En cours au Siège de l'ONU

9287e séance - matin
CS/15234

RPDC: le Conseil de sécurité divisé sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne dans un contexte d’escalade des tensions

Le Conseil de sécurité a une fois encore affiché, ce matin, ses divisions pour l’heure insurmontables autour du dossier nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), cela après de nouveaux tirs de missiles balistiques effectués par les autorités de Pyongyang, dont un datant du 16 mars. 

Aux membres du Conseil, le Sous-Secrétaire général pour l’Europe, l’Asie centrale et les Amériques, n’a pas seulement indiqué que les systèmes qui ont été mis à l’épreuve jeudi dernier et le 18 février, « ainsi qu’à deux reprises en 2022 », sont capables d’atteindre la plupart des zones de la Terre.  M. Miroslav Jenča leur a surtout signifié que le Secrétaire général de l’ONU, qui demeure profondément attaché à la réalisation d’un monde exempt d’armes nucléaires, est préoccupé par les divisions qui empêchent le Conseil d’agir de manière unie sur la question cruciale de la non-prolifération et de la RPDC.  Des délégations ont malgré tout campé sur leurs positions, a priori irréconciliables, quant aux moyens à mettre en œuvre pour parvenir à une sortie de crise politique par la voie de la diplomatie.  Les États-Unis, le Royaume-Uni et la France ont réagi aux violations des résolutions du Conseil sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne de la RPDC en proposant qu’il soit adopté, en l’état, une déclaration présidentielle.

La délégation des États-Unis a notamment déploré qu’alors que ce pays a déjà procédé à 10 tirs de ce type en 2023, « la Chine et la Fédération de Russie pratiquent l’obstruction » pour permettre à Pyongyang « de lancer des missiles en toute impunité ».  Combien de fois la RPDC devra-t-elle violer les résolutions du Conseil avant que ces deux membres permanents du Conseil arrêtent de la protéger? a-t-elle demandé, allant jusqu’à « implorer » Chine et Russie à faire en sorte que le Conseil de sécurité retrouve le niveau de coopération qui était le sien autour du dossier nucléaire nord-coréen.  La France et le Royaume-Uni ont abondé en ce sens, la délégation française déclarant avec gravité que « l’inaction du Conseil ne peut pas devenir la norme sur le dossier nord-coréen ».  Reconnaissant que la division du Conseil offre à la RPDC une « couverture », le représentant français a estimé que la question était désormais de savoir si l’organe chargé de la paix et de la sécurité internationales peut accepter que ce pays devienne un État nucléaire.  « La France ne s’y résoudra pas! » a-t-il martelé en guise de réponse, expliquant que ne rien faire aujourd’hui reviendrait à banaliser la prolifération nucléaire. 

Dans son exposé, M. Jenča a souligné que la RPDC poursuit « activement » son programme d’armement nucléaire, comme en atteste l’approbation en septembre 2022 d’une nouvelle loi définissant les conditions dans lesquelles elle pouvait utiliser des armes nucléaires, « y compris de manière préventive dans certaines circonstances ».  Selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’activité sur le site d’essais nucléaires de Punggye-ri reste élevée, aussi un septième essai nucléaire saperait-il pour de bon la norme internationale contre les essais nucléaires, a-t-il en outre averti. 

Le représentant de la République de Corée, qui a condamné la multiplication des tirs de missiles intercontinentaux par la RPDC, a indiqué que celui de samedi avait été effectué quelques heures seulement avant le vol du Président coréen vers le Japon, et ce, pour « saboter une étape critique dans le renouveau des relations entre les deux pays ».  Au Conseil de sécurité qui « continue de fermer les yeux sur les violations répétées de la RPDC », il a rappelé que son pays subit presque quotidiennement les plus « dangereuses provocations ».  Soulignant que les sanctions internationales ont contribué à ralentir le développement des programmes nucléaires et de missiles de la RPDC, il a exhorté tous les États Membres à appliquer les résolutions du Conseil de sécurité afin d’empêcher Pyongyang de profiter de la paralysie du Conseil de sécurité pour poursuivre ses activités militaires illégales. 

La Russie et la Chine ne l’ont pas entendu ainsi.  Leurs déclarations ont visé directement les États-Unis, leur reprochant l’incohérence d’exhorter la RPDC à abandonner son programme nucléaire au nom de la non-prolifération tout en menant des manœuvres militaires avec la République de Corée pour « parvenir à la paix par la force », et en scellant des alliances militaro-industrielles avec des États non dotés d’armes nucléaires propices à une course aux armements.  Sans surprise, les deux membres permanents du Conseil ont rejeté la proposition américaine de déclaration présidentielle, les États-Unis agissant aux côtés de la République de Corée pour, d’après eux, défendre leurs intérêts au mépris de la situation humanitaire en RPDC et de la stabilité régionale.  À la place, ils ont invité la délégation américaine à accueillir favorablement leur projet de résolution « politico-humanitaire » conjoint. 

