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Accusée de crimes de guerre, la Fédération de Russie tente de convaincre le Conseil de sécurité que sévit en Ukraine une « russophobie » d’État

9280e séance – matin
CS/15226

Accusée de crimes de guerre, la Fédération de Russie tente de convaincre le Conseil de sécurité que sévit en Ukraine une « russophobie » d’État

Le Conseil de sécurité s’est réuni ce matin, à la demande de la Fédération de Russie, sur le thème de la « russophobie », un facteur qui, selon elle, est au cœur de « l’idéologie ukrainienne » et complique les perspectives de trouver une solution durable au conflit en Ukraine.  Le représentant russe a accusé le « nouveau Gouvernement nationaliste » ukrainien d’avoir lancé une attaque brutale contre la langue russe et contre tout ce qui est russe en général.  Plusieurs délégations ont réagi vivement à ces accusations, la russophobie étant selon elles l’une des excuses du Gouvernement russe pour « justifier l’injustifiable », à savoir sa guerre contre l’Ukraine. 

« Nous n’avons pas convoqué la réunion d’aujourd’hui pour parler des problèmes internes de l’Ukraine », a raillé le représentant russe, mais pour évoquer « la campagne russophobe » déclenchée dans le pays par « la clique de Zelenskyy », qui constitue une menace directe pour la paix et la sécurité internationales, car les relations de bon voisinage avec l’Ukraine ne sont pas possibles dans de telles conditions.  « Une paix durable et à long terme en Europe ne se construira pas sur la russophobie », a-t-il tranché.  Il s’est appuyé sur les exposés de deux intervenants ukrainiens russophones, dont les propos ont ensuite été battus en brèche par un historien de l’Université de Yale.

M. Kirill Vyshinsky, Directeur de la revue en ligne Rossiya Segodnya, a ainsi défini la russophobie comme une manifestation de haine contre la population, la culture et l’identité russes, qui trouve principalement sa place sur Internet.  Si la russophobie est vive et généralisée dans l’Union européenne, c’est en Ukraine qu’elle connaît son plus grand essor, a-t-il argumenté.  Depuis 2014, a renchéri M. Dmitry Vasilets, Directeur adjoint du Syndicat ukrainien des juristes, les lois russophobes les plus virulentes sont en vigueur en Ukraine, encore intensifiées par le Gouvernement du Président Zelenskyy, qu’il a qualifié de « dictateur ».  Les russophones d’Ukraine sont à ses yeux victimes d’un authentique « linguicide » au sens des résolutions de l’ONU, car 30% des citoyens ukrainiens sont privés de l’utilisation de leur langue maternelle.  « Une chasse à l’emploi du russe est menée jusque dans les relations privées, les citoyens, même les retraités, pouvant être mis à l’amende s’ils sont surpris en train de parler dans leur langue maternelle. »

M. Timothy Snyder, professeur d’histoire à l’Université de Yale, a retourné l’accusation de russophobie contre l’État russe.  Un pouvoir russe coupable à ses yeux de « préjudices irréparables » parce qu’il oblige ses citoyens les plus productifs à émigrer, envoie de jeunes conscrits se faire tuer en Ukraine par dizaines de milliers, et enferme le peuple russe dans une bulle de propagande.  La télévision d’État, s’est-il alarmé, décrit les Ukrainiens comme des sous-hommes, des « porcs » et des « satanistes », et lance des appels au meurtre.  Le recours au terme « russophobie » est une stratégie impérialiste, un « discours génocidaire » et un « outil » utilisé pour détruire les Ukrainiens, a résumé l’universitaire.  Le procédé n’est pas une tactique de défense mais un élément du crime.  « En demandant cette réunion, la Russie avoue ses crimes de guerre », a-t-il concluLe représentant russe a repris la parole en fin de séance pour critiquer vertement M. Snyder en lui disant que la Russie « trouverait le moyen de [lui] répondre par d’autres moyens ».

Une majorité de délégations ont encore accusé la Russie de vouloir déformer la réalité pour dissimuler ses crimes.  En premier lieu l’Ukraine, qui a fustigé le « tissu de mensonges que nous venons d’entendre ».  Le régime russe devra se retrouver dans le box des accusés du futur tribunal international que nous appelons de nos vœux, a rappelé le représentant ukrainien, souhaitant qu’un tel tribunal obtienne de la Russie qu’elle s’engage dans un « processus de rédemption morale », pour « retrouver sa place parmi les nations civilisées ». 

La France, comme Malte, a estimé qu’en convoquant cette réunion, la Russie tentait une nouvelle fois de faire diversion « en alléguant de prétendues discriminations afin que nous détournions le regard des exactions qu’elle continue de commettre en Ukraine ».  Dans cet esprit, les États-Unis ont dénoncé une « assertion fantaisiste » alors que les missiles pleuvent sur l’Ukraine et que la Russie commet des crimes contre l’humanité.  Le monde distingue clairement le bien du mal et les agresseurs des victimes, a scandé l’Albanie, rappelant le vote récent à l’Assemblée générale qui a condamné à une très large majorité l’agression russe. 

Pour le Royaume-Uni, ce que l’Ukraine veut, « ce que nous voulons tous », c’est la paix conformément à la Charte des Nations Unies, et quand l’État russe prononce le mot de « russophobie », ce qu’il décrit, très simplement, c’est la détermination de l’Ukraine à rester une nation indépendante, son refus de se plier à la volonté de la Russie et de lui céder son territoire. 

L’Équateur, le Japon, la Suisse et le Ghana ont appelé la Russie à retirer sans délai et sans conditions toutes ses forces militaires déployées à l’intérieur des frontières ukrainiennes, ce à quoi la Russie a répondu qu’elle n’avait toujours eu qu’une seule préoccupation à l’origine de son « opération spéciale »: protéger les Ukrainiens contre les « agissements criminels » du régime de Kiev. 

Le Brésil a exhorté les parties à garantir le renouvellement de l’Initiative céréalière de la mer Noire, qui expirera dans les prochains jours, tandis que la Chine a estimé que le dialogue et les négociations étaient la seule solution pour résoudre la crise et aider les belligérants à rétablir la paix.  Indiquant que son pays est « prêt à jouer un rôle dans ce processus », le délégué chinois a condamné toutes les phobies dirigées contre des peuples ou des religions, qui découlent parfois d’un sentiment de supériorité ou d’une étroitesse d’esprit, et sont utilisées par « certains pays » pour augmenter les tensions. 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclarations

M. KIRILL VYSHINSKY, Directeur exécutif de Rossiya Segodnya, s’est décrit comme un russophone né en Ukraine, rédacteur en chef d’une publication en ligne disponible en langue russe.  Il a raconté une partie de sa vie depuis 2014, où, après avoir été persécuté par les autorités ukrainiennes et avoir passé un an et demi en prison, il est parti vivre en Russie.  « Qu’est-ce que la russophobie? » a-t-il lancé aux membres du Conseil.  La russophobie est une manifestation de haine contre la population, la culture et l’identité russes, qui se manifeste principalement sur Internet.  La russophobie vise à propager une idéologie de haine contre tous ceux qui sont considérés comme Russes ou apparentés, a-t-il avancé.  L’intervenant a donné des « exemples flagrants de russophobie moderne », notamment à la télévision ukrainienne, comme lorsque ce journaliste a appelé en direct à attaquer les Russes, à détruire leur famille et éliminer leurs enfants.  Autre exemple sur les réseaux sociaux, celui d’une personne ukrainienne appelant à attaquer les prisonniers russes, qualifiés de « cafards ».  Cela se traduit, a poursuivi M. Vyshinsky, par des conséquences dans la vie réelle, telles que des représailles à l’encontre de prisonniers russes, alors que les populations du Donbass vivent sous les bombardements.  Il a aussi accusé les députés ukrainiens de racisme et leur a reproché de ne pas reconnaître aux Russes le droit d’exister. 

Dans l’Union européenne, la russophobie est « mainstream », bien ancrée, selon M. Vyshinsky.  Il a estimé que la langue russe, celle d’un tiers de la population ukrainienne avec 14 millions de locuteurs, est elle aussi en danger.  Ces 20 dernières années, son usage s’est restreint en Ukraine, notamment dans les films et l’éducation.  Toutes les écoles russophones sont passées à l’ukrainien, a-t-il déploré.  Kiev a décidé de supprimer le russe des programmes scolaire, dans l’oblast d’Odessa notamment, où des millions de livres en russe sont retirés des bibliothèques, détruits ou recyclés.  Le Ministère de la défense ukrainien sanctionne ses propres citoyens en supprimant le russe.  Dans les universités, il n’est même plus possible de parler le russe durant les pauses déjeuner, a poursuivi l’intervenant.  En 2014, après un référendum décidant de rattacher l’Ukraine à la Russie, les autorités ukrainiennes ont coupé l’arrivée d’eau en représailles dans plusieurs territoires.  Les travaux de « dé-russification » se poursuivent, avec le retrait de statues glorifiant des héros russes et ukrainiens de la Seconde Guerre mondiale.  M. Vyshinsky a aussi mentionné le déboulonnage de monuments consacrés à l’auteur Alexandre Pouchkine, dans plus de 20 villes du pays.  Sur le plan religieux, il a dénoncé des attaques contre des églises orthodoxes ukrainiennes et des prêtres, et des ordres faits aux moines de quitter leur monastère.  Toutes ces manifestations russophobes ont trouvé leur pic en 2022 et 2023, a-t-il conclu.

M. DMITRY VASILETS, Directeur adjoint du Syndicat ukrainien des juristes, a dit s’exprimer en tant que natif de Kiev et au nom de dizaines de millions d’Ukrainiens russophones victimes de discrimination.  Ces derniers subissent des persécutions commanditées par le Gouvernement criminel de M. Zelenskyy, a-t-il laissé entendre, ajoutant que les lois russophobes les plus virulentes en vigueur en Ukraine « depuis le coup d’État de 2014 » se sont encore intensifiées sous les coups portés par le Gouvernement de M. Zelenskyy.  À cet égard, il a mis l’accent sur l’application d’amendes disproportionnées frappant les Ukrainiens russophones, estimant que ces agissements relèvent d’une véritable « barbarie linguistique ».  Le droit à la langue maternelle est un droit de l’homme, or ce droit est bafoué dans les écoles et les administrations de l’Ukraine, a poursuivi M. Vasilets.  Il a raconté avoir été victime de discriminations humiliantes liées à la langue russe en plein tribunal, où un procureur lui avait intimé de s’exprimer en ukrainien, une langue qu’il avait pourtant déclaré ne pas maîtriser. 

« Dans ses apparitions publiques, le dictateur Zelenskyy affirme qu’il est russophone et que les Ukrainiens russophones ne sont l’objet d’aucun déni de droit », a indiqué l’intervenant.  Or, la réalité, a-t-il accusé, c’est qu’ils sont victimes d’un authentique « linguicide » au sens donné à ce terme par les résolutions de l’ONU.  Car 30% des citoyens ukrainiens sont privés de l’utilisation de leur langue maternelle, ce qui constitue une violation flagrante de la Constitution ukrainienne, s’est lamenté M. Vasilets.  Il a affirmé que le nombre de cours de russe ne cesse de diminuer, le régime en place s’attaquant même physiquement aux enseignants.  « Une chasse à l’emploi du russe est menée jusque dans les relations privées, les citoyens, même les retraités, pouvant être mis à l’amende s’ils sont surpris en train de parler dans leur langue maternelle. »  « Aujourd’hui, le russe en Ukraine est une langue placée hors du droit et des usages les plus quotidiens et intimes », a-t-il conclu. 

M. TIMOTHY SNYDER, professeur d’histoire à l’Université de Yale, a estimé que ce débat sur la russophobie permet d’éclaircir certains points.  Il a insisté sur les préjudices causés aux Russes et à la culture russe comme étant le fait de la politique de l’État russe.  La « russophobie » est selon lui une forme de propagande utilisée pour justifier des crimes de guerre russes en Ukraine.  Il a estimé que les torts à la culture russe sont causés par l’État russe lui-même qui oblige les Russes les plus productifs à émigrer: 750 000 personnes ont ainsi quitté leur pays depuis l’agression, un « préjudice irréparable ».  Selon l’intervenant, la destruction du journalisme indépendant enferme les Russes dans une bulle, autre préjudice créé par l’État russe.  La censure générale et la répression de la liberté d’expression en russe entraîne une situation ironique.  « En Russie, si l’on déploie un panneau contre la guerre, on peut être emprisonné.  En Ukraine, on utilise deux langues et on peut tout dire.  En Russie, on ne parle qu’une langue, mais on ne peut pas dire grand-chose. »

Pour M. Snyder, la « perversion de la mémoire » et une « réécriture de l’histoire » portent préjudice à la culture russe.  C’est encore la Russie qui décide d’envoyer tous ces jeunes Russes se faire tuer au front, a-t-il fait remarquer.  Le plus grave est le fait de dire aux Russes que le génocide en cours est « normal » et que l’Ukraine n’existe pas.  Sur la télévision publique, chaque jour, les Ukrainiens sont présentés comme des « porcs », des « vers de terre », des « parasites », des « satanistes » ou des « loups ».  On y entend que les enfants ukrainiens devraient être noyés, et leurs maisons brûlées, avec leurs habitants brûlés vifs à l’intérieur, a poursuivi le professeur.  Il est dit à la télévision russe que les Ukrainiens doivent être exterminés parce qu’ils sont « russophobes ».  M. Snyder a jugé très dangereuse l’idée que les Ukrainiens devraient mourir car ils seraient atteints d’une maladie mentale nommée « russophobie ».  Lorsqu’un empire attaque, il prétend être la victime.  La russophobie est montée en épingle pour justifier des crimes, a estimé le professeur, énumérant toutes les destructions et les crimes d’agression commis depuis plus d’un an.  Lorsque la victime s’oppose à cette colonisation, l’empire prétend que c’est une maladie et une phobie, or ce processus vise à déshumaniser la victime et à nier l’agression.  Le terme « russophobie » est une stratégie impérialiste, un « discours génocidaire » et un « outil » utilisé pour détruire les Ukrainiens, a résumé l’universitaire.  Le procédé n’est pas une tactique de défense mais un élément du crime.  « En demandant cette réunion, la Russie avoue ses crimes de guerre », a-t-il conclu.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a vivement critiqué l’intervenant précédent, le professeur Snyder, « connu depuis longtemps pour ses canulars historiques », dont le but est de prouver que les Russes n’ont jamais vécu en Ukraine et que cet État a toujours été un État russophobe.  De son point de vue, les principes du nationalisme ukrainien sont fondés, comme dans la doctrine nazie allemande, sur « la supériorité de la nation ukrainienne sur les autres », c’est pourquoi la russophobie est devenue si facilement le cœur de l’idéologie de l’Ukraine indépendante, processus qui s’est sensiblement accéléré après la « révolution orange » de 2004 et surtout après le « coup d’État anticonstitutionnel » de 2014.  Le représentant a cité une statistique selon laquelle 95% de tous les livres publiés en Ukraine étaient en russe en 2004, afin de montrer à quel point le russe était répandu en Ukraine à l’époque des événements susmentionnés.  M. Nebenzia a accusé le « nouveau Gouvernement nationaliste » ukrainien d’avoir lancé une attaque brutale contre la langue russe et tout ce qui est russe en général.  À travers l’école, l’éducation, le cinéma et la télévision, l’idée a été répandue que tout ce qui est russe est étranger.  À partir de 2014, la russophobie a été élevée au rang de politique d’État, selon lui. 

L’une des premières décisions du nouveau régime a été d’essayer d’abroger la loi sur les fondements de la politique linguistique de l’État, qui donnait au russe le statut de langue régionale dans 13 des 24 régions de l’Ukraine.  C’est cette mesure qui a déclenché la sécession de la Crimée de l’Ukraine, « dont la grande majorité de la population se considère comme russe », a encore affirmé M. Nebenzia.  Depuis neuf ans, les autorités ukrainiennes détruisent systématiquement tout ce qui peut être lié de près ou de loin à la Russie.  Ce faisant, elles ont sapé les fondements d’une société qui était culturellement et civilement unie à la Russie depuis des siècles.  La langue russe a été évincée de toutes les sphères de la vie publique et des quotas linguistiques stricts ont été introduits dans les médias.  En septembre 2021, le Président ukrainien Zelenskyy a appelé tous les résidents de l’Ukraine qui se considèrent comme Russes à quitter le pays, a poursuivi le représentant, pour qui la lutte contre la langue russe en Ukraine a pris « un aspect grotesque » depuis février 2022.  Il a ensuite fustigé « la lutte permanente du régime de Kiev » contre l’Église orthodoxe d’Ukraine, qui n’a pourtant aucune relation formelle avec la Russie proprement dite.  « Nous n’avons pas convoqué la réunion d’aujourd’hui pour parler des problèmes internes de l’Ukraine », a raillé le représentant, mais pour évoquer « la campagne russophobe » déclenchée dans le pays par « la clique de Zelenskyy », qui constitue une menace directe pour la paix et la sécurité internationales, car la paix et les relations de bon voisinage avec l’Ukraine ne sont pas possibles dans de telles conditions.  « Une paix durable et à long terme en Europe ne se construira pas sur la russophobie. »

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a jugé qu’il serait plus productif de discuter de moyens pragmatiques pour parvenir à la paix, « un concept qui a été largement absent de nos récents débats ».  Afin non seulement de parvenir à la paix, mais aussi de la maintenir, nous pensons qu’une solution implique nécessairement de s’attaquer aux causes du conflit, a précisé le représentant, pour qui les préoccupations en termes de sécurité des deux parties devront être abordées dans le cadre d’une vision pragmatique et de pourparlers de paix réguliers.  Il s’est réjoui de constater qu’un nombre croissant d’États Membres appellent à une solution pacifique, assurant que son pays se tient prêt à contribuer à tout processus de médiation en vue de parvenir à une paix durable.  Il a ensuite exhorté les parties à garantir le renouvellement de l’Initiative céréalière de la mer Noire, qui expirera dans les prochains jours.  Il a à ce sujet attiré l’attention sur le fait que les sanctions contre les exportations de nourriture et d’engrais, « quelle que soit leur origine », sont inacceptables et contredisent la lettre et l’esprit de l’initiative d’Istanbul, affectant de manière disproportionnée les pays vulnérables, souvent dans des régions éloignées du conflit.

M. MAGOSAKI KAORU (Japon) a déclaré qu’aucune forme de discrimination à l’égard de qui que ce soit ne doit être tolérée car cela porte atteinte à la dignité des personnes en tant qu’êtres humains et peut créer ou exacerber les divisions au sein d’une société donnée.  En outre, a-t-il ajouté, « une allégation de discrimination ne pourra jamais justifier le recours à la force ».  Condamnant l’agression injustifiable de l’Ukraine par la Russie, le représentant a réitéré ses demandes d’une protection immédiate, complète et inconditionnelle au peuple ukrainien.  Il a exhorté la Russie à retirer sans délai et sans condition toutes ses forces militaires déployées à l’intérieur des frontières ukrainiennes internationalement reconnues et appelé à la cessation des hostilités.

M. CHRISTOPHE NANGA (Gabon) a condamné les discours de haine et l’escalade verbale qui, dans la crise ukrainienne, semblent n’avoir aucune limite, les combats « se projetant » depuis le début sur les réseaux sociaux, attisés par l’absence de perspective d’une fin de la guerre.  Le représentant a mis en garde contre le risque que les blessures invisibles de cette guerre meurtrière ne pèsent sur les générations à venir: elles pourraient, a-t-il averti, nourrir les violences à long terme.  C’est pourquoi il a appelé les parties à la mesure et à la retenue en s’abstenant d’exacerber la haine, laquelle éloigne toute perspective de paix fondée sur la cohabitation des peuples.  Les parties doivent selon lui se conformer aux principes de la Charte et ne pas oublier que la célébration, en juin dernier, de la Journée internationale contre les discours de haine ainsi que les résolutions de l’Assemblée générale sur la tolérance sont autant de rappels de la primauté du droit international.  Enfin, le Gabon exhorte les parties à convenir rapidement d’une issue politique à la guerre. 

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a considéré que le Conseil doit donner la priorité à la résolution du conflit et à la cessation des hostilités en Ukraine, afin de parvenir à une paix juste et durable.  Saluant les efforts déployés par toutes les parties en vue de l’extension de l’Initiative céréalière de la mer Noire, il a déclaré qu’au-delà de l’impact positif que l’Initiative a eu sur la sécurité alimentaire mondiale, son existence même montre la promesse d’un développement durable.  Une vision du monde qui soutient la xénophobie ne servant personne, le délégué a appelé à rester vigilant face à toutes ses manifestations, dans l’intérêt de la construction et du maintien de la paix.

M. FERGUS JOHN ECKERSLEY (Royaume-Uni) a réagi vivement aux accusations de russophobie de la Russie, la russophobie étant selon elle « l’une des excuses du Gouvernement russe pour justifier sa guerre en Ukraine ».  Si les Russes inventent tant de cas de russophobie, c’est parce qu’ils savent qu’aucun d’entre eux ne résiste à un examen approfondi, a-t-il renchéri.  Le représentant a assuré que les Occidentaux ne veulent pas d’un effondrement de l’État russe.  Nous voulons au contraire que la Russie soit une nation prospère et stable, c’est-à-dire une nation qui n’envahit pas et n’essaie pas d’annexer ses voisins, a-t-il martelé.  Pour le représentant, ce que l’Ukraine veut, « ce que nous voulons tous », c’est la paix conformément à la Charte des Nations Unies, et quand l’État russe prononce le mot de russophobie, ce qu’il décrit, très simplement, c’est la détermination de l’Ukraine à rester une nation indépendante, son refus de se plier à la volonté de la Russie et de lui céder son territoire.  « La crise ukrainienne est causée par la volonté du Président Putin d’annexer une nation souveraine, en violation des principes les plus fondamentaux de la Charte. »  Le représentant a laissé au Gouvernement russe la liberté de croire que sa propagande aidera à justifier chez lui le sacrifice de dizaines de milliers de vies de soldats russes sur le terrain.  Mais, a-t-il ajouté, les conséquences pour les civils innocents, pour l’Ukraine en tant qu’État-nation et pour le reste du monde sont bel et bien catastrophiques.  Il n’y a qu’un seul agresseur ici, a-t-il conclu: la Russie qui doit stopper sa machine de guerre en mettant fin à l’invasion, aux tueries et à la propagande.

Mme DIARRA DIME-LABILLE (France) a estimé qu’en convoquant cette réunion, la Russie tente une nouvelle fois de faire diversion en alléguant de prétendues discriminations « afin que nous détournions le regard des atrocités et exactions qu’elle continue de commettre en Ukraine ».  Cette stratégie n’est pas nouvelle, a-t-elle rappelé, la Russie n’ayant cessé depuis le début de sa guerre d’agression de chercher à déformer la réalité.  « Cette stratégie de propagande ne fonctionne pas. »  La Russie ne parviendra pas à justifier sa guerre injustifiable en cultivant son mythe d’une prétendue russophobie, a réagi la déléguée.  La réalité, a-t-elle ajouté, c’est que la Russie mène une agression illégale et injustifiée contre un État souverain, l’Ukraine, et ce, en violation flagrante du droit international et de la Charte des Nations Unies.  La réalité, c’est qu’il y a un agresseur, la Russie, qui nie ses responsabilités, et un agressé, l’Ukraine, qui se défend et qui cherche à tracer un chemin vers une paix juste et durable et qui a proposé un plan de paix, que soutient la France.  La déléguée a souligné que cette agression s’accompagne d’exactions massives, constitutives de crimes de guerre, voire de crimes contre l’humanité: bombardements indiscriminés, exécutions sommaires, actes de torture, violences sexuelles utilisées comme une arme de guerre, enlèvements et déportations d’enfants ukrainiens.  Elle a assuré qu’il n’y aura pas d’impunité pour les crimes commis par les forces russes et leurs supplétifs de Wagner en Ukraine et que la communauté internationale continuera à veiller à ce que justice soit rendue et à soutenir les efforts des juridictions ukrainiennes et de la Cour pénale internationale (CPI) en ce sens pour les victimes.  La Russie doit retirer toutes ses troupes de l’ensemble du territoire de l’Ukraine et respecter pleinement l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues, a conclu la déléguée. 

Mme MONICA SOLEDAD SANCHEZ IZQUIERDO (Équateur) est intervenue brièvement pour rejeter tout discours justifiant les coups de force et l’emploi de la violence armée.  Pour que le sang ne coule plus en Ukraine, la Russie doit retirer ses forces armées du territoire ukrainien aux frontières internationalement reconnues, a-t-elle dit. 

M. ARIAN SPASSE (Albanie) a critiqué les appels à la « désukrainisation » et dénoncé les atrocités commises par la Russie en Ukraine.  « La Russie tente en fait de justifier une guerre injustifiable. »  Or le monde distingue clairement le bien du mal et les agresseurs des victimes, a scandé le délégué, rappelant le vote récent à l’Assemblée générale qui a condamné à une très large majorité l’agression russe.  D’après lui, la Russie impose à son peuple une réalité parallèle mais la propagande russe ne convainc plus personne quant à cette guerre: elle échoue déjà à faire croire à son peuple qu’elle la gagne.

Mme KHALILAH HACKMAN (Ghana) a exhorté tous les membres du Conseil à rester concentrés sur les efforts visant à résoudre l’agression contre l’Ukraine et à répondre aux préoccupations du peuple ukrainien, qui continue de subir une guerre qu’il n’a pas recherchée et qu’il ne peut cesser de combattre.  Sans sous-estimer le fait que les préoccupations perçues de « russophobie » puissent être un moteur sous-jacent des actions de certaines parties dans la guerre contre l’Ukraine, le Ghana ne peut pas conclure qu’il existe une action étatique systématique et généralisée contre les citoyens russophones d’Ukraine ou qu’il existe un ensemble de problèmes qui pourraient collectivement être qualifiés de « russophobie » et constituer une menace pour la paix et la sécurité internationales.  La déléguée a dit qu’elle reste préoccupée par le cours de la guerre et l’intensification des hostilités qui nous éloignent davantage de l’aspiration commune à la paix en Ukraine.  Tout en réitérant son appel à la cessation immédiate des hostilités et au retrait inconditionnel des troupes russes, elle a souligné les principes du droit relatif aux droits de l’homme et du droit international humanitaire et l’obligation des parties belligérantes de les respecter pleinement.

M. DARREN CAMILLERI (Malte) a vu dans la réunion d’aujourd’hui une nouvelle tentative de la part de la Fédération de Russie de détourner l’attention des événements épouvantables qui se déroulent en Ukraine et de cyniquement « justifier l’injustifiable ».  Malte condamne une fois de plus cette guerre brutale et non provoquée qui viole la Charte des Nations Unies.  Aujourd’hui, a regretté le délégué, nous avons entendu davantage de récits visant à présenter les victimes comme l’agresseur et l’agresseur comme la victime.  Il a déploré la désinformation utilisée par les médias et les dirigeants russes pour justifier la guerre en Ukraine.  Soyons clairs, a-t-il recadré, toutes les idéologies qui encouragent le racisme, la discrimination, la xénophobie et toutes les autres formes d’intolérance ont toutes reçu de notre part la plus sévère condamnation à plusieurs reprises.  Nous soulignons que notre position découle uniquement de notre ferme conviction de principe qu’il n’y a pas d’alternative au multilatéralisme et à l’ordre international fondé sur des règles dans le monde contemporain.  En outre, le délégué a demandé instamment la pleine mise en œuvre de la Convention internationale sur l’élimination de la discrimination raciale et des autres traités pertinents relatifs aux droits de l’homme.

Mme ANDREA BARBARA BAUMANN-BRESOLIN (Suisse) a souligné l’importance d’éviter en toutes circonstances la propagande, les discours de haine ainsi qu’un langage qui divise délibérément et crée de la défiance entre populations et gouvernants.  La désinformation et la propagande qui accompagnent la guerre contre l’Ukraine renforcent la méfiance, accentuent les divisions et font croître l’hostilité, a insisté la déléguée, ajoutant que la Suisse s’oppose à toutes les tentatives de justifier l’agression militaire de la Russie contre l’Ukraine.  Sur ce dernier point, elle a rappelé que la condamnation « claire » de cette agression repose sur les principes de la Charte des Nations Unies et de l’ordre juridique international en vigueur « et n’est pas dirigée contre le peuple russe ».  En ce qui concerne les perspectives de trouver une solution pacifique, juste et durable, la représentante a insisté sur le fait que la Russie doit cesser toutes les opérations de combat et retirer sans délai ses troupes du territoire ukrainien.  Le respect du droit international, la recherche de solutions diplomatiques et l’obligation de rendre des comptes pour toutes les violations du droit international sont essentiels pour atteindre cet objectif, a-t-elle conclu. 

M. GENG SHUANG (Chine) a estimé que le dialogue et les négociations étaient la seule solution pour résoudre la crise et aider les belligérants à rétablir la paix.  Se disant « prêt à jouer un rôle » dans ce processus, il a appelé à éliminer les préjugés, ainsi que les sentiments de haine, pour semer plutôt les graines de l’amitié entre les peuples.  Condamnant toutes les phobies dirigées contre des peuples ou des religions, qui découlent parfois d’un sentiment de supériorité ou d’une étroitesse d’esprit, le délégué a estimé que ces phobies étaient utilisées par « certains pays » pour augmenter les tensions.  Les politiques de certains pays semblent être habitées par un esprit xénophobe vis-à-vis de la Chine, a-t-il par ailleurs ajouté, accusant lesdits pays de vouloir « engendrer la confrontation » et de menacer la paix du monde. 

M. JOHN KELLEY (États-Unis) a regretté que la Russie prétende que la russophobie est l’un des aspects les plus effroyables de la crise ukrainienne, une « assertion fantaisiste », alors que les missiles pleuvent sur l’Ukraine et que la Russie commet des crimes contre l’humanité, dont la torture, le viol et le meurtre de civils.  Il s’agit là d’une « modification de la réalité » et d’une tentative de la Russie de faire oublier qu’elle est en réalité l’agresseur.  La Russie devra expliquer au Conseil de sécurité pourquoi ses forces ont déporté des centaines de milliers d’Ukrainiens, et pourquoi l’armée russe a exécuté des femmes, des hommes et des enfants ukrainiens, a tancé le délégué.  La théorie de la russophobie masque l’objectif russe de rayer l’Ukraine de la carte et de transformer les Ukrainiens en vassaux de la Russie, a-t-il alerté.  Les arguments russes ne convainquent personne: la Russie s’attaque à un membre de la communauté internationale, et les États-Unis demeureront aux côtés de l’Ukraine autant qu’il le faudra, a-t-il assuré. 

M. DOMINGOS ESTÊVÃO FERNANDES (Mozambique) a rappelé à toutes les parties que l’utilisation d’une rhétorique haineuse viole non seulement le droit international mais enfreint également diverses résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité.  Elle conduit à des actes violents, à des discriminations et des persécutions frappant des individus ou des groupes en raison de leur race, de leur origine ethnique, de leur religion ou encore de leur sexe, a-t-il déploré.  Le délégué a fait siennes les déclarations du Secrétaire général, qui, de retour d’Ukraine, a appelé à rejeter les discours de haine et les manipulations de la vérité qui sous-tendent tant de divisions dans le monde.  En conclusion, il a demandé aux dirigeants des deux parties à s’engager sérieusement en faveur d’une solution pacifique conforme aux principes de la Charte.

M. NEBENZIA (Fédération de Russie) a dénoncé les propos de certains homologues tendant à accuser son pays de mener une campagne contre les Ukrainiens russophobes, à commencer par les dirigeants du régime de Kiev.  Nous n’avons jamais appelé à la « désukrainisation » de l’Ukraine, s’est-il défendu.  « La Fédération de Russie n’a qu’une préoccupation à l’origine de son opération spéciale: protéger les Ukrainiens contre les agissements criminels du régime de Kiev depuis 2014. »  

M. SERHII DVORNYK (Ukraine) a condamné l’exécution brutale et sommaire d’un soldat ukrainien la semaine dernière, exécution « filmée par ses bourreaux et mise en ligne sur Internet ».  Il a demandé au Conseil de sécurité de rendre hommage à la victime, qui incarnait la dignité ukrainienne.  Le représentant a poursuivi en fustigeant la haine russe, qui a conduit à la guerre contre son pays et ses horreurs mais aussi « au tissu de mensonges que nous venons d’entendre ».  Selon lui, le comportement de la Russie montre la faiblesse de sa crédibilité et sa peur d’avoir à répondre de ses actes inhumains et privés de tout garde-fou moral en Ukraine.  Lorsqu’une nation est empoisonnée par les propagandes de haine, elle mène des guerres de destruction aveugles en tentant d’embrigader son peuple dans la commission de crimes odieux, comme cela fut le cas avec l’Allemagne nazie.  Le régime russe devra se retrouver dans le box des accusés du futur tribunal international que nous appelons de nos vœux, a demandé le représentant.  Il a également souhaité que cette juridiction obtienne de la Russie qu’elle s’engage dans un « processus de rédemption morale », « pour que ce pays puisse retrouver sa place parmi les nations civilisées ».  Enfin, il exhorté les États Membres à œuvrer à ce que la justice soit rendue pour chaque victime de l’agression russe.

M. SNYDER, professeur d’histoire à l’Université de Yale, citant ses sources, a renvoyé le représentant de la Fédération de Russie aux archives de la télévision d’État russe, qui représentent les intérêts nationaux russes et sont une expression de la politique nationale.  Concernant les atrocités perpétrées en Ukraine, le plus simple selon lui serait de laisser les journalistes russes effectuer leur travail en Ukraine et d’interroger les Ukrainiens au sujet de la guerre.  Il a regretté que les meilleurs historiens russes soient interdits d’exercer, que l’association Memorial soit dissoute, et que le terme « Ukraine » soit interdit dans les manuels d’histoire russe.  Il a qualifié les allégations de russophobie de « coloniales », et réitéré ses accusations de génocide envers la Russie.

M. NEBENZIA (Fédération Russie), rétorquant qu’il avait bien lu les livres du professeur Snyder, a fait remarquer que celui-ci avait refusé de répondre à certaines de ses questions.  « Nous trouverons le moyen de vous répondre par d’autres moyens », a-t-il tempêté.

M. VASILETS, du Syndicat ukrainien des juristes, a accusé à son tour M. Snyder de « représenter et de défendre les pays de l’OTAN parties au conflit en Ukraine ».  M. Snyder a cité certaines villes et populations prétendument victimes de crimes de guerre, a-t-il relevé, ajoutant qu’à son sens, ce sont surtout les tirs de mortiers fournis par l’OTAN à l’Ukraine, au motif que des forces russes se trouvaient dans ces zones bombardées, qui ont causé le plus de pertes en vies humaines innocentes. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission de la condition de la femme: pour qu’advienne la « justice numérique », les femmes et les jeunes doivent défendre leurs droits

Soixante-septième session,
11e & 12e séances plénières, matin & après-midi
FEM/2226

Commission de la condition de la femme: pour qu’advienne la « justice numérique », les femmes et les jeunes doivent défendre leurs droits

Les représentants de la jeunesse ont fait part des défis multiples et des stratégies innovantes pour faire de la « justice numérique » une réalité, ce matin, à l’occasion d’un dialogue interactif inédit de la Commission de la condition de la femme consacré à l’innovation et l’éducation à l’ère du numérique aux fins de la réalisation de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes et des filles.  En après-midi, les délégations ont poursuivi leur discussion générale sur le thème prioritaire de la soixante-septième session. 

Si la technologie crée de nouveaux espaces de prise de décisions, « les femmes y brillent par leur absence », a notamment regretté Mme Alison Adriana Berbetty Omiste, ingénieure et avocate de la Bolivie.  Or, leur voix est pourtant essentielle dans les domaines de la cybersécurité, de l’intelligence artificielle, de la gouvernance électronique et de l’analyse de données.  Cette sous-représentation des femmes montre le besoin de redoubler d’efforts afin de promouvoir l’égalité des sexes dans le secteur technologique, a estimé à son tour Mme Hawa Yokie, Directrice générale du Kamara Yokie Innovation Center, de Sierra Leone, en particulier dans les pays en développement et en milieu rural. 

Développeuse de tests dans une société informatique internationale, Mme Milica Nežević a constaté de son côté que l’écart entre les sexes en matière d’accès à la technologie, combiné au « risque de préjudice numérique » pour les femmes et les filles handicapées, conduit à une fracture numérique exacerbée par « l’intersection du genre et du handicap ».  L’accessibilité numérique doit donc devenir une priorité des secteurs public et privé, a plaidé Mme Nžević, au moyen de programmes spécifiques englobant les femmes des zones rurales et des pays les moins développés.  ¸  

Cependant, les menaces en ligne, surtout envers celles qui font valoir leurs droits en tant que membres de la communauté LGBTQI, demeurent « omniprésentes », a déploré la Conseillère spéciale de l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse.  Un rapport mondial de son bureau portant sur la protection des jeunes dans les espaces civiques montre d’ailleurs que 18% des jeunes défenseurs des droits humains font ou ont fait face à des menaces en ligne. 

Venu témoigner en tant que militant intersexué et transgenre, M. Oscar Fitzpatrick a d’ailleurs constaté de première main l’impact de la désinformation anti-LGBTQI.  Selon ses recherches, les deux principaux problèmes auxquels sont confrontés les citoyens numériques transgenres, non conformistes, non binaires et de genre différent sont la rhétorique anti-LGBTQI et la désinformation en ligne, qui affectent plus de 90% des utilisateurs.  Les comportements transphobes sont encore aggravés selon lui par les biais algorithmiques et le manque de formation. 

Pour favoriser l’intégration des femmes, nous devons en outre comprendre les différences entre les sexes en matière d’accès à la technologie, a fait valoir Mme Aïsha Mehmood, du Pakistan, fondatrice de Baithak - Challenging Taboos.  Elle a souligné, par exemple, l’importance de protéger la vie privée des filles qui doivent partager un téléphone portable avec des membres de leur famille, souvent des hommes, ou encore de privilégier les fonctionnalités hors ligne, considérant que les filles ont un accès plus limité à Internet que les garçons.  Toutefois, a-t-elle prévenu, le « voile numérique » que constituent les normes culturelles traditionnelles subsistera tant que les normes et stéréotypes sexistes continueront d’exister dans le monde physique. 

Pour que les femmes et les filles soient au centre de l’innovation technologique et que celle-ci contribue à l’amélioration de leur situation économique, « il faut que les armes se taisent » a affirmé la République démocratique du Congo à l’occasion de la reprise de la discussion générale. 

Une situation similaire à celle qui prévaut du Mali où les problèmes d’accès aux outils numériques, à Internet et à l’électricité sont exacerbés par la « destruction des installations numériques par des terroristes », ce qui réduit d’autant l’accès des femmes et des filles au numérique, selon la Ministre de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille. 

La Commission de la condition de la femme poursuivra ses travaux demain, mardi 14 mars, à partir de 10 heures. 

SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE 

Réalisation des objectifs stratégiques, mesures à prendre dans les domaines critiques et autres mesures et initiatives (E/CN.6/2023/3E/CN.6/2023/4E/CN.6/2023/5)

Thème prioritaire: innovation et évolution technologique, et éducation à l’ère du numérique aux fins de la réalisation de l’égalité des sexes et de l’autonomisation de toutes les femmes et de toutes les filles

Mme MILICA NEŽEVIĆ, de la Serbie, développeuse de tests dans une société informatique internationale, a constaté que si les innovations technologiques permettent d’accéder et de partager des informations dans le monde entier, les avantages apportés par la technologie ne sont pas à la portée de tous.  Ainsi, bien qu’elles constituent le groupe minoritaire le plus important au monde, avec plus d’un milliard de personnes, les personnes en situation de handicap continuent d’être confrontées à des barrières socioéconomiques, au manque d’accès, à la discrimination et à la stigmatisation, défis, a-t-elle noté, qui se traduisent également dans le monde technologique.  L’écart entre les sexes en matière d’accès à la technologie, combiné au risque de préjudice numérique pour les femmes et les filles handicapées, conduit selon elle à une fracture numérique exacerbée par l’intersection du genre et du handicap.  Les femmes et les filles handicapées sont aussi parmi « les plus pauvres des pauvres », d’où l’importance que la technologie contribue à leur inclusion à l’éducation et à l’emploi, et que les gouvernements contribuent à la rendre abordable et accessible à toutes.  Afin que les femmes handicapées puissent bénéficier pleinement des avantages et des opportunités que présentent les avancées technologiques, nous devons soutenir et encourager les femmes handicapées à développer leurs compétences numériques au moyen de programmes spécifiques, a plaidé Mme Nežević, y compris à l’intention des femmes des zones rurales et des pays les moins développés.  L’accessibilité numérique doit devenir une priorité des secteurs public et privé, en s’appuyant sur des changements législatifs et stratégiques, a-t-elle conclu. 

Mme HAWA YOKIE, cofondatrice et Directrice générale du Kamara Yokie Innovation Center en Sierra Leone, s’est inquiétée des défis importants pour l’égalité des sexes dans la filière de la technologie numérique, où les femmes restent sous-représentées dans de nombreux domaines de l’industrie.  Citant des chiffres de l’UNESCO, elle a indiqué que seuls 28% des chercheurs dans le domaine de l’intelligence artificielle dans le monde sont des femmes.  De plus, selon le rapport de Trust Radius « Women in Tech », les start-up dirigées par des femmes ne reçoivent que 2% des financements en capital-risque.  Ces statistiques démontrent le besoin urgent d’efforts concertés pour promouvoir l’égalité des sexes dans ce secteur, a fait observer l’intervenante, relevant que l’inégalité entre les sexes dans l’espace numérique et l’espace d’innovation est particulièrement prononcée dans les pays sous-développés, notamment en Afrique subsaharienne, où la plupart de ces défis ne sont pas documentés.  Elle a néanmoins constaté des améliorations prometteuses, notamment une augmentation du nombre de femmes poursuivant une carrière dans les domaines des STIM.  

La panéliste a exhorté à un effort collectif pour institutionnaliser l’égalité des sexes dans la « technovation » et autonomiser les filles en Afrique.  Pour ce faire, elle a recommandé d’améliorer l’accès des femmes et des filles à l’éducation et à la formation en matière de STIM grâce à des bourses, des programmes de mentorat, des stages, des clubs et des concours axés sur la technologie.  Elle a, ensuite, appelé à concevoir des programmes d’enseignement numérique qui répondent aux besoins des femmes, notamment en matière de sûreté et de sécurité en ligne, ainsi qu’au potentiel de la technologie pour l’autonomisation économique et sociale des femmes.  Ces programmes doivent être accessibles aux femmes de toutes les régions du monde, a-t-elle insisté. 

Enfin, elle a conseillé d’encourager les entrepreneuses dans le domaine de la technologie et de l’innovation en leur fournissant des fonds, un mentorat, une formation et des réseaux de collaboration et de connaissances.  Il faut s’attaquer aux obstacles systémiques qui empêchent les femmes d’accéder aux financements et aux ressources, notamment en luttant contre les préjugés sexistes dans les cercles d’investissement et de financement, a-t-elle exhorté. 

La panéliste ensuite expliqué qu’elle avait commencé, il y a trois ans, à sensibiliser les jeunes filles à la nécessité d’apprendre le codage et la robotique à l’école afin qu’elles puissent résoudre les problèmes de société.  Aujourd’hui, ses efforts ont abouti à la création du Kamara Yokie Innovation Center (KYIC), un centre de réflexion sur la conception, le codage et la robotique destiné aux filles.  « Rejoignez-moi en investissant dans des start-up et des initiatives dirigées par des femmes », a-t-elle lancé avant de conclure. 

Mme ALISON ADRIANA BERBETTY OMISTE, ingénieure système et avocate en Bolivie, qui a formé plus de 500 femmes en zones périurbaines et a eu un impact sur plus de 2 000 personnes à travers ses programmes d’inclusion numérique, a constaté que la pandémie a accru les inégalités, notamment l’écart numérique entre les sexes.  Les stéréotypes qui limitent la capacité des femmes et des filles à se développer se sont approfondis, en particulier dans les zones rurales où l’accès aux technologies est encore plus difficile, a-t-elle observé.  Si la technologie a créé de nouveaux espaces de prise de décisions, les femmes y brillent par leur absence, a regretté l’ingénieure, pour qui leur voix est pourtant essentielle dans des domaines tels que la cybersécurité, les entreprises technologiques, les cryptomonnaies, l’intelligence artificielle, les technologies appliquées à la gouvernance électronique et l’analyse de données.  Face à cette réalité, des actions citoyennes appelées « communautés technologiques » cherchent à encourager les filles et les femmes à utiliser et à appliquer la technologie en toute sécurité, a souligné l’avocate, avant d’inviter les responsables publics et privés à prendre en compte les besoins et les perspectives des filles et des femmes pour générer une production technologique qui irait de pair avec le développement social.  Dans cet esprit, elle a recommandé de concentrer les efforts sur des stratégies transversales pour appuyer le développement des compétences technologiques des personnes de tous âges, avec une attention particulière pour les femmes et les filles rurales et autochtones.  Elle a également exhorté les États à promouvoir les actions d’initiatives civiles qui travaillent pour l’inclusion des femmes, des filles et des populations vulnérables dans l’utilisation des technologies. 

M. OSCAR FITZPATRICK, activiste multidisciplinaire et consultant irlandais, a indiqué être venu témoigner en tant que militant intersexué et transgenre qui a constaté de première main l’impact de la désinformation anti-LGBTQI.  Ses propres recherches, menées à l’université d’Amsterdam, ont révélé que les deux principaux problèmes auxquels sont confrontés les citoyens numériques transgenres, non conformistes, non binaires et de genre différent sont l’exposition à la rhétorique anti-LGBTQI et à la désinformation en ligne.  Ces informations erronées peuvent provenir de diverses sources et des acteurs individuels peuvent les amplifier dans le but de répandre l’intolérance à l’égard des personnes LGBTQI.  En outre, les biais algorithmiques peuvent faire apparaître des contenus antitransgenres dans les résultats de recherche avec une préférence hiérarchique, ce qui peut conduire à radicaliser certains individus, s’est-il alarmé.  Dans le cadre de son étude, plus de 90% des utilisateurs ont déclaré qu’ils étaient directement exposés au quotidien à une rhétorique antitransgenre en ligne, allant d’attitudes transphobes à une rhétorique génocidaire.  Les personnes visées ont souvent fait état des conséquences négatives de la violence en ligne sur leur bien-être, a-t-il souligné estimant qu’il n’est donc pas étonnant que les jeunes transgenres, non conformistes, non binaires ou de genre différent soient presque huit fois plus susceptibles de s’automutiler ou de se suicider.  Il a déploré le manque d’action significative pour soutenir le bien-être des jeunes utilisateurs vulnérables sur les plateformes de médias sociaux, relevant en outre que les politiques des plateformes en matière de modération humaine et algorithmique manquent de formation sur les données relatives à la violence transphobe. 

