En cours au Siège de l'ONU

L’Assemblée générale clôt son débat général alors que l’humanité entre dans une nouvelle ère de défis et de profondes transformations

Soixante-dix-septième session,
14e séance, Matin
AG/12452

L’Assemblée générale clôt son débat général alors que l’humanité entre dans une nouvelle ère de défis et de profondes transformations

« L’humanité est entrée dans une nouvelle ère de défis complexes et de profondes transformations. »  C’est l’observation principale qu’a tirée le Président de l’Assemblée générale à la conclusion du débat général de la soixante-dix-septième session de l’organe, mettant ainsi fin à un marathon qui a commencé le 20 septembre et qui aura vu défiler à la tribune 190 orateurs, dont 76 chefs d’État et 50 chefs de gouvernement, mais seulement 23 femmes, pour débattre du thème « un tournant décisif: des solutions transformatrices face à des défis intriqués ».

« Cette nouvelle époque, nous ne l’avons pas encore nommée, ni décrite scientifiquement, mais nous sentons qu’elle est arrivée », a déclaré M. Csaba Kőrösi, se disant sûr que de nouvelles pages de l’histoire sont en train d’être écrites, avec de nouveaux défis et de nouvelles priorités, de même que de nouvelles divisions et de nouvelles alliances.

Parmi les autres points communs recensés tout au long de cette semaine de débats, le Président de l’Assemblée générale a cité les préoccupations suscitées par la guerre en Ukraine, de même que les changements climatiques qui « sont en train de nous détruire petit à petit », ainsi que de multiples plaidoyers en faveur d’une amélioration de la situation des droits humains.

Des appels ont également été lancés pour moderniser l’ONU, revitaliser l’Assemblée générale et réformer le Conseil de sécurité, ce qui s’accorde avec ma propre conviction que l’Assemblée générale doit être en mesure de mieux répondre aux défis intriqués et le Conseil de sécurité doit refléter les réalités de ce siècle, a indiqué M. Kőrösi.

Aujourd’hui encore, la guerre en Ukraine se sera imposée comme sujet de vive préoccupation à l’instar du Ministre des affaires étrangères, de la francophonie et des Congolais de l’étranger de la République du Congo qui, s’exprimant en russe, a imploré la Russie et l’Ukraine de donner une réelle chance à la paix.  M. Jean-Claude Gakosso les a ainsi invitées à s’engager, sans délai, dans des négociations sous l’égide des Nations Unies, afin que les affrontements ne fassent pas basculer l’humanité dans une guerre nucléaire généralisée.

Attirant l’attention sur la perturbation des approvisionnements alimentaires et énergétiques provoquée par le conflit, le Ministre des affaires étrangères de la coopération et des Mauritaniens à l’étranger de la Mauritanie, a noté que, sans les efforts des Nations Unies et de la Türkiye pour aboutir à l’accord relatif à la reprise de l’exportation de céréales et d’engrais, le monde aurait connu une catastrophe.  M. Mohamed Salem Ould Merzoug a néanmoins estimé que les mesures prises par la communauté internationale restaient limitées, appelant notamment à l’annulation de la dette extérieure des pays du continent africain.

Au sujet des changements climatiques, autre thème récurrent de cette dernière journée du débat général, le Ministre des affaires étrangères du Cameroun, M. Lejeune Mbella Mbella, a jugé plus qu’urgent que des actions soient menées pour finaliser les règles d’application de l’Accord de Paris.  À son instar, de nombreux dignitaires ont espéré que la COP27 en Égypte débouchera sur des solutions décisives.  La représentante de Nauru a toutefois dit appréhender la COP27 « sans naïveté », les grands émetteurs de CO2 manquant, selon elle, d’engagements et d’actions pour réduire les effets sur le climat.

Pour le Ministre des affaires étrangères et des expatriés de la République arabe syrienne, les changements climatiques, ainsi que les guerres, les conflits, et la crise économique et alimentaire, seraient les conséquences de l’hégémonie de certains pays qui veulent s’approprier les richesses d’autrui, semant la destruction.  Appelant à la levée des sanctions imposées à plusieurs pays dans le monde, dont le sien, M. Fayssal Mekdad a également dénoncé la politisation de la question humanitaire par les pays occidentaux.

Exhortant, lui aussi, à mettre fin aux blocus qui témoignent de la « perversion du système et du modèle impérialiste et capitaliste », le Ministre des affaires étrangères du Nicaragua, M. Denis Ronaldo Moncada Colindres, a exigé la reconnaissance des particularités, des modes de vie et des aspirations diverses de la communauté internationale, appelant à faire plus pour une ONU représentative de tous ses Membres.  La Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, Mme Retno Lestari Priansari Marsudi, a proposé pour sa part un ordre mondial basé sur un nouveau paradigme d’engagement et de collaboration, déplorant la prévalence d’une gouvernance économique mondiale qui justifie la règle du plus fort.

Le volet des droits humains a été plus abondamment abordé par la Ministre des affaires étrangères du Canada qui, évoquant la situation dans la région du Xinjiang en Chine, a soutenu qu’on ne peut se cacher derrière le prétexte de la souveraineté nationale pour commettre des violations.  Il y a des limites à « défendre l’indéfendable », a affirmé Mme Mélanie Joly.  La Ministre s’est aussi inquiétée du non-respect du droit à la santé sexuelle et reproductive des femmes et des filles dans de nombreux pays, assurant que le Canada défendra toujours le droit des femmes de choisir.

Le Ministre des affaires étrangères de l’Uruguay, M. Franciso Bustillo, a lui aussi fait un plaidoyer vibrant en faveur des droits humains, demandant toutefois que le débat sur cette question se fasse de manière « non politisée ».

L’Assemblée générale, qui a entendu près d’une dizaine de pays exercer leur droit de réponse, a par ailleurs décidé de réélire M. Filippo Grandi, de l’Italie, en tant que Haut-Commissaire pour les réfugiés pour une période de deux ans et demi commençant le 1er juillet 2023 et se terminant le 31 décembre 2025.

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans Journal des Nations Unies.

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL

M. FAYSSAL MEKDAD, Ministre des affaires étrangères et des expatriés de la République arabe syrienne, a déclaré que les guerres, les conflits, la crise économique et alimentaire, ainsi que les changements climatiques sont les conséquences de l’hégémonie de certains pays qui veulent s’approprier les richesses d’autrui, semant la destruction.  En Syrie, ils ont qualifié les terroristes de membres de l’opposition modérée et imposent des sanctions qui sont une méthode de punition collective contre les populations syriennes.  La guerre contre la Syrie est une tentative de l’Occident de dominer le monde, a-t-il ajouté, tout en se déclarant ravi que cette guerre a échoué même si elle est pénible et douloureuse pour les Syriens. 

M. Mekdad a également dénoncé Israël qui pousse la région dans l’insécurité, pointant son escalade militaire, la judaïsation des terres arabes, l’occupation, les arrestations arbitraires et la discrimination raciale.  Ces crimes sont inacceptables et Israël doit rendre des comptes, a insisté le Ministre avant de réitérer son appui à la création de l’État de Palestine, au retour des réfugiés palestiniens dans leur terre et à l’adhésion de la Palestine à l’ONU.  Il a aussi vertement critiqué l’occupation du Golan syrien depuis 1967, décriant les changements démographiques imposés par Israël et l’exploitation des ressources naturelles syriennes.  De même, il a accusé Israël de soutenir le Front el-Nosra et Daech et de détruire des ports civils, entre autres, avant de souligner que la Syrie se réserve le droit de se défendre contre l’agression israélienne.

Notant que toute présence militaire illégale en Syrie va à l’encontre de la souveraineté du pays, le Ministre a souligné que la lutte contre le terrorisme doit se faire avec la Syrie dans le respect du droit international, enjoignant les milices séparatistes à s’abstenir d’appuyer les occupants.  Depuis la crise en 2011, la Syrie a privilégié le dialogue en décrétant l’amnistie pour les crimes terroristes afin d’appuyer la réconciliation nationale et de la stabilité.  Cet effort sera poursuivi car il a permis le retour à la vie normale pour de nombreux Syriens, a indiqué M. Mekdad.  Il a ensuite évoqué l’organisation des élections des conseillers locaux auxquelles se sont présentés 59 000 candidats.

Le Ministre a ensuite fait part de son soutien aux réunions dans le cadre du format d’Astana et demandé à la Türkiye de respecter les résultats de ce format.  De même, il a dit suivre avec intérêt le travail de la Commission constitutionnelle.  Il a pourfendu le vol des ressources naturelles syriennes dont les pertes de 2011 à 2022 ont atteint 107 milliards de dollars.  La Syrie demandera des compensations, a fait savoir le Ministre.  Offrant l’aide de son gouvernement à l’ONU pour venir en aide aux réfugiés, il a dénoncé la politisation par les pays occidentaux de la question humanitaire.  Avant de terminer, il a soutenu le droit de la Russie et de l’Iran à se défendre contre l’hégémonie occidentale et a fait part de son appui à une Chine unie.  Il a aussi dénoncé le blocus contre Cuba, appelé à mettre un terme aux manœuvres militaires dans la péninsule coréenne, demandé la levée des sanctions contre la Syrie, la Russie, l’Iran, le Zimbabwe, le Venezuela, la RPDC, le Nicaragua et l’Érythrée. 

M. JEAN-CLAUDE GAKOSSO, Ministre des affaires étrangères, de la francophonie et des Congolais de l’étranger de la République du Congo, a appelé les États à adopter une approche consensuelle, solidaire, apaisée et coordonnée pour faire face à la situation qui aggrave les fragilités communes et met en évidence les vulnérabilités collectives.  En raison de l’énorme risque de désastre nucléaire causé par la guerre en Ukraine, il a appelé les protagonistes et les puissances étrangères pouvant influencer le cours des événements à tempérer leurs ardeurs et à tourner le dos à la « vanité des puissants » qui ferme pour l’instant la porte au dialogue.  Il les a invités à s’engager, sans délai, dans des négociations de paix sous l’égide des Nations Unies, afin que les affrontements ne fassent pas basculer l’humanité dans un cataclysme irrémédiable sous forme d’une guerre nucléaire généralisée. 

S’exprimant en russe, il a exhorté la Russie et l’Ukraine à faire cesser cette guerre, les invitant à se battre pour la vie, comme ils avaient combattu ensemble avec courage et abnégation contre les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.  Il les a implorées de donner une réelle chance à la paix avant qu’il ne soit trop tard.  Repassant au français, il a dressé un parallèle avec la situation dramatique que vit la Libye depuis 2011, soulignant les efforts de paix déployés par son pays, à l’image des consultations entre plusieurs acteurs libyens à Brazzaville les 14 et 15 juillet derniers.

Soulignant que les forêts du bassin du Congo constituent le second réservoir écologique de la planète et attendent toujours un soutien à la hauteur de l’enjeu qu’elles représentent, le Ministre a exhorté les pays riches à tenir les engagements pris depuis Copenhague jusqu’à Glasgow, mais jusque-là non tenus.  Il a également émis l’espoir que la COP27, qui aura lieu en Afrique, permette enfin de mobiliser des ressources substantielles en faveur des pays pauvres que le dérèglement climatique a rendus encore plus vulnérables.  Le Ministre a signalé la mise en place du fonds bleu pour le bassin du Congo, qui démontre l’engagement de la République du Congo à la préservation de l’environnement, et a annoncé le lancement prochain d’un partenariat des leaders sur les forêts et le climat.  Enfin, il a plaidé pour la réforme du Conseil de sécurité, pour que l’Afrique soit prise en compte et ait sa place dans le concert des Nations.  Avant de conclure, il a appelé à mettre fin à l’embargo sur Cuba, qu’il a jugé anachronique et désuet.

M. OSMAN SALEH MOHAMMED, Ministre des affaires étrangères de l’Érythrée, a jugé condescendant pour certains États de vouloir dominer d’autres, et ne pas leur laisser des choix indépendants et souverains dans leur politique internationale.  Il a pris l’exemple du Moyen-Orient où ce genre de politiques à conduit à des épisodes d’instabilité, ce qui laisse croire que « ce système n’est pas fonctionnel et ne convient pas aux intérêts des peuples du Sud ».  Le Ministre a également décrié l’individualisme outré qui sape le tissu social, ainsi que le consumérisme qui a conduit au dérèglement climatique.  L’Érythrée a subi les foudres des sanctions internationales et d’autres actes visant à saper sa souveraineté, a-t-il ajouté, appelant à corriger cette tendance fâcheuse.  Il a ensuite plaidé pour que l’ONU mette en place un nouvel ordre mondial consensuel.  Il a appelé au respect de l’indépendance politique et la souveraineté de tous les peuples, et à une refonte de l’ordre international. 

M. FRANCISCO BUSTILLO, Ministre des affaires étrangères de l’Uruguay, a dénoncé la guerre de la Russie en Ukraine et demandé le retrait des troupes russes.  S’agissant des changements climatiques, il a espéré que la communauté internationale parviendra à un accord à la prochaine COP27.  Pour faire face aux crises internationales, le Ministre a préconisé de renforcer l’efficacité du système multilatéral et les organisations régionales pour qu’ils soient plus préventifs.  Réitérant l’engagement de l’Uruguay pour la réalisation du Programme 2030, M. Bustillo a regretté les difficultés que rencontrent les pays en transition pour trouver des financements consensuels afin de soutenir leur développement. 

Le Ministre a ensuite fait un plaidoyer vibrant en faveur des droits de l’homme qui doivent être respectés par tous les acteurs internationaux.  Il a demandé toutefois que le débat sur cette question se fasse de manière « non politisée ».  Préoccupé par les flux migratoires et les abus perpétrés contre des millions de personnes déplacées dans le monde, M. Bustillo a également rappelé le rôle de la Cour pénale internationale (CPI) contre les atrocités de masse et le génocide.  Réaffirmant le soutien de son gouvernement aux opérations de paix de l’ONU, il a informé que l’Uruguay a adopté en janvier son plan d’action national sur les femmes, la paix et la sécurité.  Il a en outre demandé un engagement ferme de la communauté internationale sur la non-prolifération et le désarmement.  Pour faire face aux trafics de drogue et aux crimes organisés, le Ministre a annoncé l’augmentation du niveau de sécurité de son pays.  S’agissant de la cybercriminalité, l’Uruguay a fait une demande pour intégrer à la Convention de Budapest sur la cybercriminalité.  Enfin, préoccupé par la remise en question de la démocratie et l’état de droit dans le monde, il a plaidé pour la protection de ces valeurs face aux menaces et aux défis. 

M. MOHAMED SALEM OULD MERZOUG, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et des Mauritaniens à l’étranger de la Mauritanie, a souligné que la guerre en Ukraine avait perturbé les approvisionnements alimentaires et énergétiques, entraînant une hausse des prix des matières premières.  Sans les efforts des Nations Unies et de la Türkiye pour aboutir à l’accord relatif à la reprise de l’exportation de céréales et d’engrais, le monde aurait connu une catastrophe, a-t-il noté.  Il a néanmoins estimé que les mesures prises par la communauté internationale restaient limitées, appelant notamment à l’annulation de la dette extérieure des pays du continent africain. 

Préoccupé par le fossé qui se creuse entre, d’une part, un monde qui est entré dans la quatrième révolution industrielle et l’ère de l’intelligence artificielle et, d’autre part, un monde qui souffre encore du poids de la pauvreté et du sous-développement, le Ministre a appelé à évaluer l’efficacité des approches et des plans adoptés pour relever les défis communs.  La Mauritanie, a-t-il fait savoir, a franchi des étapes importantes sur la voie de l’établissement des valeurs d’égalité, de justice et de démocratie.  Il a également cité les libertés individuelles et collectives, ainsi que la liberté de la presse, de concertation et de participation de la société civile dans les stratégies de développement.  De même, il a mis l’accent sur les efforts visant à protéger et à promouvoir les droits de la personne en luttant contre les formes modernes d’esclavage et la traite des êtres humains, ainsi qu’en luttant contre l’immigration clandestine.  Il a, enfin, évoqué le renforcement des infrastructures et le développement du système de santé, le contrôle du prix des matières premières, ainsi que les programmes en faveur de la formation de la jeunesse et de la participation des femmes. 

Insistant ensuite sur la nécessité d’une approche intégrale pour lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes, le Ministre mauritanien a affirmé que le G5 Sahel constituait un cadre indispensable et a appelé au soutien de la communauté internationale pour faire face aux obstacles auxquels ses États sont confrontés.  Il s’est par ailleurs félicité que 40% de l’énergie totale produite par la Mauritanie est renouvelable et a souligné les résultats prometteurs des efforts visant à enrayer la désertification, rationaliser l’exploitation des ressources marines et restaurer la biodiversité.  Dans ce cadre, la Mauritanie fonde de grands espoirs sur la COP27 en Égypte, a-t-il indiqué, avant d’exhorter les pays industrialisés à respecter leurs engagements et réduire les émissions conformément à l’Accord de Paris.  Enfin, le Ministre des affaires étrangères a renouvelé son appui à la création d’un État palestinien indépendant et appelé à trouver une solution pacifique au Yémen, au Sahara occidental, au Mali et en Ukraine. 

Mme RETNO LESTARI PRIANSARI MARSUDI, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, a proposé un ordre mondial basé sur un nouveau paradigme.  « Un paradigme gagnant-gagnant, et pas à somme nulle.  Un paradigme d’engagement et pas d’endiguement.  Un paradigme de collaboration et pas de compétition. »  Elle a expliqué la raison d’être de ce nouveau paradigme par le besoin de raviver l’esprit de paix.  Le déficit de confiance engendre la haine et la peur et peut conduire à un conflit, a-t-elle averti.  Elle a appelé à la confiance stratégique et au respect du droit international, sachant que les principes fondamentaux de souveraineté et d’intégrité territoriale ne sont pas négociables.  Nous devons également appliquer ce nouveau paradigme pour faire une percée en Palestine et en Afghanistan, a-t-elle préconisé.

La solidarité mondiale s’estompe, a encore déploré la Ministre, alors que l’injustice et l’égoïsme abondent.  La gouvernance économique mondiale est utilisée pour justifier les règles du plus fort, a-t-elle dénoncé.  Pour elle, la pandémie nous a enseigné une leçon précieuse: personne n’est en sécurité tant que tout le monde ne l’est pas.  Cette leçon façonne les priorités de la présidence indonésienne du G20, a-t-elle indiqué.  « Le monde entier place ses espoirs dans le G20 pour être un catalyseur de la reprise mondiale, en particulier pour les pays en développement. »  À cet égard, Mme Marsudi a souligné l’importance de la responsabilité collective pour réaliser le Programme 2030 et lutter contre les changements climatiques, et plaidé pour le renforcement du partenariat régional.  « L’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) refuse d’être un pion dans une nouvelle guerre froide », a-t-elle affirmé.  Au lieu de cela, a poursuivi la Ministre, l’ASEAN promeut activement le paradigme de la collaboration entre États.  L’engagement de l’Indonésie est de forger l’unité de l’ASEAN comme locomotive pour la paix, la stabilité et la prospérité de la région, et de renforcer la centralité de l’Association dans le façonnement de l’ordre régional dans la région Indopacifique.  Enfin, en ce qui concerne le Myanmar, la Ministre a marqué sa préoccupation face à la non mise en œuvre du consensus en cinq points par les autorités.

M. RAMTANE LAMAMRA, Ministre des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger de l’Algérie, a déploré la polarisation des relations internationales manifestée notamment par la crise en Ukraine.  Cette situation montre l’urgence de garantir l’égalité et la parité entre tous les États pour mettre un terme à la marginalisation des pays en développement.  Les défis mondiaux exigent des solutions intégrées et transformatrices, a estimé le Ministre qui a fait savoir que l’Algérie s’apprête à accueillir le Sommet de la Ligue arabe en novembre, l’occasion pour les pays arabes de contribuer aux résolutions des défis régionaux et internationaux.

Poursuivant, M. Lamamra a souligné que la question de la Palestine est la clef de stabilité et de la paix au Moyen-Orient.  Il a soutenu le droit des Palestiniens à un État indépendant et souverain et la demande de la Palestine de devenir membre à part entière de l’ONU.  Le Ministre a aussi appuyé le droit du peuple du Sahara occidental à mettre un terme à l’occupation.  L’ONU doit redoubler d’effort pour appuyer la reprise des négociations directes afin de parvenir à une solution mutuellement acceptable.  Au Mali, il a demandé à la communauté internationale de soutenir les parties maliennes dans la mise en œuvre de tous les engagements pris dans le cadre de la transition et à mettre un terme aux ingérences étrangères dans ce pays.  Il a ensuite appelé à aider la Libye à organiser des élections justes afin de mettre en place un État démocratique et moderne.

Au Sahel, l’Algérie entend renforcer ses efforts en coordination avec les États concernés pour garantir des réponses à la hauteur du défi du terrorisme, a fait savoir M. Lamamra, ajoutant que son gouvernement promeut l’intégration économique et le développement durable, la paix et la sécurité dans la région.  Au niveau continental, il s’est insurgé contre les ingérences extérieures en Afrique et exhorté la communauté internationale à soutenir l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  Le continent africain est capable d’offrir un modèle de civilisation qui place l’homme au cœur des préoccupations sur la base de la justice et de la liberté, a-t-il soutenu, avant d’annoncer la candidature de l’Algérie au Conseil de sécurité pour la période 2024-2025.

M. DENIS RONALDO MONCADA COLINDRES, Ministre des affaires étrangères du Nicaragua, a dénoncé le comportement colonialiste et impérialiste de l’Europe et de l’Amérique du Nord et leur tentative d’imposer une société gouvernée et administrée par eux, les qualifiant de « criminels contre l’humanité ».  Le Ministre a exigé la reconnaissance des particularités, des modes de vie et des aspirations diverses de la communauté internationale, appelant à faire plus pour une ONU représentative de tous ses Membres.  Il a exhorté à mettre fin aux blocus, sanctions ou agressions illicites qui témoignent, selon lui, de la « perversion du système et du modèle impérialiste et capitaliste », et à se rebeller contre le capitalisme.  Il a défendu l’application du principe d’égalité souveraine des États dans le cadre d’un monde multipolaire.

M. Moncada Colindres a exprimé sa solidarité avec le Venezuela, Cuba, le peuple palestinien, la Fédération de Russie dans sa bataille « contre le fascisme et pour la sécurité », et l’intégrité et la paix en général.  Il a embrassé la résistance et le développement de la Chine qui génère tant d’inquiétude et d’envie chez les « ennemis du bien commun ».  Le Ministre a encore affirmé être uni avec la Syrie, la République arabe sahraouie démocratique, le Bélarus, les peuples d’Asie, d’Afrique, d’Amérique et des Caraïbes dans le combat pour l’avènement d’un autre monde, « indispensable et inévitable ».

M. OTHMAN JERANDI, Ministre des affaires étrangères de la Tunisie, a salué le fait que « Notre programme commun » du Secrétaire général table sur des solutions communes pour parvenir au développement durable.  Il a déploré que certains peuples soient laissés de côté alors qu’ils font face à divers défis.  Nos peuples se demandent si la communauté internationale sera capable d’entreprendre des solutions transformatrices et surmonter les crises mondiales qui ne cessent de s’aggraver, a noté le Ministre, pour qui les solutions d’aujourd’hui devraient prévenir les problèmes de demain.  Déplorant le traitement circonstanciel des crises qui ne touchent pas aux racines, il a appelé à des solutions nouvelles et justes.  Ces solutions ne peuvent être élaborées qu’en collaboration et coordination avec les Nations Unies, en tenant compte d’autres cadres appropriés, a-t-il relevé.

Le Ministre a appelé à une nouvelle approche de la gestion de la dette, en tenant compte de la situation spécifique de chaque pays.  Il a notamment plaidé pour une restructuration de la dette, insistant en outre sur l’importance de restituer aux peuples leurs biens volés.  Estimant qu’on ne peut venir à bout des défis actuels sans faire valoir la paix et la sécurité internationales, il a appelé à gérer les situations de conflit, notamment en œuvrant pour une Palestine indépendante.  Il n’y a pas de modèle universel qui convienne à tous, a-t-il rappelé, tout en insistant sur le fait que les choix de chaque pays incombent aux autorités nationales.  Pour sa part, la Tunisie a fait le choix de la démocratie.  Il a souligné que les enjeux actuels exigent que chacun fasse preuve d’une volonté commune pour passer du diagnostic à l’action et renforcer le multilatéralisme.  Nos peuples ne veulent plus de promesses creuses, et il est temps de bâtir un monde meilleur, a déclaré M. Jerandi.

M. TANDI DORJI, MBBS, MD, Ministre des affaires étrangères du Royaume du Bhoutan, a lu une lettre de Chimi, une fillette originaire du village himalayen de Lunana dont la survie est menacée par le réchauffement de la planète.  « Je suis sûre que si nous nous unissons, nous pourrons non seulement sauver notre petit village, mais aussi rendre notre Terre sûre pour tous les êtres vivants », a-t-elle écrit, malgré la fonte des glaces sur les montagnes environnantes.  Les effets négatifs des changements climatiques affectent de manière disproportionnée les communautés les plus vulnérables du monde, et ce, à un rythme accéléré, s’est inquiété M. Dorji. « Et, la grande ironie est que ce n’est pas leur faute. »  Il n’est pas trop tard pour inverser ces tendances, a assuré le Ministre, mais la fenêtre se referme rapidement.

Afin d’atteindre les objectifs de développement durable et de mettre en œuvre l’Accord de Paris sur le climat, nous devons assurer un financement prévisible, un soutien technologique adéquat et le renforcement des capacités des pays en développement sans littoral, des pays les moins avancés et des petits États insulaires en développement (PEID), a insisté le Ministre.  Il faut renforcer la résilience des communautés qui vivent dans les montagnes et leur offrir des alternatives durables leur permettant de continuer à vivre en harmonie avec la nature, notamment au moyen d’une agriculture et d’un tourisme durables.  Juste au moment où nous nous relevions de la pandémie de COVID-19, nous avons été frappés par un conflit qui a entraîné une flambée des prix des denrées alimentaires, de l'énergie et des engrais, amplifiant la faim et la malnutrition, a en outre déploré M. Dorji.  Le Bhoutan se prépare par ailleurs à déployer sa première unité militaire dans le cadre d’une opération de maintien de la paix, au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), a indiqué le Ministre.

Mme MÉLANIE JOLY, Ministre des affaires étrangères du Canada, a estimé que les défis actuels sont immenses et plaidé pour plus de multilatéralisme et des Nations Unies qui soient efficaces, efficientes, pertinentes et responsables.  Elle a indiqué que la semaine dernière, la délégation canadienne dirigée par le Premier Ministre Justin Trudeau a rencontré des dirigeants et des membres d’associations civiles du monde entier, prenant note des préoccupations soulevées à cette occasion au sujet de la guerre en Ukraine, du redressement inéquitable suite à la COVID-19, de la réalisation des ODD et des changements climatiques, entre autres.

Elle a décrié la décision du Président Putin d’enrôler plus de jeunes dans « sa guerre de choix », s’indignant, en outre, des charniers découverts à Izioum.  Les répercussions de cette guerre illégale se font profondément ressentir dans le monde entier, s’est inquiétée la Ministre qui a encouragé à aborder la crise mondiale de la sécurité alimentaire et les autres conséquences de l’invasion illégale avec imagination et détermination.  Elle a souligné que ceux qui enfreignent la loi doivent être punis par la force de la loi, notant qu’un siège permanent au Conseil de sécurité n’accorde pas une licence pour tuer, et encore moins l’impunité.

Passant aux conséquences de la COVID-19 qui a fauché la vie de près de 6,5 millions de personnes dans le monde, elle a fait part de la détermination de son gouvernement à mettre fin à cette pandémie et à en prévenir d’autres.  Elle a aussi indiqué que la semaine dernière, le Premier Ministre Trudeau s’est engagé à investir 1,2 milliard de dollars pour soutenir le combat contre le VIH, la tuberculose et la malaria.  Elle a appelé à agir un sentiment d’urgence face aux changements climatiques, précisant que le Canada s’est doté d’un plan crédible pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40 à 45% d’ici à 2030, et atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050.  Mon pays sera également heureux d’accueillir le monde, à Montréal, pour la COP15 sur la biodiversité, sous la présidence de la Chine, a-t-elle ajouté.

S’agissant de la démocratie et de la problématique de la désinformation, la Ministre s’est alarmée que certains pays restreignent les libertés civiles et violent les droits de la personne.  Ce phénomène est particulièrement visible dans la région du Xinjiang en Chine, a-t-elle relevé, estimant que la publication du rapport des Nations Unies sur les droits de la personne constitue une étape essentielle.  On ne peut se cacher derrière le prétexte de la souveraineté nationale pour violer les droits humains, a soutenu Mme Joly pour qui il y a des limites à « défendre l’indéfendable ».

Fière de la politique étrangère féministe du Canada, la Ministre s’est inquiétée du sort des femmes et des filles en Afghanistan, empêchées par les Taliban d’aller à l’école.  Au Myanmar, des femmes courageuses qui réclament le retour du système démocratique sont emprisonnées par la junte militaire, torturées et soumises à d’horribles actes de violence sexuelle, a-t-elle dénoncé.  Et en Iran, les femmes qui manifestent contre la mort de Mahsa Amini sont arrêtées ou menacées à l’arme à feu.  Elle a indiqué que son premier Ministre a annoncé, aujourd’hui même, que les responsables seront sanctionnés, y compris la soi-disant « police de la moralité » iranienne et ses dirigeants.

La Ministre s’est aussi inquiétée de la montée de la violence et de la répression, et du non-respect du droit à la santé sexuelle et reproductive des femmes et des filles dans de nombreux pays, déplorant un choix délibéré et assurant que le Canada défendra toujours le droit des femmes de choisir.  Elle a aussi fait part de la détermination de son pays à lutter contre le racisme systémique et à prendre des mesures concrètes pour poursuivre la réconciliation avec les peuples autochtones.  « Nous travaillons sans relâche pour aborder ce chapitre sombre de notre histoire », a-t-elle dit.

M. LEJEUNE MBELLA MBELLA, Ministre des affaires étrangères du Cameroun, a constaté que les rivalités entre puissances se développent partout et dénoncé les effets collatéraux de ces foyers de tensions, qui se traduisent par des pertes en vies humaines et en matériels, des migrations, des détériorations de l’environnement, des dérèglements des systèmes financiers et des crises alimentaire et énergétique.  Pour ce qui est du conflit russo-ukrainien, le Ministre a rappelé que son pays a, dès le début de la crise, appelé les deux parties à ouvrir des négociations en vue de parvenir à une solution concertée.  S’agissant des conflits qui perdurent en Afrique, il a regretté que certains partenaires viennent très souvent avec des « recettes préconçues ».  À ses yeux, il importe que la voix de l’Afrique soit écoutée et soutenue, surtout lorsqu’elle est portée par l’Union africaine.  Dans un contexte mondial où les engagements internationaux ne sont plus tenus ou le sont « au compte-gouttes », il n’est pas exagéré, selon lui, d’affirmer que « le sort de l’homme et le destin de l’humanité sont en jeu ». 

Face au principal défi, à savoir la crise climatique, le Ministre a appelé au respect des engagements pris dans le cadre des conférences internationales.  Il est plus qu’urgent que des actions soient menées pour finaliser les règles d’application de l’Accord de Paris, a-t-il plaidé, affirmant attendre de la COP27 en Égypte des solutions décisives.  Le Cameroun a pris l’engagement de réduire ses émissions de gaz à effet de serre et mis sur pied un cadre juridique et institutionnel pour y parvenir.  De plus, grâce au massif forestier du bassin du Congo, l’un des poumons écologiques du globe, les pays d’Afrique centrale apportent une contribution majeure à la recherche de solutions, a relevé M. Mbella Mbella, avant de réclamer qu’en contrepartie, les ressources financières et technologiques promises par les pays développés leur soient enfin octroyées.  Il en va de même pour les financements nécessaires à la mise en œuvre de l’initiative « Sahel vert » ou de la restauration du bassin du lac Tchad. 

Abordant ensuite la question migratoire, qu’il a qualifiée de « tragédie humaine », le Ministre a rappelé que le Cameroun accueille plus d’un demi-million de réfugiés et de demandeurs d’asile, ce qui le classe au dix-neuvième rang des pays d’accueil de réfugiés dans le monde.  Il a précisé que son pays, où s’est tenue en avril dernier la Conférence ministérielle régionale sur les solutions aux déplacements forcés liés à la crise centrafricaine, prend une part active à toutes ces initiatives, conformément au Pacte mondial sur les réfugiés.  Il a d’autre part alerté sur la recrudescence des opérations terroristes de Boko Haram dans le bassin du lac Tchad et la partie septentrionale du Cameroun, appelant à la mutualisation des moyens de lutte contre ce fléau pour renforcer les capacités des États qui en sont victimes.  Tout en remerciant les partenaires qui prêtent assistance à la Force multinationale mixte mise sur pied par les pays du bassin du lac Tchad pour éradiquer Boko Haram, il a souhaité que cette aide soit accrue, compte tenu du foisonnement des groupes terroristes régionaux affiliés à Daech.  Enfin, après avoir souligné les efforts consentis par son gouvernement pour mettre fin à la crise sociopolitique dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun, M. Mbella Mbella a assuré que son pays reste engagé à parachever le projet démocratique qu’il s’est fixé.

M. BHARAT RAJ PAUDYAL, Ministre des affaires étrangères du Népal, a déclaré que le monde vit un moment décisif.  Mais il y a un espoir, a-t-il ajouté, citant l’exemple du Népal où 96% de la population a été vaccinée contre la COVID-19.  Il a cependant regretté que ce ne soit pas le cas partout plaidant pour l’équité vaccinale afin que personne ne soit laissé de côté.  Il a fait savoir que le Népal a besoin d’un investissement annuel moyen de 19 milliards de dollars pour atteindre tous les ODD.  Toutefois, en raison du manque de financement, les gains sont menacés à un moment où le pays s’apprête à sortir, d’ici à 2026, de la catégorie des pays les moins avancés, s’est inquiété le Ministre qui a souligné que le Népal a besoin d’investissements supplémentaires, de transfert de technologie, d’aide au commerce et d’assistance technique.  Il faut en outre garantir des réglementations commerciales ouvertes, équitables et transparentes afin que tous les pays puissent en bénéficier, a-t-il ajouté avant d’appeler à la réforme de l’architecture financière internationale, pour la rendre inclusive, équitable et bénéfique pour tous.

Pour faire face au fardeau des changements climatiques, le Gouvernement a élaboré des plans d’adaptation, a ensuite informé le Ministre avant d’exiger que les grands pollueurs prennent des mesures pour maintenir l’objectif climatique de 1,5 °C.  L’engagement de 100 milliards de dollars de financement climatique doit devenir une réalité et la COP27 doit passer des promesses à l’action, a insisté M. Raj Paudyal.  Il a aussi milité pour l’élimination dans un délai clair des armes nucléaires et le désarmement en général, y compris les armes biologiques, chimiques, nucléaires et radiologiques, exprimant en outre son opposition à la course aux armements dans l’espace.  Le Ministre a également demandé de relancer le Processus de Katmandou.  Préoccupé par les répercussions de la guerre en Ukraine, il a appelé à une cessation urgente des hostilités et de la violence et exhorté les parties à faire preuve de retenue et à reprendre la voie du dialogue.  Il a également touché mot de la situation au Myanmar, plaidant pour le respect de la volonté du peuple d’élire ses représentants et le rétablissement du processus démocratique.

M. MARC HERMANNE GNINADOOU ARABA, (Bénin), a appelé au respect du droit international, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté nationale de l’Ukraine.  Il a estimé que la menace terroriste et la piraterie maritime qui sévissent en Afrique de l’Ouest étaient loin d’être des problématiques purement régionales, et ajouté qu’elles nécessitent de facto une « réponse immédiate de la communauté des nations ». Au sujet du développement durable, « le temps n’est plus au diagnostic » a déclaré le délégué.  Le développement de l’Afrique doit continuer de faire l’objet de réflexions fécondes, a-t-il estimé, mais il est urgent de les accompagner par des actions concrètes. Pour sa part, le Bénin s’est engagé à assurer à tous ses citoyens un minimum social commun pour satisfaire leurs besoins vitaux.  Le pays, a-t-il expliqué, s’investit à trouver les fonds nécessaires à son développement, notamment à travers l’émission d’Euro bonds consacrés aux objectifs de développement durable (ODD).

M. Araba a appelé à des efforts conjugués face aux changements climatiques, qui constituent une menace « existentielle » pour le Bénin.  Il a mentionné notamment la désertification, l’érosion côtière, la salinisation continue des eaux douces qui frappent le pays.  À ce titre, le Bénin nourrit de grands espoirs à l’approche de la COP27.  Le Bénin continuera d’apporter sa contribution pour promouvoir et faciliter activement toutes les initiatives concourant à l’atteinte des ODD, a assuré le délégué.  Ceux-ci constituent le moyen le plus concret et le plus sûr de garantir le respect des droits de la personne humaine, a-t-il ajouté.  Il a déclaré que le Bénin s’investit dans la mobilisation des ressources afin d’assurer aux populations les plus vulnérables l’accès à l’alimentation, l’éducation ou la santé.  Le délégué a plaidé pour le renforcement d’un multilatéralisme véritablement inclusif, et rappelé que son pays soutient nombre d’initiatives diplomatiques en cours au à l’ONU.

M. SONG KIM, (République populaire démocratique de Corée), a noté à son tour que le monde a été confronté à des défis de toutes sortes au cours de l’année écoulée et que son pays n’y a pas échappé.  Il a ainsi indiqué que la crise sans précédent, provoquée par le « virus malin », s’est propagée fin avril à travers la RPDC, entraînant une riposte immédiate de son gouvernement.  Cette politique antiépidémique scientifique, transparente et rapide a permis de vaincre le virus en l’espace de 100 jours, s’est-il enorgueilli, saluant l’unité d’action volontaire et l’éthique sociale de l’entraide propre au système socialiste de son pays, mais aussi les pays et organisations internationales qui ont prêté assistance à la RPDC.  Malgré cette crise sanitaire mondiale, à laquelle s’ajoutent des conditions météorologiques anormales, le Gouvernement a réussi à développer et améliorer les moyens de subsistance de la population nationale, grâce à une croissance régulière des secteurs agricole et industriel, a-t-il encore affirmé, vantant une atmosphère sociale « pleine de dynamisme et de vigueur ».

Le représentant a toutefois relevé que ces succès ont été enregistrés alors que la péninsule coréenne traverse un cycle de tensions dû à l’hostilité croissante des États-Unis et de leurs alliés à l’égard de la RPDC.  Selon lui, l’un des principaux prétextes des États-Unis et de leurs vassaux, pour justifier leurs menaces, est que la RPDC possède des armes nucléaires d’autodéfense.  Répondant au Président américain, qui a accusé la RPDC de violer de manière flagrante les résolutions de l’ONU, il a indiqué que son pays ne reconnaîtra jamais de telles résolutions qui « nous imposent des sanctions parce que nous ne respectons pas les règles édictées unilatéralement par les États-Unis ».  Alors que d’autres pays détiennent des armes nucléaires, la RPDC est la seule à être soumise à des « résolutions de sanctions », s’est-il indigné, en dénonçant la « connivence » de l’ONU.  De plus, a-t-il poursuivi, les États-Unis prévoient de mener des exercices militaires conjoints, ce qui pourrait conduire la péninsule coréenne aux portes d’une guerre.  C’est dans ce contexte de menaces militaires qu’une loi sur la politique des forces nucléaires nationales a récemment été adoptée à l’unanimité par l’Assemblée populaire suprême, reflétant la volonté générale de tout le peuple coréen, a souligné le délégué, pour qui les États-Unis entendent maintenir leur hégémonie en élargissant des systèmes d’alliances militaires qui sont l’héritage de la guerre froide.

Face à cette réalité, l’ONU doit selon lui s’acquitter pleinement des missions inscrites dans sa Charte et faire respecter les principes d’impartialité et d’objectivité, notamment au sein de son Conseil de sécurité.  Tant que les « deux poids, deux mesures », l’injustice, l’autoritarisme et l’arbitraire des États-Unis ne sont pas supprimés, les décisions du Conseil ne pourront ni avoir une force contraignante ni contribuer à la paix et à la sécurité mondiales, a-t-il martelé, avant de se prononcer pour une meilleure représentation des pays en développement, majoritaires à l’ONU, au sein de cet organe.  Pour que l’ONU conserve une crédibilité, les principes de sa Charte, à commencer par l’égalité souveraine des États et l’autodétermination des peuples, doivent être strictement observés, a renchéri le représentant, non sans profiter de l’occasion pour appeler à la levée de l’embargo américain contre Cuba et exprimer sa solidarité avec les peuples syrien et palestinien, ainsi qu’avec tous ceux qui luttent pour repousser l’ingérence étrangère et sauvegarder leur indépendance, leur souveraineté et leur intégrité territoriale.

Mme AKSOLTAN ATAEVA, (Turkménistan), a pressé pour le rétablissement de la confiance et d’une culture de dialogue dans le traitement des questions problématiques.  Il a indiqué que son pays a l’intention de proposer à l’Assemblée générale l’examen d’un projet de résolution intitulé « Le dialogue -une garantie de paix », convaincu que l’adoption d’un tel texte confirmera l’engagement de tous les États en faveur d’une solution pacifique et négociée aux situations de conflit.  Il a également proposé que la communauté internationale proclame 2025 année de la paix et de la confiance et assuré que le Turkménistan continuera de travailler activement avec ses partenaires pour élargir le cercle des participants au « groupe des amis de la neutralité ».  Ma délégation a également l’intention de soumettre un projet de résolution sur le rôle du Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale, et son action dans la consolidation des mécanismes de coopération régionale, a-t-il ajouté, précisant que ledit Centre siège au Turkménistan.

Le représentant s’est dit particulièrement préoccupé par les menaces croissantes qui pèsent actuellement sur la sécurité alimentaire mondiale.  Afin de rechercher conjointement des solutions aux problèmes complexes de l’approvisionnement des pays les plus vulnérables, il a proposé d’organiser un forum international sur la sécurité alimentaire au Turkménistan.  Évoquant la problématique des changements climatiques, il a fait savoir que son pays se prépare à établir un centre régional de technologie climatique pour l’Asie centrale à Achgabat.  Le Turkménistan, avec ses partenaires, est prêt à rechercher de nouvelles approches et de nouveaux moyens pour relever les défis auxquels l’humanité est confrontée, a indiqué le représentant qui a assuré qu’en s’appuyant sur la coopération stratégique avec les Nations Unies, son pays mettra tout en œuvre pour atteindre ces objectifs.

Mme MARIA DE JESUS DOS REIS FERREIRA, (Angola), a déclaré que son pays continue de déployer des efforts importants pour contribuer à la paix et à la stabilité sur le continent africain et dans sa sous-région en particulier.  En tant que Président de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, l’Angola n’a ménagé aucun effort à cette fin, notamment en ce qui concerne le conflit en République centrafricaine, mais aussi en ce qui concerne le différend frontalier entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC) ainsi qu’entre l’Ouganda et le Rwanda, où « nous avons modestement essayé de faire de notre mieux, car, comme nous le savons, la solution dépend toujours et avant tout de la volonté politique des parties directement impliquées ».  C’est pourquoi, s’est-elle enorgueillie, les efforts de l’Angola pour la construction de la paix sur le continent africain ont mérité la reconnaissance spéciale de l’Union africaine, qui a désigné son Président, M. João Manuel Gonçalves Lourenço, « Champion de l’Union africaine pour la paix et la réconciliation », lors du sommet extraordinaire sur « le terrorisme et les changements anticonstitutionnels de gouvernements en Afrique ».

S’agissant de la réforme du Conseil de sécurité, la représentante a estimé que le consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte représentent une option viable pour rétablir les droits et les aspirations légitimes du continent africain et pour corriger les injustices.  Sur le plan interne, l’Angola a tenu ses cinquièmes élections générales le 24 août dernier, caractérisées par un environnement de paix, d’harmonie et de transparence, a-t-elle rappelé, soulignant la détermination du gouvernement nouvellement élu de continuer à travailler sur les réformes en cours, basées sur l’état de droit et le bien-être de notre peuple.  Pour finir, Mme Ferreira a annoncé que l’Angola accueillera le dixième Sommet de l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OACPS), du 6 au 10 décembre 2022, à Luanda.

M. MOHAMED AL HASSAN, (Oman), a dit que son pays œuvre et continue d’œuvrer, par une coopération constructive avec toutes les parties, à l’instauration de la paix au Yémen.  Tout en nous félicitant de la prolongation de la trêve, a-t-il déclaré, nous appelons toutes les parties yéménites à accepter le passé douloureux et à se concentrer sur la formulation d’un avenir meilleur pour leur pays, qui préserverait l’unité, la sécurité et la stabilité du Yémen, sur la base de termes de référence convenus d’un commun accord, notamment l’Initiative du Conseil de coopération du Golfe, les résultats du dialogue entre Yéménites et les résolutions pertinentes des Nations Unies.  Oman, a déclaré son représentant, continuera à fournir une assistance humanitaire aux différentes régions et gouvernorats yéménites « sans exclusion ».  Pour le Sultanat, la résolution de la question palestinienne reste également un pilier essentiel de la stabilité au Moyen-Orient, et, par conséquent, il estime que la solution des deux États, conformément aux résolutions internationales et à l’Initiative de paix arabe, est un besoin urgent et une nécessité stratégique pour parvenir à une paix durable dans la région.

Le délégué a indiqué que, pour son gouvernement, les changements climatiques sont une question cruciale, raison pour laquelle il a élaboré une stratégie nationale de protection de l’environnement et de lutte contre ce fléau, qu’il met en œuvre en partenariat avec la communauté locale, les institutions de la société civile et le secteur privé.  Ainsi, a été créé le Comité national pour les changements climatiques et la protection de la couche d’ozone, composé de 31 agences gouvernementales qui mettent en œuvre des plans d’adaptation en vue d’atténuer les effets des fluctuations climatiques et de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 7% d’ici à 2030, avec pour objectif ultime d’atteindre la neutralité zéro.

M. MOHAMED SIAD DOUALEH, (Djibouti), a soutenu le plan de relance des objectifs de développement durable, en précisant qu’une attention prioritaire doit être accordée aux pays les moins avancés, qui représentent 1,1 milliard d’êtres humains.  De multiples chocs exogènes tels que la hausse des prix alimentaires mondiale frappent Djibouti, a-t-il déploré, mais ils n’ont pas entamé la détermination du pays.  C’est dans cet esprit que Djibouti a élaboré le Plan national de développement 2020-2024 « Djibouti ICI ».  Le représentant est revenu sur les trois axes stratégiques qui le définissent: inclusion, connectivité et institutions.  Les changements climatiques posent un péril existentiel à l'humanité, a-t-il poursuivi, ajoutant qu’il n’était « plus possible d’accepter passivement, de COP en COP, de dresser le constat que nous n’avons pas suffisamment fait ».  Il a réaffirmé l’engagement de Djibouti vis-à-vis de l’Accord de Paris et vanté sa politique environnementale, avertissant toutefois que son pays est négativement affecté par les mêmes risques climatiques que ses voisins de la Corne de l’Afrique.

M. Doualeh s’est félicité du résultat de la dernière réunion consacrée aux ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et la malaria tenue sous le leadership du Président Biden.  Il a ensuite rappelé le vote de Djibouti en faveur de la résolution condamnant l’agression de l’Ukraine par la Russie.  Le représentant a réaffirmé le soutien de son pays à une amélioration de la représentation du continent dans les instances internationales, en particulier le Conseil de sécurité, d’une manière qui « reflète les réalités du XXIe siècle ».  Il a émis plusieurs suggestions à ce sujet, dont l’examen par la Cour internationale de Justice (CIJ) de la conformité du droit de veto par rapport aux buts et principes des Nations Unies.  Djibouti est profondément attaché au règlement pacifique des différends, a assuré M. Doualeh, expliquant que le pays a multiplié les appels en direction de l’Érythrée voisine afin d’accélérer la normalisation des relations entre les deux pays.  Il a appelé l’Érythrée à accepter de résoudre les questions en suspens par le biais du dialogue bilatéral, la médiation ou un arbitrage contraignant.  Enfin, il a salué l’élection du Président, M. Hassan Sheikh Mohamud en Somalie et le combat de ce dernier contre les Chabab.  Il s’est réjoui des espoirs nés de la trêve observée au Yémen, et a appelé à l’intensification des pourparlers.

Mme MARGO REMINISSE DEIYE, (Nauru), a souhaité que la communauté internationale tire parti de la force du multilatéralisme pour surmonter les crises interconnectées qui affectent le monde.  Elle a rappelé à cet égard que, l’an dernier à la même époque, son pays était fier de se déclarer exempt de COVID-19.  Hélas, ce n’est plus le cas, a-t-elle dit, assurant toutefois que, grâce au soutien de ses partenaires, Nauru a pu atteindre des taux de vaccination élevés pour sa population.  Elle s’est également élevée contre les campagnes de désinformation en matière de santé publique, prévenant qu’une épidémie dans une partie du monde peut produire une onde de destruction planétaire.  Pour renforcer notre résilience au niveau national, Nauru donne la priorité à une stratégie préventive mais a besoin d’un accompagnement et d’une expertise technique, a souligné la représentante, avant de relever que la bataille contre les maladies transmissibles implique aussi de surmonter les défis liés à l’insécurité alimentaire et à la nutrition.  Pour elle, parler de transformation et de résilience suppose par ailleurs de donner la priorité à l’urgence climatique, face à laquelle le Pacifique est en première ligne.  Invitant le Secrétaire général à nommer un représentant spécial pour le climat et la sécurité, et à entreprendre immédiatement une évaluation de la capacité de l’ONU à répondre aux catastrophes climatiques, Mme Deiye a dit appréhender la COP27 « sans naïveté », les grands émetteurs de CO2 manquant, selon elle, d’engagements et d’actions pour réduire les effets sur le climat.

Nauru, comme d’autres nations insulaires, vit avec les réalités des changements climatiques depuis un certain temps déjà, a signalé la représentante, avertissant que ce fléau menace la capacité des gouvernements et des institutions à fournir des services de base à court et à long terme.  Pour y faire face, nous avons besoin d’une assistance financière et technique pour construire une infrastructure climato-résiliente, a-t-elle affirmé, ajoutant que cet effort concerne aussi la transition énergétique.  À ce propos, elle a estimé que « les minéraux des profondeurs marines apportent des solutions aux petits États insulaires en développement ».  Il s’agit d’une priorité pour Nauru au sein de l’Autorité internationale des fonds marins, a-t-elle insisté, appelant à davantage de soutien et d’investissements pour assurer la mise en place et le respect d’un mécanisme de gouvernance solide dans ce domaine.  Elle a d’autre part regretté la suspension des travaux de la cinquième session de la Conférence intergouvernementale sur la diversité biologique marine dans les zones au-delà de la juridiction nationale, assurant que son pays fera tout pour faire aboutir les négociations.  Nous devons parvenir à un consensus sur le partage des avantages en haute mer, qui est crucial pour l’économie des nations insulaires, a-t-elle plaidé, avant de souligner l’importance des travaux en cours sur l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle.

M. CSABA KŐRÖSI, Président de l’Assemblée générale, a déclaré, en clôture, que 190 orateurs se sont exprimés au cours du débat général, dont 76 chefs d’État, 50 chefs de gouvernement, 4 vice-présidents, 5 vice-premiers ministres, 48 ministres et 7 chefs de délégation.  Vingt-trois femmes ont pris la parole, ce qui représente environ 10% des orateurs.  C’est une faible participation, a-t-il déploré.

Parmi les points communs des déclarations, il a relevé une prise de conscience grandissante que l’humanité est entrée dans une nouvelle ère, confrontée à des défis complexes, et qu’une profonde transformation est en cours.  Nous n’avons pas encore nommé, ni décrit scientifiquement cette nouvelle époque, mais nous sentons qu’elle est arrivée, a constaté M. Kőrösi.  De nouvelles pages de l’histoire sont en train d’être écrites, avec de nouveaux défis et de nouvelles priorités, de même que de nouvelles divisions et de nouvelles alliances.

Le deuxième message entendu, a continué le Président, c’est que la guerre en Ukraine doit cesser.  Ses conséquences se font ressentir dans le monde entier, mais il y a près de 30 autres conflits dans le monde et aucun d’entre eux n’est en train de s’améliorer.

Le troisième point commun, a poursuivi le Président, est que les changements climatiques sont en train de nous détruire petit à petit.  Des appels ont été lancés en faveur de la justice climatique et du respect des engagements.  Or, certains ne semblent toujours pas croire que la croissance économique puisse aller de pair avec la réduction des émissions et la protection de la biodiversité, s’est-il inquiété.

M. Kőrösi a également indiqué avoir entendu plaider en faveur d’une amélioration de la situation des droits humains.  Évoquant la tenue de la réunion de haut niveau sur la Déclaration des droits des personnes appartenant à des minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques, il a souligné que la diversité est une force.  Des appels ont également été lancés pour moderniser l’ONU, revitaliser l’Assemblée générale et réformer le Conseil de sécurité.  Cela s’accorde avec ma propre conviction que l’Assemblée générale doit être en mesure de mieux répondre aux défis intriqués et le Conseil de sécurité doit refléter les réalités de ce siècle, a-t-il dit.

Droits de réponse

Réagissant aux propos « erronés » du Ministre des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan, la délégation de l’Arménie a rejeté un discours « fabriqué de toutes pièces » dans l’intention de détourner l’attention de la communauté internationale des politiques constantes de recours à la force par ce pays conformément à ses visées expansionnistes dans la région.  Les dernières attaques militaires lancées par ce pays, plus tôt ce mois-ci, ont pris pour cible l’est et le sud-est de l’Arménie et ont fait plus de 200 morts y compris parmi la population civile.  Près 26 soldats ont été capturés, 8 000 personnes, y compris des femmes et des enfants, sont déplacées temporairement, a déploré la délégation.  En violation « odieuse » des Conventions de Genève et du droit humanitaire international, l’Azerbaïdjan emprisonne, torture et assassine des soldats arméniens, y compris des femmes, a-t-elle accusé.  Ces atrocités ont été enregistrées et font l’objet de « célébrations » sur les réseaux sociaux en Azerbaïdjan.  Pour finir, la délégation arménienne a appelé à mener des enquêtes sur les exactions perpétrées par l’Armée de l’Azerbaïdjan et à traduire en justice leurs auteurs.

Le représentant de la Serbie a regretté la déclaration du Premier Ministre de l’Albanie qui a appelé à la reconnaissance du Kosovo par la Serbie.  Il a indiqué que cette déclaration « cynique » nuisait aux négociations et était contraire au droit international, rappelant que la résolution 1244 (1999) a reconnu que le Kosovo était une province autonome de la République serbe.  Il a affirmé l’appui de la Serbie au processus permettant de négocier avec l’Albanie et appelé cet État à coopérer.

La déléguée du Kirghizistan, en réponse à l’allocution émise par le Tadjikistan le 24 septembre, a condamné une agression non provoquée et injustifiée de la part du Tadjikistan sur le territoire kirghize, commise du 14 au 17 septembre 2022, faisant 62 morts ainsi que 200 blessés et provoquant le déplacement de 140 000 personnes.  Elle a dénoncé les accusations sans fondement du Tadjikistan qui, a-t-elle déploré, a lancé une campagne de désinformation et d’information afin de discréditer les actions défensives du Kirghizstan qui, a-t-elle ajouté, détient toutes les preuves de l’agression et des crimes commis par les soldats tadjikes.  Elle a souhaité que le différend frontalier soit résolu à la table des négociations.

Le représentant de la République de Corée a réagi aux déclarations de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) concernant la situation sécuritaire dans la péninsule coréenne.  Il a rappelé que la RPDC est le seul pays à avoir mené des essais nucléaires au XXIe siècle et qu’il est sur le point de procéder à un septième essai.  Il a ajouté que la RPDC a procédé au lancement de 32 missiles balistiques cette année, chacun de ces tirs constituant une violation des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Pour le représentant, la RPDC est tenue, en vertu de ces résolutions, de renoncer à toute arme et programmes nucléaires de manière complète, vérifiable et irréversible.  Condamnant ces graves menaces pour la paix et la sécurité dans la région et au-delà, il a souligné que toute tentative de justifier un recours aux armes nucléaires ne peut être reconnue par la communauté internationale.  Il a également justifié les exercices militaires conjoints effectués par son pays aux côtés des États-Unis, estimant que « se prémunir face aux menaces est le devoir de tout gouvernement responsable ».  De même, a-t-il ajouté, nous ne pouvons accepter que l’on choisisse ou non de se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité, car il s’agit d’une obligation juridique.  En conclusion, le délégué a exhorté la RPDC à cesser ses provocations et revenir aux pourparlers sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne.

Répondant à la délégation de l’Algérie, la représentante du Maroc a dénoncé une nouvelle instrumentalisation de l’Assemblée générale pour véhiculer « des contre-vérités » sur le Sahara marocain.  Selon elle, la question du Sahara marocain est une question de recouvrement de la souveraineté territoriale du Maroc et non de décolonisation.  Précisant que le Maroc a récupéré ce territoire par la négociation et de manière pacifique, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité, elle a estimé que son pays a irrévocablement recouvré sa souveraineté sur le Sahara marocain au travers de la signature de l’Accord de Madrid, le 14 novembre 1975.  Elle a également relevé que cette question est inscrite sur l’agenda du Conseil de sécurité sous le Chapitre VI de la Charte relatif au règlement pacifique des différends, avant d’assurer que « le Sahara a toujours été marocain et le restera éternellement ».  Le Sahara marocain connaît un fort développement et sa population vit dans la quiétude et dans la pleine jouissance de ses droits, a assuré la déléguée, ajoutant que le Conseil de sécurité, seule instance en charge de sa situation, a établi les paramètres devant présider au règlement définitif, comme stipulés dans les résolutions pertinentes.  Relevant à cet égard que lesdites résolutions définissent les participants au processus de tables rondes, elle a souligné que « l’entité fantoche », citée par la délégation algérienne, n’est pas reconnue par l’ONU et ne fait nullement partie des discussions.  Alors que l’Algérie a réclamé la reprise du processus onusien, le Maroc lance un appel à l’Algérie pour qu’elle reprenne sa place dans les tables rondes, qui sont l’émanation du Conseil de sécurité, a conclu la représentante.

Le représentant de l’Iran a rejeté les accusations sans fondement de l’Albanie concernant les attaques cybernétiques dont cet État a été victime, notant que l’Iran était elle-même fréquemment victime de telles attaques.  Il a condamné avec force les actions des Forces de police albanaise contre les installations diplomatiques iraniennes à Tirana le 8 septembre 2022, qui ont été suivies de la fin des relations diplomatiques décrétées par le Gouvernement albanais.

Le délégué a également condamné la déclaration des Émirats arabes unis concernant les îles de Grande Tunb, Petite Tunb et Abu Moussa dans le Golfe persique.  Il a rappelé que ces trois îles ont toujours été et restent partie intégrante du territoire iranien et que la souveraineté iranienne sur les îles est non négociable.

Au sujet des allusions de certains pays sur les femmes iraniennes, il a indiqué que des enquêtes étaient en cours pour faire la lumière sur ces décès tragiques.  Pour l’instant, a-t-il souligné, il n’existe pas de preuve de la culpabilité de responsables gouvernementaux iraniens et le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures doit être respecté.

La délégation de l’Azerbaïdjan, a accusé l’Arménie de fermer les yeux sur les efforts diplomatiques en cours pour normaliser leurs relations.  Il a accusé l’Arménie de mener une campagne de désinformation à l’intention de la communauté internationale, déplorant que ses dirigeants sans vergogne ont inventé le concept honteux d’« incompatibilité ethnique » entre Arméniens et Azerbaïdjanais.  Les autorités arméniennes ont mené et ordonné l’assassinat de milliers de civils azerbaïdjanais, commis une purge ethnique et réduit en cendre des villages et des villes.  Quel peut être le poids des discours arméniens au sein de l’Assemblée générale, alors qu’elle ignore et refuse de mettre en œuvre les résolutions de l’Organisation?

La déléguée de l’Albanie a réagi aux propos des délégations de la Serbie et de l’Iran.  Elle a souligné qu’il n’y a pas d’autre avenir dans les Balkans que celui de l’étroite coopération et l’amitié, espérant que cette perception puisse être partagée par les autres pays de la région, y compris le Kosovo.  Elle a ensuite accusé l’Iran de s’être efforcée de perturber la prestation de services essentiels en Albanie.  Ce n’est pas la première fois que Téhéran agit de la sorte, a-t-elle renchéri, alertant qu’il pourrait y avoir à l’avenir d’autres victimes.

Le représentant des Émirats arabes unis a repris la parole pour répondre à l’Iran, réitérant que les îles de la grande Tunb, petite Tunb et Abou-Moussa faisaient partie intégrante des Émirats arabes unis, refusant de manière catégorique l’occupation iranienne de ces trois îles.  Il a renouvelé l’appel lancé à l’Iran pour trouver une solution, par le biais de négociations directes ou par le biais de la Cour internationale de Justice (CIJ), et souligné la nécessité de travailler avec l’Iran et de renforcer les intérêts communs.

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a souhaité réagir aux déclarations provocatrices de la République de Corée à l’égard de son pays.  La RPDC, a-t-il fait valoir, a développé ses capacités de défense en raison de la politique hostile que mènent les États-Unis à son endroit.  Pour cette raison, la RPDC a été contrainte de se doter de capacités de défense nucléaires, a ajouté le délégué, assurant que son pays n’entend en aucun cas entrer en conflit avec la République de Corée.  Dans ce contexte, l’adoption de notre loi sur les forces nucléaires nationales est une décision souveraine de la RPDC et nul n’est autorisé à la remettre en question, a-t-il souligné, avant d’appeler la communauté internationale à accorder plus d’attention à l’attitude « hostile » des États-Unis, qui plonge la péninsule coréenne dans un cycle vicieux de tensions.  Exhortant enfin les forces de la République de Corée et des États-Unis à remettre en question leur comportement provocateur, il les a engagées à agir « de manière cohérente ».

Reprenant de nouveau la parole, la délégation de l’Arménie a dénoncé la propagande de l’Azerbaïdjan et sa déformation des faits.  La concentration de masse de troupes azerbaïdjanaises et l’utilisation intense d’armes lourdes montrent la nature préméditée de l’agression de grande ampleur contre l’Arménie.  Le Conseil de sécurité a d’ailleurs condamné l’utilisation de la force et exigé la fin du conflit et la fin du bombardement du territoire de l’Arménie et le retrait des forces à leur position initiale.

Le représentant de l’Iran a repris la parole pour répondre aux Émirats arabes unis, qui ont à nouveau « insulté l’intégrité territoriale de l’Iran ».  Il a réitéré la souveraineté de l’Iran sur ces îles.  Il a par ailleurs rejeté toute cyberattaque sur les infrastructures albanaises et a rappelé l’intervention des forces albanaises sur le territoire diplomatique iranien à Tirana sans son consentement le 8 septembre 2022.

À son tour, le représentant de l’Azerbaïdjan a accusé l’Arménie d’asséner des mensonges et de déformer les faits.  La déclaration de l’Arménie pendant le débat général est un exemple parfait de cette tentative de miner le dialogue et d’opter pour une attitude hostile qui consiste à répéter des non-vérités.  Les interprétations erronées ne sauraient absoudre l’Arménie de ses crimes et de son idéologie raciste, a martelé le délégué.

Le représentant des Émirats arabes unis a repris une deuxième fois la parole pour préciser que, contrairement à ce que prétend l’Iran, Grande et Petite Tunb ainsi qu’Abu Moussa sont des îles des Émirats arabes unis du golfe Persique.  Dénonçant un conflit provoqué par l’Iran, il a souhaité que ce pays collabore avec les Émirats arabes unis pour le régler une bonne fois.  Faute d’un tel arrangement, nous serions contraints de saisir la Cour internationale de Justice (CIJ), a-t-il ajouté.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Risque d’« apocalypse nucléaire » et d’« Armageddon humanitaire »: les États Membres réaffirment leur détermination d’éliminer les armes nucléaires

Soixante-dix-septième session,
Réunion plénière de haut niveau, Matin & après-midi
AG/12453

Risque d’« apocalypse nucléaire » et d’« Armageddon humanitaire »: les États Membres réaffirment leur détermination d’éliminer les armes nucléaires

« Les armes nucléaires sont les armes les plus destructrices jamais créées, elles n’offrent aucune sécurité, seulement la perspective d’un carnage et du chaos »: c’est par une déclaration particulièrement directe que le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a ouvert la réunion plénière pour célébrer et promouvoir la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires.  Aux plus de 70 dirigeants, ministres et représentants d’États Membres qui y ont participé, il a demandé de s’affranchir de l’idée qu’un désarmement nucléaire serait « un rêve inaccessible », car la réalisation d’un monde sans armes nucléaires –l’objectif le plus ancien de l’Organisation- constituerait « le plus beau des cadeaux aux générations futures ». 

Le Président de l’Assemblée générale, à qui incombe chaque année la charge de convoquer cette réunion de haut niveau, a invité les États, « forts du souvenir des souffrances inimaginables » engendrées par les bombes atomiques larguées sur Hiroshima et Nagasaki en 1945, à réfléchir à des solutions viables pour en finir avec « ces armes horribles qui n’ont aucune place dans le monde moderne ».  M. Csaba Kőrösi a regretté que la guerre en Ukraine et la situation critique à la centrale nucléaire de Zaporijia aient contredit, en quelques mois, la déclaration de janvier dernier des cinq puissances nucléaires qui avaient rappelé « qu’aucune guerre nucléaire ne peut être gagnée ni ne doit être livrée » et provoqué l’échec de la dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Aujourd’hui, la tension est à son comble, la guerre en Ukraine ayant augmenté le risque crédible d’un désastre nucléaire mondial, comme l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) l’a montré, a-t-il dit.

M. Guterres et M. Kőrösi ont présenté leurs idées pour sortir de l’impasse et rendre sa légitimité au régime multilatéral de non-prolifération, indispensable sur la voie de l’élimination des armes nucléaires.  M. Guterres, citant son « Programme commun », a appelé les pays à envisager les modalités de désarmement nucléaire sur la base d’une appréhension commune des nouveaux risques, y compris ceux liés à l’évolution des armes nucléaires et de leurs vecteurs, et de dissiper le flou qui entoure la distinction entre armes stratégiques et autres.  Pour M. Kőrösi, il s’agit de s’appuyer sur l’architecture existante pour sauvegarder et activer les traités de non-prolifération.  Le cadre multilatéral est là pour assurer à terme l’élimination des 13 000 têtes nucléaires, a-t-il soutenu. 

Brandissant les risques d’« Armageddon humanitaire » et d’ « apocalypse » qui découleraient d’une seule détonation nucléaire, les deux hommes ont souligné combien, sans l’élimination des armes nucléaires, il ne peut y avoir ni paix, ni confiance, ni développement durable.  Les intervenants ont été au diapason de ces déclarations liminaires, tout en défendant la pertinence du Traité d’interdiction des armes nucléaires -entré en vigueur en janvier 2021 après avoir été porté par la société civile-, la création de zones exemptes d’armes nucléaires et le droit des adhérents au TNP aux utilisations pacifiques de l’énergie atomique.  Plusieurs d’entre eux ont demandé aux États dotés de prendre leurs responsabilités en matière de désarmement nucléaire au titre de l’article VI du TNP et d’accorder des garanties négatives de sécurité, par lesquelles ils s’engageraient juridiquement à ne pas utiliser d’armes nucléaires contre les États non dotés et parties au Traité. 

Le caractère complémentaire du Traité d’interdiction des armes nucléaires avec le TNP a été souligné et les États dotés, qui rejettent le Traité d’interdiction, ont été invités à revenir sur leur position et à y adhérer.  Pour l’Inde, c’est toutefois au sein d’une Conférence du désarmement revitalisée qu’un traité prohibant les armes nucléaires et ayant force de loi doit être négocié. 

Les pays africains signataires du Traité de Pelindaba, qui a fait de l’Afrique une zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN), et les États arabes, engagés dans un processus de négociation pour la création d’une telle zone au Moyen-Orient, ont vanté les mérites de ces instruments utiles pour restaurer la confiance régionale.  La Namibie a qualifié les ZEAN de « boucliers régionaux contre la prolifération des armes nucléaires » et le Liban, qui présidera au mois de novembre, à New York, la prochaine conférence chargée de négocier un instrument juridiquement contraignant sur un Moyen-Orient sans armes de destruction massive, a invité « tous les États de la région » à participer à ses travaux. 

Les pays en développement parties au TNP quant à eux ont mis en garde contre des interprétations du Traité pouvant remettre en cause leur droit « inaliénable » aux utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire.  Sur ce point, ils ont préconisé une coopération accrue avec l’AIEA et les acteurs de la société civile, ces derniers ayant fait entendre leur voix au cours de la journée. 

Le seul membre du P5 (les cinq États dotés d’armes nucléaires) à avoir pris la parole a été la Chine, dont le représentant, qui a dénoncé le renforcement des rivalités et « la coopération en matière de nucléaire sous-marin », a affirmé que la doctrine de son pays repose sur le non-recours de l’arme nucléaire en premier et le rejet de toute course concurrentielle aux armements.

Deux pays dont les activités nucléaires sont controversées ont également fait une déclaration.  Le représentant du Pakistan a regretté que ses propositions pour garantir une Asie du Sud-Est stable et sans armes nucléaires n’aient jamais été retenues.  Dans une allusion à l’Inde, il a déclaré que « les capacités nucléaires ont été introduites en Asie du Sud-Est par un État en 1974, qui s’y est aussi livré aux premières explosions le 11 mai 1998 ».  Le représentant de l’Iran a paour sa part, dénoncé le retrait des États-Unis de « plusieurs traités et conventions relatifs au désarmement », les positions de ce pays représentant à ses yeux « le principal obstacle sur la voie du désarmement nucléaire ». 

D’autre part, les pays ont demandé aux huit États qui doivent encore ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) pour qu’il entre en vigueur, de le faire au plus vite.  Le Président de l’Assemblée générale avait d’ailleurs jugé que la persistance d’essais dans la péninsule coréenne représente une menace à la paix et à la sécurité tant régionales qu’internationales.  Enfin, l’Autriche, qui a accueilli en juin dernier la première Conférence des États parties au Traité d’interdiction des armes nucléaires, a qualifié le Plan d’action de Vienne de « réaliste et ambitieux ».

RÉUNION PLÉNIÈRE DE HAUT NIVEAU POUR CÉLÉBRER ET PROMOUVOIR LA JOURNÉE INTERNATIONALE POUR L’ÉLIMINATION TOTALE DES ARMES NUCLÉAIRES

Déclarations liminaires

M. CSABA KŐRÖSI, Président de l’Assemblée générale, a souligné combien cette journée était nécessaire pour sensibiliser les jeunes générations aux dangers que fait poser l’existence même d’armes nucléaires et à l’importance de les éradiquer.  Il a invité les États à réfléchir, forts du souvenir des souffrances inimaginables subies en 1945 à la suite de l’explosion des bombes larguées sur Hiroshima et Nagasaki.  Cette catastrophe a profondément marqué nos consciences et notre inconscient collectifs, a-t-il ajouté.  Le Président de l’Assemblée générale a ensuite rappelé qu’en janvier dernier, les cinq puissances nucléaires avait cosigné une déclaration soulignant qu’aucune guerre nucléaire ne peut être gagnée ni ne doit être menée.  Or, a-t-il fait observer, « quelques mois plus tard, la tension est à son comble, la guerre en Ukraine ayant augmenté le risque crédible d’un désastre nucléaire mondial, comme l’AIEA l’a montré ». 

Certains jouent avec le feu, a déploré M. Kőrösi, qui a condamné les menaces « à peine voilées de frappes nucléaires » et le fait que l’impasse de la dénucléarisation de la péninsule coréenne continue de peser sur la sécurité de la région et du monde.  Selon lui, que 13 000 têtes nucléaires soient actuellement déployées alors que des milliards de personnes luttent pour se nourrir et éduquer leurs enfants doit pousser la communauté internationale à se demander comment le monde en est arrivé là.  Comment sortir de cette impasse? s’est-il encore demandé, affirmant que ces armes horribles n’ont aucune place dans le monde moderne et qu’il n’existe aucune justification aux essais nucléaires, à la prolifération d’armes de ce type et surtout à leur emploi potentiel. 

Le Président de l’Assemblée générale a exhorté les États Membres à sauvegarder les traités de non-prolifération, en renouvelant leur engagement à mettre pleinement en œuvre le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et à s’abstenir de toute rhétorique susceptible de fragiliser la paix et sécurité.  Il a également demandé aux huit pays figurant à l’annexe II du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) qui doivent encore le faire de ratifier le Traité pour permettre son entrée en vigueur et pour que commencent sans délais des négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires.

Le cadre multilatéral est là pour assurer l’élimination des armes nucléaires, ce qui est l’unique moyen de nous protéger et de protéger les générations futures du risque atroce d’annihilation nucléaire, a poursuivi M. Kőrösi.  Aux pays, il a demandé qu’ils trouvent des compromis rationnels et des solutions viables, afin « que nous avancions sur la voie d’un monde exempt d’armes nucléaires et puissions ensemble mettre fin à l’idée même d’un apocalypse nucléaire ». 

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré que cette journée de célébration réunit sur la scène internationale des dirigeants du monde entier pour qu’ils s’engagent d’une seule voix à « défendre notre monde et notre avenir ».  Il a également lancé un appel à rejeter l’affirmation selon laquelle le désarmement nucléaire est un rêve inaccessible.  « Les armes nucléaires sont les armes les plus destructrices jamais créées, elles n’offrent aucune sécurité, seulement la perspective d’un carnage et du chaos », a-t-il relevé, réaffirmant que leur élimination constituerait le plus beau des cadeaux aux générations futures.  M. Guterres a souligné qu’après que la guerre froide a conduit l’humanité au bord de l’annihilation, « nous entendons de nouveau le cliquetis des sabres nucléaires ».  Le Secrétaire général a été voulu être clair, affirmant que l’ère du chantage nucléaire doit prendre fin.  Toute utilisation d’une arme nucléaire conduirait à ce qu’il a nommé un « Armageddon humanitaire ». 

Déplorant l’échec de la dernière Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), laquelle, faute d’un consensus sur les piliers du Traité, n’a pu donner lieu à un document final de fond, il a exhorté tous les États à utiliser les voies du dialogue, de la diplomatie et des négociations pour apaiser les tensions, réduire les risques et éliminer la menace nucléaire.  Soulignant l’importance d’une nouvelle vision pour le désarmement et la non-prolifération nucléaires, M. Guterres a rappelé que son Nouvel Agenda pour la paix appelle à envisager les modalités de désarmement nucléaire sur la base d’une appréhension commune des nouveaux risques sécuritaires.  À cet égard, il a attiré l’attention sur la nécessité de tenir compte de l’évolution de tous les types d’armes nucléaires et de leurs vecteurs et de dissiper le flou qui sépare armes stratégiques et conventionnelles.  De même, il a noté l’importance d’encadrer juridiquement, selon des normes internationales, la cybersécurité et les utilisations de l’espace extra-atmosphérique. 

Après s’être engagé à coopérer de façon étroite avec les États Membres pour forger un nouveau consensus sur les moyens d’atténuer la menace nucléaire et avancer sur la voie de la paix, le Secrétaire général de l’ONU a répété que sans l’élimination des armes nucléaires il ne peut y avoir ni paix, ni confiance, ni avenir durable. 

Déclarations

M. TANETI MAAMAU, Président de Kiribati, a mis l’accent sur les objectifs humanitaires du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) en saluant les obligations positives visant à faire face aux conséquences néfastes des actes passés et essais récents.  Il a appelé à avancer sur les questions d’assistance aux victimes, les réparations environnementales et la coopération internationale.  Il a demandé la création d’un fonds d’affectation spéciale pour les parties affectées. 

M. BRUNO EDUARDO RODRÍGUEZ PARRILLA, Ministre des affaires étrangères de Cuba, a dit qu’il n’existait aucune justification pour que le monde continue d’être menacé par 12 000 ogives nucléaires en 2022.  Il a particulièrement reproché aux États-Unis d’avoir consacré 44 milliards de dollars aux armes nucléaires en 2021.  Pour Cuba, l’échec de la récente Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération (TNP) nous éloigne encore plus de l’objectif légitime du désarmement nucléaire.  Malgré les échecs, il a appelé à continuer de lutter en faveur d’un monde exempt d’armes nucléaires. 

Mme KANDIA KAMISSOKO CAMARA, Ministre des affaires étrangères de la Côte d’Ivoire, s’est inquiétée de l’importance croissance prise par les doctrines de dissuasion militaire et les crises de prolifération avant d’appeler à saisir l’opportunité de cette journée pour sonner la mobilisation et agir dans l’urgence alors que le monde est menacé par près de 13 000 ogives nucléaires.  Elle a jugé urgent que les huit pays inscrits à l’annexe II du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires qui n’ont pas encore ratifié le Traité le fassent rapidement, afin de lutter efficacement contre la prolifération verticale et horizontale.  Enfin, elle a cité en exemple le Traité de Pélindaba, qui a fait en 1996 du continent africain une zone exempte d’armes nucléaires.

Mme MATSEPO RAMAKOAE, Ministre des affaires étrangères du Lesotho, a mis l’accent sur la crédibilité du Traité sur la non-prolifération, estimé que celle-ci dépend de l’entrée en application Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, seul régime juridique permettant d’empêcher la prolifération de ces armes.  Elle s’est inquiétée de l’investissement croissant des pays dotés de l’arme nucléaire et a jugé inquiétant que la dixième Conférence des États parties au Traité sur la non-prolifération n’ait pu se traduire par un succès.  Le Lesotho appuiera toutes les résolutions sur le contrôle des armes et du désarmement. 

M. AMERY BROWNE, Ministre de la CARICOM et des affaires étrangères de la Trinité-et-Tobago, a rappelé que son pays soutien l’élimination totale des armes nucléaires et considère leur utilisation comme un crime contre l’humanité et une violation de la Charte des Nations Unies.  Il s’est dit préoccupé de l’augmentation de la rhétorique liée à leur utilisation potentielle et a noté que celle-ci pousse à la modernisation des arsenaux nucléaire, occasionnant des dépenses importantes.  Il a invité à imaginer ce qui pourrait être fait avec les sommes consacrées aux armements nucléaires.  Regrettant l’absence de consensus actuel dans le cadre du TNP, il a estimé qu’elle pourrait aller jusqu’à entrainer « des tensions et même une guerre qui aurait des conséquences terribles pour toute forme de vie sur cette planète ».  Rappelant que sa région avait été la première à devenir une zone exempte d’armes nucléaires, il a appelé tous les États Membres à rejoindre le Traité pour l’interdiction des armes nucléaires, estimant que les États dotés devraient faire plus que de débiter des « platitudes sur la conduite à tenir ». 

Mme OLIVIA RAGNAGHNEWENDÉ ROUAMBA, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et des Burkinabès de l’extérieur du Burkina Faso, a rappelé que son pays recherche la paix et la sécurité régionales et internationales et a signé le Traité sur la non-prolifération, considérant que ces armes étaient une menace pour l’humanité.  Elle a regretté les « résultats mitigés » de la dixième Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et lancé un appel à toutes les parties à aller de l’avant, estimant que, dans les circonstances actuelles, il n’y avait plus le choix.  Elle a aussi déploré le fait que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) ne soit toujours pas entré en vigueur et estimé que la responsabilité des États figurant à l’annexe II du Traité était engagée. 

M. VLADIMIR MAKEI, Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a soulevé la question « rhétorique » de savoir à quel point, durant les 10 dernières années, la communauté internationale a réussi à se rapprocher de l’objectif du désarmement nucléaire.  Le Traité sur la non-prolifération est mis à mal par différents défis régionaux et mondiaux, a-t-il noté en regrettant que la dernière conférence des États parties n’ait pas pu trouver un consensus.  Mais, a-t-il relevé, cela ne signifie pas pour autant que l’importance de ce traité ait été remise en question.  Il a donc appelé les États dotés à activer le dialogue entre eux pour que le processus de désarmement nucléaire devienne irréversible et multilatéral.  Le Ministre a salué l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, et a encouragé tous les pays à y souscrire.  Pour ce qui est des zones exemptes d’armes nucléaires, il a regretté qu’une telle zone ne soit toujours pas créée au Moyen-Orient et en Europe de l’Est.

Pour Mme RETNO LESTARI PRIANSARI MARSUDI, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, les armes nucléaires restent une menace pour l’humanité.  Elle a déploré le manque d’engagement sincère des puissances nucléaires en faveur du désarmement nucléaire.  Elle en veut pour preuve l’absence de consensus lors de la dernière conférence des États parties au Traité sur la non-prolifération.  Le désarmement nucléaire doit rester une priorité pour tous et se faire rapidement, a-t-elle insisté, en appelant les puissances nucléaires à ne pas attendre que les autres fassent le premier pas.  Elle a en outre appelé à revitaliser la Conférence du désarmement. 

M. ALAM (Bangladesh) a également plaidé pour l’élimination totale des armes nucléaires qui sont une menace pour l’humanité.  Il a soutenu le plan d’action sur 50 ans du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, auquel le Bangladesh a souscrit.  Les armes nucléaires n’offrent qu’un faux sentiment de sécurité a-t-il tranché en regrettant que la dernière conférence des États parties au Traité sur la non-prolifération n’ait abouti à aucun résultat concret.  Les puissances nucléaires doivent abolir les armes nucléaires et arrêter d’en produire ou d’en acquérir, a-t-il exigé en les appelant à faire preuve de la volonté politique nécessaire pour appliquer les dispositions des traités sur la non-prolifération.  Pour cela il faut rétablir la confiance entre les parties, a concédé le Ministre, qui a conclu en rappelant que toutes les nations doivent pouvoir accéder aux utilisations pacifiques du nucléaire. 

Mme SONIA MARINA PEREIRA PORTILLA (Colombie) a déclaré que le péril humanitaire total que ferait encourir une seule déflagration nucléaire devrait être l’argument irréfutable en faveur de leur élimination.  Elle a invoqué une nécessité impérieuse d’avancer sur la voie de celle-ci, et cela en revitalisant le dialogue diplomatique.  Nous nous devons de construire un monde sans arme nucléaire pour les générations futures, a-t-elle dit. 

Mme MATUNDU (Namibie) a défendu les principes d’une coopération multilatérale « et véritable » entre États pour mettre un terme à la prolifération des armes nucléaires.  Elle a ajouté que son pays avait récemment adhéré au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, rappelant qu’il s’était engagé à en promouvoir activement l’universalisation.  Elle a aussi souligné le caractère complémentaire du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et du TNP et a appelé, à cet égard, à ce que les pays détenteurs d’armes nucléaires reviennent sur leur position et adhèrent à leur tour au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Elle a par ailleurs salué l’efficacité des zones exemptes d’armes nucléaires, « véritables boucliers régionaux contre la prolifération de ces armes et moyens de renforcer la confiance » à ce niveau. 

La représentante namibienne a regretté l’absence de consensus à l’issue de la Conférence d’examen du TNP, ce qui pourrait mettre en péril le régime qu’il a instauré.  Ainsi a-t-elle plaidé pour la recherche de solutions, qui devraient passer notamment par un réexamen de la lettre du Traité, « qui en aucun cas ne doit faire l’objet d’interprétation remettant en cause le droit de tous ses membres aux utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire ».  Sur ce point, elle a préconisé une coopération accrue avec l’AIEA et la société civile, « qui est éprise de désarmement nucléaire et de développement ». 

M. GIL (Venezuela) a, quant à lui, demandé qu’il soit mis un terme à la rhétorique héritée de la guerre froide et aux idéologies « suprémacistes » qui alimentent l’instauration de blocus et l’hostilité entre pays.  Après avoir condamné la production, le stockage et les menaces d’utilisation d’armes de destruction massive, il a exprimé sa fierté que le consensus en Amérique latine en matière d’armes nucléaires ait conduit, en 1988, à l’entrée en vigueur du Traité de Tlatelolco ayant fait de la région une zone exempte d’armes nucléaire. 

M. NJAFI (Iran) s’est inquiété d’une possibilité élevée de recours aux armes nucléaires dans un monde où existent près de 13 000 ogives nucléaires.  Après avoir dénoncé le retrait des États-Unis de plusieurs traités et conventions relatifs au désarmement, le ministre iranien a estimé que les positions des États-Unis représentaient le principal obstacle sur la voie du désarmement nucléaire.  Il a rappelé que la seule garantie de ne jamais utiliser des armes nucléaires est leur élimination totale.  Après l’échec de la dixième Conférence d’examen du TNP, il a demandé aux huit pays figurant à l’annexe II du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires qui doivent encore le faire de ratifier le Traité pour permettre son entrée en vigueur.  Il a jugé indispensable de parvenir à une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen Orient. 

M. SANJAY VERMA, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Inde, a appelé à un désarmement nucléaire universel et non discriminatoire s’appuyant sur une politique de petits pas.  Il a estimé que la Conférence de désarmement est la mieux placée pour parvenir à un Traité sur l’interdiction des armes nucléaires juridiquement contraignant.  Il a appelé au lancement de négociations pour parvenir à un traité interdisant la production de matières fissiles.

Mme TEMBO (Malawi) a expliqué que son pays avait ratifié le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires en juin dernier.  Elle a ensuite expliqué que son pays disposait de stocks de matériels radioactifs et s’était engagé à « l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques dans l’intérêt de notre développement économique et social ».  Dans ce contexte, elle a particulièrement salué l’importance des programmes de coopération technique de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour aider des pays comme le sien à recourir à l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques pour répondre à des objectifs de santé humaine et animale.  Elle a exhorté les États dotés d’armes nucléaires à réitérer leur engagement en faveur d’un monde libéré de ces armes. 

M. EDUARDO ROSALES, Conseiller du Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Honduras, a appelé à l’interdiction totale des armes nucléaires dans des délais vérifiables.  En tant qu’État membre de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) et de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), le représentant du Honduras a cité en exemple la signature le 14 février 1967 du Traité de Tlatelolco, qui a porté création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes.  Il a jugé urgent de parvenir à des instruments juridiquement contraignants pour les États dotés.  Il a dit l’importance de la coopération avec AIEA pour promouvoir l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, compte tenu notamment de la diversité des applications potentielles dans le domaine de la santé et du développement économique et social. 

M. SORRETA (Philippines) a regretté l’échec de la dernière Conférence d’examen du TNP, notant que beaucoup de travail restait à accomplir.  Il a appelé à renoncer au terme de « dissuasion », estimant que cette doctrine ne fonctionnait pas et que rien ne pouvait justifier la détention d’armes nucléaires.  Le représentant s’est inquiété des développements technologiques qui avaient le potentiel de « rapprocher la fin de l’humanité ».  Concernant le « conflit tragique » en Ukraine, il a constaté qu’il entraînait une nouvelle course aux armements et que face à certains États qui souhaitent augmenter, voire doubler, leurs dépenses d’armement, d’autres, moins riches, pourraient être tentés de miser sur les armes nucléaires.  Il a dit espérer que ce conflit serait résolu rapidement afin de limiter cette course aux armements. 

Mme ANTONIA URREJOLA, Ministre des affaires étrangères du Chili, a rappelé que si le désarmement nucléaire était le sujet de la première résolution des Nations Unies en 1946, le monde comptait aujourd’hui près de 13 000 armes de ce type et que les dépenses pour leur modernisation étaient considérables.  Elle s’est félicitée qu’un grand nombre d’États aient rejoint, comme le Chili, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaire.  Regrettant l’échec de la dixième Conférence d’examen du TNP, elle a estimé que la situation actuelle était peu encourageante.  Elle a également rappelé que l’Amérique latine avait été pionnière en matière d’élimination des armes nucléaires, ajoutant que le Chili se dédiait à cette cause dans le cadre de nombreux forums internationaux. 

M. ORINA (Kenya) a estimé que les assurances de sécurité nucléaires étaient un outil utile sur la scène internationale, mais n’apportaient pas la sécurité absolue que seule pouvait garantir l’élimination totale des armes nucléaires.  Il a regretté l’absence de consensus au cours de la dixième Conférence d’examen du TNP.  Il a estimé que le risque de voir des armes nucléaires tomber aux mains de terroristes était sérieux et a appelé les États Membres à agir pour l’écarter.  Il a salué l’utilité essentielle des zones exemptes d’armes nucléaires et a appelé les États Membres à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  Il a aussi rappelé le droit de tous les pays à développer la recherche et les technologies nucléaires pacifiques.  En conclusion, il a qualifié toute menace d’emploi d’armes nucléaires de « répréhensible et insatiable ». 

M. FREDERICK MAKAMURE SHAVA, Ministre des affaires étrangères et du commerce international du Zimbabwe, a appelé à refaire de l’élimination des armes nucléaires une priorité pour l’humanité en mettant en avant la souffrance et la destruction que ces armes infligent et en rappelant les horreurs de Hiroshima et Nagasaki.  Après avoir mis en garde contre l’augmentation de la menace nucléaire dans le contexte des tensions actuelles, il a assuré que le Zimbabwe restait engagé à respecter ses obligations en vertu du TNP et de la zone exempte d’armes nucléaires en Afrique.  Il a en revanche noté avec préoccupation que certains États dotés ne font preuve ni du leadership ni de la volonté nécessaires pour s’en débarrasser et se sont même engagés dans leur modernisation.  La dixième Conférence d’examen du TNP s’est soldée par un échec, a-t-il regretté en espérant que les États parties respecteront néanmoins leurs obligations en vertu du Traité.  Il a reproché aux puissances nucléaires de n’avoir pas rejoint le Traité sur l’interdiction complète des armes nucléaires.

M. SAIFUDDIN ABDULLAH, Ministre des affaires étrangères de la Malaisie, a estimé que la communauté internationale restait otage des armes nucléaires à cause des actions de quelques-uns.  L’amélioration qualitative et l’augmentation quantitative des arsenaux nucléaires créent une menace pour l’humanité, s’est-il indigné.  Après l’échec de la dernière Conférence d’examen du TNP, il a exigé de la communauté internationale de redoubler d’efforts pour veiller au respect du régime de non-prolifération.  Il a en outre fait valoir que le Traité sur l’interdiction complète des armes nucléaires s’appuyait sur des bases légales très stables avant d’appeler à son universalisation.  Même si l’environnement de sécurité mondiale fait face à des nombreux défis, il faut persévérer sur la voie d’un monde exempt d’armes nucléaires, a conclu le Ministre.

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine), qui s’exprimait au nom de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a expliqué que, pour les pays de la communauté, l’élimination des armes nucléaires restait une priorité.  Elle a dénoncé la menace que font peser ces armes sur l’humanité, en particulier dans le contexte international actuel.  Prenant note de la première Réunion des États parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires en 2021 et de l’élection du Mexique à sa présidence en 2023, la représentante a insisté sur le fait que ce traité est venu s’associer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et au Traité de Tlatelolco de 1967, qui a fait de la région de l’Amérique latine et des Caraïbes une zone dénucléarisée.  Elle a demandé aux puissances nucléaires de respecter ce statut dénucléarisé et de retirer toutes les déclarations d’interprétation des Protocoles I et II au Traité.  Elle a également demandé à la communauté internationale d’entamer les négociations en vue de l’adoption d’un instrument universel et juridiquement contraignant sur des garanties négatives de sécurité dans les plus brefs délais.  Face à l’échec de la dernière Conférence d’examen du TNP, la représentante a enjoint aux États dotés d’armes nucléaires de s’acquitter de leurs obligations à éliminer leurs arsenaux sans équivoque, en leur rappelant que le TNP n’établit aucun droit à la détention indéfinie de ces armes pour aucun État.  Le TNP établit un statut transitoire, a-t-elle affirmé.  Quant au Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires, la représentante a appelé à son universalisation rapide.

M. JAGDISH DHARAMCHAND KOONJUL (Maurice), au nom du Groupe des États d’Afrique, a estimé que l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, en janvier dernier, avait marqué une date importante qui réaffirme la détermination des peuples du monde à parvenir à l’élimination complète des armes nucléaires.  Il a ainsi exhorté les États détenteurs d’armes nucléaires à ratifier ce traité pour aller dans le sens voulu par l’opinion publique et par un nombre considérable d’États Membres, 50 d’entre eux l’ayant ratifié à ce jour.  Le représentant a également exhorté les États détenteurs à honorer leurs obligations en matière de désarmement nucléaire au titre de l’article VI du TNP, cela pour apaiser les tensions actuelles.  C’est parce que l’Afrique bénéficie de ce bouclier sécuritaire qu’est le Traité de Pelindaba ayant fait du continent une zone exempte d’armes nucléaires, qu’il a plaidé pour la création d’une telle zone au Moyen-Orient.  Il a ainsi appuyé le processus de négociation en cours à New York sur l’établissement d’un instrument juridique menant à « l’instauration effective d’un Moyen-Orient sans armes de destruction massive ».  Enfin, il a souligné le rôle essentiel que les États africains membres du TNP confèrent à l’AIEA, qui contribue à ce que ces derniers puissent exercer leur droit à l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques et de développement. 

Mme CARLA MARIA RODRÍGUEZ MANCIA (Guatemala) s’est inquiétée de la rupture de confiance entre grandes puissances, laquelle entraîne, comme c’est le cas en Ukraine, une violation flagrante des droits humains et de la Charte des Nations Unies.  Elle a salué les efforts déployés par l’AIEA pour trouver une solution à la situation « intenable » dans laquelle se trouve la centrale nucléaire de Zaporijia.  Par ailleurs, pour restaurer la confiance interétatique, elle a rappelé l’efficacité des garanties offertes par les États dotés d’armes nucléaires aux États non dotés, garanties qui assurent de ne pas recourir ou de ne pas menacer de recourir aux armes nucléaires.  Enfin, elle a rappelé que l’Amérique centrale est la seule région dont tous les pays ont ratifié le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, ce qui témoigne des aspirations à la sécurité et à la paix de ses habitants. 

M. MOHAMED KAMAL ALI ELHOMOSANY (Égypte) s’est dit consterné par les contradictions, voyant les États dotés de l’arme nucléaire moderniser et développer leurs arsenaux nucléaires alors que la majorité des États subissent des difficultés économiques sans précédent en raison d’une inflation galopante.  L’incapacité de la dixième Conférence d’examen du TNP ne fait qu’accentuer les pressions sur l’architecture mondiale visant à un désarmement nucléaire, a-t-il noté.  Il a particulièrement salué les engagements des États non dotés d’armes nucléaires qui choisissent la voie du désarmement.  Il a jugé urgent de mettre en œuvre, enfin, la résolution de 1995 appelant à l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.  Il a estimé que les conférences portant création d’une telle zone, organisées en 2019 et en 2020 sous les auspices des Nations Unies, ont eu des effets positifs sur la mise en œuvre attendue de la résolution de 1995 et du plan d’action y relatif de 2010. 

Mme VANESSA FRAZIER (Malte)a rappelé qu’aucun État doté ou non de l’arme nucléaire ne sera épargné par les conséquences du recours à de telles armes.  Elle s’est inquiétée des menaces de recours à cette arme par la Russie sur le continent européen, faisant remarquer que ces menaces rappellent les défis qu’il reste à relever pour parvenir à un monde sans armes nucléaires.  Suite à la première réunion des États parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, en juin à Vienne, elle a salué le Plan d’action de Vienne de nature à permettre aux États de prendre des mesures détaillées pour faire avancer l’objectif de l’universalité de ce traité. 

M. MONGUNO (Nigéria) a estimé que la modernisation et le développement des arsenaux nucléaires n’a aucun sens dans le contexte des défis urgents en matière de lutte contre les changements climatiques ou contre le terrorisme ou encore pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  Il a cité en exemple le Traité de Pelindaba qui a érigé en 1996 le continent africain comme zone exempte d’armes nucléaires avant d’insister pour dire que le TNP constitue un instrument essentiel dans les efforts visant à mettre fin à la prolifération verticale et horizontale des armes nucléaires.  Il a jugé important de promouvoir l’universalisation du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, entré en vigueur en janvier 2021, avant de saluer l’adoption du Plan d’action de Vienne, en juin dernier. 

M. SURIYA CHINDAWONGSE (Thaïlande) a regretté que les risques liés aux armes nucléaires augmentent, comme l’illustre l’absence de consensus lors de la dixième Conférence d’examen du TNP.  Il a cependant voulu mettre en avant quelques petites avancées comme l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires ou le fait que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) compte désormais 174 membres. 

M. ALEXANDER MARSCHIK (Autriche) a dénoncé l’agression d’un État doté, la Fédération de Russie, contre un État non doté, l’Ukraine, et l’occupation de la centrale nucléaire de Zaporijia.  « C’est un choc pour le régime de non-prolifération », a-t-il affirmé, s’inquiétant d’une menace d’élimination de toute l’humanité et appelant les États Membres à ne pas « attendre qu’une catastrophe se produise ».  Il a estimé que la Russie était responsable de l’absence de document final lors de la dixième Conférence d’examen du TNP.  Constatant qu’une majorité de pays ne se satisfont pas du « statu quo nucléaire », il s’est félicité de l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, coparrainé par l’Autriche, et a appelé tous les États Membres à travailler avec le Traité, qualifiant le Plan d’action de Vienne de « réaliste et ambitieux ».  Ce plan prévoit le lancement d’un fonds d’affectation spéciale destiné à soutenir les personnes ayant souffert de l’impact des explosions nucléaires, la création d’un conseil consultatif scientifique, la fixation d’un délai de 10 ans pour la destruction des armes nucléaires et l’adhésion d’autres pays au Traité d’interdiction.

Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a estimé que des progrès avaient été faits en termes de traités mais a regretté que des sommes énormes soient toujours dépensées pour moderniser les armes nucléaires.  Elle s’est inquiétée des risques nouveaux que pouvaient représenter les cyberattaques et l’intelligence artificielle dans ce domaine.  Elle a condamné « de la manière la plus vive » les actions de la Fédération de Russie, État doté qui a mis en péril la paix et la sécurité internationales, et l’a appelé à cesser ses pressions nucléaires et à se retirer de la centrale de Zaporijia.  Elle en a appelé à la « bonne foi » dans l’application du TNP et à des « mesures unilatérales » de la part des États dotés.  Elle a également exhorté tous les États Membres à adhérer au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. 

M. MEDER UTEBAEV (Kirghizstan) a souligné la pertinence de la question du désarmement et de la non-prolifération dans le contexte des tensions internationales actuelles.  Il a appelé à éduquer l’opinion publique mondiale à ces questions et aux enjeux du TNP.  Il a proposé que le 5 mars soit déclaré « journée internationale pour la sensibilisation au désarmement et à la non-prolifération » par l’Assemblée générale en appelant la communauté internationale à soutenir cette initiative.

Mme SHABEENA (Maldives) a déclaré que l’existence même des armes nucléaires représente une menace pour l’humanité.  Elle a pris note des efforts de la communauté internationale pour les éliminer au fil des décennies mais, plus de 60 ans après, les neufs pays dotés d’armes nucléaires continuent leur prolifération, a-t-elle constaté.  Les budgets alloués à ces armes auraient pu être alloués au développement durable, a-t-elle souligné y voyant même une obligation morale.  Regrettant que seuls 68 États, dont les Maldives, aient signé et ratifié le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, elle a appelé ceux qui ne l’ont pas fait encore à les rejoindre et à s’engager plus fortement dans ce domaine. 

Au nom du Groupe des États arabes, M. TAREK LADEB (Tunisie) a dit que l’élimination totale des armes nucléaires est le seul moyen de garantir que ces armes ne seront jamais utilisées.  Face à une flambée des prix, notamment des denrées alimentaires, sans précédent, il a suggéré aux États dotés de rediriger vers le développement économique et social les moyens traditionnellement consacrés aux armes nucléaires.  Il a également demandé aux huit pays figurant à l’annexe II du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) qui doivent encore le faire de ratifier le Traité pour permettre son entrée en vigueur.  Il a souligné l’importance de parvenir à l’universalisation du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, et de commencer sans délais des négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires.  Il a dénoncé le refus d’Israël de soumettre ses installations à l’examen du système de garantie généralisée de l’AIEA.  Il a jugé urgent de mettre en œuvre enfin la Résolution de 1995 appelant à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, avant de saluer les conférences organisées en 2019 et 2021 pour faire avancer cet objectif. 

Au nom des 120 membres du Mouvement des pays non alignés, M. YASHAR T. ALIYEV (Azerbaïdjan) a souligné les impacts potentiels d’un désarmement nucléaire sur la réalisation des objectifs de développement et le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il a estimé que le seul moyen de garantir que ces armes ne seront jamais utilisées est de supprimer totalement les armes nucléaires de notre planète.  « La non-prolifération est une obligation qui s’impose aux États dotés de l’arme nucléaire », a insisté le représentant avant d’exhorter les États dotés à agir.  Il a estimé que la mise en œuvre des décisions prises lors des Conférences d’examen du TNP de 1995, 2000 et 2010 pour parvenir à une suppression totale des arsenaux nucléaires.  « Il est temps de revoir notre approche en matière de désarmement nucléaire », a insisté le représentant du Mouvement, avant de saluer la tenue des première et deuxième sessions de la Conférence visant à parvenir à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et de destruction massive Moyen-Orient, conformément aux décisions adoptées en 1995.  Par ailleurs, il s’est félicité de l’adoption le 21 janvier 2021 du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, premier accord multilatéral applicable à l’échelle internationale à interdire complètement et explicitement les armes nucléaires sur la base du droit international humanitaire, avant de saluer l’adoption en juin 2022 des Déclaration et Plan d’action de Vienne y relatifs. 

