En cours au Siège de l'ONU

La manipulation de l’information, les mesures coercitives dans le cyberespace et les représailles pour la coopération avec l’ONU mobilisent l’attention de la Troisième Commission

Soixante-dix-septième session  
19e & 20e séances plénières – matin & après-midi
AG/SHC/4352

La manipulation de l’information, les mesures coercitives dans le cyberespace et les représailles pour la coopération avec l’ONU mobilisent l’attention de la Troisième Commission

La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a dialogué aujourd’hui avec pas moins de huit experts et titulaires de mandat, l’occasion pour les délégations de faire le point sur plusieurs dimensions des droits de la personne, dont le problème de la torture, la manipulation de l’information en temps de guerre, l’application de mesures coercitives unilatérales dans le cyberespace, et l’indépendance des juges et des avocats.

Les travaux ont commencé avec l’intervention de la Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme qui a présenté plus d’une douzaine de rapports, dont le premier rapport du Secrétaire général sur les représailles pour la coopération avec l’ONU*.  Mme Ilze Brands Kehris a ainsi fait état d’un nombre élevé et persistant d’actes d’intimidation et de représailles ayant touché des individus et des groupes coopérant avec l’ONU dans 42 pays, et des risques particuliers auxquels sont confrontées les femmes.  Elle s’est aussi préoccupée de certaines tendances inquiétantes telles que la surveillance, en ligne et hors ligne, et la mise en place de législations restrictives punissant la coopération avec les Nations Unies pour des raisons de contre-terrorisme ou de sécurité nationale, ou sur la base de lois sur les ONG. 

La question de l’expansion des sanctions unilatérales dans le cyberespace a également mobilisé l’attention des États Membres qui ont entendu la Rapporteuse spéciale sur les effets négatifs des mesures coercitives unilatérales sur l’exercice des droits de l’homme soulever des préoccupations au sujet de leur utilisation.

En effet, selon Mme Alena Douhan, l’absence de consensus sur la notion d’« activité malveillante » dans le cyberespace et la nécessité de fournir une attribution appropriée aux individus, aux entreprises et aux États entraînent une utilisation de plus en plus abusive de ce terme.  Les sanctions ciblées sont ainsi utilisées comme un substitut aux poursuites pénales pour les cybercrimes, sans aucune possibilité de procès équitable ou de présomption d’innocence, s’est inquiétée la Rapporteuse qui a invité le Conseil de sécurité à entamer des discussions sur la question de savoir si des activités malveillantes dans le cyberespace peuvent être considérées comme une menace pour la paix et la sécurité internationales. 

« L’information est devenue un théâtre de guerre dangereux de l’ère numérique », a averti pour sa part la Rapporteuse spéciale sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression qui a attiré l’attention des délégations sur la manipulation de l’information pendant les conflits armés.  Certes, a concédé Mme Irene Khan, l’information est depuis longtemps manipulée en temps de guerre pour tromper ou démoraliser l’ennemi.  Mais l’inquiétante nouveauté des conflits actuels réside dans l’ampleur et la rapidité avec laquelle se propagent la désinformation et les discours de haine, notamment au moment où les plus vulnérables ont le plus grand besoin d’informations exactes. 

Le problème de l’impact de l’autoritarisme sur l’indépendance de la justice et le rôle des avocats ont été abordés par le Rapporteur spécial sur l’indépendance des juges et des avocats qui s’est inquiété de l’expansion des choix politiques autoritaires qui nuisent à l’indépendance judiciaire et au libre exercice de la profession juridique.  Notant par ailleurs que les femmes occupent un pourcentage disproportionnellement faible dans les échelons supérieurs des systèmes judiciaires, M. Diego García-Sayán a proposé que, d’ici à 2030, 50% des postes publics de haut niveau soient occupés par des femmes.  Il a également insisté sur l’importance du pluralisme juridique, déplorant un manque inquiétant de représentation des peuples autochtones dans les hautes cours de justice. 

Les délégations ont également dialogué avec la Rapporteuse spéciale sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, qui a alerté que les incidents de torture les plus courants comprennent des atteintes inhumaines ou dégradantes qui sont perpétrées tous les jours et parfois de façon routinière.  Nous ignorons ces agressions dites « mineures » à nos risques et périls, a mis en garde Mme Alice Jill Edwards qui a par ailleurs appelé à rechercher des alternatives aux systèmes de justice pénale orientés vers la confession et qui se sont avérés encourager les tactiques d’interrogatoire abusives. 

De son côté, le Président du Comité contre la torture a regretté que certains États parties ne s’acquittent pas de leurs obligations en matière de présentation de rapports, dénonçant notamment le refus explicite des autorités nicaraguayennes de soumettre des réponses écrites à la liste des points à traiter.

M. Claude Heller a en outre signalé qu’en raison de la pandémie de COVID-19, 59 rapports initiaux ou périodiques et 212 plaintes individuelles sont en attente d’examen, insistant sur l’importance d’allouer des ressources financières, humaines et matérielles nécessaires pour permettre aux organes de traités de s’acquitter pleinement de leurs mandats.  Les mêmes problèmes de dossiers en souffrance et de sous-financement se posent au Sous-Comité pour la prévention de la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants a indiqué sa présidente, Mme Suzanne Jabbour, notant que le Sous-Comité ne pouvait effectuer que 8 ou 9 visites par an contre les 12 à 15 envisagées initialement. 

La Directrice adjointe du Groupe de l’environnement et du développement durable au Cabinet exécutif du Secrétaire général, Mme Lara Blanco Rothe a présenté pour sa part les grandes lignes du troisième rapport du Secrétaire général sur l’intégration du handicap au sein de l’ONU. 

La Troisième Commission poursuivra ses travaux lundi 17 octobre, à partir de 10 heures. 

*à paraître sous la cote A/HRC/51/47

PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS HUMAINS

Déclarations liminaires suivies de dialogues interactifs

S’exprimant en visioconférence depuis Genève, Mme ILZE BRANDS KEHRIS, Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme, a présenté 17 rapports du Secrétaire général et du Haut-Commissaire aux droits de l’homme, dont celui sur la Situation du système des organes conventionnels des droits de l’homme (A/77/279) qui met l’accent sur l’accord conclu en juin dernier en vue d'établir un calendrier  prévisible sur huit ans pour l’examen des rapports des États parties. 

Passant au rapport sur le Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour la lutte contre les formes contemporaines d’esclavage (A/77/230), elle a relevé que celui-ci a atteint la barre des 1,5 million de dollars au cours de la période considérée et accordé 43 subventions cette année.  Le Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour les victimes de la torture (A/77/231) a accordé pour sa part 184 subventions annuelles, touchant plus de 46 000 survivants dans 92 pays.  Elle a ajouté que les contributions au Fonds s’étaient élevées à 10,5 millions de dollars au cours de la période considérée.

La Sous-Secrétaire générale a présenté une mise à jour orale de la résolution 76/175 sur l’accès équitable aux vaccins contre la COVID-19, déplorant que malgré un déploiement mondial sans précédent en termes de vitesse et d'échelle, la distribution avait été très inégale.  Seules 28% des populations âgées et 37% des travailleurs de la santé des pays à faible revenu ont été vaccinés, a-t-elle relevé, s’inquiétant aussi de l’accès aux vaccins des millions de personnes déplacées.  Elle a également signalé que l’hésitation à se faire vacciner a entraîné le plus grand recul en termes de vaccination en général en 30 ans, faisant peser un risque de résurgence de maladies comme la polio ou la rougeole.  Le traité sur les pandémies actuellement en discussion, devrait prévoir une approche mondiale coordonnée pour le développement et la distribution de vaccins, de médicaments et de traitements, fondée sur la solidarité, la coopération et les droits humains, a-t-elle estimé.

Mme Brands Kehris s’est ensuite félicitée de pouvoir présenter le premier rapport sur les représailles pour la coopération avec l’ONU (à paraître sous la cote A/HRC/51/47).  Elle a fait état d’un nombre élevé et persistant d’actes d’intimidation et de représailles dans 42 pays, et des risques particuliers auxquels sont confrontées les femmes.  Elle s’est aussi préoccupée de certaines tendances inquiétantes telles que la surveillance, en ligne et hors ligne, et la mise en place de législations restrictives punissant la coopération avec les Nations Unies pour des raisons de contre-terrorisme ou de sécurité nationale, ou sur la base de lois sur les ONG. 

Passant au rapport consolidé sur le droit au développement (A/HRC/51/22), elle a indiqué que l’application de ce droit aurait pu prévenir ou atténuer divers impacts de la pandémie et orienter le redressement au niveau mondial.  Elle a ensuite présenté le rapport sur la Promotion et protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales des Africains et des personnes d’ascendance africaine face au recours excessif à la force et aux autres violations des droits de l’homme dont se rendent coupables des membres des forces de l’ordre (A/HRC/51/53); suivi du rapport sur la protection des migrants (A/77/212), qui recommande d’élargir les voies de migration régulières et les possibilités de régularisation; et du rapport sur les personnes disparues (A/77/245) qui propose des mesures législatives pour empêcher les disparitions, répondre aux besoins des familles et garantir la responsabilité.  

Après le rapport sur le rôle des institutions des ombudsmans et des médiateurs (A/77/248), la Sous-Secrétaire générale a fait le point sur le rapport sur le moratoire sur l’application de la peine de mort (A/77/274) ainsi que sur un texte intitulé « Combattre la désinformation pour promouvoir et protéger les droits humains et les libertés fondamentales« »(A/77/287) qui indique que la désinformation se présente sous différentes formes et peut émaner d’États, de groupes ou d’individus, comme l’ont montré récemment la pandémie ou les conflits.  Elle a condamné l’utilisation de lois censées lutter contre la désinformation et autres contenus préjudiciables pour censurer et criminaliser les voix critiques et réduire la société civile au silence. 

Le rapport sur la question des droits humains dans l’administration de la justice (A/77/364) met en lumière les évolutions, les défis et les bonnes pratiques, notamment en ce qui concerne les femmes et les filles, a-t-elle expliqué.  Abordant le rapport sur la lutte contre l’intolérance, les stéréotypes négatifs, la stigmatisation, la discrimination, l’incitation à la violence et la violence fondée sur la religion ou la conviction (A/77/487), elle s’est inquiétée de la propagation accélérée de la haine dans l’espace numérique.

En venant aux rapports consacrés à des situations particulières, elle a indiqué que, le rapport sur la situation relative aux droits humains dans la République autonome de Crimée et la ville de Sébastopol (Ukraine)temporairement occupées (A/77/220), exposait l'’impact négatif de l’offensive militaire de la Fédération de Russie sur l’environnement général des défenseurs des droits de la personne.  S’agissant de la situation relative aux droits humains en République populaire démocratique de Corée (A/77/247*), elle a déploré l’isolement du pays, rendu plus extrême par la pandémie de COVID-19, la répression croissante des droits civils et politiques, et l’utilisation des nouvelles technologies pour supprimer l’accès aux médias étrangers.  Elle a également noté que, malgré la vulnérabilité des infrastructures sanitaires, le gouvernement avait décliné les offres des Nations Unies pour soutenir le déploiement d’un programme de vaccination contre la COVID-19.

Évoquant pour finir la situation des droits humains en République islamique d’Iran (A/77/181) elle s’est inquiétée d’une augmentation des exécutions et du maintien de la peine de mort pour les enfants délinquants.  Elle a fait état d’un usage « inutile et disproportionné » de la force lors de rassemblements pacifiques et du recours continu à des accusations liées à la sécurité nationale contre les défenseurs des droits humains et les avocats.  Le rapport aborde également l’impact des sanctions, a-t-elle précisé.

Dialogue interactif

Prenant la parole, la Suisse a demandé ce que pouvaient faire les États Membres pour aider le HCDH à lutter contre les représailles que subissent les défenseurs des droits humains qui coopèrent avec l’ONU.  Les États-Unis se sont, eux aussi, élevés contre cette situation et ont appelé à agir face aux acteurs étatiques qui tentaient d’empêcher l’accès de la société civile à l’ONU.  L’Union européenne (UE) a plus particulièrement condamné les lois qui ciblent les ONG « non désirables », et a voulu savoir si des progrès avaient pu être enregistrés dans le travail du HCDH, notamment grâce aux outils numériques.  S’inquiétant des violations entraînées par le conflit en Ukraine, le Canada a demandé comment les États Membres peuvent soutenir au mieux les activités du HCDH, notamment les dispositions pour combattre les représailles.  De son côté, le Royaume-Uni a voulu savoir comment encourager les travaux du HCDH quand les États ne répondaient pas à ses sollicitations.  

La République populaire démocratique de Corée (RPDC) a estimé que le rapport du Secrétaire général était une ingérence dans ses affaires internes, qu’il rapportait de fausses informations et était « politisé », demandant ensuite à l’UE de s’occuper des violations commises par ses propres États membres, estimant que la « charité bien ordonnée commence par soi ».  L’Arabie saoudite a assuré que personne n’était détenu sur son territoire sans respect des procédures légales en vigueur, suivie du Bélarus qui a rejeté les conclusions du rapport sur les représailles le concernant, estimant qu’elles étaient fondées sur des informations obsolètes et exposait l’avis subjectif du rapporteur.  L’Azerbaïdjan a regretté l’utilisation d’un nom géographique « non reconnu internationalement » dans le rapport dédié aux personnes disparues, la République arabe syrienne Syrie a rejeté les rapports par pays et s’est concentrée sur le rapport contre la désinformation, dénonçant « la grande campagne médiatique » contre elle.  L’Iran a qualifié d’injustifiées les conclusions du rapport le concernant et a regretté que sa condamnation des sanctions unilatérales des États-Unis n’ait pas été prise en compte.

L’Ukraine a condamné l’enrôlement forcé d’Ukrainiens de Crimée pour lutter contre leurs « frères », suivie de l’Irlande qui s’est inquiétée des attaques contre les femmes et les filles et de l’Albanie qui s’est intéressée à l’action de l’ONU pour empêcher les représailles contre les défenseurs des droits humains.  

La Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme a concentré sa réponse sur la question des représailles.  Notant qu’il était important d’en parler à New York et pas seulement à Genève, elle a appelé le maximum d’États Membres à soutenir l’adoption d’un projet de résolution issue du rapport.  Elle a précisé que 40% des États avaient répondu aux questionnaires envoyés pour ce rapport et que des cadres législatifs protecteurs pouvaient être mis en place avec l’aide du HCDH.  

Mme LARA BLANCO ROTHE, Directrice adjointe du Groupe de l’environnement et du développement durable au Cabinet exécutif du Secrétaire général, a présenté les grandes lignes du troisième rapport du Secrétaire général sur l’intégration du handicap au sein de l’ONU.  À cette occasion, elle a rappelé que la Stratégie des Nations Unies pour l’inclusion du handicap a été lancée par le Secrétaire général en 2019 dans le but de réaliser un changement transformateur et durable dans l’ensemble des activités de l’Organisation, à tous les niveaux du personnel et dans tous les programmes et opérations, de sorte que celle-ci puisse aider les États Membres à ne laisser aucune personne handicapée de côté.

Soulignant l’importance d’une ONU inclusive, accessible et capable de soutenir les États Membres dans la mise en œuvre de la Convention relative aux droits des personnes handicapées et la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, Mme Blanco Rothe a cité plusieurs chiffres démontrant, à ses yeux, l’impact de la Stratégie depuis 2019.  Elle a tout d’abord relevé que le nombre d’entités de l’ONU qui répondent aux critères de la Stratégie a augmenté de près de 100% dans ce laps de temps, passant de 16% à 30%.  De plus, 130 équipes de pays ont présenté un rapport sur cette question pour la deuxième année consécutive, s’est-elle félicitée.  Cela étant, 70% des critères de référence n’ont pas été atteints dans l’ensemble du système des Nations Unies, a nuancé la Directrice adjointe, reconnaissant qu’il reste encore du chemin à parcourir.

Mme Blanco Rothe s’est cependant réjouie qu’un nombre croissant d’entités et d’équipes pays intègrent explicitement l’inclusion du handicap dans leurs plans stratégiques et budgets.  Elle a également fait état de progrès sur le plan de l’accessibilité des personnes handicapées au numérique et dans d’autres domaines où l’Organisation n’était pas efficiente au départ, à savoir les communications, la consultation des organisations de personnes handicapées et l’approvisionnement.  Elle s’est par ailleurs déclarée satisfaite de voir nombre d’opérations de paix mettre en œuvre la stratégie, même si elles ne remplissent encore que 17% des critères de référence de la Stratégie.

La Stratégie des Nations Unies sur l’inclusion du handicap ne sera couronnée de succès que lorsque les personnes handicapées travailleront avec nous à tous les niveaux, a souligné la Directrice adjointe.  En conclusion, elle a estimé que le partenariat avec les États Membres et le soutien continu de ces derniers sont les conditions du succès de la Stratégie et de son impact pour le milliard de personnes handicapées dans le monde.

Dialogue interactif

À la suite de cet exposé, la Finlande a fait remarquer qu’elle fait partie des États soutenant financièrement la Stratégie des Nations Unies sur l’inclusion du handicap.  Déplorant la relative lenteur des progrès réalisés en matière d’intégration de la Stratégie dans les opérations de maintien de la paix, elle a demandé un état des lieux mis à jour sur ce point.  Elle a, d’autre part, constaté que la sensibilisation à l’inclusion des personnes handicapées n’est encore ni systématique ni obligatoire au sein du personnel de l’ONU, avant de s’interroger sur les moyens d’accroître cette prise de conscience.  À sa suite, la Nouvelle-Zélande a jugé que l’ONU, sur le terrain comme au Siège, ne représente pas assez les personnes handicapées.  Considérant que la Stratégie devrait aller plus loin à ce sujet, elle a souhaité en savoir davantage sur les actions que peuvent mener les États Membres pour épauler l’ONU.

De son côté, la République arabe syrienne a fait valoir que les besoins spécifiques des personnes handicapées impliquent des ressources supplémentaires, lesquelles font défaut à la Syrie, pays ravagé par une décennie de guerre et soumis à des mesures coercitives unilatérales.  À cet égard, elle a voulu savoir ce que peuvent faire les Nations Unies pour contourner ces sanctions et soutenir le Gouvernement syrien dans son action en faveur des personnes handicapées.

Répondant à ces questions et remarques, la Directrice adjointe du Groupe de l’environnement et du développement durable au Cabinet exécutif du Secrétaire général, a abordé en premier lieu, le retard constaté dans l’intégration des objectifs de la Stratégie dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU.  Ce retard, a précisé Mme Blanco Rothe, a été mis en évidence par un examen institutionnel effectué en 2018.  Toutefois, a-t-elle ajouté, trois ans plus tard, les indicateurs ont fait apparaître des progrès en termes d’inclusion des personnes handicapées, y compris dans les missions de paix.  Pour expliquer ces avancées, elle a cité la désignation de points focaux sur l’inclusion du handicap au sein de l’Organisation et la décision de prendre des « mesures accélérées » pour mettre en œuvre la Stratégie.

Mme Blanco Rothe s’est déclarée particulièrement encouragée par les progrès accomplis en termes d’inclusion des personnes handicapées au sein des institutions humanitaires de l’ONU.  Le taux d’atteinte des objectifs y est passé de 15% à 40%, s’est-elle réjouie, ajoutant que ces progrès concernent autant les situations de conflit que les catastrophes naturelles.

S’agissant des mesures prises pour augmenter les compétences du personnel de l’ONU sur l’inclusion des personnes handicapées, la Directrice adjointe a signalé la mise en place de modules de formation en ligne, qui s’ajoutent à une formation globale renforcée pour tous les membres du personnel.  Elle a, d’autre part, invité les États Membres à maintenir les ressources allouées à l’aide aux personnes en situation de handicap et à ne pas les affecter à d’autres domaines.  Elle a souhaité, à cet égard, que ces questions soient soulevées dans le cadre des travaux de la Cinquième Commission, tout en rappelant que la Stratégie est aussi soutenue par des ressources extrabudgétaires.  Enfin, répondant brièvement à la Syrie, elle s’est dite ravie du travail réalisé par l’équipe de pays de l’ONU, qui s’emploie à coordonner localement les actions sur l’inclusion du handicap.

M. CLAUDE HELLER, Président du Comité contre la torture, qui présentait le rapport annuel du Comité couvrant la période du 29 avril 2021 au 13 mai 2022, a regretté que certains États parties ne s’acquittent pas de leurs obligations en matière de rapports.  Le rapport initial de 29 États parties et les rapports périodiques de 45 autres États parties sont actuellement en retard, a déploré le Président, dont le Comité est chargé de surveiller le respect de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants par les 173 États parties.

M. Heller a notamment déploré le refus explicite des autorités nicaraguayennes de soumettre des réponses écrites à la liste des points à traiter, adoptée en décembre 2020, et l’absence de délégation de l’État partie lors de l’examen de son deuxième rapport périodique en juillet dernier.  À cet égard, le Comité rejette fermement les termes de la lettre, datée du 29 juin 2022, du Ministre des affaires étrangères du Nicaragua, qui « met en doute » la légitimité et l’intégrité du Comité, ainsi que du Haut-Commissariat aux droits de l’homme et d’autres organes et agences internationaux de défense des droits humains.  Compte tenu de cette situation et conformément à son règlement intérieur, le Comité a décidé de procéder à l’examen du rapport périodique et d’adopter ses observations finales provisoires, qui ont été soumises à l’État partie pour commentaires, et qui seront adoptées comme définitives lors de la prochaine session en novembre. 

Par ailleurs, le Comité a adopté des observations finales sur 12 rapports initiaux ou périodiques présentés, ainsi que sur le statut d’un État partie supplémentaire qui n’a pas présenté de rapport.  Les rapports soumis par quatre autres États parties ont également été examinés après l’adoption du rapport annuel.

Poursuivant, le Président du Comité contre la torture a signalé que la pandémie de COVID-19 a entraîné des retards dans l’examen public des rapports soumis par les États parties.  Actuellement, 59 rapports initiaux ou périodiques sont en attente d’examen.  Cependant, le Comité et son secrétariat ne disposent pas de ressources suffisantes pour faire face à cette charge de travail accrue, a-t-il déploré.  S’agissant des plaintes concernant la pratique systématique de la torture, il a précisé que le Comité a examiné 70 plaintes individuelles au cours de ses quatre dernières sessions: il a adopté 45 décisions sur le fond, considéré 12 communications comme recevables et interrompu l’examen de 13 autres.  Il a souligné que la charge de travail du Comité pour le traitement des plaintes individuelles reste considérable, 212 plaintes individuelles étant en attente d’examen.  Cet arriéré de communications en souffrance ne peut pas non plus être absorbé par les méthodes de travail et les ressources actuelles, a-t-il fait observer.

Le Président a ensuite regretté que certains États parties n’aient pas mis en œuvre les décisions prises à la suite de plaintes individuelles.  De plus, le Comité est également préoccupé par les actes d’intimidation et de représailles à l’encontre des personnes et des groupes qui cherchent à coopérer ou ont coopéré avec lui. 

Estimant le moment venu de s’orienter vers une approche commune pour renforcer et améliorer le fonctionnement du système des organes de traités relatifs aux droits humains, il s’est félicité donc de l’accord conclu par les présidents des organes de traités lors de leur réunion, tenue du 30 mai au 3 juin 2022 à New York, qui comprend la proposition d’établir un calendrier prévisible d’examen des pays sur huit ans couvrant toutes les procédures de présentation de rapports des organes de traités et tous les États parties, avec des examens de suivi à mi-cycle.  Il a ensuite insisté sur l’importance d’allouer des ressources financières, humaines et matérielles nécessaires pour que les organes de traités aient les moyens de s’acquitter pleinement de leurs mandats.

Dialogue interactif

À l’issue de cet exposé, le Chili a promis de présenter son septième rapport au Comité et d’envoyer les documents à cette fin au cours des prochains jours.  L’Union européenne ainsi que le Danemark ont souhaité savoir quels étaient les principaux défis que doivent relever les États s’agissant des informations à fournir.

Les États-Unis se sont inquiétés de la situation des droits de la personne dans le Xinjiang, notant que le rapport du Haut-Commissariat des droits de l’homme décrit les exactions et actes de tortures commis par la Chine sur les Ouïgours et d’autres minorités religieuses.  De même, la délégation a accusé les forces russes de crimes en Ukraine et évoqué la situation en Syrie et en Iran, avant d’interroger le Comité sur le point de savoir comment amener les responsables à rendre des comptes.  La Chine a, au contraire, qualifié l’évaluation par le Haut-Commissariat de « fallacieuse », y voyant le résultat d’une coercition de la part de l’Occident.  La délégation a noté, par ailleurs, que les États-Unis ont un « passif très nébuleux » sur les droits fondamentaux, citant notamment la prison de Guantanamo dont la fermeture a été réclamée par 16 experts de droits humains, sans succès.

Position soutenue par la Fédération de Russie qui, outre la « tristement célèbre prison » de Guantanamo, a dénoncé les enlèvements de citoyens russes par les agences de renseignement américaines.  La délégation a également pointé du doigt le Royaume-Uni, qui a décidé d’extrader vers les États-Unis, le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, où il risque une peine de 175 ans de prison.  Elle a aussi critiqué la ségrégation au sein du système correctionnel canadien.  Enfin, en Ukraine, la torture et les exécutions extrajudiciaires ont atteint des proportions catastrophiques, a-t-elle affirmé.  Jusqu’à quand les mécanismes internationaux des droits humains continueront-ils d’étouffer ce sujet? 

À son tour, le Mexique s’est enquis des meilleures pratiques identifiées par le Comité pour prévenir les cas de représailles et les actes d’intimidation à l’encontre des représentants des organisations de la société civile et des défenseurs des droits humains.  L’Arabie saoudite a indiqué que, sur son sol, les détentions n’ont lieux que dans des endroits spécifiques et pour des périodes précises et que personne ne peut être assujetti à la torture ou à des traitements dégradants.

S’agissant de la problématique spécifique des représailles, le Président du Comité contre la torture a expliqué que, pour combattre le phénomène, le Comité noue, dans la mesure du possible, un dialogue avec l’État concerné, par le biais de la Mission permanente, rappelant qu’il existe également des mécanismes au sein du Haut-Commissariat aux droits de l’homme.

Il a également indiqué que la Convention prévoit que, si le Comité dispose d’informations ou de documents impliquant une situation de pratique systématique de la torture, un processus d’enquête confidentielle est enclenché.  Le Comité ne se prononce pas en public, mais entame une coopération avec l’État concerné et peut même prévoir la possibilité d’une visite dans le pays pour traiter de situations préoccupantes.  M. Heller a souligné que « nous ne prenons pas de décisions politiques », et que son Comité accorde des traitements équitables à tous les États faisant partie de la Convention.

Pour ce qui est de la présentation des rapports, il y a, a expliqué le Président du Comité, une coopération directe par le biais du Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, pour aider à la préparation des rapports dont la rédaction oblige l’État partie à organiser et coordonner les différentes instances nationales.  Il a ensuite salué l’intention de plusieurs États de présenter leur rapport, citant le Chili, la Chine et le Mexique, insistant par ailleurs sur la responsabilité qui revient à chaque État.  Il a également attiré l’attention sur le manque de ressources humaine, financière et matérielle des

Mme SUZANNE JABBOUR, Présidente du Sous-Comité pour la prévention de la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, a noté que cette année marquait le vingtième anniversaire de l’adoption du Protocole facultatif se rapportant à la Convention contre la torture et le quinzième anniversaire de la création du Sous-Comité.  Elle a regretté que plus d’un cinquième des États ayant ratifié le Protocole facultatif n’aient pas encore établi de mécanisme national de prévention pleinement opérationnel.  

Elle a souligné que le travail du Sous-Comité, en 2020 et 2021, avait été gravement affecté par la pandémie de COVID-19, mais que les visites sur le terrain avaient repris en 2021, avec un déplacement en Bulgarie.  En 2022, des visites ont déjà été effectuées au Brésil, en Tunisie, en Argentine, au Liban, en Türkiye et en Équateur, et d’autres sont prévues en Australie et en Bosnie-Herzégovine, avant la fin de l’année.

Mme Jabbour s’est déclarée convaincue que, la visite du Sous-Comité au Brésil avait contribué à l’annulation, par la Cour suprême fédérale, d’un décret présidentiel ayant considérablement réduit les ressources et l’indépendance des mécanismes nationaux de prévention.  Elle a aussi souligné que, la délégation du Sous-Comité avait été reçue par le Premier Ministre de Tunisie en avril, et que le pays avait réitéré son engagement envers le Protocole facultatif.  Et, en Türkiye, le Sous-Comité a effectué des visites dans les lieux de détention avec les mécanismes nationaux de prévention, contribuant ainsi à renforcer les mandats de ces derniers.

La Présidente a cependant regretté que le Sous-Comité n’ait pu effectuer 8 ou 9 visites par an ces dernières années, alors qu’il devrait en effectuer au moins 10 - voire 12 à 15.  En outre, le Sous-Comité reste chroniquement en sous-effectif et manque de ressources.  Elle a ensuite appelé les États Membres à lui fournir les ressources nécessaires afin de renforcer les efforts de prévention de la

Dialogue interactif

L’Union européenne a demandé ce que pouvait faire le Sous-Comité et les mécanismes nationaux de prévention pour s’assurer que les professionnels de la santé puissent effectuer leur travail dans les lieux de détention.  Le Liban a voulu en savoir plus sur la situation financière du Sous-Comité, tandis que le Royaume-Uni s’est intéressé aux communications avec les États parties.  Comment assurer la mise en œuvre des nouveaux principes de collecte d’informations pendant les enquêtes, a ensuite demandé le Danemark.

La Présidente du Sous-Comité pour la prévention de la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants a souligné que le travail du Sous-Comité reposait sur les visites et s’est plainte du manque chronique de ressources financières et humaine de l’organe.  Elle a insisté sur la nécessaire indépendance et neutralité des mécanismes nationaux de prévention qui, a-t-elle souligné, devraient être dirigés par des experts des droits humains reconnus et être bien financés.  À ce sujet, elle a noté qu’un fonds de contribution volontaire avait été mis en place pour aider les États Membres à mettre en œuvre les recommandations du Sous-Comité et contribuer à renforcer la capacité des mécanismes nationaux de prévention.  Or celui-ci est sous-financé: s’il a pu débourser 380 000 dollars en 2022, il est pour l’instant déficitaire en 2023.  Elle a appelé les États Membres à contribuer à la reconstitution du fonds.  Mme Jabbour a ensuite expliqué que, le processus de travail du Sous-Comité reposait sur un dialogue permanent avec les États Membres et insisté sur l’importance de la formation des personnels de santé pour parvenir aux meilleurs résultats possibles. 

Mme ALICE JILL EDWARDS, Rapporteuse spéciale sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, a indiqué que le plus grand défi pour éradiquer la torture est le besoin de leadership et de volonté politique.  Bien qu’il y ait encore trop de formes sensationnelles de torture, les incidents les plus courants comprennent des atteintes inhumaines ou dégradantes qui sont perpétrées tous les jours et parfois de façon routinière, a-t-elle signalé.  Nous ignorons ces agressions dites « mineures » à nos risques et périls, a-t-elle mis en garde, ajoutant que même dans les pays qui se sont engagés à interdire la torture et prennent des mesures dans ce sens, il y aura des incidents, des défaillances et des reculs.  Je vous demande de reconnaître que l’État parfait n’existe pas, a-t-elle lancé.  

La Rapporteuse s’est ensuite engagée à travailler de manière constructive et coopérative, en restant à l’écoute des traditions juridiques et contextes locaux.  Les voix des victimes et des survivants seront amplifiées, a-t-elle promis, indiquant appliquer des méthodes féministes et axées sur l’égalité.  Elle a présenté les trois piliers de son programme de travail: premièrement, s’attaquer aux causes profondes de la torture et des autres traitements inhumains; deuxièmement, rechercher la justice et la responsabilité pour les victimes et les survivants; et troisièmement, promouvoir le droit international.

Par ailleurs, elle a indiqué que ses deux prochains rapports seront remis en 2023, dont celui portant sur les défis et bonnes pratiques concernant la criminalisation nationale, les enquêtes et les poursuites relatives aux infractions de torture.  Le troisième rapport rassemblera des exemples de pratiques du monde entier sur la manière de favoriser une police et un maintien de l’ordre sensibles aux besoins de la communauté, a-t-elle ajouté. 

Pour ce qui est des questions émergentes, la Rapporteuse a fait part de son intérêt pour la réglementation de la production, du commerce et de l’utilisation d’équipements capables d’infliger des souffrances disproportionnées.  Elle a aussi cité l’utilisation croissante de la technologie dans les opérations de maintien de l’ordre ou des opérations militaires.  Il convient en outre de rechercher des alternatives aux systèmes de justice pénale orientés vers la confession, qui se sont avérés encourager les tactiques d’interrogatoire abusives.  Enfin, elle a fait remarquer qu’elle était la première femme à occuper les fonctions de Rapporteuse spéciale, ce poste étant un des mandats des Nations Unies les plus anciens et les plus dominés par les hommes. 

Dialogue interactif

Au nom d’un groupe de 53 pays, le Chili a estimé que les principes d’enquête et de compilation d’informations connus sous le nom de « Principes de Mendez » constituent des mesures importantes pour assurer le respect des droits humains à toutes les étapes du processus de justice pénale, notamment pour les personnes faisant l’objet d’un interrogatoire, grâce à la mise en œuvre de garanties de procédure lors de la première heure de détention.  La délégation a encouragé les États Membres à appuyer l’utilisation de ces principes comme cadre de référence utile pour empêcher la torture et les autres formes de traitements cruels et inhumains.  Le Ghana, au nom de l’Initiative sur la Convention contre la torture, s’est dit prêt à aider les États dans le processus de ratification.

Les États-Unis ont salué la prise en compte de la violence sexiste, dénonçant par ailleurs des signalements de recours à la torture par la Chine, la Syrie ou encore la Russie en Ukraine.  La délégation de l’Ukraine a abondé en ce sens, en dénonçant des crimes d’atrocités « inouïs » commis par la Russie, évoquant les exhumations de corps dans les charniers près d’Izioum.  De graves violations des droits humains, y compris par les forces armées russes en Ukraine, ont également été dénoncées par la Géorgie, qui a souligné la nécessité d’assurer une reddition de comptes.  

La Fédération de Russie a réfuté les accusations des États-Unis et a déploré que l’Ukraine refuse de citer les noms des familles de personnes retrouvées à Izioum et Boutcha.  Cela permettrait d’établir qui dans les faits est coupable des meurtres de ces personnes, a estimé la délégation, demandant par ailleurs des explications sur l’intégration d’une perspective de genre dans les travaux de la Rapporteuse spéciale.  La Chine a dénoncé les problèmes existant aux États-Unis, notamment dans la prison de Guantanamo.  Comment la Rapporteuse spéciale pourrait-elle traiter la situation dans ce type de pays, s’est également demandé l’Iran.

Le Myanmar a dénoncé les crimes commis par la junte militaire illégale et a voulu savoir comment la Rapporteuse spéciale contribuera à y mettre un terme.  De son côté, le Pakistan, dénonçant des formes graves de torture dans le Jammu-et-Cachemire, s’est interrogé sur l’application du mandat de la Rapporteuse spéciale dans les territoires sous occupation étrangère.  Des déclarations rejetées par l’Inde qui a rappelé que le Jammu-et-Cachemire fait partie intégrante de l’Inde.  

Comment allez-vous travailler avec les États qui, par le passé, ont refusé ou entravé des enquêtes sur des allégations de torture ou traitement inhumain commises par des organes étatiques, a voulu savoir le Luxembourg.  L’Union européenne a insisté sur l’importance du rétablissement de la confiance du public dans les institutions, et s’est demandée comment la Rapporteuse spéciale allait utiliser son expertise en matière de droits des femmes et des filles dans son programme de travail.  Que comptez-vous faire pour renforcer le suivi des recommandations, a ajouté le Danemark

L’Indonésie a appelé au renforcement de la coopération et des connaissances sur la prévention de la torture.  Le Maroc a fait état de ses législations nationales sur le sujet, tandis que l’Australie a encouragé les États à accepter les visites des Rapporteurs spéciaux, en se félicitant de l’inclusion du genre dans son mandat.  L’Ordre souverain de Malte a mis en garde contre les liens entre trafic de personnes et torture, et s’est inquiété du problème des prisons surpeuplés.  

Dans sa réponse, la Rapporteuse spéciale sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants a souligné que, dans le contexte de son mandat, le dialogue était très important, notamment pour les situations complexes.  Elle a souligné être prête à se rendre auprès de chaque partie dans une situation de conflit afin d’être impartiale.

Elle s’est réjouie que certains pays saluent son approche intégrant le genre, une approche pouvant être transférée à d’autres groupes défavorisés et marginalisés.  Elle a ensuite indiqué qu’elle utiliserait les recommandations transmises par les organes conventionnels lors de ses visites sur le terrain.  Enfin, elle a réitéré sa demande à ce que les États s’expriment à haute voix sur les actes de torture, en agissant.  Elle a indiqué recevoir 10 à 15 allégations de torture, par semaine, et essayer de suivre ce qu’il en est pour chacune. 

À l’issue des discussions de ce matin, l’Algérie a souhaité prendre la parole pour revenir sur l’intervention du représentant du Maroc qu’elle a accusé de diffusion d’informations erronées sur le Sahara occidental.  

Mme ALENA DOUHAN, Rapporteuse spéciale sur les effets négatifs des mesures coercitives unilatérales sur l’exercice des droits de l’homme, a centré son exposé sur l’expansion des sanctions unilatérales dans le cyberespace, la façon dont les États réagissent aux activités « malveillantes » et les problèmes juridiques que posent ces réactions.  Mme Douhan a également évoqué l’impact humanitaire de telles mesures, notamment à travers l’interdiction de l’accès aux services bancaires en ligne, les campagnes de diffamation et les menaces de sanctions intervenant dans le cadre de régimes de sanctions. 

La Rapporteuse spéciale est partie du constat que les technologies numériques modifient tous les aspects de la vie humaine et du droit international, y compris la portée, les sujets, les moyens et les méthodes des sanctions internationales et unilatérales.  Si elle reconnaît le droit qu’a le Conseil de sécurité de décider des sanctions en réponse à une cyberactivité malveillante, elle considère, en revanche, que le recours à des sanctions unilatérales en réponse à l’utilisation de moyens numériques est préoccupante sur le plan du droit international.  Selon elle, des mesures unilatérales ne peuvent être prises par les États et les organisations régionales en réponse à une cyberactivité malveillante que si elles sont conformes au droit international et ne violent aucune obligation dans la sphère des droits de l’homme ou du droit humanitaire. 

Hélas, ce n’est généralement pas le cas, a déploré Mme Douhan, avant de rappeler aux États qu’en vertu du droit international, toute notion doit être interprétée « de bonne foi », au sens étroit du terme.  À ses yeux, l’absence de consensus sur la notion d’« activité malveillante » dans le cyberespace et la nécessité de fournir une attribution appropriée aux individus, aux entreprises et aux États entraînent une utilisation de plus en plus abusive de ce terme.  Les sanctions ciblées sont ainsi utilisées comme un substitut aux poursuites pénales pour les cybercrimes, sans aucune possibilité de procès équitable ou de présomption d’innocence, a-t-elle pointé. 

De plus, a poursuivi l’experte, certaines sanctions unilatérales dans la cybersphère visent l’ensemble des populations des pays ciblés, affectant leurs droits économiques et culturels, notamment les droits à l’Internet, à l’information, à l’éducation, à la santé, à la vie et au développement, et constituent dès lors une discrimination fondée sur la nationalité.

Empêcher l’accès à des ressources d’Internet spécifiques va à l’encontre de l’ensemble des « droits de l’homme sur Internet » et constitue une discrimination de fait à l’encontre des sociétés ciblées, a-t-elle dénoncé, ajoutant que cela est aussi contraire aux appels répétés des Nations Unies et d’autres organisations en faveur de la solidarité, de la coopération et du multilatéralisme. 

Dans ses recommandations, la Rapporteuse spéciale estime que les sanctions unilatérales imposées en réponse à une cyberactivité malveillante devraient être réexaminées et même levées lorsqu’elles ne sont pas conformes aux sanctions du Conseil de sécurité, ou qu’elles ne peuvent être qualifiées de rétorsions ou contre-mesures légales.  À cet égard, Mme Douhan a invité le Conseil de sécurité à entamer des discussions sur la question de savoir si des activités malveillantes dans le cyberespace peuvent être considérées comme une menace pour la paix et la sécurité internationales.  Pour finir, elle a encouragé le Comité des droits de l’homme à entamer un réexamen de son observation générale n 3 (2011) sur les libertés d’opinion et d’expression, faisant valoir que toute limitation de la liberté d’expression en ligne ne doit être prise qu’en pleine conformité avec les exigences des articles 19 et 20 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

Dans le prolongement de cet exposé, le Venezuela a indiqué que plus de 903 000 sanctions lui ont été imposées, affectant gravement les droits humains de sa population.  Plus largement, il a estimé que ces régimes de sanctions cruels, dont le but est d’occasionner un maximum de souffrance, violent les droits humains de plus d’un tiers de la population mondiale.  Sur la même ligne, le Zimbabwe a estimé que la Rapporteuse spéciale, lors de sa visite dans le pays en 2021, a pu constater de visu les effets négatifs de ces sanctions sur l’exercice des droits humains et sur les capacités du Gouvernement à réaliser les aspirations du peuple.  La Fédération de Russie a, pour sa part, dénoncé la politique du « deux poids, deux mesures » menée par l’Australie, le Royaume-Uni, le Canada, les États-Unis et les États membres de l’Union européenne (UE) dans leurs sanctions contre des médias russes, prises au mépris de la liberté d’expression.  Or, s’est indignée la délégation, lorsque la Fédération de Russie a pris des mesures de rétorsion légitimes, l’UE les a qualifiées de violations de cette liberté. 

À son tour, le Nicaragua a qualifié ses sanctions de mesures inhumaines et de menaces pour la paix et la sécurité internationales, appelant la communauté internationale à prendre des mesures urgentes pour les condamner et les éliminer.  Cuba a rappelé qu’en raison du blocus imposé depuis 60 ans par les États-Unis, certaines plateformes virtuelles nécessaires pour le travail des organisations internationales en temps de pandémie, y compris celles des Nations Unies, n’ont pas été accessibles, ce qui a empêché le pays de bénéficier des technologies et du développement sur un pied d’égalité, une situation également dénoncée par l’Afrique du Sud.  La République islamique d’Iran a, elle, estimé que les États à l’origine de ces sanctions devraient être condamnés pour avoir entraver l’accès à Internet et au développement humain.  À cet égard, le Pakistan a souhaité savoir comment séparer ces technologies de l’application de toute mesure coercitive, tandis que la Malaisie demandait des précisions sur le statut actuel de la notion de sanctions cybernétiques à l’échelle mondiale.  Elle aussi hostile aux sanctions, la Chine a appelé à bâtir une communauté du « vivre ensemble » dans le cyberespace.

Par la voix de l’Azerbaïdjan, le Mouvement des pays non alignés a rappelé son opposition à toutes les mesures coercitives unilatérales, y compris les mesures utilisées comme outils de pression politique ou économique et financière contre tout pays, en particulier contre les pays en développement.  Il a également exprimé son inquiétude face au recours croissant à l’unilatéralisme, réitérant son engagement à promouvoir, préserver, revitaliser, réformer et renforcer le multilatéralisme.  De son côté, le Bélarus a dit appuyer toutes les conclusions, recommandations et préoccupations figurant dans le rapport, notamment lorsque des mesures restrictives sont contraires au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, citant l’un des exemples les plus récents et les plus désastreux, celui des sanctions contre la potasse biélorusse, qui n’a pas été levée à ce jour.  Enfin, affirmant attendre la visite de la Rapporteuse spéciale, la République arabe syrienne a demandé à celle-ci si elle dispose de capacités nécessaires pour prendre soin des centaines de millions de civils qui meurent à cause des sanctions unilatérales.  La délégation s’est également interrogée sur le « silence étrange » de certains pays lors de ce dialogue.

