Le Comité de l’information achève son débat général sur des appels à combler le fossé numérique et à préserver l’intégrité de l’information en ligne
Le Comité de l’information a conclu, ce matin, son débat général consacré à l’examen des activités du Département de la communication globale (DCG) par des appels répétés à combler la fracture numérique entre le Nord et le Sud et à préserver l’intégrité de l’information sur les plateformes numériques.
De nombreuses délégations se sont inquiétées du fossé numérique qui continue de se creuser entre pays développés et en développement à mesure que se développe la technologie numérique, à l’instar de l’Algérie selon qui les disparités numériques constituent une nouvelle forme d’inégalité entre les États qui appelle à des mesures concertées de la part de la communauté internationale.
Cette fracture technologique, symptôme d’un manque d’infrastructures numériques dans certains États, est devenue un obstacle majeur à la croissance économique et au développement social de nombreux pays, a renchéri la République de Corée qui s’est engagée à intensifier les partages de technologies et de données numériques avec les pays émergents. Le Maroc a de son côté appelé à réduire l’écart technologique afin de permettre à l’ensemble du public mondial d’être informé sur le travail des Nations Unies, notamment par le biais de moyens de communication classiques tels que la télévision et la radio.
Le partenariat conclu entre le Département, Google et YouTube constitue pour l’Italie une initiative « historique » permettant de diffuser des informations et des données scientifiques sur des sujets cruciaux tels que les changements climatiques. La République de Corée a salué pour sa part les approches créatives adoptées par le DCG pour atteindre les jeunes, grâce à la collaboration avec des influenceurs et des entreprises privées. De son côté, le Liban a recommandé d’établir des politiques coordonnées entre les secteurs public et privé, en mettant l’accent sur la sensibilisation et l’autonomisation technologique des personnes, tout en veillant au respect de la liberté d’expression et au libre accès à l’information.
Aujourd’hui encore, la menace de la désinformation et mésinformation a retenu l’attention des délations qui ont largement approuvé le projet de création d’un code de conduite pour l’intégrité de l’information sur les plateformes numériques. La campagne Verified a également été saluée à plusieurs reprises. Dans un monde où le public doit faire la distinction entre les nouvelles fallacieuses et les informations fiables, l’ONU doit continuer à fournir des informations objectives en adaptant son message aux nouveaux outils et formats, mais sans laisser de côté les larges segments de la population qui n’ont pas encore accès aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, a estimé l’Argentine.
Premier contributeur de troupes aux opérations de maintien de la paix de l’ONU dans le groupe occidental, l’Italie s’est préoccupée du fait que 70% des soldats de la paix ont déclaré que la désinformation avait eu un impact sur leur travail en 2022, le Royaume-Uni s’alarmant de surcroît des menaces visant les Casques bleus au Mali et en République démocratique du Congo (RDC) suite à la diffusion d’informations mensongères. Face à cette situation, l’Inde a demandé au DCG de collaborer avec les missions de paix sur le terrain et d’adapter ses stratégies de communication en conséquence, le Maroc saluant pour sa part la campagne « Service et sacrifice » qui met en exergue l’action des soldats de la paix ainsi que la contribution des pays fournisseurs de contingents.
La délégation britannique a en outre accusé la Fédération de Russie d’instrumentaliser les Nations Unies pour diffuser sa propagande, y compris lors de réunions du Conseil de sécurité qui sont exploitées comme une plateforme pour promouvoir « les théories du complot les plus folles ». En réponse, la Fédération de Russie a appelé à renoncer aux « slogans antirusses » et à se concentrer sur les travaux de fond du Comité.
Le Comité de l’information se réunira de nouveau jeudi 4 mai pour examiner son rapport.