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) est d’abord intervenu au nom de l’Organisme pour l’interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes (OPANAL), qui compte 33 membres, pour rappeler que celle-ci considère que l’utilisation de telles armes est assimilable à un crime contre l’humanité et que leur interdiction est la seule garantie possible pour s’en prémunir.  Il a appelé les États dotés et les États non dotés intégrant les armes nucléaires dans leur doctrine militaire à revoir ces dernières.  Il a déploré la menace proférée par certains de faire appel à l’arme nucléaire et condamné toute menace, explicite ou implicite, de ce type comme une violation du droit international.  Il a appelé les États dotés de l’armée nucléaire à appliquer l’article VI du TNP et à fournir des garanties de sécurité aux pays de l’Amérique latine et des Caraïbes. 

S’exprimant ensuite à titre national, le représentant du Brésil a regretté l’absence de document final à l’issue de la dixième Conférence d’examen du TNP et s’est félicité de l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Il a dénoncé les « termes absurdes » comme « armes nucléaires tactiques » utilisés pour « justifier l’injustifiable » par les États dotés. 

M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) s’est inquiété des menaces sur la paix et la sécurité qui planent actuellement sur le monde et a défendu l’universalité des traités de désarmement nucléaire.  Il a regretté l’absence de consensus lors de la dixième Conférence des États parties au TNP et a appelé les États dotés au respect non sélectif des dispositions dudit Traité. 

M. FERGAL TOMAS MYTHEN (Irlande) a souligné que la guerre en Ukraine et le blocage de la Russie, en empêchant la Conférence d’examen du TNP de finaliser un document de fond, ne pouvaient que conforter la communauté internationale dans ses efforts pour parvenir à une élimination totale et irréversible des armes nucléaires.  Il a par ailleurs estimé que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et le TNP étaient complémentaires en raison notamment de l’accent mis au titre par le premier sur les conséquences humanitaires qu’aurait une détonation nucléaire, y compris accidentelle. 

M. DIEGO PARY RODRÍGUEZ (Bolivie) a appuyé les propos de son homologue irlandais concernant le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, ajoutant que son pays s’oppose au développement des armes existantes et à la mise au point de nouveaux arsenaux, qui vont à l’encontre du désarmement et de la non-prolifération nucléaires.  Le bien-être économique et social dépend des progrès concrets enregistrés sur la voie de l’élimination des armes nucléaires, a encore dit le représentant, pour qui les États dotés d’armes nucléaires doivent honorer leurs engagements en matière de réduction, dans un cadre transparent, de leurs arsenaux.

Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a, quant à elle, exhorté les États détenteurs à mettre en œuvre l’article VI du TNP relatif au désarmement nucléaire et de donner des garanties de sécurité négatives pour restaurer la confiance entre États.  Le Liban, qui présidera en novembre, à New York, la prochaine session de la Conférence sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, appelle tous les États concernés de la région à participer aux négociations. 

M. ENKHBOLD VORSHILOV (Mongolie) a souligné la nécessité d’accroître les efforts de sauvegarde du TNP pour avancer « ensemble » vers la réalisation d’un monde exempt d’armes nucléaires.  En tant que territoire qui, depuis 1998, jouit du statut de pays exempt d’armes nucléaires, la Mongolie ne peut qu’encourager à la création d’autres zones de ce type pour renforcer la confiance régionale. 

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) s’est dit prêt à œuvrer à l’avènement d’un monde exempt d’armes nucléaires avant d’appeler à garantir la sécurité de tous les États avec le niveau d’armement le plus bas possible.  Il a regretté que les propositions du Pakistan pour garantir une Asie du Sud-Est stable sans armes nucléaires n’aient pas été adoptées.  « Les capacités nucléaires ont été introduites en Asie du Sud-Est par un État en 1974, qui s’est aussi livré aux premières explosions le 11 mai 1998 », a aussi rappelé le représentant du Pakistan.

M. ISSIMAIL CHANFI (Comores) a attiré l’attention sur l’impact qu’aurait une guerre nucléaire aux niveau mondial ou régional avant de déplorer que le régime de non-prolifération ait figé la situation au profit des seuls États nucléaires.  « Nous ne pouvons non plus accepter cette situation », a scandé le représentant avant d’exiger des engagements plus précis de la part des États dotés de l’arme nucléaire.  Il a exhorté les dirigeants mondiaux à accorder également leur priorité à la réalisation des ODD et à la lutte contre les changements climatiques. 

M. ZHANG JUN (Chine) a dit qu’un monde exempt d’armes nucléaires est de l’intérêt de tous les États.  Il a regretté que certains pays aient « une véritable obsession » avant de fustiger la pratique du renforcement de rivalités, avec le développement de forces stratégiques et la coopération en matière de nucléaire sous-marin.  « Tout cela doit cesser immédiatement », a dit le représentant avant de vanter l’initiative du Président chinois pour la sécurité mondiale qui s’appuie sur un multilatéralisme sincère pour prévenir les guerres et préserver la paix.  Il a expliqué que la doctrine de la Chine consiste au non-recours de l’arme nucléaire en premier, assurant que la Chine se refuse à toute course aux armements avec un quelconque pays. 

M. ZHANGELDY SYRYMBET (Kazakhstan) a rappelé que les armes nucléaires modernes étaient beaucoup plus puissantes que celles utilisées, en 1945, et pouvaient faire des centaines de milliers de morts.  Il a regretté que plus de 100 milliards de dollars soient dépensés, chaque année, pour l’entretien et la modernisation des arsenaux nucléaires.  Il s’est toutefois félicité de l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. 

M. ABDULAZIZ M. ALWASIL (Arabie saoudite) s’est dit prêt à s’associer à tout instrument juridique pouvant diminuer le risque nucléaire.  Il a affirmé que son pays s’était associé à la Déclaration de Vienne et a rappelé qu’il défendait le droit à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.  Il a estimé que l’Iran s’était engagé dans une spirale contribuant à la montée des tensions et a demandé à la communauté internationale de s’assurer qu’il développe, comme il l’affirme, un programme nucléaire à des fins uniquement pacifiques et non militaires.  Il a aussi demandé qu’Israël respecte les cadres internationaux en ce qui concerne la détention d’armes nucléaires. 

M. BRIAN CHRISTOPHER MANLEY WALLACE (Jamaïque) a déploré l’existence d’un risque d’utilisation de l’arme nucléaire et le fait que certains pays s’en voient menacés alors même que le monde devrait se concentrer sur des crises bien plus pressantes sociale, environnementale, sanitaire.  Il a regretté qu’il n’ait pas été possible d’adopter un document final à l’issue de la dixième Conférence d’examen des Parties au TNP.  Il a estimé que la possession d’armes nucléaires rendait les États dotés plus audacieux et les incitait à violer le droit international.  Il a appelé à l’émergence d’un contre-récit s’opposant à celui sur l’efficacité de la dissuasion nucléaire.  « Nous sommes au bord de la catastrophe, faisons un pas en arrière! » a-t-il conclu.

M. MICHAEL IMRAN KANU (Sierra Leone) a affirmé que les armes nucléaires ne garantissent la sécurité d’aucun pays et devaient être totalement éliminées.  Il a appelé les États dotés à redéployer les ressources utilisées pour l’armement nucléaire pour atteindre les objectifs de développement durable.  Il a également appelé les États Parties au TNP à progresser et s’est félicité de l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, ratifié cette année par son pays. 

M. DANG HOANG GIANG (Viet Nam) a souligné que l’exclusion et la confrontation étaient les moyens les plus sûrs de rendre inatteignable l’objectif historique d’un monde exempt d’armes nucléaires.  Il a par ailleurs plaidé pour que débutent à la Conférence du désarmement des négociations sur un traité d’interdiction de la production des matières fissiles, cela « pour s’assurer qu’en attendant que les arsenaux nucléaires diminuent, ils n’augmentent pas ». 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a appelé les États dotés d’armes nucléaires à revenir sur leur doctrine, étant avéré que ces armes ne garantissent en rien leur sécurité ni l’équilibre stratégique mondial.  L’entretien et la maintenance des 13 000 ogives nucléaires posent à eux seuls un risque sécuritaire local et régional, a-t-il ajouté, condamnant les menaces « à peine voilées » de recourir intentionnellement à des armes nucléaires.  Enfin, il a souhaité que les États dotés réaffirment leurs engagements en matière de réduction de leurs arsenaux, pris lors des Conférences d’examen du TNP de 1995 et 2000, « afin que nous puissions nous rapprocher des objectifs internationaux de désarmement nucléaire et de non-prolifération ». 

M. OMAR HILALE (Maroc) a notamment défendu l’utilité des zones exemptes d’armes nucléaires au niveau régional et international.  À cet égard, il s’est félicité de la conduite, à New York, des travaux de la conférence pour la création d’une zone de ce type au Moyen-Orient.  Il convient, dans ce cadre, d’instituer un dialogue favorable à un traité juridiquement contraignant qui répondra aux aspirations à la paix et à la sécurité des pays de la région, a-t-il dit.  D’autre part, il a appelé à son tour à l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. 

M. MEMET MEVLÜT YAKUT (Türkiye) a exprimé sa préoccupation face à la menace d’utilisation d’armes nucléaires en Ukraine.  La Türkiye milite pour un monde exempt de ces armes, a-t-il dit en espérant que, malgré l’échec de la dixième réunion d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, le monde parviendrait à un accord ultérieurement.  Il a invité tous les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et a demandé à tous de ne plus mener d’essais nucléaires. 

Mme HASSAN-SHARPE (Nouvelle-Zélande) a rappelé que la région du Pacifique a été par le passé le lieu de nombreux essais nucléaires.  Elle s’est inquiétée de la nouvelle course aux armements, qui est bien loin des ambitions qui ont prévalu à la mise en place du Traité sur la non-prolifération.  Elle a indiqué que la Nouvelle-Zélande est déçue du fait que la Russie ait bloqué un consensus au cours de la dixième réunion d’examen de ce traité.  La déléguée a également appelé tous les États à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires avant d’inviter tous les États à prendre un engagement plus fort en matière de non-prolifération.

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur) a dit qu’aucune arme nucléaire ne peut être positive, leur simple existence étant une menace à la survie de l’humanité.  Il a appelé les Nations Unies à redoubler d’efforts, avec d’autres partenaires, pour parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires.  L’Équateur est fier d’appartenir à la première région au monde à avoir refusé toute arme nucléaire, a dit le délégué.  Il a ensuite invité les États de l’annexe 2 à ratifier au plus vite le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  Il a dit rejeter la menace récente d’utilisation d’armes nucléaires, arguant que cette menace vient fragiliser le contexte international. 

Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a regretté l’absence de consensus qui a marqué la dixième Conférence d’examen du TNP.  Cette absence de consensus, qui marque 12 années d’échec, est un rappel brutal de tout ce que les États dotés d’armes nucléaires sont prêts à faire pour conserver leurs armes nucléaires sans contrôle et faire passer leurs intérêts égoïstes et étroits avant la paix et la sécurité collectives du reste de l’humanité, a-t-elle déploré.

La tendance que nous observons, à savoir l’augmentation du nombre d’États qui soulignent la valeur de la dissuasion nucléaire et s’appuient davantage sur celle-ci dans leurs doctrines militaires et de sécurité, est de plus en plus préoccupante, a-t-elle ajouté.  L’Afrique du Sud reste convaincue que, tant que les armes nucléaires existeront, l’humanité restera confrontée à la menace de leur utilisation massive, incontrôlable et aveugle. 

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a estimé très préoccupant que la possibilité de l’utilisation de l’arme nucléaire aujourd’hui soit plus élevée que jamais depuis le début de la guerre froide.

C’est dans cette optique, que le Premier Ministre japonais, M. Fumio Kishida, a proposé, lors de la Conférence d’examen du TNP, qui s’est tenue le mois dernier, le « plan d’action d’Hiroshima », première étape d’une évolution réaliste vers l’idéal d’un monde sans armes nucléaires. 

En s’appuyant sur les idées énoncées dans le plan, le Japon continuera à travailler avec la communauté internationale à la réalisation d’un monde sans armes nucléaires, notamment dans le cadre de la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies sur l’élimination des armes nucléaires. 

Mme CAROLYN RODRIGUES-BIRKETT (Guyana) a estimé que, cette année, la Journée internationale avait pris une plus grande importance du fait notamment de la guerre en cours en Ukraine et des tensions accrues dans le monde entier qui font planer la menace d’une catastrophe nucléaire.  « Nous ne sommes qu’à une erreur de calcul près d’une catastrophe humanitaire d’ampleur mondiale », a-t-elle mis en garde.  Se disant profondément préoccupée par la persistance et le stockage des armes nucléaires, la représentante a fait appel à l’obligation morale, éthique et juridique d’interdire l’utilisation des armes nucléaires.

Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador) a rappelé que l’utilisation ou la menace du recours à une arme nucléaire constitue un crime et que le TNP est la pierre angulaire du régime de non-prolifération, « auquel El Salvador croit ».  Aucun pays ne pourrait faire face aux conséquences d’une détonation nucléaire, a-t-elle ajouté.  Elle a jugé indispensable l’universalisation du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, qui complète utilement le TNP.  « Une participation égalitaire et paritaire est essentielle si on veut faire du désarmement nucléaire une réalité », a-t-elle ajouté. 

M. MOHAMMED HUSSEIN BAHR ALULOOM (Iraq) a appelé à tout mettre en œuvre pour éviter la prolifération des armes de destruction massive.  Le seul moyen de s’assurer que des armes de destruction ne tomberont pas entre les mains de groupes terroristes est de s’assurer de la destruction de toutes ces armes.  Il a dénoncé une mise en œuvre déséquilibrée et lacunaire du TNP en souhaitant que soient mises en œuvre les décisions prises lors des Conférences d’examen du Traité de 1995, 2000 et 2010.  Après avoir regretté que la dixième Conférence d’examen tenue en août n’ait pu parvenir à un accord, il a jugé urgent de mettre en œuvre enfin la décision de 1995 appelant à une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.  Il a rappelé le droit inaliénable des pays en développement de recourir à l’énergie nucléaire à des fins pacifiques aux termes du TNP, sans qu’ils soient victimes de discriminations.  À cet égard, il a particulièrement salué l’opportunité de l’assistance technique de l’AIEA. 

M. JASSIM SAYAR A. J. AL-MAAWDA (Qatar) a salué la pertinence du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires en souhaitant que les fonds consacrés à ces essais soient attribués au développement économique et social des pays en développement.  Il a estimé que la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient est urgente et nous rapprocherait de l’objectif de la paix et de la sécurité dans le monde.  Le Qatar est prêt à accueillir au mois de novembre la troisième conférence visant à la création d’une telle zone, qui se tiendra sous présidence libanaise.

M. SUNIL ALGRAM SITALDIN (Suriname) a estimé urgent de libérer le monde de la menace nucléaire en donnant la priorité au désarmement et à l’élimination de telles armes.  Saluant l’établissement dans plusieurs régions du monde de zones exemptes d’armes nucléaires, il a tenu à préciser que son pays ne détient aucune arme de destruction massive et n’a pas l’intention d’en acquérir.  De plus, a-t-il indiqué, le Suriname respecte ses obligations internationales en la matière et a ratifié tous les traités internationaux pertinents.  Selon lui, la création d’un monde exempt d’armes nucléaires est la responsabilité de tous car la survie de l’humanité est en jeu. 

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a rappelé que son pays a ratifié le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 1988 et est partie à tous les traités garantissant la sécurité nucléaire.  De même, le Bahreïn soutient toutes les initiatives visant à empêcher des groupes terroristes d’accéder à ce type d’armement et souhaite que l’AIEA puisse exercer pleinement son mandat.  Le représentant s’est également déclaré favorable à l’établissement d’une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient.  Une telle mesure permettrait, selon lui, aux pays de la région d’échanger en toute confiance et atténuerait les risques de conflit.  Dans ce contexte, il a appelé l’Iran à honorer l’ensemble de ses obligations internationales dans ce domaine et à respecter le régime de l’AIEA, tout en prouvant le caractère pacifique de son programme nucléaire. 

M. AMRIYO BOBOZODA (Tadjikistan) a dit soutenir l’idée selon laquelle la course aux armements nucléaires ne peut avoir de vainqueur.  Il a rappelé que son pays attache une grande importance à la poursuite des programmes de non-prolifération nucléaire et à l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires.  À cet égard, il a relevé que le Tadjikistan a été l’un des cinq pays fondateurs de la zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale.  Saluant la tenue de cette journée de commémoration, il a ajouté que son pays partage l’objectif d’un monde totalement exempt d’armes nucléaires et appelle tous les pays à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires afin qu’il puisse entrer en vigueur. 

Mme JOAN MARGARITA CEDANO (République dominicaine) a jugé essentiel que les efforts de sensibilisation à la menace nucléaire se poursuivent, étant donné le contexte international toujours plus complexe.  Elle a fait valoir à ce propos que la seule garantie contre l’usage ou la menace des armes nucléaires est leur élimination totale.  Regrettant que la dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires n’ait pu aboutir à un consensus et à un document final, elle s’est dite fière d’appartenir à la première région s’étant déclarée exempte d’armes nucléaires via le Traité de Tlatelolco.  L’établissement de telles zones favorise le désarmement mondial et promeut la paix et la sécurité internationales, a-t-elle affirmé en appelant tous les pays à ratifier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires pour en garantir l’universalité. 

M. SULEIMAN HAJI SULEIMAN (République-Unie de Tanzanie) a salué l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et s’est félicité que 91 États Membres l’aient signé et 68 ratifié au 23 septembre, précisant que le processus de ratification était en cours dans son pays.  Il a appelé les États Membres à le rejoindre et salué le travail de l’Agence internationale de l’énergie atomique, appelant les membres à travailler avec elle en toute bonne foi. 

M. LUIS UGARELLI (Pérou) a déploré que les menaces nucléaires récemment proférées aient accru les tensions sur la scène internationale.  « Nous sommes au bord de la guerre nucléaire! » s’est-il exclamé.  Il a rappelé que le Pérou avait été un des premiers États parties au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), ajoutant qu’en tant que membre du Traité de Tlatelolco, qui a fait de l’Amérique latine et des Caraïbes une zone exempte d’armes nucléaires, il appelait les autres régions du monde à adopter ce type d’instruments.  Regrettant un affaiblissement du TNP après 12 ans sans avancées significatives, il a estimé que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires représentait l’avenir dans ce domaine. 

Mme MARÍA ANTONIETA SOCORRO JÁQUEZ HUACUJA (Mexique) a affirmé sa préoccupation face à une menace « très réelle » de guerre nucléaire et s’est inquiétée du fait qu’une centrale nucléaire se retrouve dans une zone de combats.  Elle a lancé un appel aux États dotés et aux États non dotés appartenant à des alliances détentrices d’armes nucléaires à réviser leur doctrine.  « Les menaces d’utilisation d’armes nucléaires contreviennent au droit international », a-t-elle conclu. 

M. NADER LOUAFI (Algérie) a appelé à prendre des mesures concrètes pour le désarmement nucléaire, notamment dans le cadre de l’article VI du TNP et ce, en toute bonne foi.  Il a regretté que la dixième Conférence d’examen du TNP n’ait pu aboutir à un consensus, tout en se félicitant de l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Il a appelé à tous les pays à rejoindre le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires afin de limiter la course aux armements. 

Mgr PIETRO PAROLIN, du Saint-Siège, a dit que le conflit en Ukraine nous rappelle combien nous sommes proches d’un conflit nucléaire.  Il a rappelé que l’élimination des armes nucléaires est donc un défi urgent et un impératif humanitaire.  Il a accusé les États dotés de préférer le développement de leurs arsenaux au travail en faveur d’un véritable désarmement et une non-prolifération.  Tant que les armes nucléaires existeront, nous ne pourrons pas écarter le risque de leur utilisation, a-t-il prévenu. 

M. RIYAD H. MANSOUR, de l’État de Palestine, s’est dit convaincu que l’élimination totale des armes nucléaires est la seule manière de s’assurer que ces armes ne soient jamais utilisées.  Il a appelé à mettre en œuvre l’objectif d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient en rappelant que les engagements de la Conférence d’examen du TNP de 1995 restaient valides. 

Mme LAETITIA MARIE ISABELLE COURTOIS, du Comité international de la Croix Rouge (CIRC), s’est inquiétée d’un risque délibéré ou accidentel d’utilisation de l’arme nucléaire de plus en plus élevé, alors que l’existence de ces armes fait partie de la pire menace pour l’humanité.  Elle a jugé essentiel de reconcentrer les débats autour des conséquences de l’utilisation de ces armes pour les êtres humains et l’environnement.  « Accepter les armes nucléaires comme moyen de défense relève d’une logique dangereuse et inacceptable », a-t-elle insisté, avant d’estimer que l’universalisation du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires restait le meilleur espoir de désarmement total. 

M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ, de la Ligue des États arabes, a souligné l’importance des zones exemptes d’armes nucléaires, qui se sont développées dans le monde.  Il a appelé à mettre en œuvre l’objectif d’une telle zone au Moyen-Orient, en rappelant à cet effet les engagements de la Conférence d’examen du TNP de 1995 .  Il a exhorté la communauté internationale à maintenir la pression sur Israël afin que ce pays soumette ses installations au système de l’AIEA.

Déclarations de membres de la société civile

Mme NIKOLIC HUGHES, de la Fondation pour la paix, a appelé à apprendre du passé et à réfléchir au présent et à l’avenir.  Ce serait une erreur de penser que Nagasaki et Hiroshima sont les seuls moments où l’humanité a subi les effets néfastes des armes nucléaires, a-t-elle souligné en évoquant l’impact des essais nucléaires.  Les 13 000 ogives nucléaires qui existent actuellement sont bien plus puissantes que la bombe d’Hiroshima et l’échelle de dévastation qu’elles causeraient est inimaginable, a martelé la représentante de la société civile, pour qui une guerre nucléaire n’est simplement pas une option.  Elle a parlé « d’hiver nucléaire » et de « fin de l’humanité » en appelant tous les pays du monde à reconnaître leurs intérêts dans ce combat et à signer sans tarder le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.

En sa qualité de Jeune Champion du désarmement des Nations Unies, M. PATRICK KAREKEZI, de l’organisation non gouvernementale Restless Development, a dit intervenir au nom de 1,9 milliard de jeunes qui devront veiller à ce que le monde de demain soit un monde pacifié.  Il a appelé l’humanité à renoncer à la peur et à la défiance et abolir l’arme nucléaire. 

Mme MOLLY MCGINTY, de l’Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire, a cité une étude indiquant qu’une guerre nucléaire impliquant moins de 3% des arsenaux mondiaux pourraient anéantir un tiers de l’humanité.  « Les armes nucléaires sont le symptôme d’un système abîmé qui permet à ceux qui les détiennent de garder le monde en otage », a-t-elle résumé.  Mme McGinty a ajouté que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires représentait « une lueur d’espoir » à l’heure où la menace s’accroît en raison du conflit en Ukraine.  Elle a rappelé qu’un million de personnes avaient signé une pétition demandant à la Fédération de Russie de ne pas utiliser l’arme nucléaire et a exhorté ce pays ainsi que l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) à abandonner l’arme nucléaire. 

Déclaration de clôture

M. CSABA KŐRÖSI, Président de l’Assemblée générale, a salué les participants pour avoir fait « entendre leurs voix ».  Vous avez souligné le rôle de plus en plus significatif de l’Assemblée générale dans cette quête de paix, en vous prononçant contre le « chantage nucléaire » et réaffirmé que les armes nucléaires n’avaient aucune place dans le monde dans lequel nous voulons voir vivre nos enfants, a-t-il affirmé. 

M. Kőrösi a encouragé les participants à quitter cette salle, aujourd’hui, avec une « résolution dans vos cœurs et des solutions dans vos esprits » pour débarrasser le monde de la menace nucléaire.  Cet appel, cette aspiration impliquent, selon lui, l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et le lancement des négociations sur le traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires. 

Cela implique, également, le démantèlement des stocks nucléaires car, sans cela, quelle garantie aurons-nous? a-t-il demandé; de quelle sécurité pourrons-nous bénéficier?

M. Kőrösi a également exprimé sa reconnaissance à la société civile qui, a-t-il dit, par sa contribution aux débats d’aujourd’hui, nous a inspirés par sa détermination et sa volonté de travailler pour la paix et la sécurité dans le monde entier. 

En conclusion, le Président de l’Assemblée générale a mentionné la statue de Sainte Agnès, retrouvée dans les ruines de Nagasaki, carbonisée à la suite de l’explosion nucléaire, qui figure dans la collection permanente des Nations Unies comme témoignage d’un passé qui ne doit jamais se répéter.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: face à la dégradation de la situation sécuritaire dans le monde et aux diverses crises, les dirigeants demandent une réponse collective

Soixante-dix-septième session,
12e & 13e séances plénières – matin, après-midi & soir
AG/12451

Assemblée générale: face à la dégradation de la situation sécuritaire dans le monde et aux diverses crises, les dirigeants demandent une réponse collective

L’écho de la guerre a encore une fois résonné aujourd’hui dans la salle de l’Assemblée générale, au cinquième jour de son débat annuel, celui de la guerre en Ukraine, mais également des autres conflits aux effets non moins dévastateurs qui se poursuivent dans l’ombre de l’invasion russe, que ce soit au Mali, en Éthiopie ou en Azerbaïdjan.  Bon nombre de délégations ont réfléchi aux moyens de renforcer la solidarité mondiale pour gérer les crises et faire face aux menaces persistantes ou nouvelles qui pèsent sur la sécurité. 

Alors que le conflit en Ukraine continue d’interpeller la majorité des États Membres, le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie a estimé que « ce qui se décide aujourd’hui est l’avenir de l’ordre mondial ».  Pour M. Sergei Lavrov, la question est de savoir s’il s’agira d’un ordre avec au premier plan « une puissance qui force les autres pays à vivre selon ses fameuses règles qui ne profitent qu’à elle », ou bien plutôt d’un monde démocratique sans chantage ni intimidation.  La Russie a fermement choisi la deuxième option et, avec ses alliés, travaille à sa mise en œuvre, a-t-il fait savoir. 

Face à la guerre du « régime de Kiev » contre son propre peuple, nous n’avons eu d’autre choix que de reconnaître l’indépendance des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk et de lancer une « opération militaire spéciale » pour protéger les Russes du Donbass et éliminer la menace de l’OTAN, a encore justifié M. Lavrov, avant de dénoncer « l’hystérie » de l’Occident à propos des référendums dans les régions occupées de l’Ukraine.  Comme le Bélarus, il a dénoncé les sanctions « unilatérales et illégales » imposées par les États-Unis et l’Union européenne, qui ont exacerbé la crise en déclarant une guerre économique contre la Russie. 

Dans une déclaration particulièrement virulente, Le Premier Ministre intérimaire du Mali, M. Abdoulaye Maïga, a fustigé à son tour les sanctions « illégitimes et inhumaines » imposées à son pays.  Il a voulu reconnaitre les limites d’une solution purement militaire aux crises interdépendantes du terrorisme, de la criminalité transnationale organisée et des conflits communautaires -manipulés selon lui par les terroristes et leurs parrains étatiques étrangers, dont les autorités françaises qu'il a qualifiées de « junte ».

« Il faut défendre la paix et condamner la guerre », a plaidé le Ministre des affaires étrangères de la Chine, en ajoutant que « ceux qui livrent des guerres par procuration en subiront les conséquences ».  M. Wang Yi a invité le monde à choisir la voie du développement et de l’ouverture économique, les confrontations et le protectionnisme ne pouvant selon lui que « revenir en boomerang ».  Cela ne l’a pas empêché de lancer comme un avertissement que « Taiwan fait partie du territoire chinois » depuis des temps immémoriaux.  Comme son homologue chinois, le Ministre des affaires extérieures de l’Inde, M. Subrahmanyam Jaishankar, a effleuré la situation en Ukraine assurant que son pays est « du côté de la paix » et de ceux qui respectent la Charte des Nations Unies et ses principes fondateurs. 

Le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie, M. Demeke Mekonnen, a pour sa part évoqué les « défis qui ont mis à l’épreuve notre survie en tant que nation » à la suite d’attaques menées par un groupe « criminel » déterminé à détruire le pays.  Il a néanmoins appelé à soutenir les efforts de réconciliation, notamment le processus de paix initié par l’Union africaine.  M. Mekonnen s’est par ailleurs félicité de l’inauguration du Grand barrage de la Renaissance éthiopienne, « qui a commencé à éclairer nos maisons », tout en réaffirmant son engagement à coopérer avec les pays riverains. 

À ce propos, M. Sameh Hassan Shoukry Selim, Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, a indiqué que malgré une décennie de négociations « futiles », son pays reste déterminé à faire preuve de retenue et à respecter le droit au développement du peuple éthiopien.  « Mais cela ne peut se faire au détriment du droit à la vie du peuple égyptien, qui est lié au Nil depuis l’aube de l’histoire », a-t-il prévenu. 

Dans le Caucase, marqué par la reprise des affrontements avec l’Arménie le 13 septembre dernier, le Ministre des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan, M. Jeyhun Aziz Oglu Bayramov, a dit rester engagé à entamer un processus de normalisation avec son voisin.  « Notre région a connu suffisamment de confrontation, de destruction et de souffrance », a déclaré le Ministre, pour qui il est grand temps que les deux nations tournent la page sur cette période tragique de leur histoire. 

Prenant acte, dans un autre registre, de l’annonce de la « phase terminale » de la pandémie de COVID-19 par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Premier Ministre de la Grenade, M. Dickon Mitchell, a demandé que la question des changements climatiques soit portée au même niveau d’urgence.  Pendant que les ouragans ne cessent de gagner en force, « nous observons et attendons, en retenant notre souffle et en priant en silence, dans l’espoir que cette année ce ne sera pas « notre tour », a témoigné M. Mitchell.  Comme ses voisins des Bahamas ou de Saint-Vincent-et-les Grenadines, il a par ailleurs appelé la communauté internationale à venir en aide à Haïti afin de combler le vide politique et son effet déstabilisateur sur la région des Caraïbes. 

À ce propos, le Ministre des affaires étrangères et des cultes d’Haïti, M. Jean Victor Geneus, a fait état d’une crise multidimensionnelle qui menace la démocratie et les fondements même de l’état de droit dans son pays, « une crise sociopolitique et économique à laquelle s’est greffée l’insécurité », du fait des proportions inquiétantes prises par les activités des gangs armés.  M. Geneus a reconnu que les initiatives visant à rétablir les institutions de son pays, notamment au moyen d’élections inclusives et d’une réforme constitutionnelle, ne pourront porter leurs fruits que si elles s’accompagnent d’un appui « robuste » de la communauté internationale. 

L’Assemblée générale poursuivra son débat général lundi 26 septembre, à 9 heures.

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL

M. PHILIP EDWARD DAVIS, Premier Ministre et Ministre des finances des Bahamas, a rappelé les effets dévastateurs de l’ouragan de catégorie 5 qui a ravagé son pays en 2019.  Le réchauffement climatique promet des phénomènes de plus en plus fréquents, a mis en garde M. Davis.  « Nous sommes sur la ligne de front dans cette catastrophe. »  Cet ouragan a été suivi de la pandémie de COVID-19, et, étant donné l’importance du tourisme pour l’économie des Bahamas, cette crise sanitaire est rapidement devenue une crise économique et sociale.  Nous devons mieux nous préparer à affronter les prochaines épreuves, a-t-il plaidé, en ajoutant que nul ne peut faire cavalier seul.  Parmi les défis auxquels nous sommes confrontés, aucun ne requiert une action plus urgente que les changements climatiques.  Alors que les décideurs ont longtemps craint que l’action climatique ne s’opère aux dépends du développement économique, plusieurs comprennent aujourd’hui que l’inaction climatique est plus risquée encore.  « Ne le faites pas pour nous, faites-le pour vous-même », a insisté le Premier Ministre.  Des pays comme les Bahamas, qui croulent sous le poids de leur dette, ont besoin de ressources additionnelles pour financer la transition vers des sources d’énergie non polluantes.  Pour leur part, « les Bahamas jouent leur rôle », a-t-il assuré. 

Les services financiers constituent un volet crucial de notre économie, a poursuivi le Premier Ministre, en s’inquiétant des pressions inflationnistes dues à la guerre en Europe.  Les mesures « inéquitables et injustes » prises par les grands pays continuent de mettre à mal notre développement et celui des petits États insulaires en développement (PEID), a-t-il argué.  Hier encore, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a publié une déclaration incluant les Bahamas sur une liste noire, ce qui est « profondément injuste ».  « Comment se fait-il que les grands pays qui partagent des caractéristiques analogues ne figurent pas sur cette liste noire? » a demandé M. Davis, en faisant remarquer que les États visés sont tous d’anciennes colonies.  À ses yeux, ces décisions sont moins liées au respect des règles qu’à la discrimination.  « Les pays gouvernés par les Noirs sont aussi importants », a martelé le Premier Ministre.  Poursuivant, M. Davis s’est opposé à l’embargo contre Cuba et a appelé la communauté internationale à venir en aide à Haïti afin de combler le vide politique et son effet déstabilisateur sur la région. 

M. ABDOULAYE MAÏGA, Premier Ministre par intérim du Mali, a d’entrée exprimé son « profond désaccord » au Secrétaire général de l’ONU à la suite de sa « récente sortie médiatique », l’accusant de « prendre position » sur l’affaire des 46 « mercenaires » ivoiriens, « une affaire bilatérale et judiciaire », entre deux pays frères, qui « ne relève pas des attributions » de M. Guterres.  M. Maïga a demandé à ceux qui réfutent la version du Mali d’indiquer s’ils accepteraient que des militaires ayant dissimulé leurs identités débarquent avec des armes dans leur aéroport, sans que le pays de destination n’ait été au préalable informé, dans le dessein funeste de déstabiliser ce pays.

M. Maïga s’en est également pris à plusieurs dirigeants d’Afrique de l’Ouest.  Au Président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), M. Umaro Sissoco Embalo, il a signifié qu’il existe un « principe de subsidiarité » entre la CEDEAO et les Nations Unies et « non un principe de mimétisme ».  Le Premier Ministre du Mali a ajouté que le Secrétaire général des Nations Unies n’est pas un chef d’État, ni le Président en exercice de la CEDEAO un fonctionnaire, avant de recommander à ce dernier de ne pas banaliser la CEDEAO.  M. Maïga a également fait observer que le Gouvernement de la transition malien n’avait jusqu’à présent jamais réagi aux « propos injurieux » du Président du Niger, M. Mohamed Bazoum, du fait notamment que M. Bazoum « n’est pas un Nigérien ». 

M. Maïga a ensuite expliqué que, depuis le mois d’août 2020, le Mali se trouve dans un processus de transition, qui prendra fin le 26 mars 2024 par le transfert de pouvoir aux autorités élues.  D’ici à cette échéance, et conformément aux recommandations des assises nationales de la refondation, les autorités de la transition se sont engagées, dans deux chronogrammes convenus avec la CEDEAO, à faire des réformes politiques et institutionnelles, avant d’organiser des élections, dont l’objectif ultime est de refonder l’État malien, afin qu’il réponde aux aspirations profondes et légitimes de notre peuple à la paix. 

Peu de gens savent, a ajouté le Premier Ministre, que le Mali est le seul pays au monde dans lequel se superposent et se déroulent simultanément « quatre types d’insécurité: le terrorisme, les conflits communautaires manipulés par les terroristes et leurs parrains étatiques étrangers, la criminalité transnationale organisée et les actions violentes d’individus isolés ».  Saluant les Forces de défense et de sécurité du Mali, « déterminées à faire face à toutes les menaces, d’où qu’elles viennent », et affirmant que les groupes terroristes avaient été « sérieusement affaiblis », M. Maïga a toutefois reconnu que la solution uniquement militaire ou sécuritaire avait ses limites. 

C’est la raison pour laquelle, en appui à l’action militaire, le Gouvernement du Mali s’est doté d’une stratégie globale et intégrée, avec comme objectif la restauration de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national, a poursuivi le Premier Ministre.  M. Maïga a insisté sur la mise en œuvre parallèle, « diligente et intelligente » de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issue de l’Accord d’Alger, qui demeure une priorité stratégique des autorités de la transition. 

M. Maïga a assuré que le peuple malien restait reconnaissant des efforts et des sacrifices consentis par la MINUSMA.  Mais il a ajouté que, près de 10 ans après l’établissement de la Mission, les objectifs pour lesquels elle a été déployée au Mali « ne sont pas atteints ».  Il a donc réitéré la demande « maintes fois exprimée » de son gouvernement d’un « changement de paradigme » et d’une « adaptation de la MINUSMA à l’environnement dans lequel elle est déployée et d’une meilleure articulation de cette mission avec les autorités maliennes ». 

Le Premier Ministre a par ailleurs dénoncé « les influences extérieures négatives et les tentatives d’instrumentalisation de certaines entités légalement présentes au Mali, pour servir des agendas cachés ».  Le monde se souviendra « qu’après avoir été abandonné en plein vol », le 10 juin 2021, par la France qui a décidé unilatéralement de retirer la force Barkhane du Mali, son pays a été ensuite « poignardé dans le dos » par les autorités françaises, a déclaré M. Maïga.  Il a ensuite accusé « les autorités françaises, profondément anti-françaises pour avoir renié les valeurs morales universelles et trahi le lourd héritage humaniste des philosophes des lumière » de s’être « transformées en une junte au service de l’obscurantisme ».  Il a ainsi accusé la « junte française nostalgique de pratique néocoloniale, condescendante, paternaliste et revancharde, qui a commandité et prémédité des sanctions inédites, illégales, illégitimes et inhumaines de la CEDEAO et de l’UEMOA » contre son pays.

Accusant la France d’avoir violé l’espace aérien malien plus d’une cinquantaine de fois en apportant des « renseignements, des armes et munitions aux groupes terroristes », il a rappelé que, le 15 août dernier, le Mali avait officiellement demandé une réunion urgente du Conseil de sécurité sur cette question et a reproché à la France de faire obstacle à un tel débat destiné à « la manifestation de la vérité ».  Tout en assurant que les opérations militaires des Forces de défense et de sécurité du Mali étaient conduites « dans le strict respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire », il a ajouté que le Mali « s’oppose avec véhémence à l’instrumentalisation de la question des droits de l’homme à des fins politiques, de positionnement, voire de chantage ou d’intimidation ».

Enfin, M. Maïga s’est voulu rassurant en réaffirmant que les autorités de la transition malienne n’avaient d’autres objectifs que de faire des réformes politiques et institutionnelles, avant d’organiser des élections, tout en luttant obstinément contre le terrorisme.  Ces réformes permettront, a-t-il conclu, d’améliorer la gouvernance et toutes les dispositions seront prises pour que la démocratie malienne soit la « plus enviée au monde ».

M. RALPH GONSALVES, Premier Ministre et Ministre de la sécurité nationale, des affaires juridiques et de l’information de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a souligné la nécessité de s’unir pour sortir du tumulte dans lequel l’humanité a été plongée par la convergence des crises.  Il a confié croiser de plus en plus souvent « le visage tendu de l’homme ordinaire ».  Selon lui, l’époque souffre des conséquences d’un impérialisme toujours aussi ivre de la quête d’hégémonie.  Il nous faut redonner l’occasion d’espérer à l’humanité et faire naître un nouvel espoir, au-delà de la simple amélioration des conditions de vie actuelle, a jugé M. Gonsalves.  Les conflits et les souffrances du monde sont autant d’atteintes à notre assemblée, a-t-il poursuivi, s’inquiétant que la crise en Ukraine aboutisse à un « Armageddon nucléaire ».  Jusqu’à quand pourrons-nous supporter le sort punitif infligé aux peuples palestinien et cubain? a-t-il en outre demandé avant de déclarer que l’ONU ne pouvait plus rester les bras croisés dans le silence et l’inaction face au droit que revendique Taiwan à exister.  Pour en finir avec ces querelles du XXe siècle, il a demandé l’instauration d’un leadership mondial à l’unisson des aspirations des peuples du monde et basé sur le multilatéralisme, « seule voie à suivre pour que l’humanité avance et panse ses plaies ». 

Le Premier Ministre a souligné que les implications de la guerre en Ukraine ont été terribles pour les Caraïbes, l’explosion du prix des denrées et des carburants s’ajoutant aux ouragans et aux effets à long terme de la pandémie de COVID-19.  Il a toutefois dit sa confiance dans un multilatéralisme solidaire pour permettre aux petits États insulaires en développement (PEID) de se relever durablement de ces épreuves.  S’il a salué l’aide apportée par la Banque mondiale et les pays partenaires du développement aux membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), il a souligné la nécessité que ce soutien épisodique se transforme en solidarité permanente et structurée.  « Ce monde où les éléphants du progrès écrasent les fourmis que nous sommes doit appartenir au passé », a-t-il encore déclaré.  Enfin, après avoir réaffirmé l’attachement de son pays à la réforme du Conseil de sécurité, il a estimé qu’un Haïti sûr et prospère profiterait à tous les États de la région et il a demandé la levée des sanctions économiques « injustifiées » contre le Venezuela. 

M. DICKON MITCHELL, Premier Ministre, Ministre des finances et Ministre de la sécurité nationale, de l’administration publique, des affaires intérieures, de l’information et des technologies de l’information et des communications, et de la gestion des catastrophes de la Grenade, a pris note de l’annonce de la « phase terminale » de la pandémie de COVID-19 par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), en espérant que le monde en tirera des leçons et que nous ne reviendrons pas à la normale.  Au milieu de cette catastrophe, notre communauté internationale s’est mobilisée et a démontré ce qu’il est possible de faire lorsque nous sommes déterminés à travailler ensemble vers un objectif commun, s’est-il félicité.  Il est maintenant « impératif » que la question des changements climatiques soit portée à ce niveau d’urgence, a fait valoir le Premier Ministre, en ajoutant que les effets dévastateurs du réchauffement climatique se font déjà sentir dans le monde entier.  Il a mis au défi les jeunes, qui représentent 50% de la population de son pays, d’être des vecteurs du changement plutôt que des « victimes » des changements climatiques.

Les petits États insulaires en développement (PEID), notamment ceux des Caraïbes, subissent déjà les effets négatifs des changements climatiques, alors que chaque saison des ouragans apporte des tempêtes plus nombreuses et plus puissantes.  « Nous observons et attendons, en retenant notre souffle et en priant en silence, dans l’espoir que cette année, ce ne sera pas "notre tour" », a témoigné M. Mitchell.  Il a demandé une augmentation urgente du financement climatique pour l’adaptation et la suppression des obstacles auxquels les pays en développement sont confrontés.  Les retombées économiques de la fermeture des frontières due à la pandémie et la stagnation du tourisme, moteur économique essentiel de la Grenade, ont exacerbé les niveaux déjà élevés de chômage et de pauvreté, a poursuivi le Premier Ministre.  Nous devons donc atténuer ces circonstances « désastreuses » en diversifiant notre économie et en développant une économie numérique robuste.  De même, le Gouvernement a adopté une série de mesures visant à assurer une éducation universelle gratuite jusqu’au niveau des collèges communautaires.  Selon le Premier Ministre, les critères de vulnérabilité des PEID en vigueur doivent être revus de toute urgence.  La conséquence du statut de revenu moyen supérieur accordé à la Grenade, sans tenir compte de ses vulnérabilités spécifiques, continue d’entraver sa capacité d’accéder aux financements concessionnels et aux subventions.  Il a donc appelé à l’élaboration d’un nouvel indice de vulnérabilité multiple.  Le Premier Ministre s’est par ailleurs dit confiant que la levée du blocus imposé par les États-Unis à Cuba facilitera les changements économiques et sociaux nécessaires dans ce pays.  Il a en outre plaidé pour l’adoption de mesures afin de parvenir à la stabilité politique en Haïti.  Enfin il a appuyé le processus judiciaire en cours à la Cour internationale de Justice (CIJ) visant à mettre un terme au différend frontalier entre le Venezuela et la Guyane. 

M. DIMITAR KOVACHEVSKI, Premier Ministre de la Macédoine du Nord, a insisté sur l’importance de l’unité, une leçon tirée des défis du XXIe siècle, notamment la pandémie et la guerre en Ukraine.  Il a expliqué que son pays avait appris cette leçon lorsqu’il a déclaré pacifiquement son indépendance en 1991, puis surmonté, en 2001, un conflit interethnique interne sur la voie du concept d’« une société pour tous », facteur important de stabilité dans les Balkans occidentaux.  Il s’est élevé contre la démonstration de force d’un pays géographiquement plus grand contre un pays plus petit, y voyant un précédent dangereux et inadmissible.  La Fédération de Russie doit mettre un terme immédiat à cette agression, a-t-il insisté. 

Préoccupé par l’incertitude de l’approvisionnement en nourriture et en énergie, il a appelé à s’appuyer sur les leçons tirées de la pandémie, c’est-à-dire la solidarité internationale, soulignant le rôle actif et important du Secrétaire général ainsi que de la Türkiye qui a servi de médiateur pour les exportations de blé d’Ukraine.  Il a mis en garde contre les nombreux conflits dans le monde relégués au second plan en raison la situation en Ukraine, notant en outre que le terrorisme et de nombreuses menaces hybrides, notamment les « fake news », constituent un défi pour l’ensemble du monde démocratique. 

Le Premier Ministre s’est également préoccupé de l’impact des changements climatiques, citant les récentes inondations catastrophiques au Pakistan, de même que de la perte de biodiversité, la pollution atmosphérique et le manque d’eau.  Tous ces problèmes exigent des actions concertées, a-t-il appuyé.  Il a aussi évoqué la question des millions de réfugiés en provenance d’Ukraine et pour lesquels la Macédoine du Nord a ouvert ses portes.

Poursuivant, M. Kovachevski a fait savoir que le 1er janvier 2023, la Macédoine du Nord assumera la présidence de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).  Il a également indiqué que sur le plan interne, son gouvernement travaille à faire de la Macédoine du Nord une société civique et démocratique.  Conscient de l’importance de la compréhension, du respect et du soutien mutuels, son pays a créé, en collaboration avec l’Albanie et la Serbie, l’initiative « Open Balkan ».  Aujourd’hui, cette initiative est devenue un exemple réussi d’interconnectivité régionale, s’est-il félicité.  Guidés par ces politiques de construction de ponts, la Macédoine du Nord a d’ailleurs réussi à atteindre l’objectif stratégique de devenir membre à part entière de l’ Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et a entamé les négociations d’adhésion avec l’Union européenne. 

M. MOEKETSI MAJORO, Premier Ministre du Lesotho, a déclaré que la pandémie de COVID-19 avait changé la nature de l’engagement multilatéral, de la diplomatie, du fonctionnement du monde des affaires et jusqu’aux interactions entre êtres humains les plus fondamentales.  La pandémie a non seulement accéléré le rythme et l’ampleur de la révolution numérique, mais a également creusé en ce sens l’écart entre les « nantis » et les « démunis ».  Elle a en outre exposé aux yeux du monde nos vulnérabilités en tant que pays faisant partie des États d’Afrique enclavés les moins avancés, a ajouté M. Majoro. 

Constatant que l’environnement mondial est actuellement moins favorable à la reprise de la réalisation des objectifs de développement durable, le Premier Ministre du Lesotho a appelé les États Membres à travailler à celle-ci « dans un véritable esprit de partenariat », faute de quoi la « décennie d’action s’achèvera en une décennie de déception ».  Faisant siens certains des propos tenus par le Secrétaire général à l’ouverture du débat général de cette soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale, M. Majoro a invité les pays à réaffirmer et démontrer leur détermination à travailler ensemble pour le bien des peuples et à respecter de nouveau le principe cardinal du multilatéralisme.  Le rôle moteur de l’ONU en la matière est de plus en plus important, a-t-il encore dit, jugeant impératif « que nous unissions nos volontés et que nous mettions en commun nos efforts pour le bien-être de l’humanité ». 

Concernant les changements climatiques, et dans la perspective de la COP27 de novembre prochain, « qui se tiendra sur le sol africain », M. Majoro a fait appel à la communauté internationale et aux partenaires du développement en Afrique pour qu’ils simplifient les modalités d’accès aux financements pour l’adaptation et les dédommagements.  Par ailleurs, il a demandé aux États-Unis et à la Chine d’apaiser leurs tensions commerciales et politiques et de réaffirmer leur attachement aux principes fondateurs de l’ONU: l’unité pour résoudre pacifiquement les différends et l’équité pour permettre l’avancement économique et social de tous les peuples du monde. 

En outre, le Lesotho fait de la réforme de la composition et du fonctionnement du Conseil de sécurité, la condition pour que les Nations Unies puissent mettre fin aux conflits, y compris la crise en Ukraine.  Des Nations Unies réformées, transparentes et plus démocratiques, dans lesquelles l’Afrique est représentée sur le modèle du consensus d’Ezulwini porté par l’Union africaine, sont nécessaires pour préserver la paix et la sécurité internationales et pour faire face aux défis du développement, a souligné M. Majoro.  Comme nombre de dirigeants africain avant lui, le Premier Ministre du Lesotho a appelé à la levée des sanctions économiques et politiques contre le Zimbabwe.  Il a en outre préconisé une intensification des efforts diplomatiques nécessaires au règlement des questions du Sahara occidental et de Palestine. 

M. ADRIANO AFONSO MALEIANE, Premier Ministre du Mozambique, a remercié les États Membres des Nations Unies pour l’élection de son pays au Conseil de sécurité à compter de 2023.  Comme le suggère le thème de la présente session l’Assemblée générale, le monde traverse une période difficile marquée notamment par la pandémie de COVID-19, les changements climatiques, les crises humanitaires et une économie mondiale en déroute, a-t-il rappelé.  L’émergence de nouvelles sources de tensions et de conflits interétatiques, qui s’ajoutent aux fléaux du terrorisme et du crime organisé international, affecte négativement le développement et aggrave la crise alimentaire, énergétique et humanitaire.  Pour y remédier, M. Maleiane a plaidé pour un dialogue constructif et des actions multilatérales concertées, seules voies possibles, à son avis, pour préserver la paix et assurer un développement durable.

Pour le Mozambique, les objectifs de développement durable doivent guider la recherche de solutions collectives aux défis qui caractérisent cette ère de changements.  Ces objectifs, intégrés au programme national de gouvernance, ont permis d’obtenir des résultats significatifs dans la lutte contre la pauvreté, notamment en ce qui concerne la productivité agricole, l’alimentation en eau potable en milieu rural, l’accès à l’électricité et à l’éducation, y compris pour les filles, de même que les soins de santé et la vaccination des enfants, a affirmé le Premier Ministre.  Nous devons toutefois repenser le modèle de financement institutionnel multilatéral afin de mobiliser pleinement nos ressources et atteindre nos objectifs de développement, a nuancé M. Maleiane. 

L’impact des changements climatiques place le Mozambique « sous surveillance permanente », s’est inquiété le Premier Ministre en notant la multiplication des phénomènes climatiques qui affectent son pays.  Le Gouvernement, en coordination avec les pays de la région et les partenaires de la coopération, a ainsi participé à la mise en place du Centre des opérations humanitaires et d’urgence de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), qui vise à fournir des outils permettant de répondre et d’atténuer l’impact des changements nécessitant une intervention rapide et coordonnée. 

S’agissant de la consolidation de la paix nationale, le Premier Ministre a estimé que le Mozambique avait fait des progrès remarquables dans le processus de désarmement, démobilisation et réintégration des anciens combattants de la RENAMO (Résistance nationale mozambicaine), conformément à l’accord national de paix et de réconciliation signé le 6 août 2019.  Afin de prévenir et de combattre le terrorisme dans certains districts de la province de Cabo Delgado, le Gouvernement a en outre adopté une approche globale fondée sur le renforcement des capacités opérationnelles des forces de défense et de sécurité, avec la collaboration de la SADC, de l’Union européenne et du Rwanda, et le développement socioéconomique afin de réduire la vulnérabilité des communautés à l’extrémisme violent.  Selon lui, cette approche innovante se veut un modèle d’action régionale concertée pour faire face à la menace mondiale du terrorisme. 

M. EDI RAMA, Premier Ministre de l’Albanie, a décrit l’agression de la Russie contre l’Ukraine comme une bataille ouverte entre une tyrannie cynique vieillissante et une jeune démocratie en pleine expansion.  Cela est « inacceptable », a ajouté M. Rama, qui a affirmé que son pays continuerait à être pleinement solidaire de l’Ukraine et de son peuple.  Tout comme une quarantaine d’autres pays, nous les aiderons, par tous les moyens possibles, à se défendre, a-t-il ajouté.

L’Albanie appelle et soutient les travaux en vue de l’adoption d’une convention sur la prévention et la répression des crimes contre l’humanité.  Ce nouvel instrument comblerait une lacune importante dans le cadre international actuel et faciliterait la coopération internationale pour protéger les civils, a estimé M. Rama. 

Le Premier Ministre a énuméré les nombreux défis sérieux qui doivent être relevés de manière adéquate et immédiate, citant en particulier la menace du terrorisme.  À l’heure où une multitude de crises ont mis le monde en émoi, y compris par des menaces nucléaires inacceptables, l’Albanie a été la cible, en juillet dernier, d’une cyberattaque à grande échelle non provoquée, « une agression d’État », orchestrée et exécutée par la République islamique d’Iran, a poursuivi M. Rama.  C’est pourquoi le Gouvernement albanais n’a eu d’autre choix que de rompre ses relations diplomatiques avec l’Iran, espérant que cette mesure extrême forcée constituerait un exemple et un moyen de dissuasion pour quiconque soutient ou parraine des actions aussi abominables contre des États souverains.  À cet égard, le Premier Ministre a exhorté les Nations Unies, notamment le Conseil de sécurité, à s’attaquer plus sérieusement et concrètement à la cybersécurité en investissant dans la prévention et en aidant les États Membres à renforcer leur résilience.

M. Rama a défendu les idéaux de justice, appelant le Conseil de l’Europe à honorer la vérité en acceptant la demande de l’Albanie de produire un rapport de suivi et de restaurer la crédibilité sur le cas de l’ancien Président du Kosovo, Hashim Thaçi, arrêté sans aucune preuve, ni au Kosovo ou ailleurs, pour un présumé trafic d’organes.

Enfin, le Premier Ministre a souhaité partager le lancement, avec la Macédoine du Nord et la Serbie, de l’initiative « Open Balkans », une plateforme ouverte à tous les pays des Balkans, du Monténégro au Kosovo, de la Bosnie-Herzégovine à la Turquie, à la Grèce et au-delà, un investissement pour tous, dans le cadre d’un projet européen commun plus vaste.  Le meilleur message de l’initiative « Open Balkans », a conclu le Premier Ministre albanais, est qu’il n’est pas nécessaire d’être d’accord sur tout, mais qu’en construisant une voie commune vers l’avenir, on peut aussi gérer les désaccords.

Le cardinal PIETRO PAROLIN, Secrétaire d’État du Saint-Siège, a rappelé l’attachement de ce dernier au multilatéralisme et au rôle irremplaçable de l’Organisation des Nations Unies dans ce domaine.  C’est dans cet esprit que le pape François plaide pour son renouvellement, a-t-il ajouté, rappelant que les droits fondamentaux de l’homme reconnus dans la Déclaration universelle des droits de l’homme sont fermement ancrés dans des valeurs universelles pour que le droit à la vie, à la liberté de pensée, la liberté de conscience, de religion, d’opinion et d’expression, soit protégé, « comme l’institution familiale ». 

Le Secrétaire d’État a jugé impératif de parvenir à un large consensus de fond au sein de l’Organisation si elle veut rétablir sa crédibilité en tant que famille de nations.  Il a salué à ce propos les effets de la réforme en cours de l’ONU, en particulier la résolution de l’Assemblée générale visant à organiser une séance d’explication à chaque fois qu’un membre permanent du Conseil de sécurité utilise son droit de veto. 

Le Secrétaire d’État a par ailleurs jugé obscènes les niveaux atteints par les dépenses militaires, une hausse absurde qui a selon lui pour effet direct d’accroître l’insécurité alimentaire, de restreindre l’accès aux soins de santé et de priver d’éducation des générations entières.  Dans le contexte actuel particulièrement sombre, marqué par la crise ukrainienne et ses conséquences sur le bien-être des peuples du monde et par la persistance du péril climatique et de la crise migratoire, il a exhorté les États à ne pas relâcher leurs efforts pour permettre aux personnes de vivre dans la paix, la sécurité et la dignité dans leur pays d’origine.  Il a par ailleurs attiré l’attention sur l’importance d’encadrer juridiquement le développement et l’utilisation des technologies de l’information et des communications, dont l’impact peut être dramatique en matière de maltraitance des enfants. 

M. WANG YI, Conseiller d’État et Ministre des affaires étrangères de la Chine, a indiqué que le monde, malgré les remous qu’il connaît, avance sur la voie du développement, de la multipolarité et de la paix.  « Il faut défendre la paix et condamner la guerre. »  Comme le dit le Président Xi, la paix, comme le soleil et l’air, se remarque peu de celui qui en jouit, a continué le Ministre, avant d’indiquer que « ceux qui livrent des guerres par procuration en subiront les conséquences ».  Il a appelé au règlement des différends par le dialogue et invité le monde à choisir la voie du développement et de l’ouverture économique, « le protectionnisme ne pouvant que revenir en boomerang ».  Le Ministre a comparé les pays aux passagers d’un même navire, qui se doivent de « ramer ensemble ».  Il a encore défendu l’équité internationale, en dénonçant ces pays qui veulent « impressionner par la force » et réduire les autres au silence, alors que les règles du jeu doivent être écrites par tous les pays.  La Chine propose un modèle de paix et de développement gagnant-gagnant.  Le Ministre a rappelé que la Chine, des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, est le plus important contributeur de troupes aux missions onusiennes.  « La Chine est aussi le seul de ces cinq pays à s’être engagé à ne pas utiliser l’arme nucléaire en premier. »  Il a indiqué que la Chine défend un ordre international basé sur des règles, en rappelant les quelque 27 000 accords bilatéraux qu’elle a signés.  Le Ministre s’est opposé à toute politisation des droits de la personne et a rappelé que « les pays en développement ne sont plus une majorité silencieuse mais les piliers du développement mondial ».  Il a détaillé la réponse de la Chine face à la pandémie de COVID-19, avec notamment le don de 2,5 milliards de doses de vaccin à plus de 120 pays et organisations internationales.  La Chine est attachée à un mode de développement respectueux de l’environnement, a-t-il assuré.

Le Ministre a appelé au respect des points de vue des pays et dénoncé toute ingérence dans leurs affaires intérieures.  Il a demandé le règlement de la crise en Ukraine, que soient facilités les échanges et prises en compte les préoccupations sécuritaires de toutes les parties.  Celles-ci doivent faire en sorte que la crise ne « déborde » pas, a-t-il insisté, en souhaitant la préservation des intérêts des pays en développement.  Il a qualifié d’inacceptable la pratique des sanctions et déclaré que la Chine est aux côtés de tous les pays qui veulent préserver leur souveraineté. 

« Taiwan fait partie du territoire chinois » depuis des temps immémoriaux, a martelé le Ministre, en soulignant la constance des efforts de réunification de la Chine.  Il a demandé que « tous les territoires volés par le Japon à la Chine » lui soient retournés.  C’est un élément important d’un ordre international basé sur des règles, a tranché le Ministre.  Il a rappelé que l’Assemblée générale a définitivement réglé la question de la représentation de la Chine à l’ONU.  « Il n’y a pas deux Chines ou une Chine et Taiwan, il n’y a qu’une seule Chine unie. »  Le Ministre a précisé que 180 pays ont reconnu le fait qu’il n’y a qu’une seule Chine et que Taiwan en fait partie.  Fustigeant toute ingérence dans le détroit de Taiwan, il a précisé que son pays œuvre à une réunification pacifique et sincère.  La Chine est déterminée à combattre toute activité séparatiste et à lutter contre les ingérences, afin de jeter les bases de la réunification et d’une paix durable dans le détroit de Taiwan, a-t-il assuré.  « Toute ingérence sera écrasée par les roues de l’histoire », a averti le Ministre.  En conclusion, le Ministre a fait valoir que la Chine a fait le choix du développement plutôt que du pillage et de la colonisation, de l’harmonie avec la nature plutôt que de son exploitation destructrice.  Ce nouveau paradigme, avec à sa tête le Parti communiste chinois, ouvre des perspectives radieuses, a-t-il conclu.

M. PHAM BINH MINH, Vice-Premier Ministre du Viet Nam, a constaté que l’éclatement des conflits armés et la montée des tensions, en particulier entre grandes puissances, ont rendu le climat sécuritaire international plus volatile qu’à n’importe quel moment depuis la guerre froide.  De même, la crise climatique et d’autres risques de sécurité non traditionnels menacent notre existence même, et à moins d’une décennie de l’échéance, les objectifs de développement durable sont encore loin du compte.  Il a relevé que face à ces crises multiples, les pays en développement et vulnérables, qui manquent de capacité, de ressources et de résilience pour faire face aux chocs extérieurs, sont les plus durement touchés.  Pour inverser ce cours, nous devons fondamentalement changer nos manières de penser et de faire les choses, a-t-il prescrit.  Il a donc appelé à repenser une approche globale pour résoudre les problèmes mondiaux, renforcer la résilience et placer les personnes au cœur de tous les efforts de développement.  De même, la clef d’une telle approche est la solidarité internationale et des partenariats à tous les niveaux.  Cette solidarité internationale, a-t-il rappelé, a été cruciale pour le succès de la libération nationale du Viet Nam et sa réunification.  Désormais, le pays est en voie de parvenir au stade de revenu élevé d’ici à 2045. 

Pour le Vice-Premier Ministre, une approche de confrontation et de jeu à somme nulle doit être éliminée.  L’imposition, l’intervention et les actes unilatéraux n’ont pas leur place dans la bonne conduite des affaires internationales, a-t-il argué, appelant les grandes puissances à travailler pour le bien commun, ainsi qu’au renforcement du multilatéralisme et de la coopération internationale.  De même, les grands agendas onusiens et internationaux, notamment celui du Programme 2030 et les actions climatiques ne doivent pas être suspendus en raison de désaccords entre pays. 

Le Vice-Premier Ministre a ensuite affirmé que nous avons besoin d’institutions multilatérales fortes et efficaces, avec l’ONU au centre, pour mieux relever les défis mondiaux.  Il a fait observer que les organisations régionales peuvent jouer un rôle de premier plan dans le renforcement de la coopération multilatérale, évoquant notamment l’action de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  Le Vice-Premier Ministre a ensuite appelé au maintien de la paix, la stabilité, la sûreté et la sécurité maritimes en mer de Chine méridionale, insistant sur l’importance de résoudre les différends par des moyens pacifiques, dans le plein respect de la légalité et des processus diplomatiques.  Il a par ailleurs fait savoir que le Viet Nam aspire à un siège au Conseil des droits de l’homme pour la période 2023-2025, et a dit espérer pouvoir compter sur le soutien des États. 

M. SALEUMXAY KOMMASITH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la République démocratique populaire lao, a constaté que le monde est aujourd’hui confronté à des défis multiformes allant des conflits armés aux crises environnementales et au ralentissement économique.  Dans ce contexte, encore aggravé par la pandémie de COVID-19, la communauté internationale se doit de trouver des solutions, non seulement transformatrices, mais également pratiques, orientées vers l’action, durables et adaptées aux besoins les plus besoins urgents, a plaidé le dirigeant, ajoutant que cela ne peut se faire qu’en défendant les principes de la Charte des Nations Unies et en préservant le multilatéralisme.  Rappelant à cet égard que l’ONU a été fondée pour empêcher une autre guerre mondiale, il a appelé de ses vœux une réforme de l’Organisation pour rendre celle-ci plus efficace dans la résolution des problèmes mondiaux.  Dans ce cadre, les sanctions et les mesures unilatérales sont selon lui à proscrire car elles contreviennent aux principes de la Charte et du droit international, et entravent le développement national des pays ciblés. 

Au sein de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a poursuivi M. Kommasith, la République démocratique populaire lao s’emploie avec beaucoup de responsabilité à promouvoir la paix et la stabilité.  Saluant à ce propos le rôle joué par l’ASEAN dans la création d’un environnement propice à un retour à la normale au Myanmar, il a souhaité que les échanges se poursuivent avec ce pays afin de garantir la livraison de l’aide humanitaire et d’assurer la mise en œuvre du plan de consensus en cinq points élaboré par l’organisation régionale. 

Le Vice-Premier Ministre a par ailleurs évoqué les efforts consentis par son pays pour avancer sur la voie des objectifs de développement durable, au travers de ses plans nationaux de développement socioéconomique et de sa stratégie de croissance verte.  Il a cependant reconnu que les progrès réalisés avant 2019 ont été sapés par les effets de la pandémie, lesquels ont affecté les moyens de subsistance de la population.  Le pays est en outre confronté à des événements météorologiques extrêmes dus aux changements climatiques, notamment à des inondations importantes, a-t-il relevé, jugeant urgent que des pays en développement comme le sien puissent disposer de ressources financières et d’un soutien technique pour atteindre les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris.  Il a donc appelé à une volonté politique renouvelée, couplée à des actions concrètes, lors de la COP27.  Enfin, il a réitéré son attachement aux programmes de développement convenus au niveau international pour les pays les moins avancés et les pays en développement sans littoral.

M. DON PRAMUDWINAI, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande, a constaté que le monde se trouve à un tournant décisif et appelé à travailler ensemble dans des conditions de respect mutuel.  Il s’est inquiété du recul du développement dans le monde, en partie à cause de l’impact de la COVID-19, mais aussi à cause des tensions politiques et des crises énergétique, financière et alimentaire qui frappent de plein fouet les petits États insulaires en développement (PEID), les pays sans littoral et les groupes vulnérables.  La crise alimentaire nous concerne tous, a-t-il souligné, estimant urgent de renforcer l’action multilatérale et appelant les institutions financières internationales et les agences spécialisées à assurer la coordination face à ces crises.  Il est vital que les chaînes d’approvisionnement restent ouvertes pour rendre le système alimentaire mondial plus résilient et garantir l’accès à une alimentation saine à des prix abordables, a-t-il insisté, avant de saluer l’Initiative céréalière de la mer Noire. 

De même, l’accès aux soins de santé de base, aux vaccins et aux médicaments doivent être garantis, a exigé M. Pramudwinai, qui a encouragé l’émergence d’un système de protection sociale inclusif et accessible à tous.  Il s’est aussi prononcé en faveur d’un instrument juridiquement contraignant sur la prévention, la préparation et l’intervention en cas de pandémie.  Estimant que grâce à une meilleure santé et une meilleure alimentation, le monde sera en mesure de reprendre la voie des objectifs de développement durable (ODD), il a appelé à user de tous les moyens pour les promouvoir et les réaliser, y compris la science, la technologie, l’innovation, la coopération Nord-Sud et la coopération Sud-Sud.  Il a aussi souligné que la recherche de sources de financement innovantes sera essentielle pour faire des ODD une réalité.

Pour sa part, a poursuivi le Vice-Premier Ministre, la Thaïlande a adopté un modèle économique novateur qui repose sur la science, la technologie et l’innovation et encourage l’optimisation des ressources pour mettre en place des politiques respectueuses de l’environnement et solides sur le plan économique.  Il a encouragé l’élaboration d’un cadre sur la protection de la biodiversité et sur la gestion des déchets plastiques, avant de rappeler que son pays s’est engagé à parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2050.  Il ne s’agit pas d’une promesse creuse, a-t-il assuré, avant de demander à tous les pays d’honorer leurs promesses en termes de financement de l’action climatique et d’aide financière et technique aux pays qui en ont besoin.  Le Vice-Premier Ministre a ensuite salué le rôle constructif que joue l’ASEAN au Myanmar et a défendu l’idée qu’une coopération régionale étroite peut compléter les efforts multilatéraux.  Il a également annoncé qu’à partir de novembre, la Thaïlande accueillera de nouveau des visiteurs.

M. DEMEKE MEKONNEN HASSEN, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie, a évoqué les conséquences des changements climatiques dans la Corne de l’Afrique, avec des épisodes de sécheresse record dans certains endroits et des inondations extrêmes dans d’autres.  Nous devons réaliser nos engagements en matière de financement climatique pour renforcer la résilience et atténuer les impacts, a-t-il déclaré.  Il a indiqué que l’Afrique n’est pas responsable d’émissions qui ont causé la crise climatique.  Pourtant, c’est elle qui apporte la contribution la plus tangible pour atténuer ses effets.  Il a cité le programme de reboisement « Ethiopian Green Legacy Initiative » et assuré que son pays est également sur la voie de l’énergie durable et de la transformation vers une croissance verte. 

Le Vice-Premier Ministre a déploré le fait que le monde n’ait pas encore atteint la véritable universalité dans les organes de l’ONU.  L’Afrique n’a pas de siège permanent au Conseil de sécurité et la quête de solutions africaines aux problèmes africains n’a pas encore reçu le respect et le soutien attendus.  Il a ensuite évoqué le développement socioéconomique et la démocratisation de l’Éthiopie au cours des dernières années.  Des années également marquées par des défis qui ont mis à l’épreuve notre survie en tant que nation, a-t-il relevé.  Il a en effet rappelé qu’en novembre 2020, une attaque « odieuse » a été menée contre les forces de défense nationale éthiopiennes qui protégeaient non seulement la paix et la stabilité de l’Éthiopie, mais aussi aidaient à maintenir la paix dans d’autres pays au nom de l’ONU et de l’Union africaine (UA).  « Et le groupe criminel qui en est à l’origine reste déterminé à détruire le fondement sociétal du pays, de connivence avec des acteurs extérieurs opposés à nos aspirations de développement », a-t-il dénoncé.  Nous appelons à soutenir notre agenda pour la paix, la réconciliation et la reconstruction, a plaidé M. Hassen.  Nous demandons également le soutien au processus de paix dirigé par l’UA, a—t-il insisté.  « Toute autre approche, y compris la politisation des droits de l’homme et les mesures coercitives unilatérales ne donneront aucun résultat positif », a-t-il prédit.

Le Vice-Premier Ministre a indiqué que l’année écoulée a également été une étape importante pour l’Éthiopie et l’ensemble du bassin du Nil.  En effet, le Grand Barrage de la Renaissance éthiopienne a commencé à éclairer nos maisons et réaliser notre aspiration intergénérationnelle, a-t-il relevé.  Il a réitéré l’engagement de l’Éthiopie à l’équité et la coopération dans l’utilisation des fleuves transfrontaliers, ainsi qu’une prospérité partagée avec tous les pays riverains.  Il a promis que son pays va poursuivre de bonne foi la négociation trilatérale sous les auspices de l’UA pour parvenir à un accord mutuellement acceptable.  Selon M. Hassen, la population jeune de l’Afrique et ses vastes ressources naturelles devraient être une source de croissance et de meilleurs emplois.  L’Afrique peut être la vitrine du développement vert et durable, a-t-il confié.  Mais pour y parvenir, il a insisté sur la nécessité d’une réforme de l’architecture financière mondiale qui tienne compte des besoins et du potentiel des pays les moins avancés.  En outre, les efforts de l’Afrique pour tracer son destin ne doivent pas être compliqués par la concurrence entre grandes puissances, a-t-il conclu.

M. SERGEY V. LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a fait état de crises qui s’intensifient et d’une situation sécuritaire internationale qui se détériore rapidement.  Au lieu d’un dialogue honnête et de la recherche d’un compromis, nous sommes confrontés « à la désinformation, à des mises en scène grossières et à des provocations ».  À son avis, les pays occidentaux sapent la confiance dans les institutions internationales et dans le droit international censés protéger les plus faibles contre l’arbitraire, notamment au sein des Nations Unies.  « Ce qui se décide aujourd’hui est l’avenir de l’ordre mondial », a observé M. Lavrov.  Pour lui, la question est de savoir s’il s’agira d’un ordre avec au premier plan une puissance qui force les autres pays à vivre selon ses fameuses règles qui ne profitent qu’à elle, ou bien s’il s’agira plutôt d’un monde démocratique sans chantage ni intimidation des « indésirables ».  La Russie a fermement choisi la deuxième option et, avec ses alliés, travaille à sa mise en œuvre, a-t-il lancé. 

Selon le Ministre, le modèle unipolaire de développement mondial, qui servait les intérêts de l’Occident au moyen des ressources de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique latine, appartient au passé.  Il a été remplacé par des États souverains qui défendent leurs intérêts dans le cadre d’une architecture multipolaire équitable, processus perçu par « les États-Unis et les élites dirigeantes entièrement soumises aux pays occidentaux » comme une menace à leur domination.  Il a fustigé les guerres d’agression des « maîtres du monde autoproclamés » en Yougoslavie, en Iraq et en Libye, qui ont fait des milliers victimes.  « Quels sont les résultats de ces aventures? » a grondé M. Lavrov.  « L’ordre fondé sur des règles de l’Occident » impose partout des lignes de démarcation et la confrontation de blocs.  « La doctrine Monroe prend une dimension mondiale », a encore dit le Ministre.  De même, les sanctions unilatérales et illégales, adoptées depuis des années en violation de la Charte des Nations Unies et déployées comme un instrument de chantage politique, constituent un outil de contrainte de la dissidence, a-t-il dénoncé, citant l’exemple de l’embargo contre Cuba. 

Washington et Bruxelles ont exacerbé la crise actuelle en déclarant une guerre économique contre la Russie, a poursuivi M. Lavrov.  Il en résulte une hausse des prix mondiaux des denrées alimentaires, des engrais, du pétrole et du gaz.  Malgré l’Initiative céréalière de la mer Noire, les navires transportant des céréales ukrainiennes se rendent pour la plupart « loin des pays les plus pauvres », et les obstacles financiers et logistiques créés par les États-Unis et l’Union européenne continuent d’entraver les exportations de céréales et d’engrais russes, a assuré le Ministre.  Pendant ce temps, la « russophobie officielle » a pris une ampleur grotesque et sans précédent en Occident, lequel déclare ouvertement son intention non seulement d’infliger une défaite militaire à la Russie, mais aussi de la détruire. 

S’agissant de l’Ukraine, M. Lavrov a vanté le rôle de son pays dans l’arrêt des hostilités déclenchées par les « néonazis de Kiev » dans l’est de l’Ukraine, et pour exiger la mise en œuvre des accords de Minsk, approuvés à l’unanimité par le Conseil de sécurité en 2015, mais « enterrés par Kiev avec la complicité directe des États-Unis et de l’Union européenne ».  Face à la guerre du « régime de Kiev » contre son propre peuple, nous n’avons eu d’autre choix que de reconnaître l’indépendance des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk et de lancer une « opération militaire spéciale » pour protéger les Russes du Donbass et éliminer la menace de l’OTAN, a-t-il justifié.  M. Lavrov a dénoncé « l’hystérie » de l’Occident à propos des référendums dans les régions occupées de l’Ukraine, et blâmé la position imposée par les États-Unis au Secrétariat de l’ONU, au Conseil des droits de l’homme, à l’UNESCO et à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui a été « privatisée ».  De même, le Ministre a fustigé les violations par les États-Unis de leurs obligations en vertu de l’accord de siège de l’ONU, estimant que le Secrétaire général a également des responsabilités à cet égard. 

M. SIRODJIDDIN MUHRIDDIN, Ministre des affaires étrangères du Tadjikistan, a déploré la progression du terrorisme et de la criminalité organisée au niveau mondial, appelant les États Membres à participer à une conférence sur la sécurité des frontières organisée à Douchanbé les 18 et 19 octobre prochains.  Il s’est inquiété que les changements climatiques ne viennent ralentir, voire inverser, les progrès réalisés pour atteindre les objectifs de développement durable, attirant l’attention sur les problèmes liés à l’eau.  Il a d’ailleurs rappelé que son pays organisera avec les Pays-Bas, du 22 au 24 mars 2023, la deuxième Conférence des Nations Unies sur l’eau.  Il a ajouté que le Tadjikistan avait proposé de faire de l’année 2025 une année internationale pour la préservation des glaciers, annonçant ensuite que le Tadjikistan allait pour la première fois briguer un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2028-2029. 

Préoccupé par le sort du peuple afghan qui se trouve aujourd’hui au bord de l’effondrement humanitaire et économique, M. Muhriddin a fait savoir que son pays avait ouvert son territoire, ses infrastructures et ses moyens de communication pour l’acheminement direct de l’aide humanitaire aux Afghans et continué à fournir l’électricité indispensable aux populations malgré l’arrivée des Taliban au pouvoir.  Les divergences entre Taliban et l’apparition de nouveaux groupes terroristes armés rendent la situation sécuritaire toujours plus précaire, s’est-il inquiété, affirmant qu’il était fondamental pour le Tadjikistan de protéger ses 1 400 kilomètres de frontière avec l’Afghanistan.  Pour autant, il a insisté sur la nécessité d’inclure le pays dans les processus de coopération régionale. 

M. Muhriddin a ensuite regretté que le Président du Kirghizistan se soit exprimé devant l’Assemblée générale concernant le différend frontalier « hérité de l’histoire » qui oppose les deux pays, précisant que les hostilités avaient cessé et qu’un protocole de règlement de la situation avait été signé le 19 septembre 2022.  Il a affirmé que le Kirghizistan a fait mine de retirer ses troupes et son armement lourd de la ligne de contact en les dissimulant dans des zones peuplées à proximité de la frontière, ajoutant que l’agression militaire kirghize avait coûté la vie à 40 civils tadjiks et fait 200 blessés.  Cette situation n’est pas le fruit d’un incident, le Kirghizistan ayant préparé l’agression depuis près d’un an en construisant des infrastructures militaires dans la zone frontalière, a-t-il accusé.  Rappelant que les questions frontalières avec la Chine et l’Ouzbékistan avaient pu être réglées au terme d’un long processus, le Ministre a regretté qu’au cours des 20 dernières années, les groupes politiques qui se sont succédé au pouvoir au Kirghizistan soient constamment revenus sur les dizaines de protocoles signés pour en interpréter les dispositions uniquement à leurs avantages.  Il a souligné que les différends frontaliers ne pouvaient être résolus en créant des situations de crise, mais grâce à un travail quotidien basé sur la volonté politique des parties. 

M. SUBRAHMANYAM JAISHANKAR, Ministre des affaires extérieures de l’Inde, a évoqué les engagements pris par son pays à l’occasion de son indépendance, parmi lesquels celui de « faire de l’Inde un pays développé » un siècle plus tard, soit dans 25 ans aujourd’hui.  « Notre solidarité ne se limite pas à des mots », a poursuivi le Ministre, notant que son pays à fourni des vaccins à plus de 100 nations et multiplié les partenariats en Asie, en Afrique et en Amérique latine.  Il a déploré la dégradation du paysage international, que perturbent plus encore les changements climatiques.  « Le Sud sera le plus touché », a-t-il regretté, jugeant impératif que le monde reconnaisse cette injustice.  L’inégalité de la distribution des vaccins ne doit pas être reproduite dans d’autres domaines, a-t-il averti. 

Évoquant le conflit en Ukraine, M. Jaishankar a affirmé que l’Inde est du côté de la paix et de ceux qui respectent la Charte des Nations Unies et ses principes fondateurs, et qu’une solution rapide à cette guerre est dans l’intérêt collectif.  Préoccupée par l’accumulation de la dette dans les économies fragiles, l’Inde a envoyé 50 000 tonnes de blé, médicaments et vaccins à l’Afghanistan, accordé des crédits de 3,8 milliards de dollars à Sri Lanka, et fourni 10 000 tonnes d’aide alimentaire et de vaccins au Myanmar.  Le Ministre a ensuite rappelé le travail de son pays auprès de l’Alliance solaire internationale et son engagement dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et de l’Accord de Paris, sur la base du principe des responsabilités communes mais différenciées.  Outre son engagement indéfectible en faveur de la coopération Sud-Sud, l’Inde travaillera avec les autres membres du G20 pour aborder plusieurs questions telles que la dette, la sécurité alimentaire et énergétique. 

Le Ministre a plaidé en faveur de la réforme de la gouvernance des institutions financières multilatérales, et a estimé que l’Inde, lors de son mandat au Conseil de sécurité, a fait office de « passerelle » sur des questions graves, mais clivantes, auxquelles est confronté l’organe.  Il a annoncé que l’Inde, qui préside actuellement le Comité du Conseil de sécurité contre le terrorisme, accueillera sa réunion spéciale à Mumbai et à New Delhi, ajoutant que l’Inde préconise une approche de « tolérance zéro » à ce sujet.  M. Jaishankar a par ailleurs souligné que la réforme du Conseil de sécurité, dont l’architecture est « anachronique et inefficace », bénéficie d’un soutien considérable parmi les États Membres de l’ONU.  Nous ne sommes pas dans une ère de guerre et de conflit, a tranché le Ministre, avant de conclure: « au contraire, c’est un temps pour le développement et la coopération ».

Mme ANN CHRISTIN LINDE, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a regretté que les progrès sur les objectifs de développement durable s’essoufflent alors que la pauvreté augmente, les crises climatiques et environnementales se multiplient et que la pandémie se poursuit. 

Mme Linde a déclaré qu’un membre permanent du Conseil de sécurité avait lancé une guerre d’agression contre un pays voisin en violation de ses obligations internationales, notant que l’Assemblée générale avait demandé à la Russie de retirer ses troupes du territoire de l’Ukraine et réaffirmé la souveraineté et l’intégrité territoriale de cet État.  Elle a réitéré cette demande aux côtés des autres membres de l’Union européenne, de ses partenaires transatlantiques et d’autre pays du monde entier.  Elle a déclaré illégaux les faux « référendums » organisés sur le territoire ukrainien et affirmé qu’ils n’auraient aucun effet, soulignant également que la mobilisation partielle et les menaces nucléaires ne dissuaderaient pas la Suède de soutenir l’Ukraine.

Selon Mme Linde, la guerre d’agression russe a intensifié les crises alimentaires, énergétiques et financières avec pour conséquence que les actions d’un seul État ont exposé plus d’un demi-milliard de personnes à un risque accru de pauvreté, de famine et d’endettement.  La Ministre a affirmé que la Suède et l’Union européenne avaient augmenté leurs contributions et leur assistance humanitaire.  La Ministre a exhorté les États à revoir à la hausse leurs ambitions et à accélérer les mesures destinées à combattre les changements climatiques et la perte de la biodiversité.  Elle a ensuite souligné le rôle joué par la Suède dans la transition climatique par le biais de l’innovation et des investissements verts. 

Mme Linde a rappelé l’engagement des cinq États disposant de l’arme nucléaire à prévenir et éviter la course aux armements et a regretté les actions irresponsables de la Russie à cet égard.  Elle a opposé à cette dernière les pays membres de l’Initiative de Stockholm, qui ont répondu à l’appel du Secrétaire général pour remettre le désarmement et la non-prolifération en tête de l’agenda international.

Évoquant le recul de l’égalité des genres, la Ministre a déploré que les droits, les ressources et la représentation des femmes ne soient pas acquis.  Elle a relevé que les violences contre les femmes et les filles avaient augmenté et que l’accès à l’avortement sûr et légal avait connu d’importants revers, évoquant en particulier la situation des femmes et des filles en Afghanistan.  Elle a exhorté les États à agir sur la base de « Notre Programme commun » et à conserver cet élan lors du Sommet de l’avenir, en 2024.

Mme Linde a déclaré que la candidature conjointe de son État et de la Finlande à l’OTAN avait été prise à la lumière des changements fondamentaux pour leur défense et leur sécurité résultant de l’agression russe en Ukraine, avant de souhaiter un approfondissement de la politique étrangère et de sécurité commune de l’Union européenne.  Elle a également apporté son soutien à la candidature du Danemark au Conseil de sécurité pour 2025-2026.

Enfin, la Ministre a déploré les 176 attaques commises depuis le début de l’année contre des travailleurs humanitaires, notant que 47 d’entre eux avaient perdu la vie, de même que plus de 50 Casques bleus.  Elle a exhorté à renverser la tendance globale au recul démocratique et appelé à poursuivre l’effort visant à clarifier les circonstances entourant la mort de l’ancien Secrétaire général Dag Hammarskjöld.

M. NIKOLAY MILKOV MILKOV, Ministre des affaires étrangères par intérim de la Bulgarie, a déclaré que l’augmentation « abrupte » des risques sécuritaires et de l’instabilité menace de détruire l’ordre mondial fondé sur des règles, notant qu’au cours de ce débat général, une grande majorité d’intervenants ont considéré que la guerre menée par la Fédération de Russie contre son voisin représente le risque le plus important.  Il a exprimé sa profonde préoccupation concernant la récente escalade de ce conflit et la mobilisation partielle russe, avant de rejeter les « simulacres de référendum » en cours dans l’Ukraine occupée.  S’agissant des Balkans occidentaux, il a vu dans le processus d’intégration à l’Union européenne (UE) et la coopération régionale les deux outils les plus puissants pour apporter la paix, la stabilité et la prospérité.

Poursuivant, M. Milkov s’est inquiété des effets cumulés des changements climatiques, de la pandémie de COVID-19 et de la guerre en Ukraine sur le système alimentaire mondial, mettant en danger 1,7 milliard de personnes dans plus de 90 pays.  Exerçant actuellement la présidence du Conseil économique et social (ECOSOC), la Bulgarie attache une grande importance aux priorités des économies émergentes en matière de développement durable, a-t-il affirmé, ajoutant qu’elle se préoccupait aussi de la « lutte existentielle » des petits États insulaires face à l’élévation constante du niveau de la mer.  Le Ministre a également insisté sur l’importance de l’égalité entre les sexes et de la protection des droits des personnes handicapées, avant d’indiquer que la Bulgarie a présenté sa candidature au Conseil des droits de l’homme pour la période 2024-2026.  Il a aussi plaidé en faveur d’une accélération de la réforme du Conseil de sécurité et pour l’attribution d’au moins un siège non permanent supplémentaire au Groupe des États d’Europe orientale. 

M. SAMEH HASSAN SHOUKRY SELIM, Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, a appelé à une action internationale concertée et à un engagement renouvelé en faveur du multilatéralisme pour faire face aux nombreuses crises qui secouent le monde.  D’après lui, le système des Nations Unies est mis en péril par des tentatives visant à le contourner et à remettre en cause son efficacité, ce qui compromet la capacité de l’Organisation à maintenir la sécurité et la stabilité mondiales.  Il a pointé du doigt le « deux poids, deux mesures » qui témoigne la volonté politique « limitée » des États Membres et réitéré la position africaine en faveur de la réforme du Conseil de sécurité sur la base du consensus d’Ezulwini et de la Déclaration de Syrte.  Abordant la crise alimentaire actuelle, qui résulte selon lui de l’incapacité de la communauté internationale à réaliser le second objectif de développement durable, le Ministre a alerté sur la situation en Afrique, où une personne sur cinq est menacée par la faim, alors que le continent reste un importateur net de denrées alimentaires pour un coût annuel de 43 milliards de dollars.  Dans l’idée d’une stratégie intégrée, et pour garantir la sécurité alimentaire collective, M. Selim a proposé l’établissement en Égypte, eu égard à sa situation géographique, d’un « centre international de stockage, d’approvisionnement et de commerce des céréales ».  Rappelant ensuite que l’Égypte accueillera en novembre la prochaine Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP27), le Ministre a estimé que l’obtention de résultats tangibles à Charm el-Cheikh sera liée à la capacité de la communauté internationale de progresser vers la mise en œuvre des objectifs de l’Accord de Paris. 

M. Selim a évoqué le différend autour du Grand Barrage de la Renaissance, indiquant qu’après une décennie de négociations « futiles », l’Égypte reste déterminée à faire preuve de retenue et à respecter le droit au développement du peuple éthiopien.  « Mais cela ne peut se faire au détriment du droit à la vie du peuple égyptien, qui est lié au Nil depuis l’aube de l’histoire », a-t-il mis en garde.  Il a insisté, à cet égard, sur la nécessité de parvenir sans délai à un accord global juridiquement contraignant concernant le remplissage et l’exploitation du barrage, conformément à l’accord sur la déclaration de principes conclue par l’Égypte, le Soudan et l’Éthiopie en mars 2015 à Khartoum.  En tant qu’États souverains, ceux-ci doivent respecter leurs obligations internationales et les honorer de bonne foi « par des actes et non des paroles ».  L’Égypte appelle la communauté internationale, en particulier l’ONU et le Conseil de sécurité, à rejeter de telles violations du droit international et à appliquer ses principes afin de préserver le sort de 150 millions de citoyens égyptiens et soudanais, a-t-il martelé.

Enfin, le Ministre a plaidé pour la recherche d’une solution négociée juste, durable et globale à la question palestinienne sur la base de la solution des deux États, avec la création d’un État palestinien dans les frontières du 4 juin 1967 et Jérusalem-Est comme capitale.  Dans le même temps, il est essentiel de s’abstenir de toute mesure unilatérale qui modifierait les faits sur le terrain et compromettrait les chances d’une solution finale, a-t-il averti.  En vertu de la responsabilité qui est la sienne d’appuyer ses voisins, l’Égypte continuera à soutenir les efforts entrepris pour trouver des solutions politiques conformément au droit international et aux résolutions pertinentes de l’ONU en Syrie, au Liban, au Yémen et au Soudan, a conclu M. Selim, de manière à préserver l’unité, l’intégrité et la souveraineté de ces pays et à mettre fin à l’ingérence extérieure dans leurs affaires.

M. JEYHUN AZIZ OGLU BAYRAMOV, Ministre des Affaires étrangères de l’Azerbaïdjan, a constaté que le monde continuait de faire face aux défis créés par la pandémie de COVID-19.  Président en exercice du Mouvement des pays non alignés, l’Azerbaïdjan œuvre en faveur d’une plus grande solidarité mondiale pour vaincre la pandémie, a-t-il affirmé.  Outre une campagne de vaccination efficace dans le pays, il a salué l’assistance apportée par Bakou à plus de 80 pays.  Il a en outre insisté sur l’engagement de son pays en faveur du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et s’est félicité qu’il ait été classé parmi les 50 premiers pays dans le rapport sur les objectifs de développement durable 2022. 

M. Bayramov a déclaré que l’Azerbaïdjan avait gravement souffert de « l’agression de l’Arménie au début des années 1990, au cours desquelles, l’Arménie a occupé 20% du territoire de l’Azerbaïdjan ».  Il a accusé l’Arménie de « nettoyage ethnique » et d’avoir mené une politique de colonisation illégale au cours des 30 dernières années.  À l’automne 2020, l’Azerbaïdjan, en réponse à une nouvelle provocation militaire à grande échelle de l’Arménie et guidé par les droits inhérents conférés aux États Membres par la Charte des Nations Unies, a lancé une opération de contre-offensive, a-t-il ensuite expliqué.  L’Azerbaïdjan a alors « libéré ses territoires et le conflit vieux de trois décennies a été résolu conformément à la déclaration trilatérale signée par les dirigeants de l’Azerbaïdjan, de la Russie et de l’Arménie le 10 novembre 2020 », a poursuivi le ministre.

L’Azerbaïdjan est engagé à entamer le processus de normalisation avec l’Arménie, a poursuivi M. Bayramov, qui a regretté que celle-ci préfère exacerber les tensions en multipliant les provocations, notamment celles-des 12 et 13 septembre derniers.  Il a aussi accusé l’Arménie de n’avoir pas respecté un premier cessez-le-feu convenu le 13 septembre et d’avoir continué ses bombardements jusqu’au rétablissement de la trêve le 14 au matin, laquelle tient depuis lors, a-t-il affirmé.  Il a toutefois estimé que la déclaration faite devant l’Assemblée générale par le Premier Ministre arménien il y a deux jours constituait « une nouvelle preuve démontrant que la partie arménienne semble axée sur la poursuite de la confrontation plutôt que sur la normalisation ».

« Nous pensons que notre région a connu suffisamment de confrontation, de destruction et de souffrance », a poursuivi le Ministre, pour qui « il est grand temps que nos deux nations s’engagent pleinement et de tout cœur dans la normalisation postconflit, afin que nous puissions enfin tourner la page tragique de notre histoire et commencer à construire un avenir meilleur pour nos enfants ». 

« L’engagement de la partie azerbaïdjanaise est là.  Nous espérons que l’Arménie rendra enfin la pareille de manière constructive et s’engagera véritablement dans les négociations », a ajouté M. Bayramov, qui a ajouté que, son pays ayant « libéré ses territoires d’une longue occupation militaire étrangère », il était désormais déterminé à s’engager dans la reconstruction et de leur réintégration complètes.  L’Azerbaïdjan entend parallèlement continuer à jouer un rôle de membre responsable de la communauté internationale car, a-t-il conclu, « dans un monde globalisé, aucun pays n’est une île; et nous agissons en conséquence ».

M. VIVIAN BALAKRISHNAN, Ministre des affaires étrangères de Singapour, qui s’est dit particulièrement préoccupé par l’invasion russe de l’Ukraine, a constaté que les rivalités entre superpuissances continuent de s’accentuer et que les risques de conflits ouverts en Europe et en Asie augmentent.  Il a également noté l’inégalité et la fragilité du redressement post-COVID-19 faisant peser le risque d’une pandémie encore plus fatale.  De même, la période d’inflation prolongée ainsi que l’augmentation rapide du coût de l’énergie ont rendu plus difficile la génération des ressources pour faire face aux problèmes à long terme.  Évoquant également la crise climatique, la détérioration de l’eau et de la biodiversité et la chaîne alimentaire, il s’est vivement inquiété que l’ensemble de ces crises interviennent concurremment et s’alimentent, citant en exemple les inondations dévastatrices au Pakistan et l’insécurité alimentaire dans certaines parties d’Afrique.  À ses yeux, la seule façon d’aller de l’avant était est de maintenir le système multilatéral inclusif et fondé sur des règles.  Rappelant la création du Forum des petits États, il a souligné que ces derniers, en particulier, ne doivent pas laisser la force primer le droit.

Le Ministre a appelé les délégations à achever l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale.  Notant que les changements climatiques restaient l’enjeu le plus pressant auquel l’humanité est confrontée, il a souligné la nécessité d’une réponse globale ambitieuse et d’honorer les engagements de l’Accord de Paris et du Pacte pour le climat de Glasgow, plaidant en outre pour une restructuration économique, des avancées technologiques, des investissements et des changements comportementaux.  Il a rappelé que Singapour, par sa situation géographique, était particulièrement vulnérable à l’augmentation du niveau de la mer.  Il a affirmé son engagement à construire un écosystème de finance verte et a exprimé son soutien à l’établissement d’un marché du crédit carbone en Asie. 

M. Balakrishan s’est aussi préoccupé du problème de l’insécurité alimentaire, exacerbée par les changements climatiques et la guerre en Ukraine, notant que 828 millions de personnes étaient affectées par la faim l’an dernier, 40 millions de plus qu’en 2020 et 150 millions de plus qu’en 2019.  Il a appelé à renverser cette tendance en permettant aux chaînes d’approvisionnement alimentaire de rester ouvertes et de fonctionner sans heurts et en encourageant les innovations et la technologie afin de s’adapter aux nouveaux enjeux. 

Le Ministre a également insisté sur la nécessité de construire une architecture de santé globale plus robuste afin de protéger les générations futures, notant que d’autres pandémies et urgences suivraient la COVID-19.  Il a fait part de son appui au Mécanisme COVAX et de la contribution de Singapour à la création du fonds d’intermédiation financière pour la prévention, la préparation et la réponse aux pandémies sous l’égide de la Banque mondiale.  Avertissant par ailleurs qu’une approche d’exclusion et l’érosion de la confiance ne feraient qu’alimenter les activités des cybercriminels, il a souhaité que tous les États puissent bénéficier de la transformation numérique et apporté son soutien à la proposition de pacte numérique mondial du Secrétaire général. 

M. VLADIMIR MAKEI, Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a noté que, depuis plus de six mois, le monde vit dans l’ombre du conflit en Ukraine qui, comme la pandémie de COVID-19 avant lui, a mis en évidence « les inconvénients de l’interdépendance mondiale ».  Il a ensuite appelé à répondre, « de manière très honnête et impartiale », à deux questions: quelles sont les causes profondes du conflit en Ukraine? et que faire pour mettre fin au conflit et empêcher que des événements similaires ne se reproduisent à l’avenir?

Afin de répondre à ces questions, il s’est lancé dans une vaste démonstration historique et géopolitique.  Estimant que le conflit prenait racine dans l’humiliation des perdants de la guerre froide, il a dépeint les « soi-disant vainqueurs » occidentaux des années 90 comme ceux de la Première Guerre mondiale, écrasant leurs adversaires par un « traité de Versailles 2.0 », un gentlemen’s agreement non écrit et non respecté.  Accusant l’Occident d’avoir voulu transformer les ex-Républiques soviétique en États satellites, il a cité le diplomate américain Georges Kennan qui avait qualifié l’extension de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) vers l’Est « d’erreur stratégique potentiellement gigantesque ».  Dénonçant les « guerres illégales » de l’OTAN en Yougoslavie, en Iraq, en Libye et en Syrie, M. Makei a fait reposer la responsabilité du bain de sang en Ukraine sur « l’Occident collectif ».

Abordant la question des solutions à apporter au conflit M. Makei a estimé que les Occidentaux avaient refusé et ignoré des propositions répétées de la Fédération de Russie en 2009, du Bélarus en 2017, et de nouveau de la Fédération de Russie en décembre 2021 pour aboutir à un accord consensuel sur les questions de paix et de sécurité en Europe.  Il a opposé un Occident qui souhaitait un monde « unipolaire et concentrique » à la plupart des autres pays du monde qui souhaitaient un monde « multipolaire et polycentrique ».  Estimant que l’Occident avait dominé le monde pendant 500 ans et espérait continuer de le faire indéfiniment, il en a appelé à une « révolution copernicienne » qui permettrait à l’Occident de comprendre que les relations internationales ne tournent pas autour de lui, que l’Histoire n’a pas de fin et ne se dirige pas inexorablement vers la soi-disant « démocratie libérale » et que le monde ne peut se réduire à une confrontation entre soi-disant « démocraties » et « autocraties ». 

Condamnant des sanctions économiques « unilatérales et illégales », le Ministre a estimé qu’elles manquaient leur cible et que le Bélarus et la Russie résisteraient à la tempête comme Cuba, « éprise de liberté », qui subit des sanctions depuis 60 ans déjà.  Il a estimé qu’elles avaient surtout pour effet de faire souffrir les pays les plus pauvres du monde, avec des prix des aliments et des engrais multipliés par trois ces six derniers mois, et un effet boomerang qui verrait les simples citoyens européens geler cet hiver. 

M. Makei s’est dit « triste » de voir les Ukrainiens victimes des ambitions de « l’Occident collectif », dénonçant les révolutions téléguidées de 2004 et 2014.  « L’Ukraine paie aujourd’hui par le sang cette situation mais il n’est pas trop tard pour rectifier le tir », a-t-il affirmé.  Rappelant que des négociations russo-ukrainiennes avaient eu lieu au Bélarus juste après le début du conflit, il a réitéré la proposition de bons offices de son pays. 

M. LUCA BECCARI, Ministre des affaires étrangères de Saint-Marin, a appelé toutes les parties impliquées dans le conflit en Ukraine à renoncer à l’usage de la force et à rouvrir des voies de dialogue et de négociation.  Profondément préoccupé par les conflits armés à travers le monde, il a réaffirmé son engagement en faveur du principe de la responsabilité de protéger, essentiel à la prévention des atrocités de masse, ainsi qu’aux obligations des droits de l’homme et du droit international humanitaire, tels la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, le Statut de Rome et les Conventions de Genève.  Il a également réitéré son soutien à la CPI ainsi qu’aux initiatives comme le Code de conduite relatif à l’action du Conseil de sécurité contre le génocide, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre du Groupe ACT et la déclaration franco-mexicaine sur la suspension volontaire du veto par les membres permanents du Conseil de sécurité.

Soucieux de la protection des enfants et des jeunes dans les conflits, M. Beccari a encouragé les États Membres à adopter les instruments pertinents sur la protection de l’enfance, notamment les Principes de Paris et la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.  Il a affirmé son engagement en faveur de la protection des femmes et des filles et son soutien à la prévention des violences sexuelles et fondées sur le genre, y compris en période de conflits.  Il a également souligné les risques accrus auxquels sont confrontés les personnes handicapées en cas de conflits, avant de condamner les attaques contre les journalistes, les travailleurs humanitaires, les défenseurs des droits de l’homme et les forces de maintien de la paix, rappelant l’importance de ces acteurs et de la société civile dans la prévention et les mécanismes d’alerte.  M. Beccari a condamné la rhétorique nucléaire dangereuse de la Fédération de Russie, appelant à un véritable engagement en faveur du désarmement.  Il a regretté que la dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération n’ait pas été capable d’adopter son document final et a exhorté les États à rejoindre le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Enfin, dans le contexte actuel, il a insisté sur l’importance de conserver la sécurité alimentaire sur l’agenda et d’encourager la production, la fourniture et la consommation durables, insistant également sur l’importance de combattre le gaspillage alimentaire.

