Décolonisation: Gibraltar et l’Espagne font valoir leurs divergences sur l’avenir du « Rocher », malgré un futur traité auquel sera également partie l’Union européenne
« Nous ne renoncerons jamais au principe de l’autodétermination des peuples. Nous ne l’abandonnerons jamais. Nous le défendrons toujours. » C’est en ces termes que le Chef du Gouvernement de Gibraltar a revendiqué, ce matin devant le Comité spécial de la décolonisation, l’exercice de ce droit, rappelant que le choix des Gibraltariens est de rester à 100% britanniques.
M. Fabian Picardo a donc revendiqué le droit inaliénable des Gibraltariens à décider de leur avenir à l’intérieur des frontières internationalement reconnues. Sur le plan juridique et moral, ce principe l’emporte sur toute revendication que « notre voisin » pourrait faire valoir, a-t-il balayé, en parlant de l’Espagne, considérant que l’avis rendu par la Cour internationale de Justice (CIJ) sur les Chagos ne faisait que renforcer la position de Gibraltar.
Pour sa part, l’Espagne a maintenu sa position de longue date, à savoir que cette « situation coloniale » affecte gravement son intégrité territoriale. Oubliez les « références inutiles » et rebattues aux résolutions de l’Assemblée générale des années 1960, qui, selon Madrid, étayent ses revendications de souveraineté, a poursuivi le Ministre principal. Il a rappelé que ces textes remontent à une époque où l’Espagne était dirigée par la dictature franquiste, qui avait décidé de se servir de ce Comité pour faire valoir ses prétentions sur Gibraltar. En tout état de cause, a argué M. Picardo, rien dans ces résolutions ne peut remettre en question le droit inaliénable à l’autodétermination du peuple d’un territoire non autonome. Il a donc exhorté le Comité spécial à organiser une mission de visite à Gibraltar avec le soutien de son peuple et de la Puissance administrante – le Royaume-Uni.
Pas plus tard que la semaine dernière cependant, l’Espagne et Gibraltar sont parvenus à un accord avec l’Union européenne (UE) sur la manière dont leurs relations seront réglementées dans le cadre d’un futur traité entre Londres et Bruxelles, ce dont se sont félicités à la fois la délégation espagnole et M. Picardo. Comme indiqué dans la déclaration commune du 11 juin, cet accord préservera les positions juridiques respectives de l’Espagne et du Royaume-Uni en matière de souveraineté et de juridiction.
La première a affirmé que son objectif principal est de garantir la coexistence et la prospérité dans toute la région. À cette fin, toutes les barrières physiques seront supprimées, a indiqué l’Espagne, y compris la clôture, la dernière à subsister sur le territoire de l’Europe continentale. Cela garantira la libre circulation des personnes et des marchandises entre le territoire de Gibraltar et la zone environnante, profitant ainsi aux dizaines de milliers de personnes qui se déplacent quotidiennement dans les deux sens, s’est félicitée cette délégation. L’aéroport sera également ouvert aux vols britanniques, européens et espagnols.
En outre, un mécanisme de concertation obligatoire sera mis en place afin de relever tous les défis environnementaux, y compris les rejets et les remblais, a encore fait valoir l’Espagne. Toutes les parties à l’accord se sont également engagées à contribuer à un mécanisme financier visant à promouvoir la cohésion et à soutenir l’emploi, en réduisant considérablement les inégalités qui existent dans la région.
Il s’agit en définitive d’un accord visant à améliorer la vie des plus de 300 000 habitants de la région, et en particulier celle des milliers de travailleurs frontaliers, s’est encore félicitée la délégation.
Toutefois, indépendamment de l’accord annoncé, l’Espagne a réitéré son appel au Royaume-Uni pour qu’il aborde la question de la décolonisation de Gibraltar dans le plein respect du principe d’intégrité territoriale. Le Chef de gouvernement du Rocher a de son côté soutenu que c’est l’opinion de son peuple qui doit être respectée, et non une position qui remonte au Traité d’Utrecht, conclu en 1713.
Le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux entamera demain, 18 juin, à 10 heures, l’examen de la question des Îles Falkland (Malvinas).
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