Pour lutter contre les discours de haine, l’activiste a indiqué que les systèmes de surveillance et de modération doivent être conçus pour repérer la rhétorique antitransgenre dans toutes ses complexités linguistiques.  Des stratégies telles que les législations allemande et française sur les discours de haine exigent la suppression des discours de haine dans les 24 heures suivant la réception d’une plainte, a-t-il rappelé, et la France a également mis en place une plateforme nationale de signalement des discours de haine afin de rendre le processus de signalement clair pour les utilisateurs.  Il a également cité le code de conduite de l’Union européenne (UE) sur la lutte contre les discours de haine en ligne qui encourage les plateformes et les entreprises à retirer ces discours de leurs plateformes après avoir reçu des plaintes.  L’éducation à la citoyenneté numérique est un autre facteur déterminant pour permettre aux jeunes transgenres, non conformistes, non binaires et de genre différent d’acquérir les connaissances et les outils nécessaires pour naviguer dans la sphère numérique en toute sécurité et de manière responsable.  Elle devrait devenir un principe de base de l’éducation civique, a souhaité M. Fitzpatrick.

Mme AÏSHA MEHMOOD, fondatrice de Baithak - Challenging Taboos au Pakistan, a attiré l’attention sur la situation des filles et des femmes rurales, alertant que lorsqu’on ne figure pas sur les radars des espaces numériques, on n’existe malheureusement pas dans le monde d’aujourd’hui car on ne peut pas avoir accès aux opportunités et aux ressources.  Or, les filles et les femmes des communautés marginalisées représentent le groupe le plus absent des espaces numériques, a-t-elle fait remarquer.  Elle a constaté un besoin énorme d’investissements dans des politiques et des solutions permettant de localiser la technologie et de la rendre disponible dans des langues que les gens comprennent, tout en tirant parti de l’audio et du visuel pour les utilisateurs ayant un faible niveau d’alphabétisation.  Elle a également appelé à tirer les enseignements de la pandémie en matière d’espace technologique inclusif, en pensant de manière à la fois simple, innovante et transformatrice. 

Pour mettre au point des solutions techniques favorisant l’intégration des femmes, il faut comprendre les différences entre les sexes en matière d’accès à la technologie et aux produits numériques, de niveaux de culture numérique et de besoins liés au genre, a-t-elle indiqué.  Par exemple, a-t-elle détaillé, les filles sont plus susceptibles de partager un téléphone potable avec des membres de leur famille, en particulier les hommes, d’où l’importance d’assurer la protection de la vie privée de l’utilisateur.  En outre, les filles ont un accès plus limité à Internet que les garçons, de sorte que les fonctionnalités hors ligne peuvent mieux servir les populations féminines.  La panéliste a également évoqué une étude menée par un chercheur de la London School of Economics qui a utilisé le terme « purdah numérique » (voile numérique), pour désigner les femmes pakistanaises dont la participation à la sphère numérique est dictée par des normes sociales traditionnelles.  Cet exemple nous apprend que les espaces numériques resteront inexistants et inaccessibles aux femmes et aux filles tant que les espaces hors ligne resteront dangereux pour elles et tant que les normes et stéréotypes sexistes toxiques existeront dans les espaces physiques.

Mme MARIJA VASILEVA-BLAZEV, Conseillère spéciale de l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, a estimé que les nouvelles technologies doivent être développées en tenant compte des droits humains, et notamment des droits des filles et des femmes.  Certaines catégories de femmes, en particulier celles en situation de handicap, continuent de faire face à des obstacles structurels et à des atteintes à leur vie privée.  Nous ne parviendrons pas à surmonter ces obstacles si nous n’incluons pas les jeunes dans la recherche de solutions, a-t-elle prévenu.  Le nombre de femmes qui œuvrent à développer les technologies et l’intelligence artificielle demeure en effet très faible, a déploré la panéliste.  Pendant ce temps, les menaces en ligne sont omniprésentes, surtout pour celles qui font valoir leurs droits en tant que membres de la communauté LGBTIQ.  Un rapport mondial de son bureau sur la protection des jeunes dans les espaces civiques montre que 18% des jeunes défenseurs des droits humains disent faire face ou avoir subi des menaces en ligne, a-t-elle noté, en demandant la mise en place de mesures de protection adéquates. 

La participation des femmes et des jeunes est en outre insuffisante, une situation qui doit changer pour qu’advienne la « justice numérique », a-t-elle poursuivi.  Pour ce faire, la participation des secteurs public et privé ainsi que de la société civile est à ses yeux essentielle.  Elle a souligné que le pacte numérique mondial doit être mis en œuvre avec la participation de l’ensemble des parties prenantes, y compris les jeunes et les femmes.  L’Assemblée générale a en outre approuvé la création d’un bureau pour les jeunes dont le mandat principal est de se pencher sur l’innovation, l’inclusion et l’engagement effectif des jeunes, a-t-elle ajouté.  Son bureau s’efforce par ailleurs d’améliorer la protection de la participation des jeunes en ligne, avec la collaboration de l’Union internationale des télécommunications (UIT) et de la Représentante spéciale chargée de la question de la violence contre les enfants. 

M. LUIS JUAN CHUQUIHUARA CHIL, Président de la Commission de la science et de la technique au service du développement (CSTD), a relevé que la période actuelle est marquée par des avancées rapides dans le domaine des STIM. Hélas, les femmes sont sous-représentées dans ces secteurs, le ratio étant d’une femme pour quatre hommes, a-t-il constaté, y voyant un problème de l’ensemble de la société, qui s’accompagne de discriminations de genre, de salaires moins élevés et de promotions moindres pour les femmes.  Appelant à appuyer les femmes et les filles tout au long de la chaîne éducative et à créer une culture qui apprécie leur contribution à sa juste valeur, il a indiqué que la commission qu’il préside s’emploie à renforcer les capacités en matière de STIM pour atteindre l’ODD 5.  Pour combler le fossé entre hommes et femmes dans ce domaine, il faut selon lui mener des changements profonds, surmonter les stéréotypes et faire en sorte que plus de femmes et de filles suivent des carrières dans les sciences.  Il est donc essentiel de promouvoir des pratiques innovantes qui permettent aux femmes et aux filles de développer leur potentiel dans les STIM, a-t-il préconisé.

Dialogue interactif

Au cours des échanges qui ont suivi, de nombreuses délégations se sont félicitées de cette discussion sans précédent avec les jeunes et de l’« occasion unique » qui leur est offerte de contribuer au cadre normatif mondial sur l’égalité des sexes, la technologie, l’innovation et l’éducation à l’ère numérique. 

La plupart des intervenants ont attiré l’attention sur les crises multiples qui se sont juxtaposées et ont amplifié le « rythme inégal » de la transformation numérique au sein et entre les pays, tout en augmentant les obstacles structurels et systémiques pour les femmes et les filles.  Dans le monde entier, les femmes et les jeunes filles ont moins de chances que les hommes d’être connectées de manière significative à un niveau qui leur permette de vivre une expérience en ligne sûre, satisfaisante et productive à un coût abordable, a constaté la Vice-Présidente de la Commission, Mme Chimguundari Navaan-Yunden. 

Mais la réalité est plus criante lorsqu’il s’agit des pays en développement, a fait remarquer l’Érythrée qui a alerté que le fossé numérique entre les sexes risque de s’y creuser davantage.  De fait, a fait savoir la Vice-Présidente, même si 76% de la population vivant dans les pays les moins avancés est couverte par un signal mobile à haut débit, seuls 25% sont en ligne, les hommes ayant 52% plus de chances de l’être que les femmes. 

Il s’agit purement et simplement d’une forme de discrimination intersectionnelle, a dénoncé le Mexique, appuyé par le Liban qui a appelé, en outre, à combler le fossé numérique entre zone rurale et urbaine.  « Il faut rendre ces populations visibles », a renchéri la maire autochtone d’une localité rurale au Chili

Les États et gouvernements doivent prendre des initiatives car ils sont les mieux à même de connaître les besoins spécifiques des différentes régions de leur territoire, a fait valoir l’ingénieure système et avocate en Bolivie, tandis que la Directrice générale du Kamara Yokie Innovation Center en Sierra Leone a appelé à renforcer les financements dans les infrastructures technologiques pour favoriser un accès abordable.  Constatant que les solutions qui existent bénéficient en général aux personnes d’un niveau économique élevé, la fondatrice de Baithak - Challenging Taboos au Pakistan a appelé à inclure les femmes dans les programmes, la planification et la conception des solutions. 

À son tour, la Guinée équatoriale a voulu partager ce que qu’elle fait pour réduire certaines de ces préoccupations, évoquant en particulier un programme dont l’objectif est de proposer des outils numériques pour permettre aux filles de diverses sphères d’identifier les problèmes dans leur communauté et d’élaborer des solutions.  Les États fédérés de Micronésie ont, pour leur part, mis en place des plateformes qui sont devenues des espaces d’échanges pour dialoguer sur de nombreuses problématiques, telles que les changements climatiques, ou encore de sujets tabous comme la menstruation.  L’Arabie saoudite a évoqué divers programmes visant à préparer les jeunes au marché du travail à travers les compétences numériques. 

Lors de ce dialogue, il s’est aussi agi d’examiner les mesures à mettre en place pour aborder et suivre les risques sexospécifiques des technologies émergentes, y compris la protection de la vie privée et des données, et pour améliorer les systèmes de transparence et de responsabilité afin que les garanties nécessaires soient en place pour protéger les jeunes femmes et les filles de la discrimination et de la violence. 

S’appuyant sur les résultats d’une enquête menée entre juillet et septembre 2022, l’Équateur a notamment signalé que 334 femmes politiques, dirigeantes ou œuvrant dans le domaine social, ont été victimes de harcèlement politique orchestré, l’objectif étant de « sortir ces femmes » de ces espaces.  C’est un coup dur porté à la démocratie, a déploré la délégation. 

Il faut aussi se pencher sur la conception des algorithmes, a conseillé une déléguée de la jeunesse des Pays-Bas.  Une mesure également défendue par l’activiste multidisciplinaire et consultant irlandais, pour qui il est essentiel d’agir avec plus d’engagement, notamment à l’égard des communautés LGBTQI qui sont prises pour cible en raison de leur identité.  Quels investissements peut-on recommander pour s’assurer que les jeunes femmes et les filles ne sont pas laissées pour compte dans la transformation numérique, se sont interrogés d’autres intervenants, à l’instar de la République-Unie de Tanzanie

Si nous voulons parler d’inclusion, il faut déjà permettre à tous de prendre part à cette session, et pourquoi ne pas l’organiser dans les pays du Sud, a critiqué une jeune activiste du Kenya qui intervenait en visioconférence, car n’ayant pas obtenu son visa pour prendre part aux travaux en personne.  Un point sur lequel se sont également accordées les délégations de la jeunesse du Japon et de la Norvège qui ont regretté que beaucoup de jeunes n’ont pas pu faire entendre leur voix aujourd’hui en raison du manque de moyens financiers ou de visas. 

Questions nouvelles, tendances, domaines d’intervention et approches novatrices des questions ayant une incidence sur la situation des femmes, notamment sur l’égalité entre femmes et hommes

Prise en compte des questions de genre, situations et questions intéressant les programmes (E/CN.6/2023/2E/CN.6/2023/7E/CN.6/2023/10)

Suite de la discussion générale

Mme WADIDIE FOUNÈ COULIBALY, Ministre de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille du Mali, a indiqué qu’un ministère coordonne l’action du Gouvernement dans le domaine du numérique dans le cadre de la politique nationale et du plan stratégique national des technologies de l’information et de la communication, avec l’aide de différents partenaires.  Elle a fait état de la mise en œuvre de projets en vue de parvenir à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes et des filles, en particulier le projet « acheter auprès des femmes », système d’information qui s’adresse aux agricultrices; le Centre d’accès universel, qui forme et finance de l’équipement informatique à l’intention des femmes; de même que le Fonds d’appui à l’autonomisation de la femme et l’épanouissement de l’enfant, qui finance des activités de formation aux technologies de l’information.  Toutefois, a reconnu la Ministre, le Mali continue d’être confronté à des défis en termes d’accès aux outils numériques, à Internet et à l’énergie.  La situation sécuritaire entraîne également la destruction des installations numériques par des terroristes, ce qui réduit l’accès des femmes et des filles au numérique. 

Mme OGERTA MANASTIRLIU, Ministre de la santé et de la protection sociale de l’Albanie, a déclaré que plus de 60% des membres du Parlement albanais sont des femmes et qu’elles occupent aujourd’hui de nombreux postes de direction de haut niveau.  À cet égard, l’innovation et la technologie sont des priorités de son pays, comme le démontrent les investissements réalisés par le Gouvernement dans la transition numérique des services publics, qui placent l’Albanie au huitième rang européen.  Une plateforme numérique permet aux citoyens d’accéder aux services publics, ce qui a pour effet d’accroître l’accès aux services de développement et un meilleur accès des femmes vulnérables et victimes de violence aux ressources à leur intention.  « La technologie est un catalyseur du développement », a poursuivi la Ministre, en ajoutant que l’inclusion d’une perspective fait partie d’une politique stratégique visant l’intégration des femmes et des filles dans toute leur diversité, notamment en ce qui concerne les formations STIM. L’Albanie a récemment tenu des consultations avec ONU-Femmes et ses voisins des Balkans afin de promouvoir l’emploi des femmes dans les domaines technique et scientifique, a fait savoir la Ministre.

Mme AMINA PRISCILLE LONGOH, Ministre du genre et de la solidarité nationale, a informé que son pays a entamé l’exécution de son plan d’action national de mise en œuvre de la résolution 1325 (2000), notamment le pilier relatif à l’amélioration des connaissances et de l’accès des femmes et des filles aux technologies de l’information et de la communication.  La Ministre a également parlé d’un plan national de maillage national en fibres optiques, en cours d’exécution afin d’améliorer la participation des populations aux TIC.  Au niveau opérationnel, elle a évoqué la baisse de 50% des tarifs d’accès à Internet par réseau mobile ainsi que la défiscalisation des matériaux numériques.  Bien que n’ayant pas encore ratifié la Convention de Budapest, son gouvernement a, d’ores et déjà, créé une agence nationale de sécurité informatique et de certification électronique pour lutter contre la cybercriminalité.

Mme GISELE LUSEBA NDAYA, Ministre du genre et de la famille de la République démocratique du Congo, a mentionné le Programme d’appui au développement des micro, petites et moyennes entreprises, dont un volet important est consacré à la numérisation des textes de lois en faveur des femmes.  Elle s’est dite profondément convaincue que le numérique contribuera à l’amélioration de la performance économique des femmes et à l’augmentation de la lutte contre la pauvreté.  « Il s’agit d’une véritable chance. »  Cependant, pour faire en sorte que les femmes et les filles soient au centre du changement dans l’innovation technologique et que l’économie numérique inclusive soit réalisée en RDC, nous demandons la paix, a-t-elle déclaré.  « Il faut que les armes se taisent en RDC, les femmes de mon pays ont besoin de votre soutien et action dans ce plaidoyer », a-t-elle conclu, en appelant à des investissements dans l’infrastructure numérique pour combler le clivage entre les sexes. 

Mme MARIA DA CONCEIÇÃO DA SILVA ÉVORA, Ministre de la femme, de la famille et de la solidarité sociale de la Guinée-Bissau, a rappelé que l’égalité entre citoyens est consacrée par la Constitution de son pays.  Une loi en 2018 prévoit un quota de 36% de femmes pour les postes à responsabilité.  Elle a mentionné la prochaine adoption d’un plan pour l’autonomisation des femmes s’appuyant sur le Programme 2030.  Elle a insisté sur la gravité des changements climatiques, en appelant à une pleine participation des femmes aux efforts visant à y remédier.  Bien que la Guinée-Bissau ait rejoint plusieurs instruments internationaux de promotion de l’égalité des genres, les violences contre les femmes perdurent, y compris les mutilations génitales, a-t-elle reconnu, en soulignant la volonté politique de son pays d’y remédier.

Mme SAVIA MINT N’TAHAH, Ministre de l’action sociale de la Mauritanie, a évoqué les progrès réalisés en termes de statut de la femme, de renforcement de sa participation politique et de son accès aux centres de prise de décisions ou encore de proximité des services de base pour les femmes et filles les plus vulnérables.  Afin de promouvoir leur accès à ces services, une série de programmes de développement ont été mis en place.  Ils portent notamment sur la distribution de crédits destinés à financer les activités génératrices de revenu pour les femmes en situation précaire, la sensibilisation familiale et pour le changement des stéréotypes, ou encore des formations professionnelles, a indiqué la Ministre.  Par ailleurs, un projet de loi-cadre a été mis en place pour lutter contre la violence faite aux femmes et aux filles, et ce texte doit être soumis au parlement sous peu, a précisé la Ministre.  Elle a également parlé de l’inauguration d’une chaîne de télévision dédiée à la famille et de la Banque de la famille.  Quant à l’accès des Mauritaniennes aux centres de prise de décisions, elle a expliqué qu’elles représentent 6 ministres sur un total de 27, 20% de parlementaires, ou encore 42% des conseillers régionaux, soit 99 femmes.  En dernier lieu, la Ministre a annoncé la création d’un ministère de la numérisation qui contribuera grandement à faciliter l’accès des femmes aux technologies. 

Mme AICHA NANETTE CONTE, Ministre de la promotion féminine, de l’enfance et des personnes vulnérables de Guinée, a reconnu que l’accès limité à la technologie et à Internet pour les femmes et les filles est l’un des défis clefs de son pays.  Elle a ainsi relevé que, selon les données de l’Union internationale des télécommunications (UIT), seulement 33% des femmes en Guinée ont accès à Internet, ce qui signifie qu’un grand nombre d’entre elles ne peuvent suivre une formation ou accéder à des informations en ligne.  En termes d’accès à la technologie, les femmes continuent également à être sous-représentées dans les domaines comme l’ingénierie et les métiers techniques en Guinée, a-t-elle indiqué, précisant que les jeunes filles représentaient 32% de l’effectif total des étudiants en technologies de l’information et de la communication (TIC) lors de l’année universitaire 2021-2022.  Sur la même période, les femmes ne représentaient que 8,4% des enseignants-chercheurs spécialisées dans le domaine des sciences informatiques, a déploré la Ministre, avant d’énumérer une série de mesures d’incitation destinées à attirer les filles vers les filières techniques et les TIC.  En dépit de ces efforts, l’accès des femmes et des filles aux TIC reste très limité, tant sur le plan formel qu’informel, et surtout en zone rurale, a-t-elle admis, imputant cet échec à l’absence de stratégies de sensibilisation et d’élimination des stéréotypes de genre, ainsi qu’à la faible promotion de modèles féminins et à l’inexistence de politique de formation des formateurs.  Pour y remédier, le Gouvernement de transition guinéen entend soutenir la scolarisation des filles et promouvoir leur orientation vers les filières scientifiques et techniques; élaborer une politique nationale de l’innovation; proposer des programmes de formation pour faciliter l’accès et l’apprentissage des élèves et étudiantes à travers des espaces numériques de travail; mettre à disposition 19 000 tablettes pour l’apprentissage des élèves; former annuellement 200 filles et femmes aux outils informatiques; sensibiliser les femmes et filles aux risques liés à la cybercriminalité et former des groupes de femmes à l’utilisation des TIC dans le développement de leurs activités.

Mme SOFIA LOREUS, Ministre à la condition féminine et aux droits des femmes d’Haïti, a indiqué que son gouvernement a déployé des efforts constants pour mettre en œuvre des programmes traduisant de manière concrète les résolutions du Plan d’action de Beijing de 1995.  Le phénomène des filles mères prend de l’ampleur, tandis que les médias de communication de masse continuent de véhiculer des images dévalorisantes des femmes.  « Il s’agit de questions préoccupantes pour mon pays et il convient d’en donner une réponse urgente et adéquate. »  Elle a plaidé pour de nouvelles stratégies plus prometteuses pour que les questions d’inégalités de genre soient traitées de manière substantielle et qu’elles soient un axe prioritaire dans les grandes décisions nationales et mondiales.  L’État haïtien demeure convaincu que l’égalité entre les femmes et les hommes représente un pilier fondamental sur lequel repose la réalisation d’un État démocratique, les ressources demeurant un facteur essentiel pour l’atteinte de résultats durables en la matière, a conclu la Ministre. 

Mme TEKEA TESFAMICAEL, Présidente de l’Union nationale des femmes érythréennes, a souligné que le développement ne peut se réaliser sans la pleine participation des femmes et des filles et que cela passe par leur accès aux nouvelles technologies et à Internet, mais également aux programmes éducatifs.  Alors que l’Érythrée cherche à utiliser ces technologies pour améliorer l’éducation des femmes et des filles, la représentante a reconnu que des défis importants restent à relever, en particulier en termes de coût des équipements.  Elle a dénoncé l’importance de la fracture numérique entre les pays développés et en développement, ainsi que les inégalités que cela suscite au sein même des sociétés, appelant à créer des structures de pouvoir pour lutter contre ces inégalités entre le Nord et le Sud global.  À ce titre, elle a mis l’accent sur l’importance des transferts de technologies vers les pays en développement et sur l’expansion de projets comme les bibliothèques. 

Mme BETTY AMONGI ONGOM, Ministre du genre, du travail et du développement social de l’Ouganda, a déploré que les femmes soient actuellement 18% moins susceptibles que les hommes de posséder un smartphone, ce qui a notamment un impact sur leur utilisation des services d’argent mobile.  Faute de tels avantages, les femmes et les filles risquent d’être exclues non seulement des services numériques mais aussi des services de base en ligne, a-t-elle argué, précisant que cette situation n’épargne pas son pays.  L’Ouganda est en effet aux prises avec un faible accès au réseau, en particulier en zones rurales, un coût élevé de la connexion, une utilisation d’Internet qui ne concerne que 3,7% des hommes et 1% des femmes, un accès limité aux technologies d’enseignement en ligne et aux téléphones portables, et par voie de conséquence, un accès limité aux informations et aux services d’argent mobile.  Pour changer cet état de fait, a-t-elle indiqué, le Gouvernement ougandais prévoit, au cours des cinq prochaines années, d’étendre la couverture des TIC pour soutenir la prestation de services électroniques; de réduire les coûts d’Internet; et de développer une infrastructure TIC sensible au genre.  Elle a également cité le soutien à l’innovation basée sur les connaissances autochtones en médecine et les technologies appropriées à l’agriculture; la promotion de l’utilisation des plateformes numériques dans les affaires, le marketing et le commerce; et la lutte contre la cyberviolence et l’exploitation économique des femmes et des filles.  L’Ouganda est conscient que pour combler les lacunes en matière d’innovation, de changement technologique et d’éducation, il convient de promouvoir l’autonomisation économique des femmes en mettant l’accent sur l’accès au crédit et à la numérisation du commerce, a souligné la Ministre.  Il importe aussi selon elle d’améliorer les infrastructures dans le domaine des STIM et de promouvoir la planification et la budgétisation en matière de genre pour garantir que les femmes et les filles bénéficient équitablement des programmes financés par le budget national.  Enfin, a-t-elle plaidé, il faut accroître l’engagement des hommes dans la poursuite de l’égalité des sexes, y compris dans toutes les interventions visant à lutter contre la violence basée sur le genre.

Mme MYRIAM OEHRI (Liechtenstein) a relevé que la fracture numérique est le reflet des inégalités dans le monde, les habitants des pays en développement et des zones rurales ayant un accès plus limité aux technologies.  Les femmes et les filles sont, selon elle, confrontées à des obstacles particuliers en termes d’accès sûr aux compétences numériques, à la protection des données et à la confidentialité.  Afin d’assurer un environnement numérique sûr et accessible, l’égalité d’accès à la justice est un élément clef, a fait valoir la représentante.  Le Liechtenstein a lancé un laboratoire interactif STIM afin d’aider les enfants, et en particulier les filles, à approfondir leurs connaissances dans ce domaine.  La déléguée s’est ensuite inquiétée des atteintes aux droits des filles et des femmes à l’éducation, à l’emploi et aux espaces publics depuis la prise de contrôle de l’Afghanistan par les Taliban en 2021.  Elle a condamné le « meurtre » de Mahsa Amini et des participants à des manifestations pacifiques pour les droits des femmes en Iran, estimant qu’en expulsant ce pays de la Commission, la communauté internationale avait clairement indiqué qu’un tel comportement est intolérable.

M. KIM SONG (République populaire démocratique de Corée) a souligné les initiatives axées sur les personnes prises par son gouvernement afin d’assurer les droits et le bien-être des femmes.  Selon lui, les femmes exercent « en toute confiance » leurs droits politiques accordés par la Constitution socialiste et la loi sur la protection et la promotion des droits de la femme.  Les femmes sont ainsi impliquées dans des activités professionnelles « fières et valorisantes » tout en bénéficiant des avantages sociaux de l’État dans tous les domaines de la vie sociale, a assuré le délégué.  Il a vu pour preuve l’augmentation constante du nombre de travailleuses inscrites au système de téléenseignement dans les universités, ainsi que la modernisation des maternités dans chaque province.  « Il n’existe nulle part des femmes aussi heureuses que celles de notre pays qui jouissent pleinement de leur dignité et de leurs droits en tant qu’êtres humains sociaux grâce aux politiques du système socialiste supérieur », a affirmé le représentant.

M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a indiqué que malgré l’avancement des technologies qui a permis de faire évoluer les perceptions négatives vis-à-vis des femmes et des filles, se posent, dans le même temps, un certain nombre de défis.  Il a préconisé d’accroître l’accès des femmes et des filles à la technologie et de combler les lacunes afin d’en promouvoir un usage avisé.  Poursuivant, il est revenu sur le tremblement de terre qui a frappé son pays en février dernier, lequel a exacerbé les effets négatifs de 10 ans de guerre contre le terrorisme, l’occupation étrangère ainsi que les mesures coercitives unilatérales.  Ces mesures et évènements représentent une difficulté supplémentaire pour son gouvernement, notamment s’agissant de l’autonomisation des femmes, a-t-il déploré.

M. THI MINHTHOA, Directeur général du Département de l’égalité entre les hommes et les femmes du Viet Nam, a mentionné l’adoption par son pays d’un programme national de transformation numérique allant jusqu’en 2025, avec une vision à l’horizon 2030.  Le Viet Nam a également proclamé, l’année dernière, la Journée nationale de la transformation numérique, observée le 10 octobre, pour montrer sa détermination à accélérer son processus de numérisation, a ajouté l’intervenant.  D’ores et déjà, s’est-il félicité, les efforts déployés par son pays au fil des ans ont porté leurs fruits, citant le Rapport 2022 sur l’écart entre les sexes dans le monde, qui classe le Viet Nam quatre-vingt-troisième sur 146 pays et trente et unième dans l’indice de participation des femmes aux activités économiques.  Le taux de participation des femmes à la population active au Viet Nam est actuellement de 62,5%, a-t-il informé, un taux assez élevé par rapport à la moyenne mondiale, a-t-il soutenu.  De plus, a ajouté l’intervenant, la technologie numérique est désormais bien implantée dans toutes les industries, l’agriculture et les services.  Par conséquent, les entreprises, en particulier celles dirigées par des femmes, bénéficient de nombreuses conditions favorables à une numérisation rapide, a-t-il conclu. 

Mme LACHEZARA STOEVA (Bulgarie) a prôné une intégration de la perspective de genre dans les mesures législatives et politiques afin que les femmes puissent participer pleinement et de manière significative aux processus décisionnels en ligne et hors ligne.  En Bulgarie, la Stratégie nationale pour la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes est le principal document d’appui aux politiques de participation égale des femmes et des hommes à tous les domaines.  Des efforts sont également déployés pour promouvoir l’enseignement des STIM auprès des filles et des femmes.  La Bulgarie se classe d’ailleurs au premier rang de l’Union européenne pour la proportion de femmes employées dans les technologies de l’information, soit 28,2%, a-t-elle noté, et la moitié de ses scientifiques, ingénieurs et chercheurs sont des femmes.  Alors que le secteur des technologies de l’information représente à lui seul 6,6% du PIB de la Bulgarie, il est prévu qu’il atteigne plus de 11% du PIB d’ici à la fin de l’année prochaine.  La représentante s’est dite animée d’un sentiment d’urgence pour que s’accélèrent les efforts au niveau national afin qu’ils aillent de pair avec le développement des technologies, notamment en ce qui concerne l’éducation.

M. KYAW MOE TUN (Myanmar) a déploré que tous les progrès réalisés au cours de la décennie écoulée dans son pays ont été réduits à néant par le coup d’État militaire illégal de février 2021.  Depuis, la junte militaire a brutalement tué plus de 3 120 personnes, dont plus de 440 femmes.  Plus de 145 personnes ont été tuées lors d’interrogatoires et plus de 840 personnes ont été tuées en détention, a-t-il détaillé.  Le diplomate a décrit des attaques systématiques, généralisées et coordonnées de la junte militaire contre les populations civiles, y compris les femmes et les jeunes filles.  La nature et l’ampleur de ces actions inhumaines constituent des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre, a-t-il affirmé. 

Le représentant a ensuite indiqué que des femmes défenseuses des droits humains du Myanmar ont pris la parole lors de plusieurs événements parallèles de la Commission de la condition de la femme la semaine dernière.  Des appels forts et urgents ont été lancés à la communauté internationale pour qu’elle prenne des mesures décisives contre la junte militaire et qu’elle apporte un soutien efficace aux groupes vulnérables, a-t-il dit. 

Mme ISALEAN PHILLIP, Ministre des affaires de genre de Saint-Kitts-et-Nevis, a souligné les progrès réalisés par son pays dans le domaine des TIC, faisant notamment état d’un accès à Internet généralisé et gratuit dans les centres communautaires polyvalents.  Elle a également indiqué que le développement du haut débit progresse partout dans le pays et que 80% des logements ont désormais leur propre connexion.  Reconnaissant que la pandémie a mis à l’épreuve l’accessibilité des services numériques pour les groupes les plus vulnérables, elle a indiqué que le Gouvernement de Saint-Kitts-et-Nevis s’est engagé à élargir les connexions à toutes les écoles publiques et à fournir des tablettes à tous les élèves jusqu’au niveau secondaire.  Grâce aux efforts de sensibilisation, la proportion de femmes ayant des compétences dans le domaine des STIM a augmenté et davantage de filles que de garçons sortent du lycée avec cette spécialité, s’est enorgueillie la Ministre.  Mais si le Gouvernement s’emploie à autonomiser les femmes et les filles en mettant l’accent sur leur sous-représentation dans les STIM et en augmentant leur espace de représentativité, il dispose des capacités limitées d’un PEID de 50 000 habitants, a-t-elle fait observer, appelant à plus de solidarité avec les pays en développement pour les aider à tirer parti des technologies numériques.

Mme DÚNIA ELOISA PIRES DO CANTO (Cabo Verde) a mentionné le lancement dans son pays de l’initiative « Internet comme bien essentiel » visant à garantir le plus large accès possible à la toile.  L’initiation aux nouvelles technologies est également devenue un module obligatoire dans les écoles primaires.  Ces technologies sont un allié de choix dans la lutte contre les violences en fonction du genre, a dit la déléguée, en mentionnant le renforcement des services concourant à cette lutte.  Enfin, elle a appelé à l’adoption de cadres juridiques clairs afin de réguler ces nouvelles technologies et de concilier liberté d’expression et lutte contre les discours haineux. 

M. LJUBOMIR DANAILOV FRCHKOSKI (Macédoine du Nord) a concédé que malgré les progrès réalisés dans l’harmonisation des cadres avec la Convention d’Istanbul, il reste encore des lacunes à combler, notamment en termes de lutte contre la violence faite aux femmes et de l’application du code pénal en la matière.  Il a appelé à adopter des lois pour combattre le harcèlement en ligne et amender les protocoles pour mener systématiquement des enquêtes en cas de plaintes déposées par des femmes, même si elles sont retirées plus tard, a-t-il estimé.  En outre, il a encouragé la création d’unités spéciales pour protéger les femmes au sein de la police et de la justice.  Il faut également disposer de statistiques ventilées et financer des études sur les différentes formes de violences faites aux femmes, a ajouté le représentant.

M. DIEGO PARY RODRÍGUEZ (Bolivie) a constaté que le manque d’accès des femmes à Internet, sur un pied d’égalité avec les hommes, non seulement creuse l’écart entre les sexes mais entrave également leur développement personnel et le développement des sociétés.  Pour des raisons liées aux infrastructures de connectivité ou aux conditions socioéconomiques, les femmes sont moins susceptibles de bénéficier de services numériques et cette situation est particulièrement marquée pour les femmes autochtones et les femmes vivant en zones rurales, a-t-il relevé.  Le représentant a ensuite noté que ces nouvelles technologies peuvent aussi représenter un risque pour les femmes, en raison de la violence croissante et du harcèlement perpétrés en ligne par des utilisateurs souvent anonymes.  Face à ces menaces, a-t-il dit, la Bolivie considère important d’informer sur les questions de cybersécurité, afin que les femmes et les adolescentes soient en mesure de se protéger et d’appliquer des mécanismes de prévention.  Il a par ailleurs rappelé que, lors de la dernière session de l’Assemblée générale, son pays a proposé la création d’une « décennie de la dépatriarcalisation » afin de lutter contre la violence faite aux femmes et aux filles.  Sur le plan national, a-t-il poursuivi, un diagnostic des lacunes numériques a été préparé en mettant l’accent sur les questions de genre et la pleine participation des femmes et des filles aux nouvelles technologies.  En outre, pour lutter contre les formes de violence à l’égard des femmes et des filles, différentes mesures ont été mises en œuvre, telles que le lancement d’une stratégie de prévention pour le contrôle et l’utilisation responsable des plateformes numériques, a encore indiqué le délégué. 

M. TAREK LADEB (Tunisie) a indiqué que, en ligne comme hors ligne, les droits acquis des femmes sont une priorité de son pays, comme l’illustre leur évolution depuis l’indépendance.  Il a ajouté que la Tunisie s’est associée à tous les instruments internationaux en la matière et participe aux efforts menés collectivement pour les femmes et les filles, à l’instar de sa participation au Comité spécial sur l’innovation en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes.  La Tunisie a également lancé un plan d’action 2021-2026 qui ambitionne de combler le fossé numérique entre les sexes en permettant l’accès généralisé des femmes aux TIC, a-t-il précisé, avant de rappeler que son pays a organisé la dix-huitième réunion de la Francophonie sur les technologies numériques.  Soucieux de progresser vers la réalisation de l’ODD 5, le Gouvernement tunisien travaille à ces questions sous l’angle de la formation, de la protection juridique et de l’appui aux activités sociales et politiques, a expliqué le représentant.  Le Gouvernement s’engage en particulier à aider les femmes et les filles à acquérir des connaissances et des compétences dans le domaine des STIM, a-t-il poursuivi, faisant observer que 66% des étudiants, plus de 50% de ceux qui acquièrent un doctorat et 66% des personnes travaillant dans le secteur technologique en Tunisie, sont des femmes.

Mme ALYSON CALEM-SANGIORGIO (Monaco) a déclaré que les femmes sont malheureusement plus exposées au harcèlement en ligne et à la cyberintimidation.  À Monaco, une loi de 2021 tend à protéger les jeunes filles contre le cyberharcèlement, particulièrement en milieu scolaire et sanctionne tous les participants à ce type de harcèlement et ce, même s’ils n’ont fait que quelques mails, tweets, ou messages sur les forums ou réseaux sociaux.  Cette loi sanctionne également le contenu sexuellement explicite publiquement partagé en ligne sans le consentement de la personne visée, dans le but d’en faire une forme de vengeance, a-t-elle poursuivi.  « La sensibilisation à ce problème devient essentielle. »  Elle a enfin appelé à traiter les causes profondes de la violence en ligne, telles que les stéréotypes et le sexisme, et à promouvoir le respect et l’empathie en ligne. 

M. CORNEL FERUȚĂ (Roumanie) a indiqué que la Roumanie a récemment adopté un nouveau cadre juridique et une stratégie nationale de prévention et de lutte contre la violence sexuelle pour la période 2021-2030.  Des efforts considérables ont également été entrepris pour lutter de façon proactive contre la traite des êtres humains, y compris les crimes commis en ligne.  Le Gouvernement a par ailleurs augmenté ses capacités nationales afin de faire face à l’afflux de 3,6 millions d’Ukrainiens qui ont fui la guerre, en grande majorité des femmes et des enfants qui sont particulièrement vulnérables à la traite.  Un plan national de protection et d’inclusion des réfugiés ukrainiens a été mis en place avec la collaboration d’instances régionales et internationales telles que les Nations Unies, une première en son genre au sein de l’Union européenne, a expliqué le représentant.  En outre, la Roumanie soutient la législation contre les abus en ligne qui sanctionne la cyberviolence et fait en sorte que les auteurs soient tenus pour responsables.  Pour éviter que la technologie perpétue le sexisme, les stéréotypes de genre et la cyberviolence, l’Agence nationale pour l’égalité des chances pour les femmes et les hommes assure une coordination de tous les ministères afin d’intégrer une perspective de genre dans l’ensemble des politiques et programmes du pays.

M. SAMUEL ISA CHALA (Éthiopie) a estimé que malgré les avancées rendues possibles par la technologie numérique, le manque de connectivité et la profonde fracture numérique au sein des pays et entre les pays ont empêché les femmes et les filles de tirer pleinement parti de l’innovation et des changements technologiques.  La technologie présente également des risques pour les femmes et les filles qui y ont accès, qu’il s’agisse de harcèlement en ligne, de la publication d’informations personnelles ou de discours haineux.  Afin que la technologie appuie nos efforts de lutte contre les normes discriminatoires, elle doit répondre aux besoins des femmes et des filles les plus vulnérables, a-t-il argué, citant notamment les femmes rurales, les handicapées, les migrantes et les femmes âgées.  Le plan de développement de l’Éthiopie reconnaît le renforcement des capacités technologiques, l’économie numérique et l’inclusion sociale en tant que piliers essentiels.  De plus, le Gouvernement s’efforce d’élargir l’accès numérique aux marchés et aux services de soutien aux entreprises pour les femmes entrepreneurs.

Mme MARKOVA CONCEPCIÓN JARAMILLO (Panama) a indiqué que l’accès à Internet s’est grandement généralisé dans son pays ces dernières années.  Cependant, l’utilisation d’Internet par les femmes panaméennes est inférieure à celle des hommes, a-t-elle dit, en soulignant le défi que constitue la connectivité des populations exclues.  Elle a détaillé la politique suivie par son pays pour y remédier en mentionnant l’adoption d’un agenda numérique stratégique national, renouvelé en 2022.  Cet agenda prévoit notamment une formation pour les femmes en vue d’une spécialisation dans le secteur de la cybersécurité.  Une transformation numérique inclusive articulée autour d’une approche de genre est une condition essentielle pour parvenir à une véritable inclusion sociale et économique, a souligné la déléguée.

Mme SAMAR BASHIR YOUNIS AL-KAISI (Iraq) a indiqué que le programme gouvernemental appliqué en Iraq comprend des aspects consacrés à l’autonomisation des Iraquiennes et à la lutte contre les violences perpétrées contre ces dernières.  Elle a indiqué que l’Iraq compte 97 femmes parlementaires, un chiffre sans précédent.  Trois ministères, dont un régalien, sont en outre dirigés par des femmes.  La déléguée a estimé qu’il serait impossible de combler le fossé numérique entre les genres tant que ne sera pas comblé le fossé numérique entre les pays.  Elle a enfin détaillé la récente stratégie nationale pour la femme iraquienne qui vise à inclure dans les programmes scolaires des enseignements de sensibilisation aux droits des femmes. 

Mme SARAH AHMED AHMED AL-MASHEHARI (Yémen) a affirmé que la femme yéménite jouit de tous les droits stipulés dans la Constitution qui se base sur l’égalité entre les sexes.  Sa participation à la prise de décisions est essentielle, a souligné la représentante, notamment pour parvenir à une citoyenneté égale.  Ainsi, huit femmes siègent au Conseil présidentiel et une femme juge a été nommée au Haut Conseil de la justice.  En outre, des mesures ont été prises pour lutter contre les violences faites aux femmes, ainsi qu’un registre numérique pour enregistrer ces cas.  La représentante a reproché aux milices houthistes actives au Yémen de violer les droits des Yéménites et d’imposer des mesures et des obstacles pour les étouffer dans les régions placées sous leur contrôle, notamment en termes de liberté de mouvement et de droit à l’éducation.  Elle a terminé en remerciant les donateurs pour leur soutien à la promotion de l’autonomisation des Yéménites.

Mme THILMEEZA HUSSAIN (Maldives) a mentionné la loi sur l’égalité des sexes promulguée en 2016 dans son pays qui interdit la discrimination directe et indirecte fondée sur le sexe.  La mise en œuvre de cette loi a été renforcée par le plan d’action national pour l’égalité des sexes lancé en 2022, a-t-elle détaillé.  La représentante a, de plus, indiqué que le code pénal des Maldives a été modifié pour y inclure des dispositions relatives aux abus et au harcèlement en ligne, ajoutant que la loi a été renforcée pour y inclure la violence facilitée par les technologies.  Les Maldives ont investi dans l’amélioration de la connectivité numérique, de l’accessibilité financière et de l’infrastructure, afin de réduire la fracture numérique.  Pour accélérer les efforts en matière d’inclusion numérique des femmes et des filles, des programmes d’alphabétisation numérique ont été mis en œuvre en association avec la société civile, a conclu la déléguée. 

M. NACIM GAOUAOUI (Algérie) a dit que l’autonomisation des femmes et leur meilleure participation au secteur du numérique sont une priorité de son gouvernement.  Il a rappelé les divers articles de la Constitution algérienne consacrant les droits des femmes.  Il a ensuite jugé encourageant l’accès des femmes aux nouvelles technologies, en indiquant notamment que 48% des Algériennes utilisent un ordinateur portable.  Le délégué a également précisé que 60% des diplômés sont des femmes.  Celles-ci représentent enfin 40% des ingénieurs, ce qui place l’Algérie au premier rang mondial, a conclu le représentant. 

Mme GLORIA THOMAS, Ministre d’État chargée du développement social et des affaires liées au genre de Grenade, a reconnu que les sciences et la technologie ont joué un rôle important dans la réponse à la pandémie.  Les TIC sont désormais un aspect central de nos vies mais les femmes n’y ont encore qu’un accès limité, a-t-elle déploré, avant d’appeler à poursuivre le combat de l’égalité de genre également sur ces questions.  La réalité des statistiques montre que cette égalité bénéficiera aussi aux hommes et aux garçons, a-t-elle fait valoir, souhaitant que les objectifs en matière de genre restent d’actualité.  Appelant ensuite la communauté mondiale à aider les PEID comme la Grenade à combler leurs lacunes numériques, elle a indiqué que son gouvernement s’emploie à améliorer les infrastructures existantes et à encourager l’essor de l’économie numérique.  Toutefois, a-t-elle observé, si les femmes et les filles ne disposent pas des compétences nécessaires pour agir dans les espaces numériques, leurs capacités resteront limitées.  Il importe donc, selon elle, de mettre en place des solutions permettant de lutter contre les stéréotypes de genre et de faire participer des femmes aux activités technologiques sur un pied d’égalité avec les hommes, tout en répondant aux dangers auxquels elles font face dans l’espace numérique.  À cette fin, les pays qui créent ces technologies doivent faire en sorte que des mécanismes de protection existent, a plaidé la Ministre.

Mme RAKOTONIRINA MIARISOA PATRICIA, Directrice générale de la promotion de la femme, Ministère de la population, de la protection sociale et de la promotion de la femme de Madagascar, a expliqué que dans son pays, la fracture numérique frappe surtout les femmes en milieu rural où seulement 29,9% ont accès au téléphone portable, 2,6% à Internet, et 1,4% à l’ordinateur, alors que la part de femmes exerçant dans les domaines scientifiques reste encore très faible.  Elle a rappelé l’importance du financement du développement et l’urgence de multiplier les partenariats et la coopération dans le rehaussement des capacités des femmes et des filles dans le domaine des TIC.  Le soutien aux investissements dans les infrastructures numériques est essentiel, ce que la pandémie de COVID-19 a mis en évidence puisque les retards et les lacunes dans ce domaine pouvaient se payer extrêmement cher, a souligné la représentante pour laquelle la place des TIC au cœur de la poursuite des ODD n’est plus à démontrer.  Elle a pris note du rapport du Secrétaire général et en particulier de ses recommandations relatives à la mise en place d’environnements d’apprentissage numérique, tenant compte de la dimension de genre et empêchant l’utilisation de la technologie comme de nouvelles formes de discrimination et de comportement abusif et violent envers les femmes et les filles.

M. CEDRIC ALEPENDAVA, Secrétaire permanent au Ministère de la femme, de la jeunesse, de l’enfance et de la famille des Îles Salomon, a reconnu le véritable défi que représentent les technologies numériques dans son pays, où 86% des femmes et des filles dans les zones rurales et isolées sont privées de cet outil, en raison d’importantes barrières culturelles, géographiques et structurelles.  Les Îles Salomon comptent deux sociétés de télécommunications et bien que l’introduction du câblage sous-marin ait quelque peu amélioré l’accès et la connectivité, les infrastructures dans les zones rurales et isolées sont largement inexistantes, a-t-il déploré.  Nation d’environ 900 à 1 000 petites îles, dont les moyens de subsistance dépendent fortement de l’agriculture, de la pêche et de la sylviculture, les Îles Salomon restent très sensibles aux chocs internes et externes qui affectent le plus les femmes, les filles, les enfants et d’autres groupes vulnérables.  C’est pourquoi la garantie de l’égalité entre hommes et femmes tout en répondant à ces chocs a été un véritable défi, compte tenu de la longue liste de difficultés que connaît le pays, détaillant notamment des ressources et des budgets limités.  Il a mentionné les progrès significatifs de son pays dans la lutte contre les inégalités entre les sexes au cours de la dernière décennie, assurant que son pays a jeté les bases nécessaires pour accélérer la lutte contre la pauvreté numérique ou le fossé numérique pour les femmes et les jeunes filles. 

