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Soudan: le Conseil de sécurité reconduit les sanctions mais leur fixe un terme au 12 septembre 2024, avant lequel il devra décider de leur devenir

9278e séance - après-midi
CS/15223

Soudan: le Conseil de sécurité reconduit les sanctions mais leur fixe un terme au 12 septembre 2024, avant lequel il devra décider de leur devenir

Agissant au titre du Chapitre VII de la Charte, le Conseil de sécurité a, aujourd’hui, décidé de « réaffirmer et reconduire » le régime de sanctions en vigueur au Soudan, mais en lui fixant pour la première fois une échéance -le 12 septembre 2024– avant laquelle il devra se prononcer sur leur renouvellement éventuel. 

La résolution 2676 (2023) ne fixe toutefois pas de véritable « clause d’extinction » au régime de sanctions et c’est la principale raison qu’ont invoqué la Chine et la Fédération de Russie pour expliquer leur abstention sur le texte auquel ont souscrit les 13 autres membres du Conseil, pour certains avec quelques réticences. 

Le Conseil, qui prend soin de souligner que les mesures rappelées pour faire face à la situation au Darfour « ne sont pas dirigées contre le Gouvernement soudanais », « déclare son intention » de réexaminer les mesures des sanctions reconduites « au plus tard le 12 février 2024, notamment au moyen de leur modification, suspension ou levée progressive, au vu des progrès accomplis par le Gouvernement soudanais » concernant certains critères et objectifs connexes énoncés dans le rapport du Secrétaire général du 31 juillet 2021.  Cet examen se fera à la lumière des prochains rapports que devra lui remettre le Groupe d’experts établi initialement par la résolution 1591 (2005), dont le Conseil proroge le mandat jusqu’au 12 mars 2024. 

Les critères qui seront pris en compte lors du réexamen sont les « progrès concernant les dispositions transitoires de sécurité au Darfour » et les « progrès dans l’exécution du plan d’action national pour la protection des civils ».  Les progrès seront évalués à la lumière du rapport d’activité que le Groupe d’experts devra soumettre au plus tard le 12 août 2023 ainsi que de son rapport final, qu’il soumettra au plus tard le 13 janvier 2024.  Le Conseil prie le Secrétaire général de procéder, « en étroite consultation avec le Groupe d’experts et au plus tard le 1er décembre 2023 », à une évaluation des progrès accomplis concernant ces critères établis.  Le Gouvernement soudanais est, lui instamment prié d’informer le Comité, avec la même échéance, des progrès accomplis concernant lesdits critères.

C’est la première fois que le Conseil fixe une échéance à son régime de sanctions créé initialement par la résolution 1591 (2005).  En février 2022, dans sa résolution 2620 (2022), le Conseil avait « pris note » des critères de référence proposés par le Secrétaire général et « exprimé son intention de réfléchir, d’ici au 31 août 2022, à des critères clefs clairs, bien définis et réalistes, étant disposé à envisager d’ajuster » les sanctions en fonction de l’évolution de la situation sur le terrain.  En juin 2022, le Président du Comité des sanctions relatives au Soudan -le Comité 1591– avait annoncé le réexamen de la résolution 2620 (2022) mais les membres du Conseil étaient restés en désaccord sur le devenir des sanctions.  Lors de la séance du Conseil du 13 septembre, la Chine avait dénoncé l’incapacité du Conseil à fixer des critères pour ajuster les sanctions avant l’échéance qu’il s’était fixée et avait exhorté les États-Unis -pays porte-plume- à « assumer sérieusement leurs responsabilités en reprenant les consultations dès que possible ». 

À l’issue du vote de ce jour, le représentant des États-Unis a salué la reconduction du mandat du Groupe d’expert par le biais d’un texte qui tient compte des points de vue de tous les membres du Conseil.  Il a estimé que le libellé adopté permettrait de maintenir la fourniture d’informations de première main sur le conflit au Darfour et de faciliter la réalisation de progrès supplémentaires au Soudan, y compris en ce qui concerne l’application bien comprise de l’embargo sur les armes.  En effet, a-t-il argué, la poursuite du conflit au Darfour est en partie due à la prolifération d’armes légères et de petit calibre, laquelle empêche les autorités d’assurer la sécurité des civils.  Dans ce contexte, le maintien du Groupe d’experts lui est apparu indispensable. 

Au contraire, le représentant de la Fédération de Russie a expliqué son abstention par le fait que le régime de sanctions en vigueur ne correspond plus à la situation sur le terrain au Darfour.  Ce régime entrave la marge de manœuvre des autorités pour avancer sur la voie du développement, a-t-il affirmé, qualifiant les sanctions de punition, dont la levée avait d’ailleurs été promise au Soudan, notamment par les pays arabes.  Il a reproché aux États-Unis d’être allés dans le sens contraire en reconduisant le Groupe d’experts non plus pour un an comme par le passé, mais pour un an et demi.  Il a en outre accusé la délégation porte-plume d’avoir insisté pour une mise aux voix hâtive qui, à ses yeux, sabote les précédentes résolutions et correspond à un véritable mépris des membres africains du Conseil de sécurité.  Tout se fait désormais ici en fonction des intérêts occidentaux et cela par le biais de pressions insoutenables, a encore lancé le représentant russe. 

Le représentant de la Chine s’est montré tout aussi critique.  Mettant en avant l’évolution positive au Darfour, il a lui aussi jugé les sanctions imposées au Soudan obsolètes et demandé leur levée immédiate, conformément au vœu du Soudan et de plusieurs membres du Conseil.  Il a reproché à la délégation porte-plume de s’être écartée de ce point de vue et d’avoir préféré camper sur ses positions, privilégiant ses propres intérêts.  Dénonçant en outre la reconduction du Groupe d’experts pour 18 mois, il a jugé que tout cela n’était pas conforme à la pratique du Conseil.  Pour la Chine, la résolution fixe « à première vue une feuille de route pour une levée des sanctions », mais celle-ci « n’est ni viable ni réaliste ».  Certains membres n’ont aucune intention de lever ces sanctions, a-t-il accusé, rappelant qu’une première version du texte avait été rejetée par plusieurs membres du Conseil –le Gabon, le Ghana, le Mozambique et les Émirats arabes unis– et que ces délégations avaient présenté une « proposition constructive » visant à l’instauration d’une vraie clause d’extinction, que ne retient pas ce texte de compromis. 

Au nom à la fois des A3 et de son pays, la représentante des Émirats arabes unis a regretté à son tour que leur proposition d’une clause d’extinction de 12 mois n’ait pas été retenue.  Elle a rappelé que les sanctions ne sont pas une fin en soi et que des améliorations auraient pu être apportées au régime en vigueur, à la lumière des progrès significatifs accomplis par les parties à l’Accord de paix de Djouba. 

Enfin, le représentant du Brésil a lui aussi déclaré qu’il aurait préféré un texte différent, tout en estimant que les préoccupations exprimées par les différents membres avaient tout de même été prises en compte par la délégation porte-plume.  Il a souhaité que la résolution adoptée permette d’améliorer la situation au Darfour, où, a-t-il reconnu, des progrès ont été accomplis. 

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD - S/2023/93

Texte du projet de résolution S/2023/179

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses précédentes résolutions concernant le Soudan, notamment les résolutions 1591 (2005), 1651 (2005), 1665 (2006), 1672 (2006), 1713 (2006), 1779 (2007), 1841 (2008), 1891 (2009), 1945 (2010), 1982 (2011), 2035 (2012), 2091 (2013), 2138 (2014), 2200 (2015), 2265 (2016), 2340 (2017), 2400 (2018), 2455 (2019), 2508 (2020), 2562 (2021) et 2620 (2022), complétées par la résolution 2664 (2022) la déclaration de son président en date du 11 décembre 2018 (S/PRST/2018/19) et ses déclarations à la presse,

Se félicitant de la signature, le 3 octobre 2020, de l’Accord de paix de Djouba par le Gouvernement soudanais, le Front révolutionnaire soudanais et le Mouvement de libération du Soudan-faction Minni Minawi, qui ouvre la perspective importante d’une paix globale et durable au Soudan et constitue une étape essentielle sur la voie d’un avenir pacifique, stable, démocratique et prospère pour le pays,

Encourageant les signataires de l’accord de paix à en accélérer l’application intégrale, notant que l’accord de paix confère à l’ONU un rôle particulier s’agissant d’appuyer la mise en œuvre de ses dispositions,

Exhortant les parties qui n’ont pas encore pris part au processus de paix avec le Gouvernement soudanais à s’engager immédiatement dans cette voie, de manière constructive et sans conditions préalables, en vue de conclure rapidement des négociations sur un accord de paix global, et demandant à tous les acteurs internationaux de continuer d’encourager les parties concernées à cet égard,

Réaffirmant qu’il incombe au premier chef au Gouvernement soudanais de protéger les civils sur l’ensemble de son territoire, et prenant acte, à cet égard, du Plan national de protection des civils élaboré par le Gouvernement soudanais (S/2020/429) et du programme de collecte des armes,

Se félicitant de la création des comités sectoriels, du Comité du cessez-le-feu permanent, du Haut Comité militaire conjoint chargé de l’application des dispositions de sécurité et de la remise de diplômes à la première promotion de la Force conjointe de maintien de la sécurité au Darfour, prenant note du renouvellement du cessez-le-feu sur l’ensemble du territoire soudanais, sur tous les fronts et pour tous les groupes, se déclarant préoccupé par l’aggravation de la situation humanitaire au Darfour et par la dégradation des conditions de sécurité dans certaines zones du Darfour, dues en particulier à l’intensification des violences intercommunautaires et à l’augmentation de la prolifération des armes et des munitions, et soulignant la nécessité d’intensifier les efforts de consolidation de la paix au Darfour, d’éviter une reprise du conflit et d’atténuer les risques pour la population que font peser notamment les menaces contre les civils au Darfour, les violences intercommunautaires, la prolifération et le détournement d’armes légères et de petit calibre, les violations des droits humains et les atteintes à ces droits, notamment les violences sexuelles et fondées sur le genre, les violations du droit international humanitaire et la poursuite des déplacements,

Prenant note avec préoccupation des rapports du Groupe d’experts sur le Soudan selon lesquels des acteurs armés participent à des campagnes de recrutement agressives, encourageant le Gouvernement soudanais à prendre des mesures supplémentaires pour accélérer la pleine application de l’Accord de paix de Djouba, notamment par la création de la Commission régionale de désarmement, de démobilisation et de réintégration pour le Darfour, qui disposera de bureaux dans les cinq États du Darfour, par la mise en place rapide du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration, conformément à l’Accord, par le renforcement de l’appui au Comité du cessez-le-feu permanent et par l’activation du Comité technique spécialisé conjoint,

Se félicitant de la signature, le 5 décembre 2022, de l’accord-cadre politique au Soudan comme mesure essentielle en vue de la formation d’un gouvernement dirigé par des civils et de la définition de dispositions constitutionnelles visant à guider le Soudan au cours d’une période de transition qui aboutirait à des élections, se félicitant du mécanisme trilatéral de la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS), de l’Union africaine et de l’Autorité intergouvernementale pour le développement, qui a accompagné l’action menée par le Soudan pour rétablir un règlement politique durable, inclusif et démocratique dans le pays, demandant à toutes les parties prenantes de réaffirmer leur attachement à la transition menée au Soudan, de façon que les aspirations du peuple soudanais en vue d’un avenir inclusif, pacifique, stable, démocratique et prospère puissent être réalisées, et réaffirmant qu’il est prêt à épauler le Soudan à cet égard,

Encourageant les signataires de l’Accord de paix de Djouba et d’autres partis politiques d’opposition du Darfour qui n’ont pas encore pris part à l’accord-cadre politique au Soudan à le faire de manière constructive,

Soulignant que le Gouvernement soudanais doit amener les auteurs de violations des droits humains, d’atteintes à ces droits et de violations du droit international humanitaire à répondre de leurs actes, et se félicitant des dispositions de l’accord-cadre politique au Soudan par lesquelles le Gouvernement s’attache, au moyen d’un programme global, à parvenir à la justice transitionnelle et à des mesures visant à assurer le respect du principe de responsabilité à cet égard,

Rappelant le rapport final du Groupe d’experts sur le Soudan (S/2023/93),

Prenant note du rapport du Secrétaire général du 31 juillet 2021 (S/2021/696), comme rappelé au paragraphe 5 de sa résolution 2562 (2021), qui comporte un examen de la situation au Darfour et des critères d’évaluation des mesures concernant le Darfour,

Soulignant que les mesures rappelées au paragraphe 1 pour faire face à la situation au Darfour ne sont pas dirigées contre le Gouvernement soudanais,

Considérant que la situation qui règne au Soudan continue de menacer la paix et la sécurité internationales dans la région,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Rappelle les mesures imposées aux paragraphes 7 et 8 de la résolution 1556 (2004), telles que modifiées au paragraphe 7 de la résolution 1591 (2005) et au paragraphe 4 de la résolution 2035 (2012), ainsi que les critères de désignation et les mesures imposés aux alinéas c), d) et e) du paragraphe 3 de la résolution 1591 (2005), tels que modifiés au paragraphe 3 de la résolution 2035 (2012), et les dispositions des alinéas f) et g) du paragraphe 3 de la résolution 1591 (2005), du paragraphe 9 de la résolution 1556 (2004) et du paragraphe 4 de la résolution 2035 (2012) et décide de réaffirmer et de reconduire ces mesures jusqu’au 12 septembre 2024 et de se prononcer sur leur renouvellement au plus tard le 12 septembre 2024;

2.    Décide de proroger jusqu’au 12 mars 2024 le mandat du Groupe d’experts initialement constitué en application de la résolution 1591 (2005), qu’il a déjà prorogé par ses résolutions 1779 (2007), 1841 (2008), 1945 (2010), 2035 (2012), 2138 (2014), 2200 (2015), 2265 (2016), 2340 (2017), 2400 (2018), 2455 (2019), 2508 (2020), 2562 (2021) et 2620 (2022), réaffirme le mandat du Groupe d’experts tel qu’il a été établi dans ses résolutions 1591 (2005), 1779 (2007), 1841 (2008), 1945 (2010), 2035 (2012), 2138 (2014), 2200 (2015), 2265 (2016), 2340 (2017), 2400 (2018), 2455 (2019), 2508 (2020), 2562 (2021) et 2620 (2022), et prie le Groupe d’experts de soumettre au Comité créé par la résolution 1591 (2005) concernant le Soudan (« le Comité ») un rapport d’activité, le 12 août 2023 au plus tard, et de lui présenter, après concertation avec le Comité et au plus tard le 13 janvier 2024, un rapport final comportant ses conclusions et recommandations, et prie également le Groupe d’experts de soumettre tous les trois mois au Comité un rapport actualisé sur ses activités, notamment ses déplacements, et de rendre compte de l’application des dispositions du paragraphe 10 de la résolution 1945 (2010) et de leur efficacité, et déclare son intention de réexaminer ce mandat au plus tard le 12 février 2024 et de le proroger s’il y a lieu;

3.    Rappelle le paragraphe 3) a) v) de sa résolution 1591 (2005) et prie instamment le Gouvernement soudanais de soumettre à l’examen du Comité et, le cas échéant, à son approbation préalable les demandes de mouvement de matériel et de fournitures militaires dans la région du Darfour, en particulier dans le cadre de l’application de l’Accord de paix de Djouba, conformément au paragraphe 7 de la résolution 1591 (2005), tel que précisé et mis à jour au paragraphe 8 de la résolution 1945 (2010) et au paragraphe 4 de la résolution 2035 (2012);

4.    Déclare son intention de réexaminer les mesures reconduites au paragraphe 1, au plus tard le 12 février 2024, notamment au moyen de leur modification, suspension ou levée progressive, au vu des progrès accomplis par le Gouvernement soudanais concernant les critères 2 et 3 et les objectifs connexes, tels qu’énoncés à la section IV du rapport du Secrétaire général du 31 juillet 2021 (S/2021/696), à la lumière du prochain rapport d’activité que doit soumettre le Groupe d’experts au plus tard le 12 août 2023 ainsi que du rapport final qu’il soumettra au plus tard le 13 janvier 2024, et en tenant compte de ses résolutions pertinentes;

5.    Prie le Secrétaire général à cet égard, en étroite consultation avec le Groupe d’experts, de procéder, au plus tard le 1er décembre 2023, à une évaluation des progrès accomplis concernant les principaux critères établis au paragraphe ci-dessus, et prie instamment le Gouvernement soudanais d’informer le Comité, au plus tard le 1er décembre 2023, des progrès accomplis concernant les principaux critères établis au paragraphe ci-dessus;

6.    Décide de rester saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

LDC5: la septième table ronde de la Conférence sur les pays les moins avancés offre des pistes quant à la mobilisation des ressources, notamment nationales, pour le développement durable

Cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés,
Table ronde thématique de haut niveau #7, Après-midi
DEV/3457

LDC5: la septième table ronde de la Conférence sur les pays les moins avancés offre des pistes quant à la mobilisation des ressources, notamment nationales, pour le développement durable

DOHA, 8 mars -- Comment les pays les moins avancés (PMA) peuvent-ils, avec l’aide de leurs partenaires de développement, augmenter les recettes publiques et mobiliser l’épargne au niveau national pour l’investir dans le développement durable et réduire les inégalités?  C’est l’une des questions auxquelles ont tenté de répondre les participants à la septième table ronde de haut niveau qui s’est tenue cet après-midi dans le cadre de la cinquième Conférence des Nations Unies pour les PMA, à Doha (Qatar), sur le thème « Mobilisation des ressources et renforcement des partenariats mondiaux pour le développement durable dans les dans les pays les moins avancés ».  Outre le renforcement des financements concessionnels des institutions financières internationales, les intervenants ont proposé de s’appuyer sur le financement mixte, les investissements étrangers directs, les envois de fonds de travailleurs migrants et l’augmentation des recettes publiques.

La Ministre de la planification et du développement de l’Éthiopie, Mme Fitsum Assefa, qui coprésidait la discussion aux côtés du Ministre du commerce du Cambodge, M. Sorasak Pan, a fait valoir que la plupart des PMA sont confrontés à des défis similaires en ce qui concerne la mobilisation des ressources nationales et la lutte contre les flux financiers illicites, l’accès au financement international public et externe, l’attraction des investissements étrangers directs et la viabilité de la dette, ainsi que le coût élevé des envois de fonds des travailleurs émigrés. 

À ce sujet, l’intervenante principale de cet après-midi, Mme Annalisa Prizzon, chargée de recherche principale à Overseas Developement Institute, s’est attardée sur la grande dépendance des PMA à l’aide publique au développement (APD) et sur leur accès limité à d’autres flux financiers extérieurs.  Elle a alerté sur un risque, au cours des prochaines années, de chute de cette aide pour les PMA, même si les flux bilatéraux nets d’APD vers ces pays ont augmenté de 2,5% l’an dernier par rapport à 2020.  Une chute qu’il faut éviter, a-t-elle prié en notant que l’objectif des donateurs du Comité d’aide au développement (CAD) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) de fournir entre 0,15% et 0,20% de leur revenu national brut (RNB) sous forme d’APD aux pays les moins avancés est loin d’être atteint.  En 2021, les contributions moyennes des donateurs du CAD à ces pays équivalaient à 0,09% de leurs RNB, ce qui est nettement inférieur à cet objectif, a-t-elle précisé. 

Mme Prizzon a également fait remarquer qu’à l’avenir, la concurrence des pays les moins avancés pour les financements concessionnels s’intensifiera: il est donc très peu probable que ces financements augmentent.  La paneliste a dès lors proposé de « découper le gâteau d’une manière différente, plutôt que de le faire grossir ».  Elle a aussi observé que l’APD sera de plus en plus sollicitée pour accroître la résilience aux chocs climatiques, atténuer les conséquences des changements climatiques et financer la reconstruction de l’Ukraine, craignant que les PMA et autres pays à faible revenu soient moins bien lotis. 

Fort de ce constat, Mme Prizzon a suggéré une série de solutions, notamment de concentrer les financements sous forme de dons dans les pays à faible revenu et les PMA qui n’ont pas accès aux marchés et qui présentent un risque élevé en matière de viabilité de la dette.  Elle a également encouragé le renforcement des financements concessionnels des institutions financières internationales tout en inversant la tendance de la stagnation des contributions des donateurs au guichet de prêts à taux réduit de la Banque mondiale et de l’Association internationale de développement (IDA). 

Rebondissant sur cet exposé, le Directeur exécutif du Département Mobilisation, partenariat et communication de l’Agence française de développement (AFD), M. Papa Amadou Sarr, a ajouté la possibilité d’utiliser la finance mixte pour mobiliser davantage de ressources en faveur des PMA, une idée soutenue par le Canada.  Parmi les sources qu’il a identifiées, il a cité les ressources concessionnelles et non concessionnelles, les fonds souverains, notamment ceux des pays du Golfe, et la philanthropie.  L’expert a expliqué les avantages des financements mixtes: ils ont le mérite de pouvoir soutenir des secteurs qui ne sont pas toujours intéressants pour le système financier.  C’est dans cette optique que le Président Macron présidera un forum de haut niveau sur un nouveau pacte financier pour le financement du développement Nord-Sud cette année, en juin, qui portera notamment sur le financement de l’économie verte et les financements innovants, a annoncé M. Sarr. 

À part le financement mixte, il s’est dit confiant que le Programme d’action de Doha permettra de lever des fonds supplémentaires auprès des institutions financières internationales et des agences de développement nationales comme l’AFD.  Il a toutefois insisté sur la nécessité de mobiliser plus de ressources nationales afin de combler les besoins fondamentaux du développement, signalant que l’AFD apporte à ce titre une assistance technique à certains pays, tels que le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, pour consolider l’épargne locale et les fonds de pension.  Dans un deuxième temps, il a recommandé d’identifier des projets susceptibles de bénéficier de ces ressources et de miser sur la formation pour développer des compétences au niveau local.  Comme exemple de financements mixtes, M. Sarr a cité un projet de bus électriques solaires qui sera financé à la fois par des prêts souverains et l’endettement.

Venant livrer une expérience concrète d’un PMA, Mme Nadjati Soidiki, Directrice générale de l’Agence nationale de promotion des investissements des Comores, s’est attardée sur la mobilisation de l’investissement étranger direct, un volet couvert par le Plan national de développement « Comores émergents », aux côtés des volets financement public et mobilisation des financements innovants.  L’objectif, a expliqué Mme Soidiki, est de réduire à terme l’APD des pays les moins avancés et de mieux mobiliser l’investissement étranger direct privé, ce qui est d’autant plus difficile que les PMA sont en concurrence directe avec les autres pays du monde.  Dans le cas des Comores, l’agence qu’elle dirige a misé sur des outils réglementaires incitatifs pour les investissements étrangers directs sans pour autant que cela passe systématiquement par des exonérations fiscales afin de ne pas sacrifier les recettes publiques, a-t-elle expliqué, arguant que pour les PMA, il s’agit aujourd’hui de créer un climat d’affaires attractif. 

Le Secrétaire exécutif par intérim de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), M. Antonio Pedro, a renchéri en martelant que l’Afrique doit devenir une terre d’opportunités si l’on considère qu’elle représente bientôt un marché équivalent en taille à celui de la Chine et de l’Inde.  La zone de libre-échange continentale africaine vise précisément à faciliter les opportunités d’investissements en Afrique, a-t-il souligné, avant d’encourager les investisseurs locaux et internationaux à ne pas perdre de vue le potentiel des petites et moyennes entreprises qui créent de l’emploi au niveau local.  Rebondissant sur cette idée de renforcement de l’attractivité des PMA, il a estimé qu’il va falloir à l’avenir construire de véritables partenariats et sortir du rôle de demandeur d’assistance.

Quant aux autres sources de financement, le représentant de la CEA a mis en avant le rôle des envois de fonds de la diaspora.  Ces fonds pourraient et devraient être redirigés de la consommation vers des secteurs économiques plus porteurs, selon son avis.  Pour donner la mesure de l’importance de cette ressource, le Mali a expliqué que l’apport des migrants maliens représente plus de 11% de son PIB.  Il est d’ailleurs question de créer une banque pour attirer et mieux gérer ces fonds.  Pour sa part, le Burkina Faso a d’ores et déjà mis en place à cet effet des cadres réglementaires attractifs.

Le Représentant spécial du Fonds monétaire international (FMI), M. Robert Powell, a quant à lui insisté sur l’importance de mobiliser plus de ressources locales dans les PMA compte tenu du fait que 45% d’entre eux sont exposés à un surendettement.  Constatant que les finances publiques sont mises à rude épreuve dans la plupart des pays, il a martelé que les recettes fiscales sont essentielles pour que les PMA puissent financer les services publics.  Le système fiscal est un outil essentiel de la transformation structurelle durable de ces pays, a-t-il argué.  Concrètement, cela signifie que les progrès en matière de mobilisation des ressources nationales nécessitent une amélioration des systèmes fiscaux et des douanes. 

Rejoignant cette idée, le Burundi a demandé un soutien de partenaires de développement qui se focalise sur l’augmentation des recettes publiques et la mobilisation de l’épargne intérieure pour investir dans le développement durable et réduire les inégalités.  À cet égard, M. Eric LeCompte, du Réseau Jubilee USA, a livré « un secret », à savoir que le Trésor public américain offre un service à tout pays qui le sollicite pour obtenir une aide en matière de lutte contre l’évasion fiscale.  Le représentant de l’Académie pour la lutte contre la corruption a également rappelé que cette institution offre des formations ciblées aux ressortissants des pays signataires de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la corruption et qu’elle peut leur apporter une expertise technique.  Pour le Lesotho, il s’agit de renforcer les institutions financières nationales pour prévenir les flux financiers illicites, la corruption et le blanchiment d’argent, alors que l’Indonésie a misé sur la numérisation de l’administration fiscale.

Dans l’ensemble, les intervenants ont placé leurs espoirs dans la bonne mise en œuvre du Programme d’action de Doha, qui vise à accroître les ressources que les PMA peuvent canaliser vers la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a été demandé à nouveau de progresser dans la réforme de l’architecture de la dette internationale.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

LDC5: quels moyens ont les pays les moins avancés pour se relever après la pandémie et renforcer leur résilience en prévision des chocs futurs?

Cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés,
Table ronde thématique de haut niveau #6, matin
DEV/3456

LDC5: quels moyens ont les pays les moins avancés pour se relever après la pandémie et renforcer leur résilience en prévision des chocs futurs?

DOHA, 8 mars -- En introduction de cette table ronde intitulée « Reprise durable après la pandémie et renforcement de la résilience des pays les moins avancés face aux chocs futurs », le Premier Ministre des Tonga, qui coprésidait la séance, a souligné qu’un relèvement durable nécessite un financement adéquat des domaines prioritaires du Programme d’action de Doha, en particulier pour les petits États insulaires en développement.  Parmi les autres moyens de renforcer la résilience, les participants à cette sixième table ronde de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les PMA, qui se tient à Doha (Qatar), ont misé sur les partenariats pour accéder aux technologies et aux vaccins, ainsi que sur l’énergie renouvelable et l’élargissement de la protection sociale.

Le Premier Ministre Siaosi Sovaleni a pris l’exemple de son pays, les Tonga, qui a fait face cette semaine à deux cyclones de catégorie IV, alors qu’il ne s’est pas encore relevé de la pandémie.  « Je compatis avec les besoins des pays les moins avancés (PMA) », a-t-il déclaré en conseillant d’orienter les financements vers les initiatives locales de développement qui bénéficient directement aux populations.  Il a vigoureusement plaidé pour que les PMA soient accompagnés dans les processus d’intégration régionale et pour étoffer leurs financements climatiques.

Si l’on veut rester sur les rails du Programme de développement durable à l’horizon 2030, il faut déjà préserver les acquis, a ajouté la Vice-Première Ministre et Ministre des affaires parlementaires du Lesotho, l’autre Coprésidente de la table ronde.  Mme Motlalentoa Letsosa a témoigné de la grande vulnérabilité de son pays, qui est enclavé, au moindre choc subi par son « grand voisin » et face aux graves crises mondiales.  Pour y résister, le pays a mis en œuvre des programmes agricoles qui lui permettent de garantir la sécurité alimentaire.  En outre, le Lesotho exporte des diamants de haute qualité et a ouvert une banque de développement pour injecter des capitaux dans les entreprises.  La Vice-Première Ministre a aussi parlé de ce que fait son gouvernement pour améliorer la bonne gouvernance.  Faisant le bilan de ce qu’il lui faut pour aller plus loin, elle a signalé que son pays a besoin de partenariats pour obtenir des vaccins et s’équiper en technologie, sans compter l’allégement de sa dette.  De manière générale, elle a insisté sur la nécessité de réduire la vulnérabilité des PMA. 

En réponse à cet appel, le Vice-Ministre des affaires étrangères de la République de Corée a rappelé qu’après la pandémie, son gouvernement a lancé des programmes à l’international visant le renforcement des capacités de gestion des ressources naturelles ainsi que la consolidation des infrastructures et du capital humain des pays amis.  Il a aussi parlé de l’importance des investissements dans l’élaboration de politiques de protection sociale, avant d’annoncer le déboursement par son pays de 300 millions de dollars pour le renforcement des systèmes de santé dans le monde en coopération avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).  Nous avons les ressources et les moyens pour nous préparer aux chocs futurs, a rassuré le Ministre.

L’Arabie saoudite a donné 500 millions de dollars à l’ONU pour combattre la pandémie, dans le cadre du G20, a renchéri le Ministre des affaires étrangères saoudien.  Plus généralement, l’aide extérieure offerte par l’Arabie saoudite depuis la COVID-19 a atteint 862 millions de dollars, dont 352 millions dans le cadre de l’Alliance Gavi, l’alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination.  La représentante de l’Indonésie a rappelé avoir coorganisé le sommet de 2022 de l’AMC COVAX de Gavi, qui s’est déroulé à Bali, rappelant que l’objectif était de permettre un relèvement inclusif par la création d’un fonds pour la pandémie.  Ce fonds, s’est-elle réjouie, est aujourd’hui doté de 1,6 milliard de dollars.  Un autre fonds de 20 milliards de dollars a été constitué pour financer les initiatives pour la résilience et la stabilité financière face aux chocs externes, a aussi indiqué la représentante. 

Le Burundi a exhorté les PMA à s’approprier ces mécanismes et fonds pour éviter un relèvement inégal comme ce fut le cas durant la pandémie au cours de laquelle le monde a été témoin d’une lutte à deux vitesses contre la COVID-19.  Il faut aussi que les mécanismes de règlement de crise et de résilience tiennent compte des vulnérabilités des petites nations, a ajouté le Ministre des finances des Tuvalu.  Son homologue de la République-Unie de Tanzanie a insisté sur l’importance de l’allégement de la dette pour un relèvement durable.

Intervenant principal de cette table ronde, M. Yero Baldeh, Directeur du Département de coordination des États en transition de la Banque africaine du développement, a déclaré que le développement des PMA en Afrique figure en tête des priorités de l’institution.  À cet effet a été créé, dès 1971, le fonds de développement africain qui a déjà déboursé plus de 45 milliards de dollars en prêts préférentiels.  Plus tard, en 2018, le mécanisme de soutien aux pays en transition a vu le jour pour aider à la stabilité institutionnelle.  La Banque accompagne également le renforcement de la résilience des PMA en élaborant une stratégie d’inclusion qui encourage la participation des capitaux et des entreprises privées au développement, parce que ce sont les moteurs de la création de richesse.  Maintenant, en réponse à la pandémie, la Banque appuie la Stratégie africaine de la santé 2016-2030 et a aidé au lancement de la plateforme africaine pour l’acquisition des matériels médicaux, l’accélération des tests COVID-19 et la fabrication de vaccins et de médicaments.  Le Directeur a attiré l’attention sur l’importance de surmonter la dépendance africaine sur la question et de préparer le continent à affronter les crises futures. 

La question de l’indépendance énergétique a été abordée par Mme Rabia Ferroukhi, de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), qui a plaidé pour l’utilisation des énergies renouvelables par les PMA pour leur relèvement et leur transition énergétique.  Elle a regretté que ces pays attirent moins de 1% des investissements dans le secteur alors que c’est une industrie qui crée des millions d’emplois et permet d’atteindre la sécurité énergétique.  L’utilisation des énergies renouvelables peut ajouter plus 3% de PNB et créer quelques 26 millions d’emplois dans les PMA, a-t-elle précisé.  L’autre avantage de ces énergies est qu’elles permettent de ne plus dépendre des énergies fossiles polluantes.  Selon l’intervenante, 11 milliards de dollars d’aide ont été promis pour la transition énergétique des PMA, dont 3 milliards ont été déjà décaissés.  La technologie existe mais il manque la volonté politique, a-t-elle regretté rappelant que le débat d’aujourd’hui a commencé il y a 30 ans. 

Mme Mami Mizutori, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la réduction des risques de catastrophe, a pour sa part préconisé quatre axes pour le relèvement.  D’abord, les gouvernements doivent être en première ligne pour insuffler la reprise.  Ensuite, elle a vivement encouragé la mise en place de programmes permettant d’évaluer les risques de catastrophe et les mécanismes d’alerte précoce, tout en renforçant la résilience des infrastructures.  Cela passe par une amélioration de la collecte de données sur les risques de catastrophe.  Les PMA ont besoin de partenariats dans ces domaines, a alerté la Représentante spéciale qui a conseillé aux gouvernements d’appliquer en parallèle le Programme d’action de Doha et la Déclaration de Sendai.  Améliorer la résilience, c’est plutôt bâtir sur l’existant que de bâtir à nouveau, a conclu la haute fonctionnaire. 

Résumant le sentiment général à la fin de la table ronde, la Vice-Première Ministre du Lesotho a énoncé les priorités pour le relèvement durable des PMA: l’accès rapide aux financements, l’allégement de la dette, la disponibilité des vaccins, une meilleure gestion des risques de catastrophe et la mise en œuvre du Programme d’action de Doha pour les PMA.  Lui emboîtant le pas, le Premier Ministre des Tonga a souligné la nécessité de financer les six domaines prioritaires de ce programme d’action même pour les petits États insulaires en développement qui n’y figurent pas, à l’instar des Tonga.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission de la condition de la femme: pour combler le fossé numérique, les délégations misent sur l’éducation et l’innovation inclusives

Soixante-dix-septième session,
4e & 5e séances plénières, Matin & après-midi
FEM/2222

Commission de la condition de la femme: pour combler le fossé numérique, les délégations misent sur l’éducation et l’innovation inclusives

La Commission de la condition de la femme a tenu aujourd’hui quatre tables rondes ministérielles en lien avec le thème prioritaire de sa soixante-septième session, soit l’innovation et l’éducation à l’ère du numérique aux fins de la réalisation de l’égalité des sexes, en mettant l’accent sur l’éducation et l’innovation inclusives en tant que vecteurs de l’autonomisation des femmes. 

« Malgré les progrès réalisés au cours de la dernière décennie, la fracture numérique entre les hommes et les femmes persiste », s’est inquiétée la Ministre du développement social de l’Afrique du Sud, Mme Lindiwe Zulu, en ouvrant l’une des deux tables rondes consacrées aux bonnes pratiques permettant de surmonter les obstacles à la réduction de la fracture numérique entre les hommes et les femmes et de promouvoir l’éducation à l’ère numérique pour atteindre l’égalité. 

Selon elle, l’accès limité des femmes et des filles aux nouvelles technologies et aux compétences numériques s’explique par des raisons financières et éducatives, ainsi que par des normes sociales négatives.  Une situation qui affecte en particulier les femmes rurales, les migrantes, les femmes handicapées ou âgées disposant de faibles niveaux d’alphabétisation et de revenus. 

« La révolution numérique ne doit pas être une énième révolution dont les femmes seraient mises à l’écart », a prévenu la Secrétaire d’État chargée de l’économie sociale et solidaire de la France, Mme Marlene Schiappa, en annonçant l’objectif de son pays d’atteindre la parité dans les métiers scientifiques d’ici à 2027. 

Afin de combler ce fossé numérique, « nouveau visage des inégalités entre les femmes et les hommes », selon les mots de la Vice-Première Ministre de Serbie, et profiter des millions d’emplois engendrés par la révolution technologique, plusieurs délégués ont insisté sur l’importance de l’éducation et de développer des outils technologiques adaptés. 

Alors que 85% des femmes ont été témoin ou ont expérimenté de la violence en ligne, le Ministre d’État pour le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord, l’Asie du Sud et les Nations Unies du Royaume-Uni, M. Tariq Ahmad, a souligné à son tour l’importance de la recherche, de l’accès à la technologie et de législations ciblées pour faire en sorte que les femmes ne soient pas exclues du monde numérique.  Pour la Ministre de l’autonomisation des femmes et de la protection des enfants de l’Indonésie, Mme I Gusti Ayu Bintang Darmawati, seules l’autonomisation numérique, l’acquisition de compétences informatiques et la levée des obstacles culturels sauront mener à une innovation inclusive. 

« L’inégalité des genres dans le monde réel se traduit également dans le monde numérique », a prévenu la Vice-Ministre des affaires européennes de la Tchéquie, Mme Klára Šimáčková Laurenčíková.  Pour la Secrétaire générale de l’Union internationale des télécommunications (UIT), Mme Doreen Bogdan-Martin, des politiques efficaces peuvent contribuer à combler le fossé technologique « avant 300 ans », à condition de s’attaquer aux normes sociales négatives, de prioriser l’éducation numérique et de disposer d’informations ventilées par genre.  « Nous devons oser agir », a-t-elle dit, en enjoignant les États Membres à assurer aux femmes les mêmes droits qu’aux hommes. 

Cette séance a également été marquée par l’organisation de deux autres tables rondes au cours desquelles les délégations ont débattu des moyens de favoriser l’innovation inclusive et le changement technologique afin de créer des espaces numériques plus sûrs. 

À cette occasion, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina Mohammed, a préconisé quatre domaines d’action pour faire de la parité numérique une réalité, à commencer par assurer un accès équitable à l’Internet aux femmes.  « Si vous éduquez une fille, vous éduquez une nation », a déclaré Mme Mohamed, pour qui les États Membres doivent accorder la priorité à l’éducation scientifique et mathématique des filles.  Elle a encouragé les gouvernements, les entreprises et la société civile à s’unir pour lutter contre la violence sexiste et les discours de haine en ligne, soulignant en outre l’importance d’une innovation inclusive. 

