En cours au Siège de l'ONU

Commission de la condition de la femme: nouveau débat ministériel sur les mécanismes nationaux favorisant l’égalité des genres

Soixante-neuvième session,
6e séance plénière – matin
FEM/2242

Commission de la condition de la femme: nouveau débat ministériel sur les mécanismes nationaux favorisant l’égalité des genres

Comme la veille, la Commission de la condition de la femme a tenu, ce matin, un débat ministériel sur l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes et des filles, l’occasion pour les intervenants de présenter les mécanismes, législations et partenariats mis en place au niveau national pour traduire dans les faits le Programme d’action de Beijing, 30 ans après son adoption, et ainsi contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD). 

En tant que pierre angulaire du Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’autonomisation économique et sociale des femmes passe par l’éducation, la santé, la protection contre la violence fondée sur le genre mais aussi par leur représentation systématique dans la prise de décisions à tous les niveaux, tant dans le milieu public et institutionnel que dans celui des affaires, ont souligné plusieurs participantes. 

Dans ce droit fil, la Ministre et Directrice adjointe du Comité national de travail sur les enfants et les femmes du Conseil des affaires d’État de la Chine, panéliste de ce débat, a mis en avant la politique volontariste de son pays, décrivant l’étendue des efforts déployés par le Gouvernement central de son pays pour promouvoir le rôle des femmes dans la société et l’économie chinoises.  Une politique qui s’appuie sur 75 objectifs et 33 mesures stratégiques, avec un système de suivi statistique reposant sur 2 500 indicateurs, a-t-elle expliqué, signalant une forte réduction des écarts entre hommes et femmes dans les domaines de l’éducation et de l’emploi.  

L’entrepreneuriat et le crédit au service de l’autonomisation  

Convaincu que le développement dépend de l’autonomisation des femmes et des filles, le Gouvernement sud-africain a également intégré une approche de genre pour toutes ses politiques, particulièrement sur le plan économique.  La Ministre des femmes, de la jeunesse et des personnes handicapées de ce pays a précisé que des aides à hauteur de 100 milliards de rands ont été dirigées vers l’entrepreneuriat féminin et que 40% des marchés publics sont ouverts à des entreprises dirigées par des femmes.   

L’indépendance financière étant l’un des principaux leviers de l’autonomisation, les interventions ont souvent porté sur l’importance, pour les femmes, de l’accès au crédit et aux services bancaires.  À l’instar de nombreuses participantes de délégations africaines, la Ministre de la femme, de la famille et de l’enfant de la Côte d’Ivoire a fait état de « programmes structurants » destinés à accompagner l’entrepreneuriat féminin, notamment un fonds d’appui qui a permis à plus de 360 000 femmes d’accéder à un financement pour développer leurs activités économiques. 

Son homologue de la solidarité nationale, des affaires sociales et du genre du Burundi a évoqué le soutien apporté aux femmes entrepreneurs par des banques d’investissement et de développement.  Dans le même registre, la Ministre de l’action sociale, de la solidarité et de la promotion des femmes du Togo a indiqué que, par sa politique de quotas pour les marchés publics et les projets agricoles, le fonds national de la finance inclusive appuie l’entrepreneuriat féminin. 

Il n’en reste pas moins qu’un financement international accru sera nécessaire pour garantir la pérennité des programmes d’égalité des genres, ont signalé tour à tour des représentantes du monde en développement.  L’intégration systématique d’indicateurs sensibles au genre dans la planification et l’évaluation des politiques de développement a été encouragée. 

Lutter contre les violences fondées sur le genre pour faire progresser les droits 

Sur un autre volet, la Ministre de l’égalité des genres, de la prévention de la violence et de l’autonomisation des femmes de la Serbie, seul pays dans l’est des Balkans doté d’un tel ministère, a fait valoir que l’indépendance financière est un facteur essentiel pour lutter contre les violences conjugales. 

La question de la violence fondée sur le genre, problématique partagée par les pays développés et en développement, a été abordée sous différents angles.  La Ministre des femmes et de l’égalité des genres du Canada a ainsi annoncé que son pays a signé la semaine dernière la Convention interaméricaine sur la prévention, la sanction et l’élimination de la violence contre la femme.  Elle a qualifié ce traité de « mécanisme essentiel » pour faire progresser les droits des femmes dans le monde et fournir un cadre pour lutter contre les violences faites aux femmes et l’éradiquer. 

De son côté, la Ministre de l’égalité des genres et de la diversité du Luxembourg a fait état de la préparation d’un premier plan national de lutte contre les violences fondées sur le genre, tandis que son homologue tchèque signalait un renforcement de la législation de son pays en la matière ainsi qu’un élargissement de la spécialisation des tribunaux pénaux en matière de violence domestique et sexuelle.  La Vice-Ministre des affaires étrangères de la Géorgie s’est, pour sa part, enorgueillie de l’indemnisation qu’offre son pays aux victimes et survivantes de telles violences, y voyant une première étape vers la garantie de leur protection financière. 

La participation aux décisions, condition de l’égalité des genres

Autonomisation et représentation des femmes dans les sphères de décision allant main dans la main, la Ministre de l’autonomisation des jeunes, du développement social, des questions de genre, du vieillissement et des handicaps de Saint-Kitts-et-Nevis, autre membre du panel ministériel, a axé son intervention sur les mesures prises par son pays pour promouvoir des femmes à des postes de dirigeant.  Un effort qui a contribué à l’élection de la première Gouverneure générale en 2022, a-t-elle relevé, ajoutant que l’archipel connaît aujourd’hui son plus haut niveau de participation de femmes au sein du Cabinet gouvernemental et du Parlement, et que sa fonction publique est gérée à 75% par des femmes. 

Sur le même thème, la Ministre de la cohésion sociale et des affaires familiales de la Grèce a indiqué que son pays fixe désormais des quotas pour les femmes dans toutes les procédures électorales et dans les conseils d’administration.  La Ministre de la promotion des femmes, de l’enfance et des personnes vulnérables de la Guinée a, quant à elle, fait état de l’adoption d’une loi sur la parité permettant l’accès des femmes aux mandats électoraux et aux fonctions électives dans les institutions publiques.  Elle a ajouté que l’avant-projet de la nouvelle Constitution prévoit des quotas importants pour les femmes dans les instances de prise de décision. 

De l’avis de la Ministre de la famille des Émirats arabes unis, les quotas de genre, tant dans le secteur public que le secteur privé, se révèlent être un catalyseur important pour lutter contre la sous-représentation systématique des femmes et les obstacles institutionnels.  Elle a précisé que, dans son pays, au moins un siège doit être réservé aux femmes au sein des conseils d’administration.  La Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon a évoqué des règles comparables, des objectifs chiffrés étant fixés pour la représentation de femmes cadres dans les principales entreprises cotées en bourse. 

Depuis 2022, a-t-elle poursuivi, le Japon a également rendu obligatoire pour les entreprises d’une certaine taille de divulguer des informations sur les écarts de salaire entre les hommes et les femmes, une question épineuse soulevée par d’autres intervenantes, en particulier la Secrétaire d’État à la famille, aux personnes âgées, aux femmes et aux jeunes de l’Allemagne, selon laquelle les femmes de son pays gagnent deux fois moins que les hommes au cours de leur vie.  L’une des raisons à cela est qu’une femme sur deux en Allemagne travaille à temps partiel, le plus souvent contre son gré, a concédé la responsable, avant d’appeler à investir dans l’offre de garde d’enfants et à concevoir un monde du travail favorable à la famille, en collaboration avec des partenaires du secteur privé et des syndicats. 

Pour pouvoir agir sur l’égalité économique et salariale, la Belgique et l’Estonie ont dit miser sur le numérique afin de disposer de données chiffrées en temps réel.  La Ministre estonienne a annoncé la mise en place un programme dédié spécifiquement à la lutte contre les écarts de salaires entre les hommes et les femmes, qui permet aux employeurs et décideurs de les analyser en quelques « clics ». 

La société civile, acteur essentiel du changement

Ce débat a aussi été marqué par des appels au sursaut, compte tenu des reculs alarmants observés dans de nombreux pays.  Décrivant le jalon de 1995 comme un véritable « mandat » pour la communauté internationale, la Secrétaire d’État allemande a exhorté les tenants de l’autonomisation des femmes et des filles à « maintenir le cap », alors qu’aucun pays au monde n’a réellement atteint une véritable égalité des sexes au sens de l’ODD no 5. 

« Le changement ne se produit pas tout seul, il est le résultat des efforts déterminés de gouvernements progressistes à travers le monde, d’une société civile forte, notamment des organisations de femmes, et de la puissance du multilatéralisme », a renchéri la Ministre de l’égalité des genres et de la vie professionnelle de la Suède, résumant le sentiment d’une large part des participantes, notamment de l’Envoyée spéciale pour les femmes et les filles du Royaume-Uni. 

La Ministre de la protection sociale de l’Estonie, autre panéliste de cette discussion, a, elle, mis en garde contre la montée de mouvements populistes qui alimentent les idéologies antiféministes et menacent la sécurité des femmes et des filles dans le monde entier. Face à cette tendance, elle a mis en exergue le rôle de premier plan joué par la société civile. 

Abondant en ce sens, la Ministre du bien-être et de la réduction de la pauvreté, de la culture et de l’égalité des chances de la Belgique a argué qu’en impliquant la société civile, les politiques d’égalité des genres gagnent en intégrité, en efficacité et en résilience.  Ce n’est qu’ainsi que leur impact peut être durable, a-t-elle insisté. 

Demain, jeudi 13 mars, la Commission tiendra à 10 heures un dialogue interactif de haut niveau sur son rôle dans l’accélération de la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing, avant de poursuivre son débat général dans l’après-midi. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

ECOSOC: multiplication d’inquiétudes face à la contraction de l’aide internationale dans le cadre de la coopération pour le développement

Session de 2025
9e & 10e séances plénières – matin & après-midi
ECOSOC/7192

ECOSOC: multiplication d’inquiétudes face à la contraction de l’aide internationale dans le cadre de la coopération pour le développement

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a, ce matin, entamé son Forum pour la coopération en matière de développement, qui intervient à un moment crucial.  En effet, près de 600 millions de personnes seront confrontées à l’extrême pauvreté d’ici à 2030 et les pays en développement à des déficits annuels de financement des objectifs de développement durable (ODD) pouvant atteindre 4 000 milliards de dollars. 

Alors que le système de coopération internationale pour le développement vacille, précisément au moment où les besoins sont les plus considérables et les priorités urgentes, le Président du Conseil économique et social, M. Bob Rae, du Canada, a rappelé l’importance d’accroître son efficacité, mais aussi de renforcer les capacités et les ressources nationales pour que les gouvernements puissent soutenir leur développement économique de manière durable, en tirant le meilleur parti des nouveaux modèles et technologies de financement innovants. 

Des objectifs d’autant plus nécessaires pour le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Li Junhua, que le contexte actuel sur le plan international est marqué par le recul des principaux bailleurs de fonds, qui menace de compromettre la réalisation des ODD.  Dès lors, les pays en développement, étranglés par le service de la dette, ne sont plus en mesure de fournir à leurs populations des services de base ou d’opérer une transition énergétique juste.  Mais tout effort de réforme devra se faire dans le respect de l’appropriation nationale des pays en développement, a insisté le haut fonctionnaire, qui a également plaidé pour un système fiscal plus juste prévoyant une action internationale robuste contre les flux financiers illicites. 

