En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dix-septième session,
16e séance plénière - après-midi
AG/EF/3572

Deuxième Commission: les pays vulnérables demandent des partenariats solides pour les aider à sortir de l’ornière

Les problèmes de développement des pays les moins avancés (PMA) et des pays en développement sans littoral (PDSL) sont une préoccupation majeure qui ne peut être ignorée par la communauté internationale, a lancé l’Éthiopie lors du débat de la Deuxième Commission (questions économiques et financières) consacré aux pays en situation particulière, cet après-midi.  Qu’il s’agisse de la pandémie, des conflits ou des urgences climatiques, les PMA sont intrinsèquement et structurellement désavantagés pour faire face aux multiples crises actuelles, et, ce sont eux qui en portent le poids le plus lourd, a abondé le groupe représentant ces pays.

En effet, le contexte économique mondial défavorable, aggravé par le conflit en Ukraine, met à mal la capacité des pays en situation particulière, au nombre de 91, à se relever des répercussions de la pandémie de COVID-19, constate le Secrétaire général dans ses rapports présentés par Mme Fatima Rabab, la Haute-Représentante pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement.

De fait, la tendance à une réduction constante de la sous-alimentation dans les PMA s’est inversée et une proportion croissante de personnes souffrent de la faim.  La moitié des PMA ont été confrontés à une urgence alimentaire continue pendant au moins 13 années consécutives sur la période 1981-2022, constate l’un des rapports.  Seulement 19% de la population était complètement vaccinée dans les PMA au 28 février 2022, contre 73% de celle des pays développés.  En outre, la reprise économique de 2021 se ralentit dans ces pays, et il leur faudra plusieurs années de plus que les économies développées pour retrouver les niveaux de produit intérieur brut d’avant la pandémie.

La mise en œuvre accélérée du Programme d’action de Vienne en faveur des PDSL et du Programme d’action de Doha en faveur des PMA permettra à ces pays et aux autres catégories de pays en développement de sortir de l’ornière, ont souligné l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) et le G77 et la Chine.  Le Programme d’action de Doha adopté cette année comprend un ensemble d’initiatives et d’objectifs ambitieux, complets et de grande envergure, qui devrait aider les PMA à faire face à la pandémie, à relever les défis des changements climatiques et à progresser vers un reclassement durable et irréversible.

Pour accompagner les efforts des pays en situation particulière, les délégations ont appelé à la coopération internationale dans tous les domaines, recommandant de garantir un vaccin pour tous, de veiller au versement de l’aide publique au développement (APD), d’ouvrir des marchés, de développer les capacités régionales, de réaffecter les droits de tirage spéciaux (DTS) non utilisés, et de mettre en œuvre le principe de responsabilité commune mais différenciée en matière de financement de la lutte contre les changements climatiques.

La réussite du Programme de développement durable à l’horizon 2030 se jouera dans les pays vulnérables, a rappelé le Bangladesh.  Ils ont besoin de partenariats solides pour mettre en œuvre le Programme d’action de Doha, y compris pour soutenir l’université en ligne et les systèmes de stockage alimentaire.  Le Groupe des PDSL a également encouragé à accélérer les efforts pour mobiliser des contributions volontaires au Fonds d’affectation spéciale pour les PMA, les PDSL et les petits États insulaires en développement (PEID).

Le Népal a fait observer qu’il fait partie des 17 PDSL qui appartiennent aussi à la catégorie des PMA, ce qui demande des mesures de soutien supplémentaires pour faire face à leur éloignement géographique et à leur isolement du marché mondial.  Le Bhoutan a indiqué qu’il devrait sortir de la catégorie des PMA l’année prochaine, ce qui ne l’empêchera pas de rester confronté à des contraintes en raison de son manque d’accès au littoral.  En ce sens, la Zambie a plaidé pour que les pays reclassés bénéficient d’une transition en douceur.

Le développement du capital humain est fondamental en Afrique, continent le plus jeune de la planète, a en outre fait valoir le Groupe des États d’Afrique, plaidant pour davantage d’investissements dans la formation.  C’est ce à quoi s’attache la Sierra Leone dans son plan de développement national en mettant l’accent sur l’éducation, la santé et la sécurité alimentaire.  L’importance de la coopération régionale et sous-régionale a en outre été soulignée à maintes reprises au cours du débat.