Dans sa réponse aux délégations, la Rapporteuse spéciale sur les effets négatifs des mesures coercitives unilatérales sur l’exercice des droits de l’homme a appelé une nouvelle fois à prendre en compte les conséquences néfastes des mesures coercitives unilatérales dans l’espace cybernétique.  Elle a par ailleurs indiqué qu’il n’existe pas encore, à cette heure, de définition claire de ce que sont les sanctions cybernétiques, ce qui complique d’autant la situation et ses travaux.  S’agissant des répercussions des mesures coercitives unilatérales sur la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), elle a reconnu que l’utilisation de ces sanctions dans le domaine cybernétique porte préjudice à presque tous les ODD.  Quant à savoir ce que devrait être la riposte appropriée à la cybercriminalité, Mme Douhan a plaidé pour une application stricte des dispositions du droit pénal international.  Malheureusement, a-t-elle regretté, les sanctions unilatérales en cas de cybercrimes allégués ne s’appuie quasiment jamais sur la charge de la preuve et le processus d’implication n’est pas suivi.  Dès lors, les normes de procès équitable ne sont pas respectées, a conclu la Rapporteuse spéciale.

Mme IRENE KHAN, Rapporteuse spéciale sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression, a présenté son rapport sur les formes de manipulation de l’information, notamment la désinformation, la propagande et les discours de haine pendant les conflits armés.  Son travail établit aussi les rôles, les responsabilités et les obligations des États et des entreprises de médias sociaux à ce sujet.  Elle a souligné que l’information est devenue un théâtre de guerre dangereux de l’ère numérique.  Certes, a-t-elle concédé, l’information est depuis longtemps manipulée en temps de guerre pour tromper ou démoraliser l’ennemi.  Mais l’inquiétante nouveauté des conflits actuels réside dans l’ampleur et la rapidité avec laquelle se propage la désinformation et les discours de haine, notamment au moment où les plus vulnérables ont le plus grand besoin d’informations exactes. 

Elle a indiqué que les plateformes de médias sociaux jouent un rôle dual dans les conflits modernes, étant à la fois un moyen essentiel de communication, et vecteur de désinformation.  Il convient aussi de noter que la radio, les journaux et la télévision demeurent les sources d’information les plus répandues dans les zones de conflit et que de nombreux médias contrôlés par l’État fonctionnent comme des « super diffuseurs » de propagande et de désinformation, a-t-elle ajouté.

Mme Khan a opposé les États respectueux de la libre information -telle que définie par les normes internationales- à ceux qui cherchent à restreindre cette liberté, en invoquant justement la lutte contre la désinformation.  Il existe d’ailleurs une confusion considérable sur la définition de la désinformation, a-t-elle analysé: des informations factuelles et indépendantes telles que les rapports des Nations Unies sont parfois qualifiés de « fausses nouvelles » alors que des propagandes d’État manifestement fausses sont présentées comme des faits.  Soulignant que le droit à l’information n’est pas une cible de guerre mais un droit humain fondamental, la Rapporteuse spéciale a appelé les États à le protéger en temps de crise en tant que « droit de survie » sur lequel dépend la vie des gens.

La Rapporteuse spéciale a relevé que les lois restreignant la liberté d’expression au nom de la lutte contre le terrorisme ne contribuent en rien à combattre la désinformation et érodent la confiance du public dans l’intégrité de l’information.  Le meilleur antidote à la désinformation est une information publique, digne de confiance, couplée à la promotion de médias indépendants, libres, pluralistes et diversifiés, a-t-elle insisté.

Sur la question relative aux platesformes numériques, Mme Khan a indiqué que les problèmes liés aux médias sociaux étaient accentués dans le contexte des guerres et a exhorté les entreprises concernées à s’investir pour les droits humains au moment où cela devient le plus urgent: lors des conflits.  Elle a en outre appelé à une collaboration multipartite entre la société civile, les médias et les États, entre autres, ainsi qu’au renforcement du lien entre les droits humains et le droit humanitaire.  La question de l’application extraterritoriale des droits humains mérite également d’être réexaminée, notamment en ce qui concerne la reddition de comptes pour la désinformation qui menace les droits humains par-delà les frontières.

Dialogue interactif

Suite à cet exposé, la Suisse s’est inquiétée des régressions démocratiques induites par les enfreintes à la liberté d’expression, et a demandé quelles mesures pouvaient être envisagées à ce sujet.  Les États-Unis ont fustigé les menaces contre la liberté d’expression engendrées par « certains États », accusant notamment la Russie de mener des campagnes de désinformation et de répression contre tous les médias indépendants.  Que faire pour contrer l’augmentation de ce type d’attaques contre la liberté d’expression dans le monde?  L’Union européenne a condamné, elle aussi, les législations restrictives qui privent la population russe d’avoir connaissance des atrocités commises par les forces russes en Ukraine, et fait passer pour de soi-disant extrémistes ou agents de l’étranger les opposants au Kremlin. 

Comment protéger les plus jeunes de la désinformation et comment s’assurer que les opinions parentales n’empêchent les enfants de penser par eux-mêmes, s’est enquise, à son tour, la déléguée de la jeunesse du Luxembourg qui a rappelé la centralité des réseaux dans la vie des adolescents et enfants, qui n’ont pas toujours les outils pour discerner les informations vraies des fausses.

Comment faire en sorte qu’Internet reste sûr et fiable, et ne devienne pas un endroit amplifiant la désinformation, a demandé la Suède, s’exprimant au nom des pays baltes et nordiques.  L’Australie s’est émue de l’impact disproportionné des campagnes de haines en ligne sur les enfants, les femmes, ou les minorités LGBTI+, demandant comment accompagner les entreprises et la société civile pour améliorer cette réalité délétère.  L’Autriche a déploré, elle aussi, que les nouvelles technologies augmentent la déshumanisation de certains groupes.

Le Myanmar a dressé le sombre bilan de la liberté d’expression dans un pays ravagé par la guerre suite au coup d’État et où les militaires ont incité à la violence en diffusant de fausses informations et arrêté 142 journalistes.  Que faire pour lutter contre la désinformation telle que pratiquée par la junte, a demandé la délégation.  De son côté, le Portugal a exprimé ses préoccupations au sujet de plusieurs théâtres de guerre où différents acteurs militarisent l’information pour semer la confusion.  Par ailleurs, existe-t-il des exemples de politiques encadrant les contenus numériques sans contrevenir aux libertés de cette sphère?  La Slovaquie, elle, a demandé des précisions sur les mesures envisagées pour protéger le droit à la liberté d’expression et la lutte contre la désinformation lors des campagnes électorales

À son tour, la Pologne a estimé que la politique contre l’information de la Russie avait créé dans ce pays un véritable trou noir de l’information.  Elle a par ailleurs voulu savoir comment les entreprises privées pouvaient être épaulées pour lutter contre la désinformation en période de conflit. 

La Belgique a souhaité connaître des exemples de bonnes pratiques pour trouver le difficile équilibre entre la lutte contre les fausses nouvelles, et le respect de la liberté d’expression et d’opinion, un questionnement repris par le Royaume-Uni, ainsi que par les Pays-Bas qui se sont interrogés sur cet équilibre en cas de conflit.  Que faire pour que les États et les parties tierces à un conflit s’abstiennent de recourir aux fausses informations pour manipuler la société civile? a demandé la Tchéquie.

Israël est revenu sur la mort « tragique » de la journaliste Shireen Abu Akleh, affirmant que, selon l’enquête, « il est fort possible qu’elle ait été touchée par un tir des Forces de défense israéliennes ».  À aucun moment elle n’a été identifiée et à aucun moment il n’y a eu de tirs intentionnels visant à blesser la journaliste, a expliqué la déléguée, précisant que la balle était destinée aux terroristes.

L’Ukraine a ensuite demandé à la Rapporteuse spéciale de lui faire part des meilleures pratiques contre la désinformation.  Comment s’assurer que la liberté d’expression et la lutte contre la désinformation soient prises en compte dans le devoir de vigilance des entreprises, a voulu savoir la France.  Le Pakistan a déploré la violation du droit à la liberté d’expression au Jammu-et-Cachemire occupé par l’Inde, et a appelé à sanctionner les pays qui se sont coupables de désinformation et d’entraves à la liberté d’expression.

À son tour, la Fédération de Russie a regretté que le rapport de la Rapporteuse spéciale fasse écho « aux clichés de la propagande occidentale », ce qui nuit à son impartialité.  Elle a par ailleurs accusé Kiev d’avoir fait assassiner la journaliste Daria Dougina.  L’Inde a affirmé que la loi indienne protège le droit à l’information, pour ensuite fustiger la déclaration du Pakistan, éprouvant mépris et pitié pour un pays qui utilise les Nations Unies pour satisfaire ses ambitions politiques. 

La Chine s’est enorgueillie d’avoir sur son sol le plus grand nombre d’internautes au monde (1,5 milliard) et a déploré que la plupart des contenus défavorables du rapport concernent des pays en développement, dénonçant une politique du deux poids, deux mesures.  La Syrie a nié les allégations du rapport faisant état de coupures Internet sur son sol et a regretté que le rapport ne se fie qu’aux seuls médias occidentaux.  L’Iran a appelé les titulaires de mandat à éviter d’utiliser des allégations médiatiques pour émettre des accusations à l’égard d’un État souverain. 

Répondant à ces questions et remarques, la Rapporteuse spéciale sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression a souligné que son rapport était fondé sur des informations scrupuleusement évaluées et vérifiées.  Personne ici ne peut lever le doigt et se décrire comme un champion de la liberté d’expression, a-t-elle martelé, appelant les délégations ayant critiqué certains aspects de son travail à l’inviter pour investiguer sur place. 

Elle a ensuite appelé à réguler la sphère numérique de manière intelligente, en aiguillant les entreprises privées qui, a-t-elle ajouté, ont un grand pouvoir.  Elle a par ailleurs estimé que les enquêtes nationales sur les meurtres de journalistes ne suffisent pas, préconisant une action de l’ONU dans ce domaine.

M. DIEGO GARCÍA-SAYÁN, Rapporteur spécial sur l’indépendance des juges et des avocats, a tout d’abord indiqué que ses travaux s’inscrivent dans le cadre directeur du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a ensuite dit avoir identifié plusieurs défis dans le domaine de la justice, parmi lesquels l’autoritarisme qui, selon lui, affecte l’indépendance de la justice et le rôle des avocats, l’assaut de la corruption sur les systèmes judiciaires et l’accès à la justice pour tous.  Dans le cadre de son mandat, il a expliqué avoir assisté à une expansion et à un renforcement des choix politiques autoritaires qui nuisent à l’indépendance judiciaire et au libre exercice de la profession juridique.  De même, M. García-Sayán a relevé un nombre important d’attaques contre les juges et les procureurs, affirmant s’en être ouvert aux autorités nationales concernées.  Pour ce qui est du problème de la corruption, il a souligné que la justice joue un rôle central et irremplaçable dans la lutte contre ce fléau, dans la mesure où elle agit avec indépendance et intégrité pour guider les enquêtes et porter les accusations. 

Par ailleurs, concernant l’accès à la justice pour tous, le Rapporteur spécial a appelé à prendre en compte le genre, les peuples autochtones et l’utilisation des nouvelles technologies dans l’administration de la justice.  Il a par ailleurs rappelé que les femmes occupent un pourcentage disproportionnellement faible dans les échelons supérieurs des systèmes judiciaires.  C’est pourquoi il a proposé que, d’ici à 2030, 50% des postes publics de haut niveau soient occupés par les femmes.  M. García-Sayán a également souligné l’importance de veiller à ce que les diverses identités ethniques ne soient pas discriminées par des systèmes étatiques ou judiciaires.  Le pluralisme juridique est une valeur essentielle à prendre en compte par les systèmes judiciaires, a-t-il appuyé, mentionnant les systèmes de justice traditionnels ou coutumiers.  En outre, il a déploré un manque inquiétant de représentation des peuples autochtones dans les hautes cours de justice. 

Le Rapporteur spécial a également évoqué l’utilisation des nouvelles technologies dans l’administration de la justice, aux fins de faire progresser l’accès universel à la justice.  Il a appelé les États à garantir un budget efficace pour que leurs systèmes judiciaires puissent accéder à ces nouvelles technologies.  Avant de conclure, il a énuméré quelques questions fondamentales à privilégier, notamment l’obligation par les États de garantir le plein accès à une justice formelle, de faciliter et garantir l’exécution de la justice coutumière ou encore de garantir la liberté d’expression des juges et des magistrats.  Enfin, après avoir rappelé le caractère crucial de la confiance de la société dans le système judiciaire et son intégrité, il a souligné la nécessité de respecter et garantir les droits de ceux qui rendent la justice. 

Ouvrant cette discussion, le Pérou a souhaité obtenir davantage de détails sur la recommandation en faveur d’une justice indépendante et intégrale.  L’Union européenne a ensuite dénoncé une augmentation significative des attaques contre les procureurs et les juges, observant que les professionnels de la justice sont particulièrement vulnérables lorsque leurs activités portent sur la corruption ou les droits humains.  Évoquant les menaces que subissent ces professionnels en Russie, au Bélarus et en Chine, les États-Unis ont voulu savoir quels étaient les meilleurs recours pour lutter contre les attaques contre les juges et les avocats.

La Roumanie s’est interrogée sur la façon d’améliorer le chiffre de 6 milliards d’individus qui n’ont pas accès à la justice, tandis que le Royaume-Uni se demandait comment les relations internationales pourraient contribuer à une plus grande indépendance de la justice.  Le Liechtenstein a, pour sa part, voulu connaître les recommandations du Rapporteur spécial en matière de lutte contre la corruption et de suivi du renforcement de l’état de droit.  La délégation s’est également interrogée sur la manière d’améliorer la représentation des femmes dans le système judiciaire. 

De son côté, la Fédération de Russie a exprimé son désaccord avec certaines des conclusions et propositions sur l’égalité des sexes dans le système judiciaire.  Chacun a des chances égales d’exercer ses droits en Russie, a affirmé la délégation, et notre législation n’établit aucune restriction à l’admission des femmes aux postes de la fonction publique et du système judiciaire.  Tout dépend des compétences des travailleurs et de leurs expériences, a-t-elle ajouté.  La Chine a, elle, assuré protéger l’état de droit à travers sa réforme du système judiciaire et a signalé la création d’un mécanisme de garantie pour faire en sorte que les cas de violations des droits soient traités sans délai.  Par ailleurs, l’Arabie saoudite a affirmé s’efforcer d’accroître le nombre d’avocates, faisant état d’une augmentation du nombre de licences qui leurs sont octroyées. 

En réponse aux délégations, le Rapporteur spécial sur l’indépendance des juges et des avocats, a tenu à rappeler la réalité des faits.  On assiste, selon lui, à une dérive autoritaire dans différentes régions du monde, avec des situations souvent préoccupantes.  Il s’est cependant félicité des exemples positifs signalés par des délégations, notamment de la présence accrue des femmes dans le système judiciaire saoudien, soulignant que la justice joue un rôle majeur pour les relations au sein de la société, même si elle bénéficie de moins de visibilité que les routes ou les infrastructures sanitaires. 

Réagissant par ailleurs au chiffre de 6 milliards d’individus sans accès à la justice, M. García-Sayán a souhaité que l’on parle davantage de la manière dont on peut améliorer cet accès et que cet effort s’accompagne de plus de volonté politique.  En outre, le Rapporteur spécial a souligné l’importance de la Convention des Nations Unies sur la corruption pour combattre ce fléau.  Ce n’est pas un sujet parallèle, car il est indispensable que les systèmes judiciaires nationaux soient fiables, a-t-il fait valoir.  Il importe selon lui que les États mènent une réflexion approfondie sur la manière d’effectuer un bon suivi de la corruption et de mettre pleinement en œuvre la Convention qui s’y rapporte. 

M. García-Sayán a également abordé la question des femmes dans les hautes cours, rappelant à cet égard que la fonction judiciaire repose en grande partie sur les femmes dans le monde.  Mais plus on monte, plus le genre change, a-t-il fait remarquer, imputant ce déséquilibre non pas au manque de compétences, mais plutôt à des mesures discriminatoires, comme par exemple les formations en dehors des heures du travail, qui peuvent être compliquées à gérer pour les femmes.  Lorsqu’on permet aux femmes de se présenter aux concours et de s’y préparer, le nombre de femmes à ces postes augmentent beaucoup, a-t-il encore relevé.  S’il n’y avait pas de limitation, je serais d’accord avec la Fédération de Russie, mais le fait est qu’il y a des restrictions, petites et grandes, a-t-il conclu. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Les délégations de la Deuxième Commission parient sur un développement urbain vert, ouvert et durable

Soixante-dix-septième session,
17e & 18e séances plénières – matin & après-midi
AG/EF/3573

Les délégations de la Deuxième Commission parient sur un développement urbain vert, ouvert et durable

La Deuxième Commission (questions économiques et financières) s’est penchée, ce vendredi, sur le développement urbain ainsi que sur les activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies.  Comment canaliser l’urbanisme croissant, le rendre durable et compatible aux défis actuels sont parmi les questions qui ont été débattues en examinant la situation des villes qui, selon Chris Williams, Directeur du Bureau de New York d’ONU-Habitat, sont la clef de la réduction des crises et de la reprise.  Qu’il s’agisse d’urgences sanitaires, de la crise climatique, de conflits ou de catastrophes, elles sont le lieu où démarrent les crises telles que la pandémie de COVID-19, et là où elles se résolvent.  La manière dont les villes réagissent, se stabilisent et se régénèrent contribue au redressement national, a exposé l’expert, qui a recommandé de combattre en priorité « le sans-abrisme et le logement inadéquat ».

Le problème du mal-logement semble consubstantiel à la vie urbaine et n’épargne aucun pays, selon les rapports examinés et les témoignages des délégations.  Le Kenya s’est inquiété que 1,6 milliard de personnes dans le monde vivent dans des conditions de logement inadéquates ou dans des bidonvilles.  Il est vrai que 84 millions de personnes ont été déplacées en raison de conflits au cours du premier semestre 2021, ce qui laisse présager un déficit d’environ 440 millions de logements d’ici à 2025.  La Thaïlande a souligné que le développement urbain rapide et une croissance non planifiée, aggravés par les impacts socioéconomiques de la pandémie de COVID-19, posent des problèmes économiques, environnementaux et sociaux, notamment une consommation non durable des ressources et une pénurie de logements.  De plus, beaucoup de villes d’Asie du Sud-Est, qui sont des moteurs essentiels de la croissance économique de la région, figurent parmi les plus vulnérables aux catastrophes naturelles du fait des changements climatiques.  C’est dans ce contexte que l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) a mis en place des initiatives et stratégies, comme un réseau de 26 « villes intelligentes » coopérant grâce à des « solutions technologiques et novatrices ».  « La réalisation des ODD se fera ou se perdra au niveau local », a formulé M. Williams, et elle dépendra largement de la manière dont les gouvernements nationaux, provinciaux et locaux travaillent ensemble.

L’action d’ONU-Habitat a été globalement louée par les délégations, mais a aussi essuyé des critiques.  Le représentant du Malawi, au nom des pays les moins avancés (PMA), l’a jugée essentielle mais inadéquate, et a demandé comment l’agence pourrait contribuer à rendre les logements de ces pays plus résilients aux changements climatiques.  ONU-Habitat tente de mettre l’accent sur la planification urbaine dans les pays où les changements climatiques sont la menace prioritaire, a répondu M. Williams.  Le groupe des PMA s’est également interrogé sur les chances de renverser les tendances inquiétantes du développement rural à la traîne et de l’exode rural massif.  Une question importante qui, selon ONU-Habitat, pourrait se résoudre par la connexion entre ville et espaces ruraux, un lien qui « déterminera l’avenir de notre écosystème planétaire ».  L’agence a aussi préconisé l’augmentation de la densité urbaine pour que les villes en extension ne dévorent pas les terres agricoles environnantes.

La mise en œuvre du Nouveau Programme pour les villes, adopté en 2016 à Quito, a parfois été jugée trop limitée ou trop lente, comme l’ont dit respectivement le Bangladesh et le Kenya, certes en partie à cause des crises.  Les pays en développement sans littoral, par la voix du Botswana, ont recommandé d’assurer le suivi de ce programme en tenant compte du Programme de développement durable à l’horizon 2030 afin d’en assurer la cohérence.

La Deuxième Commission a aussi pu faire le point aujourd’hui sur l’examen quadriennal des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies et sur les progrès accomplis dans la refonte du système des coordonnatrices et coordonnateurs résidents.  De nombreux pays et groupes de pays ont appuyé la réforme du système.  El Salvador en a pointé les bienfaits, espérant que sa consolidation évitera les doublons à l’avenir.  Le Groupe des États d’Afrique s’est réjoui que le système puisse mieux accompagner les États africains, y compris dans la lutte contre la pandémie.  Toutefois, la transparence est cruciale pour maintenir la confiance dans le système, et les rapports « gagneraient à être rédigés de façon accessible et facile à comprendre », selon le groupe des pays nordiques.

Le Viet Nam a appelé les partenaires donateurs à accroître le financement de base des activités opérationnelles, soulignant l’importance de fournir un financement adéquat, flexible et prévisible au système des Nations Unies pour le développement, afin de combler le déséquilibre entre les ressources de base et les autres ressources.  Le Bélarus s’est lui aussi inquiété que le système de financement du développement de l’ONU soit financé par des ressources autres que les ressources de base, ce qui entrave, selon lui, la réalisation du Programme 2030, sans compter que les conditions d’accès à ces ressources sont « politisées » et injustement défavorables au Bélarus.

Il est vrai qu’aucun progrès n’a été fait pour atteindre l’objectif de 30% pour le financement de base.  Il n’a représenté que 17%, soit une baisse par rapport aux 19,6% de 2019.  Le financement pour le système de coordonnateurs résidents reste donc insuffisant, a confirmé Marion Barthelemy, Directrice au Bureau de l’appui et de la coordination intergouvernementale des Nations Unies au sein du Département des affaires économiques et sociales (DESA).

Afin de soutenir la réforme du système et promouvoir les ODD en Asie centrale, le Kazakhstan a proposé de créer le Centre régional des Nations Unies pour les objectifs de développement durable en Asie centrale et en Afghanistan à Almaty, notamment pour coordonner le travail de toutes les agences et tous les programmes dans la région.  Une proposition qui va de pair avec les efforts de coopération Sud-Sud, que de nombreuses délégations ont encouragée tout en soulignant qu’elle ne pourrait remplacer les flux financiers habituels.

La Deuxième Commission poursuivra ses travaux lundi, 17 octobre, à partir de 10 heures.

SUIVI DE L’APPLICATION DU NOUVEAU PROGRAMME POUR LES VILLES ET RENFORCEMENT DU PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LES ÉTABLISSEMENTS HUMAINS (ONU-HABITAT) 

ACTIVITÉS OPÉRATIONELLES DE DÉVELOPPEMENT

Présentation de rapports

M. CHRIS WILLIAMS, Directeur du Bureau de New York d’ONU-Habitat, a présenté le rapport du Secrétaire général intitulé « Suivi de l’application du Nouveau Programme pour les villes et renforcement du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat) » (A/77/310).  Le rapport préconise d’accélérer la mise en œuvre dudit Nouveau Programme en menant des actions sur le logement, le financement, le climat, la localisation et la sortie de crise.  Il met également en lumière la onzième session du Forum urbain mondial (FUM11), qui s’est tenue à Katowice, en Pologne, du 26 au 30 juin 2022.  Avec 17 000 participants en ligne, le FUM11 a été parmi les forums internationaux les plus inclusifs, les plus accessibles et les plus neutres sur le plan climatique de son genre, s’est réjoui le rapporteur.  Le document met aussi en évidence la stratégie d’urbanisation durable à l’échelle du système des Nations Unies.  Inspirée par le Secrétaire général, élaborée par le Comité de haut niveau sur les programmes et approuvée par le Conseil des chefs de secrétariat, cette stratégie applique une approche globale du système pour aider les pays à mettre en œuvre le Nouveau Programme des Nations Unies pour les villes.  Plutôt que de créer de nouvelles structures, elle invite les entités des Nations Unies à travailler par le biais des processus interinstitutionnels existants aux niveaux mondial, régional et national.

Le document invite aussi à mettre davantage l’accent sur le logement adéquat, « le sans-abrisme et le logement inadéquat ne connaissant pas de frontières.  Tous les États Membres sont concernés par cette question, comme l’ont montré la pandémie de COVID-19 et ses conséquences », a indiqué M. Williams.  Un autre domaine d’action recommandé dans le rapport consiste à exploiter le développement urbain durable pour promouvoir l’action climatique, protéger la biodiversité et réduire la pollution.  La manière dont nous régénérons et construisons les villes et dont nous relions les villes aux zones rurales déterminera l’avenir de notre écosystème planétaire, rappelle le rapport.

Le Secrétaire général, dans son rapport, attire aussi l’attention sur le domaine d’action que constituent la gouvernance multi-niveaux et la localisation.  « La réalisation des ODD se fera ou se perdra au niveau local. »  Et le succès au niveau local dépendra largement de la manière dont les gouvernements nationaux, provinciaux et locaux travailleront ensemble.  En outre, les villes sont la clef de la réduction des crises et de la reprise.  Qu’il s’agisse d’urgences sanitaires, de la crise climatique, de conflits ou de catastrophes, les villes sont de plus en plus le lieu des crises; elles sont aussi en première ligne pour répondre aux crises.  La manière dont elles réagissent, se stabilisent et se régénèrent contribue au redressement national », a conclu le haut-fonctionnaire.

Mme MARION BARTHELEMY, Directrice au Bureau de l’appui et de la coordination intergouvernementale des Nations Unies au sein du Département des affaires économiques et sociales (DESA), a présenté les rapports du Secrétaire général sur l’« Application de la résolution 75/233 de l’Assemblée générale sur l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies » (A/77/69 et A/77/69/Add.1).

La pandémie de COVID-19, les crises alimentaire, énergétique et financière liées à la guerre en Ukraine, les changements climatiques, l’inflation record et la hausse des taux d’intérêt ont un impact profond sur la vie et les moyens de subsistance des individus, en particulier dans les pays en développement, a souligné Mme Barthelemy, ajoutant que ces crises ne peuvent être résolues que par la solidarité mondiale, en suivant le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et les objectifs de développement durable pour aller de l'avant.

Portant sur une année au cours de laquelle les pays en développement se sont battus pour se relever de la pandémie et de ses conséquences socioéconomiques, le rapport montre que le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement a permis d’apporter un appui plus intégré, plus efficace et de meilleure qualité face aux besoins et aux priorités des pays en matière de développement durable.

Les coordonnatrices et coordonnateurs résidents se sont vu confier un rôle directeur dans les équipes de pays des Nations Unies, lesquelles fournissent un soutien plus adapté, tirant parti des moyens régionaux par l’intermédiaire des plateformes de collaboration régionales et des plans-cadres de coopération des Nations Unies pour le développement durable ainsi que d’autres outils de planification améliorés.

En ce qui concerne le financement, aucun progrès n’a été fait pour atteindre l’objectif de 30% pour le financement de base.  Il n’a représenté que 17%, soit une baisse par rapport aux 19,6% de 2019.  Le financement pour le système de coordonnateurs résidents reste insuffisant, a relevé Mme Barthelemy.

Mme XIAOJUN GRACE WANG, Cheffe de l’Unité d’appui au programme du Bureau des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud, présentant le rapport du Secrétaire général sur « l’état de la coopération Sud-Sud » (A/77/297) a indiqué qu’il a été établi sur la base d’une recherche coordonnée par le Bureau des Nations Unies pour la Coopération Sud-Sud (UNOSSC), avec des informations fournies par les organisations des Nations Unies sur leur travail dans le cadre de la coopération Sud-Sud et triangulaire.  Le rapport décrit le contexte actuel du développement mondial, analyse les relations Sud-Sud et triangulaires, de même que les tendances de la coopération et les nouvelles opportunités.  Il fournit des recommandations importantes à l’attention des États Membres et au système des Nations Unies pour renforcer son soutien à la Stratégie de coopération Sud-Sud et de coopération triangulaire au service du développement durable applicable à l’échelle du système des Nations Unies (2020-2024).  Le Secrétaire général recommande notamment une intégration plus poussée de la coopération Sud-Sud et triangulaire dans les résolutions, en particulier dans les domaines où elle peut catalyser, de manière significative, la réalisation des objectifs du développement durable (ODD), en mettant clairement l’accent sur les femmes, les enfants et les jeunes, sans laisser personne de côté.

Le Secrétaire général appelle également les États Membres et les partenaires, via la création d’un guichet unique, à accroître leurs contributions au Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud et à d’autres mécanismes de financement pertinents, afin de permettre au système des Nations Unies pour le développement de faire progresser les initiatives de coopération Sud-Sud et triangulaire défendues par les pays en développement.  Il encourage enfin les entités des Nations Unies à renforcer davantage leurs capacités institutionnelles et à allouer des ressources humaines et financières adéquates à l’appui de la coopération Sud-Sud.

Mme Wang a en outre indiqué que dans le cadre de la réponse mondiale à la pandémie, les pays en développement ont continué à se soutenir mutuellement, s’engageant de plus en plus sur une base multilatérale à travers la coopération Sud-Sud et triangulaire, y compris sur l’accès aux vaccins et la distribution équitable.  Mais la coopération Sud-Sud et triangulaire a besoin d’une base plus large d’acteurs, qui adoptent les technologies numériques, y compris le partage volontaire de licences, de technologies et de savoir-faire, pour surmonter ces défis.  Par ailleurs, en 2021, plusieurs entités des Nations Unies ont élargi leurs portefeuilles de programmes de coopération Sud-Sud et triangulaire: le nombre d’entités dotées d’une unité dédiée à la coopération Sud-Sud est passé de 7 en 2020 à 11 en 2021, même si 3 entités sur 5 n’avaient pas encore alloué de budget spécifique aux activités de coopération Sud-Sud et triangulaire en décembre 2021.

Questions et réponses

Après la présentation des rapports, les délégations ont été invitées à faire des commentaires ou poser des questions aux intervenants.  La République dominicaine, par exemple, a demandé à M. Williams comment les bureaux régionaux pourraient être consolidés.  Elle a aussi voulu connaître la manière dont le système des coordonnateurs résidents coopère avec ONU-Habitat.  Le Malawi, qui a témoigné du manque de progrès dans les travaux d’urbanisation nationaux, a jugé que, si le travail d’ONU-Habitat est essentiel parce que les catastrophes entraînent des problèmes de logement, le travail d’ONU-Habitat n’est pas adéquat.  Il a demandé à M. Williams comment l’agence peut-elle faire pour que les normes d’habitation soient plus résilientes aux changements climatiques.  « En outre, le développement rural étant à la traîne, l’exode rural est massif.  Comment renverser ces tendances? »

M. Williams a expliqué qu’ONU-Habitat avait tenté de faire de la planification urbaine une priorité dans certains pays où les changements climatiques sont la menace prioritaire, alors que dans d’autres pays d’abord touchés par la pauvreté, d’autres priorités viennent en premier.  Cela dépend de la situation de chaque pays, a-t-il résumé, en misant sur les 29 coordonnateurs résidents engagés à faire progresser ces idées.  M. Williams a déclaré son soutien au Malawi en matière de logement, reconnaissant les préoccupations de ce pays et assurant faire de son mieux pour garantir que le travail de l’agence serve à construire des logements, mais aussi à ce qu’ils soient durables et sobres en énergie.  La réutilisation des déchets pour construire des logements est aussi sur la table, a-t-il ajouté.  Concernant le développement rural, il a estimé que chacun doit comprendre que le développement des logements doit intervenir à la fois dans les zones urbaines et rurales, comme il l’a constaté en Afrique de l’Est, où l’orateur a dit avoir passé beaucoup de temps.  Agriculture, emploi, production décentralisée, sont autant de sujets sur lesquels il a recommandé de travailler pour améliorer le logement en milieu rural.

Pour répondre ensuite à une question du Brésil sur la dynamique entre le développement des centres urbains et la perte de terres agricoles fertiles, M. Williams a reconnu que la croissance infinie des villes est une préoccupation majeure pour ONU-Habitat.  L’agence préconise l’augmentation de la densité urbaine comme une des solutions pour cesser de nuire à l’agriculture aux environs des villes.  Il a aussi appelé à composer entre différentes productions alimentaires, entre les grandes exploitations agricoles productivistes et les petits producteurs.

Discussion générale conjointe

Au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), M. MOHAMMAD AAMIR KHAN (Pakistan) a plaidé pour que des ressources suffisantes soient allouées à la conception des villes et pour que les établissements humains soient plus inclusifs, résilients et durables.  Face à l’impact dévastateur de la pandémie de COVID-19, le programme de développement est gravement menacé, s’est-il inquiété, avant d’appeler à renforcer le multilatéralisme pour respecter l’engagement du Programme de développement durable à l’horizon 2030 de « ne laisser personne de côté ».  Malheureusement, les activités de développement des organes des Nations Unies ne bénéficient pas de la même priorité ni des ressources disponibles dans d’autres programmes, comme ceux dédiés à l’aide humanitaire, a regretté le représentant, se félicitant néanmoins du repositionnement du système des Nations Unies pour le développement.  Ce système, a-t-il préconisé, devrait notamment aider les pays à développer leurs capacités dans le but d’attirer des fonds privés dans le financement du développement durable.  Il a plaidé également pour un financement suffisant et prévisible des activités de développement menées par l’ONU, arguant que cela est essentiel pour la réalisation des ODD.  S’agissant de la coopération, le représentant du G77 a constaté que la solidarité Sud-Sud existe et a estimé qu’elle doit continuer et non se substituer à la coopération Nord-Sud.

M. GEORGE EHIDIAMEN EDOKPA (Nigéria), s’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, a appuyé la réforme du système des coordonnateurs résidents, qui pourra ainsi mieux accompagner les États africains dans leurs priorités, y compris la lutte contre la pandémie de COVID-19 et ses conséquences.  Le Groupe des États d’Afrique appuie les entités qui alignent leurs priorités sur celles de l’Union africaine pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le délégué a dit attendre avec impatience le début du processus de sélection des coordonnateurs résidents.  Il a espéré que ce processus sera transparent et tiendra compte d’une répartition géographique équitable, en sélectionnant aussi des personnes issues du Sud et des femmes.  Il a réitéré en outre la nécessité de renforcer les capacités régionales en matière de transfert de technologies, y compris numériques, et de collecte de données.

Au nom des pays en développement sans littoral (PDSL), Mme LORATO MOTSUMI (Botswana) a dit que le suivi du Nouveau Programme pour les villes doit être assuré en tenant compte du Programme de développement durable à l’horizon 2030 afin d’en assurer la cohérence.  Tout doit être fait pour aider les pays en développement et en particulier les pays du Sud, a prié la représentante, en réclamant notamment des moyens transformateurs dans les PDSL afin de renforcer leur résilience.  Elle s’est félicitée que les coordonnateurs résidents aient plus de marge de manœuvre et que leurs actions aient plus d’ampleur.  Elle a plaidé pour une coopération renforcée entre l’humanitaire, le développement et la paix, ainsi que pour le renforcement de la coopération Nord-Sud et triangulaire afin de compléter la coopération Sud-Sud.

Mme MARGUERITE ST. JOHN-SEBASTIAN (Antigua-et-Barbuda), au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a évoqué la refonte du système des coordonnateurs résidents et salué les progrès accomplis dans la mise en place du Bureau multipays du Pacifique Nord dans les États fédérés de Micronésie, et de l’arrivée d’agents de coordination supplémentaires dans divers autres pays couverts par les Bureaux du système.  Elle a mentionné les efforts déployés pour améliorer les compétences et les outils des coordonnateurs résidents, ce qui est indispensable pour les rendre plus aptes à remplir leur mission.  La déléguée a soutenu l’élargissement des candidatures à des personnes extérieures au système des Nations Unies, et encouragé des candidatures issues des différentes entités du système de développement des Nations Unies.  Elle a noté avec grand intérêt la proposition de commencer à recruter des personnes originaires des petits États insulaires en développement (PEID) et des personnes ayant une expérience et une expertise spécifiques des questions et des priorités des PEID.

À l’approche de la quatrième Conférence internationale pour les PEID, l’AOSIS appelle les entités des Nations Unies et les coordonnateurs résidents, en collaboration avec la Division des PEID du DESA et le Bureau de la Haute Représentante pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement à soutenir les PEID de toutes les manières possibles dans la mise en œuvre des Orientations de Samoa.  Toutefois, a dit la déléguée, il n’est plus acceptable que les systèmes des Nations Unies pour le développement soient présents dans les pays de l’Alliance, « tout en continuant à se plaindre de notre manque de données » et « sans actions concrètes pour résoudre les problèmes systémiques ».  L’AOSIS espère que ce déficit sera résolu: « il serait très utile que nous puissions rassembler les données éparses en un lieu central ou une sorte de pôle PEID », a poursuivi la déléguée.  Les PEID ne savent que trop bien comment la diminution de l’aide publique au développement (APD) conduit à l’enracinement de la pauvreté et aux catastrophes, car leurs économies ne sont pas structurées pour relever les multiples défis.  Déplorant qu’en dépit de leurs vulnérabilités évidentes, les PEID représentent le groupe de pays le moins prioritaire pour les pays contributeurs lorsqu’ils prennent des décisions de financement, elle a appelé à des changements profonds.

M. SURIYA CHINDAWONGSE (Thaïlande), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a mis l’accent sur l’urbanisation durable, sachant que la moitié de la population de la région vit dans les zones urbaines et que, selon les prévisions, 70 millions de plus vivront dans des villes d’ici à 2025.  Moteur essentiel de la croissance économique de la région, beaucoup de villes de la région figurent néanmoins parmi les plus vulnérables aux catastrophes naturelles du fait des changements climatiques, a exposé le représentant.  Pour cette raison, l’ASEAN a mis en place des initiatives et stratégies, comme le réseau de villes intelligentes incluant 26 villes, qui vise à catalyser la coopération grâce à des solutions technologiques et novatrices.  Le délégué a également fait part des efforts déployés par la région pour assurer la transition vers une économie à faible émission de carbone.  Il a cité, à cet égard, l’adoption d’un cadre d’économie circulaire qui prévoit des objectifs à long terme en vue d’y consacrer des ressources efficaces pour arriver à une résilience économique et une croissance durable.  Il a réaffirmé, à ce sujet, l’attachement de l’ASEAN à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et à l’Accord de Paris.  Il a encore parlé des idées concrètes, comme l’économie biocirculaire verte, qui ont été examinées pour compléter les efforts régionaux.  La coopération internationale est la clef pour sauver les ODD, a-t-il conclu, en soulignant le bon exemple qu’offre l’ASEAN de ce que l’on peut réaliser avec la coopération Sud-Sud.

Mme RAFEA ARIF (Norvège), au nom des pays nordiques, a estimé que les réformes vont dans la bonne direction grâce à l’engagement de nombreux membres du personnel à l’échelle du système.  Pour mieux mesurer les résultats, elle a suggéré d’écouter l’avis des parties prenantes au niveau des pays, pour saisir ce qui a changé dans leur existence et ce qu’il reste à faire.  Reconnaissant que la réforme des Nations Unies est une « tâche complexe », la déléguée n’en a pas moins demandé aux entités onusiennes d’aligner toutes leurs politiques et procédures avec les buts de la réforme.  La transparence est cruciale pour maintenir la confiance dans le système et permettre une participation active à tous les niveaux, a-t-elle poursuivi, en évoquant le cas du Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS).  Elle a également rappelé l’importance de la publication des documents d’orientation et des rapports, lesquels gagneraient à être rédigés de façon accessible et facile à comprendre.

La déléguée s’est ensuite enquise de la façon dont la réforme renforce les liens entre les aspects humanitaires, de développement et de consolidation de la paix au niveau des pays, en appuyant l’autonomisation du système des résidents coordonnateurs.  Elle a jugé nécessaire de mettre pleinement en œuvre le Cadre de gestion et de responsabilisation, ajoutant que le Cadre de coopération pour le développement devrait refléter les avantages comparatifs de l’ONU dans chaque pays.  « L’ONU ne saurait tout faire partout. »  Pour les pays nordiques, l’analyse des causes sous-jacentes de l’inégalité, de la pauvreté et de la vulnérabilité est un point de départ fondamental.  Ils plaident également en faveur de la réduction des inégalités; de la promotion des normes internationales relatives aux droits de l’homme; de l’autonomisation des femmes en tant qu’agents multiplicateurs d’une croissance inclusive et durable; de l’élimination de la pauvreté et du développement durable.  La déléguée a pleinement appuyé la mise en œuvre du Plan d’action interinstutionnel sur l’égalité des sexes.  Enfin, elle a pointé la problématique de la tendance actuelle du financement, qui fait obstacle à la réforme, s’inquiétant aussi de l’insuffisance du financement du nouveau système de résidents coordonnateurs.

Mme AGNES MARY CHIMBIRI MOLANDE (Malawi), s’exprimant au nom des pays les moins avancés (PMA), a déclaré que le Programme d’action de Doha a été une lueur d’espoir pour cette catégorie de pays.  Pour le mettre en œuvre, une action d’ensemble des Nations Unies est nécessaire, a-t-elle dit.  Pour autant, a déploré la représentante, bien que les dépenses envers les PMA n’aient cessé d’augmenter, elles restent déséquilibrées: en effet 70% d’entre elles sont consacrées à l’action humanitaire et les 30% autres, soit, 4,9 milliards de dollars, investis dans les activités de développement.  C’est une tendance inquiétante, a-t-elle estimé, en mettant en garde que si le système des Nations Unies n’investit pas dans la résilience et le développement des PMA, les demandes d’assistance humanitaires continueront d’augmenter et ces pays ne pourront pas atteindre leur développement conformément au Programme d’action de Doha et au Programme 2030.  Pour cette raison, les PMA demandent que les agences des Nations Unies leur consacrent la moitié de leurs budgets, soit 50%, a-t-elle déclaré.  La déléguée a également déploré le fait que plusieurs entités de Nations Unies, de même que les institutions financières internationales tels la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) ne reconnaissent pas la catégorie des PMA.  Ces derniers leur demandent de les reconnaître et de leur accorder le traitement adéquat, conclu l’oratrice.

M. MUHAMMAD ABDUL MUHITH (Bangladesh) a regretté que la mise en œuvre du Nouveau Programme pour les villes reste très limitée, en partie en raison de l’incidence des crises.  Le droit au logement et l’accès aux services publics sont absolument nécessaires, mais la majorité des gouvernements ont du mal à fournir des logements abordables, a constaté le représentant.  Une solidarité mondiale est nécessaire pour y faire face.  Il a plaidé pour des initiatives locales pour des villes résilientes et inclusives.  Selon les estimations de la Banque mondiale, près de 5 400 milliards de dollars sont nécessaires pour les infrastructures, un montant bien au-delà de l’aide publique au développement (APD), et d’autres mécanismes de financement à long terme et prévisibles pour les villes sont indispensables.  Une coopération Sud-Sud et triangulaire pourrait y contribuer, avec par exemple l’échange de bonnes pratiques et de technologies, a conclu le représentant.

M. BULELANI MANDLA (Afrique du Sud) a fait remarquer que les villes d’Afrique du Sud, comme ailleurs dans le Sud, sont confrontées à de nombreuses difficultés qui demandent de nouvelles approches.  Il a souligné l’incidence dévastatrice de la pandémie sur la réalisation des objectifs de développement durable, en particulier sur l’objectif 11 concernant les villes durables.  La lutte contre les inégalités et la pauvreté permet également d’améliorer les logements des plus démunis.  Des actions participatives et inclusives peuvent avoir des effets importants en matière de résilience pour les plus vulnérables.  S’il n’y a toutefois pas de solution unique face aux défis rencontrés, il est essentiel de mettre en commun toutes les ressources disponibles, a poursuivi le représentant, encourageant la coopération internationale pour développer les capacités et échanger des expériences sur le logement urbain et la transition vers des villes justes.

