour répondre aux besoins des pays en développement, en particulier ceux en situation particulière tels que les PMA, les PEID et les pays en développement sans littoral.

M. Hikmat a souligné qu’alors que nous sommes tous aux prises avec les conséquences des catastrophes naturelles liées à l’eau, « nous prenons de plus en plus conscience que l’eau est un don de Dieu et une ressource que nous devons valoriser, protéger, utiliser et gérer efficacement ».  Le Tadjikistan a fait avancer cette cause depuis plus de deux décennies en la défendant à travers ses différentes initiatives et résolutions liées à l’eau à tous les niveaux, a-t-il rappelé.  Selon le représentant, la Conférence des Nations Unies sur l’eau 2023 sera une bonne occasion pour nous tous d’examiner et évaluer les progrès réalisés, ainsi que les lacunes et les obstacles dans la réalisation des objectifs de la Décennie de l’eau.  Le Tadjikistan et les Pays-Bas, à la tête des préparatifs de cet événement mondial, travaillent dur et de manière déterminée pour faire de la Conférence un moment décisif pour le monde entier, a indiqué le délégué.  En outre, le Président du Tadjikistan, M. Emomali Rahmon, a proposé de déclarer 2025 comme l’année internationale de la préservation des glaciers.  Un projet de résolution sur cette initiative sera présenté à la Deuxième Commission, a annoncé le représentant.

Mme NADJA MICAEL (Érythrée) a appelé à une « transformation radicale » du financement international alors qu’à huit ans de son terme, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 n’est non seulement pas prêt d’être rempli, mais, dans certains secteurs, les changements nécessaires n’ont « pas même été effleurés ».  Vulnérable aux sécheresses et aux changements climatiques, l’Érythrée est confrontée à des défis permanents, alors qu’elle ne contribue que très peu à l’émission de gaz à effet de serre, a fait remarquer la représentante.  Elle a demandé « où étaient les milliards promis » pour lutter et s’adapter à ces changements climatiques.

M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a regretté un déficit du financement durable.  Fortement importatrice de denrées alimentaires, l’Égypte est impactée par la guerre en Ukraine, a-t-il signalé, en disant que sa population en pâtit et se désolant que la réalisation des ODD s’éloigne.  Hôte en novembre 2022 de la COP27, l’Égypte estime que les pays développés doivent tenir leur promesse de consacrer 100 milliards de dollars par an au financement de l’action climatique, a dit le représentant.  Il a mis l’accent sur le manque d’eau, menace existentielle pour l’Égypte, qui la condamne à répéter à la communauté internationale de tenir ses promesses en matière de développement durable.  Concernant le financement du développement, le défi de l’augmentation des besoins en financement est patent, a conclu le représentant égyptien.

M. NASIR ISA KWARRA (Nigéria) s’est félicité de la pertinence du thème du débat de cette année, qui souligne le besoin urgent pour la communauté internationale de redoubler d’efforts pour faire face aux besoins complexes et divers de notre époque.  Travailler sur le programme de développement dans cette Deuxième Commission est essentiel et sera bénéfique à la communauté internationale puisque qu’il vise à mettre un terme à la pauvreté et à la faim, entre autres.  Le travail de la Commission devrait se concentrer également sur l’élimination de la dette, ainsi que des flux financiers illicites qui font fuir de nombreuses ressources des pays en développement, a préconisé le représentant.  Il a aussi jugé nécessaire de négocier une convention fiscale des Nations Unies pour s’attaquer aux paradis fiscaux.

M. MAHMOUD DAIFALLAH HMOUD (Jordanie) a évoqué les nombreux défis auxquels la communauté internationale est confrontée, notamment les répercussions de la pandémie et des changements climatiques.  Le représentant a lancé un appel à la paix et à la coopération, notamment sur l’alimentation et l’énergie, et ce, dans l’esprit de l’égalité des droits.  La Jordanie est confrontée à un éventail de défis inédits, a-t-il signalé, estimant qu’investir dans les opportunités qui les accompagnent lui permettra de mieux affronter l’avenir.  Il a rappelé que la Jordanie accueille de très nombreux réfugiés à qui elle fournit les services de base.  Le représentant a, pour conclure, rappelé le droit à l’autodétermination du peuple palestinien.

M. TAPIWA ROY RUPENDE (Zimbabwe) a estimé essentiel que la communauté internationale envisage de toute urgence un éventail complet de sources financières et non financières pour mettre en œuvre le programme des ODD et relever les défis de financement des différents partenaires.  Il a souligné que les plus vulnérables, à savoir les pays africains, les PMA, les pays en développement sans littoral et les PEID, ont besoin d’un soutien accru, à cet égard, afin qu’ils puissent s’adapter aux contextes spécifiques et s’aligner sur leurs objectifs et besoins de développement.  Poursuivant, le représentant s’est dit gravement préoccupé par la triple crise planétaire que sont les changements climatiques, la perte de biodiversité et la pollution.  De fait, a-t-il étayé, à Glasgow, en novembre 2021, nous avons démontré la nécessité de viser une économie verte, inclusive et durable.  Or, a-t-il dit, il est regrettable que tous les efforts n’aient pas été suffisants pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.  C’est pourquoi, M. Rupende a dit fonder ses espoirs sur la COP27 prévue dans quelques semaines à Charm el-Cheikh.  Il a exhorté toutes les parties prenantes à éviter l’approche habituelle et à faire preuve de la volonté politique nécessaire afin de prendre des initiatives concrètes à la mesure des « énormes défis auxquels nous sommes tous confrontés ».

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur) a expliqué que les pays en développement sont confrontés à divers défis pour mettre en œuvre leurs plans de relance socioéconomique du fait des contraintes budgétaires croissantes et du fardeau de la dette.  Il a appelé les pays développés à respecter leurs engagements en matière de coopération pour le développement, notamment en ce qui concerne l’APD.  Il a souligné le caractère fondamental du soutien des banques multilatérales, notamment par le biais de financements à des conditions favorables, comme des crédits concessionnels pour développer les économies des pays en développement.  Face à une crise planétaire multidimensionnelle, marquée par le réchauffement climatique, la perte de la biodiversité, la pollution, avec des conséquences directes sur le développement, le représentant a appelé à une action globale basée sur des responsabilités communes mais différenciées.  Le pays a lancé un Plan national de transition vers la neutralité carbone d’ici à 2050, ainsi qu’un Plan national pour l’adaptation aux changements climatiques, a-t-il indiqué.  De plus, il a signalé que l’Équateur a créé une nouvelle réserve marine aux Galapagos, appelée « Hermandad », afin de protéger ce patrimoine naturel de l’humanité.

M. IBRAHIM ZUHUREE (Maldives) s’est d’entrée réjoui de la croissance économique de son pays estimée en 2021 à 36,9% en lieu et place des 31,6% escomptés.  Cela est le résultat, selon lui, des mesures économiques mises en œuvre pendant la pandémie et des politiques fortes adoptées par le Gouvernement pour la reprise économique postpandémie.  En 2022, avant le début de la guerre en Ukraine, a indiqué M. Zuhuree, l’économie des Maldives devait croître de 13%.  Toutefois, ces prévisions ont été légèrement revues à la baisse, à 12,4%.  Sur le plan du tourisme, le représentant a répertorié 1,1 million d’arrivées jusqu’à présent cette année, estimant que les Maldives sont donc en bonne voie pour atteindre l’objectif de 1,6 million d’arrivées de touristes en 2022.  Il s’agit là, a-t-il insisté, d’un signal fort pour la poursuite de la reprise économique.  Cependant, a-t-il nuancé, les Maldives, en tant que PEID, continuent de faire face à de multiples contraintes, dont les changements climatiques.  Il a donc insisté sur la nécessité d’un financement du climat à la fois suffisant et accessible pour les pays en développement, en particulier les PEID.  Dans ce contexte, il a regretté l’accès limité des PEID aux sources de financement du développement et pressé, en conclusion, pour que ces fonds soient « adéquats, prévisibles et accessibles ».

M. KIM SONG (République populaire démocratique de Corée) a appelé la communauté internationale à conjuguer ses efforts pour créer un environnement paisible et stable, propice au développement économique.  À l’heure actuelle, le monde est confronté à de nombreuses crises et défis, mais la plus grande menace, a-t-il dit, est l’ingérence et l’entrave des forces extérieures qui tentent de contenir la souveraineté et le droit au développement d’États souverains.  La communauté internationale doit résolument rejeter et s’opposer à l’unilatéralisme et au protectionnisme commercial qui ont des effets négatifs sur la paix et la sécurité mondiales et la réalisation des ODD 2030, a plaidé le délégué.  Il a ensuite appelé à réformer l’ordre économique mondial existant, afin d’établir une nouvelle relation économique internationale fondée sur l’impartialité, l’égalité et le bénéfice mutuel.  Certains pays développés pillent les ressources naturelles et la main-d’œuvre des pays en développement en tirant parti de leur situation économique et technologique puissante, a ajouté M. Kim.  Il a en outre condamné le Japon pour son acte imprudent de rejet en mer d’une grande quantité d’eau polluée par les débris nucléaires, malgré une forte opposition de nombreux pays.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Désarmement: dans un climat de tensions exacerbées par la guerre en Ukraine, la Première Commission est invitée à obtenir des résultats tangibles

Soixante-dix-septième session,
2e séance plénière – matin
AG/DSI/3682

Désarmement: dans un climat de tensions exacerbées par la guerre en Ukraine, la Première Commission est invitée à obtenir des résultats tangibles

La Première Commission (désarmement et sécurité internationale) a entamé, ce matin, son débat général sur toutes les questions à l’ordre du jour de sa soixante-dix-septième session.  Son Président, M. Mohan Pieris, et la Haute-Représentante aux affaires de désarmement, Mme Izumi Nakamitsu, ont d’emblée mis les délégations face à leurs responsabilités, les invitant à parvenir à des résultats tangibles dans un domaine -la paix et la sécurité- qui est « la raison d’être de l’ONU ». 

Mme Nakamitsu a ainsi estimé qu’il était « grand temps que nous travaillions ensemble pour revoir nos approches existantes en matière de désarmement et unir nos forces pour élaborer une nouvelle vision de l’avenir ».  « Ce n’est un secret pour personne que la réalisation des objectifs de la Première Commission se fait attendre », a pour sa part noté M. Pieris, qui a invité les délégations à faire preuve de souplesse afin de soumettre des recommandations de fond pour répondre aux défis « complexes » qui mettent à mal l’environnement sécuritaire global. 

Tant Mme Nakamitsu que M. Pieris ont convenu que le conflit en Ukraine avait exacerbé les défis sécuritaires mondiaux émergents identifiés l’an dernier, avec pour effet une intensification, en quelques mois, des tensions internationales.  Reprenant les propos du Secrétaire général de l’ONU, la Haute-Représentante a souligné que l’occupation russe, « sans précédent d’après l’Agence internationale de l’énergie atomique », de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijia risquait de provoquer une catastrophe « inimaginable ».  Aussi a-t-elle battu le rappel des principes de transparence et de reddition des comptes et engagé les parties à réduire sans tarder tout risque nucléaire sur le site et dans la région.  Après avoir rappelé que l’ONU, dans la première résolution de l’Assemblée générale en 1946, s’était fixé pour objectif l’élimination des armes nucléaires, M. Pieris a estimé que le monde postpandémie offrait l’occasion aux États Membres de repenser leur politique de paix et de sécurité en replaçant l’homme au centre de leurs réflexions. 

Se voulant optimiste, la Haute-Représentante a trouvé encourageants plusieurs développements récents dans le champ du désarmement onusien: l’augmentation du nombre de ratifications du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, la poursuite des sessions de la Conférence pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et la tenue de la première Réunion des États parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, « assortie d’un plan d’action ambitieux ».  Elle s’est aussi félicitée de ce que la Commission du désarmement, après une impasse de trois ans, soit parvenue cette année à adopter un programme de travail devant donner lieu à des recommandations transmises à l’Assemblée générale. 

Mais l’échec de la dixième Conférence d’examen des Parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires était dans les discours de la vingtaine de délégations ayant pris la parole.  Les États-Unis ont toutefois argué qu’il ne s’agissait pas d’un échec, puisque « 150 pays étaient prêts à adopter un document final » et qu’un seul État, la Russie, avait tout paralysé en refusant de considérer que les centrales nucléaires ne peuvent être des cibles de guerre.  Leur représentante a déploré qu’un an après avoir pris l’engagement, aux côtés de la France, du Royaume-Uni, de la Chine et des États-Unis, de ne jamais se livrer à une guerre nucléaire, la Russie avait « choisi la voie opposée à la paix, optant de manière délibérée pour la guerre, la destruction et les pires menaces ».  Seul État doté de l’arme nucléaire à avoir fait une déclaration aujourd’hui, les États-Unis ont réitéré leur engagement de maintenir la stabilité stratégique en vigueur, tout en maintenant leur politique de dissuasion nucléaire, « sûre et crédible ».

L’Union européenne a réitéré la détermination de ses membres à œuvrer à la relance du Plan d’action global commun sur le nucléaire iranien, tout en s’inquiétant d’agissements de l’Iran jugés incompatibles avec la conduite d’activités nucléaires strictement civiles.  Son représentant a exhorté l’Iran à coopération « sans conditions » avec l’AIEA.  Il a par ailleurs demandé à la République populaire démocratique de Corée (RPDC) de dialoguer de manière constructive avec toutes les parties régionales pour parvenir, dans le cadre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, à la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne. 

Au nom du Mouvement des pays non alignés, l’Indonésie, qui s’est félicitée de l’extension l’an dernier du traité NEW START jusqu’en 2026, a exhorté tous les États dotés de l’arme nucléaire à avancer sur les questions des zones exemptes d’armes nucléaires.  Celles-ci feront l’objet de plusieurs projets de résolution de la Commission. 

Concernant ces textes, qui seront soumis à l’approbation de l’Assemblée générale, les États-Unis ont annoncé qu’ils présenteraient un projet de résolution sur la sécurité dans l’espace qui invitera les États à prendre, comme ils l’ont fait, l’engagement de ne pas mener d’essais de missiles antisatellites dangereux dans l’espace extra-atmosphérique, afin de renforcer la paix et la sécurité internationales « tout en préservant intactes les capacités de tous les pays à tirer profit des ressources de ce patrimoine sacré et commun de l’humanité ». 

En ce qui concerne les armes classiques, les pays de la CARICOM, notamment, ont salué les actions menées par l’Organisme d’exécution des mesures de sécurité et de lutte contre la criminalité pour lutter contre la présence excessive des « armes à feu criminelles » dans les Caraïbes.  Ils ont rappelé leur attachement à la réussite du Traité sur le commerce des armes et à la pleine mise en œuvre du Programme d’action des Nations Unies contre les armes légères et de petit calibre. 

Les pays en développement, par le biais des groupes régionaux, ont réclamé que les plus de 2 000 milliards de dollars annuels de dépenses militaires soient consacrés à la réalisation des objectifs de développement durable. 

La Commission reprendra son débat général demain, à 10 heures.  Elle entendra une déclaration liminaire du Président de l’Assemblée générale.

DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR TOUCHANT AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE

Déclarations liminaires

M. MOHAN PIERIS, Président de la Première Commission, a souligné que, si le désarmement reste l’un des enjeux primordiaux de l’humanité, la réalité actuelle en matière de paix et de sécurité internationale est particulièrement sombre.  La guerre et les violences continuent de ravager la vie des gens -non seulement celle des soldats, mais aussi celle des civils- et nos civilisations font face au risque d’extinction par l’utilisation d’armes de destruction massive, a-t-il ajouté.  M. Pieris a demandé aux délégations de se souvenir que la paix et la sécurité étant « la raison d’être de l’ONU », ajoutant qu’il était temps pour elles de parvenir à des résultats tangibles.  « Ce n’est un secret pour personne que la réalisation des objectifs visés par la Première Commission se fait attendre », a-t-il noté, invitant les pays à faire preuve de la souplesse nécessaire pour fournir un ensemble de recommandations de fond à même de répondre aux défis complexes qui mettent à mal l’environnement sécuritaire global. 

Pour M. Pieris, la pandémie de COVID-19, couplée à la convergence des défis traditionnels et nouveaux en matière de sécurité, a brutalement compliqué la donne.  Les conflits asymétriques, la guerre hybride, l’émergence de nouvelles menaces posées par de puissants acteurs non-étatiques ou l’innovation technologique utilisée à mauvaise escient impliquent que soit établi un véritable ordre du jour de la sécurité mondiale, a-t-il estimé.  Citant les philosophes Hobbes et Rousseau, le Président de la Première Commission s’est plu à croire que leur sagesse guiderait les délibérations de la session, qu’il a placée dans l’optique de la paix pour tous.  Il a insisté sur le fait que les défis de sécurité contemporains sont d’une complexité redoutable, les menaces provenant simultanément de sources multiples, et a cité à cet égard la « belligérance et le militarisme d’État », les politiques spatiales, les changements climatiques, la criminalité transnationale et la cybercriminalité ou encore le terrorisme nucléaire.  Il a rappelé que, dans ce contexte de tensions, « dans un monde en proie aux guerres et à la course aux armements », la Première Commission avait la responsabilité cruciale de promouvoir la coopération dans le maintien de la paix et de la sécurité internationale, en particulier dans le domaine central et contournable du désarmement multilatéral. 

Après avoir rappelé que l’ONU, dans la toute première résolution de l’Assemblée générale, en 1946, s’était fixé pour objectif l’élimination des armes nucléaires et autres armes de destruction massive, M. Pieris a jugé que le monde postpandémie offrait l’occasion aux États Membres de repenser leur politique de paix et de sécurité en replaçant l’homme au centre de leurs réflexions.  Il en a appelé à l’édification d’un futur fermement ancré dans les dispositions de la Charte des Nations Unies, les délibérations de la Première Commission devant, à cette fin, contribuer à des progrès significatifs « pour faire du monde un endroit plus sûr où nous pourrions tous vivre dans la paix, la sécurité et la dignité ». 

M. IZUMI NAKAMITSU, Secrétaire générale adjointe et Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, a déclaré que l’invasion de l’Ukraine en février de cette année avait exacerbé les défis présentés par le Président de la Commission.  Elle a réitéré les déclarations répétées du Secrétaire général de l’ONU que toute annexion, qui plus est par la force, d’un État par un autre constitue une violation intolérable des principes de la Charte de l’ONU.  Il doit être mis fin à cette guerre insensée et les principes de paix de l’ONU doivent être réaffirmés, a-t-elle ajouté.  Citant de nouveau le Secrétaire général, Mme Nakamitsu a indiqué que le recours aux armes nucléaires était tout aussi inacceptable aujourd’hui qu’hier et qu’il convenait en outre à cet égard de sécuriser l’espace atmosphérique et cybernétique.  Après avoir déploré que les normes sur l’utilisation et le recours aux armes soient toujours sapées, la Haute-Représentante a souligné que l’intégration de niveaux plus élevés d’autonomie en matière de sécurité remette en question la gouvernance mondiale en la matière, alors que les accords et consensus de désarmement multilatéral sont « de plus en plus lointains ». 

Mme Nakamitsu a insisté sur le fait que la guerre en Ukraine a jeté une lumière crue sur le risque existentiel pour l’humanité que fait peser le déploiement d’armes nucléaires.  Elle a exhorté les États dotés de ne plus se fier à ses armes dans leurs doctrines de sécurité, ces pays devant « respecter strictement leurs engagements au titre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires ».  À cet égard, elle a regretté que la dixième Conférence d’examen de ce traité ait échoué à inverser les tendances les plus inquiétantes en ce qui concerne la réduction des risques associés aux renforcement arsenaux et à la prise pour cibles d’installations nucléaires dans les pays en conflit.  Rappelant les propos du Secrétaire général de l’ONU, elle a déclaré que l’occupation « sans précédent d’après l’Agence internationale de l’énergie atomique » de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijia risquait de provoquer une catastrophe inimaginable.  Sur ce point, elle a battu le rappel des principes de transparence et de reddition des comptes et engager les parties à réduire sans tarder tout risque nucléaire sur le site et dans la région. 

La Haute-Représentante a ensuite trouvé encourageants plusieurs développements dans le champ du désarmement onusien, comme l’augmentation du nombre de ratifications du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, la poursuite des sessions de la Conférence pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et la tenue de la première Réunion des États parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, « assortie d’un plan d’action ambitieux ».  Elle a souhaité que la neuvième édition de la Convention sur les armes biologiques donne un nouveau souffle à la prévention du développement et de l’utilisation des armes de destruction massive et a salué l’efficacité de la mise en œuvre volontaire, commune et concertée de la résolution 1540 (2004) du Conseil de sécurité, qu’elle a qualifiée de véritable outil de non-prolifération des armes de destruction massive. 

Par ailleurs, elle a déclaré que la préservation de l’espace extra-atmosphérique en tant que sanctuaire exempt de conflits et d’armement reste une priorité.  C’est pourquoi, a-t-elle indiqué, le Secrétaire général a l’intention de convoquer un dialogue multipartite sur l’espace dans le cadre du Sommet de l’avenir.  « La table ronde conjointe de la Première et de la Quatrième Commission, le 27 octobre, sera une occasion importante pour les États d’exprimer leurs vues », a-t-elle estimé.  Cette année, le Groupe de travail à composition non limitée sur la sécurité et l’utilisation des technologies de l’information et des communications a adopté son premier rapport d’étape annuel par consensus, a ensuite signalé Mme Nakamitsu, qui s’est dite convaincue que ce travail constructif se poursuivra l’année prochaine « pour faire en sorte que le cyberespace ne devienne pas un domaine de tension et d’escalade supplémentaires ». 

S’agissant des armes classiques, la Haute-Représentante a attiré l’attention sur le fait que cette année marque le trentième anniversaire du Registre des armes classiques des Nations Unies, qui devrait, a-t-elle insisté, rester un important mécanisme mondial de transparence et de confiance.  Ainsi a-t-elle demandé aux États de revitaliser le Registre, assurant que son Bureau, par le biais notamment des centres régionaux de désarmement, déploie divers efforts pour appuyer une réglementation significative des armes classiques, y compris les armes légères, tant auprès de l’Union africaine qu’au plan national dans les différentes régions du monde. 

Enfin, concernant le mécanisme onusien de désarmement, Mme Nakamitsu s’est réjouie qu’après une impasse de trois ans, la Commission du désarmement ait pu reprendre les discussions de fond sur ses deux points de l’ordre du jour.  J’espère que cet élan positif se traduira par des recommandations concrètes l’année prochaine, a-t-elle ajouté, notant que des efforts vraiment fructueux en matière de désarmement et de non-prolifération exigent des approches inclusives et participatives. 

Après avoir encouragé les États à continuer de s’efforcer d’assurer la parité entre les sexes dans leurs délégations, la Haute-Représentante a conclu en déclarant qu’il est « grand temps que nous travaillions ensemble pour revoir nos approches existantes en matière de désarmement et unir nos forces pour élaborer une nouvelle vision de l’avenir ». 

Déclarations

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie), s’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés (NAM), a appelé à des efforts renouvelés pour assurer le désarmement et la non-prolifération nucléaire dans tous les domaines qui demeurent la priorité absolue en matière de désarmement.  Il s’est inquiété du non-respect des dispositions de non-prolifération alors que nous sommes témoins d’améliorations quantitative et qualitative des stocks d’armes nucléaires.  Dans ce contexte, il a particulièrement salué la première rencontre des États signataires du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, tenue à Vienne du 21 au 23 juin.  Néanmoins, il a regretté les échecs des neuvième et dixième Conférences d’examen du Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) avant de réitérer l’importance de la sensibilisation du public sur ces questions conformément aux objectifs de la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires, tenue le 26 septembre. 

Après s’être félicité de l’extension du traité NEW START jusqu’en 2026, le représentant a exhorté tous les États dotés de l’arme nucléaire à avancer sur les questions des zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN).  Il a regretté le manque de mise en œuvre de la résolution de 1995 appelant à la création d’une telle zone au Moyen-Orient en espérant que la troisième conférence internationale sur cette question sera l’occasion de mettre en œuvre de la résolution 73/546 de l’Assemblée générale.  Il a regretté que les États-Unis n’aient pas mis en œuvre l’engagement pris en 2018 d’adhérer au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et reste le seul État partie à la Convention sur les armes chimiques à ne pas avoir mis un œuvre un plan de destruction de son stock d’armes chimiques.  Il a salué l’adoption de la résolution 75/31 de l’Assemblée générale appelant l’interdiction de la production de nouvelles armes de destruction massive (ADM). 

Conformément au Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre (ALPC), M. Koba a exhorté tous les pays producteurs d’ALPC à s’assurer que leurs exportations d’armes n’atterrissent pas dans les mains de groupes non autorisés.  Il a souligné l’importance des Groupes d’experts sur les liens entre les technologies de l’information et la sécurité avant de rappeler l’importance de la Conférence du désarmement en tant qu’organisation multilatérale par excellence sur le désarmement. 

M. STAN ODUMA SMITH (Bahamas), qui s’exprimait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a réaffirmé l’attachement de la CARICOM à l’état de droit pour garantir notre droit à une existence sûre et pacifique.  Il a exhorté tous les États à agir de manière cohérente dans le cadre de la Charte des Nations Unies sur toutes les questions de désarmement et de sécurité internationale. 

M. Smith a souligné que les armes et munitions illégales, « qui proviennent de l’extérieur de notre région », constituent une menace immédiate et profonde pour la sécurité et la stabilité des membres de la CARICOM.  Leurs conséquences sont dévastatrices pour les citoyens et les forces de l’ordre, a-t-il constaté.  Pour y répondre, l’Organisme d’exécution des mesures de sécurité et de lutte contre la criminalité (IMPACS) de la Communauté s’emploie à renforcer la paix et la sécurité régionales grâce à la mise en œuvre de la feuille de route sur les armes à feu et la création d’une unité de renseignement sur les armes à feu criminelles.  Mais si la région a uni ses efforts face à ces problèmes, le représentant a insisté sur l’impératif de la coopération au niveau multilatéral dans ce domaine.  Il a réaffirmé l’attachement de la CARICOM au Traité sur le commerce des armes, « un cadre essentiel pour lutter contre le réseau du commerce illicite des armes », et au Programme d’action des Nations Unies en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères et de petit calibre sous tous ses aspects.  En outre, il a appelé à la mise en œuvre d’un instrument de traçage sans plus tarder. 

Malgré tous les avantages avérés de la technologie numérique, M. Smith a constaté qu’elle permet aussi aux réseaux criminels d’opérer dans toutes les juridictions et que de telles activités sont une menace pour la sécurité des Caraïbes.  Ces réseaux compromettent aussi les stratégies nationales de développement socioéconomique et, par conséquent, il faut renforcer la résilience dans la région.  L’IMPACS met en œuvre des initiatives en collaboration avec des partenaires internationaux, dans le but d’avoir une politique régionale en matière de cybercriminalité et a développé un document d’orientation législative conforme aux objectifs de la stratégie de cybersécurité et de cybercriminalité de la CARICOM.  Comme l’a remarqué M. Smith, les pays de la CARICOM s’engagent à harmoniser leurs législations. 