Dans son rapport sur les tendances et progrès en matière de coopération internationale pour le développement, présenté ce matin par le Sous-Secrétaire général chargé du développement économique, M. Navid Hanif, le Secrétaire général de l’ONU confirme que les tendances en matière de flux d’aide publique au développement (APD) doivent être inversées notamment en ce qui concerne la proportion d’APD versée aux pays en développement, la coopération pour le développement recentrée sur la qualité, l’utilité et l’efficacité, et l’architecture réformée, tant au niveau mondial qu’au niveau national.  À cet égard, « le rôle moteur des pays doit être renforcé afin de dépasser la notion traditionnelle de prise en main, notamment au moyen d’une éventuelle consolidation ou d’une meilleure adéquation des stratégies de développement durable, des contributions déterminées au niveau national et des cadres de financement nationaux intégrés », préconise le Chef de l’Organisation. 

Le multilatéralisme doit corriger les excès de la mondialisation -source de déséquilibres et d’inégalités entre les peuples- en mettant fin à la dérégulation qui la caractérise, a recommandé pour sa part la Conseillère spéciale du Secrétaire général pour l’Afrique. 

Mme Cristina Duarte a décrié la « faible supervision » à l’origine de fraudes et d’une évasion fiscale « massives », qui ont donné lieu à des pertes de recettes s’élevant à plusieurs milliards de dollars à travers le monde.  À de tels « méfaits » s’ajoute le manque de reddition de comptes, les institutions financières internationales n’ayant pas de mécanisme adéquat pour répondre à une crise comme celle des subprimes (prêts à risque) en 2008, s’est-elle inquiétée. 

À la suite de ce processus, on a vu l’affaiblissement des États en tant que garants de la coopération internationale, a constaté Mme Duarte, qui a regretté la disparition d’un monde construit sur un contrat social fort il y a 60 ans, dans lequel les pays jouaient un rôle important dans la redistribution des richesses.  Mais la Conseillère a également identifié un affaiblissement de la capacité des États récipiendaires de l’aide, alors que la coopération bilatérale et multilatérale est de plus en plus dictée par les forces du marché. Aussi lui est-il apparu nécessaire d’œuvrer à la mise en place d’une « gouvernance mondiale axée sur les peuples » si l’on veut mettre en œuvre les ODD. 

« Dans cette dynamique opposant mondialisation et multilatéralisme, il nous faut forger notre espace et le préserver coûte que coûte », a-t-elle insisté.

Le Forum pour la coopération en matière de développement, dont le thème cette année est “Transformer la coopération internationale pour le développement: passer d’un dialogue à l’échelle mondiale à l’action”, organisera en tout cinq dialogues interactifs d’ici à la fin de ses travaux demain. 

Au cours de cette séance, la Slovénie a par ailleurs été élue au Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix pour un mandat prenant effet aujourd’hui et s’achevant le 31 décembre 2026 ou avant si elle cessait d’être membre de l’ECOSOC. 

 

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Forum pour la coopération en matière de développement

Table ronde 1: Faire en sorte que la coopération en matière de développement fonctionne dans le monde actuel

Les vulnérabilités des pays en développement et la baisse alarmante de l’aide publique au développement (APD) ont été au cœur de cette première table ronde du Forum.  Les intervenants ont par ailleurs souligné l’importance de la prochaine Conférence internationale sur le financement du développement, prévue en Espagne fin juin, pour revitaliser la coopération en matière de développement, « une occasion en or » pour plusieurs pays. 

Les conséquences lourdes d’une diminution de l’APD cette année et en 2026 ont été soulignées par le Président du Comité d’aide au développement (CAD) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), M. Carsten Staur.  L’Europe doit désormais renforcer ses capacités de défense, a-t-il avancé comme l’une des explications.  Et cette aide devra en conséquence être plus ciblée. 

Notant que l’APD est un élément essentiel pour de nombreux pays vulnérables, il a invité à « repenser l’APD » en vue de la concentrer sur les pays les plus pauvres et la transformer en catalyseur d’autres moyens de financement, notamment une meilleure mobilisation des ressources nationales.  L’APD ne permettra pas de relever tous les défis, même si les pays développés honoraient leurs engagements, a-t-il toutefois fait observer, tout en appelant à éviter les doublons et les rivalités inutiles. 

Ce qu’il nous faut c’est un changement de paradigme, a opiné la Directrice exécutive de l’Agence péruvienne pour la coopération internationale (APCI), Mme Noela Pantoja Crespo, en prônant une plus grande flexibilité du système mondial de coopération et des échanges accrus de connaissances.  Notant que l’APD ne tient compte que du revenu par habitant, alors qu’une approche multidimensionnelle est nécessaire, elle a estimé que le revenu ne doit pas être le seul critère de calcul.  En prévision de la Conférence de Séville, elle a plaidé pour une rénovation des critères, prenant notamment en compte la mobilité sociale et donc les inégalités. Ce doit être un critère d’admissibilité à l’APD.  « Nous devons innover et la gravité de la situation est peut-être une occasion à saisir. » 

Il faut effectivement repenser l’APD pour la rendre plus efficace, a estimé à son tour M. Håvard Mokleiv Nygård, de l’Agence norvégienne de coopération pour le développement (NORAD) qui a rappelé que seuls 17% des ODD sont en passe d’être atteints, dans un contexte de baisse « sans précédent » des flux d’APD qui ont diminué de 25%. Selon lui, des attentes excessives sont placées dans les pays bailleurs de fonds, lesquels sont confrontés à des défis tels que la guerre d’agression russe ou les catastrophes humanitaires de plus en plus nombreuses.  Aujourd’hui, l’APD est utilisée pour éteindre des incendies, non pas pour le long terme, s’est-il inquiété. 

Lors du débat interactif qui a suivi, les pays en développement ont été exhortés à plusieurs reprises à honorer leurs engagements au titre de l’APD.  Ce fut notamment l’appel de l’Iraq, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, qui s’est également inquiété de l’insuffisance du financement climatique alors que la crise climatique touche de plein fouet les pays en développement. La Conférence de Séville doit être l’occasion de repenser la gouvernance dans ce domaine.  Le Népal, au nom des pays les moins avancés (PMA), n’a pu que constater le niveau alarmant de l’APD, qui n’est pas à la hauteur de l’urgence.  Une position reprise par de nombreux orateurs, notamment la Guinée équatoriale qui, au nom du Groupe des États d’Afrique, a appelé à inverser cette tendance préoccupante, l’Indonésie plaidant pour sa part en faveur d’une plus grande appropriation nationale de l’APD.  L’accès aux biens publics mondiaux est un défi majeur pour les pays en développement, a constaté la République dominicaine

« Nous avons besoin de plus d’aide, et non pas moins », a déclaré Oxfam, y voyant un « impératif moral ». « L’aide diminue les risques de guerre, c’est un outil pour la paix ».  « Cette baisse de l’APD est inacceptable », a soutenu Cuba.  La Colombie, appuyée par le Costa Rica, a espéré que la Conférence de Séville permettra l’adoption de mesures concrètes permettant d’inverser les tendances préoccupantes en matière de développement. 

L’Espagne a souligné la nécessité de mieux prendre en compte les vulnérabilités des pays en développement, tandis que la Slovénie a souhaité un meilleur ciblage de l’aide et une reddition de comptes, ainsi qu’une rénovation des critères d’octroi de l’APD.  Séville sera l’occasion de renforcer l’architecture mondiale en matière de coopération pour le développement, a dit la déléguée slovène. La Fédération de Russie a indiqué que le but de l’APD doit être la réduction de la pauvreté, avant de dénoncer les sanctions imposées par les pays développés et les réticences de ces derniers à transférer leurs technologies.  La Russie est un bailleur de fonds fiable, a dit le délégué, en indiquant que son APD est d’un milliard de dollars par an. 

Le Royaume-Uni a appelé de son côté à renforcer la coopération dans les domaines où son impact sera le plus important, avant de plaider pour une réforme des banques de développement et une augmentation des financements privés.  « Notre volume d’APD n’a cessé d’augmenter », ont déclaré à leur tour la Croatie et la République de Corée.  La Chine a souligné la centralité de l’ONU en matière de développement et appelé à lutter contre l’unilatéralisme.  Les pays développés doivent accroître leur APD, a tranché la Chine, en rappelant qu’elle n’impose aucun droit de douane aux PMA. 

(À suivre)

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: aux propositions du Secrétaire général pour gérer la crise de trésorerie à l’ONU, la Fédération de Russie ajoute la réduction de la masse salariale

Soixante-dix-neuvième session
27e séance plénière – matin
AG/AB/4492

Cinquième Commission: aux propositions du Secrétaire général pour gérer la crise de trésorerie à l’ONU, la Fédération de Russie ajoute la réduction de la masse salariale

Comme l’ONU redoute un déficit de plus de 600 millions de dollars et une situation d’insolvabilité dès le mois d’octobre de cette année, si les dépenses ne sont pas réduites de 400 millions de dollars, le Secrétaire général a soumis aujourd’hui, à la Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, ses propositions pour prévenir d’autres problèmes de liquidités. 

Les mesures d’austérité peuvent être efficaces pour éviter les défauts de paiement mais elles ne peuvent pas résoudre ces problèmes, dit le Secrétaire général dans son dernier rapport (A/79/734).  Aux propositions de M. António Guterres, la Fédération de Russie a ajouté la réduction des salaires dans toutes les catégories du personnel de l’ONU et ce, pour une période de six mois.

S’agissant du budget ordinaire, le Secrétaire général impute les crises récurrentes à plusieurs facteurs, y compris, le versement tardif et partiel des contributions; les fluctuations importantes des habitudes de paiement des États Membres; l’insuffisance des réserves, en particulier du Fonds de roulement; ou encore les méthodes budgétaires, dont la restitution des fonds inutilisés aux États Membres, tous les deux ans, et l’ajout de mandats en cours d’année. 

M. Guterres propose donc de relever le plafond du Fonds de roulement, de 150 à 350 millions de dollars, d’utiliser le solde de trésorerie des tribunaux pénaux internationaux fermés et de ne déduire les fonds inutilisés des futures contributions que lorsque le montant des sommes non acquittées est inférieur à celui des réserves de liquidités. 

En règle générale, les délégations ont promis d’accorder à ces propositions l’attention qu’elles méritent.  L’Union européenne, soutenue par le Royaume-Uni, a tout de même voulu que les mesures proposées n’alourdissent pas le fardeau financier de ceux qui honorent toujours leurs obligations financières.  La meilleure façon de résoudre les problèmes de liquidités est d’obtenir des États qu’ils honorent leurs obligations financières à temps et intégralement, ont souligné le Groupe des 77 et la Chine.

Ils n’ont pas manqué de dénoncer le fait qu’un seul pays, les États-Unis, bénéficiaires exclusifs du taux plafond dans les quotes-parts, doit 90% des arriérés au titre du budget ordinaire.  Une chose est claire, a souligné l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), la crise financière de l’ONU est principalement due aux paiements tardifs et aux non-paiements des contributions. 

Il est temps que les États Membres comprennent l’importance d’honorer leurs obligations financières à temps et intégralement, s’est-elle impatientée.  La viabilité financière de l’ONU ne devrait pas être un sujet de débat récurrent, mais une responsabilité partagée par tous les États Membres, s’est, à son tour, agacée la Suisse, qui parlait également au nom du Liechtenstein. 

Si nous ne dotons pas l’Organisation des ressources nécessaires, nous perdons également une partie du contrôle sur le processus budgétaire, a-t-elle prévenu. Nos décisions restent lettre morte, tandis que nous subissons, sans maîtrise, des réductions dans certaines sections du budget, affaiblissant ainsi la souveraineté budgétaire des États Membres sur l’ONU, a fait observer la Suisse.

