En cours au Siège de l'ONU

L’Assemblée générale crée le Compte pour la consolidation de la paix et décide d’organiser une réunion sur les menaces existentielles liées à l’élévation du niveau de la mer

Soixante-dix-huitième session,
53e séance - après-midi
AG/12581

L’Assemblée générale crée le Compte pour la consolidation de la paix et décide d’organiser une réunion sur les menaces existentielles liées à l’élévation du niveau de la mer

L’Assemblée générale a décidé par consensus, cet après-midi, de créer le Compte pour la consolidation de la paix, un compte spécial pluriannuel destiné expressément au financement du Fonds pour la consolidation de la paix. 

En suivant les recommandations de sa Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, elle a approuvé en même temps une dotation d’un montant annuel de 50 millions de dollars qui sera financée au moyen de contributions statutaires et servira à financer ledit compte à compter du 1er janvier 2025.  Le texte précise que seront appliqués à la moitié de la dotation versée au Compte les taux de contribution utilisés pour le budget ordinaire, et à l’autre moitié, les taux en vigueur pour le financement des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.

Au cours de cette séance, l’Assemblée générale a également décidé, toujours par consensus, d’organiser une réunion de haut niveau sur les menaces existentielles liées à l’élévation du niveau de la mer, le 25 septembre 2024.

Dans une explication de position, les Tonga, qui s’exprimaient au nom Forum des îles du Pacifique, ont appelé à la prudence dans l’utilisation du terme « menace existentielle » de sorte à éviter de saper certains droits ou devoirs découlant du droit international en lien avec l’élévation du niveau de la mer causée par les changements climatiques. 

La délégation s’est en outre opposée à tout libellé qui laisserait à penser que l’élévation du niveau de la mer liée aux changements climatiques constitue une menace existentielle pour le statut juridique des zones maritimes, de l’État et de la souveraineté.  Par ailleurs, le document final devra être cohérent avec les déclarations adoptées par le Forum au sujet de l’élévation du niveau de la mer causée par les changements climatiques.

« Aucun effort ne doit être épargné pour sauvegarder l’inaliénabilité de la souveraineté et du statut d’État des États Membres concernés », a appuyé les Tuvalu qui, s’exprimant au nom de la Coalition for addressing Sea-level rise & its Existential Threats (C-SET), ont estimé que la menace due à l’élévation du niveau de la mer appelle à garantir la stabilité juridique des États Membres dont l’économie dépend de leurs zones maritimes.  Leur appartenance à l’ONU continuera malgré l’élévation du niveau de la mer, a fait valoir la délégation.

Les Tuvalu ont d’autre part plaidé pour une augmentation du financement climatique pour les petits États insulaires en développement et les communautés touchées, estimant urgent d’autonomiser et d’accélérer les solutions locales pour renforcer les capacités d’adaptation et la résilience des populations affectées. La délégation s’est également prononcée pour des partenariats solides afin de faire face aux effets néfastes de l’élévation du niveau de la mer, via la mise en commun des ressources, des connaissances et des technologies.  Les efforts doivent donner aux communautés touchées l’accès à des alertes précoces efficaces, garantir des choix éclairés et permettre des parcours d’adaptation positifs, a-t-elle souligné. 

El Salvador a demandé un examen éclairé de la question des menaces existentielles liées à l’élévation du niveau de la mer au sein de la Commission du droit international, exhortant à éviter les doublons. Pour le Samoa, la Sixième Commission chargée des questions juridiques est la boussole morale en ce qui concerne les menaces existentielles liées à l’élévation du niveau de la mer provoquée par les changements climatiques. 

« Plutôt que de rester les bras croisés et d’observer, l’Assemblée générale doit agir délibérément et en solidarité avec ceux qui sont en première ligne face à ce phénomène problématique », a souligné le Président de l’Assemblée générale qui s’est déclaré convaincu qu’ensemble, les États Membres peuvent progresser vers un résultat concret permettant de prévenir, de protéger et de résoudre les situations intenables résultant de l’élévation du niveau de la mer. 

M. Dennis Francis a notamment évoqué le sort des communautés les plus vulnérables et les plus gravement touchées, en particulier celles des petits États insulaires en développement et des pays dotés de zones côtières de faible altitude, rappelant que les dangers et les risques posés par ces menaces vont de la perte irrémédiable de terres ancestrales à la perte de culture et de patrimoine, sans oublier la déstabilisation durable des moyens de subsistance. 

La Fédération de Russie a souhaité pour sa part que la réunion du 25 septembre prochain se tienne dans la limite des ressources existantes, appelant en outre à accorder la priorité aux États Membres lors de cet événement.  La délégation a par ailleurs jugé que le paragraphe 2 du projet de décision, qui prévoit la tenue de consultations avec les États Membres, sous-entend que l’Assemblée générale approuvera ultérieurement les modalités définitives relatives à la tenue de cette manifestation.  

Avant de lever la séance, l’Assemblée générale a élu la Bulgarie au Comité du programme et de la coordination pour un mandant commençant le jour de son élection et se terminant le 31 décembre 2026.

Elle a également noté qu’Antigua-et-Barbuda et la République islamique d’Iran ont effectué les paiements nécessaires pour réduire leurs arriérés en deçà du montant précisé dans l’Article 19 de la Charte des Nations Unies.

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Yémen: craignant une escalade des tensions dans la région, le Conseil de sécurité se divise sur les frappes américano-britanniques

9532e séance – après-midi
CS/15565

Yémen: craignant une escalade des tensions dans la région, le Conseil de sécurité se divise sur les frappes américano-britanniques

Le Conseil de sécurité s’est réuni, cet après-midi, pour débattre des frappes que les États-Unis et le Royaume-Uni ont mené conjointement, dans la nuit du 11 au 12 janvier, sur des cibles sous le contrôle des houthistes au Yémen.  Ces frappes font suite aux attaques répétées des houthistes envers des navires marchands en mer Rouge depuis le 19 novembre 2023, en dépit des nombreux avertissements de la communauté internationale et de l’adoption de la résolution 2722 (2024), ce 10 janvier, par le Conseil de sécurité qui sommait les houthistes d’y mettre fin immédiatement. 

Si l’ONU n’est pas encore en mesure de confirmer les chiffres avancés par les parties concernées, M. Mohamed Khaled Khiari, Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, a fait état d’une « cinquantaine de frappes » menées par ces deux pays, avec le soutien de quatre autres, et du décès de 5 combattants houthistes, en sus de 6 blessés.  « Le cycle de violence auquel nous assistons présage de graves répercussions politiques, sécuritaires, économiques et humanitaires au Yémen et dans la région », a-t-il mis en garde, rappelant notamment la fragilité de la situation humanitaire dans le pays.  Comme nombre de délégations, il a exhorté les parties concernées à faire montre de retenue afin d’éviter toute escalade et de restaurer une navigation maritime sûre dans la région. 

Les deux pays ayant mené ces attaques ont expliqué le fondement de leur action.  La représentante des États-Unis a ainsi invoqué la légitime défense, prévue par l’Article 51 de la Charte des Nations Unies, qui a été exercée après que les mesures non militaires se sont révélées inadéquates pour répondre à la menace posée.  Son homologue du Royaume-Uni a indiqué que le résumé de la position juridique du Gouvernement britannique sur l’intervention d’hier a bien été communiqué par écrit au Conseil, conformément au même Article. 

L’opportunité ainsi que la légalité au regard du droit international de ces actions ont divisé les membres du Conseil.  Si la majorité des délégations ont vivement condamné les attaques de navires commerciaux par les houthistes et déploré leur intensification malgré les mises en garde de la communauté internationale, nombre d’entre elles, comme le Mozambique, l’Algérie ou encore l’Équateur, sont restées néanmoins partagées sur les agissements américano-britanniques qu’elles ont estimé susceptibles d’aggraver l’instabilité régionale.  « Toute escalade militaire ne ferait qu’aggraver la situation et pourrait plonger le Yémen et la région entière dans un désarroi encore plus profond », a mis en garde la déléguée du Guyana.  Même son de cloche du côté de la Chine qui a estimé que « de telles actions unilatérales ne font que mettre de l’huile sur le feu ». 

Se targuant d’avoir pris des « mesures d’autodéfense nécessaires, proportionnées et conformes au droit international », le Royaume-Uni et les États-Unis ont assuré vouloir préserver la liberté de navigation et de commerce.  Pour eux, le rétablissement de la stabilité en mer Rouge va réduire, plutôt que d’exacerber, les tensions dans la région.  Ajoutant ne pas avoir pris de telles mesures « à la légère », la représentante des États-Unis a expliqué que les frappes ont été perpétrées contre des installations militaires sous le contrôle des houthistes, en veillant à minimiser toute incidence sur les civils. 

« La liberté de navigation, régie par la Convention sur le droit de la mer, ne prévoit pas d’attaquer un État Membre sous le couvert de la légitime défense », a tranché le délégué de la Fédération de Russie, tout en dénonçant l’interprétation arbitraire du droit international par les États-Unis et leurs alliés.  Abondant en ce sens, la Suisse a précisé que le droit des États Membres de défendre leurs navires contre les attaques se limite aux mesures militaires destinées à intercepter des attaques contre lesdits navires.  La Slovénie a, quant à elle, réitéré l’importance des principes de distinction, de nécessité, de proportionnalité et de précaution lors de ripostes aux attaques. 

« Personne n’est à l’abri de ces attaques dans la mer Rouge, pas même la Russie », a renchéri la représentante des États-Unis, soutenue par quelques délégations, comme celles du Japon et de la France.  Elle a rappelé que depuis novembre, pas moins de 2 000 navires ont dû être déroutés du fait des 27 attaques commises par les houthistes, qui ont également pris en otage des équipages de plusieurs pays, dont celui du Galaxy Leader, affrété par le Japon.  Ce dernier a fait remarquer que les houthistes ne font qu’ignorer les appels de la communauté internationale et, de ce fait, a dit soutenir les mesures prises par les États-Unis et le Royaume-Uni, notamment leurs frappes conjointes contre des zones sous contrôle houthiste. 

Le recours à la force met pourtant en danger les efforts diplomatiques en cours dans une région déjà au bord du précipice du fait du conflit israélo-palestinien, a estimé pour sa part le Mozambique.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclarations

M. MOHAMED KHALED KHIARI, Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, a informé que les États-Unis et le Royaume-Uni avaient déclaré avoir lancé, avec le soutien de quatre autres pays, plus de 50 frappes aériennes et missiles sur des cibles au Yémen.  Selon les houthistes, 5 combattants sont morts et 6 ont été blessés, a-t-il rapporté.  Il a toutefois indiqué que l’ONU ne peut pas, à ce stade, vérifier ces chiffres.  Les frappes d’hier font suite aux attaques répétées des houthistes envers des navires en mer Rouge à l’aide de drones et de missiles qui ont été interceptés par les forces navales américaines et britanniques, a-t-il rappelé.  M. Khiari a ainsi rappelé que les houthistes ont lancé hier, le 11 janvier 2024, en représailles à une attaque des forces navales américaines envers des combattants houthistes le 31 décembre 2023, un missile antinavire, et ce en dépit de l’adoption de la résolution 2722 (2024) par le Conseil de sécurité la veille. 

« Nous assistons à un cycle de violences qui présage de graves répercussions politiques, sécuritaires, économiques et humanitaires au Yémen et dans la région », a-t-il poursuivi.  Les progrès humanitaires au Yémen étant récents et fragiles, ils pourraient être aisément mis à mal et toucher des millions de personnes, au Yémen comme ailleurs, en raison des tensions régionales et des événements en mer Rouge, a-t-il mis en garde.  Abondant dans le sens du Secrétaire général qui a appelé aujourd’hui à la désescalade, il a exhorté les parties à réduire les tensions et à faire montre de retenue. Selon le Sous-Secrétaire général, il s’agit de redoubler d’efforts pour éviter d’entraîner le Yémen dans une conflagration régionale et de réaffirmer la sécurité en matière de navigation maritime. À ce titre, il a appelé à la libération immédiate de l’équipage du Galaxy Leader retenu en otage par les houthistes depuis le 19 novembre. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a dénoncé l’agression d’un groupe de pays contre un autre pays.  L’attaque n’a pas visé un groupe mais un pays, le Yémen, a dit le délégué, en dénonçant les bombardements des États-Unis et de leurs alliés.  Il a estimé que la guerre se propage, en avertissant que les États-Unis ne veulent pas en rester là.  Il a dénoncé l’arbitraire de ce pays, ainsi que son mépris pour le droit international.  Il a rappelé que la légitime défense ne peut être invoquée s’agissant de la liberté de navigation.  Celle-ci est réglée par la Convention sur le droit de la mer, qui ne prévoit pas d’attaquer un État Membre, a dit le délégué.  Il a ajouté que le terme de « pirates » utilisé par le Président américain n’est pas valide au regard du droit international. 

Le représentant a rappelé l’opposition des États-Unis à tout texte visant à une cessation des hostilités à Gaza, pendant qu’Israël continue de tuer des femmes et des enfants palestiniens.  Il a dénoncé « l’illusion de légitimité » dans laquelle se drapent les États-Unis et leurs alliés, ainsi que leur interprétation du droit. Le délégué a rappelé l’illicéité des agissements des États-Unis en Syrie, ainsi que les visées hégémoniques de ce pays.  Enfin, il a insisté sur les risques d’escalade découlant des actions des États-Unis et de leurs alliés contre le Yémen, lesquelles doivent être condamnées.

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a argué que le Royaume-Uni et le Conseil ont toujours condamné, dans les termes les plus vigoureux, les attaques illégales et injustifiées commises par les militants houthistes en mer Rouge.  Le 9 janvier, les houthistes ont attaqué des navires britanniques et américains et la nuit dernière, a-t-elle rappelé, « nous avons pris des mesures d’autodéfense limitées, nécessaires et proportionnées aux côtés des États-Unis, avec le soutien non opérationnel des Pays-Bas, du Canada, de Bahreïn et de l’Australie ».  La Royal Air Force a mené des frappes ciblées contre des installations militaires utilisées par les rebelles houthistes au Yémen en veillant à minimiser les risques pour les civils, a-t-elle précisé.

Rappelant que depuis novembre, les houthistes ont lancé plus de 100 attaques de drones et de missiles contre des navires de plusieurs pays, mettant en danger des vies innocentes, menaçant l’économie mondiale et déstabilisant la région, en dépit de la résolution 2722 (2024) du Conseil, elle a exigé que ces attaques cessent.  Pour sa part, le Royaume-Uni s’engage à continuer de travailler avec la communauté internationale et ce Conseil pour combattre cette menace internationale, a indiqué la représentante, avant de préciser que son pays a publié un résumé de sa position juridique sur les frappes de la nuit dernière et fait rapport au Conseil par écrit, conformément à l’Article 51 de la Charte des Nations Unies.  Le Royaume-Uni reste déterminé à assurer la liberté de navigation, qui est protégée par le droit international, et à défendre le commerce international, et, comme l’a fait valoir sa représentante, il est dans l’intérêt de tous de travailler ensemble pour désamorcer les tensions dans la région. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a indiqué que Washington et Londres, soutenus par l’Australie, le Bahreïn, le Canada et les Pays-Bas, ont effectué des frappes conjointes contre des cibles houthistes au Yémen afin de réduire leur capacité de mener des attaques contre des navires marchands en mer Rouge.  Selon elle, ces frappes étaient nécessaires, proportionnées et conformes au droit international.  Le droit des États-Unis à la légitime défense, prévu par l’Article 51 de la Charte des Nations Unies, a été exercé après que les mesures non militaires se sont révélées inadéquates pour répondre à la menace posée, a précisé la représentante.  Aucun membre du Conseil n’est à l’abri des attaques menées par les houthistes, a-t-elle relevé, pas même la Fédération de Russie.  « Tant qu’un navire est vulnérable, tous les navires sont vulnérables en mer rouge », a-t-elle ajouté. 

Depuis novembre, pas moins de 2 000 navires ont dû être déroutés du fait des 27 attaques commises par les houthistes, qui ont également pris en otage des équipages de plusieurs pays, dont celui du Galaxy Leader, affrété par le Japon.  Peu après la condamnation par le Conseil de ces attaques, un navire norvégien a été frappé par un missile depuis une zone contrôlée par les houthistes au Yémen. En réaction, les États-Unis ont mis sur pied, le 18 décembre, une coalition internationale.  La représentante a dressé le bilan des opérations menées par son pays au cours des dernières semaines pour défendre les navires de commerce en mer Rouge.  Le 3 janvier, les États-Unis et 13 autres pays représentant les plus grands armateurs du monde ont prévenu que les attaques des houthistes constituaient une menace pour la liberté de commerce.  Le Conseil de sécurité a ensuite adopté une résolution demandant à cette organisation de cesser ses attaques, tout en condamnant ceux qui leur fournisse des armes. 

« Les États-Unis ne veulent pas davantage de conflits dans la région », a assuré la représentante, mais ils ont plutôt pour objectif de réduire les tensions, de rétablir la stabilité en mer Rouge, tout en respectant le principe fondamental de la liberté de navigation.  Sans le soutien de l’Iran, les houthistes seraient incapables de suivre les navires marchands qui transitent par le golfe d’Aden et la mer Rouge, a assuré la représentante. 

M. SAMUEL ŽBOGAR (Slovénie) a tenu à transmettre « trois messages simples ».  Premièrement, sa délégation condamne les attaques des houthistes en mer Rouge. Ces attaques doivent cesser immédiatement, tel qu’exigé par la résolution 2722 (2024).  Si la liberté de navigation et la sécurité maritime sont importantes pour la Slovénie, toute mesure visant à défendre les navires contre ces attaques doit néanmoins être prise dans le respect du droit international et des principes de distinction, de nécessité, de proportionnalité et de précaution.  Deuxièmement, a-t-il poursuivi, il est regrettable que les progrès dans les pourparlers de paix au Yémen soient à présent menacés, le peuple du Yémen ayant déjà beaucoup souffert du conflit.  Troisièmement, il a exhorté les houthistes à faire montre de retenue et a appelé à une désescalade des tensions.  Nous sommes prêts à participer à une réponse complète à la crise qui ravage actuellement la région mais un effort du Conseil de sécurité est nécessaire pour éviter de sombrer dans l’abîme, a-t-il conclu. 

M. ZHANG JUN (Chine) a déclaré que l’attaque des États-Unis et de leurs alliés a accru les tensions en mer Rouge, avant d’appeler les houthistes à cesser les leurs.  Toutes les parties doivent jouer un rôle constructif dans la préservation de la liberté de navigation.  Les actions unilatérales nourrissent des tensions et ne servent pas l’objectif recherché, a-t-il dit.  Le délégué a rappelé que le Conseil n’a jamais autorisé un pays ou groupe de pays à frapper le Yémen.  Aucun pays ne peut interpréter à sa guise les résolutions du Conseil pour aggraver les tensions en mer Rouge, a tranché le délégué, jugeant irresponsable de « mettre de l’huile sur le feu. »  Enfin, il a appelé les parties concernées, notamment les pays les plus puissants, à promouvoir le dialogue au Moyen-Orient et en mer Rouge.

M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur) s’est dit préoccupé par l’escalade du conflit en mer Rouge et s’est associé au Secrétaire général pour demander à tous les acteurs concernés de ne pas aggraver la situation, dans l’intérêt de la paix et de la stabilité régionales.  Il a rappelé avoir condamné, au Conseil, les attaques terroristes perpétrées par les houthistes contre plusieurs navires commerciaux en mer Rouge, actes qui constituent une violation flagrante du droit international et donc une menace à la paix et à la sécurité internationales.  La résolution adoptée par le Conseil de sécurité, il y a quelques jours, appelle les houthistes à mettre fin à leurs attaques et ordonne la libération immédiate du Galaxy Leader et de son équipage, a souligné le représentant, en rappelant que ces dispositions sont contraignantes.  Tous les moyens dont dispose le Conseil pour les mettre en œuvre doivent être utilisés, conformément au droit international, a-t-il estimé, en faisant valoir que ces attaques ont une incidence directe sur l’insécurité alimentaire et la crise humanitaire au Yémen, ainsi que sur les chaînes d’approvisionnement régionales et la hausse des prix des produits de base.  Il a conclu par un appel au dialogue politique sous l’égide des Nations Unies en vue de parvenir à une paix durable au Yémen, préserver ce qui a été accompli jusqu’à présent et mettre fin à ce conflit.

M. YAMAZAKI KAZUYUKI (Japon) a rappelé que les attaques incessantes des houthistes envers les navires marchands en mer Rouge, ainsi que la détention du Galaxy Leader et de son équipage, constituent des violations flagrantes du droit international qui menacent la liberté et la sécurité de navigation.  Malgré les mises en garde du Conseil de sécurité et de son pays au cours des dernières semaines, les houthistes ont intensifié leurs attaques envers les navires marchands, a-t-il déploré.  Si le Conseil a exigé la cessation immédiate des attaques il y a deux jours, en sa résolution 2722 (2024), a-t-il poursuivi, les houthistes ont à nouveau ignoré les appels de la communauté internationale.  En conséquent, le Japon soutient les mesures prises par les États-Unis et le Royaume-Uni, notamment leurs frappes conjointes contre des zones sous contrôle houthiste, qui visent à saper leur capacité d’attaque afin de rétablir la liberté et la sécurité de navigation.

M. DOMINGOS ESTÊVÃO FERNANDES (Mozambique) a exprimé sa grave préoccupation face aux événements en cours au Yémen.  Moins d’un jour après l’adoption de la résolution 2722 (2023) par le Conseil de sécurité, sur laquelle le Mozambique s’est abstenu, il a jugé regrettable que les décisions du Conseil puissent être mal interprétées et vues comme une autorisation de recourir à la force.  Il s’est opposé à toute action qui mette en péril la sécurité internationale ou qui soit susceptible de conduire à l’escalade.  Le recours à la force, a martelé le représentant, met en danger les efforts diplomatiques en cours dans une région déjà au bord du précipice du fait du conflit israélo-palestinien.  Il a condamné toutes les attaques qui menaceraient les navires commerciaux et une navigation sûre et sans entrave en mer Rouge.  La situation malheureuse au Yémen constitue un terreau fertile pour les organisations terroristes, a-t-il prévenu, avant de mettre en garde contre toute escalade dans la région. 

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a souligné que les attaques des houthistes contre des navires en mer Rouge constituent une violation claire du droit international.  Elles mettent en danger la sécurité de l’équipage et d’autres personnes et compromettent le flux des marchandises.  Respecter les droits et libertés de la navigation en mer Rouge et à Bab el-Mandab est d’une importance capitale.  Les attaques qui menacent ces droits sont tout simplement inacceptables et doivent être condamnées avec la plus grande fermeté.  La représentante a réitéré son appel aux houthistes pour qu’ils cessent immédiatement toute attaque ou action contre la navigation commerciale.  La violence en cours dans la région risque de conduire à une situation malheureuse où l’escalade militaire ne serait presque plus inévitable.  Il est fondamental d’éviter toute autre escalade et de faire preuve de retenue, conformément à la résolution 2722.  La représentante a souligné que le droit international, y compris le droit international humanitaire, doit être respecté en tout temps. Une détérioration plus avant de la sécurité maritime aura des conséquences directes sur le commerce international et des ramifications graves pour le bien-être de la population civile du Yémen qui dépend lourdement des importations, a prévenu la représentante.

Mme ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse), inquiète des attaques des houthistes qui se sont succédé ces derniers jours en mer Rouge ainsi que des frappes militaires d’une coalition américano-britannique la nuit dernière, a constaté que les risques d’une escalade régionale grandissent. Rappelant que la résolution 2722 (2024) réaffirme l’importance du strict respect des droits et libertés de navigation en mer Rouge, conformément au droit international, elle a réitéré l’interprétation de la Suisse du troisième paragraphe du dispositif de cette résolution: « le droit des États Membres, conformément au droit international, de défendre leurs navires contre les attaques, y compris celles qui portent atteinte aux droits et libertés de navigation » se limite selon elle stricto sensu aux mesures militaires destinées à intercepter des attaques contre des navires marchands et des navires de guerre, pour protéger lesdits navires et les personnes qui se trouvent à son bord. Dans ce contexte, toute opération militaire qui dépasse la nécessité immédiate de protéger lesdits navires et lesdites personnes serait disproportionnée et donc pas couverte par la résolution susmentionnée, a prévenu la déléguée.

À un moment où les discussions de paix au Yémen connaissent des avancées importantes, la communauté internationale doit contribuer à la préservation de ces acquis, a-t-elle martelé ajoutant qu’à long terme, rien ne garantira mieux la sécurité de la mer Rouge qu’une paix durable au Yémen, incluant tous les acteurs concernés.  La déléguée a donc espéré que serait évitée toute nouvelle détérioration de la situation, estimant que « nous avons collectivement les moyens de l’empêcher ». Elle a appelé toutes les parties et les acteurs impliqués en mer Rouge et dans la région à la prudence, à la plus grande retenue et au strict respect du droit international, avant de conclure en invitant le Conseil de sécurité à l’unité sur les questions de sécurité maritime et plus globalement dans ses décisions touchant de près ou de loin cette région. 

M. HWANG JOONKOOK (République de Corée) a insisté sur l’importance vitale d’assurer la liberté et la sécurité de la navigation en mer Rouge par laquelle transite environ 15% du commerce maritime mondial.  Toute attaque contre des navires commerciaux est injustifiable et inacceptable, quelles que soient les circonstances, a-t-il déclaré en regrettant que les attaques des houthistes contre les navires marchands et commerciaux se poursuivent malgré une série d’appels internationaux les exhortant à y mettre fin.  Rappelant que la résolution 2722 (2024) du Conseil stipule clairement le droit des États Membres, conformément au droit international, de défendre leurs navires contre les attaques, y compris celles qui portent atteinte aux droits et libertés de navigation, le délégué a déclaré que toute tentative de semer la peur en prenant en otage la libre circulation du commerce en mer Rouge et d’exploiter la situation régionale est vouée à l’échec.  Une fois de plus, il a exhorté les houthistes à s’abstenir de toute provocation dangereuse et à libérer immédiatement le Galaxy Leader et son équipage.  Dans le même temps, il est impératif d’empêcher tout débordement de la situation précaire dans la région, tant pour la protection des civils que pour l’économie mondiale, a-t-il recommandé.

Mme CAROLYN RODRIGUES BIRKETT (Guyana) s’est dite préoccupée par les conséquences des attaques perpétrées en mer Rouge et, maintenant, au Yémen.  Elle a souligné la nécessité d’éviter de mettre en péril les perspectives de paix dans ce pays.  Le peuple yéménite ne peut se permettre une nouvelle escalade des hostilités, a dit la déléguée, en appelant toutes les parties à la retenue.  Il convient d’éviter toute action de nature à faire dérailler les efforts en vue d’une solution durable au Yémen, a déclaré la déléguée.  « Toute escalade militaire ne ferait qu’aggraver la situation et pourrait plonger le Yémen et la région entière dans un désarroi encore plus profond », a mis en garde la représentante, avant de demander un cessez-le-feu immédiat à Gaza.

M. MICHAEL IMRAN KANU (Sierra Leone) a rappelé que le 10 janvier, le Conseil de sécurité a adopté la résolution 2722 par laquelle il condamne les attaques houthistes visant des navires commerciaux en mer Rouge et défend la liberté de navigation.  Le représentant a insisté sur le fait que toute action prise par des États Membres, après l’adoption de ce texte, doit être conforme à cette résolution et respecter le droit international en vigueur.  Il a conclu en appelant à la libération du navire Galaxy Leader et de son équipage.

M. AMAR BENDJAMA (Algérie) a rappelé que dans le cadre de l’adoption par le Conseil de la résolution sur la sécurité maritime, son pays a fait remarquer qu’une intervention militaire ne pouvait servir à réduire les tensions dans la région de la mer Rouge.  Il a exprimé sa grave préoccupation face aux opérations militaires en cours et aux frappes aériennes menées contre plusieurs sites et villes du Yémen.  Le représentant a appelé à la retenue et à la prudence à ce stade critique en vue d’éviter toute nouvelle escalade.  Le recours à la force ne fera que compliquer la situation au Yémen, a-t-il prédit, et pourrait saper les efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour mettre fin à la guerre et relancer le processus politique en vue de parvenir à un Yémen uni.  Jugeant impératif de s’attaquer aux racines du conflit dans la région, le représentant a estimé qu’il est plus urgent que jamais de parvenir à un cessez-le-feu immédiat et durable à Gaza. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a condamné dans les termes les plus forts les attaques de navires commerciaux menées par les houthistes en mer Rouge. Il s’est félicité de l’adoption de la résolution 2722 (2024) qui envoie un message de fermeté clair aux houthistes qui, par leurs actions armées, portent la responsabilité extrêmement lourde de l’escalade des tensions dans la région.  Il les a aussi accusés de menacer directement 15% du commerce mondial. Appelant à nouveau à la libération immédiate du Galaxy Leader et de son équipage, le représentant a également demandé à l’Iran, qui finance et arme les houthistes, de cesser ses actions déstabilisatrices.  Par sa résolution 2722 (2024), ce Conseil de sécurité a rappelé que l’exercice des droits et libertés de navigation doit être respecté et que les États ont, en accord avec le droit international, le droit de réagir à ces attaques, a-t-il souligné.  Il a assuré que la France continuera à contribuer à la sûreté maritime dans cette zone en lien avec ses partenaires, comme elle a été appelée à le faire les 9 et 11 décembre dernier lorsque la frégate Languedoc a été conduite à détruire des drones houthistes.

M. NEBENZIA (Fédération de Russie) a repris la parole pour rappeler que les attaques des États-Unis n’ont aucun fondement juridique.  Il n’existe aucun mandat permettant une attaque de cette soi-disant coalition, a tranché le délégué, en accusant le « bloc anglo-saxon » d’avoir de nouveau violé le droit.  C’est leur contribution au règlement de la crise au Yémen, a-t-il ironisé.

Mme THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a rappelé que, sans l’intervention de la coalition en mer Rouge, l’un des missiles tirés par les houthistes aurait pu atteindre une cible.  Elle a dit attendre une désescalade de la part des houthistes eux-mêmes, puisque ce sont eux qui mettent en danger le commerce maritime.

Mme WOODWARD (Royaume-Uni) a indiqué que le résumé de la position juridique du Gouvernement britannique sur l’intervention d’hier a bien été communiqué par écrit au Conseil, conformément à l’Article 51 de la Charte des Nations Unies.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Les membres du Conseil de sécurité à l’unisson pour condamner le transfert forcé de populations civiles de Gaza vers des pays tiers

9531e séance – après-midi
CS/15564

Les membres du Conseil de sécurité à l’unisson pour condamner le transfert forcé de populations civiles de Gaza vers des pays tiers

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, M. Martin Griffiths, a fait part, cet après-midi au Conseil de sécurité, de sa profonde inquiétude après les déclarations de ministres israéliens favorables au transfert massif des populations civiles de la bande de Gaza vers des pays tiers.  Selon la Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme, Mme Ilze Brands Kehris, ces propos incendiaires alimentent les crainte d’une expulsion doublée d’une impossibilité de revenir.  L’Algérie, qui avait demandé la tenue de cette séance, a noté le « consensus rare » qui a prévalu parmi les membres du Conseil pour rejeter « tout projet de transfert forcé des Palestiniens en dehors de leurs terres », projet dont Israël a nié l’existence.

