Comité de l’information: appels soutenus au multilinguisme en tant qu’outil de lutte contre la désinformation
Le premier jour du débat général du Comité de l’information a de nouveau suscité de vibrants plaidoyers en faveur du multilinguisme, à la fois dans la communication de l’ONU sur toutes ses plateformes, mais également dans les processus de négociations intergouvernementales et dans la documentation.
Le Groupe des 77 et la Chine ont insisté sur l’importance du respect du multilinguisme et de la diversité culturelle en encourageant le Département de la communication globale (DCG) à mobiliser des ressources adéquates, y compris des contributions volontaires, pour le promouvoir afin de maximiser la portée de la communication de l’ONU, en particulier au niveau local. D’autres délégations ont fait valoir que le multilinguisme revêt une importance significative dans la lutte contre la désinformation, exhortant en outre à ne pas perdre de vue sa contribution inestimable à l’efficacité de l’action multilatérale. Comme l’a remarqué l’Union européenne, promouvoir l’éducation aux médias, lutter contre la manipulation et la désinformation et expliquer le travail de l’ONU sur tous les continents nécessitent un traitement égal des six langues officielles. Le multilinguisme est à la fois une valeur fondamentale de l’ONU et une condition de son efficacité et de sa transparence, a souligné la délégation.
Rebondissant sur ce constat, le Groupe des Amis de la langue espagnole, par la voix de Cuba, a demandé au DCG d’éviter les traductions automatiques, l’appelant à produire des contenus dans la langue d’origine, en respectant la parité entre les six langues officielles de l’Organisation. Le Groupe a également souligné la nécessité de répondre à l’intérêt croissant des populations hispanophones pour le travail des Nations Unies, relevant que la version hispanophone d’ONU Info en espagnol a été le plus visité des neuf sites Web d’ONU Info.
Sur la problématique de la désinformation, les délégations ont été nombreuses à exprimer leur appui à l’appel du Secrétaire général d’élaborer un code de conduite pour l’intégrité de l’information sur les plateformes numériques afin de garantir la responsabilité des autorités publiques et des acteurs privés. Cette question tient notamment à cœur aux pays contributeurs de troupes et de contingents car, comme l’a remarqué Madagascar, la désinformation tend à saper la confiance dans les Nations Unies et menace la sécurité des contingents. La Fédération de Russie a toutefois souhaité savoir qui finance cette initiative et a appelé à veiller à assurer l’inclusivité et la transparence dans le cadre de ce processus.
Alors que se préparent les consultations intergouvernementales qui conduiront à l’adoption de ce code de conduite, Djibouti, au nom du Groupe des ambassadeurs francophones, a dit être particulièrement attentif au respect du multilinguisme lors des consultations en souhaitant notamment que les informations et la documentation relatives à ce processus soient publiées dans les six langues officielles, et que les sessions de consultations bénéficient des services d’interprétation afin de garantir la participation et la contribution de tous les États Membres.
Cette première journée du débat général du Comité a également été marquée par un virulent face à face entre les pays occidentaux et la Fédération de Russie qui était représentée par la Porte-parole du Ministère des affaires étrangères russe, Mme Maria Zhakarova, dont la présence au sein du Comité a été dénoncée à plusieurs reprises. À l’origine de ces échanges nourris se trouve la question de l’octroi trop tardif par le pays hôte de visas aux journalistes russes qui devaient accompagner la venue à l’ONU de la délégation du Ministre des affaires étrangères russe qui a présidé hier et aujourd’hui le Conseil de sécurité. Selon Mme Zhakarova, ces visas auraient tellement tardé que les journalistes concernés ont fini par rater le dernier vol, ce qui était délibéré.
La délégation russe a accusé « l’Occident » de discrimination à l’égard des médias russes, et de chercher à museler les points de vue alternatifs aux leurs. Pour étayer son argument, Mme Zhakarova a parlé d’interdictions et de blocages à caractère politique qui ont principalement touché les médias russes, avant de dénoncer le silence des délégations occidentales face aux assassinats de journalistes russes perpétrés avec la complicité des services de renseignements des autorités de Kiev.
Les allégations de non-délivrance de visas ont été rejetées en bloc par les États-Unis qui ont dit prendre très au sérieux leurs obligations à titre d’État hôte des Nations Unies, accusant en outre la représentante russe de chercher à détourner l’attention de l’agression brutale que mène la Russie contre le peuple ukrainien. « La Russie abuse du système onusien », s’est insurgée l’Union européenne en relevant la « triste ironie » de voir que l’une de ses principales propagandistes de guerre représente aujourd’hui la Russie à ce Comité.
Rappelant pour sa part que le Tribunal de Nuremberg a poursuivi en justice non seulement les responsables politiques nazis mais également des diplomates, le représentant de l’Ukraine a prédit que la propagande et la justification des effusions de sang par les représentants de la Fédération de Russie les mèneront un jour devant des tribunaux.
Au nom des pays baltes, la Lettonie a par ailleurs regretté que les trois rapports du Secrétaire général soumis pour examen à la présente session du Comité qualifient l’agression russe de « conflit armé en Ukraine » ou de « situation de conflit », notant que les six résolutions de l’Assemblée générale relatives à l’agression de la Russie contre l’Ukraine, emploient les termes « agression », « invasion » ou encore « guerre contre l’Ukraine ».
Le Comité de l’information poursuivra ses travaux demain, mercredi 26 avril, à partir de 10 heures.
DÉBAT GÉNÉRAL
Déclarations
M. GERARDO PEÑALVER PORTAL (Cuba), qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et la Chine, a fait valoir que la tendance croissante des informations fallacieuses et de la désinformation sur les plateformes en ligne, y compris sur les médias sociaux, exacerbe la discorde sociale, les nationalismes concurrents, la discrimination et le discours de haine et a contribué à la montée du racisme, de la xénophobie, des stéréotypes négatifs et de l’intolérance. Il a demandé au DCG d’intensifier son soutien aux efforts du système des Nations Unies dans la lutte contre la désinformation et les fausses informations saluant notamment la préparation d’un code de conduite mondial qui promeut l’intégrité dans l’information publique. Il a appelé à mettre davantage l’accent sur la diffusion d’informations factuelles, claires, multilingues et fondées sur des données scientifiques sur toutes les plateformes. Dans ce contexte, on ne saurait trop insister sur l’importance pour le DCG de veiller à ce que toutes les nouvelles et les alertes soient exactes, impartiales et sans parti pris, a-t-il insisté.
Le représentant s’est inquiété des disparités numériques qui apparaissent comme une nouvelle forme d’inégalité entre et au sein des États, notant que le fossé numérique entre les pays développés et les pays en développement se creuse de plus en plus. Le DCG est bien placé, de son avis, pour combler ce fossé dans le domaine crucial de l’information et de la communication publiques. Cela est impératif pour permettre la transition mondiale vers des économies nationales modernes et efficaces et une coopération internationale effective, a-t-il fait valoir, y compris une économie numérique et une connectivité inclusive. Le représentant du Groupe des 77 et la Chine a également insisté sur l’importance du respect du multilinguisme et de la diversité culturelle et a encouragé le DCG à mobiliser des ressources adéquates, y compris des contributions volontaires, pour promouvoir le multilinguisme afin de maximiser sa portée au niveau local. Il a également demandé au Département de renforcer le réseau de centres d’information des Nations Unies, tout en menant à bien le processus de rationalisation de ces centres en consultation avec les pays desservis par ces centres et d’autres pays intéressés de la région.