M. FAISAL BIN FARHAN AL-FARHAN AL-SAUD, Ministre des affaires étrangères de l’Arabie saoudite, a réaffirmé l’attachement de son pays à la Charte des Nations Unies et son soutien aux initiatives visant à maintenir la paix et la sécurité internationales.  Il a souligné à cet égard l’importance de la coopération fondée sur le respect mutuel, la souveraineté des États et le règlement pacifique des différends.  Se disant favorable à une réforme du Conseil de sécurité de l’ONU pour le rendre plus représentatif et plus apte à relever les défis communs, il a estimé nécessaire, à la lumière des conflits qui agitent le monde, d’en revenir à la raison et de rechercher des solutions négociées afin de faire cesser les combats, de protéger les civils et d’offrir à tous des opportunités de paix, de sécurité et de développement.  À cette fin, l’Arabie saoudite soutient les efforts internationaux visant à trouver des solutions au conflit russo-ukrainien et à maintenir la sécurité et la stabilité régionale et internationale, a-t-il affirmé, mettant l’accent sur le besoin d’actions concertées.  Sur ce point, il a rappelé que le récent sommet de Djeddah pour la sécurité et le développement a souligné l’importance de l’action collective pour construire un avenir meilleur et le rôle central de l’ONU pour régler les différends.  À cette occasion, a-t-il poursuivi, il a été rappelé qu’il est impératif de ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures des États et de prendre en considération les valeurs de leurs sociétés. 

Dans cet esprit, et conformément à l’Initiative de paix arabe, le Ministre a renouvelé son appel à la création d’un État palestinien indépendant dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale, en demandant l’arrêt immédiat des mesures unilatérales qui sapent la solution des deux États.  S’agissant du Yémen, il a dit soutenir les efforts visant à faire taire les armes, tout en appelant à permettre au Conseil présidentiel de jouer son rôle en vue de parvenir à une paix durable et de satisfaire aux besoins humanitaires.  Il a par ailleurs confirmé le soutien du royaume saoudien aux efforts de l’Envoyé spécial en Syrie afin de trouver une solution politique à la crise de ce pays tout en préservant son unité, demandant de maintenir le cessez-le-feu et de contribuer à un acheminement sans entrave de l’aide humanitaire.  Il a d’autre part souligné la nécessité de réformes politiques et économiques pour assurer la stabilité et la résilience du Liban, avant d’exprimer son appui au dialogue au Soudan et en Libye, ce dernier pays devant selon lui être libéré de toute présence militaire étrangère.  De même, a-t-il ajouté, tout doit être fait pour éviter que l’Afghanistan devienne une base pour le terrorisme. 

Après avoir exhorté la communauté internationale à renforcer sa lutte contre la prolifération des armes de destruction massive, le Ministre a exhorté l’Iran à se conformer à ses obligations internationales dans le domaine nucléaire.  Il a ensuite assuré que son pays soutient les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat et la nécessité d’une transition responsable vers des ressources plus diversifiées et plus durables.  La réalisation de ces objectifs dépendra de la participation de chacun mais aussi des spécificités régionales et du besoin d’assurer la sécurité et l’accès énergétiques pour tous, a-t-il soutenu, avant de préciser que l’Arabie saoudite entend diversifier ses sources d’énergie et optimiser sa production, tout en réduisant ses émissions de CO2 en vue d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2060.  Il a toutefois indiqué que, soucieux de contribuer à l’équilibre des marchés de l’énergie, le royaume juge nécessaire d’investir dans les énergies fossiles et leurs technologies propres au cours des prochaines décennies afin de répondre aux besoins grandissants et d’éviter au monde des politiques irréalistes qui auraient de graves conséquences socioéconomiques et sécuritaires.  Pour finir, il a annoncé la candidature de son pays pour accueillir l’Exposition universelle de 2030 qui aura pour thème « l’ère des changements: conduire le monde vers des lendemains clairvoyants ». 

M. DATO ERYWAN PEHIN YUSOF, Ministre des affaires étrangère du Brunéi Darussalam, a considéré que le facteur déterminant pour réussir le passage à un « monde postpandémique » sera un programme de vaccination réussi et l’équité vaccinale.  Il a toutefois relevé que cette voie est entravée par des problèmes d’approvisionnement et de distribution.  À cet égard, il a prôné le développement d’une infrastructure sanitaire mondiale plus efficace et résiliente face à d’éventuelles urgences sanitaires mondiales.  Il a également recommandé des efforts supplémentaires pour faire face aux conséquences de la pandémie, comme la santé mentale, un problème souvent pris à la légère selon lui.  Conscient de la nécessité d’inclure cet aspect dans ses efforts de redressement, le Brunéi Darussalam a mis en place un plan d’action multisectoriel quinquennal ans pour la santé mentale, a annoncé le Ministre. 

Par ailleurs, à mi-chemin de la période impartie pour réaliser les ODD, il a noté que le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat des Nations Unies (GIEC) montre que les impacts des changements climatiques sur l’agriculture ont des conséquences dévastatrices sur la production et la sécurité alimentaires.  Le Brunéi Darussalam s’est engagé à respecter l’ambition climatique, a dit le Ministre en indiquant que son pays s’oriente vers un taux net zéro d’ici à 2050, par la préservation des forêts ainsi que la transition vers des énergies propres afin de façonner un avenir à faibles émissions de carbone.  Et en tant que l’un des champions régionaux de la conservation, de l’environnement et de la préservation des forêts, le pays joue également un rôle de premier plan au niveau régional en accueillant le Centre intergouvernemental de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) pour les changements climatiques.  L’an dernier, a poursuivi le Ministre, la paix et la stabilité de notre région ont été affectées, et l’ASEAN a collectivement convenu d’un consensus en cinq points pour plancher sur une solution pacifique et un éventuel retour à la normale dans l’un de ses États membres, à savoir le Myanmar.  Malheureusement, ces questions continuent d’exiger une attention particulière et, à ce titre, « nous apprécions le soutien et les contributions constants des Nations Unies et d’autres acteurs aux efforts de l’ASEAN », a-t-il indiqué.

M. ALI SABRY, Ministre des affaires étrangères de Sri Lanka, s’est inquiété de l’impact des changements climatiques sur le développement économique et social et la sécurité alimentaire de Sri Lanka avant de dire la détermination de son pays à atteindre les objectifs de l’Accord de Paris et la neutralité carbone d’ici à 2050.  Il a réitéré son attachement à l’utilisation durable des océans et de leurs ressources.  Sri Lanka, a-t-il souligné, est un leader de la région Asie-Pacifique pour la disponibilité des données sur les objectifs de développement durable et l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes.  Le pays, s’est encore félicité M. Sabry, figure désormais à la soixante-treizième place sur l’indice du développement humain.  « Grâce à un accord avec le FMI nous avons pu mettre en place des réformes économiques répondant aux besoins des plus vulnérables. »

Rappelant que Sri Lanka était victime du terrorisme depuis plusieurs décennies, le Ministre a vanté la mise en place d’un arsenal législatif pour lutter contre le financement du terrorisme, la radicalisation et l’utilisation à des fins malveillantes des nouvelles technologies.  Au-delà de ces initiatives, il a jugé nécessaire de développer la pensée critique des jeunes, favoriser le sens civique et renforcer la résilience de la communauté pour atténuer les effets et l’influence de la violence idéologie extrémiste.  Enfin, il a estimé qu’en cette période de crises multiples il faut faire preuve de solidarité mondiale et de diplomatie, en tirant parti des idées et des talents de tous les segments de la société pour trouver des solutions transformatrices qui ne laissent personne derrière.  Malgré ses défauts « le multilatéralisme fournit un cadre solide pour résoudre les problèmes et les défis contemporains », a conclu M. Sabry. 

M. CARLOS RAFAEL FARÍA TORTOSA, Ministre des affaires étrangères du Venezuela, a dénoncé la campagne mondiale pernicieuse de discrédit et de stigmatisation contre le peuple, les institutions et la révolution démocratique du Venezuela pour imposer une économie de marché, la mondialisation néolibérale et une version moderne de la colonisation.  L’objectif de cette campagne est d’étouffer toute tentative de créer des alternatives à un système impérialiste et prédateur, a-t-il affirmé.  On nous accuse d’être une dictature et un État défaillant alors qu’au cours des deux dernières décennies, le Venezuela a organisé 29 élections libres.  Il a dénoncé l’imposition de 913 sanctions illégales qui empêchent le Venezuela de vendre et d’acheter ce dont il a besoin pour son développement.  Les pertes dépassent 150 milliards de dollars ces dernières années, a comptabilisé M. Faría Tortosa.  En outre, plus de 31 tonnes de réserves d’or vénézuéliennes, estimées à 1,3 milliard de dollars, sont séquestrées à la Banque d’Angleterre et plus de 10 milliards de dollars de dépôts et de fonds vénézuéliens sont illégalement bloquées dans des banques étrangères.  Mais ces sanctions illégales n’ont jamais pu tordre la volonté du peuple, même si cet acte de piraterie laisse de profondes blessures dans la société, a observé le Ministre. 

Abordant la question de la migration, M. Faría Tortosa a affirmé que 60% des Vénézuéliens qui ont émigré, sont retournés volontairement au pays, demandant à savoir où se trouvaient les ressources allouées par les organisations multilatérales pour soutenir les migrants vénézuéliens.  Il a ensuite informé que pour la première fois en 120 ans, le Venezuela a produit 80% de sa consommation nationale.  Producteur de pétrole et de gaz, le Venezuela peut et veut être utile durant cette crise énergétique, a poursuivi le Ministre qui a par ailleurs souligné que seule une agriculture durable permettra de venir à bout de la faim et de la pauvreté dans le monde.  S’agissant de la guerre en Ukraine, il a appuyé la proposition du Mexique, qui appelle à la création d’une commission internationale pour faciliter le dialogue entre la Russie et l’Ukraine. 

Le Ministre a ensuite demandé aux pays du Nord d’accepter l’émergence de nouvelles puissances et de nouveaux leaderships comme la Chine, la Russie, l’Inde, l’Iran et la Türkiye.  Il a exigé que soit reconnu le droit à la patrie du peuple sahraoui et du peuple palestinien avant d’appeler à la fin des sanctions économiques illégales et la persécution politique contre le Nicaragua, Cuba, l’Iran et la Russie.  Il a aussi souhaité que le droit du peuple argentin sur les Malvinas soit rétabli par le dialogue. 

M. VLADIMIR NOROV, Ministre des affaires étrangères de l’Ouzbékistan, a indiqué que l’instauration de relations et d’un dialogue interculturels est extrêmement importante pour atténuer les tensions, l’incertitude et l’imprévisibilité au niveau mondial.  Dans cette optique, lors du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai, qui s’est tenu à Samarcande le 16 septembre, le Président ouzbek, M. Shavkat Mirziyoyev, a présenté l’initiative de solidarité de Samarcande pour la sécurité et la prospérité communes.  Par ailleurs, au niveau national, son gouvernement a adopté la Stratégie de développement du Nouvel Ouzbékistan pour 2022-2026, qui vise à approfondir les processus démocratiques, à garantir l’état de droit et à améliorer le niveau de vie de la population.  Cette stratégie se fonde sur les résultats des réformes menées au cours des cinq années précédentes et vise à faire progresser la mise en œuvre globale des objectifs de développement durable, a précisé M. Norov. 

L’Ouzbékistan est à la veille d’un événement politique important, une réforme constitutionnelle, a poursuivi le Chef de la diplomatie ouzbèke, en annonçant des amendements soumis à référendum afin d’interdire le travail forcé et celui des enfants, de même que le refus d’employer des femmes enceintes ou des femmes avec enfants.  En outre, il est également proposé d’introduire des normes pour garantir l’ouverture, la transparence et la responsabilité des organismes publics.  Le Ministre s’est ensuite enorgueilli des résultats obtenus par son pays au cours des cinq dernières années en matière d’éducation, le nombre d’inscriptions dans l’enseignement supérieur étant passé de 9% à 29%, et celui des enfants bénéficiant d’un enseignement préscolaire de 27% à 67,2%. 

Les perspectives de développement de l’Asie centrale sont inextricablement liées à la garantie de la paix dans l’Afghanistan voisin, a indiqué M. Norov.  Préoccupé par l’insuffisance de l’attention internationale accordée à ce pays, qui connaît une profonde crise humanitaire, il a considéré d’une importance capitale d’empêcher son isolement.  La priorité de la communauté internationale devrait être la restauration de l’économie afghane, son intégration dans les processus économiques interrégionaux, ainsi que la mise en œuvre d’infrastructures et de projets socialement significatifs, a-t-il estimé.  Il a proposé de créer un fonds spécial de soutien humanitaire pour l’Afghanistan à Termez et d’établir à Tachkent, avec le soutien de l’ONU, un centre interrégional pour la connectivité afin de faciliter l’intégration de l’Afghanistan dans le commerce et l’économie de la région.

M. AMERY BROWNE, Ministre des affaires étrangères de Trinité-et-Tobago, s’est particulièrement inquiété des dangers que constituent les ouragans et typhons cataclysmiques qui menacent l’existence des petits États insulaires.  Il a aussi alerté des événements à évolution lente tels que la détérioration des récifs coralliens et l’afflux d’algues sargasses, qui menacent les fragiles écosystèmes et les moyens de subsistance de son peuple, en particulier les pêcheurs et ceux qui dépendent du tourisme.  Fort de ces constats, le Ministre a appelé à la mise en œuvre intégrale et effective de l’Accord de Paris.  Il a jugé indispensable la mise en place d’un cadre spécifique pour traiter les pertes et dommages dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).  Il a jugé prioritaire de parvenir à un mécanisme financier avant de rappeler que l’existence même et la viabilité des petits États insulaires est menacée. 

Par ailleurs, il a rappelé que le fardeau supplémentaire de l’inflation mondiale galopante et des crises des denrées alimentaires, des carburants, des aliments pour animaux et des engrais a exercé une énorme pression sur les économies et populations des petits États insulaires, freinant leur réalisation du développement durable.  Il a exhorté la communauté internationale à travailler ensemble pour accélérer la production alimentaire mondiale.  Trinité-et-Tobago, a-t-il ajouté, a accueilli au mois d’aout la deuxième réunion Agri-Investment Forum and Expo de la CARICOM qui a pour objet de réduire de 25% d’ici à 2025 la dépendance alimentaire des pays de la CARICOM. 

Après avoir dit la détermination de la CARICOM à appuyer le rétablissement de la paix et d’une gouvernance démocratique stable en Haïti, M. Browne a exhorté le système des Nations Unies et les donateurs internationaux à renforcer de toute urgence leur rôle et leur engagement avec ce pays.  Il les a encouragés à aider à réprimer la violence continue et dévastatrice des gangs et à améliorer la situation humanitaire.  Au niveau sous-régional, il a souligné les difficultés que rencontrent les Caraïbes pour construire des sociétés sûres et pacifiques face à la criminalité transnationale organisée, la traite d’êtres humains, le trafic illicite de stupéfiants et un flux constant d’armes à feu illégales.  Son pays a la volonté de renforcer encore sa coopération avec les partenaires régionaux et internationaux pour relever ces défis, a-t-il assuré.  Enfin, le Ministre a appelé la communauté internationale à adopter des mesures adaptées aux défis fondamentaux de financement auxquels sont confrontés les pays en développement, avec une attention particulière aux spécificités des pays les moins avancés (PMA) et des PEID.  Il a ainsi jugé prioritaire de s’entendre au niveau international sur un indice de vulnérabilité multidimensionnel. 

Mme THÓRDÍS KOLBRÚN REYKJFJÖRD GYLFADÓTTIR, Première Ministre de l’Islande, a fait remarquer que cette session se déroule à un moment où un pays puissant, membre permanent du Conseil de sécurité, a décidé de bafouer les normes et les lois internationales, même si les guerres d’expansion territoriale ne sont tout simplement pas permises.  Elle a vu l’invasion illégale et brutale à grande échelle de la Russie en Ukraine comme une prise de conscience brutale de ce à quoi le monde pourrait ressembler si la capacité de détruire était autorisée à déterminer le sort des nations.  Elle a dénoncé la brutalité absolue et écœurante dont la Russie a fait preuve, ajoutant que, pour le bien de l’humanité, l’Ukraine doit gagner tandis que les crimes perpétrés doivent être punis.  Pour le bien de l’humanité, cette folie doit cesser, a martelé Mme Gylfadóttir. 

L’Islande, a poursuivi la Cheffe de gouvernement, est déterminée à assumer sa responsabilité par rapport à l’insécurité alimentaire, la pauvreté, la faim, la réponse à la pandémie, ainsi que dans le cadre des conflits armés et des changements climatiques.  Elle a illustré son propos en signalant l’augmentation de son aide humanitaire et au développement, ainsi que son financement climatique qui met l’accent sur l’atténuation et l’adaptation.  Sur la COVID-19, elle a estimé qu’il appartiendra aux futurs historiens de juger si les sacrifices économiques consentis pendant la pandémie valaient les bénéfices et si la restriction généralisée des libertés individuelles en valait la peine.  La Première Ministre a ensuite déclaré que la lutte contre la pollution marine est une priorité pour son pays, en particulier concernant les déchets plastiques.  Elle a jugé opportun que soient conclues les négociations sur un nouvel accord sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine dans les zones au-delà de la juridiction nationale.  Mme Gylfadóttir a par ailleurs réitéré l’objectif d’un monde exempt d’armes nucléaires et, à cet égard, a accusé « le comportement irresponsable de la Fédération de Russie », qui a menacé explicitement de recourir à ces armes de destruction massive.

La Première Ministre a assuré que l’Islande reste déterminée à contrer la régression des droits des femmes et des filles dans de trop nombreux endroits du monde.  Elle a aussi récusé l’utilisation abusive de l’information par des gouvernements qui revendiquent le monopole de la vérité, prenant l’exemple de la Russie où toute forme de débat public et de pensée indépendante a été criminalisée.  Elle a plaidé pour que chacun puisse remettre en question le statu quo et débattre librement, même sur les questions les plus sensibles, de même pour la liberté de créer de l’art.  Ce sont ces valeurs que les défenseurs de l’Ukraine veulent garantir à leurs enfants, a-t-elle expliqué en appelant à répondre à leur appel de se tenir aux côtés de l’Ukraine.  « Nous devons répondre à l’appel pour défendre le système multilatéral. »

M. JEAN VICTOR GENEUS, Ministre des affaires étrangères et des cultes, a lu une déclaration du Premier Ministre de la République d’Haïti, M. ARIEL HENRI.  Il a déclaré que son pays traverse une crise multidimensionnelle qui menace la démocratie et les fondements même de l’état de droit, « une crise sociopolitique et économique sur laquelle s’est greffée l’insécurité », au point d’ébranler la « superstructure » de l’État.  Il s’agit pour son gouvernement de restaurer, sans délai, la sécurité et l’ordre public; d’élargir, à brève échéance, le consensus autour d’un accord politique avec un maximum de secteurs en vue d’aboutir à une gouvernance apaisée; de créer un climat propice à la tenue rapide d’élections générales; et de répondre aux questions économiques et sociales.  Sur la question sécuritaire et la restauration de l’ordre public, M. Geneus a dénoncé les activités des gangs armés, qui ont pris des proportions inquiétantes.  En sa qualité de Chef du Conseil supérieur de la Police nationale d’Haïti, le Premier Ministre a pris des mesures visant à rendre celle-ci plus efficace et mieux préparée à combattre l’insécurité, en renforçant ses capacités opérationnelles et en améliorant les conditions de travail des policiers.  « L’intensification des opérations a permis d’obtenir quelques bons résultats, ce qui a réduit les exactions des gangs armés, notamment dans la zone métropolitaine.  Cependant, il reste beaucoup à faire pour en finir avec ce fléau », a-t-il reconnu.  De plus, la livraison des véhicules blindés et équipements qui lui font défaut tarde, a-t-il constaté avant de rappeler le besoin d’un accompagnement robuste de la part des partenaires internationaux d’Haïti.

Sur le plan politique, malgré les divergences qui persistent entre les différents acteurs, M. Geneus a dit continuer à encourager le dialogue.  Des initiatives impliquant diverses composantes de la société haïtienne sont en cours, relatives au rétablissement d’institutions démocratiques pleinement opérationnelles par le biais d’élections libres, transparentes et inclusives, ainsi qu’à la réforme constitutionnelle.  S’il a reconnu que c’est un droit constitutionnel de manifester pacifiquement, M. Geneus a cependant condamné les pillages, actes de vandalisme et attaques perpétrés contre des églises, des écoles, des universités, des hôpitaux, des responsables politiques, des acteurs économiques, des missions diplomatiques et des organisations internationales.  « De nombreux autres crimes et massacres sont restés jusqu’ici impunis et des assassins sont encore en liberté et certains ont le culot de venir parader les armes à la main à la tête des manifestations de ces jours derniers », s’est-il écrié.  M. Geneus a encore cité le Premier Ministre: « Contrairement à ce que disent certains de mes adversaires, je n’ai nullement la volonté de rester au pouvoir plus de temps qu’il n’en faut ».  Le souci principal de son gouvernement est le retour à l’ordre constitutionnel et la remise de la direction des affaires du pays à des élus librement choisis par le peuple haïtien.  Il a donc aspiré à trouver un accord politique pour l’organisation d’élections présidentielle, législatives et locales, « dès que les conditions le permettront ».

M. BERNARD GOMOU, Premier Ministre de la Guinée, a rappelé que les Forces de Défense et de Sécurité, unies au sein du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) ont pris leur responsabilité, le 5 septembre 2021, en vue d’établir une gouvernance vertueuse profitable aux populations guinéennes, avec pour objectif un développement inclusif et durable.  Il a ajouté qu’un état des lieux a été réalisé afin de convenir de solutions appropriées aux défis identifiés et de relancer le pays, avec les objectifs suivants: la Rectification institutionnelle pour bâtir des institutions fortes et légitimes pouvant résister au temps et à la tentation des hommes; la Refondation de l’État pour moraliser la vie publique et restaurer l’autorité de l’État; le Redressement visant à rompre avec les anciennes pratiques en vue de réformer, de moderniser et de rajeunir l’administration; le Rassemblement du peuple, dans son entièreté, dans la conduite des affaires publiques en toute transparence; et le Respect de tous les engagements aux niveaux national et international. 

Parmi les progrès réalisés, il a cité l’élaboration et la publication de la Charte de la Transition; la formation d’un gouvernement de transition civil; la mise en place, du Conseil National de la Transition (CNT); l’établissement de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF), pour lutter contre la corruption et les détournements de biens publics, et l’organisation des Assises Nationales « Journées de Vérité et de Pardon » dont le rapport a été remis le 24 août 2022.  Le Premier Ministre a mis l’accent sur l’état du processus de Transition en 10 points, dont un recensement général de la population et de l’habitat ainsi qu’un recensement administratif à vocation d’état civil.  « Je n’insisterai pas assez sur le caractère impérieux de la réalisation de recensements de qualité pour l’établissement d’un fichier électoral incontestable qui garantira les processus électoraux transparents et les résultats acceptés de tous », a dit M. Gomou avant de rappeler que la question du fichier électoral a toujours été le point de discorde et de contestation des différents scrutins de ces dernières années.

En ce qui concerne les questions de justice et de droits de l’homme, il a dit que le Gouvernement guinéen a fait de l’organisation du procès des événements du 28 septembre 2009 ayant fait des victimes, une priorité nationale.  Après 13 ans d’attente, le Président de la Transition a fait ouvrir ce procès en collaboration avec la CPI et le Conseil des droits de l’homme, a-t-il précisé.  Sur le plan économique, il s’est vanté de mesures fortes pour renforcer la résilience du pays, citant le Programme de Référence Intérimaire (PRI) 2022-2025 et rassurant les investisseurs publics et privés de la volonté du Gouvernement de garantir des conditions favorables aux affaires.  L’assainissement des finances publiques et les réformes engagées dans le secteur minier, notamment la fixation du prix indiciaire de la bauxite, permettront aux populations de bénéficier des dividendes de la croissance de ce secteur, a-t-il expliqué avant d’insister sur « l’impérieuse nécessité de mettre en place l’état de droit et des institutions fortes pour une Transition réussie ».  S’agissant de la contribution de son pays aux efforts de maintien de la paix, il a indiqué que le Président de la Guinée, le colonel Mamadi Doumbouya, a décidé, en plus du contingent guinéen de la MINUSMA opérant depuis 2013 à Kidal (Mali), de déployer un contingent additionnel en remplacement de celui du Bénin, dont le mandat arrive à expiration en 2023. 

Mme REEM EBRAHIM AL HASHIMY, Ministre d’État à la coopération internationale des Émirats arabes unis, a dit qu’alors que le monde est à l’aube d’une nouvelle ère, le Gouvernement fait le choix de la paix, du relèvement et de la prospérité.  La politique étrangère émirienne se déploie à travers de nouvelles coopérations dans les domaines de l’économie, du développement durable, des technologies de pointe et de la recherche scientifique, a-t-elle énoncé.  Elle a rappelé que son pays est un membre non permanent du Conseil de sécurité, avant d’appeler à restaurer la confiance dans le système international et la légitimité de ses institutions, en respectant le droit international, en particulier la Charte des Nations Unies.  À cet égard, elle a demandé à l’Iran de mettre fin à l’occupation illégale des îles émiriennes de Grande-Thumb, de la Petite-Thumb et d’Abou Moussa.  Face aux conflits armés dans le monde, elle a voulu que soient activés les mécanismes internationaux de règlement des crises et que soient trouvées des solutions durables.  Dans le monde arabe et en Afrique, il faut donner la priorité aux solutions diplomatiques, au dialogue et à la désescalade, a prescrit la Ministre d’État.  Elle a aussi souligné l’importance de gérer les tensions, d’éviter l’émergence de nouveaux conflits et de lutter contre les idéologies extrémistes. 

Mme Al Hashimy, qui a appelé à la création d’un État palestinien indépendant, a salué la déclaration du Premier Ministre d’Israël concernant la solution des deux États.  Elle a suggéré, face à la fréquence croissante des crises, de renforcer le rôle des organisations régionales pour répondre aux défis actuels, y compris l’Union africaine.  Le Moyen-Orient et la péninsule coréenne n’ont pas besoin d’armes de destruction massive pour préserver la paix et la sécurité, a-t-elle décrété, recommandant plutôt un dialogue afin de désamorcer les tensions et de répondre aux préoccupations régionales et internationales.  La Ministre d’État s’est aussi préoccupée de l’absence d’une position internationale ferme contre le terrorisme et son financement, le flux d’armes et de combattants vers les zones de conflit ainsi que l’émergence de groupes dotés de capacités accrues de combat.  Pour y faire face, elle a conseillé d’empêcher les terroristes d’obtenir des armes et des technologies de pointe. 

S’agissant des changements climatiques, Mme Al Hashimy a réclamé un financement adéquat pour l’action climatique afin d’aider les pays en développement à renforcer la résilience de leurs communautés.  Il faut également investir dans les énergies renouvelables, a encouragé la Ministre d’État souhaitant des résultats significatifs à l’issue de la COP27 prévue en Égypte en novembre prochain.  Elle a vanté l’initiative d’innovation climatique agricole lancée avec les États-Unis afin d’améliorer la production alimentaire et de lutter contre la faim dans le monde.  Elle a souligné le rôle des jeunes pour trouver des solutions durables face aux défis mondiaux ainsi que la participation des femmes pour façonner une société stable et durable. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Débat général: les pays insulaires appellent à un tournant urgent de l’action multilatérale au lendemain du « Ground zéro climatique » subi par le Pakistan

Soixante-dix-septième session,
10e & 11e séances plénières – matin, après-midi & soir
AG/12450

Débat général: les pays insulaires appellent à un tournant urgent de l’action multilatérale au lendemain du « Ground zéro climatique » subi par le Pakistan

Les appels pressants de plusieurs dirigeants de petits États insulaires en développement (PEID) se sont fait entendre aujourd’hui, à la tribune de l’Assemblée générale, pour que soit pris de toute urgence un tournant dans l’action multilatérale face au dérèglement climatique.  Si la communauté internationale permet à tout un pays de disparaître en raison des changements climatiques, quel espoir reste-t-il? a ainsi alerté M. Kausea Natano, Premier Ministre des Tuvalu, pays qui risque de devenir inhabitable d’ici à 20 ou 30 ans. 

En écho à la guerre en Ukraine, évoquée tout au long du débat, le Premier Ministre des Fidji a appelé à faire face à « l’autre guerre -la guerre climatique- que l’humanité mène contre elle-même, nos écosystèmes et l’océan ».  Notant que les petits États insulaires paient le prix le plus élevé des changements climatiques dont ils ne sont pas responsables, M. Josaia Voreqe Bainimarama a souhaité que la COP27, qui se tiendra en novembre prochain en Égypte, permette de créer un mécanisme de dédommagement venant s’ajouter au cadre de financement de l’après-2025.  Il a aussi demandé que 10% des 750 milliards de dollars attendus au titre de ces financements soient réservés à ces pays.   

De plus, pour que les financements concessionnels destinés à l’adaptation soient attribués plus systématiquement aux PEID, plusieurs d’entre eux, dont les Îles Salomon par la voix de leur Premier Ministre, M. Manasseh Danukana Sogavare, ont souhaité voir se concrétiser l’utilisation d’un indice de vulnérabilité multidimensionnel.  Le Premier Ministre du Royaume des Tonga a remercié à cet égard le Groupe de haut niveau des Nations Unies pour la publication, d’ici à la fin de l’année, du rapport intérimaire sur le développement d’un tel indice.  M. Siaosi ‘Ofakivahafolau Sovaleni a aussi demandé que la question des changements climatiques devienne un point permanent de l’ordre du jour du Conseil de sécurité. 

Plusieurs propositions d’ordre juridique ont aussi été émises dans l’objectif d’apporter des solutions.  Le Président du Vanuatu, M. Nikenike Vurobaravu, a plaidé pour l’élaboration d’un traité de non-prolifération des combustibles fossiles pour réduire progressivement la production de charbon, de pétrole et de gaz.  Il a aussi, de même que les Premiers Ministres de Sainte-Lucie et de Maurice, MM. Philip Joseph Pierre et Pravind Kumar Jugnauth, recommandé l’inclusion du « crime d’écocide » dans le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI).  La question des changements climatiques pourrait d’ailleurs être portée devant le Tribunal international du droit de la mer, a-t-il rappelé en saluant le travail de la Commission des petits États insulaires (COSIS) à cet égard.  Il a vanté en outre l’initiative des nations du Pacifique de demander à la Cour internationale de Justice (CIJ) un avis consultatif sur les obligations existantes, en droit international, de protéger les droits des générations présentes et futures contre les effets néfastes des changements climatiques.   

Le « Ground zéro climatique » vécu par le Pakistan est un autre exemple de l’urgence de ce sujet, comme l’a exposé le Premier Ministre du Pakistan venu témoigner de l’ampleur de la catastrophe climatique qui a noyé un tiers de son pays et touché 33 millions de personnes.  Rappelant que le Pakistan fait partie des 10 pays les plus vulnérables aux changements climatiques, qui émettent moins de 1% des gaz à effet de serre, M. Muhammad Shehbaz Sharif a demandé que ces pays bénéficient d’une compensation appropriée. 

Cette journée a aussi été marquée par un appel du Président Mahmoud Abbas implorant l’ONU à protéger la Palestine « comme elle protège les autres peuples ».  « S’il vous plaît, protégez-nous contre la violence d’Israël », a-t-il lancé dans un discours suivi de cris venant des rangs réservés au public et scandant « Free Palestine! ».  Après avoir promis que la Palestine n’aura pas recours aux armes et luttera contre le terrorisme, M. Abbas, intervenant au nom de 14 millions de Palestiniens dont 5 millions subissent une occupation depuis 54 ans, a exhorté Israël, les États-Unis et le Royaume-Uni à admettre leurs responsabilités dans ce « crime perpétré contre la Palestine ». 

Le conflit en Ukraine est resté d’actualité, plusieurs délégations européennes fustigeant l’agression russe, à l’instar du Président du Conseil européen, M. Charles Michel, qui a accusé la Russie d’avoir déclenché une guerre « contre un ennemi imaginaire » en conjuguant « violence des armes et poison du mensonge ».  « Les menaces de la Russie de recours à l’arme nucléaire nous rappellent le Moyen-Âge bien plus que la grandeur de la Russie », a asséné le Premier Ministre de la Belgique, M. Alexander de Croo.  Son homologue du Luxembourg, M. Xavier Bettel, a répondu à ceux qui appellent à lever les sanctions contre la Russie que la priorité est plutôt de mettre fin à la guerre.   

Parmi les autres préoccupations sécuritaires exprimées, le Président du Burkina Faso, M. Paul Henri Sandaogo Damiba, a justifié le renversement d’un « régime élu démocratiquement mais chaotique », le 24 janvier 2022, pour faire face à l’insécurité grandissante et à la désintégration progressive de l’État.  Le Président de Chypre, M. Nicos Anastasiades, a regretté les insuffisances de l’ONU pour traiter l’invasion turque de son pays en 1974, alors que le Premier Ministre de la Grèce, M. Kyriakos Mitsotakis, a rejeté les revendications turques sur la souveraineté des îles grecques au motif qu’elles sont sans fondement.  Sur le plan de la reconstruction après conflit, le Premier Ministre de l’Iraq, M. Mustafa Al-Kadhimi, a dit attendre un soutien supplémentaire de l’ONU pour les zones touchées par l’occupation de Daech.  Plusieurs droits de réponse ont été exprimés en fin de séance. 

À noter qu’en cette journée internationale des langues des signes, la Première Ministre de la Nouvelle-Zélande, Mme Jacinda Ardern, qui a notamment sensibilisé sur la lutte contre la désinformation et la manipulation en ligne, a prononcé quelques mots dans cette langue ainsi qu’en Maori. 

L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, samedi 24 septembre, à partir de 9 heures. 

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL

M. JOSÉ RAMOS-HORTA, Président du Timor-Leste, a réaffirmé son engagement contre l’extrême pauvreté, la malnutrition et le retard de croissance infantiles, promouvant à ces fins l’allaitement et la réduction drastique de l’utilisation des formules artificielles, ainsi que le soutien financier et en nature aux femmes enceintes et aux mères.

Il a rappelé que le Timor-Leste avait subi de nombreuses catastrophes liées aux changements climatiques, des saisons sèches prolongées suivies d’inondations, la pandémie de COVID-19 et, désormais, les conséquences économiques généralisées de la confrontation entre la Russie, l’Ukraine et l’OTAN.  Il a détaillé les mesures prises par son gouvernement pour faire face à la crise de la COVID-19, notamment les limitations à la libre circulation et des biens et la fermeture des écoles, notant que ces mesures et les efforts des autorités sanitaires, de l’OMS et des autres agences de l’Organisation des Nations Unies avaient permis d’éviter une crise sanitaire.

M. Ramos-Horta a souligné que le Timor-Leste ne connaissait aucun conflit interconfessionnel et qu’il était le premier État à avoir adopté la Déclaration sur la fraternité humaine.  Il s’est félicité des progrès importants de son pays dans sa préparation à l’accession à l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  Il a expliqué que des missions d’experts avaient conduit des évaluations couvrant les trois piliers de l’organisation, avant de dire son espoir, sur la base de leurs rapports ainsi que de ceux des agences des Nations Unies, des institutions de Bretton-Woods, de la Banque asiatique de développement et d’autres missions étrangères, de voir le Timor-Leste devenir onzième membre de l’ASEAN en 2023.  Il a également émis le souhait de devenir membre de l’Organisation mondiale du commerce.

Notant l’importance des revenus générés par les champs de gaz et de pétrole de la mer du Timor en partenariat avec l’Australie, le Président a indiqué être entré en négociation avec ses partenaires afin de développer le champ de gaz du « Greater Sunrise ».

M. Ramos-Horta a déclaré que l’aide destinée aux États les plus pauvres ne devait pas être supprimée ou réorientée pour répondre à la crise des réfugiés causée par la guerre en Ukraine, rappelant à cet égard qu’en 2015, l’aide des donneurs de l’aide publique au développement avait ainsi été réorientée pour faire face à la crise des réfugiés en Europe.

Si les États du Groupe des États d’Europe occidentale et autres États disposent de l’autorité morale dans leur confrontation contre la Russie, ils risquent de perdre le soutien de l’essentiel du monde, a poursuivi M. Ramos-Horta.  Faisant observer le contraste existant entre leur réponse au conflit ukrainien et celle accordée aux autres conflits dans le monde, il a déclaré que les États du Sud percevaient là un double standard.  Il a cité en exemple le cas du Myanmar et le silence des pays du Nord face à la guerre menée contre son peuple. 

Les conséquences de ce conflit ont obligé de nombreux États à accroître leur dette, a déclaré le Président, avant d’exhorter les États du Nord à octroyer des enveloppes financières pour aider à protéger les plus faibles contre le double choc de la COVID-19 et de la guerre en Ukraine.

M. Ramos-Horta a également appelé à la solidarité des milliardaires en Asie, en Afrique et en Amérique, qu’il a invités à se réunir lors d’un sommet historique, organisé par le Secrétaire général, pour s’engager dans une vision et un plan d’action visant à débarrasser l’Asie, l’Afrique et l’Amérique latine de l’extrême pauvreté, de la malnutrition infantile, ainsi qu’à fournir de l’eau potable et des installations sanitaires à chaque communauté pauvre, des vaccins et des services de santé publique de base, de meilleures installations éducatives, de meilleurs logements avec des énergies renouvelables et une connectivité pour un meilleur accès à l’éducation et aux affaires.

Le Président a enfin exhorté la Russie, l’Ukraine et l’OTAN à ravaler leur orgueil, examiner leur politique passée, qui les a menées à un suicide commun et à éloigner leur forces de leurs frontières respectives, afin de laisser les Ukrainiens reconstruire leur pays et leurs vies et à permettre aux Russes de se retirer en sécurité à leurs frontières.

M. PAUL HENRI SANDAOGO DAMIBA, Président du Burkina Faso, a souligné l’urgence et la responsabilité historiques des acteurs internationaux face aux crises de l’époque: terrorisme, conflits, changements climatiques.  Préoccupé par la recrudescence du nationalisme, du repli sur soi et du jeu des rivalités entre puissances, il a dénoncé « les acteurs qui étalent au grand jour leur vision d’un monde unipolaire, monocolore et conforme à leurs intérêts ».  Évoquant des questions internationales non résolues telles que la Palestine, le Sahara occidental, l’embargo contre Cuba, la réforme du Conseil de sécurité où les changements climatiques, M. Damiba en a appelé à « la prééminence du droit et au triomphe du bon sens ». 

S’agissant de la situation au Burkina Faso, le Président a justifié le renversement d’un « régime élu démocratiquement mais chaotique », le 24 janvier 2022, par un groupe de jeunes patriotes qui « s’est vu contraint de prendre ses responsabilités ».  S’il a ainsi reconnu que cette interruption de l’ordre constitutionnel était « illégale », il l’a toutefois jugée « nécessaire et indispensable » face à « l’insécurité grandissante et à la désintégration progressive de l’État ».  Il a dénoncé la gestion politique calamiteuse d’une crise sécuritaire ayant poussé plus d’un million et demi de Burkinabés à fuir leurs foyers et privé d’éducation un demi-million d’enfants.  Déclenché par une situation sans précédent, le Président a estimé que le mouvement du 24 janvier bénéficiait et bénéficie toujours du soutien de la population.  Pour y faire face, le Gouvernement de la transition a établi un plan d’action en quatre points: lutte contre le terrorisme, réponse à la crise humanitaire, refondation de l’État et réconciliation nationale.  M. Sandaogo Damiba a affirmé que le Burkina Faso était « un verrou pour freiner une expansion terroriste » vers les pays côtiers, Bénin, Togo, Ghana et Côte d’Ivoire.  Avertissant que la situation actuelle menaçait aussi la paix et la sécurité internationale et pouvait avoir des répercussions, sécuritaires et migratoires, en Europe et de l’autre côté de l’Atlantique, il a estimé que les efforts de la communauté internationale restaient en deçà des réalités du terrain. 

Saluant la mise en place d’une mission d’évaluation stratégique conjointe ONU - Union africaine sur la situation au Sahel, le Président a lancé un appel aux partenaires techniques et financiers du Burkina Faso pour couvrir un manque de 4,6 milliards de dollars dans le budget du pays qui s’élève à 18 milliards de dollars.  Il s’est félicité du « compromis dynamique » trouvé avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) le 3 juin 2022 qui instaure une période de transition de deux ans afin d’organiser des élections en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel.  Concluant son intervention, M. Damiba a déploré que le Sahel soit devenu le théâtre de rivalités stériles et de convoitises qui déstabilisaient les pays de la région.  « Nous avons besoin d’aide, mais d’une aide qui nous aide à nous départir de l’aide qui tue l’aide! » s’est-il exclamé. 

M. NICOS ANASTASIADES, Président de Chypre, s’est demandé pourquoi les décisions du Conseil de sécurité restaient dans leur écrasante majorité des « certificats attestant de violations » du droit international et pourquoi les accords internationaux n’étaient pas mis en œuvre.  Selon lui, la perte progressive de crédibilité des Nations Unies découle du fait que l’application du droit international passe après la défense des intérêts propres des États Membres les plus puissants, que des alliances issues de la guerre froide perdurent et autorisent que ces États violent le droit international, et que le monde fait face au retour des politiques hégémoniques de certains États désireux de créer de nouveaux empires « aux dépens de plus petits États ». 

Le Président chypriote a regretté que l’ONU, par la faute de certains pays, ne parvienne pas à se réformer ni à moderniser ses processus de décision, ce qui a pour effet de conforter « les États fautifs, qui non seulement ne tiennent pas compte du droit international, mais créent de nouveaux précédents en dehors du cadre commun de la légalité ».  Il a estimé que la refonte du multilatéralisme et du système de gouvernance est plus impérative et urgente que jamais, alors que l’invasion illégale de la Russie en Ukraine fait peser le danger imminent d’une nouvelle guerre mondiale. 

M. Anastasiades a expliqué que ses aspirations à une refonte des mécanismes de décision de l’ONU résultaient de l’expérience subie par son pays depuis l’invasion turque de Chypre en 1974.  Il a réagi de manière véhémente aux provocations du Président Erdoğan, qui plaide à la tribune de l’Assemblée pour une normalisation des relations de la Türkiye en mer Égée et en Méditerranée orientale, alors même « qu’il menace de reprendre les îles grecques et commet des milliers de violations de l’espace aérien d’un État voisin souverain ».  Il a énuméré les atteintes de le Türkiye à la souveraineté, à la composition démographique et à l’intégrité territoriale de Chypre, « île qui fait partie de l’Union européenne », ainsi que les rejets successifs de la partie chypriote turque des initiatives proposées sous l’égide des Nations Unies pour parvenir à la paix entre « les deux communautés, chypriote grecque et turque ». 

« Je l’ai dit, la seule solution pour régler les conflits réside dans le strict respect du droit international et de la Charte des Nations Unies, et surtout pas en les interprétant de façon révisionniste », a ajouté M. Anastasiades.  En conclusion, le Président a formé le souhait de voir bientôt son pays réunifié sous les auspices d’une ONU réformée, « mes compatriotes chypriotes grecs et chypriotes turcs vivant dans la paix, la prospérité et la stabilité ».

M. NIKENIKE VUROBARAVU, Président du Vanuatu, a dit que son pays se remettait lentement de la pandémie de COVID-19, mais que la reprise devenait de plus en plus difficile avec la hausse des niveaux d’endettement, des prix du carburant et des denrées alimentaires résultant de la crise russo-ukrainienne.  Ces défis sont aggravés par « une crise climatique existentielle qui dévaste déjà nos économies et nos écosystèmes ».  S’inquiétant de son impact disproportionné sur les personnes pauvres et vulnérables, le Président a exigé des actions plus ambitieuses sur le climat à tous les niveaux.  Personne n’est à l’abri des phénomènes météorologiques extrêmes qui ravagent actuellement nos îles, nos villes et nos États et personne ne peut échapper aux marées montantes, a-t-il averti.  Alors que nous commençons à mesurer les changements climatiques non pas en degrés Celsius ou en tonnes de carbone, mais en vies humaines, le dirigeant a indiqué que les nations du « continent bleu » du Pacifique mènent une initiative mondiale pour porter les changements climatiques devant la Cour internationale de Justice (CIJ), « le seul organe principal de l’ONU qui n’a pas encore eu l’occasion de peser sur la crise climatique ».  « Nous demanderons à la CIJ un avis consultatif sur les obligations existantes, en vertu du droit international, de protéger les droits des générations présentes et futures contre les effets néfastes des changements climatiques », a précisé M. Vurobaravu.  Selon lui, la clarté juridique de la plus haute juridiction du monde contribuera à galvaniser l’action climatique et à renforcer l’Accord de Paris. 

Le Président a ajouté que les dirigeants des îles du Pacifique soutenaient plusieurs autres outils pour lutter contre la menace des changements climatiques, avant d’appeler tous les États à se joindre au groupe de nations qui proposent d’inclure « le crime d’écocide » dans le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI).  Il a salué le travail de la Commission des petits États insulaires (COSIS), dirigée par Antigua-et-Barbuda, les Tuvalu et les Palaos, pour porter également la question des changements climatiques devant le Tribunal international du droit de la mer.  « Nous appelons à l’élaboration d’un traité de non-prolifération des combustibles fossiles pour réduire progressivement la production de charbon, de pétrole et de gaz et permettre une transition mondiale juste pour chaque travailleur, communauté et nation dépendant des combustibles fossiles », a annoncé M. Vurobaravu.  Il a jugé essentiel que les États révisent et améliorent leurs contributions déterminées au niveau national à l’Accord de Paris.  Enfin, il a indiqué que les États insulaires présenteront cette année à l’Assemblée générale un projet de résolution sur les changements climatiques et la CIJ. 

M. MAHMOUD ABBAS, Président de l’État de Palestine, a dit prendre la parole au nom de 14 millions de Palestiniens qui vivent une tragédie en raison de la Nakba vécue il y a 74 ans, en 1948, qui s’est avérée une humiliation pour l’ensemble de l’humanité.  Il a ajouté que plus de cinq millions de Palestiniens ont vécu sous l’occupation militaire israélienne depuis plus de 54 ans.  Après avoir accusé Israël de détruire quotidiennement la solution des deux États, le Président palestinien a estimé qu’Israël montre par ses agissements qu’il ne croit pas à la paix et impose un statu quo par la force.  « Israël continue de piller nos ressources, comme si notre terre n’appartenait à personne, en donnant une liberté totale aux colons et aux militaires qui tuent au grand jour », a-t-il dénoncé, avant de préciser que les Palestiniens sont invités à démolir eux-mêmes leurs maisons pour éviter de se voir facturer une démolition qui serait réalisée par la partie israélienne.  « Israël ne nous a laissé aucune terre qui nous permettrait d’exercer notre indépendance », a déclaré le Président Abbas, avant d’assurer que les Palestiniens sont prêts à vivre avec les Israéliens. 

Le Président Abbas a demandé aux États-Unis de poursuivre en justice les assassins de la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh qui était aussi une citoyenne américaine.  Il a déclaré que les sites sacrés musulmans et chrétiens sont ciblés au quotidien par Israël sans aucune justification.  Il a aussi dénoncé la modification du contenu des livres scolaires destinés aux enfants palestiniens, arguant que leur histoire est falsifiée.  « Israël applique des lois racistes consacrant un régime d’Apartheid », a aussi martelé le Président palestinien, avant de demander « qui protège Israël » et « qui lui permet d’enfreindre le droit international ».  Il a indiqué que la guerre de 1948 a généré 950 000 réfugiés palestiniens, les colons étant au nombre de 751 000, soit 25% de la population totale de Cisjordanie et de Jérusalem.  Il a également cité la destruction de 529 villages palestiniens et les plus de 50 massacres perpétrés.  M. Abbas a demandé à la communauté internationale de pousser Israël à assumer les conséquences juridiques, politiques, morales et financières de ses exactions.  « Nous sommes le seul peuple du monde à vivre encore sous occupation », a scandé le Président Abbas, après avoir demandé combien de siècles il faudrait encore attendre pour mettre fin à l’occupation israélienne.  Les accords de 1993 ne sont plus valides selon lui, puisqu’ils sont violés quotidiennement par Israël. 

« Comment est-il possible qu’aucune des 754 résolutions adoptées par l’Assemblée générale ni qu’aucune des 96 résolutions adoptées par le Conseil de sécurité sur la situation israélo-palestinienne n’ait été appliquée? » a demandé le Président palestinien en citant aussi les 96 du Conseil des droits de l’homme.  Il a suggéré que l’ONU, pour avancer, applique au moins la résolution 181 (II) de l’Assemblée générale des Nations Unies, votée le 29 novembre 1947, qui recommande le partage de la Palestine en un État juif, un État arabe avec une zone « sous régime international particulier ».

« S’il vous plaît protégez-nous, protégez-nous contre la violence d’Israël », a-t-il lancé à l’ONU, en promettant que la Palestine n’aura pas recours aux armes et luttera contre le terrorisme.  « Protégez-nous contre la violence, comme vous le faites pour les autres », a-t-il insisté, avant de regretter que personne n’ose expliquer pourquoi Israël reste au-dessus des lois.  Dans ce contexte, il a exhorté Israël, les États-Unis et le Royaume-Uni à admettre leurs responsabilités dans ce crime perpétré contre la Palestine et à présenter des excuses au peuple palestinien en fournissant les dédommagements qui s’imposent.  « En tant qu’État observateur auprès des Nations Unies, nous avons apporté la preuve de notre capacité à devenir un membre à part entière de l’ONU », a fait remarquer le Président Abbas, avant d’implorer l’Organisation d’accorder à la Palestine le statut de Membre à part entière.  Enfin, il a rappelé que l’État de Palestine a signé des accords avec 85 États en matière de lutte contre le terrorisme, avant de rendre hommage aux nombreux prisonniers palestiniens dont des milliers d’enfants arrêtés au mépris du droit des enfants.  « Avez-vous une solution? », a-t-il lancé aux États Membres, avant de conclure que l’occupation prendra fin tôt ou tard. 

M CHARLES MICHEL, Président du Conseil européen, a fait observer que la Russie a déclenché une « guerre hybride » qui conjugue la violence des armes et le poison du mensonge, déclinant une série d’assertions fallacieuses venues de Moscou.  Ainsi, la Russie serait menacée depuis des années par « l’Ouest », mais « c’est faux! » s’est-il exclamé.  Il a expliqué que le Kremlin tente de mobiliser le reste du monde contre un ennemi imaginaire car personne n’a menacé, attaqué, ni envahi la Russie.  Deuxième mensonge selon M. Michel: la guerre viserait à empêcher un prétendu génocide.  « C’est faux et c’est immonde! » s’est-il insurgé.  Troisième mensonge: l’agression contre l’Ukraine serait une simple opération spéciale et non une guerre.  « C’est faux! »  La mobilisation annoncée de centaines de milliers de réservistes ne fait que le confirmer, a-t-il relevé.  Quatrième mensonge: les sanctions provoqueraient des pénuries d’aliments et de fertilisants.  « C’est faux! »  C’est la Russie qui a bloqué unilatéralement les ports de la mer Noire, a-t-il rétorqué.  Se félicitant que les couloirs routiers ouverts par l’Union européenne aient permis de faire sortir 10 millions de tonnes de produits alimentaires d’Ukraine, M. Michel a dénoncé les menaces de la Russie de ne pas prolonger l’accord trouvé avec l’Ukraine, l’ONU et la Türkiye pour exporter des céréales par la mer Noire.  Rappelant un article de Vladimir Putin, paru l’année dernière, dans lequel il estimait que l’Ukraine n’était « ni une nation ni un État légitime », M. Michel a estimé que personne n’était dupe et que des « simulacres de référendums » n’y changeraient rien.   

Le Président du Conseil européen a cité la définition de l’impérialisme donnée par Modibo Keita, premier Président du Mali, lors de la fondation de l’Organisation de l’unité africaine en 1963: « la domination d’un homme sur un homme, d’une société sur une société, d’un peuple sur un peuple », estimant qu’elle s’appliquait à un pays menant une « guerre de colonisation » et agitant la menace nucléaire.  L’Union européenne (UE) ne demande à personne de choisir entre l’Est, l’Ouest, le Nord ou le Sud, a-t-il assuré, expliquant qu’elle défend un ordre fondé sur des règles face à la loi du plus fort.  Face à une Russie qui fait peur et à un Kremlin qui se comporte en maître-chanteur, M. Michel a décrit l’action d’une Union européenne ayant la coopération multilatérale pour ADN.  « Avec nos frères africains, nous avons reprogrammé le logiciel: notre partenariat est sincèrement d’égal à égal et je plaide pour l’inclusion de l’Union africaine au G20 », a-t-il affirmé.  Considérant que le droit de veto au Conseil de sécurité devait être l’exception et non la règle, il s’est prononcé en faveur d’une réforme de l’institution, ajoutant que le déclenchement d’une guerre injustifiable et condamnée par l’Assemblée générale de la part d’un des membres permanents devrait entraîner sa suspension automatique du Conseil.   

Avertissant qu’en raison des multiples crises actuelles, un cinquième de l’humanité risquait de sombrer dans la pauvreté et la famine, le Président du Conseil a rappelé que l’UE avait alloué 8 milliards d’euros à la sécurité alimentaire d’ici à 2024.  Il a indiqué que l’UE et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sont à l’initiative d’un traité sur les pandémies pour renforcer la sécurité sanitaire mondiale.  « Nous sommes à un moment charnière de notre histoire humaine », s’est ému M.  Michel, citant Winston Churchill qui, en 1946, affirmait que la Société des Nations n’avait pas échoué à cause de ses principes mais parce que les États qui l’avaient fondée n’avaient pas regardé les faits en face, pendant qu’il était en encore temps.  M. Michel en a appelé à un sursaut « ensemble et maintenant ».

M. JOSAIA VOREQE BAINIMARAMA, Premier Ministre et Ministre des affaires iTaukei, de l’industrie sucrière, des affaires étrangères et des forêts des Fidji, a condamné la guerre en Ukraine mais aussi « l’autre guerre -la guerre climatique- que l’humanité mène contre elle-même, nos écosystèmes et l’océan ».  Cette guerre n’est pas menée avec des balles et des bombes, a-t-il ajouté, mais avec de l’apathie, du déni et un manque de courage pour faire ce que nous savons tous doit être fait.  Face à cette « guerre que nous perdons dans chaque communauté, ville et pays de toutes tailles », et dont les petits États -ceux qui en sont les derniers responsables- paient le prix le plus élevé, il a salué le courage et la fierté que lui oppose le peuple fidjien.  Il a exhorté les États les plus puissants à entendre les aspirations de ce peuple, que leur déni de réalité empêche de réaliser. 

M. Bainimarama a souligné les efforts considérables de son pays pour rendre accessible l’éducation à tous les enfants et jeunes fidjiens et pour accompagner la reprise économique d’un pays « sonné » par un effondrement de la croissance de 20% en raison de la pandémie de COVID-19 et des aléas climatiques.  Le secteur du tourisme a essuyé la tempête, et suite à la réouverture cette année des frontières, a-t-il dit, ce secteur recommence à embaucher des jeunes, cette résilience remarquable ayant été possible par les mesures d’aide mises en place par son gouvernement. 

Contre les tempêtes qui fauchent des vies, détruisent les écoles et traumatisent nos enfants, je mets au défi les dirigeants qui émettent le plus de gaz à effet de serre de ne pas reconnaître leurs torts, a ensuite lancé le Premier Ministre fidjien, qui a dit sa résolution de reconstruire « coûte que coûte » son pays.  Or, l’accès à des conditions préférentielles est difficile à cause de l’état de l’économie mondiale, a-t-il encore signalé, assurant que l’amélioration du bien-être des petits États insulaires restera « malgré tout » la priorité de leurs dirigeants.  À cet égard, il a demandé la création lors de la COP27, qui se tiendra en novembre à Charm el-Cheikh, en Égypte, d’un mécanisme de versement de dédommagements, lequel viendrait s’ajouter au cadre de financement de l’aprés-2025.  Dix pour cent des 750 milliards de dollars attendus au titre de ces financements doivent être destinés aux petits États insulaires, a-t-il rappelé. 

En conclusion, il a plaidé pour l’avènement d’un monde de courage et d’une économie verte et bleue et non d’une époque de guerre.  « Qui est à avec nous? » a-t-il demandé, avant de conclure en lançant à l’assistance: « Ne levez la main que si vous êtes sincèrement prêts à le démonter. »

M. XAVIER BETTEL, Premier Ministre du Luxembourg, s’est inquiété que la guerre d’agression lancée par la Russie contre l’Ukraine, un pays voisin souverain, avec l’implication du Bélarus, fait resurgir le spectre d’une guerre mondiale.  « J’ai participé au mois de mars aux efforts visant à convaincre le Président russe de négocier un cessez-le-feu et de revenir à la voie de la diplomatie », a-t-il rappelé, regrettant que cette initiative n’ait pas permis d’arrêter une guerre qui a déjà fait plus de 14 000 victimes parmi la population civile en Ukraine, dont plus de 1 000 enfants.  Après avoir fustigé la volonté russe d’organiser des référendums illégaux, il s’est dit persuadé que « les citoyens russes ne comprendront pas que leurs enfants aillent mourir pour une guerre qui n’a pas de sens ».  À ceux qui appellent les Occidentaux à mettre un terme aux sanctions, il a répondu que la priorité était de mettre un terme à la guerre. 

Le Luxembourg est fier de poursuivre une politique de coopération et d’action humanitaire ambitieuse, en consacrant 1% de son revenu national brut à l’aide publique au développement (APD), a poursuivi le Premier Ministre.  Il a décidé de porter à 220 millions d’euros sur la période 2021-2025 son financement climatique international, dont la moitié va à l’adaptation aux changements climatiques dans les pays les plus vulnérables.  « En tant que chef de file européen en matière de finance durable, la place financière du Luxembourg joue déjà aujourd’hui un rôle majeur dans la mobilisation des capitaux privés requis pour financer la transition vers la neutralité carbone d’ici à 2050 », a-t-il ajouté, avant de souligner une coopération avec la Banque européenne d’investissement dans le domaine de la finance durable.  Face à l’urgence climatique, le Gouvernement vient d’établir un Conseil des citoyens sur le climat.  M. Bettel a précisé que les liens entre changements climatiques et droits humains et la promotion des droits des enfants font partie des priorités du Luxembourg au Conseil des droits de l’homme dans le cadre de son mandat 2022-2024.  Par ailleurs, le Luxembourg a eu l’honneur de faciliter avec le Bangladesh les négociations qui ont abouti à l’adoption par consensus de la première déclaration sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  Il a aussi participé aux efforts qui ont permis l’adoption par consensus de l’initiative du Liechtenstein sur le veto.  Enfin, le dirigeant a salué la décision récente de créer un bureau de la jeunesse des Nations Unies avant d’indiquer que son pays était candidat au Conseil de sécurité pour le mandat 2031-2032.

M. MARK RUTTE, Premier Ministre des Pays-Bas, a appelé à l’arrêt immédiat de l’agression menée par la Russie, ajoutant que « Vladimir Putin ne s’arrêtera pas à l’Ukraine si on ne l’arrête pas maintenant ».  Il a également appelé tous les États Membres de l’ONU à condamner cette attaque contre les fondations de la sécurité collective.  Exprimant son admiration pour les succès de l’Ukraine sur le champ de bataille, il a estimé qu’ils validaient la stratégie du soutien militaire et encourageaient à l’augmenter.  M. Rutte a considéré les déclarations de Vladimir Putin évoquant l’emploi de l’arme nucléaire comme un signe de faiblesse et de panique, estimant que cette tentative de semer la division est vouée à l’échec.  Il s’est associé aux souffrances des Ukrainiens, mais aussi des Russes enrôlés de force et des millions de victimes de la faim et de la pauvreté causées par cette guerre dans le monde.   

Convaincu que les « crimes horribles » commis à Boutcha ne devaient pas rester impunis, le Premier Ministre a fait savoir que son pays, qui abrite la capitale juridique du monde, avait envoyé des enquêteurs sur le terrain et accueilli la Conférence sur la responsabilité des crimes commis en Ukraine, à laquelle 45 pays ont participé en juillet dernier.  Il a aussi rappelé que la justice des Pays-Bas traquait depuis huit ans les Russes responsables d’avoir abattu le vol MH17, faisant 298 victimes.   

Le Premier Ministre a ensuite indiqué que les Pays-Bas sont très affectés par les changements climatiques.  Relevant que 90% de toutes les catastrophes climatiques sont liées au manque ou à l’excès d’eau, il a insisté sur la nécessité d’investir dans la sécurité hydrique et s’est félicité de l’organisation conjointe, l’an prochain par son pays et le Tadjikistan, de la Conférence internationale des Nations Unies sur l’eau, appelant tous les États Membres à y participer.  Rappelant que les Pays-Bas consacraient la moitié de leur effort financier pour l’action climatique à l’adaptation et à la résilience, il a assuré qu’il allait continuer à plaider pour un doublement des enveloppes consacrées à ces questions au niveau global.  M. Rutte a conclu son intervention par un appel à ne pas retourner à « l’âge des guerres impériales et des fosses communes ».   

M. MANASSEH DAMUKANA SOGAVARE, Premier Ministre des Îles Salomon, a constaté que l’évolution du système international a suscité un regain d’intérêts stratégiques dans le Pacifique, avec des superpuissances et des puissances moyennes qui cherchent à renforcer leur présence sur le continent bleu du Pacifique.  Le droit d’établir des relations diplomatiques entre des nations souveraines est un principe universel partagé par tous les membres des Nations Unies, a rappelé le Chef de Gouvernement.  Or les Îles Salomon ont été « injustement visées depuis qu’elles ont officialisé leurs relations diplomatiques avec la Chine, il y a un peu plus de trois ans.  Nous avons été soumis à un barrage de critiques injustifiées et déplacées, de désinformation et d’intimidation qui menacent notre démocratie et notre souveraineté », a-t-il déploré. 

Par ailleurs, les Îles Salomon ont adopté une politique étrangère -« Amis de tous et ennemis de personne »- dans le cadre de laquelle elles ne s’aligneront pas sur une ou plusieurs puissances extérieures ou sur une architecture de sécurité qui les prendraient pour cible ou tout autre pays souverain ou qui menaceraient la paix régionale et internationale.  « Les Îles Salomon ne seront pas contraintes de choisir un camp », a tranché M. Sogavare.  Les Îles Salomon rejoignent les autres pays du continent bleu du Pacifique qui ont signé le Traité de Rarotonga pour maintenir un Pacifique dénucléarisé, a poursuivi le Premier Ministre, en se faisant l’écho des préoccupations exprimées par d’autres pays du Pacifique concernant la proposition du Japon de rejeter dans l’océan les eaux nucléaires traitées par la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi.  Il a par ailleurs informé l’Assemblée générale que les Îles Salomon ont désormais formalisé juridiquement la délimitation de l’ensemble de leurs cinq frontières maritimes avec l’Australie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Vanuatu, la France et les Fidji, ses droits et obligations étant désormais protégés « à perpétuité par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer ».

M. Sogavare a réaffirmé la lutte de son pays contre les changements climatiques.  « Pour les pays les moins avancés comme les Îles Salomon, la vulnérabilité est un obstacle majeur au développement durable ».  Il a donc appelé tous les États et partenaires à soutenir le développement de l’indice de vulnérabilité multidimensionnel concernant les petits États insulaires en développement.  Alors que les pays insulaires du Pacifique comme le sien sont en « mode constant de redressement » après des catastrophes naturelles, il convient d’établir des mécanismes financiers mondiaux adéquats pour que la charge économique de la reconstruction ne soit pas uniquement à leur charge.  Malheureusement, nous constatons que davantage de ressources sont consacrées aux guerres qu’à la lutte contre les changements climatiques, a regretté le Premier Ministre.  Les pays de la région, a-t-il précisé, ont également créé une « facilité de résilience du Pacifique ».  Enfin, il a salué l’initiative du Vanuatu visant à demander à la Cour internationale de Justice (CIJ) de rendre un avis consultatif sur les changements climatiques. 

Mme JACINDA ARDERN, Première Ministre, Ministre de la sécurité nationale et du renseignement, de la réduction de la pauvreté touchant les enfants et des services ministériels de la Nouvelle-Zélande, a déclaré que les leçons de la COVID-19 sont à bien des égards les mêmes que les leçons des changements climatiques, à savoir que « lorsqu’une crise s’abat sur nous, nous ne pouvons la résoudre seuls ».  Pour répondre aux défis planétaires, Mme Arden a proposé une double stratégie, associant l’effort collectif régional et l’utilisation des outils multilatéraux qui ont fait la preuve de leur efficacité en matière de progrès humain. 

Qu’il s’agisse de climat, de commerce, de crise sanitaire ou de recherche de solutions de paix, la Nouvelle-Zélande a toujours été une adepte du multilatéralisme, a ajouté la Première Ministre.  Sur l’ONU, qui est le moteur du multilatéralisme, Mme Ardern a estimé que ses principes et objectifs demeurent plus pertinents aujourd’hui que jamais, à condition toutefois qu’elle sache se réformer.  En mars, a-t-elle dit, alors que nous avions le plus besoin que le Conseil de sécurité de l’ONU agisse pour la défense de la paix et de la sécurité internationales, il n’a pas été en mesure de remplir son mandat à cause d’un membre permanent abusant de sa position privilégiée. 

Poursuivant ses allusions à la crise ukrainienne, Mme Ardern a affirmé que les États Membres ne renonceront jamais à mobiliser les institutions multilatérales pour se dresser contre « cette guerre illégale et les autres ».  C’est pourquoi, a-t-elle ajouté, la Nouvelle-Zélande avait plaidé en faveur de l’initiative de l’Assemblée générale sur le droit de veto.  Elle a ajouté qu’à terme, ce droit devrait être aboli et les membres permanents mis dans l’obligation d’exercer leur responsabilité en matière de paix et de sécurité internationales, « pour qu’ils cessent de poursuivre leurs intérêts nationaux y compris à l’ONU ». 

Par ailleurs, Mme Arden a plaidé pour l’universalisation du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, dont son pays défend la portée humanitaire, et a exhorté la Russie à ne pas continuer de saper le régime de non-prolifération du TNP en bloquant tout progrès en matière de désarmement et de non-prolifération nucléaire.  Elle a également attiré l’attention sur la nécessité de lutter avec la même détermination et dans le cadre du droit international contre la prolifération de ces nouvelles armes que sont les cyberattaques, la désinformation et la manipulation en ligne.  À cet égard, elle a appelé les pays à appuyer le « Christchurch Call to Action », un appel contre l’extrémisme violent en ligne lancé par la France et la Nouvelle-Zélande au lendemain de l’attentat perpétré le 15 mars 2016 dans la mosquée de Christchurch et qui avait fait 51 victimes. 

M. MUHAMMAD SHEHBAZ SHARIF, Premier Ministre du Pakistan, a déclaré qu’aucun mot ne peut décrire le choc ni la transformation du visage de son pays suite aux inondations dévastatrices qui ont poussé un tiers de son territoire sous les eaux.  Pendant 40 jours et 40 nuits, une inondation biblique s’est déversée sur nous, pulvérisant tout ce que nous savions sur les catastrophes naturelles et la manière de les gérer.  Aujourd’hui encore, des pans entiers du pays demeurent sous l’eau, « submergés par un océan de souffrances humaines », s’est désolé le Premier Ministre.  Dans ce « point zéro des changements climatiques », 33 millions de personnes sont désormais exposées à des risques sanitaires élevés, alors que plus de 1 500 personnes ont péri dans l’inondation, dont 400 enfants.  Des millions de migrants climatiques sont toujours à la recherche d’une terre sèche où planter leurs tentes, avec des pertes déchirantes pour leur famille et leurs moyens de subsistance.  À ses yeux, il est temps de se demander non pas ce qui peut être fait pour lutter contre les changements climatiques, mais ce qui doit être fait.    

« Ce qui s’est passé au Pakistan ne restera pas au Pakistan », a lancé le Premier Ministre.  Lorsque les caméras s’en iront et que l’histoire se déplacera vers des conflits comme celui de l’Ukraine, serons-nous laissés seuls pour faire face à une crise que nous n’avons pas créée? s’est encore demandé M. Sharif, en précisant que plus de 1,1 million de personnes seront acculées à la pauvreté.  « La nature s’est déchaînée sur le Pakistan sans tenir compte de notre empreinte carbone, qui est quasiment nulle.  Ceci n’est pas le résultat de nos actions », a-t-il affirmé.  Appelant à laisser de côté les préoccupations du XXe siècle pour revenir aux défis du XXIe siècle, M. Sharif a souligné qu’à moins que les dirigeants du monde ne s’unissent pour agir maintenant dans le cadre d’un « programme minimal convenu » de lutte contre les changements climatiques, il n’y aura bientôt plus de terre pour laquelle se battre.    

Pour l’heure, la priorité du Pakistan est d’assurer une croissance économique rapide et de sortir des millions de personnes de la misère et de la faim, a poursuivi le Premier Ministre.  À cette fin, il a besoin d’un environnement extérieur stable, en paix avec ses voisins, y compris l’Inde.  La paix demeure toutefois subordonnée à l’atteinte d’une solution « juste et durable » au conflit au Jammu-et-Cachemire, reconnaissant le droit du peuple cachemiri à l’autodétermination.  Cependant, les actions « illégales et unilatérales » de l’Inde du 5 août 2019 visant à modifier le statut internationalement reconnu du Jammu-et-Cachemire et à altérer sa composition démographique ont miné les perspectives de paix et attisé les tensions régionales, a déploré le Premier Ministre, avant de décrier la répression « implacable » menée depuis par l’Inde.  Il a appelé l’Inde à prendre des mesures crédibles pour créer un environnement constructif et à démontrer sa sincérité et sa volonté de prendre part au dialogue en annulant les mesures illégales susmentionnées et en mettant un terme au processus de changement démographique. 

Se tournant vers la situation en Afghanistan, le Premier Ministre a estimé qu’à ce stade, isoler le Gouvernement intérimaire ne ferait qu’aggraver les souffrances du peuple afghan.  Il a plutôt prôné un engagement constructif et un soutien économique adéquat, en soulignant l’intérêt de son pays dans l’émergence d’une Afghanistan stable, « en paix avec elle-même et le monde ».  Il a exhorté la communauté internationale à répondre à l’appel du Secrétaire général en faveur d’une aide humanitaire et économique de 4,2 milliards de dollars, ainsi qu’à débloquer ses réserves financières.  M. Sharif a déploré en terminant la montée de l’islamophobie depuis le 11 septembre, dénonçant les « proportions épidémiques » de la suspicion, de la peur et de la discrimination à l’égard des musulmans dans le monde entier, et notamment en Inde.

M. SAMDECH AKKA MOHA SENA PADEI TECHO HUN SEN, Premier Ministre du Cambodge, a tout d’abord passé en revue les multiples crises auxquelles fait face la communauté internationale, s’inquiétant notamment des répercussions de la guerre en Ukraine, de la situation dans la péninsule coréenne, de même que des tensions autour de Taiwan.  Notant que la bataille contre la pandémie de la COVID-19 n’est pas encore terminée, il a appelé à un système de santé mondial fort, au sein duquel l’Organisation mondiale de la Santé (OMS)jouerait un rôle de coordination central pour renforcer les systèmes de santé nationaux.  De même, il a estimé qu’un engagement multilatéral ouvert et transparent dans la distribution des vaccins est le seul moyen de se préparer et de prévenir de futures pandémies.  Exhortant ensuite à changer notre mode d’action face aux changements climatiques, il a appelé à mettre l’accent sur les efforts d’atténuation, le financement climatique et le transfert de technologie.  Les résultats de la COP26 doivent être mis en œuvre de toute urgence, tout en gardant à l’esprit le principe des responsabilités communes mais différenciées, a-t-il précisé.   

Le Premier Ministre s’est également inquiété de la rivalité entre les États-Unis et la Chine et de ses répercussions sur les perspectives de croissance mondiale, et a appelé à renforcer le système commercial multilatéral fondé sur des règles avec l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en son centre.  Il a aussi attiré l’attention sur la nécessité d’élaborer des politiques numériques inclusives, essentielles pour réduire les fractures grandissantes et générer de nouvelles sources de croissance.  Le renforcement du développement économique vert est également indispensable pour favoriser un développement socioéconomique durable, a-t-il ajouté.  

Après avoir rappelé que le Cambodge assurait cette année la présidence de l’ASEAN, M. Hun Sen a fait savoir qu’une « coordination » est en cours pour accepter le Timor-Leste comme onzième membre de l’Association d’ici à la fin de l’année ou l’an prochain.  Il s’est ensuite inquiété de la situation au Myanmar et de ses implications pour la sécurité et la stabilité de l’ensemble de la région.  En sa qualité de Président de l’ASEAN, le Cambodge se mobilise notamment pour renforcer la confiance entre les parties afin de permettre un dialogue politique inclusif, comme le prévoit le consensus en cinq points de l’ASEAN. 

Poursuivant, le Premier Ministre s’est félicité des efforts de son gouvernement pour prévenir la propagation de la COVID-19, faisant du Cambodge l’un des pays ayant le taux de couverture de la population vaccinée le plus élevé au monde.  Il a aussi cité la mise en œuvre d’une nouvelle loi sur l’investissement dans le contexte de la COVID-19, ainsi que l’adoption d’accords de libre-échange avec la Chine et la République de Corée.  

Le Premier Ministre s’est félicité également du déroulement des élections communales de juin durant lesquelles 80% des électeurs inscrits ont voté de manière libre, équitable, pacifique et transparente, donnant une écrasante majorité en faveur du parti au pouvoir.  M. Hun Sen a par ailleurs fait savoir qu’hier, les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens (CETC) ont confirmé la condamnation à perpétuité de l’ancien Chef d’État khmer rouge pour génocide, crimes contre l’humanité et violations graves des Conventions de Genève.  Ce moment historique a mis en relief la grande coopération entre le Cambodge et l’ONU par le biais du tribunal hybride pour rendre justice au peuple cambodgien qui a subi le crime odieux d’autogénocide, a-t-il dit. 

M. PHILIP JOSEPH PIERRE, Premier Ministre et Ministre des finances, du développement économique et de l’économie de la jeunesse de Sainte-Lucie, a déclaré que les petits pays en développement sont ceux qui continuent de souffrir le plus d’un ordre mondial inéquitable, dans lequel les riches et les puissants ne réparent pas les torts qu’ils causent aux plus faibles.  Il a énuméré les événements internationaux qui, au cours des dernières décennies, ont entravé le développement des pays comme le sien.  Malgré notre petite taille, malgré notre volonté délibérée d’être une source de paix et d’amitié, malgré nos traditions démocratiques et malgré nos efforts sincères pour faire du développement de nos peuples notre premier objectif, nous continuerons de nous heurter à un monde qui nous laisse seuls, a-t-il déploré. 

Pour lutter contre les changements climatiques, et parce que les institutions financières multilatérales n’ont toujours pas modifié leur fonctionnement pour faciliter l’accès des pays en développement aux ressources nécessaires à la refonte de leur économie et à leur résilience face à l’écocide en cours, il en a appelé à l’instauration d’un régime spécial pour les petits États insulaires en développement.  À ce propos, il a demandé que les vulnérabilités de ces États soient prises en compte dans l’élaboration des obligations financières internationales en matière d’aide au développement.  Les rouages de l’économie mondiale doivent continuer de tourner tout en nous permettant de participer de manière significative à la marche du monde, a-t-il plaidé.  À son tour, il a demandé l’adoption d’un indice de vulnérabilité multidimensionnel concernant les petits États insulaires en développement lors de la COP27 qui se tiendra au mois de novembre en Égypte.  Il a par ailleurs souligné l’importance de parvenir à un accord sur le partage et l’utilisation durable des ressources marines situées au-delà de la juridiction nationale, cela dans le cadre des travaux du comité préparatoire pertinent.  Après avoir appelé à la levée des sanctions contre le Venezuela, M. Pierre a fait part de sa grave préoccupation face à la détérioration continue de la situation sécuritaire en Haïti, assurant l’Assemblée que son pays continuera dans les prochaines semaines, au sein de la CARICOM, à œuvrer à la réunion des conditions nécessaires à la tenue d’élections libres, justes et crédibles. 

M. ALEXANDER DE CROO, Premier Ministre de Belgique, a commencé son discours en racontant l’histoire de Karina, 22 ans, torturée par les soldats russes en Ukraine.  Il a déclaré que face à l’agression russe, la neutralité ne peut être de mise, avant de citer cette phrase de Mikhaïl Gorbatchev:  « le vainqueur n’est pas celui qui gagne la guerre mais celui qui fait la paix ».  Si le monde est moins stable et moins sûr, c’est en raison du scandale d’un membre fondateur des Nations Unies déclenchant une guerre qui rappelle les heures les plus sombres de l’Europe, a accusé M. de Croo.  Il a indiqué que les déclarations des derniers jours et la menace d’une guerre nucléaire attestent de la cruauté de la Russie, qui rappelle la barbarie du Moyen-Âge.  « Nous devons être extrêmement clairs: cette guerre ne peut être sans conséquences pour ceux qui la livrent. »  Il a appuyé les enquêtes de la CPI sur les crimes graves commis en Ukraine, en ajoutant que l’impunité ne doit avoir aucune place.  Pas d’impunité pour les bouchers de Boutcha et ceux qui prennent les décisions à Moscou et en endossent la responsabilité, a lancé le Premier Ministre belge.

Il a rappelé que cette guerre ne touche pas seulement l’Ukraine, mais sème l’instabilité, la famine et la pauvreté partout dans le monde.  « Nous avons tous vu les images des ports ukrainiens bloqués, des silos à grains bombardés et même de céréales ukrainiennes pillées, des images qui parlent d’elles-mêmes, celles d’un chaos semé par la Russie, et par la Russie seulement, qui met en danger la vie de centaines de millions de personnes en Afrique, en Asie et en Amérique latine. »  Au beau milieu de ce chaos, l’initiative sur l’exportation de céréales par la mer Noire, signée en juillet dernier à Istanbul, est apparue comme une lueur d’espoir, a continué M. de Croo, qui a insisté sur le pouvoir rassembleur des Nations Unies. 

Il a rappelé que les pays européens n’ont pas ménagé leurs efforts pour faire face à cette crise alimentaire.  « Nous avons maintenu les exportations des denrées alimentaires, nous aidons l’Ukraine par des corridors de solidarité et nous apportons une aide d’urgence aux plus vulnérables dans les régions les plus touchées. ».  M. de Croo a aussi parlé de ce qu’a fait la Belgique, qui a considérablement augmenté son budget humanitaire ces dernières années et qui entend continuer à travailler main dans la main avec ses partenaires humanitaires pour combler les besoins les plus urgents.  Il a fait remarquer que cette crise alimentaire oblige les pays à se pencher sur les faiblesses structurelles des systèmes agroalimentaires.  Pour pouvoir atteindre l’objectif du Défi Faim zéro d’ici à 2030, le deuxième objectif de développement durable, il a appelé à concevoir des systèmes alimentaires durables et résilients, des systèmes qui combinent les savoirs traditionnels des agriculteurs locaux avec les connaissances scientifiques produites par la recherche et l’innovation.

M. de Croo a ensuite évoqué la question des droits des femmes, en se disant « outré » par le sort des femmes et des filles en Afghanistan.  Malgré les promesses faites, ces dernières sont systématiquement exclues de la vie publique, a-t-il constaté.  Le Premier Ministre de la Belgique a rappelé qu’aller à l’école est un droit, pas un privilège, pour les garçons comme pour les filles.  Enfin, M. de Croo a de nouveau déclaré que la communauté internationale ne peut pas rester les bras croisés face à la guerre en Ukraine.  « Nous devons faire tout ce qui est de notre pouvoir pour aider l’Ukraine à gagner cette guerre. »

M. XAVIER ESPOT ZAMORA, Premier Ministre dAndorre, a déclaré que la guerre en Ukraine a mis à nu les failles de l’ordre international.  Elle a aussi confirmé la perte des valeurs communes qui soutiennent notre coexistence pacifique et constituent l’essence même et la raison d’être de l’Assemble générale.  Il a indiqué que son pays a fait preuve de solidarité en accueillant de nombreuses familles ukrainiennes et en leur donnant la possibilité de résider et de travailler sur son territoire, tout comme elle l’avait déjà fait en 2018 lors de la crise humanitaire provoquée par la guerre en Syrie.  Nous ne pouvons permettre que l’unilatéralisme s’impose, a dit le Premier Ministre.  Il a expliqué que l’adhésion d’Andorre au multilatéralisme vient de la conviction qu’il faut, pour faire face aux crises, aux menaces et aux défis communs, un système multilatéral solide, fondé sur les valeurs universelles qui ont inspiré les textes fondateurs de l’ONU. 

Que peut faire un pays d’à peine 80 000 habitants, dont le territoire représente la moitié de la ville de New York, face à un monde qui dépassera bientôt les 8 milliards d’habitants?  À cette question, M. Zamora a répondu que son pays peut croire en sa capacité à être exemplaire, croire au rôle qu’il peut tenir face aux défis mondiaux communs depuis qu’il est entré sur la scène internationale et a adhéré aux Nations Unies, il y a 29 ans.  Rappelant qu’avec son relief montagneux, Andorre est vulnérable aux changements climatiques, le Premier Ministre a parlé des mesures prises par son gouvernement pour y faire face.  Il a évoqué des avancées en matière de fiscalité environnementale qui ont permis de créer un fonds vert intégralement destiné à la transition énergétique.  Le fonds a permis de financier davantage de programmes et de faire de l’Andorre l’un des premiers pays au monde à proposer un transport public gratuit.  De même, le pays a adopté une loi sur l’économie circulaire, laquelle stipule qu’il faut désormais réintroduire les résidus dans la chaîne de production d’ici à 2035, tout en luttant contre le gaspillage, notamment alimentaire. 

Le Chef du Gouvernement d’Andorre a ensuite magnifié le système éducatif de son pays qui donne la place à trois langues: andorran, français et espagnol.  C’est d’ailleurs pour cette raison que le pays apporte son soutien aux actions des Nations Unies en faveur du multilinguisme, un outil de dialogue, de communication, d’échange et un vecteur de paix, a-t-il expliqué.  Enfin, le Premier Ministre a appelé à construire une nouvelle réalité dans laquelle l’égalité entre les femmes et les hommes ne serait plus seulement un droit, mais un fait. 

M. PRAVIND KUMAR JUGNAUTH, Premier Ministre, Ministre de la défense, de lintérieur et des communications extérieures, Ministre de Rodrigues, des Îles extérieures et de l’intégrité territoriale de Maurice, a estimé que nous nous trouvons à un moment décisif de l’histoire de l’humanité alors que le multilatéralisme continue d’être menacé.  Après avoir subi les effets de la pandémie de COVID-19, l’impact, notamment économique, du conflit en Europe se fait maintenant sentir dans le monde entier, a-t-il noté en s’inquiétant que, face à une reprise inégale de l’économie mondiale, l’écart entre les pays continue de se creuser, notamment pour les PEID comme l’Île Maurice.  Le Premier Ministre a lancé un appel urgent à la communauté internationale en faveur de la cessation des hostilités et de la résolution des différends par des moyens pacifiques. 

Nous assistons de plus en plus à des phénomènes météorologiques extrêmes, marqués par une augmentation des températures et la multiplication des sécheresses et des inondations qui provoquent des crises sans précédent dans le monde entier, s’est alarmé M. Jugnauth, en appelant à éviter toute action susceptible de mener à un écocide.  Il a prévenu que pour faire face à ces menaces existentielles, l’accès au financement climatique est essentiel.  Maurice souhaite mettre en œuvre ses contributions déterminées au niveau national, dont le coût est estimé à environ 6,5 milliards de dollars, a-t-il expliqué.  Afin de combattre les inégalités, le Premier Ministre a invité le système des Nations Unies pour le développement et les partenaires au développement à recourir à un indice de vulnérabilité qui rende compte avec précision des vulnérabilités des PEID afin de hiérarchiser l’allocation des fonds et d’accroître le financement des activités de développement. 

Le Premier Ministre a jugé essentiel de restaurer la santé des océans afin de préserver la biodiversité et les moyens de subsistance, ajoutant que les négociations en vue d’un traité mondial contraignant visant à mettre fin à la pollution plastique est un pas important dans la bonne direction.  En outre, comme l’ont démontré les crises mondiales récentes, le Conseil de sécurité doit être plus représentatif du monde actuel, a-t-il fait valoir, en proposant l’ajout de membres du continent africain et des PEID. 

Par ailleurs, M. Jugnauth a invoqué l’avis consultatif de la CIJ du 25 février 2019, la résolution 73/295 de l’Assemblée générale et l’arrêt de la Chambre spéciale du Tribunal international du droit de la mer du 28 janvier 2021, qui ont confirmé que l’archipel des Chagos fait partie intégrante du territoire de Maurice.  Pourtant, cette partie de notre territoire reste occupée, ce qui retarde encore la mise en œuvre de notre programme de réinstallation des Mauriciens d’origine chagossienne qui ont été déplacés de force dans les années 60, a-t-il regretté.  Il a invité le Gouvernement du Royaume-Uni à clore ce « sombre chapitre de l’histoire » en quittant la colonie créée par le déplacement forcé de sa population.  Il a demandé instamment à la nouvelle Première Ministre britannique de soutenir l’achèvement de la décolonisation de son pays et la réinstallation des anciens habitants des Chagos, comme l’exige le droit international, d’autant plus que Maurice a confirmé qu’elle était prête à conclure un bail à long terme pour la base militaire de Diego Garcia. 

M. SIAOSI ‘OFAKIVAHAFOLAU SOVALENI, Premier Ministre et Ministre de léducation et de la formation, Ministre de la police, des services d’incendie et des services d’urgence, et Ministre des Forces armées de Sa Majesté, du Royaume des Tonga, a fait valoir qu’il nous incombe de trouver un terrain d’entente pour relever les défis multiples et complexes auxquels nous sommes confrontés sur la planète que nous partageons.  Pour ce faire, il a appelé à s’unir afin de trouver la voie à suivre dans le cadre d’un système multilatéral équitable et d’une coopération respectueuse des différences mais animée par le désir commun d’un avenir inclusif.  Après avoir rappelé les nombreuses résolutions de l’Assemblée générale coparrainées par son pays afin de parvenir à un règlement pacifique du conflit en Ukraine, il a noté que, malgré la distance, ses répercussions sur les prix des denrées alimentaires et de l’énergie sont ressenties par chacun d’entre nous.  « Nous devons reconnaître que la situation s’est dégradée depuis notre dernière rencontre », a lancé le Premier Ministre, pour qui les objectifs de développement durable constituent une « feuille de route pour sortir des crises ».   

Nous devons tenir nos promesses envers les populations vulnérables, comme celles des petits États insulaires en développement (PEID), a poursuivi M. Sovaleni.  Il a estimé que l’accord qui succédera aux Orientations de Samoa sera vital afin de permettre à la communauté internationale d’appuyer pleinement les PEID, qui « sont et doivent rester un cas particulier en matière de développement ».  « Nous ne sommes pas une note de bas de page, nous sommes confrontés à des vulnérabilités uniques », a-t-il insisté, avant de réclamer un indice reconnaissant les vulnérabilités des PEID.  Le système financier international actuel utilise des mesures inadaptées à nos circonstances particulières et à nos vulnérabilités écologiques et économiques, ce qui restreint l’accès au financement et à l’allègement de la dette, a déploré le Premier Ministre.  Il a remercié à cet égard son homologue d’Antigua-et-Barbuda et le Groupe de haut niveau des Nations Unies pour la publication, d’ici à la fin de cette année, du rapport intérimaire sur le développement d’un indice de vulnérabilité multidimensionnel.   

Les Tonga, a rappelé le Premier Ministre, ont été frappées en janvier par un tsunami causé par l’éruption du volcan Hunga-Tonga-Hunga Ha’apai, qui a dévasté son économie.  Nous devons maintenant mieux reconstruire et renforcer la résilience nationale face aux risques de catastrophes naturelles, a-t-il reconnu.  Les changements climatiques demeurent toutefois la plus grande menace existentielle à laquelle est confrontée la région du Pacifique, et les Tonga sont le troisième pays le plus vulnérable aux catastrophes naturelles, a-t-il relevé.  Il a réitéré son appel pour que cette question devienne un point permanent à l’ordre du jour du Conseil de sécurité.   

Les Tonga rejoignent les États Membres qui ont fait valoir l’importance de l’océan et des mers pour le développement durable mondial, a poursuivi le Premier Ministre.  Il s’est dit confiant que les négociations visant à conclure un instrument international juridiquement contraignant sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine des zones situées au-delà de la juridiction nationale, dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, seront couronnées de succès.  Il a salué en terminant l’initiative du Vanuatu de solliciter un avis consultatif de la CIJ afin de clarifier les conséquences juridiques des changements climatiques. 

M. KYRIAKOS MITSOTAKIS, Premier Ministrede la Grèce, a estimé que face à l’invasion russe de l’Ukraine, les Européens ont « toutes les raisons d’être fiers » de leur réponse: avoir soutenu l’Ukraine, l’avoir dotée de moyens de se défendre contre l’agresseur et avoir imposé des sanctions punitives qui commencent à peser sur l’économie russe.  Face à l’impact de ce conflit sur les prix de l’énergie, il a annoncé que son pays se détournera rapidement des hydrocarbures russes, au moyen de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables, qui sont propres mais aussi les plus sûres d’un point de vue géopolitique. 

Le Premier Ministre a ensuite rappelé que, depuis près de 50 ans, les Chypriotes vivent sur une île divisée à la suite d’une invasion illégale et d’une occupation militaire.  Ankara et les dirigeants chypriotes turcs insistent toujours sur des demandes inacceptables, a-t-il ensuite déploré.  Il a dit que la Grèce plaide en faveur de négociations en vue d’un règlement mutuellement acceptable, ainsi que pour les mesures de confiance proposées par le Président de Chypre, Nikos Anastasiades.  Le Premier Ministre a dénoncé un « agenda révisionniste et toujours plus agressif » de la Türkiye à l’encontre de la Grèce, notamment en mer Egée, ainsi qu’un rôle déstabilisateur en Méditerranée orientale, au Moyen-Orient et dans le Caucase.  De telles actions sapent la paix et la stabilité en Méditerranée orientale à un moment où la communauté internationale est confrontée à une guerre en Ukraine, a poursuivi M. Mitsotakis. 

Les revendications turques sur la souveraineté des îles grecques sont sans fondement et inacceptables, a-t-il martelé, en déclarant qu’elles constituent une ligne rouge.  « Je ne transigerai jamais sur l’intégrité territoriale, la sécurité et la stabilité de mon pays », a prévenu le Premier Ministre.  « Et pourtant, il existe une autre voie », a-t-il poursuivi avant d’adresser ce message aux dirigeants et peuple turcs: « La Grèce ne constitue pas une menace pour votre pays.  Nous ne sommes pas vos ennemis. »  Accusant aussi la Türkiye d’instrumentaliser les migrants en encourageant leur traversée vers la Grèce afin de faire pression sur l’Union européenne, M. Mitsotakis a assuré que la Grèce continuera à protéger ses frontières.  

Le Premier Ministre a assuré que la transformation verte est au cœur du programme de réforme de son gouvernement, lequel établit une feuille de route pour une transition vers le « zéro émission nette d’ici à 2050 ».  En partenariat avec l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et l’Organisation météorologique mondiale (OMM), a poursuivi le Premier Ministre, Athènes mène une bataille pour protéger le patrimoine culturel, non seulement des changements climatiques, mais aussi des conflits armés, du trafic illicite, de ses liens avec le financement du terrorisme, et du fondamentalisme religieux.  Il s’est réjoui que la Grèce soit l’un des rares pays à n’avoir dévié d’aucun des 17 objectifs de développement durable pour 2030. 

Soulignant l’importance de l’environnement marin, le Premier Ministre a annoncé que la Grèce accueillera en 2024 la neuvième Conférence internationale Our Ocean.  Enfin, il a plaidé pour la coopération multilatérale dans la lutte contre les changements climatiques, sans quoi les épisodes climatiques violents de cet été deviendront la norme.  Il a ajouté que la Grèce s’assurera que les pays européens coopèrent plus efficacement dans le domaine de la protection civile grâce au programme RescEU.  « Nous avons une dernière chance de faire les choses correctement », a-t-il conclu. 

M. GASTON ALPHONSO BROWNE, Premier Ministre dAntigua-et-Barbuda, a fait part de la déception de petits pays comme le sien qui constatent le non-respect des promesses faites par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité d’œuvrer à la paix et au développement du monde.  La confiance dans le Conseil ayant diminué du fait de leurs actions, il a invité ces membres à prendre de nouveau l’engagement d’assumer leur rôle à cet égard.  À cause du veto de l’un d’entre eux, a-t-il poursuivi, le Conseil n’a pu adopter une résolution qui avait pourtant le soutien de 113 États Membres pour reconnaître que les changements climatiques sont une menace à la paix et la sécurité internationales.  Selon le Chef du Gouvernement, les changements climatiques sont « la plus grave menace à laquelle fait face l’humanité ».  Des milliards de dollars ont été promis pour lutter contre ce fléau, mais rien n’a été déboursé, a-t-il regretté.  Au vu de cet échec, les membres de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) entendent se rendre à la COP27 en Égypte, en novembre prochain, pour demander la création d’un fonds d’intervention pour les pertes et dommages en rapport avec les changements climatiques et le réchauffement de la planète.  Le Premier Ministre a insisté pour que les États responsables de cette situation respectent leurs obligations et offrent des compensations aux victimes.   

M. Browne a ensuite appelé les États-Unis à lever l’embargo contre Cuba.  Il a aussi salué l’initiative du précédent Président de l’Assemblée générale qui a établi un groupe d’experts de haut niveau pour réfléchir à l’établissement d’un indice de vulnérabilité multidimensionnel des petits États insulaires en développement (PEID).  Il a dit l’honneur qui est le sien d’avoir été désigné comme Coprésident dudit panel par le Secrétaire général et noté que son pays accueillera en 2024 la quatrième Conférence internationale des Nations Unies sur les PEID.

M. MUSTAFA AL-KADHIMI, Premier Ministre de lIraq, a estimé que l’histoire de son pays démontre la force de l’espoir pour surmonter les défis qui paraissent impossibles, notamment en matière de conflits politiques internes.  Malgré les circonstances difficiles, les Iraquiens ont utilisé cet esprit d’espoir pour combattre le terrorisme et le vaincre au nom du monde entier, a-t-il souligné, en insistant sur les énormes sacrifices consentis pour libérer le territoire national des combattants de Daech et les empêcher d’enraciner leur idéologie destructrice.  Exprimant sa reconnaissance aux alliés de l’Iraq qui l’ont fait bénéficier de leur expertise dans la lutte contre le terrorisme, il a dit attendre un soutien supplémentaire de l’ONU pour reconstruire les zones touchées par l’occupation de Daech, répondre aux besoins humanitaires, reconstruire les infrastructures détruites et permettre aux personnes déplacées de retrouver une vie normale.  Le Premier Ministre a par ailleurs indiqué que le Gouvernement iraquien poursuit ses efforts pour aider au rapatriement des familles iraquiennes vivant dans le camp de Hol, en Syrie, afin qu’elles puissent regagner leurs lieux d’origine.  Il a également fait valoir que le territoire iraquien ne doit pas être utilisé sous le prétexte de lutter contre le terrorisme ou de protéger la sécurité d’autres pays d’une manière qui mette en danger la sécurité et la stabilité de l’Iraq, insistant sur la nécessité de respecter les principes consacrés par la Charte des Nations Unies et les règles du droit international.  Sur le plan intérieur, il s’est félicité du succès des élections d’octobre dernier, avant de déplorer que les forces politiques iraquiennes n’aient encore pu s’entendre sur la formation d’un gouvernement.  Face à cette impasse, il a prôné un dialogue sérieux et transparent pour répondre aux aspirations du peuple iraquien.  

Le Premier Ministre a d’autre part relevé que son pays, dont la production de pétrole a contribué au développement de l’économie mondiale depuis le début du XXe siècle, subit comme les autres les effets des changements climatiques.  Nous souffrirons aussi de la réduction de la dépendance aux énergies fossiles, a-t-il anticipé, prévenant toutefois que, dans cette perspective, son gouvernement travaille à d’importants projets stratégiques en matière d’énergie verte.  Il a invité la communauté internationale à soutenir les efforts consentis par son pays pour atténuer le dérèglement climatique et s’adapter à ses effets néfastes.  Pour finir, après avoir rappelé son soutien inébranlable à la cause palestinienne et son appui aux pourparlers politiques intrasyriens, il a souligné la nécessité de trouver des solutions durables aux crises régionales et internationales par le dialogue, d’éviter le recours à la force et de sauver l’économie mondiale et l’humanité des répercussions de ces guerres. 

M. ISMAIL SABRI YAAKOB, Premier Ministre de la Malaisie, s’est dit préoccupé par les défis liés à la pandémie de COVID-19, l’inflation et la crise financière.  Il a exhorté les États Membres à créer un système monétaire international plus efficace et plus juste et souligné l’importance de la sécurité alimentaire pour tous.  Le Premier Ministre a condamné les violations du droit international en Ukraine où le prix à payer pour la guerre sera élevé.  Il a demandé aux grandes puissances de s’abstenir de créer des blocs qui ne feront que pousser le monde vers une guerre froide.  En ce qui concerne la situation dans les territoires palestiniens occupés, M. Yaakob a estimé qu’Israël doit cesser d’être « une entité d’apartheid ». 

Le dirigeant a rappelé que la Malaisie est impliquée dans le processus de paix entre le Gouvernement philippin et le Front de libération islamique Moro (MILF) depuis 2001.  S’agissant de la situation au Myanmar depuis le coup d’État de février 2021, il a regretté que le Conseil de sécurité n’ait pris aucune mesure.  Déçu par le non-respect du « Consensus en cinq points » de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) par la junte du Myanmar, il a souhaité que ce dispositif soit relancé sur la base d’un calendrier et d’un objectif final plus clairs.  Il a insisté sur l’importance de s’attaquer à la cause profonde de la crise des Rohingya.  

Sur la réforme de l’ONU, M. Yaakob a martelé qu’il est maintenant temps d’abolir le droit de veto.  Concernant l’action pour le climat, les pays développés doivent assumer la responsabilité d’accroître l’aide aux pays en développement en respectant leur engagement de fournir une allocation annuelle de 100 milliards de dollars sans conditions.  Sur les objectifs de développement durable, le Premier Ministre a milité pour que les nouvelles technologies permettant de passer aux énergies renouvelables soient abordables pour les pays en développement.  Pour sa part, la Malaisie a introduit « une norme durable » pour l’huile de palme afin de répondre aux exigences du développement durable et s’est engagée à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 45% sur la base du produit intérieur brut (PIB) d’ici à 2030, a annoncé le Chef de Gouvernement. 

Mme SHEIKH HASINA, Première Ministre du Bangladesh, a déclaré que les antagonismes tels que les guerres et les sanctions et contre-sanctions économiques ne sont d’intérêt pour aucun pays.  Le dialogue est le meilleur moyen de résoudre les crises et les différends.  Elle a salué la création par le Secrétaire général du Groupe d’intervention mondiale face aux crises alimentaire, énergétique et financière et indiqué qu’elle œuvre en son sein, avec d’autres leaders, à élaborer une solution à la mesure de la gravité et de l’ampleur de la crise que le monde connaît.  Elle a précisé que le Bangladesh suit une politique de non-alignement et est pleinement engagé en faveur de la paix.  

Poursuivant, la Première Ministre a détaillé les efforts de son pays pour parvenir à une croissance économique durable, en précisant que le Bangladesh fait partie des cinq économies connaissant la croissance la plus rapide au monde.  Le taux de pauvreté a été réduit de 41% à 20,5% au cours de la dernière décennie, tandis que le revenu par habitant a triplé au cours de cette même décennie pour atteindre 2 824 dollars, s’est-elle félicitée.  La Première Ministre a toutefois souligné la pression considérable à laquelle l’économie de son pays est soumise en raison de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, avec notamment une inflation à la hausse.  Nous prenons des mesures pour surmonter cette situation, a-t-elle dit, avant de se féliciter que son pays quitte, en 2026, la catégorie des pays les moins avancés pour celle des pays en développement.  

Mme Hasina a ensuite souligné la grave menace posée par les changements climatiques, en dénonçant le cercle vicieux des promesses faites puis brisées.  Nous devons changer de cap maintenant.  Elle a insisté sur les mesures transformatrices prises par son pays pour mettre en œuvre l’Accord de Paris et réaliser les objectifs de développement durable.  De même, elle a appelé tous les dirigeants du monde à promouvoir des actions climatiques inclusives. 

La Première Ministre a évoqué la situation des Rohingya déplacés du Myanmar.   Malgré nos engagements avec ce pays et des discussions avec l’ONU et nos partenaires, aucun Rohingya n’a pu regagner son foyer ancestral au Myanmar, a-t-elle regretté.  Elle a insisté sur les conséquences sécuritaires, environnementales et économiques de cette présence prolongée des Rohingya, en alertant que la situation actuelle pourrait faire le lit de l’extrémisme.  Si ce problème devait persister, il pourrait affecter la sécurité et la stabilité de la région, et bien au-delà, a-t-elle averti.  

