Pour le vingtième anniversaire du dispositif de consolidation de la paix à l’ONU, la CCP dresse un bilan de son action passée et à venir
À l’occasion du vingtième anniversaire du dispositif de consolidation de la paix des Nations Unies, la Commission de consolidation de la paix (CCP) s’est réunie cet après-midi pour examiner la contribution de cet organe à l’élaboration de stratégies adaptées aux pays concernés par cette transition, et pilotées par eux, avec l’aide des bailleurs de fonds internationaux.
Une contribution d’autant plus « cruciale », selon la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo, que la situation géopolitique actuelle dans le monde, qu’elle a qualifié d’« intolérable », est marquée par la multiplication de conflits de plus en plus meurtriers et de profondes divisions.
« La CCP a joué un rôle déterminant dans le soutien à la transition démocratique en Gambie et aidé son gouvernement et son peuple à forger un nouveau contrat social », a-t-elle rappelé. « Grâce à sa collaboration avec elle, le Timor-Leste a non seulement progressé dans sa propre stabilité, mais il est également devenu un modèle de coopération Sud-Sud et triangulaire, en partageant ses leçons apprises et ses expériences avec des pays pairs », a encore salué la haute fonctionnaire, qui a en outre cité le soutien apporté à la Sierra Leone pendant les crises d’Ebola et de la COVID-19 pour préserver les acquis durement acquis dans ce pays.
C’est par une autre success story que s’est ouverte cette séance de la CCP, celle qu’a racontée Mme Ellen Johnson Sirleaf, l’ancienne Présidente du Libéria de 2006 à 2018, qui est revenue sur la trajectoire de son pays après 14 années de guerre civile ayant fait 250 000 morts et provoqué le déplacement d’un million de personnes. « Le Libéria a reconstruit ses institutions et son économie sur des valeurs d’inclusion, de justice et de transparence », a-t-elle déclaré, en soulignant que le processus de paix n’a jamais été envisagé comme une phase, mais plutôt comme une forme de gouvernance, dictée par des réformes coordonnées en matière de justice, de sécurité et d’économie, avec l’aide de la CCP et de la communauté des donateurs.
L’ex-Cheffe d’État a estimé que plusieurs leçons pouvaient être tirées de l’expérience du Libéria: outre l’appropriation nationale, elle a mentionné l’investissement simultané dans les institutions et les individus; la priorisation de la justice et de la réconciliation pour réparer les liens brisés et éviter la résurgence des conflits; et l’inclusivité, avec la pleine intégration des femmes, des jeunes et des minorités dans les processus de consolidation de la paix. C’est une « véritable transformation sociale » qu’il faut viser, en repensant les structures, les mentalités et les modèles de gouvernance, a plaidé Mme Sirleaf.
Ainsi, après des années de régime autoritaire, la Gambie a opéré un virage majeur grâce à une transition démocratique et un processus de réconciliation national, avec le soutien de l’Union européenne, de la société civile et d’acteurs institutionnels, s’est félicité le Ministre des affaires étrangères de ce pays, M. Mamadou Tangara. La Vice-Présidente du Parlement national des jeunes de Gambie, Mme Ndegen Jobe, a confirmé que les organisations non gouvernementales doivent jouer un rôle de premier plan dans son pays. Le Ministre a présenté le tournant pris par la Gambie comme le fruit d’une coopération inclusive, d’un dialogue constant et d’un appui international cohérent. Dans ce contexte, la CCP a joué un rôle de plaidoyer dans la mobilisation d’un appui technique et financier de la part de nos partenaires dans le respect de notre plan national de développement, a reconnu le chef de la diplomatie gambienne.
Son homologue du Timor-Leste, M. Bendito dos Santos Freitas, a corrélé la viabilité de la paix au recul des inégalités, contre lesquelles son pays s’est engagé, une fois devenu indépendant en 2022, notamment sous la forme de programmes de transfert de liquidités vers les foyers les plus démunis, qui ont permis de venir à bout de la pauvreté en milieu rural. Nous avons aussi investi dans l’éducation et dans les services de santé, a observé le Ministre, qui a indiqué que le financement mobilisé par la CCP est venu à l’appui des priorités nationales définies par le Timor-Leste dans son plan stratégique (2011-2030).
Lors d’un échange avec les États Membres, la Chine, le Brésil, la Colombie ou encore l’Égypte ont insisté sur la nécessité de respecter le principe d’appropriation nationale pour les pays bénéficiant de l’aide de la CCP, tandis que le Japon a mis l’accent sur trois axes qui permettraient à celle-ci d’améliorer son travail à l’avenir. Tout d’abord, la Commission devrait collaborer davantage avec les principaux organes de l’ONU afin de mettre en œuvre une approche globale, notamment le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, ainsi qu’avec les agences, fonds et programmes des Nations Unies. Ensuite, pour la délégation nippone, une priorité doit être accordée au soutien des efforts nationaux de prévention des conflits. Dans cette perspective, le Japon a salué la propension croissante des pays à présenter leurs stratégies nationales de prévention à la Commission.
La République centrafricaine a remercié le Maroc pour sa présidence de la formation République centrafricaine de la CCP, grâce à laquelle elle a bénéficié d’un accompagnement stratégique, diplomatique et opérationnel sans précédent, « notamment dans les moments de grande vulnérabilité politique et institutionnelle », a expliqué son représentant. En tant que partenaire de longue date, le Maroc a annoncé qu’il accueillerait fin 2025, à Rabat, une table ronde des donateurs pour aider à recueillir les fonds nécessaires à la mise en œuvre de son plan national de développement. Le Paraguay, qui s’est également exprimé au nom de l’Équateur et de l’Argentine, a d’ailleurs estimé que les réunions en formation nationale démontrent que le travail conjoint des États avec le système des Nations Unies joue un rôle essentiel pour prévenir la résurgence des conflits.