Dressant un bilan des 100 jours de guerre à Gaza, le Secrétaire général adjoint, qui est également le Coordonnateur des secours d’urgence, a indiqué que, depuis les « événements abominables » du 7 octobre, plus de 23 000 personnes ont été tuées à Gaza, plus de 58 000 blessées et près de 1,9 million de civils, soit 85% de la population totale, sont déplacés, selon le Ministère gazaouite de la santé.

Poursuivant, le haut fonctionnaire a précisé que, au moment où les opérations terrestres israéliennes se déplacent vers le sud du territoire, les frappes aériennes se sont intensifiées dans les zones où les civils ont reçu l’ordre de se réinstaller pour leur sécurité.  Dès lors, en a-t-il conclu, il n’y a pas d’endroit sûr à Gaza, où une vie humaine digne est quasi impossible.  Et à l’heure actuelle, a-t-il ajouté, difficile d’imaginer que les gens puissent retourner dans le nord.

Les pertes civiles inacceptablement élevées, la destruction quasi complète des infrastructures civiles essentielles, les déplacements massifs de populations et les conditions humanitaires abominables qui règnent dans la bande de Gaza soulèvent de graves préoccupations quant à la Commission pour crimes de guerre, a déclaré la Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme, avant de dénoncer les propos incendiaires de certains responsables israéliens plaidant pour une réinstallation permanente de Palestiniens « au-delà des mers ». « Cela ne doit pas se produire », a tranché Mme Kehris.

De l’Algérie à la Suisse en passant par l’Équateur et la Slovénie, ainsi que les membres permanents du Conseil, les délégations sont parvenues à un « consensus rare » pour rejeter tout transfert forcé des Gazaouites.  En vertu des Conventions de Genève, qui interdisent de tels projets, a rappelé la Suisse, des mesures devraient être prises pour empêcher cette « déportation de masse » afin d’éviter un embrasement de la région et du reste du monde, a prévenu la Fédération de Russie.

Pour l’Équateur, le transfert forcé de populations civiles est une violation du droit international humanitaire et des droits de l’homme, ainsi que des résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023) du Conseil de sécurité, la deuxième rappelant que la bande de Gaza fait partie intégrante du Territoire palestinien occupé. Ses habitants ne doivent pas être soumis à un transfert forcé ou à une réinstallation en dehors de la bande de Gaza, a tranché le Royaume-Uni.

« Protégez notre peuple », a exhorté l’Observateur permanent de l’État de Palestine, en insistant sur le fait qu’il « est là pour rester parce qu’il a le droit de vivre dans la liberté et la dignité sur sa terre ancestrale ».  Israël a toutefois soutenu qu’il n’y a pas de transfert forcé à l’œuvre dans la bande de Gaza, affirmant que ses forces se battent simplement contre les terroristes du Hamas.  Nous avons d’ailleurs demandé l’évacuation temporaire des zones de guerre actives, a assuré la délégation.

Emboîtant le pas aux deux fonctionnaires de l’ONU, la plupart des membres du Conseil ont réitéré l’importance d’instaurer un cessez-le-feu immédiat à Gaza, certains exigeant que les otages détenus par le Hamas soient remis en liberté. Les États-Unis se sont émus pour leur part de l’incapacité du Conseil de condamner ce groupe armé pour ses attaques du 7 octobre, ni de reconnaître le déplacement de quelque 250 000 Israéliens qui s’est ensuivi, ni l’utilisation de la population gazaouite comme boucliers humains.  La délégation américaine a également rejeté sans équivoque les déclarations de certains ministres israéliens en faveur de l’expulsion des Palestiniens de Gaza, les jugeant « indignes et incompatibles avec une paix durable ». 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. MARTIN GRIFFITHS, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a déclaré que depuis près de 100 jours, la guerre à Gaza est menée sans tenir compte de l’impact sur les civils, les opérations militaires israéliennes se poursuivant sans relâche.  Citant le Ministère de la santé de Gaza, le haut fonctionnaire a indiqué que plus de 23 000 personnes ont été tuées et plus de 58 000 blessées depuis les événements abominables du 7 octobre.  Quelque 1,9 million de civils, soit 85% de la population totale, sont déplacés, traumatisés et contraints de fuir alors que les bombes et les missiles pleuvent sur eux.  Sur le terrain, les abris sont surpeuplés, la nourriture et l’eau s’amenuisent, le risque de famine augmente de jour en jour, s’est alarmé le haut fonctionnaire.  Le système de santé est en train de s’effondrer, les femmes ne pouvant accoucher en toute sécurité, les enfants se faire vacciner, et les malades et les blessés être soignés.  Les maladies infectieuses sont en hausse et les gens cherchent refuge dans les cours des hôpitaux. 

Poursuivant, M. Griffiths a dit que l’hiver exacerbe la lutte pour la survie. Quelque 134 locaux de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) ont été endommagés et 148 membres du personnel de l’ONU et d’ONG tués à Gaza.  Alors que les opérations terrestres se déplacent vers le sud, les bombardements aériens se sont intensifiés dans les zones où les civils ont reçu l’ordre de se réinstaller pour leur sécurité, a relevé le Secrétaire général adjoint.  Il n’y a pas d’endroit sûr à Gaza, s’est lamenté le haut fonctionnaire, en ajoutant qu’une vie humaine digne est presque impossible.  Rafah, a-t-il poursuivi, abrite aujourd’hui 1 million de personnes déplacées contre 280 000 avant la guerre.  À l’heure actuelle, il est difficile d’imaginer que les gens puissent retourner dans le nord.

Les efforts pour acheminer des convois humanitaires dans le nord se sont heurtés à des retards, à des refus et à l’imposition de conditions impossibles, a informé M. Griffiths.  Les personnels humanitaires qui ont réussi à se rendre dans le nord ces derniers jours décrivent des scènes d’horreur absolue, avec notamment des cadavres abandonnés sur les routes.  Pour autant, l’acheminement de l’aide à Gaza est quasi impossible, l’accès à Khan Younès n’étant plus possible.  Dans le sud, une extension de l’offensive à Rafah mettrait sérieusement à mal les opérations humanitaires déjà débordées qui nécessitent des mesures extraordinaires pour prêter une assistance limitée, a prévenu le Secrétaire général adjoint. Selon lui, à Rafah et Kerem Shalom, les articles humanitaires ne suffiront pas à eux seuls à subvenir aux besoins de plus de 2 millions de personnes.  Les marchandises commerciales doivent pouvoir entrer à grande échelle dans le territoire, a plaidé M. Griffiths. 

Dans ces circonstances, a-t-il poursuivi, l’extension des hostilités vers le sud augmenterait considérablement la pression en faveur d’un déplacement massif de populations vers les pays voisins.  Certains ont déjà proposé d’accueillir des civils qui souhaitent quitter Gaza pour leur protection, s’est-il félicité.  Toutes les personnes déplacées du territoire doivent être autorisées à rentrer, comme l’exige le droit international.  Le Secrétaire général adjoint a fait part de sa profonde inquiétude à l’écoute des déclarations de ministres israéliens au sujet de plans visant à encourager le transfert massif de civils de Gaza vers des pays tiers. Ces déclarations, interdites par le droit international, suscitent de graves inquiétudes quant à la possibilité d’un transfert massif ou d’une déportation forcée de la population palestinienne de la bande de Gaza.  Toute tentative de modifier la composition démographique de Gaza doit être fermement rejetée, a-t-il invité.

Le Coordonnateur des secours d’urgence a appelé à ne pas oublier les 1 200 personnes tuées, les milliers de blessés lors de l’attaque brutale menée par le Hamas et d’autres groupes armés contre Israël le 7 octobre, ainsi que les violences sexuelles odieuses commises ce jour-là. D’autant plus que les tirs de roquettes se poursuivent en direction des zones peuplées d’Israël.  Il a déploré le fait que depuis novembre, aucun otage n’a été libéré et aucune information n’a été communiquée à leurs familles et à leurs proches.  Plus de 100 000 personnes ont été déplacées à l’intérieur d’Israël à la suite de l’attaque du 7 octobre par le Hamas et d’autres groupes armés et en raison des tirs de roquettes continus de groupes armés opérant à Gaza et au Liban.

Se disant extrêmement préoccupé par le risque d’une nouvelle expansion régionale de ce conflit, le haut fonctionnaire a constaté la hausse des tensions et de l’activité militaire au Liban, en mer Rouge et au Yémen. « Nous ne pouvons pas permettre que cela se métastase davantage.  Les conséquences d’une conflagration plus large seraient inimaginables », a-t-il alerté.  Ce que nous voyons depuis le 7 octobre est une tache sur notre conscience collective, a ajouté le Secrétaire général adjoint.  Si nous n’agissons pas, cela deviendra une marque indélébile sur notre humanité.  Les gens continueront à souffrir et à mourir à cause des roquettes, des bombes, des missiles et des balles, de la famine et des maladies.  « Nous ne pouvons pas laisser cela se produire », a-t-il encore exhorté, avant de demander le respect du droit international humanitaire et la libération immédiate de tous les otages.  « Je réitère mon appel à un cessez-le-feu et au Conseil de sécurité pour qu’il prenne des mesures urgentes afin de mettre fin à cette guerre », a déclaré M. Griffiths en conclusion.

Mme ILZE BRANDS KEHRIS, Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme et Directrice du Bureau de New York du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, a indiqué que les horreurs des attaques du 7 octobre ne seront pas oubliées et ne resteront pas impunies.  Elle a précisé que depuis ce jour près de 1,9 million de Palestiniens ont été déplacés, soit 85% de la population de Gaza.  « Ce qui s’est passé à Gaza n’est pas simplement une conséquence du conflit, mais le résultat direct de la manière dont les hostilités ont été conduites. »  Si Israël a indiqué que ses ordres d’évacuer à Gaza ont été donnés? pour la sécurité des civils palestiniens, il semble qu’il a pris peu de disposition pour s’assurer que les évacuations soient conformes au droit international, s’agissant de l’accès à une hygiène de base, à des denrées alimentaires ou à un abri, a-t-elle noté.  Elle a indiqué que de telles évacuations, qui ne remplissent pas des conditions de licéité, peuvent potentiellement s’apparenter à des transferts forcés, soit un crime de guerre.  Elle a en outre souligné la confusion des ordres d’évacuation vers de soi-disant zones humanitaires, celles-ci ayant été ultérieurement prises pour cible par Israël.

Israël ne remplit pas ses obligations, y compris en tant que Puissance occupante, s’agissant du bon acheminement de l’aide et de biens de première nécessité à Gaza pour répondre aux besoins de base de la population, a-t-elle tranché.  « Plus de 90% de la population à Gaza souffre désormais d’une insécurité alimentaire aiguë, et nombre d’habitants sont au bord d’une famine pourtant évitable, qui est le fait de l’homme. »  Les pertes civiles inacceptablement élevées, la destruction quasi complète des infrastructures civiles essentielles, les déplacements massifs de population et les conditions humanitaires abominables soulèvent de graves préoccupations en ce qui concerne la commission de crimes de guerre, a-t-elle exposé.  Elle a aussi pointé du doigt l’augmentation considérable de la violence commise par les forces israéliennes et les colons en Cisjordanie. 

La Sous-Secrétaire générale a également dénoncé les déclarations incendiaires de certains responsables israéliens militant pour une réinstallation permanente de Palestiniens au-delà des mers.  Ces déclarations ont alimenté les peurs d’une expulsion de force de Gaza et d’une impossibilité d’y revenir, a-t-elle fait remarquer en lançant un appel: « Cela ne doit pas se produire. »  « Nous devons œuvrer à un cessez-le-feu permanent et à la libération de tous les otages », a-t-elle dit, en y voyant là des premiers pas en vue d’une solution durable.  Enfin, elle a rappelé que la violence actuelle s’inscrit dans un contexte marqué par des décennies de violations des droits humains.  Il faut en traiter les causes profondes, a-t-elle conclu.

M. AMAR BENDJAMA (Algérie) a regretté l’absence d’action sérieuse de la communauté internationale pour mettre un terme à ce qui se passe à Gaza, « une honte pour la conscience de l’humanité » à ses yeux. « Ne suffit-il pas de tuer plus de 30 000 personnes dont plus de 10 000 enfants, de blesser plus de 60 000 personnes et de détruire plus de 60% des bâtiments à Gaza? » Le délégué s’est demandé si la communauté internationale pouvait accepter que plus de 2 millions de personnes souffrent de la faim et de maladies.  Cibler tout signe de vie à Gaza et y détruire les infrastructures revient en fait à rendre Gaza inhabitable, a-t-il constaté en pointant l’objectif de tuer tout espoir de retour des Palestiniens dans leurs foyers pour mettre en œuvre la stratégie de transfert forcé des Palestiniens en dehors de leur terre. Il a relevé que cette stratégie reçoit un grand soutien de la part de responsables de la Puissance occupante qui cherchent à mettre un terme à la question palestinienne en « évacuant les Palestiniens ». 

Ce plan de transfert forcé des Palestiniens est destiné à échouer, a prévenu le délégué, martelant qu’expulser les Palestiniens de chez eux est une violation claire et nette du droit international, en particulier de l’article 49 de la quatrième Convention de Genève.  Il a demandé à la communauté internationale de parler d’une seule voie pour dénoncer cette expulsion des Palestiniens, car « se taire c’est être complice ».  Avant de conclure, il a réitéré l’appel de l’Algérie en faveur d’un cessez-le-feu urgent et permanent à Gaza et son soutien à un État palestinien indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a déclaré que la situation des Palestiniens de Gaza est insoutenable, 1,8 million d’entre eux ayant été déplacés.  La position de son pays est claire: les Palestiniens de Gaza doivent pouvoir rentrer chez eux dès que les conditions le permettront et les civils ne pas être contraints de quitter le territoire pour quelque motif que ce soit.  La représentante a rejeté sans équivoque les déclarations de certains ministres israéliens en faveur de l’expulsion des Palestiniens de Gaza, les jugeant « indignes et incompatibles avec une paix durable ».  Or, a-t-elle observé, le Conseil a été incapable de condamner le Hamas pour ses attaques du 7 octobre, y compris la prise d’otages, ni de reconnaître le déplacement de quelque 250 000 israéliens, ni l’utilisation de la population civile comme boucliers humains. 

Pendant ce temps, a poursuivi la représentante, la violence en Cisjordanie atteint des proportions sans précédent.  Elle a condamné les attaques menées par des Palestiniens contre des civils israéliens dans les territoires occupés ainsi que la violence des colons, qui entraîne le déplacement de communautés entières.  Qui plus est, les colonies sapent la viabilité géographique de la solution des deux États et ne font qu’aggraver les tensions.  Les États-Unis continueront de répondre à cette violence croissante en imposant des restrictions à leurs auteurs, a-t-elle assuré. Elle a exhorté le Gouvernement israélien à prévenir et à enquêter sur la violence perpétrée par les colons extrémistes, et à faire preuve de retenue dans ses opérations en Cisjordanie, s’agissant notamment des infrastructures civiles.  Enfin, l’Autorité palestinienne doit adopter des réformes afin d’assurer sa revitalisation.  Pour sa part, Israël doit remettre à celle-ci les recettes fiscales qui lui reviennent. Pour la représentante, la seule façon de mettre un terme au cycle terrible de violence est de parvenir à une paix durable. 

M. VASILY A. NEBENZYA (Fédération de Russie) a déploré les milliers de blessés, de tués et de déplacés dans la bande de Gaza, le manque d’accès aux ressources vitales et les bombardements des camps de réfugiés.  « Les attaques du 7 octobre commises par le Hamas ne peuvent légitimer les violations flagrantes du droit international et ce châtiment collectif imposés par Israël à la population gazaouite », s’est-il indigné.  Selon lui, les attaques perpétrées par le Hamas ne peuvent être détachées « du contexte plus large d’oppression et d’occupation infligé par Israël depuis des décennies ».  Il a ensuite regretté que la résolution 2712 (2023) n’inclut pas un appel au cessez-le-feu immédiat en raison de l’opposition des États-Unis, « d’où sa valeur pratique quasiment nulle ».  Concernant la résolution 2720 (2023), il a rappelé que sa délégation s’oppose à la teneur du paragraphe 2 du dispositif, « car la responsabilité incombe aux États Membres qui ont donné leur accord sous pression des États-Unis ». 

Le délégué a ensuite déclaré que les tirs ciblés contre les infrastructures civiles ont pour but de contraindre les civils à quitter leur terre, ce qui révèle « le dessein d’Israël d’y rendre la vie impossible ».  En vertu de la Convention de Genève, il s’agit de prendre des mesures pour empêcher cette « déportation de masse » par les Israéliens afin d’éviter un embrasement dans la région et le reste du monde, a-t-il prévenu.  Le délégué s’est ensuite dit inquiet « du projet d’Israël d’inonder 1 300 tunnels à Gaza avec de l’eau de mer ».  « La pollution des nappes phréatiques rendra le territoire inhabitable, ce qui pourrait être qualifié d’acte génocidaire », a-t-il mis en garde.  Par ailleurs, le représentant a pointé du doigt la Cour pénale internationale, « qui fait montre d’une passivité déjà observée dans le cadre d’autres conflits ».  Réitérant la nécessité d’instaurer un cessez-le-feu, d’engager une action humanitaire, de remettre en liberté les otages et d’un dialogue politique pour parvenir à une solution à deux États, il a souligné que ce conflit embrase toute la région, comme le montre les récentes attaques au Yémen.  « Apparemment, une diplomatie effective bilatérale et arbitraire a la préférence des Américains, qui affirment qu’elle fonctionne mieux que les efforts multilatéraux », a-t-il désapprouvé. Le Conseil de sécurité se doit de revenir sur cette question, sous peine de voir le Moyen-Orient s’enfoncer dans une guerre encore plus lourde de conséquences, a-t-il exhorté en conclusion. 

M. JOSÉ JAVIER DE LA GASCA (Équateur) a demandé au Conseil de sécurité de rejeter clairement le transfert forcé de la population civile en violation du droit international humanitaire et des droits de l’homme, comme il l’a fait deux fois en 2023 dans ses résolutions 2712 et 2720, la dernière ayant rappelé que la bande de Gaza fait partie intégrante du territoire occupé.  Il a réitéré l’importance de la solution des deux États, qui doit être « pacifique, définitive et équitable pour les deux parties ».  Le délégué a regretté que les dispositions de la résolution 2712 soient loin d’être exécutées, faute de progrès.  La situation ne cesse de s’aggraver sur le terrain et les otages du Hamas sont toujours retenus captifs, s’est-il désolé en s’inquiétant pour la population civile déplacée et du risque croissant d’expansion de la violence.  Le représentant a regretté que les résolutions du Conseil n’aient qu’un impact limité sur la réalité, en constatant qu’en l’absence de cessez-le-feu humanitaire, il est impossible de mettre en œuvre ce qui a été décidé. 

Il a invité le Conseil à tout faire pour que la situation s’améliore saluant l’ouverture du point de passage de Kerem Shalom par Israël permettant l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza.  Il a salué la nomination de Mme Sigrid Kaag au poste de coordonnatrice des affaires humanitaires et de la reconstruction à Gaza.  Le délégué a une nouvelle fois condamné l’attaque terroriste perpétrée par le Hamas le 7 octobre 2023 ainsi que les violences sexuelles commises sur des civils.  Il faut libérer tous les otages, immédiatement et sans condition, a-t-il exigé en insistant aussi sur les garanties d’acheminement de l’aide humanitaire. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a commencé par rejeter dans les termes les plus fermes toute déclaration proposant que les Palestiniens soient réinstallés en dehors de Gaza, y compris de la part de membres du Gouvernement israélien.  Les habitants de Gaza ne doivent pas être soumis à un transfert forcé ou à une réinstallation hors de la bande de Gaza, a-t-elle tranché.  Également préoccupée par les niveaux records de violence des colons extrémistes dans le Territoire palestinien occupé et par leurs effets dévastateurs, elle a demandé au Gouvernement israélien non seulement de condamner cette violence, mais aussi de prendre des mesures directes contre ceux qui en sont responsables, de leur demander des comptes et de veiller à ce que les civils palestiniens soient protégés.  La représentante a exigé qu’Israël cesse immédiatement toutes activités de colonisation et respecte toutes ses obligations légales. 

Les colonies sont illégales au regard du droit international et leur expansion est un obstacle à une paix durable en Israël, en Cisjordanie et dans l’ensemble du Territoire palestinien occupé, a martelé la représentante.  Elle a appuyé le cessez-le-feu, mais un cessez-le-feu durable dans lequel le Hamas ne représente plus une menace pour la sécurité d’Israël, où l’aide est acheminée sans entrave et où les Palestiniens peuvent retourner dans les zones de Gaza d’où ils ont dû fuir.  En attendant, elle a plaidé pour des pauses humanitaires immédiates et durables qui permettraient de libérer les otages et d’augmenter l’aide à Gaza.  Conformément à la résolution 2720 (2023) du Conseil, le Royaume-Uni demande à Israël de permettre l’acheminement de volumes plus importants d’aide humanitaire, par le plus grand nombre d’itinéraires possible, a conclu la représentante.

M. ZHANG JUN (Chine) a constaté que depuis le début de ce conflit il y a près de 100 jours, plus de 200 membres du personnel de l’ONU et plus de 23 000 Gazaouites ont perdu la vie alors que plus de 90% de la population de la bande de Gaza a été déplacée et 60% des maisons détruites. Il ne s’agit pas là simplement de « chiffres froids », mais de pertes humaines et de souffrances quotidiennes, s’est alarmé le représentant, en exigeant un cessez-le-feu immédiat à l’instar de l’écrasante majorité de la communauté internationale.  Regrettant qu’un seul membre permanent de Conseil s’y oppose, le délégué lui a reproché de faire preuve de deux poids, deux mesures. Face aux demandes de certaines personnalités israéliennes en vue d’un transfert forcé des Palestiniens de Gaza, pour créer une soi-disant « zone sûre », le délégué s’y est fermement opposé en martelant que « Gaza est la terre du peuple palestinien ». Vivement préoccupé par ces demandes, il a dit que si cette idée devait se concrétiser, il s’agirait d’un crime atroce au regard du droit international qui anéantirait toute perspective pour la solution des deux États. 

La Chine suit de près les intentions déclarées d’Israël, a-t-il affirmé, mais elle accorde encore plus d’attention à ce qui se passe concrètement.  Le représentant a plaidé pour un accès sans entrave à l’aide humanitaire, notant que la famine et les maladies se propagent à Gaza alors que l’ordre social y est au bord de l’effondrement.  C’est Israël qui poursuit ses bombardements indiscriminés contre Gaza et érige de nombreux obstacles à l’acheminement de l’aide, s’est emporté le représentant, en estimant que c’est tout simplement inacceptable.  La Chine appuie toutes les mesures qui seront prises par le Conseil de sécurité pour permettre à l’aide d’entrer à Gaza et demande un cessez-le-feu permanent qui permettra d’éviter que tout le Moyen-Orient ne s’embrase.  Le délégué a donc demandé à la communauté internationale d’œuvrer en faveur d’un cessez-le-feu et à Israël de mettre fin à la destruction de la bande de Gaza, de lutter contre la violence des colons et de transférer les recettes fiscales à l’Autorité palestinienne sans tarder. Il a conclu en demandant à toutes les parties de respecter la Charte des Nations Unies et le droit international, et de conjuguer leurs efforts pour maintenir la paix et la sécurité au Moyen-Orient et en mer Rouge.

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) s’est alarmée de la situation catastrophique à Gaza qui provoque décès, souffrances et déplacements parmi la population civile privée des produits de première nécessité.  Les femmes et les enfants souffrent de manière disproportionnée de l’insécurité alimentaire, de la malnutrition et de la paralysie du système de santé.  Dans ces conditions, elle a réaffirmé l’urgence de faciliter véritablement l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza, en ouvrant des points de passage supplémentaires et en levant les obstacles bureaucratiques arbitraires aux opérations humanitaires.  Il est tout aussi essentiel d’assurer la sécurité du personnel humanitaire et onusien, ainsi que l’intégrité de celle de leurs locaux, a-t-elle ajouté. 

Pour y parvenir, la déléguée a appelé à la mise en œuvre immédiate des résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023) du Conseil de sécurité, tout en se disant impatiente de travailler avec la nouvelle Coordonnatrice de l’action humanitaire et de la reconstruction à Gaza.  Elle a également demandé la libération immédiate et sûre des otages restants.  Selon la représentante, l’établissement d’un cessez-le-feu humanitaire est le seul moyen de mettre en place une réponse humanitaire significative dans l’ensemble de l’enclave.  Le transfert forcé de populations et le transfert de populations hors des territoires occupés constituent par ailleurs une grave violation du droit international humanitaire, a-t-elle rappelé, et un crime de guerre au sens de la quatrième Convention de Genève.  Pour ce qui est de la Cisjordanie, la déléguée a exprimé sa profonde préoccupation face aux démolitions, à l’empiétement des colons illégaux et à la violence qui y persiste. 

M. YAMAZAKI KAZUYUKI (Japon) a déploré l’ampleur des souffrances à Gaza, « une des pires catastrophes au monde ».  Alors que le Conseil de sécurité a adopté les résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023), leur application demeure « illusoire » du fait de la poursuite des combats, a-t-il regretté.  Afin de parvenir à une désescalade du conflit et de créer des conditions propices à l’apaisement des tensions, il a souhaité que les otages soient libérés, et ce, sans condition.  Sa délégation est, par ailleurs, préoccupée par les récents discours des ministres israéliens sur la « réinstallation » de Palestiniens en dehors de la bande de Gaza.  « Toute tentative de transfert par la force est une violation du droit international », a-t-il prévenu.  Il a encouragé au contraire à créer des conditions propices au retour des civils vers leur foyer.  Le Japon continuera de tout mettre en œuvre pour la désescalade du conflit et la création d’une solution à deux États, a déclaré le délégué. 

M. SAMUEL ŽBOGAR (Slovénie) a rejeté les récentes déclarations de membres du Gouvernement israélien proposant le déplacement massif des Palestiniens de Gaza, ce qui constituerait une grave violation du droit international humanitaire et un crime de guerre.  De telles déclarations ne font qu’exacerber les tensions, a ajouté le représentant, en se disant consterné par les conditions de vie actuelles des 85% de la population gazaouite.  Les opérations militaires, y compris les bombardements aveugles, forcent les gens à fuir sans arrêt.  Saluant la nomination de Mme Sigrid Kaag au poste de coordonnatrice de l’aide humanitaire et de la reconstruction de la bande de Gaza, le délégué a appelé au respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme à Gaza, où aucun endroit n’est plus sûr.  Où les habitants vont-ils pouvoir revenir puisque les hôpitaux, les sites religieux, les écoles, les musées et même l’ancien port de Gaza ont été détruits? s’est-il demandé.

Le représentant a reconnu que le Hamas se sert de certaines infrastructures civiles pour poursuivre ses attaques contre Israël, se disant conscient de la brutalité de l’attaque du 7 octobre contre des civils israéliens.  Préoccupé par les informations relatives à des violences sexuelles commises par ses militants, il a exigé qu’une enquête soit ouverte à ce sujet.  Il a appelé le Hamas à libérer immédiatement tous les otages.  Mais cela ne peut justifier la destruction des infrastructures civiles et des vies gazaouites, a tranché le délégué, en condamnant une nouvelle fois les appels aux déplacements de populations à Gaza.  L’ONU doit pouvoir acheminer l’aide humanitaire à la population locale, a-t-il exhorté, avant d’exiger en conclusion un cessez-le-feu immédiat.

M. MICHAEL IMRAN KANU (Sierra Leone) a condamné dans les termes les plus forts les attaques odieuses du Hamas et demandé la libération des otages. Il a dénoncé les attaques contre les civils palestiniens, ainsi que l’infliction de tout châtiment collectif. Le délégué a rejeté toute tentative visant à des transferts forcés de Palestiniens hors de Gaza et de la Cisjordanie. Il a souligné la gravité de la situation humanitaire à Gaza, ainsi que l’insuffisance de l’aide.  Le délégué a exhorté les parties à se conformer aux résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023) du Conseil, en vue d’aboutir à un accès humanitaire sans entrave à Gaza.  Enfin, il a demandé un cessez-le-feu permanent et plaidé pour la solution des deux États.

M. SANGJIN KIM (République de Corée) a souligné l’importance de pauses humanitaires plus durables à Gaza, en vue d’aboutir à une cessation des hostilités.  Sur cette base, l’acheminement de l’aide humanitaire doit être accru et facilité, a souhaité le délégué, en mentionnant les innombrables camions qui attendent d’entrer à Gaza.  Il a appelé tous les acteurs régionaux à faire montre de la plus grande retenue afin d’aboutir à une désescalade des tensions en Cisjordanie, en mer Rouge et le long de la Ligne bleue entre Israël et le Liban.  Tous les États ont le droit de se protéger et de protéger leurs citoyens, mais ce droit doit être exercé conformément au droit international, a rappelé le délégué.  Il a enfin demandé que le droit des Palestiniens de vivre sur leurs propres terres soit garanti.  « Les transferts forcés, de masse ou individuels, de Palestiniens hors de la Palestine, y compris Gaza, sont tout simplement inacceptables. »

Mme CAROLYN RODRIGUES-BIRKETT (Guyana) a exprimé sa profonde préoccupation face au transfert forcé de la population de Gaza depuis le 7 octobre.  De nombreux Palestiniens ont été déplacés à plusieurs reprises, pendant que des responsables israéliens suggèrent que le peuple de Gaza devrait être transféré de force vers des pays de la région et ailleurs.  Le Guyana, a martelé la représentante, rejette ces propositions et appelle le Conseil à faire tout ce qui est en son pouvoir pour protéger la population palestinienne d’un tel sort, qui rappelle celui de 1948.  Les circonstances dans lesquelles ces personnes ont été arrachées à leurs foyers et à leurs moyens de subsistance ont entraîné une situation humanitaire catastrophique.  De plus, a-t-elle noté, la perspective de création d’un État palestinien ne peut être dissociée de la nécessité pour le peuple palestinien d’habiter le territoire qui lui appartient.  Son expulsion forcée, combiné à la colonisation croissante en Cisjordanie, ne laisse aucun doute sur le sort probable de la solution des deux États. À ce stade, un cessez-le-feu immédiat est crucial, a fait valoir la représentante. 

M. DOMINGOS ESTÊVÃO FERNANDES (Mozambique) a jugé inacceptables les transferts forcés de populations à Gaza et les restrictions imposées à l’aide humanitaire dans une bande qui souffre de bombardements intenses.  Il a dénoncé la destruction d’infrastructures civiles vitales, en violation du droit international humanitaire et des droits de l’homme.  « Le pic de l’escalade régionale du conflit au Moyen-Orient a atteint son plus haut niveau. »  Le délégué a jugé impératif que ce conflit cesse immédiatement et a appelé à faire preuve de modération et de retenue.  Le droit international relatif aux conflits doit primer sur les actions belligérantes et tous les acteurs doivent mettre fin à la violence et aux opérations militaires, a-t-il lancé.

Le représentant a misé sur un cessez-le-feu immédiat pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire, en application des résolutions 2712 (2023) et 2720 (2023) du Conseil de sécurité, des textes qui devraient également permettre des négociations en vue de la paix.  Citant le Haut-Commissaire pour les réfugiés, M. Filippo Grandi, le délégué a dit que « résoudre le problème des transferts forcés n’est pas seulement un impératif moral ou humanitaire, mais traite également de questions qui sont au cœur du mandat du Conseil de sécurité de maintenir la paix et la sécurité internationales ».  Il faut reprendre le dialogue avant que la situation ne se détériore irrémédiablement, a-t-il tranché en rappelant son soutien à la solution des deux États. 

