En cours au Siège de l'ONU

Conseil de sécurité: la Fédération de Russie et l’Ukraine s’accusent mutuellement de la destruction partielle du barrage de Kakhovka

9340e séance – après-midi
CS/15310

Conseil de sécurité: la Fédération de Russie et l’Ukraine s’accusent mutuellement de la destruction partielle du barrage de Kakhovka

Aujourd’hui au Conseil de sécurité, la Fédération de Russie et l’Ukraine, qui ont toutes deux demandé une réunion d’urgence, se sont rejeté la responsabilité de la destruction partielle de la centrale hydroélectrique ukrainienne de Kakhovka, dans la nuit du 5 au 6 juin. 

L’ONU n’a pas d’informations indépendantes sur les circonstances d’un incident qui est l’un des plus graves liés à une infrastructure civile depuis le début de l’invasion russe, en février 2022, a commenté le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence.  Nous ne connaîtrons l’ampleur de la catastrophe que dans les prochains jours, a poursuivi M. Martin Griffiths, mais il est d’ores et déjà clair qu’elle aura des conséquences graves et profondes pour des milliers de personnes dans le sud de l’Ukraine, de part et d’autre de la ligne de front, y compris dans les zones contrôlées par la Fédération de Russie et difficiles d’accès.

Des habitations ont été détruites.  Des vivres, de l’eau potable et des moyens de subsistance ont été perdus.  Mais c’est surtout un coup dur pour la production agricole et électrique.  Toute baisse incontrôlée du niveau d’eau dans le réservoir de Kakhovka pourrait compromettre la sécurité de la centrale nucléaire de Zaporijia, a prévenu M. Griffiths, même si l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ne signale aucune menace immédiate à l’heure actuelle.   

Le Coordonnateur des secours d’urgence a réclamé un soutien à l’action humanitaire.  Nous sommes prêts, a-t-il affirmé, à déployer des convois interinstitutions, y compris dans les zones contrôlées par la Fédération de Russie.  Cette dernière et l’Ukraine ont d’ailleurs dit avoir démarré les évacuations dans les zones les plus touchées.  Le fait que l’ONU n’ait pas d’informations indépendantes sur les circonstances de l’incident n’a pas empêché les États-Unis de souligner que cet incident n’aurait pas eu lieu sans la guerre déclenchée par la Fédération de Russie.  Abondant dans ce sens, la France a appelé au retrait complet, immédiat et inconditionnel des troupes russes de l’ensemble du territoire ukrainien.  C’est la seule manière d’éviter d’autres drames de ce type, a-t-elle martelé. 

La Fédération de Russie a rétorqué, en invoquant l’article du Washington Post du 29 décembre 2022, selon lequel l’armée ukrainienne déclarait ouvertement son objectif de faire sauter ce barrage pour obtenir un avantage militaire.  Ce sabotage, qui s’apparente à un crime de guerre ou à un attentat terroriste, a deux objectifs « évidents »: attirer le maximum d’attention afin de créer des occasions favorables à la contre-offensive de l’armée ukrainienne et infliger des dégâts sur de vastes territoires.  La destruction du barrage, a poursuivi la Fédération de Russie, s’inscrit dans la tactique systémique du « régime de Kiev » consistant à frapper des cibles civiles pour installer la peur parmi la population.

Comme à son habitude, a ironisé l’Ukraine, la Fédération de Russie choisit de blâmer la victime.  Nous savons tous, a-t-elle affirmé, que l’attaque terroriste contre le barrage de Kakhovka a été planifiée au plus haut niveau par les forces d’occupation de la région de Kherson, comme en témoigne la lettre de l’Envoyé de Vladimir Putin, en octobre dernier.  La Fédération de Russie contrôle le barrage depuis plus d’un an et il est physiquement impossible de le faire exploser de l’extérieur.  Cette attaque, a accusé l’Ukraine, est aussi un acte de terrorisme écologique et économique et un autre exemple du génocide des Ukrainiens.  Nous avons une nouvelle preuve de l’opposition russe à la désescalade et à la paix.  La défaite de la Fédération de Russie sera donc la plus importante contribution à la sécurité de la région et du monde, a souligné l’Ukraine. 

Ce « crime technologique », a-t-elle ajouté, confirme l’importance du plan de paix du Président Volodymyr Zelenskyy, en particulier les points relatifs à la lutte contre l’écocide et la sécurité nucléaire et énergétique.  Exigeant que la Fédération de Russie réponde de ses crimes en Ukraine et en finance la reconstruction, la France a, avec d’autres, salué le registre des dommages de guerre créé par le Conseil de l’Europe.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ DE L’UKRAINE

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclarations

Pour le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. MARTIN GRIFFITHS, la destruction du barrage de la centrale hydroélectrique de Kakhovka en Ukraine est l’un des incidents les plus graves en termes d’endommagement des infrastructures civiles depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022.  L’ampleur de la catastrophe ne sera pleinement mesurée que dans les prochains jours, a-t-dit, mais il est déjà clair qu’elle aura des conséquences graves et profondes pour des milliers de personnes dans le sud de l’Ukraine –de part et d’autre de la ligne de front– notamment des destructions de maisons, de vivres, d’eau salubre et de moyens de subsistance.  Rappelant que le réservoir de Kakhovka est une source d’eau vitale pour des millions de personnes, non seulement à Kherson, mais aussi dans les régions de Zaporijia et Dnipro, il a précisé que les autorités ukrainiennes signalent qu’au moins 40 localités sont déjà inondées, partiellement ou complètement dans la région de Kherson.  M. Griffiths a dit s’attendre à ce que ce nombre augmente dans les jours à venir, avec de graves conséquences dans les zones contrôlées par la Russie, des zones auxquelles les personnels humanitaires ont encore du mal à accéder.

L’ONU et les organisations humanitaires ont déjà intensifié leurs opérations pour tenter de remédier aux dégâts, a-t-il précisé, une aide qui vient compléter la réponse du Gouvernement ukrainien, lequel a notamment acheminé des équipements supplémentaires tels que des générateurs électriques, des filtres à eau mobiles et des moyens pour le transport de l’eau.  Des équipes mobiles multidisciplinaires ont également été dépêchées dans les gares ferroviaires et routières de la région de Kherson pour aider les populations en cours d’évacuation alors que les villes de l’Ouest se préparent à accueillir les personnes évacuées, a expliqué le Secrétaire général adjoint. 

À ses yeux, les nouvelles du jour signifient que la crise humanitaire en Ukraine va s’aggraver davantage et les besoins immédiats s’accroître au fur et à mesure que les eaux de la crue se déplacent dans les prochains jours.  Le barrage de Kakhovka est une source essentielle d’irrigation agricole dans le sud de Kherson et la péninsule de Crimée, a précisé M. Griffiths en soulignant que les inondations durables que nous voyons aujourd’hui sur nos écrans vont perturber les activités agricoles, affecter le bétail et les pêcheries, avec des conséquences à long terme.  Il s’agit d’un coup dur pour le secteur de la production alimentaire, déjà fortement endommagé, a-t-il regretté.  Il a également fait état de risques de contamination par les mines et les munitions explosives, parce que l’eau en mouvement rapide déplace les projectiles vers des zones auparavant considérées comme sûres, exposant ainsi les populations à des dangers supplémentaires et imprévisibles. Selon les autorités ukrainiennes, au moins 30% du territoire de l’Ukraine est contaminé par des mines, a-t-il rappelé, et la région de Kherson fait partie des plus touchés.  La destruction du barrage pourrait également avoir un impact négatif sur la production d’électricité.  En outre, toute baisse incontrôlée du niveau d’eau du réservoir de Kakhovka pourrait nuire à la sécurité de la centrale nucléaire de Zaporijia, a-t-il indiqué, en ajoutant que l’AIEA suit de près la situation et qu’aucune menace immédiate n’a été signalée à l’heure actuelle. 

M. Griffiths a concédé que l’ONU n’a pas accès à des informations indépendantes sur les circonstances ayant provoqué à la destruction du barrage de Kakhovka.  Toutefois, le droit international humanitaire est très clair, a-t-il tranché, en disant que les installations civiles telles que les barrages doivent bénéficier d’une protection spéciale, précisément parce que leur destruction peut entraîner de graves pertes pour la population civile. Il faut veiller en permanence à épargner les civils et les infrastructures civiles dans tous les types d’opérations militaires, a-t-il insisté, en mettant en garde contre le fait que l’absence d’assistance aux millions de personnes touchées par ces inondations serait potentiellement catastrophique.  Pour leur part, l’ONU est prête à tout faire pour leur venir en aide, en restant préoccupée par le sort des personnes qui se trouvent dans des zones touchées et que les humanitaires ne parviennent pas à rallier. L’OCHA est prêt, d’un point de vue opérationnel, à se déplacer avec des convois interagences et du personnel d’aide dans les zones contrôlées par la Fédération de Russie, a-t-il déclaré, avant de conclure par un appel à poursuivre la réponse humanitaire.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a déclaré que l’Ukraine a commis un « crime impensable » en endommageant le barrage de la centrale hydroélectrique de Kakhovka, provoquant un déversement incontrôlé d’eau en aval du Dniepr. Des milliers de personnes doivent être évacuées et d’énormes dégâts ont été causés à l’agriculture régionale.  Citant un article du Washington Post du 29 décembre 2022, il a souligné que l’armée ukrainienne a déclaré ouvertement l’an dernier qu’elle était prête à faire sauter ce barrage pour obtenir un avantage militaire.  « Nous avons mis en garde la communauté internationale et les dirigeants de l’ONU contre cette menace », a affirmé le représentant, en regrettant que ses appels au Secrétaire général n’aient pas été entendus.  Selon lui, il devient de plus en plus difficile de convaincre qui que ce soit que le conflit ukrainien est le résultat d’une agression russe non provoquée, à l’exception des États-Unis et de leurs alliés.

Le représentant a dénoncé une campagne de désinformation venue de l’Occident et de Kiev visant à faire porter le blâme à la Fédération de Russie pour la destruction du barrage, comme ce fut le cas pour les dommages causés à Nord Stream.  Il s’agit selon lui du sabotage délibéré d’une infrastructure critique extrêmement dangereuse, qui peut être qualifié de crime de guerre ou d’attentat terroriste.  Ce sabotage a selon lui deux objectifs « évidents », à savoir attirer le maximum d’attention afin de créer des occasions favorables à la contre-offensive attendue de l’armée ukrainienne et infliger des dommages humanitaires sur de vastes territoires au moyen de la destruction d’infrastructures énergétiques.  La Fédération de Russie a ainsi évacué la population des zones menacées par les inondations, a poursuivi le délégué, et constaté des dommages environnementaux importants au réservoir de Kakhovka et au canal de Crimée du Nord, qui alimente en eau la péninsule de Crimée.  Cet incident pourrait selon lui constituer une « tentative implicite de provocation » contre la centrale nucléaire de Zaporijia, alors que les autorités de Kiev ont considérablement augmenté le débit d’eau de la centrale hydroélectrique de Dniepropetrovsk.  À ses yeux, cet acte peut être considéré comme la continuation de la tactique systémique du « régime de Kiev » consistant à frapper des cibles civiles afin d’intimider la population.

À la suite de l’attaque menée contre le pont de Crimée, les meurtres de Daria Dugina et Vladlen Tatarsky, les délégations occidentales se sont abstenues de la moindre condamnation. « Le régime de Kiev a de bons maîtres », a estimé le représentant, pour qui l’Occident a « l’habitude de faire le sale boulot avec les mains de quelqu’un d’autre ». Il s’est dit profondément perplexe que le Secrétariat de l’ONU refuse à chaque fois de condamner les attaques menées par l’Ukraine, comme ce fut le cas lors du bombardement de la centrale nucléaire de Zaporijia.  Le Secrétariat de l’ONU reproduit selon lui des conclusions « politisées » voulant que ces crimes soient la conséquence des actions de la Russie en Ukraine, a fustigé le représentant, y voyant une dérogation inacceptable au principe d’impartialité prescrit par la Charte des Nations Unies.  Il a insisté en terminant sur la nécessité de faire toute la lumière sur les circonstances de l’attaque contre la centrale de Kakhovka. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a pris acte de la « nouvelle terrible » en provenance d’Ukraine, à savoir la destruction du barrage de Kakhovka, qui a provoqué d’importants dégâts et aura des effets sociaux et environnementaux considérables.  De plus, a-t-il relevé, les capacités de refroidissement de la centrale nucléaire de Zaporijia pourraient être gravement affectées par cet incident dont la Russie assure ne pas être responsable.  Certes, a reconnu le représentant, les faits n’ont pu encore être vérifiés, mais il s’agit d’une des conséquences catastrophiques de l’agression russe de l’Ukraine.  Dénonçant à cet égard la « guerre de propagande » menée par Moscou pour « flouer le monde », il a rappelé qu’à en croire les responsables russes, leur pays n’avait pas l’intention d’attaquer l’Ukraine en février 2022.  De même, a-t-il demandé, combien de fois avons-nous entendu que tout était du fait de l’Ukraine, que les crimes abjects de Bucha étaient faux et falsifiés, que la Russie ne s’attaque pas aux civils et qu’elle ne procède pas à des déportations forcées d’enfants? 

Le délégué a ajouté que la communauté scientifique mondiale attend toujours des preuves sur les soi-disant laboratoires qui, selon Moscou, fabriqueraient des moustiques d’agression, et il en va de même pour la « bombe sale » qu’userait l’Ukraine. Pourquoi cela serait-il différent avec la destruction du barrage?  En revanche, la Russie a tout mis en œuvre pour détruire le système électrique ukrainien dans le but de plonger la population ukrainienne dans le froid et l’obscurité et elle a frappé nombre d’écoles et de centres de santé, a-t-il assené.  Rappelant à cet égard que les attaques contre les infrastructures civiles relèvent de crimes de guerre, il a demandé que leurs auteurs soient amenés à rendre des comptes.  Enfin, il a répété qu’il n’existe qu’une seule manière de mettre fin à cette guerre: le retrait de toutes les forces russes des frontières internationalement reconnues de l’Ukraine. 

M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a dénoncé la destruction du barrage Kakhovka, regrettant que le Conseil doive se réunir à ce sujet.  La destruction de ce barrage est la conséquence de la guerre de la Russie en Ukraine, a dit le délégué: « Soyons bien clairs, c’est la Russie qui occupe l’Ukraine. »  Il a rappelé l’illégalité au regard du droit international humanitaire des attaques contre les infrastructures civiles, y compris les barrages.  Il a mis en garde contre une catastrophe écologique qui pourrait résulter de cette destruction, avant de rappeler la nécessité d’assurer le refroidissement des réacteurs de la centrale nucléaire de Zaporijia.  Il a noté que cette centrale n’est pas encore menacée.  Ce dernier événement n’aurait pas existé sans la guerre déclenchée par la Russie, a insisté en conclusion le délégué, en exhortant ce pays à retirer ses troupes de l’Ukraine. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a jugé déplorable la destruction du barrage de Nova Kakhovka.  Il a indiqué que le Royaume-Uni est déjà à pied d’œuvre sur le terrain avec des partenaires humanitaires pour apporter une aide qu’il avait du reste contribué à prépositionner en prévision d’une catastrophe comme celle-ci.  Le délégué a relevé que de vastes étendues de terres agricoles ainsi que l’approvisionnement en électricité sont menacés, de même que la production et le commerce alimentaire international.  C’est la dernière des nombreuses conséquences tragiques de la guerre du Président Putin, a-t-il déploré, promettant que le Royaume-Uni allait continuer d’évaluer attentivement les preuves dans les prochains jours. 

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a condamné la destruction du barrage de Kakhovka, l’une des infrastructures les plus importantes d’Ukraine, s’inquiétant de ses impacts écologiques, économiques et humanitaires.  Avec plus de 700 infrastructures essentielles endommagées ou détruites par la guerre, l’accès aux services de base devient de plus en plus difficile, notamment pour les femmes et les enfants, a regretté le représentant.  Il a estimé que les barrages doivent bénéficier d’une protection spéciale en raison du risque que leur endommagement fait peser sur la population.  Il a regretté qu’en raison de la situation administrative provisoire de facto résultant de l’invasion et de l’occupation militaire, les capacités d’atténuation et d’intervention dans la zone du barrage soient affectées.  Il a appelé à assurer un accès humanitaire sûr et sans entrave.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a fait part de ses préoccupations suite à la destruction partielle du barrage de Kakhovka qui illustre les conséquences désastreuses de l’agression russe, en particulier sur les infrastructures civiles ukrainiennes.  Il a exprimé ses vives préoccupations quant à l’impact humanitaire, environnemental et économique de cette catastrophe, et a indiqué que la France se tient prête à répondre aux demandes des autorités ukrainiennes pour venir en aide aux populations affectées.  La destruction du barrage accroît encore les menaces sur les systèmes de sûreté et de sécurité de la centrale de Zaporijia, a poursuivi le représentant.  Appelant une nouvelle fois la Russie à retirer complètement, immédiatement et inconditionnellement ses forces armées de l’ensemble du territoire ukrainien, le délégué a martelé que c’est là la seule manière d’éviter d’autres drames de ce type.  La Russie devra rendre des comptes pour les crimes commis en Ukraine, a-t-il dit, et elle devra payer pour la reconstruction à long terme de l’Ukraine. Il a rappelé que le Conseil de l’Europe a créé un registre documentant ces dommages, et a appelé tous les États à le rejoindre. 

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) s’est alarmé de la « catastrophe en cours » à la centrale hydroélectrique de Kakhovka et des effets durables qu’elle risque d’avoir pour les populations locales.  Il a pris note de l’estimation de l’AIEA selon laquelle il n’y a pas de risque immédiat pour la sécurité de la centrale nucléaire de Zaporijia.  Pour le représentant, il est regrettable que cet incident se produise peu après la discussion qu’a eue le Conseil de sécurité la semaine dernière sur la sécurité nucléaire en Ukraine.  Dans l’immédiat, il s’est dit préoccupé par ce qui est décrit dans la lettre de l’Ukraine à la présidence du Conseil, alors que le processus d’évaluation de la situation sur le terrain se poursuit.  Ce qui est clair, a-t-il dit, c’est que cela ne serait pas arrivé si la Russie n’avait pas lancé son agression contre l’Ukraine en premier lieu.  Selon le délégué, il ne doit pas y avoir d’impunité pour les crimes de guerre et autres atrocités, y compris les attaques contre des civils et des infrastructures civiles essentielles.  Enfin, exhortant à nouveau la Russie à mettre fin à son agression et à retirer sans condition ses troupes et ses équipements militaires de l’ensemble du territoire internationalement reconnu de l’Ukraine, il a renouvelé l’engagement du Japon à fournir le soutien financier, humanitaire, militaire et diplomatique dont l’Ukraine a besoin « aussi longtemps qu’il le faudra ».

Mme CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana) s’est dite inquiète des informations faisant état de dommages importants à la centrale hydroélectrique de Kakhovka et des inondations qui en ont résulté dans la région de Kherson.  Elle s’est déclarée particulièrement préoccupée par les nouvelles perturbations que cela implique pour les populations civiles et par les retombées écologiques et économiques immédiates et à long terme, sans oublier les risques éventuels pour la centrale nucléaire de Zaporijia.  Souhaitant que les circonstances de cette catastrophe soient vérifiées de manière indépendante pour prévenir de futurs incidents de ce type et établir les responsabilités, la représentante a demandé instamment aux parties de ne prendre aucune nouvelle mesure susceptible de compromettre la sûreté et la sécurité d’autres infrastructures hautement sensibles.  En outre, elle a exhorté les parties à se conformer à leurs obligations en vertu du droit international humanitaire.  Notant à ce sujet que de nombreuses personnes risquent d’être déplacées par les inondations, elle s’est félicitée du déploiement immédiat de l’aide humanitaire de l’ONU, en coordination avec le Gouvernement ukrainien, plaidant pour un accès sans entrave aux communautés touchées.  Enfin, après avoir rappelé que cette « évolution malheureuse » se produit dans le contexte de l’agression injustifiée de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, elle a réitéré les appels de son pays à la paix et à la cessation immédiate des hostilités par le retrait sans condition des troupes russes de tout le territoire ukrainien. 