DÉBAT GÉNÉRAL (SUITE ET FIN)
Déclarations
M. OMAR KADIRI (Maroc) s’est félicité de l’augmentation de 4% du nombre de visites sur les sites de l’ONU entre juillet et novembre 2022, qui illustre la qualité du travail du DCG. Il a reconnu l’apport du Département pour diffuser des informations fiables sur la promotion des actions des Nations Unies en faveur de la paix et de la sécurité, du développement durable et des changements climatiques. Le représentant a également apprécié les efforts déployés pour diffuser des contenus dans les six langues officielles de l’ONU. La montée de la désinformation souligne selon lui le besoin d’une information objective et de développer des instruments de vérification de l’information tels que les initiatives Verified et Together . Le représentant a également salué la campagne « Service et sacrifice », notant que les Casques bleus déployés dans le cadre d’opérations de maintien de la paix des Nations Unies continuent de faire face aux effets dévastateurs de la désinformation. Après avoir appelé à renforcer le multilinguisme, corolaire du multilatéralisme, le délégué a jugé essentiel de ne pas laisser pour compte les pays en développement dont les capacités numériques restent limitées. Il a notamment exhorté à s’attaquer à l’écart qui subsiste entre les pays du Nord et du Sud afin de permettre à l’ensemble du public mondial d’être informé sur le travail de l’ONU, notamment par le biais de moyens de communication classiques tels que la télévision et la radio.
M. NITISH BIRDI (Inde) a souligné que le bon fonctionnement de la démocratie dépend de l’accès de tous à l’information. Il a appelé à se montrer attentif aux campagnes de désinformation et de mésinformation lancées sur les médias sociaux et les médias de masse dans le but de saper la paix et l’harmonie dans les sociétés. Pour lutter contre ce fléau, nous avons besoin d’un partenariat entre les étudiants et les jeunes, les journalistes, les influenceurs et le DCG, a estimé le représentant. Il a ensuite expliqué que l’Inde a réussi à combler le fossé numérique et que les dépenses consacrées aux secteurs des technologies de l’information et des télécommunications ont été multipliées par six au cours des neuf dernières années, précisant que les connexions à Internet ont augmenté de 232% et les connexions à large bande de plus de 1 200% au cours de la même période.
Poursuivant, le délégué a remercié le DCG pour ses efforts visant à promouvoir le multilinguisme, notamment le compte en hindi des Nations Unies sur les médias sociaux, qui a suscité un engouement massif. Rappelant que les habitants de cette planète rêvent, lisent, entendent, et échangent dans des langues autres que les six langues officielles de l’ONU, il a encouragé le Département à renforcer ses efforts de sensibilisation dans des langues autres que les langues officielles et d’adopter une approche plus proactive dans la diffusion d’informations en hindi. Sur un autre volet, il a apprécié le lancement de la campagne de communication visant à faire connaître le service et le sacrifice des soldats de la paix des Nations Unies, ainsi que la contribution des pays fournisseurs de contingents. À ce sujet, le délégué a souligné l’importance de la sécurité des Casques bleus et a demandé instamment au DCG de collaborer avec les missions sur le terrain et d’adapter ses stratégies de communication en conséquence. Relevant par ailleurs que la pression exercée sur ses ressources financières oblige le DCG à rechercher des moyens novateurs de collecter des ressources au-delà des allocations budgétaires, il s’est félicité du partenariat établi entre l’Inde et le Département pour consolider les nouvelles et le contenu multimédia en hindi sur le site d’ONU Info.
Mme BRUNA MARA LISO GAGLIARDI (Brésil) a, elle, insisté sur l’importance du multilinguisme, la diversité étant de la plus haute importance dans l’approche de l’information publique qui doit prévaloir au sein du Département. Elle l’a encouragé à continuer de diffuser les idéaux et activités de l’Organisation dans autant de langues que possible, en tenant compte de la diversité linguistique entre les pays et de leurs degrés de développement numérique respectifs. Alors que le portugais à lui seul est la langue officielle d’environ 260 millions de locuteurs dans le monde et la plus parlée de l’hémisphère Sud, le représentant a rappelé que son pays est attaché au travail d’ONU Info en portugais: « nous sommes fiers qu’ONU Info ait récemment interviewé la première autochtone à être nommée ministre au Brésil, Mme Sônia Guajajara, qui est venue à New York pour participer à l’Instance permanente sur les questions autochtones ». Le Brésil, a-t-il dit, se réjouit de contribuer à la création d’un code de conduite pour l’intégrité de l’information en ligne. Le délégué a également souhaité que le DCG dispose d’un personnel diversifié et multilingue pour être en mesure de diffuser des informations précises, claires, et accessibles en temps opportun sur toutes les plateformes des Nations Unies.