M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) a indiqué qu’en trois mois, la bande de Gaza est devenue inhabitable et, comme le dit le Secrétaire général, « nul n’y est en sécurité ».  « La Suisse rejette et condamne toutes les déclarations visant à expulser les civils hors du Territoire palestinien occupé, y compris de Gaza. »  Il a rappelé que les Conventions de Genève interdisent le transfert forcé de populations qui peut constituer des crimes de guerre.  « Nous appelons les dirigeants de toutes les parties à s’abstenir de toute mesure unilatérale et de tout acte de provocation ou propos inflammatoire notamment ceux pouvant constituer une violation du droit international. » Il est urgent de négocier un tournant décisif pour sortir de cette crise qui menace la paix et la sécurité des Israéliens, des Palestiniens, de la région tout entière et bien au-delà, a-t-il poursuivi.  Enfin, il a estimé que la recherche d’une solution politique à deux États, prônée par ce Conseil depuis des années, est impérative.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a plaidé en faveur d’un cessez-le-feu durable, avec l’aide de tous les partenaires régionaux et internationaux, afin de pouvoir acheminer davantage d’aide humanitaire aux populations civiles de Gaza, aide à laquelle la France continuera de contribuer.  Réitérant l’appel de la France à la libération immédiate et sans conditions de tous les otages, il a appelé le Conseil à condamner dans les termes les plus forts les attaques terroristes commises par le Hamas et d’autres groupes terroristes le 7 octobre dernier.  La France poursuivra son action pour établir des sanctions contre le Hamas au niveau européen, a-t-il ajouté.

Le délégué a dit que la France continuera de s’engager dans la voie d’une sortie de crise rapide fondée sur la solution des deux États, soulignant que le Président Macron poursuit ses échanges denses avec les acteurs de la région pour y parvenir.  L’Autorité palestinienne a un rôle central à jouer dans ce processus, en Cisjordanie comme à Gaza, a-t-il ajouté.  Le représentant a rappelé que, selon la résolution 2712 (2023), le transfert forcé de populations civiles est contraire au droit international.  Il a aussi condamné la politique de colonisation, illégale également au regard du droit international et obstacle majeur à la perspective d’une solution à deux États.  Soucieux aussi d’éviter un embrasement régional, il a souligné que la stabilité du Liban et de la région nécessite le plein respect de la résolution 1701 (2006) par toutes les parties.  Enfin, il a condamné les attaques des houthistes contre les navires commerciaux en mer Rouge.

M. RIYAD MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a d’abord remercié l’Afrique du Sud d’avoir saisi la Cour internationale de Justice (CIJ) contre Israël pour le crime de génocide.  Afin d’éviter une escalade régionale, un cessez-le-feu immédiat est indispensable, a exigé M. Mansour, estimant que sauver les vies d’enfants palestiniens est tout aussi urgent que de protéger les voies de navigation maritime.  Le peuple palestinien est confronté à des massacres à grande échelle visant à lui faire subir des transferts forcés.  C’est une Nakba qui se déroule sous les yeux du monde entier, s’est ému l’Observateur permanent, 70% des Palestiniens de Gaza étant déjà des réfugiés privés de leur droit au retour depuis des décennies.  Aujourd’hui, ils pleurent leurs proches, leurs maisons et leurs villes détruites.

En 100 jours, a poursuivi M. Mansour, pratiquement tous les Palestiniens de Gaza ont été déplacés de leurs foyers, trouvant refuge dans un abri de l’ONU ou sous une tente.  Ils ne trouvent la sécurité nulle part mais la mort partout, a-t-il résumé.  Israël a délibérément tout détruit et tué nos enfants, nos médecins, nos journalistes, nos ingénieurs, nos poètes, nos universitaires, en espérant que les Palestiniens partiraient sous la pression des bombardements.  Pour le représentant, il est injuste que leurs vies soient un enfer sur Terre simplement parce qu’ils refusent de quitter leur patrie.  Paraphrasant le Secrétaire général, l’Observateur permanent a dit que sauver des vies civiles, permettre l’accès de l’aide humanitaire, prévenir la famine, arrêter la propagation des maladies infectieuses, et empêcher l’escalade régionale sont autant de mesures qui exigent un cessez-le-feu humanitaire immédiat.

Israël, a estimé M. Mansour, veut que le peuple palestinien choisisse entre la destruction et les transferts forcés, entre le génocide et le nettoyage ethnique.  Il a encouragé le Conseil à agir pour mettre fin au génocide en cours, pour sauver des vies, pour mettre fin à ce carnage et pour rétablir la vie à Gaza.  Pour mettre fin à ce conflit, le consensus international est clair: il n’y a pas un peuple de trop dans la région, il manque un État indépendant.  « Agissez en conséquence.  Protégez le peuple palestinien et soutenez l’indépendance de l’État palestinien », a exhorté l’Observateur permanent, en insistant sur le fait que « le peuple palestinien est là pour rester.  Il a le droit de vivre dans la liberté et la dignité sur sa terre ancestrale. C’est la seule voie vers une paix et une sécurité partagées.  Tous ceux qui veulent une paix et une sécurité partagées doivent soutenir un cessez-le-feu immédiat » a-t-il insisté en conclusion.

M. GILAD MENASHE ERDAN (Israël) a relevé qu’après 21 séances du Conseil de sécurité sur cette question depuis le 7 octobre, en plus de deux résolutions du Conseil et deux autres de l’Assemblée générale, aucun texte n’a condamné le Hamas pour ses « massacres abominables ». Aucune discussion du Conseil n’a porté sur la libération des otages depuis 100 jours, et aucune mesure n’a été prise en vue de leur libération.  Le représentant y a vu autant de « symptômes du cancer qui gangrène l’ONU », laquelle est « exploitée par des dictateurs et des violeurs des droits humains ».  Aujourd’hui, l’ONU est devenue « une nouvelle arme dans l’arsenal des terroristes », perdant à ses yeux toute crédibilité morale. « L’ONU ne se distingue aujourd’hui que par la diabolisation d’Israël », a-t-il ajouté.  Depuis la création de ce pays, « les Palestiniens utilisent tous les moyens à leur disposition pour nous détruire », notamment l’ONU, utilisée comme « arme », et parlant de la « Nakba » comme d’un échec à détruire le peuple israélien.  Selon le représentant, chaque instance onusienne est une arme utilisée par les Palestiniens contre Israël.  « Que les choses soient claires: il n’y a pas de transfert forcé. »  Israël n’a nullement l’intention de déplacer la population de Gaza, a assuré le représentant, mais se bat simplement contre les terroristes du Hamas.  Israël a d’ailleurs demandé l’évacuation temporaire des zones de guerre actives. 

Poursuivant, le représentant a cité en exemple l’expulsion de plus d’un million d’Afghans du Pakistan sans que le Conseil n’intervienne.  Or, ce déplacement de musulmans par un pays musulman ne signifie selon lui rien pour l’Algérie puisqu’il ne concerne pas des Juifs. « Le Conseil est mené par les objectifs politiques empoisonnés de l’écrasante majorité de l’ONU », a ajouté le représentant.  Qui plus est, en 2023, l’Assemblée générale a adopté davantage de résolutions contre Israël que contre l’Iran, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et la Syrie combinées.  « L’ONU est non seulement cassée, elle est aussi dangereuse », a-t-il accusé. Chaque jour, Israël facilite l’acheminement de l’aide humanitaire vers Gaza, tandis que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) refuse de faire rapport sur les victimes israéliennes des attentats du 7 octobre, attentats que n’a pas condamnés l’Autorité palestinienne. 

Le représentant a encore relevé que la RPDC a été élue au conseil d’administration de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), où siègent également la Syrie et le Yémen.  Il en va de même de l’UNRWA, dont des employés ont selon lui glorifié sur Telegram les massacres du Hamas.  Des armes et des roquettes ont été trouvées dans des écoles administrées par l’UNRWA à Gaza, a-t-il ajouté, avant de dénoncer l’alimentation de la haine par une institution onusienne.  À cet égard, il a dénoncé aussi l’inaction du Conseil des droits de l’homme face à des pays tels que Cuba ou le Venezuela ou encore l’Iran, alors qu’il s’en prend à Israël à chaque session.  « Pour l’ONU, les ténèbres sont la lumière et le mal est le bien. » 

Illustration de la « réalité dystopique » de l’ONU, l’Afrique du Sud a saisi « de manière éhontée » la Cour internationale de Justice (CIJ).  « Comment est-il possible que la Convention sur la prévention du génocide, adoptée après le génocide du peuple juif, soit utilisée contre l’État juif pour servir les visées du Hamas? » s’est-il demandé, en considérant cette affaire « sans fondement ».  Il a ensuite accusé l’ONU d’être complice des terroristes du Hamas qui exploitent l’aide internationale pour alimenter sa machine de guerre.  Aucun pays n’accepterait un cessez-le-feu dans de telles circonstances, a-t-il répété. « Le moment est venu de rebâtir l’ONU », a préconisé en conclusion le délégué. 

M. BENDJAMA (Algérie) a salué les contributions substantielles faites lors de cette séance, notant le consensus parmi les membres du Conseil sur le rejet de tout projet de transfert forcé des Palestiniens en dehors de leurs terres.  C’est un consensus rare, a souligné le délégué, en appelant à faire fond sur ce consensus « retrouvé ».  « Cela aurait une résonance extraordinaire au sein de l’opinion publique du monde entier et dans notre région. »  Il a enfin rappelé que le Conseil a besoin de restaurer sa crédibilité.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Colombie: le Conseil de sécurité informé d’un bilan encourageant sur l’application de l’accord de paix final même si l’insécurité persiste

9530e séance – après-midi  
CS/15563

Colombie: le Conseil de sécurité informé d’un bilan encourageant sur l’application de l’accord de paix final même si l’insécurité persiste

À moins d’un mois de la mission qu’effectuera le Conseil de sécurité sur le terrain, le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie a fait le point cet après-midi sur les évolutions des trois derniers mois dans la mise en œuvre de l’Accord final pour la fin du conflit et la construction d’une paix stable et durable de 2016, dans un contexte marqué par la « politique de paix totale » que promeut le Président colombien Gustavo Petro Urrego depuis son entrée en fonction en août 2022.

M. Carlos Ruiz Massieu a relevé la forte volonté politique nationale en faveur de l’accord de paix politique négocié qui fournit une feuille de route détaillée pour traiter les causes et les conséquences du conflit, comme en témoignent les engagements exprimés par le Gouvernement, les diverses institutions de l’État et la société civile.  Il a salué l’unité dont ont fait preuve la région et la communauté internationale, y compris ce Conseil, dans leur soutien à ce processus. 

Les efforts du Gouvernement pour dialoguer avec les groupes armés opérant dans le pays ont été au centre de la réunion.  Appelant à poursuivre la mise en œuvre de l’accord de paix en même temps que ces dialogues, M. Ruiz Massieu a argué que ces deux volets se renforcent mutuellement.  Il a mis l’accent sur les pourparlers en cours avec l’Armée de libération nationale (ELN) et l’État-major central des Forces armées révolutionnaires de Colombie–Armée populaire (EMC FARC-EP), en saluant leur évolution positive.  Il a notamment signalé la conclusion d’accords avec l’ELN lors du dernier cycle de négociations au Mexique en décembre et les progrès réalisés dans la mise en œuvre des accords précédents, y compris un cessez-le-feu bilatéral. 

Le prochain cycle de négociations doit se tenir bientôt à Cuba, a annoncé le Chef de la Mission: il portera notamment sur l’extension et le renforcement du cessez-le-feu et l’interdiction explicite des enlèvements contre rançon, formalisant ainsi des engagements importants convenus au Mexique.  M. Ruiz Massieu a également salué et appelé à poursuivre les progrès réalisés dans les négociations entre le Gouvernement et l’EMC FARC-EP, notamment à l’occasion du troisième cycle de négociations qui vient de débuter cette semaine à Bogota. 

La plupart des membres du Conseil ont salué les progrès réalisés dans les deux processus et appelé les parties à parvenir à un accord sur la prolongation de leurs cessez-le-feu respectifs. 

« L’année 2024 doit être l’année de la mise en œuvre des engagements pris », a souhaité le Représentant spécial, notamment sur le chapitre ethnique de l’Accord final. Il a également appelé à miser sur une exécution « énergique » de la politique publique de démantèlement des groupes armés illégaux et des organisations criminelles, mais également sur la consolidation des progrès réalisés et l’établissement de priorités dans les domaines de l’Accord final qui ont pris du retard.  À l’instar de plusieurs membres du Conseil, il a souligné l’importance des questions de développement, de réforme rurale et d’accès à la terre, de réintégration des anciens combattants ou encore de justice transitionnelle.  À ce titre, la France et la Suisse ont insisté sur le rôle central des femmes dans le processus de paix, le mécanisme de justice transitionnelle, le chapitre ethnique, les efforts de réintégration ainsi que dans la politique de paix du Gouvernement colombien. 

Sur le plan sécuritaire, M. Ruiz Massieu a constaté la poursuite d’assassinats ciblés visant des anciens combattants des FARC-EP, des leaders sociaux des communautés autochtones et afrocolombiennes ainsi que des femmes.  Pour y répondre et contenir cette violence, il a demandé aux autorités colombiennes de renforcer la présence de l’État dans les zones où sévissent des groupes armés.  Sur ce point, la Fédération de Russie a insisté sur l’importance des garanties de sécurité adéquates pour tous les participants aux efforts de consolidation de la paix en Colombie car, comme l’a dit le Secrétaire général, la situation alarmante en matière de sécurité reste probablement le principal obstacle à la pleine mise en œuvre de l’Accord final, et cela malgré les efforts sincères du Gouvernement.

Une représentante de la société civile colombienne, l’une des 38 145 victimes recensées de violences sexuelles dans le contexte du conflit armé en Colombie, s’est adressée au Conseil par visioconférence pour rappeler la signature de l’accord visant à accélérer la mise en œuvre du chapitre de l’Accord final consacré aux questions ethniques.  Un accord entre le Ministère de l’intérieur et l’unité chargée de l’application de l’Accord final, qui a été signé aujourd’hui même avec le soutien de la Vice-Présidente de la Colombie, Mme Francia Márquez. 

« En tant que victime directe des FARC, qui n’a pas vu la guerre à la télévision, mais l’a vécue personnellement », elle a dit préférer un accord imparfait plutôt qu’une guerre permanente.  Raison pour laquelle Mme Yolanda Perea Mosquera a appelé le Conseil de sécurité à soutenir les efforts du Gouvernement colombien pour parvenir à une paix totale avec les acteurs armés qui opèrent sur ses territoires, comme l’ELN.  Elle n’a pas manqué de souligner la nécessité de mettre en exécution le programme de garantie globale pour les femmes leaders et défenseuses des droits humains, ainsi que le programme intégral de sécurité et de protection des communautés et des organisations des territoires, qui inclut les besoins particuliers des communautés ethniques, des femmes et des filles. 

Intervenant en fin de séance, le Ministre des affaires étrangères de la Colombie, M. Leyva Durán, s’est tout d’abord félicité de la prorogation d’un an de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie par le Conseil de sécurité, « sans laquelle la paix serait restée lettre morte ».  Il a rappelé que l’Accord final est enregistré en tant que document du Conseil de sécurité, un « précédent historique » qui constitue une condition préalable à la paix nationale. S’adressant aux membres du Conseil, il a souligné qu’en tant que compagnons sur le chemin de la paix, il leur incombe « d’illuminer la partie de l’humanité qui recherche la paix de façon inlassable », conformément à la politique de paix totale du Président colombien.  Le Ministre a réaffirmé l’engagement de celui-ci en faveur de la construction d’un pays fort, résilient et juste, donnant voix au chapitre à la population pour faire de la Colombie une « puissance mondiale de l’espoir ».  
 

LETTRES IDENTIQUES DATÉES DU 19 JANVIER 2016, ADRESSÉES AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ET AU PRÉSIDENT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LA REPRÉSENTANTE PERMANENTE DE LA COLOMBIE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2016/53)

Déclarations

Le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie, M. CARLOS RUIZ MASSIEU, a rappelé la célébration, en novembre dernier, du septième anniversaire de l’Accord de paix final, en notant les obstacles encore à surmonter mais aussi les facteurs de réussite.  Il a souligné la forte volonté politique nationale, comme en témoignent les engagements exprimés par le Gouvernement, les diverses institutions de l’État et la société civile, sans oublier une région et une communauté internationale, y compris ce Conseil, qui sont restées unies dans leur soutien au processus de paix.

Comme le décrit le dernier rapport du Secrétaire général, que M. Ruiz Massieu présentait aujourd’hui, l’année écoulée a montré qu’il existe des liens clairs entre la mise en œuvre de l’Accord final et les initiatives de dialogue du Gouvernement colombien avec d’autres acteurs armés.  L’année 2024 doit être l’année de la mise en œuvre des engagements pris, notamment pour le chapitre ethnique, a-t-il lancé en signalant l’augmentation notable de l’acquisition et de la formalisation des terres grâce à la priorité accordée à la réforme agraire.  M. Ruiz Massieu a notamment misé sur une exécution « énergique » de la politique publique de démantèlement des groupes armés illégaux et des organisations criminelles.  Il a aussi espéré la consolidation des progrès réalisés et l’établissement de priorités dans les domaines qui ont pris du retard. 

Sur le plan de la sécurité, le Représentant spécial a fait état de développements préoccupants dans plusieurs régions du pays, parlant notamment de l’assassinat de quatre ex-combattants des Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire (FARC-EP) depuis la date de clôture du rapport du Secrétaire général, et de crimes contre des leaders sociaux.  Il a condamné ces attaques « injustifiables » avant de parler de la situation difficile dans des départements tels que le Cauca où sont présentes des populations autochtones et afrocolombiennes et où sévissent des acteurs armés.  Il a plaidé pour un déploiement global de l’État dans ces zones pour freiner et contenir la violence.  Sur une note positive, il a remarqué que dans certaines régions, malgré les difficultés, il a été possible d’inverser la violence, ce dont témoigne la baisse de 16% des homicides par rapport à 2022 dans les municipalités où des programmes de développement et d’autres approches territoriales sont mis en œuvre et des municipalités historiquement touchées par le conflit comme Arauca et Meta. 

Bien qu’ils soient confrontés à des défis, les progrès constants du système de justice transitionnelle colombien sont une autre raison d’être optimiste en 2024, a poursuivi le Représentant spécial en saluant sa structure innovante et complète, qui combine des mécanismes extrajudiciaires et judiciaires. Il a noté que la juridiction spéciale pour la paix continue d’enquêter et de poursuivre les crimes graves commis pendant le conflit par d’anciens membres des FARC-EP, des membres des forces de sécurité publique, d’autres agents de l’État et des tiers civils, tout en se préparant à prononcer ses premières sentences réparatrices.  Il a insisté sur l’importance des conditions nécessaires à leur mise en œuvre, ce qui nécessitera des efforts coordonnés entre la juridiction spéciale et les autorités gouvernementales nationales et locales.

M. Riuz Massieu s’est dit encouragé par l’engagement continu en faveur de la paix de la grande majorité des anciens membres des FARC-EP.  Il a également salué l’approche multiforme du Gouvernement, avec des instruments tels que le programme de réintégration global. Il a en outre mis en exergue l’évolution positive des pourparlers entre le Gouvernement et l’Armée de libération nationale (ELN), en saluant les accords conclus lors du dernier cycle de négociations au Mexique en décembre et les progrès réalisés dans la mise en œuvre des accords précédents, y compris le cessez-le-feu bilatéral et les travaux du comité national de participation.  M. Riuz Massieu a encouragé les parties à régler leurs différends par le dialogue.  Il s’est dit persuadé que la volonté manifestée jusqu’à présent aboutira à de nouveaux résultats lors du prochain cycle de négociations, qui doit se tenir bientôt à Cuba, notamment par l’extension et le renforcement du cessez-le-feu entre les parties et l’interdiction explicite des enlèvements contre rançon, formalisant ainsi des engagements importants convenus au Mexique. 

Il a également salué les progrès réalisés dans les négociations entre le Gouvernement et le groupe de l’État-major central des Forces armées révolutionnaires de Colombie–Armée populaire (EMC FARC-EP) et encouragé les parties à poursuivre sur cette voie, y compris au cours du troisième cycle de négociations qui vient de débuter cette semaine à Bogota.  Leurs discussions porteront notamment sur une analyse du cessez-le-feu en vue de son éventuelle prolongation au-delà du 14 janvier, a-t-il précisé.

Rappelant que les attentes légitimes en matière de sécurité et de jouissance des droits par les communautés dans les zones touchées par le conflit restent insatisfaites dans plusieurs régions, il a expliqué cela par les niveaux de violence élevés liés aux conflits entre groupes armés et la présence d’organisations criminelles, dans un contexte de présence limitée des institutions de l’État.  Il a soutenu l’appel lancé par le Secrétaire général à tous les acteurs armés pour qu’ils donnent des signes concrets de leur volonté réelle de paix en mettant fin aux affrontements entre eux et en respectant la population civile. 

M. Ruiz Massieu est ensuite revenu sur les élections municipales et départementales d’octobre dernier qui ont permis la prise de fonction de centaines de nouvelles autorités régionales et locales élues.  Il est essentiel de renforcer le travail coordonné de l’État entre les niveaux national, départemental et municipal, a-t-il souhaité avant de condamner la récente tentative d’assassinat du maire de Tumaco, qui illustre les risques encourus par les autorités locales et la nécessité de leur garantir une protection.  Il a conclu en demandant de poursuivre la mise en œuvre de l’accord de paix et de continuer à progresser dans les initiatives de dialogue avec d’autres acteurs armés, ces deux volets se renforçant mutuellement.

Mme YOLANDA PEREA PESQUERA, membre de la société civile colombienne, qui s’est présentée comme une victime et survivante de violences sexuelles dans le contexte du conflit armé en Colombie, s’est toutefois adressée au Conseil de sécurité « non pas en tant que victime, mais en tant que sujet ayant des droits », pour exposer la situation vécue par plus de 38 145 victimes de violences sexuelles dans son pays.  Elle a rappelé qu’est célébrée aujourd’hui la signature de l’accord visant à accélérer la mise en œuvre du chapitre de l’Accord final consacré aux questions ethniques entre le Ministère de l’intérieur et l’unité chargée de l’application de l’Accord final, avec le soutien de la Vice-Présidente Francia Márquez. « En tant que victime directe des FARC, qui n’a pas vu la guerre à la télévision, mais l’a vécue personnellement, je préfère un accord imparfait plutôt qu’une guerre permanente », a expliqué l’intervenante, en faisant part de ses recommandations.

Il faut, a-t-elle déclaré, soutenir le Gouvernement pour parvenir à une paix totale avec les acteurs armés qui opèrent sur nos territoires, comme l’ELN; convenir d’un accord humanitaire permettant de promouvoir des mesures préservant la vie, le respect des droits humains et du droit international humanitaire; et instaurer un cessez-le-feu pour toutes les formes de violence, en particulier celles commises contre les communautés ethniques, les femmes et les filles.  Mme Pesquera a ensuite encouragé à promouvoir et soutenir la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) et de son plan d’action national en Colombie, afin qu’y soient consolidées la participation, la protection et le leadership des femmes et des jeunes dans la construction et le développement durable de la paix. 

La représentante a ensuite souligné la nécessité de pleinement mettre en œuvre le programme de garantie globale pour les femmes leaders et défenseuses des droits humains, ainsi que le programme intégral de sécurité et de protection des communautés et des organisations des territoires, qui inclut les besoins particuliers des peuples ethniques et des femmes et filles.  Il faut également, a-t-elle exhorté, appuyer le combat que les femmes et les personnes LGBTIQ ont mené pour l’ouverture, devant la Juridiction spéciale pour la paix, de l’affaire 11 pour enquêter sur la violence sexuelle et fondée sur le genre et les violences obstétricales, ainsi que sur d’autres crimes motivés par des préjugés à l’encontre de personnes ayant une orientation sexuelle différente.  Il faut aussi demander des garanties pour que victimes et survivants obtiennent réellement justice, vérité et réparation.  Mme Pesquera a par ailleurs exigé du Gouvernement qu’il se conforme à l’arrêt de la Cour interaméricaine des droits de l’homme dans l’affaire Jineth Bedoya Lima, victime de violences sexuelles dans le contexte du conflit. 

En conclusion, elle a demandé aux membres du Conseil de regarder une pièce de tissu présentée derrière elle, confectionnée par des victimes et des survivants de violences sexuelles.  « Notre objectif est de confectionner la plus grande courtepointe du monde, à la fois pour rendre visible la violence du conflit armé et tisser l’espoir », a-t-elle déclaré.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a salué l’engagement du Gouvernement colombien à accélérer la mise en œuvre du chapitre ethnique de l’Accord final, y compris les initiatives relatives à l’accès à la terre et à la réintégration.  Il a appelé à l’adoption de nouvelles mesures pour veiller à ce que 60% de ce chapitre soit mis en œuvre d’ici à 2026, comme convenu dans le récent pacte gouvernemental.  La pleine mise en œuvre des dispositions relatives au genre et à l’origine ethnique de l’Accord final est essentielle pour lutter contre les facteurs d’inégalité et protéger les groupes vulnérables, notamment les communautés autochtones et afrocolombiennes les plus touchées par le conflit. 

Néanmoins, le représentant a exprimé sa grave préoccupation face aux violences perpétrées contre les signataires des accords de paix, les défenseurs des droits humains, les communautés, les femmes et les dirigeants sociaux, y compris les trois meurtres déjà commis en 2024.  Les garanties de sécurité constituent un élément essentiel de l’Accord final qui sous-tend les progrès dans tous les autres chapitres, y compris la réintégration, a-t-il souligné.  À cet égard, le programme global de réintégration récemment approuvé constitue une étape bienvenue.  Le représentant a ensuite réitéré son appel à la nomination d’un bureau dédié à la coordination de la mise en œuvre de l’accord au sein de la présidence.  Il a noté l’engagement de Bogota à renforcer la paix par le biais du dialogue, notamment son intention de prolonger le cessez-le-feu avec l’ELN. 

M. JOSÉ JAVIER DE LA GASCA (Équateur) a salué les efforts de la Colombie pour consolider la paix et la réconciliation nationale.  Le processus de paix dans ce pays est un exemple de règlement des conflits par le dialogue.  Face aux défis persistants, il faut renforcer les institutions et garantir la sécurité et les droits de tous les Colombiens.  Le succès de la réforme rurale est crucial, y compris pour toute la région.  Une paix durable en Colombie dépend de l’inclusion et du respect de la diversité culturelle et des droits des peuples autochtones et afrocolombiens, a commenté le représentant pour lequel le pacte pour la mise en œuvre du chapitre ethnique de l’Accord final, constitue un pas important pour répondre aux attentes de ces communautés.  Le rôle des femmes et des jeunes dans le processus de paix est vital et doit rester une priorité. 

Poursuivant, le délégué a déclaré que les progrès réalisés dans le dialogue et la mise en œuvre du cessez-le-feu montrent qu’il est possible de mettre fin à la violence.  Au demeurant, il faut suivre de près le dialogue avec le groupe dissident des ex-FARC-EP, appelé « État-major central des Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire » (EMC FARC-EP), a-t-il ajouté, encourageant les parties à respecter l’accord de cessez-le-feu, et à protéger la population civile.  Les groupes armés doivent contribuer à une nouvelle désescalade, en réduisant les affrontements.  La fin des enlèvements est également une étape vers la paix et la stabilité en Colombie. Pour sa part, la communauté internationale, y compris le Conseil de sécurité, doit continuer à soutenir la Colombie qui emprunte la voie d’une paix stable et durable, a exhorté le représentant, impatient de participer à la visite du Conseil dans le pays le mois prochain

Au nom du Groupe A3+1 (Algérie, Mozambique, Sierra Leone et Guyana), Mme CAROLYN RODRIGUES-BIRKETT(Guyana) a salué la détermination et les efforts du Président Gustavo Petro, de son gouvernement et du peuple colombien pour promouvoir la paix et la sécurité dans le pays.  Elle a souligné que la question de l’accès à la terre est un élément essentiel du processus de paix en Colombie, avant de saluer les récents accords de cessez-le-feu passés entre le Gouvernement et les groupes ELN et EMC-FARC-EP, ainsi que les récentes élections municipales et départementales.  La déléguée a insisté sur l’importance de la réintégration des anciens combattants, de la mise en œuvre des réformes institutionnelles en ce sens, d’une réforme agraire complète et de la mise en œuvre du chapitre ethnique de l’accord. Elle a relevé l’absence de progrès de fond sur ce chapitre ethnique et la poursuite des problèmes sécuritaires qui touchent avant tout les communautés autochtones et afrocolombiennes dans des zones où la présence de l’État reste limitée.  Elle a donc appelé les autorités colombiennes à rétablir la présence de l’État dans ces zones et à accélérer la mise en œuvre des composantes essentielles de l’Accord final.

M. GENG SHUANG (Chine) a souligné la nécessité de parvenir à de nouveaux résultats dans la mise en œuvre de l’Accord final, félicitant le Gouvernement colombien d’en avoir fait une priorité et d’avoir augmenté les investissements dans la réforme rurale, la redistribution des terres et la réintégration des anciens combattants.  Le représentant a estimé qu’il faut continuer de progresser dans le dialogue et les négociations, saluant les bons résultats obtenus au cinquième tour des pourparlers de paix entre le Gouvernement et l’Armée de libération nationale. Cependant, le peuple colombien reste exposé à des menaces sécuritaires, comme les violences criminelles qui demeurent un obstacle à la mise en œuvre de l’accord de paix, a regretté le délégué. Reste que, pour la Chine, le processus de paix en Colombie offre un exemple de règlement d’un conflit par le dialogue et la négociation, et sert de référence utile au Conseil de sécurité pour les autres crises dans le monde. 

Mme SHINO MITSUKO (Japon) a jugé essentiel de protéger et d’intégrer tous les individus, y compris les plus vulnérables, afin de maintenir la paix en Colombie.  La mise en place d’un environnement où la sécurité, la justice et l’égalité sont assurées permettra aux populations de réaliser leur plein potentiel, dans l’intérêt de la paix et du développement du pays.  Dans ce contexte, le Japon, a dit la représentante, se félicite des progrès réalisés dans les processus de planification et de conception de plusieurs domaines de l’Accord final, tels que la protection et la réintégration, la réforme rurale globale, la promotion de l’égalité ethnique ainsi que de l’égalité entre les hommes et les femmes.  La représentante a ainsi encouragé l’ensemble des parties prenantes à coopérer à la mise en œuvre effective de l’Accord final.  Elle s’est félicitée des efforts déployés par la Mission des Nations Unies pour aider le Gouvernement colombien, notamment la mise en place de mesures préventives grâce à une approche de gestion des risques. La représentante a formé le vœu que la visite prochaine en Colombie des membres du Conseil de sécurité leur permettra d’examiner la manière dont cet organe peut jouer au mieux son rôle en faveur de la paix. 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a d’ores et déjà salué la prochaine visite du Conseil en Colombie, « un signal politique de soutien aux efforts de paix ».  Une approche stratégique, holistique et interinstitutionnelle, en coopération avec les autorités locales et régionales, est essentielle au succès de l’accord de paix final ainsi qu’à la politique de paix totale du Gouvernement, a estimé la représentante ravie des nominations de M. Otty Patiño en tant que nouveau Haut-Commissaire pour la paix et de Mme Vera Grabe en tant que Cheffe de délégation pour le processus de l’Armée de libération nationale (ELN).  Les pourparlers actuels continuent de porter leurs fruits, s’est félicitée la déléguée notant que la surveillance et la vérification des cessez-le-feu ont contribué à la désescalade des hostilités bilatérales.  Elle a appelé les parties aux accords de cessez-le-feu en cours à les renouveler et à considérer l’intégration des éléments multilatéraux pour renforcer leurs effets. 

