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La Deuxième Commission tient sa dernière séance de la soixante-dix-neuvième session pour discuter de la revitalisation de ses travaux, en attendant une décision sur la question

Soixante-dix-neuvième session
28e séance plénière – après-midi
AG/EF/3615

La Deuxième Commission tient sa dernière séance de la soixante-dix-neuvième session pour discuter de la revitalisation de ses travaux, en attendant une décision sur la question

Après son dialogue informel sur la question le 2 juin dernier, la Deuxième Commission (économique et financière) a tenu, cet après-midi, une courte séance publique afin de parler de la revitalisation de ses travaux pour laquelle des décisions seront prises ultérieurement. 

Au cours de cette dernière séance de la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale, le Président de la Commission, M. Salahuddin Noman Chowdhury (Bangladesh), a rappelé que la réunion se tenait en droite ligne de la décision 79/546 prise le 19 décembre 2024 par l’Assemblée générale.  Cette dernière avait alors décidé que le Bureau de la Deuxième Commission organiserait des dialogues informels pour discuter de la revitalisation de ses travaux « au cours des premiers mois de 2025 ».  Après cela, le Bureau devait convoquer une séance plénière et, le cas échéant, se prononcer sur toute recommandation, pour approbation ultérieure par l’Assemblée, afin de permettre à tout changement d’entrer en vigueur avant la quatre-vingtième session, qui débutera en septembre.

Cependant, comme l’a expliqué le Président de la Commission, le Bureau de celle-ci a décidé qu’il n’y aurait aucun document négocié résultant du dialogue du 2 juin, mais seulement une mise à jour du document relatif aux méthodes de travail de la Commission précisant les pratiques optimales.  La séance d’aujourd’hui se tenant dans le cadre de l’examen des méthodes de travail, il a donné la parole aux délégations pour qu’elles expriment leurs avis sur la question.

L’Iraq, s’exprimant au nom du Groupe des 77 (G77) et de la Chine, a confirmé qu’il n’était pas nécessaire de prendre une décision sur la revitalisation au cours de la présente session, arguant qu’il est important de prendre en compte les processus urgents en cours, « qui requièrent notre attention immédiate dans le temps très limité restant jusqu’à la soixante-dix-neuvième session ». Le Groupe a donc demandé, « une fois de plus », que la décision sur la revitalisation soit reportée à une session ultérieure.

En effet, le G77 et la Chine ont appelé à tenir compte du contexte actuel où le pilier développement est en jeu, le multilatéralisme attend d’être renforcé et où l’incertitude règne entourant l’Initiative ONU80.  De plus, la communauté internationale est actuellement en pleine négociation de documents pour plusieurs processus d’une importance cruciale, tels que le forum politique de haut niveau, le Sommet social mondial, le suivi du Sommet de l’avenir, etc.  De ce fait, le G77 et la Chine ont estimé que l’accent devrait être mis sur la possibilité pour le nouveau Président et le Bureau de la quatre-vingtième session de la Deuxième Commission de collaborer étroitement avec les délégations afin d’apporter de légers ajustements pour garantir le succès des travaux et du programme de la Commission.

Le Royaume-Uni a été également d’avis de traiter de la question de la revitalisation de la Commission dans le cadre des discussions en cours sur l’Initiative ONU80 et la revitalisation de l’Assemblée générale.

Le Groupe des 77 et la Chine ont tout de même réitéré certaines de leurs positions clefs précédemment exprimées.  Ainsi, ils réaffirment le droit inaliénable de toutes les délégations de présenter de nouvelles propositions visant à introduire des points supplémentaires à l’ordre du jour ou de nouveaux projets de résolution au titre de points existants.

Le G77 et la Chine ont souligné que la pertinence des points à l’ordre du jour et des résolutions y afférentes ainsi que leur périodicité doivent être soigneusement prises en considération, au cas par cas, avec un raisonnement clair et des arguments précis, et toujours sur la base du consentement des auteurs des projets de résolution.

Concernant les propositions relatives aux rapports, le G77 et la Chine se sont dits préoccupés par les propositions de rapports conjoints, de fusion ou encore de suppression de rapports, car ces documents sont extrêmement importants pour la continuité des travaux de la Commission.  Ils servent de base pour évaluer les progrès accomplis et combler les lacunes dans les différents domaines de la Commission. 

Cela fait longtemps que l’on parle de revitalisation, a fait remarquer la Nouvelle-Zélande, au nom du groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), estimant que la Deuxième Commission devrait désormais mettre davantage l’accent sur l’impact de ses décisions et non sur les processus.  Le groupe CANZ a également insisté sur l’importance du consensus.  Même son de cloche pour l’Union européenne, selon qui il faut des efforts supplémentaires en faveur du consensus. 

Pour parvenir audit consensus, il serait de bon ton que les délégations proposent des textes aux libellés consensuels, a enchaîné la Fédération de Russie.  De même, selon elle, « il faudrait que n’importe quelle délégation ait la liberté de demander le rallongement des délais lors des négociations sur les textes, afin de pouvoir consulter sa capitale au besoin ».  Il faut également voir s’il serait bon d’examiner certains textes tous les deux ans et non chaque année, a ajouté le délégué. 

Selon le Mexique, il faudrait peut-être que le Bureau présente des propositions aux États dans le cadre de la revitalisation.  Cela permettrait de s’en inspirer pour échanger sur la question et avancer plus vite. Une position qui a été exprimée par d’autres, notamment la Türkiye, soucieuse d’améliorer l’efficience de la Deuxième Commission.  Il serait opportun, dans cette optique, d’adopter une approche équilibrée par rapport aux trois piliers du développement durable (économique, social et environnement), a proposé la délégation. 

En fin de séance, le Président sortant de la Deuxième Commission a remercié les membres du Bureau qui l’ont accompagné au cours de la soixante-dix-neuvième session: M. Ezekwesiri David Anyaegbu (Nigéria), Mme Ivana Vejić (Croatie), Mme Stefany Romero Veiga (Uruguay) et Mme Gudrun Thorbjornsdottir (Islande).  Il a aussi salué le nouveau Bureau qui sera présidé par M. Lamin B. Dibba (Gambie) au cours de la quatre-vingtième session.

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Conseil de sécurité: pour la Cheffe de la MANUA, les politiques discriminatoires des autorités de facto continuent d’entraver la réintégration de l’Afghanistan

9942e séance – matin
CS/16096

Conseil de sécurité: pour la Cheffe de la MANUA, les politiques discriminatoires des autorités de facto continuent d’entraver la réintégration de l’Afghanistan

La Représentante spéciale pour l’Afghanistan a averti ce matin, devant le Conseil de sécurité que la situation inacceptable faite aux femmes et aux filles dans ce pays, et les politiques discriminatoires qui continuent de les viser, entravent la réintégration du pays dans la communauté internationale. Les délégations ont affiché, pour leur part, de nettes divergences quant à l’utilité du dialogue mené avec les Taliban dans le cadre des négociations de Doha. 

Mme Roza Otunbayeva, qui est également Cheffe de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), a indiqué que l’ONU cherche à établir un engagement plus cohérent avec les autorités de facto de l’Afghanistan. « L’objectif est clair: un pays en paix avec lui-même et ses voisins, pleinement réintégré dans la communauté internationale et exécutant ses obligations. »  Elle a détaillé l’approche globale suivie par l’ONU visant à un cadre de dialogue plus structuré et multilatéral, tout en montrant aux autorités de facto l’existence d’un chemin vers la réintégration.   

Cette approche globale ne veut pas normaliser le statu quo, mais ouvrir un nouveau chapitre, a-t-elle dit.  La Représentante spéciale a indiqué que la présence internationale est un élément de protection pour les Afghans, ajoutant que le pays serait dans un plus mauvais état sans cette présence.  Si elles ont apporté une relative stabilité et accru leurs liens diplomatiques, notamment avec les pays de la région, les autorités de facto continuent d’appliquer des politiques extrêmement discriminatoires, a déploré Mme Otunbayeva. 

La « guerre d’attrition invisible » menée contre les femmes et les filles

Elle a en particulier dénoncé la loi sur la promotion de la vertu et la prévention du vice adoptée en août dernier qui entérine toujours plus l’exclusion des femmes et des filles.  Les autorités continuent sur une voie qui éloigne le pays de la communauté internationale, a-t-elle tranché.  « Nous ne pouvons pas oublier la situation inacceptable des femmes et filles, même si leur marginalisation ne fait plus les gros titres. »  Leur survie même est un acte de rébellion, a-t-elle dit, faisant siens les mots d’une femme afghane. 

Dans ce droit fil, elle a appelé la levée de l’interdiction faite aux filles d’accéder à une éducation au-delà du primaire.  Les attaques contre les femmes n’épargnent pas les Afghanes employées par la MANUA, puisque des dizaines d’entre elles ont été directement menacées par des individus non identifiés, a poursuivi Mme Otunbayeva.  Si les autorités de facto ont nié toute implication, les hommes armés responsables semblent opérer en toute impunité dans la capitale.  L’exécution du mandat de la Mission en est rendue plus complexe et dangereuse, a déploré la Représentante spéciale. 

« En neuf mois, la situation des femmes et des filles afghanes n’a fait que s’aggraver », n’a pu que constater la Directrice exécutive d’ONU-Femmes, jugeant que la répression les visant est devenue plus systématique et institutionnalisée.  Mme Sima Sami Bahous a également regretté la moindre l’attention de la communauté internationale sur ce sujet alors que les femmes s’efforcent de construire leur vie dans le peu d’espace qui leur reste, notamment en ouvrant des écoles clandestines. 

S’agissant de l’engagement des Taliban dans le cadre du processus de Doha, la Directrice exécutive a recommandé de ne pas normaliser leurs « politiques et valeurs » discriminatoires.  Ce Conseil doit soutenir activement la reddition de comptes en matière de violation des droits des femmes, tandis que les ressources internationales doivent bénéficier aux organisations locales dirigées par des femmes, a-t-elle déclaré. « Il est essentiel d’investir dans l’alphabétisation numérique des femmes et des filles afghanes. » 

On estime en outre à 3,7 millions le nombre d’enfants non scolarisés, dont 2,2 millions de filles âgées de plus de 11 ans qui se voient refuser l’accès à l’éducation en raison des restrictions imposées par les autorités de facto, a appuyé la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, qui a rappelé qu’un Afghan sur cinq souffre de la faim et que le taux de mortalité maternelle est plus de 2,5 fois supérieur à la moyenne mondiale.   

En outre, certaines régions du pays sont à nouveau au bord de la sécheresse, pour la quatrième fois en seulement cinq ans, et Kaboul risque de devenir la première ville moderne à manquer d’eau, s’est inquiétée Mme Joyce Msuya.  Elle a par ailleurs indiqué que le plan d’intervention humanitaire pour l’Afghanistan est financé à moins de 21%.  « En raison des coupes budgétaires, nous avons concentré notre action pour répondre aux besoins de 12,5 millions de personnes dans les districts les plus gravement touchés, contre un objectif initial de 16,8 millions. » 

« Le dialogue avec les Taliban n’a pas porté ses fruits »

La situation faite aux femmes et aux filles a été dénoncée par de nombreuses délégations, à l’instar du Royaume-Uni qui s’est dit en faveur du renvoi de l’Afghanistan devant la Cour internationale de Justice pour violation de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  L’engagement du Royaume-Uni dans un processus au sein duquel les Taliban ne s’acquittent pas de leurs obligations n’est pas garanti, a prévenu la délégation. 

