9152e séance – matin
CS/15062

Face au non-renouvellement de la trêve au Yémen, les membres du Conseil de sécurité expriment leur déception et appellent à la poursuite du dialogue

Les membres du Conseil de sécurité ont affiché leur déception ce matin, face à la non-reconduction de la trêve au Yémen, qui a pris fin le 2 octobre, faute d’accord entre les parties au conflit sur le projet de reconduction et d’extension que leur avait présenté l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Hans Grundberg.  Tout en notant que les hostilités n’avaient pas repris depuis la fin officielle de la trêve, ce dernier a averti que, « si le cercle vicieux de la guerre venait à reprendre », il présenterait un risque pour toute la région. 

M. Hans Grunberg, qui faisait son exposé par vidéoconférence, a expliqué avoir soumis une proposition révisée, le 1er octobre, pour satisfaire aux demandes des parties concernées.  Cette proposition prévoyait la cessation de toute opération offensive; l’établissement d’un comité de coordination militaire renforcé et d’un mécanisme transparent pour le versement des salaires des fonctionnaires; l’ouverture de la route de Taëz et de l’aéroport de Sanaa; et la libre circulation en provenance et à destination du port de Sanaa.  M. Grundberg a surtout mis en exergue l’importance de la reprise d’un processus « dirigé par les Yéménites, sans exclusivité ». 

L’Envoyé spécial a regretté le refus opposé à cette proposition par les houthistes d’Ansar Allah, en rappelant que les six mois de trêve avaient constitué la période la plus calme depuis le début du conflit.  Il a toutefois reconnu que les parties avaient « fait montre de retenue », car aucune escalade militaire de grande ampleur n’avait été observée depuis la fin de la trêve. 

Ceci a été confirmé par la Sous-Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, Mme Joyce Msuya, qui se trouve actuellement à Hodeïda.  Présente depuis six jours au Yémen où, a-t-elle expliqué, elle a eu l’occasion de s’entretenir avec des dizaines de personnes, dont des déplacés, aussi bien à Hodeïda qu’à Aden, Mareb et Sanaa, Mme Msuya a exhorté les parties à éviter toute escalade de la violence et à dialoguer avec l’Envoyé spécial pour convenir d’une trêve prolongée et élargie.  Elle a aussi évoqué les terribles dangers qui guettent les civils: les mines terrestres, les engins explosifs improvisés et les munitions non explosées, qui ont tué ou blessé 70 civils rien qu’en septembre. 

La Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence a aussi témoigné de l’impact de la détérioration de l’économie et de l’effondrement des services de base, « principaux moteurs » des besoins de la population.  Elle a sollicité un soutien substantiel de la part des donateurs, des acteurs du développement et des institutions financières internationales pour répondre aux besoins humanitaires.  À cet égard, Mme Msuya a jugé essentiel de préserver le flux continu des importations commerciales.  Mme Msuya a fait part des dernières estimations en date, selon lesquelles 17 millions de personnes seront confrontées à une insécurité alimentaire aiguë au cours du prochain trimestre, soit 2 millions de moins qu’en début d’année.  Elle a parlé à ce propos de réalisation majeure, d’autant plus que le nombre estimé de personnes vivant dans des conditions proches de la famine devrait passer de 161 000 personnes à zéro.  Elle a précisé que l’appel humanitaire lancé en début d’année avait reçu 2 milliards de dollars, dont plus de la moitié a été fournie par les États-Unis, mais qu’il n’était encore financé qu’à 48%. 

Cette trêve, a fait observer l’Envoyé spécial, n’a toutefois jamais été une fin en soi, mais une occasion de favoriser les discussions entre les parties pour avancer vers la paix.  Il a expliqué qu’il revenait de visites à Abou Dhabi et Mascate, où il a débattu avec les voisins du Yémen.  Il est essentiel de ne pas manquer cette occasion, a-t-il dit, et les parties doivent faire preuve de souplesse.  Leur devoir est de répondre aux besoins et attentes des Yéménites, a-t-il insisté, avant d’ajouter que la position unie du Conseil de sécurité sur le renouvellement et l’élargissement de la trêve avait démontré l’urgence pour les parties de parvenir à un nouvel accord. 