Mme EDWIGE KOUMBY MISSAMBO (Gabon) a indiqué que la destruction du barrage de Kakhovka est un acte grave qui ajoute à l’incertitude quant à la sûreté de la centrale nucléaire de Zaporijia.  Elle a salué la réactivité des experts de l’AIEA, dont la présence sur place a permis le déploiement immédiat d’une équipe sur le lieu du sinistre.  « Il est à espérer que la situation pourra être endiguée dans les meilleurs délais pour contenir les risques de catastrophe nucléaire », a-t-elle dit.  Elle a rappelé que les centrales nucléaires et les installations hydroélectriques sont des infrastructures civiles protégées par le droit international humanitaire.  Le Conseil doit absolument éviter toute nucléarisation de la guerre en Ukraine, a-t-elle conclu.

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil), préoccupé par la gravité de l’incident et ses conséquences potentielles, a exhorté les parties au conflit en Ukraine à faciliter l’accès des équipes de secours et des travailleurs humanitaires. Il s’est dit inquiet des risques que l’incident fait peser sur la sécurité de la centrale nucléaire de Zaporijia. Même si l’AIEA considère qu’il n’y a pas de danger immédiat, le délégué a noté que la possibilité que la rupture du barrage affecte l’approvisionnement en eau nécessaire pour le refroidissement des réacteurs vient rappeler à quel point nous sommes peut-être proches d’une catastrophe nucléaire.  Il a encouragé les parties à s’abstenir d’actions qui pourraient conduire à ce scénario et à accroître leur engagement auprès de l’AIEA pour assurer la sûreté des installations nucléaires.  Il a jugé essentiel d’enquêter sur l’incident et de déterminer la responsabilité des auteurs. Mais le plus important est de garder à l’esprit que la rupture du barrage ne se serait pas produite si la Russie et l’Ukraine étaient en paix, a-t-il rappelé. 

M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) a dit être alarmé par la destruction du barrage de Kakhovka.  L’ampleur des dégâts est encore difficile à déterminer, mais il est d’ores et déjà certain que nous sommes confrontés à une catastrophe humanitaire, économique et écologique.  Il s’est inquiété des risques que pourraient causer les inondations massives sur l’environnement ainsi que sur la sécurité énergétique et alimentaire de même que l’approvisionnement en eau.  Il a aussi craint que le système de refroidissement de la centrale nucléaire de Zaporijia soit impacté et a appelé à suivre des près les évaluations de l’AIEA à ce sujet.

Appelant à faire de la protection des civiles la priorité, il a plaidé pour un accès rapide et sans entrave de l’aide humanitaire en Ukraine, soulignant ensuite que les attaques contre les infrastructures civiles sont inacceptables. Que le barrage de Kakhovka soit considéré comme une installation civile ou comme un objectif militaire, il bénéficie d’une protection en vertu des règles du droit international humanitaire, a insisté l’orateur demandant que les responsables soient identifiés et rendent des comptes. 

Mme FRANCESCA MARIA GATT (Malte) a exprimé sa profonde inquiétude face aux derniers développements en Ukraine et condamné l’attaque menée contre le barrage de Kakhovka, une infrastructure civile essentielle.  L’inondation résultant de la destruction du barrage a causé des dommages catastrophiques.  Au moins 16 000 personnes ont perdu leur foyer, tandis que l’approvisionnement en eau potable est menacé pour des milliers d’autres, a déploré la déléguée, en évoquant des conséquences environnementales « irréversibles ». La baisse du niveau d’eau du barrage affecte en outre l’accès à l’une des principales sources de refroidissement des réacteurs de la centrale nucléaire de Zaporijia.  Elle a réaffirmé sa détermination à faire en sorte que les auteurs de tels crimes soient tenus responsables conformément au droit international, avant d’exhorter la Fédération de Russie à retirer immédiatement et sans condition ses forces du territoire ukrainien. 

M. DOMINGOS ESTÊVÃO FERNANDES (Mozambique) a constaté que les informations sont encore contradictoires quant à la responsabilité et aux causes des dommages causés au barrage hydroélectrique de Kakhovka.  Toutefois, s’il se confirme qu’ils sont dus à un acte délibéré de sabotage, il ne devrait y avoir aucune réserve à les condamner, a-t-il dit, regrettant que cet acte ajoute une « dimension imprudente » à l’escalade constante du conflit.  Dans ce contexte, le représentant a mis en garde contre les répercussions de la catastrophe environnementale imminente, sur les populations et les écosystèmes mais aussi sur la chaîne d’approvisionnement alimentaire et céréalière mondiale déjà tendue. Rappelant à son tour que la militarisation et le ciblage délibérés d’infrastructures civiles en temps de guerre constituent une violation du droit international humanitaire, il a averti que les auteurs de cet acte seront tenus responsables.  Au-delà de ce nouveau développement, le délégué a réitéré son appel aux parties pour qu’elles reprennent de toute urgence des négociations directes et recherchent une solution durable et conforme aux dispositions de la Charte des Nations Unies. 

M. ZHANG JUN (Chine) a rappelé que les infrastructures civiles sont protégées par le droit international humanitaire.  Il a souligné les conséquences écologiques, ainsi que pour les civils, de la destruction du barrage de Kakhovka.  Il a noté que la centrale nucléaire de Zaporijia n’est pas encore menacée.  S’il devait y avoir une catastrophe nucléaire, personne ne serait à l’abri, a averti le délégué chinois, en appelant à garantir la sûreté de la centrale.  Il a souligné l’enlisement de la situation en Ukraine, « les flammes de la guerre continuant de grandir ».  Il a exhorté les belligérants à faire montre de retenue et à revenir à la table des négociations.  Aucune partie, en particulier les pays influents, ne doit jeter de l’huile sur le feu, a conclu le délégué de la Chine.

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a souligné que le réservoir de Nova Kakhovka était si grand que les habitants l’appelaient la « mer de Kakhovka », et qu’il fournit de l’eau pour la consommation, les activités industrielles et l’agriculture.  Le réservoir est aussi la source d’eau nécessaire au refroidissement de la centrale nucléaire de Zaporijia, a-t-il rappelé, indiquant que la destruction du barrage a créé un risque écologique, humanitaire et de sécurité nucléaire.  Le représentant a noté que le droit international humanitaire est clair quant à la nécessité de protéger les barrages en période de conflit, de même que les centrales nucléaires, en raison des risques pour les civils.  Il a appelé toutes les parties à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire.  Depuis le début de cette guerre, le monde a évité de justesse une catastrophe nucléaire plus d’une fois, a—t-il dit, soulignant que la destruction du barrage ne fait qu’accroître encore les risques.  Il a encouragé toutes les parties à travailler avec l’AIEA pour s’assurer que le mécanisme de refroidissement de Zaporijia fonctionne et qu’il existe des systèmes de sauvegarde.  Le délégué a également appelé toutes les parties à assurer la sécurité des personnes déplacées et à permettre aux organisations humanitaires de venir en aide aux populations touchées par les inondations.  Il a enfin appelé à la désescalade et au dialogue pour conduire ce conflit vers une solution pacifique et durable, conformément aux principes de la Charte des Nations Unies.  Il a d’ailleurs assuré que les Émirats arabes unis sont disposés à soutenir tout effort sérieux à cette fin.

M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a rappelé que sa délégation a demandé cette réunion urgente du Conseil à la suite du bombardement, le 6 juin, par le régime de Putin, du barrage de Kakhovka qui est selon lui le plus grand désastre causé par l’homme en Europe depuis des décennies.  Il s’agit d’un acte terroriste contre une infrastructure civile ukrainienne visant à faire le plus de victimes civiles et causer la plus grande destruction possible.  Par cette politique de l’inondation, l’occupant russe reconnaît que le territoire conquis ne lui appartient pas et qu’il n’est pas en mesure de le conserver.  Cette attaque terroriste a été discutée au niveau le plus élevé des forces d’occupation de la région de Kherson, comme en témoigne la lettre de l’envoyé de Putin en octobre dernier, a assuré le représentant de l’Ukraine.  Dans sa déclaration d’aujourd’hui, la Russie a blâmé la victime de ses propres crimes, comme à son habitude, a dit le délégué.  Il y a peu de chance qu’elle reconnaisse sa responsabilité dans le désastre de ce mardi.

Selon le représentant, c’est la Russie qui contrôle le barrage depuis plus d’un an. Physiquement, il est impossible de le faire exploser de l’extérieur, c’est donc que l’infrastructure a été minée par l’occupant russe qui l’a fait exploser, a-t-il accusé.  Cette explosion est aussi un acte de terrorisme écologique et économique et un autre exemple du génocide des Ukrainiens par la Russie.  Il s’agit de la réponse du Kremlin à l’appel lancé en faveur de pourparlers de paix.  La Russie vient de confirmer par son action qu’elle n’est pas intéressée par la désescalade ou la paix, mais qu’elle doit être stoppée.  C’est aussi la raison pour laquelle la défaite de la Russie sera la plus importante contribution à la sécurité de la région et du monde, a estimé le représentant ukrainien.  Il a exhorté à ce que des missions humanitaires soient dépêchées sur la rive gauche du Dniepr pour venir en aide aux résidents locaux.  Le délégué a ajouté que la destruction de ce barrage privera la Crimée d’alimentation en eau et que cela fait peser des risques sur la centrale nucléaire de Zaporijia.  Il a donc appelé la communauté internationale à condamner cette attaque terroriste russe du barrage de Kakhovka.  Ce « crime technologique » confirme selon lui l’importance du plan de paix du Président Volodymyr Zelenskyy, qu’il faut mettre en œuvre dès que possible en particulier les points relatifs à la lutte contre l’écocide et la sécurité nucléaire et énergétique. 

M. ANDREJS PILDEGOVIČS (Lettonie), au nom des pays baltes, a déclaré que la destruction du barrage s’ajoute à la liste des crimes de guerre commis par la Russie.  Ce barrage a été occupé par la Russie depuis le début de son agression de l’Ukraine, a constaté le délégué, en dénonçant un acte irresponsable et barbare.  Nous sommes peut-être les témoins d’un écocide, a-t-il ajouté.  Il a estimé que la destruction du barrage Kakhovka complique la situation en ce qui concerne la centrale nucléaire de Zaporijia, et a exhorté la Russie à remettre immédiatement la centrale nucléaire sous le contrôle des autorités ukrainiennes. Il a rappelé que le barrage de Kakhovka est protégé par le droit de la guerre et les Conventions de Genève.  La communauté internationale ne peut laisser la Russie causer un nouveau désastre aux conséquences catastrophiques, a affirmé le délégué.  « Plus tôt la Russie réalisera qu’elle a perdu la guerre, mieux ce sera. » 

M. KRZYSZTOF MARIA SZCZERSKI (Pologne) a déclaré que les conséquences de la guerre en cours, y compris l’urgence humanitaire et les catastrophes environnementales, touchent également son pays, plaque tournante de l’aide humanitaire internationale.  Il a fermement condamné l’explosion du barrage enjambant le Dniepr à Nova Kakhovka. « C’est encore un autre acte scandaleux de barbarie russe contre les territoires occupés d’Ukraine », a-t-il dit, évoquant aussi une grave violation des normes fondamentales du droit international humanitaire et un crime de guerre apparent.  Selon le délégué, cet incident laisse percevoir également la perspective d’une catastrophe environnementale aux conséquences sans précédent à l’échelle régionale, laquelle, a-t-il prévenu, se répercutera dans toute l’Europe.  Il a indiqué que son gouvernement mettra tout en œuvre pour tenir la Russie responsable et s’assurer que les auteurs de cet acte criminel soient punis.  Il a ajouté que cela se fera par le biais de mécanismes institutionnels et juridiques internationaux pertinents, y compris dans les domaines humanitaires et environnementaux. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: l’Algérie, le Guyana, la République de Corée, la Sierra Leone et la Slovénie feront leur entrée au Conseil de sécurité en 2024

Soixante-dix-septième session,
72e (reprise) et 75e séances - matin
AG/12506

Assemblée générale: l’Algérie, le Guyana, la République de Corée, la Sierra Leone et la Slovénie feront leur entrée au Conseil de sécurité en 2024

L’Assemblée générale a élu, ce matin, cinq nouveaux membres non permanents du Conseil de sécurité qui entameront leur mandat à partir du 1er janvier 2024 pour une durée de deux ans. 

Élu avec 191 voix, le Guyana occupera le siège réservé aux États d’Amérique latine et des Caraïbes.  Les trois sièges destinés aux États d’Afrique et d’Asie-Pacifique reviennent à l’Algérie, la Sierra Leone et la République de Corée, élues avec 184, 188 et 180 voix respectivement. 

Quant au siège réservé aux États d’Europe orientale, il reviendra à la Slovénie qui a obtenu 153 voix.  Trente-huit délégations ont voté en faveur du Bélarus qui était également candidat mais n’entrera pas au Conseil, la majorité des deux tiers requise étant de 128 voix. 

Outre les cinq membres permanents et les cinq États élus aujourd’hui, le Conseil de sécurité sera également constitué, en 2024, de l’Équateur, du Japon, de Malte, du Mozambique et de la Suisse.  L’Albanie, le Brésil, le Gabon, le Ghana et les Émirats arabes unis termineront leur actuel mandat de deux ans, le 31 décembre 2023. 

Avant de lever la séance, le Président de l’Assemblée générale, M. Csaba Kőrösi a annoncé les résultats des élections à la présidence des six grandes commissions de l’organe pour la prochaine session.  M. Rytis Paulauskas (Lituanie) présidera la Première Commission chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale; M. Carlos Amorín (Uruguay) sera à la tête de la Deuxième Commission chargée des questions économiques et financières; M. Alexander Marschik (Autriche) dirigera la Troisième Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles; Mme Mathu Joyini (Afrique du Sud) prendra les rênes de la Quatrième Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation; M. Osama Mahmoud Abdelkhalek Mahmoud (Égypte) sera responsable de la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires; et M. Suriya Chindawongse (Thaïlande) guidera les travaux la Sixième Commission chargée des questions juridiques. 

L’Assemblée générale a par ailleurs conclu sa réunion de haut niveau sur l’examen à mi-parcours du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe (2015-2030), suspendue le 31 mai.  Face à ces risques exacerbés par les changements climatiques, l’accent a une nouvelle fois été mis sur la nécessité d’une plus grande solidarité.  Le Zimbabwe a ainsi imploré les partenaires continentaux et internationaux ainsi que le secteur privé à renforcer leur soutien aux pays en développement, en particulier ceux sans littoral, via des financements de programmes de réduction des risques et des transferts de technologie. 

Au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), le Samoa a plaidé pour une approche programmatique sur le long terme, qui ne fasse plus dépendre l’octroi de financements préférentiels du seul PIB et permette de répondre aux besoins des récipiendaires en fonction de leurs vulnérabilités.  Jugeant elle aussi que l’approche choisie depuis l’adoption du Cadre de Sendai en 2015 n’est plus adaptée, la Ligue des États arabes a plaidé pour plus d’échanges d’expériences et de technologies ainsi que pour des financements et des investissements accrus en faveur de sa région. 

L’État de Palestine a dit vouloir assurer un avenir résilient à sa population grâce à des partenariats avec le système onusien, la société civile et le milieu universitaire, en dépit de l’occupation israélienne, « principale source de catastrophes » dans ses territoires, tandis que le Myanmar, récemment frappé par le cyclone Mocha, sollicitait une assistance d’urgence de la communauté internationale, y compris de l’ONU et de l’ASEAN, non sans avertir que la junte militaire au pouvoir tenterait d’entraver l’acheminement de cette aide humanitaire.  L’Ordre souverain de Malte a souhaité pour sa part que les États Membres continuent de soutenir les agences d’aide internationales et de faciliter les acheminements d’aide, sans se fermer à la coopération. 

Enfin, prévoyant que, d’ici à 2050, 200 millions de personnes par an auront besoin d’une aide humanitaire en raison d’événements climatiques et météorologiques, la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a invité les États à investir dans des mesures de réduction des risques à long terme, afin de relier les efforts humanitaires et de développement et de financer des politiques ayant des effets au niveau communautaire.  Dans la réponse aux pertes « matérielles et immatérielles », les communautés locales ont un rôle essentiel à jouer et, à ce titre, méritent un soutien adéquat, a appuyé le Saint-Siège

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le Représentant spécial salue les appels au dialogue pour s’attaquer aux défis structurels qui minent la stabilité de l’Afrique centrale

9338e séance – matin
CS/15308

Conseil de sécurité: le Représentant spécial salue les appels au dialogue pour s’attaquer aux défis structurels qui minent la stabilité de l’Afrique centrale

Le Représentant spécial du Secrétaire général en Afrique centrale a salué, ce matin, devant le Conseil de sécurité, la multiplication des appels au dialogue provenant des États de la région afin de trouver une réponse pérenne aux défis structurels et interconnectés de la gouvernance et des droits humains. 

« L’Afrique centrale est plus riche en opportunités et en ressources qu’elle ne l’est en défis », a assuré M. Abdou Abarry, qui est aussi le Chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC), au terme de sa visite des 11 pays qui relèvent du mandat de son bureau, où il s’est entretenu avec les chefs d’État et les coordonnateurs résidents des Nations Unies. 

Ces échanges ont démontré, selon lui, que les dirigeants des États de la région privilégient le dialogue afin de résoudre les tensions de façon pacifique.  Pour illustrer cette nouvelle dynamique, le Représentant spécial a cité la rencontre récente entre les Présidents de la République centrafricaine (RCA) et du Tchad visant à redynamiser la coopération entre les deux pays ou encore le soutien à la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) à la transition au Tchad, facilitée par le Président de la République démocratique du Congo (RDC). 

Même constat de la part du Président de la CEEAC, M. Gilberto da Piedade Verissimo, pour qui les États de la région poursuivent leur marche « irréversible » vers l’enracinement du système de gouvernance démocratique malgré la persistance des défis sécuritaires, alors que des élections sont attendues cette année en RCA, au Gabon et en RDC. 

Les autorités de transition tchadiennes ont ainsi poursuivi « avec détermination » la mise en œuvre des recommandations issues du dialogue national inclusif et souverain, y compris l’établissement d’un cadre de concertation des partis politiques et d’une commission nationale d’organisation du référendum constitutionnel prévu le 19 novembre prochain.  L’inclusion de l’ensemble des acteurs politiques et le respect des libertés fondamentales demeurent toutefois des conditions essentielles au succès du processus de transition, a noté le haut fonctionnaire. 

Malgré sa solidarité « extraordinaire », le Tchad aura besoin de près de 130 millions dollars au cours des six prochains mois pour venir en aide aux 100 000 réfugiés soudanais arrivés sur son sol, a prévenu M. Abarry, en mettant en garde contre les effets désastreux de la poursuite du conflit au Soudan pour l’ensemble des pays du bassin du lac Tchad.  « Face à la poursuite de la crise au Soudan, nous devons nous rendre à l’évidence que notre engagement et notre solidarité à l’endroit du Tchad relèvent de l’urgence », a-t-il dit.

