En cours au Siège de l'ONU

9220e séance – matin & après-midi  
CS/15140

Le Conseil de sécurité résonne d’appels à réformer la gouvernance internationale et à encadrer l’exercice du droit de veto

Lors d’un débat public convoqué par l’Inde, qui assure ce mois-ci sa présidence tournante, le Conseil de sécurité a entendu aujourd’hui une soixantaine d’États Membres, représentés pour plusieurs au niveau ministériel, réitérer leurs appels à une réforme de la gouvernance internationale et à un encadrement de l’exercice du droit de veto, privilège des membres permanents du Conseil de sécurité. 

Comment insuffler un nouvel élan à la refonte du multilatéralisme, de sorte que les outils dont nous disposons aujourd’hui nous aident à faire face aux problèmes qui se poseront demain ?  Quels devraient être les grands éléments de la nouvelle orientation à donner à la refonte du système multilatéral ?  Quelles sont les mesures à prendre pour que le Conseil de sécurité soit représentatif des réalités mondiales contemporaines ?  Telles étaient les questions soulevées par la note de cadrage fournie aux participants par la Présidente indienne.

Un consensus a émergé, selon lequel la réforme doit être celle du système international dans son ensemble, englobant le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale, mais aussi les institutions financières internationales.  Si une majorité de délégations a souhaité un élargissement de la composition de cet organe dans les deux catégories de membres – permanents et non-permanents – l’utilisation du droit de veto a moins fait l’unanimité parmi les orateurs. 

Le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, le Président de l’Assemblée générale, M. Csaba Kőrösi, ainsi que les Ministres des affaires étrangères de l’Inde, du Pakistan, de l’Arménie ou de la Pologne notamment, ont critiqué l’inertie d’une architecture multilatérale mondiale, largement devancée par les mutations géopolitiques: les pays du Sud global restent marginalisés au sein des organes de gouvernance et 70 États n’ont jamais été membres du Conseil de sécurité, alors que des défis mondiaux colossaux et polarisants se posent partout, « dans un monde où la seule certitude est l’incertitude », a résumé le Chef de l’Organisation.

Aussi M. Guterres a-t-il rappelé son intention de présenter aux États Membres en 2023 son Nouvel Agenda pour la paix, qui examinera « comment nous pouvons mettre à jour les moyens de médiation, de maintien et de consolidation de la paix et de lutte contre le terrorisme dont nous disposons » et fera état des liens existant entre les nombreuses formes de vulnérabilité, les droits humains, la fragilité des États et l’éclatement des conflits. 

L’interdépendance de tous ces défis impose un multilatéralisme revitalisé, efficace, représentatif et inclusif, la communauté internationale se trouvant à un tournant décisif, avec le processus de négociations intergouvernementales lancé sur la question de la réforme du Conseil de sécurité, a estimé le Président de l’Assemblée générale.  Mais il a déploré qu’il s’agisse du seul processus de cette nature à ne pas être assorti d’un échéancier ou à s’appuyer sur un texte de négociation.

Le continent africain doit être prioritaire dans la future composition de la réforme du Conseil, ont plaidé le Gabon, le Ghana ou le Japon, en estimant que ce serait un moyen de réparer une injustice historique.  Les pays africains n’accepteront pas d’être relégués indéfiniment au rang de spectateurs, a prévenu l’Égypte à cet égard.

Dans cette configuration, le Conseil de sécurité pourrait ainsi compter jusqu’à 25 membres, a proposé la France.  De son côté, L’Assemblée générale, organe universel par excellence, pourrait disposer de davantage de pouvoirs pour que les voix des 193 États Membres qui la composent soient prises en compte.  En outre, les institutions financières internationales, comme celles de Bretton Woods, doivent mieux prendre en compte les problématiques des pays en développement et ne plus être la « chasse gardée de quelques États Membres », a lancé le Kenya.

Le Mexique a de son côté jugé illusoire d’imaginer que le simple élargissement du nombre de membres permanents de sécurité suscitera, « comme par magie  », le consensus.  Selon lui, le succès du Conseil dépend, dans une large mesure, du fait que ses membres n’abusent pas du droit de veto. 

Sur ce point précis, différents avis se font fait entendre.  Pour les États-Unis, la Norvège, la Pologne, le Japon ou le Guatemala, l’exercice du droit de veto doit être encadré et même restreint dans le cas d’atrocités et de crimes de masse.  Pour d’autres, le veto est anachronique, une « pomme de discorde » selon l’Albanie, pour qui il empêche le Conseil de sécurité de s’acquitter correctement de son mandat.  Selon les pays africains, il faut soit annuler le droit de veto, soit l’octroyer à tous les membres du Conseil pour éviter tout déséquilibre systémique en son sein, a résumé l’Égypte. 

L’Assemblée générale, a annoncé aujourd’hui son Président, convoquera en 2023 un débat sur l’exercice du droit de veto, le Secrétaire général se disant prêt de son côté à apporter son soutien à toute décision visant à rationaliser les pratiques de l’Assemblée générale. 

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES: UNE NOUVELLE ORIENTATION POUR LA REFONTE DU MULTILATÉRALISME

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a affirmé que le système international, créé après la Seconde Guerre mondiale, avait réussi à prévenir un conflit militaire entre grandes puissances: les États dotés d’armes nucléaires ont coopéré pour réduire leur nombre, prévenir la prolifération et éviter une catastrophe nucléaire, en même temps que le rétablissement et le maintien de la paix par les Nations Unies ont aidé à mettre fin aux conflits et à sauver des millions de vies.  Mais malgré ces progrès importants, la communauté internationale est toujours aux prises avec nombre de défis depuis 76 ans: guerres interétatiques, limites du maintien de la paix, terrorisme, système de sécurité collective divisé, évolution spectaculaire des conflits, dans le même temps que les armes létales sont de moins en moins chères et de plus en plus sophistiquées, donnant à l’humanité aujourd’hui, la capacité de s’anéantir entièrement. 

À cela, s’ajoutent la crise climatique, qui contribue désormais aux conflits de multiples façons, les implications négatives des technologies numériques qui se multiplient, la désinformation et les discours de haine qui empoisonnent le débat démocratique et alimentent l’instabilité sociale.  Par ailleurs, de nombreux éléments de la vie moderne deviennent des armes: le cyberespace, les chaînes d’approvisionnement, les migrations, l’information, les services commerciaux et financiers et les investissements.  Or, les cadres de coopération mondiale n’ont pas suivi cette évolution, à tel point qu’aujourd’hui, les problèmes deviennent rapidement polarisants, exigeant une mise à jour de la boîte à outils, des normes et approches de la communauté internationale. 

En réponse à tous ces défis et dans le cadre de son rapport « Notre Programme commun », le Secrétaire général a dit proposer un Nouvel Agenda pour la paix, qu’il espère soumettre aux États Membres en 2023.  Ce dernier adoptera une vision large et à long terme et abordera toute la gamme des défis sécuritaires connus et émergents auxquels la communauté internationale est confrontée, qu’ils soient locaux, nationaux, régionaux et internationaux.  Cet ordre du jour examinera les moyens de mettre à jour les outils existants de médiation, de maintien de la paix, de consolidation de la paix et de lutte contre le terrorisme.  Il analysera également les menaces nouvelles et émergentes dans des domaines moins traditionnels, notamment le cyberespace et l’espace extra-atmosphérique et identifiera les liens entre de nombreuses formes de vulnérabilité, les droits de l’homme, la fragilité des États et le déclenchement de conflits.

Le Secrétaire général a ensuite relevé qu’une majorité d’États Membres a désormais conscience que le Conseil de sécurité devrait être réformé pour refléter les réalités géopolitiques contemporaines.  Il a dit être prêt à apporter le soutien nécessaire à cette fin, observant aussi que le Conseil tire déjà parti des nouvelles méthodes de travail mises en place, notamment des débats publics et des mécanismes informels.  Le Secrétariat se tient également prêt à apporter son soutien à toute décision visant à rationaliser les pratiques de l’Assemblée générale, en matière de résolutions, de présentation de rapports, de fonctionnement des commissions ou de renforcement des travaux de la semaine de haut niveau. 

Il a aussi estimé que le sommet biennal qu’il est proposé d’organiser entre le Conseil économique et social (ECOSOC), les chefs d’État et de gouvernement du G20, le Secrétaire général ainsi que les institutions financières internationales, constituerait aussi une étape importante vers une meilleure coordination de la gouvernance mondiale et la création d’un système financier global adapté au monde d’aujourd’hui.  Il a conclu en soulignant l’obligation de se rappeler la promesse de la Charte des Nations Unies: préserver les générations futures du fléau de la guerre.  Nous nous devons de tenir cette promesse, à l’aide d’un multilatéralisme revitalisé, efficace, représentatif et inclusif, a-t-il ajouté. 

M. CSABA KŐRÖSI, Président de l’Assemblée générale, a déclaré que nous sommes à un tournant décisif pour le multilatéralisme.  « À un carrefour historique.»  Selon lui, les règles, instruments et institutions qui ont guidé les relations entre États pendant plus de 75 ans sont aujourd’hui confrontés à des questions profondes, voire existentielles.  Alors que le monde émerge de la pandémie de COVID-19 et qu’il est aux prises avec les crises climatiques, la dette, les urgences alimentaires et énergétiques, une chose est sûre: ces défis mondiaux sont bien trop colossaux pour qu’une nation, à elle seule, puisse les juguler, a dit M. Kőrösi.  Notre seul espoir consiste à rechercher une solution multilatérale, conformément à la Charte des Nations Unies et au droit international, a-t-il ajouté, rappelant que les mesures prises à l’ONU ont des effets sur huit milliards de personnes. 

Le Président a critiqué l’inaction de l’Assemblée générale et, plus fréquemment, celle du Conseil de sécurité.  Trop souvent, a-t-il commenté, de graves clivages géopolitiques ont empêché des réponses et des progrès au sein du Conseil.  Ces visions continueront-elles d’influencer les capacités collectives du maintien de la paix et de la sécurité?  Le multilatéralisme doit et peut mieux fonctionner, a fait valoir M. Kőrösi, indiquant que les 193 États Membres de l’ONU ont des attentes par rapport aux 15 membres du Conseil de sécurité.  Il a salué le fait que le Conseil a été en mesure, la semaine dernière, d’établir une exemption humanitaire pour tous les régimes de sanctions.  Toutefois, il a déploré le fait que depuis le début de la guerre en Ukraine, pas une seule résolution n’a été adoptée par le Conseil pour alléger la crise.  L’Assemblée générale s’est vue obligée d’agir lorsque les décisions ont été bloquées par le Conseil. 