La Commission de la condition de la femme poursuivra sa discussion générale demain, mercredi 8 mars, à 15 heures. 

SOIXANTE-SEPTIÈME SESSION DE LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME

Suite des débats

Table ronde ministérielle 1  

En matinée, la première table ronde ministérielle a porté sur les bonnes pratiques permettant de surmonter les obstacles à la réduction de la fracture numérique entre les hommes et les femmes et de promouvoir l’éducation à l’ère numérique pour atteindre l’égalité. 

La modératrice et Ministre du développement social de l’Afrique du Sud, Mme Lindiwe Zulu, a déclaré d’emblée que l’accès limité des femmes et des filles aux nouvelles technologies et aux compétences numériques s’explique par des raisons financières et éducatives, ainsi que par des normes sociales négatives qui les empêchent d’accéder librement aux téléphones portables ou à l’Internet.  Les femmes vivant dans des zones rurales, les migrantes, les femmes handicapées ou âgées, surtout celles disposant d’un faible niveau d’alphabétisation ou de revenus, sont particulièrement affectées, a-t-elle relevé. 

« Malgré les progrès réalisés au cours de la dernière décennie, la fracture numérique entre les hommes et les femmes persiste, » a encore dit Mme Zulu, en s’inquiétant de ce fossé dans un contexte de mondialisation croissante et d’un monde du travail de plus en plus numérisé.  Afin de profiter des millions d’emplois décents qui seront créés par la révolution technologique, nous devons nous attaquer sans tarder aux lacunes actuelles en matière de compétences et aux stéréotypes, a-t-elle ajouté. 

Un sentiment partagé par le Vice-Premier Ministre et Ministre du travail, de la famille, des affaires sociales et de l’égalité des chances de la Slovénie, M. Luka Mesec, qui a appelé à modifier non seulement les institutions nationales mais aussi « les cœurs et les esprits », afin que les femmes prennent la place qui leur revient dans les technologies d’aujourd’hui. 

« La révolution numérique ne doit pas être une énième révolution dont les femmes seraient mises à l’écart », a renchéri la Secrétaire d’État chargée de l’économie sociale et solidaire de la France, Mme Marlene Schiappa.  Alors que les femmes sont toujours sous-représentées dans les formations et les métiers du numérique, elle a annoncé l’objectif de son pays d’atteindre la parité dans les métiers scientifiques d’ici à 2027.  « Une économie inégalitaire entre les femmes et les hommes est une économie de la pénurie, pénurie de la compétence et donc de la capacité à innover », a-t-elle martelé. 

Aux yeux de la Vice-Première Ministre et Ministre de la culture de la Serbie, Mme Maja Gojković, la « fracture numérique » est le nouveau visage des inégalités entre les femmes et les hommes.  La multiplication des nouvelles technologies vient en effet s’ajouter aux inégalités et aux stéréotypes existants, qui ne peuvent être surmontés que par l’éducation et la formation. 

La Ministre du développement social de Jordanie, Mme Wafa Bani Mustfa, s’est félicitée des progrès réalisés en vue d’atteindre la parité entre les garçons et les filles en matière d’éducation publique numérique à tous les niveaux, y compris pour les réfugiés, ce qui implique une formation accrue du personnel enseignant aux technologies de l’information.  Aux Bahamas, des processus visant à adapter la technologie dans le domaine de l’agriculture ont été mis en place afin d’accroitre les rendements agricoles, en partenariat avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a noté Mme Pia Glover-Rolle, Ministre adjointe chargée de la fonction publique

Si de telles mesures sont essentielles, il faut cependant veiller à ce que ces technologies ne viennent pas renforcer la fracture numérique et permettent à chacun de tirer parti de la numérisation, a prévenu le Ministre de l’enfance, de l’égalité, du handicap, de l’intégration et de la jeunesse de l’Irlande, M. Roderic O’Gorman.  Pour y parvenir, la Gambie fait la promotion des sciences, technologie, ingénierie et mathématiques auprès des filles au moyen de bourses dont 60% leur sont destinées, a expliqué Mme Fatou Kinteh, Ministre du genre, de l’enfance et du bien-être social

La Ministre de l’égalité des sexes et de la promotion de la famille du Rwanda, Mme Jeannette Bayisenge, a indiqué pour sa part que son pays mise sur l’innovation et les changements technologiques pour favoriser le développement et le progrès.  Un service de SMS rapide a ainsi permis de réduire la mortalité infantile, des applications mobiles permettent un meilleur accès aux marchés et un programme spécifique fait la promotion de solutions technologiques à l’intention des femmes, a-t-elle expliqué. 

Le Ministre des affaires sociales et de la culture du Liechtenstein, M. Manuel Frick, a déploré que le manque d’aptitudes numériques, le coût et l’accès à Internet et à l’électricité constituent autant d’obstacles à l’accès des femmes et des filles aux outils numériques.  Ces écarts sont, selon lui, ancrés dans des stéréotypes persistants qui empêchent tout progrès significatifs. 

L’autonomisation numérique, l’acquisition de compétences informatiques et la levée des obstacles culturels garantiront pourtant une innovation inclusive pour les femmes et les filles, a argué la Ministre de l’autonomisation des femmes et de la protection des enfants de l’Indonésie, Mme I Gusti Ayu Bintang Darmawati. 

De son côté, la Ministre de la condition féminine de l’État de Palestine, Mme Amal Hamad, a signalé que l’occupation israélienne empêche tout effort visant à défendre les droits des femmes en Palestine, où il n’existe aucune infrastructure numérique, ni électricité, ni Internet dans les zones où vivent les communautés marginalisées.  Malgré ces obstacles, des ordinateurs sont présents dans chaque salle de classe et des programmes ont été établis pour favoriser l’accès des filles aux programmes scientifiques et informatiques, a-t-elle assuré. 

M. Tariq Ahmad, Ministre d’État pour le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord, l’Asie du Sud et les Nations Unies du Royaume-Uni, a observé pour sa part que 85% des femmes ont été témoin ou ont expérimenté de la violence en ligne, une donnée « inacceptable ».  Pour faire en sorte que les femmes ne soient pas exclues du monde numérique, il a, à son tour, mis en exergue l’importance de la recherche, de l’accès à la technologie et de législations ciblées. 

À moins de combler ces lacunes, bon nombre de femmes seront laissées de côté, avec un coup important pour leur bien-être, leur avenir et celui de leur communauté, a mis en garde la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Mme Catherine Russell.  « Leur avenir et le nôtre en dépendent », a-t-elle souligné.

Table ronde ministérielle 2

Sur le thème « favoriser l’innovation inclusive et les progrès technologiques en vue de renforcer les moyens d’action des femmes et des filles et de créer des espaces numériques plus sûrs », cette deuxième table ronde ministérielle a été l’occasion pour les délégations de souligner l’apport de la numérisation pour l’égalité entre les sexes et de se pencher sur les moyens de promouvoir cet outil de façon pertinente et durable tout en examinant les dangers inhérents à son usage, notamment pour les femmes et les filles.

Cadrant ce débat, la Secrétaire d’État parlementaire, Ministère fédéral de la famille, des personnes âgées, des femmes et de la jeunesse de l’Allemagne, a reconnu que les technologies sexistes contribuent à faire reculer l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.  De fait, a averti Mme Kin Deligöz, les femmes « en vue » courent un plus grand risque d’être ciblées et forcées de s’autocensurer ou de réduire leur interaction dans les espaces en ligne.  Dans le cas de la prestation de services fondée sur l’intelligence artificielle, il en résulte souvent une baisse de la qualité des services et un renforcement des stéréotypes néfastes existants, a-t-elle fait remarquer.

Il faut créer le cadre politique nécessaire pour veiller à ce que tout un chacun ait la même possibilité d’accès aux outils numériques, ont répondu plusieurs délégations.  De fait, l’intégration de l’égalité des sexes dans les politiques publiques et le financement de la technologie et de l’innovation devrait devenir la norme, a fait valoir le Ministre de la coopération des pays nordiques et de l’égalité de la Finlande, M. Thomas Blomqvist, indiquant que son gouvernement avait alloué 17 millions d’euros à l’intersection de la technologie, de l’innovation et de l’égalité des sexes.

À Malte, le Gouvernement a investi dans la transformation numérique pour les femmes et les filles en leur donnant accès au développement des compétences en ligne par le biais des différents programmes soutenus par Malta Enterprise, s’est enorgueillie la Secrétaire parlementaire pour les réformes et l’égalité, Mme Rebecca Buttigieg.  La Ministre des femmes du Paraguay, Mme Celina Lezcano, est, quant à elle, revenue sur le programme d’alphabétisation numérique, dispensé dans le cadre de télécentres régionaux au profit des femmes dans les régions enclavées.

Fournir un accès sûr, inclusif et égal aux outils numériques à toutes les femmes et les filles voilà la priorité, a abondé, la Secrétaire d’État parlementaire de l’Allemagne, qui s’exprimait en sa capacité nationale.  Cependant, la fracture numérique entre les pays du Sud et du Nord aggrave encore les défis auxquels sont confrontées les femmes et les jeunes filles dans la plupart des pays en développement, déjà en prise avec les normes patriarcales, a regretté la Présidente de l’Union nationale des femmes de l’Érythrée.

La Vice-Présidente de la Commission européenne, Mme Věra Jourová, a insisté sur la nécessité d’espaces numériques sûrs, détaillant les mesures prises à cette fin à l’échelle européenne, notamment une pénalisation de la violence, ainsi que la suppression rapide de tout contenu illégal basée sur le genre.  Une approche soutenue par la Ministre du genre et de la famille de la République de Corée, Mme Hyun-sook Kim, qui a parlé de mesures en amont pour protéger « nos enfants » de la cybercriminalité à travers des mesures de répression plus rigoureuses, ainsi que par le Gouvernement du Brésil dont la priorité est de promouvoir des mesures visant à lutter contre le harcèlement en ligne.

La Ministre des femmes de l’Égypte, Mme Maya Morsy, a partagé l’expérience conduite avec l’UNICEF dans le cadre d’une série de discussions avec des adolescents pour mieux comprendre comment les médias sociaux et les jeux en ligne ont une influence sur leur sécurité.  « Lorsqu’on les interroge sur les risques en lignes, les filles parlent de piratage, de vol d’identité et de dépression », a-t-elle dit.  L’occasion pour la représentante du Chili de souligner le rôle des fournisseurs des services en ligne pour éradiquer les violences sur le net.

En Belgique, notre plan national contre la violence fondée sur le genre, adopté en 2021, est pleinement conforme à la Convention d’Istanbul, et est élaboré main dans la main avec la société civile, a fait savoir la Ministre de la culture, des médias, des droits de la femme, de la petite enfance et de la santé, Mme Bénédicte Linard.  Le Président de la Confédération suisse, M. Alain Berset, a parlé de l’initiative de lutte contre la cyberviolence Stop Hate Speech, expliquant que cet algorithme détecte les propos haineux sur la toile et leur oppose un contre-discours efficace.

Il faut également un accès à la justice, ce qui implique des processus civils et administratifs, notamment dans les domaines de la prévention, la protection, les poursuites et la réparation pour les survivants, a estimé pour sa part la Secrétaire de cabinet de la fonction publique du Kenya, Mme Aisha Jumwa Katana.  La Ministre d’État pour le genre, pour la famille et des services sociaux des Maldives, Mme Zifleena Hassan, s’est félicitée de son côté de la modification en 2019, du code pénal pour y inclure des dispositions sur le harcèlement en ligne. 

Dans un contexte de guerre, l’innovation inclusive et le changement technologique peut être d’un grand apport, notamment en Ukraine, où les femmes ont la garantie d’un accès numérique à l’éducation, à l’emploi, aux ressources commerciales et aux services sociaux.  Si notre ennemi pense que la guerre peut rendre les femmes ukrainiennes impuissantes, qu’elle peut les forcer à abandonner l’éducation, leurs affaires et leurs propres rêves, il se trompe lourdement, a lancé la Ministre adjointe de l’économie de l’Ukraine, faisant valoir, qu’au contraire de tels défis ont permis la mise en œuvre des solutions numériques encore plus créatives qui renforceront le statut des femmes ukrainiennes.

Établissant une corrélation entre la violence sexiste physique en présentiel et celle en ligne, la Directrice exécutive adjointe d’ONU-Femmes en charge des politiques, des programmes, de la société civile et de l’appui normatif aux États Membres, Mme Åsa Regner, a signalé que les technologies aggravent souvent le degré de violence perpétrée à l’encontre des femmes.  Cela a pour effet de réduire l’interaction des femmes en ligne, ce qui limite leur participation à la vie publique et sape la démocratie et les droits de la personne de façon générale, a-t-elle regretté.

L’occasion pour le Président de la Confédération suisse de proposer de mettre à disposition de la communauté internationale deux applications pour renforcer les droits des femmes.  L’une intitulée Women’s Human Rights, constitue une banque de données numériques unique des textes normatifs de référence sur les droits des femmes.  Quant à la seconde, Women, Peace and Security, elle analyse l’engagement du Conseil de sécurité et permet de suivre les progrès des États et des organisations internationales.

Table ronde ministérielle 3

Présentée en après-midi, la troisième table ronde ministérielle portait, comme la première, sur les bonnes pratiques permettant de surmonter les obstacles à la réduction de la fracture numérique entre les hommes et les femmes et de promouvoir l’éducation à l’ère numérique pour atteindre l’égalité. 

Le modérateur et Vice-Ministre du travail et de la protection sociale de la Mongolie, M. Zulphar Sarkhad, a indiqué que son pays a réussi à faire des progrès notables en vue de la transition vers le numérique, en favorisant la gouvernance numérique et la mise en place d’un cadre juridique approprié.  Cette transition des processus gouvernementaux a permis aux citoyens d’accéder à une gamme de services en ligne, tout en permettant aux femmes d’acquérir de nouvelles compétences, favorisant ainsi leur autonomisation. 

L’égalité n’est pas seulement une question de droits et de valeurs, mais aussi de bien-être économique et social, a expliqué le Secrétaire d’État aux affaires politiques au Ministère des affaires étrangères et européennes, M. Frano Matusic, en décrivant la stratégie numérique adoptée par la Croatie jusqu’en 2032, en mettant l’emphase sur l’accès à des connections à haut débit dans les zones rurales et le développement des compétences numériques chez les femmes.  Une approche similaire à celle du Japon, qui a lancé l’an dernier une stratégie pour le développement des ressources humaines numériques à l’intention des femmes, a expliqué sa représentante. 

La Vice-Présidente de la Commission nationale de travail sur les enfants et les femmes du Conseil d’État de Chine, Mme Frano Yi Lin, a quant à elle décrit les efforts déployés par son pays pour assurer la formation des femmes aux outils numériques ainsi que leur développement professionnel dans ce secteur, où elles représentent désormais 40% des entrepreneurs. 

Les technologies numériques étant aujourd’hui des outils essentiels pour travailler, commercer et participer à la société, la Vice-Ministre du travail et des affaires sociales de la Grèce, chargée de l’égalité entre les hommes et les femmes, de la démographie et de la famille, Mme Maria Syrengela, a jugé qu’il incombe aux gouvernements d’élaborer des politiques favorisant l’accès à ces compétences afin que les filles, comme les garçons, soient autonomisés sur le plan numérique. 

Dans cette optique, le Ministre du développement social du Soudan, M. Ahmed Adam Bakhiet, a souligné l’importance du partage d’informations et de bonnes pratiques entre les États Membres afin de résorber les inégalités régionales dans les domaines des technologies numériques et d’atteindre la parité dans la participation des femmes et des hommes à la société. 

Si les femmes et les filles sont moins scolarisées et utilisent moins les outils numériques que les hommes, l’accès à Internet et à des téléphones portables leur permet cependant d’augmenter leurs revenus, d’accroître les possibilités d’emploi et d’avoir accès à de nouvelles informations afin de bâtir un monde numérique plus inclusif, a renchéri la Ministre du genre, de l’enfance et de la protection sociale du Libéria, Mme Williametta E.  Saydee Tarr.  Pour lever ces obstacles et refermer la fracture numérique, il nous faut plaider à la fois en faveur de l’éducation numérique et de l’éducation formelle, a-t-elle ajouté, notamment dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques. 

Un appel entendu par le Botswana, qui a lancé un projet de numérisation des écoles afin de mettre en place un modèle d’enseignement hybride ciblant tant les élèves que les enseignants, a expliqué le Ministre de la jeunesse, de l’égalité des sexes, des sports et de la culture, M. Tumiso Macdonald Rakgare.  À l’université, un programme encourage également les femmes à étudier dans les sciences, la technologie et l’ingénierie, de même que les personnes en situation de handicap et celles vivant dans les zones rurales. 

En Équateur, le Gouvernement a mis en œuvre des formations à l’intention des dirigeantes autochtones, historiquement discriminées, afin de garantir leur participation aux nouveaux moyens de communication et d’améliorer leur alphabétisation, a noté la Ministre des femmes et des droits humains, Mme Paola Flores. 

La Vice-Ministre des affaires européennes et Commissaire du Gouvernement pour les droits de l’homme de la Tchéquie, s’est toutefois inquiétée du risque de fragmentation de nos sociétés qui accompagne le développement des nouvelles technologies aux niveaux national et mondial.  « L’inégalité des genres dans le monde réel se traduit également dans le monde numérique », a notamment relevé Mme Klára Šimáčková Laurenčíková, et la sécurité des filles et des femmes doit y être assurée au même niveau que dans le monde réel. 

Pour la Secrétaire générale de l’Union internationale des télécommunications (UIT), Mme Doreen Bogdan-Martin, des politiques efficaces peuvent nous aider à combler le fossé technologique « avant 300 ans », en s’attaquant aux normes sociales négatives, en priorisant l’éducation numérique et en disposant d’informations ventilées par genre.  Alors que les femmes sont souvent exclues du processus décisionnel concernant les nouvelles technologies, l’UIT lancera demain un manuel sur ces questions, notamment les obstacles à la connectivité des femmes.  « Nous devons oser agir », a-t-elle dit, en enjoignant les États Membres à assurer aux femmes les mêmes droits qu’aux hommes. 

Table ronde ministérielle 4

La quatrième table ronde ministérielle s’est de nouveau centrée sur comment « Favoriser l’innovation inclusive et les progrès technologiques en vue de renforcer les moyens d’action des femmes et des filles et de créer des espaces numériques plus sûrs ». 

Les femmes sont rarement considérées et responsabilisées en tant que créatrices de technologies et décideurs, ce qui limite leur capacité à créer des outils qui répondent aux priorités des femmes et des filles, a relevé à cette occasion la Secrétaire d’État aux politiques d’égalité et de diversité, Ministère des femmes, des genres et de la diversité de l’Argentine, Mme Pauline Calderon, dans une note de cadrage. 

Intervenant, ensuite en sa capacité nationale, elle a indiqué que les efforts de son gouvernement se heurtent à une culture « machiste », évoquant une augmentation des violences en ligne et des féminicides.  Nous essayons de changer la culture et créer les pratiques et coutumes dont nous avons besoin, a-t-elle témoigné. 

Intervention liminaire

Mme AMINA MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a relevé que les femmes ont 21% moins de chances que les hommes d’être en ligne, un écart qui atteint 52% dans les pays les moins avancés et qui empêche les femmes et les filles de participer à l’éducation en ligne, les prive de l’information et les empêche d’accéder à des services mobiles (banque, soins de santé), ou encore de s’exprimer en ligne.  Si ce fossé numérique n’est pas comblé, les femmes resteront encore plus à la traîne lorsque les sociétés récolteront les fruits des avancées technologiques, a-t-elle averti. 

En outre, les femmes et les filles ont 25% moins de chance que les hommes de disposer des connaissances et compétences nécessaires pour utiliser les technologies numériques.  De plus, elles ne représentent que 28% de la main-d’œuvre dans les domaines des STIM, et elles resteront sous-représentées dans ce secteur si rien n’est fait, a averti la responsable onusienne qui a pressé tous les États Membres à donner la priorité à l’éducation scientifique et mathématique des filles. 

Poursuivant, Mme Mohammed a sensibilisé sur la gestion des risques liés à la présence en ligne, sachant que les filles et les femmes, y compris les politiques et les journalistes, sont souvent la cible de harcèlement et d’abus en ligne.  Elle a encouragé les gouvernements, les entreprises privées et la société civile à s’unir pour lutter contre la violence et les discours de haine sexistes facilités par la technologie.  Pour leur part, a-t-elle confié, les Nations Unies travaillent avec un large éventail d’acteurs pour créer un code de conduite pour assurer l’intégrité de l’information sur les plateformes numériques.  L’objectif est de réduire les dommages et d’accroître la responsabilité tout en défendant le droit à la liberté d’expression.

   La Vice-Secrétaire générale a ensuite attiré l’attention sur le fait que les algorithmes qui façonnent l’environnement numérique sont souvent basés sur des données qui excluent les femmes et les filles.  En fait, la discrimination est intégrée dès le départ, s’est-elle désolée, plaidant pour une approche basée sur des données inclusives et diverses.  En outre, l’exclusion des femmes du monde numérique a amputé le PIB des pays à revenu faible ou intermédiaire d’un billion de dollars au cours de la dernière décennie.  Et cette perte de productivité se traduit par des milliards de dollars de pertes en impôts et en investissements dans les services publics.  La technologie numérique peut être un multiplicateur de force pour le développement durable, à condition d’assurer la pleine participation des femmes et des filles qui sont à la « hauteur de la tâche », a insisté Mme Mohamed qui a rappelé que ce sont les femmes qui ont lancé le mouvement inspirant d’activisme numérique #MeToo.

Débat interactif

Ce n’est qu’en abordant les questions d’égalité des sexes et de non-discrimination dès les premières étapes de l’éducation que nous pourrons contribuer à l’éradication des stéréotypes liés au genre, a affirmé la Ministre des femmes et des populations vulnérables du Pérou.  Mme Nancy Rosalina Tolentino Gamarra a notamment mis en avant l’outil « Learning Routes » qui vise à démystifier et à éliminer les préjugés liés au genre concernant la participation des femmes et des adolescentes dans les secteurs de l’ingénierie et des mathématiques. 

La Ministre des affaires sociales et du développement communautaire et Ministre d’État pour les femmes et les enfants du Koweït, Mme May Al-Baghly, s’est enorgueillie que son pays dispose du plus haut taux de téléphonie et de l’Internet par habitant, ainsi que de la promulgation d’une loi qui vise à protéger les femmes et les filles des violences dans l’espace cybernétique.  Le Secrétaire d’État au développement international, Ministère des affaires étrangères de Norvège, M. Bjorg Sandkjaer, a ensuite cité les mérites de la Digital Public Goods Alliance et de la création d’un pacte numérique mondial, appelant à soutenir les solutions numériques qui renforcent la participation économique et politique des femmes. 

La Ministre de la femme, de la famille et de l’enfance de Côte d’Ivoire, Mme Nasseneba Toure, a mis en avant la Stratégie nationale de développement du numérique à l’horizon 2025 pour un investissement de 3,25 milliards de dollars, suivie de la Ministre de la promotion de la femme et de la protection de l’enfance du Niger, Mme Aminata Zourkaleini, qui a parlé de la création en 2020 d’une école de codage, précisant que les filles représentaient 33% et 44% des promotions 2021 et 2022.

À son tour, la Ministre d’État, Ministère des affaires intérieures et Ministère du développement social et familial de Singapour, Mme Xueling Sun, a indiqué que dans son pays, quatre professionnels de la technologie sur 10 sont des femmes, ce qui est bien supérieur à la moyenne mondiale de 28%.  Même son de cloche du côté de l’Arabie saoudite où selon la Conseillère principale à l’autorité nationale de cybersécurité, Mme Aya Almagwashi, les femmes représentent 50 à 70% des participants dans les programmes de formation sur les compétence cybernétiques et numériques. 

Certes, mais avant de combler le fossé numérique entre les sexes, il faut déjà combler la fracture numérique entre pays afin d’éliminer l’analphabétisme numérique qui touche en particulier les femmes et les filles, a estimé la Directrice générale du service de l’autonomisation des femmes de l’Iraq, Mme Yusra Kareem Mohsin.  À ce propos, la Ministre d’État chargée de la transformation sociale d’Antigua-et-Barbuda a indiqué qu’en juillet 2022, le Ministère de l’éducation a organisé son premier camp d’été sur les STIM et la robotique.  Mme Samantha Marshalle a précisé qu’il s’agira d’un événement annuel en reconnaissance du fait qu’au moins 80% des possibilités d’emploi actuelles et futures sont liées aux STIM d’une manière ou d’une autre.  Le Bélarus a lui aussi misé sur la construction d’un pays informatique, en créant dès 2005 le High Technology Park, qui est devenu la « Silicon Valley » biélorusse et le premier cluster informatique de la région, s’est enorgueillie la Cheffe de la direction générale de la diplomatie multilatérale, Ministère des affaires étrangères, Mme Irina Velichko.

Après le Ministre de la femme, de la jeunesse, des sports et des affaires sociales du Kiribati, M. Martin Moreti, qui a fait état d’obstacles à la pleine participation des femmes et des filles à l’alphabétisation numérique et au commerce électronique, le Ministre de l’autonomisation des populations et des affaires des anciens de la Barbade, M. Kirk Humphrey, a partagé l’initiative Girls Power Tech.  Lancée dès 2018, celle-ci vise à encourager les filles âgées de 13 à 14 ans à rejoindre les programmes STIM. De son côté, la Vice-Ministre de l’innovation, de la transparence et de l’attention aux citoyens de la République dominicaine, Mme Dilia Leticia Jorge Mera, a indiqué qu’un programme de conseils d’orientation professionnelle a bénéficié à quelque 1 800 filles

La Vice-Ministre adjoint chargé des australiens autochtones et de la santé des autochtones de l’Australie, Mme Malarndirri McCarthy, a rappelé que, dès 2015, son pays a réalisé une première mondiale en matière d’égalité des sexes en créant la première commission eSafety au monde, chargée d’assurer la sécurité en ligne de tous les Australiens.

La Ministre de l’égalité des sexes et de l’enfance de Trinité-et-Tobago, Mme Alyanna Webster-Roy, a mis en avant le soutien TIC aux écoles, l’objectif étant notamment de résorber la fracture numérique dans son pays en faveur des femmes et des filles.  La Vice-Ministre de l’enseignement supérieur, des sciences et de l’innovation d’Ouzbékistan, Mme Shahlokon Turdikulova, a évoqué de son côté l’application Women’s Register, qui fournit un soutien socioéconomique, médical, juridique et psychologique à environ 900 000 femmes.  La Ministre des affaires sociales, de la famille et du genre de l’Angola, Mme Ana Paula Do Sacramento Neto, a ensuite parlé de lancement du projet SMS pour les jeunes, un outil de messagerie gratuit pour les aider à prendre des décisions positives et à suivre de bonnes pratiques en termes de santé sexuelle et reproductive, de citoyenneté, de genre et de prévention des maladies. 

Après la Ministre de l’égalité des sexes de la Suède, Mme Paulina Brandberg, qui a jugé essentiel de prévenir et combattre la violence sexiste en ligne, le Ministre du développement numérique, de l’innovation et de l’industrie aérospatiale du Kazakhstan, M. Bagdat Mussin, a fait observer que l’élimination des différences salariales ainsi que l’augmentation du nombre de femmes dans les postes de responsabilité a contribué à promouvoir la place de la femme.  De son côté, la Ministre des femmes, des enfants et de la lutte contre la pauvreté des Fidji, Mme Lynda Tabuya a signalé que si la technologie et l’innovation numériques peuvent créer de nouvelles possibilités d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques, elles peuvent également accroître l’empreinte carbone du secteur des TIC.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

LDC5: quatre pays parmi les moins avancés partagent leur expérience difficile et reçoivent en retour la solidarité et une aide concrète des États Membres

Cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés,
5e et 6e séances plénières – matin & après-midi
DEV/3452

LDC5: quatre pays parmi les moins avancés partagent leur expérience difficile et reçoivent en retour la solidarité et une aide concrète des États Membres

DOHA, 7 mars -- La cinquième Conférence des Nations Unies pour les pays les moins avancés (PMA), qui en est à son troisième jour à Doha, au Qatar, a entendu lors du débat général quatre de ces pays partager leurs difficultés marquées en grande partie par un manque de financement.  Près de soixante États et organisations internationales ont rivalisé de conseils, d’appui, de solidarité et d’aide s’inspirant du Programme d’action de Doha adopté en mars 2022, en prônant en majorité la réforme du système financier international et l’allégement de la dette des pays concernés afin qu’ils puissent libérer leur « potentiel pour en faire la source de leur la prospérité ». 

En 2011, a rappelé le Sénégal, en adoptant le Programme d’action d’Istanbul pour les PMA, la communauté internationale s’était engagée à ce que 50% des PMA (24 pays) soient reclassés au cours d’une décennie.  Or, seuls quatre pays l’ont été depuis.  « Comment faire pour éviter de reproduire les résultats du passé et pour réduire considérablement le nombre de PMA, notamment en Afrique qui en compte 33 sur les 46? » a-t-il demandé, disant que la réponse à cette question est « peut-être dans l’approche et les actions que nous avons déjà convenu d’entreprendre », sous réserve, pour les différentes parties, d’honorer leurs engagements respectifs.

Le principal défi pour les PMA est le fardeau de la dette qui constitue un véritable obstacle au développement si l’on en croit toujours le Sénégal qui a dénoncé la hausse des taux d’intérêt et le ralentissement de la croissance économique mondiale qui risquent de faire plonger beaucoup de pays dans une crise de la dette.  Il est urgent de trouver des aménagements conséquents, a plaidé ce pays, secondé par le Bangladesh qui a misé notamment sur les investissements étrangers directs pour pouvoir poursuivre ses efforts de développement.  Pour les pays dont les économies dépendent des envois de fonds des migrants, comme le Bangladesh, les coûts de ces transferts doivent diminuer, en droite ligne des engagements de la communauté internationale, a recommandé le Ministre des affaires étrangères de ce pays. 

La Ministre du plan et du développement de l’Éthiopie a, elle aussi, jugé insuffisants les efforts d’allégement de la dette des PMA ainsi que leur intégration dans les marchés mondiaux, alors que cela est indispensable pour financer leur développement.  Davantage d’investissements étrangers directs vers les PMA pendant la période de mise en œuvre du Programme d’action de Doha seront les bienvenus, a sollicité la Ministre.  L’Érythrée a en outre soulevé le problème des « sanctions injustes du Conseil de sécurité » qui entravent considérablement le développement du pays, même s’il a réussi à relancer sa croissance et à reconstruire les infrastructures essentielles.

Comme Madagascar hier, le Gabon, pays à revenu intermédiaire, a aujourd’hui salué la décision du Qatar d’allouer 60 millions de dollars à la mise en œuvre du Programme d’action de Doha.  Pour réaliser les objectifs de ce programme, la Tunisie a dit compter sur des promesses tenues et sur la créativité des institutions financières internationales quant à l’allégement de la dette, tout en encourageant les PMA à mobiliser davantage leurs ressources locales.  Plus généralement, c’est une réforme du système financier international qui a été demandée à maintes reprises au cours du débat général aujourd’hui.  Sri Lanka, par exemple, a expliqué qu’après être sorti de la catégorie des PMA, il a dû faire des emprunts à des taux à 8% par an, ce qui n’a fait que nourrir le cycle de son endettement.  Le pays a donc réclamé « la transparence et la fin de la corruption dans les institutions financières internationales ». 

La France a aussi plaidé en faveur de la refonte de l’architecture financière internationale.  Sa Secrétaire d’État chargée du développement a rappelé que face à la crise économique, la France avait initié la réallocation des droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international vers les PMA, ajoutant que 20% de ces DTS sont déjà réalloués et que le Président Emmanuel Macron s’est engagé à atteindre 30%.  L’Union européenne a aussi fait valoir son aide: en 2021, elle a fourni plus de 16 milliards d’euros dans le cadre de partenariats avec les pays en développement, tandis que le marché d’exportation européen est ouvert aux PMA, qui ont réalisé 2,2 milliards d’euros d’exportation vers l’Europe la même année.  L’UE a aussi dit soutenir l’intégration régionale des PMA comme elle appuie la zone de libre-échange continentale africaine. 

Se disant fiers d’être un des partenaires les plus fidèles des PMA, les États-Unis ont rappelé qu’ils versent annuellement 11 milliards de dollars d’aide publique au développement (APD).  L’Allemagne a réitéré sa détermination à consacrer 0,2% de son revenu national brut à l’APD.  Le Vice-Ministre des affaires étrangères du Paraguay, qui s’exprimait au nom du Groupe des pays en développement sans littoral, a saisi cette occasion pour appeler à maintenir la dynamique actuelle d’augmentation de l’APD en direction des PMA. 

La déléguée de Monaco a promis, quant à elle, d’affecter au moins 40% de ses financements à des initiatives locales, disant croire aux solutions endogènes, enracinées dans la réalité des territoires, qui sont plus pertinentes que celles importées.  Soucieuse de respecter les approches nationales des pays aidés, la Chine a demandé à la communauté internationale de comprendre les difficultés des PMA, de leur fournir une aide financière et de leur ouvrir les marchés.  De nombreuses autres délégations ont aussi plaidé pour donner aux PMA un meilleur accès aux marchés et commerces mondiaux, pour qu’ils puissent améliorer leur trésorerie.  Le Saint-Siège a fait observer à cette occasion que le commerce « ne peut être qualifié de juste que lorsqu’il se conforme aux exigences de la justice sociale ». 

« Renforcer la participation des PMA au commerce international et à l’intégration régionale » était d’ailleurs le thème de la première table ronde de haut niveau tenue le matin en parallèle du débat général, tandis que la deuxième portait sur la lutte contre les changements climatiques et le soutien à l’environnement.  En début de journée, la Conférence a élu par acclamation le Luxembourg comme l’un de ses vice-présidents.  Elle reprendra ses travaux demain, mercredi 8 mars, à partir de 9 heures.

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL

M. MOUNIR BEN RJIBA, Secrétaire d’État auprès du Ministre des affaires étrangères, de la migration et des Tunisiens à l’étranger de la Tunisie, a regretté que les engagements pris depuis 40 ans pour soutenir le développement des PMA n’aient pas été à la hauteur des défis et que les progrès soient insuffisants, voire en recul.  Il a blâmé en partie les effets de la pandémie de COVID-19, les crises alimentaire et énergétique, et le haut niveau d’endettement des PMA, alors que les sources de financement se tarissent.  Cette situation contribue à un climat d’incertitude également lié au contexte géopolitique, mettant en danger la résilience des PMA, en particulier les pays africains.  Le Secrétaire d’État y a vu une cause des migrations irrégulières, un problème qui pose des défis importants sur lesquels il faut se pencher.  La Tunisie, a-t-il dit, n’est pas épargnée par ce phénomène auquel il faut répondre collectivement.  Pour sa part, la Tunisie met l’accent sur la mobilisation des ressources locales pour promouvoir son développement tout en renforçant les relations de coopération avec ses partenaires et amis, y compris dans le cadre de la coopération Sud-Sud et triangulaire.  Revenant sur les inégalités en hausse entre les PMA et le monde développé, le Secrétaire d’État a jugé urgent de respecter les engagements pris en faveur des PMA.  À cet égard, il a espéré que le Programme d’action de Doha témoignera d’une nouvelle génération d’engagements renouvelés, car son succès réside dans les promesses tenues.  Il faut réduire la fracture numérique et le sous-financement des PMA, a-t-il encore préconisé, en appelant les institutions financières internationales à faire preuve de créativité pour permettre l’allégement de leur dette, et mettre l’accent sur les jeunes.  Il a en outre appelé les pays en développement à mobiliser plus de ressources locales et à recouvrer des ressources gelées. 

M. FRANCISCO ANDRÉ, Secrétaire d’État aux affaires étrangères et à la coopération du Portugal, a estimé que le Programme d’action de Doha et la LDC5 peuvent aider à renforcer l’engagement des partenaires du développement en faveur des PMA, mobiliser les ressources, promouvoir l’innovation et la résilience aux futures crises.  Le Portugal, a continué le Secrétaire d’État, se focalise sur la mobilisation des ressources pour les plus vulnérables dans les domaines de l’éduction, de la santé, de la gouvernance, de l’agriculture, du commerce et des investissements.  Il a mis l’accent sur la nécessité de soutenir le secteur privé des PMA, soulignant le rôle de la société portugaise en matière d’atténuation des risques et d’aide technique institutionnelle.  Le Portugal, a poursuivi le Ministre, encourage les investissements dans les domaines numérique et de l’économie bleue et verte afin de promouvoir des stratégies de développement résilientes, diverses et durables.  Il a insisté sur la nécessité de renforcer le lien entre le commerce, l’investissement et la coopération impliquant les secteurs public et privé.  Le Portugal se concentre sur les pays en situation de fragilité, notamment les petits États insulaires en développement (PEID).  Enfin, le Portugal soutient les différents processus de reclassification en promouvant « des stratégies de transition sans heurts et équilibrées ». 

Mme JOHANNA SUMUVUORI, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Finlande, a demandé de renouveler les engagements envers les PMA.  La Finlande fait confiance à ces pays qui méritent de recevoir davantage d’aide et qui sont les experts en développement, a-t-elle indiqué.  La Vice-Ministre a informé que le Gouvernement finlandais a organisé le premier forum de l’avenir des PMA en octobre 2021 afin de trouver des voies pour accélérer la réalisation des ODD dans ces pays et les aider à être compétitifs sur les marchés mondiaux.  La Vice-Ministre a par ailleurs souligné l’urgence de l’action climatique, « une question de vie ou de mort pour les PMA ».  Elle a mis l’accent sur la nécessité de passer à des stratégies d’atténuation, d’adaptation et de résilience climatique dans les PMA.  Pour sa part, la Finlande aide à bâtir la résilience de 300 millions de personnes dans le monde, a fait savoir la Vice-Ministre qui a attiré l’attention sur l’importance de la connectivité dans les PMA dans lesquels peu de gens sont connectés à Internet.  Dès lors, la Finlande contribue à la transformation numérique en Afrique subsaharienne, a informé l’oratrice avant d’appeler à combattre les inégalités entre les femmes et les hommes, les discriminations à l’encontre des femmes vulnérables ains que les violences sexistes en ligne et hors ligne.  Elle a terminé son intervention en priant de mobiliser le financement du secteur privé pour aider les gouvernements des PMA, recommandant en particulier des investissements dans les petites et moyennes entreprises de ces pays. 

