Conseil de sécurité: l’intensification du conflit en Ukraine préoccupe les délégations
De nombreuses délégations ont dénoncé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, une nouvelle intensification du conflit en Ukraine après que des barrages de missiles, de drones et d’artillerie russes se sont abattus au cours des dernières semaines sur l’ensemble des régions du pays, les communautés de première ligne et les infrastructures civiles étant les plus durement touchées.
« Nous sommes à l’aube de la troisième année du conflit armé le plus grave en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, sans fin en vue. Il est terrifiant de contempler où cela pourrait nous mener », s’est notamment alarmée la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix qui a indiqué que pendant la période des fêtes, des missiles et des drones russes ont ciblé les régions de Kyïv, Lviv, Kharkiv, Khmelnytskyi, Dnipropetrovsk, Soumy, Tcherkassy, Odessa et Zaporizhzhia.
Mme Rosemary DiCarlo a également fait état de bombardements quasi quotidiens dans la région de Kharkiv, sans oublier les frappes attribuées à l’Ukraine qui auraient tués au moins 25 civils à Belgorod, en Fédération de Russie. Depuis le début de l’invasion russe, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a recensé 10 242 personnes tuées, a ajouté la haute fonctionnaire qui a précisé que 69% des victimes civiles se trouvent dans les régions ukrainiennes de Donetsk, Kharkiv, Kherson et Zaporizhzhia.
En outre, selon la Directrice des opérations et du plaidoyer du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), Mme Edem Wosornu, plus de 14,6 millions de personnes, soit environ 40% de la population ukrainienne, ont besoin d’une aide humanitaire, et 1 000 villages et villes, « un nombre record », sont sans électricité ni eau, alors que les températures sont tombées en dessous de -15 degrés Celsius.
La Secrétaire générale adjointe a par ailleurs jugé particulièrement « épouvantable » l’impact de la guerre sur les enfants ukrainiens, près des deux tiers ayant été contraints de fuir leur foyer, et 1,5 million d’entre eux étant exposés au risque de stress post-traumatique et à d’autres problèmes de santé mentale.
En outre, dans les régions ukrainiennes sous contrôle russe, les ressortissants ukrainiens, y compris les enfants, subissent des pressions pour acquérir la nationalité russe après qu’une nouvelle loi les a classés comme étrangers dans leur propre pays. Sans passeport russe, a expliqué Mme DiCarlo, ils ne peuvent pas accéder aux soins de santé, aux services sociaux et à l’emploi. Cette législation a été vivement dénoncée par l’Ukraine qui a martelé que les enfants ukrainiens transférés en Russie sous couvert de protection humanitaire demeurent Ukrainiens. Elle a également exigé l’exécution du mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) contre le Président russe, dont elle a dénoncé les « fantasmes maniaques ».
De son côté, la Fédération de Russie a fustigé la « sympathie hypocrite » de l’Occident qui établit selon elle une distinction entre les civils « importants » et « sans importance ». Ainsi, après que le « régime de Kiev » a tiré des armes à sous-munitions sur des zones résidentielles de Belgorod, certains pays occidentaux ont tenté de justifier cette attaque. À cet égard, les organisations internationales, dont l’ONU, ne se comportent pas mieux que les « démocraties civilisées », honteusement silencieuses dès qu’il s’agit de condamner les crimes commis par l’Ukraine, a jugé la Russie.
Comme les États-Unis, le Royaume-Uni et la Slovénie, la République de Corée a dénoncé pour sa part le recours par Moscou à des missiles balistiques provenant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), en violation des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité entérinées par la Fédération de Russie. « En exportant des missiles vers la Russie, la RPDC utilise l’Ukraine comme site d’essai de ses missiles à capacité nucléaire », s’est inquiétée la délégation coréenne qui a également alerté des implications importantes pour le régime de non-prolifération nucléaire mondial.
Plusieurs délégations se sont en revanche félicitées de l’échange, le 3 janvier dernier, de 200 prisonniers entre l’Ukraine et la Fédération de Russie, le plus important depuis février 2022. Malgré cette évolution positive, Mme DiCarlo a exprimé sa préoccupation face à la situation des prisonniers de guerre restants, observant que, dans les régions ukrainiennes sous contrôle russe, l’impunité pour les graves violations des droits humains alimente un climat de peur.
Par ailleurs, la Suisse a salué la tenue prochaine, le 14 janvier, à Davos, d’une discussion dans le cadre de la formule pour la paix ukrainienne, contribuant à soutenir les discussions en vue d’une paix globale. Les efforts déployés à cet effet par le Président Zelenskyy ont été salués par la Slovénie, tandis que l’Italie a assuré que le soutien politique, militaire et économique à l’Ukraine sera l’une des priorités de sa présidence du Groupe des Sept (G7) en 2024.
Pour la délégation russe, toutefois, la promotion par l’Ukraine d’une « pseudo-initiative de maintien de la paix » constitue dans les faits un ultimatum à la Russie sans lien avec le règlement de la situation en Ukraine. « Toute discussion sur le conflit sans la participation de notre pays est vouée à l’échec », a-t-elle prédit, en ajoutant que Moscou n’a jamais refusé de négocier.