M. YUSNIER ROMERO PUENTES (Cuba), au nom du Groupe des Amis de la langue espagnole, dont son pays assure la présidence, a rappelé que celui-ci plaide pour la pleine mise en œuvre de cette langue dans les travaux de l’Organisation, ainsi que pour la défense du multilinguisme en tant que valeur fondamentale et principe de travail transversal. Pour le Groupe, le développement et la planification de contenus devraient se faire de manière équitable entre les différentes langues officielles. Il a donc demandé au DCG d’éviter les traductions automatiques, l’appelant à produire des contenus dans la langue d’origine, en respectant la parité entre les six langues officielles de l’Organisation.
Le représentant a exprimé son inquiétude quant au contenu du DCG relatif au multilinguisme, en particulier sur le site Web et les réseaux sociaux. Si des changements ont été apportés au site qui reflètent plus fidèlement le multilinguisme, ce n’est pas toujours le cas dans certains des messages véhiculés par les différents comptes de réseaux sociaux de l’ONU, a-t-il regretté. Par ailleurs, le délégué a recommandé la production de campagnes et de contenus ciblés pour sensibiliser différents publics grâce à l’utilisation innovante de plateformes numériques qui favorisent une plus grande accessibilité. De plus, il s’est inquiété de l’existence de différences substantielles dans les contenus des six langues officielles sur le site Web de l’Organisation, considérant particulièrement grave que le site Web de l’ONU destiné à la société civile ne soit disponible qu’en anglais. C’est précisément la société civile, dans toute sa diversité, qui doit pouvoir accéder à cette information dans les six langues officielles afin de garantir son inclusion et sa participation aux travaux de l’Organisation, a argué le représentant.
Il a rappelé que la version espagnole du site de l’Organisation a enregistré quelque sept millions de pages vues entre le 1er juillet et le 15 novembre 2022, soit une hausse de 10,8% par rapport à la même période en 2021. Le nombre d’utilisateurs a augmenté de 12,8% pour atteindre 4,2 millions, ce qui témoigne d’une tendance à long terme de croissance soutenue. En outre, pour la troisième année consécutive, le site Web d’ONU Info en espagnol a été le plus visité des neuf sites Web d’ONU Info entre juillet 2021 et novembre 2022, soulignant la nécessité de répondre à l’intérêt croissant des populations hispanophones pour le travail des Nations Unies, a encore plaidé le délégué.
M. OLOF SKOOG, de l’Union européenne, a dit apprécier les campagnes de communication de plus en plus percutantes menées par le DCG depuis l’introduction, en 2020, de sa stratégie de communication mondiale. L’épidémie de choléra en Haïti, la situation dramatique des femmes et des filles afghanes ou encore l’Initiative sur l’exportation de céréales par la mer Noire sont des exemples récents de « l’agilité et de l’efficacité accrues » du Département dans l’élaboration de communications en temps de crise. S’agissant de l’action climatique, de la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) et du respect des droits humains, il a estimé que les messages du Secrétaire général sur l’urgence d’agir doivent être transmis par l’ensemble du système onusien. Le délégué a encouragé à cet égard le DCG à prendre des mesures supplémentaires pour s’assurer que l’ensemble du système des Nations Unies utilise systématiquement, dans toutes ses communications, la terminologie des résolutions adoptées par l’Assemblée générale, en particulier concernant les violations graves de la Charte des Nations Unies.
Le représentant a salué les efforts du Département visant à associer les jeunes à plusieurs événements de haut niveau organisés cette année, y compris le Sommet sur les ODD et le Sommet de l’avenir. Le fait que les 18-24 ans constituent désormais le plus grand groupe d’audience sur les plateformes multimédias des Nations Unies est très prometteur à cet égard. Le DCG joue en outre un rôle clef pour faire de l’ONU une source d’information fiable dans un environnement médiatique « hautement pollué ». L’agression de la Russie contre l’Ukraine constitue selon lui un exemple flagrant de manipulation de l’information et de désinformation au sein même des réunions officielles de l’ONU, y compris au Conseil de sécurité. « La Russie abuse du système onusien », a martelé le représentant, en notant la « triste ironie » que l’une de ses principales propagandistes de guerre représente aujourd’hui la Fédération de Russie au Comité. Dans cette optique, le délégué a exprimé son appui à l’élaboration d’un code de conduite pour l’intégrité de l’information sur les plateformes numériques afin de garantir la responsabilité des autorités publiques et des acteurs privés. Promouvoir l’éducation aux médias, lutter contre la manipulation et la désinformation et expliquer le travail de l’ONU sur tous les continents nécessitent un traitement égal des six langues officielles, a-t-il ajouté, en notant que le multilinguisme est à la fois une valeur fondamentale de l’ONU et une condition de son efficacité et de sa transparence.
M. MOHAMED SIAD DOUALEH (Djibouti), qui s’exprimait au nom du Groupe des ambassadeurs francophones, a précisé que ce groupe a notamment pour objectif de consolider le multilinguisme à l’ONU. Le multilinguisme apporte en effet une contribution inestimable à l’efficacité de l’action multilatérale, a estimé le représentant qui a relevé que les manquements dans la mise en œuvre intégrale du multilinguisme au niveau des organes et du Secrétariat nuisent à l’égale participation des États Membres aux discussions internationales. Il a rappelé la dernière résolution sur le multilinguisme adoptée par consensus par l’Assemblée générale le 10 juin 2022 et a demandé au DCG de veiller à un emploi équilibré des six langues officielles sur l’ensemble des sites Web du Secrétariat en vue de supprimer le décalage entre l’emploi de l’anglais et des cinq autres langues. Le représentant a également invité le Secrétariat à assurer l’application cohérente, par toutes ses entités, des normes minimales pour le multilinguisme sur l’ensemble des sites Web de l’ONU, et à rétablir le nécessaire équilibre entre les six langues dans les contenus produits pour les médias sociaux. Une communication équilibrée dans les six langues officielles est essentielle afin d’atteindre les peuples, notamment en français, langue parlée sur l’ensemble des cinq continents, et langue de travail du Secrétariat, a insisté le Président du Groupe en évoquant la progression constante du nombre de locuteurs francophones.