Mme ANTONINA MIKO MIKUE, sénatrice de la Guinée équatoriale, a mentionné la création de salles informatiques dans tous les établissements scolaires.  L’Administration se numérise, a dit la déléguée.  Elle a aussi évoqué l’organisation de la Journée des filles dans le secteur des nouvelles technologies, avec la tenue de manifestations sur tout le territoire.  Elle a précisé que 41% de la population active utilise ces technologies, les femmes représentant 18% de cette proportion.  Une femme vient d’être nommée Première Ministre de notre gouvernement, a ajouté la déléguée en conclusion. 

Mme JAN BEAGLE, Directrice générale de l’Organisation internationale de droit du développement (IDLO), a souligné qu’en temps de crise, l’inégalité entre les sexes augmente, et que cela touche surtout les femmes et les filles.  Elle a mis en garde contre les délais importants escomptés jusqu’à ce que les femmes puissent jouir d’une égalité de droit.  Expliquant que l’IDLO est la seule organisation mondiale consacrée à la promotion de la justice et qu’elle œuvre, entre autres, à protéger la dignité des femmes à travers la loi, notamment en éliminant les lois discriminatoires, la représentante a précisé que le droit à l’accès aux nouvelles technologies est au cœur de son plan stratégique.  Cependant, il faudra veiller à ce que le fossé numérique ne se creuse pas davantage, a-t-elle mis en garde, sachant que dans les pays les moins avancés, seule 1 femme sur 5 a accès à Internet.  Il reste d’énormes défis à relever, a-t-elle concédé, en insistant notamment sur la mise en place de lois visant à garantir la participation des femmes et des filles dans tous les espaces numériques et en termes de protection de leurs droits en ligne et hors ligne.  

M. ISLAM ABDULLAH HASSAN AL-AMRI, de la Ligue des États arabes, s’est dit convaincu que l’égalité femmes-hommes devrait être une priorité dans le domaine des technologies, compte tenu notamment de l’importance des compétences numériques dans le monde actuel.  C’est important pour le développement des sociétés et pour la réalisation de progrès dans le domaine de la recherche, a-t-il fait valoir, assurant à cet égard que la Ligue met en œuvre sa déclaration ministérielle et son programme 2022-2028 adoptés en novembre dernier.  Ce programme, a rappelé le représentant, vise à améliorer la condition des femmes arabes en luttant contre l’analphabétisme numérique, en particulier chez les femmes déplacées et réfugiées.  La Ligue s’emploie également à améliorer l’accès des femmes et des filles aux technologies numériques en vue de garantir un emploi égal et de promouvoir la participation des femmes à ces activités.  Constatant que beaucoup reste à faire si l’on applique le Programme d’action de Beijing à l’informatique, le représentant a indiqué que la Ligue s’efforce d’intégrer une perspective de genre dans l’amélioration des infrastructures et de la connectivité, ainsi que dans la lutte contre les stéréotypes sexuels.  Par ailleurs, a-t-il poursuivi, alors que la coopération internationale se concentre sur l’économie numérique sans prendre en compte les différences entre les femmes et les hommes, la Ligue adopte une approche centrée sur l’être humain et sur les besoins spécifiques des femmes et des filles.  Il a relevé à cet égard que plusieurs États arabes ont enregistré des progrès notables en matière de parité dans le domaine des STIM, avec un pourcentage croissant de femmes sortant des universités et des instituts de technologie.  Il a enfin souligné le fait que la Ligue s’est dotée d’une vision régionale qui lui permet d’intégrer les femmes dans des groupes à technicité élevée.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission de la condition de la femme: sept exposés volontaires soulignent l’importance de donner plus de visibilité aux femmes rurales

Soixante-septième session,
9e & 10e séances plénières, matin & après-midi
FEM/2225

Commission de la condition de la femme: sept exposés volontaires soulignent l’importance de donner plus de visibilité aux femmes rurales

La Commission de la condition de la femme a entendu, aujourd’hui, sept exposés volontaires sur le thème « Problèmes à régler et possibilités à exploiter pour parvenir à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes et des filles en milieu rural ».  Il s’est agi de dénoncer « l’invisibilité » dont pâtissent les femmes rurales pourtant pilier de la production agricole et de la sécurité alimentaire, point sur lequel se sont accordés les sept États Membres qui ont participé à cet exercice, à savoir l’Arabie saoudite, le Brésil, le Chili, la Côte d’Ivoire, la Jordanie, la Mongolie et l’Ukraine.

Dans un premier temps, la Ministre de la femme et de l’égalité de genre du Chili a indiqué que si les femmes rurales contribuent de manière significative à la production alimentaire et à l’économie locale de son pays, elles présentent des niveaux de pauvreté monétaire plus élevés (17,2%) que les femmes des zones urbaines (7,8%).  C’est pour remédier à cette situation que le Gouvernement a lancé en 2022 le premier fonds pour les agricultrices afin de leur permettre d’obtenir les ressources nécessaires pour construire des systèmes d’irrigation et mieux faire face à la crise hydrique et aux effets des changements climatiques.

Les disparités croissantes entre le développement urbain et rural ont également été pointées par le Vice-Ministre du travail et de la protection sociale de la Mongolie qui a constaté que dans les zones reculées, les services sanitaires, sociaux et éducatifs à l’intention des femmes demeurent inadéquats, ce qui entrave leur pleine participation à l’activité politique et économique du pays.  Pour y remédier, le Gouvernement mongol entend créer un environnement propice à des moyens de subsistance stables pour les femmes dans les zones rurales, en offrant des services de santé mobiles et en favorisant la « justice salariale » et une sécurité sociale accrue, en particulier pour les bergères.  

Soucieuse elle aussi de renforcer le rôle économique des femmes en milieu rural, la Côte d’Ivoire s’y attèle en appuyant le développement industriel en zone rurale et en renforçant l’accès des femmes à la protection sociale, à l’éducation, au crédit et aux nouvelles technologies, a fait valoir la Ministre de la femme, de la famille et de l’enfant qui a précisé que dans son pays, les femmes rurales occupent 40% des emplois agricoles et assurent 80% de la main d’œuvre de la production vivrière. 

Déplorant le recul des actions publiques en faveur des femmes par le précédent Gouvernement, la Secrétaire nationale chargée de la coordination institutionnelle, des initiatives thématiques et de l’action politique du Brésil a signalé que l’accès restreint à l’eau touche particulièrement les femmes et les filles qui doivent parcourir de longues distances pour s’en procurer, les exposant à des agressions et entraînant une « explosion » de leurs vulnérabilités.  Elle a également cité une étude selon laquelle 31% des agricultrices auraient fait l’objet de menaces de mort, d’intimidation et de racisme, plaidant pour l’élargissement des politiques de discrimination positive à l’endroit des femmes rurales qui demeurent confrontées à des violences sexuelles et sexistes multiformes.

La Vice-Ministre de l’environnement, de l’eau, et de l’agriculture de l’Arabie saoudite a, pour sa part, mentionné l’aide apportée pour appuyer des pratiques agricoles modernes, ainsi que la formation dispensée pour le développement des compétences.

Mais cela reste un grand défi, a concédé la Présidente de la Commission nationale pour les femmes de Jordanie, qui a indiqué que la stratégie jordanienne pour la sécurité alimentaire met l’accent sur l’amélioration du sort des femmes en milieu rural.  Parmi les autres mesures prises par son pays, elle a cité le développement du télétravail et la garde d’enfants.

Beaucoup de gens ne sont pas pleinement conscients du prix que les Ukrainiens, y compris les femmes, paient pour semer et récolter les céréales sous le feu des missiles et des bombes russes, a signalé pour sa part la Commissaire gouvernementale pour la politique de l’égalité de genre de l’Ukraine qui a fait savoir qu’en raison du minage et des dégâts provoqués par la guerre, des surfaces considérables ne sont plus cultivables.  Qui plus est, l’invasion russe a provoqué de nouveaux déséquilibres entre les sexes, exacerbant les inégalités existantes entre les hommes et les femmes dans l’agriculture, et accentuant la perte des moyens de subsistance.  Les femmes ont dû assumer de nouveaux rôles dans le secteur agricole et fournir davantage d’efforts pour s’occuper de leur foyer, a indiqué la dignitaire.  

Au cours des débats interactifs qui ont suivi ces présentations, plusieurs délégations et organisations de la société civile sont montées au front, dénonçant le manque d’accès à l’espace numérique et de connaissance des outils informatiques, en plus du harcèlement en ligne qui entraîne des violences hors ligne à l’égard notamment des populations autochtones.  L’Assemblée parlementaire de la Méditerranée a fait état de son côté d’une féminisation de l’agriculture qui inclut des femmes migrantes victimes de traite, évoquant une situation « très complexe ».

La Commission reprendra ses travaux lundi 13 mars à partir de 10 heures. 

SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE » - POINT 3

Réalisation des objectifs stratégiques, mesures à prendre dans les domaines critiques et autres mesures et initiatives - Point 3 a) (E/CN.6/2023/3, E/CN.6/2023/4, E/CN.6/2023/5)

Thème de l’évaluation: problèmes à régler et possibilités à exploiter pour parvenir à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes et des filles en milieu rural (conclusions concertées de la soixante-deuxième session) - Point 3 a) ii)

Exposés volontaires, suivis d’un dialogue interactif

Déclaration liminaire

Mme SARAH E. HENDRIKS, Directrice de la Division des politiques, des programmes et des relations intergouvernementales d’ONU-Femmes, a présenté le rapport du Secrétaire général E/CN.6/2023/4 qui examine les progrès accomplis par les États Membres dans la mise en œuvre des conclusions concertées de la Commission de la condition de la femme à sa soixante-deuxième session, tenue en 2018, qui avait pour thème « Problèmes à régler et possibilités à exploiter pour parvenir à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes et des filles en milieu rural ».  

À moins d’une décennie de l’aboutissement du Programme 2030, le monde est en proie aux répercussions combinées de la pandémie de COVID-19, de la crise du coût de la vie, des crises alimentaire et énergétique, et des urgences environnementales et climatiques.  Ces crises en cascade se répercutent de manière disproportionnée sur les femmes et les filles de zones rurales, notamment en les rendant plus vulnérables à l’extrême pauvreté, a déploré la responsable onusienne.  Elle a également relevé que les écarts et les inégalités entre les sexes continuent de se creuser en milieu rural, les femmes et les filles de ces zones étant à la traîne pour tous les indicateurs liés aux objectifs de développement durable.  Mme Hendricks a plaidé pour des efforts de développement renouvelés et ciblés.  Des investissements et des engagements solides sont nécessaires pour transformer les moyens de subsistance, le bien-être et la résilience des femmes et des filles rurales, a-t-elle souligné.

TABLES RONDES

Exposé volontaire du Chili

Mme ANTONIA ORELLANA, Ministre de la femme et de l’égalité de genre du Chili, a indiqué que les femmes rurales contribuent de manière significative à la production alimentaire et à l’économie locale du Chili, mais présentent des niveaux de pauvreté monétaire plus élevés (17,2%) que les femmes des zones urbaines (7,8%).  Malheureusement, cet écart persiste en ce qui concerne la pauvreté multidimensionnelle, qui atteint 37,1%, soit 19,3 points de pourcentage de plus que les femmes des territoires urbains, selon des chiffres de 2017.  En outre, la participation des femmes rurales au marché du travail n’atteint que 32,2% des personnes employées, soit 10 points de moins qu’en milieu urbain, un écart qui s’est creusé pendant la pandémie de COVID-19.

S’agissant de la participation, la dignitaire a indiqué qu’un système de tables rondes des femmes rurales a été établit dans chaque région.  Ces instances public-privé de participation sociale, coordonnées par le Ministère de l’agriculture en collaboration avec les organisations des femmes rurales ont pour mission d’appuyer la formation et l’orientation éducative afin de combler les lacunes qui limitent le développement des femmes dans leurs communautés, a-t-elle expliqué.

En ce qui concerne l’autonomie économique, le Chili a progressé vers l’intégration d’une perspective de genre dans les mécanismes d’État.  Cependant, a-t-elle reconnu, les niveaux de participation ne sont pas égaux entre les hommes et les femmes.  C’est pourquoi le premier fonds pour les agricultrices a été lancé en 2022, pour près d’un million de dollars, un montant qui pourrait être porté à 3,5 millions de dollars en fonction de la qualité des projets.  Elle a précisé que cette initiative vise à permettre aux agricultrices d’obtenir les ressources nécessaires pour construire des systèmes d’irrigation et mieux faire face à la crise hydrique et aux effets des changements climatiques.

La Ministre a par ailleurs indiqué qu’en 2019, le taux de violences domestiques était plus élevé dans les communes rurales, atteignant 712,7 cas pour 100 000 habitants, comparé à 622,7 dans les communes urbaines.

À son tour, Mme ANDREA MACÍAS PALMALA, Gouverneure régionale d’Aysén au Chili a signalé que les inégalités de genre dans l’agriculture sont particulièrement visibles pour ce qui est de l’accès à la terre et à l’eau, l’autonomie physique, la production locale et la diversité des cultures, ce qui a un impact sur l’autonomie économique des femmes.  Elle a parlé du programme pour les micros et petites entreprises Fortalece y Reactiva: Programa para Micro y Pequeñas Empresas, expliquant que celui-ci génère des subventions supplémentaires pour les entreprises dirigées par des femmes, des personnes appartenant au peuple autochtone et à celles qui ont des entreprises rurales.  Elle a indiqué que le gouvernement régional d’Aysén appuie une plus grande autonomie régionale, ce qui permet de répondre aux demandes des femmes rurales, paysannes et autochtones dans les domaines qui ont un impact direct sur les besoins, les intérêts et les objectifs de la région.

Suite à ces exposés, l’Argentine s’est interrogée sur la meilleure façon d’intégrer toute la diversité des femmes en milieu rural, notamment les pêcheuses, dans l’approche du Chili.

Comment le Gouvernement chilien aborde-t-il la question de l’intersectionalité dans les politiques publiques au profit des femmes rurales, autochtones et paysannes? s’est enquise la Colombie.

Répondant aux questions des États partenaires, la Ministre de la femme et de l’égalité de genre du Chili a indiqué que la fondation pour l’innovation agraire, qui relève du Ministère de l’agriculture, a créé le premier réseau de femmes innovatrices dans les 16 régions du pays.  Le but, a-t-elle expliqué, est d’établir des liens et de renforcer les partenariats, en plus de mettre en place un espace sûr pour tirer parti des talents au niveau local et créer des alternatives économiques dans l’optique de l’autonomisation.

Elle a rappelé la longue tradition ancestrale du Chili en matière de pêche, soulignant que son gouvernement veille à renforcer le développement durable de la pêche artisanale, en tenant compte de la dimension genre.  Elle a également évoqué une nouvelle législation qui regroupe les femmes travaillant dans ce secteur dans un registre, en plus de la formalisation des activités des femmes dans ce domaine pour leur permettre de se syndiquer.

Quant à la question relative à l’intersectionalité, la Ministre a fait valoir qu’une femme mapuche occupe un poste relativement élevé au sein du Gouvernement chilien.  Dans l’objectif d’améliorer le dialogue avec les peuples autochtones, un premier diagnostic a été établi avec des responsables mapuches ce qui a permis d’identifier et de hiérarchiser les besoins.

Exposé volontaire de la Mongolie

M. ZULPHAR SARKHA, Vice-Ministre du travail et de la protection sociale de la Mongolie, a d’abord énuméré les principales mesures prises depuis 2018 par son pays afin d’assurer l’égalité des sexes et la protection juridique des droits des filles et des femmes.  Il a notamment cité la création d’un groupe de travail indépendant relevant du Comité national du genre, la révision de la loi du travail et l’adoption d’un plan stratégique pour l’égalité des sexes (2022-2031).  En outre, un programme de soutien à l’emploi des femmes a été mis en œuvre pour la première fois en 2022, tandis qu’une loi sur les services de garde d’enfants a été adoptée afin de favoriser la conciliation entre travail et vie familiale.  Toujours en 2022, un nouveau Ministère du développement numérique et des communications a été créé pour renforcer les infrastructures nécessaires à la transition numérique du pays et fournir des services publics en ligne, via le portail e-Mongolia.  Le Vice-Ministre a noté que le projet conjoint avec les institutions spécialisées des Nations Unies en vue de renforcer la protection sociale des éleveurs et des bergers, ainsi que la réponse aux catastrophes en milieu rural, a été mis en œuvre avec succès. 

Parmi les défis que doit encore surmonter la Mongolie pour favoriser l’autonomisation des filles et des femmes, M. Sarkhad a relevé la disparité croissante entre le développement urbain et rural, de même que la hausse du coût de la vie.  Dans les zones reculées, les services sanitaires, sociaux et éducatifs à l’intention des femmes demeurent inadéquats, a-t-il reconnu, ce qui entrave leur pleine participation à l’activité politique et économique du pays.  Bien que les femmes soient plus éduquées que les hommes, leur participation au marché du travail et leurs revenus ne correspondent pas à leur niveau d’éducation et demeurent inférieurs à ceux de leurs collègues masculins.  À cet égard, le Vice-Ministre a noté que les filles et les femmes s’affairent surtout à des travaux ménagers non rémunérés, ce qui affecte négativement leur développement.  Pour y remédier, le Gouvernement mongol entend créer un environnement propice à des moyens de subsistance stables pour les femmes dans les zones rurales, en offrant des services de santé mobiles et en favorisant la « justice salariale » et une sécurité sociale accrue, en particulier pour les bergères. 

Suite à cet exposé et à la présentation d’une vidéo faisant état du développement technologique des femmes rurales de Mongolie, le Canada a souhaité connaître les mesures prises par ce pays pour favoriser la participation des femmes au marché du travail, compte tenu de ses politiques d’aide à l’enfance ou aux victimes de violence domestique.  Le Vice-Ministre en a profité pour revenir sur la loi de 2020 qui vise à concilier la vie familiale et professionnelle des femmes.  Alors que la violence envers les femmes a augmenté dans tous les pays, y compris la Mongolie, lors de la pandémie de COVID-19, il a noté la mise en place de structures de protection, avec 35 abris pour les victimes où des services sociaux sont disponibles. 

Pays enclavé comme la Mongolie, le Kirghizistan s’est enquis des principaux défis auxquels font face les pays les moins avancés enclavés pour parvenir à la parité entre les hommes et les femmes.  « Tout est fonction des ressources financières », a répondu le Vice-Ministre, en ajoutant que son gouvernement souhaite allouer à ces questions les ressources les plus amples possibles.

Exposé volontaire de la Côte d’Ivoire

Mme NASSENEBA TOURÉ, Ministre de la femme, de la famille et de l’enfant de Côte d’Ivoire, a déclaré que l’autonomisation des femmes rurales est un enjeu de souveraineté et de sécurité alimentaire, alors qu’elles occupent 40% des emplois agricoles et assurent 80% de la main d’œuvre de la production vivrière.  À ses yeux, leur contribution est essentielle à la cohésion communautaire et à la stabilité du pays.  Pour favoriser l’autonomisation des femmes en milieu rural, le Gouvernement ivoirien a renforcé ses cadres législatifs, mis en œuvre des politiques économiques et sociales adaptées et favorise leur développement professionnel.  De même, des mesures ont été prises pour renforcer l’accès des femmes à la protection sociale, à l’éducation, au crédit et aux nouvelles technologies.  Une couverture maladie universelle touche aujourd’hui 3,2 millions de personnes, et des centres d’accueil à l’intention des personnes vulnérables ou victimes de violence fondée sur le genre ont été aménagés, a expliqué la Ministre. 

Le Gouvernement ivoirien s’affaire par ailleurs à mettre en œuvre le Programme d’action de Beijing et la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, a indiqué Mme Touré.  L’Office de l’équité du genre et la Direction de l’autonomisation des femmes veillent à l’application des politiques publiques en la matière.  À ce jour, le Fonds d’appui aux femmes de Côte d’Ivoire, qui finance des activités génératrices de revenus pour les femmes, est venu en aide à 360 000 d’entre elles.  Un programme est également en cours afin d’introduire les technologies numériques dans les habitudes rurales, a expliqué la Ministre, en parallèle à la mise en place, d’ici à 2025, de 3 000 cybercentres, en zone rurale comme en zone urbaine.  Dans cet élan, la Côte d’Ivoire entend poursuivre son action en faveur de l’autonomisation des femmes en milieu rural en menant des réformes, en assurant le développement industriel en zone rurale, avec notamment le programme Usines des femmes de Côte d’Ivoire, en finançant l’autonomisation des femmes en zone rurale et en créant un système intégré de gestion des données. 

En réponse à une question du Maroc, Mme Touré a indiqué que les Centres d’accueil communautaire pour l’enfance (CACE) apportent une contribution significative à l’autonomisation des femmes rurales mères en leur permettant de réintégrer le marché du travail.  La loi de l’école obligatoire a par ailleurs vu le pourcentage de filles qui étudient à l’école augmenter, tout comme « l’école de la seconde chance », qui permet aux filles de reprendre leurs études et d’apprendre un métier.  À la rentrée 2023-2024, 24 matières seront proposées, notamment dans les métiers de la communication et du numérique, a-t-elle précisé.  Les cantines scolaires gratuites sont également importantes, car les filles affrontent de nombreux dangers, y compris des risques d’agressions, sur la route, parfois longue, qu’elles doivent parcourir pour rentrer chez elles après le cours du matin. 

La Côte d’Ivoire a par ailleurs adopté, en 2021, une stratégie de développement du numérique, qui offre aux femmes des possibilités d’autonomisation sociale et économiques, a rappelé la Ministre, en réponse à une question de la Belgique sur la stratégie du Gouvernement ivoirien pour inciter les femmes à faire usage des technologies numériques.  La Ministre a également fait savoir que l’électrification est assurée sur 80% du territoire et que la fibre optique appuiera la création de 3 000 cybercentres, dont 75% en zones rurales, améliorant ainsi l’accès de femmes rurales au numérique.

Exposé volontaire de l’Ukraine

Mme KATERYNA LEVCHENKO, Commissaire gouvernementale pour la politique de l’égalité de genre de l’Ukraine, a indiqué que l’invasion russe a provoqué de nouveaux déséquilibres entre les sexes, exacerbant les inégalités existantes entre les hommes et les femmes dans l’agriculture, et accentuant la perte des moyens de subsistance.  En outre, les femmes ont dû assumer de nouveaux rôles dans le secteur agricole et fournir davantage d’efforts pour s’occuper de leur foyer. 

Malgré tous les défis, les droits des femmes et l’égalité des sexes sont restés les principales priorités du Gouvernement, a fait valoir la dignitaire qui s’est félicitée de la ratification, en juin dernier par son pays, de la Convention d’Istanbul sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, ainsi que de la stratégie d’État visant à garantir l’égalité des chances dans le cadre des ODD.  Le plan d’action national a toutefois dû être mis à jour en réponse aux conséquences de l’agression militaire russe. 

Principal moteur de l’économie ukrainienne, le secteur agricole a connu une croissance régulière de 5 à 6% par an jusqu’au début de la guerre.  La part de la production agricole dans le PIB était d’environ 10%, et de 16% avec les produits agricoles transformés.  Elle a aussi indiqué que les femmes rurales participent activement aux processus de gouvernance locale et de prise de décisions, précisant que ces dernières représentent 20% des parlementaires.  En outre les conseils de village sont constitués à environ 46% par des femmes et chez les chefs de collectivité locale, la proportion est d’un sur deux. 

Après avoir salué le travail des femmes ukrainiennes, citant le nom de plusieurs «°héroïnes de guerre°», Mme°Levchenko a évalué à 6,5°milliards de dollars les pertes directes liées à l’invasion russe.  De plus, en raison du minage et des dégâts, des surfaces considérables ne sont plus cultivables.  Elle a expliqué que la nouvelle politique agraire du pays met l’accent sur la composante genre et les problématiques des femmes.  Le pays s’est également fixé comme priorité la transformation économique du complexe agro-industriel et surtout le développement des infrastructures dans lequel la perspective du genre sera intégrée, a-t-elle ajouté. 

La Ministre a ensuite relevé que les zones rurales comptent un pourcentage assez élevé des femmes âgées dont les contributions économiques sont notables en dépit du fait qu’elles ne sont pas considérées comme faisant partie de la population active.  Elle a souligné que la garantie de l’égalité des droits et des chances pour les femmes dans les zones rurales est une tâche importante pour assurer le développement durable et la sécurité alimentaire en Ukraine ainsi que dans les pays d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie, qui importent des céréales ukrainiennes.  Cependant, beaucoup de gens ne sont pas pleinement conscients du prix que les Ukrainiens, y compris les femmes, paient pour semer et récolter les céréales sous le feu des missiles et des bombes russes, a-t-elle signalé. 

À l’issue de cet exposé, la Lituanie a voulu savoir comment la numérisation est vécue dans les zones rurales par les femmes et les filles en ces temps de guerre.  Le Guatemala s’est ensuite enquis des conséquences spécifiques de l’invasion à grande échelle sur les femmes et les filles en milieu rural. 

Répondant à ces deux délégations, la Ministre a indiqué dans un premier temps que le Ministère de la transformation numérique de l’Ukraine a créé un réseau de partenariat regroupant plus de 6°000 centres d’éducation digitale dans le but de promouvoir l’acquisition de nouvelles compétences.  Malheureusement, a-t-elle déploré, 200°centres ont été détruits par les troupes russes dans les territoires temporairement occupés. 

Elle a ensuite expliqué que les milliers de missiles lancés sur le territoire ukrainien ont détruit environ 5% des terres agricoles et décimé 30% du bétail, avec un impact direct sur les femmes puisqu’elles représentent l’essentiel de la population dans ces zones.  La dignitaire a estimé à plus de 38°milliards de dollars le montant des dégâts provoqués à l’environnement de son pays, précisant que 2°200°crimes contre l’environnement ont été enregistrés à ce stade. 

Exposé volontaire de la Jordanie

Mme MAHA ALI, Présidente de la Commission nationale pour les femmes de la Jordanie, a indiqué que son pays a progressé sur la voie de l’autonomisation des femmes.  Elle a détaillé les mesures prises, en mentionnant les lois récemment adoptées pour une égalité de salaire et pour combattre le harcèlement sexuel sur le lieu de travail.  La stratégie nationale pour la sécurité alimentaire met l’accent sur l’amélioration du sort des femmes en milieu rural.  Elle a ensuite détaillé les stratégies de protection sociale et de promotion des droits humains de la Jordanie.  La loi sur les violences domestiques adoptée en 2017 a été un progrès considérable.  La participation politique des femmes est un autre axe majeur, avec notamment l’introduction de quotas, a ajouté l’intervenante qui a précisé que les femmes représentent environ 14% des parlementaires en Jordanie. 

Répondant à une question de l’Égypte sur le renforcement du rôle économique des femmes en milieu rural, Mme Ali a indiqué qu’il s’agit d’un grand défi pour la Jordanie, ainsi que pour le monde.  Elle a égrené les mesures prises par son pays pour parvenir à cet objectif en mentionnant le développement du télétravail et la garde d’enfants.  Elle a indiqué que l’intégration de la question du genre dans le secteur privé comme public est une réalité en Jordanie. 

Elle a enfin répondu à une question de l’État de Palestine, sur l’autonomisation politique des femmes en rappelant les quotas adoptés par son pays dans une logique de discrimination positive en faveur des femmes.  Les partis doivent présenter 10% au moins de femmes candidates, a-t-elle dit, en ajoutant que ces derniers reçoivent des financements accrus s’ils dépassent cette proportion. 

Lors du court débat interactif qui a suivi ces cinq exposés, le délégué du Comité sur la sécurité alimentaire mondial a indiqué que des discussions sont en cours entre États Membres en vue de l’adoption de lignes directives sur l’égalité des genres dans un contexte d’insécurité alimentaire.  Si un consensus n’avait pas été possible l’année dernière, il a indiqué avoir bon espoir que cela soit le cas cette année.  Le Danemark a ensuite plaidé pour des solutions innovantes afin de remédier au recul des droits des femmes constaté cette année, tandis que les Philippines ont détaillé leur politique d’égalité entre les genres.  La déléguée de l’Inuit Circumpolar Council (ICC) a rappelé la marginalisation des femmes autochtones en raison de la colonisation, de même que la stérilisation de ces femmes par le Danemark durant la seconde moitié du siècle dernier.  Enfin, la déléguée du Fonds international de développement agricole (FIDA) a tiré la sonnette d’alarme sur les droits des femmes en milieu rural. 

Exposé volontaire de l’Arabie saoudite

Mme MAHA ALDHAHI, Vice-Ministre de l’environnement, de l’eau, et de l’agriculture de l’Arabie saoudite, a détaillé la transformation sociale « extraordinaire » de son pays, se qualifiant d’exemple vivant de l’autonomisation de la femme saoudienne.  Elle a rappelé que la femme est le pilier de la société, précisant que son pays s’était fixé l’objectif de 30% de femmes dans la force de travail d’ici à 2030.  En 2022, cette proportion était de 36%, s’est-elle félicitée.  Elle a également précisé que cinq femmes occupent des postes d’ambassadrices et que 39% des postes à responsabilité sont occupés par des femmes, ce qui n’existait pas il y a encore cinq ans.  « Mais le chemin reste encore long », a-t-elle reconnu.  Elle a détaillé la politique d’autonomisation de son pays, en mentionnant l’initiative « WARFA » pour appuyer les femmes en milieu rural.  La loi est venue instaurer l’égalité salariale.  La vie de la femme saoudienne a changé du tout au tout, a-t-elle tranché.

S’agissant de l’autonomisation de la femme en milieu agricole, elle a mentionné l’aide apportée pour appuyer des pratiques agricoles modernes, ainsi que la formation dispensée pour renforcer le développement des compétences.  Enfin, elle a déclaré que le secret de la réussite dans ce domaine est d’appliquer des politiques qui soient différenciées et adaptées, loin de toute recette unique.

Répondant à des remarques de l’Indonésie, qui s’est intéressée aux meilleures pratiques, elle a mentionné le projet de création d’un programme d’enseignements au bénéfice des agriculteurs et agricultrices à des fins d’autonomisation.  En réponse à une question du Koweït sur les mesures incitatives, elle a souligné le leadership du Prince Mohammed ben Salmane dans le domaine de l’autonomisation des femmes.  Il faut donner aux femmes des zones rurales la possibilité d’occuper des postes décisionnels, a-t-elle tranché, en assurant qu’une femme exploitante agricole dans son pays recevra une aide si elle rencontre des difficultés de gestion.  L’Égypte est également intervenue pour réclamer des précisions se rapportant aux critères internationaux.

La Malaisie s’est ensuite enquise de la stratégie de l’Arabie saoudite pour empêcher l’exode rurale des jeunes adultes, suivie de la Mauritanie qui s’est intéressée à l’autonomisation numérique des femmes, et du Cameroun qui a voulu en savoir plus sur le partage des bonnes pratiques.  Après l’Institut de technologie du Costa Rica qui a cité les mérites des technologies émergentes, Cuba a indiqué que 32% des Cubaines sont propriétaires de leurs terres et que 57% des femmes rurales cubaines ont une éducation supérieure.

À son tour, l’Assemblée parlementaire de la méditerranée a souligné que les femmes rurales ne sont que 18,7% à faire partie de la main d’œuvre, soit, a-t-elle déploré, le niveau le plus bas dans le monde.  Elle a également fait état d’une féminisation de l’agriculture qui inclut des femmes migrantes victimes de traite, évoquant une situation très complexe.

Le Groupe international pour les affaires autochtones a dénoncé les défis majeurs que rencontrent les femmes autochtones, y compris un manque d’accès à l’espace numérique et de connaissance des outils en ligne, en plus du harcèlement en ligne qui entraine des violences hors ligne.  Outre le manque de données ventilées, la délégation s’est inquiétée de l’absence de reconnaissance juridique des connaissances autochtones.  Clôturant cet échange, la représentante de l’Arabie saoudite a assuré que dans son pays, les femmes rurales peuvent accéder à des postes de décision, et que celles qui ont des moyens limités reçoivent un soutien financier pour, par exemple, augmenter la productivité de leur ferme grâce aux nouvelles technologies.

Exposé volontaire du Brésil

Mme CARMEN FORO, Secrétaire nationale chargée de la coordination institutionnelle, des initiatives thématiques et de l’action politique du Ministère de la femme du Brésil, a réitéré les engagements pris par son pays en faveur des femmes dans toute leur diversité depuis l’élection du Président Lula da Silva, engagements qui se sont vus renforcés par la mise en place du Ministère des femmes.  Les besoins des femmes et des filles des zones rurales figurent en effet au premier plan des priorités du Ministère, a-t-elle noté, alors que la population rurale brésilienne souffre depuis des décennies de sous-investissements dans le secteur de l’agriculture familiale.  La pauvreté affecte les femmes rurales de manière plus significative que les hommes en raison de l’inégalité entre les sexes qui trouve, selon elle, son origine dans le modèle patriarcal traditionnel de la société.  La Ministre a déploré le recul des actions publiques en faveur des femmes par le précédent Gouvernement, qui a supprimé de nombreux programmes et initiatives publiques en leur faveur, exacerbant les inégalités entre les sexes et contribuant à un appauvrissement général qui affecte au premier chef les populations vulnérables et les communautés noires.  Le déclin de la qualité de vie qui en découle a affecté en particulier les enfants.  De même, l’accès restreint à l’eau touche particulièrement les femmes et les filles qui doivent parcourir de longues distances pour s’en procurer, les exposant à des agressions et entraînant une « explosion » de leurs vulnérabilités.   

Le programme-phare de transfert de liquidités Bolsa familia a mis en exergue l’importance du rôle des femmes dans la gestion des ressources, permettant aux jeunes filles de poursuivre leurs études et d’avoir accès à de meilleurs emplois, a encore dit la Ministre.  Selon une étude menée par la Commission des terres pastorales, 31% des agricultrices ont fait l’objet de menaces de mort, d’intimidation et de racisme.  Nous devons donc élargir les politiques de discrimination positive à l’endroit des femmes vivant en milieu rural qui demeurent confrontées à des violences sexuelles et sexistes multiformes, a plaidé Mme Foro.  Nous devons en outre renforcer la représentation des femmes dans les institutions, tout en mettant en œuvre des politiques publiques renforçant le rôle et l’autonomisation des femmes, en collaboration avec les institutions des Nations Unies, le Marché commun du Sud (MERCOSUR), la Banque interaméricaine de développement et autres institutions multilatérales.  À cette fin, a ajouté la Ministre, il nous faut prendre en considération la diversité des situations dans lesquelles se trouvent les femmes rurales du Brésil, « pays de la taille d’un continent » afin d’assurer leur accès à l’innovation technologique et une transition agroécologique tenant compte des connaissances traditionnelles.  

En réponse à une question du Mexique à propos des actions qui doivent être engagées pour assurer le bien-être des femmes et des filles des milieux ruraux, Mme Foro a souligné l’importance d’acquérir des titres de propriété afin de bénéficier pleinement des programmes gouvernementaux.  Elle a décrit les programmes publics d’acquisition alimentaire qui obligent à acheter la production agricole de femmes pour les repas scolaires, dont 30% doivent provenir d’exploitations familiales.  Afin de mettre fin aux inégalités dont elles sont victimes, elle a appelé à rendre « visible » le rôle des femmes dans le monde rural.  Avec 18 millions d’habitants, la campagne continue en effet d’être un lieu stratégique d’un point de vue économique, du fait de l’importance de la production alimentaire.  Le nouveau Gouvernement brésilien entend donc mettre en place un dialogue avec la société civile et les groupes de femmes, a-t-elle ajouté.  

À l’occasion du débat interactif qui a suivi l’exposé du Brésil, le Soudan a fait état de l’économie rurale stratégique, qui se déploie au moyen de partenariats nationaux et internationaux, en espérant que d’avantage de ressources y seront allouées.  Pour la Mauritanie, le rôle des femmes rurales revêt une importance particulière alors que se poursuit l’exode des hommes vers les villes.  Toutefois, près de 43% des femmes rurales demeurées à la campagne sont analphabètes et victimes de traditions culturelles négatives qui ne compensent pas les femmes pour leur travail familial.   

La participation à part entière de toutes les populations, notamment des femmes et des filles autochtones, est essentielle au bien-être économique et à la santé du monde, ont fait valoir les États-Unis.  La délégation a notamment exprimé sa solidarité envers les femmes afghanes dont les droits fondamentaux sont bafoués, tandis que l’Iran poursuit sa campagne de violence envers les femmes et les filles.   

Combler les écarts existants dans les systèmes agroalimentaires est essentiel pour lutter contre la pauvreté des filles et éradiquer la faim, élément central du développement durable, a indiqué pour sa part l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) selon qui les technologies numériques peuvent obvier au manque d’accès des femmes aux ressources et aux marchés.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission de la condition de la femme: les inégalités de développement entravent l’autonomisation des femmes et l’accès aux nouvelles technologies

Soixante-septième session,
7e & 8e séances plénières, matin & après-midi
FEM/2224

Commission de la condition de la femme: les inégalités de développement entravent l’autonomisation des femmes et l’accès aux nouvelles technologies

Infrastructures insuffisantes, développement économique inégal, normes culturelles délétères: au troisième jour de la discussion générale de la Commission de la condition de la femme consacrée à l’innovation et l’éducation à l’ère du numérique aux fins de la réalisation de l’égalité des sexes, les délégations ont fait état de réalités contrastées et de fractures multiples qui entravent l’accès des femmes aux nouvelles technologies et exacerbent non seulement la « fracture numérique » entre les femmes et les hommes, mais aussi entre le monde urbain et les régions rurales, et entre pays en développement et États « numériquement avancés ». 

Ainsi, dans de nombreux pays en développement, le retard technologique des femmes est aggravé par des problèmes structurels tels que le manque d’accès à l’électricité, à Internet ou à des infrastructures de télécommunications adéquates, a expliqué le Ministre de l’égalité des sexes, du développement communautaire et de la protection sociale du Malawi.  De fait, seuls 20% des Malawiens ont accès à Internet, et encore moins à des connections à haut débit, une situation qui touche avant tout les femmes rurales. 

Au Kenya, malgré la mise en place de cadres législatifs et de politiques favorisant la connectivité des agriculteurs, des commerçants et des consommateurs aux marchés et aux prêts, la participation des femmes à la technologie demeure limitée du fait de facteurs socioéconomiques, de normes culturelles et d’infrastructures insuffisantes, a expliqué la Secrétaire de cabinet du Ministère de la fonction publique, de l’égalité des sexes et de l’action positive. 

Même son de cloche au Lesotho, où l’accès aux nouvelles technologies reste un défi pour les communautés rurales du fait du manque d’infrastructures, d’argent et d’éducation.  Si la majorité des femmes profitent du commerce mobile et des services de communication, la Ministre du genre, de la jeunesse, des sports, des arts, de la culture et du développement social a invité les États « numériquement avancés » ainsi que les partenaires de développement à « tendre la main » à son pays afin de contribuer à leur avancement technologique.

Au Cambodge, l’accès à une connexion Internet stable et abordable demeure un « énorme » défi, a également reconnu la Sous-Secrétaire d’État au Ministère de la condition féminine, notant que les téléphones portables et les appareils numériques coûteux demeurent hors de portée pour une majorité des habitants des pays en développement, les femmes rurales au premier chef.

« Nous ne devons pas militariser la technologie, nous devons féminiser la technologie », a lancé le Ministre de l’émancipation des personnes et des personnes âgées de la Barbade, qui a prévenu que la quête du progrès alimente trop souvent les crises climatiques, menaçant ainsi les femmes.  Pour s’attaquer aux problèmes réels auxquels sont confrontées les femmes dans l’utilisation de la technologie, il importe donc, selon lui, de se pencher en premier lieu sur la question des femmes et des changements climatiques, « menace existentielle » à laquelle sont confrontés tous les petits États insulaires en développement (PEID). 

Une position qui rappelle la réalité vécue par les habitants des Tonga, où l’éruption du volcan Hunga-Tonga-Hunga-Ha’apai a rompu un câble sous-marin, coupant toute communication avec le reste du monde, a relaté le Ministre des affaires intérieures, avant de lancer, comme Nauru, un appel à la communauté internationale pour qu’elle accroisse ses investissements dans les technologies numériques afin de contrer les changements climatiques et de soutenir les femmes qui œuvrent dans le domaine des énergies renouvelables.

Si la technologie numérique et l’innovation ont le potentiel de créer de nouveaux modes d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques, elles peuvent aussi accroître l’empreinte carbone, a relevé pour sa part la Ministre des femmes, des enfants et de la lutte contre la pauvreté des Fidji.  Son pays s’est donc engagé sur la voie d’une émission nette de zéro carbone, qui permettra aux femmes de tirer parti de la connectivité numérique pour plaider en faveur du changement social, recevoir des informations sur les catastrophes imminentes et générer de nouveaux revenus. 

Un tel accès permet en effet aux femmes d’être plus actives dans la vie sociale, économique et politique de leur pays, a renchéri la Ministre de la justice et de l’ordre public de Chypre.  La Secrétaire d’État à l’égalité et à l’inclusion du Timor-Leste a souligné, à cet égard, son engagement à faire en sorte que les femmes rurales puissent exploiter pleinement les outils technologiques afin de transformer leur environnement économique traditionnel. 

Une situation qui contraste avec celle qui prévaut parmi les puissances technologiques telles que l’Inde, où les femmes comptent pour près de la moitié des inscriptions aux programmes de sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM), proportion qui chute à 36% l’échelle mondiale.  La Ministre des femmes et du développement de l’enfance a souligné l’importance d’élaborer des politiques axées sur une « fusion » entre le développement des compétences et une croissance inclusive, appuyés par des programmes nationaux et régionaux permettant aux femmes, y compris en milieu rural, de tirer parti des changements technologiques. 

Toutefois, pour que les changements technologiques et l’intelligence artificielle fassent progresser la situation des femmes, ils devront inclure une perspective de genre afin de ne pas créer de nouvelles sources d’inégalités, a prévenu la Ministre de l’égalité de l’Espagne.  Pour le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Colombie, en revanche, il ne suffit pas de mettre en œuvre une approche axée sur le genre ni de s’attaquer aux conséquences de l’inégalité; il faut d’abord en examiner les causes profondes.

La Commission de la condition de la femme poursuivra ses travaux demain, vendredi 10 mars, à partir de 10 heures. 

SOIXANTE-SEPTIÈME SESSION DE LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME

Suite des débats

Mme VINDHYA PERSAUD, Ministre des services humains et de la sécurité sociale du Guyana, a indiqué que son pays a mis en place une stratégie pour améliorer la connectivité à Internet et appuyer les compétences et les technologies numériques dans chaque salle de classe.  Les salles de classe intelligentes et l’apprentissage virtuel permettent de plus en plus aux femmes et aux filles de tout le Guyana, y compris des communautés rurales, d’accéder à l’enseignement et à la formation technique et professionnelle, ainsi qu’aux programmes de rattrapage et de bourses d’études, s’est-elle enorgueillie. 

Reconnaissant que les femmes et les filles sont fortement sous-représentées dans les domaines des STIM, le programme Guyanese Girls Code encourage les filles âgées de 9 à 18 ans à faire carrière dans ces filières et renforce leurs connaissances en informatique, y compris le codage, la programmation, la robotique et les jeux vidéo.  La Ministre a également parlé du programme Women Investment and Innovation Network (WIIN) qui comprend des plateformes virtuelles destinées à transmettre des compétences techniques et professionnelles, ainsi qu’une plateforme publicitaire numérique gratuite pour les entreprises dirigées par des femmes.

Mme AISHA JUMWA KATANA, Secrétaire de cabinet du Ministère de la fonction publique, de l’égalité des sexes et de l’action positive du Kenya, a fait état des cadres législatifs et des politiques favorisant la connectivité dans son pays.  Afin de faciliter l’accès universel aux infrastructures et aux services des TIC, et de positionner le Kenya comme une économie du savoir compétitive à l’échelle mondiale, un Ministère de l’information, des communications et de l’économie numérique a été créé.  En 2021, 81,7% des femmes contre 85,9% des hommes avaient ainsi accès à des services financiers formels, ce qui contribue à leur autonomisation économique.  Cette transformation numérique facilite l’accès aux marchés et aux prêts par les agriculteurs, les commerçants et les consommateurs, notamment dans les zones rurales.  La Secrétaire de cabinet a cité l’exemple du Women Enterprise Fund, qui fournit des plateformes de services financiers pour les femmes entrepreneurs, y compris l’accès au crédit, aux informations et à la littératie financière.  Toutefois, a reconnu la Secrétaire de cabinet, la participation des femmes à la technologie reste faible, du fait de facteurs socioéconomiques, de normes culturelles et d’accès à la technologie et aux infrastructures.  Pour combler la fracture numérique entre les sexes, il nous faut des approches multidimensionnelles progressives et mesurées telles que la réduction des coûts de connectivité, l’introduction d’une culture numérique dans les écoles et un accès public plus large, a-t-elle noté.

Mme NANDY SOME DIALLO, Ministre de la solidarité, de l’action humanitaire et de la réconciliation nationale du Burkina Faso, a souligné que son pays est en phase avec l’évolution numérique, citant notamment la création, en décembre 2021, du Ministère de la transition digitale, des postes et des télécommunications électroniques.  Son rôle est de mettre à niveau la politique du gouvernement en matière de transition digitale des postes et télécommunications, a-t-elle indiqué, précisant que dans ce ministère, les femmes représentent plus de 42% du personnel.  La Ministre a souligné que son pays se mobilise pour appuyer la protection des droits des femmes et des filles dans l’environnement numérique, tels que le droit à la vie privée sur Internet et le droit à l’information.  Elle a par ailleurs indiqué que le taux d’accès à Internet a évolué significativement, passant de 31,5% en 2019 à près de 70% en 2021.  Quant au taux d’abonnement à Internet, il a connu une croissance exponentielle passant de plus de 6 millions en 2019 à plus de 13 millions en 2021. 

