Conseil de sécurité: le Coordonnateur spécial pour le Moyen-Orient dresse un bilan mitigé de la période sainte d’avril
Le débat public trimestriel que le Conseil de sécurité consacre à la situation au « Moyen-Orient, y compris la question palestinienne », a été l’occasion pour le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Tor Wennesland, de dresser le bilan des tensions dans tout le Territoire palestinien occupé et en Israël, alors que le mois d’avril a vu juifs, chrétiens et musulmans célébrer leur période sainte de la Pâque juive, de Pâques et du ramadan. De nombreuses délégations en ont appelé au respect des Lieux saints, notamment après les incidents des 4 et 5 avril.
M. Wennesland, qui a détaillé l’ensemble des incidents survenus durant le mois écoulé, lesquels ont notamment fait 17 morts parmi les Palestiniens, tués en Cisjordanie occupée par les forces de sécurité israéliennes, et 4 Israéliens tués par des Palestiniens, s’est modérément félicité du fait que la période des fêtes religieuses a été observée de manière pacifique. Il a ainsi noté que des millions de visiteurs musulmans avaient pu accéder à l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa pour l’Eïd al-Fitr, le nombre le plus élevé depuis de nombreuses années, ce dont le Ministre d’État des Émirats arabes unis s’est ensuite dit soulagé.
M. Wennesland s’est néanmoins attardé sur les affrontements survenus les 4 et 5 avril, lorsque l’armée israélienne est entrée dans la salle de prière al-Qibli de la mosquée Al-Aqsa pour en expulser de force des Palestiniens qui s’y étaient retranchés. L’incident a amené de nombreuses délégations à rappeler leur attachement au statu quo des Lieux saints et au rôle de gardien de la mosquée Al-Aqsa confié à la Jordanie, dont le représentant a rappelé qu’il était un lieu de culte exclusivement musulman. Plus généralement, le Brésil a demandé que le temps des fêtes religieuses d’une telle importance ne devienne pas systématiquement une période de tension.
Plusieurs intervenants se sont montrés préoccupés par la montée des tensions, à l’image des États-Unis, qui ont estimé que, en ce seul mois d’avril, une dizaine d’incidents auraient pu déboucher sur un conflit régional s’ils n’avaient pas été traités à temps. C’est pourquoi beaucoup ont également rendu hommage aux efforts régionaux d’apaisement, illustrés en avril par la rencontre de hauts responsables égyptiens, jordaniens, israéliens, palestiniens et américains à Charm el-Cheikh, en Égypte, pour discuter plus avant des accords conclus à Aqaba, en Jordanie, le 23 février. Les appels à la mise en œuvre concrète des communiqués conjoints issus de ces deux rencontres ont été nombreux.
Pour M. Tor Wennesland et de nombreuses délégations, la trajectoire actuelle n’est ni durable ni inévitable. Comme la quasi-totalité des intervenants au débat, il a appelé les parties à la retenue, et notamment Israël à s’abstenir de poursuivre ses projets de colonisation, que beaucoup ont jugé inquiétants et susceptibles de porter plus encore atteinte aux espoirs d’une solution à deux États, pourtant considérée comme la seule susceptible d’apporter une paix durable dans la région. La majorité des délégations ont rappelé que les colonies de peuplement étaient illégales au regard du droit international, à l’image de la France qui, a affirmé son représentant, « ne reconnaîtra jamais l’annexion illégale de territoires, ni la légalisation de colonies sauvages ».
Alors qu’approche le soixante-quinzième anniversaire de la naissance d’Israël, qui verra aussi celui de la commémoration par les Palestiniens de la Nakba -la « catastrophe »- le Ministre des affaires étrangères et des expatriés de l’État de Palestine a déclaré que, si la Charte des Nations Unies avait été respectée et si les résolutions du Conseil de sécurité avaient été mises en œuvre, la paix aurait prévalu en Palestine depuis longtemps, « plutôt que l’occupation et l’apartheid ». Pour M. Riad Al-Malki, la réalité actuelle sur le terrain est « le résultat d’un échec et non d’une fatalité ».
De fait, nombre de délégations ont dénoncé l’inaction du Conseil de sécurité et son incapacité à faire respecter ses propres décisions, y compris sa résolution 2334 (2016), la dernière qu’il a adoptée sur la question, en décembre 2016 et qui, comme l’a rappelé notamment le Gabon, demande une cessation immédiate et complète de toute activité de colonisation dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est.
À cet égard, le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, qui présidait la séance, a fait observer que si le veto est un droit inaliénable des membres permanents du Conseil de sécurité dont l’utilisation n’entraîne aucune violation du droit international, le non-respect des résolutions adoptées par le Conseil constitue, lui, une violation de la Charte. M. Sergey Lavrov a ainsi accusé les États-Unis d’avoir « saboté », entre autres, les résolutions du Conseil sur le Moyen-Orient, y compris la résolution 2334 sur laquelle ils s’étaient abstenus, et d’avoir perdu depuis longtemps l’impartialité indispensable au rôle d’« honnête courtier » qu’ils prétendent jouer, « surtout après les décisions bien connues de l’ancienne Administration de Donald Trump », dont M. Lavrov a constaté qu’elles n’avaient pas été annulées par l’Administration actuelle.
Si de nombreuses délégations ont estimé que le Moyen-Orient était l’illustration d’une politique du « deux poids, deux mesures » menée aux dépens des palestiniens, le représentant d’Israël a, lui, vu dans cette séance, tenue le Jour du souvenir des soldats tombés pour la défense d’Israël, la confirmation d’une attitude biaisée de l’ONU à l’encontre de son pays. Pour Israël, si le conflit perdure, c’est à cause du refus des Palestiniens d’accepter l’existence même de l’État juif d’Israël. Refusant de participer à une « mascarade », le représentant a énuméré une liste de noms de soldats tombés pour la défense d’Israël, allumé une bougie en leur mémoire, puis, qualifiant le débat de « honteux », a quitté la salle.
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE
Déclarations
M. TOR WENNESLAND, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, a rappelé que la période sainte de Pâques, de la Pâque juive et du ramadan avait été marquée par de violents incidents sur les Lieux saints et des tensions dans tout le Territoire palestinien occupé et en Israël. Même si l’escalade a été évitée, la trajectoire actuelle n’est ni durable ni inévitable, a-t-il estimé. Les parties et la communauté internationale doivent s’attaquer aux défis politiques, sécuritaires, économiques et institutionnels sous-jacents à l’origine du conflit. Il faut mettre un terme aux mesures unilatérales, aux provocations et à l’incitation qui encouragent la violence et empêchent les progrès vers la résolution de ce conflit et la fin de l’occupation.
Donnant un bilan chiffré des interventions des Forces de défense israélienne en Cisjordanie occupée, dont 17 Palestiniens tués, M. Wennesland a ajouté que 4 Israéliens ont été tués par des Palestiniens. En outre, un ressortissant étranger a été tué et 7 autres blessés. Toutefois, les fêtes religieuses ont été largement observées de manière pacifique, avec des millions de visiteurs musulmans dans l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa pendant le ramadan, le nombre le plus élevé depuis de nombreuses années.
Le Coordonnateur spécial a détaillé les différents incidents survenus. Il a notamment rappelé les affrontements des 4 et 5 avril dans les Lieux saints à Jérusalem, lorsque les Forces de sécurité israéliennes sont entrées dans la salle de prière al-Qibli de la mosquée Al-Aqsa et ont expulsé de force les Palestiniens barricadés à l’intérieur à la suite de provocations de part et d’autre. Suite à ces événements, des militants à Gaza et au Liban ont tiré des dizaines de roquettes vers Israël. En réponse, Israël a mené des frappes aériennes à Gaza et dans le sud du Liban le 7 avril, visant le Hamas. Le Premier Ministre libanais a condamné les tirs de roquettes vers Israël. M. Wennesland a rappelé que des efforts de désescalade de l’ONU, ainsi que la coordination et la liaison des parties avec la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) avaient contribué à rétablir le calme.
Le Coordonnateur spécial a cité d’autres violences en Cisjordanie occupée et en Israël, commises au cours de la période considérée, qui ont fait de nombreuses victimes palestiniennes et israéliennes. En outre, il a noté que les violences des colons israéliens sont restées élevées.
« Je suis profondément préoccupé par la violence de ces dernières semaines, en particulier les violents affrontements à l’intérieur de la mosquée Al-Aqsa, a commenté M. Wennesland, qui a demandé à nouveau instamment le respect du statu quo sur les Lieux saints à Jérusalem, conformément au rôle particulier du Royaume hachémite de Jordanie.
Le Coordonnateur spécial a aussi condamné les tirs de roquettes contre Israël, ajoutant que les actes de terreur et le ciblage de civils sont odieux et doivent être condamnés et rejetés par tous. Tous les auteurs de violences doivent être tenus pour responsables et rapidement traduits en justice. D’autre part, les forces de sécurité doivent faire preuve d’un maximum de retenue et n’utiliser la force que lorsque cela est strictement inévitable pour protéger la vie. M. Wennesland s’est dit « consterné » que des enfants continuent d’être victimes de violence.
Notant la rencontre de hauts responsables égyptiens, jordaniens, israéliens, palestiniens et américains, le 19 avril, à Charm el-Cheikh, en Égypte, pour discuter plus avant des accords conclus à Aqaba, en Jordanie, le 23 février, M. Wennesland a exhorté à s’abstenir de toute mesure susceptible d’aggraver la situation, et à prendre des mesures concrètes pour mettre en œuvre les communiqués conjoints. Il a dit être engagé avec les parties pour désamorcer les tensions et tracer la voie politique à suivre. Il a rappelé que les colonies sont illégales au regard du droit international et constituent un obstacle important à la paix, et a appelé à éviter les mesures unilatérales et les provocations. Les démolitions et les saisies de biens appartenant à des Palestiniens restent elles aussi une source de grave préoccupation. Le Coordonnateur spécial a appelé Israël à mettre fin aux déplacements et à l’expulsion des Palestiniens et à approuver des plans supplémentaires qui permettraient aux Palestiniens de construire légalement et de répondre à leurs besoins de développement.
Concernant le Golan, M. Wennesland a constaté les tirs de roquettes lancés depuis la Syrie vers Israël et les représailles menées par israéliennes, y compris sur des positions de l’armée syrienne. Rappelant que la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) est en contact avec les Forces de défense israéliennes et les autorités syriennes pour désamorcer la situation, il a exhorté les deux parties à la retenue et à respecter le cessez-le-feu, conformément à l’Accord de désengagement des forces de 1974.
M. Wennesland a noté les d’importants défis budgétaires et institutionnels auxquels est confrontée l’Autorité palestinienne, de même que les déficits de financement qui affectent les agences, fonds et programmes des Nations Unies, notamment le Programme alimentaire mondial et l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), ce qui limite leurs capacités à fournir les services de base. Il s’est dit particulièrement préoccupé par la fermeture prolongée des écoles et des dispensaires de l’UNRWA en Cisjordanie, du fait d’une longue grève des personnels.
Le Coordonnateur spécial a appelé à un effort politique plus large pour s’attaquer aux moteurs du conflit, offrir l’espace et l’accès nécessaires à la croissance de l’économie palestinienne et encourager les parties à mettre à jour leurs relations économiques et administratives. La prochaine réunion du comité de liaison ad hoc à Bruxelles offre l’occasion d’un changement stratégique dans cette direction, a-t-il noté. Relever ces défis peut donner l’élan nécessaire pour rétablir un horizon politique vers la réalisation d’une solution à deux États, a estimé M. Wennesland, qui a conclu en encourageant Israéliens, Palestiniens et communauté internationale à faire preuve de leadership, à se réengager et à œuvrer collectivement à la recherche de la paix dans le but de mettre fin à l’occupation et de résoudre le conflit.
M. RIAD AL-MALKI, Ministre des affaires étrangères et des expatriés de l’État observateur permanent de Palestine, a tout d’abord rappelé qu’il y a 75 ans, le peuple palestinien a enduré la « Nakba », c’est-à-dire la « catastrophe ». Presque du jour au lendemain, les deux tiers du peuple palestinien sont devenus des réfugiés, a-t-il résumé, constatant que, 75 ans plus tard, « le déni de nos droits, le déplacement et le remplacement de notre peuple sont toujours en cours, avec un objectif poursuivi au grand jour: l’annexion ».