M. CARLOS EFRAÍN SEGURA ARAGÓN (El Salvador) a évoqué l’action du pays pour rendre les villes plus résilientes et pour garantir la durabilité environnementale.  Très vulnérable aux changements climatiques, actuellement confronté à la tempête Julia, El Salvador mise sur l’Initiative Résilience urbaine durable, qui aura lieu lors de la prochaine COP27 en Égypte, a dit le délégué.  Il a indiqué que le Gouvernement est venu en aide à 34 000 familles au niveau du logement, investissant plus de 400 millions de dollars.  Concernant l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement, le représentant a pointé les bienfaits de la refonte du système des coordonnateurs résidents, en espérant que sa consolidation évitera les doublons à l’avenir.  Concernant la coopération Sud-Sud, il a reconnu sa pertinence mais a souligné qu’elle ne pourrait remplacer les flux financiers habituels.

M. VADIM PISAREVICH (Bélarus) s’est dit préoccupé du retard constaté par les indicateurs des ODD.  Selon l’orateur, l’examen quadriennal offre des directives claires et jette des bases pour des changements indispensables afin d’arriver au but de 2030.  Le Bélarus appuie la réforme du système des Nations Unies pour le développement, qui a démontré son efficacité, a dit le délégué.  Il a jugé important que les activités de coordonnateurs résidents aident les États Membres à respecter leurs priorités et leurs plans nationaux.  Il a également estimé indispensable de continuer à porter la plus grande attention au financement du développement durable mais s’est inquiété que le système de financement de l’ONU soit financé par des ressources autres que les ressources de base.  Ceci entrave la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-il craint, d’autant que les conditions d’accès à ces ressources sont politisées et injustement défavorables au Bélarus, selon lui.

M. NEBIYU TEDLA NEGASH (Éthiopie) a mis l’accent sur la pertinence et l’efficacité de la coopération Sud-Sud et triangulaire, notamment pour le partage des données et des connaissances.  La coopération Sud-Sud est très importante, comme on a pu le constater avec la question de l’accès aux vaccins.  Les pays en développement exigent un partenariat plus robuste avec l’ONU pour la réalisation des ODD, a souligné le délégué.  Selon lui, il faut davantage mettre l’accent sur l’élimination de la pauvreté et appuyer la création et le renforcement des institutions nationales.  D’autre part, les agences de l’ONU doivent permettre aux pays en développement, en particulier les pays les moins avancés, d’améliorer leurs capacités, notamment dans l’agriculture et l’industrie.  Le délégué les a encouragées à catalyser les partenariats pour faire face aux pandémies.  Mettant également l’accent sur l’appropriation nationale, il a requis des financements durables et prévisibles pour éviter tout risque de fragmentation des activités du système des Nations Unies sur le terrain.  Il a aussi appelé à redoubler d’efforts pour gérer le manque de ressources et à revitaliser la coopération Sud-Sud.

Mme HANGBO WANG (Chine) a déclaré que son pays a le plus grand programme de logement au monde et qu’il met en œuvre un concept de production verte.  Nous devons prendre en considération l’être humain avant tout, pour une vie meilleure, a-t-elle encouragé, exhortant tous les pays à collaborer en vue d’améliorer les pratiques.  La Chine contribue par ailleurs au système des Nations Unies pour le développement par le biais d’une coopération triangulaire.  Dans ce cadre, la déléguée a invité les Nations Unies à renforcer leur collaboration avec les pays hôtes, en tenant compte de leurs spécificités et besoins.  Il faut aussi pleinement mettre en œuvre le mandat de l’examen quadriennal et prêter plus d’attention au déclin du financement.  Appuyant la coopération Sud-Sud et la solidarité, la déléguée a recommandé à toutes les parties prenantes de se concentrer sur les besoins les plus urgents des pays en développement.  En septembre 2021, la Chine a proposé une initiative pour accélérer la réalisation des ODD, et contribué à la mise en place d’une centaine de projets sur les différents continents.

Mme JEAN W. KIMANI (Kenya) a qualifié de profondément inquiétantes les statistiques selon lesquelles 1,6 milliard de personnes dans le monde vivent dans des conditions de logement inadéquates ou dans des bidonvilles.  De plus, 84 millions de personnes sont déplacées en raison de conflits au cours du premier semestre 2021 et on prévoit un déficit de logements d’environ 440 millions de logements d’ici à 2025, a-t-elle encore noté.  Dans ce contexte, le représentant a dit soutenir de toute urgence un appel à l’action à la mesure de l’ampleur du défi, afin de garantir à tous les nécessités de la vie.  La représentante a souligné quelques domaines clefs, à cet égard, qui nécessitent une action renforcée.  Elle a ainsi cité l’accélération de la mise en œuvre du Nouveau Programme pour les villes, la réalisation des ODD par le biais du niveau local, la poursuite du bon travail de collaboration d’ONU-Habitat avec les États Membres et, enfin, la mobilisation urgente d’un financement adéquat, prévisible et suffisant pour réaliser tous ces objectifs.

Mme THOA THI MINH LE (Viet Nam) a souligné l’importance de fournir un financement adéquat, flexible et prévisible au système des Nations Unies pour le développement, afin de combler le déséquilibre entre les ressources de base et les autres ressources.  Elle a appelé les partenaires donateurs à accroître le financement de base des activités opérationnelles afin de garantir qu’elles restent neutres, volontaires, universelles et multilatérales.  La déléguée a ensuite dit soutenir la réforme du système en vue d’assurer une plus grande cohérence, efficacité et efficience, dans le but de fournir un soutien de meilleure qualité aux pays.  Elle a également dit convenir avec le Secrétaire général du fait que les équipes de pays doivent aider à renforcer les compétences, l’expertise et la configuration spécifiques pour soutenir les transitions des pays dans les domaines de l’énergie, des systèmes alimentaires et de la transformation numérique et d’autres domaines stratégiques tels que l’éradication de la pauvreté, la promotion de la protection sociale, l’éducation de qualité, la couverture sanitaire universelle et l’action pour le climat.  Elle a conclu, en recommandant une coopération approfondie entre les coordonnateurs résidents, les expertises régionales et les équipes de pays.

Mme CHANITNAT YANKITTIKUL (Thaïlande) a souligné que le développement urbain rapide et la croissance non planifiée, aggravés par les impacts socioéconomiques de la pandémie de COVID-19, posent des problèmes économiques, environnementaux et sociaux, notamment une consommation non durable des ressources et une pénurie de logements, ce qui est particulièrement difficile pour les populations vulnérables.  Dans le même temps, les villes ont aussi un rôle essentiel à jouer dans leur capacité à fournir des services publics, comme le Nouveau Programme pour les villes l’indique.

La représentante a salué les progrès accomplis à propos du repositionnement du système des Nations Unies pour le développement et du système revitalisé des coordonnateurs résidents.  Elle a appelé les entités du système des Nations Unies pour le développement à aider les pays à mettre en œuvre le Programme à l’horizon 2030.  En décembre 2021, la Thaïlande a adhéré au Plan-cadre de coopération des Nations Unies pour le développement durable 2022-2026, qui sert d’orientation à la coopération entre le Gouvernement et l’équipe de pays de l’ONU pour la réalisation des ODD.  La Thaïlande est convaincue que les partenariats sont fondamentaux pour aider les pays en développement à atteindre les ODD.

Mme ANAIS ALOSTAD (Koweït) a relevé que la coopération Sud-Sud a beaucoup augmenté et qu’elle prend en considération les besoins des pays en développement et en situation particulière.  En outre, elle ne se limite pas à la coopération technique et comprend bien d’autres domaines.  L’innovation est par exemple nécessaire pour combler les lacunes qui sapent la réalisation des objectifs de développement durable.  Le Koweït a pour cela financé des projets dans de nombreux secteurs grâce au Fonds koweïtien pour le développement.  Il fournit des subventions, une assistance technique et des prêts, dans un esprit de solidarité et d’amitié entre l’État du Koweït et les nations en développement.  La représentante a suggéré de redoubler d’efforts face aux défis actuels, notamment en matière de sécurité alimentaire.

M. HASAN BADRI MHALHAL AL-KHALIDI (Iraq) a dit apporter une grande importance au Nouveau Programme pour les villes, pour faire face aux changements climatiques, à la pénurie d’eau, à la fluctuation des prix de l’énergie et à l’explosion démographique.  Les villes doivent être ouvertes à tous, libres et durables, conformément à l’ODD 11, a-t-il rappelé.  Le délégué a signalé, à cet égard, que l’Iraq a créé un groupe de travail pour atteindre ce but et assurer le développement du logement durable dans le pays.  Il a toutefois expliqué que l’Iraq fait face à des défis financiers pour acquérir des terrains.  Le secteur privé est mis à contribution, a-t-il indiqué, avant de parler du partenariat mis en place avec ONU-Habitat pour gérer les terres, transformer les bidonvilles, développer la région des marais de Mésopotamie, ainsi que reconstruire la ville de Mossoul.  Un fonds souverain de reconstruction des zones touchés par le terrorisme a aussi été mis sur pied, a ajouté le représentant qui a aussi indiqué que la banque centrale iraquienne a lancé une série de crédits concessionnels pour développer l’habitat.

M. MOHAMMED ALGHOFAILI (Arabie saoudite) a expliqué que son pays lutte contre les changements climatiques par le biais d’initiatives nationales telles que l’Initiative verte visant à la plantation de 50 milliards d’arbres.  Dans sa vision pour 2030, le Royaume a mis en place le projet « Riyad vert » pour développer les espaces verts en milieu urbain, a-t-il indiqué.  Il a détaillé en citant le corridor pédestre qui est en projet à Riyad ainsi que le projet à Djeddah qui prévoit d’accroître la compétitivité de la ville.  Tous les efforts saoudiens sont axés sur l’humain et visent à garantir une qualité de vie urbaine sans précédent, a assuré le délégué, selon une stratégie visant au zéro carbone.

M. NIKOLAI KOMARKOV (Fédération de Russie) a constaté que les besoins des pays en développement vont croissant, compte tenu de la situation mondiale, tandis que l’aide publique au développement (APD) affiche une stagnation.  Il a demandé aux pays développés d’honorer leur promesse d’allouer 0,7% de leur produit intérieur brut (PIB) à l’APD.  Soulignant que l’aide apportée par son pays s’élève à 1,2 milliard de dollars, dont une grande partie au profit du système des Nations Unies pour le développement, le délégué a dénoncé les barrières imposées au secteur bancaire russe.  Estimant que les activités opérationnelles de développement requièrent un financement accru, notamment pour le système des coordonnateurs résidents, il a souhaité une évaluation des réalisations de ce système.  Par ailleurs, la Russie salue le travail du Bureau pour la coopération Sud-Sud, surtout dans le contexte de la pandémie de COVID-19, et encourage des partenariats égaux et mutuellement profitables.  Il importe aussi d’améliorer le Programme pour les villes, a poursuivi le délégué, en reconnaissant les compétences et l’expertise dont dispose ONU-Habitat.

M. NATTHAKITH THAPHANYA (République démocratique populaire lao) a reconnu le rôle fondamental du système des Nations Unies pour aider les États à mettre en œuvre leurs plans de développement socioéconomique.  Il a expliqué qu’au fil des ans, le partenariat entre son pays et l’équipe de pays avait été renforcé grâce à plusieurs cadres de partenariat.  Au niveau international, s’il a souligné le rôle « crucial » des activités opérationnelles pour parvenir à des résultats tangibles, il a toutefois souhaité que le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement continue à centrer ses efforts sur les priorités nationales, en accordant une attention aux groupes les plus vulnérables et marginalisés.  Le délégué a également conseillé d’établir un mécanisme de rapport et de suivi approprié pour mieux appréhender les progrès accomplis, les défis rencontrés et l’impact du développement, en insistant sur les objectifs et cibles qui piétinent.  Il a aussi encouragé les partenaires du développement à fournir des ressources adéquates, prévisibles et durables pour que le système puisse dûment épauler les pays, notamment ceux en situation particulière.

Mme DALIA TORRES (Cuba) a déclaré que le système des Nations Unies est confronté à des difficultés dès lors qu’il s’agit de traiter des questions relatives aux pays en développement.  Elle a dès lors recommandé une meilleure coordination entre les entités des Nations Unies.  Il faut en outre, a-t-elle ajouté, veiller à ce que les activités opérationnelles de développement soient menées avec l’accord des États concernés, soient cohérentes avec leurs priorités et aboutissent à une appropriation nationale, tout en veillant à ce que ces activités soient adéquates et pertinentes avec la réalisation du Programme 2030.  La déléguée a aussi appelé à veiller à un financement adéquat de ces activités.  Son pays, a-t-elle rappelé, est soumis à des contraintes supplémentaires en raison des sanctions économiques imposées par les États-Unis et qui pèsent sur l’île depuis plus de 60 ans.

Mme YANG AISHAH BINTI ADNAN (Malaisie) a déclaré que l’un des principaux problèmes qui mérite l’attention de la communauté internationale est le logement, car plus d’un milliard de personnes, dans les pays en développement, vivraient dans des bidonvilles.  Et dans les pays riches, de plus en plus de personnes ont des difficultés d’accès au logement, a-t-elle déploré. Pour la représentante, ce n’est qu’au travers d’un partenariat international renforcé qu’on pourra faire en sorte de ne laisse personne de côté.

M. RAMÓN EMILIO FLORES (Honduras) a fait savoir que son nouveau Gouvernement se concentre sur la création de conditions dignes et humaines pour la population, conformément au Nouveau Programme pour les villes.  Pour ce faire, il s’est donné trois priorités: le renforcement des fonds et leur décentralisation vers les gouvernements locaux; la promotion de projets de services publics de base dans les communautés les plus pauvres du pays; la transparence et la participation des citoyens dans la prise de décisions, afin qu’ils s’approprient le programme urbain.  L’objectif de ce plan est la distribution équitable des logements et des établissements humains, d’autant que 61,9% de la population hondurienne a des problèmes de logement.  Le Gouvernement s’est donné pour engagement moral, social et politique de garantir la réduction de la pauvreté en renforçant les secteurs de l’éducation, de la santé et du logement social, ainsi qu’en investissant dans des travaux d’infrastructure et de développement social.

M. JOSEPH ARON MWASOTA (République-Unie de Tanzanie) a déploré que le logement et les services de base ne soient pas universellement disponibles et que les pays en développement soient toujours en retard en la matière.  Il a plaidé pour un développement urbain durable pour tous et a félicité ONU-Habitat pour son engagement et son soutien, demandant à l’ONU de lui donner davantage de moyens pour la réalisation de ses mandats.  Parmi les initiatives prises en Tanzanie, le représentant a évoqué la fourniture de prêts au logement pour les fonctionnaires et l’augmentation de ces prêts accordés par les banques, accompagnées d’une réduction des taux d’intérêt pour les emprunts immobiliers.  La Tanzanie a par ailleurs décidé d’utiliser des sources d’énergie renouvelables et le pays reçoit une aide technique et financière en la matière.  Le représentant a conclu, en demandant à la communauté internationale de continuer à aider les pays en développement par le biais de prêts concessionnels pour la réalisation de villes durables.

Mme MERYEM HAMDOUNI (Maroc) a déclaré que son pays développait la gestion urbaine de ses villes en les rendant « ouvertes, durables et adaptables » et avait accompli beaucoup de progrès.  S’agissant du système des Nations Unies pour le développement, elle s’est félicitée de sa refonte, des nouvelles équipes de pays, ainsi que de l’amélioration de son leadership, de son impartialité, et de ses consultations avec les pays hôtes.  La continuité des performances des bureaux ne pourra se faire sans un financement adéquat et prévisible, a averti la déléguée.  Le Maroc continue de faire de la coopération Sud-Sud un pilier de sa politique, en encourageant les partenariats en Amérique latine, dans les Caraïbes, et bien sûr en Afrique, dans beaucoup de domaines, dont l’agriculture et l’énergie.

Mme ADWITYA HAPSARI (Indonésie) a estimé que tous les pays devraient avoir les mêmes chances pour affronter l’avenir.  L’écart en matière de développement entre le Nord et le Sud, mais aussi au sein des pays du Sud, est « béant », a-t-elle déploré.  La pandémie de COVID-19 a exacerbé les inégalités en matière de nouvelles technologies, mais la coopération triangulaire pourrait selon elle permettre de combler ce vide.  La déléguée a aussi appelé à la coopération en matière de médecine et de santé entre pays du Sud.  Le système de développement, dont le rôle est important, bénéficie de tout le soutien de l’Indonésie, mais la coopération Sud-Sud doit obtenir davantage de financement et la coopération triangulaire doit rechercher d’autres sources de financement.  La déléguée a indiqué que son pays a lancé un fonds de dotation afin de contribuer à la coopération Sud-Sud et triangulaire, de relancer le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et ne laisser personne de côté.

M. JOHN BILLY EKO (Cameroun) a déclaré que depuis l’adoption, en 2016 à Quito, du Nouveau Programme pour les villes, son pays a adopté une série d’instruments alignés sur les objectifs de développement durable, comme la politique nationale « Horizon 2035 » et la Stratégie nationale de développement.  Cela a conduit à une amélioration appréciable des conditions de vie dans les villes, notamment les bidonvilles, où l’utilisation de matériaux locaux et la réduction des coûts de construction ont été encouragés, avec un impact significatif sur les moyens de subsistance.  Le délégué a aussi expliqué qu’un programme de construction de 10 000 logements sociaux et de développement de 50 000 lotissements était en cours, ainsi qu’un projet pilote baptisé « Lien urbain et rural », avec l’appui d’ONU-Habitat.  Des mesures sont également prises en faveur du développement technologique, de l’innovation, de la mobilité urbaine, de l’accès aux espaces verts et à des systèmes de transport plus sûrs et plus résilients.

M. EZEKWESIRI DAVID ANYAEGBU (Nigéria) s’est dit préoccupé par le rapport d’ONU-Habitat sur les villes qui indique que 1,6 milliard de personnes vivent dans un logement inadéquat, dont un milliard dans des bidonvilles et des établissements humains dépourvus de services de base.  Il a noté que ce rapport coïncide avec la réalité décrite dans un autre rapport récent de l’ONU qui prévoit que d’ici à 2100, la population de l’Afrique subsaharienne atteindra 3,8 milliards.  Le continent fera face à la tâche « gigantesque » de devoir mettre en œuvre le Nouveau Programme pour les villes.  Le délégué s’est également alarmé des effets conjugués des conflits géopolitiques, des catastrophes naturelles et de la pandémie de COVID-19 qui viennent exacerber des conditions préexistantes, avec une augmentation potentielle du prix du logement et de la construction.  Il a donc jugé urgent d’accroître l’engagement des parties prenantes dans une planification urbaine susceptible de créer des villes résilientes et durables.  S’agissant des activités opérationnelles, il a souligné que les différences dans les niveaux de développement sont indéniables, d’où la nécessité de repositionner le système des Nations Unies pour le développement de façon à accompagner tous les pays africains.  Enfin, le Nigéria appelle au strict respect de l’appropriation nationale, sans « politisation ».

Mme MERVE KARATEPE (Türkiye) a déclaré que son pays met en œuvre le Nouveau Programme pour les villes depuis son adoption.  Après la Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable (Habitat III), le pays a identifié des principes innovants, inclusifs, transparents et orientés vers des solutions pour répondre aux problèmes d’urbanisation émergents de ses villes, a-t-elle assuré, citant ensuite le plan national de stratégie spatiale qui a été élaboré.  Par ailleurs, depuis septembre 2022, une nouvelle campagne nationale de logement social a été lancée par le Président Erdoğan, pour répondre aux besoins réels de logement des groupes à faible revenu en Türkiye.  Bien avant cela, lancé en 2017, le Projet Zéro Déchet a soutenu nos efforts pour promouvoir une urbanisation durable et des modes de production et de consommation durables, ainsi que pour atteindre nos objectifs en matière de climat et de biodiversité, a fait valoir la représentante.  Elle a assuré que son pays a étroitement coopéré avec ONU-Habitat, notamment pour célébrer le 3 octobre dernier la Journée mondiale de l’habitat dans la ville de Balikesir.  La représentante a conclu en assurant que son pays continuera de faire sa part pour promouvoir l’urbanisation durable, en tant que membre du Groupe des Amis d’ONU-Habitat.

Mme MWILA M. DAKA (Zambie) a appelé à une coordination efficace des équipes de pays des Nations Unies pour le suivi et l’évaluation de l’impact des aides apportées aux pays et à leur développement national.  Les programmes nationaux font face à un manque « abyssal » de financement, c’est pourquoi il faut être flexible.  Sans aide internationale suffisante, la viabilité sur le long terme du système des Nations Unies pour le développement sera remise en question, a prévenu la déléguée.  La coopération triangulaire et Sud-Sud est essentielle.  Les partenaires de développement doivent travailler en ce sens et soutenir les initiatives d’intégration régionales, a-t-elle appuyé.  La déléguée a aussi salué le partenariat robuste entre son pays et le système des Nations Unies grâce à la mise en place de différents projets du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), entre autres.  Ces programmes contribuent aux efforts du Gouvernement pour améliorer les ODD.

Mme MARYAM ALBINKHALIL (Bahreïn) a expliqué que face à la forte densité de sa population, son pays devait adopter un nouveau plan de développement urbain durable.  « Le Bahreïn doit en passer par là. »  La pandémie a fragilisé les villes mais le Gouvernement a mis en place un plan qui applique les principes de durabilité et de justice et qui enregistre des progrès, a expliqué la déléguée.  Ce plan est d’ailleurs l’un des piliers du Gouvernement pour renforcer le développement humain et accélérer le développement durable.  Le pays est un modèle de lutte contre la pandémie de COVID-19 et cela a été salué par le monde entier, s’est enorgueillie la déléguée.

Mme NOOSHIN TEYMOURPOUR (République islamique d’Iran) a proposé, sur la base des informations contenues dans le rapport du Secrétaire général, que le système des Nations Unies pour le développement intensifie les efforts pour honorer les promesses non tenues relatives au financement, essentiel pour la mise en œuvre de ses réformes.  Elle a expliqué combien il est important que ce système soit transparent et efficace tant il détient un rôle crucial dans le soutien aux pays dans la réalisation du développement durable.  L’élimination de la pauvreté doit rester, selon elle, la priorité majeure du Système, ce qui exige un accès prévisible, adéquat et durable aux ressources financières, en veillant à ce que les ressources financières soient allouées sans discrimination aux pays en développement, et indépendamment de toutes considérations d’ordre politique.  L’appui du système des Nations Unies pour le développement devrait en conséquence être intégré, cohérent et élaboré en fonction des priorités et besoins changeants desdits pays, en se fondant sur les principes fondamentaux que sont l’appropriation et le leadership nationaux, a-t-elle ajouté.  Cela implique que les coordonnateurs résidents et les équipes de pays rendent des rapports en temps voulu aux pays d’accueil.  Encore faut-il, a ajouté la déléguée, que ces organes ne subissent pas de coupures substantielles dans leur financement, celui-ci devant être adéquat, prévisible et durable.  Elle a dénoncé au passage le déséquilibre qui existe entre les ressources essentielles et non essentielles. 

Enfin, la représentante a indiqué que la priorité majeure de l’Iran consiste à pallier les méfaits des mesures coercitives unilatérales illégales, les sanctions unilatérales illégales plus particulièrement, qui équivalent à un « terrorisme économique » contre son peuple innocent.  Regrettant la pression économique extrême qui en résulte, elle a espéré que le système des Nations Unies pour le développement prendra des mesures pour alléger les souffrances infligées par les sanctions illégales.

M. RUSLAN BULTRIKOV (Kazakhstan) a souligné la nécessité de combler les lacunes existantes dans le système des Nations Unies pour le développement en appréhendant sa nouvelle réorientation de manière progressive, ainsi que d’éviter les doublons entre les agences au niveau régional.  Le représentant s’est dit convaincu qu’une coordination, une interconnexion et une cohésion au niveau régional sont essentielles pour rationaliser le travail des équipes des Nations Unies sur le terrain.  Actuellement, 17 agences et programmes de l’ONU travaillent à Almaty dans un bâtiment moderne dont le Gouvernement du Kazakhstan assume les coûts d’entretien, a fait valoir la délégation.  Afin de fournir un soutien pratique à la réforme du système des Nations Unies pour le développement et à la promotion des ODD dans la région d’Asie centrale, le Kazakhstan a proposé de créer le Centre régional des Nations Unies pour les objectifs de développement durables en Asie centrale et en Afghanistan à Almaty.  Cette initiative est soutenue par les cinq pays de la région et l’Afghanistan.  L’objectif principal de ce centre sera de coordonner le travail de toutes les agences et programmes, d’établir d’étroites connexions avec les commissions économiques régionales, à savoir la Commission économique pour l’Europe (CEE) et la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), et d’améliorer la coopération avec les gouvernements.  Le travail du Centre se concentrera essentiellement sur le développement, la croissance économique, l’énergie, l’égalité entre les sexes et d’autres domaines du programme mondial de développement durable.

M. YASHAR T. ALIYEV (Azerbaïdjan) s’est félicité qu’ONU-Habitat ait renforcé son rôle de point focal au niveau du système pour la mise en œuvre de programmes ainsi que du Nouveau Programme pour les villes.  Le représentant a fait savoir que l’Azerbaïdjan a alloué 1,5 million de dollars de contribution volontaire à ONU-Habitat, dont la situation financière est préoccupante, et s’est engagé sur une somme équivalente afin de contribuer à son financement pour la réalisation de son mandat.  Le représentant a évoqué un programme de reconstruction sur des territoires reconquis après un conflit, déplorant la pollution importante de ces territoires par des mines, ce qui empêche le retour de 1 million de personnes déplacées dans leur pays.  Le délégué a relaté que, la semaine dernière, l’Azerbaïdjan a accueilli un forum urbain national, qui a rassemblé des décideurs politiques et des spécialistes de l’urbanisme pour examiner la possibilité de créer des opportunités économiques dans les territoires touchés par des catastrophes naturelles et provoquées par l’homme.

Mme SOFJA GILJOVA de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), a déclaré que les pays ont besoin de davantage d’énergies renouvelables pour parvenir à la réalisation des objectifs de développement durable.  « Il est grand temps d’appuyer leurs efforts pour assurer leur sécurité et leur transition énergétiques ».  À cette fin, a dit l’intervenante, il faut tirer parti de l’expertise d’ONU-Énergie, en offrant notamment un appui politique, normatif et technique au système des coordonnateurs résidents et à l’ensemble de l’équipe de pays dans la formulation et la mise en œuvre des cadres de coopération.  Une telle démarche serait conforme à la Feuille de route mondiale pour une action accélérée sur l’objectif 7, établie par le Secrétaire général à la suite du Dialogue de haut niveau sur l’énergie de 2021, a-t-elle dit.  En tant que membre d’ONU-Énergie, IRENA a déployé plusieurs modules de travail sur l’énergie dans les pays en développement.  L’Agence a notamment mis en place sa plateforme de financement de l’accélération de la transition énergétique (ETAF).  Compte tenu du large éventail d’acteurs impliqués dans le domaine de la planification énergétique, la coopération avec des partenaires internationaux et régionaux est une caractéristique importante de ses activités.  Il s’agit d’éviter les doubles emplois et de tirer parti des ressources complémentaires chaque fois que possible, a conclu l’intervenante.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Cinquième Commission examine l’enveloppe de 767 millions de dollars pour 38 missions politiques spéciales en 2023, sans les résultats escomptés pour certaines d’entre elles

Soixante-dix-septième session,
7e séance - matin
AG/AB/4395

La Cinquième Commission examine l’enveloppe de 767 millions de dollars pour 38 missions politiques spéciales en 2023, sans les résultats escomptés pour certaines d’entre elles

« 767 075 300 dollars », c’est l’enveloppe exacte des ressources demandées par le Secrétaire général de l’ONU pour financer en 2023 les 38 missions politiques spéciales qu’a examinée ce matin la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires.  Si le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) a constaté une hausse de 5,2% par rapport à 2022, les délégations, comme celle du Brésil, ont surtout vu une part du budget ordinaire multipliée par six en deux décennies, soit peut-être 23% l’année prochaine.  L’enveloppe de ces missions ne cesse d’augmenter, a noté la Chine, déplorant que ces sommes importantes n’apportent pas les résultats escomptés, comme en Haïti. 

Ces missions, a argué le Brésil, tiennent généralement leurs mandats du Conseil de sécurité, comme les opérations de paix, mais elles sont financées par le budget ordinaire, comme si l’ensemble des États Membres avaient pris part à la décision de les créer.  Cette distorsion entre la prise de décisions et le financement entraîne un déséquilibre à l’échelle du système qui exige une solution urgente, a-t-il plaidé, en attirant l’attention sur le rapport, publié il y plus de 10 ans et toujours pas examiné, qui traite des conséquences de cette situation incohérente.  Nous sommes effectivement devant une situation intenable qui risque, a prévenu l’Égypte, de compromettre la réalisation même des objectifs de développement durable.  

Pour éviter cette pression sur le budget ordinaire, le Mexique a préconisé la création d’un compte distinct.  Le financement de ces missions, a précisé l’Uruguay, doit en effet s’appuyer sur un tel compte auquel s’appliquerait le barème des quotes-parts des opérations de paix et pour une période allant du mois de juillet d’une année au mois de juin de l’année suivante.   Compte tenu de la situation actuelle, l’Éthiopie a dit ne pas comprendre pourquoi le Secrétaire général demande une somme supplémentaire de 150 000 dollars pour relocaliser le Bureau de l’Envoyé spécial pour la Corne de l’Afrique dans un autre endroit, alors qu’il est à Addis-Abeba, au siège de l’Union africaine, un lieu de travail idéal permettant de dégager des synergies entre différents organes. 

L’Union européenne s’est d’ailleurs réjouie de la collaboration plus étroite entre les missions politique spéciales et le système des coordonnateurs résidents des Nations Unies.  Elle a estimé que la contribution essentielle de ces missions à la consolidation de la paix appelle à renouveler les efforts pour trouver un accord global au sein de la Cinquième Commission.  Il est de notre devoir, a-t-elle insisté, de veiller à ce que ces missions disposent des ressources nécessaires et que leurs administrateurs reçoivent des orientations politiques claires pour exécuter leurs mandats.  L’Union européenne a insisté sur sa détermination de parvenir à une résolution d’ensemble sur laquelle la Commission semble ne pouvoir s’entendre.  Nous examinerons l’enveloppe demandée pour chaque mission conformément aux mandats énoncés dans les résolutions du Conseil de sécurité, et cet examen se fera sur le fond et sans politisation, a-t-elle assuré.  

La Cinquième Commission tiendra sa prochaine séance publique vendredi 21 octobre à partir de 10 heures, pour se prononcer sur l’enveloppe de 133 millions de dollars demandée pour la Mission d’appui des Nations Unies en Afghanistan (MANUA).  La Chine a d’ailleurs espéré que cette enveloppe sera évaluée en fonction des besoins, avant d’attirer l’attention sur les sommes importantes consacrées aux missions politiques spéciales, sans les résultats escomptés, comme le démontre la situation en Haïti.  Vendredi prochain, la Commission examinera les moyens d’améliorer la situation financière de l’ONU. 

PROJET DE BUDGET-PROGRAMME POUR 2023 

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) sur les 38 missions politiques spéciales (A/77/7/Add.1) 

Le Comité consultatif note que le montant net des ressources demandées pour 2023 au titre des 38 missions politiques spéciales est de 767 075 300 dollars; il comprend un montant de 2 144 300 dollars pour le Centre de services régional d’Entebbe en Ouganda.  À des fins de comparaison, les crédits approuvés en 2022 s’élèvent à 728 959 300 dollars; les ressources demandées pour 2023 représentent donc une augmentation de 38 116 000 dollars (5,2%).  Toutefois, le Comité consultatif note que, sous réserve de l’approbation par l’Assemblée générale des crédits ouverts pour 2022 pour les Missions en Afghanistan et en Libye, le montant global des crédits ouverts pour les missions politiques spéciales pour 2022 sera augmenté.  Par conséquent, à ce stade, l’analyse des variations entre les crédits ouverts pour 2022 et les ressources demandées pour 2023 pourrait encore faire l’objet d’ajustements.  

En attendant, le Comité consultatif recommande que le montant correspondant à la part du budget du Centre de services régional d’Entebbe qui doit être prélevée sur le budget des missions politiques spéciales soit réduit de 3 200 dollars.  Le Comité rappelle aussi que l’Assemblée générale a décidé, dans sa résolution 73/279 A, de ne pas créer d’emplois de temporaire ni d’en supprimer au Bureau d’appui commun de Koweït.  Il recommande que la proposition de redistribution des emplois du Bureau d’appui commun de Koweït dans les missions concernées pour 2023 ne soit pas approuvée. 

La Commission était aussi saisie des Rapports distincts du CCQAB sur les envoyés, conseillers et représentants spéciaux ou personnels du Secrétaire général (A/77/7/Add.2); les équipes de surveillance des sanctions, groupes d’experts et autres entités et mécanismes (A/77/7/Add.3); et sur les bureaux régionaux, bureaux d’appui aux processus politiques et autres missions (A/77/7/Add.4). 

Rapport du CCQAB sur la Mission d’appui des Nations Unies en Afghanistan (A/77/7/Add.5) 

Le Comité rappelle que par sa résolution 2626 (2022) du 17 mars 2022, le Conseil de sécurité a modifié le mandat de la MANUA et l’a prorogé jusqu’au 17 mars 2023.  Il note que le montant des ressources demandées pour 2023 pour la MANUA, soit 133 609 900 dollars (déduction faite des contributions du personnel), reste inchangé par rapport au montant révisé proposé pour 2022.  Mais dans son rapport sur les prévisions de dépenses révisées pour 2022, le Comité consultatif avait recommandé que l’Assemblée générale approuve pour 2022 un montant de 131 345 400 dollars, inférieur de 2 264 500 dollars, soit 1,7%, au montant révisé proposé.  Le montant des ressources demandées pour 2023 représenterait donc une augmentation de 2 264 500 dollars (1,7%) par rapport au montant révisé recommandé par le Comité pour 2022.  

Dans ses commentaires, le Comité consultatif réaffirme que le Bureau d’appui commun de Koweït n’est pas un centre de services partagés approuvé par l’Assemblée générale.  Il recommande par conséquent de rejeter la proposition de supprimer trois emplois d’assistant audit Bureau.  Le Comité doute aussi que les éventuels gains d’efficacité liés à l’utilisation du Service aérien d’aide humanitaire des Nations Unies aient été pleinement pris en considération dans les prévisions pour 2023.  Il recommande donc de réduire de 3% (soit 253 900 dollars) le montant des ressources demandées au titre des opérations aériennes.  Compte tenu du faible montant des dépenses engagées en 2021 et au premier semestre de 2022, il recommande également de réduire de 10% (soit 642 400 dollars) le montant des ressources demandées au titre des communications et de l’informatique et de 5% (soit 87 700 dollars) au titre des fournitures, services et matériel. 

Rapport du CCQAB sur la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (A/77/7/Add.6) 

Le Comité consultatif note que dans sa résolution 2631 (2022), le Conseil de sécurité a décidé de proroger le mandat de la MANUI jusqu’au 31 mai 2023.  Il note aussi que les ressources demandées pour 2023 s’élèvent à 97 104 500 dollars, ce qui représente une diminution nette de 568 700 dollars (0,6%) par rapport aux crédits ouverts pour 2022.  

Dans ses commentaires, le Comité consultatif réaffirme que le Bureau d’appui commun de Koweït n’est pas un centre de services partagés approuvé par l’Assemblée générale.  Il recommande donc de ne pas approuver la suppression proposée de trois emplois d’assistant audit Bureau d’appui commun de Koweït.  Compte tenu des ressources dont dispose la Mission, de la nécessité de renforcer les compétences internes et du faible niveau des dépenses engagées en 2021 et au cours des six premiers mois de 2022, le Comité recommande une réduction de la hausse proposée au titre des consultants et services de consultants de 20%, soit 37 700 dollars. 

Bien qu’il soit conscient de l’importance des déplacements à l’intérieur de la zone de la Mission, il espère que cette dernière aura davantage recours aux réunions virtuelles et aux formations en ligne.  Il recommande donc une réduction de la hausse proposée au titre des voyages officiels de 15%, soit 54 000 dollars.  En attendant de connaître la contribution des autres missions aux dépenses de rénovation des locaux de Koweït, le Comité consultatif recommande une réduction de la hausse proposée au titre des installations et infrastructures de 10%, soit 325 800 dollars.  Compte tenu des faibles dépenses engagées en 2021 et au cours des six premiers mois de 2022, le Comité consultatif recommande enfin de réduire de 5% (soit 51 100 dollars) le montant des ressources demandées au titre des fournitures, services et matériel divers. 

Débat général

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a déclaré que l’efficacité des missions politiques spéciales continue d’être sapée par la faiblesse de leur financement.  Il s’est dit déçu que la Cinquième Commission continue d’ignorer les recommandations du CCQAB et du Groupe indépendant de haut niveau sur les opérations de paix visant à réformer les arrangements existants.  L’ASEAN, a insisté le représentant, demande instamment à la Commission de mettre en œuvre les recommandations que le CCQAB a faites dans son rapport du 13 décembre 2011, lesquelles restent d’actualité aujourd’hui, y compris l’idée de créer un compte distinct aligné sur le cycle budgétaire des opérations de paix.   

Le cycle du budget ordinaire, a argué le représentant, ne correspond pas à celui des missions politiques spéciales, étant donné que les mandats de ces dernières sont créés et prolongés pendant les mois hors cycle, et que l’appui qui leur est offert vient des départements financés par le budget du maintien de la paix.  Le représentant a par ailleurs suggéré une meilleure coordination entre les missions politiques spéciales, les opérations de paix et les autres activités de consolidation de la paix.  Selon lui, les membres permanents du Conseil de sécurité doivent assumer une plus grande responsabilité dans le financement de ces missions.

Mme ELEONORE HEIMSOETH, de l’Union européenne, a estimé que l’approche globale des missions politiques spéciales leur permet de répondre à des crises de tout type.  Grâce à leur approche multidimensionnelle, qui englobe la coordination entre les trois piliers envisagés par la réforme du Secrétaire général, ces missions traitent des questions de sécurité, de développement et des droits de l’homme.  La représentante s’est félicitée des progrès réalisés dans les synergies grâce notamment à une collaboration plus étroite avec le système des coordonnateurs résidents.  Elle a estimé que la contribution essentielle des missions politiques spéciales à la consolidation de la paix appelle à renouveler les efforts pour trouver un accord global au sein de cette Commission.  

Il est de notre devoir, a-t-elle martelé, de veiller à ce que les missions politiques spéciales disposent des ressources nécessaires et que les administrateurs de programmes reçoivent des orientations politiques claires pour exécuter leurs mandats.  La représentante a regretté que cette Commission n’ait pu parvenir à un consensus et insisté sur la détermination de l’Union européenne à parvenir à une résolution d’ensemble, cette année, ce qui implique une approche pragmatique.  Nous examinerons la proposition de budget de chaque mission conformément aux mandats énoncés dans les résolutions du Conseil de sécurité.  Cet examen sera fait sur le fond et sans politisation, a-t-elle assuré.  

Au nom du Groupe des États d’Afrique, Mme REGINA KUMASHE AONDONA (Nigéria) a souligné le rôle essentiel des missions politiques spéciales, en insistant sur la nécessité de les doter de ressources adéquates.  Notant les 767 millions de dollars demandés par le Secrétariat pour 2023, elle a indiqué que la nette augmentation de 162 millions de dollars par rapport à 2022 s’explique largement par un changement de méthodologie, incluant désormais les ressources des Missions en Afghanistan et en Libye.  Sous la méthodologie précédente, l’augmentation aurait été de 38 millions de dollars.  La représentante a noté le grand nombre de postes non pourvus, y compris certains qui n’exigent pas des compétences extraordinaires.  Les inégalités dans la représentation géographique au sein du Secrétariat et des missions politiques spéciales ne peuvent perdurer, a-t-elle aussi prévenu, arguant que ce statu quo discrédite l’Organisation et insisté pour que cette représentation concerne tous les postes.  La déléguée a déploré l’augmentation des dépenses liées aux déplacements et appelé à leur rationalisation.  Le Centre d’Entebbe est un outil stratégique qui doit être doté de ressources consolidées, a-t-elle aussi insisté. 

Au nom de l’Argentine, du Brésil, du Chili, du Costa Rica, de la République dominicaine, de l’Équateur, d’El Salvador, du Guatemala, du Honduras, du Mexique, du Panama, du Paraguay et du Pérou, M. FELIPE MACHADO MOURIÑO (Uruguay) a axé sa déclaration sur le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti et de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie.  Il a appuyé les ressources demandées par le Secrétaire général pour le BINUH pour une mise en œuvre efficace du mandat et la création de conditions permettant au Gouvernement haïtien et à la société civile de traiter des causes sociales, économiques et politiques de la crise multidimensionnelle qui secoue le pays.  S’agissant de la Mission en Colombie, le représentant a aussi apporté son appui aux ressources demandées.   

Les missions politiques spéciales, a-t-il commenté, ont considérablement augmenté en nombre et représentent aujourd’hui plus de 20% du budget ordinaire et peut-être 23% en 2023.  Il faut donc regretter qu’aucune solution n’ait été apportée à cette situation intenable.  Le financement de ces missions, a argué le représentant, doit s’appuyer sur un compte distinct auquel s’appliquerait le barème des quotes-parts des opérations de paix et pour une période allant du mois de juillet d’une année au mois de juin de l’année suivante.  

M. JESÚS VELÁZQUEZ CASTILLO (Mexique) a pris note de l’augmentation significative des prévisions budgétaires pour les 38 missions actives par rapport à 2022.  Afin d’éviter des pressions sur le budget ordinaire, le représentant a plaidé pour la création d’un compte distinct pour que les missions disposent de ressources adéquates et prévisibles pour s’acquitter de leurs mandats complexes et variés.  Le Mexique, a conclu le délégué, focalisera son attention sur le budget du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), dont le mandat vient d’être prorogé, et sur la Mission de vérification en Colombie, qui entre dans une nouvelle étape et revêt une signification particulière pour le maintien de la paix.

Après avoir salué le rôle majeur des missions politiques spéciales dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix, M. MUHAMMAD ABDUL MUHITH (Bangladesh) a soutenu la proposition du Secrétaire général, pour contribuer de manière significative à l’intensification des activités opérationnelles de ces missions et renforcer leur faculté d’exécuter tous les aspects de leurs mandats.  Depuis août 2017, a-t-il rappelé, le Bangladesh accueille 1,1 million de réfugiés rohingya qui ont fui les persécutions au Myanmar.  Le représentant a donc émis le vœu que l’augmentation des ressources demandées pour l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Myanmar améliorera la situation des droits de l’homme des Rohingya et des autres minorités du Myanmar.  Il a exhorté l’Envoyé spécial à travailler de manière transparente avec les parties prenantes et trouver une solution durable à la crise.  

Poursuivant, le représentant a appelé à des efforts renouvelés pour parvenir à l’équilibre entre les sexes et à une représentation géographique équitable dans les missions politiques spéciales.  Il a souhaité voir plus de femmes dans le processus de prise de décisions sur la prévention et le règlement des conflits.  Il a ajouté que la mise en œuvre de la délégation des pouvoirs pourrait être un outil stratégique pour veiller à ce que ces missions exécutent leurs mandats de manière efficace et effective.  

M. ALMERRI (Iraq) a noté l’importance de l’ONU en Iraq et appuyé la Mission déployée dans son pays, en rappelant que son mandat a été prorogé jusqu’au 31 mai 2023.  Toute coupe budgétaire hypothéquerait l’exécution de ce mandat, a averti le délégué, en soulignant l’appui apporté par son pays à la Mission.

M. ANDREAS HADJICHRYSANTHOU (Chypre) a déclaré que les débats de la Cinquième Commission sur les missions politiques spéciales ne doivent porter sur l’aspect budgétaire, dans le respect du cadre et des paramètres établis par les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Le représentant a regretté que le rapport du Secrétaire général ne fasse pas explicitement référence à la base du règlement de la question chypriote.  En effet, le mandat du Bureau du Conseiller spécial du Secrétaire général pour Chypre découle des dispositions des résolutions du Conseil de sécurité qui stipulent que la base d’un règlement n’est autre que la fédération bicommunautaire et bizonale, avec une égalité politique.  Les références explicites aux paramètres établis pour la réunification de Chypre, qui ont été constamment réaffirmés par le Conseil de sécurité, y compris dans sa dernière résolution de juillet 2022, ne doivent pas être considérées comme secondaires.  Le Secrétariat est tenu d’appuyer son travail sur les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, a insisté le représentant.