Au nom du Ghana et du Mozambique, le Gabon a exprimé sa satisfaction des mesures prises par les autorités de transition tchadiennes afin d’apaiser les tensions et de préparer le référendum constitutionnel ainsi que les élections présidentielle et législatives, évoquant notamment l’amnistie des manifestants du 20 octobre 2022. Afin de profiter de cet élan, la délégation a encouragé, comme les Émirats arabes unis, le renforcement de la coopération transfrontalière. 

Les opérations militaires conjointes récemment menées par le Tchad et la RCA à leur frontière commune traduisent, selon le Représentant spécial, leur volonté de renforcer leur coopération bilatérale pour relever les défis sécuritaires auxquels ils sont confrontés.  L’impact de la crise soudanaise sur la stabilité du Tchad et de la RCA nous rappelle par ailleurs « l’urgente nécessité » d’adopter une approche holistique sur les questions de paix et de sécurité en Afrique centrale, a poursuivi M. Abarry, en faisant état d’une région marquée par la présence d’une multitude de groupes armés et terroristes, avec un impact humanitaire dévastateur, particulièrement pour les femmes et les jeunes. 

Pendant ce temps, la crise continue, pour une septième année, de déstabiliser les régions du nord-ouest et sud-ouest du Cameroun, avec des attaques de groupes extrémistes violents perpétrées dans la région de l’Extrême-Nord et le flux de réfugiés centrafricains dans la partie orientale du pays.  À cet égard, le Représentant spécial a pris note de la volonté des autorités nationales de poursuivre les efforts de dialogue et de reconstruction des zones affectées. 

S’agissant de la RCA, le États-Unis ont encouragé son gouvernement à resserrer sa collaboration avec la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) afin de ramener la paix et la stabilité dans le pays.  « La RCA a de nombreux partenaires mais le groupe Wagner n’est pas l’un d’entre eux », a mis en garde son délégué.  À l’inverse, la Fédération de Russie a appelé le Conseil à lever l’embargo sur les armes imposé à la RCA.

Selon le Représentant spécial, la détermination des autorités de Sao Tomé-et-Principe à mettre en œuvre la réforme des secteurs de la justice et de la sécurité confirme la volonté de ce pays de s’attaquer aux problèmes structurels qui menacent sa stabilité.  L’ONU et la CEEAC y ont d’ailleurs effectué une mission d’évaluation stratégique afin d’appuyer des démarches. 

Malgré les résultats positifs dans le domaine de la sécurité maritime dans le golfe de Guinée, grâce notamment au Code de conduite de Yaoundé, la récente augmentation de la criminalité maritime, avec des actes de piraterie et des vols à main armée signalés en mer, montre, selon le Représentant spécial, que les gains acquis de haute lutte peuvent être inversés.  Une situation qui a incité le Brésil à entreprendre l’organisation de l’opération Guinex iii, prévue en août et septembre 2023, afin de renforcer le partenariat entre la marine brésilienne et celles des pays du golfe de Guinée. 

La poursuite de processus politiques et électoraux cruciaux dans plusieurs pays au cours des mois à venir marquera un tournant pour l’Afrique centrale, a conclu M. Abarry, avant d’exhorter le Conseil à faire en sorte que les épisodes de violence qui ont marqué les élections dans le passé soient évités à tout prix.

RÉGION DE L’AFRIQUE CENTRALE (S/2023/389)

Déclarations

M. ABDOU ABARRY, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC), a indiqué avoir visité, depuis décembre dernier, les 11 pays qui relèvent du mandat du Bureau afin de rencontrer les chefs d’État ainsi que les coordonnateurs résidents des Nations Unies. Ces échanges ont démontré selon lui que « l’Afrique centrale est plus riche en opportunités et en ressources qu’elle ne l’est en défis », et que ses dirigeants privilégient le dialogue afin de résoudre les tensions de façon pacifique.  Il a cité en exemple la rencontre récente entre les Présidents de la République centrafricaine et du Tchad concernant la redynamisation de la coopération entre les deux pays, la mobilisation des États de la région en faveur de la résolution de la crise dans l’est de la République démocratique du Congo et le soutien à la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) à la transition au Tchad, facilitée par le Président de la République démocratique du Congo, M. Felix Tshisekedi.  Le Représentant spécial a également observé un engagement actif des États de la sous-région sur les questions de sécurité, qui a permis notamment la tenue du premier sommet de la CEEAC sur la sécurité maritime et du sommet des chefs d’États sur la sécurité climatique à travers la préservation du bassin du Congo, le « One Forest Summit ».  La réunion du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale s’est tenue en mai dernier à Sao Tomé-et-Principe, sur le thème « Sécurité climatique dans la perspective de prévention de conflits et de consolidation de la paix », confirmant selon lui la « prise de conscience collective » des États de la région de la nécessité d’agir. Il a en outre salué la nomination de femmes aux postes de vice-président au Gabon et en Angola, et de premier ministre en Guinée équatoriale. 

Depuis son dernier exposé, M. Abarry a constaté une multiplication des appels au dialogue dans la région afin de répondre aux défis liés à la gouvernance et aux droits humains.  Ainsi, au Tchad, les autorités de transition ont poursuivi « avec détermination » la mise en œuvre des recommandations issues du dialogue national inclusif et souverain, y compris la mise en place d’un cadre de concertation des partis politiques et d’une commission nationale d’organisation du référendum constitutionnel prévu en novembre afin d’adopter une nouvelle constitution.  L’inclusion de l’ensemble des acteurs politiques et le respect des libertés fondamentales demeurent toutefois des conditions essentielles au succès du processus de transition, a noté le haut fonctionnaire.  Pays hôte du BRENUAC, le Gabon a organisé, à la demande de l’opposition, un dialogue consultatif avant les élections générales prévues cette année.

Pendant ce temps, au Cameroun, la crise dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest est entrée dans sa septième année alors que le pays continue de subir les attaques de groupes extrémistes violents dans l’Extrême-Nord et le flux de réfugiés centrafricains dans sa partie orientale.  Lors de sa visite qui s’est tenue en mars dernier, le Représentant spécial a pris note de la volonté des autorités nationales de poursuivre les efforts de dialogue et de reconstruction des zones affectées.  Selon M. Abarry, la détermination des autorités de Sao Tomé-et-Principe à mettre en œuvre une réforme des secteurs de la justice et de la sécurité s’est renforcée à la suite des événements de novembre dernier, confirmant selon lui la volonté de ce pays de s’attaquer aux problèmes structurels qui menacent sa stabilité.  L’ONU et la CEEAC y ont d’ailleurs effectué une mission d’évaluation stratégique.  Dans la foulée du trentième anniversaire de la journée mondiale de la liberté de la presse, M. Abarry a par ailleurs jugé regrettable la persistance des atteintes aux droits de l’homme, et notamment des journalistes, dans la sous-région. 

L’impact de la crise soudanaise à la frontière entre le Tchad et la République centrafricaine nous rappelle l’urgente nécessité d’adopter une approche holistique sur les questions de paix et de sécurité en Afrique centrale, a poursuivi le Représentant spécial, en faisant état d’une région marquée par la présence d’une multitude de groupes armés et terroristes, avec un impact humanitaire dévastateur sur les femmes et les jeunes.  Il a salué la solidarité « extraordinaire » démontrée par les deux pays, qui ont déjà accueilli des milliers de réfugiés soudanais.  Le Tchad aura toutefois besoin de 129,8 millions dollars au cours des six prochains mois pour venir en aide aux 100 000 réfugiés présents sur son sol, a-t-il prévenu, en mettant en garde contre les effets désastreux de la poursuite du conflit pour l’ensemble des pays du bassin du lac Tchad.  « Face à la poursuite de la crise au Soudan, nous devons nous rendre à l’évidence que notre engagement et notre solidarité à l’endroit du Tchad relèvent de l’urgence », a dit M. Abarry.  Les opérations militaires conjointes récemment menées par le Tchad et la République centrafricaine à leur frontière commune traduisent à ses yeux leur volonté de renforcer leur coopération bilatérale pour relever les défis sécuritaires communs auxquels ils sont confrontés.  Il a encouragé les deux États à faire usage des mécanismes de coopération bilatérale existants, notamment la commission mixte de coopération, en ajoutant qu’une réponse purement militaire sera insuffisante pour traiter les causes profondes de l’insécurité.  Une mission technique conjointe entre le BRENUAC et le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) est en cours dans les quatre pays du bassin du lac Tchad afin d’évaluer l’impact de l’extrémisme violent sur les populations locales, a expliqué le haut fonctionnaire.  La situation sécuritaire en Afrique centrale a par ailleurs été marquée par une recrudescence des incidents de piraterie maritime dans le golfe de Guinée, a-t-il ajouté, soulignant la nécessité de renforcer la coopération interrégionale à l’approche du dixième anniversaire de l’adoption du Code de conduite de Yaoundé.

Alors que trois années se sont écoulées depuis la mise en œuvre de la réforme institutionnelle de la CEEAC, le Représentant spécial a indiqué qu’elle a continué à jouer un rôle central sur les questions de paix et de sécurité dans la sous-région. La réunion des ministres de la femme et du genre des États membres de la CEEAC qui s’est tenue le mois dernier à Libreville a ainsi permis d’établir une feuille de route en faveur de la défense des droits des femmes et de leur autonomisation.  Le processus de réforme institutionnelle de la CEEAC nécessite cependant un soutien financier durable.  En plus des défis qui précèdent, l’Afrique centrale continue de subir les effets délétères de la crise en Ukraine, qui se traduit par une hausse des prix des denrées alimentaires de base et du carburant.  Les mois à venir marqueront un tournant important pour l’Afrique centrale, a encore dit M. Abarry, marqué par la tenue de processus politiques et électoraux cruciaux.  Il a appelé les membres du Conseil de sécurité à faire en sorte que les épisodes de violence qui ont marqué les élections dans le passé soient évités à tout prix. 

M. GILBERTO DA PIEDADE VERISSIMO, Président de la Commission de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), a déclaré que la situation sécuritaire dans la majorité des États membres de la CEEAC présente des signes d’espérance, ces derniers étant parvenus à contrôler les menaces sécuritaires diverses et à éviter qu’elles ne contribuent au développement de foyers nationaux d’insécurité susceptibles d’impacter négativement la stabilité de toute la sous-région.  Leurs efforts méritent d’être soutenus compte tenu du contexte économique particulièrement contraignant.  Il a reconnu que l’Afrique centrale fait face à d’importants défis sécuritaires, citant notamment l’activisme des groupes armés, des factions sécessionnistes et des mouvements terroristes; la présence des combattants transfrontaliers; la circulation illicite des armes; la criminalité marine; l’exploitation illicite des ressources naturelles; les conflits intercommunautaires; la crise humanitaire induite par les conflits armés et les catastrophes naturelles; ainsi que les tensions politico-diplomatiques entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda depuis la réapparition du groupe M23 en fin 2021. 

Sur le plan politique, a-t-il indiqué, les États membres de la CEEAC poursuivent leur marche irréversible vers l’enracinement du système de gouvernance démocratique.  L’année 2022 et le premier trimestre de cette année ont été marqués par la tenue de plusieurs échéances électorales plus ou moins pacifiques dans plusieurs pays, s’est-il félicité.  Il a rappelé que des échéances électorales sont attendues en 2023 en République centrafricaine (RCA), au Gabon et en RDC et a précisé que la CEEAC accompagne ses États membres engagés dans des processus électoraux étant consciente des défis auxquels ils font face.  Lesdits défis portent essentiellement sur des désaccords autour de la composition des organes en charge des élections, l’articulation de la législation électorale, la crédibilité des fichiers d’électeurs, et l’authenticité des résultats des élections, a-t-il détaillé. 

En outre, la CEEAC poursuit son accompagnement du processus de transition au Tchad, y compris l’ouverture à N’Djamena d’un bureau de représentation dirigé par un envoyé spécial, le déploiement d’une mission d’établissement des faits autour des événements du 20 octobre 2022 ainsi que la mise en place d’une plateforme de facilitation entre les autorités de la transition et les entités actuellement opposées au processus de transition en cours.  Cet accompagnement se poursuivra jusqu’à l’organisation, à la fin de l’année prochaine, des élections censées mettre un terme à la transition et consacrer le retour à un ordre constitutionnel démocratique, a-t-il précisé. 

L’orateur a estimé que la montée en puissance des nouvelles architectures de gouvernance, de paix et de sécurité de la CEEAC, ainsi que la mise en place de nouveaux mécanismes tels que le Protocole révisé relatif à la Stratégie de sûreté et sécurité des intérêts vitaux en mer et dans les eaux continentales partagées des États membres de la CEEAC permettront progressivement à la Communauté d’accompagner efficacement les États de la sous-région dans leur quête de paix, de sécurité, de stabilité et de démocratie. 

Mme MARIE TAMOIFO, Coordonnatrice régionale du Réseau des jeunes leaders pour la gestion durable des écosystèmes d’Afrique centrale (REJEFAC) et fondatrice de l’Association jeunesse verte du Cameroun (AJVC), a présenté son parcours de « petite Wangari » dont la persévérance et l’espoir ont permis de créer, en l’espace d’une trentaine d’années, des réseaux et organisations de jeunes et de femmes dans 10 pays de la sous-région.  Avec le lancement d’une télévision en ligne via son entreprise GreeningmediaTV, elle a dit vouloir démultiplier l’impact de ses campagnes de sensibilisation, d’alertes et de communication.  À cela s’ajoute un programme de formation des responsables de communication du REJEFAC ainsi que la formation de 100 jeunes ambassadeurs climat et biodiversité, a-t-elle précisé, expliquant avoir besoin pour cela du soutien de partenaires financiers sur le long terme.  Hélas, a regretté la Coordonnatrice régionale, les États, l’Union africaine et la communauté internationale n’ont pas pu accompagner de manière opérationnelle nos actions malgré de nombreux plaidoyers menés aux niveaux international, continental et régional.  L’Accord de Paris de 2015, la Déclaration de N’Djaména de 2021 et la résolution 2250 (2015) du Conseil de sécurité sont confrontés à de réelles difficultés dans leur application et les groupes vulnérables, femmes et jeunes en tête, demeurent les plus touchés par les conflits et le climat, a-t-elle constaté.

La militante a expliqué que les organisations qu’elle anime travaillent sur les questions liées au développement durable, avec une attention particulière à l’autonomisation des jeunes, des femmes, des communautés locales et des peuples autochtones.  Nous œuvrons à renforcer leur résilience et à sensibiliser le public à la nécessité de protéger les forêts et leurs territoires, a-t-elle indiqué, faisant également état d’un accompagnement de la société civile dans les domaines liés à l’économie bleue, verte et circulaire, en plus d’actions de sensibilisation sur la conservation de la biodiversité et la lutte contre les effets des changements climatiques.  L’un des programmes de l’AJVC a aussi permis d’électrifier plus de 300 ménages au solaire et d’installer des réfrigérateurs solaires dans 40 centres de santé ruraux du pays, a-t-elle relevé, avant de détailler des projets communautaires de reboisement, menés avec d’autres réseaux affiliés à la Conférence des écosystèmes forestiers et humides d’Afrique centrale, soutenus par le Partenariat pour les forêts du bassin du Congo.  Elle a toutefois déploré que ces actions restent peu financées, « malgré les milliards de dollars annoncés en grande pompe par la communauté internationale ». 

Pourtant, l’Afrique centrale est en passe de devenir le « premier poumon vert du monde » et constitue pour cette raison une destination d’investissement et de conservation majeure, a souligné la Coordonnatrice régionale.  De plus, les impacts des changements climatiques sur la paix et la sécurité de l’Afrique centrale sont « une évidence », a-t-elle souligné, observant que l’intensification de la mobilité humaine, la hausse des violences intercommunautaires, l’augmentation du crime organisé et des activités des groupes armés non étatiques, la pression accrue sur le littoral, l’essor de la piraterie maritime, l’insécurité alimentaire et la menace croissante sur la forêt tropicale du bassin du Congo représentent des risques liés au climat de cette sous-région.  Pour y faire face, elle a appelé à soutenir les États, les partenaires de développement et les institutions panafricaines et onusiennes qui souhaitent accompagner les programmes de la REJEFAC, de l’AJVC et d’autres plateformes de jeunes et de femmes sur le long terme.  Elle a souhaité que, dans ce cadre, l’autonomisation des femmes et des jeunes soit mise en avant et qu’il soit mis fin aux procédures trop complexes d’accès aux financements et aux technologies.  Enfin, elle a demandé de doter les acteurs et réseaux pertinents de la société civile de moyens suffisants, comme cela se fait avec la Commission du bassin du lac Tchad. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) s’est exprimé au nom des A3 (Ghana, Mozambique et Gabon).  Sur le plan politique, il a salué le bon déroulement des élections dans plusieurs pays de la région et s’est dit persuadé que la même dynamique se poursuivra pour les échéances électorales futures.  Il s’est félicité des initiatives de sortie de crise telles que les processus de Nairobi et de Luanda, ainsi que le déploiement de la force régionale de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE), dont le mandat vient d’être renouvelé.  Ces initiatives sont des solutions politiques africaines crédibles pour la restauration de la paix en RDC, a-t-il relevé. À cet effet, il a salué l’engagement des Présidents João Lourenço et Évariste Ndayishimiye, de l’Angola et du Burundi, en faveur de la stabilisation aussi bien de la RDC que de l’ensemble de la région. Cette implication régionale est la matérialisation du principe de « solutions africaines aux problèmes africains » et traduit l’intérêt que les pays de la région portent à la résolution de la crise sécuritaire dans l’est de la RDC, a-t-il dit.

En ce qui concerne le Tchad, il s’est dit satisfait des mesures prises par les autorités de la transition pour apaiser les tensions politiques et préparer le référendum constitutionnel, ainsi que les élections présidentielle et législatives.  La libération de plusieurs centaines de combattants du Front pour l’alternance et la Concorde au Tchad (FACT) et l’amnistie des manifestants du 20 octobre 2022 sont des mesures qui pourraient impulser un climat de confiance dans le pays, a-t-il indiqué. 

Le représentant a dénoncé l’usage croissant d’engins explosifs par les groupes terroristes, les attaques et les enlèvements de populations, entraînant la déscolarisation d’enfants et le déplacement massif des populations.  Il a fermement condamné les attaques terroristes persistantes de Boko Haram et des groupes dissidents au Cameroun et au Tchad.  Il a aussi condamné les violences commises par les groupes armés en RCA, en RDC, demandant qu’ils rejoignent immédiatement et sans condition les programmes de désarmement, de démobilisation et de réintégration (DDR) et les consultations politiques en cours.  Il a souligné l’impact économique, sécuritaire et humanitaire de la crise au Soudan sur la région de l’Afrique centrale qui partage avec ce pays deux frontières, en RCA et au Tchad.  Nous encourageons le renforcement de la coopération transfrontalière, à l’intérieur de la sous-région mais aussi avec les États des régions voisines, a-t-il ajouté. Selon lui, cette coopération contre les menaces transversales doit nécessairement se renforcer au niveau des organisations sous-régionales et bureaux des Nations Unies concernés.  Il est aussi important, a-t-il expliqué, de poursuivre l’organisation d’opérations bilatérales conjointes comme ce fut notamment le cas entre le Tchad et la RCA le 15 mai dernier afin de systématiser une réponse renforcée et coordonnée aux défis sécuritaires auxquels la sous-région est confrontée.  Il a par ailleurs appelé à renforcer la coopération et la coordination entre les communautés régionales et économiques d’Afrique centrale et de l’Afrique de l’Ouest et de continuer à soutenir le renforcement des capacités des pays du golfe de Guinée pour lutter efficacement contre le fléau de la piraterie maritime. Cette approche transversale est essentielle pour une paix durable dans les deux sous-régions, a-t-il argué. 