Faisant partie d’une région qui a établi la première zone exempte d’armes nucléaires, conformément au Traité de Tlatelolco, la CARICOM s’est jointe à la communauté internationale pour saluer l’entrée en vigueur du Traité visant l’interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes, le 22 janvier 2021.  Son soutien à ce Traité est fondé sur la ferme conviction que l’utilisation ou la menace d’utilisation d’armes nucléaires constituerait une violation flagrante de la Charte des Nations Unies, un crime contre l’humanité et une violation du droit international humanitaire, a précisé le représentant.  Il a regretté qu’alors que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires reste le fondement du régime de non-prolifération nucléaire, il existe encore une absence de confiance et de bonne foi dans les négociations sur le désarmement nucléaire.  Il est en effet regrettable que la communauté internationale n’ait pas été en mesure de s’entendre sur un document final consensuel lors de la dixième Conférence d’examen du TNP, a-t-il estimé.  Avant de conclure, il a plaidé en faveur de la participation pleine et significative des femmes et des jeunes à tous les processus décisionnels sur les questions liées au désarmement, à la non-prolifération et à la maîtrise des armements.  Dans ce contexte, Trinité-et-Tobago, avec l’appui de la CARICOM, présentera à nouveau la résolution intitulée « Femmes, désarmement, non-prolifération et maîtrise des armements » au cours de cette session de la Commission. 

M. SURIYA CHINDAWONGSE (Thaïlande), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a réitéré l’attachement de l’ASEAN au multilatéralisme et à une coopération internationale accrue pour faire face aux grands défis de notre époque, notamment les tensions grandissantes entre les grandes puissances, la modernisation des arsenaux nucléaires, l’accélération de la course aux armements et les conflits en cours dans différentes régions du monde.  Il a exprimé son soutien aux efforts visant à instaurer un monde sans armes nucléaires, se disant convaincu que l’élimination totale de ces armes est le seul moyen d’éliminer la menace de leur utilisation.  L’ASEAN réaffirme en outre son opposition collective aux essais nucléaires et souligne l’importance d’une adhésion universelle au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), déjà ratifié par l’ensemble de ses États membres.  Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) constitue la pierre angulaire du désarmement nucléaire, de la non-prolifération et de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, a ajouté le représentant. 

M. Chindawongse a appelé les États parties au TNP dotés d’armes nucléaires à s’acquitter de leurs obligations en matière de désarmement et à rendre des comptes au moyen d’actions concrètes et mesurables.  Après avoir réaffirmé le droit inaliénable des États à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, notamment pour leur développement économique et social, il a expliqué que le Réseau des organismes de réglementation nucléaire de l’ASEAN (ASEANTOM) s’efforce de renforcer la coopération entre les organismes de réglementation nucléaire ainsi que la sécurité et les garanties nucléaires dans la région.  À cet égard, le représentant s’est dit satisfait des progrès dans la mise en œuvre des arrangements pratiques de 2019 entre l’ASEAN et l’AIEA sur la coopération dans les domaines de la science et de la technologie nucléaires.  Il a réitéré l’engagement de l’ASEAN à préserver l’Asie du Sud-Est en tant que zone exempte d’armes nucléaires et de toutes autres armes de destruction massive, conformément à la Charte de l’ASEAN et au Traité sur la zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est (Traité de Bangkok). 

M. Chindawongse a exprimé le ferme appui de l’ASEAN au rôle central de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) en vue d’assurer le respect des normes concernant l’utilisation d’armes chimiques, biologiques et radiologiques.  Il s’est félicité des progrès réalisés dans l’élimination des stocks d’armes chimiques depuis l’entrée en vigueur, en 1997, de la Convention sur les armes chimiques.  De même, l’accès à l’espace extra-atmosphérique est un droit inaliénable de tous les États, a-t-il noté, et son utilisation doit être circonscrite à des fins pacifiques, dans l’intérêt collectif de l’humanité.  Il a salué le travail du Centre régional d’action antimines de l’ASEAN (ARMAC), notamment en ce qui concerne les restes explosifs de guerre.  L’ASEAN a également actualisé sa stratégie en matière de cybersécurité pour la période 2021-2025 et créé une équipe régionale d’intervention en cas d’urgence informatique (CERT). 

Compte tenu de l’environnement sécuritaire international actuel, M. Chindawongse a conclu en plaidant pour le renforcement du mécanisme de désarmement des Nations Unies, notamment la Conférence du désarmement et la Commission du désarmement. 

M. JOSÉ ALFONSO BLANCO CONDE (République dominicaine), au nom des pays membres du Système d’intégration de l’Amérique centrale (SICA), a notamment réitéré l’engagement de longue date de ces pays en faveur du désarmement général et complet, de la non-prolifération et de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, autant d’aspects « que nous considérons d’une grande importance pour le maintien de la paix, de la sécurité et de la stabilité internationale ».  Il a également rappelé l’appui du SICA à la mise en œuvre du Programme d’action des Nations Unies contre les armes légères et de petit calibre, l’engagement des membres de celui-ci dans la lutte antimines portée par l’ONU, leur attachement à l’instauration de zones exemptes d’armes nucléaires ou encore la promotion qu’ils assurent pour accélérer l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  D’autre part, le représentant a appelé les États les plus puissants à consacrer leurs 2 000 milliards de dollars annuels de dépenses militaires à la réalisation des objectifs de développement durable.  Enfin, il s’est félicité de ce que la Commission du désarmement ait repris ses travaux à New York, et souhaité qu’ils donnent lieu, l’an prochain, à des recommandations de fond à l’Assemblée générale sur ses deux points à l’ordre du jour

M. MARTIN BILLE HERMANN (Danemark), au nom des pays nordiques, s’est particulièrement inquiété de la détérioration de la sécurité et stabilisation internationale en raison de l’invasion par la Fédération de Russie d’un autre pays souverain, avant d’ajouter que le recours à des armes classiques par ce pays était en contradiction avec ses engagements internationaux.  Il a condamné les « simulacres de référendums » illégaux avant de rappeler que la Russie n’avait pas respecté les garanties de sécurité dont bénéficiait l’Ukraine en échange de son renoncement à ses armes nucléaires, conformément au Mémorandum de Budapest.  « Nous condamnons également le Bélarus pour son rôle dans cette agression », a ajouté le représentant, qui a aussi regretté que la Russie ait été la seule partie à bloquer le consensus final de la dixième Conférence d’examen du Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP), qui reste la pierre angulaire du régime de non-prolifération. 

M. Hermann a également demandé aux huit pays figurant à l’annexe II du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) qui doivent encore le faire de ratifier ce traité ainsi que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN).  Il a exhorté tous les États à respecter un moratoire sur les essais nucléaires, ainsi qu’un moratoire sur la production de matières fissiles à des fins militaires.  Il a invité l’Iran à reprendre sans plus tarder les négociations relatives au Plan d’action global commun avant de s’inquiéter que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) continue de développer son programme d’armes nucléaires et balistiques.  Il a insisté sur le fait que la RPDC ne peut pas obtenir le statut d’État doté de l’arme nucléaire conformément au TNP.

Condamnant le recours à des armes chimiques en Syrie, il a particulièrement salué la pertinence du Groupe d’experts chargé d’enquêter sur les allégations d’emploi d’armes chimiques.  Appelant à éviter une course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique, qui doit bénéficier à l’ensemble de l’humanité, le représentant dit l’importance du cadre des Nations Unies pour une conduite responsable dans l’espace extra-atmosphérique.  Enfin, il a mis l’accent sur l’importance des questions du genre dans les travaux relatifs au désarmement. 

M. MOHAMMED HUSSEIN BAHR ALULOOM (Iraq), qui s’exprimait au nom du Groupe arabe, a réitéré les positions de principe du Groupe en matière de désarmement et de sécurité internationale, en particulier son attachement à l’élimination des armes nucléaires et à la réallocation des ressources qui leur sont consacrées au profit du développement.  Le multilatéralisme, sous la houlette des Nations Unies, représente le seul moyen durable pour traiter du désarmement et de la sécurité internationale, a estimé le représentant, en particulier dans le contexte actuel.  Il a fait part de la déception des membres du Groupe par rapport à l’échec de la dernière conférence d’examen du TNP. 

Réitérant l’importance du rôle des zones exemptes d’armes nucléaires, en particulier au Moyen-Orient, le représentant a dénoncé le refus continu d’Israël de se joindre au TNP en tant qu’État non doté de l’arme nucléaire et son refus de se soumettre au régime d’inspection de l’AIEA, y voyant une menace à la paix et la sécurité régionales et internationales.  La création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient n’a toujours pas eu lieu, s’est-il impatienté, alors même que la décision de la création de cette zone représente une partie intégrante de l’accord en vue de la prorogation indéfinie du TNP de 1995.  Le Groupe arabe exige donc que des mesures immédiates soient prises pour la création d’une telle zone.  Le représentant a souhaité obtenir l’appui nécessaire des autres États Membres au projet de résolution sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Il s’est félicité de la tenue des deux premières sessions de la conférence en vue de la création de cette zone, en attendant la tenue de la troisième session, sous la présidence du Liban, en novembre prochain.  Le Groupe arabe a également appelé au respect des trois piliers du TNP, notamment celui relatif à la coopération et aux utilisations pacifiques de l’énergie atomique.

La tenue de cette session de la Première Commission coïncide avec le cinquante-deuxième anniversaire de l’entrée en vigueur du TNP, ce qui devrait inciter à prendre des mesures pour assurer sa pérennité, a estimé le représentant.  Alors que le Groupe arabe regrette l’échec des deux dernières conférences d’examen du Traité, son représentant a invité la communauté internationale à veiller à ce que la onzième conférence d’examen débouche sur l’adoption d’un document final qui consacre notamment l’universalité de ce traité et la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.

M. TIJJANI MUHAMMAD BANDE (Nigéria), au nom du Groupe africain, s’est inquiété de l’érosion du régime de non-prolifération et de désarmement dans la foulée de la détérioration de la paix et de la sécurité internationales.  Pour relever les défis qui en découlent, il a prôné une diplomatie multilatérale vigoureuse, s’exerçant notamment au moyen de la Charte des Nations Unies et de la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au désarmement.  Notre sécurité collective ne peut être assurée tant que les États dotés d’armes nucléaires continuent de moderniser ces armes de destruction massive, a-t-il relevé, en ajoutant que les armes nucléaires représentent une menace existentielle pour l’humanité.  Le Groupe africain, a poursuivi le représentant, est profondément déçu par le nouvel échec de la Conférence d’examen du TNP, qui met en péril la crédibilité du Traité et, partant, notre sécurité collective.

M. Muhammad Bande a réitéré le rôle central des zones exemptes d’armes nucléaires dans la consolidation du TNP et a salué leur contribution au désarmement et à la non-prolifération nucléaires dans toutes les régions du monde.  Dans ce contexte, le Groupe africain reste attaché au Traité de Pelindaba, qui réaffirme le statut de l’Afrique en tant que zone exempte d’armes nucléaires et interdit les essais et le dépôt de dispositifs explosifs nucléaires sur le continent, constituant ainsi un « bouclier » de l’Afrique. 

Le représentant a toutefois réaffirmé le droit inaliénable des États à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire ainsi que le rôle central de l’AIEA à cet égard.  Il a appelé la Commission à prendre en compte les conséquences humanitaires « catastrophiques » de l’utilisation d’armes nucléaires, tout en prenant acte des progrès accomplis par les États et les organisations internationales à cet égard.  « L’élimination totale des armes nucléaires reste la seule garantie absolue contre leur utilisation ou la menace de leur utilisation », a martelé le représentant. 

Après avoir salué l’entrée en vigueur « historique », en janvier 2021, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, M. Muhammad Bande a invité les États Membres, notamment ceux dotés d’armes nucléaires, à le ratifier.  De même, il a souhaité une adhésion universelle au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), en tenant compte des responsabilités particulières des États dotés d’armes nucléaires. 

Le Groupe africain est « profondément préoccupé » par le commerce, le transfert, la fabrication et la circulation illicites d’armes légères et de petit calibre, notamment sur le continent africain, a poursuivi M. Muhammad Bande.  Le représentant a souligné, à cet effet, son attachement à la mise en œuvre du Programme d’action des Nations Unies en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects et au Traité sur le commerce des armes.  Le Groupe africain réaffirme toutefois le droit souverain des États d’acquérir, de fabriquer, d’exporter, d’importer et de conserver des armes conventionnelles, conformément à la Charte des Nations Unies.  Enfin, le représentant a plaidé en faveur de l’adoption d’un instrument juridiquement contraignant visant à prévenir une course aux armements dans l’espace, qui viendrait compléter le cadre juridique international existant.

Mme JENKINS (États-Unis) a constaté que l’ordre sécuritaire international est en bute à des coups qui en fragilisent les fondements, citant l’agression russe injustifiée de l’Ukraine et sa mainmise inquiétante sur les centrales nucléaires ukrainiennes.  La Russie n’a de cesse d’agir au mépris du droit international, comme en témoigne l’organisation de simulacres de référendums que les États-Unis ne reconnaîtront jamais, a-t-elle déclaré. 

Un an après avoir pris l’engagement, aux côtés de la France, du Royaume-Uni, de la Chine et des États-Unis, de ne jamais se livrer à une guerre nucléaire, la Russie a choisi la voie opposée à la paix, optant de manière délibérée pour la guerre, la destruction et les pires menaces, a poursuivi la représentante.  Mme Jenkins a assuré la Commission que son pays continuera de privilégier « absolument » les dynamiques diplomatiques et multilatérales afin, en particulier, d’éviter toute course aux armements, « qui ne bénéficient à personne et mettent le monde en danger ». 

La représentante a ensuite indiqué que sa délégation présenterait un projet de résolution sur la sécurité dans l’espace, ce texte demandant aux États de prendre, comme son pays, l’engagement de ne pas mener d’essais de missiles antisatellites dangereux dans l’espace extra-atmosphérique, cela pour renforcer la paix et la sécurité internationales tout en préservant intactes les capacités de tous les pays à tirer profit des ressources de ce « patrimoine sacré et commun de l’humanité ». 

Pour les États-Unis, la dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires n’a pas été un échec, puisque 150 pays étaient prêts à adopter un document final.  Un seul État à tout paralysé, a accusé la représentante, qui a accusé la Russie d’avoir refusé de considérer que les centrales nucléaires ne peuvent être des cibles de guerre. 

La représentante a redit que l’Administration Biden respectait son engagement en faveur de la stabilité stratégique en vigueur, « tout en maintenant sa politique de dissuasion nucléaire, qui est sûre et crédible ».  Enfin, elle a annoncé que les États-Unis consacreraient 90 millions de dollars supplémentaires au déminage de l’Ukraine, que la Russie a littéralement « couverte de restes explosifs de guerre ». 

Mme MYRIAM OEHRI (Liechtenstein) a regretté que la dixième Conférence d’examen du TNP en août n’ait pas abouti à un résultat susceptible de faire progresser la réalisation des objectifs du Traité.  Surtout, à la lumière de la situation alarmante à la centrale nucléaire de Zaporijia, laquelle, selon le Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), « devient de plus en plus précaire », l’engagement de toutes les parties au Traité pour prévenir une catastrophe nucléaire devient une nécessité vitale, a-t-elle ajouté, assurant l’AIEA du plein appui de son pays à ses travaux « visant à aider l’Ukraine à garantir la sûreté et la sécurité nucléaires dans la région ». 

Parce que la Russie « a clairement fait comprendre que le risque d’utilisation d’armes nucléaires est bien réel », la représentante a appelé à l’universalisation du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires qui, en visant un monde exempt d’armes nucléaires, renforce le cadre du TNP en ouvrant de nouvelles perspectives concrètes de désarmement nucléaire. 

Le Liechtenstein se félicite de l’examen de la cybersécurité par la Première Commission, a poursuivi la représentante, notant que les cyberattaques militarisées contre des infrastructures vitales, y compris les réseaux de télécommunications, les réseaux électriques, les établissements sanitaires et les institutions politiques et judiciaires « sapent les normes démocratiques et exposent les populations à des risques inédits pour leur sécurité ».  La pierre angulaire de la Charte des Nations Unies, l’interdiction du recours à la force, doit être appliquée partout, y compris lorsqu’il est une réalité dans le cyberespace, a-t-elle encore jugé. 

Mme Oehri a estimé que ce n’est que par un multilatéralisme efficace et inclusif « que nous retrouverons le chemin de la prévention des conflits, du désarmement et de la diminution des dépenses militaires », laquelle est non seulement propice à la paix et à la sécurité internationales, « mais aussi à la réalisation des objectifs de développement durable ». 

M. BJÖRN OLOF SKOOG, de l’Union européenne, s’est particulièrement inquiété de la détérioration de la sécurité et stabilisation internationales en raison de l’invasion par la Fédération de Russie d’un autre pays souverain, avant d’ajouter que le recours à des armes classiques par la Russie était en contradiction avec ses engagements internationaux.  « Ce sont les heures les plus sombres depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale », a estimé le représentant, avant de condamner aussi les « simulacres de référendums illégaux sous coercition militaire ».  Il a rappelé que la Russie avait violé les garanties de sécurité accordées par le Mémorandum de Budapest de 1994, après que celle-ci eut renoncé à son arsenal nucléaire.  « Nous condamnons également le Bélarus pour son rôle dans cette agression », a ajouté le représentant, avant de rappeler le caractère contraignant de la Charte des Nations Unies dans son ensemble. 

Par ailleurs, le représentant a regretté que la dixième Conférence d’examen du TNP, tenue au mois d’août, n’ait pu déboucher sur un consensus en raison de l’opposition russe.  Il a réaffirmé l’engagement ferme de l’Union européenne en faveur de la mise en œuvre du Plan d’action global commun sur le nucléaire iranien, avant de s’inquiéter d’actions de l’Iran qui sont en contradiction avec des activités que se limiteraient à des fonctions civiles.  Il a exhorté l’Iran à une coopération sans conditions avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), avant de demander à la République populaire démocratique de Corée (RPDC) de discuter avec toutes les parties pertinentes pour parvenir à la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne. 

Enfin, le représentant a appelé à l’universalisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) avant d’encourager tous les États qui ne l’ont pas encore fait à y adhérer et à respecter le moratoire sur les essais nucléaires.  Il a souhaité que la neuvième Conférence d’examen des États parties à la Convention sur les armes chimiques et la cinquième Conférence d’examen des États parties à la Convention sur les armes biologiques soient couronnées de succès.  Il a appelé au renforcement de la confiance pour éviter une militarisation de l’espace extra-atmosphérique, avant de saluer les objectifs humanitaires de la Convention sur les armes à sous-munitions. 

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a déploré un contexte international « profondément inquiétant », marqué par la montée des tensions entre puissances militaires, les divisions politiques et une diplomatie impuissante à trouver une issue aux conflits.  Le mécanisme de désarmement souffre à son tour « d’inertie et de dysfonctionnement institutionnels », exacerbés l’échec de la dixième Conférence d’examen du TNP.  Pour y remédier, nous devons revigorer notre engagement envers le désarmement et revitaliser ses mécanismes tout en restaurant la confiance entre les États, notamment en renforçant la sécurité internationale fondée sur des règles, a-t-il argué.  S’agissant des menaces croissantes envers la paix et la sécurité dans l’espace, le représentant a pris note des initiatives telles que le Groupe de travail de l’ONU sur la réduction des menaces spatiales, en espérant qu’il serve de base à la négociation d’un instrument international juridiquement contraignant visant à prévenir la course aux armements dans l’espace. 

M. Koba a appelé à renforcer les efforts en vue de réduire, par le biais de la coopération internationale, l’approvisionnement illégal en armes conventionnelles.  « Le désarmement est un besoin impératif et la tâche la plus urgente de l’humanité », a fait valoir le représentant, en appelant à renforcer le multilatéralisme.

Mme CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana) a dénoncé l’augmentation des dépenses militaires à l’échelle mondiale avant de noter les contradictions entre les discours de certaines délégations et leurs actions sur le terrain.  Dans ce contexte, elle a souligné le travail essentiel de la Conférence du désarmement et la Commission du désarmement.  Elle a exhorté tous les États Membres à adhérer au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, la Convention sur l’interdiction des armes biologiques, à la résolution 1540 du Conseil de sécurité ainsi qu’aux traités relatifs à des zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN), avant de mettre l’accent sur les trois piliers du TNP.  Rappelant que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires est le seul traité juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires, elle a exhorté les huit pays figurant à l’annexe II du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) qui ne l’ont pas encore fait à y adhérer.  Elle a appelé à tout mettre en œuvre afin que le droit à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire ne soit pas détourné à des fins militaires. 

Appelant à s’inspirer du Traité de Pelindaba comme un mécanisme essentiel de désarmement et de non-prolifération sur le continent africain, la représentante a appelé à avancer sur le projet de zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN) au Moyen-Orient.  Notant l’impact négatif de la prolifération des armes légères sur la sécurité en Afrique, elle a dit l’importance du Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre (ALPC), de l’Instrument de traçage et du Traité sur le commerce des armes.  Elle a dit aussi la pertinence des groupes d’experts dans le domaine des technologies de l’information et des communications dans le contexte de la sécurité internationale. 

Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a fait part de sa déception face à l’échec de la dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires à parvenir à un résultat.  Cette absence de consensus, marquant 12 années d’échec, est un rappel de jusqu’où les États dotés d’armes nucléaires sont prêts à aller pour conserver leurs arsenaux nucléaires sans contrôle et pour faire passer leurs intérêts « étroits et égoïstes » avant la paix et la sécurité collectives, sans pour autant renoncer à œuvrer pour la destruction vérifiable et irréversible de ces armes, a accusé la représentante. 

L’élimination totale de toutes les armes de destruction massive reste l’une des principales priorités de la politique étrangère de l’Afrique du Sud, a indiqué Mme Joyini.  Saluant la première Réunion des États parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, tenue en début d’année, la représentante a décrit ce traité comme une mesure nécessaire et efficace vers la cessation de la course aux armements nucléaires et vers le désarmement nucléaire.  Elle y a vu un catalyseur pour les progrès qui n’ont que trop tardé sur le pilier du désarmement du TNP.

L’Afrique du Sud se félicite de la convocation de la troisième session de la Conférence des Nations Unies sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient et appelle toutes les parties prenantes à continuer de négocier de manière constructive et de bonne foi en vue d’un accord juridiquement contraignant. 

Concernant le Plan d’action global commun (PAGC) sur le nucléaire iranien, la représentante a exhorté tous ceux qui ne l’ont pas encore fait à ratifier l’acte de paix et de stabilité régionales et mondiales.  Nous gardons espoir que les pourparlers de proximité porteront des résultats positifs et continuons d’exhorter toutes les parties du PAGC à conclure l’accord sans plus tarder, a-t-elle déclaré. 

La représentante a apporté son soutien à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) en tant que seule autorité techniquement compétente dans ce domaine.  L’Afrique du Sud appelle tous les États parties à la Convention sur les armes chimiques à redoubler d’’efforts pour cultiver une culture du consensus dans son travail, afin de restaurer un environnement de coopération et d’entente mutuelle, qui est essentiel pour la réalisation des aspirations de la Convention. 

L’Afrique du Sud reste également déterminée à renforcer la Convention sur les armes biologiques et sa mise en œuvre, a déclaré Mme Joyini, avant de défendre le point de vue selon lequel les États ont le droit de participer à l’échange de technologies, d’équipements, de matières et d’informations scientifiques à des fins pacifiques, et que les États parties qui sont en mesure de le faire devraient contribuer au développement ultérieur des connaissances scientifiques et découvertes dans ce domaine. 

Avant de conclure, la représentante a félicité le Groupe de travail à composition non limitée sur les technologies de l’information et des communications (TIC) et le fait qu’il soit parvenu à une compréhension commune de la sécurité des TIC.  Alors que les États Membres ont adopté le rapport annuel 2022 sur la sécurité internationale, elle a estimé qu’il est aujourd’hui temps de s’unir derrière un processus unique, avant de mettre en garde contre la mise en place d’un groupe de travail parallèle « qui n’est pas nécessaire ». 

Droits de réponse

Le représentant de la Fédération de Russie a rejeté catégoriquement les déclarations « infondées » proférées contre son pays par certaines délégations.  Alors que les tendances vers le multilatéralisme et la démocratisation sont « implacables », l’opération militaire spéciale menée par la Russie en Ukraine a mis en lumière des points « douloureux » de la politique internationale alors que des pays refusent désormais les « diktats de l’Occident », a-t-il noté.  À ses yeux, les États-Unis ne sont pas d’accord avec cette évolution et choisissent leurs intérêts égoïstes afin d’assurer leur domination militaire.  Les États-Unis voient la Russie comme un obstacle à leur hégémonie et s’y opposent par des sanctions unilatérales.  L’ordre international fondé sur les règles est une politique néocoloniale.  Les États-Unis acheminent des armes et des renseignements en Ukraine et s’en prennent aux infrastructures civiles et militaires russes, ce qui nous pousse à considérer l’Occident comme partie au conflit et pourrait dégénérer en affrontement entre puissances militaires, avec des effets catastrophiques, a ajouté le représentant, pour qui l’hypocrisie des pays occidentaux remet en question l’avenir de nombreuses organisations internationales, y compris l’ONU. 

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a dénoncé les interventions « provocatrices » des délégations des États-Unis et de l’Union européenne.  La RPDC ne reconnaîtra jamais les résolutions du Conseil de sécurité au sujet de la péninsule coréenne, car elles sont le produit de l’hostilité des États-Unis à son égard, a affirmé le représentant.  Après avoir accusé les États-Unis de vouloir saper par la force le système social de la RPDC, le représentant a dit que le réel objectif des États-Unis n’était pas le désarmement nucléaire de son pays mais le renversement de son gouvernement.  Il a particulièrement condamné les exercices militaires menés conjointement par les États-Unis et la Corée en 2020 et 2021, considérant qu’ils étaient la source de toutes les tensions.  Il a exhorté l’Union européenne à faire preuve de plus d’impartialité à l’égard de son pays à éviter de suivre aveuglement la politique d’hostilité des États-Unis. 