S’agissant de la protection des civils, les garanties de leur participation au processus de paix, la réintégration des ex-combattants et la prévention du recrutement et de l’utilisation d’enfants par les groupes armés doivent rester au centre des préoccupations de tous, a recommandé la représentante.  Elle a dit attendre avec intérêt la finalisation du premier plan d’action national de la Colombie sur les femmes, la paix et la sécurité.  Il est important d’assurer la cohérence de ce plan avec la politique de paix totale et les dispositions de l’Accord de paix final, a-t-elle dit avant d’insister en conclusions sur le rôle central des femmes dans le processus de paix, le mécanisme unique de justice transitionnelle, le chapitre ethnique, les efforts de réintégration ainsi que la politique de paix du gouvernement en général.

Il est clair, a estimé Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie), qu’il faut faire plus dans les domaines du renforcement de l’autorité de l’État, de la mise en œuvre de programmes de substitution à la drogue et de la réintégration socioéconomique et politique des anciens rebelles.  La représentante a déploré le niveau anormalement élevé de la violence contre des participants aux efforts de consolidation de la paix, notamment les anciens membres des FARC et insisté pour que la priorité soit l’offre de garanties adéquates en matière de sécurité.  Elle a dit comprendre à quel point le dialogue du Gouvernement avec d’autres groupes rebelles, tels que l’Armée de libération nationale (ELN) et l’État-major central, est difficile et laborieux.  Elle s’est donc félicitée de ce que les régimes de cessez-le-feu avec ces milices, bien que fragiles, soient généralement respectés. 

La représentante a souligné le rôle de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie et a convenu avec le Secrétaire général que la situation générale alarmante en matière de sécurité dans le pays reste, malgré les efforts sincères du Gouvernement, peut-être le principal obstacle à la pleine mise en œuvre de l’accord de paix global et d’autres accords de paix.  Pour accroître l’impact des activités de la Mission et de l’ensemble des Nations Unies dans la vérification des accords de paix actuels, la représentante a estimé qu’il serait utile que les autorités colombiennes fournissent au Conseil des idées sur les buts et objectifs de leurs efforts de consolidation de la paix et sur leur calendrier.  Une telle feuille de route aiderait les membres du Conseil de sécurité, au moment de leur prochaine visite sur place.  Ils pourront ainsi mieux évaluer les résultats des mesures déjà prises et, le cas échéant, identifier les ajustements éventuels à apporter aux modalités de travail de la Mission de vérification. 

Mme ELISABETH MILLARD (États-Unis) a réitéré le soutien ferme de son gouvernement en faveur de la mise en œuvre continue de l’Accord final, la jugeant essentielle pour que la Colombie s’achemine sur la voie de la justice pour les victimes du conflit, de même que pour garantir sécurité et stabilité et atteindre les objectifs de lutte contre le trafic de stupéfiants.  Elle a salué le fait qu’un travail préparatoire est en cours pour les peines à des fins de justice réparatrice.  La représentante s’est également félicitée du dialogue continu entre le Gouvernement colombien et l’ELN ainsi que du déploiement d’une centaine de membres du personnel pour le mécanisme de vérification du cessez-le-feu bilatéral.  Si elle s’est dite heureuse d’entendre que ce mécanisme permet de réduire les affrontements, la déléguée a toutefois exprimé sa préoccupation devant la capacité limitée du commandement central de l’ELN à maintenir le cessez-le-feu. 

À propos des discussions en cours entre le Gouvernement colombien et les FARC-EP, la représentante américaine a noté qu’un troisième cycle de discussions aura lieu le mois prochain.  Les États-Unis, a-t-elle ajouté, continueront à suivre ces progrès avant d’envisager une nouvelle extension du mandat de la Mission de vérification des Nations Unies pour y inclure le contrôle du cessez-le-feu entre le Gouvernement colombien et les FARC-EP. 

M. JOONKOOK HWANG (République de Corée) a salué les progrès réalisés par le Gouvernement colombien dans la mise en œuvre de l’Accord final de 2016, et réaffirmé le soutien de son pays aux efforts déployés par la Mission de vérification des Nations Unies.  Afin d’assurer une paix durable dans le pays, notamment en s’attaquant aux causes profondes du conflit, il est impératif de mettre en œuvre une réforme rurale globale et d’autonomiser les populations marginalisées.  Le représentant s’est félicité des dispositions de l’Accord final relatives à la réforme agraire et a salué les progrès réalisés par l’Agence nationale des terres en milieu rural.  En tant que partenaire de développement de la Colombie, la République de Corée a contribué au projet sur l’accélération de l’autonomisation économique des femmes rurales et le renforcement des mécanismes de gouvernance inclusifs dans les régions touchées par les conflits, a-t-il rappelé. 

Le représentant a appelé à des mesures immédiates pour mettre fin à la violence persistante contre les anciens combattants, les dirigeants sociaux, les femmes et les filles.  Les garanties de sécurité pour les groupes vulnérables sont une condition préalable à la promulgation de peines réparatrices, a-t-il argué, en espérant que les premières condamnations seront prononcées par la Juridiction spéciale pour la paix au cours du premier trimestre de 2024.  Dans l’intervalle, le délégué a dit attendre avec impatience les résultats des derniers pourparlers de paix entre le Gouvernement colombien et l’Armée de libération nationale (ELN).  Selon lui, les cessez-le-feu et les négociations de paix en cours peuvent contribuer à réduire la violence de manière significative. 

M. SAMUEL ŽBOGAR (Slovénie) a exprimé son soutien sans équivoque aux travaux de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie.  À l’occasion de la commémoration du septième anniversaire de la signature de l’Accord final entre le Gouvernement colombien et les ex-FARC-EP, la priorité reste sa mise en œuvre intégrale et réussie, a-t-il fait valoir.  Préoccupé par les attaques perpétrées par des groupes armés et criminels, le représentant a encouragé le Gouvernement à déployer une présence intégrée des institutions et des services de l’État, y compris dans les zones touchées par les conflits. Inquiet aussi de l’augmentation des violences à l’égard des femmes, le délégué a appelé à combattre cette violence et à adopter une approche centrée sur les survivantes pour mettre en œuvre les dispositions de l’Accord final relatives au genre. 

Le représentant a salué l’ouverture d’enquêtes visant les violences basées sur le genre, les violences sexuelles et reproductives.  Il a aussi demandé la participation des femmes au Forum de haut niveau sur l’égalité des sexes organisé par le Gouvernement ainsi qu’à l’élaboration du plan d’action national sur les femmes, la paix et la sécurité. Enfin, il a attiré l’attention sur le lien entre les conflits, la paix et l’environnement, estimant que le processus de paix devrait être l’occasion d’autonomiser les communautés touchées par le conflit grâce à la protection de l’environnement.  La visite du Conseil de sécurité, en févier, sera une occasion de soutenir le travail de la Mission et du Gouvernement en matière de consolidation de la paix, s’est-il réjoui. 

Mme FRANCESCA MARIA GATT (Malte) a plaidé pour une application intégrale de l’Accord final, avant de se féliciter de l’accent mis sur les peuples autochtones.  Elle a salué les progrès de la réforme agraire, ainsi que les efforts du Gouvernement visant à faire baisser la violence.  Elle a souligné l’importance d’une bonne participation des femmes au processus de paix.  Elle a demandé une prolongation du cessez-le-feu, avant de déplorer le manque de garanties sécuritaires permettant la réintégration des anciens combattants. La représentante a déploré la persistance de la violence contre les femmes et les défenseurs des droits humains. Le Gouvernement devrait renforcer son déploiement dans les régions où l’insécurité prédomine, a conclu la déléguée. 

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a salué les efforts du Gouvernement colombien pour négocier avec les groupes armés, en complément de la mise en œuvre intégrale de l’Accord final de 2016.  Elle s’est félicitée des négociations en cours avec le groupe autoproclamé FARC-EMC et l’annonce d’un cessez-le-feu jusqu’au 15 janvier. De même la France soutient-elle la poursuite de pourparlers entre l’Armée de libération nationale (ELN) dans l’objectif de prolonger le cessez-le-feu signé le 3 août dernier. « Ces développements doivent permettre aux communautés touchées de pouvoir enfin vivre en paix », a déclaré la déléguée. 

La France se tient prête à examiner une extension du rôle de la Mission pour surveiller la mise en œuvre des engagements pris à l’issue des discussions avec l’EMC, a-t-elle précisé.  Elle a également promis d’être attentive aux conclusions de l’Experte internationale des droits de l’homme chargée de recenser les obstacles à la mise en œuvre de l’Accord final, dont le mandat a été créé par le Conseil des droits de l’homme à l’initiative de la Colombie.  « La mission qu’effectuera le Conseil de sécurité en Colombie début février est particulièrement pertinente pour nous permettre d’apporter le soutien le plus adéquat aux efforts de paix », a jugé la représentante, en soulignant l’importance des questions de développement, de réforme rurale et d’accès à la terre ou encore de justice transitionnelle. Celle de l’égalité entre les femmes et les hommes est l’une des clefs de la réussite de ce processus, a-t-elle ajouté, en considérant qu’il s’agit d’une problématique transversale.

M. ÁLVARO LEYVA DURÁN, Ministre des affaires étrangères de la Colombie, s’est d’abord félicité de la prorogation d’un an de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie par le Conseil de sécurité, sans laquelle la paix serait restée lettre morte.  L’Accord final est enregistré en tant que document du Conseil de sécurité, un « précédent historique » qui constitue une condition préalable à la paix nationale, a-t-il rappelé.  Il a aussi souligné que le caractère contraignant de la Déclaration unilatérale d’État a été reconnu par la Cour internationale de Justice (CIJ).  Dans sa lettre du 27 novembre 2023 au Secrétaire général, le Président colombien a d’ailleurs reconnu que cette Déclaration comporte des obligations indispensables pour son pays qu’il s’est engagé à mettre en œuvre. 

S’agissant de la Juridiction spéciale pour la paix, le Ministre a considéré que le contenu du document émanant du Conseil de sécurité joue un rôle essentiel, les droits qui y sont consacrés ne pouvant être sapés.  Cette juridiction est donc désormais « internationalisée », a-t-il fait remarquer en rappelant que les droits qui y sont énoncés doivent être respectés.  Selon le Ministre, les négociateurs de la paix pourraient également mettre en place un tribunal hybride permettant de créer un mécanisme de clôture afin de tourner la page et d’accorder une deuxième chance aux défenseurs de la patrie. En tant que compagnons sur le chemin de la paix, il nous incombe d’illuminer la partie de l’humanité qui recherche la paix de façon inlassable, a-t-il ajouté, conformément à la politique de paix totale du Président colombien.  Le Ministre a réaffirmé l’engagement de celui-ci en faveur de la construction d’un pays fort, résilient et juste, donnant voix au chapitre à la population pour faire de la Colombie une « puissance mondiale de l’espoir ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le Chef de l’UNOWAS fait état d’une « évolution contrastée » en Afrique de l’Ouest et au Sahel

9529e séance – matin
CS/15562

Conseil de sécurité: le Chef de l’UNOWAS fait état d’une « évolution contrastée » en Afrique de l’Ouest et au Sahel

Le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), M. Leonardo Santos Simão, a dressé, ce matin devant le Conseil de sécurité, un tableau contrasté de la situation dans la région, entre consolidation démocratique dans certains pays et persistance des défis sécuritaires et de gouvernance dans d’autres, en particulier au Sahel.  Les processus de transition au Mali et au Niger ont été au cœur des interventions des délégations. 

« Des progrès significatifs ont été enregistrés en matière de consolidation de la démocratie, répondant ainsi au désir de changement porté par une jeune génération de plus en plus exigeante », a déclaré le Représentant spécial, à l’entame de son propos.  En revanche, la situation sécuritaire et les défis liés à la gouvernance demeurent des préoccupations majeures ayant un impact significatif sur la vie des communautés et menaçant constamment d’anéantir les progrès dans d’autres domaines, a-t-il ajouté. 

M. Simão a salué le bon déroulement de l’élection présidentielle au Libéria, le Président sortant ayant félicité son adversaire et appelé à l’unité nationale après un second tour très disputé.  « Ce fut un moment politique déterminant pour un pays où les souffrances de la guerre civile sont encore très présentes. »  Il s’est félicité de l’enthousiasme « palpable » au Sénégal à l’approche de l’élection présidentielle du 25 février prochain, avant de saluer la « constance démocratique » du Ghana, où des élections générales sont prévues en décembre. 

Le Représentant spécial a, en revanche, décrit une situation préoccupante au centre du Sahel.  Le changement anticonstitutionnel de pouvoir au Niger en juillet a créé une « ceinture de gouvernements dirigés par les militaires », venant aggraver les défis sécuritaires, humanitaires et de gouvernance, a-t-il affirmé.  Il a vivement regretté les arrestations de journalistes et de défenseurs des droits humains, ainsi que les restrictions apportées aux libertés publiques. 

Le Représentant spécial a souligné également « l’incertitude élevée » qui entoure le processus de transition au Mali.  La date des élections n’a pas encore été fixée, a-t-il dit. Il a aussi mentionné la difficulté des autorités de transition au Burkina Faso à restaurer la sécurité, comme l’a montré l’attaque ayant frappé la ville de Djibo.  Il a noté la reconfiguration des mécanismes de sécurité régionaux dans la région découlant du retrait de la Mission de l’ONU au Mali, du départ des forces étrangères et de l’incertitude autour du G5 Sahel depuis le départ du Niger et du Burkina Faso.  Mon bureau, a-t-il assuré, continuera de défendre le dialogue en vue de « l’accélération du retour » à des ordres constitutionnels dans la région reflétant les aspirations des citoyens. 

« L’objectif n’est pas d’encourager des transitions militaires longues, mais bien d’assurer le retour à l’ordre constitutionnel », a appuyé Mme Lori-Anne Theroux-Benoni, de l’Institut d’études de sécurité.  Cette représentante de la société civile a aussi estimé que l’idée que le Sahel soit « perdu » et que les ressources devraient être redirigées vers les pays du littoral constitue une « erreur d’appréciation » dont les répercussions, a-t-elle prévenu, affecteront les populations, la sécurité et la stabilité de la région.  Il est donc urgent, selon elle, de repenser les réponses en gardant à l’esprit l’interdépendance et le caractère multidimensionnel des flux d’approvisionnement, de financement et de recrutement qui alimentent l’insécurité, mais aussi d’anticiper les « inévitables » désengagements des groupes terroristes au Sahel et dans les pays du littoral.

S’exprimant au nom des A3+1 -Algérie, Guyana, Mozambique et Sierra Leone- le délégué de ce dernier pays a lui aussi regretté la montée des tensions provoquée par le changement de gouvernement anticonstitutionnel dans certains pays et les a encouragés à remplir leurs obligations au titre des accords régionaux. Après la clôture de la Mission de l’ONU au Mali, les A3+1 appellent donc à une action coordonnée avec les pays voisins pour minimiser tout nouvel impact négatif sur la sécurité du Mali et de la région.  Dans ce contexte, le rôle des agences sous-régionales, régionales, de l’UNOWAS et des autres agences de l’ONU devient donc encore plus crucial, a ajouté la délégation. 

Préoccupés par le délitement de la démocratie dans la région, les États-Unis ont également appelé à promouvoir les processus démocratiques, tandis que la République de Corée a demandé un retour « dans les délais » à l’ordre constitutionnel, en coopération avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).  La France a elle aussi salué la mobilisation de la CEDEAO, « qui promeut la démocratie et le retour à l’ordre constitutionnel dans tous les pays où il a été mis à mal ». 

Une note quelque peu dissonante est venue de la Fédération de Russie, qui a jugé « destructrices » les actions menées par la France et d’autres acteurs extérieurs visant à déplacer les dirigeants de transition « indésirables ».  Il est essentiel que la CEDEAO établisse un dialogue avec les États afin de résoudre les menaces communes qui pèsent sur la région, a insisté la délégation russe.  Le Royaume-Uni a estimé pour sa part que les problèmes de sécurité de la région ne pourront être réglés par le « chaos déstabilisant » du groupe mercenaire Wagner.

La délégation américaine a par ailleurs souhaité que davantage de rapports soient présentés au Conseil de sécurité, arguant que celui-ci a besoin de plus de visibilité dans une région où de nouvelles stratégies s’imposent vu la complexité de la menace sécuritaire et des besoins de développement.  « Ce n’est pas le moment de se désengager », a déclaré la Suisse, à l’adresse de l’organe.

CONSOLIDATION DE LA PAIX EN AFRIQUE DE L’OUEST S/2023/1075

Déclarations

M. LEONARDO SANTOS SIMÃO, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), a indiqué qu’au cours des six derniers mois la situation dans la région a été marquée par des évolutions contrastées.  D’une part, des progrès significatifs ont été enregistrés en matière de consolidation de la démocratie, répondant ainsi au désir de changement porté par une jeune génération de plus en plus exigeante, a-t-il dit.  En revanche, la situation sécuritaire et les défis liés à la gouvernance demeurent des préoccupations majeures ayant un impact significatif sur la vie des communautés et menaçant constamment d’anéantir les progrès dans d’autres domaines. 

Il a estimé que l’élection présidentielle au Libéria a démontré la capacité des institutions à organiser des scrutins crédibles et à mettre en place des gouvernements dotés d’une légitimité constitutionnelle.  En effet, le 15 novembre, suite au déroulement du second tour d’une élection présidentielle très disputée, le Président sortant George Weah a félicité son adversaire et appelé à l’unité nationale, a -t-il indiqué, saluant un moment politique déterminant pour un pays où les souffrances de la guerre civile sont encore très présentes dans les mémoires. Au Sénégal, l’enthousiasme quant au choix du prochain dirigeant du pays, lors de l’élection présidentielle du 25 février prochain, et qui pourrait bien être l’une des plus compétitives, est également palpable.  Il a ajouté que le Ghana a également démontré sa constance démocratique avec l’engagement des deux principaux partis dans un processus transparent, et l’élection de leurs candidats à la plus haute fonction de l’État, en préparation des élections générales prévues pour le mois de décembre de cette année. 

En revanche, le Représentant spécial a souligné les confrontations qui ont eu lieu en Sierra Leone et en Guinée-Bissau entre différents services de sécurité.  Ces événements, qui se sont déroulés dans le sillage de processus électoraux, rappellent la nécessité de fortifier la crédibilité des institutions et des processus de gouvernance démocratique.  En Sierra Leone, les espoirs sont placés dans « l’esprit » de l’Accord pour l’unité nationale signé entre le Gouvernement et le principal parti d’opposition afin de surmonter les tensions actuelles, a-t-il dit.  Il a estimé que les tensions institutionnelles en Guinée-Bissau, qui ont culminé avec la nouvelle dissolution du Parlement, ont sûrement fermé la fenêtre d’opportunité pour la conduite de réformes, pourtant cruciales. 

Évoquant la situation dans le centre du Sahel, M. Simão a indiqué que le changement anticonstitutionnel de pouvoir qui a eu lieu au Niger en juillet, créant une « ceinture de gouvernements dirigés par les militaires » dans le Sahel, est venue aggraver les défis sécuritaires, humanitaires et de gouvernance que connaît la région.  Il a vivement regretté les arrestations de journalistes et de défenseurs des droits humains, ainsi que les restrictions apportées aux libertés publiques.  Le Représentant spécial a également noté la prise de la ville de Kidal par les forces armées du Mali, avant de souligner l’incertitude élevée entourant l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali et le processus de transition.  La date des élections n’a pas encore été fixée, a-t-il dit, en ajoutant que l’insécurité continue de prévaloir dans le pays. 

Il a aussi mentionné la difficulté des autorités de transition au Burkina Faso à restaurer la sécurité dans le pays, comme l’a montré l’attaque à grande échelle ayant frappé la ville de Djibo.  Dans un contexte de retrait de la mission onusienne au Mali, le Représentant spécial a indiqué que des discussions sont en cours avec les autorités du Mali autour du rôle de son Bureau.  L’ONU continuera de jouer un rôle clef de soutien au peuple malien, a-t-il assuré. 

Le Représentant spécial a noté la reconfiguration des mécanismes de sécurité régionaux dans la région découlant du retrait de la mission de l’ONU au Mali, du départ des forces étrangères et de l’incertitude autour du G5 Sahel depuis le départ du Niger et du Burkina Faso.  Il a salué l’adoption par le Conseil d’un cadre pour des contributions fixes s’agissant du financement des opérations de paix emmenées par l’Union africaine.  Cela est capital, alors que des réflexions sur une réorientation des outils onusiens de paix et de sécurité sont en cours, a-t-il dit.  Le Représentant spécial s’est également dit encouragé par les efforts de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) visant à pleinement opérationnaliser son plan d’action 2020-2024 en vue d’éradiquer le terrorisme dans la région, en faisant appel à des contributions obligatoires. Il a également salué sa décision de reprendre le dialogue avec les diverses autorités de transition et à reconsidérer les sanctions.  « Nous continuerons de défendre le dialogue en vue de l’accélération du retour à un ordre constitutionnel reflétant les aspirations des citoyens, dans le respect des droits humains », a-t-il conclu. 

Mme LORI-ANNE THEROUX-BENONI, Directrice régionale, Bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest, le Sahel et le bassin du lac Tchad, Institut d’études de sécurité, a observé que cette réunion semestrielle du Conseil de sécurité demeure l’un des rares cadres d’échanges sur l’Afrique de l’Ouest et le Sahel qui subsistent suite à la liquidation de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et la dissolution annoncée du G5 Sahel.  Alors que la région demeure confrontée à des défis politiques, sécuritaires et humanitaires croissants, l’insécurité due aux groupes armés continue de se propager, s’est-elle inquiétée.  Après avoir rappelé l’importance d’investir dans la prévention, Mme Theroux-Benoni a jugé que l’idée voulant que le Sahel soit « perdu » et que les ressources devraient être redirigées vers les pays du littoral constitue une « erreur d’appréciation » dont les répercussions affecteront les populations, la sécurité et la stabilité de la région.  Il est donc urgent de repenser les réponses en gardant à l’esprit l’interdépendance et le caractère multidimensionnel des flux d’approvisionnement, de financement et de recrutement qui alimentent l’insécurité, a-t-elle relevé. 

La Directrice régionale a insisté sur l’importance d’anticiper les « inévitables » désengagements des groupes terroristes au Sahel et dans les pays du littoral, comme ce fut le cas dans le bassin du lac Tchad où des combattants de Boko Haram se sont désengagés suite aux victoires militaires des gouvernements de la région, au dialogue ou aux combats entre factions terroristes rivales, « voire par lassitude ».  Les États de la région, les organisations sous-régionales africaines et l’ONU doivent donc se préparer dès aujourd’hui à une telle éventualité, en tirant des leçons des processus de désarmement, démobilisation, rapatriement, réintégration et réinstallation (DDRRR) des pays du bassin du lac Tchad, a-t-elle insisté.  Ces transitions, qui semblent parfois devenir des transitions à durée indéterminée, offrent selon elle l’occasion de poser les bases de la stabilité régionale. L’objectif ici n’est pas d’encourager des transitions militaires longues, a précisé Mme Theroux-Benoni, mais bien d’assurer le retour à l’ordre constitutionnel, bien qu’il ne s’agisse pas du seul critère de réussite. 

S’exprimant au nom des A3+1 (Algérie, Guyana, Mozambique et Sierra Leone), M. MICHAEL IMRAN KANU (Sierra Leone) s’est félicité des progrès récents en matière de représentation et de participation des femmes dans l’espace politique en Côte d’Ivoire et en Sierra Leone, ces deux pays dépassant les quotas requis par leurs politiques et législations respectives.  S’agissant de la situation politique dans la région, il a regretté la montée des tensions provoquée par le changement de gouvernement anticonstitutionnel dans certains pays et les a tous encouragés à remplir leurs obligations au titre des accords régionaux tels que le Protocole de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance et la Déclaration de Lomé. 

Le délégué a ensuite regretté l’incidence croissante du terrorisme et de l’extrémisme violent en Afrique de l’Ouest et au Sahel, sa propagation vers les États côtiers demeurant une préoccupation majeure.  Après la clôture de la MINUSMA, les A3+1 appellent donc à une action coordonnée avec les pays voisins pour minimiser tout nouvel impact négatif sur la sécurité du Mali et de la région.  Dans ce contexte, le rôle des agences sous-régionales, régionales, de l’UNOWAS et des autres agences de l’ONU devient donc encore plus crucial, a-t-il ajouté. 

Très préoccupé par la tendance à la hausse des incidents sécuritaires dans le golfe de Guinée, après des années de diminution des cas de piraterie et de vols à main armée en mer, le représentant a plaidé à cet égard pour une coopération dans la mise en œuvre des cadres pertinents, notamment la résolution 2634 (2022) du Conseil de sécurité.  Il s’est aussi dit extrêmement inquiet de la situation humanitaire désastreuse dans la région, en particulier dans les zones centrales du Sahel, où le nombre de nécessiteux a augmenté de 24% par rapport à l’année précédente.  Aussi les A3+1 continuent-ils d’appeler les partenaires à donner la priorité à la mise en œuvre des plans de réponse humanitaire pour les pays d’Afrique de l’Ouest et du Sahel en aidant à atteindre l’objectif de 3,5 milliards de dollars pour répondre aux besoins humanitaires croissants, dont à peine 36% avaient été atteints en décembre 2023. 

Concernant les changements climatiques, il a salué les progrès réalisés dans la mise en œuvre de l’Appel à l’action de Dakar sur les changements climatiques, la paix et la sécurité, qui appelle le système des Nations Unies, y compris l’UNOWAS, les équipes de pays des Nations Unies, le mécanisme de sécurité climatique et la CEDEAO à continuer de travailler avec les partenaires régionaux et nationaux pour soutenir les gouvernements de la région dans ce domaine. Enfin, le représentant a appelé à une approche globale qui s’attaque aux causes profondes et prenne également en compte les défis socioéconomiques en Afrique de l’Ouest et au Sahel.  Cela nécessite un soutien pour remédier aux déficits de gouvernance et de développement et un engagement à bâtir un consensus national qui garantira une participation significative des femmes et des jeunes aux processus de prise de décisions et de gouvernance, a-t-il souligné. 

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse), soucieuse de la stabilité et de la prospérité en Afrique de l’Ouest et au Sahel, a recommandé une action préventive urgente de la communauté internationale dans plusieurs domaines, à commencer par la gouvernance.  Elle a plaidé pour des élections inclusives, en saluant le fait qu’un grand nombre d’élections qui ont eu lieu en Afrique de l’Ouest en 2023 se sont déroulées pacifiquement.  Elle a également salué les progrès en matière de représentation des femmes dans des organes politiques suite aux élections en Côte d’Ivoire et en Sierra Leone en appelant à promouvoir et mettre en œuvre des législations sur l’autonomisation des femmes et l’égalité des sexes.  Elle a salué le soutien de l’UNOWAS au Burkina Faso, Ghana, Mali, Mauritanie, Sénégal et Togo en amont de leurs élections prévues cette année. 

Passant à la situation sécuritaire « fragile » dans la région, elle a estimé qu’avec le retrait de la MINUSMA et la fin du G5 Sahel, le Conseil de sécurité doit prêter davantage attention à la région. « Ce n’est pas le moment de se désengager », a-t-elle tranché estimant crucial de mieux combiner les engagements multinationaux, régionaux et bilatéraux afin d’atténuer le risque d’une crise régionale aggravée, ce qui devait se faire en étroite collaboration avec l’Union africaine et les organisations sous-régionales. S’agissant de la crise humanitaire, qui touche plus de 26 millions de personnes au Sahel, elle a relevé que le plan de réponse humanitaire n’est financé qu’à hauteur de 36% tout en indiquant que la Suisse y a contribué en répondant aux besoins alimentaires et nutritionnels de plus d’un million de personnes au Mali en 2023.  Enfin, elle a noté que la région pâtit de manière disproportionnée des conséquences des changements climatiques, disant apprécier à cet égard les progrès réalisés par l’UNOWAS dans la mise en œuvre de l’Appel à l’action de Dakar.

M. ROBERT A. WOOD (États-Unis), préoccupé par le délitement de la démocratie dans la région, a recommandé de promouvoir et de soutenir les processus démocratiques, d’autant plus que la MINUSMA s’est retirée.  Le représentant a demandé au gouvernement de transition du Mali de coopérer avec l’ONU pour garantir une liquidation ordonnée de la Mission en respectant ses obligations prévues par l’accord sur le statut des forces. Déplorant la dissolution du G5 Sahel, il a souhaité qu’il y ait davantage de rapports au Conseil de sécurité, chaque année, arguant que le Conseil a besoin de davantage et pas de moins de visibilité dans une région où il faut de nouvelles stratégies vu la complexité de la menace sécuritaire et des besoins de développement. 

Le représentant a appelé à la libération des personnes détenues de façon injuste au Niger où il faudra rétablir dans les plus brefs délais la gouvernance démocratique.  Il a voulu que les coordonnateurs résidents de l’ONU au Burkina Faso et au Niger reprennent leurs travaux.  Préoccupé également par l’instabilité sur la côte de l’Afrique de l’Ouest, le délégué a rappelé que le Sahel reste un épicentre de la menace terroriste mondiale. Il a dit attendre avec intérêt le sommet antiterroriste du Secrétaire général à Abuja où il faudra débattre de solutions à ces menaces.  Le groupe Wagner commet des violations des droits humains et met en péril la sécurité des civils et des soldats de la paix entravant ainsi l’action de l’ONU, a accusé le représentant.  Il a appelé les membres du Conseil à relancer l’action collective pour régler les problèmes transfrontaliers de la région.        

M. JOONKOOK HWANG (République de Corée) a déclaré qu’une gouvernance démocratique robuste et inclusive est cruciale pour ramener la stabilité dans la région.  Il a salué le bon déroulement des processus électoraux en Gambie et au Libéria.  Il a, en revanche, jugé très préoccupante la lente restauration de l’ordre constitutionnel au sein de plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel.  « Nous exhortons tous les pays connaissant des processus de transition à œuvrer à un retour à un ordre constitutionnel dans les délais, en coopération avec la CEDEAO. »  Il a également noté l’insécurité élevée qui prévaut dans le centre du Sahel et exhorté le Conseil à rester pleinement engagé.  Enfin, le délégué s’est inquiété de l’acuité de la situation humanitaire au Sahel, plus de 26 millions de personnes ayant besoin d’une aide vitale.

M. DAI BING (Chine) s’est félicité que le Nigéria, la Sierra Leone et la Côte d’Ivoire aient achevé leurs processus électoraux, et que le Sénégal et le Togo soient pleinement engagés dans un dialogue politique positif.  Néanmoins, la situation politique et sociale demeure instable dans certains pays, tandis que les transitions politiques au Mali, au Niger et ailleurs sont entrées dans une phase critique, a-t-il noté.  Le représentant a réitéré l’appui de son pays aux États de la région qui doivent surmonter leurs différends politiques grâce au dialogue et créer les conditions propices à la réconciliation.  Pour y parvenir, il a jugé essentiel d’améliorer la gouvernance et de renforcer l’autorité de l’État, avec l’appui de la communauté internationale, sans toutefois imposer de modèles de transformation démocratique inefficace. 