Le Groupe des 77 et la Chine ont aussi rappelé qu’il appartient à l’Assemblée générale de suspendre ou pas la restitution des fonds inutilisés aux États. Le Royaume-Uni s’est également dit préoccupé par l’idée d’un mécanisme automatique de conservation de ces fonds. Ce qu’il nous faut, ce sont des solutions durables et un équilibre avec les budgets nationaux. 

La discipline budgétaire doit être de mise à l’ONU.  Il ne fait aucun doute que la solution réside dans la promotion d’une culture de l’efficacité institutionnelle fondée sur la formulation de budgets réalistes, a ajouté le Mexique.  Il faut, a-t-il plaidé, s’attaquer à la rigidité structurelle des règles financières de l’ONU. 

Munie de ses propres solutions, la Fédération de Russie a d’abord réclamé la levée des sanctions unilatérales « injustes » qui empêchent les pays concernés d’honorer leurs obligations financières vis-à-vis de l’ONU.  Elle a aussi proposé un moratoire sur la mise en œuvre de certains mandats de l’Assemblée générale, en particulier ceux qui ont été adoptés par vote et sans consensus. 

N’épargnant en aucun cas le personnel de l’ONU, elle a défendu l’idée de réduire la masse salariale: retenir, pendant une période de six mois, 10% des salaires de la catégorie des services généraux et des administrateurs de grade 1 à 4 et 20% des salaires des administrateurs P5 et au-dessus, à savoir, les directeurs, les sous-secrétaires généraux et les secrétaires généraux adjoints. 

La Fédération de Russie a aussi proposé une réduction drastique des dépenses liées aux voyages du personnel de l’ONU.  En revanche, elle s’est dite favorable à une augmentation de 15% de la charge de travail des traducteurs. 

« Je demande de nouveau instamment aux États Membres de trouver des solutions pour remédier à la précarité de la situation financière de l’Organisation et éviter que l’exécution des mandats ne soit systématiquement mise à mal de ce fait », insiste le Secrétaire général dans son rapport, tout en assurant que l’Organisation reste résolue à utiliser efficacement et rationnellement les fonds qui lui sont confiés, à gérer la crise de liquidités de manière à réduire autant que possible son incidence sur l’exécution des mandats et à communiquer aux États Membres des informations à ce sujet de la façon la plus transparente possible.

En fin de la séance de ce matin, la Cinquième Commission a été saisie du rapport (A/79/575/Add.1) et (A/79/7/Add.47) du Secrétaire général sur les dépenses supplémentaires estimées à 871 000 dollars découlant des décisions du Conseil des droits de l’homme.  Le Comité consultatif de la Cinquième Commission a rabaissé ce montant à 479 900 dollars. 

L’Uruguay, qui s’exprimait également au nom des Bahamas, du Chili, du Costa Rica, de l’Équateur, du Guatemala, du Honduras, du Mexique, du Paraguay et de la République dominicaine, a insisté sur le fait que le financement adéquat et prévisible des mandats découlant des résolutions et décisions du Conseil des droits de l’homme est une priorité.  La Cinquième Commission ne saurait devenir un organe destiné à saper les mandats établis. 

La Cinquième Commission tiendra une autre séance publique lundi 17 mars, à partir de 10 heures, pour examiner le projet de budget révisé de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI). 

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Commission de la condition de la femme: débat ministériel sur les mesures nationales d’autonomisation des femmes et leur contribution au Programme 2030

Soixante-neuvième session,
4e séance plénière – matin
FEM/2241

Commission de la condition de la femme: débat ministériel sur les mesures nationales d’autonomisation des femmes et leur contribution au Programme 2030

Au deuxième jour de sa soixante-neuvième session, la Commission de la condition de la femme a tenu, ce matin, un débat ministériel sur le thème « mécanismes nationaux pour l’égalité des genres et l’avancement des femmes et des filles: renouveler l’engagement de mettre en œuvre le Programme d’action de Beijing, mobiliser les ressources à cet effet et accélérer cette mise en œuvre, en vue également de contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable ».  L’échange avec les États Membres a permis d’identifier des solutions favorisant l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes et des filles. 

Les membres du panel ministériel ont, pour la plupart, présenté des initiatives nationales en lien avec la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing et, partant, du Programme de développement durable à l’horizon 2030. La Ministre de la famille et des politiques sociales de la Türkiye a insisté sur l’autonomisation économique des femmes, priorité à laquelle son gouvernement donne corps en soutenant l’entrepreneuriat féminin et l’accès des femmes et des filles aux sciences, à la technologie, à l’ingénierie et aux mathématiques, domaines encore largement dominés par les hommes. 

L’autonomisation par l’entrepreneuriat et la lutte contre les violences 

Relevant que la Türkiye fait partie des 23 pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) à mettre en œuvre une politique budgétaire prenant en compte l’égalité entre les sexes, la Ministre a mis en avant deux plans de développement qui permettent à son pays d’intégrer de manière transversale les questions de genre dans le budget national.  Dans ce cadre, a-t-elle expliqué, un effort particulier concerne la formation et le financement des femmes entrepreneurs, ainsi que le renforcement des échanges entre communautés urbaines et rurales. 

Tout en faisant état de mesures semblables à l’échelle de son pays, le Ministre du développement social et de la sécurité humaine de la Thaïlande a mis l’accent sur la nécessité de faire reculer la violence et la discrimination à l’égard des femmes et des filles.  Pour lutter contre ces fléaux, principaux freins à l’autonomisation, son gouvernement a fait adopter l’an dernier une loi contre la violence conjugale.  Il a également pris un ensemble de mesures destinées à lutter contre le harcèlement sexuel, en particulier sur le lieu de travail. 

En matière de protection contre la violence sexuelle et fondée sur le genre, des centres pour femmes célibataires et familles vulnérables ont été créés dans tout le pays, a poursuivi le Ministre.  Chacun de ces centres offre aux femmes l’opportunité de suivre une formation professionnelle dans un contexte favorable à l’éducation des enfants, de bénéficier de microfinancements et de trouver un logement, a-t-il indiqué, ajoutant qu’une aide financière d’urgence et des refuges sont aussi disponibles pour les femmes et les filles vulnérables. 

Cette même priorité a été mise en avant par la Ministre de la femme de la République dominicaine, qui a souligné l’importance accordée par son gouvernement à l’éradication de la violence fondée sur le genre.  L’autre axe majeur de la politique nationale d’autonomisation des femmes est la réduction de la fracture numérique et l’aide à l’entrepreneuriat via des programmes de mentorat, a-t-elle indiqué, tandis que la Ministre des affaires européennes du Monténégro mettait en exergue la volonté de son pays de faire davantage participer les femmes dans les secteurs politique et économique.  « L’objectif est de s’assurer que les jeunes femmes aient voix au chapitre sur l’avenir du pays », a résumé cette responsable gouvernementale. 

L’accès des femmes aux technologies, condition de leur essor 

Au cours du débat, plusieurs délégations ont mis l’accent sur l’implication des femmes dans le secteur des technologies, conscientes que le numérique peut constituer un viatique pour l’égalité des genres.  Dans ce contexte, Aruba a dit vouloir garantir que les femmes ne soient pas seulement des consommatrices de technologies, mais également des initiatrices. De son côté, l’Inde s’est enorgueillie d’une implication des femmes et des filles dans tous les domaines technologiques, y compris l’intelligence artificielle. 

À cet égard, la Secrétaire générale de l’Union internationale des télécommunications (UIT), modératrice de cette discussion, a rappelé qu’à peine 0,8% des femmes du monde avaient accès à Internet en 1995, année de l’adoption de la Déclaration de Beijing, tandis que seulement 2% possédaient un téléphone portable.  Selon elle, le Programme d’action entériné il y a 30 ans avait déjà misé sur l’impact des technologies pour amplifier le message de l’égalité des genres. 

C’est pour entretenir cette dynamique et encourager les filles à faire carrière dans ce secteur de pointe que l’UIT organise chaque mois d’avril la Journée internationale des jeunes filles dans le secteur des technologies de l’information et des communications, a-t-elle expliqué. 

Nécessaire participation des femmes aux processus de décision

Dans une perspective d’égalité des genres réelle, plusieurs délégations ont souligné la nécessité d’une augmentation de la participation des femmes à la vie publique et aux processus de prise de décisions.  À ce propos, Aruba et le Samoa se sont déclarés fiers d’avoir une femme à la tête de leur gouvernement pour la première fois de leur histoire.  Certains pays, notamment les Îles Marshall et la République de Corée, ont à nouveau plaidé en faveur de la désignation d’une femme au poste de secrétaire général de l’ONU en 2026. 

Le Maroc a ensuite indiqué qu’une entité de lutte contre les discriminations a été mise sur pied afin d’accompagner le Gouvernement à adapter la législation nationale aux dispositions des accords multilatéraux auxquels le royaume chérifien est partie.  Après avoir fait observer que l’égalité des genres est consacrée dans sa Constitution, la Jordanie a relevé que son parlement national comprend désormais 20% de femmes, une première pour le pays.  À son tour, le Mali a expliqué que les femmes qui concourent aux grandes écoles reçoivent le soutien de l’État, qui entend ainsi appuyer leur participation à la vie de la nation. 

La France a dit militer pour l’implication de la société civile dans la construction de sociétés égalitaires, notamment en veillant au financement d’ONG dédiées à la cause des femmes.  Il en va de même pour la Suisse, qui finance chaque année les ONG œuvrant dans ce domaine.  La délégation helvétique a aussi invité les hommes à participer activement à l’autonomisation des femmes, « main dans la main » avec ces dernières. 

La participation est également économique, a fait valoir le Brésil, non sans rappeler que les femmes noires du pays ont un salaire moyen de 50% inférieur à celui des hommes blancs.  La misogynie et les féminicides sont également des problèmes majeurs de la société brésilienne, a reconnu la délégation.  Pour le Mexique, l’autonomisation passe par un soutien économique aux femmes les plus démunies, une approche partagée par le Paraguay, qui a dit cibler en priorité les femmes en situation de vulnérabilité. 

Au Nigéria, plus de 60% des plus de 200 millions d’habitants sont des jeunes, dont la majorité des femmes, a souligné la Ministre de la condition féminine et du développement social.  Il est donc crucial de favoriser l’accès des filles à une éducation en toute sécurité, notamment dans les zones rurales et celles en proie à des conflits, a-t-elle affirmé, avant de rappeler que son gouvernement entend éradiquer la pratique des mariages précoces d’ici à 2030.  Quant à la représentation des femmes aux postes à responsabilité et dans la gouvernance, un projet de loi est actuellement à l’examen pour la faire progresser. 

En ouvrant ce débat, la Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine a réaffirmé l’attachement de son pays au Programme d’action de Beijing, malgré les défis sans précédent posés par la guerre à grande échelle menée par la Russie contre son pays.  Afin de tenir compte de cette « nouvelle réalité », l’Ukraine a modifié son plan national de mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur « les femmes et la paix et la sécurité », a-t-elle noté.  À présent, il soutient la participation des femmes aux processus de consolidation de la paix et de reconstruction et offre une assistance essentielle aux survivantes de violences sexuelles liées au conflit. 

De l’avis de l’Union européenne, la période actuelle marquée par les conflits est une opportunité pour accélérer la lutte en faveur des droits des femmes.  Tout en se vantant d’être l’une des zones au monde favorisant le plus l’essor des femmes, elle a tenu à rappeler que « l’égalité des genres est également une bonne chose pour les hommes ». 