Il a également argué que le multilinguisme revêt une importance significative dans le domaine de la lutte contre la désinformation. À ce sujet, il a invité le Secrétariat à poursuivre son action dans ce domaine et à nouer des partenariats avec les initiatives francophones, à l’instar de la Plateforme francophone des initiatives de lutte contre la désinformation (ODIL). Alors que se préparent les consultations intergouvernementales qui conduiront à l’adoption d’un code de conduite pour l’intégrité de l’information sur les plateformes numériques, les ambassadeurs francophones seront particulièrement attentifs au respect du multilinguisme lors des consultations, a-t-il indiqué. Il a souhaité que les informations et la documentation relatives à ce processus soient publiées dans les six langues officielles, et que les sessions de consultations bénéficient des services d’interprétation afin de garantir la participation et la contribution de tous les États Membres.
Le représentant a par ailleurs encouragé le renforcement des canaux traditionnels de communication, notamment par la Radio des Nations Unies, dans la diffusion d’informations auprès des populations locales, dans les langues officielles comme dans les langues locales. Il a aussi appelé à poursuivre les efforts déployés dans le cadre des centres d’information des Nations Unies afin de sensibiliser le plus grand nombre sur l’action de la communauté internationale, là encore dans les langues officielles de l’ONU et dans de nombreuses autres langues. Il a ensuite dit attendre l’adoption du cadre d’action stratégique pour le multilinguisme qui aura vocation à soutenir l’intégration du multilinguisme dans l’ensemble des processus onusiens.
Au nom de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), M. JOÃO IAMBENO GIMOLIECA (Angola) a salué les efforts déployés par le DCG pour lutter contre la désinformation et la mésinformation, à l’aide d’initiatives telles que la campagne Verified , qui a touché plus de 18 millions de personnes dans le monde. Il a cependant encouragé le Département à continuer d’utiliser des moyens de communication traditionnels tels que la télévision, les documents imprimés et la radio, qui sont disponibles dans de nombreux pays en développement où l’accès à Internet demeure limité. L’adoption d’un code de conduite pour l’intégrité de l’information sur les plateformes numériques permettrait selon lui de promouvoir la transparence et la sécurité dans les médias sociaux. La fourniture d’informations exactes, impartiales et multilingues est un service crucial pour le public international, compte tenu de la diversité linguistique des États Membres et de leurs divers degrés de développement numérique. De même, les centres d’information des Nations Unies jouent un rôle important dans l’élaboration de stratégies de communication de crise dans les langues locales afin d’atteindre les populations les plus vulnérables. Des discussions sont d’ailleurs en cours entre le DCG et le Gouvernement angolais en vue de mettre en place, à Luanda, un centre d’information à l’intention des pays africains lusophones, a annoncé le délégué. À l’approche de la Journée mondiale de la langue portugaise, le 5 mai prochain, il a encouragé le DCG à renforcer son approche multilingue dans la promotion des principes et du travail des Nations Unies en portugais et dans d’autres langues non officielles de l’Organisation.
Au nom des pays baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie), M. ANDREJS PILDEGOVICS (Lettonie) a accusé la Fédération de Russie de répandre partout sa campagne de « désinformation massive », y compris à l’ONU, car l’information est pour ce pays « un outil de guerre ». La Fédération de Russie a recours à la désinformation et à la propagande pour tenter de justifier son agression armée et ses crimes de guerre contre l’Ukraine, après avoir pendant des années utilisé la « manipulation de l’information et le révisionnisme historique » pour « laver le cerveau » des populations. De même, la Fédération de Russie continue d’imposer la censure et la répression des médias indépendants à l’intérieur de ses propres frontières, créant un « vide informationnel » propice à sa propagande de guerre, à son discours de haine et à son incitation à la violence au moyen d’une rhétorique génocidaire et de messages déshumanisants à l’encontre des Ukrainiens. Le représentant a jugé « scandaleux » que la principale propagandiste du « régime » russe, Mme Maria Zakharova, sanctionnée par l’Union européenne, représente la Fédération de Russie au sein de ce Comité. Des campagnes de désinformation sont également menées en Afrique, en Amérique latine et au Moyen-Orient pour justifier son agression contre l’Ukraine, ainsi que contre les missions de maintien de la paix de l’ONU et les missions de l’Union européenne. Les « soi-disant » tribunaux russes condamnent des personnes à 25 ans de prison pour avoir exercé leur liberté d’expression, comme ce fut le cas pour l’homme politique Vladimir Kara-Murza. De nombreux journalistes indépendants ont ainsi été contraints de quitter la Russie en raison de la législation sur les « agents étrangers » et la loi sur les « fake news », qui criminalisent les reportages indépendants sur la guerre.
Pour mettre un terme à cette situation, le représentant a demandé que le système des Nations Unies utilise dans ses communications la terminologie appropriée, issue des six résolutions de l’Assemblée générale relatives à l’agression de la Russie contre l’Ukraine, y compris les termes « agression », « invasion » ou « guerre contre l’Ukraine ». Il a regretté à cet égard que les trois rapports du Secrétaire général soumis pour examen à la présente session du Comité qualifient l’agression russe de « conflit armé en Ukraine » ou de « situation de conflit ». L’ONU devrait, selon lui, utiliser tous ses moyens de communication, en particulier en langue russe, pour diffuser des informations sur la guerre contre l’Ukraine, et redoubler d’efforts pour combattre la désinformation.
Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a vu dans les centres d’information des Nations Unies (CINU) la principale source d’information sur le système des Nations Unies dans les pays où ils sont situés. Elle a encouragé la poursuite de la coordination et de la collaboration entre les pays hôtes, les équipes de pays des Nations Unies et les CINU pour la diffusion de messages prioritaires complets, précis et informatifs sur les activités et programmes de l’Organisation, rappelant que son pays accueille le centre d’information de Pretoria. La représentante a estimé qu’à l’heure de la désinformation et de la mésinformation, il est essentiel que les contenus soient diffusés dans les langues locales auprès d’un large éventail de personnes, notamment les journalistes, les fonctionnaires, les représentants de la société civile, les étudiants, les éducateurs et les chercheurs. Elle s’est inquiétée de l’augmentation de la désinformation et des fausses informations ciblant les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, déplorant leur impact négatif sur la sécurité des Casques bleus. La représentante a mis en avant l’importance de la communication stratégique dans un paysage de communication en évolution rapide avant de demander au DCG de continuer à fournir un contenu précis et fiable. Pour ce faire, il est essentiel de communiquer les nouvelles et les informations dans les langues locales et en coordination avec les autorités nationales afin de gérer les attentes et d’instaurer la confiance parmi les populations locales et toutes les parties prenantes concernées, a-t-elle souligné.
Préoccupée par la fracture numérique au sein des nations et entre elles, la représentante a par ailleurs jugé impératif de poursuivre les efforts de collaboration pour accroître l’aide au développement de l’infrastructure et des capacités de communication dans les pays en développement. Elle a pris acte des efforts déployés par le DCG pour élaborer un code de conduite afin de promouvoir l’intégrité de l’information publique dans l’espace, en émettant l’espoir que ce processus, en consultation avec les États Membres, permettra de créer un écosystème numérique plus sain.
Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a noté que « l’infodémie » qui a suivi la pandémie de COVID-19 illustre le défi auquel nous sommes confrontés pour contrer les informations fallacieuses et les incitations à la haine. Elle a estimé qu’il incombe à la communauté internationale de fournir aux générations présentes et futures les outils nécessaires pour comprendre le monde et discerner la vérité. Nous avons donc besoin de stratégies pour lutter contre la désinformation tout en favorisant l’éducation et l’accès à une information de qualité. Afin de lutter contre la violence et la discrimination en ligne auxquelles sont confrontées en particulier les femmes et les filles, la déléguée a prôné l’intégration d’une perspective de genre aux outils de communication. Dans le cadre du suivi de la Conférence mondiale des ministres de l’éducation de 2021, le Costa Rica a contribué avec l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et le Bureau de la prévention du génocide et de la responsabilité de protéger au lancement d’un guide à l’intention des décideurs intitulé « Lutter contre le discours de haine par l’éducation ». La représentante a ensuite exhorté les États Membres à protéger les journalistes et les défenseurs des droits humains, se disant convaincue que la protection de la liberté de la presse est un principe essentiel pour la démocratie et le plein exercice des droits civils.
M. BRETT JONATHAN MILLER (Israël) a jugé essentiel de fournir des informations fiables et de combattre la propagation d’informations fallacieuses, un phénomène qui, a-t-il relevé, n’est pas nouveau, comme en atteste la négation de la Shoah dès la fin de la Seconde Guerre mondiale. Israël, a-t-il assuré, continuera de combattre le déni de l’Holocauste à travers le monde et dans toutes les enceintes, notamment sur Internet et les réseaux sociaux, qui jouent un rôle de plus en plus important dans la propagation de l’antisémitisme. Le représentant a ensuite apporté son soutien au Programme de communication sur l’Holocauste et les Nations Unies, mené par le DCG, ainsi que le projet de code de conduite pour l’intégrité de l’information en ligne. Israël, a déclaré son délégué, est ciblé par des mensonges et par la désinformation propagée par les autorités palestiniennes qui usent de menaces pour encourager la violence. Selon lui, ces menaces sont également présentes à l’ONU, où des résolutions prennent son pays pour cible, avec des partis-pris propagés à l’échelle mondiale, ne faisant qu’alimenter les cycles de violence et de désinformation. Il a enfin dénoncé la « rhétorique belliqueuse » du Hezbollah visant la Force intérimaire des Nations Unies au Liban(FINUL), qui doit être en mesure de pouvoir s’acquitter de ses fonctions.
Mme MARIA ZAKHAROVA (Fédération de Russie) a dénoncé l’abus systématique par les États-Unis de leur rôle de pays hôte, en regrettant que les visas accordés aux journalistes qui comptaient se rendre à New York pour couvrir la présidence russe du Conseil de sécurité assurée par le Ministre des affaires étrangères n’aient été délivrés qu’au moment du départ du dernier vol alors que tous les documents avaient été fournis en temps voulu. Cette violation flagrante des obligations découlant de l’Accord de siège est entourée de prétextes ridicules et moqueurs qui révèlent la véritable attitude des autorités américaines à l’égard de la protection de la liberté d’accès à l’information et du pluralisme des médias, s’est indignée la représentante qui a affirmé que l’année dernière, elle-même n’avait pas obtenu de visa à temps. Les représentants américains ont apparemment tellement peur d’entendre la vérité qu’ils se livrent déjà à la fraude aux visas à une échelle industrielle, a-t-elle lancé.
Profitant de leur potentiel médiatique dominant, a-t-elle enchaîné, un certain nombre d’États qui se proclament « démocraties avancées » ont procédé à un balayage total des espaces nationaux d’information en ce qui concerne les points de vue alternatifs à ceux endossés par les autorités. Selon elle, les interdictions et blocages à caractère politique ont principalement touché les médias russes, certains d’entre eux ayant été littéralement acculés à la faillite, et le processus d’élimination des médias indésirables se poursuit encore aujourd’hui. Dans le même temps, des restrictions unilatérales illégitimes sont imposées de manière agressive à d’autres membres de la communauté internationale qui sont sommés de cesser de rediffuser les chaînes de télévision et de radio russes qui sont populaires auprès du public local. Parallèlement, les médias occidentaux et les ONG partisanes diffusent des mensonges et de la diffamation pure et simple pour justifier cet abus de pouvoir aux yeux de l’opinion publique mondiale, s’est-elle indignée.
En outre, les autorités de Kiev bénéficient d’une tolérance absolue de la part de leurs bienfaiteurs occidentaux, qui ne reculent devant rien pour renforcer le régime de censure totalitaire, a-t-elle renchéri en évoquant « les meurtres brutaux des journalistes russes » comme Darya Dugina (Platonova) et Maxim Fomin (Vladlen Tatarsky), perpétrés par des méthodes terroristes sur ordre des services de sécurité ukrainiens. Y voyant une démonstration répugnante de l’intolérance à l’égard d’autres points de vue, elle a reproché aux « démocraties avancées » de n’avoir pas jugé nécessaire de condamner ces atrocités et d’autres commises par le régime de Kiev. L’Occident collectif, avec à sa tête les États-Unis, qui joue au néolibéralisme totalitaire, impose de façon rampante sa « culture de l’abolition » au reste du monde en essayant de dénaturer ou d’effacer complètement tout ce que l’ONU devrait protéger: les langues, la culture, les monuments, l’art, les médias pluriels, les peuples indésirables. Il est inacceptable que l’ONU, ses agences spécialisées et ses institutions spécialisées restent généralement indifférentes à ces idéologies et pratiques barbares, s’est-elle indignée.
La représentante s’est inquiétée de l’inaction délibérée et de l’inefficacité des structures internationales dont le mandat inclut la protection de la liberté d’expression et du pluralisme des médias, affirmant que certaines d’entre elles ont fait preuve d’une partialité flagrante. Elle a également qualifié de scandaleuse la pratique de certains pays qui mettent la communauté des médias au service de leurs intérêts politiques, qui contraignent ou recrutent des journalistes pour travailler dans des services spéciaux, et qui instrumentalisent les médias et d’autres moyens de communication de masse dans le but d’interférer dans les affaires intérieures d’autres États. Elle a plaidé pour un cadre universel capable de régir Internet et de mettre un terme au monopole numérique des géants du net qui peuvent bloquer des comptes et des contenus. Ces sociétés sont devenues « des acteurs de la manipulation de la conscience collective », a-t-elle affirmé, alertant qu’en l’absence d’une réponse collective à un tel défi, l’espace numérique mondial risque d’éclater en segments nationaux et régionaux distincts, avec leurs propres réglementations.
Après avoir plaidé en faveur du respect du multilinguisme sur toutes les plateformes de l’ONU, la représentante a souhaité en savoir plus sur les sources de financement du code de conduite sur l’intégrité de l’information dans le domaine numérique, ainsi que sur les milieux universitaires qui y participent. Le succès de ce processus dépendra de son approche inclusive et transparente, a-t-elle estimé, insistant sur le fait que les sources d’information de l’Organisation doivent être non politisées, fiables et vérifiées.