Enfin, elle a mentionné ce jour cruel du 15 août 1975, lorsque son propre père et père de la nation bangladaise, Sheikh Mujibur Rahman, sa mère, Sheikh Fazilatunnesa Mujib, et ses trois plus jeunes frères ont été assassinés.  Au total, 18 membres de ma famille ont été tués, a-t-elle dit, en rappelant qu’elle et sa plus jeune sœur ont échappé au massacre, parce qu’elles étaient en Allemagne.  En 1971, les Forces d’occupation pakistanaises ont tué trois millions de Bangladais innocents et 200 000 femmes ont été torturées et abusées.  Ayant moi-même souffert, je comprends la douleur et les tourments de celles et ceux qui ont à endurer les horreurs de la guerre, des assassinats, des coups d’État et des conflits, a-t-elle dit, avant de lancer cet appel: Arrêtons la guerre, arrêtons la course aux armements et défendons les valeurs de l’humanité. 

M. ANDREJ PLENKOVIĆ, Premier Ministre de la Croatie, a déploré que l’agression russe contre l’Ukraine ait bouleversé l’ordre international fondé sur des règles, le système multilatéral et les flux économiques.  Les dernières annonces de mobilisation partielle en Russie, les préparatifs pour l’organisation de référendums fictifs dans les régions occupées de l’Ukraine et la menace nucléaire constituent, à ses yeux, une nouvelle escalade dangereuse.  Confrontée par le passé à une agression armée, la Croatie est aujourd’hui un exportateur de paix et de stabilité, un donateur humanitaire, une destination touristique populaire et le pays qui produit « la voiture électrique la plus rapide du monde », s’est enorgueilli M. Plenković.  Quels que soient les défis, notre engagement envers la démocratie doit rester plus fort, a-t-il dit.  Il faut veiller à ce que les politiques et actions soient prévisibles, fiables et opportunes dans l’ensemble du système des Nations Unies, a-t-il poursuivi, en rappelant l’importance de réformer le Conseil de sécurité. 

Le Premier Ministre a constaté que la situation en Ukraine a radicalement changé non seulement la sécurité, mais aussi l’architecture énergétique de l’Europe, et qu’elle menace la sécurité alimentaire mondiale.  Il a appelé à rester unis et intensifier les efforts pour réorganiser les lignes d’approvisionnement en énergie, annonçant qu’au niveau régional, la Croatie contribue à la sécurité et à la diversification énergétiques grâce à son terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) sur l’île adriatique de Krk.  En parallèle, il a milité en faveur d’une énergie sûre et abordable, et encouragé à réfléchir à une solution mondiale pour les prix du gaz et pour assurer une transition énergétique durable.  Notre monde a changé de façon permanente, a-t-il conclu, en appelant à une coopération internationale accrue. 

Mme FIAME NAOMI MATAAFA, Première Ministre du Samoa, a rappelé que nombreux sont ceux qui ont qualifié de crise constitutionnelle les événements ayant suivi les élections de 2021 dans son pays.  « Le fait que je prononce aujourd’hui cette déclaration en tant que première femme Première Ministre du Samoa, et que je représente un changement de gouvernement après quatre décennies, témoigne du fait que l’État de droit a prévalu chez nous », s’est félicitée Mme Mataafa.  Ensemble, nous devons faire face à l’urgence climatique, sans quoi notre planète sera perdue, a-t-elle poursuivi, en soulignant que « personne n’a d’empathie pour la guerre que le climat mène aux habitants des atolls qui voient leurs frontières maritimes disparaître rapidement avec la montée des eaux ».  Le Samoa est prêt, pour sa part, à respecter ses obligations et ses engagements en matière de réalisation des ODD.  Pour la dirigeante, il est nécessaire de renforcer les capacités à tous les niveaux, d’améliorer la collecte et le stockage des données et les connaissances.  Quant aux systèmes financiers et de gouvernance mondiaux, ils ont désespérément besoin d’être réformés, a-t-elle estimé.  L’approbation et la mise en œuvre effective de l’indice de vulnérabilité multidimensionnel constitueront à cet égard un pas dans la bonne direction pour combler les déficits de financement des petits États insulaires en développement (PEID). 

Les objectifs de protection marine décrits dans la première stratégie océanique du Samoa sont alignés sur la campagne 30x30 des « Blue Leaders », ainsi que sur les appels à protéger 30% des océans mondiaux d’ici à 2030.  Mme Mataafa s’est félicitée de la complémentarité de ces initiatives et a encouragé les autres à s’y associer.  Avec « la famille Blue Pacific », le Samoa continue de donner la priorité à la restauration des écosystèmes marins et terrestres.  Nous devons nous unir pour prévenir et réduire la pollution marine, notamment les plastiques, les marées noires, les rejets de déchets et les contaminants nucléaires.  « Si nous continuons sur cette voie, nous allons pêcher dans nos océans plus de plastiques que de poissons », s’est-elle alarmée.  Les effets de la surpêche et de la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN), constituent en effet une préoccupation majeure pour les économies du Pacifique.  Les pertes de revenus se chiffrent en milliards et les dommages subis par les récifs affectent les populations de poissons qui, à leur tour, affectent des pêcheries entières dont nous dépendons pour notre subsistance, a encore relevé la Première Ministre. 

M. DRITAN ABAZOVIC, Premier Ministre du Monténégro, a estimé que la crise géopolitique actuelle représente le défi le plus grave pour la paix et la sécurité internationales depuis la création de l’ONU.  À ses yeux, l’agression non provoqué et injustifiée contre l’Ukraine, qui s’ajoute à des défis mondiaux tels que la pandémie de COVID-19 et les changements climatiques, exige de revenir pleinement aux dispositions de la Charte des Nations Unies, car, a-t-il souligné, la violation de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de tout État est une menace pour tous.  Outre les destructions qu’elle entraîne, cette agression russe provoque une nouvelle crise alimentaire, énergétique et financière qui affecte en premier lieu les plus vulnérables, a-t-il déploré, appelant la communauté internationale à réclamer des comptes face à de telles violations du droit international humanitaire et des droits humains.  Dans ces circonstances, il est temps, selon lui, de réformer le Conseil de sécurité afin, notamment, d’interdire l’exercice du droit de veto en cas de violations graves des droits humains.  Il a d’autre part jugé primordial, à la lumière du conflit ukrainien, de renforcer les normes internationales relatives à la non-prolifération des armes nucléaires, avant de se dire très préoccupé par la situation à la centrale nucléaire de Zaporijia.  Pour le Chef du Gouvernement monténégrin, les experts de l’AIEA doivent avoir accès à cette centrale comme à toutes celles de l’Ukraine, afin d’assurer le respect des garanties de l’Agence et l’application du régime de vérification.  Pour cela, a-t-il ajouté, la Russie doit rendre le contrôle des installations nucléaires aux autorités ukrainiennes.  

Dans ce contexte, alors que l’insécurité alimentaire s’aggrave, que l’accès à l’énergie et aux matières premières se raréfie sous l’effet de perturbations commerciales et que l’inflation et l’endettement montent en flèche, l’objectif d’atteindre un monde meilleur d’ici à la fin de cette décennie s’éloigne, a constaté M. Abazovic.  Il a toutefois assuré que son pays reste engagé en faveur du Programme 2030, comme en atteste la présentation en juillet de son deuxième examen national volontaire.  Le Monténégro continue par ailleurs de coopérer avec différents fonds internationaux pour le climat, tout en promouvant une reprise verte au niveau national, avec pour objectif à terme de réduire de 45% ses émission de gaz à effet de serre, s’est-il enorgueilli.  Il a ajouté que son pays, en tant que membre du Conseil des droits de l’homme, défend aussi un renforcement de la justice transitionnelle et de la responsabilisation, notamment au travers des travaux de la Cour pénale internationale (CPI) visant à éradiquer la culture de l’impunité.  Enfin, après avoir assuré que le Monténégro reste plus que jamais engagé sur la voie de l’intégration euro-atlantique, le Premier Ministre a une nouvelle fois exhorté la Russie à cesser cette « guerre inutile » et à retirer sans condition toutes ses troupes du territoire ukrainien.  « Cela ne devrait pas arriver au XXIe siècle », a-t-il conclu, appelant à « donner une chance à la paix ». 

M. TERRANCE MICHEAL DREW, Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis, a attiré l’attention sur les nombreuses menaces à la stabilité internationale, évoquant la coïncidence d’une pandémie mondiale et d’une guerre exposant la fragilité de la chaîne d’approvisionnement alimentaire et d’autres biens essentiels.  Il a appelé à réformer le Conseil de sécurité pour le rendre plus pertinent et représentatif pour ensuite s’inquiéter de la menace que pose la montée d’un nationalisme débridé et grossier au système multilatéral.  Il a ensuite souligné que, pour les petits États insulaires en développement (PEID) et pour les personnes vulnérables partout dans le monde, il est impossible d’envisager une sécurité internationale sans sécurité climatique, insistant sur la nécessité de rester fidèle à l’action collective.  

À mesure que la planète se réchauffe, a-t-il indiqué, les frustrations et l’impatience des citoyens ordinaires du monde croissent.  Il a demandé à l’Assemblée générale de fournir des réponses adaptées permettant de renforcer la résistance et l’atténuation des risques, exhortant aux États d’honorer les engagements financiers pris lors de la COP26 afin de doubler les contributions au financement de l’adaptation avant 2025.  Une réponse tardive menacerait davantage les nations en développement, a-t-il averti.  Le Premier Ministre a également demandé la mise en place d’un indice de vulnérabilité multidimensionnel afin de prendre en compte les caractéristiques particulières et les vulnérabilités climatiques des petits États insulaires en développement.  Il a souligné, sur ce point, que si tous ces États étaient exposés aux risques environnementaux, les États de la mer des Caraïbes, fortement dépendants du tourisme, couraient le risque réel d’un évènement destructeur.  

Poursuivant, M. Drew a indiqué qu’en dépit de l’injustice climatique, Saint-Kitts-et-Nevis continuait d’investir dans des programmes d’autonomisation sociale afin de renforcer la résilience de son peuple et de son économie, insistant sur le rôle de l’éducation.  Il a fait savoir que, lors du Sommet sur la transformation de l’éducation qui s’est tenu en début de semaine, son gouvernement s’était engagé à entrer dans un nouveau pacte dans le but de réformer, transformer et revigorer le système éducatif sur la base des principes d’égalité, d’accès et d’inclusion.  Il a aussi souligné que son gouvernement avait pris la décision de rendre gratuite l’éducation tertiaire.  

Le Premier Ministre a également insisté sur l’importance de l’inclusion des femmes et de la jeunesse dans le développement social, y compris le développement de l’économie numérique, s’engageant à dépasser les « objectifs de Belém do Pará » en faveur de l’égalité des genres.  M. Drew a par ailleurs réitéré son soutien à la participation de Taiwan au système des Nations Unies, et demandé la fin de l’embargo imposé à Cuba. 

M. JOHN BRICEÑO, Premier Ministre et Ministre des finances, du développement économique et de linvestissement de Belize, a dit prendre la parole le cœur gros, plus pessimiste que l’année dernière, plus cynique et plus déçu.  Où est la volonté collective de relever adéquatement les défis de notre temps?  Où est notre conviction commune de travailler ensemble pour le bien de l’humanité?  Où est l’espoir? a-t-il demandé, avant de passer en revue les conflits et problèmes mondiaux.  Il a indiqué que les réalités économiques actuelles exacerbent une situation sociale déjà grave au Belize où la pauvreté a augmenté de 10% entre 2018 et 2021 et où 45,5% de la population souffre d’insécurité alimentaire modérée à sévère.  Les homicides sont à nouveau en hausse et la relève postpandémie est retardée.  Il a estimé que les ODD courent un risque réel de ne pas être atteints et que nos systèmes et institutions actuels sont brisés et impuissants face aux 3C - COVID, climat et conflit.  

Pour résoudre ces problèmes, M. Briceño a appelé à une réinvention complète et audacieuse de l’architecture financière mondiale.  Fini le bricolage pour concevoir des programmes supplémentaires qui reposent sur la même fausse logique.  Cela ne fonctionne tout simplement pas! a-t-il tranché.  Notant que le FMI est largement dépourvu de moyens de quantifier les impacts climatiques sur la dette publique et la capacité de paiement des pays, le Premier Ministre a demandé une nouvelle architecture financière mondiale capable d’identifier les menaces systémiques comme la dette et le risque climatique et de concevoir des outils à la mesure des défis.  Concrètement, il faut de toute urgence une nouvelle architecture financière mondiale, dédiée à la réalisation des ODD, à l’objectif de « zéro émission nette » et au renforcement de la résilience.  

Dans le cadre de ses moyens budgétaires limités, le Belize a tenté de stimuler une reprise économique, tout en restant fidèle à ses valeurs sociales, a poursuivi M. Briceño.  Son économie a progressé de 5,3% au premier trimestre de cette année, mais les forces au niveau mondial sont déterminées à diminuer nos aspirations, a-t-il concédé.  Il a appelé à répondre aux besoins de financement des pays en développement qui s’élèvent à 4 300 milliards de dollars, soit plus du quadruple de la capacité de prêt du FMI; et bien au-dessus des tendances de prêt de la Banque mondiale.  La disponibilité de sources de financement abordables, à long terme et fiables, est indispensable pour la réalisation des ODD et la résilience climatique, a martelé M. Briceño.  

Plaidant pour un financement accessible et abordable pour les pays vulnérables, il a noté qu’au cours des sept dernières années, les flux financiers vers les PEID ont diminué tout comme l’aide publique au développement qui est passée de 6,2 milliards de dollars en 2016 à 4,1 milliards de dollars en 2018.  Il a appelé les institutions financières internationales à intégrer le risque climatique dans les outils de viabilité de la dette, insistant en outre sur l’importance de l’allégement de la dette pour tous les pays vulnérables.  Il est urgent de parvenir à un mécanisme multilatéral de restructuration de la dette souveraine, a-t-il souligné. 

Quant à l’action climatique, il a estimé que lors de la COP27 en Égypte, le G20 doit apporter de nouveaux engagements pour combler l’écart d’émissions; apporter le financement pour l’adaptation et établir une facilité de financement pour faire face de manière substantielle aux pertes et dommages liés au climat.  Préoccupé par le fait que ces attentes pourraient être compromises par la dynamique du G20, le Premier Ministre a martelé que nous ne pouvons pas nous permettre un retour en arrière. 

M. KAUSEA NATANO, Premier Ministre des Tuvalu, a tout d’abord demandé la réadmission de la République de Chine (Taiwan) à l’ONU, indiquant que son pays avait bénéficié d’un partenariat avec elle qui avait notamment permis d’appuyer son redressement post-COVID-19.  Il a dit être préoccupé par la menace de contamination nucléaire du « Pacifique bleu », pour ensuite souligner l’urgence de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °Celsius.  Le rapport du GIEC annonce clairement qu’au rythme actuel, cet objectif ne sera pas atteint.  Si c’est le cas, les Tuvalu seront totalement submergées au cours de ce siècle et inhabitable d’ici à 20 ou 30 ans, s’est alarmé le Premier Ministre demandant un leadership clair sur la question.  Les Tuvalu représentent une épreuve décisive de leadership: si la communauté internationale permet à tout un pays de disparaître en raison des changements climatiques, quel espoir reste-t-il? 

M. Natano a indiqué que la sécurité hydrique de son pays était compromise en raison de l’infiltration des aquifères par les eaux marines, tandis que l’augmentation de la salinité des sols, du fait de la montée des marées et des inondations, compromet sa sécurité alimentaire.  Les maisons et les routes sont balayées par les eaux et les récifs de coraux qui sustentent les stocks halieutiques qui meurent en raison de l’acidification des océans.  C’est la première fois dans l’histoire que l’inaction collective de nombreuses nations aura rendu des pays souverains inhabitables, a-t-il dénoncé.  Et cette crise sans précédent nécessite une intervention radicale.  

Notant que les accords conclus à la COP26, entre autres, n’abordent pas la question des États souverains qui sont en train de devenir inhabitables, le Chef du Gouvernement a informé qu’avec les Îles Marshall, les Tuvalu ont lancé hier la Rising Nations Initiative pour combler les lacunes actuelles en matière de sensibilisation, de cadre juridique et d’engagement politique.  Il a ensuite appelé à un accord mondial qui garantisse aux pays tels que les Tuvalu et les Îles Marshall une existence permanente au-delà de la durée de vie de leurs atolls, indépendamment de l’impact des changements climatiques et de l’élévation du niveau de la mer.  Un tel accord doit reconnaître et protéger notre intégrité culturelle, notre capital humain et économique et notre souveraineté.  Il doit aussi protéger nos droits sur nos terres et nos océans, préserver notre patrimoine et notre droit souverain de gouverner nos citoyens, tout en assurant notre relocalisation ailleurs dans le monde, a-t-il encore détaillé, précisant que sur le plan économique, les Tuvalu peuvent subvenir à leurs besoins en utilisant les revenus de l’utilisation durable de la zone économique exclusive. 

M. ABDULLA SHAHID, Ministre des affaires étrangères des Maldives, a évoqué la crise climatique qui fait rage.  Cette crise reste une menace existentielle, a-t-il averti, en particulier pour les PEID comme le sien.  Tirant la sonnette d’alarme, il a affirmé que « pour nous, la différence entre 1,5 degré et 2 degrés, c’est la mort ».  Sur le plan international, les Maldives continueront de montrer la voie en matière d’action climatique et de plaider en faveur d’une approche fondée sur les droits, a précisé le Ministre.  Alors que les Maldives candidatent une nouvelle fois pour un siège au Conseil des droits de l’homme pour le mandat allant de 2023 à 2025, il a assuré que si son pays est élu, la lutte contre les changements climatiques en tant que partie intégrante du discours mondial sur les droits de l’homme fera partie de ses priorités.  Sur le plan national, les Maldives ont adopté un plan ambitieux pour atteindre l’objectif zéro émission nette d’ici à 2030, a indiqué le Ministre, en précisant qu’il leur faudra un soutien international pour y arriver.  Exprimant un sentiment d’urgence, il a exhorté la communauté internationale à faire plus.  

« Nous devons agir avant qu’il ne soit trop tard et nous devons aussi protéger notre océan de toute urgence. »  Favorable à l’initiative mondiale visant à protéger 30% des océans du monde d’ici à 2030, il a expliqué qu’au niveau national, les Maldives ont d’ores et déjà désigné 79 zones marines protégées, dont 14% de ses récifs coralliens.  Compte tenu des dommages causés par les plastiques aux écosystèmes marins, une interdiction d’importation, de production et de vente de plusieurs types de plastiques à usage unique a été mise en place avec comme objectif national leur élimination complète d’ici à 2030.  Dans le contexte de l’action climatique, M. Shahid a parlé du besoin de sources de financement durables et fiables.  Rappelant qu’en 2009, à Copenhague, une promesse ambitieuse avait été faite, à savoir que 100 milliards de dollars seraient mobilisés d’ici à 2020, il a regretté qu’on soit encore loin de tenir cette promesse.  Le Ministre a appelé les partenaires à intensifier leurs efforts pour combler la différence comme convenu dans le cadre du Pacte de Glasgow pour le climat de 2021, tout en veillant à assurer un accès à ces financements pour les pays en développement. 

Le Ministre a également plaidé en faveur de l’égalité entre les sexes, arguant que pendant des siècles, les femmes ont vu leurs contributions sous-évaluées et leurs voix ignorées.  Cette injustice ne peut pas continuer, a-t-il tranché, en estimant que les défis auxquels toute l’humanité est confrontée ne sauraient être réglés alors que la moitié de l’humanité est privée de son plein potentiel.  « Les femmes méritent une place égale à la table » et les Maldives sont en train de mettre en place des législations en ce sens. 

Le Ministre a ensuite exhorté le monde à s’unir pour résoudre les problèmes de paix et de sécurité.  Il faut redoubler d’efforts pour mettre fin aux conflits et aux violations flagrantes des normes internationales qui sapent le système multilatéral que nous avons laborieusement construit au cours des 77 dernières années, a recommandé M. Shahid.  Les peuples d’Ukraine, d’Afghanistan, du Myanmar et de Palestine, parmi les pays plongés dans un conflit, méritent la paix, a-t-il lancé.  Enfin, il a appelé à réformer le système multilatéral et à mieux équiper l’ONU pour relever les défis contemporains et futurs.  « Ce dont nous avons besoin, c’est d’une ONU 2.0 », où les jeunes sont associés à la prise de décisions, a-t-il souhaité, en applaudissant le sens pris dans le rapport du Secrétaire général « Notre programme commun »  

Mme PENNY WONG, Ministre des affaires étrangères de lAustralie, a dit parler au nom d’un pays dont la population a plus de 300 ascendances différentes et d’une nation dont la moitié des membres sont nés à l’étranger ou ont un parent né ailleurs.  Je suis l’une de ces personnes et le Parlement où je siège est le reflet de cette diversité, a-t-elle relevé, se félicitant que des Australiens autochtones aient été élus en nombre record lors des dernières élections.  Le nouveau Gouvernement australien est déterminé à concrétiser le processus de réconciliation avec les Peuples premiers de notre continent, a ajouté la Ministre, selon laquelle, face aux défis de taille auxquels le monde est confronté, nous avons beaucoup à apprendre des Nations premières, tant sur le plan intérieur que dans les forums internationaux.  

Dans le même esprit, l’Australie entend voir les intérêts de tous les peuples du monde pris en compte, a souligné Mme Wong, qui s’est dite inquiète que, pour la première fois, l’indice du développement humain de l’ONU ait reculé en 2020 et 2021, avec des effets disproportionnés pour les femmes et les filles.  Consciente de l’ampleur de la crise mondiale liée à l’insécurité alimentaire, l’Australie a fortement augmenté son aide au développement et prépare une nouvelle politique destinée à aider les pays en développement sans les pousser dans une dette insoutenable, a précisé la Ministre.  Selon elle, ces efforts sont d’autant plus indispensables que l’invasion de l’Ukraine par la Russie a entraîné de nouvelles souffrances et rendu plus difficile le relèvement post-COVID-19.  

Mme Wong s’est d’autre part alarmée des effets délétères des changements climatiques, avant d’indiquer que son pays s’est fixé pour objectif de parvenir à 83% d’énergie renouvelable pour son approvisionnement d’ici à la fin de la décennie.  Tout en réduisant nos émissions de CO2, nous travaillons aussi au niveau régional pour soutenir les pays du Pacifique qui ont le plus à perdre du dérèglement climatique, a-t-elle poursuivi.  

La Chef de la diplomatie australienne a souligné l’importance pour son pays de renforcer sa coopération économique et maritime avec les pays insulaires du Pacifique.  L’Australie entend aussi établir des ponts avec l’Asie du Sud-Est afin de façonner un avenir commun et de contribuer à un équilibre stratégique dans la région indopacifique, a-t-elle expliqué.  Dans ce contexte, l’invasion illégale et immorale de l’Ukraine par la Russie a pour elle valeur d’avertissement: elle laisse entendre qu’un grand pays aurait le droit d’assujettir un voisin plus petit et décider de son existence.  Dénonçant une utilisation abusive du droit de veto par la Russie au Conseil de sécurité, elle a appelé la communauté internationale à ne pas rester passive lorsque les grandes puissances bafouent les règles.  

Mme Wong a invité les pays de sa région à veiller à ce que la compétition géopolitique ne dégénère pas en conflit.  Une guerre dans la région indopacifique serait catastrophique pour notre région et bien au-delà, a- t-elle averti, avant de rappeler aux petites et moyennes nations comme la sienne qu’elles sont plus que des pions dans le jeu géopolitique des grandes puissances.  « C’est à nous de créer le monde auquel nous aspirons, c’est la raison d’être même de l’ONU », a insisté la Ministre.  Soucieuse de s’acquitter de ses responsabilités pour limiter les tensions et freiner l’élan du conflit dans sa région, par sa diplomatie et au sein de l’ONU, l’Australie briguera un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité pour l’exercice 2029-2030, a-t-elle déclaré en conclusion, plaidant à ce sujet pour une réforme de l’organe en vue de parvenir à une représentation permanente de l’Afrique, de l’Amérique latine et de l’Asie.  

M. SIMEÓN OYONO ESONO ANGUE, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la Guinée équatoriale, a insisté sur la nécessité de mettre davantage l’accent sur le multilatéralisme et la coopération afin de faire face aux défis mondiaux et de relancer le développement et la croissance économique durable, en particulier pour les pays en développement.  Il a notamment appelé à promouvoir la construction et le renforcement des infrastructures, y compris sanitaires, afin de faire face à d’éventuelles pandémies ainsi qu’à des maladies endémiques telles que le VIH/sida et le paludisme. 

Il a mis l’accent sur la coexistence des conflits traditionnels et des défis émergents tels que la criminalité transnationale, la cybersécurité, la biosécurité, les changements climatiques et la piraterie, appelant à chercher des solutions par le biais de négociations et de dialogues inclusifs.  Il a également lancé un appel aux pays impliqués dans les conflits à privilégier le dialogue, dénonçant et rejetant catégoriquement les constantes ingérences extérieures qui déstabilisent certains pays du monde. 

Le continent africain, a-t-il indiqué, doit continuer à être au centre des initiatives de soutien et de financement du développement en faveur de la mise en œuvre des objectifs de développement durable prévus dans le Programme 2030 de l’ONU et l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  Il a également appelé à maintenir les financements du maintien de la paix afin de faire face au terrorisme, aux migrations, à la traite d’êtres humains, à la piraterie ou au mercenariat, qui entravent le développement en Afrique.  Il s’est félicité du sommet extraordinaire de l’Union africaine qui s’est tenu à Malabo à la fin du mois de mai et a salué l’initiative de sécurité globale présentée par la Chine. 

Le Ministre a insisté sur la nécessité de réformer les Nations Unies, en particulier le Conseil de sécurité, dont la structure est « l’une des grandes injustices au sein de l’Organisation » et qui constitue « un grave manquement à son esprit démocratique ».  Il a réitéré la demande, contenue dans le consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte, consistant à attribuer deux sièges permanents à l’Afrique et deux sièges non permanents supplémentaires au sein du Conseil de sécurité.  Il a également demandé la levée de l’embargo imposé à Cuba. 

M. Esono Angue s’est dit profondément préoccupé par la persistance de la situation de crise causée par les activités de piraterie dans le golfe de Guinée, soulignant que leurs auteurs acquéraient des méthodes de plus en plus sophistiquées leur offrant une plus grande autonomie en haute mer.  Il s’est félicité de la récente résolution adoptée par le Conseil de sécurité demandant aux pays du golfe de Guinée de criminaliser la piraterie et les vols à main armée en mer et d’enquêter, de poursuivre ou d’extrader, conformément au droit international, les auteurs de ces crimes et ceux qui les incitent, les financent ou les facilitent.  Il a réitéré la proposition, déjà présentée lors de la soixante-quinzième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, consistant à organiser un sommet sur le golfe de Guinée comme cela a été fait pour le golfe d’Aden, afin de concevoir une stratégie pour mettre fin aux activités terroristes qui menacent la paix et la sécurité régionales et internationales. 

Mme DOMINIQUE HASLER, Ministre des affaires étrangères, de léducation et des sports du Liechtenstein, constatant que nous ne sommes pas sur la bonne voie pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) dans les temps, a appelé la communauté internationale à se souvenir de son engagement à « ne laisser personne de côté » et à se rassembler dans l’intérêt commun.  Il faut revenir au multilatéralisme et redoubler l’engagement politique aux Nations Unies, a-t-elle recommandé, se désolant qu’au lieu de cela, nous assistons à une attaque frontale contre la Charte des Nations Unies elle-même.  Elle a estimé que l’agression contre l’Ukraine n’est rien de moins qu’une atteinte à l’ordre mondial international établi après la Seconde Guerre mondiale.  Pour sa part, le Liechtenstein s’est associé à ses partenaires de la région, et en particulier de l’Union européenne, pour s’unir à l’Ukraine et s’opposer à l’agression, où qu’elle soit commise, a souligné Mme Hasler.   

Face à la paralysie du Conseil de sécurité sur la question de l’Ukraine, à cause du recours au veto, la Ministre a estimé que la résolution adoptée par l’Assemblée générale, à une écrasante majorité, le 2 mars, marquera un tournant dans l’histoire des Nations Unies.  Condamner sans équivoque l’agression contre l’Ukraine était d’une importance capitale, a-t-elle fait valoir, ajoutant que cette résolution soutient la réponse internationale à cet assaut contre notre ordre mondial fondé sur des règles.  Partageant le point de vue du Président Zelenskyy, elle a appelé à s’attaquer au crime d’agression, y voyant un puissant moyen de dissuasion.  Les simulacres de référendums récemment annoncés pour certaines parties de l’Ukraine occupée ne sont que la continuation de cette agression, a déclaré la Ministre, estimant qu’ils tournent en dérision le droit à l’autodétermination, pierre angulaire de la Charte des Nations Unies et de l’ordre mondial.   

Pour le Liechtenstein, le maintien de la paix et de la sécurité reste l’objectif principal de l’ONU.  La Ministre a assuré que son pays reste déterminé à participer au changement nécessaire pour placer les Nations Unies au centre de cet effort, par la prévention, la médiation et l’action collective.  C’est dans cet esprit que le Liechtenstein a soumis à l’Assemblée générale l’« initiative du veto », adoptée au début de cette année, a-t-elle rappelé.  Cette initiative introduit une mesure très importante de responsabilité pour l’utilisation du veto, mais, plus important encore, elle crée un espace politique pour que l’Assemblée puisse intervenir là où le Conseil de sécurité est paralysé ou dans l’impasse, a expliqué Mme Hasler selon laquelle cela pourrait être fréquemment le cas à l’avenir.  « Le veto n’a plus le dernier mot », a-t-elle affirmé sans ambages. 

Du point de vue de la sécurité nationale, elle s’est dite préoccupée par les manières insidieuses dont le cyberespace est utilisé pour saper les institutions démocratiques et les fondements de nos sociétés.  Faire face à ces menaces et faire respecter le droit international dans le cyberespace est donc l’un des principaux défis auxquels nous devons faire face, a argué la Ministre.  Par ailleurs, en tant que partisan de longue date de la CPI, la Ministre a expliqué que son pays a soutenu le renvoi de la situation en Ukraine devant la Cour.  Cette saisine est un test décisif à double titre: d’une part de l’efficacité de la Cour, et, d’autre part, de l’engagement constant de la communauté internationale à lui apporter un soutien politique et financier.  C’est notre chance d’illustrer notre détermination non seulement à poursuivre les crimes commis en Ukraine, mais aussi à apporter un soutien constant à une CPI qui fait son travail de manière indépendante, à travers le monde, et pleinement conforme à son traité fondateur, le Statut de Rome, a estimé Mme Hasler. 

M. ROBERT DUSSEY, Ministre des affaires étrangères, de lintégration régionale et des Togolais de lextérieur, a estimé que la menace qui pèse aujourd’hui sur la paix était très différente d’il y a 77 ans et qu’aux conflits interétatiques d’antan, ont succédé de nouvelles formes de violences impliquant des acteurs difficilement saisissables.  Il a ainsi pris note de l’extension du terrorisme en Afrique, longtemps confiné au Sahel, et mis en avant l’implication personnelle du Président togolais pour la stabilité de l’Afrique de l’Ouest, y compris comme médiateur dans la crise entre la Côte d’Ivoire et le Mali.  Il a également rappelé les récentes attaques terroristes dans le nord du Togo, avant d’affirmer que son pays ne « fléchirait jamais » face aux terroristes et de citer ses contributions à la lutte internationale contre le terrorisme, y compris les cybermenaces.  M. Dussey a en outre détaillé les mesures adoptées par son pays dans le cadre de sa stratégie de lutte contre l’extrémisme violent adoptée en juillet dernier, y compris pour en combattre les causes par un important projet de développement économique de la région des savanes. 

Pour M. Dussey, l’autre défi majeur pour l’humanité est celui des changements climatiques.  Le Ministre a décrit les mesures prises par son gouvernement en faveur d’une gestion durable des ressources naturelles du Togo, dont un programme de reboisement de grande ampleur.  Il a souhaité que la prochaine COP27 contribue à remettre la préservation de l’environnement au centre des priorités internationales et incite les parties prenantes à honorer les promesses de financement.  Il a ensuite détaillé les principaux axes de la feuille de route gouvernementale à l’horizon 2025 adoptée par son gouvernement pour renforcer l’inclusion et l’harmonie sociale et garantir la paix, dynamiser la création d’emplois et moderniser le pays en renforçant ses structures.  

M. Dussey a rappelé que la Déclaration adoptée à l’occasion de la soixante- quinzième Assemblée générale reflétait la nouvelle ambition multilatérale à laquelle avaient souscrit les États Membres, pour constater que « nous foulons bien trop souvent aux pieds nos engagements multilatéraux », au point de leur enlever parfois « toute leur essence, leur force et leur racine ».  Il a donc demandé qu’on s’attache à la réforme du Conseil de sécurité.  « L’Afrique ne veut plus s’aligner sur les grandes puissances, quelles qu’elles soient », a-t-il déclaré, reprochant à « certaines puissances » d’assigner au continent pour seul rôle d’être leur zone d’influence ou encore « une entité purement instrumentale au service de leur cause ».  Il a ainsi constaté que, « quand il s’agit de voter une résolution au Conseil de sécurité, nous sommes activement sollicités d’un côté comme de l’autre ; l’Afrique est alors très courtisée, voire mise sous pression ».  Mais aujourd’hui, l’Afrique veut être elle-même, « africanophone », a poursuivi le Ministre, avant de se lancer dans un vigoureux plaidoyer en faveur d’un plus grand respect des États africains, réclamant qu’ils soient enfin considérés comme de vrais partenaires.  

Mme AWATIF ELTIDJANI AHMED KOIBORO, Secrétaire dÉtat aux affaires étrangères du Tchad, a souligné que le monde se remettait difficilement du choc engendré par la COVID-19, exhortant à ne pas baisser la garde.  Elle a émis le souhait de voir se consolider davantage la coopération multilatérale pour faire face aux autres crises et défis persistants et récurrents.  À ce titre, elle a estimé que l’initiative du Secrétaire général « Notre programme commun » constituait un grand pas dans la bonne direction.  Elle a en revanche regretté que, sept ans après l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et trois ans après la proclamation de la Décennie d’action pour l’accélération des objectifs de développement durable, les objectifs soient loin d’être atteints, surtout en ce qui concerne les pays pauvres, et ne puissent l’être, si ce n’est en menant des actions vigoureuses.  Elle a formulé le vœu que le « Sommet du futur » prévu en septembre 2024 puisse dégager des pistes et les moyens d’action pour arriver à cette fin. 

La Secrétaire d’État a appelé à honorer les engagements internationaux en faveur du développement durable, insistant sur l’importance de l’aide publique au développement, à la mise en œuvre de mécanismes d’autonomisation économique et financière et à des politiques de développement durable en faveur des pays les moins développés et des pays en développement sans littoral.  Elle a réitéré l’adhésion du Tchad aux différents appels et initiatives en faveur de l’annulation ou de la restructuration de la dette des pays en développement et a lancé un appel en faveur de la matérialisation rapide des facilités accordées à son pays par les différentes instances multilatérales, afin de répondre aux besoins pressants de ses populations. 

Évoquant le processus de transition politique au Tchad, la Secrétaire d’État a indiqué que le Conseil militaire de transition et le Gouvernement de transition s’étaient engagés à mener ce processus à son terme.  Le dialogue national devant aboutir à l’organisation des élections démocratiques, libres et transparentes est en cours, conformément à l’Accord de Doha du 8 août 2022, a-t-elle ajouté. 

La Secrétaire d’État s’est dite préoccupée par la dégradation de la situation dans la région du Sahel et le bassin du lac Tchad, citant l’intensification des activités terroristes et leur propagation dans les régions voisines de l’Afrique de l’Ouest.  Elle s’est félicitée de l’initiative des Nations Unies et de l’Union africaine pour une évaluation stratégique conjointe de la situation au Sahel afin de comprendre les causes de la crise, notant néanmoins que celle-ci ne saurait en tout état de cause être vaincue sans le retour de la paix et de l’autorité de l’État en Libye.  Elle a également regretté le retrait du Mali du G5 Sahel et indiqué que la porte restait ouverte pour les accueillir. 

Préoccupée par l’impasse politique en Libye, la Secrétaire d’État a exhorté les acteurs politiques à privilégier le dialogue afin de sauver le processus de paix, réitérant sa demande pour la mise en œuvre du processus « Désarmement, démobilisation et réinsertion » pour résoudre de manière durable la question des ressortissants à la solde des différentes factions militaires libyennes. 

Enfin, le Tchad exhorte les États Membres à réaliser la réforme du Conseil de sécurité pour corriger l’injustice historique à l’égard du continent africain, et apporte son soutien total à la position commune africaine articulée dans le consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte. 

Droits de réponse 

Le représentant de l’Inde a exercé son droit de réponse pour réagir aux propos du Premier Ministre du Pakistan lui reprochant d’avoir choisi cette enceinte pour proférer des accusations infondées contre l’Inde dans le but, selon lui, de détourner l’attention des méfaits dans son propre pays.  L’Inde cherche la paix avec ses voisins et ne pourra jamais tolérer le terrorisme transfrontière, ni un pays qui tenterait d’annexer illégalement les territoires de son voisin, a déclaré le représentant.  Évoquant des allégations ne concernant pas uniquement la région mais aussi les droits humains et les droits des minorités, il s’est interrogé pour sa part sur le sort de jeunes femmes enlevées de leurs communautés: comment peut-on parler de droits humains?  Il a estimé que la volonté de paix ne sera possible que lorsque les minorités ne seront plus persécutées et lorsque le terrorisme transfrontière cessera. 

Le représentant de la Türkiye a repris la parole pour répondre à la déclaration du Premier Ministre de la Grèce, affirmant que les faits décrits avaient été dénaturés.  Réfutant d’avoir remis en question l’intégrité de la Grèce, il a indiqué être prêt à tenir un dialogue de fond pour régler tous les différends avec la Grèce au sujet de la mer Égée, y compris par le recours à la Cour internationale de Justice s’il était prévu dans un accord mutuel entre les parties.  La Grèce manque de volonté politique pour régler les conflits, a-t-il dit soulignant les obstacles procéduraux à la compétence de la Cour.  Il a par ailleurs exhorté la Grèce à assumer sa responsabilité et à arrêter de repousser les migrants en mer Égée.  Il a enfin indiqué que la Türkiye continuerait d’appuyer le droit du peuple chypriote turc à l’égalité souveraine. 

Prenant à son tour la parole au titre du droit de réponse, la représentante du Pakistan a dénoncé la désinformation dont use la diplomatie indienne pour diffuser le « mythe » du terrorisme pakistanais.  En réalité, a-t-elle lancé, c’est la population du Cachemire occupé qui est victime du terrorisme de l’État indien.  L’Inde est, selon elle, un parrain du terrorisme dans la région, comme en attestent les attentats perpétrés par ses agents chez tous ses voisins pour atteindre ses objectifs stratégiques.  Au Pakistan, ces actes terroristes ont fait des milliers de victimes et des preuves ont confirmé l’implication de l’Inde, a-t-elle ajouté, avant de rappeler qu’en 2019, l’État indien a décidé unilatéralement de l’envoi de forces dans le Cachemire, transformant la région en « prison à ciel ouvert » pour huit millions de personnes.  Ce faisant, l’État indien a tenté de modifier la démographie et les frontières de la région, tout en restreignant les libertés fondamentales des habitants musulmans, a-t-elle dénoncé.  Pour la représentante, c’est un crime de génocide qui est perpétré en toute impunité au Cachemire occupé.  Faisant état d’arrestations arbitraires, d’exécutions sommaires, de viols en réunion, elle a aussi évoqué la découverte de nombreux charniers.  Nous craignons qu’il ne s’agisse que de la partie émergée de l’iceberg, a-t-elle dit, relevant que la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a recommandé la création d’une commission d’enquête sur la situation au Cachemire occupé.  Plusieurs rapporteurs spéciaux ont également appelé à évaluer la situation des droits humains, tandis que des médias et des organisations humanitaires ont exprimé leur vive préoccupation, mais les autorités indiennes n’ont pas encore réagi à ces prises de position, a poursuivi la déléguée.  Il est urgent, selon elle, que les commissions d’enquête puissent accéder à la région et que les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité soient mises en œuvre pour ouvrir la voie à l’autodétermination de la population du Cachemire occupé.  Elle a par ailleurs rapporté qu’aujourd’hui en Inde, des musulmans sont lynchés en pleine rue, dans le cadre de pogroms organisés avec la complicité des autorités.  En outre, celles-ci détruisent des mosquées et réécrivent l’histoire, a-t-elle encore accusé, invitant la délégation de l’Inde à se pencher sur la trajectoire inquiétante de son gouvernement plutôt que d’utiliser des armes de désinformation massive contre le Pakistan.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: confrontés à des crises multidimensionnelles et interdépendantes, les dirigeants mondiaux alertent aussi sur le fléau du terrorisme

Soixante-dix-septième session,
8e & 9e séances plénières – matin, après-midi & soir
AG/12449

Assemblée générale: confrontés à des crises multidimensionnelles et interdépendantes, les dirigeants mondiaux alertent aussi sur le fléau du terrorisme

Au troisième jour de son débat général, l’Assemblée générale a entendu de nombreux dirigeants présenter les progrès accomplis par leurs pays dans un contexte international reconfiguré par trois crises majeures: l’accélération des changements climatiques; la guerre en Ukraine et ses ramifications sur les plans sécuritaire, alimentaire et énergétique; et la pandémie de COVID-19, qui continue de peser lourdement sur le relèvement des économies des pays en développement.  Mais un autre spectre s’est frayé, aujourd’hui, un chemin jusqu’à la tribune; celui du terrorisme.

Dans un contexte de polarisation extrême et de tensions internationales ravivées, les voix n’ont pas manqué pour réclamer une assistance du monde développé afin de pouvoir réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Ainsi le Président du Botswana, M. Mokgweetsi Eric Keabetswe Masisi, et celui du Zimbabwe, M. Emmerson Dambudzo Mnangagwa, ont rappelé à quel point leurs pays étaient encore grevés par la pandémie, appelant l’Assemblée générale à tirer les leçons de celle-ci pour mieux être préparée à affronter les suivantes.

Le débat général d’aujourd’hui a d’ailleurs été l’occasion d’entendre les allocutions de nombreux chefs d’État et de gouvernement africains, notamment ceux du Soudan et du Soudan du Sud.  M. Abdel-Fattah Al-Burhan Abdelrahman Al-Burhan, le Président du Conseil souverain de transition du Soudan, a donné l’assurance que seraient établis un régime civil et une véritable démocratie dans le pays, après le retour au pouvoir de l’armée soudanaise le 25 octobre 2021.  Le Vice-Président du Soudan du Sud, M. Hussein Abdelbagi Akolthe, a déclaré de son côté que son pays est prêt, « à nouveau », à servir de médiateur dans le conflit actuel qui oppose l’armée soudanaise et les Forces de la liberté et du changement (FFC).

Le Président du Burundi, M. Évariste Ndayishimiye, a fait état des progrès accomplis par son pays, où règnerait une « justice équitable pour tous » et où les « droits humains, dont les droits d’expression et de la presse » seraient respectés.  Des développements positifs qui seraient ternis par la « politisation » qu’il attribue à certains organismes de l’ONU, en particulier le Haut-Commissariat aux droits de l’homme.  Le dirigeant burundais s’est en outre alarmé de l’avancée d’organisations terroristes dans la sous-région, une préoccupation qui a trouvé écho chez son homologue de Guinée-Bissau, qui a expliqué que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ne pourrait, à elle seule, neutraliser des groupes terroristes de plus en plus actifs en Afrique de l’Ouest et dans le Sahel.

Même son de cloche du côté du Président de la Somalie, M. Hassan Sheikh Mohamud, qui a dénoncé les agissements des Chabab, « affiliés à Al-Qaida et Daech », autant d’organisations qui instrumentalisent l’Islam pour persécuter les populations de son pays, de la Corne de l’Afrique et au-delà.  « Ces groupes ne sont pas des musulmans, ce sont des terroristes », a renchéri son homologue des Comores, M. Azali Assoumani.  Après avoir réaffirmé la détermination du Gouvernement fédéral de transition à « éradiquer » cette menace, le dirigeant somalien a cependant prévu qu’il ne serait pas possible d’y parvenir sans un financement prévisible de la part de la communauté internationale pour équiper et moderniser ses forces armées. 

Élargissant la focale, le Président du Niger, M. Mohamed Bazoum, s’est attardé quant à lui sur l’« écosystème de la violence », dans lequel de jeunes bergers des communautés les plus affectées par le dérèglement climatique succombent à un « effet d’aubaine » et développent des vocations terroristes, que seul le renforcement de la démocratie peut contrecarrer, selon lui.  Lui aussi a insisté sur la nécessité de renforcer les moyens de son armée nationale, déplorant les « lacunes considérables » de la communauté internationale en matière de lutte contre les trafics transsahariens de drogue et d’armes, via la Libye, qui bénéficient aux groupes terroristes.

Pour sa toute première intervention à la tribune de l’Assemblée, le nouveau Premier Ministre d’Israël, M. Yair Lapid, a alerté que deux menaces pèsent sur son pays, la désinformation dont il ferait l’objet, motivée par l’antisémitisme, et la menace nucléaire.

« Le chef d’orchestre de cette symphonie de la haine, c’est l’Iran », a accusé M. Lapid qui a rappelé que cet État a indiqué à maintes reprises vouloir la destruction totale d’Israël.  Fustigeant le « silence » de l’Assemblée générale à ce sujet, il a souligné que l’Iran est l’État fondateur du Hezbollah, le « plus grand groupe terroriste au monde », et finance le djihad islamique partout ailleurs.  Pour le Chef de Gouvernement israélien, la belligérance et les velléités nucléaires de Téhéran rendent nécessaire d’exercer une pression militaire pour contraindre les autorités iraniennes à négocier un accord.  Une chose est sûre, a mis en garde M. Lapid, Israël ne restera pas « les bras ballants » face à « ceux qui veulent nous détruire ».

Cette journée de débat a également été marquée par l’intervention de plusieurs dirigeants de petits États insulaires en développement, à commencer par le Président de Kiribati, M. Taneti Maamau, qui a fustigé le manque de solidarité de la communauté internationale face aux changements climatiques, regrettant que les objectifs fixés dans le cadre de l’Accord de Paris, y compris les engagements financiers, restent hors de portée.  Il s’est aussi inquiété de l’escalade de la concurrence géostratégique dans sa région, craignant que la coopération régionale soit de plus en plus dévoyée au service d’intérêts nationaux.

Le Président des États fédérés de Micronésie a exhorté, de son côté, les États-Unis et la Chine de mettre de côté leurs différends politiques et économiques pour travailler ensemble à la résolution de la crise climatique.  « Votre capacité à coopérer sur les changements climatiques sera nécessaire pour garantir à notre monde qu’il demeure habitable pour les générations futures et pour éviter un irréversible effondrement civilisationnel », a affirmé M. David Panuelo.

L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, vendredi 23 septembre, à partir de 9 heures.

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL

M. MOKGWEETSI ERIC KEABETSWE MASISI, Président du Botswana, a présenté les progrès réalisés par son pays pour se relever de la pandémie de COVID-19.  Il a souligné que le Botswana est « une histoire de la sagesse de ses pères » qui ont saisi l’opportunité de la présence du diamant pour développer leur nation.  Pour faire avancer le pays, ils ont parié sur la démocratie et les droits humains et ont misé sur le développement, a-t-il expliqué en ajoutant que le Botswana fait maintenant face à une dépendance au diamant qui reste la principale ressource du pays.  Le Président a dit défendre le processus de Kimberley, arguant que lorsque la ressource est bien gérée, cela peut aider au développement.  Pour sortir de la pandémie, il a plaidé pour un accès universel aux vaccins, rappelant que la plupart des pays en développement n’ont pas pu vacciner 70% de leur population contre la COVID-19, comme le Botswana qui en est à 64%.  Il a recommandé d’élaborer un instrument international juridiquement contraignant pour réagir face aux futures pandémies.  Pour sa part, le Botswana a mis en place une usine de fabrication de vaccins et de traitements par l’immunothérapie, a-t-il fait savoir.

Afin d’atteindre le développement durable, un financement durable est nécessaire, a poursuivi M. Masisi en appelant les partenaires au développement à respecter leur engagement en matière d’aide et en insistant sur l’implication des populations.  Il a d’ailleurs salué leur adaptation à la numérisation des services publics au Botswana.  En tant que Président du Groupe des pays en développement sans littoral, le Chef de l’État du Botswana a attiré l’attention sur la question de tous les pays en situation particulière.  Il a appelé à lever les sanctions contre le voisin zimbabwéen, arguant que cela va contre la volonté internationale de réaliser les ODD.  Dans le contexte des changements climatiques, le Botswana a parié sur les énergies renouvelables, a-t-il dit, misant aussi sur le respect des engagements pris à Glasgow lors de la COP26.  Il a aussi indiqué que le Botswana a organisé une semaine d’adaptation aux changements climatiques du 22 au 26 août derniers et qu’il cherche à renforcer les processus d’adaptation.

S’agissant du conflit en Ukraine, le Président du Botswana a appelé les parties à chercher des solutions par la voie du dialogue.  Mentionnant la lutte contre l’extrémisme violent, il a rappelé que la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) reste mobilisée, comme elle l’a démontré avec le déploiement de forces armées au Mozambique.  Enfin, M. Masisi a souligné que par sa présidence du Conseil économique et social (ECOSOC) pendant la précédente session, le Botswana a soutenu le travail du Secrétariat de l’ONU.  Il a dit espérer que cet engagement permettra l’intégration des jeunes du Botswana dans le système onusien.

M. MOHAMED BAZOUM, Président du Niger, s’est inquiété des « preuves alarmantes » apportées par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui montrent que des points de bascule majeurs avaient peut-être déjà été atteints, voire dépassés.  Il a constaté que le dérèglement climatique exposait le continent africain à l’aggravation de l’insécurité alimentaire, au déplacement de populations et à des sécheresses récurrentes.  En vue de la COP27 qui aura lieu en Égypte en novembre, M. Bazoum s’est dit attaché à la proposition des négociateurs africains d’un nouvel objectif de 1 300 milliards de dollars de flux financiers d’ici à 2025 pour mieux faire face aux défis climatiques.  Il a souligné que la situation était particulièrement alarmante au Sahel et que le Niger accordait une attention particulière à l’initiative africaine de Grande muraille verte, qui s’inscrit dans le cadre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.

Constatant que la situation sécuritaire du Niger s’était considérablement dégradée ces dernières années, le Président a détaillé la progression du terrorisme dans la région.  Depuis la chute du régime libyen en 2011, l’absence de pouvoir stable a entraîné la création d’une plateforme du crime organisé transnational dans le sud du pays, déstabilisant l’ensemble du Sahel et de son voisinage.  Le Mali a succombé à cette violence générée à partir de la Libye et, selon lui, ne s’en est jamais véritablement remis, devenant à son tour un foyer d’incubation d’un terrorisme caractéristique d’un Sahel profondément affecté par les effets des changements climatiques sur l’élevage pastoral.  Un « écosystème de la violence », où les jeunes bergers des communautés les plus affectées par le dérèglement climatique succombent à un « effet d’aubaine » et développent des vocations terroristes, s’est mis en place, s’est-il inquiété.  Et le fléau s’est propagé vers le Niger et le Burkina Faso et tente désormais de s’étendre vers les pays du golfe de Guinée, faisant chuter au passage les gouvernements démocratiquement élus du Mali en 2020 et du Burkina Faso en 2022.  Dans ce contexte, M. Bazoum a estimé que la résilience de son pays prouvait que la voie la plus sûre pour conjurer les effets de la violence terroriste était de renforcer la démocratie.  Il a aussi insisté sur le besoin de renforcer les moyens de l’armée nigérienne et salué le soutien de la France, à travers l’opération Barkhane, ainsi que des États-Unis, de l’Allemagne et des autres pays engagés aux côtés du Niger.  Il a cependant dénoncé les « grandes lacunes » de la communauté internationales en matière de lutte contre les trafics transsahariens de drogue et d’armes, via la Libye, qui bénéficient aux groupes terroristes.

Le Président a ensuite noté que les défis de développement du Niger se résumaient en quelques statistiques démographiques, notamment un indice de fécondité de sept enfants par femme et un âge de première maternité inférieur à 15 ans pour la moitié des Nigériennes.  Estimant que ces données traduisaient la « faillite du système éducatif », notamment la difficulté d’accès des filles à ce dernier, il a souligné la volonté du pays de développer les infrastructures scolaires et d’améliorer la formation des enseignants.  M. Bazoum a souligné que le dérèglement climatique et la poussée démographique étaient les deux phénomènes structurels qui avaient, à la faveur de la crise libyenne, entraîné « la situation de chaos » qui affectait actuellement le Sahel et contre lesquels il convenait de lutter.

M. ADAMA BARROW, Président de la Gambie, a estimé que la crise du coût de la vie dans le monde est un rappel opportun du besoin d’une réponse immédiate pour alléger les souffrances et la pauvreté de nombreuses nations.  Il s’est félicité à cet égard de la création par le Secrétaire général du Groupe d’intervention mondiale face aux crises alimentaire, énergétique et financière.  En tant que pays en développement figurant parmi les plus durement touchés par les crises, nous sommes prêts à coopérer avec lui pour trouver de vraies solutions de secours, a-t-il dit, avant de remercier l’ONU pour son soutien aux efforts de consolidation et de réconciliation de la Gambie, passée d’un régime dictatorial à une véritable démocratie multipartite.  Après l’élection présidentielle de 2021 et les élections législatives de cette année, le pays prépare les scrutins locaux de 2023, a souligné le Chef d’État.  Malgré les défis liés à la chute du tourisme, à l’inflation, à l’insécurité alimentaire et énergétique et à une faible croissance, la Gambie a également lancé un nouveau plan national de développement 2022-2026, s’est-il enorgueilli.  Ce plan vise à progresser dans la réalisation du Programme 2030 de l’ONU et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, si possible avec l’aide de nos partenaires au développement, a indiqué le dirigeant, qui s’est fixé pour objectifs prioritaires la croissance économique, la consolidation de la démocratie, la lutte contre la pauvreté et la responsabilisation des femmes.

Pour M. Barrow, l’accélération du développement en Afrique exige de s’attaquer aux causes sous-jacentes de l’insécurité et du sous-développement.  Faisant observer à ce propos que les gouvernements africains se sont engagés à faire taire les armes à feu sur le continent, il a demandé à la communauté internationale d’appuyer les efforts de l’Union africaine, en l’aidant à se doter d’équipements adéquats et à jouer pleinement son rôle pacificateur.  Il a également rappelé que son pays contribue de longue date aux opérations de maintien de la paix de l’ONU.  À ce titre, il a salué le renforcement de l’Action pour le maintien de la paix et a assuré que la Gambie continuera à améliorer les capacités de ses soldats et policiers de la paix grâce à une formation avant déploiement.  Il a cependant souhaité que des mandats réalistes leur soient confiés, compte tenu des attaques fréquentes que subissent les Casques bleus dans leurs zones de mission.  Pour finir, il estimé que les conflits en cours sur son continent, en particulier au Sahel, en Libye, au Sahara occidental et dans la Corne de l’Afrique, nécessitent une attention internationale urgente.

M. RASHAD MOHAMMED AL-ALIMI, Président du Conseil présidentiel du Yémen, a rappelé que son pays est entré dans la neuvième année de son conflit, dénonçant les agissements des milices et des groupes terroristes.  Il s’est cependant félicité du soutien et de l’unité de la communauté internationale sur la question yéménite, comme en ont témoigné le plan de transfert de pouvoir basé sur l’initiative du Conseil de coopération du Golfe et son mécanisme exécutif en 2011, et le début de la Conférence du dialogue national qui s’est achevée en janvier 2014 avec la participation de toutes les puissances et composantes du Yémen, y compris les houthistes.  Elle avait abouti à un document de référence garantissant une large participation populaire, la réalisation des aspirations yéménites à la démocratie, à la justice et à l’égalité citoyenneté, ainsi que la préservation des droits des groupes vulnérables et la liberté de culte, a-t-il détaillé.

« Mais ce rêve n’a pas duré longtemps », car les milices terroristes houthistes se sont retournées contre le consensus national ayant émergé de ce dialogue global, a-t-il déploré.  Ce fut le début de cette guerre de longue durée, qui a coûté la vie à des centaines de milliers d’âmes et provoqué le départ de centaines de milliers de réfugiés ainsi que le déplacement de plus de quatre millions de personnes.  Le Président a également fait état d’inondations et de sécheresses dues aux changements climatiques, qui ont entraîné morts et destructions chaque année.

Depuis le 7 avril dernier cependant, a poursuivi M. Al-Alimi, « une nouvelle ère a commencé » au Yémen avec la formation du Conseil de direction présidentiel en tant que seul organe représentant légitime du peuple yéménite.  Au cours des six derniers mois, il a étroitement coopéré avec la coalition dirigée par l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et les partenaires régionaux et internationaux, pour mettre en œuvre le programme de réformes institutionnelles et améliorer la fourniture des services de base, ainsi que pour juguler les effets de l’inflation aiguë et de la crise alimentaire mondiale.  Le Conseil présidentiel, s’est-il félicité, a reçu un généreux soutien du Royaume d’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis d’un montant de 1 milliard de dollars chacun.  Il a aussi cité le soutien de Ryad au plan de réponse humanitaire d’un montant de 300 millions de dollars, et la mise en œuvre de projets de services urgents pour la ville d’Aden et d’autres localités, d’une valeur supérieure à un demi-milliard de dollars.

Il sera également important d’investir dans des projets générateurs de revenus durables, de soutenir la monnaie nationale et de contrôler les prix de articles de première nécessité, dont la réduction contribuera à mieux répondre à l’augmentation de la faim, a encore fait observer le Président du Conseil présidentiel.  M. Al-Alimi a ensuite appelé les milices houthistes à assumer leurs responsabilités pour empêcher qu’une marée noire ne se produise en mer Rouge en raison de l’état de détérioration du pétrolier SAFER, qu’elles contrôlent.  M. Al-Alimi a enfin appelé les États Membres à adhérer à l’embargo sur les armes et à contrer l’influence iranienne qui déstabilise la région en empêchant ce pays de fournir à ses milices des missiles balistiques et des drones, qui sont utilisés pour commettre des « actes de terrorisme » contre des civils au Yémen et dans le reste de la région.

M. TANETI MAAMAU, Président, Chef du Gouvernement et Ministre des affaires étrangères et de l’immigration de Kiribati, s’est félicité de l’inclusion sans précédent des États Membres sous-représentés, notamment les petits États insulaires en développement (PEID), au sein des institutions des Nations Unies, saluant les efforts en ce sens de M. Abdulla Shahid, Président de soixante-seizième session de l’Assemblée générale.  Il a aussi salué l’établissement du bureau multipays de l’ONU pour la région du Pacifique Nord comme un symbole du rapprochement entre l’Organisation et les populations concernées. 

Rappelant que la zone océanique de Kiribati est suffisamment grande pour contenir l’ensemble de l’Europe, M. Maamau a insisté sur le besoin de protéger la santé des océans et de se préoccuper du sort des populations ayant été exposées aux effets des essais nucléaires sur l’île Christmas.  Il s’est félicité du rôle de chef de file joué par Kiribati et le Kazakhstan dans la rédaction des articles 6 et 7 du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, relatifs à l’assistance aux personnes et aux environnements endommagés par les essais nucléaires.  Il a exposé deux initiatives proposées par son pays et reflétées dans le Programme d’action de Vienne en faveur des pays en développement sans littoral: la création d’un fonds d’affectation spéciale volontaire pour aider les pays, les communautés, les personnes et les environnements lésés par les essais nucléaires, et la création d’un conseil scientifique consultatif pour effectuer les recherches nécessaires au traitement des problèmes de santé et d’environnement causés par les essais nucléaires.  « L’humanité devrait être libérée maintenant et pour toujours des essais et de l’utilisation des armes nucléaires! » s’est-il exclamé, précisant que Kiribati avait décidé d’inviter les Nations Unies à utiliser l’île de Kiritimati comme centre mondial ou régional pour les recherches antinucléaires et les programmes et activités connexes.

Évoquant les changements climatiques, le Président a fustigé « un manque de solidarité » de la communauté internationale, regrettant que les objectifs fixés dans le cadre de l’Accord de Paris, y compris les engagements financiers, restent hors de portée.  Il s’est aussi inquiété de l’escalade de la concurrence géostratégique dans sa région, craignant que la coopération régionale soit de plus en plus dévoyée au service d’intérêts nationaux.  M. Maamau a regretté que la culture et les valeurs traditionnelles de Kiribati soient « opprimées par une pensée néocoloniale ».  Il a dénoncé « un système de pensée globale qui reste imprégné d’un héritage de destruction environnementale dont nos peuples ont maintenant hérité », citant en exemple l’exploitation minière de l’île de Banaba.

M. EMMERSON DAMBUDZO MNANGAGWA, Président du Zimbabwe, a déclaré que face à la « triple crise des C », COVID-19, conflits et changements climatiques, la communauté internationale doit renforcer le multilatéralisme et la solidarité.  Il a souhaité que les leçons de la pandémie inspirent l’Assemblée générale afin qu’elle déploie des capacités multidimensionnelles qui permettraient de soutenir la réponse collective aux futures pandémies et à d’autres défis.  Il a indiqué qu’en dépit des sanctions économiques illégales qui frappent le Zimbabwe, le pays a pu lutter efficacement contre la pandémie de COVID-19 en s’appuyant sur ses ressources internes et ses capacités.

Le Président du Zimbabwe a assuré que le pays entend mettre fin à la pauvreté et la faim.  À cet effet, a-t-il précisé, le Gouvernement a fourni des intrants agricoles, des équipements et un soutien technique en faveur des agriculteurs.  Ces mesures ont permis de réaliser la sécurité alimentaire nationale, même si à la moitié de l’année 2022, la sécheresse et les cyclones tropicaux ont réduit la performance du secteur agricole national.  Dans ce contexte, le Président a déploré le fait que le financement climatique reste inadéquat, ce qui ne donne pas des coudées franches aux pays en développement pour assurer leur transition vers des sources d’énergies renouvelables.  Il a expliqué également que, pour réduire la dépendance du secteur agricole aux pluies, le Gouvernement a établi un programme visant à augmenter le nombre de barrages dédiés à l’irrigation.  Des projets dans le domaine des infrastructures sont d’ailleurs menés pour les barrages, les routes et les usines de production d’énergie, qui ont élargi les capacités économiques du pays, tout comme sa productivité.

Par ailleurs, M. Mnangagwa a dénoncé un système financier international injuste.  De même, le commerce international, sous l’égide de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), demeure largement injuste à l’égard des pays en développement, a-t-il ajouté, en voyant dès lors la zone de libre-échange africaine comme une panacée pour le continent.  Pour ce qui est du Zimbabwe, les citoyens bâtissent le pays « pierre par pierre », avec le soutien des amis et partenaires, et ce, malgré les effets néfastes des sanctions illégales qui freinent le progrès du pays.  Le Président a affirmé que le Zimbabwe est un pays pacifique qui entend être « ami de tous et ennemi de personne ».

M. ÚMARO SISSOCO EMBALÓ, Président de la Guinée-Bissau, a constaté que le contexte international ne favorise pas une pleine mise en œuvre des objectifs de développement durable par son pays, en raison des répercussions de la guerre en Ukraine, notamment dans les secteurs énergétique et agricole.  En outre, les États membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dont la Guinée-Bissau assure actuellement la présidence, sont confrontés à des défis sécuritaires considérables, provoqués par le terrorisme, l’extrémisme violent et la criminalité transnationale, a relevé le Chef d’État.  Malgré le cadre politique et juridique dont elle dispose, ainsi que ses mécanismes structurels pour prévenir et résoudre les crises politiques et institutionnelles, la CEDEAO a besoin de l’aide internationale pour stopper l’avancée du terrorisme en Afrique de l’Ouest et dans toute la région du Sahel, a-t-il souligné.

Rappelant qu’il venait d’être choisi pour présider l’Alliance des leaders africains contre le paludisme (ALMA), M. Embaló a rappelé que 96% des cas de paludisme dans le monde et 98% des décès dus au paludisme surviennent en Afrique.  Il s’est désolée que le continent n’ait pas atteint l’objectif fixé, à savoir réduire de 40% l’incidence et la mortalité dues au paludisme d’ici à 2020.  « Par conséquent, plus que jamais, nous devons adopter des mesures pour protéger tout le monde, partout, contre les maladies infectieuses », a-t-il conclu, appelant tous les pays, gouvernements, donateurs et partenaires de développement à contribuer à la reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le paludisme.  Après avoir demandé la levée du blocus américain imposé à Cuba, le dirigeant a réaffirmé la disposition de la Guinée-Bissau à participer activement à la consolidation du multilatéralisme et à la promotion du dialogue et de la coopération entre les nations et les peuples.

M. AZALI ASSOUMANI, Président de l’Union des Comores, a évoqué un moment « particulièrement délicat » de la vie de la communauté internationale, confrontée la pandémie de COVID-19 et l’invasion de l’Ukraine, qu’il a fermement condamnée, ainsi qu’à ses conséquences sur la sécurité alimentaire mondiale.  Balayant une série de questions internationales, il a appelé à la création d’un État palestinien et réaffirmé son soutien à la « marocanité du Sahara », appelant au dialogue entre Rabat et Alger.  Il a estimé que la Chine devait recouvrer sa souveraineté sur la « province chinoise de Taïwan ».  M. Assoumani a aussi noté que des perspectives nouvelles de dialogue s’ouvraient avec la France sur le dossier douloureux de la souveraineté sur « l’île comorienne de Mayotte ».

Abordant la situation au Sahel, le Président a averti du risque de laisser s’installer un foyer tension offrant un terreau fertile au terrorisme international, s’inquiétant de l’évolution déjà constatée dans la Corne de l’Afrique, et réaffirmant le soutien de son pays au Mozambique.  « Ces groupes ne sont pas des musulmans, ce sont des terroristes! » a-t-il affirmé, estimant qu’ils étaient alimentés par les frustrations d’une jeunesse en mal d’avenir.  Il a rappelé aux grandes puissances que si leur appui était capital pour contribuer au développement économique et social des États menacés, cet appui devait aussi répondre aux aspirations des peuples bénéficiaires.

M. Assoumani s’est inquiété des changements climatiques qui affectent particulièrement les petits États insulaires en développement qui doivent aussi affronter une série de phénomènes dangereux.  Il a notamment cité la piraterie, la pollution, la pêche illicite, le pillage des ressources maritimes, le trafic humain et le trafic de drogues, appelant à accorder la plus haute attention à ces questions.

Le Président a affirmé que son pays avait renoué avec la paix et la stabilité depuis une vingtaine d’années, estimant que son salut résidait dans une société apaisée et de plus en plus inclusive.  Il s’est félicité de l’organisation d’un dialogue politique national en février dernier et déclaré que son pays collaborait étroitement avec les autorités régionales et internationales sur la question des droits humains qui constituait « une priorité nationale ».  Il a ensuite annoncé l’organisation, en décembre prochain, d’un séminaire de suivi à la Conférence des partenaires pour le développement des Comores, qui s’est tenue en France en 2019.

M. GEORGE MANNEH WEAH, Président du Libéria, a estimé que les défis auxquels le monde est confronté aujourd’hui nécessiteront des actions mondiales collectives, avec les Nations Unies au centre de la recherche de solutions.  Dans ce contexte, il faut tenir compte des besoins des pays en développement, en particulier, les pays les moins avancés, a-t-il plaidé, conformément au Programme d’action de Doha en faveur de ces pays pour la décennie 2022-2031.  Compte tenu de la part des jeunes dans la population du Libéria (plus de 60%), le Gouvernement a lancé un programme de réhabilitation et d’autonomisation socioéconomique, favorisant la mise en œuvre de projets portés par les jeunes défavorisés entre 2019 et 2021, a indiqué le Président pour qui, quand les jeunes sont responsabilisés, ils constituent « une force positive pour le bien ».  De même, en tant que féministe, le Chef d’État du Libéria a dit parier sur l’autonomisation des femmes et la promotion de l’égalité des sexes.  Il a également parlé de la collaboration du Libéria avec l’ONU et l’Union européenne (UE) qui vise à mettre fin aux pratiques traditionnelles néfastes contre les femmes et filles et à promouvoir leur santé et leurs droits sexuels et reproductifs.  En outre, le Gouvernement libérien met actuellement en œuvre un projet de 50 millions de dollars financé par la CEDEAO pour renforcer les capacités des femmes entrepreneures.

M. Weah a affirmé que le développement durable ne peut avoir lieu que dans un climat pacifique et un environnement sécurisé.  C’est pourquoi le Libéria est fier d’être un pays contributeur de troupes aux missions de maintien de la paix de l’ONU, a-t-il dit.  Il a fait remarquer qu’après de nombreuses années de troubles civils, le Libéria devient un bastion de la paix et un refuge de la démocratie.  Selon lui, c’est parce que le pays a pris des mesures au cours des dernières années pour construire et renforcer les institutions démocratiques, telles que la presse et le pouvoir judiciaire.  « Je suis fier de dire que, depuis le début de mon administration jusqu’à date, il n’y a pas de prisonnier politique au Libéria. »  Le Président a indiqué que les élections présidentielle et législatives d’octobre 2023 seront cruciales pour consolider la démocratie dans le pays.  Par ailleurs, M. Weah a appelé à protéger la planète ainsi qu’à garantir et maintenir la paix, la sécurité et la stabilité mondiales.

M. HASSAN SHEIKH MOHAMUD, Président de la Somalie, a déclaré que le monde est en train de se remettre des conséquences sanitaires et économiques de la pandémie de COVID-19, qui a mis en lumière de manière tragique les disparités entre pays développés et pays en développement dans leurs capacités à se relever de la crise.  Pour lui, la communauté internationale est arrivée à un tournant, le système multilatéral devant trouver des solutions transformatrices.  En Somalie, le Gouvernement fédéral de transition œuvre d’arrache-pied à une transition après 20 années de crises multiples, exacerbées par une sécheresse régionale qui menace les moyens de subsistance de l’une des communautés les plus vulnérables du monde.  Le dirigeant a appelé tous les partenaires à fournir une assistance sur le long terme.  Et, devant l’accélération de la crise climatique, les autorités somaliennes prennent la protection de l’environnement très au sérieux, a-t-il ajouté.

Dénonçant ensuite les groupes terroristes, qui « méprisent la valeur humaine », M. Mohamud a affirmé qu’ils doivent être absolument « vaincus ».  Il s’en est pris aux Chabab, « affiliés à Al-Qaida et Daech », des organisations qui se servent de l’Islam pour persécuter les populations de la sous-région.  Les Chabab ont fait récemment exploser des bassins hydrographiques et des puits dans des régions où les populations sont déjà confrontées à la sécheresse, a-t-il déploré.  Il a assuré que le Gouvernement fédéral de transition s’efforce de lutter contre eux dans les villes où cette organisation sévit toujours.  Rien que le mois dernier, davantage de villes et villages ont pu être libérés, s’est-il réjoui.  Le Président s’est d’ailleurs engagé à moderniser ses forces armées pour y parvenir, car la sécurité nationale et régionale est la première condition d’un progrès et d’un développement réussis, a-t-il fait observer.  Mais, sans un financement prévisible de la part de la communauté internationale, il ne sera pas possible de mettre en œuvre des solutions transformatrices, a prévenu M. Mohamud, qui a aussi souligné la nécessité de promouvoir les investissements du secteur privé et la responsabilité sociale des entreprises, sous peine de ne pas pouvoir réaliser les ODD.

M. EVARISTE NDAYISHIMIYE, Président du Burundi, a déclaré que son pays marche bien dans la voie vers son développement socioéconomique.  Il a sollicité l’implication des Nations Unies pour traquer les groupes terroristes qui commencent à s’infiltrer dans sa sous-région, avant d’aborder la question du développement socioéconomique, expliquant que le Burundi, la République démocratique du Congo (RDC) et la République-Unie de Tanzanie travaillent étroitement pour réaliser le projet ambitieux de chemin de fer Uvinza-Musongati-Gitega-Bujumbura-Uvira-Kindu devant relier les trois pays.

Le Chef d’État a ensuite affirmé qu’une justice équitable pour tous est aujourd’hui une réalité, et que les droits de l’homme, dont le droit d’expression et de presse, sont respectés sur toute l’étendue du territoire burundais.  Mais malheureusement, certains fonctionnaires, portant le flambeau de certaines institutions de notre organisation découragent ce développement positif par la politisation de la démocratie et de la lutte contre l’impunité, a-t-il dénoncé, déplorant que, quand la démocratie telle qu’elle est définie s’enracine, certains fonctionnaires des Nations Unies la dénaturent en la qualifiant d’incrédible et de non inclusive.  Le Président a ainsi jugé grand temps que le Haut-Commissariat aux droits de l’homme s’asseye ensemble avec « nos pays » pour avoir une lecture commune de la direction des politiques, au lieu de vouloir téléguider ses actions à travers des Commissions et Bureaux des Rapporteurs spéciaux.  Le moment est venu pour que les Nations Unies comprennent que le statut de pays fragile ne s’applique plus au Burundi, a-t-il tranché.

Passant à l’éducation, M. Ndayishimiye a indiqué que les abandons scolaires au niveau de l’enseignement de base souvent liés à l’insuffisance alimentaire, à l’éloignement des écoles et au manque de frais scolaires ont sensiblement diminué.  Il a parlé de la mise en place d’un programme ambitieux d’autonomisation économique et d’emplois des jeunes (PAEEJ), ainsi que de la création de la Banque d’investissement pour les femmes.  L’urgence se trouve en même temps dans la lutte contre les effets dévastateurs de la pandémie de COVID-19, a-t-il enchaîné, avant d’appeler les partenaires au développement à accompagner les économies des États africains durement affectées par les effets des différentes crises actuelles.

Le Chef d’État a ensuite fait savoir que le développement économique du Burundi passe par le développement du secteur agricole en incitant la population à ne pas se contenter de produire pour consommer localement mais « aussi et surtout » pour l’exportation.  Outre des travaux de protection, de conservation et de gestion de l’environnement, le Burundi mise sur la résilience contre les changements climatiques, a-t-il dit, citant le projet de reboisement Ewe Burundi Urambaye.  Le Gouvernement burundais a aussi entrepris un vaste chantier de développement du secteur énergétique et veut également développer un partenariat technique et financier dans le domaine de la prospection, de l’exploitation et de la transformation des produits miniers et géologiques.  Enfin, après avoir évoqué le renforcement des Mécanismes nationaux de lutte contre la corruption, le Chef d’État a informé les investisseurs que le littoral du Lac Tanganyika est en train d’être aménagé pour développer le tourisme.

M. ABDEL-FATTAH AL-BURHAN ABDELRAHMAN AL-BURHAN, Président du Conseil souverain de transition du Soudan, a passé en revue les derniers développements politiques au Soudan, rappelant l’objectif d’établir un régime civil et une véritable démocratie.  Il a rappelé que les forces armées avaient annoncé, le 4 juillet 2022, leur retrait du dialogue national, laissant la place aux civils.  M. Al-Burhan a aussi réitéré la volonté du Soudan de coopérer avec la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS) et avec la Force intérimaires de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA).  Il a affirmé que le Conseil souverain de transition avait fourni tout le soutien nécessaire au mécanisme tripartite, qui réunit la MINUATS, l’Union africaine (UA) et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) de l’Afrique de l’Est, en vue de faire avancer le dialogue national, regrettant que les discussions n’aient pas abouti.  Il a appelé toutes les parties impliquées à préserver la paix au Darfour, conformément à l’Accord de Djouba.

Le Président a souligné les efforts de son pays pour promouvoir la paix au Soudan du Sud, en Somalie et en République centrafricaine et salué sa bonne collaboration avec ses voisins tchadien et libyen.  Il en a appelé à l’aide de tous ses partenaires pour mettre en œuvre le Programme d’action d’Addis-Abeba issu de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, estimant que le Soudan devrait pouvoir bénéficier des avantages accordés aux pays pauvres très endettés, ayant mis en place toutes les législations nécessaires à la remise de sa dette.  Il a également demandé un soutien international pour la création d’un centre pour les recherches agricoles afin de faire face aux défis des changements climatiques.  Rappelant que le Soudan avait ouvert ses portes à quatre millions de réfugiés venus des quatre coins du continent malgré des ressources très limitées, M. Al-Burhan a sollicité l’aide de la communauté internationale pour faire face aux difficultés causées par les crises mondiales qui s’accumulent ces dernières années.  Il en a appelé de ses vœux une réforme du Conseil de sécurité, sur la base de la proposition de l’UA, s’élevant notamment contre les libellés unilatéraux et l’hégémonie des pays porte-plumes.

M. YAIR LAPID, Premier Ministre, et Ministre des affaires étrangères d’Israël, a rappelé que lorsque l’Assemblée général se prononçait, en novembre 1947, sur la création d’un État juif, seuls quelques milliers de Juifs résidaient en Israël dans un environnement hostile, dévastés au lendemain de l’Holocauste.  Soixante-quinze ans plus tard, Israël est une démocratie robuste, fière et prospère.  Une nation qui a réalisé bien des avancées dans le domaine scientifique, figure parmi les premiers en matière d’énergies renouvelables et compte 13 lauréats du prix Nobel, en économie mais aussi de la paix.

Affirmant que son pays a fait choix de la paix face à la guerre, il a parlé du récent Sommet de Néguev, qui a réuni six pays (Israël, États-Unis, Égypte, Émirats arabes unis, Bahreïn et Maroc), une idée inimaginable, il y a deux ans seulement.  Il a relaté que, pendant le déroulement de ce Sommet, un attentat terroriste a été perpétré à Tel Aviv dans l’objectif de saper cette rencontre.  Cinq heures plus tard, les participants au Sommet ont publié une déclaration conjointe condamnant cette attaque, consacrant la conviction qu’il existe une autre solution.  Le Sommet s’est poursuivi et des accords ont été conclus dans plusieurs domaines, de même que des groupes de travail, qui, a-t-il affirmé, changent la face du Moyen Orient.  Le Premier Ministre a ensuite invité les peuples à regarder à l’horizon et se demander qui réussit.  Ceux qui font le choix de la paix ou ceux qui optent pour la guerre?  Ceux qui investissent dans leur peuple ou ceux qui choisissent d’investir dans la destruction d’autrui?

M. Lapid a affirmé qu’en Israël, juifs, musulmans et chrétiens vivent côte à côte sur un pied d’égalité.  Il a indiqué que le Gouvernement qu’il dirige comprend des Ministres arabes, que des juges arabes sont représentés à la Cour suprême et qu’un parti arabe est membre de sa coalition.  Les Arabes israéliens ne sont pas nos ennemis, ils sont nos partenaires au quotidien, a-t-il dit, s’enorgueillissant de la mosaïque de culture qui caractérise son pays.

Pour autant, il existe deux menaces majeures qui pèsent sur notre pays, a-t-il regretté, citant la menace nucléaire et le rejet de la vérité.  Il s’est érigé contre le poison du mensonge et de la désinformation qui sapent « notre perception de la réalité ».  Il a accusé le mouvement anti-israélien d’investir des milliards de dollars pour détourner et modifier la réalité, évoquant notamment la circulation de fausses photos.  Pourquoi défendez-vous des islamistes qui pendent des homosexuels depuis des grues? s’est-il insurgé.  Décriant les mensonges proférés à l’encontre d’Israël, il a souligné que l’antisémitisme c’est la volonté de croire le pire au sujet des Juifs et de juger Israël de façon différente par rapport aux autres pays.

Le chef d’orchestre de cette symphonie de la haine, c’est l’Iran qui hait sa propre population et maintient en joug sa jeunesse, a accusé M. Lapid qui a noté que cet État a indiqué à maintes reprises qu’il souhaite la destruction totale d’Israël.  Et, l’Assemblée générale se tait.  « Mais de quoi avez-vous peur? », s’est-il écrié, notant que l’Iran est l’État fondateur du Hezbollah, le plus grand groupe terroriste au monde, et finance le djihad islamique à travers le monde.  Prédisant que le régime iranien fera usage de l’arme nucléaire s’il parvient à mettre la main dessus, le Premier Ministre a estimé que le seul moyen de l’en empêcher est de faire peser une véritable menace militaire.  Ce n’est que de cette façon qu’un véritable accord pourra être négocié avec l’Iran, a-t-il soutenu.  Si l’Iran ne renonce pas, le monde ne réagira pas par des paroles mais par la force militaire, a-t-il affirmé.  Mais aujourd’hui, le monde choisit la facilité et de ne pas croire au pire. Pour sa part, a-t-il ajouté, Israël ne restera pas les bras ballants face à ceux qui veulent nous détruire.

Affirmant aspirer à la paix avec les Palestiniens, M. Lapid a ensuite estimé qu’un accord avec les Palestiniens fondé sur la solution des deux États est la bonne solution pour la sécurité d’Israël, son économie, et « l’avenir de nos enfants ».  La paix n’est pas une solution de compromis, ni un aveu de faiblesse et malgré tous les obstacles qui s’élèvent à nous aujourd’hui, une vaste majorité d’Israéliens appuient l’idée des deux États et « j’en fait partie! ».  Le Premier Ministre a toutefois posé une seule condition: que le futur État palestinien soit un état pacifique et ne devienne pas un havre pour les terroristes.  Israël a fait tout ce que le monde a exigé de nous en démantelant les colonies et les bases militaires.  Il s’est dit prêt à lever les restrictions contre Gaza « dès demain » et à appuyer la reconstruction de la bande, à conditions que les tirs de roquettes et de missiles cessent.  Déposez les armes, il n’y aura plus de restrictions et nous pourrons construire cet avenir ensemble, a-t-il exhorté, soulignant qu’Israël est un pays qui tient ses promesses.

M. JAMES MARAPE, MP, Premier Ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a mis l’accent sur le potentiel agricole de son pays pour lutter contre l’insécurité alimentaire à travers le monde.  Illustrant son propos, il a indiqué que son pays ne comptait que huit millions d’habitants pour un territoire de 464 000 km2, soit l’équivalent des 377 975 km2 du Japon ou 300  000 km2 des Philippines beaucoup plus peuplés.  Il a expliqué que son gouvernement, en réponse aux préoccupations du Secrétaire général sur la sécurité alimentaire mondiale, s’est efforcé pour la première fois de contribuer à la résolution de ce problème imminent en mettant davantage l’accent sur le développement du secteur agricole.  Il s’est dit conscient que cette démarche offrira non seulement une source de revenus pour l’économie, mais aussi un canal pour autonomiser la majorité des communautés rurales grâce à l’introduction de méthodes agricoles innovantes dans la production de cultures, de bétail et de la volaille, tout en favorisant la lutte contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire.

Le Premier Ministre a aussi dit l’importance des océans en expliquant que la Papouasie-Nouvelle-Guinée, en tant que nation maritime, est fortement engagée à assurer que les zones maritimes restent sûres, sécurisées et pacifiques, dans l'esprit de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  Notant que cet océan fournit des opportunités économiques inestimables, il a appelé les pays développés à aider la Papouasie-Nouvelle-Guinée à accéder aux ressources, à la recherche, à la science et à la technologie, et au financement pour renforcer la protection des océans et exploiter l’économie basée sur eux.  Il s’est ensuite félicité du succès de la deuxième Conférence sur les océans.

En ce qui concerne le processus de paix de Bougainville, le Premier Ministre a indiqué que son pays allait examiner toutes les questions selon les paramètres existants de sa Constitution, dans le souci de parvenir à une solution politique durable et pacifique acceptable par la population.  Il a remercié les Nations Unies pour leur rôle, se disant persuadé que le modèle mélanésien de résolution des conflits peut être reproduit dans d’autres pays en conflit.  En outre, M. Marape a souhaité rendre hommage à la mémoire de la Reine Elizabeth II qui était pendant 47 ans la Chef de l’État de la Papouasie-Nouvelle-Guinée.

M. IRAKLI GARIBASHVILI, Premier Ministre de la Géorgie, a rappelé qu’en 2008, son pays a été attaqué par la Fédération de Russie, entraînant l’occupation continue de 20% du territoire.  Il a estimé que les discussions internationales de Genève sont particulièrement cruciales pour amener la Fédération de Russie autour de la table et traiter de la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu de 2008 négocié par l’UE.  Il s’est félicité des avancées que connaît la Géorgie, classée au premier rang mondial en termes de transparence budgétaire par l’Open Budget Index, tandis que le rapport Economic Freedom of the World 2021 du Fraser Institute classe la Géorgie parmi les cinq premières économies, avec Singapour et la Suisse.  Nous poursuivons notre chemin sans équivoque vers l’Union européenne et l’intégration euro-atlantique, a-t-il ajouté, notant que la perspective d’adhérer à l’UE est une motivation forte pour son pays et ses citoyens.

En outre, les politiques judicieuses du Gouvernement ont entraîné une forte reprise après la pandémie de COVID-19, avec une croissance économique atteignant 10,4% en 2021 et dépassant de loin les attentes.  Selon le FMI, nos projections de croissance vont jusqu’à 9% pour 2022, a dit le Premier Ministre, principalement en raison des mesures proactives du Gouvernement pour minimiser les impacts de la reprise post-COVID et de la guerre en Ukraine.  M. Garibashvili a ensuite indiqué que depuis le début de la guerre, la Géorgie a fourni une aide humanitaire substantielle à l’Ukraine, ainsi qu’une aide financière et l’hébergement à plus de 32 000 Ukrainiens.  Malgré la situation complexe de notre région, nous ne ménageons aucun effort pour favoriser le rapprochement entre nos voisins, a ajouté le Premier Ministre qui a salué le retour sain et sauf de 15 détenus arméniens dans leur patrie en échange de cartes des territoires minés transmises à l’Azerbaïdjan.  En Géorgie, notre Gouvernement a par ailleurs réalisé d'importants investissements dans l’éducation, la santé publique, et l’environnement pour faire en sorte que les générations futures puissent prospérer, a conclu le Premier Ministre.

M. JONAS GAHR STØRE Premier Ministre de la Norvège, a souligné que la guerre menée par la Russie en Ukraine amplifie d’autres crises, tandis que 300 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire et de protection.  La Norvège, a-t-il indiqué, a alloué davantage de fonds à l’aide humanitaire et la coopération au développement en 2022 que jamais auparavant.  Nous prouvons que les démocraties ne sont pas « faibles » et en tant que premier fournisseur européen d’énergie, nous renforçons la résilience de l’Europe.

La Norvège poursuit aussi ses efforts de consolidation de la paix, ailleurs sur la planète, notamment au Moyen-Orient et en Colombie, a ajouté le Premier Ministre qui a souligné que son pays place, en tête de son programme de coopération au développement, la lutte contre les changements climatiques et la sécurité alimentaire.  Cette année, la Norvège alloue plus de 300 millions de dollars pour les seules initiatives de sécurité alimentaire.

Nous allons, a encore dit le Premier Ministre, honorer non seulement notre engagement à réduire nos émissions de gaz à effet de serre, mais aussi doubler notre financement climatique en faveur des pays en développement d’ici à 2026.  En tant que coprésidente de l’Alliance mondiale de l’énergie pour les hommes et la planète, la Norvège travaillera avec des partenaires du Sud pour soutenir la transition énergétique.

Une gestion « adéquate » des océans peut être un élément essentiel de la solution aux changements climatiques et à l’insécurité alimentaire, a estimé le Premier Ministre.  Dans cet esprit, les membres du Groupe de haut niveau pour une économie océanique durable, coprésidé par la Norvège, se sont engagés à gérer 100% des zones océaniques sous leur juridiction nationale de manière durable.  La Norvège s’efforcera en outre de garantir un accord efficace sur la lutte contre la pollution plastique par une approche fondée sur le cycle de vie.

La pandémie n’est pas terminée, a mis en garde le Premier Ministre : « nous ne pouvons pas passer de la panique à la négligence ».  Les leçons tirées de l’accélérateur ACT seront essentielles pour prévenir et répondre aux nouvelles épidémies.  Concluant, le Premier Ministre s’est réjoui que le Conseil de sécurité, dont la Norvège est actuellement membre, ait conservé sa capacité d’adopter des résolutions importantes.  Il s’est également félicité du rôle de son pays dans la sécurisation du golfe de Guinée ou encore au Niger et dans l’élaboration de la résolution relative à la protection de l’éducation dans les conflits armés.  Le Sommet de l’avenir prévu en 2024 constituera une étape importante et il faut espérer qu’il accouchera d’une déclaration « ambitieuse » sur les générations futures, a dit le Premier Ministre.

Mme MIA AMOR MOTLEY, Première Ministre et Ministre de la sécurité nationale, de la fonction publique, des finances, de l’économie et des investissements de la Barbade, s’est élevée contre ceux qui se plaignent du haut de cette tribune, au lieu de faire preuve de la volonté requise pour changer la donne.  Vouloir la paix, défendre et garantir la prospérité est certes un choix à opérer dans les circonstances les plus difficiles.  Mais, a estimé la Première Ministre, c’est possible.  Par exemple, nous parlons depuis longtemps de la réforme des Nations Unies, créées lorsqu’il n’y avait qu’un quart des États que nous connaissons aujourd’hui.  Le Président Joseph Biden l’a dit lui-même, a rappelé la Première Ministre: il faut réformer le Conseil de sécurité qui, a-t-elle fait observer, réserve toujours le droit de véto à une poignée de privilégiés.  Militant pour la suppression pure et simple de ce droit, la Première Ministre s’est ensuite tournée vers le G7 et le G20, « organes subsidiaires directeur de notre monde ».

Ces groupes, a-t-elle estimé, doivent comprendre qu’il ne suffit pas d’appeler année après année à l’intégration des petits pays et de ceux du Sud.  Il faut changer les choses et redonner son sens à l’équité et à la justice, au risque de voir une grande partie de la population mondiale perdre sa foi dans les institutions.  Parler de démocratie, c’est bien mais la transposer dans la communauté internationale, c’est mieux, a martelé la Première Ministre.

Ce n’est pas du romantisme mais une chose difficile à réaliser qui nécessite des décisions tout aussi difficiles.  Le monde doit être uni dans l’action, a-t-elle dit, pressant à la matérialisation des décisions sur la réforme, la paix et le règlement des conflits pour que les populations sortent enfin de la pauvreté, de la crise climatique, de la pandémie et de cette inflation qui contraint certains à prendre les choses en main comme c’est le cas en Haïti.

Il est inconcevable, s’est emportée la Première Ministre, de voir les prix du carburant augmenter de 150% et de ne pas s’attendre à une explosion de colère.  Qu’a-t-on fait pour Haïti?  Quid de la levée du blocus contre Cuba, en vigueur depuis 60 ans?  Renoncez, a-t-elle conseillé aux Américains, à votre « court-termisme », car rien ne saurait justifier les problèmes que vivent les Cubains pour une simple différence d’idéologie.  La Première Ministre a poursuivi en se demandant s’il n’est pas temps d’analyser les institutions de Bretton Woods qui ne servent plus les intérêts du XXIe siècle.  Venant aux changements climatiques, elle a prévenu que réfuter la nature humaine de la crise du climat, c’est être complice des morts et de la dégradation de l’environnement.  « Nos populations méritent mieux », a-t-elle tranché.

M. LAZARUS MCCARTHY CHAKWERA, Président du Malawi, a dit que son pays a rejoint la Feed the Future Initiative pour bénéficier de financements destinés à mettre en valeur les vastes terres arables du Malawi et les volumes d’eau douce qui permettront de développer des mégafermes.  Il a expliqué que cet effort du Malawi vise à participer à la lutte contre la crise alimentaire mondiale actuelle, en sortant en même temps des millions d’agriculteurs de la pauvreté.  Il s’est félicité que de nombreux investisseurs privés souhaitent se joindre à cette « révolution agricole qui s’annonce au Malawi », avant d’ajouter que la découverte du plus grand gisement de rutile au monde au Malawi annonce un essor imminent de son pays.  Après avoir indiqué l’ambition de son pays de réduire de moitié les émissions d’ici à 2040, le Président a demandé un soutien pour accompagner ses efforts de transition vers l’énergie verte et propre.  Il a aussi parlé des efforts déployés par le Malawi pour lutter contre la COVID-19, l’occasion de souligner l’importance cruciale du renforcement des systèmes de santé pour affronter les prochaines pandémies.  Cela implique des investissements dans les infrastructures de santé et dans la recherche, a-t-il dit, en se félicitant que six pays africains aient été choisis pour produire des vaccins à ARN messagers en Afrique.

S’agissant de la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD), le Président du Malawi a indiqué que son pays a présenté deux examens nationaux volontaires, depuis 2020, pour renforcer ses dispositifs nationaux et rattraper les retards perdus durant la pandémie.  Notre approche collaborative nous permet d’être sur la voie de la réalisation de 60% des ODD, a-t-il fait valoir en indiquant aussi examiner le Plan-cadre de coopération des Nations Unies pour le développement durable pour la période 2024 à 2028 afin qu'il soit en phase avec les plans nationaux liés à la réalisation des ODD.  Après avoir souligné la valeur ajoutée du Programme d’action de Doha pour les pays les moins avancés (PMA) pour aider ces pays à mettre en œuvre les ODD en rattrapant le retard pris, il a invité les délégations, en tant que Président de la Cinquième Conférence des Nations Unies sur ces pays, à y participer à Doha, au Qatar, en mars 2023.  Il s’est dit persuadé que cet événement sera l’occasion de forger des partenariats en vue de trouver des solutions pour les pays vulnérables.  Par ailleurs, il s’est dit fier du rôle joué par le Malawi en tant que copionnier de l’Accord pour un monde en meilleure santé annoncé par Pfizer à Davos, il y a quatre mois, visant à apporter des médicaments de qualité à 1,2 milliard de personnes dans les pays à faible revenu. 

Associant le poids de la dette des pays les plus vulnérables à une forme d’esclavage, le Président du Malawi a rappelé que le Fonds monétaire international (FMI) a invité les « principaux prêteurs mondiaux » à soulager les pays vulnérables de la dette qui les enchaîne dans le contexte de chocs externes incessants et imprévus.  Dans ce contexte, il a félicité la Chine pour avoir respecté l’engagement pris, l’an dernier, lors du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC) d’annuler les dettes de 17 pays africains.

 M. DAVID PANUELO, Président et Chef du Gouvernement des États fédérés de Micronésie, a attiré l’attention sur le fait que la menace la plus persistante pour la sécurité du Pacifique et du monde est le changement climatique anthropique.  À cet égard, il a exhorté les pays développés à renouveler leurs engagements au titre de l’Accord de Paris, et ce, en fournissant des financements adéquats et accessibles pour concrétiser les objectifs d’atténuation et d’adaptation et réparer les dommages déjà causés par les changements climatiques.  Sur ce dernier point, il a proposé que figure à l’ordre du jour de la COP27 la création d’un fonds d’intervention qui deviendrait opérationnel à la date de la COP28.  S’il a rappelé l’urgence de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degrés par le biais d’une réduction durable des émissions de gaz à effet de serre, il a souligné que les communautés les plus vulnérables doivent dès maintenant pouvoir compter sur l’aide internationale pour se reconstruire.

Il a ensuite indiqué que la recherche montre que les seuls efforts pour réduire le CO2 ne suffiront pas pour refroidir la planète à court terme, l’effort devant porter à long terme sur la réduction des émissions de méthane –le deuxième gaz à effet de serre le plus puissant- et de l’utilisation des polluants climatiques, sans quoi le monde ne sera pas en mesure d’atteindre l’objectif de ne pas dépasser la limite supérieure de 2 degrés au cours des deux prochaines décennies.  La Micronésie exhorte tous les pays à mettre en œuvre l’Engagement mondial sur le méthane pour réduire de 30% les émissions de ce gaz d’ici à 2030, a ainsi déclaré M. Panuelo.  Il a rappelé qu’à chacune de ses interventions à la tribune de l’Assemblée générale, il avait demandé aux États-Unis et à la Chine de mettre de côté leurs différends politiques et économiques pour travailler ensemble à la résolution de la crise climatique.  « Votre capacité à coopérer sur les changements climatiques sera nécessaire pour garantir à notre monde qu’il demeure habitable pour les générations futures et pour éviter un irréversible effondrement civilisationnel », a-t-il dit, en s’adressant aux Présidents Biden et Xi.  Enfin, il a jugé impératif que le Comité préparatoire chargé d’élaborer un instrument international juridiquement contraignant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale achèvent rapidement ses travaux.

M. HUSSEIN ABDELBAGI AKOLTHE, Vice-Président du Soudan du Sud, a assuré que l’accord de paix revitalisé signé le 12 septembre 2018 entre le Gouvernement et les groupes d’opposition a mis fin au conflit interne au Soudan du Sud et que les parties restent attachées à sa mise en œuvre.  Grâce à une paix relative, les déplacés internes et les réfugiés sont retournés chez eux volontairement, bien qu’une réintégration plus formelle reste un défi en raison des ressources limitées.  Le Vice-Président a également annoncé que la structure de commandement des forces nationales unifiées a été arrêtée et qu’il s’agit d’une avancée majeure vers la transformation et la régularisation des forces.  De plus, les parties ont convenu d’une feuille de route pour finaliser les tâches restantes de l’Accord de paix, ce qui ouvrira la voie à des élections paisibles, libres, justes et crédibles à la fin de la période de transition en 2025.  Grâce à des actions réfléchies et ciblées, le Soudan du Sud a pu contenir la propagation de la COVID-19 et n’a compté que 17 513 cas confirmés et 138 morts, alors que 45% de la population a été vaccinée à ce jour, a poursuivi M.  Akolthe.  Il a toutefois concédé que la pandémie a eu des effets négatifs sur l’économie, à commencer par une baisse spectaculaire de la production domestique et de la collecte des revenus, suivie d’une augmentation du coût de la vie.

En termes d’action climatique, il a indiqué que le Soudan du Sud, qui est signataire de l’Accord de Paris, a élaboré une stratégie qui s’appuie sur des solutions basées sur la nature, des infrastructures vertes et des voies de redressement socioéconomique centrées sur les changements climatiques et les catastrophes naturelles.  Le pays a connu des inondations importantes les trois dernières années, a-t-il ajouté, avant d’évoquer la grave insécurité alimentaire qui touche plus de 55% de sa population et qui s’est aggravée à cause des inondations, des sécheresses prolongées, de l’insécurité physique et des effets de la COVID-19.

Entouré de pays en proie à des conflits, le Soudan du Sud s’emploie à promouvoir la paix et la stabilité dans la région et au-delà, a poursuivi le Vice-Président.  Ainsi le Soudan du Sud a assuré la médiation du conflit armé au Soudan qui a abouti à la signature de l’Accord de paix de Djouba en 2020 et est prêt à servir de médiateur à nouveau dans le conflit actuel qui oppose l’armée et les Forces pour la liberté et le changement au Soudan.  Le Soudan du Sud a également proposé ses services de médiation pour apaiser les tensions entre l’Égypte et l’Éthiopie au sujet de la construction du Grand Barrage de la Renaissance éthiopienne.  M. Akolthe a aussi parlé de la guerre en Ukraine, soulignant qu’elle a des effets négatifs bien au-delà des frontières de ces deux pays avant d’exhorter la Russie et l’Ukraine à cesser toutes formes d’hostilités et à régler ce différend par un dialogue diplomatique et constructif afin d’éviter des conséquences supplémentaires.

Avant de conclure, le Vice-Président a expliqué que pour atténuer les effets des inondations sur la population et les moyens de subsistance, le Soudan du Sud va faire don de 10 millions de dollars au PAM au profit des populations déplacées.  Il compte toutefois sur le soutien de la communauté internationale pour parvenir à toutes les zones et communautés touchées par les inondations et les sécheresses.  Il a également annoncé que le Président sud-soudanais compte convoquer une conférence de toutes les organisations humanitaires du Soudan du Sud pour coordonner les activités humanitaires, ajoutant que son gouvernement s’engage à assurer la sécurité et la protection des travailleurs humanitaires.

M. PHILIP ISDOR MPANGO, Vice-Président de la République-Unie de Tanzanie, a fait valoir que les causes profondes des tensions géopolitiques croissantes, de l’insécurité alimentaire, du « carnage » environnemental et des changements climatiques sont « la cupidité humaine » et l’unilatéralisme.  À l’approche de l’échéance de 2030, le monde est encore loin des objectifs de développement durable, a-t-il regretté.  L’impact de la pandémie de COVID-19 nous a montré l’importance de disposer d’infrastructures sanitaires robustes, assorties de capacités nationales et régionales renforcées permettant de produire et de distribuer les vaccins et médicaments nécessaires.

Malgré les efforts d’adaptation et d’atténuation déployés par la Tanzanie, nous observons des changements climatiques sans précédent dans toutes les régions du monde, s’est inquiété M. Mpango.  Les pays les plus vulnérables, dont la Tanzanie, sont touchés de manière disproportionnée et n’ont pas la capacité de répondre efficacement aux problèmes qui en découlent.  Le Gouvernement tanzanien consacre déjà 500 millions de dollars par année aux mesures d’adaptation, et jusqu’à 3% de son PIB aux mesures d’atténuation et de renforcement de la résilience.  Le Vice-Président a appelé à cet égard à lever l’opposition au financement et à la mise en œuvre de projets visant à exploiter les gisements d’hydrocarbures de la Tanzanie afin de répondre à ses besoins en matière de développement.  Il a également demandé que les marchés du carbone opèrent de façon transparente afin que l’Afrique bénéficie équitablement de ses efforts.