Demain, mercredi 12 mars, la Commission tiendra à 10 heures un second débat ministériel sur le même thème, avant de poursuivre son débat général dans l’après-midi. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: l’Union européenne appelle à réaliser rapidement une paix juste et durable en Ukraine

9876e séance – matin
CS/16016

Conseil de sécurité: l’Union européenne appelle à réaliser rapidement une paix juste et durable en Ukraine

La situation en Ukraine a été abondamment évoquée, ce matin au Conseil de sécurité, à l’occasion du débat annuel sur la coopération entre l’ONU et l’Union européenne (UE), « partenaire fiable de choix » selon l’expression de la Haute Représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.  Mme Kaja Kallas, à l’instar de nombreux intervenants, a appelé à réaliser rapidement une paix juste et durable en Ukraine, alors que des négociations américano-ukrainiennes se tiennent en Arabie saoudite.  Les échanges entre Mme Kallas et la Fédération de Russie ont été particulièrement acrimonieux. 

« Il y a deux semaines dans cette enceinte, la Russie a exercé son droit de veto contre l’appui du Conseil de sécurité en faveur de l’intégrité territoriale de l’Ukraine », a d’emblée fustigé Mme Kallas, en rappelant la « sacro-sainte importance » de la Charte des Nations Unies pour un monde plus sûr, en Ukraine et ailleurs.  Comme le montre l’histoire européenne, lorsqu’un agresseur ne paye pas le prix de ses actions, cela ne fait qu’alimenter la violence, a-t-elle mis en garde. 

Estimant que les Ukrainiens doivent pouvoir décider de leur avenir, la Haute Représentante a affirmé que cette guerre d’agression peut cesser si la Russie, « qui en est la seule responsable », retire ses troupes et cesse ses bombardements contre l’Ukraine. 

Selon elle, cette guerre n’est pas une guerre européenne, pas plus qu’elle n’est une guerre entre pays voisins ou une guerre par procuration, la Russie ayant enrôlé l’Iran et la République populaire démocratique de Corée (RPDC) dans cette « guerre coloniale ». 

Une position partagée par les membres européens du Conseil, à l’instar de la Slovénie qui a estimé qu’il n’y aura pas de paix juste et durable en Ukraine si ce pays ne s’assoit pas à la table des négociations.  « L’issue des pourparlers de paix déterminera également l’avenir de la sécurité européenne, et cela ne peut se décider sans les Européens. »  Un règlement juste, global et durable par le biais d’une diplomatie inclusive fondée sur la Charte et le droit, assorti de garanties de sécurité crédibles empêchant toute reprise de la guerre, est nécessaire, a déclaré la Grèce, pour qui, comme pour la Chine, le « temps de la paix est venu ». 

« Nous sommes mobilisés, plus que jamais, pour soutenir l’Ukraine face à l’agression russe », a déclaré la France qui a estimé que dans cette guerre se joue non seulement la sécurité du continent européen, mais aussi la défense de l’ordre international.  Le Royaume-Uni a précisé travailler en étroite collaboration avec l’UE pour assurer une paix et une sécurité justes et durables en Ukraine, tandis que la République de Corée a loué la coopération étroite avec l’UE pour répondre « aux provocations de la RPDC ». 

« Début 2025, l’UE est passée d’un projet économique appelé à garantir la coopération entre d’anciens ennemis pour prévenir la guerre en Europe à un projet politique redoublant d’efforts pour semer l’inimitié et provoquer la guerre », a rétorqué la Fédération de Russie, selon qui l’UE est aujourd’hui un « bloc russophobe sclérosé » qui déploie toute son énergie pour s’opposer à son voisin de l’Est.  « Aujourd’hui plus que jamais, il est clair que l’UE a tout à perdre de cet antagonisme », a affirmé le représentant russe qui a notamment accusé la Pologne et les pays baltes, qui souffriraient d’un « complexe historique de revanchisme », d’avoir instillé la russophobie dans l’UE. 

« Il aurait été possible d’arrêter ce conflit avec les accords de Minsk, toutefois le régime de Kiev n’avait pas l’intention de mettre en œuvre ces accords », a-t-il cinglé.  Le délégué russe s’est ensuite livré à une attaque personnelle contre la Haute Représentante, qui fut la Première Ministre de l’Estonie.  À l’époque, elle avait déclaré qu’une défaite de la Russie, « ce ne serait pas si mal », ce dont s’est indigné le délégué russe. 

« Les pays voisins ont peur de la Russie parce qu’ils sont attaqués », a rétorqué la Haute Représentante, en jugeant ces peurs « fondées » et en fustigeant la tentative de la Russie de « propager la désinformation ».  Au représentant russe qui rappelait à la présidence danoise qu’un exposé au Conseil n’est pas un dialogue interactif, la France a fait observer que les « attaques ad hominem », hargneuses et acrimonieuses, ne sont pas prévues par le Règlement intérieur du Conseil. 

Alors que la guerre entre l’Ukraine et la Russie menace la sécurité européenne, les États-Unis comptent sur l’UE et sur l’Europe pour faciliter le plan de paix du Président Trump, a commenté la déléguée de ce pays.  Une fois une paix durable atteinte, il sera plus urgent que jamais pour l’UE et ses membres de jouer un rôle clef afin de fournir des garanties de sécurité en Europe.  « L’Europe doit être forte, résiliente et autosuffisante pour garantir non seulement la paix et la sécurité en Europe mais pour être un partenaire véritable dans le domaine de la paix et de la sécurité internationales », a insisté la délégation américaine. 

Le rôle de premier plan joué par l’UE s’agissant de l’aide et du financement de l’action de l’ONU a également été largement évoqué.  L’UE s’est engagée là où d’autres acteurs se sont retirés, fournissant près de 2 milliards d’euros d’aide humanitaire pour cette seule année, a fait savoir Mme Kallas.  L’UE est également le premier donateur au titre de l’aide publique au développement, en fournissant 42% de cette aide en 2022 et 2023, tandis que ses membres financent le cinquième du budget onusien de maintien de la paix. 

Les membres de l’UE sont le premier contributeur au budget ordinaire et le troisième au budget des opérations de maintien de la paix, contributions qu’ils versent en intégralité et dans les délais impartis, a renchéri la France.  De son côté, la Sierra Leone a souligné l’importance de mettre pleinement en œuvre la résolution 2719 (2023) sur le financement onusien des opérations de paix de l’Union africaine et reconnu, à l’instar de l’Algérie, le rôle de l’UE dans la réalisation de cet objectif.  « L’engagement de l’UE en Afrique, notamment dans la prévention des conflits, les opérations de maintien de la paix et le relèvement postconflit, reste essentiel au système de sécurité collective », a-t-elle souligné.  Le Guyana a dit attendre avec intérêt les options de financement considérées par l’UE s’agissant de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) en Haïti. 

De son côté, la Grèce a estimé qu’une coopération renforcée entre l’ONU et l’UE est essentielle dans les efforts collectifs visant à défendre la liberté de navigation et la sécurité maritime, évoquant la contribution de l’opération militaire de l’UE en Méditerranée (EUNAVFOR MED IRINI) au maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le représentant du Pakistan a salué pour sa part l’aide humanitaire fournie par l’UE à Gaza et à la Cisjordanie et son appui à la solution des deux États. 

Enfin, la Haute Représentante a vigoureusement défendu le multilatéralisme, en butte à de nombreuses attaques, le Danemark y voyant « l’ADN » de l’UE.  « Nous appuyons le multilatéralisme non pas parce que cela relève de nos intérêts mais parce que c’est dans l’intérêt de tous », a indiqué Mme Kallas, tout en reconnaissant les besoins de réforme, notamment du Conseil de sécurité. Nous en appelons au soutien concret de l’UE afin de corriger l’injustice historique faite à l’Afrique quant à sa représentation, a appuyé la Sierra Leone.  La Chine a également défendu le multilatéralisme et qualifié le leadership de l’UE « d’indispensable ». 

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Coopération entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales aux fins du maintien de la paix et de la sécurité internationales: Union européenne

Exposé

Mme KAJA KALLAS, Haute Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a dénoncé les violations flagrantes de la Charte des Nations Unies et les tentatives visant à remplacer l’état de droit par la force.  L’Union européenne (UE) restera un partenaire de choix fiable de l’ONU, a-t-elle assuré, avant d’évoquer la guerre d’agression illicite de la Russie contre l’Ukraine.  « N’oublions pas qu’il y a deux semaines dans cette enceinte, la Russie a exercé son droit de veto contre l’appui du Conseil en faveur de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. »  Elle a rappelé que la Charte des Nations Unies est d’une sacro-sainte importance pour un monde plus sûr, en Ukraine et ailleurs.  De même, elle a assuré que l’UE soutient l’Ukraine, conformément à son droit à la légitime défense, et recherche une paix juste et durable.  Comme le montre l’histoire européenne, lorsqu’un agresseur ne paye pas le prix de ses actions, cela ne fait qu’alimenter la violence, a-t-elle constaté.  Cette guerre peut cesser si la Russie, « qui est la seule responsable », retire ses troupes et cesse ses bombardements contre l’Ukraine.  Les Ukrainiens ne veulent pas faire partie de la Russie et doivent pouvoir décider de leur avenir, a tranché Mme Kallas.  « Nous devons tous les soutenir. »  Selon elle, cette guerre n’est pas une guerre européenne, pas plus qu’elle n’est une guerre entre pays voisins ou une guerre par procuration, la Russie ayant enrôlé l’Iran et la République populaire démocratique de Corée pour appuyer cette « guerre coloniale ».  Pour s’améliorer, tout pays doit perdre sa dernière guerre coloniale, a-t-elle affirmé, en disant que ce n’est pas encore le cas de la Russie. « Nous devons concentrer nos efforts afin de réaliser rapidement une paix juste et durable en Ukraine. » 

Passant à Gaza, la Haute Représentante a évoqué la mission d’assistance frontalière de l’Union européenne à Rafah qui, au 8 mars, a permis à 3 500 personnes de se rendre en Égypte.  Cette mission est notre contribution concrète à l’appui du cessez-le-feu.  Elle a également indiqué que l’UE est le premier fournisseur d’aide à Gaza et en Cisjordanie, précisant que ces deux dernières années, l’aide de l’UE et de ses membres s’est élevée à près de 5,1 milliards de dollars.  Elle a appuyé la solution des deux États et rejeté toute modification démographique ou territoriale, à Gaza et ailleurs.  « Nous appuyons un futur État de Palestine, Gaza en étant une partie intégrante. »  Elle a ensuite qualifié d’inacceptables les atrocités commises dernièrement en Syrie, avant d’appeler à une transition inclusive.  L’UE a, de son côté, suspendu certaines mesures restrictives, mais pourrait les rétablir si la situation se détériorait. 

Sur le dossier du financement, elle a rappelé que les membres de l’UE financent le cinquième du budget onusien de maintien de la paix.  L’Union a par ailleurs lancé depuis 2003 plus de 40 missions militaires et civiles dans le monde entier, 21 d’entre elles étant en cours.  Mme Kallas a redit l’engagement de l’UE en faveur du multilatéralisme, lequel est le seul moyen d’aller de l’avant sur de nombreuses dossiers, comme en Somalie et au Myanmar.  « Nous appuyons le multilatéralisme non pas parce que cela relève de nos intérêts mais parce que c’est dans l’intérêt de tous », a-t-elle appuyé. 

