En cours au Siège de l'ONU

ECOSOC: le Forum des Nations Unies sur les forêts achève une vingtième session qui fut « un espace de confiance et d’amitié vers des objectifs communs »

Vingtième session
10e séance plénière* – matin
ENV/DEV/2069

ECOSOC: le Forum des Nations Unies sur les forêts achève une vingtième session qui fut « un espace de confiance et d’amitié vers des objectifs communs »

Les travaux de la vingtième session du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF) a pris fin ce matin, après cinq jours de travaux.  Les participants au conclave annuel de cet organe subsidiaire du Conseil économique et social (ECOSOC) ont échangé sur diverses questions relatives à la gestion durable des forêts, en se focalisant sur les moyens de renforcer la mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030). 

Le Président de la session, M. Ismail Belen (Türkiye), a salué ce qui fut « un espace de confiance, d’amitié et de travail en vue d’atteindre les objectifs communs ».  Il a rappelé que les forêts se présentent aujourd’hui comme une fondation pour la paix, la vie et l’espoir. 

Il est vrai que cette session a lieu alors que le monde connaît des temps incertains, a souligné la Directrice du secrétariat du FNUF, Mme Juliette Biao.  C’est d’ailleurs pourquoi elle a appelé les délégations à redoubler d’efforts pour que le Plan stratégique 2017-2030 soit mis en œuvre.  Pour y parvenir, elle a exhorté les États à mettre la main à la poche pour soutenir davantage le secrétariat du FNUF et le fonds d’affectation spéciale qui lui est consacré. 

Avant de mettre fin à ses travaux, le Forum a décidé de tenir du 11 au 15 mai 2026 au Siège de l’ONU sa vingt et unième session, dont il a approuvé l’ordre du jour provisoire (E/CN.18/2025/L.1).  La Nouvelle-Zélande a exprimé le souhait que le Partenariat de collaboration sur les forêts puisse prendre part aux réunions plénières du Forum pour les prochaines sessions. 

Le projet de rapport (E/CN.18/2025/L.3) de la session a également été présenté par la Rapporteuse, Mme Maria Sokolenko (Fédération de Russie), qui entend le finaliser ultérieurement avec le soutien du secrétariat. De même, le résumé du Président qui servira de contribution du FNUF au forum politique de haut niveau pour le développement durable de 2025, sous les auspices de l’ECOSOC, sera finalisé en tenant compte des observations des délégations. 

Quelques délégations ont saisi cette occasion pour commenter le résumé de la présidenceLa délégation des États-Unis a souhaité que ledit résumé tienne compte, au sujet du possible ajout de cinq postes relevant du budget ordinaire, d’un rééquilibrage éventuel des postes du Département des affaires économiques et sociales (DESA). S’agissant du bureau du Réseau mondial de facilitation du financement forestier qu’il est proposé de créer à Beijing, la délégation américaine a souhaité qu’il soit rappelé au secrétariat la demande de mise à jour des avancées du projet formulée lors de la dix-neuvième session. Enfin, elle a rappelé son opposition aux références faites aux objectifs de développement durable (ODD) et à l’Accord de Paris. 

L’Argentine a proposé un amendement d’une partie du résumé de la présidence, alors que le Royaume-Uni a prévenu qu’il enverrait des observations écrites sur les paragraphes 12, 17 et 25 du document.

Au chapitre 4 du résumé, la Pologne, au nom de l’Union européenne (UE), a souhaité qu’il soit rappelé l’importance d’une utilisation durable des forêts dans le cadre des économies sylvicoles.  Concernant le chapitre 7, elle a jugé que le texte pourrait être plus équilibré pour refléter les discussions, avant d’insister pour qu’apparaisse sa contribution sur l’importance de l’implication des grands groupes et autres parties prenantes pertinentes pour faire progresser les efforts en matière de gestion durable des forêts.  Enfin, elle regretté que le résumé ne mentionne pas le soutien de l’UE à la recommandation qui concerne la prochaine session du Forum. 

Plusieurs délégations, notamment la Nouvelle-Zélande au nom des délégations du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (CANZ), le Brésil et le Zimbabwe, au nom de la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe), ont informé vouloir soumettre des observations écrites pour qu’elles figurent dans le résumé.  Le Libéria s’est également réservé le droit de faire des commentaires, avant que le Président ne rappelle que les délégations ont encore une semaine pour faire des observations au résumé. 

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* En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse n’a pas pu couvrir les séances 4 à 9.

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Cinquième Commission: le Contrôleur de l’ONU détaille la situation financière difficile de l’Organisation

Soixante-dix-neuvième session,
33e séance plénière – matin
AG/AB/4498

Cinquième Commission: le Contrôleur de l’ONU détaille la situation financière difficile de l’Organisation

Ce matin, la Cinquième Commission de l’Assemblée générale, chargée des questions administratives et budgétaires a entendu un long exposé du Contrôleur de l’ONU, M. Chandru Ramanathan, sur la situation financière de l’Organisation.  Il n’a pas fait mystère des difficultés actuelles en rappelant ce chiffre: les 2,4 milliards de dollars restant impayés au 30 avril 2025 sur un budget annuel de 3,5 milliards.

Au titre du budget ordinaire, le Contrôleur a pointé les fluctuations considérables dans la collecte des recettes mensuelles, rendant difficile l’engagement des fonds à temps pour une mise en œuvre efficace du budget.  Ainsi, en avril 2025, le taux de recouvrement était à son niveau le plus bas des sept dernières années, a-t-il dit, avant d’évoquer les mesures de trésorerie rigoureuses mises en place par l’Organisation. « Pour 2025, nous visons une réduction des dépenses de 600 millions de dollars tant que nous n’avons pas la certitude d’avoir la trésorerie pour respecter nos obligations jusqu’à la fin décembre. »

Le Contrôleur des Nations Unies a rappelé qu’au 30 avril 2025, 101 États Membres avaient payé l’intégralité de leurs contributions au budget ordinaire de l’ONU, soit 4 de moins qu’à la même période l’an dernier.  Il a remercié en particulier les 49 qui l’ont fait dans les délais prévus par les règles financières de l’ONU, soit dans les 30 premiers jours de l’année, et les 152 États Membres ayant versé l’intégralité de leurs contributions pour 2024.  Par ailleurs, 12 États Membres ont versé leurs contributions de 2025 en avance (Arménie, Estonie, Gambie, Hongrie, Israël, Kazakhstan, Lituanie, Maroc, Pologne, Portugal, Slovaquie, Ukraine). 

S’agissant du budget des opérations de maintien de la paix, débattu par les délégations plus tôt dans la semaine, le Contrôleur de l’ONU a précisé que 4,6 milliards de dollars ont été payés fin avril 2025 pour un budget de 5,2 milliards.  Les actions que les États Membres prendront au cours de deux prochains mois seront déterminantes, a-t-il dit, en mettant en garde contre le risque d’une incapacité des missions à s’acquitter de leurs mandats.  S’agissant des tribunaux internationaux, M. Ramanathan a précisé qu’au 30 avril 2025, 79 millions de dollars n’avaient pas été payés, 79 États Membres s’étant acquittés de l’intégralité de leurs contributions, contre 83 au 30 avril 2024. 

En conclusion, le Contrôleur a rappelé que la bonne santé financière de l’Organisation dépend de la capacité des États Membres à s’acquitter de leurs obligations en temps et en heure.  « Le Secrétariat reste pleinement engagé auprès des membres pour atteindre cet objectif. »  L’Organisation ne pourra résoudre la crise de liquidités actuelle qu’avec le soutien des États Membres, a tranché M. Ramanathan, en appelant à en faire davantage pour prévenir les manques cycliques de liquidités.

Les délégations débattront de la situation financière de l’ONU lors de la séance publique prévue le lundi 19 mai à 10 heures.

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Comité de l’information: le consensus prévaut, une victoire du multilatéralisme face à la montée de la désinformation

Quarante-septième session
4e séance – matin
PI/2328

Comité de l’information: le consensus prévaut, une victoire du multilatéralisme face à la montée de la désinformation

Ce matin, le Comité de l’information a achevé les travaux de sa quarante-septième session annuelle en adoptant par consensus son rapport final qui contient deux résolutions et qui sera transmis à l’Assemblée générale.  Ce document sera publié ultérieurement.

Saluant ce résultat, le Directeur de la Division de l’information et des médias du Département de la communication globale (DCG), M. Ian Phillips, a exprimé la reconnaissance de la Secrétaire générale adjointe, Mme Melissa Fleming, aux délégués qui ont travaillé sans relâche pour parvenir à ce consensus à un moment où les défis mondiaux se multiplient. 

« Même si vous êtes venus aux réunions du Comité avec des positions différentes et qu’il vous a parfois semblé que le fossé était trop large pour être comblé, le multilatéralisme a fonctionné », s’est-il réjoui.  Et c’est d’ailleurs le multilatéralisme en tant que moyen pour relever les défis mondiaux que le DCG cherchera à mettre en valeur pendant la quatre-vingtième session de l’Assemblée générale, a-t-il annoncé.

L’Union européenne a toutefois souligné la nécessité de ne jamais perdre de vue le lien étroit entre la recherche d’un consensus et la non-politisation des travaux du Comité.  Elle a appelé à approfondir la compréhension de son mandat principal et des procédures qui guident ses travaux, notamment ceux de son groupe de travail à composition non limitée: « à mesure que la résolution devient plus longue et complexe, nous risquons d’en diluer l’objectif principal.  Nous devons éviter les redondances et maintenir un mandat clair et précis », a mis en garde son représentant.

Revenant sur une préoccupation majeure exprimée par les délégations tout au long de cette session du Comité -la lutte contre la désinformation et la mésinformation, la manipulation de l’information et l’utilisation sûre, sécurisée et fiable de l’intelligence artificielle (IA)- M. Phillips a appelé à s’appuyer sur les Principes mondiaux pour l’intégrité de l’information pour continuer d’inspirer les efforts visant à créer des environnements informationnels sûrs et sains.  Le langage relatif à l’intelligence artificielle a d’ailleurs été renforcé cette année dans les résolutions du Comité pour souligner l’urgence de garantir qu’elle soit sûre, sécurisée et digne de confiance, a relevé l’Union européenne.

Cette dernière a en revanche pointé les lacunes du Comité en matière de multilinguisme, déplorant l’absence d’interprétation dans les six langues officielles lors de la réunion informelle avec la Secrétaire générale adjointe, et l’adoption, aujourd’hui, d’un texte qui n’a pas été traduit dans toutes les langues officielles de l’ONU. 

« C’est inacceptable », un sentiment auquel a fait écho l’Iraq, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, d’autant plus, a relevé le représentant iraquien, que le Comité a terminé ses travaux dans les délais impartis.  Le multilinguisme est une grande valeur pour l’ONU, a-t-il souligné.

Sur ce point, le Directeur de la Division de l’information et des médias a assuré que le DCG partage cette valeur et continuera de communiquer sur le travail essentiel de l’ONU dans les six langues officielles de l’ONU et dans de nombreuses autres langues. 

Dans notre paysage médiatique complexe, atteindre les publics dans les langues que les gens parlent et sur les plateformes qu’ils utilisent est un défi, mais nous continuerons d’innover pour informer, mobiliser et inspirer, a-t-il assuré.

À noter par ailleurs que lors de l’adoption des textes, l’Argentine s’est dissociée des paragraphes du rapport dans lesquels il est fait référence aux objectifs de développement durable, au Pacte pour l’avenir et à ses annexes sur les changements climatiques.  Même son de cloche du côté de la Hongrie, qui s’est dissociée de certains paragraphes dont les dispositions vont à l’encontre de ses priorités nationales.

L’Afrique du Sud a regretté pour sa part que le Comité n’ait pas pu progresser davantage dans la mise en œuvre des engagements pris en matière de numérisation.

 

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ECOSOC: le dixième forum sur la science, la technologie et l’innovation s’achève sur des idées pour augmenter les financements et renforcer les capacités

Session de 2025,
Forum sur la science, la technologie et l’innovation, matin & après-midi 
ECOSOC/7203

ECOSOC: le dixième forum sur la science, la technologie et l’innovation s’achève sur des idées pour augmenter les financements et renforcer les capacités

Après deux jours de mise en commun des intelligences, y compris celles dites artificielles, le Conseil économique et social (ECOSOC) a mis fin à son dixième forum de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation (STI) au service de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD). 

Tout au long des cinq sessions, dont la première au niveau ministériel, les représentants d’États, experts, entrepreneurs et innovateurs ont discuté de la meilleure façon de tirer parti de ces outils que sont les STI, notamment l’intelligence artificielle, pour accompagner la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Aujourd’hui, les délégations ont examiné les moyens de tirer parti des sciences et technologies pour parvenir au développement durable, y compris en s’appuyant sur l’intelligence artificielle (IA) afin de réduire les inégalités entre sexes et d’assurer la gestion durable des écosystèmes marins.  Elles ont aussi exploré les questions de financement et plaidé pour le renforcement des capacités en matière de STI.

Le Président de l’ECOSOC et les deux Coprésidents du forum sur les STI (les représentants permanents du Maroc et de la Finlande) ont conclu la session, avec à leurs côtés la Coprésidente du Groupe des dix représentants de haut niveau de la société civile, du secteur privé et de la communauté scientifique des Nations Unies pour promouvoir la science, la technologie et l’innovation pour les ODD. 

Session 2 - faire progresser la science, la technologie et l’innovation (STI) pour l’égalité des sexes

Cette session était consacrée à l’examen des moyens de combler la fracture numérique entre les sexes et promouvoir le leadership des femmes et des filles dans les domaines des STI.  Les intervenants ont plaidé pour l’élimination des obstacles à l’accès, à la participation et au leadership de manière égale dans l’éducation, l’emploi et la recherche, notamment les grands domaines symbolisés par l’acronyme STIM (Sciences, technologies, ingénierie et mathématiques). 

L’animateur, M. Tony Maciulis, responsable des contenus à GZERO Media Lightning Talks, s’est dit heureux de constater qu’il était le seul homme de la première partie de la session, les autres protagonistes étant des femmes.

Même si elles sont bien représentées à cette discussion, a reconnu Mme Aree Moon, les femmes ne représentent que 30% dans les STIM. Celle qui est Présidente de la Fondation coréenne pour les femmes dans la science, l’ingénierie et la technologie, a prévenu que si nous voulons agir, il faut commencer par promouvoir des données fiables.  Sans les données, aucune action ne saurait se faire, a-t-elle dit.  Elle a aussi fait remarquer que c’est après l’âge de 30 ans généralement que le fossé se creuse entre les sexes.  L’intervenante a donc plaidé pour que les garçons et les hommes soient les alliés des femmes en quête d’une place dans les domaines scientifiques. 

Mme Mariana Costa, de Laboratoria (Pérou), a expliqué comment sa plateforme mise en ligne permet de renforcer les capacités des femmes d’Amérique latine dans les domaines des STIM.  « Une révolution », quand l’on se souvient que dans les années 1990, certaines poupées Barbie destinées aux jeunes filles pouvaient s’exprimer et disaient des choses comme « les mathématiques, c’est vraiment dur », a rappelé Mme Paola Cecchi Dimeglio, Présidente de Executive Leadership Research Initiative for Women and Minority Attorneys.  Elle a d’ailleurs relevé que, 30 ans plus tard, la situation n’a pas beaucoup évolué.  Celle qui est enseignante à Harvard a fait observer que « les algorithmes sont créés par les hommes et reproduisent l’approche sexiste de la société ».

C’est aussi après avoir constaté les discriminations dans l’éducation des jeunes filles que Mme Catherine Ngila, Directrice exécutive de l’ONG African Foundation for Women and Youth in Education, Sciences, Technology and Innovation (Kenya), s’est engagée à faire bouger les lignes.  Prenant exemple sur son propre parcours, elle a indiqué qu’une femme qui passe par une maternité pendant ses études ne doit pas avoir à choisir entre sa formation et sa vie familiale.  Elle a personnellement pu bénéficier d’une année supplémentaire de bourse pour prendre soin de son enfant.

Les jeunes femmes et filles ont grandement besoin d’outils, a enchaîné Mme Mariéme Jamme,fondatrice de IamtheCODE (Royaume-Uni), dont l’organisation sillonne l’Afrique (Kenya, Sénégal, Burkina Faso...) afin d’apprendre aux jeunes femmes à faire du codage informatique, et ce depuis 2020.  Des milliers de jeunes femmes font désormais du codage informatique grâce à cette organisation.  L’argent est le socle de telles initiatives, a souligné Mme Jamme en expliquant qu’il faut, par exemple, s’assurer que les filles mangent à leur fin et qu’elles aient des serviettes hygiéniques.  Elle a aussi tancé les bailleurs de fonds qui offrent 5 000 dollars et exigent d’innombrables rapports alors qu’ils ont les moyens de donner des millions.

Il s’agit d’abord de mettre sur pied des politiques appropriées, a estimé Mme Sunungurai Dominica Chingarande, Recteure de Women’s University in Africa (Zimbabwe).  Selon elle, les questions de genre sont les questions de développement et sont donc le problème de tous.  Pour le continent africain, elle a jugé que la base de l’action serait d’améliorer la connectivité.

Des délégations ont également pris la parole pour faire l’état des lieux des obstacles que les femmes rencontrent dans les STI, avant de plaider pour des solutions systémiques.  « Qui fixe les règles du jeu? » a demandé par exemple le Mexique en faisant observer que si les femmes ne sont pas impliquées dans la mise en place des règles, y compris dans le secteur de l’intelligence artificielle, il est peu probable de les voir prises en compte après coup.

Session 3: tirer parti de la science pour conserver, restaurer et utiliser de manière durable les écosystèmes marins, océaniques et côtiers

Cette session était axée sur l’exploitation de la science, de la technologie et de l’innovation pour accélérer la conservation, la restauration et l’utilisation durable des océans et des écosystèmes marins, conformément à l’ODD 14. 

Le modérateur, M. Latif Nasser, de WNYC/Radiolab, a planté le décor en rappelant que « notre océan » recouvre la majorité de la surface terrestre, et que c’est là où la vie a commencé et continue.  Alors que les océans absorbent plus de 90% de la chaleur excédentaire générée par les changements climatiques, ils sont aux prises avec des menaces existentielles comme l’augmentation de leur température, ce qui entraîne la montée des eaux et leur acidification, la perte de la biodiversité marine, sans oublier la surpêche et la pollution plastic marine (11 millions de tonnes par an), comme l’a rappelé le représentant du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), qui a jugé plus urgent que jamais de trouver des solutions efficaces pour préserver et restaurer de façon durable les océans. 