Mme MARIIN RATNIK, Vice-Ministre pour les affaires économiques et de développement de l’Estonie, s’est félicitée de l’adoption du Programme d’action de Doha.  Elle a mis en avant le potentiel humain immense des PMA dont les jeunes sont l’avenir.  Consciente de l’impact de la pandémie et des conflits, comme celui en Ukraine, elle a regretté qu’ils aient eu un effet disproportionné sur ces pays et creusé les écarts.  La Vice-Ministre s’est inquiétée de voir la crise alimentaire mondiale toucher des millions de personnes dans le monde en développement, qui plus est aggravée par le conflit en Ukraine, avant de saluer à cet égard l’Initiative céréalière de la mer Noire.  Revenant sur l’histoire de son propre pays depuis son indépendance, elle a expliqué qu’il a misé non seulement sur la numérisation et l’administration en ligne pour assurer les services publics, mais également sur l’éducation, l’entrepreneuriat et l’innovation.  Aujourd’hui, l’Estonie dispose d’une communauté dynamique de start-ups, s’est-elle félicitée.  Elle a dit que l’Estonie est disposée à partager son savoir faire avec d’autres pays, ayant déjà lancé un portail de partenariats en collaboration avec l’Union européenne auquel elle a invité les PMA à participer.  En concluant, la Vice-Ministre a rappelé que le Programme d’action de Doha précise que sa mise en œuvre est une responsabilité commune des partenaires du développement.  Elle a assuré que l’Estonie est prête à jouer son rôle à cet égard.

M. KONSTANTINOS FRAGKOGIANNIS, Vice-Ministre de la diplomatie économique et de l’ouverture de la Grèce, a demandé de mettre davantage l’accent sur le développement humain dans les PMA, car le capital humain permet de mieux réagir face aux chocs extérieurs.  Il a appelé à les accompagner dans le renforcement de leurs capacités productives.  De même, étant donné que ces pays ont une économie basée sur l’agriculture, il faut les aider dans les mesures d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques.  À ce propos, il a indiqué que « l’Union européenne est le premier partenaire des PMA en matière climatique ».  Le Ministre a salué le fait que les dépenses liées aux objectifs de développement durable ont augmenté, notant que l’Union européenne et ses États membres sont les plus grands donateurs dans le cadre de l’aide publique au développement (APD).  De plus, a-t-il souligné, le G20 a récemment décidé de transférer 1 milliard de dollars de droits de tirage spéciaux aux PMA. 

M. TRAIAN LAURENTIU KRISTEA, Secrétaire d’État aux affaires diplomatiques et stratégiques de la Roumanie, a vu cette conférence comme une démonstration de l’attachement de la communauté internationale au multilatéralisme et au soutien aux PMA pour aider ces pays à faire face aux différentes crises actuelles.  Il faut imprimer un nouvel élan pour réaliser le Programme 2030, a-t-il recommandé en appelant à maintenir le niveau de solidarité qui a présidé à l’élaboration du Programme d’action de Doha.  La Roumanie, a ajouté le Ministre, entend assurer le financement durable de l’aide au développement et augmentera de 10% son aide humanitaire.  La Roumanie contribue aussi à l’exportation de céréales d’Ukraine afin d’atténuer les problèmes de la faim dans le monde causée par la guerre menée par la Russie en Ukraine, a-t-il ajouté.  Le Secrétaire d’État a indiqué que son pays a créé un fonds pour l’éducation en Afrique qui sera mis en route pour des pays du Sahel.  S’agissant de la crise climatique, il a appelé à mettre en œuvre les engagements pris lors des COP de Glasgow et de Charm el-Cheikh et à atteindre la sécurité énergétique, qui ne doit pas se faire au détriment de l’urgence climatique. 

M. JEAN-CLAUDE GAKOSSO, Ministre des affaires étrangères, de la francophonie et des Congolais de l’étranger du Congo, a constaté que le monde est en proie à l’aggravation de la pauvreté, de la faim et des inégalités, à la fracture numérique, aux changements climatiques et à la dégradation de l’environnement, alors que les situations d’urgence sanitaire et les conflits armés se multiplient.  Une personne sur trois dans les PMA vit toujours dans la pauvreté et cette proportion s’est accrue avec la pandémie de COVID-19, s’est-il alarmé.  C’est dire que la Conférence de Doha vient à point nommé pour donner l’impulsion nécessaire à l’appui collectif et à une action volontariste en faveur des PMA, a déclaré le Ministre.  Cependant, a-t-il mis en garde, « on ne peut pas faire face aux besoins d’aujourd’hui avec les ressources d’hier ».  Pour lui, la vraie réponse réside dans une meilleure synergie des efforts dans le cadre du Programme d’action de Doha, ce qui implique l’intensification de la coopération Sud-Sud, d’une part, et des partenariats plus robustes, d’autre part.  Le Programme d’action de Doha doit aussi permettre de juguler les fragilités des pays à revenu intermédiaire, a-t-il estimé.  Insistant sur l’impératif des promesses tenues pour relever les défis du développement, il en a appelé à la volonté politique des leaders de ce monde.

M. DHOIHIR DHOULKAMAL, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de l’Union des Comores, a déclaré qu’en dépit des effets de la pandémie de COVID-19 et de la crise économique et financière, des efforts énormes ont été consentis par les PMA et leurs partenaires au développement durant la décennie de mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul.  Un nombre croissant de PMA remplissent les critères de sortie de cette catégorie et d’autres se trouvent dans le processus de sortie, a-t-il souligné.  En dépit de ces avancées, il a déploré des écarts importants entre les objectifs et les cibles énoncés dans le Programme d’action d’Istanbul et ceux du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le Président a mentionné le plan de relance COVID-19 adopté par son pays, qui permet d’opérationnaliser le Plan Comores Émergent pour la période 2022-2026 visant à redresser rapidement et durablement l’économie comorienne et à maintenir une trajectoire favorable à l’émergence des Comores à l’horizon 2030.  Le Président a révélé qu’en 2018, le pays s’est vu classé par la Banque mondiale parmi les pays à revenu intermédiaire de tranche inférieure, et qu’il est en phase d’évaluation à travers les structures habilitées du système des Nations Unies pour une stratégie de sortie des PMA, à l’horizon 2029. 

Mais les progrès risquent de se voir inversés à cause des défis structurels persistants auxquels les PMA sont confrontés, ainsi que des défis et crises nouveaux et émergents, a tempéré le Président.  Il a parlé du nouveau Programme d’action des Comores pour la décennie 2022-2031, qui s’attaque aux domaines prioritaires des PMA pour parvenir à une reprise rapide et à une croissance durable et inclusive.  Nous devons également nous atteler au développement du numérique, de la science et de l’innovation, tout en facilitant l’accès à l’emploi et aux financements innovants, a-t-il reconnu.  Il a expliqué que la mise en œuvre réussie de ce nouveau programme est conditionnée par une volonté réelle et manifeste de déterminer les modes et les sources de financement.  Le Ministre a salué le geste du Qatar d’octroyer 60 millions de dollars pour la mise en œuvre du Programme d’action de Doha.

M. THARAKA BALASURIYA, Ministre d’État aux affaires étrangères de Sri Lanka, a déclaré que son pays a suivi les conférences sur les PMA depuis 1981 alors qu’il ne fait pas partie de cette catégorie.  Il a dénoncé le système financier international qui favorise l’endettement des pays en développement et qui les empêche de faire de progrès en les privant de capitaux à des taux concessionnels.  À titre d’exemple, il a dit que Sri Lanka a dû durant des années emprunter sur les marchés mondiaux à des taux de 8%.  De plus, il s’est impatienté face à ceux qui exigent des réformes alors qu’eux-mêmes ne respectent pas leurs promesses, tels les pays qui ont promis 100 milliards de dollars par an lors de la COP21 de Paris.  Nous devons nous défendre nous-mêmes, a conseillé le Ministre exhortant les PMA à saisir cette conférence pour faire de même.  Il a réitéré sa demande de réforme du système financier international dans l’objectif notamment de lutter contre la corruption et la bureaucratie internationales en son sein.  Après avoir demandé également l’émission d’obligations vertes pour le financement du développement, il a exigé plus de transparence dans l’architecture de la dette.  Il faut également réexaminer les critères de reclassement des PMA, a encore recommandé le Ministre. 

M. KAIRAT UMAROV, Vice-Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, notant que d’ici à l’année prochaine des PMA devraient être reclassés, a appelé la communauté internationale à prêter une attention particulière aux pays sans littoral qui sont plus vulnérables, tout comme les petits États insulaires en développement (PEID).  Ces trois groupes de pays, qui représentent 91 États au sein de l’ONU, doivent pouvoir compter sur une assistance de la communauté internationale dans le cadre de leur développement, a-t-il plaidé.  Pour le Kazakhstan, les priorités nationales sont la réduction de la fracture numérique et la connectivité en termes de transports.  Le Ministre a offert le soutien de son pays, lui-même enclavé, à ceux qui partagent cette situation.  Il est essentiel que les organismes internationaux et les partenaires de développement continuent d’aider les PMA dans un contexte toujours marqué par la pandémie de COVID-19 et les crises multiples, a-t-il insisté, avant de demander que les institutions financières internationales assurent un financement prévisible et de rappeler les promesses en matière d’aide publique au développement (APD).  En conclusion, il a réitéré l’engagement du Kazakhstan à appliquer les lignes directrices du Programme d’action de Doha et du Programme 2030.

Mme FETSUM ASSEFA, Ministre du plan et du développement de l’Éthiopie, a jugé insuffisants les engagements pris en termes de nivellement du terrain pour l’intégration des PMA dans les marchés mondiaux et leur accorder un allégement de la dette pour libérer davantage les ressources pour le financement du développement.  Elle a appelé à davantage d’investissements directs étrangers vers les PMA pendant la période de mise en œuvre du Programme d’action de Doha.  Selon la Ministre, cela est particulièrement nécessaire dans les domaines de l’agriculture et de l’industrie, afin de soutenir le développement des filières et accompagner les efforts des PMA dans la transformation de leurs moyens de production.  C’est dans cette optique que l’Éthiopie s’est lancée dans un programme de transition et de réformes profondes il y a quatre ans, a informé la Ministre en rappelant que le pays vient de mettre fin à un conflit interne de deux ans, avec le soutien et la solidarité de l’Union africaine (UA).  Elle a aussi fait part des efforts du pays dans le domaine de la reforestation: grâce au « Green Legacy Initiative », l’Éthiopie a réussi à planter plus de 25 milliards d’arbres en quatre ans seulement, en mobilisant toutes les couches de la société.  Avec un partenariat mondial et la solidarité, nous croyons que nous pouvons faire une percée, a espéré la Ministre.

M. LEON KACOU ADOM, Ministre délégué auprès de la Ministre d’État en charge des affaires étrangères, de l’intégration africaine et de la diaspora de la Côte d’Ivoire, a rappelé que les PMA sont les pays les plus exposés aux chocs économiques externes et aux catastrophes naturelles avec des conséquences indicibles.  C’est pourquoi il est urgent de mobiliser une nouvelle génération de mesures de soutien et de promouvoir des actions de transformation en faveur des PMA, dans le cadre de partenariats innovants à même de relever les défis structurels, sur le chemin de la réalisation des ODD.  Le Ministre a estimé que l’appui des partenaires du développement est plus que crucial pour mobiliser des investissements massifs dans les systèmes de santé et de protection sociale, l’éducation, les infrastructures critiques et l’énergie.  Ces financements sont également indispensables dans la mise en œuvre effective des mesures d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques.  À cet égard, le Ministre a appelé les pays développés à respecter leur engagement financier, notamment la nécessaire réforme de l’architecture financière internationale, y compris la question de la soutenabilité de la dette.  Il est tout aussi indéniable que le renforcement de la coopération Sud-Sud et triangulaire est essentiel pour obtenir des résultats probants dans les différents domaines.  Pour sa part, la Côte d’Ivoire a établi une série de projets et programmes à impact rapide pour accélérer la réalisation des ODD, notamment ceux liés à l’autonomisation des femmes et à la lutte contre la pauvreté. 

Mme LE THI THU HANG, Vice-Ministre des affaires étrangères du Viet Nam, s’appuyant sur l’expérience en termes de développement de son propre pays, a fait un certain nombre de propositions.  Tout d’abord, elle a fait valoir que la force interne et la compétitivité nationale sont des facteurs décisifs qui déterminent la voie du développement d’un pays.  Soulignant qu’il n’existe pas de solution unique, elle a conseillé de prendre en compte les conditions et les capacités propres à chaque pays.  En gardant cela à l’esprit, le Viet Nam s’efforce de poursuivre un développement harmonieux, rationnel et efficace, ainsi qu’une croissance économique équilibrée, tout en garantissant les facteurs culturels et sociaux, la protection de l’environnement et l’adaptation au climat, a-t-elle expliqué.  Elle a considéré à cet égard que les PMA devraient miser sur les capacités susceptibles de renforcer leur capital humain, développer des infrastructures complètes, et créer un cadre juridique et un environnement commercial favorables.  Notant aussi que le commerce international et une intégration internationale proactive jouent un rôle vital dans le développement des PMA, elle a considéré essentiel de réitérer notre soutien ferme à un système commercial multilatéral fondé sur des règles, équitable, transparent et inclusif, avec l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en son centre.  Elle a incité les PMA à appeler les partenaires de développement à leur faciliter l’accès aux marchés.  Passant au rôle de la science, de la technologie et de l’innovation, qui sont propices à la poursuite d’un développement durable, elle s’est adressée aux économies développées pour qu’elles intensifient leurs transferts de technologies, notamment vertes, vers les PMA, ainsi que leur assistance technique et leur renforcement des capacités en vue d’une transition verte.  Enfin et surtout, la paix, la solidarité internationale et les partenariats sont essentiels pour faire face aux problèmes mondiaux et mobiliser des ressources pour le développement des PMA, a martelé la Ministre avant d’exhorter les partenaires de développement à poursuivre et à renforcer le financement du développement, l’APD ou l’assistance technique pour la mise en œuvre des stratégies de transition dans les PMA. 

M. RAÚL SILVERO SILVAGNI, Vice-Ministre des affaires étrangères du Paraguay, s’exprimant au nom du Groupe des pays en développement sans littoral, a appelé la communauté internationale à renforcer son soutien aux PMA, notamment en tenant compte du fait que certains d’entre eux connaissent des situations particulières, comme le fait d’être enclavé ou d’être un petit État insulaire en développement (PEID).  Tous ces défis pèsent lourdement sur leur capacité à réaliser les objectifs de développement durable (ODD), a-t-il estimé.  Le Vice-Ministre a plaidé pour une augmentation des niveaux d’investissement et de financement dans les PMA, en particulier dans les infrastructures.  Il a aussi souhaité que soit maintenue la dynamique actuelle d’augmentation de l’aide publique au développement (APD) en direction des PMA.  Le Vice-Ministre a ensuite appelé à l’augmentation des investissements étrangers directs pour combler leurs lacunes en matière de ressources et demandé une plus grande coopération internationale en faveur des PMA.  Les pays en développement sans littoral soutiennent le Programme d’action de Doha et ses engagements, estimant qu’il s’agit là d’un outil clef permettant aux PMA d’accélérer la mise en œuvre des ODD.

M. RAJKUMAR RANJAN SINGH, Ministre d’État des affaires extérieures et de l’éducation de l’Inde, a vu dans le Programme d’action de Doha une source d’espoir pour les PMA, à condition que la communauté internationale reste solidaire de ces pays et tienne compte de leurs priorités nationales.  L’aide aux PMA doit porter sur le relèvement et résoudre les problèmes structurels graves auxquels ils sont confrontés.  Les PMA, a précisé le Ministre, ont besoin d’aide pour la diversification de leurs économies et le renforcement de leurs capacités, notamment en matière de recherche scientifique et d’innovation.  Il faut assurer l’égal accès aux infrastructures numériques, a-t-il en outre plaidé, et prévenir le surendettement des PMA.  Selon lui, il faut aussi répondre aux problèmes de trésorerie de ces pays en s’appuyant sur les institutions existantes comme le G20, le FMI et la Banque mondiale.  Le Ministre a aussi réitéré l’importance de respecter les engagements dans la lutte contre les changements climatiques et la réalisation de l’objectif zéro émission nette.  Les PMA ont également besoin d’accéder aux marchés internationaux.  L’Inde, a informé le Ministre, contribue au processus de reclassement des PMA car « elle a connu le même cheminement pour avoir été un pays pauvre à l’indépendance, devenu aujourd’hui la cinquième puissance économique mondiale ».  L’Inde octroie ainsi une aide à 35 PMA pour leur reclassement dans le cadre de la coopération Sud-Sud, en plus des 90 milliards de dollars déboursés depuis 2014 à des taux préférentiels pour 64 projets de développement dans 51 pays, dont 15 PMA. 

M. CARLOS SORRETA, Sous-Secrétaire d’État pour les relations économiques multilatérales et internationales des Philippines, constatant que l’écart se creuse entre les hémisphères Nord et Sud, a espéré que le Programme d’action de Doha contribuera à y remédier.  Il a rappelé que 40% des pauvres de ce monde vivent dans les PMA et plaidé en faveur d’un système international plus juste grâce à la mise en œuvre dudit Programme.  Les Philippines souhaitent élargir leurs partenariats avec les PMA, a assuré le Sous-Secrétaire d’État, évoquant « une responsabilité particulière » envers les PMA en tant que pays à revenu intermédiaire.  Il a insisté sur le potentiel de la coopération Sud-Sud qui doit être intensifiée.  La paix est essentielle au développement et à la prospérité, a-t-il également fait valoir, en rappelant la candidature de son pays pour un siège au Conseil de sécurité. 

M. ABDUL MOMEN, Ministre des affaires étrangères du Bangladesh, a rappelé que son pays a été l’un des facilitateurs des négociations ayant conduit à l’adoption du Programme d’action de Doha.  Il a indiqué que le reclassement du Bangladesh est prévu en 2026 et que le pays attend des investissements étrangers directs adéquats pour lui permettre de poursuivre ses efforts de développement.  Des mesures et des politiques de soutien fiscal sont tout aussi importantes pour les PMA sur la voie du reclassement, a-t-il souligné.  Il a en outre appelé les partenaires au développement à soutenir le besoin de financements à taux préférentiels pour ces pays qui perdent les avantages du statut de PMA.  Le Ministre a également appelé à un appui commercial en faveur des pays sortant de la catégorie.  Et pour les pays dont les économies dépendent des transferts de fonds des migrants, comme le Bangladesh, il a rappelé que les coûts de ces transferts doivent diminuer, en droite ligne des engagements de la communauté internationale. 

M. SHALVA TSISKARASHVILI (Géorgie), qui a d’emblée condamné l’agression russe contre l’Ukraine, a appelé la solidarité internationale en faveur des PMA pour qu’ils puissent réaliser le Programme d’action de Doha et le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il faut renouveler l’élan particulier pour les PMA, a insisté le représentant qui a dit partager des domaines d’intérêt communs avec ces pays comme la réforme de l’administration publique, la lutte contre la corruption et la création d’un environnement propice à l’investissement privé.  Nous partageons avec eux un problème commun, a ajouté l’intervenant pointant du doigt le secteur de l’éducation.  Il a appelé à travailler ensemble, au Conseil des droits de l’homme, et a demandé la mise en œuvre de politiques d’atténuation des changements climatiques.  Les PMA ne peuvent pas être laissés pour compte dans le domaine numérique, a encore alerté le représentant soulignant l’importance du Pacte numérique mondial.

Mgr EUGENE NUGENT, du Saint-Siège, a fait remarquer que le développement durable ne peut être pleinement réalisé sans une solidarité renforcée et des partenariats mondiaux revigorés entre les PMA, leurs partenaires de développement, le système des Nations Unies et la communauté internationale dans son ensemble.  Soulignant que les personnes sont la plus grande ressource des PMA et un atout essentiel pour leur développement, il a plaidé pour que la personne humaine soit mise au cœur des politiques et programmes qui visent réellement à soutenir les PMA.  Concrètement cela signifie qu’il faut promouvoir un modèle de développement favorisant le développement humain intégral de 880 millions de personnes, a expliqué l’archevêque.  À cet égard, l’éradication de la pauvreté reste le défi le plus urgent que la communauté internationale doit relever collectivement pour faire en sorte que toutes les femmes, tous les hommes et tous les enfants des PMA deviennent des « agents dignes de leur propre destin » et puissent développer pleinement leur potentiel, subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille et participer à la société.  À son avis, l’ampleur de ce défi est encore plus évidente lorsque la pauvreté est mesurée au moyen de critères globaux qui vont au-delà du revenu et incluent des indicateurs non monétaires tels que l’accès à l’éducation, à une alimentation sûre, nutritive et suffisante, à l’eau potable et à l’assainissement, ainsi qu’à l’énergie et à l’électricité. 

Reconnaissant que dans la lutte contre la pauvreté dans les PMA, le commerce joue un rôle important en termes de moteur de la croissance économique, il a martelé que le commerce « ne peut être qualifié de juste que lorsqu’il se conforme aux exigences de la justice sociale » et des relations économiques internationales fondées sur des critères éthiques, en particulier la recherche du bien commun, l’équité dans les relations commerciales, l’attention portée aux droits et aux besoins des pauvres dans les politiques relatives au commerce et à la coopération internationale, et une répartition plus équitable des revenus.  Pour le Saint-Siège, cela veut dire en fin de compte que les politiques commerciales devraient être évaluées en fonction de leur contribution à la réduction du fossé entre les nantis et les démunis.  De plus, selon le représentant, chacun des PMA devrait pouvoir « croître à sa manière et développer sa capacité d’innovation tout en respectant les valeurs de sa propre culture ».  Pour cela l’aide internationale ne devrait jamais être utilisée pour imposer des formes de « colonisation idéologique » ou pour lier l’octroi d’une aide économique à l’acceptation de telles idéologies, a-t-il insisté en recommandant, comme critère ultime, de mesurer le besoin d’aide par rapport au respect de la dignité inhérente de chaque personne et la promotion du bien commun de tous.

M. MANTAS ADOMĖNAS, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Lituanie, a évoqué les programmes d’assistance que son pays met en œuvre en faveur des PMA.  Il a notamment appelé à promouvoir l’égalité entre les sexes dans ces pays, les femmes devant avoir les mêmes droits que les hommes.  Le Ministre a par ailleurs demandé aux PMA de condamner et isoler la Russie qui a agressé l’Ukraine et engagé une guerre dont les conséquences se font sentir jusqu’à chez eux. 

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a estimé que le Programme d’action de Doha incite à aider à la réalisation du développement durable des PMA grâce notamment à la lutte contre la pauvreté ainsi que par l’acquisition de compétences et de technologies.  Le représentant a encouragé à aider les PMA à anticiper les échecs futurs.  À cet égard, Bahreïn appuie la réalisation des ODD dans les pays qui en ont besoin en apportant une aide importante, a annoncé le représentant appelant d’abord à la solidarité enracinée dans les valeurs qui nous unissent comme la coexistence pacifique.  Informant que Bahreïn accueillera cette année l’Assemblée de l’Union interparlementaire (UIP) portant sur la solidarité humaine, le délégué a insisté sur l’importance de la coopération et des partenariats dans les domaines de la technologie, de la sécurité et de la santé.  Il a appelé à davantage de participation du secteur privé dans les PMA.  Il a vanté la relation économique ouverte de son pays avec tous les pays du monde, relation qui est basée sur l’investissement, le libre-échange et le commerce.  La Stratégie de développement à l’horizon 2030 de Bahreïn comporte une politique d’ouverture du marché bahreïnien aux PMA, sa participation aux initiatives d’allégement de la dette ainsi qu’une aide à la transformation numérique.  Le représentant a, en concluant, souligné la nécessité de la diplomatie et des partenariats pour résoudre la pauvreté et ses facteurs. 

M. HERMANN IMMONGAULT, Vice-Ministre des affaires étrangères du Gabon, a salué l’adoption du Programme d’action de Doha, appelant à concrétiser ses engagements au cours des 10 prochaines années.  Les PMA, ces 46 pays « les plus en marge de la mondialisation », ont fait l’objet de cinq programmes d’action sur 50 ans, or force est de constater que les promesses n’ont pas été tenues même si de nombreux mécanismes internationaux ont permis à certains d’entre eux de sortir de cette catégorie, a regretté le Vice-Ministre.  Il a appelé à un flux accru de financements vers les PMA, y compris vers le Gabon « qui doit relever des difficultés structurelles alors même qu’il fait partie des pays à revenu intermédiaire ».  Il incombe à la communauté internationale d’apporter des réponses collectives et immédiates, a-t-il insisté en affirmant que « la pauvreté n’est pas une fatalité ».  Il en a voulu pour preuve que certains PMA ont réussi à être reclassés.  Citant une série de statistiques de la CNUCED, le Vice-Ministre a noté qu’elles ne font que confirmer que les ressources internes des PMA sont insuffisantes pour atteindre les objectifs de développement durable et qu’ils ont besoin du soutien de la communauté internationale dans un contexte marqué par des crises multiples et la relève post-COVID-19. 

Mme MARIA TRIPODI, Sous-Secrétaire d’État auprès du Ministère des relations extérieures et de la coopération internationale de l’Italie, a relevé que les PMA sont les plus exposés aux effets des crises internationales qu’ils subissent de manière disproportionnée.  Le progrès mondial ne peut advenir si un pays est laissé pour compte, a-t-elle souligné, rappelant qu’il est de la responsabilité des pays économiquement plus développés d’aider ceux qui le sont moins.  C’est pour cette raison que l’Italie accompagne les PMA, notamment dans des domaines cruciaux pour leur croissance comme l’égalité des sexes, la sécurité alimentaire, l’éducation et la santé.  À cet égard, l’Italie s’est fortement engagée dans la réponse à la pandémie de COVID-19, plaçant les principes de solidarité et de coordination mondiale multilatérale au cœur de ses actions.  Un autre domaine prioritaire pour l’action extérieure italienne est la sécurité alimentaire, a souligné la Sous-Secrétaire d’État, qui a expliqué la métamorphose des systèmes alimentaires afin de les rendre plus durables et résilients.  Cette préoccupation est d’ailleurs devenue l’un des principaux domaines d’action de la coopération au développement de l’Italie après le Sommet sur les systèmes alimentaires de 2021.  Elle a également rappelé que son pays a augmenté son aide publique au développement (APD), avec plus de cinq milliards d’euros en 2021.  Enfin, a-t-elle promis, les PMA vont pouvoir continuer de compter sur le soutien de l’Italie tout au long de leur parcours vers le développement durable.

M. CHEIKH NIANG (Sénégal) a rappelé qu’en 2011, la communauté internationale s’était engagée à ce que 50% des PMA (24 pays) soient reclassés au terme du Programme d’action d’Istanbul, mais que seuls quatre pays l’avaient été.  Aujourd’hui, notre objectif est d’amener 15 des 46 PMA, moins de 34%, à satisfaire les critères de reclassement en 2031, a-t-il souligné.  « Comment faire pour éviter de reproduire les résultats du passé et pour réduire considérablement le nombre de PMA, notamment en Afrique qui en compte déjà 33 sur les 46? »  Le représentant a indiqué que la réponse à cette question est « peut-être dans l’approche et les actions que nous avons déjà convenu d’entreprendre », sous réserve, pour les différentes parties, d’honorer leurs engagements respectifs.  Il a estimé que l’un des défis des PMA est le fardeau de la dette qui constitue un véritable obstacle au développement.  À ce propos, la hausse des taux d’intérêt et le ralentissement de la croissance économique mondiale risquent de faire plonger beaucoup de pays dans une crise de la dette, étant donné que 60% des pays les plus pauvres sont actuellement exposés à un risque élevé de surendettement ou sont déjà surendettés, a-t-il mis en garde.  Il a ainsi souligné l’urgence qu’il y a à trouver des aménagements conséquents.  Il a ensuite identifié la sécurité alimentaire et l’accès à l’énergie comme de véritables défis pour les PMA.  Selon lui, la faim et la malnutrition ne peuvent être éradiquées que par une agriculture résiliente qui soit capable d’assurer la souveraineté alimentaire.  De même, l’accès à l’électricité ne devrait pas être un luxe dans ces pays, a—t-il déploré. 

M. DAN JORGENSEN, Ministre du développement, de la coopération et de la politique climatique mondiale du Danemark, a préconisé une action urgente et collective pour remettre sur les rails les objectifs de développement durable.  Il faut s’attaquer à la crise climatique et tout faire pour préserver les acquis.  Le Ministre a préconisé de faire davantage pour les PMA, lesquels peuvent compter sur le Danemark qui respecte la cible de 0,7% pour l’aide publique au développement (APD) et de 0,2% pour l’aide climatique.  Son gouvernement a créé le fonds d’aide climatique pour remédier aux dommages provoqués par les changements climatiques dans les PMA.  De plus, le Ministre a insisté sur l’importance d’avoir des institutions démocratiques qui rendent des comptes aux citoyens et de promouvoir les financements mixtes publics-privés pour le développement.

M. ÚMARO SISSOCO EMBALÓ, Président de la République de Guinée-Bissau, a indiqué qu’avec le rétablissement de la paix et de la stabilité politique en Guinée-Bissau, le pays est désormais mieux à même de mettre en œuvre le Programme d’action de Doha, ainsi que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  Il a tout de même décrit une situation internationale marquée par les restrictions financières imposées par les hausses de prix des produits essentiels sur le marché international à la suite de la guerre en Ukraine.  Il a indiqué que les PMA ont également été fortement impactés par la COVID-19 et qu’ils continuent de faire face aux effets néfastes des changements climatiques et des catastrophes naturelles de plus en plus récurrentes.  Les risques de ne pas réaliser les ODD sont réels pour certains pays africains particulièrement vulnérables et fortement confrontés à des chocs externes et aux changements climatiques, a—t-il constaté.

M. MAKSYM SUBKH, Représentant spécial de l’Ukraine pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, a constaté à regret que les PMA sont aux prises avec des crises multiples et qu’ils en assument le fardeau le plus lourd, en particulier à cause de la flambée des prix énergétiques et alimentaires et du coût de la dette.  Appuyant le Programme d’action de Doha qui est le symbole d’une nouvelle génération de programmes, il a appelé à sa pleine mise en œuvre en vue de renforcer la résilience dans le monde.  Il a mis l’accent sur l’importance des investissements dans le capital humain pour faciliter le développement.  Le représentant a regretté les conséquences de l’invasion russe de l’Ukraine qui pèsent sur le monde entier, l’empêchant de prendre à bras le corps d’autres crises graves dont l’insécurité alimentaire.  Il a salué les efforts de la communauté internationale pour y remédier, en citant notamment le programme humanitaire ukrainien qui permet des exportations de céréales vers des pays d’Afrique et d’Asie.  Depuis l’ouverture du couloir d’exportation, il s’est réjoui que 2,7 millions de tonnes de céréales aient pu être exportées vers des pays africains, appelant la communauté internationale à tout faire pour maintenir ouvert ce couloir d’exportation.  La Fédération de Russie devrait être exclue des organismes internationaux et empêchée d’y avoir un droit de vote, a réclamé en conclusion le Représentant spécial.

M. JOSÉ ALFONSO BLANCO CONDE (République dominicaine) a dit être prêt à soutenir les PMA dans leur quête de développement, y compris au Conseil des droits l’homme au sein duquel son pays compte siéger.  Les PMA doivent s’efforcer de répondre aux besoins des populations les plus vulnérables qu’ils doivent intégrer dans leurs politiques publiques, a-t-il préconisé.  Il a évoqué le cas de Haïti, seule nation d’Amérique figurant dans la liste des PMA, qui représente « un enjeu de sécurité nationale » pour la République dominicaine qui ploie sur le poids des difficultés des personnes déplacées haïtiennes.  « La priorité est le retour urgent de la sécurité dans ce pays qu’on ne peut pas laisser dans le gouffre », a pressé le représentant. 

Mme DIANA JANSE, Vice-Ministre chargée de la coopération internationale pour le développement de la Suède, a expliqué que la nouvelle orientation de la Suède, qui consiste à regrouper l’aide au commerce et l’aide au développement au sein d’un même portefeuille ministériel, s’inscrit dans la durée de son engagement pour l’éradication de la pauvreté et va dans le sens d’un commerce international plus durable et inclusif.  Elle a jugé nécessaire de mieux cibler l’aide aux PMA afin de créer avec eux des relations commerciales durables et d’intégrer davantage les pays en développement dans le commerce mondial.  Les partenaires de développement et les politiques en matière de commerce et d’investissement peuvent se renforcer mutuellement en vue du reclassement des PMA, de la diversification des exportations, de l’intégration économique dans les chaînes de valeur régionales et mondiales, a fait valoir la Vice-Ministre, tout en favorisant la transition vers des économies plus numériques et plus vertes.  Mais les objectifs de développement durable (ODD) ne pourront être atteints tant qu’un tiers de la population mondiale reste « hors ligne », a averti la Vice-Ministre, en insistant sur l’importance d’une « vision commune de notre avenir numérique ».  Nous devons combler le fossé numérique, notamment en ce qui concerne le genre, a-t-elle insisté.  Internet doit être libre, ouvert et sûr.  Les valeurs démocratiques, les droits de l’homme et l’état de droit sont tout aussi importants en ligne que hors ligne, a-t-elle conclu, en expliquant que la Suède a l’honneur d’être le facilitateur, avec le Rwanda, du Pacte numérique mondial à convenir lors du Sommet de l’avenir de l’ONU prévu en septembre 2024. 

Mme JUTTA URPILAINEN, Commission des partenariats internationaux de l’Union européenne (UE), a passé trois messages.  Premièrement, l’UE est aux côtés des PMA sous la forme de partenariats pour réaliser le Programme d’action de Doha.  Ce programme est une base solide sur laquelle peut reposer notre coopération commune, a déclaré l’intervenante.  Elle a indiqué que l’UE a offert en 2021 plus de 16 milliards d’euros dans le cadre de nombreux partenariats avec les pays en développement.  Le marché d’exportation européen est ouvert aux PMA qui ont réalisé 2,2 milliards d’euros d’exportation vers l’Europe, a-t-elle ajouté, toujours en 2021.  La représentante a assuré que l’UE soutient l’intégration régionale des PMA comme elle appuie la zone de libre-échange continentale africaine.  L’UE respecte en outre la cible de 0,7% du revenu national brut consacré à l’APD, a indiqué la Commissaire européenne qui a noté la nécessité de l’investissement dans les PMA, dans les domaines indiqués dans le Programme d’action de Doha.  Elle a dit mobiliser le secteur privé européen pour financer des projets économiques dans les PMA.  Dans la lutte contre les changements climatiques, l’UE a consacré 23 milliards de dollars d’aide climatique en 2021, a encore déclaré la représentante en mentionnant des investissements d’infrastructures notamment le câble sous-marin pour connecter l’Europe et l’Afrique.  La Commissaire a souligné l’importance du multilatéralisme qui est un outil de mise en œuvre tangible du Programme d’action de Doha.  Elle a indiqué à ce titre que l’UE a donné 17 millions d’euro en appui au système des coordonnateurs résidents des Nations Unies.

M. RAMTANE LAMAMRA, Ministre des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger de l’Algérie, a noté les progrès des PMA qui sont sur la voie de leur reclassement, même si les résultats des pays de cette catégorie en général restent en deçà des attentes, du fait de divers crises et défis et d’une absence de financement.  Même avant la pandémie, les PMA connaissaient déjà des limitations de l’aide publique au développement (APD), a-t-il relevé, particulièrement en Afrique.  Le représentant a appelé à coordonner les efforts internationaux pour que ces crises ne viennent pas mettre à mal les acquis en termes de lutte contre la pauvreté.  L’Algérie soutient la mise en œuvre du Programme d’action de Doha, a-t-il affirmé, mais il faut y œuvrer collectivement en adoptant des outils pratiques.  Il a plaidé pour un nouveau système international équitable pour tous les pays sans discrimination, sur la base des mécanismes multilatéraux existants.  À court terme, le représentant a souhaité l’annulation de la dette des PMA et le renforcement de la chaîne d’approvisionnement alimentaire, en évitant toute spéculation.  Et à long terme, il a appelé à miser sur la diversification des économies des PMA pour leur permettre de prendre une plus grande part au commerce international.  Il a également mis en lumière le rôle des investissements dans les infrastructures de ces pays, ou encore le potentiel des zones de libre-échange, comme la zone économique exclusive (ZEE) instituée par son pays.  Pour sa part, l’Algérie mise sur une meilleure intégration régionale, partant du principe qu’elle partage un avenir commun avec les pays voisins.  Dans ce cadre, le représentant a cité des projets de fibre optique et de gazoducs.  Il a rappelé que le Président algérien a récemment annoncé l’allocation d’un milliard de dollars à la coopération au développement.

Mme HEARNES (Irlande) a indiqué que son pays soutenait tous les efforts de coordination relatifs à la sécurité alimentaire mondiale.  La crise alimentaire actuelle requiert une réponse immédiate et il faut appuyer les structures d’aide humanitaire, a-t-elle insisté.  La représentante a en outre souligné l’importance du multilatéralisme et de l’atténuation des changements climatiques.  Elle a réaffirmé l’engagement de l’Irlande en faveur du développement des PMA, tout en reconnaissant l’ampleur des défis auxquels ils sont confrontés. 

Mme KITTY VEN DER HEIJDEB, Vice-Ministre pour la coopération internationale des Pays-Bas, a jugé essentiel que les PMA et les partenaires de développement intensifient, ensemble et dans le cadre d’un partenariat égal, leur coopération en vue d’atteindre les ODD en 2030 en mettant en œuvre le Programme d’action de Doha.  Cela implique d’orienter les efforts vers les causes profondes de la pauvreté et les facteurs de conflit qui affectent tant de PMA, a-t-elle estimé, citant à ce titre les inégalités structurelles, l’absence de bonne gouvernance et d’état de droit, les changements climatiques et la course aux ressources naturelles.  La politique néerlandaise de développement se concentre sur trois régions, dont le Sahel et la Corne de l’Afrique, où l’on trouve un certain nombre de PMA confrontés à des problèmes complexes et interdépendants de fragilité et de pauvreté, a précisé la Vice-Ministre.  Faisant remarquer que dans les PMA, environ 60% de la population a moins de 25 ans, elle a recommandé de donner aux jeunes un rôle proactif dans l’élaboration d’un avenir plus durable et plus équitable.  À cette fin, dans la perspective du Sommet de l’avenir, elle a signalé que les Pays-Bas cofacilitent le processus de rédaction d’une déclaration pour les générations futures afin d’accélérer la réalisation des ODD.  À ce sujet, la Vice-Ministre a souligné que le commerce vert et numérique a le potentiel de créer des opportunités économiques pour les jeunes et les femmes, de créer des emplois et de lutter contre les inégalités.  Il faut veiller à ce qu’ils profitent de ces avantages, a-t-elle souhaité avant de souligner aussi que les femmes et les jeunes filles, qui sont les plus vulnérables aux chocs, disposent en même temps d’un énorme potentiel économique et social.  Ce potentiel restera sous-utilisé tant qu’il n’y aura pas d’égalité entre les hommes et les femmes, a mis en garde la Vice-Ministre en insistant à cet égard sur l’importance pour les femmes de pouvoir prendre des décisions en matière de santé génésique, d’utilisation de contraceptifs et de relations sexuelles.