M. MOHAMMAD ALI JARDALI (Liban) a estimé que l’équité vaccinale doit demeurer au centre des communications de l’ONU, la COVID-19 continuant de représenter une menace pour certains pays. Il faut également sensibiliser les populations aux défis créés par les changements climatiques et les moyens de les contrer à tous les niveaux. Relevant que ces défis peuvent culminer en des guerres « internes » et régionales, il a appelé à contrer de manière décisive la mésinformation et la désinformation qui entravent les efforts de lutte contre les changements climatiques. En la matière, l’ONU, en tant que source d’information scientifique et factuelle fiable et multilingue, devrait être en mesure d’en faire davantage, a-t-il affirmé. Le représentant s’est inquiété de la propagation d’informations fallacieuses, relevant que les États, l’ONU, les médias et les conglomérats de médias sociaux ont encore beaucoup à faire pour combattre ce danger et sensibiliser sur les risques. Il a recommandé d’établir des politiques coordonnées entre les secteurs public et privé, et de mettre l’accent sur la sensibilisation et l’autonomisation technologique des personnes, tout en veillant au respect de la liberté d’expression et d’opinion, du libre accès à l’information et de la liberté de la presse. Faisant ensuite part de son appui au programme d’information spécial sur la question de Palestine, le délégué s’est félicité du changement de nom du programme de formation des journalistes palestiniens en hommage à la journaliste Shireen Abu Akleh.
M. MOHAMED KAMAL ALI ELHOMOSANY (Égypte) a souligné le rôle des TIC et des médias sociaux dans la communication. Préoccupé par les risques réels de désinformation, il a soutenu les efforts consentis par le DCG dans la lutte contre ce problème. Le représentant a également appelé à apporter les ressources nécessaires aux centres d’information des Nations Unies (CINU) et à travailler en concertation avec les pays hôtes de ces centres avant de réduire leurs budgets. Il a insisté sur l’importance du multilinguisme pour faire entendre la voix de l’Organisation, avant de mettre en avant le potentiel des CINU pour le promouvoir, en particulier sur le terrain. Le délégué a par ailleurs souligné que l’élaboration d’un code de conduite mondial pour promouvoir l’intégrité de l’information publique, doit se faire dans le cadre de consultations intergouvernementales.
Mme JUNG JIN HO (République de Corée) a salué les approches créatives adoptées par le DCG pour atteindre un public plus large, notamment les jeunes, grâce à la collaboration avec des influenceurs et des entreprises privées telles que Google. Il est en effet essentiel de mieux faire comprendre au public le travail de l’ONU ainsi que ses priorités, principes et activités. Toutefois, a-t-elle relevé, à mesure qu’augmente la dépendance à l’égard de la technologie numérique, les préoccupations concernant la fracture numérique vont croissantes, celle-ci représentant un obstacle majeur à la croissance économique et au développement social. Le Gouvernement de la République de Corée s’est donc engagé à partager davantage de technologies et de données numériques avec les pays en développement. Selon la déléguée, la mésinformation et la désinformation affectent toutes les questions auxquelles s’intéresse l’ONU, faussant le processus d’élaboration des politiques publiques ainsi que la réponse aux situations d’urgence. Elle a félicité à cet égard le DCG d’avoir mené de solides campagnes de « contre-désinformation », tout en l’exhortant à intensifier sa lutte contre ce fléau et la menace qu’il fait planer sur la liberté d’expression sur Internet. Elle a également réaffirmé son appui à l’objectif d’élaborer un code de conduite concernant l’intégrité de l’information sur les plateformes numériques.
