En cours au Siège de l'ONU

Conseil de sécurité: malgré quelques progrès, le défi de la protection des enfants dans les conflits armés reste à relever, selon la Représentante spéciale

9258e séance - matin
CS/15198

Conseil de sécurité: malgré quelques progrès, le défi de la protection des enfants dans les conflits armés reste à relever, selon la Représentante spéciale

Avec 24 000 violations graves recensées en 2021, un « chiffre scandaleusement élevé », la protection des enfants dans les conflits armés reste un défi, a constaté ce matin la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de cette question, Mme Virginia Gamba, devant le Conseil de sécurité, où elle était venue présenter le rapport publié par son bureau à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de sa création. 

Meurtres, mutilations, enrôlements forcés dans les rangs de groupes armés, enlèvements et déni d’accès humanitaire: voilà les atteintes les plus graves visant les enfants dans les théâtres de conflit à travers le monde, dont plusieurs ont retenu l’attention des membres du Conseil, qu’il s’agisse du Yémen, de l’Ukraine ou de l’Afghanistan.  L’attention a aussi été portée sur la grande vulnérabilité des enfants en situation de conflit armé lorsqu’ils manquent d’éducation ou de moyens de subsistance, sont déplacés par le conflit, ou souffrent d’un handicap.

Si une multitude d’outils et d’initiatives robustes existe au sein de l’ONU pour protéger les enfants contre ces violations graves, notamment sa capacité à dialoguer avec les parties belligérantes, le Conseil de sécurité plus précisément dispose, avec la résolution 2427 (2018), du texte le « plus coparrainé » de son histoire, comme le précise la note de cadrage que la présidence maltaise a fait circuler parmi les autres membres. 

Dans cette résolution, que beaucoup ont aujourd’hui appelé à mettre pleinement en œuvre, le Conseil a établi un cadre visant à faire en sorte que les questions relatives aux enfants et aux conflits armés, notamment celles ayant trait à la prévention des violations commises contre les enfants, soient prises en compte dans toutes les stratégies de résolution des conflits et de pérennisation de la paix.  Ces questions concernent les systèmes d’alerte rapide, la traite, les problèmes transfrontières, la privation de liberté et le développement de politiques nationales de prévention et de protection, précise encore la note. 

Si des plans de prévention ont été élaborés aux Philippines, et que des engagements en ce sens sont en cours avec la République centrafricaine, la Colombie, le Mali ou encore le Soudan, la Représentante spéciale a considéré qu’il reste encore beaucoup à faire.  Elle a ainsi énuméré les stratégies nationales ou les approches communes de prévention aux niveaux sous-régional et régional qui pourraient être élaborées, ainsi que le nécessaire renforcement des capacités des gouvernements désireux de s’engager dans cette direction, grâce à l’expertise de l’ONU. 

C’est dans ce contexte que Mme Gamba a renforcé le partenariat de son bureau avec celui de son homologue chargée de la question de la violence contre les enfants, pour mieux anticiper les risques avant, pendant et après un conflit.  La Représentante spéciale Najat Maalla M’jid, qui s’est également exprimée aujourd’hui, a estimé possible de prévenir les six violations graves identifiées dans le rapport à condition d’identifier les risques et vulnérabilités préexistants des enfants avant l’éclatement du conflit.

Cette action en amont a également été recommandée par les membres du Conseil ainsi que par la représentante de la société civile dans ce débat, une jeune activiste camerounaise de 18 ans prénommée Divina, qui a appelé à miser sur la participation des jeunes pour prévenir les risques de violations à leur égard et refermer les cycles de violence.  Mais selon elle, les gouvernements ou les grandes organisations internationales ne donnent pas l’espace nécessaire aux enfants et aux jeunes pour les faire participer à la prise de décisions les concernant.  Malte a abondé dans ce sens, de même que l’Équateur, défendant la participation des enfants en amont, pour l’identification des risques et des vulnérabilités préexistants conduisant à des violations graves.  Ils ont estimé que leur point de vue est crucial pour mieux comprendre le contexte dans lequel les violations sont perpétrées et l’impact des conflits et des processus de paix sur eux. 

La Suisse, attachée comme d’autres membres du Conseil à la réalisation du droit à l’éducation des enfants, a fait valoir la tenue, cette semaine, à son initiative et en partenariat avec le fonds Education Cannot Wait, d’une conférence de haut niveau dédiée à la promotion et au financement de l’éducation dans les situations d’urgence et les crises prolongées.  Y participeront également l’Allemagne, la Colombie, le Niger, la Norvège et le Soudan du Sud, a-t-elle précisé.  Pareil pour le Japon, fer de lance de programmes éducatifs dans les pays touchés par les conflits, comme en témoignent ceux qu’il a lancés en Afghanistan pour alphabétiser les filles et former leurs enseignants.  De même, avec l’aide financière de Tokyo, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a aidé le Burkina Faso à construire des écoles secondaires et à développer des modules d’apprentissage spécifiques pour promouvoir la paix et la cohésion sociale dans le pays. 

Alors que la Déclaration sur la sécurité des écoles a été présentée comme un des nombreux outils grâce auxquels les États Membres peuvent se mobiliser pour protéger les enfants, la Fédération de Russie a dénoncé les violations de pays signataires.  Elle a fait état de frappes « documentées » des forces armées ukrainiennes contre des écoles et des hôpitaux dans le Donbass, avant d’accuser les États-Unis, la France et le Royaume-Uni de violer la Déclaration, puisque les systèmes d’artillerie et autres armes que ces pays fournissent sont directement utilisés par les « militants de Kiev » pour frapper écoles et hôpitaux. 

Les États-Unis ne l’ont pas entendu de cette oreille, affirmant pour leur part que la guerre lancée par la Russie a un impact dévastateur sur le sort des petits Ukrainiens.  Ils ont fait valoir que le Secrétaire général lui-même a inclus dans son rapport le conflit dans leur pays comme une source de préoccupation.  Raison pour laquelle la France a salué l’activation sur son territoire du mécanisme des Nations Unies pour la surveillance et la communication des exactions commises contre les enfants, en insistant sur l’importance de la lutte contre l’impunité.  Une préoccupation partagée par la Chine, le Gabon et le Brésil, notamment.

LE SORT DES ENFANTS EN TEMPS DE CONFLIT ARMÉ

Prévention

Déclarations

Mme VIRGINIA GAMBA, Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, a rappelé que, chaque année, elle présente au Conseil de sécurité son rapport annuel sur les enfants et les conflits armés avec des données recueillies par le biais du mécanisme de surveillance indiquant les tendances des violations, lesquelles « restent à un niveau scandaleusement élevé ».  En 2021, la dernière année couverte par ce rapport, l’ONU a vérifié près de 24 000 violations graves commises contre des enfants, dont les plus nombreuses étaient des meurtres et des mutilations, l’enrôlement forcé, ainsi que des enlèvements et le refus de permettre un accès humanitaire.  Au moment de préparer notre prochain rapport pour 2022, les données recueillies montrent que ces tendances se poursuivent, a constaté la haute fonctionnaire. 

Les enfants les plus vulnérables aux violations graves en situation de conflit armé sont ceux qui manquent d’éducation ou de moyens de subsistance, sont déplacés, ou souffrent de handicap, a présenté Mme Gamba.  Elle a expliqué que ces enfants sont ainsi plus exposés au recrutement par les groupes armés et à d’autres risques tels que les violences sexistes en temps de guerre.  Elle a rappelé que l’ONU dispose d’une multitude d’outils et d’initiatives robustes pour protéger les enfants contre ces violations graves, à commencer par le dialogue avec les parties au conflit, qui a abouti à des centaines d’engagements, dont 41 plans d’action adoptés par les belligérants.  Mme Gamba a également salué l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 2427 (2018), en demandant sa pleine mise en œuvre. 

Des plans de prévention ont été élaborés aux Philippines, et nous collaborons avec la République centrafricaine, la Colombie, le Mali et le Soudan pour développer davantage d’engagements en matière de prévention, s’est félicitée la Représentante spéciale.  Elle a tenu à signaler le travail accompli avec des organisations régionales telles que l’Union africaine (UA) et la Ligue des États arabes, qui travaillent avec leurs États membres pour promouvoir la protection de l’enfance dans le cadre de leurs propres processus et pour favoriser la prévention.  En outre, a-t-elle encore mentionné, 172 États parties ont ratifié le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés.  Elle a aussi rappelé que les Principes de Paris, les Principes de Vancouver et la Déclaration sur la sécurité dans les écoles ont été approuvés par plus d’une centaine d’États Membres. 

Mais il reste encore beaucoup à faire, a reconnu Mme Gamba en énumérant les possibilités d’élaborer des stratégies au niveau national ou des approches communes de la prévention, également aux niveaux sous-régional et régional, et de renforcer les capacités des gouvernements désireux de s’engager dans cette direction.  Des capacités suffisantes sont en effet importantes pour le partage de pratiques optimales dans l’échange d’informations ainsi que dans le suivi des engagements existants en matière de protection et de prévention, y compris les résolutions de ce Conseil.  Des efforts sont également nécessaires pour établir une cartographie coordonnée des vulnérabilités sur le terrain en étroite collaboration avec les entités onusiennes présentes dans les pays ou régions où de telles situations existent.  Idéalement, a reconnu la haute fonctionnaire, la capacité et l’expertise de l’ONU en matière de protection de l’enfance devraient être déployées à l’appui de cet effort.  Pour ces raisons, son bureau a renforcé son partenariat avec la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question de la violence contre les enfants et son bureau pour mieux faire face au continuum de la violence et anticiper les risques avant, pendant et après un conflit. 

En octobre de l’année dernière, s’adressant à la Troisième Commission de l’Assemblée générale, la Représentante spéciale avait appelé cet organe à mobiliser tous les outils et initiatives existants liés aux enfants et aux conflits armés dans un cadre international global pour unifier les éléments de ce programme en vue de mieux protéger enfants et prévenir les violations.  « J’espère que cet appel sera entendu car maintenant plus que jamais, le meilleur antidote pour la protection des enfants est d’empêcher les violations de se produire », a-t-elle ajouté. 

Mme NAJAT MAALLA M’JID, Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question de laviolencecontre les enfants, a déploré que les enfants, qui ne jouent aucun rôle dans les conflits, sont ceux dans la population qui en subissent le plus les conséquences.  Cependant, a rassuré Mme M’Jid, « ce n’est pas une fatalité », car, selon elle, la prévention des six violations graves et de leurs formes de violence interdépendantes est possible dans tout le continuum du conflit.  Mais cela suppose, selon elle, que les risques et vulnérabilités préexistants des enfants soient identifiés et dûment pris en compte avant l’éclatement du conflit.  De même, elle a plaidé pour que les parties, pendant le conflit, respectent les normes de protection les plus élevées, y compris l’accès à l’aide humanitaire et le soutien aux enfants, demandant aussi un soutien et un investissement systématiques dans la reconstruction de leur vie après les conflits.  Ce n’est qu’en investissant dans des systèmes nationaux intégrés de protection des enfants que « nous pourrons garantir des mesures de prévention proactives efficace », a soutenu la haut responsable. 

C’est pourquoi sa solide coopération et étroite coordination avec Mme Virginia Gamba, Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, et l’ensemble des agences et programmes des Nations Unies, y compris dans le cadre humanitaire, sont essentielles et continuent de démontrer que les complexités du continuum de la violence doivent être abordées en tenant compte de tous les facteurs en étroite collaboration. 

C’est dans cet esprit qu’elle a souhaité partager quelques réflexions et mesures préventives concrète, parmi lesquelles la nécessité de comprendre et d’identifier qui sont ces enfants et où ils vivent.  Ensuite, a-t-elle poursuivi, il est crucial de garantir un accès facile à l’aide humanitaire et au soutien pour tous les enfants, avec une attention particulière pour les plus vulnérables. 

Poursuivant, la Représentante spéciale a abordé les déplacements forcés dus aux conflits, qui augmentent le risque d’enlèvement, de traite et de disparition d’enfants.  Pour prévenir ces crimes, il a jugé essentiel de renforcer la coopération transfrontalière en assurant une gestion des frontières adaptée aux enfants. 

Enfin, toutes les actions visant à assurer la protection de l’enfance doivent être informées et façonnées par les expériences des enfants, car ce sont eux qui savent le mieux où les systèmes les ont le plus déçus, a-t-elle fait remarquer.  À cet égard, la responsable onusienne a cité quelques exemples de mesures prises par des enfants touchés par les conflits, comme au Yémen, où les enfants ont demandé la paix par le biais d’une résolution de paix, en Syrie et en Ukraine, où des filles ont partagé leur histoire avec le monde entier pour promouvoir la paix, en Afghanistan, où les enfants ont promu la paix par l’art et l’écriture ou encore en Afrique et en Amérique latine, où les jeunes leaders se sont engagés activement dans la construction de la paix.  Dans le cadre de son mandat, elle s’engage auprès de tous les États Membres en leur fournissant des outils et en soutenant les initiatives contribuant à alerter des risques ainsi qu’à identifier de manière précoce des facteurs de violence.  Au cours des deux dernières années, « nous nous sommes engagés avec plus de 80 États Membres » dans le cadre de leurs processus d’autoévaluation des progrès accomplis dans la réalisation des engagements pris dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et des objectifs de développement durable (ODD) pour mettre fin à la violence contre les enfants, dans tous les contextes, y compris les zones de conflit. 

Lors de ces visites de pays, l’année dernière, en Afrique, en Asie, en Europe, en Amérique latine et dans les Caraïbes, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, Mme M’Jid a identifié, avec ses partenaires, les différents niveaux de vulnérabilité et les moyens de garantir une détection et une action précoces.  Par le biais de son bureau, elle a également fourni des conseils au système des Nations Unies et aux États pour garantir l’engagement et la participation des enfants, notamment en partageant les expériences autour d’initiatives dirigées par des enfants et en mettant en relation des enfants dans différents pays et régions.  Ce militantisme commun sur la protection des droits de l’enfant se fait « main dans la main » avec des organismes tels que l’UNICEF, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a-t-elle souligné.  Elle a conclu en réaffirmant son engagement à continuer à travailler dans ce sens en étroite collaboration avec Mme Gamba et tous ses homologues des Nations Unies. 

Une jeune activiste camerounaise de 18 ans, prénommée Divina, qui se consacre à la consolidation de la paix et à la prévention des conflits, aux droits des enfants et aux questions liées au genre, a remarqué que le contexte sociopolitique en Afrique et au Moyen-Orient est caractérisé par une escalade de la violence et de l’insécurité liées aux activités de groupes armés, dont certains désignés comme terroristes par l’ONU, y compris son pays, le Cameroun.  En Afrique, des milliers d’enfants et de jeunes ont été forcés de servir comme combattants, testeurs de mines, messagers et cuisiniers, et certains d’entre eux sont même utilisés comme boucliers humains, a poursuivi Divina, en soulignant que les filles et les femmes deviennent souvent des esclaves sexuelles pour les chefs de groupes militaires ou armés.  Pour répondre aux besoins de ces enfants, elle a dit avoir créé Children for Peace en 2015, qui est un mouvement dirigé par des enfants et des filles travaillant à travers le Cameroun et certains pays africains.  Children for Peace opère dans des systèmes culturels complexes et des zones touchées par des conflits et l’extrémisme violent afin de démocratiser la sphère publique, pour parvenir à une gouvernance inclusive et à une plus grande expression politique et économique des enfants dans les politiques publiques.  Son organisation, a-t-elle ajouté, cherche aussi à augmenter le nombre d’enfants participant à la consolidation de la paix et à réduire leur rôle dans l’extrémisme violent, tout en les engageant à mobiliser toutes les parties prenantes pour donner la priorité aux efforts de consolidation de la paix, aux droits des enfants et des filles et à un développement socioéconomique efficace.  La stratégie de Children for Peace repose sur l’art, le renforcement des capacités, l’opérationnalisation des clubs de paix pour tous les genres, le mentorat, le plaidoyer, la sensibilisation, le réseautage, les documentaires, l’assistance psychosociale et la conception de logiciels, a expliqué la jeune activiste. 

Parmi les projets mis en place à ce jour par son organisation elle a cité, entre autres, « Faire taire les armes » qui a été lancé en 2019.  Il s’agit d’un projet intégré d’engagement citoyen dirigé par des filles, grâce auquel les enfants prennent des mesures positives pour trouver de meilleures solutions aux problèmes liés à la consolidation de la paix, à l’extrémisme violent et aux droits humains.  Les enfants, les chefs religieux, traditionnels et communautaires et les autorités locales travaillent en étroite collaboration contre la haine et les discours violents et la prolifération illicite des armes, a-t-elle expliqué.  Soulignant que la gouvernance locale de la prévention et de la gestion des conflits est en cours de refonte avec les enfants en tant qu’acteurs clefs des approches locales et des solutions innovantes pour construire la paix et améliorer les droits des enfants dans les zones touchées par la guerre, Divina a martelé que son travail avec Children for Peace a été reconnu et primé parce qu’il donne des résultats.  Elle a également parlé de 270 clubs de paix dirigés par des filles mis en place dans les écoles, les quartiers, les églises et les mosquées.  En tant qu’Africaine, lorsqu’il s’agit de travailler avec des gouvernements ou de grandes organisations internationales au niveau local et international, elle a dit avoir le sentiment que la plupart d’entre eux ne semblent pas prendre les enfants et les jeunes filles au sérieux.  Ils ne leur laissent pas toujours l’espace nécessaire pour participer à la prise de décisions et privilégient les relations avec des organisations dirigées par des adultes travaillant sur des questions qui concernent les enfants et les filles.  Pourtant, a argué la jeune activiste, pour fermer le cycle du conflit, il est nécessaire d’investir dans les enfants et de faciliter leur participation. 

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a plaidé en faveur d’une réponse coordonnée durable et efficace à travers le système des Nations Unies pour prévenir le trafic d’enfants et les enlèvements transfrontaliers.  À cet égard, la représentante a souligné l’importance des mécanismes existants pour renforcer la surveillance et le signalement transfrontaliers ainsi que pour rapatrier et réintégrer les enfants capturés ou libérés dans des pays autres que ceux d’origine.  Les organisations régionales et sous-régionales ont également un rôle central à jouer, a-t-elle ajouté.  Après avoir passé en revue les résolutions adoptées par le Conseil de sécurité et le Conseil des droits de l’homme sur cette question, la représentante a souhaité que le Secrétaire général rende compte de manière plus systématique des indicateurs d’alerte précoce concernant les violations graves commises à l’encontre des enfants dans les conflits armés, et des conséquences de ces violations pour la paix et la stabilité régionales.  Elle a également insisté sur les approches centrées sur les victimes survivantes. 

Reconnaissant que les violences sexuelles liées aux conflits touchent de manière disproportionnée les filles, la représentante a fait remarquer que celles visant les garçons sont utilisées pour torturer, soumettre et émasculer, en particulier dans les situations de détention.  À cet égard, elle a informé que les garçons représentent plus de 95% des détenus liés aux conflits.  Elle a, par ailleurs, défendu la participation des enfants à l’identification des risques et des vulnérabilités préexistants conduisant à des violations graves, estimant leur point de vue crucial pour mieux comprendre le contexte dans lequel les violations se produisent et l’impact des conflits et des processus de paix sur eux.  Pour finir, la représentante a souligné l’importance de l’égalité d’accès à l’alphabétisation et à une éducation de qualité, qui peut contribuer, à ses yeux, à la prévention des conflits et offrir aux enfants des voies alternatives.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a fait valoir que prévenir les violations contre les enfants en temps de conflits armés, c’est surtout respecter les engagements, soulignant à cet égard l’importance du cadre normatif existant.  Les résolutions de ce Conseil doivent être mises en œuvre, a -t-il insisté avant d’appeler aussi à la ratification universelle du Protocole pertinent de la Convention des droits de l’enfant et à l’endossement universel des Principes et Engagements de Paris.  La liste d’infamie figurant au rapport du Secrétariat Général doit dénoncer tous ceux qui commettent des exactions contre les enfants, s’est impatienté le représentant.  Il a salué l’activation sur le territoire ukrainien du mécanisme des Nations Unies pour la surveillance et la communication des exactions commises contre les enfants, en martelant à nouveau que les auteurs d’exactions contre les enfants doivent rendre des comptes.  Soulignant le rôle de la Cour pénale internationale (CPI) à cet égard, il a demandé que les sanctions contre les responsables soient appliquées. 

En outre, le représentant a estimé que les mandats des Nations Unies doivent contenir des dispositions robustes avec des capacités et des ressources suffisantes sur le terrain pour mettre en œuvre le mécanisme de suivi et de communication.  Ses personnels doivent être formés aux problématiques liées à la protection de l’enfance, a insisté le délégué.  Notant que les plans d’action nationaux adoptés ont déjà permis de libérer plus de 180 000 enfants de groupes armés et de les réintégrer dans la société, il a toutefois constaté que, malgré ces résultats probants, les enfants continuent de subir les conséquences des conflits armés et qu’il est de la responsabilité de tous de poursuivre l’engagement collectif pour la prévention, la libération et la réinsertion des enfants victimes des conflits.

M. ZHANG JUN (Chine) a fait observer que la prévention et le règlement des conflits sont la façon la plus efficace pour protéger les enfants qui payent le plus lourd tribut des conflits, rappelant qu’il s’agit d’un enfant sur six dans le monde.  « C’est une action pour la paix dont ces enfants ont besoin, beaucoup plus que d’une action humanitaire. »  Il a appelé à miser sur les bons offices et la médiation plutôt que d’attiser les tensions en imposant des sanctions par exemple.  Il a aussi dénoncé les tentatives d’ingérence dans les affaires nationales avant d’appeler à cesser d’exporter le chaos au nom de la lutte antiterroriste en tonnant qu’il faut dépasser la mentalité de la guerre froide, du « eux contre nous ». 

Pour la Chine, l’action collective doit s’inscrire dans le respect de l’état de droit et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité visant à protéger les enfants.  Dans ce contexte, le représentant a appelé « le seul pays du monde à ne pas avoir ratifié la Convention relative au droit des enfants » à le faire au plus vite pour qu’elle soit véritablement universelle.  Il s’est indigné de l’impunité dont jouissent ceux qui commettent des exactions et violences contre les enfants, en parlant notamment de ce qui se passe en Afghanistan et en Haïti.  Évoquant aussi les nombreux enfants devant être amputés parce qu’ils ont sauté sur une mine, il a prévenu les pays « qui restent aujourd’hui les bras ballants » qu’ils devront, demain, assumer leurs responsabilités.  Appelant à être plus proactif à l’avenir et à miser sur le développement, il a expliqué que cela passe par l’éradication de la pauvreté et de la faim, l’accès à l’éducation et à la santé, y compris mentale.  Cependant, a souligné le représentant, les sanctions unilatérales déciment les capacités de développement des pays qu’elles visent.  Il en a voulu pour preuve le cas du bombardement de l’hôpital de Kaboul où se trouvaient de nombreux enfants traités pour malnutrition ou encore les blocages dans l’acheminement de convois d’aide dans les zones sinistrées en Syrie par le tremblement de terre.  « C’est une non-assistance à personne en danger », a-t-il tranché en demandant à ceux qui infligent ces sanctions unilatérales d’arrêter de se prévaloir d’une supériorité morale. 

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a pointé du doigt les inégalités, l’injustice sociale, de genre et intergénérationnelle, le manque d’opportunités et la faiblesse institutionnelle, qui sont parmi les principaux facteurs à l’origine de la confrontation, la vulnérabilité des civils et la mise en danger des jeunes et des enfants.  De fait, a-t-il fait valoir, les sociétés où des niveaux acceptables de stabilité politique, de démocratie et de gouvernance ont été atteints sont moins susceptibles de succomber aux conflits.  À cet égard, il a dit que son pays se joint à l’appel du Secrétaire général pour que les États Membres utilisent les mécanismes existants pour protéger le droit à l’éducation des enfants et des adolescents.  C’est dans cet esprit que le représentant a appelé à renforcer les synergies et les travaux complémentaires du Conseil de sécurité, du Groupe de travail sur les enfants et les conflits armés, du Bureau du Représentant spécial et de tous les partenaires du système des Nations Unies conformément à la résolution 1612 (2005). 

Enfin, il a plaidé pour travailler à l’établissement de solutions durables, citant la promotion de la participation des mineurs, sans discrimination et avec une approche de genre et interculturelle, dans les processus de discussion.  À titre d’exemple, il a estimé impératif d’écouter les besoins et les propositions des filles et des jeunes femmes afghanes qui ont vu leur accès à l’enseignement secondaire et universitaire et leur présence dans la sphère publique limités. 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a dénoncé les violations graves commises à l’encontre de filles et de garçons en République démocratique du Congo, au Myanmar ou encore en Ukraine, rappelant que le Conseil de sécurité a développé de nombreux outils pour les prévenir.  Pour qu’ils conservent leur effet dissuasif, il faut préserver leur indépendance, leur impartialité et leur crédibilité, a-t-elle recommandé en visant aussi les annexes du rapport annuel présenté aujourd’hui.  Elle a noté en outre que la résolution 1379 (2001) demande au Secrétaire général de porter à l’attention du Conseil des situations préoccupantes dont il ne s’est pas encore saisi.  Par ailleurs, la représentante a estimé que la réalisation du droit à l’éducation est fondamentale pour la prévention, regrettant que ce droit soit mis à rude épreuve, comme le montre la situation des femmes et des filles en Afghanistan.  Elle a déploré l’augmentation du nombre d’attaques contre les écoles dans beaucoup de zones de conflit, estimant à 222 millions le nombre d’enfants en situation de crise qui ont besoin d’un soutien éducatif.  C’est pourquoi la Suisse et le fonds Education Cannot Wait organisent cette semaine à Genève, en étroite collaboration avec l’Allemagne, la Colombie, le Niger, la Norvège et le Soudan du Sud, une conférence de haut niveau dédiée à la promotion et au financement de l’éducation dans les situations d’urgence et les crises prolongées. 

Enfin, réintégrer les enfants associés à des groupes ou forces armés est primordial pour maintenir la paix, prévenir le ré-enrôlement et leur offrir un avenir, a déclaré la déléguée.  Alors que nombre d’entre eux sont des filles, les programmes de réintégration doivent être sensibles aux problématiques du genre, de l’âge et aux vulnérabilités spécifiques, a-t-elle estimé.  Elle a conseillé, pour finir, le développement d’une capacité de protection de l’enfance apte à être déployée rapidement, afin de soutenir davantage ces efforts. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a plaidé pour que les mécanismes de l’ONU en matière de protection des enfants dans les conflits armés fonctionnent efficacement.  Soulignant que le Groupe de travail sur les enfants et les conflits armés et le travail du Bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés sont des piliers essentiels de l’architecture du Conseil pour lutter contre ces violations, il a exhorté tous les États Membres à s’engager de manière constructive et collaborative avec les deux.  Préoccupé par l’augmentation spectaculaire des violences sexuelles liées aux conflits dans le monde, de l’ordre de de 20%, le représentant a rappelé que le Royaume-Uni, dans le cadre de son leadership mondial sur cette question, a lancé en novembre dernier la Plateforme d’action pour la promotion des droits et du bien-être des enfants nés de violences sexuelles liées aux conflits. 

Aux côtés de partenaires clefs et de la Représentante spéciale Virginia Gamba, le Royaume-Uni s’est engagé à prendre des mesures dans le cadre de cette plateforme, a-t-il indiqué, citant notamment le déploiement de son expertise pour aider la République démocratique du Congo à mener un examen national des lois, des politiques et des pratiques.  Nous pensons que ces actions contribueront à changer la vie de dizaines de milliers d’enfants, a déclaré le délégué.  Il a précisé que son pays explore tous les moyens, dont les sanctions, pour dissuader les auteurs de violences sexuelles liées aux conflits.  Son pays a d’ores et déjà annoncé un ensemble de sanctions pour six cibles au Mali, au Myanmar et au Soudan du Sud, qui ont été désignées pour leur implication dans des violences sexuelles et sexistes, y compris des violences sexuelles liées aux conflits. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) s’est inquiété que des millions d’enfants restent toujours confrontés à une dure réalité, subissant des violations systématiques dans des situations de conflit tandis que leurs droits fondamentaux sont reniés.  Il s’est dit « absolument atterré » de l’augmentation des violences à l’égard des enfants notamment au Yémen, au Soudan, en Afghanistan, en Syrie et dans tant d’autres endroits.  De même, la situation en Ukraine est très préoccupante, a-t-il déploré.  À cet égard, il a appelé à investir davantage dans la prévention en intensifiant les efforts collectifs pour développer et mettre en œuvre des plans d’action concrets.  Cette prévention doit s’appuyer, à son avis, sur des mécanismes et outils existants pour renforcer la redevabilité qui permet de freiner les atteintes contre les droits fondamentaux des enfants.  Le représentant a, en outre, plaidé pour mieux tirer parti des mécanismes de surveillance et de communication des informations et des outils à disposition du Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les enfants et les conflits armés.  Enfin, il a appelé à relever les obstacles à la réinsertion et à la réintégration des enfants qui correspondent à la moitié des réfugiés aujourd’hui.  C’est dans cet esprit, a-t-il dit en conclusion, que l’Albanie a rapatrié les enfants d’origine albanaise des « camps infernaux de réfugiés » en Syrie et en Iraq pour leur donner une seconde chance. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a insisté sur l’importance d’appréhender le plus largement possible la problématique des enfants soldats, afin de protéger au mieux, lors des programmes de réinsertion et de réintégration mis en place, ceux qui ont été enrôlés et utilisés lors de conflits.  Il faut intégrer, a précisé le représentant, tout enfant associé à une force armée ou à un groupe armé, qui est ou a été recruté ou employé par une force ou un groupe armé, quelle que soit la fonction qu’il y exerce, notamment mais pas exclusivement les filles ou garçons utilisés comme combattants, cuisiniers, porteurs, messagers, espions ou encore ceux utilisé à des fins sexuelles. 

Abordant la question de la lutte contre l’impunité, M. Biang a assuré que les responsables, dirigeants et combattants adultes impliqués dans l’exploitation des enfants dans les conflits doivent être poursuivis et rendre des comptes devant la justice.  La décision de la CPI dans l’affaire Thomas Lubanga est, à cet égard, un signal édifiant, selon le délégué.  Il a en conclusion réaffirmé la nécessité d’adosser les stratégies globales de règlement des conflits et surtout les efforts de la communauté internationale en faveur des enfants victimes de conflits sur l’exigence de protection et de prévention, notamment par la création de partenariats multiformes, le renforcement de la résilience tout en s’attaquant aux causes profondes des conflits armés.

M. GENNADY V. KUZMIN (Fédération de Russie) a condamné avec la plus grande fermeté les crimes contre les enfants en exigeant que les responsables de ces crimes soient traduits en justice.  Il a recommandé d’utiliser plus efficacement la résolution 2427 (2018) à cet égard, en particulier en termes de prévention et d’alerte rapide en cas de potentiel conflit.  Ce travail doit être coordonné aux niveaux mondial, régional et national, a estimé le délégué.  Il a salué le travail de la Représentante spéciale Virginia Gamba et de son équipe, ainsi que celui du Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les enfants et les conflits armés, même si, ces deux dernières années, il a dénoncé des tentatives du Groupe de se pencher sur des questions de droits humains qui sont traités par d’autres instances onusiennes.  L’accent doit être mis sur le respect inconditionnel des normes universelles du droit international humanitaire et l’utilisation d’instruments juridiques internationaux généralement reconnus, a martelé le représentant, en soulignant que cela ne s’applique pas forcément à la Déclaration sur la sécurité des écoles et aux Principes de Paris et de Vancouver qui sont des initiatives politiques d’un groupe distinct de pays.  Ces documents n’ont pas reçu un soutien universel, a-t-il rappelé. 

Avant de conclure, il s’est dit très préoccupé par la situation des enfants en Syrie qui se trouvent dans les territoires non contrôlés par Damas, notamment dans les camps de Hol et Rozh.  Le représentant a reproché à la « puissance occupante américaine », qui contrôle ces camps, de refuser de s’attaquer au problème.  Il a appelé une fois de plus les pays à remplir leurs obligations en droit international et à prendre des mesures pour rapatrier les enfants de leurs citoyens des zones de conflit armé. 

M. DOMINGOS ESTÊVÃO FERNANDES (Mozambique) est revenu sur le travail important réalisé par l’ancienne Première dame du Mozambique, Mme Graça Machel, qui non seulement reflétait « l’horrible » expérience connue lors du conflit mené jusqu’en 1992 par l’Afrique du Sud, alors sous le régime de l’apartheid, contre son pays et la région de l’Afrique australe, mais aussi synthétisait l’expérience des enfants des pays ravagés par la guerre dans le monde entier.  Il a cité son rapport comme une étape importante vers l’établissement du mandat du Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés par la résolution 51/77 de l’Assemblée générale.  Un jalon historique qui a constitué un progrès dans l’action collective visant à prévenir les violations à l’encontre des enfants, s’est enorgueilli le représentant. 

Après avoir énuméré les différents instruments ratifiés par son pays qui a adhéré à de nombreux instruments juridiques régionaux et internationaux sur la promotion et la protection des droits, le représentant a, cependant, reconnu que les attaques terroristes dans la province de Cabo Delgado, sont aujourd’hui le plus grand défi auquel son pays est confronté dans la mise en œuvre des instruments juridiques.  Le terrorisme représente la plus grave violation des droits de l’homme et des droits de l’enfant, a-t-il fait valoir.  Dans « nos efforts pour relever ces défis », le représentant a dit compter sur la coopération de la communauté internationale dans son ensemble, même si, a-t-il insisté, le Gouvernement a la responsabilité première de la protection de ses citoyens, en particulier des enfants.

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a d’entrée insisté sur la responsabilisation qui joue un rôle essentiel dans la lutte contre l’impunité et par conséquent, dans la prévention des violations.  C’est dans cet esprit que qu’il a appelé à l’adoption au niveau national de mesures permettant de faire jouer la responsabilité, tout en insistant sur le rôle des mécanismes internationaux dédiés, notamment la Cour pénale internationale, pour compléter les efforts nationaux.  Les juridictions nationales et internationales doivent être complémentaires dans la reddition de la justice, a-t-il insisté. 

Il a, en outre, demandé à accorder une plus grande attention aux enfants qui ont été déplacés de force, quel que soit leur statut juridique.  Afin de prévenir et de répondre aux violations commises à l’encontre des enfants, le représentant a estimé nécessaire d’adopter une approche globale, tenant compte de considérations politiques, sécuritaires, économiques, sociales ainsi que des droits de l’homme, les actions dans tous ces domaines se renforçant mutuellement.  Dans ce contexte, il a préconisé une coopération accrue entre le Conseil de sécurité, le Conseil économique et social et la Commission de consolidation de la paix, afin de rendre l’intégration des efforts plus efficace. 

L’éducation est un autre pilier important de la prévention, selon l’intervenant, pour qui, chaque fille et chaque garçon ont le droit de recevoir une éducation sans craindre la violence.  Sur ce point, il a recommandé l’intégration d’une solide perspective de genre dans la surveillance et le signalement des violations à l’encontre des enfants, faisant valoir que les garçons et les filles sont susceptibles de souffrir de manière différente. 

« C’est dans l’esprit des filles et des garçons que doivent être construites les défenses de la paix » pour briser le cycle de la violence dans les situations de conflit, a conclu le représentant.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a commencé son intervention en empruntant les mots de Maya Angelou pour qui chaque enfant, qui appartient à tous, apporte un lendemain en relation directe avec la responsabilité qu’on lui a confiée.  Le représentant a ainsi voulu insister sur l’impératif collectif de protéger les enfants et d’assurer leur bien-être à travers des mesures de protection renforcées et une culture de la prévention.  Il a salué l’engagement continu de la Représentante spéciale avec les nations et les parties au conflit, les organisations régionales, les acteurs de la société civile de l’ONU, qui, l’an dernier, s’est traduit par des résultats positifs, comme l’élaboration et la mise en œuvre de protocoles et de plans d’action pertinents au Burkina Faso, au Nigéria et au Yémen.  Le délégué a ensuite soumis une série de propositions pour aller plus loin sur cette question, à commencer par les efforts d’alerte précoce et de surveillance de la violence de l’ONU qui, selon lui, devraient utiliser des indicateurs pertinents et adaptés aux enfants.  À titre d’exemple, il a parlé de l’impact des facteurs socioéconomiques tels que la pauvreté et le manque d’opportunités éducatives, qui augmente la vulnérabilité des enfants au recrutement et au ré-enrôlement par des groupes armés et à la violence sexuelle.  Les missions de paix des Nations Unies et des organisations régionales devraient intégrer les obligations de protection des enfants dans leurs planification, politiques, décisions et activités et inclure des points focaux pour la protection des enfants sur le terrain, a également souhaité le représentant. 

Compte tenu de la nature transfrontalière de certaines violations contre les enfants dans les conflits armés, il a argué qu’il est nécessaire de créer plus de synergies entre les Nations Unies, les organisations régionales et les États Membres à travers l’élaboration et la mise en œuvre de stratégies conjointes et de mécanismes de coordination pour améliorer l’échange d’informations et la coopération afin d’éviter les recrutements transfrontières et la traite d’enfants.  Le représentant a également exhorté les organisations régionales à approfondir leur collaboration avec les organisations de la société civile dans les domaines de l’alerte précoce et de la réponse rapide en mettant l’accent sur la protection de l’enfance.  Des plateformes telles que la plateforme Paix et sécurité de la CEDEAO, si elles sont renforcées, pourraient contribuer à mieux détecter et prévoir les menaces à la paix et à la sécurité en Afrique de l’Ouest et leurs effets sur les enfants, a-t-il estimé. 

M. RICHARD M. MILLS, JR. (États-Unis) a ironisé en accusant la Fédération de Russie de tenter de présenter la guerre en Ukraine comme étant un évènement positif pour les enfants ukrainiens.  La guerre lancée par la Russie a un impact dévastateur sur le sort des enfants dans ce pays, a-t-il martelé, félicitant le Secrétaire général d’avoir cité l’Ukraine comme pays préoccupant, étant donné le nombre d’exactions commises par la Russie à l’encontre d’enfants ukrainiens. 

D’ailleurs, a-t-il fait valoir, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, M. Filippo Grandi, a rappelé cet aspect tragique de la guerre en Ukraine, où des mineurs non accompagnés se sont vus dotés de passeports russes pour être exfiltrés vers la Russie.  Chacun sait que la Russie s’est lancée dans un programme de relocalisation d’ampleur de mineurs ukrainiens qui ont été « exportés » soit vers la Russie soit vers les territoires contrôlés par ce pays, a affirmé le représentant.  Pour lui, « on peut même parler de déportation » d’enfants contraints d’être « russifiés », placés dans des familles en Russie. 

Pour lutter contre ce type de violation, il a suggéré de s’appuyer sur l’expertise proposée par les groupes de travail de pays membres de l’ONU en ce qui concerne le suivi et la communication d’information.  Il s’est, par ailleurs, inquiété du sort des enfants, en en particulier les filles qui ont subi nombre de violences fondées sur le genre.  Il a cité notamment une augmentation de 41% dans le monde entier des enlèvements de filles qui subissent des violences fondées sur le genre (viols, mariages forcés et autres formes de violences sexuelles).  Il faut faire plus pour promouvoir la justice et la redevabilité pour ces survivants et répondre de manière urgente aux conséquences durables de ces évènements sur la santé physique et mentale de la population, a exhorté le représentant.  Les enfants dans les zones de conflit sont confrontés à des défis majeurs, a-t-il poursuivi, citant le cas de l’Éthiopie où des milliers d’enfants ont été séparés de leurs familles et ont subi des violences sexuelles.  Pour finir, il s’est alarmé de la situation des enfants, notamment des filles, en Afghanistan et a appelé les Taliban à éliminer la pratique néfaste de batcha bazi et à élargir les services de protection et de réadaptation pour les enfants touchés.  Les États-Unis condamnent également le décret du 24 décembre interdisant aux femmes de travailler pour des ONG, dont les conséquences se feront sentir notamment sur les enfants en tant que bénéficiaires de l’aide humanitaire. 

Mme GHASAQ YOUSIF ABDALLA SHAHEEN (Émirats arabes unis) a elle aussi estimé qu’il faut prioriser et investir dans l’éducation comme outil de prévention.  Selon elle, l’éducation autonomise les générations futures, favorise la compréhension mutuelle et le dialogue, et protège contre le recrutement d’enfants et la haine et l’intolérance qui alimentent les conflits.  La représentante a ensuite dénoncé le fait qu’au Yémen, les houthistes continuent d’utiliser les écoles d’été pour endoctriner et recruter des enfants, en violation de leurs obligations en droit international et du plan d’action qu’ils ont signé avec l’ONU. 

La représentante a plaidé par ailleurs pour que les États Membres échangent leurs expériences et pratiques optimales en matière de réadaptation, de réintégration et de rapatriement des enfants.  Ils devraient aussi fournir une assistance technique et financière à ceux qui en ont besoin.  Enfin, l’action coordonnée contre les mines devrait être au cœur du partenariat international pour une approche préventive, a suggéré la déléguée.  Ainsi, au fil des ans, les Émirats arabes unis ont participé ou financé des projets de déminage de restes explosifs de guerre, notamment en Afghanistan, au Liban et au Yémen, a-t-elle fait valoir en assurant qu’ils continueront à soutenir les efforts de déminage et de sensibilisation.

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a estimé que l’un des outils les plus adaptés à la protection des enfants dans les conflits armés est l’accès à une éducation de qualité, qui est un droit humain fondamental et un outil puissant pour prévenir et atténuer les conflits.  Dans cet objectif, son pays a soutenu un certain nombre de programmes éducatifs dans les pays touchés par les conflits, comme en témoignent ceux d’alphabétisation pour les filles et les femmes et les formations d’enseignants en Afghanistan.  De même, avec l’aide financière du Japon, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a aidé le Gouvernement du Burkina Faso à construire des écoles secondaires et à développer des modules d’apprentissage spécifiques pour promouvoir la paix et la cohésion sociale, s’est enorgueilli le représentant.  Il a ajouté que le Premier Ministre japonais Kishida Fumio plaide en faveur de l’éducation comme fondement d’une paix durable.  Fort de cet engagement, le Gouvernement japonais continuera à travailler en étroite collaboration avec les autres États Membres, le système des Nations Unies, les organisations humanitaires internationales et les organisations de la société civile dans ce domaine, a précisé le représentant en conclusion.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission du développement social: l’investissement dans l’apprentissage et la formation professionnelle décrit comme une des conditions du plein emploi

Soixante et unième session,
11e et 12e séances plénières – matin & après-midi
SOC/4911

Commission du développement social: l’investissement dans l’apprentissage et la formation professionnelle décrit comme une des conditions du plein emploi

La Commission du développement social a poursuivi, aujourd’hui, son examen du thème prioritaire de sa session 2023 en entendant les États Membres faire assaut de propositions en matière de plein emploi et de travail décent dans le cadre de la reprise post-COVID-19.  La discussion générale a notamment porté sur l’importance de l’apprentissage et de la formation professionnelle ainsi que sur la nécessité d’une plus grande coopération internationale pour financer le relèvement. 