Il n’existe pas de solution militaire au conflit, ont déclaré les membres du Conseil, qui ont tous regretté la non-reconduction de la trêve, dont ils ont, pour la grande majorité, imputé la responsabilité aux houthistes.  Les États-Unis ont exigé des milices houthistes qu’elles cessent leurs discours provocateurs, tout incident présentant le risque de conséquences majeures pour l’avenir du pays.  La France les a exhortées à « cesser leurs demandes maximalistes qui ne les mèneront nulle part » et appelé à « la libération immédiate, sans préconditions » du personnel de l’ONU et humanitaire qu’ils détiennent. 

Si elle a commencé par affirmer que le rejet de la responsabilité de la situation sur une seule partie du conflit n’aidera pas à y mettre fin, la Fédération de Russie a elle aussi estimé que la tâche principale à ce stade était d’empêcher une escalade militaire à grande échelle, afin d’éviter la catastrophe politique et humanitaire que provoquerait une reprise des hostilités.  Évoquant la déclaration à la presse du Conseil du 5 octobre, la Chine a invité les parties impliquées à donner de l’espace au processus politique par le biais du dialogue et de consultations.  Seul un dialogue politique de bonne fois entre Yéménites pourrait permettre une sortie de crise, a appuyé l’Inde.  Une fois de plus, c’est aux parties, y compris Ansar Allah, de s’y engager de bonne foi, tout en évitant de nouvelles escalades, a ajouté le Kenya. 

Mais les Émirats arabes unis ont dit ne pas être surpris par le refus des milices houthistes de prolonger la trêve, et ont encouragé le Conseil à contraindre les houthistes à en accepter la prolongation.  Le représentant du Yémen a, quant à lui, dénoncé les conditions « inatteignables » posées par des houthistes qui, a-t-il rappelé, refusent de lever le siège de Taëz.  Et son homologue de l’Arabie saoudite a dénoncé les agissements hostiles d’un groupe qui, a-t-il rappelé, a été qualifié de « terroriste » il y a quelques mois par le Conseil lui-même dans sa résolution 2624 (2022).  Il a incité le Conseil à boycotter ce groupe et à assécher ses sources de financement. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. HANS GRUNDBERG, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, qui est intervenu par visioconférence, a rappelé qu’il y a 6 mois et demi, le 2 avril, une trêve nationale était entrée en vigueur et avait représenté, après 8 années de conflit, une accalmie.  Cependant, à l’échéance du 2 octobre, les parties n’avaient toujours pas trouvé un accord sur sa prolongation.  L’Envoyé spécial a ensuite brièvement présenté ses efforts visant à renouveler la trêve en l’élargissant et en accélérant le dialogue entre les parties impliquées dans le conflit.

M. Grundberg a expliqué avoir soumis une proposition révisée, le 1er octobre, pour satisfaire les demandes des parties concernées, qui prévoyait la cessation de toute opération offensive, l’établissement d’un comité de coordination militaire renforcé et d’un mécanisme transparent pour le versement des salaires des fonctionnaires, l’ouverture de la route de Taëz et de l’aéroport de Sanaa, et la circulation en provenance et à destination du port de Sanaa.  M. Grundberg a surtout mis en exergue l’importance de la reprise d’un processus « dirigé par les Yéménites, sans exclusivité ».

L’Envoyé spécial a jugé « déplorable » que les parties ne soient pas tombées d’accord au sujet de l’élargissement de la trêve.  Il a salué la coopération du Gouvernement du Yémen mais a regretté le refus des houthistes d’Ansar Allah.  M. Grundberg a néanmoins admis que les parties avaient « fait montre de retenue », car aucune escalade militaire de grande ampleur n’a été observée depuis la fin de la trêve, à part quelques tirs sporadiques dans différentes villes.  Il a remercié la Jordanie pour son soutien indéfectible et ses efforts de facilitation du processus.

L’Envoyé spécial a ensuite exhorté les parties au respect et à l’application des modalités de la trêve, qui ont « largement profité aux Yéménites », car la trêve a rendu possible la période la plus calme depuis le début du conflit.  Il  s’est félicité que 56 vols aient permis de transporter près de 27 000 passagers et facilité l’acheminement de l’aide humanitaire, en particulier médicale.  D’autre part, le flux de transport de carburant a plus que triplé par rapport à 2021.