M. JEAN MUONAOWAUZA SENDEZA, Ministre de l’égalité des sexes, du développement communautaire et de la protection sociale du Malawi, a reconnu que la numérisation dans son pays est entravée par des problèmes structurels liés à l’accès à l’électricité, la connectivité à Internet, l’insuffisance ou la faiblesse des infrastructures de télécommunications, en plus de la capacité limitée des individus à utiliser des solutions numériques.  De fait, a-t-il détaillé, seuls 20% des Malawiens ont accès à Internet, et ce problème touche principalement les femmes et les jeunes filles.  Le faible accès à Internet à haut débit représente un autre obstacle majeur, en particulier pour les personnes vivant dans les zones rurales et reculées.

Parmi les nombreuses initiatives mises en œuvre pour surmonter ces défis, le Ministre a cité la création du réseau des femmes en science et en technologie, qui regroupe des femmes scientifiques, des chercheuses et des technologues issues du monde universitaire, du secteur privé, de la société civile et du gouvernement pour aider à transformer le Malawi en une nation riche et autonome grâce à la fourniture de TIC intégrées et inclusives, de systèmes numériques et de services d’amélioration de la vie. 

Mme SMRITI IRANI, Ministre des femmes et du développement de l’enfant de l’Inde, a noté qu’alors qu’à l’échelle mondiale, les femmes ne représentent que 36% des inscriptions dans le domaine des STIM, en Inde, ces chiffres sont presque égaux à ceux des hommes.  Elle a toutefois souligné l’importance d’élaborer des politiques axées sur une « fusion » entre le développement des compétences et une croissance inclusive.  La Ministre a énuméré les programmes nationaux et régionaux mis en place dans son pays afin de permettre aux femmes de tirer parti des changements technologiques.  Le Gouvernement a notamment lancé une campagne en ligne pour célébrer les femmes qui se sont taillées une place dans le domaine des STIM. Et d’autres programmes publics ont été créés afin de doter les femmes, notamment celles vivant en milieu rural, d’ordinateurs et du savoir-faire technique nécessaire pour exploiter pleinement le monde numérique.  En outre, des partenariats public-privé entre les systèmes éducatifs, les gouvernements et les entreprises travaillant dans des technologies émergentes telles que l’intelligence artificielle, la nanotechnologie et la robotique ont été mis en place.  La Ministre a réitéré en terminant l’engagement de son gouvernement à encourager les femmes et les filles à faire carrière dans les domaines numérique et des STIM. 

Mme ANNA KOUKKIDES-PROCOPIOU, Ministre de la justice et de l’ordre public de Chypre, a noté que le secteur de la technologie numérique fait partie des sept initiatives phares de la Stratégie Europe 2020 de l’Union européenne pour une économie intelligente, durable et inclusive.  À ses yeux, l’accès à l’information est un droit humain fondamental, dont la privation affecte au premier chef les groupes vulnérables et marginalisés de la société, y compris les femmes.  L’accès à l’information permet aux femmes d’être plus actives dans la vie sociale, économique et politique de leur pays, et de prendre part aux prises de décision.  Et selon la Commission européenne, 500 000 nouveaux emplois seront créés d’ici à 2020 dans le secteur de la technologie, a-t-elle relevé, tout en s’inquiétant que les femmes ne soient pas en mesure d’en profiter.  Elle a ainsi appelé à intensifier les efforts pour réduire la fracture numérique de genre, favoriser l’emploi et l’entrepreneuriat des femmes, et supprimer les inégalités sur le marché du travail. 

Mme KALPANA DEVI KOONJOO-SHAH, Ministre de l’égalité des sexes et du bien-être familial de Maurice, a fait état des progrès notables enregistrés par son pays en termes de parité entre les sexes dans le secteur de l’éducation, de la participation des femmes au marché du travail et de leur accès à des services de santé.  Malgré les transformations profondes engendrées par les nouvelles technologies, elle a estimé que l’égalité des sexes doit rester une priorité et une condition préalable au développement durable.  Maurice poursuit ses efforts pour assurer un meilleur accès des femmes aux technologies numériques, notamment en ce qui concerne l’alphabétisation numérique, le développement des compétences, la confidentialité et la sécurité en ligne.  Le développement de l’entrepreneuriat des femmes constitue un autre pilier stratégique pour la réalisation du développement durable et de l’égalité des sexes, a poursuivi la Ministre, pour qui les technologies numériques participent à l’atteinte de ces objectifs.  Elle a cité l’exemple du plan stratégique national pour le développement de l’entrepreneuriat des femmes à Maurice, lancé cette semaine, qui met l’accent sur le facteur numérique. 

Mme LYNDA TABUYA, Ministre des femmes, des enfants et de la lutte contre la pauvreté des Fidji, a noté que, si la technologie numérique et l’innovation peuvent créer de nouvelles possibilités d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques, elles peuvent paradoxalement accroître l’empreinte carbone du secteur des TIC.  Et si la technologie et l’innovation numériques ont le potentiel de faire progresser l’égalité entre les sexes, elles présentent également des risques tels que la violence sexiste en ligne et les préjugés sexistes dans les algorithmes et l’intelligence artificielle.  Les Fidji, a-t-elle fait savoir, soutiennent donc le développement et l’utilisation de la technologie et de l’innovation d’une manière durable sur le plan climatique, avec un engagement sur la voie d’une réduction à zéro des émissions de carbone, qui réponde en outre aux besoins et aux perspectives des femmes et des filles dans toute leur diversité.  Ainsi, 71% des Fidjiennes sont connectées à Internet; 80% possèdent un téléphone, dont les trois quarts un smartphone; et 75% des femmes possèdent un compte bancaire, a fait valoir la Ministre.  Elle s’est félicitée que les Fidjiennes tirent parti de la connectivité numérique pour plaider en faveur du changement social et de l’inclusion, recevant des informations opportunes sur les catastrophes imminentes, qu’elles réutilisent pour développer leurs activités, gagner du temps et surmonter les contraintes d’accès aux informations qui soutiennent leurs activités économiques et génératrices de revenus. 

M. KIRK D.  M. HUMPHREY, Ministre de l’émancipation des personnes et des personnes âgées de la Barbade, a dit que pour s’attaquer aux problèmes réels auxquels sont confrontées les femmes dans l’utilisation de la technologie, nous devons nous attaquer aux problèmes des femmes et des changements climatiques, « menace existentielle » à laquelle sont confrontés tous les petits États insulaires en développement (PEID).  La poursuite du progrès par l’homme alimente trop souvent selon lui la crise climatique, mettant ainsi en danger les femmes et les filles.  L’innovation technologique peut avoir un impact positif sur notre monde, mais son utilisation a souvent produit des conséquences négatives imprévues, a insisté le Ministre, en dénonçant une technologie « militarisée » qui refuse aux femmes et aux filles de participer à l’innovation dans l’espace numérique, sans refléter leurs besoins.  « Nous ne devons pas militariser la technologie, nous devons féminiser la technologie », a-t-il lancé.  Selon les statistiques de GenEquality, 56% des rapports nationaux sur l’action climatique incluent des considérations de genre, mais seulement 9% y ont consacré un budget.  « En d’autres termes, ce ne sont que des paroles et les femmes sont les plus touchées par les catastrophes naturelles », a encore dit le Ministre, avant d’appeler à une plus grande implication des femmes dans la création de la technologie numérique, en s’attaquant aux structures sociales qui renforcent les schémas d’inégalité existants.

M. SEVLID HURTIC, Ministre des droits humains et des réfugiés de Bosnie-Herzégovine, a indiqué que dans son pays, les TIC sont l’un des secteurs à la croissance la plus rapide, précisant que l’emploi y a augmenté jusqu’à 10 fois plus vite que dans d’autres industries au cours des sept dernières années.  Les employés de ce secteur gagnent 71,77% de plus que le salaire net moyen en Bosnie-Herzégovine, a-t-il détaillé, voyant dans la croissance du secteur des TIC une excellente occasion de réduire le déséquilibre entre les sexes dans l’économie et de favoriser l’égalité des sexes dans la société en général. 

Cette année, a-t-il enchaîné, la Bosnie-Herzégovine élabore son quatrième plan d’action national consécutif en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes.  Il a fait état d’une tendance déjà perceptible d’augmentation du nombre de femmes employées dans le secteur des technologies de l’information, en particulier dans le domaine de la programmation, ainsi que des gestionnaires et des propriétaires d’entreprises.  « Notre plus grand résultat est l’augmentation de l’intérêt des filles pour l’enseignement des technologies de l’information, l’écart entre les sexes se réduisant d’année en année », s’est-il félicité. 

Mme WAFA BANI MUSTFA, Ministre du développement social de la Jordanie, a parlé de la réforme entreprise par le Roi Abdallah afin de moderniser le système politique du pays et la loi électorale, ce qui a eu pour effet d’accroître la participation des femmes à la vie publique.  Une réforme a été également été engagée en vue de la numérisation des services publics, et un comité ministériel mis en place afin d’autonomiser les femmes, notamment celles vivant dans les zones rurales. 

Mme ISAIA VAIPUNA TAAPE, Ministre de la santé, de la protection sociale et de l’égalité des sexes des Tuvalu, a déclaré que c’est grâce au développement numérique et à ses retombées économiques directes pour sa nation insulaire qu’elle se trouve aujourd’hui ici en train de partager les priorités des femmes et des filles des Tuvalu.  De fait, a-t-elle expliqué, le code pays Internet des Tuvalu, « point tv », apporte des revenus importants au pays et a permis « d’obtenir son adhésion aux Nations Unies ». 

Elle a ensuite détaillé la pénétration numérique aux Tuvalu où 88% des ménages possèdent un téléphone portable et 62% ont accès à Internet à domicile. 

En outre, 78% des femmes possèdent un téléphone portable et 66% utilisent Internet au moins une fois par semaine.  Il est intéressant de noter que les femmes utilisent Internet et effectuent des activités informatiques plus souvent que les hommes, a-t-elle fait remarquer.  La Ministre a également parlé du projet Future Now qui permettra de créer des archives numériques de l’histoire et des pratiques culturelles des Tuvalu afin de créer une « nation numérique ».  Nous nous préparons à la réelle possibilité de voir notre terre disparaître dans un avenir proche en raison de l’attitude laxiste de nombreux pays face aux changements climatiques, a-t-elle dit.

Mme LAVAN SOUTHISAN, Vice-Présidente de l’Union des femmes laotiennes, a notamment souligné l’importance de promouvoir le rôle des femmes dans tous les secteurs de l’activité socioéconomique, y compris en accroissant les opportunités de création d’entreprise par l’établissement d’un environnement favorable à l’expression de leurs compétences et aspirations.  « Cela passe par un accès facilité des entrepreneuses à l’éducation numérique et à l’acquisition des compétences digitales, financières et technologiques. »  L’inclusion économique des femmes à l’ère numérique leur donnera en outre la possibilité de s’approprier les initiatives et stratégies innovantes de développement durable, a ajouté Mme Southisan.  À cet égard, a-t-elle dit, nous saluons le lancement de la plateforme d’apprentissage laotienne en ligne « SMART UP » pour aider les cheffes de petites et moyennes entreprises à améliorer leurs compétences.

M. MARCUS SAMO, Secrétaire d’État à la santé et aux services sociaux de la Micronésie, a reconnu que les pays de la région doivent continuer à trouver des dispositifs innovants pour utiliser pleinement la technologie comme moyen d’améliorer la vie de leur population, en particulier celle des femmes et des enfants, souvent dispersée sur des milliers de kilomètres avec un accès encore limité ou inexistant à Internet.  En Micronésie et dans d’autres petits États insulaires, le coût d’accès à la technologie est souvent prohibitif, a-t-il expliqué, ce coût frappant « nos femmes et nos filles de manière disproportionnée ».  Pour relever ce défi, le Ministre a souligné la nécessité que le secteur privé réduise ses coûts de gros pour accroître l’accès aux technologies innovantes.  Il a néanmoins noté que le nombre de femmes utilisant Internet pour compléter leurs maigres revenus est en augmentation.  C’est pourquoi le Secrétaire d’État a répété que la réduction des coûts d’accès à Internet permettra de booster les e-commerces développés par les entrepreneuses et les revenus afin de rendre viable de telles activités.  M. Samo a également indiqué qu’un nombre croissant de bourses financées par le Gouvernement était alloué aux femmes et filles désireuses de s’engager dans des carrières non traditionnelles, y compris celles liées aux TIC.  Les technologies numériques ont un énorme potentiel pour renforcer la participation des femmes et des filles au développement des économies insulaires, a-t-il insisté.  Enfin, en tant que représentant d’un pays particulièrement vulnérable aux effets délétères des changements climatiques, il a demandé à la Commission de se pencher plus avant sur les risques de dégradation de l’environnement naturel qu’entraîne la numérisation des économies des PEID. 

Mme VIRGINIA ALBERT-PAYOTTE, Ministre du service public, de l’intérieur, du travail et de l’égalité des sexes de Sainte-Lucie, a souligné les progrès accomplis dans le secteur de l’éducation dans son pays afin de garantir aux garçons et aux filles un accès égal à la technologie et à l’innovation.  Désormais, des milliers d’enfants, d’enseignants et de fonctionnaires gouvernementaux ont reçu des appareils pour améliorer leur capacité d’apprentissage, s’est réjouie la Ministre.  En outre, le Gouvernement a commencé à fournir à moindre coût un accès Internet aux personnes en situation de vulnérabilité.  Ces avancées commencent déjà à réduire la fracture numérique parmi les enfants et les femmes, s’est-elle félicitée.  De plus, celles qui travaillent dans les secteurs agricole et touristique bénéficient d’opportunités d’apprentissage et de changements institutionnels qui créent un environnement plus propice à des financements créatifs.  Par ailleurs, la Ministre a salué le soutien des partenaires de développement à des initiatives telles que l’agriculture intelligente face aux changements climatiques, le codage et la robotique, ainsi que le renforcement des capacités numériques.  Des investissements qui peuvent aider des pays comme Sainte-Lucie à renforcer leur résilience et à ouvrir de nouvelles voies économiques pour nos jeunes, a-t-elle ajouté en conclusion.

Mme LAILA AHMED AWADH AL NAJJAR, Ministre du développement social d’Oman, a déclaré que la loi fondamentale d’Oman prévoit des mesures ciblées afin de favoriser l’égalité entre les hommes et les femmes dans tous les domaines.  La vision d’Oman à l’horizon 2040 ambitionne de renforcer les compétences et l’autonomisation des femmes en créant un environnement propice à leur pleine participation aux affaires publiques.  Un programme de financement de projets menés par des femmes en milieu rural aide celles-ci à lancer des entreprises dans les secteurs de l’agriculture et des ressources animalières, a ajouté la Ministre.  Un programme a également été créé afin de développer les compétences des filles et des femmes dans les secteurs des nouvelles technologies les plus en demande et des sciences.  En recherche scientifique et technologique, les femmes comptent maintenant pour plus de 33% des effectifs, et 46% des étudiants a-t-elle noté. 

Mme AYANNA WEBSTERROY, Ministre au sein du Cabinet du Premier Ministre responsable du genre et de l’enfance de Trinité-et-Tobago, a détaillé les progrès considérables réalisés dans le cadre de la stratégie de transformation numérique de son pays, citant notamment la création du programme national de compétences digitales, où les femmes et les filles représentent plus de 82% des personnes inscrites.  En outre, a poursuivi la Ministre, le système d’apprentissage adapté à la lecture, à l’écriture et au calcul a été créé sous la forme d’une plateforme Web permettant aux élèves de s’engager dans un apprentissage interactif à leur rythme.

De même, a continué la Ministre, le Gouvernement applique de manière innovante la technologie à la fourniture de programmes d’aide sociale aux citoyens, notamment à destination des femmes en situation de vulnérabilité, qui reçoivent désormais des transferts électroniques de subventions sociales directement sur leurs comptes bancaires.  Des services de conseil en ligne et virtuels, des ateliers virtuels sur l’art d’être parent et d’autres initiatives familiales psychosociales complètent ces mesures afin, a-t-elle dit, d’élargir les filets de l’inclusion.

Mme NOURA MOHAMED AL KAABI, Ministre d’État de la culture et de la jeunesse des Émirats arabes unis, a mis en avant l’initiative The Digital School, lancée récemment par son pays.  Cette première école numérique propose un enseignement à distance dans un format intelligent et flexible, et 55% de ses étudiants sont des femmes, a-t-elle indiqué.  De même, 61% des étudiants universitaires émiriens dans les filières STIM sont des femmes, et « nous nous efforçons de leur offrir des chances égales après l’obtention de leur diplôme », a-t-elle fait valoir. 

La dignitaire a également parlé de la participation des femmes et des filles à la lutte contre les changements climatiques et à l’exploration de l’espace, informant que son pays s’est engagé à fournir aux femmes et aux filles un accès égal aux technologies utilisées dans ces domaines.  De fait, les femmes ont représenté 34% des membres de la mission Emirates Mars et 80% de l’ensemble de l’équipe scientifique de ce projet, s’est-elle enorgueillie. 

Par ailleurs, alors que son pays se prépare à accueillir la COP28, l’accent est mis sur l’importance d’une perspective de genre dans toutes les discussions pertinentes, a-t-elle insisté, précisant que l’équipe de direction compte deux tiers de femmes et que l’équipe de gestion en compte plus de 50%.

LORD VAEA, Ministre des affaires intérieures des Tonga, a déclaré que la priorité de son pays est de réaliser l’égalité entre les sexes d’ici à 2025 comme le prévoit la politique d’autonomisation des femmes de son pays, tout en reconnaissant qu’il sera difficile d’y parvenir.  Elle a indiqué que grâce aux différentes plateformes technologiques disponibles, il ressort du recensement de la population de 2021 que les femmes utilisent les données mobiles plus que les hommes.  Toutefois, ces progrès s’accompagnent de défis de cybersécurité, de menaces en ligne, de nécessité de protéger les données, de harcèlement en ligne, d’abus et de violences sexistes, a-t-il déploré.  Citant une enquête gouvernementale menée en 2017, le Ministre a indiqué que le cyberharcèlement et la criminalité sont reconnus comme une forme de violence fondée sur le genre, dans laquelle 59% des victimes interrogées étaient des femmes.

Par ailleurs, son gouvernement encourage les femmes et les jeunes filles à étudier les domaines liés aux STIM et collabore à de nouvelles initiatives pour soutenir les femmes dans le domaine des énergies renouvelables.  Le Ministre s’est dit convaincu que la technologie peut aider à faire face aux changements climatiques, aux catastrophes naturelles, à la pandémie de COVID-19, à l’éducation et au travail, rappelant que l’an dernier, l’éruption volcanique de Hunga-Tonga-Hunga-Ha’apai et le tsunami qui a suivi ont rompu le câble sous-marin, coupant toutes les communications avec les Tonga et le reste du monde pendant une dizaine de jours.  Pour finir, il a lancé un appel à la communauté internationale et aux agences multilatérales pour soutenir son pays dans sa démarche afin d’améliorer l’investissement dans les technologies numériques afin d’autonomiser les femmes et les filles et de combler le fossé numérique entre les sexes, notamment en ce qui concerne les changements climatiques et la réduction des risques de catastrophe.

Mme LESAOANA PITSO, Ministre du genre, de la jeunesse, des sports, des arts, de la culture et du développement social du Lesotho, a déclaré que l’accès aux outils numériques est un droit humain fondamental pour chaque femme et chaque fille, afin de pouvoir acquérir de nouvelles compétences et d’obtenir des emplois de qualité.  Au Lesotho, bien que l’accès aux nouvelles technologies reste un défi pour les communautés rurales du fait du manque d’infrastructures, d’argent et d’éducation, la majorité des femmes profitent du commerce mobile et des services de communication, a-t-elle expliqué.  La politique genre et développement 2018-2030 du Gouvernement vise à lutter contre les inégalités et les disparités entre les sexes et à éradiquer la violence fondée sur le genre et la pauvreté.  Les organisations de la société civile et les institutions des Nations Unies ont joué un rôle de premier plan dans l’adoption d’une loi contre la violence domestique, s’est félicitée la Ministre.  Elle a invité en terminant les États Membres « numériquement avancés » ainsi que les partenaires de développement à « tendre la main » à son pays afin de contribuer à l’avancement technologique des femmes et des filles, en particulier dans les zones rurales.

M. FRANO MATUSIC, Secrétaire d’État aux affaires politiques au Ministère des affaires étrangères et européennes de la Croatie, s’est inquiété des conséquences économiques et sociales sans précédent auxquelles sont confrontées les femmes du fait des menaces qui pèsent sur l’emploi.  Des millions de filles dans le monde quittent l’école, s’exposant à un risque accru de violence sexiste et de discrimination, en particulier celles qui vivent en milieu rural, sont issues de minorités ethniques, ou encore atteintes de handicap.  Selon lui, la numérisation peut jouer un rôle crucial en offrant des possibilités de croissance économique et une plus grande inclusion des femmes sur le marché du travail.  La Croatie, a-t-il rappelé, est signataire de la Déclaration d’engagement sur les femmes dans le numérique et met en œuvre des activités multipartites pour contribuer à l’égalité des sexes dans ce domaine.  Son gouvernement mène également des activités de sensibilisation auprès des jeunes filles et les encourage à opter pour des métiers STIM. Pour soutenir ces progrès, la stratégie pour la Croatie numérique jusqu’en 2032, adoptée le mois dernier, s’efforce de réduire l’écart entre zones urbaines et zones rurales, a expliqué le Ministre. 

Mme VÉRONIQUE TOGNIFODE, Ministre des affaires sociales et de la microfinance du Bénin, a jugé que la participation des femmes et des filles au secteur des technologies se traduit par des solutions plus créatives et offre un plus grand potentiel d’innovation, tout en tenant compte de l’égalité des sexes.  Afin de favoriser l’accès des femmes et des filles aux technologies et aux métiers du numérique, le Gouvernement a développé diverses initiatives telles que l’octroi de bourses aux filles inscrites à des programmes scientifiques et techniques, le renforcement des capacités dans le domaine du numérique et la création de cours numériques dans les écoles.  La Ministre a mis en garde contre les risques associés à la cybercriminalité, aux violences fondées sur le genre en ligne et à la protection des données à caractère personnel.

Mme IMELDE SABUSHIMIKE, Ministre de la solidarité nationale, des affaires sociales, des droits humains et du genre du Burundi, a déploré que l’on trouve de moins en moins de femmes exerçant dans les domaines de l’ingénierie et des TIC.  Le Burundi a lancé plusieurs initiatives d’amélioration du cadre légal de ces technologies: renforcement des mécanismes de suivi de régulation et d’intervention; déploiement de la fibre optique dans toutes les provinces du pays; mise en place d’une réglementation entre compagnies de téléphonie mobiles et les banques afin de développer les applications financières mobiles pour toutes.  La Ministre a aussi mentionné la création d’un guichet numérique unique pour tous les documents administratifs, passeports, laissez-passer et permis de conduire.

Mme ANA PAULA DA SILVA SACRAMENTO NETO, Ministre de la famille, de l’action sociale et de la promotion des femmes de l’Angola, a déclaré que son gouvernement s’attache à développer une société d’innovation technologique, en développant des projets liés par exemple à la télévision numérique, aux classes virtuelles ou encore au développement des infrastructures de télécommunication et de communication dans les zones rurales.  L’objectif, a-t-elle dit, est notamment de créer un environnement numérique sûr pour les jeunes femmes et d’accompagner ces dernières dans la création de startups au sein d’incubateurs d’entreprises œuvrant en lien avec les établissements d’enseignement supérieur.  La Ministre a par ailleurs signalé que le satellite angolais ANGOSAT 2, qui inclut des femmes dans ses opérations, a généré des opportunités d’emploi considérables pour les jeunes femmes dans le secteur en plein essor de l’aérospatiale.  En effet, il est important de noter que notre pays compte déjà 16 femmes angolaises spécialisées dans ce domaine travaillant au Bureau de gestion du programme spatial national, a ajouté l’oratrice.  Elle a également attiré l’attention sur les progrès réalisés en Angola dans l’accès des femmes et des filles aux nouvelles technologies de l’information et de l’éducation numérique, qui attestent de leur participation accrue aux programmes d’ingénierie et d’informatique.

Mme ANTONIA ORELLANA, Ministre de la femme et de l’égalité de genre du Chili, s’est inquiétée du lien entre criminalité transnationale organisée, nouvelles technologies et traite des femmes et des enfants.  Cette combinaison a conduit au grave problème de la maternité de substitution à des fins commerciales, a-t-elle dénoncé.  Dans ce contexte, la Ministre a pressé les pays à régulariser les cadres législatifs et réglementaires afin de prévenir et de punir ce type de violence.  De fait, a-t-elle expliqué, le commerce de la maternité de substitution s’est imposé comme une industrie qui génère des revenus considérables et dans laquelle il existe une asymétrie de pouvoir liée à la classe et à l’appartenance ethnique.  Celle-ci, a-t-elle ajouté, se cristallise dans des chaînes de transactions impliquant la gestation ou l’accouchement d’enfants des pays en développement à destination des pays développés.  Cette pratique croissante, si elle n’est pas réglementée efficacement, porte gravement atteinte aux droits des femmes et des enfants, a-t-elle averti.

Mme CLAUDINE AOUN, Présidente de la Commission nationale des femmes libanaises, a dit que son pays comptait sur les TIC pour sortir de l’ornière.  Il s’agit du secteur national doté du potentiel de croissance le plus important, le Liban disposant de vastes compétences dans ce domaine.  L’écart demeure cependant élevé entre hommes et femmes dans les domaines des STIM, de l’ingénierie ou de l’accès au numérique.  La crise économique a eu de lourdes incidences sur l’emploi des femmes au Liban, les nouvelles technologies n’attirant pas un grand nombre de travailleuses, quoique ce nombre soit en hausse, a fait observer l’intervenante.  À la croisée des chemins, le Liban doit se moderniser, et les femmes participer sur un pied d’égalité à cet exercice de modernisation des institutions, a pointé la déléguée.  La Commission nationale renforce les formations en ce sens, accordant une attention particulière aux services d’orientation professionnelle pour les encourager à persévérer dans les STIM. 

Mme HURIA K.  M ELTARMAL, Ministre adjointe chargée de la condition féminine de Libye, a déclaré qu’en dépit des défis auxquels est confronté son pays, les Libyennes ont montré leur capacité d’innovation malgré les affres de la guerre.  « Nul n’ignore l’envergure des discriminations contre les femmes dans notre région, du fait des structures sociales et institutionnelles », a reconnu la Ministre, en ajoutant que le Gouvernement d’unité nationale a veillé à accroître la représentation des femmes au sein du Gouvernement.  Celui-ci s’efforce ainsi de les autonomiser afin d’augmenter leur compétitivité dans les instances décisionnelles, et s’est engagé à réaliser l’égalité des chances entre hommes et femmes dans la transformation numérique et la recherche scientifique.  Une série de réformes ont été entreprises en 2022 pour faciliter l’accès des femmes au marché du travail, octroyant notamment des droits civils aux Libyennes mariées à des ressortissants étrangers, a expliqué la Ministre. 

Mme AL KHALIL (Arabie saoudite), a souligné que son pays continue de développer les systèmes éducatifs adéquats pour attirer les futurs talents féminins vers la culture numérique.  Les gouvernements successifs appuient depuis une trentaine d’années les jeunes femmes dans l’accès aux métiers STIM par le biais d’écoles spécialisées chargées de former les étudiantes au développement technologique dans tous les domaines, a-t-elle ajouté.  Après avoir indiqué que l’Arabie saoudite est le deuxième pays au monde en ce qui concerne l’index de cybersécurité, elle a signalé que les autorités de son pays, en coopération avec le secteur privé, s’efforcent de promouvoir l’accès des femmes aux postes à responsabilités dans les startups, notamment du secteur des télécommunication, celui-ci employant actuellement 32,5% de femmes ingénieures.  Enfin, elle a annoncé le lancement récent du deuxième programme d’entreprenariat féminin dans les TIC à travers un appel massif à projets. 

Mme LARIBA ZUWEIRA ABUDU, Ministre du genre, de l’enfance et de la protection sociale du Ghana, a attiré l’attention sur le « solide » système mis en place dans son pays pour former les filles et les jeunes femmes aux TIC et aux compétences numériques, un système qui a permis la réalisation de progrès significatifs dans la réduction de l’écart digital entre jeunes filles et garçons.  Le Gouvernement du Ghana, par l’intermédiaire du Ministère de la communication et de la numérisation, a jusqu’à présent formé plus de 5 000 filles de cinq régions à la cybersécurité et à la confidentialité des données, a poursuivi Mme Abudu, qui a précisé que cette action a pour but d’encourager les filles et les jeunes femmes à acquérir des compétences numériques et à envisager des études et des carrières dans le domaine « en plein essor » des technologies de l’information et de la communication.  Nous escomptons que quelques 100 000 filles bénéficieront à terme de cette initiative, a-t-elle ajouté.  La Ministre a en outre souligné que son pays accorde une place de choix aux études liées aux TIC, y compris le codage, dans la plupart des universités et grandes écoles du Ghana.  Le « Ghana Code Club » fournit ainsi un soutien financier et une formation continue par le biais de « clubs TIC » aux étudiants de premier cycle du secondaire, a précisé l’oratrice.  Elle a conclu en indiquant que cinq écoles STIM forment aussi nombre d’étudiantes à la culture numérique sous tous ses aspects et à la pensée critique. 

Mme MARGARITA GUTIERREZ, Secrétaire adjointe du département de l’intérieur des Philippines, a mis l’accent sur le Fonds pour l’innovation, qui accorde des subventions aux entreprises qui développent des solutions innovantes, y compris celles dirigées par des femmes.  De plus, le système d’enregistrement des secteurs de base de l’agriculture a été mis au point pour permettre aux travailleurs de l’industrie de bénéficier des services gouvernementaux, a ajouté la Ministre.  En janvier 2023, 43% des 6,65 millions figurant dans le registre sont des femmes, et l’objectif est d’atteindre le chiffre de 10 millions d’ici à la fin de l’année.  Poursuivant, elle a décrit le programme Digital Rise3, qui est une initiative liant la technologie à l’éducation de base.  De même, le programme d’études comprend des outils de productivité et des concepts multimédias, tandis que les enseignants et les apprenants reçoivent des équipements et des logiciels et se voient dispensées des compétences numériques.

Mme ANNA SCHMIDT, Secrétaire d’État au Ministère de la famille et de la politique sociale de la Pologne en charge de l’égalité, a reconnu que fournir un accès à Internet et aux outils numériques dont de nombreuses femmes et filles sont privées dans certaines parties du monde reste un problème crucial à régler.  À cet égard, elle a indiqué que la Pologne poursuit ses efforts pour fournir un accès complet à Internet et des services publics entièrement numérisés, ainsi que pour combler le fossé numérique pour sortir de l’isolement de la population âgée et rurale.  Un autre problème très important lié aux nouvelles technologies est la désinformation qui se répand dans le monde entier, a poursuivi Mme Schmidt, attirant l’attention sur le fait que l’invasion russe contre l’Ukraine donne lieu à des campagnes de désinformation et de dénigrement en ligne d’une ampleur sans précédent.  Cette propagande porte également atteinte aux droits des femmes et aux droits humains en général, a-t-elle assuré, avant d’appeler à l’intensification des efforts internationaux pour contrer ce véritable fléau.  La Ministre polonaise a insisté sur le fait que la poursuite de l’agression russe contre l’Ukraine et les violations brutales des droits des femmes dans ce pays « ne peut que nous inciter à renforcer nos engagements en faveur de la protection et de la promotion des droits de l’homme ».  Elle a conclu en se déclarant fermement convaincue qu’un monde pacifique dépend de la garantie de l’égalité femmes-hommes, de la suppression des obstacles à l’autonomisation des femmes et de l’investissement dans leur participation dans tous les domaines de la vie sociale. 

Mme LAURA GIL SAVASTANO, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Colombie, a dès le départ tenu à préciser que la parité homme-femme n’est pas un objectif final, mais un « plancher », car la transformation que nous visons doit inclure les filles, les adolescentes et les femmes dans toute leur diversité, ainsi que les membres de la communauté LGBTQI+.  Pour la Colombie, il ne suffit pas de mettre en œuvre une approche axée sur le genre, ni de s’attaquer aux conséquences de l’inégalité, il est impératif de se pencher sur ses causes profondes.  Pour elle, les efforts déployés à tous les niveaux doivent commencer par la visibilité.  Mettre en œuvre les histoires et reconnaître les capacités des femmes dans les domaines de la science, de la technologie, de l’ingénierie, des mathématiques et de l’innovation n’est, selon elle, que la première étape pour faire d’elles des exemples à suivre et faire échec aux stéréotypes de genre, a-t-elle conclu.

Mme MARCI IEN, Ministre des femmes et de l’égalité des sexes du Canada, a observé que dans de nombreux pays, les femmes n’ont pas le même accès à la technologie que les hommes, ce qui affecte leur capacité à réussir sur le plan social, économique et politique, en particulier les femmes atteintes de handicap, autochtones ou racialisées, qui sont victimes de discrimination et d’exclusion.  Nous devons donc œuvrer de concert à abattre ces barrières aux niveaux national et international.  Le Canada continue d’investir dans l’éducation, l’entrepreneuriat et le leadership des femmes afin d’assurer des conditions égales à toute la population, a assuré la Ministre.  Les filles et les femmes sont soutenues dans le cadre de la stratégie pour l’entrepreneuriat des femmes.  À l’échelle mondiale, des politiques aident, selon elle, à bâtir un monde plus prospère et inclusif, en adoptant une approche de féminisme intersectionnel.  Le Canada dispose en outre d’une stratégie fédérale sur 10 ans pour mettre fin à la violence fondée sur le genre et à la discrimination envers la communauté LGBTQI et les femmes autochtones.  La Ministre a appelé, en terminant, à reconnaître le rôle central des femmes en tant qu’actrices à l’ère du numérique et à les soutenir. 

Mme REBECCA BUTTIGIEG, Secrétaire parlementaire pour les réformes et l’égalité de Malte, a souligné combien la numérisation est essentielle pour réaliser les droits humains des femmes et des filles.  Ainsi devons-nous veiller à ce que la transformation numérique soit ancrée dans une approche fondée sur les droits humains qui préserve la pleine réalisation des droits des femmes, a-t-elle insisté.  Selon elle, la réduction de la fracture numérique est cruciale à cet égard, sachant qu’il ne peut y avoir de pleine jouissance des droits humains par tous sans égalité des sexes.  Elle a indiqué que c’est dans cette optique que Malte s’engage à veiller à ce que les femmes et les filles, dans toute leur diversité, aient un accès libre, sûr et sécurisé aux technologies de l’information et des communications.  L’oratrice a par ailleurs annoncé qu’en tant que membre du Conseil de sécurité pendant la période 2023-2024, Malte appuiera le renforcement des programmes internationaux d’éducation publique de qualité qui promeuvent l’éducation numérique et médiatique pour les femmes et les filles, cela dans le but de leur permettre de tirer parti des opportunités qu’offre Internet pour leur vie économique, politique et leur autonomisation sociale.  Les femmes et les filles apportent de la diversité à la recherche et offrent de nouvelles perspectives à la science et à la technologie, conduisant à de meilleurs résultats pour nos sociétés, a-t-elle encore déclaré.  Enfin, Mme Buttigieg a jugé que pour aller plus loin en matière d’inclusion et de leadership des femmes dans le secteur technologique et les écosystèmes d’innovation, il convient d’intensifier la promotion de programmes de formation professionnelle incitant les filles à poursuivre des carrières dans les STIM et le numérique. 

Mme SUN XUELING, Ministre d’État, Ministère du développement social et familial et Ministère de l’intérieur de Singapour, a déclaré qu’environ 40% des professionnels du secteur des hautes technologies sont des femmes, ce qui situe Singapour bien au-dessus de la moyenne mondiale de 28%.  Nous continuons d’attirer et de soutenir les talents féminins dans le domaine de la technologie grâce à des partenariats avec les universités et le secteur industriel, comme en témoigne le mouvement « SG Women in Tech » qui propose depuis des décennies des programmes de mentorat et de mise en réseau efficients, a-t-elle encore expliqué.  Mme Xueling a ajouté que son pays mise sur cette approche partenariale pour créer des catalyseurs pérennes et un environnement propice à la réalisation des aspirations des femmes et les filles, et ce, pour les « aider à naviguer durablement dans le monde numérique en toute sécurité, en toute confiance et avec succès ».

C’est bien de se concentrer sur la fracture numérique, mais il ne faut pour autant fermer les yeux sur la violence physique, comme le non-accès inacceptable des filles à l’éducation ou l’empoisonnement des filles dans les écoles, a mis en garde Mme DOROTHY ESTRADA-TANK, Présidente du Groupe de travail chargé de la question de la discrimination à l’égard des femmes et des filles.  Elle a élevé la voix contre « le plus grand retour de manivelle » vis-à-vis des filles dans tous les domaines de la vie.  Il faut s’y atteler, en intégrant tous les efforts qu’il s’agisse du droit de la famille et droits sociaux, économiques et culturels.  Les violations des droits des femmes et des filles sont aggravées aujourd’hui par des politiques plus restrictives.

La Présidente du Groupe de travail a rappelé que la Commission de la condition de la femme reste la seule instance des Nations Unies exclusivement consacrée aux femmes et aux filles.  Elle doit donc impliquer dans son travail les défenseurs et défenseuses de ces droits.  La Commission doit également travailler avec les trois mécanismes des droits humains, à savoir le Comité sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, la Rapporteuse spéciale sur la violence à l’égard des femmes et mon Groupe de travail, a dit la Présidente.

Plus que jamais, a-t-elle poursuivi, nous devrons œuvrer de concert et préserver ou reconstruire l’espace démocratique.  La plateforme de l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes rassemble tous les mécanismes régionaux et internationaux sur les droits des femmes et des filles en tant qu’espace unique pour contrer les régressions alarmantes actuelles.  C’est pourquoi, la Présidente a appelé la communauté internationale et les parties prenantes à travailler ensemble pour surmonter « les retours de bâton » et continuer à défendre tous les droits fondamentaux de toutes les femmes et de toutes les filles. 

Mme MAYRA JIMÉNEZ, Ministre de la femme de la République dominicaine, intervenant en sa capacité de Présidente du Conseil des ministres des Femmes d’Amérique centrale du Système d’intégration d’Amérique centrale, a souligné la nécessité de promouvoir des mesures de prévention et de protection des femmes et des filles contre la violence en ligne, en particulier les migrantes qui en sont fréquemment les premières victimes.  Elle a également noté les efforts fournis par le Système d’intégration pour renforcer la participation et la présence des femmes d’Amérique centrale dans le domaine des STIM, encourageant les États de la région à conduire des réformes profondes et durables de promotion de la croissance inclusive, moyen le plus sûr, selon elle, d’assurer une égalité économique de fait.  Nous nous efforçons de renforcer l’accès des femmes aux formations professionnalisantes dans les domaines des TIC, à travers des cursus spécialisés dans les droits humains des femmes pouvant être suivis intégralement en ligne, y compris par les femmes rurales désireuses de faire carrière dans les métiers du tourisme vert et de l’éco-ingénierie, a-t-il enfin fait savoir. 

Mme FATOU DIANÉ GUEYE, Ministre de la femme, de la famille et de la protection des enfants du Sénégal, a souligné la volonté du Président sénégalais de faire du numérique un levier de transformation économique et sociale.  Dans le cadre de cette stratégie, a-t-elle détaillé, le Gouvernement a mis en place, entre autres, le Projet de « Réduction de la Fracture Numérique de Genre », le projet de développement de l’entreprenariat numérique féminin 2016-2025 avec la construction de cinq Maisons de formation numériques et la création de 20 000 entreprises de femmes.  Il a également ouvert des classes virtuelles accessibles aux filles déscolarisées pour faire face aux effets induits par les crises comme la pandémie de COVID-19.  La Ministre a également cité le projet SEN032, fort d’offres de formation sur l’entreprenariat féminin, en vue d’aider les jeunes filles et les femmes à être plus compétitives dans les domaines des TIC et à pérenniser l’incubation de startups.  Elle s’est ensuite réjouie des efforts d’intégration égalitaire entre hommes et femmes dans les politiques et initiatives liées à l’innovation technologique et a salué « le positionnement progressif et prometteur des Sénégalaises dans ce secteur ».  Néanmoins, a-t-elle nuancé, les efforts doivent être accentués dans la mise en cohérence et la coordination des projets et programmes dans tous les secteurs et à tous les niveaux.  C’est dans ce sens que son pays compte mettre en place des stratégies pour la disponibilité des données destinées à une meilleure analyse des types d’usage et comportements relatifs au numérique, cela « afin d’adapter les interventions et suivre efficacement leurs effets ». 

 

Mme IRENE MONTERO, Ministre de l’égalité de l’Espagne, a fait valoir que le féminisme est en train de changer le monde et peut apporter des réponses aux crises contemporaines, qu’il s’agisse de la répartition des richesses, des droits des personnes de la communauté LGBTQI et de l’environnement, en tenant compte de la dimension intersectionnelle.  Le mouvement féministe est à ses yeux le « moteur principal » des progrès démocratiques dans le monde, malgré les résistances « agressives » qu’on lui oppose, afin que les filles « aient des vies qui vaillent la peine d’être vécues ».  Elle a ensuite dénoncé les effets que les guerres, comme celle en Ukraine, ont sur les femmes, notamment les crimes sexuels et les déplacements forcés.  Pour faire face à ces crises, l’Espagne est intervenue en renforçant la capacité de protection de l’État et en combattant la violence machiste.  Selon la Ministre, les changements technologiques et l’intelligence artificielle peuvent faire progresser la situation des femmes et doivent inclure une perspective de genre afin de ne pas ouvrir la voie à de nouvelles sources d’inégalités.

Mme MAYRA JIMÉNEZ, Ministre de la femme de la République dominicaine, a indiqué que les femmes dans son pays ne représentent que 39% des diplômés en STIM. L’objectif de son gouvernement est de changer ce scénario pour que les femmes et les filles profitent de la numérisation et que, dans le même temps, la transformation technologique bénéficie de leurs précieuses contributions.  Pour y parvenir, la Ministre a jugé impératif de faire de Internet un espace sûr pour les femmes et les filles, afin qu’elles puissent accéder à des informations et à des services fiables, notamment en matière de santé sexuelle et génésique.  Elles doivent pouvoir naviguer et interagir dans des espaces en ligne exempts de violence, a-t-elle insisté. 

C’est dans ce sens qu’un projet de loi sur la violence à l’égard des femmes est actuellement examiné par le Parlement de son pays.  Ce texte prévoit des sanctions et des mesures de protection et de réparation pour les crimes de cyberviolence ou de violence sexiste en ligne, de cyberharcèlement et de cyberintimidation, a-t-elle détaillé. 

Mme BOTTERO TOVAGLIARE (Uruguay) a signalé que si 65% des diplômés de l’université dans son pays sont des femmes, seulement 40% le sont dans les STIM. Il faut inciter les jeunes filles à étudier ces matières qui débouchent sur les métiers de demain, les politiques publiques devant en ce sens s’efforcer de déconstruire les stéréotypes culturels qui tiennent éloignées les femmes de ces champs de connaissances et de compétences, a-t-elle préconisé.  Pour l’oratrice, il est du devoir des décideurs politiques de combler les brèches et les écarts femmes-hommes qui freinent la réalisation de l’autonomie économique et l’émancipation individuelle et sociale des femmes.  Nos politiques d’État doivent investir plus massivement encore dans la société inclusive que l’ONU appelle de ses vœux, a-t-elle conclu. 

Mme FAZILATUN NESSA INDIRA, Ministre d’État, Ministère de la condition féminine et de l’enfance du Bangladesh, a déclaré que son pays a accompli des progrès remarquables en matière d’émancipation économique et politique des femmes.  Fait rare dans le monde, le Premier Ministre, le Président du Parlement et son vice-président, ainsi que le dirigeant de l’opposition, sont toutes des femmes, a fait valoir la Ministre.  Sur le plan de la transformation numérique, la Ministre a évoqué la campagne Digital Bangladesh, illustrant la vision de son pays qui a, a-t-elle dit, accordé une priorité absolue aux TIC, à la science et à la technologie pour parvenir à l’égalité des sexes.  De même, la campagne Smart Bangladesh qui vient d’être lancée garantira une société basée sur la technologie dans laquelle toutes les femmes et les filles seront capables d’utiliser efficacement les TIC, avec l’objectif d’augmenter de 50%, la participation des femmes aux TIC d’ici à 2041.

Mme SADAGAT GAHRAMANOVA, Vice-Présidente du Comité d’État pour la famille, les femmes et les enfants de l’Azerbaïdjan, a déclaré que les TIC jouaient un rôle clef dans l’autonomisation des femmes en Azerbaïdjan, où une loi garantit l’égalité entre les sexes.  Chaque année, le Comité d’État présente au Parlement des données sur la mise en œuvre de de cette loi, ce qui permet d’analyser l’égalité entre les sexes au sein des structures privées et publiques.  Tous les programmes d’État en Azerbaïdjan incluent une garantie d’égalité entre les sexes, et ce, pour inciter les femmes à participer à tous les domaines de la vie sociale, économique et politique, a-t-elle ajouté.  Un plan d’action national qui court jusqu’en 2025 est élaboré en ce sens.  Des programmes numériques en faveur des femmes et des filles ont aussi été créés dans les zones rurales et dans les zones « libérées », s’est félicitée l’oratrice.

Mme MALARNDIRRI MCCARTHY, Ministre adjointe pour les Australiens autochtones et la santé autochtone de l’Australie, a expliqué que pendant la pandémie, la technologie est devenue un facilitateur de connexion sociale et a fourni de nouvelles façons de travailler et d’accéder aux services publics.  Elle a ajouté qu’en Australie, les compétences émergentes qui se développent le plus vite concerne les données et le numérique.  Pourtant, a-t-elle relevé, en 2021, la proportion de femmes travaillant dans le secteur des STIM n’était que de 15% et l’écart de rémunération entre les sexes pour les travailleurs à temps plein dans les industries y relatives était de 18%.  Ce n’est pas suffisant! s’est-elle exclamée, avant d’indiquer que des recherches récentes ont montré que si la proportion de la main d’œuvre technologique féminine augmentait, l’économie australienne générerait 1,8 milliard de dollars de plus par an au cours des 20 prochaines années.  La Ministre a déclaré que, dans ce contexte, son pays a investi massivement dans l’organisation de stages numériques dans la fonction publique, spécifiquement destinés à ceux qui sont généralement exclus de ce secteur: les femmes et les membres des Premières Nations.  Ces dernières, vivant dans des zones reculées et rurales sont parmi les Australiens les plus exclues du numérique, a-t-elle dit, réitérant l’engagement de son gouvernement de les sortir de l’isolement. 