Sur le plan humanitaire, le délégué a appelé à un accès humanitaire sécurisé et sans entrave dans les pays en conflits, avant d’inviter les donateurs et partenaires internationaux à financer les plans d’intervention humanitaire dans la région.  Le délégué a évoqué les effets du dérèglement climatique qui sont particulièrement visibles en Afrique, comme l’attestent les récentes inondations au Rwanda et en RDC qui ont fait des centaines de victimes.  Ces catastrophes accentuent le mouvement des réfugiés climatiques en quête de paix et de stabilité, a-t-il constaté.  Il a rappelé le rôle crucial de la forêt tropicale du bassin du Congo dans la lutte contre le dérèglement climatique, appelant la communauté internationale à respecter ses engagements en faveur du financement des politiques des mesures d’adaptation et d’atténuation.  Le représentant a enfin invité les membres du Conseil de sécurité à prendre en considération les priorités régionales dans l’adoption de la déclaration présidentielle sur le BRENUAC, un texte dont les négociations n’aboutissent pas depuis plusieurs années, faute de consensus sur le lien entre sécurité et climat.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a appelé à des processus électoraux crédibles et inclusifs dans toute la région, avant d’exhorter les autorités de transition tchadiennes à honorer les conditions énumérées dans le communiqué du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine de mai dernier.  La réponse apportée aux manifestations d’octobre était préoccupante, s’est-il alarmé, encourageant lesdites autorités à remettre en liberté les manifestants détenus qui n’ont pas été jugés.  Le représentant a aussi exhorté les autorités tchadiennes à user de leur influence auprès des parties soudanaises pour que ces dernières se rallient au cessez-le-feu et œuvrent à un règlement pacifique de la crise.  Le délégué s’est dit préoccupé par la situation au Cameroun, en particulier par les conséquences humanitaires du conflit dans le nord-ouest et le sud-ouest du pays.  « Un dialogue inclusif est fondamental pour résoudre la crise », a-t-il ajouté, saluant par ailleurs le travail du BRENUAC dans le domaine de la sécurité climatique.

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a souhaité qu’au Tchad, le référendum sur la nouvelle Constitution ait lieu comme prévu le 19 novembre.  Le représentant s’est dit ensuite dit préoccupé par l’insécurité persistante des conflits armés, la montée de l’extrémisme violent et l’intensification des tensions intercommunautaires.  Également préoccupé de la situation humanitaire désastreuse dans la région, il a dit que son gouvernement a décidé d’aider les pays voisins du Soudan à répondre aux besoins des réfugiés et des rapatriés.  Notant par ailleurs les défis dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun où 600 000 personnes sont déplacées, le représentant a exhorté les parties prenantes, y compris le Gouvernement camerounais, qu’elles redoublent d’efforts pour résoudre la crise conformément aux recommandations issues du grand dialogue national de 2019.  S’agissant enfin des effets néfastes des changements climatiques, le représentant a salué l’initiative prise par le BRENUAC et d’autres parties prenantes pour promouvoir la cohérence entre les politiques de consolidation de la paix et d’action climatique.  Le Japon aidera à renforcer la résilience des groupes vulnérables au climat en améliorant l’adaptation aux changements climatiques et la réduction des risques de catastrophe, a promis le représentant, avant de souligner le lien entre aide humanitaire, développement et paix de manière inclusive pour relever ces défis.

M. ALEXANDRE OLMEDO (France) est revenu sur les conséquences dramatiques des changements climatiques en Afrique centrale, rappelant notamment les pluies torrentielles qui ont affecté la République démocratique du Congo, le Rwanda et l’Ouganda, et causé des centaines de victimes.  Les phénomènes climatiques extrêmes frappent toute la région, entraînent des déplacements forcés et exacerbent les tensions communautaires, a-t-il constaté, avant d’applaudir le travail effectué par le BRENUAC face à cette urgence.  Il a d’autre part rappelé qu’en mars dernier, la France et le Gabon ont organisé le « One Forest Summit » afin de rechercher des solutions pour protéger les forêts tropicales et a appelé tous les États Membres à se joindre à cet effort collectif, notamment en adhérant au Mécanisme climat, paix et sécurité des Nations Unies. 

Le représentant a par ailleurs souhaité que les efforts engagés en vue de faire aboutir les transitions démocratiques et de consolider les processus politiques se poursuivent.  Au moment où des élections sont programmées dans plusieurs pays de la région, il importe que ces processus se déroulent de manière crédible et apaisée, avec la pleine participation des femmes et des jeunes, a-t-il plaidé, saluant à cet égard les mesures prises au Tchad pour favoriser la réconciliation nationale après les événements du 20 octobre dernier.  Le délégué a également encouragé les autorités camerounaises à poursuivre le dialogue en vue d’une solution politique à la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.  De même, il s’est félicité du travail mené par le BRENUAC avec la Communauté économique des États d’Afrique centrale pour accompagner la réforme du secteur de la sécurité et de la justice à Sao Tomé-et-Principe.  Enfin, il a appelé les membres du Conseil de sécurité à fournir au Représentant spécial en Afrique centrale tout l’appui dont il a besoin pour exercer son mandat, notamment par l’adoption d’une déclaration présidentielle. 

M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) a déclaré que l’insécurité croissante et la détérioration de la situation des droits humains dans certains pays risque d’affecter toute l’Afrique centrale.  Il a fait référence aux activités transfrontalières des groupes armés qui freinent les efforts de paix et menacent la protection des civils.  « La Suisse salue la collaboration de la RCA et du Cameroun pour renforcer la sécurité des populations civiles dans les zones frontalières et encourage une coopération renforcée avec les autres pays voisins », a dit le représentant.  Renforcer la bonne gouvernance et promouvoir un dialogue politique inclusif et transparent reste essentiel pour la région, a-t-il dit.  « L’origine des conflits étant souvent politique, une réponse sécuritaire seule ne peut offrir une solution durable. »  Il a notamment mentionné le processus de transition engagé en 2021 au Tchad, qui constitue une opportunité unique d’initier des changements profonds dans le pays.  Enfin, il a appelé à prendre pleinement en compte les conséquences des changements climatiques sur la sécurité en Afrique centrale.

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a formé le vœu que les processus électoraux prévus cette année dans la région se déroulent de manière pacifique et transparente, avec la participation des femmes et des jeunes.  Il a salué les efforts pour préparer le référendum constitutionnel au Tchad ainsi que l’appui du BRENUAC au processus de transition dans ce pays.  Préoccupé par la poursuite de la violence perpétrée par des groupes non étatiques opérant dans la région, il a encouragé les pays de la région à lutter de manière coordonnée contre le terrorisme et rappelé l’obligation de respecter les droits humains et le droit international humanitaire. 

S’agissant de la situation au Cameroun, le délégué a appelé les parties à reprendre le dialogue en vue de tourner la page de la crise qui touche le nord-ouest et le sud-ouest du pays.  Quant aux responsables d’actes de violence à l’encontre des journalistes, ils doivent être tenus comptables de leurs actes, a exhorté le représentant.  Pour lui, la participation des femmes aux processus politiques favorise la cohésion sociale, le développement et la prévention de la violence.  Le représentant a d’ailleurs salué la nomination des premières femmes aux postes de vice-président du Gabon et de premier ministre en Guinée équatoriale.  En conclusion, il a regretté que malgré son énorme potentiel, qui pourrait en faire l’un des pôles de développement du continent, l’Afrique centrale n’ait pas encore atteint la stabilité nécessaire pour tirer parti de ses richesses naturelles au profit de ses populations. 

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a salué les mesures prises par le Tchad pour faire baisser les tensions à la suite des manifestations meurtrières du 20 octobre 2022 et a exhorté à ce que le référendum constitutionnel et le retour à l’ordre constitutionnel se concrétisent.  Toutes les parties doivent poursuivre un dialogue constructif à cette fin, a-t-elle souligné.  Elle s’est félicitée du succès des élections au Cameroun et de l’augmentation de la représentation des femmes au Sénat, déplorant en revanche l’assassinat du journaliste Martinez Zogo.  Pour préserver les acquis démocratiques réalisés dans toute la région, il faut protéger l’espace civique, les droits humains et assurer la reddition de comptes, a-t-elle plaidé.  Elle a dit être préoccupée par la situation politique en République centrafricaine notamment les violations des droits humains et du droit humanitaire commises par toutes les parties, y compris par les mercenaires de Wagner.  Elle a dénoncé les entraves à la réalisation du mandat de la MINUSCA.  S’agissant de Sao Tomé-et-Principe, la représentante a salué les mesures prises par les autorités à la suite de la torture et de la mort des personnes détenues suite aux événements du 25 novembre. 

Pour ce qui est de la situation sécuritaire, la déléguée a estimé que le recours à la force ne peut pas mettre fin aux activités violentes de Boko Haram et de la « Province d’Afrique de l’Ouest de l’État islamique » (ISWAP) dans l’Extrême-Nord du Cameroun et la région du bassin du lac Tchad si rien n’est fait pour contrôler leur exploitation des ressources et leurs activités de recrutement. Elle a salué les actions encourageantes prises par le Cameroun pour faire face à la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, tout en se préoccupant de l’impact humanitaire et des violations des droits humains.  La représentante a encouragé le Gouvernement à favoriser un environnement politique qui permette une participation politique et une réconciliation plus large.  Elle s’est aussi alarmée de l’escalade de la violence au Soudan depuis le 15 avril et la détérioration des relations entre la RDC et le Rwanda qui sont des facteurs de déstabilisation dans une région déjà extrêmement fragile.  Les défis aux frontières entre le Soudan, le Tchad et la RCA doivent être abordés par un dialogue continu et une coordination régionale renforcée, a-t-elle préconisé.

M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a commencé par réitérer son attachement à une transition démocratique durable et inclusive au Tchad.  Il a salué la décision des autorités tchadiennes de mettre un terme à la suspension des groupes d’opposition, ainsi que la participation d’un certain nombre d’acteurs dans l’élaboration de référendums constitutionnels, et a dit attendre avec impatience la tenue d’élections.  Selon lui, il importe de suivre le processus de transition démocratique fondé sur le communiqué du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine en vue de ramener la stabilité et la démocratie dans la région.  Le représentant a par ailleurs exprimé sa préoccupation face au regain de tensions au Cameroun.  Ces violences doivent cesser et un dialogue doit être engagé avec tous les acteurs concernés, a-t-il plaidé.  Des progrès doivent aussi être réalisés pour mettre en œuvre la feuille de route de la Conférence internationale sur la région des Grand Lacs. 

Le représentant a ensuite encouragé le Gouvernement de la République centrafricaine (RCA) à travailler davantage avec la MINUSCA et d’autres acteurs afin de ramener la paix et la stabilité dans le pays.  « La RCA a de nombreux partenaires mais le groupe Wagner n’est pas l’un d’entre eux », a-t-il pointé, jugeant que les rapports que le Gouvernement centrafricain entretient avec cette organisation paramilitaire russe empêchent tout retour à la paix et à la stabilité.  Le délégué a d’autre part constaté que des groupes terroristes tels que Boko Haram et Daech en Afrique centrale continuent de déstabiliser la région par le biais d’attaques dont des milliers de personnes ont payé le prix.  Les équipes internationales conjointes doivent lutter contre ces groupes et aborder les causes profondes du terrorisme, a-t-il préconisé.  Il a enfin applaudi les efforts déployés par le Gabon pour sauver les forêts pluviales, notamment en organisant un sommet à cet effet.  

Mme FRANCESCA MARIA GATT (Malte) a regretté que l’adoption d’une déclaration présidentielle sur le BRENUAC soit toujours en attente, en dépit de l’engagement du Conseil à répondre aux multiples défis qui menacent l’Afrique centrale.  Elle a espéré qu’un accord sera rapidement trouvé.  Elle a noté la transition difficile en cours au Tchad, jugeant profondément préoccupantes les arrestations qui ont eu lieu après les manifestations d’octobre.  Elle a appuyé les efforts de médiation au Cameroun, avant de s’inquiéter de la réduction de l’espace civique dans plusieurs pays et des attaques répétées contre des journalistes.  La déléguée a insisté sur les conséquences sécuritaires des changements climatiques, avant de relever que l’augmentation des incidents de piraterie dans le golfe de Guinée rappellent l’importance de faire progresser la gouvernance régionale. Enfin, elle a souligné la nécessité d’une pleine participation des femmes à la vie politique et sociale et salué les progrès accomplis à ce titre au Gabon et en Guinée équatoriale. 

M. DAI BING (Chine) a appelé à soutenir les pays de la région.  Il salué le principe de « solutions africaines aux problèmes africains », qui semble de plus en plus mis en œuvre sur le continent.  Pour le représentant, l’application de sanctions à leur encontre ne fera qu’aggraver les problèmes, a-t-il argué.  Il a aussi invité la communauté internationale à procéder à une évaluation objective de la situation des droits humains dans la région, sans se servir de cette question comme prétexte pour s’immiscer dans les affaires intérieures des pays concernés.  Plaidant pour le soutien à ceux d’entre eux qui font face à des problèmes sécuritaires, le délégué s’est dit prêt à appuyer les efforts sur le front de la lutte contre la piraterie.  Le représentant a souligné l’importance des questions relatives aux changements climatiques dans la région, appelant les pays développés à tenir leurs engagements en facilitant le transfert de technologies pour renforcer les mesures d’adaptation.  Il a enfin plaidé pour un soutien au développement durable de la sous-région, arguant qu’un accent sur les questions économiques pourrait l’aider à régler ses problèmes sécuritaires. 

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) s’est félicité des élections législatives et locales organisées avec succès, en septembre dernier, dans la « nation sœur » de Sao Tomé-et-Principe, s’inquiétant cependant de l’attaque menée en novembre dernier contre le quartier général des forces armées.  Il s’est toutefois dit encouragé par les efforts visant à renforcer les réformes du secteur de la justice et de la sécurité, et salué le soutien apporté par la CEEAC et le BRENUAC à cet égard.  Malgré les résultats positifs dans le domaine de la sécurité maritime dans le golfe de Guinée, grâce notamment à l’architecture de Yaoundé, la récente augmentation de la criminalité maritime, avec des actes de piraterie et des vols à main armée signalés en mer, montre selon lui que les gains durement acquis peuvent être inversés.  En tant que membre du Groupe des Amis du golfe de Guinée et de la zone de paix et de coopération de l’Atlantique Sud (ZPCAS), le Brésil est prêt à continuer de soutenir les pays de la région par la coopération et les opérations navales conjointes, a assuré le représentant.  Il a précisé que son pays a déjà commencé l’organisation de l’opération Guinex iii, prévue en août et septembre 2023, afin de renforcer le partenariat entre la marine brésilienne et celles des pays du golfe de Guinée. 

Le représentant a par ailleurs estimé que la situation au Cameroun demeure particulièrement préoccupante, avant de condamner l’attaque terroriste perpétrée lors de la Course de l’espoir sur le mont Cameroun.  « Les développements socioéconomiques seront déterminants pour l’évolution de la situation en Afrique centrale à l’avenir », a-t-il noté. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a réaffirmé le soutien de son pays aux activités du BRENUAC visant à renforcer la paix et la sécurité dans la région.  Observant que la situation en Afrique centrale est caractérisée par un degré élevé de menace terroriste et de tensions sociales et politiques, la représentante a rappelé que les forces armées des États de la sous-région sont contraintes d’affronter quotidiennement les militants de groupes armés illégaux. Elle a noté que les groupes État islamique en Afrique de l’Ouest et Boko Haram sont particulièrement actifs dans la zone du bassin du lac Tchad et ont étendu leur influence à certaines régions du Nigéria, du Tchad, du Niger et du Cameroun.  Ces formations illégales ont en outre amélioré leur structure organisationnelle, ce qui leur permet tout à la fois de conduire des opérations militaires, de préparer des attentats terroristes et des enlèvements, de former des recrues et de fabriquer des engins piégés, a-t-elle signalé.

Face à cette menace, la représentante a salué l’opération de grande envergure menée l’an dernier par la force multinationale des pays du bassin du lac Tchad pour éliminer les terroristes à l’intérieur des frontières du Tchad, du Niger et du Nigéria.  Il importe selon elle de renforcer davantage l’interaction entre les États de la région, tant sur une base bilatérale que sur diverses plateformes internationales, y compris l’ONU.  Elle s’est par ailleurs alarmée de la poursuite des actes de piraterie contre des navires de commerce dans le golfe de Guinée, jugeant essentiel d’utiliser les ressources de la communauté internationale pour renforcer les capacités des États côtiers à lutter contre ce fléau. 

La déléguée a ensuite évoqué la situation au Cameroun, notant que les problèmes des provinces anglophones trouvent leurs racines dans la période coloniale.  Il est crucial, à ses yeux, que les différents acteurs renoncent à la violence et trouvent des solutions par la négociation.  Elle a aussi dit suivre le processus de transition au Tchad et l’évolution de la situation en République centrafricaine (RCA). Avec le soutien de partenaires, dont la Russie, les autorités centrafricaines ont réussi à surmonter les forces qui entendaient obtenir un changement de pouvoir anticonstitutionnel par la force, s’est-elle félicitée, avant d’appeler le Conseil de sécurité à lever complètement l’embargo sur les armes imposé à la RCA.  Cette mesure est nécessaire pour renforcer la capacité de défense du pays, a insisté la déléguée, non sans rappeler que la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs plaide elle aussi pour une abolition de ces restrictions.  Enfin, la représentante s’est déclarée préoccupée par la gravité de la situation humanitaire en Afrique centrale, et notamment par les retombées du conflit soudanais sur les États voisins.  Tout en appelant à un appui international aux États de la sous-région en fonction des besoins accrus, elle a estimé qu’en matière de prévention des crises et de règlement des conflits, le rôle clef doit être joué par les États de la région eux-mêmes. 

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a encouragé le BRENUAC à continuer de soutenir les processus politiques dans la région.  Elle a souligné la nécessité d’une pleine participation des femmes à la vie politique et sociale, saluant les progrès accomplis à ce titre au Gabon et en Guinée équatoriale.  La déléguée a noté le caractère transfrontalier des défis que la région doit relever et plaidé, en conséquence, pour des réponses transfrontalières, notamment pour lutter contre le terrorisme et le trafic d’armes.  Elle a ensuite insisté sur les conséquences sécuritaires des changements climatiques, notamment l’aggravation des tensions communautaires.  Enfin, la représentante a résolument appuyé le travail du BRENUAC.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité des ONG adopte le rapport final de sa reprise de session 2023 et recommande l’octroi du statut consultatif spécial à 167 organisations

Session de 2023
29e séance plénière - matin
ONG/963

Le Comité des ONG adopte le rapport final de sa reprise de session 2023 et recommande l’octroi du statut consultatif spécial à 167 organisations

Le Comité des organisations non gouvernementales a adopté, ce matin, le rapport final de sa reprise de session 2023, recommandant ainsi au Conseil économique et social (ECOSOC) l’octroi du statut consultatif spécial à 167 ONG.