La trêve n’a jamais été une fin en soi, mais une occasion de favoriser les discussions entre les parties pour avancer vers la paix, a commenté M. Grundberg, en souhaitant son renouvellement.  Dans le cas contraire, une résurgence de la guerre serait synonyme de souffrances accrues pour la population, et les femmes seront, comme d’habitude, les premières victimes, a-t-il averti, ajoutant que, « si le cercle vicieux de la guerre venait à reprendre », il existerait un risque pour toute la région.

L’Envoyé spécial a expliqué qu’il revenait de visites à Abou Dhabi et Mascate, où il a débattu avec les voisins du Yémen.  Il est essentiel de ne pas manquer cette occasion, et les parties doivent faire preuve de souplesse pour arriver à la trêve.  Le devoir des parties est de répondre aux besoins et attentes des Yéménites, a-t-il insisté.  La position unie du Conseil de sécurité sur le renouvellement et l’élargissement a montré que les parties doivent arriver, de toute urgence, à un accord, a enfin souligné M. Grundberg.

Mme JOYCE MSUYA, Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, s’exprimant en visioconférence depuis Hodeïda, a expliqué se trouver au Yémen depuis six jours.  Elle a pu visiter Aden, Mareb Sanaa et Hodeïda et a pu rencontrer des dizaines de personnes qui lui ont raconté leur vie, notamment des femmes qui craignent pour leur sécurité et des déplacés dont le plus grand souhait -rentrer chez eux- reste insatisfait depuis des années.  Ces mêmes personnes lui ont également parlé de leurs espoirs pour l’avenir, pas seulement pour eux-mêmes, mais pour leurs communautés et leur pays.

Sur le plan sécuritaire, Mme Msuya a confirmé les propos de l’Envoyé spécial sur l’absence « d’intensification significative » des affrontements depuis l’expiration de la trêve le 2 octobre.  Pour autant, elle continue d’exhorter les parties à éviter toute escalade de la violence et à dialoguer avec l’Envoyé spécial pour convenir d’une trêve prolongée et élargie.  En outre, bien que le conflit n’ait pas repris, les civils sont toujours confrontés à de terribles dangers.  Les mines terrestres et autres engins explosifs ont continué d’être « la principale » cause de victimes civiles.  En septembre, 70 civils auraient été tués ou blessés par des mines terrestres, des engins explosifs improvisés et des munitions non explosées.

La détérioration de l’économie et l’effondrement des services de base continuent d’être « les principaux moteurs » des besoins de la population, a précisé Mme Msuya.  Elle a dit avoir été « témoin de première main » de l’impact de ces tendances.  « J’ai vu des marchés avec de la nourriture et des produits de base, mais à des prix que la plupart des gens ne peuvent tout simplement pas se permettre », a-t-elle expliqué.  « J’ai visité des hôpitaux et des écoles qui manquent d’équipements de base et j’ai rencontré des médecins et des enseignants qui ne sont pas assez payés, voire pas du tout. »

Dans ce contexte, a poursuivi la Sous-Secrétaire générale, les acteurs humanitaires font de leur mieux pour répondre aux besoins les plus urgents.  Mais nous ne pouvons le faire seuls, a-t-elle ajouté, pas plus que ne pouvons remplacer les autres dans leurs rôles.  Un soutien substantiel de la part des donateurs, des acteurs du développement et des institutions financières internationales est « nécessaire » pour inverser cette tendance et tracer la voie à suivre.  De la même manière, il est « essentiel » de préserver le flux continu des importations commerciales, car des millions de personnes continuent de dépendre de l’aide humanitaire.

Mme Msuya a également déclaré que, selon de nouvelles estimations qui seront publiées demain, 17 millions de personnes seront confrontées à une insécurité alimentaire aiguë au cours des trois derniers mois de cette année.  Bien qu’il s’agisse d’un nombre encore alarmant, il s’agit de 2 millions de personnes de moins que les projections précédentes.  Le nombre estimé de personnes vivant dans des conditions proches de la famine devrait passer, lui, de 161 000 personnes à zéro.  C’est une réalisation majeure.  Mais la situation mondiale de la sécurité alimentaire reste fragile, et nous ne pouvons pas laisser ces acquis et d’autres être gaspillés.