« Les A3+ demeurent vivement préoccupés par le fait que la situation des femmes et filles ne s’améliore pas », a déclaré le Guyana, au nom de ce groupe de pays (Algérie, Sierra Leone, Somalie et Guyana).  Cette délégation a rappelé que l’Afghanistan est le seul pays au monde où les femmes et filles sont systématiquement privées d’une éducation secondaire et universitaire.  La participation des femmes à toutes les sphères de la vie est nécessaire pour le développement du pays, ont insisté les A3+, appuyés par la République de Corée, la Grèce ou bien encore la Slovénie. 

La normalisation des relations de l’Afghanistan avec la communauté internationale dépend de l’exécution par les Taliban de leurs obligations, notamment s’agissant des droits des femmes, a rappelé la Grèce.  « Presque quatre ans après la prise de pouvoir des Taliban par la force, on constate une alarmante aggravation de la situation des droits humains », a déclaré la France selon qui le dialogue engagé par la communauté internationale avec les Taliban n’aurait pas porté ses fruits. 

La « stratégie des petits pas » initiée lors de la troisième réunion de Doha, il y a un an, n’est pas à la hauteur des enjeux.  Une position partagée par les États-Unis qui ont considéré que l’approche adoptée depuis quatre ans en Afghanistan manque de cohérence et n’a pas permis d’obtenir les résultats escomptés de la part des Taliban. « La politique américaine pour ce qui est de l’Afghanistan est en cours de révision », a précisé la déléguée des États-Unis, qui a néanmoins estimé que l’heure est venue d’instaurer des changements depuis l’intérieur du pays. 

Appel à un « dialogue patient »

Une position rejetée par le délégué de la Fédération de Russie qui a estimé que, « contrairement aux prévisions des pays occidentaux qui annonçaient son effondrement », l’Afghanistan a résisté et n’est pas devenu un « trou noir ».  Les autorités de facto renforcent systématiquement la coopération régionale en mettant l’accent sur la restauration du potentiel socioéconomique du pays, sans se soucier de l’aide occidentale, a constaté la Russie.  Il a plaidé pour un « dialogue patient » avec les autorités de facto, estimant que tout chantage mènera à une impasse. 

Le représentant russe a précisé que cette position était partagée par les pays de la région et que les Taliban eux-mêmes, qui ont accepté de se joindre au « processus de Doha » sous l’égide de l’ONU en juin 2024, restent intéressés par le développement d’une telle coopération avec la communauté internationale.  Il a regretté la réticence persistante de certains donateurs occidentaux à reconnaître leurs propres erreurs et à « payer la note », continuant de parler aux autorités de facto en termes d’ultimatums. 

La normalisation de la communauté internationale avec l’Afghanistan n’a pas encore atteint ses objectifs, a concédé le Pakistan, tout en appelant au dégel des avoirs bloqués du pays.  « Le Pakistan travaille avec les autorités de facto dans de nombreux domaines mais reste préoccupé par les menaces terroristes dans ce pays. » L’Inde a jugé fondamental le consensus régional et international sur la coopération avec l’Afghanistan, tandis que la Chine a souligné ses récentes initiatives trilatérales avec le Pakistan et l’Afghanistan ,en mai, à Beijing, pour promouvoir « les relations de bon voisinage, la stabilité et la lutte antiterroriste ». 

Une approche mosaïque qui ne fait pas l’unanimité

De son côté, le représentant de l’Afghanistan a fait part de ses « graves préoccupations » concernant le projet d’approche mosaïque de la MANUA, estimant que, dans sa forme actuelle, celui-ci ne reflète pas véritablement la volonté des Afghans. 

Les forces démocratiques afghanes, les acteurs politiques, la société civile, les organisations de femmes et les représentants des jeunes n’ont pas été consultés de manière significative lors de son élaboration.  Beaucoup considèrent que ce processus est descendant et non participatif, ce qui nuit à sa crédibilité et à sa légitimité, a-t-il mis en garde. 

Le représentant a également pointé le déséquilibre des attentes.  Les demandes des Taliban, telles que la reconnaissance officielle, le dégel des avoirs et la levée des sanctions, sont claires et assorties de délais.  En revanche, les attentes de la communauté internationale en matière de droits humains, d’inclusion et de gouvernance sont vagues, inconditionnelles et dépourvues de critères de référence applicables.  Cette asymétrie risque de conduire à une normalisation du régime taliban sans réforme significative ni obligation de rendre des comptes, a-t-il encore prévenu. 

Les répercussions d’un embrasement régional

De son côté l’Iran a dénoncé l’indifférence des États-Unis, du Royaume-Uni et de la France s’agissant des conséquences désastreuses de l’agression israélienne et américaine contre l’Iran qui menaceraient, selon lui, 7 millions d’Afghans vivant actuellement en Iran. 

Si les crimes d’agression d’Israël se poursuivent, mon gouvernement n’aura pas d’autres choix que d’envisager de faciliter le retour rapide des ressortissants afghans dans leur patrie pour les protéger de ces attaques brutales et sauvages. Ce n’est pas une politique à laquelle nous aspirons, mais les conditions de sécurité exceptionnelles ne nous laissent pas d’autre choix, a-t-il dit. 

À ce propos, la Représentante spéciale a précisé que 10 000 Afghans par jour avaient quitté l’Iran cette dernière semaine, et a exhorté à une désescalade immédiate du conflit entre Israël et l’Iran.  Ce conflit entraîne déjà des répercussions en Afghanistan, perturbant les échanges commerciaux, faisant grimper les prix des produits de première nécessité et du carburant, et provoquant le retour d’Afghans supplémentaires d’Iran.  Les défis actuels sont suffisamment importants.  Ils seront aggravés par l’instabilité régionale, a-t-elle mis en garde. 

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Le Conseil de sécurité se réunit d’urgence au lendemain de frappes aériennes des États-Unis contre trois sites nucléaires iraniens

9941e séance – après-midi 
CS/16095

Le Conseil de sécurité se réunit d’urgence au lendemain de frappes aériennes des États-Unis contre trois sites nucléaires iraniens

Cet après-midi, le Conseil de sécurité s’est réuni d’urgence pour la troisième fois cette semaine alors que la guerre entre Israël et la République islamique d’Iran a connu une nouvelle escalade hier soir avec l’entrée en scène d’une tierce partie, les États-Unis, auteurs de frappes aériennes contre trois sites nucléaires iraniens. 

Venu participer à la séance, le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, n’a pu que se rendre à l’évidence: son appel à « donner une chance à la paix », lancé vendredi matin, est resté « lettre morte ».  Le bombardement des installations nucléaires de Fordou, Natanz et Ispahan marque, selon lui, un « tournant dangereux » dans une région déjà « sous le choc », l’exposant à un « engrenage de représailles ».  Selon le Ministère iranien de la santé qui a décompté les victimes depuis le début des hostilités il y a 11 jours, le conflit aurait fait 430 morts et plus de 3 500 blessés en Iran, Tel-Aviv faisant état de 25 tués et de 1 300 blessés du côté israélien.

Le conflit risque de plonger la région dans une instabilité et une volatilité accrues, a abondé le Sous-Secrétaire général pour l’Europe, l’Asie centrale et les Amériques.  M. Miroslav Jenča a rappelé les mises en garde de groupes armés non étatiques alliés à Téhéran contre l’implication éventuelle des États-Unis, tandis que le Parlement iranien a exprimé à l’unanimité son soutien à des mesures visant à bloquer le détroit d’Ormuz, une voie maritime vitale pour le transport des hydrocarbures de la région vers le reste du monde. 

« Le régime de non-prolifération nucléaire qui a sous-tendu la sécurité internationale depuis plus d’un demi-siècle est en jeu », a de son côté constaté le Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), M. Rafael Mariano Grossi.  S’il a pu confirmer que les bombes américaines avaient bien touché leurs cibles, personne à cette heure n’est en position d’évaluer les dégâts souterrains causés sur le site de Fordou.  À Ispahan, des infrastructures liées à l’enrichissement de l’uranium ont été endommagées.  Malgré l’ampleur des frappes, l’AIEA n’a détecté aucune augmentation des seuils de radiation, selon les informations disponibles à ce stade, a précisé le haut fonctionnaire.  Les inspecteurs de l’Agence dans le pays restent mobilisés mais ont besoin d’un accès sécurisé pour évaluer les dégâts, a-t-il insisté, en se disant prêt à se rendre immédiatement en Iran et à y déployer, là où ce serait nécessaire, des experts en sûreté et sécurité nucléaires.

L’objectif de ces frappes, se sont justifiés les États-Unis, était de démanteler les capacités de l’Iran en matière d’enrichissement de l’uranium et de mettre un terme à la menace nucléaire que pose le « principal parrain du terrorisme dans le monde ».  Cette opération visait à éliminer une « source d’insécurité mondiale ancienne », mais en « croissance rapide », et à soutenir « notre allié Israël » dans l’exercice de « notre droit inhérent à la légitime défense collective », « conformément à la Charte des Nations Unies », a précisé la représentante américaine.

« Le moment était venu » pour les États-Unis d’agir de façon décisive pour empêcher Téhéran d’acquérir l’arme nucléaire, a-t-elle poursuivi, estimant que le Conseil de sécurité doit de son côté exhorter le régime iranien à mettre un terme à sa volonté d’anéantir l’État d’Israël et d’essayer à obtenir l’arme nucléaire.  Son homologue israélien s’est réjoui de l’initiative américaine, remerciant le Président Trump: « La nuit dernière, l’Histoire a changé », Washington ayant « supprimé la plus grande menace existentielle à laquelle le monde libre fait face ».  « Merci au Président Trump d’avoir agi là où tant d’autres avaient hésité. »

Une implication qu’a dénoncée la République islamique d’Iran, pour qui Washington s’est « laissé entraîner dans une nouvelle guerre coûteuse et infondée ».  Après que le « régime israélien illégitime » a échoué à accomplir le « sale boulot » de l’Occident, Trump s’est donc vu contraint de mener personnellement à bien « la partie la plus sordide de ce programme odieux ».  Citant l’Article 51 de la Charte des Nations Unies, le délégué iranien a promis une riposte proportionnée, à un moment et selon des modalités opportuns. Il a avancé que le programme nucléaire de son pays a toujours été pacifique, soulignant que « l’Iran n’a jamais quitté la table des négociations », contrairement aux accusations portées par les États-Unis.

Accusés par la Fédération de Russie d’avoir ouvert la « boîte de Pandore » radiologique, les États-Unis ont réagi à ce qu’ils ont qualifié d’« hypocrisie ».  Alors que le Conseil de sécurité doit examiner mardi la mise en œuvre de la résolution 2231(2015), qui consacrait le Plan d’action global commun –soit l’accord conclu entre la République islamique d’Iran sur son dossier nucléaire–, les États-Unis se sont réjouis de cette perspective.  « Le récent rapport de l’AIEA sur la vérification et le contrôle du non-respect par Téhéran des garanties nucléaires obligatoires montre clairement que ce régime continue d’accélérer ses activités nucléaires sans aucune justification civile crédible », a soutenu la délégation américaine.