La Deuxième Commission poursuivra ses travaux demain, vendredi 14 octobre, à partir de 10 heures. 

GROUPE DE PAYS EN SITUATION PARTICULIÈRE

Présentation de rapports et discussion générale

Mme FATIMA RABAB, Secrétaire générale adjointe et Haute-Représentante pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, a présenté trois rapports du Secrétaire général au titre du point à l’ordre du jour sur les groupes de pays en situation particulière.

Le rapport sur le « Suivi de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés » (A/77/73) rend compte du Programme d’action de Doha en faveur des pays les moins avancés (PMA) pour la décennie 2022-2031.  Il fait le point sur les préparatifs de la cinquième Conférence, qui a été reportée à deux reprises du fait de la pandémie de COVID-19 et de ses répercussions sans précédent, et dont la seconde partie aura lieu à Doha du 5 au 9 mars 2023, après une première partie à New York le 17 mars 2022.  Mme Rabab a invité les États Membres à se rendre à Doha, avec de nouvelles initiatives, afin que cette conférence soit une grande réussite.  Le rapport constate que la pandémie continue de peser sur les PMA, dont seulement 19% de la population était complètement vaccinée au 28 février 2022, contre 73% de celle des pays développés.  Les PMA ont besoin d’un soutien accru pour faire face à la pandémie, notamment en matière de transfert de technologies et de renforcement des capacités, de sorte à produire leurs propres diagnostics, vaccins et traitements.  La reprise économique de 2021 se ralentit dans les PMA, souligne le rapport, et il leur faudra plusieurs années de plus que les économies développées pour retrouver les niveaux de produit intérieur brut d’avant la pandémie.

C’est dans ce contexte que le Programme d’action de Doha pour la décennie 2022-2031 a été adopté à New York lors de la première partie de la cinquième Conférence, puis entériné par l’Assemblée générale.  Il s’agit d’une nouvelle série d’engagements renouvelés et renforcés de la part des PMA et de leurs partenaires de développement, fondés sur les objectifs primordiaux que sont la reprise rapide, durable et inclusive au lendemain de la pandémie, le renforcement de la résilience face aux chocs futurs, l’élimination de l’extrême pauvreté, le reclassement des PMA, l’accès à des financements durables et innovants, l’exploitation du pouvoir de la science, de la technologie et de l’innovation, la transformation structurelle et la réalisation des objectifs.  Le Programme d’action comprend un ensemble d’initiatives et d’objectifs ambitieux, complets et de grande envergure, qui aidera les PMA à faire face à la pandémie, à relever les défis des changements climatiques et à progresser vers un reclassement durable et irréversible.

Mme Rabab a ensuite présenté le rapport intitulé « L’insécurité alimentaire dans les pays les moins avancés: établissement d’un système de détention de stocks aux niveaux mondial, régional et sous-régional et mesures d’accompagnement » (A/77/291).  La sécurité alimentaire dans les PMA avait montré des signes d’amélioration au début du nouveau millénaire, après une réduction constante de la prévalence de la sous-alimentation pendant plusieurs années.  La tendance s’est inversée et une proportion croissante de personnes souffrent de la faim.  La moitié des PMA ont été confrontés à une urgence alimentaire continue pendant au moins 13 années consécutives sur la période 1981-2022.  En outre, ces pays sont très tributaires de la Fédération de Russie et de l’Ukraine pour leurs importations de produits alimentaires de base et la restriction prolongée de l’accès à ces sources d’approvisionnement pourrait avoir des effets négatifs graves sur leur sécurité alimentaire.

Le rapport se concentre sur le rôle que la détention de stocks alimentaires à différents niveaux, associée à d’autres mesures d’accompagnement, telles que les mesures commerciales et les instruments financiers, peut jouer pour remédier à certains des risques et instabilités qui caractérisent la production et la consommation alimentaires.  Des mesures qui peuvent ainsi reculer l’incidence des urgences alimentaires dans les PMA.