Mme YI LIN, Vice-Présidente du Comité de travail national sur les enfants et les femmes, (Chine) a déclaré que la révolution scientifique et numérique offre de nouvelles possibilités pour les femmes, estimant, cependant, que le renforcement de l’éducation pour les femmes et les filles ainsi que leur intégration dans l’économie numérique, demeurent insuffisants.  Il faut donc travailler pour faire tomber les préjugés et les discriminations, a-t-elle souligné.  Le Congrès national du parti communiste chinois a jeté les bases de la modernisation chinoise, s’est-elle félicitée, soulignant que la Chine est engagée en faveur du développement durable et est prête à offrir de nouvelles possibilités pour les pays dans le monde entier.  Elle a ensuite indiqué que les femmes représentent environ 40% de la main d’œuvre active et que plus de 40% des postes scientifiques et technologiques sont occupés par les femmes qui, a-t-elle ajouté, jouent un rôle important dans le commerce électronique.

M. SARKHAD (Mongolie) a détaillé les réalisations de son pays en matière d’égalité entre les genres, en mentionnant notamment l’augmentation des financements et une meilleure protection des victimes de violence en raison du genre.  Il a précisé que son pays a gagné 18 places dans le classement de l’indice de développement du e-gouvernement en passant de la 92ème place en 2020 à la 74ème en 2022.  Enfin, il a espéré que cette session de la Commission sera l’occasion d’un échange des meilleures pratiques internationales.

Mme MARTHA DELGADO PERALTA, Sous-Secrétaire d’État pour les affaires multilatérales et les droits humains du Mexique, a commencé par exprimer sa solidarité avec les peuples de Türkiye et de Syrie, en particulier avec les femmes, les adolescents et les jeunes filles touchés par les tremblements de terre des 6 et 7 février 2023, les assurant qu’ils ne sont pas seuls et que nous continuerons à les aider.  Ces évènements, a fait observer la Sous-Secrétaire d’État, rappellent que ce sont les femmes et les filles qui sont les plus vulnérables aux catastrophes, aux effets néfastes des changements climatiques et aux pandémies.

La Sous-Secrétaire d’État a ensuite fait part de l’engagement du Mexique à faire des nouvelles technologies un élément central dans la formulation de politiques visant des modèles de développement durable et égalitaire.  C’est dans cet esprit que le Gouvernement a mis en œuvre le programme Internet para Todes, un programme social prioritaire, dont l’objectif est d’élargir l’accès de la population, en particulier les personnes en situation de vulnérabilité, aux technologies, à Internet et à la téléphonie mobile.  Il s’agit de promouvoir l’inclusion financière et l’autonomie économique des femmes.  Il s’agit également, a conclu la Sous-Secrétaire d’État, d’aider les adolescentes et les jeunes femmes à terminer leurs études par l’accès à l’apprentissage à distance. 

Mme MARIA SYRENGELA, Vice-Ministre du travail et des affaires sociales, chargée de l’égalité des genres, de la démographie et de la famille de la Grèce, a indiqué que le plan d’action national grec pour l’égalité des genres 2021-2025 comporte des mesures visant à renforcer les compétences numériques des femmes et à accroître leur participation au marché du travail dans le secteur des TIC, de la recherche et de l’ingénierie.  De plus, l’équilibre entre les sexes dans les études STIM et les carrières des femmes dans ces domaines est une question qui nous préoccupe constamment, a-t-elle assuré, avant de souligner l’accent mis par son gouvernement pour promouvoir l’entrepreneuriat féminin et améliorer la formation universitaire des femmes et des filles aux métiers du numérique.  La Ministre a cité le Greek Innovation Lab for Women qui vise, a-t-elle expliqué, à contribuer à mettre fin à la fracture numérique et à construire une société inclusive sur la base du modèle de développement durable proposé par les Nations Unies.  Le Lab entend ainsi devenir le premier écosystème grec à adopter une approche sensible au genre en matière d’entrepreneuriat innovant, en intégrant notamment les talents féminins à l’effort de numérisation de l’économie grecque, a-t-elle indiqué. 

Mme MARIA DO ROSARIO FATIMA CORREIA, Secrétaire d’État à l’égalité et à l’inclusion du Timor-Leste, a déclaré que pour un jeune pays comme le sien, l’innovation et le changement technologique, ainsi que l’éducation aux outils numériques pour parvenir à l’égalité des sexes et à l’autonomisation de toutes les femmes et filles, « sont des éléments clefs pour créer une société timoraise juste pour tous ».  Elle a mis l’accent sur l’importance que les femmes et les filles puissent choisir leur voie, définir et réaliser leurs propres rêves et vivre à leur guise.  Pendant la pandémie de COVID-19 et le confinement, nous avons maximisé l’utilisation de la technologie numérique de l’information pour garantir la fourniture de cours en ligne, a-t-elle ensuite indiqué, ajoutant qu’à partir de 2022, une importante campagne d’« alphabétisation numérique » et des formations sur la violence sexiste pour les journalistes ont été lancées pour renforcer la sensibilisation aux enjeux du genre.  La Ministre a également noté que son gouvernement reste activement engagé à améliorer l’accès à Internet dans tout le pays et à donner aux femmes rurales les moyens d’utiliser la technologie de l’information pour transformer leur environnement économique et commercial traditionnel. 

Mme OLGA BATALINA (Fédération de Russie) a indiqué que son pays a réussi sa transition numérique, 90% de la population ayant désormais accès à Internet.  Il est crucial de favoriser les acquis des femmes en matière d’informatique et de développer l’entrepreneuriat parmi elles, a-t-elle dit.  Elle a indiqué que son pays épaule les femmes afin qu’elles puissent concilier vie professionnelle et vie familiale.  La représentante a aussi mentionné une campagne visant à combattre les stéréotypes sexistes.  L’administration en ligne a progressé de manière significative en quelques années, a-t-elle précisé en conclusion, en énumérant les formalités désormais possibles, telles que l’inscription scolaire des enfants.

Mme DEGEAGO (Nauru) s’est amusée à indiquer qu’un seul prestataire de service numérique dessert Nauru, qui est toutefois, relativement à la taille de sa population, l’un des premiers consommateurs d’Internet de tout le Pacifique.  Selon elle, il faut axer le renforcement de l’accès des outils et ressources numériques des communautés reculées « de nos îles », a-t-elle ajouté, et ce, en protégeant les femmes et les filles des différentes formes de harcèlement en ligne « dont nous débattons dans cette instance ».  La participation des femmes dans les STIM doit s’appuyer sur un socle juridique solide, reposant sur les principes agréés internationalement, a aussi insisté l’oratrice.  En conclusion, elle a appelé les partenaires internationaux des PEI à les aider à progresser plus vite sur la voie d’une prospérité égalitaire à Nauru.

Mme NOR ASHIKIN JOHARI, Secrétaire permanente de la culture et des communautés au sein du Ministère de la culture, de la jeunesse et des sports du Brunéi Darussalam, s’est réjouie que deux des trois entreprises de télécommunications brunéiennes étaient dirigées par des femmes.  Dans l’enseignement supérieur, les Brunéiennes diplômées continuent de surpasser les hommes dans presque tous les domaines d’études, y compris les STIM, où la part des femmes diplômées a atteint 53% entre 2016 et 2019.  Toutefois, sur le marché du travail hautement qualifié, bien que les femmes soient bien représentées, les hommes sont légèrement majoritaires dans les professions liées aux STIM et aux TIC.  Sur la base de ces résultats, le Gouvernement prépare un plan d’action national pour les femmes pertinent, pratique et reflétant véritablement les besoins des femmes et des filles, afin qu’elles puissent être la force motrice de la transformation dans le développement du pays.  Ce plan comprend des stratégies ciblées visant à encourager davantage de filles à se lancer dans les STIM et à plaider en faveur d’une représentation, d’une innovation et d’un leadership féminins accrus dans l’industrie technologique. 

Mme CARMEN FORO, Secrétaire nationale chargée de la coordination institutionnelle, des initiatives thématiques et de l’action politique du Ministère de la femme du Brésil, a relayé l’annonce faite hier par le Gouvernement brésilien de l’adoption d’une politique nationale d’inclusion et de soutien des femmes et des filles dans le domaine des sciences.  Cette politique nationale offrira une formation professionnelle et technologique aux femmes en situation de vulnérabilité, et soutiendra des projets contribuant au développement scientifique, technologique, et à l’innovation.  Elle encouragera aussi l’entrée et la formation des femmes dans les carrières relatives aux STIM, a indiqué l’intervenante.

M. KRISHNA ARYAL (Népal) a souligné l’importance du fossé numérique entre hommes et femmes, avant d’appeler à des efforts énergiques pour y remédier.  Il a indiqué que l’égalité entre les genres est consacrée par la Constitution népalaise, en rappelant qu’un quota de 30% de femmes parlementaires est prévu.  Le représentant a mentionné la loi adoptée en 2014 visant à lutter contre le harcèlement sexuel.  Cela montre notre engagement sans faille pour un Népal qui ne soit pas sexiste, a tranché le délégué.  Enfin, il a indiqué que son pays soutient l’idée d’un pacte mondial numérique.

 

Mme ABEIDA RASHID (République-Unie de Tanzanie) a indiqué que les femmes ont accès à des services numériques financiers dans les zones rurales comme urbaines, y compris les services de transfert de fonds.  Au niveau national, 86% des adultes tanzaniens vivent à moins de cinq kilomètres d’un centre de services financiers.  Ces centres sont d’ailleurs le plus souvent mobiles, a-t-elle expliqué.  Enfin, la déléguée a mentionné la plateforme numérique appelée « M-mama » qui permet un accès aux soins de santé maternelle et pédiatrique.

Mme NAWAL BEN HAMOU, Secrétaire d’État au logement et à l’égalité des chances de la Belgique, a déclaré que l’intégration de la dimension de genre était effective dans toutes les initiatives du Gouvernement belge, y compris les politiques et programmes liés à l’innovation, au changement technologique et à l’éducation numérique.  L’oratrice a alerté que les femmes, particulièrement les femmes de pouvoir, étaient davantage sujettes aux menaces en ligne.  Elle a aussi déclaré que la sphère numérique pouvait être source de désinformation au sujet de la santé des adolescentes et des droits sexuels et reproductifs tels que l’avortement.  Le Gouvernement belge s’est engagé à lutter contre l’inégalité des sexes dans la sphère numérique à différents niveaux: un exemple concret de cet engagement est Women In Digital, une stratégie nationale et intersectorielle visant à contrer les préjugés existants et à combattre les obstacles structurels à la participation égale des femmes dans le domaine numérique. 

Mme KOUNG SORITA, Sous-Secrétaire d’État au Ministère de la condition féminine du Cambodge, a reconnu que l’accès à un Internet stable et abordable reste un énorme défi pour son pays, en particulier dans les zones rurales surpeuplées.  De plus, les équipements TIC (téléphones intelligents, ordinateurs et autres appareils) sont très coûteux, et loin de la portée des pays en développement comme le sien.  Elle a expliqué que la politique nationale 2020-2030 de science, de technologie et d’innovation, entend répondre aux besoins fondamentaux de la nation, en particulier des femmes et des filles. 

L’objectif le plus important est de faire en sorte que, d’ici à 2030, au moins 40% des diplômés en STIM soient des femmes, a indiqué la Ministre.  Quant au Plan cadre 2022-2035 pour une économie et une société numérique, il a pour finalité de promouvoir le leadership des femmes au sein des institutions gouvernementales, a-t-elle ajouté. 

Mme IRINA VELICHKO, Cheffe du Directorat général de la diplomatie multilatérale auprès du Ministère des affaires étrangères du Bélarus, a dénoncé les sanctions illégales imposées par certains États, en violation du droit international, qui sapent les efforts des pays touchés pour se remettre durablement de la pandémie sur le plan socioéconomique.  Ces sanctions, a-t-elle déploré, ont un impact dévastateur sur l’économie, le commerce et la sécurité à l’échelle mondiale.  En outre, elles freinent les programmes de coopération dans le domaine de la recherche scientifique et technologique et limitent considérablement la capacité des États à acheter et à mettre en œuvre des équipements modernes et des logiciels avancés.  Fustigeant le concept de sanctions intelligentes, l’intervenante a signalé que ces mesures affectent principalement les segments les plus vulnérables de la société, y compris les femmes.  Et le plus paradoxal, selon elle, est que ce sont des femmes qui sont les initiatrices et les partisanes les plus actives d’un nouveau durcissement de la politique de sanctions, « et pas seulement à l’encontre du Bélarus ».  À ces femmes, elle a recommandé un retour au dialogue.

Mme TANIA CAMILA ROSA, Directrice générale des droits de l’homme d’El Salvador, a indiqué que la transformation numérique représente un objectif stratégique pour le Gouvernement du Président Nayib Bukele, dont le point de départ est la promotion d’initiatives telles que le Plan national de connectivité pour l’accès de la population à Internet, lequel Plan table à court terme sur la création d’espaces pour l’autonomisation économique des femmes, grâce à l’utilisation des outils numériques.  Il table aussi sur le développement d’un écosystème d’innovation pour favoriser le leadership des femmes dans le domaine de l’innovation sociale.  Mme°Camila Rosa a souligné que le processus de transformation numérique dans lequel se trouve son pays résulte de l’incorporation du facteur « innovation » comme axe transversal dans les politiques publiques, éducatives, sociales et productives. 

Mme MÒNICA ÁLVAREZ ISART, Responsable de la politique d’égalité de la Principauté d’Andorre, a indiqué que son gouvernement promeut de manière transversale le leadership féminin des entreprises et des projets technologiques, par le biais de programmes de formation professionnelle des femmes et des filles aux métiers du numérique.  En tant qu’outil d’intégration et de transformation de la société, la technologie est essentielle pour autonomiser les femmes et promouvoir l’égalité des sexes, a estimé à son tour Mme°Isart.  Les outils numériques, a-t-elle poursuivi, ont permis aux femmes de se connecter, de partager des informations et de se soutenir à travers le monde.  L’inclusion des femmes dans le monde de la technologie stimule l’innovation et le progrès dans l’industrie.  L’impact des technologies et du monde numérique exigeant des décideurs politiques qu’ils mettent tout en œuvre pour inclure les femmes, la représentante a appelé les États à agir de manière holistique, pour le bien commun.  En conséquence, le prochain Pacte numérique mondial sera un élément fondamental pour continuer à avancer ensemble.  La représentante a conclu son intervention en déclarant que l’avènement d’une culture numérique équitable ne pourra découler que de l’apport innovant des femmes. 

Mme OSMAÏDA HERNÃNDEZ BELENO, membre du Secrétariat national des femmes cubaines, a déploré que l’humanité dispose des ressources humaines, techniques et financières pour résoudre les crises actuelles, mais n’a toujours pas la volonté d’avancer vers un monde exempt de discrimination.  De son côté, Cuba progresse dans la transformation numérique de toute la société conformément au plan national de développement économique et social pour 2030.  Les progrès dans les infrastructures permettent le déploiement de ces technologies sur tout le territoire national, a-t-elle indiqué, précisant qu’il ne s’agit pas seulement d’avoir Internet à portée de clic, mais également de disposer de bases juridiques pour garantir la durabilité de la souveraineté technologique pour le développement durable.  Dans les domaines des STIM, a-t-elle ajouté, les Cubaines représentent plus de 50% des scientifiques, plus de 60% des diplômés en science et plus de 63% du personnel qui offrent une assistance à plusieurs pays dans le monde.  Elle a ensuite dénoncé le blocus brutal des États-Unis qui freinent les avancées dans ce domaine. 

Mme SENUTHA POOPALE RATTHINAN, Sous-Secrétaire d’État à la politique et à la planification stratégique au Ministère des femmes, de la famille et du développement communautaire de la Malaisie, s’est dite consciente de la nécessité de progresser dans la réduction du fossé numérique et dans le renforcement de la participation des femmes et des filles aux domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques.  Ces dernières années, beaucoup d’efforts et de ressources ont été consacrés à la connexion de tous à Internet, car la technologie donne le meilleur d’elle-même lorsqu’elle rassemble les gens.  C’est pourquoi le Gouvernement de la Malaisie a lancé des réformes structurelles stratégiques et s’est attelé à améliorer continuellement les plans d’action et à renforcer l’infrastructure numérique dans tout le pays.  La Malaisie a fait des progrès significatifs et offre aujourd’hui aux ménages un accès fiable et abordable aux TIC, dont la téléphonie mobile.  Selon le Département national des statistiques, l’accès des femmes à cette téléphonie est passé de 95% en 2020 à 97% en 2021.  Les plateformes numériques ont été conçues pour être flexibles et accessibles à tous, a ajouté la Sous-Secrétaire d’État.

Mme GNANSA KOUDJOUKALO BÉNÉDICTE, Directrice générale du genre et de la promotion de la femme, Ministère de l’action sociale, de la promotion de la femme et de l’alphabétisation du Togo, a indiqué que des mesures spéciales ont été prises pour permettre aux filles et aux femmes de bénéficier des fruits des innovations technologiques.  Elle a notamment cité le projet d’octroi des ordinateurs portatifs aux « filles excellentes » ayant obtenu le BAC 2; la subvention des études des filles évoluant dans les secteurs scientifiques et technologiques; et la mise en place des centres informatiques des femmes dans les chefs-lieux de région. 

Poursuivant, l’intervenante a indiqué que l’avènement de la pandémie de COVID-19 a permis au Togo de faire une « belle expérience » sur l’accessibilité des hommes et des femmes au service numérique à travers, non seulement le télétravail, mais aussi le programme novateur d’aide sociale par transfert monétaire dénommé « NOVISI » au profit des couches vulnérables.  Le Gouvernement a pris en compte les insuffisances constatées en matière d’inclusion numérique, sociale et financière dans sa stratégie Togo Digital 2025 devant aboutir à la mise en place d’un système d’identification biométrique des citoyens et d’un registre social des personnes et des ménages pour soutenir les programmes de protection sociale, a-t-elle précisé.  Une application reliant tous les centres d’écoutes des victimes des violences basées sur le genre a également été développée.  Notant que le digital exige des compétences techniques et des moyens financiers dont la majorité des femmes et filles ne disposent pas, l’intervenante a jugé impérieux de leur donner des capacités nécessaires en vue de promouvoir leur droit au digital et les rendre plus compétitives au regard des exigences de l’économie numérique.

Mme AYELET RAZIN BET OR, Directrice de l’Autorité pour la promotion des femmes, Ministère de l’égalité sociale d’Israël, a souligné l’apport des femmes au sionisme.  Elle a indiqué que 70% des femmes israéliennes ont un emploi.  Cependant, des obstacles empêchent les femmes de faire carrière dans les filières informatiques et technologiques, a dit la déléguée, en mentionnant les efforts de son pays pour y remédier.  Elle a rappelé qu’Israël est un pays de technologie avancée, avant de souligner l’action menée contre la violence sexuelle faite aux femmes et filles.

Mme AYAZHAN MUKANOVA, Directrice générale du Département de la coopération internationale du Ministère du développement numérique, des innovations et des industries aérospatiales du Kazakhstan, au nom des pays d’Asie centrale, a assuré que ces pays mettent en œuvre des politiques et des réformes axées sur les femmes pour améliorer la qualité de vie et créer des opportunités égales pour tous.  Pour accélérer notre travail sur l’égalité des sexes, nos pays adoptent une nouvelle approche axée sur les femmes et les filles selon plusieurs piliers fondamentaux de l’économie numérique: l’infrastructure numérique, les plateformes publiques numériques, les services financiers numériques, les entreprises numériques et les compétences numériques, a-t-elle détaillé.  M. Mukanova a également mis l’accent sur le fait que les gouvernements et les opérateurs de télécommunications régionaux travaillent conjointement pour éliminer à la fois les écarts de couverture et d’utilisation numérique afin d’assurer une connectivité complète et de haute qualité, en particulier dans les zones rurales où persiste la fracture numérique.  Nous développons continuellement nos services publics numériques et l’e-gouvernement par le biais de plateformes basées sur les principes de transparence, d’intégrité et de responsabilité, a-t-elle en outre indiqué.  La représentante kazakhstanaise a répété que la science et l’égalité des sexes sont toutes deux vitales pour la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Ainsi nos gouvernements poursuivent-ils leurs efforts pour attirer les femmes et les filles vers la science, ainsi que pour éliminer les préjugés sexistes qui les découragent de poursuivre une carrière dans certaines professions.

Selon M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka), les progrès technologiques ont été très propices à la réduction des écarts entre les sexes, mais un élan politique fort doit être imprimé pour accélérer le mouvement.  Le représentant a évoqué les trois lois que son pays a adoptées avec l’ambition de faire en sorte que les TIC garantissent des progrès en matière d’égalité des sexes.  Conformément à son engagement continu, Sri Lanka a proposé sa candidature à la Commission de la condition de la femme pour la période allant de 2024 à 2028, a-t-il rappelé.

Mgr ROBERT DAVID MURPHY (Saint-Siège) a défendu la famille, cellule fondamentale de la société.  Il a encouragé les parents à montrer à leurs enfants ce que peut être une utilisation « prudente » d’Internet.  L’enseignement en ligne peut être une chance pour les femmes, a-t-il déclaré, avant de souligner que l’élimination de la pauvreté est le meilleur moyen de parvenir à l’égalité des sexes.  Le représentant a mis en garde contre la pornographie qui peut alimenter la violence faite aux femmes et filles.  La pornographie est « immorale », a-t-il insisté.  Il a conclu en soulignant la faculté « unique » des femmes à donner la vie et en qualifiant d’atteintes à leur dignité l’interruption volontaire de grossesse et le recours aux mères porteuses.

Mme AMATLAIN ELIZABETH KABUA (Îles Marshall) a appelé à confronter les défis de notre temps à l’aide de critères objectifs fondés sur les droits humains et assortis d’une perspective de genre.  À l’approche de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les PEID qui se tiendra l’année prochaine, son pays a entrepris d’importantes réformes législatives, y compris la loi sur l’égalité des sexes qui vient harmoniser la législation nationale avec les dispositions de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  Toutefois, de nombreux défis restent à relever dans la région, notamment la lutte contre les taux élevés de violence sexiste. 

« À quoi servent les stratégies numériques innovantes pour les femmes et les filles lorsque certaines de celles qui en ont le plus besoin auront du mal à les voir? » s’est-elle demandé, en déplorant l’accès restreint à l’éducation numérique dans son pays.  À ses yeux, il s’agit là d’un obstacle supplémentaire à la lutte contre une « fracture régionale déjà difficile entre les sexes » et d’un défi majeur pour l’entrepreneuriat et l’emploi des femmes et des filles.  Si les communautés rurales et isolées des îles périphériques font partie intégrante du maintien « de notre culture unique et matrilinéaire », elles demeurent vulnérables aux catastrophes climatiques.  Les obstacles à l’égalité des sexes sont amplifiés dans les communautés rurales des îles périphériques, a-t-elle noté, en demandant des actions concrètes plutôt que des mots.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: examen de l’application du principe de responsabilité à l’ONU et des conditions de voyage en avion des fonctionnaires

Soixante-dix-septième session,
27e séance plénière - matin
AG/AB/4416

Cinquième Commission: examen de l’application du principe de responsabilité à l’ONU et des conditions de voyage en avion des fonctionnaires

La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires s’est penchée, ce matin, sur le renforcement de l’application du principe de responsabilité au Secrétariat de l’ONU et sur les conditions de voyage en avion des fonctionnaires.

Le principe de responsabilité est celui selon lequel le Secrétariat et ses fonctionnaires doivent répondre de toutes les décisions et mesures prises et du respect de leurs engagements, sans réserve ni exception.  À cet égard, le Secrétaire général est censé donner des informations plus détaillées sur le Référentiel de valeurs et de comportements qui sert de base à l’évolution de la culture institutionnelle de l’ONU.

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, Cuba a estimé que ce Référentiel constitue un levier pour aller de l’avant, tout comme le Manuel relatif au dispositif d’application du principe de responsabilité.  La Suisse et le Mexique ont fermement soutenu un système solide de délégation de pouvoirs, s’appuyant sur un système de responsabilité fonctionnel.

S’agissant des conditions de voyage en avion, en 2020, année du début de la pandémie de COVID-19, 33°168 voyages ont été effectués, ce qui représente une diminution de 7% par rapport à 2019.  Mais au cours des années suivantes, l’on a constaté une augmentation régulière: 44°140 voyages en 2021, soit 66% de moins qu’en 2019, et 99°880 voyages en 2022, soit 23% de moins qu’en 2019.

Le Secrétaire général se propose désormais de faire passer de 10 à 9,5°heures le seuil unique permettant de déterminer quand les fonctionnaires dont le rang est inférieur à celui de sous-secrétaire général sont autorisés à voyager en classe affaires.  Il se propose aussi de faire revenir à 75%, le taux du versement forfaitaire pour le congé dans les foyers, fixé en ce moment à 70%.  Toute modification des règles régissant les conditions de voyage en avion, a prévenu Cuba, relève de la compétence exclusive de l’Assemblée générale et de sa Cinquième Commission.

La Commission, qui se réunit surtout à huis clos, devrait convoquer sa dernière séance publique vendredi 31°mars, à partir de 15°heures, pour clore cette première reprise de session. 

EXAMEN DE L’EFFICACITÉ DU FONCTIONNEMENT ADMINISTRATIF ET FINANCIER DE L’ONU

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) sur le renforcement de l’application du principe de responsabilité au Secrétariat de l’ONU (A/77/743)

Pour l’établissement de ce rapport, le CCQAB a examiné celui du Secrétaire général (A/77/692) qui rappelle que le principe de responsabilité est le principe selon lequel le Secrétariat et ses fonctionnaires doivent répondre de toutes les décisions et mesures prises et du respect de leurs engagements, sans réserve ni exception.  Dans ses observations, le CCQAB compte que, dans son prochain rapport, le Secrétaire général donnera des informations plus détaillées sur le Référentiel de valeurs et de comportements qui sert de base à l’évolution de la culture institutionnelle de l’ONU ainsi que sur la composition du groupe directeur, à savoir l’identité des hauts responsables et des deux experts externes chargés de superviser l’opérationnalisation complète et la généralisation de l’application du plan d’action stratégique contre le racisme.

Le Comité consultatif prend note de la mise en service du module Application de pilotage stratégique, qui sert à la communication de l’information sur les produits et les résultats tout au long des cycles budgétaires.  Il dit attendre avec intérêt de recevoir un complément d’information sur l’harmonisation des cadres de planification et de communication de l’information relative aux résultats utilisés pour le budget ordinaire, les missions de maintien de la paix et les ressources extrabudgétaires.

Le Comité consultatif juge par ailleurs préoccupant le taux de nomination de fonctionnaires originaires d’États Membres non représentés ou sous-représentés à des postes soumis à la répartition géographique.  Il compte aussi que des informations complémentaires concernant la méthode d’évaluation à sources multiples (méthode d’évaluation à 360°degrés) seront données à l’Assemblée générale.  Il réaffirme également qu’il faut relier les activités relatives aux programmes qui ont été approuvées à la budgétisation et à la gestion axées sur les résultats, mais aussi définir clairement des indicateurs de succès axés sur les résultats et des points de comparaison dans les contrats de mission des hautes et des hauts fonctionnaires et dans les plans de travail des membres du personnel.

Le Comité consultatif prend note des améliorations qui seront apportées au portail de délégation de pouvoirs cette année, parallèlement à la publication de l’instrument de délégation révisé, ainsi que de la révision prévue de la politique de délégation de pouvoirs, de la publication de l’instrument de délégation correspondant, de la mise en service du portail de délégation amélioré et de la mise en service de la composante de transmission au niveau supérieur intégrée au mécanisme de réponse de sorte que le personnel de direction soit tenu de rendre compte de l’exercice des pouvoirs délégués.

Il considère qu’indépendamment de la nature décentralisée de la délégation de pouvoirs, il importe de définir la responsabilité individuelle, ainsi que les situations dans lesquelles la responsabilité est partagée entre le Siège et les bureaux extérieurs, en particulier en période de transition, par exemple lors de l’établissement ou de la liquidation d’une mission, et avant l’arrivée ou après le départ du ou de la chef de la mission.  Il recommande que l’Assemblée générale prie le Secrétaire général de présenter des propositions concrètes concernant la délimitation et le partage, entre le Siège et les bureaux extérieurs, des pouvoirs faisant l’objet d’une délégation lorsqu’une mission est en transition.

S’agissant de la gestion du risque institutionnel, le CCQAB note que l’inventaire des risques du Secrétariat révisé devrait être achevé au premier semestre de 2023 et qu’en décembre 2022, 43 entités au total (75% du total) avaient élaboré ou mis à jour leur évaluation des risques.  Il note que le guide intitulé Manuel de sensibilisation à l’usage du personnel – Fraude et corruption: ce qu’il faut savoir a été publié à l’occasion de la Journée internationale de la lutte contre la corruption, le 9 décembre 2022, et compte qu’il sera mis à disposition dans les six langues officielles au moyen des ressources existantes.

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. RICHARD TUR DE LA CONCEPCIÓN (Cuba) a déclaré que les deux rapports relatifs au renforcement de l’application du principe de responsabilité sont une base importante.  Il a dit attendre avec intérêt de recevoir, dans le courant de l’année, le rapport sur l’examen du dispositif d’application dudit principe que le Corps commun d’inspection s’est engagé à achever en 2023.  Ce principe, a poursuivi le représentant, est le pilier central d’une gestion efficace qui nécessite une attention et un engagement forts à tous les niveaux du Secrétariat, en particulier à son niveau le plus élevé.  Il a dit insister sur cet aspect, car c’est le moyen de déterminer si les décisions prises à l’Assemblée générale sont bien respectées et mises en œuvre.  Tout en reconnaissant les efforts déployés pour mettre en place un système plus solide, en renforçant les mesures envisagées dans le cadre de chacune des six composantes du dispositif d’application du principe de responsabilité au Secrétariat, le représentant a appelé à des mesures plus concrètes.  Face aux contraintes financières actuelles, le Secrétaire général devrait continuer de renforcer le contrôle interne, grâce à un suivi constant des dépenses. 

Notant que le Référentiel de valeurs et de comportements de l’ONU, promulgué en octobre 2021, constitue un levier qui fera évoluer la culture institutionnelle, tout comme le Manuel relatif au dispositif d’application du principe de responsabilité, le représentant a dit vouloir en savoir plus sur ces initiatives et espéré que de plus amples détails seront inclus dans le prochain rapport du Secrétaire général.  Il a aussi souligné l’importance d’une mise en œuvre adéquate du Dispositif de lutte contre la fraude et la corruption, et demandé au Secrétaire général d’intensifier ses efforts en ce sens.  Il a noté que le Manuel de sensibilisation à la fraude et à la corruption, a été publié en 2022, et espéré, à son tour, qu’il sera disponible dans les six langues officielles, dans les limites des ressources existantes.  Le représentant a conclu en réaffirmant que la mise en œuvre des recommandations des organes de contrôle est un élément essentiel du principe de responsabilité.  Insistant sur la nécessité pour les administrateurs de programme de répondre de leurs actes quand ces recommandations ne sont pas appliquées, il a espéré que tous les futurs rapports contiendront des informations supplémentaires à cet égard.

Également au nom du Liechtenstein, Mme GINA ANDREA SCHMIED (Suisse) a adhéré pleinement à la réforme de la gestion du Secrétaire général et soutenu tous les efforts liés aux différents éléments de celle-ci, dont le renforcement de la responsabilité et de la transparence.  De fait, un système des Nations Unies responsable, transparent et axé sur les résultats est en fin de compte le fondement de la réforme du Secrétaire général.  La responsabilité est un concept large qui englobe de nombreux aspects et un système de responsabilité solide et efficace commence au niveau de la haute direction, qui doit montrer l’exemple et encourager les autres à faire de même.  Il faut impliquer tout le personnel, qui doit disposer des outils appropriés pour intégrer une culture de responsabilité à tous les niveaux de l’Organisation.  C’est pourquoi nous soutenons fermement un système solide de délégation de pouvoir soutenu par un système de responsabilité fonctionnel, a souligné la représentante. 

Elle a déclaré que la transparence est essentielle et que les données constituent un outil stratégique pour discerner des tendances, par exemple en matière d’allégations de mauvaise conduite ou de fautes professionnelles.  La responsabilité est une tâche que nous partageons tous – le Secrétariat et les États Membres.  Pour que les États Membres puissent assumer leur part, nous souhaitons rappeler que la publication des documents à temps reste une étape importante, a conclu la déléguée.

M. JOSÉ DE JESÚS CISNEROS CHÁVEZ (Mexique) s’est dit convaincu que l’application du principe de responsabilité est essentielle à la réforme de l’Organisation.  Dans le même temps, il s’est dit conscient du rôle important des organes de contrôle interne pour que l’Organisation respecte au pied de la lettre les règlements, tout en réalisant ses objectifs.  Il a aussi insisté sur une délégation des pouvoirs solide et efficace, sur un cadre de gestion des risques et sur la lutte contre la fraude et la corruption.  Il faut en effet des codes de conduite et de discipline favorisant la transparence et le contrôle.

En conséquence, le représentant a lancé un appel pour que les différents organes de contrôle promeuvent la cohésion des multiples initiatives du Secrétariat.  Selon lui, ces initiatives ne seront couronnées de succès que si elles sont compatibles avec les dispositions de la résolution 64/259°(2010) et, en particulier, avec la définition même du concept de responsabilité.  Les contrôles internes doivent être menés de manière indépendante et les recommandations des organes pertinents doivent être appliquées dans les temps et dans la mesure du possible, dans l’intégralité.  Le représentant a aussi recommandé un suivi plus dynamique et plus souple, permettant une supervision constante de la mise en œuvre desdites recommandations.  La nécessaire efficacité dans l’utilisation des ressources exige des résultats et de la transparence, a-t-il insisté.

BUDGET-PROGRAMME DE 2023

Rapport du CCQAB sur les conditions de voyage en avion (A/77/7/Add.41)

Le Comité consultatif a examiné le rapport du Secrétaire général (A/77/629) et note qu’en 2020, année du début de la pandémie, 33°168 voyages ont été effectués, ce qui représente une diminution de 7% par rapport à 2019 (130°867 voyages).  Il note également qu’au cours des années suivantes, l’écart comparatif avec les niveaux antérieurs à la pandémie s’est réduit, montrant une augmentation régulière du nombre de voyages parallèlement à l’assouplissement des restrictions: 44°140 voyages ont été effectués en 2021, soit 66% de moins qu’en 2019, et 99°880 voyages en 2022, soit 23% de moins qu’en 2019.

Il considère aussi que les données pour 2023 et 2024 seraient une référence de comparaison plus fiable de la «°nouvelle normalité°» et que l’on pourrait envisager d’utiliser le nombre de voyages effectués en 2022 comme référence annuelle cible sur une base pilote.  S’il prend note de la corrélation potentielle entre les programmes de points de fidélité pour les voyages et les remises consenties sur les prix des billets d’avion, le Comité consultatif compte que le Secrétaire général fournira de plus amples informations sur la possibilité, pour tous les fonctionnaires, d’utiliser les points de fidélité accumulés à l’occasion de voyages officiels antérieurs, et d’appliquer les incitations nécessaires, pour obtenir un surclassement dans la classe souhaitée.

Le CCQAB réaffirme par ailleurs qu’il faut lancer des initiatives plus efficaces pour mieux faire connaître les directives relatives aux délais d’achat des billets d’avion.  Il recommande que l’Assemblée générale prie le Secrétaire général d’entreprendre un nouvel examen de l’utilisation des outils de réservation en ligne, notamment des moyens d’améliorer la transparence des différentes options de prix pour les voyageurs grâce à l’établissement d’un mécanisme de contrôle des prix des réservations en ligne, tout en veillant à ce que ces réservations respectent la politique de l’Organisation en matière de voyages.

Le Comité consultatif continue d’appuyer le principe du seuil unique de 9,5°heures permettant de déterminer quand les fonctionnaires dont le rang est inférieur à celui de sous-secrétaire général (et les membres de leur famille) sont autorisés à voyager en classe affaires mais estime que même si la valeur statistique des données relatives aux voyages s’est améliorée depuis que l’intensité de la pandémie de COVID-19 a diminué, il faudra peut-être plus de temps pour établir une référence de comparaison de la «°nouvelle normalité°».

Prenant note de l’effet limité de la pandémie de COVID-19 sur le recours à la formule du versement forfaitaire pour le congé dans les foyers, les visites familiales et les voyages au titre des études, 88% du personnel ayant choisi cette formule au second semestre de 2020, et 92% au premier semestre de 2022, le Comité consultatif reconnaît qu’un retour au taux antérieur de 75% pour le calcul du versement forfaitaire pourrait inciter un plus grand nombre de fonctionnaires à choisir cette formule.

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. TUR DE LA CONCEPCIÓN (Cuba) a salué la tendance à la baisse du nombre des dérogations aux procédures habituelles relatives aux conditions de voyage en avion.  Encourageant le Secrétariat à redoubler d’efforts, le représentant a, entre autres, souhaité que le processus administratif pour les voyages en avion des personnalités éminentes soit plus efficace.  Il faut, a-t-il insisté, que les administrateurs assument pleinement la responsabilité d’utiliser judicieusement les ressources affectées aux voyages en avion.  Il a pris note de la proposition de faire revenir le taux du versement forfaitaire, fixé aujourd’hui à 70%, au taux habituel de 75%.  Il a tout de même rappelé que toute modification des règles régissant les voyages en avion relève de la compétence exclusive de l’Assemblée générale et de sa Cinquième Commission.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

LDC5: la Conférence sur les pays les moins avancés conclut cinq jours de travail intense par l’adoption de la Déclaration politique de Doha

Cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés,
9e séance plénière – après-midi
DEV/3459

LDC5: la Conférence sur les pays les moins avancés conclut cinq jours de travail intense par l’adoption de la Déclaration politique de Doha

DOHA, 9 mars -- Les travaux de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA), qui s’est tenue du 5 au 9 mars à Doha, a pris fin cet après-midi avec l’adoption par acclamation de la Déclaration politique de Doha.  La capitale du Qatar a ainsi accueilli la deuxième partie de la Conférence (LDC5), sur le thème « Du potentiel à la prospérité », alors que la première partie avait permis l’adoption du Programme d’action de Doha (2022-2031) le 17 mars 2022, entériné le 1er avril suivant par l’Assemblée générale. 

En adoptant aujourd’hui la Déclaration politique de Doha, les chefs d’État et de gouvernement et représentants des États réunis dans cette ville cette semaine considèrent que, malgré les résultats positifs obtenus dans certains domaines du Programme d’action d’Istanbul (2011-2020), les progrès sont restés en deçà des buts et objectifs qui y étaient fixés.  Ils constatent avec inquiétude que les PMA restent marginalisés dans l’économie mondiale et continuent de souffrir d’extrême pauvreté, d’inégalités et de faiblesses structurelles. 

Par cette déclaration, ils s’engagent fermement à mettre en œuvre le Programme d’action de Doha tout au long de la prochaine décennie, y compris ses six domaines d’action prioritaires, et à faire des progrès pour obtenir les résultats concrets qui y sont énoncés, en ce qui concerne l’étude de la faisabilité d’un système d’actionnariat ou de modalités de substitution, comme les transferts en espèces; de la création d’une université en ligne ou de plateformes équivalentes; de la création d’un centre d’appui aux investissements internationaux; de la création d’un mécanisme de soutien au reclassement durable; de la mise en place de mesures d’atténuation des crises liées à des risques multiples et de mesures de renforcement de la résilience. 

Dans ses remarques de clôture, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina Mohamed, a estimé que le Programme d’action de Doha représente un schéma directeur clair pour la reprise, le renouveau et la résilience des pays les plus vulnérables.  Mais, a-t-elle prévenu, la réussite ne sera pas automatique.  En effet, pour réaliser les objectifs du Programme, les PMA auront besoin d’importants financements, orientés « là où cela compte le plus ».  C’est pourquoi, a-t-elle rappelé, le Secrétaire général de l’ONU a appelé à des réformes de l’architecture financière internationale, en plus d’un stimulus à grande échelle pour réaliser les objectifs de développement durable (ODD), avec la mobilisation d’au moins 500 milliards de dollars par an.  Mme Mohammed a souligné, à cet égard, que les PMA restent au cœur du Programme à l’horizon 2030.  Celui de Doha, s’il reçoit les financements nécessaires, pourrait permettre aux PMA de régler certains des problèmes les plus difficiles qui les empêchent de réaliser leur potentiel.  Au titre des progrès déjà enregistrés, la Vice-Secrétaire générale a salué la coalition numérique « Partner2Connect » ainsi que les nouveaux partenariats annoncés dans le cadre du Forum du secteur privé, qui s’est tenu en marge de la plénière de la LDC5. 

Ce qu’il faut maintenant, a-t-elle insisté, c’est un engagement profond et sur la durée pour réaliser la vision du nouveau Programme car même s’il s’adresse aux PMA, il s’agit en fait d’un accord qui appartient à l’ensemble de la communauté internationale. 

Le Président du Malawi, M. Lazarus McCarthy Chakwera, qui préside le Groupe des PMA, a vu le résultat de cette conférence comme un « succès époustouflant » sur le fond et la forme.  Outre le Programme d’action, l’événement a mobilisé des ressources et donné un nouvel élan pour l’avenir, s’est-il félicité.  Alors que les chances de réaliser les ODD se heurtaient à un mur ces dernières années, il a déclaré que l’heure a sonné pour les pays développés de consacrer 0,15 à 0,20% de leur revenu national brut (RNB) à l’aide publique au développement (APD) pour les PMA.  C’est une condition incontournable pour honorer toutes les autres promesses dans les domaines du commerce, de l’investissement étranger direct et du transfert de technologies, a-t-il insisté, et « c’est aussi l’assurance que le Programme d’action de Doha sera mis en œuvre ».

Le succès du nouveau Programme dépendra d’une appropriation nationale forte et d’un leadership assumé de la part des PMA, a poursuivi le Président du Groupe des PMA.  Il faudra selon lui renforcer l’appui des partenaires du développement et l’engagement des parties prenantes à tenir leurs promesses.  Il a conclu son propos en demandant haut et fort que l’on redouble d’efforts pour réaliser notre objectif ultime, à savoir un reclassement sûr et irréversible de tous les PMA. 

Pour la Secrétaire générale adjointe et Haute-Représentante pour les pays les moins avancés en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, Mme Rabab Fatima, Doha peut se résumer à deux mots: « partenariat et reclassement ».  Elle a fait part de son espoir et de son optimisme à la fin de cette semaine exceptionnelle qui a vu 47 chefs d’État et de gouvernement et 130 ministres remettre les PMA sur les rails.  Quelque 5 000 représentants de gouvernements, de parlements, de la société civile, du secteur privé, de la jeunesse et des médias sont venus aider ces pays à surmonter leurs défis majeurs.  Mon vœu est que ce concept appartienne aux livres d’histoire, a-t-elle dit en citant un représentant de la jeunesse.

L’élan constaté ces derniers jours n’est que le début, a déclaré la Secrétaire générale adjointe, appelant à concrétiser le reclassement durable de tous les PMA en s’appuyant sur les partenariats.  Elle a insisté pour que la mise en œuvre du Programme d’action de Doha tienne compte du contexte et des capacités de chaque pays.  Il faut en outre des actions mesurables et des plans d’exécution, avec un mécanisme de suivi renforcé à tous les niveaux.  Elle s’est réjouie de voir que les dirigeants des PMA ont affiché leur volonté d’appropriation nationale de la mise en œuvre des engagements de Doha.  Quant aux partenaires de développement, elle leur a demandé de tenir compte de cet état d’esprit pour que les PMA puissent élaborer des politiques de coopération nationales répondant à leurs attentes et aspirations.  « Le potentiel des PMA reste intact. »  Si les obstacles financiers, commerciaux, énergétiques et technologiques sont levés, alors ces pays pourront forger un avenir prospère pour eux-mêmes, a conclu Mme Fatima. 

Concluant officiellement cette conférence, son Président, le Ministre d’État du Qatar chargé des affaires étrangères, M. Soltan Bin Saad Al-Muraikhi, s’est dit heureux que Doha ait accueilli la LDC5 et confiant que les résultats de cette conférence seront à la hauteur des attentes.  Convaincu du bien-fondé de la coopération, le Qatar a consacré tous les moyens possibles pour préparer au mieux la LDC5, a-t-il expliqué, avant d’annoncer que l’Émirat souhaite accueillir la Conférence d’examen de mi-parcours.  La Déclaration politique de Doha exprime d’ailleurs une profonde gratitude au Gouvernement du Qatar pour son accueil, son soutien et son hospitalité.

Le Programme d’action et la Déclaration sont des instruments puissants pour permettre à la communauté internationale d’accompagner les PMA vers leur développement durable, a souligné le Président de la Conférence.  Convaincu que le Programme donnera un nouvel élan à la réalisation des ODD, il a espéré que les engagements et promesses exprimés ces derniers jours se traduiront en résultats tangibles.  Pour sa part, le Qatar a promis 60 millions de dollars à cette fin.  Le Qatar place les questions liées aux PMA parmi ses priorités et appelle tous les partenaires de développement à lui emboîter le pas pour que la mise en œuvre des engagements ait un réel impact sur les 1,1 milliard de personnes qui vivent dans ces pays.

En début de séance, les coprésidents des huit tables rondes thématiques de haut niveau, qui se sont tenues en parallèle des séances plénières de la Conférence, ont présenté leurs comptes rendus respectifs*.

