Assemblée générale: les appels à la solidarité dominent la réunion de haut niveau sur la réduction des risques de catastrophe
L’Assemblée générale a poursuivi, aujourd’hui, sa réunion de haut niveau sur l’examen à mi-parcours du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe (2015-2030), en entendant des appels insistants à une solidarité internationale renforcée, notamment financière, face à de tels risques, rendus plus aigus encore par les changements climatiques.
En début de séance, l’Assemblée générale a suivi les recommandations de sa Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, et approuvé l’ouverture de crédits supplémentaires pour la Force de sécurité intérimaire des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) et la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) (AG/AB/4422).
L’Assemblée avait entamé sa réunion de haut niveau le 18 mai, en adoptant une déclaration politique pour accélérer la réalisation du Cadre de Sendai d’ici à 2030. Cette déclaration formule une série d’appels à l’action, centrés autour de quatre priorités: comprendre les risques de catastrophe; renforcer la gouvernance de ces risques pour mieux les gérer; investir dans leur réduction aux fins de la résilience; et renforcer l’état de préparation aux catastrophes pour intervenir de manière efficace et reconstruire en mieux.
La quarantaine d’orateurs se sont accordés sur l’urgence d’une mise en œuvre accélérée de ce Cadre tant les catastrophes, notamment en raison des changements climatiques, sont plus fréquentes et dévastatrices.
Le Ministre des affaires étrangères et du commerce de Trinité-et-Tobago n’a pas dit autre chose lorsqu’il a rappelé que la région des Caraïbes est frappée par des catastrophes de plus en plus fréquentes, tandis que la déléguée du Chili a indiqué que celles-ci coûtent à son pays 1,2% de son PIB chaque année. Plusieurs pays récemment touchés par des catastrophes ont également pris la parole pour insister sur l’importance de systèmes d’alerte précoce, à l’instar de la Türkiye frappée en février par un séisme.
« Le système d’alerte précoce intégré, pendant et après le séisme, a permis aux citoyens d’avoir accès à des données actualisées en temps réel par le biais de leur téléphone portable », a expliqué cette délégation. Plusieurs pays ont fait le point sur les progrès accomplis dans la mise en œuvre du Cadre de Sendai, tels que le Qatar ou encore Nauru, qui a indiqué que le risque de catastrophe est considéré comme peu élevé, en raison des mesures prises depuis la signature dudit Cadre.
Mais ce sont bien les appels à une solidarité renforcée qui ont dominé les débats, tant celle-ci est capitale face à ces risques. « Au lendemain du terrible tremblement de terre meurtrier de 2010 qui a ravagé Port-au-Prince, les initiatives de coopération se sont intensifiées, notamment avec les pays du Sud », a rappelé Haïti. L’Algérie a indiqué avoir lancé en 2021 un réseau de renforcement des capacités civiles à l’échelle du continent africain pour faire face aux catastrophes. « La solidarité doit être au cœur de notre action », a souligné ce pays, qui a envoyé des secouristes en Türkiye et en Syrie après le séisme.
Pour nombre de délégations, il convient néanmoins d’aller plus loin, comme l’a déclaré Sri Lanka qui a constaté que l’action en termes de réduction des risques se heurte à des défis dus à des mécanismes de coopération inadaptés et à des déséquilibres de pouvoir. « Dès lors, ils doivent être surmontés par le biais de partenariats inclusifs », a-t-il estimé, tandis que l’Espagne a appelé à rejoindre l’Alliance internationale pour la résilience face à la sécheresse.
Frappée il y a un mois par un séisme de magnitude 7, la Papouasie-Nouvelle-Guinée a encouragé la communauté internationale à soutenir la Facilité de résilience du Pacifique, une initiative pilotée par les pays de la région pour obtenir les financements nécessaires pour aider les populations insulaires face à la fréquence et à la gravité croissantes des catastrophes et aux défis posés par les changements climatiques.
Les enjeux financiers ont également été au cœur des interventions, notamment celle du Ministre de Trinité-et-Tobago, qui a plaidé pour un véritable « changement de paradigme » en la matière. « Si Sendai a représenté un changement de paradigme, il faut désormais un changement de paradigme des systèmes de financement », a plaidé le Ministre, selon qui les systèmes actuels freinent la mise en œuvre dudit Cadre.
Il a en effet expliqué que les petits pays insulaires en développement n’ont pas accès aux financements et demandé l’élaboration d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle pour déterminer l’accès auxdits financements. Le Bhoutan a, lui, souligné la nécessité de fournir une aide technologique, ainsi qu’un accompagnement lors de la sortie de la catégorie des pays les moins avancés. « Nous avons besoin d’une meilleure mobilisation des ressources et d’un meilleur partage des technologies », a résumé le Viet Nam.
La Colombie a appelé à un pareil changement de paradigme afin de prendre en compte les connaissances des peuples autochtones dans la réponse à apporter aux risques de catastrophe. De son côté, l’Égypte a rappelé l’avancée historique qu’a représenté la création d’un fonds pour les pertes et dommages lors de la COP27 à Charm el-Cheikh. Ce fonds permettra de favoriser la mise en œuvre du Cadre de Sendai, a assuré le délégué égyptien.
Plusieurs pays, dont le Venezuela et la Syrie, ont insisté sur l’importance de la question des sanctions. Celles-ci privent certains pays de l’accès aux ressources technologiques et aux savoir-faire indispensables pour assurer leur relèvement au lendemain des catastrophes, a affirmé l’Iran, appuyé par la Fédération de Russie selon qui les effets préjudiciables des sanctions devraient être pleinement reconnus. Dans ce droit fil, le Bélarus a critiqué le fait que la Déclaration politique ne mentionne pas ces sanctions.
Enfin, l’Ukraine a déclaré que l’invasion russe à grande échelle de son territoire en 2022 a provoqué des dégâts environnementaux « colossaux », le Yémen rappelant lui aussi les conséquences environnementales de la « guerre déclenchée par les houthistes ».
L’Assemblée générale, qui se réunira demain, jeudi 1er juin à 10 heures, pour élire le Président de sa soixante-dix-huitième session, achèvera l’examen à mi-parcours du Cadre de Sendai mardi 6 juin.