Mme MA YUANCHUN (Chine) a appelé le DCG à mettre en exergue le programme de l’ONU et refléter les nombreuses initiatives attendues cette année sur le développement, comme le Sommet sur les ODD. Il doit en outre être professionnel dans son travail et renforcer les consultations avec les États Membres afin de présenter des informations exactes et impartiales tout en luttant contre la désinformation et les discours de haine, a-t-elle ajouté. Pour parvenir à un code de conduite universellement accepté, le Département doit promouvoir l’ouverture et la transparence tout en accordant la priorité aux contributions des États Membres et en tenant compte de l’environnement médiatique ainsi que du niveau de développement technologique des États. Elle a appelé à promouvoir davantage le multilinguisme, notant que selon le rapport du Secrétaire général, le site chinois de l’ONU a enregistré le plus petit nombre d’utilisateurs alors que le nombre de sinophones sur Internet ne cesse d’augmenter. Elle a invité le Département à allouer davantage de ressources pour atteindre le public chinois.
Mme MARIA LUDOVICA MURAZZANI (Italie) a salué le travail « visionnaire » du DCG au cours des dernières années pour faire en sorte que l’ONU se démarque en tant que source d’information fiable pour les citoyens du monde entier. Elle a particulièrement apprécié la mise en œuvre de campagnes « vitales » telles que Verified , destinée à contrer la désinformation et la mésinformation en ligne. Le partenariat conclu entre le Département, Google et YouTube est à ses yeux une initiative historique permettant de diffuser des informations et des données scientifiques sur des sujets cruciaux tels que les changements climatiques. Cette année, a poursuivi la déléguée, une communication efficace et multilingue sera cruciale pour atteindre un public mondial à l’approche d’événements de haut niveau tels que le Sommet sur les ODD. Elle a souhaité qu’une activité de sensibilisation similaire permette de jeter les bases d’autres réunions importantes telles que l’événement de haut niveau pour soutenir la réponse humanitaire dans la Corne de l’Afrique, prévu en mai, ou encore la quatrième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement (PEID), qui aura lieu en 2024. La représentante a exprimé son appui à l’élaboration d’un code de conduite pour l’intégrité de l’information sur les plateformes numériques, se disant déterminée à lutter contre la désinformation. En tant que premier contributeur de troupes aux opérations de maintien de la paix de l’ONU dans le groupe occidental, l’Italie est préoccupée du fait que 70% des soldats de la paix ont déclaré que la désinformation avait eu un impact grave, critique ou modéré sur leur travail en 2022. Alors que la liberté de presse continue d’être mise à mal, la représentante s’est dite gravement préoccupée par le nombre croissant de journalistes tués ou blessés lors de la guerre menée par la Fédération de Russie contre l’Ukraine. Elle a encouragé, en terminant, le DCG à poursuivre ses efforts pour diffuser des informations dans les langues non officielles de l’Organisation, et salué le travail effectué par le centre d’information des Nations Unies compétent pour l’Italie.
M. MUNGO WOODIFIELD (Royaume-Uni) a relevé que plus de 5 milliards de personnes ont accès à Internet, un outil d’information essentiel pour la communication et l’éducation. Cependant, la désinformation en ligne se répand à une vitesse alarmante, déformant l’opinion des gens sur des questions allant des soins de santé aux changements climatiques. Et lorsque la désinformation en ligne s’infiltre hors ligne, les conséquences réelles peuvent être graves, a-t-il mis en garde, s’inquiétant des menaces visant les Casques bleus de l’ONU au Mali et en RDC suite à la profération de mensonges sur leur travail.