La déléguée a par ailleurs fait savoir que la conférence de presse que devait donner aujourd’hui M. Sergei Lavrov au Siège de l’ONU portera notamment sur l’arrestation d’un journaliste américain en Fédération de Russie. Elle a expliqué que quand les correspondants occidentaux abusent de leur statut pour mener d’autres activités, les autorités russes se réservent le droit de réagir et de leur retirer leurs visas. « Mais quand ils font du renseignements, alors notre patience est poussée à bout », a-t-elle indiqué, en ironisant sur le manque de respect que manifestent les autorités américaines à l’égard des journalistes russes qui n’obtiennent pas de visa à temps, ou simplement pour un an au lieu de trois comme auparavant, et qui sont exposés à d’autres restrictions.
M. ADAM KUYMIZAKIS (Malte) a exhorté le DCG à poursuivre son travail de lutte contre la désinformation et la mésinformation sur trois fronts spécifiques: la crise climatique; la manipulation de l’information dans le cadre des conflits, amplement démontrée selon lui par la guerre en Ukraine; et la santé, s’inquiétant de la prolifération des tentatives visant à discréditer la vaccination pendant la pandémie de COVID-19. Le délégué a ensuite souligné son attachement au multilinguisme, considérant également comme crucial de garantir l’accessibilité des personnes handicapées à des informations légitimes et factuelles. En tant que membre élu du Conseil de sécurité, Malte, a dit son représentant, s’efforce de donner la priorité à l’alphabétisation en tant qu’outil de consolidation de la paix. Il a estimé que la culture numérique, en particulier, est idéale pour développer la capacité des gens à reconnaître et à contrer la mésinformation et la désinformation, l’extrémisme violent et les théories du complot qui, a-t-il relevé, se traduisent souvent par des discours de haine et peuvent régresser davantage vers la violence et les atrocités .
M. YUSNIER ROMERO PUENTES (Cuba) s’est félicité des progrès accomplis par le DCG pour lutter contre la désinformation dans le cadre de ses communications stratégiques. L’initiative Verified a joué un rôle important afin de démanteler les mythes qui étaient diffusés sur la pandémie de COVID-19 et combattre les informations fallacieuses, notamment s’agissant des changements climatiques. Si l’utilisation des nouvelles technologies est essentielle, il est tout aussi important de continuer de recourir aux médias traditionnels tels que la télévision et la radio, a-t-il argué. Il a indiqué que le développement du secteur des nouvelles technologiques fait partie des objectifs stratégiques de Cuba, malgré l’embargo imposé par les États-Unis qui a un impact économique délétère sur les communications et l’information. Entre août 2021 et février 2022, l’impact de cet embargo s’est élevé à plus de 105 millions de dollars, s’est alarmé le délégué, ce qui n’a pas empêché la couverture Internet et cellulaire d’augmenter dans son pays. Il a rejeté « l’agression » menée par le Gouvernement des États-Unis contre Cuba dans le domaine de la radio et de la télévision. Les États-Unis encouragent également l’effondrement de l’ordre constitutionnel cubain en diffusant sur l’île des informations destinées à déstabiliser le pays, a encore dit le représentant.
M. CHRISTOPHER P. LU (États-Unis) a jugé essentiel le travail du DCG pour fournir à la communauté internationale des informations exactes sur les grandes questions de notre temps. Il a encouragé le DCG à intensifier ses efforts afin d’atteindre les jeunes et les personnes vivant dans des pays où il n’existe pas de presse libre, ainsi qu’à accroître la fréquentation de ses sites Internet non anglophones. En tant que communauté internationale, a-t-il ajouté, nous devons continuer à dénoncer les pays et les personnes qui diffusent de la désinformation et qui bloquent l’accès à l’information. Le représentant a notamment évoqué la situation au Mali et en République centrafricaine, où la désinformation a sapé la confiance des populations locales dans l’ONU et menace la sécurité des Casques bleus. En ce qui concerne la guerre en Ukraine, le délégué a dénoncé le recours à la désinformation par la Fédération de Russie « dans cette salle » afin de détourner l’attention de son agression brutale contre le peuple ukrainien. Les commentaires de la représentante russe Maria Zakharova devant ce Comité constituent une insulte et un affront aux personnes qui aspirent à la liberté, a-t-il affirmé. Le délégué a également condamné la détention injustifiée du journaliste américain Evan Gershkovich et appelé la Russie à le libérer immédiatement. Il a rejeté les allégations concernant la non-délivrance de visas à des journalistes et des membres de la délégation russe, en précisant que les États-Unis prennent au sérieux leurs obligations à titre d’État hôte des Nations Unies. Il a considéré « ironiques et hypocrites » les plaintes formulées par la Fédération de Russie, notant que la répression en cours dans ce pays contre les journalistes et les médias indépendants a mené à leur exode. Le représentant a par ailleurs relevé que la libre circulation de l’information est compromise par les fermetures d’Internet imposées par les gouvernements, comme cela fut le cas en septembre dernier lorsque le peuple iranien s’est soulevé pour affirmer son droit à la liberté d’expression et à l’information sur Internet.
M. EDUARDO MANUEL DA FONSECA FERNANDES RAMOS (Portugal) a constaté qu’un meilleur accès à l’information n’est pas synonyme d’accès à des informations fiables, relevant que les populations sont exposées à une quantité croissante de mésinformation et de désinformation. L’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie montre selon lui comment la manipulation de l’information est utilisée pour justifier une agression militaire illégale et non provoquée contre un autre État. Nous devons donc agir maintenant et avec détermination pour contrer la propagation de la désinformation et des discours de haine, tout en protégeant la liberté d’expression. L’élaboration d’un code de conduite destiné à promouvoir l’intégrité dans l’information publique est à ses yeux une importante initiative pour répondre à ces préoccupations. Estimant que la communication doit être une voie à double sens, le délégué a dit attendre avec impatience une coopération étroite entre le DCG et le Bureau des Nations Unies pour la jeunesse. De même, il a exprimé son appui aux efforts visant à assurer des conditions équitables pour les six langues officielles de l’ONU. « Nous devons également reconnaître que les six langues officielles obligent encore des milliards de personnes à utiliser des langues empruntées pour mieux comprendre le fonctionnement de l’ONU », a-t-il relevé, en saluant au passage le travail « inestimable » effectué par l’unité lusophone d’ONU Info.