Si l’impact de la pandémie sur le marché du travail a été unanimement relevé, la Roumanie a observé que les changements induits par ce choc et par les crises multiples ont entraîné un besoin accru de flexibilité de l’emploi, tout en rendant indispensable de garantir la sécurité des travailleurs, de mener des stratégies d’apprentissage et de proposer des systèmes de protection sociale garantissant un revenu adéquat pendant les périodes du chômage.  Alors que la mondialisation, les changements climatiques, les progrès technologiques et la promotion d’une économie verte ouvrent de nouveaux marchés, la délégation a jugé urgent d’anticiper les besoins en compétences et d’y adjoindre les programmes de formation correspondants. 

Israël a défendu une approche semblable en estimant que l’un des principaux moyens de parvenir au plein emploi productif est d’investir dans l’apprentissage tout au long de la vie et dans la formation professionnelle.  Mettant l’accent sur le besoin de formation en informatique, notamment dans le secteur de la haute technologie, il y a vu un moyen d’intégrer dans l’emploi les femmes et les groupes sociaux considérés comme vulnérables. 

À son tour, la Tunisie a insisté sur l’importance de la formation professionnelle continue dans la nouvelle économie du savoir, tandis que le Viet Nam plaidait pour une meilleure préparation des travailleurs aux opportunités qui s’offrent à eux, via un accès adéquat au renouvellement de l’éducation et de la formation, à l’amélioration des compétences, à la capacité d’auto-apprentissage et à l’adaptabilité. 

Face au vieillissement de la population mondiale, il importe aussi de valoriser les compétences et les connaissances des personnes âgées, de lutter contre la discrimination fondée sur l’âge et de favoriser le transfert intergénérationnel des connaissances, a soutenu Malte, pour qui la priorité doit être donnée à une éducation de qualité qui offre des opportunités professionnelles et un apprentissage à tous.

Convaincue que le plein emploi passe par une main d’œuvre de qualité, l’Indonésie s’est enorgueillie d’avoir lancé un programme visant à renforcer les capacités des travailleurs en les dotant de compétences, un dispositif d’amélioration des ressources humaines qui, selon elle, a déjà bénéficié à 26millions de personnes.  De son côté, le Malawi a fait état, dans le cadre de sa vision 2063, de programmes de stage et de formation pour les diplômés, alliés à un effort de promotion de l’employabilité des jeunes sortant de l’université. 

Insistant elle aussi sur la nécessité d’investir dans la jeunesse pour l’aider à passer cet enchevêtrement de crises, l’Algérie a considéré que le relèvement exige des efforts communs en matière de financement et de coopération.  Dans un monde fondé sur les principes de solidarité et de respect mutuel, les mesures coercitives unilatérales n’ont pas leur place, a pour sa part dénoncé le Nicaragua, rejoint par la République islamique d’Iran, selon laquelle les sanctions ont un impact délétère sur les pays en développement, nuisant à leur production et à leur recherche du plein emploi.  Le ciblage de l’importation et de l’exportation de produits de base et des transferts d’argent et de technologie ont un impact direct sur la qualité de vie des citoyens les plus vulnérables, notamment les jeunes demandeurs d’emploi, s’est-elle indignée. 

De leur côté, les États-Unis ont déploré le fait que les sujets couverts par la Commission soient devenus si vastes qu’ils recouvrent ceux d’autres organes de l’ONU et ne permettent pas un examen approfondi des questions à l’ordre du jour.  La délégation américaine a par conséquent souhaité que la Commission envisage de négocier chaque année un document final sur un sujet principal, ce qui permettrait d’avoir une incidence unique sur les dimensions du développement social qui ne sont pas couvertes. 

En début de séance, Mme Wenyan Yang, Cheffe du Service du dialogue mondial pour le développement social au sein de la Division des politiques sociales inclusives et du développement du Département des affaires économiques et sociales (DESA), a informé la Commission du niveau d’avancement du projet de plan-programme du DESA pour 2024, qui devrait être finalisé au premier semestre de cette année. 

Après avoir entendu Mme Isabell Kempf, Directrice du Bureau de Bonn de l’Institut de recherches des Nations Unies pour le développement social, présenter le rapport du Conseil d’administration de l’Institut, la Commission a nommé 3 des 10 membres de ce conseil, M. Hanif Hassan Ali Al Qassim (Émirats arabes unis), M. Ha-Joon Chang (République de Corée) et M. Imraan Valodia (Afrique du Sud), pour un mandat supplémentaire de deux ans.  Enfin, elle a nommé Mme Naila Kabeer (Inde) pour un mandat de quatre ans, en remplacement de Mme Shalini Randeria (Inde), membre démissionnaire du Conseil d’administration.

La journée de demain étant consacrée à des consultations informelles, la Commission du développement social clôturera, mercredi 15 février, les travaux de sa soixante et unième session avec l’examen de ses projets de résolution. 

SUITE DE LA DISCUSSION GÉNÉRALE SUR LE THÈME PRIORITAIRE : PLEIN EMPLOI PRODUCTIF ET TRAVAIL DÉCENT POUR TOUTES ET TOUS : SURMONTER LES INÉGALITÉS POUR ACCÉLÉRER LE RELÈVEMENT APRÈS LA PANDÉMIE DE COVID-19 ET LA MISE EN ŒUVRE INTÉGRALE DU PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT DURABLE À L’HORIZON 2030

Déclarations liminaires

En ouverture de cette séance de la Commission du développement social, Mme WENYAN YANG, Cheffe du Service du dialogue mondial pour le développement social au sein de la Division des politiques sociales inclusives et du développement du Département des affaires économiques et sociales (DESA), a présenté le projet de plan-programme du DESA pour 2024.  Elle a indiqué que les prévisions devraient être parachevées durant les six premiers mois de 2023. 

Intervenant à sa suite en visioconférence, Mme ISABELL KEMPF, Directrice du Bureau de Bonn de l’Institut de recherches des Nations Unies pour le développement social, a présenté le rapport de son conseil d’administration.  Elle a indiqué que l’Institut a lancé un rapport phare sur les causes des inégalités 2021-2022, avant de s’étendre sur les cinq programmes intersectionnels mis en œuvre par l’Institut en fonction des priorités de développement, qu’il s’agisse de l’aide au développement, de l’examen de la performance de l’économie solidaire ou encore de l’appui à la résilience en Afrique.  S’agissant du Bureau de Bonn de l’Institut, Mme Kempf a rappelé qu’il a été créé en 2020 et a contribué en 2021 à la création d’un réseau pour un nouveau contrat social, qui rassemble 250 membres de plus de 60 pays et de nombreuses parties prenantes œuvrant pour la justice sociale.  Enfin, elle a remercié les partenaires de financement de l’Institut, celui-ci étant exclusivement financé par des contributions volontaires. 

À la suite de cette présentation, la Finlande a souligné l’importance des travaux de recherche de l’Institut en vue du Sommet social mondial de 2025.  Le Zimbabwe a, pour sa part, souhaité que l’entité concentre ses efforts sur les effets de la pandémie sur les femmes, les personnes handicapées et les autres groupes vulnérables, ce qui permettrait, selon lui, d’orienter la prise de décision politique à l’avenir.  Réagissant à ces commentaires, la Cheffe du Service du dialogue mondial pour le développement social au sein de la Division des politiques sociales inclusives et du développement du Département des affaires économiques et sociales (DESA) a indiqué que l’Institut a mené une étude sur les retombées de la COVID-19 sur les groupes vulnérables en 2020.  Cette étude sera portée à la connaissance des États Membres, a-t-elle promis. 

Déclarations

M. OR SHAKED (Israël) a déclaré qu’en réponse à la COVID-19, Israël a lancé trois campagnes pour promouvoir la diversité et l’égalité sur le lieu de travail: les programmes pour intégrer l’égalité dans le secteur privé; la signature d’une convention multipartite pour la diversité dans l’emploi; et, enfin, la publication de l’indice annuel de la diversité professionnelle.  L’orateur a ajouté que l’un des principaux moyens de créer le plein emploi productif est d’investir dans l’apprentissage tout au long de la vie et la formation professionnelle.  Israël a mis l’accent sur le besoin de formation en informatique, notamment dans le secteur de la haute technologie, dans le but d’intégrer les femmes et les divers groupes sociaux dans ce domaine. 

Le Gouvernement fournit également des outils aux employeurs afin d’augmenter le taux et la qualité de l’emploi de divers groupes sociaux, notamment en appuyant la formation des employeurs, le mentorat et l’aide à la sélection et au recrutement, ainsi que les cours d’hébreu sur le lieu de travail.  Le représentant a ensuite indiqué que la croissance dans le secteur numérique a nécessité de formaliser les droits des travailleurs dans ce domaine, ainsi que dans d’autres industries de l’économie numérique.  Le pays participe en outre à l’Equal Pay International Coalition, dont l’objectif est d’atteindre l’égalité de rémunération pour les femmes et les hommes. 

M. STEPHANE CUENI (Suisse), via un message vidéo, a indiqué que son gouvernement s’assure que des franges nouvelles de la population ne tombent dans la pauvreté.  Un ménage devrait pouvoir se loger, se provisionner en énergie, scolariser ses enfants et financer sa couverture maladie sans risquer de tomber dans la pauvreté.  Et une perte de revenus ne doit pas précipiter les familles dans la pauvreté en cas de chômage, de divorce, de longue maladie ou de passage à la retraite.  Les femmes, par leur parcours, y sont particulièrement exposées, a ajouté le délégué.  Pour lutter contre la discrimination des femmes, le Gouvernement suisse a entre autres mis en place la stratégie « Égalité 2030 » qui vise à promouvoir l’égalité des sexes dans la vie professionnelle et publique ainsi que dans la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale. 

Le représentant a également fait part de son appui au lancement de la coalition mondiale pour la justice sociale du nouveau Directeur général de l’OIT, notant que la justice sociale joue un rôle important dans la mise en place de modèles de développement socioéconomique plus inclusifs et plus durables.  La justice sociale et le développement social doivent par conséquent devenir un fondement du multilatéralisme et un objectif fédérateur, mais aussi un puissant levier au service d’un système multilatéral plus efficient, a-t-il conclu. 

Mme ALMA ESPERANZA SANTA ANA VARA (Mexique) a expliqué que la nouvelle politique du Gouvernement mexicain en matière de salaire minimum vise à rétablir progressivement le pouvoir d’achat des salaires minimums afin d’améliorer la qualité de vie des travailleurs.  En outre, elle a permis de sortir 5,8 millions de personnes de la pauvreté et de réduire l’écart salarial entre les sexes.  Dans le même ordre d’idées, garantir et continuer à étendre les droits du travail des travailleurs est fondamental au Mexique, a poursuivi la représentante.  Ainsi, en juillet 2022, ce pays a ratifié la Convention 190 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) sur la violence et le harcèlement, avec laquelle nous chercherons à mettre en place un cadre réglementaire solide des marchés du travail plus inclusifs et des harcèlements fondés sur le genre, démontrant le droit de tous à un monde du travail exempt de violence et de non-discrimination.  En octobre dernier, nous avons également ratifié le protocole de 2014 à la Convention de l’OIT sur le travail forcé, a fait valoir la déléguée, qui a également fait état d’une série de réformes de la loi sur la protection de l’environnement.

M. TAREQ M. A. M. ALBANAI (Koweït) a constaté que, tout en essayant de se remettre de la pandémie, le monde fait aujourd’hui face à des défis croissants sur les plans financier, économique, humanitaire et politique.  Tous ces défis ont un impact sur notre capacité à mettre au point des mesures sociales, a-t-il relevé, assurant néanmoins que son pays poursuit ses efforts pour assurer le développement social sur la base de sa Constitution, laquelle garantit notamment une assistance de l’État aux personnes qui ne sont pas en mesure de travailler.  Dans ce contexte, le représentant s’est dit convaincu de l’importance du rôle de la famille dans le développement social.  Il a rappelé à cet égard que la Constitution koweïtienne garantit la protection des familles en tant que pilier principal de la société, avec une attention particulière pour les mères et leurs enfants.  Il a ajouté que son pays a fait d’immenses progrès en matière de services sociaux grâce à la mise en œuvre d’une stratégie de développement social centrée sur la personne.  S’agissant des personnes handicapées, il a indiqué que le Koweït est prêt à appliquer la convention relative à leurs droits et à adapter sa législation pour faire de ces personnes des contributeurs de la société.  Des efforts sont également déployés pour donner davantage de moyens d’action aux jeunes et promouvoir leur épanouissement, a-t-il ajouté, avant de faire état de la création du premier ministère en charge des femmes et des enfants, afin de renforcer le rôle des Koweïtiennes dans l’édification de l’État. 

M. ROBERT ALEXANDER POVEDA BRITO (Venezuela) a dénoncé le relèvement élitiste qui entraîne une accélération des déséquilibres sociaux, davantage d’iniquités, d’esclavage et de pauvreté.  Les personnes âgées sont le plus touchées par cette conception immorale du développement, a accusé le délégué demandant d’en finir avec les politiques économiques qui asphyxient les pays en développement.  Le représentant a appelé à la levée immédiate des sanctions économiques contre la Syrie qui empêchent l’arrivée de l’aide dans ce pays.  Il a aussi dénoncé les sanctions qui frappent le Venezuela tout en saluant la coopération avec notamment les entités des Nations Unies en matière de vaccination et d’alimentation. 

M. MOHAMED ENNADIR LARBAOUI (Algérie) a indiqué que son gouvernement a mis en place des projets de mise en œuvre du Programme 2030 basés sur la justice et la solidarité sociales.  Il a également fait savoir que le nouveau modèle économique est fondé sur la connaissance, l’agriculture et le tourisme, et que des indicateurs ont été élaborés pour mesurer les progrès.  L’exécutif a aussi lancé un projet d’énergie solaire qui permet de produire 14 000 mégawatts d’électricité.  Le Gouvernement a offert des crédits pour les jeunes pour leur permettre de passer la crise, et promeut en outre la participation des femmes dans le monde du travail.  Le représentant a souligné que le relèvement exige des efforts communs en matière de financement et de coopération.  En 2024, l’Algérie s’attend à une croissance économique de 4%, a ajouté le représentant.

M. AZRIL BIN ABD AZIZ (Malaisie) a constaté à son tour que la pandémie a fait reculer la réalisation des ODD dans la plupart des pays et a eu un impact négatif en matière de développement social, avec souvent de nombreuses pertes d’emploi et des revenus en forte baisse.  Pour surmonter ces défis, a-t-il indiqué, la Malaisie a adopté une approche productive, fondée sur sa vision en matière de développement social, laquelle s’appuie sur les valeurs de durabilité, de prospérité, d’innovation et de respect.  Dans le cadre de ces efforts, un conseil national assure la supervision des actions menées pour faire reculer les inégalités, a expliqué le représentant, faisant état de mesures particulières de protection sociale en faveur des groupes les plus vulnérables, notamment les femmes, les enfants, les seniors, les personnes handicapées et les travailleurs informels.  Parallèlement, des encouragements à l’emploi destinés à faire revenir le taux de chômage national à son niveau prépandémie ont permis de le ramener cette année à 3,6% contre 4,1% l’an dernier, a-t-il poursuivi, avant de mentionner plusieurs mesures de protection sociale pour les travailleurs, en particulier l’instauration d’un salaire minimum et des dispositions pour les femmes employées comme la création d’un congé maternité.  Des efforts sont également déployés pour établir un environnement propice à la participation de toutes les femmes au marché du travail, avec des aides à la recherche d’emploi, des facilités de garde d’enfants et un soutien financier aux femmes au foyer.  Enfin, après avoir évoqué la mise en place d’ateliers visant à permettre l’intégration des personnes en situation de handicap et des seniors, il a fait état d’initiatives destinées à réduire le taux de chômage des jeunes via la formation professionnelle. 

M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) a constaté que la pandémie a accéléré et aggravé les inégalités dans le monde du travail, puisque les plus durement touchés ont été ceux qui étaient déjà victimes de discrimination et de marginalisation dans l’emploi et les travailleurs des secteurs informels et précaires, y compris les femmes, les jeunes, les personnes âgées, les handicapés et les minorités.  Il a rappelé que la Constitution du Népal prévoit un emploi pour chaque citoyen et garantit l’allocation chômage.  De même, le Gouvernement assure aux travailleurs migrants qui retournent au pays des prêts à taux préférentiel et d’autres mesures pour promouvoir l’auto-emploi et l’esprit d’entrepreneuriat.  Avec plus de trois millions de ressortissants népalais travaillant à l’étranger, et en tant que septième économie dépendante des envois de fonds au monde, une mise en œuvre efficace du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières reste une priorité, a-t-il expliqué.  Le Gouvernement s’est en outre engagé à réduire la pauvreté à 5% de la population d’ici à 2030 et à 0% d’ici à 2043.  En tant que pays programmé pour sortir du statut de PMA d’ici à 2026, le Népal a besoin de plus de ressources pour atteindre les objectifs du Programme 2030, mais aussi pour une graduation douce, soutenue et irréversible, grâce à la mise en œuvre du Programme d’action de Doha en faveur des pays les moins avancés. 

Mme SARAH AHMED ALMASHEHARI (Yémen) a rappelé que le Yémen entre dans sa neuvième année de guerre, provoquée par un coup d’État de la milice houthiste contre la légitimité constitutionnelle et les aspirations du peuple yéménite à un consensus national.  Dans ce contexte, une série de mesures ont été prises pour mettre en œuvre un certain nombre de réformes visant à soutenir l’économie nationale.  Le Gouvernement entend diversifier la base de production, promouvoir une croissance économique inclusive et durable et créer des opportunités pour réduire les taux de chômage et de pauvreté.  Il envisage également de soutenir les micro et petits projets, notamment les projets menés par des femmes et des jeunes dans les zones rurales, avec le soutien de pays frères et amis et d’organisations internationales. 

Mme FRANCESCA MARIA GATT (Malte) a expliqué que pour parvenir au plein emploi productif, Malte entend saisir les opportunités de la transition verte et numérique et envisage de mettre en place des cadres politiques innovants qui s’attaquent aux obstacles limitant la participation pleine et équitable des jeunes et des travailleurs âgés.  Ne pas réaliser le plein potentiel de nos jeunes aura un effet multiplicateur négatif sur le bien-être familial, la santé des économies nationales, et les sociétés en général, a-t-elle souligné.  Il est également impératif que nos gouvernements aident les travailleurs âgés à s’adapter à l’évolution du marché du travail, a-t-elle souligné.  En effet, face au vieillissement de la population mondiale, les politiques de protection et de travail doivent, a-t-elle préconisé, valoriser les compétences et les connaissances des personnes âgées, lutter contre la discrimination fondée sur l’âge et favoriser le transfert intergénérationnel des connaissances.  À cet égard, il faut plancher sur une éducation de qualité qui offre des opportunités professionnelles et un apprentissage à tous, et tout au long de la vie.  De plus, la déléguée a encouragé tous les États Membres à donner la priorité aux politiques de protection sociale sensibles au genre. 

M. ABDULAZIZ M. ALWASIL (Arabie saoudite) a salué les efforts internationaux pour le relèvement post-pandémie.  Il a passé en revue les différentes mesures prises par l’Arabie saoudite pour combattre les répercussions économiques de la pandémie, citant notamment une augmentation de 60% du salaire, le déferrement de six mois des impôts des entreprises et l’appui à la participation des femmes et des jeunes dans le marché du travail.  La Vision de l’Arabie saoudite à l’horizon 2030 a prévu des projets de santé et d’éducation pour les moins favorisés afin d’améliorer leur niveau de vie, a-t-il ajouté.  Et le Gouvernent est aussi venu en aide aux personnes âgées pour leur offrir une vie digne en prenant en charge leurs besoins surtout de celles et ceux qui sont encore aptes à travailler.  De même, il s’efforce d’inclure les personnes handicapées dans la société. 

Mme ZANDI (République islamique d’Iran) a estimé que la sécurité collective et le libre accès au système financier mondial, y compris via les canaux commerciaux et les transferts de liquidités, doivent être considérés comme des priorités.  Il apparaît toutefois que les mesures coercitives unilatérales, y compris les sanctions, ont un impact négatif sur les pays en développement, nuisant notamment à leur production et à leur recherche du plein emploi et du travail décent, a-t-elle souligné, dénonçant en outre une violation des droits à la sécurité alimentaire, à la santé, à une éducation de qualité et au développement durable.  Selon elle, le ciblage de l’importation et de l’exportation de produits de base et des transferts d’argent et de technologie ont un impact direct sur la qualité de vie des citoyens les plus vulnérables, notamment les jeunes demandeurs d’emploi, les femmes et les personnes handicapées.  Tout aussi inquiétant, a poursuivi la représentante, de nombreuses petites et moyennes entreprises ont été confrontées à de graves difficultés pour faire face à l’inflation élevée qui résulte des restrictions commerciales internationales, d’autant plus que leurs effectifs ont été frappés par la pandémie de COVID-19.  C’est dans ce contexte que l’Iran a lancé son sixième plan quinquennal de développement national, qui vise à réaliser sa vision du développement durable, en particulier en ce qui concerne le plein emploi, a indiqué la déléguée, avant de faire état de dispositifs spécifiques pour l’emploi des catégories vulnérables et de mesures de soutien pour les start-up.  Elle a d’autre part précisé qu’en raison du vieillissement de la population iranienne, des efforts particuliers sont faits pour autonomiser les seniors et faciliter leur participation au niveau communautaire.  Enfin, après avoir rappelé que son pays accueille de nombreux réfugiés, notamment afghans, et leur fait bénéficier de tous les services essentiels, elle a appelé à un renforcement de la coopération internationale sur la base de la solidarité et du partage du fardeau. 

M. MEDER UTEBAEV (Kirghizistan) a déclaré que la pandémie a démontré la nécessité de donner un nouvel élan à la promotion de la couverture sociale universelle au niveau mondial.  Il a indiqué que son gouvernement a intégré les ODD dans son plan de développement bien avant même la crise de la COVID-19.  L’État s’est porté garant pour le paiement des salaires des fonctionnaires, et a élaboré un plan d’action pour les personnes âgées pour leur assurer une vie digne conformément à la Déclaration de Madrid.  Le Gouvernement a aussi mis en œuvre des programmes pour soutenir les familles en offrant des protections améliorées et des services médicaux.  Il a créé des contrats sociaux pour les plus vulnérables et a lancé la numérisation des services publics.  Le délégué a par ailleurs invité les membres de la Commission à venir à la célébration de la Journée mondiale de la justice sociale, le 20 février, dont l’objectif est de briser les barrières de l’accès à la justice. 

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a constaté que, malgré les efforts immenses consentis par les pays en développement dans la mise en œuvre du Programme 2030, trop d’événements les font tendre vers des objectifs non atteints, ce qui met en péril tous leurs dispositifs de justice sociale.  Considérant à cet égard que l’obtention d’un travail décent est un préalable pour éradiquer la pauvreté et la faim, le représentant a indiqué que son pays s’est employé à mettre en place un modèle social prévoyant en premier lieu un renforcement de l’aide aux familles.  Il a noté que l’innovation et l’entrepreneuriat peuvent donner un nouvel élan au développement social, à la condition d’intégrer au marché de l’emploi les jeunes et les femmes.  Le délégué a d’autre part estimé que, dans un monde fondé sur les principes de coopération, de solidarité et de respect mutuel, les mesures coercitives unilatérales n’ont pas leur place.  Il s’agit ni plus ni moins d’une arme de destruction massive et d’un crime comme l’humanité, s’est-il indigné, se disant fermement convaincu qu’un monde juste et humain, défendant l’égalité entre les sexes, est possible pour tous les peuples. 

M. NZE (Nigéria), a souligné l’importance du travail décent pour échapper à la pauvreté, notant en outre que les conséquences de la COVID-19 ont souligné l’importance d’intensifier les efforts visant à atténuer les effets sociaux de la pandémie.  Préoccupé par son impact sur les jeunes et les personnes âgées, il a signalé que l’emploi informel est source de défis pour les marchés du crédit et les services.  Attirant l’attention sur les pays du tiers monde, il a noté que l’emploi productif et le travail décent pour tous est un moyen de réduire durablement les inégalités.  Le plein emploi pour tous permet de réduire les écarts entre les riches et les pauvres, a-t-il déclaré.  En outre, l’emploi donne un sentiment de dignité et de but, favorise l’inclusion sociale et accroît la participation politique des femmes, a ajouté le représentant qui a également souligné l’importante contribution de l’entrepreneuriat au développement durable.

Mme ELIZABETH MARIA TUDOR-BEZIES (Canada) a jugé essentielle la promotion d’emplois décents pour réaliser les ODD, en appelant à une amélioration de l’accès au travail, notamment au profit des communautés marginalisées.  Elle a détaillé la politique menée par le Canada à ce titre, en vue notamment de doter les individus des compétences nécessaires.  Elle a aussi appelé à un meilleur taux d’emplois des femmes et à une correction des inégalités de salaire dont elles sont victimes, en particulier les femmes issues de communautés marginalisées.  Le Canada s’est aussi penché sur la question du travail non rémunéré, a continué la déléguée.  Enfin, elle a rappelé que son pays a fait de sa priorité l’élimination du harcèlement sur le lieu de travail. 

M. DAVID ABESADZE (Géorgie) a dit que la promotion d’emplois décents est la priorité de son pays, en soulignant le rôle important joué à ce titre par l’inspection du travail.  Il a détaillé la politique en faveur de l’emploi et de l’intégration sociale des personnes handicapées.  Il a appuyé l’idée du Secrétaire général d’organiser un Sommet social mondial en 2025.  Il a mentionné l’avancée qu’a été l’adoption d’une indemnisation pour les personnes victimes de violences intrafamiliales.  Enfin, il a rappelé que l’occupation par la Russie de régions géorgiennes entrave la politique sociale de son pays, au détriment des droits humains des habitants de ces régions.

M. DENNIS FRANCIS (Trinité-et-Tobago) a appelé à l’avènement d’une société dans laquelle tous les individus sont traités au même titre.  Il a insisté sur l’importance du travail décent qui, a-t-il souligné, est la voie vers la sortie de la pauvreté, ainsi qu’un motif de fierté et de dignité.  Le délégué a évoqué certaines des mesures prises par son gouvernement pour aider les populations pendant la pandémie.  Les autorités ont établi un comité national pour tracer la voie vers la reprise qui se veut inclusive. 

M. ANDREAS HADJICHRYSANTHOU (Chypre) a noté que cette session de la Commission du développement social est éclipsée par les conséquences sur l’économie et l’emploi de la pandémie.  Avec cette crise, les inégalités sur le marché du travail se sont creusées et la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 a été sapée, a-t-il constaté, estimant que le travail décent et le respect des normes internationales du travail sont indispensables pour parvenir à la reprise économique dans l’ère post-COVID-19.  À titre national, il a indiqué que son pays élabore actuellement une stratégie globale pour la conception et la mise en œuvre de mesures de politique active de l’emploi.  Dans ce cadre, a précisé le représentant, l’accent est mis sur la promotion de l’égalité des chances pour tous, en particulier des femmes et ses jeunes, en tenant compte de la transition verte et du verdissement de l’économie.  Avec l’ « écologisation » de l’économie, de nouvelles opportunités d’emploi devraient se développer dans divers secteurs, a-t-il anticipé, plaidant pour que la priorité soit donnée aux politiques et stratégies de perfectionnement et de reconversion.  Si la pandémie a aggravé les inégalités face à l’emploi, nous avons maintenant l’opportunité de surmonter ce défi en créant un marché du travail plus inclusif, plus équitable et plus adaptable, qui respectera les droits humains et garantira l’égalité des sexes et la non-discrimination, a-t-il conclu. 

M. BÁLINT MOGYORÓSI (Hongrie) a souligné que le plein emploi productif et un travail décent pour tous sont essentiels pour une économie résiliente et saine.  Il a appelé à surmonter la pandémie de COVID-19 en stimulant les économies grâce à la création d’opportunités, tout en appelant la communauté internationale à ne pas ignorer le risque que représentent les changements climatiques et la migration.  Il a préconisé une approche globale pour obtenir un résultat plus fort, plus vert et plus durable qui respecte les compétences internationales.  Il a par ailleurs appelé à impliquer les jeunes, et les jeunes vulnérables en particulier, au processus de relèvement.

Mme OFFENBAECHER, déléguée de la jeunesse de la Hongrie, intervenant dans une vidéo préenregistrée, a indiqué que les jeunes d’aujourd’hui sont confrontés à des défis sans précédent, et que leur avenir qui est en jeu.  Nous sommes la génération de la créativité et nous ne baisserons pas les bras pour l’avenir, a-t-elle promis.  Elle a appelé à utiliser cette créativité pour faire face aux défis, tout en impliquant d’autres groupes marginalisés.  À cet effet, l’égalité entre les sexes est de la plus grande importance afin de diversifier les perspectives de développement, a-t-elle déclaré. 

M. DANG HOANG GIANG (Viet Nam) a indiqué que dans son pays, l’adoption d’une approche pangouvernementale avec le plein soutien du peuple a permis de maîtriser la pandémie et de lancer une reprise économique robuste.  C’est ainsi que le marché du travail s’est redressé, tandis que le taux de chômage a été limité à 2,28%, le revenu des travailleurs suivant, quant à lui, une tendance à la hausse.  Parallèlement, des mesures sans précédent de protection sociale et de soutien aux entreprises ont été introduites, avec un accent particulier sur les groupes vulnérables et le soutien aux petites et moyennes entreprises.  À cette aune, le représentant a plaidé pour une augmentation significative des financements destinés à aider les pays en développement à atteindre les ODD, jugeant nécessaire de transformer le système financier mondial pour fournir à ces pays l’espace budgétaire dont ils ont besoin pour renforcer la résilience de leur population.  Il a d’autre part appuyé l’idée selon laquelle l’accès au travail décent passe par des efforts de lutte contre la faim et la pauvreté, mais aussi de promotion de la sécurité alimentaire, de la nutrition et de l’agriculture durable.  Le délégué a également appelé à consacrer davantage d’attention et de ressources aux groupes vulnérables, avant de souligner l’importance d’une meilleure préparation des travailleurs aux opportunités qui s’offrent à eux.  Ils devraient avoir un accès adéquat au renouvellement de l’éducation et de la formation, à l’amélioration des compétences, à la capacité d’auto-apprentissage et à l’adaptabilité, a-t-il soutenu.

Mme ALYSON CALEM-SANGIORGIO (Monaco) a insisté sur les efforts déployés par son gouvernement pour assurer le développement social à tous les niveaux.  Elle a ainsi fait part de mesures destinées à favoriser l’égalité entre les sexes en matière salariale, précisant que si le secteur public est désormais égalitaire dans la Principauté, il existe encore un écart de 5,9% dans le secteur privé.  S’agissant des jeunes, particulièrement affectés par les effets de la pandémie sur l’emploi, la représentant a indiqué que tout est fait pour faciliter leur intégration dans le tissu économique monégasque, notamment via l’action de la commission d’insertion des jeunes diplômés, de la cellule emploi jeunes qui aide à la recherche d’un premier emploi et de Monaco Tech, qui contribue à l’incubation de jeunes start-uppeurs.  La représentante a ajouté qu’à Monaco, tous les salariés, dans le secteur public comme privé, bénéficient d’un accès à une protection sociale complète.  Des mesures sont prises pour assurer à chacun une sécurité de revenu et un bien-être tout au long de la vie, a-t-elle souligné, faisant état d’allocations familiales, mais aussi de prestations maternité, chômage, maladie et handicap ainsi que de pensions de retraite.  Lorsque ces dernières sont insuffisantes, la Croix-Rouge monégasque aide les personnes qui ont travaillé toute leur vie mais dont la pension est trop faible face au coût de la vie, a précisé la déléguée.  Elle a également souligné l’importance accordée par son gouvernement à l’entrepreneuriat, rappelant que Monaco compte plus de 6 000 entreprises, dont 87% sont PME.  À l’international, un accord tripartite a été signé avec l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel en faveur de l’entrepreneuriat féminin, a-t-elle ajouté, indiquant enfin que Monaco aide les entreprises en difficulté et appuie leur transition énergétique. 

Mme DA HEE SONG (République de Corée) a mentionné le plan de son pays pour un changement de paradigme s’agissant de la politique de l’emploi afin de créer des emplois dignes.  Elle a indiqué que son gouvernement vise à remédier aux inégalités de salaire.  Elle a aussi mentionné la lutte contre les maladies et accidents sur le lieu de travail, insistant sur l’importance de la bonne évaluation des risques professionnels.  Elle a enfin détaillé la politique de garde d’enfants lorsque les deux parents travaillent, affirmant que la République de Corée mène des politiques sociales favorables aux familles. 

M. TAREK LADEB (Tunisie) a plaidé pour des politiques exceptionnelles pour faire face à des circonstances exceptionnelles, en appelant à remédier aux inégalités et à favoriser la numérisation des économies.  Il a appuyé les efforts pour parvenir à la réalisation des ODD et pour un relèvement postpandémie optimal.  Les êtres humains doivent être au cœur de nos efforts, a dit le délégué.  Il a détaillé les politiques suivies par son pays en vue de créer des emplois décents, en particulier pour les personnes handicapées.  La Tunisie met aussi l’accent sur le développement de l’entrepreneuriat.  Enfin, le délégué a insisté sur l’importance de la formation professionnelle continue dans la nouvelle économie du savoir. 

Mme MNTIYAMBALA (Malawi) a indiqué que la création d’emplois pour les jeunes est la priorité de son gouvernement.  Avec la vision Malawi 2063, a-t-elle ajouté, le Gouvernement a adopté une politique pour relancer le marché du travail et une stratégie de création d’emplois.  Il a aussi développé des programmes de stage et de formation pour les diplômés, et de promotion de l’employabilité des jeunes sortant de l’université.  Il a en outre adopté un programme visant au renforcement de la création d’entreprises afin de lutter contre le chômage des jeunes.  La protection sociale est elle aussi devenue une priorité du Gouvernement qui veut ainsi empêcher que les gens ne tombent dans la pauvreté.  Il a élaboré un autre programme d’aide aux entreprises qui peuvent désormais faire leur paiement des taxes et des impôts par virement électronique.  Le Gouvernement encourage en outre l’épargne privée pour les femmes et a mené un projet de renforcement des capacités commerciales des femmes dans le milieu agricole.  Il a également décidé d’investir dans l’énergie solaire, a ajouté la représentante qui a exhorté à soutenir les efforts de relèvement post-pandémique des pays les moins avancés. 

Mme JOANNA SYLWIA SKOCZEK (Pologne) a indiqué que les effets délétères de la pandémie, qui ont mis à mal l’économie de son pays, se sont répercutés sur les chaînes d’approvisionnement, empêchant les entreprises de fonctionner correctement, une situation aggravée depuis par la guerre non justifiée provoquée par la Russie en Ukraine.  Dans ce contexte, il a fallu stabiliser et moderniser nos économies, a-t-elle dit.  Parmi les solutions, la représentante a cité le plafonnement des prix de l’électricité, ainsi que la réduction de l’inflation sur les denrées alimentaires ou énergétiques.  Il a fallu de plus opérer des investissements publics et privés dans les infrastructures mais aussi dans la transformation numérique et verte.  La représentante a également précisé que 10% du PIB a été consacré à la protection de l’emploi sous diverses formes d’aides aux entrepreneurs et aux citoyens. 

La déléguée a ensuite indiqué que la Pologne est le pays qui a accueilli le plus grand nombre de réfugiés en Europe l’an dernier.  De fait, 1,4 million d’Ukrainiens sont enregistrés et disposent de cartes d’identité polonaises qui leur permettent de bénéficier des services de santé ou encore de couverture sociale tout comme pourraient y prétendre d’autres Polonais.  Le marché du travail est également ouvert aux réfugiés qui ont été 660 000 à avoir trouvé un emploi en toute légalité.

Mme FEBRIAN IRAWATI MAMESAH (Indonésie) a rappelé les effets délétères de la pandémie sur l’économie et le marché de l’emploi de son pays, précisant qu’au total, quelque 954 000 Indonésiens ont perdu leur emploi durant cette période.  Cependant son gouvernement a redoublé d’efforts pour progresser vers le plein emploi productif.  Cela s’est traduit par plusieurs mesures clefs, à commencer par la création d’un environnement favorable à l’emploi, a précisé la représentante, en faisant part d’investissements massifs dans les micro-entreprises et les PME en vue de les autonomiser via l’octroi de marchés publics.  Cet effort a représenté 40% de nos dépenses de relance, a-t-elle indiqué, avant de mentionner des mesures destinées à rendre l’économie plus compétitive, notamment au travers de la numérisation du catalogue de produits.  Convaincu que le plein emploi passe par une main d’œuvre de qualité, le Gouvernement indonésien a aussi lancé un programme visant à renforcer les capacités des travailleurs en les dotant de compétences, a ajouté la déléguée, selon laquelle ce dispositif d’amélioration des ressources humaines a bénéficié à 26 millions de personnes.  Et en 2021, les autorités nationales et régionales ont également aidé 15 millions de personnes à se familiariser avec la technologie numérique.

Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador) a insisté sur l’importance de se préoccuper du sort des migrants.  Elle a ensuite indiqué qu’El Salvador a mis l’accent sur la formation professionnelle des jeunes pour qu’ils puissent participer à la dynamique sociétale.  Le Gouvernement a également signé les conventions de l’Organisation internationale du Travail (OIT) sur la sécurité au travail, l’environnement, la maternité et l’éradication de la violence au travail, entre autres, et subventionne en outre l’aide aux personnes les plus vulnérables et aux seniors.  La représentante a ensuite insisté sur l’importance d’élaborer des indicateurs du progrès autres que le PIB.  Le développement social inclusif est essentiel et tout le monde doit être concerné, a-t-elle estimé. 

Mme ANDREEA MOCANU (Roumanie) a noté que la pandémie a eu un fort impact économique et social, notamment sur le marché du travail où elle a provoqué des changements rapides dans les relations existantes entre employeurs et employés.  À ses yeux, ces changements ont entraîné un besoin accru de flexibilité, tout en rendant indispensable de garantir la sécurité des travailleurs, de mener des stratégies d’apprentissage tout au long de la vie et de proposer des systèmes de protection sociale modernes pour garantir un revenu adéquat pendant les périodes de chômage.  Alors que la mondialisation, les changements climatiques, les progrès technologiques et la promotion d’une économie verte ouvrent de nouveaux marchés, il convient d’anticiper les besoins en compétences et d’offrir les programmes de formation correspondant, a souligné la représentante.  Cela nécessite l’implication de tous les acteurs responsables, des pouvoirs publics centraux et locaux aux partenaires sociaux, mais aussi une adaptation des systèmes de protection sociale aux capacités contributives et aux nouveaux modèles d’emploi, a-t-elle avancé, jugeant en outre crucial d’identifier et de relever les défis auxquels sont confrontées les personnes les plus vulnérables.  De fait, afin de mieux s’adapter à la dynamique actuelle du marché du travail, il est nécessaire, selon elle, de mieux coordonner les interventions et d’utiliser tous les instruments juridiques et financiers afin de développer des formes combinées de travail et de formation professionnelle qui répondent aux nouvelles réalités. 

Le représentant de la Côte d’Ivoire a insisté sur l’importance d’établir un socle de protection sociale.  Il a indiqué que l’Afrique, qui réalise un taux de couverture sociale de 17% seulement, contre une moyenne mondiale de 47%, envisage, dans son agenda 2063, d’atteindre un niveau de vie et de bien-être élevé pour tous, grâce à une sécurité et protection sociales abordables pour tous.  Le délégué a rappelé que la Déclaration d’Abidjan, adoptée lors de la quatorzième réunion régionale africaine de l’Organisation internationale du Travail (OIT), appelle à étendre progressivement la protection sociale durable pour tous.  En dépit des résultats encourageants en Côte d’Ivoire, beaucoup reste encore à faire en vue d’accroître le taux de couverture sociale et de renforcer les acquis, a-t-il reconnu.  Les crises actuelles doivent nous mobiliser sur l’urgence de reconstruire ou de renforcer nos systèmes de protection et de sécurité sociales, en vue de garantir une meilleure résilience à nos populations, a-t-il conclu. 

M. RODRIGO ANDRÉS MÉNDEZ BOCANEGRA (Colombie) a dit que son pays vise à combler les inégalités économiques et à élargir la couverture sociale pour tous et toutes.  C’est la seule façon pour se relever au mieux de la pandémie, a-t-il estimé.  Il a détaillé la politique de retour à l’emploi et d’insertion sociale pour les personnes les plus vulnérables.  Selon lui, les femmes doivent être le nouveau moteur de l’économie et de la création d’emplois décents.  Il a rappelé que la lutte contre la pauvreté est une aspiration globale de la société colombienne, malgré les difficultés qu’elle connaît, en précisant que l’accent est mis sur la protection des plus vulnérables.

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a indiqué que les inégalités dans son pays sont parmi les plus élevés dans le monde et se manifestent par une répartition inégale des revenus, un accès inégal aux opportunités et des disparités régionales.  De plus, a-t-il déploré, les périodes prolongées de faible croissance économique ont mis à mal les efforts déployés pour lutter contre les inégalités structurelles historiques.  L’Afrique du Sud est également confrontée depuis longtemps à des niveaux élevés de chômage, une situation exacerbée par la pandémie de COVID-19 qui a créé une crise dans une société déjà très inégalitaire. 

Le représentant a expliqué que pour réduire les inégalités, l’Afrique du Sud mise sur des programmes de dépenses sociales plus élevés et des transferts gouvernementaux ciblés.  Par le biais du programme d’assistance sociale du Gouvernement, environ 18 millions de personnes éligibles bénéficient des diverses subventions sociales, notamment les enfants, les personnes handicapées et les personnes âgées.  Les données empiriques montrent l’impact positif de ces interventions, non seulement sur les individus mais aussi au niveau des ménages, s’est-il félicité.  L’Afrique du Sud accord en outre la priorité à la création d’emplois dans ses stratégies nationales de réduction de la pauvreté et ses programmes de développement. 

M. CARLOS AMORÍN (Uruguay) a indiqué que la notion de plein emploi a été mise à mal dans son pays suite à la pandémie.  L’Uruguay a sombré dans le chômage en 2020, même si sa situation économique a été moins catastrophique que celle d’autres pays de la région grâce à son programme de couverture sociale.  Le pays a investi dans les secteurs les plus touchés, notamment l’éducation et la santé, ainsi que dans l’égalité hommes-femmes et les travailleurs du secteur informel.  Les taux des allocations chômage ont été fixés, et une loi de stimulation de l’emploi pour les personnes les plus vulnérables a été mise en place, a expliqué le représentant.  Il a toutefois reconnu que l’Uruguay a connu un recul dans la réalisation des ODD 8 et 10, et, pour y répondre, des mesures d’urgence ont été prises pour protéger les populations les plus vulnérables.  Il a insisté sur le fait que les emplois créés doivent être de qualité afin de permettre un relèvement durable de l’économie. 