S’agissant de la paix et de la sécurité, M. Mpango a jugé que l’impact des conflits récents sur les chaînes d’approvisionnement mondiales ainsi que sur les prix des denrées alimentaires et des carburants démontre que nous avons tous un intérêt dans leur résolution pacifique.  En tant que membre du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), la Tanzanie entend poursuivre sa contribution aux opérations de maintien de la paix et appelle l’ONU à renforcer son soutien aux initiatives régionales en ce sens.  Estimant par ailleurs que la crédibilité des Nations Unies repose sur un Conseil de sécurité « représentatif et réactif », le Vice-Président a réitéré la position africaine commune concernant les réformes tant attendues.

Mme JESSICA ALUPO, Vice-Présidente de l’Ouganda, a déclaré que les changements climatiques restent l’un des plus grands défis de notre temps.  Le continent africain, en dépit d’une contribution insignifiante aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, en subit les effets de manière disproportionnée, a-t-elle déploré.  L’Ouganda, frappé par des sécheresses, des inondations et des glissements de terrain, a continué d’investir dans des mesures d’adaptation et d’atténuation, sachant que ces mesures doivent respecter le principe de responsabilités communes mais différenciées.  La Vice-Présidente a donc demandé aux pays développés de respecter pleinement les engagements pris dans le cadre de l’objectif de 100 milliards de dollars par an, afin d’aider les pays en développement à lutter contre le réchauffement climatique.  Mme Alupo a promis que l’Ouganda continuera à renforcer sa coopération Nord-Sud, Sud-Sud et triangulaire au sein de l’ONU, et, à ce titre, elle s’est réjouie de voir son pays accueillir les dirigeants du Groupe des 77 et la Chine à Kampala, du 10 au 12 décembre 2023.

Préoccupée par la guerre en Ukraine, la Vice-Présidente a soutenu le dialogue, ainsi qu’une « paix équilibrée ».  Elle a dénoncé la mort semée en Afrique par des groupes terroristes tels que les Chabab et les Forces démocratiques alliées (ADF), et assuré que son pays continuera à soutenir l’effort mondial de lutte contre le terrorisme.  L’Ouganda reste activement impliqué dans plusieurs initiatives régionales dont celles de l’Union africaine, de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), de la Communauté de l’Afrique de l’Est et de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs.  Des conflits ont conduit à un afflux de réfugiés en Ouganda, a encore regretté Mme Alupo: le pays compte aujourd’hui plus de 1,5 million de réfugiés, soit « la plus grande population de réfugiés d’Afrique », et « la troisième du monde ».  L’Ouganda travaillant à traiter les causes de la crise des réfugiés, la dirigeante a demandé à la communauté internationale de continuer à soutenir ses efforts dans la région.  Enfin, elle a jugé la réforme du Conseil de sécurité plus impérative que jamais.  L’Afrique, avec plus de 1 milliard de citoyens et plus de 70% des questions inscrites à l’ordre du jour du Conseil, continue de subir « l’injustice historique » de n’avoir aucune représentation dans la catégorie des membres permanents du Conseil, et d’être également sous-représentée dans la catégorie des membres non permanents.

M. JOSE GABRIEL CARRIZO JAEN, Vice-Président du Panama, a déclaré que le Panama est un pays de transit pour la migration irrégulière qui voit des milliers de migrants traverser quotidiennement la jungle de Darién, à la frontière avec la Colombie, au cours d’un périple dangereux où ils risquent leur vie.  « Cette situation est aussi exploitée par des organisations criminelles qui se consacrent au commerce de la traite de personnes », a-t-il prévenu.  Face à cette situation, le Vice-Président a expliqué que son gouvernement a adopté une politique d’assistance aux migrants, avec un sens élevé de l’humanité et de solidarité.

Mettant l’accent sur l’importance de préserver la biodiversité et des écosystèmes sains et durables, le Vice-Président du Panama a indiqué que son pays fait partie des trois pays au monde avec un bilan carbone négatif.  Il a précisé que 35% du territoire national et 30,5% de l’espace maritime sont protégés et que plus de 80% de la production d’électricité provient de sources renouvelables.  Panama se place ainsi en huitième position en matière de production d’énergie propre.  « Le programme de transition énergétique du Président Cortizo Cohen a consolidé la place de leader mondial du Panama dans la lutte contre les changements climatiques », a encore dit M. Jaen.  Il a expliqué que les Panaméens étaient conscients de la valeur de leur situation géographique, déterminée par la présence du canal de Panama et le rôle que celui-ci joue dans l’économie mondiale.  Appelant à « arrêter l’écocide » et à faire face aux actions des gros émetteurs de gaz à effet de serre, de ceux qui promeuvent la déforestation, polluent et tuent, le Vice-Président a demandé la création d’un organisme international qui demandera des comptes à ceux qui causent des dommages à la planète et menacent la survie de la terre et des espèces qui l’habitent.

M. ANTÓNIO COSTA, Premier Ministre du Portugal, a dénoncé l’invasion injustifiée et non provoquée de l’Ukraine, opérée en violation flagrante du droit international et de la Charte des Nations Unies.  La gravité des actes commis rend impérative une enquête indépendante, impartiale et transparente afin que ces crimes ne restent pas impunis.  Plutôt que d’intensifier le conflit ou de proférer des menaces de recours aux armes nucléaires, la Russie doit, selon lui, cesser les hostilités et ouvrir un dialogue axé sur la paix.  Le Chef du Gouvernement portugais a ensuite réitéré la solidarité de son pays avec tous ceux qui souffrent des retombées de l’invasion russe.  Il a tenu à préciser que les sanctions imposées à la Russie ne peuvent affecter, directement ou indirectement, la production, le transport et le paiement des céréales et des engrais.  Dans ce contexte, a-t-il poursuivi, nous avons besoin d’un Conseil de sécurité représentatif et fonctionnel, qui soit en mesure de répondre aux défis du XXIe siècle, sans risque de paralysie.  À ses yeux, le Conseil doit intégrer une vision globale de la sécurité, reconnaître le rôle des changements climatiques en tant qu’accélérateur de conflit et prévoir des sièges permanents pour le continent africain ainsi que pour des pays tels que le Brésil et l’Inde, tout en permettant aux petits pays d’être plus équitablement représentés.  En tant que communauté internationale, il est de notre devoir de soutenir les efforts déployés par les nations africaines pour la stabilité de leur continent, a fait valoir M. Costa.  À ce propos, il a plaidé pour une action concertée qui garantirait une assistance aux populations du Sahel affectées des crises sécuritaires et humanitaires.  Il a également jugé que l’évolution de la menace terroriste dans le monde, notamment au Mozambique, au Sahel et dans le golfe de Guinée, nécessite une réponse ciblée des États.  Soulignant la contribution des militaires portugais à la gestion des crises et des conflits, sous l’égide de l’ONU, de l’OTAN et de l’Union européenne, il a rappelé que des soldats de la paix de son pays sont aujourd’hui impliqués dans quatre opérations de maintien de la paix, notamment au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA).

Le Premier Ministre a par ailleurs souhaité que la COP27 à Charm el-Cheikh, en Égypte, ouvre la voie à une répartition plus équilibrée des financements entre l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques.  Le Portugal a été le premier pays à s’engager à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, dès la COP22 à Marrakech, et il entend faire passer de 60% à 80% le poids des énergies renouvelables dans l’électricité consommée d’ici à 2026.  Il s’est félicité de la participation active de tous les États à la deuxième Conférence sur les océans, coorganisée par son pays et le Kenya.  Dans ce même esprit, il a appelé à la conclusion d’ici la fin de l’année des négociations sur un cadre mondial de la biodiversité post-2020 et sur le futur traité relatif à la diversité biologique marine dans les zones situées au-delà de la juridiction nationale.  Enfin, a-t-il indiqué, le Portugal est candidat à un siège non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2027-2028.

M. NIKOL PASHINYAN, Premier Ministre de l’Arménie, s’est focalisé sur la dernière agression non provoquée de l’Azerbaïdjan contre son pays et son impact sur la stabilité dans le Caucase du Sud.  Le 13 septembre, les Forces armées azerbaïdjanaises ont bombardé 36 zones résidentielles à l’intérieur de l’Arménie, a indiqué le Chef de Gouvernement faisant ensuite un bilan détaillé des attaques.  Il existe des preuves de cas de torture, de mutilation de militaires capturés ou déjà morts, de nombreux cas d’exécutions extrajudiciaires et de mauvais traitements de prisonniers de guerre arméniens, ainsi que de traitements humiliants des corps, a-t-il ajouté.  Ces atrocités sont le résultat direct d’une politique de haine et de l’animosité anti-arméniennes fomentée par les dirigeants politiques dans la société azerbaïdjanaise.  Il faut empêcher l’Azerbaïdjan d’occuper davantage de territoires de l’Arménie, a exhorté M. Pashynian, soulignant que le risque d’une nouvelle agression par l’Azerbaïdjan reste très élevé.  Ce pays viole chaque jour le cessez-le-feu, a-t-il accusé, alertant en outre qu’une réaction inappropriée par les organisations de sécurité régionales présente un risque d’escalade supplémentaire.

Le Premier Ministre a ensuite imputé l’échec des efforts de paix à l’Azerbaïdjan qui continue d’occuper des territoires de l’Arménie et de déclarer publiquement que tout le sud et l’est de l’Arménie et même la capitale Erevan sont une terre azerbaïdjanaise.  Selon le point de vue officiel de l’Azerbaïdjan, seulement la moitié de l’Arménie constitue la République d’Arménie, s’est-il insurgé. Or, si l’Azerbaïdjan reconnaissait l’intégrité territoriale de l’Arménie de 29 800 km², nous pourrions signer un traité de paix en reconnaissant mutuellement l’intégrité territoriale de l’autre, a proposé le Premier Ministre.  Malheureusement, avant la formation, l’an dernier, de la commission de la délimitation et de sécurité des frontières, l’Azerbaïdjan occupait plus de 40 km² de territoires arméniens, et depuis qu’elle fonctionne, Bakou a lancé une nouvelle phase d’agression, a dénoncé M. Pashynian, regrettant le silence des partenaires internationaux.  Il a également récusé l’interprétation que fait l’Azerbaïdjan de l’article 9 de la déclaration trilatérale du 9 novembre 2020, concernant la construction de routes terrestres.

Le Premier Ministre arménien a décrié le peu d’attention accordée aux répercussions humanitaires du conflit de 2020 dans le Haut-Karabakh et a appelé à un accès humanitaire sûr et sans entraves pour les agences humanitaires afin d’évaluer la situation humanitaire et d’assurer la protection du patrimoine culturel sur le terrain.  Il a déploré que l’Azerbaïdjan ait empêché le HCR et l’UNESCO d’effectuer une mission de collecte de données et entrave le retour des prisonniers de guerre arméniens.

M. MICHEÁL MARTIN, T.D., Premier Ministre de l’Irlande, a estimé que les maux frappant la communauté internationale n’étaient pas une fatalité, puisque nous « disposons des outils nécessaires » pour y faire face.  Le Premier Ministre s’est félicité des multiples initiatives prises par l’Irlande lors de son mandat au Conseil de sécurité, comme dans le nord-ouest de la Syrie où la volonté politique a porté ses fruits et où une aide humanitaire a pu être acheminée vers 4 millions de personnes.  L’Irlande a soutenu l’adoption d’une déclaration politique sur l’utilisation des armes explosives dans les zones peuplées, a également noté M. Martin.  Adoptée à Dublin le 18 novembre, celle-ci constituera une étape importante dans la protection des populations civiles.  Alarmé par la situation humanitaire et la violence dans la région du Tigré, en Éthiopie, il a répété la détermination de son pays à soutenir une solution politique et à demander des comptes pour les violations flagrantes des droits de l’homme.  Le Premier Ministre a en outre réitéré son engagement en faveur d’une solution des deux États au Proche-Orient.  Un horizon obstrué, selon lui, par la construction de colonies israéliennes.  Il a regretté qu’en dépit du mandat de la Mission de l’ONU en Afghanistan, la population voyait ses droits reculer, notamment les femmes et les filles non scolarisées.

Préoccupé par les risques découlant des combats à proximité d’installations nucléaires en Ukraine, le dirigeant a fustigé l’invasion « illégale de l’Ukraine par la Russie », et dénoncé l’opposition russe à la conclusion d’un accord sur la non-prolifération nucléaire, le mois dernier.  La guerre en Ukraine, selon M. Martin, ne saurait être réduite à une préoccupation « occidentale », car tous les États devraient craindre un monde où « le fort peut intimider le faible ».  La planification de référendums dans l’est de l’Ukraine pour en modifier les frontières « montre que la Russie se comporte comme un État voyou », a-t-il poursuivi.  Face à l’insécurité alimentaire, l’Irlande a réagi en augmentant son aide humanitaire, offrant notamment 78 millions d’euros pour la Corne de l’Afrique, a noté M. Martin.  L’Irlande s’est en outre engagée à verser 50 millions d’euros supplémentaires pour lutter contre la malnutrition aiguë des enfants, a-t-il rappelé.  « Nous avons fait de la question de la faim et des conflits une priorité de notre mandat au sein du Conseil de sécurité », a résumé le Premier Ministre.  Enfin, en matière de santé mondiale, Dublin a annoncé une nouvelle contribution de 65 millions d’euros au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

M. ROBERT ABELA, Premier Ministre de Malte, a fait part du plein engagement de Malte à contribuer au rétablissement et au maintien de la paix, de l’ordre et de la sécurité dans le monde.  En tant qu’État insulaire en Méditerranée, son pays a subi les effets des conflits dans la région méridionale, a-t-il rappelé, évoquant les guerres et la violence qui ont causé des dommages irréparables en Libye, en Syrie et au Yémen, et entraîné une migration massive.  Après des décennies de paix en Europe continentale, la guerre en Ukraine nous rappelle que la paix ne peut jamais être considérée comme acquise, a-t-il ajouté, craignant, si rien n’est fait, que l’instabilité ne s’étende aux régions voisines.

M. Abela a appelé à ne pas oublier d’autres régions et pays qui requièrent « notre attention et notre action », notamment la Libye, pays voisin de Malte.  Sous les auspices de l’ONU et sans l’interférence d’acteurs étrangers, ce pays et son peuple devraient connaître une transition vers des temps plus stables et prospères, a-t-il espéré.  À cette fin, des décisions doivent être prises pour mettre immédiatement de côté les intérêts particuliers en Libye, une fois pour toutes.  Le Premier Ministre s’est encore inquiété des pénuries consécutives à la guerre en Ukraine, eu égard à leur impact sur les petits pays insulaires comme le sien.  Nous continuerons à fournir une aide humanitaire aux civils innocents, a-t-il assuré, en condamnant les récentes déclarations de la Russie qui ne sont pas de bon augure.  Alors que Malte est sur le point d’entamer son mandat de deux ans au Conseil de sécurité, son gouvernement a l’intention de faire tout ce qui est en son pouvoir pour que les changements climatiques restent à l’ordre du jour de la paix et de la sécurité internationales.  « Nous nous attacherons tout particulièrement à combler le fossé entre la science, la politique et l’élaboration des lois afin de répondre aux préoccupations en matière de sécurité mondiale, notamment en ce qui concerne l’océan, qui constitue le plus grand habitat de notre planète », a assuré le dirigeant.

Face à la multiplicité et à la diversité des défis et dangers auxquels l’humanité est confrontée, M. AHMAD NAWAF AL-AHMAD AL-SABAH, Premier Ministre du Koweït, s’est félicité que le Secrétaire général ait pris l’initiative de « Notre Programme commun » pour permettre la réalisation des objectifs de développement durable sur la base la plus large.  Il a également rappelé l’adhésion de son pays aux principes du droit international et de la Charte des Nations Unies, avant d’exprimer sa préoccupation quant à la situation en Ukraine et ses répercussions sur la sécurité et la stabilité.  Rejetant l’utilisation de la force ou la menace d’un tel recours pour résoudre les conflits entre pays, il a assuré que le Koweït soutient tous les efforts de l’ONU et des acteurs internationaux pour trouver une issue pacifique à cette crise.  L’histoire contemporaine a prouvé que les mécanismes de médiation et de dialogue étaient toujours le meilleur choix pour résoudre les conflits, quelle que soit leur durée, a-t-il souligné.  À cet égard, il a averti que les tensions resteront vives au Moyen-Orient tant que le peuple palestinien ne jouira pas de ses droits légitimes et qu’Israël, Puissance occupante, ne cessera pas ses violations du droit international humanitaire.  Il a donc plaidé pour une relance des négociations dans un délai déterminé, afin de parvenir à une paix juste et globale, conformément aux résolutions de la communauté internationale et à l’Initiative de paix arabe.

Évoquant ensuite la crise syrienne, entrée dans sa douzième année, le Premier Ministre a dénoncé l’absence d’unanimité et de volonté internationale sur cette situation ainsi que la fréquence des interventions extérieures.  Après avoir répété qu’il n’y a pas de solution militaire à cette crise, il a souligné l’urgence de parvenir à un règlement politique, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, en particulier la résolution 2254 (2015), afin de réaliser les espoirs et aspirations du peuple syrien.  Saluant par ailleurs la trêve conclue au Yémen sous les auspices de l’ONU, il a plaidé pour une solution politique globale basée sur les trois références convenues, à savoir l’Initiative du Conseil de coopération du Golfe et son mécanisme de mise en œuvre, les résultats du Dialogue national et les résolutions du Conseil de sécurité, notamment la résolution 2216 (2015).  Il a également invité la République islamique d’Iran à se conformer aux règles de bon voisinage contenues dans la Charte des Nations Unies et, dans ce cadre, à entamer un dialogue fondé sur le respect de la souveraineté des États et la non-ingérence dans leurs affaires intérieures.  Pour finir, il a souhaité un plein succès à la Coupe du monde de football qu’organisera en novembre le Qatar, non sans rappeler qu’il sera le premier pays arabe et musulman à accueillir une telle compétition internationale.

M. PEDRO SÁNCHEZ PÉREZ-CASTEJÓN, Président du Gouvernement du Royaume d’Espagne, a d’abord dénoncé l’agression non provoquée de la Fédération de Russie contre l’Ukraine et refusé toute légitimité aux référendums que Moscou s’apprêterait à organiser dans les territoires occupés ukrainiens.  Appelant ensuite à un engagement en faveur de la santé mondiale, il a relevé que les vaccins ont permis d’inverser le pessimisme d’un monde qui se demandait si les choses reviendraient un jour à la normale.  Grâce au Mécanisme COVAX, plus de deux milliards de doses ont été allouées aux pays en développement, permettant de contrôler la propagation du virus dans de nombreux pays.  Il a annoncé que l’Espagne contribuera à hauteur de 15 millions d’euros au Fonds pour la prévention, la préparation et la réponse aux pandémies, et consacrera, au cours des trois prochaines années, plus de 237 millions d’euros de son aide publique au développement aux questions liées à la santé, dont 130 millions d’euros pour le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

M. Pérez-Castejón s’est ensuite inquiété des risques d’aggravation de la crise alimentaire et a fait savoir que son gouvernement mobilisera 151 millions d’euros en dons et 85 millions d’euros en prêts, au cours des trois prochaines années, pour y faire face.  En outre, l’Espagne consacrera 0,7% de son revenu national brut à l’aide publique au développement d’ici à 2030.  S’agissant du défi de l’urgence climatique et la nécessité de favoriser une transition écologique, il a jugé essentiel d’empêcher les pays d’utiliser leurs ressources énergétiques comme une arme de guerre comme le fait le régime de Putin.  Il a proposé la création d’une alliance internationale pour la résilience à la sécheresse afin de promouvoir l’innovation, le transfert de technologies et la mobilisation des ressources pour lutter contre la sécheresse dans les pays exposés à cette menace.  Cette initiative sera présentée à la COP27 en Égypte, a-t-il indiqué.

Le Président du Gouvernement espagnol a aussi abordé la question de la transformation numérique et son impact sur l’avenir de l’éducation et de l’emploi, indiquant que le Centre technologique des Nations Unies pour la numérisation de l’éducation sera prochainement établi à Barcelone.  Il a ensuite annoncé l’adoption prochaine d’une nouvelle loi pour la garantie intégrale de la liberté sexuelle et d’une loi sur la santé sexuelle et reproductive.  À cet égard, l’Espagne versera 100 millions d’euros au cours des trois prochaines années à des organisations telles qu’ONU-Femmes.

Au plan international, le Président du Gouvernement espagnol a souligné l’importance de soutenir les pays d’Amérique latine et des Caraïbes en matière de démocratie et la lutte contre le trafic de drogue.  Concernant le Sahara occidental, il a appuyé une solution politique mutuellement acceptable dans le cadre de la Charte des Nations Unies et des résolutions du Conseil de sécurité.  En ce qui concerne Gibraltar, le 31 décembre 2020, l’Espagne et le Royaume-Uni sont parvenus à un accord bilatéral pour jeter les bases des relations futures de ce territoire avec l’Union européenne, a rappelé M. Pérez-Castejón.

M. ANDREW HOLNESS, Premier Ministre de la Jamaïque, a rappelé que les petits États insulaires en développement (PEID) et certains pays à revenu moyen étaient particulièrement vulnérables aux chocs climatiques et aux chocs économiques externes, qui affectent de manière disproportionnée leur budget et ont des conséquences désastreuses pour les infrastructures.  Il a plaidé pour une approche exhaustive et ciblée afin de permettre l’accès aux financements et indiqué son soutien au Groupe de haut niveau chargé d’élaborer un indice de vulnérabilité multidimensionnel.  M. Holness a noté que la Jamaïque appliquait « une grande discipline fiscale » afin d’abaisser son ratio dette-PIB.  Il a insisté sur le fait que les changements climatiques étaient une menace existentielle pour les États insulaires et que ceux-ci ne pouvaient pas inverser seuls la trajectoire, avant de souligner l’importance de la protection et de l’utilisation durable de l’océan.

Le Premier Ministre a estimé que la lutte contre la fracture numérique devrait être une priorité et appuyé les travaux de l’ONU en vue d’élaborer un traité sur la cybersécurité.  Par ailleurs, il a attiré l’attention de l’Assemblée sur le fait qu’un certain nombre de pays en Amérique latine et dans les Caraïbes étaient exposés à une épidémie de crimes et de violence nécessitant une réponse de santé publique.  La disponibilité d’armes à feu exacerbant ce fléau, il a exhorté à mener « une guerre contre les armes ».

Préoccupé par la situation en Haïti, M. Holness a appelé à travailler en étroite collaboration avec cet État pour lui apporter un soutien significatif et cohérent.  Il a également appelé à la fin des sanctions commerciales et financières contre Cuba.  Il a par ailleurs réaffirmé sa détermination à la reconnaissance d’une justice réparatrice pour restaurer la dignité des personnes d’ascendance africaine, notant qu’il s’agissait là d’une « obligation morale pour les États ayant bénéficié des injustices du passé ».  Cette question complexe requiert, selon lui, des solutions créatrices.  Enfin, la Jamaïque a proposé que le 17 février soit reconnu comme la « Journée internationale de la résilience du tourisme ».

M. ALEXANDER SCHALLENBERG, Ministre des affaires européennes et internationales de l’Autriche, a commencé par déplorer le retour de la guerre en Europe.  En s’en prenant brutalement à l’Ukraine, pays indépendant et souverain, la Russie essaie de redessiner les frontières à l’aide de chars et de roquettes, ce que le monde n’avait plus vu depuis l’invasion du Koweït par Saddam Hussein, a-t-il tonné, dénonçant le « chantage nucléaire » de Moscou ainsi que son recours à de faux « référendums », en violation flagrante du droit international.  Alors que nous pensions avoir tiré les leçons de deux guerres mondiales, nous devons admettre que nous avons peut-être été naïfs, voire idiots, a concédé le Ministre, avant d’affirmer que ce conflit en Europe n’est pas une guerre européenne, mais une attaque contre l’ordre international fondé sur des règles.  Cette violation flagrante et délibérée de la Charte des Nations Unies a, en outre, été commise par un membre permanent du Conseil de sécurité, ce qui, selon lui, remet en question les fondements mêmes de notre sécurité et de notre stabilité.  Un tel monde, où l’état de droit risque d’être remplacé par la loi de la jungle, représente une menace fondamentale pour nous tous, en particulier pour les petits pays comme l’Autriche, a-t-il averti, ajoutant que l’agression russe atteint aussi les pays les plus vulnérables de la planète en les plongeant dans des pénuries alimentaires, énergétiques et financières.  À cet égard, M. Schallenberg a fustigé les mensonges selon lesquels cette triple crise serait liée aux sanctions imposées à la Russie par l’Union européenne.  Il n’y a pas de sanctions européennes sur les exportations de céréales, d’oléagineux, d’engrais ou de gaz vers des pays tiers, a-t-il rectifié, non sans accuser Moscou d’utiliser cyniquement la nourriture et l’énergie comme une arme, poussant des millions de personnes à travers le monde dans la pauvreté, la faim et l’endettement.  « Même l’Union soviétique n’est pas allée aussi loin », a-t-il asséné.

Face aux crises sanitaires, alimentaires et énergétiques, à la flambée du coût de la vie, aux changements climatiques et à la perspective d’une récession économique, le Ministre a appelé à prendre rapidement des « contre-mesures », non seulement au niveau national mais aussi dans le cadre d’une solidarité mondiale.  Cette année, l’Autriche dépensera plus que jamais pour l’aide au développement et l’aide humanitaire, a-t-il dit, reconnaissant toutefois qu’aucun gouvernement ne peut relever seul les défis actuels.  Ce dont nous avons besoin, c’est d’un système multilatéral qui fonctionne, d’un ordre international fondé sur des règles avec l’ONU en son centre, a souligné le chef de la diplomatie autrichienne, pour qui la guerre en Ukraine n’est pas un conflit Est-Ouest ou Nord-Sud.  De même, il n’y a pas de droit international « de première ou de seconde classe », a-t-il renchéri, avant d’exiger que des comptes soient rendus pour les crimes commis à Boutcha ou à Alep.  Se disant fier que Vienne accueille la Commission d’enquête des Nations Unies sur l’Ukraine, il a assuré que son pays continuera à soutenir activement les efforts de la Cour pénale internationale (CPI) pour faire la lumière sur les actes sauvages perpétrés en Ukraine.  Avant de conclure, il a indiqué que l’Autriche briguera un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité lors des élections de 2026.

M. MARCELO EBRARD CASAUBÓN, Ministre des affaires étrangères du Mexique, a rappelé que le contexte actuel était marqué par une sécurité sanitaire affaiblie par la pandémie, une menace alimentaire généralisée et une hausse des tensions géopolitiques entre les principales puissances.  Il a affirmé que la guerre en Ukraine présente un risque de catastrophe nucléaire et a une incidence sur la disponibilité des aliments et de l’énergie.  Il a noté que le Conseil de sécurité n’avait pas pu s’acquitter de son mandat, puisqu’il n’avait pas réussi à prévenir la guerre et faciliter les négociations.  Il a rappelé que, face à cette paralysie, une session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale a été organisée, donnant lieu à l’adoption de la résolution ES-11/2.  Insistant néanmoins sur le fait que ces mesures étaient insuffisantes, il a proposé qu’un caucus de chefs d’États et de gouvernements appuie l’effort du Secrétaire général afin de créer un canal diplomatique complémentaire pour réduire les tensions et permettre une médiation.

Le Ministre a indiqué que le Mexique avait, depuis deux ans, soumis au Conseil des questions souvent délaissées, telles que la pauvreté, la corruption et l’inégalité comme facteurs sous-jacents des conflits, la santé mentale comme objectif incontournable de l’aide humanitaire et l’importance de la notion de masculinité pour prévenir la radicalisation et le terrorisme.  Il s’est aussi inquiété de la disponibilité des armes de petit calibre qui constituent une menace à la paix et à la sécurité internationales et a appuyé la résolution 2616 (2021) visant à respecter les embargos sur les armes à feux et à renforcer les capacités des autorités nationales à lutter contre le trafic et le détournement d’armes.

Poursuivant, M. Casaubón a exhorté à une réforme du Conseil de sécurité, notant que sa paralysie était liée à l’abus du droit de véto. Il a indiqué que le Mexique et la France continuaient de plaider pour que les membres permanents s’abstiennent de recourir au véto dans les situations d’atrocités de masse et invité les États qui ne l’ont pas encore fait à rejoindre cette initiative, qui est déjà soutenue par 106 États. Il a ensuite rappelé que l’Assemblée générale s’est réunie à deux reprises dans le cadre de l’application de la résolution 76/262 qui stipule que chaque fois qu’un véto est enregistré au Conseil de sécurité, l’Assemblée générale se réunisse rapidement pour discuter de la question.

M. Casaubón a ensuite regretté le manque de volonté politique, en particulier de la part des États dotés de l’arme nucléaire, pour parvenir à des accords permettant d’atteindre l’objectif du désarmement, déplorant que la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires n’eût pas abouti à un texte alors que les menaces nucléaires sont particulièrement importantes.

 M. ABDULLATIF BIN RASHID AL ZAYANI, Ministre des affaires étrangères du Bahreïn, a estimé que l’instauration d’une paix juste et globale dans la région du Moyen-Orient dépend essentiellement du règlement du conflit israélo-palestinien conformément à la solution des deux États, aux résolutions internationales pertinentes et à l’Initiative de paix arabe.  Sur la base de ces principes, a expliqué le Ministre, Bahreïn a pris des initiatives sérieuses en organisant l’atelier sur la « Paix et la prospérité », en signant les Accords d’Abraham et la Déclaration de soutien à la paix, qui est entrée dans sa troisième année, confirmant l’importance de la coopération plutôt que de la confrontation.  Il s’est également agi, a-t-il poursuivi, d’établir des partenariats solides afin de répondre aux aspirations des peuples à la sécurité, à la coexistence pacifique, à la prospérité et au développement durable.  À cet égard, Bahreïn salue la trêve au Yémen, avec le soutien et le parrainage de l’ONU, en ligne avec l’initiative de l’Arabie saoudite pour trouver une solution politique globale et durable à la crise, conformément à l’Initiative du Conseil de coopération du Golfe, aux résultats du dialogue national approfondi et à la résolution 2216 (2015) du Conseil de sécurité.

M. Al Zayani a confirmé l’intérêt de son pays pour l’établissement de relations amicales et équilibrées avec tous les pays de la région du Moyen-Orient, y compris la République islamique d’Iran, en demandant à l’Iran de coopérer pleinement avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et d’œuvrer pour que la région, y compris le golfe Arabo-Persique, soit exempte d’armes de destruction massive.  Le Ministre a également fait part de son engagement pour réaliser les objectifs de développement durable.  Conscient de l’interdépendance entre l’environnement, les ressources naturelles et la sécurité humaine, alimentaire et hydrique, il a réaffirmé, pour finir, son soutien aux grandes initiatives internationales dans le domaine des changements climatiques, notamment la réduction des émissions de 30% d’ici à 2035, le doublement des espaces verts et l’amélioration de l’utilisation efficace des sources d’énergie renouvelables.

M. JEPPE KOFOD, Ministre des affaires étrangères du Danemark, a souligné le pouvoir de mobilisation unique de l’ONU pour ensuite dénoncer l’agression non provoquée de la Russie contre l’Ukraine et le désespoir qu’elle a suscité.  Il s’est inquiété des dangers que cette guerre a provoqué pour la sécurité du monde, précisant que les pénuries alimentaires constatées autour du monde ainsi que les menaces de famine sont causées par l’agression russe et non les sanctions.  Cette guerre exprime une ambition territoriale et impériale, a encore dénoncé le Ministre qui a dit être préoccupé par la menace proférée hier par Vladimir Putin de recourir à l’arme nucléaire.  Il a exhorté la communauté internationale à défendre l’Ukraine et la Charte des Nations Unies contre la loi du plus fort.  Cette tentative d’agrandir le territoire russe par la force est inacceptable, a martelé le Ministre, qui a ajouté que cette guerre qui se déroule à proximité du Danemark est à l’origine d’un flux de millions de réfugiés en Europe.  Cette agression a également exacerbé d’autres crises mondiales comme les migrations et la flambée du prix des denrées alimentaires.

Nul doute que ce sont les vulnérables et les pays en développement qui en sont les principales victimes comme ce fut le cas durant la pandémie de COVID-19, a observé le Ministre pour qui l’avenir commun repose sur la solidarité.  Il a d’ailleurs fait savoir que le Danemark alloue régulièrement 0,7% de son PIB à l’aide publique au développement depuis 40 ans.  S’agissant de solidarité climatique, il a fait état d’un financement climatique de 500 millions de dollars du Danemark, et a demandé aux pays du G20 de respecter leur engagement sur cette question.  Le Ministre a ensuite annoncé la candidature du Danemark à un siège non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2025 et 2026, une candidature fondée sur la croyance à l’efficacité du multilatéralisme.  Le Danemark est un champion de la réforme du Conseil de sécurité après avoir été champion du système de développement de l’ONU, a rappelé le Ministre qui a dit qu’il présentera cette semaine un système de paiement prévisible des quotes-parts afin d’aider l’ONU de mener son action avec prévisibilité.

Droits de réponse

Exerçant son droit de réponse, le représentant de la République islamique d’Iran a dénoncé les accusations formulées à l’encontre de son pays par Israël, y voyant un moyen pour cet État de justifier ses activités malicieuses dans la région.  Balayant les accusations selon lesquelles l’Iran serait à l’origine de l’instabilité régionale, il a fustigé les agissements d’Israël, qui, selon lui, se rend coupable de violations répétées de la Charte des Nations Unies, notamment par sa politique d’apartheid à l’égard du peuple palestinien.  Le « régime israélien », qui continue de commettre des crimes de génocide, des crimes contre l’humanité et des crimes d’agression, a en outre reconnu mener des opérations de sabotage sur le territoire iranien, tout en agissant avec des groupes terroristes désignés comme tels par le Conseil de sécurité, a poursuivi le représentant.  C’est donc pour couvrir ses actions illégitimes que le « régime israélien » rejette la faute sur l’Iran, a-t-il renchéri, avant de démentir les accusations selon lesquelles le programme nucléaire pacifique iranien constituerait une menace pour la paix et la sécurité internationales.  La seule menace à cet égard vient de la production et du stockage d’armes de destruction massive par Israël, qui est le seul pays à n’avoir pas adhéré au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et qui refuse de soumettre ses installations au régime de garanties de l’AIEA.  Pour le délégué, la communauté internationale doit condamner les déclarations menaçantes d’Israël et exiger qu’il respecte les règles internationales, détruise ses arsenaux dans le cadre d’un régime de vérification et mette fin à ses activités malveillantes dans la région.  Pour sa part, a-t-il ajouté, l’Iran se réserve le droit à l’autodéfense pour répondre à toute menace ou acte illicite commis par le « régime israélien ».  Le représentant a par ailleurs demandé à son homologue du Bahreïn d’utiliser désormais l’appellation Golfe persique pour désigner le golfe séparant l’Iran de la péninsule arabique.

À son tour, la représentante du Maroc, réagissant au droit de réponse algérien concernant le différend régional sur le Sahara marocain, a souligné que l’Algérie était bien partie concernée, ce qui était démontré par le fait qu’elle était mentionnée dans toutes les résolutions du Conseil de sécurité. Elle a affirmé que l’Algérie avait créé le Front POLISARIO, l’accueillait, le finançait et l’hébergeait.  Elle a rappelé que le processus de table ronde avait été acté et confirmé par le Conseil de sécurité et a appelé l’Algérie à y participer de bonne foi, soulignant en outre que la proposition du Sahara marocain était soutenue par plus de 90 États.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Devant le Conseil de sécurité, le Secrétaire général et le Procureur de la CPI rappellent la force du droit face aux « horreurs » commises en Ukraine

9135e séance – matin
CS/15036

Devant le Conseil de sécurité, le Secrétaire général et le Procureur de la CPI rappellent la force du droit face aux « horreurs » commises en Ukraine

À l’occasion d’un Conseil de sécurité organisé au niveau ministériel par la présidence française sur la situation en Ukraine, le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), M. Karim Khan, et une majorité de délégations ont demandé, aujourd’hui, au nom de la lutte contre l’impunité, que les auteurs d’exactions commises en Ukraine soient traduits en justice.  L’annonce de la tenue prochaine de référendums dans plusieurs régions ukrainiennes tenues par les forces russes et la mobilisation partielle décrétée en Russie ont aussi été au cœur de cette séance très dense.

M. Guterres a déclaré que la guerre de la Russie en Ukraine ne montrait aucun signe de répit, avant de qualifier les évènements récents de « dangereux et alarmants ».  Mettant en garde contre un cycle sans fin « d’horreur et de carnage », le Secrétaire général a demandé que toutes les allégations d’exactions en Ukraine fassent l’objet d’une enquête.  Il a jugé indispensable une pleine coopération avec la CPI.

En Ukraine, « le droit est en première ligne et peut assurer la défense des droits fondamentaux des enfants, femmes et hommes », a appuyé le Procureur de la CPI.  Pour M. Khan, « l’enjeu est de montrer à ceux qui tirent des missiles et des coups de feu en Ukraine que le droit s’applique et qu’ils devront rendre des comptes ».  Rappelant que ses équipes étaient à pied d’œuvre pour établir les circonstances précises dans lesquelles les crimes allégués ont pu être commis, il a insisté sur le fait que la CPI n’avait aucune autre motivation que d’agir conformément au Statut de Rome et à la Charte des Nations Unies.  Le processus de collecte d’éléments de preuve et leur analyse a pour but de « percer le brouillard de la guerre afin de présenter dans une enceinte judiciaire la vérité à des juges indépendants de la CPI », a-t-il expliqué.  Il a ensuite indiqué qu’au vu de ses propres observations, des crimes relevant de la Cour avaient très probablement été perpétrés dans ce pays.

De nombreuses délégations ont appuyé le travail de la CPI en Ukraine.  La Ministre des affaires étrangères de la France a rappelé que 43 États avaient saisi cette dernière de la situation en Ukraine, un nombre sans précédent, avant de détailler l’appui que lui apporte son pays.  Affirmant que « la justice doit être notre impératif commun », Mme Catherine Colonna a aussi précisé que la CPI agirait en complémentarité avec la juridiction ukrainienne et d’autres juridictions nationales saisies, dont des juridictions françaises. 

L’appel le plus vibrant a été lancé par le Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, qui a rappelé « qu’à l’heure où nous parlons, des corps continuent d’être exhumés des fosses communes découvertes à Izioum ».  Appuyé notamment par la Lituanie au nom des trois États baltes, M. Dmytro Kuleba a demandé la création d’une juridiction spéciale qui serait saisie de ce crime en vue notamment de juger le Président Putin et son entourage.  « Nous avons toute confiance en la CPI », a-t-il affirmé. 

C’est une position radicalement opposée qu’a défendue le Chef de la diplomatie russe, qui a déclaré que son pays avait perdu toute confiance dans la Cour.  Alors que le Procureur de la CPI avait déclaré: « Les corps que j’ai vus à Boutcha étaient bien réels », M. Sergei Lavrov a parlé de « mise en scène », affirmant que celle-ci ne « faisait de doute pour personne ».  Il a accusé ses collègues occidentaux d’être « tombés dans une espèce d’hystérie » en accusant la Russie et en imposant de nouvelles sanctions, tout en accusant les mêmes Occidentaux d’être restés indifférents aux multiples exactions commises par le « régime ukrainien ».  Il a notamment déclaré que 3 000 signalements de crimes contre les habitants du Donbass avaient été envoyés à la CPI durant les huit dernières années, sans qu’il n’y ait aucune réaction. 

L’ordre de mobilisation partielle de 300 000 hommes annoncé la veille par le Président Putin a été largement commenté.  Là où le Ministre ukrainien a vu un « aveu de faiblesse », le Secrétaire d’État des États-Unis a estimé qu’au lieu de changer de cap, M. Putin avait décidé d’intensifier et d’étendre la guerre.  M. Anthony Blinken a accusé le Président russe de « verser de l’huile sur un feu qu’il a lui-même allumé » et d’avoir « trahi sa parole diplomatique » en annonçant qu’il pourrait recourir à toutes les armes à sa disposition.  « C’est ce même homme qui, en janvier dernier, signait une déclaration disant que la guerre nucléaire ne peut pas être gagnée et ne doit jamais être menée », a-t-il fait observer.

Nombre d’intervenants ont dénoncé le projet de tenir des référendums « frauduleux » dans le Donbass.  « Vous prévoyez de les utiliser pour annexer un territoire ukrainien souverain », a lancé le responsable de la diplomatie britannique, M. James Cleverly, à son homologue russe.  M. Blinken a, pour sa part, dénoncé des « simulacres de référendum » et son homologie du Ghana a déclaré que son pays « ne reconnaîtra aucun territoire acquis unilatéralement et par la force ».  Le Secrétaire général lui aussi s’est dit très préoccupé par ces « prétendus référendums ».

Les délégations ont été unanimes à réclamer un règlement pacifique de ce conflit, qui a des conséquences graves pour le « Sud global », comme l’a rappelé le Ministre des affaires extérieures de l’Inde qui a ajouté:  « Ce ne peut être une ère de guerre ».  La poursuite des hostilités compromet la sécurité alimentaire et énergétique de millions de familles dans les pays en développement, a ajouté son homologue du Brésil.  Pour la Chine, les parties doivent revenir à la table des négociations sans condition préalable et sans préjuger du résultat, en faisant des propositions réalistes, et dans le respect de l’intégrité territoriale de tous les pays.

Les appels à la cessation des hostilités ont été nombreux et lancés sur tous les tons.  « C’est une guerre que vous ne gagnerez pas, alors mettez-y fin! » a lancé la Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne à l’intention de la Russie, tandis que le représentant de l’Union européenne affirmait que, « moralement et politiquement, la Russie a déjà perdu la guerre », avant d’ajouter que, de plus en plus, elle la perd également sur le champ de bataille. 

Nous ne permettrons pas que l’Ukraine soit utilisée comme « forteresse » contre la Russie, a au contraire assuré M. Lavrov, qui a dénoncé la volonté de « l’Occident collectif » de voir son pays défait sur le champ de bataille et y a vu une confirmation du bien fondé de « l’opération militaire spéciale » lancée par son pays.  « Alors que la Russie veut nous monter les uns contre les autres, il nous faut rester unis, a rétorqué le Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, qui a averti les États Membres de tous les continents: « Nous sommes tous dans le même bateau », ajoutant que la neutralité ne saurait être de mise dans les circonstances actuelles.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ DE L’UKRAINE

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a indiqué que la guerre que mène la Russie en Ukraine ne montre aucun signe de répit.  Les événements récents sont dangereux et alarmants et nous éloignent de toute perspective de paix, a-t-il dit, en mettant en garde contre un cycle sans fin d’horreur et de carnage: « Je l’ai dit et je le répète: cette guerre insensée peut faire des dégâts infinis – en Ukraine et dans le reste du monde. »  Le Secrétaire général a fait observer que l’idée d’un conflit nucléaire, autrefois impensable, est aujourd’hui évoquée par certains, ajoutant que « rien que cela est totalement inacceptable ».  Tous les États dotés d’armes nucléaires devraient de nouveau s’engager à ne pas les utiliser et à les éliminer progressivement de leur arsenal, a-t-il ajouté.

Le Secrétaire général s’est également dit très préoccupé par les informations faisant état de plans visant à organiser de prétendus référendums dans des régions d’Ukraine qui ne sont actuellement pas sous le contrôle de son gouvernement.  « Toute annexion du territoire d’un État par un autre État par la menace ou le recours à la force constitue une violation de la Charte des Nations unies et du droit international », a-t-il rappelé. 

M. Guterres a en rappelé que quelque 14 millions de personnes, dont une majorité de femmes et d’enfants, ont dû fuir le conflit.  « La situation ne peut qu’empirer, alors que l’hiver approche et que les approvisionnements en gaz et en électricité s’amenuisent », s’est-il alarmé.  Au niveau mondial, le conflit a provoqué une triple crise, alimentaire, énergétique et financière, qui a précipité des millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté et la faim, réduisant à néant des années de progrès vers le développement. 

« L’ONU travaille sans relâche pour pleinement exploiter toute opportunité d’atténuer les souffrances, notamment lors de mes déplacements en Ukraine, en Fédération de Russie et dans la région, et dans le cadre de mes échanges directs avec le Président Zelenskyy et le Président Putin », a expliqué le Secrétaire général.  L’ONU, a-t-il ajouté, est venue en aide à près de 13 millions de personnes dans le besoin.  Mais il « est essentiel que le personnel humanitaire puisse intervenir en toute sécurité et sans entrave auprès de tous ceux qui ont besoin d’aide, où qu’ils soient », a rappelé M. Guterres.

Le Secrétaire général a qualifié d’extrêmement préoccupantes les informations faisant état de fosses communes à Izioum, en demandant que toutes les allégations de torture, de traitements dégradants et de violence sexuelle fassent l’objet d’une enquête pour lutter contre l’impunité.  Les responsables doivent être traduits en justice de manière juste et indépendante.  À ce titre, la Cour pénale internationale (CPI) a un rôle important à jouer, a poursuivi M. Guterres, en mentionnant l’ouverture d’une enquête par le Procureur.  « Une pleine coopération avec la Cour est capitale. »

Le Secrétaire général a évoqué la situation alarmante à la centrale de Zaporijia, avant de se féliciter de la présence « dissuasive » de l’AIEA sur place.  « Toute attaque contre des centrales nucléaires doit cesser et leur nature purement civile doit être restaurée », a-t-il ajouté, le monde ne pouvant se permettre une catastrophe nucléaire.  Il a salué le récent échange de 250 prisonniers de guerre entre l’Ukraine et la Russie et appelé à faire fond sur ce développement positif.

« La seule façon de mettre fin aux souffrances en Ukraine, c’est de mettre fin à la guerre », a affirmé le Secrétaire général, qui a ajouté qu’il continuerait de faire tout son possible pour la paix, une paix fondée sur le respect du droit international et la Charte des Nations Unies.  Enfin, il a appelé tous les États Membres, en particulier ceux qui sont représentés ici aujourd’hui, à redoubler d’efforts pour empêcher une nouvelle escalade et à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre un terme à la guerre et assurer une paix durable.

M. KARIM KHAN, Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), a qualifié la séance du Conseil de moment à saisir pendant lequel nous devons, ensemble, démontrer la pertinence du droit à ceux qui, en Ukraine, craignent pour leur vie.  Et nous devons aussi montrer sans tarder que le droit est en première ligne et peut assurer la défense des droits fondamentaux des enfants, femmes et hommes, a-t-il ajouté, appelant à cette fin à une action collective. 

Pour M. Khan, l’enjeu est celui-ci: montrer à ceux qui tirent des missiles et des coups de feu en Ukraine que le droit s’applique et qu’ils devront rendre des comptes.  Si nous y parvenons, a-t-il dit, nous aurons, je crois, apporté la preuve de la valeur véritable de l’état de droit en tant que point d’ancrage pour la paix et sécurité. 

M. Khan a rappelé combien la CPI avait pris la mesure de la crise, et cela dès fin février dernier.  Depuis le mois de mars, mon équipe, consciente de l’urgence de la situation, est à pied d’œuvre pour établir, sur le plan médico-légal notamment, les circonstances précises dans lesquelles les allégations de crimes ont eu lieu en Ukraine, y compris les crimes de guerre, pour lesquels il n’y a pas de prescription possible, a-t-il poursuivi.  Depuis mai, a-t-il ajouté, la Cour a une présence permanente sur le terrain pour enquêter, parfois de façon innovante et en dialoguant avec les États de la région et les acteurs du secteur privé comme de la société civile. 

M. Khan a précisé que le processus de collecte d’éléments de preuve et leur analyse a pour but de « percer le brouillard de la guerre afin de présenter dans une enceinte judiciaire la vérité à des juges indépendants de la CPI ».  Ceux-ci pourront alors examiner à leur tour notre travail, a expliqué M. Khan, qui a tenu à rappeler que le travail mené par son bureau est le seul qu’il doit conduire et qu’il conduit effectivement.  La Cour n’a aucune autre motivation que d’agir conformément au Statut de Rome et à la Charte des Nations Unies, a-t-il insisté. 

C’est en suivant les règles et en se rendant sur place que je peux dresser un tableau de l’ampleur de la destruction et des souffrances en Ukraine, a poursuivi le Procureur de la CPI.  Pour lui, et d’après ce qu’il a vu sur place de ses propres yeux, des crimes relevant de la Cour ont très probablement été perpétrés dans ce pays.  À Boutcha, les corps que j’ai vus étaient bien réels, a-t-il dit, et quand j’ai quitté Kharkiv, les bombes que j’ai entendues m’ont permis de toucher du doigt la réalité sinistre et terrifiante que subissent les habitants dans cette zone de guerre. 

Enfin, M. Khan en appelé à l’administration d’une justice humaine, qui fasse en sorte que les civils ne soient pas pris pour cible, à une justice internationale profondément apolitique incarnant les promesses qui sous-tendent la Charte et le Statut.  Au Conseil, M. Khan a demandé que la communauté internationale tienne ses promesses, et à l’humanité tout entière de « planter l’étendard du droit sur le sol international ».  Ne décevons pas ceux qui ont le plus besoin du droit au moment où nous nous parlons, a-t-il conclu. 

 Mme CATHERINE COLONNA, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, qui présidait cette séance, a estimé que l’agression, que la Fédération de Russie a décidé, seule, de mener contre un État souverain, l’Ukraine, qui n’a eu le tort que de vouloir vivre libre, constitue une violation flagrante des normes fondamentales de la Charte des Nations Unies.  Le non-recours à la force, l’intégrité territoriale et la souveraineté sont des principes auxquels nous avons tous souscrits autour de cette table du Conseil, a souligné la Ministre.  Ils ont été, chacun d’entre eux, ouvertement violés, a-t-elle constaté avant de dénoncer les exactions, les destructions d’objectifs civils, les crimes insoutenables qui ont été perpétrés. 

Le message de la France aujourd’hui est simple, a poursuivi Mme Colonna: la justice doit être notre impératif commun.  Il n’y aura pas de paix sans justice.  C’est un impératif pour les victimes qui ont droit à la reconnaissance et à la réparation de leurs souffrances.  La justice est aussi un impératif de sécurité internationale, a poursuivi la Ministre en disant à ceux qui ne voient en cette guerre qu’un simple conflit de plus que « si tout est permis ici, tout le sera davantage ailleurs » et la possibilité d’une guerre d’agression ne fera que croître. 

La justice est aussi un impératif politique, a déclaré la Ministre.  Il faut combattre l’idée même que soient possibles de telles atteintes à notre humanité commune, de tels crimes, qui doivent être combattus en paroles et en actes.  Pour cela, un cadre a été posé, celui d’une justice professionnelle et spécialisée.  À son sommet, la Cour pénale internationale a été saisie par 43 États, dont la France, a rappelé Mme Colonna, qui a fait observer que c’était la première fois qu’autant d’États agissaient ainsi en même temps. 

La CPI agira en complémentarité avec la juridiction ukrainienne et d’autres juridictions nationales saisies, au nombre desquelles les juridictions françaises, a ajouté la Ministre.  La France travaille donc avec de nombreux partenaires pour renforcer dans l’ensemble de ces juridictions la collecte de preuves et le recueil d’informations fiables.  Concrètement, elle a dépêché deux équipes d’enquêteurs à Boutcha en avril dernier, elle a fait don d’un laboratoire mobile d’analyse d’ADN et elle vient de décider d’envoyer une nouvelle mission d’appui à Izioum.  Le soutien de la France s’étend à la CPI.  Il est à la fois financier et humain par la mise à disposition de magistrats.  Son soutien s’étend aussi à l’ensemble des juridictions qui doivent collaborer entre elles, a précisé Mme Colonna en affirmant que « ce que nous faisons a du sens ».  Il s’agit de la lutte contre l’impunité mais aussi de l’intégrité de l’ordre international, a-t-elle fait valoir. 

Le choix de la guerre par la Russie sous de faux prétextes et sa manipulation grossière de notions aussi lourdes que celle de génocide, qui constitue le crime des crimes, interpellent profondément, a poursuivi Mme Colonna, qui a noté que la CPI avait relevé le caractère abusif de cette fausse affirmation.  La même manipulation est à l’œuvre lorsqu’on parle de référendum dans des territoires conquis par la force, a encore estimé la Ministre. 

Face à ceux qui privent les mots de leur sens, notre devoir et notre travail autour de la table du Conseil sont de rendre aux choses leur sens, a déclaré Mme Colonna en concluant son intervention par une citation de l’écrivain russe Alexandre Soljenitsyne.  Elle a dit attendre les conclusions de la CPI, en disant que, dès aujourd’hui, il est possible de dire que les auteurs des crimes ne resteront pas impunis.  Nous le devons aux victimes et il en va de notre sécurité et des principes universels qui nous lient.

M. JONAS GAHR STØRE, Premier Ministre de la Norvège, a déclaré que la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine constitue une violation flagrante de la Charte et du droit international, ainsi que de l’égalité souveraine des États.  Il a réfuté les allégations formulées par le Président Putin selon lesquelles la Russie serait menacée par l’Occident, estimant que cette escalade ne fera qu’accroître les souffrances des Ukrainiens et des Russes.  « La Russie a choisi de commencer cette guerre.  Elle doit maintenant choisir d’y mettre un terme » a martelé le Premier Ministre en évoquant ses conséquences mondiales, telles que la flambée des prix de l’énergie et l’insécurité alimentaire, ainsi que les risques d’une catastrophe nucléaire.  La présence de forces russes à la centrale nucléaire de Zaporijjia compromet gravement la sûreté et la sécurité nucléaires, s’est alarmé M. Støre, tout en saluant le travail de l’AIEA.  Toutefois, l’Initiative de la mer Noire constitue un pas dans la bonne direction. 

Le Premier Ministre a jugé inacceptable la récente escalade des attaques contre des cibles civiles, s’insurgeant contre le recours aveugle à des armes explosives lourdes contre des écoles et des hôpitaux.  Les massacres découverts à Izioum s’ajoutent maintenant aux « horreurs indicibles » révélées à Boutcha, en mars, et dans d’autres endroits précédemment sous occupation russe.  Il a également condamné les « prétendus référendums » prévus dans les régions occupées d’Ukraine, estimant qu’ils seraient contraires au droit international et n’auraient aucune valeur juridique ni aucune légitimité.  « Que cela soit clair: de telles consultations n’affecteraient en aucune façon la souveraineté de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues », a-t-il insisté.  Il a au contraire appelé à ouvrir des enquêtes sur les allégations d’atrocités commises par les forces d’occupation russes et à faire en sorte que les responsables soient traduits en justice.  M. Støre a offert à cet effet son plein appui aux actions entreprises à la fois par la Commission d’enquête internationale indépendante sur l’Ukraine établie par le Conseil des droits de l’homme et par la CPI.

M. MARCELO EBRARD CASAUBÓN, Secrétaire des relations extérieures du Mexique, a souligné la gravité des conséquences de la guerre en Ukraine et plaidé une nouvelle fois pour une solution diplomatique.  L’aide humanitaire reste essentielle, a-t-il dit, avant d’appuyer les efforts de médiation du Secrétaire général.  Il a appelé au respect du droit international, en demandant que les auteurs des crimes commis en Ukraine soient traduits en justice.  La CPI a un rôle capital à jouer, a-t-il dit, en ajoutant que le Mexique suivra de très près les enquêtes ouvertes par le Procureur.  Il a estimé que le dialogue reste possible comme l’ont montré les récents accords sur les exportations de céréales via la mer Noire.  Enfin, M. Casaubón a proposé la création d’un comité de haut niveau pour le dialogue et la paix en Ukraine, rassemblant notamment le Premier Ministre indien et le pape François, afin d’appuyer les efforts de médiation du Secrétaire général.

M. ANTONY J. BLINKEN, Secrétaire d’État des États-Unis, a salué l’unité de l’Assemblée générale contre la guerre en Ukraine et ses conséquences inquiétantes.  Cette semaine, la majorité des États Membres a dit ou dira à la tribune de l’Assemblée que la guerre doit cesser, a-t-il ajouté, même les pays ayant des liens étroits avec Moscou.  Pendant ce temps, au lieu de changer de cap, M. Putin a décidé d’intensifier et d’étendre la guerre en mobilisant 300 000 volontaires, en brandissant la menace nucléaire et en rendant impossible toute solution diplomatique, a dénoncé M. Blinken.  Pour lui, M. Putin « verse de l’huile sur un feu qu’il a lui-même allumé, montrant tout son mépris pour la Charte des Nations Unies ».  Le Secrétaire d’État a estimé que défendre la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, c’est protéger un ordre international, « le nôtre », dans lequel aucun pays ne peut changer le visage de celui d’un autre.  Dans les régions d’Ukraine contrôlées par les forces russes, c’est un monde odieux qui prévaut, et que l’on découvre quand ces forces se retirent et que débute la difficile collecte des preuves de crimes de guerre, a ajouté M. Blinken. 

Témoignant de ce qu’il a vu sur place, le Secrétaire d’État a estimé que seul un usage aveugle et délibéré de la force pouvait provoquer de tels ravages et destructions.  À Izioum, ville contrôlée pendant six mois par les forces russes, 450 tombes anonymes ont été découvertes, renfermant des corps marqués par des traces de torture, a-t-il dit, affirmant que les actes de cette nature se répètent dans tous les territoires contrôlés par les Russes, actes dont les auteurs seront tôt ou tard traduits en justice.  Plus les forces russes connaîtront de revers militaires plus elles infligeront de souffrances aux Ukrainiens, a encore affirmé M. Blinken, qui a condamné les innombrables violations du droit international commises par la Russie. 

Le Secrétaire d’État a déploré que M. Putin ait trahi sa parole diplomatique en annonçant qu’il pourrait recourir à toutes les armes à sa disposition.  C’est ce même homme qui, en janvier dernier, signait une déclaration disant que la guerre nucléaire ne peut pas être gagnée et ne doit jamais être menée, a dénoncé M. Blinken.  Il a qualifié de « menace nucléaire éhontée » les déclarations de M. Putin, et « véritable déni de la diplomatie ».  Il a également condamné la préparation de « référendums croupions » dans le Donbass, qui ne servent en réalité qu’à russifier des territoires ukrainiens vidés de leurs populations ukrainiennes. 

Pour M. Blinken, l’agression de l’Ukraine empêche en outre le système de l’ONU de travailler à la résolution des crises climatique et sanitaire, et d’avancer dans la réalisation des objectifs de développement durable, à laquelle sont si attachés les citoyens du monde et la majorité des États Membres.  Au lieu de nous consacrer à cela, nous voilà confrontés aux risques d’insécurité alimentaire et énergétique provoqués par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, a-t-il accusé. 

Aucun d’entre nous n’a choisi cette guerre: pas les Ukrainiens, pas les États-Unis, ni l’immense majorité des pays à l’ONU, ni les mères et pères russes dont les enfants sont envoyés à la mort, a déclaré le Secrétaire d’État américain.  Après avoir salué le courage des manifestants qui s’opposent à l’ordre de mobilisation de M. Putin en demandant: « Que nos enfants vivent! » il a considéré que c’est le même homme qui a choisi cette guerre qui peut y mettre fin.  Il a conclu son intervention en confirmant que les États-Unis aideront l’Ukraine à se défendre pour, à terme, parvenir à une issue diplomatique, comme le souhaite à juste titre le Président Zelenskyy. 

M. WANG YI, Conseiller d’État et Ministre des affaires étrangères de la Chine, a commencé par réitérer la « position claire et constante » de la Chine sur l’Ukraine, à savoir que l’intégrité territoriale et la souveraineté de tous les pays doivent être respectées, tout comme les buts et principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies.  Dans le même temps, il faut prendre au sérieux les préoccupations sécuritaires de tous les pays.  Il a rappelé que, depuis le début de la crise, la Chine avait apporté une aide humanitaire de 35 millions de yuans à l’Ukraine et qu’elle lui a fourni 15 000 tonnes d’aide humanitaire d’urgence.

En réaction à la situation actuelle, M. Wang Yi a fait quatre propositions.  Tout d’abord, il a dit qu’il faut s’en tenir au dialogue et à la négociation en demandant aux parties de revenir à la table de négociation sans condition préalable et sans préjuger du résultat, en faisant des propositions réalistes.  Il faut ensuite œuvrer de concert en faveur d’une désescalade des tensions, et les parties doivent faire montre de retenue alors que la communauté internationale devra contribuer à créer un espace de règlement politique.  Concernant la sûreté et la sécurité des centrales nucléaire, le Ministre a estimé qu’il n’y avait aucune marge de manœuvre et qu’il fallait absolument éviter tout accident.  En cela la Chine appuie l’AIEA « qui a une position objective et équitable et qui cherche à jouer un rôle positif ». 

En troisième lieu, le Ministre a exhorté la communauté internationale à apaiser la situation humanitaire.  Il est essentiel de respecter le droit international humanitaire et de prévenir toute attaque contre des civils et des cibles civils, a-t-il insisté, ajoutant que les enquêtes sur ces attaques doivent être basées sur des faits et éviter toute politisation.  Il faut enfin continuer de fournir une assistance aux personnes en Ukraine et dans les pays voisins.  La Chine a aussi demandé aux fournisseurs d’énergie de travailler ensemble pour stabiliser les prix de l’énergie sur les marchés mondiaux.

La Chine appuie les efforts du Secrétaire général de l’ONU en faveur de l’exportation des céréales russes et ukrainiennes.  M. Wang Yi a rappelé à cet égard que la Chine avait présenté une initiative de coopération sur la sécurité alimentaire mondiale.  Il a estimé qu’aucun pays ne devrait avoir recours à des sanctions unilatérales parce que ce sont les pays en développement qui en payent le prix.  Il faut au contraire prendre des mesures positives et responsables en faveur d’un règlement politique en restant unis et en coopérant afin de défendre un système international avec l’ONU en son cœur, a souhaité le Ministre, qui a appelé à éviter toute forme de « guerre chaude » ou de « guerre froide ». 

Mme OLTA XHAÇKA, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de l’Albanie, a déclaré que les actions de la Russie en Ukraine constituent une violation flagrante de la Charte des Nations Unies qui nous rappelle les jours sombres qui ont précédé la création de l’Organisation.  Les preuves et les témoignages recueillis en Ukraine ont montré au monde « le vrai visage de l’occupation russe », celui d’une effroyable brutalité envers la population civile.  Des milliers de victimes civiles et militaires des deux camps continuent de payer un lourd tribut pour la guerre volontaire décidée par le Président Putin, a constaté la Ministre.  Elle a condamné l’annonce d’une mobilisation partielle en Russie et l’organisation de « prétendus référendums » dans l’est de l’Ukraine occupée, estimant que ces actions constituent de nouvelles violations de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. 

La Ministre a réitéré son appel au retrait inconditionnel et complet des troupes russes du territoire souverain de l’Ukraine.  Nous devons continuer à aider l’Ukraine à se défendre, a insisté Mme Xhaçka, mais nous devons aussi faire en sorte que la Russie soit rendue pleinement redevable de ses actes, non seulement par souci de justice mais également pour éviter que de telles atrocités ne se reproduisent ailleurs. 

M. SIMON COVENEY, Ministre des affaires étrangères et de la défense de l’Irlande, a estimé que l’Initiative céréalière de la mer Noire était un bon exemple des réussites du multilatéralisme, ajoutant que « toute solution au conflit en Ukraine doit passer par la recherche d’un accord de paix négocié ».  Il a évoqué un autre « moment d’espoir », déçu celui-là, quand, en janvier dernier, les dirigeants des cinq puissances nucléaires -dont la Russie- ont déclaré d’une seule voix qu’une guerre nucléaire ne peut être gagnée ni même livrée.  Or, à peine six semaines plus tard, la Russie agressait de manière injustifiée et illégale l’Ukraine, un État Membre souverain de l’ONU et un voisin de M. Putin, a ajouté M. Coveney.

Le Ministre a affirmé que si nous ne tenons pas la Russie pour responsable, nous adressons le message aux puissants qu’ils peuvent s’attaquer à leurs voisins en toute impunité.  C’est pourquoi il a annoncé que son pays avait déposé, hier, une déclaration d’intervention auprès de la CPI dans l’affaire de l’agression de la Russie contre l’Ukraine, et « c’est pourquoi nous portons ce même dossier devant la Cour européenne des droits de l’homme ».  M. Coveney a ensuite demandé au Conseil de sécurité d’engager une réflexion approfondie sur la manière dont il doit agir pour protéger réellement les principes et objectifs de la Charte et empêcher les guerres d’agression.  Aucun pays, aussi grand ou puissant soit-il, ne devrait pouvoir opposer son veto à l’application du droit pour poursuivre ses propres intérêts sécuritaires, a-t-il tranché. 

M. SUBRAHMANYAM JAISHANKAR, Ministre des affaires extérieures de l’Inde, a d’emblée tenu à rappeler que son pays n’est pas partie au Statut de Rome et n’est pas membre de la CPI.  Rappelant que le Sud global ressent avec acuité les conséquences du conflit en Ukraine, il a souligné la nécessité d’une cessation immédiate des hostilités et d’un retour au dialogue et à la diplomatie.  « Ce ne peut être une ère de guerre », a-t-il dit, en citant les mots du Premier Ministre indien. 

Le Ministre a déclaré qu’il n’y avait aucune justification à des violations des droits humains et du droit international, même dans des situations de conflit.  « Lorsque de tels actes sont commis, il est capital qu’ils fassent l’objet d’une enquête indépendante et objective », a-t-il ajouté.  Il a insisté sur l’importance de la lutte contre l’impunité, en invitant le Conseil à envoyer, à ce titre, un message dépourvu de toute ambiguïté.  Lorsque des attaques odieuses sont commises en plein jour, alors ce Conseil doit réfléchir aux signaux que nous envoyons s’agissant de la lutte contre l’impunité, a conclu le Ministre.

M. MICHAËL MOUSSA ADAMO, Ministre des affaires étrangères du Gabon, a déclaré que la guerre en Ukraine nous interpelle à plusieurs égards.  « Elle nous interpelle sur les victimes qui se comptent par milliers, sur les ruines des dévastations et la détresse des meurtris.  Elle nous interpelle sur la propagande, la désinformation ou la propension à la réécriture de la réalité.  Elle nous interpelle sur la menace nucléaire et ses conséquences potentiellement irréparables.  Elle nous interpelle pour son onde de choc sur la sécurité alimentaire à l’échelle mondiale. »  Les peuples du monde ont les yeux rivés sur ce Conseil pour une réponse aux défis qui se dressent sur la trajectoire de leurs aspirations à la paix et la sécurité internationale, a résumé le Ministre. 

M. Adamo a noté avec intérêt l’ouverture par la Cour pénale internationale (CPI) d’enquêtes sur les crimes commis par toutes les parties dans la guerre en Ukraine, en vue de collecter les éléments de preuve et pouvoir établir les faits ainsi que les responsabilités concernant les allégations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.  Mais les standards qui sont appliqués à la guerre en Ukraine, à tous les niveaux, doivent aussi l’être pour tous les conflits armés, a-t-il demandé.  Et l’élan de compassion, d’assistance et de solidarité qui est, à juste titre, réservé à la guerre en Ukraine, doit pouvoir être identique pour toutes les victimes des conflits armés.  « Nous n’oublierons pas, au moment du bilan, le sort qui a été réservé à de nombreux africains, parmi lesquels de jeunes étudiants, pour qui le chemin de l’exil a été bien trop souvent parsemé de honte et d’humiliation », a dit le Ministre.  « À cause de la couleur de leur peau, nombreux se sont vu refuser l’assistance dont ils avaient autant besoin que ceux dont ils partageaient la même communauté de souffrance, de peur et de détresse », a-t-il encore déploré. 

M. SERGEY V. LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a rappelé que cette séance a été demandée par certaines délégations pour parler du thème de l’impunité en Ukraine, estimant que cela tombe à point nommé pour parler de ce qui s’y passe depuis 2014.  Jusqu’ici les crimes de Maïdan restent impunis, a-t-il souligné en passant en revue une série de faits.  On ignore le fait que depuis huit ans l’armée ukrainienne mène une opération militaire contre les habitants du Donbass en toute impunité parce qu’ils ont refusé le résultat du coup d’État à Kiev, a argué M. Lavrov.  Ils ont été accusés d’être des terroristes, a-t-il ajouté, et il y a une mobilisation totale de tous les adultes en Ukraine pour les recruter dans les bataillons nationalistes.  Kiev sabote les accords de Minsk en privant la population du Donbass de leurs droits fondamentaux, citoyens et politiques, a accusé M. Lavrov.

Le régime de Kiev dit que ces accords ne sont nécessaires que pour maintenir les sanctions contre la Russie, a-t-il affirmé en citant l’ex-Président Porochenko.  Pour M. Lavrov, le « régime de Kiev » doit son impunité à ses parrains occidentaux, l’Allemagne, la France et les États-Unis, qui ont décidé de fermer les yeux de manière cynique sur ce qui se passe au Donbass, où les droits de la population russophone sont foulés au pied à travers des lois russophobes et même une loi qui promeut le nazisme sans que les structures multilatérales n’aient été en mesure de pousser Kiev à respecter ses engagements en matière de droits humains. 

L’État ukrainien fomente une idéologie d’intolérance nationale, a accusé M. Lavrov, pour qui les responsables ukrainiens appellent au meurtre des russophones.  Le Ministre a étayé ses propos en citant certains responsables ukrainiens, dont l’interview du Président Zelenskyy du 5 août, lors de laquelle il a conseillé à tous ceux qui se sentent russes d’aller en Russie.  Les référendums dans plusieurs régions d’Ukraine sont la réponse à son souhait, a expliqué le Ministre.  Toutes ces saillies russophobes sont restées totalement impunies, s’est-il indigné.  Il a aussi parlé de persécutions de journalistes dissidents et de fermeture de chaînes de télévision et de radio russophones dans ces régions. 

Dans ce contexte, les pays qui inondent l’Ukraine d’armes et de matériel militaire paraissent extrêmement civils, a ironisé le Ministre.  Ce qu’ils cherchent, c’est à épuiser et affaiblir la Russie, a poursuivi M. Lavrov, qui a dit n’avoir aucune illusion quant à la capacité de « l’Occident collectif » de se remettre en question par rapport à sa propre machinerie.  L’OTAN fournit des renseignements aux forces armées ukrainiennes et dit même que la Russie doit être défaite sur le champ de bataille, a affirmé le Ministre en citant les propos d’un représentant de l’Union européenne.  Les États-Unis et leurs alliés couvrent depuis huit ans les crimes de Kiev et basent leur politique sur le fameux prétexte que M. Zelenskyy est « un fils de pute, mais c’est notre fils de pute », a accusé M. Lavrov. 

M. Lavrov a également dénoncé l’utilisation de mines et le fait que le pilonnage de la centrale nucléaire de Zaporijia, qu’il a attribué aux autorités ukrainiennes, reste impuni.  Il a tenu à rappeler que les retards de la mission de l’Agence internationale de l’énergie atomique sur place étaient le fait du « régime de Kiev ».  Il s’est dit inquiet du sort des prisonniers de guerre russes en Ukraine, en parlant d’images montrant qu’on leur tire une balle dans la tête.  « Personne ici n’a commenté cela », a-t-il relevé.

M. Lavrov a également attiré l’attention des membres du Conseil sur le fait qu’en mars dernier, alors que les négociateurs russes et ukrainiens s’étaient pratiquement mis d’accord sur les paramètres pour l’exportations de céréales, il y a eu la tragédie de Boutcha.  Le fait qu’il s’agisse d’une mise en scène ne fait de doute pour personne, a-t-il affirmé.  Il a accusé ses collègues occidentaux d’être « tombés dans une espèce d’hystérie » en accusant la Russie et en imposant de nouvelles sanctions, assurant que, depuis lors, plus personne ne parle de Boutcha « à part nous ».   M. Lavrov a demandé au Secrétaire général de donner suite à sa propre demande aux autorités ukrainiennes de publier une liste des personnes qui auraient péri à Boutcha.

Au contraire, 3 000 signalements de crimes contre les habitants du Donbass ont été envoyés à la CPI ces huit dernières années sans qu’il n’y ait aucune réaction, a poursuivi M. Lavrov.  Par conséquent, la Fédération de Russie a perdu toute confiance en cette institution, a expliqué le Ministre, en disant attendre depuis huit ans que l’on lutte contre l’impunité en Ukraine.  Sur la base des faits exposés, il a estimé que le Russie avait eu raison de lancer son opération militaire spéciale et a conclu en disant que son pays ne permettra pas que l’Ukraine soit utilisée comme « forteresse » contre la Russie.

M. JAMES CLEVERLY, Ministre des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement du Royaume-Uni, a fait état des conséquences « dévastatrices » du conflit en Ukraine, qui a fait plus de 14 000 victimes civiles à ce jour, en plus de 7 millions de personnes déplacées et 7 millions de réfugiés en Europe.  Les preuves des atrocités commises envers les civils continuent de s’accumuler, y compris les violences sexuelles, les attaques indiscriminées contre des centres médicaux, les actes de torture, les détentions arbitraires et les déportations forcées en Russie.  La « guerre du Président Putin » répand la misère et l’insécurité alimentaire dans le monde entier, plongeant des millions de personnes parmi les plus vulnérables du monde dans la faim et la famine, s’est alarmé M. Cleverly.  Pendant ce temps, la Russie tente de rejeter la faute sur ceux qui ont imposé, à juste titre, des sanctions en réponse à ses actions illégales.

M. Cleverly s’est adressé directement à son homologue russe en affirmant qu’il voyait clair dans le « tissu de mensonges » de la Russie concernant la guerre en Ukraine.  De même, la Russie s’apprête maintenant à tenir des référendums frauduleux dénués de fondement juridique, sous la menace de violence et de déportations.  « M. Lavrov, nous savons ce que vous faites.  Vous prévoyez d’inventer un résultat.  Vous prévoyez de l’utiliser pour annexer un territoire ukrainien souverain », a-t-il lancé, en faisant observer que le Ministre russe avait quitté la salle.  Il a évoqué le témoignage d’Olena Yuzvak, dont le fils a été enlevé par les troupes russes à Boutcha.  Si la souveraineté et le territoire de l’Ukraine ne sont pas respectés, aucun pays n’est en sécurité, a conclu le Ministre, car le combat de l’Ukraine pour la liberté est celui du monde entier.

Mme SHIRLEY AYORKOR BOTCHWEY, Ministre des affaires étrangères et de l’intégration régionale du Ghana, a déclaré que les membres de ce Conseil doivent agir de manière urgente et unifiée pour mettre fin à la quasi-paralysie du Conseil et à la guerre en Ukraine.  Le Ghana est particulièrement préoccupé par l’intensification de la guerre, les zones peuplées de civils et les infrastructures civiles étant les cibles des bombardements.  La Ministre a regretté que les lois fondamentales qui régissent la conduite de la guerre moderne et protègent les citoyens ordinaires, pris dans ses feux croisés, n’aient pas été respectées.  Face aux rapports d’atrocités, elle a souligné l’importance de garantir l’application du principe de responsabilité pour tous les crimes de guerre commis en Ukraine.

À cet égard, a poursuivi Mme Ayorkor Botchwey, son pays appuie les processus d’enquête entrepris par la CPI, la CIJ et le Conseil des droits de l’homme.  Elle a souligné l’importance des mesures de réparation, notamment pour les victimes de violence sexuelle.  « Le Ghana ne reconnaît et ne reconnaîtra aucun territoire acquis unilatéralement et par la force, ni le démembrement d’une entité souveraine. »  Saluant les bons offices du Secrétaire général, la Ministre a noté les impacts positifs de l’Initiative céréalière de la mer Noire et encouragé toutes les parties prenantes à parvenir à un accord sur l’exportation des engrais russes dont dépendent les économies agraires.

M. CARLOS FRANÇA, Ministre des affaires étrangères du Brésil, a condamné tous les crimes perpétrés en Ukraine et défendu une enquête impartiale sur les faits, afin que leurs auteurs soient tenus pour responsables de leurs actes.  « Nous réitérons également notre appel au plein respect du droit international humanitaire par toutes les parties », a-t-il ajouté.  Le Ministre a estimé qu’il n’y avait pas de tâche plus urgente que d’organiser le dialogue entre les parties, afin d’obtenir d’elles un cessez-le-feu immédiat et l’ouverture de négociations pour un accord de paix.  La poursuite des hostilités met en danger la vie de civils innocents et compromet la sécurité alimentaire et énergétique de millions de familles dans d’autres régions, en particulier dans les pays en développement, a-t-il rappelé, avertissant contre les risques d’escalade incontrôlables pour l’ordre mondial qui pourraient découler de la dynamique actuelle du conflit.  La priorité de ce Conseil doit être de créer les conditions permettant aux parties de négocier une solution pacifique au conflit, a-t-il conclu. 

Mme REEM AL HASHIMY, Ministre d’État à la coopération internationale des Émirats arabes unis, a relevé que la guerre en Ukraine a suscité différentes réactions au sein de la communauté internationale.  Pour d’aucuns, c’est une mise en garde face au risque d’avoir un système multilatéral paralysé, alors que d’autres estiment que cette guerre annonce un retour à la polarisation historique.  Ces réactions illustrent les ripostes divergentes des États face à cette guerre, mais ces disparités existent à côté d’une expression unie autour de l’impératif du respect du droit international et d’une reconnaissance de sa fonction pour séparer l’ordre international civilisé de son antithèse, a-t-elle souligné. 

La Ministre a rappelé que le droit international régit les rapports de bon voisinage selon les principes de la souveraineté et de l’intégrité territoriale notamment.  Les Émirats arabes unis appellent toutes les parties au respect du droit international et du droit international humanitaire, et la Ministre a exprimé ses préoccupations face aux violations quotidiennes que subissent les civils, et en particulier sur les femmes et les enfants, notamment celles qui sont déplacées sous la contrainte et dont on signale régulièrement qu’elles sont soumises à des violences ou une exploitation sexuelles, y compris de la part du crime organisé.  C’est pourquoi elle a salué les efforts en cours visant à réagir à la crise humanitaire tout en tenant compte des conséquences spécifiques de la guerre sur les femmes et les filles.  S’il est urgent de parvenir à une cessation des hostilités, la paix doit rester l’objectif ultime, a insisté la Ministre, qui en a profité pour rappeler l’importance de la participation des femmes au processus de maintien de la paix.

Mme Al Hashimy a réitéré l’appel des Émirats arabes unis aux parties prenantes afin que l’on recherche un règlement pacifique à cette crise à travers un dialogue inclusif et la négociation, afin de parvenir à un règlement diplomatique. 

M. GEORGE ORINA, Directeur général et Ministère des affaires étrangères du Kenya, a estimé que l’obligation de respecter l’intégrité territoriale des États Membres de l’ONU sera compromise si le caractère juridique des régions de l’Est de l’Ukraine est modifié par la force.  « Nous vivons un moment de grave danger pour la paix et la sécurité internationales », s’est alarmé M. Orina, alors que des menaces « claires » sont maintenant proférées concernant le déploiement d’armes de destruction massive.  Alors que les civils sont pris pour cibles en violation du droit international et des droits humains, il a appelé les responsables militaires à remettre les personnes suspectées de telles atrocités aux autorités judiciaires afin qu’elles répondent de leurs actes.  Après avoir appelé à une cessation immédiate des hostilités, le Directeur général a plaidé pour la conclusion d’un accord négocié garantissant la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine tout en répondant aux préoccupations de sécurité de toutes les parties. 

Le Président Ruto, a rappelé M. Orina, a lancé un appel en faveur de la démocratisation du Conseil de sécurité, pour faire en sorte « que sa légitimité endommagée ne soit pas totalement détruite ».  À ses yeux, il est temps que le Conseil tienne davantage compte de la voix et de la place de l’Afrique en réformant sa composition.  Les moyens de subsistance des Africains doivent être protégés de la crise climatique et leurs préoccupations prises en compte au lieu d’être marginalisées en raison du conflit en Ukraine, a martelé M. Orina. 

M. DMYTRO KULEBA, Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, a déclaré qu’au « moment où nous parlons, des corps continuent d’être exhumés des fosses communes découvertes à Izioum », avant de dénoncer l’agression de la Russie contre l’Ukraine.  Jamais, la Russie ne pourra tuer tous les Ukrainiens et toutes les Ukrainiennes, a-t-il déclaré.  Il a évoqué l’ordre de mobilisation du Président Putin qui est, selon lui, un aveu de défaite. 

La Russie échouera et sera jugée responsable du crime d’agression et de crimes de guerre, a déclaré le Ministre, en ajoutant que la responsabilité russe devrait être un élément clef de toute paix.  Il a salué les efforts de la CPI visant à la collecte des éléments de preuve des crimes de guerre commis par la Russie en Ukraine.  « Nous avons toute confiance en la CPI », a-t-il dit, en ajoutant qu’il ne saurait y avoir de paix sans justice.  Rappelant que le crime d’agression ne doit pas rester impuni, il a demandé la création d’une juridiction spéciale qui serait saisie de ce crime en vue notamment de juger le Président Putin et son entourage. 

M. Kuleba a rappelé qu’aucun pays n’aspire plus à la paix que l’Ukraine.  « Nous voulons une vie normale », a-t-il affirmé avant de dénoncer les « mensonges » proférés par les diplomates russes, qui se rendent ainsi complices des horreurs commises par les soldats russes en Ukraine.  Il semblerait que les diplomates russes s’enfuient aussi rapidement que les soldats russes, a ironisé M. Kuleba après le départ du Ministre des affaires étrangères russe.  Selon lui, la Russie veut agir en toute impunité et entend user de son siège de membre permanent du Conseil de sécurité pour pilonner des centrales nucléaires, attaquer des civils et infrastructures civiles, poursuivre ses visées impérialistes et menacer le monde de ses armes nucléaires.  La Russie doit rendre des comptes, sinon toute puissance serait tentée de lui emboîter le pas, a ajouté le Ministre, en ajoutant que l’Ukraine se bat pour défendre les principes de la Charte des Nations Unies, notamment le respect de l’intégrité territoriale. 

M. Kuleba a entendu répondre aux mensonges russes en précisant que les deux tiers des céréales acheminées par la mer Noire grâce aux récents accords l’ont été vers l’Afrique, l’Asie et le Moyen-Orient.  L’Ukraine a décidé de fournir une aide supplémentaire à la Somalie et en Éthiopie, a-t-il déclaré, avant de dénoncer le chantage énergétique de la Russie.  « Nous sommes tous dans le même bateau », a lancé le Ministre à l’intention des pays d’Afrique, d’Europe, d’Asie et d’Amérique latine.  Nous devons affronter la menace russe ensemble, a-t-il insisté.  « Alors que la Russie veut nous monter les uns contre les autres, il nous faut rester unis », a-t-il ajouté, en assurant que la neutralité ne saurait être de mise.  Enfin, le Ministre a évoqué le paquet sécuritaire et de stabilisation proposé par le Président ukrainien jusqu’à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. 

M. JAN LIPAVSKÝ, Ministre des affaires étrangères de la Tchéquie, a condamné les atrocités commises par les forces russes lors de l’agression russe contre l’Ukraine.  « La politique criminelle coloniale et impérialiste de la Russie doit être rejetée », a-t-il ajouté avant de réitérer le plein soutien de son pays aux travaux de la CPI et d’appeler à la création d’un tribunal international spécial pour poursuivre la Russie pour crime d’agression.  S’il vous plaît, agissez! a-t-il ensuite lancé aux membres du Conseil de sécurité, arguant que le monde a besoin de la paix en Ukraine.  Nous devons restaurer l’autorité de la Charte des Nations Unies et du droit international, afin que la justice soit rendue aux victimes ukrainiennes et qu’il soit mis fin à l’impunité des agresseurs, a conclu M. Lipavský.

Mme ANNALENA BAERBOCK, Ministre fédérale des affaires étrangères de l’Allemagne, a rappelé que quand on cite les noms de Boutcha, Marioupol ou Izioum, qu’on parle des horreurs qui se déroulent en Ukraine, « nous ne parlons pas de rapports abstraits » mais « d’enfants, de femmes et d’hommes dont la douleur est crue ».

« C’est une guerre que vous ne gagnerez pas, alors mettez-y fin! » a lancé la Ministre à l’intention de la Russie, qui a aussi appelé à arrêter ses « faux référendums, qui sont aussi illégaux que la guerre qu’ils sont censés légitimer », la « guerre des céréales, qui sème la famine dans le monde », et arrêter aussi de paralyser le Conseil de sécurité.

Pour beaucoup d’entre vous, cette guerre peut ressembler à une guerre régionale, une guerre lointaine, a poursuivi Mme Baerbock, qui a toutefois demandé ce que signifiait pour les Nations Unies de laisser un membre permanent du Conseil lancer une guerre d’agression contre son voisin.  Pour elle, si la Charte, qui stipule clairement que « tous les membres doivent s’abstenir de recourir à la menace ou à l’emploi de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État » signifie quelque chose, alors il est impossible de rester les bras croisés.

« Et nous ne resterons pas les bras croisés », a ajouté la Ministre, qui a rappelé le rôle de l’ONU dans la négociation de l’accord sur les céréales et celui du PAM pour les expédier ensuite, y compris avec l’assistance de l’Allemagne, et celui de l’Agence internationale de l'énergie atomique à la centrale nucléaire de Zaporijia.  « Nous ne devons pas laisser la Russie imposer son programme destructeur », a poursuivi la Ministre, qui a rappelé la responsabilité commune des États Membres de faire en sorte que les États résolvent les conflits pacifiquement; que les êtres humains puissent, tous, jouir de leurs droits et libertés; et qu’ils se défendent les uns les autres dans la solidarité.

M. ZBIGNIEW RAU, Ministre des affaires étrangères de la Pologne, a dénoncé la décision de la Russie de violer les principes les plus fondamentaux de notre ordre mondial, bien qu’étant un membre permanent du Conseil de sécurité.  À ses yeux, cette invasion constitue un manque total de respect pour le droit international humanitaire et les droits de l’homme.  Incapables de briser la résistance militaire de l’Ukraine, les forces russes ont commis d’horribles atrocités: exécutions extrajudiciaires de civils, disparitions forcées, tortures et violences sexuelles, y compris sur des enfants.  Le Ministre s’est dit « choqué » par l’accumulation des preuves des crimes russes commis dans les territoires occupés, notamment la découverte de chambres de torture et de fosses communes à Izioum récemment libérée. 

La Pologne plaide en faveur de la reddition de comptes pour les crimes commis, assortie d’une compensation pour les dommages causés.  M. Rau a exprimé son soutien aux enquêtes menées par les autorités judiciaires ukrainiennes et celles d’autres États, et réaffirmé sa pleine coopération avec le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI).  La Pologne, a-t-il expliqué, appuie également les actions menées par le Mécanisme de Moscou de la dimension humaine de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), la Commission d’enquête internationale indépendante du Conseil des droits de l’homme et l’Agence de l’Union européenne pour la coopération judiciaire en matière pénale (Eurojust), et a ouvert ses propres enquêtes sur l’agression russe.  De même, le Ministre a appelé à accorder toute l’attention voulue aux initiatives proposées par le Gouvernement ukrainien, notamment la création d’un tribunal spécial pour les crimes d’agression commis contre l’Ukraine et d’un mécanisme international d’indemnisation des dommages causés par la Russie.

M. GABRIELUS LANDSBERGIS, Ministre des affaires étrangères de la Lituanie, s’exprimant au nom des pays baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie), a souligné qu’il y a tout juste un an, « la Russie semait le mensonge et la méfiance, maintenant elle sème le chaos et la mort ».  Jour après jour, la Russie défie les principes des Nations Unies, elle est devenue synonyme de brutalité insensée, comme à Izioum, de terrorisme d’État et de génocide. 

Il est de notre devoir, a estimé le Ministre, de traduire Putin en justice.  « Le tribunal spécial chargé de juger le crime d’agression de la Russie contre l’Ukraine doit être créé. »  La guerre de la Russie contre l’Ukraine a des conséquences profondes au-delà de l’Europe, a rappelé M. Landsbergis.  L’Ukraine est l’un des principaux exportateurs de blé, de maïs et d’huile de tournesol.  « La pénurie de nourriture est due à l’agression de la Russie contre l’Ukraine et au blocus des ports ukrainiens.  Pas aux sanctions imposées au niveau international. »  Et, comme si cela ne suffisait pas, a tonné le Ministre, le régime de Moscou a maintenant appuyé sur le bouton des menaces nucléaires, alors que nous savons tous que les conséquences d’une catastrophe à Zaporijia pourraient potentiellement être pires que celles de Tchernobyl ou de Fukushima.  Selon lui, la communauté internationale doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour exiger de la Russie le retrait inconditionnel de son armée de Zaporijia.

M. VLADIMIR MAKEI, Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a déclaré que son pays comprenait les souffrances engendrées par le conflit ukrainien, lui qui « a connu le génocide et perdu le tiers de sa population pendant la Seconde Guerre mondiale ».  Il a regretté que ce conflit ait découlé de l’ignorance, par les Occidentaux, des risques pour la sécurité des États concernés qui existaient depuis longtemps. 

Les sanctions imposées par l’Ouest pèsent à présent sur la sécurité de la région, réduisant en outre les marges de manœuvre politiques et diplomatiques de mon pays, a poursuivi M. Makei.  Il a souligné combien, contrairement à ce qu’assènent les Occidentaux, les accords de Minsk avaient réussi à atténuer les tensions.  Nous continuons de proposer des mesures concrètes pour aller plus loin dans ce sens, le Bélarus étant à l’origine de nombreux cycles de négociations pour la paix, qui ont représenté un processus positif jusqu’à ce que la partie ukrainienne décide d’ignorer nos propositions de prises de contact direct avec la partie russe et de nous considérer comme un ennemi, a-t-il ensuite soutenu.

Le Ministre a par ailleurs affirmé que les dizaines de milliers de réfugiés ukrainiens « qui viennent chez nous le font volontairement », le Président Loukachenko ayant récemment signé un décret prévoyant d’octroyer les mêmes droits citoyens aux Ukrainiens qu’aux citoyens bélarussiens.  Mais malheureusement, des autorités qui promeuvent le nazisme s’entêtent dans la guerre et les incessantes campagnes de propagande anti-Bélarus, a-t-il accusé, avant d’ajouter qu’aucun soldat ni aucune unité de matériel de son pays n’avait été envoyé en Ukraine pour se battre.  Les accusations lancées sur ce point contre nous par les Occidentaux sont infondées et injustes, a-t-il dit, concluant en souhaitant que l’accord final de paix prenne en compte les demandes « légitimes » de la partie bélarusse. 

M. JOSEP BORRELL FONTELLES, Haut Représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et de sécurité commune, a observé qu’au cours de cette guerre « illégale, insensée et cruelle », entamée il y a six mois, la Cour internationale de Justice (CIJ) a statué que la Russie devait cesser immédiatement son invasion et l’Assemblée générale a adopté des résolutions appelant la Russie à cesser son agression.  « Moralement et politiquement, la Russie a déjà perdu la guerre. »  De plus en plus, elle la perd également sur le champ de bataille.  « L’Ukraine l’emportera », a assuré M. Borrell Fontelles.  Le monde a entendu les dernières annonces du Président Putin concernant l’organisation de référendums frauduleux en prélude à l’annexion de territoires ukrainiens, la mobilisation de 300 000 réservistes et les menaces nucléaires.  « La sécurité mondiale est en danger », s’est inquiété M. Borrell, avant d’exhorter les dirigeants du monde réunis cette semaine à New York à envoyer un signal clair et uni selon lequel l’utilisation d’armes de destruction massive est inacceptable en toutes circonstances.  La tentative du Président Putin d’intimider l’Ukraine et les pays qui la soutiennent échouera, a-t-il prédit, « comme le font, à terme, toutes les guerres d’invasion ». 

Selon le Haut Représentant, l’enjeu de ce conflit est la protection des États les plus faibles contre les plus puissants.  « Voulons-nous l’état de droit mondial ou bien la loi de la jungle?  Croyons-nous aux sphères d’influence ou au libre choix des États souverains? »  Pendant que la Russie entraîne le monde dans une récession économique et une crise alimentaire mondiales, le soutien de l’Union européenne à la sécurité alimentaire mondiale s’élève à plus de 7,7 milliards d’euros jusqu’en 2024, a précisé M. Borrell Fontelles.  L’Initiative céréalière de la mer Noire a contribué à faire baisser les prix mondiaux des denrées alimentaires, alors que les deux tiers des céréales ukrainiennes ainsi exportées vont aux pays qui en ont le plus besoin.

Aujourd’hui, la question centrale est la responsabilité des forces russes qui terrorisent les populations civiles et commettent des crimes innommables, a fait valoir le Haut Représentant.  Comme l’a dit hier le Président Zelenskyy à l’Assemblée générale, « là où il y a eu des crimes, il doit y avoir justice ».  Nous devons donc tout faire pour assurer la reddition de comptes, en collaboration avec la CPI et les autorités judiciaires ukrainiennes.  « Combattre l’impunité aujourd’hui contribuera à un avenir plus sûr et plus juste », a conclu M. Borrell Fontelles.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Débat général: Le Président ukrainien présente sa « formule pour la paix » et son homologue américain, sa vision d’un monde fondé sur les valeurs de la démocratie

Soixante-dix-septième session
6e & 7e séances plénières – matin, après-midi & soir
AG/12447

Débat général: Le Président ukrainien présente sa « formule pour la paix » et son homologue américain, sa vision d’un monde fondé sur les valeurs de la démocratie

Très applaudi, le Président de l’Ukraine, M. Volodymyr Zelenskyy, a présenté aujourd’hui, par message vidéo, comme l’y a autorisé l’Assemblée générale la semaine dernière à l’issue d’un vote, sa « formule pour la paix » articulée autour de cinq éléments, alors que le Président des États-Unis, M. Joseph Biden, a décrit sa vision d’un monde fondé sur les valeurs démocratiques, diamétralement opposée à celle de son homologue russe dont l’objectif est de retirer à l’Ukraine son statut d’État et de priver son peuple du droit d’exister en tant que nation. 

« La formule pour la paix » qui s’applique à tous les pays en conflit, le Président ukrainien l’a articulée autour des sanctions économiques et de la suspension des relations avec l’État agresseur, les propagandistes mais aussi les citoyens dudit État, sans oublier la création d’un tribunal spécial dont il a déjà préparé les étapes.  Il a aussi dit avoir partagé avec ses partenaires des propositions pour améliorer l’architecture de la sécurité en Europe et dans le monde entier.  Le Président a insisté sur l’aide à apporter à l’État agressé dans les domaines militaire, du renseignement et financier.  Il fustigé, à cet égard, la neutralité invoquée par certains pays car ceux qui parlent de neutralité alors que l’intégrité d’un État est attaquée parlent en fait d’indifférence et ne protègent que leurs propres intérêts.  L’Ukraine veut la paix.  L’Europe veut la paix.  Le monde veut la paix, a clamé le Président ukrainien, en pointant du doigt la Russie qui est « le seul pays à ne pas la vouloir » et dont le chantage nucléaire doit être pris au sérieux. 

Le Président américain a lancé la même alerte, s’agissant d’un membre permanent du Conseil de sécurité qui n’a pas hésité à fouler au pied les valeurs de la Charte des Nations Unies, en décidant d’envahir un pays et un peuple souverains.  M. Biden a d’ailleurs révélé que le Kremlin s’apprête à organiser un référendum monté de toutes pièces pour annexer d’autres parties de l’Ukraine.  Nous avons, a-t-il expliqué, une vision du monde fondée sur les valeurs démocratiques et nous travaillons avec le G7 et d’autres partenaires pour prouver que la démocratie fonctionne.  Je suis, a ajouté le Président américain, contre la politique de la peur et de la coercition et je défends les droits souverains des petites nations. 

Nous ne demandons pas aux États de choisir entre nous et d’autres partenaires, a affirmé le Président américain, qui a conclu sur une note d’espoir.  Si les défis sont immenses, les capacités le sont aussi, a-t-il estimé, avant d’inviter la communauté internationale à continuer de défendre ensemble les valeurs de la Charte.  Nous ne sommes pas des témoins passifs de l’histoire, nous en sommes les acteurs et l’histoire de 2022, a ajouté la Première Ministre britannique, Mme Elizabeth Truss, aurait pu être celle d’un État autoritaire faisant rouler ses chars sur la frontière d’un voisin pacifique et subjuguant son peuple.  Au lieu de cela, ce sera l’histoire de la liberté qui se défend.

Mais quelle est la différence, s’est demandé le Président serbe, M. Aleksandar Vučić, entre la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine et celles de la Serbie?  Il a relevé que la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité n’a pas empêché de nombreux pays occidentaux de reconnaître unilatéralement l’indépendance du prétendu Kosovo et de porter atteinte, une nouvelle fois, à l’intégrité territoriale de son pays.  Cette politique de deux poids, deux mesures a été vivement dénoncée par le Président de la République islamique d’Iran, M. Seyyed Ebrahim Raisi.  La doctrine américaine de la pression maximale, soutenue par les Européens, ne fonctionnera pas, a-t-il promis.  L’objectif des États-Unis de soumettre, par la menace militaire, économique, politique et diplomatique, des États à un ordre basé sur des règles « capricieuses », conduira inévitablement à un climat de tensions et de conflits aux conséquences imprévisibles, a averti le Ministre cubain des affaires étrangères, M. Bruno Eduardo Rodríguez Parilla, dont le pays subit un blocus économique et financier « impitoyable » depuis plus de 60 ans.

Le Président iranien a répété que son pays avait signé de bonne foi le Plan d’action global commun (PAGC) en 2015 et respecté chacun des engagements, comme l’attestent pas moins de 15 rapports de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Or, les négociations de ces derniers mois pour réactiver le Plan nous font douter de la volonté réelle de la nouvelle Administration américaine de relancer la paix, a-t-il avoué.  Les États-Unis, a une nouvelle fois souligné le Président Biden, sont prêts à réintégrer le Plan mais ils restent déterminés à veiller à ce que l’Iran ne se dote jamais de l’arme nucléaire. 

L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, jeudi 22 septembre, à partir de 9 heures.

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL

Alors que son deuxième mandat touche à sa fin, M. MUHAMMADU BUHARI, Président du Nigéria, a estimé que malgré un contexte international difficile, l’ONU a démontré qu’elle peut être forte quand ses États Membres ont la volonté de mener à bien les objectifs communs.  Abordant la réaction en chaîne provoquée par la situation en Ukraine, il a mis en garde contre le fait que ce conflit entrave la faculté de travailler ensemble pour résoudre d’autres conflits en Afrique, au Moyen-Orient ou en Asie.  La guerre en Ukraine complique aussi la tâche de l’Assemblée générale, comme on le voit avec les dissensions sur le désarmement nucléaire ou les aspirations légitimes du peuple palestinien.  Appelant à l’universalité sur le Traité sur le commerce des armes et à un consensus sur les questions liées au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), le Président a ajouté que les enjeux de ces derniers mois justifient aussi l’appel la réforme du Conseil de sécurité pour que le monde puisse compter sur des structures plus efficaces et plus représentatives aptes à répondre aux défis actuels.  L’heure est au changement, a-t-il martelé.

Appelant aussi à la fin de l’unilatéralisme qui a entouré la réponse à la pandémie de COVID-19 et à la justice climatique, le Président a argué qu’alors que l’Afrique n’est responsable que d’une petite partie des émissions de gaz à effet de serre, elle paye le prix de politiques adoptées par d’autres nations.  Il a exhorté la communauté internationale à fournir le financement et les technologies nécessaires à un cadre de transition énergétique stable et abordable pour toutes les nations.  Compte tenu de flambée du prix de l’énergie, il a dit attendre de la vingt-septième Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP27) la volonté politique de mener à bien les différentes initiatives agréées.

M. Buhari s’est ensuite élevé contre les fléaux de la désinformation et de la mésinformation facilités par les réseaux sociaux et n’a pas manqué de plaider pour l’élargissement des initiatives liées à la suspension et à l’annulation de la dette extérieure des pays vulnérables.  Alors que nous traversons une époque sans précédent marquée par des défis interdépendants, M. Buhari a voulu que l’on ne perde pas vue les opportunités.  Gardons notre foi dans nos valeurs de justice, d’honneur, d’intégrité, de partenariat et de volonté pour aller de l’avant, a-t-il conclu.

Vantant l’ordre social de l’Iran et ses succès économiques, technologiques et diplomatiques, « qui n’ont jamais été reconnus par les oppresseurs », M. SEYYED EBRAHIM RAISI, Président de la République islamique d’Iran, a ajouté que c’est la dictature du deux poids, deux mesures qui conduit aux charniers de tribus autochtones au Canada, aux assassinats d’enfants en Palestine occupée et à l’enfermement d’enfants de migrants dans des cages.  Ce sont ceux qui soutiennent Daech et pas ceux qui, comme nous, les combattent qui devraient se trouver à la table des accusés, a fustigé le Président. 

