Soixante-dix-septième session,
33e séance plénière - matin
AG/AB/4422

La Cinquième Commission recommande des crédits supplémentaires pour trois opérations de paix dont la Mission au Soudan du Sud déjà dotée d’un budget de plus d’un milliard de dollars

La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires a recommandé aujourd’hui à l’Assemblée générale l’ajout de crédits supplémentaires aux budgets des opérations de paix à Abyei, entre Israël et la Syrie, et au Soudan du Sud dont l’enveloppe initiale dépasse le milliard de dollars, pour la période allant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023. 

La Commission s’est également saisie des observations et recommandations de son Comité consultatif sur les questions intéressant toutes les 11 opérations de paix, le compte d’appui de ces opérations, le Centre de services régional d’Entebbe et la Base de soutien logistique de Brindisi.  Ces observations et recommandations ont été commentées par Cuba, au nom du Groupe des 77 et la Chine. 

C’est un crédit supplémentaire de 8 506 500 dollars que la Cinquième Commission a recommandé d’ouvrir pour la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), venant s’ajouter aux 259 663 200 dollars ouverts pour l’exercice 2022-2023.*  Pour la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD), il s’agit d’une somme 1 033 900 dollars à ajouter aux 64 544 500 dollars** et enfin pour la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), c’est 5 050 000 dollars, en plus du montant de 1 116 609 000 dollars déjà budgétisé.***  L’Assemblée générale se prononcera sur ces projets de résolution mercredi 31 mai, à partir de 10 heures. 

La Cinquième Commission s’est ensuite saisie des observations et recommandations du Comité consultatif sur les questions administratives et budgétaires (CCQAB).  S’agissant de l’exécution budgétaire des 11 opérations de paix, du compte d’appui, du Centre d’Entebbe et de la Base de Brindisi, pour l’exercice 2021/22, sur un budget total de 6,4 milliards de dollars, le solde inutilisé est de 51,6 millions de dollars, ce qui ne représente que 0,8% des dépenses totales, soit le niveau le plus bas depuis deux ans.  Pour ce qui est de la proposition budgétaire pour 2023/24 qui s’élève à 6,8 milliards de dollars, l’on voit une augmentation de 359,5 millions de dollars par rapport à l’exercice précédent qui s’explique par les besoins accrus des contingents et la hausse du coût des opérations aériennes. 

Les recommandations du CCQAB portent sur la planification, la budgétisation et la gestion financière des opérations de paix; et les questions générales comme le prix du carburant, la gestion de l’environnement, les projets à impact rapide ou encore la lutte antimines.  Les recommandations portent aussi sur les questions diverses, dont la coopération avec les pays hôtes des opérations de paix ou leur planification, compte tenu des moteurs et des catalyseurs des conflits, dont la cyberguerre, la guerre numérique, l’économie politique, la mésinformation et la désinformation. 

Dans le cadre de l’approche globale qui devrait permettre aux opérations de répondre à cette mésinformation et désinformation, le Comité estime que des mesures pourraient être prises pour améliorer la manière dont elles sont perçues, en étroite coopération avec les pays hôtes et les entités concernées, notamment au moyen d’activités relatives aux programmes comme le contrôle des armes détenues par des civils, la stabilisation des communautés, la réforme du secteur de la sécurité ou encore la lutte contre la violence de proximité. Parmi ces activités, le Comité place aussi les projets à impact rapide et appelle à des initiatives écologiques mieux conçues et plus percutantes. 

Il insiste sur des gains d’efficience dans tous les domaines durant la phase de planification des opérations et sur une gestion efficace et efficiente des ressources approuvées.  Le Comité prend d’ailleurs note des montants élevés atteints par les engagements non réglés au cours des exercices 202/2021 et 2021/2022, qui, sans être uniformes, continuent d’augmenter pour certaines opérations d’un exercice à l’autre.  Il dit attendre des explications, y compris pour ce qui est des sommes dues à des gouvernements et des nouveaux engagements prévus pour chaque cycle budgétaire, objet de dépense par objet de dépense, insiste-t-il. 