Mme SARAH SAFYN FYNEAH (Libéria) a félicité le DCG d’avoir reconnu, dans le cadre de la campagne « Service et sacrifice », le service du personnel en uniforme déployé au sein des missions de maintien de la paix. Le travail du Département n’a jamais été aussi important ni plus difficile qu’il ne l’est aujourd’hui, a-t-elle noté, alors que les crises mondiales se multiplient, accompagnées d’une recrudescence de la mésinformation et de la désinformation. L’élargissement de la campagne Verified pour inclure la pandémie de COVID-19, les discours de haine, les problèmes de santé mentale et la violence sexiste est à ses yeux pleinement justifié. L’information publique fournie par le DCG est aussi variée que l’ONU elle-même, a relevé la déléguée, en saluant la mise en œuvre de campagnes thématiques portant sur un large éventail de sujets. Elle s’est félicitée des efforts du Département pour suivre l’évolution constante du secteur de l’information et des nouvelles technologies ainsi que de son objectif d’établir un code de conduite pour l’intégrité de l’information sur les plateformes numériques. Il nous faut cependant reconnaître que la fracture numérique perdure et que de nombreuses communautés n’ont toujours pas accès à Internet. Devant ce constat, elle a appelé l’ONU à redoubler d’efforts pour assurer une meilleure connectivité dans les pays en développement et, dans l’intervalle, à poursuivre son partenariat avec les médias traditionnels.
M. TIÉMOKO MORIKO (Côte d’Ivoire) a félicité le DCG pour ses initiatives dans le cadre de la riposte mondiale contre la pandémie de la COVID-19, notamment les campagnes de sensibilisation contre les discours de haine, la désinformation et la mésinformation, aussi bien que sur la maladie elle-même et les vaccins développés. Il a appuyé l’adoption d’un code de conduite mondial visant à promouvoir l’intégrité de l’écosystème du numérique. Réaffirmant l’importance du multilinguisme comme moteur de la diplomatie multilatérale, le représentant a salué les actions du DCG qui visent à parvenir à l’égalité linguistique au sein du système onusien. Il l’a toutefois exhorté à veiller davantage à l’emploi équitable des six langues officielles tant pendant les rencontres et séances de travail que sur toutes les plateformes de communication des Nations Unies. En outre, le délégué a demandé aux services onusiens compétents de se conformer aux différentes dispositions de l’Assemblée générale concernant la distribution simultanée des documents dans les six langues officielles, aussi bien sur les supports physiques que numériques. À cette fin, il conviendrait, selon lui, de doter le DCG des ressources adéquates pour lui permettre de mener à bien l’ensemble de ses activités de manière à éliminer l’écart entre l’emploi de l’anglais et celui des cinq autres langues officielles.
Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador) a encouragé le Département de la communication globale (DCG) à faire de la promotion du Programme 2030 une priorité à l’approche du sommet sur les ODD qui se tiendra en septembre. Notant que les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ne sont disponibles qu’en anglais, elle a encouragé le DCG à publier des synthèses de ces rapports dans d’autres langues à l’intention des décideurs politiques, particulièrement en ce qui concerne les données techniques. Le Département doit en outre mettre en œuvre des campagnes destinées à combattre la désinformation et la mésinformation, s’agissant notamment de la contribution des pays fournisseurs de contingents aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, dans le cadre de la campagne « Service et sacrifice ». De plus en plus d’informations négatives circulent sur les migrations, a-t-elle relevé, ce qui contribue à la stigmatisation et à la violence à l’encontre des migrants. Après avoir noté la croissance de 8% du nombre de pages en espagnol visitées sur le site Web de l’ONU, la représentante a appelé à renforcer la publication d’informations dans cette langue. Nous devons de façon générale renforcer le multilinguisme au sein de l’ONU afin que les informations soient accessibles au plus grand nombre, a-t-elle ajouté.
Mme VERO HENINTSOA ANDRIAMIARISOA (Madagascar) a souligné que le multilinguisme et la diversité culturelle sont des valeurs cardinales du multilatéralisme et a plaidé pour une utilisation équitable et égalitaire des six langues officielles, en particulier pour ce qui est des documents officiels et des informations publiées sur le site Web des Nations Unies. La traduction littérale d’une langue à une autre modifie souvent le sens et ne fait pas ressortir le message à véhiculer, a-t-elle souligné appelant au respect de la disponibilité desdits documents dans les six langues officielles et sur les plateformes pertinentes dans les délais. De même, elle a appelé à mettre davantage l’accent sur la diffusion d’informations factuelles, opportunes, ciblées, claires, accessibles, multilingues et fondées sur des données scientifiques sur toutes les plateformes de l’ONU. Sur ce point, elle a invité le DCG à explorer des options de financement innovantes pour promouvoir le multilinguisme et réduire l’écart entre l’emploi d’une langue officielle par rapport aux autres. Rappelant que Madagascar est un pays contributeur de personnel en uniforme, elle a salué les campagnes promotionnelles du DCG mettant en avant les pays contributeurs de troupes et de police. À ce sujet, la déléguée a encouragé le Département à renforcer la communication stratégique dans les domaines de maintien de la paix et les actions de lutte contre la désinformation en vue d’améliorer la sécurité et la sûreté du personnel en uniforme. Elle a souligné que la désinformation tend à saper la confiance dans les Nations Unies et menace la sécurité des contingents.
Après avoir apporté son soutien au respect du principe du multilinguisme dans les activités du DCG, Mme HANA BINTI NORDIN (Malaisie) a souligné l’importance d’une approche égalitaire, équilibrée et inclusive dans la diffusion d’informations relatives aux trois piliers que sont le développement durable, les droits humains et la paix et la sécurité. Elle a apprécié la diffusion dynamique d’informations dans les zones de conflit ainsi que sur l’impact existentiel des changements climatiques, tout en estimant que des efforts accrus sont nécessaires pour renforcer la sensibilisation dans le domaine du désarmement, en particulier sur les conséquences humanitaires dévastatrices de l’utilisation des armes nucléaires. Elle a salué le travail du DCG dans le cadre de l’initiative Verified contre la désinformation et la mésinformation et de la campagne #NoToHate contre les discours de haine et la rhétorique haineuse. Selon la déléguée, des discussions renouvelées et une coopération continues entre les États Membres et des engagements avec les parties prenantes concernées sont nécessaires pour garantir un espace numérique sain.
M. OSHIMA MASARU (Japon) a déclaré la pandémie de COVID-19 a été une « expérience révélatrice » des vulnérabilités de notre système multilatéral. La pandémie a en effet alimenté la propagation de la mésinformation et de la désinformation, perturbant la confiance dans les institutions publiques. Il a félicité à cet égard le DCG d’avoir ouvert la voie avec sa stratégie de communication mondiale qui continue d’être remodelée et mise à jour en réponse aux enseignements tirés. Il a appuyé le Département dans ses efforts pour endiguer « l’infodémie » en cours, estimant que les informations fallacieuses menacent non seulement nos valeurs, mais constituent également l’une des plus grandes menaces pour notre sécurité. Il a relevé que les objectifs du DCG ne pourraient être pleinement atteints sans le vaste réseau mondial des centres d’information des Nations Unies, qui diffusent des informations sur les activités de l’Organisation dans les langues locales du monde entier. En particulier, il s’est félicité de la campagne Act Now ainsi que de la promotion d’informations précises sur les ODD. Il a réitéré l’engagement de son pays à protéger la liberté et la sécurité des journalistes où qu’ils se trouvent, et dénoncé tout acte susceptible de porter atteinte à ces droits.