Mme CÉLINE FABRE PIERRE (Haïti) a déclaré que l’éradication de la pauvreté, ainsi que le progrès social et la réalisation du développement durable pour tous passent nécessairement par la lutte contre les inégalités dans toutes ses dimensions.  Elle implique la création du plein emploi productif et d’un travail décent pour tous et de lourds investissements durables en vue de mettre en œuvre des politiques sociales, a-t-elle précisé.  Pour atteindre le Programme 2030, a ajouté la représentante, les pays à faible revenu qui continuent de subir les effets néfastes de la pandémie auront un long chemin à parcourir.  Le sien connaît ainsi une grave insécurité causée par les gangs armés, avec des impacts négatifs sur la situation socioéconomique, a relevé la déléguée, qui a souligné que la crise pluridimensionnelle qui sévit en Haïti entraîne une hausse vertigineuse du taux de chômage.  Dans ce contexte, le Gouvernement fait de son mieux pour venir à bout de ces problèmes.  Il a notamment procédé à l’installation du Haut Conseil de Transition dans l’objectif de favoriser l’organisation d’élections générales afin de ramener le pays à la normalité constitutionnelle et démocratique.  De la sorte, il entend créer un climat propice au développement économique dans la perspective d’une amélioration substantielle des conditions matérielles de vie de la population, a encore souligné la représentante.

M. DANIEL FOGARTY (États-Unis) a déploré le fait que les sujets couverts par la Commission sont devenus si vastes qu’ils se chevauchent avec ceux des autres organes de l’ONU et détournent la Commission du rôle qui est le sien d’examiner en détails les sujets dont elle est saisie.  Le représentant a demandé d’éviter les résolutions doublons et le chevauchement des points à l’ordre du jour notamment les travaux de la Commission sur les jeunes, les personnes âgées, les personnes handicapées ou encore le Nouveau Partenariat pour le développement en Afrique.  Ces sujets créent des travaux parallèles sans que cela profite ou alimente les discussions d’experts ou génère des résultats, a-t-il déploré.  Le délégué a recommandé d’éliminer les résolutions récurrentes et multiples et de se concentrer sur les questions qui sont propres à la Commission pour améliorer son efficacité.  Il a recommandé que la Commission envisage de négocier un document final thématique unique chaque année sur un sujet principal.  Cela permettrait d’éviter toute redondance et d’avoir une incidence unique sur les dimensions du développement social qui ne sont pas couvertes, mais aussi de diriger les débats vers un ensemble unique de solutions aux défis sociaux urgents.  La session annuelle devrait être résumée à trois ou quatre jours, a encore proposé le délégué. 

Mme KISHABONGO (République démocratique du Congo) a souligné la vulnérabilité de la population congolaise, la pandémie ayant creusé les inégalités.  Cette pandémie a poussé notre pays à revoir ses politiques de protection sociale pour les plus vulnérables, a dit la déléguée.  Elle a expliqué que ces politiques seront présentées en détail dans le rapport que son pays présentera demain.

Mgr GABRIELE CACCIA, Observateur permanent du Saint-Siège, s’est inquiété de cette « vision anthropologique réductrice » du travail dans laquelle la dignité inhérente de la personne humaine est subordonnée et conditionnée par la productivité.  Ceci est devenu un terrain fertile pour la prolifération d’une « culture du jetable » dans le monde du travail.  Il a constaté que les personnes d’âge moyen et les personnes âgées, dont on suppose que les capacités d’apprentissage et productives sont inférieures à celles des autres groupes d’âge, sont victimes d’une discrimination injuste qui porte atteinte à la dignité de leur travail et d’eux-mêmes en tant que travailleurs. 

La situation n’est guère plus reluisante pour les jeunes qui souffrent d’un taux de chômage croissant partout dans le monde, a-t-il fait remarquer.  Dans de trop nombreux cas, les jeunes sont parmi ceux qui subissent les conséquences les plus graves de l’évolution des relations, des structures et des méthodologies de travail et d’emploi, qui sont de plus en plus temporaires par nature.  En outre, la réalité professionnelle à laquelle de nombreuses femmes sont confrontées lorsqu’elles décident de devenir mères et de fonder une famille est particulièrement préoccupante.  Il est urgent de reconnaître et de respecter l’égalité des droits des femmes sur le marché du travail, a insisté l’intervenant selon qui aucune femme ne devrait jamais être contrainte de choisir entre sa famille et son travail. 

Le travail des enfants est un autre symptôme aigu de la culture d’exploitation qui caractérise la plupart des économies actuelles, et qui met en danger le bien-être physique et mental des enfants et les prive de leur droit fondamental à l’éducation et à vivre leur enfance dans la joie et la sérénité.  Enfin, il est essentiel, à son avis, d’investir dans des politiques de protection sociale axées sur la famille, car la famille est l’unité de groupe fondamentale de la société et, pour de nombreuses personnes dans le monde, notamment dans les régions les plus pauvres, la seule source de protection sociale.  Une éthique renouvelée du bien commun et le respect de la dignité inhérente et transcendante de chaque personne humaine sont nécessaires pour remodeler les marchés du travail de manière à promouvoir à la fois la croissance économique et le développement humain intégral, a-t-il conclu. 

M. DIEGO PARY RODRÍGUEZ (Bolivie) a expliqué comment son gouvernement a pris des mesures pour que les travailleurs du secteur informel soient inclus dans le formel désormais.  Des politiques publiques qui privilégient l’industrialisation ont ainsi été mises sur pied, a-t-il indiqué, tout en précisant que le taux de chômage est de 4,43% en Bolivie.  Le Gouvernement entend également lutter contre les inégalités dans le marché du travail.  Un programme spécifique ciblant les jeunes leur permet de se former et trouver un emploi.  En outre, les exportations des matières premières et des intrants font désormais place à des solutions locales, notamment par l’autonomisation de groupes vulnérables.  Le délégué a également plaidé pour des actions qui valorisent la planète terre. 

M. AKAN RAKHMETULLIN (Kazakhstan) a indiqué que pendant la COVID-19, les groupes les plus vulnérables ont fait l’objet de mesures spéciales, et la politique de développement a été revue en y intégrant la dimension pandémie.  Un accent a été mis sur l’éducation et la santé, et la couverture sociale a été élargie.  Les personnes âgées ont dorénavant la possibilité de faire plus souvent un bilan santé, a précisé le représentant.  Il a également évoqué certaines stratégies élaborées à l’intention des jeunes pour les aider à trouver un emploi, y compris un portail unique de formation.  Il a conclu en appelant à collectivement donner effet aux objectifs que la communauté internationale s’est fixée en termes de développement durable.

Le représentant du Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) a dit que les crises actuelles ont exacerbé la situation des travailleurs du secteur informel, essentiellement les femmes.  Dès lors, il faut veiller à ce qu’elles puissent participer à l’économie de leur pays pour que ceux-ci puissent prétendre se relever.  Le monde est à la moitié du chemin à parcourir pour atteindre les ODD et les perspectives économiques restent peu prometteuses, a estimé le représentant.  Il est donc nécessaire de prendre des mesures fiscales d’urgence, a-t-il exhorté, s’opposant aux mesures d’austérité fiscale qui risquent d’entraîner un effondrement du tissu social et une instabilité au sein des sociétés.  La croissance économique à elle seule ne corrigera pas toutes les injustices sociales du monde et ne permettra donc pas d’atteindre rapidement les ODD, a averti l’orateur.  Il faut éradiquer les inégalités, surmonter les obstacles structurels à leur origine et réinstaurer la confiance dans les gouvernements.

Le représentant de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a plaidé pour des migrations ordonnées et régulières, en rappelant les incidences positives pour le développement durable.  Les migrants sont un moteur pour le développement et pas un obstacle.  Les migrants doivent en outre être pleinement associés à la réalisation des ODD.  Il a rappelé que le Pacte mondial sur les migrations prévoit la création d’emplois décents pour les migrants.  Enfin, il a appelé à épauler les migrants et à façonner, ensemble, un monde meilleur.

La représentante du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) a déclaré que les 30 millions de personnes souffrant du VIH ou du sida doivent pourvoir vivre une vie saine et productive.  Il faut aussi aider leurs familles et garantir leur protection sociale car cela permet d’arrêter les risques d’épidémies et d’abattre les barrières à l’accès aux services.  Les transferts d’argent aident les jeunes filles et ont des retombées positives sur la lutte contre le VIH, a dit la représentante en guise d’exemple.  Combattre la stigmatisation permet de sauver la vie des personnes séropositives ou des personnes susceptibles de contracter le VIH, a-t-elle fait valoir. 

Le représentant de l’Appui solidaire pour le renforcement de l’aide au développement, ONG malienne, a mis l’accent sur l’insécurité alimentaire, la pauvreté, la santé et l’accès à l’eau comme principaux freins au développement durable au Mali.  La situation humanitaire au Mali est dominée par les mouvements de population, a-t-il précisé en dénonçant le sous-financement de la riposte humanitaire.

Mme BRAHMA KUMARIS, de World Spiritual University, a déclaré que le droit à la dignité au travail est une des expressions les plus fondamentales de la valeur humaine.  Pendant la pandémie, les populations ont perdu leurs emplois, les jeunes ont eu du mal à entrer sur le marché du travail, et les écoles ont fermé, a-t-elle rappelé.  Elle a partagé une approche qui a donné ses fruits en Inde, à savoir l’initiative « prepare » lancée dans un village où des femmes ont été engagées pour coordonner des écoles mises en ligne à l’intention de jeunes défavorisés, notamment des jeunes filles.  Ces programmes ont permis de créer des emplois et des possibilités d’apprentissage.  Cette initiative a permis à ces bénévoles de faire montre de générosité et d’empathie et de permettre à ces jeunes de s’autonomiser, s’est-elle félicitée. 

Le représentant de CFAM a rappelé l’obligation de protection des familles.  La famille est la seule source de protection sociale pour plus de 70% de la population mondiale.  Il a aussi plaidé pour un meilleur équilibre entre la vie professionnelle et la vie familiale.

Le représentant de Congregation of Our Lady of Charity of the Good Shepherd a mis l’accent sur l’impératif de créer un emploi plein et décent pour tous et d’assurer la protection de l’avenir.  Il a exhorté à renouveler la foi dans l’humanité et d’opter pour des gouvernements qui soient redevables et engagés dans la réalisation du Programme 2030

Le représentant d’EUROGEO a souligné l’importance de donner des compétences numériques en particulier pour les femmes, les personnes âgées et les jeunes.  Il a encouragé les États Membres à prendre des mesures pour soutenir la croissance de l’économie numérique et concevoir des programmes qui soutiennent l’accès des groupes vulnérables au travail numérique. 

La représentante de FEMM Foundation a redit son attachement à l’amélioration des soins de santé procréative.  De nombreuses femmes subissent en silence sur leurs lieux de travail des douleurs liées aux règles, a dit la déléguée, en mentionnant les troubles hormonaux qui peuvent être à l’origine de ces douleurs.  Elle a donc appelé à y remédier, en insistant sur l’importance capitale de la bonne santé des femmes.

Le représentant de Grace Leadership Foundation a évoqué les projets de terrain que l’ONG mène dans le nord du Mali notamment.  Elle a demandé des financements nécessaires pour assurer un accès à l’éducation de tous les enfants du pays, notamment de la part des Nations Unies et d’autres partenaires. 

La représentante de l’Institute of the Blessed Virgin Mary Loreto Generalat, a mis l’accent sur les difficultés économiques, y compris le chômage des jeunes, dans le contexte de la pandémie de COVID-19 et après.  Les jeunes se demandent dans quelle mesure les décideurs prennent les décisions adéquates pour répondre à ce défi, a-t-elle déclaré.  Elle a également relevé que le taux de chômage des jeunes femmes est plus élevé et que leur niveau de revenu est inférieur.  Les jeunes ont besoin d’investissements financiers et sociaux, a-t-elle martelé, et il faut se concentrer sur une éducation qui réponde aux besoins du marché du travail en mutation pour permettre aux jeunes d’être des acteurs actifs de l’économie.

Le représentant de l’Association internationale des journalistes indépendants a proposé un nouveau modèle collectif de fonctionnement de l’ordre multilatéral qui favorise les interactions entre les sociétés civiles et non plus les chefs d’État qui, a-t-il affirmé, semblent lancés dans une confrontation permanente.  Il a ainsi appelé à un groupe social global homogène et axé sur le bien-être de tous, soit « un modèle sans leader et dans lequel la prise de décisions se ferait par le collectif et non par un représentant ».  Ce collectif mondial présente plusieurs avantages par rapport à l’ancien modèle, a estimé l’intervenant qui a fait valoir que la prévalence de la guerre serait moindre et même éliminée dans ce modèle qui verrait aussi des solutions facilement trouvées pour les ODD et des questions à controverse comme celle des changements climatiques.

La représentante d’International Federation for Family Development, a souligné l’importance d’une science de la famille, terme qui est repris désormais dans de nombreux cursus universitaires, au Canada notamment.  Elle a aussi plaidé pour des politiques familiales robustes, ce qui est bon pour la famille étant bon pour la société.

Le représentant de l’International Federation on Ageing, a jugé déplorable de constater que les personnes âgées dans le monde sont limitées dans leur envie de participation à la société en raison d’obstacles à l’accès à la sécurité économique, à la protection sociale et à la sécurité de l’emploi.  La pandémie de COVID-19 a perpétué la négligence des personnes âgées et amplifié leur pauvreté, tout en causant une augmentation des inégalités vécues par cette tranche sociale.  Il a appelé à réduire l’exclusion des personnes âgées du marché du travail et l’accès inadéquat à l’éducation, à la formation et au développement des compétences tout au long de la vie.  Alors que la population mondiale vieillissante augmente rapidement et au vu des effets durables de la pandémie de COVID-19, il a plaidé pour l’avènement d’une convention des Nations Unies sur les droits des personnes âgées, afin de les protéger légalement, et de répondre aux besoins des générations futures de personnes âgées.

Mme YASMINE RAOUF, du Mouvement international ATD Quart Monde, a indiqué que lorsque les personnes en situation de pauvreté discutent de la valeur et de la signification d’un travail digne, le premier point qui ressort est la souffrance causée par le manque de ressources et de moyens.  Ce sentiment est intensifié par un traitement discriminatoire lors de l’accès à l’emploi.  Et les personnes vivant dans l’exclusion éprouvent souvent un sentiment de futilité qui est exacerbé par le peu de possibilités qu’elles ont de contribuer à la société et/ou de voir ces contributions valorisées.  De ce fait, a-t-elle fait remarquer, les contributions réelles des personnes en situation de pauvreté à des sociétés plus durables ne sont pas reconnues.  La représentante a appelé à élaborer des solutions audacieuses et innovantes, adaptées aux personnes les plus exclues, afin de résoudre ces problèmes, car, a-t-elle soutenu, l’importance d’un emploi va bien au-delà de l’argent.  De plus, selon elle, l’accès à un travail digne aura un rôle essentiel à jouer dans la promotion de la cohésion sociale et dans la transition équitable vers les emplois verts. 

La représentante de Irene Menakaya School Onitsha, une ONG qui cherche à faire avancer la cause des femmes, a mis l’accent sur l’importance de l’emploi plein et productif des femmes pour surmonter les inégalités.  Elle a demandé que les enseignants et les élèves puissent disposer des outils numériques pour créer un enseignement plus flexible, et faciliter la création de compétences et d’emplois.  Le développement de l’éducation doit être une priorité d’ici à 2030, a insisté la représentante.

Mme JEANNE VIGOUROUX, de Life Project 4 Youth, a indiqué qu’au cours de la prochaine décennie, un milliard de jeunes, selon la Banque mondiale, vont tenter d’entrer sur le marché du travail, mais que moins de la moitié d’entre eux à peine trouveront effectivement un emploi formel.  « Nous allons droit à la catastrophe », a-t-elle prédit.  Il existe pourtant de nombreuses améliorations et solutions à long terme: créer de nouvelles structures et de nouveaux espaces de dialogue et d’engagement entre la société civile et les gouvernements, changer les attitudes et les normes sociales dans les entreprises et les espaces publics, et créer de nouveaux précédents dans le traitement des jeunes en danger, a suggéré l’intervenante. 

La représentante de Make Mothers Matter a demandé que le travail des mères soit rémunéré, exhortant la Commission à examiner d’urgence cette question.  Elle a aussi appelé à fournir une couverture sociale pour les mères et a encouragé les gouvernements à faire participer davantage les femmes « parce que les mères comptent ».

La représentante de Red Dot Foundation a invité à ratifier les conventions de l’OIT sur les droits humains, le dialogue social et les inégalités de salaire.  « Nous devons changer les choses, maintenant », a-t-elle insisté.

La représentante de Miss CARICOM International Foundation CIP Inc. a indiqué que cette organisation a développé des initiatives pilotes dans plusieurs pays pour encourager et engager les citoyens dans la création d’un plein emploi productif et d’un travail décent.  Il s’agit de programmes mis en place pour enseigner des compétences de vie aux communautés marginalisées, en particulier les jeunes, a souligné la représentante de l’ONG.  « Nous les engageons à suivre une formation et une éducation pour transformer ces compétences en compétences professionnelles qui leur permettront d’avoir un emploi rémunéré. »  Ce programme a formé des femmes à l’art de la pâtisserie, à la fabrication de chapeaux, à l’agriculture, à l’éducation sanitaire, à la gestion et à d’autres compétences.

L’ONG a également formé des garçons et des hommes pour leur permettre d’obtenir des compétences numériques et technologiques telles que l’installation de téléviseurs, de caméras de surveillance et de programmes numériques.  Avec le certificat de formation professionnelle obtenu, l’émancipation économique, l’acquisition de compétences, l’éducation professionnelle sont réalisées créant une plateforme pour la croissance et le développement humain, s’est félicitée l’intervenante. 

La représentante de Sisters of Mercy of the Americas, a souligné que les impacts de la pandémie sont ressentis de manière disproportionnée par les groupes les plus vulnérables, en particulier ceux qui n’avaient pas de filet de sécurité.  Elle s’est également inquiétée de l’augmentation des violences domestique.  À l’avenir, il faut proposer des solutions politiques pour atteindre les ODD plus rapidement, en particulier pour les femmes, a insisté la représentante.  À ce titre, elle a notamment revendiqué un salaire égal pour un travail égal et que l’individu soit mis au cœur des priorités. 

La représentante de Soroptimist International, a plaidé pour un travail décent, sans harcèlement et stress pour les femmes notamment.  Malheureusement, la pandémie est venue effacer de nombreuses avancées en la matière.  Elle a appelé à un avenir fait de durabilité et d’égalité, par le biais d’un contrat social qui ne laisse personne de côté. 

Le représentant de Blue Tree Foundation a dénoncé la fracture numérique entre pays avancés et pays en développement et plaidé pour la création d’une organisation internationale afin d’y remédier.  Il a aussi mentionné l’angoisse et l’inquiétude que les réseaux sociaux peuvent engendrer chez les utilisateurs.  Il a enfin insisté sur l’importance du bien-être numérique.

La représentante d’UNANIMA a expliqué que son organisation s’efforce de populariser les quatre piliers du travail décent dans toute la société.  Elle a recommandé à la Commission et aux gouvernements de mettre en place des politiques de protection sociale, mettre fin à l’esclavage et à la traite d’êtres humains, reconnaître le travail informel et non rémunéré, ainsi que le travail domestique, et créer une nouvelle ère de la couverture sociale universelle. 

La représentante de World Organization for Early Childhood Education, a signalé qu’en 2020, 160 millions d’enfants ont été victimes de travail forcé, soit un enfant sur 10 à travers le monde.  Au cours des quatre dernières années, les pays du monde entier n’ont pas progressé pour réduire considérablement ce phénomène.  Selon des analyses récentes, un nouveau groupe, les enfants migrants, particulièrement vulnérable à l’exploitation, la discrimination et la violence, s’est ajouté à cette problématique du travail des enfants.  Elle a rappelé qu’il existe un cadre et des règles internationales qui établissent des garde-fous face au travail des enfants et offrent des voies de recours, pressant à déployer des efforts pour abattre les inégalités et permettre un apprentissage holistique dès le début de vie afin de créer des citoyens attachés à la paix et à la justice sociales.

La représentante de World Union of Small and Medium Enterprises a indiqué que les PME représentent la majorité des nouveaux emplois créés, en appelant à soutenir et développer ce type d’entreprises.  Alors que le talent des femmes reste l’une des ressources les moins utilisées, elles bénéficient de moins d’accès aux crédits à la création d’entreprise et avec des taux d’intérêt souvent moins avantageux que ceux offerts aux hommes, a déploré la représentante avant d’exiger qu’au sortir de la COVID-19, l’entrepreneuriat des femmes soit promu à travers des mesures et politiques publiques adéquates.

Le représentant de World Youth Alliance, a appelé à se préparer à l’emploi productif en dotant les jeunes de compétences techniques et en investissant dans l’éducation à la dignité humaine qui est essentielle à la constitution du capital humain.  Il a expliqué que le programme d’études sur la dignité humaine de l’ONG enseigne aux enfants et adolescents le respect de leur propre dignité et de celle des autres.  L’honnêteté, la persévérance et la générosité sont des qualités que les participants à ce programme laissent percevoir après ces cours.

La représentante de la Congrégation de la Mission, a déclaré qu’il faut améliorer les moyens de subsistance de millions de personnes dans le monde, en particulier les communautés marginalisées.  Elles doivent avoir accès au travail décent, a martelé la représentante laquelle a déploré la situation des personnes handicapées privées de l’accès au travail.  Elle a demandé des garanties pour qu’elles aient accès aux formations et à l’emploi.  Par ailleurs, il faut créer les conditions propices à l’égalité et à l’équité et collaborer avec les générations futures pour qu’elles ne répètent les erreurs du présent.  La déléguée a appelé les États Membres à garantir la participation des communautés à la conception et la mise en œuvre de leurs programmes sur le travail décent, à améliorer la participation des jeunes et à démystifier les préjugés qui entravent leur participation économique. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité des ONG adopte le rapport de sa première partie de session de 2023

Session de 2023,
15e séance plénière – matin
ONG/955

Le Comité des ONG adopte le rapport de sa première partie de session de 2023

Le Comité chargé des organisations non gouvernementales a adopté, ce matin, le rapport de sa première partie de session de 2023.  Le 1er février dernier, il avait donné son accord pour la finalisation du projet de rapport, que lui avait alors présenté la Vice-Présidente du Comité, Mme Petronellar Nyagura, du Zimbabwe.  Ce rapport, jugé « équilibré » par cette dernière, résume les travaux du Comité entamés le 23 janvier dernier. 

Mme Nyagura a ainsi rappelé, comme le détaille le rapport, que le Comité a recommandé 214 organisations non gouvernementales (ONG) pour l’obtention du statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social (ECOSOC).  Le Comité a reporté sa décision pour 296 ONG et a pris note de 543 rapports quadriennaux sur les 655 examinés. 

La Vice-Présidente a également indiqué que 49 candidatures ont été closes sans préjudice après que les ONG concernées n’ont pas répondu aux questions qui leur ont été posées pendant deux sessions consécutives du Comité. 

Le Comité a également élu M. Daniel Zavala Porras, du Costa-Rica, Vice-Président du Comité. 

Le Comité des ONG, qui est composé de 19 membres, peut recommander trois différents statuts consultatifs auprès de l’ECOSOC: le statut consultatif général, le statut consultatif spécial et l’inscription sur la Liste.  Le premier statut est réservé aux grandes ONG internationales dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Ces ONG sont habilitées à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions, et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour. 

Le statut consultatif spécial est octroyé aux ONG travaillant dans un domaine spécifique et les autorise à soumettre des communications écrites et des pétitions à l’ECOSOC.  Enfin, la Liste va aux ONG qui ont tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.  Elles ne peuvent soumettre au Conseil que des communications écrites.

Le Comité reprendra ses travaux en mai prochain. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission du développement social: les jeunes appellent à investir dans l’éducation et la formation pour appuyer leur accès à un emploi de qualité

Soixante et unième session,
10e séance plénière – après-midi
SOC/4910

Commission du développement social: les jeunes appellent à investir dans l’éducation et la formation pour appuyer leur accès à un emploi de qualité

Les délégués de la jeunesse se sont mobilisés en force lors de la reprise, cet après-midi, de la discussion générale de la Commission du développement social pour attirer l’attention sur les difficultés que rencontrent les jeunes sur le marché du travail dans un contexte marqué par les défis du relèvement post-COVID-19, à l’image de la situation au Liban où le taux de chômage des jeunes a atteint 47,8%.

Les problèmes de chômage, de sous-emploi et d’emplois de mauvaise qualité n’ont fait qu’empirer au cours de la pandémie ont alerté les déléguées de la jeunesse de la Bulgarie, soulignant qu’il est difficile pour les jeunes de trouver des opportunités appropriées et un bon départ dans la vie professionnelle.  L’accès à une éducation et à un emploi inclusifs, équitables et de qualité constitue donc leur principal défi, ont-elles signalé, déplorant que le système éducatif ne prépare pas suffisamment les jeunes à un marché du travail exigeant et rapide. 

Préoccupé par le fait qu’un jeune sur cinq âgé de 15 à 24 ans n’a pas d’emploi et ne suit ni études ni formation, le délégué de la jeunesse de l’Autriche a appelé les décideurs politiques à accorder une attention particulière à la formation professionnelle des jeunes, citant en exemple le système d’apprentissage autrichien qui offre aux jeunes une bonne combinaison d’enseignement scolaire et d’expérience professionnelle.  Les délégués de la jeunesse de l’Italie ont pour leur part appelé à faciliter l’accès des jeunes aux marchés de travail en renforçant la coopération entre les différentes régions du monde. 

Investir dans une éducation de qualité et interdire les stages non rémunérés sont deux mesures essentielles que les organisations internationales et les gouvernements doivent prendre pour créer un travail décent pour tous et surmonter les inégalités, a estimé pour sa part la déléguée de la jeunesse de l’Allemagne.  Citant une étude menée par le Forum européen de la jeunesse, elle a relevé que de tels stages coûtent en moyenne plus de 1 000 euros par mois.  Or la plupart des jeunes ne disposent pas d’une telle somme à ce stade de leur vie, a-t-elle constaté.  Même son de cloche du côté de la jeunesse du Luxembourg qui a fustigé la non-rémunération des stages qu’offrent les Nations Unies, de même que les contrats d’emploi de courte durée source, selon elle, d’insécurité sociale, voire même de problèmes psychologiques. 

Conscients des défis que doivent surmonter les jeunes, nombre de délégations ont passé en revu certaines des initiatives lancées aux niveau national pour appuyer leur avenir.  Le représentant du Sénégal a ainsi indiqué que 25% du budget national 2023 est consacré à l’éducation et à la formation avec un accent particulier sur le maintien des filles à l’école, surtout dans les filières scientifiques.  Il a également cité le Programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion socioéconomique des jeunes, doté d’un budget triennal de 450 milliards de francs CFA pour la création de 65 000 emplois directs à travers des recrutements spéciaux dans les secteurs de l’éducation, de l’agriculture, de l’environnement. 

Le Botswana a évoqué de son côté le lancement du Fonds de développement des jeunes qui vise à appuyer l’entrepreneuriat des jeunes, avec un budget annuel de 120 millions de pulas.  Du côté de la Serbie, c’est un Conseil gouvernemental de la jeunesse ainsi que des programmes d’échange et de mobilité des jeunes qui ont été mis sur pied.

La Commission du développement social poursuivra sa discussion générale lundi 13 février, à partir de 10 heures.

SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Suite de la discussion générale sur le thème prioritaire: plein emploi productif et travail décent pour toutes et tous : surmonter les inégalités pour accélérer le relèvement après la pandémie de COVID-19 et la mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l’horizon 2030

Mme AICHA NANETTE CONTE, Ministre de l’autonomisation de la femme, de l’enfance et des personnes vulnérables de Guinée, a annoncé les priorités du Gouvernement à savoir l’action sociale, l’emploi et l’employabilité.  Des mesures concrètes ont été prises notamment le renforcement du partenariat public-privé, l’enregistrement de plus de 7 millions de pauvres dans la base de données du Registre social unifié et l’institutionnalisation des services genres dans les ministères.  Le relèvement post-COVID-19 ne serait possible qu’avec le renforcement du capital humain, l’élimination de la fracture numérique, le renforcement des systèmes éducatif et sanitaire, la réalisation du bien-être des personnes vulnérables et la création de l’emploi pour tous, a estimé la Ministre. 

C’est dans cette optique que les Autorités de la Transition s’emploient activement à l’amélioration des qualités de l’enseignement et des services de santé publique à travers la construction des infrastructures scolaires et sanitaires modernes ainsi que la qualification des enseignants et du personnel soignant.  La valorisation de la pension des retraités, les facilités d’accès aux microcrédits pour booster les entreprenariats féminins et jeunes que le Gouvernement a récemment décidées, tendent à améliorer de manière significative les conditions de vie des personnes vulnérables, notamment les femmes et les personnes âgées.  Les défis sont nombreux mais ils ne demeurent pas insurmontables avec la volonté politique et la solidarité internationale réelles, a terminé la Ministre. 

M. MANSOUR (Soudan), dans un message vidéo, a souligné les retards dans l’accomplissement des ODD en raison de la pandémie.  Il a détaillé la politique de justice sociale de son pays, en assurant que le Soudan mettra tout en œuvre pour atteindre lesdits ODD.  Les travailleurs du secteur informel ont ainsi pu bénéficier de plusieurs programmes de protection sociale, ainsi que les personnes les plus vulnérables.  Il a mentionné la création en 2022 d’une commission pour les actions humanitaires qui fournit des denrées aux personnes touchées par la famine.  En outre 3 millions de personnes ont bénéficié de microfinancements et de transferts en liquidités.  Les exploitants agricoles ont également vu leur situation s’améliorer.  Enfin, le représentant a détaillé les grands axes de la politique de son pays en matière d’égalité entre les genres. 

Mme ONALENNA SECHELE, Secrétaire permanente adjointe du Ministère de l’administration locale et du développement rural du Botswana, a déclaré que le Gouvernement a mis en œuvre avec succès sa politique nationale de l’emploi 2021 afin de promouvoir l’emploi productif et le travail, contribuant ainsi à la réduction des inégalités de revenus et aux efforts d’éradication de la pauvreté.  En 2020, la loi sur l’inclusion économique qui a été promulguée prévoit, entre autres, la mise en œuvre des initiatives d’autonomisation économique et la participation effective du public à la croissance économique et au développement.  Le Botswana a aussi mis en œuvre avec succès le Fonds de développement des jeunes pour assurer le développement de l’entrepreneuriat des jeunes.  Un budget de 120 millions de pulas est réservé chaque année pour financer les start-up des jeunes.  Par ailleurs, plusieurs programmes de protection sociale entièrement financés par le Gouvernement sont en place notamment le programme de développement des zones reculées et le fonds de promotion économique, qui visent à développer des petites entreprises durables dans les régions reculées.  L’intervenante a également évoqué la politique nationale pour les personnes démunies qui vise à améliorer les conditions de vie des personnes très pauvres, et le programme national de soins aux orphelins visant à atténuer les difficultés des familles à revenu faible ou moyen.  Le Gouvernement a en outre créé une allocation de pension de vieillesse accordée à tous les citoyens âgés de 65 ans et plus, qui a pour objectif de prévenir la pauvreté chez les personnes âgées.  Actuellement, plus de 130 000 reçoivent cette allocation, a-t-elle précisé. 

M. ANŽE DOLINAR, du Ministère du travail, de la famille, des affaires sociales et de l’égalité des chances de Slovénie, a déclaré que son gouvernement concentre ses efforts sur la mise en œuvre de mesures visant à assurer la réactivité du marché du travail.  Ce faisant, il a réussi à maintenir un taux d’emploi élevé.  Le Gouvernement accorde aussi une attention particulière aux groupes les plus vulnérables, a-t-il ajouté, citant diverses mesures de soutien du revenu pour les travailleurs indépendants, les personnes âgées, les bénéficiaires de l’aide sociale, les familles avec enfants et les personnes handicapées.  Parmi les défis qui subsistent, il a cité les groupes confrontés au risque de pauvreté, les travailleurs pauvres, les chômeurs de longue durée, les ménages sans membres au travail mais avec des enfants à charge, ainsi que les femmes retraitées ou travailleuses indépendantes.  Le représentant a ensuite appelé à investir dans les infrastructures, l’éducation et la formation, afin de créer des emplois de qualité et de bâtir une économie plus résiliente.  Il faut également réformer les lois et les politiques du travail pour garantir qu’elles soient équitables et protègent les droits de tous les travailleurs.  Il a aussi recommandé d’investir dans les soins de santé, le logement et les prestations de retraite, afin de garantir une vie de qualité à tous. 

Mme NATALIA MORENO (Paraguay) a affirmé que le plein emploi productif et le travail décent pour tous comme moyens de surmonter les inégalités constituent autant de priorités pour son pays, particulièrement après les effets dévastateurs de la pandémie.  Pour illustrer son propos, elle a annoncé l’adoption du plan national pour l’emploi 2022-2026, qui vise à promouvoir l’emploi décent en proposant des politiques de soutien à la croissance économique, de stimulation de la demande, de reconversion de la main-d’œuvre, d’autonomisation et de renforcement institutionnel.  Grâce à ce plan, élaboré en collaboration avec l’OIT, les associations professionnelles et le secteur syndical, des progrès ont déjà été réalisés en matière de création d’emplois et d’amélioration de la productivité, s’est-elle félicitée, avant de faire état d’un programme de construction de logements qui a généré des emplois pour plus de 22 500 travailleurs.  De même, dans les zones rurales, 43 430 personnes ont bénéficié du programme de formation des petits producteurs ruraux, dont le but est d’améliorer les conditions de vie de ces travailleurs et de leurs familles, a ajouté la représentante.  Elle a par ailleurs évoqué des formations techniques destinées spécifiquement aux groupes vulnérables, parmi lesquels les populations autochtones, les personnes handicapées et les personnes privées de liberté.  Enfin, elle a assuré que le Paraguay poursuivra ses efforts en faveur de l’intégration dans le secteur formel des travailleurs et contre le travail des enfants et des adolescents. 

M. MAHAMADOU BOKOUM, Directeur général adjoint de l’économie et de la planification du Burkina Faso, a rappelé que son pays s’est engagé à prendre des mesures porteuses de transformation en vue d’un développement durable à travers son plan national de développement économique et social 2021-2025.  Il a toutefois reconnu que la mise en œuvre de cette politique s’effectue dans un contexte difficile, caractérisé par des attaques terroristes entraînant des déplacements internes de population, des revendications sociales dans le secteur public, la pandémie de COVID-19, la guerre en Ukraine et l’impact des changements climatiques.  En dépit des multiples crises, a-t-il dit, le Burkina Faso a été résilient avec un taux de croissance du PIB réel par habitant qui a oscillé entre 2016 et 2021 à un rythme moyen de 4,9%.  Cela n’empêche pas le pays d’enregistrer une prédominance du sous-emploi avec une persistance des emplois vulnérables, a déploré le haut fonctionnaire.  Selon lui, le chômage relativement faible cache des emplois vulnérables, 68,5% des travailleurs occupant un tel emploi, tandis que le taux de sous-emploi lié au temps de travail est estimé à 39,1% et touche principalement les femmes.  Quant à l’activité économique, si elle a permis de faire passer d’un taux de pauvreté de 40,1% en 2014 à 36,2% en 2018, elle n’a pas permis de réduire les inégalités sociales, a-t-il constaté, tout en faisant état des efforts déployés par le Burkina Faso en matière d’égalité des sexes et d’autonomisation des femmes et des filles.  Il a enfin prévenu que le peu de ressources internes et externes, le faible taux d’accès aux crédits et les aléas climatiques limitent énormément l’atteinte de plusieurs ODD dans les domaines économique et social. 

Mme NGOR DIOUF, Secrétaire générale du Ministère de la femme, de la famille et de la protection des enfants du Sénégal, a déclaré qu’en dépit d’un contexte postpandémique difficile, l’économie sénégalaise reste résiliente avec une croissance de 6,5% en 2022 et une projection de 10,1% en 2023 avec le début de l’exploitation des ressources pétrolières et gazières.  Ainsi, le budget 2023 consacre 25% à l’éducation et à la formation avec un accent particulier sur le développement intégré de la petite enfance et le maintien des filles à l’école, surtout dans les filières scientifiques.  Bien évidemment, ce cadre macroéconomique favorable à la promotion de l’emploi et du travail décent permet de renforcer les politiques sociales de lutte contre les inégalités, s’est enorgueillie Mme Diouf.  C’est toute la pertinence de la Stratégie nationale pour l’égalité et l’équité de genre 2016–2026 et de la Stratégie nationale pour la protection sociale, qui sera renforcée et élargie progressivement à tous les travailleurs, y compris ceux du secteur informel, a-t-elle précisé.  Par ailleurs, des mécanismes innovants et programmes structurants sont déployés pour renforcer la résilience et l’autonomisation des femmes et des jeunes.  Il s’agit, notamment, du Programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion socioéconomique des jeunes, doté d’un budget triennal de 450 milliards de francs CFA pour la création de 65 000 emplois directs à travers des recrutements spéciaux dans les secteurs de l’éducation, de l’agriculture et de l’environnement.

M. YASSER ABDUL AHMAD, Vice-Ministre des affaires sociales de la République arabe syrienne, dans un message vidéo, a tout d’abord fait part des souffrances de milliers de familles syriennes frappées par le séisme du 7 février, avant d’appeler la communauté internationale à leur venir en aide.  Il a ensuite constaté que les retombées de la pandémie, encore exacerbées par les mesures coercitives unilatérales imposées à son pays, ont limité les perspectives de progrès social pour les groupes marginalisés de Syrie.  Malgré ces difficultés, a-t-il ajouté, le Gouvernement syrien poursuit ses efforts en matière de filets de sécurité sociale, conformément aux plans et stratégies destinés à protéger et autonomiser les groupes les plus vulnérables de la population, notamment les femmes et les jeunes.  Le Ministre a d’autre part fait état d’avancées sur le plan législatif, avec notamment l’adoption d’une loi sur l’enfance, qui renforce la protection juridique des enfants, d’une loi sur les enfants dont les parents sont inconnus et d’une autre loi prévoyant des aides sociales pour les familles, une assistance pour les enfants handicapés et une allocation chômage pour les victimes de la COVID-19.  Alors que les mesures coercitives entravent le développement social et les efforts de reconstruction, le Gouvernement syrien s’emploie à s’adapter aux nécessités de l’heure via des mesures de sécurité sociale souples, a conclu le Ministre, en demandant à nouveau à la communauté internationale de soutenir son pays face à tous ces défis.   

M. MARK KAMPERHOFF, Chef du Département des affaires internationales et de la coordination européenne au Ministère fédéral de la famille, des personnes âgées, des femmes et de la jeunesse de l’Allemagne, a jugé impératif, pour atteindre les objectifs du Programme 2030, de surmonter les inégalités et d’assurer une reprise durable.  Pour cela, il importe selon lui de se concentrer sur les besoins des groupes les plus vulnérables de la société, notamment les jeunes qui sont des acteurs clefs pour le développement social et doivent être entendus.  Le représentant s’est félicité à cet égard de l’adoption récente de recommandations politiques sur la promotion de l’emploi des jeunes dans l’agriculture et les systèmes alimentaires par le Comité de la sécurité alimentaire mondiale.  Il a par ailleurs indiqué que, pour aider les enfants et les jeunes à rattraper le temps de scolarité perdu pendant la pandémie, le Gouvernement allemand a lancé un programme d’action de 2 milliards d’euros en 2021.  Jugeant qu’assurer le plein emploi productif et un travail décent pour tous est la clef pour vivre dans la dignité, il a appelé à coopérer avec le secteur privé, où sont créés 9 emplois sur 10.  Le délégué a également évoqué l’adoption en janvier d’une loi sur la diligence raisonnable des entreprises dans les chaînes d’approvisionnement, dont l’objectif est de prévenir le travail des enfants et le travail forcé, et d’interdire les substances nocives pour les personnes et l’environnement.  Il a enfin rappelé que l’Allemagne a profité de sa présidence du G7 en 2022 pour promouvoir l’égalité salariale et la juste répartition du travail de soins non rémunéré entre hommes et femmes. 

Il a ensuite cédé la parole à Mme JOHANNA LICHTSCHLAG, déléguée de la jeunesse de l’Allemagne, qui a plaidé pour un renforcement de l’éducation de qualité, qui a beaucoup pâti de la pandémie, ainsi que pour la reconnaissance des éléments non formels qui complètent l’éducation formelle des jeunes, tels que les activités sportives et le bénévolat.  Elle a ensuite appelé à l’interdiction des stages non rémunérés qu’effectuent les jeunes à l’issue de leur formation pour entrer dans le monde du travail.  Citant une étude menée par le Forum européen de la jeunesse, elle a relevé que de tels stages coûtent en moyenne plus de 1 000 euros par mois, une somme dont la plupart des jeunes ne disposent pas à ce stade de leur vie.  Investir dans une éducation de qualité et interdire les stages non rémunérés sont deux mesures essentielles que les organisations internationales et les gouvernements doivent prendre pour créer un travail décent pour tous et surmonter les inégalités, a-t-elle estimé. 

Mme DIDI (Maldives) a rappelé que la pandémie de COVID-19 a entraîné une contraction brutale du secteur touristique et fait des ravages dans l’économie du pays.  Avec la baisse des recettes publiques et l’augmentation des dépenses de santé, le Gouvernement a décidé de fournir des allocations de soutien aux ménages.  Pour les entreprises, les autorités ont fourni des plans de relance qui garantissent la sécurité de l’emploi des employés.  Partout où l’infrastructure des TIC existait déjà, le passage aux plateformes électroniques a été rapide et a permis de continuer à fournir des services essentiels pendant la pandémie, permettant de pérenniser les activités économiques.  Par ailleurs, des mesures énergiques pour faire face aux impacts climatiques doivent être prises de toute urgence, sinon les inégalités mondiales auxquelles nous sommes confrontés en raison de la crise climatique vont s’approfondir, a averti la déléguée. 

M. HIJAB YASEEN (Iraq) a estimé qu’il faut trouver des solutions pérennes pour atténuer les conséquences de la pandémie de COVID-19 et lutter contre la pauvreté qu’elle a engendré.  Le Gouvernement iraquien a pu élaborer une politique financière qui va assurer la croissance économique et la création d’emplois, a-t-il expliqué.  Il y a eu aussi une riposte juridique, notamment aux constructions sauvages sur des terres gouvernementales.  Le représentant a également fait savoir qu’un fonds social pour le développement, créé par le Ministère de la planification, en collaboration avec la Banque mondiale, a été lancé, et qu’un programme de travaux publics, élaboré avec l’appui de l’OIT et qui devrait créer près de 100 000 emplois, est en cours de finalisation.

M. DAI BING (Chine) a déploré le marasme économique actuel, ainsi que le creusement des inégalités entre pays du Nord et pays du Sud.  Il a appelé à donner la priorité à l’emploi et à le favoriser grâce à des politiques fiscales favorables.  Nous devons instaurer un environnement propice à la création d’entreprises, a déclaré le délégué.  Il a appelé à un changement de philosophie en appelant à épauler les personnes les plus vulnérables grâce à des politiques de protection sociale robustes.  Il a exhorté les pays développés à s’acquitter de leurs engagements en matière d’APD.  Il a pointé le déficit moral grave qui affecte les institutions financières internationales et appelé à y remédier.  La division et les heurts n’aident aucun pays, a affirmé le délégué, en plaidant pour une économie ouverte et soulignant l’engagement de son pays en faveur de la coopération internationale.