M. Kőrösi a indiqué, dans ce contexte, que l’initiative de l’Assemblée sur le veto avait ouvert « une grande porte pour une nouvelle forme de collaboration et de reddition de comptes ».  Il a annoncé qu’il convoquerait en 2023 un débat formel sur l’utilisation du veto pour permettre aux États Membres de mener une réflexion sur la manière dont les deux organes pourraient œuvrer de concert, dans le cadre de leurs fonctions respectives, en appui à la paix et à la prospérité. 

En dehors de la salle du Conseil de sécurité, a expliqué le Président, les États Membres négocient dans le cadre de 15 processus sur un certain nombre de questions, dont la lutte contre le terrorisme, la santé, le développement durable et la gouvernance numérique.  L’un de ces processus, a-t-il précisé, est la négociation intergouvernementale sur la réforme du Conseil de sécurité avec la participation de tous les États.  Il s’agit d’un mandat confié à l’Assemblée depuis plusieurs années, mais qui ne répond pas encore aux attentes des États alors même que plus d’un tiers des dirigeants du monde ont défendu la nécessité d’une telle réforme lors de la semaine de haut niveau en septembre dernier.

Il n’y a rien de plus incertain que de mener l’introduction d’un nouveau système, mais rien n’est plus nécessaire, a justifié le Président, en renvoyant à la confiance que les populations placent dans l’Organisation.  Pour conclure, il a exhorté à dépasser les calculs, la méfiance et les anciennes rivalités, se déclarant disposé à aider les États Membres autant que possible. 

M. SUBRAHMANYAM JAISHANKAR, Ministre des affaires extérieures de l’Inde, a espéré que cette séance du Conseil sera l’occasion d’un dialogue franc sur l’efficacité des institutions multilatérales créées, il y a plus de 75 ans, et qu’elle débouchera sur un document final qui reflètera l’importance de la refonte du multilatéralisme et qui permettra de déterminer à quel type d’ONU et d’ordre mondial nous aspirons pour tenir compte de la réalité actuelle.  Le Conseil de sécurité a un rôle clef à jouer dans l’examen de cette question incontournable, a souligné le Ministre, rappelant que le débat sur la réforme de cet organe n’a pas progressé en 40 ans.  Pourtant, lors de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale, la plupart des délégations se sont à nouveau prononcées en faveur de cette réforme et le défi aujourd’hui est de traduire cela en résultats concrets, a exhorté le Ministre.  Face à la multiplicité de crises qui ont mis en exergue des inégalités, le caractère inacceptable du statu quo en matière de multilatéralisme, le Ministre a plaidé pour une représentation continue de l’Afrique, de l’Asie et des petits États insulaires en développement au Conseil de sécurité, qui ne peut plus se passer de leur participation.  En outre, les méthodes de travail des institutions internationales, dont ce Conseil, doivent être plus transparentes et redevables car à défaut, il sera accusé de politisation. 

Cette année, il y avait plus de 70 dirigeants qui ont appelé de leurs vœux la réforme du Conseil, a-t-il rappelé, en imputant l’absence de progrès sur cette question à la nature même du processus de négociations intergouvernementales, « le seul processus qui n’est pas assorti de calendrier aux Nations Unies et qui ne se fonde pas sur un texte de négociation ».  En outre, il n’existe pas de procès-verbaux des délibérations du Groupe à composition limitée sur la réforme du Conseil pour pouvoir examiner les progrès, a critiqué M. Jaishankar, et certains disent même que l’on ne pourra entamer les négociations que lorsqu’un consensus aura été dégagé.  « C’est vraiment mettre la charrue avant les bœufs », s’est impatienté le Ministre, en rappelant la frustration des États Membres qui ne souhaitent pas de petits changements graduels.  Alors que le Secrétaire général a appelé « à juste titre » à saisir les crises actuelles pour donner toute son ampleur au multilatéralisme, il a souligné que, pour cela, il ne faut pas rester prisonnier du passé.  Notre Programme commun ne pourra porter ses fruits que si l’on répond à la demande de réforme du multilatéralisme, a-t-il insisté en conclusion.

Mme NOURA BINT MOHAMMED AL KAABI, Ministre de la culture et de la jeunesse des Émirats arabes unis, a appuyé la demande de l’Inde de briguer un siège de membre permanent au Conseil de sécurité dans le cadre d’une indispensable réforme de cette institution.  Elle a regretté que les pays du Sud soient défavorisés dans la gouvernance multilatérale parce que le Conseil de sécurité ne rend pas compte de la réalité de la diversité.  Ainsi les pays africains et arabes sont-ils toujours désavantagés dans les deux catégories de membres du Conseil, ainsi que dans la composition des institutions de Bretton Wood dont le système de vote permet de préserver une composition non représentative.  La Ministre s’est particulièrement inquiétée d’un déséquilibre qui verra la dette globale des pays du Sud atteindre bientôt 2 500 milliards de dollars.  Selon elle, le récent sommet du G20 à Bali et le travail de la Türkiye dans le cadre du processus d’exportation des céréales depuis la région de la mer Noire a démontré la valeur ajoutée des pays en développement dans les relations internationales et la promotion du multilatéralisme.  Alors que le monde fait face à la plus grande épreuve commune depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Ministre a dit la nécessite d’un multilatéralisme revigoré dans l’intérêt de la paix. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a rappelé l’historique de la création de l’ONU, qui dès la conférence de San Francisco, lui a confié le rôle d’assurer le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Aujourd’hui, et en dépit des réalisations de l’Organisation en matière de paix, de développement, d’aide humanitaire, il faut en faire davantage, en particulier demander des comptes à ceux qui cherchent à saper les objectifs de la Charte.  Pour y parvenir, il faut réformer l’ONU, y compris le Conseil de sécurité.  Le droit de véto doit par exemple être encadré et les États-Unis soutiennent l’initiative du Liechtenstein visant à ce que l’Assemblée générale se réunisse lorsque celui-ci est exercé.  Elle a également indiqué que son pays soutient globalement une réforme du Conseil de sécurité et est disposé à entendre tous les points de vue sur la question.  Mais à côté de cette réforme, d’autres organes des Nations Unies aussi, notamment les systèmes sanitaire et humanitaire doivent être réformés pour plus d’efficacité et de rapidité de réaction.  En cela, le rapport du Secrétaire général Notre Programme commun est un outil sur lequel faire fond, a suggéré Mme Thomas-Greenfield. 

M. RAMSES CLELAND, Secrétaire permanent du Ghana, a souligné que les pères fondateurs avaient des ambitions justifiées à San Francisco mais que, depuis 1945, les crises mondiales ont gagné en fréquence, en ampleur et en complexité.  Les défis actuels démontrent qu’il faut mener à bien une réforme de tous les piliers de l’ONU, ainsi que des dispositifs de paix et de sécurité et des systèmes de développement et de financement.  Si les réformes ne sont pas des fins en soi, elles demeurent indispensables, a souligné M. Cleland, rappelant la Déclaration politique adoptée à l’occasion du 75e anniversaire de l’ONU, ainsi que l’appel du Président du Ghana au Conseil de sécurité pour remédier à la perte du crédit de cet organe en raison de sa structure anachronique.  Il a appuyé la demande du continent africain pour qu’il soit prioritaire dans la future composition de la réforme du Conseil, ce qui réparerait une injustice historique.  Il s’est félicité du Nouvel Agenda pour la paix dans le cadre du rapport du Secrétaire général « Notre Programme commun ».  Selon lui, l’Assemblée générale, qui est l’organe le plus représentatif, devrait avoir davantage de pouvoir.  Il a également plaidé pour une coopération accrue avec les organisations régionales et sous régionales.  Un nouveau système multilatéral, a ajouté le représentant, devrait aussi se concentrer sur les institutions internationales en dehors de l’ONU qui ne prennent pas en compte les problématiques des pays en développement, en particulier les institutions de Bretton Woods. 

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a estimé que les disparités de développement entre les nations doivent être au cœur de la gouvernance internationale si nous voulons attaquer aux causes profondes de bon nombre des problèmes interconnectés auxquels le monde est confronté aujourd’hui.  Il a souligné que le conflit en Ukraine a ravivé de vieilles querelles et amené le monde, une fois de plus, au bord du désastre.  Pour le représentant, l’impasse au Conseil de sécurité sur cette question et l’effet d’entraînement que ce conflit a eu dans d’autres instances multilatérales ont eu un effet déstabilisateur, exacerbant des lacunes connues de longue date, et révélé les conséquences de « notre incapacité à adapter les anciennes institutions aux nouvelles réalités ». 

M. FERGAL MYTHEN (Irlande) a rappelé que la première chose qu’a faite l’Irlande lorsqu’elle est devenue indépendante en 1921 fut d’adhérer à la Société des Nations pour montrer sa détermination à promouvoir le multilatéralisme.  Il a exhorté les institutions internationales à s’adapter aujourd’hui aux réalités du terrain.  L’Irlande, a-t-il indiqué, a participé en avril 2022 aux travaux du groupe d’États mené par le Liechtenstein pour présenter au Conseil de sécurité une résolution sur la nécessité de ne pas recourir au veto en cas d’atrocités de masse.  Il a aussi cité la récente adoption de la résolution 2664 (2022) du Conseil de sécurité prévoyant une exemption humanitaire à l’application de ses régimes de sanctionsLe représentant a jugé indispensable de modifier la composition du Conseil et la façon dont sont prises ses décisions.  « Le veto est anachronique et empêche le Conseil de sécurité de remplir son mandat », a-t-il insisté avant d’exhorter les États Membres à s’entendre au moins sur la nécessité de protéger les civils.  Enfin, il a prévenu que les réformes à elles seules ne pourront garantir un multilatéralisme « authentique » si les États Membres ne sont pas déterminés à s’engager en faveur du multilatéralisme. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a souligné l’importance de renforcer le système multilatéral et de soutenir l’ordre international fondé sur des règles à la lumière des défis extraordinaires, complexes et interconnectés, y compris les menaces mondiales posées par les changements climatiques et les violations des droits humains qui affectent de manière disproportionnée les femmes et les filles.  En outre, avec l’invasion illégale de l’Ukraine par la Fédération de Russie, le monde assiste à la violation par un membre permanent du Conseil de la Charte des Nations Unies et aux principes de souveraineté et d’intégrité territoriale.  Le Conseil de sécurité et l’ONU dans son ensemble doivent donc continuer à mener une action décisive en la matière, a estimé la représentante.  Mme Woodward a également soutenu le principe d’une réforme du Conseil de sécurité, incluant son élargissement, dans les deux catégories de membres, afin de le rendre plus représentatif du monde contemporain.  À cet égard, son pays soutient l’attribution de sièges permanents au Brésil, à l’Allemagne, à l’Inde et au Japon, ainsi qu’une représentation permanente de l’Afrique, a-t-elle indiqué.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a constaté que l’ordre international multilatéral est aujourd’hui mis à mal par les partisans de la loi du plus fort.  « L’idée qu’un système international fondé sur des règles est le meilleur garant de notre sécurité et de notre prospérité n’est plus évidente pour tous ».  Pourtant, a-t-il poursuivi, la plupart des défis auxquels le système international est confronté appellent une réponse collective.  Le représentant a réaffirmé l’appui de la France à la candidature de l’Allemagne, du Brésil, de l’Inde et du Japon comme membres permanents du Conseil de sécurité, et souhaité également une présence renforcée des pays africains, parmi les membres permanents et parmi les membres non-permanents.  Ainsi, un Conseil élargi pourrait compter jusqu’à 25 membres, a-t-il suggéré, ce qui rendrait cet organe plus représentatif du monde d’aujourd’hui, tout en préservant sa nature exécutive et opérationnelle.  La France appelle à ce que le nouveau cycle de négociations intergouvernementales aboutisse à des résultats concrets et substantiels, ce qui implique d’avancer désormais sur la base d’un texte.  Dans un contexte marqué par une guerre d’annexion menée par un membre permanent du Conseil de sécurité, en violation de la Charte des Nations Unies, le représentant a noté que de nombreux États plaident en faveur d’un encadrement du veto afin de renforcer la capacité du Conseil de sécurité à assumer pleinement ses responsabilités dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  C’est dans cet esprit, a-t-il expliqué, que la France a proposé, dès 2013, que les cinq membres permanents du Conseil suspendent volontairement et collectivement l’usage du veto en cas d’atrocités de masse.  Cette démarche volontaire n’exige pas une révision de la Charte mais un engagement politique des membres permanents.  Elle reposerait sur un mécanisme qui viendrait « objectiver » la situation d’atrocités de masse et déclencher la suspension de l’usage du veto, a préconisé M. de Rivière, avant d’appeler tous les États Membres à appuyer cette initiative conjointe avec le Mexique, qui jouit déjà du soutien de 106 États.

