9338e séance – matin
CS/15308

Conseil de sécurité: le Représentant spécial salue les appels au dialogue pour s’attaquer aux défis structurels qui minent la stabilité de l’Afrique centrale

Le Représentant spécial du Secrétaire général en Afrique centrale a salué, ce matin, devant le Conseil de sécurité, la multiplication des appels au dialogue provenant des États de la région afin de trouver une réponse pérenne aux défis structurels et interconnectés de la gouvernance et des droits humains. 

« L’Afrique centrale est plus riche en opportunités et en ressources qu’elle ne l’est en défis », a assuré M. Abdou Abarry, qui est aussi le Chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC), au terme de sa visite des 11 pays qui relèvent du mandat de son bureau, où il s’est entretenu avec les chefs d’État et les coordonnateurs résidents des Nations Unies. 

Ces échanges ont démontré, selon lui, que les dirigeants des États de la région privilégient le dialogue afin de résoudre les tensions de façon pacifique.  Pour illustrer cette nouvelle dynamique, le Représentant spécial a cité la rencontre récente entre les Présidents de la République centrafricaine (RCA) et du Tchad visant à redynamiser la coopération entre les deux pays ou encore le soutien à la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) à la transition au Tchad, facilitée par le Président de la République démocratique du Congo (RDC). 

Même constat de la part du Président de la CEEAC, M. Gilberto da Piedade Verissimo, pour qui les États de la région poursuivent leur marche « irréversible » vers l’enracinement du système de gouvernance démocratique malgré la persistance des défis sécuritaires, alors que des élections sont attendues cette année en RCA, au Gabon et en RDC. 

Les autorités de transition tchadiennes ont ainsi poursuivi « avec détermination » la mise en œuvre des recommandations issues du dialogue national inclusif et souverain, y compris l’établissement d’un cadre de concertation des partis politiques et d’une commission nationale d’organisation du référendum constitutionnel prévu le 19 novembre prochain.  L’inclusion de l’ensemble des acteurs politiques et le respect des libertés fondamentales demeurent toutefois des conditions essentielles au succès du processus de transition, a noté le haut fonctionnaire. 

Malgré sa solidarité « extraordinaire », le Tchad aura besoin de près de 130 millions dollars au cours des six prochains mois pour venir en aide aux 100 000 réfugiés soudanais arrivés sur son sol, a prévenu M. Abarry, en mettant en garde contre les effets désastreux de la poursuite du conflit au Soudan pour l’ensemble des pays du bassin du lac Tchad.  « Face à la poursuite de la crise au Soudan, nous devons nous rendre à l’évidence que notre engagement et notre solidarité à l’endroit du Tchad relèvent de l’urgence », a-t-il dit.

Au nom du Ghana et du Mozambique, le Gabon a exprimé sa satisfaction des mesures prises par les autorités de transition tchadiennes afin d’apaiser les tensions et de préparer le référendum constitutionnel ainsi que les élections présidentielle et législatives, évoquant notamment l’amnistie des manifestants du 20 octobre 2022. Afin de profiter de cet élan, la délégation a encouragé, comme les Émirats arabes unis, le renforcement de la coopération transfrontalière. 

Les opérations militaires conjointes récemment menées par le Tchad et la RCA à leur frontière commune traduisent, selon le Représentant spécial, leur volonté de renforcer leur coopération bilatérale pour relever les défis sécuritaires auxquels ils sont confrontés.  L’impact de la crise soudanaise sur la stabilité du Tchad et de la RCA nous rappelle par ailleurs « l’urgente nécessité » d’adopter une approche holistique sur les questions de paix et de sécurité en Afrique centrale, a poursuivi M. Abarry, en faisant état d’une région marquée par la présence d’une multitude de groupes armés et terroristes, avec un impact humanitaire dévastateur, particulièrement pour les femmes et les jeunes. 

Pendant ce temps, la crise continue, pour une septième année, de déstabiliser les régions du nord-ouest et sud-ouest du Cameroun, avec des attaques de groupes extrémistes violents perpétrées dans la région de l’Extrême-Nord et le flux de réfugiés centrafricains dans la partie orientale du pays.  À cet égard, le Représentant spécial a pris note de la volonté des autorités nationales de poursuivre les efforts de dialogue et de reconstruction des zones affectées. 

S’agissant de la RCA, le États-Unis ont encouragé son gouvernement à resserrer sa collaboration avec la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) afin de ramener la paix et la stabilité dans le pays.  « La RCA a de nombreux partenaires mais le groupe Wagner n’est pas l’un d’entre eux », a mis en garde son délégué.  À l’inverse, la Fédération de Russie a appelé le Conseil à lever l’embargo sur les armes imposé à la RCA.

Selon le Représentant spécial, la détermination des autorités de Sao Tomé-et-Principe à mettre en œuvre la réforme des secteurs de la justice et de la sécurité confirme la volonté de ce pays de s’attaquer aux problèmes structurels qui menacent sa stabilité.  L’ONU et la CEEAC y ont d’ailleurs effectué une mission d’évaluation stratégique afin d’appuyer des démarches. 