Face à ce qui est la crise de réfugiés et de protection la plus longue au monde mais aussi la plus longue occupation d’un territoire entier dans l’histoire moderne, M. Al-Malki a estimé que la communauté internationale avait la responsabilité de faire respecter le droit international. Si la Charte des Nations Unies avait été respectée, si les résolutions du Conseil de sécurité avaient été mises en œuvre, la paix aurait prévalu en Palestine depuis longtemps, « plutôt que l’occupation et l’apartheid », a martelé le Ministre, pour qui la réalité sur le terrain est « le résultat d’un échec et non d’une fatalité ».
Les règles sont claires et il faut de la volonté pour les faire respecter, a poursuivi M. Al-Malki. Selon lui, si les condamnations et les appels du Conseil ne sont pas entendus, c’est en raison de l’impunité dont jouit Israël, en dépit de ses violations répétées de la Charte et des innombrables résolutions adoptées au fil des ans. C’est aussi du fait de l’impunité que des suprématistes sont arrivés au pouvoir en Israël, sur une plateforme coloniale qui est maintenant la politique officielle du Gouvernement israélien, a-t-il ajouté, affirmant ne pas tenir pour acquis le soutien apporté par la communauté internationale à son peuple, y compris aux réfugiés palestiniens par l’intermédiaire de l’UNRWA.
De même, a souligné le Ministre, nous ne tenons pour acquis ni le soutien apporté à nos institutions nationales, ni l’appui apporté aux efforts de paix lorsqu’ils étaient en cours, ni les efforts quotidiens destinés à « maîtriser l’appétit colonial d’Israël ». À ses yeux, deux menaces se profilent: celles de la démobilisation et de la démoralisation de la communauté internationale. De fait, a-t-il dit, « nous sommes convaincus qu’il n’y a pas d’alternative à la solution des deux États et nous y restons attachés, mais, malheureusement, les circonstances sont telles que nous ne pouvons plus la sauver ».
Assurant que les autorités palestiniennes restent malgré tout déterminées à respecter leurs obligations et à poursuivre une voie pacifique, M. Al-Malki a également dit apprécier les efforts visant à épargner la vie des Palestiniens et à améliorer leur vie. Mais tout cela ne remplace pas une solution politique, a-t-il affirmé. Selon lui, il ne peut y avoir un ordre international fondé sur le droit pour le reste du monde et un ordre imposé par une puissance occupante pour la Palestine. Face à cela, Israël nous explique que le problème n’est pas qu’il viole le droit international et les droits fondamentaux du peuple palestinien, mais que nous soulevions cette question dans les instances internationales, a dénoncé le Ministre. Israël estime que les obstacles à la paix ne sont pas les crimes commis contre notre peuple, mais nos tentatives pour faire en sorte que les responsables soient tenus responsables, a-t-il ajouté, s’interrogeant sur la possibilité, dans ces conditions, de devenir de « véritables partenaires de paix ». Pour le Ministre, les Palestiniens ne sont pas tués par centaines et par milliers chaque année par erreur, c’est le résultat d’une politique visant à dominer et à priver les habitants légitimes de cette terre de leurs droits.
Dans ce contexte, la dissuasion est le seul moyen d’empêcher que cela ne se reproduise, a assuré M. Al-Malki. Tant qu’Israël récoltera les bénéfices de son occupation, l’annexion et l’apartheid resteront notre seule réalité, a-t-il dit. « Rendez l’occupation coûteuse et je peux vous assurer qu’elle prendra fin », a-t-il affirmé.
Mais avant cela, il importe de reconnaître l’État de Palestine, a plaidé M. Al-Malki. Le Ministre a jugé inconcevable qu’un pays qui soutient la solution des deux États et la paix ne reconnaisse pas l’État de Palestine « sans lequel il n’y a pas de solution des deux États ». Il a rappelé à cet égard que nul n’a attendu qu’Israël reconnaisse l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) avant de reconnaître ce pays. « Si vous ne reconnaissez pas l’État de Palestine maintenant qu’il est sous une menace vitale, quand le ferez-vous? Quand la solution des deux États sera définitivement morte et enterrée? », s’est-il indigné.
De même, « pourquoi ce Conseil, qui réclame une solution à deux États depuis des décennies, ne recommanderait-il pas l’adhésion de l’État de Palestine à l’Assemblée générale? », s’est interrogé le Ministre, qui s’est dit convaincu que l’Assemblée générale « sera d’accord une fois que cette recommandation aura été faite ».
Rappelant enfin que le peuple palestinien a besoin d’une protection internationale, le Ministre a appelé à interdire tout commerce avec les colonies et à désigner comme organisations terroristes les groupes de colons qui tuent, mutilent et brûlent en étant certains de ne pas être tenus pour responsables. Il faut, a-t-il conclu, « monter un front collectif » pour faire pression en faveur de la paix, prendre des initiatives et tenir les parties comptables de leurs actes si elles ne mettent pas en œuvre la volonté internationale incarnée dans la Charte des Nations Unies et dans les résolutions du Conseil de sécurité.
M. GILAD MENASHE ERDAN (Israël) s’est dit « triste et choqué » par la tenue de cette réunion le jour du souvenir des soldats tombés pour la défense d’Israël, qu’il a qualifiée d’une des journées nationales les plus sacrées du pays. Il a regretté que le Conseil de sécurité ait refusé de reporter cette réunion et y a vu la confirmation de ce que les Israéliens savaient déjà de « cette organisation biaisée ». Il a demandé à la présidence russe du Conseil de sécurité ce que la Russie ferait si une réunion la condamnant était organisée le 9 mai, jour de la victoire soviétique contre le nazisme.
Le représentant a ensuite dénoncé les mensonges proférés devant le Conseil dépeignant Israël comme la racine de tous les problèmes de la région. Il a estimé que le conflit perdurait pour une seule raison: le refus des Palestiniens d’accepter l’existence même de l’État juif d’Israël. Il les a accusés de « laver de cerveau de leurs enfants afin qu’ils haïssent et assassinent des Juifs ».
Le représentant a ensuite dénoncé l’Iran comme « la vraie menace pour la région et pour le monde », le qualifiant de principal parrain du terrorisme, tout proche de la puissance nucléaire, et a regretté que le Conseil de sécurité ne le condamne pas. Affirmant son refus de participer à une « mascarade », le représentant a énuméré une liste de noms de soldats tombés pour la défense d’Israël, allumé une bougie en leur mémoire. Puis, qualifiant le débat de « honteux », il a quitté la salle.
M. SERGEY LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a commencé par rappeler la position de son pays, énoncée dans la nouvelle doctrine de la politique étrangère de la Russie, qui repose en priorité sur la construction d’une architecture globale de stabilité et de coopération au Moyen-Orient, en promouvant le dialogue interreligieux et interculturel. Il a mis en avant l’intention de son pays de développer une coopération active avec tous les pays de la région, tant sur le plan bilatéral qu’à travers les organisations régionales et sous régionales.
Constatant un intérêt croissant pour l’initiative russe de sécurité collective visant à assurer la participation de tous les pays arabes et iranien, avec l’implication des États influents, le Ministre a, dans le même temps, déploré « avec un profond regret et une profonde inquiétude » que le problème palestinien reste en dehors des changements positifs. Il a jugé plus que jamais nécessaire de réaffirmer les dénominateurs communs du règlement au Moyen-Orient inscrits dans les décisions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale. Il faut nettoyer l’horizon politique, a-t-il ajouté.
Les événements en Cisjordanie, à Gaza, à Jérusalem-Est et le long de la ligne de séparation entre Israël, le Liban et la Syrie ont fait monter les tensions à un niveau extrêmement dangereux, a averti M. Lavrov qui a rappelé que, depuis le début de l’année, plus de 100 Palestiniens ont trouvé la mort alors que les blessés se comptent par milliers. Le nombre de victimes parmi les Israéliens augmente également, a-t-il déploré. Dressant un état des lieux dans la région, le Ministre a décrit une situation exacerbée par les frappes israéliennes en Syrie -au moins 10 attaques en 2023- dont le bombardement de l’aéroport d’Alep, par lequel est acheminée l’aide humanitaire aux victimes du tremblement de terre dévastateur du 6 février. Il a aussi noté une augmentation des incidents le long de la Ligne bleue avec le Liban, avec notamment le plus grand échange de missiles depuis 2006.
Le Ministre a lié la recrudescence de ces flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens aux démarches unilatérales visant à créer des faits accomplis sur le terrain. Il a jugé impossible de passer sous silence le rythme record de la construction de colonies israéliennes, des expropriations, des démolitions de maisons ou encore arrestations arbitraires. De même, on ne peut fermer les yeux sur la radicalisation croissante de la « rue palestinienne » et du fossé grandissant entre les principaux partis palestiniens, semé d’affrontements violents.
S’il a jugé important d’éliminer et de prévenir les symptômes d’une situation qui s’aggrave, le Ministre a estimé impératif de réaffirmer qu’il n’y a pas d’alternative à la solution des deux États pour répondre au droit des Palestiniens à leur propre État indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale et au droit des Israéliens à une coexistence pacifique et sûre avec leurs voisins et la région dans son ensemble. Seul un retour aux négociations directes sur les questions relatives au statut final peut briser le cercle vicieux de la violence et de la radicalisation et restaurer la confiance mutuelle, a-t-il affirmé.
M. Lavrov a déploré qu’au lieu d’aider à rétablir l’horizon politique, les États-Unis et l’Union européenne poursuivent leurs « tentatives destructrices » menées à coup de demi-mesures et de promotion de la normalisation arabo-israélienne, en contournant une solution juste au problème palestinien et l’Initiative de paix arabe. Le Quatuor de médiateurs internationaux du Moyen-Orient composé de la Russie, des États-Unis, de l’UE et de l’ONU a été victime de telles actions, a-t-il accusé.
Le Ministre a accusé les États-Unis de prétendre à être le seul parrain du processus de paix au Moyen-Orient, pas gênés par le fait qu’ils ont depuis longtemps perdu la neutralité et l’impartialité indispensables à un « courtier honnête », surtout après les décisions bien connues de l’ancienne « Administration de Donald Trump », qui contredisent directement les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et que l’Administration actuelle n’a pas annulées.
M. Lavrov a noté que, récemment, les États-Unis et leurs alliés avaient déployé tous leurs efforts pour faire en sorte qu’à chaque fois que le droit de veto est utilisé sur une question au Conseil de sécurité, cette question soit débattue à l’Assemblée. Affirmant n’avoir « rien à cacher », le Ministre a toutefois fait observer que le veto est un droit inaliénable et que son utilisation n’entraîne aucune violation du droit international, alors que le non-respect des résolutions adoptées par le Conseil de sécurité constitue, lui, une violation de la Charte. Il a suggéré que ceux qui enterrent ouvertement les résolutions adoptées en fassent aussi rapport à l’Assemblée générale, avant de citer une série de résolutions du Conseil « sabotées » par l’Occident, parmi lesquelles le programme nucléaire iranien, les accords de Minsk concernant l’Ukraine et les décisions sur la Palestine.
Accusant Américains et Européens de « spéculer grossièrement » sur le dossier ukrainien pour tenter d’attirer les pays en développement à leurs côtés et de détourner ainsi leur attention des problèmes du Moyen-Orient et d’autres régions du « Sud Global », M. Lavrov a notamment reproché à son homologue américain, M. Antony Blinken, d’avoir déclaré que le contrôle du plateau du Golan restait très important pour la sécurité d’Israël, « mettant de côté les aspects légaux ».
Dans de telles circonstances, le rôle de l’ONU en tant que coordinateur de la diplomatie multilatérale est particulièrement nécessaire aujourd’hui, a insisté le Ministre, qui a appelé le Secrétariat de l’ONU et le Secrétaire général à accorder une attention particulière au respect des décisions du Conseil de sécurité. Il a en particulier suggéré que le Secrétaire général convoque de sa propre initiative une séance du Conseil de sécurité sur le Quatuor, comme il l’avait fait début mai sur l’Afghanistan.
Appelant Israéliens et Palestiniens à mettre fin à toutes les actions unilatérales qui compromettent la possibilité de concrétiser la solution des deux États, M. Lavrov a annoncé l’institution de son pays de contribuer, avec d’autres pays, à aider à restaurer l’unité palestinienne. Il a aussi souligné l’importance du travail de l’UNRWA. La Fédération de Russie continuera aussi de contribuer à la stabilisation du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, pour faire avancer le processus de règlement au Moyen-Orient avec les pays de la région et en coordination avec d’autres médiateurs, en particulier avec la Chine, a conclu M. Lavrov.