M. Raisi a opposé deux mondes: le monde unilatéral, hégémonique sans justice ni équité, où le pouvoir financier renforce les criminels et les oppresseurs, et le monde qui reste à fonder pour que les aspirations des peuples du monde entier se réalisent.  Ce nouvel ordre mondial naîtra des cendres des politiques criminelles.  Le Président a attaqué l’Amérique, qui n’a de cesse de vouloir semer le chaos dans son pays, quand elle ne tue pas les enfants iraquiens, yéménites et syriens.  L’Amérique, a-t-il dit, n’accepte pas que les autres soient autonomes et ses amis ne sont pas mieux lotis.  

M. Raisi est revenu sur les décennies qui ont suivi la révolution islamique, marquées par les sanctions, le meurtre de militaires héroïques, dont le « martyr Qassim Suleimani », dont il a brandi la photo, de tentatives de coups d’État, d’actes de terrorisme et de torture.  Il a commenté le retrait américain de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien en 2016, dans un geste qui témoigne du manque de justice et d’équité, et de la dictature du deux poids, deux mesures.  Ceux qui voient dans le dossier nucléaire iranien une menace passent néanmoins sous silence ce qu’ils devraient faire eux-mêmes: se dénucléariser, a lancé M. Raisi.  Les armes nucléaires n’ont pas de place dans notre doctrine, a insisté le Président, dénonçant une nouvelle fois les États-Unis, qui développent des armes de destruction massive et les donnent au « régime sioniste ».

M. Raisi a répété que l’Iran avait signé de bonne foi l’accord en 2015 et en avait respecté « chacun des engagements, comme l’attestent pas moins de 15 rapports de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ».  Le Président a avoué que les négociations de ces derniers mois pour réactiver l’accord ont fait douter son gouvernement de la volonté réelle de la nouvelle Administration américaine de « relancer la paix ».  La politique de pression maximale de l’Amérique, soutenue par les Européens, ne fonctionnera pas, a-t-il promis.  Le respect des droits des Iraniens est la base sur laquelle repose l’accord, a averti le Président iranien.  Concluant sur la question de Palestine, il s’est demandé pourquoi les grandes puissances refusent la solution proposée par l’Iran, à savoir l’organisation d’un référendum général pour que tous les Palestiniens puissent voter et décider de leur avenir. 

M. KHURELSUKH UKHNAA, Président de la Mongolie, a relevé que la Mongolie célébrait cette année le trentième anniversaire de la déclaration de son territoire comme zone exempte d’armes nucléaires et le vingtième anniversaire de sa participation aux opérations de maintien de la paix de l’ONU.  En 2021, alors même que la pandémie de COVID-19 affectait gravement l’économie mondiale, les dépenses militaires globales ont continué à augmenter, atteignant plus de 2 000 milliards de dollars a-t-il déploré, regrettant que cet « énorme budget » ne soit pas consacré au développement ou aux changements climatiques.  M. Khurelsukh a rendu un hommage appuyé à Gengis Khan et à sa « Pax Mongolica », qu’il a salué comme une contribution importante aux progrès de l’humanité en termes de libre-échange, de diplomatie, de liberté religieuse et d’état de droit.  Il a estimé qu’elle pourrait inspirer la communauté internationale afin de maintenir la paix et la stabilité dans le monde moderne, appelant à gérer tout conflit par un dialogue pacifique afin d’établir une « Pax Globalica ».  Le Président a précisé que plus de 20 000 militaires mongols ont servi au sein des opérations de maintien de la paix au cours des 20 dernières années, soulignant l’engagement de son pays pour l’inclusion des femmes au sein des contingents de Casques bleus et proposant notamment l’organisation d’une conférence internationale dédiée à cette question tous les cinq ans.  M. Khurelsukh s’est félicité de la tenue de la septième conférence internationale du Dialogue d’Oulan-Bator sur la sécurité en Asie du Nord-Est organisée dans la capitale mongole en juin dernier. 

« La Mongolie est l’un des pays les plus touchés par les changements climatiques », a martelé le Président.  Il a rappelé le lancement d’un programme baptisé « Un milliard d’arbres » pour lutter contre la désertification et annoncé que la Mongolie accueillerait la dix-septième session de la Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification en 2026.  La civilisation nomade est menacée d’extinction en raison de la raréfaction des pâturages, a-t-il averti, précisant que plus de 200 millions d’éleveurs de bétail étaient concernés par ce risque à travers le monde.  La Mongolie a pris l’initiative d’une résolution de l’Assemblée générale proclamant l’année 2026 « Année internationale des parcours et des pasteurs », qui a été adoptée le 15 mars dernier.  Enfin, M. Khurelsukh a estimé que la réforme du Conseil de sécurité est la clef de la réforme de l’ONU.  Il a appelé au renforcement du rôle de l’Assemblée générale pour assurer l’équilibre des pouvoirs entre les pays et faire entendre plus clairement la voix des petits pays et des pays en développement.

M. PAUL KAGAME, Président du Rwanda, a constaté que le monde est le théâtre de crises qui exigent une coopération multilatérale et des efforts renforcés, même si l’idée selon laquelle le système international ne serait plus à la hauteur de la tâche ne fait que progresser.  Abordant la situation dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), M. Kagame a regretté que les conditions de sécurité n’aient pas changé depuis le déploiement d’une opération de maintien de la paix de l’ONU il y a 20 ans.  Le Rwanda s’est trouvé face à des attaques transfrontières totalement évitables, a-t-il dit.  Il a appelé à s’attaquer aux causes de l’instabilité dans l’est de la RDC « sans jeter la faute sur quiconque ».  Nous pouvons trouver des solutions qui seraient bien moins coûteuses sur le plan financier et en termes de vies humaines, a poursuivi le Président.  Malgré les lacunes, il a vanté la coopération internationale pour régler les problèmes qui nous concernent tous, comme la COVID-19.  Il a plaidé pour le renforcement des systèmes de santé, en appelant tous les pays à contribuer au Fonds mondial contre la tuberculose, le VIH/sida et le paludisme, tout en insistant sur le fait que les pays africains doivent également augmenter leurs investissements nationaux dans la santé publique.  Il s’agit d’une priorité pour M. Kagame qui préside l’initiative en ce sens de l’Union africaine, l’objectif étant d’améliorer la résilience face aux futures pandémies. 

Saluant le récent Sommet de l’ONU sur la transformation de l’éducation, le chef de l’État a affirmé que l’avenir de milliards d’enfants et de jeunes dans le monde dépend d’une éducation inclusive et de qualité, en particulier au lendemain de la pandémie de COVID-19.  Loin des gros titres des journaux, l’ONU et d’autres institutions multilatérales restent selon lui tout à fait capables de fixer des orientations et des programmes de travail auxquels tous les pays peuvent se rallier.  Il a évoqué les programmes d’action issus de la dernière réunion sur les enfants affectés par les conflits armés en Afrique, ou des réflexions sur l’urbanisation durable et sur les partenariats public-privé afin de créer des emplois dans le secteur numérique.  M. Kagame a déclaré n’avoir aucun doute sur le fait que « l’avenir sera numérique » et que des emplois de qualité à cet égard pourraient être une réponse aux migrations irrégulières.  Il a ainsi appelé à investir de manière équitable dans les technologies émergentes telles que l’intelligence artificielle.  Enfin, dans le domaine du maintien de la paix, M. Kagame a insisté sur le rôle des initiatives régionales.  Si une telle approche était testée en RDC, comme cela est proposé par le processus de Nairobi, elle permettrait de « faire la différence », a-t-il estimé tout en plaidant pour un soutien financier constant de la communauté internationale, notant que les enjeux sont énormes et que le temps joue contre nous.  Même si nous ne pouvons pas anticiper et éviter chaque crise, nous pouvons mieux nous y préparer en œuvrant de concert, a conclu M. Kagame. 

M. ŠEFIK DŽAFEROVIĆ, Président de la Bosnie-Herzégovine, a rappelé que le système des Nations Unies n'avait pas été en mesure d'empêcher ou d'arrêter la guerre dans son pays entre 1992 et 1995 et que, « malheureusement, cela s'est reproduit avec l'Ukraine ».  Il a mis en cause l’inefficacité du Conseil de sécurité, qui, en raison de blocages internes, a été incapable de remplir ses obligations pendant que l’Assemblée générale adoptait une résolution sur l’agression contre l'Ukraine à une « écrasante majorité ».  M. Džaferović a souligné que la Bosnie-Herzégovine, en appuyant cette résolution, s’était placée du bon côté de l'histoire avec 140 autres pays, et cela dans le respect tant des obligations découlant de la Charte des Nations Unies que des principes régissant l’Accord de stabilisation et d'association liant son pays à l'Union européenne.  Pour M. Džaferović, la solution aux crises mondiales n'est pas moins de coopération mais plus de coopération.  Selon lui, la réponse à la crise énergétique en Europe, provoquée par la dépendance à une seule source, celle du gaz russe, se trouve dans la diversification des canaux d'approvisionnement en gaz et autres sources d'énergie.   

Le Président a exprimé sa fierté de diriger un pays où musulmans, chrétiens, juifs et roms vivent ensemble dans un respect mutuel millénaire.  C’est parce que ce vivre-ensemble existait qu’il a été la cible de politiques destructrices et hostiles, qui ont abouti à une guerre terrifiante ayant culminé dans l’horreur au génocide de Srebrenica, a déclaré M. Džaferović.  Il s’est inquiété qu’en dépit de l’Accord de Dayton et des épreuves qui ont émaillé la période postconflit, « il se trouve des partis populistes en Bosnie-Herzégovine qui, ouvertement, affirment que ce pays n'est pas viable parce que musulmans et chrétiens ne peuvent pas vivre ensemble. »  Or le Président s’est dit convaincu que la majorité des habitants de Bosnie-Herzégovine veulent vivre dans la paix avec leurs différences.  Saluant le rôle protecteur du Bureau du Haut Représentant chargé d'assurer le suivi de l'application de l'Accord de paix relatif à la Bosnie-Herzégovine et du Conseil de mise en œuvre de la paix, deux organes créés sur la base du chapitre VII de la Charte et appuyés par de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité, il a souligné que le moment de leur fermeture n’est pas venu.  Il a argué à cet égard que le Haut-Représentant a l’obligation de protéger durablement la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine, et « non de contribuer à leur désintégration ».  Il a rappelé que la présence militaire internationale dans son pays avait été établie par ledit Accord, et que c’est le Conseil de sécurité qui avait décidé de l’annualisation du mandat de l’opération militaire de l'Union européenne dans son pays (EUFOR Althea).  Or, le Conseil de votera à nouveau sur la prorogation du mandat de cette opération dans moins d'un mois, et il est très important pour la stabilité de la Bosnie-Herzégovine et de la région que la résolution qui sera présentée pour ce faire soit adoptée, a-t-il déclaré.  

Après avoir promis que son pays, après les élections générales qui auront lieu le 2 octobre prochain, poursuivra ses efforts de stabilisation, le dirigeant s’est dit confiant dans le fait que la Bosnie-Herzégovine se verra bientôt accorder le statut de candidat à l'adhésion à l'Union européenne.  En ce qui concerne nos relations avec l'OTAN, a-t-il ajouté, la Bosnie-Herzégovine, en tant que pays candidat, a adopté et applique le programme de réformes de l’Organisation.  Il a conclu son allocution en soulignant que la coopération régionale est l'un des axes majeurs de la politique étrangère de son pays, lequel ne souhaite que « l’établissement, dans le respect mutuel et selon le principe de réciprocité, de bonnes relations avec ses voisins ».

M. CHANDRIKAPERSAD SANTOKHI, Président du Suriname, s’est inquiété de l’accumulation des menaces planant sur le monde, citant notamment l’inflation généralisée et l’aggravation de la pauvreté, de la faim et de la crise climatique.  Il a ensuite posé une série de questions: « Avons-nous traité notre terre de façon durable? Sommes-nous mieux préparés à la prochaine pandémie? L’accès au financement climatique s’est-il amélioré? Avons-nous veillé à ce que les plus vulnérables soient libérés de la pauvreté et de la faim? » En réponse, il a estimé que toutes les mesures nécessaires n’avaient pas été prises.  Expliquant que le Suriname était l’un des trois pays au monde à ne pas émettre de carbone, mais qu’il avait été récemment touché par d’importantes inondations, il a rappelé qu’aucune nation n’était à l’abri de la crise climatique.  M. Santokhi a appelé à agir immédiatement et à respecter les engagements financiers pris à hauteur de 100 milliards de dollars pour l’adaptation aux changements climatiques.  Il a insisté sur le besoin urgent d’aider les petits États insulaires en développement et les États côtiers de faible altitude des Caraïbes à s’adapter, notamment grâce à la création d’un fonds de compensation des dommages dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).  Dans ce contexte, il s’est félicité de la création d’un groupe de haut niveau sur l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle.

En tant que Président en exercice de la communauté des Caraïbes (CARICOM), M. Santokhi s’est engagé à déployer tous les efforts possibles afin de préserver la paix et la sécurité en Haïti, insistant sur la nécessité d’un plan initié et géré par les Haïtiens.  Il a aussi affirmé que l’embargo de longue date contre Cuba et le peuple cubain devait être levé.  Évoquant la situation économique du Suriname, le Président a expliqué que la population subissait des difficultés en raison d’une conjonction de crises et en a appelé à l’aide internationale.  Il a indiqué que le pays allait se réengager auprès du Fonds monétaire international (FMI), souhaitant un ajustement du programme « en fonction des réalités actuelles du monde » afin de minimiser son coût social. 

Appelons un chat, un chat, a dit M. JOSEPH R. BIDEN, Président des États-Unis.  Un membre permanent du Conseil de sécurité mène une invasion pour rayer un État souverain de la carte du monde.  Aujourd’hui encore, a-t-il accusé, le Président Vladimir Putin a proféré une menace nucléaire contre l’Europe, méprisant ainsi les responsabilités découlant du régime de non-prolifération.  La Russie a annoncé la mobilisation d’encore plus de soldats et le Kremlin est en train d’organiser un référendum monté de toute pièce pour annexer certaines parties de l’Ukraine, s’est indigné le Président américain. 

Réfutant l’argument du Président Vladimir Putin selon lequel la Russie était menacée, le Président Biden a affirmé que le but est clair: retirer à l’Ukraine son statut d’État et priver son peuple du droit d’exister en tant que nation.  Cet objectif donne froid dans le dos et c’est la raison pour laquelle les États Membres de l’Assemblée générale ont condamné ensemble et sans équivoque la guerre en Ukraine.  À ce jour, a fait observer le Président, les États-Unis ont donné à l’Ukraine plus de 25 milliards de dollars d’aide humanitaire et plus de 40 États ont fait de même, ajoutant du matériel pour que le pays puisse se défendre.  M. Biden a expliqué que son pays travaille avec ses partenaires pour veiller à ce que la Russie paye le prix de ses actes et de ses atrocités car, à défaut, tout ce que défendent les Nations Unies sera menacé. 

Nous souhaitons, a déclaré le Président, que cette guerre prenne fin à des conditions justes.  Nous avons, a-t-il expliqué, une vision du monde fondée sur les valeurs de la démocratie et nous travaillons avec le G7 et d’autres partenaires pour prouver que la démocratie fonctionne.  Je suis, a-t-il ajouté, contre la politique de la peur et de la coercition et je défends les droits souverains des petites nations.  Le Président a souhaité une ONU plus inclusive, demandé aux membres permanents du Conseil de sécurité de s’abstenir d’exercer leur droit de veto sauf pour les cas extrêmement rares et plaidé pour l’augmentation du nombre de membres permanents et non permanents. 

Venant aux changements climatiques, il a attiré l’attention sur le texte de la loi historique adopté par le Congrès américain qui alloue 369 milliards de dollars à la lutte de ce fléau.  En outre, l’Administration américaine travaille avec le Congrès pour allouer plus de 11 milliards de dollars par an au financement climatique.  Il a indiqué, s’agissant de la santé mondiale, qu’avec le G20, il est question de créer un nouveau fonds de réponse aux pandémies et rappelé qu’il organise, aujourd’hui même, une conférence de promesse de contributions au Fonds mondial de lutte contre le VIH, la tuberculose, et le paludisme.  Il a d’ailleurs promis une enveloppe de 6 milliards de dollars.

Passant à la crise alimentaire, le Président Biden a annoncé une contribution supplémentaire de 2,9 milliards de dollars au titre de l’aide humanitaire, cette année, « pendant que la Russie détruit des vies ».  Que les choses soient claires, a-t-il dit: nos sanctions permettent explicitement à la Russie d’exporter des céréales et des engrais.  La crise alimentaire est due à la guerre menée par la Russie et c’est elle seule qui peut y mettre fin.  M. Biden a salué l’Initiative céréalière de la mer Noire et rappelé que son pays est le plus grand bailleur du Programme alimentaire mondial (PAM) et a lancé une feuille de route contre l’insécurité alimentaire dans le monde. 

Je m’efforce, a-t-il poursuivi, de créer un nouveau système économique où chaque nation pourra obtenir sa part de croissance économique.  Il a défendu l’idée d’une taxe mondiale minimum pour que les multinationales payent leur part partout où elles opèrent.  Avec leurs partenaires, les États-Unis s’efforcent aussi de garantir des chaînes d’approvisionnement résilientes et de veiller à ce qu’aucun pays n’utilise l’énergie comme arme.  Le Président a demandé aux créanciers, notamment ceux qui ne font pas partie du Club de Paris, de négocier de manière transparente l’allégement de la dette des pays à faible revenu.

Il a annoncé qu’avec le G7, les États-Unis ont mis en place un partenariat au service des infrastructures qui doit mobiliser 600 milliards de dollars d’ici à 2027.  Nous ne voulons, a-t-il promis, ni de conflit ni de guerre froide avec la Chine, et nous ne demandons pas aux États de choisir entre nous et d’autres partenaires.  Le Président a tout de même dénoncé le fait que la Chine et la République populaire démocratique de Corée (RPDC) développent leurs programmes nucléaires et que la Russie fasse fi des obligations qui découlent du TNP.  S’agissant de l’Iran, il a assuré que les États-Unis sont prêts à réintégrer le Programme d’action commun global, tout en restant déterminés à empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire.

Le Président a voulu conclure sur une note d’espoir, l’espoir sur lequel l’ONU repose depuis sa création.  Si les défis sont immenses, les capacités le sont aussi, a-t-il estimé, d’inviter la communauté internationale à agir de concert et à continuer de défendre les valeurs de la Charte des Nations Unies.  Nous ne sommes pas des témoins passifs de l’Histoire, nous en sommes les acteurs.

M. EGILS LEVITS, Président de la Lettonie, a attiré l’attention sur le fait que l’agression militaire russe contre l’Ukraine menace la sécurité et la stabilité mondiales, la Russie poursuivant au XXIe siècle une politique impérialiste, colonialiste et raciste.  La Russie a envahi la Géorgie en 2008, elle a illégalement annexé la Crimée ukrainienne en 2014 et elle a employé une rhétorique de plus en plus agressive envers les autres pays voisins, a-t-il ajouté, qualifiant ces agissements de manifestations indéniables des ambitions impérialistes et coloniales russes. 

Nier le droit d’exister d’une autre nation et promouvoir l’idée d’une suprématie russe vitale pour l’avenir du monde, cela s’apparente à du racisme, a poursuivi M. Levits.  Après avoir rappelé les conséquences humanitaires et économiques de la guerre en Ukraine, le Président a estimé que les capacités de la Russie à financer la guerre doivent être jugulées et qu’il fallait, à cette fin, maintenir et renforcer les sanctions internationales frappant les marchés financiers et les secteurs du commerce et de l’énergie russes, ainsi que celles qui visent des personnes physiques et morales. 

M. Levits a indiqué que, depuis le début de la guerre, la Lettonie avait consacré plus de 0,8% de son PIB à l’aide économique, financière et humanitaire à l’Ukraine.  Par ailleurs, pour combler les manques juridiques en matière de guerre d’agression, « soit la plus grave des violations de la Charte des Nations Unies », il a appelé à la création, par une résolution de l’Assemblée générale ou par tout autre organisation internationale, d’un Tribunal spécial dont la tâche principale serait d’établir la responsabilité d’agresseur de l’État russe et qui pourrait aussi constituer une partie du mécanisme international de réparation qui, après la guerre, devra veiller à ce que la Russie paye des dommages à l’Ukraine.

Les États baltes ont beaucoup à apporter aux Nations Unies, a conclu le Président letton, qui a souligné que les horreurs de la guerre et de l’occupation coloniale étaient encore dans toutes les mémoires de ces pays.  En tant que petits États, notre intérêt existentiel est de pouvoir compter sur un multilatéralisme efficace, a-t-il ajouté, assurant qu’en tant que candidat à un siège non permanent du Conseil de sécurité en 2025-2026, son pays s’efforcerait, s’il est élu, de contribuer à un fonctionnement de cet organe plus transparent, cohérent, efficace et redevable.

M. GUILLERMO LASSO MENDOZA, Président de l’Équateur, a raconté l’histoire de Mateo, un jeune Colombien étudiant la médecine à Zaporijia en Ukraine, qui a échappé de peu aux combats en février dernier.  Il s’est félicité que le comité de crise alors mis en place ait pu rapatrier 730 citoyens équatoriens grâce à des vols humanitaires, précisant que Mateo avait pu prendre l’un d’entre eux, sa sœur étant équatorienne.  D’autres citoyens colombiens, péruviens et même ukrainiens ont pu bénéficier de ces vols, a-t-il ajouté.  Pour M. Lasso, cette histoire illustre le fait que « l’Équateur est là pour le monde ».  Et il s’est dit certain que « le monde n’abandonnera pas l’Équateur face à ses défis particuliers ». 

M. Lasso s’est inquiété des progrès du populisme, qui prospère à partir de l’exclusion et de la marginalisation, et qui préfigure l’apparition du « visage hideux de l’autoritarisme ».  Pour le combattre, il faut créer des perspectives pour tous, a-t-il estimé.  Le Président a rappelé que l’Équateur s’est lancé dans une lutte « frontale et inédite » contre le trafic de stupéfiants, le pays se classant à la troisième place mondiale en termes de saisies annuelles de cocaïne.  Il a dénoncé un « monstre aux visages multiples »: traite des personnes, blanchiment d’argent, trafic d’armes et même exploitation minière illégale.  La criminalité transnationale, a-t-il ajouté, génère entre 1,6 et 2,2 trillions de dollars par an, soit des dizaines de fois la valeur de l’économie équatorienne.  « Il y a deux jours, un procureur a été tué par balles en plein centre de la ville de Guayaquil, où je suis né, par des criminels », a-t-il raconté.  Son assassinat montre que face à la criminalité transnationale, il faut des solutions transnationales, a plaidé M. Lasso, estimant que son pays mérite le soutien international dans sa lutte contre le trafic de drogue. 

Concernant la mobilité humaine, le Président a rappelé que son pays reçoit de nombreux migrants et réfugiés venus de tout le continent sud-américain.  Un demi-million de Vénézuéliens y vivent aujourd’hui et, malgré ses difficultés budgétaires, l’Équateur leur offre l’accès aux services de santé et d’éducation, a-t-il expliqué, précisant que le pays procède actuellement à leur régularisation.  « Imaginez ce que cela signifie pour un petit pays comme le nôtre, imaginez l’impact qu’aurait une telle population sur chacun de vos pays! » s’est-il ému, avant d’ajouter que là encore, l’Équateur « est là, prêt à aider le monde ». 

L’Équateur ne représente que 0,18% des émissions de gaz à effet de serre mondiales mais est le quatrième de la planète à avoir adopté une politique de transition transversale et il a en outre créé un ministère dédié, s’est-il félicité.  Le pays a également créé une nouvelle réserve marine de 60 000 kilomètres carrés dans les îles Galapagos et, dans le cadre de la Déclaration pour la conservation et la gestion des écosystèmes inclus dans le corridor marin du Pacifique tropical oriental, travaille à la négociation sur le futur traité de lutte contre la pollution plastique. 

Enfin, M. Lasso, qui a rappelé que 30% des enfants de moins de 2 ans souffrent de malnutrition en Équateur, a indiqué que son gouvernement s’est fixé pour objectif la réduction de ce chiffre de six points de pourcentage durant son mandat. 

M. HAKAINDE HICHILEMA, Président de la Zambie, a fait remarquer que les temps sont difficiles, notamment avec le risque de perdre les gains de développement durement gagnés et avec l’augmentation des inégalités, en particulier dans les pays en développement.  Des efforts collectifs doivent être menés pour relever les nombreux défis auxquels nous sommes confrontés, a exhorté le Président se disant favorable au « Programme commun » du Secrétaire général et au « Sommet du futur ».  Il a appelé à la conclusion d’un « pacte pour l’avenir » sur lequel se fonde une nouvelle forme de multilatéralisme.  Il a aussi appuyé la création du Bureau des Nations Unies pour la jeunesse.  Malgré les progrès réalisés pour freiner la pandémie de COVID-19, M. Hichilema a appelé à se prémunir contre la possibilité de sa résurgence et à trouver des solutions durables, y compris par la mise en place d’un régime international de santé garantissant la distribution rapide de fournitures à partir d’une réserve mondiale pour lutter contre les futures et actuelles pandémies comme la poliomyélite, la rougeole, le choléra et la variole du singe. 

Le Président a regretté que la crise ukrainienne ait entravé la reprise économique, en particulier dans les pays en développement.  Ces pays doivent renouveler leurs engagements visant à éradiquer la pauvreté, lutter contre la pauvreté énergétique, accéder à des financements concessionnels, a-t-il lancé.  La Zambie, a annoncé le Chef de l’État, présentera son deuxième examen national volontaire sur la mise en œuvre du Programme 2030 en juillet 2023.  En dépit d’une contraction économique de -2%, la reprise économique zambienne est sur la bonne voie, a assuré M. Hichilema.  La croissance du PIB est estimée à plus de 3%, a-t-il précisé.  Il a aussi indiqué que son gouvernement s’est engagé à offrir l’égalité des chances, en particulier aux jeunes, annonçant en outre le recrutement de plus de 30 000 enseignants et plus de 11 000 agents de santé en 2022 ainsi que l’existence d’un accord de principe avec les créanciers du pays.  Dans la lutte contre les changements climatiques, il a rappelé que les pays disposant de peu de ressources ont besoin de soutien financier accru pour s’adapter et atténuer les impacts. 

Faisant valoir les actions du Gouvernement pour l’égalité des sexes, l’inclusion et l’autonomisation des femmes, le Président a ensuite enchaîné avec la paix, la sécurité et la stabilité internationales en insistant sur l’importance des efforts de l’Union africaine et des Nations Unies pour promouvoir la paix et pour prévenir les conflits.  Préoccupé par la guerre en cours en Ukraine, qu’il a condamnée, M. Hichilema a exhorté les parties à rechercher des solutions diplomatiques.  Il a terminé en réitérant la position commune de l’Afrique sur la réforme du Conseil de sécurité contenue dans le « consensus d’Ezulwini » et la Déclaration de Syrte.

M. ANDRY NIRINA RAJOELINA, Président de Madagascar, a rappelé que lorsqu’il s’est agi d’affronter la crise sanitaire, «nous avons choisi de faire confiance à nos scientifiques et aux richesses naturelles de notre terre».  Il a fait valoir que la création de l’usine pharmaceutique « Pharmalagasy », en pleine crise sanitaire, a démontré qu’il était possible de transformer les difficultés en opportunités «afin d’exploiter notre biodiversité et ainsi protéger la population malagasy».  Il a salué le fait qu’alors que l’on présageait l’hécatombe en Afrique, le taux d’infection et de mortalité à Madagascar figure parmi les plus faibles au monde.  Classé comme zone verte, parmi les pays à faible risque de contamination, actuellement, l’entrée à Madagascar ne nécessite ni test ni passe sanitaire, a-t-il encore indiqué.  Concernant le conflit en Ukraine, le Président malgache a constaté qu’il complique grandement les efforts de résilience et de relance post-COVID, Madagascar, « comme tous les pays du monde », subissant pleinement les impacts inflationnistes de cette crise.  Il a plaidé pour le dialogue, la seule voie pour instaurer la paix, et un rôle accru des Nations Unies, qui sont les garants et les premiers promoteurs du multilatéralisme.  Notre organisation, a-t-il ajouté, peut prendre des mesures pour accompagner les pays à faible revenu afin qu’ils puissent s’approvisionner en pétrole à des prix équitables, parce que la situation mondiale actuelle est source de bouleversements majeurs dans de nombreux pays.  Il a expliqué que certains États se retrouvent déstabilisés socialement et économiquement, des augmentations de 50% du prix du carburant ayant entraîné des émeutes. 

Pour le Président malgache, la reconstruction est l’affaire de tous.  « Notre solidarité est la seule voie pour guérir nos sociétés, rétablir nos économies, soutenir la croissance et surtout instaurer la paix », a-t-il ainsi déclaré.  Sur ce point, il a plaidé en faveur d’une industrialisation locale et vanté les mérites de l’innovation agricole pour rattraper le retard de développement.  « Nous avons élaboré le plan émergence Madagascar, dont la mise en œuvre a été lancée depuis le début de mon mandat présidentiel en 2019 », a-t-il expliqué, précisant que la réalisation de ce plan privilégiant la mise en œuvre de projets permettra de hisser Madagascar au rang des pays nouvellement émergents.  Il a mentionné à cet égard le lancement d’un programme de réformes ambitieux pour moderniser l’administration, développer le capital humain et permettre une croissance économique forte, inclusive et durable dont l’énergie est le pilier du développement.  De plus, il a signalé le lancement d’une vaste opération destinée à équiper la majorité des foyers malagasy de kits solaires d’ici à la fin de l’année prochaine, dont une partie sera subventionnée par l’État.  Une fois cet objectif atteint, Madagascar ambitionne d’être parmi les premiers pays sur le continent africain à avoir apporté la lumière à la totalité de sa population, a-t-il annoncé. 

Sur les changements climatiques, le Président malgache a indiqué que son pays devrait faire partie des bénéficiaires du Fonds vert pour le climat (FVC).  Or, l’accès au financement tourne au ralenti et, actuellement, aucun engagement n’a été respecté, a-t-il déploré, estimant injuste que les pays les moins pollueurs paient le plus lourd tribut des impacts des changements climatiques.  Rappelant qu’en 2022 pas moins de cinq cyclones ont frappé «la Grande île» en l’espace de deux mois seulement, ravageant 178 000 hectares de terres agricoles, il a alerté sur le fait que les conséquences des changements climatiques s’aggravent.  « Combien de réunions de haut niveau, de sommets et de conférences internationales avons-nous déjà eus, combien de déclarations et engagements avons-nous déjà prononcés? », a-t-il demandé, appelant à la transformation sans délais des discours en actions concrètes. 

Le Président a rappelé que la jeunesse africaine, le continent tout entier attendent la concrétisation des accords de la part des pays émetteurs.  Il a prévenu que les générations futures en demanderont des comptes, avant d’attirer l’attention sur le lancement de grands travaux pour transformer le pays « car tout est à faire et à refaire, tout est urgent, et tout est prioritaire ».  Il a d’autre part souligné la nécessité de tenir compte de ce que la croissance démographique actuelle n’est pas proportionnelle à la croissance économique, afin que la démographie devienne pour Madagascar « un atout et non plus un frein au développement ». 

Le Président de Madagascar a rappelé son souhait que son pays bénéficie enfin de l’application des résolutions prises par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1979 et en 1980 sur la restitution et la gestion des Îles Éparses ou Nosy Malagasy dans l’océan Indien.  «Nous nous réjouissons de la tenue très prochaine de la deuxième rencontre de la commission mixte Franco-Malagasy sur le sujet, et forts de ces deux résolutions, qui confirment la légitimité de notre revendication, nous espérons pouvoir compter sur le soutien des Nations Unies pour parvenir enfin à une solution concertée, juste et apaisée.»

M. MOHAMED YOUNIS A.MENFI, Président du Conseil présidentiel de la Libye, a déclaré qu’après une décennie de souffrances, son pays tentait toujours d’édifier les institutions de l’État et d’asseoir les principes de la démocratie.  Il a dénoncé des « interventions internationales » et « des guerres par procuration » menées sur le sol libyen et condamné les positions intransigeantes de certains acteurs politiques nationaux.  M. Menfi a insisté sur le rôle central du Conseil présidentiel libyen comme pilier de l’unité nationale et garant d’une transition démocratique et pacifique, dénonçant des tentatives visant à pousser l’institution vers la confrontation politique.  Le Conseil présidentiel suit de près les consultations entre le Parlement et le Haut-Conseil d’État en vue d’organiser les élections présidentielle et législatives, a-t-il indiqué, insistant sur le fait que ces consultations ne devraient pas durer indéfiniment et que le Conseil présidentiel était prêt à intervenir pour accélérer le processus. 

M. Menfi s’est félicité de la reprise de la production d’hydrocarbures dans toutes les régions du pays, notamment dans un moment où la demande internationale est forte.  Il a toutefois appelé à une meilleure gestion des ressources ainsi générées, davantage de transparence et moins de corruption afin qu’elles puissent être pleinement dirigées vers les besoins de la population.  Il a également réaffirmé le rôle joué par la Libye dans la lutte contre le terrorisme et rappelé son engagement pour la création d’un État palestinien et l’arrêt de la colonisation israélienne. 

Mme MAIA SANDU, Présidente de la République de Moldova, a dit sa fierté de représenter un « futur membre de l’Union européenne », et remercié les 27 membres de l’Union pour leur soutien unanime.  En demandant de joindre l’Union, nous voulons dire au monde que nous choisissons la démocratie sur l’autocratie, la liberté sur l’oppression, la paix sur la guerre et la prospérité sur la pauvreté.  Cette candidature nous donne le sentiment d’appartenir au monde libre, a-t-elle déclaré.

Mme Sandu a dénoncé la guerre menée par la Russie en Ukraine, en ajoutant que cette guerre n’est pas seulement une attaque contre notre voisin et ami mais une guerre contre un ordre international fondé sur des règles.  Elle a exprimé sa plus grande admiration devant le courage et la résilience de tous les Ukrainiens, ainsi que devant leur lutte pour la justice et la liberté.  Il est de notre devoir moral de continuer d’aider l’Ukraine, a-t-elle dit, avant d’indiquer que tous les habitants de son pays veulent la paix, peu importe leur origine ethnique.  Elle a rappelé que son pays a accueilli plus de 500 000 réfugiés ayant fui la guerre en Ukraine.  Près de 80 000 d’entre eux ont décidé de rester.

La Présidente a rappelé qu’en 1992 son pays a connu une guerre brève mais tragique en Transnistrie, dont les conséquences se font encore sentir à ce jour.  Nous avons fait tout notre possible pour que tous les citoyens de la République de Moldova, y compris ceux résidant dans la région sécessionniste, continuent de jouir de la paix.  La présence illégale des forces militaires russes en Transnistrie bat en brèche notre neutralité et accroît les risques sécuritaires pour notre pays, a-t-elle affirmé.  Nous appelons au retrait complet et inconditionnel des troupes russes.  La Présidente a souligné que son pays paye un lourd tribut depuis la guerre en Ukraine, devant faire face à un large éventail de menaces hybrides, à de la désinformation à des cyberattaques, sans oublier les pressions dans le domaine de l’énergie.  Elle a redit la détermination de son pays à diversifier ses sources énergétiques et à diminuer sa dépendance aux combustibles fossiles.

La Présidente a ensuite insisté sur l’importance cruciale de la lutte contre la corruption.  Nous devons prendre ce défi plus sérieusement, a-t-elle estimé, en appelant à la mise en place de mécanismes internationaux pour tarir les flux de l’argent sale.  La lutte contre la corruption et la réforme judiciaire sont au cœur, a affirmé Mme Sandu, de la transformation de son pays.  Nous travaillons d’arrache-pied pour attirer les investisseurs, renforcer notre économie et générer une plus grande prospérité pour notre peuple, a-t-elle conclu.

M. HAGE G. GEINGOB, Président de la Namibie, a mis l’accent sur la réalisation de l’objectif de développement durable 4, expliquant que l’éducation est un secteur prioritaire pour son pays.  Il a indiqué que dans le cadre du Sommet sur la transformation de l’éducation qui vient de s’achever, son pays s’est engagé à garantir l’accès à des technologies numériques inclusives et à développer une stratégie de financement innovante.  Au niveau national, le secteur de l’éducation reçoit la plus grande part du soutien budgétaire, équivalant à 8% du PIB et à près d’un quart du budget national total, et le Gouvernement offre un enseignement primaire et secondaire gratuit, a-t-il ajouté. 

Mais la dette au niveau mondial atteint un niveau sans précédent et les taux d’intérêt sont en hausse, une réalité qui limite la marge de manœuvre budgétaire de nations comme la Namibie.  Or, la classification de la Namibie en tant que pays à revenu intermédiaire supérieur présente des défis en matière de mobilisation des ressources pour financer les ODD, a alerté le Président.  Comme je l’ai dit, prendre notre PIB et le diviser par notre petite population, pour obtenir un revenu par habitant élevé, est une formule défectueuse car elle ne tient pas compte des vastes disparités de revenus, qui sont la conséquence de 100 ans de colonialisme et d’apartheid et empêche la Namibie d’accéder à des prêts concessionnels.

Par ailleurs, en tant que Président en exercice de l’organe chargé de la coopération en matière de politique, de défense et de sécurité de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), M. Geingob a appelé à des élections générales pacifiques au Lesotho le 7 octobre 2022.  La SADC est également saisie de l’évolution des situations à Eswatini et en République du Mozambique et, dans cette optique, le chef d’État a indiqué avoir entamé un dialogue avec les dirigeants de ces trois pays afin d’assurer la mise en œuvre réussie des décisions de la SADC les concernant.  Il a ensuite rappelé que l’Afrique est un continent de 1,2 milliard de citoyens privés de représentation équitable au sein du Conseil de sécurité, réitérant son appel à la réforme de cet organe, conformément à la position commune africaine. 

Évoquant ensuite les impacts sans précédent des changements climatiques, M. Geingob a indiqué que la Namibie prévoit d’annoncer des développements majeurs dans ses ambitions de décarbonisation grâce notamment à la production d’hydrogène vert.  Ainsi, le premier projet de conversion d’hydrogène en électricité en Afrique devrait être opérationnel d’ici à 2024 dans la ville namibienne de Swakopmund, s’est-il enorgueilli, tout en soulignant qu’une transition énergétique juste consiste à offrir aux pays en développement des moyens équitables d’accéder durablement aux ressources naturelles dont ils disposent.  Il a ensuite indiqué que la Namibie a récemment découvert des gisements prometteurs d’hydrocarbures et se livre à l’exploration d’importants gisements de métaux rares sur son sol.  Afin de garantir une utilisation durable de ses ressources naturelles, elle a récemment lancé un fonds souverain national intitulé Welwitschia Fund, qui illustre son engagement en faveur de la « prudence fiscale » et de la gestion durable des ressources pour les générations actuelles et futures, a ajouté en conclusion le Président. 

M. BORUT PAHOR, Président de la Slovénie, a fait observer qu’à l’exception de la guerre des Balkans, tous les bouleversements majeurs sont intervenus en Europe de manière pacifique depuis la chute du mur de Berlin jusqu’à l’invasion russe de l’Ukraine.  Les Nations Unies, a-t-il rappelé, ont établi une série de règles d’engagement claires: le règlement pacifique des différends, la coopération et le respect de la dignité humaine.  Or, la décision de la Fédération de Russie d’attaquer militairement l’Ukraine vient d’ébranler ces règles, comme de nombreux conflits dans le monde.  La paix, a insisté le Président, n’est pas seulement l’absence de guerre.  La paix, c’est quand les dirigeants renforcent et nourrissent leurs bonnes relations avec les autres pays.  Il est de notre obligation, a estimé le Président, de résoudre les différends dans un esprit de compromis et de compréhension mutuelle.  Renforcer et nourrir les bonnes relations sont tout autant essentiels pour relever efficacement les défis de notre temps, comme les changements climatiques.

Au nom de la solidarité, a-t-il indiqué, la Slovénie a promis un appui spécial aux efforts de l’Afrique, des Caraïbes et des pays du Pacifique pour la biodiversité, l’accès à l’eau et les changements climatiques.  Le pays contribue aux Fonds pour les pays les moins avancés (PMA) et a lancé le Groupe vert pour travailler avec les pays qui veulent promouvoir des politiques vertes.  Le Président s’est dit favorable à l’idée du Secrétaire général de convoquer un deuxième sommet sur le développement social en 2025.  Arguant que son pays a prouvé sa qualité d’État Membre fiable et honnête de la famille des Nations Unies, le Président a ajouté que la Slovénie est tout simplement faite pour devenir membre non permanent du Conseil de sécurité entre 2024 et 2025.  Travailler sans relâche pour la paix, la justice, la compréhension mutuelle, la réconciliation, le respect des diversités ethniques, nationales et religieuses, la promotion du développement durable et de la solidarité est la tâche de la Slovénie, a conclu le Président, « notre tâche commune ».

M. WILLIAM SAMOEI RUTO, Président du Kenya, a plaidé pour une action climatique ambitieuse sous peine d’avoir, comme l’a dit le Secrétaire général, « rendez-vous avec un désastre climatique », lequel ne saurait prendre personne par surprise.  Il a souligné le rôle clef que peut jouer le secteur agricole dans la lutte contre les changements climatiques, en détaillant la politique de son pays visant à renforcer la résilience environnementale dudit secteur.  Le Président a appelé à remédier à la pénurie d’engrais, sous peine de voir cette pénurie se transformer en pénurie alimentaire mondiale. 

Le Kenya est déterminé à élaborer avec les autres pays les instruments juridiquement contraignants visant à mettre un terme à la pollution plastique, a déclaré le Président, avant d’appeler les pays développés à investir dans une pêche durable et dans la protection des écosystèmes marins.  Il a aussi demandé que les engagements pris en termes de financement climatique soient honorés. 

M. Ruto a averti que les pays en développement, qui pâtissent d’un service de la dette très lourd, risquent de voir leurs gains en matière de développement compromis en raison de la pandémie et des chocs afférents.  Il a appelé le G20 à « étendre le cadre commun de suspension du service de la dette pour les pays à revenus intermédiaires pendant cette période de relèvement postpandémie ». 

Membre non permanent du Conseil de sécurité, le Kenya s’est fait le champion d’une coopération plus étroite entre ce dernier et les mécanismes régionaux, a poursuivi M. Ruto, avant d’appeler au renouvellement de l’architecture sécuritaire de l’Union africaine.  « Nous nous sommes engagés à faire entendre une voix africaine plus forte au Conseil », a-t-il lancé.  Il a estimé que l’absence de réforme du Conseil ne faisait que saper la légitimité et l’autorité morale de l’ONU.  Un Conseil non démocratique et non représentatif ne peut être le fer de lance d’un monde juste et libre, a tranché le Président.  Il a aussi plaidé pour une révision de la pratique des sanctions, y voyant une violation des principes fondamentaux d’un ordre international fondé sur des règles, comme c’est le cas des sanctions imposées au Zimbabwe et à Cuba.

Enfin, M. Ruto a appelé au renforcement du multilatéralisme, seul moyen de bâtir un monde pacifique, stable et prospère pour tous.  L’intégrité de l’ordre international doit se mesurer à l’aune de la distance séparant nos résolutions et accords des actions prises et des solutions effectives, a déclaré le Président, pour qui « le moment historique qui est le nôtre aujourd’hui exige que nous réduisions drastiquement cette distance au plus vite ».  Nous pouvons nous libérer de la honte des échecs passés du multilatéralisme, a assuré en conclusion le Président du Kenya.

M. ALI BONGO ONDIMBA, Président du Gabon, a estimé que, face aux rivalités entre puissances et aux défis multiformes auxquels fait face le monde, il serait dangereusement naïf de continuer à miser sur les rapports de force ou les postures unilatérales.  « L’interdépendance des enjeux globaux et l’interconnexion des économies nationales exigent de dialoguer, afin de répondre de manière appropriée, et surtout collective, aux menaces les plus graves qui se posent à la paix et à la sécurité internationales », a-t-il affirmé.  À moins de huit ans de l’échéance de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, il est également crucial de tenir compte de la menace que continue de faire peser la pandémie de COVID-19 sur nos économies, mais aussi celle, « tout aussi insidieuse », de l’inflation.  Il nous faut donc agir, individuellement, mais aussi collectivement. 

En outre, 50 ans après la Conférence de Stockholm, l’humanité est confrontée à une triple crise environnementale sans précédent: les changements climatiques, l’extinction de la biodiversité et la pollution, notamment par les plastiques.  Avec 88% de couverture forestière et une déforestation bien inférieure à 0,1%, le Gabon est un pays « riche en arbres, faible en déforestation », a affirmé le Président.  Depuis la COP15, qui s’est tenue en 2009 à Copenhague, le Gabon a absorbé plus d’un milliard de tonnes de dioxyde de carbone, au rythme de 100 millions de tonnes par an.  En d’autres termes, a indiqué M. Bongo Ondimba, nous avons déjà atteint, voire dépassé, l’objectif de neutralité de carbone de l’Accord de Paris.  « Nous comptons sur la création d’un marché de carbone à séquestration nette pour nous permettre de maintenir cette performance jusqu’en 2050 et au-delà », a-t-il également annoncé.  M. Bongo Ondimba a également estimé que la prochaine Conférence des Nations Unies sur la biodiversité à Montréal serait un moment décisif pour l’humanité et a jugé essentiel que nous adoptions un cadre mondial ambitieux à cet égard: « Le temps est venu de passer des milliards aux trillions, en mobilisant 1% du PIB mondial en faveur de la Nature », a-t-il ajouté.  Enfin, face à la pollution « dans nos villes, nos rivières et nos océans », nous devons sans tarder adopter un accord international contraignant sur la pollution plastique, a préconisé le Chef d’État.

La limitation de l’accès aux armes des groupes armés, toujours plus nombreux, sera au cœur des priorités du Gabon lors de sa présidence du Conseil de sécurité le mois prochain, a annoncé M. Bongo Ondimba.  À cet égard, il a tenu à réitérer l’appel de son pays en faveur d’un partenariat solide pour assurer une plus grande sécurité dans le golfe de Guinée et son soutien résolu à la sanctuarisation des écoles et des lieux éducatifs, notamment lors des conflits armés. 

Estimant que l’internationalisme est à un tournant, le Président a déclaré que le Conseil de sécurité devait être réformé pour mieux prendre en compte les aspirations de l’Afrique, « qui a suffisamment attendu et n’attendra pas plus longtemps ».  Il a par ailleurs estimé qu’il était indispensable de mettre fin au recours aux sanctions et d’œuvrer à jeter des passerelles de coopération.

M. MOHAMED IRFAAN ALI, Président du Guyana, a estimé qu’il était temps de décider d’une nouvelle approche permettant de garantir la sécurité alimentaire, l’accès aux soins de santé et à une éducation de qualité et la fin des conflits.  Abordant la crise climatique, il a déclaré que les coûts d’adaptation devraient être plus élevés pour les pays en développement que les 140 à 300 milliards de dollars annuels envisagés d’ici à 2030.  Il a rappelé qu’en 2019, 79,6 milliards de dollars ont été alloués aux pays en développement, tout en jugeant « dérisoire » l’engagement pris de 100 milliards de dollars: « Ce n’est pas assez! », a-t-il lancé.  Pour le Président, les énergies fossiles demeurent nécessaires dans la conduite de la transition énergétique.  Pays entrant, le Guyana a proposé lors de la COP26 l’élimination des subsides à la production d’énergie fossile et défendu une tarification globale robuste du carbone.  « Nous ne pensons néanmoins pas que les nouveaux entrants doivent être punis en se voyant privés d’accès aux financements ou en voyant leurs coûts de financement renchéris », a-t-il ajouté.

Le Président a ensuite détaillé l’action climatique suivie par son pays, en vue de promouvoir notamment une énergie propre et une croissance faible en carbone.  Il a insisté sur les efforts en vue d’une gestion durable des forêts du Guyana, lesquelles sont d’une superficie équivalente à celle de l’Angleterre.  Le taux de déforestation est inférieur à 0,05%, a-t-il précisé.  Le Guyana œuvre aussi au développement d’un panier énergétique combinant énergie solaire et hydraulique, énergie éolienne et gaz naturel.

Le Président a affirmé que l’égalité entre les genres et l’autonomisation des femmes et des filles sont une priorité nationale de son pays.  Nous avons ainsi mis en place des programmes visant à l’indépendance financière des femmes, a-t-il dit, en soulignant la nécessité de remédier aux causes profondes des discriminations que celles-ci subissent.

M. Ali a demandé une solution pacifique au conflit en Ukraine, rejeté les sanctions imposées à Cuba et appuyé la solution des deux États au Moyen-Orient.  Il s’est engagé à régler le différend territorial qui oppose son pays au Venezuela par des moyens pacifiques, en rappelant que la Cour internationale de Justice en est saisie. 

« Un homme qui a faim est un homme en colère »; inégalités mondiales et sécurité internationale sont liées, a conclu M. Ali.

Mme KATALIN NOVÁK, Présidente de la Hongrie, a voulu saisir l’occasion de la Journée internationale de la paix, pour exhorter les dirigeants du monde à être fidèles à l’héritage de la Reine Elizabeth II, afin que nous puissions vivre en paix.  En tant que première femme Présidente de la Hongrie, épouse et mère de trois enfants, Mme Novák a dit se sentir responsable de la préservation d’un environnement dans lequel les générations futures pourront jouir de la sécurité et d’un certain confort.  C’est pourquoi, a-t-elle dit, je me tiens devant cette Assemblée pour réaffirmer mon engagement en faveur de la Charte des Nations Unies et j’invite mes pairs à garder en mémoire l’objectif principal pour lequel les Nations Unies ont été créées.

Nous, les peuples et dirigeants du monde occidental, prétendions trop souvent que nous vivions dans une ère de paix et de prospérité permanente depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale mais, en oubliant un peu vite les guerres et les conflits armés qui font rage dans de nombreuses régions du monde, tuant des innocents, déchirant des familles, détruisant infrastructures et économies, transformant les terres agricoles en terrains vagues et ajoutant à la destruction du monde.  Il est bien loin l’optimisme des spécialistes qui pensaient que la diminution du nombre de victimes pourrait conduire à la fin des conflits armés.  Or, cette conviction a été rapidement balayée par les derniers développements en Europe et dans d’autres parties du monde, a déploré la Présidente.

En tant que ressortissante de la Hongrie, un pays situé au cœur de l’Europe, la Présidente a voulu que l’on n’oublie pas que 11 ans seulement après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les chars soviétiques roulaient dans les rues de Budapest pour y installer pendant 45 ans une dictature communiste et qu’il n’a pas fallu longtemps après les changements pacifiques de 1989 pour que la guerre éclate dans le voisinage de la Hongrie.

Aujourd’hui, 20 ans après, la guerre fait rage de nouveau sur le continent européen et une fois de plus dans un pays voisin de la Hongrie.  Cela est d’autant plus préoccupant, s’est alarmée la Présidente, que les Hongrois de souche qui vivent de l’autre côté de la frontière ont payé de leur vie.  La guerre de la Russie contre l’Ukraine est une menace constante, non seulement pour les citoyens ukrainiens, mais aussi pour nous tous.  Le risque d’escalade est une raison suffisante pour s’inquiéter et agir.  Depuis le début de ce conflit, les Hongrois sont aux côtés des victimes, a souligné la Présidente, précisant que la Hongrie met actuellement en œuvre la plus grande opération humanitaire de son histoire récente et qu’elle a, d’ores et déjà, accueilli près d’un million de réfugiés depuis le début de la guerre en Ukraine.  Alors, s’est-elle interrogée, que voulons-nous?  Gagner la guerre?  Non, nous ne devons pas nous battre pour gagner une guerre.  Nous devons nous battre pour restaurer la paix. 

M. ALASSANE OUATTARA, Président de la Côte d’Ivoire, a relevé que la guerre en Ukraine, avec le risque d’un recours à l’arme nucléaire, continue de fragiliser la paix mondiale et de plonger l’humanité dans des crises multiformes.  Elle révèle aussi, une fois encore, les limites de l’option militaire dans le règlement des conflits.  C’est pourquoi la Côte d’Ivoire renouvelle son appel à la cessation immédiate et définitive des hostilités en Ukraine, en raison aussi de leurs sérieuses conséquences économiques, financières et sociales sur les pays africains.  Cette situation a conduit le Gouvernement ivoirien à subventionner les prix des produits pétroliers et le blé et à plafonner temporairement les prix de plusieurs produits alimentaires de grande consommation en vue de soutenir les ménages, notamment les plus défavorisés, a précisé le Président. 

Si M. Ouattara a salué la signature, à Istanbul, le 22 juillet 2022, sous l’égide de l’ONU et de la Türkiye, de l’accord sur la sortie du blé ukrainien, il a cependant regretté que seulement 17% du blé exporté d’Ukraine depuis cette date ait été réservé aux pays africains.  Aussi a-t-il demandé, à nouveau, que la priorité soit accordée à l’Afrique dans la mise en œuvre de l’accord d’Istanbul.  Il a aussi lancé un appel pressant aux institutions financières internationales et aux partenaires au développement de l’Afrique, en vue de mobiliser les ressources nécessaires pour soutenir les pays les plus fragiles afin de faire face aux répercussions du conflit en Ukraine. 

La Côte d’Ivoire, qui a abrité l’une des plus importantes opérations de maintien de la paix des Nations Unies en Afrique, mesure à sa juste valeur le sacrifice consenti par les pays contributeurs de troupes, a rappelé le Président.  « C’est fort du succès de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) que la Côte d’Ivoire a décidé de participer activement aux opérations de paix sous bannière de l’ONU », a-t-il expliqué, citant la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et à la Mission des Nations Unies en République centrafricaine (MINURCA). 

Malheureusement, dans ce contexte, 46 soldats ivoiriens, déployés au sein de la MINUSMA, y sont injustement détenus depuis le 10 juillet 2022, a rappelé M. Ouattara, qui a « appelé à nouveau à leur libération, sans délai ».  Le Président ivoirien a ensuite encouragé les autorités maliennes à axer leurs efforts sur la lutte contre le terrorisme et à mettre en œuvre les différentes étapes du chronogramme de transition ainsi que les réformes politiques et institutionnelles en vue des élections présidentielles prévues en février 2024.  Il a également salué l’action de la France et de ses partenaires européens au Sahel, réitérant son appel en faveur d’une plus grande implication des autres grandes puissances dans la lutte contre le terrorisme au Sahel et dans le golfe de Guinée, en soutien aux armées nationales, à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et à l’Initiative d’Accra sur la santé. 

M. Ouattara a assuré que son pays respecterait ses engagements au titre de l’Accord de Paris sur le climat et entendait œuvrer à la protection de son patrimoine forestier et de sa riche biodiversité.  C’est tout le sens de « l’initiative d’Abidjan » lancée à l’occasion de la quinzième Conférence des Parties de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (COP15), que la Côte d’Ivoire a eu l’honneur d’accueillir, du 9 au 20 mai 2022.  Le Président s’est réjoui de la mobilisation exceptionnelle et du soutien financier des partenaires au développement en faveur de cette initiative qui, s’est-il félicité, a très rapidement recueilli les ressources nécessaires à sa mise en œuvre, soit plus de 2,5 milliards de dollars.

M. JULIUS MAADA BIO, Président de la Sierra Leone, a constaté que les progrès vers la réalisation des ODD ont été compliqués par la réorientation du financement et des investissements, les perturbations des chaînes de production et d’approvisionnement, l’insécurité alimentaire et énergétique, le ralentissement des économies et les effets néfastes des changements climatiques.  Il a appelé à développer des financements du développement innovants, exempts des restrictions et des coûts de transaction élevés associés aux prêts concessionnels, et demandé que l’aide internationale soit alignée sur les priorités nationales.  Estimant que les effets néfastes des changements climatiques ne connaissent pas de frontières, M. Bio a exigé le respect des engagements internationaux pour lutter contre ce fléau, coordonner les efforts d’atténuation, améliorer les systèmes d’alerte précoce, améliorer la gestion des ressources en eau, promouvoir la gestion des risques de catastrophe et renforcer la conservation et la protection des habitats naturels.  Estimant qu’il existe des opportunités pour une transition énergétique juste, le Président a aussi plaidé pour le rôle accru des femmes et des jeunes qui doivent être au cœur des investissements climatiques.  La Sierra Leone s’est en outre pleinement engagée à conclure le traité sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine des zones situées au-delà de la juridiction nationale. 

Par ailleurs, a poursuivi M. Bio, le Gouvernement a augmenté le financement national de l’éducation, notamment pour faire face aux crises de l’apprentissage.  Contre la crise alimentaire mondiale, le Chef d’État a appelé à une augmentation des financements pour soutenir l’agriculture et l’irrigation, améliorer la nutrition des populations vulnérables et la protection sociale des populations à risque, ainsi que l’accès aux engrais.  Selon lui, la pandémie de COVID-19 a rappelé que l’équité, la coopération multilatérale et une réponse mondiale globale sont nécessaires pour faire face aux urgences sanitaires susceptibles de saper la paix, la sécurité et le développement dans le monde.  À cet égard, un soutien financier multilatéral est nécessaire de toute urgence pour compléter les efforts nationaux de réduction de la mortalité maternelle et infantile, prévenir les épidémies et lutter contre les maladies tropicales et transmissibles, et renforcer les infrastructures de santé et la capacité du personnel de santé.  Il a estimé que les ODD ne pourront pas être réalisés sans parvenir à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes. 

M. ALAR KARIS, Président de l’Estonie, a appelé à redynamiser le multilatéralisme avant de dénoncer les violations de la Charte et ces États qui essaient de convaincre le monde que les valeurs communes n’existent pas.  « Nous devons respecter la Charte, qui est la seule promesse de paix », a-t-il insisté.  Il a dénoncé l’agression de la Russie contre l’Ukraine, affirmant que la Russie visait à mettre un terme à la souveraineté de ce pays et à abattre la nation ukrainienne.  La Russie a un mépris total pour le droit international, a accusé M. Karis, en estimant que cette agression brutale et injustifiée était la plus grave depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale.  À ceux qui, selon lui, hésitent à prendre parti, le Président estonien a déclaré qu’il y a clairement « un agresseur et une victime ».

M. Karis a rappelé qu’il s’était rendu en Ukraine et qu’il y avait vu les horreurs de la guerre.  Les mots manquent pour dire la brutalité de ce que j’ai vu, a dit le Président, en rappelant que le visage de la guerre est le même partout.  Il a condamné les crimes de guerre commis par la Russie contre l’Ukraine, avant de rendre hommage à la « résilience extraordinaire » du peuple ukrainien.

Le Conseil de sécurité est paralysé et incapable d’assumer son rôle, en raison du veto de la Russie, a observé M. Karis, qui a jugé « honteux de constater que, depuis le 24 février, le Conseil a adopté une seule déclaration sur l’Ukraine ».  Combien faudra-t-il encore de guerres dévastatrices pour que la réforme du Conseil avance? a lancé le Président.  Il a salué la condamnation par l’Assemblée générale, le 2 mars, de l’agression russe, avant de demander à la Russie de cesser de recourir à la force.  « Comment peut-on accepter que l’agresseur ait un droit de veto au Conseil? », a-t-il demandé.  Il a indiqué que l’Estonie avait fourni 20 millions d’euros d’aide humanitaire à l’Ukraine et a invité tous les pays à aider ce pays.  L’Estonie a aussi accueilli 55 000 réfugiés ukrainiens, a-t-il rappelé.

M. Karis a rendu hommage au combat des femmes face aux Taliban en Afghanistan et a enjoint à ces derniers de cesser leurs attaques contre le personnel féminin de la mission des Nations Unies sur place.  Rappelant que l’impunité ne peut qu’aboutir qu’à plus d’impunité, il s’est prononcé en faveur de la création d’une juridiction spécifique sur le crime d’agression.  « La guerre en Ukraine nous concerne tous », a encore déclaré le Président estonien, en appelant à repousser « l’impérialisme russe ».  Si nous baissons les bras, les agresseurs n’en seront que plus enhardis, a-t-il insisté, avant de réaffirmer que « l’ONU est la pierre angulaire d’un ordre mondial fondé sur des règles ».

M. NANA ADDO DANKWA AKUFO-ADDO, Président du Ghana, a constaté lui aussi que « le monde n’est actuellement pas au beau fixe », rappelant que la Banque mondiale avait observé, jeudi dernier, que l’économie mondiale subissait son plus fort ralentissement depuis 1970.  Alors que nous étions aux prises avec les défis économiques posés par la pandémie de COVID-19, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a aggravé une situation déjà difficile, a-t-il ajouté.  La tourmente économique est mondiale, l’inflation étant l’ennemi numéro un cette année, s’est alarmé le dirigeant, qui a indiqué que son pays connaît son inflation la plus élevée depuis 21 ans. 

Il a ensuite évoqué le conflit déstabilisateur du Sahel voisin.  « Pour beaucoup, il peut sembler aujourd’hui être un conflit local qui ne touche que les pays de cette région.  Nous, au Ghana, savons qu’il en est autrement, et avons observé avec horreur les troubles qui se sont déplacés du Sahel, inexorablement, vers les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest », a-t-il déclaré.  Tous les voisins du Ghana ont subi des attaques terroristes, et certains ont perdu des espaces territoriaux au profit des forces d’invasion, a souligné M. Akufo-Addo.  Il a noté en outre que la pression terroriste a fourni un prétexte pour la réapparition malheureuse d’un régime militaire dans 3 des 15 États membres de la Communauté de la CEDEAO, dont 2 ont été les plus touchés par les attentats terroristes dans la région – le Mali et le Burkina Faso.  Une évolution que le Ghana est déterminé à inverser, afin que l’espace CEDEAO reste un espace démocratique, a indiqué le Président. 

Il a ensuite rappelé qu’il avait lancé au Ghana, il y a six ans, la politique « Un district, une usine », qui a permis jusqu’à présent de créer quelque 125 usines dans différents districts du pays, en tirant parti de l’avantage concurrentiel de chaque région.  C’est pourquoi, il y a six ans, son gouvernement s’est lancé dans une politique agressive de plantation pour l’alimentation et l’emploi, qui a aidé les agriculteurs ghanéens à accroître leurs rendements.  En effet, il a été reconnu que bon nombre de biens ou de marchandises importés peuvent être trouvés ou produits au Ghana, ou dans d’autres pays africains.  La zone de libre-échange continentale africaine, dont le secrétariat est situé à Accra, stimule le commerce intra-africain et crée un élan sans précédent en faveur de la diversité et de la transformation économiques du continent, a poursuivi M. Akufo-Addo.  Il a indiqué que le Ghana, pour sa part, transforme une grande partie de son cacao, raffine une plus grande partie de son or et est déterminé à exploiter toute la chaîne de valeur de ses énormes gisements de lithium.  « Nous sommes en train de construire une industrie intégrée de la bauxite et de l’aluminium et une industrie intégrée du fer et de l’acier, ainsi que de nouvelles raffineries de pétrole », s’est encore enorgueilli le dirigeant, se félicitant d’avoir, jusqu’à présent, attiré six des plus grands constructeurs automobiles du monde pour qu’ils installent des usines d’assemblage au Ghana, avant de les produire dans le pays.

M. JOSE MARIA PEREIRA NEVES, Président de Cabo Verde, a dit attendre avec espoir le Sommet sur l’avenir en 2024, comme prévu dans le rapport du Secrétaire général sur « Notre Programme commun ».  Dans cette optique, il a réitéré son intention de valoriser le statut de petit État insulaire en développement (PEID) de son pays.  Il a rappelé, à cet égard, que les PEID sont non seulement confrontés à l’isolement géographique, à la petite taille de leur économie et à la dépendance aux importations mais aussi aux impacts de chocs externes, qu’ils soient climatiques, économiques, sanitaires ou géopolitiques.  Après avoir traversé de multiples crises ces 15 dernières années, Cabo Verde a toujours l’ambition de devenir un petit État insulaire développé, a-t-il dit, affirmant compter pour cela sur la solidarité extérieure en termes de financement durable et d’allègement de la dette. 

Moins de deux ans avant la quatrième Conférence des Nations Unies sur les PEID, il est également urgent, selon lui, que soient revues les mesures destinées à aider ces États à atteindre les objectifs des Orientations de Samoa.  Sur ce point, le Président s’est félicité que le Secrétaire général de l’ONU ait décidé de lancer des travaux sur la réalisation et l’utilisation d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle.  Formant le vœu que cet indice fera l’objet d’un consensus au sein de l’Assemblée générale, il a assuré que les PEID veulent se libérer de leur dépendance à l’égard de l’aide extérieure et atteindre les objectifs de développement durable, ce qui implique nécessairement de réduire leurs vulnérabilités.  Enfin, après avoir plaidé pour la préservation du patrimoine naturel et culturel de l’Afrique et pour la « justice climatique » en faveur de ce continent, le Chef d’État a rappelé qu’il parraine les efforts visant à faire entrer les cultures créoles au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. 

M. JOSÉ MARIA PEREIRA NEVES, Président de Cabo Verde, a dit attendre avec espoir le Sommet sur l’avenir en 2024, comme prévu dans le rapport du Secrétaire général sur « Notre Programme commun ».  Dans cette optique, il a réitéré son intention de valoriser le statut de petit État insulaire en développement (PEID) de son pays.  Il a rappelé, à cet égard, que les PEID sont non seulement confrontés à l’isolement géographique, à la petite taille de leur économie et à la dépendance aux importations mais aussi aux impacts de chocs externes, qu’ils soient climatiques, économiques, sanitaires ou géopolitiques.  Après avoir traversé de multiples crises ces 15 dernières années, Cabo Verde a toujours l’ambition de devenir un petit État insulaire développé, a-t-il dit, affirmant compter pour cela sur la solidarité extérieure en termes de financement durable et d’allégement de la dette. 

Moins de deux ans avant la quatrième Conférence des Nations Unies sur les PEID, il est également urgent, selon lui, que soient revues les mesures destinées à aider ces États à atteindre les objectifs des Orientations de Samoa.  Sur ce point, le Président s’est félicité que le Secrétaire général de l’ONU ait décidé de lancer des travaux sur la réalisation et l’utilisation d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle.  Formant le vœu que cet indice fera l’objet d’un consensus au sein de l’Assemblée générale, il a assuré que les PEID veulent se libérer de leur dépendance à l’égard de l’aide extérieure et atteindre les objectifs de développement durable, ce qui implique nécessairement de réduire leurs vulnérabilités.  Enfin, après avoir plaidé pour la préservation du patrimoine naturel et culturel de l’Afrique et pour la « justice climatique » en faveur de ce continent, le Chef d’État a rappelé qu’il parraine les efforts visant à faire entrer les cultures créoles au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. 

Le Roi MSWATI III, Chef d’État du Royaume d’Eswatini, a relevé que cette session se déroule à un moment où le monde vient de traverser une phase de tragédies provoquées par la pandémie de COVID-19, remerciant Dieu que cette période se termine.  Il s’est déclaré encouragé par les points positifs à retenir de cette expérience dans le cas d’Eswatini, qui a développé des laboratoires d’essais et des installations de stockage d’oxygène.  Le royaume se concentre maintenant sur la fin de la pandémie de sida d’ici à 2030, a indiqué le souverain.  Citant les conflits qui se déroulent partout dans le monde, il a regretté leurs contributions à la hausse des prix à l’échelle mondiale.  Il a formé le vœu de voir la fin de ces affrontements par un règlement pacifique.  Le Roi a applaudi l’ONU pour ses efforts visant à empêcher l’escalade de ces conflits. 

S’agissant de la réalisation des ODD, il a d’abord noté un recul avant d’encourager à reprendre leur mise en œuvre, arguant que les ODD joueront un rôle crucial pour aider les pays à se développer.  À cet égard, il a souligné le rôle des institutions financières pour aider les pays dans le processus de relèvement.  Pour sa part, Eswatini veut attirer les investissements et soutenir les petites et moyennes entreprises ainsi que créer de grandes industries dans les domaines de l’énergie et pour développer le commerce transfrontalier.  C’est dans cet objectif que le Gouvernement a réduit le coût d’établissement des entreprises et créé des zones économiques spéciales axées sur l’exportation, a-t-il signalé.  Le Roi a assuré que l’Eswatini est également bien positionné comme rampe de lancement vers la Zone de libre-échange continentale africaine.  Il a indiqué vouloir créer des opportunités pour les jeunes dans les domaines des Technologies de l’information et de la communication (TIC), de l’agriculture et du secteur informel.  Le Gouvernement a en outre augmenté les allocations budgétaires dédiées à l’aide alimentaire d’urgence, aux programmes d’alimentation scolaire et à d’autres services de soutien aux populations défavorisées. 

Pour gérer les effets négatifs des changements climatiques, le Chef d’État a expliqué que son pays construit des barrages dans tout le royaume pour l’irrigation et qu’il subventionne les intrants nécessaires aux cultures vivrières de base.  Ces programmes ont aidé à augmenter de 30% la production de maïs, l’aliment de base, pour la saison agricole 2021-2022, s’est-il félicité.  Le Roi Mswati III a terminé son allocution en réitérant la nécessité d’une représentation permanente de l’Afrique au Conseil de sécurité, lançant à cet égard un appel en faveur du consensus d’Ezulwini, agréé en 2005, et en plaidant pour la participation de Taiwan au système des Nations Unies.

Dans un message enregistré, M. VOLODYMYR ZELENSKYY, Président de l’Ukraine, a exigé que le crime commis dans son pays soit dûment puni.  Invoquant la Charte des Nations Unies, il a affirmé que la Russie a lancé une invasion à grande échelle alors même que de nombreux échanges avaient eu lieu pour la prévenir.  Afin de garantir la paix en Ukraine et dans les pays confrontés à une situation similaire, le Président a proposé une formule de paix articulée autour de cinq éléments. 

Le premier tient aux sanctions pour le crime d’agression qui doivent être appliquées jusqu’au rétablissement des frontières internationalement reconnues, sans oublier les réparations pour les dommages causés par la guerre.  Le Président a encouragé des mesures économiques et la suspension des relations avec l’agresseur qui doit être privé de ses droits, y compris du droit de veto.  Il a aussi plaidé pour des sanctions individuelles contre les propagandistes mais aussi contre les citoyens de l’État agresseur, pour qu’ils ne puissent pas faire du tourisme mais soient au contraire encouragés à combattre l’agression initiée par leur propre pays.  Le Président a poursuivi, en se disant favorable à la création d’un tribunal spécial devant lequel serait jugée la Russie du crime contre l’Ukraine afin d’envoyer un message clair à tout agresseur potentiel.  Il a dit avoir préparé les étapes précises pour l’établissement d’un tel tribunal qu’il présentera bientôt aux États membres. 

Le deuxième élément concerne la protection de la vie.  Le Président a attiré l’attention sur l’exhumation de 445 tombes de civils et soldats tués par la Russie dans la ville d’Izioum, donnant de nombreux exemples des exactions subies par les victimes et s’interrogeant notamment sur l’obsession de l’armée russe pour la castration des victimes.  L’armée russe, a-t-il dénoncé, commet partout des exécutions de masse.  Il a appelé à une aide dans les domaines militaire, du renseignement et financier.  Si nous sommes en mesure de regagner notre territoire, nous avons besoin de temps, a déclaré le Président, notant que la Russie cherche à retarder son retrait afin de mobiliser les populations locales et d’envisager de nouvelles attaques.

Le troisième élément concerne le rétablissement de la sécurité et de l’intégrité territoriale.  Le Président a parlé du bombardement d’une centrale nucléaire dans le sud du pays, en dépit des avertissements de l’AIEA.  Le chantage nucléaire russe, a-t-il alerté, devrait inquiéter les États Membres car aucun vaccin n’existe contre les radiations.  Il a en outre exhorté la communauté internationale à supprimer le principal facteur de l’envolée des prix, à savoir le chantage énergétique de la Russie.  Il a appelé les États à reconnaître que la Russie parraine le terrorisme à tous les niveaux, dans tous les pays, appelant à ce qu’en l’absence de mécanismes juridiques, des décisions politiques soient prises dans les parlements.

Le quatrième élément concerne les garanties de sécurité pour toutes les nations.  Le Président a dit avoir partagé avec ses partenaires des propositions pour améliorer l’architecture de sécurité de l’Europe et du monde entier.  Venant au cinquième élément, il a cité l’aide aux pays en proie à une agression armée.  Il a vivement critiqué la neutralité invoquée par certains États car ceux qui parlent de neutralité alors que l’intégrité d’un État est attaquée parlent en fait d’indifférence et ne protègent que leurs propres intérêts.  Ma formule de paix, a encore dit le Président, s’apparente de facto à la réforme des Nations Unies puisqu’elle consiste à élargir la représentation de ceux qui ne sont pas entendus.  Il a conclu en remerciant les États qui ont soutenu la résolution lui permettant de s’exprimer par message vidéo.

M. ALEKSANDAR VUČIĆ, Président de la Serbie, a estimé que tout ce que nous faisons ici aujourd’hui semble vain et inefficace.  Les mots sonnent creux face à la réalité à laquelle le monde est confronté.  Le Président a en effet accusé les grandes puissances de ne s’occuper que de leurs intérêts politiques, économiques et, malheureusement, militaires.  Or, les défis auxquels le monde fait face risquent de changer radicalement l’architecture de la sécurité internationale et de mettre en péril l’ordre juridique international.  Une époque aussi complexe exige sagesse et unité, a plaidé le Président, avant d’énumérer les principaux défis: le rétablissement de la paix, la préservation de la stabilité mondiale, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté des États internationalement reconnus, la sécurité énergétique et l’approvisionnement alimentaire.

Il n’y pas d’alternative, a martelé le Président, au règlement pacifique des différends.  Il a insisté sur le soutien de la Serbie à l’intégrité territoriale de tous les États Membres de l’ONU, y compris de l’Ukraine.  Beaucoup disent, a-t-il relevé, qu’il s’agit du premier conflit sur le sol européen depuis la Seconde Guerre mondiale.  L’on semble oublier que l’intégrité territoriale d’un pays européen, la Serbie, qui n’a attaqué aucun autre État souverain, a été violée.  Je pose donc une question claire: y’a-t-il une différence entre la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine et celles de la Serbie?  À ce jour, personne n’a jamais apporté de réponse rationnelle à cette question, a constaté le Président.

La Serbie, a-t-il répété, n’a violé le territoire d’aucun autre pays ni mis en danger l’intégrité territoriale d’un seul État souverain.  Rien, a tonné le Président, qui justifierait une intervention ou une agression comme on l’a vu, en 1999, quand l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) a attaqué un pays souverain, en contournant le Conseil de sécurité.  La signature de l’accord avec l’OTAN qui a conduit à l’adoption de la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité n’a pas empêché de nombreux pays occidentaux de reconnaître unilatéralement l’indépendance du prétendu Kosovo et de porter atteinte, une nouvelle fois, à l’intégrité territoriale de la Serbie. 

Reprenant les mots de Martin Luther King qui disait: une injustice quelque part, c’est une menace à la justice partout, le Président a remercié les nombreux États Membres de l’ONU qui soutiennent l’intégrité territoriale de son pays.  Il a dit chercher très patiemment et avec beaucoup de bonne volonté un compromis concernant le Kosovo-Metohija, sous les auspices de l’Union européenne et dans le cadre du dialogue Belgrade-Pristina.  C’est un processus difficile qui dure depuis plus de 10 ans mais il n’y pas d’autre alternative car il vaut mieux négocier pendant 100 ans que de faire la guerre un seul jour, a conclu le Président.

Le Prince Albert II de Monaco a déclaré que le rythme effréné du quotidien « nous fait oublier que, chaque année, dans l’hémisphère Nord, le jour du dépassement, qui arrive de plus en plus tôt, nous alerte sur ce que nous imposons à la planète dont nous épuisons inexorablement les ressources ».  Il a fait part de sa conviction quant à la nécessité d’atteindre les objectifs de développement durable et ainsi préserver l’environnement et assurer la survie de l’humanité.  « Cette soixante-dix-septième Assemblée générale marque une année décisive pour la mise en œuvre de l’Agenda 2030. »  Monaco assume toute sa part dans l’effort collectif pour la préservation de notre planète, a assuré le Prince.

Soulignant la nécessité de renforcer l’architecture sanitaire mondiale, il a indiqué qu’il examinera avec attention tout nouveau mécanisme de gestion des crises qui pourrait faciliter une réponse coordonnée fondée sur des faits scientifiques avérés afin de ne pas répéter les difficultés rencontrées au début de la pandémie de COVID-19.  La protection de nos mers et de nos océans s’inscrit dans une tradition familiale, une cause pour laquelle le Prince Albert Ier a dédié sa vie, a poursuivi le Prince.  Il a appelé à saisir « la dernière opportunité de construire un avenir pour l’humanité ».  Alors que les événements climatiques extrêmes se multiplient, affectant sans discernement toutes les nations mais pénalisant particulièrement les plus vulnérables, le renforcement des mesures d’adaptation doit être au cœur de nos priorités, a-t-il insisté.  Le Prince a appelé chaque pays, en fonction des circonstances et des besoins qui lui sont propres, à transformer en profondeur son économie afin de la « décarboner » et de contenir la hausse des températures.  À ce titre, a-t-il précisé, la Principauté poursuit sa transition énergétique pour atteindre une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 55% d’ici à 2030 et la neutralité carbone en 2050.

Le dirigeant a dénoncé l’agression militaire contre l’Ukraine qui méconnaît de façon flagrante le droit international et les principes de la Charte des Nations Unies, en portant atteinte à la sécurité et à la stabilité de l’Europe et du monde.  Enfin, il a salué la conclusion d’un accord, sous l’égide des Nations Unies, permettant l’exportation des céréales ukrainiennes par la mer Noire, et exhorté l’ensemble des parties prenantes à en respecter les termes.  « La sécurité alimentaire mondiale, déjà précaire, en dépend. »

M. CHARLES ANGELO SAVARIN, Président du Commonwealth de la Dominique, a commencé par exprimer ses condoléances au Roi Charles III, ainsi qu’au Gouvernement et au peuple du Royaume-Uni à la suite du décès de la Reine Elizabeth II.  Sur la guerre en cours en Ukraine, il a appelé de ses vœux un arrêt immédiat des hostilités, et averti que ce conflit créé une pénurie mondiale de céréales.  À ce propos, il s’est félicité de l’Initiative céréalière de la mer Noire, exhortant les parties à maintenir cet effort afin de soulager des pays comme le sien qui dépendent des livraisons russes et ukrainiennes.  Le Chef d’État a ensuite évoqué la pandémie de COVID-19 pour déplorer les différences d’accès aux vaccins et aux médicaments entre pays riches et pays en développement. 

Mais c’est sur la crise climatique qu’il a choisi d’insister, soulignant que, faute d’une action corrective urgente, la Terre risque de devenir « inhabitable ».  Il a rappelé que son pays se trouve dans la ceinture des ouragans des Caraïbes et qu’une île voisine vient d’être frappée par la tempête tropicale Fiona.  Nous sommes aussi confrontés à des perspectives de sécheresse, de réchauffement des mers et d’élévation du niveau de l’eau, qui affecteront les vies et les moyens de subsistance, a ajouté le Président, affirmant attendre des partenaires développés les financements nécessaires pour permettre à de petits États comme la Dominique de devenir résilients.  Réitérant son appel à la communauté internationale pour que, lors de la COP27, elle donne la priorité au versement de financements climatiques aux petits États insulaires en développement (PEID), il a souhaité qu’au nom de la « justice climatique », l’octroi de ces fonds s’appuie sur le critère de vulnérabilité aux phénomènes météorologiques extrêmes.  Malgré les épreuves, la Dominique se relève et ses secteurs agricole et touristique devraient retrouver leur niveau prépandémique d’ici à 2023, a-t-il encore indiqué, avant de se prononcer pour un accord multilatéral d’entraide pour réaliser d’ici à 2030 les objectifs de développement durable.  Enfin, après avoir relevé que son pays a signé puis ratifié cette année le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, il a appelé les États-Unis à lever leur embargo contre Cuba et leurs sanctions contre le Venezuela, tout en exhortant la « famille des Nations Unies » à s’unir pour soulager les souffrances du peuple haïtien. 

M. MOHAMMAD NAJIB AZMI MIKATI, Premier Ministre du Liban, a remercié la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) pour ses sacrifices afin de maintenir la stabilité dans le sud du pays.  Selon lui, il faut renforcer les capacités militaires de la Force et sa situation financière.  Après avoir affirmé le plein engagement du Liban à mettre en œuvre la résolution 1701 (2006), M. Najib Azmi Mikati a dit sa détermination à protéger les intérêts nationaux de son pays et le bien-être de sa population et à tirer parti de ses ressources nationales.  Il a souligné le rôle que doit jouer l’ONU dans la réalisation du Programme 2030 et de l’Accord de Paris sur le climat, sur les questions de désarmement et pour un Moyen-Orient exempt d’armes de destruction massive.  M. Najib Azmi Mikati a rappelé que le Liban accueillera la troisième session de la conférence du processus d’établissement de la zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient en novembre prochain.

Évoquant les difficultés économiques qui s’abattent sur son pays, le Premier Ministre a dit que le Gouvernement y fait face tout en assurant la sécurité du pays.  Il a atteint bon nombre des objectifs qu’il s’est fixés, en particulier la tenue des élections législatives dans les délais.  Mais le chemin à parcourir est encore ardu, long et plein de difficultés, a-t-il reconnu.  Pour ce faire, le Gouvernement qui a signé un accord préliminaire avec le Fonds monétaire international (FMI) s’engage à aller de l’avant avec toutes les réformes législatives et administratives nécessaires pour sortir de la situation actuelle tout en misant sur l’aide internationale y compris des pays arabes.  Un État libanais indépendant et souverain, fort et capable, est une condition nécessaire à la sécurité et à la paix dans la région et le monde, a estimé M. Najib Azmi Mikati qui a dit attendre avec impatience la reprise de la Conférence des Amis du Liban. 

Le Premier Ministre a rappelé que son pays accueille un nombre considérable de réfugiés syriens depuis le début de la crise syrienne.  Mais aujourd’hui, « la crise dépasse la capacité du Liban ».  Selon lui, la seule solution réaliste et durable est de parvenir à un retour sûr et digne en Syrie, dans le cadre d’une « feuille de route » qui devrait être lancée au plus vite et avec la coopération de toutes les parties, et la fourniture d’une aide supplémentaire à l’État libanais.  Concernant la question palestinienne, principal obstacle à la paix et la stabilité au Moyen-Orient, le Premier Ministre a réclamé le droit du peuple palestinien à un État souverain et indépendant avec Al-Qods-al-Charif comme sa capitale et le droit au retour des réfugiés dans leurs foyers.  Il a dit être préoccupé par la situation financière de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) dont le travail contribue à atténuer une partie de l’injustice subie par les réfugiés palestiniens et à atteindre le développement et la stabilité régionale. 

M. JAN LIPAVKÝ, Ministre des affaires étrangères de la République tchèque, a déclaré que les principes des Nations Unies étaient confrontés à un danger grave, puisque la Russie, l’un des gardiens présumés de la Charte et membre permanent du Conseil de sécurité, attaque une démocratie souveraine.  S’interrogeant sur la pertinence de l’Organisation des Nations Unies si elle autorise une nouvelle guerre coloniale, il a mis en garde l’Assemblée contre l’indifférence.  Il a rappelé que la guerre d’agression russe n’est pas seulement une violation de la Charte des Nations Unies, mais qu’elle affecte également sérieusement l’économie mondiale et la sécurité alimentaire d’un grand nombre de pays.  Il a exhorté la Russie à cesser immédiatement son occupation et à retirer ses troupes du territoire ukrainien.  Il a également dénoncé l’annexion illégale de la Crimée et condamné les référendums fictifs dans certaines parties du territoire ukrainien, déclarant que le temps de l’établissement colonial et de l’acquisition de territoires par la force est révolu.  Le Ministre a condamné les multiples exactions commises en Ukraine, qui rappellent les pires pratiques de l’Union soviétique et de l’Allemagne nazie.  Il a appelé à une enquête indépendante sur l’ensemble des allégations relatives au comportement de l’armée russe. 

Notant que la Tchéquie a soutenu l’enquête du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), le Ministre a réitéré à la saisine par l’Ukraine de la Cour internationale de Justice (CIJ).  Il s’est, par ailleurs, alarmé des derniers rapports du Haut-commissaire des Nations Unies pour les droits de l’homme relatifs aux violations contre des groupes de confession musulmane en Chine, y compris les Ouïghours.  Il s’est également inquiété de l’aggravation des violations des droits de l’homme en Afghanistan, à Cuba, en Éthiopie, en Iran, au Myanmar et au Venezuela ainsi que de l’augmentation des actes antisémites et de déni de la Shoah.  Il a réitéré le droit d’Israël de protéger ses citoyens contre toute attaque terroriste.

Le Ministre a appelé à une réponse aux changements climatiques, à la pollution et à la perte de biodiversité.  Il a aussi exhorté l’Assemblée à promouvoir le concept d’humanisme digital pour que la préservation des intérêts et des besoins humains soit au centre des technologies émergentes.  Réitérant enfin l’engagement de la Tchéquie en faveur du contre-terrorisme, il a rappelé à la Russie que son pays attend toujours une réponse à l’attaque d’un dépôt d’arme sur son territoire par les services militaires du GRU, en 2014, qui ont coûté la vie à deux citoyens tchèques, en violation du droit international.

Il n’a pas manqué de dénoncer la rhétorique nucléaire de la Russie ainsi que l’occupation de la centrale nucléaire de Zaporijjia en violation de la Charte des Nations Unies et du Statut de l’AIEA.  Il a accusé la Russie d’être à l’origine de l’impasse à la Dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Il a également appelé l’Iran à remplir ses obligations internationales en vertu de l’Accord de garanties généralisées du TNP.

M. BRUNO EDUARDO RODRÍGUEZ PARILLA, Ministre des affaires étrangères de Cuba, a déclaré que l’impact de la pandémie de COVID-19 a révélé comme jamais auparavant la nature « injuste et intenable » de l’ordre international.  Jamais l’humanité n’a eu un tel potentiel scientifique et technique, mais jamais les inégalités n’ont été aussi profondes.  Alors que 828 millions de personnes souffrent de la faim et que 6,5 millions de personnes sont décédées de la COVID-19, les vaccins demeurent inaccessibles pour un milliard d’êtres humains dans les pays à faible revenu.  Rien ne peut justifier que l’humanité reste menacée par l’existence de 13 000 armes nucléaires, a ajouté le Ministre, en appelant à l’universalité du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. 

Nous n’avons qu’une seule terre, et ne pouvons pas continuer de faire la sourde oreille aux alertes sur l’imminence des changements climatiques, a plaidé M. Parilla.  Selon lui, la philosophie de la guerre et les modes de production irrationnels du capitalisme conduiront à l’hécatombe.  De même, a fait valoir le Ministre, les pressions américaines visant à soumettre, par la menace militaire, économique, politique et diplomatique, des États à un ordre basé sur des règles « capricieuses », conduira inévitablement à un climat de tensions et de conflits aux conséquences imprévisibles. 

Cuba, petit État insulaire en développement, a payé un lourd tribut pour la défense de son droit légitime d’exister en tant que nation souveraine et indépendante, malgré l’imposition d’un blocus économique et financier « impitoyable » qui perdure depuis plus de 60 ans, a dénoncé M. Parilla.  Pourtant, le Gouvernement des États-Unis poursuit son embargo malgré l’opposition quasi-unanime de l’Assemblée générale.  Les États-Unis exercent également des pressions sur les gouvernements et les entreprises du monde entier qui souhaitent nouer des relations normales avec Cuba dans le seul but de provoquer son effondrement économique.  Les ravages humains causés par une telle politique sont « immenses, cruels et amoraux », a ajouté le Ministre, pour qui « l’embargo est un acte de guerre économique en temps de paix ». 

Le Département d’État des États-Unis, a poursuivi M. Parilla, continue d’inclure Cuba sur sa liste « arbitraire et unilatérale » des États qui parrainent le terrorisme, une « calomnie » qui stigmatise les institutions cubaines.  Il a toutefois jugé que l’annonce faite aujourd’hui concernant la reprise du traitement des visas destinés aux migrants à l’ambassade des États-Unis à La Havane est un pas dans la bonne direction.  Nous avons triomphé de la COVID-19 grâce à nos moyens, nos ressources et nos vaccins, et à la robustesse de notre système de santé publique et scientifique », à Cuba et ailleurs, a-t-il rappelé. 

M. Parilla a plaidé en faveur d’une coopération et d’une intégration approfondies entre les États de la région des Caraïbes, sur la base des postulats proclamés par l’Amérique latine en tant que zone de paix.  Il a réitéré son soutien et sa solidarité à la République bolivarienne du Venezuela et au Nicaragua face aux tentatives de déstabilisation de ce pays frère.  S’agissant de détérioration de la situation humanitaire en Haïti, il a estimé que l’humanité a une dette envers cette République et doit appuyer sa reconstruction. 

Mme NADELI PANDOR, Ministre des relations internationales et de la coopération de l’Afrique du Sud, a estimé que la pandémie de COVID-19 a fourni au monde « une feuille de route » sur la gestion d’une crise mondiale.  Il serait donc tragique que les futures pandémies trouvent les pays les plus pauvres aussi peu préparés qu’auparavant, a poursuivi la Ministre, en appelant à soutenir les capacités de recherche et d’innovation vaccinales, notamment en Afrique.  Les Nations Unies elles-mêmes doivent être transformées, a-t-elle aussi estimées.  Elles doivent remplir leur mission, tout en tenant compte de la dynamique mondiale actuelle car il est « inacceptable », que 77 ans après la création de l’ONU, cinq nations exercent toujours un pouvoir « disproportionné ».

Au sujet de la crise climatique, l’Afrique est la moins responsable, et pourtant celle qui se trouve à l’épicentre de ses pires impacts, a dénoncé Mme Pandor, qui a espéré que la COP27, en Égypte accouchera d’un accord tenant compte des responsabilités communes mais différenciées.  Si nous nous efforçons de résoudre les conflits contemporains, a en outre expliqué la Ministre, nous ne devons pas pour autant ignorer les conflits prolongés, comme celui de la Palestine, à l’ordre du jour des Nations Unies depuis sept décennies.  Israël doit être tenu pour responsable de ses actions destructrices qui ont considérablement compromis la possibilité de la solution des deux États.

Nous devons traiter tous les conflits avec la même indignation, quelle que soit la couleur ou la croyance des personnes concernées, a résumé Mme Pandor, mentionnant la lutte pour l’autodétermination du peuple du Sahara occidental et réclamant la fin de l’embargo contre Cuba et celle des mesures unilatérales coercitives contre le Zimbabwe.

Après un plaidoyer contre les discriminations de tous types, la Ministre a déploré que les femmes dans les situations de conflit soient particulièrement vulnérables.  Elle a d’ailleurs rappelé, dans ce contexte, l’assassinat de la journaliste palestino-américaine Shireen Abu Akleh.  La Ministre s’est par ailleurs réjouie de ce que le continent africain, fort de 1,3 milliard d’habitants, pose des bases solides pour une nouvelle ère d’échanges, de commerce et de productivité, renforcées par la Zone de libre-échange continentale africaine.

Face aux violences et prises de pouvoir anticonstitutionnelles observées dernièrement dans plusieurs régions du continent, la Ministre a déclaré que son pays s’évertue de rechercher un meilleur alignement entre les agendas des Nations Unies et de l’Union africaine.  Confrontés à de graves défis, nous devons nous mettre d’accord sur une voie commune, a poursuivi la Ministre sud-africaine avant de conclure: ce système doit préserver les intérêts de tous et pas seulement ceux des grandes puissances.

M. ROBERTO ÁLVAREZ GIL, Ministre des affaires étrangères de la République dominicaine, a dit qu’après un intervalle douloureux qui a laissé des millions de victimes, grâce à la science, les pires effets de la COVID-19 ont été surmontés.  Mais, s’est-il interrogé, qui aurait prédit qu’au XXIe siècle, le spectre de la guerre dévasterait à nouveau l’Europe?  L’ONU a besoin de réformes importantes pour consolider le multilatéralisme, a ajouté le Ministre, afin de réduire les excès dans l’usage du droit de veto au Conseil de sécurité, notamment lorsqu’il s’agit de questions impliquant la violation des droits humains et le soutien à l’aide humanitaire.  Une autre question urgente concerne les changements climatiques, a poursuivi M. Álvarez Gil.  À ce sujet, son gouvernement fera des propositions concrètes à la vingt-septième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP27) sur le financement de l’adaptation aux effets des changements climatiques et de leur atténuation. 

Le Ministre des affaires étrangères a réitéré l’appui de son gouvernement pour l’élimination totale des armes nucléaires et indiqué qu’il déposera demain l’instrument de ratification du Traité visant l’interdiction des armes nucléaires.  Il a ensuite salué la prorogation du mandat du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) jusqu’en juillet 2023.  La stabilisation en Haïti doit être axée sur la pacification immédiate et le dialogue politique, a-t-il recommandé, et les autorités haïtiennes doivent mettre fin aux agissements des gangs.  La résolution 2645 (2022) du Conseil de sécurité nous oblige à prendre des décisions pour éviter que la situation en Haïti ne devienne hors de contrôle.  Les Haïtiens attendent désespérément l’aide de la communauté internationale et, a insisté le Ministre, « Haïti ne peut plus attendre ».  Nous devons agir de manière responsable et nous devons agir maintenant, a encore exhorté M. Álvarez Gil soulignant que la seule réponse durable et soutenable à la crise haïtienne doit venir des Haïtiens. 

Alors que les pays les plus vulnérables redoublent d’efforts pour lutter contre les changements climatiques et préserver la biodiversité, les États responsables des catastrophes climatiques ne se sentent comptables de rien, a accusé M. ARNOLDO ANDRÉ TINOCO, Ministre des affaires étrangères du Costa Rica.  Après s’être attardé sur les conséquences de la guerre en Ukraine, il a fait observer que comme le montre la situation au Nicaragua, les attaques contre la démocratie et les droits humains ne connaissent pas de frontières. 

Pour relever les défis actuels, le Ministre a préconisé l’autonomisation des femmes et des filles, le respect des droits humains et la réforme du système financier international.  Une telle réponse doit se fonder sur des règles et s’appuyer sur les instruments existants, tels que la Charte et le droit international.  Parmi ces défis, le Ministre a cité les flux migratoires massifs qui limitent la faculté de son pays d’aider les centaines de milliers de personnes qui y ont trouvé refuge.  Il s’est félicité à cet égard de reconnaissance par l’Assemblée générale, en juillet de cette année, du droit universel à un environnement propre, sain et durable, dans une résolution qui est un bon point de départ. 

La sécurité humaine est la clef de la sécurité mondiale, a poursuivi le Ministre.  Il est donc inconcevable qu’alors que des millions de personnes sont privées de médicaments ou de nourriture, les pays riches continuent de se livrer à une course aux armements au détriment du bien-être des populations, de la santé climatique et du redressement équitable.  Il a réitéré son appel à une réduction progressive et durable des dépenses militaires et à l’élimination totale des armes nucléaires.  Plus nous produirons d’armes, plus il sera difficile de les gérer et de les contrôler. 

Le Ministre a conclu en rappelant que les pays à revenu intermédiaire qui abritent les taux plus élevés de pauvres et de migrants au monde n’ont pourtant accès ni à l’aide publique au développement (APD) ni aux financements concessionnels.  Il est donc urgent de dépasser le critère « PIB par habitant » et d’en définir d’autres, a-t-il estimé, comme les problèmes structurels, les risques climatiques et l’instabilité fiscale.

M. GUSTAV N. AITARO, Ministre des affaires étrangères des Palaos, a d’abord voulu distinguer la guerre, « une crise cardiaque », de la crise climatique, « un diabète insidieux qui nous épuise année après année ».  Les catastrophes naturelles qui ont endeuillé le Pakistan et Porto Rico constituent la « nouvelle et malheureuse normalité » de nombreux habitants des petits États insulaires en développement (PEID).  Désormais dans mon pays, a dit le Ministre, les ouragans, les inondations, les sécheresses, les incendies, le manque d’accès à l’eau potable absorbent l’énergie humaine et les ressources financières aux dépens de l’éducation ou même de la nutrition des enfants.

Le Ministre a tout de même dit percevoir quelques lueurs d’espoir dans le pacte climatique de la COP26, adopté après quatre échecs, se réjouissant que même les grands pays émetteurs comme les États-Unis et l’Australie aient finalement adopté des lois importantes pour modifier leurs politiques.  L’explosion des prix de l’énergie a renforcé l’aspiration des Palaos à une transition énergétique complète, s’est-il félicité, à propos d’un pays qui devrait utiliser 100% d’énergies renouvelables d’ici à 2032. 

Le Ministre a exhorté les États Membres à adopter des plans de gestion prévoyant des aires marines protégées d’au moins 30% de leur zone économique exclusive.  Il a en outre rappelé le soutien de son pays à un moratoire sur l’exploitation minière en eau profonde, qui représente 90% de l’environnement marin.  L’analyse de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle effectuée par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a révélé, a rappelé le Ministre, que la plupart des petits États insulaires en développement (PEID) sont plus vulnérables que leur niveau de revenu ne le suggère.

Le Ministre a prévenu que l’économie de son pays a connu une contraction de plus de 30% au cours de la dernière décennie.  Remerciant les États-Unis et d’autres gouvernements pour leur aide, il a déclaré que les Palaos ont désormais besoin de plus, compte tenu de l’élévation du niveau de la mer due aux changements climatiques.  Nous sommes capables de surmonter les immenses défis de notre temps, mais nous devons le faire ensemble, a conclu le Ministre.

Mme ELIZABETH TRUSS, Première Ministre du Royaume-Uni, s’est inquiétée de la « fracture » des principes qui ont défini nos vies depuis les jours sombres de la Seconde Guerre mondiale.  Pour la première fois dans l’histoire de cette Assemblée, nous nous réunissons pendant une guerre d’agression à grande échelle en Europe, alors que les États autoritaires sapent la stabilité et la sécurité dans le monde entier.  Cette nouvelle ère géopolitique exige que ceux qui croient aux principes fondateurs des Nations Unies se lèvent. 

Une nouvelle ère commence aussi au Royaume-Uni, quelques jours après le décès de Sa Majesté la Reine Elizabeth II, « le roc sur lequel la Grande-Bretagne moderne a été construite ».  Mme Truss a souhaité que le nouveau chapitre de l’histoire de son pays qui s’ouvre avec le couronnement du Roi Charles III sera une ère d’espoir et de progrès, fondé sur de nouveaux partenariats et de nouveaux instruments.  Elle a défendu les principes de démocratie et de liberté, qui sont seuls à même d’assurer le développement économique et la réalisation des aspirations des citoyens.  Les autocraties, au contraire, étouffent les aspirations et la créativité qui sont essentielles à la croissance à long terme.  La Première Ministre a précisé son objectif à long terme d’assurer une croissance économique annuelle de 2,5% afin de créer des emplois de qualité et de financer les services publics.  Elle a également prôné une plus grande résilience énergétique, moins dépendante des régimes autocratiques, afin que le Royaume-Uni devienne un exportateur net d’énergie d’ici à 2040.  Nous ne serons pas stratégiquement dépendants de ceux qui cherchent à militariser l’économie mondiale, a martelé Mme Truss.

Pour ce faire, Mme Truss a plaidé en faveur de nouveaux partenariats en matière de sécurité et de liens plus étroits avec les autres pays démocratiques tels que l’Inde et l’Afrique du Sud.  Elle a décrit les avancées récentes en matière de commerce libre et équitable, y compris la conclusion d’accords commerciaux avec l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon, de même que l’adhésion au partenariat transpacifique.  La réponse internationale résolue à l’invasion l’Ukraine a montré comment nous pouvons mener une action collective décisive, a fait valoir Mme Truss, en s’appuyant sur de nouveaux instruments tels que l’imposition de sanctions « sans précédent » et un soutien militaire rapide.  Nous devons maintenant utiliser ces instruments de manière plus systématique afin de repousser l’agression économique des régimes autoritaires, a-t-il argué.  Selon elle, le G7 et d’autres organisations du même type devraient agir comme une « OTAN économique », défendant collectivement notre prospérité. 

En Ukraine, des armes « barbares » sont utilisées pour tuer et mutiler des civils innocents, pendant que le Président Putin tente désespérément de justifier ses « échecs catastrophiques ».  Mais l’alliance internationale est forte, l’Ukraine est forte, a poursuivi la Première Ministre pour qui les Ukrainiens ne défendent pas seulement leur propre pays, mais aussi nos valeurs et la sécurité du monde entier.  Pour sa part, le Royaume-Uni compte consacrer 3% de son PIB à la défense d’ici à 2030, et continuer de fournir les armes dont l’Ukraine a besoin pour assurer sa défense.  L’histoire de 2022 aurait pu être celle d’un État autoritaire faisant rouler ses chars sur la frontière d’un voisin pacifique et subjuguant son peuple.  Au lieu de cela, ce sera l’histoire de la liberté qui se défend, a-t-elle conclu. 

Droits de réponse

L’Algérie a répondu à la déclaration du Maroc, qu’il a qualifiée de tentative malheureuse d’exploiter les mensonges sur le Sahara occidental.  Il a rappelé que, juridiquement, le peuple sahraoui dispose du droit inaliénable à l’autodétermination, au titre des résolutions 1514 et 1541 des Nations Unies, qui déterminent clairement les parties au conflit: le Maroc et le Front POLISARIO.  L’Algérie a également accusé le Maroc d’avoir exploité le mécanisme des tables rondes pour changer la nature du conflit d’une question de décolonisation à une question de conflit bilatéral, rendant le mécanisme vain et inefficace.