Au cours de cette reprise de session, le Comité a reporté 294 demandes pour un examen plus approfondi et classé sans préjudice 30 autres demandes, les ONG en question n’ayant pas répondu aux questions du Comité dans le délai de deux jours ouvrables (48 heures) avant le début de sa session, a fait savoir le Vice-Président du Comité, M. Daniel Zavala Porras du Costa Rica.  Le Comité a également pris notes de 277 des 392 rapports quadriennaux qui lui ont été présentés au cours de cette session.

L’ECOSOC a également été appelé à autoriser plusieurs ONG qui le souhaitent à intervenir devant lui.  Leur nom figure dans le document E/C.2/2023/CRP.56. 

Avant de clore ses travaux, le Comité a approuvé les dates révisées de sa reprise de session de 2024 qui se tiendra du 28 mai au 5 juin et le 14 juin. 

Le Comité, qui est composé de 19 États membres, peut recommander trois différents statuts consultatifs.  Le premier, le statut consultatif général est attribué aux grandes ONG internationales, dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Ces ONG sont habilitées à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions, et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour. 

Le statut consultatif spécial est réservé aux ONG qui travaillent dans un domaine spécifique et les autorise à soumettre des communications écrites et des pétitions à l’ECOSOC.  Enfin, la Liste va aux ONG qui travaillent d’une manière plus technique et/ou restreinte.  Elles ne peuvent soumettre au Conseil économique et social que des communications écrites. 

Le rapport entériné aujourd’hui contient six projets de décision qui seront transmis à l’ECOSOC pour approbation finale.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Plus de 60 délégations répondent à l’appel de l’UNRWA de lui donner les moyens financiers de s’acquitter de son mandat

Commission spéciale pour les annonces de contributions volontaires, Session de 2023,
Matin & après-midi
AG/12505

Plus de 60 délégations répondent à l’appel de l’UNRWA de lui donner les moyens financiers de s’acquitter de son mandat

Plus de 60 États Membres se sont engagés, aujourd’hui, à fournir un appui financier à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), soucieux d’aider l’entité, qui est au bord de l’abîme financier, à maintenir ses services au-delà du mois de septembre.

Les travaux de la Commission spéciale de l’Assemblée générale pour les annonces de contributions volontaires à l’UNRWA s’inscrivaient dans un contexte de déficit financier chronique de l’Office, aggravé par la nouvelle escalade des tensions dans la bande de Gaza, le tremblement de terre en Syrie, des niveaux de violence sans précédent en Cisjordanie, l’effondrement financier au Liban et la lente reprise économique en Jordanie suite à la pandémie de COVID-19. 

En l’absence de solution politique, il n’existe pas d’alternative réelle à l’UNRWA, a déclaré le Commissaire général de l’Office qui a précisé que l’UNRWA a urgemment besoin de 75 millions de dollars pour maintenir l’approvisionnement en nourriture de plus d’un million de personnes dans la bande de Gaza et de 30 millions de dollars pour maintenir l’aide financière et alimentaire à 600 000 réfugiés palestiniens en Syrie, au Liban et en Jordanie.

« Que ceux qui croient encore que l’UNRWA peut continuer à “se débrouiller”, sachent que la crise est bien réelle et que la plus grande menace existentielle est de continuer à en nier la gravité et de penser que le statu quo peut perdurer », a déclaré M. Philippe Lazzarini qui a alerté que sans les fonds nécessaires, d’ici à septembre, l’UNRWA ne sera plus en mesure d’assurer le fonctionnement de ses écoles, de ses cliniques et d’autres services vitaux.  Le Liban a mis en garde contre les risques de déstabilisation qu’un tel scénario représenterait pour la région. 

« On nous demande de fournir des services similaires à ceux d’un gouvernement, sans que nous ne recevions les moyens de le faire », a déploré le Commissaire général expliquant que le sous-financement chronique contraint déjà l’Office à des mesures d’austérité sévères qui affectent la qualité de ses services et limitent sa capacité à relever de nouveaux défis, notamment dans le domaine de l’éducation où il est difficile de faire face efficacement aux pertes d’apprentissage dues à la COVID-19 en raison d’un manque d’investissement. 

Venu s’exprimer au nom du Secrétaire général, son Chef de cabinet a alerté que les conséquences d’une nouvelle coupe budgétaire seraient « catastrophiques ».  Si l’avenir de l’UNRWA est en jeu, la vie de millions de réfugiés de Palestine l’est aussi, puisqu’ils dépendent de ses services essentiels dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’emploi, a indiqué M. Courtenay Rattray. 

Fort de ce constat, le Secrétaire général est déterminé à « remettre l’Office sur les rails » d’ici à septembre, a expliqué son Chef de cabinet qui a noté que l’incertitude financière de l’UNRWA est exacerbée par une explosion des besoins et la stagnation de son financement, certains de ses principaux donateurs ayant même fait part de leur intention de revoir leurs contributions à la baisse. 

Constatant que le modèle de financement l’UNRWA qui repose sur des contributions volontaires ne fonctionne plus, le Commissaire général a appelé les États Membres à développer des mécanismes qui garantissent la pleine capacité opérationnelle de l’UNWRA grâce à un financement adéquat, durable et prévisible.  L’option d’un financement sur le budget ordinaire de l’ONU et des contributions pluriannuelles ont été évoquées à plusieurs reprises, notamment par l’Allemagne.

« En tant qu’organe subsidiaire de l’Assemblée générale, et compte tenu de son mandat, l’UNRWA devrait être doté de ressources adéquates et ne pas être vulnérable à des changements politiques et financiers extrêmes », a renchéri l’État de Palestine qui a appelé la communauté internationale à faire preuve de volonté pour mettre fin à cette injustice historique.  Israël ne peut continuer de violer les droits des Palestiniens et enfreindre le droit international en toute impunité: il doit rendre des comptes. Jusqu’à ce que ce jour arrive, l’UNRWA reste indispensable, tout comme votre soutien collectif, a souligné la délégation.

Mettant un visage humain sur la situation, Ahmed Abu Daqqa et Leen Sharqawi, deux jeunes lycéens palestiniens et représentants élus de leurs écoles de l’UNRWA, ont rappelé haut et fort aux donateurs de l’Office que « c’est grâce à vos fonds que nous pourrons conserver nos écoles, notre éducation et notre espoir ».  Sous une salve d’applaudissements, ils ont demandé à l’assistance d’être à l’écoute des enfants réfugiés de Palestine qui sont de fiers élèves des écoles de l’UNRWA.  « S’il vous plaît, faites-nous confiance et donnez-nous notre chance », ont-ils supplié.  Le délégué koweïtien a rebondi sur leurs interventions en disant « rêver » du jour où il rendrait visite à Ahmed et Leen au parlement palestinien à Jérusalem-Est avec ses propres enfants. 

Venant leur prêter main forte, le Président de l’Assemblée générale, M. Csaba Kőrösi, a dit avoir visité le camp de Jabal el-Hussein à Amman il y a un mois où il a été témoin du travail exceptionnel mené par l’UNRWA.  Alors que l’Office s’apprête à célébrer ses soixante-quinze ans l’an prochain, M. Kőrösi a rappelé qu’à sa création, l’UNRWA était vouée à être un mécanisme temporaire chargé de fournir une aide immédiate aux Palestiniens déplacés.  Pourtant, nous voilà, trois quarts de siècle plus tard, sans issue au conflit et plaidant toujours pour un financement adéquat pour soutenir cette bouée de sauvetage vitale, a-t-il déploré. 

Le montant total des annonces de contributions sera publié sur le site Internet de l’UNRWA.

Montants annoncés par les délégations

L’Union européenne a annoncé son intention de maintenir sa contribution annuelle de 400 millions d’euros à l’Office, soit 40% de son budget. 

L’Égypte a soutenu le principe du financement de l’UNRWA par le budget ordinaire de l’ONU et a fait savoir elle contribuera à hauteur de 5 millions de dollars au financement de projets dans la bande de Gaza. 

Lui emboîtant le pas, la Malaisie a annoncé un soutien de 200 000 dollars. 

La Suède a promis de faire une contribution de 400 millions de couronnes cette année, soit environ 40 millions de dollars des États-Unis. 

L’Estonie a prévu de débourser 80 000 euros, tandis que le Bangladesh a annoncé une aide de 50 000 dollars.

Le Canada s’est engagé à verser à l’UNRWA 100 millions de dollars canadiens (74,4 millions de dollars) au cours des quatre prochaines années, ainsi que 3 millions de dollars canadiens (2,23 millions de dollars) pour 2023, en réponse à l’appel d’urgence humanitaire. 

De son côté, la République arabe syrienne a rappelé son soutien continu à l’UNRWA et aux réfugiés palestiniens présents sur son sol, de même que la Jordanie qui a demandé aux États Membres de résorber le déficit financier de l’UNRWA et d’assurer la pérennité du financement de ses programmes. 

Le Japon a indiqué vouloir maintenir un soutien financier fort à l’Office, en rappelant avoir contribué 40,1 millions de dollars en 2023 en plus de 800 000 dollars alloués à la réponse d’urgence au lendemain du tremblement de terre. 

Les États-Unis ont annoncé une contribution de 153,7 millions de dollars pour 2024, ce qui en fait le plus grand donateur de l’Office, avec 889 millions de dollars alloués depuis 2021.

La Grèce a annoncé une « contribution symbolique » de 40 000 euros. 

La Türkiye entend fournir 10 millions de dollars à l’UNRWA en 2023. 

L’Inde a rappelé avoir fourni 25 millions de dollars au cours des cinq dernières années. 

De son côté, la Suisse entend verser 20 millions de francs suisses (22 millions de dollars) pour les années 2023 et 2024 au budget-programme de l’UNRWA. Le pays compte également débourser 2 millions de francs suisses (2,2 millions de dollars) de plus pour cette année, ainsi que 1 million de francs suisse (1,1 million de dollars) pour l’appel d’urgence de l’UNRWA en faveur de ses programmes au Liban. 

L’Autriche a indiqué avoir déjà versé une contribution non préaffectée de 400 000 euros, et entend maintenir en 2023 sa contribution totale de 5,4 millions d’euros. 

Pour sa part, le Danemark a annoncé qu’il signera avec l’UNRWA un accord pluriannuel 2023-2027 d’une enveloppe totale de 75 millions de dollars non préaffectés. De plus, le programme bilatéral du Danemark avec la Palestine 2021-2025 permettra d’investir 65 millions de dollars.

La Roumanie a déjà apporté une contribution de 50 000 euros, et entend maintenir son financement annuel de 250 000 euros pour 2023. 

Après la Tunisie qui a fait part de son plein appui aux travaux de l’Office, la Norvège a annoncé une contribution de 300 millions de couronnes norvégiennes (27 millions de dollars) au budget-programme de l’UNRWA, soit 25 millions de couronnes (2,27 millions de dollars) plus que l’année dernière. 

De son côté, l’Australie a l’intention de fournir 20 millions de dollars australiens (13,23 millions de dollars) pour 2024. 

Monaco entend fournir 130 000 euros à l’UNRWA cette année, avant de verser 135 000 euros en 2024 et le même montant en 2025. 

Le Liechtenstein a promis 100 000 francs suisses (110 000 dollars), alors que la Chine s’est engagée à verser 1 million de dollars en 2023 à l’Office.

La contribution de la République de Corée s’élèvera cette année à 1,7 million de dollars pour le budget de base, soit 10 fois plus que le montant alloué l’année précédente. Une contribution pour les appels d’urgence sera annoncée en temps voulu. 

Le Royaume-Uni s’est engagé à verser 10 millions de livres (12,4 millions de dollars) à l’UNRWA en 2023.

La Thaïlande versera quant à elle une contribution pluriannuelle d’un montant total de 200 000 dollars pour la période 2022-2026, et a déjà accordé une contribution de 80 000 dollars pour l’appel d’urgence. 

La Slovénie a annoncé une contribution de 100 000 euros au budget-programme de l’UNRWA.   

Le Qatar a l’intention de verser 16 millions de dollars pour la période 2023-2024 (soit 8 millions pour 2023 et 8 millions pour 2024), un montant qui s’ajoute aux 50 millions de dollars versés en 2018 pour les secteurs de l’éducation et aux 12 millions alloués à la reconstruction de la bande de Gaza entre autres. 

Le Luxembourg prévoit d’augmenter sa contribution au budget-programme de l’UNRWA de 400 000 euros, pour la porter à 4,5 millions d’euros.  Cela s’inscrit dans une contribution de 12,3 millions d’euros pour la période de 2022 à 2024.  À cela s’ajoute une contribution de 3 millions d’euros pour un projet dans le domaine de la santé dans la bande de Gaza, pour la même période 2022-2024. 

L’Arabie saoudite a rappelé avoir contribué à hauteur de 1 milliard de dollars à l’UNRWA entre 2000 et 2023, en plus des 87 millions consacrés au financement de projets spécifiques. 

Chypre entend verser 100 000 euros à titre de contribution symbolique en faveur de l’UNRWA.  Les Maldives ont, quant à elles, salué le travail de l’Office. 

Après avoir versé 6 millions d’euros à l’UNRWA cette année, l’Irlande s’est engagée à allouer 2 millions d’euros additionnels, pour un total de 8 millions d’euros pour 2023. 

Outre sa part de la contribution de l’Union européenne, la France entend consacrer 33 millions d’euros à l’Office en 2023.  Sa contribution au budget- programme de l’UNRWA s’élève à 28 millions d’euros, une hausse de 22% par rapport à l’année précédente. 

L’Allemagne s’est engagée quant à elle à contribuer à hauteur de 117 millions d’euros à l’Office. 

Malte a annoncé son intention de faire une contribution à son budget sans en préciser le montant. 

Pour sa part, le Monténégro va verser cette année 10 000 dollars à l’Office. 

Le Liban a prévenu que le déficit financier chronique de l’Office représente une menace pour la stabilité des pays hôtes des réfugiés palestiniens qui traversent eux-mêmes des situations socioéconomiques difficiles, appelant dans la foulée les bailleurs de fonds de l’UNRWA à augmenter leurs contributions de manière durable et prévisible au budget-programme de l’Office.  La délégation a également épinglé les attaques politisées qui visent l’Office dans le but de le décrédibiliser. 

Le Koweït a promis 2 millions de dollars pour 2023.

Le Commissaire général de l’UNRWA a repris la parole en fin de matinée pour saluer le soutien des États, rappelant qu’il faudra faire plus d’efforts pour assurer un bon fonctionnement de l’Office jusqu’en fin d’année.  Il a indiqué que la célébration, l’an prochain, du soixante-quinzième anniversaire de l’UNRWA, sera l’occasion de discuter de son mandat et des moyens y afférents, dans un contexte où les soutiens dédiés à l’Office s’affaiblissent. 

Après Cuba et la Finlande, l’Indonésie a indiqué qu’au cours des cinq dernières années, elle a versé plus de 2 millions de dollars à l’UNRWA. 

En 2023, la Pologne soutiendra le budget général de l’UNRWA au moyen d’une contribution de 1 million de zlotys (230 000 dollars). 

Après avoir versé, en 2022, 6,25 millions d’euros à l’UNRWA, l’Espagne compte maintenir et, dans la mesure du possible, accroître son soutien en 2023. 

L’Islande a promis 50 millions de couronnes islandaises (355 000 dollars) en 2023, soit le double des fonds dédiés à l’UNRWA en 2022. 

Pour sa part, la Nouvelle-Zélande entend débourser 690 000 dollars en 2023. 

Les Philippines ont confirmé une contribution financière de 50 000 dollars pour le budget-programme 2023 de l’UNRWA. 

En 2023, la Belgique contribuera au budget de l’Office à hauteur de 11,5 millions d’euros, soit 7 millions au titre du financement de base, ainsi que de 4,5 millions qui seront affectés aux projets.

La Fédération de Russie a rappelé avoir prévu, en décembre 2021, de consacrer 10 millions de dollars à l’UNRWA jusqu’en 2026. 

Les Pays-Bas ont promis 19 millions d’euros pour trois ans à partir de cette année. 

Depuis 2020, la Lettonie a pris un engagement à long terme pour une contribution annuelle au budget de l’UNRWA, contribution qui pourrait augmenter à l’avenir. 

Les Émirats arabes unis ont prévu de débourser 4 millions de dollars au cours des deux prochaines années.  La Lituanie a promis 30 000 euros à l’UNRWA en 2023.

Après le Pakistan et Bahreïn, qui a rappelé son appui aux programmes de l’UNRWA, le Brésil a annoncé une contribution financière supplémentaire de 75 000 dollars au budget 2023 de l’UNRWA.

Le Saint-Siège a promis des dons pour l’éducation des enfants. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Péninsule coréenne: le Conseil de sécurité affiche à nouveau ses divisions après la tentative de la RPDC de lancer un satellite de renseignement militaire

9336e séance – après-midi 
CS/15304

Péninsule coréenne: le Conseil de sécurité affiche à nouveau ses divisions après la tentative de la RPDC de lancer un satellite de renseignement militaire

À l’initiative des États-Unis, de l’Albanie, de l’Équateur, de la France, du Japon, de Malte et du Royaume-Uni, le Conseil de sécurité s’est réuni cet après-midi, deux jours après le lancement raté d’un satellite de reconnaissance militaire par la République populaire démocratique de Corée (RPDC). 

La Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo, a rappelé que le mercredi 31 mai, la RPDC avait lancé une fusée transportant un satellite de reconnaissance militaire, qui s’est abîmée au large de la côte ouest de la péninsule coréenne à la suite de la séparation de son premier et de son deuxième étage. 

Si la RPDC a le droit de mettre sur orbite un satellite et de tirer profit des activités spatiales, les résolutions du Conseil lui interdisent expressément en revanche de procéder à des lancements utilisant la technologie des missiles balistiques, a rappelé la haute fonctionnaire, comme à sa suite le Ghana, le Gabon et l’Albanie.  « Peu importe si c’était un satellite, ou si le lancement a échoué.  Il s’agit d’une nouvelle violation des résolutions de ce Conseil », a tranché le Japon, en rappelant, comme la Suisse, que le Conseil a imposé cette interdiction à Pyongyang afin d’arrêter le développement illégal de son programme de développement d’armes nucléaires.  Dans une déclaration en date du 30 mai, le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, avait d’ailleurs fermement condamné le tir, appelant la RPDC à reprendre rapidement le dialogue pour amorcer une dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne. 

La RPDC avait déjà procédé à un lancement similaire le 7 février 2016.  En conséquence, le Conseil avait imposé de nouvelles sanctions et renforcé les mesures existantes à l’encontre de la RPDC en adoptant la résolution 2270 (2016).  La résolution 2397 (2017), la dernière en date mettant à jour le régime de sanctions contre la RPDC, réaffirme la décision du Conseil que ce pays « ne doit pas procéder à des lancements utilisant la technologie des missiles balistiques, à des essais nucléaires ou à toute autre provocation ».  Depuis, Pyongyang a considérablement intensifié ses activités de lancement de missiles en 2022 et 2023.

La plupart des membres du Conseil ont condamné le tir « imprudent » et « raté », comme l’a qualifié le Royaume-Uni.  Les États-Unis se sont dits déçus d’avoir à discuter d’une « nouvelle provocation » de la RPDC, alors qu’elle menace de réitérer l’expérience dans un proche avenir.  Le Japon s’est élevé contre ceux qui affirment que le Conseil ne devrait pas provoquer ce pays, mais plutôt chercher à atténuer les tensions, tandis que la France, l’Albanie et la Suisse ont appelé le Conseil à faire preuve d’unité sur ce dossier.