Les participants ont également entendu les comptes rendus des forums des parties prenantes (parlementaire, secteur privé, organisations de la société civile, jeunesse) ainsi que de la réunion ministérielle sur la coopération Sud-Sud.  En outre, les rapports du Comité de vérification des pouvoirs et de la Conférence LDC5 ont été adoptés, après leur présentation, respectivement, par le représentant de la Suède et le rapporteur de la Conférence.

* Les communiqués de presse consacrés à ces tables rondes sont disponibles ici

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conférence LDC5: une dernière table ronde explore les voies et moyens d’une sortie « durable et irréversible » de la catégorie des pays les moins avancés

Cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés,
Table ronde thématique de haut niveau no 8 - Matin
DEV/3458

Conférence LDC5: une dernière table ronde explore les voies et moyens d’une sortie « durable et irréversible » de la catégorie des pays les moins avancés

DOHA, 9 mars -- La dernière journée de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA) s’est ouverte, ce matin à Doha, sur une nouvelle table ronde de haut niveau, la huitième de cette réunion décennale, centrée cette fois sur les moyens de « soutenir une sortie durable et irréversible de la catégorie des PMA ».  Une question d’autant plus centrale que l’objectif fixé en 2011 par le Programme d’action d’Istanbul, à savoir que la moitié des PMA satisfassent aux critères de reclassement, n’a pas été atteint.

Au total, ce sont 20 PMA qui ont atteint les seuils de reclassement depuis l’adoption, en 2011, du Programme d’action d’Istanbul, prédécesseur du Programme d’action de Doha, adopté en 2022.  Quatre de ces pays ont été reclassés, sept ont été désignés pour être reclassés d’ici à 2026, tandis que neuf autres ont rempli les critères de reclassement au moins une fois.  Un progrès en demi-teinte que n’a pas manqué de relever la Vice-Présidente du Bénin, Coprésidente de cette table ronde, qui a invité les États Membres à redoubler d’efforts pour que la trentaine de pays qui ne remplissent pas les conditions atteignent le seuil de sortie. 

Alors que la quasi-totalité des PMA de la région Asie-Pacifique ont entrepris le processus de retrait de la catégorie, il convient, selon Mme Mariam Chabi Talata Zime Yerima, de concentrer ces efforts sur les défis qui empêchent encore les PMA d’Afrique d’atteindre le seuil de reclassement.  Des défis essentiellement liés à des obstacles structurels, a expliqué la dirigeante béninoise, dont le pays s’est approché, lors du dernier examen triennal du Comité des politiques de développement en 2021, de deux des trois critères exigés pour le reclassement, le revenu national brut par habitant et l’indice de vulnérabilité économique et environnementale. 

Rappelant pour sa part que le Programme d’action de Doha entend permettre à 15 PMA supplémentaires de satisfaire aux critères de reclassement d’ici à 2031, la Vice-Ministre de la coopération au développement et de l’aide humanitaire de la Belgique, autre Coprésidente de ce dialogue, a appelé à un processus de transition « sans heurt », assorti de mesures de soutien spécifiques aux pays reclassés.  « Nous devons éviter toute réduction brutale de l’aide publique au développement (APD), des préférences commerciales spécifiques aux PMA, des traitements spéciaux et différenciés, de l’aide pour le commerce ou d’autres formes d’assistance technique et financière », a plaidé Mme Heidy Rombouts.

Son appel a résonné favorablement aux oreilles de PMA en instance de sortie de la catégorie mais aussi de pays déjà reclassés.  Parmi ces derniers, Cabo Verde a reconnu que sa transition vers la catégorie de pays à revenu intermédiaire inférieur, débutée en 2007, a « coûté très cher » à son économie.  Seize ans plus tard, « nous ne demandons pas seulement des financements, nous souhaitons avoir plus de facilités pour continuer à mettre en œuvre nos réformes », a expliqué sa Ministre des affaires étrangères et de la coopération.  Confirmant que les pays reclassés souffrent encore de leurs vulnérabilités dans les premiers stades de la transition, elle s’est prononcée pour la création d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle, complémentaire des autres critères d’accès aux financements concessionnels. 

Sur cette même ligne, la Vice-Ministre du plan et des investissements de la République démocratique populaire lao, dont le pays a atteint le seuil de reclassement en 2021 aux côtés du Bangladesh et du Népal, a appelé de ses vœux une prolongation, après la sortie, des mesures d’appui accordées aux PMA, en concertation avec la communauté internationale et les partenaires de développement.  « Le reclassement ne doit pas être une punition », a renchéri son homologue népalais, demandant en outre que soit pris en compte son statut de pays en développement sans littoral. 

En voie de reclassement cette année, le Bhoutan s’est, lui, déclaré préoccupé par le « chemin semé d’embuches » qui l’attend après cette étape, anticipant une baisse des financements et des subventions potentiellement préjudiciables à sa croissance et à son développement, alors que son économie se remet difficilement de la pandémie et doit maintenant faire face aux retombées du conflit en Ukraine.  Dans ces conditions, il serait judicieux de prolonger de six ans la période de transition après reclassement, a appuyé la responsable de l’ONG Third World Network, non sans regretter que certains membres de l’Organisation mondiale du commerce s’y soient opposés. 

Appuyés par le Secrétaire général du Forum des îles du Pacifique, le Ministre de la planification nationale des Îles Salomon et son homologue des finances du Vanuatu ont tous deux réclamé le report de leur reclassement au-delà de décembre 2024.  Motif invoqué: leur vulnérabilité extrême aux chocs externes, notamment aux catastrophes naturelles qui se succèdent sur leur territoire, et la fragilité de leur économie de petits États insulaires en développement (PEID). 

De son côté, le Burundi a souhaité que les indices de reclassement reflètent de façon plus fine la réalité des difficultés auxquelles se heurtent les PMA, notamment ceux en situation de postconflit, tandis que l’Angola, représenté par son ministre de l’économie et de la planification, invitait le Programme d’action de Doha à prendre en considération le phénomène de l’économie parallèle, qui concerne près de 80% de la population active des PMA.  Le secteur informel, a relevé ce dernier, contribue très peu à l’assiette fiscale, ce qui nuit à la mobilisation des ressources pour le développement. 

Compte tenu des défis multiples que doivent relever les PMA, un soutien dédié au renforcement de la résilience des « sortants » ou de ceux déjà reclassés est plus important que jamais, a soutenu à son tour la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, selon laquelle le changement de catégorie ne doit aucunement perturber le développement durable de ces pays.  Pour appuyer cette « transition en douceur », les coordonnateurs résidents des Nations Unies ont un rôle crucial à jouer dans l’identification des besoins, a estimé Mme Amina Mohammed, soulignant à ce propos l’importance du mécanisme iGRAD de soutien au reclassement, conçu par le Département des affaires économiques et sociales (DESA) en collaboration avec le Bureau de la Haute-Représentante pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (OHRLLS). 

La plateforme iGRAD, a expliqué M. Taffere Tesfachew, membre du Comité des politiques de développement, propose différentes offres de service pour les PMA et sélectionne des partenaires capables de fournir des solutions de renforcement des capacités dédiées en réponse aux besoins spécifiques de ces pays.  L’approche a été validée par un état des lieux des besoins en capacités réalisé dans 11 pays, a indiqué le Directeur de DESA.  La Directrice du Centre de développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a quant à elle déclaré utiliser ce mécanisme, entre autres pour examiner le potentiel du Bangladesh en matière d’industrialisation et d’innovation, à la demande du pays. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: la détérioration du sort des Afghanes est aussi un enjeu de sécurité régionale, prévient la Cheffe de la MANUA

9277e séance - matin
CS/15222

Conseil de sécurité: la détérioration du sort des Afghanes est aussi un enjeu de sécurité régionale, prévient la Cheffe de la MANUA

En cette Journée internationale de la femme, il y a peu de messages de réconfort à adresser aux Afghanes, tant leurs conditions de vie se sont détériorées depuis le retour au pouvoir des Taliban, a déclaré, ce matin au Conseil de sécurité, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour l’Afghanistan, « pays le plus répressif au monde en ce qui concerne les droits des femmes » et par ailleurs théâtre de la plus grave crise humanitaire en cours.

Mme Roza Otunbayeva, qui est également Cheffe de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), a expliqué que l’interdiction faite aux Afghanes de travailler, d’étudier, de voyager sans un compagnon masculin à leurs côtés et même de se rendre dans les parcs ou les bains publics est toujours en vigueur, et qu’elle a même été renforcée par l’adoption en décembre dernier de deux décrets, l’un bannissant les femmes de l’enseignement supérieur, l’autre les empêchant de travailler pour des ONG, avec des conséquences dramatiques pour le reste du pays. 

En effet, a expliqué la Représentante spéciale, ce n’est pas seulement la moitié des médecins, scientifiques, journalistes et personnalités politiques potentielles du pays qui sont enfermées chez elles, c’est le financement même de l’aide au développement de l’Afghanistan qui est en péril, après la fermeture d’ONG dirigées par des femmes qui bénéficiaient jusque-là du soutien des bailleurs de fonds internationaux.  Et qui dit diminution de l’aide, dit celle des envois de fonds qui viennent l’alimenter.  « Difficile de comprendre comment un gouvernement digne de ce nom peut gouverner contre les besoins de la moitié de sa population », a lancé Mme Otunbayeva. 

« Par plus de 40 décrets, les Taliban ont cherché non seulement à effacer les femmes de la vie publique, mais à éteindre notre humanité fondamentale », a accusé Mme Zubaida Akbar, représentante de la société civile et membre de l’organisation « Freedom Now », en évoquant des suicides en série.  Après avoir dénoncé la mise en place d’un véritable « apartheid sexuel », l’intervenante a estimé que tout échec de la communauté internationale, et en particulier du Conseil de sécurité, à défendre les droits des femmes dans son pays lui ôterait la crédibilité pour le faire ailleurs.  Mme Akbar a adressé au Conseil une autre mise en garde: la répression des manifestantes et les persécutions des minorités ethniques et religieuses par les Taliban risquent de conduire le pays tout droit à la guerre civile, laquelle ne pourra que déborder sur le plan régional. 

Plusieurs membres du Conseil ont abondé dans le sens de ces deux exposés accablants.  Les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Albanie, l’Inde et Malte ont condamné la discrimination des Afghanes par les Taliban.  La France a quant à elle rappelé que les conditions fixées par la résolution 2593 (2021) du 31 août 2021, notamment s’agissant de la lutte contre le terrorisme, continuent de conditionner tout engagement potentiel avec les Taliban, « qui doivent respecter leurs promesses ».

Ces propos ont suscité l’ironie de la Fédération de Russie, qui a reproché aux États-Unis et à leurs alliés de chercher à se défausser de leur responsabilité dans l’effondrement de l’Afghanistan, à la suite de leur campagne militaire « peu glorieuse ».  Sous les traits d’un bienfaiteur et défenseur des droits des femmes et des filles, Washington cache en réalité son vrai visage, celui d’un pays qui a commis aux côtés de l’OTAN de nombreux crimes de guerre, a déclaré la représentante russe.  Dans ce contexte, l’indignation des Occidentaux vis-à-vis de la détérioration actuelle de la situation dans le pays, ainsi que les appels à reprendre les sanctions et à accroître la pression politique et économique sur les autorités de facto semblent immorales, a-t-elle cinglé. 

Ce sentiment a trouvé un écho dans celui du Pakistan, qui a jugé « dangereuse et irréaliste » toute tentative de remplacer les autorités de facto en Afghanistan, un pays éreinté par 40 ans de conflits et qui doit maintenant aller de l’avant.

De son côté, la République islamique d’Iran a invité à la prudence face aux risques d’instrumentalisation de l’aide humanitaire à des fins politiques, qui ne feraient que nuire au peuple afghan, tributaire de l’aide.  Pour s’assurer qu’il reçoit le soutien dont il a besoin, l’aide humanitaire doit rester impartiale et inconditionnelle, a rappelé le représentant iranien, tandis que la Chine demandait la levée immédiate des sanctions prises à l’encontre de l’Afghanistan.

Au contraire, le représentant afghan, qui ne s’exprimait pas au nom des « autorités de facto » talibanes, a exhorté le Conseil de sécurité à se servir des outils à sa disposition pour faire pression sur elles, considérant que leurs exactions innombrables constituaient des crimes contre l’humanité.  Il s’est toutefois félicité de la décision, en février, d’un juge américain qui a confirmé qu’un montant de 3,5 milliards de dollars actuellement gelé par les États-Unis appartenait bien à la Banque centrale de l’Afghanistan.  Le représentant a souhaité que ces fonds soient utilisés à terme par un « gouvernement afghan légitime ». 

Afin que la MANUA puisse jouer pleinement son rôle, Mme Otunbayeva a souhaité que son mandat, qui expire le 17 mars, soit prorogé d’un an.  Les Émirats arabes unis ont cependant suggéré de lancer un réexamen stratégique de l’engagement international en Afghanistan: si la Mission est le visage de la communauté internationale sur le terrain et mérite le soutien continu du Conseil, celui-ci, en n’agissant pas et en ne cherchant pas à changer le cours actuel des choses, ne s’acquitte pas de ses responsabilités et « trahit le peuple afghan », a estimé la représentante des Émirats arabes unis. 

LA SITUATION EN AFGHANISTAN - S/2023/151

Déclarations

Mme ROZA OTUNBAYEVA, Représentante spéciale du Secrétaire général pour lAfghanistan et Cheffe de la Mission d’assistance des Nations Unies dans ce pays (MANUA), a déclaré qu’en cette Journée internationale de la femme, elle n’avait hélas que peu de messages réconfortants à adresser au sujet des Afghanes.  L’interdiction qui leur est faite de travailler, d’étudier, de voyager sans un compagnon masculin à leurs côtés et même de se rendre dans les parcs ou les bains publics est toujours en vigueur, a-t-elle constaté. 

Les Taliban prétendent avoir unifié le pays, mais ils l’ont aussi gravement divisé le long des lignes de genre, a fait valoir Mme Otunbayeva.  Au moment où l’Afghanistan a besoin de tout son capital humain pour se relever de décennies de guerre, la moitié des médecins, scientifiques, journalistes et personnalités politiques potentielles du pays sont enfermées chez elles, leurs rêves écrasés et leurs talents confisqués, a-t-elle déploré.  « L’Afghanistan sous le régime des Taliban reste le pays le plus répressif au monde en ce qui concerne les droits des femmes », a-t-elle résumé. 

Les Taliban affirment de leur côté que cette ségrégation des femmes n’est pas un problème majeur et qu’il est en cours de résolution, estimant qu’ils devraient être jugés à l’aune d’autres réalisations, a remarqué la Représentante spéciale.  Mais en réalité, l’interdiction en date du 20 décembre relative à l’enseignement supérieur, puis celle du 24 décembre sur celles travaillant pour des ONG, ont de graves conséquences pour la population afghane et les relations du pays avec la communauté internationale, a-t-elle affirmé. 

Ainsi, a averti Mme Otunbayeva, le financement du développement de l’Afghanistan risque de diminuer si les femmes ne sont pas autorisées à travailler, des ONG dirigées par des femmes ayant par exemple dû mettre fin à leurs activités.  Et si le montant de l’aide est réduit, celui des envois de fonds nécessaires pour soutenir cette aide diminuera également, les discussions sur la fourniture d’une aide plus importante au développement ayant déjà été interrompues à la suite de ces interdictions.  « Difficile de comprendre comment un gouvernement digne de ce nom peut gouverner contre les besoins de la moitié de sa population », a lancé la Représentante spéciale. 

Or, le peuple afghan continue de souffrir douloureusement à d’autres égards, a ajouté Mme Otunbayeva, qui a rappelé que le pays reste le théâtre de la plus grave crise humanitaire au monde.  Les deux tiers de la population, environ 28 millions de personnes, auront besoin d’une aide humanitaire cette année pour survivre, soit 4,62 milliards de dollars, « l’appel de fonds le plus important jamais lancé par un pays », a-t-elle rappelé.  Près de la moitié de la population, soit 20 millions de personnes, est touchée par l’insécurité alimentaire, dont 6 millions sont à deux doigts de la famine. 

Face à ces besoins urgents, l’action humanitaire se heurte pourtant à des conditions d’accès et de sécurité de plus en plus complexes.  L’interdiction faite aux Afghanes de travailler pour des ONG n’est pas le seul obstacle sérieux qui empêche de prêter assistance aux populations vulnérables, a rappelé la Cheffe de la MANUA.  La Mission est également préoccupée par le fait que le personnel féminin national travaillant pour l’ONU sera également frappé d’interdiction.  Les Taliban s’efforcent en outre d’empêcher le personnel féminin afghan de se rendre dans les bureaux de l’ONU dans cinq provinces, les ONG subissant ces restrictions dans une bien plus large mesure.  Dans certaines provinces, la fourniture de l’aide a dû être suspendue temporairement parce que les autorités locales ont posé des conditions inacceptables à sa distribution. 

En 2022, avant la mise en place de ces contraintes, l’ONU et les ONG partenaires avaient pu venir en aide à 26,1 millions de personnes, en grande partie en raison de l’amélioration de la sécurité, a expliqué Mme Otunbayeva.  « Je crains qu’en 2023, les interdictions imposées aux femmes et autres restrictions n’entravent l’accès à l’avenir », s’est-elle désolée, en confiant que les travailleurs humanitaires se retrouvent contraints de faire des compromis pour sauver des vies afghanes: « L’absurdité de cette situation se passe de tout commentaire », a-t-elle ajouté. 

Par ailleurs, la capacité de la MANUA à fournir des services est également compliquée par la menace imminente de l’État islamique d’Iraq et du Levant-Khorassan (EIIL-K), les autorités de facto n’ayant pas la capacité d’y faire pleinement face, a remarqué la Cheffe de la Mission.  Parallèlement à la détérioration des droits des femmes, d’autres abus sont commis par les autorités de facto à l’encontre d’anciens membres du Gouvernement et des forces de sécurité, sous la forme d’exécutions extrajudiciaires, d’arrestations arbitraires, de détentions et d’actes de torture perpétrés, en violation du décret d’amnistie issu par les Taliban eux-mêmes. 

L’accumulation de ces décisions a donné naissance à une forme de gouvernement tout simplement « inacceptable » pour la communauté internationale, a dénoncé la Représentante spéciale, qui a dit craindre que l’histoire ne se répète et que l’Afghanistan ne renforce chaque jour un peu plus son isolement.  Toutefois, a-t-elle noté, et contrairement à ce qui se passait dans les années 90, le monde accorde aujourd’hui beaucoup plus d’attention à l’Afghanistan. 

Afin que la MANUA puisse jouer pleinement son rôle, Mme Otunbayeva a souhaité qu’un mandat d’une année supplémentaire lui soit accordé.  Malgré les revers subis par ce pays et sa population, nous continuons d’affirmer qu’il n’y a pas d’alternative à un engagement unifié, patient et fondé sur des principes, qui place les besoins et les droits du peuple afghan au premier plan, a conclu la Représentante spéciale. 

Mme ZUBAIDA AKBAR, représentante de la société civile, organisation « Freedom Now », s’est dite honorée de pouvoir s’adresser au Conseil de sécurité, aujourd’hui, à l’occasion de la Journée internationale de la femme.  Malheureusement, a-t-elle ajouté, il me faut vous parler de ce qui est la pire crise des droits des femmes dans le monde, puisque, comme le Conseil le sait, « depuis que les Taliban ont pris le pouvoir en août 2021, les droits des femmes et des filles afghanes ont été décimés ». 

« Par plus de 40 décrets, les Taliban ont cherché non seulement à effacer les femmes de la vie publique, mais à éteindre notre humanité fondamentale », a-t-elle lancé.  Après avoir brossé un portrait glaçant de la situation des femmes et des filles afghanes, marquée entre autres par la récente décision d’interdire aux femmes de travailler pour les ONG, « ce qui empêche plus de 100 organisations de la société civile de fonctionner normalement », Mme Akbar a confié que des Afghanes lui disent qu’elles se sentent étouffées et désespérées.  « Des jeunes filles me parlent de mettre fin à leurs jours.  Cela ne peut pas continuer », a-t-elle encore témoigné. 

Selon Mme Akbar, un terme décrit bien la situation des femmes afghanes aujourd’hui, celui « d’apartheid sexuel ».  À l’appui de cette affirmation, elle a déclaré que les femmes afghanes, les experts « et même le Secrétaire général António Guterres » ont condamné une discrimination systématique équivalant à un véritable apartheid de genre.  À son sens, une condamnation internationale franche est essentielle, la multiplication des violations flagrantes du droit international par les Taliban exigeant une réponse internationale proportionnée, coordonnée et significative qui indique clairement que les violations des droits des femmes sont intolérables, injustifiables et que les Taliban en subiront les conséquences.  « Si vous ne défendez pas les droits des femmes ici, vous n’avez aucune crédibilité pour le faire ailleurs », a-t-elle affirmé. 

Mme Akbar a en outre considéré que la répression des manifestantes et les persécutions des minorités ethniques et religieuses risquaient de conduire le pays tout droit vers une guerre civile qui ne restera pas longtemps contenue sur le plan régional.  À cette aune, elle a appelé le Conseil de sécurité à exiger des Taliban qu’ils respectent les droits de tous les Afghans, à leur refuser toute représentativité aux Nations Unies, à maintenir l’interdiction de voyager qui les frappe, à axer ses exposés sur la situation en Afghanistan sur les pans les plus marginalisés de la société afghane et à condamner de la manière la plus ferme toute violation des droits des femmes et des filles. 

« Le peuple afghan mérite de jouir de ses droits fondamentaux, et si les Taliban sont autorisés à continuer sur la voie qu’ils ont choisie, il faudra des générations avant que l’Afghanistan ne se relève », a conclu Mme Akbar.  Elle a ainsi demandé aux membres du Conseil de penser à leurs propres filles, épouses, sœurs et à se demander: pourquoi les femmes afghanes mériteraient-elles un autre traitement qu’elles? 

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) s’est dit alarmé par la détérioration de la situation des droits humains en Afghanistan, notamment des femmes et des filles, et a fustigé les restrictions imposées par les Taliban.  La situation humanitaire est catastrophique, a dit le délégué, en plaidant pour un appui international renforcé.  Il a mis en garde contre les risques d’une telle situation, qui pourrait pousser la jeunesse à se radicaliser.  Le Conseil doit exhorter les Taliban à abandonner leur politique répressive en matière de droits humains.  Le dialogue doit se poursuivre afin qu’ils changent de cap, comme le fait le Japon à Kaboul, a poursuivi le délégué.  Enfin, il a appuyé la MANUA et espéré que celle-ci fera avancer le dialogue. 

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a considéré que le soutien du Conseil de sécurité à la MANUA devait être inébranlable.  Néanmoins, il apparaît que nous manquons de stratégie politique pour l’Afghanistan, a-t-elle estimé, un sentiment qui trouve un écho dans les discussions que la représentante a eues avec de nombreuses Afghanes, y compris cette semaine à la Commission de la condition de la femme.  Aussi, en tant que l’une des deux délégations porte-plumes sur la situation dans ce pays, elle a estimé que le Conseil doit lancer un réexamen stratégique de l’engagement international en Afghanistan et articuler une voie claire pour promouvoir le bien-être de tous ses habitants.  Si la MANUA est le visage de la communauté internationale sur le terrain et mérite le soutien continu du Conseil, celui-ci, en n’agissant pas et en ne cherchant pas à changer le cours actuel des choses, ne s’acquitte pas selon elle de ses responsabilités et « trahit le peuple afghan ».  La situation de leur pays est exceptionnelle et exige une réponse exceptionnelle, a-t-elle insisté.  Nous pouvons le reconnaître et œuvrer à l’approche « intégrée et cohérente » plaidée par la communauté internationale, coordonner nos efforts et renforcer la MANUA, ou nous pouvons continuer comme si de rien n’était au détriment de l’Afghanistan et de son peuple, a mis en garde la déléguée. 

Au nom des A3 (Gabon, Ghana et Mozambique), M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a remarqué qu’en dépit des diverses mesures prises, le manque de représentativité de la diversité du peuple afghan, tant ethnique que sociale, persistait dans le paysage politique.  Très peu de progrès a été constaté alors que l’inclusion des femmes dans les structures gouvernementales demeure un défi.  Le représentant des A3 a vivement encouragé les Taliban à répondre positivement aux appels au dialogue intra-afghan lancés par certaines parties de l’opposition politique, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, ainsi que par la communauté internationale.  Il s’est dit convaincu que cela œuvrerait en faveur d’une plus grande participation de tous les acteurs politiques du pays. 

L’annonce, en décembre 2022, de décisions suspendant l’enseignement supérieur et l’emploi des femmes dans les ONG nationales et internationales a encore restreint les droits fondamentaux des femmes et des filles, a poursuivi l’orateur.  Il a également relevé que la question de leur éducation et de leur accès à l’enseignement secondaire et supérieur reste en suspens, notant en outre que les Taliban ont élargi les restrictions faites aux femmes à la quasi-totalité des activités de la vie sociale, politique et professionnelle.  Pour que la condition des femmes et les filles afghanes puisse progresser, la communauté internationale doit « rester ferme » et faire preuve de solidarité à leur égard.  « Ce pays ne se reconstruira pas sans l’éducation, la qualification et l’inclusion des Afghanes », a prévenu le délégué.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a dénoncé les restrictions sans précédent imposées par les Taliban aux droits des femmes et des filles.  Nous devons nous montrer réalistes, la trajectoire du pays est négative, a-t-il dit.  À cette aune, il a exhorté le Conseil à rester uni face aux Taliban.  Nous devons également nous montrer très clairs sur les conséquences, si les Taliban devaient persévérer dans cette voie, a dit le délégué, en écartant toute reconnaissance internationale de ces derniers.  Il a souligné la nécessité que la MANUA reste dotée d’un mandat robuste, appelant en outre l’ONU à continuer d’intervenir auprès des Taliban au sujet des progrès à réaliser en matière de gouvernance représentative.  Nous devons également faire savoir aux Taliban qu’ils se sabotent eux-mêmes, puisqu’il ne peut y avoir de paix durable si de larges composantes de la société sont exclues, a-t-il conclu, en affichant sa solidarité avec le peuple afghan. 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a déclaré qu’en Afghanistan, les femmes et les filles voient bafoués leurs droits humains et leurs libertés fondamentales au quotidien, et que cette situation continue de s’aggraver.  Alors que leur accès à l’éducation et au travail est quasiment réduit à néant, nous appelons les Taliban à revenir sans délai sur les interdictions faites aux femmes et aux filles, a ajouté la représentante.  Après avoir condamné toutes les violations des droits humains commises par les Taliban, en particulier les violations des droits des femmes, mais aussi des enfants et des minorités ethniques, elle a appuyé une prolongation du mandat actuel de la MANUA, « qui permettra à la mission de poursuivre ses activités vitales pour le peuple afghan ». 

Dans cette optique, Mme Baeriswyl a demandé au Conseil et la MANUA de soutenir tous les efforts visant à promouvoir un Afghanistan où l’ensemble de la société participe à la vie publique, sans discrimination ni représailles, la protection des droits humains étant essentielle pour la stabilité du pays.  Les femmes et les filles doivent avoir accès à l’éducation, au travail, à la politique et la vie sociale et économique, a martelé la représentante, pour qui la réponse aux besoins humanitaires immédiats passe par le travail des femmes afghanes dans de nombreuses ONG sur le terrain. 

Face aux défis croissants résultant des changements climatiques, il faut soutenir le peuple afghan pour qu’il puisse adapter son agriculture et rendre la gestion des ressources naturelles plus durable, a ensuite déclaré la représentante.  De plus, a-t-elle dit, les services publics de base doivent pouvoir fonctionner, notamment dans les domaines de l’éducation et de la santé publique: « Une économie stable est nécessaire pour créer des perspectives pour un futur digne. » 

Revenant sur la question des femmes, Mme Baeriswyl a exhorté les Taliban à annuler leurs récents décrets interdisant aux femmes d’accéder à l’enseignement supérieur et de travailler pour des ONG et à reconnaître l’importance d’une gouvernance inclusive et de l’état de droit.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a déclaré qu’alors que le monde se réunit pour la Journée internationale de la femme en ce jour, les femmes afghanes ont bien peu de raisons de se réjouir, privées de leurs libertés et de leurs droits du seul fait de leur genre.  Les autorités de facto légitiment les crimes d’honneur ainsi que les châtiments corporels, a dénoncé le représentant.  Elles s’attellent à détricoter les acquis de ces 20 dernières années, entraînant des dégâts irréparables à la société civile afghane, tout en entravant gravement le développement économique du pays.  Ce choix « catastrophique » pousse le pays vers l’abîme. 

Solidaire des femmes et les filles afghanes, l’Albanie appuie toutes les mesures visant à lever restrictions arbitraires, notamment celles relatives au travail des femmes dans le secteur humanitaire, a déclaré le représentant.  L’éradication des droits des femmes fait partie d’une politique réactionnaire coordonnée, a-t-il poursuivi, qui a rappelé que, depuis leur prise de pouvoir, les Taliban avaient démontré leur mépris des droits humains et du droit international humanitaire, notamment en interdisant les manifestations pacifiques, en rendant illégale toute voix dissidente et en restreignant l’espace médiatique. 

Le représentant a appuyé un nouveau mandat pour la MANUA qui permettrait d’aider la population en ces circonstances difficiles, et de donner la priorité au droit des femmes et des filles.  Le Conseil de sécurité et la communauté internationale doivent agir de façon cohérente en demandant aux autorités de facto qu’elles respectent pleinement les résolutions du Conseil, a-t-il fait valoir, estimant que c’était là le seul moyen de normaliser les relations avec l’Afghanistan et de permettre le retour du pays dans le concert international.  La paix et la prospérité ne seront possibles en Afghanistan que grâce à l’inclusivité; sans elle, le pays retournera dans un passé lointain et sombre, a conclu le représentant. 

M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur) s’est dit préoccupé par le tableau sombre dressé par le rapport du Secrétaire général de l’ONU.  Alors que les besoins en aide humanitaire augmentent de façon exponentielle, l’Équateur exprime sa reconnaissance pour le travail de la MANUA et soutiendra le renouvellement de son mandat dans les prochains jours, cela « en vue de maintenir et de renforcer sa présence sur le terrain pour promouvoir un dialogue inclusif entre tous les acteurs de la société afghane ». 

Le représentant a également salué les initiatives de coopération bilatérales et multilatérales promues par les pays de la région et par les organisations régionales et internationales pour mobiliser le financement de l’éducation des filles et des garçons et offrir, autant que faire se peut, des opportunités d’emploi pour les femmes.  Ces actions, a-t-il dit, véhiculent le message clair d’une communauté internationale indignée par les politiques régressives imposées par le régime de facto. 

M. Montalvo Sosa s’est dit convaincu que la complexité et la gravité de la situation en Afghanistan, marquée par une crise humanitaire, de nombreuses violations des droits humains, la discrimination, l’isolement, l’impunité, l’extrémisme violent et le terrorisme, exigent des solutions coordonnées de tous les organes du système des Nations Unies, ainsi qu’une véritable solidarité de la communauté internationale dans son ensemble. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a déploré que ses collègues des États-Unis, avec le soutien de leurs alliés, cherchent à se défausser de leur responsabilité dans l’effondrement de l’Afghanistan, à la suite de leur campagne militaire « peu glorieuse ».  Sous les traits d’un bienfaiteur et défenseur des droits des femmes et des filles, Washington dissimule en réalité son vrai visage, a ironisé la représentante, pour qui de nombreux crimes de guerre ont été commis en Afghanistan par l’armée américaine et les forces de l’OTAN.  Dans ce contexte, les déclarations « tonitruantes » des Occidentaux sur la détérioration actuelle de la situation dans le pays, ainsi que les appels à reprendre les sanctions et à accroître la pression politique et économique sur les autorités de facto semblent immorales, a-t-elle cinglé. 

La représentante s’est dite particulièrement préoccupée par les risques sécuritaires posés par l’activité terroriste de l’État islamique d’Iraq et du Levant-Khorassan (EIIL-K), dont les victimes sont des représentants de minorités religieuses et ethniques, dont des femmes et des enfants.  Malheureusement, les efforts déployés par les autorités de facto pour remédier à cette situation ne suffisent pas, a-t-elle constaté. 

Pour la Fédération de Russie, bâtir une paix durable en Afghanistan est impossible sans un engagement continu avec les nouvelles autorités sur un large éventail de questions urgentes.  En collaboration avec ses partenaires régionaux, elle œuvre à l’élaboration d’une approche commune de la situation dans le pays et continue d’apporter une aide humanitaire au peuple afghan et de privilégier la coopération sur le plan socioéconomique, a déclaré Mme Evstigneeva. 

Mme FRANCESCA MARIA GATT (Malte) a dénoncé les « humiliations quotidiennes » endurées par les Afghanes, avant de rappeler la gravité de la crise humanitaire dans le pays, 28,3 millions d’Afghans ayant besoin d’une aide d’urgence.  Elle a déploré la persécution systématique des femmes et des filles et a appelé la communauté internationale à répondre aux abus de gouvernance qui institutionnalisent la discrimination.  La reprise économique et le développement de l’Afghanistan ne pourront pas se concrétiser sans la participation pleine, égale et significative des femmes, a insisté la représentante qui a appelé le Conseil à demeurer vigilant et uni pour répondre à toute mesure répressive supplémentaire prise par les autorités de facto du pays.  

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) s’est dit fermement convaincu que l’établissement d’un Afghanistan pacifique et prospère ne sera possible qu’en incluant les femmes et les filles dans le processus, et uniquement si ces dernières ont accès à une éducation et peuvent participer au développement économique du pays, conformément à la résolution 1325 (2000) et aux autres résolutions pertinentes. 

L’avenir du pays dépend du respect du droit international humanitaire et du maintien de l’acheminement de l’assistance humanitaire, a poursuivi le représentant.  Dans ce contexte, l’adoption de restrictions contre les ONG internationales et nationales ne saurait être tolérée; ces mesures ne faisant que favoriser l’instabilité.  Le représentant a aussi exhorté les autorités pertinentes à « faire machine arrière », ainsi qu’à lever toute mesure de restriction en matière d’acheminement de l’assistance humanitaire et de participation des femmes à la vie publique. 

Conformément à sa tradition, le Brésil a décidé d’autoriser l’émission de visas humanitaires -plus de 8°000- pour des personnes touchées par la crise en Afghanistan, en prêtant une attention particulière aux femmes et aux enfants, a encore déclaré M.° de Almeida Filho.  À ce sujet, il a invité le Conseil de sécurité à respecter de principe de partage des responsabilités. 

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a déclaré que la situation des femmes et des filles continue de se détériorer en Afghanistan, celles-ci étant toujours privées de leurs droits et libertés les plus élémentaires.  L’interdiction faite aux femmes de travailler dans les ONG continue d’avoir des conséquences désastreuses, a insisté la représentante, avant de demander aux Taliban de revenir sur leurs décisions, qui obèrent toute perspective de développement durable et équilibré.  Elle s’est dite également préoccupée par les violences qui continuent d’être commises à l’encontre des enfants, ainsi que par la hausse des cas de châtiments corporels et autres traitements inhumains et dégradants contre la population dans son ensemble. 

La situation est complexe, les défis sont nombreux, sur bien des plans, et notamment sur le front sécuritaire, a noté la représentante, qui a souligné que, dans un tel contexte « il est essentiel de maintenir nos exigences vis-à-vis des Taliban en matière de défense des droits de l’homme, et en particulier des droits des femmes et des filles ».  Pour la France, toutes ces questions sont en réalité liées, puisque le relèvement du pays sera impossible sans la participation de la moitié de sa population.

Réitérant son soutien à l’action de la MANUA et restant déterminée à apporter son aide au peuple d’Afghanistan, « la France n’a cessé de réaffirmer son soutien à la population afghane.  Elle a maintenu son assistance humanitaire et continuera à le faire, dans le plein respect des principes humanitaires et du droit international », a affirmé Mme°Broadhurst Estival. 

La représentante a ajouté que l’Union européenne, qui est l’un des principaux donateurs, continue également de répondre présent.  Elle a rappelé que les conditions fixées par le Conseil dans sa résolution 2593 (2021) du 31°août 2021, y compris s’agissant de lutte contre le terrorisme, continuent de conditionner tout engagement potentiel avec les Taliban, « qui doivent respecter leurs promesses ».  Dans ce contexte, elle a apporté le soutien de la France à l’action de la MANUA, « dont l’ensemble du mandat demeure pertinent, et en conformité avec les résolutions précédentes de ce Conseil ».  Elle a enfin salué l’action de la Secrétaire générale adjointe en soutien à l’Afghanistan, réaffirmant en conclusion la détermination de la France à prendre part aux efforts, en appui au peuple afghan.

M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a déclaré qu’en empêchant les femmes de travailler pour des organisations non gouvernementales et humanitaires, les Taliban mettent en danger la vie du peuple afghan, qui dépend de l’aide apportée par ces femmes.  Exprimant ensuite son ferme soutien au mandat de la MANUA, le représentant a exhorté le Conseil à préserver la Mission, qui constitue « une bouée de sauvetage pour le peuple afghan ». 

S’opposant à toute tentative d’interférence sous la forme d’une simple prorogation technique du mandat, M. Wood a appelé les États membres à le renouveler sans délai.  « Nous avons encore quelques jours devant nous », a-t-il souligné, notant que les graves restrictions imposées par les Taliban appelaient une réponse forte de la part des pays voisins. 

« Nous ne pouvons pas rester silencieux et regarder ce régime réduire les femmes au silence dans la vie publique », a exhorté le représentant.  Soulignant la large unité affichée par les États de la région en faveur de la suppression des restrictions à l’éducation et à l’emploi des femmes afghanes, il a exprimé son soutien aux efforts visant à consacrer cette unité sous la forme d’une résolution de l’Assemblée générale. 

Appelant par ailleurs les Taliban à autoriser l’accès des travailleurs humanitaires de tous les sexes et à garantir des conditions de sécurité au personnel humanitaire, le représentant les a également exhortés à mettre en place un processus crédible pour soutenir une gouvernance représentative qui reflète la diversité du pays, y compris les femmes et des minorités. 

M. GENG SHUANG (Chine) a dit que la communauté internationale ne peut détourner les yeux du sort des femmes afghanes, en appelant à leur pleine intégration sociale et économique.  Le représentant a dénoncé la recrudescence des activités terroristes en Afghanistan.  Il a plaidé pour le développement du marché intérieur afghan et des liens économiques avec les pays voisins.  Il a aussi dénoncé la dégradation de la situation des femmes et des filles afghanes, notamment la privation d’un accès à l’éducation.  Soulignant la gravité de la situation humanitaire, il a déploré que certains donateurs veuillent revoir à la baisse leur aide. 

Le représentant a demandé la levée immédiate des sanctions prises à l’encontre de l’Afghanistan.  Il a enfin estimé que le renforcement de la pression sur le pays peut être contreproductif, en rappelant que le but à poursuivre est l’avènement d’un Afghanistan prospère. 

M. NASEER AHMED FAIQ (Afghanistan) s’est associé à la communauté internationale pour transmettre un message de soutien aux femmes et aux filles afghanes qui ne craignent pas de lutter contre le régime en place pour rétablir leurs droits.  En un peu plus de 18°mois, les Taliban ont systématiquement privé les femmes et les filles de leurs droits fondamentaux, les « effaçant » littéralement de la société, a déclaré le représentant, opposant au régime des Taliban, qui a dressé un long tableau particulièrement sombre de la situation de son pays.

Discriminations, mariages forcés, privations de soins et de leur liberté de circuler… Les portes des sciences, des technologies et du savoir se sont brutalement fermées pour elles, a déploré l’orateur, pour qui le pays a sombré dans l’extrémisme et des millions de jeunes afghans font désormais face à l’incertitude éducative.  Des services administratifs et bancaires ont été démantelés.  La pauvreté s’est tellement accrue que des Afghans en sont réduits à « vendre leurs organes », a-t-il affirmé. 

La pauvreté a augmenté alors que les Taliban s’enorgueillissent d’une augmentation de leurs recettes internes, sans pour autant expliquer comment elles sont dépensées, a poursuivi M.°Faiq.  La corruption, le vol sont encouragés.  Des catastrophes naturelles et des catastrophes créées par l’homme se sont abattues, des milliers de migrants ont quitté le pays, parfois kidnappés par des trafiquants puis torturés, ou périssant dans la mer Méditerranée, ou bien sur la terre ferme, en Italie ou en Bulgarie.  Les propos des Taliban, qui prétendent que la sécurité est assurée au niveau national, sont également faux, a assuré l’orateur, pour qui les Taliban ont anéanti les réalisations des deux dernières décennies, supprimant les mécanismes de protection du droit international humanitaire.  Le pays est régi par la « force du fusil » en raison de l’effondrement du système judiciaire. 

Des milliers d’éléments des forces de sécurité ont été arrêtés, torturés, puis tués.  Des intellectuels compétents ont quitté le pays, devenant des réfugiés, vivant dans les pays voisins dans des conditions catastrophiques, en attendant l’aide du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. 

Dans ce contexte, le peuple afghan continue de vivre, affichant sa résilience, encore affirmé M.°Faiq, pour qui ce « sombre régime » ne pourra jamais effacer la soif de liberté de ses compatriotes car il ne représente pas le peuple afghan: sans soutien intérieur et sans légitimité, il ne pourra durer, a-t-il assuré.

Parlant d’une « mauvaise » interprétation de l’islam par les Taliban, le représentant les a accusés d’être incapables de répondre aux appels internationaux et nationaux pour revenir sur leur politique oppressive vis-à-vis des femmes et des filles.  Il a décrit un modus operandi cynique, où les Taliban profitent de la situation économique et humanitaire catastrophique, pour s’en servir comme d’une « arme de négociation » avec les pays donateurs. 

Il s’est toutefois félicité de la décision, en février, d’un juge américain concernant 3,5°milliards de dollars actuellement gelés par les États-Unis: le juge a confirmé qu’ils appartenaient bien à la Banque centrale de l’Afghanistan, et l’orateur a espéré que ces fonds seraient utilisés à terme par un «°gouvernement afghan légitime ».  Le Conseil de sécurité doit utiliser les outils à sa disposition pour faire pression sur les Taliban, a-t-il enfin demandé.  Énumérant et dénonçant de nombreuses exactions commises récemment par les Taliban, il les a qualifiées de « crimes contre l’humanité » devant être jugés à La Haye.

M. AMIR SAEID IRAVANI (République islamique dIran) a reconnu le caractère préoccupant des récentes restrictions et interdictions imposées aux femmes et aux filles afghanes, qui les empêchent notamment de suivre une éducation normale.  Le représentant a toutefois invité à la prudence face aux risques d’exploitation de l’aide humanitaire à des fins politiques.  De telles pratiques nuiraient au peuple afghan, qui dépend de cette aide pour vivre, a-t-il averti.  Il a aussi jugé essentiel que le gel des actifs appartenant au peuple afghan soit levé sans conditions, cela étant selon lui indispensable pour relancer l’économie afghane et « sauver des vies ».  Pour s’assurer que le peuple afghan reçoit le soutien dont il a besoin, l’aide humanitaire doit rester impartiale et inconditionnelle, a-t-il répété. 

En tant que représentant d’un pays voisin de l’Afghanistan, M. Iravani s’est dit profondément préoccupé par les conséquences potentiellement désastreuses de la présence à ses portes de groupes affiliés à Daech et Al-Qaida et de l’importance de la culture et du trafic de stupéfiants, autant de « menaces à la sécurité de l’Afghanistan, de ses voisins et de toute la région ».  Dans ce contexte, il a mis en garde contre les effets d’une dégradation de la situation en matière de sécurité, évoquant à ce propos un afflux massif de migrants dans les pays frontaliers de l’Afghanistan, qui, comme l’Iran, accueillent déjà des millions d’Afghanes et d’Afghans déplacés.  Le représentant a en outre appuyé la prorogation du mandat de la MANUA, qui tient un rôle essentiel dans la promotion de la paix et de la stabilité en Afghanistan. 

Après avoir indiqué que son pays accueille sur son sol plus de 5 millions d’Afghans malgré un soutien minimum de la communauté internationale et l’impact négatif causé « par les sanctions unilatérales inhumaines des États-Unis et des pays occidentaux », le représentant a assuré que l’Iran avait pris des mesures spécifiques pour soutenir les femmes et les filles afghanes touchées par les récentes restrictions imposées par les Taliban.  Nous avons ainsi rationalisé le processus de visa pour les femmes et les filles qui cherchent à poursuivre leurs études en Iran, a-t-il signalé. 

Enfin, M. Iravani a de nouveau demandé au régime afghan de facto de respecter ses obligations internationales.  Il a conclu en réaffirmant l’engagement pris par son pays de contribuer à l’établissement d’une paix durable en Afghanistan et d’aider à son développement.

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) s’est dit préoccupé par l’évolution de la situation en Afghanistan et par les restrictions imposées par les autorités du pays à l’emploi et à l’éducation des femmes, espérant que ces droits seraient prochainement rétablis.  Toutefois, restreindre ou interrompre l’aide internationale en faveur du peuple afghan serait, selon le représentant, « immoral et contreproductif », dans la mesure où une telle décision ne ferait qu’aggraver la crise économique et humanitaire actuelle et qu’encourager le trafic de stupéfiants comme principal moyen de subvenir aux besoins de la population. 

S’il a plaidé pour la mise en œuvre de projets de connectivité qui permettraient de relier l’Afghanistan à ses pays voisins, le représentant a condamné les attentats perpétrés par des organisations terroristes qui compromettent le relèvement économique du pays.  Des attaques commises avec le soutien d’acteurs extérieurs, a-t-il accusé. 

Pour M. Akram, le Gouvernement intérimaire de l’Afghanistan a la capacité et la volonté d’atteindre ses objectifs.  Il a rappelé que le Ministre pakistanais des affaires étrangères s’était d’ailleurs rendu à Kaboul récemment pour discuter de ces questions et de la nature de la coopération technique entre les deux pays.  Il serait « dangereux et irréaliste » de penser que les autorités afghanes puissent être remplacées, après 40 ans de conflit, sans créer davantage d’instabilité dans le pays et dans la sous-région, a insisté le représentant, avant de saluer le rôle joué par la MANUA et de soutenir la prorogation de son mandat. 