Malgré les résultats positifs dans le domaine de la sécurité maritime dans le golfe de Guinée, grâce notamment au Code de conduite de Yaoundé, la récente augmentation de la criminalité maritime, avec des actes de piraterie et des vols à main armée signalés en mer, montre, selon le Représentant spécial, que les gains acquis de haute lutte peuvent être inversés.  Une situation qui a incité le Brésil à entreprendre l’organisation de l’opération Guinex iii, prévue en août et septembre 2023, afin de renforcer le partenariat entre la marine brésilienne et celles des pays du golfe de Guinée. 

La poursuite de processus politiques et électoraux cruciaux dans plusieurs pays au cours des mois à venir marquera un tournant pour l’Afrique centrale, a conclu M. Abarry, avant d’exhorter le Conseil à faire en sorte que les épisodes de violence qui ont marqué les élections dans le passé soient évités à tout prix.

RÉGION DE L’AFRIQUE CENTRALE (S/2023/389)

Déclarations

M. ABDOU ABARRY, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC), a indiqué avoir visité, depuis décembre dernier, les 11 pays qui relèvent du mandat du Bureau afin de rencontrer les chefs d’État ainsi que les coordonnateurs résidents des Nations Unies. Ces échanges ont démontré selon lui que « l’Afrique centrale est plus riche en opportunités et en ressources qu’elle ne l’est en défis », et que ses dirigeants privilégient le dialogue afin de résoudre les tensions de façon pacifique.  Il a cité en exemple la rencontre récente entre les Présidents de la République centrafricaine et du Tchad concernant la redynamisation de la coopération entre les deux pays, la mobilisation des États de la région en faveur de la résolution de la crise dans l’est de la République démocratique du Congo et le soutien à la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) à la transition au Tchad, facilitée par le Président de la République démocratique du Congo, M. Felix Tshisekedi.  Le Représentant spécial a également observé un engagement actif des États de la sous-région sur les questions de sécurité, qui a permis notamment la tenue du premier sommet de la CEEAC sur la sécurité maritime et du sommet des chefs d’États sur la sécurité climatique à travers la préservation du bassin du Congo, le « One Forest Summit ».  La réunion du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale s’est tenue en mai dernier à Sao Tomé-et-Principe, sur le thème « Sécurité climatique dans la perspective de prévention de conflits et de consolidation de la paix », confirmant selon lui la « prise de conscience collective » des États de la région de la nécessité d’agir. Il a en outre salué la nomination de femmes aux postes de vice-président au Gabon et en Angola, et de premier ministre en Guinée équatoriale. 

Depuis son dernier exposé, M. Abarry a constaté une multiplication des appels au dialogue dans la région afin de répondre aux défis liés à la gouvernance et aux droits humains.  Ainsi, au Tchad, les autorités de transition ont poursuivi « avec détermination » la mise en œuvre des recommandations issues du dialogue national inclusif et souverain, y compris la mise en place d’un cadre de concertation des partis politiques et d’une commission nationale d’organisation du référendum constitutionnel prévu en novembre afin d’adopter une nouvelle constitution.  L’inclusion de l’ensemble des acteurs politiques et le respect des libertés fondamentales demeurent toutefois des conditions essentielles au succès du processus de transition, a noté le haut fonctionnaire.  Pays hôte du BRENUAC, le Gabon a organisé, à la demande de l’opposition, un dialogue consultatif avant les élections générales prévues cette année.

Pendant ce temps, au Cameroun, la crise dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest est entrée dans sa septième année alors que le pays continue de subir les attaques de groupes extrémistes violents dans l’Extrême-Nord et le flux de réfugiés centrafricains dans sa partie orientale.  Lors de sa visite qui s’est tenue en mars dernier, le Représentant spécial a pris note de la volonté des autorités nationales de poursuivre les efforts de dialogue et de reconstruction des zones affectées.  Selon M. Abarry, la détermination des autorités de Sao Tomé-et-Principe à mettre en œuvre une réforme des secteurs de la justice et de la sécurité s’est renforcée à la suite des événements de novembre dernier, confirmant selon lui la volonté de ce pays de s’attaquer aux problèmes structurels qui menacent sa stabilité.  L’ONU et la CEEAC y ont d’ailleurs effectué une mission d’évaluation stratégique.  Dans la foulée du trentième anniversaire de la journée mondiale de la liberté de la presse, M. Abarry a par ailleurs jugé regrettable la persistance des atteintes aux droits de l’homme, et notamment des journalistes, dans la sous-région. 