Le représentant de l’Ukraine a réagi aux propos de la Fédération de Russie, accusant celle-ci de mener une guerre illégale contre son pays et d’avoir violé de nombreux traités internationaux comme le Mémorandum de Budapest.  Le représentant a également rappelé que l’agression russe avait causé d’innombrables pertes civiles en Ukraine, et que la Russie s’était emparée de la centrale nucléaire de Zaporijia, « qu’elle bombarde régulièrement ».  Il a rejeté « les simulacres de référendums » organisés par la Russie dans les zones sous son contrôle, en rappelant que l’Ukraine et la communauté internationale les avaient condamnés et les considéraient comme nuls et non avenus.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: la Russie empêche l’adoption d’un projet de résolution condamnant les référendums d’annexion qu’elle a organisés en Ukraine

9143e séance - après-midi
CS/15046

Conseil de sécurité: la Russie empêche l’adoption d’un projet de résolution condamnant les référendums d’annexion qu’elle a organisés en Ukraine

Le Conseil de sécurité a, cet après-midi, rejeté un projet de résolution qui condamnait l’organisation, par la Fédération de Russie, de « soi-disant référendums illégaux » dans des régions situées à l’intérieur des frontières internationalement reconnues de l’Ukraine.  La délégation russe a exercé son droit de veto, tandis que la Chine, l’Inde, le Brésil et le Gabon se sont abstenus, le texte recueillant 10 voix favorables.

Présenté par l’Albanie et les États-Unis, ce projet déclarait que les « actes illicites » de la Fédération de Russie concernant les référendums organisés du 23 au 27 septembre 2022 dans les régions ukrainiennes de Louhansk, Donetsk, Kherson et Zaporijia, qui sont sous le « contrôle temporaire » de la Fédération de Russie, ne pouvaient avoir « aucune validité » et « ne sauraient servir de fondement » à une « quelconque modification » de leur statut, notamment une « prétendue annexion » par Moscou. 

Le représentant russe a estimé que « certains de ses collègues » avaient atteint aujourd’hui un « nouveau fond », expliquant ne connaître aucun précédent d’adoption de résolutions condamnant explicitement un membre du Conseil: « Dites-moi, pensez-vous sérieusement que la Russie va soutenir un tel projet? », a-t-il demandé avant la mise aux voix.  « Vous nous mettez délibérément en situation d’exercer notre droit de veto pour que vous puissiez ensuite vous plaindre de la façon dont la Russie en abuse », a lancé le délégué aux « pays occidentaux » « ouvertement hostiles » et à leurs alliés.

Après avoir assuré le Conseil que les référendums avaient été organisés « dans le plein respect des normes et des principes du droit international », le délégué russe a critiqué le Secrétaire général, qui a soudainement « décidé, sans en avoir le mandat, de s’exprimer au nom de l’ensemble des Nations Unies » pour prouver l’illégalité supposée de ces scrutins.  Il s’est également étonné de la réaction de Washington, prêt à recourir à la force pour défendre Taïwan, « qui fait pourtant partie intégrante de la République populaire de Chine ».

Mais pour le représentant russe, l’intention de cette mise aux voix est aussi claire que l’opacité qui aurait présidé, selon lui, à la négociation du projet de résolution: se servir « effrontément » du Conseil de sécurité, « principal organe de maintien de la paix et de la sécurité », comme salle d’« échauffement » avant le « spectacle principal », qui aura lieu à l’Assemblée générale.  En effet, celle-ci doit se saisir désormais de toutes les situations dans lesquelles le droit de veto a été exercé par un membre permanent du Conseil.

La déléguée des États-Unis a rétorqué que la rapidité avec laquelle avait été présenté le texte rejeté correspondait à la hâte avec laquelle avaient été organisés les référendums par la Fédération de Russie.  « Le Conseil doit réagir, c’est sa raison d’être », a-t-elle justifié, en dénonçant le fait qu’un membre permanent puisse prendre un territoire par la force.  « Une fois de plus, la Russie a utilisé à mauvais escient un privilège découlant de la Charte » pour « prendre en otage » le Conseil, s’est lamentée pour sa part l’Albanie, pour qui ce 30 septembre restera dans les mémoires comme une « triste journée pour les Nations Unies et le monde ».

Si la souveraineté et l’intégrité territoriales de tous les États doivent être respectées, il en va de même de leurs préoccupations sécuritaires légitimes, a fait valoir la Chine, pour expliquer son abstention, blâmant également l’imposition de sanctions peu propices à la paix.  Pour l’Inde, l’escalade des tensions et des rhétoriques n’est dans l’intérêt de personne, et il est temps de revenir à la table des négociations, une position comparable à celle du Gabon, favorable à une « solution diplomatique à la crise ».  Enfin, s’« il n’est pas raisonnable » de supposer que des populations vivant dans des zones de conflit puissent exprimer leur volonté en toute liberté, le Brésil a toutefois estimé que le libellé de la résolution n’était pas de nature à contribuer à la recherche d’une solution.

L’Ukraine a quant à elle estimé que la Russie est plus que jamais isolée sur la scène internationale et s’enferme dans un déni de réalité, au moment où les forces de Kiev continuent de regagner des territoires.  Il a rappelé à ce que le drapeau ukrainien flotte à nouveau au Donbass et en Crimée, en affirmant que les « parodies » de référendum organisés par Moscou font partie intégrante de sa stratégie d’invasion.  Pour lui, le veto d’aujourd’hui témoigne que le Conseil est un « pilier brisé » de l’ONU, même s’il s’est félicité que d’autres tiennent encore.

Alors que l’Assemblée générale est tenue, aux termes d’une résolution adoptée au printemps dernier, de se saisir dans les 10 prochains jours de l’exercice du droit de veto au cours de cette séance, le représentant ukrainien a mis en garde contre des manipulations par la Russie des règles de procédure à l’Assemblée, comparant ce pays au sein du Conseil à une « tumeur cancéreuse » qui doit être enlevée sous peine de « métastases ». 

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ DE L’UKRAINE

Déclarations

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a rappelé que toute annexion de territoire est illégale, avant de rappeler la teneur de ce projet de résolution condamnant les récents référendums qui ont été organisés dans des régions ukrainiennes.  Elle a évoqué certains commentaires sur la rapidité de la présentation de ce projet, en rappelant pour sa part la rapidité avec laquelle avait agi la Fédération de Russie.  Le Conseil doit réagir, c’est sa raison d’être.  Aucun pays ne peut accaparer un territoire par la force et nous parlons ici d’un membre permanent de cet organe, a souligné la déléguée, en rappelant que le résultat de ces référendums avait été décidé par avance par Moscou.  Les Ukrainiens montrent qu’ils ne veulent pas vivre sous contrôle russe et les États-Unis ne reconnaîtront jamais l’annexion de ces territoires, a tranché la déléguée.

Elle a ensuite affirmé que ces référendums sont illicites et méritent d’être condamnés.  Le Conseil, qui est la première ligne de défense de la Charte, doit montrer au monde qu’il peut travailler, malgré la position d’un membre permanent.  Si la Russie décide de se soustraire aux efforts pour établir les responsabilités, alors nous prendrons des mesures à l’Assemblée pour montrer que le monde protège l’intégrité territoriale des pays, a-t-elle mis en garde.  Enfin, elle a évoqué le discours du Président Putin de cet après-midi sur ces référendums, en rappelant que ce dernier viole « nos valeurs et nos convictions ».  Le temps est venu de les défendre, a conclu la déléguée. 

Mme BARBARA WOODWARD, DCMG, OBE (Royaume-Uni) a déclaré que l’annexion de nouveaux territoires ukrainiens par la Russie hypothèque plus encore les perspectives de paix et compromet davantage les principes et objectifs des Nations Unies.  Cette tentative d’annexion serait la plus importante depuis la Deuxième Guerre mondiale, a relevé la représentante.  Il s’agit d’une question de principe très simple, a fait valoir la représentante: en tant que membres du Conseil de sécurité, qui est l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales, nous devons soutenir cette résolution, a-t-elle plaidé.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) s’est dit obligé de constater que certains de ses collègues du Conseil ont atteint aujourd’hui un « nouveau fond », expliquant ne connaître aucun exemple d’adoption de résolutions condamnant explicitement un membre du Conseil.  « Dites-moi, pensez-vous sérieusement que la Russie va envisager de soutenir un tel projet?  Et si ce n’est pas le cas, alors vous nous mettez délibérément en situation d’exercer notre droit de veto pour que vous puissiez vous plaindre de la façon dont la Russie en abuse? ».  Le délégué a qualifié ces actions des pays occidentaux d’« ouvertement hostiles » en jugeant qu’il ne s’agit de rien d’autre que d’une « basse provocation » avec un objectif clair en tête.

Le 28 septembre, a-t-il rappelé, une majorité écrasante d’électeurs a soutenu l’unification avec la Russie des régions de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijia.  Malgré la situation sécuritaire difficile et les « provocations » du « régime de Kiev », les habitants de ces régions ne veulent pas retourner en Ukraine et ont fait le choix « conscient et libre » de faire partie de notre pays, a-t-il déclaré.  Il a assuré que les référendums ont été menés dans le plein respect des normes et des principes du droit international, quels que soient les efforts de nos « adversaires occidentaux » ou même du Secrétaire général, qui a soudainement « décidé sans en avoir le mandat de s’exprimer au nom de l’ensemble des Nations Unies, pour prouver le contraire ».  Plus d’une centaine d’observateurs internationaux en provenance d’Italie, d’Allemagne, du Venezuela, ou de Lettonie ont reconnu le résultat de ces référendums comme légitime, a signalé le représentant.  Il a constaté que Washington, « qui aujourd’hui nous critique haut et fort et crie à la violation de l’intégrité territoriale de l’Ukraine », s’est récemment déclaré prêt à recourir à la force pour défendre Taïwan, « qui fait pourtant partie intégrante de la République populaire de Chine ».  Pour le délégué, il s’agit d’un autre cas flagrant de deux poids, deux mesures.  « Le régime de Kiev, qui a fait passer les intérêts de ses parrains occidentaux avant ceux de son propre peuple, est responsable de ce qui s’est passé », a tranché M. Nebenzia.

Le délégué a tenu à souligner que le Conseil a eu l’occasion d’adopter un document « équilibré et utile ».  Dans un esprit constructif, nous avons proposé des amendements que beaucoup ici auraient soutenus, a-t-il assuré, à la fois sur la nécessité de respecter l’intégrité territoriale de tous les États Membres de l’ONU et sur le principe d’autodétermination des peuples.  « Selon les documents de l’OSCE, auxquels, soit dit en passant, tous les pays occidentaux ont adhéré, la sécurité des États est indivisible et personne ne doit renforcer sa sécurité au détriment de celle des autres », a encore fait valoir le représentant.  Nous avons proposé, a-t-il ajouté, de prendre acte du fait objectif que les membres du Conseil ont des opinions différentes sur le résultat des référendums: « Qui contesterait le fait que l’expression directe de la volonté du peuple est un élément essentiel de l’ordre démocratique des sociétés?  Peut-être ceux pour qui aucun référendum n’était nécessaire dans le cas du Kosovo? » a ironisé le délégué.  Enfin, nous avons proposé d’enregistrer l’appel du Conseil à toutes les parties impliquées pour intensifier la recherche d’une solution diplomatique au conflit.  N’est-ce pas censé être le but de nos efforts communs? a lancé le délégué pour qui « nos anciens partenaires occidentaux ont une fois de plus reconnu qu’ils ne veulent pas vraiment la paix en Ukraine ».  Ils rêvent au contraire de vaincre la Russie, selon lui.  Le représentant s’est également plaint de la logique des auteurs du document qui, selon lui, devient claire si l’on considère également le manque de transparence qu’ils ont choisie pour le négocier par le biais de consultations bilatérales, « lorsque certains membres ne pouvaient pas voir ce que leurs autres collègues pensaient et proposaient ».

Ainsi, a-t-il conclu, les auteurs sont prêts à dévaloriser les efforts du Conseil en tant que principal organe de maintien de la paix et de la sécurité, et à utiliser effrontément cette plate-forme comme « échauffement » avant le spectacle principal qui se tiendra à l’Assemblée générale.  Il a prédit que là, l’Occident, suivant un schéma bien connu, mobilisera ses ressources pour faire pression et tordre le bras de tous les États Membres qu’il peut.  Certains flancheront, a-t-il annoncé.  « Mais nous voulons espérer que beaucoup tiendront bon.  Ceux qui sont prêts à défendre leur propre opinion.  Ceux qui mèneront une politique indépendante et défendront le principe de l’égalité souveraine des États.  Ceux qui sont contre l’hégémonie d’un État et de ses satellites qui ne considèrent pas les autres comme des partenaires égaux. ». Pour conclure, il s’est dit convaincu que les membres de l’ONU seront en mesure d’examiner la situation avec un esprit ouvert et de faire le bon choix.

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a relevé que c’est une « triste journée pour les Nations Unies et le monde » avant d’accuser la Fédération de Russie de prendre en otage le Conseil de sécurité.  « Une nouvelle fois, la Russie a utilisé à mauvais escient un privilège découlant de la Charte des Nations Unies pour permettre à un membre de défendre la paix », a-t-elle regretté, avant de fustiger un recours au veto pour porter atteinte à l’intégrité territoriale d’un État souverain.  Elle a estimé que la Russie a décidé de s’opposer au droit international malgré les appels venant des quatre coins du monde.  « Cela montre l’isolement de la Russie dans ses agissements » a commenté la représentante.  Pour elle, ce vote démontre que la Russie n’a jamais souhaité ni la paix, ni le dialogue.  Elle a exhorté tous les États à rejeter toute tentative d’annexion de territoires ukrainiens avant d’appeler à défendre le droit et l’ordre international fondé sur des règles.

Mme RUCHIRA KAMBOJ (Inde) a redit la position de son pays: les différends entre États ne doivent et ne peuvent se résoudre que par la diplomatie.  Selon la représentante, l’ordre international est en crise sur les principes de la Charte des Nations Unies et du droit international.  Or, l’escalade des tensions et des rhétoriques n’est dans l’intérêt de personne, a-t-elle prévenu.  « Il est temps de revenir à la table des négociations ».  C’est pour cette raison que l’Inde s’est abstenue lors du vote, a justifié la représentante.

Mme MONA JUUL (Norvège) a déploré le veto opposé au projet de résolution.  Le processus d’annexion illicite des régions ukrainiennes est regrettable, a dit la déléguée, en soulignant que les référendums n’ont aucune valeur juridique.  Elle a constaté que la Russie, qui doit respecter la Charte, s’isole de plus en plus et ignore les conséquences de ces actions.  Elle a regretté que le Conseil soit bloqué, tout en soulignant que l’Assemblée va désormais s’emparer de cette question.  Enfin, elle a rappelé l’attachement de son pays au respect de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.

M. ZHANG JUN (Chine) a déclaré que la Chine s’est abstenue de voter sur le projet de résolution qui vient d’être mis aux voix.  Il a fait valoir que la position de la Chine sur la question de l’Ukraine est claire et cohérente: la souveraineté et l’intégrité territoriale de tous les États doivent être respectés, tout comme les objectifs et principes de la Charte des Nations Unies.  De même, les préoccupations sécuritaires légitimes des États doivent être pris aux sérieux, a-t-elle demandé.  La perspective d’une longue crise en Ukraine est « très préoccupante », a poursuivi le représentant, en appelant à déployer tous les efforts possibles pour parvenir à une désescalade de la situation et à un cessez-le-feu, afin que les parties puissent prendre part à des négociations.  À ses yeux, la crise en Ukraine est le résultat de différentes tensions accumulées au fil des ans, notamment les sanctions, qui ne conduisent pas à la paix.

Mme BARBARA WOODWARD, DCMG, OBE (Royaume-Uni) a déclaré que la Russie a, encore une fois, utilisé son veto à mauvais escient.  Or, pas un seul membre du Conseil de sécurité ne reconnaît cette annexion et le veto n’y change rien, a-t-il commenté.  Il a jugé que cette accession des territoires ukrainiens n’a aucune légitimité juridique.  La souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine ainsi que le système juridique international sont attaqués sous nos yeux, s’est insurgé la représentante.  Combien de dégâts y aura-t-il encore? s’est-elle demandé.

M. FERGAL TOMAS MYTHEN (Irlande) a indiqué avoir voté en faveur de ce texte qui apporte une réaction ferme à la violation flagrante de l’intégrité nationale de l’Ukraine par la Russie.  Il a fustigé un « simulacre de référendum » organisé par la Russie dans les territoires ukrainiens, précisant qu’il n’aura aucun effet juridique.  Il a ajouté que cette annexion illégale de territoires ne remet aucunement en question les frontières ukrainiennes.  Il a fustigé un recours éhonté du veto par la Russie avant de prévenir que ce veto russe « irresponsable », qui sape la légitimité du Conseil de sécurité aux yeux du monde, ne va pas empêcher la communauté internationale d’amener la Russie à rendre des comptes pour ses actions.

Mme CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana) a dit condamner la violation de l’intégrité territoriale et de la souveraineté des États. Toute volonté de retracer les frontières d’un État met à mal l’ordre international, a fait remarquer la représentante, avant de demander à la Fédération de Russie de cesser cette « agression » contre l’Ukraine et de revenir à la table des négociations.

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a indiqué que son pays, qui a eu à souffrir de l’annexion de ses territoires au cours de son histoire, ne peut accepter qu’un pays soit l’objet d’une agression.  Il a appelé au respect strict du droit international et à son principe de non-acquisition de territoire par la force.  Les référendums organisés dans le cadre d’une invasion n’ont aucune valeur juridique, a tranché le délégué.  Il a rappelé l’attachement de son pays au respect de l’intégrité territoriale de l’Ukraine et appuyé tous les efforts en vue d’une solution diplomatique.  Nous avons voté pour le projet de résolution, a conclu le délégué.

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a déclaré que le Brésil s’est abstenu de voter sur le projet de résolution présenté aujourd’hui.  Selon lui, il n’est pas raisonnable de supposer que des populations vivant dans des zones de conflit puissent exprimer leur volonté en toute liberté.  Les résultats des soi-disant référendums ne peuvent donc pas être légitimes.  Il a toutefois estimé que la formulation de la résolution n’est pas favorable à une solution de la crise en Ukraine.  Ce document ne saurait en effet mener à la réalisation de l’objectif principal, qui doit être de réduire les tensions, parvenir à un cessez-le-feu et entamer des négociations.  Le représentant a également critiqué les délais très courts pour examiner le libellé de la résolution.

M. MARTIN KIMANI (Kenya) n’a souhaité que la paix en Ukraine, faisant observer que la guerre provoque aussi de nombreux dégâts au niveau international, en particulier une crise alimentaire.  Ce projet de résolution ne règlera pas le conflit, a estimé le représentant.  Il a justifié son vote par la volonté de son pays de défendre le droit international.  Le représentant a exhorté les parties à trouver une voie diplomatique pour résoudre le conflit.  Il a aussi jugé important de ne pas transformer le Conseil de sécurité en arène de confrontation alors que ce doit être le lieu de la diplomatie.  Le Kenya ne reconnaît qu’une Ukraine dont les frontières sont reconnues internationalement, a insisté le représentant.

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a dit avoir voté en faveur de cette résolution qui appuie le respect de la Charte des Nations Unies, tout en indiquant que sa délégation aurait souhaité avoir plus de temps pour discuter sur le fond du texte.  Elle a appelé la Russie et l’Ukraine à dialoguer, mettre fin à une guerre « qui a détruit trop de vies » et arrêter l’escalade en traitant les causes profondes de ce conflit.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a rappelé que la position de son pays est claire: le Gabon est contre la guerre et pour la résolution pacifique et diplomatique des différends.  Le Gabon n’a cessé d’appeler et continue d’appeler au dialogue et à une discussion de bonne foi entre les parties.  « Parce que le Gabon veut se tenir aux côtés de la solution diplomatique de la crise, sa délégation s’est abstenue », a résumé le représentant.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a condamné « l’annexion illégale » de régions ukrainiennes par la Fédération de Russie.  La France, qui a voté en faveur du projet de résolution, a appelé tous les pays de la communauté internationale à se joindre à cette condamnation.  « La France ne reconnaîtra jamais ces annexions illégales », ni les résultats du vote, qualifié de violation flagrante de l’intégrité territoriale de l’Ukraine ainsi que de la Charte des Nations Unies, n’ayant « aucune valeur juridique », et devant être condamné.  Saluant l’ouverture et l’esprit de compromis dont on fait preuve les coauteurs du texte, la France a aussi condamné le veto de la Russie, qui « foule au pied son statut de membre permanent ».  « La Russie est plus isolée que jamais », a appuyé M. de Rivière.  Regrettant que les membres du Conseil de sécurité n’aient pu se prononcer de manière unanime, il a ajouté que l’Ukraine se battait pour sa légitime défense, et que la France continuerait à se tenir du côté d’elle pour faire face à « l’agression russe ».

M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a souligné l’isolement de la Russie, ce pays continuant de nier la réalité.  « Les affidés de la Russie ont obéi aux ordres de Putin », a constaté le délégué, en dénonçant le jeu de marionnettes orchestré depuis Moscou.  Le régime russe court à sa perte, a-t-il dit.  Dans la réalité, les forces ukrainiennes continuent de regagner les territoires qui appartiennent à l’Ukraine, a dit le délégué, en rappelant que la Russie ne contrôle pas ces territoires.  Il a appelé à ce que le drapeau ukrainien flotte à nouveau dans le Donbass et en Crimée, en rappelant que ces « parodies » de référendum font partie intégrante de l’invasion de l’Ukraine.

Permettre à la Russie d’user du droit de veto empêche ce Conseil de s’acquitter de ses responsabilités, a regretté le délégué.  Il a souligné les conséquences dévastatrices de l’action de la Russie en tant que membre du Conseil, l’image de l’ONU étant écornée.  Le Conseil est un pilier de l’ONU mais un pilier brisé, a tranché le délégué, en se félicitant que d’autres tiennent encore.  Il a salué le discours prononcé par le Secrétaire général hier sur ces référendums, ainsi que la fortitude morale affichée par ce dernier.  Pourquoi la Russie devrait suivre la Charte alors qu’elle occupe illégalement le siège de l’ancienne Union soviétique? s’est demandé le délégué.  Il a mis en garde contre des manipulations par la Russie des règles de procédure à l’Assemblée générale, comparant ce pays à une « tumeur cancéreuse » au sein du Conseil qui doit être enlevée sous peine de métastases.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: accusations, dénégations et appels à une enquête internationale après « le sabotage » des gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2

9144e séance - après-midi
CS/15047

Conseil de sécurité: accusations, dénégations et appels à une enquête internationale après « le sabotage » des gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2

Réunis cet après-midi à la demande de la Fédération de Russie pour examiner la situation après les explosions subies par les gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2 en mer Baltique, les membres du Conseil de sécurité ont entendu ce pays et les États-Unis s’invectiver sur la question, tandis qu’une forte majorité de membres a demandé l’ouverture d’une enquête internationale indépendante pour faire la lumière sur ces « incidents » qui menacent la stabilité internationale. 

Les deux explosions qui ont touché, les 27 et 28 septembre derniers, les trois lignes de gazoducs de Nord Stream 1 et Nord Stream 2, qui relient la Fédération de Russie à l’Allemagne, ne relèvent pas d’un accident, mais d’un acte « humain », « délibéré », de « sabotage », ont, d’une même voix, convenu les délégations.

Apportant au Conseil un éclairage technique à ce dossier, le chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI), M. Marc-Antoine Eyl-Mazzega, et le porte-parole de l’entreprise russe opératrice des installations, Gazprom, M. Serguey Kupriyanov, ont également soutenu la thèse de l’acte humain délibéré.  Ils ont confirmé la solidité et la fiabilité des équipements visés, construits profondément dans la mer pour éviter tout risque d’accident. 

Les conséquences « indéfendables » de cet acte, « irresponsable », « hostile » et « sans précédent », qui vise à « semer la peur et l’insécurité sur le continent européen », dans un « contexte d’escalade », non seulement perturbent les infrastructures énergétiques européennes et la navigation maritime, mais font également peser un risque environnemental encore difficile à évaluer, ont dénoncé tour à tour les membres du Conseil.  Ils y ont vu, en outre, un risque de volatilité accrue des prix de l’énergie en Europe et dans le monde. 

Ces conséquences sont donc une menace à la stabilité internationale, ont analysé des délégations à l’instar de la Chine, la France, mais aussi le Sous-Secrétaire général chargé du développement économique, M. Navid Hanif. 

Dans ce contexte, des appels ont été lancés pour une réponse « robuste et unie ».  Avant cela, la lumière doit être faite de manière « rapide », « cruciale », « urgente et bien circonscrite », afin de « trouver les causes à ces fuites de gaz ».  En clair, il faut une « enquête rigoureuse et impartiale » afin de déterminer les circonstances de cet incident, ont plaidé les États-Unis, la France et l’Irlande, à l’instar du Brésil, du Mexique, de l’Inde et du Gabon. 

Appelant, de son côté, à examiner les faits, le représentant de la Fédération de Russie a rappelé la déclaration du Président américain Joe Biden, qui, selon lui, avait affirmé et promis, dans une interview, qu’il n’y aurait plus de Nord Stream 2 si la Fédération de Russie attaquait l’Ukraine.  Ce « sabotage » ne bénéficiera qu’aux exportations de gaz des États-Unis vers le continent européen, a accusé le représentant russe, avant de demander à son homologue américain de « confirmer » que les États-Unis n’ont rien à voir dans ce « sabotage ».

« Les États-Unis nient toute implication », lui a rétorqué le représentant américain, accusant à son tour la Fédération de Russie de chercher à éloigner l’attention des crimes qu’elle a commis en Ukraine.  Les États-Unis contribuent à la stabilisation des marchés de l’énergie, a-t-il assuré, appelant les autres membres du Conseil à rejeter « l’appareil de désinformation » russe. 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclarations

M. NAVID HANIF, Sous-Secrétaire général chargé du développement économique, dans une courte déclaration, a dit que toutes les informations qu’il s’apprête à partager avec le Conseil de sécurité, proviennent de sources extérieures fiables.  Les Nations Unies ne sont pas en mesure de donner une évaluation technique de la situation, a-t-il dit.  Après avoir rappelé la chronologie des faits ayant touché les deux gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2, causant des fuites de gaz, il a dit que les dégâts causés entraînent des conséquences sur le plan international.  Parmi ces conséquences, il a souligné l’incertitude sur le marché mondial du gaz: « L’incident » peut aggraver la volatilité des prix en Europe et plus largement dans le monde, en l’occurrence une forte augmentation des prix.  

Les autres conséquences de cet « incident » sont environnementales, a-t-il poursuivi en citant le déversement inquiétant de millions de tonnes de méthane dans la mer et l’air, quand on sait que ce gaz produit plus d’effet de serre que le dioxyde de carbone.  Or à ce jour, il n’est pas encore possible de déterminer les conséquences dans l’atmosphère de cet incident, a reconnu le Sous-secrétaire général.  Pour M. Hanif, cet « incident » met également en évidence la fragilité des installations et la nécessité de progresser rapidement vers les énergies renouvelables.  Cet incident risque d’aggraver les tensions au niveau régional et international, a-t-il conclu. 