« Ne rien faire, ne pas réagir aux actions illicites de la RPDC, signifierait la normalisation des violations des résolutions au nez et à la barbe de ce Conseil », a prévenu Malte.  Sur le même ton, la République de Corée a exhorté le Conseil à parler d’une seule voix, car la RPDC cherche à tirer profit de sa paralysie pour avancer ses programmes nucléaire et balistique, a-t-elle mis en garde.

Par son comportement « irresponsable », la RPDC lance un défi à la communauté internationale dans son ensemble, a estimé l’Albanie, car elle « se sent et se sait protégée ».  La Chine et la Fédération de Russie ont rétorqué que les sanctions américaines à la RPDC avaient provoqué une détérioration de la situation.  La délégation russe a fait état de l’« activité militaire destructrice » des États-Unis, de la République de Corée et du Japon en Asie du Nord-Est, accusant aussi le Secrétariat de l’ONU de partialité.  Du point de vue de Moscou, la cause profonde de la « spirale » de tensions actuelle tient à la volonté de Washington et de ses alliés d’accroître la pression sur la RPDC dans le cadre d’une « dissuasion élargie ».  La Russie et la Chine ont enfin de nouveau rappelé l’existence de leur « plan d’action » pour un règlement global de la situation dans la péninsule.

En réponse, la délégation américaine a mis en garde contre les « fausses équivalences » entre les tirs de Pyongyang et les manœuvres militaires conjointes effectuées par les États-Unis et la République de Corée, justifiées selon eux par les provocations de Pyongyang.  « Il ne s’agit pas de savoir s’il y a deux camps au Conseil, mais plutôt de rappeler qu’il y a une partie visée par les sanctions du Conseil, à savoir la RPDC », ont-ils ajouté.  Il n’est pas question non plus pour eux d’alléger les sanctions à l’encontre de la RPDC, mais au contraire de réagir à ses « provocations ».

Les Émirats arabes unis se sont émus de la situation humanitaire dans le pays, en proie à des pénuries alimentaires croissantes, bien que le territoire soit toujours fermé à l’aide humanitaire.  C’est finalement le peuple de la RPDC qui paie le plus lourd tribut de ces tirs, a estimé le Royaume-Uni, pour qui son gouvernement détourne les ressources des besoins économiques fondamentaux de la population.

NON-PROLIFÉRATION: RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE

Déclarations

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a d’abord rappelé les faits ayant mené à la réunion du jour.  À 6 h 37, heure locale, le 31 mai, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a lancé ce qu’elle a décrit comme un satellite de reconnaissance militaire.  Cette fusée s’est abîmée au large de la côte ouest de la péninsule coréenne, après avoir perdu sa poussée, à la suite de la séparation de son premier et de son deuxième étage.  La RPDC a attribué l’échec du tir à la faible fiabilité d’un « nouveau type de système de moteur et de carburant » non spécifié, et les médias officiels de ce pays ont déclaré qu’un second tir aurait lieu au plus tôt.  Le 30 mai, la RPDC a envoyé une notification préalable au lancement à l’Organisation maritime internationale (OMI).  D’autres organisations internationales, dont l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) et l’Union internationale des télécommunications (UIT), n’ont pas été informées. 

Comme l’affirme la RPDC, a repris Mme DiCarlo, un État souverain a tout à fait le droit de lancer un satellite et de tirer profit des activités spatiales.  Toutefois, « les résolutions du Conseil interdisent expressément à la RPDC de procéder à des lancements utilisant la technologie des missiles balistiques ».  Le 30 mai, a-t-elle aussi rappelé, le Secrétaire général a fermement condamné le lancement par la RPDC d’un satellite utilisant précisément cela.  La Secrétaire générale adjointe a donc appelé la RPDC à s’abstenir de procéder à d’autres lancements de satellites utilisant cette technologie et à reprendre rapidement le dialogue pour atteindre l’objectif d’une paix durable et d’une dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne.

La RPDC avait déjà procédé à un lancement similaire le 7 février 2016, et dans sa résolution 2270 (2016), le Conseil a justement condamné ce lancement, commis en violation des résolutions pertinentes.  Le 29 mai, la RPDC a justifié sa nécessité de lancer un satellite de reconnaissance militaire pour réagir aux exercices militaires en cours dans la région, mais Mme DiCarlo a rappelé que le développement d’un satellite de reconnaissance militaire faisait partie du plan quinquennal de développement militaire de la RPDC, plan dévoilé en janvier 2021, soit bien avant la reprise des exercices militaires dans la région. 

Conformément à son plan quinquennal, la RPDC a considérablement intensifié ses activités de lancement de missiles en 2022 et 2023, avec notamment plus de 80 tirs utilisant la technologie des missiles balistiques.  Pyongyang a déclaré que ces tirs concernaient des systèmes dotés d’armes nucléaires, y compris des armes nucléaires dites « tactiques ». En outre, la RPDC a continué à faire référence à l’utilisation possible d’armes nucléaires depuis la dernière réunion du Conseil.  Par ailleurs, le rapport final du Groupe d'experts fait état d’informations selon lesquelles les « activités cybernétiques illicites » attribuées à des acteurs affiliés à la RPDC se poursuivent et s’intensifient, en particulier le vol de cryptomonnaies.

Dans la péninsule coréenne, la coopération doit prévaloir, a appuyé Mme DiCarlo.  Elle a salué l’engagement du Conseil, exprimé dans la résolution 2397 (2017), en faveur d’une solution pacifique, globale, diplomatique et politique à la situation dans la péninsule coréenne.  Jugeant la diplomatie -et non l’isolement– comme la seule voie à suivre, elle a déploré « un manque d’unité et d’action » au sein du Conseil ne contribuant guère à ralentir la trajectoire négative de la péninsule.

M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) s’est dit déçu d’avoir à discuter d’une nouvelle provocation de la RPDC, qui constitue une violation directe des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Il a rappelé le mandat de ce dernier d’agir face à ces violations répétées, sachant que Pyongyang menace maintenant de procéder à un nouveau tir « dès que possible ».  Mais forte du soutien de ses deux fervents défenseurs au sein du Conseil, la RPDC affirme qu’ils sont justifiés.  Rien n’a poussé la RPDC à procéder à ces tirs ou à menacer de procéder à un autre tir, si ce n’est son désir de parfaire sa technologie, qui a échoué cette semaine.

Le représentant a demandé à ce pays de s’engager dans des négociations sans conditions préalables. Tant qu’il se sentira enhardi par le silence du Conseil, tant qu’il fera fi des résolutions du Conseil de sécurité et du régime de non-prolifération, il continuera à choisir les munitions plutôt que l’alimentation.  Dans le même temps, alors que la Chine et la Russie réaffirment leur attachement à une solution politique à la crise dans la péninsule coréenne, ces pays estiment qu’une action du Conseil ou la tenue d’une séance relève de la provocation.  Il a accusé ces deux délégations de procéder à de fausses équivalences entre les tirs de Pyongyang et les manœuvres militaires conjointes effectuées par les États-Unis et la République de Corée, qui ne sont pour le représentant rien d’autre qu’une défense justifiée face aux provocations de Pyongyang.  La RPDC se sert de cela comme prétexte pour promouvoir son programme de missiles balistiques et d’armes de destruction massive.  Face à la menace croissante posée par la RPDC et l’inaction du Conseil, il est absolument hallucinant que certains s’imaginent que les États-Unis et d’autres resteront les bras croisés, a prévenu le représentant.  « Nous utiliserons nos alliances et nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour garantir notre sécurité », a-t-il mis en garde, avant de demander à tous les membres du Conseil de se joindre aux États-Unis pour condamner cette attitude illégale et empêcher que la RPDC ne procède pas à un autre tir. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a condamné sans réserve le tir par la RPDC d’un satellite de reconnaissance militaire utilisant la technologie des missiles balistiques.  Ce tir s’est certes soldé par un échec, mais il représente une nouvelle tentative de violation des résolutions du Conseil de sécurité, a-t-il dénoncé, estimant que, par son comportement irresponsable, la RPDC lance un défi à la communauté internationale dans son ensemble.  Notant que la RPDC prévoit de procéder à un nouveau lancement sous peu, le représentant a constaté que le « régime nord-coréen » s’enhardit et poursuit son escalade.  Selon lui, la RPDC ne fait que mépriser les résolutions du Conseil la concernant car elle « se sent et se sait protégée ».  À ce sujet, le délégué a jugé regrettable que la majorité du Conseil ne soit pas entendue, alors qu’elle demande un arrêt immédiat et complet de ces provocations.  « Si nous n’agissons pas tout de suite, il sera bientôt trop tard », a-t-il averti, déplorant que, par son inaction, le Conseil semble dire que ces actions sont « sans conséquences ».  Ce faisant, le Conseil ne fait pas entendre à la RPDC que sa politique menace les pays voisins et ne permet aucunement pas de régler la crise.  Le Conseil échoue par conséquent à assumer sa responsabilité et entame sa crédibilité, a poursuivi le représentant, pour qui le monde n’a pas besoin d’une escalade supplémentaire, mais de négociations et d’une diplomatie de bonne foi pour que cesse ce programme d’armes de destruction massive.  Le Conseil peut apporter sa pierre à cet édifice s’il agit de manière unie, en apportant une réponse concertée, a-t-il conclu. 

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a condamné la tentative de lancement d’un satellite de reconnaissance par la RPDC, ainsi que les violations des résolutions du Conseil commises par ce pays.  Il a lui a demandé d’abandonner son programme nucléaire et balistique.  Tous les États ont l’obligation de procéder à l’exploration de l’espace extra-atmosphérique de manière pacifique, a dit le délégué.  « Ce Conseil doit prendre des mesures et s’exprimer d’une seule et même voix », a-t-il poursuivi.  Enfin, le représentant de l’Équateur a appelé à la cessation des actes et discours belliqueux, plaidant pour un approfondissement du dialogue, en vue d’une atténuation des tensions dans la péninsule coréenne.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a condamné le lancement « imprudent » et « raté » d’un satellite de reconnaissance militaire par la RPDC le 30 mai 2023, en violation des résolutions du Conseil.  Ce tir fait suite à neuf séries d’essais de missiles balistiques depuis le début de l’année 2023, dont un essai de missile balistique intercontinental à combustible solide en avril, a-t-il souligné. Tous ces essais s’inscrivent dans le cadre d’efforts inconsidérés de la RPDC pour se doter de capacités nucléaires et de missiles balistiques avancés, avec lesquels elle cherche à menacer ses voisins, selon le délégué britannique.  Et c’est le peuple de la RPDC qui en paie le prix le plus élevé, car son gouvernement détourne les ressources des besoins économiques fondamentaux de la population. 

Jugeant ce comportement inacceptable, le représentant a exhorté tous les États Membres à appliquer pleinement les résolutions existantes et à s’opposer à la poursuite du développement des programmes d’armement illégaux de la RPDC. Il a également exigé de cette dernière qu’elle cesse ces lancements, reprenne le dialogue et prenne des mesures crédibles en faveur de la dénucléarisation et de la paix. 

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a condamné le dernier lancement effectué par la RPDC, y voyant une menace pour la paix et la sécurité du Japon, de la région et de l’ensemble de la communauté internationale.  « Peu importe de savoir si c’était un satellite ou si le lancement a échoué.  Il s’agit d’une nouvelle violation des résolutions de ce Conseil », a martelé le représentant.  Rappelant que le Conseil de sécurité a interdit les lancements utilisant la technologie des missiles balistiques afin d’arrêter le développement illégal par la RPDC d’armes nucléaires et de leurs vecteurs, il a fait observer que les lanceurs spatiaux de ce pays utilisent la même technologie que les missiles balistiques et peuvent porter des ogives nucléaires.  Il a d’autre part rappelé qu’à la suite de l’« échec » de ce dernier lancement, la RPDC a annoncé son intention de lancer prochainement un autre satellite de reconnaissance militaire.  Face à ce manque de respect envers la Charte des Nations Unies, il a exhorté tous les membres du Conseil à se joindre à l’appel du Secrétaire général pour qu’il soit mis fin à de tels actes. 

Après avoir une nouvelle fois regretté le silence et l’inaction du Conseil face aux violations répétées de la RPDC, le représentant s’est élevé contre ceux qui soutiennent que l’organe onusien ne devrait pas provoquer ce pays, mais devrait plutôt chercher à apaiser les tensions.  « Notre silence n’a fait qu’encourager, et continuera d’encourager, les contrevenants à agir comme ils l’entendent », a-t-il affirmé, appelant le Conseil à s’acquitter de sa responsabilité et à ne pas détourner le regard des violations de ses propres résolutions.  Le délégué a également jugé regrettable que le régime nord-coréen continue de dépenser d’énormes ressources pour ses programmes nucléaires et de missiles illégaux, tout en sacrifiant le bien-être de sa population.  Il a donc exhorté la RPDC à cesser ses lancements, à se conformer immédiatement et pleinement à toutes les résolutions pertinentes, à s’engager dans la diplomatie et à accepter les offres répétées de dialogue, demandant en outre à tous les membres du Conseil et aux États Membres de se joindre à cet appel. 

Mme FRANCESCA MARIA GATT (Malte) a fermement condamné la tentative de lancement d’un satellite de reconnaissance par la RPDC.  Elle a dénoncé le comportement irresponsable de la RPDC, qui sape les efforts de non-prolifération.  Elle a également demandé à la RPDC d’abandonner son programme nucléaire et balistique.  Face aux violations flagrantes de Pyongyang, les membres du Conseil doivent dire clairement que ce genre d’action est inacceptable, a dit la déléguée: « Ne rien faire, ne pas réagir aux actions illicites de la RPDC, signifierait la normalisation des violations au nez et à la barbe de ce Conseil. »  Enfin, vivement préoccupée par la situation humanitaire en RPDC, elle a exhorté les autorités de ce pays à faciliter l’acheminement d’une aide.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a condamné fermement la nouvelle action provocatrice et déstabilisatrice de la Corée du Nord.  Au vu de la grande proximité des technologies employées lors des lancements spatiaux et des tirs balistiques, ce lancement d’un satellite militaire témoigne de la poursuite du programme nord-coréen, au mépris des décisions du Conseil de sécurité, a-t-il décrié, déplorant en outre une volonté de poursuivre l’escalade.  Il a appelé le Conseil à répondre de manière unie à cette nouvelle violation de ses résolutions, exhortant ensuite la Corée du Nord à se conformer sans délai à ses obligations et à revenir à la table des négociations en donnant suite aux offres de dialogue qui lui ont été présentées à plusieurs reprises.

M. JESWUNI ABUDU-BIRRESBORN (Ghana) s’est dit gravement préoccupé par le tir par la RPDC d’un satellite militaire, en violation de plusieurs résolutions du Conseil. Il s’agit, selon lui, d’une confirmation inquiétante de l’accélération spectaculaire de son programme d’armement. C’est également un reflet inquiétant de sa détermination à atteindre ses objectifs stratégiques.  Le rapport final 2023 du Groupe d’experts issu de la résolution 1718 (2006) montre clairement que la RPDC cherche activement et assidûment à augmenter de manière exponentielle sa production d’armes nucléaires, en particulier d’armes nucléaires tactiques de plus petite taille. Regrettant que face à ces menaces à la paix et à la sécurité mondiales, le Conseil ne fasse pas preuve d’unité, malgré les nombreuses séances sur la RPDC cette année et en 2022, le délégué ghanéen a encouragé tous ses membres à remédier à cela.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a condamné le lancement d’un satellite de reconnaissance par la RPDC et appelé à la désescalade pour mettre fin à ce cycle infernal pour les populations et pour la navigation marchande dans la péninsule coréenne.  Il a observé avec beaucoup d’inquiétude la tendance périlleuse à la banalisation et à l’acceptation du risque nucléaire dans les antagonismes entre puissances.  En effet, le contexte actuel, marqué par un durcissement et une radicalisation des positions, est de nature à conduire à terme certains États à reconsidérer leur position de neutralité en matière de défense militaire ou d’équipement nucléaire, a-t-il analysé.  Le représentant a appelé le Conseil à se pencher sérieusement sur la situation sécuritaire intenable de la péninsule coréenne, jugeant en outre fondamental et urgent que l’ensemble des parties puissent dialoguer de bonne foi pour trouver une solution définitive à même de garantir la sécurité et la coexistence pacifique dans la région.

M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) a souligné que tout tir recourant à la technologie des missiles balistiques par la RPDC constituait une violation des résolutions du Conseil.  Que la dernière fusée ait été destinée à mettre en orbite un satellite d’observation militaire plutôt qu’à transporter une arme de destruction massive, et qu’une annonce préalable de la trajectoire ait été faite alors que les tirs des dernières années étaient non annoncés, ne changent en rien le fait qu’il s’agit d’une violation du droit international, a raisonné l’orateur.  Face à cela, il est du devoir du Conseil de condamner ce dernier lancement, et d’y répondre, en exhortant la RPDC à renoncer à toute tentative future de lancement. 

Le représentant a par ailleurs constaté que les lourdes restrictions mises en place par la RPDC en lien avec la pandémie entravent encore gravement l’aide humanitaire internationale.  À la suite de l’annonce de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) déclarant la fin de la pandémie de COVID-19 en tant qu’urgence de santé publique de portée internationale, il a espéré la réouverture des frontières de la RPDC afin de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire. 

M. DOMINGOS ESTÊVÃO FERNANDES (Mozambique) a constaté que, bien qu’infructueux, le lancement d’un « énième satellite » par la RPDC confirme la persistance de tensions dans la péninsule coréenne, ce qui, selon lui, pourrait conduire à des erreurs de calcul et à des affrontements, ainsi qu’à l’érosion du respect des régimes de non-prolifération dans la région.  Dans ce contexte, le représentant a réitéré son appel à la RPDC pour qu’elle respecte les résolutions du Conseil de sécurité et coopère à la désescalade d’une situation déjà tendue.  Il s’est par ailleurs déclaré préoccupé par l’absence de progrès sur ce dossier, avant d’appeler le Conseil à s’acquitter de ses responsabilités en vue d’une reprise du dialogue.  À ses yeux, il subsiste une « fenêtre d’opportunité » pour persuader la RPDC de s’abstenir d’actes de provocation et de revenir à la table des négociations.  Il a donc exhorté le Conseil à se montrer à la hauteur de son rôle et de son mandat en encourageant la désescalade et la recherche de solutions diplomatiques. 