L’impact de la crise soudanaise à la frontière entre le Tchad et la République centrafricaine nous rappelle l’urgente nécessité d’adopter une approche holistique sur les questions de paix et de sécurité en Afrique centrale, a poursuivi le Représentant spécial, en faisant état d’une région marquée par la présence d’une multitude de groupes armés et terroristes, avec un impact humanitaire dévastateur sur les femmes et les jeunes.  Il a salué la solidarité « extraordinaire » démontrée par les deux pays, qui ont déjà accueilli des milliers de réfugiés soudanais.  Le Tchad aura toutefois besoin de 129,8 millions dollars au cours des six prochains mois pour venir en aide aux 100 000 réfugiés présents sur son sol, a-t-il prévenu, en mettant en garde contre les effets désastreux de la poursuite du conflit pour l’ensemble des pays du bassin du lac Tchad.  « Face à la poursuite de la crise au Soudan, nous devons nous rendre à l’évidence que notre engagement et notre solidarité à l’endroit du Tchad relèvent de l’urgence », a dit M. Abarry.  Les opérations militaires conjointes récemment menées par le Tchad et la République centrafricaine à leur frontière commune traduisent à ses yeux leur volonté de renforcer leur coopération bilatérale pour relever les défis sécuritaires communs auxquels ils sont confrontés.  Il a encouragé les deux États à faire usage des mécanismes de coopération bilatérale existants, notamment la commission mixte de coopération, en ajoutant qu’une réponse purement militaire sera insuffisante pour traiter les causes profondes de l’insécurité.  Une mission technique conjointe entre le BRENUAC et le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) est en cours dans les quatre pays du bassin du lac Tchad afin d’évaluer l’impact de l’extrémisme violent sur les populations locales, a expliqué le haut fonctionnaire.  La situation sécuritaire en Afrique centrale a par ailleurs été marquée par une recrudescence des incidents de piraterie maritime dans le golfe de Guinée, a-t-il ajouté, soulignant la nécessité de renforcer la coopération interrégionale à l’approche du dixième anniversaire de l’adoption du Code de conduite de Yaoundé.

Alors que trois années se sont écoulées depuis la mise en œuvre de la réforme institutionnelle de la CEEAC, le Représentant spécial a indiqué qu’elle a continué à jouer un rôle central sur les questions de paix et de sécurité dans la sous-région. La réunion des ministres de la femme et du genre des États membres de la CEEAC qui s’est tenue le mois dernier à Libreville a ainsi permis d’établir une feuille de route en faveur de la défense des droits des femmes et de leur autonomisation.  Le processus de réforme institutionnelle de la CEEAC nécessite cependant un soutien financier durable.  En plus des défis qui précèdent, l’Afrique centrale continue de subir les effets délétères de la crise en Ukraine, qui se traduit par une hausse des prix des denrées alimentaires de base et du carburant.  Les mois à venir marqueront un tournant important pour l’Afrique centrale, a encore dit M. Abarry, marqué par la tenue de processus politiques et électoraux cruciaux.  Il a appelé les membres du Conseil de sécurité à faire en sorte que les épisodes de violence qui ont marqué les élections dans le passé soient évités à tout prix. 

M. GILBERTO DA PIEDADE VERISSIMO, Président de la Commission de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), a déclaré que la situation sécuritaire dans la majorité des États membres de la CEEAC présente des signes d’espérance, ces derniers étant parvenus à contrôler les menaces sécuritaires diverses et à éviter qu’elles ne contribuent au développement de foyers nationaux d’insécurité susceptibles d’impacter négativement la stabilité de toute la sous-région.  Leurs efforts méritent d’être soutenus compte tenu du contexte économique particulièrement contraignant.  Il a reconnu que l’Afrique centrale fait face à d’importants défis sécuritaires, citant notamment l’activisme des groupes armés, des factions sécessionnistes et des mouvements terroristes; la présence des combattants transfrontaliers; la circulation illicite des armes; la criminalité marine; l’exploitation illicite des ressources naturelles; les conflits intercommunautaires; la crise humanitaire induite par les conflits armés et les catastrophes naturelles; ainsi que les tensions politico-diplomatiques entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda depuis la réapparition du groupe M23 en fin 2021. 

Sur le plan politique, a-t-il indiqué, les États membres de la CEEAC poursuivent leur marche irréversible vers l’enracinement du système de gouvernance démocratique.  L’année 2022 et le premier trimestre de cette année ont été marqués par la tenue de plusieurs échéances électorales plus ou moins pacifiques dans plusieurs pays, s’est-il félicité.  Il a rappelé que des échéances électorales sont attendues en 2023 en République centrafricaine (RCA), au Gabon et en RDC et a précisé que la CEEAC accompagne ses États membres engagés dans des processus électoraux étant consciente des défis auxquels ils font face.  Lesdits défis portent essentiellement sur des désaccords autour de la composition des organes en charge des élections, l’articulation de la législation électorale, la crédibilité des fichiers d’électeurs, et l’authenticité des résultats des élections, a-t-il détaillé. 

En outre, la CEEAC poursuit son accompagnement du processus de transition au Tchad, y compris l’ouverture à N’Djamena d’un bureau de représentation dirigé par un envoyé spécial, le déploiement d’une mission d’établissement des faits autour des événements du 20 octobre 2022 ainsi que la mise en place d’une plateforme de facilitation entre les autorités de la transition et les entités actuellement opposées au processus de transition en cours.  Cet accompagnement se poursuivra jusqu’à l’organisation, à la fin de l’année prochaine, des élections censées mettre un terme à la transition et consacrer le retour à un ordre constitutionnel démocratique, a-t-il précisé. 

L’orateur a estimé que la montée en puissance des nouvelles architectures de gouvernance, de paix et de sécurité de la CEEAC, ainsi que la mise en place de nouveaux mécanismes tels que le Protocole révisé relatif à la Stratégie de sûreté et sécurité des intérêts vitaux en mer et dans les eaux continentales partagées des États membres de la CEEAC permettront progressivement à la Communauté d’accompagner efficacement les États de la sous-région dans leur quête de paix, de sécurité, de stabilité et de démocratie. 