M. OLIVIER MAES (Luxembourg) a déclaré que pour accélérer le relèvement, il faut investir dans les citoyens à travers l’éducation, les services de santé, l’accès à l’énergie et à l’eau propres, et la protection sociale.  Les mécanismes de dialogue social font partie intégrante de l’inclusion sociale et de la promotion du travail décent pour tous, a ajouté le représentant pour qui l’économie sociale et solidaire représente un modèle prometteur pour avancer vers la justice et l’utilité sociales de l’entrepreneuriat et donc de l’emploi. 

Il a indiqué que le Luxembourg consacre 1% de son revenu national brut à l’aide publique au développement.  Dans le cadre de notre politique de coopération au développement, a-t-il poursuivi, la promotion de la formation et de l’employabilité fait partie des thématiques prioritaires, en vue aussi de favoriser l’intégration socioéconomique des femmes et des filles.  Au Sénégal, au Mali, au Niger, au Burkina Faso, au Cabo Verde et au « Laos », la coopération soutient le renforcement de la formation professionnelle, et veille à ce que cette formation soit en adéquation avec les besoins du marché du travail local.  Le Luxembourg mobilise en outre les compétences et les investissements du secteur financier pour élargir les opportunités de travail décent, en facilitant l’accès à des services financiers inclusifs et responsables.  Cela permet de créer un environnement économique favorable à l’entrepreneuriat et à l’innovation, a dit le délégué. 

Mmes OPPERMANN et BEYENBURG, dans un message vidéo, déléguées de la jeunesse de Luxembourg, ont demandé de débattre des difficultés que rencontrent les jeunes en entrant dans le marché du travail.  Elles ont particulièrement dénoncé les problèmes de l’accès aux stages, fustigeant le fait que ceux qu’offrent les Nations Unies ne sont pas rémunérés, ainsi que les contrats de courte durée qui débouchent sur l’insécurité sociale et même des problèmes psychologiques.  Les stages doivent être accessibles à tous les jeunes et dotés de salaires minimums, ont-elles insistés.  Elles ont demandé l’octroi de bourses aux jeunes, sans aucune distinction, pour qu’ils puissent découvrir le fonctionnement de l’ONU. 

M. EVANGELOS SEKERIS (Grèce) a estimé qu’assurer un emploi décent pour tous, notamment aux femmes, aux personnes handicapées, aux jeunes et aux seniors, comme le prévoit l’ODD 8, est une pierre angulaire du développement socioéconomique.  En plus de générer les ressources nécessaires à un niveau de vie décent, le travail offre des opportunités d’engagement significatif dans la société et favorise un sens de l’objectif et l’inclusion sociale, a-t-il fait valoir, ajoutant que des taux d’emploi plus élevés contribuent à rendre les sociétés plus inclusives, en réduisant la pauvreté et les inégalités entre les régions et les groupes sociaux.  À cet égard, il a rappelé que le plan d’action pour la mise en œuvre du socle européen des droits sociaux vise à ce qu’au moins 78% de la population âgée de 20 à 64 ans ait un emploi d’ici à 2030.  Le délégué a d’autre part jugé essentiel d’assurer l’égalité d’accès des femmes à un travail décent et à des emplois de qualité dans tous les secteurs et à tous les niveaux.  Cela nécessite des politiques fondées sur le dialogue social, qui visent à éliminer les normes sociales discriminatoires et les stéréotypes sexistes, à garantir un salaire égal pour un travail égal, à prévenir et à éliminer toutes les formes de discrimination, de violence et de harcèlement sexuel et à garantir la sécurité de toutes les femmes au travail.  Il a enfin jugé que l’instauration par les entreprises de pratiques non discriminatoires et de mesures de promotion de la diversité et de l’inclusion conduiront à un meilleur accès à des talents qualifiés et productifs. 

Mme SAVOVA, déléguée de la jeunesse de Bulgarie, a mis l’accent sur les conditions difficiles que connaissent les jeunes sur le marché du travail.  Elle a constaté que les problèmes de chômage, de sous-emploi et d’emplois de mauvaise qualité n’ont fait qu’empirer au cours de la pandémie, évoquant à cet égard une récente enquête nationale selon laquelle les jeunes Bulgares considèrent l’accès à une éducation et à un emploi inclusifs, équitables et de qualité comme leur principal défi.  Beaucoup reconnaissent qu’il est difficile de trouver les opportunités appropriées et le bon départ dans la vie professionnelle, a-t-elle expliqué, avant de céder la parole à Mme GARELOVA, elle aussi déléguée de la jeunesse de Bulgarie.  Selon cette dernière, le système éducatif ne prépare pas suffisamment les jeunes à un marché du travail exigeant et rapide.  Les jeunes doivent connaître les opportunités professionnelles qui s’offrent à eux pour pouvoir s’orienter sur un marché en constante évolution, a-t-elle ajouté, appelant à un dialogue productif sur ce thème entre les institutions publiques, les organisations privées et les systèmes éducatifs.  En donnant des chances égales aux jeunes, les États Membres permettent la formation des futures générations de dirigeants et d’acteurs du changement auxquels ils font référence si souvent, a conclu la jeune déléguée. 

Mme MRAD (Liban) a indiqué qu’en raison des multiples crises auxquelles est confronté le pays depuis 2019, le taux de chômage a presque triplé en moins de trois ans, pour atteindre 29,6% en 2022, contre le niveau de 11,4% enregistré avant la crise financière et économique dévastatrice.  Les femmes et les jeunes ont été particulièrement touchés par cette crise, le taux de chômage des femmes s’élevant à 32,7% par rapport à celui des hommes (28,4%), tandis que celui des jeunes (47,8%) est presque deux fois supérieur à celui des adultes (25,6%).  À ce jour, réaliser les ODD d’ici à 2030 semble hors de portée, a reconnu la déléguée.  Si nous voulons inverser la tendance, nous devons nous attacher à combler le fossé des inégalités et garantir la justice sociale, en accordant aux femmes et aux jeunes, et bien sûr aux personnes âgées, une attention particulière, a-t-elle reconnu.

M. KHAN (Pakistan) a expliqué que dans son pays, sur une population totale de 220 millions d’habitants, plus de 68% ont moins de 30 ans et 27% ont entre 15 et 29 ans, d’où l’impératif d’offrir davantage d’opportunités d’emploi afin de garantir un développement social et économique inclusif.  Le Gouvernement a donc mis en place des programmes de création d’emplois, notamment un programme d’autonomisation des jeunes et des programmes d’octroi de prêts et d’ordinateurs portables. 

Le représentant a rappelé que son pays est encore sous le choc de la pire catastrophe naturelle de son histoire, précisant qu’en cette période d’urgence nationale, le Gouvernement a fourni des subventions en espèces de plus de 250 millions de dollars à plus de 2 millions de ménages.  Il a également mobilisé 1,5 milliard de dollars pour les secours d’urgence grâce au programme de soutien du revenu Benazir qui a la plus grande base de données des ménages les plus pauvres. 

Appelant à mobiliser toutes les ressources possibles pour permettre aux pays en développement d’atteindre les ODD, le représentant a demandé à respecter l’objectif de 0,7% d’APD; redistribuer les 650 milliards de droits de tirage spéciaux (DTS) et de nouveaux DTS; octroyer un financement concessionnel, et alléger la dette.  En outre, le délégué a estimé que les institutions financières internationales devraient revoir leurs politiques de remboursement de la dette et réduire le coût de l’emprunt pour les pays en développement. 

Le travail décent et les systèmes de protection sociale devraient faire partie des stratégies nationales de développement, a-t-il poursuivi avant de réclamer plus d’investissements dans les infrastructures durables à des fins de création d’emplois.  À cet égard, la proposition du Groupe des 77 et la Chine de créer un conseil d’orientation à l’ONU devrait faire l’objet d’un examen approfondi.  La promotion d’une éducation de qualité, la réduction de la fracture numérique et l’assistance financière et technique aux pays en développement lui semblent également opportunes, de même que l’adoption d’un pacte technologique mondial qui offrirait un accès préférentiel aux pays en développement aux technologies de pointe.

M. OSAMU YAMANAKA (Japon) a fait état d’une initiative de son gouvernement appelée « Nouvelle forme de capitalisme », qui vise à faire croître l’économie tout en résolvant les défis sociaux et en créant des moteurs de croissance.  Dans le cadre de ce projet, un large éventail de programmes ont été mis en œuvre pour relever des défis tels que l’inégalité entre les sexes, l’isolement social ou encore la solitude, afin de parvenir à une société inclusive où personne n’est laissé pour compte, a expliqué le représentant.  Par ailleurs, a-t-il ajouté, si le Japon s’efforce d’augmenter les salaires et de proposer une réforme des modes de travail au niveau national, il promeut le travail décent au niveau international.  Pour ce faire, le Gouvernement japonais fournit un soutien à d’autres pays via la coopération bilatérale, au travers de l’Agence japonaise de coopération internationale, mais aussi multilatérale, par le biais de contributions volontaires aux projets de l’OIT pour l’emploi d’urgence en période de pandémie ou de catastrophe naturelle.  Enfin, le Japon non seulement remplit son devoir de faire respecter les droits humains mais il veille aussi à ce que les entreprises fassent de même, a poursuivi le délégué.  À cette fin, a-t-il expliqué, le Gouvernement japonais a lancé en 2020 un plan d’action national sur les entreprises et les droits humains, avant de formuler l’an dernier des directives sur le respect des droits humains dans les chaînes d’approvisionnement responsables. 

M. PARGA CINTRA (Brésil) a demandé à placer les travailleurs au cœur des politiques.  Il a indiqué que durant la pandémie, les politiques sociales du Brésil reposaient sur un programme de transfert d’argent et ont permis de répondre aux besoins de tous les groupes sociaux y compris les peuples autochtones.  Le Gouvernement a ouvert un registre unique pour que les victimes de discrimination puissent y déposer leurs doléances et recevoir de l’aide.  Le Gouvernement s’efforce de promouvoir la justice et la cohésion sociales, tandis que les autorités locales et municipales déploient des services sociaux pour répondre aux besoins au niveau local.  Le Gouvernement qui a promulgué une loi sur l’emploi des femmes, a aussi adopté une politique contre la traite d’êtres humains et le travail forcé.  Le représentant a également cité la création d’un programme numérique qui permet de collecter des données et de proposer des recours aux victimes de discrimination.  Un plan d’action national sur le vieillissement a pour objectif de s’attaquer à l’isolement des personnes âgées. 

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a déploré ce monde où l’être humain est une marchandise, avant de souligner les difficultés rencontrées pour régler les difficultés liées à la pandémie.  Les ODD sont de plus en difficiles à atteindre, a fortiori si les pays préfèrent investir dans des armements plutôt que dans le développement durable, a-t-il prévenu.  Il a invité la Commission à continuer de jouer un rôle de premier plan.  Il a détaillé la protection sociale apportée aux travailleurs pendant la pandémie, limitant ainsi les pertes d’emplois.  Cuba a aussi veillé au retour à l’emploi des personnes les plus vulnérables, telles que les mères célibataires.  Il a dénoncé le blocus imposé par les États-Unis contre Cuba.  Ce blocus est la principale entrave au développement de Cuba, a regretté le délégué, avant de rappeler que son pays a mis au point son propre vaccin contre la COVID-19.

M. ALEXANDER MARSCHIK (Autriche) a indiqué que le régime de chômage partiel et la Corona Job Initiative ont contribué à maintenir de nombreux emplois durant la pandémie, et offert des possibilités de formation et d’apprentissage pour les jeunes.  Quelque 88 500 personnes ukrainiennes déplacées par la guerre jouissent du droit d’accéder librement au marché du travail autrichien et au système de sécurité sociale, a indiqué le représentant.  Il a fait savoir que la priorité économique de l’Autriche en 2023 est de contenir les crises énergétique et inflationniste afin d’assurer une reprise économique et sociale durable.  Sur le plan international, il a exhorté de répondre à la pénurie mondiale de travailleurs qualifiés de manière ciblée, estimant que l’OIT doit jouer le rôle de leader sur le travail décent. 

Le délégué a attiré l’attention sur le grand potentiel d’emploi de travailleurs qualifiés dans le domaine de l’environnement, des énergies renouvelables et de la durabilité.  Après avoir énuméré les mesures concernant la formation professionnelle et éducative, il a indiqué que le Gouvernement a pris des mesures pour rendre le marché du travail plus attractif pour les travailleurs qualifiés étrangers. 

M. XXX, délégué de la jeunesse de l’Autriche, a appelé les décideurs politiques à mettre en place une formation professionnelle efficace pour les jeunes pour contrer le fait qu’un jeune sur cinq âgé de 15 à 24 ans n’a pas d’emploi et ne suit ni études, ni formations.  À cet égard, le système d’apprentissage autrichien pourrait servir d’exemple de meilleure pratique, car il offre aux jeunes la bonne combinaison d’enseignement scolaire et d’expérience professionnelle pour réussir sur le marché du travail.  Il a également appelé les États à collaborer pour créer des lieux de travail durables et inclusifs, exempts de toute forme de discrimination et à accorder une attention particulière à la formation professionnelle des jeunes, à la durabilité dans chaque profession et au bien-être psychologique et physique sur le lieu de travail. 

M. GIANLUCA GRECO (Italie) a déclaré que pour mieux reconstruire la société après la pandémie, le Gouvernement a promu des politiques centrées sur les personnes et axées sur la promotion de la prospérité, de la protection sociale et de la sécurité alimentaire, pour une croissance inclusive, résiliente et durable.  Les changements climatiques et la transformation numérique nécessitent des réponses immédiates et adaptées, a ajouté le représentant, précisant que l’inclusion sociale, économique et intergénérationnelle sont des moteurs essentiels de l’action gouvernementale.  En Italie, où l’espérance de vie a atteint l’âge de 83 ans, le Gouvernement promeut des politiques fondées sur la notion de vieillissement actif et en bonne santé avec une approche tout au long de la vie.  Ces politiques visent à protéger les personnes âgées contre toutes les formes de violence et d’abus en particulier les femmes et les personnes handicapées.  Il a également estimé que la participation des jeunes est essentielle s’agissant de la lutte contre les changements climatiques, la croissance économique et l’éducation. 

Mme GIULIA TARIELLO et M. GABRIELE COLELLA, délégués de la jeunesse de l’Italie, dans un message vidé, ont déclaré qu’éduquer les jeunes et leur permettre d’entrer sur le marché du travail implique de créer un environnement sain et constructif pour tous.  Dans cet environnement, cette génération et la suivante pourront exercer leurs droits fondamentaux à l’éducation et acquérir des compétences essentielles pour la vie.  Ils ont appelé à faciliter l’accès des jeunes aux marchés du travail en renforçant la coopération entre les différentes régions du monde.  L’existence même du programme des délégués de la jeunesse témoigne de la volonté des jeunes à s’asseoir à la table lorsque des décisions sont prises et qui auraient un impact sur notre avenir, ont dit les deux orateurs qui ont salué les mérites de ce programme. 

Mme TAMARA STOJKOVIC (Serbie) a indiqué que son pays avait pris des mesures concrètes pour faire face aux nouveaux défis, notamment à travers sa Stratégie pour la jeunesse 2023-2030, qui vient d’être mise à jour et adoptée.  Celle-ci donne la priorité à la participation et à l’engagement des jeunes, à l’accès à l’éducation et aux opportunités d’emploi, et aborde les défis de la pauvreté et de la discrimination.  En outre, a indiqué la représentante, la Serbie a mis en œuvre diverses initiatives et programmes dirigés par des jeunes visant à promouvoir leur participation active à la société, tant au niveau national qu’international, comme le Conseil gouvernemental de la jeunesse ou les programmes d’échange et de mobilité des jeunes.  Néanmoins, malgré ces efforts, il reste beaucoup à faire et il nous faut maintenant nous attaquer aux causes profondes des problèmes, la participation et l’engagement des jeunes dans les processus politiques devant être accrus non seulement au niveau national mais aussi local, a souligné l’intervenante.

M. YOUSSOUF ADEN MOUSSA (Djibouti) a expliqué que son gouvernement a entrepris plusieurs actions de soutien aux familles, qui s’appuient sur l’infrastructure de protection sociale 2018-2022.  Il s’agit notamment d’une assistance sociale ciblée sous forme de coupons alimentaires ou de vivres, a-t-il expliqué.  Si les investissements nationaux dans le secteur social ont porté leurs fruits, le délégué a concédé qu’il reste encore beaucoup à faire, en particulier en ce qui concerne la santé, l’éducation, la protection sociale et l’emploi notant que les disparités socioéconomiques persistent à Djibouti.  Il faut notamment encore renforcer l’accès à l’eau et à l’assainissement, a expliqué le représentant, et le chômage reste une préoccupation majeure avec un taux de 47%.  Il a également argué que la formalisation de l’économie informelle est une étape importante pour promouvoir le travail décent pour tous, ce qui suppose une transformation structurelle, et de placer l’emploi productif et décent au cœur des politiques nationales de développement.  Le second défi à relever est celui de la qualité de l’emploi, a ajouté le délégué, précisant que Djibouti mise notamment sur le dialogue social et la négociation collective pour faire entrer les acteurs informels dans le plein emploi productif et décent.

M. ENKHBOLD VORSHILOV (Mongolie) a expliqué que, pendant la pandémie, son gouvernement a adopté l’approche selon laquelle cette crise offre une fenêtre d’opportunité pour construire un marché du travail plus inclusif, équitable et adaptable.  Depuis lors, a poursuivi le représentant, le Parlement du pays a adopté plusieurs documents politiques, à commencer par la « Vision 2050 », politique de développement à long terme.  Il a aussi promulgué la loi intitulée « Prévenir et combattre la pandémie: réduire les impacts sociaux et économiques négatifs » ainsi que la nouvelle politique de relance, qui toutes deux visent à renforcer l’indépendance économique et réduire les facteurs limitant le développement.  Assurant que les priorités du Gouvernement mongol sont alignées sur les ODD et sur les quatre piliers du travail décent, à savoir le soutien aux entités commerciales pour créer des emplois, la garantie du droit à l’emploi, l’extension de la protection sociale et la promotion du partenariat social, il a rappelé que le nouveau Code du travail adopté en 2021 répond aux recommandations de l’OIT concernant le marché du travail.  Fruit de consultations avec les syndicats et le secteur privé, il jette les bases juridiques du travail à temps partiel, du travail à distance, de l’élimination du travail forcé, de la garantie du droit de réunion des employés, de la restriction du travail des enfants et du salaire égal pour un travail égal, a précisé le délégué.  Le nouveau Code du travail comprend aussi un certain nombre de dispositions légales pour les familles et les communautés, a-t-il affirmé, ajoutant qu’un projet de loi d’assurance sociale est actuellement examiné au Parlement.  Enfin, il a indiqué que son gouvernement s’efforce de promouvoir des politiques sensibles au genre, qui soutiennent la création d’emplois décents dans de nouveaux secteurs durables et en croissance, notamment l’économie verte, l’économie numérique, l’économie des soins et l’économie sociale et solidaire. 

M. MOHAN PIERIS (Sri Lanka) a appelé à traiter les discriminations sur le lieu de travail par le biais de politiques sociales globales, sensibles au genre, adaptatives et durables.  Il a souligné que d’après l’OIT, seul un tiers de la population en âge de travailler est couverte par les prestations de maladie.  Le Rapport mondial sur la protection sociale 2020-2022 relève également que dans le monde, seulement 35,5% de la population active mondiale a accès à une indemnisation pour les accidents du travail, et seulement 18,6% des chômeurs reçoivent une allocation chômage.  L’OIT souligne en outre que la protection sociale des hommes âgés et des femmes est confrontée à d’autres défis au niveau mondial.  Par conséquent, pour de nombreuses personnes, « le travail décent » est juste une utopie, a—t-il déclaré. 

Sur le plan national, le délégué a noté que Sri Lanka a récemment connu une augmentation des arrivées de touristes et des investisseurs étrangers, ce qui sont des signes positifs dans le cadre de sa reprise économique.  Il a appelé à réformer l’architecture financière internationale, afin qu’elle puisse « assister le patient quand il est encore en vie, et non après sa mort ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité entend des appels à renforcer la réponse collective à la menace terroriste de Daech, en termes de sécurité et de prévention

9257e séance - après-midi
CS/15197

Le Conseil de sécurité entend des appels à renforcer la réponse collective à la menace terroriste de Daech, en termes de sécurité et de prévention

Au Conseil de sécurité, cet après-midi, le Chef du Bureau des Nations Unies de lutte contre le terrorisme a appelé à ne jamais perdre de vue l’impact de l’organisation terroriste Daech en termes de vies humaines, de moyens de subsistance et de paix.  Au-delà des gros titres et derrière les chiffres, il y a des personnes et des communautés frappées par les crimes odieux de Daech et d’autres groupes et individus terroristes, a rappelé Vladimir Voronkov, en soulignant le traumatisme et la destruction qui restent bien après un attentat.  Comme le Secrétaire général adjoint, les participants à cette séance ont confirmé l’importance des approches collaboratives et inclusives pour faire face à ce fléau, en prenant soin de respecter le droit international. 

Alors que la menace « complexe, évolutive et durable » que représentent Daech et ses affiliés au niveau mondial n’a pas diminué, que ce soit dans les zones de conflit et de non-conflit, le Directeur exécutif par intérim de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, M. Weixiong Chen, a expliqué que Daech continue d’exploiter les fragilités locales et les tensions intercommunautaires, notamment en Iraq, en République arabe syrienne et dans certaines parties du continent africain, en particulier pour recruter des terroristes.  S’agissant du Levant, la France et les États-Unis ont estimé que l’action de la coalition internationale contre Daech demeure indispensable dans ce contexte. 

Passant à l’Afrique, le Secrétaire général adjoint, qui présentait le seizième rapport du Secrétaire général sur « les menaces contre la paix et la sécurité internationales résultant d’actes de terrorisme », a fait remarquer que Daech étend ses opérations sur les champs de bataille d’Afrique australe et centrale, ainsi qu’au Sahel.  Pour M. Voronkov, cela devrait nous inciter tous à repenser et à revoir nos efforts pour contrer ce groupe.  Il a encouragé à aller au-delà des réponses centrées sur la sécurité en privilégiant des approches multidimensionnelles, en alliant davantage les réponses sécuritaires et les mesures préventives.  En commentant le rapport précité, l’ensemble des délégations ont exprimé leurs inquiétudes face à l’expansion de Daech en Afrique mais aussi en Afghanistan.  

Le financement de ce terrorisme a figuré parmi les préoccupations, la Direction exécutive ayant constaté que générer des revenus et collecter des fonds sont devenu des activités essentielles pour Daech.  Il a détaillé le large éventail de moyens utilisés, comme l’extorsion, le pillage, la contrebande, la taxation, la sollicitation de dons, les enlèvements contre rançon, ainsi que la collecte de fonds par le biais des réseaux sociaux et des plateformes de jeux.  Il a précisé que les réseaux informels non enregistrés de transfert d’argent et les services d’argent mobile restent les vecteurs dominants de circulation de l’argent. 

Sur un autre volet de la menace terroriste, le Secrétaire général adjoint a de nouveau pointé du doigt la lenteur des rapatriements des combattants terroristes étrangers et de leurs familles, détenus dans les camps et centres de détention en Syrie et en Iraq.  M. Weixiong a prévenu que cela offre à Daech des possibilités de recruter et de radicaliser, surtout les enfants.  La France a tenu à rappeler à cette occasion que le retour des familles dans leurs communautés d’origine doit s’accompagner de solutions robustes de réintégration. 

Pour sa part, la représentante du Global Center on Cooperative Security, Mme Franziska Praxl, est venue apporter le point de vue de la société civile sur la prise en compte des questions de genre dans l’élaboration des politiques tant pour la lutte antiterroriste que la réintégration sociale.  C’est une condition d’efficacité de ces politiques, a-t-elle fait valoir. 

Les membres du Conseil ont tous reconnu que la menace terroriste ne faiblit pas et exige toujours une vigilance sans faille à l’échelle globale, Daech demeurant une menace fondamentale.  Ils ont, pour la plupart, reconnu que la réponse de la communauté internationale doit porter sur la lutte contre le financement du terrorisme et contre l’utilisation d’Internet à des fins terroristes.  Il faut aussi s’attaquer aux causes profondes du terrorisme et de l’extrémisme violent, a-t-on entendu, dans le souci d’agir en amont. 

Parmi les membres africains du Conseil directement concernés par l’émergence de Daech sur le continent africain, le Ghana a recommandé à la fois la coordination et le renforcement des capacités des pays régionaux sur la base du principe d’appropriation.  Le Gabon a insisté sur l’impératif d’une action concertée aux niveaux national, régional et mondial face à ce fléau.  Conscient que les mesures de sécurité sont insuffisantes à elles seules pour lutter contre le terrorisme et qu’elles doivent être accompagnées d’efforts visant à empêcher de nouvelles recrues de rejoindre les rangs des groupes terroristes, le Mozambique a souligné la nécessité de soutenir les États Membres les plus vulnérables. 

C’est précisément ce que fait la Direction exécutive, en coordination avec le Bureau de lutte contre le terrorisme et d’autres partenaires, lorsqu’elle soutient le renforcement des capacités des États Membres, a indiqué M. Weixiong en énumérant les domaines d’action tels que la coopération transfrontalière et le développement d’approches globales de dépistage, de poursuite, de réhabilitation et de réintégration.  Il a aussi signalé que le Comité contre le terrorisme a intensifié sa lutte contre l’utilisation par les terroristes des technologies nouvelles et émergentes.  La Fédération de Russie a toutefois proposé que le Comité contre le terrorisme concentre son attention sur les États du continent africain et s’y rende pour effectuer des visites d’évaluation. 

Les deux hauts fonctionnaires venus informer le Conseil aujourd’hui ont insisté sur le fait que ce n’est que par la coopération multilatérale que nous pourrons faire face à l’évolution de la menace mondiale du terrorisme, et que les mesures adoptées dans le contexte de la lutte contre le terrorisme doivent être ancrées dans le respect du droit international humanitaire et des droits humains, ce que les délégations ont aussi rappelé. 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES RÉSULTANT D’ACTES DE TERRORISME

Déclarations

M. VLADIMIR VORONKOV, Secrétaire général adjoint et Chef du Bureau des Nations Unies de lutte contre le terrorisme (BLT), qui présentait le seizième rapport du Secrétaire général sur les menaces contre la paix et la sécurité internationales résultant d’actes de terrorisme, a appelé à ne pas perdre de vue l’impact de l’organisation terroriste Daech en termes de vies humaines, de moyens de subsistance et de paix.  À ce sujet, il a rappelé qu’en septembre dernier, le BLT a organisé à New York le premier Congrès mondial des victimes du terrorisme, qui a commencé avec un puissant appel à l’action de 10 victimes et survivants du terrorisme du monde entier.  Ces victimes ont fait part de leurs histoires déchirantes, en rappelant à tout le monde le traumatisme et la destruction que laisse le terrorisme bien après un attentat.  Au-delà des gros titres et derrière les chiffres, le Secrétaire général adjoint a rappelé qu’il y a des personnes et des communautés frappées par les crimes odieux de Daech et d’autres groupes et individus terroristes.  C’est précisément la raison pour laquelle il faut collectivement s’engager à soutenir et renforcer les efforts pour affronter et vaincre le terrorisme, a-t-il expliqué.  Cela doit également donner l’impulsion pour renforcer davantage les réseaux multilatéraux et interinstitutions, y compris aux Nations Unies par le biais du Pacte mondial des Nations Unies de coordination contre le terrorisme, a souhaité M. Voronkov. 

Mettant en exergue certains éléments du dernier rapport conjoint du Comité contre le terrorisme et du BLT, le Secrétaire général adjoint a souligné que malgré les pertes infligées au leadership de Daech et la baisse de ses réserves de liquidités, la menace posée par ce groupe terroriste à la paix et à la sécurité internationales reste grande et a même augmenté dans et autour des zones de conflit où le groupe et ses affiliés sont actifs, en particulier en Afrique centrale et australe, ainsi qu’au Sahel.  Cela devrait nous inciter tous à repenser et à revoir nos efforts pour contrer ce groupe, en particulier ceux qui s’appuient de manière disproportionnée sur l’usage de la force, a estimé M. Voronkov, mettant également en garde contre les actes de « loups solitaires » dans d’autres région.  Il a souligné le recours intense de Daech à Internet, aux réseaux sociaux, aux jeux vidéo et plateformes de jeu, à la fois pour faire de la propagande, radicaliser et recruter.  Le groupe utilise aussi les technologies nouvelles et émergentes, comme les drones pour la surveillance et la reconnaissance, et les cryptomonnaies pour collecter des fonds. 

M. Voronkov a regretté que malgré les appels répétés du Secrétaire général pour une action urgente, la situation désastreuse dans les camps et les centres de détention du nord-est de la République arabe syrienne persiste.  Les risques humanitaires, liés aux droits humains, juridiques et de sécurité, ont potentiellement de graves conséquences à moyen et à long terme, a-t-il mis en garde en dénonçant la lenteur des rapatriements, ce dont les enfants continuent de faire les frais.  Mais le défi des combattants terroristes étrangers et des membres de leur famille ne se limite pas à l’Iraq et à la République arabe syrienne, a-t-il concédé.  Il a souligné que les combattants terroristes étrangers ayant une expérience du champ de bataille qui se réinstallent chez eux ou dans des pays tiers aggravent la menace, et que les attentats terroristes commis par ces individus se sont avérés particulièrement meurtriers par rapport à ceux commis par des terroristes purement locaux.  Le Secrétaire général adjoint a également parlé de cas de femmes radicalisées associées à Daech qui se réinventent en tant que recruteuses, et endoctrinent les autres, en particulier les enfants. 

Pour aller de l’avant, le rapport propose trois axes d’action, a présenté M. Voronkov.  Tout d’abord le besoin d’approches multidimensionnelles au-delà des réponses centrées sur la sécurité, c’est-à-dire une plus grande complémentarité entre les réponses sécuritaires et les mesures préventives, ce qui peut se faire avec les résolutions du Conseil de sécurité et dans le cadre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  M. Voronkov a assuré que l’ONU continuera de travailler avec les États Membres pour assurer leur mise en œuvre efficace, intégrée et équilibrée.  Le deuxième axe est de prévoir des approches multidimensionnelles sensibles au genre et fermement ancrées dans le droit international humanitaire, y compris les droits humains, et reflétant un large éventail de points de vue de divers segments des sociétés touchées par le terrorisme.  Enfin, à la lumière de la menace croissante du terrorisme dans les zones de conflit, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour aborder et prévenir ces conflits en premier lieu, a plaidé le haut responsable en rappelant que les terroristes exploitent la dynamique des conflits et que les efforts de paix sont trop souvent sapés et compliqués par le terrorisme. 

Il a conclu en rappelant que le Nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général reconnaît la nécessité d’une nouvelle génération de missions de paix et d’opérations antiterroristes.  Le Secrétaire général a proposé une série d’actions possibles en ce sens pour que le système des Nations Unies, dans son ensemble, soit en mesure d’apporter des réponses plus efficaces au terrorisme.  Donnant rendez-vous au Sommet d’Abuja, qui est organisé par le BLT et le Gouvernement du Nigéria cette année, M. Voronkov a estimé qu’il offrira l’occasion d’explorer plus avant ces options à la lumière de la détérioration de la situation dans certaines parties de l’Afrique, où les combattants terroristes, les fonds et les armes sont de plus en plus nombreux. 

M. WEIXIONG CHEN, Directeur général par intérim de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT), a indiqué que la menace « complexe, évolutive et durable » que représentent Daech et ses affiliés au niveau mondial n’a pas diminué, que ce soit dans les zones de conflit et de non-conflit: Daech continue d’exploiter les fragilités locales et les tensions intercommunautaires, notamment en Iraq, en République arabe syrienne et dans certaines parties du continent africain, en particulier pour recruter des terroristes.  Il a aussi noté que ce groupe terroriste, des années après avoir subi ses pertes, a réussi à maintenir sa capacité à conduire des opérations dans diverses régions et à étendre ses affiliations, notamment dans certaines parties de l’Afrique centrale, australe et occidentale.  De plus, générer des revenus et collecter des fonds sont devenu des activités essentielles pour Daech, par le biais d’un large éventail de moyens, notamment l’extorsion, le pillage, la contrebande, la taxation, la sollicitation de dons et les enlèvements contre rançon, a précisé le haut fonctionnaire.  La Direction exécutive a également constaté l’étendue des moyens déployés pour collecter de l’argent par le biais des réseaux sociaux et des plateformes de jeux, tandis que les réseaux informels non enregistrés de transfert d’argent et les services d’argent mobile restent les vecteurs dominants de circulation de l’argent. 

Enfin, l’accès de Daech aux armes conventionnelles et improvisées, y compris aux composants de systèmes d’aéronefs sans pilote et aux technologies de l’information et de la communication (TIC), lui a permis de diversifier ses tactiques, d’accroître sa capacité à toucher un vaste public et à inciter à la violence parmi ses partisans.  Par ailleurs, a constaté M. Weixiong, la lenteur avec laquelle les ressortissants étrangers ayant des liens présumés avec Daech, dans les camps et les prisons du nord-est de la Syrie, sont rapatriés dans leur pays d’origine continue d’offrir à Daech des possibilités de recruter et facilite la radicalisation. 

M. Weixiong a informé que sur la base des recommandations du Comité contre le terrorisme (CCT), la Direction exécutive se coordonne étroitement avec le Bureau de lutte contre le terrorisme (BLT) et d’autres partenaires pour soutenir les activités de renforcement des capacités des États Membres, dans une série de domaines tels que le la coopération transfrontalière et le développement des approches globales de dépistage, de poursuite, de réhabilitation et de réintégration.  Il a ajouté que le Comité et sa Direction exécutive ont également intensifié leurs efforts pour lutter contre l’utilisation par les terroristes des technologies nouvelles et émergentes.  La Déclaration de Delhi, adoptée par le Comité en octobre dernier, appelle à élaborer des recommandations et des principes directeurs non contraignants afin d’aider les États Membres à mettre en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité sur la lutte contre le terrorisme et, en particulier, celles relatives à l’utilisation par les terroristes des technologies nouvelles et émergentes.  « Ce n’est que par la coopération multilatérale que nous pourrons faire face à l’évolution de la menace mondiale du terrorisme », a conclu le Directeur général en soulignant que les mesures adoptées doivent être adaptées et respecter les droits humains. 

Mme FRANZISKA PRAXL, de Global Center on Cooperative Security, a avancé des pistes afin de rendre les politiques antiterroristes plus sensibles à la question du genre et des droits humains, en mentionnant d’abord le principe « ne pas faire le mal. »  Ces politiques ne doivent pas aggraver les sources de violence mais bien contribuer à la paix, a-t-elle expliqué.  Elle a plaidé pour la surveillance des acteurs du secteur de la sécurité et de la justice par des institutions robustes et fortes afin de remédier à la corruption.  Elle a ensuite recommandé que les groupes marginalisés et les organisations de femmes participent à l’élaboration des politiques antiterroristes.  Le but, a-t-elle expliqué, est d’éliminer les entraves à la participation dans les processus d’élaboration desdites politiques.  L’accès aux transports ou bien encore la question de la garde des enfants sont cruciaux pour une bonne participation, a-t-elle noté avant de demander que les personnes participant à ces processus soient dédommagées pour leurs efforts. 

Les politiques de réintégration sociale doivent également prendre en compte cette question du genre, a poursuivi Mme Praxl, en notant que celles-ci sont souvent élaborées par des hommes.  Selon elle, les stéréotypes sur les femmes, leur condition de victime plutôt que de responsable, sapent l’efficacité de ces programmes.  À cela s’ajoutent d’autres clichés, tels que la diabolisation des femmes suspectées d’avoir commis des crimes, qui entravent encore leur réintégration.  La représentante de la société civile a ainsi indiqué qu’en Afrique de l’Ouest, certains partenaires locaux usent des méthodes de la justice restaurative afin d’engager d’anciens membres de groupes terroristes.  Lors d’ateliers axés sur le traumatisme et la résilience, les formateurs créent un espace sûr pour des dialogues qui visent à remédier à la colère ou à la dynamique de pouvoir chez un individu.  Des cliniques mobiles permettent aussi à des femmes et filles de parler de leur expérience et des traumatismes endurés en toute sécurité.  En conclusion, l’oratrice a rappelé que les individus doivent être impliqués à la base des politiques antiterroristes pour que celles-ci soient efficaces. 

M. RICHARD M. MILLS, JR. (États-Unis) a estimé, à l’instar du rapport du Secrétaire général, que les réponses sécuritaires à elles seules ne sont pas suffisantes et que la communauté internationale doit renforcer les capacités des populations vulnérables pour lutter contre les idéologies fautives et l’extrémisme violent.  La coalition internationale contre Daech est, selon lui, la voie à suivre pour la communauté internationale en vue de financer des programmes de stabilisation dans les zones libérées d’Iraq et de Syrie et renforcer la capacité de ces communautés à réintégrer les personnes qui avaient rejoint Daech.  Le représentant a noté que des femmes, enfants et combattants terroristes étrangers se trouvent toujours dans des camps et centres de détention dans cette zone, et a assuré que les rapatriements et la réhabilitation des ressortissants américains est une priorité absolue pour son gouvernement. 

Le délégué s’est ensuite inquiété de la menace terroriste croissante en Afrique, notamment de l’escalade des activités terroristes dans la zone du Sahel.  Il a rappelé le soutien qu’apportent les États-Unis à leurs partenaires sur place en matière de lutte antiterroriste, soulignant qu’une bonne application de la loi, et de bonnes réponses sécuritaires conformes au droit international sont essentielles.  Il a par ailleurs jugé essentiel de lutter contre l’État islamique d’Iraq et du Levant-Khorassan (EIIL-K) en Afghanistan.  Les États-Unis se tiennent prêts à aider les acteurs pertinents à cet égard, a indiqué le représentant, y compris pour défendre les droits de femmes et des filles dans cette zone, a-t-il affirmé.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a constaté que la menace terroriste ne faiblit pas et continue d’exiger une vigilance sans faille à l’échelle globale, à commencer par Daech.  Au Levant, a-t-il dit, nos efforts de lutte contre le terrorisme restent nécessaires, comme en témoignent les programmes d’embrigadement de la jeunesse et les tentatives de Daech de libérer des prisonniers.  En Afrique, la menace s’étend, du Sahel en direction du golfe de Guinée ainsi qu’en Afrique centrale, orientale et australe.  Enfin, a rappelé M. de Rivière, en Afghanistan, la prise de pouvoir des Taliban et les récentes attaques meurtrières confirment nos craintes sur la possibilité d’une implantation de long terme de Daech et sur le risque qu’Al-Qaida y trouve à nouveau un refuge.  Dans ce contexte, il a recommandé de poursuivre les efforts et de les adapter à la menace, dans trois domaines d’action.  Tout d’abord, la lutte contre le financement du terrorisme, qui continue d’évoluer, a cité le représentant.  Le représentant a appelé à poursuivre l’action engagée avec l’adoption de la résolution 2462 (2019), plaidant pour que celle-ci soit entièrement mise en œuvre et suivie d’effets.  Il a ensuite affirmé l’importance de prévenir l’utilisation d’Internet à des fins terroristes et de se pencher sur les causes profondes du terrorisme et de l’extrémisme violent, par la mise en œuvre d’une réponse globale. 

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a dénoncé l’expansion de Daech en Afrique, relevant que le groupe tire profit des conflits, des inégalités et des injustices pour alimenter le ressentiment.  Il a noté la situation préoccupante des combattants terroristes étrangers et de leurs familles et appelé à y remédier.  Notre réponse ne doit pas être seulement sécuritaire et mais doit également mettre l’accent sur la prévention, a dit le délégué.  Il a appelé à tarir les sources de financement de Daech et des groupes terroristes.  Il a s’est inquiété de l’utilisation des technologies émergentes à des fins terroristes et a condamné dans les termes les plus forts tous les actes terroristes et résolument appuyé les efforts antiterroristes. 

Pour Mme RICCARDA CHRISTIANA CHANDA (Suisse), l’observation du Secrétaire général en 2017 doit servir de fil conducteur à toutes les discussions et actions relatives au terrorisme, au sein de ce Conseil et au-delà: « Le terrorisme est fondamentalement la négation et la destruction des droits de l’homme, et la lutte contre le terrorisme ne réussira jamais en perpétuant la même négation et la même destruction. »  La représentante a ainsi estimé que la réponse aux actes de terrorisme ne peut être celle de la force aveugle, faisant observer que toute menace terroriste possède ses propres causes profondes et sa propre dynamique de radicalisation et de violence.  C’est pourquoi elle a invité à examiner chaque contexte et toujours respecter le droit international, en particulier les droits de l’homme, le droit international humanitaire et le droit des réfugiés, dans tous les efforts de lutte antiterroriste.  Elle a fait part de sa préoccupation face aux récents développements en Afrique et en Asie centrale, en particulier dans les zones de conflit et les régions voisines.  Mais, a-t-elle remarqué, la menace persistante de Daech est de nature globale et s’étend bien au-delà de ces zones.  Elle a rappelé, consternée, que, le mois dernier, un homme affirmant agir en allégeance à Daech a été condamné à 20 ans de prison après avoir poignardé une victime choisie au hasard.  La déléguée a appelé à redoubler d’efforts et à suivre une approche différenciée, y compris en tenant compte de l’âge et du genre, pour prévenir et lutter contre la radicalisation et l’extrémisme violent sous toutes leurs formes.  « La mise en œuvre complète et équilibrée de la Stratégie antiterroriste mondiale doit rester une priorité. »  

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) s’est dit gravement préoccupé par la propagation et l’incidence des attaques terroristes de Daech et de ses affiliés sur le continent africain, avec des conséquences dévastatrices.  Il s’est tout particulièrement alarmé du fait qu’en Afrique de l’Ouest et dans le Sahel, Daech et ses affiliés d’Al-Qaida, comme l’État islamique du Grand Sahara, continuent de profiter des tensions intercommunautaires et sociales pour faire avancer leur programme.  Il a cité notamment la brutalité de groupes terroristes, ces dernières semaines, contre des populations innocentes du Burkina Faso qui ont été des milliers à fuir vers les pays voisins, dont le Ghana.  Pour le représentant, la prévention et la lutte contre le terrorisme nécessitent une mobilisation mondiale accrue et une approche multidimensionnelle.  Aussi a-t-il souligné l’importance de convenir d’une définition universelle du crime de terrorisme.  En outre, la situation sur le continent africain exige à la fois la coordination et le renforcement des capacités des pays régionaux sur la base du principe d’appropriation. 