Dans une seconde déclaration, les États-Unis ont répondu à la Chine que l’alliance AUKUS, qui les lie à l’Australie et au Royaume-Uni, ne représente en rien une violation du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Quant aux exercices militaires conjoints qu’ils mènent avec la République de Corée, les États-Unis les ont qualifiés de « routiniers et de nature purement défensive ».  La représentante américaine a également estimé que le projet de résolution de la Chine et de la Russie ne ferait que « récompenser la RPDC pour son inaction absolue, y compris sur le plan humanitaire ».  Sur ce dernier point, le Sous-Secrétaire général a appelé la RPDC à autoriser l’entrée sans entrave du personnel international, y compris le Coordonnateur résident, et de l’aide humanitaire. 

NON-PROLIFÉRATION: RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE

Déclarations

M. MIROSLAV JENČA, Sous-Secrétaire général pour lEurope, l’Asie centrale et les Amériques, a informé les membres du Conseil de sécurité que, selon son agence de presse officielle, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a mené le 16 mars ce qu’elle a décrit comme un exercice de lancement de missiles balistiques intercontinentaux.  La RPDC a annoncé dans la foulée que le missile balistique en question, désigné sous le nom de Hwasong-17, a volé sur une distance de 1 000 kilomètres et à une altitude de 6 045 kilomètres, a-t-il ajouté.  M. Jenča a également confirmé que la RPDC a procédé au tir d’un missile balistique à courte portée pas plus tard que dimanche, un tir faisant partie, d’après les autorités du pays, d’un  « exercice simulant une contre-attaque nucléaire ».  Notant qu’il s’agit là du quatrième événement en 11 jours au cours duquel la RPDC a effectué des tirs de missiles reposant sur l’usage d’une technologie balistique, le Sous-Secrétaire général a indiqué qu’en 2023, ce pays a déjà réalisé un total de 14 tirs de ce type.  Or, s’est-il empressé de souligner, les systèmes qui ont été mis à l’épreuve les 16 mars et 18 février, ainsi qu’à deux reprises l’an dernier, sont capables d’atteindre la plupart des zones de la Terre. 

Dans ce contexte, M. Jenča a réitéré que Secrétaire général de l’ONU condamne fermement le lancement d’un énième missile balistique de portée intercontinentale par la RPDC, ainsi que ses autres lancements utilisant la technologie des missiles balistiques.  « Le Secrétaire général réitère ses appels à la RPDC pour qu’elle renonce immédiatement à toute nouvelle action déstabilisatrice, qu’elle se conforme pleinement à ses obligations internationales en vertu de toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, en vue reprendre le dialogue menant à une paix durable et à la dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne », a-t-il encore dit. 

Après avoir confirmé que la RPDC poursuit activement son programme d’armement nucléaire, ayant approuvé en septembre 2022 une nouvelle loi définissant les conditions dans lesquelles elle pouvait utiliser des armes nucléaires, « y compris de manière préventive dans certaines circonstances », il a indiqué que, selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’activité sur le site d’essais nucléaires de Punggye-ri reste élevée.  Aussi, un septième essai nucléaire serait-il une violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité et saperait-il la norme internationale contre les essais nucléaires, a réagi M. Jenča. 

Selon le Sous-Secrétaire général, la RPDC a clairement fait part de son intention de poursuivre ses programmes d’armes nucléaires et de missiles balistiques, en violation des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  La situation dans la péninsule coréenne continue de prendre une mauvaise direction.  Les tensions continuent d’augmenter, sans aucune bretelle de sortie en vue, s’est-il inquiété.  Il également a indiqué que le Secrétaire général reste profondément préoccupé par les divisions qui ont empêché la communauté internationale d’agir sur cette question.  La péninsule coréenne doit être une zone de coopération et la réunion d’aujourd’hui l’occasion de discuter des mesures pratiques pour parvenir à une solution pacifique, globale, diplomatique et politique, a-t-il estimé.  Il a exhorté la RPDC à prendre des initiatives immédiates pour renouer le dialogue menant à une paix durable et à la dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne.  En outre, les canaux de communication doivent être améliorés afin que cesse la rhétorique conflictuelle qui ne fait qu’attiser les tensions politiques et empêche l’instauration d’un climat propice à l’exploration d’issues diplomatiques à la crise.  Enfin, s’agissant de la situation humanitaire, M. Jenča a appelé la RPDC à autoriser l’entrée sans entrave du personnel international, y compris le Coordonnateur résident, et de l’aide humanitaire. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a condamné dans les termes les plus forts les essais effectués par la RPDC les « 15 et 17 mars ».  Rappelant que le Conseil de sécurité s’est réuni il y a un mois pour répondre à la menace liée au lancement par la RPDC d’un missile balistique intercontinental, elle a constaté que Pyongyang a depuis lancé d’autres engins de ce type.  Ces lancements sont non seulement une menace et un élément de déstabilisation graves mais permettent aussi à la RPDC de poursuivre ses programmes d’armes dangereuses, a-t-elle souligné, avant d’observer que « le silence du Conseil n’aboutit à rien ».  Penser que la RPDC arrêtera par elle-même est erroné, a fait valoir la représentante, jugeant que l’inaction du Conseil face à cette escalade affaiblit sa crédibilité et donne plus d’audace à la RPDC.  Les résolutions adoptées par le passé ont envoyé un message diplomatique clair mais aussi lancé un avertissement à tous ceux qui pourraient se lancer dans la prolifération, a-t-elle ajouté. 