M. SERGUEY KURIYANOV, Porte-parole de Gazprom, a fait le récit des explosions qui ont eu lieu les 27 et 28 septembre derniers, dans la mer Baltique, sur trois lignes de gazoducs de Nord Stream 1 et 2.  Il a souligné le fait que la ligne Nord Stream 1 sur le tronçon allemand se trouve dans la zone économique de Danemark, à 143 kilomètres de la côte allemande et à plus de 1 000 kilomètres de la côte russe.  Les deux lignes de Nord Stream 2 se situent toujours dans la zone exclusive du Danemark, à 150 kilomètres de l’Allemagne et à plus de 1 500 kilomètres de la côte de la Fédération de Russie.  Les deux explosions se trouvent à quelques kilomètres l’une de l’autre.  Les pertes sont estimées à trois mois de consommation de gaz du Danemark, a évalué le Porte-Parole.

Selon le Porte-parole, les explosions ont été causées par des chocs physiques.  Il a néanmoins affirmé que les gazoducs sont fiables techniquement et qu’au moment du dommage, il n’y avait pas de transport de gaz même si les gazoducs étaient en état de marche.  La Fédération de Russie et Gazprom cherchent aujourd’hui à rétablir Nord Stream 1 et 2, a ajouté M. Kupriyanov, qui a prévenu que les délais de réparation étaient difficiles à évaluer car il s’agit d’un travail techniquement complexe.  La première étape consistera à localiser le point précis des explosions, qui sont sans précédent.  La Russie et Gazprom ont consenti des moyens importants pour construire et faire fonctionner ces gazoducs, a rappelé le Porte-Parole de Gazprom.

M. MARC-ANTOINE EYL-MAZZEGA, chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI), a expliqué que les gazoducs étaient construits au fond de la mer pour éviter tout accident avec, par exemple, un bateau: l’hypothèse d’un accident de ce type est donc probablement à exclure. 

S’il a dit ne pas être en mesure de dire ce qu’il s’est passé, l’expert a fourni un « contexte ».  Celui, notamment, de « l’importante réduction de la fourniture de gaz par Gazprom » intervenue alors que l’Union européenne (UE) avait fait état de son nouveau programme de décarbonation.  En février, l’Allemagne a cessé la procédure de certification de Nord Stream 2, a-t-il rappelé.  En utilisant différents prétextes, la Russie a, peu à peu, diminué son volume « en méprisant les contrats de long terme ».  Les gazoducs étaient peu ou prou fermés depuis plusieurs semaines.  L’Europe et de nombreux pays du monde ont pâti de la flambée de prix du gaz.  Beaucoup de pays importateurs ne peuvent plus se payer du gaz devenu trop cher. 

Avant l’explosion, les relations contractuelles entre clients européens et Gazprom étaient déjà « dans une mauvaise passe », a poursuivi le chercheur, selon qui cet investissement colossal « perdait de sa valeur ».  Gazprom avait la capacité de réorienter le gaz par la Biélorussie ou l’Ukraine, mais l’entreprise ne l’a pas fait, a poursuivi M. Eyl-Mazzega, selon qui les experts sont largement d’avis que le gazoduc Nord Stream 2 ne serait « jamais devenus opérationnel » après l’agression russe sur l’Ukraine.  Le chercheur a enfin mis en exergue « l’impact environnemental catastrophique » des fuites de méthane résultant des explosions sur les gazoducs. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie), a rappelé que son pays avait demandé cette réunion suite au sabotage des lignes du gazoduc Nord Stream, le 27 septembre 2022, dans la zone économique exclusive du Danemark et de la Suède, près de l’île danoise de Bornholm.  Il a expliqué que le Procureur général russe a engagé une action pénale en vertu de la législation sur le terrorisme international et qu’une enquête russe a commencé. 

Appelant à « examiner les faits », le représentant russe a d’abord rappelé que, quelques semaines avant le début de l’opération militaire spéciale, le Président américain M. Joe Biden avait déclaré: « Si la Russie envahit, cela veut dire des chars et des troupes qui traversent la frontière de l’Ukraine, encore une fois.  Alors il n’y aura plus de Nord Stream 2.  Nous y mettrons fin ».  Il a aussi ajouté qu’en réponse à une question de journaliste, M. Biden a ajouté « Je vous promets que nous pourrons le faire ». 

Citant le « fait numéro deux », le représentant russe a indiqué que l’île danoise de Bornholm, proche de l’incident, est devenue en juin 2022 le site d’exercices à grande échelle de l’OTAN en mer Baltique sous le nom de code « BALTOPS ».  Il a indiqué qu’une publication américaine, Sea Power, avait expliqué que l’une des principales tâches de l’Alliance au cours des exercices était de tester des véhicules sous-marins sans pilote.  Par ailleurs, le représentant russe a indiqué que des hélicoptères américains patrouillaient, depuis fin août, dans la zone de l’île de Bornholm, et que leur trajectoire coïncidait étonnamment avec le tracé des gazoducs.  Il a précisé que toutes ces données de géolocalisation maritimes et aériennes étaient publiques et que les États-Unis n’ont jamais contesté leur présence dans la zone. 

Citant le « fait numéro trois », le représentant russe a cité un tweet de M. Radosław Sikorski, ancien Ministre de la défense et ancien Ministre des affaires étrangères de la Pologne, remerciant directement les États-Unis pour ce sabotage.  Il a ajouté que l’épouse de M. Sikorski, Mme Anna Applebaum, avait accès à une grande variété d’informations à Washington. 

Citant le « fait numéro quatre », il a noté que ce « sabotage » coïncidait presque simultanément avec l’ouverture officielle, dans la ville polonaise de Goleniow, du gazoduc Baltic Pipe en provenance de la Norvège, que les Polonais présentent comme une alternative à l’importation du gaz russe. 

En tant que « fait numéro cinq », le représentant russe a cité une déclaration de l’OTAN laissant craindre des frappes contre ses infrastructures en réaction de ce sabotage, laissant ainsi entendre que l’OTAN a des choses à se reprocher. 

Suite à la présentation de ces cinq faits, M. Nebenzia a déclaré que la destruction du gazoduc Nord Stream ne profite pas aux États européens puisqu’elle les rend dépendants d’un fournisseur plus cher et peu fiable qui est par ailleurs « le pays hôte du Siège de l’ONU ».  Il a ajouté que les experts européens, malgré l’hystérie antirusse dominante, ne peuvent s’empêcher de comprendre le danger d’un tel scénario et ses conséquences pour l’économie européenne.  Il a ajouté que les délégations danoise et suédoise ont reconnu dans leurs lettres au Conseil de sécurité la gravité des dommages environnementaux causés à la mer Baltique mais aussi l’impact sur la communication maritime. 

Le représentant a rappelé que le projet Nord Stream a initialement eu le statut de « projet d’intérêt commun de l’Union européenne » par la Commission européenne.  Notant les incidences négatives des sanctions américaines sur l’activité industrielle, il a dit que les livraisons russes permettaient d’éviter un effondrement énergétique en Europe en garantissant des livraisons stables et prévisibles. 

« Nous n’avons aucun intérêt à détruire un projet auquel nous avons consacré des investissements colossaux », a insisté M. Nebenzia, avant de déclarer que cet acte ne bénéficiera qu’aux exportations américaines vers le continent européen.  « Pouvez-vous confirmer que votre pays n’a rien à voir dans ce sabotage », a demandé le représentant russe à la délégation américaine, avant de souhaiter que les commentaires des délégations occidentales sur ce sabotage ne soient pas dominés par des discours russophobes.  Il a indiqué qu’une enquête sur cet acte ne pourra être considérée comme indépendante que si des experts russes y participent, avant d’exhorter les délégations à bien comprendre la gravité de cet acte de sabotage. 

Mme MONA JUUL (Norvège) a exprimé sa vive préoccupation face aux dommages causés aux gazoducs Nord Stream 1 et 2 dans les eaux internationales situées dans les zones économiques de la Suède et du Danemark.  Elle s’est notamment inquiétée des conséquences climatiques et environnementales de cet incident, ainsi que des risques pour la navigation.  Selon les informations disponibles, les dommages aux gazoducs seraient le résultat d’actes de sabotage « délibérés et irresponsables », a encore noté la représentante.  Elle a dit que son pays soutient pleinement les enquêtes lancées par les autorités danoises et suédoises afin de faire la lumière sur cet incident, qui s’inscrit dans un contexte de guerre et de crise énergétique en Europe et au-delà.  Estimant que les responsables ont pour intention « de semer la peur et l’insécurité sur le continent européen », elle a déclaré pour sa part que la Norvège, en tant que grand fournisseur de gaz, possède une responsabilité particulière de préserver la sécurité sur le plateau continental norvégien. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique) a exprimé son inquiétude face aux récentes fuites des gazoducs Nord Stream 1 et 2 dans la mer Baltique.  Il a notamment regretté l’impact environnemental et les risques pour la navigation internationale qui découlent de cet incident, qui constituent de nouveaux facteurs de déstabilisation des marchés de l’énergie déjà durement touchés par la guerre en Ukraine.  Au vu des informations disponibles, il est peu probable qu’il s’agisse d’un accident, a ajouté le représentant, qui y a vu plutôt un acte délibéré jugé particulièrement inquiétant dans le contexte de la guerre en Ukraine. 

Une enquête rigoureuse et impartiale est donc nécessaire afin de déterminer les circonstances de cet incident qui a endommagé des infrastructures civiles, a déclaré le représentant, qui a rappelé la nécessité de concentrer nos efforts sur la réduction des tensions et la recherche d’une solution au conflit en Ukraine fondée sur le dialogue et la diplomatie. 

M. MARTIN GALLAGHER (Irlande), reconnaissant que toutes les analyses à ce jour indiquent que les fuites sur les gazoducs Nord Stream résultent d’actes délibérés de sabotage, a estimé que leur survenue en pleine crise énergique les rend d’autant plus intolérables.  Il a apporté le plein soutien de son pays à la Suède, au Danemark et à l’Allemagne dans la gestion des conséquences de cet acte « indéfendable » ainsi qu’aux enquêtes en cours pour déterminer l’origine des fuites.  Cette perturbation délibérée de l’infrastructure énergétique européenne est inacceptable, a insisté le représentant.  L’Irlande, avec ses partenaires de l’UE, demandent qu’elle reçoive rapidement « une réponse robuste et unie ». 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) s’est dit préoccupé des informations faisant état de trois fuites importantes sur les gazoducs Nord Stream 1 et 2, qui font naître des inquiétudes sur la possibilité d’une catastrophe au large de la mer Baltique.  L’ampleur du risque et des enjeux environnementaux appelle une réponse urgence et bien circonscrite, a-t-il prévenu.  Le représentant a noté avec appréhension les mesures d’interdiction de survols et le congestionnement de la navigation dans la zone concernée, espérant qu’il s’agisse de mesures de précaution et que les dommages ne soient pas liés aux hostilités entre les parties belligérantes.  Il a rappelé que la guerre a des règles strictes pour protéger les infrastructures civiles.  Le représentant a, enfin, exhorté à une action urgente pour restaurer les gazoducs, circonscrire les dégâts causés et faire la lumière sur la situation.

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a dit que les dommages aux gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2 en mer Baltique créent de profondes préoccupations.  Ces fuites entraînent en effet non seulement des risques pour la navigation, mais également des risques importants de dommages environnementaux en mer Baltique.  Comme l’a déclaré l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), « toutes les informations actuellement disponibles indiquent que c’est le résultat d’actes de sabotage délibérés, imprudents et irresponsables », a-t-elle indiqué. 

Nous devons établir des normes internationales claires selon lesquelles de tels dommages sont totalement inacceptables, a poursuivi la représentante, ajoutant que l’OTAN et ses alliés restent déterminés à se préparer, à dissuader et à se défendre contre toute tactique hybride menée par des acteurs étatiques et non étatiques, y compris les approches coercitives par l’entremise de l’énergie.  Nous sommes clairs sur le fait que toute attaque délibérée contre l’infrastructure critique des alliés fera face à une réponse unie et déterminée, a-t-elle averti. 

M. RICHARD MILLS (États-Unis) a déclaré que la Russie avait « une fois de plus dévoyé ce Conseil » en demandant cette réunion, avant de dénoncer le sabotage des gazoducs Nord Stream.  Il a appuyé les enquêtes des pays européens, en jugeant crucial l’établissement des faits.  Les États-Unis nient toute implication dans le sabotage, a dit le délégué, en réponse à la demande expresse de son homologue russe.  Il a indiqué que son pays contribue à la stabilisation des marchés de l’énergie, en dénonçant « l’appareil de désinformation » de la Russie, qu’il a accusée de chercher à éloigner l’attention des crimes qu’elle a commis en Ukraine.  Il a dénoncé les attaques de la Russie contre les infrastructures civiles ukrainiennes, en indiquant que l’ampleur de la tragédie s’aggravait de jour en jour.  Les faits sont les faits et la Russie ne doit pas utiliser cette enceinte pour propager ses mensonges, a conclu le représentant.

M. GENG SHUANG (Chine) a souligné les conséquences de ces fuites de gaz dans la région et le monde, notamment sur la flambée des prix et sur la navigation qui risque d’être perturbée.  Constatant que tout le monde s’accorde à dire qu’il s’agit d’un « acte délibéré de sabotage », le représentant a estimé qu’il faut maintenant ouvrir une enquête internationale afin de faire la lumière sur cet acte qui représente une « menace » pour la stabilité internationale. 

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a demandé une enquête objective et transparente sur ces explosions.  Elle a aussi exhorté à maintenir l’approvisionnement en gaz, qui est essentiel pour nombre de pays, en particulier les pays en développement.  Elle a prévenu des coûts environnementaux des explosions, qui ont causé l’une des fuites de gaz à effet de serre les plus importantes de l’Histoire.  Tout cela ne fera qu’aggraver les difficultés, a déploré la représentante, qui a réitéré l’importance de tout faire pour élucider les faits et éviter ce type d’incident. 

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a regretté des « dommages environnementaux considérables ».  Ces fuites, qui résultent d’un « acte délibéré de sabotage », sont « inacceptables » et mettent à mal la sécurité internationale sur le plan énergétique, a-t-elle estimé.  Partageant la position de la communauté internationale visant à dissuader des acteurs, étatiques ou non, de porter atteinte à des infrastructures critiques, elle a estimé que le « contexte d’escalade » actuel transformait un acte de sabotage en un « acte d’intimidation » contre les pays européens, et dressé un parallèle entre la situation des gazoducs avec celle relative à la centrale nucléaire de Zaporijjia. 

Mme JANE TOROITICH (Kenya) a rappelé que l’Europe et le monde ne peuvent se permettre une escalade de la guerre en Ukraine, qui frappe nombre de pays avec la flambée des cours alimentaires et énergétiques.  Elle a, pour cette raison, appelé à la cessation immédiate des hostilités et à une solution politique conforme à la Charte des Nations Unies qui préserve l’intégrité territoriale de l’Ukraine, tout en étant sensible aux préoccupations sécuritaires de tous les pays. 

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a appelé à éviter toute attaque contre des infrastructures civiles, avant de rappeler que les pays du Sud subissent de plein fouet les conséquences de la guerre en Ukraine.  Le délégué a demandé une enquête sur ce qui s’est passé et réclamé la cessation immédiate des hostilités. 

M. JOAO GENESIO DE ALMEIDA.FILHO (Brésil) a « pris note » des déclarations des représentants de la Fédération de Russie, de l’Union européenne et de l’OTAN sur les événements survenus au large de l’île danoise de Bornholms.  S’il a reconnu qu’il est compréhensible, « compte tenu des défis actuels auxquels nous sommes confrontés dans le système international », de trouver des causes à ces fuites de gaz, il a souligné que le Brésil se gardera d’attribuer des motivations à tel ou tel « acteur », préférant attendre qu’une enquête sur les événements ait livré ses conclusions. 

Mme CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG NTIRI (Ghana) a noté avec une grande inquiétude les dommages sans précédent causés aux gazoducs Nord Stream 1 et 2, qui ont entraîné des fuites de méthane dans des zones proches du Danemark et de la Suède.  Elle a plaidé pour l’ouverture urgente d’enquêtes indépendantes afin de déterminer les circonstances qui ont mené à la fuite des deux gazoducs et d’apporter les mesures correctives appropriées, y compris l’identification des responsables.  La sûreté et la sécurité des infrastructures énergétiques européennes exigent des efforts concertés de la part des États membres et de la communauté internationale, a-t-elle relevé, afin de prévenir les interruptions de service et leur impact sur les populations qui en dépendent.  Dans sa résolution 2341 (2017), le Conseil de sécurité a reconnu l’interdépendance croissante des États en matière d’infrastructures critiques, a-t-elle rappelé, avant d’encourager la coopération à tous les niveaux pour assurer leur sécurité. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a qualifié les évènements survenus au large de l’île danoise de Bornholms de « sans précédent ».  La France exprime sa pleine solidarité avec le Danemark et la Suède, qui sont directement touchés par leurs conséquences sécuritaires et environnementales, a-t-il ajouté.  Il a noté que les informations disponibles indiquent que ces fuites sont le résultat d’un acte délibéré, « disons-le, d’un acte de sabotage ».  La France dénonce cet acte irresponsable qui met en danger la navigation maritime et l’environnement, a poursuivi le représentant, pour qui l’usage coercitif de l’énergie est inacceptable.  Il a appelé à ce que la lumière soit faite sur l’origine de ces explosions et apporté le soutien de la France aux enquêtes qui seront menées par les pays concernés.  « Toute tentative délibérée d’attaquer des infrastructures critiques est intolérable et doit être considérée comme un acte hostile ».  Il a assuré que l’Union européenne répondra de manière ferme et unie à cette attaque sur ses infrastructures énergétiques, comme à toute tentative de porter atteinte à sa sécurité d’approvisionnement. 

M. NEBENZIA (Fédération de Russie) a repris la parole pour remercier les États-Unis de leur « réponse directe » niant toute responsabilité dans le sabotage.  Il s’est néanmoins interrogé sur les accusations, formulées par les États-Unis et le Royaume-Uni, de désinformation et de théorie du complot russe, notant que l’ensemble des éléments évoqués dans sa déclaration initiale étaient des faits établis.  Il a regretté que ses collègues occidentaux voient ici une vengeance contre l’action de la Russie en Ukraine. 

M. MILLS (États-Unis) a nié de façon catégorique toute implication des États-Unis dans cet incident.  Nous avons par ailleurs entendu aujourd’hui de nombreux intervenants affirmer que la situation énergétique en Europe pâtit davantage du caractère « peu fiable » de la Russie en tant que fournisseur que de l’action des États-Unis, a-t-il ajouté.  Selon lui, les faits sont clairs: c’est la Russie qui a, ces sept derniers mois, détruit des infrastructures civiles en Ukraine. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Troisième Commission: Face aux défis multiples, les jeunes veulent faire partie de la solution 

Soixante-dix-septième session
3e & 4e séances plénières – matin & après-midi
AG/SHC/4343

Troisième Commission: Face aux défis multiples, les jeunes veulent faire partie de la solution 

La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a achevé, aujourd’hui, sa discussion générale consacrée au développement social, en se mettant à l’écoute des jeunes venus partager leurs expériences, mais surtout exprimer leur désir de faire « partie de la solution », notamment dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) dont le chemin leur semble « long et tortueux ».

Tour à tour, les délégués de la jeunesse de différents États Membres, ont interpellé leurs aînés pour faire entendre leur voix, conscients qu’ils sont des « agents de changement positif » et à même de proposer « des solutions extraordinaires » pour réaliser les ODD, comme l’a souligné la jeune déléguée de la Bulgarie.

Dans une déclaration à trois voix, les délégués de la jeunesse des pays du Benelux ont attiré l’attention sur la crise du logement chez les étudiants, la vulnérabilité des jeunes dans le monde du travail, ainsi que sur l’importance de la santé mentale.

De fait, la pauvreté, le chômage et l’exclusion sociale ont tendance à devenir « la nouvelle normalité » dans le monde entier, ont fait valoir plusieurs délégations.  C’est pourquoi, a exigé la déléguée de la jeunesse du Danemark, il faut autonomiser les jeunes et les inclure davantage dans les processus de l’ONU.

Le Costa Rica a fondé ses espoirs sur le Sommet social mondial de 2025 qui devrait, selon lui, être l’occasion de défendre une vision plus large, d’identifier les intersections et d’investir dans la sécurité humaine, notamment la santé, l’éducation et la création d’emplois plus verts.

En attendant, la jeune déléguée de Suède s’est inquiétée du fait que les « forces populistes divisent et marginalisent » et que, partout dans le monde, des militants et des représentants de la jeunesse sont menacés, harcelés et emprisonnés en raison de leur mobilisation.

Lorsque les jeunes sont confrontés à des menaces qui limitent leurs droits démocratiques et bloquent leur travail de plaidoyer, la situation doit être prise au sérieux, a-t-elle martelé, avant de souligner qu’une démocratie forte ne peut être réalisée sans une société civile forte et des mouvements de jeunesse autonomes.

La jeunesse de Hongrie a observé pour sa part qu’il est difficile pour les jeunes de rester optimistes en ces temps de changements climatiques et d’absence de paix.  À ce propos, le délégué de la jeunesse de la Bulgarie a appelé à une « éducation à la durabilité » et au « comportement écologique dans les écoles du monde entier », s’inquiétant en outre des effets sur l’environnement du retour de la guerre en Europe.

De fait, les effets dévastateurs de la guerre en Ukraine privent la jeunesse de ce qu’elle avait de plus précieux: la vie, a dénoncé le délégué de la jeunesse ukrainienne avant de lancer à l’intention de la jeunesse russe « nous ne pardonnerons pas votre silence et votre inaction ».  Une affirmation vivement rejetée par la délégation russe dans le cadre d’un droit de réponse, qui y a vu une « menace directe inacceptable ».

Les répercussions de la COVID-19 ont également mobilisé l’attention des délégations aujourd’hui, à l’instar du Groupe des amis des personnes âgées qui, par la voix du Chili, a signalé que si près de 15 millions de personnes dans le monde ont succombé à la pandémie, bon nombre étaient des personnes âgées, dénonçant par la même les discriminations dont elles sont victimes, en particulier celles qui souffrent d’un handicap ou sont en situation de vulnérabilité.

Il est stupéfiant à quel point la pandémie, associée à d’autres crises, a impacté les pays en développement et les pays les moins avancés, a résumé la Tunisie, notant que les pays africains concentrent 56% des personnes poussées vers l’extrême pauvreté à partir de 2020.

Le Sri Lanka a estimé pour sa part que la résolution du triple problème de l’inégalité dans l’accès aux vaccins, des changements climatiques et de la refonte du système financier international « moralement en faillite » est une condition sine qua non pour reconstruire en mieux.

La Troisième Commission poursuivra ses travaux lundi 3 octobre, à partir de 10 heures avec un débat sur la criminalité, l’information et les technologies, et les stupéfiants.

DÉVELOPPEMENT SOCIAL

Suite du débat général

Dans une déclaration commune, les déléguées de la jeunesse des pays du Benelux (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg) se sont succédé tour à tour pour parler des défis communs à ces pays en matière de logement, au travail et au système de soins de santé mentale.  Mme BERTEMES, déléguée de la jeunesse du Luxembourg, a relevé que les conséquences de la pandémie de COVID-19 et l’augmentation du coût de la vie ont rendu la protection et le soutien des jeunes encore plus urgents.  Elle a indiqué qu’en partageant leur déclaration, les déléguées de la jeunesse souhaitent montrer que la coopération internationale et l’échange de solutions internationales seront bénéfiques pour toutes les générations.

Mme CHAKIR, déléguée de la jeunesse des Pays-Bas, a noté que l’on est loin d’atteindre l’objectif d’un logement sûr et durable, et que les trois pays du Benelux font face à une crise du logement.  Elle a indiqué que le Luxembourg avait connu la plus importante hausse du prix du logement parmi les membres de l’UE.  En Belgique, la hausse a atteint 8,2% et aux Pays-Bas, il manque plus de 26 000 logements pour étudiants, a-t-elle ajouté.  Constatant que la transition vers un meilleur environnement et une meilleure éducation s’éloigne de plus en plus, elle a pressé pour la création d’un point d’information centralisé accessible pour répondre aux différentes questions des jeunes et permettent leur participation aux processus décisionnels.

Mme MOUSSANE, déléguée de la jeunesse de la Belgique a souligné que les jeunes doivent avoir des compétences et une éducation adéquates pour pouvoir entrer sur le marché du travail.  De plus, leur manque d’expérience les rend plus vulnérables aux licenciements et moins à même de pouvoir négocier leurs contrats.  Elle a appelé à assurer l’importance des opportunités pour toutes et tous sans discrimination, avant d’appeler à l’interdiction des stages non rémunérés.

Reprenant la parole, la déléguée de la jeunesse du Luxembourg a indiqué que les pays du Benelux n’ont que 20 psychiatres pour environ 100 000 personnes. Elle a appelé les États à rendre les soins de santé mentale accessibles à tous en assurant la présence de spécialistes et en assurant la gratuité des soins.

M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a parlé des programmes modèles qui visent à offrir une protection sociale complète à grande échelle dans son pays.  L’objectif étant d’essayer d’atténuer les répercussions sociales et économiques de la pandémie de COVID-19.  D’après les statistiques, les jeunes constituent plus de la moitié de la population égyptienne.  C’est pourquoi, a assuré le représentant, son gouvernement est déterminé à donner davantage d’importance à cette catégorie dans les processus de relance et décisionnel.  Il a évoqué le lancement en 2017 du forum international des jeunes - une plateforme pour un échange constructif interactif entre jeunes de ce monde.  Le dernier évènement, a-t-il précisé, s’est tenu à Charm el-Cheikh et s’est penché sur la plupart des défis contemporains, parmi lesquels la situation du marché de l’emploi, la riposte postpandémie et l’atténuation des changements climatiques

M. LIRE (Éthiopie) a relevé que la crise liée à la COVID-19 a fait perdre des décennies de progrès aux pays en développement, principalement en Afrique.  Cette crise a inversé les avancées en matière de systèmes de santé, poussé des millions de personnes dans la pauvreté, exacerbé les troubles sociaux et détruit les moyens de subsistance des plus vulnérables, a-t-il rappelé, avant d’avertir que la hausse actuelle des prix des aliments, des aliments, de l’énergie et des engrais, provoquée par les tensions géopolitiques du moment, ont un impact majeur sur la croissance économique nationale et la sécurité alimentaire.  Dans un tel contexte, aggravé par les effets des changements climatiques, des mesures mondiales de relèvement et de protection sociale doivent être mises en œuvre, en tenant compte notamment de la vulnérabilité des familles et des personnes handicapées, a-t-il plaidé, précisant que son gouvernement a continué, malgré les multiples défis internes et externes, à mener des politiques et des stratégies intégrées visant à promouvoir un développement social inclusif et durable.