Cela passe par une gouvernance renforcée des océans qui doit pouvoir s’appuyer sur des données et solutions scientifiques et technologiques.  Si l’ONU assume un rôle de premier plan en tant que plateforme pour réduire le fossé entre les connaissances et les politiques visant à transformer la relation entre l’humanité et son environnement, l’économie durable bleue dépend des innovations technologiques et scientifiques et de l’intégration de ces technologies de pointe et de l’IA dans la réalité quotidienne des pays directement concernés, en particulier les petits États insulaires en développement (PEID) et les nations océaniques.

Ces États représentent 1% de la population mondiale, 1% du PIB mondial mais 40% de la biodiversité mondiale et 18% des récifs coraliens, a rappelé M. Xavier Estico, fondateur du Centre des Seychelles pour l’innovation et le développement durable, et membre du Groupe des dix experts de haut niveau de la communauté scientifique, de la société civile et du secteur privé auprès du Secrétaire général.  Les PEID sont devenus le « baromètre du changements climatiques », mais alors que leur patrimoine appartient au monde entier, ces pays n’ont pas les moyens de le préserver sans la collaboration et le soutien internationaux. 

Partant du constat que l’océan est vivant et que ce n’est que par le biais de l’innovation qu’on pourra le protéger, cette discussion a permis de donner des exemples concrets de ce qui se fait déjà dans des contextes nationaux et locaux.

Aux Seychelles, par exemple, des « obligations marines » financent un Fonds spécial de conservation de l’environnement marin, dont un projet porté par une ONG qui, grâce à la science de pointe, fait pousser le corail plus rapidement.  Cette expérience innovante est aujourd’hui répliquée ailleurs dans le monde.

Le professeur Nianzhi Jiao, qui occupe la chaire Cheung Kong Scholar à l’Université de Xiamen en Chine, a développé une pompe microbienne à carbone, une innovation qui lutte contre les émissions de carbone dans l’atmosphère et donc contre le réchauffement de la planète.  Il a mis l’accent sur l’acidification des océans qui est directement liée aux quantités de CO2 dans l’atmosphère et aux eaux usées rejetées dans l’océan.

Pour Mme Awa Bousso Drame, fondatrice de l’Institut de recherche CoastGIS (Sénégal), et Jeune talent 2022 du programme L’Oréal-UNESCO pour les femmes et la science en Afrique subsaharienne, classée dans la liste Forbes Africa 30 Under 30 2023, il faut sortir des cadres théoriques pour bâtir l’économie de la connaissance et renforcer le capital humain, à commencer par les jeunes et les femmes.

Prouvant son argument, deux jeunes Kenyans sont venus présenter leurs initiatives phares.  M. Joseph Nguthiru de HyaPak, a développé des solutions biodégradables pour les plastiques à usage unique et travaille notamment avec les communautés côtières.  De son côté, M. Lennox Omondi, d’ECOBANA, a développé des serviettes hygiéniques biodégradables à base de fibres de bananes.

Il y a aussi l’exemple de ce projet de l’Union africaine et l’Union européenne, piloté par M. Kwame Adu Agyekum, chercheur en télédétection à l’Université du Ghana et Coprésident du Comité directeur de GEO Blue Planet (Ghana).  Ce projet a pour vocation de fournir des données satellitaires sur 18 pays africains -allant du Nigéria à l’Égypte- aux gouvernements, au monde universitaire et aux scientifiques, afin d’alimenter les recherches sur la sauvegarde des océans. 

Toujours sur les données marines, le Chef du Programme des Nations Unies pour l’exploitation de l’information d’origine spatiale aux fins de la gestion des catastrophes et des interventions d’urgence (UN-SPIDER) au Bureau des affaires spatiales des Nations Unies, a annoncé le lancement d’une alliance entre UN-SPIDER et plusieurs agences spatiales nationales lors de la troisième Conférence sur l’océan qui aura lieu au mois de juin à Nice.  L’objectif de cette alliance est de connecter le secteur spatial et les océans en vue de leur préservation, a expliqué M. Lorant Czaran. Il souhaite soutenir les pays en première ligne, notamment les PMA et les PEID, en leur facilitant l’accès aux données et technologies spatiales pertinentes pour relever les défis locaux et mondiaux liés aux océans.

L’une des applications concrètes des données satellites pour la surveillance des océans a été présentée par M. Agyekum. En vue d’améliorer la sécurité des pêcheurs en mer, un système de drapeaux, avec un code couleur, a été mis en place pour contourner le problème de l’analphabétisme.  Les informations satellites sont relayées aux responsables des ports via leurs téléphones portables et les drapeaux couleur sont hissés dans les ports en fonction.

Mme Bousso Drame a également cité le cas d’un système d’alerte précoce pour informer les pêcheurs des risques météorologiques, notamment sur la force et la direction des vagues.  Pour elle, l’IA est un outil efficace pour traiter l’imagerie satellite en grand volume afin d’obtenir des instruments sur mesure pour avoir une surveillance en temps réel des océans et milieux côtiers. 

Session 4: renforcer le financement et les capacités en matière de technologie, ainsi que les infrastructures de recherche aux fins de développement durable

Élever le niveau d’investissement et renforcer les capacités en faveur du développement des sciences, des technologies et de l’innovation 

« Qui va financer les besoins en matière de sciences, de technologies et d’innovation (STI)?  Qui va payer l’addition? » a lancé en ouverture de cette table ronde le modérateur, M. Latif Nasser, de WYNBC Studios, résumant ainsi ses enjeux.

Justement, M. Chola Milambo, Représentant permanent de la Zambie, a présenté les propositions faites relatives aux STI dans le document final préparé pour la Conférence de Séville.  Le document met notamment l’accent sur les investissements à consentir dans des infrastructures numériques afin de combler le fossé qui existe.  Il s’est dit confiant en un consensus sur un document final à la mi-juin, même si le calendrier négociations est serré.

Un exemple de financement privé a été donné par M. Gong Ke, de l’université de Nankai (Chine), qui appartient au plus grand réseau d’ingénieurs dans le monde.  Il a mentionné un programme de formations d’ingénieurs au Kenya qui a été financé grâce notamment à des entreprises privées.  L’ingénierie est un élément essentiel et davantage de financements doivent être consacrés pour renforcer les capacités en la matière, a estimé l’expert.

M. Marco Gilli, de la Fondazione Compagnia di San Paolo (Italie), a axé son intervention sur l’importance des organisations philanthropiques pour répondre aux besoins de financement.  « Nos outils sont différents, comme les bourses d’études par exemple, et nous pouvons nous montrer patients quant au retour sur investissement, à la différence des entreprises privées. »  Il a détaillé le plan de partenariat en cours entre l’Italie et l’Afrique afin de créer un réseau de projets notamment universitaires.  « Il existe vraiment une possibilité de renforcer le partenariat entre l’Europe et l’Afrique. »

Des partenariats et autres initiatives ont également été mis en avant pour illustrer ce qu’il est possible de faire en matière de financement.  Mme Thandi Mgwebi, de la Fondation nationale pour la recherche (Afrique du Sud), a dit que son travail consiste à développer des partenariats en matière de STI, « élément central » du Programme 2030 et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA).  « Les partenariats, ça marche, parce cela permet d’insuffler de la confiance et cela a des effets multiplicateurs. »  Le financement des STI n’est pas adéquat en Afrique, a-t-elle indiqué, en estimant que la cible de consacrer 1% du budget aux STI n’est pas atteint dans la plupart des pays africains. »  Le financement des STI n’est pas adéquat en Afrique, a-t-elle indiqué, en estimant que la cible de consacrer 1% du budget public ((national ???)) aux STI n’est pas atteint dans la plupart des pays africains.

Une initiative pour l’excellence africaine a par ailleurs été présentée par Mme Peggy Oti-Boateng, de l’Académie africaine des sciences, académie créée il y a 40 ans qui bénéficie du soutien diplomatique de l’UA.  Cette initiative prend en considération les objectifs de développement durable (ODD) et est basée sur le principe de partenariat équitable.  Il n’y a pas de partenariat équitable entre le Nord et le Sud, a-t-elle d’ailleurs fait remarquer.  Elle a jugé qu’il est temps que l’Afrique développe son propre financement en matière de technologie et d’innovation.  « On doit travailler ensemble. »  Elle a saisi cette occasion pour demander une réforme de l’architecture financière internationale.

Mme Angela Sarcina, de la Commission européenne, a précisé qu’un partenariat a été noué avec cinq pays africains (Namibie, Rwanda, Seychelles, Maurice et Kenya) en vue d’élaborer des feuilles de route pour réaliser les ODD dans le domaine des STI.  Des stratégies STI adaptées aux réalités locales sont des moteurs de changement, a-t-elle fait valoir, mais les financements font défaut, a-t-elle reconnu, en espérant que la conférence de Séville permette de mobiliser les financements nécessaires.

M. António Gomes Souza Filho, de la Fondation CAPES (Brésil), a, lui, indiqué que sa fondation vise notamment à la préservation des écosystèmes de la forêt amazonienne.  Près de 750 agents ont été ainsi formés, s’est-il félicité.

Lors du débat qui a suivi, l’Indonésie et l’Algérie ont espéré que la conférence de Séville permettra d’aboutir à des financements innovants.  Une position partagée par l’Éthiopie qui, au nom du Groupe des États d’Afrique, a appelé à répondre aux besoins technologiques du Sud global par le biais notamment de transferts.  « Les connaissances scientifiques sont un bien public mondial. » 

Pointant pour sa part les disparités d’accès dans les diagnostics et les traitements, alors que l’accès à la santé est un droit fondamental, la Fédération mondiale de neurologie a martelé que les financements publics sont indispensables.  Enfin, le Cambodge a rappelé l’importance du capital humain, « sans lequel il est difficile d’aller loin », avant de plaider vigoureusement en faveur de transferts technologiques. 

Améliorer les infrastructures de recherche orientées vers le développement durable

La deuxième table ronde de l’après-midi, dans la continuité des discussions précédentes, s’est ouverte par l’intervention de M. Addisu Fedaku, professeur d’université en Éthiopie.  Il a lancé un appel à l’assistance pour soutenir son entreprise Enset Starter Culture, spécialisée dans la culture de bananes et la production de farines alimentaires, qui emploie majoritairement des femmes.

M. Navid Hanif, Sous-Secrétaire général chargé du développement économique au Département des affaires économiques et sociales (DESA), a introduit cette discussion en disant que sans architecture de recherche solide, il sera difficile de réussir la transition technologique.  Cela implique d’investir dans la collaboration et le partenariat en matière de recherche.  Les collaborations existantes ont abouti à des feuilles de route qui permettent des investissements ainsi que le renforcement des capacités et des politiques pour réaliser les ODD.  En juin, a annoncé le Sous-Secrétaire général, le DESA inaugurera une nouvelle initiative sur la science, la technologie et l’innovation pour une action climatique intégrée dans les petits États insulaires en développement (PEID) d’Afrique. Et face à l’augmentation de la demande, le Département publiera un deuxième guide de mise en œuvre de la science, la technologie et l’innovation pour la réalisation des ODD.  M. Hanif a misé sur la conférence de Séville sur le financement du développement pour trouver des voies afin de financer ces secteurs. 

Dans cette même perspective, Mme Jelena Begovic, chercheuse principale à l’Institut de génétique moléculaire et d’ingénierie génétique (Serbie) et Présidente du Conseil des gouverneurs de l’ICGEB, a insisté sur la nécessité de relier les besoins en développement aux travaux scientifiques, et de créer un pont entre les ODD, les chercheurs et le public.  Elle a rappelé que ce projet bénéficie d’un financement gouvernemental.  Les services publics bénéficient de la numérisation, a justement fait valoir M. Ibrahima Guimba Saïdou, PDG du Partenariat pour l’accès numérique en Afrique (Niger), qui a plaidé pour une numérisation progressive de l’administration.  Il a proposé de créer un pôle d’innovation réunissant bailleurs de fonds, secteur public et secteur privé.  Il a également évoqué la mise en place d’une académie de codage, d’un programme de villages intelligents et connectés, d’une compétition technologique annuelle, ainsi que de mécanismes de financement mixtes confiés au secteur privé.

C’est un appel aux financements volontaires de la science, de la technologie et de l’innovation qu’a lancé pour sa part Mme Motoko Kotani, Vice-Présidente exécutive pour la recherche à l’Université de Tohoku (Japon), chercheuse principale à l’Institut avancé pour la recherche sur les matériaux et à l’Institut de mathématiques, ainsi que membre du Groupe des dix représentants de haut niveau.  Ces financements sont indispensables quand on connaît la contribution importante des travaux des scientifiques à la réalisation des 17 ODD, comme l’a fait valoir M. Carlos Henrique Brito Cruz, Vice-Président du réseau de recherche Elsevier et Coprésident du Groupe des dix représentants de haut niveau.  Ces travaux constituent en effet une base essentielle de connaissances pour atteindre chaque objectif, a-t-il observé.

D’ailleurs, les infrastructures de recherche devraient être considérées comme des biens publics mondiaux, selon l’avis de M. Peter Hanke, Ministre fédéral de l’innovation, de la mobilité et de l’infrastructure de l’Autriche.  C’est pourquoi le Ministre a insisté sur la nécessité de mobiliser à la fois les investissements publics et les fonds privés pour garantir leur pérennité.  L’importance d’un financement durable et équitable pour la science a également été soulignée par Mme Lidia Arthur Brito, Sous-Directrice générale pour les sciences naturelles à l’UNESCO, qui a plaidé pour une science ouverte, inclusive et accessible aux chercheurs comme aux communautés marginalisées.  Elle a évoqué à cet égard l’ouvrage Recommandation de l’UNESCO sur la science ouverte, avant d’insister sur le rôle des gouvernements et de la philanthropie dans le financement.  Mme Arthur Brito a également promu l’accès à distance aux laboratoires, ainsi que le réseau de connaissances scientifiques de l’UNESCO, conçu pour promouvoir un développement fondé sur les données.

Ces efforts de financement nécessitent de coordonner les partenaires, selon M. Seizo Onoe, Directeur du Bureau de la normalisation des télécommunications à l’Union internationale des télécommunications (UIT), qui a présenté une initiative lancée par son organisme pour rassembler des partenaires en vue de financer l’accessibilité universelle à la connectivité.  La question de l’accessibilité a aussi été abordée par M. Chris Sharrock, Vice-Président de Microsoft pour les Nations Unies et les organisations internationales.  Il a insisté sur l’importance de la diffusion technologique et sur le principe selon lequel « celui qui a besoin de la technologie doit pouvoir y accéder ». Microsoft investit à cet effet 80 milliards de dollars, cette année, dans les technologies, dont 8 milliards pour le Sud et 1,6 milliard pour le Kenya et les Émirats arabes unis. 

Le développement durable ne saurait se réaliser sans les ingénieurs, a conclu M. Mustafa Shehu, Président de la Fédération mondiale des organisations d’ingénieurs (WFEO), en proposant d’ajouter un second I à l’acronyme STI pour y inclure l’ingénierie.  Il a appelé à des incitations fiscales en faveur de cette discipline, notamment pour renforcer la connectivité.

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Le Conseil de sécurité proroge le mandat de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) jusqu’au 30 avril 2026

9913e séance – après-midi
CS/16059

Le Conseil de sécurité proroge le mandat de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) jusqu’au 30 avril 2026

Le Conseil de sécurité a, cet après-midi, prorogé jusqu’au 30 avril 2026 le mandat de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), qui accorde une priorité à la protection des civils.  Ce renouvellement intervenait après une prorogation technique de huit jours destinés à permettre aux membres de trouver un terrain d’entente sur les éléments de langage du texte. 

En adoptant la résolution 2779 (2025) par 12 voix pour et 3 abstentions -Chine, Fédération de Russie et Pakistan-, le Conseil de sécurité charge la MINUSS d’employer « tous les moyens nécessaires » pour assurer une protection efficace, rapide et dynamique des civils se trouvant sous la menace de violences physiques, dans les zones de violences nouvelles ou persistantes exigeant une attention urgente. 

Aux termes de la résolution, la MINUSS devra maintenir un déploiement préventif et une présence « mobile, flexible, robuste et efficace » à composante policière et militaire, notamment en organisant des patrouilles actives, pédestres et motorisées, « de jour comme de nuit », en particulier dans les zones à haut risque, les camps de déplacés et les sites de protection des civils de la MINUSS. 

Le Conseil exhorte en outre le Gouvernement de transition au Soudan du Sud à former, équiper et déployer les Forces unifiées nécessaires aux fins de la protection des civils dans les zones à haut risque, notamment en prévenant les violences intercommunautaires et les conflits localisés. 

Les États-Unis, délégation porte-plume des textes sur le Soudan du Sud, ont considéré que cette prorogation était justifiée par la situation alarmante dans ce pays, susceptible selon elle de dégénérer en conflit ethnique, avec l’arrestation du Vice-Président Riek Machar.  Le mandat de la MINUSS est crucial pour préserver le processus de paix au Soudan du Sud et créer des conditions propices à la mise en œuvre de l’Accord revitalisé de 2018, a appuyé la Sierra Leone au nom des A3+ (Algérie, Sierra Leone, Somalie et Guyana). 

Les A3+ ont toutefois regretté que plusieurs de ses préoccupations n’aient pas été prises en compte, notamment la proposition consistant à recevoir des mises à jour régulières sur le transfert graduel de la base de Tomping.  « C’est une requête légitime du Soudan du Sud visant à lui permettre de procéder aux travaux de rénovation de l’aéroport international de Djouba », a-t-il précisé, une demande que les États-Unis ont jugé pour leur part « irréaliste ».  La résolution exhorte ainsi le Gouvernement de transition à respecter la capacité de la MINUSS d’utiliser toutes ses bases sans restriction, notamment celle de Tomping, qui jouxte l’aéroport international de Djouba, et « joue un rôle essentiel s’agissant de faciliter la protection des civils et l’acheminement de l’aide humanitaire et d’assurer la sécurité des partenaires internationaux ». 

Les A3+ ont par ailleurs déploré l’inclusion dans le texte de plusieurs mises en garde sur les conditions de l’appui électoral.  Ils ont néanmoins choisi d’appuyer la résolution pour que la MINUSS avance dans ses efforts de stabilisation et que le Soudan du Sud puisse tenir son premier scrutin démocratique en décembre 2026. 

La Chine, qui s’est abstenue, a regretté que le texte exerce des pressions sur le Soudan du Sud, qui ne tiennent pas compte de la situation sur le terrain.  Il y est fait usage de terminologies « très dures », qui insistent sur l’absence de progrès dans la transition politique et l’insuffisance du financement du processus de transition, alors que le pays connaît de graves difficultés économiques liées à la perturbation des exportations de pétrole, ce dont il aurait fallu tenir compte, a regretté le délégué chinois.  Le Pakistan a justifié sa propre abstention par la « politisation » du mandat de la MINUSS.  Il a ainsi noté que la résolution contient des questions sans lien direct avec la Mission, ce qui, selon lui, a empêché de dégager un consensus. 