Le troisième rapport présenté par la Haute-Représentante est intitulé « Mise en œuvre du Programme d’action de Vienne en faveur des pays en développement sans littoral pour la décennie 2014-2024 » (A/77/269).  Il passe en revue les progrès accomplis dans la mise en œuvre des priorités de ce programme et constate que la capacité des pays en développement sans littoral (PDSL) à se relever des répercussions socioéconomiques de la pandémie de COVID-19 est mise à mal par le contexte économique mondial défavorable, aggravé par le conflit en Ukraine et ses conséquences.

Le rapport formule des recommandations pour assurer une reprise durable, comme le renforcement des systèmes de santé ou la hausse de l’aide humanitaire.  Le système des Nations Unies et les autres organisations internationales devraient aussi apporter un appui plus important aux PDSL et aux pays en développement de transit pour renforcer leur résilience dans les domaines du transport en transit et de la facilitation du commerce, préconise le rapport.  La troisième conférence, qui aura lieu en 2024, sera une excellente occasion de définir de nouvelles priorités et de renouveler l’engagement collectif pour un programme transformateur pour le développement des PDSL, a conclu Mme Rabab.

M. MUHAMMAD IMRAN KHAN (Pakistan), au nom du Groupe des 77 et la Chine, a énuméré les difficultés connues par les PMA et les pays en développement sans littoral évoquées dans les rapports, dont la dette et les coûts d’importation des denrées alimentaires.  En matière de soutien, « nous devons commencer par la queue du train », a-t-il recommandé, avant tout, en mettant en œuvre le Programme d’action de Vienne de façon accélérée, en préparation de la troisième Conférence sur les pays en développement sans littoral qui se tiendra en 2024.  Pour accompagner les efforts des PMA, le représentant a recommandé de garantir un vaccin pour tous, de veiller au versement de l’aide publique au développement (APD), d’ouvrir des marchés, de développer les capacités régionales, de réaffecter les droits de tirage spéciaux (DTS) non utilisés, et de mettre en œuvre le principe de responsabilité commune, mais différenciée en matière de financement de la lutte contre les changements climatiques.

Au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), M. XXXX (Antigua-et-Barbuda), après avoir énuméré les maux qui frappent cette catégorie de pays, a dit que la mise en œuvre accélérée des six points du Programme d’action de Vienne et du Programme d’action de Doha en faveur des pays les moins avancés permettra à ces pays et aux autres catégories de pays en développement de sortir de l’ornière.  Il a insisté sur l’importance de saisir l’occasion de la Conférence de Doha, en mars 2023, et d’autres conférences internationales pour accélérer cette mise en œuvre et pour aider les pays en développement.  Il a réitéré la nécessité d’obtenir des résultats concrets et de réfléchir aux soutiens qui peuvent être fournis aux pays les moins avancés en mettant l’accent sur leurs vulnérabilités spécifiques.

M. COLLEN VIXEN KELAPILE (Botswana), au nom du Groupe des pays en développement sans littoral, a prôné une approche cohérente et coordonnée pour poursuivre les efforts en vue de relever les défis rencontrés par les deux groupes de pays.  Du côté des pays en développement sans littoral (PDSL), les années 2022 et 2023 sont cruciales, sans compter la convocation de la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral en 2024.  Étant donné que cette conférence et celle des PMA se suivent de près, les PDSL s’appuieront sur l’expérience acquise lors de la préparation et de l’organisation de la cinquième Conférence des PMA, a-t-il annoncé.  Il a aussi signalé qu’afin d’assurer un engagement inclusif et de promouvoir des partenariats autour des intérêts du Groupe, ce dernier a l’intention de relancer prochainement le Groupe des Amis des pays en développement sans littoral.

Comme l’ont réitéré les ministres des affaires étrangères des pays en développement sans littoral lors de leur réunion annuelle, en septembre dernier, la capacité actuelle du Bureau du Haut-Représentant des Nations Unies pour les PMA, les PDSL et les PEID sera fortement mise à l’épreuve, alors que la demande de services du Bureau augmentera, en raison de la convocation simultanée et consécutive des prochaines conférences mandatées pour ces trois catégories de pays.  Le représentant du Groupe a donc appelé à soutenir fermement le Bureau, en vue de le renforcer davantage, pour qu’il puisse s’acquitter efficacement de son mandat.  Il a aussi encouragé des efforts accélérés pour mobiliser des contributions volontaires au Fonds d’affectation spéciale pour les PMA, les PDSL et les PEID, « car je crois savoir qu’il est très bas », a conclu l’orateur.