Alors que la RPDC a lancé 10 missiles balistiques intercontinentaux depuis un an, les États-Unis lui ont proposé de produire des résultats pour aboutir à des négociations en toute bonne foi, a relevé la déléguée, rappelant que la majorité des membres du Conseil ont appuyé cette approche.  Mais la RPDC continue de la refuser, tandis que la Russie et la Chine, par leur attitude, l’encourage à lancer des missiles balistiques en toute impunité.  « Ce que font ces pays en dit plus long que leurs paroles », a-t-elle dénoncé, non sans préciser que ces campagnes de lancement sans précédent ont commencé bien avant que les États-Unis et leurs alliés reprennent leurs exercices défensifs.  Combien de fois la RPDC devra violer les résolutions du Conseil pour que la Russie et la Chine arrêtent de la soutenir? s’est-elle interrogée.  Combien de morts à cause de la famine faudra-t-il pour que la RPDC renonce à son programme d’armes de destruction massive?  Que se passera-t-il si un missile balistique intercontinental explose en plein vol?  La représentante a donc imploré le Conseil à retrouver le niveau de coopération qui a existé face à cette menace et à condamner cette évolution qui met en péril la paix et la sécurité internationales.  Il est grand temps que la RPDC renonce à son programme d’armes de destruction massive de manière vérifiée, transparente et irréversible, a-t-elle insisté, en indiquant que sa délégation a proposé l’adoption d’une déclaration présidentielle pour répondre aux menaces de la RPDC.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a dénoncé les provocations de la RPDC qui mettent en danger la sécurité et la stabilité dans la région.  Mais la vraie question est de savoir que fera le Conseil de sécurité, a-t-il ajouté, exhortant l’organe à faire preuve d’unité, à éviter l’escalade, et à ne pas rester les bras croisés face à un régime qui continue de violer ses résolutions.  Le silence du Conseil autorise Kim Jong-un à faire plus et c’est exactement ce qu’il fait, s’est alarmé le délégué qui a exhorté le Conseil à collectivement condamner les violations de ses résolutions.  N’attendons pas une catastrophe pour nous réveiller, a-t-il lancé.  Il a indiqué que les États-Unis et l’Albanie, entre autres, ont demandé cette réunion du Conseil pour appuyer la diplomatie et le dialogue, exhortant Pyongyang à en faire de même. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a dit avec gravité que « l’inaction ne peut pas devenir la norme sur le dossier nord-coréen ».  Rappelant les enjeux, il a indiqué qu’un missile tel que le Hwasong-17 menace la sécurité de tous les membres du Conseil.  Il a en effet fait observer qu’il peut frapper tous les continents et qu’il est capable d’emporter les têtes nucléaires dont la RPDC dispose et qu’elle continue de fabriquer, ajoutant que ce type de missile n’est qu’une partie du problème, ceux de courte portée comme ceux tirés hier étant produits en série.  M. de Rivière a déclaré que chacune des provocations du « régime de Pyongyang » défie l’autorité du Conseil et viole ses résolutions.  Il a reconnu que la division du Conseil offre à la RPDC une couverture, posant ensuite la question de savoir si le Conseil peut accepter que ce pays devienne un État nucléaire.  « La France ne s’y résoudra pas », a-t-il martelé en guise de réponse, expliquant que ne rien faire aujourd’hui revient à banaliser la prolifération nucléaire.  Cela revient à accepter de voir, demain, les crises de prolifération se multiplier ailleurs dans le monde, a-t-il encore averti. 

Après avoir souligné que la priorité est de renouer le dialogue « sans préconditions », le délégué a mis l’accent sur les propositions faites en ce sens et qu’il appartient aux autorités nord-coréennes de saisir.  « Notre objectif est inchangé: la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la Corée du Nord », a-t-il poursuivi, ajoutant que le Conseil doit faire respecter ses propres décisions.  Ainsi a-t-il jugé que, pour enrayer l’escalade, il est indispensable que soient appliquées pleinement toutes les sanctions internationales adoptées à l’unanimité, ce qui suppose de lutter contre toutes formes de contournement.  Les nouvelles provocations de la RPDC exigent une réponse unie et résolue de la communauté internationale, a-t-il prôné, assurant que les membres du Conseil de sécurité ne ménageront aucun effort pour que celui-ci soit à la hauteur de la responsabilité historique qui est la sienne sur ce dossier. 