Le représentant a ainsi fait état d’une politique nationale de protection sociale, qui bénéficie à près de huit millions de bénéficiaires, dont 1,1 million ont reçu un transfert monétaire direct.  Le pays fournit également une aide d’urgence à la population touchée par la sécheresse en partenariat étroit avec les partenaires internationaux, tout en renforçant la résilience des communautés face aux chocs, a-t-il ajouté, avant d’évoquer les mesures gouvernementales visant à promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes dans les domaines politique, économique et social.  Nos efforts de développement social en faveur des pauvres ciblent en priorité les femmes, les seniors et les personnes handicapées, a indiqué le délégué, selon lequel la famille constitue le pilier fondamental de la société.  Il a noté à cet égard que l’Éthiopie a l’un des droits de la famille les plus progressistes, qui reconnaît le droit des femmes mariées à posséder des biens et prévoit un traitement égal avec les hommes sur les questions juridiques et administratives.

Mme BADEVA, déléguée de la jeunesse de la Bulgarie, a estimé que les jeunes devraient être plus impliqués dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), car ils sont à même de proposer « des solutions extraordinaires ». Une enquête nationale en Bulgarie a montré que les jeunes ont été impactés par la pandémie de COVID-19, y compris dans leur santé mentale a-t-elle dit, appelant à œuvrer au bien-être des jeunes afin de « imaginer l’avenir au-delà même du Programme 2030 ».  L’Action 21, adoptée lors du Sommet Planète Terre en 1992, comprend un chapitre sur les jeunes en tant que groupe majeur dont la protection et la santé doivent être au cœur des ODD, a-t-elle rappelé.  Prenant la parole à son tour, M. MITKOV, délégué de la jeunesse de la Bulgarie, a déploré le retour de la guerre en Europe et ses effets sur l’environnement, rappelant non seulement que 30% de toutes les aires protégées d’Ukraine sont impactées, mais que la guerre fragilise l’ensemble de notre écosystème.  La paix est donc un prérequis à l'Accord de Paris sur le climat, a-t-il insisté.  Des régions qui n’avaient jamais souffert de cataclysmes auparavant sont désormais frappées par le changement climatique, comme la Bulgarie qui a été victime d’inondations dévastatrices, a déploré le jeune homme, notant que les villes sont à la fois les premières responsables des émissions de CO2 et très sensibles aux catastrophes climatiques.  Il a appelé à une « éducation à la durabilité » et au « comportement écologique dans les écoles du monde entier ».

M. IGOR PILIPENKO (Bélarus) s’est félicité des stratégies et des programmes nationaux mis en œuvre par son pays, conformément au principe de « ne laisser personne de côté ».  Le soutien aux personnes âgées, aux anciens combattants, aux jeunes, aux familles nombreuses, et aux personnes handicapées reste la marque de fabrique du développement bélarusse, a-t-il renchéri, expliquant soutenir l’institution sociale de la famille traditionnelle.  En ce sens, début de 2022, la Constitution bélarusse a consacré le mariage en tant qu’union d’un homme et d’une femme, a-t-il expliqué. 

Le représentant a également évoqué la stratégie nationale « Longévité active – 2030 » qui vise à améliorer durablement la qualité de vie des seniors.  Face au problème de l’inégalité des chances, le Bélarus a également mis en œuvre un plan d’action national pour mettre en œuvre les dispositions de la Convention relative aux droits des personnes handicapées, a noté le délégué, précisant qu’une nouvelle loi venait d’être adoptée en ce sens.  Il a ensuite dénoncé les mesures coercitives unilatérales qui limitent la capacité de certains États à offrir à leurs sociétés une protection sociale.  « Nous regrettons que les pays occidentaux préfèrent ignorer ce fait », a-t-il dit.

Mme ALMANSOUR (Koweït) a indiqué que l’article 11 de la Constitution koweïtienne stipule que l’État apporte un soutien à tous ses citoyens qui se trouvent dans l’incapacité de travailler.  Elle s’est félicitée d’un programme national qui offre une protection sociale aux retraités.  La déléguée a également expliqué que la Constitution de son pays garantit la protection de la famille comme la pierre angulaire d’une société fondée sur la religion, l’éthique, et l’amour de la patrie.  Elle s’est réjouie de voir son pays mettre en œuvre la Convention relative aux droits des personnes handicapées.  Tout sera fait pour que ceux-ci bénéficient d’une aide, a-t-elle assuré, ajoutant que le Koweït offre toujours son partenariat aux pays en développement.  Elle s’est aussi félicitée de la création d’un ministère d’État dont le mandat est de protéger la jeunesse, ajoutant que son gouvernement assure plusieurs services électroniques via une application, facilitant une kyrielle de formalités, notamment dans le domaine du logement.  La vision 2035 du Koweït, a-t-elle poursuivi, vise au bien-être de tous les citoyens, et inclut notamment une réforme du système éducatif ainsi qu’un programme écologique.

Mme DJELLOUL, déléguée de la jeunesse de la Suède, a déclaré parler au nom du Conseil national de la jeunesse de son pays et de ses 86 organisations membres qui comptent près d’un million de jeunes Suédois actifs aux niveaux local, national et international.  Elle a également dit représenter le mouvement mondial de la jeunesse, qui entend être un agent de changement positif et donner aux jeunes du monde entier la possibilité de faire partie des processus décisionnels, de s’organiser pour ce en quoi ils croient et de protéger leurs libertés et leurs droits humains.  Elle a toutefois indiqué que l’engagement démocratique des jeunes se heurte à un espace civique qui se rétrécit et à un climat politique plus dur et plus polarisé.  Constatant que les forces populistes divisent et marginalisent les groupes de la société, elle a constaté que, partout dans le monde, des militants et des représentants de la jeunesse sont menacés, harcelés et emprisonnés en raison de leur implication.  Lorsque les jeunes sont confrontés à des menaces qui limitent leurs droits démocratiques et bloquent leur travail de plaidoyer, la situation doit être prise au sérieux, a-t-elle martelé, avant d’exiger que les voix de la jeunesse soient entendues et leurs compétences reconnues.  Pour la déléguée, les pays doivent considérer les jeunes non seulement comme l’avenir, mais aussi comme des agents actifs de la société d’aujourd’hui.  De fait, les consultations avec les jeunes doivent aboutir à des résultats qui incluent leur perspective et offrent la possibilité d’évaluer les résultats, a-t-elle plaidé, souhaitant que cette participation ne se limite pas aux problèmes typiques de la jeunesse.  Enfin, elle a estimé qu’une démocratie forte ne peut être réalisée sans une société civile forte et des mouvements de jeunesse autonomes. 

Mme AIDA KASYMALIEVA (Kirghizstan)a rappelé que le 20 février a été promulgué « Journée mondiale de la justice sociale » et espéré que la résolution de la présente session de l’Assemblée générale consacrée à cette question permettra d’aider à éradiquer la pauvreté.  Le 19 septembre 2022, lors du Sommet sur la transformation de l’éducation, le Kirghizstan a formulé des engagements sur les cinq sujets essentiels identifiés, notamment un accès à l’éducation pour tous.  La représentante a aussi rappelé que son pays avait ratifié la Convention sur les droits des personnes handicapées en 2019 et fournissait des efforts pour la mettre en œuvre.  Notant que 2022 marque le vingtième anniversaire du Plan d’action de Madrid sur le vieillissement, elle a précisé que le Kirghizstan exécutait actuellement son plan quinquennal 2019-2024 pour les personnes âgées. Réaffirmant l’engagement de son pays pour les droits humains, elle a rappelé qu’il avait déposé sa candidature au Conseil des droits de l’homme pour la période 2023-2025 et appelé les États membres à la soutenir.

Mme AHMED (Nigéria) a noté que le chemin pour réaliser les objectifs de développement durable restait « long et tortueux », notamment en raison des effets de la pandémie de COVID-19 et plus particulièrement pour les pays en développement.  Au Nigéria les enfants des campagnes et les enfants pauvres, notamment les filles, ont été durement touchés, abandonnant l’école en grand nombre.  La représentante a indiqué que le Nigéria avait lancé un « passeport de l’apprentissage » et mis en place un programme pour intégrer les technologies et l’enseignement à distance.  Le plan sur la pauvreté doit permettre de sortir 100 millions de Nigériens de la pauvreté, a-t-elle ajouté. Par ailleurs, une loi condamnant la discrimination des personnes handicapée a été promulguée en 2019.

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a affirmé que l’autonomisation des personnes handicapées aboutirait à de meilleures décisions et de meilleurs résultats, regrettant que les conflits continuent d’affecter ces personnes de manière disproportionnée.  Elle a souligné que les personnes âgées devraient pouvoir bénéficier des droits humains et des libertés fondamentales, en particulier le respect de leur dignité, leurs croyances, leur vie privée ainsi que le droit de prendre des décisions quant aux soins qu’on leur apporte et à leur qualité de vie, notant à ce sujet l’importance du Plan d’Action international sur le vieillissement.  À la lumière du rapport de mai dernier de l’Institut international sur le vieillissement mettant en lumière les nombreux abus subis par les personnes âgées, la représentante s’est félicitée que ce sujet continue d’être examiné au sein de la Troisième Commission.  Elle a dit craindre que le droit à l’alphabétisation continue d’être négligé, notamment pour les jeunes et jeunes adultes.

Elle a ensuite cédé la parole à M. MICALLEF ST.JOHN, délégué de la jeunesse de Malte, qui a appelé l’ONU à reconnaître les diversités de genre incluant les personnes LGBTIQ+ et souligné le rôle du Programme 2030 pour les personnes marginalisées.  Les jeunes, a-t-il insisté, devraient être inclus à tous les niveaux des prises de décision.  Rappelant également le rôle de la société civile pour le développement social, il a regretté les attaques sur les médias, les manifestants et les défenseurs des droits humains.

Mme STOJKOVIC, déléguée de la jeunesse de la Serbie, a rappelé que les jeunes faisaient face à de nombreuses crises et conflits et qu’ils aspiraient uniquement à la paix et la prospérité.  Réitérant l’engagement de la Serbie pour mettre en œuvre le programme 2030, elle a témoigné que la Serbie est l’un de seuls États à disposer d’un ministère de la jeunesse et des sports mettant en œuvre une stratégie en faveur de la jeunesse élaborée de manière inclusive, y compris par le biais de tables rondes. Prenant à son tour la parole, M. KOVACEVIC, délégué de la jeunesse de la Serbie, a souligné qu’au sortir de la pandémie de COVID-19, la crise du chômage reste un problème pour les jeunes.  Il a appelé les parties à soutenir l’éducation formelle et informelle et à faciliter l’entrée des jeunes sur le marché du travail.  À cette fin, il a souligné l’effort de la Serbie pour connecter sur Internet les institutions éducatives et le secteur privé, notamment pour l’organisation de formations et séminaires, afin d’aider les jeunes à acquérir les compétences nécessaires.

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a déploré un « recul sans précédent » du développement socio-économique depuis la seconde guerre mondiale, notamment en raison de la pandémie de COVID-19, qui fait peser un risque considérable sur la mise en œuvre du programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il s’est inquiété de voir la pauvreté, le chômage et l’exclusion sociale devenir « la nouvelle normalité » dans le monde entier, tandis que des conflits en cours dans différentes régions du monde ont des « effets dévastateurs » sur les pays qui dépendent des importations de denrées alimentaires.  Selon M. Peiris, la résolution du triple problème de l’inégalité dans l’accès aux vaccins, du changement climatique et de la refonte du système financier international « moralement en faillite » est une condition sine qua non pour reconstruire en mieux.  Il s’est félicité du succès de la stratégie nationale de lutte contre la pandémie de COVID-19, avec une couverture de 97% pour la première dose, 82% pour la deuxième dose et 55% pour la troisième dose. 

M. YOUSSOUF ADEN MOUSSA (Djibouti) s’est dit convaincu que les politiques et stratégies de développement social sont essentielles pour éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions.  Il a fait savoir que le Plan national de développement 2020-2024 de Djibouti, qui s’appuie sur l’inclusion, la connectivité et les institutions, vise à renforcer la cohésion sociale en permettant aux personnes marginalisées de bénéficier d’un nouvel ensemble de politiques de développement social.  Sa finalité est de parvenir au développement humain en éliminant la pauvreté et en améliorant les conditions de vie, a-t-il indiqué.

La pandémie de COVID-19 ainsi que la crise alimentaire et énergétique ont eu de graves répercussions sur l’économie de Djibouti, a fait observer le représentant.  En conséquence, les Djiboutiens ont vu leurs revenus diminuer, tandis que les prix augmentaient, plongeant de nombreuses familles dans la pauvreté monétaire et multidimensionnelle.  Face à cette situation, le Gouvernement a adopté diverses mesures pour soutenir les ménages, notamment par le biais de l’élargissement du système de protection sociale.  Un programme d’aide sociale sous forme de tickets ou de distribution d’alimentation a par ailleurs ciblé les réfugiés et les demandeurs d’asile vivant en zone urbaine.  Le représentant s’est ensuite félicité que les investissements dans le développement social donnent des résultats, tout en reconnaissant que nombre de défis restent à relever et demandent davantage d’attention, au niveau national comme au niveau international.

Mme IRENE GASHU (Japon) a rappelé que, depuis 2014, le Gouvernement de son pays organise l’Assemblée mondiale des femmes qui vise à promouvoir l’autonomisation des femmes et l’égalité des sexes.  Elle a également indiqué que le Japon et la Sierra Leone ont cofacilité cette année une nouvelle résolution sur la coopération internationale pour l’accès à la justice, les voies de recours et l’aide aux victimes de violences sexuelles, adoptée en septembre par l’Assemblée générale.  En outre, a-t-elle relevé, le Japon défend l’autonomisation et les droits des personnes handicapées.  Le pays s’est ainsi appuyé sur l’élan des Jeux paralympiques de Tokyo en 2020 pour son développement urbain et a modifié ses lois sur l’élimination de la discrimination à l’égard des personnes handicapées et sur l’accès facilité, a précisé la déléguée, faisant aussi état de la récente promulgation d’une nouvelle législation visant à améliorer l’accessibilité à l’information et la communication pour les personnes handicapées.  Elle a d’autre part annoncé que, dans le cadre de ses efforts de protection de l’enfance et des droits de l’enfant, le Japon créera une nouvelle agence pour les enfants et la famille en 2023.  Enfin, après avoir souligné l’engagement politique et financier du Japon dans la lutte contre l’insécurité alimentaire au Moyen-Orient et en Afrique, aggravée par les retombées de l’agression russe contre l’Ukraine, elle a rappelé que son pays promeut la couverture sanitaire universelle (CSU) afin que chacun puisse accéder aux services de santé de base à un coût abordable.  Le Japon a par ailleurs fourni 5 milliards de dollars pour soutenir la réponse à la pandémie de COVID-19, notamment via le Mécanisme COVAX, et contribuera au Fonds mondial à hauteur de 1,08 milliard de dollars ces trois prochaines années, a-t-elle précisé. 

Mme STEPHANIA MERCEDES GONZALEZ CABELLO MALDONADO (Paraguay) a fait savoir que le Paraguay n’a cessé d’avancer dans l’élargissement de son système de protection sociale, en accordant une attention toute particulière aux droits humains.  De cette manière, les besoins de chacun sont mieux compris et les politiques publiques adaptées en conséquence, par exemple pour créer des emplois, construire des infrastructures et des logements.  La représentante a réitéré l’engagement du Paraguay en faveur de la cohésion et du développement social à long terme.

Mme ZADE ISENI, déléguée de la jeunesse du Danemark, a regretté que la grande majorité des jeunes du monde n’a pas la possibilité de faire entendre sa voix et que de nombreuses jeunes femmes et les filles ont été privées d’éducation à cause de la pandémie de COVID-19.  Les jeunes se battent pour faire respecter leurs droits, mais ils se sentent encore trop souvent impuissants.  Alors il faut les autonomiser, a exigé la représentante en appelant à les inclure davantage dans les processus de l’ONU.  Pour cela elle a appelé à renforcer la confiance démocratique des jeunes, à protéger l’espace civile et à promouvoir les partenariats jeunes-jeunes pour en faire des agents du changement.  Le moment est venu pour les jeunes de se rassembler et d’exprimer librement leur opinion, a-t-elle martelé en ajoutant que cela passe par une citoyenneté active.

Mme CHAN (Costa Rica) a relevé que les crises multiples actuelles font obstacle aux investissements dans la sécurité humaine en rappelant, entre-autres, que 30.3% de l’humanité n’a pas été vaccinée contre la COVID-19 et que l’espérance de vie baisse dans son pays et ailleurs.  Elle a dénoncé les conséquences dévastatrices à l’échelle mondiale de l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie, plongeant plus de gens dans la pauvreté et la faim alors que la communauté internationale n’arrive pas à faire face aux défis qu’elle a soulevé.  Elle a exhorté la communauté internationale à se réengager en faveur du multilatéralisme pour relever ces défis, en estimant que le Sommet social mondial de 2025 devrait être l’occasion de défendre une vision plus large, d’identifier les intersections et d’investir dans la sécurité humaine, notamment la santé, l’éducation et la création d’emplois plus verts.  Il est urgent de mobiliser les ressources financières pour réaliser le Programme 2030, a insisté la représentante qui a également appelé à s’occuper des jeunes et des personnes handicapées.

Mme ANGELIKA OJINNAKA, déléguée de la jeunesse de l’Australie, a voulu se faire l’écho des jeunes d’aujourd’hui qui continuent d’avoir des aspirations pour un monde plus accessible et en même temps en prise aux changements de l’environnement.  Elle a encouragé les jeunes à garder l’espoir en l’avenir.  Nous continuons d’endurer de longs délais et un manque d’accès à l’emploi et aux opportunités économiques pour certains groupes, notamment les femmes et les jeunes, et une répartition inégale de l’éducation et des initiatives dans certaines zones historiquement exclues, a-t-elle indiqué.  Elle a ensuite énuméré d’autres préoccupations liées, à la transmission des connaissances, au harcèlement sexuel, et à la mise en œuvre de politiques climatiques à l’échelle communautaire.

Mme MAYRA LISSETH SORTO ROSALES (El Salvador) a axé son intervention sur la pauvreté et son impact sur les personnes vulnérables ou en situation de marginalité, notamment les femmes, les filles, les jeunes, les personnes handicapées, les migrants et les peuples autochtones.  Très souvent ces personnes se trouvent exclues des acquis en matière de développement national et international.  La lutte contre la pauvreté et l’exclusion doit se livrer dans un cadre universel, en prenant compte des besoins spécifiques des personnes, a-t-elle estimé.  Pour sa part, El Salvador a promu le développement économique et social afin de répondre aux besoins essentiels de sa population.  C’est pourquoi, il œuvre à créer des conditions favorables afin que les garçons et les filles puissent exploiter tout leur potentiel de développement, d’où la loi « grandir ensemble » consacrée à la prime enfance, l’enfance et l’adolescence ce qui permettra d’avancer, selon elle, sur la transformation positive. 

M. KOVACS, délégué de la jeunesse de la Hongrie, a souligné la difficulté pour les jeunes de rester optimistes en ces temps difficiles de changements climatiques et d’absence de paix.  Venant d’un pays voisin de l’Ukraine, il a dit voir les conséquences de la guerre dans la réalité.  Depuis le début du conflit, l’État, la société civile et de nombreux jeunes hongrois aident, chaque jour, les réfugiés en provenance de ce pays, a-t-il relaté, indiquant avoir contribué à la livraison de plus de quatre tonnes de matériel pédagogique pour les écoles ukrainiennes.  Il a ensuite évoqué la promotion de l’économie circulaire par les jeunes.  En tant que responsables d’un programme de sensibilisation à cette question, il a constaté que les jeunes apprennent très vite à réduire et à trier les déchets.  Selon lui, l’éducation, le développement des infrastructures et la création d’un bon cadre juridique de travail pour une transition vers l’économie circulaire et un mode de vie durable doivent être une priorité pour tous.  Le jeune délégué a, d’autre part, souligné l’importance des initiatives transfrontalières pour la protection des rivières contre la pollution plastique, sujet pour lequel il milite au travers d’un projet de recyclage concernant la rivière Tisza.  Il a enfin abordé la question du multilinguisme et des droits des minorités linguistiques, avant de rappeler que le douzième Forum des jeunes de l’UNESCO a appelé, en 2021, à la création de réseaux pour promouvoir l’éducation basée sur la langue maternelle.  En réponse à cet appel, et en collaboration avec le Conseil national de la jeunesse de la Hongrie, nous avons invité, en Hongrie, les jeunes délégués de l’ONU issus de la Roumanie, la Slovaquie, la Croatie et la Pologne, où ils ont visité les écoles des minorités nationales de leur pays d’origine, a-t-il expliqué, en insistant sur l’importance pour les États de réaliser le droit à l’éducation pour tous.  Il faut, selon lui, offrir aux personnes appartenant à des minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques la possibilité d’apprendre leur propre langue ou de recevoir un enseignement dans leur langue.

Au nom du Groupe des Amis des personnes âgées, M. RENÉ ALFONSO RUIDÍAZ PÉREZ (Chili) a rappelé que les répercussions de la pandémie de COVID-19 ont frappé les seniors de manière disproportionnée.  Si près de 15 millions de personnes dans le monde ont succombé à cette maladie, bon nombre étaient des personnes âgées, en majorité dans des pays à revenu faible, a-t-il fait observer, avant de dénoncer les discriminations dont sont victimes ces personnes, en particulier celles qui souffrent d’un handicap ou sont en situation de vulnérabilité.  Appelant les États à renforcer la coopération entre leurs appareils judiciaires et leurs services sociaux pour assurer une reddition de comptes, le représentant a souhaité que la réflexion sur ces questions dépasse le contexte de la pandémie.  Étant donné le vieillissement généralisé des sociétés, de nouveaux défis sont à attendre en matière de développement, a-t-il relevé, appelant à l’établissement dans tous les pays d’une feuille de route pour assurer la pleine participation des seniors à la société.  En ce sens, a-t-il dit, il est impératif d’autonomiser les personnes âgées pour en faire des agents du changement positif.  Dans ce cadre, elles doivent bénéficier d’une protection sociale et de soins de santé, tout en ayant accès à la technologie numérique et à l’acquisition de compétences en la matière, a souligné le délégué, non sans plaider pour une adaptation des cadres juridiques et réglementaires à cet égard. 

À ses yeux, l’inclusion sociale n’est possible que lorsque la diversité de la population est prise en compte et que chacun a accès aux espaces publics et privés.  Sur cette base, il a appelé les États à soutenir l’indépendance des personnes âgées, ainsi que leur droit à un logement convenable et adapté à l’âge, sans oublier l’option des soins à domicile.  Il importe également de combattre le sans-abrisme des seniors et d’éviter les expulsions de ces personnes souvent marginalisées.  À cet égard, il a relevé que, bien que le Plan d’action international sur le vieillissement contienne des recommandations, notamment sur les lieux de vie des seniors, il n’existe pas d’instrument juridiquement contraignant sur ces questions.  Dès lors, il faut faire en sorte que les personnes âgées puissent jouir de leurs droits humains, a-t-il plaidé, en souhaitant que des mesures concrètes soient prises pour combler les lacunes juridiques et mettre en œuvre les recommandations du Groupe de travail à composition non limitée sur le vieillissement. 

M. ENKHBOLD VORSHILOV (Mongolie) a indiqué que son gouvernement s’est fixé comme priorités de surmonter les défis liés à la pandémie, d’assurer la reprise économique, de construire un système soutenant la classe moyenne, de réaliser la justice et de poursuivre la gouvernance numérique.  Dans le domaine du développement social, il a constaté une amélioration significative des moyens de subsistance de la population mongole la plus vulnérable grâce à plusieurs mesures, telles que l’augmentation des allocations familiales.  Il s’est également félicité d’une amélioration du taux de scolarisation dans son pays, où 12 années d’enseignement sont gratuites.  Ajoutant que le Parlement mongol adoptera prochainement un ensemble de lois axées sur l’apprentissage numérique, le représentant a encouragé la coopération internationale pour accroître les investissements dans les technologies et les outils numériques des pays en développement.  Après avoir salué la déclaration de vision du Secrétaire général, adoptée à la suite du Sommet sur la transformation de l’éducation, il a souhaité que ces recommandations servent à la préparation du Sommet de l’avenir prévu en 2024. 

Il a ensuite souligné qu’au cours des 20 dernières années, son pays a fait des progrès considérables dans la réalisation de l’égalité des sexes et la lutte contre la violence sexiste, notamment en criminalisant les actes de violence domestique et en créant des mécanismes juridiques pour protéger les survivants et poursuivre les auteurs.  En tant que fervent défenseur des questions de genre, la Mongolie a en outre parrainé les résolutions de l’Assemblée générale sur la situation des femmes et des filles dans les zones rurales et sur les survivants de la violence sexuelle, s’est enorgueilli le représentant, avant d’exhorter les nations développées, en particulier les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, à assumer leurs responsabilités en tant qu’’architectes de la paix et de la sécurité mondiales. 

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a évoqué le Plan national de lutte contre la pauvreté et pour le développement humain 2022-2026 mis en place par son gouvernement, expliquant que celui-ci trace un chemin vers la croissance économique et la restitution des droits des familles nicaraguayennes.  Dans le domaine de la santé, le délégué a énuméré nombre d’infrastructures construites, notamment 22 hôpitaux, et 91 maisons de soins pour les personnes ayant des besoins spéciaux.  Il s’est félicité de la « souveraineté alimentaire » de la population du Nicaragua, et de la restitution des droits politiques, économiques, sociaux et culturels des Nicaraguayens, ajoutant que le gouvernement œuvre au développement social et économique de la famille.  Le Nicaragua, s’est-il félicité, a rétabli le droit des personnes âgées à une pension décente, tout en accordant aux jeunes un rôle de premier plan dans la société.  La pleine inclusion sociale des personnes handicapées est également garantie a-t-il ajouté, citant le programme Todos con Voz ainsi que la loi 763 sur les droits des personnes handicapées.  L’ensemble de ces programmes incluent l’ensemble de la société a-t-il assuré, citant entre autres les femmes, les jeunes et les peuples autochtones.

Mme SAIMA SALEEM (Pakistan) a indiqué que son pays apporte une couverture sociale à 8 millions de femmes, offre des services médicaux gratuits, améliore l’employabilité des jeunes, subventionne les agriculteurs et favorise le micro-crédit, entre autres.  La pandémie de COVID-19 a cependant balayé des décennies de progrès sociaux, et fragilise la capacité des pays en développement à atteindre les ODD, s’est-elle inquiétée, déplorant en outre que plus de 20 ans après le Sommet mondial pour le développement social, les progrès aient été aussi lents et inégaux, accusant le coup de la pandémie: 400 millions d’emplois ont ainsi été perdus et 120 millions de gens ont basculé dans l’extrême pauvreté, a-t-elle déploré.  Si elle entend atteindre les ODD, la communauté internationale doit mobiliser des ressources financières demandées par les pays en développement, a-t-elle estimé.  En outre, pour atteindre l’objectif de 0,7% d’APD, il faut offrir via le Fonds monétaire international (FMI) et les banques multilatérales de développement des fonds à taux avantageux, a-t-elle estimé, exhortant par ailleurs la communauté internationale à se réengager en faveur de l’environnement.