Membres entrants du Conseil de sécurité, le Guyana a encouragé les parties à s’engager dans un processus politique sérieux visant à mettre fin au conflit par des moyens pacifiques, tandis que l’Algérie a appelé à intensifier les efforts diplomatiques pour mettre fin à la crise humanitaire en Ukraine. La Sierra Leone a estimé pour sa part que l’incapacité du Conseil à mettre un terme au conflit en raison de l’exercice du droit de veto accréditerait l’idée que le veto est au service d’intérêts particuliers.
MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ DE L’UKRAINE
Déclarations
Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a déclaré que l’Ukraine a subi, au cours des dernières semaines, certaines des pires attaques depuis le début de la guerre illégale. Pendant la période des fêtes, des missiles et des drones russes ont ciblé les régions de Kyïv, Lviv, Kharkiv, Khmelnytskyi, Dnipropetrovsk, Soumy, Tcherkassy, Odessa et Zaporizhzhia. Des bombardements quasi-quotidiens ont été signalés dans la région de Kharkiv. Depuis le début de l’invasion à grande échelle de la Fédération de Russie, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a recensé 10 242 personnes tuées, dont 575 enfants, et 19 337 blessées. Le 29 décembre, 58 civils ont été tués et 158 blessés dans des frappes de drones et de missiles dans tout le pays, soit le plus grand nombre de victimes civiles en une seule journée de toute l’année 2023. Le 30 décembre, a ajouté la Secrétaire générale adjointe, au moins 25 civils auraient été tués à Belgorod, en Fédération de Russie, dans des frappes attribuées à l’Ukraine. Les attaques transfrontalières se seraient poursuivies ces derniers jours, poussant certains civils à évacuer Belgorod. Les civils des communautés de première ligne sont les plus durement touchés par les barrages de missiles, de drones et d’artillerie, a-t-elle constaté, 69% des victimes civiles se trouvant dans les régions ukrainiennes de Donetsk, Kharkiv, Kherson et Zaporizhzhia.
Poursuivant, Mme DiCarlo a jugé particulièrement « épouvantable » l’impact de la guerre sur les enfants, près des deux tiers des enfants ukrainiens ayant été contraints de fuir leur foyer. Près de 1,5 million d’entre eux seraient exposés au risque de stress post-traumatique et d’autres problèmes de santé mentale. Les récentes attaques russes ont endommagé ou détruit au moins 8 écoles et 10 établissements de santé. Au total, quelque 7 000 écoles restent inaccessibles aux enfants. La haute fonctionnaire a condamné sans équivoque toutes les attaques menées contre les civils et les infrastructures civiles, quels qu’en soient les auteurs. « De telles actions violent le droit international humanitaire et doivent cesser immédiatement », a-t-elle insisté. Alors que les combats font rage, l’ONU, en coordination avec ses partenaires gouvernementaux, continue de soutenir les efforts locaux de redressement, y compris dans le secteur de l’énergie, en s’efforçant de trouver des solutions durables. Bien que 80% des 6,3 millions de réfugiés ukrainiens, dont 5,9 millions en Europe, espèrent retourner dans leur pays, les préoccupations sécuritaire et d’accès aux services de base restent primordiales, a-t-elle ajouté.
La Secrétaire générale adjointe s’est ensuite félicitée de l’échange, le 3 janvier, de 200 prisonniers entre l’Ukraine et la Fédération de Russie, le plus important depuis février 2022. Malgré cette évolution positive, Mme DiCarlo a exprimé sa grave préoccupation face à la situation des prisonniers de guerre restants. Dans les régions ukrainiennes sous contrôle russe, l’impunité pour les graves violations des droits humains, notamment les homicides, les disparitions et la torture, alimente un climat de peur. Les ressortissants ukrainiens, y compris les enfants, subissent en outre des pressions pour acquérir la nationalité russe après qu’une nouvelle loi les a classés comme étrangers dans leur propre pays. Sans passeport russe, a-t-elle expliqué, ils ne peuvent pas accéder aux soins de santé, aux services sociaux et à l’emploi.
Par ailleurs, la situation à l’intérieur et autour de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia reste très préoccupante. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) continue de surveiller la situation à la centrale, mais n’a toujours pas été autorisée à accéder à toutes les parties du site, malgré des demandes répétées adressées aux autorités russes, a-t-elle regretté. Le Conseil de sécurité s’est réuni plus de 100 fois depuis le début de l’invasion russe, et pourtant, nous sommes à l’aube de la troisième année du conflit armé le plus grave en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, sans fin en vue. « Il est terrifiant de contempler où cela pourrait nous mener. Il faut que cela cesse », a exhorté Mme DiCarlo.