Dans ces conditions, il a salué l’appui important que la CEDEAO continue de fournir aux processus politiques au Mali et ailleurs conformément à la volonté des pays concernés.  Les pays de la région sont en première ligne des efforts de lutte contre le terrorisme et pour maintenir la stabilité de la région, a-t-il apprécié, notant la volonté de la CEDEAO de déployer une force permanente pour mener des efforts concertés de lutte antiterroriste.  Il a néanmoins dit attendre des pays du Sahel qu’ils élaborent une vision collective et renforcent leur action commune à cet égard, en menant des actions pragmatiques et en renforçant leurs capacités d’intervention.  Le représentant a par ailleurs noté que les pays de la région sont confrontés à un ralentissement économique et à une inflation à la hausse, qui s’ajoutent aux crises humanitaires et alimentaires.  À ses yeux, le Plan d’appui des Nations Unies pour le Sahel et la stratégie intégrée pour le Sahel devraient permettre d’obtenir des résultats concrets.  Enfin, il a annoncé que le Ministre chinois des affaires étrangères se rendra au Togo et en Côte d’Ivoire la semaine prochaine afin de promouvoir la paix et la stabilité dans la région. 

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a salué les élections organisées en 2023 au Nigéria, au Libéria et en Guinée-Bissau et reconnu la représentation accrue des femmes aux postes politiques en Sierra Leone et en Côte d’Ivoire à la suite des récentes élections dans ces deux pays.  Elle a ensuite exhorté les gouvernements de transition de la région à s’engager dans des plans de transition réalistes et à revenir sans délai à l’ordre constitutionnel.  À cet égard, la représentante a réitéré son appel à la libération immédiate et inconditionnelle du Président Mohamed Bazoum du Niger, soutenant la voie à suivre proposée lors de la soixante-quatrième session ordinaire de la CEDEAO tenue en décembre dernier, pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel dans le pays.

S’agissant de la situation au Mali, à la suite de la fermeture de la MINUSMA à la demande du Gouvernement de transition malien, la représentante a estimé que la communauté internationale doit continuer à jouer son rôle pour soutenir et sauvegarder le bien-être du peuple malien, alors que le pays connaît une recrudescence des attaques terroristes et des hostilités entre les parties à l’Accord de paix.  Aussi a-t-elle appelé le Gouvernement de transition malien à s’engager ouvertement avec le système des Nations Unies et à définir un nouveau rôle pour l’UNOWAS et l’équipe de pays des Nations Unies dans le cadre du transfert des tâches qui incombaient à la Mission.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a relevé que la sécurité dans de pans entiers du Sahel se détériore, en particulier au Mali, où, à son avis, l’UNOWAS est appelé à jouer un rôle crucial après le retrait de la MINUSMA. Il a encouragé le Bureau, par ses bons offices, à aider à ramener tous les signataires des Accords d’Alger de 2015 à la table des négociations, saluant au passage les contributions de la CEDEAO et de l’Initiative d’Accra à la sécurité régionale.  Il a aussi prévenu que les problèmes de sécurité de la région ne pourront être réglés par le chaos déstabilisant du groupe mercenaire russe Wagner.  Alors que la démocratie est sous pression dans la région, il a noté que les délais de rétablissement de gouvernements constitutionnels au Mali, au Burkina Faso et en Guinée ne cessent de s’allonger.  Le Royaume-Uni soutient donc les appels de la CEDEAO en faveur d’un retour à l’ordre constitutionnel et encourage un réengagement en faveur des calendriers de transition, a déclaré le délégué avant d’appeler le Niger à convenir d’un calendrier de transition avec la CEDEAO et de demander le respect d’une transition inclusive et transparente au Tchad. 

Le délégué a félicité par ailleurs le Libéria pour son récent transfert pacifique de pouvoir.  Il a salué le travail de l’UNOWAS sur le lien entre le climat et la sécurité et soutenu les travaux menés dans la région pour renforcer la résilience des personnes les plus vulnérables aux changements climatiques.  Enfin, s’agissant de la situation humanitaire « désastreuse », le représentant a signalé que depuis 2019, l’aide britannique a permis de sauver la vie de plus de 15 millions de personnes au Sahel, même si tous les besoins ne sont toujours pas satisfaits.  Il a donc appelé tous les acteurs à garantir un accès sûr et sans entrave à l’aide humanitaire.  Le représentant a conclu en assurant que le Royaume-Uni souhaite travailler plus étroitement avec l’UNOWAS et la CEDEAO pour contribuer à relever les défis régionaux. 

M. SAMUEL ŽBOGAR (Slovénie) a souligné l’importance de la démocratie et des partenariats régionaux et internationaux pour assurer le succès des transitions vers des sociétés démocratiques en Afrique de l’Ouest, prônant une coordination étroite entre l’UNOWAS, la CEDEAO et les pays participant aux processus de transition, en vue d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Le représentant a attiré l’attention sur le rétrécissement de l’espace civique et politique dans certains pays de la région, alors qu’il est essentiel de donner la parole à tous les segments de la société si l’on veut instaurer la confiance nécessaire au maintien de la paix. Les gouvernements et les partis politiques doivent s’engager dans un dialogue politique inclusif, a-t-il recommandé.

Préoccupé par l’insécurité, l’instabilité, les menaces terroristes et la violence intercommunautaire, le représentant a encouragé le Conseil à renforcer les efforts de l’UNOWAS et de l’équipe de pays des Nations Unies.  Il faut investir dans la prévention, la consolidation de la paix et la stabilisation régionale ainsi que dans des sociétés et des institutions résilientes, a-t-il ajouté.  Le délégué a demandé des enquêtes sur toutes les violations du droit international humanitaire et des droits humains dans le cadre des opérations de lutte contre le terrorisme.  Il a prévenu du débordement de l’insécurité du Sahel vers les États côtiers rappelant la nouvelle initiative de défense et de sécurité de l’Union européenne en soutien aux pays du golfe de Guinée.  Le délégué s’est aussi déclaré préoccupé par le recrutement d’enfants par les groupes armés, les enlèvements de filles, les fermetures d’écoles et les violences sexuelles et sexistes.  Seul un engagement à long terme dans les domaines de l’aide humanitaire, du développement et de la paix peut déboucher sur des solutions durables dans la région, a-t-il conclu. 

M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur) a souligné l’importance d’institutions démocratiques robustes, avant de déplorer les ruptures de l’ordre constitutionnel dans la région.  Toute rupture doit être condamnée, a dit le délégué, en faisant allusion au récent coup d’État au Niger.  Il a salué les efforts de consolidation de la CEDEAO de l’ordre constitutionnel au Niger et au Mali.  Le délégué a aussi souhaité que les calendriers électoraux soient respectés. Il a rappelé que la lutte contre le terrorisme doit respecter les droits humains, avant de souligner le rôle capital que joue l’UNOWAS dans la région.  Il est nécessaire de préserver la sécurité maritime dans le golfe de Guinée, a ensuite plaidé le délégué.  Enfin, il a souligné l’acuité de la situation humanitaire dans la région et appelé à remédier à ses causes profondes.

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a constaté que la situation dans la région du Sahara et du Sahel ne s’améliore pas, principalement en raison de la menace terroriste croissante.  Le renforcement des capacités de combat de l’État islamique du Grand Sahara (EIGS) complique la situation sécuritaire dans les pays du bassin du lac Tchad.  Pendant ce temps, les organisations terroristes du Sahel étendent progressivement leur zone d’activités vers les États du golfe de Guinée, y compris le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Togo.  Les zones frontalières demeurent l’épicentre des tensions dans la région, a-t-elle noté, notamment au Mali, au Burkina Faso et au Niger, situés dans le triangle Liptako-Gourma.  Pour assurer la stabilisation à long terme de la région, la représentante a appelé au soutien de la communauté mondiale à ces trois pays.  Elle a jugé « destructrices » les actions menées par la France et d’autres acteurs extérieurs visant à déplacer les dirigeants de transition « indésirables ».  Il est essentiel que la CEDEAO établisse un dialogue avec les trois États afin de résoudre les menaces communes qui pèsent sur la région, a-t-elle souligné. 

Dans ce contexte, elle s’est félicitée de la conclusion, le 16 septembre 2023, d’un accord sécuritaire entre ces trois pays.  Cette interaction accrue porte déjà ses fruits, a-t-elle noté, citant en exemple la tenue d’opérations antiterroristes conjointes.  Malgré la fin de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et « l’effondrement » du G5 Sahel, le Mali a été en mesure de rétablir son contrôle sur Kidal, s’est-elle félicitée.  Dans le même temps, les autorités de transition du Burkina Faso, de Guinée et du Mali doivent respecter le calendrier convenu pour le retour à l’ordre constitutionnel.  Elle a ajouté que l’achèvement de la période de transition doit se faire sans intervention étrangère et en s’appuyant sur des évaluations réalistes de la situation. Pour sa part, la Fédération de Russie compte continuer à contribuer aux efforts de la communauté mondiale visant à instaurer la stabilité dans la région, notamment en augmentant la capacité de combat des forces armées des États du Sahel. 

Mme SHINO MITSUKO (Japon) a considéré qu’il est grand temps que le Conseil de sécurité s’exprime d’une seule voix pour soutenir la mission de l’UNOWAS à travers l’adoption d’une déclaration présidentielle.  Elle s’est ensuite félicitée de certains développements politiques positifs dans la région, notamment de la tenue d’élections pacifiques au Libéria.  Dans le même temps, celle-ci continue d’être marquée par des tensions politiques accrues, un rétrécissement de l’espace civique et politique et une instabilité dont témoigne la prise de pouvoir par les militaires au Niger en juillet dernier. La détérioration de la situation sécuritaire dans la région présente des risques d’entraînement sur les États riverains du golfe de Guinée, alors que les affrontements et les violences au Mali connaissent une recrudescence à la suite du retrait de la MINUSMA, a mis en garde la représentante.

Pour relever les défis de plus en plus nombreux auxquels la région est confrontée, la représentante a jugé essentiel d’adopter une approche associant humanitaire, développement et paix.  Enfin, compte tenu du retrait de la MINUSMA et de l’annonce de la décision de dissoudre le G5 Sahel, elle a réalisé que le Conseil aurait moins d’occasions de discuter de la situation dans la région du Sahel.  Toutefois, a-t-elle estimé, compte tenu des défis auxquels la région est confrontée, ce n’est pas le moment pour le Conseil de relâcher son attention.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a rappelé que l’Afrique de l’Ouest et le Sahel ont dû faire face à de nombreux défis au cours de l’année écoulée: des crises politiques, la rupture de l’ordre constitutionnel au Niger ainsi que le départ de la MINUSMA après 10 ans de présence au Mali, « dans des conditions difficiles ».  Il s’est inquiété pour les 26 millions de personnes ayant besoin d’une assistance humanitaire.  Le représentant a par ailleurs salué les événements positifs en Côte d’Ivoire et au Libéria, avec notamment la tenue d’élections transparentes, inclusives et apaisées, ainsi qu’en Gambie où a été mise en place une Commission vérité, réconciliation et réparations. 

Le délégué a salué la mobilisation de la CEDEAO, qui promeut la démocratie et le retour à l’ordre constitutionnel dans tous les pays où il a été mis à mal. Il a encouragé l’UNOWAS à continuer de la soutenir.  Les situations politiques nationales ne doivent pas faire oublier les menaces transversales qui continuent de toucher l’Afrique de l’Ouest notamment le terrorisme, l’insécurité maritime, l’insécurité alimentaire, et les changements climatiques, face auxquels il faut agir collectivement, a rappelé le délégué en citant la déclaration faite par les membres du Conseil ayant signé l’engagement relatif au climat, à la paix et à la sécurité au début de cette session. « La France continuera de collaborer avec les acteurs de la région qui le souhaitent, dans un cadre respectueux du droit international, et à plaider pour un maintien de l’attention de ce Conseil. »

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Mer Rouge: le Conseil de sécurité exige des houthistes qu’ils mettent fin à leurs attaques et demande une coopération renforcée pour en éviter d’autres

9527e séance – après-midi
CS/15561

Mer Rouge: le Conseil de sécurité exige des houthistes qu’ils mettent fin à leurs attaques et demande une coopération renforcée pour en éviter d’autres

Le Conseil de sécurité a, aujourd'hui, exigé des houthistes qu’ils mettent fin immédiatement aux attaques qu’ils commettent en mer Rouge contre des navires marchands et de commerce depuis le 19 novembre 2023, et qu’ils libèrent immédiatement le Galaxy Leader et son équipage, capturés à cette date.  Il a aussi demandé une coopération renforcée pour empêcher cette organisation d’acquérir le matériel qui lui permettrait de mener de nouvelles attaques, notamment par le renforcement des capacités des garde-côtes yéménites pour qu’ils puissent contrôler efficacement l’embargo sur les armes imposé aux houthistes.

Par la résolution 2722 (2024), présentée par le Japon et les États-Unis, et adoptée par 11 voix pour et 4 abstentions (Algérie, Chine, Fédération de Russie et Mozambique), le Conseil prend note du droit qu’ont les États Membres de défendre leurs navires contre les attaques, notamment celles qui portent atteinte aux droits et libertés de navigation.  Il salue les efforts que font les États Membres dans le cadre de l’Organisation maritime internationale pour améliorer la sûreté et la sécurité du transit en mer Rouge.

Les États Membres sont également invités à continuer de renforcer leurs capacités et à faciliter le renforcement des capacités des États côtiers et des États du port en mer Rouge et dans le détroit de Bab el-Mandab, notamment en leur fournissant une assistance technique.  Quant au Secrétaire général de l’ONU, il est prié de présenter au Conseil, jusqu’au 1er juillet 2024, des rapports mensuels sur toute nouvelle attaque perpétrée par les houthistes en mer Rouge, « afin d’éclairer ses futures consultations ».

La Fédération de Russie avait dans un premier temps présenté trois amendements, mais chacun des votes lui ont été défavorables: les deux premiers n’ont recueilli que 4 voix pour, avec 9 abstentions et 2 voix contre (États-Unis et Royaume-Uni); le troisième 5 voix pour, 9 abstentions et les mêmes 2 contre.

Tout en condamnant les attaques contre les navires civils, la délégation russe a considéré qu’il ne fallait pas « se faire d’illusions » sur l’objectif de ce texte, qui n’est selon lui pas la sécurité de navigation en mer Rouge, « mais une tentative de légitimer les agissements de la coalition » menée par les États-Unis et le Royaume-Uni et, de « façon indirecte », d’obtenir la « bénédiction » du Conseil de sécurité.  Cette conclusion, a-t-elle ajouté, découle du paragraphe 3 du dispositif, qui mentionne un prétendu droit des États Membres à protéger leurs navires des attaques, qui n’existe pas dans le droit international.  Le délégué russe a fait remarquer que ce droit « traite de la liberté de navigation en temps de paix, pas en temps de guerre ».

Par ailleurs, « comme nous l’avons déjà dit à plusieurs reprises », pour corriger la situation en mer Rouge, a poursuivi la Russie, il est indispensable de reconnaître qu’elle est la « conséquence directe » des « opérations militaires israéliennes très violentes » qui durent depuis plus de trois mois à Gaza. L’omission de ce « lien de causalité » dans le libellé de la résolution a également été invoquée par l’Algérie, la Chine et la Sierra Leone pour justifier leurs abstentions.  « Nous ne pouvions nous associer à un texte qui ignore les 23 000 vies qui ont été prises » depuis octobre dernier dans la bande de Gaza, a résumé le représentant algérien.  Son homologue chinois a vu dans les ambigüités de ce texte une raison de craindre une exacerbation des tensions régionales. 

Après avoir fait observer que peu des navires attaqués étaient affrétés par des compagnies israéliennes, les États-Unis ont estimé que ce qui est en jeu n’est pas un conflit particulier, mais plutôt le fait de prendre en otage la liberté de navigation, essentielle pour le commerce international.  Les membres du Conseil ayant voté en faveur du texte nippo-américain ont cependant regretté l’absence de consensus, comme le Japon, la Suisse et la Slovénie, laquelle a estimé que certains éléments de langage auraient dû être précisés, en faisant allusion au paragraphe 3 du dispositif. 

Le Royaume-Uni a rappelé que 15% du commerce maritime mondial transite par la mer Rouge et que les 26 attaques lancées par les houthistes depuis le 19 novembre dernier, dont la plus sophistiquée a été déjouée hier par les marines britannique et américaine, menacent de faire grimper les coûts énergétiques et les denrées alimentaires.  Les premières victimes seraient « les populations les plus pauvres », a-t-il mis en garde.

La République de Corée a elle aussi dénoncé ces attaques, qui n’auraient pas pu être lancées sans des armes acquises illicitement par les houthistes, pourtant visés par un embargo imposé par le Conseil.  La sécurité maritime, a relevé Malte, est d’une importance fondamentale pour le bien-être de la population civile yéménite, largement dépendante d’une assistance humanitaire dont l’acheminement sans entrave pourrait être compromis.  Au-delà de la nécessité de sécuriser la navigation en mer Rouge, l’Équateur, soutenu sur ce point par la Sierra Leone, a exhorté toutes les parties au conflit au Yémen à redoubler d’efforts diplomatiques pour promouvoir le processus de paix dans ce pays, sous la houlette de l’ONU.

Pour les États-Unis, il ne faut pas non plus occulter le fait que l’Iran offre son soutien aux houthistes pour s’en prendre à des navires marchands et de commerce passant par la mer Rouge et le détroit de Bab el-Mandeb, en violation de la résolution 2216 (2015) du Conseil de sécurité.  Les menaces qui pèsent sur les droits de navigation en mer Rouge sont « un problème mondial qui exige une réaction mondiale », a insisté la délégation américaine. 

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Texte du projet de résolution (S/2024/37)

Le Conseil de sécurité,

Réaffirmant que la Charte des Nations Unies lui assigne la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales et qu’il est déterminé à ce que les buts et principes consacrés dans la Charte soient observés,

Réaffirmant également que toutes les activités menées dans les océans, y compris la lutte contre les activités illicites menées en mer, sont régies par le droit international, tel qu’il est codifié dans la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer du 10 décembre 1982,

Préoccupé par la menace que font peser les actes illicites contre la sécurité de la navigation sur les gens de mer et les autres personnes,

Soulignant l’importance de l’exercice des droits et libertés de navigation des navires de tous les États en mer Rouge, y compris les navires marchands et les navires de commerce passant par le détroit de Bab el‑Mandab, conformément au droit international, et soulignant également que le passage en transit des navires marchands et des navires de commerce en mer Rouge doit se poursuivre sans entrave,

Soulignant que la stabilité et la prospérité des États côtiers de la mer Rouge contribuent à la paix et à la sécurité internationales,

Soulignant également que la hausse du coût du transport des biens essentiels aura des répercussions négatives sur la situation économique et humanitaire mondiale, notamment pour la population civile yéménite,

Rappelant ses résolutions concernant le Yémen, ainsi que les précédentes attaques menées contre des terminaux pétroliers étant sous le contrôle du Gouvernement yéménite,

Affirmant son attachement à la souveraineté et à l’intégrité territoriale des États côtiers de la mer Rouge, et soulignant de nouveau que les États de la région doivent jouer un rôle moteur, en étroite coopération avec les organisations régionales et sous-régionales, pour contribuer à la paix et à la sécurité,

1.    Condamne avec la plus grande fermeté la vingtaine d’attaques au moins perpétrées par les houthistes contre des navires marchands et des navires de commerce depuis le 19 novembre 2023, date à laquelle les houthistes ont attaqué et capturé le navire de marchandises Galaxy Leader et son équipage;

2.    Exige que les houthistes mettent fin immédiatement à ces attaques, qui entravent le commerce mondial et portent atteinte aux droits et libertés de navigation ainsi qu’à la paix et la sécurité de la région, et qu’ils libèrent immédiatement le Galaxy Leader et son équipage;

3.    Affirme que l’exercice des droits et libertés de navigation par les navires marchands et les navires de commerce doit être respecté conformément au droit international, et prend note du droit qu’ont les États Membres, conformément au droit international, de défendre leurs navires contre les attaques, notamment celles qui portent atteinte aux droits et libertés de navigation;

4.    Salue les efforts que font les États Membres dans le cadre de l’Organisation maritime internationale pour améliorer la sûreté et la sécurité du transit des navires marchands et des navires de commerce de tous les États en mer Rouge;

5.    Engage les États Membres à appuyer le renforcement des capacités des garde-côtes yéménites afin qu’ils puissent faire appliquer efficacement les mesures imposées par le paragraphe 14 de la résolution 2216 (2015), dans le plein respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Yémen;

6.    Engage également les États Membres à continuer de renforcer leurs capacités et à faciliter le renforcement des capacités des États côtiers et des États du port en mer Rouge et dans le détroit de Bab el-Mandab afin d’améliorer la sécurité maritime, notamment en fournissant, selon qu’il convient, une assistance technique, par l’intermédiaire des entités compétentes des Nations Unies, dans le cadre de leurs mandats respectifs et à la demande de ces États;

7.    Souligne qu’il faut s’attaquer aux causes profondes, notamment les conflits qui alimentent les tensions régionales et qui contribuent à perturber la sécurité maritime, afin d’intervenir rapidement et de manière efficace et rationnelle, et réaffirme à cet égard que tous les États Membres doivent respecter leurs obligations, notamment celles que leur imposent la résolution 2216, qui établit un embargo sur les armes ciblé, et la résolution 2624 (2022), qui soumet les houthistes audit embargo, et rappelle que le Groupe d’experts du Conseil a constaté, dans son rapport d’octobre 2023 (S/2023/833), que des violations de grande ampleur de l’embargo sur les armes avaient été commises;

8.    Condamne la fourniture d’armes et de matériel connexe de tous types aux houthistes, en violation de sa résolution 2216 (2015), et demande que la coopération pratique soit renforcée pour empêcher les houthistes d’acquérir le matériel qui leur permettrait de mener de nouvelles attaques;

9.    Appelle à la prudence et à la retenue afin de prévenir une nouvelle détérioration de la situation en mer Rouge et dans la région, et engage toutes les parties à redoubler d’efforts diplomatiques à cette fin, notamment en continuant de favoriser le dialogue et le processus de paix du Yémen sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies;

10.   Prie le Secrétaire général de lui présenter, jusqu’au 1er juillet 2024, des rapports écrits mensuels sur toute nouvelle attaque perpétrée par les houthistes contre des navires marchands et des navires de commerce en mer Rouge, afin d’éclairer ses futures consultations;

11.   Décide de rester activement saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: l’intensification du conflit en Ukraine préoccupe les délégations

9526e séance – matin
CS/15559

Conseil de sécurité: l’intensification du conflit en Ukraine préoccupe les délégations

De nombreuses délégations ont dénoncé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, une nouvelle intensification du conflit en Ukraine après que des barrages de missiles, de drones et d’artillerie russes se sont abattus au cours des dernières semaines sur l’ensemble des régions du pays, les communautés de première ligne et les infrastructures civiles étant les plus durement touchées. 

« Nous sommes à l’aube de la troisième année du conflit armé le plus grave en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, sans fin en vue.  Il est terrifiant de contempler où cela pourrait nous mener », s’est notamment alarmée la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix qui a indiqué que pendant la période des fêtes, des missiles et des drones russes ont ciblé les régions de Kyïv, Lviv, Kharkiv, Khmelnytskyi, Dnipropetrovsk, Soumy, Tcherkassy, Odessa et Zaporizhzhia. 

Mme Rosemary DiCarlo a également fait état de bombardements quasi quotidiens dans la région de Kharkiv, sans oublier les frappes attribuées à l’Ukraine qui auraient tués au moins 25 civils à Belgorod, en Fédération de Russie.  Depuis le début de l’invasion russe, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a recensé 10 242 personnes tuées, a ajouté la haute fonctionnaire qui a précisé que 69% des victimes civiles se trouvent dans les régions ukrainiennes de Donetsk, Kharkiv, Kherson et Zaporizhzhia. 

En outre, selon la Directrice des opérations et du plaidoyer du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), Mme Edem Wosornu, plus de 14,6 millions de personnes, soit environ 40% de la population ukrainienne, ont besoin d’une aide humanitaire, et 1 000 villages et villes, « un nombre record », sont sans électricité ni eau, alors que les températures sont tombées en dessous de -15 degrés Celsius. 

La Secrétaire générale adjointe a par ailleurs jugé particulièrement « épouvantable » l’impact de la guerre sur les enfants ukrainiens, près des deux tiers ayant été contraints de fuir leur foyer, et 1,5 million d’entre eux étant exposés au risque de stress post-traumatique et à d’autres problèmes de santé mentale. 

En outre, dans les régions ukrainiennes sous contrôle russe, les ressortissants ukrainiens, y compris les enfants, subissent des pressions pour acquérir la nationalité russe après qu’une nouvelle loi les a classés comme étrangers dans leur propre pays. Sans passeport russe, a expliqué Mme DiCarlo, ils ne peuvent pas accéder aux soins de santé, aux services sociaux et à l’emploi.  Cette législation a été vivement dénoncée par l’Ukraine qui a martelé que les enfants ukrainiens transférés en Russie sous couvert de protection humanitaire demeurent Ukrainiens.  Elle a également exigé l’exécution du mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) contre le Président russe, dont elle a dénoncé les « fantasmes maniaques ».

De son côté, la Fédération de Russie a fustigé la « sympathie hypocrite » de l’Occident qui établit selon elle une distinction entre les civils « importants » et « sans importance ».  Ainsi, après que le « régime de Kiev » a tiré des armes à sous-munitions sur des zones résidentielles de Belgorod, certains pays occidentaux ont tenté de justifier cette attaque.  À cet égard, les organisations internationales, dont l’ONU, ne se comportent pas mieux que les « démocraties civilisées », honteusement silencieuses dès qu’il s’agit de condamner les crimes commis par l’Ukraine, a jugé la Russie.

Comme les États-Unis, le Royaume-Uni et la Slovénie, la République de Corée a dénoncé pour sa part le recours par Moscou à des missiles balistiques provenant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), en violation des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité entérinées par la Fédération de Russie.  « En exportant des missiles vers la Russie, la RPDC utilise l’Ukraine comme site d’essai de ses missiles à capacité nucléaire », s’est inquiétée la délégation coréenne qui a également alerté des implications importantes pour le régime de non-prolifération nucléaire mondial.

Plusieurs délégations se sont en revanche félicitées de l’échange, le 3 janvier dernier, de 200 prisonniers entre l’Ukraine et la Fédération de Russie, le plus important depuis février 2022.  Malgré cette évolution positive, Mme DiCarlo a exprimé sa préoccupation face à la situation des prisonniers de guerre restants, observant que, dans les régions ukrainiennes sous contrôle russe, l’impunité pour les graves violations des droits humains alimente un climat de peur. 

Par ailleurs, la Suisse a salué la tenue prochaine, le 14 janvier, à Davos, d’une discussion dans le cadre de la formule pour la paix ukrainienne, contribuant à soutenir les discussions en vue d’une paix globale.  Les efforts déployés à cet effet par le Président Zelenskyy ont été salués par la Slovénie, tandis que l’Italie a assuré que le soutien politique, militaire et économique à l’Ukraine sera l’une des priorités de sa présidence du Groupe des Sept (G7) en 2024. 

Pour la délégation russe, toutefois, la promotion par l’Ukraine d’une « pseudo-initiative de maintien de la paix » constitue dans les faits un ultimatum à la Russie sans lien avec le règlement de la situation en Ukraine.  « Toute discussion sur le conflit sans la participation de notre pays est vouée à l’échec », a-t-elle prédit, en ajoutant que Moscou n’a jamais refusé de négocier.

Membres entrants du Conseil de sécurité, le Guyana a encouragé les parties à s’engager dans un processus politique sérieux visant à mettre fin au conflit par des moyens pacifiques, tandis que l’Algérie a appelé à intensifier les efforts diplomatiques pour mettre fin à la crise humanitaire en Ukraine.  La Sierra Leone a estimé pour sa part que l’incapacité du Conseil à mettre un terme au conflit en raison de l’exercice du droit de veto accréditerait l’idée que le veto est au service d’intérêts particuliers.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ DE L’UKRAINE

Déclarations

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a déclaré que l’Ukraine a subi, au cours des dernières semaines, certaines des pires attaques depuis le début de la guerre illégale.  Pendant la période des fêtes, des missiles et des drones russes ont ciblé les régions de Kyïv, Lviv, Kharkiv, Khmelnytskyi, Dnipropetrovsk, Soumy, Tcherkassy, Odessa et Zaporizhzhia.  Des bombardements quasi-quotidiens ont été signalés dans la région de Kharkiv. Depuis le début de l’invasion à grande échelle de la Fédération de Russie, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a recensé 10 242 personnes tuées, dont 575 enfants, et 19 337 blessées.  Le 29 décembre, 58 civils ont été tués et 158 blessés dans des frappes de drones et de missiles dans tout le pays, soit le plus grand nombre de victimes civiles en une seule journée de toute l’année 2023.  Le 30 décembre, a ajouté la Secrétaire générale adjointe, au moins 25 civils auraient été tués à Belgorod, en Fédération de Russie, dans des frappes attribuées à l’Ukraine.  Les attaques transfrontalières se seraient poursuivies ces derniers jours, poussant certains civils à évacuer Belgorod.  Les civils des communautés de première ligne sont les plus durement touchés par les barrages de missiles, de drones et d’artillerie, a-t-elle constaté, 69% des victimes civiles se trouvant dans les régions ukrainiennes de Donetsk, Kharkiv, Kherson et Zaporizhzhia. 

Poursuivant, Mme DiCarlo a jugé particulièrement « épouvantable » l’impact de la guerre sur les enfants, près des deux tiers des enfants ukrainiens ayant été contraints de fuir leur foyer.  Près de 1,5 million d’entre eux seraient exposés au risque de stress post-traumatique et d’autres problèmes de santé mentale. Les récentes attaques russes ont endommagé ou détruit au moins 8 écoles et 10 établissements de santé.  Au total, quelque 7 000 écoles restent inaccessibles aux enfants.  La haute fonctionnaire a condamné sans équivoque toutes les attaques menées contre les civils et les infrastructures civiles, quels qu’en soient les auteurs. « De telles actions violent le droit international humanitaire et doivent cesser immédiatement », a-t-elle insisté.  Alors que les combats font rage, l’ONU, en coordination avec ses partenaires gouvernementaux, continue de soutenir les efforts locaux de redressement, y compris dans le secteur de l’énergie, en s’efforçant de trouver des solutions durables. Bien que 80% des 6,3 millions de réfugiés ukrainiens, dont 5,9 millions en Europe, espèrent retourner dans leur pays, les préoccupations sécuritaire et d’accès aux services de base restent primordiales, a-t-elle ajouté. 

La Secrétaire générale adjointe s’est ensuite félicitée de l’échange, le 3 janvier, de 200 prisonniers entre l’Ukraine et la Fédération de Russie, le plus important depuis février 2022.  Malgré cette évolution positive, Mme DiCarlo a exprimé sa grave préoccupation face à la situation des prisonniers de guerre restants.  Dans les régions ukrainiennes sous contrôle russe, l’impunité pour les graves violations des droits humains, notamment les homicides, les disparitions et la torture, alimente un climat de peur.  Les ressortissants ukrainiens, y compris les enfants, subissent en outre des pressions pour acquérir la nationalité russe après qu’une nouvelle loi les a classés comme étrangers dans leur propre pays.  Sans passeport russe, a-t-elle expliqué, ils ne peuvent pas accéder aux soins de santé, aux services sociaux et à l’emploi.