Elle a souligné que le règlement du statut des réfugiés du Sahara occidental est une question technique à résoudre dans le cadre d’un accord politique global.  Le recensement des réfugiés n’aurait de sens que dans le cadre de l’exercice du droit à l’autodétermination.  Il a, enfin, réfuté les allégations de liens entre les réfugiés et les groupes terroristes, considérant qu’il s’agit là d’une attaque contre le peuple sahraoui.

Répondant à la Tchéquie, l’Iran a dénoncé des accusations « fallacieuses » et réitéré son engagement en faveur des droits humains, y compris ceux des femmes et des filles.  Il a dénoncé, une nouvelle fois, la politique des deux poids, deux mesures de la part des délégations qui entre-temps nient les droits du peuple palestinien.  Il a rappelé que les États Membres doivent éviter de s’ingérer dans les affaires intérieures des autres, ajoutant qu’il demeure un ardent défenseur du TNP et qu’il continue de collaborer avec l’AIEA. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Trentième anniversaire de la Déclaration des droits des minorités: le Secrétaire général dénonce l’inaction et la négligence

Soixante-dix-septième session,
Réunion de haut niveau sur les minorités, Matin & après-midi
AG/12448

Trentième anniversaire de la Déclaration des droits des minorités: le Secrétaire général dénonce l’inaction et la négligence

L’Assemblée générale a célébré, aujourd’hui le trentième anniversaire de l’adoption de la Déclaration des droits des personnes appartenant à des minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques, l’occasion pour le Secrétaire général de constater que la « dure vérité » est que le monde est loin d’avoir rempli ses objectifs.

Nous ne traitons pas de lacunes, nous faisons plutôt face à une inaction pure et simple et à de la négligence dans la protection des droits des minorités, a dénoncé M. António Guterres qui a appelé la communauté internationale à se montrer à la hauteur des engagements pris en 1992.

Le Secrétaire général a décrit une situation peu louable de minorités confrontées à des contraintes d’assimilation et de persécution, aux préjugés, à la discrimination, aux stéréotypes, à la haine, ainsi qu’aux violences.  De même, on voit des minorités dépouillées de leurs droits politiques et civils, leur culture étouffée, leurs langues supprimées, et leurs pratiques religieuses restreintes.  Appelant les gouvernements à agir, il a aussi insisté sur la participation des minorités elles-mêmes, notant que les sociétés qui valorisent la diversité et l’inclusion sont plus dynamiques.

Sur un ton empreint d’émotion, la lauréate du prix Nobel de la paix en 2018, Mme Nadia Murad, a évoqué sa propre expérience de Yézidie, avant d’appeler les États à adopter des mesures concrètes pour que les idéaux de la Déclaration deviennent réalité.  Huit ans après la destruction de nos villages par les islamistes de Daech, la plupart des Yézidis vivent toujours dans des camps au Kurdistan, a-t-elle regretté.

De son côté, la Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme a constaté que les crises concomitantes de la pandémie de COVID-19, les changements climatiques, la pollution de l’environnement, l’impact de la guerre et des conflits et les crises financières, affectent de manière disproportionnée les minorités, une situation exacerbée par les inégalités structurelles et la marginalisation.  Mme Ilze Brands Kehris a également relevé que ces dernières années, la résurgence du nationalisme a semé des graines de mécontentement parmi les populations majoritaires, faisant des minorités des boucs émissaires.  Il n’y a pas de temps à perdre, a insisté la haute fonctionnaire, plaidant pour une réponse qui prenne la forme d’une célébration de la diversité.

Les délégations ont également entendu le Rapporteur spécial sur les questions relatives aux minorités, M. Fernand de Varennes, appeler à la création d’une instance permanente des minorités, une idée soutenue par le Président de l’Assemblée générale, ainsi que par le Président du Club de Madrid, M. Danilo Türk. 

Attirant l’attention sur les bonnes pratiques, le Président de l’Autriche a cité l’exemple de la gestion partagée, entre l’Italie et l’Autriche, des questions liées à la minorité germanophone du Sud-Tyrol, M. de Varennes saluant pour sa part un exemple mondial en matière de protection d’une minorité.  La Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Italie a d’ailleurs souhaité que la commémoration cette année du cinquantième anniversaire du statut d’autonomie du Sud-Tyrol germanophone, fruit d’une négociation entre l’Autriche et l’Italie sous les auspices des Nations Unies, soit une source d’inspiration pour régler d’autres sources de conflits ailleurs dans le monde.

Adoptée par consensus en 1992, la Déclaration susmentionnée a pour objet la promotion et la protection des droits des personnes appartenant à des minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques et, à ce titre, de contribuer à la stabilité politique et sociale des États.  La Déclaration reste à ce jour le seul instrument international des Nations Unies relatif aux droits de la personne qui est entièrement consacré aux droits des minorités.  Elle fournit des orientations et des normes fondamentales pour aider les gouvernements à respecter leurs obligations en matière de droits des minorités, tout en permettant à ces dernières de demander des comptes aux dirigeants.

RÉUNION DE HAUT NIVEAU AFIN DE CÉLÉBRER LE TRENTIÈME ANNIVERSAIRE DE L’ADOPTION DE LA DÉCLARATION DES DROITS DES PERSONNES APPARTENANT À DES MINORITÉS NATIONALES OU ETHNIQUES, RELIGIEUSES ET LINGUISTIQUES (A/RES/76/168)

Déclarations liminaires

M. CSABA KŐRÖSI, Président de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale, a rappelé que la signature de la Déclaration des droits des personnes appartenant à des minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques avait suscité beaucoup d’espoir il y a 30 ans, mais qu’il restait beaucoup à faire.  Il a invité les États Membres à des efforts renouvelés pour reconnaître la protection des droits des personnes appartenant à des minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques et mettre en œuvre la Déclaration dans leur pays.  La question des minorités doit être considérée non comme un problème mais comme une force, a-t-il souligné.  Pour avancer, M. Kőrösi a appelé à renforcer « ce sur quoi nous nous sommes déjà d’accord ».  Il a également invité les États à s’inspirer des meilleures pratiques en rappelant que la protection des minorités est dans l’intérêt de sociétés paisibles et durables.  Les sociétés qui valorisent la diversité sont des sociétés plus dynamiques, a-t-il notamment fait observer. 

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a souligné que la Déclaration a consacré trois vérités fondamentales.  Premièrement, les droits des minorités sont des droits humains.  Deuxièmement, la protection des minorités fait partie intégrante de la mission des Nations Unies.  Et troisièmement, la promotion de ces droits est vitale pour faire avancer la politique et la stabilité sociales et la prévention des conflits à l’intérieur et entre les pays.  Selon lui, la dure vérité est que 30 ans après l’adoption de la Déclaration, le monde est loin d’avoir rempli ses objectifs.  Nous ne traitons pas de lacunes, nous faisons face à une inaction pure et simple et la négligence dans la protection des droits des minorités, a-t-il constaté.  Il a évoqué les cas de minorités confrontées à des contraintes d’assimilation et de persécution, aux préjugés, à la discrimination, aux stéréotypes, à la haine, ainsi qu’aux violences.  De même, on voit des minorités dépouillées de leurs droits politiques et civils, leur culture étouffée, leurs langues supprimées, et leurs pratiques religieuses restreintes.

M. Guterres a indiqué que plus des trois quarts des apatrides du monde appartiennent à des minorités, et que la pandémie de COVID-19 a révélé des schémas d’exclusion et de discrimination profondément enracinés affectant de manière disproportionnée les communautés minoritaires.  Il a également noté que les femmes des groupes minoritaires ont souvent été les plus mal loties face à une escalade de violence basée sur le genre.  Elles étaient plus enclines à perdre leur emploi et les moins ciblées pour bénéficier des avantages fiscaux en rapport avec la pandémie.  Appelant à se montrer à la hauteur des engagements pris en 1992, il a exhorté à un leadership politique et une action résolue, invitant chaque État Membre à prendre des mesures concrètes pour protéger les minorités et leur identité.  Et dans chaque action et décision, les minorités elles-mêmes doivent être significativement incluses en tant que parties prenantes égales, a-t-il souligné, notant que cette participation est dans l’intérêt de tous, car un État qui protège les droits des minorités est un État plus paisible.  De même, les économies qui nécessitent la pleine participation des minorités sont plus prospères.  Et les sociétés qui valorisent la diversité et l’inclusion sont plus dynamiques.  « Œuvrons ensemble pour faire de la Déclaration une réalité pour les minorités du monde entier », a-t-il lancé, notamment en plaçant les droits humains au cœur de toutes nos actions.

Mme ILZE BRANDS KEHRIS, Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme, a rappelé que la Déclaration s’appuie sur l’article 27 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, pour élaborer une compréhension commune du « contenu minimum » de ces droits.  Ce texte reconnaît également que la promotion et la protection des droits humains des personnes appartenant à des minorités est une obligation inhérente qui est dans l’intérêt de la société dans son ensemble.  Mais 30 ans plus tard, cet engagement est loin d’avoir été honoré, a-t-elle déploré. 

La Sous-Secrétaire générale a constaté que les minorités sont encore souvent victimes de discrimination, d’exclusion et de marginalisation.  Les crises concomitantes de la pandémie de COVID-19, les changements climatiques et la pollution de l’environnement, l’impact de la guerre et des conflits et les crises financières, affectent de manière disproportionnée les minorités, une situation exacerbée par les inégalités structurelles et la marginalisation.

Elle a également relevé que ces dernières années, la résurgence du nationalisme a semé des graines de mécontentement parmi les populations majoritaires, faisant des minorités des boucs émissaires.  Les discours et les crimes de haine sont en hausse dans le monde entier.  Les défenseurs des droits des minorités font face à une augmentation de harcèlements et d’intimidations.  Et les premiers signes avant-coureurs que les droits ne sont pas respectés se sont transformés en sonnette d’alarme.  Il n’y a pas de temps à perdre, a-t-elle lancé.

Selon elle, la réponse doit prendre la forme d’une célébration de la diversité, où des identités pluralistes, multiples et multicouches favorisent la compréhension et le respect mutuel.  Elle a également insisté sur l’importance de la participation de la société civile, notamment des représentants des minorités.  De même, elle a appelé à renforcer les mécanismes de l’ONU, notamment le Rapporteur spécial et le Forum sur les questions relatives aux minorités.  Constatant que la mise en œuvre de la Déclaration est au point mort et a même régressé dans certains cas, elle a aussi souligné que l’action des États Membres est urgente pour faire des droits des minorités une priorité de l’agenda international.

Après avoir salué l’audience dans une dizaine de langues, M. FERNAND DE VARENNES, Rapporteur spécial sur les questions relatives aux minorités, a rappelé que la Déclaration des droits des personnes appartenant à des minorités est le seul instrument mondial traitant directement des minorités.  Il a précisé que l’adoption de ce texte en 1992 intervenait à une époque sombre qui a conduit à des efforts importants pour tenter de parvenir à la paix et à la justice par l’égalité et la dignité.  C’était aussi l’époque de la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales, du Haut-Commissariat de l’OSCE pour les minorités nationales et des critères de Copenhague qui incluaient l’état de droit, les droits humains, le respect et la protection des minorités.  Il a aussi expliqué que le règlement de la question du Sud-Tyrol entre l’Autriche et l’Italie est l’une des grandes réussites en matière de prévention des conflits et de respect des droits humains des minorités.

Rappelant que la Déclaration n’était censée être qu’un premier pas vers une meilleure reconnaissance et protection des minorités, le Rapporteur spécial a salué les nombreuses initiatives prises pour protéger les communautés vulnérables et accroître leur visibilité et leur présence au sein de l’ONU.  Illustrant son propos, il a cité la création de l’Instance permanente sur les questions autochtones, du forum pour les personnes d’ascendance africaine et des fonds de contributions volontaires pour appuyer leur participation aux travaux des Nations Unies, sans oublier les années ou décennies spéciales consacrées pour attirer l’attention sur la situation de communautés vulnérables. 

M. de Varennes a estimé que ce trentième anniversaire de la Déclaration est l’occasion de boucler une histoire inachevée, s’inquiétant de l’émergence d’une nouvelle période particulièrement sombre, marquée par l’augmentation spectaculaire des discours de haine dans les médias sociaux ciblant massivement les minorités.  Alors que nous sommes témoins de discours antisémites, islamophobes, anti-roms et anti-asiatiques, et que des minorités sont diabolisées et victimes d’atrocités, voire de crimes contre l’humanité et de génocide, le Rapporteur spécial s’est aussi inquiété du nombre sans précédent de conflits internes violents dans le monde.  Il a ensuite appelé à la création d’un forum permanent des minorités et d’un fonds de contribution volontaire afin de poursuivre plus efficacement la réalisation de la promesse de justice, d’égalité et de dignité pour tous. 

Mme NADIA MURAD, Lauréate du Prix Nobel, ambassadrice de bonne volonté de l´Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) pour la dignité des survivants de la traite des personnes et Présidente de Nadia’s Initiative, a expliqué qu’elle a grandi en tant que fière membre de la petite communauté yézidie dans un grand pays, l’Iraq, « que nous aimions malgré les difficultés ».  Elle a regretté la culture de discrimination dont était victime la minorité yézidie, ainsi que les autres minorités iraquiennes, privés de tout droit et invisibles institutionnellement.  Elle a indiqué qu’il s’agissait malheureusement de la réalité de nombreuses minorités à travers le monde, dénonçant qu’un grand nombre de nations refusent de reconnaître leurs minorités.  Elle a ensuite appelé les États à adopter des mesures concrètes pour que les idéaux de la Déclaration des droits des personnes appartenant à des minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques deviennent réalité.

Mme Murad a rappelé que la marginalisation des minorités en Iraq a rendu, non seulement les Yézidis vulnérables, mais aussi l’ensemble de l’Iraq, Daech ayant compris que les minorités qu’ils attaquaient ne seraient pas protégées.  Huit ans après la destruction de nos villages par les islamistes de Daech, la plupart des Yézidis vivent toujours dans des camps au Kurdistan, a-t-elle regretté.  Elle a indiqué que les minorités en Iraq demandent la sécurité et une législation contre la discrimination, avant d’appeler au respect de la diversité de toutes les minorités dans les pays où elles vivent.  « Nous n’allons pas baisser les bras, mais nous allons avoir besoin de votre aide », a conclu Mme Nadia Murad, alertant des terribles conséquences de l’inaction pour les minorités.

Débat général

Le Président de l’Autriche a cité l’exemple de la gestion partagée, entre l’Italie et l’Autriche, des questions liées à la minorité germanophone du Sud-Tyrol, avant de préciser qu’il s’est excusé officiellement en 2020 auprès de la minorité slovène d’Autriche pour les injustices subies en matière linguistique. Aujourd’hui, l’éducation dans les langues minoritaires est un enrichissement pour les enfants des diverses minorités évoluant côte-à-côte.  Justement, le Président de la Slovénie a salué la coopération entre la Slovénie et ses voisins concernant la protection des droits des minorités, notamment avec l’Italie et l’Autriche, expliquant que son pays fait partie de l’une de régions parmi les plus diverses d’Europe.

Le Président de la Confédération suisse, qui s’est présenté comme appartenant à la minorité italienne de la Suisse, a indiqué que son pays, réputé pour avoir quatre langues officielles (allemand, français, italien et romanche), s’est engagé à continuer de défendre les minorités, mais aussi d’œuvrer pour changer le regard porté sur les minorités.  Il faut de l’écoute, du courage, du temps et de la patience pour tirer parti de cette richesse, a-t-il expliqué.  Le Président des Comores a évoqué la menace de la disparition des langues des groupes minoritaires.  Perdre une langue c’est perdre une partie des savoirs universels, a-t-il dit, avant d’appeler à la protection de ces langues.

Pour le Président du Zimbabwe, il est crucial de renforcer la formation des enseignants des langues locales afin de promouvoir la participation des groupes minoritaires dans la vie socioéconomique.  Le Premier Ministre de la Macédoine du Nord a dit que son gouvernement protège les nombreuses minorités du pays.  Elles peuvent librement utiliser leur langue et défendre leurs droits.  Le Premier Ministre du Monténégro a expliqué que son pays perçoit ses minorités comme un pilier fort d’un pays multilinguistique et multireligieux.  Dans un monde avec de plus en plus de divisions, le Monténégro célèbre la diversité en tant que force.  C’est d’ailleurs pourquoi la lutte contre la pandémie de COVID-19 se faisait dans toutes les principales langues du pays.

Le Ministre des affaires étrangères de la Lituanie a déploré que les enseignements en langue minoritaires soient prohibés au Bélarus et que le principe de protection des minorités serve de prétexte par certains pays pour agresser d’autres États.  Il a évoqué l’invasion russe de l’Ukraine et a invité la communauté internationale à rejeter les discours fallacieux prenant prétexte de la protection des minorités.  Abondant dans le même sens, le Ministre des affaires étrangères de la Pologne a déploré la répression brutale des Tatars de Crimée par la Fédération de Russie, de même que la persécution des minorités polonaises au Bélarus.  Mis sur la sellette, le Ministre des affaires étrangères du Bélarus a estimé que les interventions ciblant le Bélarus sont dénuées de tout fondement, invitant les États à se garder de régler leurs problèmes au détriment de leurs voisins.

Le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan a expliqué que le Gouvernement a créé un modèle de vie en harmonie qui fait qu’aujourd’hui, le concept de minorité ne trouve plus sa place dans la nation.  La représentante de Bahreïn s’est réjouie du fait que dans le royaume, tous les citoyens jouissent des mêmes droits et de l’égalité des chances qui est protégée par la constitution, appelant dans la foulée à lutter contre les conflits idéologiques et l’extrémisme.  Le Ministre de l’éducation et des sciences du Kirghizistan a évoqué l’Assemblée du peuple qui regroupe les représentants des 29 groupes ethniques qui composent le pays.  De même, un Conseil religieux rassemble 17 organisations religieuses afin de promouvoir le dialogue interreligieux dans le pays.

À son tour, le Ministre des affaires étrangères du Pakistan a dit que son gouvernement continue d’avancer vers des politiques qui protègent les droits des minorités pour ensuite déplorer que l’Inde soit en train de devenir un pays de « suprémacistes hindouistes », où se propage la violence contre les minorités.  Il a parlé d’une volonté de vider l’Inde de musulmans, avec le parrainage de l’État, citant notamment le cas du Jammu-et-Cachemire où une majorité de musulmans est brimé par l’Inde.  Il a appelé à la communauté internationale à demander des comptes à ce pays, et le Secrétaire général à convoquer un dialogue mondial contre l’islamophobie.

Il est surprenant que le Pakistan évoque la question des minorités alors qu’il a lui-même toujours violé leurs droits, a retorqué l’Inde.  Son représentant a dénoncé le fait que des milliers de filles issues de groupes minoritaires sont enlevées et mariées de force au Pakistan.  Le Jammu-et-Cachemire, a-t-il ajouté, fera toujours partie de l’Inde.

La Vice-Premier Ministre, Ministre des affaires étrangères et européennes de la Croatie, notant que son pays est celui abritant le plus grand nombre de minorités en Europe, a jugé important que les organisations internationales incluent la question des minorités dans leur mandat.  La Ministre du Gouvernement de Panama a noté que son pays compte sept groupes ethniques qui évoluent librement ainsi qu’une université des peuples autochtones, qui vise à former leurs dirigeants pour qu’ils puissent œuvrer au développement de leur peuple.  Le Sous-Secrétaire aux affaires étrangères de l’Argentine a rappelé que son pays a accueilli des millions de gens issus des minorités au cours des siècles passés.  Issu de la même région, le Ministre de affaires étrangères du Nicaragua a demandé de lutter contre les discriminations historiques, et notamment de respecter la propriété des peuples autochtones sur leurs terres.  Depuis 2007, le Gouvernement du Nicaragua a d’ailleurs entrepris un programme pour garantir aux familles des peuples autochtones une sécurité juridique sur leurs propriétés foncières.

Le Ministre des affaires étrangères de la Roumanie a plaidé pour l’interculturalité, notant qu’il n’y a pas de solution unique, ainsi que pour des politiques de défense et protection des minorités tenant compte de l’histoire de chaque pays.  La Ministre d’État des affaires étrangères, de l’intégration africaine et de la diaspora de Côte d’Ivoire a aussi expliqué que son gouvernement a pris des mesures pour assurer l’épanouissement de tous les groupes ethniques du pays.  Il en est de même dans mon pays, a renchéri le Vice-Ministre de l’éducation et du développement humain du Mozambique, tandis que le Ministre des affaires étrangères de Sri Lanka a témoigné que le Gouvernement se mobilise pour lutter contre l’intolérance religieuse.

Le Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Hongrie a rappelé que l’histoire du XXe siècle a fait que le tiers de la population hongroise ait acquis d’autres nationalités.  La défense et la protection des minorités sont donc un devoir pour le pays qui insiste sur le principe de réciprocité entre États dans ce domaine.  Il a également rappelé que la Hongrie est un pays chrétien et qu’elle se fait le devoir d’apporter protection aux chrétiens partout dans le monde, ces derniers représentant le groupe religieux le plus persécuté au monde.  La représentante de l’Afrique du Sud a expliqué que son pays comprend plusieurs minorités et que son gouvernement s’efforce de protéger les droits des minorités culturelles et religieuses.  La sagesse africaine magnifie la diversité et la coexistence pacifique, a souligné la Ministre des affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur.  Selon elle, c’est l’ignorance qui sous-tend ces agissements discriminatoires contre les minorités.

Au nom de la société civile, l’ONG « Orphelins coptes » a expliqué avoir mis sur pied un système de mentorat par les « grandes sœurs » qui éduquent leurs cadettes musulmanes et chrétiennes à la tolérance religieuse.  Pour sa part, le Groupe international pour le droit des minorités a décrié le fait que dans les sociétés, il y a beaucoup de haine dirigée contre les minorités.  Il faut éviter que les accidents de naissance ne déterminent la valeur des individus, a dit son délégué.

À son tour, la Ministre des affaires étrangères du Timor Leste a précisé que l’article 16 de la Constitution du pays offre des garanties de protection aux neuf groupes ethniques du pays ainsi qu’aux 20 langues autochtones qui y sont pratiquées.  Face aux dangers de « l’ethnocentrisme qui menace 7 000 langues, 7 000 cultures, 7 000 philosophies et 7 000 visions du monde », la représentante du Paraguay a appelé la communauté internationale à construire une culture de la rencontre.  De son côté, le Ministre de la justice du Ghana a souligné la nécessité de mettre sur pied des services de promotion des langues minoritaires.  Après avoir rappelé que son pays accueillit 1,1 million de rohingya qui ont fui une discrimination religieuse, le Ministre des affaires étrangères du Bengladesh a souligné les efforts de son pays pour garantir une éducation en immersion dans les différentes langues maternelles et célébrer avec la même ferveur les cultes hindouiste, bouddhiste et musulman.

La représentante de l’Indonésie, a dit le souci de son pays de préserver les 668 langues locales parlées sur son territoire, et vanté la création d’un mécanisme institutionnel garantissant qu’aucune loi locale ne soit discriminante, tandis que le Ministre des affaires étrangères de la Slovaquie a cité la protection de 13 minorités nationales et appelé à entendre les voix des minorités.  Après avoir rappelé que la Russie a attaqué l’Ukraine en Crimée et dans le Donbass sous un faux prétexte de protection de la minorité russophone, la Vice-Ministre de la justice de l’Ukraine a alerté que depuis 2014, l’agression russe a eu une incidence terrible sur le droit des minorités en Ukraine où plus de 100 groupes ethniques coexistent pacifiquement.

Si le représentant de la République de Moldova a souligné les efforts de son pays pour protéger les droits des minorités qui constituent 20% des trois millions d’habitants de son pays, celui de la Géorgie a cité l’adoption d’une stratégie nationale des droits humains 2022-2030 qui met l’accent sur le droit des minorités.  Le représentant de l’Azerbaïdjan, composé de 30 nationalités, a cité l’adoption de lois pour protéger les minorités linguistiques, et l’existence de 50  journaux publiés dans des langues minoritaires.  Il a par ailleurs regretté que la communauté internationale n’ait pas réagi à la destruction de sites religieux azéri par l’Arménie dans le Haut-Karabakh.

Relevant que les populations minoritaires représentent 20% de la population mondiale, le Ministre adjoint à la coopération du Costa Rica a expliqué que la protection des minorités n’est pas une option mais une obligation.  Après avoir précisé que le droit des minorités est consacré par la constitution italienne, la Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Italie a souhaité que la commémoration, cette année, du cinquantième anniversaire du statut d’autonomie du Sud-Tyrol germanophone, fruit d’une négociation entre l’Autriche et l’Italie sous les auspices des Nations Unies, soit source d’inspiration pour régler d’autres sources de conflits dans le monde.  Les représentants de Singapour et de la Malaisie ont revendiqué des législations ambitieuses en matière de droits des minorités.

La représentante des peuples autochtones de la Colombie a jugé essentiel la participation des minorités à l’élaboration des politiques pour s’assurer que ces politiques répondent aux besoins des autochtones.  Inquiétée par la stigmatisation des minorités et le développement de groupe d’extrême droite, la Vice-Ministre des affaires étrangères de Cuba a particulièrement fustigé la discrimination croissante dont sont victimes les autochtones et personnes d’ascendance africaine aux États-Unis.

À son tour, le Ministre de l’Asie du Sud, de l’Afrique du Nord, des Nations Unies et du Commonwealth du Royaume-Uni a cité la mise en œuvre de 70 mesures pour s’attaquer aux discriminations sous toutes leurs formes au Royaume-Uni avant de dénoncer particulièrement le nettoyage ethnique en cours au Myanmar dont sont victimes les musulmans rohingya, le ciblage de communautés minoritaires en Iran et en Afghanistan, ainsi que les crimes contre les musulmans ouïghour en Chine.  Face à toutes ces crises, le Ministre britannique a jugé indispensable la mise en œuvre de la Déclaration.

Le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie a dit la volonté de son pays de participer à la coopération internationale pour assurer la protection des minorités nationales, avant de regretter la russophobie agressive promue par les pays occidentaux.  Il a particulièrement fustigé les actions des « néo-nazis qui ont mis en place des politiques criminelles pour chasser les russophones du territoire ukrainien ».  De son côté, la représentante des États-Unis a dit la détermination de l’Administration Biden de s’attaquer au leg systémique du racisme et de la discrimination aux États-Unis avant d’assurer la volonté de défendre les groupes minoritaires partout et en tout temps.

La représentante de la Belgique a appelé la communauté internationale à mettre l’accent sur les formes croisées de discriminations auxquelles se heurtent les filles et les femmes issues de minorités, suivie de son homologue du Népal qui a cité la publication de livres scolaires dans 20 langues autochtones et de la Mongolie qui a indiqué que son pays reconnaît comme un droit constitutionnel l’accès à l’enseignement dans la langue maternelle.  Vantant la tolérance religieuse de son pays, le représentant grec a cité l’existence de 240 mosquées en Grèce, ce qui en fait le pays européen comptant le plus grand nombre de mosquées proportionnellement à sa population.

Se présentant comme un homosexuel juif né à Montréal de père maghrébin et de mère européenne de l’est, le représentant du Canada, intervenant alternativement en anglais et en français, s’est vanté d’appartenir à un pays respectant les plus hautes normes de respect de la diversité et répondant à toutes les ambitions de la Déclaration.

« Nos 24 langues officielles et nos 60 langues minoritaires parlées par 40 millions de personnes font de l’Union européenne un territoire unique » a déclaré le Représentant spécial de l’Union européenne pour les droits de l’homme qui s’est dit persuadé que la pleine réalisation des droits des minorités promeut la cohésion sociale et joue un rôle essentiel pour prévenir les conflits.  Contestant les déclarations des représentants des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Union européenne sur la situation des Ouighour, le représentant de la Chine a assuré que les 56 ethnies du Xinjiang vivent en parfaite harmonie.  Il a appelé à cesser d’exploiter les droits humains à des fins politiques avant d’accuser le Conseil des droits de l´homme d’être un outil au service de la politique américaine.  La représentante de la Türkiye a regretté que la minorité turque ne soit toujours pas reconnue en Grèce avant de rejeter les propos du représentant de l’UE accusant la Türkiye de ne pas respecter les droits de ses minorités.

Deuxièmes interventions

Le Pakistan a souligné que le Jammu-et-Cachemire est un territoire disputé, comme l’atteste les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Il a dénoncé le terrorisme auquel se livre l’Inde, sa campagne de destruction de mosquées ainsi que les appels au génocide de musulmans.  Il a appelé l’Inde à mettre fin à la persécution des minorités, menacées de génocide imminent et la communauté internationale d’agir avant qu’il ne soit trop tard.

La République islamique d’Iran a dénoncé les accusations sans fondement proférées contre elle, appelant notamment le Royaume-Uni à contrer l’islamophobie sur son territoire.

À son tour, l’Inde a invité le Pakistan à lire sa déclaration sur le statut des minorités.

Remarques de clôture

M. DANILO TÜRK, Président du Club de Madrid, a relevé qu’un long chemin a été parcouru depuis le lancement des négociations sur la rédaction de la Déclaration, rappelant qu’à l’époque, peu d’États y étaient favorables.  Au fur et à mesure, les pays se sont engagés sur la question, même si le sujet fait toujours l’objet de négligence.  Cela est dû, a-t-il expliqué, à la sensibilité de la question sur le plan politique.  La question des minorités est complexe et les droits individuels ne permettent pas de régler tous les problèmes, a noté M. Türk pour qui des mesures supplémentaires s’imposent.  Parmi les conditions propices, il a cité la paix, le règlement pacifique des différends et la non-ingérence, avant de noter que le droit individuel n’est pas une panacée, mais le socle nécessaire pour répondre aux besoins des minorités.  La non-discrimination est essentielle, et les États Membres doivent prendre les mesures qui s’imposent pour que les minorités puissent réellement jouir de leurs droits, a-t-il souligné, insistant en outre sur l’importance d’un dialogue constant entre minorités et majorités au sein des États.  Lutter contre les discours de haine est également essentiel.  Il a par ailleurs estimé que l’ONU n’a pas toujours été à la hauteur de la question des minorités qui, a-t-il ajouté, doit figurer en tête des priorités de la communauté internationale.  Il a espéré qu’à l’avenir la question des minorités se verra accordée davantage d’attention qu’à l’heure actuelle, évoquant notamment l’idée de créer une nouvelle entité.

M. CSABA KŐRÖSI, Président de l’Assemblée générale, a insisté sur la nécessité de permettre aux minorités d’accéder à une éducation dans leur langue minoritaire, saluant ensuite ceux parmi les États Membres qui se sont engagés à promouvoir l’éducation à la tolérance.  Il a aussi appuyé la proposition de créer, au sein de l’ONU, d’une instance permanente dédiées aux minorités.  Nous sortirons tous perdants si nous échouons à appliquer la Déclaration, a souligné le Président qui a appelé à ne pas laisser les 30 prochaines années être marquées par l’inaction.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Dominé par la guerre en Ukraine, le débat annuel de l’Assemblée générale bruisse d’appels à la paix et à la solidarité avec le monde en développement

Soixante-dix-septième session,
4e & 5e séances plénières – matin, après-midi & soir
AG/12446

Dominé par la guerre en Ukraine, le débat annuel de l’Assemblée générale bruisse d’appels à la paix et à la solidarité avec le monde en développement

L’ombre portée de la guerre en Ukraine a presque fait oublier l’effacement progressif de la pandémie de COVID-19 lors de l’ouverture, aujourd’hui, du débat annuel de l’Assemblée générale, organisé entièrement en présentiel pour la première fois depuis trois ans.  Si les appels à la paix se sont multipliés, bon nombre des chefs d’État qui se sont succédé à la tribune ont aussi plaidé pour davantage de solidarité avec les pays en développement, premières victimes des crises en cascade, dans la foulée de la proposition formulée par le Secrétaire général d’un « plan de relance des objectifs de développement durable ».  Le Président de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale a quant à lui insisté sur l’urgence climatique, rejoint par une majorité d’intervenants, inquiets d’un point de non-retour.   

« Notre monde est au plus mal », a d’emblée constaté M. António Guterres, pour qui l’une des rares lueurs d’espoir, dans ce monde « en proie au tumulte », est venue de l’Initiative céréalière de la mer Noire, conclue par l’Ukraine et la Fédération de Russie, avec le concours de la Türkiye et de l’ONU.  Mais, tout encourageant qu’il soit, ce fruit de la « diplomatie multilatérale en action » ne suffira pas pour assurer l’acheminement des denrées vers ceux qui en ont besoin, a concédé le Chef de l’Organisation, avant d’avertir que, faute d’une stabilisation du marché des engrais, c’est l’offre même de produits alimentaires qui pourrait poser problème en 2023.   

Alors que les tensions géopolitiques sapent le travail du Conseil de sécurité et les possibilités de coopération internationale, « nous ne pouvons pas continuer comme ça », a martelé le Secrétaire général, en se disant partisan d’une « coalition mondiale » pour agir de concert en faveur de la paix, de l’action humanitaire et de la lutte contre le dérèglement climatique.  Dans ce monde où 94 pays, majoritairement africains et abritant 1,6 milliard d’habitants, subissent tout à la fois les retombées de la pandémie, la flambée des prix de la nourriture et de l’énergie liée au conflit en Ukraine, le fardeau d’une dette écrasante, l’inflation galopante et le manque d’accès aux services financiers, il a souhaité que le prochain sommet du Groupe des Vingt (G20), en novembre à Bali, soit l’occasion de lancer un « plan de relance des objectifs de développement durable » (ODD) au profit des pays en développement.   

Sur cette même ligne, le Président de la France a appelé à la lucidité sur la situation des pays à revenu faible ou intermédiaire, que la crise de la COVID-19 a considérablement aggravée.  M. Emmanuel Macron a ainsi exhorté les pays du G20 à respecter leur engagement de consacrer aux pays en développement 100 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux (DTS), en précisant que 30% de ceux-ci devaient être réservés aux pays africains et aux pays les plus pauvres à travers la planète.  Un appel partagé par le Président sénégalais, M. Macky Sall, tandis que le Président de la République centrafricaine, M. Faustin Archange Touadera, pointait le « déficit persistant » d’appui financier de la communauté internationale et réclamait le rétablissement du programme de facilité élargie de crédit (FEC), suspendu par le Fonds monétaire international (FMI).  

Le Président Sall, en tant que Président en exercice de l’Union africaine, a présenté son continent comme « l’Afrique des solutions », qui peut miser sur ses « gouvernements à la tâche » et sur sa « jeunesse vibrante et créative ». Un continent qui souhaite donc « engager avec tous ses partenaires des rapports réinventés, qui transcendent le préjugé selon lequel qui n’est pas avec moi, est contre moi ». Il a plaidé pour un multilatéralisme et une collaboration respectueuse des différences.

Fustigeant pour sa part le « retour à l’âge des impérialismes » que traduit selon lui l’invasion russe de l’Ukraine, M. Macron a assumé son choix de dialoguer avec la Russie pour tenter de faire progresser une solution au conflit.  Il a toutefois jugé qu’une négociation ne sera possible que « si l’Ukraine souveraine le souhaite et si la Russie l’accepte ».  Il a ajouté que Moscou ne saurait imposer son point de vue par la force ni par le biais de « simulacres de référendums » dans des territoires actuellement occupés.  « Comment tolérer qu’un membre permanent du Conseil de sécurité participe à une guerre génocidaire de conquête et d’anéantissement », s’est quant à lui ému le Président de la Lituanie, M. Gitanas Nausėda, exhortant la communauté internationale à exclure la Russie des forums internationaux.  Bien que notre approvisionnement énergétique en pâtisse, nous imposons des sanctions à la Russie, comme 50 autres pays, a rappelé la Présidente de la Slovaquie, Mme Zuzana Čaputová, défendant une position contraire à celle du Brésil de M. Jair Messias Bolsonaro, hostile aux mesures coercitives unilatérales et « sélectives ». 

De son côté, le Président de la Türkiye a présenté son pays comme une « force de médiation » entre la Russie et l’Ukraine, assurant que ses initiatives diplomatiques visent à rallier les parties à la cause de la paix et à faciliter un règlement « une fois pour toutes ».  M. Recep Tayyip Erdoğan a estimé à cet égard que l’Initiative céréalière de la mer Noire a redonné confiance à la communauté internationale dans l’utilité de l’ONU.  Soucieux de voir l’Organisation gagner en inclusivité, il s’est prononcé pour une réforme profonde du Conseil de sécurité, de même que son homologue centrafricain partisan d’une représentation plus juste de tous les continents et que le Premier Ministre du Japon, M. Kishida Fumio, dont le ton était également ferme pour inciter à renforcer le régime de non-prolifération nucléaire.   

Évoquant à son tour les effets négatifs du conflit ukrainien sur la sécurité alimentaire et énergétique dans le contexte climatique, le Président des Seychelles a, une nouvelle fois, invité les institutions financières internationales et les banques multilatérales de développement à regarder au-delà de la référence du revenu national brut, arguant qu’il existe un large consensus sur la nécessité d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle pour l’accès aux financements concessionnels.  À l’instar de son homologue des Îles Marshall, M. Wavel Ramkalawan a également rappelé que l’élévation du niveau de la mer constitue une menace existentielle pour les petits États insulaires en développement (PEID), avant de réclamer des actions climatiques audacieuses « au lieu de promesses et d’engagements non tenus ».   

Des solutions à la crise du climat existent, a assuré le Président de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale, faisant état d’avancées en matière de coopération scientifique et de diplomatie climatique.  « Mais encore faudrait-il que nous ayons envie de les mettre en pratique », a ajouté M. Csaba Kőrösi, saluant au passage l’apport précieux des travaux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), tandis que l’Émir du Qatar mettait en garde contre les appels à l’arrêt des investissements dans les énergies fossiles, alors qu’il faut encore les substituer par des alternatives respectueuses de l’environnement.   

Enfin, à la veille de l’intervention du Président du pays hôte, les États-Unis, retardée en raison des funérailles à Londres de la Reine Elizabeth II, le Président de la Colombie a sommé Washington de cesser sa « guerre contre la drogue », afin de sauver de la destruction la forêt amazonienne et des plantes essentielles comme la coca.  « Le Frankenstein de l’humanité a laissé le marché et la cupidité agir sans plan, au détriment de la rationalité humaine », a asséné M. Gustavo Petro Urrego.   

Le débat général se poursuivra demain, mercredi 21 septembre, à 9 heures.

RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION - A/77/1

Déclarations liminaires

« Notre monde est au plus mal », a averti, dès ses premiers mots, M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, en évoquant les inégalités qui se creusent et les défis qui se propagent.  Dans ce monde « en proie au tumulte », il a néanmoins distingué une « image de promesse et d’espoir », montrée en photo à l’écran, celle du Brave Commander, un navire chargé de céréales ukrainiennes destinées aux populations affamées de la Corne de l’Afrique.  Ce bateau battant le pavillon de l’ONU « symbolise ce que le monde peut accomplir lorsque nous agissons ensemble », a affirmé le Chef de l’Organisation, avant de saluer l’Initiative céréalière de la mer Noire, rendue possible par l’Ukraine et la Fédération de Russie elles-mêmes, avec le concours de la Türkiye.  « D’aucuns pourraient parler de miracle sur mer; en réalité, c’est la diplomatie multilatérale en action. »  Chaque navire participant transporte non seulement des vivres mais aussi de l’espoir, a souligné M. Guterres, appelant maintenant à l’action pour atténuer la crise alimentaire mondiale.  Cette année, le monde a assez de nourriture; ce qui pose problème, c’est l’acheminement.  Mais si le marché des engrais n’est pas stabilisé, c’est l’offre même de produits alimentaires qui pourrait poser problème l’an prochain, a-t-il prévenu, constatant que, déjà, les récoltes des agriculteurs en Afrique de l’Ouest et au-delà sont moindres en raison du prix et de la disponibilité des engrais.  Il est donc essentiel, selon lui, de supprimer les obstacles à l’exportation des engrais et de leurs composants, y compris l’ammoniac, qui ne sont pas soumis à des sanctions. 

Ce besoin d’action se heurte toutefois à une « mer agitée », a observé le Secrétaire général.  En effet, un hiver de mécontentement mondial se profile, une crise du coût de la vie fait rage, la confiance s’effrite, les inégalités explosent, la planète brûle, les gens souffrent et les idéaux de la Charte des Nations Unies sont en danger.  Face à aux crises qui menacent l’avenir même de l’humanité, de la guerre en Ukraine à l’urgence climatique et à la perte de biodiversité, en passant par la situation financière désastreuse des pays en développement, la communauté internationale n’est, hélas, « ni prête ni disposée » à y faire face, a-t-il dit, déplorant également l’absence de garde-fous dans l’utilisation des nouvelles technologies.  À côté d’avancées comme les neurotechnologies, les cryptomonnaies ou la blockchain, les plateformes de médias sociaux « monétisent l’indignation, la colère et la négativité », a pointé M. Guterres, dénonçant la prolifération des discours de haine et de la désinformation.  De plus, nos données sont achetées et vendues pour influencer notre comportement, des logiciels espions échappent à tout contrôle, l’intelligence artificielle compromet l’intégrité des systèmes d’information et « nous ne disposons pas ne serait-ce que d’un embryon d’architecture mondiale globale pour faire face à tout cela ».

Pour le Chef de l’ONU, les progrès sur ces questions sont « pris en otage par les tensions géopolitiques », lesquelles sapent le travail du Conseil de sécurité et les possibilités de coopération internationale.  « Nous ne pouvons pas continuer comme ça », a-t-il martelé, avertissant qu’après avoir évolué vers un « G-2 », nous risquons de nous retrouver avec un « G-zéro », sans coopération ni dialogue ni règlement collectif des problèmes.  Or, aucun grand problème mondial majeur ne peut être résolu par une coalition de volontaires, a affirmé le Secrétaire général, qui a plaidé pour une « coalition mondiale », notamment dans le domaine de la paix. 

« Aujourd’hui, je voudrais présenter trois domaines dans lesquels cette coalition mondiale doit de toute urgence surmonter ses divisions et agir de concert », a poursuivi le Secrétaire général en s’exprimant en français.  Alors qu’une grande partie de la planète continue d’avoir les yeux rivés sur l’invasion russe en Ukraine, a-t-il relevé, en citant les dernières informations « extrêmement perturbantes » sur la découverte de sites funéraires à Izioum, les conflits et les crises humanitaires se propagent, souvent loin des projecteurs.  De surcroît, le déficit de financement de l’appel humanitaire mondial lancé par l’ONU s’élève à 32 milliards de dollars, un montant sans précédent, et les bouleversements sont partout, a-t-il noté, citant pêle-mêle les situations dramatiques en Afghanistan, en République démocratique du Congo, en Haïti, en Éthiopie, en Libye, en Iraq, en Israël et en Palestine, au Myanmar, au Sahel et en Syrie.  « Et la liste est encore longue. »  Il a aussi évoqué les menaces à la sécurité des centrales nucléaires, l’échec de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et l’absence d’accord sur le nucléaire iranien, avant de se réjouir de « quelques lueurs d’espoir », comme la trêve au Yémen et l’enracinement de la paix en Colombie.  Le Nouvel Agenda pour la paix qu’il esquisse dans son rapport sur « Notre Programme commun » vise à promouvoir les outils diplomatiques de règlement pacifique des conflits, a-t-il fait valoir.  Enchaînant en espagnol, le Secrétaire général a recommandé de mettre au premier plan le leadership de femmes et la consolidation de la paix, en plaidant pour le renforcement de la prospective stratégique, l’élargissement du rôle des groupes régionaux et la prise en compte des droits humains en matière de prévention. 

Quant à la crise climatique, « enjeu déterminant de notre époque », elle doit être la priorité absolue de chaque gouvernement et organisation multilatérale, a poursuivi M. Guterres.  Mettant en garde contre une « catastrophe » planétaire, il a dit en avoir été témoin au Pakistan, où un tiers du pays est submergé par une « mousson monstrueuse ».  Et nous n’avons encore rien vu, a-t-il renchéri, avant de dénoncer un monde « accro aux combustibles fossiles » et d’appeler à demander des comptes à ceux qui continuent d’investir dans ce secteur.  « Les pollueurs doivent payer », a lancé le Secrétaire général, exhortant les économies développées à taxer les bénéfices exceptionnels des compagnies exploitant les énergies fossiles et à reverser ces fonds aux pays dans lesquels la crise climatique occasionne des pertes et aux personnes mises en difficulté par la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie.  À quelques mois de la COP27 en Égypte, il a aussi enjoint les dirigeants à relever leur ambition et à investir dans les énergies renouvelables, l’adaptation aux chocs climatiques et la gestion des dommages dus aux catastrophes.  Nous devons également faire en sorte que la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité soit un succès, tout en redoublant d’efforts pour négocier un accord international juridiquement contraignant sur la conservation et l’utilisation de la diversité biologique marine, a-t-il ajouté.

Alors que 94 pays, majoritairement africains et où vivent 1,6 milliard d’habitants, se retrouvent confrontés aux retombées de la pandémie de COVID-19, à l’envolée des prix de la nourriture et de l’énergie, au fardeau d’une dette écrasante, à l’inflation galopante et au manque d’accès aux services financiers, les objectifs de développement durable (ODD) sont menacés et les pays en développement les premiers touchés, a alerté le Secrétaire général.  Pour y répondre de manière concertée, il a appelé au lancement d’un « plan de relance des ODD » à l’occasion du prochain sommet du G20 à Bali.  Dans le cadre de ce plan, les banques multilatérales de développement doivent accorder davantage de prêts à des conditions favorables aux pays en développement pour les aider à investir dans les ODD.  Parallèlement, l’Initiative de suspension du service de la dette du G20 doit être améliorée, tandis que les créanciers doivent envisager des mécanismes permettant de réduire le fardeau de la dette, tels que la conversion de créances en mesures d’adaptation climatique.  En outre, le produit intérieur brut (PIB) ne doit pas être le seul critère d’octroi de prêts, il convient de tenir compte de la vulnérabilité des pays en développement dans toutes ses dimensions, a-t-il précisé, avant d’exhorter le Fonds monétaire international (FMI) et les principales banques centrales à développer sensiblement leurs facilités de trésorerie, notamment par le biais de droits de tirage spéciaux (DTS).  Enfin, les gouvernements doivent renforcer des fonds spécialisés comme l’Alliance du vaccin (Gavi), le Fonds mondial et le Fonds vert pour le climat afin qu’ils disposent de ressources additionnelles pour financer les ODD, a préconisé M. Guterres, formant le vœu que les États Membres se saisiront également de sa proposition de « nouvelle donne mondiale » afin de transformer ces idées en solutions lors du Sommet de l’avenir en 2024. 

M. CSABA KŐRÖSI, Président de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale, a commencé par rappeler sa devise reposant sur des solutions fondées sur la solidarité, la durabilité et la science.  « Nous avons besoin de solidarité parce que les inégalités ont atteint des sommets; nous avons besoin de durabilité parce que nous devons à nos enfants de laisser un monde vivable; nous avons besoin de la science car elle nous offre des preuves neutres pour nos actions », a expliqué M. Kőrösi.

« Nous sommes réunis aujourd’hui, au moment le plus important de ces quarante dernières années », a poursuivi le Président de l’Assemblée générale.  Des chaleurs extrêmes aux inondations dévastatrices - les changements climatiques ont ébranlé nos communautés, a-t-il ajouté, mettant en garde contre notre consommation et nos méthodes de production, qui « lacèrent » notre planète - de ses sols à ces cieux.  Pour lui, le monde vit dans un état de crise humanitaire permanent.

De fait, a-t-il détaillé, plus de 300 millions de personnes ont un besoin urgent d’aide humanitaire et de protection, soit une augmentation de 10% depuis le mois de janvier dernier.  Sous l’effet des changements climatiques, de la pandémie de COVID-19 et des conflits, la faim dans le monde a atteint des niveaux alarmants. 

Au cours des six derniers mois, l’inflation des prix des denrées alimentaires et de l’énergie a plongé au moins 70 millions de personnes dans la pauvreté.  L’inflation a atteint des sommets inégalés depuis 40 ans.  Un quart de l’humanité vit dans des zones de conflit, au milieu des combats et de l’instabilité politique et la violence à travers le monde a rarement été aussi féroce, s’est alarmé le Président.

Qui aurait pu imaginer que la guerre reviendrait en Europe?  Que la menace nucléaire serait de retour dans les discours politiques pour régler un différend avec un voisin? s’est exclamé M. Kőrösi, dont l’intervention a été prononcée en plusieurs langues -anglais, français, arabe, russe-.  Voilà 203 jours que l’Assemblée générale a adopté une résolution condamnant l’agression militaire contre l’Ukraine et pourtant l’effusion de sang et les souffrances n’ont pas encore cessé, s’est-il écrié.

Durant cette période, les Nations Unies et leurs partenaires ont offert de la nourriture et un abri à des millions de réfugiés de ce pays, a fait observer le Président, qui a aussi vu un motif d’espoir dans l’accord historique sur les exportations commerciales de céréales en provenance du grenier du monde, un motif d’espoir.  La diplomatie est à l’œuvre pour libérer les engrais afin que les pénuries que nous voyons aujourd’hui ne deviennent pas les famines de demain, a-t-il ajouté.  Les inspecteurs nucléaires des Nations Unies sont à pied d’œuvre sur l’un des principaux sites nucléaires européens, prévenant ainsi une éventuelle catastrophe.

Rappelant le thème du soixante-dix-septième débat général -« Un tournant décisif: des solutions transformatrices face à des défis intriqués »- M. Kőrösi a, en outre, exprimé sa solidarité avec les populations du Pakistan, où des inondations dévastatrices ont emporté des centaines de villages.  Or, pour lui, en matière de lutte contre les changements climatiques, les solutions existent et sont ancrées dans les avancées réalisées en matière de coopération scientifique et de diplomatie climatique.  Mais, faudrait-il encore que « nous ayons envie » de les mettre en pratique, a-t-il pressé, citant, à cet égard, l’action du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui s’est révélé être un outil précieux pour soutenir les décisions politiques visant à lutter contre les changements climatiques et à s’adapter à ses conséquences.

Dès lors, il s’agit pour M. Kőrösi de reproduire le succès du GIEC dans les domaines de l’eau, de l’énergie, de l’alimentation et de la biodiversité, puisque nous disposons d’ores et déjà d’un point de départ empirique et universellement accepté pour agir.  C’est pourquoi, une fois cette semaine de haut niveau terminée, le Président a prévu de lancer une série de consultations avec la communauté scientifique, afin, a-t-il dit, de transférer la connaissance depuis les « microscopes jusqu’aux microphones ».

Pour M. Kőrösi, la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale sera également essentielle pour préparer le sommet sur les objectifs de développement durables de 2023 et le Sommet de l’avenir de 2024.  L’année prochaine, a-t-il rappelé, il s’agira d’évaluer l’objectif 6 -relatif à « l’eau propre et l’assainissement »- lors de la Conférence des Nations Unies sur l’eau - la première depuis 1977.  L’heure pour M. Kőrösi de sensibiliser sur cette question, car l’eau, dont le problème est triple -trop, pas assez, ou pas potable- est appelée à devenir le prochain grand facteur de conflit dans le monde, a-t-il averti, offrant la possibilité de changer la vie de 2,1 milliards de personnes qui n’ont pas accès à l’eau potable. 

Au cours de la session, il s’agira également d’évaluer le Cadre de Sendai et de tirer des conclusions pour améliorer la résilience face aux catastrophes, a poursuivi le Président, jugeant essentiel que ces opportunités débouchent sur des résultats concrets.

Pour M. Kőrösi, les éléments constitutifs de la transformation sont à notre disposition.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Cadre de Sendai, l’Accord de Paris, le Programme d’action d’Addis-Abeba et Notre Programme commun vont tous dans le même sens, a-t-il insisté, se disant encouragé par le fait que les propositions du Secrétaire général et les importantes initiatives des États Membres se soutiennent mutuellement.

M. Kőrösi a appelé au respect universel de l’État de droit, insistant en particulier sur les droits des femmes, car à l’heure « où nous parlons », la moitié de l’humanité est trop souvent exclue de la prise de décisions et des postes de direction.  C’est pourquoi, le Président de l’Assemblée générale voit dans la réunion de haut niveau pour promouvoir la Plateforme des femmes d’influence prévue pour cet après-midi et organisée en collaboration avec ONU-Femmes, une réponse à cet appel.  C’est dans cet esprit qu’il a invité à un engagement substantiel sur cette question qui, a-t-il rappelé, a trait à l’équité et à l’égalité, mais surtout à la dignité humaine.

Sur toutes ces questions, M. Kőrösi a dit se réjouir de travailler en étroite collaboration avec le Secrétaire général, le Conseil de sécurité, l’ECOSOC et d’autres institutions clefs de l’ONU.  Il a promis d’aider les États Membres à identifier des solutions transformatrices, axées sur l’impact, systémiques et durables.  De même, il a dit avoir l’intention de coopérer avec toutes les parties prenantes - la société civile, les jeunes, les femmes et la communauté scientifique. 

Le Président a promis d’œuvrer durant son mandat pour que la revitalisation des Nations Unies et de l’Assemblée générale se poursuive et de faire progresser les négociations sur la réforme du Conseil de sécurité: il est grand temps que le Conseil représente la population mondiale de manière plus équitable et qu’il reflète les réalités du XXIe siècle, a-t-il plaidé, y voyant une question de crédibilité pour toute notre organisation et notre ordre multilatéral.

Pour finir, M. Kőrösi a appelé à saisir les opportunités qui se présentent à nous car les choses s’améliorent lorsque nous les rendons meilleures.  Alors, « agissons! » a-t-il lancé, se disant convaincu que notre chance est « ici et maintenant! » 

Ouverture du débat général

M. JAIR MESSIAS BOLSONARO, Président du Brésil, a tout d’abord estimé que la responsabilité collective de l’Assemblée générale consiste à saisir l’ampleur des défis et à construire des réponses qui tirent leur force des objectifs communs à tous.  À cette aune, c’est ce que fait chaque pays au niveau national qui lui donne l’autorité d’agir à l’international, a-t-il dit, estimant pouvoir s’exprimer sur le programme de santé publique sur la base des réalisations de son gouvernement qui, pendant la pandémie de COVID-19, a tout fait pour sauver des vies et préserver les emplois.  Tout en protégeant le revenu des familles, notamment les plus nécessiteuses, nous avons lancé un vaste programme de vaccination qui comprend la production de vaccins, a rappelé le Chef d’État.  Plus de 80% des 210 millions d’habitants du Brésil ont déjà été vaccinés et ce, volontairement et dans le respect de la liberté individuelle, a-t-il précisé, avant d’indiquer que, dans un souci de croissance durable et inclusive, son pays avait mis en œuvre des réformes économiques dans le but d’améliorer les moyens de subsistance de sa population. 

Grâce aux mesures anticorruption de l’actuelle administration, mais aussi à l’apurement de l’endettement de la compagnie pétrolière nationale Petrobras « hérité de la gauche au pouvoir », à la modernisation des services publics et à un programme de privatisations, le pays a aujourd’hui une économie en pleine reprise, un taux d’emploi élevé et une faible inflation, s’est enorgueilli M. Bolsonaro.  Dans ce contexte, la pauvreté a commencé à reculer au Brésil, a-t-il relevé, signalant que, d’ici à la fin de 2022, 4% des familles brésiliennes vivront avec moins de 1,90 dollar par jour, contre 5,1% en 2019.  De même, le chômage a baissé de 5 points de pourcentage, atteignant 9,1%, « du jamais vu depuis sept ans », tandis que les prix de l’essence et de l’électricité ont chuté respectivement de 30% et 15% à la faveur d’une politique de rationalisation fiscale.  Avec une prévision de croissance de 3% cette année, « nous avons la tranquillité d’esprit de ceux qui sont sur le bon chemin », celui d’une prospérité partagée tant en interne qu’à l’extérieur, a souligné M. Bolsonaro, avant de noter que son pays est désormais l’un des plus grands exportateurs mondiaux de denrées alimentaires et s’apprête à avoir la plus grande récolte céréalière de son histoire.  « Sans l’agro-industrie brésilienne, la planète aurait faim, car nous nourrissons plus d’un milliard de personnes dans le monde », a-t-il fait valoir. 

De l’avis de M. Bolsonaro, le Brésil est également une référence mondiale en matière d’environnement et de développement durable.  Les deux tiers du territoire brésilien sont ainsi couverts d’une végétation indigène qui reste « telle qu’elle était lors de la découverte du Brésil en 1500 », a-t-il assuré, ajoutant que, « contrairement à ce qui est rapporté par le courant dominant des médias nationaux et internationaux », plus de 80% de la forêt amazonienne demeure intacte.  Sans négliger la population de cette région, le pays a développé une industrie des biocarburants qui contribue au mix énergétique le plus propre du G20, a poursuivi le dirigeant, selon lequel le Brésil a le potentiel de devenir un grand exportateur d’énergie verte. 

Toutefois, a concédé M. Bolsonaro, le Programme de développement durable est gravement affecté par les menaces à la paix et à la sécurité internationales, à commencer par le conflit en Ukraine.  Plaidant à cet égard pour une réforme de l’ONU et de son Conseil de sécurité, il a indiqué que son pays, aujourd’hui membre non permanent de cet organe pour la onzième fois, fait de son mieux pour trouver des solutions pacifiques et négociées aux conflits internationaux.  S’agissant du conflit ukrainien, le Brésil défend un cessez-le-feu immédiat, la protection des civils, la préservation des infrastructures critiques et le maintien de tous les canaux de dialogue entre les parties, a-t-il précisé.  Affirmant soutenir tous les efforts visant à réduire les impacts économiques de cette crise, il s’est toutefois déclaré opposé aux sanctions unilatérales et sélectives, qu’il a jugées incompatibles avec le droit international. 

M. Bolsonaro s’est aussi présenté comme un partisan inconditionnel de la liberté d’expression et de culte.  À ce propos, il a indiqué que le Brésil est prêt à accueillir les prêtres et les religieuses catholiques qui ont souffert de persécutions sous le régime dictatorial au Nicaragua.  Il a par ailleurs réaffirmé son attachement à la protection de la famille, au droit à la vie depuis la conception et au droit à l’autodéfense.  Tout en réitérant son refus de l’idéologie de genre, il a assuré que les droits des femmes constituent une priorité de son administration, comme en attestent les mesures de lutte contre la violence sexiste et d’autonomisation des femmes.  Il a enfin estimé que, 200 ans après son indépendance, le Brésil est une « nation qui respire la liberté ». 

M. MACKY SALL, Président du Sénégal, a estimé que, depuis la dernière session de l’Assemblée générale, le monde est devenu plus dangereux et plus incertain, « sous l’emprise combinée du réchauffement climatique, des périls sécuritaires et sanitaires, ainsi que de la guerre en Ukraine ».  Il a ajouté que, dans ce contexte, il est urgent d’agir de manière collective « pour apaiser les tensions, soigner notre planète, réduire les inégalités persistantes Nord-Sud, et redonner sens au multilatéralisme ». 

M. Sall a considéré que le Conseil de sécurité, qui est interpellé au premier chef, se doit de traiter de la même façon toutes les menaces à la paix et à la sécurité internationales, « y compris en Afrique ».  Sur ce dernier point, il a ainsi marqué que le terrorisme, qui gagne du terrain sur le continent, « n’est pas qu’une affaire africaine ».  Pour le Président, le terrorisme est une menace globale qui relève de la responsabilité première du Conseil, garant du mécanisme de sécurité collective, en vertu de la Charte des Nations Unies.  Aussi a-t-il invité le Conseil de sécurité à mieux s’engager avec les Africains dans la lutte contre le terrorisme en Afrique, avec des mandats plus adaptés et des moyens plus conséquents. 

Après avoir, au nom de l’Union africaine, dont son pays assume actuellement la présidence, appelé à la levée des sanctions étrangères contre le Zimbabwe, qualifiées de mesures sévères qui continuent de nourrir un sentiment d’injustice contre tout un peuple et d’aggraver ses souffrances en ces temps de crise profonde, M. Sall a successivement réitéré le droit du peuple palestinien à un État viable, coexistant pacifiquement avec l’État d’Israël, « chacun à l’intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues », et appelé à la désescalade et à la cessation des hostilités en Ukraine, plaidant pour une solution négociée, afin d’éviter le risque catastrophique d’un conflit potentiellement mondial. 

M. Sall a ensuite attiré l’attention sur l’importance d’avancer sur la voie de la réforme des « cercles décisionnels » qui confinent l’Afrique à la marge.  Il est temps, s’est-il exclamé, de faire droit à la juste et légitime revendication africaine sur la réforme du Conseil de sécurité.  Il a aussi rappelé sa demande d’octroi d’un siège à l’Union africaine au sein du G20, pour que l’Afrique puisse, enfin, se faire représenter là où se prennent les décisions qui engagent un milliard quatre cents millions d’Africains. 

Au titre de la gouvernance économique et financière, le Président du Sénégal a évoqué le rapport 2022 sur le financement du développement durable, réalisé, a-t-il rappelé, par une soixantaine d’institutions multilatérales, dont le FMI, la Banque mondiale, le Comité de Bâle sur la supervision bancaire, l’Association internationale des régulateurs de l’assurance et le Conseil de stabilité financière.  À cet égard, M. Sall a noté que le rapport relève les insuffisances dans les procédés d’évaluation des agences de notation et qu’il souligne l’importance d’appliquer des « méthodologies transparentes afin de ne pas miner la confiance dans les notations ». 

Jugeant que la perception du risque en Afrique continue d’être plus élevée que le risque réel, il a invité le groupe de réponse à la crise mondiale sur l’alimentation, l’énergie et les finances, à engager avec le G20, le FMI et la Banque mondiale, un dialogue constructif avec les agences de notation sur l’amélioration de leurs méthodes de travail et d’évaluation.  Dans le même esprit, a-t-il ajouté, face à l’ampleur inédite de la crise économique mondiale, l’Union africaine réitère son appel pour la réallocation partielle des droits de tirage spéciaux (DTS) et la mise en œuvre de l’Initiative de suspension du service de la dette du G20.  Toujours au chapitre économique, M. Sall a constaté que le choc actuel, « sans précédent », fragilise davantage les économies les plus faibles et rend encore plus pressants leurs besoins en liquidités, pour atténuer les effets de l’inflation généralisée et soutenir les ménages et les couches sociales les plus vulnérables, notamment les jeunes et les femmes.

Sur le développement, le Président a d’abord plaidé en faveur de la campagne « Rays of Hope », de l’AIEA, pour le renforcement des capacités des pays membres, africains en particulier, dans la lutte contre le cancer, cela grâce aux technologies nucléaires telles que l’imagerie médicale, la médecine nucléaire et la radiothérapie.  Il a ensuite assuré l’Assemblée générale de l’attachement de l’Afrique à l’Accord de Paris sur le climat, laquelle souhaite néanmoins parvenir à un consensus pour une transition énergétique juste et équitable, comme ce fut le cas au Sommet Afrique-Europe de février dernier, à la session élargie du Sommet du G7 en juin, et récemment au Forum de Rotterdam sur le financement de l’adaptation en Afrique.  Il est légitime, juste et équitable que l’Afrique, continent le moins pollueur et le plus en retard sur le processus d’industrialisation, exploite ses ressources disponibles pour disposer d’une énergie de base afin d’améliorer la compétitivité de son économie et réaliser l’accès universel à l’électricité, a-t-il notamment appuyé.  « Je rappelle qu’à ce jour, plus de 600 millions d’africains vivent encore sans électricité », a encore souligné M. Sall, qui a appelé à la réalisation de l’objectif de 100 milliards de dollars par an, en appui aux efforts d’adaptation des pays en développement et au financement du Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique.  En outre, il a qualifié le financement de l’adaptation comme une contribution des pays industrialisés à un partenariat mondial solidaire, « en contrepartie des efforts que fournissent les pays en développement pour éviter les schémas pollueurs qui ont plongé la planète dans l’état d’urgence climatique actuel ». 

« L’Afrique a assez subi le fardeau de l’histoire; elle ne veut pas être le foyer d’une nouvelle guerre froide, mais plutôt un pôle de stabilité et d’opportunités ouvert à tous ses partenaires, sur une base mutuellement bénéfique », a plaidé M. Sall.  Je suis venu dire que nous n’ignorons pas l’Afrique des problèmes, qu’il faut pacifier et stabiliser, a-t-il poursuivi, attirant toutefois l’attention sur ce qu’il a appelé « l’Afrique des solutions », riche de ses 30 millions de kilomètres carrés, ses ressources humaines, ses plus de 60% des terres arables du monde, ses richesses minières, forestières, hydriques et énergétiques.  « Oui, nous avons l’Afrique des solutions, avec des gouvernements à la tâche; une jeunesse vibrante et créative qui innove, entreprend et réussit », a-t-il renchéri, vantant les millions d’hommes et de femmes qui travaillent dur pour nourrir, éduquer et soigner leurs familles; qui investissent, créent de la richesse et génèrent des emplois.  Cette Afrique des solutions souhaite engager avec tous ses partenaires des rapports réinventés, qui transcendent le préjugé selon lequel qui n’est pas avec moi, est contre moi, a déclaré M. Sall. 

Concluant son allocution, le Président s’est dit convaincu que c’est en collaborant dans le respect de leurs différences que les pays redonneront force et vitalité à la raison d’être des Nations Unies et qu’ils sauront préserver les générations actuelles et futures du fléau de la guerre, promouvoir la cohabitation pacifique des peuples et favoriser le progrès en instaurant de meilleures conditions de vie pour tous.

M. GABRIEL BORIC FONT, Président du Chili, a déploré que son pays, maintenant une forte concentration de richesses, soit devenu un des pays les plus inégalitaires de la planète.  Parce qu’elle nuit à la compréhension mutuelle, la fracture sociale ainsi créée constitue une menace latente pour la démocratie, s’est-il inquiété.  Alertant que le déchaînement social que le Chili a connu en 2019 n’était pas accidentel et peut se produire ailleurs, il a exhorté à ne pas rester les bras croisés, insistant sur l’importance d’« anticiper », au moyen d’une meilleure répartition des richesses et du pouvoir.  Il a regretté les graves épisodes de violence qui ont émargé du mécontentement populaire au Chili en octobre 2019, pointant la « répression incontrôlée » exercée par l’État.  Cette dernière constitue une grave violation des droits humains qui doit être réparée, a-t-il insisté. 

Évoquant le récent rejet par les citoyens chiliens (62% contre 38%) de la proposition de nouvelle constitution qu’il avait lui-même approuvée, M. Boric Font a affirmé avoir pris les résultats du récent plébiscite avec les yeux et le cœur grands ouverts, tout en se déclarant convaincu qu’à court terme, le Chili disposera d’une constitution qui satisfera pleinement ses citoyens. 

Le Président chilien a par ailleurs appelé à prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre fin à la guerre injuste de la Russie contre l’Ukraine, pour ensuite dénoncer les violences contre les femmes, évoquant notamment le décès, cette semaine dans une prison iranienne, de Mahsa Amini.  Veillons à ce que, partout dans le monde, le fait d’avoir des idées différentes de celles du gouvernement en place ne conduise pas à des persécutions ou à des violations des droits humains, a exhorté M. Boric Font. 

M. ABDULLAH II IBN AL HUSSEIN, Roi de Jordanie, s’est inquiété des nombreuses crises qui secouent le monde.  Des crises qui sont de plus en plus imbriquées les unes aux autres, a fait observer le Roi de Jordanie, citant les conflits régionaux ayant un impact international, les changements climatiques dévastateurs, les perturbations dues aux pandémies, les violences extrémistes, l’inflation galopante, la récession imminente et, pour un trop grand nombre de personnes dans le monde, « la réalité croissante de la faim ».  Les pays en développement sont les plus durement touchés, a-t-il déploré.  Est-ce l’avenir que nous laisserons aux générations futures? a-t-il demandé en s’adressant à ses pairs, appelant à œuvrer pour offrir un monde différent, aux horizons élargis.  En somme, un monde plus équitable. 

« Nous voyons davantage d’opportunités de travailler avec des partenaires pour préserver des sites précieux du patrimoine mondial et des merveilles naturelles », a poursuivi le Roi Abdullah II, en référence à la mer Morte, unique en son genre, au fleuve sacré du Jourdain et aux récifs coralliens du golfe d’Aqaba - tous menacés par les changements climatiques.  La croissance économique durable et inclusive a été trop souvent victime des crises mondiales, a-t-il regretté.  Dans sa région, l’accent est mis sur la recherche de l’établissement de partenariats intégrés qui exploitent les capacités et les ressources de chaque pays au profit de tous.  Le souverain a vu des « blocs de résilience régionale » se constituer pour stimuler de nouvelles opportunités.  Ainsi a-t-il évoqué les partenariats multilatéraux établis par la Jordanie avec l’Égypte, l’Iraq, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, Bahreïn et d’autres pays de la région. 

S’agissant de la situation au Moyen-Orient, et notamment du conflit israélo-palestinien, où la paix reste difficile à atteindre car, selon lui, « ni la guerre ni la diplomatie n’ont apporté de réponse à cette tragédie historique », le Roi Abdullah II a encouragé les gens eux-mêmes, et non les politiciens, à se rallier et à inciter leurs dirigeants à résoudre ce problème.  À quoi ressemblerait notre monde aujourd’hui si le conflit avait été réglé depuis longtemps?  Alors que nous poursuivons nos efforts pour parvenir à la paix, nous ne devons pas abandonner les réfugiés, a insisté le dirigeant.  Cette année, l’Assemblée générale votera le renouvellement du mandat de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  La communauté internationale doit envoyer un message fort de soutien aux droits des réfugiés palestiniens, a-t-il plaidé.  Le peuple palestinien ne peut se voir refuser le droit à l’autodétermination.  Et la voie à suivre est la solution des deux États, conformément aux résolutions de l’ONU: un État palestinien souverain, viable et indépendant, dans le cadre des frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, vivant côte à côte avec Israël dans la paix, la sécurité et la prospérité.  « Aujourd’hui, l’avenir de Jérusalem nous préoccupe vivement. »  La ville est sacrée pour des milliards de musulmans, de chrétiens et de juifs dans le monde, a rappelé le souverain.  La remise en cause du statu quo juridique et historique de Jérusalem déclenche des tensions mondiales et des conflits, a-t-il mis en garde, estimant que la Ville sainte ne doit pas être « le théâtre de la haine et de la division ».  En tant que gardiens des lieux saints chrétiens et musulmans de Jérusalem, nous nous sommes engagés à protéger leur statu quo historique et juridique ainsi que leur sécurité et leur avenir, a-t-il ajouté.  En tant que dirigeant musulman, a-t-il conclu, « permettez-moi de dire clairement que nous sommes engagés à défendre les droits, le précieux patrimoine et l’identité historique du peuple chrétien de notre région ». 

M. GUSTAVO PETRO URREGO, Président de la Colombie, a souligné la beauté de son pays, reflétée par la forêt amazonienne, la jungle du Chocó, la cordillère des Andes et les océans.  C’est dans ces jungles que l’oxygène planétaire est libéré et que le CO2 atmosphérique est absorbé, a-t-il souligné, avant de s’élever contre ceux, États et concessionnaires, qui, malgré les cris d’alarme des scientifiques, veulent détruire l’Amazonie, « rongés par leur addiction au pouvoir, à l’argent, au pétrole et à la cocaïne ».  Tandis qu’ils laissent brûler les forêts et détruisent des plantes comme la coca, les « hypocrites » nous demandent de plus en plus de charbon et de pétrole pour calmer une autre addiction: celle de la consommation, a dénoncé le Chef d’État.  Dans ce contexte d’injustice, a-t-il observé, les comptes bancaires sont devenus illimités et l’argent épargné par les plus puissants demandera des siècles pour être dépensé.  Mais cette dépendance à l’argent a aussi le visage de la toxicomanie et de la solitude, qui ne pourront être guéries en déversant du glyphosate sur les jungles, a renchéri le Président, avertissant que si rien n’est fait pour inverser cette tendance qui dure depuis quarante ans, les États-Unis verront 2 800 000 jeunes mourir d’une surdose de fentanyl, tandis que des millions d’Afro-Américains seront emprisonnés dans des prisons privées et qu’un million de Latino-Américains seront assassinés.  Appelant à mettre fin à la « guerre irrationnelle contre la drogue », il s’est prononcé pour la construction d’une société plus solidaire, plus affectueuse, « où l’intensité de la vie sauve des addictions et des nouveaux esclavages ». 

« Aidez-nous sans hypocrisie à sauver la forêt amazonienne pour sauver la vie de l’humanité sur la planète », a encore lancé le dirigeant, pour qui les guerres ont servi d’excuse pour ne pas agir contre la crise climatique.  Alors que des millions de personnes affamées et assoiffées migrent vers le Nord, on construit des murs, on leur tire dessus et on les traite comme si elles n’étaient pas humaines, reproduisant ce qui a créé des chambres à gaz et des camps de concentration dans les années 1930, s’est indigné M. Petro Urrego.  De même, face aux virus qui nous détruisent, on assiste à la transformation des vaccins en marchandises, a-t-il dénoncé, établissant un lien entre l’accumulation accrue de capitaux et le nombre croissant de morts liées au climat.  « Le Frankenstein de l’humanité a laissé le marché et la cupidité agir sans plan, au détriment de la rationalité humaine », a martelé le Président, avant d’appeler l’Amérique latine à s’unir pour sauver la forêt amazonienne et ses ressources utiles au monde entier.  Si les autres n’ont pas la capacité de financer le fonds de revitalisation des forêts, s’ils préfèrent allouer l’argent aux armes qu’à la vie et à la réduction des dettes extérieures au profit de la vie sur la planète, « nous le ferons », a-t-il promis, tout en invitant les « peuples slaves » d’Ukraine et de Russie à faire la paix.  « Ce n’est que dans la paix que nous pourrons sauver la vie sur cette terre qui est la nôtre », a-t-il conclu. 

M. RECEP TAYYIP ERDOĞAN, Président de la Türkiye, a placé son discours sous les auspices de la solidarité, qu’il a invoquée à plusieurs reprises comme la condition du règlement des conflits dans le monde.  Il a d’abord déclaré que la principale leçon tirée de la pandémie de COVID- 19 était précisément que c’est la solidarité qui a permis de venir en aide collectivement aux personnes dans le besoin, la Türkiye ayant fourni une aide humanitaire et sanitaire à 161 pays, et réussi à mettre au point son propre vaccin.  En guise de gages de la détermination de son pays à engager tous les efforts nécessaires pour inverser des tendances potentiellement cataclysmiques pour la planète, M. Erdoğan a rappelé la ratification turque de l’Accord de Paris sur le climat, signe selon lui d’une volonté d’être aux avant-postes de la lutte contre les changements climatiques.  

Le Président turc a ensuite axé sa déclaration sur les questions de sécurité internationale et régionale.  La crise ukrainienne ayant provoqué une vague de chocs économiques qui impactent le bien-être social de millions d’êtres humains, la Türkiye, qui a toujours considéré le secteur énergétique comme un secteur de coopération et non de concurrence, a lancé de nombreux projets pour que soit assuré l’approvisionnement en énergie dans les mois à venir, a-t-il noté.   

La Türkiye est une force de médiation dans la crise entre la Russie et l’Ukraine, convaincue que la guerre ne pourra jamais triompher, a souligné M. Erdoğan, ajoutant que les initiatives diplomatiques menées par son pays aux côtés de l’ONU visent à rallier les parties à la cause de la paix et faciliter l’atteinte d’un règlement du différend « une fois pour toutes ».  Concernant l’Initiative céréalière de la mer Noire, M. Erdoğan l’a qualifiée de primordiale pour garantir la poursuite des exportations chaque jour plus importantes dans un contexte préoccupant d’envolée des prix.  L’Initiative est une réalisation majeure de l’ONU au cours de la décennie écoulée, n’a-t-il pas hésité à affirmer, considérant qu’elle avait redonné à la communauté internationale confiance dans l’utilité pour le monde de l’Organisation des Nations Unies.  

S’agissant du fonctionnement de cette dernière, le Président turc a souligné l’importance de l’avènement d’une ONU inclusive, capable d’imaginer un ordre mondial plus équitable et représentant la volonté commune de tous les peuples du monde.  À ce propos, il a exhorté le Conseil de sécurité à se réformer pour être en mesure de réaliser les objectifs de paix et de sécurité internationale consacrés par la Charte des Nations Unies.  Il a demandé à l’Assemblée générale de se rappeler que la politique étrangère de son pays a toujours eu des objectifs pacifiques, les efforts de médiation et de facilitation qu’il mène activement, sous l’égide de l’ONU, pour régler les conflits sur tous les continents, en témoignent sans conteste.  Y compris dans notre région, nous nous efforçons de contribuer aux solutions et pas aux problèmes, a-t-il dit.  

Sur les questions de sécurité régionale, M. Erdoğan a plaidé pour une solution pacifique au conflit syrien « dans le cadre de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité », faute de quoi ce conflit s’éternisera, menaçant durablement l’intégrité territoriale de ce pays et la sécurité de la région.  Après avoir demandé instamment au Conseil la prorogation du mécanisme humanitaire transfrontalier, il s’est appesanti sur la situation des plus de deux millions de réfugiés syriens accueillis en Türkiye depuis 2011.  Nous mettons tout en œuvre pour que nos frères et sœurs syriens rentrent dans leur pays dans la paix et la sécurité, a-t-il assuré, évoquant, photo à l’appui, la construction de milliers de maisons de briques dans différentes régions syriennes pour qu’ils puissent s’y installer en famille.  La communauté internationale doit soutenir ces projets humanitaires d’envergure, a-t-il demandé.   

Poursuivant sur la question des réfugiés, M. Erdoğan a insisté sur le fait qu’elle ne saurait être résolue en dressant des murs aux frontières ou en rejetant à la mer des migrants.  Sur ce dernier point, il a fustigé la Grèce, l’accusant de conduire une politique cruelle envers les migrants en mer Égée et en Méditerranée orientale, où, a-t-il soutenu, là encore en présentant une photo, des enfants ont péri car les garde-côtes grecs ont fait couler le bateau sur lequel ils se trouvaient.  Pour lui, l’Europe et l’ONU doivent demander que cessent ces crimes contre l’humanité.  Les pays qui lancent des incursions dans notre région ont perdu la raison, a-t-il encore accusé, exhortant la Grèce à abandonner sa politique de provocations et de conflit et à être réceptive « à nos appels au dialogue en vue de garantir la stabilité en mer Égée et en Méditerranée orientale ».   

M. Erdoğan a affirmé qu’à Chypre vivent deux États et deux différentes nations, « ce qui doit être accepté par tous ».  Appelant à la reconnaissance des droits des Chypriotes turcs, « dont il faut accepter le statut international », il a demandé qu’il soit mis fin sans délais aux sanctions internationales qui les visent.  La Grèce persécute les minorités musulmanes turques, bafouant ce faisant leurs obligations juridiques, a encore accusé le Président turc, qui a invité l’Union européenne à davantage de bienveillance à l’égard de cette communauté.  Par ailleurs, il a réitéré les appels de son pays à la libération immédiate et sans condition « des territoires occupés de l’Azerbaïdjan ».  La Türkiye soutient pleinement tous les processus de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan et ne peut par conséquent que déplorer les affrontements récents qui obscurcissent les avancées vers la paix obtenues de haute lutte, a-t-il assuré, avant d’insister sur le fait que son pays serait toujours aux côtés « de nos frères et sœurs d’Azerbaïdjan pour qu’ils puissent vivre dans la paix et la sécurité ».  Le Président turc a également fait référence au sort des musulmans rohingya du Myanmar, demandant qu’ils puissent rentrer chez eux, et aux musulmans ouïghours.  

Solidarité: le mot est revenu dans la conclusion du Président Erdoğan pour qualifier la relation entre l’Union européenne et la Türkiye.  Nous sommes membre de l’OTAN depuis 70 ans et notre puissance militaire ainsi que notre diplomatie ont contribué en maintes occasions au maintien de la sécurité et de la stabilité sur le continent européen, a- t- il ainsi dit.  Enfin, se disant convaincu que la principale menace à la concorde entre les hommes est le refus de coexister « les uns avec les autres », il a renouvelé sa proposition de faire du 15 mai une journée mondiale de lutte contre l’islamophobie, en commémoration de l’attaque terroriste de deux mosquées à Christchurch en Nouvelle-Zélande, qui avait fait 51 morts le 15 mars 2019.  

M. SADYR ZHAPAROV, Président du Kirghizistan, a attiré l’attention sur la situation « réelle » se développant à la frontière sud de son pays, liée à l’aggravation de la situation sur la frontière kirghize-tadjike.  Il a rappelé qu’après l’effondrement de l’Union soviétique, des territoires contestés et des problèmes frontaliers ont surgi, certains d’entre eux n’ayant pas été réglés à ce jour.  Il a noté, en ce qui concerne le Kirghizistan, que les problèmes de règlement des frontières avaient été résolus avec la Chine en 1996 et avec le Kazakhstan en 1999 et en 2017, et que l’accord avec l’Ouzbékistan était presque achevé.  Il s’est félicité que les frontières avec ces trois pays soient désormais des frontières de paix, de bon voisinage, d’amitié et de coopération mutuelle.  Il a en revanche regretté que le Président du Tadjikistan s’écarte désormais du principe, énoncé dans la Déclaration d’Alma-Ata, de reconnaissance mutuelle de l’intégrité territoriale et l’inviolabilité des frontières existantes. 

Le Président kirghize a insisté sur le fait que, depuis le début des travaux sur le règlement des questions frontalières entre les deux États, son pays avait agi conformément à ses obligations internationales et bilatérales et mené les négociations de manière constructive.  Il a dénoncé l’agression non provoquée par les forces du Tadjikistan sur le territoire kirghize en avril 2021, ainsi que les affrontements militaires à grande échelle intervenus dans le sud du Kirghizistan les 14, 15 et 16 septembre 2022, conduisant au déplacement de 140 000 civils et causant d’importants dégâts matériels aux installations civiles et militaires. 

Il s’est déclaré prêt à poursuivre les négociations et la médiation internationale, y compris dans le cadre de l’ONU, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), et l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC).  Indiquant disposer de preuves documentées des actions illégales et déloyales de la partie tadjike, il a également appelé à l’adoption de mesures urgentes pour assurer la stabilité et la sécurité des zones frontalières et la répression de toute action visant à accroître les tensions parmi la population locale. 

Concernant les problèmes « généraux » de l’ONU, le Chef d’État a constaté qu’en raison de circonstances objectives, y compris la pandémie de coronavirus, la mise en œuvre des ODD dans les pays en développement a été ralentie, alertant que sans financement international adéquat, beaucoup d’entre eux pourraient ne pas atteindre les indicateurs les plus critiques.  Il a appelé à accélérer la croissance économique qualitative, notant que le Kirghizstan participait activement au processus d’intégration et de coopération, notamment dans le cadre de l’Union économique eurasienne et de l’initiative « Une Ceinture et une Route » de la Chine.  Il a aussi attiré l’attention sur le projet de construction d’un chemin de fer Chine-Kirghizistan-Ouzbékistan, dont la mise en œuvre élargira les opportunités de commerce international, d’investissement, de transit et de tourisme pour les États d’Asie centrale n’ayant pas d’accès à la mer. 

M. KASSYM-JOMART TOKAYEV, Président du Kazakhstan, s’est inquiété de voir que le système international existant, fondé sur l’ordre et la responsabilité, est en train de faire place à un nouveau système, plus chaotique et imprévisible.  Pour la première fois depuis deux générations, le monde est confronté à la perspective de l’utilisation d’armes nucléaires, et pas seulement en dernier recours, s’est alarmé M. Tokayev, en recommandant d’établir les liens entre trois principes primordiaux: l’égalité souveraine des États, l’intégrité territoriale des États et la coexistence pacifique entre les États.  Il a assuré que son pays est prêt à coopérer avec tous les acteurs concernés dans un esprit d’inclusion, de multilatéralisme et de bonne volonté. 

Poursuivant, le Président a relevé que les multiples crises de ces dernières années, souvent interconnectées, ont mis en évidence des lacunes importantes dans la gouvernance mondiale, ainsi que la nécessité de moderniser et de réformer l’ONU.  Il a souhaité que les Nations Unies soient mieux préparées à relever les défis et à saisir les opportunités de demain, se disant à cet égard favorable aux propositions contenues dans le rapport du Secrétaire général intitulé « Notre programme commun ».  Il s’agit pour lui d’une occasion importante de réaffirmer la Charte des Nations Unies, de redynamiser le multilatéralisme, de convenir de solutions concrètes aux nouveaux défis et de renforcer la confiance entre les États Membres.  À cette fin, le Kazakhstan a proposé il y a 30 ans de convoquer la Conférence pour l’interaction et les mesures de confiance en Asie (CICA).  Dans le contexte des nouveaux défis et des nouvelles menaces, l’objectif, selon lui, est de transformer la CICA en une organisation internationale à part entière lors du prochain sommet en octobre, afin de contribuer à la médiation mondiale et à l’établissement de la paix.  

À huit ans seulement de l’échéance de 2030, le Président a attiré l’attention sur le fait que les objectifs de développement durable sont compromis par la pandémie de COVID-19, la « triple crise planétaire » (changements climatiques, perte de biodiversité et pollution) et les conflits dans le monde entier.  C’est pourquoi il a appelé à reprendre la main avant qu’il ne soit trop tard.  Il a aussi recommandé la promotion d’un dialogue franc entre l’Est et l’Ouest et d’une nouvelle politique de sécurité mondiale fondée sur les principes de confiance mutuelle et de coopération multidimensionnelle.  Compte tenu de la crise actuelle et de l’aggravation des tensions géopolitiques, il a jugé indispensable de mettre en place des processus dans le cadre des Nations Unies qui puissent déboucher sur la détente et la prévention des conflits. 

Il a assuré notamment vouloir continuer à lutter pour un monde sans armes nucléaires et a pressé pour l’élaboration de nouveaux mécanismes visant à garantir le désarmement et la non-prolifération.  Il a de plus alerté sur les risques et les dangers biologiques, regrettant qu’outre la Convention sur les armes biologiques vieille de 50 ans, il n’y ait pas encore d’agence ou organisme de coopération internationale.  Il a donc réitéré sa proposition de créer une telle agence. 

Sur le plan des changements climatiques, le Kazakhstan s’est engagé à transformer totalement le secteur énergétique dépendant du pétrole et du charbon en une économie nette zéro d’ici à 2020, a enfin rappelé le Président.  C’est pourquoi il entend appeler les États Membres et la communauté économique, lors de la COP27, à renforcer leur engagement en faveur d’un financement plus important du climat.  Pour finir, le Président, dont le pays est le septième producteur mondial de céréales, et le grenier de l’Asie centrale, s’est engagé à utiliser ce potentiel agricole pour lutter contre l’insécurité alimentaire mondiale.  

M. TAMIM BEN HAMAD AL THANI, Émir du Qatar, a constaté qu’alors que le monde a changé de rythme en termes de propagation des crises environnementales, économiques ou militaires, les méthodes de la communauté internationale n’ont, elles, pas évolué.  La politique internationale reste régie par une logique d’intérêts étroits et de priorités des États, a-t-il regretté, jugeant la marginalisation du droit international et la gestion des différences en fonction des rapports de force contraires à l’esprit de la Charte des Nations Unies et au respect de la souveraineté des États.  Il a également déploré le manque de mécanismes suffisants pour dissuader et punir les agresseurs, avant de se dire conscient de la complexité du conflit entre la Russie et l’Ukraine ainsi que de sa dimension internationale.  Appelant les deux parties au cessez-le-feu et à la recherche d’une solution pacifique, il a averti que faire durer cette guerre ne fera qu’augmenter le nombre des victimes, tout en multipliant les risques pour l’Europe et le monde en général.  

À cet égard, il a cru bon de rappeler que la question palestinienne n’est toujours pas résolue et que, faute d’une mise en œuvre des résolutions de la communauté internationale, la puissance colonisatrice adopte une « politique du fait accompli ».  C’est pourquoi, a-t-il dit, il est nécessaire que le Conseil de sécurité assume ses responsabilités et oblige Israël à mettre fin à son occupation des territoires palestiniens et à établir un État palestinien dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.  De même, a ajouté l’Émir, alors que la communauté internationale n’a pas été en mesure de faire rendre des comptes aux criminels de guerre en Syrie, il est urgent que le peuple de ce pays puisse voir se réaliser ses aspirations à la paix et à la stabilité.  Pour cela, l’ONU ne doit pas accepter que la voie politique se résume à la seule Commission constitutionnelle placée sous ses auspices, a-t-il plaidé, appelant par ailleurs à une action internationale immédiate pour achever le processus politique en Libye et pour soutenir la trêve temporaire au Yémen.   

Après avoir souligné l’importance d’un accord équitable sur le programme nucléaire iranien et d’une réconciliation nationale en Afghanistan, dans le cadre de l’Accord de paix de Doha et dans le respect des droits de la personne, notamment des femmes et des filles, le Chef d’État a évoqué à son tour la crise énergétique planétaire, fruit selon lui d’un manque de coordination mondiale.  Rappelant que près d’un milliard de personnes dans le monde vivent sans source d’énergie primaire fiable, il a fait valoir que les situations dans lesquelles les crises politiques dégénèrent en crises énergétiques ne sont pas nouvelles.  Avant même la guerre en Ukraine, a-t-il relevé, les pénuries d’énergie étaient à l’origine de décennies de pression pour arrêter les investissements dans les énergies fossiles, avant qu’y soient substituées des alternatives durables et respectueuses de l’environnement.  S’il ne fait aucun doute que les changements climatiques et la protection de l’environnement imposent de diversifier les sources d’énergie, il faut aussi être réaliste et économiser l’énergie, a professé le dirigeant, qui s’est dit convaincu que l’avenir de l’énergie inclura un mix de sources durables, telles que l’énergie solaire, l’hydrogène et l’énergie éolienne, mais aussi des hydrocarbures.  Il a d’autre part indiqué que, grâce à son investissement dans le gaz naturel liquéfié, son pays s’apprête à étendre son champ gazier nord, ce qui permettra d’atténuer la crise d’approvisionnement énergétique dans plusieurs parties du monde.  Enfin, il a rappelé qu’après 12 ans de travail acharné, le Qatar accueillera en novembre la Coupe du monde de football, la première à se dérouler dans un pays arabe et musulman et la première à avoir lieu au Moyen-Orient.  Soulignant l’impact positif de cet événement pour sa région, il a assuré que le peuple qatari ouvrira les bras aux fans de football de toutes nationalités et origines.      

M. YOON SUK YEOL, Président de la République de Corée, s’est inquiété des menaces croissantes qui pèsent sur l’humanité, soulignant que les solutions passent d’abord par la solidarité et la déférence envers les normes mondiales universellement acceptées et nécessitent de travailler ensemble, à travers le système des Nations Unies. 

Il a estimé qu’afin de répondre aux défis de la pandémie, l’ONU doit jouer un rôle décisif pour inciter la communauté internationale à renforcer son appui aux pays dont la marge de manœuvre budgétaire et la compétence technique sont limitées.  Les pays dotés de technologies vertes de pointe doivent partager les technologies des énergies nouvelles et renouvelables; l’ONU doit promouvoir la coopération mondiale pour réduire la fracture numérique; et les États à la pointe de l’innovation numérique doivent offrir une assistance plus large pour l’éducation numérique, le transfert de technologie et l’investissement.  La République de Corée a ainsi augmenté son budget d’aide publique au développement dans le but de parvenir à un développement plus inclusif à l’échelle mondiale, a-t-il fait savoir.  

M. Yoon s’est aussi félicité que son pays ait accéléré la recherche et le développement de médicaments et de vaccins contre la COVID-19, et se soit engagé à verser 300 millions de dollars à l’Accélérateur ACT, ainsi que 30 millions de dollars au fonds d’intermédiation financière de la Banque mondiale.  Il a ensuite annoncé que, dans l’objectif d’anticiper plus efficacement de futures flambées épidémiques, la République de Corée accueillera une réunion ministérielle du Programme d’action pour la sécurité sanitaire mondiale à Séoul, en novembre prochain.  Outre une augmentation notable de ses contributions au Fonds mondial, la République de Corée aidera les pays en développement à faire la transition vers un avenir à faibles émissions de carbone et à partager avec eux sa technologie numérique de pointe en matière de gouvernance électronique, a-t-il ajouté. 

Arrivant au terme de son intervention, le Président a souligné de nouveau que, pour faire face à la crise mondiale, dirigeants comme citoyens doivent soutenir plus fermement le système des Nations Unies, en mettant en garde que toute tentative de se détourner des normes universelles divisera la communauté mondiale en blocs opposés et aggravera plus encore les troubles.  

M. MARIO ABDO BENÍTEZ, Président du Paraguay, a appelé à faire face aux démarches démagogiques et despotiques à une époque qui exige des engagements politiques concrets qui privilégient le dialogue et des réformes complexes plutôt que de fausses promesses.  Il a indiqué que son pays coparrainera au Conseil des droits de l’homme une résolution appelant à enquêter sur la violation des droits de l’homme au Venezuela, pour ensuite appuyer la demande de la République de Chine (Taïwan) de faire partie intégrante du système des Nations Unies.  

Mettant l’accent sur la primauté du droit international et la prévalence de la diplomatie, le Président du Paraguay s’est particulièrement inquiété de la situation en Ukraine et des conséquences humanitaires du conflit.  Il a lancé un appel à la cessation des hostilités et à la reprise des négociations avant de s’interroger sur le rôle du Conseil de sécurité dans ce contexte international délicat.  Il a jugé urgent de repenser le fonctionnement du Conseil de sécurité pour qu’il soit plus efficace, en soulignant le rôle de l’Assemblée générale comme moyen de faire entendre la voix de tous les États.  En outre, il a mis l’accent sur l’importance d’un système financier international sain, jugeant impossible d’éradiquer la pauvreté et promouvoir le développement durable, tant que les économies seront contaminées par les profits et activités illicites.  Dans ce contexte, il a salué l’évaluation du Groupe d’action financière d’Amérique latine (GAFILAT) qui a reconnu la modernisation des institutions du Paraguay chargées de lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.  Il a expliqué que son pays avait mené la plus grande opération de l’histoire contre le crime organisé grâce à une coordination entre les forces de sécurité du Paraguay mais aussi avec les agences spécialisées de pays amis.  

Par ailleurs, le Président du Paraguay a dit les efforts de son pays pour promouvoir des pratiques plus durables dans les domaines de la production agricole et animale, et le recours à une énergie cent pour cent renouvelable.  Il a encouragé la création d’un poste de rapporteur spécial sur les changements climatiques au Conseil des droits de l’homme, qui contribuera à rendre visible le véritable impact de cette crise.  Il a par ailleurs noté que le Paraguay figure parmi les cinq pays de la région ayant réussi à augmenter les investissements étrangers directs (IED) pendant la pandémie et qu’il planifie un développement d’infrastructures sans précédent.

M. SAULI NIINISTÖ, Président de la Finlande, a relevé que les répercussions de la guerre en Ukraine sont déjà considérables.  En effet, une triple crise énergétique, alimentaire et financière pèse particulièrement sur les populations des pays vulnérables.  Des pays qui souffrent déjà le plus de la crise climatique et de la pandémie de COVID-19.  Aussi difficile que cela puisse paraître, le moment est venu de faire preuve de solidarité mondiale et de renforcer la coopération multilatérale, a-t-il indiqué, en soutenant que la communauté internationale peut et doit sortir renforcée de ces crises.  Il a noté qu’il y avait une crise alimentaire mondiale avant même l’invasion russe en Ukraine.  En effet, plus de 800 millions de personnes dans le monde souffraient chroniquement de la faim.  La guerre aggrave encore cette calamité, a-t-il dit, tout en plaidant pour des systèmes alimentaires durables, inclusifs et équitables.  Nous devons également accélérer la mise en œuvre d’autres objectifs de développement durable, a poursuivi le Président, en soulignant que « nous ne pouvons nous permettre de laisser des gens à la traîne ». 

Au vu des catastrophes qui sont visibles à travers le monde, M. Niinistö a rappelé que les changements climatiques représentent une menace existentielle pour le genre humain, ce qui appelle une action urgente, sur deux fronts.  Premièrement, nous devons changer de cap avant qu’il ne soit trop tard.  Deuxièmement, nous devons aider ceux qui souffrent de toute urgence et soutenir ceux qui ont moins de ressources pour faire face à cette menace.  Le Président a appelé à honorer l’engagement de doubler le financement de l’adaptation pris lors de la COP26 à Glasgow, avant de préciser que « lutter contre les changements climatiques et prendre soin de l’économie ne sont pas des objectifs contradictoires ».  En effet, la transition verte a un énorme potentiel de création d’emplois, d’innovation et de croissance économique, a-t-il argué.  Mais, elle doit être menée équitablement.  Le Président a également mis en garde contre la perte alarmante de la variété de la vie sur notre planète. 

M. Niinistö a par ailleurs salué le travail du Conseil des droits de l’homme, notamment sur la Syrie et l’Ukraine.  Il a indiqué que la Finlande, en tant que membre du Conseil, agit pour rendre justice aux victimes de violations des droits de l’homme.  Pour la première fois de son histoire, l’indice de développement humain du PNUD a baissé pendant deux années consécutives, a-t-il constaté, en notant que nous ne pouvons pas laisser cette tendance se poursuivre.   

Dans ce monde turbulent, ceux qui attisent les flammes des conflits portent une responsabilité particulière, a ajouté le Président.  Il a appelé à construire et renforcer la paix et prévenir les conflits dans la mesure du possible.  Selon lui, le rapport du Secrétaire général publié, il y a deux ans, et intitulé « Notre programme commun » nous fournit un modèle pour un multilatéralisme plus efficace, ouvrant la voie à des solutions aux problèmes actuels et futurs du monde.   

Le Président finlandais a invité les deux plus grands États dotés d’armes nucléaires à faire progresser le désarmement nucléaire, ajoutant que les autres devraient suivre le mouvement.  Il a ainsi appelé les États-Unis et la Fédération de Russie à poursuivre leur dialogue sur la stabilité stratégique, en vue de réaliser de nouvelles réductions de leurs arsenaux nucléaires.  Enfin, il a affirmé que les défis mondiaux interdépendants démontrent plus que jamais que nous avons besoin d’un renouvellement de l’engagement envers le multilatéralisme, avec les Nations Unies en son centre. 

M. IGNAZIO CASSIS, Président de la Suisse, a commencé par noter que la Suisse était le seul pays à avoir adhéré à l’ONU -il y a vingt ans- à la faveur d’une votation populaire, reflétant l’adéquation entre les valeurs et buts de l’ONU et ceux ancrés dans la Constitution suisse.  Il s’est dit bouleversé par l’agression militaire lancée par la Russie contre l’Ukraine, qui a enfreint les principes élémentaires de la Charte, et a réitéré l’appel lancé à la Russie pour qu’elle mette fin sans plus tarder à la guerre et à la violence en Ukraine.

M. Cassis a souligné que cette guerre s’ajoutait aux autres crises mondiales, notant qu’aucun continent n’est aujourd’hui épargné par les conflits armés et que, chaque jour, le droit international humanitaire et les droits de l’homme sont violés, constituant les signes avant-coureurs de possibles escalades de violences et d’instabilités.  Il insisté sur le lien direct entre les conflits et d’autres problématiques, notamment l’insécurité alimentaire, la sécurité énergétique, les changements climatiques, la perte de biodiversité et la pollution de l’environnement, ou encore les défis sanitaires mondiaux comme la pandémie de coronavirus.  Il a réaffirmé que la Suisse était résolue à apporter sa pierre à l’édifice pour trouver des solutions transformatrices face à des défis intriqués, dans une culture de compromis, de consensus et de dialogue.

M. Cassis a rappelé l’importance des normes et valeurs fondamentales, soulignant le caractère capital du droit international et l’engagement de la Suisse en faveur de son respect, y compris celui du droit international humanitaire et des droits de l’homme, ainsi que dans la lutte contre l’impunité.  Il s’est référé au Programme de développement durable à l’horizon 2030 comme feuille de route commune afin d’améliorer la résilience, la durabilité et l’inclusion de nos sociétés, soulignant les progrès de la Suisse dans ce domaine, même si des efforts supplémentaires doivent être entrepris pour attendre tous les objectifs.

Insistant sur le caractère indissociable de l’indépendance et de la coopération, le Président de la Suisse a rappelé que chaque État est souverain, donc indépendant, principe auquel la Suisse est attachée puisqu’il permet d’accorder à la diversité de sa culture et de sa population l’attention qu’elle mérite.  Il a souligné qu’indépendance et coopération sont étroitement liées puisque, sans coopération, l’indépendance serait synonyme d’isolement et, sans indépendance, la coopération serait une contrainte.  Il a souligné le rôle de Genève, centre de la diplomatie multilatérale dans de nombreux domaines, dans la contribution à ce dialogue.