Mme AYSE INANÇ ÖRNEKOL (Türkiye) a affirmé que la pandémie de COVID-19, les changements climatiques, les crises alimentaires et énergétiques et la montée des tensions géopolitiques avaient mis en péril les résultats obtenus de haute lutte sur la voie du Programme 2030, en particulier dans les pays en développement.  Elle a souligné que le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë ou à haut risque a grimpé en flèche pour atteindre le chiffre record de 345 millions en 2022 et que plus de quatre milliards de personnes dans le monde vivent sans aucune protection sociale.  Elle a demandé une attention particulière à la question de la fracture numérique, rappelant que la Türkiye accueillait à Gebze la Banque de technologies des Nations Unies, établie pour contribuer au transfert de technologie vers les pays les moins avancés. 

Rappelant que la Türkiye était le plus grand pays d’accueil de réfugiés au monde avec environ 4 millions de personnes -dont environ 1,7 million d’enfants et 825 000 jeunes-, la représentante a indiqué que son gouvernement avait mis en place une politique de cohésion sociale complète.  Elle a également expliqué que le onzième plan national de développement donne la priorité à la protection sociale et cible le manque d’emploi dans les groupes vulnérables, ajoutant que cinq millions d’emplois avaient été créés ces deux dernières années.  Elle a aussi fait savoir que la Türkiye avait lancé la vision « 2030 sans obstacles », en décembre 2021. 

Mme KURSKA, déléguée de la jeunesse de l’Ukraine, a affirmé que les Ukrainiens démontraient leur courage au monde en défendant leur patrie, ajoutant que les jeunes tentaient aussi de reconstruire les infrastructures civiles, détruites par l’agression russe, avec l’aide des organisations non gouvernementales (ONG) nationales et internationales.  Elle a dénoncé les « effets dévastateurs » de la guerre qui privent la jeunesse de ce qu’elle avait de plus précieux: la vie.  Saluant le sens des responsabilités de la jeunesse ukrainienne, elle a appelé les jeunes du monde entier à façonner leur avenir.  « La liberté est la valeur la plus importante d’une société démocratique et nous, Ukrainiens, en connaissons le prix » a-t-elle conclu. 

À son tour, M. GANZHA, délégué de la jeunesse de l’Ukraine, a montré qu’il n’avait pas de discours écrit devant lui pour illustrer le fait qu’il était libre et que personne ne lui dictait ses paroles.  « Il n’y aura jamais assez de sessions pour vous expliquer notre amour de la liberté », a-t-il affirmé, déplorant que la jeunesse ukrainienne a été privée de ses droits et de sa liberté par l’agression russe du 24 février.  Le délégué s’est ensuite adressé à la jeunesse russe: « nous ne pardonnerons pas! », s’est-il exclamé.  « Nous ne pardonnerons pas votre silence, votre inaction, votre soutien aux bombardements de nos villes comme ma ville natale.  Nous ne pardonnerons pas aux centaines de milliers de jeunes russes qui se dirigent actuellement vers nos frontières, nous ne pardonnerons pas! », a-t-il lancé sous les applaudissements.  Cependant, a-t-il ajouté, si vous mettez un terme à la mobilisation dans votre pays et sauvez les centaines de milliers de personnes qui vont combattre dans notre territoire, nous comprendrons si vous vous rendez.

M. EDGAR SISA (Botswana) a déclaré que son pays avait donné la priorité au développement durable.  Soulignant que le taux d’alphabétisation y était de 90%, il a insisté sur l’importance de l’éducation pré-primaire et primaire.  Il a évoqué des programmes d’inclusion de tous les groupes vulnérables, insistant notamment sur les fonds débloqués pour développer la connectivité Internet des villages.  Il a aussi rappelé que, face à l’insécurité alimentaire, la taxe sur la valeur ajoutée avait été réduite de 14 à 12% pendant six mois.  Le délégué a appelé les agences de l’ONU à travailler avec le Gouvernement et l’ensemble des composantes de la société pour atteindre les ODD. 

M. LINZER, délégué de la jeunesse de la Tchéquie, a rappelé que la jeunesse constituait 49% de la population mais seulement 6% des parlementaires.  Le processus d’un monde durable ne peut exclure les jeunes, a-t-il indiqué, exhortant à inclure les jeunes dans les processus décisionnels et à élaborer de meilleures stratégies de développement en faveur de la jeunesse afin d’autonomiser les jeunes sans discriminations.  Il a dit attendre les engagements politiques au plus haut niveau afin de préserver le rôle et l’espoir d’un meilleur avenir.  I

Il a ensuite donné la parole à un autre délégué de la jeunesse, M. STUPRA, qui a affirmé que la solidarité intergénérationnelle doit reposer sur la paix mondiale, l’État de droit, le respect des droits humains et la promotion de l’égalité des genres.  Il a exhorté à protéger les droits des personnes vulnérables, notamment les droits des LGBTQI+, notant que ces groupes sont encore visés par des sanctions dans 69 pays et déplorant le recul de leurs droits ainsi que les actions dirigées à leur encontre par certains États.  Il a affirmé que la politiques des États devait être exempte de violences et de discriminations et être inclusive.  Les droits humains, a-t-il souligné, doivent être exercés par tous indépendamment de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre. 

M. KYAW MOE TUN (Myanmar) a estimé que, dans le contexte des nombreuses crises qui touchent le monde entier, les institutions multilatérales doivent déterminer des stratégies ciblées visant à résoudre les problèmes et à soutenir plus efficacement les plus vulnérables.  Alors que certains pays luttent toujours pour se relever de la pandémie mondiale, la « guerre d’agression en Ukraine » a aggravé les tendances inflationnistes et contribué à l’envolée des prix des denrées alimentaires, ce qui a des effets catastrophiques sur les plus vulnérables, a souligné le représentant.  De même, il a regretté que la situation n’ait fait qu’empirer dans son pays depuis le coup d’État militaire en février 2021. 

Le Gouvernement civil élu du Myanmar s’est efforcé de créer de l’emploi, d’améliorer l’éducation et le système de soins de santé, s’attachant avant tout au développement social des jeunes, des femmes et des personnes handicapées, a fait savoir le représentant.  En étroite coopération avec les Nations Unies, le Gouvernement avait élaboré un plan de développement durable du Myanmar 2018-2030, centré sur la paix, la bonne gouvernance, la stabilité économique, le développement des ressources humaines, l’environnement et la résilience aux changements climatiques, a poursuivi le représentant.  Mais les progrès considérables réalisés par le Gouvernement civil pour la population ont malheureusement été détruits par les « dictateurs militaires » à l’issue du coup d’État.  Il a dénoncé les exactions, les violations des droits et les crimes commis depuis 19 mois, estimant que la motivation des militaires est évidente: faire peur à la population et au mouvement prodémocratie.  Pourtant, la force et la détermination du Gouvernement d’unité nationale pour mettre un terme à la dictature militaire et restaurer la démocratie n’ont fait que croître, a assuré le représentant.  

Mme SAUKU, déléguée de la jeunesse de l’Albanie, a noté la détermination de la jeunesse à restaurer la situation de normalité face au conflit actuel.  Elle a dénoncé les actions de la Fédération de Russie en Ukraine, notant l’impuissance des enfants et des jeunes face à cette situation.  Elle a affirmé l’importance de renforcer la participation des jeunes afin d’édifier la paix.  Elle a également attiré l’attention sur la santé mentale délétère des jeunes au sortir de la COVID-19, notant l’importance d’avoir accès aux soins et appelant à leur renforcement.  Elle a rappelé que Tirana avait été désignée Capitale européenne de la jeunesse 2022 par le Forum des jeunes, impliquant des financements en faveur des projets à l’initiative de la jeunesse.  Elle a également évoqué la stratégie nationale de la jeunesse 2022-2029, à laquelle de nombreux enfants, jeunes et organisations non-gouvernementales avaient participé, en élaborant une stratégie des jeunes, par les jeunes et pour les jeunes. 

Prenant la parole, un second délégué de la jeunesse, M. KOLICI, a noté que le Sommet pour la transformation de l’éducation avait démontré que l’éducation devrait former la réflexion.  Les jeunes et les enfants albanais avancent en ce sens: 44% des jeunes albanais déclarent que l’éducation et la transition vers le marché du travail constitue leur plus grand défi et 49% demandent à ce que leur programme scolaire reflète les besoins du marché du travail.  Il faut apprendre aux jeunes à utiliser les sources d’information pour combattre la désinformation, a-t-il ajouté, exhortant à investir dans l’éducation.

M. CARLTON RONNIE HENRY (Sainte-Lucie) a souligné que son gouvernement continue de placer les individus au cœur du développement du pays, malgré des défis propres à un petit État insulaire en développement.  Autonomiser les femmes et répondre aux besoins des plus âgés, des personnes handicapées, des jeunes et d’autres personnes en situation vulnérable sont des éléments très importants à cet égard. 

Il s’est ensuite félicité de l’adoption récente d’une résolution sur l’établissement d’un Bureau des Nations Unies pour la jeunesse, dont l’objectif correspond à l’une des priorités du Gouvernement de Sainte-Lucie.  D’ailleurs une législation portant création d’une Agence pour l’économie des jeunes a été adoptée et sera formellement mise en œuvre cette année.  Cette agence, a-t-il précisé, vise à créer un environnement favorable à l’entrepreneuriat et à la croissance économique des jeunes, et ce dans le cadre du processus de développement global du pays et de la région. 

Mme QAMBER (Bahreïn) a expliqué que, depuis la pandémie de COVID-19, son pays, qui accorde une grande importance au développement social pour tous, n’a eu de cesse d’œuvrer dans les domaines sociaux et en faveur de partenariats sociaux afin de renforcer les efforts nationaux.  Elle a indiqué que la loi de la famille uniformise le statut de la famille au Bahreïn et facilite les recours en justice en fournissant une protection juridique globale et garantissant des jugements justes et équitables protégeant l’intérêt de tous les membres de la famille.  En outre, la stratégie en faveur des personnes handicapées inclut les fournisseurs de service à cette catégorie de personnes y compris le personnel de soins.  De plus, une Commission nationale pour les personnes âgées a été mise en place pour améliorer les services qui leur sont offerts, a-t-elle fait savoir. 

Mme CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana) a noté que le programme d’action du dernier Sommet mondial pour le développement social est toujours en cours de mise en œuvre et a appelé à consolider le multilatéralisme dans ce contexte.  Elle a ensuite passé en revue différentes politiques nationales pour promouvoir l’emploi des jeunes et soutenir l’institution de la famille notamment en termes d’éducation et de soins.  Par ailleurs, le Ministère du genre et de la protection de l’enfant a développé un programme de placement des enfants dans des familles d’accueil le plus rapidement possible.  La représentante a également encouragé la protection des personnes handicapées et à lutter contre les pratiques délétères dont elles sont victimes. 

M. KUNZENFORF, délégué de la jeunesse de la Norvège, a déploré le sort des enfants ukrainiens, que l’invasion russe de leur pays a dépossédé de leurs rêves.  La guerre est un venin qui empoisonne les racines de la société, a-t-il poursuivi, et l’éducation en est « l’antidote ».  Voilà pourquoi, selon lui, la communauté internationale devrait œuvrer pour que chaque enfant dans le monde y ait accès.  Prenant la parole à son tour, Mme LASSEN-URDAHL, déléguée de la jeunesse de la Norvège, a souligné sa chance de pouvoir s’exprimer dans cette salle tandis que des millions de jeunes dans le monde n’ont pas voix au chapitre.  Or les jeunes pourraient jouer un rôle clef dans la résolution des conflits, s’ils étaient plus inclus par leurs aînés.  Elle a fustigé les reculs démocratiques qui accroissent les discriminations envers les femmes, et interdisent la liberté de croyance ou d’incroyance des plus jeunes.  Les jeunes veulent être vecteur de changements positifs, mais il faut que les pays et l’ONU les écoutent, a conclu la jeune déléguée.

M. ALI BEN SAID (Tunisie) a jugé « stupéfiants » les impacts de la pandémie de COVID-19, associés à d’autres crises, sur les pays en développement et les pays les moins avancés, notant que les pays africains concentrent 56% des personnes poussées vers l’extrême pauvreté à partir de 2020.  Nous ne pouvons pas faire face à ces problèmes avec les moyens traditionnels, a mis en garde le représentant, qui a assuré que son pays entend mettre en œuvre la déclaration politique de l’Assemblée générale de 2020 sur « L’avenir que nous voulons » via un multilatéralisme revigoré.  La Tunisie s’est engagée à réaliser le Programme 2030 et à lutter contre toute forme de marginalisation, a-t-il garanti.  À ce titre, il s’est félicité de l’adoption récente de la stratégie nationale multisectorielle pour les personnes âgées pour la période 2022-2030.  Celle-ci incarne « la citoyenneté active et la solidarité intergénérationnelle ». 

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a estimé que, face aux défis complexes de notre temps, la communauté internationale doit se concentrer sur des solutions prospectives et à long terme.  Nous devons dès aujourd’hui relever les défis de demain, a-t-il insisté en soulignant l’importance du développement des ressources humaines.  Il a indiqué que, forte de la jeunesse de sa population, l’Indonésie entend profiter de cet élan démographique, ce qui suppose offrir une éducation de qualité aux enfants et aux jeunes, assurer un apprentissage tout au long de la vie et améliorer les compétences aux apprenants.  Nous voulons faire en sorte qu’à l’avenir, cet élan se transforme en bénéfices, a expliqué le délégué, selon lequel un effort particulier est consacré à l’accès de la population aux technologies, qui constituent un facteur crucial de développement.  En Indonésie, a-t-il relevé, « ce sont 145 millions de personnes qui ont besoin d’acquérir des compétences numériques, ce qui donne la mesure du défi ».  C’est pourquoi le Gouvernement multiplie les programmes de sensibilisation numérique, dans l’objectif de faire participer la population à tous les secteurs clés de la société.  Dans le même temps, des efforts sont consentis pour inculquer une culture de résilience aux habitants, a poursuivi le délégué, observant que « des catastrophes naturelles peuvent balayer des décennies de progrès ».  Outre les réformes engagées dans ce domaine, l’Indonésie a accueilli cette année la septième Plateforme mondiale sur la réduction des risques de catastrophe, a-t-il dit, avant de faire valoir que les politiques tournées vers l’avenir et le développement social peuvent aller de pair: « c’est un investissement et non un coût ». 

M. LAFIZOV (Tadjikistan) a estimé que son pays a fait preuve d’audace en intégrant les ODD à ses politiques de développement.  Si le Tadjikistan s’est rapproché de ces objectifs ces dernières années, les catastrophes et les risques divers auxquels il fait face entravent sa progression, a-t-il concédé, avant de vanter les réalisations de son gouvernement, notamment la mise en place d’initiatives de lutte contre la pauvreté et le lancement d’une stratégie nationale de long terme pour le développement.  Ces programmes à l’horizon 2030 sont assortis de politiques publiques donnant la priorité à la santé, à l’emploi, à la lutte contre la corruption et la malnutrition, à l’État providence, à la protection de l’environnement et au vieillissement, a précisé le représentant.  Si le Gouvernement se charge de coordonner ces actions, il a l’obligation de rendre compte à la population, avec le concours de la société civile.  Le représentant a également fait état d’un éventail de mesures destinées à protéger les personnes handicapées, notamment l’adoption d’une loi sur la protection sociale des personnes en situation de handicap, dont l’objectif est de mettre en place un environnement favorable et de prévoir des positions d’encadrement pour ces personnes.  Enfin, après avoir rappelé que 70% des Tadjiks ont moins de 35 ans, il a assuré que toutes les mesures sont prises pour autonomiser la jeunesse et l’aider à prendre part à la société. 

M PARGA CINTRA (Brésil)a affirmé que la pandémie de COVID-19 avait fait évoluer les politiques économiques et sociales de son pays, ajoutant que les nouvelles technologies avaient joué un rôle crucial dans cette transformation.  Il a appelé à garantir l’accès aux vaccins des pays en développement.  Il a également souligné l’importance d’inclure les groupes les plus vulnérables afin de garantir un développement harmonieux et de lutter contre la pauvreté.  En tant que membre du Groupe des Amis des personnes âgées, le Brésil s’engage résolument sur ce dossier.

Mme MADJA MOUTCHOU (Maroc) a déclaré que les réformes menées au Maroc ont permis d’apporter un changement économique à différents échelons de la société.  Néanmoins, la pandémie de COVID-19 a fragilisé le pays, mettant en exergue la nécessité de rendre le tissu social plus résilient.  La représentante s’est félicitée des avancées sur le tissu social et les médias ainsi que sur la question du numérique et l’information du grand public.  Le Maroc, a-t-elle indiqué, a adopté une stratégie numérique et mis en place des programmes de dématérialisation afin d’élaborer un modèle économique durable et d’encourager l’emploi et la croissance, y compris en renforçant la participation des jeunes et le développement durable.  Il s’agit aussi de renforcer les systèmes d’éducation et de santé ainsi que la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, par le biais notamment de politiques publiques de protection de l’enfance et des personnes âgées.  Mme ABAAKIL, déléguée de la jeunesse du Maroc, prenant la parole à son tour, a souligné que les jeunes constituent la plus grande partie de la société, mais sont laissés hors du processus décisionnel, soulignant la multiplication des actions de la jeunesse sur le terrain. Ce sont en effet eux qui devront assumer les conséquences, à l’échelle mondiale, des changements climatiques, a-t-elle prévenu.  Il est donc nécessaire de répondre aux problèmes qui les préoccupent et de lever les obstacles à leur participation.  Elle a également insisté sur l’éducation, notant que 260 millions de jeunes sont déscolarisés, notamment des jeunes femmes et des filles, appelant à armer les jeunes avec les bons outils par le biais de l’éducation.

M. GULYAMJON PIRIMKULOV (Ouzbékistan) a déploré les obstacles auxquels fait face la communauté internationale, et a indiqué que, pour y faire face, son pays a mis en œuvre des idées radicalement nouvelles.  Après la stratégie 2017-2022 pour le développement social qui avait déjà initié une croissance durable et une réduction de la pauvreté, la stratégie de développement 2022-2026 ambitionne à présent de diviser par deux le niveau de pauvreté, renforcer la sécurité alimentaire et faire de l’Ouzbékistan un pays à revenu intermédiaire supérieur, et augmenter la protection sociale.  Loin des indicateurs abstraits, la politique du pays est ciblée, s’est réjoui le délégué, expliquant que la collecte numérique de données au sein des foyers permet de proposer des mesures adaptées, et d’éliminer la corruption. 

Le délégué a indiqué que le pays disposera bientôt de la main-d’œuvre la plus importante de son histoire, les moins de 30 ans représentant un tiers de la population.  Le niveau de développement socioéconomique futur du pays dépendra donc de leurs compétences et c’est la raison pour laquelle l’Ouzbékistan mise sur l’éducation, a-t-il expliqué, précisant que le nombre d’inscrit dans le supérieur a triplé en cinq ans.  Nous donnons à nos jeunes les moyens de s’emparer de la question du développement durable, car ils sont la garantie de la prospérité de demain, a-t-il affirmé.

M. YOUSEF S. I. SALAH (Libye) a estimé que le Sommet mondial pour le développement social de 1995 a été le point de lancement de toutes les avancées dans ce domaine.  Il a toutefois déploré le fait que les réalisations ne sont pas à la hauteur des ambitions et que les pays en développement sont confrontés à maintes difficultés en raison des multiples crises et de l’absence de soutien suffisant de la part des pays développés.  Le représentant a appelé à plus d’efforts concertés et coordonnés ainsi qu’à une aide financière pour permettre aux pays en développement de tenir leurs engagements en termes de développement social.  Il a ensuite indiqué que la Libye a ratifié la Convention relative aux droits des personnes handicapées et son protocole facultatif.  Elle a également adopté une nouvelle loi sur les retraites et fait de l’éducation un droit pour tous les Libyens.  Il a ensuite appelé à ne pas politiser les processus d’aide au développement, estimant que toute personne doit pouvoir aspirer au développement social.

M. TEBURORO TITO (Kiribati) a indiqué que son gouvernement a lancé il y a deux ans de nouveaux programmes de soutien ainsi que les habitants des îles périphériques qui dépendent fortement des revenus générés par la production et la vente de coprah pour leurs besoins quotidiens.  De même, 50 dollars sont versés tous les mois aux chômeurs âgés de 18 à 59 ans et la pension des personnes âgées a également été augmentée de 100 à 200 dollars par mois.  Les personnes handicapées reçoivent également des allocations mensuelles en fonction du degré de leur handicap.  Kiribati étant une société à base familiale et chrétienne, de nombreuses personnes dans le besoin sont aidées par leurs familles ou par les églises auxquelles elles appartiennent, a expliqué le représentant ajoutant que c’est très utile dans un pays où il y a très peu d’ONG internationales, d’organisations de la société civile ou d’institutions pour prendre soin des marginalisés.  Le représentant a ensuite fait savoir que son gouvernement ambitionne de transformer Kiribati en une nation économiquement riche grâce à son ambitieuse feuille de route pour le développement, KV20, et aux plans de développement quinquennaux.  Le financement de la feuille de route sur 20 ans et des plans de développement quinquennaux devrait provenir principalement des revenus de la pêche et du tourisme, complétés par des ressources externes des Nations Unies, de la Banque mondiale et d’autres agences multinationales, a-t-il précisé

Le représentant de l’Argentine a jugé que, face aux niveaux inquiétants d’inégalités sociales, il était plus que jamais nécessaire de rappeler les objectifs du développement social, plaidant pour un avenir durable et résilient pour tous.  Les personnes vulnérables, rendues invisibles, oubliées ou négligées méritent plus d’attention, a-t-il ajouté.  

L’Argentine a, pour sa part, adopté des mesures concrètes, comme un plan de lutte contre la faim et un plan en faveur de l’emploi, avec des mesures visant les plus vulnérables, a fait valoir le représentant.  Il a souligné l’importance de continuer à travailler pour mieux préserver les droits des personnes âgées, y compris par l’élaboration d’instruments internationaux juridiquement contraignants.  Au chapitre de l’éducation, le représentant a rappelé l’engagement politique pris dans la déclaration de Buenos Aires, précisant que l’Argentine imposera la scolarisation obligatoire jusqu’à la fin du secondaire.

Mme PATRICIA CHAND (Fidji) a déploré que les progrès réalisés en matière de développement social aient été anéantis en raison de la pandémie de COVID-19 et surtout des changements climatiques, qui restent la plus grande menace pour l’humanité.  Leurs effets dévastateurs ont aggravé les crises alimentaires, énergétiques et financières responsables de l’élargissement de la fracture sociale et économique entre les nations riches et les nations pauvres.  Quant à la nécessaire reprise après la pandémie, a lancé la représentante, si nous voulons parvenir à l’égalité, nous devons veiller à ce que tous les États, grands ou petits, aient la capacité de répondre aux situations d’urgence sanitaire.  Les vaccins doivent devenir un bien public mondial, autrement dit un bien commun à la disposition de tous, sans exception, a-t-elle précisé.  La pandémie a eu des conséquences disproportionnées pour les jeunes, dont l’avenir reste incertain, particulièrement au regard de leurs perspectives d’emploi.  La représentante a attiré l’attention sur le fardeau pesant sur les jeunes, qui vivent en majorité dans les pays en développement, appelant à prendre des mesures concrètes pour répondre à nombre de problèmes les concernant.  Elle a également déploré que les jeunes soient délibérément mis de côté dans les processus de décision aux niveaux national, régional et international, et de l’état de la planète dont ils vont hériter.  En venant à la jouissance des droits humains des personnes âgées, la représentante a indiqué que les Fidji sont favorables à la création d’un instrument juridiquement contraignant pour leur protection et prêtes à apporter leur contribution dans un tel processus.  Elle a aussi invité les États à investir davantage dans l’éducation, qui est en soi la solution pour construire un monde plus juste et équitable.

Mme MOKUY OYONO MBASOGO (Guinée équatoriale) est revenue sur les décennies d’extrême pauvreté qui ont suivi l’indépendance du pays, saluant les réformes socio-économiques entreprises depuis lors. Celles-ci sont aujourd’hui guidées par le Programme 2030 et l’Agenda 2063 de l’Union africaine, a-t-elle précisé.  Ses ressources pétrolières ont permis d’améliorer les infrastructures essentielles de la Guinée équatoriale telles que les logements sociaux, le réseau routier et les hôpitaux.  Les conditions de vie des Guinéens ont ainsi été améliorées et l’environnement est davantage protégé, s’est félicitée la représentante, ajoutant que plusieurs secteurs participent à cet effort comme la pêche et l’agriculture.  Mais la flambée des prix de l’énergie associée à la pandémie de COVID-19 ont mis en lumière la nécessité d’imaginer de nouvelles façons de produire, d’apprendre, et même d’interagir entre sociétés, a-t-elle insisté.  « Nous comptons toujours sur le soutien de nos partenaires internationaux ».

Mme ELIZABETH NORALMA MENDEZ GRUEZO (Équateur) a indiqué que l’impact de la pandémie de COVID-19 a été durement ressentie dans son pays, en particulier dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’économie et de l’emploi, qui sont les plus sensibles en matière de développement social.  Reconnaissant que les défis à surmonter pour se relever d’un tel choc sont immenses, elle a relevé qu’un pourcentage significatif de femmes et de jeunes sont dans des situations difficiles, tout comme les autres groupes vulnérables que sont les personnes autochtones, les seniors, les personnes handicapées et les migrants.  Pour tenter de remédier aux effets de cette crise, à laquelle s’ajoutent les retombées des changements climatiques, l’Équateur s’engage à participer aux efforts permettant de se rapprocher des ODD et de faire respecter les droits fondamentaux, a précisé la déléguée, appelant à une action responsable et pérenne pour rattraper les retards engrangés ces dernières années.  Pour ce faire, il importe selon elle d’exploiter les synergies entre les secteurs public et privé et de tirer parti du multilatéralisme.  Il convient également d’adopter une approche transversale pour garantir une transition écologique juste et de se tourner vers l’avenir en privilégiant l’éducation pour tous, l’élimination de la malnutrition infantile et un système de santé intégral, a ajouté la représentante. 

