En cours au Siège de l'ONU

9525e séance – après-midi
CS/15552

Conseil de sécurité: vives inquiétudes des délégations face à la montée de l’insécurité en mer Rouge depuis le déclenchement du conflit à Gaza

« Aucune cause ni grief ne peut justifier la poursuite des attaques contre la liberté de navigation en mer Rouge », a déclaré, cet après-midi devant le Conseil de sécurité, le Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique.  Près de trois mois après le début du conflit à Gaza, M. Khaled Khiari a expliqué que les menaces persistantes posées par les houthistes à la navigation maritime, associées au risque d’une nouvelle escalade militaire, restent très préoccupantes et pourraient potentiellement toucher des millions de personnes au Yémen, dans la région et au-delà.

Faisant écho à la déclaration à la presse faite par le Président du Conseil de sécurité le 1er décembre 2023, dans laquelle ses membres avaient condamné l’attaque contre le navire marchand Galaxy Leader, la plupart d’entre eux ont aujourd’hui appelé à la libération de ce cargo battant pavillon japonais et de ses 25 membres d’équipage ressortissants de plusieurs nationalités.  Se disant indigné par cette « saisie », le Japon a souligné qu’il n’y a aucune justification pour attaquer des navires commerciaux engagés dans des activités licites et transitant par la mer Rouge. 

L’ONU, a déclaré le Sous-Secrétaire général, continue de mettre en garde contre les conséquences néfastes sur les plans politique, sécuritaire, économique et humanitaire d’une escalade militaire en mer Rouge et du risque d’exacerbation des tensions régionales.  Le haut fonctionnaire a notamment alerté quant aux risques pesant sur les chaînes d’approvisionnement au niveau mondial, notamment la hausse des coûts logistiques et le retard dans les délais de livraison.

Pour sa part, le Secrétaire général de l’Organisation maritime internationale (OMI) a rappelé que près de 15% du commerce mondial transite par la mer Rouge. M. Arsenio Dominguez a indiqué que 18 compagnies de transport maritime ont d’ores et déjà décidé, pour des raisons de sécurité, de modifier leurs itinéraires, en faisant passer leurs cargos par le Cap de Bonne-Espérance, en Afrique du Sud, ce qui signifie un trajet plus long de 10 jours et donc une augmentation du prix du fret maritime.  Il a fait état de la réunion extraordinaire des pays membres du Code de conduite de Djibouti, lundi dernier, au cours de laquelle des mesures de sécurité accrues ont été demandées.  Ce code de conduite concerne la répression des actes de piraterie et des vols à main armée perpétrés dans l’océan Indien occidental et le golfe d’Aden. 

« Nous continuerons à travailler avec nos alliés et partenaires pour poursuivre toutes les voies diplomatiques afin de mettre fin à cette menace », a assuré le Royaume-Uni, qui n’hésitera pas à prendre des mesures de dissuasion à l’encontre des menaces à la liberté de navigation en mer Rouge. Pour l’Algérie, les États côtiers sont les premiers responsables de la sécurité maritime en mer Rouge, et tout effort collectif qui ne compterait pas sur leur participation active serait voué à l’échec.  La Chine et la Fédération de Russie ont de leur côté jugé que la situation en mer Rouge découle du conflit en cours dans la bande de Gaza.  La délégation russe a d’ailleurs dénoncé le caractère « douteux » de la licéité de la coalition internationale emmenée par les États-Unis au regard du droit international. 

La France a pour sa part appelé le Conseil de sécurité à ne pas rester divisé face à une menace qui concerne le monde entier.  « C’est un défi mondial, pas un défi israélien », a tonné le délégué d’Israël, en estimant que les attaques des houthistes sont la manifestation d’un Moyen-Orient « chaotique » qui risque d’entraîner la communauté internationale, à son tour, dans le chaos.  Il a accusé l’Iran d’être à l’origine de l’« épidémie » de terrorisme international et de soutenir les houthistes, un appui vivement critiqué aussi par les États-Unis, qui ont toutefois précisé ne pas souhaiter de confrontation avec Téhéran. 