M. ABDULLAH IBRAHIM ABDELHAMID ALSAYED ATTELB (Égypte) s’est dit convaincu que les missions politiques spéciales sont la boite à outil diplomatique pour garantir la paix et la sécurité internationales.  Il a souligné l’importance de la coopération avec les entités régionales et sous régionales et rappelé que son pays a travaillé au renforcement de ces missions lorsqu’il a présidé le Comité du programme et de la coordination (CPC) l’année dernière.  Nous avons fait la promotion d’un financement adéquat pour qu’elles puissent assurer leur mandat, d’autant plus qu’elles devraient représenter 23% du budget ordinaire proposé pour 2023.  Une telle situation ne peut que compromettre la réalisation des objectifs de développement durable, s’est inquiété le représentant.  Il a donc plaidé pour un compte distinct comme ce qui se fait pour les opérations de paix.  Concluant sur la représentation géographique, le représentant s’est insurgé contre la surreprésentation d’un groupe d’États aux postes de direction, ce qui est tout simplement inacceptable.

M. RICHARD TUR DE LA CONCEPCIÓN (Cuba) a rejeté la notion de responsabilité de protéger, laquelle fait toujours l’objet de divergences entre États Membres.  Il a jugé difficile d’analyser les ressources demandées pour le Conseiller spécial pour la responsabilité de protéger alors qu’elles sont confondues avec celles du Conseiller spécial pour la prévention du génocide.  Nous allons, a promis le représentant, formuler des recommandations pour rectifier cette situation dans les estimations budgétaires. 

M. ESSAM ALSHAHIN (République arabe syrienne) a salué l’Envoyé spécial et son bureau à Damas pour leur rôle de facilitateur du dialogue syro-syrien.  Il a toutefois rejeté la référence à la résolution 253/16 (2012) de l’Assemblée générale, car rien ne la justifie.  En ce qui concerne le paragraphe 126 du rapport qui mentionne « la présence continue d’armées étrangères en République arabe syrienne », M. Alshahin a insisté sur la grande différence juridique entre les forces étrangères occupantes entrées illégalement sur le territoire syrien et les forces amies présentes à la demande du Gouvernement légitime pour renforcer la lutte contre le terrorisme.

S’agissant des « facteurs externes » mentionnés dans le rapport, le délégué a argué que cette question requiert un engagement tangible en faveur de la résolution 2254 du Conseil de sécurité, qui réaffirme l’attachement à la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale de la République arabe syrienne et aux buts et principes de la Charte des Nations Unies.  Or, a-t-il accusé, les parties régionales et internationales ne respectent ni cette souveraineté ni cette intégrité territoriale.  Elles interviennent de façon négative et destructrice dans le processus politique, imposent un siège économique au peuple syrien et politisent le processus humanitaire, compromettant le développement durable du pays.  Enfin, concernant l’établissement des responsabilités, le représentant a souligné que l’État syrien n’a pas demandé l’assistance juridique et technique des Nations Unies.  Notre système est parfaitement capable de s’attaquer à ce domaine.

Mme ABO AI (Japon) a rappelé aux États Membres leur responsabilité de veiller à ce que les missions politiques spéciales aient les ressources nécessaires à l’exécution de leurs mandats, lesquelles doivent être utilisées de manière efficace et rationnelle.  Elle a pris note des mesures prises par le Secrétaire général pour pourvoir les postes vacants, avec la possibilité de rajeunir les effectifs.  La représentante s’est en effet dite préoccupée par le nombre élevé de postes toujours vacants et par l’écart entre les taux de vacance proposés et les taux réels dans plusieurs missions.  Elle a promis d’étudier chacun de ces postes, l’objectif étant de voir si les taux de vacance sont alignés sur les taux réels.  Cet examen est nécessaire pour la revitalisation de l’ONU et pour une allocation plus efficace des ressources, s’est-elle expliquée.

M. JAMES STAPLES (Royaume-Uni) a salué le rôle des missions politiques spéciales dans le contexte actuel des problèmes multidimensionnels.  Il est plus urgent que jamais de montrer que l’ONU utilise ses ressources de manière efficiente et efficace, a-t-il déclaré, soulignant la responsabilité de la Commission de garantir les ressources nécessaires à l’exécution des mandats, y compris quand ils portent sur les droits humains, la protection des civils, l’environnement et l’égalité femmes-hommes.  Le représentant a rappelé que l’ONU vient de commémorer la Journée internationale de la fille, avant d’exprimer la détermination de son pays à défendre la participation des femmes aux processus de paix et aux processus politiques à l’ONU, y compris à la Cinquième Commission.

M. WEN DONG (Chine) a noté que le budget demandé pour les missions politiques spéciales ne cesse d’augmenter, avant de demander une rationalisation des ressources et une amélioration de la représentation géographique au sein desdites missions.  La Chine, a-t-il ajouté, est préoccupée par les questions relatives à la structure de ces missions.  Il a espéré que les ressources demandées pour la Mission en Afghanistan seront évaluées en fonction des besoins.  Il a attiré l’attention sur les sommes importantes consacrées à ces missions, sans les résultats escomptés comme le démontre la situation en Haïti. 

M. ÁLVARO DAVID RODRIGUEZ DE LA HOZ (Colombie) a rappelé l’adoption à l’unanimité par le Conseil de sécurité de toutes les résolutions relatives au mandat de la Mission de vérification des Nations Unies dans son pays.  Il s’agit d’un élément qui contribue positivement au processus de vérité, de justice et de réparation et qui reflète l’importance du travail de la Mission, a ajouté le représentant.  Bien que des progrès significatifs aient été réalisés dans la mise en œuvre de l’Accord de paix, il reste des défis dont le règlement nécessite l’engagement de toutes les parties.  Dans cette nouvelle étape de la mise en œuvre de l’Accord, le soutien politique et financier de la communauté internationale est plus pertinent que jamais, a souligné le représentant, en se disant convaincu que la mise en œuvre effective du mandat de la Mission dépendra largement de l’allocation de toutes les ressources humaines et financières nécessaires telles que proposées par le Secrétaire général. 

M. DENIS ISHIKAWA DOS SANTOS (Brésil) a estimé que l’importance des missions politiques spéciales dans le pilier paix et sécurité ne cesse de se confirmer.  Ces missions sont un outil efficace pour atteindre la promotion de la paix et de la sécurité internationales.  En seulement deux décennies, leur part dans le budget ordinaire s’est presque multipliée par six.  S’agissant de 2023, elles représenteraient 23% dudit budget.  Ces missions facilitent la diplomatie préventive et sont de puissants instruments de consolidation de la paix mais, a relevé le représentant, elles fonctionnent dans un système inéquitable.  Elles tiennent généralement leurs mandats du Conseil de sécurité, comme les opérations de paix mais elles sont financées par le budget ordinaire, comme si l’ensemble des États Membres avaient pris part à la décision de les créer.  Cette distorsion entre la prise de décisions et le financement entraîne un déséquilibre à l’échelle du système qui exige une solution urgente, a plaidé le représentant.  Il a attiré l’attention sur le rapport, publié, il y plus de 10 ans et toujours pas examiné, qui traite des conséquences de cette situation incohérente. 

M. NACI YILDIZ (Türkiye) a exigé que les Chypriotes turcs soient traités avec le respect qu’ils méritent.  La partie chypriote turque est prête à dialoguer sur la base de l’égalité souveraine des deux composantes de l’île, a déclaré le délégué, en précisant que cette égalité souveraine est consacrée par les traités internationaux.  Enfin, il a demandé la levée des mesures d’isolement imposées aux Chypriotes turcs, jugeant inacceptable que ces derniers soient privés de leurs droits. 

M. GUENSY BETOR (Haïti) a dit prendre note du montant prévisionnel des ressources demandées pour le Bureau des Nations Unies dans son pays.  Il a rappelé la responsabilité de ce dernier qui est de conseiller le Gouvernement haïtien sur les moyens de promouvoir et de renforcer la stabilité politique et la bonne gouvernance, y compris l’état de droit, et de préserver et favoriser un environnement pacifique et stable, notamment en promouvant un dialogue national inclusif entre les Haïtiens, et enfin de protéger les droits de l’homme.  Il a rappelé que depuis 1993, neuf missions de l’ONU ont été déployées en Haïti dont le Bureau est la dernière.  Il a recommandé que les ressources attribuées aux missions politiques spéciales dont le Bureau des Nations Unies dans son pays, soient adaptées aux besoins et à une exécution efficace de leurs mandats.

M. ABEBE (Éthiopie) s’est dit préoccupé par le fait que le Secrétaire général propose la reconfiguration et la réinstallation du Bureau de l’Envoyé spécial de la Corne de l’Afrique dans un autre endroit.  Cette proposition, a-t-il commenté, n’a aucun sens du point de vue de l’efficacité dans l’exécution du mandat.  La relocalisation engendrerait des coûts supplémentaires de 150 000 dollars alors qu’il y a des priorités vitales sur tout le continent africain, et plus particulièrement, pour la Corne de l’Afrique.  De plus, a fait observer le représentant, le Gouvernement éthiopien fournit tout l’appui nécessaire au Bureau à Addis Abeba, au siège de l’Union africaine qui est un lieu de travail idéal permettant de dégager des synergies entre différents organes.  Relocaliser le Bureau hypothèquerait tout le travail accompli jusqu’à présent et mettrait en péril la bonne mise en œuvre du mandat de l’Envoyé spécial.  En conséquence, le représentant a salué les recommandations très pertinentes du CCQAB qui plaide en faveur du maintien du Bureau dans la capitale éthiopienne.

Droit de réponse 

L’Union européenne a rappelé que les missions politiques spéciales sont créées par des mandats conférés par les résolutions du Conseil de sécurité et que la responsabilité de la Cinquième Commission est de les financer.  Voilà pourquoi les États Membres devraient respecter les cadres mis en place par le Conseil de sécurité car les contester ne relève pas des prérogatives de la Commission.  

Répondant également à la déclaration de la Türkiye, Chypre a dénoncé la tentative de politiser une commission technique et de remettre en cause la volonté de la communauté internationale clairement exposée dans différentes résolutions du Conseil de sécurité.  Les commentaires de la Türkiye sont contestables et sans pertinence, a-t-il tranché. 

La Türkiye a argué que depuis 2020, il n’y a pas de consensus autour des paramètres sur la situation à Chypre.  Elle a insisté sur l’égalité souveraine des Chypriotes turcs sur laquelle doit reposer tout règlement, sans quoi les négociations échoueront comme elles ont échoué par le passé.  Elle a imputé l’impasse actuelle à l’Union européenne et promis une réponse circonstanciée en temps et en heure à la « représentante chypriote grecque ». 

Chypre a exigé qu’on le désigne par son nom officiel et que l’on cesse de politiser les travaux de la Commission. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Sixième Commission débat de l’opportunité d’une convention sur la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite

Soixante-dix-septième session,
13e & 14e séances plénières, Matin & après-midi
AG/J/3663

La Sixième Commission débat de l’opportunité d’une convention sur la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite

La Sixième Commission, chargée des questions juridiques, a reçu ce matin la visite du Président de l’Assemblée générale, M. Csaba Kőrösi.  « Créer des lois et les interpréter est un effort unique qui s’accompagne de grandes responsabilités », a-t-il déclaré devant les délégués, en soulignant que le programme de travail de la Commission couvre les crises les plus complexes et intriquées.  Pour y faire face, « le compromis est le meilleur et le moins cher des avocats », a-t-il indiqué, empruntant à Robert Louis Stevenson.  De manière concrète, M. Kőrösi a invité les États à traduire la représentation paritaire qu’il a observée au sein du bureau de la Sixième Commission dans les tribunaux internationaux et la Commission du droit international (CDI).

La Sixième Commission a terminé les discussions entamées hier sur le sujet épineux de la portée et de l’application du principe de compétence universelle.  « Si son existence est universelle, son application est incertaine », a déclaré la représentante du Maroc au nom du Groupe des États d’Afrique, résumant en quelques mots la teneur générale du débat sur ce principe.  Pour la déléguée du Zimbabwe, « les craintes de voir la compétence universelle utilisée de manière sélective à l’encontre d’États africains sont fondées ».  S’ils ont mis en garde contre son utilisation abusive, les intervenants ont néanmoins reconnu l’importance de ce principe pour lutter contre l’impunité.

La Commission a ensuite abordé la question de la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite qui a fait l’objet d’un projet d’articles adopté par la Commission du droit international (CDI) en 2001.  Après un demi-siècle de délibérations, ces articles offrent un cadre dans lequel la loi continue d’évoluer, a apprécié la Finlande, au nom des pays nordiques, à l’ouverture du débat.  La majorité des intervenants ont noté que la plupart de ces articles, largement utilisés dans la jurisprudence des tribunaux internationaux, ont acquis le statut de norme coutumière. 

Néanmoins, « pour remarquables qu’ils soient », les articles ne sont pas gravés dans le marbre, a essentiellement dit le Cameroun, qui a rappelé qu’à plusieurs égards ils ne font pas encore l’objet d’un consensus.  Soulignant ainsi l’importance du consensus, la Chine a invité à une discussion approfondie et partagé l’avis exprimé par d’autre États tendant à ce que les différents produits de la CDI soient traités sur un pied d’égalité.  La Fédération de Russie s’est dite convaincue qu’un traité international élaboré par consensus pourrait être d’une importance fondamentale.  Dans cet esprit, l’Algérie a appelé à donner plus de temps aux États Membres afin d’aboutir à un consensus.

Deux camps se sont opposés sur l’opportunité d’élaborer une convention sur la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite.  Si certaines délégations, à l’image d’El Salvador, de Cuba ou de l’Iran, ont estimé que l’heure était venue de convoquer une conférence pour élaborer une convention, d’autres se sont montrées réticentes. 

Ainsi pour les États-Unis, le Royaume-Uni, la Slovaquie, la République tchèque ou la Roumanie, ouvrir ces articles à la négociation risque de conduire à un processus de réécriture et de « saper » des règles déjà acceptées.  Dans la mesure où certaines règles du projet d’articles ne sont pas acceptées par tous les États, le délégué américain a jugé préférable de laisser la pratique des États se développer et de garder les textes en l’état.  Plusieurs intervenants, ont, à l’instar du Canada, au nom de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, craint d’accentuer les divergences, ou encore de perturber « l’équilibre précaire » qui a été trouvé au cours des dernières décennies. 

« Se lancer dans un tel projet n’est pas souhaitable, à moins d’être convaincu que la convention proposée sera largement ratifiée », a estimé la République de Corée.  Selon la Malaisie, on ne pourra travailler à une convention que lorsque l’on aura de « véritables perspectives » sur ces articles. 

Pour sa part, le Mexique a assuré la Commission qu’au sein des pays d’Amérique latine et des Caraïbes, la position dominante est favorable à l’élaboration d’une convention, même si tout un travail procédural reste à faire, ne serait-ce que pour décider des conditions dans lesquelles se déroulerait un cycle solide de négociations.  Une convention pourrait être la meilleure solution, a ainsi fait valoir l’Argentine.

Face à ces positions, le Cameroun a proposé une approche consensuelle visant à limiter le périmètre de la négociation aux articles ne faisant pas partie du droit international coutumier afin de conserver « l’économie du projet ».

En fin de journée, les demande d’octroi du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale à l’Organisation de coopération numérique et à l’Organisation du Traité de coopération amazonienne ont été présentées à la Commission, par l’Arabie saoudite et la Bolivie respectivement.

La Commission reprendra ses travaux lundi 17 octobre 2022, à partir de 10 heures, pour examiner le rapport de la Commission des Nations Unies pour le droit commercial international (CNUDCI). 

PORTÉE ET APPLICATION DU PRINCIPE DE COMPÉTENCE UNIVERSELLE - A/77/186

Suite du débat général

Mme LBADAOUI (Maroc), au nom du Groupe des États d’Afrique, a rappelé que l’utilisation abusive de la compétence universelle avait conduit le Groupe des États d’Afrique à demander l’inscription de cette notion à l’ordre du jour de la Sixième Commission.  Si son existence est universelle, son application est incertaine, a-t-elle déclaré.  La déléguée s’est donc réjouie de la résolution invitant la Commission à déterminer les buts et règles de la compétence universelle.  Elle s’est inquiétée de l’emploi par des juges nationaux de la compétence universelle à l’égard de personnes qui jouissent de l’immunité en droit international.  Elle a invité le Secrétaire général à présenter un rapport afin de recenser les convergences et les divergences des États à ce sujet.  La Sixième Commission devrait, elle aussi, inclure des libellés tenant compte des avis des États et des contextes où le principe fait l’objet d’une utilisation abusive du principe.  La déléguée a demandé que soient prises des mesures pour « remédier à l’absence de consentement des pays africains », quand la compétence universelle est utilisée contre eux.  Elle a, enfin, rappelé que la juridiction universelle vient compléter la compétence des États concernés et doit respecter leur souveraineté ou encore leurs immunités. 

M. MOHAMED FAIZ BOUCHEDOUB (Algérie) a déclaré que le principe de compétence universelle revêt un caractère exceptionnel et concerne des crimes particulièrement graves.  Toute pratique judiciaire doit être conforme à la Charte des Nations Unies et respecter la souveraineté des États, a dit le délégué, en relevant à nouveau le caractère « exceptionnel » de l’application dudit principe.  Ce principe ne s’applique que lorsque l’État ne peut pas ou ne veut pas poursuivre en justice les auteurs de crimes.  Le délégué a mis en garde contre toute application « sélective », avant d’appeler de ses vœux un cadre juridique solide sur l’entraide judiciaire.  Les États ne sont pas d’accord sur ce principe et n’ont pas déterminé les crimes déclenchant son application, a-t-il conclu, en écartant toute élaboration non-consensuelle d’une liste de tels crimes.

M. JOSE JUAN HERNANDEZ CHAVEZ (Chili) a jugé important que le principe de compétence universelle soit déterminé clairement avant de pouvoir être appliqué, afin d’en tirer le meilleur parti juridique.  Recourir à ce principe peut être envisagé quand un État du territoire n’est pas en mesure de le faire ou ne souhaite pas le faire.  Pour le représentant, il faut en tous les cas « éviter tout risque d’ingérence afin de prévenir les situations complexes, voire inextricables ».  En outre, la compétence universelle peut s’exercer uniquement pour les crimes graves tels que définis par le droit international, et il devrait rester possible de définir de manière discrétionnaire les crimes auxquels s’appliquerait le principe de compétence universelle.  À cet égard, le représentant a indiqué que le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI) peut servir de guide. 

M. MARTÍN JUAN MAINERO (Argentine) a rappelé la responsabilité principale de l’État sur le territoire duquel le délit a été commis ou des États qui ont un lien avec le délit en raison de la nationalité des auteurs ou des victimes.  Il a souligné que la compétence universelle permet que les crimes graves ne restent pas impunis lorsque ces États ne sont pas en mesure d’agir.  Il s’agit donc d’un outil « exceptionnel », a-t-il insisté, notant la nécessité de règles claires applicables afin d’éviter les conflits entre États et des abus.  Il s’est félicité de la décision de la Commission du droit international (CDI) visant à inscrire ce point à son programme afin de mieux comprendre le principe.  Il a indiqué que l’Argentine a fait pour sa part usage de ce principe de manière subsidiaire et exceptionnelle.

M. NKOPANE RASEENG MONYANE (Lesotho) a reconnu que le principe de compétence universelle fait partie intégrante du droit international.  Ce principe reflète notamment le fait que les crimes les plus choquants pour la conscience humaine doivent être une préoccupation commune et partagée.  Toutefois, le représentant a estimé que ledit principe n’est pas d’une importance capitale pour la Sixième Commission, ce point de l’ordre du jour ayant été formulé pour définir sa portée et son application à la suite d’abus.  C’est pourquoi il a réaffirmé la préoccupation de son pays quant à l’utilisation du principe de compétence universelle qui peut servir des intérêts politiques particuliers.  En conclusion, le représentant a réitéré l’objectif fondamental du principe de compétence universelle, qui est de lutter contre l’impunité et de veiller à ce que les individus qui ont commis des infractions graves, telles que des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, soient traduits en justice.

M. AL-HARITH IDRISS AL-HARITH MOHAMED (Soudan) a fait valoir qu’il n’y a pas de consensus autour du principe de compétence universelle, avant d’évoquer le manque de clarté s’agissant des crimes déclenchant son application.  Il a souligné l’importance du respect de la souveraineté des États, avant de rappeler la prééminence des juridictions nationales.  Ce principe de compétence universelle ne s’applique que de manière subsidiaire.  Il est crucial de poursuivre nos discussions afin d’aboutir à un consensus, a estimé le délégué, en rejetant toute imposition de ce principe, ainsi que tout abus dans son application.

M. KHADDOUR (République arabe syrienne) a réitéré que la notion de compétence universelle n’est pas un substitut aux juridictions nationales.  Il a regretté les tentatives d’élargissement du principe comme s’il s’agissait d’une compétence primaire et non d’une alternative ou d’une compétence subsidiaire.  La primauté, dans ce contexte, doit être territoriale, a-t-il rappelé.  Il a ajouté que c’est à titre « exceptionnel » que le principe de compétence universelle peut s’appliquer, après avoir déterminé les compétences reconnues en droit international que sont le lieu du crime, la nationalité de l’auteur ou celle de la victime.  Regrettant le recours à « des interprétations suspicieuses des règles pour cibler d’autres pays », le délégué a invité les États à se concentrer sur les compétences traditionnelles.  À ce titre, il a les exhorté à poursuivre les terroristes étrangers qui se rendent en Syrie.  En conclusion, il a jugé impératif de parvenir à un consensus sur la définition de ce principe afin d’éviter ces abus.

Mme REGINA CHAMA BOMA (Zambie) a déclaré que pour faire de la compétence universelle une réalité, les États Membres doivent intégrer les traités applicables en promulguant les lois pertinentes.  Il est en effet impératif de combler le fossé entre le droit international et le droit national si nous voulons atteindre les résultats souhaités, a-t-elle ajouté.  Pour que les auteurs d’injustices et de crimes odieux soient poursuivis et punis, le processus doit être dépourvu de tout semblant de « parti pris », « d’abus » ou de « politisation », a encore dit la représentante, avant de souligner l’importance du consentement et de la coopération des États de nationalité des accusés.

Mme LBADAOUI (Maroc) a rappelé que le principe de compétence universelle revêt un caractère exceptionnel.  C’est un outil fondamental pour combattre l’impunité, a dit la déléguée.  Elle a noté la complexité et la sensibilité de cette question empêchant pour l’instant tout consensus.  Elle a souligné l’importance de préserver la souveraineté des États, ainsi que leur intégrité judiciaire.  Le principe de compétence universelle ne s’applique que lorsque l’État ne peut pas ou ne veut pas poursuivre en justice les auteurs de crimes, a expliqué la déléguée, en mettant en garde contre toute « déviation » dans son application.  Elle a précisé que le droit marocain prévoit certaines mesures qui peuvent s’apparenter à ce principe.

Mme AYDIN-GUCCIARDO (Türkiye) a déclaré que la compétence universelle est un outil exceptionnel qui doit être utilisé en dernier recours.  Elle a noté leur nature secondaire ou subsidiaire par rapport à la territorialité ou à la personnalité active et passive.  Elle a rappelé l’importance des principes de souveraineté ou de non-ingérence dans les affaires intérieures des États.  La déléguée a également invité à garder à l’esprit les préoccupations légitimes des États en l’absence de consensus sur la portée de la notion et face au risque d’abus.  Le principe doit être utilisé dans le respect de la Charte des Nations Unies, a-t-elle ajouté.  Ce principe est prévu dans le droit interne de la Türkiye et les tribunaux peuvent utiliser leur compétence pour certains crimes graves à condition que certains critères soient respectés, a indiqué la déléguée.  Son pays est également partie à des traités prévoyant l’entraide judiciaire et l’extradition sur la base de la compétence universelle a-t-elle ajouté.

Intervention du Président de l’Assemblée générale

M. CSABA KŐRÖSI, Président de l’Assemblée générale, a reconnu que « créer des lois et les interpréter est un effort unique qui s’accompagne de grandes responsabilités ».  Dans son rapport intitulé « Notre Programme commun », a-t-il rappelé, le Secrétaire général a appelé les États à se conformer au droit international et à garantir la justice.  En ces temps de crise, cet objectif est important, a affirmé le Président, soulignant que c’est le non-respect de la loi et l’absence du droit qui sont à l’origine des conflits.

M. Kőrösi a relevé que le programme de travail de la Sixième Commission couvre les crises les plus complexes et les plus intriquées.  À cet égard, il a encouragé les délégués à œuvrer sous l’angle de la gestion des crises et de la « transformation ».  Exhortant la Sixième Commission à continuer de mener ses travaux grâce au dialogue, il a cité Robert louis Stevenson qui a dit que « le compromis est le meilleur et le moins cher des avocats ».  Enfin, le Président a invité les États à traduire la représentation paritaire qu’il a observée au sein de la Commission dans les tribunaux internationaux et la Commission du droit international (CDI).

M. RADHAFIL RODRIGUEZ TORRES (République dominicaine) a rappelé la nécessité d’éviter une application arbitraire et sélective du principe de compétence universelle et de prévenir sa manipulation à des fins politiques.  Ce principe, a-t-il ajouté, doit être appliqué conformément à la Charte des Nations Unies et au principe de non-ingérence.  Il a également rappelé que les enquêtes et poursuites dans le cas de la perpétration de délits internationaux graves relève de la compétence des États sur le territoire duquel ces crimes auraient été commis.  Le représentant a ensuite indiqué que la Constitution de son pays a été amendée en ce sens.  La législation nationale octroie la compétence universelle à des tribunaux nationaux spéciaux pour certains crimes et affaires de grandes importance, a-t-il fait observer.  Les États victimes de crimes contre l’humanité devraient être autorisés à exercer la compétence universelle, dont le premier objectif est de mettre fin à l’impunité des auteurs des crimes les plus odieux et abjects. 

M. MOHAMMAD SADEGH TALEBIZADEH SARDARI (République islamique d’Iran) a déclaré que, bien que l’existence du principe de compétence universelle ne soit pas contestée, les États Membres doivent encore parvenir à une compréhension commune de son cadre conceptuel et juridique et de son champ d’application.  Sur ce dernier point, il a évoqué « l’intersection entre la compétence universelle et les immunités de certains fonctionnaires de haut rang ».  De plus, il n’existe pas de consensus entre les législations nationales sur les catégories de crimes relevant de la compétence universelle.  Dans les circonstances où il n’y a pas de base juridique internationale pour l’application de la compétence universelle, l’interprétation et l’application larges de ce principe ne doivent pas être considérées comme un précédent, a encore expliqué le représentant.  En bref, l’Iran considère la compétence universelle comme une exception dans l’exercice de sa compétence pénale nationale, un principe qui ne peut être exercé isolément ou à l’exclusion des autres règles et principes pertinents du droit international. 

M. ANDY ARON (Indonésie) a déclaré que le principe de compétence universelle est un instrument essentiel dans la lutte contre l’impunité, avant de noter les avis divergents des États sur sa portée et son application.  Le manque de clarté autour de ce principe pourrait aboutir à des abus, a prévenu le délégué, en appelant au respect de la souveraineté des États.  Il a indiqué que ce principe ne doit s’appliquer qu’aux crimes les plus graves.  Seule la piraterie en haute mer est reconnue par les États comme déclenchant l’application de ce principe.  Le principe de compétence universelle ne s’applique que lorsque l’État ne peut pas ou ne veut pas poursuivre en justice les auteurs de crimes, a conclu le délégué.

Mme PETRONELLAR NYAGURA (Zimbabwe) a relevé les divergences de vues quant à l’application et à la portée du principe de compétence universelle, qui peut donner lieu à une utilisation inapproprié ou abusive, y compris à des fins politiques.  Elle a donc jugé nécessaire de s’accorder sur une définition et insisté sur l’importance du consentement des juridictions nationales concernées.  « Les craintes de voir la compétence universelle utilisée de manière sélective à l’encontre d’États africains sont fondées », a déclaré la déléguée.  La compétence universelle doit en outre être exercée dans le respect de l’égalité souveraine des États, de la non-ingérence et de l’indépendance politique.  Elle a souligné que cette compétence ne peut être enclenchée que lorsque l’État ne veut pas ou ne peut pas agir.  L’immunité doit également être reconnue, a-t-elle ajouté.  La compétence universelle ne peut pas être exercée de manière isolée et requiert la coopération entre États, a terminé la déléguée, ajoutant qu’il en va de sa crédibilité et de sa légitimité.

Mme DJENEBA DABO N’DIAYE (Mali) a indiqué que le principe de compétence universelle était d’importance pour son pays, qui depuis 10 ans mène « une lutte sans merci contre le terrorisme ».  Ce principe est d’actualité dans un monde où se multiplient les foyers de tensions marqués par les crimes les plus odieux, a-t-elle ajouté avant d’indiquer que le Mali est signataire de tous les instruments juridiques relatifs à la protection des droits humains.  La représentante a expliqué que les versions 2001 et 2012 du code pénal malien consacrent ce principe, la répression des auteurs des crimes étant assurée concomitamment avec la protection des victimes.  Avec la Cour pénale internationale (CPI), justice a été rendue contre les vrais ennemis de la paix du Mali, a-t-elle aussi dit.  Elle a souligné l’importance que la compétence universelle demeure un outil au service de la justice internationale respectueux des principes de souveraineté et de non-ingérence et plaidé pour la coopération entre États sur cette question. 

Mme LOUREEN O. A. SAYEJ (État de Palestine) a rappelé que le principe de compétence universelle est un outil fondamental dans la lutte contre l’impunité.  Nous devons promouvoir ce principe en rejetant toute politisation, a dit la déléguée, en soulignant l’importance du rôle de la Cour pénale internationale (CPI).  Elle a regretté les « pressions » exercées pour faire échec aux efforts visant à ce que les crimes commis par Israël à l’encontre du peuple palestinien ne restent pas impunis.

M. BRADY MICHAEL MABE, du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a noté l’obligation de poursuivre ou d’extrader contenue dans les Conventions de Genève et le Protocole additionnel 1 de 1977.  Il a rappelé l’existence de conventions internationales prévoyant la compétence universelle et noté que la pratique des États et l’opinio juris tendent à reconnaître cette compétence pour certains crimes.  Les États ont la responsabilité d’engager des enquêtes et des poursuites si un crime est commis sur leur territoire ou par leur national, a-t-il indiqué.  Le délégué a ajouté que la compétence universelle permet de combler les lacunes en cas de crimes graves.  Le CICR continue de se pencher sur la prévention et sur la répression, a-t-il indiqué, exhortant les États à renforcer leur droit interne et à intégrer la compétence universelle pour les violations des Conventions de Genève et, le cas échéant, du Protocole additionnel 1 de 1977. 

RESPONSABILITÉ DE L’ÉTAT POUR FAIT INTERNATIONALEMENT ILLICITE - A/77/74A/77/198

Débat général

Mme VIRPI LAUKKANEN (Finlande), au nom des pays nordiques, a considéré que les articles adoptés par la Commission du droit international (CDI) reflètent le droit international coutumier.  Les pays nordiques continuent de croire qu’il ne serait pas opportun d’entamer des négociations pour une convention sur la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite « à ce stade ».  Les articles reflètent un consensus largement partagé, même si certaines questions ont été laissées ouvertes par la Commission et qu’il peut y avoir des opinions différentes concernant les spécificités de certaines règles, a ajouté la déléguée.  Selon elle, ces articles sont importants en ce qu’ils fournissent un cadre dans lequel la loi continue d’évoluer, à travers « le développement organique du droit coutumier ».  Par ailleurs, les pays nordiques, s’ils sont d’accord sur le fait qu’une convention multilatérale est un véhicule idéal pour orienter l’action juridique des États, craignent qu’une réouverture de ces questions ne compromette « l’équilibre délicat » établi dans les articles adoptés par la Commission, en 2001, « après près d’un demi-siècle de délibérations ».

M. KEVIN TIMOTHY MEAD (Canada), au nom de l’Australie, du Canada et de la Nouvelle-Zélande (groupe CANZ), a dit que les articles relatifs à la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite sont un accomplissement à mettre au crédit de la Commission du droit international (CDI).  Ces articles sont reconnus comme une source faisant autorité en la matière.  Le délégué a évoqué les décisions par les juridictions mentionnant lesdits articles.  Il a dit avoir lu les propositions avancées en vue d’élaborer une convention sur la base des articles, avant de noter qu’un tel projet risque d’exacerber les divergences entre États.

M. YONG-ERN NATHANIEL KHNG (Singapour) a noté que l’ordre juridique international fait face à des problèmes complexes qui rendent nécessaire l’examen des principes fondamentaux régissant les relations entre États.  Les articles élaborés par la Commission du droit international (CDI) sur la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite cherchent précisément à renforcer ces principes, a-t-il noté, soulignant l’importance du consensus.

Mme LIGIA LORENA FLORES SOTO (El Salvador) a noté que l’absence de progrès sur le sujet n’avait pas empêché qu’une partie importante du projet d’articles de la Commission du droit international (CDI) soit devenue la norme dans la jurisprudence et que ces règles fassent désormais partie du droit international coutumier.  Elle a jugé nécessaire d’orienter les discussions sur les aspects de procédure en vue d’un projet potentiel de convention, par le biais de forums et d’organes subsidiaires.

M. TALEBIZADEH SARDARI (République islamique d’Iran) a estimé que l’heure est venue de convoquer une conférence pour élaborer une convention sur la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite, dans le cadre d’un groupe de travail de la Sixième Commission, en vue de prendre une décision ou toute autre mesure appropriée sur la base des articles de la Commission du droit international (CDI).  Une telle convention, a averti le délégué, devra être protégée de toute utilisation abusive et de toute politisation.  Il a proposé que le cycle triennal des travaux du Groupe de travail devienne biennal ou annuel. 

Mme ORDUZ DURAN (Colombie) a rappelé que la Commission du droit international (CDI) a mis 50 ans pour élaborer les articles relatifs à la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite.  Elle a mentionné les 332 cas de responsabilité mentionnés par les rapports à l’examen et loué le sérieux du travail de la CDI.  Elle a appuyé la convocation d’une conférence internationale pour élaborer un traité sur la base desdits articles.  La déléguée s’est dit consciente des avis divergents des États sur cette question.  « Nous sommes dans une impasse sur certains projets alors que nous avons progressé sur certains points. »  En conclusion, elle a souhaité l’identification de critères qui permettraient d’avancer sur certains aspects essentiels.

M. ENRICO MILANO (Italie) a loué le travail de la Commission du droit international (CDI) sur ce sujet.  Le projet d’articles relatif à la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite suscite des divergences, a reconnu le délégué, en notant le report constant du projet d’élaboration d’une convention.  Il a noté les réticences des États, en particulier, en ce qui concerne la responsabilité pour violation grave des normes impératives du droit international, avant de mettre en garde contre les risques de fragmentation juridique.  Il s’est dit en faveur de la création d’un groupe de travail « préparatoire » pour faire avancer les discussions.  De plus, d’après le délégué, l’agression russe montre l’urgence de réfléchir aux articles relatifs aux relations entre États responsables et États lésés.  Une convention devrait mettre en place des règles claires en ce qui concerne les normes impératives précitées, a-t-il conclu.

M. DAVID BIGGE (États-Unis) a noté que les avis exprimés au sein de la Sixième Commission ne sont pas de nature à dégager un consensus.  La position des États-Unis, a-t-il indiqué, reste « le maintien des articles dans leur forme actuelle ».  Le délégué s’est, en effet, dit inquiet d’ouvrir ces articles à un débat qui conduirait à un processus de réécriture et saperait des règles déjà acceptées.  Dans la mesure où certaines règles du projet d’articles ne sont pas acceptées par tous les États, le délégué a estimé préférable de laisser la pratique des États se développer pour que le projet d’articles cristallise le droit international coutumier.

M. PABLO ADRIÁN ARROCHA OLABUENAGA (Mexique) a estimé que les États n’en sont pas au stade de décider s’ils sont prêts pour une telle convention sur la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite, ce qui ne remet pas en cause la qualité des articles sur la responsabilité de l’État dont ils disposent en tant que « guide fiable ».  Pour le représentant, tout un travail procédural reste à faire, ne serait-ce que pour décider des conditions dans lesquelles se déroulerait un cycle solide de négociations.  À cet égard, il a considéré qu’une suspension de trois ans de l’examen de ces questions à la Commission ne sera plus acceptable.  Le représentant a insisté sur le caractère progressif de la codification d’un sujet qui est « loin de rallier une position unifiée et consensuelle ».  Enfin, il a assuré la Commission qu’au sein des pays de l’Amérique latine et des Caraïbes la position dominante est favorable à l’élaboration d’une convention.  C’est pourquoi, le Mexique reste ouvert à l’examen de toute proposition qui permettrait de faire avancer la discussion sur ce projet important. 

M. JONATHAN SAMUEL HOLLIS (Royaume-Uni) a dit que le projet d’articles relatifs à la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite est un « exploit » à mettre au crédit de la Commission du droit international (CDI).  Il a noté les avis divergents des États sur ledit projet, avant de prôner la prudence quant à l’opportunité d’élaborer une convention.  Un tel texte pourrait en effet perturber l’équilibre précaire qui a été trouvé au cours des dernières décennies.  Le délégué a estimé que l’ouverture de négociations risquerait d’accroître les divergences et de saper la cohérence actuelle sur ce sujet.  Le fait qu’il n’y ait pas de convention ne nous a pas empêché d’appliquer ce projet d’articles, a conclu le délégué.

M. LIU YANG (Chine) a noté que le projet d’articles de la Commission du droit international (CDI) a permis d’orienter les États sur la question de la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite et a été cité dans les arrêts des tribunaux internationaux.  La Chine, a-t-il indiqué, est d’avis que le projet d’articles est arrivé « à maturité » et offre un cadre « équilibré » sur la pratique des États.  Il n’est néanmoins pas parfait et les États peuvent avoir des interprétations divergentes, notamment sur les contre-mesures et les normes impératives, a souligné le délégué.  Il a donc invité à une discussion approfondie.  Il a partagé l’avis exprimé par d’autre États tendant à ce que les différents produits de la CDI soient traités sur un pied d’égalité et rappelé l’importance du consensus et des méthodes de travail « raisonnables » au sein de la Sixième Commission.

M. FRIEDMAN (Israël) a plaidé pour la poursuite de l’examen « progressif » de la question d’une convention sur la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite.  Pour l’heure, nous sommes ouverts à une discussion sur la tenue de négociations sur une telle convention, ce qui impliquerait de revenir sur le libellé des projets d’articles, qui, a-t-il rappelé, ont été rédigés il y a plus de deux décennies.  Sur ce dernier point, le représentant s’est interrogé sur la pertinence de la création et de l’entrée en vigueur rapide d’une convention dont les projets d’articles influencent, d’ores et déjà, la pratique des États. 

M. MATÚŠ KOŠUTH (Slovaquie) a salué les articles relatifs à la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite de la Commission du droit international (CDI).  Les tribunaux et les États y font largement référence, a-t-il souligné.  « Ces articles sont cohérents, équilibrés et reflètent le droit international coutumier. »  Le délégué a estimé qu’une application élargie desdits articles pourrait remettre en question leur « acceptabilité » par les États.  « C’est pourquoi nous ne sommes pas favorables à l’élaboration d’une convention sur cette base. »  Par ailleurs, le délégué a condamné l’agression russe contre l’Ukraine, ainsi que la récente annexion de régions ukrainiennes en violation du droit.  « C’est un cas typique de la responsabilité d’un État pour fait internationalement illicite », a-t-il conclu.

Mme ALIS LUNGU (Roumanie) a noté que les articles sur la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite reflètent pour la plupart le droit international coutumier.  Ils exercent une influence dans les arrêts des tribunaux internationaux et auprès des gouvernements qui les utilisent dans leurs avis juridiques.  La déléguée a mis en garde contre l’ouverture de négociations, qui pourrait avoir un effet négatif sur l’équilibre de ces textes et sur leur haut niveau d’acceptation parmi les États.  Elle a, par conséquent, appelé à conserver les articles en leur état actuel.

M. MAREK ZUKAL (République tchèque) a qualifié de « fait internationalement illicite » l’agression de l’Ukraine par la Russie, un fait qui justifie à lui seul la tenue de la présente discussion de la Sixième Commission.  Il a ensuite indiqué que les articles de la Commission du droit international (CDI), dans leur état actuel, ont été adoptés par les juridictions des pays et des tribunaux internationaux, qui les citent dans leurs arrêts.  C’est pourquoi la reconnaissance de ces articles et leur utilisation pratique n’indiquent pas qu’il soit nécessaire de prendre le risque d’en saper le contenu en les soumettant à un processus d’élaboration d’une convention, a estimé le représentant.  Il a recommandé que le Groupe de travail de la Commission chargé d’examiner la question de la compétence universelle se réunisse plus fréquemment. 

M. SERGIO AMARAL ALVES DE CARVALHO (Portugal) a noté la complexité de la question de la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite.  Le projet d’articles de la Commission du droit international (CDI) est le fruit d’un long processus et il est temps de prendre une décision, a argué le délégué.  Il a estimé que le report indéfini d’une décision pourrait saper la pertinence de ce projet, avant de mettre en garde contre les risques de fragmentation juridique.  Il a pris note des effets négatifs qu’aurait une négociation infructueuse, avant d’insister sur les avantages d’une codification.  « Ces avantages sont bien supérieurs aux risques. »  Le moment est venu d’agir et le processus de négociation est le meilleur moyen de résoudre les questions en suspens, a conclu le délégué.

M. ZACHARIE SERGE RAOUL NYANID (Cameroun) a invité au consensus pour que ces articles, qui font l’objet d’un usage récurrent dans la pratique et la jurisprudence, puissent faire l’objet d’une forme juridique probante.  Il a compris les inquiétudes au sujet de l’incertitude que pourrait entraîner une conférence diplomatique.  Afin de rassurer toutes les parties, il a proposé que la voie de convention ne soit engagée qu’à la condition qu’il existe des garanties suffisantes, que l’économie du projet soit maintenue et que les éléments de fond du texte ne soient pas modifiés.  Le délégué a également appelé à limiter le périmètre de la conférence aux articles ne faisant pas partie du droit international coutumier.  « Pour remarquables qu’ils soient, les projets d’article n’ont pas la sainteté de la table de marbre portant les 10 commandements ramenée par le Prophète du Mont Sinaï », a-t-il néanmoins relevé, ajoutant qu’il revient aux États de prendre la souveraine décision de négocier certains articles s’ils le souhaitent.  Le délégué a noté que la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite est le corolaire de leur égalité et de leur souveraineté et constitue un pilier important de la constitution de la communauté internationale.  Il a néanmoins regretté que l’article premier n’inclue ni la nécessité d’une faute, ni celle d’un dommage ou d’un préjudice pour engager la responsabilité de l’État.  Il a également estimé que le mécanisme des représailles est anarchique dans la mesure où il repose sur la puissance des États, ce qui n’assure ni la paix, ni la justice.

M. ABDELAZIZ (Égypte) a salué le projet d’articles relatifs à la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite adopté par la Commission du droit international (CDI).  Il a jugé bon de poursuivre les consultations sur l’opportunité de l’élaboration d’une convention sur cette base, en se ralliant à la position du Groupe africain sur ce point.

M. JOSE JUAN HERNANDEZ CHAVEZ (Chili) a estimé que l’adoption d’une convention devrait être « le destin naturel » du projet d’articles de la Commission du droit international (CDI).  Une convention a tendance à préciser et affirmer les règles, a-t-il fait observer.  Le projet d’articles constitue un régime général qui permet de combler les vides des régimes spéciaux.  Le délégué a du reste souligné que « les textes proposés ne sont pas statiques »: au contraire, il s’agit d’un moment où le contenu du projet se consolide et où il est invoqué par des tribunaux internationaux.  Le délégué a également invité à tenir compte du projet d’articles sur la protection diplomatique dans la mesure où il possède un lien étroit avec le projet sur la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite.