La Fédération de Russie et la Chine ont aujourd’hui annoncé leur intention de présenter un projet de résolution appelant à un arrêt inconditionnel des hostilités, à la protection des civils et au respect du droit international, exhortant les autres membres du Conseil à soutenir ce texte.  Le Conseil de coopération du Golfe, par la voix du Koweït, a abondé dans le sens de ces demandes.  L’Iran a, quant à lui, reproché au Conseil de sécurité son inaction, exigeant qu’il « condamne fermement » les agressions, qu’il impose des « mesures coercitives contre les agresseurs » et qu’il place le programme nucléaire israélien sous supervision internationale.  Devant les violations répétées de son espace aérien par les deux parties au conflit, l’Iraq a dénoncé les opérations militaires sur son territoire qui pourraient porter atteinte à la sûreté et à la sécurité de n’importe quel État de la région.

Alors que les appels des membres du Conseil se sont multipliés aujourd’hui pour demander le retour à une solution négociée, le Royaume-Uni a indiqué avoir, vendredi dernier, aux côtés des dirigeants de l’E3 (Allemagne, France et Royaume-Uni) et de l’Union européenne, rencontré le Ministre des affaires étrangères de l’Iran à Genève, afin de faire pression directement en faveur d’un retour à la diplomatie.  « Téhéran doit coopérer pleinement avec l’AIEA », a ajouté la délégation britannique.  La France n’a pas dit autre chose en encourageant à retrouver le chemin de la négociation en vue d’un accord robuste, vérifiable et durable, un accord indispensable pour permettre à l’AIEA de confirmer que le programme nucléaire iranien est entièrement pacifique.

 

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Ukraine: le Conseil de sécurité fait le point sur l’intensification des attaques et les chances de cheminer vers la paix

9940e séance – après-midi
CS/16094

Ukraine: le Conseil de sécurité fait le point sur l’intensification des attaques et les chances de cheminer vers la paix

Le nombre élevé de victimes et le niveau de destruction des infrastructures civiles en Ukraine depuis janvier 2025 ont été, cet après-midi, au centre de l’attention des membres du Conseil de sécurité, de deux hauts fonctionnaires et de plusieurs délégations européennes.  Ils ont pointé l’utilisation à grande échelle de missiles de longue portée et de drones par la Fédération de Russie comme cause de cette situation.  La délégation du pays incriminé s’est expliquée en assurant n’avoir visé que des cibles militaires, pendant que l’Ukraine a prié le Conseil de ne pas s’habituer à cette « guerre russe » comme s’il s’agissait d’un bruit de fond. 

Il est en effet essentiel de maintenir une attention soutenue sur le besoin urgent de paix en Ukraine, a fait valoir le Sous-Secrétaire général pour l’Europe, l’Asie centrale et les Amériques, au moment où se déroule une nouvelle escalade sur le terrain.  Dans son exposé sur l’évolution de la situation au cours des trois dernières semaines, M. Miroslav Jenča a noté les attaques aériennes russes incessantes et de grande ampleur contre des villes et villages ukrainiens qui ont fait augmenter de manière significative le nombre de victimes civiles. 

L’attaque de la nuit du 16 au 17 juin contre sept quartiers de Kyïv a tué au moins 28 civils et blessé plus de 130 autres, a-t-il déclaré, constatant que c’est l’une des attaques les plus meurtrières perpétrées dans la capitale depuis près d’un an.  Et cette nuit même, plus de 428 drones et missiles sont tombés sur Odessa, Zaporizhzhia, Chernihiv, Zhytomyr, Kirovohrad, Mykolaiv et Kyïv.  Ce niveau élevé de victimes et de destruction risque d’amoindrir l’espoir d’un cessez-le-feu immédiat et de compromettre les perspectives d’une paix durable, s’est inquiété M. Jenča. 

Au moins 13 438 civils ont été tués et 33 279 blessés depuis le début de l’invasion illégale de l’Ukraine par la Russie en février 2022, a-t-il poursuivi en citant les chiffres du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH).  Cette augmentation « spectaculaire » des victimes, en comparaison avec la même période de l’an dernier, résulte à son avis de l’utilisation accrue d’armes à longue portée, de missiles et de munitions rôdeuses.  Dans le même temps, a-t-il reconnu, les civils des régions frontalières de la Fédération de Russie ont subi une escalade de la violence, ce qui lui a fait rappeler que les attaques contre les civils et les infrastructures civiles sont strictement interdites par le droit international humanitaire. 

Sur le plan diplomatique, M. Jenča a parlé d’importants développements vers une paix durable en Ukraine, comme la réunion du 2 juin, à Istanbul, entre les délégations ukrainienne et russe aboutissant à un accord d’échanges de prisonniers de guerre et de dépouilles, ainsi que de détenus civils.  Le Sous-Secrétaire général a encouragé les parties à réaliser des progrès tangibles vers un cessez-le-feu et un règlement durable du conflit.  Il a appelé de redoubler d’efforts pour garantir que le fragile processus diplomatique soit non seulement soutenu, mais devienne aussi irréversible.

Augmentation de 50% des victimes civiles ukrainiennes

À son tour, Mme Edem Wosornu, Directrice des opérations et de la communication du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a déploré les graves conséquences de cette guerre sur les civils, imputant la hausse du nombre des victimes (augmentation de 50% de civils tués ou blessés en Ukraine au cours des cinq premiers mois de 2025 par rapport à 2024) et des destructions à l’utilisation de missiles à longue portée et des drones. 

En outre, le Service de l’action antimines des Nations Unies estime que plus de 20% du territoire ukrainien est contaminé par des mines, a-t-elle indiqué, avant de s’indigner que des travailleurs humanitaires aient été confrontés à 68 incidents de violence depuis janvier 2025.  La Directrice a également fait état d’informations non vérifiées sur des cas de victimes civiles et de dommages à des infrastructures civiles dans les régions frontalières, en Fédération de Russie.  Elle a appelé à épargner les civils, les travailleurs humanitaires et les biens civils. 

Mme Wosornu s’est également émue de la grave vulnérabilité de près de 13 millions de personnes en Ukraine, dont environ 3,7 millions de déplacés, sachant que 60 000 le sont depuis janvier 2025.  En outre, près de 6 millions d’Ukrainiens sont enregistrés comme réfugiés dans le monde, a-t-elle ajouté.  Saluant le travail des organisations non gouvernementales (ONG) locales, elle a toutefois regretté qu’il leur soit impossible d’atteindre 1,5 million de civils dans le besoin dans certaines parties des régions occupées par la Fédération de Russie. 

Elle a aussi invoqué le droit international humanitaire qui exige des parties qu’elles facilitent l’acheminement rapide et sans entrave de l’aide humanitaire vers les civils dans le besoin, où qu’ils se trouvent.  Grâce à la générosité des donateurs, a-t-elle indiqué, quelque 816 millions de dollars, soit 31% des 2,6 milliards nécessaires pour réaliser le Plan d’intervention humanitaire en Ukraine pour 2025, ont été mobilisés.  Appelant le Conseil à protéger les civils, Mme Wosornu a demandé à préserver les infrastructures civiles et à maintenir le soutien financier qui a tendance à baisser pour sauver des vies.  « En tout cas, il faut mettre fin à cette guerre. »

Les civils utilisés comme boucliers humains, selon la Russie

Acculée par les autres membres du Conseil et d’autres intervenants pour son utilisation de missiles et de drones, la Fédération de Russie a expliqué avoir visé exclusivement des cibles militaires au cours des récentes frappes à Kyïv.  Mise devant le nombre élevé des victimes civiles, elle a dénoncé l’utilisation de civils comme « boucliers humains » par les forces armées ukrainiennes.  De plus, la Russie a dénoncé le silence délibéré des Occidentaux à propos des crimes commis par les forces armées ukrainiennes contre des civils dans les régions russes où, du 9 au 15 juin, 104 civils ont été blessés et 8 personnes tuées par les bombardements des « nazis ukrainiens ». 

Le représentant russe s’est dit convaincu que cette série d’actes terroristes visait à perturber le deuxième cycle de négociations de paix du 2 juin et à inciter son pays à des représailles de grande ampleur.  S’agissant des contacts directs russo-ukrainiens établis à Istanbul, le délégué a assuré que son projet de mémorandum sur un accord de paix comprend les conditions de conclusion d’une paix globale et durable, ainsi que celles d’un cessez-le-feu.

C’est la meilleure offre que l’Ukraine puisse recevoir aujourd’hui, a-t-il déclaré en conseillant à ce pays de « l’accepter, car la situation à Kiev ne fera qu’empirer à partir de maintenant ».  La seule chose qui puisse encore sauver l’Ukraine d’une catastrophe totale est l’ouverture immédiate de négociations constructives et réalistes, dont nous proposons la tenue du prochain cycle à Istanbul après le 22 juin, a réitéré le délégué russe. 

L’Ukraine prie le Conseil de mettre fin à cette guerre

L’Ukraine a répondu en comparant les attaques de missiles et de drones par la Fédération de Russie à « une épée de Damoclès planant au-dessus de nos têtes et pouvant s’abattre à tout moment ».  Cette guerre russe est menée non pas dans des tranchées mais dans les chambres de la population, dans les cuisines, dans les aires de jeu, dans les hôpitaux et dans les écoles. 

Cette folie doit prendre fin, a prié le représentant s’étonnant de la déclaration de la Russie.  « Si ce n’est pas la Russie qui bombarde nos maisons, alors c’est “Dark Vador” et son étoile de la mort. »  Pour le délégué ukrainien, ces attaques sont pourtant bien une décision du Président Putin pour terroriser les civils car son armée ne parvient pas à gagner sur le champ de bataille.  Face à cela, le délégué a martelé que le Conseil devait promouvoir la paix et mettre un terme à cette guerre horrible. 

« Le Conseil ne doit pas s’habituer petit à petit à cette guerre comme s’il s’agissait simplement d’un bruit de fond », a encore prié le délégué ukrainien en lui demandant de ne pas tolérer les crimes de guerre commis au quotidien en Ukraine.  Même s’il est dans l’impasse, le Conseil doit montrer qu’il est possible de mettre un terme à ce bain de sang, de parvenir à un cessez-le-feu immédiat sans condition pour au moins 30 jours ou, encore mieux, 60 jours. 

Préserver l’élan des négociations d’Istanbul

Les civils doivent être protégés et les belligérants doivent respecter le droit international humanitaire, a annoncé la Chine, préoccupée elle aussi par les attaques de missiles et de drones.  La délégation a souhaité que soient préservés l’élan obtenu grâce aux négociations et les contacts établis afin de parvenir à un accord de paix juste et acceptable par tous. 

Exhortant à créer les conditions propices à la paix, la Chine a appelé les États-Unis à se concentrer sur une solution diplomatique par le dialogue.  De son côté, la Lituanie, qui s’exprimait au nom des États baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie), a exhorté la Chine à exercer son influence pour contraindre la Russie à la paix en Ukraine en acceptant le cessez-le-feu.

Un ressortissant américain a été tué dans ces attaques, a informé la déléguée américaine qui a condamné leur brutalité.  La Russie tue des civils ukrainiens alors qu’elle devrait faire l’inverse c’est-à-dire mettre un terme à la guerre, s’est-elle indignée.  Cela fait 116 jours que le Conseil a adopté une résolution appelant de ses vœux une cessation du conflit et une paix durable entre la Fédération de Russie et l’Ukraine, mais les actions de la Russie vont à l’encontre de cet objectif, s’est impatientée la déléguée. 

« Aujourd’hui, nous lançons de nouveau un appel à la Russie pour qu’elle négocie de bonne foi dans le but d’un cessez-le-feu et d’une paix durable, et nous exhortons tous les pays, y compris la Chine, à cesser les exportations vers la Russie de technologies à double usage qui pourraient contribuer à la guerre en Ukraine », a insisté la représentante américaine.

