Débattant de ses méthodes de travail, la Première Commission examine la question du plan-programme du budget consacré au désarmement
La Première Commission, chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale, a apporté cet après-midi sa contribution à la réflexion sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale et la planification des programmes. À l’occasion d’une séance consacrée à ses méthodes de travail, elle a entendu une dizaine de délégations qui ont principalement commenté la pertinence des programmes liés aux questions de désarmement. Plusieurs d’entre elles ont regretté que le Comité du programme et de la coordination (CPC) n’ait pu dégager de consensus sur 5 des 28 programmes, dont le programme numéro 3, consacré au désarmement et qui concerne donc directement la Première Commission.
Les délégations ont rappelé que c’est normalement au CPC, organe qui travaille par consensus, d’approuver les plans-programmes et de les proposer ensuite à la Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires. Comme l’ont expliqué les États-Unis, les discussions sur ces plans-programmes sont très techniques et la France a appelé à veiller à ce que cette démarche ne détourne pas l’attention des experts du désarmement des sujets qui sont au cœur du travail de la Première Commission. Cette dernière pourrait alors faire double emploi avec le CPC, avec en plus le risque d’affaiblir le rôle important de ce dernier.
La question se pose toutefois car, comme l’a rappelé le Brésil, voici quatre ans que le CPC ne parvient pas à un consensus sur le programme 3. Or, comme l’a aussi rappelé le Japon, les programmes qui ne reçoivent pas de recommandations de la part du CPC doivent être examinés en plénière ou au sein des grandes commissions et « chaque commission peut choisir ou non de se saisir du plan-programme ». C’est un devoir, a ajouté le Brésil, qui a rappelé que cela avait déjà été le cas par le passé. Cuba a dit que les responsables des programmes doivent avoir une vision claire de la façon de s’acquitter de leurs mandats et responsabilités avant de rappeler que c’est le règlement de l’Assemblée générale qui doit commander les travaux. Tout en défendant les attributions de la Cinquième Commission en matière d’adoption des plans-programmes, le Royaume-Uni a jugé impératif que le CPC, instance consultative, redouble d’efforts pour atteindre un consensus l’an prochain sur les programmes qui font l’objet d’un blocage, et en particulier celui de la Première Commission. Le Brésil et l’Égypte ont imputé cette incapacité de parvenir à un consensus sur les activités de désarmement à une politisation accrue du CPC.
Estimant que le programme 3 dans son état actuel traduit fidèlement le mandat qui a été donné par les États Membres, les représentants de la France, du Brésil, des États-Unis, de l’Égypte et de l’Australie, au nom du groupe CANZ (Canada, Nouvelle-Zélande et Australie) ont invité le Président de la Première Commission à demander à la Cinquième Commission de recommander que l’Assemblée générale approuve le plan tel que proposé, sans modification.
D’autres aspects des méthodes de travail ont été abordés par l’une ou l’autre des délégations. Le Pakistan a notamment demandé que soit rectifié le déséquilibre de représentation géographique au sein du Bureau du désarmement, dont la presque totalité des membres sont originaires d’une même région, ainsi qu’au sein des groupes d’experts nommés par le Secrétaire général.
La Fédération de Russie est revenue sur la question de l’attribution des visas aux experts des différentes délégations, accusant les États-Unis de ne pas respecter leurs obligations au titre de l’État hôte et d’Accord de Siège de 1947 en ne délivrant pas promptement et systématiquement les visas demandés par les délégations pour que leurs experts puissent se rendre à New York. La Fédération de Russie a également soulevé la question du format des séances, jugeant inacceptable la tenue de séances en ligne ou hybrides. Les séances de la Première Commission doivent se tenir exclusivement en personne et en salle, a affirmé son représentant. Celui-ci a également rappelé que la participation d’organisations non gouvernementales devait se faire dans le cadre du règlement. À la suite d’une séance privée d’une heure consacrée à l’audition d’un certain nombre d’ONG cet après-midi, le Brésil a pour sa part relevé que le temps qui leur était consacré était très limité.
Demain, vendredi 14 octobre, à partir de 15 heures, la Première Commission aura un dialogue interactif avec la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, Mme Izumi Nakamitsu, ainsi que des échanges avec des experts indépendants et responsables de haut niveau.