Le Soudan du Sud a lui aussi estimé que certaines dispositions de la résolution vont au-delà des objectifs fondamentaux de la MINUSS, notamment l’importance croissante accordée à la protection des missions diplomatiques, qui relèvent de la responsabilité souveraine du pays hôte.  « Tout soutien apporté par la Mission doit être pleinement conforme aux droits souverains du Soudan du Sud et à ses priorités de développement national », a insisté la délégation sud-soudanaise.  S’agissant des questions de fiscalité, elle a affirmé que les préoccupations passées étaient isolées, ont été traitées de bonne foi et ne reflètent pas la politique officielle du Gouvernement. 

Pour sa part, la Fédération de Russie a jugé inacceptable l’appel au Gouvernement pour qu’il mette en place un système destiné à en finir avec les taxes et redevances « prétendument illégaux ».  L’accord sur le statut des forces ne concerne que les soldats de la paix, a-t-elle rappelé, jugeant inapproprié d’utiliser la résolution du Conseil pour résoudre les problèmes d’interaction bilatérale avec Djouba.  De plus, elle a considéré qu’il n’était pas nécessaire d’exagérer artificiellement les problèmes de coopération entre le Soudan du Sud et la MINUSS, d’autant plus qu’ils sont en train d’être résolus grâce à un dialogue constructif. 

La délégation russe a par ailleurs qualifié de « scandaleux » l’accent mis par la résolution sur le thème de la violence sexuelle.  « Sans diminuer l’importance de ces questions, nous pensons qu’elles sont la conséquence de problèmes plus importants non résolus de nature politique et économique », a-t-elle argué.  Enfin, elle a regretté que, pour la deuxième année consécutive, à l’instigation des États-Unis, l’adoption par le Conseil d’une résolution complète sur la MINUSS ait été précédée d’une prorogation technique, sans que le temps libéré ait été utilisé pour examiner les positions de tous ses membres. 

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Rapports du Secrétaire général sur le Soudan et le Soudan du Sud

Texte du projet de résolution

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses précédentes résolutions, les déclarations de sa présidence et les déclarations à la presse concernant la situation au Soudan du Sud, 

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale au Soudan du Sud, et rappelant l’importance des principes de non-ingérence, de bon voisinage et de coopération régionale, 

Affirmant son soutien à l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud (« l’Accord revitalisé ») de 2018, 

Soulignant que la viabilité du processus de paix ne pourra être assurée sans l’adhésion totale de toutes les parties, demandant instamment la pleine application, sans plus tarder, de l’Accord revitalisé et de l’Accord relatif à la feuille de route pour une fin pacifique et démocratique de la période de transition prévue par l’Accord revitalisé (la « feuille de route »), insistant sur le fait qu’il ne peut y avoir de stabilité durable au Soudan du Sud que moyennant l’application des dispositions de l’Accord revitalisé en vue de forces de sécurité pacifiques et unifiées, l’utilisation de ressources publiques pour le bien commun, des mécanismes d’établissement des responsabilités, la création et du financement d’institutions électorales et un espace politique et civique menant à des élections libres et régulières, tenues de manière transparente, crédible, pacifique, dans le respect des délais prévus, exemptes de fausses informations et d’informations falsifiées, 

Exhortant le Gouvernement provisoire d’union nationale revitalisé (ci-après « le gouvernement de transition ») et la direction future à s’attacher à satisfaire les besoins du peuple sur le plan d’un développement à long terme, à créer des institutions démocratiques et à garantir une bonne gouvernance, 

Notant les mesures prises dans l’application de l’Accord revitalisé, notamment les efforts déployés par le gouvernement de transition pour former et déployer le premier contingent des Forces unifiées nécessaires, pour signer et adopter des projets de loi relatifs à la création de la Commission vérité, réconciliation et apaisement et de l’Autorité d’indemnisation et de réparation, et pour reconstituer la Commission nationale de révision de la Constitution chargée de rédiger une constitution permanente, la Commission électorale nationale et le Conseil des partis politiques, ayant à l’esprit que le gouvernement de transition n’a pas mobilisé de ressources suffisantes pour garantir le bon fonctionnement de ces institutions, et priant instamment le gouvernement de transition d’utiliser ses propres ressources pour garantir le bon fonctionnement de ces institutions afin de respecter ses engagements essentiels au titre de l’Accord revitalisé, 

Rappelant les alinéas du préambule de sa résolution 2677 (2023), notamment concernant les coûts sur les plans humanitaire, économique, humain et de la sécurité du conflit sous toutes ses formes, les nombreux problèmes auxquels se heurtent la MINUSS et le peuple sud-soudanais et le rôle essentiel, les fonctions et les opérations de la Mission,

Prenant acte du rapport du Secrétaire général du 22 février 2023, dans lequel le gouvernement de transition et les parties ont été priés d’autoriser un accès humanitaire sans entrave le long du corridor du Nil afin que des services puissent être assurés aux personnes les plus vulnérables, et invités à bien réfléchir au potentiel de ce corridor pour le développement économique et social du Soudan du Sud et recommandant qu’à cette fin, la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) apporte tout l’appui requis, le cas échéant,

Constatant avec satisfaction l’impulsion que donne l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) à l’avancement du processus de paix au Soudan du Sud, se félicitant que l’IGAD et ses États membres, la Commission mixte de suivi et d’évaluation reconstituée, l’Union africaine, notamment son Conseil de paix et de sécurité et son Comité ad hoc de haut niveau pour le Soudan du Sud, l’Organisation des Nations Unies et les pays de la région continuent de s’employer à dialoguer avec les dirigeants sud-soudanais pour régler la crise actuelle, et encourageant la poursuite d’une collaboration active et constante, 

Encourageant la reprise du dialogue politique direct entre les parties signataires de l’Accord revitalisé et du dialogue politique entre les parties signataires et non signataires de l’Accord revitalisé et exhortant toutes les parties à continuer de s’employer à régler les différends de manière pacifique afin de parvenir à une paix inclusive et durable,

Engageant le gouvernement de transition au Soudan du Sud à poursuivre le dialogue entamé avec la Commission de consolidation de la paix en vue d’accroître l’appui international aux objectifs de consolidation de la paix au Soudan du Sud,

Condamnant énergiquement toutes les violations des droits humains, les atteintes à ces droits et les violations du droit international humanitaire perpétrées par toutes les parties, y compris les groupes armés et les forces de sécurité nationale, condamnant en outre avec la plus grande fermeté l’attaque lancée en mars 2025 contre le personnel des Nations Unies dans le comté de Nasser de l’État du Haut-Nil, réaffirmant qu’il est urgent de mettre fin à l’impunité au Soudan du Sud et de traduire en justice tous les responsables de violations du droit international humanitaire et de violations des droits humains et d’atteintes à ces droits et se déclarant vivement préoccupé par les rapports faisant état de violations et d’exactions commises contre des enfants, d’enlèvements de femmes et d’enfants et d’actes de violence sexuelle et fondée sur le genre, notamment par les constatations figurant dans les rapports du Secrétaire général sur les enfants et le conflit armé au Soudan du Sud (S/2023/99) et sur les violences sexuelles liées aux conflits (S/2024/292) concernant le recours par les parties au conflit à ces formes de violence comme tactique contre la population civile sud-soudanaise, y compris le viol et l’esclavage sexuel à des fins d’intimidation et de punition, sur la base de l’appartenance politique supposée, et dans le cadre d’une stratégie visant les membres de certains groupes ethniques, notant avec préoccupation que la violence sexuelle et fondée sur le genre contre les femmes et les filles a persisté après la signature de l’Accord revitalisé, comme il ressort du rapport de mars 2024 publié par la Commission sur les droits de l’homme au Soudan du Sud sur la violence sexuelle liée au conflit commise contre les femmes et les filles au Soudan du Sud, et notant que les violations et les atteintes impliquant une violence sexuelle et fondée sur le genre peuvent être constitutives de crimes internationaux, notamment de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, et encourageant le gouvernement de transition au Soudan du Sud à appliquer le Protocole de Maputo et à envisager en priorité d’adopter la législation, en instance, visant à renforcer la protection des droits des femmes et la participation pleine, égale et réelle de celles-ci, dans des conditions de sécurité, 

Se déclarant gravement préoccupé par le grand nombre de violations et d’atteintes perpétrées contre des enfants, en particulier par l’augmentation du recrutement et de l’utilisation constants d’enfants, ainsi que de meurtres, de mutilations et d’actes de violence sexuelle et fondée sur le genre commis par toutes les parties au conflit, et demandant à tous les acteurs de contribuer à la réintégration des enfants et des jeunes auparavant associés à des forces et groupes armés, 

Se déclarant profondément alarmé et préoccupé face aux plus de 2 millions de personnes déplacées et à la crise humanitaire en cours, aux plus de 9,3 millions de personnes qui nécessitent une aide humanitaire et aux quelque 6,1 millions de personnes qui connaissent une grave insécurité alimentaire et un risque de famine dans certains secteurs, selon le Système d’alerte rapide aux risques de famine, notant avec inquiétude que le conflit au Soudan complique davantage les besoins humanitaires au Soudan du Sud, notamment du fait de l’afflux de plus de 1 million de réfugiés, de personnes déplacées et de personnes revenues au pays, et que la grave détérioration de la situation économique accentue les besoins humanitaires, encourageant les autorités sud-soudanaises compétentes à coopérer étroitement avec l’Organisation des Nations Unies et les organisations non gouvernementales internationales et nationales pour veiller à ce qu’une aide humanitaire vitale puisse être acheminée aux populations qui en ont besoin,

Rappelant sa résolution 2417 (2018) dans laquelle il se dit conscient de la nécessité de mettre fin au cercle vicieux du conflit armé, du déplacement et de l’insécurité alimentaire, condamnant le refus illégal d’accès du personnel humanitaire aux civils dans le conflit armé et soulignant que le recours à la famine contre la population civile comme méthode de combat pourrait être assimilé à un crime de guerre, condamnant fermement toutes les attaques dirigées contre le personnel et les installations humanitaires, qui ont entraîné la mort de 66 agents entre 2022 et 2024, condamnant également les obstacles imposés par toutes les parties à la circulation des civils et aux déplacements des acteurs humanitaires qui cherchent à atteindre les civils ayant besoin d’assistance, se déclarant vivement préoccupé par l’imposition de taxes et de frais illégaux qui entravent le déploiement de l’aide humanitaire à travers le pays, et félicitant les organismes humanitaires des Nations Unies, les partenaires et les donateurs qui s’efforcent d’apporter un soutien urgent et coordonné à la population, 

S’inquiétant vivement des rapports étayés par la Commission sur les droits de l’homme au Soudan du Sud sur la répression en cours de l’espace civique et politique, en particulier le harcèlement, la censure, les arrestations arbitraires et les disparitions forcées qui visent des membres de la société civile, des journalistes, des défenseurs des droits humains et le personnel humanitaire, ainsi que sur les restrictions indues et constantes à la liberté d’opinion, d’expression, de réunion pacifique et d’association,

Soulignant l’importance des mesures de justice transitionnelle énoncées au chapitre V de l’Accord revitalisé, en vue de mettre un terme à l’impunité et de promouvoir le principe de responsabilité, de traduire en justice tous les responsables de violations du droit international humanitaire et de violations des droits humains et autres atteintes portées à ces droits, de faciliter la réconciliation nationale et l’apaisement et d’instaurer une paix durable, et en particulier de l’action menée par la Commission sur les droits de l’homme au Soudan du Sud, autorisée par l’Organisation des Nations Unies, se déclarant vivement préoccupé par les retards pris dans la création des mécanismes de justice transitionnelle énoncés au chapitre V de l’Accord revitalisé, 

Soulignant que les obstacles persistants à la pleine application de la résolution 1325 (2000) et des résolutions ultérieures sur les femmes et la paix et la sécurité, notamment la résolution 2242 (2015), ne seront éliminés qu’au moyen d’un engagement ferme en faveur de l’égalité des genres, de l’éducation, de l’autonomisation et de la participation des femmes et du respect des droits humains, ainsi que d’orientations concertées, d’informations et d’activités cohérentes et d’un appui, pour faciliter la participation pleine, égale et effective, en toute sécurité, des femmes dans tous les domaines et à tous les niveaux des prises de décisions, 

Constatant les effets néfastes des changements climatiques, des changements écologiques, de la dégradation des terres, de l’insécurité alimentaire et des catastrophes naturelles, entre autres facteurs, sur la situation humanitaire et la stabilité au Soudan du Sud, se félicitant des discussions facilitées par la MINUSS avec les autorités de l’État pour améliorer l’état de préparation et les interventions face aux inondations, saluant les activités menées par les soldats de la paix, consistant notamment à construire des digues et réparer des remblais pour venir en aide aux populations touchées par les inondations et à faciliter l’accès des organisations humanitaires, en toute sécurité, aux personnes dans le besoin, demandant au gouvernement de transition de se concerter avec les populations locales pour régler ces problèmes et soulignant qu’il importe que le gouvernement de transition utilise les ressources qu’il s’est engagé à mobiliser pour régler ces problèmes et qu’il importe que le gouvernement de transition et l’Organisation des Nations Unies élaborent des stratégies globales d’évaluation et de gestion des risques afin de mieux définir les programmes relatifs à ces phénomènes, et soulignant l’importance pour le gouvernement de transition et, au besoin, pour la communauté internationale, sur une base volontaire et selon des modalités convenues d’un commun accord, de mobiliser des ressources afin d’appuyer les programmes de renforcement des capacités et les transferts de technologie destinés à renforcer la résilience du Soudan du Sud face aux effets des changements précités,

Constatant avec regret que le gouvernement de transition n’a pas organisé d’élections, comme il avait été prévu de le faire, en décembre 2024, et que le mandat dudit gouvernement de transition a été prorogé de deux ans, prenant note de l’engagement contracté à l’égard du peuple par les dirigeants sud-soudanais de tenir des élections en décembre 2026, et soulignant qu’il incombe au premier chef au gouvernement de transition d’organiser et de financer des élections libres, régulières et pacifiques qui doivent se tenir de manière inclusive, transparente et pacifique, dans le respect des délais prévus, exemptes de fausses informations et d’informations falsifiées,

Se déclarant vivement inquiet des retards accumulés par le gouvernement de transition pour ce qui est de s’acquitter de ses obligations, comme énoncé dans la feuille de route, sachant que pour la tenue d’élections libres et régulières, menées selon un processus pacifique, le gouvernement de transition doit remplir sa promesse d’appliquer rapidement les principaux critères relatifs au processus constitutionnel, créer les conditions nécessaires à la protection de l’espace civique et politique et veiller à respecter la volonté de l’ensemble des électeurs sud-soudanais habilités à voter, avec l’inclusion et la participation pleine, égale, sûre et véritable des femmes et l’inclusion véritable, sûre et plurielle des jeunes, des personnes handicapées, des déplacés et des réfugiés sud-soudanais ainsi que des membres de tous les groupes politiques, qui sont essentielles pour permettre une transition vers un État stable, inclusif, démocratique et autonome, 

Se déclarant préoccupé de ce que le gouvernement de transition a exigé que la MINUSS évacue sa base de Tomping, vu les incidences financières d’une telle mesure, convaincu que le transfert de la base de la MINUSS de Tomping compromettrait la capacité du personnel des Nations Unies et de la communauté diplomatique internationale dans son ensemble de mener leurs opérations de manière sûre et efficace au Soudan du Sud, demandant au Secrétaire général et au gouvernement de transition d’engager un dialogue de bonne foi afin d’élaborer des propositions de transfert réalisables, à incidence zéro sur les coûts, qui n’entament pas la capacité de la MINUSS de s’acquitter de son mandat, et réaffirmant son soutien indéfectible au personnel de la MINUSS,

Se déclarant alarmé par les récentes flambées de violences, notamment les informations faisant état de l’emploi sans discrimination de barils d’explosifs dans l’État du Haut-Nil et dans d’autres régions du Soudan du Sud telles que l’État de l’Équatoria-Occidental, et dans l’État du Bahr el-Ghazal occidental en février et mars 2025, qui se sont soldées par des dizaines de victimes parmi les civils et des dizaines de milliers de personnes déplacées, et soulignant la nécessité d’organiser un dialogue politique direct entre les hauts responsables de toutes les parties à l’Accord revitalisé et les non-signataires afin de prévenir toute nouvelle violence et de garantir la pleine mise en œuvre des engagements de paix cruciaux,

Saluant les travaux de la MINUSS et exprimant sa profonde gratitude envers les soldats de la paix de la Mission et les pays qui fournissent des contingents ou du personnel de police pour les mesures qu’ils prennent dans le cadre de l’exécution du mandat de la Mission dans un environnement difficile, et condamnant dans les termes les plus énergiques les attaques visant la MINUSS, soulignant que celles-ci peuvent constituer des crimes de guerre au regard du droit international,

Constatant que la situation au Soudan du Sud continue de menacer la paix et la sécurité internationales dans la région, 

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, 

Mandat de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud 

1.    Décide de proroger le mandat de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) jusqu’au 30 avril 2026; 

2.    Décide que le mandat de la MINUSS est conçu pour faire avancer une vision stratégique pluriannuelle visant à empêcher un retour à la guerre civile et une escalade de la violence dans le pays, à aider le Soudan du Sud à être autonome et à remédier aux graves lacunes pour ce qui est d’édifier une paix durable aux niveaux local et national, à favoriser une gouvernance inclusive et responsable et à apporter un appui, comme indiqué à l’alinéa c) du paragraphe 3, à la tenue d’élections libres, régulières et pacifiques, conformément à l’Accord revitalisé;

3.    Décide que la MINUSS s’acquittera du mandat ci-dessous et l’autorise à employer tous les moyens nécessaires à l’exécution de son mandat, prie le Secrétaire général de l’informer immédiatement de tout obstacle à l’exécution du mandat et souligne que la protection des civils se verra accorder la priorité dans les décisions ayant trait à l’utilisation des capacités et des moyens disponibles; 

a)    Protection des civils: 

i)    Employer tous les moyens nécessaires pour assurer, au moyen d’une approche globale et intégrée, une protection efficace, rapide et dynamique des civils se trouvant sous la menace de violences physiques, dans les zones de violences nouvelles ou persistantes exigeant une attention urgente et, à cet égard; 

•Prévenir, dissuader et faire cesser les violences contre les civils, y compris les violences d’ordre politique, en particulier dans les zones à haut risque, et combattre rapidement et efficacement tout acteur qui, selon des informations crédibles, prépare ou mène des attaques contre des civils, y compris ceux qui se trouvent dans des camps de déplacés ou dans des sites de protection des civils de la MINUSS; 