Première étape: accepter un cessez-le-feu

Les autres délégations ont vivement dénoncé les frappes de missiles et de drones russes sur des immeubles résidentiels.  Le Royaume-Uni a aussi reconnu que, selon les dernières informations, le nombre de victimes militaires russes aurait atteint le million.  « Alors que ces terribles chiffres continuent de s’accumuler, la Russie ne montre aucun signe d’apaisement », s’est étonnée la délégation, avant d’appeler une nouvelle fois ce pays à respecter le droit international et à accepter un cessez-le-feu inconditionnel.  Même son de cloche chez le Danemark et l’Union européenne, qui ont demandé à la Russie d’accepter l’offre de l’Ukraine d’un cessez-le-feu de 30 jours immédiat, inconditionnel et complet.

Les parties doivent accepter un processus politique pour parvenir à une paix durable, a plaidé l’Algérie, et s’y engager de bonne foi, a ajouté le Guyana. Mais la Russie ne veut pas la paix, a décrété la France en estimant que des habitants de Kyïv sont morts parce que la Russie choisit chaque jour de semer la terreur au sein de la population pour tenter de mettre l’Ukraine à genoux.  L’Allemagne s’est montrée de même dubitative quant à la volonté de la Russie de trouver une solution diplomatique juste et durable.  Il lui a semblé que la Russie voulait plutôt la capitulation inconditionnelle de l’Ukraine. 

L’Allemagne a néanmoins dit attendre de la Russie un engagement sincère en faveur d’un cessez-le-feu complet et inconditionnel, qui serait « un premier pas vers la paix ».  Un argument repris par la Norvège qui, au nom des pays nordiques (Danemark, Finlande, Islande, Suède et Norvège), a dit soutenir la position de l’Ukraine selon laquelle la première étape doit être un cessez-le-feu total, immédiat et inconditionnel.  Elle s’est également préoccupée de l’accès humanitaire « complet, sûr et sans entrave » aux territoires occupés.

Le Pakistan a dit garder l’espoir que les deux parties s’appuieront sur les cadres existants pour parvenir à un cessez-le-feu durable et ainsi trouver une solution durable.  À cet égard, il est important de maintenir des voies de communication entre les parties, a observé le Panama. 

Dernière à intervenir, l’Italie a rappelé que seule une solution diplomatique pourrait conduire à une paix acceptable, basée sur la Charte des Nations Unies et le droit international, avec l’implication de l’Ukraine et de l’Europe. L’Italie accueillera d’ailleurs une conférence à Rome, les 10 et 11 juillet, sur le relèvement de l’Ukraine.  Il y sera question de lancer les fondations d’une Ukraine prospère et indépendante en Europe.

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Conseil de sécurité: appels insistants à donner une chance à la diplomatie afin d’éviter un conflit total entre Israël et l’Iran

9939e séance – matin
CS/16093

Conseil de sécurité: appels insistants à donner une chance à la diplomatie afin d’éviter un conflit total entre Israël et l’Iran

Ce matin au Conseil de sécurité, le Secrétaire général et l’écrasante majorité des délégations ont appelé à miser sur la diplomatie afin d’éviter que l’affrontement en cours entre l’Iran et Israël ne dégénère en un « conflit total aux conséquences incalculables », selon l’expression de la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix.  La sécurité des installations nucléaires iraniennes frappées par Israël a été au cœur des préoccupations, le Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) appelant à la reprise des inspections menées par cette dernière.

« Donnez une chance à la paix », a lancé le Secrétaire général, M. António Guterres, en avertissant que l’expansion du conflit pourrait « déclencher un incendie que personne ne serait en mesure de contrôler ».  Il a exhorté l’Iran à respecter le Traité sur la non-prolifération (TNP), en rappelant que ce pays a déclaré à plusieurs reprises ne pas chercher à se doter de l’arme nucléaire.  « Reconnaissons qu’il existe un manque de confiance », a-t-il fait observer. 

Pour le Secrétaire général, la seule façon de combler ce fossé est de recourir à la diplomatie pour établir une solution crédible et vérifiable, y compris via un accès complet des inspecteurs de l’AIEA.  « Pour que cela soit possible, j’appelle à la fin des combats et au retour à des négociations sérieuses. »  Même son de cloche du côté de la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo, qui fait le bilan des affrontements: selon les estimations officielles, 224 personnes ont été tuées et 2 500 blessées par les frappes israéliennes en Iran, dont 90% de civils, un chiffre qui serait en réalité deux fois plus élevé.  Les frappes iraniennes auraient fait en Israël 24 morts et 915 blessés, dont une grande majorité de civils.

Mme DiCarlo a plaidé pour la reprise du dialogue en vue d’une solution négociée, en estimant que la fenêtre pour éviter une escalade catastrophique n’est pas encore refermée.  Elle a salué à ce titre la rencontre entre les Ministres des affaires étrangères de la France, du Royaume-Uni, de l’Allemagne et de l’Iran qui a eu lieu aujourd’hui à Genève.  « Le recours à la diplomatie a rarement été aussi impérieux. »

L’AIEA appelle à la reprise des inspections

De son côté, le Directeur général de l’AIEA a exprimé une vive inquiétude quant à la détérioration significative de la sûreté et de la sécurité nucléaires en Iran, à la suite des frappes israéliennes ayant visé plusieurs de ses installations.  « Bien qu’aucun rejet radiologique n’ait été observé à ce jour à l’extérieur de ces sites, un risque persiste pour la population iranienne et l’environnement. »

M. Rafael Mariano Grossi a souligné en outre que les stocks d’uranium de l’Iran restent soumis aux garanties, conformément à l’accord de garanties généralisées, précisant que plus de 400 kilogrammes de ces stocks sont constitués d’uranium enrichi jusqu’à 60%.  Il est essentiel que l’Agence reprenne ses inspections dès que possible afin de fournir des garanties crédibles qu’aucune quantité n’a été détournée et que toutes les matières concernées, en particulier celles enrichies à 60%, sont comptabilisées, a-t-il indiqué.

Le Directeur général de l’AIEA a également procédé à une mise à jour détaillée des dégâts constatés sur les principaux sites nucléaires iraniens.  À Natanz, principal complexe d’enrichissement de l’uranium dans le pays, l’usine principale et l’usine pilote ont subi des destructions sévères. Si aucune élévation du niveau de radiation n’a été détectée à l’extérieur du site, l’installation a subi une contamination à la fois radiologique et chimique.

À Fordou, site clef pour l’enrichissement à 60%, aucun dommage n’a été signalé jusqu’à présent, a poursuivi M. Grossi.  En revanche, à Ispahan, quatre installations, dont une usine de conversion d’uranium et un laboratoire chimique, ont été touchées.  Là aussi, l’Agence relève une absence d’impact radiologique externe, mais une préoccupation demeure quant à la toxicité chimique.  De plus, M. Grossi a attiré l’attention sur les conséquences potentiellement catastrophiques qu’aurait une attaque contre la centrale nucléaire de Bouchehr, seul site iranien en activité abritant une importante quantité de matériaux.  Une frappe directe sur cette installation pourrait entraîner, selon ses mots, « un rejet massif de radioactivité dans l’environnement ». 

« Le programme nucléaire iranien n’est pas un secret scellé »

Les appels au dialogue et à la diplomatie ont été insistants tout au long de cette séance, à l’instar de celui lancé par la Chine, qui a plaidé pour la négociation afin que la situation ne dégénère pas.  « Les grands pays doivent apaiser les tensions, non pas les attiser », a assené la Chine qui, comme le Pakistan, la Fédération de Russie, le Koweït, l’Iraq ou l’Algérie, a condamné l’agression israélienne contre l’Iran. 

La Türkiye s’est émue qu’un État non partie au Traité sur la non-prolifération, « qui maintient délibérément l’opacité concernant ses propres capacités nucléaires », attaque l’infrastructure nucléaire d’un État partie soumis à des garanties.  L’AIEA n’a pas d’éléments de preuve établissant la volonté de l’Iran de fabriquer une arme nucléaire, a noté pour sa part l’Algérie. 

De son côté, la Fédération de Russie a souligné que le programme nucléaire iranien n’est pas un « secret scellé », les installations et sites nucléaires de ce pays faisant l’objet d’inspections minutieuses constantes par les inspecteurs de l’AIEA.  En outre, l’Iran respecte scrupuleusement ses obligations au titre du Traité et de l’accord de garanties généralisées, a appuyé la Russie qui a accusé Israël d’avoir ignoré les évaluations de l’AIEA.  Tout en fustigeant le mépris flagrant affiché par Israël et son principal allié, les États-Unis, pour une solution diplomatique, elle a confié son espoir en une solution qui ne remette pas en cause le droit de l’Iran à des activités nucléaires pacifiques et garantisse la sécurité d’Israël.

« La diplomatie doit prévaloir »

Le Pakistan a lui aussi exhorté le Conseil à dénoncer les attaques israéliennes et à œuvrer à un cessez-le-feu, avant d’inviter l’AIEA à clarifier sa position juridique sur les attaques israéliennes contre les installations nucléaires iraniennes. Ce pays s’est par ailleurs félicité que les États-Unis aient gardé « ouverte » la porte des négociations. 

« Il n’est pas trop tard pour le Gouvernement de l’Iran de faire le bon choix », ont en effet déclaré les États-Unis.  Le Président Trump a été clair ces derniers jours: les dirigeants iraniens doivent renoncer à leur programme d’enrichissement nucléaire et à toute aspiration d’acquérir l’arme nucléaire, a tranché la représentante américaine, qui a rappelé que le Gouvernement iranien a, à maintes reprises, appelé à la destruction d’Israël et des États-Unis.  « Si les États-Unis n’ont pas été impliqués dans les frappes menées par Israël, soyez certains que nous sommes à ses côtés et que nous appuyons ses actions contre les ambitions nucléaires iraniennes, auxquelles Téhéran doit renoncer. » 

« Alors que le temps nous est compté », le représentant de la France a fait savoir que son gouvernement, avec ses proches partenaires européens, est prêt à débuter dès maintenant, avec l’Iran, une négociation diplomatique destinée à assurer que l’Iran ne se dote jamais de l’arme nucléaire et de nature à mettre fin au conflit. 

Il s’agit, a-t-il détaillé, de s’entendre sur un accord robuste, vérifiable et durable, indispensable pour s’assurer du caractère exclusivement pacifique du programme nucléaire iranien.  Des engagements clairs et concrets doivent être pris dès maintenant par l’Iran pour démontrer à la communauté internationale que Téhéran souhaite s’engager dans cette voie et que des résultats rapides pourront être atteints.

« La diplomatie doit prévaloir », a renchéri l’Union européenne, selon qui une sécurité durable ne peut s’obtenir que par la diplomatie, non pas par une action militaire.  « Un retour à la diplomatie est urgent et nous avons insisté sur ce point auprès d’Israël et de l’Iran », a déclaré le Royaume-Uni, qui a lui aussi estimé qu’une action militaire ne peut mettre fin aux capacités nucléaires de l’Iran. 

Échange d’accusations entre l’Iran et Israël

Assurant que la nature du programme nucléaire de son pays est pacifique, le représentant de l’Iran a estimé que les attaques d’Israël contre des installations nucléaires placées sous la surveillance de l’AIEA créent un précédent dangereux pour la sécurité mondiale.  De même, il a dénoncé l’implication directe des États-Unis dans cette guerre illicite d’agression, jugeant « inconscient » le discours du Président des États-Unis menaçant de frapper les installations nucléaires iraniennes. 