Pour ce faire, nous avons besoin du soutien continu des donateurs, a plaidé la Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence.  L’appel humanitaire a reçu jusqu’à présent 2 milliards de dollars, dont plus de la moitié a été fournie par un seul donateur, les États-Unis, a-t-elle précisé.  En dépit de cette « contribution généreuse », l’appel n’est financé qu’à 48%, a-t-elle dit, ajoutant espérer d’autres financements.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a regretté que la trêve au Yémen n’ait pu être prolongée après six mois de paix relative, les nouvelles demandes présentées par les houthistes ayant entravé la capacité de l’Envoyé spécial à négocier un accord.  Le Royaume-Uni exhorte les parties à revenir à la table des négociations, le refus de prolonger la trêve menaçant d’anéantir les fondements d’un règlement de paix négocié.  La résolution de cette terrible guerre en dépend, a martelé le représentant, qui a ajouté que la porte pour une trêve prolongée restait ouverte et appelé toutes les parties à éviter toute provocation.  Mettre un terme à la trêve aurait un coût énorme, avant tout pour le peuple yéménite, a averti le représentant, invitant les parties à continuer sur la voie d’une paix durable.

M. RICHARD MILLS (États-Unis) a regretté que le Yémen s’éloigne de la paix à cause des actions et des déclarations des milices houthistes, qui constituent un véritable affront à la communauté internationale.  Le représentant a appelé à continuer de verser des salaires au personnel de santé yéménite, à maintenir une éducation aux enfants, à faciliter l’importation de denrées via le port de Hodeïda, conformément aux modalités de la trêve précédente, ainsi qu’à augmenter la fréquence des vols commerciaux, pour que les Yéménites puissent voir leurs proches.

Saluant les efforts du Gouvernement et de l’Arabie saoudite pour prolonger la trêve, le représentant a invité les houthistes à faire de même pour protéger la population « avant qu’il ne soit trop tard ».  Il n’existe pas de solution militaire à ce conflit, a-t-il insisté, un accord de paix pérenne est la seule voie pour éviter que la crise humanitaire s’aggrave.  Regrettant que les houthistes n’entendent pas les appels à paix, le représentant a salué l’engagement des pays de la région, en particulier Oman et l’Arabie saoudite.  Les milices houthistes doivent cesser leurs discours de provocation, tout incident présentant le risque de conséquences majeures pour l’avenir du pays, a-t-il répété.

Saluant les progrès accomplis au sujet du pétrolier SAFER, le représentant a remercié les bailleurs de fonds qui ont permis d’éviter, jusqu’à présent, une catastrophe humanitaire et écologique.  Les États-Unis, qui a alloué 10 millions de dollars pour régler la situation, ont appelé toutes les parties à contribuer avant que les conditions climatiques ne rendent les opérations trop risquées.

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a déclaré que le Yémen est à un moment critique.  Le rejet de la proposition de d’élargissement de la trêve de l’Envoyé spécial par les houthistes n’est toutefois pas étonnante puisque ce n’est pas la première fois qu’ils opposent leur refus à des tentatives de conciliation, a accusé le représentant, rappelant que les houthistes avaient aussi menacé d’attaquer des cibles clefs au Yémen et dans les pays voisins, et sur les voies maritimes dans la mer Rouge, entre autres.

L’expérience des Émirats arabes unis ne laisse aucun doute sur le nom de la partie qui s’oppose à la paix et utilise des prétextes futiles pour poursuivre la guerre, a poursuivi le représentant.  Il a appelé les houthistes à lever le siège sur Taëz, à faciliter le versement des salaires des fonctionnaires, à s’abstenir de recruter des enfants pour les combats et à cesser de retarder les progrès sur la voie d’une solution pacifique.  Le Conseil devrait contraindre les houthistes à accepter la prolongation de la trêve, qui a apporté un certain sentiment de tranquillité aux Yéménites au cours des derniers mois, a-t-il estimé.

Il incombe au Conseil de veiller à une riposte ferme et de continuer à imposer un embargo sur les armes, a poursuivi le représentant.  Il a réitéré son appui aux efforts visant à faire revenir la stabilité au Yémen.  L’insistance des houthistes à poursuivre les combats ne fera qu’aggraver la situation et l’inflation, ainsi que l’imposition du paiement de taxes par la population, a-t-il affirmé.  Il a aussi dénoncé l’entrave à l’assistance humanitaire et appelé au déploiement d’efforts conjoints pour la fourniture d’une assistance économique et humanitaire.