Mme SHINO MITSUKO (Japon) a déploré qu’une fois de plus la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a lancé deux missiles balistiques dont un de portée intercontinentale qui a atterri à seulement 200 kilomètres du Japon.  Elle a rappelé qu’il n’y a pas plus d’un mois, le Conseil a discuté du lancement illégal d’un missile balistique par un ce ? pays, qui avait mis en danger les navires, exposé les avions dans la région à de grands risques et terrifié les citoyens japonais.  Regrettant vivement que le Conseil doive à nouveau se réunir pour discuter de la même situation, la représentante a fermement condamné ces actes « illégaux et scandaleux ».  Le missile balistique intercontinental lancé cette fois-ci aurait la capacité de frapper toute l’Asie, toute l’Europe, toute l’Amérique du Nord, y compris New York, toute l’Afrique et même une partie de l’Amérique du Sud, a-t-elle averti. 

La représentante a pressé le Conseil d’empêcher la RPDC de prendre en otage l’ensemble de la communauté internationale.  « Ne nous enlisons pas dans la rhétorique politique », a-t-elle recommandé en faisant valoir qu’il ne s’agit pas de trouver une solution à un conflit à armes égales entre les parties, mais d’empêcher la prolifération des armes nucléaires et de s’opposer à la menace de ces armes.  C’est pourquoi, elle a invité tous les membres du Conseil à se joindre à l’appel en faveur de la non-prolifération nucléaire et à ne pas offrir une échappatoire à la RPDC.  À ceux qui affirment que « nous sommes pris au piège d’un cycle négatif action-réaction », elle a répondu qu’il ne faut pas se laisser abuser par les tentatives de la RPDC de justifier son ambition de se doter d’armes nucléaires.  Elle a donc appelé à « être lucide » sur ce sujet.  La déléguée a regretté le silence du Conseil face aux actions provocatrices de la RPDC, qui s’est sentie dès lors libre de poursuivre sans relâche son programme illégal d’armes de destruction massive.  « Il est grand temps de mettre fin à ce cycle négatif d’action-inaction! » 

Pour finir, la représentante a réaffirmé son ferme soutien à la déclaration présidentielle proposée par les États-Unis, qui constitue, à son avis, un pas en avant, tout en se tenant prête à travailler avec ses collègues pour adopter des « mesures plus énergiques ».  « Sommes-nous du côté de ceux qui enfreignent les règles ou du côté de ceux qui les respectent? » a-t-elle lancé, avant d’appeler l’ensemble du Conseil à se mettre au travail.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a condamné le tir de missile balistique intercontinental effectué par la RPDC le 16 mars, dénombrant six tirs de ce type depuis le début de l’année.  C’est un missile qui est développé depuis 2020, a fait remarquer le représentant en rappelant aussi que la RPDC a mené des exercices militaires.  Il a fait la différence entre ces exercices et ceux, menés par des pays comme les États-Unis et la République de Corée, qui ne constituent pas un problème lorsque que ces pays en informent les autres États et le font dans une zone bien déterminée.  Ne nuisons pas à la crédibilité du Conseil de sécurité, a-t-il lancé en demandant de dénoncer l’inaction de celui-ci qui, depuis cinq ans, a été forcé à se croiser les bras à cause de la pression de deux membres.  Le délégué a dénoncé le coût de ces lancements illicites de missiles qui privent la population de la RPDC de ressources économiques dont elle a besoin.  Le représentant a encouragé à fournir de l’aide humanitaire dans ce pays avant de souligner l’importance des résolutions du Conseil de sécurité sur les programmes nucléaires de la RPDC.  Ce pays doit cesser ses lancements et poursuivre le dialogue avec les États-Unis et la République de Corée, a conclu le délégué. 

Mme FRANCESCA MARIA GATT (Malte) a déploré que, dans le contexte actuel dans la péninsule coréenne, le Conseil de sécurité reste pieds et poings liés.  Elle a regretté l’inaction découlant de son impossibilité à surmonter ses divisions.  Au mépris des préoccupations exprimées par de nombreux États Membres, la RPDC peut ainsi continuer à développer son programme de missiles balistiques et nucléaire, avec un nombre record de lancements de missiles balistiques en 2022, a-t-elle constaté.  La RPDC a même récemment annoncé une nouvelle doctrine fixant les conditions dans lesquelles elle pourrait utiliser des armes nucléaires, y compris de manière préventive, a poursuivi la représentante, estimant que la gravité de cette situation ne saurait être sous-estimée.  Parce que le Conseil de sécurité ne peut pas rester les bras croisés tandis que son autorité est foulée au pied, Mme Gatt s’est prononcée en faveur de l’adoption d’une déclaration présidentielle sur les agissements et les provocations de la RPDC, qui sont autant de violations de ses résolutions pertinentes et de menaces caractérisées à la paix et à la sécurité internationales. 