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a déploré le tir de la RPDC le 30 mai et exhorté ce pays à se conformer à ses obligations en vertu des résolutions du Conseil.  S’il a apprécié qu’une notice de lancement préalable ait été transmise à l’Organisation maritime internationale afin d’atténuer les risques pour les populations du Japon et de la République de Corée, le délégué n’en a pas moins rappelé l’illicéité de ce tir.  Il a souligné la dangerosité de la situation actuelle, toute erreur de calcul pouvant avoir des conséquences dévastatrices.  À cette aune, il a appelé à œuvrer pour une atténuation des tensions et des risques d’escalade.  « Nous continuons de penser que l’engagement, et non l’isolement, constitue notre meilleure chance pour une péninsule coréenne pacifique, stable et dénucléarisée. »

M. GENG SHUANG (Chine) s’est déclaré préoccupé par l’aggravation des tensions dans la péninsule coréenne tout en appelant à examiner la situation dans son contexte.  Il a relevé que les préoccupations sécuritaires légitimes de la RPDC n’ont pas été résolues et que les sanctions imposées par les États-Unis ont provoqué une détérioration de la situation.  Le représentant a exhorté les parties à faire preuve de retenue et à trouver une solution politique pour répondre aux préoccupations légitimes de chacun par le biais d’un dialogue significatif capable de déboucher sur la dénucléarisation de la péninsule.  Il a jugé contre-productif de pointer une partie et d’ignorer ce que font les autres. Cela ne fera qu’exacerber les conflits, aggraver les provocations et engendrer davantage d’incertitudes dans une situation déjà tendue, a-t-il mis en garde.  Au contraire, il faut promouvoir la désescalade pour établir une confiance mutuelle.  Il a évoqué le projet de résolution sur la RPDC dont la Chine et la Russie sont coauteurs, expliquant que celui-ci a pour objectif de résoudre les problèmes de moyen de subsistance de la population, et d’appuyer une reprise du dialogue. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) s’est tout d’abord étonnée que ni aujourd’hui, ni dans la déclaration du Secrétaire général concernant le lancement, il ait été question de « l’activité militaire destructrice » des États-Unis, de la République de Corée et du Japon en Asie du Nord-Est.  Elle a regretté que ces éléments importants soient complètement ignorés par le Secrétariat de l’ONU, qui, selon elle, devrait adopter une position impartiale et objective.  Elle a ensuite rappelé que la Fédération de Russie a toujours préconisé un examen complet de la situation dans la péninsule coréenne et de tous les facteurs qui l’influencent, qualifiant de contre-productives les tentatives visant à présenter une « image unilatérale » de ce qui s’y passe.  Cela va à l’encontre de la tâche confiée aux membres du Conseil, à savoir une réponse objective et impartiale aux menaces à la paix et à la sécurité internationales, et ne fait que nous éloigner d’une solution à la problématique de la péninsule coréenne, a-t-elle fait valoir. Pour la déléguée, la cause profonde de la « spirale » de tension actuelle réside dans le désir des États-Unis et de leurs alliés d’accroître la pression sur la RPDC dans le cadre d’une « dissuasion élargie ». 

À cet égard, la représentante a mis en garde contre les conséquences « extrêmement négatives » des exercices militaires en cours dans la sous-région. Elle a indiqué que, le 25 mai dernier, les États-Unis et la République de Corée ont mené des tirs réels près de la frontière avec la RPDC, dans le cadre de manœuvres impliquant des milliers de militaires et plusieurs centaines de systèmes d’armes.  Ces manœuvres ne sont que les premières d’une série d’exercices américano-sud-coréens prévus jusqu’à la mi-juin, a-t-elle ajouté, estimant que de telles actions ont un effet déstabilisateur non seulement en Asie du Nord-Est mais aussi dans toute la région Asie-Pacifique.  Selon elle, un autre exemple en est les récents accords américano-sud-coréens sur l’utilisation des armes nucléaires, qui ne feront qu’aggraver encore les tensions et provoquer une course aux armements.

La déléguée a ensuite rappelé que son pays s’oppose systématiquement à toute activité militaire mettant en danger la sécurité de la péninsule coréenne et à l’utilisation croissante et inhumaine de sanctions.  Ces mesures unilatérales non seulement bafouent la souveraineté et les intérêts légitimes des pays ciblés et contredisent les règles du commerce international, mais compromettent également l’intégrité des restrictions convenues par le Conseil, a-t-elle souligné, non sans relever que les résolutions de ce dernier sur la RPDC prévoient la recherche d’un règlement politique et diplomatique.  Constatant l’absence d’autres solutions acceptables, elle a souhaité attirer à nouveau l’attention du Conseil sur le plan d’action russo-chinois pour un règlement global de la situation dans la péninsule coréenne, qui « implique des mesures concrètes des États concernés, dans un sens comme dans l’autre », y compris de la RPDC.  Affirmant ne pas être sûre que Washington soit prêt à avoir une discussion constructive avec Pyongyang, elle a appelé l’Administration américaine à prendre des mesures concrètes en vue d’une reprise du dialogue.  Enfin, après s’être déclarée convaincue que le Conseil peut également jouer un rôle positif « si les discussions en son sein sont constructives et globales », elle a assuré que le projet de résolution politico-humanitaire de la Fédération de Russie et de la Chine « reste sur la table ». 

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a fermement condamné le tir, enjoignant la RPDC à s’abstenir de toute provocation dangereuse ou illégale.  Qualifiant le danger et la crainte causés pour les pays voisins d’inacceptables et d’injustifiables, elle a lancé un appel à ce pays pour qu’il respecte les résolutions pertinentes, soit l’interdiction d’utiliser la technologie issue de tirs de missiles balistiques, qui peuvent contribuer à accélérer son programme de développement d’armes de destruction massive.  Préoccupée par les capacités de nucléarisation de Pyongyang, la déléguée émirienne lui a demandé de nouveau de miser sur la « diplomatie » et le « dialogue ».  Elle s’est aussi dite préoccupée par la situation humanitaire dans le pays, en proie à des pénuries alimentaires croissantes, bien que le territoire soit toujours fermé à l’aide humanitaire.  La déléguée a enfin enjoint le Conseil de sécurité à « retrouver une unité » sur ce dossier.

Reprenant la parole, M. WOOD (États-Unis) a tout d’abord observé qu’à aucun moment, le représentant de la Chine n’a condamné le tir spatial de la RPDC, alors même qu’il constitue une violation flagrante des résolutions du Conseil.  Notant ensuite qu’il a été fait mention de l’accord-cadre conclu par son pays avec la RPDC dans les années 1990, il a rappelé qu’à l’époque, la RPDC respectait globalement cet accord tout en mettant en place un programme d’enrichissement clandestin de l’uranium.  S’agissant d’autre part de la déclaration de Washington, qui a été évoquée par certains, il a assuré qu’elle visait à réagir à l’activité déstabilisatrice de la RPDC dans le cadre de son programme, et non l’inverse. « Il ne s’agit pas de savoir s’il y a deux côtés au Conseil, mais plutôt de rappeler qu’il y a une partie visée par les sanctions du Conseil, à savoir la RPDC », a-t-il fait valoir. S’agissant du projet de résolution politico-humanitaire de la Russie et de la Chine, le représentant a jugé difficile d’imaginer que l’on doive alléger les sanctions à l’encontre de la RPDC alors qu’il faut au contraire réagir à ses provocations.  Il a par ailleurs assuré que la coopération entre son pays et la République de Corée ne viole aucun traité que ce soit.  Le délégué a enfin indiqué que les États-Unis sont prêts à nouer un dialogue sans condition avec la RPDC pour discuter des divergences de vues, mais qu’elle a rejeté cette proposition à plusieurs reprises. 

Réagissant à l’intervention des États-Unis, M. GENG (Chine) a de nouveau souligné que les préoccupations sécuritaires de la RPDC n’ont pas été réglées, la méfiance entre les deux parties ayant été exacerbée par les exercices militaires des États-Unis dans la région.  Si les États-Unis poursuivent sur cette voie, cela ne fera que provoquer la RPDC, a-t-il mis en garde, appelant à faire preuve de volonté politique, de souplesse et d’une ouverture au dialogue. 

M. JOONKOOK HWANG (République de Corée) a condamné dans les termes les plus vigoureux la tentative de mise sur orbite d’un satellite de reconnaissance par la RPDC. « Le régime a toujours eu l’obsession de lancer un tel satellite depuis le dévoilement de son plan quinquennal de développement militaire en date de 2021. »  Les allégations avancées par Pyongyang et sa poignée de soutiens, selon lesquelles de telles provocations découleraient des exercices militaires conjoints de mon pays et des États-Unis, ne sont pas conformes aux faits, a-t-il tranché.  « La RPDC fait ce qui lui plaît. »  Il a fustigé la défense de ce tir faite par la sœur du dirigeant de la RPDC, qui a prétendu qu’interdire à son pays de le faire relève du gangstérisme.  Un couteau dans une cuisine est un ustensile pour les gens ordinaires, mais un outil dangereux entre les mains de criminels, a-t-il ironisé, en estimant que ce tir est une violation flagrante des résolutions du Conseil.  Il a exhorté ce Conseil à ne pas rester silencieux et à parler d’une seule voix. La RPDC cherche en effet à tirer profit de la paralysie du Conseil pour avancer ses programmes nucléaire et balistique, pourtant illicites, a-t-il tranché.  Enfin, il a insisté sur l’efficacité des sanctions prises contre ce pays et exhorté tous les pays à les appliquer.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le mandat de la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS) prorogé jusqu’au 3 décembre 2023

9337e séance, après-midi
CS/15306

Conseil de sécurité: le mandat de la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS) prorogé jusqu’au 3 décembre 2023

Le Conseil de sécurité a, ce matin, décidé de proroger, jusqu’au 3 décembre 2023, le mandat de la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS).  Par la résolution 2685 (2023), adoptée à l’unanimité de ses 15 membres, le Conseil prie également le Secrétaire général de continuer de lui faire rapport tous les 90 jours sur l’exécution du mandat confié à la MINUATS, le prochain rapport devant lui être communiqué d’ici au 30 août. 

Le Royaume-Uni, qui avait présenté ce texte, a estimé que cette adoption donnera au Conseil le temps nécessaire d’évaluer la capacité de la MINUATS à s’acquitter de sa mission, dans un contexte marqué par les affrontements entre les Forces armées soudanaises et les Forces d’appui rapide. 

S’exprimant également au nom des autres membres africains (Ghana et Mozambique) du Conseil, le Gabon a en effet constaté un risque accru de guerre civile au Soudan.  Persuadé que la présence de la MINUATS est plus que jamais importante pour relever les défis auxquels le Soudan est confronté, les A3 ont appelé les parties à un cessez-le-feu immédiat, soulignant que le plan proposé de l’Union africaine constituait la feuille de route idoine pour une sortie pacifique du conflit, comme le mentionne la déclaration à la presse rendue publique aujourd’hui par la Présidence du Conseil, saluée par Malte.  La Suisse a appuyé la mise en œuvre de cette feuille de route. 

Les États-Unis se sont dit « très satisfaits » par la prorogation de six mois supplémentaires du mandat de la MINUATS, regrettant cependant que le Conseil n’ait pu aboutir à un consensus sur la portée de ce mandat, « pourtant plus nécessaire que jamais ».  Des recommandations relevant du bon sens ont été faites pour permettre une cessation des hostilités, mais d’autres membres n’étaient pas d’accord avec cette approche.  La délégation américaine a espéré qu’au cours des mois à venir, le Conseil pourrait tomber d’accord sur une résolution permettant à la Mission d’agir comme il se doit pour fournir une aide humanitaire, protéger les droits humains et favoriser une reprise du processus de transition au Soudan. 

Jugeant important, à l’instar des Émirats arabes unis, de maintenir la MINUATS dans les difficiles circonstances actuelles, le Japon s’est dit consterné par la lettre du Soudan demandant le retrait du Représentant spécial et Chef de la Mission, M. Volker Perthes.  La Chine a appelé le Conseil à s’appuyer sur les acteurs régionaux en vue d’un règlement de la situation, considérant que les sanctions ne feront que l’aggraver.  Pointant les risques de contagion pour les pays voisins, la Fédération de Russie a également privilégié la piste d’un soutien aux efforts régionaux.  La MINUATS doit de son côté tenir compte des préoccupations du pays hôte, afin de pouvoir s’acquitter de son mandat, a recommandé la délégation russe.

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Texte du projet de résolution (S/2023/399)

Le Conseil de sécurité,

Réaffirmant toutes ses résolutions antérieures, toutes les déclarations de sa présidence et toutes ses déclarations à la presse concernant la situation au Soudan,

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’unité, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale du Soudan,

Prenant acte du rapport du Secrétaire général sur la situation au Soudan et les activités de la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS) (S/2023/355),

1.    Décide de proroger jusqu’au 3 décembre 2023 le mandat de la MINUATS tel qu’énoncé au paragraphe 3 de la résolution 2579 (2021) qu’il a déjà prorogé par la résolution 2636 (2022);

2.    Prie le Secrétaire général de continuer de lui faire rapport tous les 90 jours sur l’exécution du mandat confié à la MINUATS, tel que défini dans la résolution 2579 (2021), le prochain rapport devant lui être communiqué d’ici le 30 août;

3.    Décide de rester saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité proroge de 12 mois l’embargo sur les armes applicable en Libye

9335e séance – matin
CS/15303

Le Conseil de sécurité proroge de 12 mois l’embargo sur les armes applicable en Libye

Le Conseil de sécurité a, ce matin, reconduit pour 12 mois supplémentaires l’embargo sur les armes applicable en Libye.  En adoptant la résolution 2684 (2023), par 14 voix pour et l’abstention de la Fédération de Russie, le Conseil a décidé de prolonger, pour un an de plus, les autorisations prévues par la résolution 2635 (2022), dernière en date depuis l’imposition d’un embargo à la Libye en 2011. 

En adoptant ce texte, présenté par la France et Malte, le Conseil réaffirme que le terrorisme, sous toutes ses formes et manifestations, constitue une des menaces les plus graves pour la paix et la sécurité.  Il prie en outre le Secrétaire général de lui faire rapport six et onze mois après l’adoption de la présente résolution. 

La Fédération de Russie a expliqué son abstention en rappelant qu’une seule organisation régionale est chargée de la surveillance maritime de cet embargo. Or, l’opération navale « Irini » de l’Union européenne a démontré un faible niveau d’efficacité en termes de facilitation de la mise en œuvre des dispositions prévues, a affirmé la déléguée russe.  Elle a dénoncé le triomphalisme avec lequel les quelques saisies sont présentées, jugeant hâtives les conclusions tirées quant à leur nature militaire.  L’UE ne cherche en réalité qu’à renforcer sa présence en Méditerranée et à privatiser les efforts de surveillance de l’embargo, a encore avancé la délégation russe, pour qui il apparaît peu pertinent de confier la surveillance à ce seul acteur.

LA SITUATION EN LIBYE

Texte du projet de résolution (S/2023/388)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant sa résolution 1970 (2011) imposant l’embargo sur les armes à la Libye et toutes ses résolutions ultérieures sur la question,

Rappelant également ses résolutions 2292 (2016), 2357 (2017), 2420 (2018), 2473 (2019), 2526 (2020) 2578 (2021) et 2635 (2022) concernant le strict respect de l’embargo sur les armes en haute mer au large des côtes libyennes,

Réaffirmant sa résolution 2656 (2022),

Sachant le rôle important que jouent les pays voisins et les organisations régionales,

Conscient que la Charte des Nations Unies lui confie la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales,

Réaffirmant que le terrorisme, sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, constitue l’une des menaces les plus graves contre la paix et la sécurité,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Décide de prolonger les autorisations visées dans la résolution 2635 (2022) pour une nouvelle période de douze mois à compter de la date de la présente résolution;

2.    Prie le Secrétaire général de lui faire rapport six et onze mois après l’adoption de la présente résolution, sur l’application de celle-ci;

3.    Décide de rester activement saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Président élu de la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale parie sur l’éducation, « le grand libérateur », pour renforcer les sociétés

Soixante-dix-septième session,
74e séance - matin
AG/12504

Le Président élu de la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale parie sur l’éducation, « le grand libérateur », pour renforcer les sociétés

« C’est l’éducation qui m’a amené à cet endroit et finalement, à ce podium », a déclaré ce matin M. Dennis Francis après son élection à présidence de la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale des Nations Unies.  Actuel Représentant permanent de Trinité-et-Tobago auprès des Nations Unies, M. Francis, qui prêtera serment au cours de la dernière séance de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale en septembre, a placé son mandat sous le thème « Paix, prospérité, progrès et durabilité ». 

Le Président élu s’est dit fier et comblé d’être né dans un pays, Trinité-et-Tobago, qui, depuis près de 70 ans, accorde la plus haute valeur à l’éducation, dont il a vanté les vertus de « grand libérateur », élevant les gens vers des niveaux sociaux et économiques meilleurs, et renforçant ainsi la société. C’est pourquoi, dans le contexte de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), il a appelé à faire le choix pragmatique de sauver des enfants et des jeunes d’une défaite quasi certaine, en leur offrant, par le biais de l’éducation, « la possibilité de choisir et donc la capacité de se réaliser, pour leur propre bénéfice et celui de leurs communautés et sociétés ». 

Le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a souligné que le nouveau Président arrive à un moment extrêmement délicat pour la famille humaine.  Les conflits, la crise climatique, l’aggravation de la pauvreté, de la faim et des inégalités exacerbent les divisions et mettent en péril « notre plan d’action pour un avenir meilleur », le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  M. Francis apporte, a-t-il dit, un vaste ensemble de compétences, d’expériences et de connaissances pour mener à bien cette tâche essentielle, en plus d’un point de vue crucial sur les défis qui touchent de plein fouet les petits États insulaires en développement (PEID).  Comme tous les intervenants à la séance, le Secrétaire général a également salué le travail accompli par le Président de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale, M. Csaba Kőrösi. 

Ce dernier a estimé, pour sa part, que la vision de M. Francis pour la prochaine session offre une vue d’ensemble des travaux de l’Assemblée générale, au moment où on s’efforce de rétablir la confiance dans et au sein de cet organe, de lutter contre les changements climatiques et de remettre les ODD sur les rails.  Parlant au nom du Groupe des États d’Afrique, la Somalie a dit compter sur le bon leadership du Président élu pour maintenir l’attention sur le développement de l’Afrique. 

Le nouveau Président sera épaulé par 21 Vice-Présidents: Chine, Congo, Estonie, Bolivie, États-Unis, Fédération de Russie, France, Gambie, Islande, Malaisie, Maroc, Ouganda, Ouzbékistan, Pays-Bas, Iran, Royaume-Uni, Sénégal, Singapour, Sri Lanka, Suriname, Zambie. 

L’élection de l’Iran à la vice-présidence a été dénoncée par les États-Unis qui ont accusé ce pays de fouler au pied la Charte des Nations Unies et d’exporter la violence au Moyen-Orient et à travers le monde.  Israël a aussi dénoncé un pays qui finance le terrorisme et persécute sa propre population.  La délégation iranienne a rejeté ces allégations, rappelant que l’Iran est l’un des États fondateurs des Nations Unies et soulignant en outre que sa candidature a été entérinée par le Groupe des États d’Asie et du Pacifique.  À l’endroit d’Israël, la délégation a affirmé que ce pays s’évertue à détourner l’attention de ses crimes contre les Palestiniens. 

Les grandes commissions de l’Assemblée générale ont ensuite tenu des séances, chacune à son tour, afin d’élire les membres de leurs bureaux pour la soixante-dix-huitième session.   

La présidence de la Première Commission, chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale, a été confiée à M. Rytis Paulauskas (Lituanie).  Il sera secondé par les Vice-Présidents suivants: M. Matias Andrés Eustathiou (Uruguay), M. Yaseen Lagardien (Afrique du Sud) et Mme Christine Nam (Nouvelle-Zélande).  M. Heidar Ali Balouji (Iran) en sera le Rapporteur. 

Les délégations des États-Unis et d’Israël ont de nouveau dénoncé le choix de l’Iran au sein de cette Commission chargée du désarmement, alors même que le pays sape, selon elles, la paix et la sécurité internationales, comme en témoigne les 400 drones fournis à la Fédération de Russie.  Une fois encore, l’Iran a évoqué des allégations infondées, niant tout transfert de drones vers la Russie.  L’Assemblée générale a en outre entendu un hommage rendu à l’ancien Secrétaire général adjoint aux affaires de désarmement, Jayantha Dhanapala, décédé le 27 mai dernier. 

Les travaux de la Deuxième Commission, chargée des questions économiques et financières, seront présidés par M. Carlos Amorín (Uruguay).  Les sièges de Vice-Présidents reviennent à M. Jeswuni Abudu-Birresborn (Ghana), Mme Nichamon May Hsieh (Thaïlande) et M. Diego Cimino (Italie).  Comme Rapporteur, M. Ivaylo Gatev (Bulgarie) a été plébiscité. 