M. ZHANG JUN (Chine) a déclaré que l’ONU doit rester au cœur du multilatéralisme et les règles internationales doivent être formulées par tous, plutôt que par quelques-uns de façon unilatérale et imposées à la communauté internationale.  En outre, elles doivent faire fond sur le droit international.  Aujourd’hui, l’ordre international fondé sur des règles est ambigu et ne représente pas la volonté collective, a constaté à regret le représentant.  Aucun pays ne peut fonder sa politique sur une quête de monopole au détriment des intérêts d’autres, a estimé le représentant, en rappelant que la Chine a toujours défendu le multilatéralisme. 

S’agissant du Conseil de sécurité, le délégué a appelé au respect mutuel entre ses membres, qui doivent miser sur le dialogue et éviter d’attiser les clivages.  « Il nous appartient de rester unis et d’œuvrer de concert à la paix et à la sécurité internationales », a-t-il exhorté.  Le délégué a également émis des réserves sur l’efficacité des sanctions, en appelant à les réexaminer, voir à les lever, lorsque l’évolution de la situation sur le terrain le permet.  Il a ensuite appelé à améliorer les méthodes de travail du Conseil, notamment en adaptant le système de porte-plumes pour créer une rotation entre membres permanents et non permanents sur l’ensemble des questions à l’ordre du jour.  Le représentant a appelé à accorder une place à ces pays dans sa composition, notamment à l’Afrique.  Pour la Chine, les négociations intergouvernementales mandatées par l’Assemblée générale restent la seule façon de dégager le plus large consensus possible pour que la réforme du Conseil soit synonyme de progrès, qu’elle défende les intérêts de tous plutôt que ceux d’une poignée de pays.

M. MARTIN KIMANI (Kenya) a fait quatre propositions pour parvenir à un monde plus équitable.  Il a d’abord demandé l’adhésion des États à l’Article 100 de la Charte afin de protéger le Secrétaire général et le personnel de toute influence ou instruction extérieure.  « Le Secrétaire général doit exercer pleinement l’Article 99 sans tenir compte de l’approbation ou de la désapprobation d’un État ou d’une partie », a insisté le représentant avant d’appeler, dans un deuxième temps, à modifier les règles du jeu et le mode de sélection des hauts responsables des fonds, agences et institutions spécialisées des Nations Unies, afin que la direction des grandes institutions ne soit plus la « chasse gardée de quelques États Membres ».  Troisièmement, a-t-il poursuivi, il faut renforcer les liens entre l’ONU et les accords régionaux, d’autant plus que des mécanismes régionaux forts jouent un rôle clef pour prévenir l’escalade des conflits.  À cet égard, le représentant a souligné la valeur ajoutée de l’architecture de paix et de sécurité de l’Afrique.  Le Kenya, qui préside le groupe de travail ad hoc sur la prévention et la résolution des conflits en Afrique, a facilité des réunions productives entre le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  Nous pouvons faire beaucoup plus pour unir les efforts de l’Afrique à ceux du Secrétaire général et du Conseil de sécurité agissant en vertu du Chapitre VIII sur les arrangements régionaux; de l’Article 33 sur la négociation, l’enquête, la médiation, la conciliation, l’arbitrage, le règlement judiciaire des différends susceptibles de mettre en danger la paix; et de l’Article 47 conduisant à une utilisation plus efficace du Comité d’état-major et de ses liens avec les organisations régionales, a-t-il souligné.  Enfin, le représentant a mis l’accent sur les réformes de fond et de procédure du Conseil de sécurité en appuyant le consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte de 2005.  Il a jugé nécessaire de changer la pratique actuelle des porte-plumes au Conseil de sécurité qui se traduit souvent par la promotion d’intérêts nationaux.  C’est pourquoi il a demandé que tous les nouveaux dossiers concernant l’Afrique incluent un membre de l’A3 comme porte-plume. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a jugé impossible de parler de réforme de la gouvernance multilatérale sans souligner l’urgente nécessité de faire face aux impacts socioéconomiques de la pandémie, qui ont affecté de manière variable économies et marchés internationaux.  Les disparités croissantes d’un pays à l’autre rendent encore plus urgente la nécessité de réformer le système financier international et d’évoluer vers un modèle plus inclusif, équitable et juste. 

Le délégué a également jugé illusoire de penser que le simple ajout de nouveaux membres permanents au Conseil de sécurité générera, « comme par magie », le consensus nécessaire lui permettant de s’acquitter de son mandat.  Car le succès du Conseil dépend, dans une large mesure, du fait que ses membres n’abusent pas du droit de veto, a analysé le représentant, en ajoutant qu’un Conseil doté de membres supplémentaires, et peut-être avec plus de veto, ne sera pas l’organe qui pourra véritablement agir au nom de tous les États Membres de l’ONU.

Le représentant a en outre estimé qu’une réforme axée sur la hausse du nombre de membres permanents est contraire au principe de l’égalité juridique des États.  Ce qu’il faut, c’est une réforme qui permette à davantage de pays, et non à moins, de participer au Conseil, dans un contexte où près de 70 États n’ont jamais été membres du Conseil de sécurité.  Le sien, a-t-il dit, appuiera les propositions en faveur d’un élargissement du nombre de sièges pour les membres élus. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a souligné que le multilatéralisme n’est pas toujours synonyme de succès car, avec la montée du nationalisme, par exemple, de nombreux conflits font rage et des millions de civils en pâtissent.  Ainsi l’agression en Ukraine a-t-elle violé toutes les règles internationales et ébranlé la capacité du concert des nations d’œuvrer pour la paix.  Le représentant a toutefois salué l’initiative sur le veto à l’Assemblée générale.  Le recours au droit de veto ou son utilisation abusive étant une pomme de discorde, il a appuyé l’initiative de la France et du Mexique à ce sujet ainsi que les propositions figurant dans le Code de conduite relatif à l’action du Conseil de Sécurité à l’égard du génocide, des crimes contre l’humanité ou des crimes de guerre.  Pour prévenir la prolifération nucléaire, le représentant a par ailleurs appelé à la prise en compte des guerres numériques, de la biotechnologie et de l’intelligence artificielle pour trouver de nouvelles idées pour la paix, soutenant ensuite le Nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général.  Il n’est plus possible de permettre au système de demeurer paralysé par une « sclérose institutionnelle », a-t-il conclu, et il convient d’agir pour garantir la pleine jouissance de tous les droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous. 

Mme MONA JUUL (Norvège) a fait remarquer que le multilatéralisme et les institutions multilatérales sont « sous pression », et qu’en tant que petit État la Norvège le ressent vivement.  Pour la Norvège, le Conseil de sécurité doit jouer un rôle vital dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, ainsi que dans la diplomatie préventive et l’action précoce qui sont souvent sous-utilisées.  C’est dans cette perspective que la Norvège continuera d’appuyer les discussions en cours à l’Assemblée générale sur la réforme globale du Conseil, a indiqué la représentante, en soulignant qu’il y a des mesures qui peuvent et doivent être prises maintenant, ne nécessitant pas d’apporter des amendements à la Charte.  Tout d’abord, le Conseil doit entendre des voix plus diverses pour créer un multilatéralisme plus inclusif et devenir plus représentatif.  Cela implique l’augmentation du nombre de sièges permanents et non permanents pour l’Afrique, a estimé la représentante.  Elle a également soutenu la demande des A3 de pouvoir être porte-plume sur les dossiers africains, et, de manière générale, de permettre aux membres non permanents de jouer un rôle plus actif sur les dossiers pertinents.  Ensuite, elle a encouragé le Conseil à être plus conscient de l’impact direct de ses décisions sur la vie des personnes sur le terrain.  Il devrait impliquer systématiquement divers intervenants de la société civile, y compris des femmes défenseuses des droits humains dans ses délibérations.  Enfin, a poursuivi la représentante, le Conseil doit être davantage connecté au reste du système multilatéral.  Il ne peut, à lui seul, résoudre tous les défis, a-t-elle relevé, avant de saluer le rôle vital joué par l‘Assemblée générale avec l’initiative sur l’utilisation du droit de veto notamment, et les travaux sur le Code de conduite relatif à l’action du Conseil de sécurité contre le génocide, les cimes contre l’humanité ou les crimes de guerre.  La Norvège souhaite davantage de responsabilité et de transparence autour de l’utilisation du veto. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a souhaité que l’architecture de sécurité reflète mieux les réalités actuelles et futures pour pouvoir réinventer des solutions aux menaces telles que les changements climatiques et l’insécurité du cyberespace.  Il a jugé incompréhensible que le continent africain, le deuxième continent le plus peuplé, qui représentera un quart de la population mondiale d’ici à 2050 et occupe actuellement 70% de l’ordre du jour du Conseil de sécurité, n’ait toujours pas de siège de membre permanent.  Face à ce constat, le représentant a appelé à réformer l’organe conformément au consensus d’Ezulwini et à la Déclaration de Syrte.  Ensuite, a-t-il indiqué, nous devons redéfinir nos règles et nos mécanismes pour faire face, de manière adéquate, à l’évolution de l’insécurité et du terrorisme.  Il a appelé à garantir l’inclusion et la solidarité, et à ne laisser aucune place à la politique du deux poids, deux mesures.  Nous devons construire un nouveau contrat social, un nouveau pacte mondial entre les générations, entre les gouvernants et les gouvernés, à l’échelle mondiale et régionale, en mettant un accent particulier sur les jeunes, les femmes, la société civile et le secteur privé, a préconisé le représentant.  « Il est illusoire de penser que l’humanité survivra avec des bulles de sécurité et de prospérité entourées d’un océan d’insécurité et de misère. » 

M. VASSILY A.NEBENZIA (Fédération de Russie) a déclaré que la confiance s’érode au sein de la communauté internationale et de l’ONU, en raison de la politique de certains États occidentaux, qui édictent des règles qui leur conviennent, veulent conserver un monde unipolaire colonialiste et impérialiste, sans changement.  Et, cela n’a pas commencé en février de cette année, a dit le délégué, ajoutant que c’est justement le refus de l’Occident de nouer un dialogue sur la question de l’extension de l’OTAN, qui, aujourd’hui, a plongé l’Europe dans un conflit qui menace la paix mondiale.  Le représentant a également déclaré que, de manière évidente, le Conseil de sécurité doit s’adapter à la nouvelle donne internationale et être démocratisé par un élargissement à l’Afrique, à l’Asie et l’Amérique latine.  