M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur) a dénoncé à son tour les nouveaux lancements de missiles intercontinentaux par la RPDC.  Constatant que cette pratique est devenue « monnaie courante » depuis 2022, il a regretté qu’elle ne fasse l’objet d’aucune réponse concertée du Conseil de sécurité.  Ces actes portent atteinte à la crédibilité du Conseil, a insisté le représentant, condamnant ces lancements qui foulent au pied les résolutions de la communauté internationale ainsi que le système de non-prolifération et de désarmement.  Après avoir enjoint la RPDC à souscrire à ses obligations contenues dans le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, il a rappelé que la résolution 2397 (2017), entérinée à l’unanimité, a tracé une ligne de conduite ferme à adopter face à d’éventuels lancements par la RPDC, tout en évoquant les répercussions de ces actes sur l’insécurité alimentaire du pays.  Le délégué a donc jugé qu’une solution diplomatique et politique est essentielle pour faire cesser ces lancements et permettre une dénucléarisation de la péninsule coréenne de façon complète, vérifiable et irreversible.  Il a également appelé le Conseil à faire fond sur tous les outils à sa disposition pour veiller à ce que la RPDC respecte ses résolutions.

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) s’est étonné de la fréquence des réunions du Conseil de sécurité sur la RPDC, estimant que pour taper du poing sur la table, il faudrait qu’un essai nucléaire ait lieu.  Il a affirmé que l’on ne peut laisser la RPDC faire ce qu’elle veut au risque de nous retrouver devant une situation inédite à l’avenir.  Pour le délégué, ce dossier peut évoluer, a-t-il considéré, saluant le projet de déclaration présidentielle que les États-Unis ont fait circuler, lequel est un bon point de départ, puisqu’il condamne la RPDC tout en proposant de continuer à négocier.  Le représentant a plaidé en faveur d’une solution à la fois humanitaire et politique à la crise qui sévit en RPDC, se demandant quel rôle peut jouer l’ONU dans ce contexte.  Cela peut passer par le recours au Chapitre VI de la Charte des Nations Unies, a suggéré le délégué, en appelant à trouver une solution crédible pacifiquement.

M. HAROLD ADLAI AGYEMA (Ghana) a jugé qu’à la lumière des actes récents et répétés de la RPDC; qui violent les obligations du droit international et les résolutions du Conseil, les membres du Conseil doivent réitérer d’une seule voix l’appel à une désescalade des tensions dans la péninsule coréenne.  La RPDC doit se conformer à ses obligations en vertu des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, elle doit s’abstenir de nouveaux tirs de missiles balistiques, respecter de nouveaux la lettre et les dispositions du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires ainsi que les garanties de l’ Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a-t-il ainsi déclaré.  Pour le représentant, si les moyens de pression que le Conseil a utilisés jusqu’à présent n’ont pas pleinement réussi à ce qu’il soit mis fin au programme d’armement de la RPDC ou à susciter sa coopération internationale, « nous devons réévaluer notre approche et renouveler notre engagement envers nos objectifs communs pour réaliser des progrès concrets dans la promotion de la paix et de la sécurité dans la péninsule coréenne ».  À cet égard, il a plaidé pour une approche raisonnée et pragmatique basée sur la diplomatie, le dialogue et le renforcement de la confiance entre les parties et les États Membres au tour du dossier nucléaire nord-coréen.

Mme EDWIGE KOUMBY MISSAMBO (Gabon) a condamné le lancement par la RPDC d’un nouveau missile balistique intercontinental le 16 mars, qui avait été précédé de celui de plusieurs missiles de courte portée et d’un autre missile balistique.  Cela témoigne d’une escalade sans précédent, s’est émue la représentante en observant que les capacités militaires de la RPDC et sa rhétorique belliqueuse « ne laissent plus aucun doute sur ses intentions ».  Selon elle, cette situation doit être endiguée de toute urgence pour prévenir une catastrophe, « intentionnelle ou non ».  En tant qu’État partie au TNP, le Gabon réaffirme son attachement à la non-prolifération nucléaire, a-t-elle ajouté, avant d’appeler le Conseil à garantir la paix et la sécurité internationales.  Le fait qu’il se trouve empêché est un sujet de grande préoccupation, alors les populations de la région vivent sous la menace nucléaire, a poursuivi la déléguée, en enjoignant les parties à revenir à la table des négociations et à trouver un consensus pour mettre une halte à cette escalade.  « Chaque nouveau tir nous rapproche d’une confrontation » et une telle issue ne peut être envisagée, a-t-elle insisté en invitant ceux qui ont une influence sur les parties à agir pour mettre fin à la menace nucléaire dans la péninsule coréenne.

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a déclaré que dans le domaine de la non-prolifération nucléaire, et à la lumière de l’exposé de M. Jenča, « il est de notre devoir de condamner les essais de missiles balistiques de la RPDC ».  Ces tirs constituent une violation des résolutions du Conseil de sécurité et donc du droit international, a-t-elle dit avant d’exhorter la RPDC à mettre en œuvre ses obligations selon les résolutions du Conseil et à prendre des mesures concrètes en vue d’abandonner ses armes nucléaires, ses missiles balistiques et ses programmes connexes de manière complète, vérifiable et irréversible.  Elle a également appelé la RPDC à signer et à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, ainsi que tous les autres États figurant dans l’annexe 2.  La représentante a ensuite salué l’attention accordée par le Conseil pour veiller à ce que la fourniture de l’aide humanitaire reste possible dans le pays.  Elle a souligné que le Comité 1718 joue un rôle essentiel afin de faciliter son acheminement grâce à son système d’exemptions.  Ce mécanisme, a-t-elle précisé, est désormais complété par une exemption humanitaire applicable à l’ensemble des régimes de sanctions. 