L’Iran continuera d’exercer son droit à se défendre tant que le Conseil ne se sera pas acquitté de ses responsabilités et que l’agression israélienne n’aura pas cessé, a insisté le représentant iranien qui a exhorté le Conseil à « agir maintenant ».  Le Conseil de sécurité, a-t-il insisté, doit condamner les attaques israéliennes et remédier aux risques d’une guerre régionale plus large, en particulier l’implication illicite d’un pays tiers, ainsi que les attaques contre les installations nucléaires sous le contrôle de l’AIEA.

« Comment osez-vous demander à la communauté internationale de vous protéger de votre programme génocidaire?  N’avez-vous aucune honte? » a vertement réagi le délégué israélien, qui a par ailleurs accusé le régime iranien d’avoir essayé d’assassiner le Premier Ministre Netanyahou et le Président Trump, et d’avoir « financé, armé et orchestré des attentats terroristes partout dans le monde ». 

Justifiant l’opération « Rising Lion », le représentant a affirmé qu’Israël avait agi après l’épuisement des voies diplomatiques, pour « neutraliser une menace existentielle ».  « Il n’y a pas de plus grande menace pour la paix mondiale qu’un Iran doté de l’arme nucléaire », a-t-il averti, accusant l’Iran d’avoir enrichi de l’uranium à des niveaux quasi militaires et menti à l’AIEA.  Le délégué a également mis en garde contre les capacités balistiques croissantes de ce pays, affirmant que les missiles iraniens pouvaient déjà frapper « Bruxelles, Londres, Paris, Boston ou Rome », et bientôt « New York et Washington ». 

« Israël fait maintenant le sale travail pour le reste du monde.  Et nous ne nous excuserons pas ni de nous défendre, ni de neutraliser la menace qui plane sur le monde entier », a-t-il dit.

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Le Comité spécial de la décolonisation clôt sa session de fond de 2025 en adoptant par consensus 17 projets de résolution

Session de fond de 2025
12e séance plénière – matin
AG/COL/3395

Le Comité spécial de la décolonisation clôt sa session de fond de 2025 en adoptant par consensus 17 projets de résolution

Ce matin, le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, aussi appelé le « Comité spécial des Vingt-Quatre », a achevé les travaux de sa session annuelle en adoptant, par consensus, 17 projets de résolution en plus de ceux déjà adoptés au cours de cette reprise de session (Porto Rico, Îles Falkland (Malvinas)), qui a commencé le 9 juin.

Les textes adoptés aujourd’hui par le Comité spécial, qui seront soumis à l’Assemblée générale pour être entérinés, ont trait à 14 des 17 territoires non autonomes: Anguilla, Bermudes, Guam, Îles Caïmanes, Îles Turques et Caïques, Îles Vierges américaines, Îles Vierges britanniques, Montserrat, Nouvelle-Calédonie, Pitcairn, Polynésie française, Sainte-Hélène, Samoa américaines et Tokélaou.  La question de Gibraltar a également fait l'objet d'un débat au cours de la session.

En ce qui concerne la Nouvelle-Calédonie, le projet de résolution, présenté par les Fidji ce matin, mentionne la visite sur ce territoire de la mission de haut niveau de la Troïka Plus du Forum des îles du Pacifique, du 27 au 29 octobre 2024, en précisant attendre avec intérêt la publication de son rapport. Le texte, qui réaffirme qu’il appartient au peuple de ce territoire de déterminer librement son futur statut politique, prévoit de demander à cet égard à la Puissance administrante d’agir en coopération avec le Gouvernement du territoire et l’ONU pour mettre au point des programmes d’éducation politique. 

En entérinant ce texte, l’Assemblée générale exhortera toutes les parties prenantes en Nouvelle-Calédonie, en particulier les forces de l’ordre, à faire preuve de la plus grande retenue afin d’éviter d’aggraver une situation déjà tendue, compte tenu de l’exercice de la proportionnalité par rapport à la situation. 

Le Comité a adopté par ailleurs un projet de résolution intitulé « Application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux », question qui est au cœur de sa mission.  Le texte prévoit d’ailleurs que l’Assemblée générale prie le Comité spécial de continuer à chercher les moyens appropriés d’assurer la mise en œuvre immédiate et intégrale de la Déclaration.  Elle lui demande aussi d’appliquer, dans tous les territoires qui n’ont pas encore exercé leur droit à l’autodétermination, les mesures qu’elle a approuvées touchant les Décennies internationales de l’élimination du colonialisme. 

L’application de la Déclaration a fait l’objet d’un autre texte, celui-ci intitulé « Application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux par les institutions spécialisées et les organismes internationaux associés à l’Organisation des Nations Unies ».  Il prévoit que l’Assemblée générale recommande aux États d’intensifier leurs efforts afin de garantir l’application de la Déclaration. 

Dans ce texte, les institutions spécialisées et les autres organismes de l’ONU ainsi que les organisations internationales et régionales sont priés d’examiner la situation dans chaque territoire de façon à y accélérer les progrès dans les secteurs économique et social.  En outre, il demande aux puissances administrantes concernées de faciliter la participation de représentants nommés ou élus des territoires non autonomes aux réunions et conférences des institutions spécialisées et des autres organismes de l’ONU portant sur des questions qui les concernent.

Un autre appel est lancé aux puissances administrantes concernées, dans le projet de résolution portant sur les « activités économiques et autres préjudiciables aux intérêts des peuples des territoires non autonomes »: elles sont priées de prendre des mesures efficaces pour sauvegarder et garantir le droit inaliénable des peuples des territoires non autonomes sur leurs ressources naturelles et celui de rester maîtres de la mise en valeur future de ces ressources. En effet, comme le souligne le texte, il incombe aux puissances administrantes d’assurer le progrès politique, économique et social ainsi que le développement de l’instruction dans les territoires non autonomes. 

Avant de conclure, le Comité spécial a pris actes des conclusions et recommandations du Séminaire régional pour le Pacifique qui a eu lieu du 21 au 23 mai 2025 à Dili, au Timor Leste. 

Pour ce qui concerne le prochain Séminaire régional des Caraïbes, le Nicaragua s’est proposé de l’accueillir, en mai 2026, à Managua.  Son représentant a espéré que les membres du Comité spécial soutiendraient son invitation. 

Le rapport sur les travaux de fond de la session de 2025 du Comité spécial sera présenté lors de la quatre-vingtième session de l’Assemblée générale. 

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Le Conseil de sécurité débat du sous-développement comme cause sous-jacente des conflits

9938e séance – matin & après-midi
CS/16091

Le Conseil de sécurité débat du sous-développement comme cause sous-jacente des conflits

« Investir dans le développement aujourd’hui, c’est investir dans un avenir plus pacifique », a déclaré ce matin le Secrétaire général de l’ONU au cours d’un débat public de haut niveau sur les liens entre la pauvreté, le sous-développement et les conflits, examinés sous l’angle du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Près de 90 délégations s’étaient inscrites pour participer à cette réunion que présidait le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de Guyana. 

M. António Guterres a fait le constat suivant: « plus un pays est éloigné d’un développement durable et inclusif, plus il se rapproche de l’instabilité, voire du conflit ».  Ce n’est pas un hasard, selon lui, si 9 des 10 pays affichant les indicateurs de développement humain les plus bas sont actuellement en situation de conflit.  De ce fait, si la tendance actuelle se poursuit, deux tiers des pauvres du monde vivront dans des pays touchés par des conflits ou fragiles d’ici à 2030, a prévenu le Secrétaire général. 

A contrario, « le développement donne une chance à la paix », a-t-il fait valoir en y voyant même la première ligne de défense contre les conflits.  Pour M. Guterres, il n’y a pas de meilleure mesure préventive que l’investissement dans le développement.  Or actuellement, « le moteur du développement est en panne », a-t-il fait observer en misant, pour que le monde répare et renforce ce moteur essentiel, sur les travaux de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, qui débutera le 30 juin à Séville. 

Le développement humain mondial est au « point mort », a embrayé la Sous-Secrétaire générale Kanni Wignarajaral en observant que, simultanément, les conflits atteignent des niveaux jamais vus depuis huit décennies. Celle qui est Directrice du Bureau régional pour l’Asie et le Pacifique (BRAP) au sein du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a noté que chaque fois que la gouvernance et le développement vacillent, « le conflit gagne du terrain ». Ainsi, le développement doit rester un « projet mondial intentionnel et continu », a-t-elle recommandé. 

Ce projet mondial doit inclure de donner voix au chapitre à l’Afrique, selon l’avis du Président de la Commission de l’Union africaine qui a demandé de laisser le continent jouer un rôle significatif dans l’élaboration des décisions qui influencent sa trajectoire de paix et de développement.  « Notre continent ne doit plus être considéré uniquement comme un théâtre de crise, mais comme un contributeur de solutions mondiales », a plaidé M. Mahmoud Ali Youssouf, avant d’exhorter la communauté internationale à renforcer son soutien aux opérations de paix menées par l’Afrique, en particulier celles déployées dans des régions où la pauvreté et le sous-développement sont profondément ancrés. 

Le projet mondial passe également par une architecture financière mondiale répondant mieux aux besoins des pays en développement dans leur ensemble, en particulier ceux qui sortent d’un conflit, a ajouté le chef de la diplomatie guyanaise.  M. Hilton Todd a rappelé les chiffres du Fonds monétaire international (FMI) qui laissent voir que « chaque dollar dépensé pour la prévention des conflits dans les pays récemment touchés par la violence pourrait permettre d’économiser jusqu’à 103 dollars ». 

Pour garantir une paix durable, il faut un financement permanent, flexible, durable et prévisible tant pour les initiatives de paix que pour les stratégies de développement, a renchéri l’Algérie en soulignant elle aussi le rôle crucial des institutions financières internationales. 

Quel rôle alors pour le Conseil de sécurité dans ce projet mondial et dans les liens à faire entre la paix et le développement?  La Somalie a exhorté le Conseil à approfondir sa coopération avec les autres organes des Nations unies, en particulier l’Assemblée générale, le Conseil économique et social (ECOSOC) et la Commission de consolidation de la paix (CCP), afin de garantir une approche cohérente et intégrée de la prévention des conflits, de la consolidation de la paix et du développement. Pour la France, le Conseil de sécurité doit se mobiliser de toute urgence pour construire la paix en cherchant à créer les conditions du développement. 

De leur côté, les États-Unis ont souligné l’importance de l’appropriation nationale des efforts de paix.  Ils ont donc lancé un appel aux gouvernements pour qu’ils s’engagent envers la paix et prennent leurs engagements au sérieux, en s’attelant aux causes sous-jacentes de la pauvreté. 

La Fédération de Russie s’est montrée moins catégorique pour accuser le sous-développement de causer des conflits.  Elle a fait remarquer en effet que certains pays du monde présentant un faible niveau de développement ne sont pourtant pas déchirés par un conflit. Selon elle, les véritables conditions préalables aux conflits tiennent plutôt de l’ingérence extérieure dans les affaires intérieures des États.  Le délégué russe a dénoncé à cet égard les ambitions géopolitiques de groupes de pays qui tentent d’étendre leurs sphères. 