Le représentant a également accusé le Kremlin d’utiliser des « opérations d’information » pour saper la souveraineté de l’Ukraine, déshumaniser le peuple ukrainien, dissimuler des crimes de guerre et justifier sa guerre illégale. À maintes reprises, la Russie a aussi tenté d’utiliser les Nations Unies pour diffuser sa propagande, y compris dans les réunions du Conseil de sécurité qui sont exploitées comme une plateforme pour promouvoir les théories du complot les plus folles sur les armes biologiques et des provocations mises en scène, a-t-il dénoncé. Alors que la désinformation prend de l’ampleur, il est plus important que jamais de disposer d’informations correctes, fiables et accessibles, a insisté le délégué, soulignant qu’un journalisme indépendant, diffusé librement et sans crainte, est essentiel au bon fonctionnement de la société et à la réalisation des idéaux de la Charte des Nations Unies. Alors que la désinformation prolifère et peut être catalysée de manière exponentielle par l’intelligence artificielle, il devient impératif que les entreprises de médias sociaux et la société civile soient associées aux efforts de lutte contre la désinformation, a-t-il ajouté.
M. EVGENY SHAEV (Bélarus) a noté avec satisfaction qu’en dépit de ressources limitées, le DCG a réussi à augmenter le volume de ses publications et à élargir l’audience de ses plateformes médiatiques, en partie grâce à la promotion du multilinguisme. Il a cependant noté une approche « sélective » des sujets couverts par le Département alors que des questions importantes telles que la sécurité alimentaire et l’impact des mesures coercitives unilatérales sur la situation humanitaire sont progressivement « évincées ». Le représentant a dénoncé la politique injuste et hypocrite de certains d’États occidentaux qui tentent de créer des « foyers de chaos contrôlé » à l’encontre de pays uniquement coupables d’avoir défendu leurs intérêts nationaux. Certains documents publiés sur le site officiel de l’ONU, y compris l’initiative Verified, contribuent selon lui à une « perception déformée de la situation réelle » et pourraient se transformer en instruments de propagande et d’incitation à la haine. Le projet de code de conduite sur les plateformes numériques est pertinent à cet égard, a-t-il considéré, en espérant que l’inclusion d’algorithmes d’évaluation des ressources médiatiques empêchera le blocage aveugle de certains sites, tels que ceux du Gouvernement du Bélarus, dont l’accès est limité aux États-Unis. Il a ensuite regretté que certains pays, en particulier les pays baltes, tentent d’utiliser le Comité pour diffuser des slogans de propagande , s’insurgeant qu’un criminel du Troisième Reich soit cité dans une enceinte de l’ONU, « quel que soit le contexte ».
M. KIM IN CHOL (République populaire démocratique de Corée) a dénoncé l’utilisation abusive par certains pays des technologies de l’information et des communications dans la poursuite de leurs « sinistres objectifs politiques », au lieu de les rendre disponibles pour réduire le fossé sans cesse croissant entre pays développés et pays en développement. Il a demandé au Comité de l’information de prendre des mesures urgentes pour rendre les activités internationales d’information propices à la promotion de la paix et de la sécurité mondiales, au développement durable ainsi qu’à un progrès social « sain ». Pour ce faire, la priorité doit être accordée aux moyens d’établir un nouvel ordre international équitable de l’information et de la communication, pour faire contrepoids au « monopole » des technologies par les États-Unis et les pays occidentaux. Ceux-ci profitent selon lui de leurs avantages pour imposer leurs valeurs et pour diffuser de la désinformation à l’encontre d’autres pays, comme par exemple, Radio Free Asia. Il s’agit d’une guerre ouverte de l’information et d’une guerre psychologique contre d’autres pays , a-t-il dénoncé. Le représentant a appelé à aider les pays en développement à améliorer leurs capacités en matière d’information et de communication, notamment au moyen de transferts technologiques et de la formation des journalistes. Il a également exprimé sa « profonde préoccupation » face à l’attitude « partiale » du Secrétariat de l’ONU concernant les capacités de défense de la RPDC, qui s’éloigne selon lui des principes d’impartialité et d’équité.