M. SERHII DVORNYK (Ukraine) a opposé l’usage de la communication pour renforcer la paix et la compréhension entre les peuples à son utilisation comme une arme pour déclencher et alimenter les guerres. La militarisation de l’information pour servir les fins de l’agresseur est une stratégie du « régime de Putin » depuis le tout début, à commencer par la destruction des médias indépendants et les meurtres de journalistes en Fédération de Russie. Il a décrit des vidéos postées en ligne montrant des soldats russes commettant des crimes de guerre contre des soldats ukrainiens capturés. La machine de propagande russe a amplement prouvé son efficacité en matière d’incitation à la haine contre les Ukrainiens, a-t-il noté, en ayant recours à la déshumanisation. Pour le délégué, le Kremlin semble suivre les conseils des dirigeants de l’Allemagne nazie qui notaient que pour inciter la population à la violence, il suffit de lui faire croire qu’elle est sur le point d’être attaquée.
Alors que la Fédération de Russie envoie des armes en Ukraine pour tuer les Ukrainiens, elle diffuse également des fausses informations pour « tuer la vérité » et la confiance dans les Nations Unies, a encore accusé le représentant en dénonçant une « mauvaise utilisation » de l’ONU qui devrait être au centre des préoccupations du Comité. Il a fustigé les allégations formulées devant le Comité par la représentante russe, ajoutant que la Russie s’en remet à des criminels au sein du groupe Wagner pour mener son agression. Le délégué ukrainien a par ailleurs signalé des cas où des documents de l’ONU sont ambigus en ce qui concerne l’agresseur et l’agressé, ce qui va à l’encontre de résolutions et de déclarations de l’Assemblée générale et du Secrétaire général, qui, a-t-il souligné, devraient faire foi. Il a ensuite rendu hommage aux journalistes victimes de l’invasion russe en Ukraine, où 52 membres du personnel des médias ont été tués jusqu’à présent. Pendant ce temps, les « soi-disant journalistes russes » ont incité à la haine contre l’Ukraine, glorifient l’armée d’occupation et justifient leurs crimes. Rappelant que le Tribunal de Nuremberg a poursuivi en justice non seulement les responsables politiques nazis mais également des diplomates, le représentant a prédit que la propagande et la justification des effusions de sang par les représentants de la Fédération de Russie les mèneront un jour devant des tribunaux.
M. JUAN RODRÍGUEZ GÓMEZ-ALLER (Espagne) a souligné qu’atteindre les ODD signifie pouvoir compter sur les gens sur le terrain. Or pour cela il faut en premier lieu leur parler dans leur langue, et en second lieu être autant présent dans les médias mondiaux que dans les médias locaux. Le multilinguisme est l’une des valeurs fondamentales des Nations Unies, a-t-il martelé. Le représentant a salué l’évolution positive des outils de communication en espagnol des Nations Unies, en citant notamment l’équipe hispanophone d’ONU info. Il a toutefois regretté qu’il n’existe toujours pas un juste équilibre entre les six langues officielles, estimant qu’il est temps de corriger l’écart existant entre l’énorme demande de contenu en espagnol et l’offre. Il est temps d’équilibrer les ressources allouées à chacune des langues officielles, a-t-il exigé notant que c’est la clef pour atteindre plus de 500 millions de personnes. Il est temps de disposer d’équipes plus nombreuses d’hispanophones capables non seulement de traduire, mais aussi de produire des contenus originaux en espagnol et de les diffuser dans l’ensemble du monde hispanophone, a-t-il renchéri. « Bref, il est temps que l’espagnol fasse un pas en avant au sein des Nations Unies », a-t-il souhaité.
Le représentant s’est dit convaincu que le multilinguisme est aussi la clef d’une autre question fondamentale, à savoir la désinformation. Il a jugé tristement ironique que, dans un comité qui cherche à lutter contre la désinformation, ce soit précisément la porte-parole du Ministère des affaires étrangères de la Fédération de Russie qui se soit exprimée au nom de la Russie. La désinformation est l’un des grands ennemis de la démocratie et d’un ordre international fondé sur des normes, a-t-il souligné, appelant à relever ce défi tout en garantissant et en renforçant la liberté d’opinion et d’expression, ainsi que la liberté de la presse.
M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela) a insisté sur l’importance de l’accès aux technologies de l’information et de la communication qui reste aujourd’hui un défi majeur. La fracture numérique entre le Nord et le Sud continue de se creuser jour après jour, a-t-il regretté estimant que des progrès réels, significatifs et tangibles sont impératifs pour parvenir à une plus grande démocratisation de l’accès efficace, inclusif et abordable à ces technologies. C’est d’autant plus important qu’elles ont le potentiel de contribuer positivement aux efforts visant à accélérer la mise en œuvre du Programme 2030 et donc à atteindre les objectifs et cibles qui y sont convenus, a argué le représentant. Il a appelé à l’adoption de mesures propices à la réduction de la fracture numérique, ce qui inclut, d’une part, la sensibilisation du DCG aux effets pernicieux des sanctions et de l’autre, leur abrogation complète et immédiate. Il a argué que l’amélioration de la connectivité et de l’accès aux TIC sera un facteur déterminant pour mieux se relever dans cette nouvelle ère postpandémique, ainsi que pour surmonter la crise mondiale à multiples facettes en cours.
Le délégué a également appelé le DCG à maintenir ses efforts de lutte contre les nouvelles fallacieuses, les campagnes de désinformation et les informations erronées qui ne font qu’accroître l’incertitude, l’instabilité, la méfiance et les tensions dans le monde. Il a espéré que ces questions seront dûment abordées au cours des consultations intergouvernementales visant à élaborer un éventuel code de conduite mondial pour l’intégrité de l’information publique. Le représentant a également saisi cette occasion pour dénoncer la décision des Gouvernements américain et britannique d’approuver des millions de dollars pour financer des médias prétendument indépendants afin de poursuivre leurs politiques interventionnistes, d’influencer les agendas des médias locaux, de subvertir l’ordre constitutionnel et de mener des opérations secrètes visant non seulement à faire progresser leur « infâme politique de changement de régime », mais aussi à menacer la paix sociale dans son pays.
Mme INDIRA GOHIWAR ARYAL (Népal) a plaidé en faveur de la réduction de la fracture numérique, espérant que le projet de pacte mondial pour le numérique proposé par le DCG permettra d’envisager un avenir ouvert, libre, inclusif et sûr. Mêmes attentes s’agissant du code de conduite mondial sur l’intégrité des plateformes numériques, a indiqué la représentante, qui a également apporté son soutien au Département dans la diffusion d’informations vérifiées. Partisane du multilinguisme, la représentante a encouragé le Département à élargir le recours à des langues au-delà de celles qui sont considérées comme officielles par l’Organisation, dont le népalais. Elle a estimé que les centres d’information des Nations Unies (CINU) devraient être renforcés par des capacités techniques et infrastructurelles leur permettant de toucher plus directement les populations des États Membres. Elle a indiqué que la bibliothèque centrale de l’université de Tribhuwan, au Népal, est le dépositaire désigné des publications onusiennes, mais qu’elle a besoin d’être modernisée et améliorée afin d’intensifier les activités de sensibilisation de l’Organisation au niveau local, raison pour laquelle elle a demandé un financement innovant de la part du Département.