•Maintenir un déploiement préventif et une présence mobile, flexible, robuste et efficace à composante policière et militaire, notamment en organisant des patrouilles actives, pédestres et motorisées, de jour comme de nuit, selon le cas, en particulier dans les zones à haut risque, les camps de déplacés et les sites de protection des civils de la MINUSS, en soulignant que, conformément à l’accord sur le statut des forces, la Mission est pleinement autorisée à entreprendre les tâches qui lui sont confiées; 

•Répertorier et dissuader les menaces et attaques contre les civils, y compris par l’application d’une stratégie d’alerte et de réponse rapides renforcée à l’échelle de la Mission, qui s’appuie sur une solide analyse tenant compte des risques de conflit, par des échanges réguliers et d’étroites consultations, dans les zones à risque de conflit élevé, en particulier là où le gouvernement de transition est incapable d’assurer une telle sécurité ou ne le fait pas et qui comprend la surveillance, l’analyse et le signalement du taux et de l’efficacité des interventions de la Mission en matière de protection des civils et veille à ce que les risques de violence sexuelle et fondée sur le genre dans les situations de conflit et d’après conflit soient pris en compte dans la collecte de données, l’analyse des menaces et le système d’alerte rapide de la Mission; 

•Protéger les civils et garantir la sûreté et la sécurité publiques à l’intérieur des sites de protection des civils de la MINUSS et dans les sites qui ont été réaffectés, quelle que soit la source de la violence, afin d’assurer une veille basée sur l’analyse des menaces, d’intervenir rapidement en cas de menaces dans d’autres lieux, d’élaborer promptement des plans d’intervention pour protéger les civils dans les sites de protection des civils et dans les sites réaffectés, en cas de crise, et de garantir la capacité de renforcer la présence et les activités de protection des sites réaffectés en cas de dégradation de la situation; 

ii)   Protéger en particulier les femmes et les enfants, notamment en continuant de régulièrement faire intervenir et déployer ses conseillers pour la protection de l’enfance, ses conseillers pour la protection des femmes et ses conseillers pour les questions de genre, civils ou militaires, et partager les meilleures pratiques avec les acteurs locaux concernés afin de renforcer les capacités, et décourager, prévenir et combattre les violences sexuelles et fondées sur le genre, notamment en intervenant activement pour protéger les civils menacés et les personnes rescapées de violence sexuelle, quelle qu’en soit la source, en particulier en facilitant l’accès aux organisations qui fournissent des services et une aide aux personnes rescapées, y compris des services médicaux, juridiques, psychosociaux, psychiques, socioéconomiques et de santé sexuelle et procréative; 

iii)  User de bons offices et de mesures de confiance et d’encouragement pour appuyer la stratégie de protection de la MINUSS, en particulier en ce qui concerne les femmes, les jeunes et les enfants, notamment en aidant à prévenir, atténuer et faire cesser les violences intercommunautaires, au moyen des dialogues pour la paix menés par les communautés, dans le droit fil des pratiques exemplaires fondées sur des données d’observation, et sur la base d’une analyse des conflits et de l’économie politique tenant compte des besoins et des droits des femmes, des hommes, des filles et des garçons ainsi que d’une analyse des conflits, d’une médiation et d’une mobilisation de la population, moyennant un déploiement adéquat et une utilisation efficace des assistants chargés de la liaison avec la population locale dans les limites des ressources existantes dans l’ensemble des zones d’opérations de la Mission, afin de favoriser une réconciliation locale et nationale durable en tant qu’élément essentiel de la prévention de la violence et de l’activité d’édification de l’État à long terme; 

iv)   Créer des conditions de sécurité propices au retour, à la réinstallation et à l’intégration librement consentis dans les communautés d’accueil, en connaissance de cause, en toute sécurité et dans la dignité, des déplacés et des réfugiés, sur la base d’une solide analyse des conflits tenant compte des besoins différenciés des femmes, des hommes, des filles et des garçons, lorsque les circonstances s’y prêtent, y compris en surveillant et en favorisant le respect des droits humains, en coordination avec les services de police, les institutions chargées de la sécurité, les organismes publics et les acteurs de la société civile, dans le cadre d’activités adaptées et axées sur la protection, en appuyant les enquêtes et les poursuites concernant les cas de violence sexuelle et fondée sur le genre ainsi que d’autres violations des droits humains ou d’atteintes à ces droits, afin de renforcer la protection des civils, de combattre l’impunité et d’amener les responsables à répondre de leurs actes, en se conformant en toute circonstance à la politique de diligence voulue en matière de droits humains en cas d’appui de l’ONU; 

v)    Favoriser les conditions susceptibles de garantir la libre circulation et en toute sécurité, à l’intérieur, en dehors et autour de Djouba, notamment aux points d’entrée et de sortie de la ville et sur les principales voies de communication et de transport à l’intérieur de Djouba, y compris l’aéroport; 

vi)   Envisager, contrôler et signaler les effets sur l’environnement des activités qu’elle mène en exécution des tâches qui lui sont confiées et, dans ce contexte, maîtriser ces effets, selon qu’il convient et conformément aux résolutions de l’Assemblée générale et aux règles et règlements applicables de l’Organisation, notant que la durabilité du soutien à la paix et à la sécurité est améliorée par l’exécution de la stratégie du Département de l’appui opérationnel, intitulée « Aller de l’avant: stratégie environnementale pour les opérations de paix (2023-2030)     », qui met l’accent sur une bonne gestion des ressources et les effets positifs de la mission et fixe pour objectif une transition vers des énergies renouvelables, la réduction de la production de déchets et de la consommation d’eau et d’électricité dans les missions afin de renforcer la sûreté et la sécurité, de réaliser des économies, d’offrir des gains d’efficacité, de profiter à la mission et de veiller à laisser des infrastructures utiles aux communautés d’accueil;

b)    Créer les conditions nécessaires à l’acheminement de l’aide humanitaire: 

i)    Contribuer, en étroite coordination avec les intervenants humanitaires, à créer des conditions de sécurité propices à l’acheminement de l’aide humanitaire, afin de permettre l’accès total, sûr et sans entrave du personnel de secours à toutes les populations qui se trouvent dans le besoin au Soudan du Sud, notamment les déplacés et les réfugiés, et l’acheminement en temps voulu de l’aide humanitaire, conformément au droit international, y compris le droit international humanitaire applicable, et aux principes directeurs des Nations Unies en matière d’aide humanitaire, en particulier l’humanité, l’impartialité, la neutralité et l’indépendance, en particulier en fournissant des estimations des risques tenant compte des questions de genre concernant les effets néfastes des changements climatiques, sachant que les inondations, sécheresses et autres changements environnementaux touchent différemment les hommes, les femmes, les garçons et les filles; 

ii)   Garantir la sécurité et la liberté de circulation du personnel des Nations Unies et du personnel associé, le cas échéant, notamment par l’atténuation et la neutralisation des engins explosifs, et la sécurité de leurs installations et du matériel nécessaire à l’exécution des tâches prescrites; 

c)    Appuyer l’application de l’Accord revitalisé et du processus de paix: 

i)    User de ses bons offices pour appuyer le processus de paix et la création de conditions propices à l’application intégrale de l’Accord revitalisé et de la feuille de route, afin d’empêcher une nouvelle escalade de la violence politique et de s’attaquer aux causes profondes du conflit, en fournissant notamment des conseils ou une assistance technique, et en assurant la coordination avec les acteurs régionaux compétents, en particulier pour tirer des enseignements du dialogue national, afin d’engager une réforme politique importante et de poursuivre un dialogue sud-soudanais sur la manière d’encourager le partage du pouvoir et une rivalité politique pacifique; 

ii)   Aider toutes les parties, notamment par l’intermédiaire des conseillers principaux pour les questions de genre, à assurer la participation pleine, égale, sûre et véritable des femmes, ainsi que la participation véritable, plurielle et effective de la société civile, des jeunes et des autres groupes marginalisés au processus de paix, aux organes et institutions étatiques de transition et à tous les efforts de règlement du conflit et de consolidation de la paix, notamment en ce qui concerne la justice transitionnelle, les réformes électorales, judiciaires, législatives et institutionnelles, l’élaboration de la constitution et la transformation du secteur de la sécurité, à promouvoir un espace civique et politique ouvert, libre, inclusif et sûr et à veiller à intégrer pleinement la protection, les droits, le bien-être et l’autonomisation des enfants touchés par les conflits armés et à tenir compte de leurs opinions et de leurs besoins au cours de ces processus; 

iii)  Participer aux travaux du Mécanisme de vérification et de surveillance du cessez-le-feu et du suivi de l’application des dispositions transitoires de sécurité, de la Commission mixte de suivi et d’évaluation reconstituée et à d’autres mécanismes de mise en œuvre et les épauler dans l’exécution de leur mandat, y compris au niveau infranational; 

iv)   User de ses bons offices et fournir une aide et des conseils techniques, le cas échéant, au gouvernement de transition et aux autres parties concernées, en s’appuyant sur des hypothèses de planification réalistes et des calendriers clairs et précis, tout en maintenant la neutralité politique de la MINUSS, en coordination avec l’équipe de pays des Nations Unies et d’autres partenaires régionaux et internationaux concernant l’aide électorale, et en phase avec les progrès accomplis par les parties dans l’application de l’Accord revitalisé, portant notamment sur des avis d’experts sur les aspects techniques de la conduite des élections, l’appui à des programmes d’éducation des électeurs pour prévenir les violences électorales et intervenir au besoin, la poursuite des formations et dialogues parmi toutes les parties prenantes politiques, avec la participation pleine, égale, sûre et véritable des femmes, des jeunes, des personnes revenues au pays, des déplacés, des réfugiés et des membres d’autres populations vulnérables afin d’atténuer les tensions, et, si le gouvernement de transition montre qu’il continue à progresser dans la création des conditions propices à la tenue d’élections libres et régulières menées dans le cadre d’un processus pacifique, une assistance technique et un soutienlogistique visant au renforcement de ces conditions, et note qu’il évaluera et examinera constamment l’appui supplémentaire apporté par la MINUSS, en fonction des progrès accomplis par les autorités sud-soudanaises en ce qui concerne l’application des paragraphes 6, 7 et 8 ci-après; 

v)    Appuyer l’application de programmes de lutte contre la violence au sein de la collectivité qui tiennent compte des questions de genre ainsi que des besoins et des droits des femmes, des hommes, des filles et des garçons, pour compléter les initiatives locales de désarmement, en coopération et en coordination avec les partenaires du développement et les représentants locaux, en mettant particulièrement l’accent sur les membres des groupes armés qui ne peuvent ou ne veulent pas être intégrés aux Forces unifiées nécessaires, et sur les femmes et les jeunes; 

vi)   Fournir une assistance technique et un appui au renforcement des capacités pour aider le gouvernement de transition et les organisations non gouvernementales sud-soudanais à renforcer l’état de droit et à réformer le secteur de la justice sous toutes leurs composantes, en tenant compte des risques de conflit ainsi que des besoins et des droits des femmes, des hommes, des filles et des garçons et conformément aux dispositions de l’Accord de paix, afin de renforcer la protection des civils, de lutter contre l’impunité et d’amener les responsables à répondre de leurs actes, notamment dans le cadre des enquêtes et des poursuites concernant la violence sexuelle et fondée sur le genre, y compris la violence sexuelle liée au conflit et les violations des droits humains ou les atteintes à ces droits, en adoptant une approche axée sur les personnes rescapées et, en particulier, des mesures de protection des victimes et des témoins; 

vii)  Faire en sorte que tout appui apporté à des forces de sécurité autres que celles des Nations Unies et à des représentants du Gouvernement se fonde sur une solide analyse tenant compte des risques de conflit et soit fourni dans le strict respect de la politique de diligence voulue en matière de droits humains, et que l’appui au renforcement des capacités des institutions civiles repose sur une analyse tenant compte des risques de conflit, en assurant notamment un suivi sur la manière dont cet appui est utilisé et sur l’application de mesures d’atténuation;

viii) Tenir pleinement compte de la question transversale du genre pour faire avancer la vision stratégique, tout au long du mandat, afin d’aider le gouvernement de transition et les autres parties intéressées à créer un climat juridique, politique et socioéconomique, qui soit propice à la participation et à la représentation pleine, égale, sûre et véritable des femmes à tous les niveaux, conformément aux dispositions de l’Accord revitalisé, en tant qu’électrices, candidates, observatrices électorales ou intervenantes en cas d’alerte rapide, en levant les obstacles et en écartant les menaces et les risques qui pèsent sur la direction et le pouvoir d’action des femmes dans les élections et sur le plan du maintien et de la promotion de la paix et de la sécurité et de la protection des civils, y compris au moyen de la participation de réseaux de femmes en tant que partenaires de la protection;

d)    Mener des activités de surveillance, d’enquête et de signalement en cas de violations du droit international humanitaire et de violations des droits humains et d’atteintes à ces droits: 

i)    Surveiller les violations des droits humains et les atteintes à ces droits et les violations du droit international humanitaire, enquêter sur elles, les constater et les signaler immédiatement, publiquement et régulièrement, y compris contre les femmes et les enfants et toutes les formes de violence sexuelle et fondée sur le genre, y compris la violence sexuelle liée au conflit et, dans la mesure du possible, suivre les chaînes de commandement et les structures de prise de décisions qui ont conduit à des atteintes aux droits humains et à des violations de ces droits et du droit international humanitaire, notamment celles qui seraient constitutives de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité; 

ii)   Accélérer l’application des arrangements de suivi, d’analyse et de communication de l’information sur la violence sexuelle et fondée sur le genre, y compris la violence sexuelle liée au conflit, en veillant en particulier à ce que ces arrangements favorisent une action opportune pour dissuader, prévenir et combattre les faits de violence sexuelle et fondée sur le genre, et en renforçant le mécanisme de surveillance et de signalement des violations et des atteintes commises contre des enfants; 

iii)  Suivre les cas de discours de haine et d’incitation à la violence, enquêter sur ces cas et en rendre compte, en coopération avec la Conseillère spéciale pour la prévention du génocide; 

iv)   Agir en coordination avec les mécanismes internationaux, régionaux et nationaux et les acteurs locaux chargés de suivre les violations du droit international humanitaire et les violations des droits humains et les atteintes à ces droits, notamment lorsqu’elles peuvent constituer des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité, d’enquêter sur celles-ci, d’engager des poursuites et de les signaler, communiquer des informations à ces mécanismes et leur apporter un concours technique, en particulier en matière de renforcement des capacités, selon que de besoin; 

4.    Décide de maintenir l’effectif global de la MINUSS à un maximum de 17 000 militaires et 2 101 policiers, dont 88 conseillers pour la justice et spécialistes des questions pénitentiaires, et se déclare prêt à envisager des ajustements de ces effectifs et des tâches de renforcement des capacités en fonction des conditions de sécurité sur le terrain et de l’application des mesures prioritaires énoncées au paragraphe 9 ci-dessous; 

Processus de paix au Soudan du Sud 

5.    Exige de toutes les parties au conflit qu’elles respectent les obligations que leur impose le droit international, y compris le droit international humanitaire ainsi que le droit internationale des droits humains, selon le cas, et exige de toutes les parties au conflit et des autres acteurs armés qu’ils mettent immédiatement un terme aux combats dans l’ensemble du Soudan du Sud et engagent un dialogue politique, rappelle aux autorités sud-soudanaises compétentes qu’il leur incombe au premier chef de protéger les civils au Soudan du Sud, exige de toutes les parties au conflit qu’elles s’abstiennent de toutes formes de violence contre les civils, y compris les membres du personnel des Nations Unies et le personnel humanitaire, notamment le personnel recruté sur les plans national et local, ainsi que le personnel médical protégé, demande à toutes les parties de s’abstenir de toutes formes d’activités déstabilisantes et d’incitation à la haine et à la violence, demande aux parties de s’abstenir de diffuser de fausses informations et des informations falsifiées nuisant à la MINUSS, notamment au moyen des médias sociaux, et de mettre un terme aux restrictions et aux obstacles à la liberté de circulation de la MINUSS, et enjoint aux dirigeants sud-soudanais d’appliquer le cessez-le-feu permanent décrété dans l’Accord revitalisé et tous les accords de cessez-le-feu et de cessation des hostilités précédents, y compris les engagements pris dans la Déclaration de Rome; 

6.    Constate avec une vive inquiétude les retards pris dans l’application de l’Accord revitalisé, exhorte les dirigeants sud-soudanais à faire preuve de volonté politique et à instaurer la confiance mutuelle, demande de toute urgence aux parties d’engager, dans un esprit de conciliation et de compromis, un dialogue ouvert et constructif sur la façon de remédier à cette situation et d’appliquer pleinement l’Accord revitalisé, en particulier les appels en faveur de l’utilisation d’un compte unique du Trésor et des audits, examens et outils supplémentaires requis pour un système de commercialisation du pétrole qui soit ouvert, transparent et concurrentiel et qui élimine la corruption afin que la population sud-soudanaise puisse bénéficier des richesses pétrolières du pays, invite incessamment les parties à appliquer pleinement l’Accord revitalisé, notamment en allouant les ressources financières nécessaires, à mettre en place sans délai les institutions prévues par celui-ci et à assurer la participation pleine, égale, sûre et véritable des femmes et la participation des jeunes, des groupes d’inspiration religieuse et de la société civile à tous les efforts de règlement du conflit et de consolidation de la paix, souligne qu’il importe de rapidement parachever les arrangements de sécurité et de fournir les salaires, les vivres, la logistique, le soutien et les autres ressources requises pour le déploiement des Forces unifiées nécessaires, de mettre en service toutes les institutions de transition et de faire avancer les réformes de la transition, en particulier en ce qui concerne la création d’un espace civique libre et ouvert, un processus inclusif d’élaboration de la constitution ainsi que la transparence économique et la réforme de la gestion des finances publiques, est conscient que la corruption et le détournement de fonds publics nuisent à la capacité du gouvernement de transition de fournir des services à la population, et souligne que la gouvernance économique doit être améliorée de façon à garantir l’efficacité des structures nationales de perception des recettes et de lutte contre la corruption en vue de financer la mise en œuvre du cadre réglementaire essentiel à une transition politique, ainsi que les besoins humanitaires de la population;