Au niveau continental, a poursuivi le délégué, le Ghana fait tout son possible pour améliorer la coordination et la coopération avec les pays du cadre antiterroriste de l’Union africaine.  « Le renforcement des liens entre l’ONU et les opérations anti-insurrectionnelles en cours menées par les organisations régionales sur la base de cadres normatifs tels que la politique antiterroriste de l’Union africaine et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest est une priorité importante pour nous », a-t-il assuré.  Il a ajouté que son gouvernement met l’accent sur l’importance de la prévention comme objectif principal à poursuivre dans la lutte contre le terrorisme.  C’est la raison pour laquelle il s’est dit convaincu que des investissements accrus dans la lutte contre les fondements idéologiques, politiques, économiques et sociaux du terrorisme sont nécessaires. 

M. FERGUS JOHN ECKERSLEY (Royaume-Uni) a rappelé qu’en 2022, pour la première fois, la majorité des attaques de Daech se sont produites à l’extérieur de l’Iraq et de la République arabe syrienne.  Il est de notre responsabilité collective, en tant qu’États Membres de l’ONU, d’user de tous les outils à notre disposition pour contrer cette menace, a déclaré le délégué.  Il a invité ce Conseil à continuer de demander aux Taliban de faire en sorte que l’Afghanistan ne soit pas un sanctuaire pour les groupes terroristes.  Il s’est dit préoccupé par l’expansion de Daech en Afrique, avant de plaider pour une réponse onusienne qui réponde aux causes profondes de ce phénomène.  Tous les efforts antiterroristes doivent protéger les droits humains, a aussi rappelé le délégué. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a rappelé que 1 093 attaques terroristes ont été perpétrées en Afrique entre janvier et septembre 2022, faisant 7 816 morts et 1 772 blessés, selon les chiffres du Centre africain de recherche sur le terrorisme.  Il a mis l’accent sur la capacité préoccupante de Daech de mobiliser d’énormes ressources lui permettant d’acquérir des stocks d’armes légères et de petit calibre qui alimentent l’instabilité et la violence sur le continent africain, notamment dans les régions du Sahel au bassin du lac Tchad, dans la région des Grands Lacs et en Afrique australe.  Soulignant la corrélation qui existe entre les difficultés structurelles de certains pays sur le plan sécuritaire, social et économique, notamment en Afrique, et la progression dangereuse des activités de Daech, le représentant a plaidé pour une vigilance continue et une coopération exemplaire.  Le but en est de renforcer les capacités des États fragiles, notamment dans la maîtrise des nouvelles technologies de l’information dont se sert Daech.  Il a en effet relevé que les groupes terroristes continuent de s’établir dans les régions où l’autorité et les capacités de l’État sont insuffisantes.  Le délégué a aussi appelé à réaffirmer les engagements pris dans la Déclaration de Delhi en soulignant la nécessité de mettre en œuvre ses recommandations. 

Une action concertée aux niveaux national, régional et mondial est cruciale, a martelé le représentant, rappelant que les dirigeants africains l’ont compris.  Le 28 mai 2022, les chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine, réunis à Malabo, ont ainsi adopté la déclaration dans laquelle ils réaffirment leur volonté de lutter contre toutes formes et manifestations du terrorisme et de violence extrémiste sur le continent.  Ils ont également multiplié de nombreuses initiatives régionales de lutte antiterroriste parmi lesquelles, le G5 Sahel et l’Initiative d’Accra, a encore cité le représentant.  Il a précisé que cette initiative combine l’approche militaire avec des interventions à long terme, dans le but de remédier aux déficits de gouvernance. 

M. DOMINGOS ESTÊVÃO FERNANDES (Mozambique) s’est dit convaincu de l’importance du multilatéralisme et de la coopération internationale pour lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations.  Conscient que les mesures de sécurité sont insuffisantes à elles seules pour lutter contre le terrorisme et qu’elles doivent être accompagnées d’efforts visant à empêcher de nouvelles recrues de rejoindre les rangs des groupes terroristes, le représentant a souligné la nécessité de soutenir les États Membres les plus vulnérables.  Il a noté que le continent africain sert de plus en plus de terreau à divers groupes terroristes, tels que Daech, Al-Qaida au Maghreb islamique, Boko Haram et les Chabab.  Aussi a-t-il réitéré l’urgence d’inverser la tendance endémique actuelle d’« africanisation » du terrorisme, au moyen d’efforts concertés de la communauté internationale. 

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a déclaré que la communauté internationale n’a pas trouvé de cadre pour remédier à la menace évolutive du terrorisme.  Elle a plaidé pour des partenariats, y compris avec les dignitaires religieux, et pour la prise en compte des griefs locaux.  Elle a dénoncé la propagande terroriste qui continue de se répandre avant de recommander, pour y faire face, une politique souple prévoyant notamment un accès à l’éducation.  Nous devons remédier aux causes profondes de la radicalisation dont Daech tire profit, a tranché la déléguée.  Elle a ensuite pointé le danger des drones tombant entre les mains des terroristes et a appelé à y remédier en surveillant davantage la vente desdits drones.  Nous devons tout faire pour empêcher que les terroristes aient accès aux technologies de pointe, a insisté la déléguée.

Mme SHINO MITSUKO (Japon) a constaté que l’EIIL/Daech reste une menace pour la paix et la sécurité internationales, malgré les pertes infligées à son leadership.  Elle en a pris pour preuve l’expansion préoccupante des activités de l’EIIL et de ses affiliés au Moyen-Orient et en Afrique, y compris au Khorasan en Afghanistan, plaidant pour que des mesures soient impérativement prises pour contrer le terrorisme en Afrique.  Dans le cadre des efforts mondiaux de lutte contre le terrorisme, le Japon met particulièrement l’accent sur trois points, a-t-elle expliqué, citant d’abord le besoin de s’attaquer aux causes profondes du terrorisme et de l’extrémisme violent, puis le renforcement des capacités des responsables chargés de l’application des lois.  Le Japon a fourni à cet égard une assistance par le biais de différentes agences onusiennes dans des domaines tels que le contrôle des frontières, les poursuites des coupables, la réhabilitation et la réintégration, et la sécurité maritime.  Enfin, la déléguée a insisté sur l’importance du renforcement des capacités de lutte antiterroriste, y compris dans le domaine des technologies émergentes.  Elle a plaidé en faveur d’une coopération multidimensionnelle et d’une lutte contre le financement du terrorisme par le biais de technologies émergentes telles que les cryptomonnaies.

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) s’est alarmée de l’expansion des activités de Daech et des organisations terroristes affiliées qui exploitent les technologies de l’information et de la communication pour recruter et répandre leur idéologie destructrice en ligne.  Mais, a mis en garde la représentante, notre combat collectif contre le terrorisme doit être un combat juste, mené dans le respect des droits humains et des valeurs qui nous sont chères.  Elle a souligné l’importance d’établir les responsabilités pour les crimes terroristes et exhorté les États Membres à rapatrier leurs ressortissants qui, pour s’être liés à des éléments terroristes, se retrouvent détenus dans des prisons et des camps. 

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a appelé à réfléchir à la pratique du Conseil en matière d’inscription d’entités et d’individus sur la liste du régime de sanctions mis en place contre Daech.  La décision d’ajouter un individu doit être basée sur des éléments de preuve, a-t-il souligné.  Et les demandes d’inscription doivent être soumises au comité des sanctions avec des éléments de preuve pertinents.  Il a rappelé qu’il n’y a pas de lien automatique entre groupes terroristes et groupes criminels transnationaux et qu’ils doivent donc faire l’objet d’une réponse distincte.  Enfin, le délégué du Brésil a plaidé pour un traité contenant une définition du terrorisme afin d’éviter toute politisation et toute politique du deux poids, deux mesures dans ce domaine.

M. GENNADY V.  KUZMIN (Fédération de Russie) a déclaré que les questions de lutte contre le terrorisme doivent toujours rester dépolitisées.  Dans ce contexte, le cadre juridique international dans lequel elle s’exerce ne doit pas être affaibli, a mis en garde le représentant en demandant aussi que les tâches fondamentales de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme ne soient pas diluées.  Parmi les priorités de notre pays figurent la reconnaissance du rôle suprême des États et de leurs organes compétents dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme; l’inadmissibilité de la justification de toute manifestation de terrorisme; et la garantie que les terroristes et leurs complices seront tenus pour responsables de leurs actes.  S’agissant de l’expansion des organisations terroristes en Afrique, le délégué a estimé que celles-ci ont bénéficié des conséquences des politiques coloniales et néocoloniales des États occidentaux, qui n’hésitent pas à alimenter et à « maintenir à flot » divers conflits de longue date dans le seul but de continuer à piller des territoires riches en ressources du continent. 

Aussi le représentant russe a-t-il proposé que le Comité contre le terrorisme et sa Direction exécutive concentrent leur attention sur les États du continent africain et s’y rendent pour effectuer des visites d’évaluation.  Il a ensuite exprimé sa préoccupation devant la situation en Afghanistan, où l’expansion du terrorisme est la conséquence selon lui de l’intervention militaire des États-Unis et de leurs alliés.  Le représentant a également dénoncé le problème des armes qui tombent entre les mains de terroristes, soit par l’intermédiaire de bandes criminelles, soit à cause de ceux qui les fournissent en grandes quantités pour soutenir et fomenter des conflits.  Il a, enfin, exhorté les États à éviter d’affaiblir les mécanismes interétatiques efficaces de coopération en matière de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme.  Il les a appelés à se concentrer sur les tâches collectives véritablement prioritaires dans ce domaine. 

M. ZHANG JUN (Chine) a insisté sur la gravité de la menace terroriste, en mentionnant la récente attaque à Peshawar, au Pakistan.  Le Parti islamique du Turkestan est une organisation terroriste qui a des liens avec des groupes en Afghanistan, a déclaré le délégué, avant de souligner la nécessité d’un front uni contre le terrorisme.  Il a demandé aux autorités afghanes de renforcer la lutte pour assurer la sécurité des Afghans et des étrangers.  Il s’est aussi dit préoccupé par l’expansion de Daech en Afrique et a loué les résultats obtenus par le Mozambique contre les groupes affiliés à l’organisation terroriste.  La réponse sécuritaire n’est pas suffisante et nous devons agir sur les causes profondes du terrorisme, dont la pauvreté, a dit le représentant qui a voulu que l’on renonce à toute politisation et toute politique de deux poids, deux mesures dans la lutte antiterroriste.

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) s’est déclarée particulièrement préoccupée par l’expansion de la menace terroriste en Afrique, avec un risque de propagation à de nouvelles régions, notamment par le biais des alliés de Daech.  Elle a souligné l’importance de la sensibilisation à l’usage d’Internet pour prévenir et contrer l’extrémisme violent en ligne, et ce afin d’empêcher les groupes terroristes d’exploiter les griefs, les inégalités et les déficits de gouvernance pour se radicaliser et recruter.  Une approche globale visant à répondre aux besoins humanitaires, sociaux et de développement est absolument nécessaire pour prévenir le recrutement au sein des populations vulnérables, en particulier les jeunes, a préconisé la déléguée.  Elle s’est dite également d’avis qu’à elles seules les réponses sécuritaires seront insuffisantes, un engagement significatif avec la société civile étant aussi nécessaire.  Il importe aussi de protéger les droits humains et de sauvegarder une action humanitaire de principe dans la lutte contre le terrorisme, a-t-elle ajouté.  Trop souvent, les mesures antiterroristes sont utilisées à mauvais escient pour réduire au silence les défenseurs des droits humains et priver les populations d’une aide humanitaire vitale, a-t-elle déploré.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission du développement social: appels pressants pour créer des systèmes de protection sociale durables et transformer le secteur du travail informel

Soixante et unième session,
8e et 9e séances plénières – matin & après-midi
SOC/4909

Commission du développement social: appels pressants pour créer des systèmes de protection sociale durables et transformer le secteur du travail informel

Les travaux de la Commission du développement social se sont déclinés aujourd’hui autour d’une table ronde avec les représentants de différentes entités du système des Nations Unies et d’un forum multipartite sur le thème prioritaire de cette soixante et unième session axée sur le plein emploi productif et le travail décent. 

Au cours de ces discussions, de nombreux appels ont été lancés pour créer des systèmes de protection sociale durables et transformer le secteur informel en emplois productifs et décents.  Outre les crises multiples provoquées par la pandémie et le conflit en Ukraine, de nombreux pays doivent en effet remédier aux problèmes du vieillissement de leur population et la paupérisation croissante des milliards d’individus vivant du secteur informel, ont alerté les experts de l’ONU qui ont appelé à élargir la couverture sociale afin qu’elle bénéficie au plus grand nombre de personnes. 

Constatant le vieillissement des populations dans les 54 pays membres de la Commission économique pour l’Europe (CEE), la Secrétaire exécutive de la Commission a également insisté sur l’importance de la réforme des systèmes de retraite, de l’accès équitable de tous y compris des personnes âgées au marché du travail, et des investissements dans les services de soins.  C’est le gage d’économies prospères pour tous, a-t-elle affirmé. 

Il faut créer 400 millions d’emplois au niveau mondial et assurer une couverture sociale universelle pour 4 milliards d’individus, a estimé le Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), le Directeur de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), appelant pour sa part à restructurer la dette des pays africains, cause profonde, selon lui, de la prolifération du secteur informel. 

Durant le forum multipartite, l’importance de l’accès des femmes et des personnes handicapées à l’emploi, de même que l’autonomisation des jeunes a été mis en avant.  Les avantages des modèles de travail hybrides ont également été soulignés.

La Commission du développement social poursuivra demain, vendredi 10 février, à partir de 15 heures, sa discussion générale. 

DIALOGUE INTERACTIF SUR LE THÈME PRIORITAIRE AVEC DE HAUTS RESPONSABLES DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES


Panélistes

Modérée par Mme MARIA-FRANCESCA SPATOLISANO, Sous-Secrétaire générale à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations du Département des affaires économiques et sociale (DESA), a été l’occasion pour plusieurs responsables du système des Nations Unies de faire part de leurs activités sur l’emploi productif et le travail décent dans leurs domaines et régions respectifs. 

Premier à intervenir, M. SIMONE CECCHINI, Directeur de la Division de la population et du développement à la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), s’est focalisé sur l’emploi dans la région, y compris l’emploi des personnes âgées, notant qu’en 2022, la région a connu un taux de chômage élevé.  Il a indiqué que la CEPALC doit en premier lieu se préparer aux tendances émergentes comme les migrations et les inégalités, avant d’encourager l’encadrement des transferts d’argent qui constituent une source de revenus importante pour les populations et les États.  Il a ajouté que face aux défis socioéconomiques, il faut, entre autres choses, mettre en place des politiques inclusives pour créer un État providence, rendre universelle la protection sociale, élaborer des politiques de genre, bâtir un nouveau pacte social et fiscal, générer des statistiques sur les dimensions des inégalités et renforcer les cadres institutionnels de politique sociale. 

Il faut créer 400 millions d’emplois au niveau mondial et assurer une couverture sociale universelle pour 4 milliards d’individus, a estimé de son côté M. GILBERT HOUNGBO, Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT).  Ce dernier a également appelé à investir dans la justice sociale, garantir un partage équitable des ressources dans et entre les pays, et créer des emplois décents, plaidant en outre pour une transition verte et technologique juste, et la promotion d’une stratégie de sortie du secteur informel.  Lui emboîtant le pas, Mme BEATE ANDREES, Directrice du Bureau de l’Organisation internationale du Travail (OIT) à New York, a exhorté les pouvoirs publics à intégrer ces recommandations dans les politiques publiques.  À cet égard, ils peuvent faire appel aux institutions financières internationales. 

Intervenant par visioconférence, Mme OLGA ALGAYEROVA, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Europe (CEE), a concentré son intervention sur le vieillissement de la population dans les 54 pays de la région.  Elle a rappelé la Déclaration de Madrid sur le vieillissement pour souligner l’importance de la réforme des systèmes de retraite dans les États membres de la CEE.  Elle a insisté sur la nécessité d’assurer l’égalité sur le marché du travail et d’investir dans des meilleurs services de soins face au vieillissement des populations.  C’est ainsi que l’on peut créer des économies prospères pour tous, a-t-elle affirmé  

M. SRINIVAS TATA, Directeur de la Division du développement social de la Commission économique pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), s’est focalisé sur la nécessité d’améliorer le niveau de vie, d’augmenter les pouvoirs d’achat, d’accroître les recettes de l’État et les revenus des travailleurs y compris les travailleurs dans le secteur informel.  Il a encouragé les États à augmenter les dépenses publiques notamment une augmentation moyenne de salaires de 10%.  Une telle mesure aidera beaucoup de ménages à joindre les deux bouts et à augmenter leur pouvoir d’achat, et permettra aussi d’assurer une meilleure couverture sociale et sanitaire.  Le marché du travail doit fonctionner pour tous, a-t-il insisté.  L’intervenant a aussi souligné l’importance de collecter des données fiables qui éclairent les politiques publiques, de reformer les systèmes fiscaux et d’augmenter les dépenses publiques afin de créer une couverture sociale qui soit véritablement universelle.  Il faut en outre investir dans la diversification des compétences y compris celles des personnes âgées. 

De son côté, M. ANTONIO PEDRO, Commission économique pour l’Afrique (CEA), a souligné qu’il faut de premier abord restructurer les dettes des pays africains, s’attaquer aux causes profondes de la prolifération du secteur informel, taxer les multinationales, et investir dans le développement à long terme et la transition verte.  Notant que l’Afrique a besoin de trois milliards de dollars en investissements vert d’ici à 2030, il a insisté sur l’importance de renforcer l’intégration régionale et créer de nouvelles chaînes d’approvisionnement.  Il a également appelé à adopter des politiques fiscales inclusives, développer les compétences, combler le fossé numérique, et lutter contre la pauvreté.  Il faut créer une population instruite en mettant l’accent sur une éducation à la science, à la technologie et aux mathématiques, et investir dans le numérique et la cyber sécurité, a-t-il ajouté.

Dialogue interactif

À l’issue des interventions des panélistes, la représentante de Cuba a dénoncé les incidences des sanctions unilatérales sur les pays en développement.  Les sanctions aident-elles les pays à élaborer des politiques de protection sociale universelle? a-t-elle lancé.  Le Directeur de la Division de la population et du développement à la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) a encouragé les pays à reformer leurs systèmes fiscaux afin de pouvoir financer les systèmes de protection sociale, dont il a souligné l’importance.  Ces mesures risquent cependant de disparaître sans la réforme de leur financement, a prévenu la Directrice du Bureau de l’OIT à New York, appelant employeurs et travailleurs à dialoguer pour créer des systèmes viables et durables.  Le Directeur de la Division du développement social de la Commission économique pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a de son côté conseillé d’étendre la protection aux travailleurs du secteur informel. 

Comment procéder pour intégrer les populations marginalisées dans le secteur formel et quelles stratégies mettre en œuvre pour leur venir en aide? a voulu savoir le représentant du Zimbabwe, tandis que son homologue du Sénégal a appelé à garantir le caractère universel de la protection sociale. 

Le secteur informel représente un défi immense pour les systèmes de protection sociale nationaux, a reconnu le Directeur de la Division de la population et du développement à la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), qui a rappelé que celle-ci encourage à la création de systèmes de protection sociale universelle différenciés en fonction des besoins des populations.  Il faut en outre réfléchir à leur financement autre que sur la base « des systèmes par contribution », notamment en tenant compte des spécificités des modes de vie des populations, des migrations, et du rajeunissement des populations, sans oublier l’importance des envois de fonds.  La Directrice du Bureau de l’OIT à New York a suggéré aux gouvernements d’ouvrir des lignes budgétaires pérennes et d’encourager le secteur privé à contribuer à ce financement, y compris en investissant dans la transition verte.  Il faut des systèmes de protection abordables, a insisté à son tour le Directeur de la Division du développement social de la Commission économique pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), déplorant que trop de personnes ne peuvent pas en bénéficier.

FORUM MULTIPARTITE SUR LE THÈME PRIORITAIRE « PLEIN EMPLOI PRODUCTIF ET TRAVAIL DÉCENT POUR TOUTES ET TOUS: SURMONTER LES INÉGALITÉS POUR ACCÉLÉRER LE RELÈVEMENT APRÈS LA PANDÉMIE DE COVID-19 ET LA MISE EN ŒUVRE INTÉGRALE DU PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT DURABLE À L’HORIZON 2030 »

Panélistes

En ouverture de ce forum, M. PAUL VINCENT W. AÑOVER, Secrétaire assistant en charge de l’emploi et du développement des ressources humaines au Département du travail et de l’emploi des Philippines, a présenté en détail les mesures prises par son gouvernement pour protéger la population contre les pires effets de la pandémie de COVID-19.  D’après lui, les politiques qui se sont avérées essentielles pour réduire les inégalités et mieux se remettre de la pandémie et des autres crises interconnectées comprennent les mesures de relance économique, les programmes d’aide financière, notamment ceux destinés à réduire l’impact budgétaire de la crise, et les programmes de soutien d’urgence à l’emploi.  À ce propos, il a indiqué que, dans le cadre de son programme de relance de l’emploi en huit points, le Gouvernement philippin a poursuivi des politiques et stratégies alignées sur les ODD, en particulier l’élimination de la pauvreté, la réalisation de l’égalité des sexes et la réduction des inégalités.  Cela comprenait la promotion de la reconversion et de l’amélioration des compétences des travailleurs, la mise en œuvre intégrale des programmes d’employabilité des jeunes, la fourniture d’une protection sociale aux groupes vulnérables ou encore le soutien à la mise en œuvre continue de programmes à fort impact sur l’emploi, a-t-il précisé.  Il a ajouté que, pour compléter les initiatives gouvernementales, des groupes d’entreprises et d’employeurs ont mis en œuvre le projet de partenariat intitulé « Réforme, rebond, relèvement: un million d’emplois pour 2021 », qui visait à déployer une main d’œuvre qualifiée dans les secteurs de la construction, de la fabrication, du tourisme, de l’hôtellerie et de l’exportation.  Il a d’autre part détaillé les actions menées par son gouvernement pour réduire les inégalités entre les sexes dans le domaine de l’emploi, ainsi que les mesures visant à accélérer la transition des travailleurs de l’économie informelle vers l’économie formelle, en particulier la simplification des procédures permettant aux travailleurs informels de s’enregistrer et de se conformer aux réglementations. 

Intervenant à sa suite, M. MATÍAS SOTOMAYOR, Directeur général des relations internationales et de la communication institutionnelle et Coordinateur du programme Argentine 2030 au Conseil national de coordination des politiques sociales de l’Argentine, a commencé par rappeler que la COVID-19 est apparue alors que son pays faisait face à une grave crise socioéconomique, marquée par un net recul du PIB, une forte inflation et une hausse de la pauvreté et de l’extrême pauvreté.  À cela s’ajoutait une énorme dette extérieure, qui empêchait l’Argentine de contracter des crédits étrangers.  Pourtant, après la chute de l’activité observée au premier semestre 2020, le pays a commencé à montrer des signes de reprise, a indiqué le haut fonctionnaire, imputant cette tendance positive à une série de politiques publiques, notamment aux nombreuses mesures d’aide aux travailleurs et aux entreprises, à l’assistance spécifique aux plus vulnérables et aux dispositifs de développement social et d’inclusion professionnelle.  Il a ainsi détaillé le programme « Améliorer le travail », dont l’objectif est d’accroître les revenus des personnes par leur insertion dans des projets sociocommunautaires, et « Promouvoir l’inclusion des jeunes », grâce auquel 45 000 jeunes ont pu accéder à une formation ainsi qu’à une bourse de relance économique.  Des progrès ont par ailleurs été réalisés dans la formalisation fiscale de plus de 750 000 travailleurs de l’économie populaire, a précisé M. Sotomayor, avant d’évoquer les politiques de souveraineté alimentaire et de protection de la petite enfance prises par le Gouvernement argentin.  Selon lui, des instruments publics tels que le programme d’aide d’urgence au travail et à la production, l’interdiction des licenciements sans raison valable et le programme de redressement productif ont permis une sortie de crise plus rapide et une reprise sur le plan macroéconomique.  Enfin, il a fait état de la création d’espaces de participation incluant les principaux acteurs locaux et régionaux pour concevoir, valoriser et influencer les politiques publiques liées à la réalisation des ODD. 

Mme MARYAM ABDULLAH AL-THANI, chargée de projets internationaux au Cabinet du Ministre du développement social et de la famille du Qatar, a indiqué, pour sa part, que son gouvernement s’est employé à lutter contre les effets de la pandémie tout en maintenant son processus d’autonomisation des femmes.  Il a aussi permis à 80% de celles qui travaillent de le faire à domicile afin de les aider à assumer leurs tâches domestiques et familiales.  Il a par ailleurs accordé des incitations financières aux femmes qui travaillent bénévolement et aux entrepreneuses dans différents domaines dans le but de les aider à maintenir et à augmenter leurs revenus financiers, a-t-elle expliqué.  Parallèlement, tandis que 20 milliards de dollars étaient investis dans le secteur privé pour surmonter cette crise, des partenariats ont été créés par le Gouvernement qatari pour maintenir les ODD en s’alignant sur la vision nationale à l’horizon 2030, a poursuivi Mme Al-Thani, avant de faire état de mesures spécifiques, prises dans ce cadre en faveur des composantes socioéconomiques les plus vulnérables, notamment les femmes qui travaillent, les veuves, les femmes divorcées, les enfants et les personnes âgées.  S’agissant par ailleurs des efforts visant à réaliser l’égalité des sexes dans le domaine de l’emploi, elle s’est déclarée fière d’annoncer que le pourcentage des femmes économiquement productives dans son pays atteindra 57% en 2023, soit plus que la moyenne internationale.  Elle a ajouté que 70% des diplômés des facultés de droit, d’ingénierie, de médecine, de pharmacie, de systèmes d’information et de sciences sont des femmes et que, sur le marché du travail, des secteurs comme la politique étrangère, la sécurité, la justice et l’armée emploient de plus en plus de femmes.  Elle a par ailleurs précisé qu’en 2020, 58 pays ont bénéficié d’aides économiques qataries d’une valeur de 577 millions de dollars, dont une part importante est allée à l’Afrique. 

De son côté, Mme HAFSA QADEER, Directrice générale et fondatrice d’ImInclusive, première entreprise sociale certifiée des Émirats arabes unis pour l’emploi inclusif des personnes handicapées, a qualifié son itinéraire de « success story ».  De nationalité pakistanaise, elle a expliqué avoir eu l’idée de cette plateforme pour l’emploi inclusif en écoutant son frère Ahmed, lui-même en situation de handicap.  Ce projet, a-t-elle expliqué, a été sélectionné parmi 500 candidatures puis financé par les Émirats arabes unis, où l’entreprise est implantée.  La plateforme, opérée en partenariat avec les autorités et la société civile émiriennes, vise à permettre aux personnes handicapées d’accéder à l’emploi.  Elle propose un site d’offres d’emploi, un espace d’entretiens en ligne et a touché 14 000 personnes au cours de l’année dernière, a précisé sa conceptrice.  Notre approche se fonde sur la promotion de l’inclusion et des compétences, ainsi que sur la déconstruction des préjugés et des stéréotypes, a-t-elle souligné, affirmant sa volonté de donner aux jeunes handicapés la possibilité d’agir et de s’épanouir pour qu’ils puissent, à leur tour, transmettre leur expérience.      

Dialogue interactif  

À la suite de ces présentations, deux déléguées de la jeunesse du Maroc ont pris la parole, la première d’entre elles relevant que les jeunes constituent la principale ressource humaine pour le développement et le progrès technologique.  Les jeunes font néanmoins face à d’importants défis, de la pandémie aux changements climatiques, en passant par les problèmes de santé mentale et les difficultés d’accès à l’emploi.  Dans ce contexte, il est selon elle essentiel que l’éducation soit renforcée et numérisée, notamment pour permettre aux jeunes femmes et filles qui vivent en zones rurales d’y accéder.  La deuxième déléguée de la jeunesse du Maroc a, elle, estimé que les ODD doivent être atteints dans l’intérêt des jeunes, en particulier de ceux en situation de vulnérabilité comme les jeunes femmes des zones rurales.  Il faut les autonomiser et leur donner les aptitudes nécessaires à leur épanouissement, a-t-elle plaidé, avant d’encourager les décideurs à promouvoir l’égalité femmes-hommes en matière de responsabilités. 

La représentante de la Guinée a ensuite rappelé le choc qu’a été pour son pays la période pandémique allant de mars à août 2020.  Outre les nombreux décès occasionnés par la maladie, cette crise a provoqué un effondrement économique, frappé de plein fouet la subsistance des familles et engendré une augmentation des violences contre les femmes, a-t-elle constaté.  Pour y remédier, le Gouvernement guinéen a tablé sur des mesures de développement de la résilience, via des transferts monétaires, et s’est efforcé de renforcer le capital humain pour sauvegarder la productivité future, a souligné la déléguée.  Il est également resté engagé sur le front social, considérant la lutte contre le chômage et le sous-emploi comme un défi majeur, a-t-elle ajouté. 

Lui emboîtant le pas, la Congregation of Our Lady of Charity of the Good Shepherd a voulu savoir quelles sont les politiques mises en œuvre pour poursuivre et consolider les programmes d’assistance engagés pendant la période pandémique.  Le représentant de la Malaisie s’est quant à lui concentré sur le renforcement des filets de sécurité sociale décidé par son gouvernement durant la pandémie.  Ces mesures d’urgence ont notamment permis d’améliorer l’accès aux services essentiels, de soutenir les foyers pauvres avec des transferts monétaires, d’aider les travailleurs du secteur informel et de réduire le taux de pauvreté.  Malgré tout cela, la pandémie s’est traduite par un creusement des inégalités, a-t-il déploré, avant d’appeler à des approches innovantes, du bas vers le haut, pour atténuer l’impact de cette crise sur le monde du travail.  Comment, dans ces conditions, peut-on trouver le juste équilibre pour répondre aux femmes et aux jeunes, sachant que le monde du travail est en évolution permanente, s’est-il interrogé.   

En réponse à ces commentaires et questions, le Secrétaire assistant en charge de l’emploi et du développement des ressources humaines au Département du travail et de l’emploi des Philippines a plaidé pour un changement d’état d’esprit, estimant que sociétés et gouvernements doivent, ensemble, contribuer à l’accélération du relèvement en faisant front commun.  Quant à l’équilibre à trouver entre les différents groupes vulnérables, il a appelé à mettre au point des projets synergiques pour répondre aux besoins là où ils sont identifiés. 

Le Directeur général des relations internationales et de la communication institutionnelle et Coordinateur du programme Argentine 2030 au Conseil national de coordination des politiques sociales de l’Argentine a salué le projet ImInclusive appuyé par les Émirats arabes unis, précisant que son gouvernement subventionne lui aussi des programmes d’insertion pour personnes handicapées, lesquelles doivent selon lui jouer un rôle important sur le marché du travail.  Il a encouragé les jeunes à se faire entendre pour parler des politiques publiques mais aussi à faire des propositions en faveur de l’égalité.  Insistant sur la notion d’inclusion, notamment des femmes, des LGBTI, des handicapés et des seniors, il a estimé que la justice sociale devrait être garantie par les États avec le soutien du système international. 

Rebondissant sur la question de l’inclusion des femmes, la chargée de projets internationaux au Cabinet du Ministre du développement social et de la famille du Qatar a indiqué que, dans son pays, 70% des femmes suivent un cursus de troisième degré, 64% des étudiantes à l’université sont des femmes et que 44% des postes gouvernementaux sont occupés par des femmes.  De plus, en vertu de la loi qatarie, les secteurs public et privé doivent embaucher au moins 3% de personnes handicapées.  À cet égard, elle a estimé que la récente Coupe du monde de football organisée au Qatar a été un modèle de protection et d’inclusion de ces personnes, des technologies de pointe ayant été utilisées pour les aider à assister aux matchs. 

En tant que jeune entrepreneuse, la Directrice générale et fondatrice d’ImInclusive s’est, elle, faite l’écho de l’appel des déléguées de la jeunesse du Maroc, appelant à la promotion d’un état d’esprit progressiste en faveur des jeunes.  Elle a d’autre part relevé que la génération Z a des attentes différentes du travail et entend travailler n’importe où pourvu que ses besoins mentaux soient satisfaits.  À ce propos, elle a jugé que les modèles de travail hybrides fonctionnent et se révèlent même plus productifs que les modèles traditionnels.  De surcroît, a-t-elle fait valoir, les modèles hybrides aident les personnes handicapées à accéder à l’emploi et permettent aux femmes qui le souhaitent de rester chez elles pour assumer d’autre tâches. 

En clôture de ces échanges, modérés par Mme JEAN QUINN, Présidente du Comité des ONG sur le développement social, le Vice-Président de la soixante et unième session de la Commission du développement social, M. JON IVANOVSKI, s’est réjoui de la variété d’approches adoptées par les secteurs public et privé et la société civile pour instaurer le plein emploi productif et créer du travail décent en vue de surmonter les inégalités, parvenir à un relèvement post-COVID-19 axé sur l’inclusion et la résilience, et mettre en œuvre dans son intégralité le Programme 2030.  Il a notamment salué les mesures et programmes mis en place pour promouvoir l’égalité d’accès aux emplois pour les femmes, les personnes handicapées et les autres groupes vulnérables.  Nous avons aussi appris comment les jeunes, lorsqu’on leur fait confiance, qu’on leur donne une chance et qu’on les soutient, peuvent être acteurs du changement et montrer la voie, a ajouté le Vice-Président qui a souhaité que ce forum soit un moyen pour les différentes parties prenantes de dessiner des voies de coopération afin d’avancer dans des domaines d’intérêt mutuel. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission du développement social: large plaidoyer en faveur d’un instrument international juridiquement contraignant sur le vieillissement

Soixante et unième session,
6e et 7e séances plénières – matin & après-midi
SOC/4908

Commission du développement social: large plaidoyer en faveur d’un instrument international juridiquement contraignant sur le vieillissement

La Commission du développement social s’est penchée, aujourd’hui, sur le quatrième cycle d’examen et d’évaluation du Plan d’action international de Madrid de 2002 sur le vieillissement, avant de tenir, dans l’après-midi, une table ronde visant à identifier les moyens par lesquels remédier aux conséquences sociales des crises multiformes afin d’accélérer le relèvement après la pandémie.

Le débat sur le vieillissement fut l’occasion d’entendre un plaidoyer en faveur de l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant sur les droits humains des personnes âgées qui viendrait accompagner et renforcer le Plan d’action de Madrid adopté en 2002.  Cette recommandation est d’ailleurs contenue dans le rapport du Secrétaire général de l’ONU qui fournit une analyse des résultats du quatrième cycle d’examen et d’évaluation du Plan d’action de Madrid.  Celui-ci vise à réorienter la manière dont les pouvoirs publics, les organisations non gouvernementales et les autres acteurs font face au vieillissement de la population et à permettre la participation pleine et égale des personnes âgées dans leurs communautés.  Pour accélérer ces changements, le Plan d’action pourrait être complété par un cadre politique plus explicite en matière de droits humains en clarifiant ce qui est attendu des États, suggère le rapport. 

Les délégations ont donc mis l’emphase sur cette recommandation, insistant sur le fait que le caractère contraignant d’une convention obligerait les États à rendre compte de sa mise en œuvre.  Ce qui n’est pas le cas avec le Plan d’action de Madrid qui a été pris en compte, à titre d’exemple, dans les législations d’à peine le tiers des États d’Afrique, a-t-il été constaté.  Même si des disparités persistent entre les pays et les régions dans la mise en œuvre du Plan d’action de Madrid, on n’arrivera pas à concrétiser les promesses du Programme 2030 si l’on met de côté les personnes âgées, a averti la Ministre du genre et des affaires sociales des Maldives, Mme Aishath Mohamed Didi. 

Le Secrétaire général du Conseil des affaires familiales de Jordanie, M. Mohammed Meqdady, a indiqué que la situation varie d’un pays arabe à un autre, précisant que dans la région arabe, où les personnes de 60 ans et plus représentent près du tiers de la population, 62% des personnes âgées à la retraite ne perçoivent pas de pension de retraite, et deux tiers parmi elles sont analphabètes. 

Malgré le fait que l’Afrique est souvent perçue comme un continent de la jeunesse, le vieillissement tend également à y prendre de l’importance, a indiqué la Directrice générale du National Senior Citizens Centre, Mme Emem Omokaro.  Elle a donc plaidé pour un cadre juridique approprié au niveau national, sans manquer de suivre la tendance en appelant à une convention qui servirait de socle juridique aux législations nationales.  Cette demande a été aussi appuyée par Mme Heidrun Mollenkopf, sociologue et gérontologue allemande, qui a affirmé que le risque est grand aujourd’hui de voir les personnes âgées exclues du tissu social.  Elle a notamment signalé que seulement 5,5% des personnes de plus de 65 ans ont accès à Internet dans le monde.   

La Commission du développement social poursuivra ses travaux demain, jeudi 9 février, à partir de 10 heures.

RÉUNION-DÉBAT DE HAUT NIVEAU SUR LE QUATRIÈME CYCLE D’EXAMEN ET D’ÉVALUATION DU PLAN D’ACTION INTERNATIONAL DE MADRID SUR LE VIEILLISSEMENT - E/CN.5/2023/6

Panélistes

Selon le modérateur de cette discussion, M. DANIEL ZAVALA PORRAS (Chili) et Vice-Président de la Commission du développement social, l’une des conclusions les plus marquantes du quatrième cycle d’examen et d’évaluation du Plan d’action international de Madrid de 2002 sur le vieillissement, qui vient de se tenir dans différentes régions du monde, est qu’il existe de grandes disparités entre les régions et à l’intérieur de celles-ci en ce qui concerne le taux d’application dudit Plan.  Le rapport du Secrétaire général y relatif nous renseigne sur le fait que d’ici à 2050, le nombre de personnes âgées devrait être plus de trois fois supérieur au nombre d’enfants de moins de 5 ans, et près de deux tiers supérieur au nombre de jeunes dans le monde, a-t-il indiqué.  D’où l’importance, pour les intervenants de ce matin, de proposer des pistes pour que les politiques publiques tiennent davantage compte du vieillissement. 

D’entrée de jeu, M. ALEXANDRE SIDORENKO, Conseiller principal au Centre européen de recherche en politique sociale, et ancien Président du programme sur le vieillissement de DESA, a assuré que les principes fondateurs du Plan d’action de Madrid restent d’actualité.  Dans son discours liminaire ouvrant les travaux, il a déploré la persistance de disparités entre les pays et les régions dans la mise en œuvre, avant de constater que les personnes âgées sont souvent exclues des plans d’aide humanitaire.  On n’arrivera pas à concrétiser les promesses du Programme 2030 si l’on met de côté les personnes âgées, a d’ailleurs averti la Ministre du genre et des affaires sociales des Maldives, et Présidente de la Réunion intergouvernementale pour l’examen et l’évaluation du Plan d’action de Madrid en Asie-Pacifique, Mme AISHATH MOHAMED DIDI.  Elle a souligné que le processus de vieillissement de la population dans sa région est relativement plus rapide que dans d’autres régions au monde.  Il faut donc multiplier les projets multidisciplinaires relatifs à la question. 

La situation varie d’un pays arabe à un autre, a expliqué à son tour le Secrétaire général du Conseil des affaires familiales de Jordanie.  M. MOHAMMED MEQDADY a aussi noté que le débat sur le vieillissement est nouveau dans ces sociétés qui n’y accordent pas encore l’attention requise.  Il a souhaité que l’approche de soins prodigués par les proches soit par exemple remplacée par une prise en charge plus holistique des personnes âgées par la société.  Pour l’heure, dans la région arabe, 62% des personnes âgées à la retraite ne perçoivent pas de pension retraite, et deux tiers parmi elles sont analphabètes.  Les personnes de 60 ans et plus représentent près du tiers de la population des pays arabes, soit précisément 31%. 

Il a appelé à l’adoption d’une convention sur les personnes âgées, de même que Mme FRANCISCA PERALES, Sous-Secrétaire aux services sociaux au Ministère du développement social et de la famille du Chili qui a aussi plaidé pour des données ventilées par âge, afin de toucher du doigt les réalités du vieillissement.  Dans la région d’Amérique latine et les Caraïbes, a-t-elle noté, on compte 13,5% de personnes âgées de plus de 60 ans.  Les institutions nationales en charge du vieillissement doivent donc être dotées de capacités requises pour bien assurer leur prise en charge et encadrer leur participation à la vie sociale. 

L’Afrique compte pour sa part 110 millions de personnes âgées, a relevé Mme EMEM OMOKARO, Directrice générale du National Senior Citizens Centre du Nigéria.  Malgré le fait que l’Afrique est souvent perçue comme un continent de la jeunesse, le vieillissement tend également à y prendre de l’importance, a-t-elle dit.  Et l’examen régional du Plan d’action de Madrid a révélé que seulement un tiers des pays du continent l’ont intégré dans leur législation nationale.  La région manque donc cruellement de capacités institutionnelles pour sa mise en œuvre.  Elle a donc plaidé pour un cadre juridique approprié au niveau national, sans manquer d’appeler elle aussi à une convention qui servirait de socle juridique aux législations nationales.  À sa suite, le Kenya a assuré avoir adopté une politique nationale sur le vieillissement en 2018.  En Zambie, les personnes âgées représentent 5,5% de la population et vivent le plus souvent dans les régions rurales qui sont plus pauvres.  Les frais de santé sont gratuits pour les plus de 65 ans et le pays encourage le vieillissement actif, a aussi affirmé cette autre déléguée africaine. 

M. ALFREDO FERRANTE, Président du Groupe de travail permanent de la Communauté économique européenne (CEE) sur le vieillissement, a pour sa part évoqué des mesures prises par les pays de sa région pour réduire les discriminations et inégalités affectant les personnes âgées.  Des défis persistent, comme une pression inédite sur les services sociaux et de santé, et les crises émergentes comme la COVID-19 et le confit en Ukraine.  Il a aussi évoqué des mesures prises pour faciliter la vie du personnel soignant, ainsi que des initiatives pour renforcer la collaboration entre toutes les parties prenantes sur les questions de vieillissement.  Il est vrai que « les systèmes sociaux ne sont pas prêts pour la prise en charge des personnes âgées, comme cela a pu se vérifier avec la pandémie de COVID-19 », a renchéri la représentante de l’Alliance mondiale pour les droits des personnes âgées et membre de HelpAge International.  Mme CAROLE OSERO-AGENG’O a en outre relevé que le Plan d’action n’étant pas un instrument contraignant, les gouvernements fournissent des rapports sur sa mise en œuvre selon une approche volontaire.  Pour que le vieillissement soit pleinement pris en compte par les gouvernements, notamment ceux d’Afrique, elle a également insisté sur l’importance de mettre sur pied une convention. 

Cette demande a aussi été appuyée par Mme HEIDRUN MOLLENKOPF, qui a affirmé que le risque est grand aujourd’hui de voir exclues les personnes âgées du tissu social.  Pour cette sociologue et gérontologue allemande, il est alarmant de constater que seulement 5,5% des personnes de plus de 65 ans ont accès à Internet à travers le monde.  Elle a appelé à combler ces fractures numériques entre les générations.  Elle a aussi dénoncé le fait que ce groupe social n’est pas souvent consulté.  C’est pourquoi il faut encourager la recherche en gériatrie et en gérontologie, tout en veillant à intégrer davantage les femmes âgées lors des essais cliniques. 