M. KHALIFA SHAHEEN AL MARAR, Ministre d’État des Émirats arabes unis, s’est d’abord dit soulagé que des milliers de fidèles aient pu se rendre prier dans la mosquée Al-Aqsa pour l’Eïd al-Fitr dans le calme, contrairement à ce qu’il s’était passé pendant le mois de ramadan, quand les forces de police israéliennes ont attaqué les fidèles. Le statut spécial de la Ville sainte de Jérusalem ne doit pas être compromis, a-t-il insisté à ce sujet.
Le Ministre s’est aussi alarmé de la trajectoire des événements actuels, en particulier si Israël continue « d’enhardir les colons », de leur accorder « une immunité juridique » et de « les exploiter comme un outil » pour confisquer davantage de terres palestiniennes occupées.
La solution des deux États, a aussi rappelé le Ministre, représente la vision sur laquelle la communauté internationale et le Conseil se sont mis d’accord pour mettre fin au conflit: c’est la seule garantissant que les deux États de Palestine et d’Israël vivent côte à côte dans la paix, la sécurité et la reconnaissance mutuelle. Le Ministre a donc réitéré son appel à Israël pour qu’il cesse immédiatement toute activité de colonisation et assume ses responsabilités, conformément au droit international.
La « complaisance » de la communauté internationale n’est plus permise, a affirmé le Ministre, pour qui la situation exige au contraire de maintenir la pression pour réduire l’escalade, ainsi que d’éviter le recours à toute mesure unilatérale. La responsabilité de résoudre ce conflit incombe principalement aux parties qui en sont à l’origine, a enfin déclaré le Ministre, assurant qu’il continuerait de soutenir le peuple palestinien et son droit légitime à établir un État indépendant, sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.
M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a estimé que le cycle de violences, alimenté par la frustration et le désespoir dans chaque camp, ne pourra s’arrêter que lorsque la colonisation israélienne, illégale en droit international, prendra fin. « La France ne reconnaîtra jamais l’annexion illégale de territoires, ni la légalisation de colonies sauvages », a affirmé le représentant.
Notre deuxième conviction, c’est que l’inaction n’est pas tenable, a poursuivi le représentant, pour qui l’inaction ne peut que mener à une régionalisation du conflit, comme l’illustrent les tirs de roquettes indiscriminés contre Israël en provenance de la bande de Gaza, du Sud-Liban et de la Syrie. La France condamne fermement ces attaques et réitère son attachement indéfectible à la sécurité d’Israël. Enfin, le représentant a estimé que le Conseil de sécurité avait la responsabilité de défendre la solution des deux États et de faire respecter les résolutions qu’il a adoptées.
M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) s’est dit préoccupé par les événements malheureux qui se sont produits dans les Lieux saints à Jérusalem au début du mois. Attaquer et frapper des pèlerins est un comportement inacceptable, a-t-il tranché, en condamnant l’usage de feux d’artifice dans les lieux de culte. Il a rappelé l’importance de respecter leur caractère sacré, avant d’appeler à préserver le statu quo des Lieux saints à Jérusalem, ainsi que le rôle de gardien assigné à la Jordanie. Le représentant a déploré les tirs de roquettes vers Israël, ainsi que tous les actes de violence, de terreur ou de provocation. Il a appelé à briser immédiatement le cycle de la violence, tout en insistant sur la nécessité de mener des enquêtes pour des faits passés et de traduire les responsables en justice. « La vengeance n’est pas la justice et ne mène pas à la paix. » Selon le représentant, la première étape pour briser le cycle de la violence consiste à éviter toute parole et tout fait d’incitation et de provocation. Il a salué la tenue de réunions de haut niveau à Aqaba, en Jordanie, et à Charm el-Cheikh, en Égypte, avec la participation d’Israël, de l’Autorité palestinienne, de la Jordanie, de l’Égypte et des États-Unis. Le dialogue sincère est le seul chemin qui peut mener à la paix, a—t-il conclu, tout en rappelant le vœu de l’Équateur de voir appliquer la solution des deux États.
M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a souhaité que cette réunion éclaircisse l’horizon politique vers la solution des deux États par le biais du dialogue. « La confiance est nécessaire pour un véritable engagement entre les deux parties. » Le représentant a encouragé les responsables israéliens et palestiniens à travailler ensemble et à prendre de nouvelles mesures pour prévenir la violence. Il a condamné les actions des extrémistes des deux côtés, y compris les attentats terroristes qui ont visé Israël. Préoccupé par la situation humanitaire du peuple palestinien, le représentant a appelé à un soutien continu pour la libre circulation vers et depuis Gaza. Il a également appelé à résoudre la crise à laquelle est confrontée l’Autorité palestinienne. Israël et la Palestine doivent établir un mécanisme qui contribuera à améliorer les conditions économiques du peuple palestinien ainsi que la situation financière de l’Autorité palestinienne. L’interminable souffrance du peuple palestinien et les préoccupations de sécurité d’Israël doivent nous obliger à résoudre la question palestinienne, a-t-il conclu.
Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a condamné toutes les attaques terroristes menées contre des civils, israéliens comme palestiniens. Alors que 2023 s’annonce comme une nouvelle année difficile dans cette région, il est urgent d’inverser la tendance, a plaidé la représentante, non sans indiquer que, ce seul mois d’avril, une dizaine d’incidents auraient pu déboucher sur un conflit régional s’ils n’avaient pas été traités à temps. Dans ce contexte alarmant, elle a appelé les parties à faire preuve de retenue et à éviter toute déclaration incendiaire.
La représentante a ensuite dénoncé les attaques à la roquette effectuées contre Israël depuis des positions dans la bande de Gaza, la Syrie et le Liban. Utiliser le territoire du Liban pour tirer des roquettes contre Israël ne fait que mettre en danger le peuple libanais et menacer le personnel de la FINUL, a-t-elle affirmé, avant de rappeler que les États-Unis reconnaissent la capacité d’Israël à exercer son droit à la légitime défense. Elle s’est cependant élevée contre les violences intervenues au cours du mois de ramadan dans la mosquée Al-Aqsa et a appelé à respecter le caractère sacré des Lieux saints à Jérusalem.
Saluant le fait que les récentes fêtes religieuses se soient généralement déroulées de manière paisible, la représentante s’est félicitée des efforts déployés par les parties, ainsi que par la Jordanie, l’Égypte et les États-Unis, pour faire baisser les tensions et relancer des discussions directes. Les réunions d’Aqaba et de Charm el-Cheikh constituent des premiers pas dans cette direction, a-t-elle estimé, exhortant les parties à mettre en œuvre les engagements pris et à renforcer la confiance. Elle s’est d’autre part déclarée préoccupée par les difficultés financières que connaît l’Autorité palestinienne et a invité la communauté internationale à œuvrer à son redressement. Elle s’est aussi alarmée de la situation de l’UNRWA, qui n’aura plus de fonds d’ici à cet été. Rappelant que son pays avait déboursé plusieurs centaines de milliers de dollars ces derniers mois pour lui venir en aide, elle a averti que, si les dons ne se multiplient pas, les conséquences pour la stabilité régionale pourraient être graves. Elle a enfin assuré que les États-Unis soutiendront tous les efforts visant à parvenir à un règlement d’ensemble afin qu’Israéliens et Palestiniens puissent accéder à la paix et à la prospérité.
M. KIMIHIRO ISHIKANE (Japon) a réaffirmé que son pays attache une grande importance à la préservation du statu quo historique concernant les lieux saints de Jérusalem. Il a rappelé que le Premier Ministre, M. Fumio Kishida, avait souligné l’importance du rôle spécial de gardien joué par la Jordanie lors de sa récente réunion au sommet avec le Roi Abdallah. Il a également rappelé l’appel téléphonique du Premier Ministre avec le Président de l’État d’Israël, au cours duquel il a exprimé son inquiétude face aux mesures unilatérales prises par les deux parties. Le représentant a condamné les attaques à la roquette des militants palestiniens et le terrorisme sous toutes ses formes, y compris l’attentat perpétré à Tel-Aviv le 7 avril. Il a appelé le Gouvernement israélien à cesser ses activités de colonisation, ses démolitions et ses expulsions qui constituent une violation du droit international et vont à l’encontre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Le représentant a salué les efforts déployés dans le cadre des pourparlers à cinq, tant à Aqaba qu’à Charm el-Cheikh. Pour sa part, le Japon, qui est l’un des principaux donateurs de l’UNRWA, a accueilli la semaine dernière la réunion des ministres des affaires étrangères du G7, qui ont appelé les parties à réaliser une solution à deux États et exprimé leur volonté de continuer à aider les Palestiniens à renforcer leur autonomie économique.
Mme VANESSA FRAZIER (Malte), évoquant un « scénario explosif et incontrôlable », s’est inquiétée des actes unilatéraux qui menacent toute tentative de résoudre le conflit. Elle a condamné tout acte de terrorisme, comme les roquettes lancées depuis Gaza et le sud du Liban. Si elle a appuyé le droit d’Israël de se défendre, elle a déploré son usage excessif de la force, insistant sur les principes de riposte graduelle et de proportionnalité, afin notamment de protéger les femmes et les enfants. Elle s’est également dite préoccupée par la politique et les lois israéliennes qui facilitent le démembrement du Territoire palestinien occupé, particulièrement la Cisjordanie, ainsi que par la récente abrogation de la loi sur le désengagement de 2005. Côté palestinien, la déléguée a souligné l’importance de tenir des élections libres et démocratiques, dans la lignée de la signature de la Déclaration d’Alger de 2022, avant d’exhorter les factions palestiniennes à s’engager de bonne foi dans un processus de réconciliation. « Un tel processus serait un pas crucial vers la formation d’un nouveau gouvernement représentatif du peuple palestinien. »
Mme BARBARA WOODWARD (Royaume Uni) a appelé toutes les parties à renoncer aux mesures unilatérales qui compromettent la paix, la stabilité et la solution des deux États. Elle a condamné les tirs indiscriminés de roquettes sur Israël en provenance des factions terroristes de Gaza, de Syrie et du Liban. Cette année, 19 Israéliens, dont 3 ressortissants israélo-britanniques, membres d’une même famille, ont été tués dans des actes de terrorisme et 90 Palestiniens, dont un enfant de 15 ans, ont été tués par les Forces de sécurité israéliennes, a déploré la représentante. Elle a pressé l’Autorité palestinienne de dénoncer l’incitation à la violence, car de tels actes ne sont jamais justifiés. Si Israël a, pour sa part, le droit légitime de se défendre, ses forces de sécurité doivent faire preuve de retenue dans l’usage de la force et enquêter sur tous les décès. Toutes les parties doivent cesser les actions unilatérales qui réduisent les perspectives de paix, a poursuivi la représentante, condamnant les raids des forces de sécurité israéliennes sur la mosquée Al-Aqsa pendant le ramadan, qui ont blessé de nombreux fidèles. Elle a demandé à toutes les parties de respecter le statu quo historique et le statut du Royaume hachémite de Jordanie en tant que gardien des Lieux saints. Appelant à redoubler d’efforts en vue d’une paix durable, elle a salué ceux qui jettent les bases d’un dialogue, notamment les récentes initiatives jordaniennes, égyptiennes et américaines. À cet égard, il est essentiel qu’Israël et les Palestiniens respectent les engagements pris, notamment celui d’Israël de suspendre la progression des colonies, illégales au regard du droit international. Pour sa part, a conclu la représentante, le Royaume-Uni reste déterminé à travailler avec Israël, l’Autorité palestinienne et les partenaires internationaux pour mettre fin au terrorisme auquel Israël est confronté et au cycle destructeur de la violence qui se poursuit.
M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) a jugé la situation très instable avant d’appeler les parties à déployer tous les efforts nécessaires pour réduire les tensions et à s’abstenir de toute mesure unilatérale, de tout acte de provocation et de tout propos inflammatoire susceptibles d’attiser le conflit. La Suisse appelle les parties à mettre en œuvre les engagements pris à Aqaba et Charm el-Cheikh dans le sillage de la déclaration présidentielle du Conseil de sécurité du 20 février dernier.