La République de Corée, qui préside le Comité des sanctions du Conseil de sécurité sur le Yémen créé par la résolution 2140, a dit suivre attentivement la situation sur le terrain à l’intérieur et autour du pays, en particulier la mise en œuvre des sanctions, dont l’embargo sur les armes.  Le Sous-Secrétaire général a enfin appelé à ce que le Conseil de sécurité fournisse une assistance continue et coopère activement avec toutes les parties en mesure de faire pression pour obtenir plus de retenue.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclarations

M. KHALED KHIARI, Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, a constaté que de nouveaux développements alarmants se sont produits en mer Rouge depuis la dernière réunion en date du Conseil de sécurité sur le sujet le 18 décembre 2023.  L’ONU continue de mettre en garde contre les conséquences néfastes sur les plans politique, sécuritaire, économique et humanitaire de l’escalade militaire en mer Rouge et du risque d’exacerbation des tensions régionales. Le haut fonctionnaire a expliqué que les menaces persistantes des houthistes contre la navigation maritime, associées au risque d’une nouvelle escalade militaire, restent très préoccupantes et pourraient potentiellement toucher des millions de personnes au Yémen, dans la région et au-delà.  Depuis que cette question a été inscrite à l’ordre du jour du Conseil le 18 décembre, a-t-il relevé, les houthistes ont revendiqué la responsabilité de deux attaques commises à l’aide de missiles navals contre le MSC United le 26 décembre et le Maersk Hangzhou le 31 décembre.  D’autres attaques houthistes ont également été interceptées, a-t-il précisé.

M. Khiara a indiqué que le 31 décembre, une intervention armée des forces américaines contre les houthistes, en réponse à deux situations de détresse du Maersk Hangzhou, un porte-conteneurs battant pavillon de Singapour, aurait fait 10 morts ou portés disparus selon les houthistes.  En conséquence, Maersk Hangzou a interrompu hier les expéditions à travers la mer Rouge jusqu’à nouvel ordre. Le même jour, la compagnie Hapag-Lloyd a déclaré qu’elle continuerait d’éviter les transits par la mer Rouge pour rediriger les navires vers le Cap de Bonne-Espérance jusqu’au 9 janvier, en réponse aux récentes attaques.  Le Sous-Secrétaire général a évoqué des risques d’escalade continue des attaques contre les navires marchands et de l’impact sur les chaînes d’approvisionnement mondiales, notamment l’augmentation des coûts de transport et le rallongement des délais de livraison.  Il a dit partager les préoccupations du Secrétaire général de l’Organisation maritime internationale (OMI) en ce qui concerne la nécessité de protéger la liberté de navigation maritime, ainsi que l’impact potentiel de ces attaques sur les échanges internationaux.  Il a aussi réaffirmé l’importance d’assurer la sûreté et la sécurité de la navigation maritime dans la région.  À cet égard, il a demandé la libération immédiate du Galaxy Leader et de son équipage enlevés depuis le 19 novembre.  Aucune cause ou grief ne peut justifier la poursuite de ces attaques contre la liberté de navigation, a insisté le Sous-Secrétaire général. 

Concernant la situation globale dans la région, M. Khiari a encouragé toutes les parties concernées à éviter une nouvelle escalade.  Ceci est essentiel pour que le trafic par la mer Rouge reprenne son cours normal, a-t-il argué, mettant en garde quant au risque de voir le Yémen entraîné dans une conflagration régionale.  Il a enfin appelé à ce qu’une assistance continue soit fournie par le Conseil de sécurité pour collaborer activement avec toutes les parties en mesure de faire pression pour obtenir davantage de retenue.  Le haut fonctionnaire a expliqué que cela aiderait à prévenir une nouvelle escalade en mer Rouge qui exacerberait les tensions régionales ou saperait les perspectives de paix, avec un impact sur la sécurité et le commerce internationaux.