M. ISMAÏL MERABET (Algérie) a dit apprécier les efforts déployés par le DCG concernant, entre autres, sa réponse à la pandémie, sa communication de crise, ses campagnes de communication sur le développement durable, l’action pour le climat ainsi que ses initiatives concernant l’Afrique, dont le magazine numérique Afrique Renouveau. Il a mis l’accent sur la nécessité de lutter contre les nouvelles fallacieuses et la désinformation sur les plateformes en ligne, par l’entremise d’une action collective, dans laquelle le Département pourrait jouer un rôle de premier plan. Il faut fournir, en permanence et en temps opportun, une information factuelle, précise, ciblée, accessible, en plusieurs langues, impartiale et vérifiée sur toutes les plateformes et publications du DCG, a-t-il insisté. Le représentant a par ailleurs encouragé le DCG à redoubler d’efforts pour mobiliser des ressources adéquates afin de promouvoir le multilinguisme dans toutes ses publications et plateformes. « Dans ce contexte, nous sommes également d’avis que davantage peut être fait pour accroître l’utilisation de la langue arabe », a-t-il précisé.
Le représentant s’est dit ensuite préoccupé par les disparités numériques qui apparaissent comme une nouvelle forme d’inégalité entre et parmi les États, estimant que la communauté internationale devrait prendre les mesures nécessaires pour corriger ces déséquilibres. Il a dit être préoccupé par les menaces que peuvent faire peser les technologies de l’information et de la communication lorsqu’elles sont utilisées à des fins criminelles. L’Algérie, a-t-il précisé, contribue de manière significative aux efforts en cours visant à élaborer une convention internationale globale sur la lutte contre le détournement des technologies de l’information et des communications à des fins criminelles.
M. MAXIMILIANO JAVIER ALVAREZ (Argentine) s’est alarmé de la montée en puissance de la désinformation et de la haine. Dans un monde où le public doit faire la distinction entre les nouvelles fallacieuses et les informations fiables, l’ONU doit continuer à fournir des informations objectives en adaptant son message aux nouveaux outils et formats, mais sans laisser de côté les larges segments de la population qui n’ont pas encore accès aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. L’ONU doit se positionner comme une source d’informations fiables au service du bien public mondial, a-t-il estimé, et comme un outil de lutte contre la désinformation dans différents domaines, tels que les changements climatiques et les discours de haine.
Soulignant que le multilinguisme est une valeur fondamentale des Nations Unies, il a appelé le DCG à passer d’une « culture de la traduction » qui prend l’anglais comme langue de base, à une véritable « culture multilingue ». Cela implique que les spécificités de chaque langue soient prises en compte à tous les stades de la communication, dès la conception des campagnes et des contenus. Il a noté que le manque de ressources représente le principal défi pour appuyer le multilinguisme et a demandé au Secrétariat d’en tenir compte lors de l’allocation interne des ressources existantes. Les allocations budgétaires ne peuvent et ne doivent pas s’écarter du principe selon lequel les six langues officielles ont un droit égal à bénéficier des ressources allouées au Département, a-t-il souligné. Il a salué le partenariat avec les centres d’information d’Amérique latine, y compris le centre de Buenos Aires, pour produire un contenu qui traite des questions liées à l’agenda mondial de l’ONU en mettant l’accent sur les contributions et les défis des pays de la région. Il s’est également félicité de l’augmentation continue des consultations en espagnol sur le site Web et les médias sociaux de l’ONU, et a exhorté le Secrétariat à tenir compte de cette tendance dans l’allocation des ressources existantes, en particulier en termes de personnel, pour répondre à cette demande croissante pour des produits en espagnol.