Mme MARIE TAMOIFO, Coordonnatrice régionale du Réseau des jeunes leaders pour la gestion durable des écosystèmes d’Afrique centrale (REJEFAC) et fondatrice de l’Association jeunesse verte du Cameroun (AJVC), a présenté son parcours de « petite Wangari » dont la persévérance et l’espoir ont permis de créer, en l’espace d’une trentaine d’années, des réseaux et organisations de jeunes et de femmes dans 10 pays de la sous-région.  Avec le lancement d’une télévision en ligne via son entreprise GreeningmediaTV, elle a dit vouloir démultiplier l’impact de ses campagnes de sensibilisation, d’alertes et de communication.  À cela s’ajoute un programme de formation des responsables de communication du REJEFAC ainsi que la formation de 100 jeunes ambassadeurs climat et biodiversité, a-t-elle précisé, expliquant avoir besoin pour cela du soutien de partenaires financiers sur le long terme.  Hélas, a regretté la Coordonnatrice régionale, les États, l’Union africaine et la communauté internationale n’ont pas pu accompagner de manière opérationnelle nos actions malgré de nombreux plaidoyers menés aux niveaux international, continental et régional.  L’Accord de Paris de 2015, la Déclaration de N’Djaména de 2021 et la résolution 2250 (2015) du Conseil de sécurité sont confrontés à de réelles difficultés dans leur application et les groupes vulnérables, femmes et jeunes en tête, demeurent les plus touchés par les conflits et le climat, a-t-elle constaté.

La militante a expliqué que les organisations qu’elle anime travaillent sur les questions liées au développement durable, avec une attention particulière à l’autonomisation des jeunes, des femmes, des communautés locales et des peuples autochtones.  Nous œuvrons à renforcer leur résilience et à sensibiliser le public à la nécessité de protéger les forêts et leurs territoires, a-t-elle indiqué, faisant également état d’un accompagnement de la société civile dans les domaines liés à l’économie bleue, verte et circulaire, en plus d’actions de sensibilisation sur la conservation de la biodiversité et la lutte contre les effets des changements climatiques.  L’un des programmes de l’AJVC a aussi permis d’électrifier plus de 300 ménages au solaire et d’installer des réfrigérateurs solaires dans 40 centres de santé ruraux du pays, a-t-elle relevé, avant de détailler des projets communautaires de reboisement, menés avec d’autres réseaux affiliés à la Conférence des écosystèmes forestiers et humides d’Afrique centrale, soutenus par le Partenariat pour les forêts du bassin du Congo.  Elle a toutefois déploré que ces actions restent peu financées, « malgré les milliards de dollars annoncés en grande pompe par la communauté internationale ». 

Pourtant, l’Afrique centrale est en passe de devenir le « premier poumon vert du monde » et constitue pour cette raison une destination d’investissement et de conservation majeure, a souligné la Coordonnatrice régionale.  De plus, les impacts des changements climatiques sur la paix et la sécurité de l’Afrique centrale sont « une évidence », a-t-elle souligné, observant que l’intensification de la mobilité humaine, la hausse des violences intercommunautaires, l’augmentation du crime organisé et des activités des groupes armés non étatiques, la pression accrue sur le littoral, l’essor de la piraterie maritime, l’insécurité alimentaire et la menace croissante sur la forêt tropicale du bassin du Congo représentent des risques liés au climat de cette sous-région.  Pour y faire face, elle a appelé à soutenir les États, les partenaires de développement et les institutions panafricaines et onusiennes qui souhaitent accompagner les programmes de la REJEFAC, de l’AJVC et d’autres plateformes de jeunes et de femmes sur le long terme.  Elle a souhaité que, dans ce cadre, l’autonomisation des femmes et des jeunes soit mise en avant et qu’il soit mis fin aux procédures trop complexes d’accès aux financements et aux technologies.  Enfin, elle a demandé de doter les acteurs et réseaux pertinents de la société civile de moyens suffisants, comme cela se fait avec la Commission du bassin du lac Tchad. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) s’est exprimé au nom des A3 (Ghana, Mozambique et Gabon).  Sur le plan politique, il a salué le bon déroulement des élections dans plusieurs pays de la région et s’est dit persuadé que la même dynamique se poursuivra pour les échéances électorales futures.  Il s’est félicité des initiatives de sortie de crise telles que les processus de Nairobi et de Luanda, ainsi que le déploiement de la force régionale de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE), dont le mandat vient d’être renouvelé.  Ces initiatives sont des solutions politiques africaines crédibles pour la restauration de la paix en RDC, a-t-il relevé. À cet effet, il a salué l’engagement des Présidents João Lourenço et Évariste Ndayishimiye, de l’Angola et du Burundi, en faveur de la stabilisation aussi bien de la RDC que de l’ensemble de la région. Cette implication régionale est la matérialisation du principe de « solutions africaines aux problèmes africains » et traduit l’intérêt que les pays de la région portent à la résolution de la crise sécuritaire dans l’est de la RDC, a-t-il dit.

En ce qui concerne le Tchad, il s’est dit satisfait des mesures prises par les autorités de la transition pour apaiser les tensions politiques et préparer le référendum constitutionnel, ainsi que les élections présidentielle et législatives.  La libération de plusieurs centaines de combattants du Front pour l’alternance et la Concorde au Tchad (FACT) et l’amnistie des manifestants du 20 octobre 2022 sont des mesures qui pourraient impulser un climat de confiance dans le pays, a-t-il indiqué. 