M. ARSENIO DOMINGUEZ, Secrétaire général de l’Organisation maritime internationale (OMI), a condamné les attaques perpétrées contre des navires en mer Rouge avant de rappeler l’engagement de l’OMI à protéger tous les bateaux et leurs équipages.  Il a martelé que ces attaques sont inacceptables en réaffirmant que les navires commerciaux doivent pouvoir se déplacer librement.  Près de 15% du commerce mondial passe par la mer Rouge, a-t-il souligné pour donner la mesure du problème actuel qui initialement ne visait que des navires battant pavillon israélien, ce qui n’est plus le cas actuellement.  L’OMI continue de suivre la situation de près, a-t-il assuré en signalant que 18 compagnies de transport maritime ont décidé de modifier leurs itinéraires en passant par l’Afrique du Sud pour des raisons de sécurité.  Cela signifie un trajet plus long de 10 jours et donc une augmentation du prix du fret maritime.

Le Secrétaire général de l’OMI a fait état de la réunion extraordinaire des pays membres du Code de conduite de Djibouti, qui a eu lieu lundi dernier, au cours de laquelle des mesures de sécurité accrues ont été demandées, en particulier par les pays signataires de ce code relatif à la répression des actes de piraterie et des vols à main armée perpétrés dans l’océan Indien occidental et le golfe d’Aden.  Pour sa part, l’OMI a un programme pour la sécurité maritime en mer Rouge, a-t-il précisé en expliquant qu’il se base sur le renforcement des capacités des ports des pays de la région. 

Le représentant a lancé un appel au respect de la liberté de navigation et de la sûreté des marins ainsi qu’à la sécurité de la chaîne d’approvisionnement, avant d’inviter au respect du Code et à la communication entre tous les pays signataires de la région.  Avant de conclure, le haut fonctionnaire a demandé à tous les navires qui se trouvent dans la région de communiquer leurs signalements au centre de l’OMI et à tous les centres idoines de la région, notamment pour donner des informations sur la situation sécuritaire en mer Rouge.

M. CHRISTOPHER P. LU (États-Unis) a déploré la poursuite des attaques de la part des houthistes en mer Rouge.  Cela est inacceptable, a-t-il dit, en soulignant la nécessité de garantir la liberté de circulation maritime.  Le délégué a appelé le Conseil à parler d’une seule voix et exigé des houthistes qu’ils cessent leurs attaques.  Il a critiqué le soutien apporté par l’Iran à de telles attaques, avant de préciser que son pays ne veut pas de confrontation avec l’Iran.  Il a rappelé que la livraison d’armes aux houthistes contrevient aux résolutions afférentes du Conseil.  Enfin, le délégué a plaidé pour une réponse mondiale du Conseil face à ce défi mondial et indiqué que son pays est prêt à discuter avec les autres membres à cette fin.

M. JOSÉ JAVIER DE LA GASCA (Équateur) a condamné les attaques terroristes perpétrées par les houthistes contre divers navires commerciaux en mer Rouge, lesquelles se sont intensifiées ces dernières semaines et constituent une violation flagrante du droit international et donc une menace à la paix et la sécurité internationales.  Il a appelé à la libération immédiate du navire Galaxy Leader et de son équipage. Le représentant a mis en garde contre la possibilité que de telles actions conduisent à exacerber les tensions dans la région. 

L’impossibilité de naviguer en mer Rouge aggrave l’insécurité alimentaire et la crise humanitaire au Yémen, a-t-il constaté en craignant des impacts à l’échelle mondiale en raison de ses effets négatifs sur les chaînes d’approvisionnement régionales et internationales.  Il a déclaré que le dialogue politique intra-yéménite, sous les auspices des Nations Unies, est la seule voie vers une paix durable dans ce pays. Il a enfin exprimé son soutien aux actions qui, conformément au droit international, sont adoptées pour assurer le transit des navires maritimes par la mer Rouge, afin d’éviter de plus grandes distorsions du commerce mondial.