Mme RUCHIRA KAMBOJ (Inde) a dit sa déception de voir les parties yéménites refuser l’extension de la trêve, alors que l’on avait vu les apports positifs de la trêve des six derniers mois.  À défaut, les parties doivent préserver l’esprit et les acquis de la trêve et éviter toute escalade de violence, a-t-elle demandé.  À cet égard, la déléguée a dit apprécier la coopération du Gouvernement yéménite avec l’Envoyé spécial du Secrétaire général.  Elle a exhorté les autres parties à en faire autant.  L’Inde, reste en outre d’avis que seul un dialogue politique entre Yéménites peut permettre de sortir de la crise qui secoue le pays depuis des années, a-t-il dit.  Tous doivent s’y engager de bonne foi, a dit la représentante. 

M. GENG SHUANG (Chine) a rappelé que la trêve de six mois était une lueur d’espoir pour la population du Yémen, qui, avec la communauté internationale s’attendait à une prolongation et à l’élargissement de la trêve ainsi qu’à la reprise du processus politique.  Il a regretté que, malgré les efforts déployés par l’Envoyé spécial, le Gouvernement yéménite et les pays de la région tels que l’Arabie saoudite et Oman, cet objectif n’ait pas pu se concrétiser.  La priorité, a dit le délégué, doit être de préserver la situation qui est relativement stable sur le terrain.  Il a appelé les parties à agir dans l’intérêt de la population, à faire montre de retenue, à éviter toute mesure unilatérale ou provocation qui entraînerait une escalade.  Il a demandé de donner de l’espace au processus politique, invitant les parties yéménites à poursuivre le dialogue et les consultations.  Le représentant a salué les efforts inlassables de l’Envoyé spécial pour restaurer la trêve.  Citant le récent communiqué de presse du Conseil de sécurité qui appelle à reprendre les négociations, il a espéré que cet appel sera entendu.  Le délégué a appelé toutes les parties, ayant une influence, à fournir une assistance constructive pour garantir le règlement pacifique de la situation.  Sur le plan humanitaire, il a déploré que plusieurs opérations soient sous-financées et, dès lors, demandé suffisamment de financement pour garantir l’assistance de l’ONU.  Concernant le pétrolier SAFER, il a espéré que le projet qui a démarré pourra être mis en œuvre dans sa totalité.

Pour M. VADIM S. KIRPICHENKO (Fédération de Russie), la tâche principale à ce stade est d’empêcher une escalade militaire à grande échelle: une reprise des hostilités conduirait à une catastrophe politique et humanitaire.  Les membres du Conseil doivent donc faire tout ce qui est en leur pouvoir pour persuader les parties yéménites de poursuivre le dialogue sur les questions les plus urgentes, même en l’absence d’un accord de cessez-le-feu écrit. 

Rejeter la responsabilité de la situation sur une seule partie du conflit n’aidera pas à y mettre fin, a prévenu le représentant.  Appelant les parties yéménites à faire preuve de la plus grande retenue et à travailler de manière constructive avec l’Envoyé spécial pour éviter les provocations, la Fédération de Russie, pour sa part, continuera à apporter une aide importante à la médiation onusienne, en restant en contact avec les principales forces politiques et en les incitant au compromis.  « Seuls des pourparlers directs entre les autorités officielles yéménites et Ansar Allah permettront de faire avancer le processus », a estimé le représentant. 

Si les combats ont repris dans un certain nombre de provinces yéménites, ils sont pour l’instant restés localisés, a encore noté le représentant, pour qui la situation sur le terrain est en tout cas meilleure qu’avant l’annonce initiale de la trêve et laisse à penser que les parties n’écartent pas l’idée de retourner définitivement à la table des négociations. 

Citant les nombreux avantages du cessez-le-feu pour les Yéménites ordinaires -approvisionnement en carburant par les ports de Hodeïda, maintien de liaisons aériennes commerciales avec Sanaa, vie quotidienne facilitée pour le peuple yéménite– le représentant a néanmoins rappelé que la situation humanitaire dans le pays demeurait extrême, notamment dans la ville de Taëz.  « Toutes les restrictions à l’acheminement de l’aide humanitaire et l’obstruction du travail des travailleurs humanitaires sont inacceptables », a-t-il ajouté.