Le représentant a dénoncé l’usage croissant d’engins explosifs par les groupes terroristes, les attaques et les enlèvements de populations, entraînant la déscolarisation d’enfants et le déplacement massif des populations.  Il a fermement condamné les attaques terroristes persistantes de Boko Haram et des groupes dissidents au Cameroun et au Tchad.  Il a aussi condamné les violences commises par les groupes armés en RCA, en RDC, demandant qu’ils rejoignent immédiatement et sans condition les programmes de désarmement, de démobilisation et de réintégration (DDR) et les consultations politiques en cours.  Il a souligné l’impact économique, sécuritaire et humanitaire de la crise au Soudan sur la région de l’Afrique centrale qui partage avec ce pays deux frontières, en RCA et au Tchad.  Nous encourageons le renforcement de la coopération transfrontalière, à l’intérieur de la sous-région mais aussi avec les États des régions voisines, a-t-il ajouté. Selon lui, cette coopération contre les menaces transversales doit nécessairement se renforcer au niveau des organisations sous-régionales et bureaux des Nations Unies concernés.  Il est aussi important, a-t-il expliqué, de poursuivre l’organisation d’opérations bilatérales conjointes comme ce fut notamment le cas entre le Tchad et la RCA le 15 mai dernier afin de systématiser une réponse renforcée et coordonnée aux défis sécuritaires auxquels la sous-région est confrontée.  Il a par ailleurs appelé à renforcer la coopération et la coordination entre les communautés régionales et économiques d’Afrique centrale et de l’Afrique de l’Ouest et de continuer à soutenir le renforcement des capacités des pays du golfe de Guinée pour lutter efficacement contre le fléau de la piraterie maritime. Cette approche transversale est essentielle pour une paix durable dans les deux sous-régions, a-t-il argué. 

Sur le plan humanitaire, le délégué a appelé à un accès humanitaire sécurisé et sans entrave dans les pays en conflits, avant d’inviter les donateurs et partenaires internationaux à financer les plans d’intervention humanitaire dans la région.  Le délégué a évoqué les effets du dérèglement climatique qui sont particulièrement visibles en Afrique, comme l’attestent les récentes inondations au Rwanda et en RDC qui ont fait des centaines de victimes.  Ces catastrophes accentuent le mouvement des réfugiés climatiques en quête de paix et de stabilité, a-t-il constaté.  Il a rappelé le rôle crucial de la forêt tropicale du bassin du Congo dans la lutte contre le dérèglement climatique, appelant la communauté internationale à respecter ses engagements en faveur du financement des politiques des mesures d’adaptation et d’atténuation.  Le représentant a enfin invité les membres du Conseil de sécurité à prendre en considération les priorités régionales dans l’adoption de la déclaration présidentielle sur le BRENUAC, un texte dont les négociations n’aboutissent pas depuis plusieurs années, faute de consensus sur le lien entre sécurité et climat.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a appelé à des processus électoraux crédibles et inclusifs dans toute la région, avant d’exhorter les autorités de transition tchadiennes à honorer les conditions énumérées dans le communiqué du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine de mai dernier.  La réponse apportée aux manifestations d’octobre était préoccupante, s’est-il alarmé, encourageant lesdites autorités à remettre en liberté les manifestants détenus qui n’ont pas été jugés.  Le représentant a aussi exhorté les autorités tchadiennes à user de leur influence auprès des parties soudanaises pour que ces dernières se rallient au cessez-le-feu et œuvrent à un règlement pacifique de la crise.  Le délégué s’est dit préoccupé par la situation au Cameroun, en particulier par les conséquences humanitaires du conflit dans le nord-ouest et le sud-ouest du pays.  « Un dialogue inclusif est fondamental pour résoudre la crise », a-t-il ajouté, saluant par ailleurs le travail du BRENUAC dans le domaine de la sécurité climatique.

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a souhaité qu’au Tchad, le référendum sur la nouvelle Constitution ait lieu comme prévu le 19 novembre.  Le représentant s’est dit ensuite dit préoccupé par l’insécurité persistante des conflits armés, la montée de l’extrémisme violent et l’intensification des tensions intercommunautaires.  Également préoccupé de la situation humanitaire désastreuse dans la région, il a dit que son gouvernement a décidé d’aider les pays voisins du Soudan à répondre aux besoins des réfugiés et des rapatriés.  Notant par ailleurs les défis dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun où 600 000 personnes sont déplacées, le représentant a exhorté les parties prenantes, y compris le Gouvernement camerounais, qu’elles redoublent d’efforts pour résoudre la crise conformément aux recommandations issues du grand dialogue national de 2019.  S’agissant enfin des effets néfastes des changements climatiques, le représentant a salué l’initiative prise par le BRENUAC et d’autres parties prenantes pour promouvoir la cohérence entre les politiques de consolidation de la paix et d’action climatique.  Le Japon aidera à renforcer la résilience des groupes vulnérables au climat en améliorant l’adaptation aux changements climatiques et la réduction des risques de catastrophe, a promis le représentant, avant de souligner le lien entre aide humanitaire, développement et paix de manière inclusive pour relever ces défis.