M. GABRIEL MBAGA OBIANG LIMA, Ministre du plan et de la diversification de la Guinée équatoriale, a expliqué que pour sortir de la catégorie des PMA, il y a quelques années, le Gouvernement de son pays avait diversifié son économie pour « ne plus dépendre uniquement du pétrole ».  Sachant que la situation peut changer du tout au tout du jour au lendemain, il a recommandé que les pays s’engagent dans la coopération triangulaire et Sud-Sud et fassent montre de solidarité pour atteindre les objectifs de développement durable.  « Le Programme d’action de Doha pour les PMA est un appel à prendre en main leur propre développement », a résumé le Ministre.  En fait, a-t-il averti, il existe encore de nombreux obstacles qui empêchent ces pays de profiter de leur potentiel à cause du manque d’infrastructures et des obstacles phytosanitaires aux exportations.  Les PMA doivent se faire confiance entre eux dans le cadre de la coopération Sud-Sud, pour attirer les investissements directs étrangers. 

Mme CHRYSOULA ZACHAROPOULOU, Secrétaire d’État auprès de la Ministre de l’Europe et des affaires étrangères, chargée du développement, de la francophonie et des partenariats internationaux de la France, a relevé que 9 pays sur 10 ont vu leur situation se dégrader au cours des deux dernières années, dont la quasi-totalité des PMA.  La France, qui assure le secrétariat du Club de Paris, est particulièrement attentive aux conséquences du choc économique sur ces pays, a-t-elle dit, avant d’évoquer également les conséquences du choc environnemental.  Misant sur la capacité collective à construire un système international plus juste et plus robuste, elle a recommandé de replacer les PMA au cœur de l’agenda international.  Cela ne veut pas dire qu’il faut les considérer en tant que bénéficiaires passifs d’une charité unilatérale venant des pays dits « développés », a-t-elle tenu à préciser, ajoutant que son pays veut passer d’une logique d’aide et d’assistance à une logique d’investissement solidaire et de partenariats internationaux.

La Secrétaire d’État a ensuite expliqué le choix fait par le Président Macron d’un réinvestissement massif et continu en faveur de la solidarité internationale, en indiquant que l’APD de la France a augmenté de 70% entre 2016 et 2022, pour atteindre 0,55% de sa richesse nationale.  Les PMA sont au cœur de ses priorités, notamment en Afrique, a expliqué la représentante.  Cet engagement français est aussi un engagement européen puisque pendant la présidence française du Conseil de l’Union européenne en 2022, un texte a été adopté réaffirmant la place des PMA au cœur de la politique européenne de développement, a-t-elle encore relaté, précisant que l’Europe leur consacre plus de 10 milliards d’euros de financements.  Face à la crise économique, nous étions là pour initier la réallocation des droits de tirage spéciaux du FMI vers les PMA, a-t-elle aussi rappelé, disant que 20% de ces DTS sont déjà réalloués et que le Président Macron s’est engagé atteindre 30%.  Plaidant par ailleurs pour des solutions structurelles et mondiales, elle a misé sur le Sommet pour un nouveau pacte financier mondial entre le Nord et le Sud qui se tiendra à Paris en juin 2023.  Elle a aussi plaidé en faveur de la refonte de l’architecture financière internationale.  Enfin, elle a expliqué pourquoi la France est déterminée à trouver de nouvelles ressources pour que la protection des biens publics mondiaux comme l’environnement n’enlève pas un centime de financement à la lutte contre la pauvreté.  Elle a recommandé de parachever les premiers progrès que la communauté internationale a initiés dans le contexte de la pandémie, à savoir la réallocation des DTS et la question du cadre de traitement de la dette. 

Mme SOPHIA TESFAMARIAM (Érythrée) a rappelé à son tour que, du fait de leurs vulnérabilités, les PMA sont les premières victimes des perturbations actuelles de l’économie mondiale et des retombées des changements climatiques.  Face à ces défis colossaux, ils doivent se fixer des objectifs réalistes en matière de développement, a-t-elle expliqué, formant le vœu que le Programme d’action de Doha donnera davantage de résultats concrets que ses prédécesseurs.  Elle a relevé que dans de nombreux pays du Sud global, les populations connaissent le même niveau de pauvreté que lors de l’adoption du Programme d’action d’Istanbul il y a 12 ans.  La représentante a ajouté qu’en raison des sanctions injustes que lui imposent le Conseil de sécurité, les aspirations de l’Érythrée au développement ont été considérablement entravées.  La résilience du peuple érythréen a cependant permis de relancer la croissance de l’économie et de reconstruire les infrastructures essentielles, a indiqué la représentante, qui a cité parmi les réussites de son pays les progrès accomplis dans les domaines de l’agriculture, via des pratiques respectueuses du climat, mais aussi de la pêche, de la sécurité alimentaire et de la protection de l’environnement.  De plus, nous avons atteint la plupart des OMD en matière de santé et nous entendons poursuivre sur cette voie dans le cadre des ODD, a poursuivi la déléguée, selon laquelle l’Érythrée progresse vers une couverture santé universelle de sa population. 

M. JAGDISH DHARAMCHAND KOONJUL (Maurice) a rappelé l’objectif du Programme d’action de Doha qui est de permettre aux PMA de retrouver la voie du développement durable et de les aider à en surmonter les obstacles.  Il faut augmenter sans attendre l’aide aux PMA sinon l’atteinte des ODD nous échappera, a averti le représentant.  Le représentant a dénoncé le fait que les pays sortis de la catégorie se sentent punis par les critères de reclassement.  Il a appelé à une action climatique d’urgence pour accompagner les PMA conformément aux engagements internationaux.  Le représentant a enfin appelé de ses vœux la création du fonds climatique prévoyant de dédommager les pays en développement, les PEID en particulier, des conséquences des changements climatiques qu’ils n’ont pas causés.

Mme ISABELLE ROSABRUNETTO (Monaco) a rappelé que « nous sommes tous des pays qui devons avancer », puisque le Programme 2030 part du postulat que chaque pays doit progresser sur un certain nombre de sujets, que ce soit la lutte contre les changements climatiques, la santé pour tous, ou l’égalité femmes-hommes.  En clair, nous sommes tous des pays en développement, a—t-elle clamé.  Sur le plan international, Monaco est « le premier bailleur per capita » du Fonds vert pour le climat, a-t-elle rappelé, soulignant que l’action de ce fonds est largement orientée vers les PMA.  Depuis l’adoption des ODD en 2015, Monaco a doublé son aide publique au développement (APD) dont près des trois quarts sont dirigés vers les PMA, a-t-elle fait valoir.  La déléguée a réitéré l’importance d’une coopération internationale fondée sur les principes humanitaires et la défense des biens publics communs, assurant que Monaco ne délivre aucune aide par intérêt économique ni politique.  La représentante a précisé que la « localisation de l’aide » est une priorité pour Monaco qui ambitionne d’allouer au moins 40% de ses financements à des initiatives locales.  Nous savons que les solutions endogènes, enracinées dans la réalité des territoires, sont plus pertinentes que celles importées, a-t-elle argué.  De même, elle a dit que Monaco s’engage à faire émerger les voix de ceux que l’on entend encore trop peu: les jeunes, les femmes, le secteur associatif, les personnes déplacées ou réfugiées.  En particulier, le rôle accru des femmes constitue l’une des clefs du développement, a-t-elle avancé.  C’est pourquoi Monaco continuera d’investir en faveur de l’éducation et des filles, dans leur insertion professionnelle et dans l’entrepreneuriat des femmes, a-t-elle promis. 

M. THÓRDÍS SIGURDARDOTTIR (Islande) a indiqué que les droits humains, l’égalité des sexes et l’environnement sont des priorités inébranlables de la coopération au développement de son pays.  Le Programme d’action de Doha servira de schéma directeur pour les années à venir, a-t-il souhaité.  L’éradication de la pauvreté, l’investissement dans les personnes, la réalisation de l’égalité des sexes et la lutte contre la dégradation de l’environnement et les changements climatiques correspondent à l’orientation stratégique et aux priorités de l’Islande, a indiqué le représentant en estimant que « c’est maintenant à nous, les États Membres, de réaliser le potentiel du Programme d’action de Doha ».  Il a fait valoir que l’Islande s’est engagée à jouer son rôle, avec une APD qui continue de croître de même que son financement de base à tous ses principaux partenaires des Nations Unies.  Ses contributions au financement de la lutte contre les changements climatiques augmentent également, tout comme l’aide que l’Islande apporte à certains des pays les plus fragiles, a ajouté le représentant.  Notant que les ramifications profondes de la guerre en Ukraine ont frappé le plus durement les plus vulnérables, il a indiqué que son pays s’assure que son soutien solide à l’Ukraine s’ajoute aux niveaux existants de l’APD, sans les faire baisser. 

Mme COLEMAN (États-Unis) a affirmé que son pays est fier de faire partie des partenaires les plus fidèles des PMA.  Elle a rappelé que les États-Unis versent annuellement 11 milliards de dollars d’aide publique au développement (APD).  Se félicitant que quatre pays aient été reclassés depuis la Conférence d’Istanbul sur les PMA en 2011, elle a averti que « ce processus n’est pas une fin en soi mais un signe de progrès ».  Au-delà des reclassements passés ou à venir, les États-Unis continuent de soutenir les pays en développement qui ont quitté cette catégorie ou ne l’ont jamais rejointe, a-t-elle ajouté.  De l’avis de la déléguée, le Programme d’action de Doha est une feuille de route qui met la priorité sur la résilience plutôt que sur la reprise car il reconnaît que les PMA se heurtent à des défis interconnectés.  Les États-Unis, a-t-elle précisé, soutiennent ce Programme d’action comme ils soutiennent pleinement le Programme 2030 et ses objectifs.  « Nous appuyons cette approche intégrée, qui est la base d’une économie prospère », a poursuivi la représentante, en évoquant les 13 milliards de dollars déboursés en 2022 par son pays pour lutter contre l’insécurité alimentaire.  Les États-Unis appuient aussi les systèmes de santé des pays fragiles et ont distribué des centaines de millions de doses de vaccins contre diverses maladies, dont la COVID-19.  Face à la crise climatique, nous aidons les pays en développement à mettre en œuvre des mesures d’atténuation et d’adaptation, a-t-elle encore indiqué, avant d’appeler à davantage d’investissements dans les PMA, notamment de la part du secteur privé. 

M. EDIN ALAA (République arabe syrienne) a souligné que la pandémie a mis en lumière les faiblesses des systèmes de certains pays, en particulier des PMA qui sont frappés par ailleurs par l’insécurité alimentaire, les injustices du système économique qui a créé une véritable crise de la dette, et les effets délétères des changements climatiques.  Pour leur venir en aide, il a plaidé en faveur d’une réforme du système financier international, en insistant sur le fait que l’objectif commun doit rester l’éradication de la pauvreté.  Revenant sur le manque de résilience des PMA face aux catastrophes naturelles, il a sommé les pays développés de s’acquitter sans tarder des engagements pris à Paris et à alimenter le fonds « pertes et dommages » créé à la COP27.  Rappelant que la Syrie a été frappée par un tremblement de terre grave, il a expliqué que le Gouvernement a fait de son mieux pour venir en aide aux personnes touchées dans le nord du pays, qui est contrôlé par des organisations terroristes, en précisant qu’il a autorisé l’ouverture de deux points de passage supplémentaires pour l’assistance et les secours d’urgence.  Après avoir remercié les pays et organisations qui ont immédiatement envoyé de l’aide à la Syrie, il a fustigé les États qui ne l’ont pas fait pour des raisons politiques.  La Syrie demande la levée des restrictions la visant pour faciliter l’acheminement de l’assistance aux victimes du tremblement de terre, a déclaré le représentant en saluant les efforts en cours pour soutenir cette demande.  Avant de conclure, il a souligné que le succès du Programme d’action de Doha suppose que les partenaires de développement s’acquittent de leurs engagements en termes d’APD et de transferts de technologie.

Mme HONGBO WANG (Chine)a estimé qu’il appartient à la communauté internationale de libérer les PMA des « chaînes de la pauvreté ».  La communauté internationale, a-t-elle poursuivi, doit comprendre les difficultés des PMA, respecter leurs approches nationales, leur fournir une aide financière et leur ouvrir les marchés.  En 70 ans, la Chine a mené à bien plus de 3 000 projets d’infrastructures à travers le monde, s’est enorgueillie la représentante rappelant qu’en 2021, le Président de la Chine a lancé l’Initiative de développement mondial afin d’insuffler un nouvel élan au Programme 2030 en vue d’une rapide mise en œuvre.  La Chine mise particulièrement sur la coopération Sud-Sud afin d’aider les PMA à surmonter les obstacles au développement et entend créer une « économie mondiale ouverte. »

Mme PHANTIPHA IAMSUDHA EKAROHIT, Secrétaire permanente adjointe aux affaires étrangères de la Thaïlande, a expliqué que la coopération internationale au développement est au cœur de la politique étrangère thaïlandaise.  Ayant lui-même connu différents stades de développement, son pays reconnaît l’importance des partenariats mondiaux pour aider les pays à surmonter les obstacles au développement.  Elle s’est félicitée de l’adoption du Programme d’action de Doha qui renouvelle les engagements pris par les partenaires de développement en vue de parvenir à un redressement durable des PMA et renforcer leur résilience face aux chocs futurs.  Au fil des ans, la Thaïlande s’est activement engagée auprès des PMA dans toutes les régions, a-t-elle indiqué en rappelant notamment avoir fourni, en 2021, plus de 72 millions de dollars dans le cadre de ses programmes de coopération au développement.  La Secrétaire permanente a fait valoir que le développement des ressources humaines constitue un élément clef des initiatives de développement de la Thaïlande.  Son partenariat avec les PMA prend la forme de cours de formation, de projets de coopération technique et de bourses d’études dans divers domaines, a précisé la représentante.  Elle a en outre prôné la couverture sanitaire universelle comme fondement d’un système de protection sociale inclusif pour les pays et les communautés, en particulier les PMA.  De plus, elle a vanté les mérites de l’économie verte et bio circulaire, avant de rappeler que le développement des PMA dépend aussi de la science, de la technologie et de l’innovation, ce qui exige d’intensifier le transfert de technologies et le renforcement des capacités dans les PMA. 

M. UPTON (Nouvelle-Zélande) a constaté que les PMA sont frappés de manière disproportionnée par les chocs dantesques que connaît le monde actuellement, de la guerre illégale de la Russie en Ukraine aux changements climatiques, en passant par la crise énergétique.  S’il est urgent de préparer la riposte à ces chocs, il convient de le faire de manière à obtenir des résultats, a avancé le représentant, rappelant qu’avant même la pandémie de COVID-19, les progrès enregistrés par de nombreux PMA n’étaient pas suffisants.  La raison en est que les engagements internationaux en matière d’appui ne se sont pas toujours traduits par une assistance concrète.  Se félicitant que le Programme d’action de Doha dessine la voie à suivre, le représentant a également salué le fait que des objectifs liés à la santé, à l’éducation, à l’égalité femmes-hommes et à l’action climatique soient mentionnés dans ce plan décennal.  S’agissant du processus de reclassement, il a souhaité que soit tournée la page du produit intérieur brut (PIB) par habitant comme indicateur de développement.  Il a également appuyé la création d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle pour les petits États insulaires en développement (PEID), qui ont moins de possibilités que les autres de réagir aux chocs externes, tout en demandant que les vulnérabilités des PMA soient aussi examinées dans le cadre du reclassement. 

M. ROSNES (Norvège) a expliqué que le Gouvernement de son pays a fait de l’adaptation aux changements climatiques un domaine prioritaire de sa politique de développement.  Les pays en développement doivent être appuyés pour devenir résilients, a-t-il plaidé en s’inquiétant de l’écart croissant « entre ce qui est fait et ce qui doit être fait » pour préserver l’avenir des pays vulnérables aux changements climatiques, en particulier ceux dont les revenus sont les plus faibles.  Lors de la COP26 à Glasgow en 2021, la Norvège s’est engagée à doubler son financement pour le climat en faveur des pays en développement d’ici à 2026, a rappelé le représentant.  Dans ce contexte, l’accent sera mis sur les pays identifiés comme des partenaires dans le cadre de sa politique de coopération et sur les petits États insulaires en développement (PEID) vulnérables.  Les fonds seront utilisés pour aider ces pays à élaborer et à mettre en œuvre des plans d’adaptation nationaux, a-t-il précisé.  Pour la Norvège, qui met l’accent sur le partage des connaissances et le renforcement des compétences, il est prioritaire d’œuvrer à l’amélioration des données, des statistiques, des indicateurs et des analyses, et d’établir des rapports sur les résultats obtenus grâce aux activités conjointes. 

M. MCLEOD (Australie) a rappelé l’engagement sans faille de son pays en faveur du Programme 2030, qui est « notre projet commun pour que tous puissent vivre dans la dignité ».  Il a également souligné l’action résolue de l’Australie pour faire face à la crise climatique, qui est un défi existentiel dans de nombreux pays, en particulier les PMA.  Saluant les actions inscrites dans le Programme d’action de Doha, il a par ailleurs relevé que l’Australie a aidé 53 pays à répondre à l’insécurité alimentaire et distribué des milliers de dose de vaccins contre la COVID-19, tout en appuyant les efforts de résilience climatique dans le monde.  Pour le représentant, l’aide aux PMA et aux petits États insulaires en développement (PEID) doit être réaliste et adaptée.  C’est pourquoi, a-t-il dit, l’Australie est favorable à la création d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle dans le cadre du système multilatéral de développement.  Il a aussi plaidé pour une révision du processus de reclassement, afin qu’il mette davantage l’accent sur l’appropriation nationale. 

M. MALAFEI (Bélarus) a espéré que le Programme d’action de Doha deviendra un outil important de coopération avec les PMA et contribuera à développer leur potentiel, rappelant que sa mise en œuvre est une tâche collective.  Pour le représentant, la consolidation des efforts de développement menés au plan international doit tenir compte des besoins et priorités des PMA pour les aider à mieux surmonter les défis structurels et les impacts des multiples crises auxquelles ils sont confrontés dans la mise en œuvre du Programme 2030.  Le représentant a expliqué ce que fait le Bélarus pour contribuer à ces efforts: il coopère avec un certain nombre de PMA dans les domaines des services, de l’agriculture et des technologies agricoles, de l’ingénierie, de l’innovation, et de la fourniture d’une aide humanitaire ciblée aux pays qui en ont besoin.  Il s’est dit convaincu que la détérioration actuelle de la sécurité alimentaire dans le monde est causée non seulement par l’aggravation des inégalités de revenus, les changements climatiques et d’autres crises mondiales, mais aussi par certaines politiques de sanctions insensées de certains pays développés, qui empêchent l’accès d’un certain nombre de marchandises, dont les engrais en provenance du Bélarus et de la Russie, aux marchés internationaux.  À cet égard, il a appelé à renoncer aux pratiques néfastes qui consistent à appliquer des mesures coercitives unilatérales illégales du point de vue du droit international. 

M. FISCHBACH (Allemagne) a noté qu’en raison des crises multiples, le fossé entre pays riches et pauvres s’est creusé, tandis que les progrès enregistrés par les PMA sont plus lents à advenir.  Dans ce contexte, il a rappelé que l’Allemagne, qui est le troisième bailleur de fonds en termes d’aide au développement pour les PMA, est déterminée à y consacrer 0,2% de son revenu national brut.  De même, elle juge crucial de poursuivre sa coopération avec tous les pays, y compris les PMA, pour relever les grands défis mondiaux, à commencer par les changements climatiques, a poursuivi le représentant.  Il a annoncé que son pays avait décidé d’augmenter de 200 millions d’euros son engagement bilatéral avec plusieurs PMA.  Nous souhaitons répondre aux besoins des plus vulnérables et lutter contre la faim et la pauvreté, a-t-il affirmé.  Alors que la guerre en Ukraine a chamboulé les marchés et les chaînes d’approvisionnement mondiales, il a indiqué qu’au cours de sa présidence du G7 en 2022, l’Allemagne a lancé une alliance mondiale pour la sécurité alimentaire, ainsi qu’une feuille de route contre les risques internationaux, dont sept PMA sont parmi les premiers à bénéficier. 

Mme GONZALEZ (Chili) a salué les engagements renouvelés du Programme d’action de Doha, en particulier celui d’étudier la faisabilité de la création d’une université en ligne ou d’une plateforme équivalente pour stimuler l’éducation universitaire dans les domaines de la science, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques, dans les PMA comme dans les pays reclassés récemment.  Une initiative qui devrait permettre d’intégrer les filles dans l’éducation, a-t-elle espéré en mettant l’accent sur l’autonomisation des femmes qui est indispensable pour arriver au développement durable.  La représentante a également apprécié que le Programme d’action de Doha aborde les questions de la dégradation de l’environnement et de la résilience, rappelant qu’il faut aider les PMA à réduire leur vulnérabilité.  Les problèmes de développement ne pourront se résoudre sans l’égalité de genre et la protection de l’environnement terrestre et des écosystèmes marins, a-t-elle aussi mis en garde.  En ce qui concerne sa « politique extérieure féministe », elle a parlé notamment de son intention d’investir davantage dans l’inclusion économique des femmes pour parvenir à l’égalité de genre, l’élimination de la pauvreté et la croissance économique solide.  La représentante a aussi vanté les mérites de la coopération Sud-Sud et triangulaire, notamment pour la formation et le renforcement des capacités, assurant que son pays contribue à la coopération internationale.  Elle a apprécié la création du Mécanisme de soutien au reclassement durable avant d’exprimer ses attentes à l’égard du futur Sommet sur les ODD, qui se tiendra en septembre, sur la voie qui devrait conduire à ne laisser personne de côté.

Mme RIALLANT, de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a rappelé la promesse de la communauté internationale de ne laisser personne de côté, or les PMA se trouvent toujours dans une situation dramatique, a-t-elle regretté.  Les PMA connaissent un nombre élevé de migrants avec des profils divers et variés et comptent sur leurs envois de fonds pour financer l’économie.  Dans 10 des 46 PMA, ces envois représentent plus de 10% du produit intérieur brut (PIB), et dans cinq plus de 20% du PIB, a-t-elle précisé.  Dès lors, il devient clair qu’il faut prendre en compte comme il se doit les migrants dans le contexte du Programme 2030, a-t-elle attesté.  Selon elle, le Programme d’action de Doha contient des axes qui permettent d’utiliser au mieux les contributions des migrants.  « La mobilité humaine est un bien commun mondial et non pas un problème à régler. »

M. MCOMISCH, de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a estimé que les PMA sont riches en promesses, ne serait-ce que parce qu’ils représentent plus d’un milliard de personnes, dont de très nombreux jeunes.  L’UNESCO souhaite développer le capital humain des PMA en utilisant l’éducation et les sciences de l’information, a-t-il indiqué, rappelant à cet égard que, lors du Sommet sur la transformation de l’éducation, en septembre dernier, 29 PMA ont promis de réformer leurs systèmes éducatifs.  L’UNESCO se tient à leurs côtés, a assuré le représentant, avant d’appeler tous les États à ratifier la Convention mondiale sur l’enseignement supérieur, qui est entrée en vigueur il y a deux ans.  Par ailleurs, dans le cadre du développement de l’éducation sur la science, l’UNESCO va fournir des bourses à 200 femmes scientifiques et former 250 étudiants issus des PMA dans les cinq années à venir, a-t-il poursuivi, faisant aussi état d’un programme visant à aider ces pays à créer des cadres réglementaires pour la gestion de l’intelligence artificielle.  Il a enfin plaidé pour une meilleure utilisation du patrimoine culturel des PMA, ajoutant que l’UNESCO prévoit de les aider à être mieux représentés sur sa liste du Patrimoine de l’humanité. 

M. ZAVAZAVA, de l’Union internationale des télécommunications (UIT), a rappelé que la connectivité universelle est l’une des priorités de l’Union qui veille aussi à l’inclusivité dans ce contexte.  Aujourd’hui, dans les PMA, 36% de la population est connectée, mais il reste des différences significatives entre groupes de population et entre pays, a concédé le représentant.  Il a fait part de la volonté de l’UIT à collaborer avec les PMA dans le cadre de la mise en œuvre du Programme d’action de Doha pour faciliter davantage la connectivité à travers l’un de ses projets phare.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Femmes, paix et sécurité: au Conseil de sécurité, les États sont invités à donner aux femmes « le pouvoir de représenter leur communauté »

9276e séance, matin & après-midi
CS/15221

Femmes, paix et sécurité: au Conseil de sécurité, les États sont invités à donner aux femmes « le pouvoir de représenter leur communauté »

Les femmes continuent, à ce jour, d’être davantage touchées par les conflits armés dans le monde, et se trouvent encore exclues des décisions concernant la paix et la sécurité, malgré plusieurs résolutions chargées d’y remédier.  C’est dans ce contexte que le Conseil s’est réuni, ce mardi, veille de la Journée internationale de la femme, pour un débat de haut niveau ouvert à l’ensemble des États Membres, lors duquel se sont exprimés plus de 90 intervenants, dont une trentaine de ministres. 

L’objectif de la présidence mozambicaine du Conseil était de faire le point des mesures prises depuis le vingtième anniversaire de l’historique résolution 1325 (2000) et de se fixer de nouveaux jalons, dans la perspective de son vingt-cinquième anniversaire, en octobre 2025.  La résolution 1325 affirme en particulier l’importance de la participation des femmes aux négociations de paix, à la planification humanitaire, aux opérations de maintien de la paix, à la consolidation de la paix et à la gouvernance d’après conflit.  Dans son sillage, le Conseil a adopté neuf autres résolutions et tenu plus d’une vingtaine de séances sur le programme pour les femmes et la paix et la sécurité. 

Malgré cela, les femmes sont encore régulièrement sous-représentées, dans les processus de paix, a souligné la Secrétaire générale adjointe des Nations Unies et Directrice exécutive de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes), Sima Bahous.  « On parle toujours de paix et de sécurité en laissant de côté 50% de la population.  Pourquoi se priver d’une telle ressource? » a renchéri la lauréate du prix Nobel de la paix, Leymah Gbowee. 

La parité autour des tables de négociation de paix n’a pas été modifiée de manière significative, a ajouté la Présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Mirjana Spoljaric, pour qui les femmes ne doivent pas être présentes à la table seulement pour « remplir des quotas », mais pour obtenir « le pouvoir de représenter leur communauté ».  La France a rappelé une statistique d’ONU-Femmes selon laquelle seulement 28% des accords de paix contenaient des stipulations relatives à la place des femmes et que, durant les 25 dernières années, seuls 2% des médiateurs et 8% des négociateurs étaient des femmes. 

De nombreuses délégations, à l’instar du Ghana, ont demandé aux gouvernements, aux organisations régionales et à la communauté internationale de prendre des mesures concrètes pour garantir la participation des femmes aux décisions, et les appels à des engagements plus concrets, notamment financiers, se sont faits entendre.  Faute de financements adéquats, le programme est « comme un chien sans dents: un bel outil, mais inefficace », a formulé Mme Gbowee. 

La Présidente du CICR a rappelé que « plus de 100 conflits armés » faisaient actuellement rage dans le monde alors même que des gains historiques, durement acquis, en matière d’égalité des sexes étaient réduits à néant.  Elle a refusé d’y voir une coïncidence car « les données sont claires: plus le respect de l’égalité des sexes décline, plus la violence augmente ».  Des organisations de femmes et des personnes militant pour la cause des femmes signalent que leurs activités font l’objet de restrictions de plus en plus fortes, que la violence sexuelle continue d’être utilisée par des parties belligérantes en violation du droit international humanitaire. 

Nombre d’intervenants, surtout occidentaux, auront profité de cette séance pour s’en prendre à la Fédération de Russie.  La Lettonie l’a ainsi accusée de s’en « prendre de plus en plus aux femmes et aux filles en utilisant la violence sexuelle comme tactique de guerre ». 

Il aura aussi beaucoup été question de l’Afghanistan, l’un des exemples les plus extrêmes de régression des droits des femmes, selon la Cheffe d’ONU-Femmes, et de l’Iran, condamnée pour sa gestion brutale des manifestations en faveur des droits des femmes. 

Beaucoup de délégations ont mis en avant leur plan d’action national pour mettre en œuvre la résolution 1325.  L’Envoyée spéciale du Président de la Commission de l’Union africaine (UA) pour les femmes, la paix et la sécurité, Bineta Diop, a rappelé que 61% des États membres de l’UA en sont dotés et que l’organisation panafricaine s’est engagée à ce qu’ils soient plus de 70% d’ici à 2025.  Mme Diop a aussi appelé de ses vœux l’arrivée au pouvoir d’une « masse critique » de dirigeantes africaines, afin qu’elles n’aient plus à attendre d’être invitées aux processus de prise de décisions puisqu’elles y participeront de fait. 

Se remémorant le vingtième anniversaire de l’adoption du texte célébré en 2020 non pas comme une célébration mais comme un « rappel à l’ordre », Mme Bahous a remarqué qu’en plus de 20 ans, des progrès avaient certes été accomplis, mais que l’impunité des auteurs d’atrocités contre les femmes et les filles n’avait pas été entamée.  À la veille de la Journée internationale de la femme, il est évident qu’un changement de cap radical est nécessaire, a martelé la dirigeante d’ONU-Femmes, suggérant d’aller plus loin que la mise en place de formations, de conseils ou de renforcement des capacités.  Elle a préconisé des « mesures exceptionnelles » pour que les femmes participent aux processus de prise de décisions, sous forme de mandats, de conditions, de quotas, d’affectations de fonds, d’incitations, avec « des conséquences » si elles ne sont pas respectées.  Elle a également appelé à financer davantage « le meilleur outil dont nous disposons », à savoir le Fonds pour les femmes, la paix et l’action humanitaire

À ceux qui s’interrogent sur la pertinence du texte face aux multiples difficultés énumérées ce jour, la Vice-Ministre des affaires étrangères de Colombie a envoyé un message d’espoir.  Pour sortir d’une longue et cruelle guerre civile, le pays s’est doté du « premier accord de paix sensible au genre au monde », et prépare aujourd’hui son premier plan d’action sur la base de la résolution 1325, dont l’élaboration, a assuré la dirigeante, suscite « une explosion de participation qui nous a surpris, dépassés et gratifiés ».  La résolution 1325 est « un texte vivant » en Colombie, s’est-elle félicitée. 

LES FEMMES ET LA PAIX ET LA SÉCURITÉ: VERS LE 25E ANNIVERSAIRE DE LA RÉSOLUTION 1325 (2000) - S/2023/146

Déclarations

Mme SIMA BAHOUS, Secrétaire générale adjointe des Nations Unies et Directrice exécutive dONU-Femmes, a remarqué qu’au cours des vingt premières années ayant suivi l’adoption par le Conseil de la résolution 1325 (2000) sur les femmes et la paix et la sécurité, plusieurs jalons historiques avaient été franchis en matière d’égalité des sexes.  Cependant, le ratio hommes-femmes autour des tables de négociation de paix n’a pas été modifié de manière significative, et l’impunité dont jouissent ceux commettant des atrocités à l’encontre des femmes et des filles n’a pas vraiment été entamée.  En fait, « ce vingtième anniversaire n’était pas une célébration, mais un rappel à l’ordre », a lancé la Secrétaire générale adjointe. 

Nous étions prévenus, a poursuivi Mme Bahous en interpellant le Conseil: le fait d’ignorer nos propres engagements en faveur des femmes, de la paix et de la sécurité a eu des conséquences durables, « intergénérationnelles » pour les femmes, ainsi que des conséquences immédiates et dramatiques pour la paix dans le monde.  La Directrice exécutive d’ONU-Femmes a rappelé que, lors de la réunion du Conseil de sécurité marquant le vingtième anniversaire de la résolution, voici deux ans et demi, le Conseil avait entendu une femme afghane représentant la société civile, Zarqa Yaftali, qui disait sa fierté d’être la dixième femme afghane à être invitée à s’exprimer devant le Conseil.  Quelques mois après son passage, ses pires craintes se sont concrétisées: les Taliban ont repris le contrôle de son pays. 

L’Afghanistan est l’un des exemples les plus extrêmes de régression des droits des femmes mais il est loin d’être le seul, a fait observer Mme Bahous: cinq jours seulement après la célébration du vingtième anniversaire, des combats ont éclaté dans la région du Tigré, dans le nord de l’Éthiopie.  Le nombre de femmes et de filles violées durant ce conflit ne sera jamais connu de manière exacte, mais la Commission internationale d’experts des droits de l’homme sur l’Éthiopie a déclaré que des violences sexuelles avaient été commises à une échelle incommensurable. 

Depuis ce fameux vingtième anniversaire, plusieurs coups d’État militaires ont aussi eu lieu dans les pays touchés par les conflits, du Sahel au Soudan en passant par le Myanmar, réduisant considérablement l’espace civique pour les organisations et les activistes des droits des femmes, s’est alarmée Mme Bahous.  Elle a cité une étude récente selon laquelle les violences à caractère politique à l’encontre des femmes du Myanmar avaient au moins quintuplé à la suite du coup d’État militaire de février 2021.  « Partout, le statut des femmes est assiégé », a-t-elle prévenu. 

Les médias sociaux jouent un rôle positif dans le partage d’informations vitales et le ralliement de soutiens, mais propagent aussi de la désinformation et promeuvent la violente misogyne, aggravant les choses, a poursuivi la Secrétaire générale adjointe.  Pour elle, il est dès lors essentiel que les gouvernements et les entreprises privées collaborent pour faire de la technologie un outil de progrès. 

Alors que l’invasion de l’Ukraine il y a un an a entraîné la plus grande crise de réfugiés en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, les femmes et leurs enfants représentent 90% des quelque 8 millions d’Ukrainiens contraints de quitter le pays, a poursuivi Mme Bahous.  Les femmes et les filles représentent 68% des millions de personnes déplacées en Ukraine.  La paix est la seule réponse, avec l’engagement des femmes dans le processus. 

La pandémie a prouvé l’énorme valeur du personnel soignant, ainsi que l’importance d’investir dans la santé, l’éducation, la sécurité alimentaire ou la protection sociale, a déclaré la Secrétaire générale adjointe.  Elle a dit avoir espéré que les pays tiendraient compte des leçons tirées de « décennies d’activisme des femmes bâtisseuses de paix », et qu’ils repenseraient les dépenses militaires à la baisse.  Au lieu de cela, a-t-elle déploré, ces dépenses ont continué à augmenter, « dépassant la barre des 2 trillions de dollars », sans même compter les dépenses de ces derniers mois.  Ni la pandémie ni les problèmes liés à la chaîne d’approvisionnement n’ont empêché cette augmentation des ventes d’armes au niveau mondial. 

À la veille de la Journée internationale de la Femme, il est évident qu’un changement de cap radical est nécessaire, a martelé Mme Bahous.  Elle a tout d’abord suggéré d’aller plus loin que la mise en place de formations, de conseils, et de renforcement des capacités, en imposant des « mesures exceptionnelles » pour que les femmes participent aux processus de décision. 

Des mesures devant être caractérisées par des mandats, des conditions, des quotas, des affectations de fonds, des incitations, ainsi que « des conséquences » si elles ne sont pas respectées, a insisté la Directrice exécutive d’ONU-Femmes. 

Mme Bahous a également appelé à financer davantage « le meilleur outil dont nous disposons », le Fonds pour les femmes, la paix et l’action humanitaire.  Ce fonds est déjà financé plus de 900 organisations depuis sa création en 2015, dont un tiers au cours de la seule année dernière.  Mme Bahous s’est dite particulièrement fière que près de la moitié de ces organisations aient reçu un financement de l’ONU pour la première fois en 2022, et que 90% d’entre elles travaillent à l’échelon infranational. 

Jugeant urgent de trouver de meilleurs moyens de soutenir la société civile et les mouvements sociaux dans ces pays, Mme Bahous a appelé à être « beaucoup plus engagés » dans le financement pour de nouveaux groupes défendant en particulier les droits des jeunes femmes.  « ONU-Femmes est prête à travailler avec vous pour changer de cap et forger une nouvelle voie vers l’avenir », a-t-elle enfin lancé aux délégations.

Mme MIRJANA SPOLJARIC, Présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a rappelé que « plus de 100 conflits armés » faisaient actuellement rage dans le monde et qu’en même temps, « les gains générationnels durement acquis en matière d’égalité des sexes sont réduits à néant ».  Elle a refusé d’y voir une coïncidence, car « les données sont claires: plus le respect de l’égalité des sexes décline, plus la violence augmente ».  Le CICR, a-t-elle expliqué, constate chaque jour les « effets brutaux » des conflits armés sur les femmes et les filles, aussi bien sur les lignes de front que dans les camps ou les prisons. 

Mme Spoljaric a cité différents exemples: violences sexuelles aux mains des porteurs d’armes « à des niveaux choquants »; décès lors d’accouchements dans les sous-sols de bâtiments bombardés, sans accès aux soins médicaux; déplacements qui les exposent à des abus; mais aussi déshumanisation de femmes anciennes combattantes privées de l’égalité de traitement avec leurs homologues masculins et parfois détenues dans des prisons conçues pour les hommes.  Les réalités des femmes dans les conflits sont trop souvent invisibles et ignorées, a poursuivi la Présidente du CICR, qui a aussi rappelé leur rôle essentiel pour protéger et diriger leur famille et leur société, y compris pour rechercher leurs proches disparus. 