M. SAMUEL ZBOGAR (Slovénie) a fait part de ses inquiétudes face à la détérioration de la situation en mer Rouge et a condamné les interférences des houthistes avec les droits et libertés de navigation.  Il a appelé à la libération de l’équipage et du navire Galaxy Leader avant de souligner la nécessité d’éviter un débordement régional. Pour la Slovénie, l’ingérence des houthistes dans la liberté de navigation au cours des dernières semaines est tout simplement inacceptable et constitue une grave menace pour la sécurité maritime internationale.  Cela pose une menace importante à l’acheminement des denrées alimentaires, du carburant et de l’aide humanitaire essentielle destinés aux populations du monde entier, a-t-il argumenté avant d’appeler à la cessation de toutes les attaques contre les navires commerciaux naviguant en mer Rouge, à la plus grande retenue de la part de tous les acteurs et à l’apaisement de la situation.  Il n’est dans l’intérêt de personne d’assister à une nouvelle déstabilisation et à une spirale de violence dans la région, a-t-il conclu. 

M. YAMAZAKI KAZUYUKI (Japon) s’est dit particulièrement préoccupé par la situation de plus en plus instable en mer Rouge.  Il a rappelé que presque chaque semaine, ou même plus fréquemment, y compris hier, des militants houthistes ont attaqué des navires commerciaux avec des missiles et des drones en signalant qu’ils ne mettront pas fin à ces activités hostiles.  Le délégué s’est dit indigné par la « saisie » du navire Galaxy Leader, exploité au Japon, et de ses 25 membres d’équipage issus de plusieurs pays, et ce depuis le 19 novembre 2023.  Il a exigé leur libération immédiate et sans condition.

Soulignant que les houthistes affirment agir en solidarité avec les Palestiniens dans leur lutte contre Israël, le représentant a estimé qu’il n’y a pas de justification pour attaquer des navires commerciaux engagés dans des activités licites et passant par la mer Rouge.  Il a constaté que les menaces des houthistes contre la sécurité maritime et la liberté de navigation sur cette voie navigable importante ont déjà perturbé le commerce international.  En effet, les grandes compagnies maritimes internationales, dont des japonaises, ont été contraintes de suspendre leurs opérations ou de prendre l’itinéraire le plus coûteux, le plus énergivore et le plus long en passant par le Cap de Bonne-Espérance (Afrique du Sud) pour leur déplacement entre l’Asie et l’Europe.  Cela risque d’avoir un impact négatif important sur les chaînes d’approvisionnement et l’économie mondiale, a-t-il craint.  Il a appelé le Conseil de sécurité à ne pas laisser poursuivre ces activités, notamment en prenant des mesures appropriées pour dissuader les houthistes de poser des menaces supplémentaires et pour maintenir la paix et la sécurité internationales.

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a exhorté les houthistes à cesser leurs attaques en mer Rouge et à se conformer au droit international.  Elle a demandé la libération de l’équipage du Galaxy Leaser détenu par les houthistes.  Ces attaques ne font que saper les pourparlers de paix actuels à Malte, ainsi que le travail de l’Envoyé spécial du Secrétaire général, a tranché la déléguée.  Elle a exhorté les parties concernées à faire preuve de la plus grande retenue afin d’éviter toute escalade de nature à saper les récents progrès vers la paix obtenus de haute lutte.  Les houthistes ont la responsabilité d’agir dans l’intérêt du peuple yéménite, a conclu la représentante.