La Sierra Leone a reconnu que la pauvreté et les conflits, en particulier en Afrique, sont souvent exacerbés par la concurrence extérieure pour les ressources naturelles.  Afin de rompre le lien entre ressources et conflits, elle a appelé à la mise en place de cadres internationaux et de mécanismes de certification plus solides en matière de gouvernance des ressources naturelles. 

L’origine d’un conflit peut aussi se trouver dans l’occupation d’un territoire étranger, a fait valoir le Pakistan en demandant que le Conseil tienne compte de toutes les conditions poussant au conflit.  Le Conseil, a appuyé le Panama, doit reconnaître et aborder la pluralité des facteurs qui favorisent et aggravent l’instabilité.  Le Panama a conclu que, dans un contexte international de plus en plus difficile, il fallait faire évoluer et adapter le multilatéralisme et les approches traditionnelles du maintien de la paix, dans le but de mieux répondre aux conséquences de conflits interconnectés et multidimensionnels. 

La coordination onusienne demandée par les États non membres du Conseil

Les États Membres invités par le Conseil à ce débat public ont, à leur tour, fait valoir que s’attaquer au lien entre pauvreté, sous-développement et conflit exige une action cohérente et coordonnée.  À l’instar du Premier Vice-Ministre des affaires étrangères du Viet Nam, qui a relevé avec fierté que son pays figure parmi les 25 États ayant réduit de moitié leur indice de pauvreté multidimensionnelle depuis 2010, un grand nombre de délégations ont invité le Conseil à aborder systématiquement les causes profondes des conflits liées au développement dans ses délibérations, notamment par une coordination plus étroite avec le Conseil économique et social (ECOSOC), la Commission de consolidation de la paix (CCP) et les agences compétentes de l’ONU. 

Pour le Ministre des relations extérieures de l’Uruguay, la CCP peut et doit jouer un rôle de passerelle entre la prévention, le développement et la consolidation de la paix, en fournissant des conseils stratégiques fondés sur l’expérience des États touchés.  « Ses recommandations constituent une contribution précieuse aux délibérations du Conseil, en particulier pour les mandats mis en œuvre dans des contextes marqués par des niveaux élevés de pauvreté, d’inégalités et de chômage des jeunes », a-t-il dit, souhaitant également que soit renforcé le rôle de l’ECOSOC dans le suivi du financement du développement et des stratégies du Conseil de sécurité dans les contextes de conflit ou de transition, afin d’offrir une réponse cohérente intégrant le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Dans le même ordre d’idées, le Conseiller du Ministère des affaires étrangères du Bangladesh a plaidé pour une coordination plus étroite entre les trois piliers de l’ONU, jugeant impératif que le Conseil de sécurité travaille en collaboration avec l’ECOSOC et la CCP pour garantir que les stratégies de consolidation de la paix soient conformes aux réalités du développement.  « Pour véritablement aligner paix et développement, nous devons sortir des silos institutionnels », a abondé l’Autriche, rejointe par des pays aussi divers que l’Angola, la Croatie, l’Espagne, l’Indonésie, le Luxembourg, le Mozambique ou encore les Philippines. 

Partisan lui aussi de telles synergies, le Kazakhstan a suggéré que les membres de l’ECOSOC soient associés aux missions de terrain du Conseil de sécurité afin de travailler ultérieurement sur les questions socioéconomiques dans leurs pays respectifs.  Il a par ailleurs prôné un renforcement des capacités d’alerte précoce et d’analyse des conflits afin de mieux en comprendre les causes profondes et de veiller à ce que les décisions et les mandats soient éclairés par ces informations cruciales. Toutefois, les causes des conflits variant selon les régions, il a jugé préférable de soutenir des approches adaptées et spécifiques à chacune d’elles. 

Maintenir l’APD tout en développant la résilience économique

Dans le contexte actuel de multiplication des conflits, « il est alarmant que les tensions géopolitiques conduisent à une augmentation des dépenses militaires et que certains pays développés annoncent la réduction de leur aide publique au développement (APD) », a commenté le Mexique, non sans rappeler que, lors du dernier sommet du G20, sa Présidente a proposé d’allouer 1% des dépenses militaires au financement de projets visant à lutter contre les changements climatiques et à promouvoir le développement durable. 

Déplorant également la baisse continue de l’aide étrangère, le Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Timor-Leste a exhorté la communauté internationale à revoir l’architecture financière actuelle et à fournir des modalités de financement pluriannuelles adaptées aux contextes fragiles.  Cela permettrait aux gouvernements de planifier et de mettre en œuvre des stratégies de développement à long terme sous la direction nationale, a-t-il avancé, appelant à « passer d’une dépendance excessive à l’APD à la promotion d’une véritable résilience économique ». 

Du même avis, l’Italie a jugé essentiel d’agir en amont pour optimiser l’utilisation des ressources limitées actuellement disponibles pour les crises humanitaires.  La réduction des risques de catastrophe et l’action d’anticipation doivent figurer parmi les principales priorités de notre engagement international, a-t-elle affirmé, appuyé par l’Angola, qui a exhorté le Conseil de sécurité à assumer son mandat de prévention des conflits « avec sérieux » en traitant précocement des problèmes d’effondrement économique.  Il faut prévenir les conflits avant qu’ils n’éclatent, a approuvé l’Arabie saoudite, pour qui la sécurité alimentaire et le développement sont des piliers de la paix et de la sécurité internationales. 

Plus radical, le Vice-Ministre des affaires étrangères de Cuba a sommé les pays développés d’assumer leur responsabilité historique envers le Sud et à honorer leurs engagements en matière d’APD, fustigeant la « philosophie de la dépossession » du capitalisme moderne, qui, selon lui, « rend presque impossible de parvenir à l’éradication de la pauvreté et à la progression vers le développement ».  Il a aussi jugé urgent de mettre en œuvre la Déclaration sur le droit au développement et de réorienter vers la réduction de la faim et de la pauvreté les ressources allouées aux dépenses militaires. 

Le droit au développement face au poids de la dette

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), les Bahamas ont, quant à elles, invité le Conseil de sécurité à considérer le droit au développement comme « une condition propice à la lutte contre l’instabilité et les conflits ».  Notant qu’il a été démontré que chaque dollar investi dans la prévention des conflits permet d’économiser jusqu’à 103 dollars en coûts humanitaires et pertes économiques futurs, ils ont imploré le Conseil d’optimiser l’accès des agences de l’ONU au financement du secteur privé.  Les entreprises jouent un rôle crucial dans l’apport d’investissements positifs pour la paix, essentiels à la réduction de la pauvreté et du sous-développement, a acquiescé l’Afrique du Sud. 

Les besoins de financement sont au cœur des préoccupations en matière de paix et de réalisation des ODD, a confirmé l’Inde, avant de se réjouir de la tenue prochaine, en Espagne, de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement.  Même son de cloche de la part de la Türkiye, selon laquelle le document final de Séville pourrait représenter « un point de bascule dans la lutte contre pauvreté ».  En tant que défenseuse du multilatéralisme, l’Union européenne (UE) a, elle aussi, dit attendre avec impatience cette conférence afin de « définir collectivement la voie à suivre pour combler l’écart vers la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) en mobilisant toutes les sources et tous les acteurs ».  La délégation a rappelé à cet égard que l’UE et ses États membres sont le premier donateur d’APD au monde, avec 42% du total en 2022 et 2023, soit plus de 90 milliards d’euros par an. 

Tout en appuyant les appels à une réforme de l’architecture financière internationale, l’Égypte a demandé de garantir des mécanismes de restructuration et d’allégement de la dette des pays en développement.  Le Conseil doit, selon elle, tenir compte du fait que le surendettement est un facteur d’instabilité et sape la capacité des gouvernements à réaliser les ODD.  Pour la délégation, la lutte contre la pauvreté sous toutes ses formes passe par des politiques intégrées, avec une appropriation nationale adaptée au contexte, des ressources financières prévisibles, un renforcement des capacités, des transferts de technologie et un système commercial équitable. 

Le Maroc a, lui, rappelé que le Pacte pour l’avenir, adopté fin 2024 par les États Membres, a établi un lien stratégique essentiel entre pauvreté, sécurité et paix.  Les premières actions préconisées par cet accord concernent le développement durable, notamment l’éradication de la pauvreté et l’élimination de l’insécurité alimentaire et de toutes les formes de malnutrition, a ajouté le Brésil, pour qui ce choix « découle de la reconnaissance inévitable que le développement nourrit la paix ». 

Investir dans les femmes, c’est investir dans la paix et le développement

Pour briser le cercle vicieux actuel, marqué par l’escalade des conflits armés d’une part, et par la pauvreté et le sous-développement croissants d’autre part, une autre solution consiste à autonomiser les femmes et les filles, a soutenu la Ministre des affaires étrangères de la Suède, qui s’exprimait au nom des pays nordiques (Danemark, Finlande, Islande, Norvège et Suède).  « Investir dans les femmes est l’une des mesures les plus judicieuses pour sortir du piège de la pauvreté », a-t-elle assuré, faisant observer que le PIB par habitant serait en moyenne supérieur de près de 20% dans tous les pays si les écarts d’emploi entre les sexes étaient comblés.  De surcroît, la participation politique des femmes conduit à une paix et une stabilité à plus long terme, a ajouté la Ministre. 

Enfin, notant que les changements climatiques compromettent le développement durable, rendent les communautés vulnérables et peuvent conduire à des conflits, la Ministre d’État du Ministère fédéral des affaires étrangères de l’Allemagne a souhaité que le Conseil approfondisse ses travaux sur ce dossier. Un avis partagé par l’Espagne, qui a suggéré d’intégrer ce « multiplicateur de risques et de menaces » dans les analyses et les mandats du Conseil.  Alors que les crises environnementales génèrent de nouvelles tensions et exacerbent les vulnérabilités existantes, « nous avons besoin d’approches prospectives et préventives qui unissent la sécurité et l’action climatique », a-t-elle justifié. 

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Pour le vingtième anniversaire du dispositif de consolidation de la paix à l’ONU, la CCP dresse un bilan de son action passée et à venir

Session annuelle – après-midi
CCP/150

Pour le vingtième anniversaire du dispositif de consolidation de la paix à l’ONU, la CCP dresse un bilan de son action passée et à venir

À l’occasion du vingtième anniversaire du dispositif de consolidation de la paix des Nations Unies, la Commission de consolidation de la paix (CCP) s’est réunie cet après-midi pour examiner la contribution de cet organe à l’élaboration de stratégies adaptées aux pays concernés par cette transition, et pilotées par eux, avec l’aide des bailleurs de fonds internationaux.

Une contribution d’autant plus « cruciale », selon la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo, que la situation géopolitique actuelle dans le monde, qu’elle a qualifié d’« intolérable », est marquée par la multiplication de conflits de plus en plus meurtriers et de profondes divisions.

« La CCP a joué un rôle déterminant dans le soutien à la transition démocratique en Gambie et aidé son gouvernement et son peuple à forger un nouveau contrat social », a-t-elle rappelé.  « Grâce à sa collaboration avec elle, le Timor-Leste a non seulement progressé dans sa propre stabilité, mais il est également devenu un modèle de coopération Sud-Sud et triangulaire, en partageant ses leçons apprises et ses expériences avec des pays pairs », a encore salué la haute fonctionnaire, qui a en outre cité le soutien apporté à la Sierra Leone pendant les crises d’Ebola et de la COVID-19 pour préserver les acquis durement acquis dans ce pays. 