7.    Souligne que l’organisation et le financement d’élections libres et régulières relèvent de la responsabilité des autorités sud-soudanaises, exhorte le gouvernement de transition à adopter le cadre législatif approprié pour permettre un financement durable des élections au Soudan du Sud, engage le gouvernement de transition et toutes les parties prenantes nationales à veiller à la préparation d’élections libres et régulières, tenues de manière transparente, crédible, pacifique et dans le respect des délais prévus, reflétant la volonté de tous les Sud-Soudanais, avec la participation pleine, égale, véritable et sûre des femmes en tant qu’électrices, candidates et observatrices et la participation sûre, véritable et plurielle des jeunes, des personnes handicapées, des déplacés et des réfugiés sud-soudanais ainsi que des membres de tous les groupes politiques, qui sont essentielles pour permettre une transition vers un État stable, inclusif, démocratique et autonome et, à cet égard, souligne que l’appui aux élections apporté par la MINUSS doit être ciblé, comme énoncé au paragraphe 3 c) iv) de la présente résolution et prie instamment le gouvernement de transition de prendre des mesures proactives pour lutter contre la violence à l’égard des femmes dans la sphère politique, en menant des actions de sensibilisation ciblant les femmes rurales, déplacées et réfugiées, et en mettant en œuvre des mesures de politique générale garantissant que les partis politiques donnent suite à l’appel en faveur d’une participation accrue des femmes; 

8.    Prie le gouvernement de transition ainsi que toutes les parties concernées de garantir un climat propice à un dialogue politique ouvert, conformément à l’Accord revitalisé, notamment un débat politique libre et constructif, la liberté d’opinion et d’expression, en particulier concernant la société civile, les partis d’opposition et les membres de la presse, la liberté de réunion pacifique, un accès équitable aux médias, y compris d’État, la sécurité de tous les acteurs politiques, la liberté de circulation de tous les candidats, ainsi que la présence de témoins, d’observateurs électoraux nationaux et internationaux, de journalistes, de défenseurs des droits humains et d’acteurs de la société civile, dont des femmes; 

9.    Demande de toute urgence au gouvernement de transition et à tous les acteurs pertinents de prendre des dispositions pour appliquer les mesures prioritaires ci-après: 

•Recourir à une solide analyse tenant compte des risques de conflit pour assurer la protection des civils et la sécurité des sites de protection des civils qui ont été réaffectés, et prévenir et combattre la violence ou la criminalité dirigées contre les habitants de ces camps, conformément aux obligations que leur imposent les dispositions du droit international humanitaire ainsi que du droit international des droits humains, selon le cas, et procéder à des vérifications idoines pour tous les membres des forces de sécurité affectés à ces sites; 

•Progresser pour ce qui est de créer un climat politique propice à la tenue des élections, notamment d’accorder la priorité aux principaux critères de référence énoncés dans l’évaluation du Secrétaire général du 17 octobre 2023 (S/2023/784), en particulier la réduction de la violence politique, et veiller à ce que les principales tâches soient accomplies conformément aux principes d’une gouvernance inclusive; 

•Mettre un terme à tous les obstacles rencontrés par la MINUSS, notamment aux entraves qui l’empêchent de s’acquitter de son mandat consistant à surveiller les violations des droits humains et les atteintes à ces droits et les violations du droit international humanitaire et d’enquêter sur elles, et cesser immédiatement d’empêcher les intervenants humanitaires internationaux et nationaux de venir en aide aux civils, et faciliter la liberté de circulation du Mécanisme de vérification et de surveillance du cessez-le-feu et du suivi de l’application des dispositions transitoires de sécurité; 

•Mettre en place un système destiné à en finir avec les taxes, redevances ou ingérences indues et préjudiciables à l’importation de biens par la MINUSS, les organismes des Nations Unies et les missions diplomatiques;

•Accélérer l’avancement de la mise en place des arrangements de sécurité en veillant au versement régulier et suffisant des salaires des Forces unifiées nécessaires, conformément aux crédits budgétaires alloués au Service national de sécurité et à la garde présidentielle sud-soudanaise, et en assignant des missions claires à ces forces, conformément au processus d’examen stratégique de la défense et de la sécurité prévu dans l’Accord revitalisé, exhorte en outre le gouvernement de transition au Soudan du Sud à former, équiper et déployer les Forces unifiées nécessaires aux fins de la protection des civils dans les zones à haut risque, notamment en prévenant les violences intercommunautaires et les conflits localisés;

•Conclure sans plus attendre un mémorandum d’accord avec l’Union africaine qui porte création du Tribunal mixte pour le Soudan du Sud, commencer effectivement à l’établir, mettre en place la Commission vérité, réconciliation et apaisement ainsi que l’Autorité d’indemnisation et de réparation et faire en sorte que la société civile, les victimes et les témoins participent à ces mécanismes en toute sécurité et sans crainte de représailles; 

10.   Demande de nouveau au gouvernement de transition de respecter les obligations énoncées dans l’accord sur le statut des forces qu’il a conclu avec l’Organisation des Nations Unies et de cesser immédiatement d’entraver l’accomplissement du mandat de la MINUSS, demande au gouvernement de transition de prendre des mesures pour dissuader quiconque d’entreprendre une action hostile ou autre susceptible d’entraver la Mission ou les acteurs humanitaires internationaux ou nationaux et pour amener les responsables de tels actes à en répondre, de continuer de prendre toutes les mesures appropriées pour garantir la sûreté et la sécurité et la liberté de circulation des membres du personnel de la MINUSS et de ses biens et pour leur accorder un accès immédiat et sans entrave, rappelle au gouvernement de transition que, conformément à l’accord sur le statut des forces, la MINUSS et ses fournisseurs n’ont pas besoin d’autorisation ou de permission préalable pour entreprendre les tâches qui leur sont confiées et doivent jouir pleinement de la liberté de circuler sans entrave et sans retard sur l’ensemble du territoire sud-soudanais et affirme qu’il est crucial que, pour l’exécution de son mandat, la MINUSS puisse surveiller et signaler les violations du droit international humanitaire et les violations des droits humains et atteintes à ces droits et enquêter à leur sujet et utiliser toutes ses bases sans restriction, et demande instamment au gouvernement de transition de faciliter le bon fonctionnement de toutes les bases de la MINUSS et de créer une atmosphère de coopération mutuelle qui permette à la MINUSS et à ses partenaires de mener à bien leurs missions; 

11.   Exige de toutes les parties qu’elles mettent fin immédiatement à toutes formes de violence, de violation des droits humains et d’atteinte à ces droits et de violation du droit international humanitaire, notamment à la violence sexuelle et fondée sur le genre, y compris celle liée au conflit, et demande au gouvernement de transition de renouveler et d’accélérer de toute urgence l’application du Plan d’action commun des forces armées sur la lutte contre les violences sexuelles liées au conflit au Soudan du Sud et du plan d’action de la Police nationale sud-soudanaise visant à réprimer les violences sexuelles liées au conflit, d’amener les responsables de tels actes à rendre des comptes afin de rompre le cycle de l’impunité qui prédomine actuellement et de redoubler d’efforts en vue de mener à bien en toute diligence et transparence les enquêtes sur les allégations de violations des droits humains et d’atteintes à ces droits, et de demander des comptes à leurs auteurs, de manière conforme à ses obligations internationales, et demande au gouvernement de transition de condamner et de contrecarrer immédiatement l’augmentation des discours de haine et des violences ethniques, et de promouvoir la réconciliation entre les Sud-Soudanais; 

12.   Exige de toutes les parties qu’elles autorisent, conformément au droit international et aux dispositions applicables du droit international humanitaire, l’accès rapide, sûr et sans entrave du personnel, du matériel et des fournitures de secours, et l’acheminement rapide de l’aide humanitaire, notamment le long du corridor du Nil, à toutes les personnes qui se trouvent dans le besoin partout au Soudan du Sud, en particulier aux déplacés, aux réfugiés et aux personnes revenues au pays, et qu’elles cessent d’utiliser les hôpitaux, écoles et autres bâtiments publics à des fins susceptibles d’en faire les cibles d’attaques, souligne l’obligation de respecter et de protéger l’ensemble du personnel médical et des agents humanitaires, y compris les agents recrutés sur les plans national et local, dont l’activité est d’ordre exclusivement médical, leurs moyens de transport et leur équipement ainsi que les hôpitaux et les autres installations médicales, souligne également que tout retour doit se faire volontairement, en connaissance de cause et dans la dignité et la sécurité, et qu’il en va de même de toute autre solution durable concernant les déplacés et les réfugiés, et note qu’il faut respecter la liberté de circulation des civils et leur droit de demander asile; 

13.   Demande au gouvernement de transition de régler les problèmes liés au logement et à la propriété foncière afin de trouver des solutions durables pour les personnes déplacées et les réfugiés, notamment par l’élaboration d’une politique foncière nationale et de créer des conditions de sécurité propices au retour, à la réinstallation et à l’intégration librement consentis dans les communautés d’accueil, en connaissance de cause, en toute sécurité et dans la dignité, des déplacés et des réfugiés sud-soudanais, lorsque les circonstances s’y prêtent; 

14.   Demande aux parties de garantir la participation pleine, égale, véritable et sûre des femmes dans toutes les sphères et à tous les niveaux de l’action politique, du processus de paix et du gouvernement de transition et aux réformes actuellement menées dans le cadre de l’accord de paix, demande également aux parties de convenir qu’il faut protéger contre les menaces et les représailles les organisations dirigées par des femmes, les artisanes de la paix et les défenseuses des droits humains, et créer un environnement sûr leur permettant de mener leurs activités librement, et de s’acquitter des engagements pris en matière d’inclusion, notamment en ce qui concerne l’Accord revitalisé, pour veiller à garantir un taux de représentation et de participation d’au moins 35 pour cent de femmes à tous les niveaux, qui n’a pas encore été atteint, regrette la participation encore faible des femmes à la transition et encourage une participation véritable de celles-ci à la mise en œuvre; 

15.   Condamne la poursuite des actes de violence sexuelle, y compris celle liée au conflit, et exige de toutes les parties au conflit et des autres acteurs armés qu’ils empêchent la poursuite des violences sexuelles, qu’ils appliquent les mesures prévues dans sa résolution 2467 (2019) afin d’adopter une approche axée sur les personnes rescapées en vue de prévenir et de combattre les violences sexuelles en période de conflit et d’après-conflit, et qu’ils amènent les auteurs de tels actes à en répondre, notamment en diligentant rapidement des enquêtes, en ouvrant des poursuites et en punissant les coupables, ainsi qu’en accordant des réparations aux victimes, le cas échéant, et demande très instamment aux Forces sud-soudanaises de défense du peuple, à l’Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition et au Front de salut national de donner pleinement effet aux engagements et plans d’action qu’ils ont adoptés conjointement et unilatéralement en vue de la prévention de la violence sexuelle liée au conflit; 

16.   Engage vivement toutes les parties au conflit armé à appliquer les mesures prescrites dans les Conclusions sur la question des enfants et du conflit armé au Soudan du Sud adoptées par le Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les enfants et les conflits armés le 19 juillet 2023, exhorte toutes les parties à appliquer pleinement le Plan d’action global visant à faire cesser et à prévenir toutes les violations graves contre les enfants de janvier 2020, et invite le gouvernement de transition à appliquer le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés et à renforcer le cadre juridique pour défendre les droits des enfants au Soudan du Sud; 

17.   Demande au gouvernement de transition, tout en prenant note du paragraphe 3.2.2 du chapitre V de l’Accord revitalisé, de garantir à toutes les victimes et aux personnes rescapées de violence sexuelle une protection égale au regard de la loi et l’égalité d’accès à la justice, de faire progresser le respect des droits humains des femmes et des filles au cours de ces processus, en leur fournissant une aide juridictionnelle, un soutien médical et des conseils psychosociaux, note que l’application de mesures de justice transitionnelle, dont celles prévues dans l’Accord revitalisé, est essentielle à l’apaisement et à la réconciliation, demande instamment au gouvernement de transition de donner la priorité au renforcement de l’état de droit et à la réforme du secteur de la justice sous toutes leurs composantes, notamment au niveau infranational, afin de renforcer la protection des civils, de lutter contre l’impunité et d’amener les responsables à répondre de leurs actes, en particulier concernant les graves violations commises contre des enfants, décrites par la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la question des enfants et des conflits armés, invite la communauté internationale à appuyer la création du Tribunal mixte pour le Soudan du Sud et engage le gouvernement de transition et l’Union africaine à sortir de l’impasse dans laquelle ils se trouvent actuellement et à créer ledit Tribunal; 

18.   Déclare son intention d’envisager toutes les mesures appropriées, comme en témoigne l’adoption des résolutions 2206 (2015)2290 (2016)2353 (2017)2428 (2018), 2471 (2019)2521 (2020)2577 (2021) et 2633 (2022), contre ceux qui agissent de manière à compromettre la paix, la stabilité et la sécurité du Soudan du Sud, insiste sur l’inviolabilité des sites de protection de l’Organisation des Nations Unies, souligne que les personnes et entités responsables ou complices d’attaques contre le personnel et les locaux de la MINUSS et les agents humanitaires peuvent répondre aux critères de désignation, prend note du rapport spécial du Secrétaire général sur la prorogation du mandat de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (S/2018/143) daté du 20 février 2018, dans lequel il est indiqué que le réapprovisionnement régulier des parties en armes et en munitions au Soudan du Sud avait eu une incidence directe sur la sécurité du personnel des Nations Unies et la capacité de la Mission de s’acquitter de son mandat, insiste sur les mesures qu’il a adoptées dans sa résolution 2428 (2018), notamment l’embargo sur les armes, pour priver les parties des moyens de continuer à combattre et prévenir toute violation de l’Accord sur la cessation des hostilités, la protection des civils et l’accès humanitaire, et exige de tous les États Membres qu’ils s’acquittent de l’obligation qui leur incombe d’empêcher la fourniture, la vente ou le transfert, directs ou indirects, d’armes et de matériel connexe de tous types, y compris de munitions, vers le territoire sud-soudanais, comme le prévoient ses résolutions pertinentes; 

Opérations de la MINUSS 

19.   Rappelle sa résolution 2086 (2013), réaffirme que les principes fondamentaux du maintien de la paix, tels qu’ils sont énoncés dans la déclaration de son président S/PRST/2015/22, sont le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense ou de défense du mandat, et déclare que le mandat de chaque mission de maintien de la paix correspond à la situation et aux besoins particuliers du pays concerné, et que les mandats qu’il autorise doivent être pleinement exécutés;

20.   Prie le Secrétaire général de mettre pleinement en œuvre les activités et obligations énoncées au paragraphe 20 de la résolution 2625 (2022) dans la planification et la conduite des opérations de la MINUSS, dans les limites de son mandat et de sa zone d’opérations et conformément aux directives et réglementations existantes de l’Organisation des Nations Unies; 

21.   Exhorte le gouvernement de transition à respecter la capacité de la MINUSS d’utiliser toutes ses bases sans restriction, notamment sa base de Tomping, qui jouxte l’aéroport international de Djouba, souligne le rôle essentiel que joue la base de la MINUSS de Tomping s’agissant de faciliter la protection des civils et l’acheminement de l’aide humanitaire et d’assurer la sécurité des partenaires internationaux, et prie instamment le gouvernement de transition d’engager un dialogue de bonne foi avec la MINUSS;

Appui des Nations Unies et de la communauté internationale 

22.   Réaffirme les paragraphes 21 à 27 de sa résolution 2677 (2023)

Rapports

23.   Prie le Secrétaire de continuer de lui faire rapport tous les mois sur les violations de l’accord sur le statut des forces ou sur les manœuvres d’obstruction visant la MINUSS; 

24.   Prie le Secrétaire général de lui rendre compte de l’exécution du mandat de la MINUSS et des manœuvres d’obstruction qu’elle rencontre dans l’exécution de son mandat, dans un rapport écrit détaillé devant être soumis dans les 90 jours suivant la date de l’adoption de la présente résolution, puis tous les 90 jours par la suite, et souligne que ce rapport devra lui fournir des analyses et des évaluations stratégiques intégrées reposant sur des données factuelles et des conseils francs et devra notamment comprendre: 

•des informations permettant de déterminer si les activités entreprises au titre du paragraphe 3 ont contribué à la réalisation de la vision stratégique énoncée au paragraphe 2, et dans quelle mesure, ainsi que des informations sur les obstacles à la réalisation de cette vision, rencontrés par la Mission, à l’aide des données recueillies et analysées au moyen du Système complet de planification et d’évaluation de la performance, de la mise en œuvre du cadre intégré de responsabilité et de gestion de la performance dans les missions de maintien de la paix et d’autres outils de planification stratégique et de mesure des performances, afin de déterminer l’impact et la performance globale de la mission, y compris des informations sur les restrictions non déclarées, le refus de participer à des patrouilles ou d’en mener et leurs incidences sur la mission, et sur la manière dont les signalements de résultats insuffisants sont traités; 

•des informations sur les progrès accomplis concernant les éléments énoncés aux paragraphes 5, 6, 7 et 8 ci-dessus; 

•des informations sur l’exécution des mesures prioritaires énoncées au paragraphe 9 ci-dessus; 

•des informations sur la manière dont la Mission a mis en œuvre les capacités et obligations décrites au paragraphe 20 ci-dessus dans la planification et la conduite de ses opérations, notamment son dispositif et sa présence, et tout particulièrement l’amélioration des capacités de se déplacer, les antennes et les bases opérationnelles temporaires; 

•une analyse des risques associés aux changements climatiques qui pourraient avoir des retombées néfastes sur la paix et la sécurité au Soudan du Sud et sur l’exécution du mandat de la MINUSS; 

•une analyse du fait que des auteurs présumés d’actes de violence sexuelle liée au conflit continuent d’occuper des postes à responsabilité au gouvernement de transition et des mesures prises pour y remédier,

•des recommandations, le cas échéant, sur les mesures à adopter pour lever les obstacles recensés au moyen des outils de planification stratégique et de mesure des performances; 

25.   Décide de rester activement saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

RPDC: les membres du Conseil de sécurité font le bilan un an après le veto russe au renouvellement du mandat du Groupe d’experts assistant le Comité des sanctions

9912e séance – après-midi
CS/16058

RPDC: les membres du Conseil de sécurité font le bilan un an après le veto russe au renouvellement du mandat du Groupe d’experts assistant le Comité des sanctions

Le Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique a souligné, cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, que tout lien qu’un pays entretient avec la République populaire démocratique de Corée (RPDC) doit se faire dans le respect total des sanctions pertinentes du Conseil de sécurité, insistant en outre sur l’obligation pour tous les États Membres d’appliquer les mesures de sanctions pertinentes. 

M. Khaled Khiari a également précisé que bien que le Conseil de sécurité n’ait pas prorogé le mandat du Groupe d’experts du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1718 (2006) au-delà du 30 avril 2024, le Comité continue de superviser le régime de sanctions. 

Cette réunion, convoquée un an après le veto russe au renouvellement du mandat du Groupe d’experts assistant le Comité des sanctions, a été marquée par l’intervention du Président-Directeur général de l’Open Source Centre qui a fait état d’une tendance « persistante et préoccupante » des violations des sanctions du Conseil de sécurité par Pyongyang.