M. BILAWAL BHUTTO ZARDARI, Ministre des affaires étrangères du Pakistan, a estimé que le multilatéralisme doit faire fond sur un respect universel et constant des principes et buts de la Charte des Nations Unies, a-t-il souligné, rappelant que ce respect est d’autant plus essentiel à la lumière des conflits en cours et de l’occupation étrangère.  Si le Conseil de sécurité doit non seulement régler, mais aussi prévenir les conflits, le Secrétaire Général devrait quant à lui exercer plus librement son autorité au titre de l’Article 99 de la Charte des Nations Unies, a déclaré M. Zardari.  S’agissant de la réforme du Conseil, il a invité au respect de l’égalité souveraine, rejetant la supériorité d’une poignée d’États, ce qui octroierait à cet organe l’autorité morale d’agir.  Cet organe au pouvoir élitiste doit être démocratisé, a—t-il tranché, estimant que l’ajout d’autres membres permanents ne fait pas partie de la solution.  La proposition du groupe uni pour le consensus d’ajouter 11 membres permanents serait la plus équitable et élargirait le rôle des membres élus, selon le Ministre.  Il a en outre annoncé que le Groupe des 77 et la Chine a convoqué demain une réunion ministérielle sur les questions financières internationales, qui devrait s’achever par l’adoption d’un plan visant à soulager les souffrances des populations du Sud et trouver des solutions durables aux problèmes mondiaux. 

Le chef de la diplomatie pakistanaise a fait référence à la note de cadrage de l’Inde, signalant qu’une question afférente au multilatéralisme n’y figurait pas: la réforme du Conseil de sécurité.  Il a signalé que pour que celui-ci fonctionne, il serait souhaitable que, sous la présidence de l’Inde, par exemple, cet organe trouve une solution à la situation au Cachemire et parvienne à instaurer la paix dans la région. 

M. ARARAT MIRZOYAN, Ministre des affaires étrangères de l’Arménie, a estimé que l’ONU doit rester résiliente face aux pratiques préjudiciables consistant à imposer des solutions unilatérales et à donner la priorité à la violence plutôt qu’au règlement pacifique des conflits.  Les tentatives de normaliser l’usage de la force dans les relations interétatiques, de déclencher des guerres et commettre des atrocités sont incompatibles avec les valeurs fondamentales et les objectifs des Nations Unies.  L’Arménie appuie les efforts visant à réformer les institutions du multilatéralisme et à rendre le Conseil de sécurité plus inclusif et plus efficace pour répondre aux défis émergents, a indiqué le Ministre, en appuyant la candidature de l’Inde à un siège permanent.  Il a rappelé que l’Arménie a été le témoin direct des effets du déclin du multilatéralisme lorsque la communauté internationale s’est avérée incapable d’empêcher l’utilisation injustifiée de la force par l’Azerbaïdjan contre le peuple du Haut-Karabakh, qui a fait des milliers de morts et blessés et causé une nouvelle vague de déplacements.  Face à l’intérêt limité de la communauté internationale, les défis sécuritaires dans sa région n’ont fait que croître, a déploré le Ministre.  En septembre dernier, l’Arménie a même été amenée à demander une réunion d’urgence du Conseil de sécurité pour évaluer la situation.  Malgré les appels de la communauté internationale, l’Azerbaïdjan continue de maintenir sous occupation les territoires souverains de l’Arménie, a-t-il insisté.  Sur la base de sa propre expérience, l’Arménie peut affirmer que, sans un multilatéralisme efficace, le monde sera dépourvu de paix et de sécurité.  Par conséquent, M. Mirzoyan a appelé la communauté internationale à concevoir un meilleur modus operandi pour prévenir les conflits, les génocides et autres atrocités de masse, et pouvoir se concentrer sur le développement durable.

M. YAMADA KENJI, Ministre des affaires étrangères du Japon, a déclaré que la crédibilité des Nations Unies est mise en péril par l’agression de la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité, contre l’un de ses voisins.  Il s’est dit persuadé que la réforme de cet organe était possible, avant d’estimer que le moment est propice à des négociations intergouvernementales.  « En outre, les États Membres ont déjà réformé le Conseil de sécurité une fois, et je crois que nous pouvons le faire à nouveau », a estimé le représentant, en rappelant que l’Assemblée générale a, en 1963, adopté une résolution proposant un élargissement du nombre de membres non permanents du Conseil.  Il a rappelé que même si deux membres permanents ont voté contre et que deux se sont abstenus, les cinq ont fini par ratifier ce texte pour respecter la volonté de l’Assemblée générale.  Il a déclaré que le monde a changé de façon spectaculaire depuis la fondation des Nations Unies, que le nombre de membres a quadruplé depuis 1945, et que les questions auxquelles est confronté le Conseil de sécurité sont devenues plus complexes et plus diverses.  Dans ce contexte, il a appelé à corriger l’injustice historique que constitue l’absence de sièges permanents pour l’Afrique, alors même que ce continent représente la moitié des questions inscrites à l’ordre du jour du Conseil. 

Enfin, le Chef de la diplomatie japonaise a indiqué que son pays soutient toutes les initiatives visant à limiter le recours au veto, notamment celles de la France et du Mexique, des États-Unis et du Groupe Responsabilité, cohérence et transparence.  Dans ce contexte, il s’est particulièrement félicité de l’adoption de la résolution 76/262 de l’Assemblée générale, initiée par le Liechtenstein, qui demande aux membres permanents de rendre davantage de comptes quant à leur exercice du droit de veto. 

M. WOJCIECH GERWEL, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Pologne, s’est prononcé en faveur d’une réforme du Conseil de sécurité pour davantage de représentativité et d’efficacité.  Il a estimé que la Russie, en attaquant l’Ukraine, a foulé aux pieds des principes fondamentaux universellement agréés.  Cette guerre de la Russie est le plus grand défi à la sécurité internationale depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, a-t-il déclaré.  Le délégué a salué la résolution adoptée plus tôt dans l’année qui oblige l’Assemblée à se réunir lorsque le droit de veto est exercé au Conseil.  Alors que le Kremlin continue d’attaquer la Charte et d’abuser de son droit de veto, nous avons besoin de transparence pour chaque utilisation de ce droit. »  M. Gerwel a appelé au respect du principe d’égalité souveraine entre les États, estimant que « nous devons tous agir de bonne foi. »  Nous devons régler nos différends par des moyens pacifiques et nous abstenir de recourir ou de menacer de recourir à la force, a dit le Vice-Ministre.  Enfin, il a estimé que si ces principes sont respectés, le système onusien continuera de fonctionner.

M. ABDULAZIZ AL JARALLAH, Ministre adjoint des affaires étrangères et des organisations internationales du Koweït, a indiqué que le Conseil de sécurité doit être plus souple et capable de relever les multiples défis actuels.  Selon lui, les négociations intergouvernementales sont la plateforme idoine pour parvenir à un Conseil fort et équitable.  Le Ministre a évoqué la tenue, en 2024, du Sommet de l’avenir, autre plateforme de discussion sur l’impératif d’un multilatéralisme renouvelé.  Il a invité tous les États à s’engager dans le processus de négociation sur la composition du Conseil en contribuant des propositions innovantes.

M. FARIZ RZAYAN (Azerbaïdjan) a estimé qu’à la suite de l’occupation par l’Arménie de son territoire, des centaines de milliers de personnes ont été déracinées et n’ont pu retrouver leurs terres pendant près de 30 ans.  En septembre 2020, à l’issue de provocations, nous n’avons pas eu d’autre choix que de lancer une contre-offensive, conformément à l’Article 51 de la Charte des Nations Unies et des différentes résolutions du Conseil de sécurité, telles qu’adoptées en 1993.  Les territoires de l’Azerbaïdjan ont pu être libérés de l’occupation de longue date de l’Arménie.  À la suite de quoi, l’Azerbaïdjan a lancé une campagne de reconstruction et relèvement des territoires touchés par le conflit.  Le représentant a estimé que son pays avait tendu une main à l’Arménie.  « Nous l’avons invitée à respecter ses engagements internationaux, à mettre un terme à ses activités illicites, à renoncer à ses revendications territoriales, à retirer ses Forces armées du territoire de l’Azerbaïdjan et à se concentrer sur des discussions directes afin d’obtenir un règlement diplomatique le plus rapidement possible, comme il se doit dans des relations interétatiques », a-t-il déclaré.  Notre région a connu suffisamment de ravages, il faut tourner la page de l’histoire et de bâtir un avenir commun ensemble, a conclu le délégué.

M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a souligné qu’un système multilatéral fondé sur des règles, avec l’ONU en son cœur, permet de promouvoir les droits humains.  Insistant sur le lien entre paix et développement durable, il a jugé nécessaire d’accorder la priorité aux régions les plus vulnérables et à la coopération.  À cet égard, le délégué a appuyé le rapport du Secrétaire général « Notre Programme commun » et appelé les États Membres à étudier ses recommandations.  S’agissant de la réforme du Conseil de sécurité, les pays membres du Groupe « Unis pour le consensus » ont une vision claire, a rappelé le représentant.  Ladite réforme doit se faire exclusivement à travers le processus de négociations intergouvernementales dans le but de rendre le Conseil plus représentatif, plus transparent et plus responsable.  Il ne s’agit pas seulement d’accroître le nombre de membres du Conseil, a poursuivi le délégué, mais de leur donner la possibilité de se prononcer et de donner une voix aux « sans voix », en particulier à l’Afrique.  Il a pointé du doigt l’effet paralysant du veto au sein du Conseil, en particulier dans le contexte du conflit ukrainien, avant d’exhorter les P5 à s’autolimiter dans leur recours au veto.  Un Conseil plus efficace doit pouvoir agir rapidement et ses décisions doivent être rigoureusement appliquées avec à la clef une meilleure exécution de ses mandats, a-t-il fait valoir.  « Toutefois, ce n’est pas l’absence d’un texte qui entrave sa réforme, mais bien des questions de procédure », a regretté le délégué avant de noter qu’en attendant, l’amélioration des méthodes de travail ne nécessite pas d’amender la Charte. 