Par ailleurs, la situation à l’intérieur et autour de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia reste très préoccupante. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) continue de surveiller la situation à la centrale, mais n’a toujours pas été autorisée à accéder à toutes les parties du site, malgré des demandes répétées adressées aux autorités russes, a-t-elle regretté. Le Conseil de sécurité s’est réuni plus de 100 fois depuis le début de l’invasion russe, et pourtant, nous sommes à l’aube de la troisième année du conflit armé le plus grave en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, sans fin en vue.  « Il est terrifiant de contempler où cela pourrait nous mener.  Il faut que cela cesse », a exhorté Mme DiCarlo. 

Mme EDEM WOSORNU, Directrice des opérations et du plaidoyer du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a indiqué que depuis le 29 décembre, on assiste à une nouvelle intensification du conflit, avec des attaques aériennes à travers l’Ukraine, provoquant davantage de morts et de blessés parmi les civils, et des dégâts considérables sur des maisons, des écoles, des hôpitaux, des infrastructures d’énergie et d’autres sites civils.  Elle a noté qu’aucune région du pays n’a été épargnée, et les attaques ont un bilan particulièrement lourd pour les civils proches de la ligne de front, notamment dans les régions de Donetsk, Kharkiv, Kherson et Zaporizhzhia où les besoins sont déjà désastreux. 

Depuis le 29 décembre, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a déjà enregistré la mort de 125 civils et plus de 550 blessés à travers l’Ukraine, a-t-elle poursuivi.  Cela porte le nombre confirmé de civils tués depuis février 2022 à plus de 10 200, dont 575 enfants, et plus de 19 300 blessés.  Elle a signalé que 1 000 villages et villes, « un nombre record », sont sans électricité ni eau à l’heure actuelle, alors que les températures sont tombées en dessous de -15 degrés Celsius.  Dans le même temps, le nombre de travailleurs humanitaires tués a plus que triplé, et on constate une recrudescence d’attaques contre les installations de stockage de l’aide au cours des deux derniers mois, ce qui a entraîné une multiplication d’incidents ayant un impact négatif sur les opérations d’aide. 

La Directrice a indiqué que l’ampleur des besoins humanitaires en Ukraine reste vaste.  En effet, plus de 14,6 millions de personnes, environ 40% de la population ukrainienne, ont besoin d’une certaine forme d’aide humanitaire.  De même, 4 millions de personnes, dont près d’un million d’enfants, sont toujours déplacés, alors que plus de 6,3 millions d’Ukrainiens continuent de vivre comme réfugiés dans les pays européens voisins et à travers le monde.  Près d’un million d’enfants touchés par la guerre ne bénéficient d’aucune sécurité ni d’accès fiable pour poursuivre leurs études, a-t-elle encore déploré, ajoutant que ce temps perdu mettra en péril l’avenir de toute une génération.  En plus des conséquences physiques évidentes pour l’Ukraine et les Ukrainiens, a-t-elle ajouté, se cache un impact beaucoup moins visible mais non moins dommageable: des signes de traumatisme psychologique qui pourrait affecter des millions de personnes pendant des années. 

Mme Wosornu a en outre déploré la persistance du manque d’accès pour l’aide humanitaire dans les zones occupées par la Fédération de Russie, pour préciser ensuite qu’en 2023, les organisations humanitaires ont atteint près de 11 millions de personnes à travers l’Ukraine avec une forme d’assistance.  Alors que la guerre en Ukraine se poursuit sans relâche, entraînant des niveaux élevés de besoins humanitaires, le soutien financier doit être soutenu, a-t-elle plaidé. Le plan de réponse et de besoins humanitaires de cette année pour l’Ukraine, qui sera lancé à Genève la semaine prochaine, cible 3,1 milliards de dollars pour aider 8,5 millions de personnes.  La haute fonctionnaire a aussi noté que l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) rapporte que les prix mondiaux des céréales ont augmenté de 1,5% en décembre, en partie à cause des tensions en mer Noire. 

M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur) a condamné les dernières attaques de missiles et de drones, dans plusieurs localités et zones résidentielles ukrainiennes, qui ont fait une centaine de victimes et de nombreux blessés.  Ces attaques ont aussi coupé l’approvisionnement en eau et en électricité de centaines de milliers de personnes à un moment où les températures pourraient chuter jusqu’à -20°C dans les prochains jours.  Rien ne justifie les attaques contre les hôpitaux, les écoles, les habitations et les infrastructures de base.  Les parties doivent respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire. 

Tout en saluant dernier échange de prisonniers de guerre entre la Russie et l’Ukraine, le représentant s’est dit préoccupé par la situation des enfants déplacés et réfugiés, exigeant le respect de leurs droits, dont le droit au retour.  Saluant le travail des acteurs humanitaires en Ukraine, le délégué a insisté sur l’obligation de respecter et de protéger le personnel humanitaire.  Il a demandé à la Fédération de Russie de mettre fin à son agression militaire et a appelé à une solution pacifique qui permette une paix juste et durable, dans le respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Ukraine.

M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a noté la poursuite de la coopération entre la RPDC et la Russie, ainsi que la présence du Président russe lors d’une parade militaire en RPDC.  Il a fermement condamné fermement cette coopération, arguant que la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité, viole les résolutions de cet organe pour attaquer un État Membre des Nations Unies.  Il a rappelé l’embargo qui interdit à tous les pays de s’approvisionner en armes auprès de la RPDC.  Or de telles armes sont utilisées en Ukraine par la Russie. Cette dernière, a-t-il prévenu, essaiera de botter en touche mais il faut lui rappeler les conséquences de cette guerre, notamment les pertes civiles et la destruction des infrastructures de base, a dit le délégué.  Il a estimé que seule la Russie peut mettre un terme à ce conflit, en se retirant de l’Ukraine.

M. SAMUEL ŽBOGAR (Slovénie) a déploré l’absence de progrès dans les discussions du Conseil de sécurité sur l’Ukraine, imputant cet état de fait à « l’absence de changement ».  Il a constaté que la situation sur le terrain ne se stabilise pas et s’est dit profondément préoccupé par l’utilisation par la Russie de missiles balistiques venant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) en Ukraine.  Il a souligné que le transfert et l’utilisation de tels missiles constitue une violation grave de nombreuses résolutions du Conseil, avant d’appeler celui-ci à rompre son silence pour défendre l’ONU, la Charte des Nations Unies et la paix.  Les principes du droit international s’appliquent à l’Ukraine tout comme ils s’appliquent à Gaza, a-t-il affirmé. 

Le représentant a ensuite décrié l’augmentation des attaques contre les infrastructures civiles critiques ukrainiennes à l’approche de l’hiver, y compris celles liées au nucléaire.  Il a appelé à respecter les sept piliers et cinq principes sur la sécurité nucléaire de l’AIEA.  Enfin, le délégué a exhorté à ne pas abandonner l’espoir de paix.  À cet égard, il a salué les efforts déployés par le Président Zelenskyy dans le cadre de la formule pour la paix de l’Ukraine. 

M. GENG SHUANG (Chine) a constaté que la crise ukrainienne se poursuit et que les attaques hostiles se multiplient, de même que les victimes civiles.  Après avoir appelé toutes les parties au conflit à faire preuve de retenue, à respecter pleinement le droit international humanitaire et à faire tout le nécessaire pour protéger les civils et les infrastructures civiles, le représentant a recommandé que les agences humanitaires redoublent d’efforts pour venir en aide aux nécessiteux.  Affirmant qu’il n’y a pas de gagnant dans les guerres, il a exhorté toutes les parties à viser une sécurité « globale, collective et durable » et à favoriser le règlement pacifique du différend.  Pour que la paix revienne en Ukraine, les pourparlers de paix doivent reprendre au plus vite, a-t-il insisté, et la communauté internationale multiplier de son côté les efforts diplomatiques et de médiation. Le délégué a salué à cet égard le récent échange de prisonniers de guerre entre les deux parties grâce à la médiation des Émirats arabes unis.

M. AMAR BENDJAMA (Algérie) a exprimé sa préoccupation face à la détérioration constante de la situation humanitaire du fait des activités militaires en Fédération de Russie et en Ukraine, avec ses conséquences aux niveaux régional et mondial.  Les pertes de vies civiles ainsi que la destruction des infrastructures civiles restent une source de profonde inquiétude.  Sur le terrain, la poursuite des attaques en Ukraine et en Russie ne fait qu’aggraver les tensions.  Dans ce contexte, le représentant a appelé à intensifier les efforts diplomatiques pour mettre fin à la crise humanitaire en Ukraine. Il a jugé impératif que les parties désamorcent les hostilités et donnent la priorité à la protection des civils conformément au droit international, y compris le droit international humanitaire.  Pour le délégué, il est urgent d’abandonner la logique de la confrontation et de faire preuve de retenue, tout en créant les conditions propices au dialogue et à la négociation. 

Pour sa part, a-t-il poursuivi, l’Algérie a engagé un effort de bons offices dans le cadre du groupe de contact arabe en appelant la communauté internationale à s’abstenir de toute action susceptible d’entraver les négociations et de prolonger la crise.  Il s’est dit profondément préoccupé par l’exacerbation de la polarisation qui contribue à la prolongation de la crise et à des risques d’escalade accrus, avec des répercussions sur la paix et la sécurité internationales. 

M. JOONKOOK HWANG (République de Corée) a noté que l’invasion illégale de l’Ukraine par la Russie a entraîné des souffrances indicibles pour le peuple ukrainien.  Préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire sur le terrain, le représentant a condamné les attaques aveugles contre les civils et les infrastructures civiles qui ont tué près de 100 personnes et blessé plus de 400 autres depuis le 29 décembre.  Il a fait état des privations d’électricité et d’eau qui en ont résulté pour des centaines de milliers de personnes et le fait que cela aggrave des conditions de vie déjà difficiles en cette saison hivernale.  Il a dénoncé en outre la cyberattaque contre l’opérateur de réseau mobile d’Ukraine, qui a entravé l’accès de millions d’Ukrainiens à des services de communication vitaux le mois dernier. « Les auteurs de tous ces actes interdits par le droit international humanitaire ne doivent bénéficier d’aucune impunité. » 

Le représentant a encore dénoncé le fait que la Fédération de Russie se fournisse en armes auprès de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) rappelant que tout achat d’armes auprès de ce pays constitue une violation de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité votées par la Russie.  Il a de plus estimé qu’en exportant des missiles vers la Russie, la RPDC utilise l’Ukraine comme site d’essai de ses missiles à capacité nucléaire. L’introduction de missiles de la RPDC dans la guerre en Ukraine a des implications importantes sur le régime de non-prolifération nucléaire mondial, a encore regretté le délégué en exigeant une réponse commune et des efforts pour freiner les provocations et programmes nucléaires de la RPDC.  La Russie doit mettre fin à sa coopération militaire avec la RPDC, a conclu le délégué en lui demandant aussi de retirer immédiatement ses forces militaires du territoire ukrainien et de mettre fin aux souffrances humanitaires causées par cette guerre illégale.  Il a réitéré son soutien à l’Ukraine. 

M. DOMINGOS ESTÊVÃO FERNANDES (Mozambique) a rappelé que l’Ukraine compte 3,7 millions de personnes déplacées et que 17,6 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire.  L’apport d’une aide humanitaire et la protection des civils sont les questions les plus pressantes de la guerre en Ukraine, a dit le délégué.  Il a exhorté les parties à répondre aux besoins des civils et à se conformer strictement au droit international humanitaire, dont la pierre de touche est la protection des civils.  Les principes de distinction, de précaution et de proportionnalité doivent être respectés par toutes les parties, a ajouté le délégué, avant d’appeler de ses vœux une solution politique et d’exhorter les parties à cesser les combats et à reprendre des négociations directes.

M. BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a rappelé que les Ukrainiens ont débuté l’année dans l’obscurité, sans chauffage et sans toit, sous les raids aériens.  « Quatre-vingt-dix drones ont été tirés sur Odessa, Lviv et d’autres villes la veille du Nouvel An », s’est désolé le délégué qui s’est aussi alarmé d’une autre attaque massive perpétrée lundi alors que les températures dans toute l’Ukraine tombaient jusqu’à -20 degrés Celsius.  Plus de 1 000 villes et villages dans neuf régions se sont retrouvés sans électricité, a constaté le délégué.  Pour lui, le recours par la Russie à des missiles balistiques en provenance de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) est un signe d’imprudence et de désespoir et constitue une violation de plusieurs résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Aussi a-t-il appelé la Russie à mettre un terme à son commerce d’armes avec la RPDC, à mettre pleinement en œuvre toutes les résolutions du Conseil, et à réaffirmer son engagement envers le régime mondial de non-prolifération.  Le représentant a également appelé l’Iran, la RPDC et tout État tiers qui fournit un soutien matériel à la « machine de guerre russe » à s’arrêter immédiatement.  « Mettre fin à l’accès de la Russie aux armes étrangères contribuera à mettre fin à cette guerre. »

Alors que la Russie continue d’empêcher l’accès humanitaire à des millions de nécessiteux dans les territoires « temporairement » contrôlés par elle, elle doit autoriser immédiatement les organisations humanitaires à se rendre en toute sécurité et sans entrave dans ces zones, a insisté le délégué.  « Le Nouvel An est l’heure des résolutions.  Nous en suggérons au moins trois à la Russie: respecter la Charte des Nations Unies et les résolutions du Conseil; cesser ses attaques contre les civils et les infrastructures civiles; et retirer son armée du sol ukrainien », a-t-il recommandé.

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a rappelé qu’il y a 160 ans, le Genevois Henry Dunant, marqué par l’horreur du champ de bataille de Solférino, donnait l’impulsion pour le développement du droit international humanitaire (DIH) moderne.  Et il y a 75 ans, la communauté internationale, marquée par les multiples horreurs de la Seconde Guerre mondiale, adoptait les quatre Conventions de Genève, et renforçait notamment la protection des civils.  Ce droit doit encore et toujours être respecté par toutes les parties à un conflit armé, a-t-elle clamé.  Or, il y a à peine deux semaines, la Russie a lancé l’une des plus lourdes vagues d’attaques de missiles et de drones contre des zones habitées depuis le début de l’agression militaire, a dénoncé la déléguée qui a souligné que les civils ne doivent pas être ciblés ou subir des attaques indiscriminées. 

La représentante a indiqué que la Suisse contribue à la résilience des infrastructures énergétiques et de la population ukrainiennes avec son programme d’aide pour l’hiver, qui équivaut à un montant de presque 100 millions de dollars.  Elle a rappelé que le 15 janvier, le lancement conjoint des plans de réponse humanitaire et régionale pour les réfugiés en 2024 aura lieu à Genève.  Il est essentiel que ces deux plans reçoivent les ressources financières adéquates, a-t-elle souligné.  Mais, a-t-elle précisé, ce qui est vraiment nécessaire, c’est que la Russie entame enfin une désescalade.  Elle a salué la tenue, le 14 janvier, à Davos, d’une discussion dans le cadre de la formule de paix ukrainienne, précisant qu’en organisant cette rencontre, la Suisse contribue à soutenir les discussions en vue d’une paix globale, juste et durable en Ukraine. 

M. YAMAZAKI KAZUYUKI (Japon) a dit être gravement préoccupé par l’intensification des frappes de la Russie contre l’Ukraine depuis la fin du mois de décembre.  Il a jugé déplorable que la Russie fasse de nouveau de l’hiver une stratégie pour bombarder des hôpitaux, des écoles, des centrales électriques et d’autres infrastructures essentielles.  Les responsables de ces atrocités doivent rendre des comptes. Solidaire du peuple ukrainien aussi longtemps qu’il le faudra, la Ministre japonaise des affaires étrangères, a rappelé le représentant, s’est rendue en Ukraine le week-end dernier pour entre autres, souligner l’importance de garantir la dignité du peuple ukrainien. Elle a remis 5 générateurs mobiles et 7 autotransformateurs qui vont bénéficier à cinq autres millions de personnes.  

Après avoir livré ces informations, le délégué s’est dit préoccupé par le sort des enfants ukrainiens enlevés.  Il a demandé à la Russie de les rapatrier immédiatement. Il a ensuite condamné l’exportation de missiles balistiques par la Corée du Nord ainsi que leur utilisation par la Russie contre l’Ukraine.  Il a dit craindre l’exportation de technologies liées aux missiles nucléaires ou balistiques vers la Corée du Nord et rappelé que tout transfert d’armes entre ce pays et la Russie constituerait une violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité soutenues par la Russie elle-même.  En conclusion, le délégué a demandé à la Russie de se retirer immédiatement et sans condition des frontières internationalement reconnues de l’Ukraine. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a exprimé son désaccord de principe quant à l’approche choisie par la présidence française du Conseil, en regrettant que six délégations aient été invitées au titre de l’Article 37, alors qu’il s’agit d’une séance d’information et non d’un débat.  De plus, tous ces États sont membres de l’Union européenne, laquelle participe déjà à la séance.  À ses yeux, le seul objectif de ces délégations est de prononcer des déclarations devant les caméras, ce qui nuit à la crédibilité du Conseil. 

Le représentant a dénoncé la « sympathie hypocrite » de l’Occident qui établit froidement une distinction entre les civils « importants » et « sans importance », dans le cadre d’une approche « cynique » et purement coloniale plusieurs fois observée en Afrique, au Moyen-Orient et en Europe orientale. Ainsi, le 30 décembre dernier, le « régime de Kiev » a tiré des armes à sous-munitions à partir de multiples systèmes de lance-roquettes sur des zones résidentielles de Belgorod, tuant 25 personnes.  Loin d’exprimer des regrets, certains pays occidentaux ont plutôt tenté de justifier cette attaque, notamment la France. 

En réponse, le Président russe a déclaré que son pays « ne frapperait pas les endroits où les mères marchent avec des poussettes », mais s’attaquerait plutôt à des cibles militaires.  Le représentant a dénoncé le comportement de la Tchéquie qui tente, selon lui, d’échapper à sa responsabilité dans « l’attentat terroriste » de Belgorod.  À cet égard, il a fait valoir que les organisations internationales, dont l’ONU, ne se comportent pas mieux que les « démocraties civilisées », honteusement silencieuses chaque fois qu’il s’agit de condamner les crimes commis par l’Ukraine.  Dans ce contexte, il a jugé que la promotion par ce pays d’une « pseudo-initiative de maintien de la paix » constitue dans les faits un ultimatum à la Russie sans lien avec le règlement de la situation en Ukraine.  « Toute discussion sur le conflit sans la participation de notre pays est vouée à l’échec », a-t-il prédit, en ajoutant que Moscou n’a jamais refusé de négocier.

La contre-offensive des forces armées ukrainiennes a échoué, a jugé le représentant.  Alors que l’Union européenne et la Pologne comptent fournir des missiles à longue portée à l’Ukraine et que les États-Unis tentent de faire de même, le représentant a prévenu que son pays documente les atrocités commises par les « néonazis ukrainiens » depuis 2014.  Il a en outre estimé que la solidarité de l’Occident avec l’Ukraine masque en réalité un « processus d’asservissement » de l’économie ukrainienne, la dette extérieure du pays atteignant aujourd’hui 89% du PIB. 

M. IMRAN KANU (Sierra Leone) a souligné l’importance d’appliquer la Charte avec cohérence et rappelé que le recours à la force contre un État Membre, en violation de ladite Charte, ne peut être accepté.  Le Conseil s’est montré incapable de mettre un terme au conflit en raison de l’exercice du droit de veto, ce qui accrédite l’idée que le veto est au service d’intérêts particuliers, a affirmé le délégué.  Il s’est dit extrêmement préoccupé par la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire en Ukraine, avant d’exhorter les parties à ne pas utiliser des missiles et des drones contre les civils et infrastructures civiles.  Il a également appelé les partenaires régionaux et internationaux à accroître leur aide humanitaire en Ukraine.  Enfin, le délégué a exhorté les parties à s’engager dans un processus politique et diplomatique afin d’aboutir à une paix durable.  « La Sierra Leone appelle de nouveau au plein respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. »

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a jugé « insupportable » le coût déjà payé par le peuple ukrainien depuis le début de l’agression russe, qui a fait plus de 29 000 victimes civiles.  La campagne de frappes aériennes systématiques en cours contre les civils et les infrastructures critiques en Ukraine doit cesser immédiatement, a-t-elle tranché.  En outre, Moscou entrave l’accès humanitaire aux territoires placés sous son contrôle temporaire, s’est émue la représentante.  Elle s’est également alarmée de ce que la plupart des survivantes de la violence fondée sur le sexe n’aient pas accès aux soins de santé et autres services essentiels.  La représentante a aussi salué les « courageuses » Russes qui, depuis le mois de novembre et malgré les intimidations et les harcèlements, ont impulsé un mouvement populaire dans plusieurs villes, exigeant le retour chez eux des soldats mobilisés sur le front.  La Russie, a-t-elle ajouté, doit retirer sans conditions et complètement toutes ses forces et ses équipements militaires de l’ensemble du territoire ukrainien, à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues.

Mme CAROLYN RODRIGUES BIRKETT (Guyana) a appelé au plein respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, tout en s’inquiétant de l’impact dévastateur du conflit sur les civils et les infrastructures critiques.  Elle s’est dite consternée par la situation humanitaire désastreuse dans le pays et par les entraves à l’accès de l’aide humanitaire aux personnes dans le besoin, y compris dans les zones occupées.  Outre la destruction massive des villes et l’impact économique, social et psychologique qui en découle, le traumatisme et les effets résiduels de la guerre se feront sentir pendant des années, a-t-elle prédit.  La représentante s’est particulièrement alarmée des violations commises contre les enfants, notamment lors d’attaques contre des écoles et des hôpitaux.  Elle a exigé que les parties respectent le droit international humanitaire en mettant fin aux violations graves commises contre les enfants et en garantissant leur retour en toute sécurité. 

Par ailleurs, la représentante a salué les efforts qui ont conduit à l’échange de prisonniers de guerre la semaine dernière, en espérant que des observateurs indépendants, y compris le HCDH, auront un accès régulier, sans entrave et confidentiel à toutes les personnes détenues. Elle a appelé à la fin immédiate des hostilités et au retrait complet des forces russes du territoire ukrainien, tout en encourageant les parties à s’engager dans un processus politique sérieux visant à mettre fin au conflit par des moyens pacifiques. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a constaté que les Ukrainiens sont entrés dans l’année 2024 sous une pluie de plus de 500 missiles et drones russes visant des immeubles d’habitation, des commerces, des églises, des maternités, des gares, des métros et des infrastructures énergétiques.  La France, a dit le représentant, condamne avec la plus grande fermeté ces frappes massives.  En ciblant délibérément des infrastructures civiles, la Russie ne peut nous faire croire qu’elle poursuit des objectifs militaires.  Elle veut rendre le conflit insupportable pour le peuple ukrainien et saper sa résilience, a estimé le représentant, en dénonçant ce mépris du droit international humanitaire et les obstacles dressés à l’accès humanitaire aux zones contrôlée par la Russie.  Cette dernière, a-t-il poursuivi, cherche à briser le moral d’une nation dont elle nie l’identité et à soumettre par la force un pays dont elle viole la souveraineté et l’intégrité territoriale depuis 10 ans. 

La Russie, a ajouté le représentant, poursuit sa fuite en avant en Ukraine, sans autre justification que celle de renouer avec un passé impérial fantasmé.  Si elle cesse son agression, la guerre cessera, sans préjudice pour sa propre sécurité, a-t-il fait valoir.  Il a demandé à la Russie d’entendre les appels de l’Assemblée générale, qui a affirmé et réaffirmé son attachement à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  La France, a promis le représentant, continuera d’apporter son soutien indéfectible à la nation ukrainienne, dans tous les domaines, pour lui permettre d’exercer son droit à la légitime défense, conformément à la Charte des Nations Unies.  La France poursuivra également son appui aux juridictions ukrainiennes et à la Cour pénale internationale (CPI) afin de lutter contre l’impunité pour les crimes commis par la Russie.  Le représentant a conclu en disant partager la vision ukrainienne d’une paix juste et durable. 

M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a déclaré que la Russie continue de terroriser la population ukrainienne, avec des tirs de missiles balistiques, de missiles de croisière et de drones.  Il a rappelé que 1 500 centres de soins ont été pris pour cible depuis le début de la guerre.  Les attaques sont quotidiennes, a dit le délégué.  Il a dénoncé la livraison d’armes de la RPDC à la Russie, affirmant que celles-ci sont utilisées en Ukraine.  Il s’agit d’une violation des résolutions du Conseil, a ajouté le délégué, en précisant qu’un missile utilisé contre la ville de Kharkiv le 2 janvier était de fabrication nord-coréenne. 

Poursuivant, le représentant a rappelé que les nobles russes, avant le « putsch bolchévique », utilisaient le français plutôt que le russe. S’exprimant en français, il a dénoncé les violations flagrantes du droit commises par la Russie, notamment une nouvelle législation russe, qui prévoit que les orphelins ukrainiens peuvent obtenir la nationalité russe.  Tous les enfants ukrainiens transférés en Russie sous couvert de protection humanitaire demeurent Ukrainiens, a-t-il rappelé.  Il a également demandé l’exécution du mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) contre le Président russe.  Il a déclaré que le Kremlin tue non seulement des Ukrainiens mais aussi des Russes, avant de dénoncer les « fantasmes maniaques » du Président russe.  Il est dans l’intérêt du monde de mettre un terme à ce régime criminel, a conclu le délégué ukrainien. 

M. KRZYSZTOF MARIA SZCZERSKI (Pologne) a indiqué qu’au début de l’année, la plus grande vague de missiles russes se sont abattus contre des infrastructures civiles ukrainiennes depuis le début de l’agression.  Notant que Moscou semble convaincue qu’elle peut survivre à la résistance et à la résilience ukrainiennes, il a appelé la communauté internationale à poursuivre son soutien à l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra.  La Pologne l’a fait depuis le tout début de la guerre et poursuit sur cette voie, a rappelé le délégué informant de l’entretien d’hier entre les Présidents de la Pologne et de l’Ukraine. 

Les représentants du monde libre ne peuvent pas se permettre de se lasser de la guerre en Ukraine, a prévenu le délégué. Selon lui, il faut non seulement maintenir les niveaux actuels de soutien militaire et financier à l’Ukraine, mais aussi l’augmenter, précisant que la Pologne discute actuellement avec l’Ukraine de nouvelles formes de soutien.  Si jamais l’Ukraine s’affaiblit, le risque d’une agression russe contre de nouveaux pays augmenterait considérablement, a prévenu le représentant.

Mme ANTJE LEENDERTSE (Allemagne) a constaté qu’en plus des drones iraniens, la Russie a tiré, pour la première fois, des missiles balistiques produits par la RPDC.  Le transfert de ces armes constitue une violation des résolutions du Conseil de sécurité pour lesquelles la Russie a elle-même voté, a-t-elle rappelé. Elle a souligné que l’Allemagne a joué un rôle de premier plan dans la fourniture des systèmes de défense aérienne. Ces derniers contribuent directement à sauver des vies.

Dans le même temps, la situation humanitaire en Ukraine reste désastreuse, et l’Allemagne a apporté plus de 403 millions d’euros d’aide humanitaire.  En plus de la fourniture de biens essentiels, nous nous concentrons sur les services de santé mentale, ainsi que sur les activités de déminage, a-t-elle précisé. Pour mettre fin à la tragédie, elle a préconisé de faire pression sur l’agresseur pour qu’il mette fin à son invasion illégale.  Elle a également appelé à aider l’Ukraine à se défendre aussi longtemps que l’agression se poursuivra.  Enfin, la déléguée allemande a demandé de jeter les bases d’une paix juste et durable. À ce propos, la formule de paix du Président Zelenskyy décrit clairement une voie à suivre viable, a-t-elle argué.

Mme HEDDA SAMSON, de l’Union européenne, a dénoncé l’intensification de la campagne de frappes de la Russie contre la population civile.  La Russie cherche à détruire le moral et la résilience du peuple ukrainien, a-t-elle accusé, avant de fustiger le soutien militaire de l’Iran, de la RPDC et du Bélarus. Nous exhortons la Russie et la RPDC à se conformer aux résolutions pertinentes du Conseil, a dit la représentant et, rappelant qu’il ne saurait y avoir d’impunité, elle a dit compter que les dirigeants russes seront tenus pour comptables de leur acte d’agression en Ukraine. À ce titre, elle a encouragé les efforts visant à mettre sur pied un tribunal afin de juger du crime d’agression contre l’Ukraine.  Enfin, la déléguée a appuyé tous les efforts de bon sens visant à mettre un terme à la guerre de la Russie et appelé cette dernière à se retirer de l’Ukraine.

Également au nom de la Lettonie et de la Lituanie, M. MATTIAS VAREM (Estonie) a estimé que, « sans surprise », la Russie a commencé 2024 là où elle avait laissé les choses à la fin de l’année dernière: en semant la mort et la désolation en Ukraine.  Dès le 29 décembre, elle a lancé ce qui pourrait être considéré comme la frappe de missiles et de drones la plus étendue contre l’Ukraine depuis le début de la guerre, a-t-il rappelé.  Or le représentant russe affirme « absurdement » que les dégâts sont causés par les systèmes de défense aérienne ukrainiens.  Mais il n’explique toujours pas pourquoi son pays lance des missiles qui menacent les civils d’un État souverain.  Face à l’ampleur de la crise humanitaire, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie ont versé plus de 100 millions de dollars pour l’aide humanitaire et elles continueront à soutenir l’Ukraine jusqu’à la défaite de l’agresseur, a assuré le représentant.  Il a en conclusion appelé la Russie à entendre les appels au retrait immédiat, complet et inconditionnel de ses forces militaires de l’ensemble du territoire ukrainien, à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues.

M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a fermement condamné les attaques brutales de la Russie contre les infrastructures civiles en Ukraine. La Russie devra rendre des comptes pour les crimes de guerre et les graves dommages causés par sa guerre d’agression, a dit le délégué.  Il a rappelé que son pays a apporté plus de 2 milliards d’euros d’aide à l’Ukraine depuis le début du conflit.  Il s’est félicité de l’engagement fort de la communauté internationale en faveur d’un déminage rapide du territoire ukrainien.  Le soutien politique, militaire et économique à l’Ukraine sera l’une des priorités de la présidence italienne du G7, a assuré le délégué. Enfin, il a précisé que son pays accueillera en 2025 une conférence sur le relèvement de l’Ukraine.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Réunion de l’Assemblée générale tenue après le veto des États-Unis le 22 décembre, l’occasion de lancer encore des appels au cessez-le-feu à Gaza

Soixante-dix-huitième session,
51e & 52e séances - matin & après-midi
AG/12580

Réunion de l’Assemblée générale tenue après le veto des États-Unis le 22 décembre, l’occasion de lancer encore des appels au cessez-le-feu à Gaza

La séance de l’Assemblée générale tenue aujourd’hui en conséquence de l’exercice du droit de veto par les États-Unis au Conseil de sécurité le 22 décembre 2023, conformément à la résolution (A/RES/76/262), a entendu plus de 50 intervenants présenter des arguments sur une crise qui oppose toujours autant certains États Membres, le débat tournant en véritable joute oratoire et de « visuels » entre Israël et l’État de Palestine.  Le délégué israélien est en effet venu à la tribune de l’ONU avec des photos de jeunes femmes otages du Hamas et d’un bébé israélien de 1 an à qui il a « offert » un gâteau d’anniversaire, tandis que l’Observateur permanent de l’État de Palestine a brandi un panneau appelant au cessez-le-feu (« Ceasefire Now »).  « Les 9 000 enfants de Gaza tués ne recevront plus de cadeau d’anniversaire », a commenté tristement Cuba.  Les délégations qui ont participé à ce débat ont dans leur quasi-totalité réclamé un cessez-le-feu immédiat dans la guerre qui oppose Israël au Hamas depuis le 7 octobre 2023. 