Le représentant a dit sa préoccupation face à la poursuite de la planification de colonies par Israël ces dernières semaines, en dépit de ses engagements. Il a rappelé que les colonies de peuplement sont illégales au regard du droit international et représentent un obstacle à la paix. Enfin, il a jugé urgent que les parties traitent des causes profondes du conflit. « Les récents engagements devraient servir de base concrète pour la restauration de la confiance en vue d’une solution négociée à deux États, conformément au droit international et aux paramètres convenus au niveau international, y compris les résolutions du Conseil de sécurité », a-t-il conclu.
M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a déploré l’impasse dans laquelle se trouve le conflit israélo-palestinien. Il a constaté que la tension est encore montée d’un cran le 4 avril avec le raid effectué par les forces israéliennes à l’intérieur de la mosquée Al-Aqsa, dernière en date des violations du statu quo historique des lieux religieux enregistrées cette année. Ce statu quo doit être respecté et sauvegardé, a insisté le représentant en rappelant le rôle crucial que joue le Royaume hachémite de Jordanie en tant que gardien officiel des lieux saints musulmans de Jérusalem. Il s’est également fait l’écho de l’appel lancé par le pape lors des célébrations de Pâques en faveur d’une reprise du dialogue entre Israéliens et Palestiniens, afin que la paix règne dans la Ville sainte et dans toute la région. Relevant à cet égard la portée régionale du conflit, le représentant a dit craindre que 2023 n’égale le record funeste de l’an dernier en termes de victimes civiles, parmi lesquelles des femmes et des enfants. Après avoir exhorté les forces israéliennes et les groupes armés palestiniens à respecter les obligations que leur imposent le droit international humanitaire, il a demandé aux responsables politiques des deux parties à s’abstenir de toute rhétorique de haine et d’intolérance. Il a aussi appelé les parties à privilégier la question sensible de la restitution des dépouilles afin de générer un climat de confiance.
Dans ce contexte, le représentant a jugé fondamental de donner effet à la résolution 2334 (2016) qui, a-t-il rappelé, demande une cessation immédiate et complète de toute activité de colonisation dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est. Il a d’autre part souhaité que des mesures urgentes soient prises pour aider au relèvement économique de l’Autorité palestinienne, avant de se prononcer pour le libre accès des travailleurs palestiniens de Gaza et de Cisjordanie au marché du travail israélien, ainsi que pour la levée de toutes les restrictions en matière d’accès pour les matériels à Gaza.
Plaidant pour une « dynamique d’apaisement », le représentant a salué la tenue à Charm el-Cheikh, sous l’égide de l’Égypte, d’une réunion des responsables politiques et de la sécurité jordaniens, israéliens, palestiniens et américains, dans le cadre de l’accord conclu à Aqaba, en Jordanie, en février dernier. Enfin, après avoir réaffirmé l’attachement de son pays à la solution des deux États, il s’est félicité du rétablissement des relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite et l’Iran, y voyant un développement porteur d’espoir pour la stabilisation de l’ensemble de la région.
M. PEDRO COMISSARÍO AFONSO (Mozambique), préoccupé par l’augmentation des tensions qui laisse peu de perspective pour une paix durable et des relations de bon voisinage entre les deux peuples, a encouragé le Conseil à résoudre la question de toute urgence. L’occupation illégale et l’agression doivent cesser, a-t-il martelé, demandant la mise en œuvre des résolutions du Conseil dans l’intérêt de la paix et de la stabilité au Moyen-Orient. Attaché à la solution des deux États, le délégué a appelé à la reprise des négociations et à la revitalisation du processus de paix. La volonté politique et l’engagement des deux parties sont cruciaux à cet égard. Il a dénoncé les colonies illégales qui spolient et déplacent le peuple palestinien de ses terres en violation du droit international. Le délégué s’est aussi dit préoccupé par l’aggravation de la crise humanitaire dans le territoire palestinien et par la désacralisation des Lieux saints, notamment l’invasion d’Haram el-Charif (esplanade des Mosquées). Il a donc appelé Israël et la Palestine à revenir à la table des négociations dès que possible et la communauté internationale à accroître son appui à l’UNRWA et au Programme alimentaire mondial (PAM).
M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a déploré les incidents « épouvantables », tels que le raid mené à l’intérieur de la mosquée Al-Aqsa, qui ont profondément perturbé la période des célébrations religieuses, blessé des fidèles et endommagé des bâtiments. Craignant que ces tensions accrues ne débouchent sur une confrontation directe, il a condamné les actions entreprises en violation du statu quo historique des Lieux saints. Le fait que des fêtes religieuses d’une telle importance pour les musulmans, les juifs et les chrétiens soient devenues une période de tension permanente ne doit pas être normalisé, a affirmé le représentant. Israël doit cesser immédiatement ses activités de colonisation dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est. L’expansion continue des colonies constitue non seulement une violation flagrante du droit international mais aussi une menace pour la viabilité d’un futur État palestinien, et donc pour les perspectives d’une solution à deux États, a-t-il fait valoir. Israël doit également mettre fin aux démolitions et aux saisies de structures palestiniennes, ainsi qu’au déplacement des familles palestiniennes, a poursuivi le représentant, avant de condamner la violence liée aux colons, l’usage disproportionné de la force par les forces de sécurité, ainsi que les actes de terreur. Appelant les autorités israéliennes à fournir une protection adéquate à la population civile palestinienne, il a invité les dirigeants de tous bords à promouvoir le calme et à éviter toute rhétorique incendiaire. Enfin, il a exhorté la communauté internationale à soutenir l’économie palestinienne et à ne pas oublier les réfugiés palestiniens. À cet égard, il a souligné l’importance d’un soutien accru, prévisible et durable à l’UNRWA.
M. FERIT HOXHA (Albanie) a condamné les attaques terroristes contre Israël et appuyé son droit à se défendre. Il a aussi rappelé que 90 civils palestiniens avaient péri depuis le début de l’année et condamné la violence aveugle des colons israéliens. Rappelant que les colonies étaient illégales au regard du droit international, il a appelé à l’arrêt de la colonisation, qualifiée d’obstacle à la paix qui mine les perspectives d’une solution durable. Le représentant a appelé les deux parties à mettre en œuvre les mesures adoptées à Aqaba et Charm el-Cheikh afin d’ouvrir la voie à des pourparlers de paix. Il a également appelé à préserver le statut quo des Lieux saints et salué le travail du Royaume hachémite de Jordanie en la matière. Pour finir, il a réitéré le soutien de son pays à la solution des deux États dans les frontières de 1967 avec Jérusalem pour capitale.
M. ZHANG JUN (Chine) a appelé les parties au calme et à s’abstenir de toute provocation, en rappelant qu’Israël et Palestine étaient « deux voisins inséparables », et que la sécurité de l’un ne pouvait se baser sur l’insécurité de l’autre. Le représentant a condamné les activités illicites de colonisation par Israël, ainsi que ses actions unilatérales visant à légaliser de nouvelles colonies, qui réduisent l’espace des Palestiniens et font s’éloigner d’autant la perspective de la création d’un État palestinien. Appelant une fois encore au respect de la résolution 2334 (2016) et à cesser toute activité de colonisation, il a qualifié tout acte modifiant le statu quo de Jérusalem de « nul et non avenu » et enjoint à Israël de respecter le statu quo historique de ses Lieux saints.
La protection des civils palestiniens doit aussi être garantie de même que leurs moyens de subsistance, a poursuivi le représentant, sans quoi l’insécurité se propagera davantage. Israël devrait en outre lever les limitations à la liberté de mouvement dans les territoires palestiniens occupés, lever son blocus de Gaza et créer les conditions d’un développement économique dans les dits territoires.
La communauté internationale devrait soutenir financièrement la Palestine pour soulager la crise financière en cours, a déclaré le représentant, qui a assuré que la Chine ferait de son mieux pour soutenir l’UNWRA. Notant que plusieurs États arabes avaient normalisé leurs relations avec Israël, le représentant a conclu qu’il n’était jamais trop tard pour bien faire et a encouragé les deux parties à reprendre le dialogue et les négociations, seul moyen pour parvenir à une solution à deux États.
M. KAIRAT UMAROV, Vice-Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a dit partager la préoccupation générale concernant l’expansion continue des colonies dans le Territoire palestinien occupé. M. Umarov a appelé Israéliens et Palestiniens à s’abstenir de toute action susceptible de compromettre l’avancement de la solution des deux États et s’est prononcé pour une relance du dialogue entre toutes les parties au conflit, accompagnée de nouvelles mesures pour améliorer la situation humanitaire de la population de Gaza et renforcer la confiance. Rappelant à ce propos qu’Israël et la Palestine sont membres de la Conférence sur l’interaction et les mesures de confiance en Asie (CICA), il les a invités à utiliser les mécanismes de coopération multilatérale de cette organisation pour rapprocher leurs positions.
Le Vice-Ministre a par ailleurs réaffirmé la nécessité d’appuyer l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) dans son rôle crucial d’atténuation de la détérioration de la situation à Gaza et de promotion du développement à long terme de la région. La situation actuelle, marquée par la pauvreté, le chômage et, par conséquent, la régression économique, ne peut qu’alimenter de nouveaux conflits, a-t-il averti, avant d’appeler à une inversion du déclin socioéconomique dans tout le Territoire palestinien occupé. Enfin, après avoir réaffirmé son plein soutien de son pays à la création d’un État palestinien indépendant, coexistant pacifiquement avec Israël à l’intérieur des frontières de 1967, il a assuré que son pays est prêt à se joindre à tous les efforts collectifs de médiation.
M. GERARDO PEÑALVER PORTAL, Premier Vice-Ministre des affaires étrangères de Cuba, a salué le rétablissement des relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite et la République islamique d’Iran, espérant que cette étape contribuera à la stabilité et à la sécurité régionales. Cette évolution positive, a-t-il regretté, contraste avec les développements déplorables dans le Territoire palestinien occupé. Il a décrié les « pratiques d’apartheid » d’Israël contre les Palestiniens, dont l’agression militaire et l’occupation du Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et la politique d’annexion. Le Vice-Ministre a reproché aux États-Unis d’être responsables de l’obstruction répétée à l’action du Conseil de sécurité en faveur d’une solution globale, juste et durable au conflit israélo-palestinien, et d’assurer « l’impunité d’Israël ». La politique du deux poids, deux mesures, la sélectivité, l’incohérence et la manipulation politique doivent cesser, a-t-il martelé. Il a réitéré sa demande du retrait total et inconditionnel d’Israël du Golan syrien et de tous les territoires arabes occupés et exigé la fin des ingérences extérieures en Syrie. Poursuivant, le Premier Vice-Ministre a réaffirmé le soutien de Cuba au Plan d’action global commun avec l’Iran, défendant le droit inaliénable des États à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire. Enfin, il a demandé la fin immédiate et inconditionnelle des mesures coercitives unilatérales arbitraires et illégales imposées par les États-Unis à des nations souveraines du Moyen-Orient.
M. MAHMOUD DAIFALLAH HMOUD (Jordanie) a appelé à prévenir l’escalade de la violence et à apaiser les tensions. Il a exhorté Israël à reprendre le dialogue avec les Palestiniens en vue de mettre en œuvre la solution des deux États. Le représentant a plaidé pour le respect du statu quo autour des Lieux saints, chrétiens comme musulmans, à Jérusalem, rappelant que son pays est le protecteur de la mosquée Al-Aqsa, qui est un lieu de culte exclusivement musulman. Il a appelé à mettre en œuvre les engagements pris lors des récentes réunions d’Aqaba et Charm el-Cheikh, avant de rappeler, une nouvelle fois, l’importance de respecter le statu quo.
M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a dénoncé les actions récentes d’Israël dans les territoires palestiniens occupés: la prise d’assaut de villes palestiniennes et la poursuite des tueries commises par les forces d’occupation et les colons contre des civils non armés, y compris des enfants. C’est pour apaiser la situation que l’Égypte a entrepris, avec les États-Unis et la Jordanie, de faire signer des accords aux Palestiniens et aux Israéliens à Aqaba et Charm el-Cheikh, en février et mars. Au titre des mesures recommandées, le délégué a cité la cessation des mesures unilatérales, notamment en ce qui concerne les colonies, et le respect du statu quo et de la tutelle jordanienne sur les Lieux saints. Malheureusement, a-t-il déploré, la situation ne s’est pas apaisée sur le terrain du fait de la non-application de ce qui avait été convenu. Le représentant a déploré l’intrusion de groupes ultra-orthodoxes sur les Lieux saints, ainsi que la restriction de la liberté d’accès aux lieux de culte aux musulmans et aux chrétiens. Il a exhorté les protagonistes à mettre en œuvre ce qui a été convenu lors des réunions d’Aqaba et de Charm el-Cheikh, en particulier la promesse de mettre fin à toutes les mesures unilatérales d’expansion des colonies et aux actes de violence contre les civils. Il s’agit aussi de « ne pas porter atteinte au statut juridique et historique des lieux saints musulmans et chrétiens à Jérusalem-Est, ainsi que le respect de la tutelle du Royaume hachémite de Jordanie sur les Lieux saints ». Le représentant a en outre rappelé qu’il avait été convenu de fournir une protection internationale au peuple palestinien. Il a enfin appelé à relancer les négociations de paix entre les deux pays, en activant le rôle du Quatuor dont les réunions doivent reprendre dès que possible.