La Présidente du CICR a dit voir trois façons d’avancer.  Constatant d’abord que le droit international humanitaire, au cœur de la protection de toutes les victimes de conflits, protège de manière égale femmes, hommes, garçons et filles, elle a estimé que son respect permettrait d’éviter les dommages résultant des violations de ses règles.  Elle a rappelé à cet égard que la mise en œuvre effective des obligations issues du droit international humanitaire exigeait la volonté politique des États d’évaluer leur propre conduite, et « d’examiner sérieusement si leurs forces combattantes disposent des ressources et de l’expertise nécessaires pour prendre en compte la protection de l’ensemble de la population civile ».  Elle a jugé urgent que les États s’engagent à intégrer une perspective de genre dans l’application et l’interprétation du droit international humanitaire et remédient aux préjugés sexistes dans leur conduite.  Suggérant qu’ils se dotent de conseillers ayant une expertise en matière de genre, elle a estimé que de tels engagements pouvaient être pris dans le cadre des plans d’action nationaux « Femmes, paix et sécurité ». 

Mme Spoljaric a ensuite appelé les États à veiller à ce que l’interdiction de la violence sexuelle en vertu du droit humanitaire international soit intégrée dans le droit national, la doctrine militaire et la formation, jugeant « inadéquats » les définitions actuelles de la violence sexuelle.  Elle a donc réclamé des changements « solides, dotés de ressources et mis en œuvre » dans les législations et politiques nationales.  Enfin, elle a jugé essentiel que les États donnent aux femmes des moyens d’action « avant, pendant et après le début d’un conflit armé » afin d’augmenter les chances d’instaurer une paix durable.  Les femmes ne doivent pas être présentes à la table seulement pour « remplir des quotas », mais avoir le pouvoir de représenter leur communauté, a-t-elle insisté. 

En conclusion, la Présidente du CICR a rappelé que la protection de ceux qui sont confrontés à la plus grande discrimination et déshumanisation –« très souvent, les femmes et les filles »- est au cœur du respect de la loi en tant que voie vers une paix durable.  La paix se rapproche lorsque les personnes de tous les sexes sont respectées et protégées de manière égale, qu’elles sont à l’abri de toute atteinte physique et mentale et qu’elles sont économiquement autonomes, a-t-elle conclu. 

Mme BINETA DIOP, Envoyée spéciale du Président de la Commission de lUnion africaine (UA) pour les femmes, la paix et la sécurité, a évoqué la situation précaire des femmes et des filles au Sahel, en République démocratique du Congo, dans le bassin du lac Tchad et dans l’est de l’Afrique; situation associée aux changements climatiques et à une situation humanitaire difficile.  Un taux de violences sexuelles sans précédent y prive les femmes africaines de leur dignité, a-t-elle expliqué. 

S’il faut renforcer les mesures de protection, les femmes ne sont hélas pas suffisamment entendues dans les négociations de paix, a déploré Mme Diop, qui a estimé que les feuilles de route pour revenir à la paix en souffrent.  L’Envoyée spéciale a pris pour exemple un groupe de femmes éthiopiennes en retraite à Pretoria, en Afrique du Sud, à la demande de l’ancienne dirigeante d’ONU-Femmes, Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka.  La requête visant à faire participer 50% des femmes aux efforts de paix a été soulignée durant la rencontre.  Les femmes africaines ont en quelque sorte créé leur propre table, invitant les autres femmes à se joindre à elles. 

Pour accélérer la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, Mme Diop a appelé à la multiplication des plans d’action nationaux.  Pour le moment, 61% des États membres de l’Union africaine (UA) en sont dotés.  Elle s’est engagée à ce qu’ils soient plus de 70% d’ici à 2025.  Elle a aussi appelé à la création d’un réseau de femmes africaines dédié aux femmes, à la paix et à la sécurité.  Il s’agit de créer une « masse critique » de dirigeantes africaines, de sorte qu’elles n’auront plus à attendre d’être invitées aux processus de décision: elles y participeront de fait, a-t-elle expliqué.  Elle a enfin appelé à repenser la structure des tables de négociation pour que les femmes et les filles puissent davantage y participer. 

Mme LEYMAH R.  GBOWEE, lauréate du prix Nobel de la paix 2011, a affiché sa solidarité avec les femmes partout où leur droit à la vie est l’objet d’une lutte quotidienne.  La résolution 1325 a fait naître l’espoir que les femmes deviennent des acteurs de la paix, étant entendu que les hommes ne semblent être capables que de faire la guerre, a-t-elle ajouté.  Or, selon elle, 23 ans après l’adoption du texte, la situation n’a guère changé.  On parle toujours de paix et de sécurité en laissant de côté 50% de la population.  Pourquoi se priver d’une telle ressource? a demandé Mme Gbowee. 

Pour Mme Gbowee, à l’approche du vingt-cinquième anniversaire de la résolution 1325, les nations doivent investir à tous les niveaux dans le programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Cette feuille de route et ces plans sont souvent une couverture aux échecs des États pour féminiser leurs politiques; ils servent aussi à attirer les bailleurs de fonds, a-t-elle affirmé.  Elle a invité la communauté internationale à redéfinir la paix, suggérant de l’envisager non pas seulement comme l’absence de guerre, mais comme la présence réelle de conditions permettant à toutes et tous de vivre dans la paix et la sécurité. 

La mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité  ne peut se passer des ressources vitales des femmes militantes qui, sur le terrain, sont les gardiennes des communautés, a encore déclaré Mme Gbowee.  Elle a exhorté les dirigeants politiques et d’organisations internationales à accorder aux femmes un autre statut que celui de simples observatrices.  Les femmes, a-t-elle insisté, sont porteuses de solutions.  Enfin, elle a estimé que faute de financements adéquats, le programme est comme un chien sans dents, « un bel outil mais inefficace ». 

Mme Gbowee a conclu son intervention en répétant qu’il n’est plus possible de refuser à la moitié de la population mondiale une participation pleine et entière à la résolution des plus grands défis mondiaux, notamment l’insécurité climatique et alimentaire.  Ce n’est qu’en accroissant la part des femmes à la prise de décisions que nous pourrons progresser vers un monde plus juste et pacifique, a-t-elle affirmé.

Mme VERÓNICA NATANIEL MACAMO DLHOVO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Mozambique, a salué « l’approche visionnaire » avec laquelle le Secrétaire général dirige l’ONU.  La résolution 1325 (2000) a marqué un jalon en vue de la pleine participation des femmes aux efforts de paix, a-t-elle estimé.  Elle a dénoncé les violations constantes des droits des femmes en temps de conflit, nonobstant les nombreuses résolutions adoptées par le Conseil. 

La Ministre a redit l’attachement de son pays aux droits des femmes et à l’égalité entre les genres.  Elle a détaillé les politiques conduites à cet effet, en mentionnant la lutte contre les mariages précoces.  Elle a appelé à la pleine application des instruments internationaux de promotion des droits des femmes.  Elle a aussi rappelé que 43% des parlementaires de son pays sont des femmes.  Enfin, elle exhorté l’ONU à intégrer davantage la perspective de genre dans les mandats des opérations de paix, avant d’appeler à la pleine application de la résolution 1325. 

M. ALAIN BERSET, Président de la Confédération suisse, a expliqué que son gouvernement avait fait de la lutte contre la violence basée sur le genre un axe principal de sa « Stratégie Égalité 2030 ».  Pour faire face aux défis émergents, la Suisse soutient également la recherche sur les liens entre la cybersécurité et les femmes, et promeut activement l’intégration de la résolution 1325 (2000) dans sa stratégie nationale de cybersécurité. 

Affronter ces obstacles demande également un travail en réseau, a poursuivi M. Berset.  C’est pourquoi la Suisse a créé le réseau « Femmes suisses dans les processus de paix ».  Ce réseau ne réunit pas seulement l’expertise et les expériences des femmes suisses dans les processus de paix mais collabore aussi avec d’autres réseaux régionaux –africains, du Commonwealth, méditerranéen et nordique– afin de partager les bonnes pratiques. 

Pour assurer la participation des femmes, le Chef d’État a appelé à un soutien politique clair ainsi qu’à l’allocation de ressources adéquates: c’est une condition sine qua non pour que les femmes puissent s’exprimer et contribuer à une paix durable – en toute sécurité, librement, et sans peur de représailles.  Les mandats de ce Conseil font de plus en plus référence au programme pour les femmes et la paix et la sécurité, a relevé M. Berset.  Il a jugé ce fait encourageant, mais ajouté qu’il fallait désormais allier les paroles à des actes concrets en termes de budget, de personnel et de politique. 

Mme ERLYNE ANTONELA NDEMBET DAMAS, Ministre de la justice en charge des droits humains du Gabon, a déclaré que non seulement les femmes ne doivent plus payer le lourd tribut des conflits armés, mais qu’elles doivent de plus en plus faire partie de la réponse en participant pleinement à tous les processus de paix et de prise de décisions.  Cela permet également de créer un environnement propice à la prévention des conflits et au règlement pacifique des différends, a-t-elle souligné. 

Dans cette perspective, le Gouvernement gabonais a fait de la réduction des inégalités hommes-femmes un paramètre saillant de sa politique, avec pour levier la promotion de la participation des femmes dans tous les processus de prise de décisions, a assuré la Ministre.  Ce cap stratégique se traduit par la présence de femmes à des fonctions de premiers plans comme vice-présidente de la République, présidente du Sénat et présidente de la Cour constitutionnelle, y compris à la tête des départements ministériels de souveraineté, dont celui de la défense nationale ou encore le Ministère de la justice. 

Pour pérenniser la représentativité des femmes dans la sphère de gouvernance, le Gabon a l’intention de mettre en place un « programme de mentoring politique pour les jeunes femmes » dont l’objectif est de les inciter à s’engager dans l’action politique, afin d’accroître de manière significative leur représentation dans toutes les instances de prise de décisions.

Mme PAOLA FLORES, Ministre de la femme et des droits humains de lÉquateur, a déclaré que son pays s’était engagé à inclure les femmes dans les espaces stratégiques pour le maintien de la paix, notamment en veillant à avoir toujours plus de femmes dans ses forces armées et dans sa police « pour intégrer une logique de respect et de protection des droits de l’homme ».  L’Équateur, a-t-elle ajouté, travaille « avec enthousiasme et engagement » sur le plan d’action national pour la mise en œuvre de la résolution 1325, avec le soutien d’ONU-Femmes et la contribution substantielle des organisations de la société civile, ce qui, dans un pays plurinational, inclut une mobilisation active des femmes indigènes, d’ascendance africaine ou encore rurales. 

Signataire des « Engagements partagés » du programme pour les femmes et la paix et la sécurité du Conseil de sécurité dont il est membre élu, l’Équateur fait de l’intégration de ce programme dans les processus et les produits du Conseil une priorité, a poursuivi la Ministre.  Elle a toutefois dit avoir constaté avec inquiétude ces derniers mois que la violence sexuelle et sexiste était « une caractéristique constante de presque tous les conflits ».  Le recours systématique à la violence politique, aux discours de haine et à la violence sexuelle comme tactiques de guerre ne sert qu’à déshumaniser les acteurs, a-t-elle lancé. 

Mme Flores a mis l’accent sur le rôle transformateur des femmes dans les processus de transition politique et de consolidation de la paix, citant en exemple la Colombie où, a-t-elle dit, les femmes ayant survécu à la violence ont contribué de manière substantielle aux processus de médiation, de négociation et d’établissement d’une paix durable.  Rendant hommage aux « femmes médiatrices et bâtisseuses de paix », elle a souhaité que ces expériences se multiplient pour le bien des sociétés en général et a dit son admiration pour les travailleuses humanitaires. 

Rappelant en conclusion que le chemin vers une paix durable commence par l’identification des racines du conflit, la Ministre a appelé le Conseil à continuer à faire pression sur les acteurs, étatiques ou non, par le biais de tous les mécanismes possibles pour qu’ils respectent les dispositions des résolutions sur la violence sexuelle liée aux conflits.

Mme LARIBA ZUWEIRA ABUDU, Ministre du genre, de lenfance et de la protection sociale du Ghana, a demandé aux gouvernements, aux organisations régionales et à la communauté internationale dans son ensemble de prendre des mesures concrètes pour protéger les droits des femmes et garantir leur participation à la prise de décisions.  Elle a salué « l’immense courage » et « la résilience » dont ont fait preuve les femmes de la société civile et les artisanes de la paix en Afrique, leur capacité à réaliser des progrès considérables en dépit des difficultés financières, culturelles, techniques et sécuritaires. 

En Afrique de l’Ouest et au Sahel, les groupes de femmes ont joué un rôle essentiel dans la promotion de la paix et de la réconciliation, a ensuite illustré la Ministre.  Au Mali et au Nigéria, des réseaux de femmes travaillent sans relâche pour promouvoir le dialogue et la compréhension entre les différents groupes ethniques et religieux, secourir les femmes et les filles enlevées dans les territoires occupés et fournir aux survivantes secourues assistance et soutien.  Ces organisations, et bien d’autres comme elles sur le continent, « font une réelle différence dans la vie des femmes en Afrique », a-t-elle souligné. 

Au niveau national, sous la coordination du Ministère du genre, de l’enfance et de la protection sociale, le Gouvernement ghanéen poursuivra la mise en œuvre effective de la résolution 1325, par le biais de son deuxième programme d’action national couvrant la période 2020-2025, a précisé la Ministre. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD, Représentante permanente des États-Unis auprès des Nations Unies et membre du Cabinet du Président Biden, a parlé de ses nombreuses rencontres avec des femmes qui, dans les régions les plus difficiles, font chaque jour la différence pour faire advenir le changement et la paix, que ce soit en Afrique ou ailleurs.  Aider les femmes c’est, selon elle, contribuer partout à un monde plus pacifique et prospère. 

Si elle a salué les efforts louables de l’ONU en faveur des femmes, la représentante n’a pas manqué de souligner la nécessité d’assortir de mesures concrètes l’appropriation nationale du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  En Afghanistan, les Taliban privent les femmes du doit de travailler dans des ONG, signe d’une crise qui, si elle continue de s’aggraver, empêchera le pays de s’engager sur la voie de la liberté et du développement, a ensuite dit Mme Thomas-Greenfield.  Le Conseil de sécurité doit continuer à faire pression sur les Taliban pour qu’ils reviennent sur leurs décisions inacceptables, a-t-elle ajouté. 

Mme Thomas-Greenfield a ensuite évoqué un déplacement marquant à Kiev l’an dernier.  Sur place, j’ai rencontré des femmes violées et torturées par les soldats russes dont le regard ne me quittera jamais, a-t-elle raconté, assurant le Conseil que ces crimes atroces ne resteront pas impunis.  Pour la représentante, une paix pérenne, une société inclusive et prospère dépendent de la capacité des femmes à être des chefs de file.  « C’est forts de cette conviction que les États-Unis ont institué des programmes de soutien aux femmes au Kenya, en Ouganda et au niveau le plus local, celui des communautés, au Mali ou encore au Niger », a-t-elle expliqué.  Elle a également indiqué que son pays qui, en 2023, copréside avec la Roumanie le Réseau des points focaux pour le programme pour les femmes et la paix et la sécurité, s’attachera à aider les États Membres désireux d’inscrire à tous les niveaux juridiques et politiques de leur droit national la résolution 1325.

M. TARIQ AHMAD, Ministre dÉtat au Bureau des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement et Représentant spécial du Premier Ministre pour la prévention des violences sexuelles dans les conflits, a indiqué que son pays était fermement engagé à réaliser des progrès dans le domaine de la paix et de la sécurité des femmes.  En février, le Royaume-Uni a lancé son cinquième plan d’action national.  Il s’agit d’un nouveau plan pour un nouveau contexte mondial reflétant les événements en Ukraine et en Afghanistan, ainsi que les menaces transnationales, telles que le climat et la cybernétique.  Mais il ne s’agit pas seulement de l’engagement britannique à l’étranger: le pays a intégré ces mêmes principes dans ses systèmes nationaux, sa coopération militaire et sa diplomatie. 

L’un des principaux objectifs du nouveau plan est de prévenir la violence basée sur le genre, y compris la violence sexuelle liée aux conflits, et d’aider les survivants à se rétablir et à obtenir justice, a poursuivi M. Ahmad.  Une récente conférence sur la prévention de la violence sexuelle dans les conflits a démontré une volonté internationale soutenue de mettre fin à ces crimes odieux: 53 pays et le Représentant spécial du Secrétaire général ont signé la déclaration politique; 40 pays ont pris des engagements nationaux concrets sur les mesures qu’ils entendent prendre.  Le Ministre britannique des affaires étrangères a également annoncé une nouvelle stratégie triennale de lutte contre la violence sexuelle à l’égard des femmes, soutenue par un nouveau financement de plus de 12 millions de livres sterling.

Mme MARLÈNE SCHIAPPA, Secrétaire dÉtat chargée de l’économie sociale et solidaire et de la vie associative de la France, a remarqué que, dans le domaine de la participation des femmes, seulement 28% des accords de paix contenaient des stipulations relatives à la place des femmes et que, durant les 25 dernières années, seuls 2% des médiateurs et 8% des négociateurs étaient des femmes.  Or, a rappelé Mme Schiappa, selon une statistique d’ONU-Femmes, l’association des femmes aux pourparlers de paix augmente de 35% les chances d’aboutir à un accord de paix durable.  Le Conseil doit travailler à mettre en œuvre le principe du « jamais sans elles » dans ses travaux, a-t-elle donc souligné. 

La France soutient les organisations de la société civile dans la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, à travers notamment son fonds de soutien aux organisations féministes, « qui a mobilisé depuis 2019 plus de 120 millions d’euros pour financer les activités des mouvements féministes dans le monde », a soutenu la Secrétaire d’État. 

Mme REBECCA BUTTIGIEG, Secrétaire parlementaire aux réformes et à légalité de Malte, après avoir dénoncé les violences contre les femmes dans de nombreux pays inscrits à l’ordre du jour du Conseil, notamment l’Afghanistan, l’Ukraine, le Myanmar, le Yémen, la Syrie, Haïti, la République centrafricaine, le Mali, le Soudan et la Somalie, a appelé à se recentrer sur les défis de la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Les Nations Unies doivent montrer l’exemple, a-t-elle martelé, en veillant à ce que les femmes participent pleinement, sur un pied d’égalité, et de manière significative, à tous les processus de paix et de sécurité, en commençant par ceux qui sont autorisés et dirigés par les Nations Unies. 

Quant au financement, Mme Buttigieg a estimé qu’il devait être orienté de manière à inverser le déficit de financement pour l’égalité des sexes dans les situations de crise.  Les actions de prévention et de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent doivent permettre de répliquer face à la misogynie et à la violence patriarcale utilisées par les groupes terroristes dans leur propagande et leurs tactiques de recrutement.  Pour lutter contre l’impunité, le Conseil devrait faire un usage plus proactif des sanctions ciblées à l’encontre des auteurs de violences sexuelles dans les conflits et, le cas échéant, faire de la violence sexuelle comme un critère de désignation autonome. 

Mme NOURA BINT MOHAMMED AL KAAB, Ministre d’État des Émirats arabes unis, a identifié trois objectifs qui soutiennent selon elle la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Ce programme doit d’abord être un prisme à travers lequel les États examinent les menaces émergentes et nouvelles.  Les changements climatiques, par exemple, qui constituent la plus grande menace à laquelle ce monde est confronté, affecte de manière disproportionnée les femmes et les filles.  Nous devons donc soutenir leur participation et amplifier leurs voix dans les efforts visant à atténuer les impacts du réchauffement planétaire et à s’y adapter, a préconisé la représentante.  En outre, le programme pour les femmes et la paix et la sécurité doit être mis en œuvre dans son intégralité, de manière cohérente, avec des partenaires de toutes les composantes de la société.  Enfin, les États et les parties au conflit doivent mettre en place un cadre de responsabilisation solide et cohérent pour lutter contre les violences sexuelles liées aux conflits, notamment en renforçant les capacités des institutions concernées et en promouvant une approche centrée sur les survivantes. 

Mme MARIA LUISA ESCOREL DE MORAES, Ministre de lEurope et de l’Amérique du Nord au Ministère des affaires étrangères du Brésil, a estimé que les Nations Unies devaient intensifier leurs efforts pour protéger les femmes soldats de la paix contre le harcèlement sexuel et d’autres menaces à leur intégrité physique et morale.  Elle ajouté que son pays avait toujours œuvré à l’intégration d’une perspective féministe dans les pratiques du Conseil de sécurité, en encourageant notamment l’audition en séances plénières d’exposés de représentantes de la société civile. 

Nous devons également trouver des moyens d’accroître le financement et les ressources des organisations dirigées par des femmes œuvrant à la consolidation de la paix et à la résolution des conflits, a ensuite plaidé la Ministre.  Elle a salué les efforts déployés en ce sens par la Commission de consolidation de la paix.  Mme Escorel de Moraes a en outre souhaité que les données agrégées par ONU-Femmes contribuent réellement à assurer que les expériences et le point de vue des femmes sont pleinement intégrées dans les efforts internationaux de paix. 

M. GENNADY V. KUZMIN (Fédération de Russie) a rappelé la spécificité de la contribution du Conseil s’agissant du rôle des femmes par temps de conflit, avant de souligner la nécessité d’éviter les doublons.  D’autres organes, tels que l’Assemblée générale, sont compétents.  Le Conseil doit s’attacher à combattre les violences perpétrées contre les civils par temps de conflit, a dit le représentant, avant de rappeler l’importance de protéger les familles.  Enfin, il a rappelé que le vingt-cinquième anniversaire de l’adoption de la résolution 1325 (2000) aurait lieu en octobre 2025, estimant que ce sera l’occasion d’évaluer la contribution du Conseil sur cette question. 

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a estimé qu’avec la résolution 1325 (2000), le Conseil de sécurité avait créé un cadre normatif d’envergure, renvoyant de plus en plus aux femmes, à la paix et à la sécurité dans ses autres travaux.  Mais, a ajouté la représentante, « la réalité nous rattrape »: un fossé énorme demeure entre théorie et pratique, car les femmes demeurent sous-représentées, voire marginalisées, dans les négociations ayant trait à la paix et la sécurité.  Quant aux auteurs de violences sexuelles, ils demeurent impunis.  En Ukraine, en Afghanistan, des millions de femmes voient leurs vies déchirées, tout comme en Iran, où la lutte contre le régime brutal contre les femmes ne faiblit pas.  La liste est longue, a relevé la représentante. 

Pour Mme Dautllari, très peu de progrès ont été réalisés dans le contexte du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Les femmes bâtisseuses de paix l’ont parfois payé de leur vie.  Il faut donc redoubler d’efforts pour qu’un cadre normatif devienne réalité, en commençant par les zones de conflit.  La représentante a appelé les acteurs pour la paix et la sécurité à jouer un rôle davantage proactif et à rallier les femmes à leur cause, avant de se féliciter que 75% des ministres de son pays soient des femmes. 

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a estimé que la mise en œuvre intégrale de la résolution 1325 (2000) tient avant tout à l’opérationnalisation des plans d’action nationaux par les États Membres.  Le Japon a ainsi annoncé son premier plan d’action national femmes, paix et sécurité en 2015 et l’a révisé après la période de mise en œuvre initiale de trois ans.  « Nous sommes actuellement en train de formuler le troisième, et notre expérience a montré que trois éléments sont particulièrement importants: l’exhaustivité, l’inclusivité et les révisions », a précisé le représentant.  En effet, le plan doit être complet et couvrir un large éventail de questions, mais aussi être inclusif, en misant sur la coopération internationale et le partage des pratiques optimales. 

Ainsi, a fait observer le représentant, le Japon a été un contributeur majeur au Bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit.  Le Japon a, de même, soutenu leurs équipes d’experts dans le renforcement des capacités dans les secteurs judiciaire et de la sécurité.

M. LUKA MESEC, Ministre des affaires familiales et sociales de la Slovénie, a notamment indiqué que son pays, convaincu du rôle important des femmes dans la prévention et le règlement des conflits, ainsi que dans la construction et le maintien de la paix, a établi un centre de formation aux opérations de paix consacré à l’égalité des sexes et l’intégration du genre dans les missions et opérations internationales.  Ce centre, a-t-il ajouté, organise aussi des formations sensibles au genre autour des changements climatiques. 

M. Mesec a également attiré l’attention sur la nécessité de renforcer la protection des femmes de la société civile contre les représailles auxquelles elles s’exposent pour avoir partagé des informations sur des sujets et des situations spécifiques avec le Conseil de sécurité.  Ces femmes courageuses sont de véritables agents du changement, et toute tentative de faire taire leur voix est répréhensible, a-t-il lancé.

M. MARIAN JUREČKA, Vice-Premier Ministre et Ministre du travail et des affaires sociales de la République tchèque, a jugé urgent de promouvoir le programme sur les femmes et la paix et la sécurité, alors que l’agression russe contre l’Ukraine se poursuit.  La guerre de la Russie est une violation grave de la Charte et du droit et entrave la réalisation dudit programme.  Il a rappelé qu’un demi-million de réfugiés en provenance d’Ukraine se trouvent dans son pays, dont 80% de femmes et d’enfants.  Les femmes doivent s’asseoir à la table des négociations à chaque étape des processus de paix, a-t-il tranché.  « C’est très simple. »  Et cela inclut les représentantes des organisations de la société civile et les défenseuses des droits.

Mme AAWATIF HAYAR, Ministre de la solidarité, de l’intégration sociale et de la famille du Maroc, a indiqué que son pays avait suivi une approche globale et intégrée dans la mise en œuvre de son plan d’action national pour répondre aux nouveaux défis sécuritaires qui se posent aujourd’hui.  Il constitue une plateforme d’action sur la base des axes de la diplomatie préventive que sont la médiation, le maintien de la paix, le renforcement de la culture de la paix, l’égalité, et la participation économique de la femme.  Par ailleurs, depuis 1992, a relevé la Ministre, 2 100 Marocaines ont travaillé sans relâche au sein des opérations de maintien de la paix en contribuant à lutter contre la violence à l’égard des femmes et au respect de leurs droits lors des conflits et après les conflits.  La participation des Marocaines aux opérations de la paix a trait à de nombreux domaines, parmi lesquels la santé, les télécommunications, la logistique, l’administration, l’aide sociale et les opérations militaires, a-t-elle précisé. 

Mme TAINA BOFFERDING, Ministre de légalité entre les femmes et les hommes du Luxembourg, a déclaré qu’à l’approche du vingt-cinquième anniversaire de la résolution 1325, il restait beaucoup à faire, les femmes et les filles continuant de faire face à de multiples défis en ce qui concerne leur participation aux processus décisionnels et aux efforts de prévention et de résolution des conflits.  Ceci est d’autant plus vrai pour les personnes LGBTIQ+ ainsi que les femmes en situation de handicap, a-t-elle ajouté, notant que les femmes, y compris les migrantes, doivent être habilitées politiquement et économiquement et être représentées de manière égale à tous les niveaux de décision. 

Le Luxembourg continue de financer des initiatives visant à promouvoir l’autonomisation et la participation des femmes et des filles, notamment dans le cadre de son aide publique au développement, a indiqué la Ministre.  Par son adhésion au Pacte sur les femmes, la paix, la sécurité et l’action humanitaire, et guidé par sa nouvelle stratégie humanitaire, le Luxembourg accorde une attention particulière aux questions de genre et contribue aux efforts de nos partenaires humanitaires pour prévenir et répondre aux violences sexuelles et sexistes, y compris dans les crises oubliées et sous-financées, a-t-elle encore dit.  Elle s’est par ailleurs félicitée du renforcement, en 2022, du libellé relatif aux femmes et la paix et la sécurité dans les résolutions portant sur les missions de l’ONU en Afghanistan et au Yémen.

Mme WAFA BANI MUSTAFA, Ministre du développement social de la Jordanie, a annoncé que la Jordanie avait déployé davantage d’efforts pour inclure les femmes dans les processus décisionnels, et voté une loi contre les violences domestiques et contre la traite d’êtres humains.  La Jordanie a été l’un des premiers pays arabes à se doter d’un plan d’action national pour les femmes, la paix et la sécurité, notamment pour protéger les femmes réfugiées victimes de violences et pour améliorer les infrastructures qui leur sont destinées.  Concernant la réponse à la crise syrienne, la Jordanie a mis en place un plan d’action visant à renforcer la protection sociale des réfugiées syriennes.

Mme LIN YI, Vice-Présidente du Comité national de travail sur les femmes et les enfants de la Chine, a déclaré que les femmes ont des rôles cruciaux à jouer dans les efforts de règlement des conflits.  Elles ont toute leur place à la table des négociations.  Elle a souligné l’importance de la Déclaration de Beijing, avant d’appeler à l’autonomisation des femmes.  Il est temps de tenir nos engagements en vertu du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, a-t-elle tranché, en insistant sur l’attachement de la Chine aux droits des femmes.  Elle a détaillé les politiques menées à cet effet, en indiquant que les femmes représentent 55% des entrepreneurs dans le domaine des nouvelles technologies en Chine.  Enfin, elle a souligné l’apport de son pays à la promotion de la santé maternelle et infantile en Afrique. 

Mme AISHA JUMWA K. KATANA, Secrétaire permanente aux services publics, au genre et à la discrimination positive du Kenya, a souligné combien, dans les faits, les femmes jouent un rôle préventif dans les processus de paix, en tant que premières intervenantes de terrain, de gardiennes de la paix acquise, de médiatrices ou encore de défenseuses des droits humains.  Pour la Ministre, compte tenu de l’impact négatif que les conflits armés et les normes culturelles non inclusives continuent d’avoir sur l’émancipation des femmes, il demeure important d’améliorer leurs moyens de subsistance et surtout de renforcer leur rôle dans la construction, la négociation et le maintien de la paix.  Nous devons rendre leur travail, leurs expériences et leurs réalisations visibles et faire en sorte que leur voix soit entendue à tous les niveaux, a encore déclaré Mme Katana.  Par ailleurs, elle a demandé au Conseil de rester déterminé à intégrer l’égalité des sexes dans ses travaux et de s’attaquer aux vulnérabilités accrues des femmes et des filles dans les contextes de conflit, de postconflit et d’intervention humanitaire.  Autant de points reflétés dans l’initiative des engagements partagés que le Kenya a eu l’honneur de cofonder aux côtés du Mexique et de l’Irlande, a-t-elle ajouté.  Au plan régional, Mme Katana a salué l’action de l’Envoyée spéciale du Président de la Commission de l’UA pour les femmes, la paix et la sécurité en faveur du dialogue intergénérationnel et de la participation pleine, égale et significative des femmes aux processus de paix en Afrique.  Enfin, la Ministre a signalé les efforts déployés par son pays pour intégrer la dimension du genre dans des mécanismes nationaux d’alerte précoce tels que les comités locaux de paix et réseaux locaux de médiation.

Mme MAI JASEM AL-BAGHLI, Ministre des affaires sociales du Koweït, a demandé des efforts supplémentaires pour autonomiser les femmes et protéger leurs droits aux niveaux national et international.  Elle a souligné l’importance de réaliser l’objectif 5 de développement durable sur l’égalité entre les genres.  Le programme est un outil essentiel, a continué la Ministre, en rappelant que les femmes sont toujours les premières victimes des conflits.  Mais elles ont aussi des rôles cruciaux à jouer dans la prévention et le règlement des conflits, a-t-elle déclaré.  Elle a rappelé que la participation des femmes permet la pérennisation des processus de paix.  Je suis un exemple vivant de l’engagement de mon pays en faveur des femmes, a conclu la Ministre, avant de rappeler la résistance des femmes koweïtiennes face à « l’occupation ». 

M. RODERIC O’GORMAN, Ministre des enfants, de l’égalité, des personnes handicapées, de l’intégration et de la jeunesse de l’Irlande, a déclaré que son pays s’était toujours efforcé d’amplifier la voix des femmes directement touchées par la guerre et les conflits.  Aux côtés du Kenya et du Mexique, l’Irlande, lorsqu’elle siégeait au Conseil, a ainsi lancé une série d’engagements, notamment pour assurer la participation des femmes et la représentation de la société civile dans le cadre des délibérations de cet organe.  Et au niveau national, a précisé le Ministre, son pays s’est engagé à faire progresser le programme pour les femmes et la paix et la sécurité par le biais de plans d’action nationaux et d’une approche pangouvernementale, même si « nous sommes conscients qu’il reste encore beaucoup à faire pour combler le fossé entre le discours et la réalité ». 

Mme LINDIWE ZULU, Ministre du développement social de lAfrique du Sud, a souligné que les freins persistants au développement durable ont un effet déstabilisateur sur l’émancipation les femmes, au point de pouvoir inverser certains des progrès réalisés ces dernières années dans la promotion des droits des femmes et des filles dans les situations de conflit et de postconflit.  Reconnaissant que les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité avaient permis d’améliorer la participation et la représentation des femmes dans les processus de paix, la consolidation de la paix et le maintien de la paix, la Ministre a toutefois rappelé que beaucoup reste à faire sur la voie de l’égalité entre les sexes.  À ses yeux, le Nouvel Agenda pour la paix proposé par le Secrétaire général des Nations Unies, le renforcement des partenariats entre l’ONU et les organisations régionales et la pleine application des résolutions du Conseil offrent encore des opportunités d’accélérer la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité. 

Concernant la politique de son gouvernement, Mme Zulu a assuré qu’il continuera de renforcer les mécanismes nationaux existants qui se concentrent sur la formation et le renforcement des capacités des femmes en matière de prévention des conflits et de médiation, cela en déployant notamment davantage de femmes dans les opérations de maintien de la paix et en promouvant les droits des femmes.

Mme ANA PAULA DA SILVA DO SACRAMENTO NETO, Ministre de action sociale, de la famille et de la promotion des femmes de l’Angola, qui s’exprimait au nom de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), a déclaré que cette dernière était particulièrement attachée à la pleine réalisation de l’objectif 5 de développement durable, relatif à l’égalité de genre et la promotion des femmes et filles, et de la résolution 1325 du Conseil de sécurité, laquelle manifeste depuis près d’un quart de siècle la sensibilité de la communauté internationale au sort des femmes et des filles dans les conflits armés et souligne l’importance de la participation des femmes aux processus de rétablissement de la paix. 

Mme da Silva do Sacramento Neto a mis l’accent sur l’approbation et la conduite, par une majorité d’États membres de la CPLP et conformément à la résolution 1325, de plans d’action nationaux du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Nous devons trouver des moyens de soutenir les organisations locales de femmes, car elles sont souvent en première ligne pour répondre aux défis et peuvent avoir un impact efficace sur le terrain, a-t-elle également indiqué.  Elle a en outre pris l’engagement que ces pays continueront d’envoyer davantage de femmes pour les représenter dans les missions de maintien de la paix afin que « non seulement celles-ci, mais tous nos Casques bleus puissent continuer à œuvrer pour une mise en œuvre efficace des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies sur les femmes et la paix et la sécurité ».  À cette fin, elle a appelé au renforcement de la synergie entre plans d’action nationaux et mécanismes onusiens.  Nous devons également nous concentrer sur la diplomatie préventive et assurer la participation pleine, égale et significative des femmes à toutes les étapes des processus de paix, a conclu Mme da Silva do Sacramento Neto. 

Mme AYANNA WEBSTER-ROY, Ministre au sein du cabinet du Premier Ministre responsable du genre et de lenfance de Trinité-et-Tobago, a rappelé que, convaincu de la nécessité de faire progresser l’égalité des sexes dans les initiatives de paix et de sécurité des Nations Unies, Trinité-et-Tobago avait présenté en 2010 la première résolution de l’Assemblée générale sur les femmes, le désarmement, la non-prolifération et la maîtrise des armements.  Cette résolution, a-t-elle ajouté, fut présentée à l’occasion du dixième anniversaire de l’adoption de la résolution 1325, son objectif stratégique restant d’inciter la communauté internationale à adopter et institutionnaliser des formules de représentation équitable des femmes, à tous les niveaux, y compris donc dans les processus décisionnels liés à la paix et à la sécurité. 

La Ministre a fait également savoir qu’il y a quelques semaines, Trinité-et-Tobago avait nommé sa première femme commissaire de police et que, pour la première fois il y a cinq ans, son pays avait élu sa première femme chef d’État et commandant en chef des forces armées.

Mme DILIA LETICIA JORGE MERA, Vice-Ministre pour l’innovation, la transparence et les services aux citoyens de la République dominicaine, a rappelé que l’application du programme pour les femmes et la paix et la sécurité est la responsabilité de tous.  La violence sexuelle en temps de conflit est un affront intolérable, a-t-elle dit, en souhaitant que les missions de paix soient mieux outillées pour faire face à ce fléau.  Enfin, elle a rappelé que son pays est candidat à un siège au sein du Conseil des droits de l’homme et fera de la promotion des droits des femmes une priorité. 

M. VLADIMIR FRANCO, Vice-Ministre des relations extérieures du Panama, a appelé à prendre ses distances par rapport aux points de vue qui perçoivent et justifient la violence à l’égard des femmes comme une manifestation de certaines cultures ou comme le privilège incontesté de groupes ou d’individus dans l’exercice du pouvoir.  La violence à égard des femmes est une violation des droits humains, a-t-il rappelé, avant de dénoncer le fait que, même en l’absence de bombes et d’obus, les corps des femmes et des filles soient devenus « des champs de bataille pour des miliciens armés sans scrupules et pour ceux qui profitent du chaos de la guerre pour déchaîner la violence contre les membres les plus vulnérables de leurs communautés ». 

Dénonçant les exclusions subies par les femmes, le Vice-Ministre a expliqué que le Panama reconnaît la résolution 1325 dans ses deux perspectives: la condition de victimes des femmes dans les conflits armés et leur rôle de premier plan dans la prise de décisions en matière de prévention des conflits et dans les négociations pour l’établissement et la consolidation de la paix.  Le Panama soutient les actions adoptées par le Conseil de sécurité dans le but de protéger et de garantir les droits des femmes et des filles, renforçant ainsi la démocratie et l’état de droit.  Pour M. Franco, il ne fait plus aucun doute aujourd’hui que l’autonomisation des femmes expertes participant aux délégations gouvernementales a donné lieu à une véritable approche de la résolution des conflits, avec un visage plus humain.  De même, le soutien aux femmes dans les zones de conflit a été déterminant pour la mise en œuvre des accords de paix.  L’autonomisation des femmes est un gage de réussite dans l’établissement d’une paix durable, a-t-il ajouté, et c’est pourquoi, si nous voulons garantir des sociétés pacifiques, inclusives et démocratiques, nous devons défendre les droits des femmes dans tous les contextes.