M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) s’est joint aux appels pour une réforme du Conseil de sécurité pour davantage de représentativité, de redevabilité et d’efficacité.  « Nous sommes engagés aux côtés de nos partenaires du groupe ACT pour un renforcement des méthodes de travail du Conseil », a-t-il dit.  Le droit de veto ne doit pas empêcher le Conseil de remplir son mandat de protéger les civils, prévenir les conflits et s’assurer que les auteurs d’atrocités répondent de leurs actes, a déclaré le délégué.  Il a estimé qu’un multilatéralisme efficace doit tenir compte de la diversité des actrices et acteurs et promouvoir les approches inclusives – tout en évitant des doublons.  « La densité et diversité d’organisations fait de Genève – deuxième siège et moteur opérationnel de l’ONU – un lieu d’innovation et d’anticipation ouvert et à l’écoute des États Membres, des ONG, du secteur privé, de la science, des données et de la diplomatie scientifique. »  Le délégué a donc appelé, face aux défis globaux, à tirer davantage parti de ce centre de gouvernance mondial et du « multilatéralisme à la genevoise ».

M. ALEXANDER MARSCHIK (Autriche) a appuyé le Code de conduite relatif à l’action du Conseil de sécurité à l’égard du génocide, des crimes contre l’humanité ou des crimes de guerre, l’initiative soumise par le groupe pour la responsabilité, la cohérence et la transparence (ACT).  L’Autriche a toujours estimé que le Conseil devait agir en tenant compte du fait qu’il tire sa légitimité de l’ensemble des membres de l’ONU.  Qu’ils soient élus ou mandatés de manière permanente par la Charte, les membres du Conseil assument leurs responsabilités au nom de tous les États Membres, a-t-il insisté en ajoutant que ceux qui siègent au Conseil ne doivent pas le faire pour des intérêts nationaux mais dans l’intérêt de la communauté internationale.  « Un État mérite de siéger au Conseil non pas en raison de sa taille ou de sa puissance, mais parce qu’il contribue au maintien de la paix et de la sécurité internationales.  »  Le représentant a précisé que son pays, qui a rejoint l’ONU en 1955, espère être élu en tant que membre non permanent pour la période 2027-2028. 

M. ANTONIO MANUEL REVILLA LAGDAMEO (Philippines) a insisté sur les divergences fondamentales autour de la réforme du Conseil, avant d’inviter à se concentrer sur la question des méthodes de travail.  Ces méthodes devraient favoriser la participation des non-membres du Conseil au processus de prise de décision, a dit le délégué.  Il a plaidé pour un mécanisme de consultation amélioré entre le Conseil et les organisations régionales.  Le représentant a rappelé l’importance de la Déclaration de Manille sur le règlement pacifique des différends internationaux adoptée il y a 40 ans.  Cette Déclaration réaffirme le rôle du Conseil dans la prévention et le règlement des différends.  Le Conseil ne doit pas être dépassé par un contexte sécuritaire global qui ne cesse de changer sous nos yeux, a conclu le délégué: « L’heure du changement a sonné ». 

M. BOŠTJAN MALOVRH (Slovénie) a plaidé pour un Conseil de sécurité plus représentatif, en souhaitant l’obtention de progrès tangibles sur cette question.  Il a ainsi souhaité un processus intergouvernemental efficace et axé sur la recherche de résultats.  Il a estimé que les États détiennent la clef du succès en matière de multilatéralisme.  « Nous avons le pouvoir et les outils mais avons-nous la volonté politique de tenir nos promesses? »  Enfin, le représentant a assuré de la détermination de son pays de contribuer à un monde plus juste, plus sûr et plus durable d’un point de vue écologique.

M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a rappelé que tous les États Membres doivent respecter les principes de la Charte.  Le Conseil doit se montrer à la hauteur de ses responsabilités, a noté le délégué, appelant l’organe à devenir une plateforme pour un dialogue ouvert, une médiation active et la diplomatie préventive.  Il a également exhorté les membres permanents dudit Conseil à être « des contributeurs nets à la paix et à la sécurité » et à ne pas devenir une source d’instabilité.  Il a aussi invité le Conseil à se pencher sur des questions de sécurité non-traditionnelles, tels que les changements climatiques.  Un système multilatéral robuste requiert une Assemblée générale renforcée, a poursuivi le délégué qui s’est par ailleurs prononcé en faveur d’un sommet biannuel entre le système onusien et les institutions financières internationales.  Enfin, il a souhaité que le Secrétaire général joue un rôle accru de médiation et de prévention des conflits. 

M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a estimé que la gouvernance mondiale ne reflète pas les aspirations des peuples et des États.  Il faudrait aborder la réforme du système multilatéral sous un angle holistique, a-t-il souhaité, en tenant compte de la justice financière et climatique réclamées par le monde en développement, et en assurant la participation de tous à la prise de décision.  Pour sa part, l’Égypte est déterminée, dans le cadre de sa présidence de la COP27, à assurer les conditions propices à l’opérationnalisation du fonds pour les pertes et dommages.  Selon le représentant, il faut pallier au déséquilibre qui existe dans le traitement des questions de paix et de sécurité par rapport aux questions de développement.  « Pour la paix et la sécurité, il existe des outils forts et un mandat robuste, alors que pour le développement il n’y a pas de financement ni d’outils clairs. »  Il a estimé en outre que « la politisation accrue et non justifiée des questions de droits humains » a créé une scène de confrontation continue qui va à l’encontre de l’objectif de coexistence pacifique.  Avant de parler de réforme, le Conseil de sécurité doit pleinement s’acquitter de ses responsabilités.  Il doit veiller au plein respect de ses résolutions et promouvoir les activités de consolidation de la paix, le financement du Fonds pour la consolidation de la paix devant passer par le budget ordinaire de l’ONU.  En outre, le représentant a insisté sur le renforcement de la coopération entre le Conseil de sécurité et les organisations régionales, comme la Ligue des États arabes et l’Union africaine.  En dernier lieu, le représentant a souligné que la réforme du Conseil ne peut se faire avec des solutions partielles.  Selon les pays africains, il faut soit annuler le droit de veto, soit l’octroyer à tous les membres du Conseil pour éviter tout déséquilibre de fond en son sein.  « Les pays africains n’accepteront pas d’être relégués indéfiniment au rôle de spectateurs », a-t-il conclu.

M. CARLA MARIA RODRÍGUEZ MANCIA (Guatemala) a jugé indispensable de parvenir à des changements profonds au sein de l’Organisation, en particulier au sein du Conseil de sécurité, afin de garantir un usage plus responsable du droit de veto et d’éviter ainsi l’aggravation des crises internationales.  Ce Conseil doit être plus transparent et représenter les intérêts de l’ensemble des États Membres, notamment des plus vulnérables, a insisté la représentante avant d’appeler à une approche intégrée, qui reconnaisse que la paix et la sécurité, le développement et les droits de l’homme sont liés et se renforcent mutuellement.  Après avoir mis l’accent sur l’importance de la diplomatie préventive, la représentante a salué le rôle de la Commission de consolidation de la paix des Nations Unies (CCP) et son approche intégrée.  Elle a souhaité que le Conseil intègre des évaluations de la sécurité climatique dans ses rapports, en rappelant que la dégradation de l’environnement, les changements climatiques et la perte de biodiversité peuvent contribuer aux conflits.  Le Guatemala est déterminé à participer de manière constructive aux futures discussions sur la réforme du Conseil, pour qu’il devienne plus efficace et plus représentatif de la communauté internationale. 

M. JOONKOOK HWANG (République de Corée) a suggéré que le Groupe de travail ad hoc sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale se concentre davantage sur les aspects de suivi et de mise en œuvre des résolutions de l’Assemblée en formulant des recommandations pragmatiques.  Évoquant un monde axé sur les données, il a indiqué que son pays participera activement aux discussions sur le Pacte numérique mondial.  Sur la réforme du Conseil de sécurité, le délégué a rappelé sa position, à savoir que l’augmentation du nombre de membres permanents, avec ou sans droit de veto, entraverait considérablement la capacité d’adaptation de l’ONU aux réalités internationales en constante évolution et réduirait les possibilités pour d’autres pays de siéger au Conseil.  Il a douté que les questions relatives au statut de membre permanent puissent être résolues dans les décennies à venir, du fait des intérêts nationaux en jeu pour chaque pays ou groupe de pays.  Compte tenu de l’urgence de la réforme du Conseil, nous devons nous efforcer de procéder avec des perceptions réalistes et une approche plus raisonnable, a-t-il préconisé.  De plus, le Conseil doit s’efforcer de moderniser son ordre du jour.  Par exemple, il existe des menaces croissantes dans de nouveaux domaines tels que le cyberespace.  Un certain État membre de l’ONU forme même des « cyberguerriers » pour lancer des cyberattaques contre d’autres pays dans le but de détruire des infrastructures, de voler des informations sensibles et même de générer des revenus pour financer des programmes nucléaires, a-t-il averti. 

M. TAYE ATSKESELASSIE AMDE (Éthiopie) a déclaré qu’il ne faut pas éroder les principes d’universalité, d’impartialité, de non-ingérence et de règlement pacifique des différends par l’inaction.  Il a déploré les inégalités qui portent atteinte à la crédibilité même du Conseil, estimant que l’ordre mondial fondé sur le consensus entre grandes puissances semble se désintégrer.  Il a aussi regretté les arrangements entre États et blocs d’États qui font qu’on ne peut que s’en remettre aux grandes puissances.  Rappelant le rôle indispensable de l’ONU en matière de multilatéralisme, il a appelé à ce que l’Organisation transcende cette logique et préserve l’indépendance politique, l’impartialité et la capacité à traiter des affaires mondiales en toute objectivité.  Le représentant a souligné par ailleurs que dans le cyberespace, les acteurs non étatiques jouent un rôle croissant, mais qu’il doit s’inscrire dans le respect de la souveraineté nationale. 