En introduction, le Président de l’Assemblée générale, dont le texte a été lu par son vice-président, a dit que l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité peuvent et doivent travailler ensemble sur les questions de paix et de sécurité internationales pour créer un monde pacifique et plus sûr.  Prenant acte du rapport spécial du Conseil de sécurité sur le veto du 22 décembre 2023, le Président a encouragé les parties à appliquer pleinement les dispositions de la résolution 2720 (2023) adoptée le même jour sans l’amendement russe frappé du veto américain.  Cette résolution appelle à « des mesures urgentes pour permettre immédiatement un accès humanitaire sûr, sans entrave et élargi et pour créer les conditions d’une cessation durable des hostilités », pour protéger les civils et sauver des vies. 

À l’origine du veto qui a déclenché la mise en œuvre de la résolution de l’Assemblée générale -convocation d’une séance de l’Assemblée dans les 10 jours ouvrables suivant l’exercice du droit de veto par un ou plusieurs membres permanents du Conseil de sécurité, afin de tenir un débat sur la situation au sujet de laquelle le veto a été opposé-, les États-Unis ont rappelé que la résolution adoptée le 22 décembre témoigne de leur engagement à travailler avec les autres membres du Conseil pour élaborer un texte solide et axé sur l’humanitaire.  Toutefois, un membre permanent du Conseil de sécurité a proposé « des amendements déconnectés de la situation sur le terrain », a regretté le délégué américain surpris par ailleurs que d’autres États Membres aient cessé de parler du sort des plus de 100 otages détenus par le Hamas.  L’Autriche a précisé que le veto des États-Unis avait été utilisé contre un amendement oral de la Russie et non contre le texte global adopté ce jour-là. 

Cet amendement, soutenu par 10 membres du Conseil, insistait sur la cessation des hostilités, a répondu la Fédération de Russie qui a accusé les États-Unis de saper les efforts des Nations Unies pour faire avancer leurs propres priorités stratégiques au Moyen-Orient.  L’exercice du droit de veto par les États-Unis a permis à Israël de poursuivre ses bombardements et l’agression des populations de Gaza, a constaté l’Iran pour qui ce veto allait à l’encontre des appels à mettre un terme à ce bain de sang et est contraire au droit international humanitaire.  L’Iran a demandé des sanctions contre Israël pour ses agissements. 

L’Observateur permanent de l’État de Palestine brandissant un panneau avec le slogan « Ceasefire Now » a d’abord dénoncé le carnage dont sont victimes les familles palestiniennes avant de souligner l’importance d’un cessez-le-feu humanitaire immédiat, comme « demandé par le monde entier », notamment le Secrétaire général, les États Membres de l’ONU et les organisations humanitaires. Le seul moyen de mettre un terme à cette horreur est un cessez-le-feu, a-t-il tranché, un cessez-le-feu « immédiat et intégral », a ajouté Bahreïn au nom du Groupe des États arabes. 

Les délégations qui se sont exprimées toute la journée ont été nombreuses à réclamer ce même cessez-le-feu à Gaza, la Sierra Leone ou le Mexique, qui a estimé que « c’est le moins que l’on puisse faire ». 

Un cessez-le-feu serait une victoire pour le Hamas, a vivement réagi Israël.  Pour le représentant, ce serait un feu vert pour la poursuite de la terreur.  « C’est oublier les otages israéliens et les crimes perpétrés par le Hamas.  C’est comme un message clair à tous les terroristes du monde entier, comme ceux du Hezbollah et les houthistes, qu’ils peuvent agir à leur guise. »  Le représentant israélien a d’ailleurs accusé l’Assemblée générale de manquer de courage et de détermination pour demander la libération des otages « au Hamas qui se livre depuis 17 ans à des actes terroristes ».  Il a opposé à cela l’attitude d’Israël qui, de son côté, facilite l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza, et ce quotidiennement. 

La Hongrie a salué à ce propos l’ouverture par Israël du point de passage de Kerem Shalom pour acheminer de l’aide humanitaire, tout en soulignant la nécessité que cette aide ne tombe pas entre les mains du Hamas.  Cette ouverture est une première étape positive, a salué l’Allemagne en se félicitant, comme l’Italie et la Namibie, de la nomination de Mme Sigrid Kaag au poste de coordonnatrice des Nations Unies pour l’aide humanitaire et la reconstruction à Gaza. 

Israël, a affirmé le délégué des États-Unis, était prêt au retour à une pause et à la libération d’otages, contrairement au Hamas qui est revenu sur les engagements qu’il avait pris lors de la première pause pour les libérations d’otages.  Washington reste déterminée à obtenir une nouvelle pause et à faire sortir les otages de Gaza, a déclaré la délégation.  Pour elle, le conflit aurait déjà cessé si le Hamas arrêtait de se cacher derrière les civils et déposait les armes, et si une pression internationale était exercée sur ses dirigeants pour qu’ils mettent fin au conflit qu’ils ont déclenché le 7 octobre. 

Soulignant l’importance de l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza, Bahreïn a estimé que la pause humanitaire était la seule façon de mettre fin à cette tragédie. Rappelant en outre l’ampleur des dégâts causés par la guerre, le représentant a appelé le Conseil de sécurité à faire cesser les pratiques illégales et la punition collective de la population de Gaza.  Pour elle, il a demandé une protection internationale et la cessation des déplacements de populations. 

S’agissant de l’exercice du droit de veto, l’Indonésie a compté que chaque fois que ce droit est exercé s’agissant de la situation à Gaza, c’est plus de 5 000 Palestiniens qui sont tués.  Les États-Unis sont complices des meurtres commis contre les Palestiniens, a asséné la République arabe syrienne.  La déléguée des Émirats arabes unis a rappelé que le veto avait été exercé à 37 reprises depuis 1972 sur la question palestinienne.  L’Observateur permanent de l’État de Palestine a donc dit soutenir la proposition de la France et du Mexique pour une suspension du veto en cas d’atrocités de masse, de génocide, de crimes contre l’humanité et des crimes de guerre, ce qui comprend l’attaque israélienne contre la population palestinienne de la bande de Gaza.  La Suisse a prôné un usage restrictif du droit de veto appelant à plus de consensus au Conseil de sécurité.  Le veto doit être exercé avec responsabilité et prudence, a renchéri le Royaume-Uni.  La Nouvelle-Zélande a rappelé, quant à elle, être opposée depuis 1945 à l’usage de ce droit, le qualifiant de « mécanisme anachronique ». 

Cuba a pourfendu la faillite du Conseil de sécurité sur cette question alors qu’il doit mettre fin à l’impunité d’Israël pour ses violations du droit international et pour le meurtre du personnel de l’ONU à Gaza.  La Chine a regretté l’exercice du droit de veto par un membre permanent du Conseil de sécurité, le 22 décembre, avant d’appeler aussi à un cessez-le-feu immédiat afin de protéger la vie des civils.  Sans cessez-le-feu, il sera impossible de libérer les otages et d’acheminer l’aide humanitaire, a prévenu le délégué chinois.  Le Conseil doit agir au nom de tous les États Membres, a souligné le Liechtenstein en rappelant que l’amendement de la Fédération de Russie avait été présenté à la dernière minute. 

L’adoption de la résolution 2720 (2023), malgré le veto sur l’amendement russe, a largement été saluée, par le Canada notamment qui a demandé, outre le cessez-le-feu, la libération des otages encore aux mains du Hamas.  « Nous sommes conscients du fait que ce sont les attaques choquantes du Hamas qui ont déclenché ce conflit », a déclaré l’Inde. Le caractère « odieux » des attaques du Hamas a été souligné par le Japon qui a saisi cette occasion pour rappeler les efforts diplomatiques du pays ayant exercé son droit de veto.  Le Luxembourg, tout en estimant que l’exercice du veto est toujours regrettable, a déploré que ni le Conseil ni l’Assemblée n’aient condamné les attaques du Hamas. 

L’Irlande a rendu hommage au rôle joué par le personnel de l’ONU à Gaza où la situation est « inacceptable et choquante », avant de demander la libération des otages.  Le délégué irlandais a en outre estimé que les mesures prises par Israël sont excessives, appelant ce pays à respecter le principe de précaution.  La République de Corée a souligné à cet égard que le droit à la légitime défense doit être appliqué dans le respect du droit international. 

Pour le Brésil, le Conseil doit tout faire pour que les pourparlers de paix soient ouverts; pour la Norvège, la communauté internationale doit prévenir l’escalade à Gaza.  L’Afrique du Sud a d’ailleurs rappelé que l’ONU avait été créée pour empêcher les guerres et non pour assister au déroulement de celles-ci.  « Les atrocités en cours ne sont que le dernier chapitre d’une longue histoire qui dure depuis 70 ans », a rappelé le représentant en faisant référence à la pratique du « deux poids, deux mesures » dans la défense des droits des Israéliens et des Palestiniens, et en assimilant cette situation au colonialisme et à la situation d’apartheid que l’Afrique du Sud a connu dans le passé.  « Nous avons présenté un dossier à la Cour internationale de Justice pour que la lumière soit faite sur les atrocités en cours », a justifié la délégation, un recours qu’Israël a vivement regretté.  Le délégué israélien a ainsi exprimé son désaccord quant à l’utilisation, comme arme à l’encontre de l’État juif, de la Convention sur la prévention du génocide, alors que cet instrument juridique a été adopté à la suite de l’Holocauste et du génocide du peuple juif. 

Pour leur part, la Belgique et le Chili ont signalé leur intention d’informer la Cour pénale internationale de la situation en Palestine.  Malgré tous ces arguments, le débat a tendu vers un soutien à la solution des deux États, qui a été présentée comme « la seule solution viable ».  C’est la seule solution pour que se lève une lueur d’espoir dans la région, a résumé la Sierra Leone.  « Nous devons œuvrer à un avenir où Israéliens et Palestiniens vivront côte à côte en paix.  C’est la seule façon d’aller de l’avant », ont conclu les États-Unis. 

Enfin, sur un autre point à son ordre du jour, l’Assemblée générale a adopté par consensus la résolution A/78/L.34 créant la Journée internationale pour la science, la technologie et l’innovation dans le Sud qui sera célébrée chaque année le 16 décembre.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: vives inquiétudes des délégations face à la montée de l’insécurité en mer Rouge depuis le déclenchement du conflit à Gaza

9525e séance – après-midi
CS/15552

Conseil de sécurité: vives inquiétudes des délégations face à la montée de l’insécurité en mer Rouge depuis le déclenchement du conflit à Gaza

« Aucune cause ni grief ne peut justifier la poursuite des attaques contre la liberté de navigation en mer Rouge », a déclaré, cet après-midi devant le Conseil de sécurité, le Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique.  Près de trois mois après le début du conflit à Gaza, M. Khaled Khiari a expliqué que les menaces persistantes posées par les houthistes à la navigation maritime, associées au risque d’une nouvelle escalade militaire, restent très préoccupantes et pourraient potentiellement toucher des millions de personnes au Yémen, dans la région et au-delà.

Faisant écho à la déclaration à la presse faite par le Président du Conseil de sécurité le 1er décembre 2023, dans laquelle ses membres avaient condamné l’attaque contre le navire marchand Galaxy Leader, la plupart d’entre eux ont aujourd’hui appelé à la libération de ce cargo battant pavillon japonais et de ses 25 membres d’équipage ressortissants de plusieurs nationalités.  Se disant indigné par cette « saisie », le Japon a souligné qu’il n’y a aucune justification pour attaquer des navires commerciaux engagés dans des activités licites et transitant par la mer Rouge. 

L’ONU, a déclaré le Sous-Secrétaire général, continue de mettre en garde contre les conséquences néfastes sur les plans politique, sécuritaire, économique et humanitaire d’une escalade militaire en mer Rouge et du risque d’exacerbation des tensions régionales.  Le haut fonctionnaire a notamment alerté quant aux risques pesant sur les chaînes d’approvisionnement au niveau mondial, notamment la hausse des coûts logistiques et le retard dans les délais de livraison.

Pour sa part, le Secrétaire général de l’Organisation maritime internationale (OMI) a rappelé que près de 15% du commerce mondial transite par la mer Rouge. M. Arsenio Dominguez a indiqué que 18 compagnies de transport maritime ont d’ores et déjà décidé, pour des raisons de sécurité, de modifier leurs itinéraires, en faisant passer leurs cargos par le Cap de Bonne-Espérance, en Afrique du Sud, ce qui signifie un trajet plus long de 10 jours et donc une augmentation du prix du fret maritime.  Il a fait état de la réunion extraordinaire des pays membres du Code de conduite de Djibouti, lundi dernier, au cours de laquelle des mesures de sécurité accrues ont été demandées.  Ce code de conduite concerne la répression des actes de piraterie et des vols à main armée perpétrés dans l’océan Indien occidental et le golfe d’Aden. 

« Nous continuerons à travailler avec nos alliés et partenaires pour poursuivre toutes les voies diplomatiques afin de mettre fin à cette menace », a assuré le Royaume-Uni, qui n’hésitera pas à prendre des mesures de dissuasion à l’encontre des menaces à la liberté de navigation en mer Rouge. Pour l’Algérie, les États côtiers sont les premiers responsables de la sécurité maritime en mer Rouge, et tout effort collectif qui ne compterait pas sur leur participation active serait voué à l’échec.  La Chine et la Fédération de Russie ont de leur côté jugé que la situation en mer Rouge découle du conflit en cours dans la bande de Gaza.  La délégation russe a d’ailleurs dénoncé le caractère « douteux » de la licéité de la coalition internationale emmenée par les États-Unis au regard du droit international. 

La France a pour sa part appelé le Conseil de sécurité à ne pas rester divisé face à une menace qui concerne le monde entier.  « C’est un défi mondial, pas un défi israélien », a tonné le délégué d’Israël, en estimant que les attaques des houthistes sont la manifestation d’un Moyen-Orient « chaotique » qui risque d’entraîner la communauté internationale, à son tour, dans le chaos.  Il a accusé l’Iran d’être à l’origine de l’« épidémie » de terrorisme international et de soutenir les houthistes, un appui vivement critiqué aussi par les États-Unis, qui ont toutefois précisé ne pas souhaiter de confrontation avec Téhéran. 

La République de Corée, qui préside le Comité des sanctions du Conseil de sécurité sur le Yémen créé par la résolution 2140, a dit suivre attentivement la situation sur le terrain à l’intérieur et autour du pays, en particulier la mise en œuvre des sanctions, dont l’embargo sur les armes.  Le Sous-Secrétaire général a enfin appelé à ce que le Conseil de sécurité fournisse une assistance continue et coopère activement avec toutes les parties en mesure de faire pression pour obtenir plus de retenue.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclarations

M. KHALED KHIARI, Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, a constaté que de nouveaux développements alarmants se sont produits en mer Rouge depuis la dernière réunion en date du Conseil de sécurité sur le sujet le 18 décembre 2023.  L’ONU continue de mettre en garde contre les conséquences néfastes sur les plans politique, sécuritaire, économique et humanitaire de l’escalade militaire en mer Rouge et du risque d’exacerbation des tensions régionales. Le haut fonctionnaire a expliqué que les menaces persistantes des houthistes contre la navigation maritime, associées au risque d’une nouvelle escalade militaire, restent très préoccupantes et pourraient potentiellement toucher des millions de personnes au Yémen, dans la région et au-delà.  Depuis que cette question a été inscrite à l’ordre du jour du Conseil le 18 décembre, a-t-il relevé, les houthistes ont revendiqué la responsabilité de deux attaques commises à l’aide de missiles navals contre le MSC United le 26 décembre et le Maersk Hangzhou le 31 décembre.  D’autres attaques houthistes ont également été interceptées, a-t-il précisé.

M. Khiara a indiqué que le 31 décembre, une intervention armée des forces américaines contre les houthistes, en réponse à deux situations de détresse du Maersk Hangzhou, un porte-conteneurs battant pavillon de Singapour, aurait fait 10 morts ou portés disparus selon les houthistes.  En conséquence, Maersk Hangzou a interrompu hier les expéditions à travers la mer Rouge jusqu’à nouvel ordre. Le même jour, la compagnie Hapag-Lloyd a déclaré qu’elle continuerait d’éviter les transits par la mer Rouge pour rediriger les navires vers le Cap de Bonne-Espérance jusqu’au 9 janvier, en réponse aux récentes attaques.  Le Sous-Secrétaire général a évoqué des risques d’escalade continue des attaques contre les navires marchands et de l’impact sur les chaînes d’approvisionnement mondiales, notamment l’augmentation des coûts de transport et le rallongement des délais de livraison.  Il a dit partager les préoccupations du Secrétaire général de l’Organisation maritime internationale (OMI) en ce qui concerne la nécessité de protéger la liberté de navigation maritime, ainsi que l’impact potentiel de ces attaques sur les échanges internationaux.  Il a aussi réaffirmé l’importance d’assurer la sûreté et la sécurité de la navigation maritime dans la région.  À cet égard, il a demandé la libération immédiate du Galaxy Leader et de son équipage enlevés depuis le 19 novembre.  Aucune cause ou grief ne peut justifier la poursuite de ces attaques contre la liberté de navigation, a insisté le Sous-Secrétaire général. 

Concernant la situation globale dans la région, M. Khiari a encouragé toutes les parties concernées à éviter une nouvelle escalade.  Ceci est essentiel pour que le trafic par la mer Rouge reprenne son cours normal, a-t-il argué, mettant en garde quant au risque de voir le Yémen entraîné dans une conflagration régionale.  Il a enfin appelé à ce qu’une assistance continue soit fournie par le Conseil de sécurité pour collaborer activement avec toutes les parties en mesure de faire pression pour obtenir davantage de retenue.  Le haut fonctionnaire a expliqué que cela aiderait à prévenir une nouvelle escalade en mer Rouge qui exacerberait les tensions régionales ou saperait les perspectives de paix, avec un impact sur la sécurité et le commerce internationaux.

M. ARSENIO DOMINGUEZ, Secrétaire général de l’Organisation maritime internationale (OMI), a condamné les attaques perpétrées contre des navires en mer Rouge avant de rappeler l’engagement de l’OMI à protéger tous les bateaux et leurs équipages.  Il a martelé que ces attaques sont inacceptables en réaffirmant que les navires commerciaux doivent pouvoir se déplacer librement.  Près de 15% du commerce mondial passe par la mer Rouge, a-t-il souligné pour donner la mesure du problème actuel qui initialement ne visait que des navires battant pavillon israélien, ce qui n’est plus le cas actuellement.  L’OMI continue de suivre la situation de près, a-t-il assuré en signalant que 18 compagnies de transport maritime ont décidé de modifier leurs itinéraires en passant par l’Afrique du Sud pour des raisons de sécurité.  Cela signifie un trajet plus long de 10 jours et donc une augmentation du prix du fret maritime.

Le Secrétaire général de l’OMI a fait état de la réunion extraordinaire des pays membres du Code de conduite de Djibouti, qui a eu lieu lundi dernier, au cours de laquelle des mesures de sécurité accrues ont été demandées, en particulier par les pays signataires de ce code relatif à la répression des actes de piraterie et des vols à main armée perpétrés dans l’océan Indien occidental et le golfe d’Aden.  Pour sa part, l’OMI a un programme pour la sécurité maritime en mer Rouge, a-t-il précisé en expliquant qu’il se base sur le renforcement des capacités des ports des pays de la région. 

Le représentant a lancé un appel au respect de la liberté de navigation et de la sûreté des marins ainsi qu’à la sécurité de la chaîne d’approvisionnement, avant d’inviter au respect du Code et à la communication entre tous les pays signataires de la région.  Avant de conclure, le haut fonctionnaire a demandé à tous les navires qui se trouvent dans la région de communiquer leurs signalements au centre de l’OMI et à tous les centres idoines de la région, notamment pour donner des informations sur la situation sécuritaire en mer Rouge.

M. CHRISTOPHER P. LU (États-Unis) a déploré la poursuite des attaques de la part des houthistes en mer Rouge.  Cela est inacceptable, a-t-il dit, en soulignant la nécessité de garantir la liberté de circulation maritime.  Le délégué a appelé le Conseil à parler d’une seule voix et exigé des houthistes qu’ils cessent leurs attaques.  Il a critiqué le soutien apporté par l’Iran à de telles attaques, avant de préciser que son pays ne veut pas de confrontation avec l’Iran.  Il a rappelé que la livraison d’armes aux houthistes contrevient aux résolutions afférentes du Conseil.  Enfin, le délégué a plaidé pour une réponse mondiale du Conseil face à ce défi mondial et indiqué que son pays est prêt à discuter avec les autres membres à cette fin.

M. JOSÉ JAVIER DE LA GASCA (Équateur) a condamné les attaques terroristes perpétrées par les houthistes contre divers navires commerciaux en mer Rouge, lesquelles se sont intensifiées ces dernières semaines et constituent une violation flagrante du droit international et donc une menace à la paix et la sécurité internationales.  Il a appelé à la libération immédiate du navire Galaxy Leader et de son équipage. Le représentant a mis en garde contre la possibilité que de telles actions conduisent à exacerber les tensions dans la région. 

L’impossibilité de naviguer en mer Rouge aggrave l’insécurité alimentaire et la crise humanitaire au Yémen, a-t-il constaté en craignant des impacts à l’échelle mondiale en raison de ses effets négatifs sur les chaînes d’approvisionnement régionales et internationales.  Il a déclaré que le dialogue politique intra-yéménite, sous les auspices des Nations Unies, est la seule voie vers une paix durable dans ce pays. Il a enfin exprimé son soutien aux actions qui, conformément au droit international, sont adoptées pour assurer le transit des navires maritimes par la mer Rouge, afin d’éviter de plus grandes distorsions du commerce mondial.

M. SAMUEL ZBOGAR (Slovénie) a fait part de ses inquiétudes face à la détérioration de la situation en mer Rouge et a condamné les interférences des houthistes avec les droits et libertés de navigation.  Il a appelé à la libération de l’équipage et du navire Galaxy Leader avant de souligner la nécessité d’éviter un débordement régional. Pour la Slovénie, l’ingérence des houthistes dans la liberté de navigation au cours des dernières semaines est tout simplement inacceptable et constitue une grave menace pour la sécurité maritime internationale.  Cela pose une menace importante à l’acheminement des denrées alimentaires, du carburant et de l’aide humanitaire essentielle destinés aux populations du monde entier, a-t-il argumenté avant d’appeler à la cessation de toutes les attaques contre les navires commerciaux naviguant en mer Rouge, à la plus grande retenue de la part de tous les acteurs et à l’apaisement de la situation.  Il n’est dans l’intérêt de personne d’assister à une nouvelle déstabilisation et à une spirale de violence dans la région, a-t-il conclu. 

M. YAMAZAKI KAZUYUKI (Japon) s’est dit particulièrement préoccupé par la situation de plus en plus instable en mer Rouge.  Il a rappelé que presque chaque semaine, ou même plus fréquemment, y compris hier, des militants houthistes ont attaqué des navires commerciaux avec des missiles et des drones en signalant qu’ils ne mettront pas fin à ces activités hostiles.  Le délégué s’est dit indigné par la « saisie » du navire Galaxy Leader, exploité au Japon, et de ses 25 membres d’équipage issus de plusieurs pays, et ce depuis le 19 novembre 2023.  Il a exigé leur libération immédiate et sans condition.

Soulignant que les houthistes affirment agir en solidarité avec les Palestiniens dans leur lutte contre Israël, le représentant a estimé qu’il n’y a pas de justification pour attaquer des navires commerciaux engagés dans des activités licites et passant par la mer Rouge.  Il a constaté que les menaces des houthistes contre la sécurité maritime et la liberté de navigation sur cette voie navigable importante ont déjà perturbé le commerce international.  En effet, les grandes compagnies maritimes internationales, dont des japonaises, ont été contraintes de suspendre leurs opérations ou de prendre l’itinéraire le plus coûteux, le plus énergivore et le plus long en passant par le Cap de Bonne-Espérance (Afrique du Sud) pour leur déplacement entre l’Asie et l’Europe.  Cela risque d’avoir un impact négatif important sur les chaînes d’approvisionnement et l’économie mondiale, a-t-il craint.  Il a appelé le Conseil de sécurité à ne pas laisser poursuivre ces activités, notamment en prenant des mesures appropriées pour dissuader les houthistes de poser des menaces supplémentaires et pour maintenir la paix et la sécurité internationales.

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a exhorté les houthistes à cesser leurs attaques en mer Rouge et à se conformer au droit international.  Elle a demandé la libération de l’équipage du Galaxy Leaser détenu par les houthistes.  Ces attaques ne font que saper les pourparlers de paix actuels à Malte, ainsi que le travail de l’Envoyé spécial du Secrétaire général, a tranché la déléguée.  Elle a exhorté les parties concernées à faire preuve de la plus grande retenue afin d’éviter toute escalade de nature à saper les récents progrès vers la paix obtenus de haute lutte.  Les houthistes ont la responsabilité d’agir dans l’intérêt du peuple yéménite, a conclu la représentante.

M. JOONKOOK HWANG (République de Corée) a mis en garde contre toute escalade de la situation actuelle au Moyen-Orient, appelant à redoubler d’efforts pour atténuer les tensions dans la région, notamment en mer Rouge. Particulièrement préoccupé par les attaques « imprudentes et illégales » des houthistes contre les cargos de marchandise en mer Rouge, le délégué a demandé la libération immédiate du Galaxy Leader, saisi depuis le 19 novembre, et de ses 25 membres d’équipage.  Constatant à son grand désarroi que les attaques contre des navires commerciaux se poursuivent en mer Rouge, il a souligné que celle-ci est une voie maritime essentielle pour le commerce international.  Toute menace ou entrave à la liberté de navigation reconnue par le droit international est à la fois inacceptable et injustifiable, a tranché le délégué, en rappelant que la République de Corée a participé activement à l’effort international de lutte contre la piraterie au large des côtes somaliennes.  Le représentant a également assuré du soutien de son Gouvernement aux efforts déployés par les pays concernés pour protéger leurs navires commerciaux en mer Rouge. Il a également soutenu l’appel lancé par les membres du Conseil pour que celui-ci prenne rapidement des mesures à ce sujet.  En tant que présidente du Comité des sanctions du Conseil de sécurité sur le Yémen créé par la résolution 2140, la République de Corée suivra attentivement la situation sur le terrain à l’intérieur et autour du pays, a-t-il fait savoir, en particulier la mise en œuvre des sanctions, dont l’embargo sur les armes. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a condamné dans les termes les plus fermes les attaques illégales et injustifiées perpétrées contre des navires commerciaux dans la mer Rouge par des militants houthistes.  Il les a appelés à y mettre fin immédiatement, rappelant que le Royaume-Uni s’est joint à 11 pays dans une déclaration mettant en garde contre de nouvelles attaques.  « Nous allons continuer à travailler avec nos alliés et partenaires pour poursuivre toutes les voies diplomatiques afin de mettre fin à cette menace », a-t-il promis.  Au besoin, comme l’a déclaré le Secrétaire à la défense britannique, nous n’hésiterons pas à prendre des mesures visant à dissuader les menaces à la liberté de navigation en mer Rouge, a-t-il mis en garde.  Contrairement aux affirmations des houthistes, ces attaques sont totalement aveugles et ciblent les transports maritimes qui n’ont aucun lien avec Israël, a-t-il accusé.  Il a demandé la libération immédiate du Galaxy Leader et de son équipage.  Le délégué a indiqué que le Ministre britannique des affaires étrangères s’est entretenu avec son homologue iranien dimanche dernier, exprimant clairement l’avis selon lequel Téhéran partage la responsabilité d’empêcher ces attaques, compte tenu de son soutien de longue date aux houthistes.

M. AMAR BENDJAMA (Algérie) a rappelé que 15% du trafic maritime international passe par la mer Rouge.  Il a souligné le contexte régional actuel, marqué par des risques d’escalade.  Il est capital d’éviter l’émergence d’un conflit régional aux conséquences incontrôlables, a déclaré le délégué.  Il a insisté sur les signaux positifs venus récemment du Yémen, grâce notamment aux efforts de l’Envoyé spécial.  Il a déclaré que les États côtiers sont les premiers responsables de la sécurité maritime en mer Rouge.  Tout effort collectif qui ne compterait pas sur la participation active de ces États est voué à l’échec, a averti le délégué.  Il a appelé à remédier aux causes profondes des entraves à la liberté maritime afin d’aboutir à une réponse globale. Enfin, il a souligné le « malaise » existant dans le multilatéralisme et dans la diplomatie. La mer Rouge est un creuset de civilisations et de communautés nourrissant des espoirs légitimes, a conclu le délégué.

M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) s’est inquiété de la sécurité maritime en mer Rouge, en raison des attaques continues des houthistes contre des navires de marchandise, et du risque d’une escalade de la situation.  Il a salué et encouragé les efforts, notamment des Nations Unies, visant une désescalade.  Faisant écho au communiqué de presse du Conseil de sécurité du 1er décembre qui a condamné l’attaque contre le navire marchand Galaxy Leader, le représentant a réitéré la demande de libération immédiate et sans condition de l’ensemble de son équipage.  Il a souligné l’importance des droits et libertés de navigation de tous les navires dans le golfe d’Aden et en mer Rouge, conformément au droit international. Notant que la situation en mer Rouge a d’ores et déjà des répercussions sur le trafic maritime mondial, il a jugé essentiel de prévenir une escalade régionale qui risquerait notamment de porter préjudice aux négociations en cours entre les parties au conflit au Yémen. 

À ce sujet, il a estimé encourageante l’annonce faite par l’Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour le Yémen, M. Hans Grundberg, selon laquelle les parties auraient convenu d’un ensemble de mesures pour mettre en œuvre un cessez-le-feu national.  L’unité du Conseil dans l’accomplissement de son mandat conformément au droit international, ainsi que l’appel à la prudence et la retenue de tous les acteurs, demeurent cruciaux pour éviter une escalade majeure dans la région et pour assurer la sécurité maritime, a conclu le délégué.

M. DOMINGOS ESTÊVÃO FERNANDES (Mozambique) s’est dit inquiet de l’escalade des tensions en mer Rouge, marquées par un nombre croissant d’attaques contre des navires commerciaux et l’implication de différents acteurs de la région.  Tout déclin de la navigation commerciale en mer Rouge entraînera inévitablement des effets négatifs sur le commerce régional et mondial, a-t-il averti.  Pour le délégué, la sécurité maritime est indispensable à l’efficacité des flux commerciaux.  « Il est donc primordial que nous préservions et défendions la navigation internationale, y compris les droits de navigation et la liberté des navires, conformément aux normes maritimes internationales. »

Le délégué a souligné que le Yémen continue de faire face à un conflit prolongé. De ce fait, tout résultat positif des négociations de paix entre les houthistes et les Saoudiens devrait être la priorité majeure du Conseil de sécurité, a-t-il recommandé.  Il a conclu en prônant une communication ouverte entre les parties concernées, « une priorité pour préserver la paix et la stabilité dans la région de ma mer Rouge et au-delà ».