Mme JEANNE MRAD (Liban), s’exprimant au nom du Groupe arabe, a dénoncé le non-respect des appels au calme durant la période sainte par la Puissance occupante. Elle y a vu un acte de provocation irresponsable contre les millions de musulmans dans le monde. Israël doit respecter le statu quo sur les Lieux saints et la tutelle de la Jordanie, a grondé la représentante. La Palestine doit pouvoir jouir de sa liberté à Jérusalem-Est, capitale de la Palestine. Israël n’a aucune souveraineté dans cette ville, a martelé la représentante qui a souhaité la poursuite de tous les efforts visant à protéger Jérusalem-Est, pour éviter toute modification de son identité arabe et de sa composition démographique. Condamnant l’extension des colonies, elle a estimé que le Conseil doit faire respecter ses résolutions que viole Israël. « Le Groupe arabe réclame une protection internationale pour le peuple palestinien. » Il condamne les détentions arbitraires et les traitements infligés aux prisonniers palestiniens, et demande leur libération. Il faut qu’Israël retourne les dépouilles de ses victimes et rendre des comptes, a ajouté la représentante.
Selon le Groupe arabe, la paix n’est pas possible tant que le peuple palestinien est privé de son droit à l’autodétermination. La représentante a demandé aux États Membres de soutenir la plainte déposée par la Palestine auprès de la Cour internationale de Justice (CIJ) en faisant part de leur appui par écrit avant juillet 2023. La Cour doit poursuivre son enquête pour que les auteurs de crimes de guerre rendent des comptes. « Il faut prévenir la judaïsation de Jérusalem par Israël. » Constatant que la situation des réfugiés ne cesse de se dégrader, la représentante a regretté que la communauté internationale ferme les yeux sur le droit international. Elle a appelé à soutenir financièrement l’UNRWA tant que la situation palestinienne n’est pas réglée y compris le droit au retour.
À titre national, Mme Mrad (Liban) a dénoncé les attaques menées, le 7 avril 2023, par Israël dans le Sud de son pays. C’est une menace à la stabilité au Sud du Liban et une violation de la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité. Elle a mis en garde contre toute violation de la Ligne bleue et salué le rôle de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL).
M. ANTONIO MANUEL REVILLA LAGDAMEO (Philippines) s’est dit profondément préoccupé par les développements récents concernant Israël et la Palestine, avant d’exhorter toutes les parties concernées à faire preuve d’un maximum de retenue et à s’abstenir de tout acte de violence et de provocation afin d’éviter une nouvelle escalade. Le conflit ne pourra jamais être résolu par la violence, mais seulement par le dialogue et des négociations, conformément au droit international, a affirmé le représentant, qui a exprimé son soutien aux efforts de l’ONU et du Quatuor pour le Moyen-Orient pour relancer le processus de paix et inverser les tendances négatives qui mettent en péril la solution des deux États. Le représentant a également salué les efforts que déploie l’UNRWA dans des circonstances difficiles pour répondre aux besoins humanitaires des populations palestiniennes touchées par le conflit. Il a appelé à continuer à soutenir le travail de l’Office pour protéger la livraison des services à des millions de réfugiés palestiniens.
Le représentant a ensuite enjoint aux parties de mettre davantage l’accent sur le renforcement de la confiance, tout en exhortant l’ensemble des parties prenantes, y compris le Quatuor, à aider à négocier le « meilleur résultat diplomatique possible » pour avancer vers le rétablissement d’un horizon politique. À cet égard, il s’est réjoui des déclarations des États membres de l’Union européenne, de la Déclaration présidentielle du Conseil de sécurité adoptée en février et du Communiqué conjoint d’Aqaba, y voyant des appels au calme bienvenus. Si elles sont mises en œuvre, les étapes décrites à Aqaba pourraient être le début d’une inversion des tendances négatives sur le terrain, a-t-il estimé, avant de se féliciter également de l’établissement récent de relations diplomatiques entre Israël et un certain nombre de pays arabes, qui permettent à ses yeux d’améliorer les perspectives d’un règlement global du processus de paix au Moyen-Orient.
M. SEDAT ÖNAL (Türkiye) a dénoncé les violations du statut quo historique des Lieux saints et les raids lancés par Israël contre la mosquée d’Al-Aqsa en période de ramadan, les qualifiant « d’inacceptables ». Rappelant que son pays s’était engagé dans des pourparlers intenses avec les responsables israéliens à tous les niveaux, il a regretté que ses appels à la retenue n’aient pas été entendus. Selon le représentant, la fin de l’occupation et la création d’un État palestinien indépendant et viable, dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, sont des conditions préalables à une solution juste et durable. Il a estimé que les capacités financières et administratives des Palestiniens devaient être renforcées, appelant les États Membres à garantir la stabilité financière de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
M. NACIM GAOUAOUI (Algérie) a rappelé que le peuple palestinien a été chassé de ses terres il y a 75 ans, « dispersé aux quatre vents », et qu’il rêve de retour. Il a dénoncé le joug et le véritable système d’apartheid sous lesquels ce peuple vit. Le délégué a condamné l’incursion israélienne dans la mosquée Al-Aqsa, « une violation grave ». Plus que jamais, nous devons activer les mécanismes nécessaires à la mise en place d’une protection du peuple palestinien, a-t-il dit. Or il a estimé que cette protection est otage de considérations « mesquines ». Le délégué a demandé que la Palestine devienne un membre à part entière de l’ONU, avant de rappeler le soutien indéfectible de son pays à la Palestine. Enfin, il a dénoncé le « silence assourdissant » de la communauté internationale face aux souffrances des Palestiniens.
M. OMAR KADIRI (Maroc) a déploré l’escalade des tensions à Jérusalem du fait du piétinement du processus de paix au Moyen-Orient, piétinement essentiellement dû à la profanation de sites sacrés ainsi qu’à des violations systématiques des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.
Israël s’est attaqué aux fidèles de la mosquée Al-Aqsa au cours du mois de ramadan, s’est indigné le représentant, qui a déclaré que le Roi du Maroc, qui préside le Comité d’Al-Qods de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), avait rappelé le statu quo juridique et historique des Lieux saints et fait feu de tout bois pour le préserver. Le Roi a réaffirmé l’Appel de Jérusalem, selon lequel ses Lieux saints doivent être préservés en tant que symbole de coexistence culturelle.
Le représentant a rappelé que l’an dernier, le Comité d’Al-Qods (Jérusalem) de l’OCI avait mené plusieurs projets dans un grand nombre de domaines, dont le sport et la culture. En 2023, il a lancé son programme pour un montant de 200 000 dollars. Réaffirmant sa solidarité pleine et entière avec le peuple palestinien et son soutien indéfectible à une solution à deux États basée sur l’instauration d’un État de Palestine indépendant, selon le tracé des frontières d’avant 1967 et avec Jérusalem-Est pour capitale, le représentant a conclu en rappelant les propos du Roi du Maroc, pour qui « la paix est un choix stratégique au Moyen-Orient » et la reprise des négociations, la seule voie permettant de mettre fin au conflit.
M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a condamné les attaques « brutales » lancées par Israël contre la mosquée Al-Aqsa au cours du mois sacré du ramadan qui ont « offensé les musulmans du monde entier ». Il a dénoncé des violations du statut quo historique et du droit à la liberté de culte consacré par l’article 18 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques approuvé par la résolution 36/55 de l’Assemblée générale de 1981. Le droit international interdit sans équivoque à Israël, Puissance occupante, de s’emparer de terres et de construire des colonies dans les territoires occupés ou de modifier la composition démographique des territoires palestiniens occupés depuis 1967, a poursuivi le délégué. S’appuyant sur les récentes conclusions de plusieurs rapporteurs spéciaux des Nations Unies qui affirment que les Palestiniens sous occupation israélienne continuent d’être chassés de leurs terres et constatant l’intention délibérée d’Israël de coloniser le territoire qu’il occupe, il a dénoncé des crimes de guerre prima facie. Il s’est félicité de l’adoption de la résolution 77/400 de l’Assemblée générale demandant l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur les conséquences juridiques des politiques et pratiques d’Israël dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est. Le délégué a appelé Israël à respecter le droit du peuple palestinien à l’autodétermination, demandant à la communauté internationale de refuser la politique du fait accompli imposée par Israël pour détruire la nation palestinienne. Il s’est par ailleurs félicité de récents développements positifs dans la région, notamment la normalisation des relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran pour laquelle la Chine a déployé de « sincères et fructueux » efforts. Il s’est aussi félicité des avancées diplomatiques et politiques pour rétablir la paix en Syrie et au Yémen.
M. AMIR SAIED IRAVANI (République islamique d’Iran) a dénoncé des actes horribles qui font partie d’un schéma plus large de violations systématiques des droits fondamentaux du peuple palestinien par le régime israélien. Des actes qui représentent une violation flagrante du droit international et des principes et normes établis. Il s’est dit profondément préoccupé par les agressions et les incursions répétées de colons extrémistes, avec le soutien des forces d’occupation israéliennes, contre le site sacré de la mosquée Al-Aqsa au cours du mois sacré de ramadan. Il a jugé regrettable que le Conseil de sécurité soit resté silencieux, rendant les résolutions onusiennes inefficaces. Le représentant a appelé à la restauration complète des droits des Palestiniens et à l’établissement de la souveraineté palestinienne sur toute la Palestine. Pour y parvenir, il faut que le Conseil de sécurité agisse, a-t-il argué en l’appelant à prendre des mesures décisives pour mettre fin à l’occupation et assurer la protection des droits du peuple palestinien. « La simple sympathie ne suffit plus. » Le représentant a estimé qu’il est du devoir de son pays de soutenir le « droit légitime de la Palestine à la résistance à l’oppression et à l’agression de ce régime d’apartheid », conformément au droit à l’autodétermination. « Ce sera notre politique de principe jusqu’à la fin de l’occupation », a-t-il assuré. Il a en outre estimé que le représentant du régime israélien a abusé de cette salle et a eu recours aux mensonges et aux fabrications pour faire des réclamations non fondées contre l’Iran et pour détourner l’attention des atrocités commises contre le peuple palestinien.
M. OLOF SKOOG, de l’Union européenne, a exprimé sa préoccupation face à la montée de la violence et de l’extrémisme en Israël et dans le Territoire palestinien occupé, appelant les dirigeants israéliens et palestiniens à s’abstenir de toute action susceptible d’accroître la tension. Il a salué à cet égard les efforts des États-Unis, de la Jordanie, de l’Égypte et du Conseil de sécurité visant à désamorcer la situation et à soutenir les engagements pris par les parties à Aqaba et à Charm el-Cheikh. Le représentant a ensuite condamné les incidents violents qui se sont produits pendant le ramadan dans les Lieux saints, avant de rappeler que l’usage de la force doit être proportionné et qu’il convient de respecter le statu quo mis en place en 1967 pour le mont du Temple et l’esplanade des Mosquées, ainsi que pour les lieux saints chrétiens, qui sont soumis à une pression croissante. Il a également condamné les attaques aveugles à la roquette contre Israël depuis Gaza et les territoires du Liban et de la Syrie, avant d’appeler à l’arrêt immédiat des attentats terroristes en Israël et dans le Territoire palestinien occupé.
Rappelant par ailleurs que l’UE s’est engagée en faveur de la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) et considère que les colonies de peuplement sont illégales au regard du droit international et constituent un obstacle à la paix et à la solution des deux États, M. Skoog a condamné la violence aveugle des colons israéliens contre les civils palestiniens, y compris la destruction de maisons et de propriétés. Appelant Israël à mettre fin à l’expansion et à la légalisation des colonies, il a indiqué que l’UE ne reconnaîtrait pas les modifications apportées aux lignes de 1967, sauf accord des parties. Il a également souhaité que les opérations militaires soient proportionnées et conformes au droit international humanitaire, et que le nécessaire assouplissement des restrictions humanitaire dans la bande de Gaza réponde aux préoccupations légitimes d’Israël en matière de sécurité.