Mme EDEM WOSORNU, Directrice des opérations et du plaidoyer du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a indiqué que depuis le 29 décembre, on assiste à une nouvelle intensification du conflit, avec des attaques aériennes à travers l’Ukraine, provoquant davantage de morts et de blessés parmi les civils, et des dégâts considérables sur des maisons, des écoles, des hôpitaux, des infrastructures d’énergie et d’autres sites civils. Elle a noté qu’aucune région du pays n’a été épargnée, et les attaques ont un bilan particulièrement lourd pour les civils proches de la ligne de front, notamment dans les régions de Donetsk, Kharkiv, Kherson et Zaporizhzhia où les besoins sont déjà désastreux.
Depuis le 29 décembre, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a déjà enregistré la mort de 125 civils et plus de 550 blessés à travers l’Ukraine, a-t-elle poursuivi. Cela porte le nombre confirmé de civils tués depuis février 2022 à plus de 10 200, dont 575 enfants, et plus de 19 300 blessés. Elle a signalé que 1 000 villages et villes, « un nombre record », sont sans électricité ni eau à l’heure actuelle, alors que les températures sont tombées en dessous de -15 degrés Celsius. Dans le même temps, le nombre de travailleurs humanitaires tués a plus que triplé, et on constate une recrudescence d’attaques contre les installations de stockage de l’aide au cours des deux derniers mois, ce qui a entraîné une multiplication d’incidents ayant un impact négatif sur les opérations d’aide.
La Directrice a indiqué que l’ampleur des besoins humanitaires en Ukraine reste vaste. En effet, plus de 14,6 millions de personnes, environ 40% de la population ukrainienne, ont besoin d’une certaine forme d’aide humanitaire. De même, 4 millions de personnes, dont près d’un million d’enfants, sont toujours déplacés, alors que plus de 6,3 millions d’Ukrainiens continuent de vivre comme réfugiés dans les pays européens voisins et à travers le monde. Près d’un million d’enfants touchés par la guerre ne bénéficient d’aucune sécurité ni d’accès fiable pour poursuivre leurs études, a-t-elle encore déploré, ajoutant que ce temps perdu mettra en péril l’avenir de toute une génération. En plus des conséquences physiques évidentes pour l’Ukraine et les Ukrainiens, a-t-elle ajouté, se cache un impact beaucoup moins visible mais non moins dommageable: des signes de traumatisme psychologique qui pourrait affecter des millions de personnes pendant des années.
Mme Wosornu a en outre déploré la persistance du manque d’accès pour l’aide humanitaire dans les zones occupées par la Fédération de Russie, pour préciser ensuite qu’en 2023, les organisations humanitaires ont atteint près de 11 millions de personnes à travers l’Ukraine avec une forme d’assistance. Alors que la guerre en Ukraine se poursuit sans relâche, entraînant des niveaux élevés de besoins humanitaires, le soutien financier doit être soutenu, a-t-elle plaidé. Le plan de réponse et de besoins humanitaires de cette année pour l’Ukraine, qui sera lancé à Genève la semaine prochaine, cible 3,1 milliards de dollars pour aider 8,5 millions de personnes. La haute fonctionnaire a aussi noté que l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) rapporte que les prix mondiaux des céréales ont augmenté de 1,5% en décembre, en partie à cause des tensions en mer Noire.
M. ANDRÉS EFREN MONTALVO SOSA (Équateur) a condamné les dernières attaques de missiles et de drones, dans plusieurs localités et zones résidentielles ukrainiennes, qui ont fait une centaine de victimes et de nombreux blessés. Ces attaques ont aussi coupé l’approvisionnement en eau et en électricité de centaines de milliers de personnes à un moment où les températures pourraient chuter jusqu’à -20°C dans les prochains jours. Rien ne justifie les attaques contre les hôpitaux, les écoles, les habitations et les infrastructures de base. Les parties doivent respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire.
Tout en saluant dernier échange de prisonniers de guerre entre la Russie et l’Ukraine, le représentant s’est dit préoccupé par la situation des enfants déplacés et réfugiés, exigeant le respect de leurs droits, dont le droit au retour. Saluant le travail des acteurs humanitaires en Ukraine, le délégué a insisté sur l’obligation de respecter et de protéger le personnel humanitaire. Il a demandé à la Fédération de Russie de mettre fin à son agression militaire et a appelé à une solution pacifique qui permette une paix juste et durable, dans le respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Ukraine.
M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a noté la poursuite de la coopération entre la RPDC et la Russie, ainsi que la présence du Président russe lors d’une parade militaire en RPDC. Il a fermement condamné fermement cette coopération, arguant que la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité, viole les résolutions de cet organe pour attaquer un État Membre des Nations Unies. Il a rappelé l’embargo qui interdit à tous les pays de s’approvisionner en armes auprès de la RPDC. Or de telles armes sont utilisées en Ukraine par la Russie. Cette dernière, a-t-il prévenu, essaiera de botter en touche mais il faut lui rappeler les conséquences de cette guerre, notamment les pertes civiles et la destruction des infrastructures de base, a dit le délégué. Il a estimé que seule la Russie peut mettre un terme à ce conflit, en se retirant de l’Ukraine.