Au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. ANOUPARB VONGNORKEO (République démocratique populaire lao) a annoncé que son groupe est en train de mettre en œuvre le Cadre global de relèvement de l’ASEAN créé pour contrer les conséquences de la pandémie de COVID-19 et d’autres crises.  Les membres de l’ASEAN continuent aussi d’approvisionner le fonds de relèvement COVID-19 et se préparent aux prochaines maladies.  L’ASEAN mise sur davantage d’intégration régionale afin de créer une communauté plus robuste dans laquelle les marchandises, les personnes et les capitaux circulent sans heurt, a indiqué le représentant.  Il a ajouté que l’ASEAN poursuit également l’investissement dans les infrastructures pour réduire les lacunes entre elle et le reste du monde, notamment en matière de connectivité.  Le représentant a salué l’adoption du Programme d’action de Doha pour les PMA, appelant à sa mise en œuvre.  À cet égard, il a souligné l’importance des partenariats entre les secteurs public et privé.  Enfin, le délégué a dit être préoccupé par les niveaux de dettes des PMA ainsi que par les impacts qu’ont les changements climatiques sur l’homme et sur les infrastructures.  L’aide internationale est plus que jamais nécessaire pour que ces pays puissent se remettre sur pied, a-t-il plaidé.

Au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), Mme AGNES MARY CHIMBIRI MOLANDE (Malawi) a rappelé que les PMA portent le plus lourd poids des multiples crises auxquelles le monde est confronté, qu’il s’agisse de la pandémie, des conflits ou des urgences climatiques.  Nos pays sont intrinsèquement et structurellement désavantagés, a poursuivi la représentante, et ils ne disposent que d’une capacité et d’une marge de manœuvre budgétaire très limitées pour y faire face.  Ils ne peuvent pas se permettre de lancer des filets de sécurité et des mesures de relance suffisants.  Pour illustrer la gravité de la situation, la représentante a voulu partager quelques statistiques éloquentes: la malnutrition dans les PMA a augmenté de 21% en 2019 à 23% en 2020.  La pauvreté atteignait 33,6% en 2019 et les crises actuelles ont poussé des millions d’autres personnes en dessous du seuil de pauvreté.  La protection sociale couvre seulement 14% des habitants dans les PMA.  De plus, 27 PMA sont soit en situation de surendettement, soit à haut risque de l’être, et 15% de leurs recettes sont consacrées aux intérêts de la dette.  Le taux de vaccination est d’environ 34%, à comparer à l’objectif mondial de vacciner 70% de la population en 2022.  Enfin, environ 70% des catastrophes liées au climat se sont produites dans les PMA, qui reçoivent pourtant moins de 20% du financement pour l’adaptation aux changements climatiques.

Le fossé entre nos besoins urgents et la disponibilité des ressources est énorme et continue de se creuser jour après jour, a fait observer la représentante, estimant qu’il est donc temps pour la communauté internationale de changer de paradigme dans le domaine des partenariats avec les PMA.  Elle a dit attendre de nouveaux engagements lors de la prochaine conférence à Doha, en mars 2023, un an après l’adoption du Programme de Doha en faveur des PMA.  Notant que le Bureau de la Haute-Représentante se consacre à 91 pays vulnérables mais ne dispose que de maigres ressources, la représentante a invité les États Membres à augmenter celles-ci afin qu’il puisse s’acquitter de son mandat.

Mme REGINA KUMASHE AONDONA (Nigéria), parlant au nom du Groupe des États d’Afrique, a axé son discours sur le décrochage scolaire au sein des PMA dû tant à la pandémie qu’au manque d’électricité et de nouvelles technologies.  Elle a appelé à redoubler d’efforts et à ne laisser personne de côté quant à l’accès aux vaccins et aux technologies sanitaires.  Elle a fait valoir que le développement du capital humain est crucial en Afrique, continent le plus jeune de la planète, plaidant ainsi pour davantage d’investissements dans la formation.  De même, les réformes industrielles sont nécessaires pour renforcer les capacités de production, a-t-elle ajouté.  La représentante a, pour finir, appelé à ouvrir le commerce aux pays d’Afrique, en renforçant à la fois la coopération Sud-Sud et la coopération Nord-Sud.