Mme MARIAM SHAIKH (Pakistan) s’est déclarée profondément préoccupée par les inégalités croissantes dans l’accès, en temps opportun, à des informations fiables et multilingues. Selon elle, un pacte mondial pour le numérique peut potentiellement fixer un cadre universel pour les questions numériques dans tous leurs aspects, en particulier en ce qui concerne la réduction de la fracture numérique, l’amélioration de la connectivité et le soutien à la transformation numérique. Par ailleurs, le multilinguisme reste un élément essentiel du travail des Nations Unies et sert à promouvoir l’inclusion, la diversité, une plus grande transparence et la participation effective de tous. Or, la pandémie de COVID-19 a mis en évidence qu’en raison d’une maîtrise limitée de l’anglais, les populations les plus touchées n’ont pas eu accès à des informations sur la sécurité ou l’aide disponible dans la langue et le format de leur compréhension. La représentante a donc encouragé le DCG à améliorer sa capacité à fournir des informations en plusieurs langues afin de renforcer le soutien international aux activités de l’Organisation. Elle s’est ensuite élevée contre la désinformation, en particulier en ligne, de même que contre la multiplication des discours de haine et de propagande, dont l’islamophobie et d’autres formes de racisme, de discrimination raciale et de xénophobie. C’est pourquoi le Pakistan accueillerait favorablement l’élaboration d’un code de conduite pour l’intégrité de l’information en ligne, a précisé la déléguée.
Mme FATIMATOU FAYE (Sénégal) a salué les efforts déployés par le DCG pour lutter contre la désinformation, en notant qu’aujourd’hui la propagation de la désinformation, de fausses nouvelles et de vidéos trafiquées susceptibles d’alimenter la violence et de diviser les communautés règnent plus que jamais sur les plateformes d’information, parfois à des niveaux insoupçonnés. L’éventail des mesures prises par le Département devrait donc être renforcé sur la base du principe du multilinguisme, de la diversité, de l’exactitude, de la diffusion opportune de l’information, et des efforts accrus pour atteindre le plus grand nombre de personnes, en particulier celles qui se trouvent dans les pays en développement, a souhaité la représentante.
À ce sujet, elle a appelé à renforcer les capacités des centres, services et bureaux d’information des Nations Unies en vue de produire une communication multilingue. Elle a salué l’élaboration d’un code de conduite mondial visant à promouvoir l’intégrité de l’information publique, en soulignant toutefois que même si l’équipe du Secrétariat est maître d’œuvre de cet important outil, les États Membres devraient disposer de l’espace et du temps nécessaires non seulement pour se prononcer sur les pistes proposées, mais aussi pour en identifier d’autres. Par ailleurs, elle a insisté sur la nécessité de poursuivre les efforts dans les domaines des changements climatiques et sur le défi pressant que représente la réalisation des ODD et le Programme 2030. Arguant que la diversité dans le système multilatéral est la condition de l’égale participation des États, la représentante a plaidé en faveur de la garantie à chaque État Membre de la possibilité d’assurer la promotion de ses positions dans la langue de son choix. L’Organisation doit donc veiller à assurer un traitement équitable entre les six langues officielles et mieux assumer le choix du français comme langue de travail, a souhaité la déléguée avant d’insister aussi sur l’impératif du respect et de la promotion du multilinguisme dans les opérations de maintien de la paix. Il importe de prendre en considération le poids du facteur linguistique dans la réussite des opérations de maintien de la paix en veillant au principe d’équilibre entre les langues maîtrisées dans la publication des documents et dans le choix des différents acteurs appelés à servir sur le terrain et au siège, a-t-elle argué. Si le message de l’ONU doit toucher le plus grand nombre de personnes, il doit s’appuyer sur le plus grand nombre de langues possibles, a poursuivi la représentante. Elle a ensuite appelé l’ONU et les partenaires au développement à adopter des mesures aptes à combler le fossé numérique entre le Nord et le Sud, à la lumière de l’évolution fulgurante des technologies de l’information et de la communication.
M. MD SHOWEB ABDULLAH (Bangladesh) a estimé qu’il est grand temps de redynamiser le travail du DCG en abordant les nouveaux défis que sont les changements climatiques, la mise en œuvre des ODD, les conflits, le racisme, le discours de haine et l’inégalité. Il a axé son intervention sur l’importance d’une coordination étroite entre le Siège de l’ONU et le réseau des centres d’information des Nations Unies pour élaborer et mettre en œuvre des campagnes et des contenus ciblés adaptés aux contextes nationaux et fournis dans des formats multilingues. Au Bangladesh, le CINU de Dhaka a ainsi secondé les efforts du gouvernement en faveur du multilinguisme en promouvant la langue des minorités ethniques nationales, a relevé le représentant. Il a également salué la coopération démontrée par le centre avec les stations de radio communautaires pour la diffusion des messages de l’ONU, l’appui apporté aux établissements scolaires pour sensibiliser la jeunesse à l’action de l’ONU et son soutien continu pour faire connaître le rôle et la contribution des opérations de maintien de la paix. À cet égard, il a insisté sur la nécessité de garantir des ressources adéquates au CINU de Dhaka, se félicitant que les centres aient produit ou traduit des documents dans 134 langues en 2022, soit une hausse de plus de 100% par rapport aux 66 langues répertoriées en 2017. Le représentant a ensuite recommandé que le DCG mène des activités relatives aux génocides oubliés, comme celui qui a été perpétré au Bangladesh en 1971. À cet égard, nous demandons également au DGC de sensibiliser le public aux crimes atroces commis contre les Rohingya, a-t-il encore préconisé.
Mme ELENA CURZIO VILA (Mexique) a exprimé son appui à l’objectif du DCG d’accroître la diffusion d’informations de manière opportune et inclusive en faisant la promotion de nos objectifs collectifs. Après avoir rappelé que le multilinguisme est un principe directeur des Nations Unies, elle a espéré que le travail effectué en vue de parvenir à la parité entre l’anglais et les cinq autres langues des Nations Unies se poursuivra. Nous devons également faire en sorte que l’ensemble des ressources et des contenus soient offerts dans les six langues officielles. La déléguée a salué le rapport du Secrétaire général sur la manière de lutter contre la désinformation pour promouvoir et protéger les droits humains et les libertés fondamentales. Toutefois, a-t-elle ajouté, la lutte contre la désinformation ne saurait être utilisée comme bouclier pour justifier la censure ou réduire la dissidence au silence. En ce « siècle de la communication, de l’accès à l’information et de l’ouverture », la déléguée a souhaité que l’Organisation continue d’ouvrir des canaux de communication avec la société civile, les universités et le secteur privé.