M. SAMUEL ŽBOGAR (Slovénie) a déploré l’absence de progrès dans les discussions du Conseil de sécurité sur l’Ukraine, imputant cet état de fait à « l’absence de changement ». Il a constaté que la situation sur le terrain ne se stabilise pas et s’est dit profondément préoccupé par l’utilisation par la Russie de missiles balistiques venant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) en Ukraine. Il a souligné que le transfert et l’utilisation de tels missiles constitue une violation grave de nombreuses résolutions du Conseil, avant d’appeler celui-ci à rompre son silence pour défendre l’ONU, la Charte des Nations Unies et la paix. Les principes du droit international s’appliquent à l’Ukraine tout comme ils s’appliquent à Gaza, a-t-il affirmé.
Le représentant a ensuite décrié l’augmentation des attaques contre les infrastructures civiles critiques ukrainiennes à l’approche de l’hiver, y compris celles liées au nucléaire. Il a appelé à respecter les sept piliers et cinq principes sur la sécurité nucléaire de l’AIEA. Enfin, le délégué a exhorté à ne pas abandonner l’espoir de paix. À cet égard, il a salué les efforts déployés par le Président Zelenskyy dans le cadre de la formule pour la paix de l’Ukraine.
M. GENG SHUANG (Chine) a constaté que la crise ukrainienne se poursuit et que les attaques hostiles se multiplient, de même que les victimes civiles. Après avoir appelé toutes les parties au conflit à faire preuve de retenue, à respecter pleinement le droit international humanitaire et à faire tout le nécessaire pour protéger les civils et les infrastructures civiles, le représentant a recommandé que les agences humanitaires redoublent d’efforts pour venir en aide aux nécessiteux. Affirmant qu’il n’y a pas de gagnant dans les guerres, il a exhorté toutes les parties à viser une sécurité « globale, collective et durable » et à favoriser le règlement pacifique du différend. Pour que la paix revienne en Ukraine, les pourparlers de paix doivent reprendre au plus vite, a-t-il insisté, et la communauté internationale multiplier de son côté les efforts diplomatiques et de médiation. Le délégué a salué à cet égard le récent échange de prisonniers de guerre entre les deux parties grâce à la médiation des Émirats arabes unis.
M. AMAR BENDJAMA (Algérie) a exprimé sa préoccupation face à la détérioration constante de la situation humanitaire du fait des activités militaires en Fédération de Russie et en Ukraine, avec ses conséquences aux niveaux régional et mondial. Les pertes de vies civiles ainsi que la destruction des infrastructures civiles restent une source de profonde inquiétude. Sur le terrain, la poursuite des attaques en Ukraine et en Russie ne fait qu’aggraver les tensions. Dans ce contexte, le représentant a appelé à intensifier les efforts diplomatiques pour mettre fin à la crise humanitaire en Ukraine. Il a jugé impératif que les parties désamorcent les hostilités et donnent la priorité à la protection des civils conformément au droit international, y compris le droit international humanitaire. Pour le délégué, il est urgent d’abandonner la logique de la confrontation et de faire preuve de retenue, tout en créant les conditions propices au dialogue et à la négociation.
Pour sa part, a-t-il poursuivi, l’Algérie a engagé un effort de bons offices dans le cadre du groupe de contact arabe en appelant la communauté internationale à s’abstenir de toute action susceptible d’entraver les négociations et de prolonger la crise. Il s’est dit profondément préoccupé par l’exacerbation de la polarisation qui contribue à la prolongation de la crise et à des risques d’escalade accrus, avec des répercussions sur la paix et la sécurité internationales.
M. JOONKOOK HWANG (République de Corée) a noté que l’invasion illégale de l’Ukraine par la Russie a entraîné des souffrances indicibles pour le peuple ukrainien. Préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire sur le terrain, le représentant a condamné les attaques aveugles contre les civils et les infrastructures civiles qui ont tué près de 100 personnes et blessé plus de 400 autres depuis le 29 décembre. Il a fait état des privations d’électricité et d’eau qui en ont résulté pour des centaines de milliers de personnes et le fait que cela aggrave des conditions de vie déjà difficiles en cette saison hivernale. Il a dénoncé en outre la cyberattaque contre l’opérateur de réseau mobile d’Ukraine, qui a entravé l’accès de millions d’Ukrainiens à des services de communication vitaux le mois dernier. « Les auteurs de tous ces actes interdits par le droit international humanitaire ne doivent bénéficier d’aucune impunité. »
Le représentant a encore dénoncé le fait que la Fédération de Russie se fournisse en armes auprès de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) rappelant que tout achat d’armes auprès de ce pays constitue une violation de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité votées par la Russie. Il a de plus estimé qu’en exportant des missiles vers la Russie, la RPDC utilise l’Ukraine comme site d’essai de ses missiles à capacité nucléaire. L’introduction de missiles de la RPDC dans la guerre en Ukraine a des implications importantes sur le régime de non-prolifération nucléaire mondial, a encore regretté le délégué en exigeant une réponse commune et des efforts pour freiner les provocations et programmes nucléaires de la RPDC. La Russie doit mettre fin à sa coopération militaire avec la RPDC, a conclu le délégué en lui demandant aussi de retirer immédiatement ses forces militaires du territoire ukrainien et de mettre fin aux souffrances humanitaires causées par cette guerre illégale. Il a réitéré son soutien à l’Ukraine.