M. Cassis a rappelé, au titre de l’engagement en faveur de la paix et de la sécurité, que la Suisse est un pays neutre respectant le droit à la neutralité ancré dans le droit international public, ne s’impliquant pas dans les conflits et n’apportant aucun soutien militaire à l’une ou l’autre des parties.  Il a néanmoins noté que la neutralité n’a pas pour corollaire l’indifférence ou l’absence de solidarité et s’est engagé à sauvegarder les principes de liberté, de démocratie et d’état de droit.  En présentant sa candidature au Conseil de sécurité, où elle a été élue le 9 juin 2022 avec 187 voix, la Suisse a montré qu’elle était prête à prendre des responsabilités pour la sauvegarde de la paix et de la sécurité dans le monde, a-t-il fait valoir.

Face à ces défis complexes, M. Cassis a relevé que les ressources étaient limitées et qu’il était nécessaire de prioriser les actions sur la question essentielle de la coexistence pacifique et durable grâce à une ONU forte et efficace, une meilleure mise en réseau des organisations de l’ONU et une meilleure utilisation de la science, des innovations et de la diplomatie scientifique.  Il a dit sa fierté d’avoir créé le Geneva Science Diplomacy Anticipator afin d’anticiper les défis posés par les nouvelles technologies afin de maximiser les bénéfices et de minimiser les risques pour l’homme et de garantir un avenir durable sur la planète.

Mme ZUZANA ČAPUTOVÁ, Présidente de la Slovaquie, a rappelé que la Charte des Nations Unies confère des responsabilités spéciales aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité en matière de protection de la paix.  Pourtant, l’un de ces derniers nie ouvertement le droit à l’indépendance d’un autre État Membre de l’ONU, l’Ukraine, et fixe les règles pour les autres en recourant au droit de veto, a-t-elle dénoncé, estimant que les torts de la Fédération de Russie sont patents.  Au-delà de l’Ukraine, cette agression affecte le monde entier, a relevé la Chef d’État, avant d’appeler la Russie à cesser son blocage des ports ukrainiens, qui, selon elle, aggrave la crise alimentaire mondiale.  Constatant que l’échec de Vladimir Putin est confirmé par les récents succès de l’Ukraine sur le champ de bataille, elle a souhaité que le monde tire des leçons de ses erreurs passées.  Alors que la Russie occupe des parties de la Géorgie depuis 2008 et de l’Ukraine depuis 2014, « notre réponse à ces actions a été incomplète », a-t-elle regretté, considérant que « notre faiblesse a encouragé plus d’agressivité ».  À l’instar de plus de 50 pays, dont tous les membres de l’Union européenne, la Slovaquie impose des sanctions à la Russie, et ce, bien que son approvisionnement énergétique dépende de ce pays, a souligné la Présidente, pour qui « nous devrions tous aider l’Ukraine, politiquement, militairement et financièrement, parce que c’est le seul moyen de rétablir la paix ». 

Pour Mme Čaputová, la crise climatique révèle également le fossé croissant entre les engagements pris et leur réalisation pratique.  De fait, a-t-elle déploré, nous sommes désespérément en retard dans la réduction de nos émissions de CO2.  À ses yeux, attendre en raison de la flambée des prix de l’énergie serait une « grave erreur ».  Plutôt que de rétablir les subventions pour le charbon ou le gaz, nous devons nous en éloigner, a-t-elle plaidé, ajoutant que les énergies renouvelables sont moins chères et dépendent moins de ceux qui utilisent les combustibles fossiles comme une arme.  Cet effort, que consent déjà la Slovaquie malgré la crise actuelle, nous devons le faire en solidarité les uns avec les autres, a insisté la Présidente, appelant à une augmentation significative des fonds pour les pays à revenu faible et intermédiaire à l’occasion de la COP27.  Elle s’est par ailleurs alarmée de l’épidémie de mensonges, de propagande et de désinformation, exacerbée par l’essor des réseaux sociaux.  Face à ce fléau, qui constitue une menace pour les démocraties, mais aussi pour les femmes et les filles, elle s’est dite favorable aux initiatives de l’ONU visant à réglementer le comportement des États dans le cyberespace et jugé nécessaire l’élaboration d’une « convention de Genève numérique ».  L’histoire nous enseigne que la passivité et l’ignorance ne résolvent jamais les crises, elles ne font que retarder l’heure des comptes, a conclu la dirigeante.  

M. EMMANUEL MACRON, Président de la France, a défendu les principes d’universalité de l’ONU qui n’est au service d’aucune hégémonie.  « Au moment où je vous parle, il y a des troupes russes en Ukraine et il n’y a pas de troupes ukrainiennes en Russie », a fait remarquer le Président après voir fustigé les actions de « la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité, qui a rompu notre sécurité collective ».  En acceptant que « ceux qui se considèrent comme forts cherchent à soumettre par tous les moyens ceux qu’ils considèrent comme faibles », M. Macron a craint un retour à l’âge des impérialismes et des colonies.  « La France le refuse et recherchera obstinément la paix », a-t-il insisté avant d’assumer le dialogue engagé avec la Russie pour trouver la paix.  Évoquant les crimes de guerre commis par la Russie sur le sol ukrainien, le Président a dit que « la justice internationale devra établir les crimes et juger les coupables ».  En outre, il a appelé à soutenir les efforts de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour prévenir les risques d’un accident nucléaire.  Il a ajouté qu’une négociation ne sera possible que si une Ukraine souveraine le souhaite et si la Russie l’accepte.  Il a appuyé le droit de l’Ukraine de voir son territoire libéré et sa sécurité assurée.  Selon lui, la Russie devrait entendre qu’elle ne saura imposer son point de vue par la force ni par le biais de « simulacres de référendums » dans des territoires bombardés et désormais occupés.  Le Président Macron a exhorté la Fédération de Russie à renoncer à la guerre et à mesurer ses conséquences pour elle-même et le reste du monde.   

Face aux risques de division du monde qui se profile en raison des conséquences directes et indirectes de ce conflit, le Président a particulièrement pointé la responsabilité des pays qui se sont réfugiés dans une forme de neutralité face à l’agression russe, estimant que certains ne font que « mimer le combat des non-alignés en refusant de s’exprimer ».  Il a prévenu que « ceux qui se taisent aujourd’hui servent malgré eux la cause d’un nouvel impérialisme qui menace notre ordre international ».  « Qui peut prétendre ici que l’invasion de l’Ukraine ne justifie aucune sanction? » a lancé le Président, avant de rejeter toute accusation d’impérialisme européen ou occidental.  Pour lui, le nouvel impérialisme a pris la forme d’une annexion territoriale qui utilise la sécurité alimentaire et la sécurité énergétique comme armes de divisions, et qui porte atteinte à la souveraineté de tous.  « Êtes-vous pour ou contre la loi du plus fort?  Êtes-vous pour ou contre l’impunité? » a-t-il encore demandé à l’Assemblée avant de prévenir que le droit international ne doit jamais être au service d’une puissance qui viole ses principes.  Il a dit la volonté de la France d’œuvrer à un ordre international sans hégémonie avant d’alerter sur les tentatives de partition du monde qui se cachent derrière les divisions naissantes. 

Après avoir rappelé que la moitié de l’humanité vit désormais dans des zones de risques climatiques, que 345 millions de personnes sont en situation de faim aiguë et que 55 guerres civiles sont en cours, le Président de la France a prévenu que l’heure n’est ni à la revanche contre l’Occident ni à l’opposition entre Est et Ouest.  Il a souligné l’urgence d’un nouveau contrat entre le Nord et le Sud pour l’alimentation, le climat et la biodiversité et l’éducation.  Il a mis l’accent sur le soutien apporté par la France à l’initiative d’OXFAM pour investir dans la production agricole des pays qui souhaitent accroître leur autonomie alimentaire.  Il a aussi souligné la contribution de la France pour permettre l’évacuation de blé ukrainien vers la Somalie.  À quelques semaines de la COP27, M. Macron a souligné la priorité de sortir du charbon et a invité la Chine et les grands pays émergents à prendre des décisions claires à cette occasion pour parvenir aux changements nécessaires en matière de modes de production industrielle.   

Après avoir exhorté les pays les plus riches à financer des solutions pour les pays les plus pauvres, M. Macron a indiqué que la France accueillera la Conférence sur les océans en 2025 en collaboration avec le Costa Rica.  Il a appelé l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à mettre en place les systèmes d’alerte précoce qui permettront d’anticiper les futures crises sanitaires.  Il faut, de son avis, être lucide sur les situations des pays les plus pauvres et des pays à revenu intermédiaire, qui ont été aggravées par la COVID-19.  Enfin, il a exhorté les pays du G20 à respecter leur engagement de consacrer aux pays en développement 100 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux (DTS), en précisant que 30% de ces droits devaient être réservés aux pays africains et aux pays les plus pauvres de la planète.  Évoquant également la tenue, en novembre à Paris, du Forum sur la Paix pour préparer le sommet du G20 à Bali, il a relevé que les membres du P5 ne sont plus les seuls à avoir leur mot à dire et il a plaidé pour que soit engagée, enfin, la réforme du Conseil de sécurité.  Celui-ci doit être plus représentatif et le recours au droit de veto doit être limité, notamment en cas de crime de masse, a précisé le Président.  

Mme IRIS XIOMARA CASTRO SARMIENTO, Présidente du Honduras, a souligné qu’en plus d’être la première femme à diriger son pays, elle représente le premier gouvernement démocratiquement élu après 13 années de dictature.  Toutefois, la démocratie électorale ne suffit pas à assurer le bien-être matériel, a-t-elle reconnu, alors que la période de la dictature « sous tutelle de la communauté internationale » a conduit le Honduras à multiplier par six sa dette publique et à atteindre un taux de pauvreté de 74%, le plus élevé de son histoire.  Elle s’est insurgée, à cet égard, contre la « dictature monétaire » qui soumet les plus pauvres à des mesures de discipline fiscale draconiennes.  Pour que notre pays survive, nous devons rejeter cette austérité qui « récompense ceux qui concentrent les richesses dans les mains de quelques-uns et accroissent les inégalités de manière exponentielle », a-t-elle argué. 

Depuis son élection, a poursuivi Mme Castro Sarmiento, elle s’est engagée à respecter les engagements pris par son pays « sans en renier aucun ».  Cependant, les politiques publiques prônées par la communauté financière internationale nous ont entraînés dans un monde de violence et de pauvreté marqué par des projets ratés, par la corruption, le pillage et le trafic de drogue, a-t-elle insisté.  À ses yeux, les pays industrialisés sont responsables de la détérioration de l’environnement et du pillage des ressources naturelles, et font payer aux plus pauvres leur mode de vie onéreux.  Elle a ainsi souhaité procéder à une « refondation humaniste, empreinte de dignité et de souveraineté » de son pays, libéré d’un « ordre mondial arbitraire ».  « Nous ne porterons plus jamais le stéréotype de la république bananière », a martelé la Présidente, en s’engageant à mettre fin aux monopoles et oligopoles.  Pour ce faire, Mme Castro Sarmiento entend accorder la priorité à l’élimination des abus fiscaux, adopter une loi sur l’énergie en tant que bien public, soutenir les droits des travailleurs, renégocier les accords de libre-échange et investir dans l’agriculture afin de favoriser la sécurité alimentaire.  Elle souhaite également reconnaître le rôle des femmes, privées de développement pendant des siècles, comme épine dorsale de la société, tout en favorisant la santé, l’éducation, la sécurité et la souveraineté alimentaire.   

Chaque caravane de migrants fuyant la dictature a été une perte pour notre pays, s’est inquiétée la Présidente, tout en notant que les émigrés génèrent plus de revenus en devises que les exportations traditionnelles.  Mme Castro Sarmiento a dit vouloir mettre en place une commission internationale de lutte contre la corruption et l’impunité, avec le soutien de l’ONU.  Alors que la guerre punit à nouveau les plus pauvres du monde, elle a lancé un appel au respect du droit à l’autodétermination des peuples, rejetant le blocus contre Cuba et « l’agression » de la République bolivarienne du Venezuela.  

M. FERDINAND ROMUALDEZ MARCOS JR., Président des Philippines, a rappelé qu’en vertu de la Déclaration de Manille de 1982, « nous avons contribué à affirmer que les différends ne devraient être résolus que par des moyens pacifiques ».  Parmi les défis auxquels le monde fait face, il a évoqué les changements climatiques qui représentent selon lui « la plus grande menace » qui pèse sur les nations et peuples.  Selon lui, les effets des changements climatiques sont inégaux et reflètent une injustice historique: « les moins responsables souffrent le plus ».  Il a cité le cas de son pays, un puits net de carbone qui absorbe plus de dioxyde de carbone qu’il n’en émet.  Et pourtant, nous sommes le quatrième pays le plus vulnérable aux changements climatiques, a-t-il déploré.  Le Président a appelé les pays industrialisés à s’acquitter immédiatement de leurs obligations au titre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et de l’Accord de Paris pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.  Ils doivent aussi fournir des financements et des technologies pour l’adaptation des plus vulnérables et des pays en développement.  « Quand les générations futures regarderont en arrière, qu’elles ne demandent pas pourquoi nous n’avons pas profité de cette occasion pour renverser la vapeur. » 

Le deuxième défi que M. Marcos a mentionné concerne le développement de technologies avancées.  Des technologies émergentes dont la diffusion pourrait résoudre bon nombre de nos vieux problèmes, mais qui pourraient aussi perturber la politique et l’ordre social, a-t-il averti.  Le troisième défi est l’élargissement des polarités géopolitiques et l’accentuation des compétitions stratégiques qui transforment le paysage politique international.  Notre Charte même est violée à travers le monde, a-t-il dit, avant d’aborder le quatrième défi que représentent les injustices.  Il a ainsi relevé que pendant la pandémie de COVID-19, les nations les plus riches ont reçu sans attendre des vaccins au détriment des plus démunis.  Il a également évoqué la fracture numérique et l’envolée du fardeau de la dette. 

Le Président a ensuite parlé des avancées significatives des Philippines sur leur chemin vers le développement durable.  Malgré les défis de la pandémie et les bouleversements économiques mondiaux, nous restons sur la bonne voie pour atteindre un revenu intermédiaire supérieur d’ici à l’année prochaine, a—t-il prédit, annonçant que le pays entend devenir prospère d’ici à 2040.  Il a ensuite appelé la communauté internationale à écouter la sagesse des fondateurs de l’ONU.  Cela signifie transcender nos différences et s’engager à mettre fin à la guerre, à défendre la justice, à respecter les droits humains et le maintien de la paix et de la sécurité internationales, a-t-il dit.  Il a également évoqué la « solidarité » qui consistera à promouvoir un Conseil de sécurité réformé et plus inclusif et une Assemblée générale habilitée à demander des comptes au Conseil.  Enfin, il a souhaité le soutien de tous les États Membres pour la candidature des Philippines au Conseil de sécurité pour la période 2027-2028, faisant valoir le succès des autorités nationales dans la pacification de la région autonome de Bangsamoro du Mindanao musulman dans le sud du pays.

M. GITANAS NAUSĖDA, Président de la Lituanie, a dénoncé à propos de l’Ukraine une guerre illégale qui porte atteinte à l’essence même des Nations Unies.  « Cette guerre de conquête non déclarée n’a pas brisé la volonté du peuple ukrainien », a-t-il constaté, ajoutant que « les massacres d’Izioum et de Boutcha n’ont pas mis les Ukrainiens à genoux ».  M. Nausėda a appelé la communauté internationale à exclure la Fédération de Russie des forums internationaux.  « Comment pouvons-nous tolérer qu’un membre permanent du Conseil de sécurité participe à une guerre génocidaire de conquête et d’anéantissement? » s’est-il ému.  Il a estimé qu’un pays qui s’attaque brutalement à l’ordre mondial n’appartenait pas à la communauté internationale et qualifié la Russie de « dangereuse puissance coloniale qui cherche à occuper et à annexer ses voisins ».  Le Président a par ailleurs accusé le Bélarus d’avoir amplifié les souffrances du peuple ukrainien en permettant des attaques depuis son territoire, renonçant du même coup à sa souveraineté nationale. 

Continuant sa charge contre la Fédération de Russie, le Président de la Lituanie a dressé une liste des violations des principes fondateurs des Nations Unies commises par celle-ci durant les dernières années: violation des traités de contrôle des armements, utilisation d’armes chimiques interdites, violation continue de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, de la Géorgie et de la République de Moldova et ingérence dans les élections d’autres États.  Il a dénoncé l’utilisation de la centrale nucléaire de Zaporijia comme base militaire par l’armée russe et appelé à son retrait.  De même, il s’est élevé contre « la rhétorique irresponsable de la Russie sur l’utilisation éventuelle d’armes nucléaires », estimant qu’elle s’était discréditée en tant que membre permanent du Conseil de sécurité.  

M. Nausėda a appelé ses homologues à exiger collectivement le retrait immédiat et sans conditions des troupes russes de tout le territoire de l’Ukraine.  Il a affirmé que son pays soutenait la création d’un tribunal spécial pour traiter les crimes de guerre de la Russie.  Le Président s’est inquiété de la brutalité croissante de la répression sur le territoire russe, bannissant les médias indépendants et les organisations non gouvernementales du pays.  Le même phénomène se déroule aussi au Bélarus qui compte aujourd’hui plus de1 200 prisonniers politiques, a-t-il déploré, appelant à une plus grande attention de la communauté internationale envers ce pays.  Il a également rappelé que la Lituanie n’importait plus de pétrole et de gaz russes et appelé d’autres pays à se joindre à cet embargo.  

M. KLAUS WERNER IOHANNIS, Président de la Roumanie, s’est inquiété des conséquences mondiales de la guerre en Ukraine avant d’ajouter que ces conséquences devraient être une préoccupation majeure de tous, quelle que soit la distance qui nous sépare du conflit.  Il a indiqué que la Roumanie continuera de soutenir l’Ukraine, car son peuple se bat pour les valeurs communes et la démocratie, précisant avoir ouvert ses frontières à 2,3 millions d’Ukrainiens qui ont fui la guerre en leur offrant un accès gratuit à l’éducation, aux services de santé et au marché du travail.  Estimant que la sécurité énergétique est une préoccupation mondiale, qui nécessite des solutions communes, il a jugé inacceptable l’utilisation de l’énergie comme outil de chantage.  Il a ajouté que la sécurité énergétique exige des investissements stratégiques dans les énergies renouvelables, dans le nucléaire -avec de nouveaux projets tournés vers l’avenir comme les petits réacteurs modulaires- ou dans l’hydrogène.  Cela nécessite également des prix de l’énergie qui soient accessibles à tous les concitoyens, a insisté le Président, avant de prévenir qu’assurer la sécurité énergétique va de pair avec la transition verte pour des économies climatiquement neutres. 

Mettant l’accent sur le lien entre les changements climatiques et la paix et la sécurité, le Président roumain a regretté que nous n’ayons su faire face à la triple crise du climat, de la pollution et de la perte de biodiversité.  Il a indiqué que tous les efforts au sein de l’Union européenne visent à identifier et mettre en œuvre les meilleures solutions possibles face à ces graves difficultés.  À deux mois de la COP27 en Égypte, il a dit la nécessité de prendre des engagements complémentaires vers la neutralité climatique.  Après avoir souligné l’importance de la sensibilisation et de l’éducation des générations futures à la protection de l’environnement et la lutte contre les changements climatiques, le Président a dit que l’éducation est une priorité absolue pour la Roumanie et un investissement stratégique pour l’avenir.   

Sur le plan de la sécurité alimentaire, le Président a expliqué que, depuis le début de la crise ukrainienne, la Roumanie a facilité l’exportation de plus de quatre millions de tonnes de céréales, qui représentent 60% des céréales exportées par l’Ukraine, via ses ports du Danube et en mer Noire.  Passant au système des Nations Unies, il a souligné la nécessité de renforcer le système des droits de l’homme et d’assurer un financement adéquat de toutes ses activités.  Le Président de la Roumanie a conclu son discours en signalant que son pays est candidat à un siège au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, pour la période 2023-2025. 

M. LUIS ALBERTO ARCE CATACORA, Président de la Bolivie, a relevé qu’aujourd’hui, nous sommes confrontés à une crise capitaliste multiple et systémique qui met de plus en plus en danger l’humanité et la planète.  Il a appelé à réfléchir aux origines des diverses crises afin de changer ce système « qui reproduit la domination, l’exploitation et l’exclusion de larges majorités, qui génère la concentration des richesses et qui privilégie la production et la reproduction du capital plutôt que de la vie ».  Parallèlement à cette crise du capitalisme, il a vu la fin d’un monde unipolaire et la construction d’un nouvel ordre mondial, en espérant que cet ordre mondial bénéficiera à tous les États et peuples du monde.  Convaincu qu’« un autre monde est possible », il a fait une série de propositions, notamment celle de déclarer le monde « zone de paix ».  

Le Président s’est dit préoccupé par le nombre considérable de conflits armés qui affligent l’humanité et constituent un lourd tribut humain, et, dans de nombreux cas, causent la destruction de notre patrimoine culturel et environnemental.  Il a réitéré que, quelles que soient l’origine, la nature ou l’explication géopolitique des tensions internationales, la Bolivie continuera de choisir la culture du dialogue entre les nations, à travers la diplomatie populaire.  Cependant, a-t-il constaté, nous assistons à la détérioration croissante du dialogue multilatéral à cause des « caprices des puissances capitalistes » qui ne veulent pas se résigner à l’existence d’un monde multipolaire.  Il n’a pas manqué de rappeler que les États sud-américains et caribéens de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) ont déclaré leur région « zone de paix » dès 2014 et plaident pour que cette Assemblée soit l’espace d’un accord historique, un accord où le dialogue et la diplomatie prévalent sur toute controverse, et où le monde soit également déclaré « zone de paix ».  

Le Chef d’État bolivien a ensuite proposé de substituer les dépenses militaires liées à la fabrication d’armes de destruction massive par des dédommagements pour les pauvres de ce monde.  Il a souligné la concentration d’un grand nombre de ces armes dans un petit groupe de pays qui, en refusant de les éliminer, privilégient leurs intérêts géopolitiques et mettent en danger la paix et la sécurité de la planète.  Neuf pays disposent aujourd’hui de 12 705 ogives nucléaires, a-t-il précisé.  Il a également plaidé contre la mercantilisation des systèmes de santé en arguant que face à la grave crise sanitaire de la COVID-19, il est impératif de renforcer les systèmes de santé universels dans lesquels l’État remplit son obligation de protéger et de garantir les droits collectifs de ses citoyens.  

Le Président bolivien a ensuite évoqué la nécessité d’un programme mondial de souveraineté alimentaire en harmonie avec la « Terre nourricière » en demandant, entre autres, de garantir aux petits producteurs de meilleures conditions de production, y compris l’accès aux semences, aux engrais, à la technologie, aux infrastructures, aux crédits, aux marchés, et cela en pleine harmonie avec la Terre Mère.  Il faut reconstruire les capacités productives et économiques des « pays de la périphérie » victimes de la logique de la concentration du capital, a-t-il tonné.  Plus concrètement, il est vital à son avis de restructurer l’architecture financière mondiale en vue d’alléger la dette extérieure au niveau mondial, afin que les pays en développement aient les moyens de mettre en œuvre souverainement des politiques sociales de développement économique et social.  Et, reprenant le « cri des pays du Sud », il a demandé que les relations commerciales qui continuent actuellement de ne profiter qu’au Nord soient rééquilibrées.  Le Président Catacora a ensuite exposé des éléments clefs de l’expérience de son pays, notamment la reprise de la construction du Modèle Économique Social de Communauté Productive, un modèle économique souverain dans lequel « nous n’acceptons pas et n’accepterons pas les impositions du Fonds monétaire international », a-t-il indiqué.  Avec une inflation de 1,6% au mois d’août, il s’est targué d’une économie bolivienne qui a l’inflation la plus faible de la région et l’une des plus faibles du monde. 

Alors que la crise climatique exige la responsabilité et la solidarité, le Chef d’État s’est indigné du fait que les responsables des émissions de gaz à effet de serre demandent désormais que chaque pays poursuive l’illusion de la « décarbonation » d’ici à 2050, sans tenir compte des responsabilités historiques des pays développés, ni des capacités et limites des pays en développement, pour qui l’accès aux technologies propres de pointe devient chaque jour plus inaccessible.  À cet égard, il a observé que les fonds alloués par les pays les plus développés à la crise en Ukraine sont 20 fois supérieurs à ceux au Fonds vert.  Il a également abordé les questions de l’industrialisation du lithium, une ressource dont dispose la Bolivie et pour laquelle elle revendique sa souveraineté et rejette toute tentative d’ingérence pour faire main basse sur ses ressources.  

Le Président a également abordé les questions du passage à l’échelle régionale de la lutte contre le trafic de stupéfiants, arguant que la guerre contre la drogue criminalise les pays du Sud tout en protégeant le blanchiment d’argent; du renforcement des mécanismes internationaux permettant de garantir un traitement préférentiel pour les pays enclavés, notamment le « droit à la mer »; de l’élargissement de la vision limitée des droits humains et de la démocratie; ou encore de la solidarité intergénérationnelle.  La Bolivie a même appelé à déclarer une décennie de la « dépatriarcalisation » pour lutter contre toutes formes de violence à l’égard des femmes et des filles et à rejeter les sanctions unilatérales une fois pour toutes.  Le Président bolivien a conclu en invitant la communauté internationale à revitaliser véritablement le multilatéralisme pour notamment reconfigurer l’ordre mondial fragile et le rendre « pluriel et solide ». 

M. PEDRO CASTILLO TERRONES, Président du Pérou, s’est inquiété d’une dangereuse évolution du monde vers des situations conflictuelles, créant des tensions sans précédent.  Il a rappelé que le Pérou défendait fermement les principes de non-agression et de respect de l’intégrité territoriale des États.  L’intervention de la Fédération de Russie en Ukraine est « illégitime », a-t-il affirmé, tout comme l’occupation par Israël des territoires palestiniens et arabes depuis 1967.  M. Castillo Terrones a estimé que toutes les interventions armées violaient la Charte des Nations Unies et que seules les sanctions décrétées par le Conseil de sécurité étaient légitimes.  « Il ne faut jamais jeter de l’huile sur le feu des conflits », a-t-il affirmé, réitérant l’appel de son pays à des négociations en vue d’une solution pacifique tenant compte des intérêts de toutes les parties.  Il a appelé à pérenniser l’accord sur l’exportation des céréales depuis l’Ukraine et à prendre des dispositions pour garantir les exportations russes d’engrais, dont le manque pèse sur les agriculteurs les plus pauvres des pays en développement.  Il a jugé essentiel d’empêcher les sanctions économiques d’affecter la sécurité alimentaire.   

Appelant la communauté internationale à assumer ses responsabilités en favorisant une solution à deux États afin de régler le conflit israélo-palestinien, le Président a annoncé l’ouverture prochaine d’une représentation diplomatique péruvienne en Palestine.  Il a aussi rappelé que le Pérou avait établi des relations diplomatiques avec la République arabe sahraouie dont il appuie le droit à l’autodétermination, ajoutant que son pays reconnaissait « la souveraineté de l’Argentine sur les Îles Malvinas ».  Le Président a indiqué que, sous son mandat, le Pérou avait presque doublé ses effectifs au sein des opérations de maintien de la paix et participait actuellement à six missions, notamment en République centrafricaine.  Il s’est félicité de l’ouverture récente à Lima de la conférence latino-américaine et caribéenne sur les opérations de maintien de la paix, qui a donné une forte impulsion en vue d’élargir la participation des pays de la région à ces opérations.  

Le Président s’est ensuite inquiété de la détérioration de la situation économique mondiale en raison de la pandémie de COVID-19, de l’inflation et de la hausse des prix de l’énergie qui entraînent davantage de pauvreté et d’exclusion.  Concernant le Pérou, il s’est félicité de la mise en place d’un plan de relance économique avec une cible de 3,3% de croissance, supérieure à la moyenne de l’Amérique latine.  « Nous devons cesser d’agresser la nature! » s’est-il exclamé en évoquant les changements climatiques, rappelant qu’il faudrait faire des efforts sept fois plus importants pour limiter l’augmentation de la température moyenne à 1,5 degré Celsius.  Il a appelé à un nouveau pacte pour protéger les océans et réglementer les activités de pêche, réaffirmant au passage que le domaine maritime du Pérou s’étend jusqu’à 200 miles nautiques au-delà de ses côtes. 

M. DAVID KABUA, Président des Îles Marshall, a estimé que l’ONU reste la scène internationale majeure.  Mais si le monde ne répond pas de manière adéquate aux nations insulaires et à mesure que les mers montent, alors l’ONU ne servirait à rien.  M. Kabua s’est joint à d’autres pays, et en particulier aux pays voisins insulaires du Pacifique, pour condamner la poursuite de l’agression et des crimes de guerre de la Fédération de Russie en Ukraine.  Nous le faisons non seulement en tant que membre des Nations Unies, mais aussi en réponse à une instabilité mondiale plus large qui a un impact direct sur notre propre région insulaire, a—t-il expliqué.  Les Îles Marshall est fière de coprésider le « Groupe des amis de la responsabilité » à la suite de l’agression contre l’Ukraine, a-t-il dit, ajoutant que son pays soutient les enquêtes indépendantes du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies et de la Cour pénale internationale. 

Le Président a ensuite condamné les récentes actions militaires de la Chine dans le détroit de Taïwan.  Cela a menacé de perturber la paix et la sécurité dans la région indopacifique et dans le monde entier, a-t-il dit.  Il est essentiel que l’héritage et les défis contemporains des essais nucléaires soient mieux abordés, a souligné le Président, en évoquant les relations de son pays avec les États-Unis.  Il a rappelé que les Îles Marshall ont été le site de 67 essais nucléaires et d’armes thermonucléaires pendant 12 ans, quand le pays était placé sous la tutelle de l’ONU et des États-Unis.  Les impacts de ces essais sur nos droits humains, notre terre, notre culture, notre santé et nos vies sont des fardeaux qu’aucune autre nation ou pays ne devrait avoir à supporter, a—t-il déclaré, tout en plaidant pour l’élimination du risque nucléaire.  

Le Président a déclaré qu’en tant que membre de la famille des îles du Pacifique, les Îles Marshall considèrent que leur plus grand défi, leur principale menace, réside dans les changements climatiques.  Il y a plus de 30 ans, dans cette grande salle et au Sommet de Rio, nos dirigeants ont tiré la sonnette d’alarme et averti de ses terribles conséquences, a rappelé M. Kabua.  Et pourtant, après toutes ces années, le monde n’a pas réussi à briser sa dépendance aux combustibles fossiles, s’est-il désolé, déplorant le fait que « nous n’investissons pas assez dans l’adaptation vitale, en particulier pour les petites îles ».  Il a rappelé également que son pays avait proposé une taxe sur le carbone pour le transport maritime international, qui stimulera la transition vers un transport maritime neutre en émissions de carbone, canalisant ainsi les ressources des pollueurs vers les plus vulnérables.  

M. Kabua a ensuite salué la publication d’un rapport de la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme sur la situation des droits de l’homme dans la région du Xinjiang en Chine.  Selon lui, la communauté internationale doit réagir.  Il a en outre appelé à des efforts beaucoup plus importants pour conclure un accord ambitieux sur un instrument sur la biodiversité marine au-delà de la juridiction nationale, en vertu de la Convention sur le droit de la mer des Nations Unies.  Aujourd’hui, nous appelons l’ONU à mieux accueillir Taïwan et son peuple dans notre famille, a-t-il lancé, avant d’appeler à des progrès dans la réalisation de la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU. 

M. WAVEL RAMKALAWAN, Président des Seychelles, a rappelé que le multilatéralisme est l’opportunité et le moyen de résoudre des défis complexes.  Il a rappelé que le monde est confronté à l’inaction climatique, aux suites de la pandémie, à l’insécurité, à la hausse des coûts de l’énergie et à la guerre en Ukraine.  Le sort des États en situation de vulnérabilité n’a jamais été aussi critique, a-t-il ajouté notant que beaucoup de pays en développement ont dû revoir leurs aspirations pour 2030 en raison de progrès perdus.  Pour le Président, les inégalités économiques sont le plus grand obstacle à la réalisation des ODD.  Le projet d’un avenir meilleur et durable nécessite des ressources financières que beaucoup d’entre nous n’avons pas, ou sommes incapables d’obtenir, car les modalités de coopération au développement ne considèrent pas la vulnérabilité comme un obstacle au développement durable, a-t-il observé.  Il a donc invité à mettre en pratique de vraies solutions axées sur les vulnérabilités et le renforcement de la résilience pour assurer la durabilité socioéconomique.   

Le Président a recommandé que les institutions financières internationales et les banques multilatérales de développement regardent au-delà de la référence du revenu national brut, arguant qu’il existe un large consensus sur la nécessité d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle permettant de compléter et d’améliorer l’efficacité de la coopération au développement, permettant aux pays en situation de vulnérabilité d’accéder à des financements concessionnels et de répondre à leurs besoin.  S’agissant de la crise alimentaire et énergétique, il a dit que le défi pour l’Afrique est de garantir que le commerce contribue de manière significative à la sécurité alimentaire.  À cet égard, la Zone de libre-échange continentale africaine a un rôle essentiel, a-t-il estimé, car elle veille à ce que les aliments produits dans les régions excédentaires soient distribués vers les régions déficitaires.  En outre, de l’avis du Président, l’économie bleue peut être une option viable pour lutter contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle.   

La sécurité alimentaire et énergétique doit être appréhendée dans le contexte des changements climatiques, a conseillé M. Ramkalawan pour qui ne pas agir de manière décisive et urgente maintenant entraînera des coûts incalculables.  L’impact de l’élévation du niveau de la mer constitue une menace existentielle pour les petits États insulaires en développement (PEID), a alerté le Président qui a souhaité des actions audacieuses au lieu de promesses et d’engagements non tenus.  Il faut également, a plaidé le Président, faire face à l’injustice flagrante consistant à demander aux citoyens des États les moins responsables de la catastrophe climatique de payer pour les pertes et les dommages causés par d’autres.  « Les Seychelles peuvent en témoigner, car nos côtes et nos mers sont devenues encombrées de déchets plastiques. »  Sur la question des océans, le Président a parlé du plan de l’espace maritime mis en place aux Seychelles pour créer une réserve de 30% de la zone économique exclusive consacrée à la protection et à l’utilisation durable.  Les Seychelles se sont engagées à protéger au moins 50% des écosystèmes d’herbiers marins d’ici à 2025 et 100% d’ici à 2030, a fait valoir le Président en appelant les autres États côtiers et océaniques à être aussi audacieux dans ce domaine.  Pour ce qui est de la situation en Ukraine, il a réitéré l’appel du Président de l’Union africaine et du Président de la Commission de l’Union africaine exhortant les parties à établir un cessez-le-feu immédiat et à reprendre les négociations.   

M. ALBERTO FERNÁNDEZ, Président de lArgentine, a commencé par exprimer sa gratitude pour la solidarité reçue du monde entier en réponse à la tentative d’assassinat contre sa Vice-Présidente, Mme Cristina Fernández de Kirchner, tentative qui cherchait à remettre en question une « œuvre collective vertueuse » qui, l’an prochain, fêtera ses 40 ans.  En 1983 en effet, a rappelé le Chef d’État, nous avons retrouvé la démocratie et entamé un long cycle historique au cours duquel différentes forces politiques se sont succédé au gouvernement.  « Nous, Argentins, avons conclu l’accord « Plus jamais ça » sur le terrorisme d’État et la violence politique.  Nous apprécions la démocratie comme modèle de développement social qui exige le respect des autres dans la diversité.  « Je suis sûr que la violence fasciste qui se fait passer pour du républicanisme ne parviendra pas à modifier ce large consensus auquel adhère la majorité de la société argentine », a déclaré le Président. 

Profitant du malaise généré par la pandémie et des répercussions économiques de la guerre, les discours extrémistes et violents ont prospéré et trouvé un terrain fertile pour semer un sentiment antipolitique au sein de nos sociétés, a analysé M. Fernández.  Ceux qui cherchent à affaiblir et à éroder les démocraties ont des intérêts spécifiques qui les conduisent à promouvoir la polarisation extrême, a-t-il ajouté, appelant à une mobilisation internationale.  Alors que la pandémie a révélé les énormes inégalités à travers le monde, où « la fortune de 10 hommes excède les revenus de 40% de la population de la planète », il a souligné la nécessité de dénoncer ce « modèle d’accumulation » et de renforcer un multilatéralisme coopératif propice à l’état de droit, à la règle de la non-violence et à la réduction des écarts sociaux.   

À cette fin aussi, il est nécessaire d’imposer le dialogue et de rétablir la paix dans le différend enclenché par l’avancée militaire de la Fédération de Russie en Ukraine, a ajouté M. Fernández.  La sécurité alimentaire doit être garantie pour tous, a-t-il poursuivi, en indiquant que l’Argentine remplirait son rôle de producteur et d’exportateur fiable de vivres et de technologies applicables à la production alimentaire pour en améliorer les performances.  Elle continuera aussi d’augmenter sa production pour fournir au monde des énergies propres.  « Nous disposons des deuxièmes plus grandes réserves mondiales de gaz non conventionnel et des quatrièmes de pétrole non conventionnel, ainsi que d’une importante réserve de lithium et du potentiel nécessaire pour développer l’énergie solaire et éolienne, ainsi que de l’hydrogène à émissions faibles ou nulles », s’est enorgueilli à ce sujet le Chef d’État.  

Le Président a ensuite réaffirmé « les droits de souveraineté légitimes et imprescriptibles » de son pays sur les Îles Malvinas, Géorgie du Sud et Sandwich du Sud, ainsi que les espaces maritimes environnants, qui « font partie du territoire national argentin et sont occupés illégalement par le Royaume-Uni depuis près de 190 ans ».  La demande formulée dans la résolution 2065 en date de 1965 est restée en vigueur et a été réitérée à plusieurs reprises, a rappelé le Chef d’État, rappelant que le Royaume-Uni persiste dans son indifférence à l’appel à reprendre les négociations sur ce différend territorial.  Un différend aggravé, selon lui, par les appels de Londres à exploiter illégalement des ressources naturelles dans la région, sans compter une présence militaire « injustifiée et excessive » dans l’archipel, qui ne fait qu’accroître les tensions dans une « zone de paix et de coopération internationale ».  Aussi, M. Fernández a-t-il demandé au Secrétaire général de renouveler ses efforts pour remplir ce mandat et au Royaume-Uni d’accepter de répondre à l’appel de la communauté internationale et de mettre fin à cette « situation coloniale anachronique ».  Dans ce contexte, a-t-il assuré, l’Argentine est tout à fait prête à retourner à la table des négociations et à rechercher une solution qui mettra fin à ce long conflit de souveraineté. 

M. ANDRZEJ DUDA, Président de la Pologne, a fait remarquer qu’il y a un an, au moment de prononcer son discours à l’Assemblée générale, son pays comptait 38 millions d’habitants et il en compte aujourd’hui 41 millions, essentiellement en raison de l’arrivée des réfugiés ukrainiens.  La décision de mener la guerre contre l’Ukraine, a-t-il dénoncé, a été prise par des personnes mues par un sentiment d’impérialisme et par un orgueil colonial et nationaliste qui nient à leurs voisins le droit souverain à l’autodétermination.  L’agresseur, a poursuivi le Président, a déjà perdu la guerre puisqu’il a échoué à soumettre une nation libre, à briser son esprit et à disperser son armée.  Aujourd’hui, il a, contre lui, une nation entière et une grande partie des nations du monde, y compris la Pologne, qui se sont exprimées clairement, et surtout dans cette enceinte.   

Cette guerre, a ajouté M. Duda, a été déclenchée par la Russie contre nos principes et nos valeurs communes, et contre l’humanité tout entière.  Il ne s’agit pas d’un conflit régional mais bien d’un « incendie mondial » qui, à terme, touchera tous les États.  Le Président a illustré ses propos en citant la crise alimentaire et le « spectre de la famine » qui plane sur de grandes parties du monde.  Depuis le début de l’invasion, la Russie a « délibérément et cyniquement » détruit les récoltes et le matériel agricole, en plus de saisir 22% des terres agricoles de l’Ukraine.  Selon certaines estimations, les récoltes ukrainiennes seront réduites de 35%, rien que cette année, et le nombre de personnes souffrant d’une faim chronique augmentera d’environ 47 millions, notamment en Afrique et au Moyen-Orient.  

Nous devons, a martelé le Président, empêcher quiconque souhaite provoquer « sciemment et cyniquement » une famine artificielle pour servir ses intérêts politiques, comme l’a fait Staline dans les années 30.  Il a salué l’Initiative céréalière de la mer Noire et a appelé la communauté internationale à imposer de nouvelles sanctions contre la Russie, en cas de violation de l’accord qui sous-tend cette initiative.  La Pologne et l’Union européenne restent fermement engagées à faciliter les exportations de céréales ukrainiennes, notamment par voie terrestre, a souligné le Président. 

L’agression russe contre l’Ukraine ne constitue rien de moins qu’une agression contre le monde entier, qui appelle une réponse internationale multidimensionnelle, y compris contre le complice qu’est le Bélarus.  Craignant une espèce de lassitude face à ce conflit, le Président a dit: si les Nations Unies sont vraiment unies, elles doivent donner une réponse identique, décisive et fondée sur des principes à toutes les violations du droit international comme en Syrie, en Libye ou encore au Yémen.  Aujourd’hui, la victime, c’est l’Ukraine, et si l’impérialisme russe gagne, demain, ce sera n’importe quel pays dans le monde, a prévenu le Président.  

M. ALEJANDRO GIAMMATTEI FALLA, Président du Guatemala, a dénoncé les divisions dont souffre le monde, en citant l’accès inégal aux vaccins contre la COVID-19.  « Nous sommes tous fragiles face aux catastrophes et nous devons nous montrer solidaires. »  Il a loué les bons résultats économiques enregistrés par son pays, en 2021, grâce à l’appui notamment des organisations internationales, avant d’insister sur les dégâts considérables provoqués par les changements climatiques.  C’est le monde industrialisé qui est responsable de cette catastrophe et c’est à lui de la régler, a-t-il martelé.  Il a détaillé la politique d’atténuation des conséquences desdits changements suivie par son pays, avec une stratégie de « décarbonisation » et la promotion d’énergies propres.  Le Président a appelé à lutter contre l’insécurité alimentaire et contre les migrations irrégulières, en estimant qu’il s’agit d’une question de sécurité.  M. Giammattei Falla a réclamé avec force un traitement respectueux pour tous les pays, avant d’inviter l’ONU à « taper du poing sur la table » face aux cas d’irrespect.  Les nations sont les tutrices du droit international et elles sont censées le protéger, a-t-il rappelé. 

Le Président guatémaltèque a appelé à la cessation du conflit en Ukraine, pays dans lequel il s’est récemment rendu.  « J’ai pu voir lors de cette visite officielle les horreurs de la guerre », a dit le Président, avant d’appeler les États à respecter la Charte.  Il a souligné que la Charte nous rappelle que nous devons être tolérants et coexister dans la paix.  Le Président a ensuite réclamé la réforme « immédiate du Conseil de sécurité », ce dernier devant promouvoir la paix et écarter tout calcul politique.  Le Conseil devrait exclure tout pays qui n’aspire pas à la paix, a-t-il tranché.  Le Président a aussi demandé que Taïwan devienne membre de l’Organisation, avant de rappeler l’attachement de son pays à la vie « depuis sa conception jusqu’à sa fin naturelle ».  Sur le plan régional, il s’est dit persuadé que le Guatemala réglera son différend territorial avec le Belize grâce à des mécanismes de dialogue.  « Plus de guerre fratricide, plus de morts », a souhaité le Président, en invitant à livrer bataille à la famine, à la pauvreté et aux changements climatiques plutôt que de prendre les armes.  « Que Dieu bénisse le monde et surtout le Guatemala. » 

M. FÉLIX-ANTOINE TSHISEKEDI TSHILOMBO, Président de la République démocratique du Congo (RDC), a rappelé que son pays est victime d’une crise sécuritaire aigüe qui dure depuis plus de 20 ans dans l’est de son territoire national, une « crise causée principalement par les convoitises que suscitent ses fabuleuses richesses naturelles et les ambitions de puissance de certains de ses voisins ».  Cependant, en dépit d’efforts internes inlassables, de la présence militaire massive de l’ONU en RDC et de son soutien diplomatique pendant 23 ans, le « mal sécuritaire continue à ronger mon pays ».  Afin de l’éradiquer définitivement, plusieurs accords ont été signés avec les groupes armés, et même avec les pays voisins, sous la garantie de la communauté internationale, et des mécanismes nationaux et internationaux créés.  « Toutes ces perspectives de règlement définitif du conflit n’ont duré que l’espace de quelques mois.  Vite, l’architecture s’est fissurée et l’édifice s’est écroulé.  Et, on recommence toujours avec les mêmes tragédies », a constaté le Chef d’État.    

Partisan d’une « philosophie de réconciliation » avec ses voisins, M. Tshisekedi a dit n’avoir ménagé aucun effort pour rassurer les pays limitrophes et restaurer la confiance.  En dépit de cette « main tendue », certains n’ont trouvé mieux que de nous remercier par l’agression et le soutien à des groupes armés terroristes, a regretté le Président.  « C’est le cas actuellement du Rwanda qui, une fois de plus, a non seulement agressé, en mars dernier, la RDC par des incursions directes de ses forces armées, mais occupe également des localités du Nord-Kivu par l’entremise d’un groupe armé terroriste, le M23, auquel il apporte un soutien massif tant en matériels de guerre qu’en troupes », a-t-il accusé.  Et, « comme pour défier la communauté internationale », le M23, avec le soutien de l’armée rwandaise, a même abattu un hélicoptère de la MONUSCO et tué huit Casques bleus, commettant ainsi un crime de guerre.  « Je dénonce avec la dernière énergie cette énième agression dont mon pays est victime de la part de son voisin, le Rwanda », a déclaré M. Tshisekedi.  

Rejetant les « sempiternelles dénégations des autorités rwandaises’, il a réitéré la demande de son gouvernement au Président du Conseil de sécurité de distribuer officiellement à ses membres le dernier rapport en date des experts de l’ONU sur la situation dans l’est de la RDC afin d’en tirer toutes les conséquences qui s’imposent: « Il y va de l’image et de la crédibilité de notre Organisation », a-t-il assuré.  Procéder autrement aurait, selon lui, deux conséquences préjudiciables.  D’une part, encourager le Rwanda à poursuivre son agression, ses crimes de guerre et ses crimes contre l’humanité dans le pays.  D’autre part, nourrir davantage la suspicion légitime des Congolais sur l’impartialité de l’ONU ainsi que la complicité de certains de ses États Membres dans ces crimes.  C’est d’ailleurs pour mettre fin à cette suspicion et dissiper l’ambiguïté du Conseil de sécurité, « qui excède la population congolaise et exacerbe la tension entre elle et la MONUSCO », que le Gouvernement congolais a demandé la réévaluation du plan de retrait progressif de cette Mission, à laquelle le Président a imputé des « faiblesses regrettables ».  

Nul ne peut prétexter un discours imaginaire de haine tribale, ethnique et raciale ou xénophobe en RDC pour s’y livrer à des aventures criminelles, a poursuivi le Chef d’État.  Il a également balayé les allégations de prétendue « collaboration » entre « certains officiels congolais » et les opposants rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), dont se servent les dirigeants rwandais pour justifier les agressions répétées de la RDC, un « alibi » qui, a-t-il affirmé, n’est corroboré par aucun fait avéré sur le terrain.  En effet, a tranché M. Tshisekedi, les FDLR ont été « décapitées et réduites à néant » par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), en étroite collaboration avec l’armée rwandaise dans le cadre des opérations conjointes menées au cours des dernières années. 

Présentant cinq propositions, le Chef d’État a appelé à rendre effectifs le retrait immédiat du M23 des localités occupées, le retour des déplacés congolais de ces localités à leurs domiciles et la cessation sans condition du soutien de l’armée rwandaise à ce groupe terroriste.  Ensuite, il a suggéré de multiplier les pressions sur le Rwanda et le M23 pour qu’ils respectent les positions prises par les organisations internationales.  Par ailleurs, il faut appuyer la poursuite du processus de paix de Nairobi, les discussions de Luanda RDC-Rwanda et le déploiement de la Force régionale de l’Afrique de l’Est.  Puis, il a recommandé d’encourager le Président honoraire du Kenya, M. Uhuru Kenyatta, et celui de l’Angola, M. João Lourenço, Médiateurs de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) et de l’UA dans la crise sécuritaire en RDC, à poursuivre leurs bons offices.  Enfin, le Président de la RDC a demandé la levée de tout obstacle à la restructuration par la RDC de ses forces armées, notamment des mesures restrictives à l’acquisition d’équipements militaires, quelle qu’en soit la forme édictée par le Conseil de sécurité de l’ONU.  « La réalisation des actions préconisées ci-dessus garantira un règlement de la crise et facilitera un dialogue constructif entre toutes les parties concernées », a-t-il estimé en conclusion.  

M. FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, Président de la République centrafricaine, a déploré qu’alors que les questions concernant la sécurité, la paix, l’environnement et la santé entrent dans une phase « critique », les « signaux d’alerte sont méprisés au profit des intérêts économiques, géopolitiques ».  Le rôle des Nations Unies n’est-il pas de transformer le monde, de le rendre plus juste et plus sûr et de garantir la dignité de chacun de nous, quel que soit le contexte mondial? s’est demandé le Président, pour qui la multiplication des tensions et des crises dans le monde interpelle « notre conscience collective » et démontre que « notre Organisation est le produit d’une ère révolue ».  Devant ce constat, la République centrafricaine réitère son soutien à la position commune de l’Union africaine, qui appelle à une réforme « profonde » de l’ONU et à l’élargissement du Conseil de sécurité, pour une « participation plus juste et plus représentative » de tous les continents.   

Parmi les défis « interdépendants » que doit relever la communauté internationale, M. Touadera a identifié la protection de l’environnement et la sécurité sanitaire.  Il a plaidé à cet effet pour une « justice climatique » à l’égard des populations vulnérables et appelé les grands pollueurs à honorer leurs engagements, notamment l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  De même, a-t-il fait valoir, la pandémie de COVID- 19 nous a enseigné que la protection sanitaire mondiale est un « impératif pour toutes les nations, sans exclusivité ».  Le Président s’est réjoui du « changement de paradigme » dans le secteur de la santé et de l’élan de solidarité sans précédent qui l’accompagne, notamment l’accès aux vaccins contre la poliomyélite, la COVID-19 et, bientôt, contre le paludisme.   

Malgré ces avancées, la République centrafricaine a vu son « élan vers le développement » entravé par de graves crises sécuritaires et sanitaires, exacerbées par le « déficit persistant » d’appui financier de la part de la communauté internationale, a dénoncé M. Touadera.  La République centrafricaine continue de consentir d’énormes sacrifices afin d’améliorer sa gestion économique et sa gouvernance, a-t-il assuré, et attend le rétablissement du programme de facilité élargie de crédit, suspendu par le Fonds monétaire international (FMI).  Au nombre des solutions qui doivent être explorées, le Président a donné la priorité au développement des infrastructures, à l’accès aux marchés pour le financement de projets de développement, au développement d’une économie résiliente et à l’appui au système éducatif.  La République centrafricaine est en outre devenue le premier pays d’Afrique à adopter le bitcoin comme monnaie de référence et de paiement numérique. 

Afin de lutter contre l’impunité, M. Touadera a estimé que la mise en œuvre de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation du 6 février 2019, de la Feuille de route conjointe de Luanda ainsi que des Recommandations du Dialogue républicain avaient favorisé la « décrispation » du climat sociopolitique national.  Il a par ailleurs noté la condamnation « ferme », par le Conseil de sécurité, des attaques perpétrées contre la population civile par les groupes armés dans sa résolution 2648 (2022).  Il s’est également félicité des « avancées significatives » qui ont permis de lever substantiellement l’embargo sur les armes imposé à son pays, tout en déplorant les « les campagnes de désinformation et de manipulation », « sur fond de néocolonialisme aux contours flous et menaçants », visant à déstabiliser les institutions démocratiques de son pays. 

M. NAYIB ARMANDO BUKELE, Président dEl Salvador, a salué ses « frères du monde » avant de présenter son pays comme celui du surf, des volcans, du café, de la paix, du bitcoin et de la liberté.  « Je suis venu parler de liberté à laquelle aspirent le peuple d’El Salvador et les peuples du monde », a dit le Président en invitant les puissants à respecter cette liberté.  Il a regretté que la « petite maison » d’El Salvador, certes un petit pays qu’on peine à voir sur une carte, ne soit pas respecté par des pays beaucoup plus grands, qui ont beaucoup d’argent, beaucoup de pouvoir et qui pensent à tort qu’ils possèdent aussi notre terre.  C’est la raison pour laquelle El Salvador continue de se battre pour sa liberté, a-t-il expliqué, arguant que « si, sur le papier, nous sommes libres, souverains et indépendants, nous ne le serons vraiment que lorsque les puissants comprendront que nous voulons être leurs amis et que nos portes sont grandes ouvertes au commerce, pour nouer les meilleures relations possibles ».  El Salvador est passé du statut de pays le plus dangereux au monde à celui de pays le plus sûr en Amérique, a fait valoir M. Bukele, en soulignant qu’il est désormais connu pour ses plages, le surf, les volcans, la liberté financière, un bon gouvernement et pour avoir mis fin au crime organisé.  Ce n’est que le début, a insisté le Président, revendiquant le droit de continuer sur la voie du développement.  

Selon lui, le développement sera plus rapide si les pays puissants apportent leur aide au lieu de condamner.  Si ces pays ne veulent pas aider, la moindre des choses est de ne pas placer d’obstacle sur cette route, parce que chaque peuple doit trouver sa propre voie, a-t-il argumenté.  Offrant son amitié aux pays amis qui sont à la recherche de leur propre chemin, le Président a jugé la tribune de l’ONU « obsolète ».  Il s’est posé la question de savoir si l’ONU peut encore servir à son pays.  Il a souhaité un monde où chaque peuple est vraiment libre de construire sa communauté de nations, grandes et petites, à partir de ses expériences et de ses capacités à résoudre les problèmes de l’humanité.  Personne ne peut être contre cette vision, a estimé le Président qui a reconnu que c’est néanmoins facile à dire et difficile à faire.  « Je suis venu ici, dans cette enceinte, dans un format auquel je ne crois plus, pour dire quelque chose qui ne changera probablement pas la façon dont les pays puissants se voient de toute façon », a déclaré M. Bukele, espérant qu’avec le temps d’autres nations, d’autres peuples, décideront aussi de se battre pour leur liberté et que l’ONU retrouvera son véritable sens.    

« Nous nous trouvons à un moment historique », a déclaré M. FUMIO KISHIDA, Premier Ministre du Japon, en dénonçant la « dévastation » constatée en Ukraine et dans le monde.  L’agression de la Russie contre l’Ukraine foule aux pieds la vision et les principes de la Charte des Nations Unies, a-t-il dit.  Il a rappelé que l’ONU n’existe pas seulement pour les intérêts des grandes puissances mais pour ceux de la communauté internationale dans son ensemble, sur la base du principe de l’égale souveraineté de tous les États.  Il est temps de revenir à cette vision et à ces principes et de faire en sorte que l’ordre international reste basé sur des règles, a appuyé le Premier Ministre japonais.   

Il a plaidé pour le renforcement de l’ONU, en soulignant notamment la nécessité d’une réforme du Conseil de sécurité.  La crédibilité de l’ONU, avec l’agression de la Russie, membre permanent de cet organe, est en effet en jeu.  Appelant à restaurer cette crédibilité, M. Kishida a estimé qu’il est temps d’enclencher des négociations sur la base d’un texte en vue d’une réforme du Conseil, avant de s’engager en faveur de la revitalisation de l’Assemblée générale.  Il a dénoncé l’opposition de la Russie qui a fait échec, le mois dernier, à un consensus autour d’un document final qui aurait permis de renforcer le régime de non-prolifération nucléaire.  « Mais je ne renoncerai pas », a martelé le Premier Ministre, en indiquant qu’un seul pays ne peut pas empêcher l’adoption d’un tel document, contenant des engagements réalistes en matière de désarmement.  Il a aussi précisé que son pays vise à normaliser ses relations avec la RPDC et s’est dit déterminé à rencontrer son Président « sans conditions ».   

M. Kishida a redit la détermination du Japon à promouvoir l’état de droit au niveau international, lequel est d’une importance toute particulière pour les pays vulnérables.  Le mois prochain, le Japon deviendra membre non permanent du Conseil de sécurité, a-t-il rappelé, en assurant que son pays entendra les voix les plus faibles et renforcera l’état de droit.  Il a déclaré que son pays intensifiera ses efforts sur la base du concept de « sécurité humaine » en cette nouvelle ère.  Les peuples méritent de jouir d’une vie de qualité, débarrassée de l’angoisse et de la peur, a-t-il estimé.  Alors que l’ordre international vacille et que l’angoisse des peuples ne fait que s’accroître, le Premier Ministre a assuré que le Japon œuvrera à réaliser ladite sécurité humaine, notamment par le biais du Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour la sécurité humaine.  Il a aussi rappelé l’investissement de 30 milliards de dollars de son pays pour l’Afrique récemment annoncé, ainsi que la somme de 5 milliards de dollars apportée en appui à la riposte mondiale à la pandémie de COVID-19.   

« C’est précisément parce que nous nous trouvons à un moment historique que le Japon continue de placer les plus grands espoirs en l’ONU. »  Les temps changent, mais la vision et les principes de l’ONU demeurent les mêmes, a conclu le Premier Ministre japonais.  

M. OLAF SCHOLZ, Chancelier de lAllemagne, a réitéré l’engagement de son pays envers les objectifs de paix, de développement et d’égalité de droits et de la dignité pour chaque être humain.  Malheureusement, le monde s’en éloigne et fait face à une nouvelle fragmentation, de nouvelles guerres et des conflits, a-t-il constaté.  Pour le Chancelier, il ne faut pas rester les bras croisés lorsqu’une grande puissance nucléaire armée jusqu’aux dents, membre fondateur de l’ONU et membre permanent du Conseil de sécurité, cherche à déplacer les frontières par la violence.  Selon lui, le Président Putin mène cette guerre avec un seul objectif: s’emparer de l’Ukraine.  C’est de l’impérialisme pur et simple, a dénoncé M. Scholz pour qui le retour de l’impérialisme n’est pas seulement un désastre pour l’Europe, mais aussi pour notre ordre pacifique mondial.  Pour que cette guerre se termine, on ne peut pas être indifférent à la façon dont elle se termine, a-t-il poursuivi en prévenant que M. Putin n’abandonnera sa guerre et ses ambitions impérialistes que s’il se rend compte qu’il ne peut pas gagner.   

L’Allemagne n’acceptera pas une paix dictée par la Russie et les simulacres de référendums, a martelé le Chancelier, souhaitant que l’Ukraine puisse se défendre contre l’invasion russe.  Il a dit que l’Allemagne la soutient financièrement, économiquement, avec une aide humanitaire et aussi avec des armes.  L’Allemagne impose des sanctions économiques sévères aux dirigeants russes et à l’économie russe, a-t-il ajouté, en précisant qu’aucun grain de céréales n’a été retenu à cause de ces sanctions.  C’est la Russie qui a empêché les navires céréaliers ukrainiens de prendre la mer, qui a bombardé les ports et détruit les entreprises agricoles, a-t-il affirmé.  Il a mis en garde que pour éviter la faim, il faut veiller à ce que « la guerre de Putin » ne prévale pas.  Il a promis d’être aux côtés de l’Ukraine lorsqu’il s’agira d’assumer les coûts énormes de la reconstruction du pays.  L’Allemagne, a-t-il dit, organisera à Berlin le 25 octobre, avec des partisans de l’Ukraine du monde entier, une réflexion sur la manière de gérer cette tâche herculéenne.  Le message: « Nous nous tenons fermement aux côtés de ceux qui sont attaqués, pour la protection de la vie et de la liberté des Ukrainiens et de l’ordre international. ».  

S’agissant des changements climatiques, M. Scholz a souligné la responsabilité particulière des pays industrialisés et grands émetteurs de gaz à effet de serre, rappelant l’intention des membres du G7 d’aller de l’avant pour atteindre l’objectif de 1,5°Celsius.  Il a estimé que la neutralité climatique conduit à une plus grande sécurité énergétique et réaffirmé le soutien de Berlin aux économies émergentes et aux pays en développement dans leurs efforts de réduction des émissions et d’adaptation aux changements climatiques.  Avant la COP27 en Égypte, l’Allemagne mettra en place un bouclier mondial contre les risques climatiques, a-t-il annoncé.   

Pour ce qui est des droits humains, le Chancelier a rappelé que son pays est le deuxième donateur du système des Nations Unies et également le deuxième donateur d’aide humanitaire.  Il a appelé à l’action là où des centaines de milliers de personnes sont obligées d’endurer la souffrance, la tyrannie et la torture dans des camps de prisonniers ou des prisons comme en République populaire démocratique de Corée, en Syrie, en Iran, au Bélarus, ou encore en Afghanistan où les Taliban privent les femmes et les filles de leurs droits les plus élémentaires.  Il faut agir lorsque la Russie commet des crimes de guerre à Marioupol, Boutcha et Irpin, a exhorté le Chancelier demandant de traduire les meurtriers en justice.  Il a aussi demandé à la Chine de mettre en œuvre les recommandations du Haut-Commissaire des droits de l’homme sur la situation des Ouïghours. 

M. Scholz a terminé son allocution en appelant à la réforme et l’expansion du Conseil de sécurité pour inclure les pays du Sud.  L’Allemagne est prête à assumer une plus grande responsabilité en tant que membre permanent et initialement en tant que siège non permanent en 2027/28, a-t-il assuré.  Les pays et régions émergents et dynamiques d’Asie, d’Afrique et d’Amérique du Sud doivent avoir une voix politique plus forte sur la scène mondiale, a-t-il plaidé avant d’annoncer le lancement d’un partenariat mondial pour les infrastructures et l’investissement visant à mobiliser 600°milliards de dollars pour des investissements publics et privés dans les infrastructures à travers le monde au cours des cinq prochaines années, « un grand pas vers la mise en œuvre du Programme°2030 ».  Il a également informé de la création du nouveau club du climat pour mettre en œuvre l’Accord de Paris plus rapidement et plus efficacement.

Devant les turbulences que traverse le système multilatéral, M. AZIZ AKHANNOUCH, Chef du Gouvernement du Royaume du Maroc, a demandé aux États Membres s’ils souhaitent une Organisation capable de conduire les transformations stratégiques, « ou voulons-nous qu’elle se limite à la seule gestion de crise »?  Les pays africains, a-t-il ensuite noté, sont les plus touchés par les effets de la crise économique entraînée par la crise géopolitique mondiale, car ils subissent de plein fouet la flambée des prix des denrées alimentaires et des sources d’énergie, qui anéantissent leurs acquis de développement durable.  Cependant, l’Afrique dispose de toutes les ressources pour transformer les défis en opportunités et sortir renforcée de cette crise, a assuré M. Akhannouch.  Cela dit, pour y parvenir, la coopération internationale doit être renforcée vis-à-vis du continent, à travers la réduction de la dette et le lancement d’initiatives de développement intégré.  Il est aussi de la responsabilité des pays avancés de mobiliser les ressources financières et technologiques nécessaires au profit des pays africains pour leur permettre de relever le défi climatique, a-t-il ajouté. 

M. Akhannouch a ensuite renouvelé « l’engagement de son pays à trouver une solution politique pérenne au conflit régional du Sahara marocain », sur la base de l’initiative marocaine d’autonomie, qui bénéficie du soutien du Conseil de sécurité et de plus de 90 États.  Sur le terrain, a-t-il poursuivi, les « provinces du sud du Royaume » poursuivent leur développement irréversible, dans le cadre du nouveau modèle de développement lancé par le Roi Mohammed VI en 2015.  Tous les habitants de cette région participent pleinement à toutes les étapes de la mise en œuvre de ce plan, par le truchement de leurs représentants démocratiquement élus au sein du Conseil du Sahara marocain, a expliqué M. Akhannouch.  Pour lui, la participation active des habitants du Sahara marocain à la vie sociale, économique et politique est bien la preuve de leur attachement à l’appartenance du Sahara au Maroc.   

Le Maroc a réitéré son soutien aux efforts du Secrétaire général et de son Envoyé personnel pour la relance du processus des tables rondes dans le même format et avec les mêmes participants, dont l’objectif est d’aboutir à une solution viable et réaliste sur la base du consensus et conformément aux résolutions du Conseil de sécurité, la plus récente étant la 2602, a poursuivi M. Akhannouch.  Dans ce contexte, la participation de bonne foi de l’Algérie, dans la reconnaissance de sa responsabilité dans ce conflit artificiel, constitue la première condition pour un règlement définitif de la crise, a souligné le Chef du Gouvernement.  Il a ensuite exprimé la préoccupation de son pays au sujet de la situation humanitaire catastrophique et de l’absence de tout état de droit dans le camp de Tindouf, où l’Algérie serait en flagrante violation du droit international humanitaire.  Nous appelons une fois encore la communauté internationale à exhorter l’Algérie à répondre aux appels lancés par le Conseil de sécurité depuis 2011 et à permettre au Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) d’organiser un recensement des habitants du camp de Tindouf, a ajouté le Chef du Gouvernement marocain.  

M. MARIO DRAGHI, Président du Conseil des Ministres de lItalie, a dénoncé l’invasion de l’Ukraine qui foule aux pieds les valeurs et les règles de la sécurité internationale.  Aider l’Ukraine à se protéger n’était pas le choix juste à faire, c’était le seul choix conforme aux idéaux de justice et de fraternité qui sont au fondement de la Charte, a-t-il affirmé.  « Nous avons répondu à l’appel à l’aide lancé par le Président ukrainien parce qu’une invasion militaire planifiée pendant des mois et menée sur de multiples fronts ne peut être stoppée par la seule force des mots. »  Il a rappelé les sanctions sans précédent imposées contre la Russie afin de la convaincre à retourner à la table des négociations.  Il a salué « l’héroïque contre-offensive » menée par l’Ukraine, grâce à laquelle elle a pu regagner une partie de son territoire.  L’issue du conflit est encore imprévisible mais il semble que Kiev ait engrangé un important avantage stratégique, a-t-il constaté.  M. Draghi a déclaré que l’unité de l’Union européenne et de ses alliés a été fondamentale dans l’aide apportée à l’Ukraine et dans l’imposition des sévères sanctions contre la Russie.  À ce jour, nous avons diminué de moitié notre dépendance au gaz russe et nous comptons parvenir à l’indépendance complète en 2024, a-t-il ajouté.  

Le Président du Conseil des Ministres a appelé l’Union européenne à user de la force de ses institutions pour protéger ses voisins des revendications russes.  Soulignant que la guerre en Ukraine a renforcé le « désir d’Europe » dans de nombreux pays, il a appuyé la candidature de l’Ukraine à l’Union et soutenu l’intégration dans l’Union des Balkans occidentaux, de la République de Moldova et de la Géorgie.  La Russie n’a pas encore montré qu’elle veut la fin du conflit, a déploré M. Draghi, en indiquant que les référendums pour l’indépendance au Donbass sont une nouvelle violation du droit.  L’Italie veut être à la tête des efforts pour parvenir à un règlement, dès que cela sera possible.  « Nous devons répondre à la guerre d’agression de la Russie en réaffirmant les principes qui sont ceux de cette Assemblée: respect des droits humains, coopération internationale et non-belligérance. »  La réaction à la guerre en Ukraine montre que la violence gratuite ne saurait avoir sa place au XXIe siècle, a-t-il dit.  

Poursuivant, M. Draghi a appelé à appuyer les pays les plus vulnérables à faire face aux conséquences des changements climatiques, en citant les inondations tragiques qui ont frappé le Pakistan.  Il a souligné l’engagement indéfectible de l’Italie en faveur de la paix, en rappelant notamment que son pays est le plus grand contributeur en Casques bleus parmi les pays européens.  Il a également rappelé que les migrations sont un phénomène mondial et qu’il doit y être répondu en tant que tel.  Enfin, alors que le contexte actuel doit, selon lui, inviter les États à redécouvrir « l’esprit de coopération », le Président a appuyé l’idée d’une réforme du Conseil de sécurité afin de le rendre plus « représentatif, efficace et transparent ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le Représentant spécial pour le Soudan du Sud se félicite de la prolongation de la période de transition démocratique

9134e séance – après-midi
CS/15033

Conseil de sécurité: le Représentant spécial pour le Soudan du Sud se félicite de la prolongation de la période de transition démocratique

Présentant au Conseil de sécurité le rapport trimestriel du Secrétaire général sur la situation au Soudan du Sud, le Représentant spécial pour ce pays a qualifié, cet après-midi, de « bienvenue » la signature, le 4 août dernier, entre les signataires de l’Accord de paix revitalisé, d’un accord sur une feuille de route qui prolonge la période de transition de 24 mois, jusqu’en février 2025, et prévoit des élections en décembre 2024.  Il n’y a pas d’alternatives à la mise en œuvre de l’Accord de 2018, a-t-il toutefois averti, rejoint par de nombreuses délégations qui ont appelé à l’accélération du processus de transition démocratique. 

À l’approche de la fin de la période de transition, il est devenu évident que les parties n’étaient pas en mesure de conclure la mise en œuvre des principales dispositions de l’Accord d’ici à la date limite initiale, fixée en février 2023, a expliqué M. Nicholas Haysom, en saluant le consensus qui a entouré la prolongation de la période transitoire.  Cela s’est traduit par le vote de 37 des 43 membres de la Commission mixte de suivi et d’évaluation reconstituée en faveur de la prorogation, a-t-il précisé, indiquant que la prochaine étape sera la ratification de la nouvelle période par l’Assemblée législative nationale de transition.

M. Haysom, qui est également le Chef de la Mission des Nations Unies au Soudans du Sud (MINUSS), a indiqué que, lors de ses rencontres avec le Président Salva Kiir et le Vice-Président Riek Machar, il a signifié aux deux dirigeants que la feuille de route ne doit être qu’un « point de passage », et non un « point final », sur la voie de la transition.  Au-delà du respect du calendrier de la feuille de route et du nécessaire rétablissement de la confiance, il a vu dans la préparation d’élections l’une des principales questions en suspens.  Il a par ailleurs salué la fin de la formation du premier contingent des forces unifiées nécessaires, affirmant attendre de ces soldats, « symboles d’unité », qu’ils jouent un rôle essentiel dans le processus démocratique.  Leur déploiement contribuera à réduire la violence infranationale et intercommunautaire, tandis que la réforme du secteur de la sécurité devrait permettre une meilleure protection des civils, a-t-il dit. 

À ce propos, le Représentant spécial s’est déclaré préoccupé par les combats entre les forces du Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition-faction Kitgwang et la milice Agwelek dans le Haut-Nil, qui ont poussé des milliers de personnes vers le Jongleï, l'État de l’Unité et le Soudan.  Il a aussi condamné les violences récentes à Mayom, dans l’État de l’Unité, avant d’enjoindre les parties à cesser d’utiliser la violence sexuelle comme « arme de choix ».  Il a été appuyé dans cet appel par la Présidente du South Sudan Women’s Empowerment Network, qui a évoqué une situation « intenable », où les viols collectifs sont monnaie courante. 

Mme Lilian Riziq a également évoqué un pays au bord de l’effondrement, estimant que la prorogation du mandat du Gouvernement ne fera que prolonger les souffrances des civils et risque de déboucher sur des élections frauduleuses.  Des arguments balayés par le représentant du Soudan du Sud, selon lequel l’extension de la période de transition était « inévitable », compte tenu du nombre de dispositions de l’accord encore en suspens.  Selon lui, la feuille de route doit permettre aux parties, signataires ou non de l’Accord revitalisé, d’avancer sur cette voie, tout en donnant à la communauté internationale l’occasion de se réengager en faveur du processus de paix. 

Au nom des trois membres africains du Conseil, le Ghana s’est lui aussi félicité de la prorogation de deux ans de la période de transition, non sans prôner un processus inclusif afin de permettre une appropriation nationale de la feuille de route sur la base d’un dialogue avec tous les segments de la société, y compris les femmes et les jeunes.  Il a également applaudi l’intégration de 20 000 combattants issus des groupes armés signataires dans les forces armées, saluant une étape cruciale dans le renforcement des capacités sécuritaires du pays et la lutte contre l’insécurité.  Ces mesures doivent bénéficier de l’appui de la communauté internationale, a-t-il à son tour affirmé, rejoint par la Fédération de Russie et la Chine, pour qui le Conseil de sécurité doit tenir compte des préoccupations du Soudan du Sud et lever les sanctions imposées à ce pays pour l’aider à améliorer ses capacités de sécurité. 

Résumant l’impatience de bon nombre des délégations face aux retards pris dans la transition démocratique, les États-Unis ont regretté que les autorités sud-soudanaises aient réussi à prolonger leur mandat au pouvoir en dépit de leurs échecs ces quatre dernières années.  La France a, quant à elle, appelé à une accélération de la mise en œuvre de l’Accord de paix revitalisé, tout en prenant note de la prolongation de la période de transition et des objectifs de la feuille de route.  Exhortant le Gouvernement à mettre en place le cadre législatif et constitutionnel prévu par l’Accord de 2018, elle a fait valoir que la participation de la société civile sera décisive pour la crédibilité du processus de paix. 

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD - (S/2022/689)

Déclarations liminaires

M. NICHOLAS HAYSOM, Représentant spécial pour le Soudan du Sud et Chef de la Mission des Nations Unies dans ce pays (MINUSS), a noté que, depuis 2018, l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud a fourni un cadre pour consolider la transition vers la paix.  Il a toutefois ajouté qu’à l’approche de la fin de la période de transition, il est devenu de plus en plus clair que les parties n’étaient pas en mesure de finir de mettre en œuvre des principales dispositions de l’Accord d’ici à la date limite initiale, en février 2023.  Avec la fermeture de cette fenêtre, les parties signataires ont convenu le 4 août d’une feuille de route qui prolonge la période de transition de 24 mois et prévoit des élections en décembre 2024, a-t-il rappelé, qualifiant cette décision de « bienvenue » car elle représente un consensus entre les principaux signataires sur la voie à suivre.  Si cette prolongation de la période de transition a suscité des réactions mitigées de la part de nombreux Sud-Soudanais, notamment chez les parties non-signataires et certains acteurs de la société civile inquiets quant à l’inclusivité du processus, il n’y a pas d’alternatives à la mise en œuvre de l’Accord de paix, a souligné le Représentant spécial.  Cela s’est traduit par le vote de 37 des 43 membres de la Commission mixte de suivi et d’évaluation reconstituée en faveur de la prorogation, a-t-il précisé, indiquant que la prochaine étape sera sa ratification par l’Assemblée législative nationale de transition.

M. Haysom a dit avoir indiqué au Président Kiir et au Vice-Président Machar que la feuille de route doit être un « point de passage », et non un « point final », dans le parcours du Soudan du Sud sur la voie de la transition démocratique.  Au-delà du respect du calendrier de la feuille de route et du nécessaire rétablissement de la confiance, les questions les plus importantes en suspens sont, selon lui, le processus constitutionnel et la préparation des élections.  Une transition politique inclusive et l’ouverture de l’espace civique sont les conditions essentielles d’un processus électoral solide, a-t-il insisté, avant de se féliciter que le Président et le Vice-Président aient convenu de sortir de l’impasse parlementaire, ce qui permet à la législature nationale de transition de traiter les aspects cruciaux de l’Accord de paix.  Le Chef de la MINUSS a également salué la fin de la formation du premier contingent des forces unifiées nécessaires dans la région de l’Équatoria.  Il dit attendre de ces soldats, « symboles d’unité », qu’ils jouent un rôle essentiel en contribuant à la transition démocratique du pays.  Pour l’heure, a-t-il dit, ils vont être déployés pour aider à réduire la violence infranationale et intercommunautaire, tandis que la réforme du secteur de la sécurité devrait permettre une meilleure protection des civils.  À cette fin, des progrès en matière de ressources budgétaires seront nécessaires pour aboutir à la création d’une armée unifiée, faute de quoi les avancées réalisées risqueraient d’être annulées, a averti le Représentant spécial.

Dans ce contexte, M. Haysom s’est dit préoccupé par les combats entre les forces du Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition-faction Kitgwang et la milice Agwelek dans le Haut-Nil.  Les affrontements ont déplacé des milliers de personnes vers le Jongleï, l'État de l’Unité et le Soudan, a-t-il expliqué, affirmant avoir reçu des informations selon lesquelles des personnes fuiraient en direction du site de protection des civils de Malakal déjà surpeuplé.  Condamnant également les violences récentes à Mayom, dans l’État de l’Unité, ainsi qu’à Rualbet et Ouarrap, il a pris note des mesures prises par le Gouvernement pour sanctionner les exécutions extrajudiciaires, établir des commissions d’enquête et examiner les causes profondes de ces conflits.  Il a d’autre part constaté une hausse alarmante des violences sexuelles liées aux conflits, estimant que ce fléau pourrait être efficacement traité si toutes les parties concernées et les autorités compétentes mettaient un terme à l’utilisation de ces pratiques comme « arme de choix ».  Il a ajouté que la MINUSS renforce son soutien au système judiciaire de chaque État en favorisant la responsabilisation et les capacités de lutte contre les crimes susceptibles de déstabiliser la paix. 

Guidée par la vision stratégique triennale de son mandat, la Mission a largement réussi à accomplir un « double pivot » dans son orientation et ses opérations, a assuré M. Haysom, précisant que le premier pivot est l’intensification du processus de paix et le second la transition d’une mission de protection statique à une mission se déployant sur les points chauds.  Cette présence élargie en matière de protection a entraîné une légère diminution du nombre de civils touchés par la violence et une baisse significative du nombre d’incidents par rapport à l’an dernier, s’est-il félicité.  Il a cependant reconnu que l’un des plus grands adversaires de son objectif de « mission intégrée en toutes saisons » sont souvent le terrain et les conditions météorologiques.  Il a enfin évoqué la détérioration de la situation humanitaire, avertissant que les besoins continuent de dépasser les financements disponibles, ce qui nécessite la reprogrammation des ressources.  Il a par conséquent exhorté les donateurs à honorer leurs engagements envers le plan de réponse humanitaire, qui n’est financé qu’à 44,6%.

Mme LILIAN RIZIQ, Présidente de South Sudan Women’s Empowerment Network, a déclaré que les violences persistent au Soudan du Sud et que la situation y est devenue « intenable ».  Le pays est au bord de l’effondrement, a-t-elle affirmé.  Elle a indiqué que les violences contre les femmes et les filles sont monnaie courante, en mentionnant les éléments d’un rapport sur les atrocités qui ont été commises dans l’État d’Unité.  Elle a précisé que 130 cas de viols collectifs ont été recensés, dont celui d’une fillette de neuf ans, morte par la suite.  Le Gouvernement sud-soudanais ne protège pas les civils, a tranché M. Riziq.  Elle a aussi estimé que la prorogation du mandat du Gouvernement ne ferait que prolonger les souffrances des civils.  Le Gouvernement serait ainsi encouragé à tenir des élections frauduleuses afin de se maintenir au pouvoir, a-t-elle craint, en mettant en garde contre le risque d’une guerre qui provoquerait l’effondrement total du pays.  Enfin, elle a appuyé l’idée de lancer un dialogue inclusif afin d’aider les Sud-Soudanais à agréer un cadre constitutionnel provisoire et à identifier les modalités de la période de transition.

Déclarations

M. RICHARD M. MILLS (États-Unis) a salué les efforts de la MINUSS en faveur de la désescalade des tensions dans les États de l’Unité et du Haut-Nil.  Il s’est dit préoccupé par les inondations qui continuent de frapper des milliers de personnes au Soudan du Sud.  Les États-Unis, a dit le représentant, apportent une aide d’urgence aux communautés les plus frappées.  Il a demandé au Gouvernement sud-soudanais de faire cesser les hostilités et de lancer un dialogue pour remédier aux causes des conflits.  Il a appelé les autorités soudanaises, les membres du Conseil et la communauté internationale à appuyer les efforts humanitaires de la MINUSS, pour assurer la sûreté et la sécurité du personnel de la Mission et des travailleurs de l’humanitaire et des déplacés. 

Le représentant a déclaré être déçu par les autorités sud-soudanaises qui ont prolongé la période de transition, prolongeant ainsi leur mandat au pouvoir en dépit de leurs échecs de ces quatre dernières années.  Il a estimé en effet que ces autorités ont manqué à s’acquitter pleinement des engagements pris dans le cadre de l’Accord revitalisé de 2018.  Il a regretté que les dirigeants n’aient pas reporté la ratification de la prolongation de sorte, ce qui aurait permis de montrer, par le biais d’actes et de résultats sur le terrain, que les nouveaux engagements consacrés par la feuille de route seront différents et que la situation sera différente de ce qui s’est passé ces dernières années.  Le Gouvernement n’a pas saisi la chance de travailler avec la société civile et autres parties prenantes signataires à l’Accord, ce qui aurait accru les chances de succès, a encore observé le délégué américain. 

S’agissant des violations des droits humains dans le sud de l’État de l’Unité, il a cité le rapport du Secrétaire général pour dire que le Gouvernement et les forces alliées ont mené une tactique de la terre brûlée contre les victimes, en étant responsables notamment de violences sexuelles et des viols en groupes.  Jugeant inacceptable que les femmes, les jeunes filles et les jeunes garçons soient soumis à de tels actes, il s’est dit favorable aux tribunaux mobiles.  Il a appelé le Gouvernement à enquêter sur toutes les violations des droits humains, y compris les violences liées au conflit, et à forcer les auteurs à répondre de leurs actes. 

Au nom des A3 (Gabon, Ghana et Kenya), M. HAROLD A. AGYEMAN (Ghana) s’est félicité de la mise en œuvre graduelle de l’Accord revitalisé, malgré les problèmes qui persistent.  Il a salué les parties signataires de l’Accord revitalisé qui ont dévoilé une feuille de route prorogeant de 24 mois la période de transition afin de favoriser la réalisation des principales tâches en suspens.  Afin de poursuivre sur cette voie, le représentant a prôné la mise en place d’un processus inclusif permettant une appropriation nationale de la feuille de route au moyen du dialogue avec tous les segments de la société, y compris les femmes, les jeunes et la société civile.  Il s’est également réjoui des progrès réalisés dans la mise en place des forces unifiées nécessaires, en particulier la récente remise de diplômes à plus de 20 000 membres de l’armée nationale unifiée, de la police et d’autres forces de sécurité.  Il s’agit là d’une étape clef dans le renforcement des capacités des institutions de sécurité du Soudan du Sud afin de protéger les civils et de lutter contre l’insécurité, a-t-il noté, y compris les violences intercommunautaires.  Après avoir souligné l’importance de l’appui, notamment financier, de la communauté internationale à la mise en œuvre des dispositions transitoires de sécurité, il a exhorté les dirigeants politiques à placer l’intérêt du pays au premier plan. 

Le représentant s’est dit profondément préoccupée par la réapparition de conflits intercommunautaires dans certaines parties du pays, y compris les violences à l’encontre des personnes déplacées sur l’île d’Adidiang, dans l’État du Haut-Nil, ainsi que dans les États d’Unité et de Jongleï.  Alors que les changements climatiques continuent d’exacerber une situation humanitaire déjà catastrophique, il a réitéré son appel en faveur d’une augmentation du financement international.  De même, le Gouvernement doit intensifier ses efforts afin d’assurer la protection des travailleurs humanitaires, a-t-il ajouté. 

M. DAI BING (Chine) a observé que la transition politique au Soudan du Sud en est à une nouvelle étape, avec la signature en août d’une feuille de route qui prolonge la période transitoire jusqu’en février 2025.  Cette prolongation était le bon choix à faire, étant donné la situation du pays, a estimé le représentant en souhaitant que les parties signataires parviendront à jeter des bases solides pour la tenue d’élections à la fin de la période de transition étendue.  Il s’est également félicité de la formation couronnée de succès et du prochain déploiement du premier contingent des forces unifiées nécessaires, y voyant un pas en avant dans le processus de paix.  Ces forces pourront contribuer au renforcement de la sécurité et à l’élimination de la violence, a-t-il dit en demandant un soutien continu de la communauté internationale.  Couper les vivres tout en se plaignant des retards dans la mise en œuvre de l’Accord revitalisé ne contribuera pas à créer des conditions propices à la paix, a argué le délégué en demandant au Conseil de sécurité de tenir compte des préoccupations du Soudan du Sud et de lever les sanctions pour aider le pays à améliorer ses capacités sécuritaires.  En tant que pays jeune, le Soudan du Sud accuse un grand retard dans son développement, d’où la nécessité de le soutenir, a fortiori en cette période de graves inondations et de crise humanitaire, a-t-il insisté.  La Chine a, pour sa part, fourni une aide matérielle aux forces unifiées nécessaires et contribué, avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), au programme national de DDR (désarmement, démobilisation et réintégration).  Elle continuera de fournir soutien et assistance au Soudan du Sud pour aider à la mise en œuvre de l’Accord de paix revitalisé, a-t-il assuré. 

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a constaté que des progrès sont effectivement possibles dans la mise en œuvre de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud.  Elle a ainsi salué la fin de la formation du premier contingent des forces unifiées nécessaires, tout en invitant les autorités nationales à veiller à ce que ces soldats, une fois déployés, aient accès à la nourriture et aux médicaments, et reçoivent leurs salaires régulièrement.  La représentante a également applaudi l’engagement du Gouvernement à respecter la feuille de route.  Elle l’a appelé à tirer le meilleur parti de ce qui reste du délai initial et à clarifier l’utilisation du délai supplémentaire, à compter de la prolongation.  Alors qu’il ne reste que cinq mois dans la période de transition d’origine, les dirigeants du pays doivent tenir leurs promesses, conformément au calendrier de la feuille de route, a-t-elle insisté, avant de rappeler que des progrès sont aussi attendus en matière de réforme de la gestion des finances publiques, de lutte contre la corruption, de rédaction d’une nouvelle constitution et de processus électoral.  Elle a toutefois averti que les tentatives visant à réduire au silence les militants de la société civile et les médias vont à l’encontre de l’Accord de paix et de la gouvernance démocratique.

La déléguée a ensuite déploré le niveau « inacceptable » de la violence, y compris la violence sexuelle et l’utilisation d’enfants par les forces et les groupes armés, au Soudan du Sud, notamment dans les États de l’Unité et du Haut-Nil.  Les autorités nationales doivent désamorcer ces tensions de toute urgence et lancer des enquêtes pour que les auteurs de ces crimes soient tenus responsables, a-t-elle plaidé.  Elle a par ailleurs félicité la MINUSS et ONU-Femmes pour avoir contribué à l’intégration de trois réseaux de femmes dans la police, l’armée et les services pénitentiaires, jugeant que l’intégration du genre dans la réforme du secteur de la sécurité est essentielle pour favoriser un climat de responsabilisation et promouvoir une consolidation de la paix efficace.  Enfin, alors que le pays connaît des inondations record pour la quatrième année consécutive, la représentante a souhaité que les risques sécuritaires liés au climat soient intégrés dans les efforts de gestion des ressources naturelles et de règlement des différends fonciers. 

Mme GHASAQ YOUSIF ABDALLA SHAHEEN (Émirats arabes unis) a salué l’accord concernant la feuille de route pour une fin pacifique et démocratique de la période de transition de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud.  Cet accord demeure la clef de la stabilité dans le pays, a-t-elle estimé.  Au niveau sécuritaire, elle a insisté sur l’importance de protéger les civils dans un contexte de recrudescence de la violence sexuelle à l’encontre des femmes et des enfants.  Elle a souhaité que les responsables de ces atrocités rendent des comptes.  Toutes les parties doivent poursuivre leurs efforts pour désamorcer les tensions et fortifier la confiance entre les communautés, a-t-elle ajouté.  Elle a aussi appelé à remédier aux causes profondes des défis que connaît le pays, avant de rappeler que huit millions de Sud-Soudanais sont en proie à une insécurité alimentaire aigüe.  Enfin, elle a salué l’action de la MINUSS en vue de la prévention des violences. 

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a salué la fin de la formation d’un contingent de 21 000 membres des forces unifiées nécessaires, ainsi que de l’établissement de l’Assemblée législative nationale provisoire reconstituée et de l’accord conclu entre le Président Salva Kiir et le Vice-Président Riek Machar sur la participation de l’ensemble des parties à l’accord de paix dans la gouvernance des zones administratives.  Il s’est également félicité de la prorogation de la période de transition jusqu’en février 2025.  Il a appelé le Gouvernement du Soudan du Sud à redoubler d’efforts en vue d’un accord sur une feuille de route permettant d’ouvrir la voie à l’organisation d’élections libres, équitables et crédibles.  Les préoccupations concernant les finances publiques et la corruption doivent également être réglées en priorité. 

Préoccupé par la situation humanitaire, notamment par le risque de famine, le représentant a engagé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour soutenir le Soudan du Sud.  De même il s’est préoccupé des affrontements qui ont affecté des milliers de civils dans l’État du Haut-Nil.  Après avoir pris note de l’amélioration de la communication entre la MINUSS et le Gouvernement et salué la création d’un ministère de la consolidation de la paix, le délégué a rappelé que l’Inde est un des principaux pays contributeurs de troupes à la MINUSS avec 2 300 militaires actuellement mobilisés pour une mission dirigée par un Indien pour la deuxième fois consécutive. 

Mme CÁIT MORAN (Irlande) a réaffirmé le soutien de l’Irlande au processus de paix, notant que la feuille de route constitue une étape importante et que sa mise en œuvre est essentielle et urgente.  Elle a appelé les dirigeants du Soudan du Sud à travailler ensemble, dans un esprit de compromis, pour respecter l’application de l’accord de paix.  Elle a souligné que les progrès sur le plan électoral et constitutionnel seraient essentiels au succès de la paix dans le pays et a appelé les autorités à inclure la société civile et l’ensemble du peuple du Soudan du Sud, en donnant aux femmes une pleine participation dans ce processus.  Elle s’est également félicitée de la récente formation de 21 000 forces de sécurité, notant que la pleine application du plan de développement d’une force de sécurité nationale est nécessaire et que les conditions dans les camps militaires doivent être améliorées.

La représentante a condamné les rapports persistants de violences et de violations des droits humains et du droit international humanitaire, y compris les violences sexuelles et basées sur le genre.  Soulignant que le Soudan du Sud fait face à sa pire crise humanitaire depuis son indépendance, elle a appelé les autorités de l’État à garantir l’accès humanitaire pour combattre l’insécurité alimentaire et la malnutrition, et a demandé à tous les acteurs de protéger les travailleurs humanitaires et les ressources contre les attaques, menaces et pillages, jugeant la mort de cinq travailleurs humanitaires cette année inacceptable.  Elle a rappelé que cette situation humanitaire est exacerbée par les conséquences des inondations et autres événements climatiques, indiquant que le Ministre irlandais de l’aide étrangère au développement s’est rendu à Bentiu, dans l’État d’Unité, le mois dernier, où il a été témoin des effets dévastateurs des changements climatiques et des effets conjugués des chocs climatiques et des conflits, qui causent d’importants déplacements et menacent la stabilité.  Elle a exhorté le Conseil à reconnaître les risques sécuritaires relatifs au climat dans ses travaux et a réitéré son soutien au conseiller sur le climat et la sécurité au Soudan du Sud.

M. ARIAN SPASSE (Albanie) a félicité les parties signataires sud-soudanaises d’être convenues d’une feuille de route qui prolonge la période de transition de 24 mois.  Il faut maintenant s’efforcer d’achever le déploiement des forces unifiées nécessaires, a-t-il recommandé, « parce que le temps presse ».  Le représentant a exhorté le Gouvernement à s’engager de manière significative avec la société civile et les autres parties prenantes afin de maintenir une action soutenue dans la mise en œuvre de la feuille de route.  Préoccupé par les affrontements et les vols de bétail dans l’État de l’Unité, dans celui du Haut-Nil et dans d’autres régions, le délégué a encouragé les parties à mettre fin aux combats.  Le Gouvernement doit assurer la protection des civils et enquêter sur les violations des droits humains et du droit international humanitaire, en particulier celles commises par les forces gouvernementales et les milices alliées, a-t-il plaidé. 

Le représentant s’est étonné de l’augmentation de 218% des violences sexuelles liées aux conflits entre avril et juin.  Il a appelé à la reddition de la justice et à la fin de l’impunité.  Il a aussi demandé la mise en œuvre accélérée du plan d’action des forces armées sur la lutte contre la violence sexuelle liée aux conflits.  Enfin, il a exhorté les parties à protéger les civils et à assurer l’acheminement de l’aide humanitaire, condamnant les attaques contre les travailleurs humanitaires et leurs biens.  Les auteurs de ces attaques doivent être traduits en justice, a-t-il insisté. 

M. JOãO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a d’abord exhorté les parties à l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud à percevoir la feuille de route comme une « incitation à mettre en œuvre les clauses de l’accord ».  Saluant le « déploiement proactif par la MINUSS » au Soudan du Sud, le délégué s’est néanmoins alarmé des violences dans l’État de l’Unité, dans l’État du Haut-Nil ainsi que des viols commis dans de nombreuses régions du Soudan du Sud, appelant les autorités sud-soudanaises à des réactions « plus audacieuses ».  Le délégué s’est en outre inquiété de la situation humanitaire du pays, rappelant qu’il était craint que les deux tiers de la population soient confrontés à l’insécurité alimentaire et la malnutrition.  Il a ainsi appelé à une augmentation des fonds alloués à l’aide humanitaire, dans ce pays des plus dangereux au monde pour les travailleurs humanitaires.  Le représentant, enfin, a rappelé la participation de son pays à la MINUSS, via la présence du chef d’état-major de la force brésilienne.  Elle est pour lui le « gage » de l’engagement de Brasilia « à promouvoir une paix durable au Soudan du Sud ». 

Mme ELENA CURZIO VILA (Mexique) s’est félicitée de la signature de la feuille de route prorogeant la période de transition jusqu’en février 2025, en espérant que le Gouvernement du Soudan du Sud profitera de cette période pour réaliser des progrès tangibles.  De telles avancées sont essentielles pour mettre en place un processus inclusif, avec la participation de toutes les parties, y compris l’opposition, la société civile ainsi que les groupes de femmes et de jeunes.  Toutefois, la situation sécuritaire demeure une source de préoccupation, a-t-elle noté, notamment la hausse des violences intercommunautaires, y compris les attaques menées contre le centre pour personnes déplacées d’Adidiang.  La représentante a dit espérer que la récente remise de diplômes au premier groupe des forces unifiées nécessaires permettra au Gouvernement de prendre les mesures qui s’imposent pour protéger les civils et prévenir l’escalade de la violence.  Alors que la MINUSS et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme continuent de signaler des abus et de graves violations des droits humains, la déléguée a exhorté les autorités du Soudan du Sud à prendre des mesures immédiates pour mettre fin à la violence envers la communauté humanitaire.  Elle a dénoncé à cet égard l’imposition de droits de douane et de taxes sur les marchandises destinées à la MINUSS. 

Mme CAROLINE QUINN (Royaume-Uni) a réaffirmé que l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud reste le meilleur moyen d’instaurer la paix et la stabilité dans le pays.  Saluant à cet égard la décision de la Commission mixte de suivi et d’évaluation reconstituée de prolonger la période de transition, elle a appelé le Gouvernement à respecter les engagements pris dans le cadre de la feuille de route et à intégrer la société civile au processus.  Elle l’a également exhorté à consacrer des ressources suffisantes à la mise en œuvre de l’Accord revitalisé, qui reste selon elle trop lente, malgré la fin de la formation des premiers hommes des forces unifiées nécessaires.  Elle a donc encouragé le Gouvernement à indiquer s’il a besoin de soutien, notamment de la MINUSS, pour atteindre les objectifs fixés.  Dans ce contexte, la déléguée s’est déclarée préoccupée par le niveau élevé de violence dans le pays, faisant état de violences sexuelles généralisées et de violations des droits humains.  Dénonçant les attaques menées dans le comté de Mayom et les exécutions extrajudiciaires perpétrées dans l’État de l’Unité, elle a salué la formation d’une commission spéciale chargée d’enquêter sur ces affaires.  Elle a également condamné la violence en cours dans l’État du Haut-Nil, avant de souligner les efforts déployés par la MINUSS pour protéger les civils.  La représentante a cependant réitéré qu’il est de la responsabilité du Gouvernement de protéger ses citoyens, de même qu’il doit offrir un accès sûr et sans entrave aux organisations humanitaires. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a salué les efforts de stabilisation de la MINUSS, ainsi que l’accord concernant la feuille de route pour une fin pacifique et démocratique de la période de transition de l’Accord revitalisé.  Elle a souligné l’importance que revêt la constitution d’une armée unie au Soudan du Sud, avant de plaider pour un assouplissement des sanctions prises contre ce pays.  La déléguée s’est dite vivement préoccupée par les violences perpétrées contre les civils dans l’État d’Unité, avant de saluer les efforts de médiation de l’Union africaine et de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).  La tâche essentielle de la MINUSS et de contribuer à la stabilisation du pays et d’apporter un appui aux autorités sud-soudanaises, a noté la déléguée, en rappelant que les questions relatives aux droits humains et à la lutte contre la corruption sont la compétence de Djouba.

Mme ISIS MARIE DORIANE JARAUD-DARNAULT (France) a d’emblée appelé à accélérer la mise en œuvre de l’Accord de paix revitalisé.  Prenant note de l’extension de la période de transition pour deux années supplémentaires, elle a constaté que cette décision était devenue inéluctable puisqu’il était irréaliste de tenir les élections d’ici à la fin de l’année.  Elle a également salué l’adoption de la feuille de route, qui, selon elle, définit des échéances claires en matière d’arrangements sécuritaires, de processus constitutionnel et de préparation de futures élections.  Pour la représentante, l’intégration de 21 000 combattants dans les forces de sécurité est un autre pas important, le but étant d’intégrer l’ensemble des combattants issus des groupes armés signataires et de les déployer sur le terrain.  S’agissant de la mise en œuvre de la feuille de route, elle a encouragé les autorités à allouer les ressources budgétaires nécessaires et à mettre en place le cadre législatif et constitutionnel prévu par l’Accord de paix revitalisé.  La participation de la société civile, en particulier des femmes et des jeunes, sera décisive pour la crédibilité du processus de paix, a-t-elle souligné, avant de s’alarmer des restrictions aux libertés d’expression et de réunion.  À cet égard, les travaux engagés pour circonscrire les attributions des forces de sécurité doivent être finalisés dès que possible, a plaidé la déléguée. 

Réitérant son soutien aux mécanismes de suivi de l’Accord de paix et du cessez-le-feu, mis en place sous l’égide de l’IGAD, la représentante a ensuite appelé les autorités à remplir leurs prérogatives pour protéger les civils et les travailleurs humanitaires.  Alors que la MINUSS vient de produire un rapport qui établit les faits et les responsabilités concernant les atrocités commises entre février et mai dans l’État de l’Unité, elle a souhaité que les auteurs de ces violences soient traduits en justice et sanctionnés par le Conseil de sécurité.  Elle a également enjoint les autorités à reprendre la coopération engagée avec la MINUSS, rappelant qu’elle a produit des résultats encourageants par le passé.  Elle a enfin indiqué que, face à l’urgence, l’Union européenne a augmenté son assistance humanitaire au Soudan du Sud, en la portant à 77,2 millions d’euros en 2022, ce qui vient s’ajouter aux 208 millions d’euros d’aide pour la coopération au développement prévus jusqu’en 2024. 

M. AKUEI BONA MALWAL (Soudan du Sud) a remercié le Secrétaire général d’avoir compris la nécessité de la nouvelle feuille de route et de la prolongation de deux ans de la période intérimaire de l’application de l’accord de paix.  Il a prié les partenaires qui ont retiré leur financement par frustration de reconsidérer leur décision.  La nouvelle feuille de route et l’extension étaient inévitables car beaucoup reste à mettre en œuvre dans l’accord, a justifié le représentant.  Cette feuille de route donne aux signataires une autre chance d’appliquer sérieusement, au cours des deux prochaines années, toutes les dispositions et tous les chapitres de l’accord, a-t-il poursuivi.  Elle donne à l’ensemble de la communauté internationale une autre chance de se réengager afin d’éviter de gaspiller la prolongation de deux ans comme les trois dernières années.

Selon lui, le Président Salva Kiir Mayardit a saisi cette occasion pour appeler les parties récalcitrantes à rentrer dans le pays et à se joindre au processus de rétablissement de la paix.  Sans l’aide de la communauté internationale, les parties signataires ne pourront pas surmonter les défis qui ont ralenti la mise en œuvre en temps voulu de la paix au cours des trois dernières années, a-t-il prévenu.  Cette feuille de route est une autre occasion pour la communauté internationale de s’impliquer davantage en aidant le processus de paix à se terminer avec succès en février 2025, a promis le représentant qui a attiré l’attention de la communauté internationale, y compris les ONG nationales et internationales, pour qu’elle vienne au secours du Soudan du Sud frappé par une calamité naturelle qui touche actuellement la majorité des Sud-Soudanais.  Cette année, la plupart des dix États du Soudan du Sud sont submergés, a-t-il rappelé en faisant référence aux nouvelles inondations qui ont aggravé la situation causée par les eaux de crue de l’an dernier qui ne se sont pas complètement asséchées. 

 

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