Mme KAREN JEAN BAIMARRO (Sierra Leone) a été d’avis que les projets d’article sur la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite, tels que proposés, sont un compromis « qui n’est pas parfait, mais qui fait autorité ».  Il est donc temps d’avancer sur la question de l’adoption d’une convention internationale sur le sujet.  Le rôle des États est d’agir et de donner suite aux recommandations de la Commission du droit international (CDI), a dit la représentante.  C’est le minimum que la Sixième Commission puisse faire si elle veut accorder la même importance à tous les sujets et produits élaborés par la CDI. 

Mme MOTSEPE (Afrique du Sud) a salué le projet d’articles relatifs à la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite de la Commission du droit international (CDI).  « C’est un excellent travail. »  La Cour africaine des droits de l’homme et des peuples a fait référence à ce projet, a précisé la déléguée.  Et les États font un usage pragmatique de ce projet d’articles sous sa forme actuelle.  La déléguée a estimé que la décision sur la suite à donner au projet doit être le fruit du consensus entre États.  Tout report de cette décision risque néanmoins de miner le statut dont jouit ledit projet, a-t-elle nuancé.

Mme MHER MARGARYAN (Arménie) a exhorté à l’équilibre dans l’adoption d’un instrument contraignant, notant que certaines dispositions du projet de la Commission du droit international (CDI) sont déjà consacrées par la pratique des États et la jurisprudence internationale.  La déléguée a par ailleurs pris note de l’évocation, dans le rapport du Secrétaire général, de l’affaire Makuchyan et Minasyan c. Azerbaïdjan et Hongrie rendue par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), en 2020.

M. EVGENY A. SKACHKOV (Fédération de Russie) a déclaré que la position de son pays sur les projets d’articles adoptés en 2001 par la Commission du droit international (CDI) est bien connue et n’a pas changé.  Ces articles pourraient constituer un excellent outil de codification des règles existantes.  Mais alors qu’ils sont examinés par la Sixième Commission depuis plus de 20 ans, les délégations ne se sont toujours pas entendues sur la manière de procéder.  À cet égard, il semble important de recueillir les vues écrites des États sur le contenu et la forme future du projet d’articles, a poursuivi le délégué.  Il a également déclaré qu’en l’absence de consensus entre les États, les références aux tribunaux internationaux et nationaux doivent être considérées « avec prudence ».  Nous partons du principe que les dispositions individuelles doivent être finalisées avec la participation directe des États, a-t-il dit.  La Fédération de Russie est convaincue qu’un traité international élaboré par consensus pourrait être d’une importance fondamentale. 

Mme ARIANNA CARRAL CASTELO (Cuba) a salué le projet d’articles relatifs à la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite de la Commission du droit international (CDI).  Elle a appuyé l’idée d’une convention sur cette base en louant le caractère de référence dudit projet.  Elle a noté les réticences de certains États s’agissant de l’opportunité d’élaborer une convention tout en estimant qu’il faut aller de l’avant et ouvrir les négociations.  Elle a imputé le retard dans l’adoption d’une convention à l’attitude de certains gouvernements cherchant à éluder leurs responsabilités devant les violations du droit qu’ils commettent.  La déléguée a estimé que cette convention ne mettrait pas en péril le délicat équilibre contenu dans le projet d’articles.  Une convention permettrait en outre de freiner les visées unilatérales de certains États, a asséné la déléguée, en dénonçant les « prétextes » avancés par certaines délégations pour ne pas aboutir à une convention.

Mme PAPATHANASSIOU (Grèce) a relevé que le projet d’articles de la Commission du droit international (CDI) constitue un texte « équilibré » et « bien réfléchi » qui reflète le droit coutumier et a été repris sur les tribunaux internationaux.  Elle a estimé qu’il comble une lacune en droit international et « renforce la notion de communauté internationale dans son ensemble ».  Le projet d’articles reflète un compromis fragile et l’élaboration d’une convention, si elle est souhaitable, ne devrait pas « hypothéquer l’économie du texte » qui contient d’importants accommodements sur des questions juridiques complexes, a conclu la déléguée.

M. CHRYSOSTOMOU (Chypre) a réitéré la position de sa délégation concernant la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite: le projet d’articles reflète le droit international coutumier, ainsi qu’un consensus largement partagé sur la responsabilité internationale des États.  De plus, depuis leur adoption par la Commission du droit international (CDI), ces articles ont été largement cités par les gouvernements et les organes juridiques nationaux, régionaux et internationaux, et plus particulièrement par la Cour internationale de Justice (CIJ).  Le délégué a estimé que la Sixième Commission devrait permettre de tenir de nouvelles discussions de fond sur le sujet, au moins sur une base semestrielle, y compris également sur les aspects de la responsabilité de l’État qui dépassent le cadre du projet d’articles.

Mme DOGAN (Pays-Bas) a appuyé « sans réserve » le projet d’articles relatifs à la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite de la Commission du droit international (CDI).  Il a prôné la prudence quant à la suite à lui donner, la pratique des États étant en cours de développement, s’agissant notamment de l’obligation de coopérer ou de ne pas se rendre complice de violations de normes impératives du droit international.  Certaines notions doivent en outre être précisées comme celles des organes visés à l’article 4 sur le « comportement des organes de l’État » ou des personnes visées à l’article 8 sur le « comportement sous la direction ou le contrôle de l’État ».  Nous ne sommes pas encore en mesure d’appuyer un processus de négociation, a conclu le délégué, en soulignant l’utilité de ce projet d’articles depuis des décennies.

M. MOHAMED FAIZ BOUCHEDOUB (Algérie) a souligné que la responsabilité des États est un élément central du droit international et que tout instrument juridiquement contraignant contribue à l’acceptation politique des règles.  Il a néanmoins pris note des divergences sur différentes questions et souligné l’absence d’une pratique unifiée suffisante, notamment sur les violations graves ou le jus cogens.  Pour cette raison, le délégué a appelé à donner plus de temps aux États Membres afin d’aboutir à un consensus.

M. AZRIL BIN ABD AZIZ (Malaisie) a estimé que les négociations autour des projets d’articles de la Commission du droit international (CDI) ne doivent pas commencer maintenant.  On ne pourra travailler à une convention que lorsque l’on aura de « véritables perspectives » sur ces articles et que l’on parviendra à un consensus, a argué le délégué.  C’est de cette manière que l’on pourra élaborer un instrument universel, a-t-il ajouté. 

M. MARTÍN JUAN MAINERO (Argentine) a salué le projet d’articles relatif à la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite de la Commission du droit international (CDI), fruit de près de 50 ans d’efforts.  Il s’agit d’une question importante parce que transversale, a dit le délégué, en regrettant le peu de progrès accomplis.  Il a souligné la volonté de la Commission de poursuivre ce débat, tout en notant « les deux camps qui s’opposent sur l’opportunité d’une convention ».  Une convention pourrait être néanmoins la meilleure solution, a-t-il estimé.  Quoiqu’il en soit, l’absence de convention ne diminue en rien la valeur du projet d’articles.

Mme KATARZYNA MARIA PADLO-PEKALA (Pologne) a noté que la valeur des articles sur la responsabilité de l’État pour fait international illicite élaborés par la Commission du droit international (CDI) ne signifie pas que chaque article est un principe bien établi du droit.  Elle a affirmé qu’il peut donc y avoir des cas dans lesquels une disposition ne devrait pas être considérée comme une évolution progressive du droit international.  À l’inverse, pour les contre-mesures, le droit international a évolué depuis 2001, a-t-elle estimé.

M. BAE JONGIN (République de Corée) a exprimé des doutes quant à la possibilité d’atteindre un consensus sur l’élaboration d’une convention.  « Se lancer dans un tel projet n’est pas souhaitable, à moins d’être convaincu que la convention proposée sera largement ratifiée. »  Le délégué s’est en revanche dit en faveur d’une approche « mesurée », étape par étape et fondée sur la prudence et la prévoyance.  Il a préféré chercher des mécanismes qui rapprochent les États responsables de leurs obligations internationales et aident les États lésés à mieux demander réparation.  La République de Corée préfère en outre que les projets d’articles de la Commission du droit international (CDI) restent tels quels, jusqu’à ce que le moment soit venu.  Elle souhaite aussi que le Secrétaire général poursuive la compilation des décisions des tribunaux nationaux et des pratiques des États.  Enfin, le délégué a suggéré de demander à la CDI de mettre à jour son commentaire sur les projets d’article sur la base de cette compilation et de la pratique des États au cours des deux dernières décennies.

Mme LOUREEN O. A. SAYEJ (État de Palestine) a rappelé que le projet d’articles relatif à la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite de la Commission du droit international (CDI) revêt un caractère coutumier tant il est abondamment invoqué par les juridictions internationales.  Elle a fait observer que la Cour internationale de Justice (CIJ) s’est appuyée sur ce projet d’articles dans son avis consultatif, de 2004, sur les conséquences juridiques de l’édification d’un mur dans le territoire palestinien occupé.  La Cour a notamment analysé les effets juridiques pour les États tiers des violations de normes impératives du droit international.  La déléguée a aussi rappelé dans le droit fil de l’article 41 du projet, intitulé « Conséquences particulières d’une violation grave d’une obligation », que tous les États ont intérêt à la protection de telles normes.  Elle a enfin noté que la CIJ a indiqué que tout État a le devoir d’agir pour éviter toute violation de ces normes impératives.

Droit de réponse

Le représentant de l’Azerbaïdjan, a dénoncé l’occupation arménienne du territoire de l’Azerbaïdjan.  Il a déclaré que des analyses juridiques exhaustives ont conclu que l’Arménie était responsable de violations du droit international.

OCTROI DU STATUT D’OBSERVATEUR AUPRÈS DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE À L’ORGANISATION DE COOPÉRATION NUMÉRIQUE - A/77/141

Le délégué de l’Arabie saoudite a présenté le projet de résolution relatif à l’octroi du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale à l’Organisation de coopération numérique.  Créée en 2020, cette organisation, qui compte 11 États, cherche à combler le fossé numérique et à promouvoir les technologies numériques en vue de la réalisation du Programme 2030, a résumé le délégué.  Dotée d’un tel statut, l’Organisation de coopération numérique pourra présenter des observations lors des réunions pertinentes de l’ONU, a-t-il conclu.  Cette demande a été appuyée par les délégués d’Oman et du Pakistan.

OCTROI DU STATUT D’OBSERVATEUR AUPRÈS DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE À L’ORGANISATION DU TRAITÉ DE COOPÉRATION AMAZONIENNE - A/77/191

Le délégué de la Bolivie a présenté le projet de résolution relatif à l’octroi du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale à l’Organisation du traité de coopération amazonienne.  Cette organisation est l’unique organisme qui représente les pays possédant plus de la moitié des forêts tropicales sur la planète, a-t-il indiqué.  Elle a pour objectif de promouvoir le développement de l’Amazonie et la gestion intégrée des ressources.  Cette demande a été appuyée par les délégués du Pérou, au nom de la Communauté andine, et du Brésil.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Troisième Commission fait le constat d’une protection des droits humains entravée par les crises imbriquées et contrariée par un manque de moyens

Soixante-dix-septième session
17e & 18e séances plénières – matin & après-midi
AG/SHC/4351

La Troisième Commission fait le constat d’une protection des droits humains entravée par les crises imbriquées et contrariée par un manque de moyens

La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a entamé, aujourd’hui, son examen de la promotion et de la protection des droits de l’homme en dialoguant avec quatre intervenants, dont la Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme.  Mme Ilze Brands Kehris n’a pas caché la difficulté accrue que représentent les bouleversements actuels pour la défense des droits humains, en plus de constater une disparité croissante entre les normes internationales en la matière et la réalité sur le terrain, facteur selon elle de méfiance entre les peuples.

Présentant le rapport annuel du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), Mme Brands Kehris a indiqué qu’au 30 juin dernier, le HCDH comptait 103 présences dans le monde.  Partout, a-t-elle indiqué, le Haut-Commissariat s’est employé à inciter les gouvernements à intégrer les droits de la personne dans les réformes juridiques et les politiques économiques et sociales menées dans le cadre du relèvement post-COVID-19.  Il a également soutenu les efforts visant à inclure une approche centrée sur les droits dans la réalisation du Programme 2030, tout en aidant les composantes droits humains des opérations de paix, en appuyant les processus de justice transitionnelle centrés sur les victimes et en plaidant pour la participation de la société civile dans les processus onusiens, a-t-elle précisé.

Si Mme Brands Kehris a cité de nombreux pays où le HCDH a été actif durant la période à l’examen, elle n’a pas mentionné la Chine dans son exposé.  Le dialogue interactif qui a suivi son intervention a, en revanche, donné lieu à des échanges nourris sur la question du Xinjiang.  L’Union européenne, appuyée par l’Allemagne, la Norvège et les États-Unis, s’est ainsi félicitée de la publication d’un rapport du HCDH sur la situation des Ouighours dans cette région chinoise, ce qui a provoqué l’ire de la délégation chinoise.  Celle-ci a argué que ce rapport, publié 15 minutes avant le départ de la Haut-Commissaire Michelle Bachelet, était le résultat de la « diplomatie corrosive  » des pays occidentaux, une position soutenue par la Fédération de Russie, le Cambodge ou encore la République populaire démocratique de Corée, qui ont dénoncé une ingérence politisée dans les affaires intérieures de la Chine.  

À l’issue de ce dialogue, la Sous-Secrétaire générale a formé le vœu qu’une collaboration avec les autorités chinoises permettra de faire avancer la situation au Xinjiang.  Elle a par ailleurs signalé que, le travail du HCDH a été entravé par la pandémie, faisant état de 426 rapports et de 1 868 communications en attente d’examen par différents comités.  Face à cette accumulation, la Présidente du Comité des droits de l’homme a indiqué que son organe s’est orienté vers un cycle d’examen de huit ans, dans le but d’améliorer la prévisibilité des obligations en matière de rapports et leur régularité.  Mme Photini Pazartzis a toutefois averti que, faute d’une augmentation de son personnel, le Comité ne pourra traiter son arriéré en temps voulu, nuisant à sa capacité d’offrir des recours rapides aux victimes de violations des droits humains.  

Soulevant à son tour la question de l’arriéré des rapports des États parties en attente d’examen, le Président du Comité des droits économiques, sociaux et culturels a parlé d’un « défi sans précédent » dû à des non-présentations et à des retards allant parfois jusqu’à dix ans.  Selon M. Mohamed Ezzeldin Abdel-Moneim, le calendrier prévisible d’examens sur huit ans, décidé en juin par les présidents d’organe de traité, devrait entre autres avantages, permettre une égalité de traitement entre les États.  Mais cela doit s’accompagner d’une hausse des ressources des organes conventionnels et de leurs secrétariats, a-t-il lui aussi plaidé, jugeant que cet investissement « en vaut la peine ».      

Plus centrée sur les problématiques de terrain, la Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs et défenseuses des droits humains a présenté un rapport détaillant le travail essentiel que ces personnes accomplissent pour protéger les droits des réfugiés, des migrants et des demandeurs d’asile.  Mme Mary Lawlor a appelé les États Membres à cesser d’emprisonner, d’expulser, d’enlever et d’attaquer physiquement ceux qui aident les individus dans le besoin.  À cet égard, elle a pointé un « deux poids, deux mesures » dans l’assistance apportée aux populations migrantes, observant que « les personnes aidant les réfugiés d’Ukraine sont louées à juste titre pour leur excellent travail, tandis que celles qui aident les réfugiés d’autres pays sont attaquées ».  

Son exposé a suscité de nombreuses réactions, des pays comme ceux du Benelux s’interrogeant par exemple sur l’efficacité des mécanismes de soutien et de protection des défenseurs des droits humains et sur leur capacité à atteindre les plus vulnérables.  Le Liechtenstein s’est pour sa part demandé, comment les défenseurs peuvent s’assurer du respect du principe de non-refoulement à l’égard des migrants, tandis que la Hongrie jugeait regrettable que sa position sur la migration lui soit encore reprochée, malgré ses efforts actuels liés au conflit ukrainien.

En début de séance, le Président de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale a reconnu que les droits humains pâtissent des conflits armés et des annexions illégales, de la dégradation de l’environnement et des changements climatiques, sans oublier la xénophobie et les inégalités croissantes.  Fort de ce constat accablant, M. Csaba Kőrösi a adressé trois « requêtes » à la Troisième Commission.  Il lui a tout d’abord demandé de produire des résolutions « compréhensibles », car, a-t-il dit, « huit milliards de personnes attendent des réponses concrètes ».  Il l’a ensuite appelée à s’engager dans un dialogue constructif avec la jeunesse et la société civile.  Enfin, il l’a invitée à ne pas oublier le caractère radical des solutions pour aboutir à une transformation de nos sociétés.  

La Troisième Commission poursuivra ses travaux demain, vendredi 14 octobre, à partir de 10 heures.

PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS HUMAINS

Allocution du Président de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale

M. CSABA KŐRÖSI, Président de l’Assemblée générale, a d’emblée estimé que « nous vivons un tournant de l’histoire », compte tenu des nombreux défis auxquels le monde est, aujourd’hui confronté, des conflits armés et des annexions illégales à la dégradation réelle de l’environnement et aux changements climatiques, sans oublier la xénophobie et les inégalités croissantes.  Les droits humains ont pâti de ces crises imbriquées, a relevé M. Kőrösi, en préconisant une approche holistique dans leur traitement.  Ces crises, a-t-il insisté, exigent des réponses immédiates et pérennes, car « nous ne pouvons pas nous permettre de rester les bras ballants ».  C’est donc « en toute franchise » qu’il a dit attendre de la Troisième Commission des résolutions qui ne soient pas « purement techniques », invitant les délégations à ne jamais oublier que les droits humains sont « intrinsèquement liés à notre condition humaine ».  Ces droits sont inaliénables et doivent être respectés, a-t-il martelé.

Poursuivant, M. Kőrösi a fait remarquer que la Troisième Commission joue un rôle de premier plan, aussi bien dans l’orientation des travaux que dans l’action sur le terrain, ce qui lui confère une « immense responsabilité ».  Pour ces raisons, il lui a fait trois requêtes.  Tout d’abord, a-t-il souligné, les résolutions doivent être compréhensibles, car huit milliards de personnes attendent des réponses concrètes et les décisions prises ici doivent avoir un impact pour ceux qui sont concernés.  Le Président de l’Assemblée générale a ensuite exhorté les membres de la Commission à s’engager dans un dialogue constructif, les enjoignant à écouter les voix de la jeunesse et de la société civile, sans hésiter à prendre appui sur le système des Nations Unies.

Enfin, il les a pressés de ne pas oublier le caractère radical des solutions.  Il importe, selon lui, que celles-ci aboutissent à une transformation de nos sociétés, d’autant plus que nos processus sociaux, économiques et politiques devront connaître une mutation profonde et « douloureuse », exigeant une remise en question du statu quo.  À cet égard, il a suggéré aux délégations de proposer des alternatives variées et solides, et de mettre en place l’environnement qui permettra à notre vision de se concrétiser.

M. KŐRÖSI a ensuite déploré l’écart persistant entre les hommes et les femmes, constatant que les droits humains des femmes et des filles ne sont tout simplement pas respectés.  Dix millions de jeunes filles risquent, par exemple, d’être forcées à un mariage précoce et, dans certaines régions, le taux de déscolarisation des filles est alarmant.  Or, en grand nombre aujourd’hui, les femmes et les filles ne veulent plus être vues comme des victimes mais comme des actrices du changement, a-t-il fait valoir.  Dès lors, il faut s’assurer qu’elles soient entendues et se tenir à leurs côtés, a plaidé le Président de l’Assemblée générale.  Reconnaissant, en conclusion, qu’aucun pays n’est parfait en matière de droits humains, il a jugé que le rôle de la Troisième Commission est justement de veiller à ce que les droits de toutes et tous soient respectés, quel que soient leur genre, leur croyance, leur tendance politique et leur origine ethnique, raciale ou statut migratoire.

Déclarations liminaires suivies de dialogues interactifs

Mme ILZE BRANDS KEHRIS, Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme, a présenté le Rapport annuel du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), qui donne un aperçu des activités menées par le HCDH entre le 1er janvier et le 30 juin 2022, période durant laquelle la mise en œuvre de l’appel à l’action en faveur des droits humains lancé par le Secrétaire général a occupé une place centrale.

Elle a constaté que l’époque actuelle est marquée par des bouleversements importants, citant notamment l’insécurité hydrique, énergétique et alimentaire, l’instabilité financière et la persistance de conflits.  En outre, la disparité croissante entre les normes internationales et la réalité sur le terrain suscite la méfiance entre les peuples et les communautés.

Elle a expliqué qu’au 30 juin 2022, le HCDH comptait 103 présences sur le terrain dans le monde.  Il a ainsi conseillé les gouvernements et autres acteurs en vue d’une intégration concrète des droits de la personne dans les réformes juridiques nationales et les politiques économiques et sociales dans le cadre des efforts de relèvement après la pandémie de COVID-19.  Et ce, sur un grand nombre de domaines: soins de santé et accès au vaccin, allègement de la dette, environnement, coopération Sud-Sud, et lutte contre les discriminations en tous genres.

Dans le domaine du développement durable, le HCDH a renforcé les conseils qu’il dispense aux niveaux des pays sur l’intégration d’une approche centrée sur les droits aux efforts de réalisation du Programme 2030.  Il a également appuyé la signature de mémorandums d’accord entre des institutions nationales de défense des droits de la personne et d’autres parties prenantes en Albanie, en Jordanie, au Moldova, en Mongolie et aux Philippines, dans le but d’opérationnaliser les directives de l’ONU dans ce domaine.

Au sujet de la paix et de la sécurité, le HCDH a continué de fournir un appui aux composantes droits humains des opérations de paix et des missions politiques spéciales.  Parmi les activités, Mme Brands Kehris a cité la mise en œuvre de la politique de diligence voulue en matière de droits humains en cas d’appui de l’ONU à des forces de sécurité non onusiennes et le renforcement des systèmes d’alerte précoce.

En Éthiopie, par exemple, le HCDH a renforcé la capacité des acteurs de la société civile à rendre compte des indicateurs d’alerte précoce, pour prévenir des conflits communautaires susceptibles de dégénérer en violations des droits de la personne.  Elle a également parlé du Honduras, où un projet de prévention des conflits liés à l’accès à la terre a été mis en œuvre avec l’appui de la FAO; et de la Serbie où le HCDH contribue à l’élaboration d’une stratégie de lutte contre les discours haineux.

La promotion de la protection des droits des femmes demeure une priorité, a-t-elle ajouté.  Le HCDH a accru les capacités des organisations de femmes en matière de violences sexuelle et sexiste, notamment en Amérique latine.  Elle a aussi fait état d’une analyse sur la violence sexuelle liée à la criminalité des gangs à Port-au-Prince, en Haïti, d’un projet à impact rapide pour aider les survivants de violence sexuelle au Mali, et du renforcement des capacités du Ministère du développement social du Soudan à répondre à la violence faite aux femmes et aux filles.

Le Haut-Commissariat a également étendu son travail de lutte contre les inégalités et la discrimination, comme au Pérou, où il a fourni des conseils techniques sur l’élaboration de la politique nationale pour les Afro-Péruviens (2022-2030).  Une mission de suivi sur les droits des migrants a également été déployée le long de la frontière entre la Colombie et le Panama, et des formations ont été organisées pour le personnel des frontières au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

Poursuivant, Mme Brands Kehris a souligné que la reddition de comptes est un élément essentiel du respect des droits humains.  Le HCDH a ainsi aidé des États à mettre en œuvre des processus de justice transitionnelle inclusifs centrés sur les victimes, y compris en Colombie, en Gambie et en Syrie.  Au Burundi et au Mali, le HCDH a également fourni des conseils sur la révision du Code de justice militaire et des politiques connexes.  Et, au Mexique, le Haut-Commissariat a appuyé la création du Mécanisme extraordinaire d’identification médico-légale pour remédier à l’arriéré dans l’identification de plus de 52 000 restes humains.

Durant la période à l’examen, le HCDH a aussi plaidé pour une participation plus inclusive de la société civile dans tous les processus des Nations Unies, et continué de se mobiliser pour recenser les défis que doivent affronter les défenseurs et les journalistes.  Il a par exemple, en collaboration avec le Réseau iraquien pour les médias sociaux, formé 200 défenseurs aux droits numériques et à la sécurité en ligne.  De même, le HCDH a intensifié son plaidoyer en faveur d’une gouvernance des contenus en ligne fondée sur les droits et mené des actions de sensibilisation dans le contexte des processus électoraux dans plusieurs pays.

Passant aux mécanismes internationaux des droits humains, la Sous-Secrétaire générale a indiqué que les restrictions liées à la COVID-19 avaient engendré un nombre important d’arriérés, précisant que 426 rapports et 1 868 communications étaient en attente d’examen par différents comités.  Elle a fait savoir que les présidents des organes de traités s’étaient accordés pour établir un calendrier d’examen prévisible s’étalant sur huit ans et couvrant toutes les procédures de présentation de rapport.  Elle a ajouté que 25 États Membres ont bénéficié du Fonds de contributions volontaires pour la participation à l’Examen périodique universel.  Des fonds ont également été débloqués du Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour la lutte contre les formes contemporaines d’esclavage et du Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour les victimes de la torture pour financer des projets visant à aider des dizaines de milliers de victimes d’esclavage et de torture.

Dialogue interactif

Dans la foulée de cet exposé, l’Union européenne (UE) s’est félicitée de la publication d’un rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) sur les Ouighours au Xinjiang s’inquiétant de possibles crimes contre l’humanité commis dans cette région, avant d’appeler la Chine à coopérer avec le HDCH.  Sur ce même dossier, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la Norvège ont exprimé une position similaire, ce dernier pays regrettant que le Conseil des droits de l’homme n’ait pas souhaité organiser un débat sur la situation dans le Xinjiang.  Se disant également préoccupés par les violations des droits humains signalées au Bélarus, en Afghanistan, en Syrie et au Yémen, les États-Unis ont, eux, fermement condamné « "le génocide et les crimes contre l’humanité » commis au Xinjiang, ainsi que les abus commis au Tibet et à Hong Kong.

En réponse, la Chine a estimé que le HCDH ne disposait pas d’un mandat pour faire son évaluation et qu’aucun fait ne vient soutenir ses allégations concernant le Xinjiang.  Selon la délégation, le rapport du HCDH, publié 15 minutes avant le départ de la Haut-Commissaire Michelle Bachelet, est le résultat de la « diplomatie corrosive » des pays occidentaux.  De plus, a-t-elle relevé, la résolution proposée sur le Xinjiang a été rejetée, ce qui constitue « une victoire pour les faits, la vérité et le bien-être des pays en développement ».  Quant aux informations véhiculées par certains sur Hong Kong et le Tibet, elles ne reflètent pas la réalité de ces régions, a-t-elle ajouté, appuyée par le Cambodge, la République populaire démocratique de Corée (RPDC), la République populaire démocratique lao (RPDC), la République arabe syrienne et le Nicaragua, qui ont tous dénoncé une ingérence politisée dans les affaires intérieures de la Chine.  Au nom du Groupe des Amis de la Charte des Nations Unies, le Venezuela s’est inquiété de la prolifération de mécanismes se concentrant sur des États en particulier, avant de reprocher au HCDH d’« outrepasser son mandat  » dans certains de ses rapports.

Qualifiant à son tour de « non fondée » l’évaluation du HCDH sur le Xinjiang, la Fédération de Russie s’est élevée contre les accusations « absurdes et fallacieuse » lancées contre la Chine par les États-Unis et l’Union européenne.  Plus largement, elle a regretté que les droits humains soient utilisés comme outils de pression, accusant l’Occident de provoquer sciemment un effondrement de ces droits dans certains pays, notamment par le biais de mesures coercitives unilatérales ou via la promotion d’idéologies interdites par le droit international.  Pour assouvir leurs intérêts étriqués, ces États mènent des campagnes d’information mensongères et s’en prennent à la Russie, en particulier sur la question du conflit en Ukraine, a-t-elle encore dénoncé.  De son côté, l’Ukraine a estimé indispensable que l’invasion à grande échelle de la Russie contre son pays fasse l’objet d’un contrôle d’ampleur et continu afin de voir l’évolution de la situation sur le terrain, y compris dans les territoires occupés temporairement.  Cela permettra d’éviter que de nouveaux abus soient commis et de traduire les auteurs de ces actes en justice.

Tout en condamnant, à l’instar de l’UE, des États-Unis et de la Géorgie, les « agissements ignobles » des militaires russes en Ukraine et en demandant ce que peut faire l’ONU pour mieux suivre la situation des droits humains dans ce pays, la Lettonie s’est inquiétée du sort des prisonniers politiques au Bélarus et en Russie.  Également alarmée par la guerre à sa porte, la Pologne a voulu savoir comment éviter les « coupures budgétaires politiques » susceptibles d’affecter les mécanismes créés par le Conseil des droits de l’homme pour examiner les violations des droits de l’homme en Ukraine.  Sur le même ligne, l’Albanie a souhaité s’enquérir des actions du HCDH en matière de consolidation de la paix et de résolution des conflits.  Comment peut-on renforcer la coopération entre les New York et Genève à ce sujet, a-t-elle demandé.

Fustigeant quant à eux le « deux poids, deux mesures » en matière de droit humains, le Bélarus, la République arabe syrienne, la République islamique d’Iran et Cuba ont dénoncé les mesures coercitives unilatérales qui leur sont imposées, la délégation cubaine souhaitant savoir ce que peut faire le HCDH pour lutter plus efficacement contre ces injustices et accompagner les pays qui en sont victimes.  Évoquant la situation dans leur pays, le Myanmar a voulu savoir que pourraient faire les États Membres pour aider au rétablissement de l’état de droit et au retour sûr des Rohingya, tandis que le Yémen dénonçait les crimes commis par les milices houthistes contre des civils, tout en souhaitant que sa « spécificité islamique et arabe » soit respectée en matière de droits de l’homme.

Dans ce contexte, la République de Corée a souligné le besoin d’une coopération internationale accrue pour renforcer les capacités des pays en développement, appuyée par l’Algérie qui s’est interrogée sur les efforts du HCDH à ce sujet.  La Libye a demandé quelles étaient les procédures utilisées par le HCDH pour venir en aide aux États et si ces derniers devaient en faire eux-mêmes la demande, tandis que le Brésil souhaitait que la production de biens technologiques et sanitaires ne soit pas limitée à quelques « happy few »

À propos des personnes LGBTQI+, qui figurent parmi les groupes les plus à risque de discriminations et de marginalisation, le Luxembourg et le Chili ont demandé comment leurs droits humains pourraient être mieux protégés, la Nouvelle-Zélande insistant quant à elle sur l’importance de protéger les défenseurs des droits humains, notamment les femmes, les personnes LGBTIQ+ et celles issues des communautés autochtones.

Sur un plan plus institutionnel, la Suisse a demandé comment le HCDH envisage de renforcer les liens entre les trois piliers des Nations Unies, tandis que le Portugal s’interrogeait sur les moyens de régler les problèmes de financement du pilier droits de l’homme.  Le Japon et la Slovénie ont souhaité savoir comment améliorer les relations entre les États Membres et le HCDH, la République dominicaine demandant, pour sa part, comment optimiser les processus judiciaires de lutte contre l’impunité, une préoccupation partagée par le Luxembourg. Comment traduire en avancées concrètes les conclusions finales des présidents des organes conventionnels remises en juin dernier, s’est enquise la France, alors que le Qatar promettait de continuer à soutenir le budget alloué au HCDH ainsi que le bureau du Haut-Commissariat en Asie septentrionale.  Le Cameroun a, lui, demandé quelles solutions sont envisagées pour renforcer le  Centre  des Nations Unies pour les droits de l’homme et la démocratie en Afrique centrale, à Yaoundé, en termes de ressources humaines et financières.  Quant au Mexique, il s’est interrogé sur les moyens de solidifier les liens entre droits humains et Programme de développement durable à l’horizon 2030.  

L’Égypte a souhaité qu’on s’en tienne aux définitions des droits humains reconnus internationalement, sans ajouter de nouvelles catégories qui pourraient réduire l’universalité des droits existants, le Costa Rica préférant demander au HCDH quelles seront ses priorités pour les mois à venir.  Le Maroc a indiqué, pour sa part, qu’il organisera avec le HCDH un événement au siège des Nations Unies le 3 novembre prochain.  

Dans sa réponse aux délégations, la Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme est revenue sur les questions portant sur les trois piliers de l’ONU.  Appelant les États à s’assurer qu’ils se renforcent mutuellement, elle a estimé que les droits de l’homme sont un atout pour les deux autres piliers que sont la paix et la sécurité d’une part, le développement d’autre part.  En effet, l’approche basée sur les droits humains est transversale et la paix, la sécurité et le développement dépendent des droits humains, a-t-elle souligné en écho à l’appel du Secrétaire général visant à renforcer la cohérence entre les piliers.  Dans le cadre de ce renforcement, nous informons le Conseil de sécurité régulièrement à travers des rapports et des données, a-t-elle indiqué, avant de plaider pour une coopération plus étroite entre le Conseil de sécurité, la Commission de consolidation de la paix et le Conseil des droits de l’homme afin de faire progresser les différents mécanismes des droits de l’homme.

Par ailleurs, Mme Brands Kehris a rappelé la participation du HCDH aux cadres de coopération pour un développement durable dans de nombreux pays.  Nous nous assurons que les droits humains soient bien intégrés dans les politiques, a-t-elle expliqué, estimant que c’est au niveau de chaque pays qu’il faut intervenir. Elle a d’autre part assuré que le HCDH améliore constamment l’accès aux informations sur les mécanismes des droits de l’homme et multiplie les formations des équipes de pays de l’ONU.

Évoquant ensuite les reculs récents dus à la pandémie et aux autres crises, la responsable a appelé à une remobilisation en faveur des droits humains.  Concernant l’aspect financier de l’action du HCDH, elle a noté qu’un grand nombre de pays se sont alarmés de la sous-dotation de l’institution onusienne.  Nous avons effectivement besoin de financement, a-t-elle reconnu, non sans rappeler que le HCDH représente moins de 4% du budget-programme de l’ONU.  Les allocations ne suivent pas le rythme et nous sommes confrontés à différents obstacles qui ont parfois des motivations politiques, a-t-elle déploré, soulignant que la question financière est fondamentale pour les travaux du Haut-Commissariat.  

Pour ce qui est de la représentation géographique équitable, la Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme a dit y être attentive.  Nous avons connu quelques succès, a-t-elle toutefois relevé, mentionnant en particulier une augmentation des recrutements en provenance d’Afrique et d’Asie.  Elle a d’autre part souligné l’importance accordée par son agence à la question de la justice transitionnelle, qui est un processus « long et complexe ».  Elle s’est félicitée à cet égard d’initiatives positives, notamment en Gambie et en Colombie, qui se concentrent sur les droits des victimes tout en adoptant aussi une approche holistique.  Malheureusement, a-t-elle nuancé, nous devons aussi sensibiliser à l’utilité de ces mécanismes dans d’autres cas de figure, à la lumière des conflits d’aujourd’hui.  

La question de la redevabilité est une autre question fondamentale, a-t-elle poursuivi, rappelant la collaboration du HCDH avec des tribunaux nationaux.  S’agissant des mesures coercitives unilatérales, Mme Brands Kehris a exprimé sa préoccupation quant à leurs conséquences sur la jouissance des droits humains.  Cela est particulièrement vrai pour les mesures qui ont des répercussions sur les populations les plus vulnérables, a-t-elle insisté, avant d’appeler à un allégement des sanctions pour que, par exemple, les systèmes médicaux puissent jouer leur rôle dans la lutte contre la pandémie.  Elle a aussi fait valoir que des exemptions étaient nécessaires pour les équipements et les produits médicaux.  À ce sujet, elle a reconnu que certaines résolutions créent des demandes et que les capacités ne sont pas nécessairement suffisantes.  

Mme Brands Kehris a également appelé à réfléchir à la dimension des droits humains des objectifs de développement durable.  S’agissant des LGBTQI+, elle a assuré que leur situation constitue une priorité pour le HCDH, comme l’atteste la collaboration avec l’Expert indépendant sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre.  Elle a en outre appelé à assurer un suivi sur les violations des droits humains, soulignant sur ce point la nécessité d’une méthodologie rigoureuse.  Il faut parfois du temps pour obtenir des informations complètes, a-t-elle fait observer, estimant que le plus important reste d’avoir un accès au terrain sans entrave. 

Enfin, évoquant la situation spécifique de quelques pays, Mme Brands Kehris a souhaité que ne soit pas oubliée la difficile question du retour des Rohingya au Myanmar.  Pour ce qui est de la Chine, elle a fait mention de l’évaluation du HCDH sur la région du Xinjiang, formant le vœu qu’une collaboration avec les autorités chinoises permettra de faire avancer la situation.  Elle a par ailleurs reconnu que les préoccupations sont nombreuses au sujet de Haïti et a appelé à s’assurer de l’existence d’un mandat des droits humains très robuste dans ce pays.  

Intervenant par visioconférence depuis Genève, Mme PHOTINI PAZARTZIS, Présidente du Comité des droits de l’homme, a présenté le rapport annuel du Comité (A/77/40), qui reflète les travaux réalisés entre sa cent trente-deuxième en juillet 2021 et sa cent trente-quatrième sessions en mars 2022, précisant que les travaux en personne avaient repris lors de cent trente-troisième session en octobre 2021, avec la possibilité d’intervenir à distance.  Elle a indiqué que le Comité avait tenu des dialogues constructifs avec 15 États parties, adopté 13 listes de points à traiter concernant les rapports initiaux ou périodiques et quatre listes de points à traiter préalables à la présentation de rapports dans le cadre de la procédure simplifiée.

Mme Pazartzis a rappelé que le Comité des droits de l’homme s’était orienté vers un cycle d’examen de huit ans, dans le but d’améliorer la prévisibilité des obligations en matière de rapports et leur régularité.  Reconnaissant que le calendrier adopté, en 2019, avait subi des retards en raison de la pandémie de COVID-19, elle s’est félicitée du nombre élevé de rapports soumis par les États parties, dont certains après plusieurs années de retard.  Quarante rapports sont actuellement en attente d’examen par le Comité, a-t-elle précisé. 

La Présidente a expliqué que le Comité avait révisé ses directives sur la procédure de suivi des observations finales (CCPR/C/161), portant de deux à trois ans la date limite pour la soumission des informations des États parties.  Elle a aussi souligné qu’en juin 2022, les présidents des 10 organes de traités se sont accordés sur une position unifiée portant sur un calendrier prévisible des examens, l’harmonisation des méthodes de travail et les outils numériques.  Les présidents ont également convenu de poursuivre l’alignement des méthodes de travail des organes de traités, notamment la mise en service d’une plateforme numérique pour remplacer des procédures « dépassées », a-t-elle ajouté.  Plaidant pour une montée en puissance numérique, elle a estimé urgent de doter le Secrétariat et les experts d’outils numériques modernes pour rationaliser le travail et communiquer avec les parties externes.  

Pour mettre en œuvre le nouveau calendrier prévisible, Mme Pazartzis a aussi appelé à augmenter les ressources des organes de traités et de leurs secrétariats.  Évoquant ensuite le travail se rapportant au premier Protocole facultatif, elle a indiqué que le Comité avait adopté 196 décisions et qu’il s’efforçait d’examiner autant de cas que possible.  Par ailleurs, elle a ajouté que 101 affaires avaient été conclues en 2018, 134 en 2019, 155 en 2020 et 132 en 2021, et que le nombre d’affaires en souffrance était passé de 746 fin 2018 à 1 273 fin 2021.  Elle a affirmé qu’à moins d’une augmentation de la capacité en personnel, le Comité ne sera pas en mesure de traiter son arriéré en temps voulu, nuisant à sa capacité d’offrir des recours rapides aux victimes de violations des droits humains.  Elle a demandé aux États Membres d’assumer leurs responsabilités en finançant le système des organes de traités de manière adéquate par le budget ordinaire des Nations Unies.

Dialogue interactif

À l’issue de cet exposé, les États-Unis ont demandé si d’autres solutions existaient pour régler l’arriéré de communications.  Le Mexique a rappelé qu’en 2020 le Comité avait organisé une réunion avec les juges de la Cour interaméricaine des droits de l’homme et voulu savoir où en était le dialogue entre le Comité et les organismes régionaux, concernant notamment les discriminations contre les personnes les plus vulnérables.  La Grèce a voulu savoir comment le Comité entendait promouvoir la coordination entre les différents organes de traités et comment les outils numériques pourraient permettre une meilleure communication autour du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.  La Roumanie a salué la simplification des méthodes de travail et de la mise en place d’un cycle de huit ans, avant de réclamer des précisions sur les listes de points à présenter par certains pays, élaborées en coopération avec le Comité des droits économiques, sociaux et culturels.  

Le Chili a invité le Comité à consacrer ses prochaines observations finales sur les questions d’accès à la justice en temps de la pandémie de COVID-19, suivi du Liechtenstein qui a demandé à la Présidente ce qu’elle pensait des actes de guerre illégaux commis actuellement.  Le Royaume-Uni a voulu savoir si des statistiques sur le nombre de vues pour chacune des sessions du Comité retransmises en ligne étaient disponibles.  Y aurait-il un intérêt financier à organiser des réunions au niveau de plateformes régionales?  L’Union européenne (UE) a demandé comment et dans quels délais le Comité comptait mettre en place sa plateforme numérique pour résorber l’arriéré de communications en souffrance.

Après l’Inde qui s’est félicitée des réformes mises en œuvre par le Comité, la Fédération de Russie s’est plainte de la lourdeur bureaucratique et les dysfonctionnements du Comité, ainsi que de ses retards.  Elle a appelé les experts à ne pas « politiser » l’examen du huitième rapport de la Russie et rejeté toute ingérence dans ses affaires intérieures.  L’Algérie s’est félicitée du renforcement du travail avec les plateformes régionales chargées des questions de droits humains et s’est intéressée au rôle des points focaux de ces plateformes.  Elle a aussi voulu savoir comment le Comité comptait rattraper le retard pris durant la pandémie de COVID-19 et limiter les doublons avec les autres organes chargés des droits de la personne.  De son côté, l’Ordre souverain de Malte a souligné l’importance des institutions confessionnelles qui sont souvent les seules à apporter une aide vitale aux communautés locales.  

Suite à ces questions et commentaires, la Présidente du Comité des droits de l’homme a indiqué que la mise en œuvre de la réforme et la coopération entre les organes de traités prendrait du temps, notant qu’un effort général commun sera nécessaire pour y parvenir.  Concernant la plateforme numérique, elle a souligné qu’elle permettrait d’automatiser une partie des tâches effectuées manuellement et de réduire la charge de travail du Secrétariat et des organes conventionnels.  Elle a expliqué que les réunions avec les instances régionales se poursuivaient et qu’une réunion était notamment prévue avec la plateforme des droits humains en Afrique, l’année prochaine.

S’agissant des listes de points établies avec le Comité des droits économiques sociaux et culturels, la Présidente a précisé que des efforts étaient en cours pour éviter les doublons et que cette initiative pourrait servir de modèle pour le travail avec les organes de traités.  Elle a indiqué que le Comité avait rappelé aux États leurs obligations vis-à-vis du Pacte international relatif aux droits civils et politiques dès le début de la pandémie.  Répondant au Royaume-Uni, elle a dit qu’elle allait demander au Secrétariat s’il avait des statistiques sur les vues des sessions en ligne et assuré que la société civile pouvait participer au travail.  Elle a ensuite répondu à la Russie, en affirmant qu’elle espérait pouvoir continuer à dialoguer avec les États parties au Pacte international relatif aux droits civils et politiques.  « J’ai bon espoir que nous pourrons travailler avec tous les États parties d’une manière qui ne soit pas politisée », a-t-elle conclu. 