M. DOMINGOS ESTÊVÃO FERNANDES (Mozambique) a rappelé que l’Ukraine compte 3,7 millions de personnes déplacées et que 17,6 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire. L’apport d’une aide humanitaire et la protection des civils sont les questions les plus pressantes de la guerre en Ukraine, a dit le délégué. Il a exhorté les parties à répondre aux besoins des civils et à se conformer strictement au droit international humanitaire, dont la pierre de touche est la protection des civils. Les principes de distinction, de précaution et de proportionnalité doivent être respectés par toutes les parties, a ajouté le délégué, avant d’appeler de ses vœux une solution politique et d’exhorter les parties à cesser les combats et à reprendre des négociations directes.
M. BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a rappelé que les Ukrainiens ont débuté l’année dans l’obscurité, sans chauffage et sans toit, sous les raids aériens. « Quatre-vingt-dix drones ont été tirés sur Odessa, Lviv et d’autres villes la veille du Nouvel An », s’est désolé le délégué qui s’est aussi alarmé d’une autre attaque massive perpétrée lundi alors que les températures dans toute l’Ukraine tombaient jusqu’à -20 degrés Celsius. Plus de 1 000 villes et villages dans neuf régions se sont retrouvés sans électricité, a constaté le délégué. Pour lui, le recours par la Russie à des missiles balistiques en provenance de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) est un signe d’imprudence et de désespoir et constitue une violation de plusieurs résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Aussi a-t-il appelé la Russie à mettre un terme à son commerce d’armes avec la RPDC, à mettre pleinement en œuvre toutes les résolutions du Conseil, et à réaffirmer son engagement envers le régime mondial de non-prolifération. Le représentant a également appelé l’Iran, la RPDC et tout État tiers qui fournit un soutien matériel à la « machine de guerre russe » à s’arrêter immédiatement. « Mettre fin à l’accès de la Russie aux armes étrangères contribuera à mettre fin à cette guerre. »
Alors que la Russie continue d’empêcher l’accès humanitaire à des millions de nécessiteux dans les territoires « temporairement » contrôlés par elle, elle doit autoriser immédiatement les organisations humanitaires à se rendre en toute sécurité et sans entrave dans ces zones, a insisté le délégué. « Le Nouvel An est l’heure des résolutions. Nous en suggérons au moins trois à la Russie: respecter la Charte des Nations Unies et les résolutions du Conseil; cesser ses attaques contre les civils et les infrastructures civiles; et retirer son armée du sol ukrainien », a-t-il recommandé.
Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) a rappelé qu’il y a 160 ans, le Genevois Henry Dunant, marqué par l’horreur du champ de bataille de Solférino, donnait l’impulsion pour le développement du droit international humanitaire (DIH) moderne. Et il y a 75 ans, la communauté internationale, marquée par les multiples horreurs de la Seconde Guerre mondiale, adoptait les quatre Conventions de Genève, et renforçait notamment la protection des civils. Ce droit doit encore et toujours être respecté par toutes les parties à un conflit armé, a-t-elle clamé. Or, il y a à peine deux semaines, la Russie a lancé l’une des plus lourdes vagues d’attaques de missiles et de drones contre des zones habitées depuis le début de l’agression militaire, a dénoncé la déléguée qui a souligné que les civils ne doivent pas être ciblés ou subir des attaques indiscriminées.
La représentante a indiqué que la Suisse contribue à la résilience des infrastructures énergétiques et de la population ukrainiennes avec son programme d’aide pour l’hiver, qui équivaut à un montant de presque 100 millions de dollars. Elle a rappelé que le 15 janvier, le lancement conjoint des plans de réponse humanitaire et régionale pour les réfugiés en 2024 aura lieu à Genève. Il est essentiel que ces deux plans reçoivent les ressources financières adéquates, a-t-elle souligné. Mais, a-t-elle précisé, ce qui est vraiment nécessaire, c’est que la Russie entame enfin une désescalade. Elle a salué la tenue, le 14 janvier, à Davos, d’une discussion dans le cadre de la formule de paix ukrainienne, précisant qu’en organisant cette rencontre, la Suisse contribue à soutenir les discussions en vue d’une paix globale, juste et durable en Ukraine.
M. YAMAZAKI KAZUYUKI (Japon) a dit être gravement préoccupé par l’intensification des frappes de la Russie contre l’Ukraine depuis la fin du mois de décembre. Il a jugé déplorable que la Russie fasse de nouveau de l’hiver une stratégie pour bombarder des hôpitaux, des écoles, des centrales électriques et d’autres infrastructures essentielles. Les responsables de ces atrocités doivent rendre des comptes. Solidaire du peuple ukrainien aussi longtemps qu’il le faudra, la Ministre japonaise des affaires étrangères, a rappelé le représentant, s’est rendue en Ukraine le week-end dernier pour entre autres, souligner l’importance de garantir la dignité du peuple ukrainien. Elle a remis 5 générateurs mobiles et 7 autotransformateurs qui vont bénéficier à cinq autres millions de personnes.