M. ENRIQUE JAVIER OCHOA MARTÍNEZ (Mexique) a déploré le non-renouvellement de la trêve pourtant susceptible d’ouvrir la voie vers la construction de la paix.  Il a invité les parties à retourner à la table des négociations.  Le flux d’importations de carburant vers le port de Hodeïda ainsi que la reprise des vols commerciaux à l’aéroport de Sanaa ont apporté un répit et permis aux familles de voir leurs proches et de vaquer à leurs occupations, s’est félicité le représentant.  Il a exhorté les États qui ont une influence sur les parties à persuader Ansar Allah d’accepter la proposition de trêve élargie.  Toutes les parties devraient aussi s’abstenir de toute violence, a-t-il exhorté, en soulignant que le conflit ne se règlera pas par les armes.  Sans la cessation des hostilités, il ne sera pas possible de réaliser le développement, a-t-il insisté en priant les parties de garantir l’acheminement de l’assistance humanitaire.  Le Mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies a été essentiel pour le transport du carburant et des biens de première nécessité, a également salué le délégué qui a ensuite pris note du plan opérationnel pour résoudre le problème du pétrolier SAFER.  Il a conclu que la trêve reste une plateforme pour parvenir à une solution politique dirigée par les Yéménites. 

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a déploré la non-prolongation d’une trêve qui avait apporté des succès.  Tous les acquis seront perdus si celle-ci n’est pas prolongée, a prévenu le représentant, appelant les parties à y parvenir.  Il a estimé que seul un dialogue politique et des négociations inter-yéménites peuvent permettre de sortir de la crise.  Une fois de plus, c’est aux parties, y compris Ansar Allah, de s’y engager de bonne foi, tout en évitant de nouvelles escalades, a-t-il recommandé.  Sur le plan humanitaire, le délégué a dit partager la position de Mme Msuya, selon qui les acteurs humanitaires ne peuvent pas tout faire, tout seuls.  Il faut un appui international, a-t-il demandé en appelant aussi les houthistes à tout faire pour répondre aux besoins humanitaires dans les zones qu’ils contrôlent.  Le Kenya espère que les bailleurs de fonds respecteront leurs engagements et que l’appel humanitaire sera financé à la hauteur des besoins, a conclu le représentant. 

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) s’est dit soulagé qu’il n’y ait pas eu de confrontation de grande ampleur jusqu’ici au Yémen mais s’est inquiété des escarmouches entre houthistes et forces gouvernementales, qui ont fait de nombreuses victimes.  Disant déplorer la situation, le représentant a prié instamment les parties de reprendre de toute urgence les négociations en faisant preuve de bonne foi.  Il est toujours mieux de préférer le compromis au conflit, et la coopération à la rivalité, afin d’entamer ainsi un nouveau chapitre pour le Yémen avec des résultats plus tangibles que ceux des derniers mois, a-t-il fait valoir.  Une prolongation de la trêve serait l’occasion de parvenir à un règlement politique inclusif, général et dirigé par les Yéménites sous l’égide de l’ONU, a conclu le représentant, invitant toutes les parties à persévérer. 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a déploré la non-prolongation de la trêve, avant d’appeler toutes les parties prenantes, en particulier les pays et les organisations régionales ayant de l’influence à faire en sorte que cette trêve soit prolongée.  Il a également déclaré que les négociations doivent se poursuivre.  Pour cette raison, il a encouragé l’Envoyé spécial à continuer à les soutenir en dépit du « revers » de ces derniers temps.  Il a dit apprécier la coopération du Gouvernement yéménite avec M. Grundberg et déploré les exigences maximalistes des houthistes.  Sur le volet humanitaire, le représentant a appelé à un soutien international pour aider le Yémen et éviter la famine qui menace le pays.  Il faut faire davantage pour combler les besoins humanitaires et faire en sorte que l’aide alimentaire parvienne à ceux qui en ont besoin, a-t-il conclu.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a dit regretter profondément le non-renouvellement de la trêve, une occasion manquée pour les parties de s’entendre sur une cessation des hostilités, et surtout une occasion manquée pour le peuple yéménite, qui subit ce conflit meurtrier depuis huit ans.

Pointant la responsabilité des houthistes dans le blocage, leurs menaces sur la sécurité régionale et maritime qui constituent des provocations au moment même où des discussions constructives sont nécessaires, le représentant a toutefois estimé qu’il n’était pas trop tard pour parvenir à un accord.  Il a réitéré son appel à un cessez-le-feu national durable et exhorté les houthistes à « cesser leurs demandes maximalistes qui ne les mèneront nulle part ».