 M. MOHAMED EZZELDIN ABDEL-MONEIM, Président du Comité des droits économiques, sociaux et culturels, a fait connaître les principaux défis « sans précédents » auxquels son Comité est confronté dans son travail, les circonstances actuelles continuant d’imposer un travail partiellement en ligne, ce qui induit de nombreux défis techniques.  En outre, l’arriéré des rapports des États parties en attente d’examen est de 34.  S’agissant de la soumission des rapports des États parties, il a affirmé que le Comité continue de faire face à une situation générale de non-présentation et de retard, de nombreux États accusant plus de 10 ans de retard.

Il a ensuite indiqué que le Comité reçoit un nombre élevé de communications individuelles.  Pour les examiner, le Comité aura besoin de temps de réunion dédié, ainsi que des ressources supplémentaires, y compris des outils numériques.  Il a signalé que, sur les 171 États parties au Pacte, seuls 26 États ont accepté la compétence du Comité pour recevoir des communications individuelles, regrettant en outre qu’il n’y a eu aucune nouvelle ratification ou accession depuis 2020.

M. Abdel-Moneim a ensuite fait savoir qu’en juin, les présidents des organes de traités ont décidé d’établir un calendrier prévisible d’examens sur huit ans, couvrant toutes les procédures de présentation de rapports des organes de traités et tous les États parties.  Les avantages pour les États parties sont nombreux, a-t-il assuré, citant notamment la prévisibilité du système, l’égalité de traitement de tous les États, et le renforcement de l’universalité, de l’indivisibilité et de l’interdépendance de tous les droits humains.

Mais pour ce faire, il sera nécessaire d’augmenter les ressources des organes de traités et de leurs secrétariats, a-t-il prévenu, martelant que cet investissement en vaut la peine: il renforcerait notamment une évaluation objective et apolitique des questions relatives aux droits de la personne, ainsi qu’un soutien aux États pour la mise en œuvre de réformes concrètes.  L’issue des dialogues entre les experts et les États parties est l’épine dorsale de tout le système des droits humains de l’ONU, y compris l’Examen périodique universel (EPU), a-t-il appuyé.

Après cet exposé, le Portugal a voulu savoir si le Comité dispose d’une stratégie pour promouvoir la ratification du Protocole facultatif au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.  Comment œuvrer collectivement pour atteindre les objectifs de développement durable du point de vue des droits économiques, sociaux et culturels compte tenu des liens étroits existant avec le Pacte, a demandé l’Algérie, tandis que le Maroc souhaitait savoir si le Comité envisage d’élaborer un rapport d’orientation sur les domaines prioritaires du redressement postCOVID-19.

 Quels sont les progrès réalisés dans la réduction de l’arriéré de rapports au sein du Comité et quel est le résultat attendu du nouveau cycle d’examen prévisible? s’est enquise l’Union européenne, qui a également souhaité savoir sous quelles formes le Comité coopère avec d’autres organes de traité sur la question des droits de l’homme.  Comment remédier au retard pris dans la présentation des rapports par les États parties, a renchéri la Chine, alors que l’Inde s’intéressait à la procédure simplifiée, se demandant s’il est possible d’attendre d’être saisi de la liste des points à traiter avant de soumettre son rapport.  À ce propos, El Salvador a remercié le Comité de lui avoir permis de présenter en ligne son sixième rapport, ce qui témoigne, selon lui, de la volonté du Comité de recourir au numérique pour faire avancer ses travaux.  Qu’en est-il de la mise en œuvre du cycle d’examen de huit ans? s’est à son tour interrogée la Roumanie

La Fédération de Russie s’est déclarée « troublée » par le niveau élevé de « lobbying » visant à faire fusionner le travail du Comité des droits économiques, sociaux et culturels avec celui du Comité des droits de l’homme.  À sa suite, la République arabe syrienne a fait remarquer que, tout exportateur de pétrole qu’il soit, son pays se retrouve depuis 10 ans obligé d’en importer sous l’effet des mesures coercitives unilatérales.  Relevant que, cette année, plus de 50 tankers de pétrole brut ont été « volés et sortis » du territoire syrien, elle a sollicité l’avis du Comité sur ce type de pratique et lui a demandé comment, dans ces conditions, garantir au peuple syrien l’exercice de ses droits économiques et sociaux.  

Par la voix d’une déléguée de la jeunesse, le Luxembourg a dénoncé le fait que les multinationales fournissent des informations incomplètes sur la durabilité environnementale, interrogeant le Comité à cet égard.  De son côté, le Cameroun a souhaité avoir un complément d’information quant à la teneur des consultations du Comité avec des enfants, s’agissant notamment de l’aval des parents.  

Réagissant aux questions et commentaires, le Président du Comité des droits économiques, sociaux et culturels a constaté que le monde vit une « nouvelle pandémie » marquée, en plein redressement postCOVID-19, par une inflation, qui met à mal le coût de la vie, l’éducation et la santé, sans compter l’envolée des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, qui impacte les droits économiques, sociaux et culturels des personnes.  Pour ces raisons, il a exhorté les États parties au Pacte international à faire en sorte que leurs populations puissent jouir de leurs droits de sorte que ces crises n’aient pas d’effets déstabilisateurs.

S’agissant des observations générales de son comité, M. Abdel-Moneim a fait état de consultations en vue d’un début de rédaction dès l’an prochain.  Pour ce qui est des dialogues, il s’est dit impatient de recevoir la Chine et le Portugal, entre autres pays.  Quant au Protocole facultatif, il a spécifié que si un État décide d’adhérer, il doit « joindre le geste à la parole » et s’acquitter d’actions concrètes en plus de la ratification.  Évoquant ensuite le calendrier prévisible décidé par les présidents d’organes de traité, il a expliqué que c’est aux États de le rendre fonctionnel.  En fait, a-t-il précisé, il ne s’écoulera pas huit ans entre la présentation de chaque rapport puisque, tous les quatre ans, un rapport de suivi est soumis, qui est tout aussi important que les rapports dits ordinaires.  Il y a vu un moyen d’optimiser l’efficacité du calendrier.

Pour finir, le Président du Comité a reconnu l’intérêt des outils numériques qui contribuent grandement à l’amélioration du travail des organes conventionnels et permettent aux États parties et autres intervenants de se familiariser avec les réunions et d’y participer.  Cependant, a-t-il conclu, l’expérience a montré que pour être efficace, il est préférable de se retrouver en présentiel.  

Mme MARY LAWLOR, Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs et défenseuses des droits humains, a présenté son rapport intitulé « Refuser de renoncer » (A/77/178) et centré sur les défenseurs et défenseuses des droits humains travaillant sur les droits des réfugiés, des migrants et des demandeurs d’asile.  Aujourd’hui, sur tous les continents, a-t-elle déploré, « je vois des gens attaqués et pris pour cibles parce qu’ils aident ceux qui sont dans le besoin, parce qu’ils apportent de la nourriture, des médicaments et de l’eau à des personnes qui gèlent dans les forêts ou se déshydratent dans les déserts. »  Elle a notamment fait état de témoignages en Libye de personnes attaquées et torturées pour avoir essayé d’aider autrui, empêchées par le Gouvernement de rendre visite à des migrants en détention et abusées dans des centres de détention.

Elle a appelé les États Membres à cesser d’emprisonner, d’expulser, d’enlever et d’attaquer physiquement ceux qui aident les migrants, les réfugiés et les demandeurs d’asile.  À cet égard, Mme Lawlor a souligné les grands risques que prennent des avocats, des médecins et des infirmières, qui, souvent, sont accusés d’être des passeurs, des agents étrangers, des trafiquants ou des terroristes.  Elle a par ailleurs pointé un « deux poids, deux mesures » dans l’assistance apportée aux populations migrantes.  « Les personnes aidant les réfugiés d’Ukraine sont louées à juste titre pour leur excellent travail, tandis que celles qui aident les réfugiés d’autres pays sont attaquées », a-t-elle dénoncé, citant notamment le cas de défenseurs en Pologne pris pour cibles pour avoir aidé des personnes dans le besoin près de la frontière bélarusse.  En outre, les migrants qui aident d’autres migrants sont confrontés à des risques accrus, a-t-elle dénoncé, demandant à ce qu’ils fassent l’objet d’une protection particulière. 

Enfin, elle s’est réjouie que les tribunaux de certains pays rejettent les poursuites engagées par les autorités, notamment en France, en Pologne, en Italie et aux États-Unis.  Mais les personnes qui agissent par solidarité ne devraient pas avoir à compter sur les tribunaux pour les protéger, a-t-elle alerté.  Déplorant le fait que malgré de nombreuses recommandations, auprès des États, les attaques continuent, elle a souhaité leur donner un simple conseil : « ne ciblez pas les défenseurs des droits humains qui défendent pacifiquement les droits des autres ». 

À la suite de l’exposé, le Mexique a souhaité connaître les meilleures pratiques en matière de protection des femmes défenseuses des droits humains.  La France s’est également interrogée sur la manière de lutter contre les attaques odieuses ciblant les femmes engagées pour la protection des droits, notamment dans le contexte amplificateur des réseaux sociaux.

Le Chili s’est demandé quels organes de l’État devraient se charger de mettre en pratique les mécanismes d’alerte précoce.  De son côté, la Côte d’Ivoire a évoqué la recommandation d’un mécanisme de lanceur d’alerte, s’interrogeant sur son efficacité quand les auteurs des violations sont des acteurs étatiques.  Au sujet des mécanismes de protection mentionnés dans le rapport, la Slovénie a voulu savoir comment ils peuvent protéger au mieux les défenseurs des droits.

Comment travailler de manière multilatérale pour répondre aux menaces évoquées dans le rapport de la Rapporteuse spéciale, ont à leur tour demandé les États-Unis, tandis que l’Indonésie indiquait travailler avec des ONG afin que le rôle crucial des défenseurs des droits humains soient reconnus.  Dans quelles mesures les mécanismes de soutien et de protection atteignent les défenseurs des droits humains les plus vulnérables, se sont enquis les Pays-Bas, qui s’exprimaient au nom des pays du Benelux.  Quelles seraient les premières mesures à prendre pour améliorer leur situation, s’est également interrogée la Suisse.  Une demande également formulée par le Costa Rica, qui a cité, en particulier, ceux qui défendent les droits des migrants et des réfugiés.  L’Australie a, elle aussi, voulu savoir comment soutenir les défenseurs qui aident les migrants aux frontières, l’Union européenne se demandant, quant à elle, comment la communauté internationale peut soutenir leur travail, qui n'est souvent ni reconnu ni protégé.  Même interrogation du côté du Royaume-Uni et de l’Allemagne, celle-ci souhaitant savoir comment les armer de compétences afin qu’ils connaissent mieux leurs droits.

La question des meilleures pratiques pour permettre le travail des défenseurs des droits a également intéressé la République tchèque et la République dominicaine, tandis que l’Irlande s’interrogeait sur les moyens dont disposent les États pour protéger ces personnes des représailles.  La Pologne a voulu savoir comment prévenir les risques de disparitions forcées, le Myanmar évoquant, à ce propos, les abus commis par la junte militaire au pouvoir dans son pays.

Le Liechtenstein s’est ensuite interrogé sur la manière pour les défenseurs des droits humains de s’assurer que le principe de non-refoulement soit respecté et de mieux répondre aux crimes commis contre les migrants, évoquant notamment le risque de l’esclavage.  Dans quelles mesures les menaces contre les défenseurs des droits sont liées à une perception plus générale sur les migrations, a demandé la Norvège.  Le Maroc, évoquant la pratique du refoulement par certains États, a, lui, voulu savoir comment la prévenir.  Plus axée sur la coopération entre les États, les ONG, la société civile et les défenseurs des droits humains, la Grèce a plaidé pour une réglementation de ces liens en raison de l’ampleur de la tâche que toutes les autorités concernées sont appelées à accomplir.  Rappelant pour sa part que son gouvernement ne peut exercer son autorité dans les régions d’Abkhazie et Tskhinvali à cause de l’occupation russe, la Géorgie a souhaité connaître les projets de la Rapporteuse spéciale en réponse aux situations d’intimidation et de violence à l’encontre des défenseurs des droits humains dans les régions où les autorités légitimes ou les mécanismes internationaux de surveillance ou d’observation n’ont pas accès.

Plus critique, la Fédération de Russie a indiqué ne pas comprendre sur quelle base la Rapporteuse spéciale ou ses sources concluent que les activités de défenseurs des droits humains sont légales et que leurs droits sont violés lorsqu’il y a une décision de justice en ce sens.  Il serait intéressant de savoir ce que l’experte a en tête lorsqu’elle recommande aux États d’encourager « en privé » le travail des défenseurs des droits humains qui travaillent en secret dans d’autres pays, a commenté la délégation.  Elle aussi mécontente, la Hongrie a jugé regrettable que des faits « obsolètes » qui lui soient reprochés, rappelant avoir subi de nombreuses critiques, depuis 2018, à la suite de mouvements importants de migrants.  Le Viet Nam a également dénoncé des déclarations infondées dans le rapport, alors que la Chine faisait valoir que les politiques de certains États violent le droit des réfugiés et que l’ONU devrait s’y attarder.

Les Émirats arabes unis se sont, eux, engagés à continuer à coopérer pour que les informations à disposition soient précises, alors que la Colombie indiquait avoir pris note des recommandations de la Rapporteuse spéciale.  El Salvador, le Brésil et l’Arabie saoudite ont également pris la parole au cours de ce débat.  

Dans sa réponse, la Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs et défenseuses des droits humains a indiqué que, sur la question des migrants, des demandeurs d’asile et des réfugiés, la volonté politique est essentielle.  Si les gouvernements ne reconnaissent pas que les défenseurs des droits humains doivent pouvoir défendre les droits des autres, nous n’arriverons à rien, a-t-elle martelé.  Elle a également insisté sur la nécessité de garantir la visibilité des défenseurs.  Il est bien beau que les ministres, législateurs fassent de grands discours si, d’un autre côté, ils invectivent les défenseurs des droits humains, a lancé Mme Lawlor.

La Rapporteuse spéciale a ensuite indiqué à la Hongrie ne pas être la seule à qui le pays doit jeter la pierre, puisque des institutions, dont l’Union européenne, travaillent également sur la question du droit et des libertés fondamentales.  Par ailleurs, elle a assuré veiller à la véracité des informations contenues dans son rapport.

Quant à savoir si une personne qui enfreint la loi doit être sanctionnée, « la réponse est oui », a-t-elle poursuivi à l’adresse de la Russie.  Mais encore faut-il que la loi soit équitable, a ajouté l’experte.  « Dans un pays où vous devez vous soumettre à des lois non équitables, il est fort probable que vous décidiez de l’enfreindre », a-t-elle relevé.  Répondant ensuite aux Émirats arabes unis, elle a indiqué qu’elle se rendra compte elle-même de ce que traversent les défenseurs des droits humains si elle en est invitée, évoquant le cas de deux personnes emprisonnées actuellement dans ce pays.  « Peut-être pourriez-vous inviter votre Gouvernement à les libérer », a-t-elle ajouté, affirmant par ailleurs garder un œil attentif sur l’Arabie saoudite.  S’agissant enfin des remarques et questions relatives à la migration, elle a reconnu que, parfois, les États veillent à leurs intérêts stratégiques, ce qui n’inclut pas forcément le bien-être des migrants.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Débattant de ses méthodes de travail, la Première Commission examine la question du plan-programme du budget consacré au désarmement

Soixante-dix-septième session,
10e séance plénière – après-midi
AG/DSI/3689

Débattant de ses méthodes de travail, la Première Commission examine la question du plan-programme du budget consacré au désarmement

La Première Commission, chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale, a apporté cet après-midi sa contribution à la réflexion sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale et la planification des programmes.  À l’occasion d’une séance consacrée à ses méthodes de travail, elle a entendu une dizaine de délégations qui ont principalement commenté la pertinence des programmes liés aux questions de désarmement.  Plusieurs d’entre elles ont regretté que le Comité du programme et de la coordination (CPC) n’ait pu dégager de consensus sur 5 des 28 programmes, dont le programme numéro 3, consacré au désarmement et qui concerne donc directement la Première Commission. 

Les délégations ont rappelé que c’est normalement au CPC, organe qui travaille par consensus, d’approuver les plans-programmes et de les proposer ensuite à la Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires.  Comme l’ont expliqué les États-Unis, les discussions sur ces plans-programmes sont très techniques et la France a appelé à veiller à ce que cette démarche ne détourne pas l’attention des experts du désarmement des sujets qui sont au cœur du travail de la Première Commission.  Cette dernière pourrait alors faire double emploi avec le CPC, avec en plus le risque d’affaiblir le rôle important de ce dernier. 

La question se pose toutefois car, comme l’a rappelé le Brésil, voici quatre ans que le CPC ne parvient pas à un consensus sur le programme 3.  Or, comme l’a aussi rappelé le Japon, les programmes qui ne reçoivent pas de recommandations de la part du CPC doivent être examinés en plénière ou au sein des grandes commissions et « chaque commission peut choisir ou non de se saisir du plan-programme ».  C’est un devoir, a ajouté le Brésil, qui a rappelé que cela avait déjà été le cas par le passé.  Cuba a dit que les responsables des programmes doivent avoir une vision claire de la façon de s’acquitter de leurs mandats et responsabilités avant de rappeler que c’est le règlement de l’Assemblée générale qui doit commander les travaux.  Tout en défendant les attributions de la Cinquième Commission en matière d’adoption des plans-programmes, le Royaume-Uni a jugé impératif que le CPC, instance consultative, redouble d’efforts pour atteindre un consensus l’an prochain sur les programmes qui font l’objet d’un blocage, et en particulier celui de la Première Commission.  Le Brésil et l’Égypte ont imputé cette incapacité de parvenir à un consensus sur les activités de désarmement à une politisation accrue du CPC. 

Estimant que le programme 3 dans son état actuel traduit fidèlement le mandat qui a été donné par les États Membres, les représentants de la France, du Brésil, des États-Unis, de l’Égypte et de l’Australie, au nom du groupe CANZ (Canada, Nouvelle-Zélande et Australie) ont invité le Président de la Première Commission à demander à la Cinquième Commission de recommander que l’Assemblée générale approuve le plan tel que proposé, sans modification. 

D’autres aspects des méthodes de travail ont été abordés par l’une ou l’autre des délégations.  Le Pakistan a notamment demandé que soit rectifié le déséquilibre de représentation géographique au sein du Bureau du désarmement, dont la presque totalité des membres sont originaires d’une même région, ainsi qu’au sein des groupes d’experts nommés par le Secrétaire général. 

La Fédération de Russie est revenue sur la question de l’attribution des visas aux experts des différentes délégations, accusant les États-Unis de ne pas respecter leurs obligations au titre de l’État hôte et d’Accord de Siège de 1947 en ne délivrant pas promptement et systématiquement les visas demandés par les délégations pour que leurs experts puissent se rendre à New York.  La Fédération de Russie a également soulevé la question du format des séances, jugeant inacceptable la tenue de séances en ligne ou hybrides.  Les séances de la Première Commission doivent se tenir exclusivement en personne et en salle, a affirmé son représentant.  Celui-ci a également rappelé que la participation d’organisations non gouvernementales devait se faire dans le cadre du règlement.  À la suite d’une séance privée d’une heure consacrée à l’audition d’un certain nombre d’ONG cet après-midi, le Brésil a pour sa part relevé que le temps qui leur était consacré était très limité.

Demain, vendredi 14 octobre, à partir de 15 heures, la Première Commission aura un dialogue interactif avec la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, Mme Izumi Nakamitsu, ainsi que des échanges avec des experts indépendants et responsables de haut niveau. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Deuxième Commission: les pays vulnérables demandent des partenariats solides pour les aider à sortir de l’ornière

Soixante-dix-septième session,
16e séance plénière - après-midi
AG/EF/3572

Deuxième Commission: les pays vulnérables demandent des partenariats solides pour les aider à sortir de l’ornière

Les problèmes de développement des pays les moins avancés (PMA) et des pays en développement sans littoral (PDSL) sont une préoccupation majeure qui ne peut être ignorée par la communauté internationale, a lancé l’Éthiopie lors du débat de la Deuxième Commission (questions économiques et financières) consacré aux pays en situation particulière, cet après-midi.  Qu’il s’agisse de la pandémie, des conflits ou des urgences climatiques, les PMA sont intrinsèquement et structurellement désavantagés pour faire face aux multiples crises actuelles, et, ce sont eux qui en portent le poids le plus lourd, a abondé le groupe représentant ces pays.

En effet, le contexte économique mondial défavorable, aggravé par le conflit en Ukraine, met à mal la capacité des pays en situation particulière, au nombre de 91, à se relever des répercussions de la pandémie de COVID-19, constate le Secrétaire général dans ses rapports présentés par Mme Fatima Rabab, la Haute-Représentante pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement.

De fait, la tendance à une réduction constante de la sous-alimentation dans les PMA s’est inversée et une proportion croissante de personnes souffrent de la faim.  La moitié des PMA ont été confrontés à une urgence alimentaire continue pendant au moins 13 années consécutives sur la période 1981-2022, constate l’un des rapports.  Seulement 19% de la population était complètement vaccinée dans les PMA au 28 février 2022, contre 73% de celle des pays développés.  En outre, la reprise économique de 2021 se ralentit dans ces pays, et il leur faudra plusieurs années de plus que les économies développées pour retrouver les niveaux de produit intérieur brut d’avant la pandémie.

La mise en œuvre accélérée du Programme d’action de Vienne en faveur des PDSL et du Programme d’action de Doha en faveur des PMA permettra à ces pays et aux autres catégories de pays en développement de sortir de l’ornière, ont souligné l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) et le G77 et la Chine.  Le Programme d’action de Doha adopté cette année comprend un ensemble d’initiatives et d’objectifs ambitieux, complets et de grande envergure, qui devrait aider les PMA à faire face à la pandémie, à relever les défis des changements climatiques et à progresser vers un reclassement durable et irréversible.

Pour accompagner les efforts des pays en situation particulière, les délégations ont appelé à la coopération internationale dans tous les domaines, recommandant de garantir un vaccin pour tous, de veiller au versement de l’aide publique au développement (APD), d’ouvrir des marchés, de développer les capacités régionales, de réaffecter les droits de tirage spéciaux (DTS) non utilisés, et de mettre en œuvre le principe de responsabilité commune mais différenciée en matière de financement de la lutte contre les changements climatiques.

La réussite du Programme de développement durable à l’horizon 2030 se jouera dans les pays vulnérables, a rappelé le Bangladesh.  Ils ont besoin de partenariats solides pour mettre en œuvre le Programme d’action de Doha, y compris pour soutenir l’université en ligne et les systèmes de stockage alimentaire.  Le Groupe des PDSL a également encouragé à accélérer les efforts pour mobiliser des contributions volontaires au Fonds d’affectation spéciale pour les PMA, les PDSL et les petits États insulaires en développement (PEID).

Le Népal a fait observer qu’il fait partie des 17 PDSL qui appartiennent aussi à la catégorie des PMA, ce qui demande des mesures de soutien supplémentaires pour faire face à leur éloignement géographique et à leur isolement du marché mondial.  Le Bhoutan a indiqué qu’il devrait sortir de la catégorie des PMA l’année prochaine, ce qui ne l’empêchera pas de rester confronté à des contraintes en raison de son manque d’accès au littoral.  En ce sens, la Zambie a plaidé pour que les pays reclassés bénéficient d’une transition en douceur.

Le développement du capital humain est fondamental en Afrique, continent le plus jeune de la planète, a en outre fait valoir le Groupe des États d’Afrique, plaidant pour davantage d’investissements dans la formation.  C’est ce à quoi s’attache la Sierra Leone dans son plan de développement national en mettant l’accent sur l’éducation, la santé et la sécurité alimentaire.  L’importance de la coopération régionale et sous-régionale a en outre été soulignée à maintes reprises au cours du débat.

La Deuxième Commission poursuivra ses travaux demain, vendredi 14 octobre, à partir de 10 heures. 

GROUPE DE PAYS EN SITUATION PARTICULIÈRE

Présentation de rapports et discussion générale

Mme FATIMA RABAB, Secrétaire générale adjointe et Haute-Représentante pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, a présenté trois rapports du Secrétaire général au titre du point à l’ordre du jour sur les groupes de pays en situation particulière.

Le rapport sur le « Suivi de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés » (A/77/73) rend compte du Programme d’action de Doha en faveur des pays les moins avancés (PMA) pour la décennie 2022-2031.  Il fait le point sur les préparatifs de la cinquième Conférence, qui a été reportée à deux reprises du fait de la pandémie de COVID-19 et de ses répercussions sans précédent, et dont la seconde partie aura lieu à Doha du 5 au 9 mars 2023, après une première partie à New York le 17 mars 2022.  Mme Rabab a invité les États Membres à se rendre à Doha, avec de nouvelles initiatives, afin que cette conférence soit une grande réussite.  Le rapport constate que la pandémie continue de peser sur les PMA, dont seulement 19% de la population était complètement vaccinée au 28 février 2022, contre 73% de celle des pays développés.  Les PMA ont besoin d’un soutien accru pour faire face à la pandémie, notamment en matière de transfert de technologies et de renforcement des capacités, de sorte à produire leurs propres diagnostics, vaccins et traitements.  La reprise économique de 2021 se ralentit dans les PMA, souligne le rapport, et il leur faudra plusieurs années de plus que les économies développées pour retrouver les niveaux de produit intérieur brut d’avant la pandémie.

C’est dans ce contexte que le Programme d’action de Doha pour la décennie 2022-2031 a été adopté à New York lors de la première partie de la cinquième Conférence, puis entériné par l’Assemblée générale.  Il s’agit d’une nouvelle série d’engagements renouvelés et renforcés de la part des PMA et de leurs partenaires de développement, fondés sur les objectifs primordiaux que sont la reprise rapide, durable et inclusive au lendemain de la pandémie, le renforcement de la résilience face aux chocs futurs, l’élimination de l’extrême pauvreté, le reclassement des PMA, l’accès à des financements durables et innovants, l’exploitation du pouvoir de la science, de la technologie et de l’innovation, la transformation structurelle et la réalisation des objectifs.  Le Programme d’action comprend un ensemble d’initiatives et d’objectifs ambitieux, complets et de grande envergure, qui aidera les PMA à faire face à la pandémie, à relever les défis des changements climatiques et à progresser vers un reclassement durable et irréversible.

Mme Rabab a ensuite présenté le rapport intitulé « L’insécurité alimentaire dans les pays les moins avancés: établissement d’un système de détention de stocks aux niveaux mondial, régional et sous-régional et mesures d’accompagnement » (A/77/291).  La sécurité alimentaire dans les PMA avait montré des signes d’amélioration au début du nouveau millénaire, après une réduction constante de la prévalence de la sous-alimentation pendant plusieurs années.  La tendance s’est inversée et une proportion croissante de personnes souffrent de la faim.  La moitié des PMA ont été confrontés à une urgence alimentaire continue pendant au moins 13 années consécutives sur la période 1981-2022.  En outre, ces pays sont très tributaires de la Fédération de Russie et de l’Ukraine pour leurs importations de produits alimentaires de base et la restriction prolongée de l’accès à ces sources d’approvisionnement pourrait avoir des effets négatifs graves sur leur sécurité alimentaire.

Le rapport se concentre sur le rôle que la détention de stocks alimentaires à différents niveaux, associée à d’autres mesures d’accompagnement, telles que les mesures commerciales et les instruments financiers, peut jouer pour remédier à certains des risques et instabilités qui caractérisent la production et la consommation alimentaires.  Des mesures qui peuvent ainsi reculer l’incidence des urgences alimentaires dans les PMA.

Le troisième rapport présenté par la Haute-Représentante est intitulé « Mise en œuvre du Programme d’action de Vienne en faveur des pays en développement sans littoral pour la décennie 2014-2024 » (A/77/269).  Il passe en revue les progrès accomplis dans la mise en œuvre des priorités de ce programme et constate que la capacité des pays en développement sans littoral (PDSL) à se relever des répercussions socioéconomiques de la pandémie de COVID-19 est mise à mal par le contexte économique mondial défavorable, aggravé par le conflit en Ukraine et ses conséquences.

Le rapport formule des recommandations pour assurer une reprise durable, comme le renforcement des systèmes de santé ou la hausse de l’aide humanitaire.  Le système des Nations Unies et les autres organisations internationales devraient aussi apporter un appui plus important aux PDSL et aux pays en développement de transit pour renforcer leur résilience dans les domaines du transport en transit et de la facilitation du commerce, préconise le rapport.  La troisième conférence, qui aura lieu en 2024, sera une excellente occasion de définir de nouvelles priorités et de renouveler l’engagement collectif pour un programme transformateur pour le développement des PDSL, a conclu Mme Rabab.

M. MUHAMMAD IMRAN KHAN (Pakistan), au nom du Groupe des 77 et la Chine, a énuméré les difficultés connues par les PMA et les pays en développement sans littoral évoquées dans les rapports, dont la dette et les coûts d’importation des denrées alimentaires.  En matière de soutien, « nous devons commencer par la queue du train », a-t-il recommandé, avant tout, en mettant en œuvre le Programme d’action de Vienne de façon accélérée, en préparation de la troisième Conférence sur les pays en développement sans littoral qui se tiendra en 2024.  Pour accompagner les efforts des PMA, le représentant a recommandé de garantir un vaccin pour tous, de veiller au versement de l’aide publique au développement (APD), d’ouvrir des marchés, de développer les capacités régionales, de réaffecter les droits de tirage spéciaux (DTS) non utilisés, et de mettre en œuvre le principe de responsabilité commune, mais différenciée en matière de financement de la lutte contre les changements climatiques.

Au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), M. XXXX (Antigua-et-Barbuda), après avoir énuméré les maux qui frappent cette catégorie de pays, a dit que la mise en œuvre accélérée des six points du Programme d’action de Vienne et du Programme d’action de Doha en faveur des pays les moins avancés permettra à ces pays et aux autres catégories de pays en développement de sortir de l’ornière.  Il a insisté sur l’importance de saisir l’occasion de la Conférence de Doha, en mars 2023, et d’autres conférences internationales pour accélérer cette mise en œuvre et pour aider les pays en développement.  Il a réitéré la nécessité d’obtenir des résultats concrets et de réfléchir aux soutiens qui peuvent être fournis aux pays les moins avancés en mettant l’accent sur leurs vulnérabilités spécifiques.

M. COLLEN VIXEN KELAPILE (Botswana), au nom du Groupe des pays en développement sans littoral, a prôné une approche cohérente et coordonnée pour poursuivre les efforts en vue de relever les défis rencontrés par les deux groupes de pays.  Du côté des pays en développement sans littoral (PDSL), les années 2022 et 2023 sont cruciales, sans compter la convocation de la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral en 2024.  Étant donné que cette conférence et celle des PMA se suivent de près, les PDSL s’appuieront sur l’expérience acquise lors de la préparation et de l’organisation de la cinquième Conférence des PMA, a-t-il annoncé.  Il a aussi signalé qu’afin d’assurer un engagement inclusif et de promouvoir des partenariats autour des intérêts du Groupe, ce dernier a l’intention de relancer prochainement le Groupe des Amis des pays en développement sans littoral.

Comme l’ont réitéré les ministres des affaires étrangères des pays en développement sans littoral lors de leur réunion annuelle, en septembre dernier, la capacité actuelle du Bureau du Haut-Représentant des Nations Unies pour les PMA, les PDSL et les PEID sera fortement mise à l’épreuve, alors que la demande de services du Bureau augmentera, en raison de la convocation simultanée et consécutive des prochaines conférences mandatées pour ces trois catégories de pays.  Le représentant du Groupe a donc appelé à soutenir fermement le Bureau, en vue de le renforcer davantage, pour qu’il puisse s’acquitter efficacement de son mandat.  Il a aussi encouragé des efforts accélérés pour mobiliser des contributions volontaires au Fonds d’affectation spéciale pour les PMA, les PDSL et les PEID, « car je crois savoir qu’il est très bas », a conclu l’orateur.

Au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. ANOUPARB VONGNORKEO (République démocratique populaire lao) a annoncé que son groupe est en train de mettre en œuvre le Cadre global de relèvement de l’ASEAN créé pour contrer les conséquences de la pandémie de COVID-19 et d’autres crises.  Les membres de l’ASEAN continuent aussi d’approvisionner le fonds de relèvement COVID-19 et se préparent aux prochaines maladies.  L’ASEAN mise sur davantage d’intégration régionale afin de créer une communauté plus robuste dans laquelle les marchandises, les personnes et les capitaux circulent sans heurt, a indiqué le représentant.  Il a ajouté que l’ASEAN poursuit également l’investissement dans les infrastructures pour réduire les lacunes entre elle et le reste du monde, notamment en matière de connectivité.  Le représentant a salué l’adoption du Programme d’action de Doha pour les PMA, appelant à sa mise en œuvre.  À cet égard, il a souligné l’importance des partenariats entre les secteurs public et privé.  Enfin, le délégué a dit être préoccupé par les niveaux de dettes des PMA ainsi que par les impacts qu’ont les changements climatiques sur l’homme et sur les infrastructures.  L’aide internationale est plus que jamais nécessaire pour que ces pays puissent se remettre sur pied, a-t-il plaidé.

Au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), Mme AGNES MARY CHIMBIRI MOLANDE (Malawi) a rappelé que les PMA portent le plus lourd poids des multiples crises auxquelles le monde est confronté, qu’il s’agisse de la pandémie, des conflits ou des urgences climatiques.  Nos pays sont intrinsèquement et structurellement désavantagés, a poursuivi la représentante, et ils ne disposent que d’une capacité et d’une marge de manœuvre budgétaire très limitées pour y faire face.  Ils ne peuvent pas se permettre de lancer des filets de sécurité et des mesures de relance suffisants.  Pour illustrer la gravité de la situation, la représentante a voulu partager quelques statistiques éloquentes: la malnutrition dans les PMA a augmenté de 21% en 2019 à 23% en 2020.  La pauvreté atteignait 33,6% en 2019 et les crises actuelles ont poussé des millions d’autres personnes en dessous du seuil de pauvreté.  La protection sociale couvre seulement 14% des habitants dans les PMA.  De plus, 27 PMA sont soit en situation de surendettement, soit à haut risque de l’être, et 15% de leurs recettes sont consacrées aux intérêts de la dette.  Le taux de vaccination est d’environ 34%, à comparer à l’objectif mondial de vacciner 70% de la population en 2022.  Enfin, environ 70% des catastrophes liées au climat se sont produites dans les PMA, qui reçoivent pourtant moins de 20% du financement pour l’adaptation aux changements climatiques.

Le fossé entre nos besoins urgents et la disponibilité des ressources est énorme et continue de se creuser jour après jour, a fait observer la représentante, estimant qu’il est donc temps pour la communauté internationale de changer de paradigme dans le domaine des partenariats avec les PMA.  Elle a dit attendre de nouveaux engagements lors de la prochaine conférence à Doha, en mars 2023, un an après l’adoption du Programme de Doha en faveur des PMA.  Notant que le Bureau de la Haute-Représentante se consacre à 91 pays vulnérables mais ne dispose que de maigres ressources, la représentante a invité les États Membres à augmenter celles-ci afin qu’il puisse s’acquitter de son mandat.

Mme REGINA KUMASHE AONDONA (Nigéria), parlant au nom du Groupe des États d’Afrique, a axé son discours sur le décrochage scolaire au sein des PMA dû tant à la pandémie qu’au manque d’électricité et de nouvelles technologies.  Elle a appelé à redoubler d’efforts et à ne laisser personne de côté quant à l’accès aux vaccins et aux technologies sanitaires.  Elle a fait valoir que le développement du capital humain est crucial en Afrique, continent le plus jeune de la planète, plaidant ainsi pour davantage d’investissements dans la formation.  De même, les réformes industrielles sont nécessaires pour renforcer les capacités de production, a-t-elle ajouté.  La représentante a, pour finir, appelé à ouvrir le commerce aux pays d’Afrique, en renforçant à la fois la coopération Sud-Sud et la coopération Nord-Sud.

M. ABDULRAHMAN ABDULAZIZ AL-THANI (Qatar) a salué le Bureau de la Haute-Représentante et les efforts déployés pour mobiliser les ressources afin de répondre à la situation des pays aux besoins particuliers.  Il a appuyé la coopération multilatérale pour soutenir les efforts entrepris par ces pays afin de permettre un changement véritable.  La réussite du Programme d’action de Doha dépend également du suivi efficace de la mise en œuvre de la part des partenaires, a-t-il souligné.  Le délégué a rappelé que la deuxième partie de la Conférence, prévue en mars à Doha, discutera des mesures à prendre ou à poursuivre pour garantir des résultats.  Le Qatar est fier du soutien qu’il offre en matière de coopération internationale et en tant que partenaire stratégique, a dit le représentant en conclusion.

M. TAPIWA ROY RUPENDE (Zimbabwe) a déclaré que les différentes crises récentes ont ralenti les progrès dans la réalisation du Programme 2030.  Elles ont eu des incidences négatives, en particulier l’augmentation des inégalités, a-t-il noté.  Le représentant a révélé que le Zimbabwe a cinq priorités de développement qui sont conformes aux accords internationaux auxquels le pays a adhéré.  Il a appelé à faire de la prochaine Conférence de Doha de mars 2023 une occasion pour aider à faciliter les échanges commerciaux et pour prendre des mesures supplémentaires pour les PDSL dans le domaine de la lutte contre les changements climatiques.  Il faudra également rediriger les ressources vers les PDSL par de nouveaux partenariats stratégiques, a recommandé le délégué.  « Mais la priorité est de venir en aide à ceux qui sont à la traîne. »

M. MUHAMMAD ABDUL MUHITH (Bangladesh) a rappelé que la réussite du Programme 2030 se jouera dans les pays vulnérables.  Ces pays demandent des changements transformateurs dans de nombreux domaines comme le financement, la lutte contre les changements climatiques, l’éducation et la santé.  À cet effet, ils ont besoin de partenariats solides pour mettre en œuvre le Programme d’action pour les PMA, y compris l’université en ligne, les systèmes de stockage et des réponses aux défis spécifiques des PMA.  Le représentant a souligné la nécessité de la coopération internationale dans les domaines du financement, de l’APD, des transferts de technologies, des infrastructures et du capital humain.  Avant de terminer, il a dit que les 16 pays qui vont sortir de la catégorie des PMA ont besoin d’aide spécifique à leur situation.

M. ENKHBOLD VORSHILOV (Mongolie) a recommandé que les pays en développement sans littoral, les pays de transit et les organisations régionales collaborent pour soutenir le bon fonctionnement des corridors de transit, de transport et de commerce, afin de garantir la liberté de transit, conformément à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, à l’Accord de l’OMC sur la facilitation des échanges et aux procédures douanières internationales pertinentes.  Il a signalé la politique de relance de décembre 2021 visant à résoudre six contraintes économiques clefs: les ports commerciaux, l’énergie, l’industrialisation, le développement urbain et rural, le développement vert et une gouvernance efficace.  Il a précisé que cette politique de relance, qui s’étale sur 10 ans, servira de feuille de route pour accélérer l’industrialisation de la Mongolie, réduire les vulnérabilités liées à l’enclavement du pays tout en stabilisant la croissance économique, en augmentant le PIB et en améliorant les conditions de vie de ses citoyens.

Pays enclavé disposant d’un énorme potentiel de transit, la Mongolie s’efforce de développer une connectivité durable malgré les difficultés, a-t-il fait savoir, en citant aussi ses efforts pour mettre en œuvre efficacement le programme du corridor économique Chine-Mongolie-Russie dans le respect du développement durable.  En conséquence, l’accord intergouvernemental sur le transport routier international le long du réseau de la route asiatique est entré en vigueur entre ces trois pays en septembre 2021.  Le délégué a relaté que des permis de conduire sont accordés aux conducteurs des trois pays pour leur permettre d’effectuer des opérations routières internationales sur des routes désignées.  Il a aussi parlé du développement des ports secs, avec une étude d’évaluation de ce domaine réalisée cette année par le Centre de recherche sur les investissements du Ministère des affaires étrangères.  Enfin, il a assuré que la Mongolie participe activement aux travaux liés à la connectivité énergétique dans la sous-région en veillant à ce que les politiques nationales soutiennent la production d’énergie renouvelable.

M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) a souligné que les problèmes et les défis des pays en développement sans littoral sont uniques.  L’éloignement et l’isolement géographique, résultant de leur enclavement, les rendent très vulnérables aux chocs économiques, environnementaux et autres chocs externes, a-t-il précisé.  Il a fait remarquer que le Népal fait partie des 17 pays en développement sans littoral également catégorisés en PMA.  Des pays qui réclament des mesures de soutien supplémentaires pour faire face à leur éloignement géographique et à leur isolement du marché mondial.  Le Népal redouble d’efforts pour sortir de la catégorie des PMA d’ici à 2026, a dit le délégué, tout en appelant les partenaires de développement à une coopération solide pour que cette sortie soit « en douceur » et durable.  Il a demandé notamment d’améliorer l’accès aux vaccins contre la COVID-19, de respecter de bonne foi l’engagement de 0,7% d’APD - dont 0,15-0,20% d’APD destiné aux PMA; et de consacrer au financement pour le climat plus de 100 milliards de dollars annuel pour les pays en développement, dont la moitié pour l’adaptation au climat.  Une facilité financière distincte doit être créée pour faire face aux pertes et dommages liés aux impacts des changements climatiques dans les PMA et les PDSL, a ajouté le délégué.

Ces derniers dépendant fortement des pays de transit pour leur commerce et leur transport, l’amélioration de la facilitation des échanges est essentielle pour relever les défis, a poursuivi l’orateur népalais.  Pour cela, il a souhaité un engagement constructif avec les pays de transit.  L’investissement dans la connectivité, tant physique que numérique, est crucial pour intégrer l’économie népalaise aux marchés mondiaux, a-t-il ajouté.  Enfin, le FMI, la Banque mondiale et les banques régionales de développement devraient accroître leur soutien et leurs investissements en faveur des PDSL les moins avancés, a plaidé le représentant.

M. NKOPANE RASEENG MONYANE (Lesotho) a fait observer que les PMA et les PDSL ont été durement touchés par les effets néfastes de la COVID-19, du fait de la fragilité de leurs systèmes de santé et de leurs ressources financières et autres limitées.  Il s’est toutefois inquiété de constater qu’en dépit de ces vulnérabilités, au 28 février 2022, seuls 19% de la population des PMA étaient entièrement vaccinés, contre 73% dans les pays développés.  À la fin du mois d’avril 2022, seulement 26% de la population des PMA était entièrement vaccinée, a-t-il précisé, une situation qui appelle clairement une action urgente de la part de la communauté internationale pour soutenir l’accès aux vaccins et le renforcement de leurs systèmes de santé.  Le représentant a ensuite plaidé pour que soient respectés les engagements en matière d’APD, qui demeurent cruciaux pour les PMA, dont la majorité sont des pays enclavés.  Il a aussi demandé aux partenaires de soutenir les agences de développement, étant donné que le conflit en Europe de l’Est « détourne également les fonds du développement vers des questions prétendument humanitaires ».  Il a conclu en misant sur le renforcement des collaborations transfrontalières, en minimisant les perturbations du transport international, en éliminant les restrictions commerciales, et en facilitant la libre circulation des biens essentiels.

M. SAMUEL ISA CHALA (Éthiopie) a estimé que les défis de développement pour les PMA et les PDSL sont une préoccupation qui ne peut être ignorée par la communauté internationale, celle-ci devant jouer un rôle indispensable pour contribuer à les relever.  L’absence de financement et de capacité institutionnelle aggrave encore les défis du développement, a observé le représentant.  Il a fait savoir que l’Éthiopie a adopté une réforme pour diversifier son économie et parvenir à une transformation structurelle.

Mme KAREN JEAN BAIMARRO (Sierra Leone) a déclaré que son pays met actuellement en œuvre un plan de développement national à moyen terme aligné sur le Programme d’action de Doha pour les pays les moins avancés.  Il a précisé que le Plan se concentre sur le développement du capital humain -en mettant l’accent sur l’éducation, la santé et la sécurité alimentaire- ainsi que sur la diversification économique, l’énergie, les infrastructures de transport et des TIC et la gestion des catastrophes.  Ce plan s’achevant en 2023, le Gouvernement prévoit pour la période 2024-2028 d’approfondir les domaines prioritaires précités en conformité avec les cadres de développement mondiaux, y compris le Programme d’action de Doha, a informé le représentant.