Mme MARIE BJERRE, Ministre du gouvernement numérique et de légalité de genre du Danemark, qui s’exprimait au nom des pays nordiques, (Danemark, Finlande, Islande, Norvège et Suède), a rappelé que les femmes étaient toujours en première ligne dans les conflits et les crises, y compris au cœur de la réponse humanitaire, citant notamment le cas de l’Ukraine.  Mais, a-t-elle dénoncé, cette participation des femmes aux efforts de maintien de la paix et de la sécurité se fait, en Ukraine et ailleurs, sous la menace constante et inacceptable de violences sexuelles liées aux conflits.  Elle a donc appelé toutes les parties aux conflits armés à respecter les obligations qui leur incombent en vertu du droit international humanitaire et des droits de l’homme, à prévenir les violences sexuelles liées aux conflits et à rendre compte de celles qui sont commises, « partout et toujours ». 

Les pays nordiques appellent le Conseil de sécurité à veiller à ce que les opérations de paix des Nations Unies soient dotées d’un mandat global Femmes, paix et sécurité ».  Au-delà du travail du Conseil, ils demandent que les femmes participent pleinement et sur un pied d’égalité aux processus de prise de décisions et de consolidation de la paix: ils estiment que les organisations dirigées par des femmes devraient avoir accès à un financement flexible - pour le renforcement des capacités, la participation et la protection contre les représailles.  Ils appellent en outre à « défendre les “défenseurs” » pour mettre fin aux intimidations, attaques et représailles à l’encontre de toutes les femmes défenseuses des droits humains, artisanes de la paix et dirigeantes de la société civile.  Le Conseil de sécurité, et l’architecture de paix et de sécurité des Nations Unies dans son ensemble, ont besoin d’être informés par un groupe diversifié de présentateurs, a fait valoir la Ministre, qui a appelé à garantir une « tolérance zéro » pour les représailles. 

Mme ÁNGELES MORENO BAU, Secrétaire dÉtat aux affaires étrangères de l’Espagne, a préconisé de dénoncer publiquement les violences sexuelles liées aux conflits et de prendre des mesures plus décisives pour les prévenir et pour s’assurer que leurs auteurs soient traduits en justice. 

Au niveau national, la représentante a annoncé avoir présenté devant le Congrès des députés espagnols en décembre 2022 le plan d’action national pour les femmes et la paix et la sécurité.  Ce suivi a non seulement permis de faire le point sur ce qui a été réalisé, mais a également montré la nécessité d’améliorer la qualité de la vie des femmes et de réfléchir au prochain plan, qui devrait être élaboré d’ici à la fin de l’année, et pour lequel Mme Moreno Bau s’est engagée à ce que la société civile participe cette fois encore. 

M. BILAWAL BHUTTO ZARDARI, Ministre des affaires étrangères du Pakistan, a axé son intervention sur les femmes vivant dans les territoires sous occupation étrangère, comme au Jammu-et-Cachemire ou dans les territoires palestiniens occupés, où, a-t-il affirmé, les crimes les plus graves peuvent être commis.  Il doit être fait clairement et spécifiquement mention dans les textes des femmes vivant sous occupation étrangère, et les forces d’occupation doivent être tenues pour responsables, a souligné le Ministre.  Il a aussi demandé que les femmes jouent sur un pied d’égalité leur rôle dans la prévention des conflits, dans leur règlement, ainsi que dans la mise en place d’une paix durable.

Mme LAURA GIL SAVASTANO, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Colombie, a constaté la période difficile que traverse le monde et le sort qu’y subissent les femmes, qui peut faire s’interroger sur la pertinence du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  « Nous sommes ici pour délivrer un message de réconfort », a-t-elle lancé, affirmant que ce programme a besoin d’une mise à jour –« d’une infusion de contemporanéité »- mais que, « malgré cela, il est actuel, pertinent et porte ses fruits ». 

La Vice-Ministre a ensuite cité en exemple le processus de paix colombien, dans lequel les femmes jouent un rôle fondamental en tant qu’agents de changement, ajoutant: « Nous voulons être une référence internationale pour la paix et la vie et nous sommes convaincus que le changement passe par les femmes. »  Si elle a mis en avant le fait que le plan de paix colombien est « le premier accord de paix sensible au genre au monde », elle a aussi reconnu que des « dettes » à l’égard des femmes en matière de paix et de sécurité persistent, avant d’annoncer que son pays élaborait actuellement, « 23 ans plus tard », son premier plan d’action national pour la résolution 1325.  Elle a particulièrement insisté sur le fait que l’élaboration de ce plan suscitait « une explosion de participation qui nous a surpris, dépassés et gratifiés ».  « La résolution 1325 est un texte vivant en Colombie », s’est-elle félicitée. 

Désireuse de présenter au Conseil quelques conclusions fondées sur l’expérience en cours, la Vice-Ministre a d’abord estimé que le programme pour les femmes et la paix et la sécurité souffre d’une « absence flagrante d’approche intersectionnelle » et a demandé au Conseil de prendre en compte les multiples identités -race, ethnicité, classe sociale, nationalité orientation sexuelle- qui se croisent pour aggraver la discrimination car « aucune femme colombienne n’est seulement une femme ».  Elle a de même souhaité davantage d’accent sur la diversité, citant la communauté LGBTI.  Enfin, elle a estimé que le programme pour les femmes et la paix et la sécurité pourrait être enrichi par une approche holistique telle que celle développée par le Gouvernement du Président Petro à travers le concept de « paix totale ».  Annonçant son intention de revenir devant le Conseil en septembre pour présenter le plan d’action national des femmes colombiennes, « fait par elles et pour elles », Mme Savastano a conclu en lançant aux femmes du monde: « Ne perdez pas courage et, comme le dit notre vice-présidente Francia Márquez, n’abandonnez pas. »

Mme KALYPSO GOULA, Secrétaire générale pour l’égalité entre les sexes, la démographie et la famille de la Grèce, a souligné l’impact disproportionné des conflits armés sur les femmes journalistes, qui sont souvent victimes de violences sexuelles liées aux conflits, ainsi que de discrimination et de harcèlement sexuel en ligne et hors ligne.  Elle a ensuite considéré que combler le fossé numérique entre les sexes et veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte dans l’économie et la société numériques de demain est essentiel non seulement pour parvenir à un développement durable, mais aussi pour promouvoir des sociétés pacifiques, sûres et égales en termes de genre.

Mme IRINA VELICHKO, Secrétaire générale pour légalité des genres, la démographie et la famille du Bélarus, a indiqué qu’en tant que président de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), son pays a l’intention d’organiser, cette année, à Minsk, une conférence internationale sur les perspectives de sécurité en Eurasie.  Nous comptons sur la participation active des femmes à la conférence, compte tenu de leur rôle positif avéré en matière de paix et de sécurité, a-t-elle dit. 

Mme Velichko a ensuite demandé au Conseil de s’interroger sur la situation paradoxale voulant que des sanctions « destructrices » aient pu faire l’objet, dans cette enceinte, d’un lobbying actif de la part des femmes.  Certaines femmes constituent une menace directe pour la sécurité mondiale, tandis que d’autres en sont les victimes, a-t-elle avancé.  En outre, elle a jugé qu’au lieu de plaider, comme cela se fait à l’ONU, pour la participation accrue des femmes aux dispositifs de désarmement et de non-prolifération, mieux vaudrait lutter contre les facteurs qui conduisent à la course aux armements, à l’escalade des tensions et « au déchaînement des conflits ».

Mme HANNA VSEVIOV, Secrétaire générale pour les affaires sociales de l’Estonie, a indiqué que le monde est encore incapable aujourd’hui de protéger les droits des femmes par temps de conflit, avant de dénoncer la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine.  Des femmes et des mères sont violées par les soldats russes, a-t-elle dénoncé, avant d’exhorter la communauté internationale à appuyer davantage encore l’Ukraine.  Elle a ensuite rendu hommage aux femmes iraniennes et à leur courage, avant de s’alarmer pour la situation des femmes dans l’Afghanistan des Taliban. 

Mme AMAL HAMAD (État de Palestine) a déclaré que l’Autorité palestinienne avait mis en place un plan d’action sur l’application de la résolution 1325 (2000) et toutes les résolutions suivantes pertinentes.  Élaboré en coopération avec la société civile, le plan d’action doit permettre de tirer parti des contributions de toutes les parties prenantes favorable aux droits humains.  Mme Hamad a ensuite rejeté l’occupation du territoire palestinien, avant d’appeler tous les pays à reconnaître l’État de Palestine et à demander des comptes aux auteurs d’actes criminels.  Elle a ainsi appelé à mettre un terme à l’impunité qui règne dans le cadre de l’occupation israélienne et notamment celle des colons, avant de réclamer une meilleure protection pour les femmes et les filles palestiniennes, qui font l’objet de menaces de meurtre au quotidien et voient leur maison démolie, alors qu’elles n’aspirent qu’à vivre dans la sécurité, la paix et la prospérité. 

Mme KATERYNA LEVCHENKO, Commissaire du gouvernement pour la politique d’égalité de genre de l’Ukraine, a indiqué que la violence sexuelle était une caractéristique de l’envahisseur russe.  L’ordre de commettre une telle violence est venu de tout en haut et est appliqué à la lettre pour humilier, a affirmé la représentante, en mentionnant le viol d’une femme de 62 ans par un soldat russe dans la région de Kherson.  Elle a précisé que les femmes ukrainiennes ne sont pas seulement des victimes mais aussi des combattantes, puisque 61 000 d’entre elles ont rejoint les rangs des forces armées du pays, 5 000 étant sur la ligne de front.  Enfin, elle a appelé à la prise de mesures concrètes en vue de la pleine application du programme.

Mme STELLA RONNER-GRUBAČIĆ, de l’Union européenne, a déploré que les femmes défenseuses des droits humains et artisanes de la paix continuent d’être la cible d’attaques et de menaces dans de nombreuses régions du monde.  C’est inacceptable, a-t-elle lancé, rappelant le devoir moral de la communauté internationale de s’attaquer à l’effet disproportionné que les conflits armés continuent d’avoir sur les femmes et les filles dans le monde, ainsi qu’à la prévalence de la violence sexuelle et sexiste, y compris la violence sexuelle liée aux conflits. 

Pour contrer ces phénomènes, l’UE plaide pour une coopération étroite entre l’ONU, les États membres de l’Union, les organisations régionales, les universités, les groupes de réflexion, la société civile, les défenseuses des droits de l’homme, les militantes, les journalistes et les professionnels des médias qui couvrent de première main, « avec professionnalisme et dévouement », la réalité dévastatrice des conflits. 

L’Union européenne aborde le vingt-cinquième anniversaire de la résolution 1325 dans cet état d’esprit, a assuré Mme Ronner-Grubačić, qui a exhorté en outre les pays à mettre en œuvre une politique de tolérance zéro envers les auteurs de représailles prenant pour cible les femmes défenseuses des droits humains et les artisans de la paix. 

Mme Ronner- Grubačić a ensuite attiré l’attention sur les contributions de l’UE en matière de droits des femmes, citant notamment l’intégration de la dimension de genre dans les 21 missions et opérations civiles et militaires de l’UE, « qui déploient actuellement 5 000 femmes et hommes dans le monde au service de la paix et la sécurité ».  Enfin, elle a souligné que la recherche d’une « paix globale, juste et durable en Ukraine » exige toute la force de la Charte et du droit international pour faire face aux différents types de violence auxquels sont confrontées les femmes et les filles.

Mme MYRIAM OEHRI (Liechtenstein) a jugé regrettable que, dans de nombreuses régions du monde, la participation égale, pleine et significative des femmes reste l’exception, alors que les presque 25 années qui se sont écoulées depuis l’adoption de la résolution 1325 ont largement démontré que les femmes soldats de la paix, médiatrices, avocates, journalistes et défenseuses des droits de l’homme ont été des agents clefs du changement politique, ont contribué de manière significative à la mise en place d’un environnement durable et ont joué un rôle essentiel dans les mouvements de paix et les efforts de désarmement.  Pour le Liechtenstein, permettre aux femmes d’être des agents de changement en éliminant les modèles patriarcaux de prise de décisions n’est donc pas seulement une obligation découlant du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, c’est aussi une nécessité pour un monde sûr et pacifique. 

La représentante a rappelé le rôle joué par les femmes du Myanmar dans la résistance pacifique au coup d’État militaire.  Elle a donc déploré qu’elles restent largement exclues de la prise de décision politique officielle et soient confrontées à des attaques et des représailles.  Tout effort visant à mettre fin à l’escalade de la violence et à parvenir à une résolution politique durable et à une transition démocratique au Myanmar nécessite une participation égale, significative et efficace des femmes à tous les stades de la prise de décisions, a-t-elle affirmé.  En conclusion, Mme Oehri a demandé que le programme pour les femmes et la paix et la sécurité soit non seulement mieux appliqué mais aussi étendu à l’ensemble des points figurant à l’ordre du jour du Conseil.  Elle s’est félicitée de la promotion d’une forte représentation des femmes parmi les briefers du Conseil, ainsi que de l’inclusion plus significative des perspectives de genre dans les rapports de celui-ci. 

Mme SYLVIA PAOLA MENDOZA ELGUEA (Mexique) a appelé à mettre l’accent sur la participation pleine et entière des femmes dans les processus de prise de décisions à tous les niveaux, y compris dans les processus de paix.  Il est indispensable selon elle de surmonter les obstacles structurels qui entravent l’égalité entre les femmes et les hommes, notamment sur le marché du travail.  Elle s’est également inquiétée de la discrimination dans l’accès aux ressources financières ou aux terres.  La représentante s’est félicitée de la contribution de son pays à la création du réseau latino-américain des femmes médiatrices, saluant les 10 pays des Amériques qui ont manifesté leur intérêt pour rejoindre cette initiative. 

Mme KHATANA TOTLADZE, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Géorgie, a dénoncé l’agression illégale de la Russie contre l’Ukraine, avant de dire son horreur devant la violence sexuelle perpétrée par les soldats russes dans ce pays.  Elle a aussi dénoncé l’occupation illégale par la Russie de deux régions géorgiennes, occasionnant des reculs pour les droits des femmes.  Mon pays va faire de son mieux pour intégrer la perspective de genre dans toutes ses politiques, a affirmé la représentante. 

M. AHMED MOHAMED EZZAT AHMED ELSHANDAWILY (Égypte) a notamment indiqué que son pays prenait à cœur la promotion de la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, dont les principes ont été intégrés dans le droit national égyptien, y compris ceux relatifs à une politique de tolérance zéro envers les auteurs d’abus et d’atteintes sexuelles.  Il a ajouté que les forces égyptiennes de maintien de la paix étaient formées aux problématiques du genre avant leur déploiement sur le terrain dans les opérations de la paix.  Enfin, le représentant a souligné qu’investir dans le rôle de chef de file des femmes était indispensable pour permettre l’avènement d’une société inclusive, pacifique et durable.

M. MHER MARGARYAN (Arménie) a indiqué que son pays fait face aujourd’hui encore aux conséquences des attaques perpétrées par l’Azerbaïdjan en 2020, lesquelles ont d’abord affecté les femmes et les filles.  Ces attaques, menées en violation du droit international, ont en particulier endommagé des centres de soins médicaux, y compris une maternité.  Le représentant a indiqué que 120 000 personnes subissent à l’heure actuelle un blocus imposé par l’Azerbaïdjan dans le corridor de Latchine.  « Ce blocus est médiéval et barbare », a-t-il accusé.  Enfin, il a rappelé que ce pays n’a pas mis en œuvre la décision de la Cour internationale de Justice l’invitant à restaurer la circulation des personnes dans ledit corridor. 

M. HARI PRABOWO (Indonésie), s’exprimant d’abord au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a souligné le rôle clef, transformateur, des femmes pour la paix et la réconciliation.  Il a appelé à rationaliser les efforts dans le cadre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité et à inclure les problématiques des changements climatiques dans le programme.  Le plan d’action de l’ASEAN tire parti des nouvelles technologies, qui ont un effet démultiplicateur pour la participation des femmes au programme pour les femmes et la paix et la sécurité, a-t-il expliqué.  En 2022, un site Internet a été créé à ce sujet.  Il s’agit d’un pôle de connaissances permettant de repérer les pratiques optimales pour les membres de l’ASEAN.  Les plateformes régionales telles que celle de l’ASEAN, et le dialogue entre elles, sont des éléments clefs pour la promotion du programme, a-t-il ajouté. 

S’exprimant ensuite à titre national, le représentant a souhaité que les femmes soient associées à la prévention des extrémismes et au maintien de la paix.  Il a estimé que le rôle des femmes dans le processus de paix n’était pas une simple vue de l’esprit, mais une véritable force permettant de changer la donne. 

Mme CARLA MARIA RODRÍGUEZ MANCIA (Guatemala) a appelé tous les États à veiller au respect comme à l’application du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, ajoutant que la participation pleine et entière et sur un pied d’égalité des femmes est bien l’objectif à atteindre pour établir des sociétés pacifiques, stables et prospères.  Elle a en outre souligné la nécessité de renforcer la complémentarité des organisations régionales dans la mise en œuvre du programme, comme l’indiquent chacune des neuf résolutions pertinentes du Conseil de sécurité sur les femmes et la paix et la sécurité.  À son sens, les plans nationaux et les activités de la société doivent accompagner cet effort commun.

Mme JOANNA SYLWIA SKOCZEK (Pologne) s’est dite horrifiée par les récits de plus en plus nombreux attestant de l’utilisation, par des soldats russes en Ukraine, des violences sexuelles comme tactique de guerre et comme moyen délibéré de déshumaniser les victimes.  Les rapports, dont celui de la Commission d’enquête internationale indépendante sur l’Ukraine, décrivent les cas épouvantables de viols commis par des soldats des Forces armées russes, dont les victimes étaient âgées de 4 à plus de 80 ans, a-t-elle précisé.  Ainsi a-t-elle jugé crucial de redoubler d’efforts pour lutter contre toutes les formes de violences sexuelles liées aux conflits, d’aborder de front la question de l’impunité des auteurs de tels crimes et de renforcer le soutien aux victimes. 

La représentante a ensuite mis l’accent sur les quelque 100 millions de personnes contraintes de fuir leur domicile l’an dernier, notant que les situations d’urgence en Ukraine, en Éthiopie, en Afghanistan et ailleurs avaient précipité le phénomène.  Le déplacement augmente les risques de toutes les formes de violences sexuelles, nous devons donc apporter un plus grand soutien à ceux qui fuient la guerre et les conflits, a souligné Mme Skoczek.  En conclusion, elle a rappelé l’importance d’accroître la participation des femmes aux prises de décisions politiques pour accélérer leur autonomisation et l’instauration d’une culture de paix. 

Mme ANTJE LEENDERTSE (Allemagne) a indiqué que le plan d’action national de son pays prescrit des objectifs et des mesures spécifiques selon plusieurs axes de travail.  La semaine dernière, la Ministre des affaires étrangères, Mme Annalena Baerbock, a présenté nos lignes directrices sur la politique étrangère féministe, a-t-elle expliqué, ajoutant que le Gouvernement allemand s’efforce de cultiver des principes clairs pour générer un « réflexe féministe ».  Pour y parvenir, elle a attiré l’attention sur l’importance d’assurer une budgétisation sexospécifique systématique pour ouvrir la voie à un accès égal aux ressources pour tous les genres et groupes marginalisés. 

La représentante a par ailleurs plaidé pour le renforcement de la féminisation des instruments internationaux existants, comme les missions de maintien de la paix, mais aussi des processus politiques, pour qu’ils puissent accueillir les femmes et les groupes marginalisés en tant qu’acteurs potentiels de la paix.  Elle a demandé à veiller à ce que la question des femmes, de la paix et de la sécurité soit plus présente dans divers documents politiques de la communauté internationale, à commencer par le Nouvel agenda pour la paix.

Mme RAWA ZOGHBI (Liban) a constaté que les dernières statistiques disponibles démontrent que nous sommes très loin d’être parvenus à la mise en œuvre de l’objectif 5 de développement durable, à savoir l’égalité entre les sexes.  C’est pourquoi la résolution 1325 du Conseil de sécurité revêt une importance capitale à ses yeux: depuis l’adoption de ce texte pionnier en 2000, les États Membres, dont le Liban, ont consenti des efforts considérables pour se doter de plans d’action nationaux.  Le nôtre date de 2019 et depuis lors, mon pays a pris de nombreuses mesures malgré les défis auxquels il est confronté, a fait valoir la déléguée.  Elle a par ailleurs souhaité qu’à l’avenir, le nombre de femmes officiers au sein de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) soit plus important, en particulier dans la composante militaire de la mission.

M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a dénoncé les obstacles structurels qui empêchent la pleine participation des femmes aux processus de paix onusiens.  Il a ainsi prié les missions de paix d’y remédier, avant d’exhorter les organisations régionales et les Etats à appuyer ces efforts.  Il est temps de faire les choses différemment, a-t-il dit, en mentionnant les conséquences insupportables de la guerre en Ukraine.  Nous devons promouvoir des solutions à même de mettre un terme aux souffrances des femmes et des filles par temps de conflit, a-t-il insisté. 

M. ANTONIO MANUEL REVILLA LAGDAMEO (Philippines) a indiqué que son pays, qui est parvenu au terme de son plan d’action national, est en train d’en formuler un autre pour la période 2023–2028.  Les Philippines, a dit le représentant, continuent de promouvoir la participation et le leadership des femmes et des filles, comme agents de changement, dans le règlement des conflits et le développement, grâce à l’intégration du programme pour les femmes et la paix et la sécurité dans les politiques, les plans et programmes aux niveaux local, régional et national.  Le futur plan d’action sera mis en œuvre parallèlement au plan d’action régional de la région autonome de Bangsamoro du Mindanao musulman.  Ces deux plans seront soutenus par celui de l’ASEAN, lancé au mois décembre 2022.  Les Philippines se félicitent d’ailleurs du registre des femmes de paix de l’ASEAN visant à faire d’elles des consolidatrices de la paix et contributrices au maintien et à la promotion de la paix dans l’ASEAN. 

Les Philippines ont déployé des femmes Casques bleus et des observatrices dans les opérations de paix de l’ONU et à ce titre, elles ne sauraient trop insister sur l’importance d’analyser tous les aspects de la prévention des conflits, de la paix et de la reconstruction sous l’angle sexospécifique.  Nous devons, a ajouté le représentant, autonomiser les jeunes gens, en particulier les jeunes femmes, pour en faire des agents des processus de consolidation de la paix et de sécurité.  Il est tout aussi important de renforcer le leadership des femmes dans les institutions de défense.  En améliorant l’efficacité des plans d’action nationaux, grâce à des approches participatives fondées sur des indicateurs éprouvés, il sera possible, a conclu le représentant, d’obtenir des objectifs du programme pour les femmes et la paix et la sécurité qu’ils fassent vraiment la différence dans la vie des gens. 

M. RICHARD ARBEITER (Canada), au nom des 65 membres du Groupe des amis des femmes et de la paix et de la sécurité, a appelé à la pleine participation des femmes aux processus de paix onusiens.  Il a souhaité que les voix des femmes journalistes, défenseuses des droits humains et responsables de la société civile soient amplifiées et que les attaques contre elles soient condamnées sans équivoque.  Il a appelé à l’établissement des responsabilités pour les cas de violence sexuelle et exhorté le Conseil à combattre l’impunité par tous les moyens à sa disposition.  Il a ainsi suggéré que la violence sexuelle en temps de conflit devienne un critère d’inscription sur les listes de sanction. 

Mme ANA PAULA ZACARIAS (Portugal) a déclaré que dans son pays, qui prépare actuellement la troisième version de son plan d’action national sur les femmes, la paix et la sécurité, la mise en œuvre de la résolution 1325 avait conduit à l’intégration de la dimension de genre dans les Forces armées portugaises, avec la création d’un plan d’action de la défense pour l’égalité" qui décrit les mesures visant à stimuler la participation des femmes aux missions de maintien de la paix.  Le pays intègre aussi la perspective de genre dans son programme de coopération en matière de sécurité et la promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes est considérée comme une priorité transversale dans la stratégie portugaise de coopération pour les 23 prochaines années, récemment adoptée. 

La représentante a ajouté qu’à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le ministère portugais de la défense accueillera, le 26 avril à Lisbonne, un séminaire international pour discuter des leçons préliminaires de la guerre dans une perspective de genre.  Elle a conclu en affirmant que la promotion et la protection des droits humains des femmes et filles constituent non seulement un impératif moral, mais aussi un investissement stratégique dans la promotion d’une paix durable. 

M. DANG HOANG GIANG (Viet Nam) a rendu hommage au rôle de premier plan joué par les femmes dans le programme pour les femmes et la paix et la sécurité, notamment dans la reconstruction d’après conflit.  Toutefois, de nombreux défis perdurent, en particulier dans certaines régions déchirées par les conflits et la pauvreté, où de nombreuses filles ne peuvent aller à l’école et où des femmes sont marginalisées.  Il a appelé à mieux coordonner les actions en faveur de l’égalité des sexes.  Les Vietnamiennes sont aujourd’hui déployées au quatre coins du monde dans le cadre des opérations de maintien de la paix, et le Viet Nam continuera d’œuvrer partout dans le monde pour que les femmes apportent le changement dans les années à venir.

Mme STEPHANIE COPUS CAMPBELL, Ministre déléguée à la santé et aux Australiens autochtones, a indiqué qu’avec des ressources suffisantes, nous serions plus efficaces dans la mise en œuvre des quatre piliers du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Cela inclut la participation pleine et égale et le leadership des femmes et des filles, ainsi que des personnes ayant une autre identité de genre, dans le secteur de la sécurité, les contingents militaires et les forces de maintien de la paix.  Cela nécessite également une intégration cohérente et concertée de la dimension de genre dans tous les processus de paix et de sécurité, a-t-elle poursuivi, estimant qu’il fallait également reconnaître les impacts de la crise climatique disproportionnés pour de nombreuses femmes et filles. 

Pour faire progresser cette mise en œuvre, il faut également s’attaquer à toutes les formes de violence fondée sur le genre, y compris la violence sexuelle dans les conflits, en associant la société civile et en soutenant les défenseurs des droits de l’homme, a poursuivi Mme Campbell.  L’Australie, a-t-elle expliqué, s’y emploie par le biais de son travail avec le Fonds pour les femmes, la paix et l’action humanitaire et les réseaux régionaux de négociatrices de paix, ainsi qu’en soutenant l’élaboration et la mise en œuvre de plans d’action nationaux et régionaux.

Mme RUCHIRA KAMBOJ (Inde) a indiqué que, selon « l’ethos culturel indien », la Terre est une mère.  Les progrès accomplis par les femmes sont la base même de la puissance d’une nation, a ajouté la représentante, qui a appelé à une pleine application du programme.  Elle a plaidé pour une augmentation du nombre de femmes Casques bleus, en rappelant que son pays avait déployé un contingent de femmes à Abyei.  Enfin, elle a prôné une politique de tolérance zéro pour toutes les formes de terrorisme. 

M. ENKHBOLD VORSHILOV (Mongolie) a indiqué que, dès 2006, son pays avait commencé à envoyer des femmes officiers dans les contingents d’opérations de maintien de la paix, la Mongolie figurant depuis parmi les plus importants promoteurs de la féminisation de ces opérations onusiennes.  Nous nous sommes également engagés à répondre à l’appel du Département des opérations de paix d’augmenter de 15% le nombre de femmes servant dans ses opérations d’ici à 2027, a-t-il fait savoir.  Le représentant a ensuite signalé que son pays avait accueilli une conférence internationale sur le renforcement du rôle des femmes dans le maintien de la paix en juin 2022, un événement marqué par la participation de femmes soldats de la paix issues de plus de 30 pays.  Nous prévoyons d’accueillir cette conférence tous les cinq ans et nous espérons faire de ce rassemblement une plateforme pour que les femmes Casques bleus et les parties prenantes au maintien de la paix puissent partager et échanger les connaissances et les leçons tirées de leurs expériences, a expliqué M. Vorshilov. 

Enfin, le représentant a annoncé que la Ministre des affaires étrangères de la Mongolie, Mme Battsetseg Batmunkh, organisera en juin prochain une réunion de femmes exerçant les mêmes fonctions sur le thème des solutions à apporter à certaines crises internationales.  Nous croyons fermement que cette réunion sera l’occasion de discuter des pratiques les plus efficaces en matière de politiques étrangères féministes, a-t-il dit.

Mme IOANA-CRISTINA MIHAIL (Roumanie) a déclaré que son pays avait adopté en 2020 la stratégie nationale et le plan national d’action « femmes, paix et sécurité », avec pour piliers: l’intégration de la perspective de genre dans les politiques de sécurité et de défense; l’accroissement de la représentation et de la participation des femmes dans les négociations de paix, les processus de médiation et au sein des missions de maintien de la paix; la prévention et la lutte contre toutes les formes de violence fondées sur la discrimination, le harcèlement, et la violence sexuelle; et la collaboration avec la société civile à cet égard.  Le deuxième plan d’action met l’accent sur le soutien médical, psychologique et social apporté aux victimes de violences sexuelles.  Enfin, a indiqué la représentante, afin d’encourager la coopération internationale pour la mise en œuvre de cet agenda en 2023, la Roumanie et les États-Unis sont les Coprésidents du Réseau des points focaux pour le programme pour les femmes et la paix et la sécurité. 

Mme JOCHEN HANS-JOACHIM ALMOSLECHNER (Autriche) a déclaré que nous devons faire davantage pour mettre mieux en œuvre le programme pour les femmes et la paix et la sécurité tel que prévu par la résolution 1325 (2000).  Il a rappelé que son pays est l’un des principaux pour ce qui est de l’aide humanitaire fournie sur la base du PIB, précisant que son pays a déboursé un demi-million d’euros d’assistance humanitaire en faveur des Afghanes en 2022, des fonds qui ont été utilisés pour créer des crèches et mettre sur pied un groupe consultatif au sujet de leur situation.  En outre, a indiqué la représentante, les forces armées autrichiennes sont déterminés à intégrer des perspectives sexospécifiques dans leurs rangs et opérations militaires. 

Mme NORDIANA ZIN ZAWAWI (Malaisie) a indiqué que la rhétorique en faveur du programme pour les femmes et la paix et la sécurité avait, pour l’instant, excédé les réalisations accomplies.  Elle a appelé à une promotion de ce programme allant de pair avec la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Elle a indiqué que 11,5% des soldats de la paix malaisiens sont des femmes, avant de plaider pour une participation renforcée des femmes aux processus de paix: « Nous devons encore en faire plus pour arriver à une parité entre les genres. » 

M. IVARS LIEPNIEKS (Lettonie) a estimé que, dans les années à venir, l’un des principaux indicateurs de la réussite du programme pour les femmes et la paix et la sécurité serait la réponse internationale aux crimes commis par la Fédération de Russie en Ukraine.  Alors que la résolution 1325 et de nombreuses autres résolutions adoptées depuis 20 ans par le Conseil ont reconnu l’impact des conflits armés sur les femmes et les filles et déclaré que la violence sexuelle était un crime de guerre, un membre de ce même Conseil, la Fédération de Russie, s’en prend de plus en plus aux femmes et aux filles en utilisant la violence sexuelle comme tactique de guerre, a-t-il accusé.  Pour les crimes commis, la Fédération de Russie doit être et sera tenue responsable, y compris par le biais d’un tribunal spécial pour le crime d’agression, a-t-il lancé.  Il a précisé que son pays avait, dès les premiers jours de la guerre, alloué des fonds supplémentaires à la réhabilitation physique et émotionnelle des victimes, et en particulier des femmes et des filles qui ont souffert de violences sexuelles commises par les soldats russes. 

Le représentant a ensuite dénoncé la répression des droits des femmes en Afghanistan et en Iran en insistant sur le rôle central des femmes dans la promotion de la paix et de la stabilité en Afghanistan. 

Pour la Lettonie, a-t-il rappelé les femmes et les filles ne doivent pas être considérées uniquement comme des victimes des conflits et de l’instabilité.  Des mesures doivent être prises pour qu’elles aient un siège à la table et que leurs voix soient entendues et prises en compte dans les processus de prise de décisions liés à la paix et à la sécurité.

M. AMARA SHEIKH MOHAMMED SOWA (Sierra Leone) a appelé à renforcer la participation significative et les possibilités de leadership des femmes dans la lutte contre les causes profondes et les conséquences des conflits et autres crises émergentes.  Reconnaissant les progrès significatifs réalisés jusqu’à présent dans le cadre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, le représentant a expliqué que son gouvernement se concentre actuellement sur le renforcement des mécanismes institutionnels et de prestation de services afin notamment d’autonomiser les femmes et transformer leur vie.  Un projet de loi en ce sens a été adopté en novembre dernier, qui, a-t-il affirmé, constitue une « victoire » sans précédent pour les femmes de Sierra Leone, car il doit notamment garantir une augmentation de leur participation politique et un meilleur accès au financement. 

Le représentant a demandé que les évaluations et les interventions en matière de sécurité climatique intègrent des considérations sexospécifiques à tous les stades.  Il a dit apprécier les déclarations politiques sur les violences sexuelles perpétrées dans les situations de conflit mais a demandé qu’elles soient traduites dans des actions concrètes, notamment en matière de responsabilité, de réparation et d’assistance aux victimes.  Il a imploré le Conseil de sécurité de réitérer son appel aux États Membres pour qu’ils intègrent la résolution 1325, élaborent des plans d’action nationaux et mettent en place un suivi et une évaluation efficaces.

En raison d’un problème technique rendant impossible la vérification au prononcé et la prise à l’écoute, la Section des communiqués de presse n’a pas été en mesure de couvrir les pays suivants: Iraq, Bulgarie, République de Corée, Namibie, Costa Rica, Slovaquie, Türkiye, Chili, Éthiopie, Turkménistan, Kazakhstan, Israël, République islamique d’Iran, Sri Lanka, Thaïlande, Argentine, Azerbaïdjan, Uruguay, El Salvador, Myanmar, Ouganda, Bangladesh et Saint-Siège.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale décide du thème de la session 2024 de l’ECOSOC et du forum politique de haut niveau pour le développement durable

Soixante-dix-septième session,
61e séance - matin
AG/12494

L’Assemblée générale décide du thème de la session 2024 de l’ECOSOC et du forum politique de haut niveau pour le développement durable

L’Assemblée générale a décidé, ce matin, que le thème de la session de 2024 du Conseil économique et social et du forum politique de haut niveau pour le développement durable de 2024 organisé sous les auspices de l’ECOSOC s’intitulera « Renforcer le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et éliminer la pauvreté en période de crises multiples: mise en œuvre efficace de solutions durables, résilientes et innovantes ».

Avant l’adoption par consensus du projet de décision L.57, la Représentante permanente du Chili, qui a mené les négociations sur ce texte, a indiqué que des espaces ont été aménagés tout au long du processus pour écouter les contributions des parties prenantes, ce qui a permis d’inclure toutes les voix de l’Assemblée générale.  Mme Paula Narváez Ojeda a espéré que cela permettra de guider les travaux de l’Assemblée générale et de l’ECOSOC en 2024 et de dresser le bilan des progrès et des défis auxquels se heurtent les différents pays.

Au cours de cette séance, l’Assemblée générale a également décidé que la première séance plénière de la Conférence des Nations Unies sur l’eau aura lieu le mercredi 22 mars 2023 à partir de 9 h 30.  En entérinant un projet de décision orale soumis par son Président, M. Csaba Kőrösi, elle a également décidé que les Présidents de la Conférence nommeront les co-présidents des dialogues interactifs qui seront organisés à cette occasion.  Elle compte également inviter la Commission internationale pour la protection du Danube et l’organisation Orange-Senqu River Commission à participer aux travaux de la Conférence en tant qu’observateurs.

En début de séance, M. Kőrösi a par ailleurs informé les États Membres que le Gabon, le Liban et le Soudan du Sud ont effectué les paiements nécessaires pour réduire leurs arriérés en deçà du montant indiqué dans l’Article19 de la Charte des Nations Unies.

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

LDC5: pour les pays les moins avancés confrontés aux changements climatiques et à la dégradation de l’environnement, ce sont les fonds qui manquent le plus

Cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés,
Table ronde thématique de haut niveau #5, Après-midi
DEV/3454

LDC5: pour les pays les moins avancés confrontés aux changements climatiques et à la dégradation de l’environnement, ce sont les fonds qui manquent le plus

DOHA, 7 mars -- Le Président des Seychelles n’est pas passé par quatre chemins pour parler d’hypocrisie de la communauté des donateurs qui promet, depuis fort longtemps, d’aider les pays en développement, notamment les pays les moins avancés (PMA), en leur fournissant les fonds nécessaires pour le financement des efforts de lutte contre les changements climatiques et la dégradation de l’environnement.  Cette déclaration a jeté un froid dans la salle qui accueillait la cinquième table ronde thématique de haut niveau organisée dans le cadre de la cinquième Conférence des Nations Unies pour les PMA, sur le thème: « Lutter contre les changements climatiques et soutenir l’environnement ».  

M. Wavel Ramkalawan a rappelé que l’on parle ici de milliards de dollars, avant que le Népal ne constate que les promesses financières faites aux PMA ne sont pas souvent suivies de résultats probants.  Dépité, un jeune soudanais, membre du Réseau italien pour le climat, a évoqué la lassitude des populations qui attendent en vain des actions des dirigeants, « alors que la planète se meurt ».

Pourtant, au cours de la dernière Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), la COP27 qui s’est tenue à Charm el-Cheikh l’an dernier, les délégations ont décidé de créer un fonds dédié aux pertes et préjudices subis par les pays vulnérables durement touchés par les inondations, les sécheresses et autres catastrophes climatiques.  En attendant la COP28 fin 2023, des questions subsistent: qui devra cotiser au fonds et quels pays en bénéficieront?  Créé en 2010, le Fonds vert pour le climat ambitionnait de mobiliser 100 milliards de dollars d’ici à 2020.  En octobre 2015, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) évaluait à 61,8 milliards de dollars les financements publics et privés mobilisés en 2014 par les pays développés à l’appui d’actions climatiques dans les pays en développement, afin de remplir l’engagement pris à Cancun.  En octobre 2019, 25 pays donateurs du Fonds vert se réunissaient à Paris pour constater les promesses non tenues et prolonger l’engagement jusqu’en 2023.