S’agissant de l’aide humanitaire, elle a indiqué que l’UE s’est engagée là où d’autres acteurs se sont retirés, fournissant près de 2 milliards d’euros d’aide cette seule année.  L’UE a ainsi alloué près de 260 millions d’euros à la réponse humanitaire au Soudan. Elle est également le premier donateur au titre de l’aide publique au développement, en fournissant 42% de cette aide en 2022 et 2023.  En outre, l’UE est la pierre angulaire du financement onusien.  Enfin, Mme Kallas a plaidé pour une réforme du multilatéralisme, en particulier de ce Conseil. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Trente ans après Beijing, la Commission de la condition de la femme adopte une déclaration politique en ouverture de sa soixante-neuvième session 

Soixante-neuvième session,
2e et 3e séances plénières – matin & après-midi
FEM/2240

Trente ans après Beijing, la Commission de la condition de la femme adopte une déclaration politique en ouverture de sa soixante-neuvième session 

La Commission de la condition de la femme a donné, aujourd’hui, le coup d’envoi de sa soixante-neuvième session en adoptant une déclaration politique qui réaffirme l’engagement pris voilà 30 ans, lors de l’adoption à l’unanimité de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing.  Étalés sur deux semaines, les travaux de la Commission porteront sur l’examen et l’évaluation de la mise en œuvre de ces jalons, avec un accent particulier mis sur les défis qui freinent la réalisation de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes. 

Dans leur déclaration politique, entérinée par consensus, les États Membres réunis à l’occasion de cette session réaffirment leur « détermination à appliquer de manière intégrale, effective et accélérée la Déclaration et le Programme d’action de Beijing, les documents finaux de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale et les déclarations de la Commission de la condition de la femme, sachant que c’est un moyen de contribuer à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ». 

Tout en constatant que, 30 ans après la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, « aucun pays n’a pleinement réalisé l’égalité des genres et l’avancement des femmes et des filles », ils conviennent que des obstacles majeurs subsistent, notamment des barrières structurelles, des lois et pratiques discriminatoires, des stéréotypes de genre et des normes sociales négatives, ainsi que toutes les formes de violence et de discrimination à l’égard des femmes et des filles et des niveaux importants d’inégalité à l’échelle mondiale. 

À cette aune, ils demandent au système des Nations Unies de continuer à soutenir la mise en œuvre intégrale, effective et accélérée de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, notamment au moyen de l’intégration systématique de la dimension de genre, de partenariats multipartites, de la mobilisation de ressources pour obtenir des résultats, et du suivi et de l’évaluation des progrès à l’aide de données ventilées et de systèmes de responsabilité solides.  Ils encouragent par ailleurs la présentation de candidatures de femmes lors du prochain processus de sélection pour les postes de secrétaire général et de président de l’Assemblée générale. 

Des droits en « état de siège »

En ouvrant cette session, le Secrétaire général de l’ONU a reconnu que « garantir l’égalité pour toutes et tous est une mission de longue haleine ». Trois décennies après la Conférence de Beijing, cette promesse semble plus difficile à tenir que nous ne l’aurions jamais imaginé, a concédé M. António Guterres, pour qui « les droits des femmes sont en état de siège ».  Face au retour en force du « poison du patriarcat », qui détruit les progrès accomplis et prend des formes nouvelles et dangereuses, il n’existe selon lui qu’un antidote: l’action. 

Alors que d’immenses disparités persistent, que la violence, la discrimination et les inégalités économiques sont monnaie courante pour les femmes et les filles, le Chef de l’ONU a jugé urgent d’intensifier le financement en faveur du développement durable « et, partant, en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes ».  À ses yeux, le Pacte pour l’avenir, adopté l’an dernier, constitue une « formidable avancée dans ce sens » puisque les droits des femmes et des filles y sont « partout ». 

M. Guterres a également plaidé en faveur d’un renforcement du soutien aux organisations de femmes, d’une utilisation accrue de la technologie pour corriger les biais de genre, et d’une participation pleine, égale et effective des femmes à la consolidation de la paix et à la prise de décisions « à tous les niveaux et dans tous les domaines de la vie ». Des avancées pour lesquelles l’ONU peut servir d’exemple, étant elle-même parvenue à la parité femmes-hommes aux postes de haute direction, s’est-il enorgueilli. 

À sa suite, le Président de l’Assemblée générale, M. Philémon Yang, a fait valoir que le développement durable ne pourra être atteint que si les droits des femmes sont respectés, tandis que le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. Bob Rae, rappelait que l’égalité de genre est non seulement un objectif commun mais aussi « le socle dont nous avons besoin pour bâtir un monde juste, pacifique et durable ». 

Témoignages de femmes de la société civile

Des témoignages de représentantes de la société civile sont venu éclairer ces déclarations.  Mme Jana Suliman AlRifi, étudiante saoudienne en ingénierie électrique, a confié qu’au cours de son parcours académique et de chercheuse, chaque obstacle a alimenté sa détermination.  « Je suis la preuve que la résilience et un environnement favorable peuvent permettre aux jeunes femmes de réaliser des rêves incroyables dans le monde entier », a-t-elle affirmé.  Moins enthousiaste, Mme Françoise Moudouthe, Présidente du Conseil d’administration de l’organisation non gouvernementale « The African Women’s Development Fund », a dénoncé la baisse des fonds dédiés à l’autonomisation des femmes, notamment les quelque 730 millions de dollars venant d’entités philanthropiques, avant de rappeler, à l’adresse des donateurs, que « s’engager à soutenir les droits des femmes est un acte de justice et non de charité ». 

Représentante des femmes autochtones, Mme Loretta Jeff Combs a rappelé que ses semblables ont été à l’avant-garde de la lutte pour les droits des femmes.  Un avis partagé par la représentante des jeunes, Mme Küyenray Rupayan, qui a rendu hommage au combat des femmes autochtones, avant de dénoncer la violence dans les espaces numériques et l’utilisation abusive de l’intelligence artificielle et des réseaux sociaux qui rendent invisibles les luttes des femmes. 

Malgré ces abus, l’amélioration de la culture numérique est devenue un moyen important de promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, a assuré Mme Bu Wei, qui s’exprimait au nom de la société civile dans son ensemble.  De fait, il est essentiel de garantir la participation égale et complète des femmes à l’innovation scientifique et technologique, a-t-elle argué, appelant à des politiques concrètes et à des investissements spécifiques aux femmes et aux filles. 

Dialogue interactif de haut niveau avec les commissions régionales

Dans l’après-midi, la Commission a tenu un dialogue interactif de haut niveau avec les commissions régionales de l’ONU sur les résultats des examens régionaux de la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing et sur les prochaines étapes.  Modératrice de cette discussion, la Directrice exécutive d’ONU-Habitat a établi un lien entre l’égalité de genre et l’accès des femmes au logement et au droit foncier.  Bien que des progrès aient été réalisés sur les plans législatif et pratique, un milliard de femmes et de filles qui résident dans des installations informelles risquent de se retrouver sans logement d’ici à 2050, a-t-elle alerté, appelant à investir dans un développement urbain qui tienne compte de la dimension de genre, avec un budget et une planification intégrant les effets des changements climatiques. 

Tirant les enseignements de l’examen régional Beijing + 30, la Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Europe s’est déclarée préoccupée par l’insécurité économique des femmes âgées, un phénomène que partagent les régions Europe, Asie centrale et Amérique du Nord, où 1 femme sur 4 aura plus de 65 ans d’ici à 2050, contre 1 sur 5aujourd’hui.  « En raison des systèmes de retraite et du fait que ces femmes prennent souvent en charge leur famille, il est nécessaire de mettre en place une protection sociale qui les cible spécifiquement », a-t-elle préconisé. 

S’agissant de la région Europe, elle a constaté la montée d’un « mouvement conservateur » qui restreint la portée de l’égalité entre les genres, met à mal les financements et affaiblit les mécanismes nécessaires au progrès.  Elle a d’autre part rappelé que, comme le montre la guerre en Ukraine, les conflits touchent particulièrement les femmes et les filles, qui sont exposées à des risques de violence, de traite et de difficultés économiques accrus. 

Si des propositions concrètes sont faites au sein de la région, comme l’établissement de politiques étrangères féministes, l’investissement dans les recherches et programmes relatifs aux femmes et la participation active des femmes à l’action climatique et aux pratiques agroécologiques, on note aussi une augmentation des féminicides, une diminution des opportunités économiques, une aggravation de la pauvreté des femmes et un manque de statistiques ventilées par sexe.

La Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO) a également recensé des obstacles à l’essor des femmes dans sa région. Pour sa Secrétaire exécutive, il faut agir d’urgence pour l’éducation des filles et des femmes, assurer la santé maternelle et infantile, ou encore soutenir l’autonomisation économique des femmes.  Même urgence dans l’appel lancé par la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) pour juguler des problèmes régionaux tels que les grossesses précoces, les violences à l’encontre des femmes, la sous-scolarisation des filles et la sous-représentation des femmes dans les domaines de l’éducation, de l’administration publique, de l’industrie, du commerce, de la politique ou encore des technologies.  Les représentantes de cette région ont également identifié des problèmes émergents tels que les changements climatiques, la violence sexiste facilitée par la technologie et l’augmentation des migrations en raison de défis socioéconomiques et de conflits. 

La situation des femmes a incontestablement progressé en Afrique depuis 1995, a observé, pour sa part, le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA).  Il en a tenu pour preuve la proportion paritaire des femmes dans l’éducation primaire et secondaire, mais aussi l’augmentation du nombre de femmes à des postes à responsabilité, certains pays comme l’Ouganda dépassant la moyenne africaine de représentation politique.  Il a aussi noté que 34 pays africains ont adopté des plans d’action au titre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité. 

Il a toutefois constaté qu’une femme sur 10 continue de vivre dans la pauvreté extrême et que l’écart entre hommes et femmes demeure. Pour combler ce fossé, la CEA propose d’utiliser la part des budgets nationaux consacrée au service de la dette pour l’égalité de genre.  Elle plaide en outre en faveur d’une baisse de l’assiette fiscale et d’un accès au marché des capitaux pour les entrepreneuses.  Enfin, pour les 17 pays les plus vulnérables aux changements climatiques, elle demande de développer la résilience via le leadership des femmes. 

Des représentantes de cette région ont déploré qu’une question centrale comme celle du VIH/sida n’occupe qu’une place mineure dans la déclaration politique adoptée par la Commission.  Elles ont par ailleurs jugé prioritaire de mettre en place des filets de sécurité sociale spécifiques compte tenu du fort taux de femmes engagées dans le secteur informel en Afrique. 

La Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) a clôturé cet échange en notant des améliorations notables dans plusieurs domaines clefs comme la réduction de la pauvreté, l’élargissement de l’accès à la protection sociale et aux soins de santé tout comme à d’autres services publics.  Malgré ces avancées, elle a pointé de profondes lacunes, notamment des obstacles systémiques persistants en matière d’autonomisation et de résilience économiques, de représentation et d’élimination de la violence sexiste. 

De l’avis de la Secrétaire exécutive adjointe de la CESAP, la persistance de l’inégalité de genre dans la région impose de donner la priorité à l’autonomisation économique des femmes et de transformer les systèmes de soins.  Notant que de nombreuses femmes continuent d’être piégées dans des emplois informels à bas salaires, privées de protection sociale et de sécurité économique, elle a également constaté que la part disproportionnée du travail de soins non rémunéré reste un obstacle fondamental à la participation économique des femmes. 

Pour éliminer ces obstacles structurels, elle a appelé à étendre la protection sociale aux femmes, favoriser des marchés du travail qui incluent les femmes et investir dans l’économie des soins.  À cet égard, elle a qualifié d’encourageante la déclaration de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) sur le renforcement de l’économie des soins, adoptée l’an dernier, car elle positionne les soins comme un bien public et réclame des politiques globales prévoyant une protection sociale inclusive. 