M. ABDULRAHMAN ABDULAZIZ AL-THANI (Qatar) a salué le Bureau de la Haute-Représentante et les efforts déployés pour mobiliser les ressources afin de répondre à la situation des pays aux besoins particuliers.  Il a appuyé la coopération multilatérale pour soutenir les efforts entrepris par ces pays afin de permettre un changement véritable.  La réussite du Programme d’action de Doha dépend également du suivi efficace de la mise en œuvre de la part des partenaires, a-t-il souligné.  Le délégué a rappelé que la deuxième partie de la Conférence, prévue en mars à Doha, discutera des mesures à prendre ou à poursuivre pour garantir des résultats.  Le Qatar est fier du soutien qu’il offre en matière de coopération internationale et en tant que partenaire stratégique, a dit le représentant en conclusion.

M. TAPIWA ROY RUPENDE (Zimbabwe) a déclaré que les différentes crises récentes ont ralenti les progrès dans la réalisation du Programme 2030.  Elles ont eu des incidences négatives, en particulier l’augmentation des inégalités, a-t-il noté.  Le représentant a révélé que le Zimbabwe a cinq priorités de développement qui sont conformes aux accords internationaux auxquels le pays a adhéré.  Il a appelé à faire de la prochaine Conférence de Doha de mars 2023 une occasion pour aider à faciliter les échanges commerciaux et pour prendre des mesures supplémentaires pour les PDSL dans le domaine de la lutte contre les changements climatiques.  Il faudra également rediriger les ressources vers les PDSL par de nouveaux partenariats stratégiques, a recommandé le délégué.  « Mais la priorité est de venir en aide à ceux qui sont à la traîne. »

M. MUHAMMAD ABDUL MUHITH (Bangladesh) a rappelé que la réussite du Programme 2030 se jouera dans les pays vulnérables.  Ces pays demandent des changements transformateurs dans de nombreux domaines comme le financement, la lutte contre les changements climatiques, l’éducation et la santé.  À cet effet, ils ont besoin de partenariats solides pour mettre en œuvre le Programme d’action pour les PMA, y compris l’université en ligne, les systèmes de stockage et des réponses aux défis spécifiques des PMA.  Le représentant a souligné la nécessité de la coopération internationale dans les domaines du financement, de l’APD, des transferts de technologies, des infrastructures et du capital humain.  Avant de terminer, il a dit que les 16 pays qui vont sortir de la catégorie des PMA ont besoin d’aide spécifique à leur situation.

M. ENKHBOLD VORSHILOV (Mongolie) a recommandé que les pays en développement sans littoral, les pays de transit et les organisations régionales collaborent pour soutenir le bon fonctionnement des corridors de transit, de transport et de commerce, afin de garantir la liberté de transit, conformément à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, à l’Accord de l’OMC sur la facilitation des échanges et aux procédures douanières internationales pertinentes.  Il a signalé la politique de relance de décembre 2021 visant à résoudre six contraintes économiques clefs: les ports commerciaux, l’énergie, l’industrialisation, le développement urbain et rural, le développement vert et une gouvernance efficace.  Il a précisé que cette politique de relance, qui s’étale sur 10 ans, servira de feuille de route pour accélérer l’industrialisation de la Mongolie, réduire les vulnérabilités liées à l’enclavement du pays tout en stabilisant la croissance économique, en augmentant le PIB et en améliorant les conditions de vie de ses citoyens.

Pays enclavé disposant d’un énorme potentiel de transit, la Mongolie s’efforce de développer une connectivité durable malgré les difficultés, a-t-il fait savoir, en citant aussi ses efforts pour mettre en œuvre efficacement le programme du corridor économique Chine-Mongolie-Russie dans le respect du développement durable.  En conséquence, l’accord intergouvernemental sur le transport routier international le long du réseau de la route asiatique est entré en vigueur entre ces trois pays en septembre 2021.  Le délégué a relaté que des permis de conduire sont accordés aux conducteurs des trois pays pour leur permettre d’effectuer des opérations routières internationales sur des routes désignées.  Il a aussi parlé du développement des ports secs, avec une étude d’évaluation de ce domaine réalisée cette année par le Centre de recherche sur les investissements du Ministère des affaires étrangères.  Enfin, il a assuré que la Mongolie participe activement aux travaux liés à la connectivité énergétique dans la sous-région en veillant à ce que les politiques nationales soutiennent la production d’énergie renouvelable.