Mme MARIA THEOFILI (Grèce) a estimé important de ne pas perdre de vue l’intégration de l’action climatique dans les stratégies de développement multisectorielles.  Elle a souligné la participation très active de sa délégation au Sommet sur la transformation de l’éducation, pour ensuite annoncer que la Grèce accueillerait en 2024 la neuvième Conférence internationale «Our Ocean Greece», qui s’appuiera sur les plans ambitieux du pays visant à promouvoir la pêche durable et à protéger 30% de son territoire terrestre et maritime d’ici à 2030.  Elle a par ailleurs souligné que le cadre juridique grec concernant les personnes âgées s’est amélioré au cours des dernières années, notant que le taux de réduction de la pension des retraités qui exercent toujours une activité professionnelle a été ramené de 60% à 30%.  Des mesures ont également été adoptées dans le cadre du plan d’action national pour l’égalité des sexes afin de soutenir les femmes âgées et d’éliminer toute possibilité de discrimination et d’exclusion sociale.  En outre, plusieurs programmes de subvention ont été mis en place ces dernières années, afin de créer de nouveaux emplois à temps plein pour les personnes âgées de plus de 50 ans. 

Droit de réponse

Exerçant son droit de réponse, le représentant de la Fédération de Russie a réagi à l’intervention du délégué de la jeunesse de l’Ukraine, souhaitant savoir pourquoi les autorités ukrainiennes ont, après 2014, interdit l’utilisation de la langue russe alors qu’elles l’utilisent comme langue maternelle.  Les délégués ukrainiens se sont d’ailleurs exprimés en russe, a-t-il constaté.  Il a déploré la menace directe inacceptable adressée à la jeunesse russe, s’interrogeant sur le sens de l’absence de pardon exprimé par le délégué ukrainien.  Il a indiqué que le Président Putin avait encore aujourd’hui appelé les autorités ukrainiennes à venir à la table des négociations et souligné que la Troisième Commission était une enceinte de dialogue et non de confrontations.  Il a enfin accusé l’Ukraine d’avoir frappé des convois de réfugiés ce matin dans la région de Zaporijia, tuant 24 personnes et en blessant 34, ainsi que dans la ville de Lougansk hier, faisant 30 morts. 

Point de procédure

Le représentant du Brésil a soulevé un point de procédure en rappelant que, conformément à la résolution 76/236 de l’Assemblée générale, les grandes commissions doivent examiner les programmes qui n’ont pas abouti au niveau des commissions de programme et de coordination.  Trois de ces programmes ont été placés sous l’égide de la Troisième Commission, a-t-il précisé, citant ceux sur la prévention du terrorisme, les droits humains et l’aide aux réfugiés.  Tout en disant comprendre que les questions les plus sensibles inscrites à l’ordre du jour soient traitées en priorité, il a souhaité que la Troisième Commission s’en saisisse afin de pouvoir soumettre à la Cinquième Commission des recommandations idoines avant la quatrième semaine de la session.  Il a donc demandé au Bureau de la Commission d’adapter à cette fin le programme de travail. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Inquiétudes au Conseil de sécurité face aux tensions entre la République démocratique du Congo et le Rwanda et à la rhétorique hostile à la MONUSCO

9142e séance - matin
CS/15045

Inquiétudes au Conseil de sécurité face aux tensions entre la République démocratique du Congo et le Rwanda et à la rhétorique hostile à la MONUSCO

À l’occasion de l’examen du dernier rapport en date du Secrétaire général sur la situation en République démocratique du Congo, les membres du Conseil de sécurité se sont inquiétés ce matin à la fois de la poursuite des violences dans l’est du pays, des tensions qu’elles génèrent entre le Rwanda et la RDC et de l’escalade de la rhétorique hostile à la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO), dont le représentant congolais a jugé « nécessaire » de revoir le calendrier de retrait.

Les groupes armés continuent de représenter une menace importante et de commettre des actes de violence contre les civils, a témoigné la Représentante spéciale du Secrétaire général et Chef de la MONUSCO, Mme Bintou Keita.  Celle-ci a attribué la majorité des exactions à plusieurs groupes armés, parmi lesquels le Mouvement du 23 mars (M23), qui avait été déjà largement évoqué lors de la précédente réunion du Conseil sur la RDC, le 29 juin.  Les membres du Conseil se sont inquiétés de l’activité croissante des groupes armés, qui exacerbent une situation humanitaire déjà désastreuse.  Mme Keita a ainsi rappelé que 27 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire et que beaucoup d’entre elles avaient en plus besoin d’une protection.

Les membres du Conseil ont donc appelé au retour de la paix, en se félicitant notamment des rencontres entre le Président congolais Felix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame, ainsi que des médiations des Présidents kényan, angolais et français.  Les attaques, celles du M23 en particulier, ont en effet tendu les relations entre les deux pays, la RDC accusant le Rwanda d’être derrière la récente résurgence de ce groupe armé.  Le représentant de la RDC a aujourd’hui encore affirmé que la localité de Bunagana était en fait « occupée par le Rwanda, sous couvert du M23 ».  Jugeant inacceptable cette « énième agression », il a demandé au Conseil de « ne pas continuer à fermer les yeux » et de rejoindre « clairement et sans ambiguïté » la RDC et son Président pour demander « haut et fort aux forces d’agression et d’occupation » de quitter immédiatement la localité.

Le représentant du Rwanda a quant à lui accusé les Forces démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) et ses dissidents –qualifiées de « forces négatives »- de continuer leurs attaques contre son pays et d’être présentes dans l’est de la RDC aux côtés des Forces armées de ce pays.  Reprenant les propos du Président Kagame devant l’Assemblée générale de Nations Unies, il a jugé « urgent de trouver la volonté politique afin de faire face à l’instabilité dans l’est de la RDC; s’accuser l’un l’autre ne permet pas de surmonter les problèmes, qui ne sont pas insurmontables, on peut trouver des solutions ».  

Plusieurs membres du Conseil ont donc insisté sur la mise en œuvre des différents documents visant à améliorer les relations entre le Rwanda et la RDC, que ce soit la Feuille de route de Luanda, adoptée en juillet, ou le Processus de Nairobi.  Le représentant de la RDC a assuré que le Processus de Nairobi allait être relancé dans les prochains jours après « une pause technique », et expliqué que les groupes rebelles qui y adhéreront seront pris en charge par le Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (P-DDRCS).  Mais il a ajouté qu’en ce qui concerne les « groupes armés étrangers, il n’y aura pas de discussion possible », et qu’ils devraient « déposer sans conditions les armes et rentrer chez eux ». 

Les membres du Conseil se sont également préoccupés du devenir de la MONUSCO.  Mme Keita a déclaré que la « crise de confiance » que connaissaient déjà la Mission et la population congolaise dans l’est du pays s’était aggravée, offrant un terrain fertile aux manipulations et stigmatisations contre la MONUSCO et menant à de nouvelles manifestations violentes, qui ont causé la mort de plusieurs dizaines de manifestants et de quatre personnels de la Mission.  À cet égard, « la redevabilité est nécessaire pour tous les acteurs », a déclaré l’Irlande, qui a dit attendre les conclusions de l’enquête conjointe sur l’incident au poste frontière de Kasindi, à la frontière ougandaise, le 31 juillet.  La Norvège, comme d’autres, a dit sa préoccupation devant la « rhétorique hostile et anti-MONUSCO ».

Le représentant de la RDC a affirmé que la MONUSCO était un partenaire « important » pour la paix et la stabilité dans l’est de la RDC.  Il a d’ailleurs réitéré la demande de son pays au Conseil d’allouer à la Mission des moyens suffisants, d’actualiser son armement et de relever le niveau des équipements.  En ce sens, les États-Unis ont exhorté le Secrétariat de l’ONU à combler le vide laissé par le départ de l’unité aérienne ukrainienne qui avait servi pendant 10 ans au sein de la Mission.  Sans un soutien aérien, celle-ci ne pourrait mener à bien son mandat et lutter contre les groupes armés qui s’en prennent à la population, a-t-il ajouté.

Mais le représentant de la RDC a aussi parlé de la « nécessité » de réévaluer le plan de transition et de retrait progressif de la MONUSCO, qui s’est déjà retirée progressivement depuis deux ans des régions qui n’étaient plus au cœur de son mandat de protection des civils.

Cette remise en question du plan de transition conjoint et du calendrier du retrait a inquiété plusieurs membres du Conseil, dont la Norvège, pour qui la protection des civils doit être une condition préalable à la transition.  « Le retrait progressif et responsable de la Mission dépendra de l’atteinte des jalons fixés dans le plan de transition », a estimé la France.  La Fédération de Russie a souligné la nécessité de prendre en compte l’évolution sur le terrain et de privilégier une approche graduelle et responsable.  Les A3 ont rappelé qu’une transition efficace devrait inclure des critères garantissant le succès du transfert au Gouvernement de la RDC des tâches clefs liées à la sécurité.  Ils se sont inquiétés de ce que certains des critères prioritaires décrits ne prévoient pas le retrait et la sortie réussis et durables de la Mission.  La Chine a estimé que la MONUSCO devait s’adapter à la situation et aux attentes du Gouvernement congolais et de la population congolaise.  « Nous sommes pleinement disposés à travailler étroitement avec le Gouvernement » sur cette réévaluation, a affirmé la Chef de la MONUSCO. 

LA SITUATION CONCERNANT LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO S/2022/709

Déclarations

Mme BINTOU KEITA, Représentante spéciale du Secrétaire général en République démocratique du Congo (RDC) et Chef de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), a indiqué que, depuis le dernier rapport du Secrétaire général, des avancées significatives sont à noter dans les préparatifs des élections générales, qui doivent se tenir d’ici à décembre 2023.  La promulgation de la loi électorale révisée le 29 juin, le développement de ses mesures d’application par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), la mise en place de cadres de concertation thématiques avec les femmes, les jeunes, les partis politiques et la société civile, et les préparatifs pour le lancement de l’enregistrement des électeurs en décembre prochain, constituent des étapes importantes.  Pourtant, a-t-elle nuancé, des défis importants restent à relever, notamment pour parvenir à un large consensus sur les différents aspects du processus électoral.   

Mme Keita a souligné que le projet de budget était en augmentation d’environ 32% par rapport à 2022 et y a vu le résultat de bonnes performances macroéconomiques et de collectes fiscales record, qui témoignent de progrès significatifs en matière de gouvernance financière, soutenus par des efforts en matière de redevabilité, y compris avec l’opérationnalisation de la Cour des comptes.  L’adoption de ce budget devrait permettre d’accélérer la mise en œuvre du programme de développement des 145 territoires et de doter la CENI des moyens nécessaires pour le processus électoral, a-t-elle relevé.  

Mme Keita a souligné le caractère stratégique de la loi de programmation militaire 2022-2025, estimée à 1 milliard de dollars par an, que le Parlement doit examiner.  Cet instrument est essentiel pour permettre la montée en puissance des Forces armées de la RDC (FARDC) et mener à bien les reformes du secteur de la sécurité, deux éléments fondamentaux pour répondre aux défis sécuritaires du pays.

La Représentante spéciale a expliqué que son appel à autonomiser les FARDC découle des problèmes de sécurité persistants dans l’est de la RDC.  Les groupes armés continuent d’y représenter une menace importante et de commettre des actes de violence contre les civils.  La plupart des abus sont perpétrés par la Coopérative pour le développement du Congo (CODECO), les Forces démocratiques alliées (ADF) et le Mouvement du 23 mars (M23) en Ituri et au Nord-Kivu, tandis que les groupes Maï-Maï et d’autres milices ont intensifié leurs attaques contre les civils au Sud-Kivu, a-t-elle expliqué.   

Cette insécurité alimente les violations des droits de l’homme et a exacerbé une situation humanitaire déjà désastreuse, a déploré Mme Keita, qui a estimé à 27 millions le nombre de personnes qui ont besoin d’aide humanitaire dans le pays, dont beaucoup ont aussi besoin de protection.  Elle a vu un indicateur clair de la détérioration de la situation dans l’augmentation des déplacements internes depuis janvier 2022, qui a porté le nombre total de personnes déplacées à 5,5 millions - le plus grand nombre de cas en Afrique.  Dans ce contexte, Mme Keita a condamné fermement les attaques contre les travailleurs humanitaires, qui ont atteint leur plus haut niveau depuis le début de l’année au cours du mois de juillet, avec 34 incidents sécuritaires enregistrés.  Jusqu’à présent, le Plan de réponse humanitaire 2022 pour la RDC a reçu 37% du 1,88 milliard de dollars requis, a-t-elle ajouté, avant d’appeler les donateurs à poursuivre leur soutien, tout en les remerciant pour les contributions salvatrices déjà fournies.  

La MONUSCO travaille avec les FARDC pour mener des opérations offensives conjointes dans les zones affectées par les ADF et la CODECO, conformément à la politique de diligence raisonnable des Nations Unies en matière de droits de l’homme, a déclaré la Représentante spéciale.  Des initiatives régionales sont également en cours pour soutenir la stabilisation de l’est de la RDC et l’apaisement des tensions régionales alimentées par la résurgence du M23.  Ces initiatives régionales nécessitent un soutien international constant, a plaidé Mme Keita.  Elle a rappelé que, le 22 juillet, les chefs d’État de la Communauté de l’Afrique de l’Est ont nommé le Président du Kenya de l’époque, Uhuru Kenyatta, Facilitateur du processus de Nairobi et ont ordonné la création d’un fonds spécial pour les opérations militaires.  Le 8 septembre, le Gouvernement de la RDC et le Secrétariat de la Communauté d’Afrique de l’Est ont signé l’accord sur le statut des forces pour leur force régionale qui sera déployée dans l’est de la RDC pour une période initiale de 6 mois.  Au moment où je vous parle, un contingent des forces armées burundaises s’est déjà déployé au Sud-Kivu, a-t-elle témoigné.  Elle a souligné l’importance vitale d’une coordination efficace entre toutes les forces déployées sur le territoire congolais et la MONUSCO pour permettre à la mission de remplir pleinement son mandat de protection des civils.  

Mme Keita a en outre salué l’adoption, le 6 juillet, de la « feuille de route de Luanda » par les Présidents Tshisekedi de la RDC et Kagame du Rwanda, sous la médiation du Président João Lourenço de l’Angola, actuel Président de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), mandaté par l’Union africaine pour désamorcer les tensions entre les deux pays.  Les discussions tenues en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies entre le Président Tshisekedi et le Président Kagame, à l’appui des processus de Nairobi et de Luanda, facilitées par le Président français Macron, constituent un autre pas positif dans la bonne direction, a-t-elle relevé.  Le 31 août, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a décidé de créer une cellule d’appui stratégique pour soutenir la force régionale de la CAE.  Le Conseil a également décidé d’explorer et de mobiliser des financements pour assurer une mise en œuvre efficace du processus de paix en RDC, y compris l’utilisation éventuelle du Fonds pour la paix de l’UA.  Ces initiatives régionales et le déploiement de contingents des pays de la CAE doivent aller de pair avec des mesures non militaires, sans lesquelles aucune paix durable n’est possible, a averti Mme Keita.  Selon elle, le processus de Nairobi est indissociable du Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation.  Il faut donc mobiliser les moyens opérationnels et les ressources nécessaires pour doter les autorités provinciales des capacités requises pour sa mise en œuvre.   

Mme Keita a encouragé la RDC à poursuivre ses efforts et à fortifier son arsenal juridique pour lutter contre les dérives, notamment à travers l’adoption du projet de loi déposé au Parlement contre le tribalisme, le racisme et la xénophobie.  Elle a affirmé qu’au cours des derniers mois, dans le sillage de la résurgence du M23, la crise de confiance que connaissaient déjà la Mission et la population congolaise dans l’est du pays s’était aggravée.  Cette situation a offert un terrain fertile aux manipulations et stigmatisations contre la MONUSCO, menant à de nouvelles manifestations violentes et à de graves incidents causant la mort de plusieurs dizaines de manifestants et de quatre membres de la Mission.  À la suite de ces incidents, le Président Tshisekedi a instruit son gouvernement à réévaluer le plan de transition afin d’accélérer le départ de la MONUSCO.  Nous sommes pleinement disposés à travailler étroitement avec le Gouvernement à cet effet, a-t-elle conclu. 

M. MICHEL XAVIER BIANG, Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1533 (2004) concernant la République démocratique du Congo, a souligné que, depuis l’exposé de son prédécesseur, le Comité a tenu cinq réunions en présentiel et s’est réuni par visioconférence à quatre reprises en 2022.  Il a également indiqué que le Comité continue d’appuyer le mécanisme de suivi de la République démocratique du Congo, « qui prête son concours au Gouvernement de la RDC dans le cadre de ses enquêtes sur le meurtre de deux anciens membres du Groupe d’experts, Zaida Catalán et Michael Sharp, commis en mars 2017 ».  Le Comité a publié trois communiqués de presse contenant un bref résumé des consultations informelles tenues le 13 mai, le 15 juillet et le 27 septembre, a ajouté le Président du Comité, qui a en outre annoncé au Conseil son intention d’accompagner une délégation de membres du Comité lors d’une visite en RDC, au Rwanda et en Ouganda pendant la période allant du 7 au 18 novembre 2022.  Cette visite aura pour objet de recueillir des témoignages de première main sur l’application effective des sanctions imposées par la résolution 2360 (2017) du Conseil de sécurité, telles que réaffirmées par la résolution 2641 (2022), a-t-il précisé, ajoutant que cette visite sera également l’occasion de tenir des consultations avec les gouvernements de ces trois pays ainsi qu’avec la MONUSCO et des représentants de la société civile et des milieux d’affaires, travaillant sur des questions relevant du mandat du Comité.  En conclusion, il a rappelé que l’obligation de notification concernant la livraison aux forces congolaises de toutes armes et de tout matériel connexe, excepté pour les cinq catégories d’armes énoncées dans l’annexe A à la résolution 2641, avait été supprimée par l’adoption de cette résolution le 30 juin 2022.  « Au cours de ma prochaine visite en République démocratique du Congo, au Rwanda et en Ouganda, j’attends avec intérêt d’entendre les vues des responsables du Gouvernement et d’autres interlocuteurs, concernant la possible désignation à des fins de sanctions par le Comité d’un nombre supplémentaire de personnes et d’entités, au regard des actes commis », a-t-il dit.  

M. EMERY MUDINGA (Angaza Institute) a rappelé que la République démocratique du Congo possède la plus grande forêt tropicale du bassin du Congo.  Toutefois, a-t-il ajouté, sa superficie diminue d’un million d’hectares chaque année, si bien qu’en un siècle, elle pourrait être détruite, avec des conséquences importantes sur l’économie globale, l’agriculture et l’alimentation.  Les forêts congolaises ont été transformées en cachettes pour plus de 120 groupes armés, qui s’y sont installés et sont impliqués dans des activités de braconnage et de destruction de la biodiversité, a-t-il expliqué.  Cette situation est aussi à la base du recul du tourisme et du manque à gagner qui en résulte.  De plus, la transformation de plusieurs forêts en sites d’extraction illicites de minerais est à la base d’une déforestation massive.  Les pratiques d’accaparement des terres par les multinationales et les élites congolaises sont un véritable problème, a-t-il dénoncé, en stigmatisant le comportement de certaines autorités congolaises, qui délivrent des permis de coupe de bois.

À la suite de cet état des lieux, M. Mudinga a formulé des recommandations.  Il a estimé qu’il fallait permettre à la RDC de se procurer un armement susceptible de neutraliser les groupes armés et de prendre des sanctions à l’endroit des États Membres dont l’appui à ces groupes a été documenté. En outre, il faudrait financer des projets d’infrastructures routières pour permettre de contrôler les activités illicites et prendre les sanctions pour mettre un terme à la vente de bois et d’animaux protégés par les groupes armés rebelles.  Le directeur d’Angaza Institute a préconisé d’appuyer financièrement et techniquement la politique forestière de la RDC et de définir une politique de pacification des zones forestières.  Enfin, il a suggéré, en cas de renouvèlement de la MONUSCO, d’inclure dans son mandat l’intégration de mesures relatives aux conflits liés au réchauffement climatique.

M. MARTIN KIMANI (Kenya), s’exprimant au nom des A3 (Gabon, Ghana et Kenya), a, sur le plan politique, salué l’engagement du Président Tshisekedi à renforcer la confiance entre la RDC et les pays voisins et à organiser des élections en 2023, conformément à la Constitution.  

Sur la situation sécuritaire, il s’est dit gravement préoccupé par le fait que les groupes armés et les groupes terroristes affiliés continuent d’opérer en toute impunité, en particulier dans l’est du pays, et que les civils, notamment les femmes et les enfants, sont touchés de manière disproportionnée.  Les A3 condamnent fermement les activités terroristes de ces groupes armés et réitèrent la nécessité d’un effort concerté pour y mettre fin.  Ils somment tous les groupes armés de rendre leurs armes sans condition et de s’engager avec le Gouvernement dans le cadre du processus de dialogue de paix intercongolais.  

Les relations tendues entre la MONUSCO et les populations locales constituent un autre sujet de préoccupation pour les A3, a poursuivi le représentant.  Jugeant regrettable que les forces de la MONUSCO aient été confrontées à l’hostilité de personnes censées attendre d’elles une protection, M. Kimani a appelé à rétablir la confiance entre la Mission et les communautés hôtes.  Concernant l’avancement des critères prioritaires pour le retrait effectif et la sortie de la Mission, les A3 rappellent qu’une transition efficace devrait inclure des critères garantissant le succès du transfert au Gouvernement de la RDC des tâches clefs liées à la sécurité.  Or, a fait observer M. Kimani, certains des critères prioritaires décrits ne prévoient pas le retrait et la sortie réussis et durables de la Mission. 

M. FERGAL TOMAS MYTHEN (Irlande) s’est dit grandement préoccupé par la persistance de l’insécurité dans l’est de la République démocratique du Congo et les récentes manifestations contre la MONUSCO.  Il a jugé alarmantes les activités du Mouvement du 23 mars (M23) et leur sophistication grandissante, ainsi que la multiplication des attaques menées par les Forces démocratiques alliées (ADF), la Coopérative pour le développement du Congo (CODECO) et d’autres groupes armés, ce qui contribue à la crise humanitaire complexe.  De telles activités sapent, en effet, la capacité d’assistance des organisations humanitaires à 27 millions de personnes dans le besoin, a poursuivi le représentant, qui a prévenu que les conséquences de l’incapacité de résoudre ce conflit « seraient catastrophiques ».

M. Mythen a, en outre, relevé les taux élevés d’abus et de violations des droits de l’homme, de violence sexuelle liée au conflit et de violences sexistes perpétrés tant par les groupes armés que par les acteurs étatiques.  Condamnant ces actes, le représentant a incité à mettre fin à l’impunité et à rendre redevables les auteurs de tous les actes de violence, d’abus et de violations des droits de l’homme.  « La redevabilité est nécessaire pour tous les acteurs », a-t-il insisté, en ajoutant qu’il attendait les conclusions de l’enquête conjointe sur l’incident au poste frontière de Kasindi.  Il a assuré, par ailleurs, de l’appui continu de l’Irlande au rôle de la MONUSCO dans la protection des civils et reconnu les défis qu’elle doit relever, estimant à cet égard que la Mission devait s’acquitter de ce rôle par une communication accrue avec les communautés et les partenaires.  

Le représentant s’est ensuite alarmé des tensions entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, tout en se félicitant des rencontres entre les Présidents Tshisekedi et Kagame, y compris celles organisées par les Présidents Macron, Lourenço et Kenyatta.  Il a dit espérer que ces discussions déboucheront sur une désescalade et sur une action concertée pour faire face aux activités des groupes armés.  Il a réitéré l’importance de la coopération régionale et salué les efforts des États de la région, de l’Union africaine, de la Communauté d’Afrique de l’Est et de la Communauté de développement de l’Afrique australe pour leurs efforts visant à réduire les tensions et à établir la confiance.  Il a notamment exhorté toutes les parties à s’engager de manière constructive dans le processus de Nairobi, avant de réitérer que le déploiement de la force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est devait progresser de pair avec l’aspect politique.  Ce déploiement devrait avoir des objectifs clairs et être effectué en étroite coopération et coordination avec la MONUSCO et avec d’autres acteurs, a-t-il tenu à préciser, soulignant également que la force régionale doit respecter pleinement les normes relatives aux droits de l’homme. 

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) s’est dite « profondément préoccupée » par la détérioration de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC et ses implications régionales et en particulier les attaques récurrentes des groupes armés, dont le M23 et les Forces démocratiques alliées (ADF).  Son pays note également avec préoccupation la montée des tensions entre la République démocratique du Congo et le Rwanda et appelle dans ce contexte les deux pays à faire preuve de retenue et à rechercher une solution diplomatique.  La Norvège salue à cet égard, les efforts régionalement déployés par le Président angolais M. Lourenço et l’ancien Président du Kenya, M. Kenyatta.  Elle encourage en outre l’inclusion de toutes les parties prenantes concernées, y compris la société civile, les femmes et les jeunes, dans ces processus.

Mme Heimerback a également dit sa préoccupation devant la « rhétorique hostile et anti-MONUSCO » et par la remise en question dans toute la RDC, du plan de transition conjoint et du calendrier du retrait.  De l’avis de la Norvège, il est important que la transition ait lieu, sur la base de la situation sur le terrain, de manière progressive, responsable et durable et conformément au plan de retrait.  La Norvège réaffirme aussi que tous les civils doivent être protégés et que cette responsabilité première incombe au Gouvernement.  La protection des civils doit être une condition préalable à la transition, a estimé Mme Heimerback.

La représentante a également estimé que les prochaines élections de décembre seront une étape « importante ». Par l’intermédiaire du Programme des Nations Unies pour le développement, la Norvège apporte un appui financier aux préparatifs menés par la Commission électorale nationale indépendante.  Elle exhorte donc le Gouvernement, ainsi que les autres parties prenantes, à faire tout leur possible pour garantir des élections pacifiques, inclusives et transparentes.  La Norvège est prête à travailler avec toutes les parties prenantes pour un recalibrage durable et responsable de la MONUSCO et pour la paix en RDC, a conclu sa représentante.

M. RICHARD M. MILLS JR. (États-Unis) a salué le travail de l’unité aérienne ukrainienne qui a servi pendant 10 ans au sein de la MONUSCO, avant de quitter le pays récemment.  Il a exhorté le Secrétariat de l’ONU à combler ce vide, car sans un soutien aérien, la Mission ne pourra mener à bien son mandat et lutter contre les groupes armés qui s’en prennent à la population.  Il a appelé ces groupes armés à cesser les attaques contre les populations, se disant notamment préoccupé par la poursuite des attaques du M23 par le soutien que ce dernier reçoit d’acteurs extérieurs, y compris des forces de défense rwandaises.  Il a appelé les États Membres à geler les avoirs de ces groupes armés.

Le représentant a ensuite rappelé que tous les pays doivent informer le Conseil de sécurité à l’avance quand ils engagent une coopération militaire avec la RDC, y compris quand ils y déploient des contingents.  Il a, de ce fait, invité les pays de la région à ne pas oublier cette exigence, y compris la nécessité de respecter les droits de l’homme, quand la force de l’Afrique de l’Est sera déployée en soutien aux Forces armées de la RDC.