M. JOONKOOK HWANG (République de Corée) a mis en garde contre toute escalade de la situation actuelle au Moyen-Orient, appelant à redoubler d’efforts pour atténuer les tensions dans la région, notamment en mer Rouge. Particulièrement préoccupé par les attaques « imprudentes et illégales » des houthistes contre les cargos de marchandise en mer Rouge, le délégué a demandé la libération immédiate du Galaxy Leader, saisi depuis le 19 novembre, et de ses 25 membres d’équipage.  Constatant à son grand désarroi que les attaques contre des navires commerciaux se poursuivent en mer Rouge, il a souligné que celle-ci est une voie maritime essentielle pour le commerce international.  Toute menace ou entrave à la liberté de navigation reconnue par le droit international est à la fois inacceptable et injustifiable, a tranché le délégué, en rappelant que la République de Corée a participé activement à l’effort international de lutte contre la piraterie au large des côtes somaliennes.  Le représentant a également assuré du soutien de son Gouvernement aux efforts déployés par les pays concernés pour protéger leurs navires commerciaux en mer Rouge. Il a également soutenu l’appel lancé par les membres du Conseil pour que celui-ci prenne rapidement des mesures à ce sujet.  En tant que présidente du Comité des sanctions du Conseil de sécurité sur le Yémen créé par la résolution 2140, la République de Corée suivra attentivement la situation sur le terrain à l’intérieur et autour du pays, a-t-il fait savoir, en particulier la mise en œuvre des sanctions, dont l’embargo sur les armes. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a condamné dans les termes les plus fermes les attaques illégales et injustifiées perpétrées contre des navires commerciaux dans la mer Rouge par des militants houthistes.  Il les a appelés à y mettre fin immédiatement, rappelant que le Royaume-Uni s’est joint à 11 pays dans une déclaration mettant en garde contre de nouvelles attaques.  « Nous allons continuer à travailler avec nos alliés et partenaires pour poursuivre toutes les voies diplomatiques afin de mettre fin à cette menace », a-t-il promis.  Au besoin, comme l’a déclaré le Secrétaire à la défense britannique, nous n’hésiterons pas à prendre des mesures visant à dissuader les menaces à la liberté de navigation en mer Rouge, a-t-il mis en garde.  Contrairement aux affirmations des houthistes, ces attaques sont totalement aveugles et ciblent les transports maritimes qui n’ont aucun lien avec Israël, a-t-il accusé.  Il a demandé la libération immédiate du Galaxy Leader et de son équipage.  Le délégué a indiqué que le Ministre britannique des affaires étrangères s’est entretenu avec son homologue iranien dimanche dernier, exprimant clairement l’avis selon lequel Téhéran partage la responsabilité d’empêcher ces attaques, compte tenu de son soutien de longue date aux houthistes.

M. AMAR BENDJAMA (Algérie) a rappelé que 15% du trafic maritime international passe par la mer Rouge.  Il a souligné le contexte régional actuel, marqué par des risques d’escalade.  Il est capital d’éviter l’émergence d’un conflit régional aux conséquences incontrôlables, a déclaré le délégué.  Il a insisté sur les signaux positifs venus récemment du Yémen, grâce notamment aux efforts de l’Envoyé spécial.  Il a déclaré que les États côtiers sont les premiers responsables de la sécurité maritime en mer Rouge.  Tout effort collectif qui ne compterait pas sur la participation active de ces États est voué à l’échec, a averti le délégué.  Il a appelé à remédier aux causes profondes des entraves à la liberté maritime afin d’aboutir à une réponse globale. Enfin, il a souligné le « malaise » existant dans le multilatéralisme et dans la diplomatie. La mer Rouge est un creuset de civilisations et de communautés nourrissant des espoirs légitimes, a conclu le délégué.

M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) s’est inquiété de la sécurité maritime en mer Rouge, en raison des attaques continues des houthistes contre des navires de marchandise, et du risque d’une escalade de la situation.  Il a salué et encouragé les efforts, notamment des Nations Unies, visant une désescalade.  Faisant écho au communiqué de presse du Conseil de sécurité du 1er décembre qui a condamné l’attaque contre le navire marchand Galaxy Leader, le représentant a réitéré la demande de libération immédiate et sans condition de l’ensemble de son équipage.  Il a souligné l’importance des droits et libertés de navigation de tous les navires dans le golfe d’Aden et en mer Rouge, conformément au droit international. Notant que la situation en mer Rouge a d’ores et déjà des répercussions sur le trafic maritime mondial, il a jugé essentiel de prévenir une escalade régionale qui risquerait notamment de porter préjudice aux négociations en cours entre les parties au conflit au Yémen. 

À ce sujet, il a estimé encourageante l’annonce faite par l’Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour le Yémen, M. Hans Grundberg, selon laquelle les parties auraient convenu d’un ensemble de mesures pour mettre en œuvre un cessez-le-feu national.  L’unité du Conseil dans l’accomplissement de son mandat conformément au droit international, ainsi que l’appel à la prudence et la retenue de tous les acteurs, demeurent cruciaux pour éviter une escalade majeure dans la région et pour assurer la sécurité maritime, a conclu le délégué.