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur), a regretté les retards accusés par la réforme du Conseil de sécurité, insiste sur l’urgence à la mener à bien pour que le Conseil reflète mieux le monde contemporain.  Il a ensuite proposé une série de mesures qui peuvent être prises à cet effet dès maintenant sans avoir à passer par un amendement de la Charte des Nations Unies.  Tout d’abord, les membres du Conseil de sécurité devraient commencer par montrer leur propre attachement à cette Charte, y compris l’article 2723 en vertu duquel les parties à un conflit doivent s’abstenir de voter.  Ils doivent appuyer une modernisation de ses méthodes de travail de façon constructive, à commencer par une répartition équitable des rôles des porte-plumes.  Quant aux débats à l’Assemblée générale sur le droit de veto, il doit être vu comme un message adressé par la communauté internationale afin d’orienter l’action à prendre, a estimé le représentant, qui a soutenu à la fois l’initiative franco-mexicaine et le code de conduite ACT sur la question du droit de veto. 

« Un multilatéralisme réformé commence chez soi », a déclaré Mme LACHEZARA STOEVA (Bulgarie) avant d’ajouter que la force de nos démocraties réside dans leur caractère inclusif.  « Chez nous aussi, nous devons honorer nos obligations internationales et donc promouvoir et défendre un ordre fondé sur des règles, qui repose sur les bases solides du droit international », a-t-elle insisté, en expliquant que le respect du droit international implique de traiter efficacement les violations.  Elle a déclaré qu’un Conseil de sécurité réformé, représentatif et efficace devrait s’efforcer de faire en sorte que les auteurs de violations graves du droit humanitaire international et d’autres crimes internationaux répondent de leurs actes, et veiller à ce que ces crimes ne restent pas impunis.  « C’est dans le domaine du développement socioéconomique que l’on attend le plus du multilatéralisme », a ajouté la représentante, avant d’appeler à mettre l’accent sur des solutions dans les domaines de la réduction des risques de catastrophes, des changements climatiques, de l’insécurité alimentaire ou de la résilience des infrastructures. 

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a souligné que l’ONU a résisté à l’épreuve du temps mais constaté que le multilatéralisme classique repose sur des ententes entre États.  Or il importe de renforcer la capacité collective d’agir ensemble face à des crises comme celle créée par la pandémie de COVID-19.  Le règlement des conflits aujourd’hui ne peut se faire que par le dialogue et la diplomatie, a insisté la déléguée.  Ainsi, les attentes des États sont grandes vis-à-vis du Conseil de sécurité qui doit améliorer ses méthodes du travail pour devenir plus transparent, juste et efficace.  Elle a été d’avis que seule la catégorie des membres non permanents doit amorcer une réforme pour parvenir à un Conseil en phase avec la réalité qui l’entoure. 

Mme MATHU JOYINI (Afrique du sud) a estimé que le système multilatéral hérité de la Deuxième Guerre mondiale reste inique.  Les crises énergétiques et sanitaires, les guerres, les armes de destruction massive et les menaces nucléaires, les urgences en matière de réfugiés, sont préoccupantes.  C’est pourquoi il est urgent de réformer le socle de nos travaux pour faire advenir la paix et le multilatéralisme qui sont au cœur de cette Organisation, a-t-elle plaidé.  Cette aspiration doit être le moteur de l’action du Conseil de sécurité.  Cependant, le Conseil est limité en raison de la perception de son manque de représentativité et de légitimité.  Selon la déléguée, un nouvel élan est nécessaire pour une ONU axée sur l’avenir et l’action, représentative des relations géopolitiques et de l’ensemble de ses membres.  Elle a rappelé que toutes ces idées sont dans le Nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général.  Pour relever les défis du monde moderne, il faut favoriser des approches innovantes et prises de concert au sein de tous les organes.  Il faut agir vite pour transformer l’ONU pour qu’elle reste en phase avec la réalité d’aujourd’hui, a encore averti la déléguée.  « Il faut restaurer la pertinence du multilatéralisme à l’ONU. »  Toutefois, a-t-elle nuancé, il faut aussi reconnaître les progrès incommensurables réalisés dans de nombreux domaines, dont celui des droits humains.  La déléguée a souligné qu’il convient d’accorder autant d’importance au développement qu’aux questions de paix et de sécurité.  De même, la diplomatie préventive est fondamentale pour donner corps aux valeurs les plus importantes de cette Organisation. 

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a déclaré que la violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine est une violation flagrante de la Charte des Nations Unies et du droit international.  La prolifération des conflits montre que nous devons repenser notre approche et investir davantage dans la prévention et le traitement des causes profondes, a estimé la représentante qui a également appelé la communauté internationale à s’attaquer aux nouvelles menaces existentielles, telles que les changements climatiques, le terrorisme et la cybersécurité. 

En ce qui concerne la réforme du Conseil de sécurité, la déléguée a noté que les circonstances et la dynamique actuelles soulignent la nécessité d’un Conseil qui soit plus inclusif et qui donne à tous les États Membres plus d’espace pour contribuer au maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Elle a exhorté toutes les délégations à participer aux négociations intergouvernementales.  En tant que membre du groupe « Unis pour un consensus », Malte reste engagée dans cet effort, a indiqué la représentante qui a souligné que le multilatéralisme restera indispensable pour relever les grands défis mondiaux. 

Mme MENISSA RAMBALLY (Sainte-Lucie), qui s’exprimait au nom d’un Groupe d’États, a rappelé que l’article 1 de la Charte des Nations Unies définit la raison d’être de l’Organisation et du multilatéralisme.  Dans le contexte de la refonte de dernier, elle a insisté sur l’impératif de renouer la confiance entre acteurs de l’architecture multilatérale.  À cette fin, il faut donc progresser dans la réforme du Conseil de sécurité au sein duquel les voix des peuples de plusieurs régions sont toujours exclues.  Il est également fondamental de veiller à ce que ses méthodes de travail restent pertinentes pour garantir son efficacité et sa transparence, a souhaité la déléguée.  Elle a également plaidé pour une réforme complète du Conseil de sécurité afin de le rendre plus représentatif et légitime.

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a déclaré que le multilatéralisme doit être adapté et amélioré pour faire face aux nouveaux défis et aux nouvelles menaces à la paix et à la sécurité.  « Ce n’est pas une option mais une nécessité pour parvenir à une paix durable », a-t-elle souligné avant d’appeler à investir dans les mesures de prévention des conflits.  Dans ce contexte, elle a jugé indispensable que la Commission de consolidation de la paix bénéficie de suffisamment de moyens.  Elle a par ailleurs prévenu que toute réforme du Conseil de sécurité est vouée à l’échec si elle se concentre sur un seul facteur au détriment des autres et si le principe d’équité entre tous les États Membres n’est pas dument pris en compte. 

M. OLOF SKOOG, de l'Union européenne, a rappelé que l’Union soutient un siège africain au G20, avant de se dire en faveur d’une réforme du Conseil de sécurité pour le rendre plus démocratique et transparent.  Les membres permanents doivent respecter le droit international et s’abstenir de recourir au droit de veto en cas de commission d’atrocités, a dit le délégué, en soutenant à ce titre l’initiative franco-mexicaine.  Il a appelé à repenser les opérations de paix de l’ONU et insisté sur le rôle des organisations régionales dans la prévention et le règlement des crises.  Il a appuyé l’apport d’un financement onusien aux opérations africaines autorisées par le Conseil.  L’Union est pleinement engagée en faveur d’un multilatéralisme rénové, a conclu M. Skoog.

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a fixé comme condition préalable pour un multilatéralisme efficace, le plein respect de la Charte des Nations Unies, doublé d’une action concrète lorsque ses dispositions sont violées, en particulier en cas d’usage illégal de la force.  La capacité de l’Organisation de prévenir le fléau de la guerre est aujourd’hui sérieusement entravée, a-t-il constaté, en appuyant le Nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général.  Face aux conflits les plus brutaux, le Conseil de sécurité n’a pas été en mesure d’agir alors même que des civils innocents étaient tués, y compris en Ukraine, à cause du recours au veto.  Partant, le délégué s’est félicité de l’adoption, par consensus, de la résolution 76/262 de l’Assemblée Générale intitulée « Initiative sur le veto », jalon essentiel pour relever ces défis qui affectent l’efficacité même du Conseil et la perception que l’opinion publique a de l’ONU dans son ensemble.  Il faut redoubler d’efforts pour s’assurer que le pouvoir du veto ne soit plus exercé de façon contraire aux buts et principes de la Charte, et examiner la façon dont l’alinéa 3 de l’Article 27 est appliqué.  Notant que l’an prochain, il y aura onze signataires du Code de conduite relatif à l’action du Conseil de sécurité à l’égard du génocide, des crimes contre l’humanité ou des crimes de guerre, y compris deux membres permanents, le délégué a espéré que d’autres membres permanents feront des déclarations sur la manière dont ils interprètent leur rôle et sur leur usage du veto à l’avenir, ainsi que des déclarations plus larges sur leurs principes et engagements. 

M. ARRMANATHA CHRISTIAWAN NASIR (Indonésie) a regretté qu’alors que le monde traverse de nombreuses crises et que la solidarité devrait être de mise, les intérêts de certains prévalent, ainsi que la méfiance.  Il a appelé à se montrer attaché au multilatéralisme et à adopter un nouveau modèle, basé sur le principe du gagnant-gagnant, et non pas sur un modèle fondé sur le jeu à somme nulle, qui permette le respect des valeurs contenues dans la Charte des Nations Unies.  L’ONU doit pouvoir relever les défis qui l’attendent et être en mesure de s’adapter aux nouvelles évolutions, technologiques, scientifiques et culturelles, a ajouté le représentant, pour qui la réforme du Secrétariat doit se poursuivre et se faire de manière intégrée. 

Le délégué a également appelé à constituer un système pertinent, plus inclusif, et plus représentatif, notant que la volonté politique est une condition préalable à la réforme du Conseil, notamment, pour les membres permanents.  Nous ne pouvons pas laisser les choses se dégrader comme c’est le cas aujourd’hui, a-t-il déploré, soulignant que siéger au Conseil de sécurité donne des droits mais entraîne aussi des responsabilités.  Estimant que les architectures régionales sont les garantes de la paix, il a recommandé à l’ONU de créer des synergies avec des organisations régionales, notamment avec l’ASEAN.

M. MUHAMMAD ABDUL MUHITH (Bangladesh) a estimé que les défis complexes d’aujourd’hui doivent être abordés de manière globale.  Cela suppose une ONU mieux équipée, à commencer par un Conseil de sécurité plus représentatif.  Cet organe doit faire l’objet d’un élargissement incluant toutes les régions, a souhaité le représentant.  S’agissant de l’Assemblée générale, en tant que symbole du multilatéralisme, il a appelé à une approche plus audacieuse pour qu’elle soit encore plus proche des peuples et qu’elle préserve son caractère intergouvernemental.  Il faut trouver de nouvelles façons de faire entendre les voix de tous les membres de l’Assemblée sur les questions globales urgentes, a avancé le représentant qui a également encouragé davantage d’interactions avec le Conseil de sécurité. 