Photos à l’appui, M. James Byrne a indiqué que depuis septembre 2024, son équipe, qui enquête sur le contournement des sanctions imposées à la RPDC, a observé au moins six navires battant pavillon étranger avec à leur bord du charbon et des minerais de fer nord-coréens destinés à l’exportation. 

Une hausse significative de ces expéditions illicites a été constatée depuis octobre 2024, avec une moyenne observée d’environ trois expéditions de ce type par mois, a poursuivi M. Byrne, qui a estimé à plus de 30 millions de dollars le montant des gains illégaux réalisés par la République populaire démocratique de Corée.  Une technique courante pour échapper à la détection consiste à désactiver les transpondeurs AIS des navires ou à diffuser de fausses données de localisation. 

Ces actions contreviennent directement aux résolutions du Conseil, qui limitent le financement des programmes nucléaire et de missiles balistiques interdits de la RPDC, a noté M. Byrne. 

« Enhardie par le soutien actif de la Russie et sa première participation à une guerre moderne, la RPDC poursuit non seulement l’avancement de ses programmes nucléaire et balistique, mais aussi la revitalisation de son industrie d’armement classique, relativement stagnante et obsolète », s’est inquiétée la République de Corée.  Ces développements ont inauguré une nouvelle phase alarmante de risques sécuritaires dans la péninsule coréenne, avec de graves implications pour la stabilité régionale et mondiale, a averti le représentant.

De son côté, la France, appuyée par plusieurs délégations, a appelé la Fédération de Russie à permettre le rétablissement du Groupe d’experts du Comité 1718 qui rendait compte de façon « professionnelle et objective » de la mise en œuvre des résolutions relatives à la RPDC.  « Le Conseil de sécurité a été manipulé par un membre permanent du Conseil dans l’espoir de dissimuler sa coopération militaire illégale avec la RPDC, un comportement totalement inacceptable », a accusé le Japon.

En l’absence du Groupe d’experts, la République de Corée et le Japon ont rapporté que 11 États Membres de l’ONU se sont réunis l’année dernière pour créer l’Équipe de surveillance des sanctions multilatérales afin d’aider tous les États Membres de l’ONU à remplir leurs obligations en vertu de la Charte des Nations Unies.

Ce mécanisme a été créé en contournant le Conseil et n’a donc pas de mandat international légitime, a dénoncé en revanche la Fédération de Russie. « Par conséquent, tout produit développé dans ce format n’aura aucune légitimité et, nous n’en doutons pas, sera une fraude et une désinformation. »  De même, la délégation russe a argué que le Groupe d’experts du Comité des sanctions 1718 s’était « complétement discrédité en collectant des informations biaisées auprès des médias occidentaux ».

Le représentant russe a également dénoncé la tenue de cette séance, y voyant un abus manifeste des ressources du Conseil visant à détourner son attention des véritables causes profondes de l’escalade dans la péninsule coréenne.  « Le principal problème reste le renforcement de la présence militaire des pays de l’OTAN dans la région Asie-Pacifique, qui y détruit systématiquement les perspectives de construction d’une architecture de sécurité collective non alignée », a analysé le délégué russe, en pointant « l’appétit de Washington » pour accroître sa présence militaire dans la région.

Préoccupée par les effets déstabilisateurs des manœuvres militaires effectuées en péninsule coréenne, la Chine a jugé important de mettre en place des conditions propices à la reprise du dialogue sans se concentrer sur l’application des sanctions.  Elle a également appelé toutes les parties à renforcer la confiance mutuelle, afin de permettre au processus politique d’aller de l’avant.  Les États-Unis devraient faire montre de bonne volonté à cet effet, a-t-elle ajouté.

Les États-Unis ont affirmé pour leur part disposer de preuves qui indiquent que les responsables chinois ferment les yeux sur l’importation de charbon et de minerais de fer vers leur pays en violation des résolutions du Conseil.  Invitant la délégation américaine à vérifier les faits, la Chine a regretté une attitude qui sape la coopération internationale sur la question de la péninsule coréenne. 

Les États-Unis et l’Occident tentent d’imposer un ordre unilatéral et hégémonique dans la péninsule coréenne, a dénoncé le représentant de la RPDC qui a accusé en outre Washington d’avoir réactivé et restructuré le Commandement des Nations Unies, « un organisme fantôme illégal », pour en faire un véritable commandement de guerre à l’image de l’OTAN. 

Cela signifie que les manœuvres visant à créer une version asiatique de l’OTAN dans la région Asie-Pacifique battent déjà leur plein et démontrent clairement que la confrontation militaire fomentée par les États-Unis et leurs vassaux pour déclencher une guerre nucléaire sur la péninsule coréenne a atteint son stade le plus périlleux. 

Maintenir et renforcer une forte dissuasion pour préserver la dignité et la sécurité nationales et garantir son développement pacifique est un droit souverain indispensable de la RPDC, auquel il est impossible de renoncer dans une situation aussi grave, a-t-il souligné. 

En ce qui concerne la coopération militaire entre la RPDC et la Russie, le représentant a affirmé que celle-ci est entièrement conforme à l’accord de partenariat stratégique global signé par les deux pays et au droit international, y compris la Charte des Nations Unies.

Non-prolifération: République populaire démocratique de Corée

Exposé

M. KHALED KHIARI, Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, a rappelé que le plan quinquennal de développement militaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) touche à sa fin cette année. Ces deux dernières années, la RPDC a procédé à des lancements de missiles balistiques intercontinentaux et hypersoniques à portée intermédiaire en janvier de cette année.  Selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), la RPDC a continué de montrer ouvertement ses installations d’enrichissement d’uranium non déclarées situées à Yongbyon et Kangson.  Ces événements ont été accompagnés de déclarations réitérant l’intention de la RPDC de poursuivre le développement de ses capacités nucléaires et balistiques, notamment de têtes nucléaires tactiques, de satellites de reconnaissance militaire et de la construction d’un « sous-marin stratégique à propulsion nucléaire ».

Selon le Sous-Secrétaire général, la poursuite des programmes d’armement nucléaire et de missiles balistiques de la RPDC est une violation des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, compromet le régime mondial de désarmement et de non-prolifération nucléaires, ainsi que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  M. Khiari a exhorté la RPDC à respecter pleinement ses obligations internationales, y compris le TNP et les garanties de l’AIEA, et à signer et ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. 

Poursuivant, le Sous-Secrétaire général a indiqué que bien que le Conseil de sécurité n’ait pas prorogé le mandat du Groupe d’experts du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1718 (2006) au-delà du 30 avril 2024, le Comité continue de superviser le régime de sanctions.  Tous les États Membres ont l’obligation d’appliquer les mesures de sanctions pertinentes.  Et tout lien qu’un pays entretient avec la RPDC doit se faire dans le respect total des sanctions pertinentes du Conseil de sécurité. 

La situation sécuritaire générale dans la péninsule coréenne reste tendue, marquée par une intensification des activités militaires, des possibilités limitées de dialogue intercoréen et régional, la présence de risques nucléaires et des préoccupations croissantes quant à la possibilité d’erreurs d’appréciation, a insisté le haut fonctionnaire.  Par ailleurs, le Conseil doit également rester attentif à la situation humanitaire en RPDC, a-t-il alerté avant de demander à nouveau à la RPDC de faciliter le retour de l’équipe des Nations Unies afin de soutenir la population et de faire progresser le Programme 2030.

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L’Assemblée générale rend hommage aux victimes de la Seconde Guerre mondiale en exposant ses divisions sur la mémoire et les enseignements de ce conflit

Soixante-dix-neuvième session
68e & 69e séances plénières – matin & après-midi
AG/12683

L’Assemblée générale rend hommage aux victimes de la Seconde Guerre mondiale en exposant ses divisions sur la mémoire et les enseignements de ce conflit

L’Assemblée générale a tenu, aujourd’hui, une séance solennelle spéciale en hommage à toutes les victimes de la Seconde Guerre mondiale, dans le cadre du point de son ordre du jour consacré au quatre-vingtième anniversaire de la fin de ce conflit.  Au-delà des immenses sacrifices consentis par des millions de personnes sur l’autel des libertés, il a été question des leçons tirées de cette conflagration mondiale et de la mémoire à transmettre, sur fond de divisions profondes autour des conflits en cours, notamment en Ukraine et à Gaza. 

Dans une déclaration liminaire, le Président de l’Assemblée générale a observé qu’au fil du temps, les commémorations de la Seconde Guerre mondiale prennent une signification plus profonde, la plupart des vétérans survivants étant aujourd’hui centenaires. « Préserver leur histoire n’est pas seulement un hommage à leur rendre, c’est une responsabilité morale pour nous tous », a souligné M. Philémon Yang, appelant à veiller à ce que les leçons qu’ils laissent derrière eux « ne s’estompent pas mais perdurent ». 

Après avoir rappelé que l’ONU a été créée au sortir de ce conflit mondial pour préserver les générations futures du fléau de la guerre, M. Yang a constaté que les principes de la Charte de l’Organisation des Nations Unies sont aujourd’hui trop souvent « ignorés, sapés ou carrément violés ».  Alors que les conflits se propagent et que la paix mondiale est mise à rude épreuve, nous devons renouveler notre engagement envers ces idéaux fondateurs, a-t-il plaidé, estimant que « les sacrifices de ceux qui ont péri pour nous offrir un monde meilleur ne doivent pas être vains ». 

Accusations d’instrumentalisation de l’histoire

Ce message a été diversement interprété par les États Membres, dont un grand nombre a dénoncé une distorsion et une instrumentalisation de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale à des fins politiques.  Ouvrant le bal des déclarations, la Fédération de Russie a ainsi observé que « la mémoire sacrée des héros et des victimes du nazisme est devenue l’objet d’attaques du révisionnisme historique et du revanchisme ».  C’est notamment le cas, selon elle, en Ukraine, où, « après le coup d’État inconstitutionnel de Maïdan et plusieurs années de lavage de cerveau », des slogans semblables au « Deutschland über alles » nazi ont commencé à résonner. 

Dans ce pays, « les parallèles avec le IIIe Reich ne s’arrêtent pas là », a ajouté le représentant russe, dénonçant pêle-mêle les démolitions de monuments à la mémoire des combattants contre le fascisme, la promotion de collaborateurs nazis comme héros nationaux, la tenue de processions aux flambeaux par des néonazis et l’interdiction de la langue russe. 

« On tente aujourd’hui de justifier et de blanchir les nazis et leurs complices, de réécrire l’histoire, d’effacer les exploits des pays indésirables et de tracer de nouvelles lignes de démarcation pour satisfaire les politiciens en place et leurs intérêts à court terme », a renchéri le Bélarus, qui s’est dit résolument en faveur de la « préservation de la vérité historique » et d’une « coopération constructive », à l’image de la coalition antihitlérienne composée de pays aux systèmes politiques, aux traditions culturelles et aux visions du monde différents.  Rappelant que les « formes de génocide nazi » ont coûté la vie à un habitant sur trois de son pays, le délégué bélarussien a souhaité que cette « capacité à mettre de côté les différences au profit du bien commun » serve à tous de leçon. 

Au nom du Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, le Venezuela a défendu une vision semblable en relevant que la manipulation de l’histoire à des fins politiques constitue un sérieux obstacle à la paix et à la stabilité internationales.  « Loin d’être inoffensifs, les récits révisionnistes déshonorent la mémoire de ceux qui ont péri, tout en favorisant la division et la méfiance entre les nations », a-t-il mis en garde. 

Toujours au nom de la mémoire, l’Ukraine a, elle, déploré que la Russie célèbre la fin de la Seconde Guerre mondiale « en s’arrogeant le monopole historique de la victoire » et en passant sous silence le fait que l’Union soviétique a collaboré avec l’Allemagne nazie au début du conflit.  Huit millions d’Ukrainiens ont été tués, dont plus d’un million de Juifs, a rappelé la délégation, accusant Moscou de vouloir « dénaturer cette histoire » et de recourir au prétexte de la lutte contre le nazisme pour justifier sa guerre d’agression contre son voisin. 

« Mettre sur un pied d’égalité l’invasion de l’Ukraine et la lutte contre le nazisme est l’exemple le plus vil qui soit de la perversion de l’histoire et un camouflet pour la mémoire des victimes du nazisme », a assené l’Union européenne, tandis que la Nouvelle-Zélande, qui s’exprimait au nom des délégations du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (CANZ), pointait l’incohérence de la guerre d’agression menée par la Russie « au regard du sacrifice du peuple soviétique et de sa contribution à la victoire contre le nazisme ».  De surcroît, « dire que le Gouvernement ukrainien est nazi relève de la propagande russe et salit la mémoire des soldats soviétiques tombés pendant la guerre », a fait valoir le Royaume-Uni, pour qui la sécurité européenne est à nouveau menacée par un mépris de la souveraineté des États. 

Condamnant cet « expansionnisme colonial », opéré en violation de la Charte des Nations Unies, la Lituanie a accusé elle aussi la Russie d’instrumentaliser la mémoire de la Seconde Guerre mondiale pour « justifier ses crimes actuels sans rendre de comptes ».  Dans le même ordre d’idées, la Pologne a fustigé la « campagne néo-impériale » de Moscou, non sans rappeler qu’elle a été la « première victime de la guerre » en étant attaquée par les forces pactisées de l’Allemagne nazie et de l’Union soviétique en 1939. 

De l’horreur de la Shoah à l’« épidémie d’antisémitisme »

Renvoyée à son lourd passé, l’Allemagne a dit « porter le fardeau de cette histoire avec humilité et responsabilité morale ».  Nous sommes obligés d’entretenir la flamme de la justice, a expliqué sa déléguée, selon laquelle les procès de Nuremberg ont marqué un tournant.  « Plus jamais ça », a-t-elle clamé, ajoutant que, 20 ans à peine après la Shoah, Israël a tendu la main à l’Allemagne. « Les plus grandes divisions peuvent être dépassées, à condition que les crimes qui ont été commis soient pleinement reconnus. » 

Soulignant pour sa part que la Shoah n’a pas commencé avec les chambres à gaz du régime nazi mais est le fruit de siècles d’antisémitisme, Israël a constaté que la haine des Juifs gagne à nouveau du terrain, rappelant que, le 7 octobre 2023, des Juifs ont été massacrés chez eux, en Israël, sans que le monde se montre solidaire. « N’avons-nous rien appris? » s’est-il interrogé, avant d’accuser l’Iran de vouloir « renouveler l’expérience de la Shoah et effacer les Juifs de la surface de la terre ». 

À leur tour, les États-Unis ont rappelé l’effroyable bilan de la Seconde Guerre mondiale et l’horreur unique de la Shoah.  Après avoir dénoncé la grave « épidémie d’antisémitisme » qui se propage aujourd’hui, ils ont rendu hommage au courage des forces alliées.  Convaincue que « la justice finit toujours par vaincre », la délégation américaine a invité tous les États Membres à tirer le bilan de cette guerre sans distorsion. 

Appels à défendre le système international autour de l’ONU

Pour la Chine, il importe aujourd’hui de défendre le système international fondé autour de l’ONU, alors que certains traitent l’Organisation « comme quelque chose qui peut être utilisé et mis ensuite au rebut », notamment en coupant leurs financements et en ne versant pas leur contribution. 

« Les victimes que nous honorons nous poussent à renforcer l’ONU, à rejeter la force dans les affaires internationales et à défendre la dignité, la justice et la coopération », a affirmé le Kazakhstan, le Turkménistan appelant pour sa part à défendre activement la paix conquise il y a 80 ans, et à contrer la falsification de l’histoire.  La guerre ne commence pas par des frappes mais par l’oubli, a renchérit la Serbie qui a affirmé s’exprimer non pas en tant que vainqueurs mais en tant que gardiens de la mémoire.

Lui aussi tourné vers l’avenir, le Japon a préféré souligner l’importance de l’ONU dans la promotion de la paix et de la sécurité internationales, saluant en particulier l’adoption, fin 2024, du Pacte pour l’avenir.  La République populaire démocratique de Corée a quant à elle rappelé les victimes de « l’impérialisme japonais », rendant hommage aux martyrs coréens de la lutte antifasciste. 

De son côté, Cuba s’est alarmée de la résurgence des idéologies extrémistes, de l’utilisation de la puissance militaire pour promouvoir des intérêts géopolitiques et de la prolifération de mesures coercitives unilatérales et illégitimes. Dans ce contexte, elle a jugé que « le génocide perpétré par Israël contre le peuple palestinien, avec la complicité et le soutien du Gouvernement des États-Unis », est la preuve évidente d’une « nouvelle forme répugnante de fascisme ».

Résumant le point de vue des pays africains, le Togo a rappelé pour sa part que la fin de la Seconde Guerre mondiale a favorisé l’accélération des luttes de décolonisation qui, avec l’appui des Nations Unies, ont abouti à l’accession de plusieurs territoires à la souveraineté internationale.  Quatre-vingts ans plus tard, il a appelé de ses vœux une réforme du Conseil de sécurité de l’ONU afin de le rendre plus représentatif, un appel repris par l’Inde, pour qui une réforme de l’architecture internationale s’impose pour façonner un monde plus pacifique. 

Adoption de trois textes relatifs à des réunions et sommets de l’ONU 

En marge de cette séance solennelle spéciale, l’Assemblée générale a adopté un projet de décision relatif aux Déclarations liminaires à la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral (A/79/L.82). 

L’Assemblée a également décidé d’inviter les trois organisations intergouvernementales suivantes à participer à la Conférence sur l’océan (A/79/L.85):

1. Commission pour la conservation de la faune et de la flore marines de l’Antarctique;

2. Société interaméricaine d’investissement;

3. Commission RAMOGE.

Elle a ensuite décidé que la réunion de haut niveau sur le trentième anniversaire de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes se tiendra à New York, le lundi 22 septembre 2025 (A/79/L.81).

Au préalable, elle a rejeté par 15 voix pour, 73 contre et 46 abstentions une proposition d’amendement russe (A/79/L.84) qui visait à remplacer le paragraphe 6 du dispositif par ce qui suit: 

« Prie son Président d’établir, en tenant compte des principes de transparence, de représentation géographique équitable et de parité des genres, une liste de représentants d’autres organisations non gouvernementales concernées et d’organisations de la société civile, d’établissements universitaires et du secteur privé intéressés qui pourraient assister à la réunion de haut niveau, de soumettre cette liste aux États Membres pour examen selon la procédure d’approbation tacite, au plus tard en juillet 2025 aux fins des préparatifs, et de porter la liste à son attention. »

Le paragraphe 6 du dispositif a été maintenu par 94 voix pour, 10 contre et 31 abstentions. 