M. HASSAN MOHAMMED A. ALAMRI (Arabie saoudite) a salué les efforts déployés par le Département et les centres d’information des Nations Unies pour faire la lumière sur les questions liées à la paix et à la sécurité internationales, au développement durable et aux changements climatiques. L’Arabie saoudite s’efforce pour sa part de mettre en lumière les réformes sociales globales prévues par la Vision 2030, et déploie tous les efforts pour développer son infrastructure numérique et renforcer les capacités de ses citoyens concernant les questions techniques, a assuré le représentant. Il a dit attendre avec intérêt les consultations sur la proposition de code mondial favorisant l’intégrité dans les médias. Le représentant a appelé les centres d’information des Nations Unies à renforcer leur présence médiatique dans toutes les langues officielles de l’ONU, y compris l’arabe, estimant que le multilinguisme est le catalyseur de la diplomatie multilatérale. Il a également demandé au Département de sensibiliser l’opinion publique mondiale aux progrès réalisés par de nombreux pays arabes et de mettre l’accent sur les questions arabes, en particulier la question palestinienne, tout en luttant contre l’islamophobie et toutes les formes d’incitation à la haine contre les musulmans.
M. VAHID GHELICH (République islamique d’Iran) s’est déclaré profondément préoccupé du fait que certains pays continuent de profiter de leur monopole sur les technologies de communication modernes pour déformer la réalité dans les pays en développement qui recherchent une véritable indépendance vis-à-vis des puissances coloniales. Il a fermement condamné la prolifération de la désinformation et de la mésinformation au sujet de son pays, plaidant pour des mesures appropriées afin de tenir les plateformes médiatiques ayant une portée extraterritoriale pour responsables de leurs actes.
Le représentant a appelé le DCG à jouer un rôle plus important pour combler le fossé numérique entre le monde développé et le monde en développement, et à mettre les TIC au service du développement de manière juste et équitable. Le Département devrait également sensibiliser le public aux impacts négatifs des mesures coercitives unilatérales, a-t-il ajouté, notant que certaines puissances persistent à utiliser de telles mesures pour bloquer le transfert de technologie vers les pays en développement. Il a également appelé à accorder la priorité à la création d’une nouvelle architecture de gouvernance d’Internet qui soit juste, inclusive et transparente. Le délégué a ensuite exhorté le DCG à poursuivre ses efforts pour lutter contre l’islamophobie, insistant en outre sur l’importance de sensibiliser sur les conséquences négatives de l’occupation de la Palestine. Il a encouragé la publication de divers produits médiatiques dans toutes les langues officielles et non officielles, y compris le persan qui compte plus de 120 millions de locuteurs dans le monde.
Mme NASRIA ELARDJA FLITTI (Ligue des États arabes) a estimé que les reportages du DCG sont le reflet fidèle de la réalité de notre monde et constituent une réponse aux besoins des Nations Unies en matière de communication. Les médias jouent un rôle essentiel dans la sensibilisation nécessaire pour faire progresser le développement à l’échelle mondiale, a considéré la représentante. Par conséquent, la Ligue des États arabes a renforcé les voies de communication avec le centre d’information des Nations Unies dans la région arabe, situé au Caire, de même que les capacités de son personnel en la matière. Elle s’est inquiétée des répercussions des nouvelles fallacieuses sur la sécurité des citoyens et a souligné le besoin urgent d’élaborer un plan complet pour lutter contre la désinformation, notamment les discours de haine et le racisme. La mise en œuvre d’un plan stratégique mondial des Nations Unies pour les médias, avec la présentation de rapports périodiques soumis par les institutions spécialisées des Nations Unies, en particulier l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), permettrait selon elle de mettre en lumière les souffrances du peuple palestinien qui demeure sous occupation israélienne. Elle a également prôné la mise en place d’une couverture médiatique dans les six langues officielles de l’ONU et le recours à la radio dans les pays en développement qui ne disposent pas d’une infrastructure numérique adéquate. La création d’un code de conduite permettrait selon elle la mise en place d’un système mondial d’information impartial et ouvert à tous les États Membres.