Nominations et procédure

En début de séance, le Président de la soixante-neuvième session de la Commission, M. Abdulaziz M. Alwasil (Arabie saoudite) a supervisé les procédures de désignation des membres du Bureau. Les postes de vice-président sont revenus à Mme Dúnia Pires do Canto (Cabo Verde), Mme Yoka Brandt (Pays-Bas), Mme Maritza Chan Valverde (Costa Rica) et Mme Nataliia Mudrenko (Ukraine), cette dernière faisant également office de Rapporteur de la session. 

En plus de l’Ukraine et de l’Espagne, la Commission a également nommé l’Arabie saoudite et le Nigéria comme membres du Groupe de travail chargé des communications relatives à la condition de la femme. Elle a d’autre part adopté son ordre du jour provisoire (E/CN.6/2025/1) et le projet d’organisation des travaux (E/CN.6/2025/1/Add.1). 

Demain, mardi 11 mars, la Commission tiendra à 10 heures une table ronde sur les mécanismes nationaux pour l’égalité des genres et l’avancement des femmes et des filles. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: l’heure est venue pour les Taliban de faire preuve de réalisme et pour l’Afghanistan de respecter ses obligations internationales

9875e séance – après-midi
CS/16015

Conseil de sécurité: l’heure est venue pour les Taliban de faire preuve de réalisme et pour l’Afghanistan de respecter ses obligations internationales

« Comment pouvons-nous aller de l’avant, compte tenu des tendances négatives à l’œuvre en Afghanistan? » a lancé, cet après-midi au Conseil de sécurité, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour ce pays.  « C’est le moment de faire preuve de réalisme », a estimé Mme Roza Otunbayeva, en regrettant que les Taliban continuent de faire obstacle à la réintégration de Kaboul dans le giron de la communauté internationale. 

Venue présenter le dernier rapport en date du Secrétaire général sur la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales, la haute fonctionnaire a rappelé que cette réintégration pleine et entière dans le concert des nations reste subordonnée au respect par les autorités de facto dans le pays de leurs obligations juridiques internationales.  C’est l’une des conditions posées par le Conseil de sécurité dans sa résolution 2679 (2023).  Cette évaluation, a rappelé la haute fonctionnaire, appelle à une voie politique qui tiendrait compte des intérêts de toutes les parties – le peuple afghan, la communauté internationale et les autorités de facto – et à laquelle ne cesse d’œuvrer la Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), que dirige Mme Otunbayeva. 

Or, la tendance actuelle, marquée par des priorités internationales concurrentes, des contraintes budgétaires de plus en plus drastiques, et le repli des gouvernements sur leurs problèmes de politique intérieure, risque d’appauvrir encore l’Afghanistan et de l’isoler davantage, a prévenu la Représentante spéciale, qui a dit attendre un « signal clair » de la part des autorités de facto. Au contraire, les Taliban se montrent sélectifs dans la mise en œuvre des obligations internationales de l’État afghan, en rejetant certaines au motif qu’elles empiéteraient sur la souveraineté nationale ou violeraient ses « traditions ».  Si la situation sécuritaire s’est stabilisée trois ans et demi après leur arrivée au pouvoir, « cette paix ne permet pas aux Afghans de vivre dans la dignité, dans le respect de leurs droits humains et en ayant confiance dans un avenir stable », a constaté Mme Otunbayeva, qui a signalé que de plus en plus de mécontents se tournent vers la MANUA pour exprimer leurs griefs. 

Discrimination sans relâche des Afghanes

Au surlendemain de la Journée internationale des femmes, observée le 8 mars, le sort des Afghanes a longuement été évoqué lors de cette séance. Avec pas moins de 126 décrets « brutalement exécutés », les Taliban ont privé les femmes de leurs droits fondamentaux, s’est indignée Mme Azadah Raz Mohammad, avocate et cofondatrice de la Ham Diley Campaign, qui œuvre à l’établissement des responsabilités pour les crimes internationaux graves commis en Afghanistan.  « Les Taliban ont si bien effacé les Afghanes que même entendre leurs voix ou voir leur visage en public est un crime », a-t-elle précisé, en s’élevant contre un « apartheid par le genre ». 

Devant les efforts entrepris par les Taliban pour démanteler toutes les institutions de protection des droits humains et persécuter des minorités comme les Hazara, les Tadjiks ou encore les personnes LGBT, l’activiste a jugé « alarmantes » les mesures prises par l’ONU et les États Membres pour « normaliser » ce groupe, se disant « choquée » par la troisième Réunion des envoyés spéciaux pour l’Afghanistan tenue à Doha le 30 juin et le 1er juillet 2024, où les femmes ont été exclues des discussions formelles.  Une réunion qui s’inscrit dans le cadre d’un processus auquel l’Inde et le Kazakhstan, entre autres, ont exprimé leur adhésion. 

De la France au Panama, en passant par la Chine et la Slovénie, la quasi-totalité des membres du Conseil ont condamné les atteintes répétées aux droits des Afghanes.  Le Pakistan a rappelé que ces mesures, dont l’interdiction pour les femmes de travailler, non seulement violent les normes internationales, mais qu’elles sont « contraires à la Loi et aux enseignements de l’islam », comme l’a rappelé très clairement la déclaration d’Islamabad sur l’éducation des filles dans les communautés musulmanes, adoptée en janvier 2025. 

Le 2 décembre dernier, a observé la Représentante spéciale, le Ministère afghan de la santé publique a ordonné la fermeture des écoles de médecine pour les femmes, qui représentaient, pour elles, l’une des dernières voies d’accès à une formation professionnelle.  Dénoncée notamment par la République islamique d’Iran, cette nouvelle restriction creuse un fossé à long terme dans la capacité du pays à protéger la santé des femmes et des filles, ne faisant qu’aggraver la mortalité maternelle et infantile en Afghanistan, déjà l’une des plus élevées au monde.  Parallèlement, l’application par les Taliban de la loi sur la prévention du vice et la promotion de la vertu demeure un obstacle majeur à la réintégration de l’Afghanistan dans la communauté internationale. 

Faux-semblants économiques

Certes, l’économie afghane a connu une croissance modeste de 2,7% en 2024, « mais elle reste fragile en raison de l’incertitude politique, de l’isolement financier du pays, des restrictions qui continuent d’empêcher la participation économique des femmes, des déséquilibres commerciaux et de la faiblesse de l’investissement public », indique le Secrétaire général dans son rapport.  À court et à moyen termes, a mis en garde Mme Otunbayeva, les niveaux de croissance actuels ne pourront pas compenser la baisse de l’aide étrangère et la croissance démographique. Et à plus long terme, l’autosuffisance économique à laquelle prétendent les autorités de facto ne pourra se réaliser pleinement que si les obstacles persistants à sa réintégration dans le système international sont résolus. 

Pour les États-Unis, l’Afghanistan ne pourra y parvenir tant que son peuple restera soumis à des restrictions qui l’étranglent sur le plan économique.  Le représentant afghan, opposé à l’« emprise illégitime » des Taliban, a déclaré que son pays reste pris au piège d’une profonde crise où se mêlent répression des droits et libertés fondamentaux, déclin économique, instabilité politique et catastrophe humanitaire.  Derrière la prétendue stabilité et sécurité des Taliban, se cache un pays de plus en plus vulnérable au terrorisme et aux conflits régionaux, a averti le représentant afghan. 

Ces paroles ont trouvé écho auprès du Pakistan, qui a annoncé son intention d’initier des consultations au sein du Conseil pour envisager la création ou l’activation d’un mécanisme dédié à la question du terrorisme en provenance d’Afghanistan.  Préoccupée par la présence continue dans le pays de l’EIIL-Province du Khorassan, la Fédération de Russie a mis en exergue le rapport entre terrorisme et trafic de stupéfiants, alors que l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a documenté l’essor des drogues synthétiques, principalement la méthamphétamine. 

« Il s’agit d’un problème de taille qui exige une attention particulière et des mesures concrètes pour lutter contre la culture, la production et la distribution de drogues », a jugé le délégué russe, en plaidant pour l’élaboration d’une stratégie globale de lutte contre la drogue.  Si le Guyana, qui s’exprimait au nom des A3+ (Algérie, Sierra Leone, Somalie et Guyana), s’est félicité que la production d’opium en 2024 en Afghanistan soit restée faible pour la deuxième année consécutive, il n’en a pas moins relevé qu’elle a connu une augmentation de 19% par rapport à 2023.  D’où la nécessité de trouver des moyens de subsistance alternatifs viables, a exhorté le groupe. 

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La situation en Afghanistan (S/2025/109)

Exposé

Mme ROZA OTUNBAYEVA, Représentante spéciale du Secrétaire général pour l’Afghanistan et Cheffe de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), a rappelé que l’évaluation indépendante demandée par le Conseil de sécurité en novembre 2023 appelle à une voie politique par laquelle les intérêts de toutes les parties – le peuple afghan, la communauté internationale et les autorités de facto – peuvent être équitablement discutés afin que l’Afghanistan puisse être pleinement réintégré dans le système international dans le respect de ses obligations juridiques internationales.  « L’élaboration de cette voie politique a été notre tâche fondamentale au cours des derniers mois », a expliqué la haute fonctionnaire. 

Des défis subsistent, a-t-elle reconnu, en expliquant que les autorités de facto ont jusqu’à présent traité de manière sélective la question des obligations internationales de l’État afghan, en rejetant certaines au motif qu’elles empiéteraient sur la souveraineté du pays ou violeraient ses traditions.  De plus en plus d’Afghans s’adressent à la MANUA pour exprimer leurs préoccupations, mécontents des intrusions dans leur vie privée et de l’isolement prolongé de leur pays.  Alors que les Taliban ont pris le pouvoir il y a trois ans et demi, les habitants se sont certes réjouis de l’absence de conflit et d’une plus grande stabilité et liberté de mouvement, du moins pour la population masculine. « Mais cette paix ne leur permet pas de vivre dans la dignité, dans le respect de leurs droits humains et avec la confiance dans un avenir stable », a constaté Mme Otunbayeva.

Elle a indiqué que les Afghans continuent de faire face à une grave crise humanitaire caractérisée par des décennies de conflit, une pauvreté endémique, des chocs climatiques, une forte croissance démographique et des risques croissants en matière de protection, en particulier pour les femmes et les filles. En 2025, plus de 50% de la population, soit près de 23 millions de personnes, aura besoin d’une aide humanitaire, alors que celle-ci est en chute libre.  Au cours du mois dernier, plus de 200 établissements sanitaires ont fermé, affectant quelque 1,8 million de personnes, et les services vitaux de lutte contre la malnutrition infantile ont été limités. 

Aussi la Représentante spéciale a-t-elle salué la Banque mondiale pour sa décision, la semaine dernière, de fournir 240 millions de dollars supplémentaires au secteur de la santé jusqu’en novembre 2026.  Les donateurs ont réagi en augmentant leurs propres contributions pour répondre aux besoins humains fondamentaux, qui ont atteint près de 1,6 milliard de dollars en 2024.  Bien qu’il y ait eu quelques cas d’interférence dans la distribution de l’aide, a-t-elle relevé, les autorités de facto à Kaboul et dans les provinces ont généralement coopéré avec l’ONU et leurs partenaires pour permettre la fourniture de l’aide et résoudre les cas d’interférence. 

L’économie afghane a progressé d’environ 2,7% en 2024, s’est félicitée Mme Otunbayeva, et des investissements, notamment dans les infrastructures, avec le soutien des pays de la région, sont en cours.  « Mais à court et moyen termes, les niveaux de croissance actuels ne peuvent pas compenser la baisse de l’aide étrangère et la croissance démographique.  À plus long terme, la vision positive des autorités de facto de l’autosuffisance économique ne pourra se réaliser pleinement que si les obstacles persistants à sa réintégration dans le système international sont résolus », a mis en garde la haute fonctionnaire. 