Avant le vote, la Pologne, au nom de l’Union européenne, a dénoncé un amendement qui vise à empêcher la participation des organisations non gouvernementales (ONG) « sans raison ni transparence ».  Le Royaume-Uni, et le Mexique ont jugé essentielle la participation de la société civile, rejoints par le Canada qui a rappelé qu’un État ne peut en décider seul. La Fédération de Russie a rétorqué qu’elle ne s’oppose pas à la participation des ONG.  « Mais il existe une procédure au Comité des ONG et nous voulons qu’elle soit utilisée », a fait valoir sa déléguée, en évoquant des abus.  Elle a par ailleurs jugé superflu de mettre en avant la participation des jeunes. 

Après le vote, Cuba a plaidé pour la réaffirmation de la procédure d’approbation tacite de la participation des ONG, lesquelles « jouent un rôle crucial ».  La Türkiye a partagé cette position tout en estimant que certaines ONG peuvent jouer un rôle politisé contre certains Membres. Le Bélarus a dénoncé la tendance consistant à mettre sur un pied d’égalité les ONG et les États lors des négociations. « Ce sont les États qui doivent décider », a-t-il tranché.  Les États-Unis se sont dissociés du paragraphe 6 et ont dit s’opposer à la prise de mesures spécifiques pour la promotion des femmes.  L’Argentine a rappelé pour sa part l’existence de deux sexes, l’un féminin, l’autre masculin. 

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies

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ECOSOC: dixième anniversaire du forum sur la science, la technologie et l’innovation, l’occasion de parler de l’intelligence artificielle et des jeunes

Session de 2025,
Forum sur la science, la technologie et l’innovation, matin & après-midi
ECOSOC/7202

ECOSOC: dixième anniversaire du forum sur la science, la technologie et l’innovation, l’occasion de parler de l’intelligence artificielle et des jeunes

C’est dans l’ambiance futuriste de la salle du Conseil économique et social (ECOSOC), transformée pour l’occasion, que s’est ouvert aujourd’hui le dixième forum de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation au service de la réalisation des objectifs de développement durable.  Pendant deux jours, délégations et experts discutent de la meilleure façon de tirer parti de ces outils, notamment l’intelligence artificielle, en commençant par les rendre accessibles à tous.

Comment peut-on accélérer le travail que nous faisons tous pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) et trouver des solutions par le biais de la science et des technologies?  C’est par cette question que le Président de l’ECOSOC, M. Bob Rae, a lancé le forum en soulignant le rôle des gouvernements, des institutions financières et du système des Nations Unies dans ces efforts. « Formation, formation, formation », a-t-il martelé, souhaitant une efficacité renforcée au sein des gouvernements comme le font les Nations Unies avec l’initiative ONU80.

La Vice-Secrétaire générale de l’ONU a, elle, vanté les mérites de l’initiative de modernisation « Nations Unies 2.0 ». Mme Amina Mohammed a expliqué que l’ONU soutient ainsi la transformation, l’innovation, ainsi que la science comportementale.  « Réunissons-nous pour relancer cet élan, développons les sciences et la dignité pour tous! »

Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Li Junhua, a rappelé que ce forum avait été un moteur de changement au cours des 10 dernières années.  Il a énuméré les progrès réalisés dans les domaines, notamment, de l’agriculture, de la technologie spatiale et de l’innovation technologique. 

Reconnaissant néanmoins l’urgence qui demeure pour pouvoir atteindre les ODD d’ici à 2030, il a cité quelques défis à relever parmi lesquels le manque de financement, et donc d’accès, concernant les technologies. M. Li a également insisté sur l’inclusion des femmes dans les progrès technologiques. 

Les thèmes des quatre tables rondes de la journée abordent les progrès des 10 dernières années, les façons de tirer parti des sciences et technologies pour parvenir au développement durable, les actions possibles avec l’intelligence artificielle (IA) pour réduire les inégalités et les percées que permet l’IA pour des solutions durables.

Session d’ouverture: célébration du dixième anniversaire du forum STI, apprendre de ces 10 ans d’expérience et tirer parti des STI pour atteindre les ODD

La réalisation des ODD dépend d’un environnement propice à l’exploitation des solutions STI (sciences, technologies et innovation), mais encore faut-il que ces solutions soient mises au service de la justice sociale, de l’équité et du progrès partagé, a défendu tout d’abord Mme Amal El Fallah Seghrouchni,Ministre déléguée auprès du Chef du Gouvernement du Maroc, chargée de la transition numérique et de la réforme administrative.  En tant qu’oratrice principale de la matinée, la Ministre a insisté sur la notion de responsabilité collective pour que l’avenir numérique ne soit pas une reproduction des inégalités du passé mais bien une promesse de transformation inclusive et durable. 

Pour la Ministre, il ne fait pas de doute que les sciences, les technologies et l’innovation sont un levier formidable pour transformer notre réalité.  Ce sont, selon elle, des instruments déterminants pour élargir les perspectives et jeter des passerelles là où subsistent des barrières.  L’IA a le potentiel d’être un outil majeur au service des transformations sociales, culturelles et économiques, a-t-elle reconnu, à condition qu’elle soit pleinement orientée au service de l’humain, de l’inclusion et de l’intérêt général. 

La rejoignant sur ce point, Mme Xiaolan Fu, fondatrice d’OxValue.AI et Directrice fondatrice du Centre pour la technologie et la gestion du développement de l’Université d’Oxford (Royaume-Uni), a confirmé l’impact indéniable des STI dans certains domaines au cours des 10 dernières années.  Elles ont contribué à réduire les fossés en termes d’accès à l’éducation et aux services, elles ont accéléré les avancées dans les domaines des énergies renouvelables et de la médecine, entre autres.  Mais, a-t-elle concédé, dans d’autres domaines les progrès sont toujours lents et le fossé numérique toujours bien réel, tout comme la sous-représentation des femmes dans les disciplines STIM (Sciences technologies, ingénierie et mathématiques). 

Il n’en reste pas moins que l’IA est un accélérateur de l’innovation, à condition qu’elle soit utilisée à bon escient, a rebondi le Vice-Président du réseau de recherches Elsevier et Coprésident du Groupe des dix représentants de haut niveau de la société civile, du secteur privé et de la communauté scientifique des Nations Unies pour promouvoir la science, la technologie et l’innovation pour les ODD (Groupe des dix représentants de haut niveau).  M. Carlos Henrique Brito Cruz a fait remarquer qu’aujourd’hui, la recherche a beaucoup évolué.  Ainsi, en 2024, 60% des auteurs de publications scientifiques vivaient dans des sociétés où le revenu par habitant est inférieur à 14 000 dollars par an. Ces contributions des pays aux revenus intermédiaire et faible l’ont amené à parler du « Sud qui travaille avec le Sud » en l’opposant à la notion de collaboration Nord-Sud, et à encourager la collaboration dans la recherche entre personnes qui vivent dans des sociétés similaires. 

Pour ce qui est du financement de ces recherches, M. Cruz a avancé l’idée d’impliquer davantage les plus grands bailleurs de fonds de la recherche publique de tous les pays dans la promotion des ODD.  Ces agences financent des travaux de recherche dont 30% au moins sont déjà reliés aux ODD, a-t-il relevé, appelant l’ONU à les solliciter.

Apportant un témoignage de ce potentiel Sud-Sud, la Ministre marocaine a présenté une « expérience locale à résonnance continentale » qu’elle a menée, en partenariat avec la fondation OCP « African Women in Tech and AI » et coportée par l’UNESCO.  Cette initiative a réuni 80 femmes entrepreneuses de 28 pays africains au centre d’IA à Rabat en vue de bâtir un réseau panafricain de l’innovation numérique.  Ce projet, qui vise à former 350 femmes africaines, prouve que l’intelligence collective et la coopération sont nos meilleurs atouts pour répondre aux défis mondiaux, a fait valoir Mme Seghrouchni.

Les jeunes devraient aussi avoir voix au chapitre, a renchéri M. Joon Baek du grand groupe des enfants et des jeunes. En tant que cofondateur de Youth for Privacy, il travaille sur la gouvernance de l’IA et le respect de la vie privée.  Alors que les jeunes de moins de 30 ans représentent plus de 50% des usagers d’Internet aujourd’hui, il a observé par conséquent que ce sont leurs données qui alimentent de manière disproportionnée les modèles de l’IA.  L’ONU devrait donc les impliquer davantage dans la promotion des ODD, mais, a-t-il regretté, ceux d’entre eux qui cherchent à activement s’engager se heurtent au problème des stages non rémunérés de l’ONU, ce qui les décourage de candidater.

Résumant le débat de ce matin, Mme Fu a appelé à réfléchir à comment changer la structure organisationnelle du forum, en s’appuyant sur des plateformes de collaboration avec des gouvernements, des jeunes, des femmes, la société civile, des scientifiques et universitaires du monde entier afin de promouvoir de manière ciblée chacun des ODD et de s’ouvrir à un plus grand nombre d’acteurs.

Session ministérielle: exploiter la science et la technologie pour la mise en œuvre efficace de solutions durables, résilientes et innovantes

« Dix ans après l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, les progrès vers les objectifs de développement durable (ODD) sont insuffisants », a déclaré en début de la session ministérielle le Représentant permanent du Maroc auprès des Nations Unies et Coprésident du forum sur les STI.  M. Omar Hilale a rappelé que « seulement 17% des cibles pour lesquelles des données sont disponibles sont en voie d’être atteintes d’ici à 2030 ».

Pourtant, un flux constant d’innovations et de nouvelles solutions émerge aujourd’hui, a fait remarquer la Coprésidente du forum, la Représentante permanente de la Finlande auprès des Nations Unies, notant que cela est dû au talent des jeunes scientifiques et entrepreneurs qui s’appuient sur les travaux des générations précédentes.  Mme Elina Kalkku a souligné que transposer à grande échelle les meilleures et les plus pertinentes de ces solutions et les rendre accessibles et abordables pour tous les pays et tous les groupes nécessitent des partenariats et des investissements stratégiques.

Le Président de l’Assemblée générale, M. Philémon Yang, a mis en garde sur ces avancées en matière de STI qui ont charrié avec elles des défis comme « la montée de la désinformation et de la mésinformation, ainsi que la fracture numérique qui s’est élargie et enracinée ».  En tant que société, a noté le Président, « nous sommes face à un choix difficile: exploiter leur potentiel pour offrir des services équitables à tous, ou continuer à s’approprier ce potentiel au profit de quelques privilégiés ». Pour s’assurer que ces bénéfices profitent à tous, il a appelé à investir dans les cadres politiques et réglementaires qui facilitent cet écosystème tourné vers l’avenir.  Avec le Pacte pour l’avenir comme fil conducteur, nous devons avancer ensemble, a-t-il plaidé en mentionnant aussi le Pacte numérique mondial sur lequel il faut s’appuyer.

M. Muhammadou M.O. Kah, Président de la Commission de la science et de la technique au service du développement des Nations Unies, a rappelé que les défis qui attendant la communauté internationale nécessitent de la collaboration et des synergies intersectorielles.  Il a par exemple plaidé pour des soutiens aux pays en développement en matière de STI.  En effet, l’innovation seule ne suffit pas, a acquiescé la Sous-Secrétaire générale à la coordination des politiques au Département des affaires économiques et sociales (DESA).  Mme Bjørg Sandkjaer a appelé à plus d’engagement sur les plans local et régional, pour éviter une mise en œuvre fragmentée des innovations.  Selon elle, il faut un partage équitable des fruits des STI, ce qui implique une approche intergénérationnelle.

L’Union européenne (UE) a fait part de son engagement à poursuivre le soutien à la recherche et aux chercheurs.  Elle a insisté sur la liberté et l’indépendance de ces derniers. Selon l’UE, il s’agit là du gage des avancées d’une science qui se veut le moteur de la croissance.  Lui aussi conscient du rôle important de la science pour le développement, le Zimbabwe a dit favoriser l’essor des jeunes femmes dans les programmes d’ingénierie du pays.  Un programme national de bourses permet d’ailleurs d’accompagner les femmes dans les domaines des sciences.  Il faut travailler sur l’innovation dès le plus jeune âge, a renchéri le Guatemala qui a appelé à investir davantage dans les STI, dans les pays en développement en particulier. 

Pour un partage équitable des fruits des STI, la Colombie a appelé à mettre sur pied des paramètres et règles justes, question aussi de réduire la fracture numérique entre les pays et en leurs seins. Le pays entend aussi mettre l’accent sur les jeunes, les femmes et les populations autochtones dans son programme d’éducation numérique.  De son côté, le Bélarus a dit vouloir légiférer sur l’intelligence artificielle afin d’en favoriser le bon usage en vue de soutenir son développement.  La délégation a argué que promouvoir les partenariats passe par la levée des sanctions unilatérales et la dépolitisation de la collaboration scientifique interétatique.  Quant à l’Arménie, elle a dit avoir créé une « ville de l’ingénierie » pour favoriser l’essor des startups, notamment celles du domaine de la fintech et de l’intelligence artificielle. 

Session 1 - Comment rendre l’intelligence artificielle (IA) accessible, inclusive et bénéfique pour tous

La première partie de cette discussion s’est concentrée sur le sujet suivant: les mesures concrètes pour que l’IA réduise les inégalités, favorise l’innovation et renforce l’autonomie des communautés à travers le monde.

Le constat sans appel de cette première discussion est que l’IA est bien là, et qu’il n’est plus possible de lui « fermer la porte ».  Si certains des intervenants ont parlé de technologie révolutionnaire et transformatrice, tous ont reconnu qu’il faut des normes internationales pour pouvoir développer cette technologie avec une boussole morale, qu’il s’agisse de ses applications ou de la collecte et l’utilisation des données.  Les tensions actuelles sont d’ailleurs liées à la lenteur des processus règlementaires face à une technologie qui se développe à un rythme effréné depuis 2022, a relevé M. Risto Siilasmaa, Président de WithSecure Inc. et ancien président de Nokia Corporation, pour lequel cela doit se faire de manière multilatérale ainsi qu’en collaboration entre le secteur privé et les agences de règlementation.

L’expert finlandais a souligné que, de nos jours, l’industrie technologique est le plus grand créateur de valeur d’où les enjeux économiques et géopolitiques qui apparaissent.  Parallèlement, l’argent investi dans l’IA est en augmentation rapide, en particulier aux États-Unis où cette année seulement 300 milliards de dollars seront investis dans des entreprises technologiques américaines.

Il faut reconnaître que dans de nombreux domaine, l’IA dépasse déjà les capacités humaines (notamment les modèles linguistiques) et son coût diminue rapidement d’où son potentiel pour le développement durable, a fait valoir M. Keywan Riahi, Directeur du programme énergie, climat et environnement à l’Institut international pour l’analyse des systèmes appliqués, en Autriche, également membre du Groupe des dix représentants de haut niveau  À titre d’exemple, M. Riahi a envisagé le passage à des outils électroniques qui peuvent se parler entre eux, pour « rationaliser leur utilisation ».  Il a parlé à ce sujet de la réduction prévue de la flotte de véhicules dans les villes, qui pourrait être réduite à 2 voire 3%, ce qui signifie moins de pollution, plus d’espaces verts.

De son côté, le Vice-Président et Scientifique en chef des données de l’IA au Good Lab de Microsoft, a mis l’accent sur le rôle de l’IA dans l’apprentissage et l’acquisition de nouvelles compétences. M. Juan M. Lavista Ferres, qui vient du Sud mondial, est néanmoins conscient du risque d’accentuer les inégalités faute d’accès aux ordinateurs et à Internet dans le monde sachant que plus de 2 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à Internet. 

Face aux inquiétudes soulevées par Mme Joyeeta Gupta, professeure d’environnement et de développement à l’Université d’Amsterdam, au sujet de la consommation massive d’énergie que nécessite le développement de l’IA, M. Lavista Ferres a conseillé de veiller à ce que cela se fasse par des énergies renouvelables pour limiter les émissions de gaz à effet de serre et, par conséquent, les répercussions climatiques.

« On parle beaucoup de la baisse du coût de l’IA, mais pour qui? » s’est interrogée Mme Gupta, en rappelant qu’au-delà de l’impact énergétique et climatique, l’IA se construit sur le remplacement d’emplois de niveau de compétence intermédiaire.  « Que va-t-il arriver à tous ces gens-là? ». Une question restée sans réponse.

La chercheuse a également soulevé le problème des deep fake, elle-même ayant été victime de cela puisqu’un article a été produit en son nom par l’IA.  Elle a donc insisté sur le fait qu’en dépit des vœux pieux formulés pour l’IA, ce passage ne doit pas se faire au prix de notre système climatique, des droits humains, de nos données ni de l’éthique.

Soutenant ce point vue, Mme Maria Leptin, Présidente du Conseil européen de la recherche, a fait remarquer que les recherches existent sur ces questions mais que c’est l’action des « plus grands pollueurs et des États voyous » qui tarde à venir.  « Nous n’avons pas besoin de plus de recherches, nous avons besoin d’actions », a-t-elle tranché.  S’agissant de la gouvernance mondiale de l’IA et des enjeux éthiques, elle a appelé à associer les chercheurs dans ce domaine, qui sont déjà tournés vers de nouvelles frontières, aux discussions et réflexions sur ces questions.

Quant au rôle de l’ONU dans tout ça, M. Amandeep Sing Gill, Envoyé spécial du Secrétaire général pour les technologies numériques et émergentes, a souligné que l’Organisation est à l’origine du dialogue politique sur la gouvernance de l’IA et qu’elle offre une plateforme non seulement pour une approche multidisciplinaire des applications de l’IA au service du développement durable mais également pour réfléchir ensemble à l’interface IA avec le monde analogue et à l’inclusion, au bénéfice de tous.  Cette démarche a commencé avec le Pacte numérique mondial, puis le Pacte pour l’avenir et la création du Groupe des dix représentants de haut niveau.

Aujourd’hui, ce dont nous avons besoin c’est d’un dialogue multilatéral sur la façon d’orienter les évolutions technologiques pour une bonne gouvernance de l’IA sur la base de principes collectivement acceptés, a ajouté M. Hassan Nasser, Vice-Président chargé des affaires internationales, Organisation de coopération numérique.  À ce titre, il a cité les questions de redevabilité, de transparence, de non-discrimination, de respect de la vie privée, de contrôle par l’humain et de durabilité. 

La deuxième partie de cette session a mis en lumière les solutions et avancées en matière d’IA qui améliorent les conditions de travail, créent des emplois, soutiennent la croissance économique et font progresser la santé et le bien-être.

Quelques jeunes ont d’abord présenté leurs innovations au forum.  Mme Jin Davod, thérapeute de la paix (Türkiye), a expliqué, dans une vidéo, comment elle a créé une structure de soutien psychologique aux personnes atteintes de problèmes mentaux.  Cette initiative, qui ciblait d’abord les réfugiés syriens ayant fui la guerre, s’est ensuite étendue à tous ceux qui essayent de se relever après un traumatisme.  M. Karunarathnalage Lilan Udayanga Dayananda d’Elzian (Sri Lanka) a évoqué, lui, un projet utilisant les énergies renouvelables pour faire le tri des poissons que les pêcheurs capturent, ce qui permet de réduire les pertes de la biodiversité marine. 