Mme RUCHIRA KAMBOJ (Inde) a souligné la nécessité que l’Afghanistan ne devienne pas un sanctuaire pour des activités terroristes, en particulier de la part de groupes et individus inscrits sur la liste des sanctions du Conseil.  La représentante a appelé à la formation d’une structure gouvernementale inclusive et représentative de toutes les composantes de la société afghane, garantissant des droits égaux pour les femmes et les filles.  Rappelant la gravité de la situation humanitaire dans le pays, elle a détaillé l’aide apportée par l’Inde, dont le récent acheminement de 4 000 tonnes de blé.  Enfin, elle s’est dite vivement préoccupée par les tentatives de plus en plus marquées visant à faire disparaître les femmes de l’espace public en Afghanistan.  Les droits des femmes et des minorités doivent être pleinement respectés, a-t-elle conclu. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

LDC5: les conditions de sortie de la catégorie des pays les moins avancés et l’aide publique au développement dominent la fin de la discussion générale

Cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés,
7e et 8e séances plénières – matin & après-midi
DEV/3455

LDC5: les conditions de sortie de la catégorie des pays les moins avancés et l’aide publique au développement dominent la fin de la discussion générale

DOHA, 8 mars -- Avant de clore ses travaux demain après-midi, la cinquième Conférence des Nations Unies pour les pays les moins avancés (PMA) a achevé, cet après-midi à Doha, sa discussion générale, l’occasion pour une trentaine d’États Membres et d’organisations d’exprimer leur soutien au nouveau Programme d’action, d’évoquer à nouveau le rigoureux processus de sortie de la catégorie des PMA et de souligner l’importance de l’aide publique au développement, dont 45% a pour destination ces 46 pays vulnérables. 

En prélude à l’ultime table ronde de cette conférence, intitulée « Soutenir une sortie durable et irréversible de la catégorie des pays les moins avancés » et programmée demain matin, plusieurs pays ont dit craindre une réduction brutale du traitement spécial et différencié et des mesures dérogatoires en cas de reclassement, alors que le Programme d’action de Doha soutient qu’aucun PMA admis au retrait ne devrait voir son processus de développement interrompu ou inversé. 

Cette crainte a notamment été formulée par le Ministre du commerce du Cambodge, qui s’est d’abord réjoui que son pays ait rempli en 2021 les trois critères nécessaires à sa sortie de la catégorie des PMA.  Une sortie qui, a-t-il dit, pourrait avoir lieu dès 2024, à l’issue d’une nouvelle évaluation.  Il s’est également plu à dire que si le Cambodge quitte la catégorie d’ici à 2027, il pourra rejoindre la catégorie des pays à revenu intermédiaire d’ici à 2030, puis celle des pays à revenu élevé d’ici à 2050.  Le Ministre a cependant déploré que ce reclassement s’accompagne d’une perte d’avantages, souhaitant que le processus soit rendu plus aisé pour les pays « sortants ».

Comme pour rassurer les pays en instance de sortie de la catégorie, le Deuxième Vice-Ministre des affaires étrangères de la République de Corée a rappelé que son pays est passé du statut de PMA à celui de bailleur de fonds.  Il a dit vouloir faire bénéficier les PMA actuels de son expérience, tandis qu’un groupe de pays développés faisait assaut de propositions pour aider les pays en voie de reclassement. 

Le Royaume-Uni a ainsi dit vouloir agir dans l’intérêt des PMA dans les six domaines prioritaires énoncés par le Programme d’action de Doha, notamment la réduction de la pauvreté, le renforcement des systèmes de santé, la lutte contre les changements climatiques et la transformation économique.  Pour cela, il prévoit d’utiliser tous les moyens à sa disposition, en recourant par exemple aux services financiers de la City de Londres, aux universités britanniques mondialement reconnues et aux technologies de pointe qu’il conçoit.  L’aide seule ne suffira pas, a expliqué la délégation. 

Soulignant le rôle de chef de file mondial de l’Union européenne et de ses États membres dans la fourniture de l’aide alimentaire d’urgence et la prévention de la famine dans le monde, le représentant de la République tchèque a, pour sa part, indiqué que son pays s’emploie à réduire les risques et à mettre en place des institutions et des infrastructures résilientes dans les PMA, conditions préalables à une transition durable vers la catégorie des pays à revenu intermédiaire. 

De son côté, le Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-HABITAT) a expliqué qu’il s’efforce de promouvoir dans les PMA un développement urbain durable d’un point de vue social et environnemental, en modernisant les infrastructures locales afin de répondre aux exigences de sortie de la catégorie. 

Comme lors des précédentes journées, la question des financements est revenue régulièrement dans les interventions, le Japon détaillant par exemple les milliards de dollars qu’il a versés ou prévoit de fournir aux pays en développement au titre de la lutte contre la COVID-19 et de l’adaptation aux changements climatiques.  En Afrique, où se trouvent 33 des 46 PMA, le pays compte investir pas moins de 30 milliards de dollars au cours des trois prochaines années, a indiqué l’Ambassadeur japonais auprès du Qatar. 

Mais c’est surtout la question de l’aide publique au développement (APD) qui a alimenté la discussion.  L’Indonésie a appelé à créer un environnement favorable au développement des PMA, non sans faire remarquer que les sources de financement sont limitées, qu’il s’agisse d’investissements étrangers directs ou d’APD.  Dans ces conditions, le respect des engagements envers les PMA est crucial, a-t-il argué, avant de rappeler que, pendant la récente présidence indonésienne du G20, celui-ci a convenu d’intensifier le financement mixte dans les pays en développement, y compris les PMA. 

Annonçant quant à elle une révision à la hausse de son APD, la République de Corée a fait état d’une progression de 140% de son aide bilatérale avec les PMA, principalement dans la région indo-pacifique et en Afrique.  Le Luxembourg a, lui, indiqué qu’il consacre 1% de son revenu national brut (RNB) à l’APD, en se concentrant sur six partenaires prioritaires, qui tous appartiennent à la catégorie des PMA ou l’ont quittée. 

L’Arabie saoudite s’est également déclarée prête à accompagner les PMA par le biais de son programme d’aide et de coopération.  Relevant que la part de son budget dédiée à l’APD ne cesse de croître, elle a ajouté que le Fonds saoudien d’aide au développement a déjà débloqué quelque 330 prêts pour un montant total de 6,7 milliards de dollars au bénéfice de 35 PMA. 

Parmi les mesures préconisées par le Programme d’action de Doha, la Belgique a mis l’accent sur le financement des changements climatiques.  Elle portera son APD en la matière à 130 millions d’euros cette année, a annoncé sa représentante, tandis que la Croatie faisait part d’une APD représentant désormais 0,15% de son RNB et en grande partie destinée aux PMA. 

Parallèlement à cette discussion générale, la Conférence a tenu deux nouvelles tables rondes de haut niveau.  La première, ce matin, avait pour thème « Reprise durable après la pandémie et renforcement de la résilience des pays les moins avancés face aux chocs futurs »; la seconde, cet après-midi, était intitulée « Mobilisation des ressources et renforcement des partenariats mondiaux pour le développement durable dans les pays les moins avancés ».  Elle reprendra ses travaux demain, jeudi 9 mars, à partir de 9 heures. 

SUITE ET FIN DU DÉBAT GÉNÉRAL

M. SORASAK PAN, Ministre du commerce du Cambodge, a rappelé que, pour la première fois, son pays a rempli en 2021 les trois critères de reclassement de la catégorie des PMA et fera l’objet d’une nouvelle évaluation en 2024.  Le Cambodge, a-t-il indiqué, pourrait ainsi sortir de la catégorie cette année-là.  Toutefois, si nous sortons d’ici à 2027, nous pourrons rejoindre la catégorie des pays à revenu intermédiaire d’ici à 2030, puis celle des pays à revenu élevé d’ici à 2050, a précisé le Ministre.  Déplorant à cet égard que la sortie de la catégorie des PMA s’accompagne d’une perte d’avantages, il a souhaité que le processus soit rendu plus aisé pour les pays « sortants ».  Il a ajouté que le Cambodge est néanmoins déterminé à mettre en œuvre le Programme d’action de Doha.  Dans ce cadre, le Cambodge entend investir dans les domaines de la santé et de l’éducation ainsi que dans les infrastructures essentielles, tout en promouvant une économie circulaire, verte et numérique, a poursuivi le Ministre.  Pour ce faire, le pays doit aussi élargir la gamme de ses financements pour le développement et explorer des mécanismes innovants, a-t-il dit, assurant que le Cambodge souhaite apprendre des expériences d’autres pays.  Enfin, après s’être félicité de l’appui des partenaires gouvernementaux et des bailleurs de fonds, il a invité la communauté internationale à se rallier à l’initiative du Secrétaire général en faveur d’une relance des objectifs de développement durable (ODD) et d’un soutien accru aux PMA. 

M. FIGUEIREDO (Brésil) a appelé la communauté internationale à soutenir le développement des PMA, car il est fondamental aujourd’hui de tendre la main aux plus vulnérables.  Il a demandé de mettre l’accent sur le principe de solidarité et d’utiliser également le levier de la coopération Sud-Sud comme le fait son pays.  Le Brésil coopère ainsi avec 31 des 46 PMA.  Le délégué a informé que cette coopération allait s’approfondir à l’avenir à la demande du Président Lula qui entend faire rayonner le pays à travers le monde.  Un nouveau modèle de coopération a d’ailleurs été engagé avec des PMA, par exemple dans le secteur des énergies renouvelables dans lequel le Brésil a connu des avancées notables. 

M. LEE DO-HOON, Deuxième Vice-Ministre des affaires étrangères de la République de Corée, a regretté que les premiers signes de relève post-COVID-19 aient été balayés par une contraction de l’économie mondiale et mis à mal par les changements climatiques.  Dans un contexte si sombre, il faut accorder une attention particulière aux PMA, a-t-il souligné, à travers une approche cohérente en vue de renforcer leur résilience et de faciliter leur transformation structurelle pour leur permettre d’être mieux intégrés dans le commerce international.  Le Ministre a insisté sur l’importance d’une approche au cas par cas et d’une aide « sur mesure » pour les PMA.  Il faut améliorer le partenariat mondial pour aider ces pays à se relever de la pandémie et des conséquences de la crise en Ukraine, deux aspects clairement abordés par le Programme d’action de Doha qui doit guider la communauté internationale du potentiel à la prospérité, a-t-il poursuivi, en assurant que la Corée jouera son rôle en revoyant notamment à la hausse son aide publique au développement (APD).  L’aide bilatérale de la Corée avec les PMA a augmenté de 140%, et le Ministre, évoquant la collaboration avec la région indo-pacifique et l’Afrique, a promis que cela ne s’arrêtera pas là.  Rappelant que son pays est passé du statut de PMA au statut de bailleur de fonds, il a assuré qu’il lui tarde de faire bénéficier les PMA de son expérience.

M. JONATHAN WILKS (Royaume-Uni) a constaté que les économies des pays en développement, en particulier des PMA, et le niveau général de la coopération internationale ont grandement pâti de la guerre lancée par la Fédération de Russie en Ukraine, qui fait flamber les prix de l’énergie et des denrées alimentaires.  À mi-parcours du Programme 2030, il est temps de revitaliser les efforts de mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) pour ne pas faire de laissés-pour-compte, a plaidé le représentant.  « Les priorités des PMA sont nos priorités », a poursuivi le délégué, selon lequel le Royaume-Uni entend agir dans l’intérêt des pays en développement sur les six domaines prioritaires du Programme d’action de Doha, notamment la réduction de la pauvreté, le renforcement des systèmes de santé, la lutte contre les changements climatiques et la transformation économique.  Le représentant a ajouté que son pays prévoit d’utiliser tous les moyens à sa disposition pour exécuter sa stratégie de soutien aux PMA, en recourant par exemple aux services financiers de la City de Londres, aux universités britanniques mondialement reconnues et aux technologies de pointe qu’il conçoit.  L’aide seule ne suffira pas, a-t-il expliqué, il faut tirer profit de nos avantages comparatifs, de notre expertise technique, de notre réseau diplomatique et de notre société civile.  Il importe également de faire en sorte que les pays en développement puissent profiter du système fiscal international et emprunter à des taux raisonnables. 

M. OLIVIER MAES (Luxembourg) a fait valoir que pour atteindre les ODD d’ici à 2030, il faut renforcer le partenariat avec les PMA, en se concentrant sur les six domaines prioritaires du Programme d’action de Doha.  Le Luxembourg tient ses engagements en faveur des PMA, a-t-il annoncé précisant que la solidarité internationale et l’objectif de l’éradication de la pauvreté forment la base de son engagement continu en matière de coopération au développement.  Le Luxembourg suit une approche fondée sur les droits humains, l’égalité des genres et la durabilité environnementale afin de permettre à chaque individu de s’épanouir et de déterminer librement le cours de son existence, et de faire en sorte que le développement soit durable et inclusif, a précisé le représentant.  Concrètement, cela signifie que le Luxembourg continue de consacrer 1% de son revenu national brut (RNB) à l’aide publique au développement (APD), en se concentrant sur les pays les moins avancés.  Cinq de ses six pays partenaires prioritaires (Burkina Faso, Mali, Niger, Sénégal et République démocratique populaire lao) font partie des 46 PMA, et le sixième, Cabo Verde, a pu en sortir en 2007, a relaté le représentant avant de citer le Bénin avec lequel le Luxembourg a décidé de renforcer son partenariat.  Il a ajouté que le Luxembourg s’engage aussi pleinement en matière de financement climatique, en phase avec le Programme d’action de Doha, et qu’il a ainsi décidé de contribuer à hauteur de 220 millions d’euros au financement climatique international pendant la période de 2021-2025 en vue notamment de renforcer la capacité des pays en développement, dont les PMA, à faire face aux effets des changements climatiques.

M. SATOSHI MAEDA (Japon) a déclaré que le Japon est déterminé à soutenir fortement le développement durable des PMA, en mettant en avant le principe de la sécurité humaine.  Dans le domaine de la santé mondiale, le Japon a fourni environ 5 milliards de dollars d’aide pour répondre à la pandémie de COVID-19 dans les pays en développement, a-t-il chiffré.  En ce qui concerne les changements climatiques, le Japon s’est engagé à fournir jusqu’à 70 milliards de dollars sous forme de fonds publics et privés sur cinq ans à partir de 2021.  Le pays entend également doubler son aide consacrée à l’adaptation aux changements climatiques dans les pays en développement, faisant passer le montant à environ 14,8 milliards de dollars, a encore indiqué le représentant.  Il a ensuite informé que le Japon s’est engagé à verser un total de 3 milliards de dollars au Fonds vert pour le climat.  En Afrique, qui compte la majorité des PMA, le Japon a longtemps soutenu le développement mené par les pays du continent, à travers le processus de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), a poursuivi le délégué.  C’est ainsi que lors de la TICAD 8, l’an dernier, le Japon a annoncé son intention d’investir un total de 30 milliards de dollars au cours des trois prochaines années, en mettant l’accent sur « l’investissement dans les personnes » et « une croissance de qualité », afin de contribuer à la réalisation d’une croissance résiliente et durable en Afrique.  Un ordre économique libre et équitable fondé sur des règles est la base de la croissance et de la prospérité, a argué le délégué.  En outre, « l’investissement dans les personnes », qui est un pilier du Programme d’action de Doha, est également au centre de la « nouvelle forme de capitalisme » que le Premier Ministre Kishida entend promouvoir, a-t-il indiqué. 

M. PETR CHALUPECKY (République tchèque) a souligné le rôle de chef de file mondial de l’Union européenne et de ses États membres dans la fourniture de l’aide alimentaire d’urgence et la prévention de la famine.  Pour aller plus loin encore dans cette aide, la République tchèque a soutenu financièrement l’initiative « Grain from Ukraine » pour assurer la livraison de céréales ukrainiennes aux pays les plus nécessiteux, a-t-il précisé.  À cet égard, il a assuré que l’assistance de son pays à l’Ukraine n’a pas de conséquence stratégique ou budgétaire sur l’aide qu’il apporte aux autres pays dans le besoin, en particulier les PMA.  Pour ces derniers, a expliqué le représentant, l’action menée vise à réduire les risques et à mettre en place des institutions et des infrastructures résilientes, conditions préalables à une transition durable des PMA vers les pays à revenu intermédiaire.  Il a ajouté que son pays a lancé un programme de coopération bilatérale avec trois PMA, le Cambodge, l’Éthiopie et la Zambie.  Chaque année, nous investissons environ 20 millions de dollars dans les PMA par le biais de la coopération au développement et de l’aide humanitaire, a-t-il dit, indiquant que la République tchèque soutient actuellement le Cambodge dans son processus de reclassement.  Formant le vœu que le Programme d’action de Doha conduira à un partenariat renouvelé entre les PMA et leurs partenaires de développement, il a conclu son intervention en appelant le secteur privé et les institutions financières internationales à appuyer efficacement ces pays et leur développement durable.

Mme ISABELLE MARTIN (Canada) a fait valoir que des partenariats efficaces reposent sur le respect mutuel et, dans la mesure du possible, incluent toutes les parties prenantes, de la société civile au secteur privé, en passant par le milieu universitaire et les gouvernements à tous les niveaux.  À cette aune, a-t-elle dit, le Canada est fier de son travail continu pour renforcer ses partenariats avec les PMA, qui consiste à renforcer leurs capacités et à partager des expertises en vue de permettre la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  Notant à ce propos que le Premier Ministre, M. Justin Trudeau, copréside, aux côtés de son homologue de la Barbade, le Groupe des défenseurs des ODD, elle a estimé que la réalisation du Programme d’action de Doha et du Programme 2030 nécessite une action inclusive et collaborative.  La représentante a également rappelé qu’au début de la pandémie, le Canada, avec la Jamaïque et le Secrétaire général de l’ONU, a lancé l’Initiative sur le financement du développement à l’ère de la COVID-19 et au-delà afin d’identifier et promouvoir des solutions de financement concrètes.  Une initiative à laquelle ont adhéré un grand nombre de pays, dont beaucoup de PMA, s’est-elle félicitée, ajoutant que son pays continue de rechercher des solutions novatrices de financement du développement.  Dans la perspective de la LDC5, a précisé la déléguée, le Canada a ainsi aidé le Bureau de la Haute Représentante des Nations Unies pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement à organiser des tables rondes avec des experts des PMA, ce qui a débouché cette semaine sur la publication d’un rapport relatif à l’accès des PMA au financement. 

M. ZAMSHARI SHAHARAN (Malaisie) a jugé fondamental que la communauté internationale mette en œuvre fidèlement le Programme d’action de Doha compte tenu de la vulnérabilité extrême de la catégorie des PMA.  La Malaisie reste très attachée aux engagements de Doha pour que ces pays puissent s’embarquer sur la voie d’un développement socioéconomique durable.  Elle a élaboré une feuille de route à cette fin via son programme de coopération.  Plus de 47 nations en ont bénéficié à ce jour, dont la plupart des PMA, a précisé le représentant, ajoutant que la Malaisie offre aussi une assistance technique aux PMA et qu’elle a mis en place un programme de bourses universitaires.  L’approche de la Malaisie s’inscrit dans la coopération Sud-Sud, a-t-il expliqué en insistant toutefois sur l’importance de renforcer la coopération triangulaire, notamment pour mieux aider l’intégration des PMA dans le commerce international. 

M. RIDWAN HASSAN (Indonésie) a appelé à créer un environnement favorable pour accroître le financement du développement dans les PMA.  Il a relevé que ces pays sont confrontés à des défis systémiques et structurels, alors qu’une grande partie des sources de financement du développement (investissements étrangers directs et APD) sont limitées.  Le respect des engagements d’APD envers les PMA est donc crucial, a-t-il insisté.  Le représentant a rappelé que pendant la présidence indonésienne du G20, celui-ci a convenu d’intensifier le financement mixte dans les pays en développement, y compris les PMA.  Le délégué a ensuite demandé de faire progresser le développement humain dans ces pays.  Selon lui, investir dans les personnes est une condition préalable au renforcement de la résilience et cela favorise la mise en œuvre du Programme 2030.  Il a appelé à investir en particulier dans la jeunesse, en lui fournissant l’accès à une éducation et à des formations inclusives et de qualité.  C’est dans cette optique que l’Indonésie a été active dans le renforcement de capacités au sein des PMA, y compris par l’octroi de bourses d’études dans les domaines de la santé, de l’agriculture et de la pêche, a-t-il témoigné.  Le représentant a enfin appelé à renforcer les partenariats Nord-Sud, Sud-Sud et triangulaire.  Il a expliqué que la coopération doit être axée sur la demande et sous-tendue par les principes de solidarité, d’inclusion, d’égalité, avec l’ambition de ne laisser personne de côté.

M. MUSTAFA GOKSU (Türkiye) a affirmé que son pays considère le développement durable des PMA comme une priorité absolue.  Il a souhaité que la Conférence de Doha soit l’occasion d’un nouveau partenariat mondial, afin de faire en sorte que ces pays bénéficient du développement social, économique et environnemental.  Il a recommandé de coopérer pour garantir que le système économique et financier mondial ne crée pas de nouvelles inégalités, demandant de garantir que les PMA ne soient pas freinés par des décisions prises bien au-delà de leurs frontières.  Remerciant ensuite les pays qui ont proposé leur aide à la Türkiye à la suite des séismes du 6 février, il a relevé que les PMA ont été parmi les premiers pays à manifester leur solidarité, et ce, en dépit de leurs vulnérabilités.  Il est de notre responsabilité collective de soutenir le développement des nations fragiles, a-t-il poursuivi, assurant que la Türkiye est un partenaire de longue date de ces pays.  Le représentant a ainsi rappelé que le Président Erdoğan a accueilli la conférence LDC4 à Istanbul en 2011, puis l’examen à mi-parcours du Programme d’action d’Istanbul à Antalya en 2016.  De plus, a-t-il souligné, la Banque de technologies des Nations Unies en Türkiye est la seule agence des Nations Unies dédiée exclusivement aux PMA.  Enfin, s’est-il encore enorgueilli, la Türkiye est l’un des pays les mieux classés en matière d’aide au développement et d’aide humanitaire, et contribue aux efforts des PMA dans de nombreux domaines, y compris le renforcement des capacités.  Saluant le fait que le Programme d’action de Doha reprenne les engagements de son prédécesseur, il a appelé toutes les nations à le soutenir et à intensifier leur efforts en faveur des PMA. 

Mme JAN BEAGLE, Directrice générale de l’Organisation internationale de droit du développement (IDLO), a estimé que cette conférence doit permettre de renforcer les efforts collectifs en vue de la mise en œuvre du Programme d’action de Doha et des objectifs de développement durable (ODD).  L’état de droit peut être un catalyseur dans cet effort, a-t-elle fait valoir en s’appuyant sur l’expérience de l’IDLO, qui travaille avec des pays de tous niveaux de développement, y compris de nombreux PMA.  L’élaboration de cadres politiques et réglementaires solides, fondés sur l’état de droit, peut contribuer à améliorer l’accès à la justice, éliminer les lois et pratiques discriminatoires, réduire la corruption et renforcer la transparence.  Ce faisant, a poursuivi l’intervenante, « l’état de droit crée un environnement propice à l’investissement et au commerce durables ».  L’IDLO s’associe à des pays du monde entier pour promouvoir le renforcement des capacités juridiques, notamment en matière de droit économique et commercial.  Par son programme d’aide à l’investissement, l’Organisation fournit aux PMA une assistance technique et les aide à renforcer leurs capacités, notamment en ce qui concerne la négociation de contrats complexes, l’arbitrage commercial et la médiation, ainsi que la résolution des litiges.  À cet égard, l’IDLO se réjouit que le Programme d’action de Doha comprenne un engagement à renforcer davantage ce type de partenariat public-privé.

M. CHI DUNG DUONG, de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), a salué la progression des PMA dans l’indice mondial de l’innovation de l’OMPI.  Il a souligné que l’Organisation entend renforcer son soutien aux PMA, notamment en promouvant des écosystèmes de propriété intellectuelle qui accompagnent le développement national.  Les femmes et jeunes sont une priorité, a assuré l’intervenant, en citant à titre d’exemple un programme mené en Ouganda où 70 femmes entrepreneuses ont été formées pour s’appuyer sur la propriété intellectuelle afin de faire avancer leurs affaires.  L’OMPI soutient aussi les PMA en cours de reclassement dans le domaine de la propriété intellectuelle. 

M. HAFNER (Suisse) a relevé que le monde d’aujourd’hui n’est pas celui que nous voulions en adoptant le Programme d’action d’Istanbul en 2011.  Dans ce contexte, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 doit demeurer le cap de la communauté internationale, a-t-il plaidé, notant qu’à mi-parcours de la réalisation des ODD, un grand nombre de politiques sont en place.  Pour le représentant, cette cinquième Conférence des Nations Unies sur les PMA donne l’occasion d’identifier les voies et moyens de travailler ensemble dans ce sens et d’associer le secteur privé et la société civile à la mis en oeuvre du Programme 2030.  Observant que le Sommet sur l’efficacité de la coopération pour le développement, organisé en 2022 en Suisse, a montré que les partenariats peuvent faire la différence pour les PMA, il a indiqué que son pays s’emploie à soutenir des initiatives de développement locales, en s’appuyant notamment sur des organisations dirigées par des femmes.  Les acteurs locaux ont un rôle majeur à jouer dans le rapprochement des efforts humanitaires, de paix et de développement, a-t-il affirmé, avant de déplorer le fait que seulement 18% des fonds mobilisés ciblent les PMA.  Il faut donc, selon lui, promouvoir le dialogue avec les entreprises, sachant que les banques multilatérales de développement se chargent d’atténuer les risques encourus par les investisseurs privés en mobilisant des financements à grande échelle.  En conclusion, il s’est dit convaincu que les PMA feront de grands progrès en matière de développement si un environnement favorable leur est offert. 

M. THOMAS STELZER, de l’Académie internationale de lutte contre la corruption, a souligné que la corruption mondiale sape les efforts qu’entreprennent les PMA pour réaliser les ODD et qu’elle est au cœur des défis que le monde entier doit affronter.  La corruption sape la confiance dans les institutions publiques et dans l’état de droit, détourne les ressources publiques, menace l’intégrité des marchés, nuit à la concurrence, corrompt la prise de décisions et facilite le crime organisé, a énuméré le représentant.  ll a dès lors recommandé d’adopter des politiques efficaces de lutte contre la corruption pour promouvoir une croissance inclusive et durable ainsi que la cohésion sociale, et pour réduire les inégalités.  L’Académie qu’il représente est la seule organisation qui met l’accent sur la lutte holistique contre la corruption en fournissant une assistance technique aux 139 signataires de la Convention des Nations Unies contre la corruption.  Elle offre des programmes de master interdisciplinaires, a-t-il dit en faisant valoir que 4 500 professionnels de la lutte anticorruption de plus de 70 pays ont déjà participé à ses programmes universitaires et à ses formations.  Le représentant a appuyé l’idée de créer une université en ligne pour les PMA, qui vient du Programme d’action de Doha, et a promis l’aide de l’Académie qui apporterait son expertise et son expérience en matière de cours en ligne.

M. DRAGO LOVRIĆ (Croatie) a rappelé que la Croatie elle-même eu son propre chemin épineux vers le développement à travers l’expérience de la guerre, avant que le pays ne devienne un membre « prospère et actif » de l’Union européenne.  Nous sommes un petit pays mais nous aidons autant que nous le pouvons, a—t-il déclaré.  Depuis qu’elle participe à la coopération au service du développement, la Croatie a partagé son expérience de la transition de la guerre à l’après-guerre.  Son aide publique au développement (APD) s’élevait à 94,4 millions de dollars en 2020 et elle a augmenté en 2021 pour désormais représenter 0,15% du revenu national brut, a informé le représentant en notant qu’une grande partie de cette aide est destinée aux PMA.  La Croatie a également augmenté son soutien aux PMA par le biais du Fonds européen de développement, contribuant un total de 22,7 millions de dollars en 2020 et 2021.  Dans le cadre multilatéral, la Croatie est également active au sein de l’ONU dans son appui aux PMA.  Le pays préside actuellement la Commission de consolidation de la paix qui compte plusieurs PMA inscrits dans son programme de travail.

Mme HEIDY ROMBOUTS (Belgique) a rappelé qu’il y a 22 ans, la communauté internationale s’était réunie pour lancer le troisième Programme d’action pour les PMA.  C’est à la suite de cette conférence que l’Assemblée générale avait créé le Bureau de la Haute-Représentante, a-t-elle ajouté, indiquant que l’appui de son pays aux PMA ne s’est jamais démenti depuis.  Notant que la coopération bilatérale de la Belgique, qui est coprésidente du Groupe des PMA, se fait de manière privilégiée avec ces pays vulnérables, la déléguée a justifié ces partenariats par le fait que « le droit universel à la dignité humaine exige d’aider ceux qui sont le plus en retard ».  Dans ce cadre, il importe de protéger les valeurs universelles pour la démocratie, la bonne gouvernance et les droits humains.  Elle a indiqué que, parmi les mesures du Programme d’action de Doha, la Belgique entend mettre l’accent sur le financement des changements climatiques en portant son aide publique au développement (APD) en matière climatique à 130 millions d’euros cette année.  La Belgique appuie en outre le mécanisme d’adaptation mis en place en Angola et au Mozambique, lutte contre l’inégalité dans l’accès aux vaccins et investit dans les transferts de technologies en Afrique.  Enfin, la déléguée a conclu en disant que son pays accordera une grande importance à ces questions lors de sa prochaine présidence de l’Union européenne. 

M. CHRISTOPHE PERRIN, de l’Organisation internationale du travail (OIT), a expliqué que l’un des éléments clefs du développement durable pour les PMA est  la promotion d’une transition progressive vers le travail formel afin d’améliorer la qualité du travail, la protection sociale et la mobilisation des ressources nationales.  Les normes internationales du travail et le dialogue social contribuent à définir et à mettre en œuvre des politiques, des réglementations et des programmes non seulement pour la bonne gouvernance des marchés du travail, mais aussi pour le développement économique et social durable au sens large.  Les institutions du travail coopèrent étroitement avec d’autres institutions qui investissent dans les personnes, telles que les systèmes de santé, d’éducation, de formation et de protection sociale.  Le représentant a rappelé que la justice sociale est couverte par le Programme 2030 visant à ne laisser personne de côté et que la protection sociale est un élément essentiel du renforcement des capacités et de l’éradication de la pauvreté.  Pour sa part, l’OIT est prête à soutenir les PMA avec les partenaires internationaux dans la mise en œuvre du Programme d’action de Doha.  L’Organisation se concentre sur les actions suivantes: accroître l’assistance et la coopération internationales pour fournir une aide financière d’urgence et apporter des changements plus permanents aux systèmes financiers et fiscaux internationa; renforcer les capacités institutionnelles nationales et locales et créer un environnement favorable aux entreprises, notamment en soutenant l’investissement; renforcer les institutions et les politiques pour l’emploi et la création d’emplois décents; améliorer la cohérence des politiques pour l’action climatique et une transition juste pour tous; étendre les systèmes de protection sociale et promouvoir la ratification et l’applicatio n des normes internationales en matière de sécurité sociale dans les PMA.

M. FRANÇOIS RUBOTA MASUMBUKO, Ministre d’État et du développement durable de la République démocratique du Congo (RDC), a expliqué que la RDC a mis en place un ensemble de mesures pour favoriser le développement du pays.  Il a indiqué que le budget national est passé de 4 à 20 milliards de dollars entre 2016 et 2022, ce qui témoigne de l’embellie économique de la RDC.  Conscient du fait qu’il n’y a pas de développement sans paix, le Gouvernement s’évertue à assurer la paix dans l’est du pays, en dépit de l’agression militaire du Rwanda, a aussi informé le Ministre avant de parler des efforts que déploie le Gouvernement pour éradiquer la pauvreté et la faim dans le pays.  Le Ministre a décrié à cet égard le fait que la RDC ne bénéficie pas d’APD au même niveau que d’autres PMA.  Enfin, il a souhaité que la Conférence prenne une résolution forte pour condamner les conflits qui bloquent l’essor des PMA, notamment en Afrique. 

M. SHAUKAT ABDULRAZAK, de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a déclaré que les sciences et la technologie sont fondamentales pour relever des défis comme la pandémie de COVID-19 ou la menace climatique.  Il a toutefois constaté qu’elles ne sont pas accessibles partout de la même façon, les PMA accusant un grand retard en la matière.  Remédier à ces inégalités est essentiel si l’on veut sauver la vie et les moyens de subsistance de milliards de personnes dans le monde, notamment les habitants des PMA, a plaidé le représentant.  Évoquant les multiples applications des sciences nucléaires, tant pour la santé que pour l’énergie, il a également vanté la précision et la fiabilité des données obtenues grâce aux technologies nucléaires.  L’AIEA est déterminée à appuyer la mise en œuvre du Programme d’action de Doha via des transferts de technologies, a assuré le délégué.  Pour ce faire, a-t-il dit, l’AIEA compte sur les mécanismes de coopération Sud-Sud et triangulaires, qui peuvent contribuer à élaborer des infrastructures de recherche à la hauteur des besoins.  Il a enfin appelé à un renforcement substantiel des capacités des PMA pour permettre à ces pays de prendre des décisions sur la base de données objectives. 

Mme AMEERA ALHASSAN, du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-HABITAT), soulignant que les villes sont des moteurs essentiels de la croissance économique, du développement social et de l’innovation, a reconnu qu’elles sont confrontées à des défis importants dans les PMA.  ONU-Habitat joue un rôle essentiel pour y promouvoir un développement urbain durable d’un point de vue social et environnemental, en modernisant leurs infrastructures afin de répondre aux exigences de sortie de la catégorie des PMA.  ONU-Habitat, a précisé la représentante, collabore étroitement avec les gouvernements nationaux et locaux, la société civile et d’autres agences des Nations Unies.  Sa mission est la suivante: faciliter un logement abordable et adéquat pour tous; garantir l’accès aux services urbains fondamentaux tels que l’eau, l’assainissement et l’électricité; renforcer la planification et la gestion urbaines pour améliorer la qualité de vie des résidents; soutenir la réduction des risques de catastrophe et l’adaptation aux changements climatiques dans les zones urbaines; et promouvoir un développement économique inclusif et durable.  La représentante a également plaidé pour la mise en œuvre de programmes conjoints avec les autres agences onusiennes et partenaires de développement, sur la santé urbaine, la gouvernance urbaine, le développement urbain durable et la garantie des droits urbains des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays. 

M. AL-SAATI, de la Banque islamique de développement (BID), a expliqué que ces trois prochaines années, la Banque entend investir dans les infrastructures vertes, les énergies renouvelables, la numérisation, l’eau et l’assainissement, entre autres.  La BID entend aussi œuvrer à la création d’emplois.  Elle a du reste débloqué 3 milliards de dollars pour les urgences, afin d’améliorer la préparation à des crises comme la pandémie de COVID-19, ainsi que 13 milliards de dollars pour appuyer l’action climatique.  La Banque est aussi fortement engagée dans le développement vert, a-t-il indiqué, avant de souligner l’engagement de la BID en faveur du développement durable des PMA.

Le représentant de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a affirmé que la poursuite de la prospérité des PMA est un objectif conjoint de l’ONU et de l’OMC.  Il a ajouté que le commerce est essentiel pour réaliser le Programme d’action de Doha et le Programme 2030.  Constatant que, dans la période d’incertitude actuelle, la réduction des échanges frappe d’abord les plus faibles, il a appelé à plus de partenariats pour construire la résilience des PMA.  Le représentant a précisé que des progrès notables ont été faits pour intégrer les PMA dans le commerce international.  Ainsi les membres de l’OMC ont-ils mis en place des programmes pionniers pour renforcer la participation de ces pays aux échanges de services.  Malgré ces efforts, a-t-il regretté, la part des PMA dans les exportations mondiales ne dépasse toujours pas 1%, la grande majorité de ces pays dépendent des matières premières et se trouvent en bas de la chaîne de valeurs.  Il est temps d’envisager de nouvelles frontières, a-t-il conclu, assurant que les membres de l’OMC contribueront à une transition en douceur et durable pour les PMA.  Pour cela, la communauté internationale doit œuvrer avec eux pour tirer parti des nouvelles sources de croissance commerciale, notamment le commerce numérique. 

Mme NORONHA, du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a constaté que les PMA sont les pays les plus touchés par les retombées des changements climatiques alors qu’ils n’en sont que marginalement responsables.  Parmi les problèmes auxquels s’attaque le PNUE dans le cadre de sa collaboration avec les PMA, elle a cité la gestion des déchets, notamment les dangers créés par les décharges à ciel ouvert.  Soulignant que l’action du PNUE s’inscrit dans les priorités du Programme d’action de Doha, elle a mis en valeur quelques domaines clefs comme l’accompagnement des pays dans leur transition juste vers des technologies sobres en carbone; le renforcement de solutions pour la sauvegarde de la biodiversité, y compris par la mobilisation de ressources financières; et la gestion durable des déchets.  Le PNUE va continuer de coopérer étroitement avec les pays pour apporter des solutions en vue de parvenir à un environnement sain pour tous, a conclu la représentante.

M. MELCHIADE BUKURU, Directeur du Bureau de liaison de New York du Secrétariat de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, a indiqué que la désertification a causé un manque à gagner de 37 milliards de dollars dans l’agriculture des PMA entre 2008 et 2018.  Le rétablissement des terres pourrait pourtant inverser la tendance, a-t-il informé.  Il a déclaré que des milliers de petites et moyennes entreprises (PME) sont actives dans le secteur de la reforestation, soulignant qu’elles pourraient avoir un meilleur essor économique avec un soutien approprié.  Au Malawi par exemple, le Gouvernement consacre 15% du budget national à la reforestation, ce qui crée des emplois pour les jeunes.  Il en est de même en Éthiopie où des programmes similaires ont donné des résultats positifs, a-t-il ajouté.  Il a appelé les bailleurs à soutenir de telles initiatives dans les PMA, arguant que ces efforts de préservation de l’environnement se font pour le bien de tous.  Ce serait donc un partenariat gagnant-gagnant, a-t-il insisté.  De plus, a-t-il expliqué, une bonne gestion des terres permettrait d’augmenter leur capacité de séquestration du carbone. 

Mme RAYANA BOU HAKA, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a fait état de progrès dans les PMA, où le taux de mortalité maternelle a été divisé par 2 entre 2000 et 2020 et où le risque de mourir en couche est passé dans le même temps de 1 sur 28 à 1 sur 66.  Si 15% de la population mondiale vit dans des PMA, les pays de cette catégorie comptaient 42% de toutes les morts maternelles enregistrées en 2020, a-t-elle informé, et le taux de mortalité maternelle y représente encore plus de 18% de tous les décès de femmes âgées de 18 et 49 ans.  Rappelant que l’OMS a lancé en 2019 son nouveau programme de travail pour les plus vulnérables, la représentante a noté que la pandémie de COVID-19 a montré combien la santé est au cœur du développement.  Sur le plan mondial, a-t-elle poursuivi, les progrès sont toutefois notables, puisque les personnes vivent en moyenne plus longtemps et plus longtemps en bonne santé.  L’espérance de vie à la naissance est ainsi passée de 66,8 ans en 2001 à 73,3 ans en 2019, tandis que l’espérance de vie en bonne santé a bondi de 50,3 ans à 63,7 ans.  Mais ces deux indicateurs sont plus faibles de 10 ans dans pays à faible revenu que dans les pays à revenu élevé, a fait observer la représentante, avant de relever que, dans les PMA, seulement 63% des infrastructures sanitaires ont accès à des sources d’eau protégées, contre 78,8% au niveau mondial.  Pour parvenir à une couverture sanitaire universelle dans les écoles d’ici à 2030, il faudra multiplier par 14 les progrès en matière d’eau potable.  Enfin, tous les foyers des 46 PMA pourraient disposer d’une installation pour se laver les mains si seulement la communauté internationale investissait dans ce projet à hauteur d’un dollar par habitant dans le monde. 

M. EWUSL, de l’Université pour la paix, a estimé que cette conférence est l’occasion de faire le point sur la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  Il a soutenu le Programme d’action de Doha qui appelle notamment à investir dans l’éducation et la santé dans les PMA.  L’Université pour la paix a des bureaux sur tous les continents, a-t-il rappelé, avant de s’attarder sur le rôle de l’éducation ne tant que vecteur du développement.  Le représentant a constaté que la plupart des PMA se trouvent en Afrique, or l’éducation dans ces pays n’est pas en phase avec leurs besoins et valeurs.  Soit les dirigeants ne savent pas comment relever ce défi, soit ils ne s’en soucient pas, s’est-il impatienté en insistant sur l’importance du contenu des programmes éducatifs.  La quatrième révolution industrielle a complétement changé la donne, ce que n’ont pas compris les responsables de l’éducation, a poursuivi le représentant en affirmant que « l’illettrisme tue davantage de personnes dans les PMA que les conflits ».  Il a donc appelé à investir davantage de ressources dans l’éducation, en notant que trop souvent les maigres ressources ont été détournées vers l’aide humanitaire.  Si l’on veut le développement à long terme, il faut financer l’éducation dans les PMA, a-t-il raisonné en regrettant que l’éducation n’ait jusqu’à présent pas été utilisée comme moteur du développement.  En conclusion, le représentant a appelé à tourner la page du néolibéralisme « qui perpétue des schémas de domination et d’exploitation ».

M. FAISAL ALIBRAHIM, Ministre de l’économie et du plan de l’Arabie saoudite, a déclaré que son pays est prêt à accompagner les PMA par le biais du programme d’aide et de coopération de l’Arabie saoudite.  La part du budget dédiée à l’aide publique au développement (APD) ne cesse de croître dans le PIB du pays, a-t-il souligné, rappelant que le Fonds saoudien d’aide au développement a déjà débloqué environ 330 prêts pour un montant total de 6,7 milliards de dollars au bénéfice de 35 PMA.  De même, le Prince héritier a octroyé une enveloppe de 6,6 milliards de dollars en faveur des PMA.  L’Arabie saoudite est également intervenue dans le domaine humanitaire, à hauteur de plus de 2 milliards de dollars, dans 94 pays à travers le monde, dont certains PMA.  Son pays aide également « le peuple frère yéménite » à travers des projets de coopération, a indiqué le Ministre.  Il a appelé la communauté internationale à accompagner les PMA pour qu’ils puissent réaliser tout leur potentiel.  Ces pays sont riches en ressources naturelles et celles-ci doivent être exploitées au mieux pour leur développement, a-t-il plaidé. 

M. AHMET HALIT HATIP, de la Banque de technologies pour les pays les moins avancés, a fait remarquer que les 46 PMA sont des pays à faible revenu qui rencontrent de très nombreux obstacles structurels, dont le manque d’accès aux technologies.  De fait, aucun de ces pays ne peut bénéficier d’un développement rapide sans développement technologique, a relevé le représentant.  Depuis la création de la catégorie des PMA en 1971, seulement sept d’entre eux ont jusqu’à présent réussi à en sortir.  Les derniers programmes d’action pour les PMA, a-t-il noté, ont reconnu que la pauvreté ne pourra être éliminée si les capacités de ces pays ne sont pas renforcées.  C’est pourquoi le Programme d’action d’Istanbul a appelé à la création d’une banque de technologies dédiée aux PMA.  Selon lui, le mandat de cette banque établie en 2016 par l’Assemblée générale est devenu plus ambitieux lorsque le Programme d’action l’a identifié comme un axe prioritaire pour les enjeux sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM).  Alors que l’écart technologique entre les PMA et les autres pays est devenu manifeste pendant la pandémie de COVID-19, l’une des leçons de la crise a été que les PMA ne pouvaient être laissés pour compte sur ces questions, a poursuivi le représentant.  Reste que « des centaines de millions de personnes n’ont toujours pas accès à Internet », ce qui exige d’accompagner la transition numérique des PMA.  À cette fin, a-t-il dit, des mécanismes de facilitation technologique permettront de coordonner les actions de la Banque et des Nations Unies, avec des contributions du secteur privé. 

M. EINAR BJØRGO, de l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR), a recommandé d’accélérer les actions de relèvement dans les PMA qui peuvent tirer parti des services offerts par l’Institut.  Vantant les compétences technologiques de son personnel, il a cité en exemple le travail réalisé par le Centre satellitaire des Nations Unies (UNOSAT) qui est utile en matière de réduction et de prévention des risques de catastrophe dans les PMA.  L’apprentissage peut aider ces pays à gérer les crues et le suivi des inondations.  L’UNITAR et UNOSAT dispensent ainsi des formations spécialisées pour l’adaptation aux changements climatiques. 

M. WILFRIED BIYA, de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), a constaté que le Programme d’action de Doha reconnaît le caractère essentiel de l’accès à des services d’énergie abordables, fiables, durables et modernes, pour réaliser la transformation structurelle dans les PMA.  Il a déclaré que l’éradication de la pauvreté dans ses aspects multidimensionnels dépendra de l’amélioration de l’accès à l’électricité.  Or, les PMA ont du mal à accélérer leur rythme d’électrification, avec un taux d’accès moyen de 55% en 2020.  Ce n’est tout simplement pas acceptable, a-t-il déploré, notant qu’en 2020, 479 millions de personnes dans ces pays n’avaient toujours pas accès à l’électricité.  Il a relevé que seuls 2% des investissements mondiaux dans les énergies renouvelables au cours des deux dernières décennies ont été réalisés en Afrique, avec des disparités régionales importantes.

M. Biya a indiqué que l’IRENA a développé des moyens innovants pour accélérer l’action sur le terrain.  Ainsi, la Plateforme de financement de l’accélération de la transition énergétique, laquelle a récemment mobilisé 1 milliard de dollars lors de la COP27, contribuera au financement des projets et à atténuer les risques d’investissement, y compris dans les PMA.  L’IRENA soutient aussi les PMA en fournissant des conseils et un renforcement leurs capacités, les aidant à relancer leurs économies après la COVID-19 grâce à la transition énergétique.  L’Agence a ainsi conseillé plus de 60 pays, dont 17 PMA, sur le renforcement et la mise en œuvre des énergies renouvelables.  L’Agence poursuit des projets dans différents pays, a rappelé l’intervenant, évoquant à ce propos un projet d’évaluation de l’électrification des établissements de soins de santé primaires au Burkina Faso.