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) s’est dit très préoccupé par la situation en mer Rouge.  La liberté de navigation est capitale, a dit le délégué, en condamnant fermement les attaques perpétrées par les houthistes, exigeant d’eux qu’ils cessent leurs attaques et remettent en liberté l’équipage du Galaxy Leader.  Il a souligné la nécessité d’examiner la situation dans son contexte global.  Ce qui se passe en mer Rouge est la conséquence de l’opération « sanguinaire » d’Israël à Gaza, a tranché le délégué, en dénonçant l’appui apporté à ce pays par les États-Unis.  Il a indiqué sur le fait qu’il existe un scénario positif qui comprendrait le règlement du conflit à Gaza et au Yémen ou alors un scénario catastrophe, avec un embrasement régional.  Malheureusement, les événements actuels semblent nous conduire vers ce second scénario, a déploré le délégué, avant de dénoncer la licéité douteuse au regard du droit international de la coalition internationale emmenée par les États-Unis.

Mme CAROLYN RODRIGUES BIRKETT (Guyana) a condamné les récentes attaques de navires commerciaux en mer Rouge, se disant alarmée par leur fréquence accrue. Exigeant la restitution immédiate du Galaxy Leader et la libération de son équipage, la délégué a condamné toutes les violations du droit international et les attaques contre des civils et des biens à caractère civil, où qu’elles se produisent. Rappelant la déclaration à la presse faite le 1er décembre par le Président du Conseil de sécurité, qui condamne les attaques des houthistes contre les navires commerciaux, elle a partagé l’inquiétude de ses membres quant à l’impact potentiel de ces attaques sur le conflit en cours au Moyen-Orient.  Elle a également noté que la mer Rouge, avec sa connexion au canal de Suez, est l’une des voies maritimes les plus empruntées au monde, avec plus de 12% du commerce mondial.  Plus on les laissera perdurer, plus le coût et les perturbations du commerce maritime international, de la sécurité énergétique et de l’économie mondiale seront importants, a-t-elle mis en garde.  Dans cette optique, la déléguée a insisté sur l’impératif de respecter pleinement le Code de conduite de Djibouti et l’accord de Djedda.  Elle a également souligné la nécessité pour toutes les parties concernées d’agir de manière responsable et de ne pas entraver les efforts en cours pour désamorcer les tensions au Moyen-Orient ou pour obtenir un cessez-le-feu global au Yémen et un accord politique inclusif, sous les auspices des Nations Unies. 

M. MICHAEL IMRAN KANU (Sierra Leone) a noté l’impact des attaques houthistes sur la livraison de l’aide humanitaire aux nécessiteux dans la région et à l’échelle mondiale.  Ces attaques, a-t-il relevé, ont entraîné une perturbation des échanges commerciaux, obligeant les compagnies maritimes à emprunter des voies maritimes plus onéreuses autour du Cap de Bonne-Espérance.  Le représentant a averti que ces attaques contre des navires en mer Rouge risquent d’aggraver une situation déjà tendue et instable au Moyen-Orient.  Il a d’ailleurs condamné ces attaques, tout en exigeant la libération immédiate de tous les membres d’équipage du Galaxy Leader.  Le représentant a salué l’initiative de certains pays qui proposent d’établir une force opérationnelle multinationale pour « dissuader et contrer les attaques houthistes » en mer Rouge.  Il a enfin appelé les acteurs régionaux à s’abstenir d’actes de provocation qui ne feront qu’aggraver une situation déjà désastreuse pour la région.

M. GENG SHUANG (Chine) s’est dit préoccupé par les attaques en mer Rouge, exhortant les parties concernées à y mettre fin.  Tous les pays, en particulier ceux ayant de l’influence, doivent jouer un rôle responsable dans le maintien de la sécurité maritime en mer Rouge, a ensuite dit le délégué de la Chine.  Puis il a demandé aux parties de faire montre de retenue et de tout mettre en œuvre pour préserver le processus de paix au Yémen. La situation en mer Rouge découle du conflit dans la bande de Gaza, a conclu le délégué, en demandant la fin des hostilités.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a condamné les attaques menées par les houthistes en mer Rouge contre des navires commerciaux.  Il a fait remarquer que ces attaques portent atteinte à l’un des principes fondamentaux du droit international: la liberté de circulation dans les mers ouvertes.  Par ces actions armées, les houthistes portent la responsabilité extrêmement lourde de l’escalade des tensions dans la région, ainsi que de la stabilité internationale, a-t-il souligné en rappelant que 15% du commerce mondial est ainsi menacé directement par les houthistes et ceux qui les forment et les entretiennent. Il a appelé à la libération immédiate du Galaxy Leader et de son équipage, illégalement détenus par les houthistes. 

Le délégué a rappelé que les États ont le droit de prendre des mesures appropriées pour assurer la sûreté en mer, rappelant que c’est ce que la France a fait lorsque la frégate Languedoc a détruit, le 9 décembre, des drones qui menaçaient un navire français.  Il est aussi de la responsabilité collective de ce Conseil de s’assurer que le processus de paix au Yémen se poursuive selon la feuille de route de l’Envoyé spécial, auquel la France réitère son plein soutien, a insisté le représentant avant d’appeler toutes les parties yéménites à poursuivre les négociations sous son égide. La France continuera à prendre ses responsabilités dans le détroit de Bab el-Mandab et à contribuer à la sécurité des navires commerciaux en lien avec ses partenaires, a fait savoir le délégué qui a appelé l’ensemble des acteurs internationaux et régionaux à faire preuve de responsabilité pour éviter toute nouvelle escalade dans la région. Il a demandé que le Conseil ne reste pas divisé face à une menace qui concerne tout le monde.

M. GILAD MENASHE ERDAN (Israël) a dit que les attaques des houthistes sont la manifestation d’un Moyen-Orient « chaotique », qui risque d’entraîner le monde, à son tour, dans le chaos.  Il a rappelé les actions violentes des terroristes houthistes par le passé, ces derniers ayant désormais déclaré la guerre à Israël.  C’est un défi mondial, ce n’est pas un défi israélien, a estimé le délégué.  Le représentant a rappelé que les houthistes sont soutenus par un État Membre des Nations Unies, à l’origine de « l’épidémie » du terrorisme international.  Il faut agir, a dit le délégué, en exhortant le Conseil à faire appliquer les sanctions contre les houthistes et à remédier à l’appui que leur apporte la République islamique d’Iran, qui veut selon lui dominer le Moyen-Orient et semer la destruction.  Le massacre perpétré par le Hamas n’aurait pas été possible sans le soutien de l’Iran, a dit le délégué, en rappelant aussi le rôle destructeur des drones iraniens en Ukraine.  « Le Conseil ne doit pas fermer les yeux. »  Il a déclaré que Téhéran constitue une menace pour le monde entier, exhortant le Conseil à agir pour contrecarrer ses visées destructrices.  S’il ne fait rien, alors les actions des houthistes ne seront que le début d’un avenir très sombre, a prévenu le représentant.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Des frappes ukrainiennes sur la ville russe de Belgorod entraînent une nouvelle réunion convoquée en urgence ce samedi au Conseil de sécurité

9524e séance – après-midi  
CS/15551

Des frappes ukrainiennes sur la ville russe de Belgorod entraînent une nouvelle réunion convoquée en urgence ce samedi au Conseil de sécurité

Pour le second jour consécutif, le Conseil de sécurité s’est réuni en urgence au sujet du conflit entre l’Ukraine et la Fédération de Russie. 

Hier, ce fut à l’initiative de l’Ukraine, qui a essuyé, dans la nuit de jeudi à vendredi, une des plus lourdes attaques aériennes depuis le début de son invasion par la Fédération de Russie, voici presque deux ans; ce samedi, ce fut à la demande de la Fédération de Russie, indignée par des frappes meurtrières ayant atteint Belgorod, localité russe située à environ 30 kilomètres de la frontière avec l’Ukraine.

Tout en précisant que l’ONU n’était pas en mesure de vérifier le bilan matériel et humain, le Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, M. Khaled Khiari, a rapporté que les attaques aériennes sur Belgorod avaient fait au moins 18 morts parmi les civils, dont 2 enfants, et endommagé plusieurs infrastructures civiles, notamment le bureau du Gouvernement régional et la faculté de médecine.

M. Khiari s’est exprimé alors même qu’on l’alertait de nouvelles attaques sur toute l’Ukraine.  « Il y a quelques heures à peine, la ville de Kharkiv aurait été attaquée et les frappes auraient blessé des civils et endommagé des infrastructures civiles », a-t-il informé les délégations. 

La Russie a vertement reproché à la République tchèque, qu’elle accuse d’avoir fabriqué les armes s’étant abattues sur Belgorod, d’avoir refusé son invitation à participer à la réunion d’urgence.  L’évaluation objective de ce qui s’est passé il y a quelques heures, a aussi formulé la Russie, est « une attaque terroriste du régime de Kiev contre des civils de la ville russe de Belgorod », une attaque commise avec la « participation directe » de consultants britanniques et américains.  La Russie a aussi usé d’un mot-valise, « Ukronazis », en accusant de complicité ceux qui gardent le silence face à leur « barbarie effrénée ». 

Des membres du Conseil ont réagi en déplorant, comme l’Albanie et le Japon, les victimes civiles de tout bord.  Dans leur majorité cependant, ils ont affirmé que la Russie s’était rendue responsable de la mort de civils russes en déclenchant la guerre.  La Suisse, d’abord, pour qui les attaques sur Belgorod sont la « conséquence tragique de la guerre déclenchée par la Russie ».  La France, aussi, qui a rappelé l’initiative russe d’attaquer l’Ukraine le 24 février 2022 et qui a invité la Russie à mesurer le coût de cette guerre pour elle-même.  « Si elle n’avait pas envahi l’Ukraine et si elle ne bombardait pas quotidiennement depuis des mois les villes et villages ukrainiens, nous ne serions pas là à nous réunir cet après-midi », a-t-elle cinglé.  Emboîtant le pas, l’Albanie a jugé que « sans agression, il n’y aurait ni victimes, ni destructions et encore moins une tentative ridicule de faire porter le chapeau à l’Ukraine ».  Enfin, le Royaume-Uni a fait valoir que « des centaines de milliers de soldats russes se trouvent en Ukraine alors qu’il n’y a pas un seul soldat ukrainien en Russie », tandis que les États-Unis ont jugé que le Président russe Vladimir Putin était « responsable de cette situation absurde ».

Si le Conseil se réunit à nouveau aujourd’hui au sujet de la guerre sur son sol, ses membres doivent se tenir prêts à se réunir « demain et chaque jour que durera la guerre russe » contre son pays, a pour sa part réagi l’Ukraine, en demandant une fois encore à la Russie, en s’appuyant sur la résolution de l’Assemblée générale du 23 février 2023, de cesser son agression, de retirer ses troupes du territoire ukrainien, de reconnaître sa responsabilité et d’accorder des réparations.

Dans un clin d’œil au réveillon du nouvel an qui s’approche, l’Équateur a espéré qu’en 2024, la diplomatie aurait le dernier mot et que les armes se tairont en Ukraine.  D’autres intervenants se sont montrés moins optimistes, notamment M. Khiari, pour qui cette dernière série d’attaques est un rappel criant du danger de l’escalade et du risque de voir le conflit se répandre.  Les Émirats arabes unis ont eux aussi craint l’escalade, avec des risques accrus pour les civils des deux pays, mais également une déstabilisation des sociétés européennes et mondiales, envisageant un scénario catastrophe où « la situation pourrait nous échapper ».

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclarations

Comme nous le craignions, a déclaré M. KHALED KHIARI, Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, le cycle des morts et des destructions de ce conflit de deux ans, a été illustré hier par l’attaque généralisée de la Fédération de Russie contre l’Ukraine qui a tué 39 civils ukrainiens, avant de s’intensifier pendant la nuit.  Selon les autorités russes, les tirs de missiles et de roquettes de l’Ukraine contre la ville de Belgorod, à 30 kilomètres de la frontière ukrainienne, auraient fait au moins 18 morts parmi les civils, dont 2 enfants. 

Les attaques contre différents sites dans le centre-ville de Belgorod auraient endommagé plusieurs infrastructures civiles, notamment le bureau du Gouvernement régional et la faculté de médecine.  Ce sont les frappes les plus meurtrières lancées contre la Russie depuis le lancement de son invasion à grande échelle de l’Ukraine, en violation du droit international, a ajouté le haut responsable.  Les autorités militaires russes ont aussi signalé des attaques de drones éparses dans plusieurs régions russes, dont celle de Moscou.  Entre-temps, les autorités ukrainiennes ont rapporté plusieurs attaques de drones russes dans la région de Kherson. 

L’ONU, a-t-il précisé, n’est pas en mesure de vérifier tous ces signalements ni le nombre de victimes, alors même que de nouvelles alertes lui parviennent de toute l’Ukraine sur de nouvelles attaques.  Il y a quelques heures à peine, la ville de Kharkiv aurait été attaquée et les frappes auraient blessé des civils et endommagé des infrastructures civiles.  Cette dernière série d’attaques est un rappel criant du danger de l’escalade et du risque de voir le conflit se répandre.

Le Sous-Secrétaire général a réitéré les appels du Secrétaire général de l’ONU à une désescalade des tensions et à ce que soit mis fin aux attaques contre les civils, les centres urbains, les zones résidentielles et les infrastructures civiles et énergétiques.  Condamnant sans équivoque les attaques contre les villes et villages ukrainiens et russes, il a rappelé qu’elles constituent une violation du droit international humanitaire, qu’elles sont inacceptables et qu’elles doivent cesser immédiatement.  La protection des civils doit être la priorité absolue.  Le bain de sang doit cesser et la guerre doit prendre fin, a-t-il conclu.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) s’est demandé où étaient, aujourd’hui, ces personnes, représentants d’États membres de l’Union européenne, à qui l’on demande d’assister en masse aux réunions.  « Où est le représentant de la République tchèque dont le pays est le lieu où ont été produits les missiles ayant frappé la Russie? »  Il a dit avoir invité le Représentant permanent tchèque à participer à la réunion, mais que celui-ci avait refusé.  « Où est le représentant de la Pologne, qui nous a parlé hier d’un missile ayant survolé son territoire? »  Le délégué a ironisé sur un missile recherché et qui n’a pu être trouvé par 500 soldats. Selon lui, les membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont aujourd’hui l’occasion de remplir leur devoir et de faire une évaluation objective de ce qui s’est passé il y a quelques heures, « une attaque terroriste du régime de Kiev contre des civils de la ville russe, Belgorod ».  Il a affirmé que le centre-ville et des quartiers résidentiels ont été la cible de tirs d’armes à sous-munitions provenant de la ville frontalière ukrainienne de Voltchansk, dans la région de Kharkov.  Et l’une des cibles des missiles ukrainiens était le complexe sportif Dynamo de Belgorod où se déroulaient à ce moment-là des cours de gymnastique avec des enfants, a-t-il précisé, l’autre étant une patinoire du centre-ville, où se trouvaient des parents avec enfants.  Il a évoqué l’utilisation de missiles de type Vilkha, de bombes à fragmentation, ainsi que de missiles tchèques Vampire.

Pour le représentant, il s’agit d’opérations aveugles et délibérées et non d’une frappe sur des cibles militaires.  Ce sont selon lui des « actes terroristes délibérés dirigés contre des civils ». Il a parlé de 18 personnes décédées, dont 3 enfants, et de 108 blessés, dont 5 enfants et 12 adultes qui sont dans un état critique.  Il a affirmé que l’organisation de cet attentat terroriste avait vu la participation directe de consultants britanniques et américains qui incitent régulièrement les autorités ukrainiennes à commettre des actes sanglants.  De même, l’Union européenne continue « obstinément et de manière irresponsable » de fournir des armes à la « clique dirigeante ukrainienne », a encore affirmé le représentant.

Il a rappelé que la Russie avait lancé l’opération spéciale pour mettre un terme à ce que faisait le régime de Kiev dans le Donbass, à savoir le bombardement de ses villes en toute impunité depuis huit ans.  Il a affirmé que tous les organisateurs et auteurs de ces crimes, et d’autres de la « junte de Kiev », subiraient une punition inévitable.  Garder le silence face à la barbarie effrénée des « Ukronazis et de leurs marionnettistes » s’apparenterait à une complicité, a-t-il argué.  Il a rappelé la métaphore utilisée pendant la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale par le Président polonais qui avait comparé l’Ukraine à « un homme qui se noie et qui peut entraîner tous ceux sur lesquels il s’accroche ».  Selon lui, les dirigeants ukrainiens veulent entraîner dans leur chute non seulement le peuple ukrainien, mais aussi ceux qui leur fournissent du matériel militaire et des munitions, soi-disant pour se défendre contre la Russie. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a rappelé que c’est la Russie qui a attaqué l’Ukraine le 24 février 2022, et, depuis, le coût déjà payé par le peuple ukrainien est insupportable.  Mais la Russie doit également mesurer le coût de cette guerre pour elle-même: si elle n’avait pas envahi l’Ukraine et si elle ne bombardait pas quotidiennement depuis des mois les villes et villages ukrainiens depuis, nous ne serions pas là à nous réunir cet après-midi, a-t-il argué.  Dès le mois de mars 2022, la Cour internationale de Justice (CIJ) avait clairement demandé à la Russie que son armée quitte sans délai les territoires de l’Ukraine, a rappelé le délégué, qui a également appelé la Russie à cesser de violer les résolutions du Conseil de sécurité en s’approvisionnant en armements en Iran et en Corée du Nord.  Il a également regretté que la Russie, membre permanent, continue d’instrumentaliser les travaux du Conseil de sécurité.  L’Ukraine se défend et elle respecte la Charte des Nations Unies, a martelé le représentant avant de sommer la Russie à mettre fin à sa guerre d’agression.

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a passé en revue les violences de ces derniers jours et déploré spécifiquement la destruction d’écoles durant ce conflit.  Il a souligné que le droit international humanitaire devait être respecté à tout moment et que les civils devaient être protégés et épargnés durant les opérations militaires.  Or les frappes aériennes montrent que, près de deux ans après le déclenchement de cette guerre, le risque que cette dernière s’étende reste majeur.  Depuis la fin de l’Initiative de la mer Noire, les activités militaires sont en augmentation dans le bassin de la mer Noire, a-t-il ajouté.  Des navires civils ont été endommagés, dont un qui a été touché par une mine la semaine dernière.  Le délégué émirien a craint une nouvelle escalade et des risques accrus pour les civils des deux pays, ainsi qu’une déstabilisation des sociétés européennes et mondiales.  « La situation pourrait nous échapper », a-t-il craint.  Il a enfin jugé qu’une solution diplomatique négociée était urgente, les risques qu’entraînaient cette guerre étant « trop importants pour la région et la communauté internationale ». 

M. THOMAS PATRICK PHIPPS (Royaume-Uni) a rappelé que des centaines de milliers de soldats russes se trouvent en Ukraine alors qu’il n’y a pas un seul soldat ukrainien en Russie.  Le délégué a estimé que si la Russie veut accuser quelqu’un pour le décès des Russes dans cette guerre, elle devrait d’abord accuser le Président Putin qui a déclenché cette guerre.  Comme la Russie n’a pu remporter la bataille sur le champ militaire, alors elle cible désormais les civils, a-t-il déploré en soulignant que des enfants ukrainiens font partie des victimes.  La Russie a commencé cette guerre et peut y mettre fin, a-t-il dit, ajoutant que l’Ukraine a le droit de se défendre.

M. IRIYA TAKAYUKI (Japon) a d’abord rappelé que les attaques aveugles contre des populations civiles innocentes constituent un crime de guerre. Il a ensuite appelé les membres du Conseil à ne pas perdre de vue la raison pour laquelle ils se réunissent aujourd’hui.  « Cette situation ne se serait pas produite si la Russie n’avait pas lancé son agression illégale contre l’Ukraine », a-t-il déclaré.  Le représentant a rappelé que l’écrasante majorité de l’Assemblée générale de l’ONU estime que l’agression russe viole de manière flagrante le droit international, notamment la Charte des Nations Unies.  Comme indiqué à plusieurs reprises, notamment lors de la réunion du Conseil de sécurité d’hier, le Japon continuera à se tenir aux côtés de l’Ukraine jusqu’au jour où une paix globale, juste et durable en Ukraine, une paix respectant tous les buts et principes de la Charte des Nations Unies, sera réalisée, a déclaré le délégué.  Il a enfin, « une fois de plus », demandé à la Russie de se retirer immédiatement et sans condition des frontières internationalement reconnues de l’Ukraine. 

M. DARREN CAMILLERI (Malte) a regretté que des milliers de civils aient été tués depuis le début de la guerre d’agression lancée par la Russie contre l’Ukraine, évoquant notamment les victimes de l’attaque de grande ampleur lancée hier par la Russie contre l’Ukraine.  Il a reproché à la Russie de chercher à se positionner en victime alors que c’est elle qui est à l’origine de cette guerre.  La seule manière de mettre fin aux souffrances que subissent les innocents des deux côtés reste que la Russie cesse toute hostilité et se retire de l’Ukraine.  C’est ce qui aurait dû être le point saillant de la réunion d’aujourd’hui, a estimé le délégué.  Tant que ce n’est pas le cas, l’Ukraine a le droit de se défendre et de s’appuyer sur ses alliés, a-t-il insisté.

M. JOHN KELLEY (États-Unis) a regretté les pertes en vies humaines pendant ce conflit.  C’est Vladimir Putin, a-t-il martelé, qui est responsable de cette situation absurde.  L’on ne parle pas seulement de 100 000 soldats tués sur le champ de bataille mais aussi de pertes civiles et de familles déchirées dont certains membres sont obligés de partir.  La Russie pourrait mettre un terme à cette guerre aujourd’hui et saisir sa capitale plutôt que le Conseil de sécurité de ses récriminations.  Le représentant a appelé les parties à prendre des mesures pour épargner les civils, sans oublier d’exiger, une nouvelle fois, de la Russie qu’elle retire ses troupes de tout le territoire ukrainien. 

M. GUSTAVO SÉNÉCHAL DE GOFFREDO JUNIOR (Brésil) a dit avoir mis en garde, depuis près de deux ans, contre l’immense coût en vies humaines du conflit en Ukraine.  Les décès enregistrés à Belgorod illustrent une fois de plus les souffrances imposées aux civils des deux côtés de la ligne de front, a-t-il regretté.  De nombreux ressortissants brésiliens vivent et étudient dans cette région, a-t-il noté avant d’exprimer la solidarité du Brésil avec les familles de toutes les victimes et avec les personnes blessées dans l’attaque.  Pour le représentant, il est essentiel et urgent de désamorcer le conflit, de créer les conditions d’un dialogue et d’entamer des négociations en vue d’une paix durable, en tenant compte des objectifs et principes de la Charte des Nations Unies et des préoccupations légitimes de toutes les parties en matière de sécurité.

L’afflux croissant d’armes dans le conflit ne fera qu’attiser la violence et ne contribuera pas à y mettre fin, a fait valoir le représentant qui reste convaincu que seule la fin de cette guerre permettra d’éviter que de tels incidents ne se reproduisent.  Il a exhorté les parties à respecter les obligations qui leur incombent en droit international humanitaire et à s’engager dans la recherche d’une solution pacifique à la crise.  L’Article 33 de la Charte des Nations Unies définit les outils permettant d’atteindre cet objectif, leur a-t-il signalé en soulignant que le strict respect de la feuille de route établie par les fondateurs de l’ONU est un devoir pour tous les membres de la communauté internationale.

M. ANDRIS STASTOLI (Albanie) a qualifié de « mensonges éhontés » les déclarations russes selon lesquelles les frappes aériennes russes menées contre l’Ukraine n’avaient touché aucun civil.  Au contraire, les civils ukrainiens continuent d’être les victimes d’attaques acharnées.  Aujourd’hui, la Russie s’inquiète du sort des civils de Belgorod: l’Albanie, qui condamne toute attaque contre des civils, qu’ils soient ukrainiens ou russes, a appelé à ne pas se laisser tromper pour autant par un discours russe qui a, depuis longtemps, montré ses limites. 

La question centrale est que la Russie a voulu cette guerre et qu’elle est responsable à tout point de vue de ce confit.  Sans agression, il n’y aurait ni victimes, ni destructions et encore moins, une tentative ridicule de faire porter le chapeau à l’Ukraine, s’est emporté le délégué.  On essaie de nous faire croire aujourd’hui que le noir c’est du blanc, a-t-il ajouté, dénonçant un discours russe fallacieux.  La responsabilité de la situation actuelle incombe aux politiques et aux actes de la Russie. Le Kremlin poursuit l’objectif sinistre de démanteler le territoire ukrainien et de le soumettre à sa propagande, a conclu le délégué, estimant que l’Ukraine a le droit de se défendre. 

M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) a indiqué que les attaques sur Belgorod d’aujourd’hui sont une autre conséquence tragique de la guerre déclenchée par la Russie.  Il a pris note des informations faisant état de destructions dans des zones résidentielles et de victimes civiles et a appelé toutes les parties au conflit à respecter strictement le droit international humanitaire.  Pour éviter plus de souffrance dans la population civile, une désescalade est primordiale, a-t-il déclaré.  Pour cette raison, nous appelons à nouveau la Russie à cesser toutes les opérations de combat et à retirer sans délai ses troupes du territoire ukrainien, a-t-il dit, tout en promettant que la Suisse continuera de s’engager en faveur d’une paix globale, juste et durable en Ukraine, conformément à la Charte des Nations Unies, au droit international et aux résolutions de l’Assemblée générale. 

Mme EDWIGE KOUMBY MISSAMBO (Gabon) a noté qu’en raison de l’intensification de la guerre, le Conseil a eu à se réunir pour la deuxième fois depuis hier. Chacune des réunions du Conseil devrait être orientée vers la recherche de solutions pour mettre fin à la guerre en Ukraine, a-t-elle estimé.  Les attaques massives de Belgorod hier et celles de « Kiev » et d’autres villes en Ukraine, le jour d’avant, sont le reflet d’une violence meurtrière qui agite l’épouvantail d’un embrasement du champ des hostilités, a-t-elle regretté avant d’appeler les parties à cesser toute escalade militaire et toute action de nature à envenimer les antagonismes.  Il est temps de mettre fin à la guerre en Ukraine, a martelé la déléguée en encourageant ses homologues à faire converger leurs énergies vers la recherche d’une solution aux conflits et non à chercher à les justifier. 

M. TARCÍSIO BALTAZAR BUANAHAGI (Mozambique), très préoccupé par les récents rapports sur une attaque de Belgorod, a estimé à regret qu’il s’agit là d’un signe supplémentaire de l’escalade de la violence dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine.  Cette escalade constitue une menace sérieuse à la paix et la sécurité aux niveaux local, régional et international, a déclaré le délégué en enjoignant « une fois de plus » les parties à négocier la cessation des hostilités.  Il les a aussi exhortées à assumer leurs responsabilités en matière de protection des civils, ainsi qu’à respecter rigoureusement tous les instruments pertinents du droit international humanitaire.  « La seule façon de mettre fin à ce conflit et de jeter les bases d’une paix durable entre les deux nations est de soutenir une solution diplomatique et négociée entre les deux pays voisins », a-t-il conclu.

Mme KHALILAH HACKMAN (Ghana) a dit, s’agissant des réunions d’hier et de ce jour au Conseil, que les deux situations laissent voir la perte et la mise en danger des vies et des moyens de subsistance des civils alors que les deux pays voisins ont choisi de donner la priorité à la logique militaire pour résoudre ce différend.  La déléguée a souligné que les civils et les infrastructures civiles ne sont pas et ne devraient pas être des cibles de guerre.  Elle a appelé à la désescalade des tensions et aux efforts diplomatiques pour soutenir la cessation immédiate et inconditionnelle des hostilités.  La communauté internationale ne doit ménager aucun effort pour amener les parties à résoudre, ensemble, leurs différends par un dialogue constructif et d’une manière qui assure une paix durable, a-t-elle plaidé.  La représentante a terminé son intervention en appelant la Fédération de Russie à mettre fin à sa guerre d’agression contre l’Ukraine.

M. GENG SHUANG (Chine) a constaté que le conflit en Ukraine ne fait qu’imposer des souffrances aux populations et qu’il constitue un obstacle à la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD).  Il a appelé la communauté internationale à œuvrer pour un dénouement diplomatique et souligné la disposition de son pays à apporter sa contribution. 

M. JOSÉ JAVIER DE LA GASCA (Équateur) a rappelé aux parties leur obligation d’épargner les personnes et infrastructures civiles.  L’agression militaire contre l’Ukraine est une tragédie pour les peuples de Russie et d’Ukraine: elle doit donc cesser, a-t-il insisté.  Exprimant une fois de plus ses craintes que la logique militaire persiste, empêche le dialogue et la négociation, et provoque une escalade et un débordement régional du conflit, le délégué équatorien a espéré qu’en 2024, la diplomatie aura le dernier mot et que les armes se tairont.

M. NEBENZIA (Fédération de Russie) a repris la parole pour souligner « la rengaine de certaines délégations » qui aiment dire que la Russie détourne l’attention du Conseil et que c’est elle qui a déclenché la guerre.  Il a rétorqué que si les accords de Minsk avaient été appliqués, et si les autorités ukrainiennes n’avaient pas lancé des opérations contre leur propre population au Donbass, rien de tout ce qui se passe aujourd’hui ne serait arrivé.  À la France et à Malte qui ont parlé de légitime défense de l’Ukraine, il a rappelé que la Russie ne vise que des infrastructures militaires, alors que l’Ukraine tourne ses armes sur les civils.  Il a aussi relevé que les « Ukronazis » saluent l’attaque de Belgorod sur les réseaux sociaux.  Enfin, dénonçant les propos cyniques entendus à cette séance, il a lancé aux participants: « Honte à vous! »

M. SERHII DVORNYK (Ukraine) a remarqué que le Conseil de sécurité s’est réuni hier, qu’il se réunit à nouveau aujourd’hui et que ses membres devraient se tenir prêts à se réunir demain et chaque jour que durera la guerre russe contre son pays.  Tant que cette guerre, déclenchée par le « dictateur du Kremlin », durera, le bilan des morts et des souffrances continuera de s’alourdir.  Hier, a rappelé le représentant, nous avons informé le Conseil du bilan dévastateur de l’attaque de missiles et de drones menée par la Russie.  Depuis, le nombre de victimes n’a cessé d’augmenter, et aujourd’hui, sept nouveaux corps ont été retirés des décombres d’un entrepôt touché hier par un missile russe. 

Alors que nous essayons de nous remettre de l’horrible attaque d’hier, de nouvelles vagues de terreur russe nous frappent.  Le représentant a fait état d’une nouvelle attaque russe contre Kharkiv et plusieurs villes et villages ukrainiens.  Il n’y a qu’un seul moyen de mettre fin aux souffrances humaines et aux destructions, a-t-il tranché: mettre fin à cette guerre.  Il est déconcertant qu’une idée aussi simple échappe aux membres de la délégation russe qui se targuent d’être des diplomates.

Le représentant a sommé la Russie de prendre la seule décision juste, comme le souligne la résolution de l’Assemblée générale du 23 février 2023 intitulée « Principes de la Charte des Nations Unies qui sous-tendent une paix globale, juste et durable en Ukraine ».  Cette décision peut être prise immédiatement par une seule personne au Kremlin, à savoir cesser l’agression, retirer les troupes russes du territoire ukrainien et préparer ce qui suit généralement la fin d’une guerre: reconnaître sa responsabilité et accorder des réparations.  Une fois cette guerre terminée, il n’y aura plus ni souffrance humaine, ni victime civile en Europe et encore moins de raison pour le Conseil de sécurité de se réunir, à nouveau, sur cette question.

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