Après avoir livré ces informations, le délégué s’est dit préoccupé par le sort des enfants ukrainiens enlevés. Il a demandé à la Russie de les rapatrier immédiatement. Il a ensuite condamné l’exportation de missiles balistiques par la Corée du Nord ainsi que leur utilisation par la Russie contre l’Ukraine. Il a dit craindre l’exportation de technologies liées aux missiles nucléaires ou balistiques vers la Corée du Nord et rappelé que tout transfert d’armes entre ce pays et la Russie constituerait une violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité soutenues par la Russie elle-même. En conclusion, le délégué a demandé à la Russie de se retirer immédiatement et sans condition des frontières internationalement reconnues de l’Ukraine.
M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a exprimé son désaccord de principe quant à l’approche choisie par la présidence française du Conseil, en regrettant que six délégations aient été invitées au titre de l’Article 37, alors qu’il s’agit d’une séance d’information et non d’un débat. De plus, tous ces États sont membres de l’Union européenne, laquelle participe déjà à la séance. À ses yeux, le seul objectif de ces délégations est de prononcer des déclarations devant les caméras, ce qui nuit à la crédibilité du Conseil.
Le représentant a dénoncé la « sympathie hypocrite » de l’Occident qui établit froidement une distinction entre les civils « importants » et « sans importance », dans le cadre d’une approche « cynique » et purement coloniale plusieurs fois observée en Afrique, au Moyen-Orient et en Europe orientale. Ainsi, le 30 décembre dernier, le « régime de Kiev » a tiré des armes à sous-munitions à partir de multiples systèmes de lance-roquettes sur des zones résidentielles de Belgorod, tuant 25 personnes. Loin d’exprimer des regrets, certains pays occidentaux ont plutôt tenté de justifier cette attaque, notamment la France.
En réponse, le Président russe a déclaré que son pays « ne frapperait pas les endroits où les mères marchent avec des poussettes », mais s’attaquerait plutôt à des cibles militaires. Le représentant a dénoncé le comportement de la Tchéquie qui tente, selon lui, d’échapper à sa responsabilité dans « l’attentat terroriste » de Belgorod. À cet égard, il a fait valoir que les organisations internationales, dont l’ONU, ne se comportent pas mieux que les « démocraties civilisées », honteusement silencieuses chaque fois qu’il s’agit de condamner les crimes commis par l’Ukraine. Dans ce contexte, il a jugé que la promotion par ce pays d’une « pseudo-initiative de maintien de la paix » constitue dans les faits un ultimatum à la Russie sans lien avec le règlement de la situation en Ukraine. « Toute discussion sur le conflit sans la participation de notre pays est vouée à l’échec », a-t-il prédit, en ajoutant que Moscou n’a jamais refusé de négocier.
La contre-offensive des forces armées ukrainiennes a échoué, a jugé le représentant. Alors que l’Union européenne et la Pologne comptent fournir des missiles à longue portée à l’Ukraine et que les États-Unis tentent de faire de même, le représentant a prévenu que son pays documente les atrocités commises par les « néonazis ukrainiens » depuis 2014. Il a en outre estimé que la solidarité de l’Occident avec l’Ukraine masque en réalité un « processus d’asservissement » de l’économie ukrainienne, la dette extérieure du pays atteignant aujourd’hui 89% du PIB.
M. IMRAN KANU (Sierra Leone) a souligné l’importance d’appliquer la Charte avec cohérence et rappelé que le recours à la force contre un État Membre, en violation de ladite Charte, ne peut être accepté. Le Conseil s’est montré incapable de mettre un terme au conflit en raison de l’exercice du droit de veto, ce qui accrédite l’idée que le veto est au service d’intérêts particuliers, a affirmé le délégué. Il s’est dit extrêmement préoccupé par la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire en Ukraine, avant d’exhorter les parties à ne pas utiliser des missiles et des drones contre les civils et infrastructures civiles. Il a également appelé les partenaires régionaux et internationaux à accroître leur aide humanitaire en Ukraine. Enfin, le délégué a exhorté les parties à s’engager dans un processus politique et diplomatique afin d’aboutir à une paix durable. « La Sierra Leone appelle de nouveau au plein respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. »
Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a jugé « insupportable » le coût déjà payé par le peuple ukrainien depuis le début de l’agression russe, qui a fait plus de 29 000 victimes civiles. La campagne de frappes aériennes systématiques en cours contre les civils et les infrastructures critiques en Ukraine doit cesser immédiatement, a-t-elle tranché. En outre, Moscou entrave l’accès humanitaire aux territoires placés sous son contrôle temporaire, s’est émue la représentante. Elle s’est également alarmée de ce que la plupart des survivantes de la violence fondée sur le sexe n’aient pas accès aux soins de santé et autres services essentiels. La représentante a aussi salué les « courageuses » Russes qui, depuis le mois de novembre et malgré les intimidations et les harcèlements, ont impulsé un mouvement populaire dans plusieurs villes, exigeant le retour chez eux des soldats mobilisés sur le front. La Russie, a-t-elle ajouté, doit retirer sans conditions et complètement toutes ses forces et ses équipements militaires de l’ensemble du territoire ukrainien, à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues.