M. ALEXANDRE OLMEDO (France) est revenu sur les conséquences dramatiques des changements climatiques en Afrique centrale, rappelant notamment les pluies torrentielles qui ont affecté la République démocratique du Congo, le Rwanda et l’Ouganda, et causé des centaines de victimes.  Les phénomènes climatiques extrêmes frappent toute la région, entraînent des déplacements forcés et exacerbent les tensions communautaires, a-t-il constaté, avant d’applaudir le travail effectué par le BRENUAC face à cette urgence.  Il a d’autre part rappelé qu’en mars dernier, la France et le Gabon ont organisé le « One Forest Summit » afin de rechercher des solutions pour protéger les forêts tropicales et a appelé tous les États Membres à se joindre à cet effort collectif, notamment en adhérant au Mécanisme climat, paix et sécurité des Nations Unies. 

Le représentant a par ailleurs souhaité que les efforts engagés en vue de faire aboutir les transitions démocratiques et de consolider les processus politiques se poursuivent.  Au moment où des élections sont programmées dans plusieurs pays de la région, il importe que ces processus se déroulent de manière crédible et apaisée, avec la pleine participation des femmes et des jeunes, a-t-il plaidé, saluant à cet égard les mesures prises au Tchad pour favoriser la réconciliation nationale après les événements du 20 octobre dernier.  Le délégué a également encouragé les autorités camerounaises à poursuivre le dialogue en vue d’une solution politique à la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.  De même, il s’est félicité du travail mené par le BRENUAC avec la Communauté économique des États d’Afrique centrale pour accompagner la réforme du secteur de la sécurité et de la justice à Sao Tomé-et-Principe.  Enfin, il a appelé les membres du Conseil de sécurité à fournir au Représentant spécial en Afrique centrale tout l’appui dont il a besoin pour exercer son mandat, notamment par l’adoption d’une déclaration présidentielle. 

M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) a déclaré que l’insécurité croissante et la détérioration de la situation des droits humains dans certains pays risque d’affecter toute l’Afrique centrale.  Il a fait référence aux activités transfrontalières des groupes armés qui freinent les efforts de paix et menacent la protection des civils.  « La Suisse salue la collaboration de la RCA et du Cameroun pour renforcer la sécurité des populations civiles dans les zones frontalières et encourage une coopération renforcée avec les autres pays voisins », a dit le représentant.  Renforcer la bonne gouvernance et promouvoir un dialogue politique inclusif et transparent reste essentiel pour la région, a-t-il dit.  « L’origine des conflits étant souvent politique, une réponse sécuritaire seule ne peut offrir une solution durable. »  Il a notamment mentionné le processus de transition engagé en 2021 au Tchad, qui constitue une opportunité unique d’initier des changements profonds dans le pays.  Enfin, il a appelé à prendre pleinement en compte les conséquences des changements climatiques sur la sécurité en Afrique centrale.

M. HERNÁN PÉREZ LOOSE (Équateur) a formé le vœu que les processus électoraux prévus cette année dans la région se déroulent de manière pacifique et transparente, avec la participation des femmes et des jeunes.  Il a salué les efforts pour préparer le référendum constitutionnel au Tchad ainsi que l’appui du BRENUAC au processus de transition dans ce pays.  Préoccupé par la poursuite de la violence perpétrée par des groupes non étatiques opérant dans la région, il a encouragé les pays de la région à lutter de manière coordonnée contre le terrorisme et rappelé l’obligation de respecter les droits humains et le droit international humanitaire. 

S’agissant de la situation au Cameroun, le délégué a appelé les parties à reprendre le dialogue en vue de tourner la page de la crise qui touche le nord-ouest et le sud-ouest du pays.  Quant aux responsables d’actes de violence à l’encontre des journalistes, ils doivent être tenus comptables de leurs actes, a exhorté le représentant.  Pour lui, la participation des femmes aux processus politiques favorise la cohésion sociale, le développement et la prévention de la violence.  Le représentant a d’ailleurs salué la nomination des premières femmes aux postes de vice-président du Gabon et de premier ministre en Guinée équatoriale.  En conclusion, il a regretté que malgré son énorme potentiel, qui pourrait en faire l’un des pôles de développement du continent, l’Afrique centrale n’ait pas encore atteint la stabilité nécessaire pour tirer parti de ses richesses naturelles au profit de ses populations. 

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a salué les mesures prises par le Tchad pour faire baisser les tensions à la suite des manifestations meurtrières du 20 octobre 2022 et a exhorté à ce que le référendum constitutionnel et le retour à l’ordre constitutionnel se concrétisent.  Toutes les parties doivent poursuivre un dialogue constructif à cette fin, a-t-elle souligné.  Elle s’est félicitée du succès des élections au Cameroun et de l’augmentation de la représentation des femmes au Sénat, déplorant en revanche l’assassinat du journaliste Martinez Zogo.  Pour préserver les acquis démocratiques réalisés dans toute la région, il faut protéger l’espace civique, les droits humains et assurer la reddition de comptes, a-t-elle plaidé.  Elle a dit être préoccupée par la situation politique en République centrafricaine notamment les violations des droits humains et du droit humanitaire commises par toutes les parties, y compris par les mercenaires de Wagner.  Elle a dénoncé les entraves à la réalisation du mandat de la MINUSCA.  S’agissant de Sao Tomé-et-Principe, la représentante a salué les mesures prises par les autorités à la suite de la torture et de la mort des personnes détenues suite aux événements du 25 novembre. 