M. DOMINGOS ESTÊVÃO FERNANDES (Mozambique) s’est dit inquiet de l’escalade des tensions en mer Rouge, marquées par un nombre croissant d’attaques contre des navires commerciaux et l’implication de différents acteurs de la région.  Tout déclin de la navigation commerciale en mer Rouge entraînera inévitablement des effets négatifs sur le commerce régional et mondial, a-t-il averti.  Pour le délégué, la sécurité maritime est indispensable à l’efficacité des flux commerciaux.  « Il est donc primordial que nous préservions et défendions la navigation internationale, y compris les droits de navigation et la liberté des navires, conformément aux normes maritimes internationales. »

Le délégué a souligné que le Yémen continue de faire face à un conflit prolongé. De ce fait, tout résultat positif des négociations de paix entre les houthistes et les Saoudiens devrait être la priorité majeure du Conseil de sécurité, a-t-il recommandé.  Il a conclu en prônant une communication ouverte entre les parties concernées, « une priorité pour préserver la paix et la stabilité dans la région de ma mer Rouge et au-delà ».

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) s’est dit très préoccupé par la situation en mer Rouge.  La liberté de navigation est capitale, a dit le délégué, en condamnant fermement les attaques perpétrées par les houthistes, exigeant d’eux qu’ils cessent leurs attaques et remettent en liberté l’équipage du Galaxy Leader.  Il a souligné la nécessité d’examiner la situation dans son contexte global.  Ce qui se passe en mer Rouge est la conséquence de l’opération « sanguinaire » d’Israël à Gaza, a tranché le délégué, en dénonçant l’appui apporté à ce pays par les États-Unis.  Il a indiqué sur le fait qu’il existe un scénario positif qui comprendrait le règlement du conflit à Gaza et au Yémen ou alors un scénario catastrophe, avec un embrasement régional.  Malheureusement, les événements actuels semblent nous conduire vers ce second scénario, a déploré le délégué, avant de dénoncer la licéité douteuse au regard du droit international de la coalition internationale emmenée par les États-Unis.

Mme CAROLYN RODRIGUES BIRKETT (Guyana) a condamné les récentes attaques de navires commerciaux en mer Rouge, se disant alarmée par leur fréquence accrue. Exigeant la restitution immédiate du Galaxy Leader et la libération de son équipage, la délégué a condamné toutes les violations du droit international et les attaques contre des civils et des biens à caractère civil, où qu’elles se produisent. Rappelant la déclaration à la presse faite le 1er décembre par le Président du Conseil de sécurité, qui condamne les attaques des houthistes contre les navires commerciaux, elle a partagé l’inquiétude de ses membres quant à l’impact potentiel de ces attaques sur le conflit en cours au Moyen-Orient.  Elle a également noté que la mer Rouge, avec sa connexion au canal de Suez, est l’une des voies maritimes les plus empruntées au monde, avec plus de 12% du commerce mondial.  Plus on les laissera perdurer, plus le coût et les perturbations du commerce maritime international, de la sécurité énergétique et de l’économie mondiale seront importants, a-t-elle mis en garde.  Dans cette optique, la déléguée a insisté sur l’impératif de respecter pleinement le Code de conduite de Djibouti et l’accord de Djedda.  Elle a également souligné la nécessité pour toutes les parties concernées d’agir de manière responsable et de ne pas entraver les efforts en cours pour désamorcer les tensions au Moyen-Orient ou pour obtenir un cessez-le-feu global au Yémen et un accord politique inclusif, sous les auspices des Nations Unies. 

M. MICHAEL IMRAN KANU (Sierra Leone) a noté l’impact des attaques houthistes sur la livraison de l’aide humanitaire aux nécessiteux dans la région et à l’échelle mondiale.  Ces attaques, a-t-il relevé, ont entraîné une perturbation des échanges commerciaux, obligeant les compagnies maritimes à emprunter des voies maritimes plus onéreuses autour du Cap de Bonne-Espérance.  Le représentant a averti que ces attaques contre des navires en mer Rouge risquent d’aggraver une situation déjà tendue et instable au Moyen-Orient.  Il a d’ailleurs condamné ces attaques, tout en exigeant la libération immédiate de tous les membres d’équipage du Galaxy Leader.  Le représentant a salué l’initiative de certains pays qui proposent d’établir une force opérationnelle multinationale pour « dissuader et contrer les attaques houthistes » en mer Rouge.  Il a enfin appelé les acteurs régionaux à s’abstenir d’actes de provocation qui ne feront qu’aggraver une situation déjà désastreuse pour la région.