Mme Lutendo Ndhlovu a, pour sa part, parlé de Training initiative of 400 informal Refrigeration and Airconditioning (Afrique du Sud).  Ce programme a permis de former des centaines de jeunes hommes et femmes aux techniques d’entretien d’appareils de réfrigération, notamment les réfrigérateurs. Le but est de leur fournir des revenus tout en aidant la communauté à réduire son empreinte carbone.  En effet, les appareils usagés ne sont pas mis à la poubelle et cela réduit également la production de chlorofluorocarbone qui détruit la couche d’ozone et accentue le réchauffement planétaire.

M. Vladimir Crnojević, fondateur et Directeur de l’Institut BioSense, professeur d’informatique à l’Université de Novi Sad (Serbie), a estimé que depuis l’envolée des innovations en 2023 avec l’intelligence artificielle, il serait opportun que ce forum ait désormais lieu tous les mois au lieu d’une fois dans l’année.  La plupart des avancées sont guidées par l’appât du lucre, a regretté celui qui est également le Secrétaire général du Groupe des dix représentants de haut niveau. Le rythme est défini par l’industrie et c’est cela le grand problème, a-t-il dénoncé, avant de proposer que l’ONU crée une agence chargée de la question. 

Mme Celina Lee, Présidente et Cofondatrice de Zindi, a également présenté sa startup, créée en Afrique du Sud mais qui a une portée mondiale dans le domaine de l’intelligence artificielle.  Zindi est constituée d’une plateforme qui permet aux organismes et aux gouvernements de poser des questions, les experts de la communauté Zindi y répondant ensuite.  Pour sa part, M. Magnus Andersson, Professeur de géographie économique à l’Université de Malmö (Suède), a évoqué l’utilisation des images satellites pour surveiller les paysages et prévenir leur dégradation.

M. Jerry John Kponyo, un autre professeur qui enseigne l’ingénierie à l’Université Kwame Nkrumah (Ghana), a expliqué comment son laboratoire se penche sur l’utilisation de l’intelligence artificielle pour accompagner la réalisation des ODD.  Sur le plan de la santé, par exemple, le laboratoire utilise l’intelligence artificielle pour diagnostiquer des pathologies rares et permettre aux médecins de campagnes de pouvoir soigner les patients.  En plus, les médecins pourraient avoir de meilleures relations avec les patients grâce à l’intelligence artificielle, a souligné Mme Victoria Lee, Directrice de Fraser Health Authority (Canada).  Elle a fait observer que l’intelligence artificielle peut contribuer à combler le déficit de personnels de santé évalué à plus de 10 millions dans le monde par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). 

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Conseil de sécurité: une crise sans précédent en Bosnie-Herzégovine met à mal l’Accord de paix 30 ans après son adoption, prévient le Haut-Représentant

9911e séance – matin
CS/16057

Conseil de sécurité: une crise sans précédent en Bosnie-Herzégovine met à mal l’Accord de paix 30 ans après son adoption, prévient le Haut-Représentant

Le Haut-Représentant pour la Bosnie-Herzégovine a affirmé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, que ce pays est actuellement confronté à une « crise sans précédent » du fait des graves attaques de la coalition au pouvoir en Republika Srpska contre l’Accord de Dayton, qui constitue le socle de l’ordre constitutionnel de l’État bosnien. 

Cette détérioration soudaine résulte des réactions au verdict de première instance de la Cour de Bosnie-Herzégovine, qui a condamné le 26 février dernier le Président de la Republika Srpska, M. Milorad Dodik, à un an d’emprisonnement, lui interdisant d’occuper des fonctions politiques pendant six ans, pour avoir tenté d’empêcher l’entrée en vigueur des arrêts de la Cour constitutionnelle dans l’entité serbe et d’appliquer les décisions du Haut-Représentant, chargé de surveiller la mise en œuvre de l’Accord de paix Dayton. 

Une fois condamné, a poursuivi M. Christian Schmidt, M. Dodik a intensifié ses attaques contre l’ordre constitutionnel du pays en ordonnant aux autorités de la Republika Srpska d’adopter une loi interdisant de facto le pouvoir judiciaire et les forces de l’ordre nationales, et en présentant même un projet de constitution de l’entité, qui laissait entrevoir une sécession de facto.  Rendu public peu après l’annonce du verdict, ce document d’une complexité considérable laisse entrevoir qu’il avait été préparé bien à l’avance, comme, du reste, les projets de loi annoncés par la même occasion, a observé le Haut-Représentant, une allégation catégoriquement rejetée par la délégation serbe.

Ces actes, qui contredisent « fondamentalement » l’Accord de Dayton et ses annexes, mettent aussi en danger l’intégrité territoriale et sociale du pays, s’est alarmé le haut fonctionnaire, avant de réaffirmer la primauté de la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine et de son propre mandat de Haut-Représentant.  Par conséquent, la dynamique d’adhésion à l’Union européenne est au point mort, le fonctionnement de l’État compromis et les réformes ont été mises de côté, alors que se poursuit l’exode des jeunes et des travailleurs qualifiés, n’a-t-il pu que constater.  Un motif de réjouissance, cependant: la communauté serbe n’aurait pas tenu compte des directives illégales de M. Dodik, le Haut-Représentant se disant convaincu que Serbes, Bosniaques et Croates rejettent l’extrémisme et le séparatisme et demeurent résolument favorables à l’adhésion à l’Union européenne, ce dont s’est félicitée cette délégation. 

Pour la Serbie, le verdict de la Cour de Bosnie-Herzégovine contre le Président Dodik serait motivé par des considérations politiques.  Cette délégation a également dénoncé toute tentative d’éliminer les représentants démocratiquement élus de la Republika Srpska de la vie politique en instrumentalisant les autorités judiciaires à des fins politiques.  Renchérissant, la Fédération de Russie, qui ne reconnaît pas la légitimité du Haut-Représentant « autoproclamé », a jugé que ce verdict antiserbe, rendu en vertu d’un « soi-disant soupçon d’atteinte à l’ordre constitutionnel », n’a fait qu’aggraver les tensions dans le pays, qu’il faut libérer de « la tutelle extérieure qui empoisonne son existence ».

Même son de cloche du côté de la Présidente de la Présidence collégiale de Bosnie-Herzégovine, pour qui l’Accord de Dayton n’autorise pas le Haut-Représentant, « jamais approuvé » par le Conseil de sécurité, « à légiférer, à suspendre les constitutions, à criminaliser les élus et les partis politiques, ni à gouverner par décrets ».  Pour elle, c’est bien là la raison d’une crise aujourd’hui à son « apogée ». Face à ce qu’elle a présenté comme « une dictature », Mme Željka Cvijanović a appelé le Conseil à mettre aux voix la confirmation de M. Schmidt et à lancer un examen juridique indépendant, pour se prononcer sur la conformité des pouvoirs de Bonn avec l’annexe 10 de l’Accord de Dayton et la Charte des Nations Unies.

Pour le Royaume-Uni et la France en revanche, ce qui apparaît comme contraire à l’Accord de Dayton et à l’ordre constitutionnel, c’est la nouvelle constitution proposée par la Republika Srpska, qui envisage la Bosnie-Herzégovine comme une confédération de deux États souverains, propose la création d’une armée serbe distincte et affirme le droit de l’entité serbe à rejoindre un autre État.  Or, l’Accord de Dayton ne donne pas droit à la sécession, a rappelé le Danemark, pour qui toute tentative en ce sens est donc inacceptable.

Dénonçant ces rhétoriques séparatistes, les États-Unis ont applaudi la contribution de l’opération militaire EUFOR ALTHEA à la stabilité, de même qu’au travail du Bureau du Haut-Représentant, qui œuvre à la paix civile. Tout en saluant M. Schmidt, la Croatie lui a reproché d’avoir négligé dans son rapport les actions cherchant à porter atteinte au statut politique des Croates, « la plus sous-représentée et la plus vulnérable » des communautés de Bosnie-Herzégovine.  À cet égard, elle a jugé que l’ordre constitutionnel dépend d’une réforme électorale mettant fin aux inégalités entre les trois peuples constitutifs du pays et à la discrimination systémique dans les processus électoraux.

La communauté internationale, a préconisé de son côté la Chine, doit adopter une approche prudente et juste créant des conditions équitables entre les trois peuples constitutifs de la Bosnie-Herzégovine, en s’abstenant de toute ingérence et sanctions unilatérales.  Le Haut-Représentant a d’ailleurs renouvelé son appel aux dirigeants du pays pour qu’ils lancent des réformes constitutionnelles et juridiques globales afin de s’attaquer à la discrimination.  Un tel processus devrait répondre aux 14 priorités clefs de la Commission européenne, notamment l’objectif de consolidation de l’état de droit, a souligné M. Christian Schmidt qui a par ailleurs assuré que son mandat de Haut-Représentant est « une protection contre les menaces existentielles auxquelles le pays est confronté en raison de forces centrifuges ».

Plusieurs délégations, dont la Slovénie, ont évoqué le trentième anniversaire du massacre de Srebrenica, qui sera observé en juillet prochain, mettant en garde contre les conséquences dévastatrices que peut engendrer la haine. 

 

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La situation en Bosnie-Herzégovine (S/2025/272)

Exposé

M. CHRISTIAN SCHMIDT, Haut-Représentant pour la Bosnie-Herzégovine, a informé que les conditions pour une mise en œuvre intégrale des aspects civils de l’Accord de paix en Bosnie-Herzégovine se sont considérablement dégradées.  Le début de l’année a été marqué par une forte montée des tensions, qui constitue sans conteste une « crise exceptionnelle » dans le pays depuis la signature de l’Accord de Dayton, a-t-il précisé.  Cette détérioration soudaine résulte des réactions au verdict de première instance de la Cour de Bosnie-Herzégovine condamnant le Président de l’entité de la Republika Srpska, Milorad Dodik.  Rétrospectivement, les récentes actions semblent être l’aboutissement délibéré de politiques planifiées et préparées de longue date, le verdict ayant été une occasion à saisir.

Après le verdict, M. Dodik a intensifié ses attaques contre l’ordre constitutionnel du pays en ordonnant aux autorités de la Republika Srpska d’adopter une loi interdisant de fait le pouvoir judiciaire et les forces de l'ordre nationales en Republika Srpska, et en présentant même un projet de constitution de l’entité, laissant entrevoir une sécession de facto.  La rapidité avec laquelle ce document, d’une complexité considérable, mais aussi les projets de loi ont été rendus publics suggère fortement qu’ils avaient été préparés bien à l’avance, a observé le Haut-Représentant.

Non seulement ces actes et cette législation contredisent fondamentalement la mise en œuvre de l’Accord de paix de Dayton et de ses annexes, mais ils mettent en danger l’intégrité territoriale et sociale du pays et de ses peuples en commettant des actes séparatistes, a mis en garde le haut fonctionnaire.  En outre, ils créent également une insécurité juridique et exécutive en établissant des lois et des institutions des entités qui contredisent et concurrencent ceux de l’État.  « Il faudra des institutions créées à Dayton, comme la Cour constitutionnelle, pour empêcher l’effondrement du pays », a-t-il dit.

Par conséquent, la coalition au niveau de l’État a été gravement perturbée, la dynamique d’adhésion à l’Union européenne est au point mort, le fonctionnement de l’État compromis et les réformes ont été mises de côté, a constaté M. Schmidt, qui a exigé que cette évolution soit traitée sans délai.

Le Haut-Représentant a ensuite indiqué que si la situation économique semble stable malgré la crise actuelle, le pays est confronté à un exode de jeunes et de travailleurs qualifiés.  Une meilleure compréhension de ce danger nécessite de meilleures données, idéalement sous la forme d’un nouveau recensement, une question hélas « hautement politisée » dans la fédération.  Et si on ajoute la dégradation environnementale manifeste et les catastrophes récurrentes, force est de constater que la vie quotidienne en Bosnie-Herzégovine ne s’améliore pas, a déploré M. Schmidt. 

Il a pris note du fait que la communauté serbe n’a pas tenu compte des directives illégales de M. Dodik: par exemple, des personnes d’origine ethnique serbe employées dans des institutions étatiques ont subi des pressions pour abandonner leurs postes, mais ces appels et menaces sont restés, dans la grande majorité des cas, sans réponse.  Malgré la situation politique difficile, il a dit n’avoir aucun doute quant à la détermination de la communauté serbe à rester sur la voie européenne.  Quant à la communauté bosniaque, elle a su garder son calme et poursuivre un dialogue patient, notamment afin de maintenir l’intégration européenne du pays à l’ordre du jour, s’est félicité M. Schmidt, qui a également souligné que la communauté croate reste elle aussi proeuropéenne.

Selon le Haut-Représentant, les communautés du pays ne soutiennent ni l’extrémisme ni le séparatisme.  « La vie quotidienne en est largement la preuve, mais la politique ethnocentriste consacre trop de temps à diviser les communautés au lieu de les unir », a-t-il résumé.  Aussi a-t-il renouvelé son appel aux dirigeants de la Bosnie-Herzégovine pour qu’ils lancent des réformes constitutionnelles et juridiques globales afin de s’attaquer à la discrimination.  Un tel processus devrait également répondre aux 14 priorités clefs de la Commission européenne.  « Il va sans dire qu’il existe de nombreux recoupements entre ces priorités et les objectifs du programme “5 plus 2”, notamment s’agissant de l’objectif de consolidation de l’état de droit », a souligné le Haut-Représentant, selon qui les accords de Dayton et le programme de réformes de l’Union européenne se renforcent mutuellement.

La crise extraordinaire à laquelle la Bosnie-Herzégovine est actuellement confrontée résulte des graves attaques de la coalition au pouvoir en Republika Srpska contre l’Accord de paix de Dayton, qui constitue le socle de son ordre constitutionnel, et menace la paix et la stabilité du pays et de la région, a résumé M. Schmidt, selon qui le mandat du Haut-Représentant est « une protection contre les menaces existentielles auxquelles le pays est confronté en raison de forces centrifuges ».

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La Cinquième Commission se penche sur le compte d'appui aux opérations de maintien de la paix

Soixante-dix-neuvième session,
32e séance plénière – matin
AG/AB/4497

La Cinquième Commission se penche sur le compte d'appui aux opérations de maintien de la paix

La Cinquième Commission de l’Assemblée générale, qui en est à sa deuxième reprise de session pour statuer sur les budgets des opérations de maintien de la paix principalement, a examiné aujourd’hui le budget du compte d’appui aux opérations de maintien de la paix pour l’exercice écoulé (2024/2025) et pour le prochain (2025/ 2026), ainsi que les questions connexes. 

M. Kelvin Ong, Directeur de la Division des finances des missions du Bureau de la planification des programmes, des finances et du budget, a déclaré que ce compte d’appui a fait l’objet de l’examen le plus approfondi depuis sa création, grâce au recours à des consultants extérieurs. 

Le projet de budget proposé par le Secrétaire général pour l’exercice 2025/26 s’élève à 427 118 900 dollars.  Le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) recommande pour sa part que ce budget soir réduit à 425 636 500 dollars.  Il recommande par exemple que le montant des crédits demandés au titre des consultants et services de consultants soit réduit de 5% (105 600 dollars). 

Dans son rapport, que sa Présidente, Mme Juliana Gaspar Ruas, a présenté, le Comité consultatif se dit conscient du nombre réduit d’opérations de maintien de la paix et de la tendance à la baisse des budgets de maintien de la paix.  Le modèle de financement du compte d’appui devrait faire l’objet d’un examen continu et être ajusté chaque année, le cas échéant, en fonction de la situation financière de l’Organisation, réaffirme-t-il.

Dans ledit rapport, le Comité consultatif compte par ailleurs que des informations actualisées sur les postes vacants et sur l’incidence de la crise des liquidités sur les recrutements prévus seront communiquées à l’Assemblée générale lorsqu’elle examinera le présent rapport.  Il compte également que tous les postes vacants depuis longtemps feront l’objet d’une évaluation critique et que leur suppression sera envisagée à l’occasion de l’entrée en vigueur du nouveau modèle de dotation en effectifs. 

Enfin, selon le Comité consultatif, le Secrétaire général communiquera à l’Assemblée générale, lorsqu’elle examinera le présent rapport, des informations actualisées sur les taux de vacance effectifs et les taux effectifs moyens les plus récents, assorties d’une justification claire lorsque les taux proposés diffèrent des taux effectifs, ainsi que des prévisions de recrutement réalistes et la liste des postes qui pourraient devenir vacants, dans la mesure du possible.

L’Iraq, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et la Chine, a pris note de la proposition budgétaire du Compte d’appui aux opérations de la paix, avant de souligner l’importance de la prévisibilité pour le renforcement des capacités en matière de gestion de l’environnement et pour les systèmes de planification des ressources et de transitions entre les missions, qui doivent être fondés sur les besoins et conformes aux mandats approuvés par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale.  « Ces efforts ne doivent pas entraîner une réduction des effectifs ni compromettre la qualité et la rapidité de l’appui aux opérations de maintien de la paix. »

Pour la déléguée iraquienne, le compte d’appui doit rester flexible afin de refléter l’évolution de la taille, de la complexité et de la répartition géographique des mandats de maintien de la paix.  Les réformes envisagées doivent permettre de renforcer le rôle facilitateur du Secrétariat dans l’appui aux opérations sur le terrain.  De plus, elle a plaidé pour que les pays fournissant des contingents et des forces de police soient largement représentés, en particulier aux échelons supérieurs, au sein de la structure d’appui aux opérations de maintien de la paix, tant sur le terrain qu’au Siège, afin de permettre une plus grande cohérence dans l’exécution des mandats. 

La Cinquième Commission était également saisie du rapport du Secrétaire général sur le compte d’appui et les questions de financement connexes (A/79/781), ainsi que du rapport y afférant du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (A/79/842).  Le Comité consultatif a pris note des examens à venir des opérations de paix et du dispositif de consolidation de la paix, ainsi que de l’Initiative ONU80, récemment lancée, qui pourrait notamment se traduire par la fourniture de services d’appui d’un meilleur rapport coût-efficacité aux missions de maintien de la paix. 

Il estime également que l’automatisation des tâches et le déploiement de nouvelles technologies conduiront à des gains d’efficience supplémentaires dans les processus opérationnels des fonctions d’appui, gains qui pourraient influer sur les effectifs nécessaires et les équivalents plein temps correspondants.  Il compte que ces gains d’efficience seront pris en considération dans le cadre des futurs examens du modèle de dotation en effectifs, le but étant de renforcer la culture de l’efficience dans l’Organisation.

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