Mme HANGBO WANG (Chine) a appelé la communauté internationale à renforcer la coopération et le soutien en faveur des deux groupes de pays.  Les pays développés, a-t-elle recommandé, devraient avant toute chose s’acquitter de leurs engagements en faveur de l’APD et prendre des mesures ciblées pour aider les pays des deux groupes à parachever leur développement économique.  À la communauté internationale, elle a demandé de raffermir son soutien aux PMA en créant des systèmes de renforcement des capacités de ces pays, notamment en appuyant leur production et en les aidant à développer leurs capacités en matière de nouvelles technologies.  La Chine a toujours soutenu les PMA et les PDSL contre vents et marées, en abaissant les barrières douanières, entre autres, a assuré la déléguée.

Mme NAAHY MOHAMED RASHEED (Maldives) a déclaré que les PDSL ont besoin d’accès à des financements avantageux pour le relèvement.  De plus, il faut les aider à s’attaquer aux impacts des changements climatiques.  La représentante a rappelé que son pays qui est sur la voie d’être reclassé, reste confronté à de nombreux défis.  Elle a donc appelé le système des Nations Unies pour le développement à continuer de soutenir les Maldives pour répondre à ses besoins de développement et aux inégalités.  À cet égard, elle a mis l’accent sur davantage de coopération et de partenariat, y compris avec le secteur privé.  Elle a plaidé en faveur de la prise en compte d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle pour répondre aux défis de l’endettement et de la pauvreté.  Enfin, elle recommandé de faire preuve de souplesse en faveur des PDSL.

Mme ARAKSYA BABIKYAN (Arménie) a appuyé les recommandations du rapport du Secrétaire général sur les PDSL relatives à des mesures porteuses de transformation, afin de construire une résilience à long terme pour ces pays.  Elle a prôné des actions coordonnées et axées sur les résultats pour mobiliser des ressources suffisantes afin d’augmenter les investissements et de fournir une assistance technique aux PDSL, conformément aux principales priorités du Programme d’action de Vienne et du Programme 2030.  La représentante a souligné l’importance de la coopération régionale et sous-régionale ainsi que de la connectivité par le biais du commerce, du transport et des contacts directs entre individus.  Elle a attiré l’attention sur le fait que l’Arménie fait face à des contraintes supplémentaires puisqu’elle est soumise à un blocus territorial illégal par certains de ses voisins.

Mme VICTORIA KARDASH (Fédération de Russie) a observé les tendances négatives pour la majorité des PDSL.  La représentante a estimé qu’il est important de constituer des stocks alimentaires sur une base régionale et sous-régionale pour le bien des PMA et de baser les décisions sur des stratégies bien réfléchies.  Elle a appelé l’ONU et ses partenaires à accroître la coopération en faveur des PMA et des PDSL afin de leur permettre d’atteindre leurs objectifs prioritaires en termes de développement et de parvenir à une croissance juste et durable.

M. JIGME NORBU (Bhoutan) a remarqué que la pandémie a mis en évidence les vulnérabilités des pays en situation particulière, exacerbées par la situation géopolitique.  La Conférence de Doha sur les PMA permettra de faire le bilan, a-t-il dit, en souhaitant aussi que ce soit l’occasion pour les partenaires de s’engager davantage en faveur du Programme d’action.  Le représentant a souligné l’objectif principal de ce programme, qui est de parvenir à une reprise rapide et de créer une résilience face aux futures secousses tout en atteignant les ODD.  Le Bhoutan devrait être reclassé l’an prochain et donc sortir de la catégorie des PMA, a-t-il dit, tout en prévenant qu’il restera confronté à des contraintes en raison de son manque d’accès au littoral.

Mme THERESAH CHIPULU LUSWILI CHANDA (Zambie) a dit être préoccupée par les conséquences des changements climatiques, de la pandémie et des conflits sur la réalisation des ODD.  Le Programme d’action de Doha pour les PMA est une opportunité pour mobiliser des ressources et s’attaquer aux problèmes de l’endettement, a-t-elle estimé.  La représentante a appelé à accélérer les efforts pour prévenir les inégalités et remédier aux fragilités dans les PMA.  Ce Programme a identifié des actions concrètes pour réaliser le Programme 2030, a relevé la représentante, citant l’APD, l’assistance technique et le renforcement des capacités numériques, le développement du capital humain, les activités minières et le tourisme.  Elle a voulu que les pays qui sortent de la catégorie des PMA puissent bénéficier d’une transition en douceur.  La déléguée a terminé en demandant la collaboration des pays voisins et de transit des PDSL dans les domaines des infrastructures de transport routier et ferroviaire, les douanes et les couloirs intérieurs.

M. KARLITO NUNES (Timor-Leste) a relevé, qu’au-delà de l’urgence sanitaire, la pandémie de COVID-19 a creusé les inégalités, à l’intérieur et entre pays, et freiné les progrès accomplis par les PMA vers la réalisation des objectifs de développement durable dans les huit années à venir.  Les crises ont en effet provoqué des défis de taille tant pour ces pays que pour les PEID, a dit le délégué qui a mis l’accent sur l’accélération de la mise en œuvre du Programme 2030 et sur la croissance économique en tant que moteur du développement durable.  Il a considéré que le Programme d’action de Doha reflète les nouveaux espoirs quant aux progrès potentiels des PMA au cours de la décennie à venir, car il traite de leurs vulnérabilités d’ordre structurel, de la pandémie de COVID-19 et de ses impacts socioéconomiques négatifs, ainsi que du renforcement de la résilience face aux éventuels chocs dans le futur.  Le représentant a également mis l’accent sur l’importance de la solidarité internationale et des partenariats en vue de trouver des voies et moyens novateurs pour la réalisation des ODD et pour s’attaquer aux changements climatiques.  Le Timor-Leste a d’ailleurs intégré le Programme d’action de Doha dans sa planification nationale aux fins d’augmenter l’investissement dans le renforcement de capacités institutionnelles ainsi que dans l’amélioration de la bonne gouvernance, de la transparence et de la redevabilité.

M. JOSEPH EDWIN HAYDN DAVIES (Afrique du Sud) a fait remarquer que les rapports du Secrétaire général dressent un tableau inquiétant des défis auxquels se heurtent les PMA et les PEID, notamment avec un faible taux (19%) de schéma vaccinal complet par rapport aux pays développés (73%).  Le représentant a jugé que c’est un impératif moral et pratique que de remédier d’urgence à cette injustice.  À cet égard, il a appelé à réduire rapidement le déficit de 16 milliards de dollars du Dispositif pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre la COVID-19 (Accélérateur ACT), pour permettre de sauver des vies et d’élargir l’accès des pays en développement aux diagnostics, médicaments et vaccins.  Il a constaté avec inquiétude que l’impact socioéconomique de la pandémie a jeté quelque 150 millions de personnes dans la pauvreté à l’échelle mondiale, dont 32 millions ont plongé dans la pauvreté absolue dans les PMA.  Partant, le représentant a appelé à honorer les engagements pris en termes d’APD envers ces pays, jugeant également essentiel d’avancer en vue d’un système commercial multilatéral universel, reposant sur des règles, ouvert, non-discriminatoire et équitable dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Il a aussi sollicité un examen des obstacles relatifs à la propriété intellectuelle.

M. MUHAMMED ENES USLU (Türkiye) a loué les résultats concrets qui ont été atteints pour répondre à l’insécurité alimentaire dans les PMA, dont il est fait mention dans le rapport du Secrétaire général.  Il a rappelé que, dans le même temps, la Türkiye a facilité l’Accord d’Istanbul concernant le transport de denrées et de marchandises depuis les ports ukrainiens, en direction notamment des PMA.  Depuis 2018, la Türkiye accueille aussi la Banque des technologies pour les PMA, a-t-il aussi rappelé, en attirant l’attention sur le besoin de davantage de financement pour cet organe.  Les PDSL, face aux limites de leur reprise, doivent être aidés par le Programme d’action de Vienne, avant la conférence sur les PDSL à venir, a conclu le représentant.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

À la Quatrième Commission, d’anciennes colonies présentent leur émancipation comme une « lueur d’espoir » aux territoires non autonomes

Soixante-dix-septième session,
8e séance plénière – matin
CPSD/754

À la Quatrième Commission, d’anciennes colonies présentent leur émancipation comme une « lueur d’espoir » aux territoires non autonomes

Plusieurs anciennes colonies ont fait entendre leur voix, ce matin, à l’occasion du débat général de la Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, afin que le droit à l’autodétermination des 17 territoires non autonomes toujours inscrits à son ordre du jour ne reste pas une « chimère ».  Le débat a également été marqué par de vifs échanges concernant des différends territoriaux qui ne figurent pas au programme de la Commission. 

En tant qu’ancienne colonie, le Guyana a dit comprendre parfaitement l’aspiration des peuples à s’affranchir du « fléau de la colonisation qui nous hante encore », 77 ans après la création de l’ONU.  S’appuyant sur la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, la délégation a réaffirmé l’appel lancé aux puissances administrantes pour qu’elles coopèrent pleinement avec l’ONU, au moyen du dialogue et de l’adoption de résolutions spécifiques, afin d’éradiquer la colonisation pour tous les peuples. 

Ayant accédé à l’indépendance en 1990 après avoir longtemps figuré à l’ordre du jour de la Commission, la Namibie a estimé que sa « trajectoire » représente une « lueur d’espoir » pour les territoires non autonomes qui souhaitent exercer leur droit inaliénable à l’autodétermination et à la décolonisation, « qui ne doivent pas rester des chimères  ».  Pour y parvenir, les travaux de la Commission doivent selon elle permettre de réaliser des progrès tangibles, de nature à changer « la donne » et les conditions de vie des populations. 

Le Bangladesh, jadis occupé par une puissance étrangère, a ensuite adopté une constitution qui rejette l’impérialisme et le colonialisme dans le monde entier.  Son représentant a salué le travail du Comité spécial de la décolonisation pour faire en sorte que la présente Décennie internationale pour l’élimination du colonialisme soit la dernière en son genre.  À cette fin, il a appelé, comme Sainte-Lucie, l’Angola ou encore le Viet Nam, les puissances administrantes à coopérer pleinement avec le Comité en facilitant l’organisation de visites sur le terrain, soulignant au passage la responsabilité particulière de celles-ci d’assurer le développement des habitants des territoires sous leur contrôle. 

Dans le lacis de ces questions complexes et de la juxtaposition d’intérêts divergents dans différentes régions du monde, le Paraguay a pour sa part appelé à donner la priorité à la réalisation des droits politiques des peuples autochtones.  À cet égard, son délégué a estimé que les résolutions 1514 (XV) et 1541 (XV), adoptées par l’ONU en 1960 sur l’autonomie complète des territoires non autonomes, constituent les instruments idoines. 

Première puissance administrante à s’exprimer devant la Commission sur la question de la décolonisation, la France a estimé que la Nouvelle-Calédonie a franchi une étape importante du processus amorcé en 1988 en tenant, en 2021, la troisième consultation prévue par l’Accord de Nouméa.  Pour la troisième fois, la population s’est prononcée contre l’accès à la pleine souveraineté, a-t-il noté, en considérant que la consigne des indépendantistes de ne pas prendre part à cette consultation est un choix politique.  La valeur juridique de ces scrutins est « incontestable », a affirmé son délégué, et le projet de résolution qui sera bientôt présenté devant la Commission, adopté par consensus en juin par le Comité spécial, n’émet aucune réserve sur sa validité.  Une période de transition s’ouvre maintenant en vue de bâtir un projet commun portant notamment sur la création des futures institutions de la Nouvelle-Calédonie, qui fera à son tour l’objet d’un nouveau référendum. 

S’agissant du Moyen-Orient, les Émirats arabes unis, appuyés par le Bahreïn, le Yémen et l’Arabie saoudite, ont réaffirmé leur souveraineté sur les îles de la Grande-Tumb, de la Petite-Tumb et Abou Moussa, en demandant à l’Iran de saisir « la main tendue » pour entamer des négociations pacifiques ou renvoyer le différend à la Cour internationale de Justice (CIJ).  Un appel rejeté par la délégation iranienne, pour qui la souveraineté de son pays sur ces îles est non négociable. 

La question de la Palestine a interpellé nombre de délégations qui ont demandé, comme le Koweït, la fin de l’occupation des territoires occupés depuis 1967.  Le Bahreïn a de son côté estimé qu’une paix « juste et durable » ne sera possible au Moyen-Orient que lorsque le peuple palestinien pourra créer son propre État souverain dans le cadre des frontières d’avant 1967, sur la base de la solution des deux États et du droit international. 

La Commission poursuivra ses travaux demain, vendredi 14 octobre 2022, à 10 heures. 

EXAMEN DES POINTS RELATIFS À LA DÉCOLONISATION

Suite du débat général

Mme FUTOON ABDULRAHMAN HUSAIN AHMED ALAMMADI (Bahreïn) a déclaré que son pays s’efforce de réaliser pleinement la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux.  À cet égard, elle a estimé qu’une paix juste et durable au Moyen-Orient ne sera possible que lorsque le peuple palestinien pourra créer son propre État souverain dans le cadre des frontières de 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale, sur la base de la solution des deux États, du droit international et de l’Initiative de paix arabe.  Elle a réaffirmé sa solidarité avec le peuple marocain, qui s’efforce de maintenir sa sécurité et son intégrité territoriale, comme le veut la résolution 2602 du Conseil de sécurité sur le Sahara marocain.  Elle a appuyé les initiatives prises par le Maroc afin de de trouver une solution politique au Sahara marocain sur la base des résolutions du Conseil.  La représentante a également affirmé sa solidarité envers les Émirats arabes unis en vue de rétablir leur souveraineté sur les trois îles de la Grande-Tumb, de la Petite-Tumb et Abou Moussa, qui sont occupées par l’Iran.  Elle a invité ce dernier pays à entreprendre des négociations de bonne foi avec les Émirats arabes unis ou de convenir d’en référer à la Cour internationale de Justice (CIJ). 

Mme TRA PHUONG NGUYEN (Viet Nam) a réitéré l’appui inébranlable de son pays à la cause de la décolonisation et au droit à l’autodétermination des deux millions d’habitants des 17 territoires non autonomes.  Elle a estimé qu’un dialogue politique constructif et le respect de la Charte des Nations Unies et des résolutions pertinentes constituent le meilleur moyen d’avancer sur cette voie.  Encourageant les puissances administrantes à resserrer leur coopération avec l’ONU dans ce domaine, la représentante a également demandé à celle-ci de surveiller que leurs activités dans les territoires ne nuisent pas aux intérêts des populations locales, insistant sur l’impératif, pour les puissances administrantes, de veiller au développement socioéconomique des territoires en question. 

Mme NOEMÍ RUTH ESPINOZA MADRID (Honduras) a rappelé que la résolution 2065 de l’Assemblée générale de 1965 reconnaît l’existence d’un conflit de souveraineté entre le Royaume-Uni et l’Argentine concernant les Îles Malvinas.  Les pays membres de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) ont récemment réitéré leur engagement à continuer d’œuvrer dans le cadre du droit international pour faire de la région de l’Amérique latine et des Caraïbes un territoire libre de tout colonialisme, a-t-elle rappelé, de même que leur appui « ferme » aux droits légitimes de l’Argentine sur les Îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud, ainsi que les zones maritimes environnantes.  Mme Espinoza Madrid a donc encouragé l’Argentine et le Royaume-Uni à intensifier leurs efforts afin de parvenir à une « position constructive » susceptible de permettre à l’Argentine de recouvrer sa pleine souveraineté sur ces territoires, conformément au droit international et aux résolutions pertinentes des Nations Unies. 

Mme ALMEHAIRBI (Émirats arabes unis) a appuyé la souveraineté légitime du Maroc sur tout le Sahara marocain en précisant que le projet d’autonomie est une bonne solution à cette question.  Elle a salué les efforts du Royaume du Maroc pour améliorer les conditions de vie des habitants du Sahara marocain, notamment par le biais de grands projets de développement lancés en 2015.  Elle a indiqué que son pays avait ouvert un consulat au Sahara marocain.  La représentante a ensuite demandé à l’Iran de cesser d’occuper les trois îles qui relèvent de la souveraineté émiratie, en invoquant le droit international. 

Mme CECILIA MARTÍNEZ (Paraguay) a estimé que les résolution 1514 et 1541 constituent les instruments idoines pour progresser vers le plein exercice de la souveraineté des peuples, question complexe du fait de la juxtaposition des intérêts divergents.  Nous devons selon elle prioriser les droits politiques des peuples autochtones, en tenant compte de leurs droits historiques.  La déléguée a réaffirmé la position traditionnelle de son pays de soutenir les revendications de l’Argentine sur les Îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes.  Elle a par ailleurs félicité l’Argentine d’avoir réaffirmé son engagement à trouver une solution pacifique avec le Royaume-Uni à cet égard.  La représentante a ensuite exprimé son appui aux résolutions adoptées par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale sur la question du Sahara occidental ainsi qu’à l’Envoyé personnel du Secrétaire général afin d’y trouver une solution « juste, durable et mutuellement acceptable ».  Elle a salué en terminant les efforts du Comité spécial de la décolonisation et la pertinence de ses rapports et recommandations en vue de faire progresser le processus de décolonisation. 

Mme PAULA NARVÁEZ OJEDA (Chili) a salué les progrès réalisés en matière de décolonisation en encourageant la communauté internationale à finaliser ce processus.  Elle a réitéré le soutien du Chili aux revendications de souveraineté légitimes de l’Argentine sur les Îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes, comme cela a été confirmé par la CELAC et le MERCOSUR.  Le Chili estime qu’il est nécessaire que les gouvernements argentin et britannique reprennent les négociations pour parvenir, sans tarder, à une solution pacifique et durable à ce différend.  En attendant, sa représentante a insisté auprès des parties pour qu’elles s’abstiennent de prendre toute décision de nature à apporter des modifications unilatérales sur le terrain.  Elle a espéré que les résolutions pertinentes de l’ONU et les dispositions de sa Charte seraient respectées, en particulier le principe d’intégrité territoriale. 

M. KOFFI AKAKPO (Togo) a réaffirmé son soutien sans faille à tous les processus politiques mis en œuvre dans les territoires non décolonisés, dans la perspective d’aboutir à des solutions pacifiques, durables et avantageuses pour toutes les parties.  En ce qui concerne la question du Sahara occidental, conformément à la politique de neutralité et au respect de la souveraineté des États prônée par le Togo, le représentant a salué les efforts de M. Staffan de Mistura, Envoyé personnel du Secrétaire général, visant à faciliter la relance du processus politique sous les auspices du Secrétaire général, notamment ses deux visites à Rabat, à Alger et à Nouakchott, en janvier et septembre 2022.  À cet égard, il a appelé à la reprise du processus des tables rondes conformément à la résolution 2602 du Conseil de sécurité et invité toutes les parties à rester engagées en vue de parvenir à une solution politique pragmatique et de compromis au différend sur le Sahara occidental.  En outre, le délégué a salué l’action de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), appelant toutes les parties à coopérer pleinement avec elle.  De même, il convient de souligner la nécessité impérieuse des différentes parties d’observer le respect du cessez-le-feu et de contribuer à l’instauration d’une atmosphère favorable à la solution pacifique préconisée, a insisté M. Akakpo.  D’ores et déjà, la délégation togolaise a salué le développement socioéconomique au Sahara occidental grâce aux divers investissements dans le cadre du nouveau modèle de développement qui a grandement contribué à l’autonomisation des populations locales.  Par ailleurs, le représentant s’est félicité de l’inauguration de plusieurs consulats généraux à Laayoune et Dakhla, dont celui du Togo, avec pour vocation de renforcer les opportunités économiques et sociales qu’offre le Sahara occidental et de promouvoir davantage une approche pacifique dans le règlement de la crise entre les différents protagonistes. 

M. ILICHEV (Fédération de Russie) a expliqué que son pays est à l’origine du processus de décolonisation, puisque c’est à l’initiative de la délégation soviétique que la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux a été adoptée en 1960.  Il a ajouté que cette déclaration, qui est devenue une véritable avancée dans la libération du monde de l’oppression coloniale, a permis à 28 peuples africains d’obtenir leur indépendance en 1960.  Il a déclaré que c’est grâce à cette initiative que l’ONU dispose aussi de 193 États Membres.  Saluant la pertinence du Comité spécial de la décolonisation, le représentant russe a appuyé une solution juste, à long terme et mutuellement acceptable à la question du Sahara occidental sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l’ONU prévoyant l’autodétermination du peuple sahraoui.  Pour ce qui est de la question palestinienne, il a soutenu l’intention exprimée des deux côtés au cours de la dernière semaine de rechercher un règlement fondé sur le principe des deux États.  En outre, il a appelé à la reprise immédiate des négociations directes entre l’Argentine et le Royaume-Uni en vue d’un règlement pacifique et définitif du différend de souveraineté sur les Îles Falkland (Malvinas), regrettant le refus obstiné de Londres de relancer un tel dialogue. 

Le représentant russe a par ailleurs fustigé la hausse significative du néocolonialisme tentant d’assujettir les peuples d’Afrique et d’autres continents, en violation grossière de la souveraineté et de l’indépendance des pays.  « La Fédération de Russie, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, continuera de prendre toutes les mesures possibles tant au Conseil de sécurité qu’à l’Assemblée générale de l’ONU afin d’empêcher le nivellement de tous les acquis accumulés de notre Organisation sur la voie de la décolonisation », a assuré le délégué en conclusion. 

Sur la question du Sahara occidental, M. ISSIMAIL CHANFI (Comores) a salué les efforts déployés par M. Staffan de Mistura, Envoyé personnel du Secrétaire Général des Nations Unies qui ne ménage aucun effort pour faciliter la relance du processus politique.  Ses deux visites à Rabat, dans les camps de Tindouf et à Nouakchott, en janvier, juillet et septembre 2022, sont une initiative fortement appréciée, a-t-il dit.  Le délégué a donc exhorté à la reprise des tables rondes, dans le format initial avec l’ensemble des parties prenantes, conformément à la résolution 2602 du Conseil de sécurité.  Il a salué la dynamique internationale mobilisée en appui à l’Initiative marocaine d’autonomie, en remarquant qu’à ce stade, plus de 90 pays lui ont exprimé leur soutien.  Les investissements et projets mis en œuvre dans le cadre du nouveau modèle de développement du Sahara marocain, lancé en 2015, ont énormément contribué à l’autonomisation des populations de cette région et à l’amélioration des indices de développement humain, a remarqué le représentant. 

Son pays, qui a ouvert le premier Consulat général à Laayoune, ne peut que se réjouir du nombre croissant de consulats généraux, des pays arabes, africains, d’Amérique et d’Asie, ouverts à Laayoune et Dakhla, et du nombre également important d’organisations régionales venues s’installer dans cette région.  Leur présence a pour vocation de renforcer les opportunités économiques et sociales au Sahara marocain, a-t-il estimé, soulignant qu’il s’agit d’un véritable « hub » pour le développement et le rayonnement de cette région à la fois méditerranéenne, atlantique et africaine.  Le délégué a souligné les réalisations substantielles du Royaume du Maroc en matière de droits humains et mis en exergue le respect, par le Maroc, du cessez-le-feu au Sahara marocain et sa coopération, pleine et continue, avec la MINURSO avant d’appeler les autres parties à revenir rapidement au cessez-le-feu, car il en va de la sécurité et la stabilité de toute la région.  Avant de conclure, il a exprimé la préoccupation de la délégation au sujet de la situation des populations des camps de Tindouf, particulièrement s’agissant des femmes et des enfants, et demandé que toutes les dispositions soient prises, dans les meilleurs délais, pour qu’il y soit procédé à l’enregistrement des réfugiés, conformément au droit international et humanitaire. 

Mme TRISHALA SIMANTINI PERSAUD (Guyana) a regretté que le « fléau de la colonisation nous hante encore, 77 ans après la création de l’ONU ».  En tant qu’ancienne colonie, le Guyana comprend parfaitement l’aspiration des peuples à exercer leur droit à l’autodétermination, droit inaliénable inscrit dans la Charte des Nations Unies.  Alors que se multiplient les défis planétaires, elle a jugé difficile d’accélérer les progrès administratifs et économiques nécessaires sans assurer le respect du droit à l’autodétermination des habitants des 17 territoires non autonomes restants.  S’appuyant sur la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, la représentante a réaffirmé l’appel lancé aux puissances administrantes pour qu’elles coopèrent pleinement avec l’ONU, au moyen du dialogue et de l’adoption de résolutions spécifiques à ces territoires non autonomes, afin d’éradiquer la colonisation pour tous les peuples.  Elle a salué à cet égard la décision d’envoyer des missions spéciales dans les territoires non autonomes et reconnu les progrès accomplis par le Comité spécial de la décolonisation.  Le Guyana réaffirme, « par principe », son soutien aux résolutions adoptées par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale sur les questions du Sahara occidental et de la Palestine, et exhorte les parties à les faire respecter, a-t-elle conclu. 

Se référant à la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, M. LAMIN B. DIBBA (Gambie) a déclaré que le principe d’autodétermination est un droit humain inaliénable qui doit être exercé au moyen du dialogue afin de trouver des solutions pacifiques et durables.  Il s’est félicité de l’évolution récente de la situation au Sahara, marquée par le dialogue entre les parties prenantes et les efforts de l’Envoyé personnel du Secrétaire général afin de trouver une solution pacifique, mutuellement acceptable et pérenne à ce différend de longue date.  Le représentant a invité les parties prenantes à demeurer attachées au processus des tables rondes afin de mettre un terme à ce différend régional dans un esprit de compromis et en demeurant réalistes.  Il s’est en outre félicité de la participation des représentant élus de la région du Sahara aux sessions du Comité spécial des Vingt-Quatre.  Puis il a salué l’Initiative d’autonomie du Maroc au Sahara marocain, y voyant un signe de la coopération de ce pays avec l’ONU, dans le cadre du droit international. 

M. ANTÓNIO MAPUA BAMBISSA (Mozambique) a soutenu la lutte des peuples en faveur de leur autodétermination en rappelant qu’il s’agit d’un droit inaliénable de tous les peuples.  Dans ce contexte, le représentant a appuyé la quête d’une solution acceptable afin de permettre au peuple du Sahara occidental d’exercer ce droit.  Le Mozambique continue de plaider en faveur de l’application de toutes les résolutions pertinentes de l’ONU et des décisions de l’Union africaine (UA) sur le Sahara occidental.  Tout en reconnaissant l’importance de la nomination du nouvel Envoyé personnel, le représentant s’est dit préoccupé par les retards accusés dans le cadre de ce processus.  Il a ensuite noté avec préoccupation la dégradation de la situation humanitaire dans les territoires occupés de Palestine, avant de lancer un appel à Israël et à la Palestine pour reprendre des négociations en vue de parvenir à la solution à deux États.  La mise en œuvre de toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale constitue, selon lui, le seul cadre acceptable afin de trouver une solution politique négociée et durable à la question de la Palestine. 

M. KRZYSZTOF MARIA SZCZERSKI (Pologne) a expliqué que son pays a toujours été un fervent partisan des efforts de décolonisation, qui découlent du principe « de l’égalité des droits et de l’autonomie de la détermination des peuples », tel que stipulé dans la Charte des Nations Unies.  Ce n’est pas un hasard si le respect du droit international a été l’une des priorités des activités de la Pologne au sein du Conseil de sécurité de l’ONU en 2018 et 2019 et aujourd’hui, au sein du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, ainsi que pendant sa présidence de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe en 2022.  Le représentant a exprimé sa fierté de participer pour la première fois à cette discussion vitale en tant que représentant permanent d’un pays qui n’a connu aucun épisode de colonisation dans son histoire, réaffirmant au passage la position selon laquelle chaque État doit jouir des droits de souveraineté et d’intégrité territoriale dans les mêmes conditions.  Selon M. Szczerski, toute tentative de les remettre en cause nécessite une réponse internationale forte.  Alors que la colonisation a toujours été associée à un sentiment de supériorité et au droit de décider du sort d’autrui, il a affirmé que cette fausse hypothèse, ainsi que les tendances récurrentes au néocolonialisme, sont très lointaines pour le peuple de Pologne, pays qui fut le berceau du mouvement « Solidarność ». 

M. ALAJMI (Koweït) a demandé à Israël de mettre un terme à l’occupation de tous les territoires occupés depuis 1967 en Palestine, ajoutant que la fin de l’occupation israélienne est le seul moyen de parvenir à une paix durable dans le respect du droit international, de la Charte des Nations Unies, des résolution pertinentes du Conseil de sécurité, de l’Initiative de paix arabe et du principe de l’échange de terres contre la paix.  Il a exhorté la Quatrième Commission à se pencher sur les différents moyens de garantir l’indépendance des territoires non autonomes, conformément au droit international.  Dans ce contexte, il a exhorté les puissances administrantes à collaborer avec cet organe afin de lui fournir toutes les informations pertinentes.  S’agissant de la question du Sahara occidental, le représentant a particulièrement salué l’Initiative marocaine d’autonomie, qu’il a présentée comme la meilleure solution. 

M. MUHAMMAD ABDUL MUHITH (Bangladesh) a déploré que la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux demeure lettre morte plus de 60 ans après sa proclamation, alors que 17 territoires non autonomes demeurent sous domination coloniale.  Le Bangladesh, qui a été occupé par une puissance étrangère, a ensuite adopté une constitution qui rejette l’impérialisme et le colonialisme partout dans le monde.  Le représentant a rappelé que son pays appuie le droit des peuples à l’autodétermination, conformément à la Charte des Nations Unies.  Il a loué à cet effet le travail du Comité spécial des Vingt-Quatre (C-24) ainsi que les recommandations contenues dans son dernier rapport pour faire en sorte que la présente Décennie internationale de l’élimination du colonialisme soit la dernière en son genre.  Pour ce faire, il a appelé les puissances administrantes à coopérer pleinement avec le Comité en facilitant la tenue de missions sur le terrain dans les territoires qu’ils administrent.  Le représentant a dit attendre du Comité un programme de travail constructif, au cas par cas, afin de faciliter l’exécution de son mandat concernant certains territoires qui doivent être examinés en 2023.  Il a souligné la responsabilité particulière des puissances administrantes dans le but de promouvoir le développement des habitants des territoire sous leur contrôle sur les plans économique, politique et sociaux.  Enfin, le délégué a réitéré son appui à la « juste cause » du peuple palestinien en faveur d’un État viable dans le cadre de la solution des deux États. 

M. CARLTON RONNIE HENRY (Sainte-Lucie) a rappelé le rôle joué par l’ONU dans le processus de décolonisation de Sainte-Lucie.  Il a ensuite soutenu les travaux du Comité spécial des Vingt-Quatre en insistant sur la mise en œuvre des résolutions de l’Assemblée générale relatives à la décolonisation, notamment celle du programme au cas par cas pour chaque territoire non-autonome.  Le représentant a rappelé que Sainte-Lucie a accueilli le dernier séminaire régional en date du Comité spécial des Vingt-Quatre.  Soulignant la menace que représentent les changements climatiques pour les PEID, comme Sainte-Lucie et de nombreux territoires non autonomes, il a appelé à renforcer le mandat de soutien et d’aide à ces territoires.  Le représentant a également encouragé les puissances administrantes à coopérer avec le Comité spécial des Vingt-Quatre.  Pour ce qui est des Îles Malvinas, Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et des zones maritimes environnantes, il s’est associé à la dernière résolution du Comité spécial des Vingt-Quatre sur cette question, laquelle appelle à trouver un règlement pacifique du différend à travers un dialogue entre les gouvernements de l’Argentine et du Royaume-Uni.  Sur le Sahara occidental, le représentant a salué la désignation de M. Staffan de Mistura au poste d’Envoyé personnel en espérant que le processus de tables rondes entre les parties permettra de porter ses fruits.  Sainte-Lucie soutient l’initiative d’autonomie du Maroc, a précisé le délégué. 

Mme SONIA MARINA PEREIRA PORTILLA (Colombie) a souhaité qu’une solution soit trouvée à la question des Îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes, conformément aux résolutions pertinentes des Nations Unies.  Elle a réaffirmé l’importance d’un règlement pacifique à cette question coloniale « spéciale et particulière » avant d’encourager la reprise des négociations dans les meilleurs délais.  La représentante a mis l’accent sur l’importance de respecter la résolution 31/49 de l’Assemblée générale qui exhorte les parties à s’abstenir de prendre des décisions unilatérales de nature à modifier les réalités sur le terrain. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a estimé que la Nouvelle-Calédonie a franchi une étape importante du processus amorcé en 1988 en tenant, en 2021, la troisième consultation prévue par l’Accord de Nouméa.  Pour la troisième fois, la population s’est prononcée contre l’accès à la pleine souveraineté, a-t-il noté.  La consigne des indépendantistes de ne pas prendre part à cette consultation est un choix politique, tandis que la responsabilité de la France était de veiller à la bonne organisation de ce scrutin dont la valeur juridique est à ses yeux incontestable.  Le projet de résolution qui sera bientôt présenté devant la Quatrième Commission a été adopté par consensus, en juin, par le Comité spécial des Vingt-Quatre, a rappelé le délégué, en ajoutant que ce texte prend note de la tenue du troisième référendum et n’émet aucune réserve sur sa validité.  Le troisième référendum, a expliqué M. de Rivière, ouvre une période de transition, alors que le dialogue doit se poursuivre afin de construire un projet commun sur le développement de la Nouvelle-Calédonie portant notamment sur ses futures institutions, qui fera à son tour l’objet d’un nouveau référendum.  Le représentant a remercié l’ONU de son « impartialité », et réitéré son invitation au Comité spécial des Vingt-Quatre à se rendre en Nouvelle-Calédonie en 2023. 

Mme MARIA DE JESUS DOS REIS FERREIRA (Angola) a demandé à la communauté internationale de prendre des décisions urgentes pour honorer la résolution 1514 et répondre aux attentes des peuples des 17 territoires non-autonomes.  Le Comité spécial de la décolonisation doit poursuivre ses visites dans ces territoires afin d’y évaluer la situation, a-t-elle demandé, en arguant que cela permettrait de garantir que les habitants de ces territoires soient protégés contre toute forme de violence.  Passant à la question de Palestine, elle a encouragé les parties à reprendre les négociations afin de parvenir à une solution politique négociée conforme aux résolutions pertinentes de l’ONU.  Réaffirmant la même position sur la question du Sahara occidental, la représentante a soutenu les efforts de M. Staffan de Mistura pour faire avancer le processus de négociation entre les parties, sous les auspices des Nations Unies, afin de parvenir à une solution juste, pacifique et mutuellement acceptable fondée sur le compromis et qui permette l’autodétermination du peuple sahraoui.  À l’aune du renouvellement du mandat de la MINURSO, elle a rappelé que cette Mission est chargée de faciliter et d’encadrer un référendum d’autodétermination pour le peuple sahraoui. 

M. MARC HERMANNE GNINADOOU ARABA (Bénin) a déclaré soutenir les initiatives diplomatiques en cours, au sein des Nations Unies, sur la question du Sahara occidental.  L’objectif principal de ces initiatives demeure de trouver des solutions pacifiques, durables et équitables à cette question, en capitalisant sur les acquis du processus politique, tenu sous les auspices du Secrétaire général des Nations Unies, qui vise à parvenir à une solution de compromis, dans le cadre de la mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, a rappelé le représentant.  Dans ce cadre, son pays salue et soutient les efforts de l’Envoyé Personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental et en appelle à la reprise du processus des tables rondes, sous le même format et avec la participation effective de l’Algérie, du Maroc, de la Mauritanie et du Front POLISARIO, conformément à la résolution 2602 du Conseil de sécurité.  Le concours de tous est vivement souhaité pour un heureux aboutissement des efforts entrepris ou appuyés par la Communauté internationale, a fait valoir le représentant.  Sur le plan local, il a salué les efforts déployés par le Maroc, au nombre desquels l’Initiative d’autonomie comme solution de compromis et les investissements en faveur du développement socioéconomique du Sahara occidental qui contribuent au mieux-être des populations concernées.  À une échelle plus globale, il a noté que la région fait l’objet d’un intérêt constant, ce dont témoigne notamment, l’ouverture d’un nombre croissant de Consulats généraux non seulement par des pays africains, mais aussi par des États arabes, d’Amérique et d’Asie.  Ces représentations contribueront, selon le représentant, à renforcer les opportunités économiques et à valoriser davantage les potentialités offertes par la région. 

M. ARRMANATHA CHRISTIAWAN NASIR (Indonésie) a jugé indispensable que les 17 territoires non-autonomes restent la priorité du Comité spécial de la décolonisation, avant de reconnaître qu’il n’y a pas de solution unique applicable à tous les territoires.  Il a souhaité la reprise du dialogue autour de la question des Îles Malvinas avant d’appuyer la deuxième phase du processus d’autodétermination de la Nouvelle-Calédonie.  Il a demandé une meilleure coopération pour aider les territoires non autonomes à faire face à leurs défis en matière alimentaire, énergétique, climatique et financière. 

Mme HELENA NDAPEWA KUZEE (Namibie) a rappelé que son pays a longtemps figuré à l’ordre du jour de la Quatrième Commission afin de faire respecter son droit à l’autodétermination.  Elle a estimé que la trajectoire de son pays représente une « lueur d’espoir » pour les 17 territoires non autonomes qui souhaitent exercer leur droit inaliénable à l’autodétermination et la décolonisation, « qui ne doivent pas rester des chimères ».  Les travaux de la Quatrième Commission doivent en effet donner des résultats tangibles qui « changent la donne et les conditions de la population des territoires non autonomes », a fait valoir la représentante.  Devant les plaidoyers incessants des pétitionnaires, la représentante a considéré que nos paroles sont vides de sens alors que nous ne pouvons offrir de consolation ni de solution à la question du Sahara occidental, qui demeure inscrite à l’ordre d’un jour de l’ONU « depuis la nuit des temps » sans que nous puissions y trouver une solution pérenne.  Elle a déploré que M. Staffan de Mistura, Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental, n’ait pu avoir accès à toutes les parties prenantes au Maroc et ait dû annuler sa visite.  Le « mépris constant » du référendum placé sous l’égide de l’ONU et de la résolution 658 (1990) du Conseil de sécurité n’offre pas d’espoir aux générations de Sahraouis ayant grandi dans un état de désolation caractérisé par l’occupation coloniale, a-t-elle déploré. 

M. GULED ABDO MOHAMMED (Éthiopie) a regretté que l’autodétermination et l’indépendance de 17 territoires non autonomes ne soient toujours pas réalisées.  Il a appuyé les efforts consentis pour faire face aux problèmes de développement de ces territoires, mais a néanmoins appelé à faire plus.  Le représentant a rappelé aux puissances administrantes leurs responsabilités à l’égard de ces territoires, y compris celle de veiller à leur développement socioéconomique.  Après avoir souligné le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, il a appelé les parties à reprendre sans tarder les négociations en plaidant pour une solution africaine à la question du Sahara occidental.  Abordant aussi la question de la Palestine, le représentant a demandé aux parties de reprendre sans tarder les pourparlers afin de parvenir à une solution juste, durable et pacifique conforme au droit international et aux résolutions pertinentes de l’ONU, évoquant la solution à deux États. 

M. KINGSTONE (Zimbabwe) s’est dit découragé que le programme de décolonisation reste inachevé avant de souligner le rôle de la Charte des Nations Unies et de ses principes dans la défense des intérêts des pays les plus faibles et les plus vulnérables.  Il a appelé le Maroc et le Front POLISARIO à mettre en œuvre les engagements pris dans le cadre du Plan de règlement de 1988 qui a été approuvé par le Conseil de sécurité.  Notant que son pays est une ancienne colonie, le représentant s’est dit préoccupé par le fait que le peuple du Sahara occidental n’a pas eu la possibilité de décider de son avenir.  « L’arrêt de la Cour de justice européenne indique que le Sahara occidental a un territoire clairement défini qui doit rester indivisible », a-t-il dit, attirant également l’attention sur l’arrêt du 22 septembre de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, qui a conclu que l’occupation du Maroc constitue une violation du droit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental.  « Nous devons fournir l’occasion au peuple sahraoui, par le biais du référendum initialement prévu, de choisir librement l’avenir qu’il souhaite », a conclu le délégué. 

M. AL-THANI (Qatar) a rappelé les obligations faites aux États en vertu de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux et des divers instruments juridiques pertinents de l’ONU dans le domaine de la décolonisation.  S’agissant du Sahara marocain, le représentant a appelé à respecter les principes du droit international et de la Charte des Nations Unies.  Il a exprimé son appui aux efforts déployés par le Secrétaire général en vue de parvenir à une solution pacifique durable à ce différend, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité afin de garantir la souveraineté du Maroc.  Le délégué s’est félicité de l’Initiative d’autonomie marocaine, qui représente à ses yeux une solution réaliste, définitive et durable à cette question. 

M. ABDULRAHMAN HASAN YAHYA AL-BARATI (Yémen) a dénoncé la colonisation et l’hégémonie sous toutes leurs formes en réaffirmant le droit à l’autodétermination et à l’indépendance des peuples, avant de souligner l’importance du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des États.  Le représentant a confirmé la centralité de la cause palestinienne pour les pays musulmans en soulignant le droit inaliénable du peuple palestinien à créer un État indépendant, souverain et viable dans les frontières d’avant 1967, conformément aux résolutions pertinentes et à l’Initiative de paix arabe.  Cela doit passer par la fin de l’occupation, le droit au retour et des rétributions, a fait valoir le délégué.  La région ne sera ni stable, ni paisible sans une solution globale et durable à la question palestinienne.  Le représentant a également dénoncé les tentatives des autorités israéliennes de consacrer leur emprise sur le Golan, en appuyant la Syrie dans sa demande de recouvrer ce territoire.  Il a également soutenu l’intégrité territoriale marocaine et du Sahara marocain, en saluant les efforts de l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour faciliter la relance du processus politique sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Le délégué a enfin soutenu la souveraineté des Émirats arabes unis sur les îles de la Grande-Tumb, de la Petite-Tumb, et Abou Moussa. 

M. NITISH BIRDI (Inde) a rappelé que son pays avait été le premier à présider la Quatrième Commission en 1962.  Tout en se félicitant que 84 anciennes colonies aient acquis leur indépendance depuis la création de l’ONU, le représentant a noté que beaucoup restait encore à faire, puisque 17 territoires sont encore inscrits sur la liste des territoires non autonomes 40 ans après l’adoption de la résolution 1514 de l’Assemblée générale.  Il a aussi insisté sur le fait que la légitimité des travaux de la Commission ne doit pas être exploitée pour porter atteinte à l’intégrité territoriale de certains États. 

Droits de réponse

M. VAHID GHELICH (Iran) a dénoncé les allégations infondées proférées contre son pays par le Bahreïn, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite.  L’Iran est pionnier dans la lutte contre la décolonisation et l’extrémisme, a-t-il affirmé, en arguant que ces allégations fallacieuses constituent des atteintes à l’intégrité territoriale de son pays et à la Charte des Nations Unies.  Il a rejeté toute revendication sur les îles de la Grande-Tumb, de la Petite-Tumb et d’Abou Moussa, en ajoutant que le nom du golfe Persique est la seule dénomination acceptable. 

Le représentant du Royaume-Uni a réagi aux propos du Venezuela, de l’Afrique du Sud, du Bolivie, d’El Salvador, de Cuba et du Timor-Leste pour souligner la relation moderne que son pays a avec ses territoires d’outremer.  Il a également affirmé n’avoir aucun doute quant à la souveraineté britannique sur les Îles Falkland, ni quant au droit de leurs habitants de déterminer leur statut politique, économique et social.  Le référendum de 2013 a clairement montré que le peuple de ces îles ne souhaite pas dialoguer sur la souveraineté, a tranché le représentant. 

Le délégué a ensuite souligné que le peuple de Gibraltar a exercé son droit à l’autodétermination au travers d’un référendum, assurant que le Royaume-Uni ne conclurait aucun accord pour faire passer ce territoire sous la souveraineté d’un autre État sans son accord. 