S’agissant des perspectives de règlement global du conflit israélo-palestinien, le représentant a jugé vital de restaurer un horizon politique vers une solution à deux États. Seul un accord négocié offre une chance de sécurité et de paix pour tous, a-t-il soutenu, rappelant que l’UE s’est engagée à fournir un soutien économique, politique et sécuritaire sans précédent dans le cadre d’un accord sur le statut final. L’UE continuera d’appeler l’Autorité palestinienne à organiser sans plus tarder des élections nationales libres, transparentes et inclusives, a-t-il ajouté, avant d’exhorter toutes les factions palestiniennes à s’engager de bonne foi dans le processus de réconciliation, à adhérer aux accords antérieurs, à renoncer à la violence et au terrorisme, à reconnaître le droit d’Israël à exister et à s’engager envers les principes démocratiques, y compris l’état de droit. Dans le même temps, l’UE demande à Israël de s’abstenir de toute action qui empêcherait les organisations de la société civile de poursuivre leur travail essentiel en matière de droits humains, d’aide humanitaire et de développement dans le Territoire palestinien occupé.
Le représentant a ensuite traité de la situation en Syrie, rappelant que le 15 mars 2023 avait marqué le douzième anniversaire du début des manifestations pacifiques dont la brutale répression par le « régime d’Assad », à l’origine du conflit qui perdure à ce jour. Il a rappelé l’aide humanitaire apportée à la Syrie comme à la Türkiye après le séisme du 6 février dernier et l’organisation conjointe par la Suède et l’Union européenne de la conférence de donateurs qui s’est tenue le 20 mars à Bruxelles et s’est traduite par des promesses de dons de 950 millions d’euros pour la Syrie. Il a rappelé la position de l’Union européenne concernant la seule voie vers une paix durable en Syrie, qui est une solution politique conforme à la résolution 2254 (2015) et a réitéré le soutien de l’Union européenne aux efforts de l’Envoyé spécial de l’ONU, notamment son approche « pas à pas ». Il a également de nouveau plaidé pour que la situation en Syrie soit déférée à la Cour pénale internationale (CPI) avant de répéter que l’acheminement ininterrompu de l’aide humanitaire transfrontalière des Nations Unies reste vital pour les Syriens vivant dans le nord-ouest du pays.
M. DANG HOANG GIANG (Viet Nam) s’est inquiété de l’escalade de la violence en Cisjordanie et en Israël, avertissant que si cette tendance se poursuit, il s’agira de l’année la plus meurtrière depuis 2005. Le représentant a donc exhorté donc toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue, à maintenir le statu quo sur les Lieux saints de Jérusalem et à éviter les mesures unilatérales et les provocations.
De même, le représentant s’est dit très préoccupé par l’intensification des activités de colonisation, les saisies et les démolitions de structures appartenant à des Palestiniens. Il a ainsi regretté la décision d’autoriser les avant-postes en Cisjordanie et d’approuver de nouvelles unités résidentielles dans les colonies existantes, qui mettent gravement en péril la viabilité de la solution des deux États. Il a exhorté la communauté internationale à s’attaquer aux expulsions forcées et aux déplacements de Palestiniens à Jérusalem-Est et à œuvrer à la prévention d’une nouvelle escalade des conflits.
À long terme, il n’y a pas d’alternative à la solution des deux États, a affirmé le représentant, qui a pressé les parties prenantes concernées, en particulier au sein du Quatuor, d’élaborer des plans spécifiques et urgents pour faire progresser le processus de paix au Moyen-Orient.
M. JOAQUIN PEREZ (Venezuela) a regretté que les récentes réunions d’Aqaba et de Charm el-Cheikh n’aient pas abouti à la reprise du dialogue politique et de négociations crédibles, sérieuses et directes entre les parties. Le représentant en a rejeté les torts sur Israël, accusé d’avoir choisi de refuser une nouvelle fois toute chance à la paix.
En témoignent, a-t-il illustré, les images qui ont fait le tour du monde ces derniers jours, lorsque les forces d’occupation ont souillé ce mois d’avril, qui coïncidait pourtant avec des dates importantes pour les religions musulmane, juive et chrétienne, en attaquant sans discernement les fidèles et la population civile en général aux portes des temples sacrés, en violation flagrante de leur caractère sacré et du statu quo.
Pour le représentant, il est clair que la situation sur le terrain ne s’est nullement améliorée depuis la dernière séance du Conseil de sécurité sur la question, et qu’elle continue à se détériorer jour après jour, comme le confirment les rapports publiés par les Nations Unies eux-mêmes. Pour le Venezuela, ces rapports montrent bien que la Puissance occupante n’a pas l’intention de mettre fin à l’occupation et que ses politiques visent à prendre le contrôle total du Territoire palestinien occupé, y compris en tentant de modifier la situation démographique.
Les perspectives ne sont certainement pas encourageantes, a commenté le représentant, qui a dénoncé une réalité qui constitue une violation flagrante, systématique des normes du droit international. C’est peut-être là le meilleur exemple de « l’ordre fondé sur des règles » que les États-Unis et leurs alliés tentent d’imposer, a-t-il dénoncé, en citant l’unilatéralisme, la suprématie, le double standard et des interprétations accommodantes de leurs obligations internationales par ces pays. Il a appelé à mettre fin au cycle d’impunité qui, depuis des années, ne fait qu’encourager Israël à poursuivre ses crimes et à traduire en justice les responsables de tant de douleurs et de souffrances.
Enfin, le représentant a salué la normalisation des relations diplomatiques entre l’Iran et l’Arabie saoudite, évoquant également la régularisation des relations diplomatiques entre la République arabe syrienne et plusieurs États Membres de la région.
Pour M. MUHAMMAD ABDUL MUHITH (Bangladesh), Israël sape toutes les lois internationales par son occupation illégale du Territoire palestinien, y compris Jérusalem-Est. Il a rappelé la réunion du 20 février, au cours de laquelle le Conseil s’est dit consterné par la déclaration d’Israël sur l’expansion continue des colonies de peuplement et la légalisation des colonies situées aux avant-postes. Exhortant le Conseil à prendre des mesures immédiates et concrètes, le représentant a voulu que l’on traduise Israël en justice pour les atrocités et les violations des droits de l’homme qu’il commet dans le Territoire palestinien occupé et que l’on mette fin à cette culture de l’impunité bien ancrée.
Près de 5 000 Palestiniens, dont 31 femmes et 170 enfants, étant en détention arbitraire donc illégale, le représentant a lancé un appel à la libération de tous les Palestiniens détenus par les forces d’occupation israéliennes. Demandant à la communauté internationale d’assurer la protection des Palestiniens sur leur propre terre et de leur fournir l’aide humanitaire nécessaire jusqu’à la création d’un État palestinien indépendant, viable et souverain, avec Jérusalem-Est pour capitale, il a conclu en exhortant le Conseil à appliquer ses propres résolutions pour de bon, y compris la résolution 2334 (2016).
Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a rappelé qu’Israël, en tant que Puissance occupante, a l’obligation en vertu du droit international d’assurer la sécurité et la protection des civils palestiniens vivant sous occupation. La représentante a dénoncé les attaques perpétrées par les forces israéliennes contre les fidèles palestiniens durant le mois saint du ramadan. La prévalence de telles attaques n’a fait qu’aggraver l’atmosphère de peur et de coercition qui règne, a-t-elle dit, en condamnant les atteintes à la liberté de culte. Elle a estimé que les actions entreprises depuis le début de cette année ne font que rendre la solution des deux États plus lointaine encore, avant de rappeler l’illicéité au regard du droit international des colonies de peuplement israéliennes. Enfin, elle a jugé capital qu’Israël soit tenu responsable des violences infligées aux Palestiniens et demandé que les résolutions du Conseil de sécurité soient appliquées strictement.
M. LUIS UGARELLI (Pérou) a dénoncé l’action de la police israélienne sur l’esplanade des Mosquées, ainsi que les tirs de roquettes contre Israël qui ne font qu’alimenter la violence. Il a condamné tous les actes de violence contre les civils, y compris les actes de terrorisme, d’où qu’ils viennent. Il a appelé à des efforts pour apaiser la situation actuelle et surtout relancer le processus de paix, notamment par des négociations directes entre Israël et la Palestine, sous la médiation du Quatuor et de médiateurs internationaux. Le délégué a insisté sur la préservation du statu quo historique et juridique des lieux saints chrétiens et musulmans à Jérusalem. Il a rappelé qu’en 1947, le Pérou était membre et Vice-Président de la Commission spéciale sur la Palestine, laquelle proposa la création de deux États: la Palestine et Israël. Conformément à cette position historique, il a dit soutenir la pleine application de la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité, laquelle exige d’arrêter toutes les activités de colonisation et d’établir les éléments d’une solution juste et durable pour la coexistence des deux États à l’intérieur des frontières de 1967.
M. ARRMANATHA NASIR (Indonésie) a déclaré que tous les jours les Palestiniens paient le prix fort de l’inaction de la communauté internationale. Quel message envoyons-nous aux femmes et aux enfants palestiniens innocents? Celui selon lequel leurs vies valent moins que dans d’autres parties du monde en conflit? Le représentant a exigé des mesures concrètes en faveur de la désescalade, arguant que ce Conseil doit agir face aux actes d’une puissance occupante qui bafoue le droit international. Il a aussi estimé que le Conseil ne saurait rester « indifférent » devant le soutien écrasant à la solution des deux États et demandé que l’UNRWA soit dotée de ressources financières durables et prévisibles.
M. SARHAD SARDAR ABDULRAHMAN FATAH (Iraq) a estimé que la participation à ce débat témoigne de la volonté de la communauté internationale de soutenir la cause d’un peuple qui essaie de bâtir son État et de vivre en paix. Ce peuple continue de faire face à des violations flagrantes des accords signés, des résolutions de l’ONU et des dispositions du droit international, a-t-il dénoncé, avant de réaffirmer le respect de son pays pour la Charte des Nations Unies et ses principes. Pour le représentant, il est essentiel, dans le contexte de ce long conflit, que le statu quo des Lieux saints soit maintenu sous la garde du Royaume hachémite de Jordanie. Il importe également que le droit du peuple palestinien à l’autodétermination soit reconnu, de même que son droit à ériger son propre État indépendant. Il faut enfin que le Conseil de sécurité s’acquitte de ses responsabilités et veille à la mise en œuvre effective de la résolution 2334 (2016) qui exige l’arrêt des colonies de peuplement et appelle la Puissance occupante à s’abstenir d’actes destructeurs et provocateurs. Ces violations sont la cause profonde du conflit qui perdure au Moyen-Orient, a souligné le délégué, appelant le Conseil de sécurité à promouvoir des solutions qui permettent au peuple palestinien de vivre en paix et dans la dignité. Avant de conclure, il a une nouvelle fois condamné la profanation de la mosquée Al-Aqsa, « cœur de la Palestine occupée », et voulu que l’on cesse de manipuler les acquis historiques et juridiques.
M. BASSAM SABBAGH, (République arabe syrienne) a constaté que chaque année, Israël se livre à une « escalade criminelle » durant le mois de ramadan. Témoin de ces crimes contre l’humanité, le Conseil ne lève pas le petit doigt, paralysé qu’il est par le soutien sans limite de certains de ses membres permanents à Israël. Le représentant a condamné avec la plus grande fermeté les attaques israéliennes contre les fidèles de la mosquée Al-Aqsa et la profanation de ce lieu sacré. Une nouvelle fois, il a déploré le silence de la communauté internationale qui doit pourtant réussir à contraindre Israël à mettre en œuvre les résolutions et à permettre au peuple palestinien de jouir de ses droits inaliénables. Ce sont, a-t-il expliqué, les crises politiques récurrentes en Israël qui poussent ses dirigeants à exporter leurs tensions, à lancer des attaques contre le peuple palestinien et à commettre des actes d’agression contre la Syrie et le Sud-Liban. Le représentant a dit ne pas comprendre pourquoi certains États s’obstinent à placer sur un pied d’égalité le bourreau et la victime, la Puissance occupante et le peuple palestinien sans défense soumis à l’occupation et privé de ses droits les plus fondamentaux.