Le Sénégal a salué le fait que le Fonds vert ait permis d’électrifier un millier de villages du pays grâce à l’énergie solaire, mais globalement, pour la plupart des PMA, la pilule est amère, puisque les fonds promis se sont raréfiés.  La Secrétaire d’État auprès de la Ministre de l’Europe et des affaires étrangères, chargée du développement, de la francophonie et des partenariats internationaux de la France, Mme Chrysoula Zacharopoulou, a pourtant constaté que pour les PMA, « l’état d’urgence environnementale est déjà là ».  À juste titre, les PMA critiquent les pays développés qui ne respectent pas leurs engagements de financement climatique, a relevé celle qui a fait le discours d’ouverture de la table ronde.  Depuis l’Accord de Paris en 2015, la France a quadruplé ses fonds d’adaptation, a-t-elle relevé, précisant que le pays fournit près de 10% des fonds mondiaux dédiés à l’adaptation, alors qu’il n’est responsable que de 3% des émissions de gaz à effet de serre depuis la révolution industrielle.  Elle a évoqué d’autres engagements qui seront pris lors du sommet prévu à Paris les 22 et 23 juin prochain pour mettre en place un nouveau pacte financier avec les pays du Sud.

La marge de manœuvre budgétaire des PMA est réduite, a relevé Mme Josefa Sacko, Commissaire à l’agriculture, au développement rural, à l’économie bleue et à un environnement durable à la Commission de l’Union africaine.  Elle a appelé à renforcer les capacités des experts des PMA pour qu’ils puissent faire des demandes de fonds selon les normes agréés.  M. Kausea Natano, le Premier Ministre des Tuvalu et Coprésident de la table ronde, a expliqué la façon dont son pays se prépare à l’avenir en investissant dans la gestion des risques de catastrophe.  Il faudrait également, a plaidé le Secrétaire exécutif de la CCNUCC, que les PMA préparent des plans nationaux d’adaptation.  M. Simom Stiell a rappelé que seulement 18 PMA disposent d’un tel plan qui ouvrirait pourtant la porte aux financements multilatéraux.  Le Secrétariat de la Convention-cadre entend aider les autres PMA à élaborer leur plan avant la COP28 prévue en fin d’année, a-t-il promis.  La Belgique, par la voix de sa Ministre de la coopération au développement, Mme Caroline Gennez, a aussi promis d’agir, en diminuant notamment ses émissions de gaz à effet de serre.  À son tour, l’Administratrice adjointe de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), Mme Isobel Coleman, a assuré que les États-Unis allaient réduire de moitié leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici une décennie. 

Pourquoi ne pas s’attaquer à la source du problème? a ensuite demandé le Ministre du développement, de la coopération et de la politique climatique mondiale du Danemark.  M. Dan Jørgensen a relevé qu’aujourd’hui, cela n’a pas de sens de parler de politique de développement sans évoquer la question des changements climatiques.  Ni de parler de décarbonisation alors que de nombreux pays continuent d’explorer et de produire des hydrocarbures.  La cible de 1,5 degré Celsius pour limiter le réchauffement planétaire n’est plus réalisable quand les énergies fossiles ne cessent de prendre de l’importance, a renchéri M. Selwin Hart, Conseiller spécial du Secrétaire général pour l’action climatique et une transition juste.  Mme Nataša Pirc Musar, Présidente de la Slovénie, et également Coprésidente de la séance, a insisté sur le fait que l’action climatique progressera avec la participation de tous, y compris les jeunes et les femmes. 

Enfin, la République-Unie de Tanzanie a appelé à accompagner les pays en développement dans leur transition énergétique, tandis que le Timor-Leste plaidait pour un soutien accru aux PMA.  Singapour a assuré partager déjà son expertise en matière climatique avec 32 PMA, avant que l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) ne vienne expliquer qu’elle s’efforce de fournir à ce groupe de pays des données de qualité.  De même, les réserves de biosphères désignées par l’UNESCO sont des sites protégés pour les générations futures.  Dans cet esprit, le Zimbabwe a appelé à une approche de collaboration pour l’avènement d’un monde meilleur pour tous. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

LDC5: le renforcement de la participation des pays les moins avancés au commerce international au centre d’un échange thématique de haut niveau

Cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés,
Table ronde thématique de haut niveau #4, Matin
DEV/3453

LDC5: le renforcement de la participation des pays les moins avancés au commerce international au centre d’un échange thématique de haut niveau

 DOHA, 7 mars -- Au troisième jour de ses travaux, la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA) s’est penchée ce matin sur les moyens de « renforcer la participation des PMA au commerce international et à l’intégration régionale », thème d’une quatrième table ronde de haut niveau coprésidée par deux grands témoins de la trajectoire des PMA, le Président du Burundi, M. Évariste Ndayishimiye, et la Première Ministre du Bangladesh, Mme Sheikh Hasina. 

Précisant les enjeux de cette problématique, M. Ndayishimiye a constaté que les PMA continuent de se tenir en marge des flux commerciaux mondiaux, leur part dans les exportations de marchandises étant par exemple restée stable à environ 1% au cours de la dernière décennie.  Dans le même temps, la part des exportations des PMA dans le commerce mondial a oscillé autour de 0,7%, ce qui montre, selon lui, à quel point l’objectif de développement durable visant à doubler cette proportion d’ici à 2020 par rapport à 2011 est loin d’être atteint. 

Au moment où 16 PMA sont en voie de reclassement, il importe de maintenir les mesures de soutien liées au commerce pour les pays reclassés afin de s’assurer que leur trajectoire de développement reste dynamique, a pour sa part plaidé Mme Hasina, avant de céder la parole au Directeur général adjoint de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), pour qui la priorité est d’abord de sortir les PMA de leur isolement et de stimuler leur intégration commerciale.  « Ce n’est qu’à l’OMC que les PMA peuvent jouer un rôle clef dans l’élaboration des règles commerciales mondiales », a fait valoir M. Xiangchen Zhang, non sans rappeler que l’Organisation leur a offert un accès aux marchés en franchise de droits et de quotas pour stimuler leurs exportations. 

Premier panéliste à s’exprimer, M. Pan Sorasak, Ministre du commerce du Cambodge, a confirmé l’apport de l’OMC pour l’essor commercial des PMA, indiquant que son pays, en tant que membre, a pu obtenir un accès préférentiel aux marchés et bénéficier d’un traitement spécial et différencié.  Dans l’optique du prochain examen triennal de la demande de reclassement du Cambodge, en 2024, il a jugé souhaitable que les PMA dans cette situation continuent de bénéficier d’une assistance technique spécifique et de programmes de renforcement des capacités.  À ses yeux, les mesures d’accompagnement et de soutien devraient même durer 12 ans après la décision de l’Assemblée générale relative à la sortie de la catégorie, comme l’a préconisé le Groupe des PMA.

Les PMA sont aujourd’hui dans « l’œil du cyclone » des crises plurielles, a prévenu le Secrétaire général adjoint de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), selon lequel le renforcement des échanges commerciaux mondiaux est « une opportunité en or » pour ces pays vulnérables, dans la mesure où il offre un accès à des marchés proches, associés à une plus grande création de valeur, à l’instar de la nouvelle zone de libre-échange africaine.  M. Pedro Manuel Moreno a également estimé que la transition mondiale vers une économie peu gourmande en carbone pourrait avoir comme répercussion une augmentation des exportations des PMA, dont le sous-sol est riche en métaux et minerais. 

À sa suite, la Vice-Ministre de la coopération internationale des Pays-Bas a mis l’accent sur l’importance de l’économie en ligne pour le commerce des PMA, affirmant que ce secteur pourrait à lui seul faire croître l’économie africaine de 180 milliards de dollars d’ici à 2025.  Mme Kitty van der Heijden a cependant constaté que seulement la moitié de la population mondiale a accès à Internet, une proportion qui ne dépasse pas 27% dans les PMA.  Ces derniers ne représentent du reste que 2% du commerce électronique, a-t-elle ajouté, avertissant qu’une aggravation de la fracture numérique mondiale entraverait gravement le développement des PMA.  Un avis partagé par M. Marcelo Olarreaga, professeur à l’Université de Genève, qui a indiqué que le commerce numérique de biens augmentait sept fois plus vite que le commerce hors ligne avant la pandémie et que sa croissance s’est depuis accélérée. 

Intervenant sur la question de l’intégration régionale des PMA, M. David Beer, Directeur général de l’organisation TradeMark East Africa, a salué les progrès réalisés dans la réduction des coûts de transport transfrontalier, y voyant un moyen pour ces pays de gagner en compétitivité et donc d’augmenter leurs volumes d’échanges.  Au-delà de l’aide aux échanges, il convient aussi de rénover le système financier et commercial international pour qu’il appuie les efforts des PMA en matière de transformation structurelle, a soutenu Mme Jane Seruwagi Nalunga, Directrice exécutive de Strengthening Africa in World Trade. 

À la suite de ces présentations, le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangère du Turkménistan s’est fait le porte-parole des pays en développement sans littoral en appelant à la création de « corridors de transport » pour augmenter leurs liens commerciaux.  Il a également rappelé que son pays a proposé en août dernier que soit constitué à l’ONU un groupe spécial chargé de défendre les intérêts de ces pays enclavés dans le domaine du transport.  Le Ministre des affaires étrangères et des relations internationales du Lesotho, autre pays sans littoral, a quant à lui appelé à doubler la part des PMA dans les exportations mondiales afin de soutenir ces pays sur la voie du reclassement, lequel devait selon lui être révisé.  L’évaluation des progrès accomplis en matière de produit intérieur brut (PIB) par habitant sans tenir compte d’autres facteurs critiques pour le développement intensifie le risque de non-durabilité du processus, a-t-il mis en garde. 

L’OMC continue d’être le principal forum multilatéral pour travailler sur des initiatives qui contribuent à une plus grande insertion de ces économies dans le commerce international, a argué à son tour la Vice-Ministre du commerce extérieur de Cuba.  Elle a été rejointe sur ce point par la Ministre en charge de la Mission permanente de la Chine auprès des Nations Unies, qui a rappelé que six PMA ont été accueillis au sein de l’OMC et ont vu cette adhésion leur profiter.  Un bénéfice dont la représentante du Réseau du Tiers-Monde a déclaré douter.  En effet, a-t-elle relevé, ces pays du Sud en quête de compétitivité continuent vainement de réclamer la levée des subventions versées dans les pays du Nord. 

Sur une note plus positive, la Vice-Ministre chargée de la coopération internationale pour le développement de la Suède a indiqué que son pays, actuellement à la tête du Conseil de l’Union européenne (UE), s’emploie à renforcer la participation des PMA au commerce mondial en mettant en place le nouveau schéma de préférences généralisées de l’UE afin de continuer à offrir à ces pays fragiles un accès préférentiel continu au marché européen.  Même son de cloche de la part de la Commissaire européenne aux partenariats internationaux, qui a souligné l’engagement de l’UE en faveur des PMA pour qu’ils puissent trouver leur place dans les chaînes de valeur régionales et mondiales.  Elle a également fait observer que l’UE contribue grandement à l’intégration régionale des PMA, en particulier en accompagnant à hauteur de 74 milliards d’euros le projet de zone de libre-échange africaine. 

De son côté, le Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Hongrie a exhorté les États Membres à fournir une aide substantielle aux PMA de sorte qu’aucune crise migratoire d’ampleur ne se produise.  Affirmant d’autre part que, du fait de ses racines, son pays a la responsabilité morale de protéger les communautés chrétiennes du monde, il a fait état de l’accueil sur le territoire hongrois de 1,1 million de réfugiés ukrainiens fuyant la guerre.  La Première Ministre du Bangladesh a fait remarquer que son pays accueille depuis plusieurs années 1,2 million de réfugiés rohingya et qu’il faut apporter une aide à tous ceux dans le besoin, indépendamment de leur origine ou confession. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Commission de la condition de la femme: le Secrétaire général appelle à « ne pas laisser les Silicon Valleys se transformer en vallées de la mort pour les droits des femmes »

Soixante-septième session,
2e et 3e séances plénières – matin & après-midi 
FEM/2221

Commission de la condition de la femme: le Secrétaire général appelle à « ne pas laisser les Silicon Valleys se transformer en vallées de la mort pour les droits des femmes »

La Commission de la condition de la femme a ouvert aujourd’hui les travaux de sa soixante-septième session durant laquelle les délégations examineront, deux semaines durant, le rôle de l’innovation et l’évolution technologique, et de l’éducation à l’ère du numérique dans la réalisation de l’égalité des sexes.

À cette occasion, le Secrétaire général de l’ONU a constaté qu’à mesure que la technologie progresse, les femmes et les jeunes filles sont laissées à la traîne, notant que des siècles de discrimination et de stéréotypes néfastes ont créé un énorme fossé entre les genres dans le domaine scientifique et technologique.

De fait, s’est-il alarmé, trois milliards de personnes, en majorité des femmes et des jeunes filles vivant dans des pays en développement, ne sont toujours pas connectées à Internet.  À l’échelle de la planète, les filles et les femmes ne représentent qu’un tiers des effectifs dans les filières d’études relatives aux sciences, à la technologie, à l’ingénierie et aux mathématiques.  Et seulement une personne sur cinq travaillant dans le domaine de l’intelligence artificielle est une femme. 

M. António Guterres a également dénoncé la désinformation et la mésinformation à caractère misogyne qui fleurissent sur les médias sociaux, décriant le « gender-trolling » qui vise tout spécialement à réduire les femmes au silence et à les écarter de la vie publique.  En outre, les mégadonnées, qui sont un élément essentiel à la prise des décisions politiques et commerciales, prennent rarement en compte les différences entre les genres, voire le genre féminin tout court ce qui fait que des produits et services portent, dès leur conception, la marque de l’inégalité entre les femmes et les hommes.  « Nous ne pouvons pas laisser les Silicon Valleys de notre monde se transformer en vallées de la mort pour les droits des femmes », a tempêté M. Guterres qui a exhorté à prendre des mesures sans délai pour accroître les niveaux d’éducation, de revenu et d’emploi des femmes et des filles; à promouvoir leur pleine participation et leur accès aux plus hautes fonctions dans les domaines scientifique et technologique; et à créer un environnement numérique sûr pour elles.

À l’instar de la Présidente de la Commission de la condition de la femme, le Président de l’Assemblée générale, M. Csaba Kőrösia, a fait observer que lorsqu’elles sont bien utilisées, les nouvelles technologies offrent une « force puissante et égalisatrice » pour appuyer l’égalité entre les sexes, notant que l’apprentissage en ligne réduit les écarts d’éducation entre les sexes et prépare les femmes aux emplois numériques. 

Les technologies ont ouvert les portes aux femmes aux quatre coins du monde, leur donnant accès à l’éducation, à la formation et à des informations sensibles liées à la santé sexuelle et reproductive, a renchéri l’Envoyé du Secrétaire général pour les technologies, M. Amandeep Singh Gill.  Dans le même temps, les technologies sont le miroir du côté sombre et obscur de notre planète, a-t-il fait remarquer, notant que les plateformes numériques ont multiplié la portée de la pornographie, et conduit à de nouvelles formes de haine qui se répandent en ligne, empêchant les femmes de jouir de leurs droits humains, et privant les femmes dirigeantes de la place qui leur revient sur la scène la politique.

Si la révolution numérique offre des possibilités sans précédent pour les femmes et les filles, elle a également aggravé les inégalités entre les sexes, a résumé la Directrice exécutive d’ONU-Femmes, Mme Sima Bahous, selon qui la fracture numérique serait le nouveau visage de l’inégalité entre les sexes.  Elle s’est également inquiétée de la situation en Afghanistan et en Iran où de nombreuses femmes et filles sont prises pour cibles en raison de leurs activités en ligne. 

Au cours de la discussion générale, marquée par la présence de plusieurs Présidents et Premiers Ministres, plusieurs États Membres ont détaillé les divers efforts déployés au niveau national pour faire du numérique un outil d’autonomisation de la femme et de la fille, tout en contrant les effets sexistes néfastes qui entourent la technologie et l’innovation.  Les délégations se sont notamment accordées sur l’importance de s’attaquer aux stéréotypes qui découragent les filles d’embrasser des carrières dans les domaines des sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM). 

En début de séance, la Commission a adopté l’ordre du jour provisoire (E/CN.6/2023/1) et le projet d’organisation des travaux (E/CN.6/2023/1/Add.1), après avoir élu Mme María del Carmen Squeff (Argentine) et Mme Chimguundari Navaan-Yunden (Mongolie) à la vice-présidence.  Cette dernière assumera aussi les fonctions de Rapporteuse.  En outre, le Bangladesh, la République dominicaine et le Maroc rejoignent la Fédération de Russie et la Türkiye, comme membres du Groupe de travail des communications. 

En outre, la Commission a adopté un projet de décision orale concernant la participation des Îles Cook aux travaux de l’actuelle session conformément aux dispositions de l’article 69 du règlement intérieur des commissions techniques du Conseil économique et social (ECOSOC). 

La Commission de la condition de la femme poursuivra ses travaux demain, mardi 7 mars, à partir de 10 heures. 

SOIXANTE-SEPTIÈME SESSION DE LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME

Déclarations liminaires

Mme MATHU JOYINI, (Afrique du Sud), Présidente de la soixante-septième session de la Commission de la condition de la femme, a exprimé sa solidarité avec toutes les femmes et les filles dans les situations de conflit et des zones touchées par des catastrophes.  Elle a indiqué que cette session sera l’occasion de procéder à une évaluation des progrès accomplis pour surmonter les inégalités entre les femmes et les hommes dans le domaine de « l’innovation et évolution technologique, et l’éducation à l’ère du numérique aux fins de la réalisation de l’égalité des sexes et de l’autonomisation de toutes les femmes et de toutes les filles », thème prioritaire de cette session.  La Commission examinera aussi les nouveaux problèmes pour parvenir à l’égalité entre les sexes dans le cadre des urgences qui se chevauchent actuellement.  Enfin, pour la première fois de son histoire, la Commission discutera du thème prioritaire dans le cadre d’un « segment jeune ». 

La Présidente a estimé que le thème de cette année ne pouvait être plus opportun, notant que les technologies de la numérisation permettent de réaliser des progrès sans précédent pour améliorer la situation socioéconomiques des femmes et des filles.  Cependant, a-t-elle tempéré, cela crée aussi de nouvelles difficultés qui peuvent maintenir ou aggraver les inégalités entre les sexes. 

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré que la Commission de la condition de la femme revêt une importance encore plus grande à l’heure où les droits des femmes sont bafoués, menacés et battus en brèche dans le monde entier.  Il a notamment évoqué la situation en Afghanistan, où les femmes et les filles ont été effacées de la vie publique, ainsi que dans certains des pays les plus riches, où les droits sexuels et procréatifs des femmes sont attaqués.  L’égalité des genres est un horizon de plus en plus lointain.  ONU-Femmes estime qu’au rythme actuel, il faudra attendre 300 ans avant de l’atteindre, s’est-il alarmé.  Le Secrétaire général a également fait état d’une augmentation de la mortalité maternelle, relevant en outre que les effets de la pandémie de COVID-19 continuent notamment de peser sur des millions de filles contraintes d’abandonner leurs études.  De l’Ukraine au Sahel, les femmes et les filles sont les premières et les plus gravement touchées par les crises et les conflits, a déploré M. Guterres, regrettant qu’au niveau international, certains pays s’opposent désormais à la perspective de genre dans les négociations multilatérales.  « La patriarchie contre-attaque.  Mais nous ripostons », a déclaré M. Guterres qui a exhorté à changer les cadres internationaux qui, selon lui, ne sont pas adaptés aux besoins et aspirations des femmes et des filles du monde. 

Passant ensuite au thème prioritaire de la session, le Secrétaire général a constaté qu’à mesure que la technologie progresse, les femmes et les jeunes filles sont laissées à la traîne.  De fait, s’est-il alarmé, trois milliards de personnes, en majorité des femmes et des jeunes filles vivant dans des pays en développement, ne sont toujours pas connectées à Internet.  Dans les pays les moins avancés, seules 19% des femmes utilisent Internet.  À l’échelle de la planète, les filles et les femmes ne représentent qu’un tiers des effectifs dans les filières d’études relatives aux sciences, à la technologie, à l’ingénierie et aux mathématiques.  Dans le secteur technologique, les hommes sont deux fois plus nombreux que les femmes.  En outre, seulement une personne sur cinq travaillant dans le domaine de l’intelligence artificielle est une femme. 

Cet état a été amplifié par la pandémie de COVID-19 qui a creusé les inégalités d’accès à Internet et accentué les dangers qui guettaient les femmes et les filles en ligne, a relevé M. Guterres, s’emportant contre la désinformation et la mésinformation à caractère misogyne qui fleurissent sur les médias sociaux et décriant le « gender-trolling » qui vise tout spécialement à réduire les femmes au silence et à les écarter de la vie publique. 

Des siècles de patriarcat, de discrimination et de stéréotypes néfastes ont créé un énorme fossé entre les genres dans le domaine scientifique et technologique, s’est désolé le Secrétaire général qui a déploré que les femmes ne représentent que 3% des personnes récompensées par un prix Nobel dans des catégories scientifiques.  En outre, les mégadonnées, qui sont un élément essentiel à la prise des décisions politiques et commerciales, prennent rarement en compte les différences entre les genres, voire le genre féminin tout court ce qui fait que des produits et services portent, dès leur conception, la marque de l’inégalité entre les femmes et les hommes.  « Nous ne pouvons pas laisser les Silicon Valleys de notre monde se transformer en vallées de la mort pour les droits des femmes », a tempêté M. Guterres. 

Le Secrétaire général a appelé à prendre des mesures sans délai pour équilibrer la répartition du pouvoir dans trois domaines, tout d’abord en accroissant les niveaux d’éducation, de revenu et d’emploi des femmes et des filles, en particulier dans les pays du Sud.  Pour que les femmes de ces pays soient connectées au monde en ligne, il faut combattre la pauvreté et les inégalités, qui ne cessent d’augmenter, a-t-il indiqué. 

En deuxième lieu, il a engagé les dirigeantes et dirigeants à promouvoir la pleine participation des femmes et des filles et leur accès aux plus hautes fonctions dans les domaines scientifique et technologique, des gouvernements aux conseils d’administration, en passant par les établissements scolaires. 

Enfin, dans un troisième point, il a plaidé pour la création d’un environnement numérique sûr pour les femmes et les filles.  À cet égard, il a indiqué que l’ONU travaille avec diverses parties prenantes pour promouvoir un code de conduite portant sur l’intégrité de l’information diffusée sur les plateformes numériques.  L’objectif étant, selon lui, d’atténuer le préjudice causé et de lutter contre l’impunité, tout en défendant le droit à la liberté d’expression. 

Mme LACHEZARA STOEVA, Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a noté que le rythme inégal de la transformation numérique a exacerbé les obstacles auxquels sont confrontées les femmes et les filles, jugeant « extrêmement opportun » le thème prioritaire de la Commission.  L’éducation à l’ère numérique, dans le contexte d’une innovation et d’une évolution technologique rapides, est essentielle pour relever les défis existants et émergents dans notre monde interconnecté et numérisé, a relevé Mme Stoeva pour qui l’intégration d’une perspective de genre dans la technologie et l’innovation est essentielle.  Elle a espéré que les travaux de la Commission fourniront un cadre susceptible de faire de la technologie un outil de transformation pour le changement social et l’atteinte des objectifs de développement durable.  La Présidente a par ailleurs remercié la Commission pour sa collaboration avec d’autres organes subsidiaires de l’ECOSOC et de l’ONU, alors que le renforcement de ces approches collaboratives figurait parmi les recommandations de l’examen des travaux des commissions techniques et des organes d’experts de l’ECOSOC entrepris l’an dernier. 

M. CSABA KŐRÖSI, Président de l’Assemblée générale, a déclaré que promouvoir une éducation de qualité à l’ère numérique est essentiel pour atteindre les objectifs de développement durable et la promesse de ne laisser personne de côté.  « Si nous n’exploitons pas le plein potentiel de la moitié de l’humanité, comment sommes-nous censés atteindre les objectifs ambitieux énoncés dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030? » s’est demandé le Président.  Il a ensuite relevé que les femmes sont toujours minoritaires dans les domaines de l’informatique, de la physique, des mathématiques et de l’ingénierie, représentant moins de 35% des travailleurs du secteur des technologies de l’information et des communications. 

Or, lorsqu’elles sont bien utilisées, les nouvelles technologies offrent une « force puissante et égalisatrice » pour changer cet état de fait, a fait valoir le Président.  Dans certaines régions, l’apprentissage en ligne réduit les écarts d’éducation entre les sexes, prépare les femmes aux emplois numériques et offre des possibilités d’emploi.  De plus, l’intelligence artificielle peut être conçue de manière à exclure toute discrimination de genre.  Pour sa part, M. Kőrösi a dit continuer de travailler avec son conseil consultatif sur l’égalité des sexes pour intégrer cette perspective dans les travaux de l’Assemblée générale.  Il a encouragé les déléguées à veiller à ce que les politiques d’égalité entre les sexes reposent sur des preuves scientifiques, afin de désamorcer les questions controversées.  Comme la Commission l’a prouvé à maintes reprises, les discussions difficiles peuvent mener à des changements significatifs, a-t-il conclu. 

M. AMANDEEP SINGH GILL, Envoyé du Secrétaire général pour les technologies, a déclaré que les technologies ont ouvert les portes aux femmes aux quatre coins du monde, leur donnant accès à l’éducation, à la formation et à des informations sensibles liées à la santé sexuelle et reproductive.  Elles ont également aidé à faire tomber les barrières de la connaissance qui était considérée comme étant l’apanage des hommes.  Dans le même temps, les technologies sont le miroir du côté sombre et obscur de notre planète, a-t-il fait remarquer, notant que les plateformes numériques ont multiplié la portée de la pornographie, réduisant les femmes et les filles à des objets.  C’est là un élément qui amplifie la violence fondée sur le genre facilitée par les nouvelles technologies, a-t-il déploré.  Ces plateformes ont également conduit à de nouvelles formes de haine qui se répand en ligne, empêchant les femmes de jouir de leurs droits humains, et privant les femmes dirigeantes de la place qui leur revient sur la scène la politique. 

L’Envoyé du Secrétaire général a encouragé à une amélioration de l’accès des femmes et des filles aux compétences, notamment dans le domaine des technologies de pointes, et à veiller à ce que les politiques soient alignées et tiennent compte de la dimension de genre.  Il a également appelé à intégrer les femmes dans les technologies puissantes de l’intelligence artificielle, y voyant l’un des leviers les plus puissants pour changer notre environnement numérique.  Il a en outre indiqué que l’exclusion des femmes du monde numérique est à l’origine de la perte de milliers de milliards de dollars du PIB mondiale.  Ne serait-ce que pour avancer sur la voie des ODD, il faut faciliter la participation accrue des femmes dans les nouvelles technologies, a-t-il insisté. 

Mme LATANYA MAPP FRETT, représentante de la société civile, s’est dite engagée à faire avancer la technologie et l’innovation féminines.  Les infrastructures technologiques que nous créons forgeront en effet les cheffes de l’avenir.  La technologie peut être un outil pour propulser les mouvements féministes, a-t-elle noté, en mettant en garde contre l’intégrisme et la désinformation, qui peuvent être contrés au moyen d’initiatives sur le modèle du programme Verified de l’ONU.  Pour y parvenir, la présence de communautés en ligne est à ses yeux nécessaire pour assurer un plaidoyer efficace.  Elle a appelé à notre « responsabilisation collective » afin d’utiliser les technologies de l’information pour favoriser une plus grande égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.

Dans un message vidéo préenregistré, Mme LORENA DE LA CRUZ, représentante du collectif de jeunes femmes de Quilla Catambuco en Colombie, a souhaité, en tant que jeune paysanne d’origine autochtone, partager sa vision et son expérience d’une vie meilleure avec une compréhension innovante de « l’ensemble » comme un système vivant et interconnecté.  Elle a invité à réfléchir à la crise de la vie à laquelle l’humanité est confrontée, accusant la « pensée occidentale » d’être derrière la « logique du mieux-vivre par la prédation et la compétition », où seuls quelques-uns sont dans l’opulence mondiale.  Aujourd’hui, les êtres humains se sont séparés de la nature, se considérant comme les rois autoritaires de la création, usant et abusant des autres formes d’existence, a-t-elle déploré. 

Afin de tirer profit de l’innovation et de la technologie en faveur d’une vie meilleure, la représentante de la société civile a appelé à concevoir une structure éducative loin de la hiérarchie et de l’individualité, conseillant d’explorer et d’apprendre des pédagogies communautaires, où l’éducation est circulaire et égale pour tous.  Dans cette approche, les filles et les femmes des zones rurales ont la garantie du droit à l’éducation, ce qui contribue à corriger leur sous-représentation dans la science et la technologie.  De même, a-t-elle estimé, il est urgent de générer un changement dans l’utilisation de la technologie, conçue actuellement comme une distraction et ne profitant pas à la créativité et la pensée critique égalitaire.  Enfin, elle a défendu la garantie de l’accès à la technologie à partir d’une vision qui permette de pérenniser des pratiques communautaires, seule façon, à ses yeux, de commencer à construire une structure commune qui émerge de la cosmovision communautaire et « nous permette de mieux vivre ».

Mme SIMA BAHOUS, Secrétaire générale adjointe et Directrice exécutive d’ONU-Femmes, a fait état d’un nouveau type de pauvreté, celui de la « pauvreté numérique », qui exclut les femmes et les filles de manière « dévastatrice ».  « La fracture numérique est devenue le nouveau visage de l’inégalité entre les sexes », a-t-elle ajouté, en appelant la Commission à élaborer des normes à cet effet.  Si la révolution numérique offre des possibilités sans précédent pour les femmes et les filles, elle a également aggravé les inégalités entre les sexes, a constaté Mme Bahous qui a relevé que dans le monde, seuls 28% des diplômés en ingénierie et 22% des travailleurs du domaine de l’intelligence artificielle sont des femmes, bien que les filles obtiennent des résultats équivalents à ceux des garçons dans ces domaines. 

Mme Bahous a notamment cité l’exemple des femmes afghanes qui se sont exprimées par le biais de YouTube et de blogs et qui ont vu leurs portes marquées par les Taliban.  En Iran, de nombreuses femmes et filles continuent d’être prises pour cible en raison de leur participation à des campagnes en ligne.  « Les militantes des droits des femmes ne peuvent pas jouer leur rôle de promotion de l’égalité si elles craignent des représailles », a-t-elle relevé, craignant qu’elles ne deviennent « invisibles ».  « Il s’agit de la nouvelle répression et oppression numérique. »  Selon elle, technologie et innovation constituent des accélérateurs éprouvés qui permettent de réaliser des progrès concrets pour réduire la pauvreté et la faim, améliorer la santé, créer de nouveaux emplois, atténuer les changements climatiques, faire face aux crises humanitaires et améliorer l’accès à l’énergie.  Dans des pays comme le Niger et Haïti, nous avons été en mesure de numériser la collecte de données dans le cadre des évaluations rapides de genre.  Et en Ukraine, les autorités nationales, la société civile et le secteur privé travaillent de concert pour trouver des solutions numériques tenant compte du genre. 

Pour aller de l’avant, la Directrice exécutive d’ONU-Femmes a appelé à réformer et corriger les institutions et les stéréotypes sexistes néfastes qui entourent la technologie et l’innovation.  Il faut aussi investir dans l’éducation numérique, scientifique et technologique des filles et des femmes, tout en faisant en sorte que les femmes occupent des postes de direction dans ces secteurs.  Enfin, il importe de créer des espaces en ligne exempts de violence et d’abus, avec des mécanismes et une responsabilité claire pour lutter contre toutes les formes de harcèlement et de discrimination. 

Mme ANA PELÁEZ NARVÁEZ, Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, a rappelé l’examen, en octobre 2022, du neuvième rapport périodique de l’Ukraine par le Comité et ses recommandations pour la protection et la promotion des droits des femmes, notamment dans les zones touchées par le conflit et des femmes déplacées.  Elle a dénoncé la situation humanitaire désastreuse des femmes et des filles en Afghanistan, où le Comité a récemment mené une visite technique conjointe.  Pourtant, a poursuivi la Présidente, il est de plus en plus évident que le leadership des femmes dans les systèmes de prise de décisions se traduit par des gains tangibles pour la démocratie. 

Selon la Présidente, il est essentiel que les femmes soient représentées de manière égale dans la conception et la prise de décisions concernant l’intelligence artificielle, afin d’éviter que la discrimination à l’égard des femmes persiste dans les systèmes automatisés qui façonneront notre avenir.  Si cette technologie n’est pas accessible et utilisable pour les groupes de femmes défavorisées, elle laissera de côté les talents de milliers de femmes et de filles dans le monde, s’est inquiétée la Présidente. 

Dans un message préenregistré, Mme REEM ALSALEM, Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes et les filles, ses causes et ses conséquences, a déclaré que les progrès technologiques ne sont pas une finalité, mais un moyen pour réaliser l’autonomisation des femmes et des filles et l’égalité des sexes.  Elle a constaté que l’interaction entre l’innovation, les changements technologiques et l’éducation, d’une part, et l’égalité entre les hommes et les femmes, d’autre part, ne se produit jamais dans le vide et est toujours influencée par les éléments structurels du patriarcat et les formes de discrimination qui se chevauchent.  C’est pourquoi, la Rapporteuse spéciale a recommandé de multiplier les mesures de prévention et de réponse globales et interconnectées afin de créer un contexte plus favorable à l’égalité entre les femmes et les hommes.  Cela suppose également de revenir au principe de base consistant à adopter une approche intersectionnelle pour toutes interventions, a-t-elle estimé.

La Rapporteuse spéciale a ensuite invité à accorder une attention particulière à la situation des femmes et des filles en Afghanistan et en Iran, car ces deux pays représentent des exemples dramatiques de la riposte mondiale contre les droits des femmes et des filles.  De telles discussions peuvent transmettre un message bien nécessaire, à savoir que la Commission, le principal organe intergouvernemental consacré à l’égalité des sexes, est activement saisie de leur situation, a-t-elle indiqué.

Discussion générale

Mme MANTY B. TARAWALLI, Ministre de l’égalité des sexes et de l’enfance de Sierra Leone, au nom du Groupe des États d’Afrique, a constaté avec une vive inquiétude que près de la moitié de la population mondiale n’a pas accès à Internet, en particulier les femmes et les filles, les personnes en situation de vulnérabilité, notamment les personnes handicapées, les personnes vivant avec le VIH/sida, les réfugiés et les habitants des pays les moins avancés, dont la majorité se trouve en Afrique.  De plus, a-t-elle fait remarquer, l’impact de la pandémie de COVID-19 a exacerbé les inégalités causées par la fracture numérique, puisque les plus pauvres et les plus vulnérables, qui sont les plus durement touchés, accusent un retard dans l’accès aux TIC. 

Abordant la question de l’agriculture familiale, la Ministre a insisté sur la nécessité de promouvoir l’éducation, la formation et l’information pertinente pour les agriculteurs et les agricultrices, en utilisant des moyens abordables, le transfert de technologie et des mesures concrètes pour améliorer les compétences, la productivité et les possibilités d’emploi des femmes.  Elle a estimé nécessaire d’aborder les technologies numériques nouvelles et émergentes d’une manière qui respecte les obligations des États en vertu du droit international.  Elle s’est ensuite élevée contre la désinformation, et la diffusion d’informations conçues pour inciter à la violence, à la haine, à la discrimination et à l’hostilité. 

Mme PAULINA BRANDBERG, Ministre du genre et de l’égalité de la Suède, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a constaté que dans le monde, une fille a cinq fois moins de chances qu’un garçon d’envisager une carrière dans la technologie.  Elle a indiqué que 2023, correspond à l’Année européenne des compétences, précisant que dans le cadre de l’initiative « Décennie numérique », l’UE s’est engagée à doubler le nombre de spécialistes des TIC pour atteindre 20 millions, avec un meilleur équilibre entre les sexes.  De plus, l’UE finance des initiatives dans le monde entier pour mettre les technologies numériques au service d’une éducation centrée sur l’apprenant. 

À l’échelle mondiale, la représentante a appelé à redoubler d’efforts pour trouver des solutions en matière d’éducation numérique, notamment en adoptant des approches transformatrices pour s’attaquer aux causes profondes des inégalités entre les sexes dans le cadre de l’élaboration des politiques et la prise de décisions.  Ces efforts devraient en outre inclure les personnes handicapées, tenir compte de l’âge, et être adaptés aux zones pauvres et rurales et aux contextes de conflit, a-t-elle recommandé.  Elle a aussi insisté sur la nécessité de s’attaquer aux obstacles structurels et institutionnels qui limitent le potentiel de toutes les femmes et les filles -en particulier celles en situation de vulnérabilité- à conduire et à bénéficier de la transition numérique. 

Au nom du Groupe restreint LGBTI, M. THOMAS BLOMQVIST, Ministre de la coopération nordique et de l’égalité de la Finlande, a estimé que l’innovation et le changement technologique offrent à la communauté internationale l’occasion d’assurer l’inclusion pleine, égale et significative des femmes et des filles lesbiennes, bisexuelles, transgenres et intersexuées dans l’éducation et les politiques publiques.  La discrimination à l’école entrave en effet l’accès des jeunes qui sont ou qui sont perçus comme lesbiennes, bisexuels, transgenres et intersexués à une éducation de qualité. 

L’apprentissage numérique peut accroître l’accès à divers modèles féminins et éliminer les préjugés et les stéréotypes sexistes des programmes pédagogiques, contribuant ainsi à la mise en œuvre de stratégies d’enseignement transformatrices en matière de genre, a poursuivi le Ministre.  Internet et les technologies numériques connexes sont des outils importants pour améliorer la connectivité des groupes marginalisés, a-t-il noté, en appelant les gouvernements à faciliter l’accès de tous à Internet, à des services publics accessibles et inclusifs et à des solutions d’apprentissage à distance.  À l’opposé, l’exclusion numérique, le harcèlement en ligne et la cyberintimidation peuvent être particulièrement préjudiciables.  Le Ministre a condamné le recours à la censure des sites Web consacrés aux personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées, souvent utilisés pour construire des communautés.  Ces atteintes à la sûreté et à la sécurité en ligne sont particulièrement répandues dans les États où leur identité est criminalisée ou soumise à des lois punitives, a-t-il relevé. 