C’est par une autre success story que s’est ouverte cette séance de la CCP, celle qu’a racontée Mme Ellen Johnson Sirleaf, l’ancienne Présidente du Libéria de 2006 à 2018, qui est revenue sur la trajectoire de son pays après 14 années de guerre civile ayant fait 250 000 morts et provoqué le déplacement d’un million de personnes.  « Le Libéria a reconstruit ses institutions et son économie sur des valeurs d’inclusion, de justice et de transparence », a-t-elle déclaré, en soulignant que le processus de paix n’a jamais été envisagé comme une phase, mais plutôt comme une forme de gouvernance, dictée par des réformes coordonnées en matière de justice, de sécurité et d’économie, avec l’aide de la CCP et de la communauté des donateurs.

L’ex-Cheffe d’État a estimé que plusieurs leçons pouvaient être tirées de l’expérience du Libéria: outre l’appropriation nationale, elle a mentionné l’investissement simultané dans les institutions et les individus; la priorisation de la justice et de la réconciliation pour réparer les liens brisés et éviter la résurgence des conflits; et l’inclusivité, avec la pleine intégration des femmes, des jeunes et des minorités dans les processus de consolidation de la paix.  C’est une « véritable transformation sociale » qu’il faut viser, en repensant les structures, les mentalités et les modèles de gouvernance, a plaidé Mme Sirleaf.

Ainsi, après des années de régime autoritaire, la Gambie a opéré un virage majeur grâce à une transition démocratique et un processus de réconciliation national, avec le soutien de l’Union européenne, de la société civile et d’acteurs institutionnels, s’est félicité le Ministre des affaires étrangères de ce pays, M. Mamadou Tangara.  La Vice-Présidente du Parlement national des jeunes de Gambie, Mme Ndegen Jobe, a confirmé que les organisations non gouvernementales doivent jouer un rôle de premier plan dans son pays.  Le Ministre a présenté le tournant pris par la Gambie comme le fruit d’une coopération inclusive, d’un dialogue constant et d’un appui international cohérent.  Dans ce contexte, la CCP a joué un rôle de plaidoyer dans la mobilisation d’un appui technique et financier de la part de nos partenaires dans le respect de notre plan national de développement, a reconnu le chef de la diplomatie gambienne. 

Son homologue du Timor-Leste, M. Bendito dos Santos Freitas, a corrélé la viabilité de la paix au recul des inégalités, contre lesquelles son pays s’est engagé, une fois devenu indépendant en 2022, notamment sous la forme de programmes de transfert de liquidités vers les foyers les plus démunis, qui ont permis de venir à bout de la pauvreté en milieu rural.  Nous avons aussi investi dans l’éducation et dans les services de santé, a observé le Ministre, qui a indiqué que le financement mobilisé par la CCP est venu à l’appui des priorités nationales définies par le Timor-Leste dans son plan stratégique (2011-2030).

Lors d’un échange avec les États Membres, la Chine, le Brésil, la Colombie ou encore l’Égypte ont insisté sur la nécessité de respecter le principe d’appropriation nationale pour les pays bénéficiant de l’aide de la CCP, tandis que le Japon a mis l’accent sur trois axes qui permettraient à celle-ci d’améliorer son travail à l’avenir.  Tout d’abord, la Commission devrait collaborer davantage avec les principaux organes de l’ONU afin de mettre en œuvre une approche globale, notamment le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, ainsi qu’avec les agences, fonds et programmes des Nations Unies.  Ensuite, pour la délégation nippone, une priorité doit être accordée au soutien des efforts nationaux de prévention des conflits.  Dans cette perspective, le Japon a salué la propension croissante des pays à présenter leurs stratégies nationales de prévention à la Commission.

La République centrafricaine a remercié le Maroc pour sa présidence de la formation République centrafricaine de la CCP, grâce à laquelle elle a bénéficié d’un accompagnement stratégique, diplomatique et opérationnel sans précédent, « notamment dans les moments de grande vulnérabilité politique et institutionnelle », a expliqué son représentant.  En tant que partenaire de longue date, le Maroc a annoncé qu’il accueillerait fin 2025, à Rabat, une table ronde des donateurs pour aider à recueillir les fonds nécessaires à la mise en œuvre de son plan national de développement. Le Paraguay, qui s’est également exprimé au nom de l’Équateur et de l’Argentine, a d’ailleurs estimé que les réunions en formation nationale démontrent que le travail conjoint des États avec le système des Nations Unies joue un rôle essentiel pour prévenir la résurgence des conflits.

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Soutenue par les pays de la région, l’Argentine revendique à nouveau sa souveraineté sur les Îles Falkland (Malvinas) dans son différend colonial avec le Royaume-Uni

Session de fond de 2025
11e & 12e séances plénières – matin & après-midi
AG/COL/3394

Soutenue par les pays de la région, l’Argentine revendique à nouveau sa souveraineté sur les Îles Falkland (Malvinas) dans son différend colonial avec le Royaume-Uni

Le Ministre des affaires étrangères, du commerce international et du culte de l’Argentine, l’une des deux parties au conflit de souveraineté sur les Îles Falkland (Malvinas)*, est venu accompagné d’une large représentation institutionnelle ce matin pour défendre la position de longue date de Buenos Aires sur cette question de colonisation qui « transcende les gouvernements ». 

M. Gerardo Werthein a commencé par rappeler que l’occupation britannique de l’archipel, le 3 janvier 1833, a été menée par la force, expulsant les autorités argentines légitimes et la population déjà installée sur place.  Il s’agissait sans équivoque d’un acte colonial, qui violait le droit international et la souveraineté territoriale de l’Argentine, laquelle a toujours défendu avec fermeté sa revendication visant à recouvrer le plein exercice de sa souveraineté, a-t-il insisté.

Réfutant l’argument du Royaume-Uni qui invoque le principe d’autodétermination pour éviter tout dialogue avec l’Argentine, le Ministre a estimé que si celui-ci était central dans de nombreux processus de décolonisation, il ne s’applique pas à la question des Malvinas.  S’appuyant sur la résolution 1514 (XV) qui établit clairement que tout processus de décolonisation doit respecter l’unité nationale et l’intégrité territoriale des États, M. Werthein a souligné que dans le cas des Malvinas, il n’y a pas de peuple colonisé ayant droit à l’autodétermination.  Il existe, en revanche, une population établie par la Puissance occupante, à la suite de l’expulsion en 1833 des autochtones et des autorités locales.

Pour Buenos Aires, il convient de s’interroger sur la justification qu’il peut y avoir à séparer unilatéralement un territoire insulaire faisant partie intégrante du plateau continental argentin, en y établissant une population et en y maintenant une force militaire étrangère destinée à la soutenir. Une situation manifestement incompatible avec les principes fondamentaux du droit international, a tranché le Ministre.

M. Werthein a reproché au Royaume-Uni de non seulement refuser le dialogue, mais de continuer de prendre des mesures unilatérales dans le territoire contesté, en violation directe de la résolution 31/49 de l’Assemblée générale, qui exhorte les deux parties à s’abstenir de modifier la situation tant que leur différend ne sera pas réglé.  Parmi ces mesures, figure le maintien d’une présence militaire disproportionnée sur les Îles Malvinas, Géorgie du Sud et Sandwich du Sud ainsi que  les zones maritimes environnantes, incompatible avec le statut de zone de paix et de coopération de l’Atlantique Sud, et la délivrance unilatérale et illégale de licences et de concessions, au mépris des droits souverains de l’Argentine, pour l’exploration et l’exploitation de ressources naturelles, en particulier les hydrocarbures et les pêcheries.  M. Ricardo Ancell Patterson, l’un des quatre pétitionnaires à intervenir ce matin sur cette question, s’est indigné de ce qu’il a qualifié de « pillage colonial ».

MM. Marc Pollard et Peter Biggs, membres élus de ce qu'ils ont présenté comme « l'Assemblée législative des Iles Falklands », sont venus plaider la cause du peuple de l’archipel en revendiquant son droit à l’autodétermination: « nous ne sommes pas implantés, nous sommes enracinés », a assuré M. Pollard, en rappelant qu’en 2013, plus de 99.8% de la population a voté pour rester dans le giron britannique en tant que territoire d’outre-mer dans le cadre d’un référendum.  Aucune négociation, aucune décision relative aux Îles Falkland ne peut et ne doit se prendre sans la participation de « notre peuple », a-t-il tranché.

Quoi qu’il en soit, Buenos Aires reste pleinement disposée à reprendre des négociations bilatérales de fond avec Londres pour résoudre pacifiquement ce différend, conformément à la résolution 2065 de 1965 de l’Assemblée, a indiqué son ministre.  Estimant que les conditions sont favorables pour entamer une nouvelle phase de dialogue afin d’aborder de manière constructive toutes les questions d’intérêt mutuel, y compris celle de la souveraineté, M. Werthein a fait savoir que l’Argentine avait demandé cette semaine au Secrétaire général de l’ONU d’exercer ses bons offices afin de faciliter ce processus, une demande reprise à leur compte par les pays de la région.

L’Équateur, qui s’exprimait au nom du Consensus de Brasilia, a assuré que ses États membres étaient alignés sur la position de l’Argentine, ces derniers arguant que la seule façon de mettre fin à cette situation est de parvenir à un accord bilatéral.

Adopté par consensus ce matin, le projet de résolution relatif à la question des Îles Falkland (Malvinas), réaffirme d’ailleurs qu’un tel règlement pacifique est le moyen de mettre fin à la situation coloniale particulière propre aux Îles Falkland (Malvinas).  Le Comité spécial y déplore que, malgré le large appui international en faveur de négociations entre les Gouvernements argentin et britannique, l’application des résolutions de l’Assemblée générale sur cette question n’ait toujours pas commencé.  Par conséquent, il leur demande de consolider le processus de dialogue et de coopération en cours en reprenant leurs négociations afin de trouver, dans les meilleurs délais, une solution pacifique à ce conflit, conformément aux dispositions des résolutions pertinentes de l’Assemblée.  Dans ce cadre, le Comité spécial réaffirme son appui résolu au Secrétaire général pour la mission de bons offices qu’il effectue afin d’aider les parties.

Au cours du débat général, de nombreux pays ont pris fait et cause pour l’Argentine dans ce différend de souveraineté.  Au nom des États membres du Marché commun du Sud (MERCOSUR), l’Uruguay a fait valoir que, depuis l’adoption de la résolution 2065 (XX), l’Assemblée générale n’a cessé de plaider pour une solution pacifique et négociée entre les deux parties.  Dans le même temps, il a rappelé que l’État plurinational de Bolivie, le Chili et le MERCOSUR ont récemment signé avec l’Argentine une déclaration qui reconnaît la souveraineté de Buenos Aires sur les Îles Falkland (Malvinas), tout en exigeant l’arrêt de l’exploitation des ressources dans ce territoire.  Faisant remarquer que le Gouvernement argentin « souhaite renouer les négociations », la délégation a appelé le Gouvernement britannique à faire de même pour trouver une solution durable. Plusieurs délégations, notamment le Chili, la Bolivie, le Nicaragua et le Pérou, ont souscrit à cette ligne à la fois solidaire de l’Argentine et favorable à des discussions de bonne foi.

Plus offensif, la République bolivarienne du Venezuela a jugé urgent que Londres revienne sur la voie du dialogue et de la négociation directe, afin d’« obtenir, une fois pour toutes, le plein exercice de la souveraineté de la République argentine sur les territoires qui lui ont été confisqués en 1833 ».  Cuba a, de son côté, appelé à une solution négociée, juste et définitive à la question des Îles Malvinas « dans le respect de l’intégrité territoriale de l’Argentine », promettant de continuer à faire entendre sa voix « pour que l’Amérique latine et les Caraïbes soient libérées du colonialisme ».