M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) a souligné que les problèmes et les défis des pays en développement sans littoral sont uniques.  L’éloignement et l’isolement géographique, résultant de leur enclavement, les rendent très vulnérables aux chocs économiques, environnementaux et autres chocs externes, a-t-il précisé.  Il a fait remarquer que le Népal fait partie des 17 pays en développement sans littoral également catégorisés en PMA.  Des pays qui réclament des mesures de soutien supplémentaires pour faire face à leur éloignement géographique et à leur isolement du marché mondial.  Le Népal redouble d’efforts pour sortir de la catégorie des PMA d’ici à 2026, a dit le délégué, tout en appelant les partenaires de développement à une coopération solide pour que cette sortie soit « en douceur » et durable.  Il a demandé notamment d’améliorer l’accès aux vaccins contre la COVID-19, de respecter de bonne foi l’engagement de 0,7% d’APD - dont 0,15-0,20% d’APD destiné aux PMA; et de consacrer au financement pour le climat plus de 100 milliards de dollars annuel pour les pays en développement, dont la moitié pour l’adaptation au climat.  Une facilité financière distincte doit être créée pour faire face aux pertes et dommages liés aux impacts des changements climatiques dans les PMA et les PDSL, a ajouté le délégué.

Ces derniers dépendant fortement des pays de transit pour leur commerce et leur transport, l’amélioration de la facilitation des échanges est essentielle pour relever les défis, a poursuivi l’orateur népalais.  Pour cela, il a souhaité un engagement constructif avec les pays de transit.  L’investissement dans la connectivité, tant physique que numérique, est crucial pour intégrer l’économie népalaise aux marchés mondiaux, a-t-il ajouté.  Enfin, le FMI, la Banque mondiale et les banques régionales de développement devraient accroître leur soutien et leurs investissements en faveur des PDSL les moins avancés, a plaidé le représentant.

M. NKOPANE RASEENG MONYANE (Lesotho) a fait observer que les PMA et les PDSL ont été durement touchés par les effets néfastes de la COVID-19, du fait de la fragilité de leurs systèmes de santé et de leurs ressources financières et autres limitées.  Il s’est toutefois inquiété de constater qu’en dépit de ces vulnérabilités, au 28 février 2022, seuls 19% de la population des PMA étaient entièrement vaccinés, contre 73% dans les pays développés.  À la fin du mois d’avril 2022, seulement 26% de la population des PMA était entièrement vaccinée, a-t-il précisé, une situation qui appelle clairement une action urgente de la part de la communauté internationale pour soutenir l’accès aux vaccins et le renforcement de leurs systèmes de santé.  Le représentant a ensuite plaidé pour que soient respectés les engagements en matière d’APD, qui demeurent cruciaux pour les PMA, dont la majorité sont des pays enclavés.  Il a aussi demandé aux partenaires de soutenir les agences de développement, étant donné que le conflit en Europe de l’Est « détourne également les fonds du développement vers des questions prétendument humanitaires ».  Il a conclu en misant sur le renforcement des collaborations transfrontalières, en minimisant les perturbations du transport international, en éliminant les restrictions commerciales, et en facilitant la libre circulation des biens essentiels.

M. SAMUEL ISA CHALA (Éthiopie) a estimé que les défis de développement pour les PMA et les PDSL sont une préoccupation qui ne peut être ignorée par la communauté internationale, celle-ci devant jouer un rôle indispensable pour contribuer à les relever.  L’absence de financement et de capacité institutionnelle aggrave encore les défis du développement, a observé le représentant.  Il a fait savoir que l’Éthiopie a adopté une réforme pour diversifier son économie et parvenir à une transformation structurelle.

Mme KAREN JEAN BAIMARRO (Sierra Leone) a déclaré que son pays met actuellement en œuvre un plan de développement national à moyen terme aligné sur le Programme d’action de Doha pour les pays les moins avancés.  Il a précisé que le Plan se concentre sur le développement du capital humain -en mettant l’accent sur l’éducation, la santé et la sécurité alimentaire- ainsi que sur la diversification économique, l’énergie, les infrastructures de transport et des TIC et la gestion des catastrophes.  Ce plan s’achevant en 2023, le Gouvernement prévoit pour la période 2024-2028 d’approfondir les domaines prioritaires précités en conformité avec les cadres de développement mondiaux, y compris le Programme d’action de Doha, a informé le représentant.