Il a souligné l’importance d’assurer le financement de l’UNRWA, avant de dénoncer l’occupation du Golan syrien depuis 1967, laquelle reflète la politique systématique d’expansionnisme et de colonisation d’Israël. Il a dénoncé les attaques israéliennes contre le territoire syrien en mars et en avril qui ont ciblé les alentours de Damas, d’Alep et de Homs et causé des morts et des blessés parmi la population civile, sans oublier les dégâts infligés à l’aéroport international d’Alep lesquels ont bloqué l’acheminement de l’aide humanitaire dans les zones touchées par le tremblement de terre du 6 février dernier. Pour conclure, le représentant a rejeté les déclarations de l’Union européenne sur son pays comme une tentative de détourner l’attention des crimes commis par Israël dans la région.
M. CHEIKH NIANG, Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a rappelé que le Comité commémorera le 15 mai le soixante-quinzième anniversaire de la Nakba, qui revient sur l’injustice historique subie par le peuple palestinien et la dette de la communauté internationale envers lui et les plus de 5,8 millions de réfugiés enregistrés auprès de L’UNRWA. Le Président du Comité a également voulu se souvenir de l’occupation israélienne, qui dure depuis près de 56 ans et dont la fin n’est pas en vue, comme en témoignent les débats inquiétants en Israël sur la possibilité de poursuivre l’annexion des territoires palestiniens occupés.
À cet égard, M. Niang a rappelé que le Comité s’est déclaré préoccupé par l’adoption par Israël, le 21 mars, d’un amendement à la loi de 2005 sur le désengagement qui ouvre la voie au rétablissement par Israël de l’ancienne colonie de « Homesh » en Cisjordanie et réitère ses appels à un arrêt complet de toutes les activités de colonisation.
Revenant sur les derniers développements dans la région, qui ont coïncidé avec les célébrations du ramadan et de la Pâque juive, M. Niang a regretté que cette période de réflexion et de célébration se soit soldée par des violences de la part des forces israéliennes qui sont entrées dans la mosquée Al-Aqsa. Le Comité condamne les violences commises dans la mosquée Al-Aqsa et rappelle à Israël le statu quo historique des Lieux saints, dans le respect du rôle particulier du Royaume hachémite de Jordanie et du Waqf. De même, l’intervenant a dénoncé les restrictions imposées par Israël à la participation des fidèles à la Pâque orthodoxe le 16 avril, faisant, là aussi, un usage excessif de la force.
En outre, le Comité a fermement condamné les déclarations du Ministre israélien des finances, qui a nié l’existence du peuple palestinien et appelé à « effacer » Houara, un village palestinien de Cisjordanie occupée. M. Niang a appelé les responsables politiques, religieux et communautaires de toutes les parties à rejeter les discours incendiaires et les actions provocatrices, et à s’abstenir de prendre des mesures susceptibles d’aggraver les tensions. Dans le même temps, il a jugé inacceptables les tirs aveugles de roquettes sur les populations civiles qui doivent cesser.
Saluant les efforts de médiation des Nations Unies pour désamorcer la situation, le Président du Comité a dénoncé l’établissement incessant par Israël d’avant-postes illégaux, l’avancée des colonies, les saisies et les démolitions de centaines de structures, parfois financées par des donateurs internationaux, et le déplacement de 388 personnes. Il a aussi dénoncé les plans visant à la construction de plus de 7 200 unités de logement supplémentaires dans les colonies, dont 4 000 au cœur de la Cisjordanie occupée.
Enfin, M. Niang s’est félicité des résolutions adoptées le 4 avril courant par le Conseil des droits de l’homme sur la situation en Palestine et a appelé à leur mise en œuvre. Il a également salué les réunions de haut niveau organisées à Aqaba et à Charm el-Cheikh et les engagement pris pour faire progresser la sécurité, la stabilité et la paix.
M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ, de la Ligue des États arabes, a reproché au Gouvernement « extrémiste » israélien de violer tous les droits du peuple palestinien et d’appliquer une politique de peuplement « féroce » contrevenant à tous ses engagements en vertu du droit international humanitaire, du droit international et de la résolution 2334 (2016).
Il a dénoncé les attaques répétées commises dans la mosquée Al-Aqsa, et le fait d’en avoir empêché l’accès aux fidèles. « Une mosquée profanée par les colons durant le mois de ramadan », a-t-il déploré, y voyant « une circonstance aggravante ». C’est un affront du Gouvernement israélien à la communauté internationale, et même à son propre pays, a ajouté l’Observateur en évoquant les manifestations qui se sont multipliées en Israël. Le Conseil de sécurité doit s’opposer à ces violations, sans quoi la crédibilité de l’ordre international sera ébranlée. Selon lui, Israël exploite la polarisation du Conseil pour écarter certains pays du cadre du Quatuor. « Tout cela présage une troisième intifada, avec les répercussions que l’on peut imaginer pour les peuples de la région tout entière », a-t-il mis en garde. La Ligue des États arabes invite donc à la création d’un mécanisme multilatéral avant que des massacres comme ceux de 1994 ne se reproduisent. L’Observateur a ainsi appelé le Secrétaire général à produire immédiatement un rapport contenant des propositions précises sur les moyens de protéger le peuple palestinien. Cela est très important, car le Gouvernement israélien vise à créer des « milices spéciales » qui ne seront pas sous le contrôle du Ministère de l’intérieur, a-t-il averti.
S’exprimant au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), M. SIDI MOHAMED LAGHDAF (Mauritanie) s’est dit très préoccupé par l’escalade des crimes perpétrés par les forces d’occupation israéliennes et les colons extrémistes dans les territoires occupés, notamment à Jérusalem, Naplouse, Jénine et Jéricho ayant causé la mort de 96 Palestiniens depuis le début de l’année. Il s’est dit tout particulièrement préoccupé par la répétition des attaques menées par les forces israéliennes et les colons contre la mosquée Al-Aqsa lors du ramadan et a dénoncé des agressions brutales contre des fidèles qui y priaient. Il a regretté que les violations multiples du droit international commises par Israël soient perpétrées dans la plus totale impunité, déplorant une « impasse politique » dans laquelle la solution des deux États s’éloigne chaque jour davantage. Le délégué a appelé le Conseil de sécurité à faire respecter le droit international, notamment la résolution 2334 (2016) et celles 476 et 478, de 1980, sur le statut de Jérusalem comme capitale de l’État occupé de Palestine. Il a dénoncé la mise à mal du statut quo historique sur les Lieux saints par Israël, qualifié l’expansion de la colonisation de « crime de guerre » et appelé à la levée du blocus contre la bande de Gaza.
Mme LAUZA ALI (Maldives) a indiqué que les condamnations verbales ne sont pas suffisantes pour mettre un terme aux activités de colonisation dans les territoires palestiniens occupés et aux démolitions de structures palestiniennes. Pour le seul mois de février, plus de 7 000 unités de logement ont été approuvées en Cisjordanie, a-t-elle dénoncé . Elle a estimé que les actions israéliennes dans ces territoires doivent être soumises au droit car « l’état de droit s’applique à tous les pays ». La représentante a demandé la pleine application de la résolution 2334 (2016), avant de rappeler l’engagement inébranlable de son pays en faveur de la solution des deux États. Enfin, elle a jugé indispensable le soutien apporté à l’UNRWA.
M. ABDULAZIZ M. ALWASIL (Arabie saoudite) a rappelé que son pays a condamné l’incursion israélienne sur l’esplanade de la mosquée Al-Aqsa. La paix, la sécurité et la justice ne seront atteintes que par la solution des deux États et la création d’un État palestinien indépendant et souverain sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale. Le délégué a appelé le Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités et à mette en œuvre ses résolutions pertinentes pour mettre fin aux violations d’Israël. Il a dénoncé les actes d’Israël tendant à modifier la démographie de Jérusalem et à y imposer sa souveraineté. Il a en outre appelé Israël à mettre immédiatement fin aux actions punitives unilatérales ciblant les Palestiniens. Il a exigé une protection internationale urgente pour le peuple palestinien, conformément aux propositions du Secrétaire général qui avaient été accueillies favorablement par l’Assemblée générale. Le délégué a appelé le nouveau Gouvernement israélien à tenir compte des appels à la paix de la communauté internationale et à s’occuper sérieusement du règlement du conflit avec les Palestiniens. La communauté internationale, a-t-il conclu, doit relancer les efforts pour résoudre le conflit le plus long de l’histoire des Nations Unies.
M. JORGE VIDAL (Chili) a déclaré que la région du Moyen-Orient méritait la paix et que la solution implique des négociations fructueuses et directes entre la Palestine et Israël en vue de parvenir à la solution des deux États libres et vivant dans des frontière sûres et internationalement reconnues. Le représentant a dit sa préoccupation face à la montée des tensions autour des Lieux saints à Jérusalem et ailleurs. Ce qui se passe dans les différentes colonies et leur expansion, par Israël, ne favorise pas une paix juste et durable, ni digne et sûre, a-t-il ajouté. Le Chili demande que le statu quo juridique, historique et religieux des Lieux saints de Jérusalem soit respecté. Il condamne aussi toutes les actions violentes du Hamas et de tout groupe armé qui utilise la violence pour atteindre un objectif.
Le représentant a pris note de l’adoption le 20 février de la Déclaration présidentielle du Conseil de sécurité, premier texte sur la question depuis la résolution 2334 (2016), adoptée en décembre 2016. Il a souhaité que la célébration prochaine des 30 ans des Accords d’Oslo incitera les parties à faire preuve de volonté politique pour mettre de côté les éléments radicaux et les discours extrémistes et réaffirmer le respect des droits de l’homme. Il a aussi salué les efforts des pays de la région en faveur de la réconciliation. Il a, enfin, rendu hommage au travail l’UNRWA.
M. JASSIM SAYAR A. J. AL-MAAWDA (Qatar) a rappelé que, lors du précédent débat public du Conseil de sécurité sur la situation au Moyen-Orient, y compris la question de Palestine, de nombreuses délégations s’étaient alarmées du niveau de violence enregistré en 2022 dans le Territoire palestinien occupé. Il a cependant constaté que les premiers mois de cette année sont marqués par la poursuite de la politique d’escalade d’Israël. Tout en saluant l’adoption par le Conseil d’une déclaration présidentielle appelant à la baisse des tensions, il s’est dit préoccupé par la tendance extrémiste du nouveau Gouvernement israélien. Depuis la Déclaration présidentielle, les violations se sont poursuivies, commises par la Puissance occupante et par des colons extrémistes. S’indignant notamment du raid des forces de sécurité israéliennes à la mosquée Al-Aqsa pendant le mois de ramadan, le représentant a vu dans ces faits une violation flagrante de la liberté de culte et des dispositions de la résolution 2334 (2016). C’est l’illustration d’une politique qui choque des millions de musulmans dans le monde et dans ce contexte, la solution des deux États, qui reste la seule permettant d’établir une paix juste et durable, semble nous échapper.
Le représentant a condamné avec véhémence les tentatives de judaïser la ville de Jérusalem et d’en effacer l’identité arabe et chrétienne. Il a insisté sur le statu quo des Lieux saints et souligné que c’est la politique d’occupation qui est la principale raison de l’instabilité et de la violence dans la région. Il a rappelé à cet égard que le Qatar a voté en faveur d’une résolution de l’Assemblée générale demandant à la CIJ un avis consultatif sur les répercussions juridiques de l’occupation israélienne. Il a enfin indiqué que son pays fait tout son possible pour aider le peuple palestinien, notamment à Gaza où un siège injustifié perdure depuis plus de 15 ans. Nous continuerons de soutenir les efforts visant à aboutir à une paix pérenne dans la région, a promis le représentant.
M. MARTÍN JUAN MAINERO (Argentine) a réitéré sa préoccupation face à la croissance persistante et continue des colonies israéliennes illégales dans les territoires palestiniens occupés et appelé à l’arrêt de leur expansion. La gravité de la situation liée aux colonies israéliennes a été reconnue par l’Assemblée générale et par ce Conseil de sécurité dans sa résolution 2334 (2016) qui souligne que les colonies établies par Israël en Cisjordanie et à Jérusalem-Est n’ont aucune validité juridique, sont contraires au droit international, entravent la paix et affaiblissent la perspective d’une solution à deux États, a rappelé le représentant. Dans ce contexte, il a réitéré la préoccupation de son gouvernement quant à la décision des autorités israéliennes de légaliser neuf avant-postes et de construire 10 000 logements dans les colonies existantes en Cisjordanie.