De son côté, la Chine a réaffirmé son « appui sans faille à la revendication légitime de l’Argentine », voyant dans la question des Îles Malvinas « un vestige du colonialisme ».  Favorable au règlement pacifique des différends, conformément à la Charte des Nations Unies, elle a défendu « l’équité internationale et la justice », face à ceux qui continuent de vouloir imposer leur pouvoir et de mettre en avant les intérêts en exploitant d’autres pays. « Tout cela sape la souveraineté et le développement de ces pays, mais aussi les normes régissant les relations internationales », s’est indignée la délégation chinoise.

D’autres pays ont défendu une position de neutralité dans ce conflit, à l’instar des Fidji, qui, tout en réitérant leur soutien indéfectible au droit des peuples à l’autodétermination, ont exprimé la croyance que « l’Atlantique Sud, comme le Pacifique, doit être un océan de paix ».  Ces délégations, parmi lesquelles Antigua-et-Barbuda, Saint-Vincent-et-les Grenadines et la Sierra Leone, ont rappelé leur engagement en faveur d’un règlement pacifique et équitable de cette question, exhortant le Secrétaire général à user activement de ses bons offices pour soutenir les progrès à cet égard.  Comme pour les autres territoires non autonomes, l’Indonésie a encouragé des consultations régulières entre le Comité spécial, la Puissance administrante et les États Membres concernés pour créer la confiance et trouver une solution juste et durable.

Reconnaissant les revendications historiques et les aspirations nationales de l’Argentine concernant les Îles Falkland (Malvinas), mais aussi le rôle administratif actuel du Royaume-Uni sur le territoire, le Timor-Leste a appelé à prioriser les voies diplomatiques et juridiques afin de favoriser un processus inclusif qui implique significativement les habitants de ces îles. Au nom de la stabilité et de la coopération régionales dans la région de l’Atlantique Sud, Saint-Kitts-et-Nevis a exhorté l’Argentine et le Royaume-Uni à poursuivre leur collaboration afin d’instaurer la confiance et de parvenir à une résolution pacifique du différend. 

 

* La souveraineté sur les Îles Falkland (Malvinas) fait l'objet d'un différend entre le Gouvernement de l'Argentine et le Gouvernement du Royaume-Uni de Grande Bretagne et d'Irlande du Nord (voir ST/CS/SER.A/42).

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Conseil de sécurité: l’escalade entre Israël et l’Iran ne doit pas saper les progrès de la transition en Syrie, insistent les délégations

9937e séance – matin
CS/16090

Conseil de sécurité: l’escalade entre Israël et l’Iran ne doit pas saper les progrès de la transition en Syrie, insistent les délégations

Ce matin, les appels ont été nombreux au Conseil de sécurité afin que l’affrontement en cours entre Israël et l’Iran n’affecte pas la transition politique en Syrie.  Les risques d’une escalade accrue pourraient en effet de compromettre les progrès fragiles en Syrie, a déclaré l’Envoyée spéciale adjointe du Secrétaire général pour la Syrie, Mme Najat Rochdi, qui a salué certains développements positifs, dont les mesures prises par les autorités syriennes pour apaiser les tensions confessionnelles.  De nombreuses délégations ont par ailleurs condamné les incursions répétées d’Israël en Syrie. 

« La Syrie ne peut pas se permettre une nouvelle vague d’instabilité », a déclaré l’Envoyée spéciale adjointe, en appelant l’Iran et Israël à faire montre de la plus grande retenue.  S’ils sont fragiles, les progrès de la transition sont bien réels en Syrie, une étape cruciale ayant été franchie avec l’établissement d’une nouvelle assemblée du peuple.  Mme Rochdi a salué, à ce titre, le récent décret présidentiel portant formation du comité suprême des élections de l’assemblée du peuple, qui sera notamment chargé d’arrêter le calendrier électoral. 

« L’assemblée devra être la pierre de touche du consensus politique et un facteur de stabilisation. »  La protection de toutes les composantes de la société syrienne et la prévention des violences communautaires sont également fondamentales pour la stabilité du pays, a poursuivi l’Envoyée spéciale adjointe. Si des incidents violents bien que sporadiques se sont poursuivis à Homs, à Hama et dans les régions côtières, certains signes sont encourageants, a-t-elle déclaré.  Les autorités intérimaires ont ainsi pris des mesures pour apaiser les tensions, dont l’adoption d’une fatwa interdisant les vengeances et représailles extrajudiciaires. 

Justice et transition vont de pair

La réinstallation des juges limogés par l’ancien régime est un autre développement positif dans la restauration de la confiance du peuple en la justice, a affirmé Mme Rochdi.  La justice a d’ailleurs été au cœur de l’intervention de Mme Amneh Khoulani, défenseuse des droits humains, survivante et Directrice exécutive de l’organisation non gouvernementale (ONG) Adalaty Centre, qui a perdu trois frères, exécutés par l’ancien régime.  « La justice transitionnelle est un impératif national et moral essentiel à l’instauration de la paix civile », a-t-elle rappelé.  Elle a notamment salué la création récente de la Commission nationale pour la justice transitionnelle et de la Commission nationale pour les disparus. 

« La Syrie doit être reconstruite par son peuple, sans discrimination et avec l’inclusion comme principe directeur de chaque étape. » Le régime précédent ayant laissé derrière lui un État dévasté, dépourvu d’institutions fonctionnelles, Mme Khoulani a estimé que la Syrie a besoin d’une aide internationale responsable et pleinement respectueuse de son indépendance.  Même son de cloche du côté de Mme Joyce Msuya, Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, qui a appelé la communauté internationale à rester concentrée sur la crise humanitaire en Syrie, l’une des plus importantes au monde.   

Mme Msuya a rappelé que les trois quarts de la population ont encore besoin d’aide humanitaire, le pays comptant plus de 7 millions de personnes déplacées.  « Alors que nous sommes à la moitié de l’année, le plan d’aide humanitaire pour la Syrie a reçu 260 millions de dollars, soit à peine 14% des fonds nécessaires. »  Dans un contexte de crise des financements, l’ONU entend réduire son déploiement. Cela signifie « faire moins avec moins », a justifié Mme Msuya.  Pour éviter que les populations ne soient dépendantes de l’assistance, la Sous-Secrétaire générale a appelé à rétablir les moyens de subsistance de la population. 

La levée des sanctions, une ouverture pour la réactivation économique

Dans ce droit fil, l’Envoyée spéciale adjointe a salué les récentes décisions de levée des sanctions des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Union européenne en vue de la « réactivation économique » de la Syrie.  À l’instar des États-Unis et de la Türkiye, elle a salué la signature de contrats pour la construction de plusieurs installations gazières et d’énergie solaire. Une nouvelle ère s’ouvre en Syrie, a déclaré la déléguée des États-Unis, qui s’est félicitée de la reprise des vols vers Damas.  Mme Khoulani a néanmoins estimé que la levée des sanctions ne doit pas signifier la fin du soutien international à la Syrie. 

« Nous voulons tourner la page une fois pour toutes », a appuyé le représentant syrien.  Il a assuré que son gouvernement mène des efforts de réconciliation nationale et entend garantir la reddition de comptes pour les auteurs de violations graves. Parallèlement, il s’emploie à rétablir les services essentiels et à régler la question des camps du nord-est, où les conditions de vie sont insoutenables.  « La Syrie ne demande pas une aide humanitaire d’urgence mais veut plutôt nouer des partenariats mutuellement bénéfiques », a-t-il expliqué, avant de remercier les pays qui ont levé les sanctions imposées « depuis trop longtemps » à la Syrie. 

Le risque redouté d’escalade dans la région

Mais c’est bien l’escalade régionale en cours qui a été au cœur des préoccupations. Le grave conflit entre l’Iran et Israël jette une ombre sur les développements positifs en Syrie et exacerbe les défis considérables que Damas doit relever pour reconstruire le pays, a déclaré la République de Corée.  « Ce nouveau et malheureux développement ne doit pas saper la dynamique positive de la Syrie après 14 années de dévastation. »  Nous devons tout faire pour éviter que cette situation affecte la transition en Syrie, a appuyé la France.  « Son succès doit permettre à la Syrie de devenir un pôle de stabilité régionale. » 

Le Royaume-Uni a mis en garde contre un risque d’escalade de la crise actuelle, avec de graves conséquences pour la sécurité régionale et au-delà, y compris en Syrie, et encouragé les acteurs à éviter toute activité susceptible de déstabiliser davantage la région.  De son côté, le Pakistan a dénoncé l’agression lancée par Israël contre l’Iran, estimant qu’elle risque d’alimenter un conflit à plus grande échelle. Le délégué de l’Iran a, lui, fustigé les attaques terroristes et barbares lancées contre son pays par Israël en violation de la Charte des Nations Unies, qui ont tué au moins 224 civils, dont de nombreux enfants. 

« Ce sont des crimes de guerre », a estimé le délégué, alors que la réponse iranienne a été défensive, limitée et proportionnée, en ne ciblant que les infrastructures directement impliquées dans l’agression. « L’Iran ne cherche pas l’escalade mais n’hésitera pas à défendre son peuple, sa souveraineté et son intégrité territoriale. »  L’Iran n’a pas déclenché cette guerre, a-t-il tranché, en dénonçant le « feu vert » donné à Israël par les États-Unis.  Estimant que ce pays est le seul à pouvoir mettre un terme à l’agression israélienne, le représentant a regretté que le Président Trump ait, au contraire, appelé la nuit dernière à l’évacuation de Téhéran.  « Une telle menace est irresponsable. » 

L’Iran, à l’instar de la République de Corée, du Pakistan, de la Fédération de Russie ou encore du Yémen, au nom du Groupe des États arabes, a condamné les incursions israéliennes en Syrie.  L’Algérie, au nom des A3+ (Algérie, Sierra Leone, Somalie et Guyana), a dénoncé les violations de l’Accord sur le dégagement des forces.  « Le Golan syrien occupé demeure un territoire syrien au regard du droit international. »  Les attaques répétées d’Israël sont un obstacle à la stabilité, a fait aussi remarquer le délégué de la Syrie.  Ces attaques sont inacceptables, a tranché l’Envoyée spéciale adjointe, en estimant néanmoins que la voie diplomatique demeure possible. Les États-Unis ont encouragé la Syrie et Israël à signer un accord de non-agression. 

Lutte contre le terrorisme et recherche des responsabilités

La recrudescence des actions de Daech en Syrie a enfin alarmé les délégations. « Des mesures décisives doivent être prises pour lutter contre le terrorisme et régler la situation des terroristes étrangers », a tranché la Russie, appuyée par la Chine.  La République de Corée a, elle, exhorté les autorités syriennes à la vigilance afin que les idéologies extrémistes ne prennent pas racine dans les institutions naissantes de la Syrie.  La Türkiye s’est dite disposée à travailler avec la Syrie pour sécuriser les camps du nord-est et empêcher une résurgence du terrorisme. 

Enfin, revenant à l’impératif de justice transitionnelle, la France a recommandé aux autorités syriennes de poursuivre leur coopération avec les organes des Nations Unies compétents en matière de reddition des comptes.  Elle a en outre réclamé la tenue des engagements pris avec les Kurdes syriens. 

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