Le Comité demande au Secrétaire général de continuer à réduire au minimum les réaffectations entre catégories de dépenses, notamment en aidant les opérations à établir des budgets réalistes, cohérents et fiables qui respectent strictement les mandats confiés par les organes délibérants.  Il demande également des informations actualisées sur les prêts, dont le montant aurait pu être restitué aux États Membres ou déduit de leur contribution. 

Parlant en particulier de l’exercice 2023/24, le Comité prend note des efforts déployés pour améliorer l’exactitude et la cohérence des taux de vacance retenus aux fins de l’établissement des projets de budget mais relève un manque de cohérence dans leur application et une absence de justification claire dans de nombreux cas.  Au 31 décembre 2022, relève-t-il encore, 54 postes étaient vacants depuis plus de 24 mois.  Il réclame donc des informations actualisées sur l’état d’avancement des recrutements. 

L’examen des effectifs de certaines missions n’a pas abouti à des gains d’efficacité concrets, tranche le Comité qui recommande que le Secrétaire général procède à des examens périodiques des besoins en personnel civil, de manière transparente et objective, afin d’éviter les redondances et les chevauchements, notamment par la réaffectation des postes et emplois vacants. 

À ce propos, il insiste sur l’importance d’un recrutement effectué sur une base géographique aussi large que possible et demande des informations détaillées et ventilées sur celle des pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police dans les missions, ainsi que dans les départements financés au moyen du compte d’appui.  Il compte aussi que le Secrétaire général continuera de communiquer des données détaillées sur la représentation des sexes dans les missions. 

Chaque opération à ses particularités, s’agissant de la taille, de la complexité et des capacités, mais elles peuvent toutes, dit encore le Comité, laisser une empreinte là où elles opèrent en mettant en œuvre de manière fructueuse, efficace et responsable des activités dans des domaines tels que la communication stratégique, l’environnement, la déontologie et la discipline, notamment la prévention de l’exploitation et des atteintes sexuelles, la construction de logements en dur pour le personnel ou encore les projets à impact rapide.  Le Secrétaire général devrait donc, selon le Comité, élaborer une stratégie globale visant à laisser une empreinte positive, qui sera mise en œuvre tout au long du cycle de vie des missions. 

Dans ses commentaires, M. RICHARD TUR (Cuba) a exprimé la préoccupation du Groupe des 77 et la Chine, face au montant des contributions impayées qui a malheureusement augmenté au cours des cinq derniers exercices budgétaires. Il a donc exhorté, une fois de plus, tous les États Membres à s’acquitter de leurs obligations financières en temps voulu, intégralement et sans conditions.  Il a, en outre, réclamé un état actualisé des contributions pour toutes les missions. 

Toute tentative, a-t-il prévenu, d’utiliser l’évaluation des performances pour procéder à des coupes arbitraires ne peut que saper la mise en œuvre des mandats et peut même nuire aux progrès réalisés précédemment.  Insistant comme le CCQAB sur la représentation adéquate des pays fournisseurs de contingents et de personnel de police, il a voulu que le Secrétariat remédie à ce « déficit historique ». 

Alors que le Groupe des États d’Europe occidentale et autres États ne fournit pas un nombre important de personnel en uniforme, ses ressortissants occupent près de 40% des postes financés par le compte d’appui et près de 50% de ceux du Département de l’appui opérationnel (DOS).  Pour finir, le délégué a salué les initiatives visant à améliorer la sûreté et la sécurité des soldats de la paix, qui constituent, a-t-il rappelé, l’une des principales préoccupations de son Groupe. 

* A/C.5/77/L.36 
** A/C.5/77/L.35 
*** A/C.5/77/L.37 
**** A/77/767 

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