Mme HANGBO WANG (Chine) a appelé la communauté internationale à renforcer la coopération et le soutien en faveur des deux groupes de pays.  Les pays développés, a-t-elle recommandé, devraient avant toute chose s’acquitter de leurs engagements en faveur de l’APD et prendre des mesures ciblées pour aider les pays des deux groupes à parachever leur développement économique.  À la communauté internationale, elle a demandé de raffermir son soutien aux PMA en créant des systèmes de renforcement des capacités de ces pays, notamment en appuyant leur production et en les aidant à développer leurs capacités en matière de nouvelles technologies.  La Chine a toujours soutenu les PMA et les PDSL contre vents et marées, en abaissant les barrières douanières, entre autres, a assuré la déléguée.

Mme NAAHY MOHAMED RASHEED (Maldives) a déclaré que les PDSL ont besoin d’accès à des financements avantageux pour le relèvement.  De plus, il faut les aider à s’attaquer aux impacts des changements climatiques.  La représentante a rappelé que son pays qui est sur la voie d’être reclassé, reste confronté à de nombreux défis.  Elle a donc appelé le système des Nations Unies pour le développement à continuer de soutenir les Maldives pour répondre à ses besoins de développement et aux inégalités.  À cet égard, elle a mis l’accent sur davantage de coopération et de partenariat, y compris avec le secteur privé.  Elle a plaidé en faveur de la prise en compte d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle pour répondre aux défis de l’endettement et de la pauvreté.  Enfin, elle recommandé de faire preuve de souplesse en faveur des PDSL.

Mme ARAKSYA BABIKYAN (Arménie) a appuyé les recommandations du rapport du Secrétaire général sur les PDSL relatives à des mesures porteuses de transformation, afin de construire une résilience à long terme pour ces pays.  Elle a prôné des actions coordonnées et axées sur les résultats pour mobiliser des ressources suffisantes afin d’augmenter les investissements et de fournir une assistance technique aux PDSL, conformément aux principales priorités du Programme d’action de Vienne et du Programme 2030.  La représentante a souligné l’importance de la coopération régionale et sous-régionale ainsi que de la connectivité par le biais du commerce, du transport et des contacts directs entre individus.  Elle a attiré l’attention sur le fait que l’Arménie fait face à des contraintes supplémentaires puisqu’elle est soumise à un blocus territorial illégal par certains de ses voisins.

Mme VICTORIA KARDASH (Fédération de Russie) a observé les tendances négatives pour la majorité des PDSL.  La représentante a estimé qu’il est important de constituer des stocks alimentaires sur une base régionale et sous-régionale pour le bien des PMA et de baser les décisions sur des stratégies bien réfléchies.  Elle a appelé l’ONU et ses partenaires à accroître la coopération en faveur des PMA et des PDSL afin de leur permettre d’atteindre leurs objectifs prioritaires en termes de développement et de parvenir à une croissance juste et durable.

M. JIGME NORBU (Bhoutan) a remarqué que la pandémie a mis en évidence les vulnérabilités des pays en situation particulière, exacerbées par la situation géopolitique.  La Conférence de Doha sur les PMA permettra de faire le bilan, a-t-il dit, en souhaitant aussi que ce soit l’occasion pour les partenaires de s’engager davantage en faveur du Programme d’action.  Le représentant a souligné l’objectif principal de ce programme, qui est de parvenir à une reprise rapide et de créer une résilience face aux futures secousses tout en atteignant les ODD.  Le Bhoutan devrait être reclassé l’an prochain et donc sortir de la catégorie des PMA, a-t-il dit, tout en prévenant qu’il restera confronté à des contraintes en raison de son manque d’accès au littoral.