L’instabilité sur le terrain et la dégradation de la situation économique et sécuritaire rendent la population civile yéménite encore plus vulnérable qu’elle ne l’est déjà, a poursuivi M. de Rivière, qui a appelé au calme et à la retenue, alors que des millions de Yéménites se trouvent actuellement en situation d’insécurité et que le taux de malnutrition chez les femmes et les enfants atteint des sommets.

S’agissant du recrutement et de l’utilisation des enfants dans les conflits armés, des meurtres d’enfants et des attaques contre les écoles, les engagements pris par les parties doivent être mis en œuvre, conformément au plan d’action signé en avril dernier entre la Représentante spéciale du Secrétaire général et les houthistes, et les obstacles auxquels les acteurs humanitaires sont confrontés doivent être levés, et le plein accès humanitaire garanti.  La France est particulièrement inquiète des récentes régulations concernant les « Mahram », des gardiens masculins imposés à toutes les travailleuses humanitaires en zones contrôlées par les houthistes.

La France a enfin appelé à « la libération immédiate, sans préconditions » du personnel de l’ONU et humanitaire retenu par les houthistes.

Mme CAÍT MORAN (Irlande) a exprimé sa profonde déception face au non-renouvellement de la trêve avant son échéance du 2 octobre, tout en relevant que cette trêve avait pourtant apporté un répit au peuple yéménite et représenté la période la plus longue d’accalmie des hostilités depuis le début du conflit.

L’Irlande appuie pleinement les efforts continus de l’Envoyé spécial, a poursuivi la représentante, qui a mentionné une proposition globale soumise le 1er octobre aux parties, en dépit d’un contexte difficile.  Elle a jugé regrettable que cette dernière proposition ait été rejeté par les houthistes.  Elle a exhorté toutes les parties, en particulier les houthistes, à reprendre sans délais le processus de négociation en toute bonne foi, ajoutant qu’il n’existe pas de solution militaire au conflit au Yémen.  L’Irlande forme le vœu que le Mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies, qui a joué un rôle déterminant pour la facilitation du flux d’importations de biens commerciaux essentiels, puisse continuer à fonctionner après l’apport de fonds supplémentaires.  Elle se félicite d’autre part que l’éventuelle mission de réparation du pétrolier SAFER puisse débuter dans un mois, comme annoncé par Mme Msuya.

Mme MONA JUUL (Norvège) a regretté que les parties n’aient pas réussi à renouveler la trêve qui, malgré ses limites, a été bénéfique pour la population civile, notamment du fait d’une nette baisse de la violence et des pertes civiles.  La trêve a également permis un dialogue direct entre les parties pour la première fois depuis des années, ce qui est la condition nécessaire pour établir la confiance, a ajouté la représentante, qui a jugé primordial que les parties s’engagent à renouveler la trêve afin d’établir un cessez-le-feu prolongé et de lancer un processus politique.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a demandé de persévérer pour amener les parties à se rapprocher afin que le processus onusien continue d’avancer.  Il a salué les dirigeants yéménites qui ont accepté la proposition de trêve mais a déploré que l’appel des Yéménites n’ait pas été entendu par les houthistes.  Si le conflit a pu être évité, il a noté une multiplication d’escarmouches et a appelé les houthistes à cesser cette escalade et à revenir à la table des négociations.  Les houthistes ne devraient pas venir saper les progrès réalisés lors de la trêve, a-t-il espéré.  Le délégué a appuyé les efforts de l’Envoyé spécial et a jugé essentiel que les vols et acheminements continuent par les canaux de l’aéroport de Sanaa et du port de Hodeïda.  Sur la crise humanitaire, il a appelé à faire parvenir l’aide à la population et s’est dit préoccupé par l’insécurité ou les emprisonnements qui touchent les travailleurs humanitaires.  Enfin, le représentant s’est félicité de voir que la communauté internationale a commencé les opérations sur le pétrolier SAFER, espérant que soit ainsi évitée la pire crise en mer Rouge.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a noté avec une vive préoccupation que la trêve en vigueur au Yémen depuis le 2 avril n’a pas été reconduite après son expiration le 2 octobre.  Cette non-reconduction assombrit encore plus l’horizon de la paix à laquelle aspire le peuple yéménite, alors qu’il est indéniable qu’elle a eu un impact positif sur le quotidien des populations, a regretté le délégué.  Il a dit garder l’espoir que la nouvelle proposition de l’Envoyé spécial, qui comprend entre autres le prolongement de la trêve pour une période de six mois, sera acceptée par tous.  Le délégué a réitéré dans ce contexte son soutien à l’Envoyé spécial pour ses efforts inlassables en faveur du maintien du dialogue entre les parties afin de parvenir à une trêve et, à plus long terme, à un accord de paix global au Yémen.