Elle s’est ensuite émue des restrictions importantes qui continuent d’être imposées aux Afghanes.  Le 2 décembre dernier, le Ministère de la santé publique a ordonné la fermeture des instituts médicaux pour les femmes, qui étaient l’une des dernières voies permettant aux femmes d’accéder à une formation professionnelle.  Cette nouvelle restriction creuse un fossé à long terme dans la capacité du pays à protéger la santé des femmes et des filles, ne faisant qu’aggraver la mortalité maternelle et infantile en Afghanistan, déjà l’une des plus élevées au monde, a déploré la Représentante spéciale.  La MANUA, a-t-elle ajouté, surveille de près l’application par les Taliban de la loi sur la prévention du vice et la promotion de la vertu, qui, a-t-elle indiqué, demeure un obstacle majeur à la mise en œuvre de la voie politique nécessaire à la réintégration de l’Afghanistan dans la communauté internationale. 

En ce qui concerne la situation sécuritaire, les autorités de facto continuent d’exercer un contrôle total sur le pays, bien que des incidents sécuritaires continuent de se produire.  L’EIIL-Province du Khorassan a revendiqué un attentat suicide contre des agents de sécurité des autorités de facto qui faisaient la queue pour recevoir leurs salaires à Konduz le 11 février, tuant 4 civils et 14 agents de sécurité de facto, et faisant un nombre inconnu de blessés. 

« Comment pouvons-nous aller de l’avant compte tenu de ces tendances négatives? » s’est demandé Mme Otunbayeva.  La tendance des événements au niveau mondial, notamment les priorités internationales concurrentes, les contraintes budgétaires et la disposition croissante des gouvernements à se concentrer sur les problèmes internes, risquent d’appauvrir l’Afghanistan, de le rendre plus vulnérable et de l’isoler davantage, a prévenu la Représentante spéciale.  Le développement le plus utile serait un signal clair de la part des autorités de facto indiquant qu’elles sont engagées dans la réintégration de l’Afghanistan dans la communauté internationale avec tout ce que cela suppose. « C’est le moment de faire preuve de réalisme », a ajouté la Représentante spéciale. 

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Le Comité spécial de la décolonisation poursuit les préparatifs de son Séminaire régional pour le Pacifique

Session de 2025
2e séance plénière – matin
AG/COL/3387

Le Comité spécial de la décolonisation poursuit les préparatifs de son Séminaire régional pour le Pacifique

Ce matin, le Comité spécial de la décolonisation a approuvé les lignes directrices et le règlement intérieur du  Séminaire régional pour le Pacifique sur la mise en œuvre des activités relatives à la quatrième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme, qui se tiendra à Dili, au Timor-Leste, du 21 au 23 mai 2025 sous le thème: « Vers un avenir viable: promouvoir le développement socioéconomique et culturel des territoires non autonomes ».

L’objectif du séminaire, dont les langues de travail seront l’anglais, l’espagnol et le français, est de recueillir les points de vue de représentants des territoires non autonomes, d’experts, de membres de la société civile, de représentants d’États Membres et d’autres parties prenantes, qui pourraient l’aider à définir les politiques et les modalités pratiques susceptibles d’être retenues dans le processus de décolonisation mené par l’ONU. 

La délégation officielle du Comité spécial sera composée de sa présidente, Mme Menissa Rambally, de Sainte-Lucie, de son conseiller, des membres du Bureau et des représentants des quatre groupes régionaux du Comité, à savoir le Groupe des États d’Afrique, le Groupe des États d’Asie-Pacifique, le Groupe des États d’Europe orientale et le Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes. 

Comme l’a précisé la Présidente de cet organe subsidiaire de l’Assemblée générale, les frais de voyage de la délégation officielle ainsi que ceux des représentants officiels des territoires non autonomes seront pris en charge par l’ONU.

De son côté, le représentant des Fiji a suggéré au Secrétariat de préparer un document officieux synthétique sur la situation de chacun des 17 territoires non autonomes sur lequel les débats organisés dans le cadre du séminaire pourront s’appuyer.  Il a également souhaité savoir à quel moment le Secrétariat pourra communiquer la liste des représentants des territoires non autonomes et des ONG qui participeront au séminaire afin de pouvoir « peaufiner » leur stratégie en matière de représentation. 

En raison des contraintes budgétaires, la Présidente a par ailleurs annoncé vouloir annuler l’une des consultations officieuses prévue durant la session de fond du Comité qui se tiendra du 9 au 20 juin 2025.

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Cinquième Commission: examen d’une enveloppe de 871 200 dollars pour les mesures de lutte contre l’islamophobie

Soixante-dix-neuvième session
26e séance plénière – matin
AG/AB/4491

Cinquième Commission: examen d’une enveloppe de 871 200 dollars pour les mesures de lutte contre l’islamophobie

La Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, a décortiqué aujourd’hui l’enveloppe de 871 200 dollars demandée par le Secrétaire général pour financer les activités du nouvel Envoyé spécial des Nations Unies pour la lutte contre l’islamophobie.  L’Organisation de la coopération islamique a exhorté les États Membres à adopter la proposition avant la Journée internationale de lutte contre l’islamophobie, le 15 mars. 

Dans son rapport (A/79/726), le Secrétaire général rappelle que l’année dernière, l’Assemblée générale a prévu que les fonctions de l’Envoyé spécial seront assumées par le Haut-Représentant pour l’Alliance des civilisations de l’Organisation des Nations Unies, qui a rang de secrétaire général adjoint. 

Les responsabilités actuelles de l’Alliance sont de promouvoir le dialogue interculturel et interreligieux ainsi que la culture de paix et de non-violence, en s’attachant à mener des activités de programmation concrètes; d’aider les États Membres à poursuivre leurs efforts en vue de réaffirmer la valeur de la diversité culturelle, en se fondant sur le respect des droits humains de toutes les personnes ainsi que le respect et la compréhension mutuels; et de s’attaquer aux causes profondes de l’intolérance religieuse, de la xénophobie et de la discrimination fondée sur la religion, les convictions ou l’appartenance ethnique. 

Avec son nouveau titre d’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la lutte contre l’islamophobie, le Haut-Représentant pour l’Alliance des civilisations, qui est actuellement M. Miguel Angel Moratinos Cuyaubé, de l’Espagne, aura également à organiser des manifestations institutionnelles axées sur les tendances de l’islamophobie et à assurer la coordination avec les entités des Nations Unies, notamment le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, et les rapporteurs spéciaux concernés. 

Il aura enfin à organiser des visites régulières dans les pays où les actes islamophobes sont répandus, l’idée étant d’engager un dialogue avec les acteurs étatiques et non étatiques et à établir le rapport du Secrétaire général sur l’application de la résolution pertinente de l’Assemblée générale (A/RES/78/264).  Pour ce faire, le Secrétaire général demande l’ouverture de crédits supplémentaires d’un montant de 871 200 dollars. 

Commentaires des délégations

Si l’Iraq, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a souhaité que la Cinquième Commission trouve un accord le plus rapidement possible, le Cameroun, au nom de l’Organisation de la coopération islamique, a insisté sur une décision avant la Journée internationale de lutte contre l’islamophobie le 15 mars. Nous avons déjà enregistré trop de retards, s’est impatientée la Türkiye, appuyée par l’Iran et le Pakistan, qui a voulu que les délégations s’abstiennent de rouvrir une question scellée par la résolution A/RES/78/264 de l’Assemblée générale. 

La Türkiye a estimé que la double casquette de Haut-Représentant et d’Envoyé spécial permettra d’éviter les doubles emplois, de créer des synergies et d’utiliser efficacement les capacités existantes au service d’objectifs et de principes similaires. 

L’inscription de la somme demandée dans le budget ordinaire, a poursuivi la Türkiye, rendra plus efficace et plus durable l’exécution d’un mandat, lequel imprimera un nouvel élan à l’Alliance des civilisations, l’une des initiatives les plus populaires à l’ONU. 

Aujourd’hui, la Cinquième Commission a également recommandé à l’Assemblée générale la nomination au Comité des contributions de M. Denis Piminov, de la Fédération de Russie, pour pourvoir le siège laissé vacant par son compatriote M. Vadim Laputin. 

La Cinquième Commission tiendra une autre séance publique mercredi 12 mars, à partir de 10 heures, pour examiner la situation financière de l’ONU. 

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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: la volonté du nouveau pouvoir syrien de détruire les restes d’armes chimiques du régime Al-Assad saluée comme une étape historique

9874e séance – matin
CS/16014

Conseil de sécurité: la volonté du nouveau pouvoir syrien de détruire les restes d’armes chimiques du régime Al-Assad saluée comme une étape historique

À l’occasion de sa première séance d’information sur le dossier de l’élimination des armes chimiques en Syrie depuis la chute du régime de Bashar Al-Assad en décembre dernier, les membres du Conseil de sécurité ont pris acte, ce matin, de l’engagement pris par les nouvelles autorités du pays de détruire les restes du programme développé par le pouvoir déchu et de coopérer à cette fin avec le Secrétariat technique de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). Si tous ont salué cette évolution encourageante, la Chine et la Fédération de Russie ont dit compter sur une approche dépolitisée de l’OIAC pour clore le dossier.  Un grand nombre de délégations ont par ailleurs condamné les actions militaires d’Israël en territoire syrien. 

Dans son exposé, la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, Mme Izumi Nakamitsu, a rappelé que, depuis la dernière réunion du Conseil sur cette question, une « nouvelle réalité politique » est apparue dans le pays. C’est à son avis l’occasion d’obtenir les éclaircissements attendus de longue date sur l’étendue et la portée du programme d’armes chimiques syrien, de débarrasser le pays de toutes les armes chimiques, de normaliser les relations avec l’OIAC et de garantir le respect à long terme de la Convention sur les armes chimiques. 

« Détruire tout vestige du programme d’armes chimiques »

Saluant le fait que les nouvelles autorités ont exprimé « le désir et l’engagement d’entamer un nouveau chapitre de coopération avec l’OIAC » pour régler les 19 questions encore en suspens concernant la déclaration initiale de la Syrie, Mme Nakamitsu a rendu compte de la visite à Damas, le 8 février, du Directeur général de l’OIAC, M. Fernando Arias, et d’une délégation de haut niveau du Secrétariat technique de l’Organisation, à l’invitation du Ministre des affaires étrangères par intérim, M. Asaad al-Shaibani.  Une visite au cours de laquelle le nouveau dirigeant de la Syrie, M. Ahmed al-Sharaa, a « donné l’assurance de l’intention des nouvelles autorités de coopérer avec l’OIAC ».

Après avoir pris note de la nomination par la Syrie d’un « point focal pour les questions liées aux armes chimiques » afin de faire avancer le plan d’action en neuf points élaboré par l’OIAC, Mme Nakamitsu s’est réjouie de la déclaration faite, mercredi dernier à La Haye, par le Chef par intérim de la diplomatie syrienne lors de la session de cette semaine du Conseil exécutif de l’OIAC, dans laquelle il a souligné l’engagement des nouvelles autorités à « détruire tout vestige du programme d’armes chimiques développé sous les autorités précédentes, à rendre justice aux victimes et à garantir le respect du droit international par la Syrie ». 

La Haute-Représentante a constaté avec satisfaction que les nouvelles autorités syriennes et le Secrétariat technique de l’OIAC ont déjà commencé à œuvrer pour atteindre ces objectifs.  Concrètement, elle a indiqué qu’une équipe d’experts techniques serait déployée à Damas dans les prochains jours pour préparer l’établissement de la présence physique permanente de l’OIAC en Syrie et les déploiements sur les sites d’armes chimiques.