Pour ce qui est de la situation sécuritaire, la déléguée a estimé que le recours à la force ne peut pas mettre fin aux activités violentes de Boko Haram et de la « Province d’Afrique de l’Ouest de l’État islamique » (ISWAP) dans l’Extrême-Nord du Cameroun et la région du bassin du lac Tchad si rien n’est fait pour contrôler leur exploitation des ressources et leurs activités de recrutement. Elle a salué les actions encourageantes prises par le Cameroun pour faire face à la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, tout en se préoccupant de l’impact humanitaire et des violations des droits humains.  La représentante a encouragé le Gouvernement à favoriser un environnement politique qui permette une participation politique et une réconciliation plus large.  Elle s’est aussi alarmée de l’escalade de la violence au Soudan depuis le 15 avril et la détérioration des relations entre la RDC et le Rwanda qui sont des facteurs de déstabilisation dans une région déjà extrêmement fragile.  Les défis aux frontières entre le Soudan, le Tchad et la RCA doivent être abordés par un dialogue continu et une coordination régionale renforcée, a-t-elle préconisé.

M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a commencé par réitérer son attachement à une transition démocratique durable et inclusive au Tchad.  Il a salué la décision des autorités tchadiennes de mettre un terme à la suspension des groupes d’opposition, ainsi que la participation d’un certain nombre d’acteurs dans l’élaboration de référendums constitutionnels, et a dit attendre avec impatience la tenue d’élections.  Selon lui, il importe de suivre le processus de transition démocratique fondé sur le communiqué du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine en vue de ramener la stabilité et la démocratie dans la région.  Le représentant a par ailleurs exprimé sa préoccupation face au regain de tensions au Cameroun.  Ces violences doivent cesser et un dialogue doit être engagé avec tous les acteurs concernés, a-t-il plaidé.  Des progrès doivent aussi être réalisés pour mettre en œuvre la feuille de route de la Conférence internationale sur la région des Grand Lacs. 

Le représentant a ensuite encouragé le Gouvernement de la République centrafricaine (RCA) à travailler davantage avec la MINUSCA et d’autres acteurs afin de ramener la paix et la stabilité dans le pays.  « La RCA a de nombreux partenaires mais le groupe Wagner n’est pas l’un d’entre eux », a-t-il pointé, jugeant que les rapports que le Gouvernement centrafricain entretient avec cette organisation paramilitaire russe empêchent tout retour à la paix et à la stabilité.  Le délégué a d’autre part constaté que des groupes terroristes tels que Boko Haram et Daech en Afrique centrale continuent de déstabiliser la région par le biais d’attaques dont des milliers de personnes ont payé le prix.  Les équipes internationales conjointes doivent lutter contre ces groupes et aborder les causes profondes du terrorisme, a-t-il préconisé.  Il a enfin applaudi les efforts déployés par le Gabon pour sauver les forêts pluviales, notamment en organisant un sommet à cet effet.  

Mme FRANCESCA MARIA GATT (Malte) a regretté que l’adoption d’une déclaration présidentielle sur le BRENUAC soit toujours en attente, en dépit de l’engagement du Conseil à répondre aux multiples défis qui menacent l’Afrique centrale.  Elle a espéré qu’un accord sera rapidement trouvé.  Elle a noté la transition difficile en cours au Tchad, jugeant profondément préoccupantes les arrestations qui ont eu lieu après les manifestations d’octobre.  Elle a appuyé les efforts de médiation au Cameroun, avant de s’inquiéter de la réduction de l’espace civique dans plusieurs pays et des attaques répétées contre des journalistes.  La déléguée a insisté sur les conséquences sécuritaires des changements climatiques, avant de relever que l’augmentation des incidents de piraterie dans le golfe de Guinée rappellent l’importance de faire progresser la gouvernance régionale. Enfin, elle a souligné la nécessité d’une pleine participation des femmes à la vie politique et sociale et salué les progrès accomplis à ce titre au Gabon et en Guinée équatoriale. 

M. DAI BING (Chine) a appelé à soutenir les pays de la région.  Il salué le principe de « solutions africaines aux problèmes africains », qui semble de plus en plus mis en œuvre sur le continent.  Pour le représentant, l’application de sanctions à leur encontre ne fera qu’aggraver les problèmes, a-t-il argué.  Il a aussi invité la communauté internationale à procéder à une évaluation objective de la situation des droits humains dans la région, sans se servir de cette question comme prétexte pour s’immiscer dans les affaires intérieures des pays concernés.  Plaidant pour le soutien à ceux d’entre eux qui font face à des problèmes sécuritaires, le délégué s’est dit prêt à appuyer les efforts sur le front de la lutte contre la piraterie.  Le représentant a souligné l’importance des questions relatives aux changements climatiques dans la région, appelant les pays développés à tenir leurs engagements en facilitant le transfert de technologies pour renforcer les mesures d’adaptation.  Il a enfin plaidé pour un soutien au développement durable de la sous-région, arguant qu’un accent sur les questions économiques pourrait l’aider à régler ses problèmes sécuritaires. 