Dialogue interactif

Lors de la discussion qui a suivi, les États Membres ont également fait part de leur expérience en rapport au vieillissement.  Pour l’Azerbaïdjan, le vieillissement n’est pas encore un problème critique, mais le pays a établi un indice du vieillissement actif afin de suivre les tendances et mieux mettre en œuvre le Plan d’action de Madrid.  En Türkiye, la question du vieillissement est de plus en plus intégrée dans les politiques publiques.  La délégation a en outre relevé que les personnes âgées sont les plus touchées en temps de crise, comme c’est le cas en ce moment avec le tremblement de terre qui a conduit au déplacement de plusieurs parmi elles.  Le Portugal a appelé à lutter contre l’exclusion de cette couche sociale, et l’Argentine à l’adoption d’un instrument international juridiquement contraignant sur la question.  Il est difficile d’agir sans un tel instrument, a même argué le MarocCuba a souligné que la prise en compte des droits des personnes âgées dans le pays est affectée négativement par des mesures coercitives unilatérales dont Cuba est victime.  Le Canada a dit que les personnes ayant atteint le grand âge doivent se sentir impliquées dans la société.  Même son de cloche pour El Salvador qui a insisté sur la solidarité intergénérationnelle, assurant que les personnes âgées ne sont pas une charge, mais des acteurs de changement. 

En Espagne, a fait savoir la délégation, le Plan d’action de Madrid reste appliqué et suivi sur le plan national avec des programmes et politiques idoines.  L’Ukraine a signalé de son côté que la guerre imposée par la Russie a accentué les difficultés des personnes âgées, même si le Gouvernement s’évertue à poursuivre le payement des pensions retraites.  Une autre conséquence de la guerre est l’isolement et la solitude des personnes âgées qui ne peuvent ou ne veulent pas quitter leur foyer, a déploré la délégation.  La Malaisie a ensuite affirmé qu’en 2030, les personnes âgées vont représenter 15% de sa population, et des politiques sont en préparation pour y faire face. 

Du côté de la société civile, la Fédération internationale pour le vieillissement a demandé aux États ce qui les empêchait de se lancer dans le processus d’adoption d’une convention.  La représentante de l’AARP des États-Unis a déploré le fait que les orateurs de ce débat contribuent à renvoyer une image négative du vieillissement en utilisant une terminologie péjorative.  En effet, a renchéri le délégué de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), « crise, désastre, fardeau sont autant de termes à éviter pour combattre ces stéréotypes délétères ».  C’est pourquoi People Empowerment People Africa a plaidé pour la solidarité entre les générations.  Cette solidarité peut se manifester dans la lutte contre les changements climatiques par la sagesse des anciens, a plaidé la Ministre du genre et des affaires sociales des Maldives, alors que la Sous-Secrétaire aux services sociaux au Ministère du développement social et de la famille du Chili a estimé que le Plan d’action de Madrid doit être complété par un instrument qui mette l’accent sur les droits humains des personnes âgées.  Il faut un instrument international qui tiendrait compte des besoins et des droits des personnes âgées, quel que soit leur lieu de résidence, a insisté à son tour la sociologue allemande

TABLE RONDE:QUESTIONS NOUVELLES: REMÉDIER AUX CONSÉQUENCES SOCIALES DES CRISES MULTIFORMES AFIN D’ACCÉLÉRER LE RELÈVEMENT APRÈS LA PANDÉMIE ET SES EFFETS PERSISTANTS PAR LA MISE EN ŒUVRE INTÉGRALE DU PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT DURABLE À L’HORIZON 2030- E/CN.5/2023/4

Panélistes

Modérée par Mme HANNA SARKKINEN, Ministre des affaires sociales et de la santé de Finlande, cette discussion, a été l’occasion pour panélistes et États Membres de donner un aperçu des diverses mesures et initiatives mises en œuvre pour appuyer le relèvement post-COVID-19, entre autres. 

Dans un premier temps, Mme LUCIANA TITO, Cheffe du Cabinet d’audit et de conseil du Ministère des affaires étrangères, du commerce international et du culte de l’Argentine, a fait savoir que le Gouvernement a adopté une politique de soutien à l’emploi et à la consommation.  Il a aussi lancé un programme d’extraction et d’exportation de gaz et de lithium dont le pays est un des principaux producteurs mondiaux.  L’Argentine, qui était auparavant le pays le plus endetté auprès du Fonds monétaire international (FMI) a réglé son problème d’endettement, et s’efforce par ailleurs de renforcer la production alimentaire afin d’assurer la sécurité alimentaire non seulement dans le pays mais aussi dans le monde. 

Du côté de la Grèce, une loi permettant aux entreprises d’alléger leurs dettes auprès des banques a été adoptée, a fait savoir Mme ELENI NIKOLAIDOU, Conseillère ministérielle et Directrice de la politique de développement au Ministère des affaires étrangères de la Grèce.  Le Gouvernement a également pris des mesures pour faciliter l’intégration des personnes vulnérables au marché du travail, à commencer par des programmes de formation professionnelle.  Il est également venu en aide aux jeunes mères pour leur permettre de s’insérer dans le marché du travail et poursuivre leur carrière professionnelle.  La Conseillère a également insisté sur l’importance de la sécurité internationale pour appuyer le relèvement et le développement durable.  Il faut aider financièrement les pays en développement qui doivent créer un climat d’investissement propice, et promouvoir les secteurs de l’énergie et le numérique, a-t-elle estimé, précisant que l’Union européenne va consacrer 69 milliards d’euros pour l’aide au développement pour la période 2022-2029.  Elle a également appelé à conjuguer les efforts pour assurer l’indépendance et le financement pérenne des systèmes de santé et l’accès aux technologies des pays en développement.  Les droits humains doivent aussi être au cœur de toutes les priorités, en particulier l’égalité entre les sexes, a-t-elle ajouté.

Le Qatar a misé sur la technologie pour combattre la pandémie, a indiqué à son tour Mme MAHA HAMAD ALATTIYA, gestionnaire des projets internationaux du Ministère du développement social et de la famille du Qatar.  Le pays a donné 100 milliards de dollars pour que tous les États aient accès aux vaccins contre la COVID-19.  Le Gouvernement a également consacré 20 millions de dollars pour aider le secteur privé qui a aussi bénéficié du report de leurs échéances financières auprès de leurs banques.  Et au niveau international, le total de l’aide au développement du Qatar a atteint 500 millions de dollars en 2021.  Pour surmonter les défis communs notamment les guerres, l’exode des talents et des compétences, il faut des mesures courageuses.  Le relèvement doit être collectif et ne laisser personne de côté, a estimé la responsable. 

M. ANTHONY MVEYANGE, ancien Directeur exécutif du Partenariat pour la gouvernance sociale africaine, a rappelé les différentes mesures que les pays africains ont pris pour affronter la pandémie et appuyer le relèvement dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’emploi, de l’accès à l’eau, l’énergie, et de l’accès au crédit.  Il a indiqué que plus de 108 milliards de dollars sont nécessaires pour assurer le développement du continent et 170 milliards de dollars pour les infrastructures de base.  Les partenariats sont essentiels, a-t-il insisté.  Il s’agit d’un concept d’investissement public mondial, et il faut créer un environnement propice pour relever les défis et renforcer les capacités et la connaissance.  Le partage et les échanges des bonnes pratiques devraient se faire au niveau régional, a en outre préconisé l’orateur. 

À son tour, Mme LARA HICKS, Représentante adjointe de UNANIMA International auprès des Nations Unies a recommandé d’axer les interventions sur les moyens de subsistance et de revenus, les changements démographiques et le financement de la protection sociale.  Elle a insisté sur l’importance pour des millions de personnes dans le monde d’avoir accès à l’État providence.  Les défis sont titanesques mais il est possible de les relever par la création d’emplois et la formalisation du secteur informel.  Il faut aussi éliminer les discriminations contre les migrants, y compris les demandeurs d’asile, en matière de logement.  Mme Hicks a aussi souligné l’importance d’une éducation de qualité pour tous et des projets d’assainissement, notant en outre que la société civile joue un rôle de passerelle entre les gouvernements et les populations.  Il faut inclure les populations dans le relèvement, a-t-elle appuyé. 

Dialogue interactif

Le Programme 2030 constitue déjà une thérapie de choc pour surmonter les différentes crises évoquées au cours de cette soixante et unième session, a estimé le représentant de Djibouti, suite à quoi la gestionnaire des projets internationaux du Ministère du développement social et de la famille de Qatar, a insisté sur l’importance d’examiner le contexte d’une crise.  Les solutions doivent être trouvées au niveau local, a estimé l’ancien Directeur exécutif du Partenariat pour la gouvernance sociale africaine qui a en outre recommandé aux gouvernements de sensibiliser les populations de ce qu’ils font.  Il faut s’attaquer d’abord aux crises immédiates et envisager ensuite les crises lointaines pour s’y préparer de manière adéquate, a ajouté la Représentante adjointe de UNANIMA International auprès des Nations Unies.   

Quels groupes de population devraient être prioritaires dans le contexte de crises multiples?  Et que peut faire la société civile, les syndicats et les simples citoyens pour participer au relèvement? a demandé l’Union européenne.  La priorité doit aller aux migrants qui sont dépourvus de toit et de logement, a répondu la Représentante adjointe de UNANIMA International auprès des Nations Unies, la Directrice de la politique de développement au Ministère des affaires étrangères de la Grèce estimant de son côté que l’État doit répondre aux crises en mettant l’accent sur les plus vulnérables.  Elle a également exhorté les gouvernements à créer des mesures incitatives pour la participation du secteur privé au relèvement, à l’instar de l’initiative Global Gateway de l’UE qui dispose de 300 milliards d’euros pour mobiliser le partenariat avec le secteur privé.  Il n’y a pas de solution unique, a-t-elle observé.  Les pays adoptent les politiques qui correspondent à leurs réalités et besoins.  La Cheffe du Cabinet d’audit et de conseil du Ministère des affaires étrangères, du commerce international et du culte de l’Argentine a misé de son côté sur le multilatéralisme, la coopération internationale et le partenariat mondial afin de faire face aux conséquences de la pandémie, notamment pour assurer la sécurité alimentaire. 

Comment créer un système de protection sociale pour les démunis et faire en sorte que ces systèmes résistent aux chocs? a voulu savoir le représentant du Zimbabwe.  La gestionnaire des projets internationaux du Ministère du développement social et de la famille de Qatar, a exhorté à pérenniser financièrement des systèmes de protection sociale, tandis que l’ancien Directeur exécutif du Partenariat pour la gouvernance sociale africaine a encouragé à être plus réactif face aux prochaines crises ou prochains chocs.  Il faut les anticiper pour que les systèmes de protection sociale puissent y faire face. 

Le Sénégal s’est intéressé de son côté au financement des politiques de relèvement.  En outre, comment faire pour donner un statut juridique à ces initiatives de relèvement?  L’ancien Directeur exécutif du Partenariat pour la gouvernance sociale africaine a appelé à restructurer le système financier international si l’on veut investir dans les biens publics mondiaux et réclamé l’allégement de la dette des pays africains.  La Chine a préconisé un relèvement résilient et inclusif reposant sur un filet de sécurité sociale qui permet de stabiliser les sociétés après la pandémie, tandis que l’Azerbaïdjan a insisté sur l’importance de financer les ODD et d’établir les priorités selon les pays. 

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Haute-Représentante pour les affaires de désarmement appelle à la transparence dans les transferts d’armes en Ukraine et à la préservation d’une perspective de paix

9256e séance - matin
CS/15196

La Haute-Représentante pour les affaires de désarmement appelle à la transparence dans les transferts d’armes en Ukraine et à la préservation d’une perspective de paix

Mme Izumi Nakamitsu, Haute-Représentante des Nations Unies pour les affaires de désarmement, a déclaré aujourd’hui, devant le Conseil de sécurité, que la transparence dans les transferts d’armes en Ukraine est cruciale pour réduire les tensions et lever les ambiguïtés entre États.  Ces transferts ne doivent pas décevoir l’aspiration à la paix, a-t-elle prévenu, au cours d’une séance demandée par la Fédération de Russie, centrée sur les transferts d’armes et les perspectives de paix et marquée par l’intervention de l’activiste de la paix et cofondateur des Pink Floyd, Roger Waters. 

Près d’un an après le début de l’offensive militaire de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, Mme Nakamitsu a noté que l’assistance militaire apportée par plusieurs pays inclut des armements de plus en plus lourds, tels que des tanks.  Des États auraient également transféré des armes à la Fédération de Russie, dont des drones de combat, a-t-elle révélé, en pointant sur les risques d’escalade. 

Prônant la transparence dans ces transferts d’armes, la Haute-Représentante a déclaré que le Registre des armes classiques de l’ONU et le Traité sur le commerce des armes sont, à ce titre, des instruments clefs, alors que la perspective d’un règlement négocié s’éloigne tant « la logique militaire continue de prévaloir ». 

Le véritable défi aujourd’hui est que les leviers capables d’influencer la recherche d’une solution pacifique sont entre les mains de l’industrie de l’armement occidentale qui est la dernière à vouloir la paix, a accusé la Fédération de Russie.  Grâce à un flux continu de livraisons et de nouvelles commandes, les actions des entreprises concernées ont, rien qu’au cours des trois derniers mois de 2022, fait un bon de plus de 20%. 

L’industrie de l’armement américaine a désormais un véritable terrain d’essai où, au prix de la vie des Russes et des Ukrainiens, elle peut tester de nouveaux engins, les modifier et les améliorer, a encore accusé la Fédération de Russie.  Elle a soupçonné les pays occidentaux d’avoir trouvé un prétexte pour augmenter significativement leurs budgets de la défense et les revenus de leur propre industrie. 

Cela se traduit, a-t-elle affirmé, par un approvisionnement constant de l’Ukraine en armes obsolètes, qui finissent écrasées par l’armée russe, pendant que les armées des pays de l’OTAN sont modernisées.  La Fédération de Russie a ajouté que les anciens pays neutres ne sont pas en reste, 2022 ayant été l’une des années les plus rentables pour le complexe militaro-industriel suisse.  L’Occident est directement impliqué dans le conflit ukrainien car il y envoie aussi mercenaires et personnel militaire, a encore dénoncé la Fédération de Russie. 

On voit que cette dernière n’a pas demandé cette réunion pour discuter des perspectives de paix mais bien pour tenter de justifier sa guerre, a rétorqué le Royaume-Uni.  Face à l’agression russe, a-t-il martelé, l’Ukraine n’a eu d’autre choix que d’exercer son droit de légitime défense tel que consacré par la Charte, et nous sommes fiers de lui apporter notre appui. 

À son tour, la France a promis de continuer d’apporter au peuple ukrainien tout le soutien dont il a besoin pour préserver sa souveraineté.  Elle a accusé la Russie de s’approvisionner en armes, en violant les résolutions du Conseil de sécurité.  Les États-Unis ont en effet dénoncé les transferts illicites de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et de l’Iran vers la Russie. 

J’ai condamné l’invasion illégale de l’Ukraine par la Russie, qui a engendré une guerre non provoquée, mais j’ai aussi condamné les provocateurs, a déclaré le chanteur des Pink Floyd.  La seule façon logique de sortir de la guerre en Ukraine est d’obtenir un cessez-le-feu pour ouvrir la voie à la paix.  Changez de cap, mettez-vous d’accord, a lancé le bassiste du groupe britannique. 

Il a été sèchement renvoyé à ses cordes par l’Ukraine, qui a trouvé « ironique » qu’il essaye de justifier cette invasion, alors que les Pink Floyd avaient condamné l’invasion de la Russie en Afghanistan, ce qui leur avait d’ailleurs valu une interdiction de séjour sur le sol russe.  Cette popstar ne peut ignorer le crime d’agression de la Russie et l’opinion de 143 membres de l’Assemblée générale, s’est énervée l’Ukraine.  « Continuez de jouer de la guitare, cela vous va mieux que de faire la morale au Conseil de sécurité. » 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclarations

Mme IZUMI NAKAMITSU, Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, a rappelé que le monde se rapproche d’un tragique anniversaire, celui du lancement de l’offensive militaire de la Russie contre l’Ukraine il y a près d’un an.  Elle a mentionné l’assistance militaire apportée à l’Ukraine par plusieurs pays, incluant des armements de plus en plus lourds, tels que des tanks.  Des États auraient également transféré des armes à la Russie, telles que des drones de combat.  Pointant les risques d’escalade découlant d’un afflux d’armes dans une situation de conflit armé, elle a dit que la transparence dans le domaine de l’armement est cruciale pour réduire les tensions et dissiper les ambiguïtés entre États Membres.  Le Registre des armes classiques de l’Organisation de Nations Unies et le Traité sur le commerce des armes sont, à ce titre, des instruments clefs, a-t-elle dit, en appelant tous les États à y participer.

La Haute-Représentante a appelé toutes les parties à protéger les civils et les infrastructures civiles, en rappelant qu’il y a eu 18 657 victimes civiles depuis le début du conflit, dont 7 110 tués et 11 547 blessés, même si le bilan est probablement beaucoup plus lourd.  Elle a dénoncé les attaques russes contre les infrastructures énergétiques en Ukraine qui ont déclenché une grave crise humanitaire.  « Ces attaques constituent une inacceptable escalade de la guerre et les civils en paient le prix fort. »  Elle a appelé au respect des principes humanitaires et à éviter toute victime civile.  Les parties doivent s’abstenir de déposer des mines dans des zones peuplées, a-t-elle notamment exigé.  Elle a appelé à mettre en œuvre la Déclaration politique sur le renforcement de la protection des civils contre les conséquences humanitaires de l’utilisation d’armes explosives dans les zones habitées, que 80 pays ont adoptée.

Enfin, elle a réitéré l’appel de l’ONU pour la paix, en déplorant que les perspectives de paix s’amenuisent.  La perspective d’un règlement négocié s’éloigne tant la logique militaire continue de prévaloir, a-t-elle regretté.  Les transferts d’armes en faveur de l’Ukraine ne doivent pas faire dérailler les aspirations à la paix, a-t-elle conclu, en appelant à un règlement pacifique du conflit.

M. ROGER WATERS, militant pacifique, a indiqué qu’il participait à cette réunion pour étudier les possibilités de paix pour l’Ukraine, dans un contexte d’afflux d’armes toujours plus nombreuses dans ce pays.  Il s’est ému du sort des sans-voix du monde entier, dont il a dit être le porte-parole aujourd’hui, décrivant la pente glissante d’un navire néocapitaliste en train de sombrer, avec de nombreuses victimes en train de vivre dans la rue, sur des cartons, « à la sortie de l’ONU ».  Comment faire en sorte que les choses s’améliorent? s’est-il demandé, en rappelant que la majorité des gens s’inquiète de « vos guerres perpétuelles » qui vont détruire la planète.  Il a dit avoir condamné l’invasion illégale de l’Ukraine par la Russie, qui a engendré une guerre non provoquée, et avoir également condamné les provocateurs.  Ce matin j’ai eu une révélation à mon réveil, a poursuivi l’ancien membre du groupe Pink Floyd: ce Conseil est incapable d’agir, mais s’il s’agit d’une instance incapable d’agir, je peux en revanche m’exprimer au nom des sans-voix « sans risquer de me faire décapiter ». 

Lorsque j’avais 13 ans, a-t-il poursuivi, ma mère m’a dit: « tu vas être confronté à bien des problèmes dans ta vie, aussi je te conseille de lire et de lire encore ».  Elle lui a conseillé, dans ces cas, de considérer chaque problème sous tous ses angles, de tenir compte des avis des uns et des autres, en particulier ceux avec qui il n’est pas d’accord, avant de lui préciser que la chose la plus simple à faire est de « faire ce qui est bien ».  Nous, les peuples, souhaitons le respect des droits universels, a-t-il continué en se demandant ce qu’ont à dire les millions de sans-voix.  « Merci de nous donner la parole », a-t-il ajouté: « pour nous, la seule possibilité logique à la guerre en Ukraine consiste à demander un cessez-le-feu pour sauver le maximum de vies et ouvrir la voie à la paix ».  Changez ce cap, mettez-vous d’accord, a lancé Roger Waters aux membres du Conseil.  « John Lennon chantera depuis sa tombe, les harceleurs accepteront enfin de donner une chance à la paix et d’échapper à l’apocalypse nucléaire.  Nous pourrons cesser de gaspiller dans la guerre de précieuses ressources qui devraient plutôt servir à nourrir les peuples », a ajouté le militant. 

M. VASILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a apprécié « l’analyse très précise de Roger Waters, l’un des militants les plus en vue du mouvement anti-guerre moderne », soulignant que sa prise de parole au Conseil témoigne du fait que l’intelligentsia créative internationale est très préoccupée de la direction que prend notre monde.  Et il ne s’agit même pas d’aveux de politiciens, comme la Ministre allemande des affaires étrangères Annalena Burbock, selon lesquels l’OTAN est en guerre contre la Russie, ni de nouveaux appels d’un certain nombre de politiciens russophobes à infliger une défaite stratégique à la Russie, ce que l’Ukraine n’est pas capable d’infliger par elle-même, a noté le représentant.  Il a estimé que le véritable problème, c’est que les leviers capables d’influencer la recherche d’une solution pacifique au conflit autour de l’Ukraine se sont retrouvés entre les mains des sociétés et corporations d’armement occidentales qui sont les dernières à vouloir la paix.  « Jugez-en par vous-même », a-t-il lancé, en faisant allusion aux noms de fabricants d’armes occidentaux dont les logos figuraient sur un carton d’invitation de l’ambassade d’Ukraine aux États-Unis en décembre 2022: VPK Grumann, Raytheon, Northtrop & Whitney et Lockheed Martin. 

Grâce à un flux continu de livraisons et de nouvelles commandes, les actions de ces sociétés ont augmenté de plus de 20% rien qu’au cours des trois derniers mois de 2022, a fait valoir le représentant.  Il a noté que les revendeurs américains disposent d’un véritable terrain d’essai de leurs armes, où, au prix de la vie de Russes et d’Ukrainiens, de nouveaux types d’armes sont testés, modifiés et améliorés.  Il en a conclu que les pays occidentaux ont trouvé un prétexte pour une augmentation significative de leurs budgets de défense et des revenus de leurs propres entreprises de défense.  La Pologne et la République tchèque sont devenues les centres de réparation du matériel militaire, a-t-il encore analysé en citant le Wall Street Journal pour qui ces pays en tirent également d’énormes profits. 

Les anciens pays neutres ne sont pas en reste, a poursuivi le délégué en déclarant que 2022 a été l’une des années les plus rentables pour le complexe militaro-industriel suisse.  Il a dit que le Parlement suisse envisage une initiative permettant aux pays tiers de réexporter des armes de fabrication suisse 5 ans après leur achat.  « Quelle neutralité pragmatique! »  À ses yeux, les pays de « l’Occident collectif » ont depuis longtemps perdu leur moralité et leur conscience.  Le représentant a déclaré être bien conscient que tant que le régime de Kiev ne sera pas complètement en faillite sur le champ de bataille, ce flux d’armes occidentales ne se tarira pas, soulignant une fois de plus que l’Occident est directement impliqué dans le conflit ukrainien, non seulement en fournissant des armes et des renseignements, mais aussi en envoyant des mercenaires et du personnel militaire.  Dans certaines capitales occidentales il est même question aujourd’hui de déployer des troupes de l’OTAN, a-t-il avancé.  Il a conclu en espérant que les récents aveux de Mme Merkel, M. Hollande, M. Johnson et M. Porochenko sur la façon dont les pays occidentaux, sous couvert des accords de Minsk, ont armé l’Ukraine pendant huit ans et l’ont préparée à la guerre avec la Russie, n’induiront personne en erreur.  Il a ajouté que les soi-disant « formules de Zelenskyy » sont simplement une parodie de la notion de « plan de paix ». 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a appelé la Fédération de Russie à cesser toutes les opérations de combat et à retirer sans délai ses troupes du territoire ukrainien.  « La Suisse soutient pleinement la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. »  Elle a appelé toutes les parties à respecter strictement le droit international humanitaire, ainsi que les droits de l’homme, en indiquant que même en temps de guerre, il y a des règles à respecter.  Il est important d’avancer vers des solutions pacifiques, justes et durables, a continué la déléguée.  « Pour y arriver, nous devons nous appuyer sur le droit international et sur les efforts diplomatiques », a-t-elle insisté.  À cet égard, et si les parties le souhaitent, la Suisse se tient prête à fournir des bons offices et à soutenir la désescalade, a-t-elle ajouté.  Enfin, fervente partisane de la reddition de comptes, elle a indiqué que la Suisse, avec une quarantaine d’autres États, a notamment déféré la situation en Ukraine à la Cour pénale internationale (CPI).

M. DAI BING (Chine) a réitéré son inquiétude que l’afflux d’armes en Ukraine ne fasse qu’aggraver la situation sur le terrain, avec les répercussions mondiales que cette escalade est susceptible d’avoir.  Ce risque de prolifération exige des mesures strictes de contrôle pour empêcher que ces armes ne tombent entre les mains de terroristes ou de groupes non étatiques, a-t-il estimé.  Le représentant a espéré que les pays européens accorderont l’importance qui s’impose à l’accumulation de ces arsenaux sur le territoire ukrainien, avant de rappeler qu’il n’existe aucune solution militaire au conflit.

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a rappelé que lors de la séance du Conseil de lundi dernier sur la situation humanitaire en Ukraine, il avait déjà exprimé le regret de son pays que le débat public se focalise de plus en plus sur les transferts d’armes et de munitions, et non sur ce qui lui semble le plus important: un cessez-le-feu immédiat et l’ouverture de négociations de paix.  L’accent mis sur les transferts d’armes est symptomatique, selon lui, d’une grave escalade du conflit.  À de nombreuses reprises, le Brésil a rappelé le droit des États à la légitime défense, principe fondamental du droit international, mais pas au risque d’éclipser la paix et la sécurité internationales, a-t-il expliqué.  Le représentant a également mis en garde contre le grand risque que les armes transférées à l’une des parties au conflit tombent entre les mains de destinataires non autorisés, y compris des milices et des groupes criminels ou terroristes.  Il a donc exhorté les parties à suspendre immédiatement les hostilités sans conditions préalables et à engager le dialogue. 

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a condamné dans les termes les plus forts l’agression de la Russie contre l’Ukraine.  Les actions russes constituent une violation flagrante du droit international et de la Charte des Nations Unies, a-t-il martelé.  Il a rappelé le droit à la légitime défense de l’Ukraine face à cette agression.  « Aucun pays ne devrait appuyer l’agression russe. »  Enfin, il a invité la Russie à ne pas user de ce Conseil pour détourner l’attention de ses actes. 

Mme CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana) a commencé par dire que, après un an de combats intenses, la guerre en Ukraine est en train de prendre la tournure d’un conflit qui s’enlise.  Elle s’est dite convaincue qu’un règlement négocié entre la Russie et l’Ukraine garantira la paix dans ce pays.  Pour la représentante, il est temps de faire une pause et il faut que la communauté internationale exerce un regard critique sur la situation ainsi que sur ses conséquences à long terme.  Plus vite cette guerre s’arrêtera, plus vite nous pourrons rétablir les systèmes économiques et alimentaires dont le reste du monde dépend, a ajouté la déléguée, avant d’assurer que son pays continuera de soutenir les efforts de paix au niveau international.

Mme EDWIGE KOUMBY MISSAMBO (Gabon) s’est alarmée des récentes annonces relatives à des livraisons de nouveaux armements de pointe à l’Ukraine, qui laissent présager que les combats vont non seulement durer, mais vraisemblablement aussi se durcir.  Nous tendons inexorablement vers une guerre d’usure, a-t-elle estimé, s’attendant à plus de morts et plus de destructions d’infrastructures civiles.  Le Gabon appelle à mettre fin à cette guerre afin de stopper l’effusion de sang et le cycle de peur et de détresse dans lequel sont plongées les populations ukrainiennes depuis bientôt une année, a lancé la représentante.  Alors que la signature de l’accord sur l’exportation des céréales en juillet dernier a été une source d’espoir, elle a souligné que cela avait été possible au plus fort du conflit, ce qui révèle qu’avec de la volonté, il est toujours possible d’activer les canaux de la diplomatie.  « Nous continuons d’appeler l’ensemble des parties à mettre en branle les mécanismes prévus au chapitre VI de la Charte des Nations-Unies afin de mettre fin à la belligérance et amorcer les négociations pour une paix durable et une coexistence pacifique. »  La déléguée a conclu son intervention en insistant sur l’impératif du dialogue pour faire taire les armes en Ukraine. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a estimé que la Fédération de Russie n’a pas demandé la tenue de cette réunion pour discuter des perspectives de paix mais pour tenter de justifier sa guerre.  Face à l’agression russe, l’Ukraine n’a pas eu d’autre choix que d’exercer son droit à la légitime défense tel que consacré par la Charte des Nations Unies, a expliqué la déléguée, avant de se dire fière de l’appui apporté par son pays à l’Ukraine dans cette guerre.  « Mais ce que l’Ukraine veut, ce que nous voulons, c’est la paix. »  La déléguée a ainsi appuyé les propositions ukrainiennes à cette fin, en rappelant que toute paix, pour être juste et durable, devra être basée sur les principes de la Charte.  Si la Russie voulait vraiment la paix, elle ne demanderait pas la convocation de ces « simulacres de réunion » mais elle mettrait immédiatement un terme à son invasion, se retirerait de l’Ukraine et retournerait à la table des négociations, a fait remarquer la déléguée. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a rappelé qu’il y a un an, certains d’entre nous mettaient en garde contre un risque d’agression de l’Ukraine par la Fédération de Russie, qui n’a eu de cesse, des semaines durant, de se montrer rassurante, affirmant qu’il ne s’agissait que de rumeurs infondées.  Il a dénoncé la guerre de choix menée par Moscou, avant de l’encourager à retirer ses troupes, à cesser ses bombardements et à entamer des pourparlers de paix avec l’Ukraine.  Quant à la communauté internationale, elle doit plus que jamais continuer de témoigner son soutien auprès de ce pays, a-t-il recommandé.  Ce dont nous avons besoin, c’est d’action concrète: la paix est avant tout l’œuvre des courageux, a lancé le représentant.

Mme GHASAQ YOUSIF ABDALLA SHAHEEN (Émirats arabes unis) a réitéré la position de son pays qui a toujours jugé vital de protéger les armes pendant le transfert, le stockage et le déploiement.  Cela est particulièrement urgent dans le contexte des hostilités en cours, a-t-elle insisté, en exhortant à la vigilance et la transparence pour éviter que les armes ne tombent entre de mauvaises mains.  La discussion d’aujourd’hui, a poursuivi la représentante, souligne l’importance de parler de l’impact potentiel du conflit sur la prolifération des armes.  Nous restons fermes et nous continuons de penser, a-t-il conclu, que le Conseil de sécurité doit assurer le respect de toutes ses résolutions, y compris la résolution 2231.

M. RICHARD M. MILLS, JR. (États-Unis) s’est interrogé sur la crédibilité de M. Waters, avant de souligner que son pays veut un monde en paix où chaque nation peut décider de sa politique étrangère.  Ne détournons pas notre attention de l’agression militaire et illégale de la Russie contre l’Ukraine, a-t-il dit.  Le représentant a insisté pour que l’on défende les principes de la Charte, dont le droit à la légitime défense et en l’occurrence celui de l’Ukraine.  Les armes que nous continuerons de fournir à l’Ukraine, a-t-il expliqué, seront là pour précisément appuyer l’exercice de ce droit contre les attaques de la Russie.  Personne ne veut plus la paix que les Ukrainiens, alors que la Russie ne montre aucune intention d’aller dans ce sens, préférant user de ce Conseil pour détourner l’attention de ce qu’elle fait, dont la préparation d’une nouvelle offensive de grande ampleur, a accusé le représentant qui n’a pas manqué de dénoncer les transferts d’armes de la République populaire démocratique de Corée et de l’Iran vers la Russie, en violation flagrante des résolutions du Conseil. 

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) s’est dit préoccupé par les menaces à la paix et à la sécurité que pose l’afflux massif d’armes et de munitions dans toute situation de conflit armé et par les risques de détournement, de propagation et d’escalade.  Les mesures visant à contrer ces risques sont essentielles pour le redressement post-conflit ainsi que pour la sécurité et la stabilité régionales, voire à la prévention des conflits, a estimé le représentant.  Il a condamné l’escalade permanente des attaques et des bombardements contre les infrastructures civiles en Ukraine, qui compromet encore davantage l’accès aux services de base, dont la santé et l’éducation, et qui accentue le risque d’une catastrophe nucléaire.  Pour le délégué, il est clair que les perspectives d’une solution pacifique dépendent de la cessation immédiate des hostilités et du retrait des troupes d’occupation russes.

M. DOMINGOS ESTÊVÃO FERNANDES (Mozambique) a relevé que la trajectoire du conflit entre la Fédération de Russie et l’Ukraine pointe vers une guerre d’usure, loin de tout compromis à la table des négociations.  Au contraire, a-t-il regretté, nous assistons à l’expansion croissante des acteurs directement et indirectement impliqués dans le conflit, à l’érosion des notions de retenue dans la conduite des affaires liées au maintien de la paix internationale, y compris la paralysie de ce Conseil, et au mépris des accords internationaux durement et longuement négociés sur le commerce et le transfert d’armes.  Aujourd’hui, s’est-il expliqué, nous constatons une accumulation d’armes et la prolifération d’armes illicites. 

Les transferts massifs d’armes, a-t-il prévenu, ne font que jeter de l’huile sur le feu.  Les flux d’armes non réglementés conduisent à l’escalade du conflit et pendant ce temps, l’humanité perd alors que les marchands d’armes s’enrichissent.  Comme ces transferts d’armes ont lieu sans supervision des mécanismes convenus au niveau des Nations Unies, il faut s’attendre à ce qu’elles se retrouvent dans « notre partie du monde » qui regorge déjà d’armes illégales meurtrières.  Le délégué a donc instamment prié toutes les parties au conflit d’agir d’une manière compatible avec les accords internationaux de contrôle des armes et dans l’intérêt du maintien de la paix et de la sécurité internationales. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a rappelé que le règlement pacifique de cette guerre dépend de la Russie, qui en est entièrement responsable.  « Si la Russie cesse de combattre, la paix sera immédiatement rétablie, si l’Ukraine cesse de combattre, elle sera anéantie. »  Il a déclaré que la France apporte et continuera d’apporter au peuple ukrainien tout le soutien dont il a besoin pour exercer son droit à la légitime défense et préserver sa souveraineté.  « Ce soutien inclut un soutien militaire, à titre bilatéral et via l’Union européenne. »  Il a déclaré que la Russie cherche à s’approvisionner en armes par tous les moyens, y compris en violant les résolutions du Conseil.  La Russie continue selon lui d’utiliser toutes ces armes pour sa stratégie de ciblage systématique de la population et des infrastructures civiles ukrainiennes, en violation flagrante des principes du droit international humanitaire.  Les Nations Unies et tous ses membres ne peuvent ni ne doivent détourner le regard, a-t-il conclu, en appuyant le plan de paix en 10 points proposé par le Président ukrainien.

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a déclaré que la dynamique actuelle souligne l’importance vitale de l’accès humanitaire en Ukraine, y compris dans les zones que les autorités ne contrôlent pas.  La représentante a réitéré son appel à la suppression immédiate de tous les obstacles à l’acheminement sûr, rapide et sans entrave de l’aide humanitaire.  Elle a exhorté la Fédération de Russie à retirer ses forces militaires de l’ensemble du territoire de l’Ukraine, arguant qu’il n’est jamais trop tard pour respecter la Charte et ses dispositions relatives au règlement pacifique des différends, et pour revenir au dialogue et à la diplomatie.

M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a remercié les partenaires de l’Ukraine qui ont dit clairement que la seule voie possible pour répondre à l’agression en cours passe par le respect de la Charte des Nations Unies.  La défaite militaire russe sur le sol ukrainien est imminente selon lui, si le « régime criminel russe » n’applique pas les exigences de l’Assemblée générale et de la CIJ et ne retire pas ses troupes.  Sur la base de la Charte, l’Ukraine exige la reddition de comptes de la Fédération de Russie, notamment pour le crime d’agression et les crimes de guerre, a-t-il précisé.  Aucune disposition de la Charte des Nations Unies ne porte atteinte au « droit naturel » à la légitime défense, a-t-il rappelé avant de reprocher au Conseil de sécurité de toujours tolérer la présence de criminels de guerre occupant le « siège de l’Union soviétique », ce qui l’empêche d’agir pour rétablir la paix et la sécurité internationales.  Pour lui, la seule chose qui permettra d’aboutir à une paix exhaustive et durable, c’est la contribution déterminée de toutes les nations responsables au rétablissement du respect des principes de la Charte.  C’est une guerre de choix, a tranché le représentant accusant Vladimir Putin d’avoir choisi la violence et d’émasculer sa nation en traitant son pays comme du bétail voué à produire de plus en plus de chair à canon. 

Répondant à ceux qui appellent à mettre fin à la guerre à n’importe quel prix, le représentant a demandé s’ils étaient prêts à montrer leur capacité à punir le responsable de cette guerre.  Si le Conseil de sécurité est bloqué par celui qui cause ces maux et qu’il ne peut pas le punir, faisons en sorte de le faire à sa place, a-t-il dit.  Aujourd’hui, il a dit répondre à ceux qui ne voient aucun inconvénient à voir l’Ukraine désarmée, déchirée en mille morceaux, impuissante et déshonorée. 

Le représentant a ensuite ironisé sur l’intervention de Roger Waters, en rappelant que ce dernier aurait appelé Putin le nouveau Hitler dans une interview avec Chris Hedges en septembre dernier.  Or maintenant il annonce qu’il se produira à Moscou, a-t-il relevé.  Il lui a semblé ironique que M. Waters essaye aujourd’hui de justifier une invasion, alors que les Pink Floyd avaient condamné l’invasion russe de l’Afghanistan, ce qui leur avait valu d’être interdits en Russie à l’époque.  Cette popstar ne peut ignorer le crime d’agression de la Russie et l’opinion de 143 membres de l’Assemblée générale, et aller amuser les foules à Moscou, a-t-il poursuivi, estimant qu’il ne peut passer sous silence le génocide ethnique en Russie qui utilise ses soldats comme chair à canon sur le front.  « Continuez à jouer de la guitare M. Walters.  Cela vous va mieux que de faire la morale au Conseil de sécurité », lui a-t-il asséné. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a repris la parole pour répondre à son homologue de l’Albanie et préciser que M. Waters n’est nullement menacé en Russie.  C’est nous qui avons convié M. Waters à s’exprimer devant ce Conseil, a déclaré le délégué, en pointant la réticence des pays occidentaux à entendre des points de vue alternatifs sur la situation en Ukraine.  Enfin, il a reproché aux États-Unis de s’approprier la fin de la guerre froide alors que la Russie y a largement contribué.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Un Conseil de sécurité partagé face aux conclusions de l’OIAC sur la responsabilité des forces armées syriennes dans l’attaque à l’arme chimique à Douma

9255e séance - matin
CS/15194

Un Conseil de sécurité partagé face aux conclusions de l’OIAC sur la responsabilité des forces armées syriennes dans l’attaque à l’arme chimique à Douma

La réunion mensuelle du Conseil de sécurité sur le dossier des armes chimiques syriennes a permis à ses membres, ce matin, d’examiner enfin les conclusions de l’Équipe d’enquête et d’identification de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), qui a rendu le 27 janvier son troisième rapport sur l’attaque à l’arme chimique perpétrée à Douma, en République arabe syrienne, le 7 avril 2018.  Celle-ci a conclu que l’emploi d’armes chimiques sur cette ville a été le fait exclusif des forces armées syriennes.

Comme l’a dit le Directeur général de l’OIAC, M. Fernando Arias, les conclusions de l’enquête, qui s’est déroulée pendant deux ans, de janvier 2021 à décembre 2022, ont démontré que le 7 avril 2018, un hélicoptère des forces aériennes syriennes a largué deux cylindres jaunes sur deux bâtiments résidentiels dans une zone peuplée par des civils, causant la mort de 43 personnes et faisant de nombreux blessés.  M. Santiago Oñate-Laborde, Coordonnateur de l’Équipe d’enquête et d’identification, a précisé que de ces cylindres s’est échappé du gaz de chlore, dont la présence n’était pas naturelle et découlait donc d’un incident chimique.  Il a réfuté l’idée d’une mise en scène avec l’emploi de produits chimiques ménagers, comme il a réfuté l’idée selon laquelle aucune attaque ne se serait produite.  En effet, comme l’ont relevé les États-Unis, le rapport démonte, sur la base de preuves, les allégations infondées de la Syrie et de la Russie selon lesquelles les forces d’opposition étaient responsables de cette attaque.

M. Arias a tenu à préciser que les conclusions de l’Équipe s’appuient sur une évaluation globale et une analyse en profondeur des multiples preuves recueillies, corroborées par des témoignages, des examens médicolégaux et une imagerie satellite, et qu’elles respectent les normes les plus strictes et les pratiques optimales des organes d’enquête internationaux.  Les deux responsables de l’OIAC n’ont pas hésité à dire qu’il existe des motifs suffisants de croire qu’au moins un hélicoptère a été utilisé par les forces armées syriennes. 

Si les membres occidentaux du Conseil ont exprimé leur consternation face aux conclusions accablantes de ce rapport, à savoir que le « régime syrien » est responsable de l’attaque à l’arme chimique à Douma, d’autres, comme la Fédération de Russie, la Chine ou encore la République islamique d’Iran et la Syrie ont émis des réserves, à commencer par la mise en cause de la légitimité même de l’Équipe d’enquête et d’identification.  La Chine a rappelé que la création de cette équipe allait au-delà du mandat de la Convention sur les armes chimiques et n’avait pas fait l’objet d’un consensus.  Dans une motion d’ordre au début de la séance, la Fédération de Russie a d’ailleurs objecté à l’intervention du Coordonnateur de l’Équipe à cette séance.  Il s’est demandé si celui-ci intervenait parce que M. Arias n’était pas en mesure de répondre lui-même aux questions des membres du Conseil ou parce qu’il cherchait à imputer la responsabilité politique des rapports présentés par l’OIAC à l’un de ses subordonnés.  La France lui a retorqué que cette équipe d’expert dotée d’un mandat clair et légitime ne pouvait pas être réduite au silence, après deux années d’enquête et un rapport détaillé et sérieux. 

La Fédération de Russie ne s’est quant à elle par montrée satisfaite de ce rapport et a considéré le dossier chimique syrien comme un exemple flagrant, voire un synonyme, de mensonges présentés à la suite de calculs politiques des États occidentaux.  Le Secrétariat technique de l’OIAC est selon elle devenu un instrument aux mains de l’« Occident collectif ».  Une situation dans laquelle le Directeur général de l’Organisation, « qui a enfin daigné s’adresser aujourd’hui au Conseil de sécurité », porte une responsabilité considérable, a estimé la Russie en rejetant le rapport dont la version finale aurait « tout simplement été réécrite sous la pression des pays occidentaux ». 