Mme CAROLYN RODRIGUES BIRKETT (Guyana) a appelé au plein respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, tout en s’inquiétant de l’impact dévastateur du conflit sur les civils et les infrastructures critiques. Elle s’est dite consternée par la situation humanitaire désastreuse dans le pays et par les entraves à l’accès de l’aide humanitaire aux personnes dans le besoin, y compris dans les zones occupées. Outre la destruction massive des villes et l’impact économique, social et psychologique qui en découle, le traumatisme et les effets résiduels de la guerre se feront sentir pendant des années, a-t-elle prédit. La représentante s’est particulièrement alarmée des violations commises contre les enfants, notamment lors d’attaques contre des écoles et des hôpitaux. Elle a exigé que les parties respectent le droit international humanitaire en mettant fin aux violations graves commises contre les enfants et en garantissant leur retour en toute sécurité.
Par ailleurs, la représentante a salué les efforts qui ont conduit à l’échange de prisonniers de guerre la semaine dernière, en espérant que des observateurs indépendants, y compris le HCDH, auront un accès régulier, sans entrave et confidentiel à toutes les personnes détenues. Elle a appelé à la fin immédiate des hostilités et au retrait complet des forces russes du territoire ukrainien, tout en encourageant les parties à s’engager dans un processus politique sérieux visant à mettre fin au conflit par des moyens pacifiques.
M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a constaté que les Ukrainiens sont entrés dans l’année 2024 sous une pluie de plus de 500 missiles et drones russes visant des immeubles d’habitation, des commerces, des églises, des maternités, des gares, des métros et des infrastructures énergétiques. La France, a dit le représentant, condamne avec la plus grande fermeté ces frappes massives. En ciblant délibérément des infrastructures civiles, la Russie ne peut nous faire croire qu’elle poursuit des objectifs militaires. Elle veut rendre le conflit insupportable pour le peuple ukrainien et saper sa résilience, a estimé le représentant, en dénonçant ce mépris du droit international humanitaire et les obstacles dressés à l’accès humanitaire aux zones contrôlée par la Russie. Cette dernière, a-t-il poursuivi, cherche à briser le moral d’une nation dont elle nie l’identité et à soumettre par la force un pays dont elle viole la souveraineté et l’intégrité territoriale depuis 10 ans.
La Russie, a ajouté le représentant, poursuit sa fuite en avant en Ukraine, sans autre justification que celle de renouer avec un passé impérial fantasmé. Si elle cesse son agression, la guerre cessera, sans préjudice pour sa propre sécurité, a-t-il fait valoir. Il a demandé à la Russie d’entendre les appels de l’Assemblée générale, qui a affirmé et réaffirmé son attachement à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine. La France, a promis le représentant, continuera d’apporter son soutien indéfectible à la nation ukrainienne, dans tous les domaines, pour lui permettre d’exercer son droit à la légitime défense, conformément à la Charte des Nations Unies. La France poursuivra également son appui aux juridictions ukrainiennes et à la Cour pénale internationale (CPI) afin de lutter contre l’impunité pour les crimes commis par la Russie. Le représentant a conclu en disant partager la vision ukrainienne d’une paix juste et durable.
M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a déclaré que la Russie continue de terroriser la population ukrainienne, avec des tirs de missiles balistiques, de missiles de croisière et de drones. Il a rappelé que 1 500 centres de soins ont été pris pour cible depuis le début de la guerre. Les attaques sont quotidiennes, a dit le délégué. Il a dénoncé la livraison d’armes de la RPDC à la Russie, affirmant que celles-ci sont utilisées en Ukraine. Il s’agit d’une violation des résolutions du Conseil, a ajouté le délégué, en précisant qu’un missile utilisé contre la ville de Kharkiv le 2 janvier était de fabrication nord-coréenne.
Poursuivant, le représentant a rappelé que les nobles russes, avant le « putsch bolchévique », utilisaient le français plutôt que le russe. S’exprimant en français, il a dénoncé les violations flagrantes du droit commises par la Russie, notamment une nouvelle législation russe, qui prévoit que les orphelins ukrainiens peuvent obtenir la nationalité russe. Tous les enfants ukrainiens transférés en Russie sous couvert de protection humanitaire demeurent Ukrainiens, a-t-il rappelé. Il a également demandé l’exécution du mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) contre le Président russe. Il a déclaré que le Kremlin tue non seulement des Ukrainiens mais aussi des Russes, avant de dénoncer les « fantasmes maniaques » du Président russe. Il est dans l’intérêt du monde de mettre un terme à ce régime criminel, a conclu le délégué ukrainien.