La représentante a d’autre part regretté le silence prolongé du Conseil sur les options diplomatiques pour sortir de la crise nord-coréenne, « ce qui suscite l’inquiétude et l’empêche d’agir comme acteur politique sur la péninsule coréenne ».  Elle a noté la volonté collective et individuelle de mener et de soutenir un dialogue avec la RPDC, avant d’accueillir favorablement l’appel aux bons offices du Secrétaire général et d’encourager la RPDC à engager un dialogue avec le Conseil et le système onusien de manière constructive.  « Cet appel au dialogue devrait s’articuler autour d’une position unie de ce Conseil, et la Suisse soutiendra tous les efforts pour parvenir à cette unité. »  La déléguée a conclu son intervention en se prononçant en faveur de l’option d’une déclaration présidentielle, qui semble une voie à suivre à cette fin.

M. GENG SHUANG (Chine) a pris note des tirs de missiles balistiques effectués récemment par la RPDC, y compris ceux réalisés pas plus tard qu’il y a deux jours de cela.  Nous notons également l’intensification de manœuvres militaires dans la région, a-t-il dit, appelant toutes les parties à éviter une escalade des tensions.  Le représentant a rappelé qu’en 2018 et 2019, la République populaire démocratique de Corée s’était engagée à remettre des armes stratégiques en échange de mesures de garantie négative de sécurité, proposition à laquelle les États-Unis avaient choisi de ne pas donner suite.  Le délégué a condamné les manœuvres militaires conjointes des États-Unis et d’autres États de la région dans la péninsule coréenne, « qui ne font que renforcer le sentiment d’insécurité de la RPDC et plonger la zone dans une situation très difficile ».  Selon lui, cette situation nécessite désormais que la RPDC s’organise pour « contrecarrer les objectifs américains » dans la région.  Gardons la tête froide pour stabiliser la situation et restaurer la confiance entre les parties, a-t-il plaidé, accusant ensuite les États-Unis et leurs alliés de ne pas pratiquer ce qu’ils prêchent, cela en se livrant à des manœuvres militaires censément destinées à « parvenir à la paix par la force ».  Le représentant a insisté sur la nécessité que les États-Unis fassent au Conseil de sécurité des propositions concrètes pour qu’une solution politique soit atteinte par la voie diplomatique autour du dossier de la RPDC.  En l’état, il a rejeté la proposition américaine de déclaration présidentielle qui ne « ferait que jeter de l’huile sur le feu ».  Les États-Unis devraient plutôt accueillir positivement le projet de résolution politico-humanitaire conjoint de la Chine et de la Russie et adresser des signaux positifs à la RPDC pour dire qu’ils sont prêts à désamorcer la crise dans l’intérêt de la population nord-coréenne et de la sécurité régionale, a-t-il encore déclaré.  Le représentant a en outre reproché aux États-Unis d’exhorter Pyongyang à renoncer à ses armes nucléaires au nom de la non-prolifération, tout en transférant des cargaisons de plutonium à des États non dotés d’armes nucléaires dans le cadre de la nouvelle alliance militaire AUKUS, les liant à l’Australie et au Royaume-Uni.  L’aide apportée à l’acquisition de sous-marins nucléaires témoigne d’une course aux armements qui contrevient aux efforts de paix et de sécurité internationales axés sur la non-prolifération nucléaire, a-t-il conclu.

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a condamné le lancement par la RPDC d’un nouveau missile balistique intercontinental le 16 mars, le dixième de ce type en un an, constatant que cette escalade très grave a mis en péril le trafic aérien et la navigation maritime.  De l’avis de la représentante, il est regrettable que la RPDC poursuive cette attitude dangereuse pour la région et pour le monde entier.  La RPDC doit respecter le droit international, la Charte des Nations Unies et les résolutions du Conseil de sécurité, a-t-elle affirmé, avant d’exhorter ce dernier à ne pas rester les bras croisés.  Il importe que le Conseil fasse preuve d’unité face au comportement de la RPDC, a insisté la représentante, avant d’exprimer sa reconnaissance au groupe d’experts du Comité des sanctions créé en vertu de la résolution 1718 (2006) pour leurs travaux sur les tirs de missiles balistiques et les cyberattaques menées par la RPDC.  Selon elle, la posture de RPDC est devenue plus agressive, ce qui renforce la menace.  Dans le même temps, des millions de Nord-Coréens continuent de souffrir d’insécurité alimentaire, a fait observer la déléguée, regrettant que Pyongyang donne la priorité à ses programmes d’armement.  Jugeant que, dans ce contexte, le dialogue est la seule voie à suivre, elle a invité le Conseil à se positionner de manière unie pour que la diplomatie l’emporte.