L’Équipe d’enquête et d’identification a rendu des conclusions qui correspondent aux accusations des trois pays qui ont agressé la Syrie (États-Unis, France et Royaume-Uni), a renchéri la Syrie qui a, elle aussi, catégoriquement rejeté les conclusions du rapport.  L’incident de Douma est, selon la délégation syrienne, le fruit d’un complot ourdi par ces trois pays pour saper l’armée syrienne au moment où celle-ci engrangeait des succès contre les groupes terroristes.  Son représentant a notamment rappelé que son pays avait, à l’époque, demandé à l’OIAC l’envoi d’une mission d’établissement des faits pour faire la lumière sur cet incident et que 17 témoins avaient été acheminés par la Syrie et la Russie le 26 avril 2018 au siège de l’OIAC. 

Ceux qui contestent les conclusions du rapport ont argué, entre autres, que celui-ci se base sur des sources non autorisées (notamment les Casques blancs qui sont parrainés par l’Occident), qu’il ne contient pas les conclusions juridiques requises et qu’il ne tient pas compte des observations du Gouvernement syrien.  L’Iran a appelé à ne pas ignorer ces failles et à y répondre de manière responsable afin de garantir l’intégrité des rapports de l’OIAC.

Près de 10 ans après l’adoption unanime de la résolution 2118 (2013), la plupart des membres du Conseil ont estimé que le « régime syrien » doit enfin faire la lumière sur ses stocks d’armes chimiques, certains exprimant ouvertement leurs préoccupations par rapport à la reconstitution de ces stocks.  Ils ont demandé au Gouvernement syrien d’autoriser le personnel de l’OIAC à accéder sans entraves à tous les sites, en déplorant le manque de coopération de la Syrie avec le Secrétariat technique de l’OIAC et le fait qu’elle n’ait toujours pas fourni d’explications plausibles aux 20 questions en souffrance par rapport à sa déclaration initiale.  Pour eux, le « régime syrien » doit changer son comportement à l’égard des armes chimiques et fournir sans tarder au Conseil l’assurance concrète qu’il a détruit tous les stocks et qu’il n’a plus la capacité ou l’intention de les utiliser. 

La Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, Mme Izumi Nakamitsu, a relaté que pour avancer sur les questions en suspens, une équipe réduite composée de certains membres de l’Équipe d’évaluation des déclarations a été envoyée pour mener des activités limitées dans le pays du 17 au 22 janvier 2023.  Les résultats de cette mission, a-t-elle indiqué, seront inclus dans le prochain rapport de l’Équipe. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT - S/2023/69

Déclarations

La Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, Mme IZUMI NAKAMITSU, a saisi l’occasion de la présence du Directeur général de l’OIAC, M. Fernando Arias, à cette séance pour réitérer la gratitude du Bureau des affaires de désarmement, à lui et à son organisation, pour leurs efforts professionnels et impartiaux visant à faire respecter la norme contre l’utilisation d’armes chimiques et pour leur partenariat dans l’élimination de ces armes inhumaines. 

Les efforts déployés par l’Équipe d’évaluation des déclarations de l’OIAC pour clarifier toutes les questions en suspens concernant la déclaration initiale et les déclarations ultérieures de la Syrie n’ont pas progressé depuis la dernière réunion du Conseil, a regretté la Haute-Représentante.  Elle a signalé que tous les efforts déployés par le Secrétariat technique de l’OIAC pour organiser la prochaine série de consultations entre l’Équipe et l’Autorité nationale syrienne continuent d’être vains.  Le Secrétariat technique de l’OIAC a fourni à la Syrie la liste des déclarations en attente et d’autres documents demandés par l’Équipe depuis 2019, dans le but de l’aider à résoudre les 20 questions en suspens.  Cependant, Mme Nakamitsu a dit avoir été informée que le Secrétariat technique n’a pas encore reçu les informations demandées.  En raison de cette situation, une équipe réduite composée de certains membres de l’Équipe d’évaluation des déclarations a été envoyée pour mener des activités limitées dans le pays du 17 au 22 janvier 2023.  Elle a cru comprendre que cette équipe revenait de la mission à la date du dernier rapport et que les résultats de cette mission seraient inclus dans le prochain rapport de l’Équipe d’évaluation des déclarations.  Elle a toutefois noté que le Directeur général, M. Arias, pourrait donner des précisions sur cette question. 

En ce qui concerne les inspections des installations de Barzé et Jamraya, Mme Nakamitsu a été informée que le Secrétariat technique de l’OIAC continue de planifier la prochaine série d’inspections, qui se tiendra en 2023.  Elle a regretté, à ce sujet, que la Syrie n’ait pas encore fourni les informations demandées par le Secrétariat technique.  Mme Nakamitsu a également été informée que la mission d’établissement des faits de l’OIAC continue d’étudier toutes les informations disponibles concernant les allégations d’utilisation d’armes chimiques en Syrie.  C’est dans ce contexte que l’Équipe d’enquête et d’identification a été déployée en Syrie du 6 au 12 novembre 2022 et prépare actuellement les prochains déploiements.  La Haute-Représentante a dit attendre avec intérêt toute mise à jour du Directeur général Arias sur cette question. 

Mme Nakamitsu a rappelé que le 27 janvier 2023, le Secrétariat technique de l’OIAC a soumis au Conseil exécutif de l’OIAC et au Secrétaire général de l’ONU la note intitulée « Troisième rapport de l’Équipe d’enquête et d’identification de l’OIAC ».  Le Secrétaire général a partagé ce rapport avec les membres du Conseil sous la cote S/2023/81, a-t-elle dit en se disant convaincue que le Directeur général et le Coordonnateur de l’Équipe en diront plus sur les conclusions de ce rapport et feront le point sur la date à laquelle il sera examiné par le Conseil exécutif de l’OIAC. 

M. FERNANDO ARIAS, Directeur général de lOrganisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), a présenté aujourd’hui le troisième rapport de l’Équipe d’enquête et d’identification concernant l’attaque à l’arme chimique qui a été perpétrée à Douma, en République arabe syrienne, le 7 avril 2018.  Il présente les conclusions de l’enquête qui s’est déroulée pendant deux ans, de janvier 2021 à décembre 2022, et démontre qu’un hélicoptère des forces aériennes syriennes a largué deux cylindres jaunes sur deux bâtiments résidentiels dans une zone peuplée par des civils, causant la mort de 43 personnes et faisant de nombreux blessés.  Les activités de l’Équipe d’enquête et d’identification confirment qu’un gaz au chlore à haute concentration provenant des cylindres a causé la mort de certains des individus présents dans le bâtiment, qui ont cherché refuge au sous-sol pour se protéger de la frappe aérienne conventionnelle lancée à ce moment-là.  Il existe des motifs suffisants de croire qu’au moins un hélicoptère a été utilisé par les forces armées syriennes, a ajouté le Directeur général, avant d’annoncer que les détails du rapport seraient présentés par le Coordonnateur de l’Équipe d’enquête et d’identification. 

Il a tenu à rappeler que tout rapport élaboré par le Secrétariat de l’OIAC, y compris celui de cette équipe, respecte les normes les plus strictes et les pratiques optimales des organes d’enquête internationaux, afin de parvenir à des conclusions de qualité.  Ces normes prévoient l’utilisation d’un système de corroboration de tous les faits et preuves recueillis.  Les conclusions de l’Équipe s’appuient sur une évaluation globale et une analyse en profondeur des multiples preuves recueillies, corroborées par des témoignages, des examens médicolégaux et une imagerie satellite, a précisé M. Arias.  Il a ajouté que les enquêtes se sont déroulées sous la seule et unique autorité du Coordonnateur et que leurs résultats sont fiables, malgré des conditions difficiles, plusieurs cyberattaques sophistiquées et la diffusion massive de désinformation.  « Depuis que j’ai pris mes fonctions de Directeur général de l’OIAC en juillet 2018, a indiqué M. Arias, je n’ai ménagé aucun effort pour travailler avec la République arabe syrienne et trouver des voies et moyens de régler différentes questions en lien avec son dossier d’armes chimiques. »  Il s’est désolé que, malgré ses nombreuses tentatives de dialoguer avec les autorités syriennes, celles-ci aient systématiquement refusé de reconnaître l’Équipe d’enquête et d’identification et de dialoguer avec elle. 

M. SANTIAGO OÑATE-LABORDE, Coordonnateur de lÉquipe d’enquête et d’identification de l’OIAC, a présenté des éléments clefs du rapport de l’enquête, en rappelant que celle-ci a pour mission d’établir les faits sur l’utilisation potentielle d’armes chimiques.  Ce n’est pas un organe judiciaire qui imputerait des responsabilités pénales, a-t-il précisé.  Sur l’incident qui s’est produit le 7 avril 2018 à Douma, il a indiqué qu’il existe des motifs raisonnables de penser qu’au moins un hélicoptère de la République arabe syrienne a largué deux cylindres qui ont touché des bâtiments résidentiels à Douma.  De ces cylindres s’est échappé du gaz de chlore, qui a tué 43 personnes, dont 9 garçons et 10 filles.  Il a précisé que ces conclusions ont été tirées selon les procédures habituelles et qu’elles ont été dûment vérifiées.  Des échantillons ont été envoyés à des laboratoires pour être analysés par des spécialistes, a-t-il encore précisé. 

« Nous sommes parvenus à un degré de certitude sur les responsables de l’attaque de Douma », a tranché le Coordonnateur avant de rappeler que le travail de l’Équipe dépend de la coopération des États parties à la Convention sur les armes chimiques.  Il a indiqué que l’Équipe a examiné 19 000 dossiers, contenant notamment des déclarations de 66 témoins, et coopéré avec 10 experts.  Elle a essayé en toute bonne foi de faire en sorte que la Syrie puisse s’acquitter de ses obligations, a-t-il dit.  « La Syrie a choisi de ne pas répondre. »  Malgré ce manque de dialogue, l’Équipe n’en a pas tenu compte au moment de la rédaction de ses conclusions, a-t-il assuré.  Il a précisé que l’Équipe a pris « dûment » en compte des positions et des informations de la Russie sur cet incident.  Différents scénarios de l’incident ont en effet été envisagés, de l’incident monté de toutes pièces à l’incident découlant d’un largage de bombes.  Les positions de la Russie et de la Syrie affirmant que l’incident était une mise en scène visant à discréditer l’armée syrienne ont été prises en compte, a-t-il encore assuré. 

Le Coordonnateur a réitéré qu’il existe des motifs suffisants de penser que du gaz de chlore provenant de cylindres a été utilisé à Douma.  La présence de ce gaz n’était pas naturelle et découlait donc d’un incident chimique, a-t-il dit, en ajoutant qu’un échantillon retrouvé sur une dalle de béton a pu être analysé.  Il a donc réfuté l’idée d’une mise en scène avec l’emploi de produits chimiques ménagers, comme il a réfuté l’idée selon laquelle aucune attaque ne se serait produite.  Il a ajouté que les symptômes des personnes atteintes étaient par ailleurs cohérents avec l’utilisation de gaz de chlore.  En conclusion, il a répété que l’Équipe a dû conclure que l’emploi d’armes chimiques en Syrie a été le fait exclusif des forces armées syriennes. 

Mme BONNIE DENISE JENKINS, Sous-Secrétaire pour le contrôle des armements et les affaires de sécurité internationale des États-Unis, a salué le travail de l’OIAC et le dernier rapport sur l’attaque aux produits chimiques de Douma en avril 2018, en invitant à penser avant tout aux victimes et aux survivants des attaques perpétrées par le « régime d’Assad ».  Elle a salué les organisations internationales et syriennes qui sont allées porter secours aux victimes de Douma et qui ont rassemblé la plupart des preuves, rendant ainsi possible l’établissement de ce rapport.  Les faits sont indiscutables, a-t-elle martelé: « le régime d’Assad a largué deux cylindres de chlore sur deux bâtiments résidentiels causant la mort de 43 personnes ».  Il s’agit du cinquième cas de l’emploi d’armes chimiques par « ce régime », a-t-elle rappelé avant d’appeler à ne pas perdre de vue le rôle de forces russes lors de cette attaque.  Les États-Unis et d’autres ont de longue date mis en lumière ce rôle préoccupant des forces russes au lendemain de l’attaque, en particulier lorsqu’elles ont fait obstruction à la présence d’enquêteurs de l’OIAC sur le site, a rappelé la représentante. 

Le rapport réfute également les allégations infondées de la Syrie et de la Russie selon lesquelles les forces d’opposition étaient responsables de cette attaque, a-t-elle souligné.  L’équipe d’enquête a indiqué clairement que ce scénario n’est pas fondé, a constaté la représentante qui a réitéré l’appel des États-Unis à la reddition de comptes.  Elle a exhorté les membres du Conseil à garder à l’esprit l’annexe confidentielle du rapport de l’OIAC.  Elle s’est dite gravement préoccupée par les efforts de la Syrie de reconstituer ses stocks d’armes chimiques et a appelé la Syrie à respecter ses obligations internationales et à fournir un accès sans entrave au personnel de l’OIAC pour qu’il puisse mener ses enquêtes.  La déléguée a aussi demandé à la Russie de ne plus empêcher la reddition de comptes pour la Syrie, faisant valoir qu’il ne peut y avoir d’impunité en cas d’utilisation d’armes chimiques. 

Alors que la conférence d’examen de la Convention sur les armes chimiques approche, elle a assuré que les États-Unis souhaitent collaborer avec d’autres nations responsables pour donner les moyens à la Convention d’atteindre ses objectifs.  Elle s’est dite consciente du fait que le Conseil de sécurité a été quelque peu las du dossier chimiques syrien, mais, a-t-elle estimé, ce n’est pas l´heure d’assouplir le contrôle de la communauté internationale ou de fermer les yeux sur la détérioration de la coopération entre la Syrie et l’OIAC.  Les graves violations de la Convention par la Syrie sont un affront pour la communauté internationale et le Conseil de sécurité, a-t-elle tranché.  Les actes glaçants étayés dans le rapport et les tentatives du « régime syrien » de se défausser de ses responsabilités montrent pourquoi les États-Unis ne sont pas prêts à normaliser leurs relations avec le « régime d’Assad », a conclu la représentante. 

M. VASSILY A.  NEBENZIA (Fédération de Russie) s’est plaint des nombreuses réunions du Conseil de sécurité « totalement vides » sur le dossier chimique syrien, « dont l’inutilité était devenue évidente pour tous ».  Nos collègues occidentaux, a-t-il accusé, ont toujours bloqué avec obstination toute tentative d’utiliser notre temps de manière plus productive.  Il a envisagé la possibilité que le nouveau rapport de l’« illégitime » Équipe d’enquête et d’identification sur l’incident de Douma du 7 avril 2018, dont la publication a été annoncée dès l’automne, soit précisément destiné par ces mêmes États occidentaux à prétendre que le Conseil a quelque chose à discuter dans le dossier des armes chimiques en Syrie. 

Pour sa part, il a estimé que le seul véritable sujet à discuter aujourd’hui, c’est la dégradation du Secrétariat technique de l’OIAC, devenu selon lui un instrument aux mains de l’« Occident collectif ».  Une situation dans laquelle le Directeur général de l’Organisation, « qui a enfin daigné s’adresser aujourd’hui au Conseil de sécurité », porte une responsabilité considérable, a ajouté le représentant.  Il a dit ne pas vouloir commenter aujourd’hui les activités de l’Équipe elle-même, expliquant que, pour lui, cette structure n’existe pas, car sa création a été « vendue » au Conseil exécutif de l’OIAC en violation du principe de consensus et de l’article XV de la Convention sur les armes chimiques.  « Ses activités destructrices et politisées n’ont rien à voir avec les principes d’impartialité et d’objectivité », a-t-il insisté. 

S’adressant au Directeur de l’OIAC, il a souhaité obtenir des réponses claires sur l’« horrible scandale » qui s’est produit lors de la préparation du rapport sur l’incident de Douma, dont « la version finale a tout simplement été réécrite sous la pression des pays occidentaux », notamment en ce qui concerne les tests chimiques, toxicologiques et balistiques et les témoignages.  Les inspecteurs qui n’ont pas accepté un faux aussi flagrant ont été suspendus et persécutés, victimes d’un véritable harcèlement, a dénoncé le délégué.  « Pourquoi n’avez-vous toujours pas pris de mesures pour faire face à la situation? » a-t-il demandé à M. Arias. 

L’interprétation de ce qui s’est passé ne répond tout simplement pas aux lois élémentaires de la physique, a analysé le représentant en notant que l’un des cylindres, prétendument tombé du ciel, ne présentait aucun signe de déformation.  Les liens de causalité sont également rompus selon lui: comment, par exemple, l’Équipe aurait-elle pu analyser les restes des cylindres utilisés dans la prétendue attaque chimique si les deux cylindres ont été détruits lors de l’attaque aérienne israélienne sur la base aérienne syrienne?  Pour le représentant russe, la véritable explication –à savoir que ces bouteilles de chlore ont simplement été introduites dans un immeuble résidentiel par des Casques blancs pour les mettre en scène– est ignorée, malgré les preuves disponibles.  Étant donné la rapidité avec laquelle les insinuations que le rapport contient ont été reprises par les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne, qui se sont également empressés de déverser un autre lot d’accusations antirusses, il ne fait aucun doute selon le délégué russe que le document à l’examen aujourd’hui est politisé.  Il a donc espéré que le Directeur de l’OIAC répondrait à ses questions, en toute transparence. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a dit avoir pris connaissance avec consternation du rapport publié par l’OIAC le 27 janvier.  Il a estimé que ses conclusions sans ambigüité sont accablantes: le régime syrien est responsable de l’attaque aux armes chimiques perpétrée à Douma le 7 avril 2018.  Ce rapport, précis et bien documenté, marque le neuvième cas d’utilisation d’armes chimiques attribué au « régime » par des mécanismes indépendants de l’ONU et de l’OIAC, a relevé le délégué.  Il a noté que le rapport décrit en détail comment les Forces du Tigre de l’armée de l’air syrienne ont décollé de la base de Dumayr pour larguer délibérément deux barils de chlore sur des bâtiments résidentiels, en plein centre-ville, provoquant la mort de 43 personnes et affectant des dizaines d’autres.  Il a exhorté, une fois de plus, le régime syrien à se conformer immédiatement à ses obligations en vertu de la Convention sur les armes chimiques.  Près de 10 ans après l’adoption unanime de la résolution 2118 (2013), le représentant a estimé que le « régime » doit enfin faire la lumière sur ses stocks, car ils n’ont pas tous été détruits, et autoriser au plus vite le personnel de l’OIAC à se déployer en Syrie. 

Il y a dans ce rapport, a relevé M. de Rivière, des informations crédibles selon lesquelles les forces russes étaient installées sur la base aérienne de Dumayr aux côtés des Forces du Tigre, tandis que l’espace aérien au-dessus de Douma était exclusivement contrôlé par l’armée syrienne et les forces de défense aériennes russes.  Dès le lendemain de l’attaque, la police militaire russe a aidé le « régime » à barrer l’accès au site de l’OIAC, a-t-il accusé, ajoutant que les troupes russes et syriennes ont mis en scène des photographies diffusées en ligne pour appuyer des récits fabriqués sur cet incident.  « Exposer la vérité est essentiel afin de mettre les auteurs de ces attaques face à leurs responsabilités », a tranché le délégué, pour qui la lutte contre l’impunité est une priorité. 

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a dénoncé l’attaque à l’arme chimique à Douma, en invoquant les conclusions de l’Équipe d’enquête et d’identification de l’OIAC selon lesquelles cette attaque est imputable au « régime syrien ».  La décision prise lors de la vingt-cinquième réunion des États parties à la Convention sur les armes chimiques doit être prise très au sérieux par la Syrie, a martelé le représentant, en exigeant que celle-ci garantisse un accès sans entrave à son territoire au personnel de l’OIAC et qu’elle détruise toutes ses armes chimiques.  Après avoir salué le travail de l’OIAC et son professionnalisme, le délégué a déclaré que le Japon appuie pleinement les efforts en cours pour parvenir au règlement de la crise syrienne. 

Mme GHASAQ YOUSIF ABDALLA SHAHEEN (Émirats arabes unis) a réitéré la nécessité de combler les lacunes et les questions en suspens entre les autorités syriennes et l’OIAC et de maintenir ces questions au cœur des discussions du Conseil sur ce dossier.  Dans ce contexte, elle s’est félicitée de la visite effectuée par une équipe réduite composée de certains membres de l’Équipe d’évaluation des déclarations en Syrie et souligné l’importance d’entendre ses conclusions lors de la prochaine séance du Conseil.  Les Émirats arabes unis apprécient le rôle de l’OIAC dans la mise en œuvre de la Convention sur les armes chimiques, a-t-elle déclaré, y compris les enquêtes sur les incidents impliquant l’utilisation présumée d’armes chimiques.  Toutefois, la représentante a tenu à souligner la nature technique du mandat de l’OIAC et l’importance de maintenir son indépendance, notamment par rapport aux différences dans les développements politiques, afin d’atteindre les objectifs et le but de la Convention. 

Il est essentiel que les enquêtes suivent une méthodologie rigoureuse afin que les conclusions ne laissent aucune place au doute ou à l’incertitude, a insisté la déléguée ajoutant que toute allégation d’utilisation potentielle d’armes chimiques doit être prise avec le plus grand sérieux.  Dans ce contexte, elle a évoqué le dernier rapport publié par l’Équipe d’enquête et d’identification sur l’incident de Douma en 2018, qui, selon elle, soulève de nouvelles questions.  Les Émirats arabes unis demandent de nouvelles enquêtes sur le développement et l’utilisation d’armes chimiques et biologiques par l’organisation terroriste Daech en Syrie et en Iraq, a-t-elle déclaré avant de saluer à cet égard les efforts d’enquête de l’UNITAD (Équipe d’enquêteurs des Nations Unies chargée de concourir à amener Daech/État islamique d’Iraq et du Levant à répondre de ses crime). 

Pour Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni), nous devons aux victimes de Douma et aux milliers d’autres à travers la Syrie de demander des comptes au régime syrien.  Elle s’est dite gravement préoccupée par le fait que le « régime d’Assad » s’emploie activement à reconstituer son stock d’armes chimiques depuis 2018, en violation flagrante de ses obligations et des engagements pris par 194 États parties à la Convention sur les armes chimiques.  Voilà pourquoi il reste vital de soutenir l’OIAC dans ses efforts pour venir à bout des incohérences et divergences dans la déclaration initiale de la Syrie sur ses armes chimiques, a plaidé la représentante.  Elle a exigé que le « régime syrien » change son comportement à l’égard des armes chimiques et fournisse au Conseil l’assurance concrète qu’il a détruit tous les stocks et qu’il n’a plus la capacité ou l’intention de les utiliser en aucune circonstance. 

Notant que face aux dernières preuves accablantes de l’utilisation d’armes chimiques par la Syrie, la Russie réagit par son « barrage habituel de mensonges, de démentis, de désinformation et de critiques infondées contre l’OIAC », elle a argué que la crédibilité de ce qu’ils disent est complètement démentie par le rapport minutieux de l’OIAC, un rapport qui examine les « scénarios alternatifs » proposés par la Russie et les rejette sur la base de preuves.  Si le « régime d’Assad » et « sa protectrice », la Russie, sont capables d’empêcher tout progrès, de bloquer l’obligation de rendre des comptes et de refuser la justice aux victimes, nous risquons d’éroder davantage la norme mondiale contre l’utilisation de ces armes odieuses, a-t-elle mis en garde.  Elle a conclu que nous avons tous ici aujourd’hui la responsabilité d’aider l’OIAC à faire respecter la Convention, à insister sur le respect des résolutions de ce Conseil et à continuer à demander des comptes pour les victimes de ces attaques odieuses. 

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a regretté le manque de coopération et d’engagement de la part des autorités syriennes en ce qui concerne leurs responsabilités vis-à-vis de la Convention sur les armes chimiques.  Il a jugé alarmantes les conclusions du rapport de l’Équipe d’enquête et d’identification, selon lesquelles il « existe des motifs raisonnables de penser » que l’armée de l’air de la République arabe syrienne serait responsable de l’attaque chimique dans la ville de Douma le 7 avril 2018.  Enfin, le délégué a condamné cet acte atroce et souligné le professionnalisme, l’intégrité, l’impartialité, l’objectivité et l’indépendance du travail de l’OIAC. 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a indiqué que, selon le rapport de l’OIAC, le 7 avril 2018, au moins un hélicoptère de la République arabe syrienne a largué deux cylindres qui ont touché des bâtiments résidentiels à Douma.  De ces cylindres s’est échappé du gaz de chlore, qui agit sur plusieurs systèmes corporels –la peau et les muqueuses, le tube digestif et le système respiratoire, où il est absorbé par les poumons–, a décrit la représentante, donnant une idée du sort des personnes affectées.  L’OIAC conclut qu’il « existe des motifs raisonnables de penser » que les auteurs de cette attaque faisaient partie de l’armée de l’air de la Syrie au moment des faits, a relevé la déléguée. 

Elle a noté qu’à ce jour, 9 des quelque 25 attaques chimiques documentées par l’ONU et l’OIAC en Syrie ont été attribuées au Gouvernement syrien.  La Suisse appuie pleinement les conclusions de ce rapport, a dit la déléguée, en exprimant son entière confiance à l’OIAC, y compris à l’Équipe d’enquête et d’identification.  Enfin, elle a exhorté la Syrie à coopérer pleinement avec l’OIAC, à accepter le personnel désigné par cette organisation et à lui fournir un accès immédiat et sans entrave à tous les sites. 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana), qui s’exprimait au nom des A3 (Gabon, Ghana et Mozambique), a salué la conduite d’activités limitées en Syrie par un groupe réduit de membres de l’Équipe d’évaluation des déclarations dans le cadre des efforts déployés continuellement par le Secrétariat de l’OIAC pour s’acquitter de son mandat conformément à la résolution 2118 (2013) du Conseil de sécurité.  Les A3 attendent le résultat de cette mission, a-t-il indiqué en disant avoir pris note du contenu du troisième rapport de l’Équipe d’enquête et d’identification de l’OIAC sur l’utilisation d’armes chimiques à Douma en avril 2018 ainsi que du dernier rapport de l’Autorité nationale syrienne concernant les activités sur son territoire liées à la destruction de ses armes chimiques et de ses installations de production d’armes chimiques, comme l’exige le Conseil exécutif.  Réaffirmant la condamnation par les A3 de l’utilisation d’armes chimiques, où que ce soit, par qui que ce soit et sous quelque prétexte que ce soit, le représentant a encouragé une coopération renforcée entre le Secrétariat de l’OIAC et l’Autorité syrienne pour avancer à ce titre.  En conclusion, les A3 ont demandé instamment au Conseil d’apporter son soutien pour traiter, de manière plus constructive, les questions qui entravent des progrès significatifs dans la pleine mise en œuvre de la résolution 2118. 

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a estimé que les événements décrits dans le rapport de l’Équipe d’enquête et d’identification doivent être examinés avec transparence et faire l’objet d’une analyse, avant de rappeler la position de longue date de son pays concernant l’emploi de toute arme chimique, quels qu’en soient les auteurs, le lieu où les circonstances.  Le représentant a souhaité que les enquêtes menées jusqu’à présent jettent les bases de l’établissement des responsabilités.  Il a exigé que les autorités syriennes coopèrent de manière efficace afin de faire la lumière sur les incidents d’utilisation présumée d’armes chimiques et de régler les questions en souffrance concernant l’arsenal chimique déclaré de la Syrie et sa destruction. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a indiqué que l’exemple de la Syrie montre comment un régime autoritaire peut détruire son peuple.  L’OIAC conclut qu’il existe des motifs raisonnables de penser que les auteurs de l’attaque chimique du 7 avril 2018 à Douma faisaient partie de l’armée de l’air de la République arabe syrienne au moment des faits, a souligné le délégué.  Il a dénoncé l’intention claire des autorités syriennes d’user d’armes chimiques, en déplorant le manque de coopération de la Syrie avec l’OIAC, alors qu’elle en a l’obligation.  La déclaration initiale de la Syrie ne peut être considérée comme complète, a conclu le représentant en demandant un établissement des responsabilités pour les attaques perpétrées à l’arme chimique. 

M. SUN ZHIQIANG (Chine) a réitéré la position de longue date de la Chine sur les armes chimiques, à savoir qu’elle s’oppose catégoriquement à leur utilisation.  Il a exhorté les pays possédant des armes chimiques à éliminer leurs arsenaux le plus vite possible, estimant que le dialogue et la négociation sont la seule voie possible pour cela.  La Chine a pris note de l’intention affirmée par le Gouvernement syrien de vouloir coopérer avec l’OIAC afin de régler les questions en souffrance, et, compte tenu des divergences de vues entre l’OIAC et le Gouvernement syrien, il a appelé à s’appuyer sur les faits.  Il a salué l’accord trouvé sur les activités de l’équipe restreinte de l’Équipe d’évaluation des déclarations de l’OIAC. 

S’agissant de l’Équipe d’enquête et d’identification de l’OIAC et de son dernier rapport, le représentant a rappelé que la création de cette équipe allait au-delà du mandat de la Convention sur les armes chimiques et n’avait pas fait l’objet d’un consensus.  Nombre de pays, dont la Chine, ont exprimé leur opposition à la création de cette équipe, a-t-il rappelé en précisant que cette position n’a pas changé.  Il a donc exprimé des réserves quant aux choix des intervenants pour la présente séance.  Il a espéré que le Secrétariat technique et le Directeur général de l’OIAC rétabliront l’esprit de consensus et préserveront l’autorité de l’OIAC. 

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a considéré que le rapport présenté aujourd’hui est clair quant à sa méthodologie et ses conclusions.  Elle a noté que l’Équipe d’enquête et d’identification n’a pu obtenir aucune information concrète étayant les pistes et les scénarios suggérés par la Syrie et ses alliés, malgré des investigations approfondies.  Cela démontre selon elle l’incapacité persistante de Damas à coopérer pleinement avec l’OIAC.  La représentante a blâmé son « comportement malheureux » dans ce dossier.  Elle a regretté de plus de constater que la liste des déclarations en suspens et autres documents demandés par l’Équipe d’évaluation des déclarations depuis 2019 n’ont pas encore été fournis par la République arabe syrienne et que la déclaration soumise est toujours considérée comme inexacte et incomplète.  Aussi la déléguée a-t-elle appelé la Syrie à coopérer avec l’OIAC et à présenter les garanties nécessaires sur son programme d’armes chimiques, conformément à la Convention sur les armes chimiques. 

Reprenant la parole, le Directeur général de l’OIAC a assuré qu’il agit conformément à son mandat.  Il a précisé que M. Bustani, mentionné par certains orateurs, était Directeur général de l’OIAC il y a 21 ans.  Il ne connait donc rien des travaux sur la Syrie, a-t-il conclu.  « C’est toujours un plaisir pour moi de parler au Conseil et lorsque je m’exprime, c’est parce qu’il y a un élément nouveau », a-t-il dit avant de la réaffirmer la licéité du travail de l’Équipe d’enquête et d’identification.  Il a défendu les méthodes suivies par cette équipe, qui respecte les pratiques suivies au sein des organisations internationales.  Nous suivons une méthode de corroboration des informations et, si une hypothèse n’est pas crédible, elle est écartée, a expliqué M. Arias.  Il a dit que le Secrétariat ne peut modifier les faits pour les adapter aux souhaits des États.  Il a aussi précisé que la méthode « d’éléments raisonnables » est une norme suivie par les organisations internationales et par la Russie.  Il s’est dit fier du travail mené lors de l’enquête, avant de revenir en détail sur les cylindres ayant libéré du chlore. 

Lors de sa reprise de parole, M. NEBENZIA (Fédération de Russie) a dit n’avoir rien entendu d’autre aujourd’hui de la part du Directeur général de l’OIAC que des assurances au sujet de la qualité des méthodes choisies par l’Équipe d’enquête et d’identification.  M. Arias comprend-il la différence entre les informations présentées par les Casques blancs par exemple et les informations transmises par les inspecteurs à Douma? s’est-il demandé.  Il a dit être une fois de plus convaincu que le dossier chimique syrien devient de plus en plus un exemple flagrant, voire un synonyme, de mensonges présentés à la suite de calculs politiques des États occidentaux, « comme nous en avons encore eu la preuve aujourd’hui ». 

M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a réitéré l’opposition de son pays à toute utilisation d’armes chimiques.  Revenant sur l’allégation d’emploi d’armes chimiques à Douma le 7 avril 2018, il a rappelé que son pays avait demandé à l’OIAC l’envoi d’une mission d’établissement des faits pour faire la lumière sur cet incident.  Il a aussi rappelé que 17 témoins de l’incident avaient été acheminés par la Syrie et la Russie le 26 avril 2018 au siège de l’OIAC à La Haye.  Les témoignages faisant état d’une mise en scène n’ont pas été entendus, a-t-il regretté.  Il a aussi mentionné les différents experts qui ont réfuté les conclusions sur l’incident, dont M. Jose Bustani, premier Directeur général de l’OIAC et l’inspecteur Ian Henderson.  Le délégué a aussi mentionné le travail du journaliste canadien indépendant, M. Aaron Matte, qui s’est rendu sur le site de la soi-disant attaque et a présenté des éléments factuels sur la mise en scène dudit incident. 

Le représentant a estimé que la collecte des preuves sur cet incident est dénuée de toute crédibilité.  Il a affirmé qu’il a notamment été fait usage d’informations erronées fournies par les Casques blancs qui sont parrainés par les pays occidentaux.  Le délégué de la Syrie a accusé l’Équipe d’enquête et d’identification d’avoir rendu des conclusions qui correspondent aux accusations des trois pays qui ont agressé la Syrie: les États-Unis, la France et le Royaume-Uni.  Pour lui, l’incident de Douma est le fruit d’un complot ourdi par ces trois pays pour saper l’armée syrienne au moment où celle-ci engrangeait des succès contre les groupes terroristes.  Il a conclu son intervention en rejetant catégoriquement les conclusions du rapport. 

M. AMIR SAEID JALIL IRAVANI (République islamique d’Iran) a condamné l’utilisation d’armes chimiques par quiconque, n’importe où et en toutes circonstances, arguant qu’il s’agit d’un crime contre l’humanité et d’une violation flagrante du droit international.  Rappelant que son propre pays a été victime de ces armes pendant les huit années de guerre imposée par le « régime de Saddam », il a constaté que certains pays occidentaux sont pourtant restés silencieux ou ont même activement soutenu l’utilisation systématique d’armes chimiques contre le peuple iranien en fournissant ces armes au régime.  L’Iran est profondément préoccupé par l’exploitation et la politisation de la Convention sur les armes chimiques et de l’OIAC, a déclaré le représentant en pointant du doigt l’abus de leurs processus par certains pays occidentaux, qui a provoqué des divisions entre les États Membres, érodé la légitimité et la crédibilité de l’OIAC et affaibli la confiance dans le mécanisme multilatéral de désarmement.  Il en a voulu pour preuve le fait que certains États occidentaux ont utilisé le « mandat illégal » de l’Équipe d’enquête et d’identification pour promouvoir leurs objectifs politiques.  Le rapport de l’Équipe du 27 janvier est basé sur des sources non autorisées, ne contient pas les conclusions juridiques requises et ne tient pas compte des observations du Gouvernement syrien, a-t-il fait valoir en appelant à ne pas ignorer ces failles et à y répondre de manière responsable afin de garantir l’intégrité des rapports de l’OIAC. 

Mme CEREN HANDE ÖZGÜR (Türkiye) a rappelé que l’Équipe d’enquête et d’identification de l’OIAC avait abouti à la conclusion que le « régime syrien » est le principal auteur de l’attaque au gaz de chlore qui a eu lieu à Douma le 7 avril 2018.  Condamnant l’utilisation répétée d’armes chimiques en Syrie, elle a appuyé les efforts déployés par l’ONU et l’OIAC pour garantir l’établissement des responsabilités dans ce pays.  Elle a appelé le « régime syrien » à coopérer pleinement avec le Secrétariat technique de l’OIAC et à fournir les informations demandées, conformément à ses obligations découlant de la Convention.  La déléguée a ensuite exhorté le Conseil de sécurité à maintenir cette question fondamentale à l’ordre du jour de ses travaux.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission du développement social: les pistes d’un panel de ministres pour parvenir au plein emploi productif et au travail décent après la pandémie

Soixante et unième session,
4e et 5e séances plénières – matin & après-midi
SOC/4907

Commission du développement social: les pistes d’un panel de ministres pour parvenir au plein emploi productif et au travail décent après la pandémie

Au deuxième jour de sa soixante et unième session, la Commission du développement social a entendu, ce matin, un forum ministériel tirer les leçons de la pandémie de COVID-19 et suggérer des pistes pour parvenir au plein emploi productif et au travail décent, tout en accélérant la mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Après cet examen de haut niveau du thème prioritaire de la session, la Commission a repris dans l’après-midi sa discussion générale.

En ouverture du forum, la Ministre des affaires sociales et de la santé de la Finlande a mis le curseur sur le bien-être des personnes et de la planète, plaidant pour que cette notion soit au centre de toute politique de relance post-COVID-19.  Elle a également estimé qu’à l’heure de la « polycrise », le travail décent, les systèmes de protection sociale universelle et la couverture maladie universelle sont des stratégies efficaces pour lutter contre les inégalités.  Selon elle, les innovations de son pays en matière d’éducation, de politique sociale et d’emploi ont permis de réduire les inégalités entre les sexes sur le marché du travail et constituent des « investissements à forts taux de rendement ». 

Voyant dans la gestion de la pandémie une réussite de son pays, le Ministre du travail et de la protection sociale du Monténégro a, pour sa part, reconnu que la reprise est aujourd’hui compliquée par les retombées de l’agression russe contre l’Ukraine, laquelle a de graves conséquences pour toute l’économie mondiale.  Malgré ces défis, a-t-il dit, le pays s’emploie à promouvoir les normes et les principes fondamentaux du droit au travail, en vue de parvenir à un revenu digne pour tous, à la sécurité professionnelle, à une assurance sociale pour les membres de la famille et à l’égalité des chances et de traitement.  Il a ajouté que son gouvernement a décidé d’une augmentation du salaire minimum, considérant que dans le contexte actuel de crises multiples, il ne peut y avoir de travail décent sans rémunération décente. 

Le travail décent est une « condition préalable à la dignité humaine », a abondé la Ministre du développement social et de la famille du Qatar, avant de rappeler le rôle actif joué par son pays dans le partenariat mondial pour le développement et, par voie de conséquence, pour l’emploi.  Le Qatar a financé des projets de développement dans 85 pays à hauteur de 658 millions de dollars, a-t-elle précisé avant de souligner l’importance « vitale » de la main d’œuvre migrante, à laquelle son pays fournit des services de base, une protection sociale et un logement, « sans aucune discrimination », tout en facilitant les transferts financiers de ces travailleurs vers leurs familles. 

Dans le même ordre d’idées, le Vice-Ministre des affaires multilatérales du Costa Rica a fait état de la mise œuvre par son pays, durant la période pandémique, d’un système de traçabilité épidémiologique des travailleurs migrants du Nicaragua ou du Panama.  Pour développer cet instrument, a-t-il expliqué, il a été tenu compte du consentement éclairé des migrants ainsi que de la législation costaricienne et des réglementations internationales.  L’outil continue d’être utilisé pour surveiller le respect des droits du travail des migrants, ce qui a un impact direct sur la création d’emplois décents et la transition au secteur formel, a expliqué le Vice-Ministre. 

La Ministre du développement communautaire et des services sociaux de la Zambie s’est, elle, concentrée sur l’égalité des chances face au travail, un droit consacré par la Constitution de son pays, indépendamment de l’appartenance ethnique de chacun.  Elle a aussi indiqué que son gouvernement s’est fixé pour objectif d’assurer une représentation équitable des deux sexes au sein de la fonction publique, ajoutant que le nouveau Code du travail de 2019 impose l’égalité de rémunération à travail égal et interdit toute forme de discrimination au travail. 

Depuis la crise pandémique, les deux tiers des limitations à l’embauche des femmes ont été supprimées en Azerbaïdjan, a de son côté précisé le Vice-Ministre du travail et de la protection sociale de ce pays, qui s’est dit convaincu que cette avancée contribuera à combler l’écart de rémunération entre les sexes.  Il a par ailleurs fait état de l’introduction progressive de régimes de travail flexibles, tels que le travail à domicile et le télétravail, et du relèvement des minima sociaux pour mieux protéger les groupes à faible revenu. 

Partageant à son tour l’expérience de son pays face au « grand défi de développement social » qu’a constitué la pandémie, la Sous-Secrétaire à l’emploi et au développement des ressources humaines des Philippines a évoqué une stratégie de relance basée sur le dialogue social et destinée à faciliter l’accès au marché du travail.  Dans ce cadre, le Gouvernement a mis l’accent sur l’amélioration des compétences, tout en renforçant l’aide aux travailleurs via l’assurance maladie, les régimes de retraite, la révision du salaire minimum et la protection sociale, a-t-elle détaillé, faisant également état d’une simplification des procédures d’enregistrement pour faciliter la transition des travailleurs de l’économie informelle vers l’économie formelle. 

La Commission du développement social poursuivra ses travaux demain mercredi 8 février à partir de 10 heures.

FORUM MINISTÉRIEL SUR LE THÈME PRIORITAIRE « PLEIN EMPLOI PRODUCTIF ET TRAVAIL DÉCENT POUR TOUTES ET TOUS: SURMONTER LES INÉGALITÉS POUR ACCÉLÉRER LE RELÈVEMENT APRÈS LA PANDÉMIE DE COVID-19 ET LA MISE EN ŒUVRE INTÉGRALE DU PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT DURABLE À L’HORIZON 2030 »

Panélistes

Donnant le ton de cet échange de haut niveau, Mme HANNA SARKKINEN, Ministre des affaires sociales et de la santé de Finlande, a plaidé pour que le bien-être des personnes et de la planète soit la priorité de toute politique de relance.  En effet, a-t-elle fait valoir, il existe un lien évident entre le bien-être des personnes et la prospérité économique.  De même, les efforts déployés pour renforcer la confiance, l’engagement civique et la cohésion sociale contribuent à des économies durables en permettant une productivité plus forte, une plus grande stabilité financière et politique et une meilleure résilience face aux chocs, a ajouté la Ministre, qui a souhaité que la question de la maximisation du bien-être des personnes dans les limites de notre planète soit discutée au cours de cette session de la Commission du développement social, mais aussi lors du Sommet sur les ODD de cette année et au Sommet social mondial prévu en 2025. 

Évoquant ensuite le thème prioritaire de cette session, Mme Sarkkinen a averti qu’à l’ère de la « polycrise », la fracture sociale en termes de richesse et de revenus, mais aussi d’opportunités, de ressources et de participation aux marchés du travail et à la vie politique peut conduire à l’érosion des contrats sociaux.  Selon elle, le travail décent, les systèmes de protection sociale universelle et la couverture maladie universelle sont des stratégies efficaces pour lutter contre les inégalités.  Mais il importe aussi de disposer d’un système fiscal juste et soutenu par le peuple, ce qui permet notamment de renforcer la cohésion sociale et de guider l’économie vers un avenir plus vert, a-t-elle argué.  La Ministre a également estimé que si le plein emploi est un objectif important, tout travail doit être décent.  Dans cet esprit, l’éducation et la bonne gouvernance sont les meilleurs outils pour lutter contre l’économie informelle qui cause la pauvreté et des conditions de travail inférieures aux normes, a-t-elle souligné, avant de relever que les innovations de son pays en matière d’éducation, de politique sociale et d’emploi ont réduit les inégalités entre les sexes sur le marché du travail et constituent des « investissements à forts taux de rendement ». 