Mme PATRICIA HERDT, de l’Organisation internationale de la Francophonie, a relevé que malgré les efforts « remarquables » accomplis ces dernières années pour développer des ressources et des supports de communication dans plusieurs langues, d’importantes disparités entre l’usage de l’anglais et des cinq autres langues officielles persistent. Les supports visuels de nombreux évènements continuent également d’entretenir le sentiment que l’ONU s’adresse aux locuteurs d’une seule langue, a-t-elle regretté, plaidant pour l’adoption du Cadre d’action stratégique pour le multilinguisme.
Elle a insisté sur l’indispensable intégration du multilinguisme à l’action de lutte contre la désinformation, faisant part de son soutien aux efforts du DCG en vue d’ancrer le multilinguisme dans le continuum de la lutte contre la désinformation. Elle a recommandé d’élargir l’accès aux informations objectives et fiables dans les différentes langues sur les plateformes numériques des Nations Unies et de corriger les écarts qui existent entre les informations disponibles en anglais et dans les autres langues afin de ne laisser aucune communauté linguistique de côté. La représentante a également appelé à développer, au sein des différentes entités du Secrétariat qui conduisent des projets destinés à juguler les répercussions négatives de la désinformation, des systèmes de surveillance des plateformes en ligne, dotés d’équipes multilingues en mesure de détecter des informations erronées ou trompeuses dans les différentes langues. De même, elle a conseillé de capitaliser sur le savoir-faire des vérificateurs de faits opérant dans diverses langues et de mener des campagnes de sensibilisation du grand public à la désinformation dans les différentes langues et de tenir compte des usages très variés des plateformes numériques.
De même, la déléguée a appelé au respect du multilinguisme lors des consultations préparatoires à l’élaboration du « code de conduite pour l’intégrité de l’information sur les plateformes numériques » pour une grande pluralité et représentativité des contributions, notamment de l’espace francophone. L’accès à la documentation, aux réunions et aux informations relatives à ce processus doit être garanti dans les six langues officielles, a-t-elle préconisé.
Droits de réponse
Le représentant de la Fédération de Russie a exercé son droit de réponse pour réfuter un ensemble d’accusations faites à l’encontre de son pays au cours du débat général. « Chers collègues, vous nous accusez de ce que vous faites chez vous », leur a-t-il dit, « et nous avons apporté des preuves exhaustives de ces faits ». S’adressant à la Lettonie, il l’a appelé à lire l’ensemble de l’article évoqué plutôt que de citer un post twitter hors contexte. Quant aux déclarations des États-Unis qui ont dit « ne pas pouvoir répondre aux allégations russes », il a ironisé qu’en effet, leur comportement à l’égard des journalistes russes ne saurait être explicable ou justifiable. Le représentant a également réagi à la déclaration de l’Ukraine dans laquelle il a été dit que la Russie aurait parlé « d’une armée de moustiques militarisés », ce à quoi il a répondu que les armes biologiques ne connaissent pas de limites. Il a ensuite rappelé à son homologue britannique ce qui se passe dans les médias britanniques, dénonçant notamment la fermeture de la chaîne RT et la révocation de sa licence. Voilà à quoi ressemble la liberté d’expression au Royaume-Uni, a-t-il déclaré en appelant ses collègues à renoncer aux slogans antirusses et à se concentrer sur le fond des travaux du Comité.
Réagissant aux propos de la RPDC, le représentant de la République de Corée a précisé que l’exercice militaire conjoint annuel États-Unis/République de Corée vise à défendre son pays contre la menace militaire posée par la RPDC.
À son tour, le représentant de la République populaire démocratique de Corée a déclaré que les États-Unis et leurs vassaux ont lancé des actes hostiles ayant une incidence sur la souveraineté de son pays, ce qui constitue selon lui un danger intolérable. Les forces hostiles menées par les États-Unis et la République de Corée ont effectué cette année des tests terrestres et autres. Les mesures d’autodéfense prises par la RPDC représentent un exercice juste de sa souveraineté pour dissuader les menaces dans un environnement sécuritaire fragile, a-t-il estimé.