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a déclaré que toute activité militaire dans la péninsule coréenne représente une menace à la paix et à la sécurité.  Elle a appelé à la retenue et à la reprise du dialogue, insistant sur l’importance de prendre en compte tous les facteurs qui exercent une influence sur la situation.  Elle a pointé du doigt la responsabilité particulière des États-Unis et de ses alliées, dénonçant notamment les rhétoriques belliqueuses et les exercices militaires conjoints des États-Unis et de la République de Corée qui illustrent, selon elle, leur volonté de « parvenir à la paix par la force ».  La représentante a également accusé les États-Unis d’avoir ignoré les démarches initiées par Pyongyang en 2018-2019 qui auraient pu améliorer la situation dans la région.  Selon l’oratrice, la situation en RPDC ne peut pas être dissociée de la situation en Asie-Pacifique, notant que la création d’un nouveau bloc entre les États-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni est une source de préoccupation pour la RPDC et d’autres pays.  Elle s’est également inquiétée de l’impact des sanctions unilatérales avant d’attirer l’attention sur le plan d’action présenté par la Russie et la Chine qui prévoit des mesures politiques et humanitaires pour résoudre la situation dans la péninsule coréenne.

M. PEDRO COMISSÁRIO AFONSO (Mozambique) a appelé la République populaire démocratique de Corée à respecter les résolutions du Conseil de sécurité, le maintien de la paix et de la sécurité dans le monde étant la raison d’être des Nations Unies à laquelle tout État Membre doit souscrire.  Le Mozambique en appelle à la responsabilité de tous les États Membres, a-t-il ajouté, sa délégation rejetant toutes les approches qui menacent la stabilité et la paix.  Le représentant a souligné la nécessité de continuer de faire des offres de dialogue à la RPDC pour atténuer les tensions et éloigner le risque d’un péril nucléaire, cela pour préserver « notre avenir commun ». 

Reprenant la parole, Mme THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a répondu à la Chine qu’AUKUS ne représente en rien une violation du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et que la RPDC n’a que temporairement suspendu ses essais nucléaires.  De plus, pour la représentante américaine, la résolution conjointe de la Chine et de la Russie ne ferait que « récompenser la RPDC pour son inaction absolue, y compris sur le plan humanitaire ».  Quant aux exercices militaires conjoints qu’ils mènent avec la République de Corée, les États-Unis les ont qualifiés de routiniers et de nature purement défensive.

M. KARIUKI (Royaume-Uni) a repris la parole en réponse aux déclarations de la Chine et de la Fédération de Russie sur la coopération AUKUS.  Rappelant que les lancements de missiles balistiques par la RPDC constituent une violation de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité, il a estimé qu’aucune comparaison ne peut être faite avec AUKUS, programme qui respecte pleinement les obligations de ses participants au titre du TNP.  Quant au projet de résolution mentionné par la Chine et la Fédération de Russie, il a fait valoir que le Conseil doit se fonder sur le respect de ses résolutions par la RPDC.  Or la RPDC ne respecte pas ces résolutions, a-t-il ajouté, appelant tous les membres du Conseil à faire preuve de sérieux et à répondre à une situation grave dans la péninsule sans récompenser la RPDC pour ses tirs de missiles.

Reprenant la parole, M. GENG (Chine) a souhaité réagir aux interventions des États-Unis et du Royaume-Uni.  Assurant que la Chine agit pour la paix et la stabilité dans la péninsule coréenne ainsi que pour sa dénucléarisation, il a indiqué qu’à cette fin, elle utilise des moyens diplomatiques.  Il a ensuite relevé une nouvelle fois que, depuis le début de cette année, les États-Unis et d’autres pays ont organisé des exercices militaires sans précédent dans la péninsule, aggravant les tensions.  Il a constaté à cet égard que la RPDC a fait preuve de retenue et n’a pas réagi de manière excessive, alors même que ces exercices militaires gagnaient en intensité.  Contestant le caractère défensif de ces exercices, comme l’ont avancé les États-Unis, le représentant a noté qu’ils incluent des opérations « clairement offensives ».  Face à cette coercition, a-t-il ajouté, la RPDC a alerté d’une détérioration de la situation dans la péninsule par le biais de ses médias officiels.  Il semble donc justifié, selon lui, de répondre aux préoccupations légitimes de la RPDC et de déployer des efforts diplomatiques.  Et ce, d’autant plus que la coopération sous-marine AUKUS est « un sujet que personne ne veut évoquer ».  Or cette coopération tripartite « n’est que pure tromperie » dans la mesure où elle donne lieu à des transferts d’armes nucléaires à des États non nucléaires, créant de fait un risque grave en matière de prolifération.  Dénonçant le « deux poids, deux mesures » des États-Unis, il a rappelé qu’il y a une vingtaine d’années, ce pays a recouru à la force en Iraq sous le prétexte de la non-prolifération.  Cette fois, a-t-il poursuivi, les États-Unis ont renoncé au respect des normes et se livrent à des transferts de plusieurs tonnes de matériels vers l’Australie, au mépris de leurs obligations.  Dans ce contexte, le délégué a exhorté les États-Unis et le Royaume-Uni à examiner de manière très sérieuse la proposition de la Chine et de la Fédération de Russie pour « créer un environnement plus favorable ».