Mme THERESAH CHIPULU LUSWILI CHANDA (Zambie) a dit être préoccupée par les conséquences des changements climatiques, de la pandémie et des conflits sur la réalisation des ODD.  Le Programme d’action de Doha pour les PMA est une opportunité pour mobiliser des ressources et s’attaquer aux problèmes de l’endettement, a-t-elle estimé.  La représentante a appelé à accélérer les efforts pour prévenir les inégalités et remédier aux fragilités dans les PMA.  Ce Programme a identifié des actions concrètes pour réaliser le Programme 2030, a relevé la représentante, citant l’APD, l’assistance technique et le renforcement des capacités numériques, le développement du capital humain, les activités minières et le tourisme.  Elle a voulu que les pays qui sortent de la catégorie des PMA puissent bénéficier d’une transition en douceur.  La déléguée a terminé en demandant la collaboration des pays voisins et de transit des PDSL dans les domaines des infrastructures de transport routier et ferroviaire, les douanes et les couloirs intérieurs.

M. KARLITO NUNES (Timor-Leste) a relevé, qu’au-delà de l’urgence sanitaire, la pandémie de COVID-19 a creusé les inégalités, à l’intérieur et entre pays, et freiné les progrès accomplis par les PMA vers la réalisation des objectifs de développement durable dans les huit années à venir.  Les crises ont en effet provoqué des défis de taille tant pour ces pays que pour les PEID, a dit le délégué qui a mis l’accent sur l’accélération de la mise en œuvre du Programme 2030 et sur la croissance économique en tant que moteur du développement durable.  Il a considéré que le Programme d’action de Doha reflète les nouveaux espoirs quant aux progrès potentiels des PMA au cours de la décennie à venir, car il traite de leurs vulnérabilités d’ordre structurel, de la pandémie de COVID-19 et de ses impacts socioéconomiques négatifs, ainsi que du renforcement de la résilience face aux éventuels chocs dans le futur.  Le représentant a également mis l’accent sur l’importance de la solidarité internationale et des partenariats en vue de trouver des voies et moyens novateurs pour la réalisation des ODD et pour s’attaquer aux changements climatiques.  Le Timor-Leste a d’ailleurs intégré le Programme d’action de Doha dans sa planification nationale aux fins d’augmenter l’investissement dans le renforcement de capacités institutionnelles ainsi que dans l’amélioration de la bonne gouvernance, de la transparence et de la redevabilité.

M. JOSEPH EDWIN HAYDN DAVIES (Afrique du Sud) a fait remarquer que les rapports du Secrétaire général dressent un tableau inquiétant des défis auxquels se heurtent les PMA et les PEID, notamment avec un faible taux (19%) de schéma vaccinal complet par rapport aux pays développés (73%).  Le représentant a jugé que c’est un impératif moral et pratique que de remédier d’urgence à cette injustice.  À cet égard, il a appelé à réduire rapidement le déficit de 16 milliards de dollars du Dispositif pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre la COVID-19 (Accélérateur ACT), pour permettre de sauver des vies et d’élargir l’accès des pays en développement aux diagnostics, médicaments et vaccins.  Il a constaté avec inquiétude que l’impact socioéconomique de la pandémie a jeté quelque 150 millions de personnes dans la pauvreté à l’échelle mondiale, dont 32 millions ont plongé dans la pauvreté absolue dans les PMA.  Partant, le représentant a appelé à honorer les engagements pris en termes d’APD envers ces pays, jugeant également essentiel d’avancer en vue d’un système commercial multilatéral universel, reposant sur des règles, ouvert, non-discriminatoire et équitable dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Il a aussi sollicité un examen des obstacles relatifs à la propriété intellectuelle.

M. MUHAMMED ENES USLU (Türkiye) a loué les résultats concrets qui ont été atteints pour répondre à l’insécurité alimentaire dans les PMA, dont il est fait mention dans le rapport du Secrétaire général.  Il a rappelé que, dans le même temps, la Türkiye a facilité l’Accord d’Istanbul concernant le transport de denrées et de marchandises depuis les ports ukrainiens, en direction notamment des PMA.  Depuis 2018, la Türkiye accueille aussi la Banque des technologies pour les PMA, a-t-il aussi rappelé, en attirant l’attention sur le besoin de davantage de financement pour cet organe.  Les PDSL, face aux limites de leur reprise, doivent être aidés par le Programme d’action de Vienne, avant la conférence sur les PDSL à venir, a conclu le représentant.

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