M. DAVID JACKSON, du Fonds d’équipement des Nations Unies (FENU), a rappelé que parmi les priorités identifiées par le Programme d’action de Doha en faveur des PMA figure la mobilisation accrue de financements publics et privés.  La mission du FENU est précisément de mobiliser de tels fonds et de combiner l’assistance technique avec ces sources de financement.  À l’occasion de cette conférence, le représentant s’est félicité de pouvoir présenter des solutions spécifiques pour mettre en œuvre le Programme d’action plus rapidement, notamment grâce à des financements climatiques ou des aides à la transition énergétique.  S’agissant du financement de l’action climatique, il a indiqué que le FENU gère un mécanisme destiné à aider les pays à faible revenu à bénéficier d’une assistance ciblée.  Le FENU est par ailleurs doté d’une structure d’investissement chargée de créer des financements catalyseurs pour les PME et de faciliter leur accès aux crédits.  Nous essayons de fournir des financements avantageux en créant des arrangements avec des parties tierces, a expliqué le représentant, avant d’évoquer les activités du FENU en matière de transformation des investissements consacrés aux villes dans les PMA. 

M. ASHISH SHAH, du Centre du commerce international (ITC), s’est focalisé sur la situation de l’emploi des femmes dans les PMA.  Le Centre travaille avec 34 PMA en les aidant à gérer les impacts des crises multiples.  En 10 ans, a-t-il rappelé, les PMA n’ont représenté que 10% du commerce international.  Or, le Centre peut offrir son expertise aux PMA pour les aider à atteindre leurs objectifs, notamment en contribuant à renforcer leurs capacités de négociation commerciale.  Selon le Directeur, les PMA ne peuvent plus se reposer sur des produits à valeur ajoutée faible.  Ils doivent avoir accès à des informations sur les technologies disponibles, les marchés existants et les différentes règles du commerce international en vigueur.  Ils doivent pouvoir également utiliser toutes les possibilités existantes dans le cadre de l’atténuation des changements climatiques.  Quant aux PMA d’Afrique, a-t-il ajouté, ils peuvent recevoir des informations sur la manière de tirer parti de la zone de libre-échange continentale.

M. MUSSIE DELELEGN, Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a relevé que les PMA sont le champ de bataille où se jouera la mise en œuvre du Programme 2030.  Il a appelé à des réformes structurelles qui passeront par la transformation des capacités productives au sein des PMA.  Il a signalé que, précisément, la CNUCED a un indice sur ce dernier point.  Il a aussi informé que la CNUCED a mis sur pied des programmes pour soutenir cette transformation des économies.  Il a ensuite demandé une meilleure intégration des PMA dans les chaînes de valeurs régionales et mondiales.  Les PMA ont besoin de financements durables, a-t-il ajouté tout en constatant qu’ils ne reçoivent que 2% d’investissements étrangers directs, alors qu’ils représentent 40% de la population mondiale.  Il a aussi souligné que les PMA sont surendettés.  En outre, il a rappelé que les PMA représentent moins de 4% des émissions des gaz à effet de serre, mais qu’ils sont au cœur des conséquences des aléas climatiques.  Il a donc appelé la communauté internationale à appuyer ces pays pour qu’ils soient mieux à même de réduire les risques de catastrophe.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission de la condition de la femme: les délégations misent sur les STIM pour combler le fossé numérique lié au genre

Soixante-septième session,
6e séance plénière, après-midi
FEM/2223

Commission de la condition de la femme: les délégations misent sur les STIM pour combler le fossé numérique lié au genre

La poursuite de la discussion générale de la Commission de la condition de la femme a été l’occasion, aujourd’hui, pour les délégations de constater une fois de plus que l’éducation, notamment les STIM*, reste essentielle pour mettre l’innovation et la technologie au service de l’égalité des genres. 

Les plus de 30 Ministres qui se sont succédé cette après-midi à la tribune de l’Assemblée générale ont, en outre, partagé leurs expériences en matière de solutions technologiques innovantes visant à l’autonomisation des femmes et des jeunes filles.

La réalité est que le monde numérique n’est pas égal, a fait remarquer la Ministre de la culture et de l’égalité de la Norvège, qui a appelé à veiller à ce que la fracture numérique ne laisse pas les femmes de côté.  Pour ce faire, a ajouté la Ministre, elles doivent acquérir des compétences numériques, dans une industrie où elles comptent pour moins du tiers de la main-d’œuvre dans le monde. 

Dès lors comment lutter contre l’analphabétisme numérique, s’est interrogée la Ministre du genre et de la promotion de la famille du Rwanda, surtout au regard du coût humain de la fracture numérique alors qu’un tiers de la population mondiale demeure hors ligne, a enchaîné le Ministre des affaires étrangères du Pakistan.

L’utilisation de la technologie, en particulier chez les femmes et les filles, n’est plus un luxe, mais un besoin fondamental, a défendu le Ministre de la jeunesse, de l’égalité des sexes, des sports et de la culture du Botswana, informant que s’agissant de l’alphabétisme numérique, les femmes dans son pays n’en sont qu’à 18%, comparé à 31% pour les hommes, même si elles représentent 53,6% des utilisateurs de médias sociaux.

Au-delà, il faut que les femmes et les filles disposent des outils et des financements appropriés, a recommandé, pour sa part, la Ministre des femmes, de l’éducation et de la réduction de la pauvreté infantile de la Nouvelle-Zélande, pointant du doigt les écarts d’investissement entre les deux sexes.

C’est conscient de ces disparités que le Libéria a accru le développement de dispositifs d’inclusion numérique pour aider les femmes à se relever financièrement de certaines catastrophes naturelles ou encore pour leur offrir l’accès aux énergies renouvelables, a fait valoir la Ministre du genre, de l’enfance et de la protection sociale.

En Arménie, les femmes vivant en zone rurale bénéficient également de formations aux nouvelles technologies, a indiqué le Ministre du travail et des affaires sociales.  Et en Papouasie-Nouvelle-Guinée, d’ici à 2027, 90% de la population, y compris les femmes et les jeunes filles, vivant encore en grande partie dans les zones rurales, devraient pouvoir avoir accès à Internet, a promis le Ministre du développement communautaire, de la jeunesse et du culte.

Sur un autre registre, les technologies de l’information et des communications (TIC) doivent également être un moyen de donner le libre choix aux femmes d’être mère sans avoir à renoncer à leurs aspirations professionnelles, a défendu la Ministre du taux de natalité et de l’égalité des chances de l’Italie, soutenue par son homologue du Qatar qui a souligné l’importance de développer le télétravail.

Appelant à une numérisation «°confiante et féministe°», la Ministre de la famille, des personnes âgées, des femmes et de la jeunesse de l’Allemagne a déploré que les femmes et les filles qui utilisent Internet sont particulièrement exposées à la violence sexuelle et sexiste, la Ministre de la femme, du genre et de la diversité de l’Argentine décriant pour sa part les tentatives de faire taire les femmes et les femmes LGBTI+ qui participent à la vie politique. 

Lorsque les droits des femmes et des filles ne sont pas respectés en ligne, les problèmes structurels sous-jacents à l’origine des préjugés sexistes sont amplifiés, l’espace d’engagement devient inaccessible et les plateformes de développement deviennent des plateformes d’exploitation, a alerté la déléguée de la jeunesse du Danemark qui a exigé un changement structurel pour que la numérisation «°ne nous enferme pas dans les cercles vicieux de l’inégalité°».

La Namibie a opté, pour sa part, en faveur de nouveaux cadres juridiques pour lutter contre la violence perpétrée par l’utilisation des TIC, a indiqué la Ministre de l’égalité des sexes, de l’éradication de la pauvreté et de la protection sociale.

Au cours de cette séance, plusieurs délégations ont par ailleurs fait part de leur solidarité vis-à-vis des femmes et des filles en Afghanistan, en Iran et en Ukraine.

La Commission de la condition de la femme poursuivra sa discussion générale demain, jeudi 9° mars, à partir de 10°heures.

* sciences, technologie, ingénierie et mathématiques 

SOIXANTE-SEPTIÈME SESSION DE LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME

Suite de la discussion générale

« Le monde numérique n’est pas égal », a constaté Mme ANETTE TRETTEBERGSTUEN, Ministre de la culture et de l’égalité de la Norvège, pour qui le changement numérique a « perpétué les différences ».  Les groupes vulnérables et les femmes continuent en effet de prendre du retard.  Le harcèlement et la violence numérique se répandent en ligne, réduisant les voix féminines au silence.  Pourtant, a continué la Ministre, l’inclusion des femmes au sein du marché du travail n’est pas seulement cruciale pour leur indépendance financière, elle est aussi une condition nécessaire à une économie fonctionnelle.  En Norvège, la participation des femmes au marché du travail est d’une plus grande valeur économique que n’importe quel autre secteur, a-t-elle ajouté.  Nous devons maintenant veiller à ce que la fracture numérique ne laisse pas les femmes de côté afin de bâtir sur les progrès réalisés au cours des dernières décennies.  Pour ce faire, a ajouté la Ministre, elles doivent acquérir des compétences numériques, dans une industrie où elles comptent pour moins du tiers de la main-d’œuvre dans le monde.  Les pays de l’Union européenne ont ainsi approuvé la loi sur les services numériques et proposé une nouvelle législation sur la liberté des médias.  La Ministre a appelé à agir pour construire des sociétés numériques plus sûres et plus inclusives, « pas seulement parce que c’est juste, mais parce que c’est intelligent ».

Mme JEANNETTE BAYISENGE, Ministre du genre et de la promotion de la famille du Rwanda, a dit que la mise en place d’un écosystème numérique inclusif est depuis longtemps un objectif de développement économique du Rwanda, qui a présenté dès l’an 2000 une première politique relative aux technologies de l’information pour le développement.  Un cadre réglementaire et une infrastructure numérique « robuste » ont ensuite été créés, de même que différents mécanismes tels que le plan directeur Smart Rwanda, qui vise à autonomiser les femmes et les jeunes grâce au renforcement des capacités numériques.  Ce faisant, a poursuivi la Ministre, le Rwanda a pu adopter une approche participative et inclusive, avec l’aide de différents partenaires, afin de faire en sorte que les défis connexes tels que le coût élevé d’Internet et des appareils numériques, l’analphabétisme numérique ainsi que la violence fondée sur le genre en ligne soient abordés conjointement et de manière approfondie.  La Ministre a profité de l’occasion pour annoncer que la Conférence sur le thème « Les femmes donnent la vie » se tiendra à Kigali du 17 au 20 juillet 2023, une première sur le continent africain.  

Mme NYELETI BROOKE MONDLANE, Ministre du genre, des enfants et des affaires sociales du Mozambique, a indiqué que l’innovation et l’évolution technologique continuent de poser certains problèmes, le développement des TIC demeurant lacunaire et leur accès limité, notamment pour les femmes.  Le Gouvernement remédie à cette situation en tentant de limiter le fossé de genre concernant la détention de téléphones portables, d’ordinateurs et d’accès à Internet.  De plus, le pays a mis en place plusieurs instruments juridiques favorisant l’inclusion numérique via des prêts et des facilités de paiement, permettant ainsi aux femmes d’obtenir des accès aux marchés, agricoles notamment, et à des connaissances cruciales pour l’amélioration de leur bien-être.

Mme MARIE BJERRE, Ministre du développement numérique et de l’égalité des chances du Danemark, a voulu sensibiliser sur les conséquences des avortements illégaux, causes de mortalité maternelle, de complications de santé physique et mentale, de stigmatisation sociale, et de fardeau financier pour les femmes, les communautés et le système de santé.  Pourquoi des millions de femmes doivent-elles être hospitalisées pour des complications et des milliers d’entre elles doivent-elles mourir chaque année, s’est-elle lamentée.  Aucun pays ou gouvernement ne devrait limiter l’autonomie corporelle ou restreindre le libre choix d’une femme, s’est-elle emportée, notant en outre que les restrictions imposées à l’avortement n’empêchent pas la procédure, mais la rend moins sûre.  À titre d’exemple, elle a indiqué que l’avortement a été légalisé au Danemark il y a 50 ans et que depuis il a diminué de 50%.  L’égalité des sexes, ce ne sont pas que des mots.  C’est la vie et la mort, a-t-elle souligné, avant de rappeler que la santé et les droits sexuels et reproductifs sont des droits humains.

Prenant à son tour la parole, Mme SIGNE GERTZ, déléguée de la jeunesse du Danemark, a indiqué que la technologie offre un nouveau monde aux jeunes femmes et aux filles, tout en en limitant les possibilités.  Lorsque les droits des femmes et des filles ne sont pas respectés en ligne, les problèmes structurels sous-jacents à l’origine des préjugés sexistes sont amplifiés, l’espace d’engagement devient inaccessible et les plateformes de développement deviennent des plateformes d’exploitation, a-t-elle alerté.

Elle a exigé un changement structurel pour que la numérisation « ne nous enferme pas dans les cercles vicieux de l’inégalité, mais devienne un changement déterminant pour tous les sexes en matière d’égalité ».

Mme EVIKA SILINA, Ministre du bien-être de Lettonie, a indiqué qu’au cours des cinq dernières années, la Lettonie a élaboré un cadre solide permettant aux garçons et aux filles de bénéficier de la numérisation.  Des investissements ont également été réalisés pour garantir l’accès à Internet et la disponibilité d’appareils pour les écoliers des groupes vulnérables.

Des efforts sont aussi déployés pour appuyer l’autonomisation des filles et réduire les stéréotypes sexistes sur les rôles sociaux des femmes et des hommes.  C’est ainsi que les histoires de réussite de femmes dans le domaine des STIM se sont avérées être des facteurs de motivation efficaces pour inciter les jeunes lettones à poursuivre leurs études et leur carrière dans les domaines scientifiques.  La Ministre a également indiqué que les femmes représentent 40% des diplômés en sciences et technologies et 60% des personnes employées dans les domaines scientifiques et technologiques.

La Lettonie compte également la plus forte proportion de femmes inventeurs parmi les États membres de l’Organisation européenne des brevets, soit 30%, s’est encore félicitée la Ministre.

M. TARIQ AHMAD, Ministre d’État et Représentant spécial du partenariat mondial pour la prévention des conflits du Royaume-Uni, a d’abord longuement insisté sur les effets dévastateurs de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, évoquant en détail les violences sexuelles et les crimes de guerre commis contre les femmes ukrainiennes par l’armée russe.  Il a ensuite déclaré que l’évolution technologique est inévitable, et que les femmes et les filles pouvaient en tirer parti à condition de les protéger quand elles se trouvent en ligne, et de s’attaquer aux contenus illégaux et au harcèlement en ligne, comme une loi britannique s’apprête à le faire.  Il s'agit aussi pour le Royaume-Uni de s’attaquer aux préjugés de genre ayant cours dans l’élaboration des nouvelles technologies, a-t-il ajouté.

Mme JAN TINETTI, Ministre des femmes, de l’éducation et de la réduction de la pauvreté infantile de la Nouvelle-Zélande, a indiqué que son pays a rejoint, l’année dernière, le Partenariat mondial d’action contre le harcèlement et les abus en ligne basés sur le genre, et copréside en outre l’Appel de Christchurch visant à supprimer les contenus terroristes et extrémistes violents en ligne.  Elle a souligné que l’éducation est essentielle pour mettre l’innovation et la technologie au service de l’égalité des sexes.  L’actualisation du programme scolaire néo-zélandais permettra d’ailleurs de développer des compétences pour déceler les informations erronées et la désinformation et ajoutera la sécurité numérique aux conseils dispensés en matière de relations et d’éducation sexuelle, a fait savoir la Ministre.

Pour partager équitablement les avantages de la technologie, la dignitaire a souligné que les femmes et les filles doivent pourvoir s’asseoir à la table, et disposer des outils et des financements appropriés, pointant du doigt les écarts d’investissement entre les deux sexes.  Elle a appelé à accorder la priorité aux femmes et aux filles dans les STIM.  La Nouvelle-Zélande a mis sur pied un plan pour appuyer la formation des femmes et des filles dans l’industrie des technologies numériques, tandis que la stratégie Lifting Connectivity for Aotearoa qui se concentre sur la femme rurale vise à réduire la fracture numérique entre les sexes et à appuyer l’autodétermination des femmes et des filles autochtones.

Mme ERLYNE ANTONELLA NDEMBET EP. DAMAS, Ministre de la justice, Garde des sceaux, chargée des droits de l’homme du Gabon, a expliqué que son pays a lancé en 2021 le programme Gabon-Égalité afin de réduire les inégalités homme-femme et de lutter contre la violence et la discrimination fondées sur le genre.  Une réforme juridique a en outre permis d’éliminer les obstacles aux progrès sociaux et professionnels des femmes et de renforcer les sanctions pénales contre les auteurs de violence, de discrimination et de harcèlement à leur égard.  La Ministre a aussi énuméré les mesures prises par son gouvernement afin de renforcer l’autonomisation des femmes et l’innovation technologique, notamment le Programme Gabonais de Qualification des Femmes en Entrepreneures Digitales (PROGAFED).  Une tontine digitale combine par ailleurs la mutualisation traditionnelle de l’épargne entre femmes et la connexion numérique avec les établissements de microfinance afin de renforcer l’accès de celles-ci au crédit, notamment en milieu rural.

M. THOMAS BLOMQVIST, Ministre de la coopération des pays nordiques et de l’égalité de la Finlande, a, pour commencer, exprimé sa pleine solidarité avec l’Ukraine et son peuple, dénonçant l’invasion illégale par la Russie qui est également une violation des droits des femmes et des filles.  Comme dans tout conflit, les femmes jouent un rôle essentiel dans l’instauration d’une paix durable, a-t-il poursuivi, appelant à continuer à soutenir les femmes qui se trouvent dans des situations difficiles dans le monde, notamment en Afghanistan et en Iran.

Saluant le thème de cette année, le Ministre a estimé nécessaire d’élaborer des solutions pour transformer les normes de genre et les dynamiques et structures de pouvoir qui maintiennent les inégalités entre les hommes et les femmes.  Il a indiqué qu’en tant que codirigeant du processus de la Coalition d’action sur les technologies et l’innovation au service de l’égalité entre les femmes et les hommes, son gouvernement s’est engagée à atteindre ses quatre objectifs, à savoir, promouvoir la réduction du fossé d’accès au numérique et aux compétences, investir dans les technologies et l’innovation féministes, construire des écosystèmes d’innovation inclusifs, et enfin, priorité de la Finlande, prévenir et éliminer la discrimination en ligne et technologique.

M. BILAWAL BHUTTO ZARDARI, Ministre des affaires étrangères du Pakistan, a évoqué le souvenir de sa mère, Benazir Bhutto, première femme cheffe de gouvernement d’un pays musulman.  Au nom du monde musulman, il a fait état des droits de femmes, rejetant les accusations d’extrémisme de la part « d’islamophobes qui insistent pour violer les principes de l’islam » et qui minimisent le rôle des femmes dans la société.  Il a ensuite souligné que le développement numérique est crucial pour parvenir à un monde inclusif.  Il s’est inquiété du « coût humain » de la fracture numérique alors qu’un tiers de la population mondiale demeure « hors ligne », notamment dans le Sud et chez les femmes.  Toutefois, la technologie numérique offre des instruments prometteurs pour sortir les femmes et les filles de la pauvreté, un phénomène sans précédent, selon lui, dans l’histoire de l’humanité.  

Mme LISA PAUS, Ministre de la famille, des personnes âgées, des femmes et de la jeunesse de l’Allemagne, a appelé à examiner les moyens d’assurer l’autonomisation numérique de chacun, quel que soit leur sexe ou leur identité, afin que la transformation numérique ne laisse personne de côté.  C’est pourquoi il est essentiel, à ses yeux, de lier numérisation et égalité des sexes.  Pour y parvenir, a-t-elle indiqué, nous devons puiser dans le potentiel des femmes et des filles dans toute leur diversité, notamment en augmentant le nombre de femmes travaillant dans les professions numériques où, en Allemagne, les femmes ne représentent que 17% de la main-d’œuvre.  La Ministre a ensuite déploré que les femmes et les filles qui utilisent Internet sont particulièrement exposées à la violence sexuelle et sexiste, et que dans de trop nombreux pays, l’accès des femmes à Internet demeure limité, ce qui complique d’autant l’acquisition de compétences numériques.  La Ministre s'est aussi inquiétée des conséquences du développement de l’intelligence artificielle et du risque que les algorithmes perpétuent les stéréotypes de genre, contribuant ainsi à accroître les inégalités existantes.  Elle a appelé à une numérisation « confiante et féministe », dans laquelle les femmes poursuivent des carrières dans les STIM aussi facilement que les hommes.

Mme WILLIAMETTA E. SAYDEE-TARR, Ministre du genre, de l’enfance et de la protection sociale du Libéria, a assuré que son pays avait réalisé des progrès dans la lutte contre la fracture numérique entre les sexes.  Elle a ainsi souligné la mise en place de dispositifs innovants, tels que l’établissement de centres d’appels et d’accueils modernes destinés à accélérer le signalement de violences sexuelles ou encore la sensibilisation aux problèmes de santé maternelle et de protection de l’enfance.  Nous mobilisons des ressources technologiques pour faciliter l’accès des femmes et des filles à diverses formes de financement, a précisé la Ministre, qu’il s’agisse de transferts en espèces, de e-programmes relatifs à la sécurité sociale, d’inscription à des plateformes numériques financières ou encore d’argent « mobile » et d’allocations destinés à aider les ménages vulnérables, en particulier ceux dirigés par des femmes.  Elle a ajouté que le Gouvernement du Libéria utilise également la technologie de l’argent mobile pour payer les salaires et autres primes des fonctionnaires.  Enfin, elle a indiqué que son pays était engagé dans le développement accru de dispositifs d’inclusion numérique à destination des femmes, pour renforcer leur indépendance financière, pour les aider à se relever financièrement de certaines catastrophes naturelles ou encore pour leur offrir l’accès aux énergies renouvelables.  

Mme EUGENIA ROCCELLA, Ministre du taux de natalité et de l’égalité des chances de l’Italie, a jugé essentiel de façonner une société numérique qui réponde de manière équitable aux besoins féminins et masculins, « d’abord et avant tout dans le monde professionnel ».  L’Italie continue, en ce sens, de promouvoir l’égalité des chances dans le secteur économique et sur le marché du travail, a-t-elle dit, l’objectif étant de réussir une transformation globale de la culture d’entreprise.  La Ministre a également souligné l’importance qu’accorde son gouvernement au soutien de l’équilibre entre la vie familiale des femmes et leur vie professionnelle, les outils numériques devant permettre de progresser dans ce domaine.  Les femmes doivent être libres de choisir d’être mère sans avoir à renoncer à leurs aspirations professionnelles, a-t-elle insisté, se disant confiante dans l’efficacité de la complémentarité des mesures de protection sociale et des plus récentes TIC.  Ensemble, elles peuvent nous aider à créer un environnement véritablement propice à l’épanouissement des femmes, a-t-elle estimé.

M. NAREK MKRTCHYAN, Ministre du travail et des affaires sociales de l’Arménie, a évoqué la politique numérique de son pays, favorable aux femmes et aux filles arméniennes, ainsi que les efforts déployés par son gouvernement pour appuyer l’inclusion et l’accès aux ressources numériques notamment via son programme d’autonomisation économique.  Les femmes vivant en zone rurale bénéficient également de formations aux nouvelles technologies pour combler la fracture numérique liée au genre.  L’Arménie œuvre aussi pour appuyer les efforts internationaux visant à combler la fracture numérique basée sur le genre, a fait savoir le Ministre qui s’est félicité que la participation des femmes aux TIC a continué d’augmenter en 2022 dans son pays. 

Mme AYELEN MAZZINA, Ministre de la femme, du genre et de la diversité de l’Argentine, a fait part de l’engagement de son pays à offrir une éducation sexuelle complète et libre, dans le respect des droits humains et en mettant l’accent sur la diversité.  Elle a encouragé les filles, les femmes et les personnes LGTBI+ à apprendre, travailler et accéder aux technologies et aux sciences afin de briser les préjugés, exhortant en outre à rendre l’accès aux sciences et aux technologies plus égalitaire et démocratique.  La Ministre s’est ensuite alarmée du niveau inquiétant de la violence perpétrée en ligne, notamment en politique, décriant le harcèlement et les tentatives de faire taire les femmes et les femmes LGBTI+ qui participent à la vie politique.  Elle a appelé à faire cesser la violence politique numérique basée sur le genre, notamment en adoptant des politiques publiques et législatives.

M. JASON PETER, Ministre du développement communautaire, de la jeunesse et du culte de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a expliqué que son pays donnait la priorité à son programme national de transformation numérique.  Ainsi, des cadres stratégiques visent à numériser tous les systèmes et processus gouvernementaux d’ici à 2027.  À cette date, a-t-il ajouté, 90% de la population papouane-néo-guinéenne, y compris les femmes et les jeunes filles -qui vivent encore en grande partie dans les zones rurales- devraient pouvoir avoir accès à Internet.  Il a assuré que le pays est déterminé à exploiter le potentiel des TIC et du secteur numérique pour permettre à sa population, y compris les femmes et les filles, d’avoir accès à l’éducation et à la formation.  Le Gouvernement s’est aussi engagé à exploiter le potentiel des TIC pour appuyer l’accès à des services « simples, rapides et clairs »; assurer la transparence et l’efficacité de l’administration; et accroître l’essor de l’accès au numérique aux petites et moyennes entreprises.  

Mme ZHYLDYZ POLOTOVA, Ministre adjointe du travail, de la protection sociale et des migrations du Kirghizistan, a estimé que le développement de l’économie verte et numérique démontre l’engagement de son gouvernement à éliminer l’écart numérique qui subsiste entre les hommes et les femmes, tel qu’indiqué dans la stratégie nationale de développement 2040.  Pour ce faire, nous devons améliorer l’alphabétisation numérique des femmes et les aider à développer de nouvelles compétences dans ce domaine, a-t-elle ajouté.  Des approches innovantes sont nécessaires pour assurer aux femmes un accès sûr, inclusif et égal aux nouvelles technologies, afin qu’elles développent des compétences numériques leur permettant d’accéder au marché du travail, notamment celles qui vivent dans les zones montagneuses.  Ces questions ont d’ailleurs été abordées lors de la récente réunion sous-régionale des pays d’Asie centrale qui s’est tenue à Bichkek, a noté la Ministre.  Selon elle, l’accessibilité, l’inclusivité, l’égalité et la coopération sont des éléments clefs de la réalisation du Programme 2030. 

Mme NASSENEBA TOURÉ, Ministre de la femme, de la famille et de l’enfant de la Côte d’Ivoire, a déclaré que l’égalité entre les hommes et les femmes est une priorité des politiques publiques de son pays.  La Côte d’Ivoire a ainsi ratifié la Convention de Budapest sur la cybercriminalité et mis en place, en 2011, la Plateforme de lutte contre la cybercriminalité, instruments qui favorisent des innovations technologiques profitant aux femmes.  De même, la Stratégie nationale de développement du numérique (2021-2025) vise à faire de la Côte d’Ivoire un pôle de l’innovation technologique en Afrique.  Le Ministre a aussi évoqué les différentes initiatives de développement des compétences mises en place par son gouvernement, notamment le projet « droit à l’éducation inclusive », en collaboration avec les Nations Unies, qui a permis de réduire le taux d’analphabétisme chez les femmes, tout en favorisant l’insertion professionnelle des filles dans les métiers du numérique.  

Mme DOREEN SIOKA, Ministre de l’égalité des sexes, de l’éradication de la pauvreté et de la protection sociale de Namibie, a indiqué que son pays a mis en place différents cadres juridiques pour lutter contre la violence fondée sur le sexe et la violence à l’égard des enfants, y compris la violence perpétrée par l’utilisation des TIC.  Elle a également fait part de l’adoption de la loi sur la traite des personnes, la loi sur la protection des enfants ainsi que la politique en matière de TIC.  Cependant, a-t-elle regretté, malgré ces lois et politiques exhaustives, les filles sont toujours confrontées à des stéréotypes sexistes, à la violence liée au sexe et à la violence contre les enfants, y compris la violence facilitée par la technologie.  De même, il reste beaucoup à faire pour inclure les femmes à différents niveaux de prise de décision, en particulier dans les domaines des TIC.  Néanmoins, s’est-elle félicitée, la représentation des femmes et leur accès aux TIC au niveau régional et au niveau des circonscriptions dans les 14 régions politiques de Namibie n’ont cessé d’augmenter.

Mme NANCY ROSALINA TOLENTINO GAMARRA, Ministre du genre et des populations vulnérables du Pérou, a détaillé le plan « tous connectés » pour améliorer l’accès à Internet pour tous et toutes dans le pays, précisant que l’un de ses objectif est de combattre tous les types de discriminations.  Elle a aussi mentionné l’offre en formation au profit des femmes et des filles.  Dans ce contexte de transformation technologique, les filles et femmes sont vulnérables face au harcèlement et aux agissements criminels, a-t-elle dit, avant de mentionner les efforts pour y remédier.  Enfin, elle a réaffirmé l’engagement de son pays à combattre la violence faite aux filles et femmes.

Mme FATOU KINTEH, Ministre du genre, des enfants et de la protection sociale de la Gambie, a déclaré que son gouvernement reconnaît le rôle essentiel que l’innovation et la promotion de la technologie jouent dans l’émancipation des femmes et des filles.  Cela a conduit à la création de trois ministères clefs, à savoir le Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche, des sciences et de la technologie en 2007, le Ministère du genre, des enfants et de la protection sociale en 2019 et plus récemment le Ministère de la communication et de l’économie numérique en 2022, a-t-elle ajouté.  Ces ministères ont pour mission, à travers l’activation transversale de nombreux dispositifs, plans et stratégies, de permettre l’avènement d’une nation inclusive et numérique, a expliqué la Ministre. 

Mme PAULINA BRANDBERG, Ministre de l’égalité des sexes de la Suède, a déclaré qu’Internet et la technologie en général sont toujours considérés comme un univers masculin.  Les normes rhétoriques stéréotypées sont courantes parmi les communautés en ligne, a-t-elle pointé du doigt, plaidant dans ce contexte pour un changement radical en faveur des générations actuelles et futures.  Nous devons leur garantir la fourniture d’une technologie équitable, profitant tant aux femmes et aux hommes, qu’aux filles et aux garçons, dans toute leur diversité, a-t-elle plaidé.  La Ministre suédoise a en outre rappelé l’importance de combattre les dimensions numériques de la violence sexiste, un préalable, selon elle, à l’établissement d’une ère numérique équitable.   

Mme ALLAHOURY AMINATA ZOURKALEINI, Ministre de la promotion de la femme et de la protection de l’enfant du Niger, a évoqué la table ronde des partenaires pour assurer la réussite scolaire des filles du Niger, organisée le 21 septembre 2022, en marge de la soixante-dix-septieme session ordinaire de l’Assemblée générale, comme illustrant parfaitement l’engagement du Gouvernement nigérien à faire de l’éducation des filles une priorité nationale. 

Le Niger poursuit sa mise en œuvre du Programme d’action de Beijing, développant un plan de développement économique et social sensible au genre, incluant les filles dans tous les secteurs du développement, y compris le numérique.  Elle a cité en exemple « un accès accru aux produits financiers ».  En outre, 100 internats ont été créés pour les filles pour réduire les inégalités de la carte scolaire nigérianes.  Tous sont connectés, a-t-elle précisé.  Pour lutter contre les violences basées sur le genre, quatre centres multifonctionnels de prise en charge holistique des victimes ont été créés dans quatre régions du pays.  Les programmes et projets mis en œuvre par le Niger ont permis de réduire le taux de mariage d’enfants de 73,3% à 53,6% entre 2012 et 2021, a déclaré la Ministre. 

Mme AMAL HAMAD, Ministre des affaires féminines de l’État de Palestine, a condamné les agressions menées dans les territoires palestiniens occupés par les colons israéliens, terrorisant les femmes et les filles, dans une perspective d’apartheid.  L’entrepreneuriat est difficile dans de telles conditions d’oppression, malgré l’existence de programmes et la mise sur pied d’un ministère pour l’entrepreneuriat et l’innovation chargé de favoriser un développement numérique favorable aux femmes, et d’un projet d’incubateur.  La Ministre a aussi cité les projets Be Positive et Sky Is The Limit, qui encouragent les femmes et les filles palestiniennes à travailler dans le secteur des TIC.

Mme ANA LETICIA AGUILAR THEISSEN, Secrétaire présidentielle à la condition féminine du Guatemala, a constaté que les technologies ne sont pas exemptes de préjugés de genre.  Elle a indiqué que le plan national de développement du Guatemala reconnaît que la science et la technologie sont d’une importance stratégique pour réduire les iniquités et construire une société plus inclusive.  De même, la politique du gouvernement identifie la science et la technologie comme élément central pour l’accès et les progrès dans l’éducation, l’économie et la compétitivité.  La dignitaire a également parlé de la stratégie nationale pour l’inclusion des femmes et des peuples autochtones dans la science, la technologie et l’innovation, précisant que celle-ci vise à reconnaître les connaissances ancestrales et leur contribution au développement du pays.  De même, le Guatemala entend garantir que les processus de transformation des politiques technologiques institutionnalisent et internalisent la notion d’équité et d’égalité pour transformer la matrice productive et contribuer à la transformation technologique.

Mme MAI AL-BAGHLI, Ministre des affaires sociales et du développement communautaire et Ministre d’État chargée de la condition féminine et de l’enfance du Koweït, a appelé à travailler de concert aux niveaux national, régional et international pour garantir et renforcer les acquis des dernières années en matière de droits civiques, politiques, économiques et sociaux des femmes.  L’autonomisation des femmes et l’interdiction de la discrimination à leur endroit sont maintenant consignées dans les textes fondamentaux du Koweït.  Depuis 2015, les femmes koweïtiennes ont ainsi le droit d’être élues et de voter, a-t-elle relevé, en soulignant par ailleurs la forte présence des femmes dans les facultés technologiques et d’ingénierie de son pays.    

Mme SITHEMBISO G. G. NYONI, Ministre des affaires féminines du Zimbabwe, a fait savoir qu’en 2021, le gouvernement du Zimbabwe s’est lancé dans un projet de création de centres d’information communautaire pour offrir aux communautés isolées un accès gratuit aux TIC.  Actuellement, il y a plus de 200 centres opérationnels, 40 supplémentaires devant être mis en service en 2023, a-t-elle indiqué.  La Ministre a ajouté que, pour améliorer les TIC dans l’éducation, le Zimbabwe a prévu de fournir à 2 700 écoles, électricité, panneaux solaires, matériel informatique et connexions Internet.  À ce jour, 1 100 écoles ont bénéficié du projet, a-t-elle précisé, notant encore que son pays installe sur l’ensemble du territoire des hubs polyvalents d’éducation et d’apprentissage tournés vers les jeunes femmes et les filles, en vue de leur permettre de se former aux outils numériques auprès de partenaires régionaux et internationaux. 

Mme MANTY TARAWALLI, Ministre du genre et de l’enfance de la Sierra Leone, a tout d’abord indiqué que le 15 novembre 2022, le Parlement de la Sierre Leone a adopté à l’unanimité la loi sur l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes, laquelle fixe notamment à 30% le quota de représentation des femmes dans divers organes gouvernementaux et aux postes de prise de décisions dans les secteurs public et privé.  En outre, pour la première fois de l’histoire du pays, les femmes peuvent dorénavant être propriétaires ou hériter de leurs propres terres sans restriction.  Et les sociétés minières devront quant à elles effectuer des études sur l’impact de leurs activités sur les femmes et les enfants.

En venant au thème de la session, la Ministre a indiqué que son gouvernement accorde des bourses aux femmes et aux filles poursuivant des études dans les domaines des STIM.  La politique d’éducation gratuite de qualité a entraîné une augmentation sans précédent du nombre d’inscriptions des filles, et un système de gestion de l’information permet de renforcer la collecte de données.

M. OBEDIAH H. WILCHCOMBE, Ministre des services sociaux et du développement urbain des Bahamas, a indiqué que la pandémie de COVID-19 a produit une crise de l’éducation dans son pays.  Il a expliqué que son gouvernement déploie des efforts vigoureux pour arrêter et inverser la vaste perte d’apprentissage qui en a résulté, précisant qu’un programme avait été mis en place pour évaluer les pertes d’apprentissage par enfant, d’abord pour déterminer l’étendue du problème, puis pour placer chaque élève dans un programme accéléré et adapté.  De même, le Gouvernement a récemment lancé un nouveau programme d’études en informatique qui vise à initier les élèves au codage et au développement de logiciels.  L’un des résultats positifs de la pandémie s’est traduit en notre première tentative nationale sérieuse de placer la technologie au cœur de l’enseignement.  Le Gouvernement des Bahamas, a ajouté le Ministre, continue en outre de développer la numérisation des services publics, ce qui contribuera à offrir des avantages à tous ses citoyens et à améliorer la facilité des affaires.  Dans ce contexte, le Département du genre et des affaires familiales préconise et promeut des programmes qui s’attaquent aux stéréotypes sexistes et aux préjugés au travail.

Mme I GUSTI AYU BINTANG DARMAWATI, Ministre de l’autonomisation de la femmes et de la protection de l’enfance de l’Indonésie, a souligné l’engagement de son pays en faveur de l’égalité des genres et de la lutte contre les discriminations faites aux femmes.  Elle a appelé à combler le fossé numérique, avant de détailler le plan de compétences numérique adopté par son pays.  Il est crucial que les femmes et les filles aient pleinement accès aux technologies du numérique, a insisté la déléguée.  Elle a enfin mentionné la loi adoptée par son pays pour combattre la violence faite aux femmes, y compris sur Internet.  Les femmes doivent être en position de leadership, a conclu la déléguée.

Pour M. TUMISO MACDONALD RAKGARE, Ministre de la jeunesse, de l’égalité des sexes, des sports et de la culture du Botswana, l’utilisation de la technologie, en particulier chez les femmes et les filles, n’est plus un luxe, mais un besoin fondamental, car les sociétés et les économies en dépendent totalement.  C’est pourquoi le Botswana s’est engagé à faire en sorte que la participation des femmes à l’innovation et à la technologie « ne soit pas une exception, mais une norme ».  Au Botswana, les femmes représentent 53,6% des utilisateurs de médias sociaux.  En outre, 68,6% sont sur WhatsApp, 51,4% sur Facebook Messenger, 43% sont sur Linkedin et 31,8% sur Twitter.  Concernant l’alphabétisme numérique, les femmes du pays en sont à 18%, tandis que les hommes en sont à 31%.  Conscients des capacités des femmes dans le secteur des TIC, les fournisseurs de services mobiles au Botswana ont développé des produits au bénéfice des femmes, y compris celles se lançant dans l’entreprenariat.  Le Ministre a cité les produits « Flexi Plans », « Electronic Wallet (E-Wallet) », « Talkmore » ainsi que le programme « Tshepiso (Pledge) ».  Bien que le Botswana ait réalisé des progrès significatifs en matière de promotion des femmes et des filles dans le domaine des TIC, le pays reste confronté à de nombreux obstacles en raison de l’accès limité à l’infrastructure numérique, du coût élevé de l’accès à la technologie numérique, et du manque de connaissances de la population en général.

M. MARTIN MORETI, Ministre de la jeunesse, des sports et des affaires sociales du Kiribati, a déclaré qu’afin d’exploiter pleinement le potentiel de l’innovation et de la technologie en faveur de l’égalité des sexes, il faut combler les lacunes persistantes de genre, notamment dans les STIM, l’alphabétisation numérique et l’accès à l’infrastructure des TIC.  Pour ce faire, il est impératif à ses yeux que les programmes d’éducation et de formation soient accessibles et abordables pour tous.  Toutefois, le harcèlement en ligne, la cyberintimidation et la pornographie peuvent exacerber les lacunes de genre existantes, s’est inquiété le Ministre.  S’agissant de l’autonomisation des femmes et des filles dans l’économie numérique, le programme Pacer Plus a contribué, selon lui, à fournir une plateforme pour le commerce électronique.  Malgré ces avancées, il a considéré indispensable le développement continu de la cybersécurité.  Pour autonomiser les femmes et les filles, il nous faut encore améliorer la participation des femmes au STIM, à l’entrepreneuriat et aux services financiers, a conclu le Ministre.

M. AHMED ADAM BAKHIET, Ministre du développement social du Soudan, a fait état d’un contexte régional et international complexe marqué par l’exacerbation du fossé entre certains pays.  Le Gouvernement soudanais a pris des mesures en vue de favoriser l’autonomisation des femmes et de garantir l’accès numérique, afin de bâtir une véritable société de connaissances et d’innovation nationales, tout en garantissant l’égalité entre les sexes, a-t-il indiqué.  S’agissant de l’enseignement supérieur, deux nouvelles universités spécialisées en sciences et technologies attirent de plus en plus de femmes.  Une chaire de l’UNESCO pour les femmes dans le domaine des sciences et technologies a ainsi été établie cette année, ce qui permet de renforcer leurs compétences dans les TIC.  Le Ministre a appelé, en terminant, à lever les sanctions qui pèsent sur le Soudan. 

Mme AL-MISNAD (Qatar) a détaillé les efforts considérables de son pays en vue de l’autonomisation des femmes, avec notamment une amélioration de l’accès à Internet et la promotion d’une économie de la connaissance.  L’éducation est capitale pour réussir la transition numérique, a-t-elle dit, en indiquant que numérisation et éducation vont de pair au Qatar.  Elle a aussi souligné l’importance de développer le télétravail, avant de rappeler l’économie de la connaissance qui est celle de son pays.  Le Qatar joue un rôle de chef de file en ce qui concerne l’accès à Internet, a-t-elle conclu.

Mme JESSICA YAOSKA PADILLA LEIVA, Ministre de la femme du Nicaragua, a indiqué que son gouvernement a donné la priorité à la formation technique et technologique avec la création de 53 centres technologiques et laboratoires visant à renforcer les capacités des femmes pour les positionner sur un pied d’égalité dans le marché du travail.  Cette approche, a-t-elle expliqué, s’inscrit dans le cadre du modèle national d’enseignement technique et de formation professionnelle fondé sur les compétences.  C’est ainsi qu’en 2022, 401 623 étudiants ont été accueillis avec une participation exceptionnelle de 65% de femmes.  En outre, plus de 46 991 femmes ont bénéficié de paquets technologiques pour la production agricole. 

De plus, a-t-elle ajouté, grâce au modèle d’économie familiale, communautaire et créative, 428 712 femmes ont été formées à l’utilisation des TIC dans leurs entreprises.  Enfin, le Ministère de la condition féminine dispose d’une plateforme en ligne Learning in Equity qui propose des cours sur les droits, la sécurité et la sûreté des femmes.

M. BRONTO SOMOHARDJO, Ministre des affaires intérieures du Suriname, a parlé des différentes mesures et initiatives politiques mises en œuvre pour faire progresser les droits des femmes, en particulier l’élaboration d’un système de suivi et d’évaluation du plan d’orientation sur la vision genre 2021-2035.

Le Ministre a également évoqué l’adoption d'une législation nationale visant à améliorer la situation juridique des femmes et d’autres groupes vulnérables, citant les lois sur la prévention et la lutte contre la violence et le harcèlement sexuel sur les lieux de travail et la promotion de l’égalité de traitement dans l’emploi.  Le Ministre a aussi cité une initiative qui vise notamment à réduire les grossesses chez les adolescentes au sein des communautés autochtones et tribales du pays.

Par ailleurs, il a annoncé le lancement de diverses activités pour impliquer davantage de femmes et de filles dans les TIC, telles que la formation des éducateurs des niveaux secondaires, la fourniture de modules TIC dans les cours de la fonction publique et la célébration annuelle de la Journée internationale des jeunes filles dans le secteur des TIC.

Mme DOREEN MWAMBA, Ministre du développement communautaire et des services sociaux de la Zambie, a indiqué que son pays dispose d’un ministère spécifiquement chargé de l’avancement de la science, de la technologie et de l’innovation et qu’il entreprend un examen politique et législatif de sa politique en matière de TIC afin d’améliorer sa réponse aux changements rapides sur le plan technologique et aux questions émergentes connexes telles que l’égalité des sexes.  Ainsi, son pays a promulgué la loi n° 1 sur la cybersécurité et les cybercrimes de 2021 qui prévoit en particulier la protection des femmes, des filles et des enfants en ligne, a précisé la Ministre.  En outre, une stratégie sur le genre et les TIC a été élaborée pour fournir une assistance sur la mise en œuvre des programmes sur le genre à l’Autorité zambienne de l’information et des télécommunications (ZICTA), aux ministères de tutelle et aux autres agences concernées, aux fournisseurs de services TIC, au secteur privé, aux organisations de la société civile et aux médias.  Enfin, la Zambie a mis en place une stratégie de transformation pour renforcer davantage l’égalité entre les sexes non seulement dans l’accès aux produits et services TIC, mais également dans l’acquisition de compétences qui garantiront l’inclusion numérique, a ajouté la Ministre.

Mme DIVA GUZMAN, Ministre de la femme et de l'égalité des sexes du Venezuela, s’est réjouie de pouvoir participer à ce forum en dépit des mesures coercitives unilatérales imposées par le Gouvernement des États-Unis.  Elle a témoigné de la résilience des femmes vénézuéliennes qui face à l’adversité ont contribué à la souveraineté alimentaire du pays grâce à leurs recherches de haut niveau qui ont permis d’identifier une variété de semences autochtones qui doivent être préservées en créant des banques de gènes. Elle a aussi mis en exergue la capacité des femmes vénézuéliennes à diriger la production et l’assemblage d’équipements technologiques et d’ordinateurs distribués gratuitement aux enfants et aux adolescents dans les écoles.

Il est important de noter, a-t-elle insisté, que «°nos femmes scientifiques » ont joué un rôle très important dans le séquençage génomique de la COVID-19, classant le Venezuela au quatrième rang des pays d'Amérique latine en matière de recherche dans ce domaine.  Le Venezuela compte aujourd’hui 50% de chercheuses dans tous les domaines de la connaissance, tandis qu'elles dirigent 52% des projets scientifiques financés par l’État.  Enfin, a ajouté la Ministre, la création récente de la vice-présidence pour les sciences, la technologie, l’éducation et la santé, dirigée par une femme et qui regroupe quatre ministères, également, dirigés par des femmes, reflète les efforts déployés par le Gouvernement pour combler le fossé entre les hommes et les femmes dans ces domaines.

 

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