À son tour, Mme EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a affirmé que les activités militaires de Washington sont sans précédent.  Notant que les exercices de Ssangyong n’ont pas été effectués depuis cinq ans, elle a estimé qu’ils ne pouvaient pas être qualifiés de « routiniers ».  Avec leur rhétorique, les États-Unis et leurs alliés sont en train de tout bouleverser, s’est-elle inquiétée, déplorant que les appels de Pyongyang à une résolution politique et diplomatique aient été complètement ignorés.  Elle a évoqué le projet de résolution russo-chinoise qui vise à trouver un règlement politique et diplomatique, affirmant que les États-Unis bloquent constamment de telles initiatives. 

M. JOONKOOK HWANG (République de Corée) a fermement condamné la poursuite des lancements de missiles balistiques par la RPDC, y compris le tir d’un missile balistique intercontinental le 16 mars, suivi de celui de plusieurs missiles balistiques le 19, opérés en violation flagrante des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  La RPDC, a-t-il précisé, a lancé ce qui semble être un missile balistique intercontinental Hwasong-17 quelques heures seulement avant le vol du Président de la République de Corée vers le Japon, tentant ainsi de saboter délibérément une étape critique dans le renouveau des relations bilatérales entre les deux pays.  Selon le représentant, la RPDC a lancé un total de 10 missiles balistiques intercontinentaux depuis février 2022, soit des lancements presque tous les mois.  Malgré cela, a-t-il déploré, le Conseil de sécurité est resté silencieux depuis le veto opposé par deux membres permanents en mai dernier.  Et alors que, lors du débat de l’Assemblée générale de juin dernier, une majorité écrasante d’États Membres s’est prononcée pour une action du Conseil dans l’unité, celui-ci continue de fermer les yeux sur les violations répétées et effrontées de la RPDC, s’est indigné le délégué en ajoutant que son pays subit presque quotidiennement les dangereuses provocations de la RPDC. 

À cet égard, le représentant a dénoncé plusieurs informations erronées circulant selon lui à l’ONU, qui contribuent à l’inaction du Conseil et brouillent l’attention de la communauté internationale.  La RPDC, a-t-il relevé, fait ainsi valoir que ses lancements de missiles balistiques sont la conséquence des exercices militaires de la République de Corée et des États-Unis.  Or ce dispositif de défense et de dissuasion, qui comprend des exercices conjoints, répond justement à la menace militaire de la RPDC, a-t-il souligné, avant d’affirmer que de telles mesures défensives sont le devoir d’un gouvernement responsable.  De plus, indépendamment de ces exercices militaires, Pyongyang a effectué six essais nucléaires et lancé plus de 200 missiles balistiques ces 20 dernières années, selon son propre plan, a poursuivi le délégué. 

Dans ce contexte, l’incapacité du Conseil à répondre à la grave provocation de la RPDC en mai a encore enhardi le pays, a-t-il regretté, notant qu’en septembre dernier, Pyongyang a promulgué une nouvelle loi qui autorise l’utilisation préventive des armes nucléaires « sur une base dangereusement arbitraire ».  Depuis, la RPDC a annoncé en janvier dernier qu’elle produirait en masse des armes nucléaires tactiques et augmenterait de façon exponentielle son arsenal nucléaire.  De surcroît, après avoir déclaré son intention de rechercher de nouveaux types de missiles balistiques intercontinentaux, elle vient d’annoncer qu’elle avait mené une simulation de contre-attaque nucléaire en menaçant d’utiliser des armes nucléaires tactiques contre la République de Corée, a-t-il poursuivi, constatant que la RPDC mène à sa guise sa politique nucléaire en jouant des circonstances. 

Le représentant a également réfuté le récit selon lequel les soi-disant mesures positives prises par la RPDC en 2018-2019 n’auraient pas été réciproquées.  Les programmes nucléaires et de missiles de la RPDC violent de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité et, en ce sens, le moratoire autoproclamé de la RPDC sur les essais nucléaires et les missiles balistiques intercontinentaux ne constituait pas une démonstration de « bonne volonté », mais une obligation qu’elle avait toujours été tenue de respecter, a-t-il fait valoir.  De plus, Pyongyang n’a ni fourni un état des lieux complet de son programme nucléaire ni tenté de geler ses activités nucléaires, même pour une courte période, a ajouté le délégué, avant d’accuser la RPDC de rejeter catégoriquement les appels continus de la communauté internationale au dialogue et à la diplomatie, y compris l’« initiative audacieuse » de la République de Corée, ainsi que l’appel des États-Unis au dialogue sans condition préalable. 

Si certains prétendent que les sanctions sont inefficaces, il est difficile de nier qu’elles ont contribué de manière significative à ralentir les programmes nucléaires et de missiles de la RPDC, a encore souligné le représentant.  Selon lui, la RPDC cherche maintenant à gagner du temps pour faire avancer ses programmes nucléaires et balistiques illégaux, profitant pleinement de la mise en œuvre affaiblie des sanctions ainsi que de la paralysie du Conseil de sécurité.

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