Réagissant aux propos de l’Inde, le représentant du Pakistan a déclaré que la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux décrète que tous les peuples ont droit à l’autodétermination.  Il a ajouté que l’intervention de l’Inde n’est qu’une tentative de camouflage du terrorisme d’État indien et d’une tradition de mauvais traitements de ses minorités.  Après avoir regretté que les violences contre les musulmans soient devenues la norme en Inde, le représentant a demandé à l’ONU d’enquêter sur les exactions indiennes. 

Le représentant de l’Argentine a réaffirmé que les Îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud ainsi que les zones maritimes environnantes font partie intégrante du territoire national argentin et qu’elles sont occupées illégalement par le Royaume-Uni.  Ce différend de souveraineté est reconnu par diverses instances internationales et résolutions des Nations Unies, a-t-il rappelé.  Le représentant a ajouté que le Comité spécial s’est prononcé sur cette question au moyen d’une résolution adoptée en juin de cette année.  Le référendum organisé dans les Îles Malvinas était un acte unilatéral britannique sans valeur juridique et qui n’altère pas les droits légitimes de l’Argentine, a précisé le délégué. 

La représentante des Émirats arabes unis a répondu à l’Iran pour réitérer que les trois îles de la Grande-Tumb, de la Petite-Tumb et Abou Moussa font partie intégrante du territoire des Émirats arabes unis, qui rejettent leur occupation.  Elle a renouvelé l’invitation des Émirats arabes unis à l’Iran de parvenir à un règlement pacifique à ce différend de souveraineté en appelant à développer les relations et les intérêts mutuels entre les deux pays. 

Le représentant de l’Arabie saoudite a fustigé les déclarations « mensongères » de l’Iran au sujet de la souveraineté sur les îles de la Grande-Tumb, de la Petite-Tumb et Abou Moussa.  « Nous demandons à l’Iran de se retirer de ces trois îles car la présence de l’Iran sur ces îles est une menace à la paix et à la sécurité internationale et à la stabilité de la région », a insisté le représentant saoudien.  

Réagissant à la déclaration des Émirats arabes unis, le représentant d’Iran a réitéré la position de son pays voulant qu’il n’existe pas de différend concernant ces trois îles, qui font partie intégrante de l’Iran.  L’Iran souhaite entretenir des relations amicales avec tous ses voisins mais sa souveraineté sur ces îles est non négociable, a-t-il précisé. 

Reprenant la parole, la représentante des Émirats arabes unis a réaffirmé à nouveau que les trois îles appartiennent à son pays, appelant l’Iran à saisir la main tendue des Émirats pour entamer des négociations pacifiques ou faire appel à la Cour internationale de Justice (CIJ). 

Reprise du débat général

M. MICHEL TOMMO MONTHE (Cameroun) a rappelé que son pays a été libéré grâce à un processus qui s’est déroulé sous les auspices des Nations Unies.  Réaffirmant son soutien au processus politique au Sahara occidental et aux actions menées sous les auspices du Secrétaire général, le représentant s’est félicité des efforts de l’Envoyé personnel du Secrétaire général qui ne ménage aucun effort pour trouver une solution mutuellement acceptable pour toutes les parties prenantes. 

M. KELVER DWIGHT DARROUX (République dominicaine) a exprimé son appui à l’implication de l’ONU dans le processus politique au Sahara marocain afin de parvenir à une situation pragmatique fondée sur le compromis et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Il a estimé que le processus consultatif des tables rondes au niveau local est essentiel en vue de trouver une solution durable à ce différend.  Il a exprimé son soutien au plan d’autonomie « crédible » proposé par le Maroc et aux mesures mises en œuvre en faveur du développement du Sahara en matière de santé, d’éducation et de logement. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Face au non-renouvellement de la trêve au Yémen, les membres du Conseil de sécurité expriment leur déception et appellent à la poursuite du dialogue

9152e séance – matin
CS/15062

Face au non-renouvellement de la trêve au Yémen, les membres du Conseil de sécurité expriment leur déception et appellent à la poursuite du dialogue

Les membres du Conseil de sécurité ont affiché leur déception ce matin, face à la non-reconduction de la trêve au Yémen, qui a pris fin le 2 octobre, faute d’accord entre les parties au conflit sur le projet de reconduction et d’extension que leur avait présenté l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Hans Grundberg.  Tout en notant que les hostilités n’avaient pas repris depuis la fin officielle de la trêve, ce dernier a averti que, « si le cercle vicieux de la guerre venait à reprendre », il présenterait un risque pour toute la région. 

M. Hans Grunberg, qui faisait son exposé par vidéoconférence, a expliqué avoir soumis une proposition révisée, le 1er octobre, pour satisfaire aux demandes des parties concernées.  Cette proposition prévoyait la cessation de toute opération offensive; l’établissement d’un comité de coordination militaire renforcé et d’un mécanisme transparent pour le versement des salaires des fonctionnaires; l’ouverture de la route de Taëz et de l’aéroport de Sanaa; et la libre circulation en provenance et à destination du port de Sanaa.  M. Grundberg a surtout mis en exergue l’importance de la reprise d’un processus « dirigé par les Yéménites, sans exclusivité ». 

L’Envoyé spécial a regretté le refus opposé à cette proposition par les houthistes d’Ansar Allah, en rappelant que les six mois de trêve avaient constitué la période la plus calme depuis le début du conflit.  Il a toutefois reconnu que les parties avaient « fait montre de retenue », car aucune escalade militaire de grande ampleur n’avait été observée depuis la fin de la trêve. 

Ceci a été confirmé par la Sous-Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, Mme Joyce Msuya, qui se trouve actuellement à Hodeïda.  Présente depuis six jours au Yémen où, a-t-elle expliqué, elle a eu l’occasion de s’entretenir avec des dizaines de personnes, dont des déplacés, aussi bien à Hodeïda qu’à Aden, Mareb et Sanaa, Mme Msuya a exhorté les parties à éviter toute escalade de la violence et à dialoguer avec l’Envoyé spécial pour convenir d’une trêve prolongée et élargie.  Elle a aussi évoqué les terribles dangers qui guettent les civils: les mines terrestres, les engins explosifs improvisés et les munitions non explosées, qui ont tué ou blessé 70 civils rien qu’en septembre. 

La Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence a aussi témoigné de l’impact de la détérioration de l’économie et de l’effondrement des services de base, « principaux moteurs » des besoins de la population.  Elle a sollicité un soutien substantiel de la part des donateurs, des acteurs du développement et des institutions financières internationales pour répondre aux besoins humanitaires.  À cet égard, Mme Msuya a jugé essentiel de préserver le flux continu des importations commerciales.  Mme Msuya a fait part des dernières estimations en date, selon lesquelles 17 millions de personnes seront confrontées à une insécurité alimentaire aiguë au cours du prochain trimestre, soit 2 millions de moins qu’en début d’année.  Elle a parlé à ce propos de réalisation majeure, d’autant plus que le nombre estimé de personnes vivant dans des conditions proches de la famine devrait passer de 161 000 personnes à zéro.  Elle a précisé que l’appel humanitaire lancé en début d’année avait reçu 2 milliards de dollars, dont plus de la moitié a été fournie par les États-Unis, mais qu’il n’était encore financé qu’à 48%. 

Cette trêve, a fait observer l’Envoyé spécial, n’a toutefois jamais été une fin en soi, mais une occasion de favoriser les discussions entre les parties pour avancer vers la paix.  Il a expliqué qu’il revenait de visites à Abou Dhabi et Mascate, où il a débattu avec les voisins du Yémen.  Il est essentiel de ne pas manquer cette occasion, a-t-il dit, et les parties doivent faire preuve de souplesse.  Leur devoir est de répondre aux besoins et attentes des Yéménites, a-t-il insisté, avant d’ajouter que la position unie du Conseil de sécurité sur le renouvellement et l’élargissement de la trêve avait démontré l’urgence pour les parties de parvenir à un nouvel accord. 

Il n’existe pas de solution militaire au conflit, ont déclaré les membres du Conseil, qui ont tous regretté la non-reconduction de la trêve, dont ils ont, pour la grande majorité, imputé la responsabilité aux houthistes.  Les États-Unis ont exigé des milices houthistes qu’elles cessent leurs discours provocateurs, tout incident présentant le risque de conséquences majeures pour l’avenir du pays.  La France les a exhortées à « cesser leurs demandes maximalistes qui ne les mèneront nulle part » et appelé à « la libération immédiate, sans préconditions » du personnel de l’ONU et humanitaire qu’ils détiennent. 

Si elle a commencé par affirmer que le rejet de la responsabilité de la situation sur une seule partie du conflit n’aidera pas à y mettre fin, la Fédération de Russie a elle aussi estimé que la tâche principale à ce stade était d’empêcher une escalade militaire à grande échelle, afin d’éviter la catastrophe politique et humanitaire que provoquerait une reprise des hostilités.  Évoquant la déclaration à la presse du Conseil du 5 octobre, la Chine a invité les parties impliquées à donner de l’espace au processus politique par le biais du dialogue et de consultations.  Seul un dialogue politique de bonne fois entre Yéménites pourrait permettre une sortie de crise, a appuyé l’Inde.  Une fois de plus, c’est aux parties, y compris Ansar Allah, de s’y engager de bonne foi, tout en évitant de nouvelles escalades, a ajouté le Kenya. 

Mais les Émirats arabes unis ont dit ne pas être surpris par le refus des milices houthistes de prolonger la trêve, et ont encouragé le Conseil à contraindre les houthistes à en accepter la prolongation.  Le représentant du Yémen a, quant à lui, dénoncé les conditions « inatteignables » posées par des houthistes qui, a-t-il rappelé, refusent de lever le siège de Taëz.  Et son homologue de l’Arabie saoudite a dénoncé les agissements hostiles d’un groupe qui, a-t-il rappelé, a été qualifié de « terroriste » il y a quelques mois par le Conseil lui-même dans sa résolution 2624 (2022).  Il a incité le Conseil à boycotter ce groupe et à assécher ses sources de financement. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. HANS GRUNDBERG, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, qui est intervenu par visioconférence, a rappelé qu’il y a 6 mois et demi, le 2 avril, une trêve nationale était entrée en vigueur et avait représenté, après 8 années de conflit, une accalmie.  Cependant, à l’échéance du 2 octobre, les parties n’avaient toujours pas trouvé un accord sur sa prolongation.  L’Envoyé spécial a ensuite brièvement présenté ses efforts visant à renouveler la trêve en l’élargissant et en accélérant le dialogue entre les parties impliquées dans le conflit.

M. Grundberg a expliqué avoir soumis une proposition révisée, le 1er octobre, pour satisfaire les demandes des parties concernées, qui prévoyait la cessation de toute opération offensive, l’établissement d’un comité de coordination militaire renforcé et d’un mécanisme transparent pour le versement des salaires des fonctionnaires, l’ouverture de la route de Taëz et de l’aéroport de Sanaa, et la circulation en provenance et à destination du port de Sanaa.  M. Grundberg a surtout mis en exergue l’importance de la reprise d’un processus « dirigé par les Yéménites, sans exclusivité ».

L’Envoyé spécial a jugé « déplorable » que les parties ne soient pas tombées d’accord au sujet de l’élargissement de la trêve.  Il a salué la coopération du Gouvernement du Yémen mais a regretté le refus des houthistes d’Ansar Allah.  M. Grundberg a néanmoins admis que les parties avaient « fait montre de retenue », car aucune escalade militaire de grande ampleur n’a été observée depuis la fin de la trêve, à part quelques tirs sporadiques dans différentes villes.  Il a remercié la Jordanie pour son soutien indéfectible et ses efforts de facilitation du processus.

L’Envoyé spécial a ensuite exhorté les parties au respect et à l’application des modalités de la trêve, qui ont « largement profité aux Yéménites », car la trêve a rendu possible la période la plus calme depuis le début du conflit.  Il  s’est félicité que 56 vols aient permis de transporter près de 27 000 passagers et facilité l’acheminement de l’aide humanitaire, en particulier médicale.  D’autre part, le flux de transport de carburant a plus que triplé par rapport à 2021.

La trêve n’a jamais été une fin en soi, mais une occasion de favoriser les discussions entre les parties pour avancer vers la paix, a commenté M. Grundberg, en souhaitant son renouvellement.  Dans le cas contraire, une résurgence de la guerre serait synonyme de souffrances accrues pour la population, et les femmes seront, comme d’habitude, les premières victimes, a-t-il averti, ajoutant que, « si le cercle vicieux de la guerre venait à reprendre », il existerait un risque pour toute la région.

L’Envoyé spécial a expliqué qu’il revenait de visites à Abou Dhabi et Mascate, où il a débattu avec les voisins du Yémen.  Il est essentiel de ne pas manquer cette occasion, et les parties doivent faire preuve de souplesse pour arriver à la trêve.  Le devoir des parties est de répondre aux besoins et attentes des Yéménites, a-t-il insisté.  La position unie du Conseil de sécurité sur le renouvellement et l’élargissement a montré que les parties doivent arriver, de toute urgence, à un accord, a enfin souligné M. Grundberg.

Mme JOYCE MSUYA, Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, s’exprimant en visioconférence depuis Hodeïda, a expliqué se trouver au Yémen depuis six jours.  Elle a pu visiter Aden, Mareb Sanaa et Hodeïda et a pu rencontrer des dizaines de personnes qui lui ont raconté leur vie, notamment des femmes qui craignent pour leur sécurité et des déplacés dont le plus grand souhait -rentrer chez eux- reste insatisfait depuis des années.  Ces mêmes personnes lui ont également parlé de leurs espoirs pour l’avenir, pas seulement pour eux-mêmes, mais pour leurs communautés et leur pays.

Sur le plan sécuritaire, Mme Msuya a confirmé les propos de l’Envoyé spécial sur l’absence « d’intensification significative » des affrontements depuis l’expiration de la trêve le 2 octobre.  Pour autant, elle continue d’exhorter les parties à éviter toute escalade de la violence et à dialoguer avec l’Envoyé spécial pour convenir d’une trêve prolongée et élargie.  En outre, bien que le conflit n’ait pas repris, les civils sont toujours confrontés à de terribles dangers.  Les mines terrestres et autres engins explosifs ont continué d’être « la principale » cause de victimes civiles.  En septembre, 70 civils auraient été tués ou blessés par des mines terrestres, des engins explosifs improvisés et des munitions non explosées.

La détérioration de l’économie et l’effondrement des services de base continuent d’être « les principaux moteurs » des besoins de la population, a précisé Mme Msuya.  Elle a dit avoir été « témoin de première main » de l’impact de ces tendances.  « J’ai vu des marchés avec de la nourriture et des produits de base, mais à des prix que la plupart des gens ne peuvent tout simplement pas se permettre », a-t-elle expliqué.  « J’ai visité des hôpitaux et des écoles qui manquent d’équipements de base et j’ai rencontré des médecins et des enseignants qui ne sont pas assez payés, voire pas du tout. »

Dans ce contexte, a poursuivi la Sous-Secrétaire générale, les acteurs humanitaires font de leur mieux pour répondre aux besoins les plus urgents.  Mais nous ne pouvons le faire seuls, a-t-elle ajouté, pas plus que ne pouvons remplacer les autres dans leurs rôles.  Un soutien substantiel de la part des donateurs, des acteurs du développement et des institutions financières internationales est « nécessaire » pour inverser cette tendance et tracer la voie à suivre.  De la même manière, il est « essentiel » de préserver le flux continu des importations commerciales, car des millions de personnes continuent de dépendre de l’aide humanitaire.

Mme Msuya a également déclaré que, selon de nouvelles estimations qui seront publiées demain, 17 millions de personnes seront confrontées à une insécurité alimentaire aiguë au cours des trois derniers mois de cette année.  Bien qu’il s’agisse d’un nombre encore alarmant, il s’agit de 2 millions de personnes de moins que les projections précédentes.  Le nombre estimé de personnes vivant dans des conditions proches de la famine devrait passer, lui, de 161 000 personnes à zéro.  C’est une réalisation majeure.  Mais la situation mondiale de la sécurité alimentaire reste fragile, et nous ne pouvons pas laisser ces acquis et d’autres être gaspillés.

Pour ce faire, nous avons besoin du soutien continu des donateurs, a plaidé la Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence.  L’appel humanitaire a reçu jusqu’à présent 2 milliards de dollars, dont plus de la moitié a été fournie par un seul donateur, les États-Unis, a-t-elle précisé.  En dépit de cette « contribution généreuse », l’appel n’est financé qu’à 48%, a-t-elle dit, ajoutant espérer d’autres financements.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a regretté que la trêve au Yémen n’ait pu être prolongée après six mois de paix relative, les nouvelles demandes présentées par les houthistes ayant entravé la capacité de l’Envoyé spécial à négocier un accord.  Le Royaume-Uni exhorte les parties à revenir à la table des négociations, le refus de prolonger la trêve menaçant d’anéantir les fondements d’un règlement de paix négocié.  La résolution de cette terrible guerre en dépend, a martelé le représentant, qui a ajouté que la porte pour une trêve prolongée restait ouverte et appelé toutes les parties à éviter toute provocation.  Mettre un terme à la trêve aurait un coût énorme, avant tout pour le peuple yéménite, a averti le représentant, invitant les parties à continuer sur la voie d’une paix durable.

M. RICHARD MILLS (États-Unis) a regretté que le Yémen s’éloigne de la paix à cause des actions et des déclarations des milices houthistes, qui constituent un véritable affront à la communauté internationale.  Le représentant a appelé à continuer de verser des salaires au personnel de santé yéménite, à maintenir une éducation aux enfants, à faciliter l’importation de denrées via le port de Hodeïda, conformément aux modalités de la trêve précédente, ainsi qu’à augmenter la fréquence des vols commerciaux, pour que les Yéménites puissent voir leurs proches.

Saluant les efforts du Gouvernement et de l’Arabie saoudite pour prolonger la trêve, le représentant a invité les houthistes à faire de même pour protéger la population « avant qu’il ne soit trop tard ».  Il n’existe pas de solution militaire à ce conflit, a-t-il insisté, un accord de paix pérenne est la seule voie pour éviter que la crise humanitaire s’aggrave.  Regrettant que les houthistes n’entendent pas les appels à paix, le représentant a salué l’engagement des pays de la région, en particulier Oman et l’Arabie saoudite.  Les milices houthistes doivent cesser leurs discours de provocation, tout incident présentant le risque de conséquences majeures pour l’avenir du pays, a-t-il répété.

Saluant les progrès accomplis au sujet du pétrolier SAFER, le représentant a remercié les bailleurs de fonds qui ont permis d’éviter, jusqu’à présent, une catastrophe humanitaire et écologique.  Les États-Unis, qui a alloué 10 millions de dollars pour régler la situation, ont appelé toutes les parties à contribuer avant que les conditions climatiques ne rendent les opérations trop risquées.

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a déclaré que le Yémen est à un moment critique.  Le rejet de la proposition de d’élargissement de la trêve de l’Envoyé spécial par les houthistes n’est toutefois pas étonnante puisque ce n’est pas la première fois qu’ils opposent leur refus à des tentatives de conciliation, a accusé le représentant, rappelant que les houthistes avaient aussi menacé d’attaquer des cibles clefs au Yémen et dans les pays voisins, et sur les voies maritimes dans la mer Rouge, entre autres.

L’expérience des Émirats arabes unis ne laisse aucun doute sur le nom de la partie qui s’oppose à la paix et utilise des prétextes futiles pour poursuivre la guerre, a poursuivi le représentant.  Il a appelé les houthistes à lever le siège sur Taëz, à faciliter le versement des salaires des fonctionnaires, à s’abstenir de recruter des enfants pour les combats et à cesser de retarder les progrès sur la voie d’une solution pacifique.  Le Conseil devrait contraindre les houthistes à accepter la prolongation de la trêve, qui a apporté un certain sentiment de tranquillité aux Yéménites au cours des derniers mois, a-t-il estimé.

Il incombe au Conseil de veiller à une riposte ferme et de continuer à imposer un embargo sur les armes, a poursuivi le représentant.  Il a réitéré son appui aux efforts visant à faire revenir la stabilité au Yémen.  L’insistance des houthistes à poursuivre les combats ne fera qu’aggraver la situation et l’inflation, ainsi que l’imposition du paiement de taxes par la population, a-t-il affirmé.  Il a aussi dénoncé l’entrave à l’assistance humanitaire et appelé au déploiement d’efforts conjoints pour la fourniture d’une assistance économique et humanitaire.

Mme RUCHIRA KAMBOJ (Inde) a dit sa déception de voir les parties yéménites refuser l’extension de la trêve, alors que l’on avait vu les apports positifs de la trêve des six derniers mois.  À défaut, les parties doivent préserver l’esprit et les acquis de la trêve et éviter toute escalade de violence, a-t-elle demandé.  À cet égard, la déléguée a dit apprécier la coopération du Gouvernement yéménite avec l’Envoyé spécial du Secrétaire général.  Elle a exhorté les autres parties à en faire autant.  L’Inde, reste en outre d’avis que seul un dialogue politique entre Yéménites peut permettre de sortir de la crise qui secoue le pays depuis des années, a-t-il dit.  Tous doivent s’y engager de bonne foi, a dit la représentante. 

M. GENG SHUANG (Chine) a rappelé que la trêve de six mois était une lueur d’espoir pour la population du Yémen, qui, avec la communauté internationale s’attendait à une prolongation et à l’élargissement de la trêve ainsi qu’à la reprise du processus politique.  Il a regretté que, malgré les efforts déployés par l’Envoyé spécial, le Gouvernement yéménite et les pays de la région tels que l’Arabie saoudite et Oman, cet objectif n’ait pas pu se concrétiser.  La priorité, a dit le délégué, doit être de préserver la situation qui est relativement stable sur le terrain.  Il a appelé les parties à agir dans l’intérêt de la population, à faire montre de retenue, à éviter toute mesure unilatérale ou provocation qui entraînerait une escalade.  Il a demandé de donner de l’espace au processus politique, invitant les parties yéménites à poursuivre le dialogue et les consultations.  Le représentant a salué les efforts inlassables de l’Envoyé spécial pour restaurer la trêve.  Citant le récent communiqué de presse du Conseil de sécurité qui appelle à reprendre les négociations, il a espéré que cet appel sera entendu.  Le délégué a appelé toutes les parties, ayant une influence, à fournir une assistance constructive pour garantir le règlement pacifique de la situation.  Sur le plan humanitaire, il a déploré que plusieurs opérations soient sous-financées et, dès lors, demandé suffisamment de financement pour garantir l’assistance de l’ONU.  Concernant le pétrolier SAFER, il a espéré que le projet qui a démarré pourra être mis en œuvre dans sa totalité.

Pour M. VADIM S. KIRPICHENKO (Fédération de Russie), la tâche principale à ce stade est d’empêcher une escalade militaire à grande échelle: une reprise des hostilités conduirait à une catastrophe politique et humanitaire.  Les membres du Conseil doivent donc faire tout ce qui est en leur pouvoir pour persuader les parties yéménites de poursuivre le dialogue sur les questions les plus urgentes, même en l’absence d’un accord de cessez-le-feu écrit. 

Rejeter la responsabilité de la situation sur une seule partie du conflit n’aidera pas à y mettre fin, a prévenu le représentant.  Appelant les parties yéménites à faire preuve de la plus grande retenue et à travailler de manière constructive avec l’Envoyé spécial pour éviter les provocations, la Fédération de Russie, pour sa part, continuera à apporter une aide importante à la médiation onusienne, en restant en contact avec les principales forces politiques et en les incitant au compromis.  « Seuls des pourparlers directs entre les autorités officielles yéménites et Ansar Allah permettront de faire avancer le processus », a estimé le représentant. 

Si les combats ont repris dans un certain nombre de provinces yéménites, ils sont pour l’instant restés localisés, a encore noté le représentant, pour qui la situation sur le terrain est en tout cas meilleure qu’avant l’annonce initiale de la trêve et laisse à penser que les parties n’écartent pas l’idée de retourner définitivement à la table des négociations. 

Citant les nombreux avantages du cessez-le-feu pour les Yéménites ordinaires -approvisionnement en carburant par les ports de Hodeïda, maintien de liaisons aériennes commerciales avec Sanaa, vie quotidienne facilitée pour le peuple yéménite– le représentant a néanmoins rappelé que la situation humanitaire dans le pays demeurait extrême, notamment dans la ville de Taëz.  « Toutes les restrictions à l’acheminement de l’aide humanitaire et l’obstruction du travail des travailleurs humanitaires sont inacceptables », a-t-il ajouté.

M. ENRIQUE JAVIER OCHOA MARTÍNEZ (Mexique) a déploré le non-renouvellement de la trêve pourtant susceptible d’ouvrir la voie vers la construction de la paix.  Il a invité les parties à retourner à la table des négociations.  Le flux d’importations de carburant vers le port de Hodeïda ainsi que la reprise des vols commerciaux à l’aéroport de Sanaa ont apporté un répit et permis aux familles de voir leurs proches et de vaquer à leurs occupations, s’est félicité le représentant.  Il a exhorté les États qui ont une influence sur les parties à persuader Ansar Allah d’accepter la proposition de trêve élargie.  Toutes les parties devraient aussi s’abstenir de toute violence, a-t-il exhorté, en soulignant que le conflit ne se règlera pas par les armes.  Sans la cessation des hostilités, il ne sera pas possible de réaliser le développement, a-t-il insisté en priant les parties de garantir l’acheminement de l’assistance humanitaire.  Le Mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies a été essentiel pour le transport du carburant et des biens de première nécessité, a également salué le délégué qui a ensuite pris note du plan opérationnel pour résoudre le problème du pétrolier SAFER.  Il a conclu que la trêve reste une plateforme pour parvenir à une solution politique dirigée par les Yéménites. 

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a déploré la non-prolongation d’une trêve qui avait apporté des succès.  Tous les acquis seront perdus si celle-ci n’est pas prolongée, a prévenu le représentant, appelant les parties à y parvenir.  Il a estimé que seul un dialogue politique et des négociations inter-yéménites peuvent permettre de sortir de la crise.  Une fois de plus, c’est aux parties, y compris Ansar Allah, de s’y engager de bonne foi, tout en évitant de nouvelles escalades, a-t-il recommandé.  Sur le plan humanitaire, le délégué a dit partager la position de Mme Msuya, selon qui les acteurs humanitaires ne peuvent pas tout faire, tout seuls.  Il faut un appui international, a-t-il demandé en appelant aussi les houthistes à tout faire pour répondre aux besoins humanitaires dans les zones qu’ils contrôlent.  Le Kenya espère que les bailleurs de fonds respecteront leurs engagements et que l’appel humanitaire sera financé à la hauteur des besoins, a conclu le représentant. 

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) s’est dit soulagé qu’il n’y ait pas eu de confrontation de grande ampleur jusqu’ici au Yémen mais s’est inquiété des escarmouches entre houthistes et forces gouvernementales, qui ont fait de nombreuses victimes.  Disant déplorer la situation, le représentant a prié instamment les parties de reprendre de toute urgence les négociations en faisant preuve de bonne foi.  Il est toujours mieux de préférer le compromis au conflit, et la coopération à la rivalité, afin d’entamer ainsi un nouveau chapitre pour le Yémen avec des résultats plus tangibles que ceux des derniers mois, a-t-il fait valoir.  Une prolongation de la trêve serait l’occasion de parvenir à un règlement politique inclusif, général et dirigé par les Yéménites sous l’égide de l’ONU, a conclu le représentant, invitant toutes les parties à persévérer. 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a déploré la non-prolongation de la trêve, avant d’appeler toutes les parties prenantes, en particulier les pays et les organisations régionales ayant de l’influence à faire en sorte que cette trêve soit prolongée.  Il a également déclaré que les négociations doivent se poursuivre.  Pour cette raison, il a encouragé l’Envoyé spécial à continuer à les soutenir en dépit du « revers » de ces derniers temps.  Il a dit apprécier la coopération du Gouvernement yéménite avec M. Grundberg et déploré les exigences maximalistes des houthistes.  Sur le volet humanitaire, le représentant a appelé à un soutien international pour aider le Yémen et éviter la famine qui menace le pays.  Il faut faire davantage pour combler les besoins humanitaires et faire en sorte que l’aide alimentaire parvienne à ceux qui en ont besoin, a-t-il conclu.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a dit regretter profondément le non-renouvellement de la trêve, une occasion manquée pour les parties de s’entendre sur une cessation des hostilités, et surtout une occasion manquée pour le peuple yéménite, qui subit ce conflit meurtrier depuis huit ans.

Pointant la responsabilité des houthistes dans le blocage, leurs menaces sur la sécurité régionale et maritime qui constituent des provocations au moment même où des discussions constructives sont nécessaires, le représentant a toutefois estimé qu’il n’était pas trop tard pour parvenir à un accord.  Il a réitéré son appel à un cessez-le-feu national durable et exhorté les houthistes à « cesser leurs demandes maximalistes qui ne les mèneront nulle part ».

L’instabilité sur le terrain et la dégradation de la situation économique et sécuritaire rendent la population civile yéménite encore plus vulnérable qu’elle ne l’est déjà, a poursuivi M. de Rivière, qui a appelé au calme et à la retenue, alors que des millions de Yéménites se trouvent actuellement en situation d’insécurité et que le taux de malnutrition chez les femmes et les enfants atteint des sommets.

S’agissant du recrutement et de l’utilisation des enfants dans les conflits armés, des meurtres d’enfants et des attaques contre les écoles, les engagements pris par les parties doivent être mis en œuvre, conformément au plan d’action signé en avril dernier entre la Représentante spéciale du Secrétaire général et les houthistes, et les obstacles auxquels les acteurs humanitaires sont confrontés doivent être levés, et le plein accès humanitaire garanti.  La France est particulièrement inquiète des récentes régulations concernant les « Mahram », des gardiens masculins imposés à toutes les travailleuses humanitaires en zones contrôlées par les houthistes.

La France a enfin appelé à « la libération immédiate, sans préconditions » du personnel de l’ONU et humanitaire retenu par les houthistes.

Mme CAÍT MORAN (Irlande) a exprimé sa profonde déception face au non-renouvellement de la trêve avant son échéance du 2 octobre, tout en relevant que cette trêve avait pourtant apporté un répit au peuple yéménite et représenté la période la plus longue d’accalmie des hostilités depuis le début du conflit.

L’Irlande appuie pleinement les efforts continus de l’Envoyé spécial, a poursuivi la représentante, qui a mentionné une proposition globale soumise le 1er octobre aux parties, en dépit d’un contexte difficile.  Elle a jugé regrettable que cette dernière proposition ait été rejeté par les houthistes.  Elle a exhorté toutes les parties, en particulier les houthistes, à reprendre sans délais le processus de négociation en toute bonne foi, ajoutant qu’il n’existe pas de solution militaire au conflit au Yémen.  L’Irlande forme le vœu que le Mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies, qui a joué un rôle déterminant pour la facilitation du flux d’importations de biens commerciaux essentiels, puisse continuer à fonctionner après l’apport de fonds supplémentaires.  Elle se félicite d’autre part que l’éventuelle mission de réparation du pétrolier SAFER puisse débuter dans un mois, comme annoncé par Mme Msuya.

Mme MONA JUUL (Norvège) a regretté que les parties n’aient pas réussi à renouveler la trêve qui, malgré ses limites, a été bénéfique pour la population civile, notamment du fait d’une nette baisse de la violence et des pertes civiles.  La trêve a également permis un dialogue direct entre les parties pour la première fois depuis des années, ce qui est la condition nécessaire pour établir la confiance, a ajouté la représentante, qui a jugé primordial que les parties s’engagent à renouveler la trêve afin d’établir un cessez-le-feu prolongé et de lancer un processus politique.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a demandé de persévérer pour amener les parties à se rapprocher afin que le processus onusien continue d’avancer.  Il a salué les dirigeants yéménites qui ont accepté la proposition de trêve mais a déploré que l’appel des Yéménites n’ait pas été entendu par les houthistes.  Si le conflit a pu être évité, il a noté une multiplication d’escarmouches et a appelé les houthistes à cesser cette escalade et à revenir à la table des négociations.  Les houthistes ne devraient pas venir saper les progrès réalisés lors de la trêve, a-t-il espéré.  Le délégué a appuyé les efforts de l’Envoyé spécial et a jugé essentiel que les vols et acheminements continuent par les canaux de l’aéroport de Sanaa et du port de Hodeïda.  Sur la crise humanitaire, il a appelé à faire parvenir l’aide à la population et s’est dit préoccupé par l’insécurité ou les emprisonnements qui touchent les travailleurs humanitaires.  Enfin, le représentant s’est félicité de voir que la communauté internationale a commencé les opérations sur le pétrolier SAFER, espérant que soit ainsi évitée la pire crise en mer Rouge.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a noté avec une vive préoccupation que la trêve en vigueur au Yémen depuis le 2 avril n’a pas été reconduite après son expiration le 2 octobre.  Cette non-reconduction assombrit encore plus l’horizon de la paix à laquelle aspire le peuple yéménite, alors qu’il est indéniable qu’elle a eu un impact positif sur le quotidien des populations, a regretté le délégué.  Il a dit garder l’espoir que la nouvelle proposition de l’Envoyé spécial, qui comprend entre autres le prolongement de la trêve pour une période de six mois, sera acceptée par tous.  Le délégué a réitéré dans ce contexte son soutien à l’Envoyé spécial pour ses efforts inlassables en faveur du maintien du dialogue entre les parties afin de parvenir à une trêve et, à plus long terme, à un accord de paix global au Yémen.

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a déclaré qu’aujourd’hui plus que jamais, il incombe au Conseil de sécurité et à la communauté internationale d’interdire toute provocation des milices houthistes pour éviter un nouveau bain de sang.  Les efforts de paix ont grandement reculé en raison de l’intransigeance des houthistes qui ne courent qu’après de nouvelles victoires militaires.  Toutefois, cette trêve avait apporté tant de bienfaits à la population et permis au Gouvernement d’alléger les souffrances de celle-ci.  Le Conseil présidentiel avait réitéré son engagement de principe en faveur de la paix, et réaffirme son engagement en faveur du rétablissement de la paix et à l’application des résolutions du Conseil, dont la 2216 (2015) , ainsi que d’autres initiatives comme celle du Conseil de coopération du Golfe.  Le représentant a salué la communauté internationale et le Conseil de sécurité pour leur position sur le Yémen, les encourageant en particulier à dissuader les milices houthistes de choisir la guerre. 

Il convient, parallèlement, d’atténuer les souffrances humanitaires de toute la population sans discrimination aucune, et de garantir la libre circulation des personnes et des marchandises, a déclaré le représentant, qui a dénoncé les conditions « inatteignables » posées par des milices houthistes, lesquelles avaient été contraintes par la trêve mais refusent, par contre, de lever le siège de Taëz. 

Dénonçant également la mainmise des houthistes sur les deniers publics dans les régions sous leur contrôle, le représentant a regretté que plus de 3 milliards de dollars aient été ainsi confisqués, ce qui empêche la rémunération des fonctionnaires.  Il a réitéré son appui aux efforts de l’ONU, et déploré les nouvelles victimes, tant parmi les militaires que les civils.  Il a qualifié de très graves les menaces contre les voies maritimes et les ports, en appelant à une approche ferme de la communauté internationale pour exercer une pression sur les milices houthistes et faire cesser l’intrusion de l’Iran dans le pays.  Quatre millions de déplacés internes vivent dans des conditions déplorables, a-t-il souligné.  À cela s’ajoute l’effondrement du système de protection sociale public, les répercussions de la pandémie de COVID-19 et celles dues aux changements climatiques. 

Le représentant a salué les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, pour leur appui dans la mise en œuvre de différents projets socioéconomiques, ainsi que le soutien des États-Unis.  Il a lancé un appel à tous les pays en vue de la poursuite de l’assistance humanitaire et de l’aide à la mise en place de réformes pour améliorer les conditions de vie de la population et garantir le bon fonctionnement des organismes et institutions publiques.  Évitons une catastrophe écologique et économique au large du Yémen, a-t-il encore exhorté, en mentionnant l’urgence des réparations du pétrolier SAFER

M. ABDULAZIZ M. ALWASIL (Arabie saoudite) a dénoncé le rejet de la prolongation de la trêve au Yémen, tout en estimant qu’elle n’était pas surprenante tant les milices armées avaient pour unique priorité leurs intérêts.  Les pratiques immondes de ces milices extrémistes, le rejet des propositions de l’Envoyé spécial, ne sont qu’un nouveau chapitre depuis leur coup d’État, en 2014, contre le Gouvernement légitime de l’époque, a affirmé le représentant.  Après avoir rappelé les grandes lignes de la dernière proposition de M. Grundberg, il a dénoncé les agissements hostiles d’un groupe terroriste au titre de la résolution 2624 (2022).

L’Arabie saoudite a appuyé, quant à elle, les efforts de parrainage de la trêve en vue de parvenir à un règlement politique du conflit au Yémen, a affirmé son représentant, qui a aussi a dénoncé les défilés militaires tenus à Hodeïda en dépit de leur interdiction, ainsi que le siège de Taëz.  Il appartient à la communauté internationale de réévaluer ce groupe et son idéologie: il faut qu’il soit qualifié de terroriste, qu’il soit poursuivi et boycotté, et que ses sources de financement soient asséchée, a-t-il exigé. 

 

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La Cinquième Commission informée d’une embellie sur le budget ordinaire de l’ONU

Soixante-dix-septième session,
6e séance - matin
AG/AB/4394

La Cinquième Commission informée d’une embellie sur le budget ordinaire de l’ONU

La Secrétaire générale adjointe chargée des stratégies et politiques de gestion et de la conformité a présenté, aujourd’hui, à la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires la situation financière de l’ONU, se réjouissant d’une embellie sur le budget ordinaire, avant de céder la parole à la Directrice exécutive du Bureau des Nations Unies pour les partenariats et au Groupe des 77 et la Chine. 

Mme Catherine Pollard s’est félicitée de ce que cette année ait reçu au premier trimestre 21 millions de dollars de plus que prévus.  Mais les choses se sont ralenties entre le mois d’avril et le mois de septembre, avec un manque de plus de 250 millions de dollars pendant près de quatre mois et un pic de 279 millions à la fin du deuxième trimestre.  L’ONU, a-t-elle expliqué, ne s’est pas inquiétée parce qu’elle a commencé l’année sur une base solide et que plusieurs États Membres l’ont informée de leur plan de paiement. 

Au mois de septembre, il a tout de même fallu ponctionner le Fonds de roulement pour payer les salaires et heureusement à la fin du même mois, l’ONU a perçu des États Membres une somme de plus de 62 millions de dollars.  La Secrétaire générale adjointe a souligné que la prévisibilité du montant des contributions et du moment où elles sont versées est essentielle pour gérer les liquidités et planifier correctement les dépenses.  Elle a donc appelé les États, qui ont versé leurs contributions plus tôt, à garder ces bonnes habitudes et les autres à les imiter. 

Ces dernières années, a poursuivi la Secrétaire générale adjointe, les mesures restrictives ont permis d’accroître les liquidités et de réduire le risque de voir les activités perturbées, en puisant dans les réserves, dont les soldes des opérations de paix clôturées.  Cette année, il a fallu ponctionner le Fonds de réserve plus tôt que l’année dernière mais il ne sera pas question de puiser dans les soldes des opérations de paix, s’est félicitée Mme Pollard.  Les mesures de restriction des dépenses de ces dernières années ont permis d’échapper à une crise de trésorerie et à la perturbation des activités mais, a-t-elle prévenu, elles ont aussi compromis l’exécution du budget et des mandats. 

En conséquence, l’ONU aurait dû restituer la somme de 279 millions de dollars aux États Membres, mais heureusement ces derniers ont décidé d’allouer 100 millions de dollars des fonds non dépensés au Fonds de roulement, une décision que la Secrétaire générale adjointe a saluée comme opportune et utile puisque la restitution de ces fonds aurait provoqué une autre crise de trésorerie.  Elle a dit s’attendre à un surplus à la fin de l’année dont le niveau dépendra des contributions versées au dernier trimestre.  Elle a montré la liste des 131 États Membres qui avaient payé l’intégralité de leurs contributions au 30 septembre 2022.  Quelque 62 États doivent encore s’acquitter de leur dû. 

S’agissant des opérations de paix, la Secrétaire générale adjointe a indiqué qu’au 30 septembre, une somme de 5 milliards de dollars avait été perçue et qu’il manque encore 3,7 milliards.  À la même date, 43 États avaient payé l’intégralité de leurs contributions.  Les sommes dues aux pays contributeurs de troupes, d’effectifs de police et de matériels sont de 26 millions de dollars pour les opérations actives ou en cours d’être fermées et de 86 millions pour les opérations clôturées, une somme qui sera remboursée au début de l’année prochaine.  Venant aux tribunaux internationaux, la Secrétaire générale adjointe a indiqué qu’au 30 septembre, il manquait encore 55 millions de dollars. 

La santé financière de l’Organisation, a-t-elle conclu, dépend du respect par les États Membres de leurs obligations.  Le Fonds de roulement a été augmenté de 100 millions de dollars et l’Assemblée a autorisé le versement des soldes des tribunaux fermés dans le budget ordinaire et l’utilisation des soldes des opérations de paix clôturées et il faut espérer qu’avec ces mesures, la restriction des dépenses ne sera plus nécessaire. 

Mme Annemarie Hou, Directrice exécutive du Bureau des Nations Unies pour les partenariats, a expliqué que le Bureau sert de passerelle mondiale pour catalyser et créer une collaboration pour accélérer les objectifs de développement durable (ODD).  Il s’agit mobiliser l’action en faveur du Programme 2030 et dans ce cadre, des manifestations, des réunions et des initiatives importantes, telles que la récente semaine virtuelle de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies, qui ont le mérite de mobiliser l’ambition, l’action, la solidarité et les solutions.  Les partenariats de l’ONU ont réalisé d’importantes activités liées aux ODD.  Par exemple, le groupe de musique « BTS » a recueilli plus de 80 millions de vues, contribuant ainsi à la croissance du mouvement mondial en faveur des ODD. 

En outre, le Fonds des Nations Unies pour les partenariats internationaux (FNUPI) constitue la principale interface pour l’engagement du système des Nations Unies avec la Fondation pour les Nations Unies.  Au cours de ces deux dernières décennies, le FNUPI a collaboré avec la Fondation pour les Nations unies sur près de 700 projets novateurs et transversaux dans le monde entier.  En 2021, la Fondation pour les Nations Unies a accordé au FNUPI des subventions d’un montant d’environ 11,9 millions de dollars. 

Par ailleurs, le Fonds des Nations Unies pour la démocratie (FNUD) permet de financer des projets qui renforcent la société civile, promeuvent les droits de l’homme et encouragent la participation de tous les groupes aux processus démocratiques.  Le Fonds, qui dépend entièrement des contributions volontaires des gouvernements, a soutenu plus de 880 projets dans plus de 130 pays.  En 2021, 34 projets ont été lancés pour un coût total de 9,2 millions de dollars. 

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. Jibran Khan Durrani, du Pakistan, a remercié le Bureau des Nations Unies pour les partenariats pour son travail dont il a retenu deux nouvelles initiatives en 2021: un investissement de 20 millions de dollars dans « Women Rise for All » pour promouvoir la santé et l’émancipation économique des femmes pour un relèvement équitable post-COVID-19 et un investissement de 24 millions de dollars dans le Fonds « Nouvelles frontières de recherche pour le relèvement ».

Le représentant a salué l’utilisation efficace des plateformes de médias sociaux par les Championnes et champions des objectifs de développement durable et constaté une amélioration des tendances dans les quinzième et seizième cycles de financement du Fonds des Nations Unies pour la démocratie.  Le Groupe des 77 et de la Chine, a ajouté le représentant, a observé une activité accrue du Fonds des Nations Unies pour les partenariats internationaux dans les domaines de la santé, des filles et de l’éducation.  Le Fonds a agi en tant qu’agent fiscal pour diverses entités des Nations Unies et a déboursé 2,2 millions de dollars, conformément à ses accords fiduciaires en 2021.  Nous voudrions en savoir plus sur ces questions, a conclu M. Durrani. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.