Par ailleurs, le représentant a fermement condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations et réaffirmé sa consternation face aux attentats perpétrés contre des citoyens israéliens et d’autres nationalités en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et à Tel-Aviv. L’Argentine reconnaît le droit d’Israël à exercer sa légitime défense, en soulignant l’importance que les mesures prises respectent le droit international humanitaire, en particulier les principes de distinction et de proportionnalité, a-t-il conclu.
M. AHMAD FAISAL MUHAMAD (Malaisie) a énergiquement condamné « l’attaque vicieuse » des Forces de défense israéliennes contre la mosquée Al-Aqsa durant le mois de ramadan. Appelant les deux parties à la plus grande retenue, s’agissant de la violence et des provocations, il a sommé Israël de cesser immédiatement et complètement son occupation et l’implantation de colonies dans le Territoire palestinien occupé. L’impunité dont jouit Israël s’apparente à un échec cuisant du Conseil de sécurité, qui ne parvient pas à contenir ces crimes, a estimé le représentant. Il a fermement condamné cette politique du deux poids, deux mesures, alors qu’il incombe à l’ONU de protéger le peuple palestinien. Il a enfin appelé les délégations à contribuer de manière cohérente et prévisible au financement de l’UNWRA.
M. KIM SANGJIN (République de Corée) a appelé au respect du statu quo des Lieux saints à Jérusalem, avant de condamner dans les termes les plus forts les attaques terroristes. Il a appuyé tous les efforts diplomatiques visant à instaurer une paix durable dans la région, arguant qu’il n’y a pas d’alternative à la solution des deux États. Il s’est dit vivement préoccupé par l’expansion des colonies de peuplement en Cisjordanie, en rappelant qu’elles sont illicites au regard du droit international. Enfin, il a déploré la détérioration de la situation humanitaire en Cisjordanie et à Gaza, avant de préciser que son pays a augmenté son soutien financier à l’UNRWA.
M. TAREK LADEB (Tunisie) a condamné le raid des colons et des forces de sécurité israéliennes à la mosquée Al-Aqsa, lequel a provoqué le ressentiment des musulmans du monde entier. Il a rappelé l’importance de la tutelle historique de la Jordanie sur les lieux saints musulmans et chrétiens de la ville de Jérusalem. Pour le représentant, l’engagement international en faveur de la cause palestinienne ne peut continuer de se manifester que lorsqu’il y a des épisodes de violence, sans se focaliser sur la cause principale de cette situation, à savoir l’occupation israélienne du Territoire palestinien. Il a appelé la communauté internationale à promouvoir des négociations sérieuses et efficaces sur l’instauration d’une paix juste, globale et durable. À l’approche du soixante-quinzième anniversaire de la Naqba, le 15 mai 2023, il s’est incliné devant les énormes sacrifices du peuple palestinien et ses longues souffrances. Il a invité la communauté internationale et le Conseil de sécurité à offrir la protection nécessaire à ce peuple, à faire campagne contre les actes agressifs de l’occupation et à demander des comptes à la Puissance occupante. Enfin, il a rappelé le ferme engagement de la Tunisie à rester aux côtés du peuple palestinien dans sa quête légitime de l’autodétermination et de l’établissement d’un État indépendant et souverain dans les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.
M. ABDULAZIZ A. M. A. ALAJMI (Koweït) a souligné qu’au cours des dernières années des cohortes de colons extrémistes sont allés profaner l’esplanade des Mosquées et agresser les fidèles. Il a rejeté toute tentative de modifier le statut quo historique des Lieux saints sur lesquels la Puissance occupante n’a aucun droit. Appelant le Conseil de sécurité à faire respecter les résolutions qu’il adopte depuis 1948, il a dénoncé l’expansion des colonies et s’est inquiété de ce que réserve l’un des gouvernements les plus extrémistes qu’ait jamais connus Israël. Le délégué a appelé au respect des droits inaliénables du peuple palestinien, à la fin de l’occupation et à la souveraineté nationale de la Palestine dans ses frontières de 1967. Il a salué la saisine de la CIJ et lui a demandé de finaliser son enquête pour que l’on puisse juger les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis contre le peuple palestinien, notamment les crimes d’annexion, de colonisation, d’expulsion et de blocus.
M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a rappelé que l’ONU a reconnu la solution des deux États sur les frontières de 1967 comme la voie vers une paix juste et durable. En traçant cette voie, a-t-il ajouté, l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité ont adopté un large éventail de résolutions qui condamnent l’occupation de Jérusalem-Est par Israël, la qualifiant d’illégale et appelant à une solution qui tienne compte des préoccupations légitimes des Israéliens comme des Palestiniens. Pour le représentant, la primauté du droit à l’autodétermination du peuple palestinien est essentielle pour résoudre la question de Palestine. L’engagement de la communauté internationale envers la Charte des Nations Unies l’oblige selon lui à tenir Israël pour responsable de l’occupation qui dure depuis 56 ans et qui est marquée par la discrimination et la persécution raciales. En tant que pays ayant une expérience vécue de l’occupation coloniale, la Namibie sait ce que représente l’apartheid, a souligné le représentant, accusant Israël de se rendre coupable de cette pratique. De fait, la Puissance occupante doit être tenue pour responsable de ses violations du droit international, du droit international des droits de l’homme et des résolutions adoptées par le Conseil et l’Assemblée, a-t-il martelé. Alors qu’approche le soixante-quinzième anniversaire de la Nakba et qu’une paix juste semble de plus en plus lointaine, ce Conseil a le devoir d’empêcher une autre catastrophe de ce type, de prévenir un génocide, de protéger un peuple vulnérable et de poursuivre la justice avant qu’il ne soit trop tard, a soutenu le délégué.
Mme LEYLA NOVRUZ (Azerbaïdjan), s’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés , a dénoncé « une injustice historique persistante, dont le cœur est constitué par des décennies d’occupation israélienne du territoire palestinien et d’autres territoires arabes ». Elle a qualifié la paralysie internationale prolongée « d’inexcusable », rappelant l’existence d’un consensus sur une solution juste et demandant instamment au Conseil de sécurité d’agir immédiatement pour mettre en œuvre ses propres résolutions, notamment la résolution 2334 (2016).
Le Mouvement est gravement préoccupé par la détérioration de la situation sur le terrain, marquée par une montée de la violence, en particulier celle des colons, a ajouté la représentante, qui a appelé au plein respect du statu quo historique sur les Lieux saints. Elle a condamné la prétendue annexion par Israël de Jérusalem-Est, la poursuite de la colonisation et l’expulsion de familles palestiniennes de leurs maisons et de leurs terres. Le Mouvement réitère son appel à la levée complète du blocus israélien illégal de la bande de Gaza, qui inflige de terribles souffrances à plus de deux millions de personnes. Il demande instamment à la communauté internationale de fournir à l’UNRWA un financement suffisant et prévisible. Estimant que beaucoup des violations commises par Israël pouvaient constituer des crimes de guerres, la représentante s’est dite gravement préoccupée par l’absence de responsabilisation de ce pays, dénonçant au passage son « mépris flagrant » pour le Conseil de sécurité et le droit international. Elle a également dénoncé l’annexion du Golan syrien par Israël en 1981, la qualifiant de « nulle et non avenue ».
M. ALHAJI FANDAY TURAY (Sierra Leone) a estimé que, tant qu’une solution globale au conflit israélo-palestinien ne sera pas trouvée, la recrudescence de la violence, telle que celle à laquelle le monde vient d’assister, continuera de se produire et hypothéquera la paix et la sécurité de la région. Constatant que ce conflit ne cesse de saper les efforts déployés par le Conseil de sécurité pour honorer les principes de la Charte des Nations Unies et s’acquitter de sa mission de paix, le représentant s’est alarmé du nombre effarant de morts, de destructions, de déplacements que ces violences entraînent depuis des décennies. Face à l’impasse actuelle, il a appelé le Conseil à mettre en œuvre ses résolutions et à envisager toutes les voies diplomatiques et politiques possibles afin d’aboutir à la solution des deux États, dans les frontières de 1967. Il a également invité Israéliens et Palestiniens à éviter toute mesure unilatérale susceptible d’aggraver les tensions. Condamnant les flambées de violence de part et d’autre ainsi que toutes les mesures contraires au droit international, il a attiré l’attention du Conseil sur le sort des réfugiés palestiniens et des populations en détresse, qui ont besoin d’une aide humanitaire soutenue. Il faut leur garantir le droit à la vie, à la liberté et à la prospérité, a-t-il plaidé, avant d’exhorter les parties au conflit à rétablir la confiance mutuelle et à renforcer les chances d’une solution juste et acceptable par tous, fondée sur le consensus.
Mme MONA JUUL (Norvège) a estimé que les tensions observées pendant le ramadan, la Pâque juive et Pâques auraient pu facilement devenir incontrôlables et a félicité les parties d’avoir contribué à la désescalade. Le calme relatif qui a régné à Haram el-Charif/mont du Temple à la fin du ramadan a démontré que même pendant les périodes de tension élevée, il est possible d’éviter une grave escalade, a ajouté la représentante, qui a aussi reconnu les efforts consentis par l’ONU et l’influence apaisante de plusieurs acteurs régionaux, en particulier les déclarations faites lors des réunions d’Aqaba et de Charm el-Cheikh. La Norvège appelle à leur mise en œuvre et exhorte Israël à respecter le statu quo historique des Lieux saints, y compris le rôle de gardien de la Jordanie.
La représentante a rappelé que la Norvège avait voté en faveur du plan de partage de la Palestine approuvé par l’ONU en 1947. Elle a donc voté en faveur de la création d’Israël et d’un État palestinien. Elle reste attachée à la solution des deux États, qui est le meilleur moyen de garantir la sécurité et les droits humains des Israéliens et des Palestiniens, ainsi que le droit des deux peuples à l’autodétermination.
Présidente du groupe des donateurs pour la Palestine, la Norvège continue de travailler, même en ces temps très difficiles, à l’amélioration des conditions économiques et à la construction des institutions palestiniennes pour un État palestinien, a affirmé la représentante. Elle convoquera donc, la semaine prochaine, le groupe des donateurs pour une réunion à Bruxelles, organisée par l’Union européenne. Il s’agira d’examiner la situation financière très grave de l’Autorité palestinienne et de fixer des objectifs pour sauvegarder la viabilité de la solution des deux États, a conclu la représentante.
M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a jugé déplorable que la question de Palestine n’ait pas encore été réglée, avant de rappeler son attachement à la solution des deux États. Il a rejeté toute annexion du territoire d’un État par un autre et qualifié Gaza de prison à ciel ouvert. Il a exhorté les parties à faire montre de retenue et à éviter toute provocation. Il a appelé au respect du statu quo des Lieux saints, avant d’ajouter que la situation en Palestine s’apparente à du colonialisme. Nous devons trouver une solution à la catastrophe qui se déroule sous nos yeux, a conclu le délégué, en souhaitant une paix pérenne pour la Palestine.
M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a réaffirmé le caractère central de la cause palestinienne et l’importance de préserver le processus de paix et les efforts régionaux et internationaux visant à établir un État palestinien indépendant dans les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale. Cette approche, a-t-il dit, est conforme à la solution des deux États, aux principes du droit international et à l’Initiative de paix arabe. Le représentant a appelé à la protection des fidèles de la mosquée Al-Aqsa et autres Lieux saints, avant d’insister sur la préservation du statu quo historique et juridique et sur le respect du rôle du Royaume hachémite de Jordanie dans la gestion, l’entretien et la protection des Lieux saints.
Le délégué a salué la déclaration tripartite et l’accord entre le Royaume d’Arabie saoudite et la République islamique d’Iran, sous les auspices de la République populaire de Chine. Il a dit espérer que cet accord sera une étape positive vers la résolution des différends et l’établissement de relations internationales fondées sur la compréhension, le respect mutuel, la non-ingérence dans les affaires intérieures et le respect de la Charte des Nations Unies et des normes internationales. Le représentant a dit regretter les affrontements armés en cours au Soudan, lesquels ont des répercussions dangereuses sur la population civile. Il a appelé les parties à la sagesse et à la raison, les priant de privilégier le dialogue pour trouver des solutions politiques qui préservent la sécurité et la stabilité du Soudan et protègent les intérêts de son peuple.