M. ANIL KAYALAR (Türkiye) a appelé à ne pas négliger la revitalisation de l’Assemblée générale dans le cadre des efforts de réforme de l’ONU.  Il s’est également prononcé pour un renforcement des opérations de maintien de la paix, avant de plaider également pour une réforme en profondeur du Conseil de sécurité.  Au-delà de la question du veto et du nombre de sièges, le représentant a estimé que le Conseil devrait être plus démocratique, plus transparent et plus responsable.  Soulignant à cet égard la pertinence des propositions soutenues par le Groupe « Unis pour le consensus », dont son pays est membre, il a formé le vœu que les revendications « maximalistes » de certains ne seront plus d’actualité lors des prochaines négociations. 

Mme ANA JIMENEZ DE LA HOZ (Espagne) a affirmé que la Déclaration adoptée à l’occasion du soixantième-quinzième anniversaire des Nations Unies et Notre Programme commun montrent la voie pour un système plus efficace, transparent et cohérent, incluant les dimensions de prévention et de médiation, de numérisation, de synergies et d’alliances avec les organisations régionales et autres initiatives multilatérales, ou une participation plus active des femmes.  Elle a également préconisé une corrélation et une meilleure intégration des trois piliers de l’ONU avec l’action humanitaire.  Au sujet de la réforme du Conseil, elle a renvoyé à la position d’« Unis pour le consensus » en faisant valoir la notion d’« élus », puisque, selon elle, les élections apportent un degré accru de légitimité à cet organe.  Comme cela a été démontré au cours des trois dernières années, il convient de se préparer à « l’impensable »,a mis en garde la représentante, qui a voulu que la réforme prenne en considération les réalités contemporaines.

Mme ANTJE LEENDERTSE (Allemagne) a regretté l’absence de progrès dans les négociations relatives à la réforme du Conseil de sécurité alors que le débat montre qu’une majorité d’États est en faveur de cette réforme.  Elle a appelé à tout mettre en œuvre afin de limiter le recours au veto.  La déléguée a jugé important de se pencher plus avant sur les questions des changements climatiques et de la santé mondiale.  Elle a espéré que le Sommet de l’avenir prévu en 2024 sera une étape charnière pour donner un nouveau souffle à la mise en œuvre des objectifs de développement durable. 

M. SURIYA CHINDAWONGSE (Thaïlande) a estimé que le fait que les États se réunissent à l’ONU donne de l’espoir pour trouver des solutions aux conflits de notre époque.  Constatant toutefois qu’il y a une crise de confiance et que le multilatéralisme est mis à rude épreuve, il a recommandé d’agir maintenant pour que l’Organisation continue d’être pertinente.  L’ONU doit accorder la plus grande importance à sa mission principale, à savoir prévenir et régler les crises.  Le représentant a souligné l’importance de renouveler la diplomatie, renoncer à la fragmentation et jeter des ponts entre les parties adverses.  Il faut trouver des solutions innovantes et travailler de façon unie et intégrée, a-t-il poursuivi.  Il faut notamment réussir à intégrer de manière plus efficace les institutions qui se trouvent en dehors du système, comme le G20.  De plus, une ONU renforcée doit tenir compte des partenariats régionaux.  Les voix des régions et de leurs peuples comptent, a-t-il déclaré.  C’est pourquoi l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) continue de promouvoir des partenariats avec l’ONU.  En conclusion, le représentant a estimé qu’un système multilatéral est plus important que jamais, car l’ONU demeure le garant des droits des petits États. 

M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela) a dit son attachement au multilatéralisme, en appelant à combler les fossés au lieu de les creuser.  « Les prétentions à l’exceptionnalisme n’ont pas leur place au sein de l’ONU. »  Il a insisté sur la gravité de la situation actuelle, marquée par une crise de confiance sans précédent, et la menace qui pèse sur l’existence même de l’humanité.  Le délégué a appelé à mettre fin aux asymétries au détriment des pays du Sud.  L’ONU est la plateforme la plus représentative pour relever les défis d’aujourd’hui, a-t-il fait valoir, en appelant à la revitalisation de l’Organisation.  Enfin, le délégué a dénoncé la poignée de pays qui ont, selon lui, délibérément miné l’ONU et tentent d’imposer un ordre international fondé sur des règles non consensuelles.

Mme NARVAEZ (Chili) a jugé que le système multilatéral n’est plus à la hauteur des tâches titanesques auxquelles il doit faire face.  Cela se traduit par une baisse de la confiance du public mondial dans le multilatéralisme.  Aujourd’hui, un scepticisme dangereux semble s’imposer vis-à vis des cibles que la communauté internationale s’est fixée, a-t-elle constaté.  Le Chili tient à rappeler l’impératif pour tous de respecter les buts et principes de la Charte des Nations Unies, a déclaré la représentante, en appelant en particulier les pays les plus puissants à donner l’exemple.  Évoquant le rôle des mécanismes régionaux, elle a encouragé une plus forte collaboration avec ces enceintes qui connaissent le terrain.  Selon elle, l’inclusion est la clef pour le succès du multilatéralisme.  Ainsi, la jeunesse doit être présente au sein des délégations et des différents processus onusiens, a-t-elle souhaité, sans quoi l’ONU risque de s’enfermer dans une « tour d’ivoire ».  Regrettant l’absence de progrès dans la réforme intégrale du Conseil de sécurité, elle a plaidé pour un organe plus représentatif, plus transparent et plus responsable dans ses décisions.

M. SATTAR AHMADI (République islamique d’Iran) a estimé que le multilatéralisme continue d’être l’approche la plus efficace pour relever les défis auxquels la communauté internationale est confrontée aujourd’hui.  « Cependant, un véritable multilatéralisme doit être fondé sur l’inclusivité plutôt que sur l’exclusion, la collaboration plutôt que la confrontation, la primauté du droit plutôt que la primauté du pouvoir », a souligné le représentant.  À ses yeux, l’application effective du droit international et le strict respect des buts et principes de la Charte des Nations Unies sont les deux principaux piliers du multilatéralisme.  Le représentant a toutefois regretté que la communauté internationale se livre au « deux poids, deux mesures » à cet égard.  Selon lui, l’autorité et les pouvoirs de l’ONU ont été abusés à plusieurs reprises par certains États Membres, qui considèrent le système onusien comme leur outil pour faire pression sur des pays indépendants, dans la poursuite de leurs propres agendas politiques illégitimes.  Illustrant son propos, le délégué s’est étonné que son homologue américain ait fait, devant le Conseil de sécurité, une déclaration en faveur du multilatéralisme et la Charte des Nations Unies, alors que, parallèlement, dans la salle du Conseil économique et social (ECOSOC), les États-Unis ont lancé une « campagne de propagande et de désinformation hypocrite contre l’Iran » et appelé à priver le pays de ses privilèges en tant que membre élu de la Commission de la condition de la femme.  Une instance à laquelle l’Iran a adhéré via un processus électoral transparent et démocratique, a rappelé le représentant. 

Mme INDIRA GOHIWAR ARYAL (Népal) a constaté que la paix et les progrès réalisés depuis la création de l’ONU sont aujourd’hui menacés par l’interaction complexe de la géopolitique et d’intérêts nationaux locaux.  Dans ce contexte, où les pays les plus pauvres sont touchés de manière disproportionnée, il n’y a pas d’autre choix que de promouvoir un multilatéralisme fondé sur des règles, équitable et inclusif pour rendre ce monde pacifique et prospère, a plaidé la représentante, selon lequel la défense d’intérêts nationaux ne doit pas se faire au détriment d’une cause mondiale commune.  Pour sa part, a-t-elle dit, le Népal a placé le multilatéralisme au cœur de sa politique étrangère afin de contribuer à la paix et la stabilité internationales.  Pour les petites nations comme la nôtre, l’ONU est le rempart de la souveraineté et le moteur de la paix, du progrès et de la justice au niveau international, a souligné la déléguée, avant d’en appeler à une réforme de l’Organisation qui promeuve l’équité, l’égalité, l’inclusivité et la justice pour tous les États, grands ou petits, puissants ou faibles, riches ou pauvres.  Cela passe, selon elle, par une réforme du Conseil de sécurité afin qu’il soit largement représentatif, démocratique, transparent et responsable.  La priorité devrait également être accordée au renforcement du rôle de l’ONU dans le domaine du développement économique et social pour permettre la réalisation du Programme 2030 et l’atténuation de la crise climatique, qui sont essentielles pour les générations présentes et futures, a-t-elle ajouté. 

M. ANDREJS PILDEGOVIČS (Lettonie) a estimé que les chocs récents, comme l’agression de la Russie en Ukraine et la pandémie de COVID-19, montrent que certains aspects du système multilatéral doivent être revus de toute urgence.  Il a dénoncé la situation où un membre permanent du Conseil de sécurité, en l’occurrence la Russie, commet des atrocités de masse dans un pays voisin et appose son veto aux résolutions qui permettraient au Conseil d’agir.  Partout dans le monde, les gens constatent l’incapacité du Conseil à agir de manière décisive, a-t-il déploré.  L’agression de la Russie prouve que la réforme du Conseil est plus que jamais nécessaire.  À cet égard, le représentant a soutenu l’initiative franco-mexicaine en cas d’atrocités de masse, ainsi que le Code de conduite relatif à l’action du Conseil de sécurité à l’égard du génocide, des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre.  De même, l’initiative dite du veto a contribué aux efforts visant à donner plus de pouvoirs à l’Assemblée générale et à faire en sorte que l’ONU ne soit pas sans voix lorsque le Conseil semble être dans l’impasse.  En tant que pays cofondateur du Groupe des Amis de la responsabilité, la Lettonie s’est engagée à rassembler le soutien de la communauté internationale pour établir un tribunal spécial qui rendra justice à l’Ukraine.  Si l’enquête ouverte par le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) sur les crimes présumés en Ukraine prouve l’engagement de la Cour à garantir un ordre international fondé sur des règles, la Cour n’est pas en mesure d’exercer sa compétence sur le crime d’agression commis par la Russie contre l’Ukraine.  Afin de prévenir l’impunité, un tribunal spécial ad hoc serait donc l’outil le plus approprié pour compléter la juridiction de la CPI.  Par ailleurs, la Lettonie reconnaît le lien étroit qui existe entre une participation égale des femmes et la sécurité mondiale.  Le représentant a regretté qu’en 2021, le Conseil de sécurité, avec deux voix contre, n’ait pas réussi à adopter un projet de résolution qui aurait intégré le risque sécuritaire lié au climat comme un élément central des stratégies de prévention des conflits de l’ONU.  Enfin, il a mis l’accent sur la lutte contre la désinformation. 