Mme IRINA VELICHKO (Bélarus), s’exprimant au nom du Groupe des Amis de la famille, s’est inquiétée de l’affaiblissement de l’institution de la famille, qui peut avoir des effets préjudiciables sur la croissance économique, la démographie, la santé publique et l’avenir des enfants.  Elle a indiqué que tout en reconnaissant l’importance de la maternité et du rôle important des femmes dans l’éducation des enfants, le Groupe est engagé à développer les politiques visant à soutenir les multiples rôles des femmes dans la société, y compris dans les domaines de la science et de la technologie.  À cette fin, il est nécessaire, selon elle, de gérer les changements technologique et numérique pour favoriser l’autonomisation économique des femmes et leur permettre de développer leurs compétences dans ces domaines.  Elle a souligné l’importance de promouvoir l’équilibre travail-famille dans le monde numérique et d’accorder aux femmes exerçant des responsabilités familiales la flexibilité nécessaire. 

M. MOHAMMED HUSSEIN BAHR ALULOOM (Iraq), au nom du Groupe des États arabes, s’est félicité des possibilités offertes par les nouvelles technologies pour améliorer la situation socioéconomique des femmes et combattre les stéréotypes négatifs à cet égard.  Il a dénoncé les défis que constituent pour les femmes la violence engendrée par l’utilisation des technologiques de l’information, les politiques coloniales et les législations discriminatoires de l’occupation israélienne en Palestine.  Le fossé numérique existant entre les sexes constitue à ses yeux un obstacle à l’autonomisation des femmes de la région.  La coopération régionale et l’amélioration des possibilités d’emploi pour les femmes dans le domaine numérique peuvent, selon lui, combler ce fossé et assurer leur accès aux innovations technologiques. 

Mme GISELE NDAYA LUSEBA, Ministre du genre, famille et enfant de la République démocratique du Congo, au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a mis en avant les nombreux cadres politiques établis par la SADC pour promouvoir l’innovation et l’utilisation des technologies à tous les niveaux, à commencer par l’approbation, en 2017, de la Charte de la SADC sur la création de l’Organisation des femmes dans le domaine des sciences, de l’ingénierie et de la technologie.  Le Protocole de la SADC sur le genre et le développement, qui a été révisé en 2016, appelle, en outre, les États parties de la SADC à prendre des mesures spéciales pour augmenter le nombre de filles choisissant les matières STIM et les TIC aux niveaux secondaire, tertiaire et supérieur d’ici à 2030. 

Pour faire en sorte que les femmes et les filles soient au centre du changement dans l’innovation technologique, la Ministre a recommandé que les lacunes des politiques et des cadres et processus législatifs soient comblées et qu’il y ait des investissements dans l’infrastructure numérique pour combler le clivage entre les sexes.  Elle a également appelé à faire de la formation aux compétences numériques des femmes et des filles une priorité; à renforcer leur alphabétisation numérique et à faciliter leur accès aux appareils et outils numériques.  Il faut en outre s’attaquer aux stéréotypes qui découragent les filles d’embrasser des carrières dans les domaines des STIM et s’assurer que l’économie numérique puisse garantir la participation sûre et sécurisée des femmes et des filles.

Mme LYNDA TABUYA, Ministre des femmes, des enfants et de la lutte contre la pauvreté des Fidji, qui s’exprimait au nom du Forum des îles du Pacifique, est revenue sur la Stratégie 2050 pour le continent bleu du Pacifique qui inclut la technologie et la connectivité comme domaine thématique, et souligne l’importance d’une région bien connectée tout en garantissant l’inclusion, l’accessibilité et le caractère abordable.  Elle s’est aussi enorgueillie que plusieurs pays insulaires du Pacifique ont formé des groupes « Women in IT » (femmes dans les TIC) et offrent des bourses d’études et des possibilités de formation pour les femmes et les filles dans le domaine des STIM. 

Elle a expliqué que dans la région du Pacifique, les femmes représentent 24% des membres des conseils d’administration du secteur de la finance et des TIC, ce qui est supérieur à la moyenne mondiale de 17%.  Cependant, de nombreuses femmes continuent de se heurter à des obstacles pour accéder à la technologie en raison du manque de connaissances numériques, des normes sociales et culturelles et du manque de ressources financières, notamment dans les communautés rurales et maritimes.  Elle a appelé à accroître les investissements dans le développement et mettre en œuvre des politiques et des plans d’action complets en matière de TIC axés sur la remise en question des stéréotypes sexistes traditionnels, en atteignant les femmes rurales et âgées et en promouvant les femmes aux postes de décision et aux normes sociales.  De même, il faut encourager le secteur privé dans les petits États insulaires en développement à rendre les services financiers et les transactions en ligne accessibles et abordables afin de soutenir l’autonomisation économique des femmes, en particulier celles qui vivent dans les zones rurales et reculées.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), Mme I GUSTI AYU BINTANG DARMAWATI, Ministre de l’autonomisation des femmes et de la protection des enfants, a estimé que l’innovation et le changement technologique sont des outils essentiels pour atteindre l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.  Malgré les progrès accomplis par les pays de l’ASEAN au cours des dernières décennies, elle a reconnu que des lacunes subsistent dans les domaines de l’éducation, des moyens de subsistance, des soins de santé et des services essentiels.  La Ministre a rappelé les récentes initiatives de l’ASEAN pour renforcer le rôle des femmes dans la paix, la stabilité et le développement durable à l’ère numérique, notamment l’organisation du Sommet des femmes leaders de l’ASEAN et le soutien à l’entrepreneuriat féminin.  L’ASEAN a outre mis en œuvre des politiques afin d’assurer l’intégration de perspectives de genre dans ses travaux, a-t-elle ajouté.

Mme SACRAMENTO NETO (Angola), au nom de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), s’est inquiétée de l’impact continue de la COVID-19 sur le creusement du fossé numérique et de ses répercussions sur les plus vulnérables.  Elle a aussi dénoncé l’impact des conflits sur les femmes, appelant à la mise en œuvre de toute urgence de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité.  Elle a assuré que la CPLP a identifié plusieurs priorités en matière d’égalité des sexes d’ici à 2024 et a rappelé l’existence d’un mémorandum d’entente entre la Communauté et ONU-Femmes sur un certain nombre de questions.  La représentante s’est ensuite inquiétée du fait que la moitié de l’humanité n’a pas accès à Internet et a appelé à remédier à cette situation.  Elle a également appelé à prévenir les dangers qui découlent des TIC et à mettre en place des moyens de lutte contre la violence sexiste dans le contexte numérique.  L’éducation est considérée comme une priorité en matière de coopération, a-t-elle ajouté, appelant ensuite à mettre un terme à la fracture numérique sexiste.

M. OBEDIAH H. WILCHCOMBE, Ministre des services sociaux et du développement urbain des Bahamas, a déclaré, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), que la transformation numérique ouvre de nouvelles voies pour l’autonomisation économique des femmes et peut contribuer à l’égalité des sexes.  Un accès à Internet et des compétences numériques offrent aux femmes un éventail de possibilités en matière d’éducation et d’emploi, d’échange d’informations et de réseautage, accroissant d’autant leur participation à la vie publique.  Il est donc impératif, selon lui, que les femmes et les filles soient à la fois des agents et des bénéficiaires de la technologie, de l’innovation et de la numérisation.  Le Ministre a indiqué que le groupe de travail sur les compétences numériques de la CARICOM s’emploie à faire progresser les compétences dans la région en dispensant des conseils sur le développement des compétences numériques.  Le programme de partenariat CARICOM Girls in ICT a pour objectif de s’attaquer à la sous-représentation historique des femmes et des filles dans ces domaines, le plus souvent en raison de stéréotypes sexistes, a expliqué le Ministre.  De même, les technologies de l’information peuvent contribuer à relever les défis des changements climatiques et de l’élévation du niveau de la mer, questions cruciales pour les États membres de la CARICOM. 

Mme MARÍA INÉS CASTILLO DE SANMARTÍN (Panama), intervenant en sa capacité de Présidente de la Commission interaméricaine des femmes de l’Organisation des États américains (OEA), a observé que si la pandémie de COVID-19 a mené à une plus grande utilisation des outils numériques, elle a également révélé un « énorme écart » entre les sexes en termes d’accès aux technologies de la communication, à l’éducation en ligne et au télétravail.  La plus grande présence des femmes dans l’espace numérique a également entraîné une augmentation de la violence à leur encontre.  Nous manquons toujours de définitions, de cadres juridiques et de ressources pour imposer des sanctions à cet égard, a-t-elle déploré.  « Le monde numérique ne peut pas en être un où nos femmes et nos filles sont en danger, où les femmes militantes ont peur, où les femmes politiques sont harcelées et où les femmes dans toute leur diversité sont invisibles en raison des obstacles qui se dressent devant elles », s’est inquiétée la représentante.  Ces dernières années, la Commission interaméricaine des femmes a déployé des efforts importants pour élargir sa coordination avec les représentants des États membres de l’OEA pour forger de nouvelles alliances avec le mouvement féministe, a précisé la déléguée. 

M. BAGDAT MUSSIN, Ministre du développement numérique, des innovations et de l’industrie aérospatiale du Kazakhstan, qui s’exprimait au nom des pays d’Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, Turkménistan et Ouzbékistan) a partagé la nouvelle approche régionale en matière d’économie numérique pour accélérer l’égalité des sexes.  Ces mesures, a-t-il précisé, englobent l’infrastructure numérique, les plateformes publiques numériques, les services financiers numériques, les entreprises numériques et les compétences numériques.  Pour ce faire, les différents gouvernements et les opérateurs de télécommunications s’emploient conjointement à combler les lacunes en matière de couverture et d’utilisation afin de garantir une connectivité complète et de qualité, en particulier dans les zones rurales, où la fracture numérique persiste, a indiqué le Ministre. 

En plus de développer des services publics numériques et des plates-formes d’administration en ligne sur la base des principes de transparence, d’intégrité et de responsabilité, il s’agit également de créer un environnement politique et commercial favorable aux femmes entrepreneurs en Asie centrale.  Ces dernières années, l’Asie centrale a montré une formidable opportunité pour la croissance de la technologie financière et des services numériques, car la pénétration du mobile, le soutien du gouvernement et l’innovation financière du secteur privé n’ont cessé d’augmenter, s’est-il félicité. 

Mme VERA JOUROVA, Vice-Présidente de la Commission européenne et Commissaire chargée des valeurs et de la transparence, qui s’exprimait au nom du Groupe des Amis pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles, a indiqué être préoccupée par les risques potentiels posés par les progrès rapides de l’innovation et de l’évolution technologique, en particulier les différents types de violence, de harcèlement et d’abus fondés sur le sexe.  Elle a appelé à intensifier l’action aux niveaux national, régional et international et renforcer les normes relatives à la violence fondée sur le sexe en ligne et par le biais des technologies numériques.

Elle a appelé la communauté internationale à sensibiliser aux cas de violence sexiste commis en ligne et par le biais des technologies numériques, et à établir des lois, mécanismes réglementaires et recours pour y faire face et engager des poursuites, en utilisant une approche centrée sur la survivante.  De même, elle a sensibilisé sur la prise pour cible en ligne des femmes et des filles, y compris les politiciennes, les journalistes, les défenseuses des droits humains, et les militantes pour la paix.  Enfin, l’intervenante a exhorté à garantir un accès à la justice, à des voies de recours efficaces et centrées sur les survivants, ainsi qu’à des services de santé mentale et de soutien psychosocial. 

Mme KATALIN NOVÁK, Présidente de la Hongrie, a parlé de la vie dans son pays, dans l’ombre de la guerre en Ukraine, « dont on ne voit plus la fin ».  Nous ne pouvons pleinement soutenir les femmes sans prendre en compte le fait que la plupart d’entre elles sont ou seront des mères, a-t-elle dit, en appelant les États Membres à leur fournir les mêmes chances de s’épanouir personnellement et professionnellement que les hommes.  Alors que plus 6% du budget de son pays est consacré au soutien à la famille, elle a noté que certaines considèrent la vie familiale comme dépassée.  Elle a appelé à protéger la famille et les valeurs familiales, ajoutant avoir l’impression que « ceux qui n’ont pas eux-mêmes d’enfants veulent élever les nôtres ».  Nous défendrons nos enfants, notre culture, nos traditions et notre liberté, sans compromis, a-t-elle affirmé. 

M. ALAIN BERSET, Président de la Confédération suisse, s’est inquiété que la tendance positive vers l’égalité des sexes commence à s’inverser du fait des crises actuelles qui ont un impact disproportionné sur les femmes, qui occupent généralement des emplois moins sûrs et moins bien rémunérés.  Pour y faire face, il a prôné le respect de l’état de droit et des instruments multilatéraux tels que la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  Si la transformation numérique est un levier puissant pour l’autonomisation des femmes et des filles, elle comporte également le risque de reproduire les biais de genre du fait d’algorithmes discriminatoires, a-t-il relevé.  Les nouvelles technologies alimentent aussi la violence fondée sur le genre en ligne, ce qui empêche les femmes et les filles de faire valoir leurs idées et de participer pleinement au débat démocratique.  Dans le cadre notamment des négociations de la convention-cadre sur l’intelligence artificielle du Conseil de l’Europe, la Suisse poursuit son engagement à faire en sorte, que les nouvelles technologies favorisent le développement durable et l’égalité des genres, a-t-il assuré. 

Mme SALOME ZOURABICHVILI, Présidente de la Géorgie, s’est engagée à assurer que ce siècle de technologie et d’innovation n’aura pas d’effets négatifs et ne fera que renforcer les opportunités pour les femmes et les filles.  Elle a reconnu que, malgré des progrès tangibles, la Géorgie doit encore relever des défis importants.  De fait, a-t-elle détaillé, 48% des femmes âgées de 24 à 35 ans ne sont pas économiquement actives, surtout dans les zones rurales, et plus de la moitié des femmes politiques ont subi une forme de violence. 

Un autre défi concerne le rôle de la société civile, qui est central pour permettre aux voix des femmes d’être mieux entendues.  À cet égard, a-t-elle indiqué, l’introduction par certains groupes d’un projet de loi qui restreindrait la liberté des organisations non gouvernementales serait extrêmement préjudiciable à la transformation démocratique de notre société, à l’élimination de la discrimination et de la violence fondées sur le sexe et, à notre parcours d’intégration européenne.  Elle a ajouté avoir exprimé en interne ses vives objections à ce projet de loi.

Mme ENSIEH KHAZALI (République islamique d’Iran) a déploré que des Iraniennes soient « privées de leur droit légal d’être membres de cette Commission par certains politiciens occidentaux », sous de « faux prétextes » et selon une « procédure dangereuse et inappropriée », en violation des principes des Nations Unies.  Elle a relevé « l’ironie amère » de ces actions de la part de certains pays qui enregistrent le plus grand nombre de femmes assassinées ou incarcérées, en particulier parmi les personnes de couleur.  L’adhésion de l’Iran à la Commission a été annulée alors que les femmes iraniennes ont un statut plus élevé que les femmes de ces pays, a poursuivi la déléguée, en fustigeant les « mensonges et la pression des puissances hégémoniques et le battage médiatique créé par des médias achetés, dans le but purement politique d’isoler l’Iran ».  Pourtant, a-t-elle ajouté, l’Iran a éradiqué l’analphabétisme chez les filles, 60% des enseignants iraniens sont des femmes et 56% de l’enseignement supérieur est dispensé par des femmes, qui participent également au développement des nouvelles technologies. 

Mme REBECCA NYANDENG DE MABIOR, Vice-Présidente du Soudan du Sud, a reconnu que les femmes et filles dans son pays continuent de se heurter à de nombreux obstacles les empêchant de s’émanciper pleinement.  En tant que Présidente du Groupe de la thématique femme et jeunesse, elle a expliqué avoir placé l’éducation, la santé et les possibilités économiques au cœur de ses priorités.  Ainsi, elle a indiqué travailler avec « nos partenaires » et pour la toute première fois une conférence sur le leadership transformationnel pour les femmes a eu lieu le mois dernier à Juba.  Cela relève, selon elle, d’une véritable volonté politique dans l’intérêt de la paix et de l’équité au Soudan du Sud.  Il s’est agi de donner aux femmes dirigeantes un espace leur permettant de réfléchir au rôle de chef de file qu’elles pourraient jouer, a-t-elle dit. 

Mme KATRÍN JAKOBSDÓTTIR, Première Ministre de l’Islande, a déclaré que les algorithmes sont aussi défectueux que leurs créateurs, s’inquiétant de l’intégration de préjugés sexistes.  Notant l’importance des données pour l’intelligence artificielle, elle s’est également préoccupée de l’énorme déficit de données sur le rôle des femmes dans la société.  Si nous n’avons pas de données sur les femmes et si les algorithmes sont majoritairement conçus par des hommes, le risque est que les nouvelles technologies rendent notre monde encore plus inégalitaire, a-t-elle averti.  En outre, la numérisation a renforcé une résistance croissante à l’égalité des sexes et créé une nouvelle plate-forme pour la violence sexiste.  Des chiffres récents montrent que 38% des femmes ont été victimes de violence en ligne.

La dignitaire s’est également inquiétée de la recrudescence de la violence sexiste en temps de guerre, notamment en Ukraine où, a-t-elle indiqué, des femmes ont été violées et agressées sexuellement dans le cadre de la stratégie militaire russe.  La violence domestique continue aussi d’être l’une des plus grandes menaces pour les femmes et représentait 50% de l’ensemble des crimes violents signalés en 2020 en Islande.  Elle a précisé que ce taux élevé fait suite à un changement de protocole sur la façon dont sont traité les crimes de violence domestique.  L’Islande a par ailleurs adopté une législation progressiste sur l’avortement en 2019, garantissant l’autodétermination des femmes sur leur corps. 

M. MARIAN JUREČKA, Vice-Premier Ministre et Ministre du travail et des affaires sociales de la Tchéquie, a estimé que la technologie moderne et la transition numérique peuvent contribuer à l’élimination des inégalités entre les sexes.  Afin que la technologie soit utilisée « pour faire tomber les barrières et non pour les renforcer », il a appelé à la concevoir d’une manière qui respecte les droits humains et favorise l’autonomisation des femmes et des filles.  Pour ce faire, l’espace en ligne doit être ouvert, accessible, gratuit, sûr et sécurisé pour tous.  L’agression de la Russie contre l’Ukraine a mis en danger le fragile processus de reprise après la pandémie de COVID-19 et a affecté les prix des biens, des services, de l’énergie et du logement, a-t-il noté, alors que près d’un demi-million de personnes ont obtenu une protection temporaire en Tchéquie, pour la plupart des femmes et des enfants.  « La voie vers une croissance économique plus durable sera tracée si nous parvenons à construire un lieu où les femmes et les hommes, les filles et les garçons, dans toute leur diversité, ont des chances égales de réussir et de participer à la société », a fait valoir le Ministre. 

M. LUKA MESEC, Vice-Premier Ministre et Ministre du travail, de la famille, des affaires sociales et de l’égalité des chances de la Slovénie, a dit que si la technologie numérique offre des possibilités, elle peut également contribuer à creuser les inégalités.  « L’écart numérique entre les sexes est réel », a-t-il ajouté, ce qui se traduit non seulement par des occasions perdues, mais également par l’augmentation des inégalités économiques.  Les femmes âgées et rurales sont particulièrement vulnérables à cet égard, étant le plus souvent exclues ou sous-représentées dans la sphère numérique.  En Slovénie, a poursuivi le Ministre, près de 90% des salariés diplômés des technologies de l’information sont des hommes.  Le plan d’action pour l’éducation numérique 2021-2027 prévoit d’ailleurs une réforme des programmes scolaires obligatoires pour y intégrer l’acquisition de compétences numériques.  Pour appuyer l’autonomisation et l’éducation numériques des femmes, la Slovénie a adopté une résolution sur le Programme national pour l’égalité des chances entre les femmes et les hommes qui fait la promotion de l’inclusion des femmes dans les professions, les secteurs et l’entrepreneuriat à haut potentiel (STIM), ainsi que l’inclusion des hommes et des femmes dans les professions atypiques. 

Mme MAJA GOJKOVIĆ, Vice-Première Ministre de la Serbie, a indiqué que son gouvernement a mis en œuvre diverses mesures visant à améliorer l’accès aux technologies, notamment dans les zones rurales où l’accès à l’informatique est limité.  Elle a parlé de plusieurs initiatives qui ont été lancées visant à améliorer les connaissances des femmes dans ce domaine, dont le programme Girls in Technology qui offre une formation et un mentorat aux jeunes femmes qui souhaitent améliorer leurs compétences informatiques et commerciales. 

La Serbie met aussi en œuvre un certain nombre de politiques sensibles au genre pour appuyer la participation des femmes à l’économie numérique.  Il s’agit notamment d’initiatives visant à réduire les écarts de rémunération entre les sexes et à augmenter le nombre de femmes cadres, a-t-elle précisé.  À l’heure actuelle, a-t-elle ajouté, la Serbie compte 1 400 entreprises innovantes dans ce domaine, où les femmes cadres et employées sont présentes en nombre, et le secteur des TIC rapporte à son pays plus de 2,7 milliards d’euros. 

Mme OLHA STEFANISHYNA, Vice-Première Ministre de l’Ukraine, a indiqué que depuis l’invasion de son pays, huit millions d’Ukrainiens, pour majorité des femmes et des enfants ont dû prendre la fuite, souvent sans prendre leurs documents avec eux.  Grâce à la numérisation, ils ont rapidement pu en obtenir de nouveaux.  Les Ukrainiens ont également été 1,4 millions à utiliser leur smartphone pour s’inscrire en tant que personnes déplacées et faire une demande d’aide.  Elle a fait savoir que de nombreuses Ukrainiennes ont perdu leur emploi et que le Gouvernement s’efforce en outre de rendre le marché du travail accessible grâce à la numérisation et 72 000 femmes utilisent le service public pour l’emploi qui a en outre lancé un programme de bourse à l’intention des femmes dans l’armée de l’air.  La dignitaire a également indiqué que les femmes représentent 35% des employés du secteur des TI et 50% des cadres dans certaines entreprises, chiffres que le Gouvernement entend augmenter grâce à l’éducation et à la formation.  Malgré la guerre, nous nous efforçons également d’assurer un Internet haut débit dans tout le pays et d’améliorer l’accès à Internet dans les zones reculées et rurales, a ajouté la Vice-Première Ministre qui a souligné que la numérisation, la transparence, le développement durable et l’égalité sont essentiels pour la reconstruction de l’Ukraine.

Mme EVELYN WEVER-CROES, Première Ministre d’Aruba (Pays-Bas), a déploré que la prolifération des nouvelles technologies amplifient les inégalités et les stéréotypes, la violence sexiste en ligne ainsi que les écarts entre les sexes dans l’accès aux compétences numériques.  Il nous incombe donc de permettre aux femmes et aux filles de saisir les possibilités offertes par l’innovation numérique en termes d’inclusion sociale et de perspective économique, tout en en atténuant les dangers.  À cet égard, une représentation égale des femmes et des filles dans les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques ainsi que la recherche et le développement, secteurs toujours dominés par les hommes, est cruciale.  Pour sa part, Aruba, s’efforce de susciter l’intérêt des filles pour ces domaines au moyen d’expériences immersives dans le laboratoire national d’innovation Futura, a-t-elle expliqué.  En outre, l’Université d’Aruba, comme d’autres aux Pays-Bas, a mis en place un programme axé sur le développement durable reposant sur la technologie dans les petits États insulaires en développement. 

Mme DERYA YANIK, Ministre de la famille et des services sociaux de Türkiye, a estimé que les deux tremblements de terre meurtriers qui ont récemment touché son pays ont prouvé une fois de plus l’importance d’atteindre les ODD à l’aide de nouvelles solutions.  « Le monde ne peut pas se permettre de laisser les femmes de côté, surtout à l’ère du numérique », a-t-elle ajouté.  L’accès accru à la technologie et à Internet a en effet offert aux femmes de nouvelles possibilités de participer à l’économie, à l’éducation et à la politique.  Nous devons toutefois garder à l’esprit que les nouvelles technologies peuvent également perpétuer les inégalités existantes.  À cet égard, la Ministre a expliqué que son pays mène des activités d’alphabétisation numérique et d’éducation familiale à l’intention des femmes. 

Mme KIM HYUN SOOK, Ministre de l’égalité des sexes et de la famille de la République de Corée, a mis en avant les efforts de son pays visant à intensifier la formation professionnelle et à remédier au déséquilibre entre les sexes dans le domaine des technologies émergentes et des secteurs à forte valeur ajoutée tels que l’informatique, l’intelligence artificielle (IA) et les mégadonnées.  L’objectif est de faire progresser la présence des femmes dans des domaines où la demande d’emplois est appelée à croître, a expliqué la Ministre. 

C’est dans cet esprit que sera mis en place un organe consultatif (public/privé) en vue d’améliorer le développement des talents féminins dans des secteurs tels que les TIC, les semi-conducteurs et les petites et moyennes entreprises manufacturières.  Le Gouvernement veille également à favoriser un environnement numérique sûr à travers l’intensification des sanctions et la mise en place de réformes législatives dans le but d’éradiquer les crimes sexuels numériques et apporter un soutien complet aux victimes.  La République de Corée s’est aussi attelée à combattre les préjugés sexistes découlant du développement technologique, notamment au niveau des données et des algorithmes.  La Ministre a par ailleurs informé que le Centre d’excellence pour la promotion de l’égalité des sexes dans la région Asie-Pacifique prévoit d’organiser cette année un forum international sur l’innovation et le changement technologique à l’ère numérique pour atteindre l’égalité des sexes. 

Mme MARLENE SCHIAPPA, Secrétaire d’État chargée de l’économie sociale et solidaire de la France, a déclaré que les outils du numérique sont de formidables outils d’émancipation.  Ils permettent de mobiliser, d’agir, d’accompagner, de soutenir, a-t-elle affirmé, notant que grâce à #MeToo plus personne ne peut fermer les yeux et les oreilles face aux violences sexuelles.  Elle a mis en avant la volonté de son gouvernement pour que les femmes prennent toute leur place dans « la tech » et dans les formations scientifiques.  Nous avons fait de la création et la reprise d’entreprises par des femmes une priorité de la banque publique d’investissement française.  Fait inédit, a-t-elle ajouté, les entreprises qui ne respectent pas l’index d’égalité professionnelle, ne seront pas financées.  Et l’ensemble des aides d’État seront désormais conditionnées à l’index d’égalité professionnelle et notamment au fait qu’elles présentent un bilan paritaire exemplaire.  De même, la France s’est également donnée comme objectif d’atteindre la parité dans les filières scientifiques d’ici à 2027 et de créer un programme pour accompagner 10 000 jeunes filles à se former aux métiers de la tech.  « Nous voulons des milliers de petites Marie Curie », a-t-elle soutenu. 

Enfin, son gouvernement va consacrer d’ici à 2027, 75% de son aide publique au développement à la lutte contre les inégalités de genre, a-t-elle dit.  Elle a appelé à agir pour faire d’Internet un endroit sûr pour les femmes, indiquant que la loi Schiappa du 3 août 2018 introduit un délit de « harcèlement groupé » qui réprime les phénomènes de « meute » en ligne.  « Let’s get loud! », a-t-elle ensuite lancé en anglais, citant la « grande autrice contemporaine » Jennifer Lopez.

Mme MAYA MORSI, Ministre des femmes et Présidente du Conseil national des femmes de l’Égypte, a parlé des cadres et initiatives nationales en matière d’autonomisation des femmes, mettant en avant les investissements en matière de sensibilisation.  Les femmes représentent 14% des diplômés universitaires, 48% des chercheuses, 40% du personnel des entreprises TIC et occupent 15% des postes à responsabilité dans les ministères des TIC, a-t-elle détaillé.

Pour la toute première fois, un partenariat a été conclu avec l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) afin d’autonomiser les femmes au sein des communautés locales, a-t-elle indiqué, précisant qu’une plateforme a été mise en place pour promouvoir les idées les plus novatrices.  Le Gouvernement a par ailleurs aidé un million de femmes à diriger des microentreprises et près de 2 000 jeunes filles ont bénéficié de programmes d’apprentissage en informatique, ce qui leur a permis de mieux s’insérer au marché du travail.

Mme CELINA LEZCANO, Ministre des femmes du Paraguay, s’est inquiétée des inégalités persistantes qui limitent l’accès des femmes et des filles à l’innovation et aux changements technologiques et les empêchent de jouir pleinement de leurs droits fondamentaux.  À ses yeux, la pandémie de COVID-19 a mis en évidence l’urgence de réduire la fracture numérique entre les hommes et les femmes, dont les effets sont ressentis avec une acuité particulière par les populations vulnérables, notamment les femmes rurales.  C’est pourquoi le Gouvernement national a mis en place le programme Agenda Digital, une stratégie de transformation numérique et de modernisation de l’État.  Des centres régionaux pour les femmes ont été munis de matériel informatique et des services sociaux complets leur sont fournis via l’application Centro Ciudad Mujer, afin de favoriser leur autonomisation.  Le Paraguay s’est en outre associé à la plateforme #Todasconectadas, qui fait partie de l’Alliance régionale pour la numérisation des femmes en Amérique latine et dans les Caraïbes, en offrant des outils pour les entreprises numériques. 

Mme MONIKA NAVICKIENĖ, Ministre de la sécurité sociale et du travail de la Lituanie, a déclaré que malgré les drones et les bombes russes, les femmes ukrainiennes continuent de faire entendre leurs voix grâces aux nouvelles technologies.  Elle a cité l’exemple de la base de données Dattalion, opérée essentiellement par des femmes qui répertorient les crimes de guerre commis par les soldats en Ukraine afin de les exposer au grand jour.  La Ministre a dénoncé les violences sexuelles liées au conflit et renforcées par les technologies numériques alors que, par leur conception même, certaines applications protègent les responsables.  À cet égard, les femmes et les filles doivent apprendre à protéger leur vie privée sur Internet et dans les médias sociaux, a-t-elle ajouté. 

Mme AAWATIF HAYAR, Ministre de la solidarité, de l’intégration sociale et de la famille du Maroc, a décrit le programme de développement économique mis en place par son pays sur la base de l’innovation et de la numérisation, en tenant compte de toutes les strates de la société, y compris les femmes et les filles.  De même, le Gouvernement a mis en place l’entité royale pour la protection sociale afin de résorber les inégalités, et protéger les filles et les femmes contre toutes les formes d’abus et de discrimination, y compris dans le domaine technologique.  De plus, a-t-elle relevé, un Comité national pour l’égalité de sexes et l’autonomisation des femmes a été créé en 2022 ainsi que des centres de refuges d’urgence. 

M. RODERIC O’GORMAN, Ministre de l’enfance, de l’égalité, du handicap, de l’intégration et de la jeunesse de l’Irlande, a indiqué que dans la stratégie « Harnessing Digital », lancée l’année dernière, son pays s’est engagé à augmenter le nombre de femmes occupant des postes de direction dans les entreprises numériques et les start-ups.  Cette stratégie nationale en matière d’intelligence artificielle vise à améliorer l’équilibre entre les sexes dans ce domaine, a-t-il soutenu, se disant parfaitement conscient des risques sexospécifiques liés aux technologies émergentes, notamment celui de la violence sexiste facilitée par la technologie.  C’est pourquoi, l’année dernière, son gouvernement a adopté une loi visant à établir un nouveau cadre réglementaire pour la sécurité en ligne. 

Mme SUSANNE RAAB, Ministre fédérale des femmes, de la famille et de l’intégration des médias de l’Autriche, a dit être résolue à éliminer les stéréotypes sexistes et à renforcer la position des femmes et des filles dans le domaine des sciences, des technologies et de l’ingénierie. 

Parmi les initiatives actuelles, elle a cité le Fonds national autrichien pour l’autonomisation des femmes et des filles Let’s Empower Austria.  Fondée il y a un an, LEA fonctionne comme une plateforme pour les initiatives d’autonomisation existantes, notamment dans le domaine des STIM. Cette approche consiste, a expliqué la Ministre, à une mise en relation dans les écoles au profit des jeunes filles.  L’Autriche a également mis en œuvre des mesures dans le domaine de la politique du marché du travail afin d’améliorer les compétences numériques des femmes et des filles, comme le programme de formation Frauen in die Technik du service public de l’emploi autrichien.

M. CHUTI KRAIRIKSH, Ministre du développement social et de la sécurité humaine de la Thaïlande, s’est félicité des efforts déployés par son pays depuis 2019 en matière d’accélération de la réduction de la fracture numérique, en particulier pour les femmes et les filles dans les zones reculées.  Parmi les projets mis en œuvre, le Ministre a cité Village Broadband Internet Project qui fournit un accès gratuit à l’Internet aux femmes et aux filles pour bénéficier de l’éducation en ligne et des opportunités d’emploi.  Une formation de formateurs à la culture numérique a également été organisée au profit de près d’un million de personnes à travers le pays, a ajouté le Ministre. 

Dans le domaine de l’économie numérique, le Gouvernement thaïlandais collabore avec des associations de femmes d’affaires pour renforcer les connaissances commerciales et les compétences numériques des femmes entrepreneurs dans les microentreprises et petites et moyennes entreprises, a-t-il renseigné.  Il a également attiré l’attention sur le programme Women in STEM Workforce Readiness and Development et rappelé la célébration chaque année en Thaïlande de la « Journée internationale des filles dans les TIC », qui vise à inciter les jeunes filles à s’engager dans la révolution technologique et à acquérir les compétences nécessaires à l’évolution de leur carrière. 

Mme PAULINE KEDEM TALLEN, Ministre des affaires des femmes du Nigéria, a expliqué que son gouvernement a adopté une approche budgétaire fondée sur le genre dans ses plans fiscaux.  Une telle approche signifie que les femmes et les filles figurent plus que jamais au premier plan du développement national, notamment les femmes en situation de handicap.  Ces efforts reposent sur les 35% d’actions affirmatives, principe figurant dans la politique nationale sur le genre révisée 2021-2025, a-t-elle noté.  Le Nigéria représente aujourd’hui le plus grand marché technologique en Afrique sub-saharienne, alors que les technologies de l’information enregistrent la plus grande croissance de tous les secteurs.  Des programmes de formation aux technologies de l’information ont été mis en place afin de résorber le fossé numérique.  Pour exploiter pleinement du développement économique engendré par la technologie, il est nécessaire d’adopter des politiques, de construire les infrastructures et d’effectuer et assurer les investissements nécessaires, a assuré la Ministre. 

Mme TAINA BOFFERDING, Ministre de l’égalité entre les femmes et les hommes du Luxembourg, a déclaré que l’enjeu majeur de la transition vers l’ère digitale est de faire du numérique une chance pour toutes et tous.  Elle a indiqué qu’au Luxembourg, uniquement 16,8% des spécialistes en matière des TIC sont des femmes, et a souligné que garantir une place aux femmes dans l’innovation et les changements technologiques n’est non seulement une question de droits, d’équité et d’égalité mais également une nécessité pour l’emploi et la croissance économique.  Il nous faut agir de manière proactive, et ce, dès le plus jeune âge, a-t-elle affirmé.

La Ministre a ensuite passé en revue certaines des initiatives lancées par son gouvernement, dont le site Internet girlsindigital.lu qui fournit aux femmes et aux filles un accès à l’information sur les opportunités de la digitalisation et les voies possibles pour s’y investir.  Elle a appelé à intégrer la dimension du genre dans toutes les initiatives liées à la digitalisation, mais aussi à rester vigilants par rapport aux effets négatifs que la digitalisation, et particulièrement l’intelligence artificielle, peut avoir sur l’égalité́ entre les genres.  La reproduction et la diffusion de stéréotypes de genre doivent être contrecarrées, a-t-elle insisté.  D’autre part, les risques d’exposition à des formes de violence digitale sexuelle et sexiste sont réels, surtout pour les filles et les femmes, et doivent être évités à tout prix.

Mme LINDIWE ZULU, Ministre du développement social de l’Afrique du Sud, a salué le rapport du Secrétaire général qui contient des conseils sur la manière d’exploiter les technologies numériques pour assurer l’égalité des chances et les droits des femmes et des filles, comme le veut la Position africaine commune sur la construction d’une économie et d’une société numériques inclusives.  Pour y parvenir, le Gouvernement sud-africain travaille avec les établissements d’enseignement supérieur et les organisations impliquées dans l’innovation et la technologie par le biais de partenariats public-privé.  La Ministre a cité l’exemple d’une plate-forme dédiée au signalement des cas de violence sexiste à l’aide d’un système de suivi en ligne.  Elle s’est dite déterminée à réduire la fracture numérique entre les sexes afin que les femmes et les filles soient pleinement en mesure de jouir de leurs droits humains. 

Mme PAOLA FLORES, Ministre des femmes et des droits humains de l’Équateur, a indiqué que son pays a adopté des politiques publiques avec pour vocation d’éradiquer la violence faite aux femmes, de résorber la fracture numérique et de mettre sur pied des politiques exhaustives pour renforcer la prévention des cycles de violence subis par les femmes.

C’est dans cet esprit, que l’Équateur a mis sur pied en novembre 2022, et pour la toute première fois, un ministère des droits humains qui agit dans l’intérêt des femmes et dont l’objectif est de faire en sorte que les femmes ne connaissent plus la violence.  Pour finir, la Ministre a mis en exergue les efforts consentis pour fixer un objectif de transformation vers le numérique grâce à la participation des femmes, et ce, dans tous les domaines relevant de la plateforme de Beijing.

M. OGURA MASANOBU, Ministre d’État pour l’égalité des sexes du Japon, a estimé très important de promouvoir l’emploi dans le secteur numérique en vue de générer des opportunités pour les femmes et les communautés locales.

L’autonomisation des femmes dans le secteur numérique est l’un des principaux moteurs de la croissance économique, a-t-il affirmé.  C’est dans cet esprit que son gouvernement s’efforce de créer des opportunités pour les étudiantes et de les attirer vers les sciences et les technologies, et de promouvoir la compréhension du choix des STIM parmi les étudiantes, les parents et les enseignants.

Enfin, le Ministre a annoncé que dans le cadre de la présidence japonaise du Groupe des Sept cette année, il est prévu une réunion ministérielle en juin prochain à Nikko, Tochigi, qui se penchera sur l’autonomisation économique des femmes, notamment dans le secteur numérique, et des mesures à prendre pour relever les défis apparus dans le cadre de la pandémie de COVID-19.

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