M. KRZYSZTOF MARIA SZCZERSKI (Pologne) a indiqué qu’au début de l’année, la plus grande vague de missiles russes se sont abattus contre des infrastructures civiles ukrainiennes depuis le début de l’agression. Notant que Moscou semble convaincue qu’elle peut survivre à la résistance et à la résilience ukrainiennes, il a appelé la communauté internationale à poursuivre son soutien à l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra. La Pologne l’a fait depuis le tout début de la guerre et poursuit sur cette voie, a rappelé le délégué informant de l’entretien d’hier entre les Présidents de la Pologne et de l’Ukraine.
Les représentants du monde libre ne peuvent pas se permettre de se lasser de la guerre en Ukraine, a prévenu le délégué. Selon lui, il faut non seulement maintenir les niveaux actuels de soutien militaire et financier à l’Ukraine, mais aussi l’augmenter, précisant que la Pologne discute actuellement avec l’Ukraine de nouvelles formes de soutien. Si jamais l’Ukraine s’affaiblit, le risque d’une agression russe contre de nouveaux pays augmenterait considérablement, a prévenu le représentant.
Mme ANTJE LEENDERTSE (Allemagne) a constaté qu’en plus des drones iraniens, la Russie a tiré, pour la première fois, des missiles balistiques produits par la RPDC. Le transfert de ces armes constitue une violation des résolutions du Conseil de sécurité pour lesquelles la Russie a elle-même voté, a-t-elle rappelé. Elle a souligné que l’Allemagne a joué un rôle de premier plan dans la fourniture des systèmes de défense aérienne. Ces derniers contribuent directement à sauver des vies.
Dans le même temps, la situation humanitaire en Ukraine reste désastreuse, et l’Allemagne a apporté plus de 403 millions d’euros d’aide humanitaire. En plus de la fourniture de biens essentiels, nous nous concentrons sur les services de santé mentale, ainsi que sur les activités de déminage, a-t-elle précisé. Pour mettre fin à la tragédie, elle a préconisé de faire pression sur l’agresseur pour qu’il mette fin à son invasion illégale. Elle a également appelé à aider l’Ukraine à se défendre aussi longtemps que l’agression se poursuivra. Enfin, la déléguée allemande a demandé de jeter les bases d’une paix juste et durable. À ce propos, la formule de paix du Président Zelenskyy décrit clairement une voie à suivre viable, a-t-elle argué.
Mme HEDDA SAMSON, de l’Union européenne, a dénoncé l’intensification de la campagne de frappes de la Russie contre la population civile. La Russie cherche à détruire le moral et la résilience du peuple ukrainien, a-t-elle accusé, avant de fustiger le soutien militaire de l’Iran, de la RPDC et du Bélarus. Nous exhortons la Russie et la RPDC à se conformer aux résolutions pertinentes du Conseil, a dit la représentant et, rappelant qu’il ne saurait y avoir d’impunité, elle a dit compter que les dirigeants russes seront tenus pour comptables de leur acte d’agression en Ukraine. À ce titre, elle a encouragé les efforts visant à mettre sur pied un tribunal afin de juger du crime d’agression contre l’Ukraine. Enfin, la déléguée a appuyé tous les efforts de bon sens visant à mettre un terme à la guerre de la Russie et appelé cette dernière à se retirer de l’Ukraine.
Également au nom de la Lettonie et de la Lituanie, M. MATTIAS VAREM (Estonie) a estimé que, « sans surprise », la Russie a commencé 2024 là où elle avait laissé les choses à la fin de l’année dernière: en semant la mort et la désolation en Ukraine. Dès le 29 décembre, elle a lancé ce qui pourrait être considéré comme la frappe de missiles et de drones la plus étendue contre l’Ukraine depuis le début de la guerre, a-t-il rappelé. Or le représentant russe affirme « absurdement » que les dégâts sont causés par les systèmes de défense aérienne ukrainiens. Mais il n’explique toujours pas pourquoi son pays lance des missiles qui menacent les civils d’un État souverain. Face à l’ampleur de la crise humanitaire, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie ont versé plus de 100 millions de dollars pour l’aide humanitaire et elles continueront à soutenir l’Ukraine jusqu’à la défaite de l’agresseur, a assuré le représentant. Il a en conclusion appelé la Russie à entendre les appels au retrait immédiat, complet et inconditionnel de ses forces militaires de l’ensemble du territoire ukrainien, à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues.
M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a fermement condamné les attaques brutales de la Russie contre les infrastructures civiles en Ukraine. La Russie devra rendre des comptes pour les crimes de guerre et les graves dommages causés par sa guerre d’agression, a dit le délégué. Il a rappelé que son pays a apporté plus de 2 milliards d’euros d’aide à l’Ukraine depuis le début du conflit. Il s’est félicité de l’engagement fort de la communauté internationale en faveur d’un déminage rapide du territoire ukrainien. Le soutien politique, militaire et économique à l’Ukraine sera l’une des priorités de la présidence italienne du G7, a assuré le délégué. Enfin, il a précisé que son pays accueillera en 2025 une conférence sur le relèvement de l’Ukraine.