M. ADMIR ADROVIĆ, Ministre du travail et de la protection sociale du Monténégro, a mis l’accent sur la gestion -selon lui réussie- de la pandémie par son pays, indiquant qu’elle s’est appuyée sur une évaluation des besoins en matière de politique budgétaire, la fourniture de fonds supplémentaires aux plus vulnérables de la population, le maintien de l’activité à distance, la continuité des versements de salaires, de pensions et de prestations sociales, et la préservation du plus grand nombre d’emplois.  Au-delà des mesures d’urgence, le Gouvernement monténégrin a aussi adopté des plans de soutien à l’économie et aux citoyens, qui ont permis de maintenir les niveaux d’emploi, d’améliorer les liquidités, d’augmenter le nombre de touristes, de stabiliser l’agriculture et de soutenir les catégories vulnérables de la population, a-t-il précisé.  Le Ministre a cependant reconnu que la reprise post-COVID-19 est aujourd’hui compliquée par l’agression russe de l’Ukraine, laquelle a déclenché une nouvelle crise qui a de graves conséquences pour l’ensemble de l’économie mondiale.  Malgré ces défis, a-t-il dit, le pays s’emploie à promouvoir les normes et les principes fondamentaux du droit au travail, en vue de parvenir à un revenu digne pour tous, à la sécurité professionnelle, à une assurance sociale pour les membres de la famille et à l’égalité des chances et de traitement.  Il a également constaté que les nouvelles technologies et la numérisation créent de nouvelles formes d’emploi et une nouvelle conception du travail dans laquelle doit se développer le système de protection sociale.  Enfin, après avoir souligné l’importance du dialogue social pour garantir un emploi décent à tous, il a estimé qu’il ne peut y avoir de travail décent sans rémunération décente, en particulier dans les conditions de crise économique actuelle.  C’est pourquoi le Monténégro a augmenté le salaire minimum, dans le respect du niveau de vie, a-t-il précisé, faisant aussi état de programmes de soutien au travail des femmes et des jeunes. 

La question du développement n’est pas la responsabilité d’un État ou d’une région mais celle de tous les États, a soutenu Mme MARIAM BINT ALI BIN NASSER AL MISNAD, Ministre du développement social et de la famille du Qatar.  Nul ne vit dans l’isolement total et lorsqu’un événement grave se produit dans une partie du monde, nous en subissons tous les conséquences, a-t-elle fait remarquer, en formant le vœu que la communauté internationale renforcera sa solidarité pour que toutes les sociétés aient des chances égales en matière de développement.  À ses yeux, la pandémie a mis en lumière l’importance de l’action internationale pour la fourniture d’un travail décent pour tous, « condition préalable à la dignité humaine ».  La Ministre a précisé que son pays a financé des projets de développement dans 85 pays à hauteur de 658 millions de dollars.  Le Qatar accorde en outre une grande importance au rôle vital de la main d’œuvre migrante, à laquelle il continue de fournir des services de base, une protection sociale et un logement, sans aucune discrimination, tout en facilitant les transferts financiers de ces travailleurs vers leurs familles. 

Mme DOREEN SEFUKE MWAMBA, Ministre du développement communautaire et des services sociaux et députée de la Zambie, a indiqué que, pour créer des emplois et réduire les inégalités du travail, la Constitution de son pays prévoit l’octroi de chances égales pour tous les citoyens, indépendamment de leur appartenance ethnique.  Dans cet esprit, a-t-elle indiqué, le Gouvernement zambien s’est fixé pour objectif d’augmenter de 60% le nombre des fonctionnaires en assurant une représentation équitable des deux sexes.  Le nouveau Code du travail de 2019 consacre en outre l’égalité de rémunération à travail égal et interdit toute forme de discrimination au travail, quel qu’en soit le motif.  Le pays a d’autre part mis en place une législation sur le travail des personnes handicapées, tout en prenant des mesures en faveur d’une plus grande accessibilité financière pour les jeunes, notamment à travers la formation professionnelle et la création de liens avec les marchés locaux, a détaillé la Ministre.  Elle a d’autre part fait état d’une aide d’État aux entreprises en difficultés financières, de transferts d’espèces pour venir en aide aux plus vulnérables et à ceux qui ont subi les effets de la pandémie, et d’un fonds d’urgence destiné à protéger les travailleurs du secteur informel. 

M. CHRISTIAN GUILLERMET-FERNÁNDEZ, Vice-Ministre des affaires multilatérales du Costa Rica, a rappelé que la pandémie a durement touché les secteurs du tourisme, de la production agricole et de l’économie des services de son pays.  Pour venir en aide à ces secteurs, notamment aux deux premiers qui nourrissent l’économie des zones côtières et rurales du Costa Rica, le Gouvernement a choisi d’adopter une approche fondée sur les droits humains, a-t-il précisé, faisant état à cet égard de la mise en œuvre, durant la période pandémique, d’un système de traçabilité de la main-d’œuvre immigrée, qui vise à fournir une traçabilité épidémiologique aux travailleurs migrants du Nicaragua ou du Panama.  Pour développer cet instrument, a-t-il expliqué, il a été tenu compte du consentement éclairé des migrants ainsi que de la législation costaricienne et des réglementations internationales.  L’outil continue aujourd’hui d’être utilisé pour surveiller le respect des droits et obligations du travail des migrants, ce qui a un impact direct sur la création d’emplois décents, a poursuivi le Vice-Ministre, selon lequel le Costa Rica entend promouvoir un flux ordonné, contrôlé et durable de migrants, en veillant à la protection des plus vulnérables, notamment les femmes, et à une insertion adéquate dans la vie productive.  Grâce à ces mécanismes, a-t-il relevé, il a été possible de formaliser davantage d’emplois, avec des conditions plus dignes et respectueuses des droits des migrants, dont la contribution est nécessaire à la productivité agricole du pays.  De même, a-t-il ajouté, des actions ont été menées pour répondre aux flux circulaires de populations autochtones de manière ordonnée, sûre et régulière pour les récoltes de café, dans le respect des droits sociaux et culturels de cette population. 

M. ANAR KARIMOV, Vice-Ministre du travail et de la protection sociale de l’Azerbaïdjan, a quant à lui détaillé les mesures de relance entreprises par son gouvernement, en évoquant tout d’abord les programmes sociaux liés à la pandémie et destinés à soutenir la croissance de l’emploi et la protection sociale.  Dans ce cadre, a-t-il dit, le Gouvernement azerbaïdjanais s’est efforcé de prévenir les licenciements injustifiés et de préserver les emplois existants, tout en accordant des subventions salariales et des exonérations temporaires d’impôts et de droits de douane dans le secteur privé afin de contribuer à la pérennité des entreprises.  Parallèlement, des interventions spécifiques de protection sociale ont été faites pour aider les travailleurs informels et les chômeurs, en tant que groupes vulnérables sur le marché du travail, tandis qu’un nouveau programme d’auto-emploi a été mis en place dans le cadre des incitations sociales au démarrage, avec pour deux tiers des bénéficiaires des femmes, des jeunes et des personnes handicapées, a indiqué le Vice-Ministre.  Abordant ensuite les réformes sociales mises en œuvre par son gouvernement ces cinq dernières années, il a précisé que les fonds annuels alloués aux prestations sociales et aux pensions ont été multipliés par cinq entre 2018 et 2022 pour atteindre 900 millions de dollars.  Dans le même temps, les minima sociaux ont été relevés afin de mieux protéger les groupes à faible revenu et de lutter contre l’insécurité des revenus, tandis que le salaire minimum et les pensions ont doublé voire triplé, a-t-il souligné, ajoutant que grâce aux mesures d’accompagnement mises en place pendant la pandémie, le marché du travail s’est stabilisé et le taux de chômage est passé de 7,2% en 2020 à 5,6% en 2023.  Il a encore indiqué que, pour réduire les inégalités sur le marché du travail et garantir un travail décent aux femmes, la réglementation nationale du travail a été révisée conformément aux normes internationales.  Les deux tiers des limitations à l’embauche des femmes ont ainsi été supprimées, ce qui devrait contribuer à combler l’écart de rémunération entre les sexes, a-t-il noté, avant de faire état de l’introduction progressive de régimes de travail flexibles tels que le travail à domicile et le télétravail. 

Mme CARMELA TORRES, Sous-Secrétaire à l’emploi et au développement des ressources humaines au Ministère du travail et de l’emploi des Philippines, a souhaité à son tour partager l’expérience de son pays face à « l’un des plus grands défis au développement social auquel le monde moderne a dû faire face de mémoire récente: la pandémie de COVID-19 et l’aggravation des inégalités qu’elle a causée ».  Alors qu’au plus fort des confinements le taux de chômage atteignait le niveau sans précédent de 17,7%, soit 7,3 millions de travailleurs sans emploi, le Gouvernement philippin a pris un train de mesures pour soutenir les entreprises, tout en fournissant une aide financière d’urgence aux travailleurs des secteurs formel et informel, et revenant de l’étranger, a-t-elle expliqué.  La stratégie de relance économique, lancée dans le cadre d’une approche intégrée et centrée sur le dialogue social, a permis de restaurer la confiance des entreprises, d’opérationnaliser la main-d’œuvre et de faciliter l’accès au marché du travail, s’est félicitée la Ministre, selon laquelle cet ensemble de mesures a bénéficié à plus de 6,5 millions de personnes, grâce notamment à la création de plus de 900 000 emplois et à la fourniture de formations à plus de 1,3 million de travailleurs. 

En complément des initiatives gouvernementales, des groupes d’entreprises et d’employeurs ont mis en œuvre des projets tels que le partenariat « Réformer, rebondir, récupérer: un million d’emplois pour 2021 », qui visait à trouver des talents philippins dans les secteurs de la construction, de la fabrication, du tourisme et de l’hôtellerie.  Soucieux d’accélérer la reprise, le Gouvernement a ensuite mis l’accent sur l’amélioration des compétences, en particulier dans l’économie verte, le numérique et les soins, tout en renforçant l’aide aux travailleurs via l’assurance maladie et les régimes de retraite, la révision du salaire minimum et la finalisation de la politique sur le socle de protection sociale, a-t-elle poursuivi, faisant également état d’une simplification des procédures d’enregistrement pour faciliter la transition des travailleurs de l’économie informelle vers l’économie formelle. 

Dialogue interactif

À la suite de ces prises de paroles ministérielles, la représentante de la Türkiye a remercié les intervenants pour leur message de solidarité avec son pays après les séismes meurtriers qui l’ont frappé dans la nuit de dimanche à lundi.  Elle a ensuite mis en avant les dispositifs nationaux visant à permettre aux personnes handicapées de participer au marché du travail, en particulier l’instauration de quotas.  Notant que la pandémie a révélé les difficultés que rencontrent ces personnes face à l’emploi, elle a souhaité savoir quelles mesures devraient être prises pour que des conditions de travail décentes soient fournies aux personnes qui travaillent dans le secteur des soins. 

La représentante de l’Ukraine a indiqué que malgré les difficultés économiques que connaît son pays en temps de guerre, son gouvernement a décidé de changements législatifs pour améliorer les conditions d’emploi, notamment pour les personnes handicapées, et permettre aux jeunes d’accéder à l’emploi.  Reconnaissant par ailleurs que les systèmes de service sociaux ne sont pas encore optimaux dans son pays, elle a affirmé que les efforts portent actuellement sur l’adaptabilité de ces services et sur le contrôle de la qualité des mesures sociales.  Dans ce contexte, elle a souhaité que les pays qui ont une expérience en la matière la partage avec l’Ukraine et a invité les bailleurs de fonds à cibler les régions et les groupes les plus vulnérables dans leurs programmes d’aide. 

De son côté, le Ministre du travail et de l’inclusion sociale du Pérou a souligné l’importance de la protection sociale face aux catastrophes naturelles, avant d’appeler à davantage d’interactions, entre les États mais aussi au sein des entreprises, pour atteindre le développement social.  Tout le monde doit bénéficier de l’égalité des chances et d’une juste répartition des richesses, a-t-il plaidé, exhortant la communauté internationale à conjuguer ses efforts pour ne laisser personne de côté. 

Réagissant à ces remarques et questions, la Ministre des affaires sociales et de la santé de la Finlande a insisté sur le lien entre le vieillissement de la population et le travail décent.  Relevant à cet égard que dans son pays la pyramide des âges s’inverse et la population active vieillit, elle a jugé essentiel de proposer des services sociaux à toutes les personnes en âge de travailler.  Il importe aussi, selon elle, d’investir dans les aptitudes des jeunes en veillant à ce qu’ils puissent occuper un emploi dans les meilleures conditions possibles et jusqu’à l’âge de la retraite, voire au-delà.  Dénonçant les cas de discrimination en matière d’âge, elle a déploré que nombre de travailleurs âgés se voient refuser des emplois.  Il fait juguler ces discriminations, mais aussi celles sur le handicap ou le sexe, a-t-elle ajouté, souhaitant également que des efforts soient faits pour protéger le lieu du travail et investir dans la santé, notamment mentale. 

À sa suite, le Ministre du travail et de la protection sociale du Monténégro s’est réjoui des différentes solutions avancées pour répondre à la pandémie et accélérer le développement des sociétés.  Il a toutefois rappelé que la COVID-19 n’est pas le seul défi auquel l’Europe doit faire face, évoquant notamment les retombées de la guerre en Ukraine et, maintenant, les suites des séismes en Türkiye.  Il a appelé les pays à envisager des mesures rapides et inclusives en faveur des plus vulnérables. 

La Ministre du développement social et de la famille du Qatar est quant à elle revenue sur l’emploi des personnes âgées, précisant que son pays a adopté un programme permettant à ces personnes de s’engager dans le bénévolat et le secteur social.  C’est aussi un programme de transfert de savoirs, a-t-elle expliqué, avant d’assurer que son pays a imposé des sanctions à ceux qui n’avaient pas versé de salaires aux travailleurs qui ont travaillé sur la construction des stades de la Coupe du monde de football 2022. 

En Zambie, un grand nombre de personnes âgées veulent continuer de travailler ou bénéficier de formations après la retraite, a indiqué à son tour la Ministre du développement communautaire et des services sociaux de la Zambie.  Pour éviter toute dérive, nous avons aussi revalorisé les pensions et nous nous employons à déterminer dans quelle mesure ces personnes peuvent nous apporter une aide, a-t-elle ajouté. 

Le Vice-Ministre des affaires multilatérales du Costa Rica s’est intéressé aux asymétries en matière d’emploi, constatant que les difficultés rencontrées ne sont pas les mêmes dans tous les pays et toutes les régions.  Tout en se disant favorable au développement d’une économie verte et décarbonée par tous, il a cependant estimé que le moteur de la création du plein emploi productif et décent doit être l’éducation.  Les jeunes doivent être préparés à entrer en contact avec le monde du travail, a-t-il souligné, avant de voir dans l’égalité salariale entre les sexes une autre priorité. 

Restant centré sur sa situation nationale, le Vice-Ministre du travail et de la protection sociale de l’Azerbaïdjan a jugé essentiel de ne pas perdre de vue les objectifs des réformes entreprises.  Au cours des cinq dernières années, les dépenses publiques de l’Azerbaïdjan ont augmenté de 43%, et la réalisation des ODD est le deuxième poste après la défense, s’est-il enorgueilli.  La priorité du moment est de réussir le déploiement de la numérisation, ce qui permettra de rendre plus accessibles les services sociaux et de faciliter les allocations de ressources, a-t-il indiqué. 

Dernière intervenante à s’exprimer, la Sous-Secrétaire à l’emploi et au développement des ressources humaines au Ministère du travail et de l’emploi des Philippines a insisté sur l’importance du salaire minimum et de l’égalité des droits des femmes.  Soulignant d’autre part la nécessité d’une numérisation généralisée, elle a aussi souhaité que soit pris en considération le caractère hybride du travail depuis la pandémie.  Les employeurs et les employés doivent en tirer le meilleur parti, a-t-elle conclu. 

SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE 

Discussion générale sur le thème prioritaire

M. PAVEL EVSEENKO (Bélarus), au nom du Groupe des Amis de la famille, a souligné la place centrale de la famille dans les politiques sociales.  Il a donc appelé à des politiques qui soutiennent d’abord les membres de la famille, afin de s’assurer de l’équilibre entre la vie professionnelle et familiale.  Il a aussi insisté sur la protection dont ont besoin les enfants au sein de la famille.  De ce fait, il a suggéré de se servir des technologies de la communication modernes pour faciliter le travail à distance, permettant ainsi aux parents d’accorder plus de temps à la famille.  Le délégué a appelé les États à apporter tout le soutien possible aux familles, puisqu’une famille forte est le socle d’une société durable.

Mme AAWATIF HAYAR, Ministre de la solidarité, de l’intégration sociale et de la famille du Maroc, a indiqué que son gouvernement a adopté des stratégies visant à appuyer la diversification économique et le développement du capital humain.  Le Maroc, a ajouté la représentante, protège les populations les plus vulnérables en leur fournissant une protection sociale pour tous.  Le Gouvernement a aussi lancé une politique de prise en charge des familles dont ont bénéficié plus de cinq millions de Marocains.  S’agissant des droits des femmes, des efforts sont menés pour garantir l’égalité des genres et des droits.  Plus de 30% de femmes bénéficient des activités qui entrent dans le cadre de cette politique, a-t-elle précisé.  Les personnes handicapées se sont aussi vues allouées des fonds pour promouvoir leur employabilité, leur intégration professionnelle et la formation dans le budget 2022-2023.  Le Gouvernement investit en outre dans la résilience des familles.  Toutes ces approches reposent sur des travailleurs qualifiés, a déclaré la Ministre qui a fait part de l’adoption d’un cadre juridique visant à protéger le travail social.  L’exécutif marocain encourage aussi l’investissement national et étranger pour stimuler la création d’emplois.

M. PAUL MAVIMA, Ministre de la fonction publique, du travail et de la protection sociale du Zimbabwe, a indiqué que la promotion de l’emploi est devenue une composante essentielle de la stratégie nationale de développement pour une économie prospère, productive et libre.  Il a fait savoir que son pays a mis sur pied un programme de promotion du travail décent en 2005 avec le soutien de l’Organisation internationale du Travail (OIT) qui a abouti à l’élaboration et à la mise en œuvre d’une politique nationale de l’emploi en 2010.  En novembre 2022, avec ses partenaires et l’OIT, le quatrième cycle du programme de promotion du travail décent 2022-2026 a été adopté donnant la priorité à l’emploi, la protection sociale, le dialogue social et les droits fondamentaux au travail. 

Le Ministre a ajouté que le système éducatif permet aux jeunes filles de poursuivre des études dans les matières scientifiques pour lutter contre les inégalités.  Il a ensuite indiqué que l’économie zimbabwéenne était devenue hautement informelle en raison de la pandémie et de l’imposition de sanctions unilatérales.  Une « stratégie de formalisation » a été mise sur pied dans le but d’appuyer des cadres macro-économiques favorables à l’emploi et l’élaboration d’un régime de sécurité sociale dans le secteur informel, de même que la promotion de l’emploi des jeunes, des femmes et des personnes handicapées.  Après avoir énuméré les programmes pour soutenir les petites et moyennes entreprises après la pandémie, le Ministre a rappelé que le Gouvernement a aidé les populations vulnérables, par le biais de transferts monétaires, l’aide alimentaire et sanitaire, l’aide à l’éducation, la protection de l’enfance et l’aide aux moyens de subsistance durables.  Préoccupé par l’impact des mesures coercitives unilatérales sur le développement de son pays et sa population, il a appelé au dialogue les pays qui les imposent. 

Mme ANA MENDES GODINHO, Ministre du travail, de la solidarité et de la sécurité sociale du Portugal, a appelé à investir dans les enfants pour qu’ils aient accès aux services sociaux dès la petite enfance, et à mettre en place un cadre pour le travail décent des jeunes et lutter par ailleurs contre les nouvelles formes d’esclavage.  Il faut en outre améliorer les compétences et garantir les systèmes de protection sociale inclusifs.  Elle a en outre préconisé l’élaboration d’un nouveau contrat social qui tienne compte des nouvelles technologies et de la transition verte.  Cette stratégie nécessite un financement suffisant et la coopération multilatérale, a-t-elle ajouté, exhortant à l’élaboration de réponses souples pour faire face aux défis socioéconomiques.  L’accélérateur du relèvement mondial est l’emploi et le travail.  Il s’agit d’un instrument puissant pour atteindre l’ambition de réduire les inégalités, a-t-elle souligné.  Enfin, la Ministre a insisté sur l’importance de la protection sociale universelle, la couverture universelle de santé, des logements adaptés et l’emploi décent. 

Mme HANNA SARKKINEN, Ministre des affaires sociales et de la santé de Finlande, a estimé que tout travail doit être décent, indiquant par ailleurs que pour favoriser l’emploi des femmes, des garderies abordables sont essentielles.  En Finlande et dans l’UE, a-t-elle relevé, nous avons commencé à utiliser le concept d’« économie du bien-être », parce que nous croyons que le bien-être de tous nos employés est la principale ressource, le but et l’objectif d’une économie prospère.  Elle a appelé les États Membres à appuyer le Sommet social mondial prévu en 2025 pour assurer sa réussite.  Nos systèmes de protection sociale sont assez complets, mais nous avons encore besoin de les pérenniser, a-t-elle dit.  De son avis, les politiques sociales et les politiques climatiques doivent travailler main dans la main. 

M. HUNG LY, représentant de la jeunesse de la Finlande a ensuite dit que pour nombre de jeunes, le travail décent est inaccessible.  Il a relevé que des millions de jeunes à travers le monde sont laissés pour compte et n’ont pas d’opportunités d’éducation.  Il a appelé par exemple à créer des programmes spéciaux pour des déplacés.  En Finlande, a-t-il poursuivi, un fonds pour les étudiants à risque créé et dirigé par des jeunes aide les étudiants fuyant la violence ou la persécution en prenant en charge leurs frais de scolarité.  En garantissant l’accès aux services de santé mentale et à la sécurité sociale aux jeunes, nous garantissons le bien-être et la productivité des générations futures, a observé le jeune délégué qui a souligné le rôle important de la société civile d’agir pour le changement.  Selon lui, le concept de travail décent doit également tenir compte d’un environnement de travail sain, exempt de harcèlement sexuel ou de discrimination à l’endroit des LGBTQI.  Il a ensuite salué le fait que la Finlande soit le premier pays ayant adopté une résolution sur la jeunesse et la paix et la sécurité.

Mme DOREEN SEFUKE MWAMBA, Ministre du développement communautaire et des services sociaux de Zambie, a indiqué que les programmes de protection sociale du Gouvernement visent les plus vulnérables afin de réduire la pauvreté, la faim et les vulnérabilités parmi les femmes, les enfants, les personnes âgées et les handicapées.  Le Gouvernement s’est attaché à réformer la sécurité sociale des travailleurs du secteur formel et informel en le rendant plus accessible financièrement.  Un quota de 10% est par ailleurs réservé aux personnes handicapées dans la fonction publique et un Code de la famille visant à protéger et promouvoir les droits des enfants a été mis en œuvre.  S’agissant du développement de la jeunesse, l’exécutif a lancé des initiatives pour améliorer la formation et l’accès aux crédits.  Pour les personnes âgées, la politique nationale élaborée en 2015 entend promouvoir et protéger leurs droits, leur bien-être et leur niveau de vie.  Pour atténuer les inégalités causées par la pandémie, le Gouvernement a mis en œuvre un programme de transfert de fonds pour les familles afin de leur venir en aide financièrement et de lutter contre l’insécurité alimentaire.  Il a également lancé le programme de transfert d’argent de 1 000 jours pour les femmes enceintes et les adolescentes, les femmes allaitantes et les enfants de moins de 2ans.   

Mme CAMILLA WALTERSSON GRONVALL, Ministre des services sociaux de la Suède, a déclaré que les services sociaux font figure de derniers remparts de la protection sociale en Suède.  En temps de crise et face à l’afflux de réfugiés, des mesures de renforcement des systèmes sociaux ont été prises pour protéger les filles et les garçons déplacés pour éviter qu’ils deviennent victimes de la traite.  La Ministre a insisté sur l’importance d’investir dans les enfants touchés par la pandémie et la fermeture des écoles.  Elle a fait savoir que la Suède a décidé de maintenir les écoles ouvertes durant la pandémie car l’isolement social et les pertes de revenu des parents ont accru les risques d’atteinte physique et psychologique pour les enfants.  Lorsque que nous faisons face à des pandémies mondiales, il faut se focaliser sur les plus vulnérables en particulier les enfants, a raisonné la Ministre. 

Mme VINDHYA PERSAUD, Ministre des services sociaux et de la sécurité sociale de Guyana, a indiqué que son gouvernement a élaboré des programmes axés sur les besoins de main-d’œuvre de l’économie qui sont gratuits, accessibles en ligne, et disponibles pour les communautés urbaines, rurales et de l’arrière-pays.  L’objectif est de faire en sorte que chacun puisse participer pleinement et équitablement au développement.  Les programmes universitaires, dont la Guyana Online Academy of Learning, sont gratuits et offrent des milliers de bourses en ligne à ceux qui souhaitent accéder à des diplômes universitaires.  Le programme GROW offre des cours de rattrapage gratuits et de préparation au monde du travail pour ceux qui ont abandonné l’école ou qui ont besoin de diplômes supplémentaires pour accéder à des emplois. 

Le Gouvernement a lancé des programmes d’infrastructure et de connectivité, créant des routes reliant les campagnes et ouvrant de nouveaux marchés aux communautés.  Il investit en outre dans des programmes agricoles et d’entrepreneuriat pour les jeunes et a élaboré une stratégie de développement à faible émission de carbone qui facilitera les investissements respectueux de l’environnement.  Le réseau pour l’innovation et l’investissement des femmes, aide à leur autonomisation financière.  Et le budget national accorde la priorité à la lutte contre les inégalités en mettant l’accent sur la parité entre les sexes, l’égalité, le développement des jeunes, des familles et un partenariat avec le secteur privé pour offrir des opportunités d’emploi. 

Mme WILLIAMETTA E. SAYDEE-TARR, Ministre du genre, de l’enfance et de la protection sociale du Libéria, a indiqué que son gouvernement travaille à faire du Libéria un pays à revenu intermédiaire d’ici à 2030 et s’efforce d’améliorer les moyens de subsistance, le bien-être et la dignité de la population.  L’exécutif a mobilisé 12,8 millions de dollars pour l’emploi des jeunes et le développement social.  Il a construit des logements pour les personnes à faible revenu, y compris les communautés les plus pauvres.  Des centres à la pointe de la technologie offrent un accès aux marchés pour les entrepreneurs, dont les femmes.  En réponse à la COVID-19, le Gouvernement a également obtenu de la Banque mondiale 10 millions de dollars pour accroître l’accès aux opportunités de revenus pour les personnes vulnérables du secteur informel, a révélé la Ministre.  Ce projet, a-t-elle expliqué, subventionne les ménages vulnérables pour relancer ou démarrer de petites entreprises, ainsi que la fourniture d’un soutien à l’emploi temporaire et le développement de l’employabilité. 

Poursuivant, la Ministre s’est réjouie du fait que grâce à la numérisation du budget, la masse salariale est désormais facilement vérifiable, prévisible et ajustable.  Elle a aussi indiqué que la première phase du Programme de développement communautaire accéléré doté de 100 millions de dollars aidera à créer plus d’emplois et à réduire la pauvreté et les inégalités dans certaines des communautés rurales et urbaines les plus pauvres du Libéria.  Le Gouvernement, avec le soutien de la Banque mondiale, a par ailleurs obtenu 44,6 millions de dollars américains pour le projet d’autonomisation des femmes ciblant 750 communautés et plus de 258 000 bénéficiaires. 

Mme PAULINE IRENE NGUENE, Ministre des affaires sociales du Cameroun, a indiqué que son gouvernement entend consolider les emplois existants et encourager la création de nouveaux emplois qualifiés.  Son action repose sur deux piliers principaux, à savoir la promotion de la politique d’import-substitution et l’appui direct aux secteurs touchés par la pandémie.  La politique de substitution aux importations met ainsi en œuvre des mécanismes visant à développer et à encourager la transformation locale des produits locaux, tels que l’augmentation des droits de douane sur certains produits importés.  Dans le même ordre d’idées, la hausse de la taxation à l’exportation à 50%, puis à 60%, de la valeur « sans frais à bord » des grumes vise à encourager la transformation locale et l’abaissement de la taxation à l’importation des intrants qui contribuent à promouvoir la transformation locale.  Par ailleurs, un soutien direct a été apporté à certains secteurs impactés par la pandémie de COVID-19 à travers le Fonds d’appui aux entreprises dans ses six composantes, notamment les start-ups et les entreprises innovantes ainsi que celles du secteur informel.  La politique du Gouvernement est également axée sur la création de nombreux emplois décents et mieux rémunérés dans les zones rurales en augmentant la productivité agricole, pastorale et halieutique.  À cette fin, il élabore un certain nombre de programmes et de projets spécifiques visant à accroître la productivité agricole, a précisé la Ministre.

Mme BUHUMAID (Émirats arabes unis) a indiqué que son gouvernement s’efforçait d’œuvrer à la réalisation du Programme 2030, en particulier pour les personnes handicapées.  Nous avons ainsi organisé des ateliers et des séances de travail avec les prestataires de différents services pour faire en sorte que les politiques élaborées s’adressent aux personnes ciblées, répondent au mieux à leurs besoins et incluent des plans d’action concrets, s’est-t-elle félicitée.  C’est une approche qui s’applique également à tous les autres domaines avec des objectifs précis dans le cadre de la stratégie nationale pour la qualité de vie dans les Émirats arabes unis, a poursuivi la représentante, en faisant valoir un plan de développement de la famille et une politique nationale de protection des personnes âgées.

Mme FLORENCE BORÉ, Secrétaire de cabinet au Ministère du travail et de la protection sociale du Kenya, a souligné que le programme national de filet de sécurité a accru la résilience des membres pauvres et vulnérables de la société.  Elle a décrit certaines des actions de ce programme, notamment les transferts monétaires aux orphelins et enfants vulnérables, personnes âgées et personnes handicapées.  Et ce programme utilise le service d’argent mobile M-PESA qui est maintenant dans sa troisième phase.  C’est dans cette optique que le Gouvernement a alloué plus de 71 millions de dollars pour aider 600 000 personnes vivant dans les terres arides et semi-arides du Kenya.  De même, le programme d’accès aux marchés publics soutient les groupes vulnérables en attribuant 30% de tous les marchés publics aux entreprises détenues par des femmes, des jeunes et des personnes handicapées. 

Pour appuyer l’emploi et le travail décent pour tous, le Gouvernement a élaboré un projet de stratégie nationale pour des emplois verts (2023-2027) qui est aligné sur le Programme 2030 et l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  Grâce à cette stratégie, le Kenya facilitera la croissance verte en investissant dans les infrastructures, les énergies renouvelables, et des technologies durables.  Le Gouvernement s’est aussi engagé à investir 2 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années pour stimuler le secteur informel du Kenya, un pilier clef de la croissance économique, a-t-elle dit.  Pour soutenir davantage les petites et moyennes entreprises (PME), le Gouvernement a donné la priorité à l’achat de produits fabriqués localement par le biais de l’initiative « Buy Kenya-Build Kenya ». 

Intervenant par visioconférence, Mme IRINA KOSTEVICH, Ministre du travail et de la protection sociale du Bélarus, a déclaré que les mesures systémiques mises en place par le Gouvernement pendant la pandémie ont eu un effet positif.  En effet, tout au long de la pandémie, il n’y a pas eu de périodes de licenciements massifs, et le niveau de chômage n’était que de 4% en 2020.  Au sujet de la présence des femmes sur le marché du travail, la Ministre a expliqué que des garanties de l’État permettent aux mères de bénéficier d’un congé payé pour s’occuper d’un enfant jusqu’à l’âge 3 ans.  Les familles de trois enfants ou plus ont une journée de travail libre par semaine pour résoudre des problèmes familiaux et domestiques.  Ces mesures font que le taux de participation des femmes au marché du travail est semblable à celui des hommes, soit un peu plus de 86%.  En outre, le Gouvernement soutient sur le long terme les chômeurs, les jeunes, et les personnes handicapées. 

La Ministre a ensuite décrié la pression des sanctions et leurs conséquences dans diverses régions du monde, créant de sérieux obstacles à la mise en œuvre du concept de travail décent et la réalisation des ODD.  Elle a appelé toutes les structures de l’ONU à faire une évaluation des sanctions et de leur impact destructeur sur le monde du travail. 

Mme MARIA INES CASTILLO, Ministre du développement social du Panama, a insisté sur les vertus économiques de l’emploi décent avant de mentionner le contexte inflationniste global, lourd de difficultés macroéconomiques.  Il faut promouvoir le retour à un emploi digne des plus vulnérables pour parvenir à l’autosuffisance économique, a dit la Ministre, en soulignant l’importance de la protection sociale.  Elle a détaillé l’action de son pays à cette fin, en mentionnant un projet pilote qui a profité à 7 000 familles, dont nombre de familles autochtones.  La Ministre a aussi cité un programme mis en place pour aider les personnes ayant perdu leur emploi en raison de la pandémie. 

Mme TITO (Argentine) a mentionné la flambée des prix des denrées alimentaires, les menaces sur la paix, les conséquences des changements climatiques et l’incidence de la pandémie comme autant d’entraves pour l’action en faveur du développement durable.  Nos pays ne sont plus en passe d’atteindre les objectifs arrêtés, a-t-elle constaté, avant de rappeler le rôle des États pour combler les fossés en matière de financement.  Elle a indiqué que son pays est considéré comme développé alors que l’Argentine souffre de déficits structurels, notamment en matière d’infrastructures.  Elle a enfin plaidé pour une restructuration des dettes souveraines.

Mme TORRES (Philippines) a déclaré que les États doivent partager leurs expériences pour faire face à la généralisation des inégalités du fait de la pandémie de COVID-19.  Aux Philippines par exemple, le taux de chômage est passé à 17,7% pendant cette période.  De ce fait, le Gouvernement a réagi promptement en mettant sur pied des mesures de protection sociale et de réduction des disparités.  Les autorités nationales ont également mis en place des mesures pour réduire les inégalités, rétablir la confiance des entreprises et relancer l’économie.  La représentante a ensuite évoqué plusieurs actions du Gouvernement visant par exemple à réduire les écarts de revenus entre les sexes.  Toutes ces politiques, a-t-elle assuré, sont conformes au Programme 2030, et le Président du pays a appelé les partenaires internationaux à accompagner ces initiatives. 

Pour M. ALEXEY VOVCHENKO, Vice-Ministre du travail et de la protection sociale de la Fédération de Russie, le moyen de réduire progressivement les inégalités consiste à parvenir au plein emploi productif et à un travail décent pour tous.  Les filets de sécurité sociale sont des outils efficaces non seulement pour éradiquer la pauvreté, mais aussi pour réduire les inégalités et renforcer la résilience.  Afin de maintenir la stabilité du marché du travail en 2022, le Gouvernement a mis en œuvre des mesures visant à y réduire les tensions et qui consistent à garder les employés risquant le licenciement et à soutenir les revenus des travailleurs.  Le projet fédéral de « Promotion de l’emploi » a été dispensé dans plus de 50 000 programmes éducatifs dans 252 métiers, et a bénéficié de la participation de 1 500 organisations.

Face à la persistance du chômage des jeunes, le Gouvernement a lancé un programme pour la promotion de l’emploi des jeunes pour la période allant jusqu’en 2030 dont le but est de créer les conditions pour la réalisation du potentiel professionnel, de travail et entrepreneurial des jeunes.  Par ailleurs, a poursuivi le Vice-Ministre, la Russie met en œuvre le plan d’action 2021-2024 pour intégrer les personnes handicapées, ainsi que des quotas pour leur embauche pour la période allant de 2022 à 2028.  Au 1er novembre 2022, le nombre total de personnes handicapées actives en âge de travailler s’élevait à un peu plus de 1,8 million de personnes, soit près de 26% des personnes handicapées en âge de travailler en Russie, a-t-il précisé. 

M. CHRISTIAN GUILLERMET-FERNANDEZ, Vice-Ministre des affaires multilatérales de Costa Rica, a déclaré que la pandémie de COVID-19 a durement touché les secteurs du tourisme, de la production agricole et de l’économie des services.  Il a indiqué que la politique de relèvement de l’État repose sur le respect des droits humains, les efforts de redressement économique ne pouvant ignorer le libre exercice des opinions du peuple, et sa participation effective aux affaires qui le concernent.  Le Gouvernent met l’être humain au centre des politiques et des décisions, y compris par le truchement du Système de traçabilité de la main-d’œuvre immigrée (SITLAM) qui vise à fournir une traçabilité épidémiologique aux travailleurs migrants du Nicaragua ou du Panama pour travailler dans des fermes. 

De son côté, le Système d’information sur l’immigration de travail vise à promouvoir un flux ordonné, contrôlé et durable de migrants, en tenant compte de la perspective de genre et de la protection des migrants les plus vulnérables, pour une insertion adéquate dans la vie productive.  Ce système a permis d’enregistrer plus de 10 000 personnes en 2020 et plus de 14 000 en 2021.  Le même mécanisme est appliqué aux personnes handicapées, qui représentent 18,2% de la population du pays, permettant à plus de 42 000 d’entre elles de recevoir une formation gratuite pendant deux ans. 

M. ASSEGID YIMENU, Ministre du travail et des compétences de l’Éthiopie, a déclaré que son gouvernement a pris une série de mesures politiques et législatives ainsi que des dispositions institutionnelles, notamment la création de son ministère qui a pour mission de diriger la création d’emplois productifs, le développement des compétences, la protection des droits des travailleurs et la « paix industrielle ».  Grâce à diverses institutions, l’Éthiopie a fait des progrès considérables en termes d’élaboration de politiques et d’alignement des initiatives mondiales sur les cadres politiques et juridiques nationaux de création d’emplois.  En outre, l’Éthiopie participe activement aux initiatives régionales et continentales qui contribuent à la conceptualisation et à la réalisation d’un travail décent et digne pour tous.  Sa politique de croissance inclusive s’appuie sur l’Agenda 2063 de l’Union africaine, les objectifs de développement durable et d’autres engagements régionaux et internationaux pertinents, notamment la Déclaration de Copenhague, a poursuivi le Ministre.  Le plan de développement décennal, qui est conforme au programme de réforme économique national et intègre les idéaux de ces objectifs de développement régionaux et internationaux, est actuellement mis en œuvre et prévoit de réduire le taux de chômage de 1% par an jusqu’en 2030, a-t-il encore précisé.

M. BARQ AL-DMOUR, Secrétaire général du Ministère du développement social de la Jordanie, a souligné l’importance du développement des régimes de protection sociale unifiés, faisant valoir à cet égard la stratégie 2019-2025 de son pays relative à la protection sociale.  Son gouvernement a également amélioré l’accès à l’éducation, à la protection sociale et à des services de santé, tout comme à la recherche d’emploi.  La numérisation a peu à peu contribué à cette démarche au niveau national et un registre électronique unifié a été créé au fil des ans, a noté l’intervenant.  La Jordanie, a-t-il dit, a pu avec succès inclure davantage de groupes sociaux dans ses programmes de protection sociale, dont les réfugiés et les personnes qui ne sont pas citoyens de notre pays pour leur permettre d’avoir accès à la sécurité sociale, à l’éducation et à la santé.  Nous devons maintenant améliorer la gouvernance de notre pays en nous appuyant sur les meilleures bases de données et développer des solutions pour répondre aux problématiques liées à la microfinance, a-t-il ajouté. 

Mme CECLI (Türkiye) a remercié tous les États qui ont fait part de leur soutien à son pays après le tremblement de terre qui l’a affecté.  Elle a ensuite appelé à faire baisser la dépendance aux sources d’énergie polluante et accélérer la transition vers des sources vertes.  Pour assurer le travail décent, il faut réduire les inégalités au niveau mondial, a-t-elle dit.  Elle a considéré que les ODD sont essentiels pour ne laisser personne de côté.  C’est pour cela que le Gouvernement a mis en place une structure nationale de suivi de leur mise en œuvre.  La déléguée a ajouté que la Türkiye est un partenaire de choix des PMA dans le cadre de la réalisation des ODD, comme en témoigne son soutien à la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul.

Mme RUCHIRA KAMBOJ (Inde) a déclaré que le programme de développement social de l’Inde met l’accent, entre autres, sur la réduction de la pauvreté, la fourniture de meilleurs services de santé, la promotion des réformes agricoles, et le déploiement de technologies centrées sur le citoyen.  Les progrès de l’Inde dans la réalisation des ODD sont cruciaux pour le monde, a-t-elle noté, car le pays abrite environ 17% de la population mondiale.  Elle s’est réjouie du fait qu’aujourd’hui en Inde, 331 millions de personnes supplémentaires ont accès à un assainissement amélioré; 233 millions de personnes supplémentaires ont accès à un combustible de cuisine propre; et la couverture électrique est passée de 88 à 97% du territoire national, bénéficiant à 183 millions de personnes supplémentaires.  De plus, a-t-elle poursuivi, les programmes de couverture médicale bénéficient à plus de 500 millions de personnes.  Dans la même lancée, le programme de développement social de l’Inde se concentre largement sur le déploiement du numérique pour améliorer la prestation de services gouvernementaux.  C’est ainsi que le système Aadhaar d’identification unique basé sur la biométrie, couvre désormais plus de 95% de la population du pays, facilitant l’accès à une gamme de prestations sociales. 

Mme SARANPAT ANUMATRAJKIJ (Thaïlande) a souligné que la Thaïlande accorde la priorité à l’égalité d’opportunités comme principe fondamental pour accélérer la reprise après la pandémie et concentre ses actions sur la création d’emplois.  De même, le Gouvernement thaïlandais a investi dans la promotion du numérique et l’utilisation des technologies, en particulier pour les personnes handicapées, les femmes entrepreneures, les personnes vivant dans des régions reculées et les jeunes.  Il existe en outre 12 programmes de développement de la femme et de la famille qui ont permis d’autonomiser professionnellement 50 000 femmes.  Le Gouvernement a aussi mis en place des politiques pour préparer les jeunes au monde du travail et promeut en outre l’emploi pour les personnes handicapées dans le cadre d’une loi sur l’autonomisation des personnes handicapées (B.E. 2550).  De même, étant donné que la Thaïlande deviendra une société âgée d’ici à 2028, le Gouvernement a introduit le troisième plan national sur les personnes âgées qui vise à améliorer la vie des séniors dans ses dimensions économique, environnemental, sanitaire et social. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.