M. Mills a appelé à combattre les discours anti-ONU et les fausses informations, qui sapent le travail des soldats de la paix et ont contribué récemment à la mort de certains parmi eux, ainsi que de civils.  Il a aussi plaidé pour la reddition des comptes pour les soldats de la paix, y compris au sujet des incidents qui ont eu lieu à la frontière avec la Tanzanie.  Pour M. Mills, personne n’affirmerait que la MONUSCO doit rester indéfiniment en RDC, avant de rappeler que la Mission travaillait avec le Gouvernement de la RDC sur un plan de retrait graduel.  Il a conclu en affirmant qu’aujourd’hui, les activités de la Mission restent essentielles.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a constaté que le redéploiement des forces de sécurité de l’État avait entraîné une réduction des ressources pour lutter contre les M23 et créé un vide sécuritaire dont les groupes armés ont profité.  Il a appelé à l’accélération de l’application de la stratégie nationale du Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (P-DDRCS) pour stabiliser l’est du pays, cela avec l’aide et l’appui cohérent de la MONUSCO.  Il a condamné les attaques visant cette dernière, soulignant combien prendre pour cible l’ONU en RDC entrave ses capacités à protéger les civils.  Il a en outre indiqué que seul un processus politique crédible et légitime permettra d’établir un socle propice à l’atteinte d’une solution durable dans la région, étant entendu que les réponses militaires ne suffiront pas, « y compris pour mettre fin aux violences dans l’est de la RDC ».  Par ailleurs, le représentant, qui a fait remarquer que son pays apporte une aide humanitaire à 2,5 millions de personnes en RDC, a souligné qu’il importe que tous les acteurs de la région s’organisent pour faire face « ensemble » aux conséquences humanitaires des violences.  Les initiatives nationales, régionales et internationales doivent se compléter et ne doivent pas être en opposition, a-t-il insisté, avant de réaffirmer l’appui du Royaume-Uni à la stratégie de retrait et de transition de la Mission.

M. JUAN MANUEL GÓMEZ ROBLEDO VERDUZCO (Mexique) a réitéré sa préoccupation face à la détérioration continue de la situation sécuritaire dans les provinces orientales de la RDC.  Il a insisté sur le fait que les flux illicites d’armes et le trafic de ressources naturelles doivent être combattus afin de priver les groupes armés de leur capacité à déstabiliser le pays.  Il a déploré les attaques contre les civils et les infrastructures civiles, ainsi que le recrutement d’enfants.  La violence de ces groupes augmente le nombre de personnes déplacées dans un pays qui en compte déjà plus de 5,5 millions, a-t-il déploré.  Il a demandé instamment à tous les acteurs du conflit de veiller à ce que les organisations humanitaires opèrent sans entrave et aient accès à la population.

Par ailleurs, le Mexique s’est dit vivement préoccupé par les tensions entre la République démocratique du Congo et le Rwanda en raison des effets qu’elles peuvent avoir sur toute la région.  Il a exhorté les parties à recourir au dialogue pour résoudre leurs différends et a salué les efforts du Président de la France ainsi que ceux déployés par la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs pour parvenir à l’adoption de la feuille de route de Luanda.  Le représentant a réitéré son soutien à la MONUSCO et a condamné les campagnes de désinformation orchestrées contre la Mission qui ont conduit à des manifestations violentes à son encontre et ont fait des morts parmi les Casques bleus et les civils.  Il a encouragé l’exercice de révision du mandat de la MONUSCO mais a demandé de réaliser cet exercice avec prudence, compte tenu des événements récents.

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a expliqué que l’Inde, un des principaux pays contributeurs de troupes à la MONUSCO, était profondément préoccupée par la tournure récente des événements.  Les activités croissantes des groupes armés, en particulier le M23 parmi d’autres groupes armés tels que les ADF, le CODECO, les FDLR et les Maï-Maï, remettent en question l’approche globale de la résolution du conflit en RDC, a-t-il estimé.  L’ensemble complexe de facteurs qui contribuent à la situation dans l’est de la RDC exige, selon le délégué, une solution politique globale, et non une solution militaire.  Il a réitéré sa ferme condamnation des attaques contre les Casques bleus et espéré que le Gouvernement de la RDC traduise les auteurs en justice et que la direction de la Mission donne la priorité au règlement des problèmes politiques l’empêchant de remplir efficacement son mandat.  Dans ce contexte, le déploiement de la force régionale mixte de la Communauté d’Afrique de l’Est est un « développement positif », a estimé le représentant, selon qui, des initiatives régionales proactives et ciblées privilégiant le développement, la démobilisation des groupes armés dans l’est de la RDC et les efforts de médiation pour la cessation des hostilités sont à privilégier.

Mme AMEIRAH OBAID MOHAMED OBAID ALHEFEITI (Émirats arabes unis) a déclaré que pour parvenir à la sécurité en RDC, il fallait ouvrir l’espace de dialogue au niveau régional.  Des initiatives telles que la Feuille de route de Luanda ou le Processus de Nairobi doivent être encouragées, y compris par le Conseil de sécurité, dans le but de renforcer la confiance mutuelle.  La représentante s’est également dite en faveur du rôle des Nations Unies dans le pays.  Afin de préserver les acquis de ces dernières années, toutes les parties doivent remplir leurs obligations, y compris pour parvenir au retrait de la mission dans les délais prévus, a-t-elle plaidé.

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a salué les progrès des préparatifs en vue de la tenue d’élections en 2023 et exhorté toutes les parties à œuvrer de concert et en toute bonne foi aux fins de créer les conditions nécessaires en vue d’un scrutin inclusif, libre, et transparent, « acceptable pour toutes les parties ».  L’Albanie est encouragée, par ailleurs, par l’engagement public, exprimé par les acteurs nationaux et régionaux, visant à réduire les tensions.  Elle reste toutefois fortement inquiète face à la situation sécuritaire sur le terrain, a déclaré Mme Dautllari, qui a ensuite pris note de l’initiative de création d’un mécanisme de coordination entre la Feuille de route de Luanda et le Processus de Nairobi.

Face à la complexité de la situation dans le pays, la représentante a jugé très important de veiller à une mise en œuvre harmonieuse et efficace de ces initiatives.  Ainsi, les obligations et responsabilités de la Force régionale de l’Afrique de l’Est devraient être mises en œuvre en pleine coordination et coopération avec la MONUSCO de sorte à garantir la protection des civils et le maintien de l’accès humanitaire.  Mme Dautllari a estimé que le débat général de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale avait insufflé un élan supplémentaire à cet effort, saluant à cet égard la rencontre entre les Présidents de la République démocratique du Congo et du Rwanda, de même que leur engagement à travailler, ensemble, pour obtenir le retrait du M23 de tous les territoires et le retour des personnes déplacées par la guerre, avec l’appui de l’ONU, de l’Union africaine et de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (ICGLR).

La représentante a également attiré l’attention sur les souffrances des civils, en particulier dans l’Ituri et le Nord-Kivu, sur le nombre alarmant de victimes d’assassinats sommaires et extrajudiciaires, les graves violations et le recrutement d’enfants, ou encore sur les cas de violences sexuelles liées au conflit.  Elle a aussi noté que la RDC restait un des pays les plus dangereux pour les travailleurs humanitaires, ce qui affecte la capacité de livrer l’assistance, voire parfois à retarder, suspendre ou modifier la base de leurs opérations.  Mme Dautllari a donc exhorté à faciliter un climat sécurisé pour les partenaires humanitaires, dont la présence est essentielle pour les 27 millions de personnes ayant besoin d’une assistance et d’une protection.  Elle a ensuite appelé les groupes armés à rendre les armes sans conditions et encouragé les autorités congolaises à fournir davantage d’efforts dans la promotion de la réconciliation nationale.  Dans ce contexte, elle a mis l’accent sur le programme de démobilisation, de désarmement et de réinsertion, ainsi que sur la démobilisation des groupes armés étrangers qui « doivent retourner dans leur pays d’origine ».

Mme Dautllari s’est par ailleurs félicitée des mesures prises par le Gouvernement congolais tendant à rejeter les discours de haine, « inacceptables » en RDC, et a appelé à la mise en place d’un cadre juridique élargi dans ce contexte.  S’agissant de l’appel de ce même Gouvernement relatif à la révision du plan de retrait de la MONUSCO, la représentante a invité à garantir des conditions de sécurité minimales pour le personnel de la Mission, et plaidé pour que le retrait des provinces qui sont au cœur de ses opérations se fasse sous conditions.  Elle a rappelé, en conclusion, qu’il revient au premier Chef aux autorités congolaises de garantir la protection des avoirs et du personnel de la MONUSCO, appelant à faire rendre des comptes aux personnes impliquées dans les dernières manifestations violentes à l’encontre de la Mission.

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a rappelé qu’après deux décennies de présence de la MONUSCO et de la Mission précédente, la MONUC, la réalité sécuritaire et humanitaire catastrophique en RDC est devenue par trop familière.  Les derniers mois ont été marqués par une augmentation des activités militaires des groupes armés et des déplacements de population à grande échelle, a-t-il relevé en constatant que, si le rapport du Secrétaire général signale quelques améliorations, la situation générale en matière de sécurité et de droits humains reste désastreuse.  Il a de plus déploré que l’aide humanitaire ne se soit vue allouée qu’une petite partie de la somme totale.  Le représentant a vu comme des étapes importantes la nouvelle loi électorale révisée et l’annonce de la période d’inscription des électeurs par la Commission électorale nationale indépendante.  Il s’est félicité de l’engagement du Gouvernement de tenir des élections en 2023, ainsi que du lancement du processus de Nairobi qui a abouti à l’adhésion de la RDC à la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) et au déploiement de la force régionale de la CAE dans l’est de la RDC. 

Toutefois, le représentant s’est dit consterné par les manifestations contre la MONUSCO, fin juillet, qui ont dégénérées en émeutes, avec la mort de trois Casques bleus et de dizaines de ressortissants congolais.  Il a condamné dans les termes les plus forts les actes de violence et d’intimidation contre le personnel de l’ONU.  Il a noté avec inquiétude que certaines autorités congolaises auraient encouragé les protestations contre la MONUSCO, avant de souligner que le nombre croissant de campagnes de désinformation dirigées contre la Mission menace la sûreté et la sécurité des Casques bleus.  Par conséquent, le représentant a souligné la nécessité de continuer à renforcer les capacités de communication stratégique de la MONUSCO.  Les transitions sont un moment délicat dans toute opération de paix, particulièrement dans un conflit aussi long et complexe que celui de l’est de la RDC, a-t-il rappelé

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a salué une « légère accalmie » dans les combats opposant le M23 et les forces gouvernementales, même si « d’autres groupes continuent de terroriser les populations locales et de profiter de l’insécurité qu’ils créent pour financer leurs activités illégales et se réarmer ».  La représentante a condamné les différends entre les manifestants et les Casques bleus et Bérets bleus, appelant à une enquête approfondie sur les incidents ayant fait des victimes afin que soient prises les mesures nécessaires.  Elle a ensuite préconisé l’intensification de « la coordination et des échanges d’informations entre la MONUSCO et les autorités officielles de la RDC ».  S’agissant du retrait et de la transition de la Mission, la représentante a souligné la nécessité de prendre en compte l’évolution sur le terrain et de privilégier une approche graduelle et responsable.  Selon elle, les moyens politiques pour stabiliser le pays doivent être déployés à partir d’un cessez-le-feu global, la clef pour un retour à la normal en RDC passant par une coopération constructive entre acteurs régionaux des Grands Lacs.  À cet égard, elle a jugé indispensable de revitaliser l’Accord-cadre de 2013 pour la paix, la sécurité et la coopération en République démocratique du Congo et dans la région.  Enfin, la représentante russe a espéré que l’amélioration de la situation humanitaire permettra une préparation efficace des élections devant se tenir en 2023.  « Alors les Congolais seront en mesure de décider eux-mêmes du destin de leur beau pays ».

M. DAI BING (Chine) a condamné l’escalade de la violence dans l’est de la RDC et a mis l’accent sur le retour de la stabilité, une priorité absolue selon lui.  La Chine exprime son appui au Gouvernement congolais et exhorte les groupes armés à immédiatement déposer les armes, à respecter les appels à la paix et à suivre le processus de Nairobi.  Le maintien de la stabilité politique étant la pierre angulaire du développement de la RDC, le représentant a aussi appelé à créer une ambiance politique favorable à la bonne tenue des prochaines élections.

La communauté internationale doit continuer ses efforts visant à ce que les « problèmes africains » soient réglés « entre Africains », et à ce que les différends soient réglés par le dialogue et les consultations, a déclaré le représentant.

Rendant hommage aux « sacrifices immenses » des Casques bleus pour le maintien de la paix en RDC, M. Dai a estimé que la MONUSCO devait s’adapter à la situation et aux attentes du Gouvernement congolais et à la population congolaise. Le représentant a appelé à « rationnaliser » ses tâches et à « simplifier » son mandat.  La MONUSCO doit aussi continuer à communiquer avec tous les secteurs de la société congolaise par divers canaux, a plaidé le représentant.  Concernant les violences perpétrées contre les Casques bleus, il a souhaité une enquête rapide.  Enfin, il a estimé que le Conseil devait répondre de manière positive à la demande du Président de la RDC de lever l’embargo sur les armes.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a axé son intervention sur trois points.  Il a d’abord estimé qu’il était impératif de restaurer la sécurité à l’Est, où les populations civiles et les forces de sécurité continuent d’être la cible des groupes armés.  Une réponse coordonnée des États de la région est urgente, a-t-il souligné, en saluant les efforts de la Communauté des États d’Afrique de l’Est et de l’Angola.  Les processus de Nairobi et de Luanda doivent permettre de démobiliser les groupes armés et restaurer la confiance dans la région.  Dès lors, l’appui des Nations Unies, de l’Union africaine et de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs sera indispensable, a-t-il commenté.  Le représentant a également rappelé qu’à l’initiative du Président de la République française, les chefs d’États de la RDC et du Rwanda se sont entretenus la semaine dernière à New York et sont convenus d’agir ensemble pour obtenir au plus vite le retrait du M23 des localités occupées.  Des engagements ont été pris pour mettre un terme à l’action de tous les groupes armés dans la région.

M. de Rivière a ensuite déclaré que la MONUSCO devait retrouver « sa liberté d’action » pour protéger les civils, ajoutant qu’il « appartient au premier chef » aux autorités congolaises d’assurer la sécurité des Nations Unies et de lutter contre la désinformation.  D’autre part, l’Accord sur le statut des forces doit être respecté et la liberté de mouvement de la Mission restaurée.  Toute la lumière doit être faite sur l’incident grave survenu à Kasindi, a-t-il souligné, ajoutant, d’un autre côté, que la France prenait note des demandes de révision du plan de transition, déjà engagé, de la MONUSCO, exprimées par les autorités congolaises.  Il a rappelé que la Mission avait quitté le Tanganyika, où l’Équipe de pays doit se renforcer pour préserver les acquis.  À terme, le retrait progressif et responsable de la Mission dépendra de l’atteinte des jalons fixés dans le plan de transition.  D’ici là, la MONUSCO doit continuer à mettre en œuvre son mandat robuste de protection des civils.  L’objectif de protection des civils devra également guider la force régionale annoncée à Nairobi, a encore affirmé le représentant, soulignant que cette force devra se coordonner étroitement avec la MONUSCO. 

M. de Rivière a par ailleurs jugé que les efforts visant à construire la stabilité ne devaient pas faiblir à l’approche des élections.  Il a reconnu que des mesures ont été prises par les autorités congolaises en vue du scrutin de 2023.  Il a signalé qu’en cas de sollicitation des autorités nationales, l’Union européenne dispose des moyens pour aider le pays à préparer un processus électoral libre, équitable, transparent et inclusif.  En attendant, a-t-il conclu, les efforts doivent se poursuivre pour consolider la stabilité et le développement, en particulier, l’urgence humanitaire, à la protection des droits de l’homme et la lutte contre les discours de haine.  Il a enfin estimé que l’exploitation durable des ressources naturelles et la lutte contre leur trafic illicite seront des facteurs supplémentaires de paix.

M. GEORGES NZONGOLA-NTALAJA (République démocratique du Congo) a déclaré que pendant que se tient cette réunion, la localité de Bunagana, située dans l’est de la RDC, est toujours « occupée par le Rwanda, sous couvert du M23 ».  Cette énième agression est « inacceptable » et le Conseil, qui est très bien informé par son propre groupe d’experts, « ne doit pas continuer à fermer les yeux », a lancé le représentant, qui a « demandé solennellement » au Conseil de sécurité de rejoindre « clairement et sans ambiguïté » la RDC et son Président pour demander « haut et fort aux forces d’agression et d’occupation » de quitter immédiatement Bunagana, sans conditions ni subterfuges.

Le représentant a ensuite assuré que le Processus de Nairobi, qui a connu une « pause technique », allait être relancé dans les prochains jours.  Son volet politique est toujours d’actualité, a-t-il assuré.  Les groupes rebelles qui y adhéreront seront pris en charge par le programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (P-DDRCS), a-t-il ajouté, faisant observer que l’opérationnalisation complète de ce « programme crucial », allait exiger des financements.  Quant au volet militaire, lui aussi en cours de mise en œuvre, quelques « groupes négatifs » lui demeurent réfractaires, notamment le groupe terroriste M23 « soutenu par le Rwanda », les Forces démocratiques alliées (ADF), ainsi que des groupes armés Zaïre et Coopérative pour le développement du Congo (CODECO) dans l’Ituri, et enfin les Maï-Maï dans le Sud-Kivu.

En ce qui concerne, les groupes armés étrangers, il n’y aura pas de discussions possibles, a affirmé le représentant: le Gouvernement de la RDC leur demande de « déposer sans conditions les armes et de rentrer chez eux ».  Il demande aussi aux pays d’origine de ces « groupes négatifs » de prouver leur bonne foi en mettant en place des processus et des conditions adéquates pour « absorber » ces combattants.  Par ailleurs, les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) vont s’harmoniser et collaborer avec la MONUSCO, notamment pour éviter les « tirs amis », a-t-il assuré. 

M. Nzongola-Ntalaja a assuré que, pour son pays, la MONUSCO est un partenaire « important » pour la paix et la stabilité dans l’est de la RDC.  Mais, a-t-il ajouté, la réévaluation du plan de transition et du retrait progressif de la mission est une « nécessité ».  Le Gouvernement estime toutefois que la MONUSCO doit mettre en œuvre son « mandat principal » de protection des civils, et ce, de manière « robuste ».  La RDC réitère donc sa demande au Conseil d’allouer à la Mission des moyens suffisants, d’actualiser l’armement et de relever le niveau des équipements.

La RDC demande également au Conseil d’exiger un retrait « immédiat et sans conditions » des troupes rwandaises et du M23 de la cité de Bunagana, a insisté le représentant.  Elle lui demande aussi d’appuyer le Processus de Nairobi et d’exiger de tous les groupes armés, « sans exception », de déposer les armes pour rejoindre le P-DDRCS.  La RDC demande par ailleurs le renforcement des sanctions contre les réseaux maffieux internes et externes qui exploitent illégalement les ressources naturelles de la RDC, depuis des lieux de production, de transit et de destinations.  Elle demande enfin la levée totale du dispositif de la clause de notification préalable exigée par le Comité des sanctions du Conseil de sécurité relatif à la RDC, a conclu le représentant.

M. CLAVER GATETE (Rwanda) a estimé que le Rapport du Secrétaire général donnait une couverture très complète des effets provoqués par des groupes armés étrangers dans l’est de la RDC.  Il a estimé que le Processus de Nairobi et  la Feuille de route de Luanda se complètent.  Il s’est dit certain qu’une solution durable pourra être mise en œuvre.

Le représentant a ensuite cité  les propos du Président Paul Kagame du Rwanda, selon qui, il « est urgent de trouver la volonté politique afin de faire face à l’instabilité dans l’est de la RDC, s’accuser l’un l’autre ne permet pas de surmonter les problèmes, qui ne sont pas insurmontables, on peut trouver des solutions ».  Les Forces démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) et ses dissidents continuent de déstabiliser le Rwanda, a-t-il déploré, affirmant que ces groupes étaient toujours présents aux côtés des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).  Ces « traîtres » continuent d’être des « forces négatives » et mènent des opérations transfrontières sur le territoire rwandais, a accusé le représentant, pour qui la menace qu’ils représentent ne doit pas être sous-estimée.  Il a notamment affirmé que les FDLR fondaient leur idéologie sur le génocide, pillaient, tuaient et continuaient à saper la sécurité du Rwanda.   « Ces groupes dissidents sont une menace crédible pour la sécurité du Rwanda », a-t-il insisté.

Le représentant a en outre dénoncé une tendance de certains dirigeants congolais à faire du Rwanda un bouc émissaire, « ce qui ne fait qu’aggraver le sentiment anti-rwandais et approfondit la haine contre les communautés rwandaises ».  Le Rwanda considère qu’on peut faire face à tout cela si la volonté politique existe.  La RDC doit accepter sa responsabilité au titre des accords régionaux et doit mettre en œuvre les accords  de paix existants.  Le problème, ce n’est pas le mécanisme, c’est l’absence de mise en œuvre des accords existants, a-t-il déclaré.

M. ZEPHYRIN MANIRATANGA (Burundi) s’est réjoui du fait que les excellentes relations diplomatiques, commerciales et socioéconomiques que le Burundi entretient avec la République démocratique du Congo se matérialisent, notamment en mettant en application plusieurs accords dans le domaine commercial, dans la libre circulation des personnes et des marchandises et tant d’autres.  Il a rappelé que le Burundi a accueilli des milliers de réfugiés en provenance de la partie est de la RDC « où pullulent plusieurs groupes armés et terroristes locaux et étrangers ».  Il a ajouté que le Burundi s’est joint aux efforts de la communauté Est africaine visant à stabiliser l’est de la RDC dans le cadre du processus de Nairobi.  C’est dans cet esprit qu’a été déployé en RDC un contingent de la Force de défense nationale du Burundi, a-t-il signalé, expliquant vouloir ainsi contribuer au rétablissement de la paix et de la sécurité dans la province du Sud-Kivu.  Au vu des problématiques sécuritaires à caractère répétitif, le délégué a dit que le Burundi soutient profondément les approches régionales et, plus spécifiquement, le processus de Nairobi entrepris par la Communauté de l’Afrique de l’Est.  Au regard de la situation au Sud-Kivu, il a jugé nécessaire non seulement de neutraliser les forces négatives et terroristes qui sèment la désolation dans la sous-région, mais aussi de développer une approche visant la réconciliation entre les communautés locales pour parvenir à instaurer une culture de la paix dans les esprits des communautés appelées à coexister pacifiquement.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Deuxième Commission (questions économiques et financières) organise ses travaux axés sur l’accélération de la réalisation du Programme 2030

Soixante-dix-septième session,
1re séance plénière – matin
AG/EF/3564

La Deuxième Commission (questions économiques et financières) organise ses travaux axés sur l’accélération de la réalisation du Programme 2030

La Commission économique et financière (Deuxième Commission) de l’Assemblée générale a entamé, ce matin, sa soixante-dix-septième session, approuvant l’ordre du jour et l’organisation des travaux d’une session dont la majorité des questions est axée sur la promotion d’une croissance économique soutenue et du développement durable.  Toutes les séances publiques se tiendront en présentiel, signe de la reprise post-COVID.  Néanmoins, « les délégués sont fortement encouragés à porter un couvre-visage en tout temps dans les salles de conférence, sauf lorsqu’ils s’adressent directement à l’assemblée », a précisé la Présidente de la Commission, Mme Lachezara Stoeva (Bulgarie).

Selon l’ordre du jour qui a été adopté, les travaux de la Deuxième Commission prendront fin le 23 novembre prochain.  Dès lundi 3 octobre, la Commission commencera ses travaux de fond par le débat général sur deux jours, qui s’ouvrira par un discours liminaire du professeur Michael Kremer de l’Université de Chicago, lauréat du prix Nobel de sciences économiques en 2019.

Le débat commun avec le Conseil économique et social (ECOSOC) aura lieu le mardi 11 octobre sur le thème « Nouvelles perspectives sur l’éradication de la pauvreté – idées pour une reprise durable ».  Quant au dialogue annuel avec les secrétaires exécutifs des commissions régionales, il se tiendra le matin du mardi 25 octobre.

Comme il est désormais coutume, les décisions sur les projets de résolution seront programmées au cours de la seconde moitié des travaux de la Commission en novembre.  Les délégations ont été priées par la Présidente de faire tout leur possible pour conclure les négociations dans les délais prévus, afin de permettre de se prononcer sur les projets de résolution aux dates indiquées sur le programme de travail.  Pour faciliter les négociations, le Bureau de la Commission a décidé d’organiser des consultations officieuses informelles sur les projets de résolution selon une combinaison de formats en personne et virtuels.  Mme Stoeva a encouragé les délégations à rédiger des résolutions plus simples, concises, ciblées et orientées vers l’action.  Un lien clair avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030 devra être apparent dans les titres de ces textes dont le corps devra inclure des dispositions pour en accélérer la mise en œuvre.

En ce qui concerne la documentation officielle à la disposition des délégations de la Deuxième Commission, la Présidente a noté que presque tous les rapports sont disponibles.  Elle a précisé que, comme convenu lors de consultations tenues le 14 septembre, quatre rapports établis par la CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement) seront soumis aux États Membres pour compléter la documentation officielle.  Comme ils ne sont pas traduits dans les six langues officielles des Nations Unies, la Commission a décidé d’inviter des représentants de la CNUCED à présenter les passages de ces rapports relevant de la question étudiée, en même temps que la présentation des rapports du Secrétaire général sur le chapitre « Questions de politique macroéconomique », le 6 octobre.

En plus de Mme Stoeva, qui préside la Commission, et de Mme Francesca Cassar (Malte), Rapporteur, toutes deux élues à la séance du 7 juin 2022, les trois vice-présidents du Bureau ont été élus ce matin, à savoir M. Ahmed Magdy Mohamed Rashad Abdelaal (Égypte), M. Abdulrahman Abdulaziz F. A. Al-thani (Qatar), et M. Vladamir Kurt Sean Budhu (Trinité-et-Tobago).

Enfin, la Présidente a rappelé aux délégations que, comme c’est le cas depuis la soixante-septième session, toutes les séances publiques de la Commission seront diffusées sur le Web.  Un lien vers la couverture en direct et les vidéos archivées des réunions de la Deuxième Commission est disponible sur le site Internet de la Deuxième Commission.  En outre, des communiqués de presse, en anglais et en français, sur les réunions publiques de la Commission sont préparés par le Département de la communication globale et sont mis à disposition le jour même sur le site Web de l’ONU.

La prochaine réunion de la Deuxième Commission aura lieu le lundi 3 octobre, en présentiel, à partir de 10 heures.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.