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a déclaré qu’aujourd’hui plus que jamais, il incombe au Conseil de sécurité et à la communauté internationale d’interdire toute provocation des milices houthistes pour éviter un nouveau bain de sang.  Les efforts de paix ont grandement reculé en raison de l’intransigeance des houthistes qui ne courent qu’après de nouvelles victoires militaires.  Toutefois, cette trêve avait apporté tant de bienfaits à la population et permis au Gouvernement d’alléger les souffrances de celle-ci.  Le Conseil présidentiel avait réitéré son engagement de principe en faveur de la paix, et réaffirme son engagement en faveur du rétablissement de la paix et à l’application des résolutions du Conseil, dont la 2216 (2015) , ainsi que d’autres initiatives comme celle du Conseil de coopération du Golfe.  Le représentant a salué la communauté internationale et le Conseil de sécurité pour leur position sur le Yémen, les encourageant en particulier à dissuader les milices houthistes de choisir la guerre. 

Il convient, parallèlement, d’atténuer les souffrances humanitaires de toute la population sans discrimination aucune, et de garantir la libre circulation des personnes et des marchandises, a déclaré le représentant, qui a dénoncé les conditions « inatteignables » posées par des milices houthistes, lesquelles avaient été contraintes par la trêve mais refusent, par contre, de lever le siège de Taëz. 

Dénonçant également la mainmise des houthistes sur les deniers publics dans les régions sous leur contrôle, le représentant a regretté que plus de 3 milliards de dollars aient été ainsi confisqués, ce qui empêche la rémunération des fonctionnaires.  Il a réitéré son appui aux efforts de l’ONU, et déploré les nouvelles victimes, tant parmi les militaires que les civils.  Il a qualifié de très graves les menaces contre les voies maritimes et les ports, en appelant à une approche ferme de la communauté internationale pour exercer une pression sur les milices houthistes et faire cesser l’intrusion de l’Iran dans le pays.  Quatre millions de déplacés internes vivent dans des conditions déplorables, a-t-il souligné.  À cela s’ajoute l’effondrement du système de protection sociale public, les répercussions de la pandémie de COVID-19 et celles dues aux changements climatiques. 

Le représentant a salué les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, pour leur appui dans la mise en œuvre de différents projets socioéconomiques, ainsi que le soutien des États-Unis.  Il a lancé un appel à tous les pays en vue de la poursuite de l’assistance humanitaire et de l’aide à la mise en place de réformes pour améliorer les conditions de vie de la population et garantir le bon fonctionnement des organismes et institutions publiques.  Évitons une catastrophe écologique et économique au large du Yémen, a-t-il encore exhorté, en mentionnant l’urgence des réparations du pétrolier SAFER

M. ABDULAZIZ M. ALWASIL (Arabie saoudite) a dénoncé le rejet de la prolongation de la trêve au Yémen, tout en estimant qu’elle n’était pas surprenante tant les milices armées avaient pour unique priorité leurs intérêts.  Les pratiques immondes de ces milices extrémistes, le rejet des propositions de l’Envoyé spécial, ne sont qu’un nouveau chapitre depuis leur coup d’État, en 2014, contre le Gouvernement légitime de l’époque, a affirmé le représentant.  Après avoir rappelé les grandes lignes de la dernière proposition de M. Grundberg, il a dénoncé les agissements hostiles d’un groupe terroriste au titre de la résolution 2624 (2022).

L’Arabie saoudite a appuyé, quant à elle, les efforts de parrainage de la trêve en vue de parvenir à un règlement politique du conflit au Yémen, a affirmé son représentant, qui a aussi a dénoncé les défilés militaires tenus à Hodeïda en dépit de leur interdiction, ainsi que le siège de Taëz.  Il appartient à la communauté internationale de réévaluer ce groupe et son idéologie: il faut qu’il soit qualifié de terroriste, qu’il soit poursuivi et boycotté, et que ses sources de financement soient asséchée, a-t-il exigé. 

 

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