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) s’est félicité des élections législatives et locales organisées avec succès, en septembre dernier, dans la « nation sœur » de Sao Tomé-et-Principe, s’inquiétant cependant de l’attaque menée en novembre dernier contre le quartier général des forces armées.  Il s’est toutefois dit encouragé par les efforts visant à renforcer les réformes du secteur de la justice et de la sécurité, et salué le soutien apporté par la CEEAC et le BRENUAC à cet égard.  Malgré les résultats positifs dans le domaine de la sécurité maritime dans le golfe de Guinée, grâce notamment à l’architecture de Yaoundé, la récente augmentation de la criminalité maritime, avec des actes de piraterie et des vols à main armée signalés en mer, montre selon lui que les gains durement acquis peuvent être inversés.  En tant que membre du Groupe des Amis du golfe de Guinée et de la zone de paix et de coopération de l’Atlantique Sud (ZPCAS), le Brésil est prêt à continuer de soutenir les pays de la région par la coopération et les opérations navales conjointes, a assuré le représentant.  Il a précisé que son pays a déjà commencé l’organisation de l’opération Guinex iii, prévue en août et septembre 2023, afin de renforcer le partenariat entre la marine brésilienne et celles des pays du golfe de Guinée. 

Le représentant a par ailleurs estimé que la situation au Cameroun demeure particulièrement préoccupante, avant de condamner l’attaque terroriste perpétrée lors de la Course de l’espoir sur le mont Cameroun.  « Les développements socioéconomiques seront déterminants pour l’évolution de la situation en Afrique centrale à l’avenir », a-t-il noté. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a réaffirmé le soutien de son pays aux activités du BRENUAC visant à renforcer la paix et la sécurité dans la région.  Observant que la situation en Afrique centrale est caractérisée par un degré élevé de menace terroriste et de tensions sociales et politiques, la représentante a rappelé que les forces armées des États de la sous-région sont contraintes d’affronter quotidiennement les militants de groupes armés illégaux. Elle a noté que les groupes État islamique en Afrique de l’Ouest et Boko Haram sont particulièrement actifs dans la zone du bassin du lac Tchad et ont étendu leur influence à certaines régions du Nigéria, du Tchad, du Niger et du Cameroun.  Ces formations illégales ont en outre amélioré leur structure organisationnelle, ce qui leur permet tout à la fois de conduire des opérations militaires, de préparer des attentats terroristes et des enlèvements, de former des recrues et de fabriquer des engins piégés, a-t-elle signalé.

Face à cette menace, la représentante a salué l’opération de grande envergure menée l’an dernier par la force multinationale des pays du bassin du lac Tchad pour éliminer les terroristes à l’intérieur des frontières du Tchad, du Niger et du Nigéria.  Il importe selon elle de renforcer davantage l’interaction entre les États de la région, tant sur une base bilatérale que sur diverses plateformes internationales, y compris l’ONU.  Elle s’est par ailleurs alarmée de la poursuite des actes de piraterie contre des navires de commerce dans le golfe de Guinée, jugeant essentiel d’utiliser les ressources de la communauté internationale pour renforcer les capacités des États côtiers à lutter contre ce fléau. 

La déléguée a ensuite évoqué la situation au Cameroun, notant que les problèmes des provinces anglophones trouvent leurs racines dans la période coloniale.  Il est crucial, à ses yeux, que les différents acteurs renoncent à la violence et trouvent des solutions par la négociation.  Elle a aussi dit suivre le processus de transition au Tchad et l’évolution de la situation en République centrafricaine (RCA). Avec le soutien de partenaires, dont la Russie, les autorités centrafricaines ont réussi à surmonter les forces qui entendaient obtenir un changement de pouvoir anticonstitutionnel par la force, s’est-elle félicitée, avant d’appeler le Conseil de sécurité à lever complètement l’embargo sur les armes imposé à la RCA.  Cette mesure est nécessaire pour renforcer la capacité de défense du pays, a insisté la déléguée, non sans rappeler que la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs plaide elle aussi pour une abolition de ces restrictions.  Enfin, la représentante s’est déclarée préoccupée par la gravité de la situation humanitaire en Afrique centrale, et notamment par les retombées du conflit soudanais sur les États voisins.  Tout en appelant à un appui international aux États de la sous-région en fonction des besoins accrus, elle a estimé qu’en matière de prévention des crises et de règlement des conflits, le rôle clef doit être joué par les États de la région eux-mêmes. 

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a encouragé le BRENUAC à continuer de soutenir les processus politiques dans la région.  Elle a souligné la nécessité d’une pleine participation des femmes à la vie politique et sociale, saluant les progrès accomplis à ce titre au Gabon et en Guinée équatoriale.  La déléguée a noté le caractère transfrontalier des défis que la région doit relever et plaidé, en conséquence, pour des réponses transfrontalières, notamment pour lutter contre le terrorisme et le trafic d’armes.  Elle a ensuite insisté sur les conséquences sécuritaires des changements climatiques, notamment l’aggravation des tensions communautaires.  Enfin, la représentante a résolument appuyé le travail du BRENUAC.

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