M. DANG (Viet Nam), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a déclaré que le multilatéralisme n’est pas une option mais une nécessité.  Le représentant a rappelé l’importance de la Déclaration de Manille sur le règlement pacifique des différends internationaux, adoptée il y a 40 ans, plaidant pour un Conseil de sécurité plus représentatif, démocratique et efficace.  Les pays en développement doivent jouer un plus grand rôle dans le processus de prise de décisions, a déclaré le délégué.  Enfin, il a rappelé que la recherche du consensus de l’ASEAN repose sur le respect des principes fondamentaux du droit international, y compris le principe de souveraineté des États.

M. OMAR KADIRI (Maroc) a remarqué que les défis d’aujourd’hui imposent plus de solidarité, de coopération, de justice et d’équité, autant de principes qui sous-tendent le multilatéralisme et auquel son pays reste attaché.  Appuyant la vision d’un multilatéralisme renouvelé et ancré dans l’ONU, il a assuré que le Maroc soutient le rapport du Secrétaire général sur « Notre Programme commun », y voyant une feuille de route pour redynamiser l’ONU afin qu’elle continue d’être en phase avec le monde d’aujourd’hui.  La réforme de l’ONU doit rester une priorité pour pouvoir répondre aux défis d’aujourd’hui, a souligné le représentant, selon lequel il est inacceptable que l’Afrique ne soit toujours pas représentée de manière juste et équitable dans les deux catégories de sièges au Conseil de sécurité.  Le délégué a d’autre part réaffirmé le soutien de son pays aux processus de revitalisation de l’Assemblée générale et de renforcement de l’ECOSOC.  Il a plaidé en faveur d’un multilatéralisme inclusif, efficace, préventif et coopératif, qui promeuve une plus grande solidarité entre les États Membres et prône une plus grande coopération internationale, notamment avec les pays africains.  Ce multilatéralisme est également celui du respect mutuel et du dialogue intergénérationnel, interreligieux, intercivilisationnel et interculturel, a-t-il ajouté en appelant, comme l’a dit le Roi Mohammed VI, à « revenir à l’essentiel, c’est-à-dire au vivre ensemble ». 

Mme ANEL BAKYTBEKKYZY (Kazakhstan) a appelé à se rallier autour d’une ONU moderne et réformée, compte tenu de l’évolution du paysage politique et de la sécurité mondiale, et du caractère transnational des crises actuelles.  Une nouvelle orientation du multilatéralisme implique, selon elle, une action holistique multidimensionnelle et intersectorielle.  La représentante a fait valoir que le multilatéralisme de son pays a été pertinent sur de nombreux fronts: désarmement nucléaire et non-prolifération; processus d’Astana sur la Syrie pour renforcer le processus de l’ONU à Genève; aide humanitaire et renforcement des capacités humaines en Afghanistan; soutien au processus du Plan d’action global commun (PAGC) ou encore le code de conduite sur la lutte contre le terrorisme et la proposition de créer l’agence internationale pour la sécurité biologique. 

Mme BAPTISTA (Portugal) s’est tout d’abord déclarée persuadée qu’un meilleur multilatéralisme permettra d’accélérer la réalisation des objectifs de développement durable.  Elle a ensuite appelé l’ONU à améliorer ses capacités de prévention des conflits.  Dans ce cadre, le Conseil de sécurité peut faire davantage en coopérant plus efficacement avec les organisations régionales et sous-régionales, a-t-elle jugé.  Elle a également appelé de ses vœux une réforme de la composition du Conseil afin qu’il reflète mieux les réalités géopolitiques d’aujourd’hui.  Appuyant à cet égard l’attribution d’un siège permanent à l’Inde et au Brésil, la déléguée a aussi plaidé pour une meilleure représentation de l’Afrique dans les deux catégories de sièges.  Enfin, elle a estimé que le respect du principe de représentation géographique équitable renforcerait la crédibilité du Conseil de sécurité et sa capacité à promouvoir la stabilité internationale. 

M. YOUSSEF HITTI (Liban) a déclaré que la coopération internationale doit être plus agile, plus efficace et plus inclusive afin d’être mieux préparé à répondre aux défis mondiaux et en prévenir bien d’autres.  Il a souligné que la Charte des Nations Unies doit demeurer la clef de voûte du multilatéralisme, se disant favorable à toute réforme institutionnelle visant à accroître la crédibilité de l’ONU et à réduire la défiance, souvent légitime, envers les institutions internationales.  Il a réitéré la position du Groupe des États arabes sur la réforme du Conseil et appuyé le code de conduite du Groupe ACT, consistant à ne pas voter contre tout projet de résolution crédible visant à empêcher ou à prévenir des crimes d’atrocités de masse, ainsi que l’initiative franco-mexicaine sur la limitation du veto en cas de crimes d’atrocités de masse.  Notant que le multilatéralisme est un bouclier, vital pour un petit pays comme le Liban, il a affirmé qu’un ordre international fondé sur la primauté et le respect du droit est un vecteur de paix, de stabilité et de sécurité internationales. 

M. MITCHELL FIFIELD (Australie) a fait remarquer que les défis qui assaillent le monde ne pourront être relevés que si la communauté internationale est unie.  Il a dénoncé l’agression russe en Ukraine, en appelant au respect de la Charte des Nations Unies.  Il s’est dit en faveur d’une réforme du Conseil de sécurité.  « L’incapacité du Conseil à réagir à l’agression russe montre l’urgence d’une telle réforme », a tranché le délégué, en demandant une meilleure représentation des pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud.  Enfin, il a plaidé pour un système onusien de développement plus efficace.

M. ROMERO (Cuba) a regretté que l’ordre international reste aujourd’hui « injuste et intenable », une situation exacerbée, selon lui, par la pandémie de COVID-19 et par une série d’autres problèmes auxquels la communauté internationale était d’ores et déjà confrontée, notamment l’application de mesures coercitives unilatérales qui, a-t-il dit, doivent cesser immédiatement.  Il a réaffirmé la primauté du rôle de l’ONU en tant que principal bastion du multilatéralisme, estimant que cela justifie la nécessité de réformer l’Organisation de toute urgence.  Il faut absolument réformer le Conseil de sécurité pour garantir sa transparence et sa crédibilité, a-t-il pressé.  Le monde a besoin d’un ordre international juste, démocratique et équitable, qui satisfasse les besoins des populations de tous les pays, a soutenu le représentant, avant d’encourager au respect intégral des buts et principes de la Charte des Nations Unies.  

Mme ANDREEA MOCANU (Roumanie) a déclaré qu’utiliser à mauvais escient la plateforme du Conseil de sécurité, de l’Assemblée générale ou de tout format de l’ONU pour promouvoir un faux récit n’est pas compatible avec les principes du multilatéralisme, ni avec l’ordre international fondé sur des règles.  Elle a appelé à combattre l’impunité, dénonçant le récit promu par la Russie au sujet de son invasion brutale et illégale de l’Ukraine.  Il faut rendre des comptes, a exigé le représentant.  Et c’est dans cet esprit démocratique que la Roumanie soutient un Conseil de sécurité ancré, représentatif et responsable en phase avec les réalités et défis actuels, a-t-elle ajouté, rappelant l’adoption de la résolution sur l’initiative de veto à l’Assemblée générale en avril dernier.  Elle a estimé que le processus des négociations intergouvernementales et « Notre Programme commun » offrent aux États Membres la possibilité d’agir maintenant, appelant au strict respect des valeurs démocratiques et des principes du multilatéralisme. 

M. RYTIS PAULAUSKAS (Lituanie) a plaidé pour une réforme du Conseil de sécurité afin qu’il soit représentatif du monde d’aujourd’hui.  Le Conseil devrait ainsi s’élargir à l’Afrique, l’Asie, l’Amérique latine, mais aussi à l’Europe de l’Est.  Le délégué a accusé la Fédération de Russie de bloquer le Conseil de sécurité.  Il s’est dit favorable à l’encadrement du droit de veto et à sa limitation lorsqu’un membre permanent est partie à un conflit, comme c’est le cas de la Russie dans sa guerre d’agression contre l’Ukraine. 

Après avoir pointé l’incapacité du Conseil à adopter des résolutions sur l’agression de la Russie en Ukraine, M. DAVID ABESADZE (Géorgie) a jugé urgent de prendre des mesures pour que cet organe soit à la hauteur de sa « raison d’être »: le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le représentant a rappelé à cet égard qu’en 2008, la Géorgie a, elle aussi, fait l’expérience cuisante de l’incapacité du Conseil à dûment traiter de l’agression de la Russie contre son territoire.  Il a ajouté qu’en 2009, le mandat de la Mission d’observation des Nations Unies en Géorgie (MONUG) a été brutalement interrompue par le veto d’un membre permanent et partie au conflit, à savoir la Fédération de Russie.  Cette décision a créé un vide total en matière de présence sécuritaire internationale dans les territoires occupés par la Russie alors que celle-ci était nécessaire, s’est-il indigné, observant que, des années plus tard, l’Ukraine est victime de ce même agresseur.  Le délégué a aussi alerté sur le fait que l’occupation illégale des régions géorgiennes d’Abkhazie et de Tskhinvali continue d’avoir un grave impact sur la population y vivant.  Ces deux régions restent lourdement militarisées, avec la présence de bases militaires russes, a-t-il rappelé, avant d’avertir que la Russie pose des jalons en vue d’une annexion de fait de ces territoires en les insérant progressivement dans son système militaire, politique, économique et juridique, ce qui aggrave davantage la situation.  Avant de conclure, il a relevé qu’à ce jour, aucun mécanisme international relatif aux droits humains n’a été autorisé à se rendre dans les régions occupées.

M. NNAMDI OKECHUKWU NZE (Nigéria) a déploré le peu de progrès réalisés pour réformer le Conseil, avant de rappeler la demande de l’Afrique de disposer d’une représentation équitable en son sein.  Il a indiqué que l’Afrique souhaite se voir allouer pas moins de deux sièges permanents, avec tous les privilèges y afférents, y compris le droit de veto, et deux sièges non-permanents.  Cette demande est légitime, a-t-il appuyé.  Si l’Afrique pense que le droit de veto doit être aboli, tant qu’il existera, il doit être conféré à tous les nouveaux membres permanents, a tranché le délégué.  Enfin, il s’est dit en faveur d’un processus intergouvernemental ouvert et transparent, se basant sur un seul texte consolidé. 

M. SERHII DVORNYK (Ukraine) a déclaré que la composition du Conseil de sécurité ne reflète pas la Charte des Nations Unies, avec la présence en son sein d’une « entité » qui représente l’Union soviétique disparue.  Pour cette raison, la réforme du Conseil de sécurité doit être une priorité.  Le représentant a également estimé qu’il faut faire en sorte d’empêcher qu’un agresseur n’abuse de son droit de veto.  « Ceux qui créent le désordre délibérément ne peuvent pas faire partie de la solution. »

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