Une occasion historique de clore ce dossier

Ces développements majeurs ont été jugés positivement par les membres du Conseil, mais à différents degrés.  « C’est une opportunité à ne pas manquer », s’est enflammé le Panama, tandis que la République de Corée et la Slovénie évoquaient un « élan historique » à saisir par le nouveau pouvoir syrien pour traiter rapidement les questions restant en suspens en coopération avec l’OIAC.  Un avis partagé par la Grèce, qui a invité le Conseil à faire fond sur cette nouvelle dynamique pour aboutir à des progrès tangibles, qui seraient les premiers depuis de nombreuses années. 

« Nous avons l’occasion historique de clore un chapitre bien sombre et d’en ouvrir un autre », ont abondé les États-Unis, non sans rappeler que le Président Trump a répondu à l’emploi d’armes chimiques en Syrie par des frappes militaires en 2017, puis en 2018, aux côtés de ses alliés, la France et le Royaume-Uni. La délégation américaine a confirmé l’importance de la destruction de tous les restes du programme syrien sous supervision internationale, afin notamment que ces éléments ne tombent pas « entre de mauvaises mains ».  Le risque que de telles armes ou leurs vecteurs soient disséminés et détenus par des acteurs non étatiques constitue une menace immédiate pour la paix et la sécurité internationales, a appuyé la France, elle aussi consciente de l’« opportunité historique » que présente la transition politique en Syrie pour progresser vers l’élimination de l’arsenal chimique de ce pays. 

C’est avant tout une occasion de coopération « ouverte, transparente et constructive » entre l’OIAC et la Syrie qu’a soulignée l’Algérie, qui s’exprimait au nom des A3+ (Algérie, Sierra Leone, Somalie et Guyana), une coopération qui permette d’atteindre les objectifs fondamentaux de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques.  Le Pakistan a insisté sur le devoir des nouvelles autorités de résoudre les questions en suspens et de permettre à l’OIAC d’effectuer, sans entrave, un contrôle de l’élimination des armes chimiques et des menaces de prolifération. 

Des défis à relever et des soupçons de politisation à dissiper

« Nous ne devons pas sous-estimer l’ampleur de la tâche qui attend l’OIAC », a cependant averti le Danemark, relevant que plus de 100 sites doivent encore être inspectés, conformément à la résolution 2118 (2013) du Conseil. La mise en œuvre intégrale de ce texte impose de fournir l’assistance financière et technique requise par l’OIAC, a souligné le Royaume-Uni, avant de rappeler son appui financier, à hauteur de plus d’un million de dollars, aux missions de l’Organisation en Syrie depuis la chute de l’ancien régime. 

À l’instar de la Chine, de la Fédération de Russie, du Pakistan, de la République de Corée ou encore de la Türkiye, invitée à cette séance, la délégation britannique s’est émue de l’activité militaire d’Israël en territoire syrien.  Cela « risque de déstabiliser une situation sécuritaire déjà fragile », a-t-elle mis en garde, appelant toutes les parties à fournir les conditions de sécurité nécessaires pour que l’OIAC puisse mener à bien son travail.  Son homologue turque a, elle, exhorté le Conseil à prendre des mesures immédiates et décisives contre les « actes expansionnistes et déstabilisateurs » d’Israël. 

Elle aussi favorable à une clôture « dès que possible » du dossier des armes chimiques syriennes, la Chine a regretté que, par le passé, « des facteurs géopolitiques aient entravé la coopération entre la Syrie et l’OIAC ». Compte tenu des changements intervenus dans le pays, elle a encouragé le Secrétariat technique de l’Organisation à travailler « de manière technique et scientifique » avec les nouvelles autorités et d’éviter « toute politisation des questions pertinentes ». Plus offensive, la Fédération de Russie a déclaré « douter toujours de la capacité de l’OIAC à s’acquitter en toute honnêteté de ses fonctions purement techniques, vu le niveau de politisation de son travail depuis des années ». 

De l’avis de la délégation russe, le Secrétariat technique a « porté atteinte à sa propre réputation en se livrant à des jeux politiques et des machinations, au risque de formuler des accusations creuses à l’encontre de l’ancien régime syrien ». Elle a donc recommandé à l’OIAC de se concentrer sur l’étude des données existantes, tout en estimant que, dans les conditions actuelles en Syrie, « la présence d’armes chimiques n’est absolument pas la priorité ». 

La Syrie, prête à coopérer, espère une levée des sanctions

« Le programme d’armes chimiques et l’emploi qui en a été fait remonte à l’ancien régime », a fait observer le délégué syrien en se désolant que le nouveau Gouvernement syrien « hérite d’obligations juridiques découlant de violations qu’il n’a pas commises ».  Il n’en a pas moins assuré de la « volonté indéfectible » des nouvelles autorités de coopérer avec l’OIAC, dans le cadre d’un « nouveau chapitre caractérisé par l’ouverture et la transparence » et destiné à régler toutes les questions en suspens pour arriver à clore ce dossier.  Il a aussi réitéré l’engagement de son pays à sécuriser tous les matériaux d’armes chimiques pour qu’ils ne tombent pas dans de mauvaises mains.

Après avoir évoqué la première visite du Directeur général de l’OIAC et de l’Équipe d’enquête et d’identification à Damas, ainsi que les mesures à prendre pour mettre en œuvre le plan d’action, la délégation a répété que la Syrie souhaite une coopération fructueuse avec l’OIAC, mais « avec les droits et privilèges qui lui reviennent en tant qu’État partie à la Convention », lesquels ont été suspendus en 2021 en raison de violations répétées.  Elle a formé le vœu que ces « mesures punitives » ainsi que les sanctions liées aux « pratiques de l’ancien régime » soient prochainement levées « car elles remontent à une ère qui n’a plus lieu d’être ». 

Pour garantir l’application du principe de responsabilité, indispensable dans la transition actuelle, la délégation a assuré qu’elle continuera d’œuvrer pour la justice en faveur des victimes de l’ancien régime, notamment en établissant des instances pour « garantir que ces atrocités ne se produisent plus ».  Enfin, après avoir remercié le Qatar pour avoir accepté de représenter temporairement la Syrie auprès de l’OIAC, elle a condamné à son tour les attaques menées par Israël contre plusieurs sites militaires et civils de son pays, expliquant que ces actions sont venues « compliquer la situation aux plans logistique et technique ». 

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La situation au Moyen-Orient S/2025/127

Exposé

Mme IZUMI NAKAMITSU, Secrétaire générale adjointe et Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, a rappelé que, depuis la dernière réunion du Conseil de sécurité sur la question de l’élimination des armes chimiques en Syrie, une « nouvelle réalité politique » est apparue dans le pays, après la chute en décembre dernier du régime de Bashar Al-Assad.  Outre l’occasion historique de construire un avenir stable et pacifique pour le peuple syrien après 14 années de guerre brutale, cette nouvelle réalité permet, selon elle, d’envisager des éclaircissements attendus de longue date sur l’étendue et la portée du programme d’armes chimiques syrien, de débarrasser le pays de toutes les armes chimiques, de normaliser les relations avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et de garantir le respect à long terme de la Convention sur les armes chimiques.  « La Syrie a commencé à prendre des mesures en vue d’atteindre cet objectif », s’est-elle félicitée. 

Soulignant l’importance de régler toutes les questions en suspens liées au dossier des armes chimiques de la Syrie, Mme Nakamitsu a rappelé que les autorités syriennes précédentes ont soumis 20 amendements à la déclaration initiale de la République arabe syrienne, sans que l’Équipe d’évaluation des déclarations de l’OIAC n’ait jamais été en mesure de confirmer que cette déclaration soumise était exacte et complète, en raison des informations insuffisantes et inexactes qu’elle contenait.  Au cours des 11 dernières années, l’Équipe a soulevé et signalé un total de 26 questions en suspens concernant la déclaration de la Syrie, dont 19 restent non résolues, a précisé la Haute-Représentante. Pour le Secrétariat technique de l’OIAC, a-t-elle relevé, le contenu de ces questions en suspens reste un motif de grave préoccupation car il concerne de grandes quantités d’agents de guerre chimique et de munitions chimiques potentiellement non déclarés ou non vérifiés. En outre, la mission d’établissement des faits de l’OIAC et l’Équipe d’enquête et d’identification de l’OIAC ont documenté l’utilisation d’armes chimiques en Syrie et, dans un certain nombre d’incidents, identifié les Forces armées arabes syriennes comme étant les auteurs de ces actes. 

Mme Nakamitsu a ajouté que, selon le Secrétariat technique de l’OIAC, il est « indéniable » que les autorités syriennes précédentes n’ont pas déclaré l’ampleur réelle du programme d’armes chimiques syrien et qu’elles ont continué à utiliser, et peut-être à produire, des armes chimiques après avoir adhéré à la Convention sur les armes chimiques en 2013.  Qualifiant d’« extrêmement préoccupante » la situation laissée par les autorités syriennes précédentes, la haute fonctionnaire s’est déclarée encouragée par le fait que les nouvelles autorités aient exprimé « le désir et l’engagement d’entamer un nouveau chapitre de coopération avec l’OIAC » pour régler les questions en suspens.  Ainsi, a-t-elle souligné, le 8 février, le Directeur général de l’OIAC et une délégation de haut niveau du Secrétariat technique de l’OIAC se sont rendus à Damas, à l’invitation du Ministre des affaires étrangères par intérim, M. Asaad Al-Shaibani.  Au cours de cette visite, le Directeur général a également rencontré le dirigeant syrien, M. Ahmed al-Sharaa, qui a « donné l’assurance de l’intention des nouvelles autorités de coopérer avec l’OIAC ». 

La Haute-Représentante a indiqué avoir ensuite été informée de la nomination par le Ministère syrien des affaires étrangères d’un « point focal pour les questions relatives aux armes chimiques », lequel s’est rendu à La Haye pour des réunions en personne avec le Secrétariat technique de l’OIAC sur la manière de faire avancer le « plan d’action en neuf points pour la Syrie » de l’OIAC.  À cet égard, Mme Nakamitsu s’est réjouie de la déclaration faite mercredi dernier par le Ministre des affaires étrangères par intérim lors de la session de cette semaine du Conseil exécutif de l’OIAC, dans laquelle il a souligné l’engagement des nouvelles autorités à « détruire tout vestige du programme d’armes chimiques développé sous les autorités précédentes, à rendre justice aux victimes et à garantir le respect du droit international par la Syrie ».  Constatant avec satisfaction que les nouvelles autorités syriennes et le Secrétariat technique de l’OIAC « ont déjà commencé à œuvrer pour atteindre ces objectifs », elle a indiqué que, dans les prochains jours, une équipe d’experts techniques sera déployée à Damas pour travailler à l’établissement de la présence physique permanente de l’OIAC en Syrie et commencer à planifier conjointement les déploiements sur les sites d’armes chimiques. 

Si l’engagement pris par les autorités intérimaires en Syrie de coopérer pleinement et de manière transparente avec le Secrétariat technique de l’OIAC est « louable », « le travail qui nous attend ne sera pas facile », compte tenu des défis humanitaires, sécuritaires et de relèvement que connaît le pays, a reconnu l’intervenante, avant d’inviter la communauté internationale à fournir aux deux parties un soutien solide et des ressources supplémentaires.  Exhortant les membres de ce Conseil à s’unir pour apporter le soutien que nécessitera cet « effort sans précédent », elle a assuré que l’ONU continuera de faire sa part pour faire respecter la norme interdisant l’utilisation d’armes chimiques « où que ce soit et à tout moment ». 

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