Le Bureau de la Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, sera présidé par M. Alexander Marschik (Autriche).  Il sera secondé à la vice-présidence par Mme Nelly Banaken (Cameroun), Mme Monica Shahanara (Bangladesh) et M. Tomas Grunwald (Slovaquie).  M. Robert Poveda Brito (Venezuela) fera office de rapporteur. 

À la Quatrième Commission, chargée des questions de politique spéciale et de la décolonisation, la présidence a été confiée à Mme Mathu Joyini (Afrique du Sud), tandis que les trois Vice-Présidents seront: M. Patryk Woszczek (Pologne), M. Joaquín A. Pérez Ayestarán (Venezuela) et Mme Sara Rendtorff-Smith (Danemark).  Le poste de rapporteur sera tenu par Mme Mariska Dhanutirto (Indonésie). 

La Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, sera dirigée par M. Osama Mahmoud Abdelkhalek Mahmoud (Égypte).  Il sera assisté par les Vice-Présidents suivant: M. Mohammed Khalifa AlNasr (Qatar), Mme Amalia Irina Pufulescu (Roumanie) et Mme Kimberly Louis (Sainte-Lucie).  La fonction de rapporteur sera assumée par Mme María Reyes Fernández (Espagne). 

Enfin, la Sixième Commission, chargée des questions juridiques, aura à sa tête M. Suriya Chindawongse (Thaïlande) et à la vice-présidence: M. Jhon Guerra Sansonetti (Venezuela), Mme Alis Lungu (Roumania) et M. Enrico Milano (Italie).  M. Moussa Mohamed Moussa (Djibouti) fera office de rapporteur. 

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

ÉLECTIONS DU PRÉSIDENT ET DES VICE-PRÉSIDENTS DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, ET DES PRÉSIDENTS ET BUREAUX DES GRANDES COMMISSIONS (SOIXANTE-DIX-HUITIÈME SESSION)

Déclarations

M. CSABA KŐRÖSI, Président de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale, a salué l’élection de M. Dennis Francis, de Trinité-et-Tobago, à la présidence de la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale.  Il a noté que le nouvel élu est doté d’une riche expérience de presque 40 ans au sein du service diplomatique de son pays.  Représentant permanent de Trinité-et-Tobago auprès des Nations Unies depuis 2021, M. Francis a été Conseiller principal du Ministre des affaires étrangères sur les questions multilatérales, y compris les changements climatiques et les négociations autour du Programme 2030.  La vision de M. Francis pour la prochaine session qu’il a placée sous le thème « Paix, prospérité, progrès et durabilité », offre une vue d’ensemble des travaux de l’Assemblée générale, a estimé M. Kőrösi, au moment où on s’efforce de rétablir la confiance dans et au sein de cet organe, de lutter contre les changements climatiques et de remettre les ODD sur les rails. 

Le Président de l’Assemblée générale, qui a promis à son successeur une transition en douceur, a déclaré que des crises en cascade ont marqué son mandat guidé par le souci d’identifier et d’adopter des approches axées sur des solutions.  M. Kőrösi a souligné que la crédibilité du renouvellement de l’engagement politique à mettre en œuvre les ODD sera capitale pour assurer le succès du Sommet sur les objectifs de développement durable en septembre.  Il a également appelé à mettre en œuvre de toute urgence les « nouvelles règles du jeu » élaborées lors de la Conférence des Nations Unies sur l’eau.  Le Président a aussi préconisé de poursuivre la revitalisation de l’Assemblée générale. 

M. DENNIS FRANCIS, Président élu de la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale, après avoir salué le travail de son prédécesseur, a fait part de son immense gratitude à l’ensemble des 193 États Membres pour la confiance qu’ils ont placée en lui pour servir comme Président de l’Assemblée générale.  Il a vanté les vertus de l’éducation, « grand libérateur » qui élève les gens vers des niveaux sociaux et économiques meilleurs, renforçant par là-même les sociétés.  Lorsque, dans le contexte des ODD, nous reportons ou négligeons d’offrir un soutien aux millions de personnes dans le monde qui n’ont pas accès à une éducation de qualité, nous les livrons à un cycle intergénérationnel de pauvreté, de dégradation et de misère dont ils ne risquent guère de sortir, a-t-il indiqué. Il a appelé à faire le choix pragmatique de sauver des enfants et des jeunes d’une défaite quasi certaine, en leur offrant, par le biais de l’éducation, la possibilité de choisir et donc la capacité de se réaliser, pour leur propre bénéfice et celui de leurs communautés et sociétés. 

Il a évoqué le Sommet sur les objectifs de développement durable de septembre prochain, arguant que l’autonomisation des personnes partout dans le monde, et l’investissement dans les gens permettra de créer un capital social à moyen et long terme, ce qui conduira à promouvoir la réalisation du développement durable.  C’est l’éducation qui m’a amené à cet endroit et finalement, à ce podium, a-t-il dit, ajoutant qu’il est fier et comblé d’être né dans un pays, Trinité-et-Tobago, qui, depuis près de 70 ans, accorde la plus haute valeur à l’éducation.  Il a promis de s’acquitter de ses responsabilités de Président de l’Assemblée générale avec transparence, vigueur et dévouement, en gardant à l’esprit que tous les membres ont les mêmes droits.  « Je donnerai la priorité à l’encouragement et à la facilitation d’un dialogue constructif, sous divers formats, afin d’assurer la clarté des priorités et le renforcement des objectifs communs dans un souci de cohérence », a-t-il déclaré.

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, a salué d’emblée le travail accompli au cours de la dernière année par le Président de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale, M. Csaba Kőrösi, qui a dirigé ses travaux avec « diplomatie, clairvoyance et dévouement ».  Son attachement à des solutions fondées sur « la solidarité, la durabilité et la science » s’est manifesté tout au long de sa présidence, a dit le Secrétaire général, en évoquant le programme ambitieux de la Conférence des Nations Unies sur l’eau, les préparatifs en vue de la tenue du Sommet sur les objectifs de développement durable, qui se tiendra en septembre prochain, ainsi que du Sommet de l’avenir qui aura lieu en 2024.  « À titre personnel, ses avis et ses conseils vont me manquer », a-t-il ajouté. 

Le Président de la prochaine session de l’Assemblée générale, M. Dennis Francis, de Trinité-et-Tobago, arrive selon le Secrétaire général à un moment extrêmement délicat pour la famille humaine.  Les conflits, la crise climatique, l’aggravation de la pauvreté, de la faim et des inégalités exacerbent les divisions et mettent en péril « notre plan d’action pour un avenir meilleur », le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  De même, la réalisation des ODD est en train de devenir un « horizon inaccessible ».  « Sur toutes ces questions, le monde attend de cette Assemblée qu’elle réunisse les États Membres autour de solutions communes », a poursuivi M. Guterres.  M. Francis apporte, selon lui, un vaste ensemble de compétences, d’expériences et de connaissances pour mener à bien cette tâche essentielle, en plus d’un point de vue crucial sur les défis qui touchent de plein fouet les petits États insulaires en développement (PEID) tels que son pays.  Pensons notamment aux effets désastreux des changements climatiques et aux répercussions d’un système financier mondial profondément injuste qui refuse systématiquement aux pays en développement l’allègement et la restructuration de leur dette −ainsi que le financement− dont ils ont besoin pour investir en faveur de leurs populations! a-t-il dit. 

Le Secrétaire général s’est félicité de l’occasion offerte aux États Membres de donner vie au thème choisi par M. Francis, soit « Paix, prospérité, progrès et durabilité ».  M. Guterres a souhaité au Président élu beaucoup de succès dans la prise de ses fonctions, en septembre, à la tête de l’Assemblée générale, « symbole d’espoir et d’unité dans un monde qui en manque si souvent ».

M. ABUKAR DAHIR OSMAN (Somalie), qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Afrique, a félicité M. Dennis Francis pour son élection à la présidence de la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale, notant que ses engagements, principes et priorités sont alignés sur le thème de l’Union africaine pour cette année: « L’année de la ZLECAf: accélération de la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine. » 

Le développement de l’Afrique faisant partie intégrante des huit grandes priorités de l’ONU, il a dit compter sur le bon leadership du Président élu pour maintenir cette attention particulière sur l’Afrique à travers tous les piliers du programme de travail de l’Organisation, y compris en termes d’allocation des ressources nécessaires aux programmes critiques.  Il a approuvé l’accent placé sur les pays en développement, y compris les pays en situation particulière, dont les pays les moins avancés, les pays enclavés et les petits États insulaires. 

Il a espéré en outre que la soixante-dix-huitième session continuera d’assurer le suivi des engagements pris dans le cadre de Notre Programme Commun et de la thématique de la pérennisation de la paix, en respectant l’appropriation nationale des pays concernés.  Grâce au partenariat entre les Nations Unies et l’Union africaine, l’Afrique progresse, mais il reste des défis à relever, a noté M. Osman soulignant à cet égard le besoin crucial d’un financement durable, prévisible et adéquat pour les opérations de soutien à la paix menées par l’UA et autorisées par le Conseil de sécurité.  Il a placé son espoir dans l’esprit du multilatéralisme pour relever ce défi par l’intermédiaire de l’Assemblée générale, qui représente la volonté de l’ensemble des membres. 

M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne), au nom du Groupe des États d’Asie-Pacifique), a salué l’élection du nouveau Président et l’a assuré du soutien sans faille de son groupe.  Nous ferons tout le nécessaire pour l’aider, a-t-il dit, en notant les défis sans précédent qui doivent être relevés. 

M. DIEGO PARY RODRÍGUEZ (État plurinational de Bolivie), qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes, a salué l’élection de M. Dennis Francis, comme Président de la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale, lui assurant la coopération et le soutien du Groupe pendant son mandat.  Selon lui, la situation sans précédent à laquelle le monde est confronté ne peut être abordée que dans le cadre d’une action multilatérale.  À cet égard, le rôle central de l’Assemblée générale est plus que jamais important, a insisté le représentant qui a souligné l’importance du consensus et du leadership dont aura besoin le nouvel élu en cette période critique.  Son mandat devra également être l’occasion de consolider les réformes et améliorer davantage les normes au sein du Bureau du Président sur la base des discussions en cours au sein du Groupe de travail spécial sur la revitalisation de l’Assemblée générale.  Le délégué a aussi salué la vision de M. Francis, orientée par la recherche de la paix, de la prospérité, du progrès et de la durabilité.  Le représentant a par ailleurs dit attacher une grande importance aux résultats des réunions de haut niveau qui seront convoquées en septembre et qui seront l’occasion de renouveler l’engagement à réaliser le Programme 2030.

Mme MONA JUUL (Norvège), s’exprimant au nom du Groupe des États d’Europe occidentale et autres États, a salué l’expérience de diplomate du Président élu.  Elle a appelé à défendre la paix ainsi que le multilatéralisme qui sont attaqués de toutes parts.  Il faut donc, a-t-elle insisté, défendre les principes de la Charte des Nations Unies.  La représentante a ensuite dénoncé l’agression russe contre l’Ukraine, laquelle a créé des conséquences très graves pour les populations du monde entier.  Elle a également abordé la question des changements climatiques, soulignant que nous sommes à la croisée des chemins et devons trouver des solutions aux questions que se posent les populations.  Selon elle, la soixante-dix-huitième session sera décisive pour défendre le multilatéralisme et œuvrer en faveur du développement durable.  Elle a ensuite remercié le Président sortant de l’Assemblée générale, saluant son leadership exemplaire et son travail au sein des Nations Unies.

En tant que représentant du pays hôte des Nations Unies, M. CHRISTOPHER P. LU (États-Unis) a adressé ses sincères félicitations à M. Francis pour son élection à la présidence de la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale.  Il a salué sa vision axée sur la paix, la prospérité, le progrès et la durabilité, ainsi que ses appels à respecter les principes de la Charte des Nations Unies et les droits humains, en particulier ceux des femmes, des filles et des populations marginalisées.  « Le succès de votre programme reposera sur notre engagement collectif à revitaliser l’Assemblée générale et à faire en sorte que toutes les voix soient entendues », a-t-il ajouté.  Le délégué a profité de l’occasion pour féliciter le Président sortant de l’Assemblée générale, M. Csaba Kőrösi, pour son dévouement et son travail acharné au cours de l’année écoulée.  Il a notamment salué l’accent mis par M. Kőrösi sur l’importance des données et de la science dans les processus de prise de décisions ainsi que son appel à l’action transformatrice.

M. AMERY BROWNE, Ministre des affaires étrangères et de la CARICOM de Trinité-et-Tobago, a remercié les États Membres d’avoir élu M. Dennis Francis à la présidence de la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale, exprimant toute la fierté du peuple « de sa petite nation » pour cette élection.  Il a assuré que son pays a toujours choisi la voie d’un dialogue constructif et des passerelles, affirmant que le son petit État attache la plus grande importance à la paix et au développement.  « Notre petite taille ne limite pas notre ambition, et notre petite taille nous aide à reconnaître le potentiel immense de toutes les nations », a déclaré le Ministre, en réaffirmant « la foi profonde » de son pays dans l’ONU et dans son travail.

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Assemblée générale: les appels à la solidarité dominent la réunion de haut niveau sur la réduction des risques de catastrophe

Soixante-dix-septième session,
73e & 72e (reprise) séances - matin
AG/12503

Assemblée générale: les appels à la solidarité dominent la réunion de haut niveau sur la réduction des risques de catastrophe

L’Assemblée générale a poursuivi, aujourd’hui, sa réunion de haut niveau sur l’examen à mi-parcours du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe (2015-2030), en entendant des appels insistants à une solidarité internationale renforcée, notamment financière, face à de tels risques, rendus plus aigus encore par les changements climatiques. 

En début de séance, l’Assemblée générale a suivi les recommandations de sa Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, et approuvé l’ouverture de crédits supplémentaires pour la Force de sécurité intérimaire des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) et la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) (AG/AB/4422).  

L’Assemblée avait entamé sa réunion de haut niveau le 18 mai, en adoptant une déclaration politique pour accélérer la réalisation du Cadre de Sendai d’ici à 2030.  Cette déclaration formule une série d’appels à l’action, centrés autour de quatre priorités: comprendre les risques de catastrophe; renforcer la gouvernance de ces risques pour mieux les gérer; investir dans leur réduction aux fins de la résilience; et renforcer l’état de préparation aux catastrophes pour intervenir de manière efficace et reconstruire en mieux. 

La quarantaine d’orateurs se sont accordés sur l’urgence d’une mise en œuvre accélérée de ce Cadre tant les catastrophes, notamment en raison des changements climatiques, sont plus fréquentes et dévastatrices. 

Le Ministre des affaires étrangères et du commerce de Trinité-et-Tobago n’a pas dit autre chose lorsqu’il a rappelé que la région des Caraïbes est frappée par des catastrophes de plus en plus fréquentes, tandis que la déléguée du Chili a indiqué que celles-ci coûtent à son pays 1,2% de son PIB chaque année.  Plusieurs pays récemment touchés par des catastrophes ont également pris la parole pour insister sur l’importance de systèmes d’alerte précoce, à l’instar de la Türkiye frappée en février par un séisme. 

« Le système d’alerte précoce intégré, pendant et après le séisme, a permis aux citoyens d’avoir accès à des données actualisées en temps réel par le biais de leur téléphone portable », a expliqué cette délégation.  Plusieurs pays ont fait le point sur les progrès accomplis dans la mise en œuvre du Cadre de Sendai, tels que le Qatar ou encore Nauru, qui a indiqué que le risque de catastrophe est considéré comme peu élevé, en raison des mesures prises depuis la signature dudit Cadre. 

Mais ce sont bien les appels à une solidarité renforcée qui ont dominé les débats, tant celle-ci est capitale face à ces risques.  « Au lendemain du terrible tremblement de terre meurtrier de 2010 qui a ravagé Port-au-Prince, les initiatives de coopération se sont intensifiées, notamment avec les pays du Sud », a rappelé Haïti.  L’Algérie a indiqué avoir lancé en 2021 un réseau de renforcement des capacités civiles à l’échelle du continent africain pour faire face aux catastrophes.  « La solidarité doit être au cœur de notre action », a souligné ce pays, qui a envoyé des secouristes en Türkiye et en Syrie après le séisme. 

Pour nombre de délégations, il convient néanmoins d’aller plus loin, comme l’a déclaré Sri Lanka qui a constaté que l’action en termes de réduction des risques se heurte à des défis dus à des mécanismes de coopération inadaptés et à des déséquilibres de pouvoir.  « Dès lors, ils doivent être surmontés par le biais de partenariats inclusifs », a-t-il estimé, tandis que l’Espagne a appelé à rejoindre l’Alliance internationale pour la résilience face à la sécheresse. 

Frappée il y a un mois par un séisme de magnitude 7, la Papouasie-Nouvelle-Guinée a encouragé la communauté internationale à soutenir la Facilité de résilience du Pacifique, une initiative pilotée par les pays de la région pour obtenir les financements nécessaires pour aider les populations insulaires face à la fréquence et à la gravité croissantes des catastrophes et aux défis posés par les changements climatiques. 

Les enjeux financiers ont également été au cœur des interventions, notamment celle du Ministre de Trinité-et-Tobago, qui a plaidé pour un véritable « changement de paradigme » en la matière.  « Si Sendai a représenté un changement de paradigme, il faut désormais un changement de paradigme des systèmes de financement », a plaidé le Ministre, selon qui les systèmes actuels freinent la mise en œuvre dudit Cadre. 

Il a en effet expliqué que les petits pays insulaires en développement n’ont pas accès aux financements et demandé l’élaboration d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle pour déterminer l’accès auxdits financements. Le Bhoutan a, lui, souligné la nécessité de fournir une aide technologique, ainsi qu’un accompagnement lors de la sortie de la catégorie des pays les moins avancés.  « Nous avons besoin d’une meilleure mobilisation des ressources et d’un meilleur partage des technologies », a résumé le Viet Nam. 

La Colombie a appelé à un pareil changement de paradigme afin de prendre en compte les connaissances des peuples autochtones dans la réponse à apporter aux risques de catastrophe.  De son côté, l’Égypte a rappelé l’avancée historique qu’a représenté la création d’un fonds pour les pertes et dommages lors de la COP27 à Charm el-CheikhCe fonds permettra de favoriser la mise en œuvre du Cadre de Sendai, a assuré le délégué égyptien. 

Plusieurs pays, dont le Venezuela et la Syrie, ont insisté sur l’importance de la question des sanctions.  Celles-ci privent certains pays de l’accès aux ressources technologiques et aux savoir-faire indispensables pour assurer leur relèvement au lendemain des catastrophes, a affirmé l’Iran, appuyé par la Fédération de Russie selon qui les effets préjudiciables des sanctions devraient être pleinement reconnus.  Dans ce droit fil, le Bélarus a critiqué le fait que la Déclaration politique ne mentionne pas ces sanctions. 

Enfin, l’Ukraine a déclaré que l’invasion russe à grande échelle de son territoire en 2022 a provoqué des dégâts environnementaux « colossaux », le Yémen rappelant lui aussi les conséquences environnementales de la « guerre déclenchée par les houthistes ».  

L’Assemblée générale, qui se réunira demain, jeudi 1er juin à 10 heures, pour élire le Président de sa soixante-dix-huitième session, achèvera l’examen à mi-parcours du Cadre de Sendai mardi 6 juin.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.