M. GENG SHUANG (Chine) s’est dit préoccupé par les attaques en mer Rouge, exhortant les parties concernées à y mettre fin.  Tous les pays, en particulier ceux ayant de l’influence, doivent jouer un rôle responsable dans le maintien de la sécurité maritime en mer Rouge, a ensuite dit le délégué de la Chine.  Puis il a demandé aux parties de faire montre de retenue et de tout mettre en œuvre pour préserver le processus de paix au Yémen. La situation en mer Rouge découle du conflit dans la bande de Gaza, a conclu le délégué, en demandant la fin des hostilités.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a condamné les attaques menées par les houthistes en mer Rouge contre des navires commerciaux.  Il a fait remarquer que ces attaques portent atteinte à l’un des principes fondamentaux du droit international: la liberté de circulation dans les mers ouvertes.  Par ces actions armées, les houthistes portent la responsabilité extrêmement lourde de l’escalade des tensions dans la région, ainsi que de la stabilité internationale, a-t-il souligné en rappelant que 15% du commerce mondial est ainsi menacé directement par les houthistes et ceux qui les forment et les entretiennent. Il a appelé à la libération immédiate du Galaxy Leader et de son équipage, illégalement détenus par les houthistes. 

Le délégué a rappelé que les États ont le droit de prendre des mesures appropriées pour assurer la sûreté en mer, rappelant que c’est ce que la France a fait lorsque la frégate Languedoc a détruit, le 9 décembre, des drones qui menaçaient un navire français.  Il est aussi de la responsabilité collective de ce Conseil de s’assurer que le processus de paix au Yémen se poursuive selon la feuille de route de l’Envoyé spécial, auquel la France réitère son plein soutien, a insisté le représentant avant d’appeler toutes les parties yéménites à poursuivre les négociations sous son égide. La France continuera à prendre ses responsabilités dans le détroit de Bab el-Mandab et à contribuer à la sécurité des navires commerciaux en lien avec ses partenaires, a fait savoir le délégué qui a appelé l’ensemble des acteurs internationaux et régionaux à faire preuve de responsabilité pour éviter toute nouvelle escalade dans la région. Il a demandé que le Conseil ne reste pas divisé face à une menace qui concerne tout le monde.

M. GILAD MENASHE ERDAN (Israël) a dit que les attaques des houthistes sont la manifestation d’un Moyen-Orient « chaotique », qui risque d’entraîner le monde, à son tour, dans le chaos.  Il a rappelé les actions violentes des terroristes houthistes par le passé, ces derniers ayant désormais déclaré la guerre à Israël.  C’est un défi mondial, ce n’est pas un défi israélien, a estimé le délégué.  Le représentant a rappelé que les houthistes sont soutenus par un État Membre des Nations Unies, à l’origine de « l’épidémie » du terrorisme international.  Il faut agir, a dit le délégué, en exhortant le Conseil à faire appliquer les sanctions contre les houthistes et à remédier à l’appui que leur apporte la République islamique d’Iran, qui veut selon lui dominer le Moyen-Orient et semer la destruction.  Le massacre perpétré par le Hamas n’aurait pas été possible sans le soutien de l’Iran, a dit le délégué, en rappelant aussi le rôle destructeur des drones iraniens en Ukraine.  « Le Conseil ne doit pas fermer les yeux. »  Il a déclaré que Téhéran constitue une menace pour le monde entier, exhortant le Conseil à agir pour contrecarrer ses visées destructrices.  S’il ne fait rien, alors les actions des houthistes ne seront que le début d’un avenir très sombre, a prévenu le représentant.

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